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REPUBLIQUE DU NIGER FRATERNITE-TRA VAIL-PROGRES COUR CONSTITUTIONNELLE Arrét n° 001/CC/MC du 09 février 2016 La Cour constitutionnetle statuant en matidre constitutionnelle, en son audience publique du neuf février deux mil seize. tenue au palais de Ladite Cour, arenda Paurét dont la teneur suit LA COUR Vu la Constitution : Vu la loi organique n* 2012.35 da 19 juin2012 déterinant! organisation, Le foncti onnement de la Cour constitutionnelle et la procédure suivie devant elle ; Vu la requéte de Monsieur Abdourahaman Chégou et douze (12) autres députés ; Vu Perdomnance xf OO4PCC da 25 janvier 2016 de Madame le Président désignant un. Consiller-rapporteur = Apres audition du Conseiller-apporteur et en avoir délibéré conformément la loi ; ENLA FORME Considérant que par requéte en date du 25 janvier 2016, enegistrée au greffe de la Cour le inéme jour sous le n° O04/ereffefordte, les dputés Abourahman Chégou, Sampari Mindba, Barmini Akourki, Elhadji Gageré, Sala Assan Amadou, Amina Abdou Souna, Karimou Boureima, YounoussaTondy. Lamido Moumouni Harouna, Laoual Amadou Maizoumbou, Haidara Hamed Ag Elgafiat, Falké Bacharou et Amadou Boubscar Alkaly saisissaie nt la Cour constitutionnelle «aux fins quelle se prononce par arrét sur la situation juridique du candidat al ‘électionprésidertielle de février 2016, M. Hama Amadou» + Considétant que Pasticle 126 de 1a Constitution dispose: «La Cour constintionnelle se prononee par arrét, sur Ja constitutionnalité des lois le Réglemert intériewr de I Assemblée nationale avant sa mise en application et ses ‘modifications + Ly es conflits ‘attribution entre les institutions de I'Etat La Cow constititionnelle ect compétente pour statier six toute question d'intermrétation et demplication de la Constintion» : Considérant que Particle 131 alinga 2 de 1a Constitution recomnait le droit & un dixiém e (1/10) des députés de saisirla Cour en matitre constitutionnelle ; ‘Considérant que la requéte est introduite par au moins un dite (1/10) des dpurés 5 Qu’au regard des dispositions sus-rapportées, il y a lieu de la déclarer recevable et la Cour compétente pour statuer ; AUFOND Consdérant qu'a I'appui de leur requéte, les requérants soutiennent : «gue par arrét n°0OUCCME du 09 janvier 2016, clairement motivé, la Cour consttutionnelle a déclaré Aligible a 1a présidentielle de février 2016, le eandidat Hama Amadou, incarcéré & la prison de Filingué depuis le I novembre 2015. C'est donc en toute comaissance de case notanment celle afférente cla privation de liberté qui fragpe lintéressé, que la plus haute juridietion ene matidre constiutionnelle et électorale a pris cette décision que par Varét sus vist, la Cour constitionmelle, faisant droit a la demande régulidrement introduite par Morsieix Hama Amadou an firs d’ére déclaré éligible a V'élection présidenticlle du 21 février 2016, a, de jure, plaeé le candidat Hama Amadou dans les conditions légales de competition telles que preserites par les lois électorales en vigueur ; quil résulte ana pow Vintéressé, le droit de condiire sa campagne en toute liberié et en paufaite égalté avec les quatarse (14) autres prétendants autorisés & prendre part aw serutin présidentiel en question : quien raison dui rejet. par les jiwicictions de droit commun saisies, de dein demandes de libenté provisoire introduites par Monsieur Hama Amadou, ce demier continue a garder prison en dépit de son stant jiridiquement établi de candidat d l'élection présidentielle & venir : que cette situation qui pénalise le candidat Hama Amadou est en contradiction avec les dispositians constitutionnelles, légales et réglementaires applicables aux élections au Niger ; ce, ds lors quiau detriment de Vinééressé ily a manfestenent. pte d'égalité dans la compéiition toute chose de nahve afasser la sincérité la awparence et l'équté ce I'élection présidentiel le de 2016 que notamment d cer égard la double nphee diégalité entre dime part, le candidat Hama Amada et les quatorse (14) autres candidats et, dare part entre hui (Hana Amadou) et Thin des carvdidats (M Abdou Labo) également concerné par ine méme procédure judiciaire, (ence que ce dernier jouit de la plénitude de ses droits et libertés Ny alieupaur la Car constiniiorlle d'enfaire le constat et de rétablir conséquemment et effectivemert légalité de tous les candidats.»; Considérant que les requérants ajoutent aqu‘ana termes de article & de la Constintion «La Répoblique du Niger est in Bat de chott Elle assize d tous 'égalité devant la Tot sams distinction de sew, d'origine sociale, racidie, ethrique ou religieuse. » ‘que selon Uenticle 10 de la méme Constitution «Tous les nigériens naissent et demeurent libres et égawxen droits eten devoies.» que conformément a Vartile 2 de la Constintion «Toute personne accusée dim acte alichieux est présnée immocente jusqu‘a ce que sa culpabilté ait éé légalement établie au cous d im procés public dart lequel toutes les garenties nécessaares @ sa libre défense ha ‘uuront &té assurées.» ; Que des dispositions constitutionnelles ci-dessus exposées, il résulte que le candidat Hama Amadou bénéficie de 1a présomption d'imocence Ita conférent celui de la liberts et de Végaité devant 1a lot pow ce qui concerne lexercice des droits attachés ax stant cle personnalité éligible & lui conféré par la Cour constitutionnelte apres examen minutiewx ele son dossier de candidanere.