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Du même auteur
L’Enfant de l’ennemi
Aubier, 1995
Combattre
Une anthropologie historique
de la guerre moderne
(xixe-xxie siècle)
Éditions du Seuil
27, rue Jacob, Paris VI e
Ce livre est publié dans la collection
« Les livres du nouveau monde »
dirigée par Pierre Rosanvallon
isbn 978-2-02-097508-7
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collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé
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Remerciements
Introduction
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Chapitre premier
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30. Ibid., p. 9.
31. J. Sémelin, Purifier et détruire. Usages politiques des massacres et génocides,
op. cit., p. 343. C’est nous qui soulignons le premier passage en italiques.
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32. Je reprends cette heureuse expression à Paul Zawadzki, « Travailler sur des
objets détestables : quelques enjeux épistémologiques et moraux », in J. Sémelin
(dir.), « Violences extrêmes », numéro spécial, Revue internationale des sciences socia-
les, n° 174, décembre 2002, p. 571-580.
33. Allan Feldman, « Ethnographic States of Emergency », in Carolyn
Nordstrom et Antonius C. G. Robben, Fieldwork under Fire. Contemporary
Studies of Violence and Survival, Berkeley, Los Angeles, Londres, University of
California Press, 1995, p. 224-225.
34. Ainsi, dans une longue interview récente : Wolfgang Sofsky, Fritz
Kramer, Alf Lüdtke, « Gewaltformen – Taten, Bilder », Historische Anthropologie
– Kultur, Gesellschaft, Alltag, 12e année, cahier 2, 2004, p. 157-158. Je remercie
Franziska Heimburger de m’avoir fait connaître ce texte.
35. W. Sofsky, L’Organisation de la terreur : les camps de concentration, Paris,
Calmann-Lévy, 1995 [1993]. Traité de la violence, Paris, Gallimard, 1998 [1996].
L’Ère de l’épouvante. Folie meurtrière, terreur, guerre, Paris, Gallimard, 2002.
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43. Noélie Vialles, Le Sang et la Chair. Les abattoirs du pays de l’Adour, Paris,
Éd. MSH, 1987, p. 82.
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p. 127.) La seconde a été émise à la fin des années 1960 : « La guerre existe si
le conflit est organisé, socialement admis, et si le fait de tuer n’est pas consi-
déré comme un meurtre » (M. Mead, « Alternatives to War », in Morton Fried,
Marvin Harris, Robert Murphy (éd.), War :The Anthropology of Armed Conflict
and Aggression, New York, The Natural History Press, 1968, p. 215).
47. L’anthropologue effectue sur place un terrain de dix-sept mois entre
septembre 1977 et juin 1979, avant d’y retourner pendant trois mois à l’automne
1981.Avant lui, trois articles seulement avaient été écrits sur les Chewong, par un
ethnologue britannique, en 1938. Au moment où Signe Howell se trouvait au
milieu d’eux, ces derniers avaient commencé à se sédentariser en abandonnant
le mode de vie traditionnel associant chasse, cueillette et culture itinérante.
48. 53 000 personnes en 1969.
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occidental de la guerre. La bataille d’infanterie dans la Grèce classique, Paris, Les Belles
Lettres, 1990. Joanna Bourke, An Intimate History of Killing : Face-to-Face Killing
in Twentieth Century Warfare, Londres, Granta Publications. John Lynn, De la
guerre. Une histoire du combat, des origines à nos jours, Paris, Tallandier, 2007.
81. Mais au-delà de ce milieu restreint, l’œuvre d’Elias a suscité, et continue
de susciter, une abondante littérature mondiale, issue de toutes les sciences
humaines et sociales, entre défense, prolongement et critique de sa pensée. V oir
en particulier Alain Garrigou et Bernard Lacroix (éd.), Norbert Elias. La poli-
tique et l’histoire, Paris, La Découverte, 1997. Et, dans une perspective plus socio-
logique,Yves Bonny, Erik Neveu, Jean-Manuel de Queiroz, Norbert Elias et
la théorie de la civilisation, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2003.
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dans les années 1980, a été publiée en Allemagne en 1990. Suivent une édition
française en 1991 (Norbert Elias par lui-même, Paris, Fayard, 1991) et une édi-
tion anglaise en 1994 (N. Elias, Reflections on a Life, Polity Press, 1984). Cette
interview est le seul document important dont on dispose sur l’expérience de
guerre de Norbert Elias, dont on soulignera que la lucidité intellectuelle et la
discipline de travail se sont maintenues jusqu’à ses derniers jours.
84. C’est de la critique interne du texte et de la confrontation de celui-ci
avec la chronologie et la topographie de la bataille de la Somme en 1916 que
l’on peut inférer les éléments que nous indiquons. Faute de sources précises,
on gardera en tête qu’il ne peut s’agir ici que d’une forme de reconstitution
de la biographie militaire de Norbert Elias. À la date présumée de l’entrée de
Norbert Elias dans la bataille, Péronne (écrit Peron dans le texte), ville prin-
cipale de l’arrière-front allemand dans cette zone, n’était plus qu’à 2 000 ou
2 500 mètres du front en raison de l’avance alliée : ce qui permet de mieux
comprendre l’impression traumatisante de la traversée de la ville.
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85. Ce sont en fait les termes de son interlocuteur. Norbert Elias par lui-même,
op. cit., p. 37.
86. Il faut comprendre : sortie des tranchées pour réparation des fils de télé-
phone en zone exposée au feu.
87. Ibid., p. 37-38.
88. Ibid., p. 38-39.
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92. Je remercie Christian Ingrao d’avoir attiré mon attention sur cette spé-
cificité importante pour le sujet.
93. Cette précision biographique se trouve dans The Germans. Power Struggle
and the Development of Habitus in the Nineteenth andTwentieth Centuries, Cambridge,
Polity Press, 1996, p. 186. Ce militant se nommait Bernhard Schottländer. On
notera la signification possible de l’emploi du barbelé – objet de guerre carac-
téristique du no man’s land en 1914-1918 – par ces continuateurs (vrais ou
supposés) des soldats du front qu’étaient les membres des corps francs.
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126. Ernst Jünger, Orages d’acier. Journal de guerrre, Paris, Gallimard, «Folio»
1974 [1920], p. 347.
127. Ibid, p. 351.
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134. Nous renvoyons ici à notre préface pour la traduction française d’un de
ses plus grands livres, Fallen Soldiers. Reshaping the Memory of the World Wars, paru
aux Oxford University Press en 1990 : De la Grande Guerre aux totalitarismes. La
brutalisation des sociétés européennes, op. cit.
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CHAPITRE II
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144. On lira à cet égard la préface que son épouse, Alice, lui consacre dans la
réédition de 1928 de ses œuvres, préparée par Marcel Mauss, Sociologie religieuse
et folklore, op. cit., p. xiii-xvii. On y voit un Robert Hertz ayant vécu pendant
des mois avec les Dayak de Bornéo et ayant appris leur langue. On y voit aussi
un grand marcheur, profitant de ses vacances dans les Alpes italiennes en 1912
pour mener son étude ethnographique de saint Besse, capable d’un « pouvoir
de sympathie » susceptible de désarmer les méfiances des interlocuteurs les plus
difficiles.
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145. Lettre du 1er février 1915, in Un ethnologue dans les tranchées, août 1914-
avril 1915. Lettres de Robert Hertz à sa femme Alice, op. cit., p. 200.
146. Cet article a été publié à titre posthume dans la Revue des traditions popu-
laires en 1917, nos 1-2 et 3-4, p. 32-45 et 74-91.Voir sa réédition dans Sociologie
religieuse et folklore, op. cit., p. 161-188. On notera que parallèlement, Hertz
« recueille des bribes de folklore argonnais ou lorrain » (lettre du 6 octobre
1914, p. 71).
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147. R. Hertz, « Contes et dictons recueillis sur le front parmi les poilus de
la Mayenne et d’ailleurs », ibid., p. 161.
148. Alice Robert Hertz, Introduction, ibid., p. xvii.
149. Lettre du 14 mars 1915, in Un ethnologue dans les tranchées, août 1914-avril
1915. Lettres de Robert Hertz à sa femme Alice, op. cit., p. 230.
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très bon tireur, tu crois que tu saurais bien tenir sous la mitraille
et affronter la mort sans broncher, mais ça ne suffit pas. Il faut
avoir le sens de la guerre156 […]. »
Résumons : « ethnologue dans les tranchées », sans doute
Robert Hertz l’a-t-il été, en effet. Mais ethnologue des tranchées,
certainement pas. Ce qui se joue vraiment dans la guerre de
position, et qui est de l’ordre du combat et de la mort, même
dans un secteur longtemps abrité comme le sien, ne retient pas
son attention d’ethnologue. Son regard s’arrête là où se déploie
la violence, il ne porte pas au-delà.
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dire que le neveu de Durkheim ait voulu, sitôt les combats ter-
minés, tourner le dos à la grande rupture de la guerre. Chez lui,
c’est au contraire d’hypermnésie qu’il semble s’agir, à travers un
deuil apparemment inachevé.
