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ARCHIVES DE L'ORIENT CHRETIEN 4 R, JANIN DE LINSTITUT FRANCAIS D'ETUDES BYZANTINES CONSTANTINOPLE BYZANTINE DEVELOPPEMENT URBAIN ET REPERTOIRE TOPOGRAPHIQUE Publié avec le concours du Centye National de la Recherche Scientifique INSTITUT FRANCAIS DETUDES BYZANTINES PARIS 1392520. PIAE MEMORIAE Cc, A. EMEREAU BYZANTINARUM = ANTIQUITATUM STUDIOSISSIMO CITA MORTE PRAEREPTO HOG OPUS AB EO INITIATUM GRATUS DEDICAT - AUCTOR AVANT-PROPOS Geoffroy de Villehardouin traduil ainsi dans son rude parler champenois l’impression que la vue de Byzance fit sur ses compa- gnons de la quatriéme croisade: « Or pocz savoir que mult esgaderenl Cosiantinople cil qui onques mais ne ('avoient veue; que il ne pooient mie cuidier que si riche vile peust estre en lot le monde, cum il virent ces halz murs el ces riches tours dont ele ere close tot entor a la ronde, et ces riches palais et ces haltes yglises, dont il avoit tani que nuls nel poist croire, se il ne le veisl & V'oil, et le lone ef le 1é de la vile qui de loles les aulres ere soveraine. Et sachiez que il n’i ol si hardi cui la chars ne fremist; e¢ ce ne fu mie merveille; que onques si granz affaires ne fut empris de nulle gent, puis que il monz fu estorez ». Beauté incomparable du sile, splendeur orgueilleuse des édifices, puissance redoutable de l'appareil militaire; c'est ce qu’avaient déja dil et qu'onl répélé depuis lors les mille voix pélerines qui ont célébré celle capitate merveilleuse ; c'est ce qu'aisément soupgonne encore le voyageur moderne qui, par la méme route de Thrace, proméne le long des murs sa fldneric érudite. Toutefois ni ce fragile prélude, ni Pimposante image qu’en compose ce volume ne sauraient rendre toute son dme & ce grand corps de ville aux membres mutilés, Sa gloire s'est écroulée sous une autre, Votlomane, qui déja s’effrite sur elle, & ce point que, malgré leur lustre millénaire, comme les Misérables du poéte: Ils n’ont du plein midi qu’un lointain crépuscule ! Les témoins toujours visibles de Uantique Byzance soni néan- moins innombrables, qu’ils gisent en lambeaux dans la poussidre des siacles, ou que, pour les micua enchdsser dans la vie turque on leur ait posé un masque oriental. L'inventaire ici tenié n’en pouvait élre aisé, car il est au monde peu de métropoles dont I'hérédité soit aussi chargée ef quasi complexe que celle-la. Moins pure qu’Athénes, moins forte que Rome, mais plus riche et plus subtile qu’elles, Byzance ajoule, sous un ciel d'une égale magnificence, a la fine élégance de l'une el & la majesié de l'autre, Vinguiélante empreinte de Pindolence orientale. n CONSTANTINOPLE BYZANTINE Tous les voyageurs ef les écrivains qui son! entrés en contact avec elle l’ont décrite ou chaniée. De nombreux spécialistes, émules de Du Cange ei de Banduri, en ont dénombré les monuments et esquissé la physionomie. L’auteur du présenl ouvrage se propose Woffrir un essai de topographie urbaine selon une formule nouvelle qui, d'une parl, rende compte du développement historique de la mélropole el, de Vautre, réalise un premier inventaire de sa loponymic. i Il est ainsi amené & nous présenter d’abord le site et les divers visages qu’au cours des siécles [ui composa le rythme de la vie ou le caprice des empereurs. Nulle ville au monde ne fournit démonstration plus pertinente de la relalion qui existe entre la position siratégique et la destinée historique d’une cité. Située au carrefour d'un réseau de voies mari- times ef terresires, Byzance vit passer dans son aire el sur ses eaux le mouvement d’hommes ct d'affaires le plus dense du moyen age. Le Danube et les grands fleuves russes, le Dniestr, le Dniepr ed le Don, Ia mirent en rapports avec les plus lointaines tribus nordiques qui se paraient orgueilleusement de ses éloffes et de ses bijou, Par les Dardanelles, les riverains de la Méditerranée et, plus que tous les autres, les Italiens de mulliples obédiences, se disputdrent dpre- meni son marché et ses priviléges. Par antique voie égnatienne ou la nouvelle route oblique qui d’Allemagne sillonne les Balkans, l'Europe des pélerinages et des croisades se présentail sous ses murs. Sur le conlinent asiatique, du fond de la Chine et de I' Inde, arrivaient Par un mouvement convergent d’innombrables caravanes chargées des parfums les plus sublils, de bois précieux, de pierres fameuses deslinées aux couronnes impériales, aux nimbes des sainis et aux mille créations d’une mode ou d’un art raffinés. La route de la soie qui, plus iardivemeni, canalisera vers Trébizonde et Vicina le commerce avec la Perse, n’échappa jamais compléiement & son contréle. A la vérité, les Délroits ne manquaienl pas d'emplacement digne de recevoir pareille capilale, mais, a égalité de sile, Byzance offrait un avantage essentiel: le vaste et profond mouillage de la Corne @Or propice & Paménagement des comploirs et au repli des navires. A une époque ot la navigation n’avail pas encore dans la vie des peuples Vimportance primordiale qu'elle ne tarda pas & conquérir, ceite supériorilé fut invariablement méconnue. On se rappelle le mot railleur décoché par l’oracle de Delphes aux fondateurs de Chalcédoine: aveugles qui n’avaient pas su apprécier les avaniages d’une position destinée par ia nature & porter une reine de Punivers! Or les colons de Mégare, a la recherche d’un habilat convenable, pouvaient abriler AVANT-PROPOS m1 partout leurs inléréts limités. Qu'edt pensé le devin d’empereurs, qui, comme Dioelétien, implantéreni la capitale dans la profonde et agresle Nicomédic, ou qui, comme Constantin lui-méme, voulurent la cacher en quelque sinuosité des Dardanelles? L'intervention des dieux parait donc opportune qui fixa le choix de Vhomme sur celte terre élue. Et néanmoins la premiere période de son histoire, de sa naissance & sa promotion au rang de capitale, ful comme une protes- tation contre cette volonté du ciel. Jamais, en effet, ville ancienne, dans le choix de ses alliances politiques, ne misa plus obstinément sur le tableau des vaincus: dans les guerres médiques, contre Philippe de Macédoine et contre Vespasien, pour Pescennius Niger ef, derniére malchance, pour Licinius. Chaque fois Uinstinel du suicide U'aceula @ la destruction que Septime-Sévére voulut totale. Mais la cité vaincue sul, elle une ensorceleuse, toujours plaire a ses nouveaux matires jusqu’a ce que son dernier vainqueur, Constantin, pour mieux dompier son génie contraire, Vallachdt a la fortune de Uempire ef lui donndl son nom. C'est alors la Sagesse elle-méme — serait-ce pour cela que le plus grand temple chrélien de UOrient est dédié 4 sainie Sophie — qui fit obstacle 4 la volonté impériale pour délourner la ville de son destin politique. Les disciples de Plolin, en présidant le 8 novembre 324 auzx riles de la fondation pour la partie paienne, se croyani sur le site consacré par leurs incantations plus qu'un droil de parrainage, demandéreni qu’on les y laissdt fonder la cilé des sages voulue par le Maitre alexandrin. Une nuée de légendes, comme il s’en éléve toujours aulour des enfances heureuses, embellissaieni déja dans la littérature la figure de la cilé. A son fronl fleuri par les poétes les philosophes se croyaient appelés a melire Pauréole de la pensée pure. Mais la raison romaine ruina @ iemps les préleniions somp- tuaires des rhéteurs, et le lieu vil grandir en son sein, non la Platonopolis de leurs doux réves, mais Constantinople deslinée & devenir plus que le siége d'une école de penseurs, Pune des plus grandes capitales de Uhumanité. Apres un essai sentimental & Nich sa patrie, apres la lenlalive romantique de ressuseiler la Troie ancienne, aprés avoir dit ensuite avec enlélement: « Ma Rome est a Sardique », Constantin, irop ambiticux pour diviser les deux parties du monde que le sort des armes réunissait en ses mains, opla pour Byzance, @ot il lui sembla qu'il pourrait plus aisément gouverner U Europe el assagir l’Asie. Celte incursion dans l’ordre des fails ow de la légende nous a écariés du plan de ce livre. Essayons de caractériser les diverses étapes de Ja formation de la ville qui, vue de profil, — et ce n'est pas son moins bel aspect — esl apparue a des voyageurs averlis sous la gracieuse figure d'une voile de navire largement lendue, symbole opulent de sa toa wv CONSTANTINOPLE BYZANTINE glorieuse destinée. Les jhistoriens, mesurant d'un qil indulgent celle pointe sud-ouest du Bosphore, y ont vu un lriangle vaguement isocéle; les géométres, lenus & plus de rigueur, ont insislé sur sa forme trapézoidale, tout en soulignant la faible dimension de son c6lé oriental. Sur la gauche, pour celui qui vient de Thrace, s’éche- lonnent le long de la Corne d’Or, de la porte d'Andrinople a la Pointe du Sérail, les six mamelons qui formérent les six collines antiques, tandis gu’a droile chevauchent les unes sur les autres les hauleurs trés douces dont une organisation ingénieuse a fait la septiéme colline. La préoccupation du fondateur fut en effet de réaliser une idendité parfaite de la nouvelle Rome avec l’ancienne, ef il y fit parvenu si, au liew du Lycus trop souvent aliéré comme le Céphise athénien, la nature avail fait couler entre les deux chaines de la presqu’ile quelque Tibre majestueux. Vu dans son ensemble, du haut des murailles terrestres, le sol paratt onduler doucement entre ciel cf eau. Les élévations moyennes alleignent rarement quarante métres et le plus haut sommet n’en compte pas sotwxante-dix. Il n’est pas un point de cette enceinte fortifiée d’ou le spectaleur ne jouisse d'un paysage noyé dans la verdure ou baigné dans une vapeur d'un bleu sublil, C'est de la que l'on peut aussi le plus exaclemenl juger du développement de la ville et des divers moments de son évolution. De Byzas, le héros éponyme, & Théodose II, la cité ful en effet en mouvement continu d'exiension de Vest 4 Vouesl. Le centre de l'agglomération primitive se dérobe a l'autre boul, sur le vaste éperon qu’Istanbul enfonce dans la mer. Byzas y précéda le sultan avec Vimposant cortege de ses dieux protecieurs. Temples, palais ef demeures de ious ordres couvraient une superficie limitée que défendail une muraille flanquée de vingi-sepl tours. Celle premiére cilé fut pour les poctes la mére des pélamides et des jolis thons, mais sa numismatique, ou triomphent les épis, les raisins et les figues, dit assez que la fertililé du sol ne le cédait pas au flot nourricier. Riche ef prospére en temps de paix, mais périodiquement ruinée par des guerres malheureuses, la colonie mégarienne n'eiit connu quiune vie restreinte de petite république grecque. C'est au génie de Rome qu’elle dui de voir dilater ef ses institutions el ses murs. Septime-Sévére ne rasa la ville, en 196, que pour la reconstruire plus belle et plus vaste. Les temples que se partagent alors dicux grecs ei latins se mutltiplieni el s’agrandissenl, mais ses ornemenis nouveaux soni avant tout les bains de Zeuwippe, si célébres durant tout le moyen dge, el surtout le cirque, copie exacte et cotileuse du Cireus maximus. Ge sera, c'est encore ’hippodrome (ou Atmeydant), dont il fallut, au pri de iravaux cyclopéns, corriger la déclivité et dablir l’esplanade sur de puissants murs de soulénement. La, les factions des Veris et des Bleus et leurs bourdonnantes cohues donneront AVANT-PROPOS v @ la cité couleur ef vie. Enrichie dans la suile d'autres construclions, telles que la place du Tétrastoos, le stade, le thédire, les ports de la Corne d'Or el du Néorion, l'aquedue d’Hadrien que Valens agrandira, la Byzance sévérienne avait déjd ses allures de brillante capilale, brillante mais petite, dont la Colonne briléc, sur la deuxiéme colline, marque U'eatréme limile. L’euvre de Constaniin fut, 4 Vencontre, gigantesque, couvrant la plus grande partie de la presqu’tle. La nouvelle Rome, & qui un décret, gravé au Stratégion sur la colonne impériale, confére lous les droits de Uancienne, aura ses sept collines historiques au réle bien défini: la premitre porte l’Augustéon, le Sénai, le Palais Sacré, Phippodrome