La Grande Époque
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Le régime chinois cherche à infiltrer les
médias occidentaux
Un rapport spécial du ministère des Affaires étrangères chinois incite le Parti communiste chinois à concentrer son attention sur les grands
médias occidentaux. Premier exemple cité comme « à suivre », l’acquisition du journal anglais Evening Standard par un ancien agent du
KGB Lebedev.
Gaza à l’heure du bilan
L’opération Plomb durci visant à
affaiblir le Hamas s’est soldée,
au terme de 22 jours de bom-
bardements et de combats (du
27 décembre au 17 janvier), par
1.330 morts palestiniens, dont
437 enfants âgés de moins de
seize ans et 5.450 blessés, selon
le dernier bilan des services
médicaux du Hamas.
PARMI les blessés, on compterait 1.890
enfants, 110 femmes et 123 person-
nes âgées. Quatorze médecins et quatre
journalistes auraient péri dans le conflit,
a indiqué le chef des services d’urgence
à Gaza, Mouawiya Hassanein. Du côté
israélien, le bilan est beaucoup moins
lourd : selon les chiffres officiels, dix mili-
taires et trois civils auraient trouvé la mort
INTERNATIONAL
L’Islande sur rampe de
lancement pour rejoindre l’Union
européenne ?
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Page 3 ................ International
Page 4 ............................ Chine
Epoch Times Paris
UN REGARD NOUVEAU SUR UN MONDE EN ÉVOLUTION
durant l’opération militaire.
Le dernier soldat israélien s’est retiré
de la bande de Gaza durant la dernière
semaine de janvier, laissant derrière lui
des villes dévastées par les bombarde-
ments, une population en colère, des quar-
tiers déserts que les Gazaouis ont quittés
parce qu’ils ne sont plus habitables, des
hommes et des femmes plongés dans la
misère et la douleur qui s’insurgent dans
les rues contre un sort aussi funeste.
La déclaration d’un cessez-le-feu uni-
latéral le 17 janvier, désignant le refus de
l’État hébreu de négocier avec le Hamas
dans le cadre des tractations égyptien-
nes, n’assure pas pour autant l’instaura-
tion de la paix dans la bande de Gaza, car
le Hamas, bien qu’ayant déclaré son pro-
pre cessez-le-feu, exige toujours la levée
du blocus imposé sur le territoire avant
d’accepter l’établissement d’une éven-
tuelle trêve formelle.
Autrement dit, il se réserve toujours
ISRAËL/ESPAGNE
La justice espagnole contre
Israël : la paille et la poutre.
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Genève Bruxelles Londres
ÉDITION 149
1 – 15 FÉVRIER 2009 • BIMENSUEL
Europe/Chine
p. 4
Du nouveau
sur l’affaire
Eutelsat
D’après un communiqué de
presse publié par Thomas
Mann, président du groupe Tibet
au Parlement européen, un
représentant allemand d’Eutelsat –
qui demande à garder l’anonymat
– a admis que l’affaire avait
été politiquement motivée et
impliquait l’intervention directe du
gouvernement français.
Somalie p. 2
Les islamistes
« modérés »
prennent le
MARTIN HAYHOW/AFP
pouvoir
Page 4
le droit de recourir à de nouveaux tirs de extrémismes les plus radicaux. L’image
roquettes. Selon Gideon Lévy, journaliste d’Israël est affectée sur le plan interna-
israélien, dans un article publié dans le tional et on peut se demander si sa victoire
quotidien Haaretz le 23 janvier 2009, « les militaire ne va pas entraîner un durcisse-
représentants du ministère de la Défense ment du Hamas qui contrôle toujours cette
estiment que le Hamas détient toujours un étroite bande de terre et qui est parvenu à
millier de roquettes ».
À Gaza, le porte-parole du Hamas,
marginaliser l’Autorité palestinienne, con-
sidérablement affaiblie et délégitimée au Économie p. 7
Fawzi Barhoum, a affirmé à l’AFP que sein de la population.
ce retrait « ne suffit pas et ne résout pas
la crise. Nous exigeons la levée totale du
D’après Bertrand Badie, professeur
à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, Thomson :
blocus et la réouverture de tous les points dans une interview accordée au journal Le
de passage pour que notre peuple puisse
vivre en paix et en sécurité ». « Nous
Monde le 22 janvier 2009, « force est d’ad-
mettre que le Hamas est sorti plutôt conso- menace de
avons, dès le début, dit clairement que la lidé de cette guerre. Il n’a pas été éliminé,
fin de l’agression, la levée du blocus et la
réouverture des passages doivent précé-
il n’a pas été désarmé ; il est aujourd’hui
plus courtisé, y compris par Mahmoud
cessation de
der toute discussion sur les autres sujets, Abbas, qu’il ne l’était autrefois ; chacun
y compris une trêve », a-t-il ajouté.
L’opération militaire d’Israël laissera de
sait qu’il était au centre même de ce con-
flit et qu’il devra donc être un partenaire du
paiement
profondes séquelles chez la population jeu post-conflit ».
gazaouie dont le sentiment national pro-
fondément blessé risque de réveiller les Lire la suite page 3
ÉCONOMIE DROITS HUMAINS
« Bad Bank » ou structure de Les réfugiés irakiens vendent
défaisance : une solution pour leurs rations alimentaires.
sortir de la crise ?
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Édition spéciale
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Berlin New York Dublin Lima Taipei Tokyo... 1 700 000 exemplaires
2 International www.lagrandeepoque.com 1 – 15 FÉVRIER 2009 ● La Grande Époque

Les islamistes « modérés » prennent le pouvoir en Somalie

Samedi 31 janvier, les tribunaux du Parlement, à 250 kilomètres à l’Ouest
islamiques ont marqué leur de Mogadiscio.
grand retour en Somalie avec LE RETRAIT ÉTHIOPIEN ET LE
l’élection à la présidence du RELAIS ONUSIEN
pays du cheikh Sharif Ahmed, Après de longues hésitations, les
ancien numéro deux des tribu- Etats-Unis ont donc finalement décidé
de proposer le 12 janvier aux Nations
naux islamiques qui avaient pris Unies un projet de résolution deman-
le pouvoir et rétabli la charia en dant le déploiement en Somalie d’une
2006, avant d’être chassés à la force de l’ONU. Le 16 janvier, en suivant
la proposition américaine, le Conseil de
fin de la même année par les sécurité a renouvelé pour six mois le
troupes éthiopiennes. Alors que mandat de l’AMISOM suite à quoi, « sous
celles-ci viennent de se retirer, réserve d’une nouvelle décision d’ici au
le Parlement somalien a donc 1er juin 2009 », une opération de main-
tien de la paix des Nations Unies pren-
choisi un islamiste dit modéré dra le relais des troupes africaines qui,
pour sortir le pays de l’état de comme au Darfour, sont peu profession-
guerre. Acclamé à Mogadiscio nelles, mal équipées et en nombre insuf-
comme un nouvel espoir, Sha- fisant (2.800 hommes contre les 8.000
initialement prévus).
rif Ahmed va devoir établir un Le Conseil de sécurité demande déjà
gouvernement effectif dans un aux parties somaliennes et aux autres
pays qui n’en a pas eu depuis parties prenantes de « respecter les
1991, et trouver une solution à principes de l’Accord de paix de Dji-
bouti, de mettre fin aux hostilités, et de
la famine. garantir sans retard le libre accès de
l’assistance humanitaire à la population
SHARIF Ahmed, le chef de l’Alliance somalienne ».
pour une nouvelle libération de la Soma- Avec un ton dont la fermeté est inha-
lie (ARS) a obtenu 293 voix sur 430 au bituelle dans les communiqués généra-
second tour de scrutin, devançant lar- lement lisses de l’agence, le Conseil de
gement les 14 autres candidats dont le sécurité informe de l’« intention de pren-
ABDIRASHID ABDULLE/AFP/Getty Images
préféré de l’Occident, l’actuel Premier dre des mesures à l’encontre de ceux
ministre Nur Hassan Hussein. Ce dernier Les islamistes dits modérés remplacent l’armée éthiopienne à Mogadiscio. qui cherchent à empêcher ou bloquer
avait été l’artisan de l’union entre l’ARS tout processus politique pacifique, qui
et le gouvernement fédéral de transition menacent par la force les participants
en permettant que, le 9 juin à Djibouti, au processus politique, ou qui compro-
les deux camps formalisent une entente mettent la stabilité en Somalie ou dans
qui s’est traduite par un accord de paix la région ».
signé le 19 août. Cet accord prévoyait Cette opération de maintien de la paix,
– sous condition d’un retrait des trou- demandée sans succès par feu le gou-
pes éthiopiennes, qui étaient resté sta- vernement de transition somalien, devra
tionnées à Mogadiscio depuis fin 2006 à Mogadiscio et dans ses environs facili-
pour empêcher le retour des extrémistes ter l’assistance humanitaire, contrôler le
musulmans – la construction d’une paix ALI MUSA ABDI/AFP/Getty Images respect de l’arrêt des hostilités ou assu-
durable entre les modérés de l’Union des Cheikh Sharif Ahmed, le nouveau rer la sécurité et la liberté de mouvement
Tribunaux islamiques et le « gouverne- président somalien. du personnel de l’ONU.
ment de transition ». Il aura donc fallu au Conseil de sécu-
ters. « Nous sommes prêts à parler avec rité la perspective proche d’un retour au
LE NOUVEAU PRÉSIDENT SOMA- eux s’ils ont un programme politique, et pouvoir des tribunaux islamiques pour
LIEN nous sommes aussi disposés à parler prendre sa décision et risquer une répé-
Le cheikh Sharif Ahmed était le religion avec eux ». tition du fiasco de la seconde phase de
numéro 1 des Tribunaux islamiques l’opération « Restore Hope » en 1993.
lorsqu’ils ont pris le pouvoir en Somalie LA VERSION 2 DES TRIBUNAUX Incapables de réconcilier les différents
en 2006. Il était par ailleurs un proche ISLAMIQUES groupes en lutte en pleine guerre civile
d’Aden Hashi Farah, de son vivant lea- La question de la capacité réelle des somalienne, les Casques bleus et les
der du groupe terroriste Al-Shabab con- membres de l’ARS à garder une ligne STR/AFP/Getty Images
militaires américains avaient été la cible
sidéré par Washington comme le bras dite modérée reste à illustrer dans leur d’attaques de plus en plus fréquentes,
armé d’Al Qaida dans la région. Réfu- exercice du pouvoir, puisque l’élection La vie quotidienne à Mogadiscio. répliquant de façon massive et inefficace
gié au Kenya après la fuite des tribunaux de Sharif Ahmed fait revenir la Somalie à pour finalement devoir se retirer en 1995
islamiques fin 2006, il a fait son grand la situation de mi-2006, à savoir l’époque Kenya fin 2006 : les militants d’Al-Sha- gaduud due à la détérioration de la sécu- sur un constat d’échec complet.
retour en fondant sur une ligne modérée où les tribunaux islamiques prônaient le bab, repliés au Sud de la Somalie, ont rité », souligne un communiqué de Mark Depuis 1991, la Somalie n’a pas
l’ARS – dont l’objectif principal a été le rétablissement du sultanat somalien his- ville par ville reconquis du territoire. Le Bowden, coordonnateur humanitaire des connu de gouvernement national effectif.
départ des troupes éthiopiennes – et en torique et l’application la plus stricte de la 23 août 2008, ils reprenaient le contrôle, Nations Unies pour la Somalie. La région Après dix-huit ans de conflit armé inces-
s’imposant comme l’interlocuteur majeur loi islamique – la charia. après trois jours de combats à l’arme de Galgaduud affronte de plus une grave sant, ce qui était initialement une lutte
du processus de paix somalien. Dans ce qui pourrait être un premier lourde, de la ville portuaire de Kismayo, sécheresse alors qu’elle accueille quel- politique s’est égrené en séparatismes
Son élection a été largement aidée accroc, les tribunaux islamiques ont, la troisième plus grande ville de Somalie, que 130.000 déplacés venus de Moga- divers (sécession du Nord, le Somaliland
par le fait que le Parlement somalien, dès le départ des troupes éthiopiennes, au Sud du pays. Depuis le 27 décembre, discio. et du Nord-Est, le Puntland) pour finir en
réuni à Djibouti, a été presque doublé repris le contrôle de tous les points stra- ils sont à l’assaut des villes de Dhusa- Le 24 janvier, dans Mogadiscio même, une lutte de tribus, n’ayant pour objectifs
au mois de janvier pour incorporer 200 tégiques de Mogadiscio… sans asso- mareb et Guricel, au centre du pays, au moins 14 civils ont été tués dans que le maintien de pouvoirs locaux.
membres de l’ARS, soit près de la moi- cier les forces de sécurité somaliennes où les combats ont entraîné la fuite de l’explosion d’une voiture piégée, suivie Environ un million de Somaliens ont fui
tié des députés. comme l’accord de paix de Djibouti le près de 90 % de la population, soit envi- de combats entre forces de la Mission Mogadiscio depuis février 2007, lorsque
Juriste formé en Libye, enseignant en prévoit. ron 50.000 personnes. Beaucoup d’en- de l’Union africaine en Somalie (AMI- des combats ont éclaté entre les soldats
géographie, Sharif Ahmed espère main- De plus, différence notable aujourd’hui, tre elles avaient déjà été déplacées par SOM) et insurgés islamistes qui ont fait du gouvernement fédéral de transition
tenant pouvoir convaincre une partie l’ARS, qui s’est constituée en septembre des combats à Mogadiscio. « La majo- cinq morts civils de plus. Le kamikaze soutenu par les troupes éthiopiennes et
d’Al-Shabab de poser les armes. 2007 à Asmara en Érythrée, n’est plus rité des déplacés sont dispersés dans avait foncé avec une camionnette char- les insurgés. Environ 3 millions de Soma-
« Les insurgés se sont battus pour qu’un des protagonistes : une autre par- les villages environnant et ont désespé- gée d’explosifs sur un bus de transports liens sur les 10 millions de la population
obtenir le retrait des Ethiopiens et les tie de l’Union des Tribunaux Islamiques rément besoin d’un toit, d’eau, de nour- publics, au moment de se faire contrôler vivent hors de leur pays, dont par exem-
Ethiopiens sont partis. Il n’y plus de rai- s’est, elle, radicalisée lorsque les diri- riture. La situation des déplacés récents à un barrage au Sud de Mogadiscio. Et ple 230.000 réfugiés dans les camps sur-
son de se battre et de tuer encore des geants de l’Union des Tribunaux Islami- est aggravée par l’absence d’accès à le 29 janvier, les troupes d’Al Shabab se peuplés de Dadaab au Kenya.
Somaliens », déclare-t-il, cité par Reu- ques se sont réfugiés en Erythrée ou au l’aide humanitaire dans la région de Gal- sont rendues maîtres de Baidoa, siège AURÉLIEN GIRARD

