Grève du personnel de la tutelle
à l’hôpital du Vinatier
Au Vinatier, 7 agents gèrent les dossiers de 430
personnes « protégées » par une mesure décidée
par les juges des tutelles : 75 % d’entre elles vien-
nent à l’hôpital en soin ambulatoire. Cette mesure
les aide à vivre normalement dans la cité, malgré
des difficultés à gérer la plupart du temps de mai-
gres ressources. Depuis plusieurs mois, ces
agents soulèvent la question de leurs conditions
de travail. Le directeur de l’établissement avait re-
connu que l’effectif minimum devait être de 10,5
équivalents temps plein, pour rencontrer ces per-
sonnes en ayant le temps de les associer à la ges-
tion de leur budget, plutôt que de leur imposer.
Mais aujourd’hui toute embauche a été bloquée,
sur ordre de mise au pas drastique du ministère.
Les départs ne sont plus remplacés, d’où la situa-
tion de crise à l’hôpital. Le service a décidé, avec
l’appui des 4 syndicats, de ne plus accepter de tra-
vailler n’importe comment. Les personnels des au-
tres services sont venus nombreux les soutenir
car c’est bien la solidarité de tous qui permettra de
contrecarrer les projets du ministère.
Les hôpitaux ont des budgets étranglés alors que
les besoins de soins augmentent, et ceci malgré la
volonté sans cesse imposée de renvoyer les habi-
tants sur le privé.
Cette grève est un encouragement : la circulaire
Bachelot relative à la campagne budgétaire pu-
bliée début mars 2008 n’est pas acceptée par les
personnels et la population. Une résistance est
possible et doit se coordonner.
Certes, cette circulaire donne des moyens pour les
plans Alzheimer, cancer, les soins palliatifs, …
mais pour les autres objectifs (désengorger les ur-
gences, recentrer les services sur les soins aigus,
…) c’est à moyens constants. En résumé, il faut
soigner vite, et pas cher. Ceux pour qui on n’a rien
prévu seront laissés aux organisations humanitai-
res qui vivront sur les dons. La prochaine étape
que ce gouvernement veut imposer sera le rem-
placement du statut actuel des hôpitaux
« établissement public administratif » par celui
d’ « établissement public à caractère industriel et
commercial », dans lequel le personnel est soumis
au droit privé. Le gouvernement propose de laisser
chaque établissement demander progressivement
ce changement de statut pour tout ou partie de
son personnel. Comme à la Poste, les hospitaliers
se retrouveront demain sur des statuts différents.
Cette lutte des agents de la tutelle pour des em-
bauches préfigure ce qui est nécessaire contre le
plan de privatisation des hôpitaux, que ce gouver-
nement veut nous imposer avant l’été, au nom de
l’ « harmonisation avec le privé ». La santé ne doit
pas être laissée aux financiers. Souhaitons que
s’organise une riposte la plus large et unitaire pos-
sible.
Quand les femmes sortent de l’ombre
Le Musée de la Résistance de Givors* présente une
expo intitulée « La Résistance au féminin » : 28
panneaux d’une grande qualité, confectionnés par des
militants pour rendre hommage à ces femmes
méconnues.
La moitié de cette rétrospective présente la place des
femmes dans la société d’avant guerre : leur statut de
mineure avec le Code civil napoléonien toujours en
vigueur, le culte pétainiste de la famille et
l’embrigadement dans les organisations fascistes de
l’autre côté des frontières. Un temps pas si lointain
où l’on exécutait des « avorteuses »…
L’autre partie de l’expo raconte le combat de ces
femmes. Parmi elles,
- Dora Schaul, antifasciste allemande, membre d’un
groupe d’infiltration de la Wehrmacht qui jette des
tracts dans les casernes, elle recueille des
renseignements grâce à son travail à la poste des
armées à Lyon
- Lise Lesèvre a la responsabilité d’une école pour
les instructeurs du Maquis à Theys dans l’Isère
- Jeanne Quiblier fait des faux papiers en utilisant
l’état civil de la mairie de Grigny où elle travaillait
- Renée Peillon, informatrice des Forces Françaises
de l’Intérieur, pour laquelle un monument a été érigé
sur la route N86
et bien d’autres, dont certaines militaires, comme
Odile Monin, qui participe à l’Insurrection de
Villeurbanne, Mme Moreau Boyer, chef de l’Armée
Secrète sur Chasse sur Rhône, Madeleine Riffaud,
« Franche Tireuse et Partisane » qui abat des chefs de
la milice et des officiers allemands, ou Léa Blain, qui
tombe « les armes à la main » dans le maquis du
Vercors : on est loin de l’image classique des agents
de liaison, qui cachent leur chargement au fond d’un
landau !
On apprend aussi comment Danièle Casanova,
dirigeante du Mouvement de la Jeunesse
Communiste, obtient une structure à part, l’Union
des Jeunes Filles de France : elles montent des
opérations de soutien aux républicains espagnols
(camions de nourriture et de médicaments) puis des
actions de solidarité avec les prisonniers et des
manifestations de « ménagères », comme à Givors en
1942, où elles descendent par deux fois dans la rue
contre la pénurie liée à l’Occupation. Les comités de
femmes vont se regrouper en 1943 dans l’Union des
Femmes Françaises pour la défense de la famille et la
libération de la France : au-delà du nom marqué par
l’époque, cette nécessité d’une organisation
spécifique des femmes pour combattre leur
oppression reste aussi impérieuse aujourd’hui.
* Musée de la Résistance et de la
Déportation, 10 place de la Liberté (à
10 mn à pied de la gare de Givors) :
l’expo est ouverte jusqu’au 19 avril les
mercredi et samedi de 14 à 18 h (2 €).