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S A P E U R

Sommair e
N° 2
ÉDITORIAL
Juin 2002 du Général BEZACIER commandant l’E.S.A.G. .......................................................................................... 3

ÉTUDES et PROSPECTIVE

Une nouvelle doctrine des franchissements .......................................... COL DEFRETIN ................ 7

Doctrine d’emploi des plongeurs de l’armée de terre :


quelques pistes .............................................................................................................. COL DESTRIBATS ........ 11

Revue de fonction « Agencement de l’espace


terrestre »............................................................................................................................ COL PARMENTIER ........ 15

De l’aide au déploiement au soutien au


stationnement : perspectives modulaires. .............................................. GBR FRERE ........................ 19

DOSSIER : LE GÉNIE INTERARMES, INTERARMÉES, INTERMINISTÉRIEL

Les grandes dimensions du génie et quelques perspectives ...... GBR BEZACIER................ 27

Un CMO pour les opérations en métropole ............................................ GBR CHINOUILH ............ 35

SAPEUR Le service du génie, composante à vocation


interarmées… et davantage ................................................................................ GDI KEIFLIN ...................... 39

Le génie de l’air, une force originale et opérationnelle ................ COL MERRET .................... 43
Revue d’études
du génie militaire français La B.S.P.P. dans les opérations extérieures - constat
et perspectives................................................................................................................ LCL MALIÉ .......................... 47
publiée par la Direction
des Études et de la Prospective Les renforts militaires dans la lutte contre les feux de forêts ...... CNE REININGER ............ 51
de l’École Supérieure Le génie au service des DOM.TOM................................................................ COL SIMON ...................... 55
et d’Application du Génie
106, rue Éblé - B.P. 4125 Se réapproprier les fondements : Le Génie,
l’arme interministérielle par essence .......................................................... M. PERNOT ........................ 61
49041 ANGERS CEDEX 01
FORMATION

Vers un pilotage de domaine unique............................................................ LCL FERRAT ...................... 67


Directeur de la publication
Général Gérard BEZACIER D.A. Faut-il davantage différencier ? ............................................................ LCL ISSAC .......................... 69

Rédacteur en chef Vers une évolution de la formation du deuxième niveau ............ LCL FORTERRE................ 73
Colonel DESTRIBATS
Un véritable parcours professionnel pour les militaires
Rédacteurs en chef adjoints du rang .................................................................................................................................. LCL FERRAT ...................... 75
Capitaine VENTURA
Lieutenant BARREAU La formation sauvetage-déblaiement au SMA .................................... LCL AVERTY ...................... 79

Impression : PIR ESAG


STRUCTURES ET ÉQUIPEMENTS
Dépôt légal à parution
ISSN en cours Le système de pose rapide de travures...................................................... LCL LAPARRA .................. 83

Le système de combat futur du génie ........................................................ LCL SCHMITT .................. 85

L’acquisition d’équipements nouveaux ...................................................... COL NEBOIS...................... 89


Un plan de modernisation pour les sapeurs
pompiers de PARIS .................................................................................................... COL GARRIGUES .......... 91

Un centre JANUS pour les régiments du génie .................................. LCL CABON ........................ 95

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Éditorial

Evolution des structures de la brigade du génie ou des régiments des


brigades interarmes, de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris,
adaptation de la formation des officiers, des sous-officiers et des mili-
taires du rang, modification du contour du pilotage de domaine pour
un pilotage unique et cohérent de tous les domaines ressortissant au
génie, définition des besoins en équipements pour l'avenir proche ou
lointain : cette année encore, les acteurs en charge de la réflexion et
de l’action ont mis leurs efforts en commun pour tenter d’ajuster de
façon pragmatique le génie d’aujourd’hui à son emploi avec la
volonté de l’inscrire dans la perspective dynamique du 21e siècle.

L’intervention croisée et complémentaire des sapeurs de toutes les


composantes met en évidence l’omniprésence du génie dans les
crises, qu’elles soient accidentelles ou non, qu’elles se déroulent sur
le territoire national ou à l’extérieur. C’est un peu la trame de ce
deuxième numéro de « SAPEUR » qui veut rappeler que de Toulouse
à la baie de Somme, de Mitrovica à Kaboul, l’action des pontonniers,
démineurs, pompiers ou bâtisseurs dépasse les contours du
ministère de la Défense et, renouant avec une longue tradition histo-
rique, s’inscrit dès à présent dans le cadre d’un besoin inter-ministé-
riel que l’avenir ne manquera pas de renforcer.

Ainsi, ce numéro 2 de notre revue d’études du génie militaire


fourmille des réflexions « multidimensionnelles » nécessaires pour
préparer les inéluctables évolutions que commandent la construction
européenne, la transformation de nos Etats et de nos sociétés comme
celle des relations internationales, des technologies, et donc, certai-
nement de nos cadres d’emploi.

C’est bien à ce prix que nous pourrons, pour le siècle actuel, non pas
conserver le génie de nos habitudes, mais construire le génie de nos
besoins, ceux de la France.

le général BEZACIER
commandant l'école supérieure
et d'application du génie

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Études
et
Pr ospective

Une nouvelle doctrine des franchissements ................................................................ COL DEFRETIN ................................ 7

Doctrine d’emploi des plongeurs de l’armée de terre :

quelques pistes .................................................................................................................................................. COL DESTRIBATS .......................... 11

Revue de fonction « Agencement de l’espace terrestre » ............................ COL PARMENTIER ...................... 15

De l’aide au déploiement au soutien au stationnement :

perspectives modulaires ........................................................................................................................ GBR FRERE ............................................ 19

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Colonel Une nouvelle doctrine


DEFRETIN
Jacques des franchissements
Le style d’engagement des forces terrestres a considérablement
évolué au cours de ces dernières années. L’aspect multinational des
interventions en faveur de la paix, l’espace de manœuvre devenu
lacunaire ainsi que la multiplicité des acteurs ont imposé de repenser
la doctrine des forces terrestres, sans pour autant abandonner la pos-
Le Colonel Jacques DEFRETIN sibilité de s’engager dans une opération de haute intensité.
est chef du bureau « agence-
ment de l’espace terrestre » (B8) La doctrine d’emploi du génie a suivi cette évolution et tout naturel-
du CREDAT depuis le 1er juillet lement la notion de franchissement a été repensée. C’est ainsi que, à
1999. côté du franchissement classique, au contact, appelé sous menace,
apparaît une nouvelle notion de franchissement : le franchissement
Il a commandé le 13e Régiment sous contraintes. Celui-ci, prenant en compte les exigences du mode
du Génie à TREVES (FFSA) de opératoire « maîtrise de la violence », répond plus particulièrement
1997 à 1999. au style d’engagement actuel de nos unités.

Précédemment, il a été chef du Le franchissement sous menace est, normalement, bien connu au
Bureau Opérations Instruction sein de la chaîne des forces. C’est pourquoi cet article, après
au 3 e Régiment du Génie à quelques généralités sur les franchissements, insistera davantage
CHARLEVILLE-MÉZIÈRES et chef sur le franchissement sous contraintes. Pour plus de détails, le
du bureau opération du Batail- lecteur pourra utilement se référer au TTA 750 « manuel d’emploi
lon du Génie de la Division relatif aux franchissements » Édition 2001.
Salamandre en Bosnie de mai à
septembre 1996.
GÉNÉRALITÉS SUR LES donner à la fois des actions
FRANCHISSEMENTS tactiques (conquête d’une tête
de pont, sécurisation de la zone,
déception…) et des actions
Le franchissement est une
techniques (guidage des
phase de la manœuvre IA. Ce
convois, mise en œuvre des
n’est en aucun cas une action
moyens de franchissement…).
qui ne concerne que le Génie.
Elle se caractérise par la Sur le plan technique, on peut
nécessité de mettre en œuvre distinguer deux types de fran-
des matériels spécifiques au chissement selon les moyens
contact ou à proximité de utilisés :
l'ennemi, sous la menace de
- le franchissement autonome
celui-ci ou sous les contraintes
des formations,
de l’environnement extérieur à
la force. Ceci implique de coor- - le franchissement par moyens

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du génie : soit continu, soit


discontinu.

L'un et l'autre peuvent être


combinés au cours de la même
opération de franchissement.

Le franchissement autonome
consiste, pour une unité
donnée, à passer d'une rive
à l'autre par ses propres
moyens, éventuellement
renforcés par des moyens du
génie (reconnaissance, aména-
gement des berges et sécurité).
Les franchissements autonomes
incluent :
- le franchissement par flot-
teurs ou bateaux isolés, œuvre par leurs équipages, LE FRANCHISSEMENT SOUS
- le franchissement amphibie, - des ponts motorisés, trans- CONTRAINTES
portés et mis en œuvre par les
- le franchissement à gué ou en
unités de franchissement, On appelle franchissement sous
submersion.
contraintes (2) une opération de
franchissement organisée dans
une situation tactique où il n’y
a pas d’ennemi en mesure de
s’opposer directement à la ma-
nœuvre de franchissement.

