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Khalid Chraibi - Oumma.

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Charia, Droit musulman, Questions de sociétés musulmanes

La problématique du calendrier islamique


Par Khalid Chraibi
vendredi 2 février 2007

« Le soleil et la lune (évoluent) selon un calcul (minutieux) » (Coran, Ar-Rahman, 55 : 5)

« C’est Lui (Dieu) qui a fait du Soleil une clarté et de la Lune une lumière ; il en a déterminé
les phases afin que vous connaissiez le nombre des années et le calcul du temps » (Coran,
Yunus, 10 : 5)

« Les ulémas n’ont pas le monopole d’interprétation de la charia. Evidemment ils doivent
être consultés au premier plan sur les questions de la charia. (Mais) ce ne sont pas eux qui
font la loi religieuse, de même que ce ne sont pas les professeurs de droit qui font la loi, mais
les parlements » (Ahmed Khamlichi, Point de vue n° 4) (1)

Introduction

Le calendrier islamique souffre de faiblesses indéniables. Ses dates sont associées à des jours
différents dans différents Etats musulmans et il ne permet pas, à l’intérieur du même pays, de
planifier d’activités au-delà du mois en cours.

A titre d’illustration, le 1er shawal 1426, jour de célébration de l’aïd el fitr, correspondait au
mercredi 2 novembre 2005 en Libye et au Nigéria ; au jeudi 3 novembre dans 30 pays dont
l’Algérie, la Tunisie, l’Egypte, l’Arabie Saoudite et une partie des Etats-Unis ; au vendredi 4
novembre dans 13 pays dont le Maroc, l’Iran, le Bangladesh, l’Afrique du Sud, le Canada,
une partie de l’Inde et une partie des Etats-Unis ; et au samedi 5 novembre dans une partie de
l’Inde. (2) Cet état des choses n’est nullement exceptionnel, mais se renouvelle chaque mois.

Pourtant, le calendrier lunaire, basé sur le calcul, est en mesure de remplir parfaitement toutes
les fonctions que les sociétés modernes en attendent. Mais, suite à l’interprétation que les
ulémas ont donnée à un célèbre hadith du Prophète sur le début des mois lunaires, le mois
lunaire islamique s’est retrouvé déconnecté de ses fondements conceptuels et
méthodologiques astronomiques, ce qui a rendu caduques les fonctions du calendrier
musulman, qui ne peut pas être établi à l’avance. (3)

De nombreux penseurs islamiques et juristes de renom se sont sentis interpelés par cette
situation et ont publié à diverses reprises, depuis le début du 20è s., des études qui prônent
l’utilisation par la communauté musulmane d’un calendrier islamique basé sur le calcul, dont
ils confirment et démontrent la licité. La célèbre étude du cadi Ahmad Shakir (1939) (4), aux
conclusions de laquelle le professeur Yusuf al-Qaradawi s’est dernièrement rallié (2004) (5) et
les récentes décisions du Conseil du Fiqh d’Amérique du Nord (2006) (6) s’inscrivent dans
cette ligne de pensée.

Le ‘alem et le calendrier

Le Coran n’interdit pas l’usage du calcul astronomique. Cependant, au temps de la


Révélation, quand les Bédouins interrogèrent le Prophète sur la procédure à suivre pour
déterminer le début et la fin du mois de jeûne, il leur recommanda de commencer le jeûne du
mois du ramadan avec l’observation de la naissance de la nouvelle lune [au soir du 29è j du
mois] et d’arrêter le jeûne avec la naissance de la nouvelle lune (du mois de shawal). « Si le
croissant n’est pas visible (à cause des nuages) comptez jusqu’à 30 j. ». (7)

De ce fait, à part quelques juristes isolés, dans les premiers siècles de l’ère islamique, qui
prônèrent l’utilisation du calcul pour déterminer le début des mois lunaires (8), le consensus
des ulémas se forgea solidement, pendant 14 siècles, autour du rejet du calcul. Sur le plan
institutionnel, seule la dynastie des Fatimides, en Egypte, a utilisé un calendrier basé sur le
calcul, entre les 10è et 12è s., avant qu’il ne tombe dans l’oubli à la suite d’un changement de
régime.