>; Considérant que les requétants développent en outre qu'aut termes de L'article 120 de la Consitution : «La Cour constitutionnelle est ta juridiction compétente en matidre constietionnele et électorale. Elle est chargée de statuer sur la constitutionnalité des lois, des ordonnances ainsi que la conformité des traités et accords internationauxa la Constitution. Elle interprate les dispositions de la Constitution. Elle contréle la régularité, la transparence et la sincérité du référendum, des élections présidentelles et législatves. Elle es juge du contentiew électoral et proclame les résultats définitifs des élections.» ; Considérant que les requérants arguem que «les conditions de la régutarité, de la hrensparence et de la sincérité d'ume élection poshient que tous les canddats a lade lection béndficient des mémes droits et avantages que leur conferent la Constitution et les lois éleetorales ; quil ne saurait y avoir de régdaité de tranparence et de sincérité des Alections présidentelles de févier 2016 s'il s'qpére, ck fagon ostensible, une violation de tous les droits et libertés consacrés par les dispositions constitutionnelles citées plus hat au aétrimert d'im seul des eaarce (15) candidats autorisés a se présenter auraites élections par votre august institution, une dérive synonyme de rupture ef €galité entre lesdits candidats que proscrivent et sanctionnent la loi fondamentale et les taités internationaux relatifs aux droits humains. Ce serait évidenmert le cas dans IIypothése dime mécomaissarce au dime entrave dla liberté dim candidat pai ne pourra pas alors jour de | ‘égalité constinéxonnelle vee les autres candidats pour battre campagne en allant ala renconire des électeurs, pour présenter et défendre son programe politique et son projet de sociét, tenir des meetings et accéder équatablement arn mé dias en général, ceux d'Btat enparticulier Le candidat Hama Amadou est quasiment dans une telle posture inconstitutionnelle gui pourrait perdurer tout au long du processus électoral, sauf si votre hause jurdietion venait& en decider autrement en faisant droit ala présente requéte.» Considérant par ailleurs que les requérants souticnnent qu’aux termes de V’article 134 de la Constitution «Les arréts de la Cour constinticrmelle ne sont susceptibles dain recovws Ils ent les pouvoirs publics et toutes les autorités administratives, civiles, militaires et Juridictionneltes.» quil est de jrisorudance constante en contentiewx constittionnel comparé african, que la chose jugée attachée aux décisions des juwichcrions conshtutiormelles s impose a toutes les aucortesy compris juridictionnelles et « impose ine double obligation & saveir d'tme part Vobligation de prencbe toutes les mesures pour exéeuier la décision juridictionnelle et dare pent l‘obligetion de ne rien faire a. seit en cortraciction avec lachte décision.» Considérant que les roquérants prétendent en outre «que le risque prévisible dime nophure dégalité des cancidats ai détiment de Monsieur Hama Amada: lors de la campage Alectorale quai s‘owze le 30 jawier 2016, la Cour doit déclarer contraire & la loi fondamentale, la violation de tous les principes a valeur constitutionnelle consacrés par la Constitution nigérienne du 25 novembre 2010.» Cons dérant qu'au regard de tout ce qui précéde, les requérants demandent ila Cour de «- Empécher la survenue dime violation de la Constinition et des lois électorales et des traités interna tionauc ratijiés par le Niger, notamment la Déclaration Universelle des Droits ce I'Homme de 1948, le Pacte International relat ax Droits Civils et Politiques de 1966 1a Charte Africaine des Droits de I'Homme et des Peiples de 1981, en ce que tous ces instruments juridiques garantissent Laliberté, l'équaté etl égaité des camdidats dime élection présideniielle Garantir par tous les moyens de droit, en vert de ses pousoirs et, notamment en application de son aurrét n° O01 109 jarwier 2016 qu4 "impose a toutes les catorités publicues, les cboits contin fiormels Glalaberté et