et Sainte-Sophie; la seconde, le foram du fondateur que domine sa statue; la iroisiéme (Vacluelle Universilé), le Capitole el le forum de Théodose ; la quatriéme, le Saint-Denys des Byzantins ou basilique des Sainls-A péires ; les cinquiéme, siziéme ef septi¢me, la muraille terresire. Deua grandes avenues & portique, disposées en corniche le long du rivage entouraient la presqu’ile d’une ceinture dont [es murs maritimes suivront plus tard le tracé. Deux aulres routes, mises boul 4 bout, composérent la voie triomphale qui, prolongée jusqu’ad la Porte Dorée, sera la Mésé du moyen dge, par ot sont Passés, aux acclamations d’un peuple au délire facile, ious les corléges de la Victoire, Sur ’immense élendue vierge, nouvellement englobée dans Venceinte, surgirent & un rythme accéléré les organismes indis- pensables @ une grande vie politique: ministéres centraux, tribunauc, entrepéts, douane, aqueducs, tout élait a faire et tout fut fail avec splendeur. Suivant une tradition fort ancienne Conslantin poussa méme la délicatesse jusqu’é faire reproduire les habilalions des patriciens romains exaclement comme elles se trouvaient sur le Tibre pour que, iransférés & Byzance dans un cadre de féerie, ils n'eussent rien @ relrancher de leurs habitudes. Mais l'ajflux de la population ful, sans tarder, si dense que le rempart conslantinien ful bienlél débordé. Autour de Care de triomphe qui, & un kiloméire et demi de la, encadrera plus lard la Porte Dorée, se forme un quarlier de petites gens avides d’air et de liberlé ; puis les couvenis s'y mulliplient loin de Vagitation du centre, mais bientét tout ce qui a une fortune y crée villas ef sanctuaires, de sorte qu’il se forme une seconde ville, te Deutéron de la topographie urbaine, que Théodose II dut, moins d'un siécle aprés la fondation,en 413 el 447, proléger par un formi- dable ouvrage a triple série de défenses. C'est le mur lerrestre qui, aujourd'hui encore, sur une longueur de sept kiloméires,de la Corne d'Or @ la Propontide, est, avec Sainte-Sophie, l'une des grandes eréations du génie byzanlin. Plus imposante qu'Aigues-Mortes, dit M. Diehl, et que Carcassonne, plus poélique qu’Avignon ef plus grandiose que Rome, elle est le digne aboutissement de l'évolution VI CONSTANTINOPLE BYZANTINE urbaine, car les travaue d'Héraclius el les perfectionnements de Michel II et des Comnénes n'opéreront qu’un rajustement destiné @ comprendre dans Uenceinie fortifiée le quarlier des Blachernes, oit s'élevait un sancluaire fameua de la Vierge et ott les basileis finirent par installer leur résidence officielle. C'est sous la protection de ce gigantesque apparcil, qui ne sera pris que le jour ot l’'empire ne pourra plus lui fournir assez de défenseurs, que Byzance abrita durani un millénaire ses splendeurs el ses miséres. C'est aussi ld derriére que se constituera des le premier momeni et que s’enrichira sans cesse de siécle en siécle jusqu’au pillage de 1204 le Musée d'art et d'architecture le plus somplueuse- ment divers qu’ail connu le moyen dge. II Les piéces mattresses en furent au premier chef les monuments dont la capilale eut profusion dés le premier jour. En donnant un nouveau centre 4 V'empire, Constantin eut ceries ambition de faire aussi grand, mais encore — la magnificence du ciel d'Orient I'y incitait — plus beau qu’a Rome, Saint Jéréme qui eul la dent dure pour toutes les vaniiés humaines, disait de Constantinople qu’elle était habillée de la nudité de presque toutes les autres villes. Si le mot est méchant, la chose esi striclement vraic, car, pour mieux Lembellir, U'empereur décréla une gigantesque rafle administrative dont la Gréce, |'Asie, l'Afrique, !'Egypte el Rome méme qu'il jallait dépasser firent les frais. Etrange aspect de la Byzance chrétienne dont la ferveur de ses débuts! Tous les chefs-d’ceuvre, toule la défroque du culte et du souvenir paiens s'élalaient dans un désordre éludié sous les porliques des avenues, d U'hippodrome, aux abords des palais, dans les forums, parlout ot une figure ou groupe pouvail poser avec avantage, L’ Athéna de Lindos, une Vénus de Prawitéle, un Zeus de Phidias que Périclés avait consacré au temple d’Olympic, l'image du temps par Lysippe, entre auires pidces fameuses, et toute une faune rituelle de licornes, de tigres, de vautours, de girafes, d’antilopes, de centaures et de paons donnaient & la ville chrélienne o, pour racheter celle profusion de faux dieux désaffectés, les croix élaient innombrables, un visage splendidement anachronique, Pres de 4,500 maisons patriciennes — le double de ce que Viclor Publius aileste pour Rome — absorbaient une bonne partie de ce irésor arlis- tique. Epoque fabuleuse ou ce n’était partout que lambris dorés, porles d'ivoire, murs incrusiés de marbres ou couveris de lames d’or, mosaiques animées dont de récenies fouilles nous onl rendu de magnifiques exemplaires. AVANT-PROPOS vit Il ne reste de celte premiére opulence que quelques rares débris disséminés @ travers le monde. Les invasions barbares, en ruinant les provinces, appauvrirent l’aristocralie en la privant de ses revenus. Ce que le temps, les incendics et la méchancelé des hommes épargnérent ful brocanié sans scrupule aux époques de besoins pressants, toul comme, sous le coup de la misére, on vend parfois jusqu’d ses biens de famille. A la fin du VIe siécle, la vie byzantine, partiellement restaurée, s’insialla, non dans une pauurelé qu'elle ne connaitra vraiment que dans les deux derniers siécles, mais dans une large aisance. En méme temps, la marque de Rome s'alténua el Byzance, reniant avec certains rites du paganisme officiel une parure qui ne parlait plus & son ame et parfois méme blessait son idéal, créa des @uures propres & son génie. Les bibliothéques et les musées des deux mondes se pariagent aciuellement une mullilude d'ceuvres ou d’objels dus a son labeur. La ville contemporaine est pour ainsi dire vide des innombrables irésors artistiques qui Vembellirent pendant des siécles. En revanche, les monuments, solidement implantés dans le sol, y foisonnent, quoique en état de conservation fort divers. On a dit joliment qu’a Constantinople Dieu avait Sainle-Sophie, Pempereur le Palais Sacré et le peuple ’ Hippodrome : trois monuments, trois péles aulour desquels gravila l'essenliel de la vie byzantine. Le temps a élé propice a la maison de Dieu, car Sainte-Sophie vit ef surtout revivra quand, sous le patient effort des travaux en cours, elle aura recouvré, avec ses tons originaux, sa splendeur d’antan. Ce prestigieua édifice, ot la puissance de Rome s’allie au génie de lV'Orient, est la merveille du régne de Justinien. Byzance n'a rien eréé de plus parfait ni de plus grand. A vrai dire, sa masse peut parattre de Vewtérieur quelque peu décevante, étouffée qu'elle fut ou dui élre, au cours des siéeles, par un pesant appareil de contreforls, Aussi bien, c'est de Viniérieur surtoul qu'il faul juger une basilique byzantine ei celle-ci entre toutes, car c'est Ia qu’éclale toute sa splendeur, que s’éalent sa puissante originalité, sa magnificence et sa beaulé. Un écrivain du XIV® siécle a dit que Dieu avait assu- rément regu Justinien en sa miséricorde pour cela seul qu’il avait bati Sainte-Sophie. Un autre chef de peuple, entré lui aussi dans Uhistoire, le président Ataturk, aura acquis devant les hommes la reconnaissance durable de iout le monde civilisé pour avoir libéré de son décor parasile ce monumeni de l'esprit humain. Celle merveille de Sainle-Sophie est au point de départ de mal- tiples créations urbaines de lout module et de toules époques. La réplique la plus vaste et la plus sompiueuse fut, comme il convenait, une wuvre de Pimpératrice Théodora. Les méchantes langues assurent que Uombrageuse souveraine sut ici encore explotter la faiblesse de son épouz pour marquer une fois de plus sa supériorité sur lui, vii CONSTANTINOPLE BYZANTINE Si te calcul fut fait, il ful mauvais, ce qui élonne de ta part de ce génie maléfique aux coups précis et strs. Quoi qu'il en soit, celte nouvelle église, dédiée le 28 juin 550, avait aussi grande allure, puisque, nous dit Procope, la coupole des Saints-Apétres semblait flotter dans les airs. Mais il n'en reste qu’un souvenir sur le sol et de larges descriptions dans les livres. En revanche, le fopographe signale a noire allention un choix irés varié d'églises-mosquées encore debout, les unes & UVabandon, les autres soigneusement enchdssées dans leur accoutrement islamique. Nommons tres parliculiérement les formes et la décoration des anciens sanctuaires bdtis ou restaurés aprés 1300; Kahriyecami, Uantique Chora aux mosaiques flamboyantes, le type de décoration le plus complet que nous ayons; Fethiyecami ou la Pammacaristos, second siége du Patriarcal aprés la Congquéte; Fenerisa ou monastére de Lips, remanié suivant une formule qui devrail lui valoir un meilleur sort dans un quartier désert et affreuse- ment humide. La richesse el les formules raffinées de ces monuments tardifs élonnent en des siécles de si grande décadence politique. Toute- fois les édifices les plus imposants et les plus classiques paraissent incontestablement les plus anciens, Sainte-Iréne, élevée par Justinien en place de la vieille basilique dédiée par Constantin a la Paiz divine, ct l'église des Sainis~Serge-et-Bacchus, tres improprement dite « Pelile Sainte-Sophie». La frise est signée sur l’entablement au nom de Pempereur qui ne dort jamais et de la souveraine dont Pesprit est illuminé de piéé ef qui dormait encore moins. Puis vient une série d'édifices échelonnés entre le V Ie et le LX® siécle, qui marquent la transition entre la basilique & coupole et le plan en forme de croix grecque: Kalendercami, dédié au Sauveur Inconcevable, un vrai bijou qui s’adosse a Vaqueduc de Valens, puis, au bord de ta Corne @Or, Vimposante Gtilhané ou mosquée des roses, anciennemeni Sainte-Théodosie (du IX siecle). A partir de ceite époque le plan de la croix greeque ou croiz a quatre branches égales, dont la Nouvelle Eglise, construite par Basile Ie* & Vintériewr du Palais, fut Uexpression la plus parfaile, s’implante définitivement partoul. Au type le plus ancien appartienneni Bodrumcami du X® siéecle, Kilisecami, du X I¢,oi1 des travaue récents onl reslitué des mosaiques @une fratcheur exiréme; Véfacami, qui réalise le type parfait du nouveau plan. Enfin loules les constructions des Gomnénes et des Paléologues, dont les types les mieua conservés sont, entre autres Saint-Jean in Trullo, le Sauveur Pantépopte (au regard omniscient}, auj. Eskiimaretcami, surtout le Pantocrator (Zeyrelkilisecami), admirable complexe d'architeclure religieuse. Sainle-Sophie s'est ainsi donné une trés longue postérité d’églises, bloilies & sa grande ombre, mais la formule, apres avoir reflué sur certains points de l'Orient, s'est trouvée féconde en Italie, de Venise a AVANT-PROPOS x Monreale, pour pénétrer jusque dans le Périgord (Saint-Front de Périgueux) el refleurir de nos jours, dans la réaliste Normandie, & Listeua, sur la tombe de la plus charmante des sainles contempo- raines. Ces créations multiples, en vingi pays el sur quinze siécles divers, composent 4 la « Grande Eglise » byzantine un splendide corlége qui a tour & tour inspiré les hisioriens, les architecies et les poétes. Les habitations impériales n'ont résisté ni & Vinjure du temps, ni a la cupidité ou a la vindicte des hommes. Elles se sont effondrées avec Pempire de leurs mailres, ef leurs rsines couvrent, tant aupres de Sainte-Sophie qu'au loinlain quarlier des Blachernes, de vastes éiendues dont les profondeurs hantent l'imagination des archéologues ef emcitent le fluide des sourciers chercheurs de trésors depuis la sensationnelle découverte que la mission écossaise fit dans les décombres du Palais Sacré. Ces longues bandes de mosatques retracent avec un art exquis les scénes les plus diverses de la vie familitre. Mais si le lourd appareil des subsiructions autorise des restitutions de I’édifice, la topographie en est encore trop peu esquissée et la décoralion trop