L’argument majeur utilisé pour justifier cette situation a trait au dogme : il n’est pas loisible
d’aller à l’encontre d’une prescription du Prophète. (9) Il est illicite de recourir au calcul pour
déterminer le début des mois lunaires, alors que le Prophète a recommandé la procédure
d’observation visuelle. (10)

De nombreux ulémas soulignent, de plus, que le calendrier basé sur le calcul décompte les
jours du nouveau mois à partir de la conjonction, laquelle précède d’un jour ou deux
l’observation visuelle de la nouvelle lune. S’il était utilisé, le calendrier basé sur le calcul
ferait commencer et s’achever le mois de ramadan, et célébrer toutes les fêtes et occasions
religieuses, en avance d’un jour ou deux par rapport aux dates qui découlent de l’application
du hadith du Prophète, ce qui ne serait pas acceptable du point de vue de la charia. (10)

Mais, depuis le début du 20è s., de plus en plus de penseurs islamiques, ainsi qu’une poignée
d’ulémas de renom, remettent en cause de tels arguments.

A leur avis, le Prophète a simplement recommandé aux fidèles une procédure d’observation
de la nouvelle lune, pour déterminer le début d’un mois nouveau. A l’époque, les bédouins se
basaient sur la position des étoiles, de nuit, pour se guider dans leurs déplacements à travers le
désert et observaient l’apparition de la nouvelle lune pour connaître le début des mois. Le
Prophète n’a fait que les conforter dans leurs habitudes ancestrales.
L’observation du croissant n’était qu’un simple moyen, et non pas une fin en soi, un acte
d’adoration (‘ibada). Le hadith relatif à l’observation n’établissait donc pas une règle
immuable, pas plus qu’il n’interdisait l’utilisation du calendrier astronomique.

D’après certains juristes, le hadith ne parle même pas d’une observation visuelle de la
nouvelle lune, mais simplement de l’acquisition de l’information, selon des sources crédibles,
que le mois a débuté. (11) Cela ouvre naturellement de toutes autres perspectives dans la
discussion de cette question.

L’Arabie Saoudite a d’ailleurs abandonné en 1999 la procédure d’observation de la nouvelle


lune, pour lui substituer une nouvelle procédure basée sur le calcul des horaires de coucher du
soleil et de la lune aux coordonnées de la Mecque, le soir du 29è j de chaque mois. Le coucher
du soleil avant la lune indique le début du nouveau mois. Dans le cas inverse, le mois en cours
aura une durée de 30 j.

Des études, de plus en plus nombreuses, réalisées par des astronomes musulmans au cours des
dernières années, démontrent par ailleurs que les débuts de mois décrétés dans les pays
islamiques sur une période de plusieurs décennies étaient très souvent erronés, pour toutes
sortes de raisons. (12) et (13)

L’opinion juridique du cadi Shakir

Le cadi Ahmad Muhammad Shakir (14) mérite une mention à part dans ce débat. Il s’agit d’un
juriste éminent de la première moitié du 20è s., qui occupa en fin de carrière les fonctions de
Président de la Cour Suprême de la Charia d’Egypte (tout comme son père avait occupé les
fonctions de Président de la Cour Suprême de la Charia du Soudan), et qui reste, de nos jours
encore, un auteur de référence en matière de science du hadith. (15)

Il a publié, en 1939, une étude importante et originale axée sur le côté juridique de la
problématique du calendrier islamique, sous le titre : « Le début des mois arabes … la charia
permet-elle de le déterminer en utilisant le calcul astronomique ? » (4).