al 'égealté chs canchelat Hama Amadouincarcéré + Mettre et faire metire le candidat Hama Amadou dans ses droits constiutionnels de batire campagne, rencontrer les électeurs, présenter et défendre son programme politique et son get de société si im méme pied diégalité avec let autres candidat: ax dections présidentielles uger et dive que cette niphire dégalité entre les candidats ax élections présidentielles de février 2016 est une violation des dispositions constitutionnelles et des traités énternationaux relatifs ano droits de Thomme ratifies par le Niger Garant la régularité, la transparence et la sincerité des élections présidentielles de février 2016 en intimart le respect ces droits constintionels d'égalité et de liberté de tous les candids.» Ly Considérant qu’au vu des problémes juridiques soulevés ta Cour traitera les questions dans Pordke de leur présentation par les requérants 1. Sur_la_ demande visant_i_empécher_Ia_survenance d'une viohtion de_h Constitution, des lois dectorales et des traités internationaux ratifiés par le Niger Considérant que de maniére générale, les requéranis invoquent un risque de rupture d’égalité entre les candidats a I'élection présidentielle du 21 février 2016 du fait do maintien en détention d'un de ces candidats, Monsieur Hama Amadou, pendant que les autnes ménent librement campagne. et ce, en violation des articles 8 alinéas 1 et 2. 10 de la Constitution, 2 25 et 26 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et 7 de La Charte afticaine des ckoits de Homme et des peuples : Considérant que selon le principe d'égplité des citoyens devant 1a loi consacré par les dispositions sus visées de la Constitution et des instruments juridiques intemationaux et régionaux auxquels font référence les requérants, a boi doit étre la méme pour tous aussi bien du point de vue des droits qu’elle accorde que des obligations qu'elle impose : que ce principe mempéche donc pas de réserver un traitement différent a des personnes se tr owant dans des situations différentes; Considérant que les requéranis font remarquer que la rupture d'égalité se retrouve & deux niveaux : d'une part entre le candidat Hama Amadou et les quatorze (14) auires et, autre part, entre le candidat Hama Amadou et le candidat Absiou Labo, alors que selon eux, la Cour constitutionnellea placé le candidat Hama Amadou dans les conditions légales de compétition Aectorale desquelles il rémulte pour Vintéressé le droit de concuire sa campagne en toute liberté et en parfaite égaité avec les autres canclidats 5 ‘Sur Ja rupture d’égalité entre Je candidat Hama Amadou et Jes quatorze (14) auires Considrant que les requérants invoquent que le fait que le candidat Hama Amadou continue 8 garder prison alors qui a été déclaré alighte &l’élection présidentielle du 21 février 2016 en méme temps que les autres candidats qui, eux, sont libres de mener directement leur campagne, conslitue une rupture d’égalité entre le candidat Hama Amadou et les quatorze (14) autres + Considérant que 1a détention du candidat Hama Amadou, intervenue bien avant le dépot de candidahwe 4 1'Aection présidentielle du 21 février 2016, le place dans une situation dire de celle des quatorze (14) autres cancidats: Considérant qu’ au surplus fa détention a laquelle font référence Les requérants, découle d'une décision rendue par une juridiction en vertu de ses attributions sur lesquelles Ia Cour constitutionnelle ne peut empicter ; que par conséquent, il ne peut te tiné argument de cette détention pour soutenir I'existence d'une rupture d’égalité entre le candidat Hama Amadou et les quatorze (14) autres ; Considérant que par ailleurs a détention d'un candidat déclaré digible, outre qu'elle ne viole pasla présomption d innocence 4 luireconmue par 1a Constitution et les instruments juridiques, intemationaux et négionaux relatifs aux droits humains raifigs par le Niger. ne P empéche en. rien de mener campagne par les moyens compatibles aver sa situation ; Consdérant qu’au regud de tout ce qui précéda, il n'y a pas rupture d'égalité entre Le candidat Hama Amadou et les quatorze (14) autres; Sur Ja rupture d’égalité entre le candidat Hama Amadou ef le candidat Abdou Labe Considérant que les roquérants invoquent le uaitement différencié enwe le candidat Hama Amadou et Le candidat Abdou Labo «également concerné parr une méme procédure judiciaire, ‘en ce que ce dernier jouit de la plénitucle de ses droits et libertés» Considérant que comme relevé plus haut, la détemtion du candidat Hama Amadou, intervenue ‘bien avant le dépét de candidature a 1’dection présidentiolle du 21 février 2016. ne le place pas dans la méme situation que Monsieur Abdou Labo qui, lui, était dgja en Liberté provisoire sur