fragmentaire pour qu’il soit possible de rétablir jamais la splendeur de ces salles innombrables et l'anarchique entassemeni de constructions ou l’on trouvait, en plus de huit palais privés des souverains, de longues galeries, des salles de garde, des bains, des bibliothéques, des églises, des prisons, des casernes. Des cours, des terrasses, des escaliers, de vastes jardins pleins d'eau courante et de verdure, sépa~ raient ces divers bdlimenis répartis sans aucun plan, sans aucun souci de symétrie sur une énorme surface de 100.000 meétres carrés. On en peut admirer encore d’imposanls vestiges, des pavillons, des escaliers monumentaux, des piéces en différents étals, comme la « Maison de Justinien » en bordure de mer ou le gracieux « Palais de Constaniin» auz murs terrestres. Mais, sur ces ruines confuses Vimaginalion doit péniblement broder pour retrouver la ligne de ces édifices somptueux, lémoins des porpes les plus magnifiques et ou Von s’étudiait trés parliculiérement a forcer Vadmiration des ambassadeurs éirangers, en qui Byzance s’obstina toujours 4 ne voir que des barbares. L’hippodrome parle davantage aux yeux et le plan s'en refait aisément dans lespril. L'actuelle place Atmeydant ou Marché aux chevauc a d’ailleurs exaclement gardé la forme elliptique de ancien cirque, ef le sol conserve encore in situ trois points de repére irréeu- sables, la colonne serpentine transférée du sanctuaire de Delphes o& elle avait été vouée par les 31 villes greeques associées aprés leur victoire de Platée sur les Perses, un obélisque d’Egyple que Théodose fit ériger en ornant le piédestal de bas-reliefs qui, pour n’étre pas d'un irés grand art, forment une précieuse page d’histoire documentaire, x CONSTANTINOPLE BYZANTINE et enfin, vers l'auire bout, une seconde pyramide, érigée la Irés tét el que Constantin Porphyrogénéte fit resiaurer au X° sidcle en la recouvranl de plaques de bronze doré. L’aire qu’ornent ces monumenis vil les jeux les plus divers, depuis ceux du cirque ott les basileis conienaient par des amusements les passions populaires et ceux, plus. tragiques, ot s’affrontaienl, dans V invective el le sang, les factions rivales. Ce fut également 1a, 4 diverses époques, le dernier refuge des liberiés publiques, Pendroit ott le peuple, se souvenant qu il était Uhéritier du peuple romain, manifestait bruyamment jusque sous les yeux de l'empereur contre l’oppression de la tyrannie. Jai mis Vaccent sur ces irois ordres de monuments: églises, palais, hippodrome, dont il ne faul pas séparer les multiples forums disséminés par la ville. Ce sont la, si on peut s'exprimer ainsi, des ouvrages de poriée personnelle & Dieu, au basileus son délégué ct au peuple, pour reprendre une formule de tout a Uheure. Mais il y en a @auires. Il suffira de nommer deux genres de conslruction qui ne sont pas le moindre orgueil de la ville aciuelle: la muraille théodosienne dont il a éé parlé el — ce qu’aucune cilé antique n’offre en si grand nombre ni avec une aussi élonnanle diversité — les citernes, depuis les immenses réservoirs @ ciel ouvert, depuis ces lacs souterrains qui ont tourmenté ['dme de Loti ei l’ impressionnisme de Théophile Gautier jusqu’aux modesies bassins des habitalions privées. Ajoulez les tnnombrables colonnes qui élevaient souvent trés haut la slalue de Pautocrator et dont certaines racontaient, comme la colonne Trajane de Rome, les victoires du régne. Plusieurs subsistent encore qui comptent pour le lopographe parmi les points de repére les plus précieua. Les desiructions et les bouleversements de Vépoque turque ont rendu méconnaissable le visage d’une cité qui cut son million d'habi- lanis ei qui, aue dires d'un voyageur enthousiaste, délinl les deux Hers de avoir du monde. L'Occident, oit les capitales n'élaient encore que de médiocres bourgades, a révé d’elle durani toul le moyen age tout en la redoulant pour ses artifices et ses infidélités. Elle a aujourd'hui perdu sa physionomie, al ses trails se soni dilués sous la patine des siécles, ld ot ils n'ont pas été sacrifiés a la cupidilé ou au fanatisme. I En bdlissant un Elat moderne, le régime kémaliste se piqua de compréhension envers les diverses civilisations qui, dans la Turquie actuelle, ont précédé la sienne. Des spécialistes curenl mission de reconnaitre les monuments de leur passé et des mesures furent édictées pour leur conservation. A Istanbul, un urbanisle frangais, M. Prost, recut le mandal de présenter un plan de ville ott les anliquités byzan- AVANT-PROPOS xI tines et ollomanes fussent dégagées et mises en valeur. Celle sage ef généreuse délerminalion aurail dé panser les innombrables blessures de la ville meurtrie, Déja le transfert @ Ankara de la capitale du nouveau régime a sauvé les rives du Bosphore du lourd et alarmant spectacle de minisldres massifs ef de buildings exoliques dont il y a par endroits de irop affligeants exemplaires. L’aménagement des principales voies d’accés, un entrelien plus soulenu des abords, des restauralions faciles, Vouverlure de judicieux champs de fouilles feraient d’ Istanbul lout d'abord wn cenire de tourisme a plein rende- ment. Pareil effort rendrati surtout, sur le plan intellectuel, a ce qui n'est plus qu’une grosse agglomération de province, ce réle de capitale universelle o& lout peuple civilisé peut et doit pouvoir reirouver quelque reflet de son génie ou quelque lambeau de son passé. Malheureusement le libéralisme d' Ataturk est en voie de régression. Les sites les plus fameux de Uhisloire byzantine, ceux sur lesquels, au cours de mainies révolutions de palais se sont jouées les destinées du monde méditerranéen, sont plus que jamais livrés & la fantaisie des archilectes. On consiruit sans discrimination aux Blachernes el sur Vemplacement du Palais Sacré; de irés vicilles églises sont rasées ; @autres s’effondrent dont aucun édile ne se soucie. Seuls les archéo- logues élevent périodiquement la voi. Une requéle a élé présentée — ei le premier Congrés internalional des Etudes classiques vient de la renouveler — aux termes de laquelle le gouvernement d'Antara est sollicité de constiluer 4 Istanbul un pare archéologique comprenant tous les monuments ayant joué un réle essentiel dans la vie grecyue et turque. Je ne sache pas qu'il ait élé d ce jour prété audience a ce veeu légitime du monde savanl. Les sites les plus fameux se couvrent de lourds édifices sans égard pour les vieux souvenirs, comune si chacun de ceua-ci pesaii sur la conscience des mattres d'aujourd'hui comme un remords ! Cette carence des aulorités fera micux apprécier fe travail qui est ici fourni. Il devient en effel nécessaire de procéder, avant que le laissez-aller des constructions anarchiques ct le tracé arbilraire de nouvelles rues aicnt browillé les données topographiques encore repérables, de dresser sur place un inventaire aussi complet que possible de la toponymie byzantine. Gelle entreprise avait tenié jadis Pun de nos collaborateurs, le P. Casimir Emereau (+ 1937), qu'une belle formation classique, un sens affiné du grec et une connaissance approfondie des institutions el des lieux qualifiaient tres spécialement. Les vicissiludes de Uewistence le détournérent malheureusement trop tét de ces recherches sur lesquelles il ambitionna un moment de bdlir Peuvre de sa vie. Quand il nous quitla pour Florence, le tiers du plan élaii & peine réalisé. Son manuserit, néanmoins considérable, a servi de base @ l'auteur du présent volume pour la mise au point de xr CONSTANTINOPLE BYZANTINE la premiere partie; Le développement urbain. Mais le champ de la recherche a élé élargi tandis que maintes conclusions ont éié révisées ou simplement abandonnées. Il en est sorli un texte nouveau dans une rédaction nouvelle, ov l'on trouve la premiere étude rationnelle de la iopographie urbaine de Constantinople byzantine. Personne durant ce demi-siécle ne s'est peut-élre mieux familiarisé que le P. R. Janin avec les sites et les monuments de la vieille cité consiantinienne. Durant prés de trente ans, notre collaborateur a pu 4 loisir visiter par le détail les moindres recoins ct vérifier sur place les hypotheses que la lecture des sources lui suggérait. S'il y a en toute recherche, méme difficile, un maximum de certitude, il a pu y prétendre en se penchant longuement, patiemment sur les liewx, en confronfani sur place, dans Vaire méme ot se posaient les données de multiples problémes, ses conclusions avec celles de ses devanciers ou de ses émules. La seconde partie de ce volume offre spécialement le résullal de ses recherches et de ses réflexions sous forme de catalogue alphabétique intentionnellement dressé pour faciliter auz historiens Videniification de toponymes doni les textes foisonnent. Les événements de la capitale ayant toujours eu des remous ou leur épilogue dans les deua banlieues européenne et asialique, l’auteur a sagemeni décidé d’enclore cet espace dans son enquéte, en sorte qu'en principe aucun nom de localité, de quartier ou de site qui n'y doive figurer, suivi des données bibliographiques sur quoi se base son tdenlification, oi se trouve son signalemeni. Un porlefeuille de quinze carles conerétise les données les plus certaines et présente de la « Reine des villes» de multiples tableaua de détail ou d’ensemble aux lignes souvent inédiles, Pour juger équilablement cet ouvrage, il faut ce semble — souligner les difficullés ef l'ampleur de Centreprise. On n’aborde jamais pareil travail avec l'ambilion d’éire complet ni parfait. Son champ s’éfend en effel a toute la littérature byzantine, au dépouillement de nombreux récits de voyages comme a la visite et a Peaamen de lieux sans nombre. Les observations de la critique et les apports nouveaum de recherches qui conlinueront amélioreront les détails du réperioire. IL arrivera peul-élre que cerlaines vues générales, esquissées ici pour la premtére fois, devront éire corrigées ou rajustées. Mais quelles que doivent étre les retouches fulures, il n'en reste pas moins que Houvrage s’imposait sous cetle forme précise. i s'imposait surtout & Vauteur, dont ce n'est dans la phase présente de son aclivilé lopographique qu'un prélude. Le moment esl en effet venu pour lui de mettre le derniére main au monument gui a depuis toujours sa sollicitude: son grand travail sur les monu- ments religieux de Constantinople byzantine (églises, monasléres, jondations pieuses, fontaines sacrées el aulres lieux) ot s’épancha AVANT-PROPOS xm ou se raviva l’exigeante piété du moyen dge. On n’en trouvera mention dans ces pages que dans la stricte mesure ott ils intéressent le probleme dopographique. En revanche, cette enquéle préalable s'imposait qui dui a permis de donner plus de fixilé et de précision aux cadres o& s’inséreront les innombrables édifices qui ont joué un réle souvent décisif dans la vie spirituelle de l'empire. Mais ce service qu’il devait se rendre a lui-méme profitera auz chercheurs toujours plus nombreux qui s’inléressenl au passé d’une ville qui régenta si longlemps les destinées de Orient chréien: Tévovto ! Paris, ce 29 septembre 1950. V. Laurent. BIBLIOGRAPHIE Les sources d'information relatives a la topographie de Constanti- nople ct de sa banlieue a I’époque byzantine sont aussi nombreuses que variées. Si elles manquent parfois de précision, du moins fournissent-elles assez d’éléments pour que on puisse se faire une idée suffisante de aspect de la ville et de ses monuments. Cette idée se précisc encore davantage par la comparaison des textes plus ou moins paralléles qui permet plus de rigueur dans la détermination, Il ne faut pas se dissimuler cependant que bien des points resteront obscurs, et peut-étre pour toujours ; car on n’a guére l'espoir de découvrir des textes nouveaux susceptibles de modifier de fagon appréciable l'état de nos connaissances. Raison de plus pour étudier attentivement ceux que l'on posséde et pour en tirer le meilleur parti possible, au lieu de se fier aveuglément. a tout ce qu’ont écrit les devanciers, quelle que soit lour répulation scientifique. Il est