D’après lui, le Prophète a tenu compte du fait que la communauté musulmane (de son époque)
était « illettrée, ne sachant ni écrire ni compter », avant d’enjoindre à ses membres de se baser
sur l’observation de la nouvelle lune pour accomplir leurs obligations religieuses du jeûne et
du hajj.

Mais, la communauté musulmane a évolué de manière considérable au cours des siècles


suivants. Certains de ses membres sont même devenus des experts et des innovateurs en
matière d’astronomie. En vertu du principe de droit musulman selon lequel « une règle ne
s’applique plus, si le facteur qui la justifie a cessé d’exister », la recommandation du Prophète
ne s’applique plus aux musulmans, une fois qu’ils ont appris « à écrire et à compter » et ont
cessé d’être « illettrés ».

Les ulémas d’aujourd’hui commettent donc une erreur d’interprétation lorsqu’ils donnent au
hadith du Prophète sur cette question la même interprétation qu’au temps de la Révélation,
comme si ce hadith énonçait des prescriptions immuables, alors que ses dispositions ne sont
plus applicables à la communauté musulmane depuis des siècles, en vertu des règles mêmes
de la charia.
Shakir rappelle le principe de droit musulman selon lequel « ce qui est relatif ne peut réfuter
l’absolu, et ne saurait lui être préféré, selon le consensus des savants. ». Or, la vision de la
nouvelle lune par des témoins oculaires est relative, pouvant être entachée d’erreurs, alors que
la connaissance du début du mois lunaire basée sur le calcul astronomique est absolue,
relevant du domaine du certain.

Il rappelle également que de nombreux juristes musulmans de grande renommée ont pris en
compte les données du calcul astronomique dans leurs décisions, citant à titre d’exemples
Cheikh Al-Mraghi, Président de la Cour Suprême de la charia d’Egypte ; Taqiddine Assoubaki
et Takiddine bin Daqiq al-Eid.

Shakir souligne, en conclusion, que rien ne s’oppose, au niveau de la charia, à l’utilisation du


calcul pour déterminer le début des mois lunaires et ce, en toutes circonstances, et non à titre
d’exception seulement, comme l’avaient recommandé certains ulémas.

Il observe, par ailleurs, qu’il ne peut exister qu’un seul mois lunaire pour tous les pays de la
Terre, basé sur le calcul, ce qui exclut la possibilité que le début des mois diffère d’un pays à
l’autre. (16) L’utilisation du calendrier basé sur le calcul rendra possible la célébration le
même jour, dans toutes les communautés musulmanes de la planète, d’événements à caractère
hautement symbolique sur le plan religieux, tels que le 1er muharram, le 1er ramadan, l’aïd al
fitr, l’aïd al adha ou le jour de Arafat, lors du hajj. Cela renforcera considérablement le
sentiment d’unité de la communauté musulmane à travers le monde.

Cette analyse juridique du cadi Shakir n’a jamais été réfutée par les experts en droit
musulman, 66 ans après sa publication, ce qui conforterait la notion que les ulémas n’ont rien
trouvé à y redire, sur le plan juridique.

Il faut noter, dans ce contexte, que le professeur Yusuf al-Qaradawi s’est récemment rallié
formellement à la thèse du cadi Shakir. Dans une importante étude publiée en 2004, intitulée :
« Calcul astronomique et détermination du début des mois », (5) al-Qaradawi prône pour la
première fois, vigoureusement et ouvertement, l’utilisation du calcul pour l’établissement du
calendrier islamique, une question sur laquelle il avait maintenu une réserve prudente jusque-
là. Il cite à cet effet avec approbation de larges extraits de l’étude de Shakir.