Mais de sa propre guerre, de sa guerre personnelle en quel-
que sorte, qu’a-t-il su exprimer ? À l’entrée en guerre, Marcel
Mauss est un homme de 42 ans. Né à Épinal dans une famille
de rabbins, il avait fait ses études à l’université de Bordeaux sous
l’autorité morale et intellectuelle de son oncle qui, depuis 1887,
y occupait une chaire de pédagogie et de sciences sociales.
Agrégé de philosophie en 1893, sa curiosité insatiable l’avait
alors poussé à s’initier à l’anthropologie, à commencer parallè-
lement l’étude du sanscrit, à se lancer dans la linguistique indo-
européenne comparée, à entamer enfin une thèse sur la prière
qui ne fut jamais achevée. Il entre en 1901 à la cinquième
section de l’École pratique des hautes études, sur une chaire
d’« histoire des religions des peuples non civilisés ».
Engagé dans le combat dreyfusard, il devint militant socia-
liste et compta parmi les fondateurs de L’Humanité en 1904.
Et en dépit de son âge, comme tant de socialistes en 1914, il
s’engage volontairement dès le 3 septembre. Il est alors incor-
poré au 144e régiment d’infanterie et cantonné à Orléans. Fin
1914, il est attaché comme interprète à la 27e division bri-
tannique, qu’il suit à Ypres. Le 18 juin 1916, il quitte l’armée
anglaise pour l’armée australienne (5e division), où il reste jus-
qu’au 20 novembre 1918, avant de rejoindre en décembre la
Commission de navigation du Rhin, affectation qui précède
sa démobilisation, intervenue le 20 janvier 1919. En ligne du
6 août 1915 au 10 juillet 1916, Marcel Mauss comptabilise
ainsi un an moins neuf jours au sein d’une unité combattante :
Ypres, en particulier, fut le champ de bataille où il a séjourné
le plus longtemps, au cours de l’année 1915. Mais Mauss a
participé à d’autres événements, même si ce ne fut pas en
première ligne : la Somme en 1916, l’avance sur Bapaume du
printemps 1917, la troisième bataille d’Ypres fin 1917, puis les
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165. Ibid.
166. « Rapports réels et pratiques de la psychologie et de la sociologie », Journal
de psychologie normale et pathologique, 1924. Repris dans M. Mauss, Sociologie et
anthropologie, Paris, PUF, 1989 [1re édition 1950], p. 308.
167. « Parentés à plaisanteries », 1926. Reproduit dans M. Mauss, Œuvres, t. 3,
op. cit., p. 118.
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sur les armes qui mérite d’être cité : « Quelle que soit l’arme
étudiée, l’enquête portera successivement sur son nom ; sur
sa matière première et les différents moments de sa fabrica-
tion ; sur son emploi, la façon dont elle est maniée, son mode
d’action, sa portée, son efficacité ; qui a droit de s’en servir
(homme ou femme, ou les deux ; est-ce une arme strictement
individuelle ou peut-elle être prêtée, et à qui, etc.) ; enfin son
idéologie, ses rapports avec la religion et la magie172. » Marcel
Mauss, qui recommande une grande attention aux objets, qui
suggère de les photographier, voire de les filmer, ne dit pas un
mot de l’expérience tactile de ces derniers. Lui qui avait côtoyé
les armes pendant quatre années, qui conserva son revolver
d’officier et prétendit s’en servir de nouveau en 1942 en cas
d’arrestation par les Allemands173, lui si personnellement atten-
tif aux « techniques du corps », ne suggère à aucun moment
le maniement de l’arme au titre d’expérience indispensable
à l’enquête ethnologique. Dans le même ouvrage, d’ailleurs,
alors que Mauss consacre plusieurs sections aux phénomènes
économiques, juridiques, moraux, religieux, il se tait sur le
phénomène guerrier, alors que son immense culture ethno-
logique ne pouvait lui laisser ignorer son importance dans les
sociétés primitives. Cette extraordinaire lacune sur la question
de la guerre – sur la question du combat, plus exactement –,
on la retrouvera, plus criante encore, dans « Les techniques du
corps », en 1936. Nous y reviendrons174.
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188. Ce n’est qu’à partir de janvier 1916 que celui-ci quitte le service inté-
rieur pour être versé aux armées (Dossier des états de service du sous-lieutenant
Pierre Renouvin, Service historique de l’armée de terre, cote 11Yf 1691 ; je
remercie Galit Haddad d’avoir collecté ces précieux renseignements).
189. Ses états de service précisent que Pierre Renouvin, classé « service auxi-
liaire » le 8 juillet 1916 suite à l’ablation de la première phalange du pouce droit
rendue nécessaire par une blessure sur des fils de fer barbelés intervenue le 24
mars 1916, demanda à revenir dans le service armé où il fut reversé le 17 août
1916. Il est alors muté au 46e RI.
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200. Ibid., p. 2.
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203. Dans son « Que sais-je ? » rédigé en 1965, où l’auteur reprend en partie
ce texte de 1934, cette dernière phrase est transformée de façon significa-
tive : « Nulle part, le fantassin n’a connu plus de souffrances » (P. Renouvin, La
Première Guerre mondiale, Paris, PUF, « Que sais-je ? », 1965, p. 43).
204. P. Renouvin, La Crise européenne et la Grande Guerre (1904-1918),
op. cit., p. 329.
205. Pierre Renouvin a été versé aux armées à partir du 1er janvier 1916,
comme aspirant, au sein du 117e RI. Or, ce régiment n’a participé à la défense
de Verdun qu’en juillet-août 1916, date à laquelle Pierre Renouvin, suite à sa
première blessure et à son amputation, n’avait pas été reclassé dans le service
armé (il ne le sera que le 17 août 1916, pour être versé dans le 46e RI).
206. Ibid., p. 427.
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209. Le cas n’est pas unique cependant : celui de Jules Isaac est à certains
égards comparable.Voir André Kaspi, Jules Isaac. Historien, acteur du rapprochement
judéo-chrétien, Paris, Plon, 2002.
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210. Les renseignements biographiques qui suivent sont tirés des ouvrages
suivants : Richard Tawney, The American Labour Movement & Others Essays,
New York, St Martin’s Press, 1979 (introduction de Jay Winter, p. ix‑xxiv) ;
Jay Winter et David M. Joslin (dir.), R. H. Tawney’s Commonplace Book,
Cambridge, Cambridge University Press, 1972 ; Dictionary of National Biography,
1961-1970 (excellente notice par Asa Briggs, p. 994-998) ; Jean Maitron
(éd.), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier international, Grande-Bretagne,
Paris, Éditions ouvrières, 1986, 2 t., tome 2, p. 240-241 ; Ross Terrill, R. H.
Tawney and His Times : Socialism as Fellowship, Harvard, Harvard University
Press, 1973.
211. La Workers’ Educational Association fut fondée en 1903 par l’éducateur et
autodidacte Albert Mansbridge afin de favoriser l’instruction des classes popu-
laires : son nom d’origine, abandonné en 1905, était An Association to Promote the
Higher Education of Working Men.
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229. Il est retranscrit dans M. Bloch, Écrits de guerre (1914-1918), op. cit., p.
41-69.
230. Lettre de Marc Bloch à Davy, 16 septembre 1917, ibid., p. 117-118.
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son texte. « Je ne crois pas exact de dire, comme on le fait par-
fois, qu’il est facile. Non pas toujours, à dire vrai, mais souvent
il est le fruit d’un effort. Effort qu’un homme sain obtient sans
douleur de soi-même, et qui devient rapidement une habitude.
J’ai toujours remarqué que, par un heureux réflexe, la mort
cesse de sembler très redoutable du moment qu’elle semble
proche : c’est au fond ce qui explique le courage. La plupart
des hommes craignent d’aller au feu, et surtout d’y retourner ;
une fois qu’ils y sont, ils ne tremblent plus. Je crois que peu
de soldats, sauf parmi les plus intelligents et ceux qui ont le
cœur le plus noble, lorsqu’ils se conduisent bravement pensent
à la patrie ; ils sont beaucoup plus souvent guidés par le point
d’honneur individuel, qui est très fort chez eux à condition
qu’il soit entretenu par le milieu […]234. »
Réflexivité encore lorsque Marc Bloch se lance dans l’ana-
lyse des linéaments de l’enregistrement mémoriel des évé-
nements du combat alors que le stress extrême du champ de
bataille s’est mêlé à l’expérience concrète du danger : « Il est
probable que tant que je vivrai, à moins que je ne finisse mes
jours dans l’imbécillité, je n’oublierai jamais le 10 septem-
bre 1914. Mes souvenirs de cette journée ne sont pourtant
pas extrêmement précis. Surtout ils s’enchaînent assez mal.
Ils forment une série discontinue d’images, à la vérité très
vives, mais médiocrement coordonnées, comme un rouleau
cinématographique qui présenterait par places de grandes
déchirures et dont on pourrait, sans que l’on s’en aperçût,
intervertir certains tableaux235. »
Pour intéressantes qu’elles soient, on voit qu’il ne s’agit ici,
comme on peut le constater, que d’assez brèves remarques, fort
brèves parfois. Inversement, il n’est pas interdit de relever que
Marc Bloch s’interdit tout commentaire sur certains aspects
qui eussent pu attirer sa réflexion historienne : alors qu’il fait
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titre qui n’est pas de Marc Bloch, est venue lui conférer un statut
historiographique, mais un statut entièrement différent de celui
qui était le sien à l’origine. Les souvenirs de guerre de Marc Bloch
ne s’adressaient décidément à personne d’autre qu’à l’historien
lui-même, dans une reprise de contrôle, hautement rationalisée,
de ce qui avait eu lieu. En les lisant sous une forme imprimée, nous
oublions tout simplement qu’ils ne visaient aucun public : au titre
d’historien de sa propre expérience de combat, Marc Bloch n’a
finalement rien souhaité livrer à ses contemporains lors des années
d’entre-deux-guerres.