Dans ce cas particulier, aucune


des deux rives ne peut donc être
déclarée « rive ennemie » ou
« rive amie ». De ce fait, la Force
doit prévoir un dispositif de
sûreté adapté sur les deux côtés
de la coupure. Elle doit aussi en
assurer la surveillance une fois
ce dernier construit.

Initialement, la réalisation d’un


point de passage a pour objectif
- des ponts de circonstance, d’assurer la liberté de mouve-
Le franchissement par moyens ment de la force. Cependant ce
dont la construction repose
du génie point peut être mis aussi à la dis-
sur l'emploi de matériaux
position de la population, des
courants provenant en géné- ONG…
Le franchissement continu ral de ressources locales. (1)
consiste à utiliser des ponts du
génie. Afin de permettre la mobilité
Le franchissement discontinu des unités de la force, le point
Ceux-ci peuvent être : est effectué par utilisation de sera en permanence sous sur-
supports flottants motorisés de veillance et les flux de la circula-
- des travures continues avec type bacs ou portières. tion seront placés sous contrôle
ou sans support intermédiaire militaire.
(p.m. : ponts Bailey, Mabbey Les uns et les autres peuvent
Johnson, ou travures de
être ambidromes (les véhicules En règle générale, un point de
système de pontage rapide),
embarquent et débarquent en contrôle sera mis en place sur
- des ponts amphibies, mis en marche avant). chaque rive du pont.

1) par exemple ponts de charpente


2) Ces différentes contraintes peuvent relever aussi bien des belligérants, des factions que de la nation hôte, des médias, de la popu-
lation locale, des ONG, des mouvements de foule ou de réfugiés…

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Schéma générique
d’un franchissement sous contraintes

Rocade de filtrage
(ou de contrôle)
Poste de Zone de filtrage
contrôle
(contrôle) et
P de stationnement
dispositif
de sûreté

13 13
Point de passage
Zone de
traversée

1
Zone de filtrage
Rocade de filtrage (contrôle) et
Poste de
(ou de contrôle) de stationnement
contrôle

Pour assurer la réussite de ce lence », mais n’exclut pas le En maîtrise de la violence, il


type de franchissement, il est mode opératoire « coercition de s’intègre dans la mission de
nécessaire de prendre des forces ». rétablissement d’itinéraire.
mesures d’organisation, de sau- L’organisation et la sûreté du
vegarde et de disposer de site, s’inscrivant dans la durée,
En coercition de forces, il
moyens de protection afin de nécessitent la mise en place
concerne le franchissement des
d’un dispositif spécifique.
tenir compte des contraintes unités non soumises à une
subies et pour faire face éven- action directe d’un ennemi clai-
A la différence du franchisse-
tuellement à des agressions rement identifié.
ment sous menaces, ce franchis-
ponctuelles et limitées. sement n’impose pas systémati-
Il s’agit donc essentiellement du quement de monter une ma-
Ce type de franchissement s’ap- franchissement des échelons de nœuvre interarmes. En effet,
plique principalement au mode soutien à une distance impor- selon la nature et les effets des
opératoire « maîtrise de la vio- tante des forces ennemies. contraintes subies, il peut être
envisagé de n’avoir recours
qu’aux unités du Génie.

Cependant, le point de passage,


une fois réalisé, sera gardé sous
la responsabilité de la Force,
pour préserver sa liberté de
mouvement, mais pourrait ulté-
rieurement être, soit confié aux
autorités civiles de la nation
hôte, soit démonté.

Dans ce type de franchissement,


l’agrégation de moyens étran-
gers serait fréquente et impose
de connaître les matériels de
pontage alliés, leurs perfor-
mances ainsi que les classes de
pont compatibles avec leurs
moyens.

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Colonel Doctrine d’emploi des


DESTRIBATS
Jean-Michel plongeurs de l’armée de
terre : quelques pistes
Saint-Cyrien de la promotion
capitaine de Cathelineau (76-78), Le contexte des engagements a très largement évolué, le centre de
le colonel DESTRIBATS est gravité le plus probable des crises et conflits se déplaçant des
directeur des études et de la campagnes vers les zones bâties. Les plongeurs de l'armée de terre,
prospective à l’ESAG depuis le créés initialement dans le cadre exclusif de l'aide au franchissement
1 er août 2000. autonome, amphibie ou en submersion, ont vu le domaine de leur
emploi s'élargir aux travaux subaquatiques puis à l'intervention
Commandant d’unité au 32 e RG, offensive, sans que la définition de l'emploi des équipes soit tout à
chef de BOI au 34 e RG puis au fait satisfaisante. C'est pourquoi il apparaît aujourd'hui nécessaire
17 e RGP, commandant en second d'écrire une doctrine d'emploi des plongeurs de l'armée de terre, en
au 17 e RGP, il commande le revisitant leur engagement en terrain ouvert et en ouvrant les pers-
19 e RG de 1998 à 2000. pectives nouvelles qu'entraîne l'engagement en zone urbaine

Le colonel DESTRIBATS est


Les équipes de plongeurs de Ces équipes, intégrées au sein
ingénieur de l’École nationale
des ponts et chaussées et l'armée de terre, présentes dans de la section de liaison, recon-
breveté de l’enseignement mili- les régiments du génie des naissance et orientation, consti-
taire supérieur. brigades interarmes et de la tuent un outil performant aux
brigade du génie constituent de savoir-faire uniques et indispen-
Directeur de plongée, il a été le petites unités à fort taux d'enca- sables au combat moderne.
chef du groupe des spécialistes drement (75 %), au niveau phy-
d’aide au franchissement du sique élevé, habituées à évoluer
11 e RG au sein de la 5 e Division dans un milieu profondément ENGAGEMENT EN TERRAIN
blindée de 1980 à 1983. hostile - eau parfois à surface OUVERT
non libre, courant, froid,
absence de visibilité - très La présence importante des
réactives en raison de leur faible cours d'eau, tout particulière-
volume. ment sur les théâtres euro-
péens, posera toujours aux
Leur formation parachutiste forces le problème de leur fran-
élargit en outre les méthodes de chissement. Même si les condi-
leur mise en place et leur tions des franchissements en
confère un rôle tout particulier submersion sont telles que peu
au sein de leurs régiments. d'arguments plaident en leur

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Les missions de recherche en


milieu subaquatique restent un
des savoir-faire indispensables,
qu'il s'agisse de l'emploi dans
un cadre opérationnel (recher-
che d'armes, objets divers…) ou
de l'emploi dans le cadre d'une
demande de concours sur le ter-
ritoire national (recherche de
personnes portées disparues).

Les techniques doivent être


entretenues à la fois en eaux
dormantes et en eaux cou-
rantes.

Ensemble constitutif des sec-


tions de liaison, reconnaissance
et orientation, les équipes de
plongeurs peuvent participer
faveur, les franchissements am- cialisées du C.O.S. aux reconnaissances terrestres
phibies et par moyens du génie (itinéraires, zones de déploie-
restent d'actualité. Il reste donc L'intervention offensive, cons- ment, zones d'obstacles…) pour
primordial de conserver les truite sur ce schéma est sans lesquelles elles possèdent à la
capacités de : doute dépassée. fois les compétences et les
moyens.
- former les équipages ;
En revanche, la « reconnais-
- reconnaître les coupures sance offensive » destinée à
(berges aquatiques, obstacles préciser certains aspects spéci- ENGAGEMENT EN ZONE
immergés, minage…) ;
fiques de l'opération est envisa- URBAINE
- assurer la sécurité des fran- geable et cohérent : caractéris-
chissements autonomes. tiques des ouvrages, itinéraires L'engagement en zone urbaine
d'approche et d'exfiltration, est une probabilité forte des
zones possibles de mise en crises et conflits futurs.
La destruction d'ouvrages d'art
(ponts, barrages) qui ne serait place (héliportage ou aérolar-
gage) et de récupération. Dans ce domaine, les plongeurs
pas possible par attaque
de l'armée de terre peuvent
aérienne, dépassera toujours le
Le soutien de ce type d'opéra- apporter, sous réserve d'une
niveau de décision de la brigade
tion peut également être envi- formation et d'un équipement
et fera probablement l'objet
spécifique, une plus-value non
d'une opération, généralement sagé suivant des modalités à
négligeable aux capacités des
lourde, confiée aux unités spé- étudier.
forces terrestres.

Habitués à évoluer dans des


conditions hostiles, ils sont
naturellement désignés pour
devenir les spécialistes des
réseaux souterrains.

L'éventail des capacités à


détenir couvre à la fois la recon-
naissance, l'intervention et
l'appui.
- connaissance et reconnais-
sance des réseaux (secs ou
humides), évaluation des
risques ;
- actions de mobilité et de
contre - mobilité (ouverture
ou obstruction de réseaux) ;
- déminage ou dépollution en

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milieu aquatique ; nance, soit, en tant que de de missions d'assistance aux


besoin, en complément ou en services publics, les plongeurs
- guidage des unités en milieu
appui d'actions menées par le de l'armée de terre peuvent être
souterrain. conduits à effectuer les actions
commandement des opérations
spéciales. suivantes en milieu aquatique :
Les groupes de plongeurs de
l'armée de terre, par leur - reconnaissance ;
connaissance de ce milieu, - recherche ;
ENGAGEMENT HORS CRISE
pourraient avoir vocation à agir - dégagement d'obstacles ;
dans le cadre de leur emploi au Dans le cadre d'un engagement
sein de leur unité d'apparte- post-conflictuel ou dans le cadre - déminage ou dépollution.