L’Islande sur la rampe de lancement pour

rejoindre l’Union européenne ?
D’APRÈS la BBC qui cite le Commis-
saire européen à l’élargissement Olli
Rehn, l’Islande pourrait, si elle le sou-
haite, rejoindre l’Union européenne
d’ici à 2011, ce qui aiderait le petit
État nordique à sortir du marasme
économique dans lequel la crise finan-
cière internationale l’a plongé. Olli
Rehn considérerait qu’une candida-
ture rapide pourrait conduire à une
adhésion effective en même temps
que la Croatie, en 2011, du fait qu’une
grande partie de sa législation est déjà
adaptée à la législation européenne.
Le système bancaire islandais s’est
écroulé au mois d’octobre, forçant le
gouvernement islandais à demander
un financement d’urgence de près
de 10 milliards de dollars au Fonds
Monétaire International et à ses voi-
sins européens.
Le président Olafur Ragnar Grims-
son a demandé aux sociaux-démo-
crates et à l’opposition écologiste de
former un nouveau gouvernement
pour remplacer le Premier ministre
Geir Haarde, poussé à la démission
lundi 26 janvier suite à trois mois de
manifestations de mécontentement
populaire.
Ce remaniement pourrait augurer
d’une attitude plus eurosceptique, en
particulier du fait du camp des Verts
islandais qui s’est jusqu’à mainte-
nant opposé à la notion des quotas
de pêche européens. Il faudra par
ailleurs, de toute façon, que l’île ait
stabilisé son système financier avant
d’envisager toute adhésion… et voir
le Traité européen de Lisbonne rati-
fié. Celui-ci est à l’heure actuelle
suspendu au vote référendaire des
électeurs irlandais, prévu en septem-
bre cette année.
A URÉLIEN G IRARD
La Grande Époque ● 1 – 15 FÉVRIER 2009
Gaza à l’heure du bilan
Suite de la première page
Une vision qui peut être contredite
par les tensions perçues au sein du lea-
dership de l’organisation et par son inca-
pacité d’opposer une résistance effective
à Tsahal.
Selon Gideon Lévy, dont le titre expli-
cite de l’article laisse présager la suite (La
guerre de Gaza s’est soldée par un échec
cuisant pour Israël), les objectifs de l’opé-
ration Plomb durci n’ont pas été atteints.
En premier lieu parce que les destruc-
tions et le bilan des pertes humaines ont
profondément dégradé l’image d’Israël
dans le monde : « Les actions d’Israël ont
porté un coup sérieux à l’appui de l’opinion
publique à l’État d’Israël. Bien que cela ne
se traduise pas toujours dans la situation
diplomatique immédiate, l’onde de choc va
nous arriver un jour. Le monde entier a vu
les images. Elles ont choqué tous les êtres
humains qui les ont regardées, même si
elles ont laissé froids la plupart des Israé-
liens. Ce qu’ils en concluent, c’est qu’Is-
raël est un pays violent et dangereux,
dépourvu de toute modération et faisant
fi ouvertement des résolutions du Con-
seil de sécurité des Nations Unies, tout en
ne respectant aucunement le droit interna-
tional. Des enquêtes sont en cours. »
En second lieu, la prévention de la con-
trebande d’armes qui circule via les tun-
nels qui relient l’Égypte et la bande de
Gaza, même si la plupart de ces canaux
de ravitaillement ont été bombardés,
n’aura pas, selon lui, les effets escomp-
tés car « le chef du service de sécurité du
Shin Bet [service de sécurité israélien] a
estimé que la contrebande reprendra dans
les deux mois », en dépit des efforts de
la communauté internationale résolue à
empêcher l’approvisionnement clandes-
tin d’armes dans la région par une sur-
veillance accrue.
À la perplexité qui entoure cette vic-
toire militaire vient s’ajouter la possibi-
lité que des chefs d’unités engagés dans
l’offensive soient accusés de « crimes de
guerre », après des témoignages d’« atro-
cités » perpétrées sur des civils. À ce sujet,
Justice espagnole contre Israël : la paille et la poutre
LE 4 DÉCEMBRE 2008, le tribunal espagnol
de l’Audience nationale dénommait « rébel-
lion » le soulèvement militaire franquiste de
1936, mais évitait de qualifier les trois ans
de guerre civile, 36 ans de dictature et les
centaines de milliers de morts et disparus
qui s’ensuivirent en Espagne. Le 29 jan-
vier 2009, un juge du même tribunal a qua-
lifié de « crime contre l’humanité », ouvrant
à Madrid une enquête contre ses respon-
sables présumés, un bombardement israé-
lien qui fit en 2002 à Gaza 15 morts et 150
blessés.
La parabole de l’Evangile selon Luc –
« Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’oeil
de ton frère et n’aperçois-tu pas la poutre qui
est dans ton oeil ? » – reste donc d’actualité.
Il est vrai que trois semaines continues de
plus récents bombardements israéliens sur
Gaza, en décembre 2008 et janvier 2009 en
représailles aux roquettes du Hamas, tuè-
rent plus de mille Palestiniens, en blessèrent
des milliers d’autres et favorisèrent proba-
blement au sein de l’Audience nationale le
déséquilibre entre ses deux appréciations
susmentionnées.
La législation espagnole octroie à cette
instance pénale une compétence univer-
selle en matière de crimes contre l’huma-
nité, quelle que soit la nationalité de leurs
auteurs. Des dirigeants anciens ou actuels
du Chili, d’Argentine, du Guatemala, du Sal-
vador, de Chine, du Rwanda et maintenant
d’Israël ont été ou sont encore dans le colli-
mateur de ce tribunal qui a fait la gloire, uni-
verselle aussi, du juge d’instruction Baltasar
Garzon.
Las d’entendre l’Amérique latine se
demander si l’Espagne se soumettrait un
jour à l’universalité de sa propre justice, le
juge Garzon secouait son pays en ouvrant
en octobre dernier une instruction sans pré-
cédent sur 114.266 disparitions forcées qu’il
imputait aux premiers dignitaires du fran-
quisme, dont Franco en personne, et qu’il
qualifiait de crimes imprescriptibles contre
l’humanité.
Aux magistrats et à la presse conserva-
trice qui lui reprochaient de poursuivre des
Du sable et un bloc de parpaing : la tombe d’un proche.
une source militaire a révélé que le gou-
vernement israélien refusait la publication
de l’identité de ces militaires impliqués,
de peur qu’ils soient appelés à comparaî-
tre devant le tribunal international. L’ONU
mène son enquête et s’apprête à dési-
gner une personnalité pour mener à bien
une « mission d’établissement des faits »
visant à dénoncer les violations des droits
de l’homme commises à Gaza.
morts, enterrés comme Franco depuis plu-
sieurs dizaines d’années, Baltasar Garzon
répliquait que « déclarer éteinte, pour cause
de décès, la responsabilité des principaux
chefs [de la répression franquiste] n’est
pas la même chose que leur octroyer l’im-
punité, le pardon et l’oubli judiciaire ». Sou-
tenu explicitement par le Comité des droits
de l’homme des Nations Unies, le juge récla-
mait l’abrogation de l’amnistie qui effaça en
1977, deux ans après la mort de Franco,
tous les crimes et délits politiques perpé-
trés en Espagne. Cette revendication était
plus que symbolique, car son aboutisse-
ment aurait enfin obligé l’Etat à indemni-
ser dignement les descendants de milliers
de disparus du franquisme, déterrés peu à
peu à mesure que sont localisées des fos-
ses communes.
Mais le 5 décembre dernier, l’instruction
du juge Garzon était définitivement paraly-
sée par ses pairs. Réunis en séance plé-
nière, comme un tribunal au sein du tribunal,
les magistrats de l’Audience nationale qua-
lifiaient le soulèvement franquiste de 1936
contre la République de « rébellion », délit
qui n’est pas du ressort de l’Audience natio-
nale ni donc, à fortiori, du juge Garzon.
Sur 17 magistrats de l’Audience natio-
nale, à peine trois ont soutenu en vain la
pertinence de poursuivre au sein de cette
instance les crimes du franquisme en tant
que crimes contre l’humanité. Parmi eux
ne figure pas Fernando Andreu. Or c’est lui,
juge d’instruction de la 4e salle de l’Audience
nationale, qui vient d’ouvrir à Madrid, le 29
janvier, une enquête pour « crimes contre
l’humanité » visant sept personnalités israé-
liennes.
Il s’agit de l’ex-ministre de la Défense Ben-
jamin Ben-Eliezer, actuellement ministre des
Infrastructures, ainsi que six hauts respon-
sables militaires : Dan Haloutz, comman-
dant des forces aériennes israéliennes au
moment des faits, le général Doron Almog,
le président du Conseil national de sécu-
rité Giora Eiland, le secrétaire militaire du
ministre de la Défense, Michael Herzog, le
chef d’état-major des Forces armées Moshe
Dans ces conditions peu prometteu-
ses, ouvrant la voie au renforcement des
extrémismes, il faut espérer que l’arrivée
de Barack Obama et la nomination de
George Mitchell comme émissaire amé-
ricain pour le Proche-Orient, auront des
retombées positives et relanceront le pro-
cessus de paix, en cherchant à régler le
conflit de la manière la plus équitable pos-
sible.
Yaalon et le directeur du Service général de
sécurité, Avi Dichter.
Le juge Fernando Andreu a jugé receva-
ble une plainte du Centre palestinien pour
les droits de l’homme sur le bombardement,
le 22 juillet 2002 à Gaza, qui tua Salah Che-
hadeh, dirigeant du Hamas que le magistrat
qualifie « d’organisation terroriste », et 14
civils palestiniens, « en majorité des enfants
et des bébés ». Quelque 150 Palestiniens
avaient également été blessés lors de l’ex-
plosion de la bombe d’une tonne larguée
par un F-16 israélien sur la maison de Salah
Chehadeh, dans le quartier densément peu-
plé d’Al Daraj.
Le magistrat a pris sa décision en vertu
du principe de juridiction universelle recon-
nue par l’Espagne à l’Audience nationale
en matière de crimes contre l’humanité, de
génocide et de terrorisme. Dans une « action
qu’on devine clairement disproportionnée et
excessive », affirme le juge Andreu dans son
procès-verbal, Israël ne pouvait ignorer « les
conséquences possibles » du lancement
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Le concert prévu
le mardi 17 février 2009
est annulé
www.lagrandeepoque.com International 3
Au cours de sa conversation télépho-
nique avec Mahmoud Abbas la semaine
dernière, le président Obama a exprimé
son soutien à l’égard de la population
palestinienne et a voulu indiquer au chef
de l’Autorité palestinienne qu’il n’enten-
dait pas faire comme son prédécesseur,
George W. Bush, à savoir négliger le dos-
sier israélo-palestinien pour ne se préoc-
cuper que de l’Irak ou de l’Afghanistan. Il
d’une bombe de « grande puissance » sur
une zone habitée. Il y aurait donc indice de
crime contre l’humanité.
Le ministre israélien de la Défense Ehud
Barak a réagi en affirmant qu’il « fera tout »
pour obtenir l’annulation de cette enquête
« délirante ». Selon le ministre, « celui qui
qualifie de crime contre l’humanité la liqui-
dation d’un terroriste vit dans un monde à
l’envers ». Cette colère reflète l’émoi média-
tique, politique et diplomatique percep-
tible en Israël. Un refroidissement plane
sur ses relations avec l’Espagne, dont le
ministre socialiste des Relations extérieu-
res, le pro-palestinien Miguel Angel Mora-
tinos, invoque l’indépendance de la justice.
L’Audience nationale citera bientôt à compa-
raître à Madrid les personnalités israéliennes
impliquées. Si elles s’y refusent un mandat
d’arrêt international pourrait être lancé con-
tre elles et sortir d’Israël les exposerait à la
détention.
Visant des faits remontant à 2002, l’en-
quête du juge Fernando Andreu est oppor-
OLIVIER LABAN-MATTEI/AFP/Getty Images
souhaite remettre au centre des préoccu-
pations politiques américaines les ques-
tions relatives au conflit israélo-arabe :
« Je déploierai tous les efforts pour parve-
nir le plus rapidement possible à l’instau-
ration d’une paix durable dans la région »,
aurait déclaré Obama à Abbas lors de leur
conversation téléphonique.
STÉPHANIE KRUG
Collaboration spéciale
tunément ouverte, à dessein ou non, onze
jours seulement après la fin d’une longue
offensive, meurtrière et controversée, de
l’armée israélienne dans la bande de Gaza.
Pendant trois semaines, ces opérations mili-
taires ont fait « 6.600 morts et blessés, dont
plus du tiers étaient des femmes et des
enfants », indique le secrétaire général des
Nations Unies, Ban Ki-moon, soucieux de
voir « les coupables » poursuivis.
A cet égard, l’Audience nationale vient
d’ouvrir une alternative à ceux qui redoutent
l’incompétence ponctuelle de la Cour pénale
internationale (CPI), au statut de laquelle ni
Israël ni l’Autorité palestinienne n’ont sous-
crit. Mais la légitimité morale et même la sim-
ple décence de toute action pénale visant de
présumés ou évidents crimes contre l’hu-
manité peuvent-elles encore être assurées,
depuis la mésaventure du juge Garzon, par
la justice d’une Espagne incapable d’assu-
mer les siens ?
CHRISTIAN GALLOY
Latin Reporters
4 Chine www.lagrandeepoque.com 1 – 15 FÉVRIER 2009 ● La Grande Époque