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241. Richard Tawney tissa des liens étroits avec les Trade Unions grâce à sa
participation à la Coal Industry Commission de 1919. Il rédigea largement le
programme du parti en 1928, fut à l’origine de rapports importants sur l’édu-
cation en 1922 et 1924, et participa à la rédaction du Hadow Report de 1926
qui préconisa la prolongation de la scolarité. Son influence intellectuelle sur
le Labour est passée également par la publication de The Acquisitive Society en
1921 et par Equality en 1931 (regroupant une série de conférences données en
1929, très incisives sur l’inégalité sociale et le risque qu’elle faisait courir à la
démocratie politique).
242. Il publie ainsi Tudor Economic Documents en 1924, Religion and the Rise
of Capitalism en 1926, il coédite l’Economic History Review de 1927 à 1934, et,
toujours intéressé par le problème agraire, il publie Land and Labour in China
en 1932.
243. R. Tawney, The Acquisitive Society, Londres, G. Bell & Sons, 1927 [1re
éd.1921], p. 224.
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253. M. Bloch, Les Rois thaumaturges, Paris, Gallimard, 1983 [1re édition
1924].
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261. Ibid.
262. E. Evans-Pritchard, The Sanussi of Cyrenaïca, Oxford, Clarendon
Press, 1973 [1949].
263. E. Evans-Pritchard, « The Sanussi of Cyrenaïca », Africa, op. cit.,
p. 76-77.
264. Il s’agit des retraites d’avril 1941 et du premier semestre 1942. E. Evans-
Pritchard, The Sanussi of Cyrenaïca, op. cit., p. 227.
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290. Ibid.
291. Ibid.
292. « An Interview with Edmund Leach », Current Anthroplogy, op. cit.,
p. 380.
293. E . Leach, « In Formative travail with Leviathan », Anthropological Forum,
4, n° 2, 1977, p. 60.
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qu’à cette occasion les jeunes filles furent “violées” (roï) tandis
que les femmes mariées et les veuves étaient “outragées” (shut
hpyit)303. » La brutalité de guerre japonaise en pays kachin est
en quelque sorte détournée vers des remarques sémantiques
indicatrices des différents statuts féminins. Un épisode de
guerre spécifique est ainsi instrumentalisé pour les besoins de la
démonstration ethnologique, au prix de l’élision de la situation
de guerre elle-même.
Ainsi, sur le conflit et sur l’expérience qu’en acquit Edmund
Leach, on ne peut, à la lecture d’un livre qui en est directement
issu, rien deviner. Parce que trop intime sans doute, l’expé-
rience de violence est mise totalement à distance, jusqu’à une
ultime annexe, longue de deux pages, et curieusement intitulée
« Note sur la qualification de l’auteur 304 ». Elle mérite d’être
longuement citée.
« Il est normal que les expériences particulières de l’auteur
aient beaucoup influencé le sujet et la forme de ce livre. Il
n’est pas inutile de préciser ce que furent ces expériences »,
commence-t-il. Après ce début alléchant, l’anthropologue en
vient au choix de son field research proprement dit :
En 1939, je préparais un diplôme supérieur d’anthropologie sous
la direction du regretté professeur Malinowski. Je partis pour la
Birmanie avec l’intention d’y enquêter sur le terrain pendant un
an. Je voulais consigner mes résultats dans une étude fonctionna-
liste – étude limitée à une seule communauté. J’ai choisi Hpalang
sur le conseil de M. H. N. C. Stevenson, qui, peu de temps aupa-
ravant, avait été assistant superintendant à Sinlum et qui avait
également travaillé sous la direction du professeur Malinowski.
Le moment de mon expédition était mal choisi. Quatre jours
après mon arrivée en Birmanie, la guerre éclata. Je passai sept des
douze mois suivants à Hpalang même.Très tôt je me dispensai des
services d’un interprète, ce qui avait ses inconvénients, mais cela
signifie que j’appris très rapidement à comprendre le jinghpaw.
303. Ibid.
304. Ibid., p. 359-360.
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absolue acquise par les Alliés à la fin de la Grande Guerre. On mesure d’autant
mieux le renversement auquel fut confronté Marc Bloch en mai-juin 1940.
317. Ibid., p. 84-88.
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318. Ibid.
319. Ibid.
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et là-bas. L’anthropologue comme auteur, op. cit. p. 55-76 (titre original : Works and
Lines : the Anthropologist as Author, Stanford University Press, 1988).
335. Ibid., p. 56.
336. Ibid., p. 55.
337. Ibid., p. 57.
338. Ibid., p. 61.
339. Ibid., p. 63.
340. Ibid.
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CHAPITRE III
La « leçon anthropologique »
est-elle possible ?
Lectures historiennes
358. G. Balandier, Le Pouvoir sur scènes, op. cit., p. 83. L’auteur utilise aussi la
notion d’ « information anthropologique », à notre avis moins subtile.
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361. Cet ouvrage a été réédité en 1968 à Port Washington et New York,
Kennikat Press. M. R. Davie, La Guerre dans les sociétés primitives. Son rôle et son
évolution, op. cit. C’est à cette version française de l’ouvrage que se référeront les
citations qui suivent.
362. Un très grand nombre de références sont tirées du Journal of Anthropological
Institute of Great Britain and Ireland. Malheureusement, les références sont
données sans dates de publication, ce qui rend difficile toute datation précise
du socle documentaire qui sert de base à l’auteur.
363. P. Clastres, Archéologie de la violence : la guerre dans les sociétés primitives,
op. cit., p. 62.
364. Ibid., p. 14. Souligné par l’auteur.
365. C’est d’ailleurs le titre du chapitre ii : « La guerre et la concurrence
vitale ». M. R. Davie, La Guerre dans les sociétés primitives. Son rôle et son évolution,
op. cit., p. 24 sq.
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375. Alain Testart, Essai sur les fondements de la division sexuelle du travail chez
les chasseurs-cueilleurs, Cahiers de l’homme, nouvelle série XXV, EHESS, 1986.
376. M. R. Davie, La Guerre dans les sociétés primitives. Son rôle et son évolution,
op. cit., p. 66.
377. Ibid., p. 43.
378. Ibid., p. 350.
379. Ibid., p. 24.
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396. L’auteur prétend même qu’il faut attendre les armes de la fin du
ixe siècle, en adoptant selon nous une chronologie trop haute. Il nous semble
x
que dès les années 1840-1860, l’armement occidental avait fait assez de progrès
pour obtenir une supériorité significative sur l’armement traditionnel des socié-
tés primitives. En outre, on pourrait faire observer que dans certaines configu-
rations dessinées par des modèles guerriers spécifiques, l’armement occidental
offrit précocement un avantage tactique décisif : dès le xvie siècle, par exemple,
lors de la conquête espagnole de l’Empire aztèque.
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temporels. Outre les doutes que l’on peut nourrir sur les moda-
lités de calcul des chiffres présentés, outre l’hétérogénéité des
segments chronologiques servant de bases aux comparaisons, se
pose de toute manière un grave problème de proportionnalité :
établir un parallèle rigoureux entre le fait guerrier de socié-
tés comportant un très petit nombre d’individus, et celui de
sociétés complexes qui en comptent des dizaines de millions,
c’est brutaliser sans mesure l’échelle des phénomènes sociaux.
Le « micro » et le « macro » se voient constamment confondus,
créant l’illusion d’une comparaison possible, menée en quelque
sorte terme à terme parce que adossée à l’apparente scientificité
des données chiffrées. Il nous semble au contraire que ce type
de comparaison n’a guère de sens, conduite de cette manière
tout au moins. Le fait guerrier ne peut être à ce point déraciné
des sociétés dont il est issu, des différences de perception qui
s’attachent à lui, des variations de sens qui lui sont attribuées.
Pour ne prendre qu’un exemple issu de l’immense littérature
ethnographique, on ne peut rabattre le modèle guerrier des
Indiens Crow décrit en son temps par Robert Lowie397, et le
rôle capital qu’y jouait la subtile gradation des « coups » réali-
sés par les guerriers, vers des estimations de taux de pertes ou
de seuils de mobilisation masculine – deux critères tellement
caractéristiques de la guerre occidentale moderne. Ignorer à
ce point les spécificités qui s’attachent à chaque configuration
guerrière revient à tourner le dos à toute perspective anthropo-
logique véritable, au profit d’une fade polémologie.
397. Robert H. Lowie, The Crow Indians, New York, Holt, Rinehart et
Winston, 1956 [1935].