Ces quelques réflexions peuvent


alimenter les débats à venir lors
de l’élaboration d’une nouvelle
doctrine des plongeurs de
l’armée de terre.

S’il est à peu près certain que


l’aide au franchissement ne
suffit probablement plus à elle
seule à justifier la spécialité, il
serait dommage par ailleurs de
se priver d’une capacité unique
au sein de l’armée de terre dont
l’engagement en zone urbaine
et les multiples interventions en
opérations intérieures ont déjà
démontré leur totale nécessité.

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Colonel Revue de fonction


PARMENTIER
« Agencement de
l’espace terrestre »
Pour faire évoluer chaque fonction opérationnelle en intégrant logi-
Saint-cyrien de la promotion quement vision d’avenir et sollicitations du présent, le Bureau de
MONTCALM (1980-1982), le Conception des Systèmes de Forces procède périodiquement à des
Colonel PARMENTIER a servi revues de fonctions opérationnelles (RFO).
comme chef de section puis
officier adjoint en compagnie de
Ces revues consistent à conce- Dans cette perspective, la ma-
combat au 11 e RG à RASTATT de
voir et organiser l’évolution de nière dont est organisée et
1983 à 1987.
chaque fonction opérationnelle conduite la préparation des RFO
Il a commandé de 1988 à 1990 la pour maximiser sa performance revêt une grande importance.
1 re compagnie de combat du 6 e immédiate et l’orienter vers son
RG à ANGERS. profil futur. Chaque organisme impliqué
doit bien percevoir l’attention et
Engagé dans le cycle de prépa- Ce processus, centré sur la la considération accordées à ses
ration au brevet technique, il a considération des besoins opé- propositions et, au-delà, doit
successivement été affecté à rationnels à court, moyen et être assuré de voir respectées
l’ESGM à VERSAILLES puis à long terme, prend en compte les les prérogatives attachées à ses
l’EG de PARIS avant d’intégrer contraintes liées aux ressources attributions.
en 1992, l’École Nationale des humaines, à l’organisation et
Ponts et Chaussées, où il obtient aux équipements. Au moment où les conclusions
le diplôme d’ingénieur civil en des RFO sont rendues au
1994. C’est pourquoi la revue de CEMAT pour donner lieu à des
fonction opérationnelle, qui décisions, il importe que les
Il rejoint la 108 e promotion de constitue à la fois la synthèse de recommandations aient fait
CSEM, puis poursuit une toutes les démarches du Bureau l’objet d’un large accord entre
scolarité interarmées au sein de de Conception des Systèmes de les parties prenantes et que
la 3e session du CID. Forces (analyse capacitaire, celles-ci se soient appropriées le
rédaction des concepts, adapta- contenu des RFO.
Chef BOI au 34 e régiment du tion réactive et préparation du
génie en 1996, il participe en futur) et leur traduction dans les En d’autres termes, si le BCSF
1997 aux travaux de planifica- faits, implique la quasi-totalité est à l’origine et au centre de
tion de la SFOR dans l’équipe des bureaux de l’état-major, cette démarche, il est surtout
française insérée au SHAPE à sans parler des apports à l’animateur d’un réseau de
MONS. attendre d’autres organismes travail. A ce titre, il pilote,
propres à faire profiter celui-ci coordonne, écoute, expose les
Affecté en 1998 à l’état-major de de leur expertise. divergences.
l’armée de terre, il sert au
bureau de conception des
systèmes de forces où il est en
charge, jusqu’en octobre 2001,
de la fonction Agencement de
l’espace terrestre.

A cette date, il devient l’officier


correspondant pour les études
amont au sein de l’état-major.

Il commandera le 13e RG à partir


de l’été 2002.

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A partir de cette étude, les prin-


cipales orientations et décisions
suivantes ont été arrêtées.

Dans le domaine capacitaire,


il est apparu nécessaire de
réévaluer les capacités d’aide au
déploiement de la Brigade du
Génie.

La réorganisation, sous enve-


loppe d'effectifs, des structures
du 1er et 2e régiment du génie
accroît sensiblement la capacité
d'aide au déploiement et crée
deux compagnies en mesure
d'assurer une partie de la
mission de soutien au stationne-
ment, mesures compensées par
une réduction des capacités de
franchissement.
Ces RFO recouvrent trois actes La revue de fonction AGESTER
essentiels : 2001, à partir de l'évolution du
Les récentes interventions de
- un audit de la fonction contexte opérationnel et des l'armée de terre dans le cadre
(capacités, organisation, res- propositions de l'étude Génie des missions d'assistance aux
sources humaines, équipe- 2015, prend plus particulière- pouvoirs publics ont confirmé la
ments…), ment en compte l'occurrence nécessité de disposer d'un CMO
des engagements en zone spécifique, apte à assurer la
- un rappel des perspectives urbaine et le développement mise en œuvre de l'ensemble
d’évolution à long terme des actions d'assistance aux des moyens déployés. La
(engagements futurs), populations civiles, en particu- Brigade du Génie a vocation à
- une recommandation portant lier sur le territoire national. Elle armer ce CMO « Projection
sur les évolutions à prononcer s’inscrit dans une réflexion réso- Intérieure ».
à court terme. lument prospective suivant une
double logique : Enfin, l'adaptation du génie
Dès que le CEMAT a pris ses aux nouvelles dimensions du
décisions, leur mise en œuvre - de projection à moyen et long
combat de contact, en particu-
est confiée aux bureaux de terme, permettant de définir lier dans le cadre de l’appui des
l’état-major correspondant aux les orientations futures de la unités engagées dans des
métiers dont elles relèvent prio- fonction opérationnelle, actions de combat en zone
ritairement. Le BCSF perd alors - de cohérence d’ensemble de urbaine, nécessite une réorgani-
son rôle de pilote, mais s’assure la fonction en y incluant le sation, sous enveloppe d'effec-
que les solutions préconisées domaine de la défense NBC et tifs, des structures des compa-
sont cohérentes avec les de la géographie. gnies de combat du génie.
exigences capacitaires.

En ce qui concerne l’agence-


ment de l’espace terrestre, la
revue de fonction AGESTER
1999, a établi un point de
situation instantané de la
fonction. Sur cette base, le
concept d’emploi du génie a été
élaboré et des directives ont
permis d’orienter les études
doctrinales et technico opéra-
tionnelles à court terme.

La revue de fonction AGESTER


2000, à la lueur de l’analyse des
« Engagements futurs des forces
terrestres » a permis d’amorcer
les perspectives d’évolution de
la fonction à long terme.

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A cet effet, le principe d'une


structure ternaire identique quel
que soit le régiment du génie de
brigade interarmes (3 compa-
gnies de combat/régiment,
3 sections de combat/compagnie,
3 groupes de combat/section) a
été adopté. Les modalités et la
chronologie de cette réorganisa-
tion font l'objet d'une étude
détaillée dont les résultats sont
attendus à l’été 2002.

Cette étude s’accompagne d’une


réflexion sur le redéploiement
d’un certain nombre de
matériels entre les différents
régiments du génie afin d’opti-
miser et de faciliter l’entraîne-
ment.
multi-expertises, dont l'ossature La RFO est l’outil par lequel se
Dans le domaine du NBC, le serait les détachements de rétablit la relation entre les
développement des capacités reconnaissance et de liaison du capacités et les aptitudes. En
d'interventions de l'armée de
génie. effet, une fois les capacités
terre face aux risques technolo-
réalisées par la combinaison
giques en opérations exté-
Dans le domaine conceptuel et d’équipements regroupés au
rieures nécessite la réorienta-
doctrinal, en vue de définir une sein de cellules de base opéra-
tion des missions du Groupe de
véritable politique d'équipe- tionnelles (systèmes de
Défense NBC vers le traitement
ment en lieu et place de la combat), il s’agit de mettre en
des événements RBC (radiolo-
constitution de « parc de précau- place les ressources humaines,
gique, biologique et chimique).
tion », un concept de contre les organisations permanentes,
Un groupe de travail, piloté par
minage doit être rédigé. Ce les doctrines et les formations
l'EMAT a été constitué en
document fait l'objet d'une propres à en optimiser la mise
septembre 2001 afin de définir
concertation avec l'Allemagne en œuvre. Cette opération, qui
les futures missions, les struc-
tures adaptées et les besoins afin de pouvoir déboucher sur résume le processus des RFO,
éventuels en personnel pour un besoin opérationnel commun n’est rien moins que la transfor-
faire face à ses nouvelles à l'été 2002. ma t i o n d e c a p a c i t é s e n
missions. aptitudes. La RFO est ainsi l’ins-
Dans le domaine des équipe- trument par lequel se raboutent
D’autres évolutions restent à ments, l’élément essentiel des les visions du présent et du futur
définir, ainsi le contrôle du prochaines années sera la de la fonction AGESTER.
milieu physique et humain concrétisation du système de
nécessite davantage de rensei- combat futur du génie. Le SCFG
gnements sur l'environnement peut être défini comme l'en-
que sur les dispositifs militaires. semble des matériels majeurs
Dans ce contexte, la recherche permettant aux unités du génie
et l'exploitation du renseigne- de remplir les missions d'appui
ment « milieu » requièrent des direct au combat de contact
spécialistes. définies dans le concept
d’emploi du génie en opéra-
A cet effet, et dans le cadre de tions.
l'élargissement de la recherche
du renseignement « milieu », les Il s'agit de définir quels effets
différents spécialistes de la significatifs apportent les unités
fonction AGESTER, id est les du génie, intégrées au premier
cellules reconnaissance et échelon, dans les opérations
expertise infrastructure, les dans la profondeur et dans les
équipes d'évaluation du risque actions en zone urbaine. Puis il
technologique (ERE), voire les sera nécessaire de traduire ces
cellules d'analyse du terrain effets en termes de fonctionnali-
(TERA) pourraient être tés qui seront in fine réparties
regroupés au sein d'un module dans différents modules.