Le régime chinois et l'infiltration des médias occidentaux

Durant la semaine qui a précédé
le Nouvel An chinois 2009, le
Comité central du bureau politi-
que du Parti communiste chinois
(PCC) a tenu une réunion sur
les campagnes de propagande à
mener durant l’année à venir.
LORS du discours de clôture, le mem-
bre du comité permanent en charge de
« l’idéologie » a fait remarquer que durant
la dernière décennie en raison des efforts
communs du département de la propa-
gande, du « Front Uni » et du ministère
des Affaires étrangères chinois, la plupart
des groupes de médias chinois à l’étran-
ger « ont incarné l’identité du PCC, ses
pratiques et ses règles ».
Ce responsable a exprimé que les
grands journaux chinois en Occident par-
viennent à avoir une interaction forte avec
les gouvernements des pays où ils se trou-
vent, à l’exception de petits journaux con-
trôlés par les « trois forces anti-Chine ».
Le PCC a donc décidé de poursuivre
ses importants investissements dans les
avec le PCC pour promouvoir « l’image de
la Chine à l’international ».
Cependant, les chefs du « Front Uni »
et l’Agence d’espionnage du PCC ont
insisté sur le fait qu’il fallait garder le
secret sur les budgets alloués aux jour-
naux chinois à l’étranger parce que les
revenus publicitaires provenant d’entrepri-
ses subventionnées par le Parti devraient
être suffisants pour qu’ils continuent à
coopérer avec le régime, et de ce fait, qu'il
ne soit plus nécessaire de leur allouer de
subventions spéciales.
Un rapport spécial du ministère des
Affaires étrangères conseille donc au PCC
de concentrer son attention sur les grands
médias occidentaux. Premier exemple
cité comme « à suivre », l’acquisition du
MARTIN HAYHOW/AFP journal anglais Evening Standard par un
Un rapport spécial du ministère des Affaires étrangères chinois ancien agent du KGB Lebedev. Le rap-
conseille au PCC de concentrer son attention sur les grands médias port recommande fortement au PCC de
occidentaux. Premier exemple cité comme « à suivre », l’acquisition commencer à former, sur ce modèle, des
du journal anglais Evening Standard par un ancien agent du KGB agents chinois à l’étranger pour l’acquisi-
Lebedev. tion de grands médias occidentaux.
L'exemple d'un reportage critique émis
campagnes de propagande à l’étranger. propriétaires de médias chinois à l’étran- par la chaîne CNN en 2008 est, d'après
Le ministre de la Propagande a dit ger ont contacté le ministère de la Propa- les conseillers chinois en propagande, un
qu’après l’allocation des fonds, plusieurs gande en disant qu’ils voulaient coopérer exemple saillant du fait que manipuler les
médias chinois à l’étranger n'est plus suf-
fisant. Les membres du Comité central du
bureau politique du PCC arrivent donc à
un consensus sur les priorités de propa-
gande en 2009 : concentrer les ressour-
ces financières, matérielles et humaines
sur l'infiltration des médias occidentaux
par le biais, soit d’injection de fonds soit
d’acquisition directe, dans le but final de
« renforcer le statut international de la
Chine ». Le ministère de la Sécurité d’État
a mis en garde sur l’extrême précaution à
exercer dans le choix des agents mission-
nés pour l’acquisition de médias occiden-
taux. Leur recommandation est d’injecter
de l’argent dans différents médias chi-
nois pour les utiliser comme pions qui
prendront ensuite le contrôle des médias
étrangers.
Dans un contexte où de nombreux
médias occidentaux rencontrent des dif-
ficultés financières croissantes, certains
experts en affaires étrangères croient
que les réserves de cash de la Chine la
rendent tout à fait capable de prendre le
contrôle total de plusieurs grands médias
occidentaux.
RÉMI BLEIBTREU

Du nouveau sur l’affaire Eutelsat Cacher l’épidémie de grippe aviaire

APRÈS avoir refusé la première invi-
tation du Parlement européen, qui lui
demandait de s’expliquer sur l’interrup-
tion injustifiée de la diffusion en Chine
de la télévision indépendante NTDTV,
l’opérateur satellite européen Eutelsat
vient de recevoir une seconde invita-
tion, plus insistante, de trois eurodépu-
tés inquiétés par le fait que l’opérateur
ait cédé aux pressions du régime com-
muniste chinois.
Eutelsat a interrompu la diffusion de la
chaîne de télévision New Tang Dynasty
Television (NTDTV) en Chine en juin
2008, invoquant des raisons techniques.
Mais un rapport du 10 juillet émis par
Reporters sans frontières a révélé que
l’arrêt de la diffusion était un acte prémé-
dité, dû à l’influence du régime chinois à
la veille des Jeux olympiques.
Le 15 janvier, le Parlement européen
a adopté une résolution particulièrement
forte votée par près de 500 députés, qui
appelle Eutelsat à reprendre au plus tôt
la diffusion de NTDTV et à exposer les
raisons qui lui ont fait interrompre sa dif-
fusion.
« Étant donné la gravité du sujet et la
résolution récente du Parlement euro-
péen, nous vous invitons à prendre part
à la prochaine session plénière du 2 au
5 février », lit-on dans la nouvelle lettre
du 22 janvier, dont La Grande Époque
a reçu copie.
« Votre refus de participer à cet
échange sera interprété comme un
signe politique précis », poursuit la
lettre, signée par les eurodéputés
Marco Cappato, Anna Foltyn-Kubicka,
et Thomas Mann au nom des 500
députés qui ont signé la résolution.
Les eurodéputés souhaitent en particu-
lier qu’Eutelsat s’explique sur une con-
versation téléphonique diffusée par RSF
au cours de laquelle un responsable
D’après un
communiqué de presse
publié par Thomas
Mann, président
du groupe Tibet au
Parlement Européen,
un représentant
allemand d’Eutelsat
– qui demande à
garder l’anonymat –
a admis que l’affaire
avait été politiquement
motivée et impliquait
l’intervention directe du
gouvernement français.
d’Eutelsat à Pékin révèle que l’interrup-
tion de la chaîne NTDTV a été politique-
ment motivée.
LE GOUVERNEMENT FRANÇAIS IMPLI-
QUÉ ?
À Berlin, le ministère des Affaires
étrangères a estimé que l’enregistre-
ment était crédible. D’après un com-
muniqué de presse publié par Thomas
Mann, président du groupe Tibet au Par-
lement européen, un représentant alle-
mand d’Eutelsat – qui demande à garder
l’anonymat – a admis que l’affaire avait
été politiquement motivée et impliquait
l’intervention directe du gouvernement
français.
« NTDTV était le dernier pilier de
la liberté de presse et d’opinion en
Chine », indique Thomas Mann. « L’en-
treprise européenne Eutelsat porte la
responsabilité du fait que 1,4 milliard de
Chinois ne peuvent écouter que de l’in-
formation censurée diffusée par l’agence
de presse Xinhua. La liberté de presse
est un droit d’application universelle. La
Commission européenne et le président
français Sarkozy doivent agir ».
Giuliano Berretta, président d’Eutel-
sat, qui a décliné la première invitation,
a par contre invité les eurodéputés à
se rendre au siège social d’Eutelsat à
Paris.
Les eurodéputés s’interrogent pour-
tant : « Il est évident qu’il craint de venir.
Il est effrayé d’avoir à faire face aux
eurodéputés parce qu’il n’y a pas d’expli-
cation à l’interruption de la diffusion [en
Chine]. Cela est évident », déclare Fol-
tyn-Kubicka.
Les eurodéputés signalent trois points
importants concernant les droits de
l’homme en Chine : la persécution du
groupe spirituel Falun Gong, la répres-
sion au Tibet, le trafic d’organes par
le régime chinois sur des prisonniers
vivants – en particulier des membres
du Falun Gong emprisonnés pour leur
croyance.
Le Parlement européen, principal
organe parlementaire de l’Union euro-
péenne, forme avec le Conseil de l’Union
européenne, la branche législative des
institutions européennes. Il est com-
posé de 785 eurodéputés provenant de
27 États. « L’Union européenne est défi-
nie par son appartenance aux principes
de liberté, de démocratie et de respect
des droits de l’homme, des libertés fon-
damentales et de l’autorité de loi », tente
de rappeler le préambule de la résolution
adopté à la mi-janvier.
EVAN MANTYK
en Chine pourrait mener à une
catastrophe sanitaire mondiale
AUSSITÔT après la terreur causée par
l’épidémie de SRAS et sa mystérieuse
disparition, une autre épidémie mortelle
est apparue. En 2004 le virus de la grippe
aviaire s’est répandu parmi les volailles
fermières et les oiseaux sauvages dans
les campagnes asiatiques.
Ces deux épidémies ont la même ori-
gine : la Chine. Leur révélation au monde
extérieur s’est faite de la même façon, par
quelques personnes courageuses et en
dépit de l’interdiction des autorités chi-
noises de reconnaître l’existence de ces
deux épidémies.
Ces héros ont souffert de représailles.
Le Docteur Jiang Yanyong, celui qui a
révélé l’apparition du SRAS, a été arrêté
et placé sous surveillance rapprochée.
Quant à ceux qui ont diffusé des pho-
tos d’innombrables cadavres d’oiseaux
sauvages morts, on n’a plus de nouvel-
les d’eux.
Cinq ans plus tard, tout le monde sem-
ble avoir oublié le SRAS, et semble sourd
aux nouvelles sur la grippe aviaire. Mais
le monde médical reste très préoccupé.
D’après les chiffres officiels du régime
chinois, seulement 4 personnes seraient
mortes du virus H5N1 en Chine en 2009.
L’Organisation Mondiale de la Santé
(OMS) a mis en garde contre le danger de
la grippe aviaire qui pourrait causer des
millions de morts dans le monde si le virus
évolue vers une contamination d’homme
à homme. Avant que cette funeste prédic-
tion ne se réalise, les dégâts peuvent être
limités si l’information sur l’épidémie cir-
cule ouvertement et à temps. En Chine,
cependant, il est quasiment impossible de
diffuser ce type d’information.
UNE ÉPIDÉMIE MASSIVE SE PROPA-
GERAIT DÉJÀ EN CHINE
En décembre 2008, le virus H5N1 a
été détecté sur des poulets à Hong Kong.
Le gouvernement hongkongais a tué des
dizaines de milliers de volatiles, mais sans
révéler l’origine des poulets – sous la
pression des autorités chinoises. Il est lar-
gement reconnu que les volailles de Hong
Kong proviennent de Chine continentale.
Ces poulets n’ont pas pu être contami-
nés après leur arrivée à Hong Kong. Cette
découverte à Hong Kong pourrait indiquer
qu’une épidémie massive se propage déjà
en Chine et qu’elle a été volontairement
occultée par les médias sous ordre du
gouvernement.
Sans surprise, peu après la contami-
nation à Hong Kong, la nouvelle s’est vite
répandue sur internet et l’on a appris que
des millions de poulets étaient mort du
virus H5N1 dans la province Jiangsu du
sud-est de la Chine en novembre 2008.
Ces reportages ont fourni la preuve que
les poulets morts étaient tout simple-
ment blanchis à l’eau de javel et vendus à
Shanghai, ainsi que dans les provinces de
Shandong et Henan.
Comme les autorités continuent de
cacher cette information essentielle, des
entreprises chinoises sans scrupules
profitent du contexte pour prendre le ris-
que de vendre des bêtes contaminées au
grand public et mettre en danger la santé
publique. Les médias chinois prétendent
que la jeune fille de 19 ans originaire de
Pékin morte le 5 janvier 2009 était la pre-
mière victime d’une nouvelle vague d’épi-
démie du virus H5N1. Mais était-elle
vraiment la première ?
Les cas de grippe aviaire chez l’homme
rapportés sont apparus dans différentes
régions de Chine, ce qui voudrait dire que
le virus H5N1 s’est répandu sur un vaste
territoire dans tout le pays par des voies
non régulées et que des poulets conta-
minés se retrouvent sur les étalages des
marchés. Il suffit de voir la récente atti-
tude du régime communiste chinois qui a
caché l’existence du SRAS pour compren-
dre que les reportages officiels ne disent
pas toute la vérité. Ceci jette de sérieux
doutes sur la crédibilité de l’affirmation
selon laquelle seuls 4 morts contaminés
par le virus auraient été recensés.
Sans l’information nécessaire, même
les installations médicales les plus moder-
nes et le système le plus sophistiqué ne
peut pas faire grand-chose pour contrô-
ler la propagation de l’épidémie. En mas-
quant l’information sur le sujet, le régime
communiste chinois non seulement fait
du tort au peuple chinois mais il met aussi
l’humanité tout entière en danger.
TONG WENXUN