décision judiciaire : que de ce fat dl n'y a pas de rupture eégalité enize les cand dats Hama Amadou et Abdou Labo ; Considérant que de tout ce qui préctde. il y a lieu de dire qui n'y a pas identité de situation entre le candidat Hama Amadou et les quatorze (14) autres et que par conséquent. il n'y a pas supture o'égplité entre eux ; 2. Sur h demande v garantir par tous les moyens de droit ’ application de I (001 /CC/ME du 09 janvier 2016 Considérant que Les requérants, Faisant référence a article 134 de la Constitution, demandent la Cour de «garantir par tous les mayens de droit, en vertu de ses powvoirs et, notamment en application de son arét n° O01 dui 09 jeawier 2016 gai simpose d toutes les atorités bliues les droits constitutionnels ci la liberté et V'égaité chi cundidat Hama Amadou incarcéré» ; Considérant que Varticle 134 alinéa 1" de la Constitution dispose que «Les arréts de la Cour constinaionmelle ve sont susceptbles d'axin recowws. Is ent les pouwotrs publics et toutes les autorités administraives, civiles, militaires et juridictionnelles.» : Considérant que V'anétn® 001/CC/ME du09 janvier 2016 a déclaré cligible te candidat Hama Amadou al'dection présidentielle da 21 fevsier 2016 au méme titre que les quatorze (14) autres candidats ; que ledit anét a pour seul objet de statuer sur l'digibilité des condidats a Télectionprésidentelle du21 féier 2016 ; que la force dont il est revétu au sens de "article 134 de Ia Constitution ne simp ose alors mux autorités vinées par cette disposition que dane les limites de cet objet ; que des lors cet arrét est sans effet sur la détention du. candidat Hama Amadou 3. Sur la demande visant & «mettre et faire mettre le candidat Hama Amadou dans ses droits constitutionnels de battre campagne, rencontrer_les_électeurs, présenter_et ‘defondre son programme politique et son projet de société sur un méme pied d’égalité ‘avec les autres candidats aux élections présidentielles». Cons dérant qu’a travers cette demands, les requérants visent & obtenir de la Cour qu'elle enjoigne au juge pénal de prononcer la mise en liberté du candidat Hama Amadou Considérant que l'article 118 de la Constitution dispose : «Dans I'exercive de leurs fonctions, les magistrats sont indépendarts etne sont scumis qual “atorité de la lei.» ; Cons dérant qu’en application de cette disposition constitutionnelle, Ia Cour n’a pas compétence pour enjoindre au juge pénal de prononcer la mise en libené d'un candidat en détention ; 4. Sur la demande visant 3 dire et juger que la rupture d’ égalité entre Jes candilats est une violation des dispositions constitutionnelles et des traités internationaux relatifs aux divits de Phomme ratifiéspar le Niger Considérant que la question de la violation des dispositions constiutionneties et des waités intemationaux relatifs auc croits de Homme raifiés par le Niger'a été examinée dans les «développements antérieurs ; qu'il n'y apastien de s*y attarder ovire mesure : 5, Sur Jn demande visant 4 sgarantir 1a régulurité, ta transparence ef Ja sincérité des ections présidentielles en intimant le respect des droits constitutionnels d’égalité et de iberté de tous tes candidate» Cons dérant qu’a travers cette demande, les requérants conditionent la réguaité, la ‘rangparence et La sineétité des élections au sétablissement del” égalité entre les candidate , Mais considérant qu'il a &é démoniré plus haut qu'il n'y a pas eu violation du principe légaite ot de liberté des candidats en Iespéce ; qu'il n'y a des lors pas lieu d'accéder a cette demande ; [> PAR CES MOTIFS = déclare la roquete recevable : ~ dit qvil n'y apasidentté de situation entre 1e cand dat Hama Amadou et les quatorze (14) autres et parconséquent, il n'y apas de rupture d’égalité erare eux ; = dit que l'arét nP 0O1/CC/ME du.09 janvier 2016 ayent pour seul objet de statuer aur VPaigbilite des conchdats & Y dection présidentiolle du 21 février 2016 est sans effet sur la détention du candidat Hama Amadou : = dit que la Cow'n’a pas compétence pour enjoindze au juge pénal de promencer la mise entibené d'un candidat en détention ; = dit que le présemt arr&t sera notifié aux requérants et publié au Joumal Officiel de la Republique du Niger: Aisi fait, juge et prononeé par la Cour constitutionnelle. les jour, mois et an que dessus : i siggeaient Madame Absoulaye DIORI Kadidiatou LY, Président, Messicurs Abdou DANGALADIMA, Vice-président, Mori Ousmane SISSOKO, Kader CHAIBOU, Oumarou IBRAHIM. Oumarou NAREY et Issaka MOUSSA, Conseillers : en présence de Maitre Issoufou ABDOU, Greffier (Ont signg Le Président et le Grettier Le Président Le Greftier Mme Abdoulaye DIORI Kadidiatou LY Me Issoufou ABDOU

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