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Général De l'aide au déploiement au


FRERE
José soutien au stationnement :
perspectives modulaires.
De nombreux articles traitent aujourd'hui de l'aide au déploiement.
Le général José FRERE est L'actualité y est pour beaucoup. Dans le cadre de la doctrine d'emploi
Directeur régional du génie en de l'armée de terre, le génie est responsable de l'agencement
région terre Ile-de-France. terrestre.

Saint-cyrien de la promotion A ce titre, il va modeler le terrain De même la réponse aux mis-


Capitaine Danjou (1971-1973), il au profit des forces pour leur sions de service public nécessite
choisit le génie et sert successi- donner ou redonner leur liberté des ressources particulières. Il
vement au 7 e RG en Avignon, à d'action. en est ainsi pour les capacités de
l'EAG comme instructeur EOR, la chaîne des techniques et opé-
au 19 e RG à Besançon comme Au-delà de cette mission bien rations d'infrastructure.
commandant de compagnie connue est apparue depuis peu
avant de rejoindre les FFA au une nouvelle notion, celle de Dans ce même forum un accent
COMGENIE à Rastatt où il sert soutien au stationnement. particulier fut mis sur la néces-
aux services techniques. saire interopérabilité, la multi-
Le général chef d'état-major de nationalité des opérations et
Reçu à l'EMS2 en 1985, il suit les l'armée de terre au cours du l'aspect juridique de nos
cours de l'ENPC puis de l'école forum du CDES sur la vision actions.
supérieure de guerre et du européenne d'emploi des forces
Cours Supérieur Interarmées. terrestres, déclarait : Enfin la construction de l'Europe
de la défense et les missions,
Affecté à Castelsarrasin, il est « Vous savez que dorénavant, dites de Petersberg, définies
commandant en second du elles (NDLR : les forces ter- dans le cadre de la conférence
31e RG et chef de corps du restres) sont désormais appe- d'Helsinki fut évoquée.
33 e RG de la 15 e DI, régiment de lées à participer à la résolution
réserve dont un embryon d'état- des crises que l'on peut sans De l'ensemble des débats il est
major et deux compagnies sont exagérer qualifier de complexes possible de conclure, sans être
activées. et durables. particulièrement doué en pros-
pective, que l'action des armées
Après un séjour au Bureau Elles doivent également simul- françaises ne devrait guère
Planification Finances de tanément, et c'est là l'une des décroître dans les années à
l'EMAT, il prend le commande- difficultés, conserver leurs venir et que celle-ci devrait nor-
ment du 34 e RG à Epernay. capacités à faire face à un conflit malement être axée sur la réso-
de haute intensité, toujours lution des crises où le maintien
Dès la fin de son temps de com- possible, même si c'est avec des au plus bas niveau de violence
mandement, il succède au chef volumes plus réduits, et bien restera la règle.
de corps du 3 e RG à la tête du entendu, elles continueront
BATGEN de la Division comme les autres armées à être L'objectif fixé aux forces multi-
Salamandre, de juillet à sollicitées pour des opérations nationales sera alors le rétablis-
septembre 1996. de service public sur le territoire sement de la paix, ce qui peut se
national. traduire par la reprise à terme
Il occupera ensuite à l'État- des activités normales des
major des armées les postes Dans ce cadre d'action deux peuples concernés.
de rédacteur planification-pro- éléments peuvent retenir l'atten-
grammation et de chef de tion du sapeur : le caractère Par ailleurs, la solidarité euro-
section Évaluation puis celui de durable et les opérations de péenne pourrait jouer lors de
DCG adjoint à partir du 1er juillet service public. catastrophes naturelles tou-
2001. chant l'un ou plusieurs de ses
Ce sont deux critères qui dimen- membres. Là encore, l'objectif à
Marié et père de trois enfant, il sionnent réellement les forces et atteindre devrait être le retour
est chevalier de la légion leurs soutiens. En effet, l'inscrip- rapide à la vie normale.
d'honneur et chevalier de l'ordre tion dans la durée de ces crises
national du mérite. et la simultanéité de plusieurs Cette notion peut accessoire-
théâtres imposent une gestion ment être étendue au territoire
particulière des moyens. national, les risques naturels ne

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S A P E U R

pouvant être exclus (les récen- Si l'on applique aux nouvelles demment imbriquées deux à
tes catastrophes sont là pour formes de « crises » les deux. Néanmoins pour les
nous le rappeler). principes de la guerre, étapes d'extrémité, les solutions
économie des forces, concentra- existent et sont mises en œuvre
Dans le contexte évolutif de ces tion des efforts et liberté actuellement sur les divers
dernières années, le génie, arme d'action, pour la chaîne tech- théâtres.
et service, a été amené à niques et opérations d'infra-
agencer l'espace terrestre pour structure ceux-ci éclairent sur En ce qui concerne la phase
autoriser le déploiement des l'évolution possible des actions. intermédiaire, elle est beaucoup
forces et assurer leur liberté Il ne servirait à rien de mettre en plus difficile à appréhender. Elle
d'action mais aussi pour pren- place une structure ou organisa- dépend pour beaucoup de la
dre en compte le caractère tion permanente pour être en culture des nations. En effet le
permanent du stationnement à mesure de réagir aux circons- schéma proposé ci-après ne
effectif variable sur les théâtres tances. vaut que parce que la culture
d'opérations. française privilégie dans le
Dans le cadre qui nous règlement des conflits l'action
La longue vocation des armées préoccupe, il s'agit de bien dis- de proximité.
de bâtisseurs en intervention tinguer trois phases dans les
extérieure se trouve à nouveau opérations, la première qui est Le contrôle de zone obéit alors à
révélée. celle de l'aide au déploiement un stationnement des unités
pour laquelle les régiments du engagées au plus près des
Le passage d'une phase d'aide génie embrigadés sont entraî- points critiques, points décisifs
au déploiement d'un dispositif nés, la dernière qui est celle du ou centres de gravité.
jeté sur le terrain au plus vite soutien au stationnement qui
pour « étouffer le feu » à une nécessite l'emploi d'experts en A l'inverse, d'autres nations
phase plus longue et moins infrastructure et enfin la seconde, préfèrent un stationnement des
soumise aux changements de phase de transition particulière- forces dans des emplacements
situation, dite de soutien au sta- ment délicate à gérer. aménagés d'avance, nécessitant
tionnement, n'est toutefois pas une logistique importante dès le
sans poser de problèmes. Ces trois phases sont bien évi- début des opérations.

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S A P E U R

La méthode française permet Au titre de la concentration des Le niveau supérieur ne peut


dans l'objectif d'un retour le efforts, il paraît intéressant d'uti- guère leur venir en aide dès lors
plus rapide possible à la vie liser le maximum de ressource qu'il n'en a pas les moyens,
normale de donner des signes disponible sur l'opération pour étant lui-même d'ailleurs
évidents permettant de faire qu'elle donne satisfaction au souvent logé à la même
baisser la tension comme l'ex- plus vite. Elle doit pouvoir faire enseigne. En ce qui concerne les
pliquait le général de Saqui de appel tant à l'active qu'à la PC, la prise en compte de cette
Sannes, commandant la Brigade réserve. situation a permis de dévelop-
multinationale Nord au Kosovo per le concept des camps 1000
(passage du retour de l'espoir Au titre de la liberté d'action du hommes que l'article du LCL
au retour de l'activité) lors du commandant de l'opération, elle Fontan dans le premier
Forum du CDES. doit préserver la réversibilité et n u m é r o d e S a p e u r illustre
être en mesure de réagir rapide- bien.
A l'aune de l'économie des ment à l'aide de procédures pré-
moyens, il faudrait donc pour la établies, notamment avec l'é- Néanmoins, ailleurs que sur ces
composante infrastructure dans mergence de l'aspect juridique camps, il reste nombre de
cette phase transitionnelle parti- dans ce type d'action. problèmes à régler dont ceux de
culière, assurer la cohérence et Le constat actuel sur les théâtres la prise en compte des lieux, de
la continuité des travaux d'opérations est que l'installa- l'état des lieux, de la mise aux
réalisés par les unités engagées tion sommaire des bataillons, normes minimales de sécurité
dans l'aide au déploiement, être compagnies, sections et grou- (incendie, travail, etc…).
en mesure d'envoyer des pes a tendance à devenir pé-
modules « sur mesure » en renne. Sans vouloir reproduire sur le
fonction de l'état des lieux et du terrain les conditions de vie et
travail à réaliser pour assurer le Lors de la stabilisation de la de travail de métropole, il faut
minimum de confort et la crise puis lors de la baisse du que les chefs à quelque échelon
sécurité du personnel. Des niveau de violence vers un qu'ils se trouvent prennent
moyens matériels seront indis- retour à la quasi-normalité, les conscience des responsabilités
pensables et l'effectif nécessai- unités améliorent leur cantonne- qu'ils ont à assumer vis à vis de
rement compté. ment sans réels moyens. la vie de leur personnel.