Plus d’articles sur

www.lagrandeepoque.com
La Grande Époque ● 1 – 15 FÉVRIER 2009 www.lagrandeepoque.com Chine 5
Un bon Chinois est un Chinois qui consomme
EN PLEINE crise économique en Chine,
les responsables politiques chinois
inquiets du ralentissement de la crois-
sance – descendue à 6 % alors que la
barre symbolique de 9 % est le niveau
que les autorités chinoises croient devoir
maintenir pour éviter une insurrection
populaire – tentent de jouer de la corde
patriotique. Prenant le rôle d’agents com-
merciaux de luxe, on voit ces dernières
semaines des responsables communistes
se rendre sur différents plateaux de télévi-
sion pour tenter de convaincre qu’un bon
Chinois est un Chinois qui consomme.
Récemment par exemple, Wang Aihua,
le directeur du Bureau du Planning de la
ville de Hefei, a dit lors d’un programme
télévisé qu’ « acheter des maisons est
une action patriotique ». Cette remarque
est à comprendre à la lumière du plai-
doyer préliminaire d’un autre cadre com-
muniste, Sun Jinlong (chef du Parti de la
ville de Hefei dans la partie orientale de la
Chine, province de l’Anhui) pour qui il faut
agir sur la politique de l’État pour accroître
la demande intérieure.
Mais les internautes chinois se déchaî-
nent contre des interventions qu’ils jugent
culpabilisantes. Un portail d’accès Inter-
net a mené une enquête qui a révélé que
sur 30.000 participants, 96 % considèrent
que lier l’achat de maisons au patriotisme
est une ineptie. Un résident de Hefei a dit :
« Au regard des règles du marché, ‘mai-
son-achat patriotisme’ et ‘patriotisme de
consommation’ sont de vrais non-sens ».
Un autre internaute, de Guangzhou, prend
le ton de la moquerie dans une interview : MARK RALSTON:afp
« Et si on achète une cigarette ? Est-ce Un supermarché à Shanghai en Chine.
également du patriotisme, puisque c’est
aussi une forme de consommation et également préconisé l’achat de maisons, augmenter la demande intérieure, de classe moyenne doit économiser une ter des maisons ; ils n’ont simplement pas
que cela correspond à la demande inté- acte patriotique pour maintenir l’économie manière à sauver l’économie chinoise ». dizaine d’année sans manger pour pou- d’argent superflu. S’ils en ont, ils vou-
rieure ? » nationale. Li Zhe, un membre du comité Un bloggeur chinois conclut : « Ces der- voir se payer un petit appartement, sans dront l’économiser pour leur retraite, leurs
Au début du mois de janvier, des cher- consultatif politique de la ville de Pékin a nières années les prix des logements ont parler de la majorité des gens qui n’en dépenses médicales et les nécessités de
cheurs à l’université de Pékin pour le cen- même suggéré de « démarrer un mouve- crevé les plafonds, merci aux promoteurs font pas autant. Ce n’est pas que les la vie quotidienne ».
tre chinois de recherche économique ont ment patriotique de consommation pour immobiliers spéculateurs. Un citoyen de gens ne veulent pas consommer et ache- RÉMI BLEIBTREU

ÉDITORIAL
49.138.211 Chinois ont démissionné du Parti aprs
avoir lu les Neuf commentaires sur le Parti Commu-
niste. Ce mouvement de démissions reste pour le
Secrets de camps de
peuple un moyen d’expression non violent, apolitique
et sans précédent dans la société chinoise face à la dictature et à la corrup-
tion généralisée au sein du régime. La Grande Époque publie un extrait tra-
travaux forcés
duit de cette série éditoriale chinoise dans chacun de ses numéros. DERNIÈREMENT la radio Son de l’Espoir
(SOH) a rencontré à Pékin Mme Wang
Lin, une parmi les milliers de « pétitionnai-

NEUF COMMENTAIRES res » qui viennent demander justice. Mme

Suite du sixième commentaire
4. Influences subtiles sur le psychisme
et sur le comportement des gens
A. Une culture qui transforme les êtres
humains en machines
Le Parti veut que les gens soient les « bou-
lons qui ne rouillent jamais dans la machine
de la révolution », qu’ils soient « l’outil dressé
pour le Parti » ou qu’ils « attaquent dans n’im-
porte quelle direction vers laquelle le Parti
nous dirige ». « Les soldats du président Mao
sont ceux qui écoutent le plus le Parti ; ils
vont là où leurs services sont demandés et ils
Parti communiste ». « La Chine est si vaste.
Qui d’autre peut la gouverner à part le PCC ?
». « Si la Chine s’effondre, ce sera un désas-
tre mondial, donc nous devons aider le PCC
à soutenir son pouvoir ». Par peur et pour
se protéger, les groupes qui sont constam-
ment opprimés par le PCC sont souvent plus
gauchistes et plus radicaux que le PCC lui-
même.
Il y a bien d’autres exemples semblables.
Chaque lecteur pourrait probablement trouver
divers éléments de la culture du Parti dans
ses expériences personnelles.
Les gens qui ont vécu la Révolution cultu-
Wang, qui a été emprisonnée dans un
camp de travaux forcés, dit avoir vu des
hommes habillés en blanc entrer dans des
cellules et emmener avec eux des mem-
bres du mouvement bouddhiste Falun
Gong – qui ne revenaient plus.
Mme Wang Lin a été condamnée à
dix-huit mois de travaux forcés en octo-
bre 2007 parce qu’elle s’était rendue à
Pékin pour protester lors du XVIIe Con-
grès national du parti communiste. Dans
ce camp de travaux forcés, près de deux-
tiers de ses codétenus étaient des prati-
quants du Falun Gong, avec lesquels on
l’empêchait d’avoir des contacts. Pour les
forcer à renoncer à leur croyance, les gar- PATRICK LIN/Getty Images