de plus en plus certain en effet que dans bien des cas ils n'ont pas recouru aux textes et n’ont fait que répéter ce que d'autres avaient écrit avant cux. Le premier travail consiste nécessairement 4 réunir tous les documents épars. Du Cange Ia fait d’une fagon remarquable dans sa Constantinopolis christiana avec les éléments connus au xvt® siécle?. Depuis lors la biblio- graphie relative & la topographic de Constantinople byzantine s'est enrichie de toxtes nombreux et de grande valeur qui en ont renouyelé le contenu. Il faut ensuite étudier les documents, non pas en les isolant les uns des autres, mais en les replagant dans leur milieu et en les com- parant pour en faire jaillir le plus de lumidre possible. Une certaine hardiesse d’imagination permel parfois des hypothéses dont les textes prouvent la justesse. C’est sans doute un cas assez rare, mais qui procure une joie particuliére au chercheur penché sur un probléme qui paraissait d’abord insoluble. (1) Deux auteurs modernes ont repris Je travail de Du Cange. F. W. Unger a réuni et traduit les textes byzantins concernant le développement do la ville et un grand nombre d’édiflces profanes, Quellen der byzantinischen Kunstyeschichte (Quel- lenschriften far Kunsigeschichle und Kunsllechnih des Mittelalters und der Renaissance), Vienne, 1878. J. P. Richlor a fait le méme travail pour les églises, les monasteres, Ies palais et autres édiflees publics, Quellen der bytantinischen Kunsigeschichte (Bitelber ger-ligs Quollensehriften), Vienne, 1897. XVI CONSTANTINOPLE BYZANTINE Les documents A utiliser sont de deux sortes : 1° les sourees byzantines et étrangéres ; 2° les récits des voyageurs qui apportent des précisions nouvelles soit sur a position des monuments, soit sur leur état de con- servation, Par ailleurs il ne faut pas négliger les travaux d’ensemble auxquels se sont livrés divers auteurs modernes, ni les études particu liéres sur tel quartier ou tel monument. Nous signalerons les uns et, les autres, surtout dans notre répertoire final et nous indiquerons les plans qui accompagnent parfois les travaux de nos devanciers et que l'on utilise encore aujourd’hui. Nous laissons délibérément de cdté tout ce qui concerne les églisos, les monastéres et les institutions de bienfaisance qui feront objet d’un ouvrage & part. I. — Les sources Sur le Bosphore et Byzance antique, en dehors des renseignements donnés par Hérodote, Polybe, Strabon, Pline, Arrien, Philostrate, Hésy- chius Illustrius, etc., il faut mentionncr la description de Denys de Byzance, Dionysii Byzantini De Bospori navigalione quae supersunt, 4d. C. Wescher, Paris, 1874; notes critiques de F. Wieseler, Goll. gel. Anz., 1876, 321-329) ; of. aussi de C, Wieseler, Spicilegium ex locis serip- lorum ad Bosporum Thracium speciantibus, Gottingen, 1875. La plus ancienne description de Constantinople est la Urbs Constan- linopolitana Nova Roma d'un anonyme sous Théodose II (vers 430), reproduite au xvi® siécle avec la Nolitia dignitalum, notamment par Panciroli, Venise, 1593; P. Gylles l'avait daji éditée a la suite de son De lopographia Constantinopoleos, Lyon, 1561. Du Cange V’inséra dans sa Consientinopolis christiana, On en trouve une nouvelle édition dans la Nolitia dignitatum d’O. Seeck, Berlin, 1875, 227-243, et dans les Geographi Latini minores, coll. A. Riese, Heilbronn, 1878, 133-139. Viennent ensuite les patriographes, surtout le pseudo-Codinus, Tldxpuce Kavoravrwounbases, compilation de renseignements sur la topo- graphie et histoire de la ville et de sa banlieue, L’auteur, qui a vécu vers a fin du x® sitcle, a rédigé son travail en s’inspirant de plusieurs écrits aujourd’hui perdus et on copiant les trois ouvrages suivants qui sont. parvenus jusqu’ nous a) les [ldepia Kavoravrivoundhews d’Hésychius illustrius de Milet (vi° s.); 6) les Tleguardcerg alveoyo: ypoviced d’un anonyme du milicu du vine siécle ; c) la Avhyynote reph tig obxoBoyiis Tic ‘Arlag Eoplag ou Récit de la construction de Sainte-Sophie d’un autre auteur anonyme, Ces trois ouvrages et celui du pseudo-Codinus ont été édités par Th. Preger, Scriplores originum Constantinopolilanarum, Leipzig, fasc. I, 1901 ; fase, 11 et III, 1907, avec un plan sommaire de la ville ot de sa banlicue, Le texte du psoudo-Codinus se trouve aussi dans Yédition de Bonn, 1943, et dans la Patrologic Grecque, t. CLVII. Outre. BIBLIOGRAPHIES XVII le texte du pseudo-Codinus on posséde également le travail d’un auteur anonyme contemporain d’Alexis Comnéne (1081-1118) et qui a adapté le texte de son devancier a la disposition topographique de la ville. C’est Vanonyme dit, de Banduri (Anonymi de antiguilatibus Constantinopoli- tanis, A. Banduri, Imperium Orientale sive Antiquitates Constantino- politanae, t, 1, pars III, Paris, 1711; Venise, 1727; il existe une autre édition dans la Patrologie Grecque, t, CXXII, col. 1189-1316. Signalons aussi pour les portes de la ville un anonyme du xvi® sigcle dans God. Vindob. hist, gr. 94 ( = Suppl. cod. 128) et P’étude qui en a été faite par Th. Preger et B, Pantchenko, Studien zur Topographie Konstantinopels, BZ, XXI, 1912, 461-471. Sans doute les informations des patriographes sont trop souvent sujettes A caution lorsqu’il s'agit de Porigine de tel monument ou de V'étymologie de tel nom. Cependant ils n’ont certainement pas inventé les édifices dont ils parlent ct dont la plupart étaient encore debout & Vépoque oi ils écrivaient. Si leur témoignage ne peut étre récusé, on aurait. tort par contre de croire qu’ils suivent toujours un ordre rigoureusement logique dans leurs énumérations ; celles-ci varient d’ailleurs avec les manuserits. La conflance aveugle qu’on leur a accordée a causé bien des erreurs chez les auteurs modernes qui se sont figs A cos énumérations sans on étudier Ia valeur. Aprés les patriographes, le plus important ouvrage sur la topographic de la capitale et sur le Grand Palais en particulier, c'est le Livre des cérémonies, compilation faite par Constantin VII Porphyrogéndte (912- 969) “Exleais cig Bacthelov sé£ewe, Bonn, 1828; PG, CXII; A. Vogt, Le Livre des cérémonies, t. I et II et Commentaires, Paris, 1935, 1940. L’ouvrage du Porphyrogénéte se compose de textes anonymes rédigés & diverses époques. Parmi les auteurs byzantins les plus anciens il faut citer les deux historiens Socrate ot Sozoméne (ve s.), PG, LXVII; Zosime (ve s.), Bonn, 1837; Leipzig, 1887, important pour la description de la ville constantinienne ; Procope (vi® s.), Mepl xriopecwv ou De aedificiis, Bonn, 1838 ; Leipzig, 1913, dont le premier livre décrit les monuments de la ville eb de la banlieue construits ou restaurés par Justinien ; Agathias (vie s.). Bonn, 1828 ; PG, LKXXVIII ; Jean Malalas (v1® s.), Bonn, 1831 ; PG, XCVII; Théophylacte Simocattas (vie s,), Bonn, 1834, Leipzig, 1887; le Chronicon Paschale ou Aleaandrinon, écrit peu avant 641, Bonn, 1829 ; PG, XCII; Constantin le Rhodien (cf, Th. Reinach, Com- mentaire archéologique sur le poéme de Constantin le Rhodien, REG, 1X, 1896). N’oublions pas deux auteurs latins Idace (v®s.), Fastes consulum, PL, LI, el le comte Marcellin (vi® s.}, Chronicon, PL, LI. A parlir du 1x® siécle, ce sont surtout les chroniqueurs qui fournissent de nombreux renseignements topographiques Théophane le Confessour (x® s,), Bonn, 1839-1841 ; PG, CVIII ; Leipzig, 1883-1885 ; le patriarche XVIII CONSTANTINOPLE BYZANTINE Nicéphore (2x® s.), Bonn, 1837; PG, C; Leipzig, 1880; Georges Moine (ix? s,), Bonn, 1837; PG, CIX ; Leipzig, 1904; Léon le Grammairien (ixe s.), Bonn, 1842; PG, CVITI; Théophane continué (xe s.), Bonn, 1834; PG, CIX ; Léon Diacre (x° s.), Bonn, 1828 ; PG., CXVII ; Génésius (x® 5.), Bonn, 1834; PG, CIX; Syméon Magistor (x* s.), Bonn, 1837 PG, CIX ; Théodose de Méliténe (xi* s,), éd. Tafel, Vienno, 1859 ; Jean Skylilzds (x1° s.) ot Georges Cédrénus (xm® s,), Bonn, 1838-1839 ; PG, CXXI-CXXII ; Nicéphore Bryennios (xu°s.), Bonn, 1836 ; PG, CXXVII ; Anne Comnéne (x1 s.), Bonn, 1889-1878 ; PG, CXXX1 ; Leipzig, 1884 ; éd. Leib, Paris, 1937-1945 ; Michel Glycas (xu® s,), Bonn, 1836; PG, GXLVII; Michel Attaliates, (xu s,), Bonn, 1853; Jean Zonaras (x1 s.), Bonn, 1841-1897; PG, CXXXIV-CXXXV Leipzig, 1884; Josl (début du xine s,), PG, GKXXIX; Nicétas Choniatds (début du xint s.), Bonn, 1835; PG, CXXXIX; Georges Acropolite (xm s.), Bona, 1887; PG, CXL; Leipzig, 1903; Georges Pachymére (x11° s.), Bonn, 1885; PG, CXLIII-CXLIV Nieéphore Calliste Xanthopoulos (xiv? s.), PG, CXLV-CXLVII ; Jean Cantacuzine (x1v® s,), Bonn, 1828- 1832; PG, CLIILCLIV; Nicéphore Grégoras (xiv? s.), Bonn, 1829- 1855; PG, CXLVIIL-GXLIX; Michel Ducas (xv° s.), Bonn, 1834; PG, CLVIT ; Georges Phrantzés (xv° s.), Bonn, 1838 ; PG, CLVI ; Leipzig, 1935; enfin Anonyme de Sathas (Acta el diplomata graeca medii aevi, VII, Paris, 1894), qui n'est autro quo Théodore Scoutariotés, métropolite de Cysique (of. A. Heisenberg, Analelta. Mitteilungen aus italianischer Handschriflen byzanlinischer Chronogrophen, Munich, 1901, 3-18, et Georgii Acropolitue Opera, Leipzig, 1, 1903, p. xxv). Bien qu’elles soient souvent farcies de légendes, los vies des saints renferment toutefois des renseignements précieux sur les monuments de la ville Acta Sanctorum ct Analecta Bollandiana, des Bollandistes de Bruxelles ; Théophile Ioannou, Mynyeta dywohoyuxd, Venise, 1884, elc., Par contre, les encomia ou panégyriques sont trés souvent déccvants a cel égard, Signalons encore les Synaxaircs, dont le principal, celui de Sirmond, a élé édité par le P. H. Delehaye, Synazarium Ecclesiae Cons- fantinopolilanae e codice Sirmondiano, Acta Sanctorum. Propylaeum novembris, Bruxelles, 1902; A, Dmitriewskij, Opisanie liturgidesiilch rukopise], Typika. 1, Kiev, 1895; M. Gédéon, Bulavrwdv éoproAdyiov, Constantinople, 1899. Enfin il faut tenir compte des Typika ou Chartes de fondation des monastéres, de la correspondance de certains personnages, des accords passés entre les empercurs byzantins el les colonies latines, des actes officiels de ces colonies, qui fournissent. des données précicuses pour la topographie de Ja ville. Il ne faut pas non plus négliger (pour les édifiees antérieurs au vir® sidcle) |’ Anthologie Palaline, éd. Fr. Ditbner, Paris, 1864-1872; P. Walz, Paris, 1928, les lois du Code Théodosien et du Code Justinien, les Novelles dos empereurs, les Actes patriarcaux (F. Miklosich ot J, Miiller, Acta ef diplomata graeca medii cevi, I-VI, BIBLIOGRAPHIE XIX Vienne, 1860-1890), les notes marginales des manuscrits, etc. Enfin les Actes des conciles sont également une source importante d'information. II. — Les voyaceurs Les sources byzantines sont heureusement complétées par les récits des voyageurs étrangers et des pélerins qu’attirait & Constantinople la renommée de ses sanctuaires. Rares jusqu’au xur® sidcle, les visiteurs orientaux et occidentaux se font de plus en plus nombreux dans les derniers temps de l'empire. J, Ebersolt, Constantinople byzantine et les Voyageurs du Levant, Paris, 1918, en a donné une longue liste qui est cependant incompléte. Il note dans son ouvrage ce quiils ont dit des divers monuments. Le premier de ces voyageurs qui ait fait part de ses impressions est VArabe Hfroun-ibn-Yahya, vers 880, dont Ia relation a été conservée par l'écrivain arabo-persan Ibn Rosteh dans son Kilab al-A‘lak al nafisa (Livre des choses précieuscs), publié par De Goeje dans la Bibliotheca geographorum arabicorum, La Haye, 1883, (VII, 119-130). Au siécle suivant, c'est Liutprand, évéque de Crémone, ambassadeur du roi Bérenger auprés de Constantin VII, puis de Pemperour d’Allemagne auprés de Nicéphore Phocas (Anlapodosis ot Legatio, Monumenta Germaniae historica. Scripiores, t. III), qui donne des détails fort intéressants sur le Grand Palais. Les croisades permettent aux Occidenlaux de voir de prés la fastueuse capitale dont le prestige et les richesses les éhlouissent. C’est ainsi qu’Odon de Deuil, De Ludovici VII Iinere, 1. 