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S A P E U R

Comment faire dès lors que la commandement sur le théâtre laps de temps assez court
ressource financière et humaine de cette unité. puisqu'il s'agirait de répondre à
ne semble pas permettre de un besoin pressant et ponctuel.
réaliser rapidement les travaux Certains de ses éléments pour-
que chacun voudrait voir raient participer aux premières L'amélioration des conditions
effectués au plus vite ? reconnaissances en fonction de de vie et de travail initiales pas-
la nature des missions fixées au serait alors ensuite par le pro-
A ce point de la réflexion, nous contingent français et de l'état cessus connu actuellement sur
pouvons simplifier la probléma- des lieux. les divers théâtres et connu sous
tique en considérant que soit sur le vocable soutien au stationne-
un théâtre extérieur, soit en cas Un second élément pourrait être ment sous contrôle du CFLT.
de catastrophe naturelle sur le constitué des moyens indispen-
sol national, il faut concilier une sables pouvant ne pas être dis- L'armement de cette structure
demande très forte ponctuelle- ponibles sur le marché et néces- dans le cadre du format actuel
ment avec des ressources exis- sitant une formation particulière de l'armée de terre pourrait se
tantes mais non mobilisables. pour leur mise en œuvre. faire à enveloppe d'effectifs
constants.
La réponse devient dès lors Ce serait une compagnie de
limpide : il faut se donner les matériels spécialisés tels que cen- Il s'agirait de trouver au sein de
moyens de mobiliser rapide- trale à enrobé, concassage, grue, régiments de la brigade génie, le
me n t l a r e s s o u r c e . C e t t e toupies, camions bennes etc… noyau dur de l'élément de com-
ressource, que doit-elle être ? mandement et de transformer
D u m a t é r i a u p o u r r é p a r e r, Deux autres composantes vien- une des compagnies actuelles,
reconstruire, voire construire. draient compléter la structure. éventuellement conservant une
Celui-ci existe soit sur le théâtre Une compagnie d'experts double vocation, en compagnie
d'opérations, soit ailleurs. Il faut chargés de passer les marchés, spécialisée.
en tous cas être à même de au moyen de procédures pré-
définir ce qu'il faut en quantité formatées, capables de conce- Pour la compagnie de maîtrise
et en qualité puis se mettre en voir les travaux, les conduire, les d'ouvrage et maîtrise d'œuvre,
mesure de l'acquérir. Pour la faire réaliser. Il s'agit en fait du elle pourrait être constituée à
mise en œuvre, il faut des gens métier de base des structures du partir du personnel militaire des
capables de concevoir puis de temps de paix des établisse- établissements du génie et
faire la description des travaux ments du génie (assistance directions régionales par abon-
et encadrer leur réalisation soit au commandement, maîtrise nement en fonction du cycle de
par main d'œuvre civile (sou- d'ouvrage, maîtrise d'œuvre). disponibilité actuel des brigades
vent inexistante dans les pre- Enfin le dernier élément, avec un rattachement à étudier.
miers temps) soit par la main pouvant être multiple serait la
De même les compagnies de
d'œuvre militaire. Il faut alors compagnie de mise en œuvre,
mise en œuvre seraient consti-
une ressource qualifiée dans les pour réaliser les travaux en
tuées à partir des groupes proje-
métiers du bâtiment. régie (main d'œuvre militaire).
tables des équipes de caserne-
ment des régiments des
Les conditions de réussite, La mission de cette unité serait
brigades qui seraient dans le
décrites ci-dessus, pour de telles alors de proposer au comman-
cycle de projection.
entreprises sont importantes et dement de l'opération, ou lors
nombreuses. Elles ne sont au- de catastrophe naturelle à La gestion nominative et l'appel
jourd'hui pas réunies. Pourtant l'EMIAZD, les mesures à mettre si besoin seraient à la charge de
les ressources existent, il suf- en œuvre pour sortir au plus vite l'élément de commandement
firait de les organiser et de les de la crise. sur ordre du CSOAT. Un noyau
mobiliser en tant que de besoin. de réservistes spécialistes
L'objectif serait dans le cadre du pourrait aussi être intégré dans
Une solution envisageable à retour à la vie normale de mettre ces structures. La difficulté dans
moindre coût pourrait être de en condition les zones de sta- ce cas pourrait être leur mobili-
donner une ossature organique tionnement tout en redonnant sation dans le cas d'intervention
à une structure activée de temps aux autochtones les moyens de sur le territoire national, leurs
à autre. la reprise économique en entreprises en ayant vraisem-
injectant de l'argent (achat de blablement besoin ne les met-
Cette structure pourrait com- matériaux), en favorisant la traient pas à disposition.
prendre un élément de com- renaissance des entreprises
mandement chargé de l'instruc- locales et en passant des Ce concept s'il avait existé aurait
tion, de l'entraînement, de l'ad- marchés avec ces dernières dès pu permettre en plus du schéma
ministration et la planification à que possible. directeur au Kosovo, de traiter
froid puis de la montée en les divers points hauts et points
puissance très rapide et enfin du Cette action s'inscrirait dans un de stationnement d'unités au

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S A P E U R

plan notamment de l'approvi- afin qu'elles puissent se consa- tions de remise en état des infra-
sionnement en eau et en crer au travail, une mission d'ex- structures des camps ou de
énergie, ainsi que dans le pertise aurait pu être confiée au réfection de certaines parties de
domaine de la sécurité élec- génie, avec des officiers ou casernement ?
trique et incendie. sous-officiers assermentés.
Ces opérations pourraient se
Par ailleurs, la compétence des Si s’était posé malgré les cir- dérouler selon des périodes de
équipes de casernement enca- constances tragiques, le pro- quinze jours, y compris pour les
drées par des experts du service blème de la concurrence, l'ac- réservistes, dans les cycles
aurait permis de rapidement tion du ministère de la défense d'instruction ou d'entraînement
mettre en œuvre les matériaux aurait pu se porter uniquement des brigades.
et matériels nécessaires à la sur les infrastructures publiques
constitution de locaux confor- (hôpitaux, écoles…) touchées. En ce qui concerne l'instruction
mes et relativement confor- des structures, des petits
tables. Les crédits mis en place par chantiers pourraient être définis
l'État auraient pu être gérés par à vocation pédagogique, à
De même, comme il a été fait
une PRM désignée qui aurait l'instar de ce qui se fait dans les
appel aux experts pour aider les
passé les commandes d'ur- RSMA.
populations locales dans la
gence.
Somme, il aurait été envisa-
Par ailleurs, cette structure pour-
geable de réaliser une opération
Les travaux dans les établisse- rait si le besoin s'en faisait
d'envergure après le terrible
ments publics auraient pu être sentir, intervenir outre-mer dans
accident survenu à Toulouse.
réalisés par les équipes de main le cadre d'accord technique ou
d'œuvre militaire constituées à dans la préparation et déroule-
Pour appuyer cette affirmation,
voici les quelques actions qu'il partir des équipes de caserne- ment d'exercices dans lesquels
aurait été possible de mener. ment des régiments de la région des opérations de mise à
Immédiatement après l'explo- sud-ouest éventuellement ren- hauteur de casernement sont
sion, sur demande de l'EMIAZD, forcées par celles de la RT SE. envisagés.
une équipe de reconnaissance
composée de sapeurs arme Ainsi une véritable structure Il n'est pas dans l'objet de ce
(dégagement d’itinéraire, dé- opérationnelle comprenant des papier d'entrer dans le déroule-
blaiements, etc…) et service maîtres d'ouvrage, des maîtres ment pratique de la réalisation
(désordres sur l’infrastructure, d'œuvre et du personnel d'exé- d'une telle structure.
ressources) aurait pu aider à cution accolée à une structure
faire un bilan rapide des dégâts administrative permettant de Il peut néanmoins provoquer
et l'évaluation sommaire des passer les commandes aurait des réactions tant des sapeurs
travaux à réaliser. permis de gagner des délais sur arme ou infrastructure que
la réalisation des travaux de d'autres armes, quant à sa faisa-
Un état des lieux des entreprises première nécessité. bilité et à son intérêt.
capables d'assurer l'approvi-
sionnement des chantiers ainsi A cette organisation modulaire C'est tout ce que s'est fixé
que de celles en mesure d'appli- prévue dès le temps de paix il comme objectif cette modeste
quer leur action sur le terrain sera nécessaire de fixer un cadre réflexion quant à une utilisation
aurait pu être envisagé. d'emploi. Il sera aussi indispen- différente des moyens du génie.
sable de prévoir des périodes
Une sorte de schéma directeur d'instruction et d'entraînement. Elle me semble proposer des
d'urgence aurait été établi, éléments de réponse aux situa-
classant les zones prioritaires et Compte tenu de sa vocation tions nouvelles que nous ne
le s a c t i o n s à m e n e r s e l o n n'est-il pas possible d'envisager manquerons pas de connaître
l'urgence. des opérations ponctuelles tant en métropole ou en Europe
nécessitant des compétences que sur les théâtres d'opéra-
Pour dégager les entreprises particulières comme les opéra- tions qui s'ouvriront.