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Car à ses yeux, « la guerre englobe bien plus que le politi-
que, […] elle représente toujours l’expression d’une culture,
étant souvent génératrice de nouvelles formes culturelles, jus-
qu’à même devenir, dans certaines sociétés, l’incarnation de
la culture elle-même400 ». Au fond, pour Keegan, la guerre est
d’abord un acte culturel, et pour notre part, nous souscrivons très
largement à une telle vision du phénomène guerrier. On serait
tenté de rappeler ici l’efficace formule de Margaret Mead dans
un article qui précéda de peu l’entrée en guerre des États-Unis
et son automobilisation, au titre d’anthropologue, pour la cause
de son pays en guerre : la guerre est « une invention401 », écrit-
elle ainsi dès 1940. Près de trente ans plus tard, elle précisera :
une « invention culturelle402 ».
La formule avait le mérite de souligner, au moins négati-
vement, que cette invention pouvait n’être pas automatique,
comme dans ces sociétés warfree déjà évoquées : perspec-
tive d’une importance capitale pour enrichir notre vision
de toutes les autres, tellement plus nombreuses, où l’inven-
tion s’est effectivement produite. Pour autant, on soulignera
400. Ibid., p. 32. Plus loin, Keegan soutient même, à propos du refoulement
des armes à feu au Japon sous les Tokugawa, au xviie siècle : « La guerre peut
être, parmi bien d’autres choses, la perpétuation d’une culture par ses propres
moyens » (p. 73).
401. M. Mead, « Warfare : An Invention – Not a Biological Necessity »,
Anthropology : A Human Science, Selected Papers, op. cit., p. 127. Dans cet article,
Margaret Mead donne en outre cette définition à notre sens pertinente de la
guerre : « […] warfare, by which I mean organized conflict between two groups puts an
army (even if the army is only fifteen Pygmies) into the field to fight and kill, if possible,
some of the members of the army of the other group […] » (ibid.)
402. Sa formule, qui offre une définition de la guerre à notre sens par-
ticulièrement pertinente, est la suivante : « Warfare will be regarded as a cultural
invention consequent upon group identification, the existence of shared taboos against
intra-group killing […] and the equally culturally defined social sanctioning of killing
members of the opposing group. » Ou encore : « La guerre existe si le conflit est
organisé, socialement autorisé, et si le fait de tuer n’est pas considéré comme un
meurtre » (« Alternatives to War », in M. Fried, M. Harris, R. Murphy (dir.),
War :The Anthropology of Armed Conflict and Aggression, op. cit., p. 215).
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407. C’est bien pourquoi il intéressa tant Jean-Norton Cru dans son grand
ouvrage sur le témoignage combattant de la Grande Guerre, paru en 1929, en
particulier son traitement de la peur des combattants (Témoins, Nancy, Presses
universitaires de Nancy, 1993 [1929]).
408. Né en 1821, entré à Saint-Cyr en 1842, dont il sort avec un rang
médiocre, Charles Ardant du Picq est sous-lieutenant au 67e RI en octobre
1844, lieutenant en 1848, capitaine en 1852. Les années suivantes le conduisent
à alterner commandements dans des unités de chasseurs et dans des régiments
d’infanterie. En 1853, il passe au 9e BCP, devient en 1856 chef de bataillon
au 100e RI avant de repasser la même année au 16e BCP, puis au 37e RI en
1863. En 1864, il est lieutenant-colonel, d’abord au 55e RI, puis au 10e RI
cinq ans plus tard. Charles Ardant du Picq est d’abord un fantassin, mais qui
dispose de l’expérience des chasseurs à pied (on compte sous le second Empire
21 bataillons de ces soldats d’élite destinés à agir rapidement en avant des lignes
et à harceler l’ennemi de leur feu).
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409. Ch. Ardant du Picq, Études sur le combat. Combat antique et combat
moderne, op. cit., p. 13. On imagine la difficulté que les destinataires de cette lettre
ont probablement ressentie au moment d’y répondre. Tout indique d’ailleurs
que les réponses ont été peu nombreuses. Pour autant, celles dont nous dis-
posons sont du plus grand intérêt historique elles aussi. Elles concernent les
batailles de l’Alma et d’Inkerman (1854), de Magenta et de Solferino (1859), de
Mentana enfin (1867) : toutes s’insèrent par conséquent dans la séquence chro-
nologique 1850-1870. Ces récits, qui figurent en annexe d’Études sur le combat,
constituent évidemment des approches très partielles, voire parcellaires, mais
pour cette raison même l’information transmise est de premier ordre. L’échelle
choisie est en effet la bonne, et tout indique que les correspondants d’Ardant
du Picq ont su comprendre que ses questions étaient bien celles qu’il convenait
de poser aux données de l’expérience. Cette série – malheureusement trop
brève, il est vrai – est constituée de récits micro-historiques du déploiement
de la violence de combat, qui prennent tous pour objet central, sinon unique,
le combattant.
410. Je reprends cette expression à Jacques Revel, employée il est vrai par lui
dans un tout autre contexte, comme titre de sa préface à l’ouvrage de Giovanni
Levi, Le Pouvoir au village. Histoire d’un exorciste dans le Piémont du xviie siècle,
Paris, Gallimard, 1989.
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411. Ch. Ardant du Picq, Études sur le combat. Combat antique et combat
moderne, op. cit., p. 87.
412. Ibid., p. 79.
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416. Ibid., p. 123. L’auteur prend ici Wagram (1809) comme point de départ
et non d’autres combats directement vécus par lui-même.
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avec arrière-pensée plutôt, laisser passer les plus pressés, les plus
intrépides, et ceci est singulier, mais absolument vrai, nous som-
mes d’autant moins serrés que nous approchons davantage, et adieu
la théorie de la poussée, et si la tête est arrêtée, ceux qui sont
derrière se laissent choir plutôt que de la pousser, et si cependant
cette arrêtée est poussée, elle se laisse choir plutôt que d’avancer.
Il n’y a pas à se récrier, c’est ainsi. La poussée a lieu, mais pour
le fuyard420.
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puissante que lors de la première moitié du siècle, et dont les canons Krupp
prussiens constituent, lors des années 1860 là encore, la meilleure illustration.
Notons surtout l’apparition des fusils modernes : carabines américaines Sharp
et Spencer de la guerre de Sécession, fusil Dreyse prussien (dont on sait le rôle
dans la victoire contre l’Autriche en 1866), chassepot français, entré en service
au même moment. Nouvelles armes qui accroissent la densité du mur de balles
que les troupes peuvent dresser devant elles grâce à l’intensité nouvelle de
leur tir (jusqu’à une dizaine de coups par minute pour le chassepot), mais qui
élargissent aussi la zone de mort du fait de leur portée (le tir d’un chassepot est
efficace à plus de 400 mètres et reste dangereux bien au-delà), tout en aggra-
vant les blessures du fait du pouvoir de pénétration accru de leurs projectiles.
Enfin, en raison des possibilités offertes par le chargement par la culasse et par
l’intensité inusitée du feu, les hommes sont conduits à se disperser, mais il leur
est désormais permis de tirer en restant couchés.
423. L’expression est de Georges Vigarello dans Le Corps redressé. Histoire
d’un pouvoir pédagogique, Paris, Jean-Pierre Delarge, 1978. Pour plus de détails,
nous renvoyons ici à Stéphane Audoin-Rouzeau, « Massacres. Le corps et la
guerre », in Histoire du corps (Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine, Georges
Vigarello, dir.), t. 3, Paris, Seuil, 2006, p. 281-320.Voir aussi infra, chapitre iv.
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433. Ibid.
434.V. D. Hanson, Le Modèle occidental de la guerre. La bataille d’infanterie dans
la Grèce classique, op. cit., p. 13.
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Tout est loin d’être faux, sans doute, dans une telle ana-
lyse, en particulier sur le tropisme qu’exerce effectivement
la bataille dans l’activité guerrière contemporaine de l’Occi-
dent… ainsi que dans son historiographie. Le mot désigne à
l’origine un affrontement sanglant mais bref à l’échelle de la
journée436 : en ce sens, la « bataille » meurt en quelque sorte
de sa propre violence lors de la Première Guerre mondiale
ou, peu de temps auparavant, dès la guerre russo-japonaise.
Pourtant, ne persistons-nous pas à appeler « batailles » ces
longs sièges en rase campagne, étalés sur des semaines et
plus souvent d’interminables mois, que furent Moukden en
1905, Verdun ou la Somme en 1916 ? Et n’avons-nous pas
ensuite persisté pour désigner Stalingrad en 1942-1943, la
Normandie en 1944 ou Okinawa en 1945, voire Diên Biên
Phu dix ans plus tard ? Il est en tout cas significatif qu’aucun
terme nouveau n’ait réussi à se poser sur une réalité guerrière
tellement différente que ce que le terme de « bataille » était
censé désigner à l’origine437 : d’autant que ce n’est pas une
différence de degré, mais bien de nature, qui sépare les der-
435. Ibid.
436. Le Grand Dictionnaire encyclopédique du xixe siècle en propose cette défini-
tion très caractéristique : « Une bataille est une grande action de guerre. C’est un
combat d’armée conduit, en tout ou en partie, par son général en chef, toutes
ou presque toutes les armes ayant agi, tous ou la plupart des corps ayant donné
ou reçu le choc, et l’un des deux ayant eu un avantage sur l’autre. »
437. Le terme de Materialschlacht, « inventé » par Ludendorff au moment où il
visita les champs de bataille de la Somme fin 1916, ne s’est finalement pas imposé.