1V, PL, CLXXXV et Guillaume de Tyr, Willelmi Tyrensis archiepiscopi Hisloriae, II, 7; XX, 23, Recueil des Historiens des Groisades, t. I, 1, p. 81-83; t. I, 2, p. 983-985, enrichissent notre documentation. Toujours au x1® sitcle, l’Arabe Edrisi (Géographie d’ Edrisi, trad. par P. A. Jaubert, t. IL, Paris, 1840) et le rabbin Benjamin de Tudéle (Voyage, La Haye, 1735) savent également voir et décrire, Vers 1190, un anonyme anglais, dont S. G. Mereati a publié le texte (Saniuari e reliquie Cosiantinopolitane secondo il codice ottoboniano latino 169 prima della conquista lalina (1204), Rendi- conti della Ponlificia Accademia Romana di Archeologia, vol. XII, 1936), s'intéresse surtout aux églises et précise la position de plusieurs d’entre elles. Dix ans plus tard, commence, avec Antoine de Novgorod, la série des pélerins russes qui se succéderont jusqu’é la fin de l’empire (B. de Khitrowo, Itinéraires russes en Orient, Genéve, 1889). Sans doute ils se préoccupent avant tout des sanctuaires et des reliques, mais ils fournissent, aussi des renseignements inédits. Geoffroy de Villehardouin, La conquéle de Constantinople, éd. Natalis de Wailly, Paris, 1872, et Robert de Glari (cf. Ch. Hopf, Chroniques gréco-ramanes inédites ou peu connues, Berlin, 1873) on donnent d’autres au xim® siécle. Au début du xrve, l’Arabe XX CONSTANTINOPLE BYZANTINE Aboulféda (Géographie d'Aboulféda, trad, par M. Reinaud, UL, Paris, 1848) consigne ce qu'il a vu de remarquable, imité quelque temps plus tard par Ibn Batoutah (Voyages d'Ibn-Baloutah, texte et traduction par C, Defrénery et B, R. Sanguinetti, Paris, 1854). Enfin, en 1403, Ruy Gonzalez de Clavijo, ambassadour d’Honri III, roi de Castille et de Léon, auprés de Timour Leng (Tamerlan) (Historia del gran Tamorlan ilinerario del Viage y Relacion de la embajada que Ruy Gonzales de Clavijo le higo por mandato dato del muy poderose Rey y Seiior Don Enrique Terccro de Casiilla, Madrid, 1582; 2° éd., 1782); en 1420, le Florentin Christophore Buondelmonti (Liber Insularum Archipelagi, éd. L. de Siner, 1824 ; version grecque tirée d’un manuscrit du Sérail éditée par E, Legrand, Description des tles de l’Archipel, Paris, 1897; G, Gerola, Le vedute di Costantinopoli di Cristoforo Buondelmonti. Studi bizantini e neoellenici, Rome, III, 1931); on 1432, Bertrandon do la Broquiére (Ch. Schefer, Le Voyage d'Outremer de Bertrandon de la Broquitre, Paris, 1892) et en 1437-1438, l'espagnol Pero Tafur (Andagas ¢ viajes de Pero Tofur por diversas partes del mundo avidos, 6a. D. Mareos Jimenez de la Espada, Madrid, 1874) nous livront les dernigres données purement byzantines sur la ville impériale, dont ils signalent d’ailleurs Pétat de déergpitude. Les sources de renseignements ne sont pas épuisées aprés la chute de VEmpire byzantin, car on en trouve encore d’importantes dans les récits des voyageurs qui ont visité Constantinople aprés Vinstallation des Tures. Nous ne pouvons citer que les principaux. Le plus important est Pierre Gylles, qui y a séjourné plusicurs années, de 1540 & 1547 el en 1550 ; il a laissé De Bosporo Thracio libri tres, Lyon, 1561, et De topographia Constantinopoleos et de illius antiquitatibus libri quatuor, Lyon, 1561. On rencontre ensuite Augier Ghislain de Busbeoq, dont l'ceuvre, Minera Constantinopolitanum ef Amasianum, Anvers, 1582, cut de nombreuses édilions. Toujours au xvi® sidcle, c'est Stephan Gerlach, chapelain de Vambassade d'Allemagne en 1573 (cl. M. Hafenrefler, Oratio funebris in obilum reverendi ef clarissimi viri D. Stephani Gerlachii, Tubinguc, 1614; cet opuseule renferme une Episiola ‘OSouropuch de Gerlach) ; citons encore de celui-ci son Tagebuch, Francfort a. M., 1674, Son compagnon Martin Crusius a publié sa Turcograecia, Bale, 1594, tandis que Johann Loevenklau (Leunclavius) écrivait les Annales sullanorum Othmanidarum, Bale, 1594, Francfort, 1598. Dilich, qui séjourna 4 Constantinople a la fin du xvré siécle et au commencement du xvue, publia une Higendlliche Kurlze Beschreibung und Abris der weitiberiihmlen heyserlichen Stadt Conslantinopel, Cassel, 1606, Evlija efendi visita et étudia la ville en 1634 (Narrative Travels in Europa, Asia and Africa in the seventeenth century, dead. from turkish by the Ritter J. von Hammer, 1, Londres, 1834, De Mont- conys est a Constantinople en 1648, Journal des Voyages de M. de Moni- conys publié par le sieur de Liergues, son fils, Lyon, 1665, Antoine Galland BIBLIOGRAPHIE XI accompagne le marquis de Nointel, ambassadeur de Louis XIV, Ch. Schefer, Journal d’Antoine Galland pendant son séjour @ Conslanii- nople 1672-1673, Paris, 1881. Guillaume-Joseph Grelot publie la Relation nouvelle d'un voyage a Constantinople, Paris, 1680, Jcan-Baptiste Tavernier donne Les siz voyages de J~B. Tavernier en Turquie, en Perse el aux Indes, Paris, 1677. L'Anglais John Covel est 4 Constantinople & peu pris la méme époque, J. Théodore Bent, Ealracls from ihe diares of Dr John Covel 1670-1679 dans Early Voyages and Travels in the Levant, The Hakluyt Society, Londres, 1893. L’abbé italien Sestini visite la ville cn 1778 : Lelires de 'abbé Dominique Sestini a ses amis de Toscane pendant le cours de ses voyages en Italie, en Sicile ol en Turquie, traduites par M. Pingeron, Paris, 1789. Le comte de Choiseul-Gouffier, ambassadeur de Louis XVI, a laissé un Voyage pitloresque dans ? Empire oltoman, en Gréce, dans la Troade, les fles de l’Archipel et sur les céles de l’ Asie Mineure, Paris, 1842, Tl avait des collaborateurs, comme Frangois Kautfer, qui leva le plan de la ville, ct JB. Lechevalier, qui publia le Voyage de la Propontide of du Pont-Eucin, Paris, an VIII. A la fin du xvine sitcle, , Comidas de Carbognano donne la Descrizione topografica dello stato presente di Costantinopoli, Bassano, 1794. Au x1xe siécle, on rencontre Pouqueville qui publie son Voyage en Morée, 4 Constantinople, en Albanie et dans plusieurs autres parties de Uempire ottoman, Paris, 1805 ; Ch, Per- tusier, qui donne les Promenades pittoresques dans Constantinople el sur les rives du Bosphore, Paris, 1815, avec un atlas, Paris, 1817 ; Joseph von Hammer, qui réunit les documents pour son ouvrage Conslanlinopolis und der Bosporos, Pesth, 1822, etc. TI. — Les Travaux D'ENSEMBLE On a beaucoup écrit sur Constantinople. Nous ne saurions donner Ia liste complate des ouvrages et articles, d’ailleurs de valeur inégale, publiés depuis plusieurs sidcles. Nous nous contenterons d’indiquer les princi- paux qui peuvent contribuer plus utilement a faire connattre la ville byzantine. P. Gyuues, De Bosporo Thracio libri tres, Lyon, 1561 ; De topographia Constantinopoleos ef de illius antiguilatibus libri, quatuor, Lyon, 1561. Cu. pu Frese pu CancE, Constantinopolis christiana seu descriptio urbis sub imperatoribus christianis libri qualtuor, Paris, 1682. J. von Hamann, Constantinopolis und der Bosporos, 2 vol., Pesth, 1822, Constantios (Patriarche), Kavoravrwds nothark xott vewrépa, Hror meprypaph Kaveruvrvourddcwc, Vienne, 1824 une seconde édition grecque a paru a Constantinople en 1844; il existe aussi une édition Xx CONSTANTINOPLE BYZANTINE frangaise Conslantiniade ou description de Consiantinople ancienne ef moderne, Constantinople, 1846, Conte ANDREossy, Constantinople et le Bosphore de Thrace, Paris, 1828, Sc. Byzanrios, Kavorayrwobnoktc. ‘H neprypagh tomoypaguch, deyat- odoyexh xa Lotopixh tie tatyng mepiavvpotérys peyarondrcws, t. I et II, Athénes, 1851, 1862. M. I. Gépton, Kevotavtwotmortg dans le Ackmdy ‘Iotoplag xat Tewypaglug de Boutyras et Karidés, t. III et IV, Athénes, 1881. F. W. Uncer, Quellen der byzantinischen Kunsigeschichie, Vienne, 1878. A. G. Paspari, Butavewel werérou, Constantinople, 1877; T& Butav- vk dvexrope ual ro née adriiv iSpdyera, Athénes, 1885. A. D. Morprmann, Esquisse topographique de Conslantinople, Lille, 1892. E. Osersummen et W. Kuprrscrex, Byzanlion, Real-Encyclopadie Pauly-Wissova, III, 1116-1158. J. P. Ricwmr, Quellen der byzantinischen Kunsigeschichte, Vionne, 1897. D. J. Buetsanv, Byzanlion, I, 11, dans Zapiski imperatorskago russkago archeologiteskago obgéestua, t. V, VI, nouvelle série, Pétrograd, 1892, 1893 ; Byzaniion, III, dans Zapiski classiteslkago oldjelenija imperator- skago archeologiteskago ob3éestoa, t. VI, Pétrograd, 1907. W. Sauzenberc, Alt-chrislliche Baudenkmdler von Constantinopel, Berlin, 1877. G. Guntur, Die Baukunst Konsiantinopels, Berlin, 1907. AL. vAN Mituincen, Byzantine Constantinople. The Walls of the Cily and adjoining historical Sites, Londres, 1899. E. Opernumwen, Constantinopolis, Real- Encyclopédie Pauly-Wissowa, TV, 963-1013. E, Bouvy, Souvenirs chréliens de Constantinople et des environs, Paris, 1896. Dom H. 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IV. — Lug PLANS ET LES VUES A VOL D’OISEAU Dans sa Vie de Charlemagne Eginhard rapporte que par son testament le grand empereur Iégua & la basilique Saint-Pierre de Rome une table d'argent carrée représentant la ville de Constantinople, B. Caroli Vita, PL, XCVII, 60. Le plan moderne le plus ancien que l'on connaisse est celui de Christo- phore Buondelmonti dans son Liber Insularum Archipelagi (1422). Ce n’est qu’une vue a vol d’oiseau indiquant avec plus ou moins d’exactitude Yemplacement des principaux monuments. Il se conserve en plusieurs manuscrits différents (cf. G. Gerola, Le vedute di Costantinopoli di Cristo- Phoro Buondelmonti. Studi bizantini e neoellenici, III, 247-279. Aprds la conquéte turque on rencontre un plan imprimé entre 1566 et 1574, mais dont V'archétype doit avoir ét¢ composé sous Mahomet II, Caedicius =A. Mordtmann, Ancien plan de Constantinople imprimé entre 1566 et 1574 avec notes explicatives, s. d. Il faut signaler aussi la vue & vol d’oiseau publiée par Hermann Schedel dans sa Weltkronik, Nurem- berg, 1493, puis celle que dessina Jérome Maurand au milicu du xvi® siécle, Ja vue monumentale de Stamboul que pri Melchior Lorch ou Lorichs de Flensbourg (1557), Une quinzaine d’années plus tot avait paru l'ceuvre d@un auteur ture, Nasuh es-Salihi el-Matraki racontant les campagnes de Soliman le Magnifique en Irak. Son récit est accompagné de vues & vol d’oiseau des villes traversées par l’expédition. Celles de Stamboul et de Galata fournissent des renseignements précieux, A. Gabriel, Les étapes d’une campagne dans les deux Iraks (1537-1538), Syria, 1928, pl. LXXV et LXXVI. Salomon Schweigger, qui résida 4 Constantinople de 1578 4 1581, dessina une vue A vol d’oiseau de Stamboul, ainsi que le patriarcat grec alors A la Pammuacaristos. A la méme époque, un autre Allemand, Michel Heberer de Bretten, un Italien, Giuseppe Rosaccio, un Flamand, Wilhelm Dilich, prennent des croquis de méme genre. Le premier plan levé selon les régles de la cartographie est da a l’ingé- nieur hongrois von Rebon (édition de Homann's Erben, Nuremberg, 1764), mais il ost bien inférieur & celui que Fr. Kauffer leva en 1776 et qu'il corrigea en 1786. Sous sa forme originale on le trouve dans le Voyage pittoresque de la Gréce de Choiseul-Gouffier, t. II, et dans le Voyage de la Propontide de J.-B. Lechevalier, Paris, 1800. XxIV CONSTANTINOPLE BYZANTINE Les byzantinistes modernes ont essayé de dresser le plan de la ville ancienne suivant leurs connaissances. P. A. Dethier en a donné un, asscz fantaisiste, dans son ouvrage Der Bosporos und Konstantinopel, Vienne, 1873, Gelui d’A. D. Mordtmamn, dans son Esquisse topographique de Constantinople, Lille, 1892, est bien meilleur, quoique victime encore des erreurs topographiques de I’époque. Celui de Meyer adopté par Oberhummer dans son article Gonstantinopolis de la Real-Encyclopadie Pauly-Wissowa, IV, 1892, roproduit celui de Mordtmann avec quelques corrections de détail. Al, van Millingen ’améliore un peu dans sa Byzan- tine Constantinople, Londres, 1899. E, M. Antoniadés, "Exppuatc tic: ‘Aylag Zoplac, 1907, s’en inspire également, mais il y introduit quelques améliorations en tenant compte des travaux scientifiques de ses contem- porains, La carte publiéc par Th. Preger A la suite de son ouvrage Scriptores originum Constantinopolitanarum, Leipzig, 1907, est trés som- maire et se référe uniquement au texte du pseudo-Codinus. En 1909, Djélal Essad suit les traces d’Antoniadés, mais la transcription des noms. byzantins laisse beaucoup & désirer. Dans son Guide de Consianiinople E. Mamboury public une carte de Ja ville byzantine qui marque un progrés sur certains points; par contre on y retrouve bien des erreurs devenues en quelque sorte classiques et une facheuse transcription des noms grees et latins. En 1936, A.