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S A P E U R

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S A P E U R

Le Génie interar mes


interar mées,
inter ministériel

Les grandes dimensions du génie et quelques perspectives ........................................ GBRL BEZACIER .......... 27

Un CMO pour les opérations en métropole .......................................................................................... GBR CHINOUILH .......... 35

Le service du génie, composante à vocation interarmées… et davantage .............. GDI KEIFLIN ........................ 39

Le Génie de l’air une force originale et opérationnelle, au service

des forces projetées sur un théâtre d’opération extérieur .......................................................... COL MERRET .................... 43

La B.S.P.P. dans les opérations extérieures - constat et perspectives ............................ LCL MALIÉ ............................ 47

Les renforts militaires dans la lutte contre les feux de forêts .................................................. CNE REININGER .......... 51

Le Génie au service des DOM-TOM ...................................................................................................................... COL SIMON ........................ 55

Se réapproprier les fondements : Le Génie, l’arme interministérielle

par essence ...................................................................................................................................................................................... M. PERNOT ........................ 61

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S A P E U R

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S A P E U R

Général Les grandes dimensions


BEZACIER
Gérard du génie et quelques
perspectives
Diplômé de l’École nationale des
Ponts et chaussées (1985) et A – LA DIMENSION INTERMI- qui ne savent qu’attaquer les
diplômé de l’École supérieure NISTÉRIELLE DU GÉNIE DE places. Il n’y a point d’officier
de guerre (1986), il a exercé les capable d’un peu de bon sens
fonctions de responsable de la
VAUBAN, UN INVARIANT que je ne puisse rendre capable
prospective technico-opération- de la conduite d’une tranchée,
nelle au Centre d’études tac- « S’il était possible de vous d’un logement de contrescarpe,
tiques de l’état-major de l’armée partager en deux, je suis sûr que d’une descente de fossé, atta-
de terre (1991). le Roy vous aurait aussi, envoyé chement de mineur, etc…, en
à Toulon ». Louvois à Vauban. trois sièges un peu raisonna-
En 1992, il rejoint la délégation bles ; mais un bon bâtisseur ne
aux affaires stratégiques où il Lorsque Vauban accède au com- se fait qu’en quinze ans d’appli-
est chargé d’études sur la missariat général des défenses cation, encore faut-il qu’il soit
construction européenne et les du royaume, il reçoit la direction employé à diverses choses et
relations franco-allemandes. technique de l’ensemble des for- qu’il soit homme de grande
tifications, tant de la guerre dont application. Nous en avons pré-
En 1993 il prend le commande- il avait l’habitude que du dépar- sentement une assez bonne
ment du 13 e régiment du génie à tement (ministère) de Colbert quantité qui sont propres aux
Trèves (Allemagne) puis du Et c’est ainsi, que lui, l’ingénieur sièges mais très peu qui enten-
bataillon du génie de Bosnie- continental, habile en construc- dent bien le bâtiment et encore
Herzégovine qui participa au tions et défenses, devient hy- moins de ceux qui entendent
désenclavement de la ville de draulicien expert dans le mou- l’un et l’autre ».
Sarajevo (juin - novembre 1995) vement des eaux qui bordent les
avant de rejoindre le Collège côtes françaises et baignent ses Or, les gens de la guerre, ceux
interarmées de défense à Paris ports. de Louvois, appartiennent pour
où il enseigne la géopolitique et la plupart à la première caté-
la stratégie. Après le tracé et la défense des gorie – celle des « ingénieurs de
limes du Nord, de l’Est et du tranchée » (les ancêtres du
En 1996, il est auditeur à Sud-Est, ce génie fortifie les génie combat)- tandis que les
l’Institut des hautes études de côtes, bâtit l’infrastructure por- ingénieurs de chez les Colbert
défense nationales et stagiaire tuaire nécessaire à la flotte et (la marine), davantage formés à
au Centre des hautes études aux échanges, bref à l’expan- l’architecture, s’affirment sou-
militaires. Il commande ensuite sion de la France. vent plus compétents dans les
le centre d’études et de prospec- ouvrages des places que dans
tive de l’armée de terre. Le génie, tel qu’il le vit et le voit les travaux de siège. Pour
étendu à tous les départements Vauban, l’idéal serait que cha-
Nommé général en 2000, il ministériels du Roi-Soleil, de- cun s’applique à exercer l’un et
prend les fonctions de sous-chef vient « un métier au-dessus de l’autre ces deux types d’activité :
d’état-major, chef de la divi- mes forces ». « Quand on peut parvenir à se
sion soutien auprès du général rendre bien intelligent dans les
gouverneur militaire de Metz, C’est pourquoi, il lui faut ouvrages et dans les sièges et à
commandant la région terre d’abord, par souci d’efficacité et être un bon officier d’infanterie,
Nord-est, commandant les for- d’économie, réaliser la fusion cela fait la perfection du
ces françaises et l’élément civil des divers acteurs. Un seul métier ».
stationné en Allemagne. corps pour les personnels venus
tant de la marine que de la En ce début du troisième millé-
Il est depuis le 25 août 2001 guerre. « Le génie embrasse trop naire, trois cents années nous
commandant de l’École supé- de choses pour qu’un homme le sépareront bientôt (2007) de la
rieure et d’application du génie, puisse posséder dans un sou- mort du maréchal de Vauban ;
délégué militaire départemental verain degré de perfection ». pourtant, plus que jamais, le
de Maine-et-Loire et comman- Vauban poursuit : « Puisque j’en génie s’impose avec toutes ses
dant d’armes de la place suis sur ce chapitre, il faut que je dimensions par le truchement
d’Angers. vous fasse voir la différence de de ses trois composantes dans
ceux qui savent bâtir et de ceux le souci rigoureux de son unicité.

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S A P E U R

Toujours pour ménager le sang réserve). En effet, la lutte contre dérive extraordinaire, le fait
des soldats comme des civils le terrorisme s’étend à toute la nucléaire, têtu, désespérant
(victimes collatérales poten- planète dont le territoire mais définitivement présent et
tielles) lors des combats, acteurs national, objet de toutes les que d’aucuns se hâtent trop vite
principaux du soulagement des priorités. d’oublier !
populations accablées par les
conflits et les catastrophes Un autre élément très important A partir de ces éléments et
diverses, constructeurs par défi- de la réflexion consiste en la tenant compte des différentes
nition des infrastructures opéra- nécessité absolue du maintien avancées et maîtrises technolo-
tionnelles ou non qui assurent le de la transformation des forces. giques de notre grand allié
confort minimum des hommes C’est à ce prix seulement que américain, qu’on aurait, dans un
et des états-majors, les sapeurs, seront progressivement relevés cadre européen ou non, acqui-
qui ne peuvent admettre ni la les défis du XXIe siècle. De quoi ses en tout ou partie selon la
couardise ni la fainéantise, s’agit-il ? En permanence et par réalité de nos efforts budgé-
restent les plus exigeants avec étapes successives, de se fixer taires (les États d’Europe pour
leurs collaborateurs, ingénieurs des buts opérationnels qui les « meilleurs » sont désormais
comme entrepreneurs. guideront la transformation et dans un rapport de un à dix avec
orienteront les projets de déve- les États-Unis d’Amérique),
Arme tout particulièrement loppements et d’expérimenta- pourraient s’imposer les ten-
adaptée à la guerre comme au tion. Ce dernier élément ne peut dances lourdes suivantes :
maintien de la paix et aux soucis plus se satisfaire du seul cadre
national ; c’est pourquoi sa • la nécessité de mener encore
humanitaires de tous ordres, ses
dimension supranationale devra et toujours des phases de
états de service démontrent
être recherchée absolument. combat de haute intensité,
avec force son sens des sacri-
mais le plus souvent en milieu
fices nécessaires quand il y va
Enfin, critère majeur de dimen- urbain ;
de la gloire de la République et
de l’intérêt de l’État. sionnement et de dosage des • ces batailles de courte durée
forces, la capacité ou non de seraient préparées, facilitées,
conduire ou/et de participer soutenues et appuyées par
B – LE CADRE D’ACTION DU
simultanément ou non à un ou des feux lointains, profonds et
GÉNIE DE 2002 À 2050 ; deux conflits selon qu’ils précis – quasiment à la de-
ESQUISSE DU GÉNIE FUTUR seraient majeurs ou non. On mande –, venant de l’espace,
note bien, dans cet énoncé d’al- de l’air et de la mer ;
D’évidence aujourd’hui, notam- gorithmes, l’ensemble des pos-
ment mais pas seulement après sibilités apparemment trop • en dehors de ces phases
le 11 septembre 2001, nous nombreuses. aiguës où les feux seraient
sommes devant une nouvelle dirigés par un réseau d’obser-
synthèse stratégique très struc- Pourtant, si l’incertitude poli- vateurs matériels et humains
turée. Celle-ci, très bientôt, tique tant nationale qu’euro- particulièrement performants,
validera une architecture réno- péenne peut paraître irréduc- le combat, principalement le
vée de nos forces. tible, les faits économiques et contrôle de zone, serait
stratégiques pourraient per- conduit par des forces d’in-
D’abord les menaces asymé- mettre d’approcher les solutions fanterie spécialisées large-
triques, thème connu dès le livre réalistes. ment renforcées par des
blanc de 1994, mais crédibili- éléments du génie, éléments
sées et « transcendées » par le D’abord, le contrat européen constitués à partir de toutes
11 septembre 2001. C’est désor- existant qui couvre les missions les composantes de l’arme
mais un facteur déterminant de définies et adoptées à PETERS- selon des dosages adaptés
la pensée stratégique. BERG. A l’image de celles des aux différentes séquences des
dix dernières années, elles se interventions ;
Ensuite mais connexe (très traduisent par de multiples • selon l’éloignement des théâ-
connexe même, 1986, etc…), le interventions potentielles et
tres des territoires nationaux,
bon niveau auquel il convient de réelles.
des forces de logistiques
placer la défense et la protection
largement soutenues par de
du territoire. C’est depuis tou- Ensuite, l’assurance que pour
forts contingents du génie for-
jours une mission principale des tout conflit majeur deux certi-
meraient la seconde compo-
armées d’active, de réserve et tudes pourraient bien borner la
sante indispensable des corps
de la gendarmerie nationale, gamme des scénarii vraiment
expéditionnaires.
mais c’est plus que jamais possibles. Nous serions tou-
aujourd’hui un paramètre im- jours avec les Américains ; on a,
portant de dimensionnement et en effet, déjà beaucoup de mal à S’imposerait donc une constitu-
d’organisation des forces (selon ne pas être à leurs côtés dans les tion (en terme de dosages) des
leur nature d’active ou/et de petits conflits ! Enfin, en cas de forces d’action du milieu du XXIe