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438.V. D. Hanson, Carnage et culture. Les grandes batailles qui ont fait l’Occident,
Paris, Flammarion, 2002 [Carnage and Culture : Landmark Battles in the Rise of
Western Power, Doubleday, 2001].
439. Ibid., p. 112. On notera en outre que la dimension « démocratique » de ce
modèle aux yeux de l’auteur, permettant débat et contre-expertise à l’endroit
des choix stratégiques et tactiques, constitue un élément supplémentaire de
cette supériorité occidentale : c’est dans cette lecture que Hanson se montre
sans doute le plus proche des convictions néoconservatrices américaines.
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Mais c’est un peu le reflet de la guerre civile plus que la guerre elle-même qui
est dévoilé, au risque d’une constante surinterprétation.
457. Pour ne prendre qu’un seul exemple : l’article d’A. C. G. M. Robben, pro-
fesseur d’anthropologie à l’université d’Utrecht, intitulé « Combat Motivation,
Fear and Terror in Twentieth-Century Argentinian Warfare », dépourvu de toute
mise en œuvre d’une problématique, et même de toute sensibilité anthropolo-
gique (Journal of Contemporary History, vol. 41 [2], 2006, p. 357-377).
458. María Victoria Uribe, Anthropologie de l’inhumanité. Essai sur la terreur en
Colombie, Paris, Calmann-Lévy, 2004, p. 19.
459. Ibid., p. 13. Seule la méthodologie de l’auteur nous préoccupe ici, et
nous ne prétendons nullement entrer dans une quelconque analyse de la vio-
lence en Colombie, en quelque sorte pour elle-même, sur laquelle nous ne dis-
posons d’aucune compétence. Nous renvoyons ici à l’œuvre de Daniel Pécaut,
et en particulier à L’Ordre et la Violence. Évolution sociopolitique de la Colombie entre
1930 et 1953, Paris, Éd. EHESS, 1987.
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471. Parmi les contributions qu’il nous paraît nécessaire de citer, parce que
particulièrement significatives : Joel M. Halpern et David A. Kideckel (éd.),
Neighbors at War. Anthropological Perspectives on Yugoslav Ethnicity, Culture, and
History, The Pennsylvania State University Press, 2000 ; Ivan Colovic, The
Politics of Symbol in Serbia. Essays in Political Anthropology, Londres, Hurst and
Company, 2002 [1997] ; Cornélia Sorabji, « Une guerre très moderne. Mémoire
et identités en Bosnie-Herzégovine », Terrain, n° 23, octobre 1994, p. 137-150 ;
Maria B. Olujic, « The Croatian War Experience », in C. Nordstrom et A. C.
G. M. Robben (éd.), Fieldwork under Fire. Contemporary Studies of Violence and
Survival, op. cit., p. 186-204 ; Nebojsa Popov (éd.), Radiographie d’un nationalisme.
Les racines serbes du conflit yougoslave, Atelier/Éditions ouvrières, 1998. Sur le cas
de Medjugorge, et des apparitions de la Vierge dans ses liens avec la guerre :
Mart Bax, « Warlords, Priests and the Politics of Ethnic-Cleansing : a Case-
Study from Rural Bosnia Hercegovina », Ethnic and Racial Studies, vol. 23, n°
1, janvier 2000, p. 16-36. Et, bien sûr, le grand livre d’Élizabeth Claverie, Les
Guerres de la Vierge. Anthropologie des apparitions, Paris, Gallimard, 2000, ainsi que
son article « Techniques de la menace », Terrain, septembre 2004, p. 15-30.
472. Parmi ses articles les plus significatifs de notre point de vue :Véronique
Nahoum-Grappe, « La cruauté extrême en ex-Yougoslavie », Esprit, n° 190,
mars-avril 1993, p. 64-75 ; « L’usage politique de la cruauté : l’épuration ethnique
(ex-Yougoslavie, 1991-1995) », in Séminaire de F. Héritier, De la violence, op.
cit., p. 273-323 ; « Alcool et guerre. Une enquête d’ethnosociologie effectuée
sur le terrain de la guerre en ex-Yougoslavie, 1991-1993 », Les cahiers de l’IREB,
12, 1995, p. 117-146 ; « Poétique et politique : le nationalisme extrême comme
système d’images », Tumultes, 4, 1994, p. 149-177.
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481. Jack Goody, Au-delà des murs, Marseille, Éd. Parenthèses, 2004.
482. C. Geertz, After the Fact.Two Countries, Four Decades, One Anthropologist,
op. cit., p. 115 [« There were, however, some problems rather more immediate.The sixties
in Indonesia were even more explosive than in America or Europe, and in the middle of
them the massacres erupted. With two children, both under five, returning there seemed
a dubious proposition. »].
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504. M. R. Davie, La Guerre dans les sociétés primitives. Son rôle et son évolution,
op. cit. Cette thématique est particulièrement développée dans une annexe de
l’ouvrage (« Appendice A », p. 353-355).
505. Séminaire de F. Héritier, De la violence II, op. cit., p. 330.
506. Françoise Héritier ne manque pas d’ailleurs de citer ici le nazisme.
507. On doit toutefois à l’anthropologue Arjun Appadurai d’avoir attiré
l’attention sur le massacre de proximité entre voisins, dans des configurations
où l’on sait que l’Autre est constitutif de sa propre humanité, mais d’une huma-
nité légèrement différente. Ce rôle de la différence mineure, sur laquelle insistait
déjà Freud en 1917, pouvant être à la source d’une anxiété spécifique dans
un monde globalisé aux identités incertaines, et poussant dès lors non seule-
ment au massacre, mais à la vivisection du corps de l’Autre comme moyen de
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créer, précisément, cette certitude qui manque sur la nature de l’Autre « eth-
nique » (Arjun Appadurai, « Dead Certainty : Ethnic Violence in the Era of
Globalization », in A. L. Hinton, Genocide : An Anthropological Reader, op. cit., p.
286-303).
508. A. Testart, Essai sur les fondements de la division sexuelle du travail chez les
chasseurs-cueilleurs, op. cit. Dans aucune société de chasseurs-cueilleurs au monde,
les femmes ne peuvent porter les armes destinées à ouvrir la barrière anatomi-
que et à provoquer par là même l’écoulement du sang. Le port des armes par
les femmes (et dans certaines ethnies la simple approche par les femmes de la
zone de prélèvement des matières premières servant leur fabrication), de même
que l’approche des guerriers et des chasseurs par les femmes à la veille de leur
départ, est censé rendre les armes inefficaces. Comme le montre Alain Testart,
ce « tabou sur les armes » en ce qui concerne les femmes n’est pas exactement
un tabou sur la guerre ou la chasse en tant que telles. Les choses sont plus
complexes, car ce ne sont pas les armes pour elles-mêmes qui sont interdites
aux femmes, mais l’écoulement du sang. Ces dernières sont donc autorisées à
manier les armes contondantes, à utiliser les pièges et les chiens qui permettent
l’activité cynégétique sans faire couler le sang. De même note-t-on une parti-
cipation féminine éventuelle à la guerre, pour seconder les guerriers. Mais sans
la mise en œuvre des armes.
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509. Joshua S. Goldstein, War and Gender. How Gender Shapes the War System
and Vice Versa, Cambridge, Cambridge University Press, 2001.
510. Il faut noter ici le cas très intéressant des bataillons de femmes formés
en Russie après la révolution de mars 1917, en particulier celui de Maria
Botchkareva, dite Yashka, qui monta à l’assaut lors de l’ultime offensive de l’été
1917.
511. Svetlana Alexievitch, La guerre n’a pas un visage de femme, Paris, Presses
de la Renaissance, 2004.
512. Martin Van Creveld, Tsahal. Histoire critique de la force israélienne de
défense, Monaco, Éditions du Rocher, 1998.
513. Le phénomène est particulièrement frappant sur le front de l’Est, où les
femmes soviétiques furent très nombreuses à porter les armes après juin 1941
(voir sur ce point : S. Alexievitch, La guerre n’a pas un visage de femme, op. cit.,
2004).
514. À cet égard, l’aventure de la jeune marine Jessica Lynch lors du conflit
irakien de 2003 est parfaitement justiciable d’une lecture en termes anthropo-
logiques : il est clair que le fait qu’une femme-soldat ait été capturée fut perçu
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L a « le ç on anthropologique » est- elle possible ?
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L a « le ç on anthropologique » est- elle possible ?
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CHAPITRE IV
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532. « Quand, au lieu d’être un discours sur d’autres discours qui l’ont
p récédé, la théorie se risque dans les domaines non verbaux ou préverbaux où
ne se rencontrent que des pratiques sans discours d’accompagnement, certains
problèmes surgissent. Il y a un brusque changement et la fondation, d’ordinaire
si sûre, qu’offre le langage fait alors défaut. L’opération théorique se retrouve
soudain à l’extrémité de son terrain normal, telle une voiture parvenue au bord
d’une falaise. » Michel de Certeau, cité par R. Chartier, « L’histoire cultu-
relle », in Jacques Revel et Nathan Wachtel, Une école pour les sciences sociales.