-M. Schneider domne & la suite de son ouvrage Byzanz, Vorarbeiten une carte grossitrement dessinée qui brille surtout par Vabsence d'indications Lopographiques. En 1937, M. Is. Nomidis édite en grec sous Ie pscudonyme de Misn une Carle topographique el archéologique de Consiantinople au moyen age (6dition frangaise en 1938, allemande en 1939), ainsi que la carte (en grec) des murs terrestres avec les inseriptions (1938). Ces cartes, fort bien dessinées, reproduisent tou- jours les erreurs traditionnelles, Celle qui illustre l'article de M. I. Gédéon, Kavoravewobmohig dans la Meyda eddyvuch éyxuxdonadela, t. XV, p, 607, est & notre avis la meilleure qui ait paru jusqu’ici, bien qu'elle retienne encore nombre d’erreurs qui auraient pu étre corrigées. Nous espérons faire micux dans la présente étude, sans nous flatter d’avoir pleincment réussi, V. — BrpiiocRaPHIE GENERALE On trouvera la liste des ouvrages & consulter dans Particle @E, Oberhummer, Consiantinopolis, Real-Encyclopddie Pauly-Wissowa, IV, 963-1013, et surtout dans louvrage du D¥ Arif Mifid Mansel, Tir kiyenin Arkeoloji, Epigrafi ve Tarihi Cografyast igin Bibliyografya (voll. Tiirk Tarth Kuramu Kaytnlarindan, X11 Seri, n° 1), Ankara, 1948, 435- BIS. Celte bibliographic, abondante quoique incompléte, indique les travaux parus jusqu’en 1942 (généralités, murs et portes, quartiers, églises et monastéres, hippodrorne, colonnes, palais, aqueducs, canalisa~ tions, fontaines, bains, monuments funéraires, inscriptions, banlieue). ABREVIATIONS Acta SS, = Acla Sanclorum, édition des Bollandistes, Bruxelles. AIZ = A. Papaporoutos-Krramnus, ’Avéexta tepooohuputixiis orayvo- Aoylac, Saint-Pétersbourg, 1891-1898. An. Boll, = Analecita Bollandiana, Bruxelles. BCH = Bullelin de Correspondance Hellénique, Paris. BH =M, I. Gédéon, Butavawdy éopzordyiov, Constantinople, 1899. BIRC = Bulletin de VInstitut archéologique russe de Constantinople, Sofia. BNGI = Byzanlinisch-Neugriechische Jahbiicher, Berlin. Bonn = Corpus seriptorum historiae byzantinae, Bonn. BT =P. Gyiues, De Bosporo Thracio, Lyon, 1561. Byz. Ven. = Byzantine de Venise. Sc. Byzantros = Sc. Byzantios, Kavorvavrwobmodg, Athénes, I et II, 1851, 1862. BZ = Byzanlinische Zeitschrift, Leipzig. Chron. Pasch. = Chronicon Paschale. Comrr ManceLtin = Comte Mancexiin, Chronicon. H. Duxeuayr, Deux typica = H. Delchaye, Deux typica de Pépoque des Paléologues, Bruxelles, 1902. Ducancz = C. du Fresne du Cange, Consiantinopolis christiana. EB = Fiudes byzantines, Paris, 1941-1945. EEBY = ’Enernple éraipelag Bulavrwav onovdév, Athénes. EO = Echos d’ Orient, Paris, 1897-1940. EOS = ‘Enrnvinde qudodoyinds obdoyos, Constantinople, 1863-1921. G. Gunota, Le vedute = G. Grnota, Le veduie di Cosiantinopoli di Cristo- foro Buondelmonti, Siudi bizanlini ¢ neoellenici, Rome, III, 1931. Heisenserc, Mesarites = A. He1sensenc, Nikolaus Mesariles. Die Palast Revolution des Johannes Comnenos, Wirzbourg, 1907, IB = A. Papadopoulos-Kerameus, ‘Iepoaohvureuch Br6AtoOyxn. Saint- Pétersbourg, 1891-1915. Jdl = Jahrbuch des Deulschen Archdologischen Instituts. Kuitrowo = B. pe Kurraowo, Itinéraires russes en Orient, Genéve, 1889. Landmauern (Die) = B. Meven-Pratn et A.-M. Scunetpen, Die Land- XXVI CONSTANTINOPLE BYZANTINE mauern von Konstanlinopel (Archdologisches Institut des Deutschen Reiches), U, Berlin, 1943. Manst = Manst, Sacrorum conciliorum amplissima collectio, MB =Sathas, Mecwuvoch @:6ho0%xn, Venise et Paris, 1872-1894. Manoatt, Santuari =8.G.Muncatt, Santuari e reliquie Costantinopolitane ‘secondo il codice oltoboniano latino 169 prima della conquista latina (1204), Rendiconti della Pontificia Accademia Romana di Archeolo- gia, vol. XII, 1936. i ; MM. = Fr, Mixxosicx et J. Mutter, Acta et diplomata graeca medii aevi, I-VI, Vienne, 1860-1890. Monptwann, Esquisse = A. D. Mordtmann, Esquisse lopographique de Constantinople, Lille, 1892. C. Miunr, Fragmenia = C. Minumr, Fragmenta hisloricorum graecorum, Paris. OC = Orientalia christiana, Rome. Pap-Ker. = A. PAPADOPoULos-KEnamaus. PG = Patrologia graeco-latina, édition Migne, Paris. PL = Patrologia latina, ddition Migne, Paris. Ta, Parcrr = Tu. Precnn, Seriplores originum Consiantinopolitanarum, Leipzig, 1901-1907. REB = Revue des Eludes byzanlines, Paris, 1946 sq. REG = Reoue des tudes grecques, Paris. RH, Revue Historique, Paris. Ricuren = J. P, RicuTen, Quellen der byzanlinischen Kunstgeschichte, Vienne, 1897. Scutumpencer, MA = G. ScHLumpEacer, Mélanges d'archéologie byzan- tine, Paris, 1896. Scuuumpencen, Sigillographie = G. Scurumptrcrn, Sigillographie de Pempire byzaniin, Paris, 1884. A.-M, Scunemen, Byzanz. = A.-M. Scuneter, Byzanz. 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Papapopoutos-Keramrus, Varia graeca sacra, Saint- Pétersbourg, 1909. Viz. Vrem. = Vizanliiski Vremennik, Saint-Pétersbourg et Léningrad, depuis 1894, TRANSCRIPTION DES NOMS TURCS Nous avons adopté l’orthographe admise lors de la réforme de l’écriture en 1928, Voici la correspondance pour les lettres qui ont un son différent de celui qu’elles possédent on frangais o— dj 1—e mut ¢— tch u—ou g— g dur é6—eu & — g aspiré i—u §— ch INTRODUCTION LA SITUATION GEOGRAPHIQUE DE CONSTANTINOPLE Si Constantinople a été de tout temps un des carrefours les plus importants du globe, c’est 4 cause de Ja situation géographique exceptionnelle dont elle jouit. Le Bosphore qu’elle commande, la Corne d’Or qui lui sert de port, le promontoire sur lequel elle s'est établie et développée, ce sont la trois conditions physiques d’une portée incalculable. Le Bosphore (Béeropog ou Sreviv, le Détroit, ou encore ‘Petipa, le Courant). C’est un canal qui fait communiquer la mer Noire (le Pont-Euxin des anciens) avec la Marmara (ancienne Propontide). Il est coudé dans sa partie méridionale et rectiligne au nord, Sa longueur moyenne est de 31 kilométres, pas méme la moitié de celle des Dardanelles. Sa largeur varie de 550 a 3.200 métres. Tl coule entre des terrains primaires que ses eaux ont érodés et qu’elles ont fini par ouvrir. Au-dessus de ses rives" bordées de Kiosques, de palais, de jardins, s'élévent, tantét abruptes, tantéot douces et sinueuses, les pentes des collines. On peut supposer que ces collines formaient jadis un seul et méme massif ; la chatne du Petit Balkan, qui vient jeter ses derniers sommets dans la région de Biiyiikdere, a pu, en effet, se souder au massif bithynien de l’Alemdaja. Le Bosphore se serait donc ouvert lui-méme un chemin par la force de son courant, complétant ainsi les effets d’un trem- blement de terre ou d’un grand cataclysme dont les anciens ont gardé le souvenir. Chemin fleuri que plumes et pinceaux ont retracé a l’envi.On a souligné avec complaisance la grace de son relief, qui ne connatt ni les saillies violentes, ni les fortes altitudes ; le Paradis ou Pointe de Kabatag, au-dessus de Biiyiikdere, sur la céte européenne, atteint sculement 250 métres ; sur la céte asiatique, le mont du Géant n’a que 195 métres; les deux sommets du Bulgurlu, au pied duquel s’étend Scutari, sont aussi modestes, le grand Gamlica avec ses 268 métres et le petit Gamlica, haut de 225 miétres ; 8 CONSTANTINOPLE BYZANTINE ailleurs le point culminant de la région, PAydosila tient a la chatne bythinienne, n’accuse que 541 mé mamelons sont jetés sans ordre, au bord des eaux ; un gracioux caprice les a mélés, enchevétrés, découpés, frone's, donnant, insi naissance aux innombrables caps et criques dont Je littaral est comme haché ; de la des changements perpétuels dans le panorama de ses rives; de la ces perspectives inattendues ct déconcertantes qui, tout & coup, au détour d’un long canal, découpent ou ferment Vhorizon, faisant des nappes d’eau ainsi emprisonnées comme des, lacs d’Italie. Ajoutez a ce modelé fantaisiste, A ce lial trés doux du sol, une végétation toujours luxuriante, en dépit des coupe. sombres qu’on y opére sans cesse. Le cypris vt Ie platane, los deux arbres traditionnels de Constantinople, poussenl ivi 4 l'envi, mais dans leur voisinage verdoient également d'autres essences el des plus variées : le pin, surtout le pin parasol, Ie sapin, Je hdtre, Te chéne, le bouleau, J’orme, l’'yeuse, le chataignier, le peuplier, On rencontre ces essences au grand complet, quand on visite les deux foréts voisines, celle de Belgrad en Kurope et celle de l’Alemdagn en Asie. Les eaux qui baignent ces verts cOteaux, si elles ont parfois aspect d’un beau lac, ne connaissent cependant jamais le calme. Sans cesse elles s’agitent. Un courant violent sillonne le Basphore ; il atteint de 3 45 kilométres 4 I’heure. Il est dd a V’afllux de da mer Noire dont l’évaporation est plus faible et qui, alimentée les fleuves puissants des Balkans et de la Russie (Danube, Dniestr, Dniepr, Don), a besoin de verser dans la Marmara ot la Méditerranée Je trop plein de ses flots. Il y a une autre cause a cette agitation du Bosphore : c'est le souffle apre des vents nord-nord-est, qui s'engouffrant dans l’étroit couloir, y régnent la plus grande partie de l’année. Le Bosphore prend ainsi les allures du Rhone; il en a, 4 certains jours, toute l’impétuosité. Mais il n’esl. pas, comme Ie fleuve frangais, servi par de puissants aflluents ; bien mudestes tous ces ruisselets et torrents qui, A travers d’innombrables vallon lui apportent leur tribut ; ce sont, pour ne nommer que les prit cipaux, sur la rive européenne le Flamurdere de B kéydere, le Baltalimandere, I'Istinyedere, le Biytkdere, le Sariyardere ; sur la cOte asiatique, le Poyrasdere, le Sullaniere de Hunkyariskelesi, le Beykosdere, le Cibuklusu, le Biiyiik et Ie Ktgiksu des Eaux-Douces d’Asie, i Le grand fleuve marin mel, en communication deux énormes masses d’eau, le Pont-Euxin ou mer Noire et la mer If (par la Marmara) ; il sépare deux continents, l'Europe et PAsi importance n’est pas moins grande aujourd'hui qwaux Comps anciens. Le chemin de fer de Bagdad, qui a sa téte de ligne un, qui appar- AMALIE 9 Haydarpaga, tend alurllenient LAsie occidentale, il Lrouve de fortes concurrences dans I lignes de Smyrne, PAs andrelte-Alep, de Zonguldak et de Tré- Izonte, Par ailleurs le rdle de débouché des régions balkaniques devient de plus en plus faible of restreint, En conséquence, c'est wt as de la mer Noive et la Méditerranée qui ire la plus grosse partie du commerce, donnant. ainsi aw mmarché de Constantinople une valeur exeeptionnelle, A monopoliser le commerce La Corned’ Or (Npvatxspas ou plus ordinairement Képag, la Gorne), Longue (environ UL kilométyes, large on moyenne de 400 mitres, ‘earne Or forme un des phis beaux hassins du monde ; elle st ligne I Is de sa brillant renommée, Crest le fond Mun Siu, Sonn sl heureux entre Galata el. la Pointy du Sérail, on ka voit. stouvrir en un vaste pavillon, tandis wedela d'Eytip elle replie, engageant pointe Mégante a ier de. Cerres, ot elle vient sep grands: res S'embanehent an fond de ee repli; e a gauche PAlibeysu (ane, Cydaros), a droile le Kagathanesu (ane, Barbyzés Le premier nail eb se développe dans In région de Hoklue vutkiy-Bogazkiy, revevant sur sa droit de Paquedue de Juslinien, le Cebevikéysu, i Alibeykéy, le Nited kéysu j sur sa gauche, an nord de ce mene aquedue, Ie Taghdere, puis, plas loin, le Pribolitzadere et le Cobandere, Le hassin du Kagithanest’ mest pe moins Hlendu «UC moins riche; son cour, d'eau est forme i renident des hauteurs sil ud PAkpunar autres allluents, sur : whe, Te Davutpig » Pagadere, Ie premier environ un kilomélre ef demi au nord de Pyrgos, le second, & peu pros A ménue distanes an sid de ce village en descendant Kagithane, VAya . La vallée ot il serpente, de Icagithane