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S A P E U R

siècle, relativement rénovée et zones déstabilisées où le risque liés à la globalisation. Si le


différente des habituels équi- prend, en partie, ses racines. principe de n’engager les
libres datés de la deuxième armées qu’en complément des
guerre mondiale du XXe siècle : C’est bien à partir de la réponse moyens de la défense civile,
à l’importante question du trai- quand elles sont seules à
tement militaire de ces pro- disposer des compétences et
• des systèmes de renseigne-
blèmes que seront mesurés : moyens adéquats, reste et
ments interarmées dont une
restera la norme, l’analyse
partie minoritaire et terrestre ;
souligne l’importance des solli-
• l’intérêt ou non de conserver
• des systèmes de logistiques citations du génie dans ses trois
en tout ou partie des
interarmées nécessairement composantes.
capacités de combat « haute
soutenus pour leurs plates-
intensité » ;
formes portuaires, aériennes D’abord et en permanence, toutes
et terrestres, par des unités du • les rôles relatifs des différents les situations d’urgence et d’excep-
génie articulées à partir des composants de l’outil mili- tion feront appel, dès qu’une
composantes infrastructure et taire. ampleur certaine sera avérée, aux
sécurité ; forces armées parce que justement
Dans cet ordre d’idée, quatre elles sont faites pour cela (organisa-
• des systèmes de forces mari-
constantes s’imposent au tra- tion, permanence, système d’alerte
times, aériennes (1) et spatia-
vers de l’observation de toutes comme les équipements, l’entraîne-
les, principalement chargés
les interventions récentes ment… !).
de la conduite des feux ;
comme des réactions de notre
• des systèmes de forces ter- opinion publique : Alors force est de constater que
restres combinant infanterie tous les types de catastrophes
• toute action de stabilisation
et génie environnés par une liés à des actions volontaires
requiert une phase de combat
cavalerie adaptée, complé- (terrorisme) ou accidentelles
haute intensité (ou de « être
ment de protection et d’ac- seront :
prêt à… »), ne serait-ce que
tions de force, le cas échéant.
pour emporter une décision
• les tempêtes, du ressort du
initiale avec un volume de
*** génie ;
forces limité sur un théâtre
Si l’on accepte ces hypothèses
restreint. C’est l’objet princi- • les inondations, du ressort du
d’emploi comme ces modalités
pal des feux ; génie ;
pour les engagements exté-
rieurs, pour lesquels s’avère une • l’efficacité militaire naît bien • les destructions de ponts,
absence de menace de conflit de l’emploi conjugué et simul- d’ouvrages d’art, du ressort
ouvert contre n’importe quel tané des moyens aériens et du génie ;
pays de l’Europe des quinze, il terrestres ;
reste l’existence avérée des • les pollutions industrielles ou
• le succès de toute opération
risques permanents et durables autres, du ressort de la
se remporte au sol et la
qui menacent notre territoire brigade du génie, de la BSPP,
décision nécessite de durer
national et sa population. Les des UISC…
pour contrôler au contact ;
modes d’expression sont multi-
ples ; ils passent de la crimina- • enfin et c’est le plus im- • les séismes, etc…, du ressort
lité par la délinquance, le terro- portant, l’opinion publique là encore du génie.
risme et les catastrophes natu- exige que la priorité de
relles et industrielles, dont l’action des forces soit accor- Où que l’on observe, il n’y a pas
TOULOUSE s’impose de façon dée à la protection des popu- de catastrophes qui ne sont pas
exemplaire à tous les experts, lations et à la sécurité du terri- du ressort du génie ! C’est un
avec le cri du maire : « A moi le toire national. fait, il est incontournable et il est
GÉNIE ! ». têtu.
Il faudra bien se résoudre à
L’ensemble de ces nouvelles et prononcer un rééquilibrage pour Il faudra bien qu’on le prenne au
pérennes données modifie donc les missions de participation des sérieux lorsqu’il s’agira de
profondément la finalité straté- armées à la défense civile, d’au- prononcer des aménagements,
gique de l’outil militaire : il ne tant que celle-ci est déjà mais des inflexions dans les compo-
s’agit plus d’une défense hypo- deviendra toujours plus inextri- santes de notre armée de terre.
thétique contre une menace cablement liée à la conjoncture
ouverte et majeure mais, à l’ex- internationale, conséquence des Au total se dessinent donc très
térieur comme à l’intérieur du sociétés ouvertes, du raccour- clairement les rôles des futures
territoire national, d’actions de cissement des distances et de forces d’action terrestres sur le
contrôle et de maîtrise des l’ensemble des flux d’échanges territoire national comme sur les

1) Il est possible, à cet horizon, de voir émerger une composante aérobie fortement robotisée et automatisée.

- 31 -
S A P E U R

théâtres d’interventions au sein joué par les invariants qui télégraphistes – transmetteurs,
des coalitions « supranationa- président dans l’organisation et comme ceux des ponts-ponton-
les » : les aménagements de la niers et des routes).
défense, pour leurs impacts
• contrôle de zone, aide au
dans le paysage politique et
déploiement, soutien au Aussi le génie s’emparant tou-
déploiement et actions de urbain. Il y a toujours eu besoin
d’un corps spécialisé chargé des jours des techniques nouvelles,
sauvegarde et de sécurité
travaux de protection, de arme savante par nature et
pour les populations seront
déploiement et de mobilité des finalités, a su aménager autant
les activités majeures des
forces dans la durée ; forces militaires. qu’il a conquis (FAIDHERBE)
l’espace colonial de la France.
• actions de force complémen- Au temps des guerres locales, il
taires de l’action des feux s’agissait des mottes féodales
dans les phases de haute Aujourd’hui et encore plus
puis des enceintes urbaines ;
intensité seront les activités lorsque le coût de la guerre a demain, après le gel nucléaire
décisives des forces dans des dépassé les possibilités indivi- et intellectuel qui aura, durant
zones limitées et pour de duelles, la guerre est devenue 50 ans caractérisé notre armée,
courtes durées. l’affaire des rois et de l’État avec le génie retrouve la plénitude de
les fortifications, les sièges. Le ses domaines d’action :
C’est à partir de ces réflexions roi s’est approprié et a organisé
à son profit les ingénieurs, • combat en zone urbaine,
qu’on pourrait bien commencer
à imaginer notre génie 2025 réunis pour des raisons d’effica- • infrastructure,
avec ses trois composantes. cité et d’économie dans un
Nous le faisons à l’ESAG et nous même corps chargé de l’en- • mobilité,
vous le dirons. semble des ouvrages d’infra-
• aménagements des théâtres
structure et de défense.
d’action,
La guerre a changé de forme ; l’ensemble étant, plus que
CONCLUSION
aux sièges successifs ont suc- jamais, amplifié par la néces-
Nous devons pour le siècle qui cédé des alternances de mouve- sité des projections extérieures
vient, non pas conserver le ments d’ampleurs diverses et et intérieures pour l’aide au
génie de nos habitudes, mais des sièges de places dites straté- déploiement mais aussi et cer-
construire le génie de nos giques. La guerre devenue na-
tainement de plus en plus par
besoins. tionale après la révolution a
doté le génie de troupes organi- l’urgence de la protection de
Aussi loin que portent les sées pour l’infrastructure, la for- l’environnement, les dépollu-
regards dans l’histoire comme tification et les communications tions de tous ordres et la sauve-
dans le futur, un rôle majeur est (armée de l’air – aérostiers et garde des populations.