De la VIe section à l’École des hautes études en sciences sociales, Paris, Cerf-Éditions
de l’EHESS, 1996, p. 83.
533. Bruno d’Agostino,Alain Schnapp, « Les morts entre l’objet et l’image »,
in Gherardo Gnoli et Jean-Pierre Vernant (dir.), La Mort, les Morts dans les
sociétés anciennes, CUP et MSH, 1982, p. 17.
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534. Jack London, « La guerre invisible des Japonais », 30 avril 1904, in
La Corée en feu, Paris, 10/18, 1982, p. 158 (le texte est daté « Antung, 2 mai
1904 »).
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541. Ch. Ingrao, Les Chasseurs noirs. La brigade Dirlewanger, op. cit.
542. Ibid., p. 124.
543. L’auteur souligne en particulier que le conseiller ministériel Joel auto-
risait l’unité concernée à « tuer, brûler, mutiler/violer/profaner » dans les terri-
toires à elle confiés, mais que revenue de ces derniers, elle resterait « sous haute
surveillance » (ibid.).
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548. Ibid., p. 90-91. On notera qu’il s’agit ici d’un point de vue français, dont
on se demandera s’il n’est pas influencé par la lecture de Lawrence d’Arabie :
Allemands et Britanniques, pour leur part, étaient parfaitement conscients des
enjeux pétroliers de la lutte.
549. Nicholas Saunders, « Vers une archéologie anthropologique de la
Première Guerre mondiale », in J.-J. Becker (dir.), Histoire culturelle de la Grande
Guerre, Paris, A. Colin, 2005, p. 159-170. On trouvera en complément de cette
communication une bibliographie détaillée sur le sujet.
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558. Encore que l’arme puisse être aussi femme, ainsi qu’on l’apprenait
encore aux recrues des casernes françaises jusqu’à la fin de la conscription. Sur
les champs de bataille, au bivouac, en manœuvre, ne dormait-on pas avec elle ?
559. J. Guilaine et J. Zammit, Le Sentier de la guerre. Visages de la violence
préhistorique, op. cit.
560. Je reprends cette expression à P. Fussell, À la guerre. Psychologie et
comportements pendant la Seconde Guerre mondiale, op. cit., p. 378.
561. Ainsi le poème anonyme « Le 75 au front », Le Troglodyte, n° 37,
10 septembre 1916, p. 1-2.
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562. Ch. Ingrao, Les Chasseurs noirs. La brigade Dirlewanger, op. cit., p. 182.
563. Michael Bilton, Kevin Sim, Four Hours in My Laï, New York, Penguin
Books, 1992.
564. En fait, Sofsky discerne cette « expansion du moi » dans l’activité de
meute, c’est-à-dire de poursuite et de massacre. Il n’attribue pas de rôle par-
ticulier aux armes, alors que ce dernier nous paraît au contraire central (W.
Sofsky, F. Kramer, A. Lüdtke, « Gewaltformen – Taten, Bilder », Historische
Anthropologie – Kultur, Gesellschaft, Alltag, op. cit.
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poudre noire. Comme les parties brillantes des tenues, elle était
destinée à mettre en valeur le corps du soldat au combat. Les
coiffures accentuaient d’ailleurs les tailles, et l’on ne doit pas
sous-estimer ici la terreur qu’était censée occasionner la simple
vue des hautes silhouettes de l’ennemi.
Les armées du début du xxe siècle gardaient encore quel-
que trace de ces exigences anciennes en termes d’esthétique
combattante. Le choix de maintenir le pantalon garance dans
l’armée française avant 1914 est bien connu. Mais même dans
les armées où, à la même date, la fonctionnalité l’avait emporté
et où l’on était passé à la couleur kaki, comme en Grande-
Bretagne, ou au Feldgrau, comme en Allemagne, on était loin
d’avoir renoncé aux passements de couleur vive, aux pièces
décoratives brillantes, voire aux couvre-chefs sans grande capa-
cité protectrice, comme le casque à pointe de cuir bouilli en
usage dans l’armée allemande. Leur raison d’être s’enracinait
dans une très ancienne tradition de façonnage de la silhouette
du guerrier. C’est après 1915 seulement que le riche héritage
uniformologique qui liait la mise en œuvre de la violence de
bataille à l’esthétique de la tenue disparut de manière défini-
tive devant les exigences du combat moderne. Celui-ci imposa
désormais l’invisibilité. Il convient de prendre toute la mesure
d’une telle évolution, non seulement en termes de transforma-
tion de l’expérience corporelle du combat, mais aussi de repré-
sentation de celle-ci au sein de nos propres sociétés.
Cela signifie-t-il que l’uniforme ennemi, comme métaphore
de son corps, ait perdu toute force d’attraction aux yeux des com-
battants du xxe siècle ? Non, sans doute. Si le casque à pointe des
soldats allemands constitua un trophée personnel d’une valeur
capitale pour les soldats français et britanniques des débuts de la
Grande Guerre, la coiffe de l’ennemi ne paraît pas avoir cessé,
lors du reste du xxe siècle, de constituer un élément convoité
de la corporéité adverse, au titre d’une captation métonymique
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« Nous tenons toujours, mais nous subissons une attaque, par les gaz et
les fumées, très dangereuse. Il y a urgence à nous dégager. Faites-nous
donner de suite communication optique par Souville qui ne répond pas à
nos appels. C’est mon dernier pigeon. »
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aient été reçus de cet officier. Fortement intoxiqué, est arrivé mourant
au colombier. Diplôme de bague d’honneur. »
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combats. » Ce passage doit tout aux travaux de François Poplin, dont l’origi-
nalité est profonde, et que je remercie vivement ici. Au sein d’une abondante
bibliographie, on citera en particulier : « Le cheval, le canard, le navire et pour-
quoi pas le lapin », Anthropozoologica, n° 12, 1990, p. 13-33, et L’Évolutionnisme,
noble conquête du cheval à travers Buffon. Actes du colloque international Buffon, Paris,
Montbard, Dijon, 14-22 juin 1988, Paris, Vrin, p. 463-474. L’auteur montre en
outre les réticences profondes qui se sont attachées à la consommation de viande
de cheval dans nos sociétés, exigeant des stratégies discursives et des pratiques
de boucherie très spécifiques pour pouvoir se faire admettre. Il est parfaitement
évident à cet égard que les cavaliers qui durent manger leurs chevaux lors du
siège de Metz en 1870 eurent l’impression de commettre une anthropophagie,
comme l’attestent les troubles gastriques dont ils ne cessent de se plaindre dans
leurs lettres et leurs carnets. Ils se plaignent en particulier de sa lourdeur (ils ne
la digèrent pas) et de son caractère énervant, au sens originel du terme, c’est-
à-dire qu’elle leur ôte toute force. Sur l’homme et le cheval, citons également :
Nicole de Blomac, La Gloire et le Jeu. Des hommes et des chevaux, 1766-1866,
Paris, Fayard, 1991.
579. L’Union soviétique a utilisé 3 500 000 chevaux, l’Allemagne 2 750 000,
dont 750 000 participèrent au plan Barbarossa en juin 1941. Ce sont d’ailleurs
les chevaux qui, en permettant un minimum de ravitaillement, ont sauvé l’ar-
mée allemande à l’automne-hiver 1941.
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passer entre les blindés pour échapper au tir. Mais qu’un aussi
mince incident de champ de bataille ait occupé jusqu’à nos
jours une place si disproportionnée dans le souvenir historique
du Second Conflit mondial, et ce très au-delà des frontières de
la seule Pologne, révèle parfaitement la richesse de l’imaginaire
qui s’attachait – qui s’attache sans doute encore – au cheval de
guerre, cet élément déterminant de l’acte de combattre et de
l’ancien ethos de bataille.
C’est ce qui explique sans doute que faute de pouvoir espé-
rer continuer à « faire corps » avec les chevaux, les combattants
du xxe siècle – les cavaliers au premier chef – ont transféré
pratiques et représentations sur d’autres « montures », investies à
leur tour de l’ancien imaginaire équestre. Transmutations, donc :
celle des chars, celle des avions.
Ce sont en effet des cavaliers qui jouèrent les premiers rôles
dans le développement de l’aviation de combat à partir de
1915, à travers un effort très consciemment poursuivi pour
retrouver en elle le rôle de la cavalerie traditionnelle, et le sta-
tut qu’elle conférait à ceux qui choisissaient d’y servir580 : « Je
ne veux plus vivre cette vie passive, à laquelle toute l’armée
de terre, l’infanterie comme la cavalerie, est condamnée. Je
veux refaire des charges et des reconnaissances, je veux revoir
le soleil et le ciel. Aujourd’hui, pour trouver le champ libre,
il faut monter, s’élever au-dessus de cette terre qui n’est plus
habitable. Ma décision est prise, j’irai dans l’aviation, l’aviation
de chasse, la cavalerie légère de cette guerre », écrit dans ses
Mémoires un ancien cavalier 581. Une très grande proportion
des premiers aviateurs venaient ainsi de la cavalerie, affectant
de conserver leurs uniformes d’origine dans leurs appa-
reils, allant même parfois jusqu’à y embarquer leurs éperons.
Les qualités d’« assiette » du cavalier sur le dos de son cheval
580. Benoît Douay, Du cavalier à l’avion et au char : le passage, mémoire de
maîtrise, Université de Picardie, 2001.