La décision du Conseil du Fiqh d’Amérique du Nord (CFAN)

De son côté, le Conseil du Fiqh d’Amérique du Nord (CFAN), qui s’est senti depuis des
années interpelé par cette question, a annoncé au mois d’août 2006 sa décision mûrement
réfléchie d’adopter désormais un calendrier islamique basé sur le calcul, en prenant en
considération la visibilité du croissant où que ce soit sur Terre. Utilisant comme point de
référence conventionnel, pour l’établissement du calendrier islamique, la ligne de datation
internationale (International date line (IDL)), ou Greenwich Mean Time (GMT), il déclare que
désormais, en ce qui le concerne, le nouveau mois lunaire islamique en Amérique du Nord
commencera au coucher du soleil du jour où la conjonction se produit avant 12 : 00 GMT. Si
elle se produit après 12 : 00 GMT, alors le mois commencera au coucher du soleil du jour
suivant. (6)

La décision du CFAN est d’un grand intérêt, parce qu’elle conjugue avec une grande subtilité
les exigences théologiques des ulémas avec les données de l’astronomie.
Le CFAN retient le principe de l’unicité des matali’e (horizons), (16) qui affirme qu’il suffit
que la nouvelle lune soit observée où que ce soit sur Terre, pour déterminer le début du
nouveau mois pour tous les pays de la planète. Après avoir minutieusement étudié les cartes
de visibilité du croissant lunaire en différentes régions du globe, il débouche sur la conclusion
suivante :

Si la conjonction se produit avant 12 : 00 GMT, cela donne un temps suffisant pour qu’il soit
possible d’observer la nouvelle lune en de nombreux points de la Terre où le coucher du soleil
intervient longtemps avant le coucher du soleil en Amérique du Nord. Etant donné que les
critères de visibilité de la nouvelle lune seront réunis en ces endroits, on pourra considérer
qu’elle y sera observée (ou qu’elle aurait pu l’être si les conditions de visibilité avaient été
bonnes), et ce bien avant le coucher du soleil en Amérique du Nord.

Par conséquent, sur ces bases, les stipulations d’observation de la nouvelle lune seront
respectées, comme le prescrit la charia, et le nouveau mois lunaire islamique débutera en
Amérique du Nord au coucher du soleil du même jour. Si la conjonction se produit après 12 :
00 GMT, alors le mois commencera en Amérique du Nord au coucher du soleil du jour
suivant.

Conclusion

La problématique du calendrier islamique ne soulève pas de difficultés au niveau de son volet


astronomique. Ce sont les volets théologique, culturel et politique qui posent problème. Les
ulémas ont donné à un hadith du Prophète sur le début des mois lunaires une interprétation qui
a déconnecté le mois islamique de son ancrage astronomique, l’exposant à tous les aléas.
Mais, comme le démontrent des juristes éminents, ce hadith peut être analysé de diverses
manières.

L’interprétation traditionnelle qui en a été donnée par les ulémas a forgé un consensus autour
du rejet du calcul, considéré comme illicite. Mais, le cadi Shakir et le professeur al-Qaradawi
affirment maintenant que l’utilisation du calcul est parfaitement licite, parce que le hadith en
question ne s’applique plus, selon les règles de la charia, aux sociétés islamiques modernes.

Le Conseil du Fiqh d’Amérique du Nord (CFAN) a développé, pour sa part, une solution
alternative, qui se situe à mi-chemin entre les deux positions précitées. Elle conjugue avec une
grande subtilité les exigences théologiques des ulémas avec les derniers développements dans
les connaissances astronomiques relatives au début des mois lunaires. La solution retenue par
le CFAN est particulièrement attrayante, du fait qu’elle permet de résoudre de manière
élégante un problème épineux, considéré comme insoluble pendant des générations. En effet,
elle permet l’établissement à l’avance d’un calendrier lunaire islamique annuel, dont le début
des mois est programmé sur la base du moment (parfaitement prévisible, longtemps à
l’avance) auquel la conjonction se produira chaque mois.

Le raisonnement du CFAN peut s’appliquer, sans retouches, à l’ensemble des communautés


islamiques de la planète. Il leur permettrait d’établir ensemble, à l’avance, un calendrier
islamique annuel unique, valable en tous lieux du globe, dans le respect des règles de la
charia.