s’installent là où il y a des difficultés ».
B. Une culture qui confond le bien et le
mal
Durant la révolution culturelle, le PCC pré-
férait « des graines socialistes plutôt que
des récoltes capitatlistes ». L’armée devait
tirer et tuer lors du massacre du 4 juin « en
échange de 20 ans de stabilité. » Le PCC fait
aussi « aux autres ce qu’il ne veut pas qu’on
lui fasse à lui ».
C. Une culture de lavage de cerveau
imposé et d’obéissance inconditionnelle
« Les rangs inférieurs obéissent aux ordres
des rangs supérieurs et tout le Parti obéit au
Comité central du Parti ». « Luttez impitoya-
blement pour éradiquer toutes les pensées
égoïstes qui vous viennent à l’esprit ». « Fai-
tes éclater une révolution dans la profondeur
de votre âme ». « Alignez-vous au maximum
sur la position du Comité central du Parti ».
« La Chine serait dans le chaos sans le Parti
communiste ». « Unifiez l’esprit, unifiez les
pas, unifiez les ordres et unifiez les comman-
dements ».
D. Une culture qui conditionne la www.lagrandeepoque.com
position de larbin
« La Chine serait dans le chaos sans le Son de l’Espoir : www.sondelespoir.org
relle peuvent très nettement se souvenir des
opéras modernes de l’époque, des chants
avec les mots de Mao pour paroles, et de la
danse de la fidélité. De nombreuses person-
nes se rappellent encore des dialogues dans
des « opéras de Pékin modèles » tels que La
fille aux cheveux blancs, dans Guerre dans le
tunnel et dans la Guerre des mines. À travers
ces formes artistiques, le PCC a assujetti les
gens à un lavage de cerveau, remplissant leur
esprit avec des messages tels que « le Parti
est brillant et grand », « le Parti a péniblement
et ardemment » lutté contre l’ennemi, comme
les soldats du Parti « sont entièrement
dévoués au Parti », comme ils sont prêts à
se sacrifier pour le Parti et combien les enne-
mis sont stupides et pervers. Jour après jour,
la machine de propagande du PCC a injecté
de force dans chaque individu les croyances
nécessaires au maintien du Parti communiste.
Aujourd’hui, si on allait voir le poème épique –
l’Orient est rouge, on se rendrait compte que
tout le thème et le style du spectacle tournent
autour de : tuer, tuer, et tuer.
Pour en savoir plus, lire les Neuf Com-
mentaires sur le Parti communiste
Version audio disponible sur le site de la radio
des cherchaient à briser leur esprit, selon Reconstitution d’une scène de prélèvement d’organes
Wang. On leur interdisait par exemple à Taipei en 2006. Pour le docteur Pang Yubin, médecin
d’utiliser les toilettes : « Ils forçaient les aux États-Unis, les prélèvements d’organes existent en
pratiquants du Falun Gong à écrire une Chine à grande échelle. « Dans les autres pays, la plupart
déclaration stipulant qu’ils arrêtaient de des patients doivent attendre plusieurs années avant de
pratiquer et qu’ils cesseraient de dire que trouver un donneur compatible, s’ils ont de la chance. En
‘Falun Dafa est bon’. Lorsqu’un pratiquant Chine, ce sont les organes qui attendent les patients ».
refusait de rédiger la déclaration, il était
sanctionné. Les gardes envoyaient quatre personnes pour un trafic d’organes de prisonniers. Le rapport indique que
le surveiller 24h/24, deux la journée et deux la nuit. Ce pra- ces organes sont, pour la plupart, vendus à des étrangers
tiquant n’etait plus autorisé à utiliser les toilettes, tant qu’il et ont été prélevés sur des pratiquants de Falun Gong.
n’avait pas signé la déclaration. J’en ai vu certains être Selon l’enquête, il est très facile pour des patients
contraints à faire leurs besoins dans leurs vêtements ». ayant besoin de greffes d’obtenir des organes compa-
tibles en Chine. Dans un rapport du Xiaoxiang Chen-
DISPARITIONS EN PLEINE NUIT bao (www.xxcb.com.cn) le 28 avril 2006, la famille de M.
Wang mentionne aussi des faits qu’elle ne comprenait Huang qui est de la ville de Changsha, dans la province
pas : « Dans le camp, beaucoup de pratiquants arrivaient du Hunan, a eu besoin de quatre greffes de reins. L’Hô-
et repartaient tout le temps. En juillet 2008, j’avais vu trois pital Populaire du Hunan n’a mis qu’un mois pour lui trou-
pratiquants embarqués secrètement en pleine nuit ». ver quatre reins sains et compatibles. Le Changchun’s
« La nuit, les hommes vêtus de blanc ouvraient la porte City Evening News rapporte également le cas de Xie Bao,
de notre cellule. Ils avançaient discrètement vers des prati- âgé de 28 ans, qui souffrait d’une cardiomyopathie et a
quants et leur murmuraient ‘Debout. Ne faites pas de bruit. obtenu un coeur compatible le lendemain de son admis-
Prenez toutes vos affaires’. Et ils partaient dans le silence. sion à l’hôpital.
Plusieurs jours plus tard, on revenait en chercher d’autres. Pour le docteur Pang Yubin, médecin aux États-Unis,
Cela s’est produit fréquemment ». les prélèvements d’organes existent en Chine à grande
Deux enquêteurs canadiens indépendants, David Matas échelle. « Dans les autres pays, la plupart des patients doi-
et David Kilgour, ont interrogé des personnes de 30 pays vent attendre plusieurs années avant de trouver un don-
qui ont reçus des organes. Ils ont publié un rapport le 31 neur compatible, s’ils ont de la chance. En Chine, ce sont
janvier 2007 dans lequel ils affirment détenir des éléments les organes qui attendent les patients ».
concrets prouvant que l’armée chinoise est impliquée dans LIANG XIN ET YAUN LI
6 Économie
Le siège de Thomson à Boulogne-Billancourt.
France : comment sortir de l’impasse économique ?
FACE à l’assèchement brutal du cré-
dit et à l’absolue nécessité pour les ban-
ques de reconstituer leurs fonds propres
avant tout autre chose, les multiples plans
de soutien financier annoncés aux ban-
ques depuis août 2008 ne peuvent pas
vraiment empêcher la chute des bour-
ses, ni les plans sociaux à répétition, ni
les faillites en chaîne. La peur du lende-
main gagne l’opinion publique française
et les consommateurs attendent, qui des
jours meilleurs, qui de nouveaux produits
plus en phase avec la rupture écologique
qui s’annonce.
DE MULTIPLES PLANS DE RELANCE
ÉCONOMIQUE
Les solutions mises en œuvre pour
enrayer la crise sont fonction de la situa-
tion de chaque pays. Après les injections
massives de liquidités pour éviter l’as-
phyxie financière, les plans de relance se
multiplient. Les États-Unis, qui ne peuvent
se permettre une chute durable de la con-
sommation, préparent un plan de 825 mil-
liards de dollars, intégrant une baisse des
impôts de 1.000 dollars par famille, ainsi
que des investissements massifs dans le
développement des énergies renouvela-
bles et la lutte contre le changement cli-
matique. L’Allemagne, qui est en période
préélectorale, vient d’annoncer un second
plan de relance de 50 milliards d’euros,
« Bad Bank » ou structure de défaisance – une solution pour redresser le secteur bancaire ?
POUR revitaliser le système bancaire et
restaurer la confiance entre les emprun-
teurs et les prêteurs, l’idée d’une « bad
bank » ou d’une structure de défaisance
fait son chemin. Il s’agit d’un grand classi-
que des sauvetages bancaires, où l’on met
en place une structure ad hoc destinée à
absorber les actifs à risques des établisse-
ments bancaires, pour les céder par la suite
dans de meilleures conditions de liquidité.
La France, par exemple, a déjà eu recours
à ce type de structure pour sauver de la
faillite le Crédit Lyonnais. Le Consortium
de réalisation (CDR) a ainsi été créé pour
gérer le passif de cette banque au bord de
la faillite en 1993.
Selon le dernier rapport sur la stabilité
financière du Fonds Monétaire International
(FMI), le fonctionnement du secteur finan-
cier n’est pas encore rétabli, et les ban-
www.lagrandeepoque.com
Martin bureau/AFP/Getty Images
Entre 1 million et 2,5 millions de personnes ont manifesté le 29 janvier
2009 en France. La manifestation à Toulouse comptait plusieurs
milliers de personnes.
composé également de mesures d’allè- DANS LA POPULATION
gement fiscal des ménages et de soutien
à l’industrie automobile. Avec ses 20 mil- se relayent sans relâche depuis plusieurs
liards d’euros destinés en majeure partie à mois sur les chaînes de télévision et de
l’investissement et l’aide aux entreprises, radio pour expliquer le bien-fondé des
le plan français est fortement critiqué car il réformes et de ce plan de relance et mar-
néglige le soutien de la consommation et teler l’absence d’alternative crédible. Pour
ignore la paupérisation croissante d’une réduire les coûts de production et relan-
grande partie de la population.
UNE ABSENCE DE CRÉDIBILITÉ
ques américaines et européennes devront
encore procéder à des dépréciations des
actifs en 2009 et 2010 pour au moins
500 milliards de dollars. Comment relancer
le financement de l’économie si les ban-
ques elles-mêmes ne parviennent pas à
se refinancer ? Les prises de participations
de l’État dans le capital des banques et les
garanties accordées à leurs dettes n’ont
pour l’instant pas stabilisé le système finan-
cier. Le risque de faillites bancaires reste
fort. La création d’une structure de défai-
sance est donc aujourd’hui une solution
étudiée par les autorités pour redresser le
secteur bancaire.
Selon le schéma américain, les banques
prendraient une participation dans la struc-
ture de défaisance en échange de l’ap-
port de leurs actifs à risques. Cette entité
serait gérée par la Federal Deposit Insu-
Thomson : menace de cessation
de paiement
THOMSON, le groupe français de tech-
nologies de l’image, traverse une passe
difficile et son avenir reste incertain.
L’endettement du groupe a explosé au
dernier semestre 2008 avec une dette
nette qui est passée de 1,3 milliard
d’euros fin juin à 2,1 milliards fin décem-
bre 2008.
Une hausse de besoin en fonds de
roulement dû surtout à la réduction du
délai de paiement fournisseurs, à des
frais de restructuration plus élevés que
prévu et des impacts défavorables de
taux de change, autant de raisons évo-
quées par Thomson pour justifier une
hausse de 800 millions de dettes. Le
groupe a reconnu que les ratios d’en-
dettement fixés par les banquiers ne
seront probablement pas respectés fin
2008, notamment le ratio dette nette sur
des capitaux propres qui passerait au-
dessus de la limite de 100 %. D’autant
plus que les capitaux propres de Thom-
son devraient être réduits de quelques
centaines de millions d’euros de per-
tes et dépréciations d’actifs enregistrés
sur 2008.
Mais il reste encore 3 mois pour sau-
ver Thomson du naufrage, car ce n’est
qu’en avril 2009 que les comptes conso-
lidés certifiés seront publiés. S’il se con-
firme que les contraintes bancaires ne
sont pas respectées, les banquiers pour-
ront exiger le remboursement immédiat
des emprunts de Thomson. Compte tenu
d’une situation de liquidités tendue et
l’utilisation de l’intégralité de ses lignes
de crédit disponibles, le groupe se trou-
verait alors en défaut de paiement.
Eric Cabanis/AFP/Getty Images
La plupart des économistes français
cer l’économie, on met en avant la néces-
sité de faire des gains de productivité. On
souligne l’effet positif de la récente baisse LA FRANCE EST DANS UNE
rance Corp (FDIC), l’agence fédérale de
garantie des dépôts, l’équivalent du Fonds
de garantie bancaire français. Cepen-
dant, à ce jour le périmètre des actifs éli-
gibles n’est pas encore défini, et l’épineuse
question des prix auxquels la structure de
défaisance rachètera les actifs bancaires à
risque n’est toujours pas tranchée. Selon
les estimations, l’État américain devrait
injecter 300 milliards de dollars supplé-
mentaires pour sauver le secteur financier,
sachant que 350 milliards de dollars sont
déjà prévus dans le cadre du TARP (Trou-
bled Asset Relief Program).
Côté européen, les autorités allemandes
sont en cours de discussion pour la créa-
tion d’une structure de défaisance. D’après
les estimations de Bundesbank, l’exposi- Sheila Bair, présidente de la
tion des banques allemandes aux produits FDIC, pourrait prendre en charge
toxiques s’élèverait à 300 milliards d’euros. la direction de la « Bad Bank ».
1 – 15 FÉVRIER 2009 ● La Grande Époque
Les banquiers et
le gouvernement
français
viendront-ils
au secours de
Thomson ?
CESSIONS D’ACTIFS POUR AMÉLIO-
RER LE BILAN
« L’amélioration de notre bilan est une
première étape nécessaire » pour rétablir
la santé de la société, a précisé Frédé-
ric Rose, directeur général de Thomson.
Le groupe a engagé des cessions d’actifs
jugés non stratégiques qui représentent
environ 1 milliard d’euros de chiffre d’af-
faires, soit 20 % des ventes de Thomson.
Les activités de Grass Valley, le produc-
teur des équipements vidéo de cinéma,
Premier Retail Network, un réseau de
télévisions publicitaires dans la grande
distribution, ainsi que 50 % de Screen-
vision, la régie publicitaire de salles de
cinéma, font partie des cessions envisa-
gées. Thomson trouvera-t-il à temps les
repreneurs intéressés par ces activités à
faible rentabilité ? Les conditions de ces-
sion sont particulièrement défavorables
dans le contexte actuel de difficulté d’ac-
cès aux crédits.
des prix, qui redonne un peu de pouvoir
d’achat aux salariés, mais on oublie qu’elle
est conjoncturelle (elle est en effet forte-
ment liée au prix du pétrole), et on sous-
estime le prix payé par une précarisation
accrue du travail : en France, sur une
population active de près de 28 millions de
personnes, il y a 2 millions de chômeurs,
2 millions d’emplois en CDD, et 500.000
emplois intérimaires ! La précarité et le
chômage touchent ainsi plus de 15 % de
la population active, soit 1 personne sur
7, et la grande majorité d’entre elles sont
des jeunes qui ne réussissent pas à s’in-
sérer dans la société. Comment croire ces
discours lorsque les entreprises n’embau-
chent pas, que beaucoup sont dans l’im-
possibilité de « travailler plus pour gagner
plus », ou quand le droit du travail n’est
pas toujours respecté ? Que penser des
résultats largement positifs de certaines
banques et entreprises à qui des milliards
d’euros ont été octroyés sans contrepartie
véritable ? Comment dans ces conditions
admettre de faire des sacrifices lorsqu’on a
le sentiment que ce n’est pas la crise pour
tout le monde ? Le président de la Répu-
blique a lui-même été contraint récemment
de convoquer les dirigeants de banque à
l’Élysée pour exiger d’eux qu’ils renoncent
à leurs bonus de 2008.
Chip Somodevilla/Getty Images News
DISCUSSION AVEC LES BANQUIERS
POUR RENÉGOCIER LA DETTE
Par ailleurs, Thomson va engager des
discussions pour renégocier sa dette
avec un pool de dix banques auxquel-
les il a emprunté environ 1,5 milliard
d’euros. Le groupe espère aussi obtenir
un soutien financier via le Fonds straté-
gique d’investissement, créé par le gou-
vernement français en novembre dernier
et doté de 20 milliards d’euros pour aider
les entreprises françaises à faire face à
la crise. Même si, sur un effectif total
de 24.000 personnes, seuls 3.900 sala-
riés sont basés en France, la division
Technologie qui est la pépite de Thom-
son avec ses 55.000 brevets, permet-
tra-t-elle au groupe de prétendre à l’aide
publique ?
Face à la situation critique de Thom-
son, l’annonce des nouvelles orientations
stratégiques n’a pas suffi à rassurer les
marchés. Le cours de l’action a plongé
à 1,10 euro le 29 janvier 2009, soit 16 %
de baisse en une journée. La capitalisa-
tion boursière ne représente aujourd’hui
plus que 300 millions d’euros. L’action a
perdu 86 % de sa valeur en un an, tandis
que l’indice CAC 40 a baissé de 39 %. En
2000, l’action Thomson valait 80 euros,
puis est revenue aux environs de 10-20
euros en 2003/2004 et depuis l’action a
entamé son plongeon vers le plus bas à
0,79 euro mi-mai 2008.
Une autre alternative pourrait être
un démantèlement du groupe avec la
reprise de certaines activités par Alcatel-
Lucent ou France Télécom.
HANNA L. SZMYTKO
IMPASSE
Les contradictions se multiplient et ne font
que renforcer la défiance de la population à
l’égard des dirigeants économiques et politi-
ques. Il n’y a pas d’autre explication au suc-
cès de la grève unitaire du 29 janvier dernier
en France, à laquelle 69 % des gens se sont
déclarés favorables. Rares sont maintenant
les familles où personne n’est au chômage
ou bien avec un travail précaire. Les diplô-
mes ne suffisent plus pour être embauché
et, phénomène nouveau, beaucoup de jeu-
nes désertent la France. Une grande partie
de la population devient sourde aux discours
officiels et aspire maintenant à vivre autre-
ment.
Quelques mois avant mai 1968, Pierre
Viansson-Ponté, alors directeur du journal
Le Monde, écrivait que « la France s’en-
nuie ». De nos jours, la France s’aperçoit
que ses 40 ans de course à la consomma-
tion aboutissent à une impasse écologique
et sociale. Conscient du risque actuel d’ex-
plosion sociale, le président français a jugé
« légitime » l’inquiétude des salariés et a
demandé à ses ministres d’éviter toute pro-
vocation dans leurs propos, mais c’est insuf-
fisant. Le devoir des dirigeants actuels est
d’indiquer aux Français des voies nouvel-
les, en accord avec leurs aspirations écolo-
giques et leur tradition sociale, et de les aider
à les explorer.
PATRICK C. CALLEWAERT
Étant fortement sous capitalisées, elles
auront des difficultés à absorber les pertes
potentielles liées aux actifs détenus.
HANNA L. SZMYTKO
Structure de défaisance :
Il s’agit d’une entité juridique
chargée d’isoler les actifs financiers
d’une entreprise ou d’un secteur.
Dans le cas de structure publique
de défaisance, les agences
publiques rachètent des actifs
à haut risque à des institutions
financières au-dessus de leur
valeur de marché. Le but de ce
genre de transaction est d’éviter les
faillites bancaires systémiques en
mutualisant les pertes.
Source : wikipedia.org
La Grande Époque ● 1 – 15 FÉVRIER 2009
Les réfugiés irakiens vendent leurs rations alimentaires
DAMAS – Les réfugiés irakiens de Syrie
utilisent une partie de leurs rations ali-
mentaires pour payer leur loyer, varier
leur régime alimentaire et couvrir
d’autres dépenses, selon le Programme
alimentaire mondial (PAM).
Presque tous les réfugiés interrogés
par IRIN dans deux centres de distribu-
tion alimentaire à Duma, dans la banlieue
de Damas, ont déclaré vendre une partie
des rations qu’ils recevaient du PAM et
du Haut commissariat des Nations Unies
pour les réfugiés (HCR).
« Je vends les vivres pour pouvoir
payer mon loyer et acheter mes médica-
ments », a confié Anmark, réfugié d’Irak.
« Je vends 2.000 livres syriennes de riz
[44 dollars] pour à peine 500 livres ».
Zaida a fui Bagdad après que sa
famille a été menacée parce que son
mari travaillait dans une ambassade
européenne. D’après elle, le loyer est
une priorité pour la plupart des réfugiés.
« Nous avons plus besoin d’avoir un
toit sur la tête que d’avoir de la nourri-
ture … Je reçois 5.500 livres [120 dol-
lars] d’aide du HCR chaque mois et le
PAM me donne de la nourriture ».
Le PAM distribue des rations alimen-
taires depuis janvier 2008, une étude
des Nations unies ayant révélé que plus
de la moitié des réfugiés sautaient un
repas pour permettre à leurs enfants de
s’alimenter deux fois par jour.
L’organisme fournit assez de produits
alimentaires de base (du riz, des légu-
mes secs, de l’huile…) pour couvrir 50 %
des besoins journaliers en calories ; le
reste est complété par l’aide du HCR et
d’autres dons.
La plupart des réfugiés ont fui l’Irak en
2006 ou avant, et dans bon nombre de
cas, ils ont presque épuisé toutes leurs
ressources. Vendre de la nourriture peut
www.lagrandeepoque.com Droits humains 7
Les réfugiés peuvent s’inscrire auprès
du HCR pour recevoir une aide finan-
cière, mais le PAM ne distribue que des
vivres. Les deux agences disent savoir
qu’une partie de ces vivres est vendue
pour couvrir d’autres frais.
« C’est un fait, certains Irakiens ven-
dent leurs rations, comme cela arrive
partout dans le monde », a indiqué
Abdullah Mawazini, chargé de commu-
nication publique du PAM en Syrie. « Il
s’agit plutôt d’un échange que d’une
vente à profit. Nous comprenons qu’on
ne puisse pas manger du riz tous les
jours de l’année ».
LE PAM DÉFEND SA POLITIQUE
« Notre politique nous interdit de don-
ner de l’argent car cet argent peut être
utilisé à mauvais escient (pour ache-
ter des cigarettes, un téléphone porta-
ble, ou pour jouer). L’étude que nous
avons réalisée a révélé que l’alimenta-
tion et le loyer représentaient les plus
grosses dépenses. Pour les logements,
on ne peut pas faire grand-chose (on ne
peut pas acheter un quartier), mais nous
pouvons donner des vivres ».
Sans cette aide, les agences des
Nations unies craignent que certains
réfugiés ne soient contraints d’accepter
RAMZI HAIDAR/AFP
des emplois dangereux, de se livrer au
Le 23 avril 2007, Damas, Syrie : Un employé des Nations unies enregistre une femme irakienne au Haut commerce du sexe ou d’envoyer leurs
commissariat pour les réfugiés, à Duma, 15 kilomètres au nord de la capitale syrienne de Damas. enfants au travail plutôt qu’à l’école.
Le HCR et le PAM ont indiqué que les
distributions bénéficiaient actuellement à
leur permettre de récolter des sommes serves », a expliqué Lana, une jeune s’est inscrit auprès du HCR en juin 2007, 177.000 réfugiés sur les 1,2 million qui,
essentielles pour couvrir d’autres dépen- femme qui a fui Bagdad en 2006. Certai- a expliqué qu’il vendait l’ensemble de selon le gouvernement syrien, ont fui
ses. nes mères ont également confié que leur ses rations pour s’acheter des plats ven- vers la Syrie et se sont vu accorder des
seul moyen d’assurer un régime alimen- dus dans la rue. visas depuis l’invasion de l’Irak, en 2003,
VENDRE DES VIVRES POUR EN ACHETER taire varié à leurs enfants était de vendre « Je n’ai pas de femme et je ne par la coalition menée par les États-Unis.
« Je vends de la nourriture pour pou- une partie de leurs rations. sais pas cuisiner. Cet argent me per- L’objectif des agences est d’atteindre les
voir acheter de la viande, des légumes, Hamid, un autre réfugié, qui travaillait met d’acheter des sandwichs et des plus de 360.000 bénéficiaires.
du lait et du fromage, ainsi que des con- auparavant dans un hôtel, à Bagdad, et snacks ». Irin News