581. Henri deVersonnex, Ceux de Chamborants “sabrez !…”, Paris,Tallandier,
1933, p. 219.
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582. « On pourrait comparer les combats aériens aux anciens duels de
c hevaliers », écrit l’aviateur allemand Manfred von Richthofen, avant de pour-
suivre : « […] je choisis mon adversaire, et alors c’est : “Ou toi, ou moi.” C’était
un combat chevaleresque à armes égales ; une mitrailleuse, un avion, un peu
d’entraînement sportif, et, en fin de compte, c’est le courage qui l’emporte. »
(Capitaine aviateur M. de Richthofen, Le Corsaire rouge, 1914-1918, journal
de guerre, op. cit., p. 129-130).
583. Les chevaux de bataille étaient généralement des juments. On retrouve
ces noms de femmes donnés aux avions lors de la Seconde Guerre mondiale,
notamment dans la Luftwaffe et dans l’US Air Force.
584. Parfois, les hélicoptères plutôt que les avions ont recueilli la plus belle
part de l’héritage équestre, comme le signale le nom de la 1re division de cavale-
rie américaine. F. F. Coppola a particulièrement mis en exergue cet imaginaire
cavalier dans tout le début d’Apocalypse Now, 1979 (nouvelle version 2001).
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596. En fait, les premières photographies de cadavres furent sans doute prises
lors de la campagne d’Italie en 1859, mais ces clichés ont été perdus. Voir/Ne
pas voir la guerre, ibid. On notera qu’un peu plus tard ont été pris des clichés des
cadavres de communards en 1871.
597. Les conditions de la prise de vue par les premières caméras rendaient
encore plus ardue la saisie du mouvement, en particulier. C’est ainsi que pour la
Grande Guerre, on ne dispose que de quelques mètres de film authentiquement
tournés en situation de combat. Sur ce point, voir Laurent Veray, Les Films
d’actualité français de la Grande Guerre, Paris, Sirpa, 1995.
598. Cité par Marianne Amar, « Les routes sensibles de Robert Capa », in
Voir/Ne pas voir la guerre, op. cit., p. 92. Laure Beaumont-Maillet (dir.), Capa
connu et inconnu, Paris, BNF, Galerie de photographie, 2004.
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604. Une énergie qui, pour un âge de la guerre fort éloigné de celui qui
nous retient, attire aussi le regard de préhistoriens penchés sur les premières
représentations guerrières de l’humanité (J. Guilaine et J. Zammit, Le Sentier
de la guerre.Visages de la violence préhistorique, op. cit.).
605. Louis Crocq, Les Traumatismes psychiques de guerre, Paris, Odile Jacob,
1999.
606. Nous reprenons ici, bien sûr, l’expression de G. Vigarello dans Le
Corps redressé. Histoire d’un pouvoir pédagogique, Paris, Jean-Pierre Delarge, 1978.
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607. Jean-Roch Coignet, Souvenirs de J.-R. Coignet, Tours, Mame, 1965 [1re
édition 1851], p. 22.
608. Dana Stone, « Con Thien, 1967 », in H. Faas et T. Page, Requiem, by the
Photographs who died in Vietnam and Indochina, op. cit., p. 239. Robert Ellison,
« Khe Sanh, 1968 », ibid., p. 211.
609. Michel Serres, Variations sur le corps, Paris, Le Pommier-Fayard, 1999,
p. 30.
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Vietnam 1966 », ibid., p. 130-131 (la photographie montre des opérateurs radio
après une journée d’opérations).
613. Ce reportage célèbre fut publié dans Life le 16 avril 1965, sous le titre
« One Ride with Yankee Papa 13 », sous une forme partiellement censurée (visa-
ges des victimes masqués). Voir Larry Burrows, Vietnam, Paris, Flammarion,
2002, p. 100-123.
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Système ?
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625. Eugene B. Sledge, With the Old Breed at Peleliu and Okinawa, New York
et Oxford, Oxford University Press, 1981, p. 41.
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634. Roger Bruge, Les Hommes de Diên Biên Phu, Paris, Perrin, 1999.
635. G. Sajer, Le Soldat oublié, op. cit., p. 448.
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sans doute aussi, comme ce fut le cas derrière les murs d’Abou
Ghraib. C’est en ce sens que ce que l’on nomme par facilité
les « atrocités de guerre » méritent sans doute de passer de la
périphérie, des marges où elles se trouvent souvent rejetées par
l’historiographie et par la mémoire ordinaire des conflits, vers le
centre. Jacques Sémelin a raison de le souligner : « Les manières
de s’emparer des corps, de les tordre, de les découper, constituent
des actes culturels à part entière, à travers lesquels l’exécutant
exprime quelque chose de sa propre identité638. » Dit autre-
ment, plus intensément peut-être, « c’est bien dans le contenu
caché du corps que se joue l’essentiel639 ». Et à ce titre, en effet,
les « méthodes des tueries » sont à appréhender « comme une
activité humaine, certes pas vraiment comme les autres… mais
aussi comme les autres640 ».
Les lieux et les moments où des ennemis de guerre se sont
livrés à tels actes dessinent évidemment des configurations cha-
que fois spécifiques, qui mériteraient de longuement nous rete-
nir comme telles. Logiquement, les lieux privilégiés à cet égard
sont ceux où le sentiment d’altérité de celui que l’on combat-
tait fut particulièrement marqué : on songe au front de l’Est à
partir de 1941, au théâtre Pacifique à partir de 1942, à la Corée,
à l’Indochine, au Vietnam, sinon à l’Irak depuis 2003. Dans le
cas de l’ex-Yougoslavie, en revanche, il faut noter le rôle de
l’incertitude sur l’identité de l’Autre ethnique comme facteur
décembre 2002, p. 591. Sur la torture, on retiendra particulièrement : Raphaëlle
Branche, La Torture et l’Armée pendant la guerrre d’Algérie (1954-1962), Paris,
Gallimard, 2001, et Françoise Sironi, Bourreaux et victimes. Psychologie de la
torture, Paris, Odile Jacob, 1999.
638. J. Sémelin, Purifier et détruire. Usages politiques des massacres et génocides, op.
cit., p. 356-357.
639. Maurice Godelier et Michel Panoff (dir.), Le Corps humain. Supplicié,
possédé, cannibalisé, Amsterdam, Éditions des archives contemporaines, 1998,
p. xiii.
640. J. Sémelin, Purifier et détruire. Usages politiques des massacres et génocides,
op. cit., p. 280.
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650. Tim O’Brien, The Things they Carried, New York, Broadway Books,
1990, p. 13.
651. J. Dower, War without Mercy. Race and Power in the Pacific War, op. cit.,
p. 65.
652. P. Fussell, À la guerre. Psychologie et comportements pendant la Seconde
Guerre mondiale, op. cit., p. 163.
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653. J. Dower, War without Mercy. Race and Power in the Pacific War, op. cit.
654. Voici par exemple ce qu’écrit Peter Beckford, dans Thoughts on Hare
and Foxhunting, paru à Londres en 1796 : « La chasse est une sorte de guerre ;
ses incertitudes, ses fatigues, ses difficultés et ses dangers la rendent plus inté-
ressante que tout autre divertissement » (cité par N. Elias, in N. Elias et E.
Dunning, Sport et civilisation. La violence maîtrisée, op. cit., p. 224. Autre exemple
tiré de Charles-Jean Goury de Champgrand, Almanach du chasseur, Paris,
Pierre Pissot, 1773, p. 45 : « On appelle chasse toutes les sortes de guerre que
l’on fait aux animaux, tant dans l’air que sur la terre et dans l’eau ; mais on leur
donne ensuite différents noms suivant l’espèce que l’on attaque, ou relativement
au genre de guerre que l’on fait » (cité par Philippe Salvadori, La Chasse sous
l’Ancien Régime, Paris, Fayard, 1996, p. 76). On notera avec intérêt que cette
« guerre » faite aux animaux intègre par conséquent également la pêche.
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655. Ch. Ingrao, Les Chasseurs noirs. La brigade Dirlewanger, op. cit.
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658. Parmi les lectures anthropologiques les plus suggestives et les plus éclai-
rantes sur la question de « l’idéologie du sang » et du « tabou sur les armes »
interdisant aux femmes de participer à l’ouverture de la barrière anatomique
aussi bien dans la chasse que dans la guerre : A. Testart, Essai sur les fondements
de la division sexuelle du travail chez les chasseurs-cueilleurs, op. cit. Et aussi, bien sûr, F.
Héritier, Masculin/Féminin. La pensée de la différence, Paris, Odile Jacob, 1996.
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661. O. Bartov, L’Armée d’Hitler. Les soldats, les nazis et la guerre sous le IIIe
Reich, op. cit.
662. Ch. Ingrao, « Violence de guerre, violence génocide : les Einsatzgruppen »,
in S. Audoin-Rouzeau, A. Becker, Ch. Ingrao, H. Rousso (dir.), La Violence
de guerre, 1914-1945, Bruxelles, Complexe, 2002, p. 219-241.
663. Ch. Browning, Des hommes ordinaires. Le 101e bataillon de réserve de la
police allemande et la Solution finale en Pologne, op. cit., p. 84.