noembouehure, tine les Eaux-Douces d'Europe. Ainsi le. Muents, alee la Corne d'Or sillonnent de leur cours et de celui s qui les grossissenl, & peu pros toute Ml a une part, eee el Dei au la région omy dante part conduite de soptentrio Ce dernier se gre embouchure, du Biilbilde: y et le Kasunpagasn, Sache un peu avant s La presqu’ fanbul et son relief. ‘engageant a Vintd- rieur des ane Or a découpé au sud une large presqu’tle en Corny (14, sol gontlé d'histaire, Massielte de Fanvienne ville, Les topographes la raménent & la figuee un 10 CONSTANTINOPLE BYZANTINE ; ils prennent pour bases, d’une part unc ligne Yedikule- Bee de Teta! la parallele joignant la Pointe du Sérail a de Topkap: et le Phare de Gilhane ; ils tracent les deux autres cles, avec la ligne Eyiip-Topkapy et la ligne Yedikule-Phare de Gilhane. La base de Yedikule-Eyip mesure 6 kilométres 400 miétros, Ia base Topkapt-Phare de Giilhane 1 km., 300 ; la hauteur du Lrapize donne environ 5 km., 500, Avec sa pointe arrondi¢e au nord-est et sa courbe rentrante qui suit la Gorne d’Or, la presqu’tle & la forme d'un bonnet phrygien. Les voyageurs du moyen Age usaient de comparaisons plus gracieuses. Odon de Deuil, abbé de Saint-Denis et de Saint-Corneille de Compidgne, qui accompagnait Louis VII le Jeune pendant la deuxiéme croisade, disait de Constantinople qu'elle ressemble & une voile de navire Constantinepolis, ( Fraecu~ rum gloria, fama dives ef rebus ditior, ad formam veli navalis in trigonum ducitur?. Le relief de la presqu’tle est d'un modelé a la fois légant et. riche. Il contraste singulitrement avec les mornes conLréus de la Thrace orientale dont elle fait partie et offre l’aspect d'une véritable oasis. Quand on la contemple du haut des remparts théodosiens, d’Edirnekapi (Porte d’Andrinople) ou de Topkayn, on voit devant soi Je sol qui ondule, semé de cyprés, de minarets et de coupoles. Sur la gauche, d’Edirnekapi a la Pointe du Sérail, on voit bien alignés le long de la Corne d’Or six mamelons : er: sont, les six collines antiques. Sur la droite, on apergoit des hauteurs trés douces réduites en un seul bloc pour former la septitme colline de la ville et compléter le septimontium qui donne A Constanti- nople une ressemblance de plus avec Rome. Ainsi deux ch montueuses, deux épines dorsales forment l’ossature de Tune s’étendant au long de la Corne d’Or, avec se: Yautre jetée au bord de la Propontide avec son amalgame d'acvi- dents. Il manque 4 la ville aux sept collines un fleuve pour com- pléter la ressemblance avec Rome ; un modeste cours d'eau on tient lieu ; c'est le Lycus, dont les rives verdoyantes séparent les deux chaines. Mais la Corne d’Or est un merveilleux moyen de communication en méme temps qu’on ornement incomparable. Les sept collines. — La premiére colline se compose dt "éperon gigantesque que Stamboul enfonce dans la mer ’ entrée du Bos- phore. Elle est sacrée entre toutes. Elle a porté la cité primitive avec son acropole et ses hauts lieux; elle porte aujourd'hui le Sérail, Sainte-Sophie, I'Atmeydam, la mosqués d’Almet, :"ust- a-dire l'avant-sctne de Ja ville, et tout ce décor de murailles rises (1) De Ludoviei VII Juntoris Minere, IV ; PL, CLXXXY, enl. 1 LA SITUATION GROGRAPIIQUE 11 , de coupoles bleudtres, de blancs minarets, de cyprés qui fail une si vive impression sur le voyageur qui : par voice de mer, Cetle premiére hauteur est la plus vaste des six qui s'alignent le long de la Corne d'Or; elle s’étond de Sirkeci au nord jusqu’au-dessus de Kadirgalimam au sud. Elle forme, a l’oxtrémité de la chatne A laquelle elle appartient, comme un renflement ¢minemment propice A I’établissement d'une cité. TL est naturel qu'on en ait fait le berceau de Constantinople. La deuxiéme colline porte 4 son sommet la Colonne Brilée et Nurosmaniye ; 4 lest, elle est. s¢parée de la premiére colline par une dépression de terrain assez forle, une vallée qui s’étend de la Préfecture (ancienne Sublime-Porte) & Yenivalidecami et d Emi- nin; & Pouest, court une seconde vallée, celle du Grand Bazar, qui marque la séparation entre la deuxitme et la Lroisidme colline ; ¢ aujour@hui PAyasofyameydam (Place de ophie) avec la Golonne Bralée, fait ainsi communiquer le plateau de la premiére colline avec celui de la deuxidme ; ses pentes sont assez roides, moins roides cependant que celles qui montent d’Eminénit ad la Colonne Bralée. Le plateau de la troisitme colline est doming par l’ancien Seras- kerat (Ministére de la Guerre), devenu l'Université depuis 1924, Tl porte en bordure les mosquées de Boyazit an sud, de Sileyman le Magnifique au nord; ses pentes méridionales s'étendent de Kumkap & Langabostam ; au sud-ouest, Aksaray fait la sépara- ration entre la (roisiéme et la septidme colline, Landis qu’d louest Sahzade met en communication la troisitme et la qualritme colline par des pentes trés douces que franchit Paqueduc de Valens et d’ot se forment, an sud la route d’Aksaray, an nord, les rues menant au pont du Gazi. La mosquée du Conquérant (Fatih) se dresse sur la quatriémo colling, au milivu d’une vaste esplanade. Au nord ¢t au nord: Eskiimareteami (anc. Sauveur Pantepople) eb Zeyrekcami (an Pantocrator) commandent les hauteurs qui dominent la région du pont du Gazi ; au sud, les pentes du plateau s'inclinent vers la vallée du Lycus et vers Aksaray ; c’est la région d’Atikalipaga. Fenerisamescid (anc, monastére de Lips) est a la deseente de ces pentes, au bord du Lycus, dont les deux rives en cot endroit portent le quartier dit de I’Etmeydam, ou Marché des viandes, l’ancien quartier des janissaires. C'est le vallon de Gilcami ou Mosquée des Roses (ane. église de Sainte-Théodosie) qui sépare la quatritme de la cinquidme colline. Celle-ci_ porte a son sommet la mosquée du sultan Sélim. Elle est formée des hauteurs assez abruptes qui dominent Je quartior du Phanar. L'école patriarcale greeque et la petite Fethiyecami (anc. 12 CONSTANTINOPLE BYZANTINE ise de la Pammacaristos) sont encore deux autres points culmi- ae a cette colline, mais au dela de Fethiyé, la vallée quiméne 4 Balatkapi, sur la Corne d’Or, annonce déja une nonvelle série ile hauteurs, la sixiéme colline. ar Celle-ci porte les remparts de la ville et les quarticrs a Idirnekapi et d’Ayvansaray. Sa configuration est assez irrégulit tantot elle présente des pentes assez douces, comme dans la région de Kahryecami (anc. monastére de Chora), aux abords tant6t elle se hérisse au contraire de sommets aigus, comm Kesmekaya. I] n'est pas étonnant que ce coin de Gon: ait formé, de trés bonne heure, une petile cité a 4 avec son enceinte particuligre ; la nature en avait déja fait une position privilégiée. : Du quartier d’Aksaray aux remparts s’étend le large miassif qui a formé la septidme colline. On a déja dil. quil avait la forme d'un triangle. Ses sommets peuvent en effet se marquer par les trois points suivants région de Topkapi, Aksaray cl. Yedihule. Du sommet d’Aksaray partent deux artéres urbaines lune se dirige vers Topkapi, en suivant le cété septentrional du massif et. parallélement au cours du Lycus ; l'autre conduit. & Yedikule les quartiers d’Avretpazar et de Samatya, et suit. le versant m dional de la chatne et le littoral de la Marmara. Le centre dere triangle est le Cukurbostan (citerne de Mocius), au nord d’Alli- mermer (Eximarmara). Les deux centres géographiques de la presqu’ile. — La seplidmir colline est s¢parée de la troisiéme, de la quatriéme, de la cinquidme et, de la sixiéme par le Lycus. Ce cours d’eau n’a rien re saw de terrible, comme son nom (le Loup, Avxoc) pourrail. Ie |: entendre. En dehors des fortes pluies de février qui Ie font. souvent. déborder, il est trés modeste, n’ayant aucun allluent, Descendu des hauteurs de Topciler, petite campagne des cnvirons de la porte d’Andrinople, il pénétre dans la ville sous le rempart, entre Edirnekapi et Topkapi. Il s’en va, portant la fécondité au long des collines, transformant ses rives en « Nouveau Jardin, Yenihahiee », comme dit le peuple de Constantinople pour désigner Ie cur de la petite vallée, Son parcours n’a pas plus de six kilométres, Il vient se jeter dans la Marmara, A Langabostani, apres avoir contourni les hauteurs d’Avretpazar. La plaine qui avoisine son emhouchure. porte le nom d’Aksaray (Palais Blanc), peut-étre en souvenir de celui qu’y possédait l’impératrice Irdne, au début du r le, C'est un des centres orographiques de la ville, car c’esb 1A, autour du Lycus, que convergent Jes deux chatnes mattr ale ba presqu’ile, la premiére avec la troisitme et la quatritme vollines Ja seconde avec le chatnon d’Avretpazar. De ce fait il est, naturel LA SITUATION — louRAPIgtT: 13 Hagar soit dovenu un neud de communications : a y abou nit les routes de Yedikule et de Topkapi, et celles it ef de Sahznde, sb le quartier de Sahzade qui, aujourd'hui comme autre- fois, représente le vérilable ombilic (uesépqadov) ile la cité. Salizade se trouve entre la Lroisidme ct la quatriéme collines, done au contre de fa plus importante chatne du promontoire. On y rencontre effectivement toutes les communications voulues — & Pest, ¢’est le voie de l'Université, de Beyazit et de PAtmeydam, a travers les erétes de la troisitme, de la deuxiéme ef de la premiére collines ; au sud, cost, he de. sente ve Ay ek des artéres, par I; Hines ; 4 Pouest est la montée vers Balih, par les pentes orientales de la quatritme colline ; au ne vest roule du oe au (i Assan sow le Marmara a Tt chrne Wor, Le relief de la ville, moyenne de 0 métres, imposent a la ville, en raison de l'étroitesse deg collines, unr Jong de la chatne principal lopographie doit en lenir un brs grand compte, st pourquoi nons ayons estimd tire de dresser une earle des lignes hypsometriques (earle TV) permetiant de se vendre comple de Pas p sur lequel la ville élait construile, tes lignes hypsomélriques sont d'ailleurs reproduiles sur la carte ale (1). On y verra que dans certaines régions, prineipalement, sur le versant de da Gerne d'Or, m: ussi sur celui de la Propon- lide, il existe des pentes assez roides, Candis qu'ailleurs elles sont mollement dessinées, Les terrasses, Gelte configuration du terrain a naturellement conduit les Byzantins A construire de nombreuses Lerrasses perm fant de donner aux monuments une aire suffisante & leur plein développement, Gest Boune canstalation quia longtemps échapy aux archéologues penchés sur le plan de la ville. M. i. Mamboury a justement fait remarquer, au Congres des Btudes by: : Brnxollea, en anit 1948, combien cette ignorance portail préjudice & la connaissance le des lieux!. Ces terrasses byzantines sont encore nombreu comme on pourra s’en rendre comple en éluiliant la carte VI. Certaines sont intactes, d'aulres réparées par les Tures, autres enfin masquées par un mur d'épaque pos ay M por tn rop le Mamboury a bien youl nous communiguer ta carte ede It ville comprise dans Penevinte constant de sin nimable courloisie, 4 CONSTANTINOPLE BYZANTINE rieure qui n’a fait que renforcer celui du temps des Ry La hauteur de ces terrasses est d’ailleurs trés variable, suivi pente du terrain. Elle va de quelques métres & peine sur lex i vités moins grandes jusqu’a une vingtaine le long des pento, abruptes. C’est ce qui arrive surtout du cdté de In Gorne d'Or, mais il en est aussi d'importantes du cOté de la Propontide. C'est ainsi qu’en dehors de celle qui terminait I’hippodrome au sud-ouest, au-dessus du port Sophien (Kadirgalimam) et qui ne mesurait, pas moins de 20 métres de haut, on peut en signaler une autre, presque aussi élevée, qui se voit encore au sud-ouest de ta pla Beyazit, au-dessus de la plaine d’Aksaray. Comme ‘es [ demandaient de grands matériaux de remblai on y a paré en aménageant 4 !’intérieur des souterrains dont un certain nombre étaient des citernes. Cf. carte VI. Les rues qui montaient de la mer jusqu’au sommet de la chame de collines passaient naturellement entre terra e dont il faut soigneusement tenir compte dans le tracé des voiex, Ces rue. en pente roide étaient assez souvent en escaliers ou en rampe, inclinées, comme