Les gouvernants des Etats islamiques, seuls vrais décideurs en la matière, ont donc un choix à
faire entre le maintien du statu quo, l’adoption du raisonnement juridique « pur et dur » du
cadi Shakir ou l’application de la solution « intermédiaire », mais tout de même élégante et
efficace, développée par le CFAN.

Il est bon de rappeler, à ce propos, que le calendrier julien, lui aussi, a connu toutes les
mésaventures imaginables, en son temps, avant d’atteindre son statut actuel de référence
universelle, grâce aux adaptations dont il a fait l’objet au cours des siècles. En 1267, Roger
Bacon écrivait, à son sujet :

« Le calendrier est intolérable pour le sage, une horreur pour l’astronome et une farce pour le
mathématicien ». Pourtant, il a surmonté sa crise de croissance, grâce aux soins dont il a été
entouré. Car, comme Jules César le résume si bien :

"Nos fautes, cher Brutus, ne sont point dans nos étoiles, mais dans nos âmes prosternées."
(17)

Notes

(1) Ahmed Khamlichi : « Point de vue n° 4 », Rabat, 2002, p. 12

(2) http://www.moonsighting.com/

(3) Khalid Chraibi : 1er muharram : calendrier lunaire ou islamique (Oumma.com)

(4) Ahmad Shakir : « Le début des mois arabes … est-il licite de le déterminer par le calcul
astronomique ? ». (en arabe, publié en 1939) reproduit dans : Quotidien arabe « al-madina »,
13 octobre 2006 (n° 15878) : http://ahmadmuhammadshakir.blogspot.com/

(5) Yusuf al-Qaradawi : « Calcul astronomique et détermination du début des mois » (en
arabe) : http://www.islamonline.net/Arabic/contemporary/2004/10/article01b.shtml

(6) Conseil du Fiqh d’Amérique du Nord : http://www.moonsighting.com/

(7) Al-Bokhary, Recueil de hadiths (3/119)

(8) Abderrahman al-Haj : « Le faqih, le politicien et la détermination des mois lunaires » (en
arabe) : http://www.islamonline.net/Arabic/contemporary/2003/10/article03.shtml

(9) Muhammad Mutawalla al-Shaârawi : Fiqh al-halal wal haram (édité par Ahmad Azzaâbi),
Dar al-Qalam, Beyrouth, 2000, p. 88

(10) Allal el Fassi : « aljawab assahih wannass-hi alkhaliss ‘an nazilati fas wama yata’allaqo
bimabda-i acchouhouri al-islamiyati al-arabiyah », rapport préparé à la demande du roi
Hassan II du Maroc, Rabat 1965 (36 p.), sans indication d’éditeur

(11) Al-Ghazali, Ihya’e ouloum addine cité dans al-Ghomari (réf. 16 ci-dessous), p 30

(12) Karim Meziane et Nidhal Guessoum : La visibilité du croissant lunaire et le ramadan, La


Recherche n° 316, janvier 1999, pp. 66-71
(13) Nidhal Guessoum, Mohamed el Atabi et Karim Meziane : Ithbat acchouhour alhilaliya
wa mouchkilate attawqiti alislami, 152p., Dar attali’a, Beyrouth, 2è éd., 1997

(14) Ahmad Muhammad Shakir (notice biographique détaillée en arabe) :


http://www.islamonline.net/Arabic/history/1422/09/article17.shtml

(15) Un auteur de référence en matière de science du hadith


http://www.sounna.com/article.php3 ?id_article=106

(16) Abi alfayd Ahmad al-Ghomari : Tawjih alandhar litawhidi almouslimin fi assawmi wal
iftar, 160p, 1960, Dar al bayareq, Beyrouth, 2è éd. 1999

(17) Shakespeare : Jules César, Acte I, Scène 2

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