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666. Lettre de Walter Mattner du 5 octobre 1941, citée par Ch. Ingrao,
« Violence de guerre, violence génocide : les Einsatzgruppen », in S. Audoin-
Rouzeau, A. Becker, Ch. Ingrao, H. Rousso (dir.), La Violence de guerre,
1914-1945, op. cit, p. 230-231.
667. Ibid., p. 231.
668. Christian Ingrao note d’ailleurs que le mot allemand knallen ne signifie
pas « abattre » mais « faire exploser », « éclater ».
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671. Stig Förster et Jörg Nagler, On the Road to Total War. The American
Civil War and the German Wars of Unification, 1861-1871, German Historical
Institute, Cambridge University Press, 1997.
672. Carl N. Degler, « The American Civil War and the German Wars of
Unification : The Problem of Comparison », in S. Förster et J. Nagler, ibid.,
p. 68.
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681.T. Baris, « Le corps expéditionnaire français en Italie : violence des “libé-
rateurs” durant l’été 1944 », Vingtième siècle. Revue d’histoire, op. cit., p. 50.
682. On pourra consulter sur ce sujet l’ouvrage du criminologue améri-
cain J. Robert Lilly, La Face cachée des GI. Les viols commis par les soldats améri-
cains en France, en Angleterre et en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale,
Paris, Payot, 2003. À une échelle restreinte, un ouvrage plus intéressant : Alice
Kaplan, L’Interprète. Dans les traces d’une cour martiale américaine, Bretagne, 1944,
Paris, Gallimard, 2007.
683. A. Beevor, La Chute de Berlin, op. cit.
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685. Guerre et mémoire.Table ronde sur la littérature de guerre (6-7 décembre 1999).
Mémoires de guerre. Combattants iraniens (conflit Iran-Irak) - Combattants français
(Première Guerre mondiale), op. cit.
686. Bassidje signifie, au sens propre : Organisation de la Mobilisation des
Déshérités. Elle est créée juste après la révolution de 1979. Elle regroupa des
centaines de milliers de très jeunes gens (parfois d’enfants), issus des milieux
populaires urbains, tous volontaires, qui, avec les Pasdarans, ont tenu les premières
lignes lors du conflit Irak-Iran, au prix de pertes effroyables.
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Conclusion
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conclusion
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Index
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combattre
322
inde x
Claverie, Élizabeth : 7, 180 n., 220 n., Douglas, Mary : 288, 292, 296 n.
272 n. Douvres : 151
Coignet, Jean-Roch : 276 Dower, John : 296 n., 299 n., 300 n., 311
Colombie : 213-215, 296 n. Dozon, Jean-Pierre : 7, 166 n., 212 n.,
Colovic, Ivan : 220 n. 226 n.
Con Thien : 276 n. Duménil, Anne : 275 n.
Cooper, Fenimore : 116 Dumoulin, Olivier : 105 n.
Copans, Jean : 226 n. Dunkerque : 151
Coppola, Francis Ford : 9 n., 268 n. Dunning, Eric : 15 n., 21 n., 22 n., 54 n.,
Corbin, Alain : 199 n., 203, 240 n. 60 n., 300 n.
Corée : 178 n., 244, 280, 293, 295 Durkheim, André : 78-79
Corlieu-Jouve (pour Corlieu, Robert et Durkheim, Émile : 70, 72-73, 78 n., 79-
Jouve, E.) : 270 n. 82, 89 n., 158, 159 n.
Corvez, Benoît : 261 n. Duroselle, Jean-Baptiste : 92 n., 95 n.,
Cosson, Olivier : 246 n. 96-97
Courtine, Jean-Jacques : 199 n., 203 n.,
240 n. Égypte : 127, 131
Craonne : 100 Eichmann, Adolf : 61
Creveld, Martin Van : 234 n. Einstein, Albert : 92 n.
Crocq, Louis : 90 n., 197 n., 275 n. El-Alamein : 130, 250
Crimée : 191, 272, 292 Elias, Norbert : 15, 21, 22 n., 40, 44-67,
Crouzet, Denis : 215 n., 236 71 n., 112 n., 174 n., 300 n.
Crow : 186 Ellison, Robert : 276 n.
Cru, Jean-Norton : 191 n. Éparges : 74-75
Cyrénaïque : 130-131 Érythrée : 127
Erzberger, Matthias : 49
Dakhlia, Jocelyne : 227 n. Espagne : 38 n., 67, 273
Da Nang : 279 Estienne, Jean-Baptiste (général) : 269
Dani : 182 n. Éthiopie : 50, 127-129, 132
Davie, Maurice R. : 34, 170-171, 173‑175, Evans-Pritchard, Edward : 123-136, 139,
177-178, 231, 232 n. 159-162
Davy, Georges : 113 n.
Dayak : 74 n. Faas, Horst : 274 n., 276 n., 278 n., 280 n.,
Decker, Marie-Laure de : 28 282 n.
Defrasne, Jean : 58 n. Farge, Arlette : 57 n.
Degler, Carl N. : 310 n. Fassin, Didier : 26, 27 n., 282 n.
Degrelle, Léon : 301, 302 n., 309 Faure, Élie : 21
Delaporte, Sophie : 7, 243 n. Favret-Saada, Jeanne : 164 n.
Delpech, Thérèse : 14 n. Febvre, Lucien : 80
Demiaux, Victor : 254 n. Feldman, Allan : 25, 212 n.
Descola, Philippe : 17 n., 229, 230 n. Finck, Carole : 105 n.
Diên Biên Phu : 206, 247, 253, 254, 290, Fipa : 30 n.
295 Firth, Raymond : 137, 143-144
Diernstein : 197 n. Förster, Stig : 310 n.
Dirlewanger (brigade) : 41 n., 249 n., 250, Fortes, Meyer : 126
258 n., 301 Fournier, Alain- : 252 n.
Dniepr : 301 Fournier, Marcel : 82 n., 83 n., 242 n.,
Douay, Benoît : 267 n., 270 n. 270 n.
323
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324
inde x
325
combattre
326
inde x
327
combattre
Swofford, Anthony : 256 Vigarello, Georges : 57 n., 199 n., 203 n.,
Syrie : 130 240 n., 275 n., 284 n., 312 n.
Villers-Cotterêts : 106
Tambiah, Stanley J. : 140, 162, 164 Vilnius : 252
Taïwan : 137 Vosges : 151
Ta Oï : 212 n.
Tavernier, Bertrand : 9 n. Wachtel, Nathan : 227 n., 243 n.
Tawney, Richard : 90, 92 n., 93, 102-112, Wagram : 196 n., 202 n., 280 n.
116-119 Waterloo : 42 n., 43, 189
Taylor, Christophe : 216-217, 219 n. Webb, Beatrice : 212
Tchad : 28, 303 Webb, Sidney : 212
Tchétchénie : 13, 315 Wieviorka, Annette : 10 n.
Terkel, Studs : 165 n. Wieviorka, Michel : 215
Terray, Emmanuel : 17 n. Wiju : 245 n.
Terrill, Ross : 103 n. Willis, Roy : 30 n., 32 n., 33 n., 34 n.,
Testart, Alain : 173 n., 233, 303 n. 38 n.
Têt (offensive du) : 207 Wilson, Keith M. : 70 n.
Tillion, Germaine : 86 n. Winter, Jay : 103 n., 107 n., 108 n., 109,
Tilly, Charles : 231 n. 274 n.
Tobrouk : 223 Woëvre : 74
Tokugawa : 188 n. Woodward, Llewelleyn : 93
Tombs, Robert : 128 n. Wright, Quincy : 174 n.
Tora Bora : 271
Trevisan, Carine : 11 n., 48 n., 114 n. Xanthiakou, Marguerita : 239 n.
Tripoli : 130
Turney-High, Harry H. : 34, 174-178 Yalou : 243
Tutsis : 216, 218 n. Yami : 137
Yanomami : 179-180
Uribe, María Victoria : 213-214, 296 n. Yashka (pseud. Botchkareva Maria) :
234 n.
Valensi, Lucette : 227 n. Yougoslavie : 10 n., 170, 208, 219-221,
Varsovie : 258 235, 236 n., 272 n., 293, 294 n., 312 n.
Vaux : 262 Ypres : 81
Veray, Laurent : 273 n. Yunnan : 141
Verdun : 74, 99-100, 206, 262
Vernant, Jean-Pierre : 243 n., 252 n. Zammit, Jean : 13 n., 170 n., 181, 237,
Versailles : 49 257 n., 274 n.
Versonnex, Henri de : 267 n. Zapotec : 30 n.
Vialles, Noélie : 29 Zawadzki, Paul : 25 n.
Vidal, Claudine : 219 n.
Vietnam : 9, 27-28, 35, 41, 70 n., 178 n.,
210, 212 n., 249, 273-276, 278 n.,
279-282, 285, 287 n., 288, 293, 295,
298, 306, 312
328
Table
Remerciements.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Introduction.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
329
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Conclusion.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 317
Index.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 321
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R éalisation : cursives À paris
impression : normandie roto S. A . S. à Lonrai
dépô t légal : mars 2 0 0 8 ; n ° 9 7 5 0 8 ( 0 8 0 0 0 0 )
imprimé en france
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