on en trouve tant d’exemples dans les ville. anciennes. CHAPITRE PREMIER DES ORIGINES A CONSTANTIN I, Thraces, Phéniciens et Grecs 1. Les prem habitants, Le bourg de Ligos. Les premier: vesliges de vivilisation sur les tives du Bosphore ont éLé retrouvés dans lia banlieur ea de Gonst antinople. La rianfe valléo du Chalesdon (Kurbagahsn), petit edtier qui deseend de la région du Kaygdagi, passe a Test de Kadikiy, Vantique Ghaleddoine, et. se jetle dans Ie golfe de Kalamig, a révélé, ainsi que le plate dErenkéy, un certain nombre instruments en pierre polie (haches, poincons) et des débris de verre, Ges instruments, enfouis & pre, de deux imétres de profondenr, appartiennent a l'épaque néoli- Uhique ; ils sont absolument. identiques a ceux que Sebliemann a trouvés dans la premiére ef la plus profonde des cités troyennes de THisarlike, A la méme époqu rive curopéenne GLail également habilée. Elle porte, a Vextrémilé du promontoire formé par la Gorne d'Or, des murs: lopéens dont on a découvert. les restes, en 1871, lore dela construction du chemin de fer de Roumélie el, pls récem- ment, au cours des fonilles entre Corp “Poeeupation frangais, de 1921 1923. GC serait 1a la plus ancienne aggloméra- tion humaine formée sur le promontoire. ile semble correspondre an Lygos dont, parle Pline Ancien Oppidum Byzantium liberae condicionis antea Lyyos diclum’, Les populations qui habitaient ainsi les rives du Bosphore étaient thraces, au dire des hisloriens, Thracos sont les noms de i villes el de leurs sile. Bosphore, Byzance, Mucaporis, ele. ‘Ther: Maieul les divinité. qu'elles venéraient. Parmi ‘es dernitres il His Bilder tom Bosporus, Bospucts, xx a AG 16 CONSTANTINOPLE BYZANTINE faut signaler le fameux dieu cavalier dont les représentations sont nombreuses. La plus grande est celle du relief trouvé a Thessalo- nique et placé au musée des antiquités d’Istanbul. Le dieu avait des autels sur le plateau qui portera plus tard l'Augustéon de Constantin et a !’endroit ov s’élévera le forum de ce prince. C'est le Zetg trmoc?. 2. Les Phéniciens et les Mégariens 4 Chaleédoine. — A l'époque égéenne, on trouve les Phéniciens installés au promontoire de Moda (Kadikéy). La, comme en beaucoup d'autres cétes impor- tantes, ils possédaient un comptoir qui a laissé des traces*, Cette position était tout a fait conforme aux méthodes commerciales des Phéniciens. A la différence des Grecs, ils ne recherchaient pas les conquétes ; ils ne s’enfermaient pas dans des ports; ils se tenaient sur les hauteurs, d’ow ils pouvaient surveiller les mers et s'adjuger la libre pratique. Is ne s'installérent pas dans la Corne d’Or, car ce lieu ne leur convenait pas. Et, sans doute, la population guerriére qui s’abritait derriére les hauts murs de Lygos, ne le leur eft jamais permis. D'aprés la tradition, assez tardive, une colonie de Mégariens, conduite par Archias, s'installa, vers 685 av. J.-C., a la place des marchands de Tyr et de Sidon, 4 Chalcédoine, apportant avec elle la civilisation hellénique. Petit 4 petit Chalcédoine formera un petit Btat sans cesse en concurrence avec celui de Byzance. 3. Les Mégariens 4 Byzance. — Les légendes byzantines fixaient le premier emplacement de Ja future capitale au fond du Chryso- kéras ou Corne d'Or, aux embouchures du Cydaros (Alibeysu) et du Barbyzés (Kagithanesu), prés des autels de Sémestra. L’histoire ne leur a jamais fait écho. Elle place 4 la Pointe du Sérail la fon- dation jetée par une colonie mégarienne, vers 658 av. J.-C. Comme onl’a vu plus haut, les Mégariens ne furent pas les premiers 4 habiter ce coin de terre. Mais ils ne s'y seraient installés qu’aprés avoir consulté l’oracle de Delphes, suivant la coutume antique’. Et Voracle leur aurait en effet indiqué les lieux situés en face de la «cité des aveugles », des Chalcédoniens, ainsi appelés parce qu’ils n'avaient pas su choisir le meilleur emplacement. C'est ce que rapporte Tacite d’aprés les traditions grecques : Namque arctissimo inter Europam Asiamque divortio Byzantium in exiremo posuere Graeci, quibus Pythium Apollinem consulentibus ubi conderent urbem, redditum oraculum est quaererent sedem caecorum terris aduersam. Ea ambage Chaleedonii monstrabantur quod priores illuc (1) CE. Soph. jragm., 523. (2) A. D. Monptwawn, op. cit., 28 Bq. (3) Fuste: ne Couranars, La oité antique, UI, 4. DES ORIGINES A CONSTANTIN 17 evecti, praevisa locorum utilitate, priora legissent!, Les Chalcédoniens métaient pas aussi aveugles que semblait le dire l’oracle, En effet Ja position qu’ils avaient choisie était excellente et, s’ils ne s’établirent pas sur le promontoire d’en face, c'est que probable- ment les habitants de Lygos ne le leur permirent pas. D’ailleurs Yendroit manquait d’eau, circonstance peu favorable a l’établis- sement d’une colonie. Le chef de la colonie dite mégarienne établie sur la céte euro- péenne aurait porté le nom de Byzas el serait devenu ainsi le héros éponyme de la ville. Les légendes ont fait de Byzas le fils de Sémestra, une nymphe du pays, et !’époux de Phidaleia, laquelle était la fille de Barbyzos, roi de la contrée. Byzas se présente avec un compagnon, le héros Antés ; leurs deux noms fondus ensemble auraient donné le mot Byzantion (Butévnov)*, L’étymologie est charmante, mais c’est tout. En outre la mythologie byzantine a emprunté 4 la mythologie romaine les traits dont elle avait besoin pour rehausser le prestige de la ville. Il y a sept stratéges a Byzance comme il y avait sept rois 4 Rome ; Byzas a un frére appelé Strom- bos ; avec lequel il est en aussi mauvais termes que Romulus avec Rémus ; les chiens aboient quand Philippe de Macédoine attaque Ja ville, comme les oies crient & Rome devant. le péril gaulois, En réalité le mot Byzance est d'origine thrace et n’a rien de méga- rien. Il faut le rapprocher des autres noms thraces, Butlx, Butnpes, Butavele, et du nom de Barbyzés (Bap6utnc). Il a donc été donné avant l’arrivée des Grecs, Ceux-ci, en s’installant dans la petite cité thrace, n’ont pu faire disparattre complétement l’ancien état des choses. IIs ont di composer avec 1’é]ément indigéne. II. — La Byzance des Mégariens L’ Acropole. — Le centre de Ja fondation mégarienne, c’est V’Acropole. Elle s’élevait dans l’angle oriental de la presqu’ile, sur le site occupé de nos jours par le Sérail. Comme J’écrivait un patriographe du x® siécle, «c’était une coutume des anciens de se batir des palais sur les acropoles »*, Byzas n’aurait pu déroger a cette coutume imposée par la prudence. Les pieux Byzantins, qui ne doutaient pas, comme nous, de l'existence du grand chef national, savaient donc oa chercher sa demeure ; il leur suffisait de lever les yeux vers la colline inspirée. Ils y voyaient. les temples (1) Annates, X11, 63. (2) Hésychius do Milet, dans Tx. Parorr, Scriptores originum Constantinopoli- lanarum, Leipzig, 1901, 3, 4; Tlapaotdocts oivropot xpovimat, ibid., 42, 48, (3) Tu. PREGER, op. cil., 11, 140. 18 CONSTANTINOPLE BYZANTINE de leurs dieux protecteurs Zeus, Apollon, Poseidon, avec Artémis et Aphrodite, avec Athéna Ecbasia, qui présidait au débarquement. On voit maintenant au Musée de Sainte-Sophie un petit autel anti- que en porphyre, décoré de guirlandes et posé sur un chapiteau renversé, qui se trouvait jadis dans une cours du Sérail. Il provient peut-étre de quelqu’un des temples qui ornaient |’Acropole, Au moyen Age, une église de Saint-Ménas remplacera le sanctuaire de Poseidon, tandis qu’en bas autour de I’enceinte, s'éléveront un grand nombre d’autres fondations chrétiennes : les établissements hospitaliers du quartier d'Eugéne, Sainte-Barbe, Saint-Nicolas, Saint-Démétrius surtout. Ce coin de la ville s'appellera méme sur le tard I’« angle de Saint-Démétrius ». L’enceinte. — La ville répandue autour de cette citadelle est munie d’une enceinte de dimensions assez modestes, a en juger par la description du pseudo-Codinus. Le rempart est flanqué de vingt-sept tours faisant saillie a l’extérieur et disposées en crémail- lére, de fagon a enserrer l’ennemi 4 la premiére approche. « Il com- mence au mur de l’Acropole et s’étend jusqu’a la tour d’Eugéne ; de la il monte au Stratégion pour atteindre les bains d’Achille. A cet endroit l’arc qu’on appelle (au moyen 4ge), Arc d’Urbicius, était une porte terrestre des Byzantins. L’enceinte s'avance ensuite vers les Chalkoprateia jusqu’au Milion ; 14 aussi se trouve une porte terrestre, Puis elle atteint les colonnes torses des Tzykalaria ; elle descend ensuite vers les Topoi et revient dans la direction de l’Acropole, en passant par les Manganes et les Arcadianae... Tel est le tracé de la ville de Byzas »*. Ce tracé serait reproduit approximativement par la série des trongons suivants : a) de Yahkogkkapi (Tour d’Eugéne) al’ancienne Sublime-Porte (Stratégion); b) de Vancienne Sublime-Porte- Zeynebcami (Chalkoprateia) & l’entrée de la place Ayasofya, du cété de Divanyolu (le Milion se dressait prés de cette entrée)? ; c) de la place d’Ayasofya a l’hdpital de Gilhane (région des Topoi et des Arcadianae) ; d) de Gilhane 4 Degirmenkapi (quartier des Manganes). Du cété de la mer, les murailles étaient peu élevées ; des jetées en pierre (x,t) les protégeaient contre les assauts des vagues. Le pseudo-Codinus prétend que cette enceinte dura depuis les origines de la ville jusqu’au régne de Constantin®. Il fait erreur, comme on le verra plus loin. Son tracé remonte peut-étre a la (1) Ta, Panera, I, 141. (2} Les travaux exécutés vers 1930 pour V'installation des égouts ont permis de retrouver les fondoments do ce qui fut probablemont l'enceinte de Byzas. (3) Ta, Precze, lo. cil. DES ORIGINES A CONSTANTIN 19 conquéte de Pausanias, en 479 av. J.-C. Pausanias doit avoir reconstruit la ville, car certains textes cités par Ducange! en font un des fondateurs de Byzance. Un autre restaurateur célébre, c'est Léon, archonte des Byzantins, qui commandait la défense en 340, au moment du siége entrepris apr Philippe de Macédoine. Léon fit réparer le rempart au moyen des pierres tombales, d’ot le nom de Tymbosyné (Tuyécovvy) donné A une des parties restaurées. Lorsque Byzance prit parti pour Pescennius Niger, Septime- Sévére se vit obligé de renoncer A I’attaquer, les fortifications étant jugées imprenables. Hérodion dit en effet que Byzance était entourée de remparts trés puissants (dyuedrarn terexyrozévov)®. A la méme époque, la ville passe pour étre trés peuplée et trés riche’, Les guerres ne lui manquérent pas, aprés lesquelles elle dut se relever, renforcer, élargir ses murs. Al. van Millingen‘ distingue deux enceintes antérieures 4 Septime-Sévére, mais la délimitation de la seconde est imprécise. Byzance ne put jamais rester neutre dans les luttes de compétition. On la voit devenir tour 4 tour spartiate et athénienne; elle se déclare contre Mithridate, mais il lui faut prélever I’impdt en faveur des Romains ; elle fait sienne la cause de Pescennius Niger, mais c’est pour tomber sous les coups de Septime-Sévére ; elle combattra pour Licinius, mais Constantin s’en rendra maitre. Presque toujours elle mise sur le mauvais tableau, mais elle échappe a la catastrophe a cause de sa position privilégiée. Places et monuments. ~ Deux places importantes sont signalées par les historiens le Stratégion et le Thrakion. Le Stratégion (Ztparyyvov) doit étre placé au nord de la ville, dans la vallée qui sépare la premiére colline de la deuxiéme, probablement dans le quartier de l’ancienne Sublime-Porte. C’était le Champ de Mars. La tradition y faisait camper Alexandre et son armée ; au début du moyen 4ge, on y voyait une statue de ce prince que Constantin, disait-on, avait transportée de la Pointe de Damalis ov elle s’élevait tout d’abord. Au Stratégion, Jes chefs militaires venaient recevoir les distinctions et les récompenses®. Le Thrakion (@pdxtov) était une belle place, « vide de maisons et a terrain plat »*. Sa position ne se laisse pas facilement deviner. (1) Gonstantinopolis christiana, I, 18. (2) “HewBtevot

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