Canada : les Innus menacés par un complexe hydroélectrique

HYDRO-QUÉBEC souhaite en effet
construire quatre centrales sur la rivière
Romaine, l’une des dernières grandes
rivières encore vierges du Québec. Le
chantier durera treize ans et consiste à
construire deux centrales en aval res-
pectivement sous 61 mètres et 153
mètres de chute nette, alors que cel-
les en amont auront des réserves d’eau
d’une hauteur de chute de 93 mètres à
116 mètres. Le complexe va coûter 8
milliards de dollars et pour accéder aux
chantiers et aux sites, Hydro-Québec
devra construire 230 kilomètres de route
dans le roc perturbant la vie naturelle
de cette forêt boréale encore préser-
vée. Ces travaux vont ouvrir le territoire
ancestral innu aux compagnies miniè-
res, aux entreprises forestières et à une
chasse de loisir illégitime, envahissante
et parfois commerciale.
Inquiètes de l’impact sur l’environne-
ment de ce méga-projet hydroéléctrique,
des associations canadiennes écologis-
tes commencent à se mobiliser contre la
construction des barrages argumentant
aussi sur le fait que celle-ci va être extrê-
mement coûteuse, que les emplois géné-
rés seront ponctuels et qu’il n’y a pour
l’instant aucun acheteur en vue pour
sa production. L’État de New York qui
s’était engagé avant 2004 à acheter son
hydroéléctricité au Québec a changé son
fusil d’épaule en souhaitant respecter le
protocole de Kyoto qui ne considère plus
l’électricité produite par les grandes cen-
trales comme une énergie propre et l’ex-
clut dorénavant de son répertoire des
énergies renouvelables. En effet, seule
le sera l’hydroélectricité produite à partir
de centrales au fil de l’eau.
Mais surtout, le projet hydroéléctrique
de la Romaine, en plus d’être destruc-
teur pour l’environnement et non viable
économiquement, se construit sur un
territoire qui n’est pas le sien. Ce terri-
toire nommé Nitassinan est celui où vit
depuis des millénaires le peuple Innu et
dont il se considère le gardien. Une com-
munauté, celle d’Ekuanitshit, va être par-
ticulièrement affectée par le projet car la
rivière La Romaine est l’autoroute nauti-
que par lequel ses membres rejoignent
leurs campements de chasse respectifs
depuis des temps immémoriaux.
Les Innus d’Ekuanitshit tentent depuis
trois décennies d’obtenir la reconnais-
sance écrite de leurs droits ancestraux
sur leur territoire traditionnel, c’est à dire
leurs droits d’utilisation du Nitassinan,
mais aussi le titre aborigène sur l’en-
semble de ce territoire, c’est-à-dire un
droit de « propriété » sur tout le terri-
toire ancestral de la communauté. Elle
répond en effet aux critères de l’article
35 de la loi constitutionnelle canadienne
de 1982, confirmés en 1995 par décision
fédérale et en 1996 par la Commission
Royale, reconnaissant des droits ances-
traux aux populations autochtones (le
droit de chasse, de pêche, de cueillette,
de piégeage, le droit d’exploitation com-
merciale des rivières et des forêts), mais
aussi le titre aborigène qui octroît un
droit foncier sur le territoire ancestral,
et enfin le droit à l’autonomie gouverne-
mentale quand un peuple peut démon-
trer qu’il se gouvernait lui-même avant
l’arrivée des européens.
Icra International

Brèves d’espoir Avec l’agence d’informations Reporters d’Espoirs

UN LOGICIEL INFORMATIQUE QUI FACILITE
LA VIE DES DYSLEXIQUES
En France, la plupart des spécialistes s’accor-
dent à dire que 8 à 10 % des enfants scolarisés
sont affectés par des troubles du langage. Parmi
eux, 5 % sont avérés dyslexiques et 2 % souf-
frent de troubles plus graves. La dyslexie se tra-
duit par une difficulté voire une impossibilité de
lire, de reconnaître ou de reproduire correcte-
ment le langage écrit. En 2002, Gilles Vessière,
expert dans le secteur de l’ingénierie linguisti-
que depuis 20 ans, est sollicité par des profes-
seurs et des parents d’élèves dyslexiques. Il met
au point la barre d’outils Médialexie : système qui
propose un ensemble d’outils informatiques des-
tinés à faciliter l’étude et le travail des person-
nes atteintes de troubles du langage importants.
Médialexie se présente sous la forme d’une barre
d’outils donnant accès à une série de fonction-
nalités conçues pour les personnes dyslexiques
comme le « lecteur de texte », qui permet de faire
lire des documents (Word, Internet, PDF) écrits
en anglais ou en français par un ordinateur après
les avoir scannés, de « l’écriveur », capable de
corriger les fautes automatiquement sur des tex-
tes très déformés, quasi phonétiques, le « correc-
teur cordial », d’une « dictée vocale » et enfin
d’un « formulateur », et d’un « WebEcriveur ».
Pour en savoir plus : www.medialexie.com
ARGENTINE : DES JEUNES HANDICAPÉS
CULTIVENT LA BIODIVERSITÉ
Le handicap touche 10 % de la population
mondiale et, dans la plupart des pays dévelop-
pés, le taux officiel du chômage des personnes
handicapées en âge de travailler est au moins
deux fois supérieur à celui des personnes vali- AFRIQUE FRANCOPHONE : LA LITTÉRA-
des. En Argentine, il serait proche de 91 %. TURE AFRICAINE ACCESSIBLE À TOUS
À Monterrico, ville de 17.000 habitants située
dans la province Nord de Jujuy, l’hôpital local
recense 342 personnes handicapées. Comme
les autres, elles peuvent aller à l’école jusqu’à
l’âge de 14 ans mais n’ont pas ensuite la possibi-
lité de commencer un métier où de partir faire des
études. Considérées comme « inutiles » pour la
communauté et comme il n’existe aucune struc-
ture adaptée pour les handicapés au-delà de
l’école primaire, ces derniers restent à la maison
et sont un poids pour leur famille.
L’objectif de la fondation argentine Inte-
grar et de l’association française Transhumans
est de valoriser le travail de jeunes handica-
pés vivant à Montericco en leur proposant de
participer à la création d’un jardin écologique.
Les jeunes handicapés mentaux et physiques
entretiennent depuis mai 2007 un jardin écolo-
gique renfermant des espèces locales oubliées.
Accompagnés de quatre bénévoles, elles sont
12 personnes ayant des handicaps physiques
ou mentaux, âgés de 14 à 22 ans, à aller tra-
vailler dans le jardin. Avec son verger, son pota-
ger et sa pépinière, le lopin de terre d’un hectare
regorge de plantes locales aux vertus médicina-
les ou nutritives.
En contrepartie de leur travail, les jeunes han-
dicapés reçoivent une subvention symbolique de
150 pesos par mois (50 euros) prélevés sur les
fonds octroyés par l’État argentin. Ils peuvent
aussi rapporter des fruits et des légumes chez eux,
ce qui soulage leurs familles économiquement.
Cette activité de jardinage leur permet aussi d’en-
tretenir leur développement psychomoteur.
Pour en savoir plus : http://transhumans.free.fr
« Le livre contribue à construire et mainte-
nir le tissu éducatif, culturel et économique de
nos sociétés, et y joue des rôles multiples et
fondamentaux » déclarait, en 2008, Koïchiro
Matsuura directeur général de l’UNESCO, à l’oc-
casion de la journée mondiale du livre et du droit
d’auteur. Or, dans certains pays d’Afrique, ce
vecteur de connaissance manque cruellement.
Alors que l’Afrique subsaharienne est depuis
quelques années le théâtre d’une grande effer-
vescence culturelle et littéraire, les lecteurs
africains restent eux coupés de leurs auteurs.
Pour que la littérature africaine devienne acces-
sible au lectorat africain, l’Association internatio-
nale des libraires francophones (AILF), basée à
Paris (France), propose aux lecteurs d’Afrique de
l’Ouest des livres à prix réduits. Baptisée « Cara-
vane du livre », cette opération est née dans une
dizaine de pays d’Afrique de l’Ouest : Bénin, Bur-
kina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana, Mali, Niger,
Nigeria, Sénégal, Togo, Tchad.
Le principe est le suivant : des maisons d’édi-
tion acceptent de faire une remise commerciale
(variant de 30 à 60 %) sur des ouvrages que
l’AILF leur commande. Au final, un livre vendu par
exemple au prix catalogue de 15 euros chez l’édi-
teur coûte 4,50 euros au libraire, qui le revend avec
une marge de 30 % , soit à 5,85 euros. Les librai-
ries s’engagent à ne pas dépasser cette marge.
En 2008, sur les 2.500 titres sélectionnés, 500 ont
été édités en Afrique.
Pour en savoir plus: www.librairesfrancophon
es.org
ROBERTO EPPLE : POUR LA SAUVEGARDE
DES RIVIÈRES
Roberto Epple naît sur les rives du Rhin alpin en
1945 à St Gallen (Suisse), grandit à Zurich entre
le Rhin et la Limmat où il a l’habitude de se bai-
gner. Mais au fil des ans, il voit les eaux se dégra-
der et devenir de plus en plus polluées. Après des
études d’hydrologie et de communication, il se
décide à mettre ses compétences professionnel-
les au profit des associations en devenant consul-
tant dans son domaine de prédilection, l’eau.
En 1988, Roberto Epple est missionné par le
WWF pour contrer les projets d’aménagement
de la Loire, dernier fleuve sauvage de France
et d’Europe de l’Ouest. Par le biais de l’associa-
tion SOS Loire Vivante, il coordonne 7 années de
lutte, d’actions juridiques, médiatiques et scien-
tifiques avec les différents acteurs du fleuve.
Cette première victoire pousse de nombreux
organismes européens à engager le même com-
bat, incitant Roberto Epple à créer l’European
rivers network (ERN, Réseau Fleuves Europe)
en 1994.
L’ERN met en réseau les associations loca-
les, régionales, nationales et internationales qui
travaillent en faveur de la protection des rivières
et améliore la communication entre elles dans le
but de : la gestion des rivières selon des critè-
res de développement durable et de préservation.
Afin d’associer les citoyens à son action, l’ERN a
imaginé une manifestation annuelle : le Big Jump.
Chaque année, à une date précise, tout le monde,
à la même heure, se baigne dans toutes les riviè-
res réhabilitées d’Europe, partout, des sources à
l’océan, là où il est possible de se baigner. Pro-
chain big jump : le 12 juillet 2009.
Pour en savoir plus : www.ern.org
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La Grande Époque
Epoch Times International

