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Je dédie ces pages

A LA MEMOIRE DE

LEON DENIS
LE MAITRE VENERE
AUQUEL JE DOIS UNE JUSTE COMPREHENSION

DE LA VIE ET DE LA MORT.

PREFACE
Je considère comme un honneur de répondre à la demande qui
m'est faite de préfacer par quelques lignes ces souvenirs
intimes sur le regretté Léon Denis.

Je serai bref car j'ai peu connu Léon Denis et ne l'ai rencontré
que rarement, pourtant je dois dire en toute sincérité que peu
d'hommes ont produit, en un si court laps de temps, une plus
vive impression sur mon esprit. Je revois encore très nettement
sa solide et forte carrure, son air majestueux et sa tête léonine
qui rappelaient ces vieux prêtres celtiques ou ces guerriers
primitifs, figures marquantes d'un temps révolu qu'il aimait à
évoquer. Fier mais bienveillant, impétueux mais sage, émotif
mais réfléchi, telles étaient les qualités si différentes que je
discernais sur ce remarquable visage.

Comme écrivain, il m'émeut profondément. Je parle


imparfaitement le français mais je le lis fréquemment car
j'estime que la littérature française est la première du monde.
Je ne prétends pas m'ériger en critique d'une telle littérature,
mais à mon avis la prose de Léon Denis, si vigoureuse et
expressive, si élégante dans sa forme, quoique si lourde de
pensées, est d'un style absolument parfait. Elle allie à la
richesse des connaissances une philosophie très précise et
définie.
Sa Jeanne d'Arc médium m'a captivé au point que j'ai passé
deux mois à m'efforcer de transposer son inspiration en notre
langue, mais la magique clarté de Léon Denis n'est pas
aisément traduisible. C'est ainsi que j'ai pris la liberté d'en
changer le titre, pourtant d'une si courageuse franchise, en Le
Mystère de Jeanne d'Arc. Il m'a paru opportun de ne pas
risquer en heurtant le parti pris des profanes, de les rebuter et
de les priver ainsi de la lecture d'un chef-d'oeuvre. Ni Anatole
France, ni Bernard Shaw n'ont émis comme Léon Denis une si
concluante, si réelle appréciation de cette merveilleuse
héroïne. Il donne en ce livre la seule explication plausible du
fait le plus prodigieux de l'histoire.

Quant à l'étude des origines celtiques et de leur importance


ethnique, mes connaissances ethnologiques ne sont pas
suffisantes pour en apprécier la valeur, mais je suis sûr que
jamais le sujet n'a été traité avec plus de charme.

Maintenant, je m'efface pour laisser le lecteur s'initier plus


intimement à l'histoire terrestre de cet homme supérieur,
histoire écrite par celle qui a eu des occasions si
exceptionnelles de le connaître et de le comprendre.

Arthur CONAN DOYLE.

12 Juillet 1929.

Bignell Wood, Minstead, LyndHurst.

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