ÉDITION
SPÉCIALE
10 Spectacle des Arts Divins
La renaissance de 5000 ans
d’histoire
« C’est l’arrangement d’un génie.
[...] J’aimerais le voir plus de
deux ou trois fois, ou quatre
fois, jusqu’à qu’il pénètre mon
esprit et commence à chanter
intérieurement ».
— Sary Dowidar, compositeur et chef
d’orchestre égyptien
« J’ai trouvé cette partie
étonnante, d’une fraîcheur
extraordinaire. Nous ne sommes
pas habitués à ce genre de
musique ni de danse, ni à cette
allégresse ».
— Ruggero de Pas, président d’honneur du
CAPE (Centre d’Accueil de la Presse Etrangère)
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La compagnie Divine Performing Arts présente la culture traditionnelle chi-
noise comme elle devrait être – un mélange de grâce, de fluidité, d’énergie et
de force intérieure. Un programme d’une vingtaine de danses et de chants fait
revivre l’histoire de l’Asie sur scène.
Le public vibre au son des tambours de la cour des Tang, se régale du
charme des danses ethniques populaires et s’émeut des drames dansés sur
la Chine contemporaine. Les décors, tableaux virtuels animés font appel à la
plus haute technologie et accompagnent à merveille les numéros ainsi que les
costumes somptueux d’une élégance divine.
Divine Performing Arts (DPA) est une compagnie unique d’artistes de talent
qui partagent la même vocation, celle de faire revivre le meilleur des arts tra-
ditionnels chinois de la scène. Cette compagnie est un modèle unique qui
rassemble plus de cent danseurs, chorégraphes, musiciens et chanteurs
parmi les meilleurs au monde de ceux formés aux arts classiques chinois.
La compagnie bénéficie de l’apport du seul orchestre international combinant
instruments chinois et occidentaux.
Basée à New York, la compagnie est reconnue pour ses efforts permanents
de mettre en scène la culture chinoise, libre de l’influence d’un régime com-
muniste qui a appauvri et détruit les arts depuis des décennies. DPA tire son
inspiration de l’histoire, de thèmes universels et du monde qui nous entoure.
Toutes les chorégraphies et musique sont des œuvres originales.
Copyright © 2008 Divine Performing Arts. Toutes les photos de cette édition ont été fournies par la compagnie
Divine Performing Arts, à la télévision New Tang Dynasty et pour la presse écrite. Tous droits réservés. Aucune
photo ne peut être reproduite, téléchargée ou modifiée, ni distribuée sans accord écrit préalable.
La Grande Époque ● Édition spéciale www.lagrandeepoque.com Spectacle des Arts Divins 11

« Spectaculaire... « Je n’ai pas vu un tel

spect
spectacle depuis longtemps.
Splendide... Je m
me sens formidablement
bien. On a l’impression
Une célébration d’être
d’ê entré dans un autre
m
monde après avoir l’avoir
joyeuse ». regardé. DPA présente
— Theatre Scene
la culture traditionnelle
chinoise,
ch les principes de
« De grands moments d’évasion nos
no ancêtres pour mener
vers l’Empire du Milieu ». nos vies, et un concept
— 20 Minutes
pour une société
meilleure.
C’est véritablement
« Je n’ai jamais vu un décor rafraîchissant,
r cela aide
pareil j’ai beaucoup aimé les gens à s’améliorer
le spectacle. Je trouve qu’il et les purifie
montre la grandeur de la culture spirituellement ».
chinoise ». — M. Cheng, journaliste depuis
— Yaacov Agam, plus de quarante ans,
ancien rédacteur en chef
artiste peintre et sculpteur du Hainan Daily en Chine.

Du 27 février au 1er mars – Réservation : 0892 050 050 (0,34 €/min) – www.viparis.com
12 Spectacle des Arts Divins
Le phœnix d’Orient
Le surprenant renouveau de la culture traditionnelle chinoise
IL Y A quelques années,
Chen Rutang ne se serait
jamais imaginé saluant sous
les applaudissements d’un
public de 6000 personnes, et
encore moins au Radio City
Music Hall de New York.
Chen, l’un des violoncellis-
tes chinois les plus accomplis
de ces 40 dernières années, a
vu les arts qu’il aimait tant être
détruits par le régime com-
muniste, et sa femme se faire
emprisonner pour ses croyan-
ces spirituelles. Puis son fils.
Lui-même a été condamné à
la rééducation par les travaux
forcés dans la campagne,
ayant été catalogué comme un
« artiste de la bourgeoisie ».
Aujourd’hui, M. Chen vit
dans le New Jersey – au Sud de
la ville de New York – entouré
de sa famille, et se considère
comme un homme nouveau.
En tant que chef d’orchestre
de la Divine Performing Arts,
il participe à la réapparition
de la culture chinoise qui, de
façon surprenante, commence
non pas par la Chine mais par
l’Occident.
Avec l’ensemble
danseurs de la compagnie,
des
l’orchestre de la Divine Per-
forming Arts, qui combine
traditions musicales orienta-
les et occidentales, a insufflé
une nouvelle vie à la culture
chinoise. Ajoutez au mélange
certains des meilleurs chan-
teurs classiques chinois, et
l’alchimie sur scène est stu-
Du 27 février au 1er mars – Réservation : 0892 050 050 (0,34 €/min) – www.viparis.com
péfiante.
Mais le plus fascinant de tout
cela est peut-être l’histoire qui
sous-tend les représentations
– une histoire de tragédie, de
persévérance, d’espoir et de
renouveau.
LA CULTURE, PAS LE
COMMUNISME
Pour quelqu’un qui voudrait
comprendre d’où vient la par-
ticularité des représentations
de la DPA, les artistes, comme
Chen Rutang sont un bon
point d’entrée.
Ce qui met ces artistes à
part – qu’ils soient danseurs,
stylistes, chorégraphes – est
qu’ils partagent la même pro-
fonde affinité pour l’héritage
classique de la Chine. Leur
parcours dépasse la recher-
che de la perfection technique
pour inclure l’assimilation, et
finalement l’incarnation des
valeurs et idéaux qui ont fait
la splendeur de la Chine pré-
moderne.
La plupart d’entre eux, par
exemple, s’adonne activement
à des pratiques traditionnelles
asiatiques comme la médita-
tion, à l’application des prin-
cipes de bienveillance et de
vertu célébrés par les sages
antiques. Alors que d’ordi-
naire les artistes obtiennent
l’inspiration en regardant en
avant, eux contemplent le
passé.
En Chine sous diktat commu-
niste, la culture traditionnelle
www.lagrandeepoque.com Édition spéciale ● La Grande Époque
a été attaquée et dénoncée et turelles de la Chine ont été taxé d’hérésie.
ce pendant plusieurs décen- vues comme un obstacle à Pour servir le pouvoir, les
nies. La décennie allant de la légitimité du Parti Commu- opéras, les pièces de théâtre
1966 à 1976 a vu la révolution niste dirigeant : tandis que la et des contes ont été recréés,
culturelle de Mao Zedong et culture traditionnelle recon- mélangeant vestiges de la cul-
la frénésie destructrice des naissait des notions telles que ture chinoise et propagande
soldats de la Garde Rouge qui la bonté, l’harmonie et la piété, communiste.
ont saccagé l’essentiel des le marxisme-léninisme célé- Aujourd’hui encore sur les
vestiges passés de la Chine brait la violence, l’athéisme et chaînes de la télévision de
traditionnelle – des temples « la lutte des classes ». l’État chinois, on peut voir le
confucianistes aux statues Pour cette raison, les arts, spectacle bizarre de soldats
de Bouddha, en passant par comme leurs représentants, dansants – dans les plus
les calligraphies et les biblio- ont perdu leur ancrage cultu- beaux atours militaires – une
thèques. « Anéantir le vieux rel. Beaucoup ont cessé de danse hybride mi-chinoise,
monde » était le mot d’ordre. pratiquer leur art. Faire autre- mi-ballet, mi-propagande
Les riches traditions cul- ment leur aurait valu d’être maoïste.
« La danse est vraiment au coeur du
spectacle, elle est d’un tel raffinement.
Il y a des mouvements que nous ne voyons
pas dans le ballet occidental. Les danseurs
[semblent] flotter [quand ils se] déplacent...
à travers la scène. Ils [restent] absolument
au même niveau... en faisant ces pas
minuscules... »
« Naturellement la danse et la musique vont
toujours ensemble... Tout est parfaitement
intégré ».
— M. Chowning, compositeur, musicien, professeur à
l’université de Standford
La Grande Époque ● Édition spéciale www.lagrandeepoque.com Spectacle des Arts Divins 13

Les spectacles de la Divine sance spirituelle. l’héritage millénaire dont il tire

Performing Arts sont donc Vous pouvez le voir à chacun son inspiration.
plus qu’une bouffée d’air des pas soigneusement syn- Vous pouvez dire, aussi, que « Je crois profondément
frais : ils sont un nouveau chronisés des danseurs de la les artistes et les créateurs du
départ. Divine Performing Arts. Vous spectacle savent également ce que d’expérimenter l’art
pouvez l’entendre dans les qu’ils ne sont pas. La plupart
LA DIFFERENCE mélodies profondes, émouvan- d’entre eux, comme M. Chen, s’effectue sur différents
Avec les spectacles de la tes du erhu à deux cordes. Et ont vécu la révolution cultu-
Divine Performing Arts, dis- vous pouvez le sentir à chaque relle dans la douleur et l’hu- plans. Ça touche le niveau
parus les drapeaux rouges acte – il y a quelque part l’in- miliation. Lui et sa femme ont
du communisme chinois. Dis- tangible ingrédient qui fait la été séparés et envoyés à la intellectuel, mais également
parus les soldats de l’armée différence entre l’ordinaire et campagne pour être « réédu-
rouge pirouettant. Disparues la magie. qués » par les travaux forcés physique et émotif. Je l’ai [le
les paroles jouant sans cesse Ceci est la culture chinoise pour le crime d’avoir été des
de la corde du patriotisme. ramenée à la vie par les gens artistes jouant du violoncelle spectacle] apprécié sur tous
Au lieu de cela, la compagnie qui la vivent, mais c’est aussi et de la flûte.
sert au mieux les arts tradition- une culture qui inspire, anoblit Quand ils ont été autorisés ces niveaux ».
nels de la Chine dans toute et enrichit. Le spectacle de à jouer à nouveau de leurs
leur beauté, dans toute leur la Divine Performing Arts est instruments dans le premier « Je crois que ça vaut
vigueur, dans toute leur puis- profond – fidèle au sens de Orchestre national central sym-
phonique de Chine, la musique vraiment la peine d’être vu.
avait été abandonnée en faveur
des chansons patriotiques. Les Je suis vraiment contente
autres orchestres avaient tous
« Ces artistes de très haut été entièrement dissous. d’être ici. C’est tout
niveau nous rappellent la Des années plus tard, en
2000, le fils de Chen a pres- simplement merveilleux ».
présence divine dans le qu’été battu à mort par la
police en raison de ses croyan- — Kathleen Wynne, ministre de
monde ». ces spirituelles. Pour la même
raison, sa femme a été arrêtée l’Éducation de l’Ontario au Canada
— Colin Carrie, secrétaire par les autorités communistes
la même année.
parlementaire du ministre de Pour les Chen et pour « en dehors de la culture com- sur d’autres cultures, temps,
l’Industrie et député fédéral d’Oshawa d’autres, les spectacles de la muniste », disent-ils. Pour le et endroits dont la beauté vous
Divine Performing Arts sont public, les spectacles sont coupe le souffle.
au Canada un nouveau commencement, une fenêtre sans précédent JOHN AUGUSTYN

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14 Spectacle des Arts Divins
La renaissance
d’une culture ancestrale
BIEN QU’ELLE entre déjà
dans sa troisième année, la
compagnie Divine Performing
Arts continue à relever des défis.
La troupe - rassemblement sans
précédent de danseurs pro-
fessionnels, de chorégraphes,
chanteurs et musiciens - fraye
cette année encore de nouveaux
chemins culturels.
Les innovations débutent
par la vision de la compagnie
Divine Performing Arts. Née en
2006 d’un rassemblement de
grandes références de la danse
et du chant chinois, la compa-
gnie se donne pour mission de
retrouver l’héritage de la danse
classique chinoise et de le faire
Du 27 février au 1er mars – Réservation : 0892 050 050 (0,34 €/min) – www.viparis.com
partager au grand public.
« Nous voulons faire vivre
aux spectateurs un mélange de
beauté et de bonté absolues »,
explique Timothy Wu, l’un des
danseurs principaux de la DPA.
« Nous souhaitons retrouver ce
qu’il y a de plus éternel et de
plus précieux dans la culture ».
Dans cet esprit, la DPA cher-
che dans ses spectacles à aller
au-delà du divertissement en
explorant certains des points
communs les plus profonds de
notre humanité. Ces spectacles
veulent non seulement faire
vibrer mais aussi enrichir et
élever le spectateur, l’inspirer
dans sa vie personnelle.
www.lagrandeepoque.com
La danse et la musique, qui
peuvent faire vivre un récit
avec force, se sont avérés être
les arts les plus adaptées. La
compagnie, basée à New York, a
l’an dernier fait le tour du monde
et donné des représentations
vues par 600000 spectateurs,
recueillant d’excellentes criti-
ques.
« Lors des représentations de
l’an dernier, se souvient Regina
Dong, quand la musique faisait
une pause on entendait des
reniflements… Les gens avaient
les larmes aux yeux. C’est rare
de nos jours ». En fait, ce que
l’on pourrait appeler la « touche
DPA » est une réelle conviction
Édition spéciale ●
que les arts de la scène peuvent
non seulement transmettre la
profondeur culturelle des arts,
puisant en eux une source iné-
puisable de sens, mais aussi
raviver un tel héritage avec des
outils modernes.
D’un côté, la DPA est une
porte ouverte sur un passé tou-
jours d’actualité. Beaucoup des
danses donnent à voir aux spec-
tateurs le tableau très riche des
valeurs traditionnelles chinoises
et de ses idéaux. Le public peut
revivre les derniers jours de la
Chine impériale, de la dynastie
Qing, voir les dames élégantes
de la cour mandchoue ; voir
le pays sauvé par le Général
La Grande Époque
« La beauté est
à la fois interne
et externe. Il
faut les deux,
c’est quelque
chose qui fait
le caractère
unique de no-
tre spectacle.
Les gens peu-
vent le ressen-
tir personnelle-
ment ».
Yue Fei, modèle de courage
héroïque ; ou simplement faire
une pause pour savourer la fraî-
cheur de l’éclosion d’une fleur
de forsythia au printemps.
La plupart des danses de la
compagnie sont peuplées de
personnages qui ont marqué
l’histoire de l’Empire du Milieu.
Pour transmettre sur scène
la force du message, d’une
manière qui soit compréhen-
sible au public occidental, les
créateurs ont dû faire preuve
d’une imagination inouïe.
L’un des moyens employés a
été le design de décors virtuels,
conçus spécialement pour
les spectacles de la DPA. Les
arrière-plans vont de paisibles
scènes champêtres à d’éton-
nantes grottes bouddhistes
animées de l’Ouest de la Chine.
Chaque tableau vient renforcer
la danse, la chanson ou la musi-
que correspondante sur scène.
Les spectacles de la DPA ont
aussi été l’occasion de stimuler
une créativité sans précédent
en matière de costumes. Plu-
sieurs mois chaque année,
une équipe de costumières se
mobilise pour créer une féerie
visuelle de tissus et de teintes
à la fois éblouissantes et sub-
tiles pour orner les parures de
DPA. Toutes sont des œuvres
originales créées pour s’as-
sortir parfaitement au ton et à
l’expression de chaque numéro.
Dans les spectacles de DPA, la
gamme étincelante des vête-
ments de scène va des riches
costumes impériaux aux tenues
populaires légères.
« Rares sont les gens après
le spectacle qui ne disent pas :
‘Ouah - c’était magnifique !’ »,
dit Ying Chen, une des chefs
d’orchestre de la compagnie.
« On a compris que la beauté
était à la fois interne et externe,
La Grande Époque ● Édition spéciale www.lagrandeepoque.com Spectacle des Arts Divins 15
il faut les deux. C’est quelque
chose qui fait le caractère
unique de notre spectacle. Les
gens peuvent le ressentir per-
sonnellement. »
Un autre défi relevé par la
DPA a été de rassembler sur
scène plusieurs traditions de
danses asiatiques - notamment
la danse classique, la danse
populaire et différentes danses
ethniques.
La difficulté a pu être dépas-
sée grâce aux efforts déployés
et à l’expérience hors pair des
artistes de la DPA. Beaucoup
maîtrisent plusieurs arts de
différentes traditions et sont au
faîte de la maîtrise de leur art. En
effet, parmi les danseurs de la
DPA, trois font partie des quatre
meilleurs de la danse classique
chinoise dans le monde.
Une autre originalité est la
création d’un orchestre unique
au monde dont les membres
permanents sont des artistes
spécialistes des instruments
chinois et occidentaux. L’or-
chestre de la DPA, tout comme
sa danse, explore de nouveaux
horizons artistiques en mariant
les traditions musicales chi-
noises et européennes. L’erhu
à deux cordes accompagne le
Un orchestre unique
hautbois comme nul autre ins- Par Maria Chow, Ph.D gamme d’instruments à percussion issus
trument, créant des effets tantôt des musiques régionales de Chine, enri-
joyeux, tantôt passionnants et L’Orchestre de la Divine Performing chissant la performance par des saveurs
espiègles. Arts est un tour de force car il est le seul instrumentales uniques. Le public aura
« L’orchestre est fait pour orchestre au monde qui rassemble à la la joie d’entendre une gamme de percus-
apporter le même plaisir à fois des instruments de musique occiden- sions étendue avec des instruments eth-
l’oreille que ce que le spectacle taux et chinois. niques provenant du Xinjiang et d’autres
donne à l’œil », dit Emily Kuto- La pratique consistant à unir simulta- régions de Chine.
lowski, hautboïste principal. nément des consonances occidentales et L’orchestre est composé de musiciens
La raison du plaisir des spec- asiatiques dans des compositions musi- jouant ou ayant joué dans les plus grands
tateurs est cependant chaque cales date d’environ soixante-dix ans. orchestres des États-Unis, de Chine et
année nouvelle : « Chaque Depuis les années 1920, les Chinois d’Europe. Certains de ces membres ont
saison nous avons des nou- ont exploré de nombreux styles de com- percussions. Cela supprime les problè- été persécutés en Chine pour avoir joué
veautés à présenter et nous position et de techniques d’orchestration mes d’intonation qui hantent sans cesse de la musique classique, d’autres pour
gardons le secret jusqu’à la nuit pour capturer par la musique les riches l’orchestre moderne chinois lorsqu’il joue avoir suivi des pratiques spirituelles tradi-
d’ouverture », dit Mme Chen. traditions de la Chine, à la fois millénaires des morceaux créés selon des principes tionnelles telles que le Falun Gong.
« Nous aimons ce suspense. Ça et plus récentes. d’harmonie occidentale. Bien qu’ils soient tous issus d’horizons
fait partie du sens de la décou- Cet effort a donné naissance à l’or- Bien qu’établi sur les principes occi- divers, tous partagent leur amour de la
verte que le spectacle crée ». chestre moderne chinois, modelé après dentaux, l’orchestre de la Divine Per- culture et des arts traditionnels chinois
Cette année, il y aura donc l’orchestre occidental. Il est composé de forming Arts incorpore également des dépeints au cours des danses que l’or-
de nouveau un ensemble de différentes familles d’instruments chinois instruments chinois tels que la flûte de chestre accompagne – danses qui retra-
surprises à attendre : les spec- – cordes pincées, archets, instruments à bambou, l’erhu à deux cordes, et le pipa à cent les valeurs traditionnelles chères au
tacles de la DPA montreront une vent et percussions ; chaque famille est cordes pincées. Chacun des instruments peuple chinois – telles que l’honnêteté,
douzaine de nouvelles danses structurée en voix – soprano, alto, ténor chinois peut invoquer une large palette l’humanité, la loyauté et une grande spi-
accompagnées par autant de et basse. La plupart des instruments ont imaginative grâce à des techniques et ritualité.
compositions musicales origi- été modifiés de nombreuses fois afin des timbres instrumentaux différents. La La combinaison d’instruments occi-
nales. d’atteindre une meilleure intonation, une flûte, par exemple, peut évoquer la scène dentaux et chinois et la renaissance de
Si les spectacles de la DPA qualité de son plus mélodieuse ainsi des fées célestes flottant dans les airs la culture et des arts traditionnels chinois
sont une fenêtre lumineuse qu’une gamme plus étoffée de sons et de avec leur flûte, ou bien la vue d’un jeune sont devenus l’emblème de l’orchestre de
ouverte sur le passé de la Chine, dynamiques. berger gardant son troupeau. De même, la Divine Performing Arts. Chaque année,
ils explorent également les pro- Cependant, la combinaison instrumen- alors que l’erhu peut être extrêmement grâce à ces représentations artistique-
blèmes contemporains impor- tale offerte par l’orchestre de la Divine mélancolique au son de mélodies bou- ment ambitieuses, l’orchestre ouvre une
tants que rencontre la Chine, Performing Arts, un autre fruit né de leversantes, son habilité à évoluer d’un nouvelle voie des arts du spectacle.
pour ne pas dire plus largement cette expérience, n’a jamais cessé d’être registre à l’autre lui permet d’imiter aussi
le monde entier aujourd’hui. en vogue. Les quatre familles d’instru- bien des pépiements d’oiseaux que des Maria Chow est historienne. Elle est
Dans les années précédentes, ments occidentaux sont représentées – à hennissements de chevaux. spécialisée dans la musique de Chine du
les sujets de la justice, de l’iden- cordes, à vent en bois, les cuivres et les De plus, l’orchestre exploite une grande XXe siècle.
tité ethnique, et des croyances
spirituelles sous le joug com- sion. s’ils traitent de la réalité sociale laissons être une force au ser- de toutes les cultures, sur les
muniste ont été abordés de « Ce sont là des sujets que chinoise contemporaine – car vice du bien ». cinq continents ».
manière artistique. nombre d’artistes chinois ce genre d’enquête révèle sou- « C’est ce qu’il y a de mieux Cette année tout au long d’en-
Car en effet, beaucoup d’ar- n’abordent pas », dit la pianiste vent une image peu flatteuse – du passé et du présent, du réel viron 150 spectacles, la DPA
tistes de la DPA ont connu une Peijong Hsieh. « C’est dom- faite d’injustice et d’abus. et de l’idéal, du léger et du lourd, présentera sa vision culturelle
vie dure sous l’autoritarisme mage, dans la mesure où les « Le Parti a peur des arts, de de l’Est et de l’Ouest », ajoute dans plus de 20 pays dans le
en Chine. Avant d’arriver en arts font tellement pour explorer leur pouvoir », dit Chen. « C’est Kutolowski. « C’est difficile de monde.
Occident, certains ont été victi- et éveiller les consciences sur pour cela qu’il essaie de les ne pas être touché et inspiré Pour en savoir plus sur les
mes de privations par rapport à de telles questions ». contrôler. Quant à nous, nous par les spectacles. Pour nous, spectacles de la DPA, visitez
l’art, et à plusieurs moments ont La plupart des artistes ont faisons juste le contraire : nous il s’agit vraiment d’une nouvelle www.divineperformingarts.org
connu l’extrême de la répres- peur de subir des représailles les mettons en liberté. Nous les tradition. Elle parle aux peuples M. MANYU

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DU 27 FÉVRIER AU 1ER MARS 2009
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