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S A P E U R

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S A P E U R

Général The great dimensions of


BEZACIER
Gérard military engineering and
a few perspectives

A - THE INTERDEPARTMENTAL why he must first and foremost


merge the various actors. An
DIMENSION OF VAUBAN
only professional body for the
MILITARY ENGINEERING, AN people coming from the navy as
INVARIANT well as the fighting ground
units.

« Had it been possible to cut you « Military engineering encom-


in half, I am sure that the King passes too many things to allow
would have sent you to one man to master it perfectly ».
TOULON too ». Louvois to Vauban carries on : « Since I am
Vauban. talking about it, I have to show
you the differences between
When Vauban acceeds to the those who know how to build
« commissariat général des and those who only know how
défenses du royaume » (general to attack fortified towns. There is
commission for the defences of no officer endowed with a bit of
the kingdom), he is appointed to common sense that I cannot
the technical directorate for all enable to supervise a trench, a
the fortifications. He is then in counterscarp, a ditch slope
charge of the practical aspect down, an obstacle plan, etc… in
(war, something he is used to), three reasonable sieges ; but a
as well as the administrative builder becomes a good builder
aspect (Colbert’s ministry) of the after years of diligent work, even
fortifications. then he must do various things
and be a man of great applica-
And so it is he, the continental tion. We have at present quite a
engineer good at buildings and good quantity of engineers
defence works, who becomes an appropriate for sieges, but only
hydraulics engineer expert on a few who really understand
the ebb and flow of the waters what « building » means and even
washing the coasts of France less who understand both. »
and laping her harbours.
It just so happens that
After having planned and built Louvois’people, the soldiers,
the defence network on the mostly belong to the first
Northern, Eastern and South- category – the one of the trench
eastern borders, it is this engineers (ancestors of the
military engineering that also combat engineers) – whereas
fortifies the coasts, builds the Colbert engineers (from the
port infrastructures necssary to navy), trained to be architects,
the fleet and trade, in brief to the are often more competent in
expansion of France. building than besieging fortified
towns.
Military engineering, as he lives
it and sees it, spreading out to For Vauban, the ideal would be
all the Sun King’s ministries that everyone should apply
gradually becomes a « profession oneself to practising both activi-
that is beyond my strength ». ties : « when you can succeed in
building and besieging and
With a view to efficiency and to being a good infantry officer,
saving money, this is the reason you are a perfect officer. »

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S A P E U R

At the beginning of this third Then, but related (very closely Then, the insurance that for any
millenium, 300 years will soon related, 1986, etc…), the good major conflict two certainties
(2007) separate us from the level where it is advisable to could very well set limits to the
d e a t h o f m a r s h a l Va u b a n ; place the defence and the pro- range of really possible scenarii.
however, and more than ever, tection of the territory. It has We would still be alongside the
military engineering (throught always been the main mission Americans ; it is indeed already
its 3 components) stands out in of the regular army, the reserve very difficult for us not to be
all its dimensions although rigo- and the Gendarmerie Nationale, with them during minor
rously preserving its unicity. but it is today more than ever a conflicts ! Finally, in the case of
prominent parameter in the eva- an extraordinary drift, the
In order to waste neither the sol- luation of the size and the orga- nuclear fact, hopeless and that
diers’blood nor the civilians’ nization of the forces (according will not go away and so definiti-
(potential collateral victims) to their nature : regular and/or vely present, a fact that too
during the fight, main actors in reserve). Indeed the fight many hasten to forget too
the relief of populations stricken against terrorism is spreading quickly.
by conflicts and various out to the whole planet,
disasters ; by definition builders including the national territory, From these facts and taking into
of the infrastructures (operation- our top priority. account the various technologi-
nal or not) that ensure minimum cal advances and the perfect
comfort for the men and the Another important element of command of these new techno-
staff, the sappers who cannot thought is the absolute logies by our big american ally,
admit neither cowardice nor necessity to carry on the trans- technologies that we would
laziness, remain the most formation of the forces. It is at have, in a european context or
demanding with their col- this cost only that the challenges not, acquired totally or partly in
leagues, may they be engineers of the XXIst century will be pro- accordance with the reality of
or contractors. gressively taken up. What is it our budgetary efforts (the
about ? Permanently and “best” european states are now
Branch particularly adapted to through successive stages, to in a ratio of 1 to 10 with the
war as well as peacekeeping and set oneself operational objec- United States), the following
humanitarian actions of all tives that will guide the transfor- significant tendencies could
kinds, its service records shows mation and will direct the stand out :
in the fullest sense of the word projects of development and
its sense of necessary sacrifices experimentation. This element - the lasting necessity to conduct
when the glory of the Republic cannot satisfy itself with the sole high-intensity fighting, more
and the interest of the State are national framework ; it is the often than not in built-up
at stake. reason why its supranational areas ;
dimension must be sought.
- these short battles would
be prepared, made easier,
Lastly, a major criterion in the
B - THE CONTEXT OF supported by distant fire,
evaluation of the size and the
deep and accurate (practically
ACTION OF MILITARY packaging of forces is the
at one’s request) coming from
capacity or incapacity to
ENGINEERING FROM 2002 space, air and sea ;
conduct and/or to take part
TO 2050 ; AN OUTLINE OF THE simultaneously or not in one or - apart from these acute phases
two conflicts that would be when fire would be directed
MILITARY ENGINEERING TO major or not. It is to be duly by a network of particularly
COME. noticed than in this series of efficient observers, human or
algorithms, the range of possibi- not, the actual fight, mainly
It is obvious today, notably but lities is apparently too wide. the control of an area, would
not only after the 11th of be conducted by specialized
September, that we are faced However, even if the political infantry forces widely supported
with a new and very structured uncertainty, either national or by engineer elements, elements
strategic synthesis that will very European, may seem irreducible, made of all the branch com-
soon validate the revamped the economic and strategic facts ponents in accordance with
structure of our forces. could allow realistic solutions to the packaging of forces needed
be reached. for the various sequences of
First the asymetric threats, a the interventions ;
known theme since the publica- First, the existing European
tion of the 1994 White Paper, but contract that covers the missions - in accordance with the dis-
also backed up and transcended defined and adopted in PETERS- tance between the theatres of
by the 11th of September. It is BERG. Just like the ones of the operations and the national
now a determining element of last ten years, they result in territories, logistic forces
the strategic thought. potential and real interventions. widely supported by large

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S A P E U R

engineer contingents would national territory, with actions resulting from globalization. If
constitute the second compo- aiming at controlling destabili- the principle to engage the army
nent essential to the expedi- zed areas where risks take roots. only as a supplement to the
tionary forces. means of the civil defence when
And it is from the answer made they are the only ones to have
In terms of force packaging the to the important question the skills and the adequate equi-
creation of XXIst century forces concerning the military handling pements, remains and will
of action, relatively updated and of these problems that will be remains the norm, the analysis
different from the usual balance measured : underlines the extent of the
dating back to the Second World requests made to the three com-
War of the XXth century should - whereas it is relevant or not to ponents of military engineering.
be obvious. It would consist of : keep the whole or only part of
the high-intensity fighting Firstly and permanently, all
- inter-service intelligence capabilities ; urgent and exceptional situa-
systems with a minority tions will, as soon as a certain
ground component ; - the roles reserved for the
level will be reached, require the
various components of the
action of the armed forces just
- inter-service logistic systems military tool.
because they are made for that
necessarily supported, because
(organization, permanence,
of their port, air and ground In this configuration, the study warning systems as well as
platforms, by engineer units of all the recent interventions equipments, training… !).
coming from the technical and the reactions of the public
and security components ; opinion bring out four So, it is to be noticed that all
permanent features : kinds of disasters linked to acci-
- maritime, air and space
systems of forces, mainly in - every stabilizing action dental or deliberate actions will
charge of the fire control ; requires first a phase of high- be :
intensity fighting (or at least - storms, within military
- ground systems of forces one has to be ready to engineering’s province ;
combining infantry and conduct it), if only to win the
military engineering surroun- initial decision with a volume - floods, within military
ded by an adapted tank force of forces limited to a theatre engineering’s province ;
providing further protection with clearly defined bounda- - destructions of bridges and
and supplementary actions of ries. It is the main purpose of civil engineering structures,
force if need be. fire ; within military engineering’s
province ;
If these engagement hypotheses - military efficiency arises out
are assumed as operating of the simultaneous combina- - industrial pollutions or pollu-
modes for exterior commit- tion of air and ground assets ; tions of other kinds, within the
ments that would not involve engineer brigade’s, the Paris fire
- the success of any operation brigade’s, the civil security units’
the risk of an open conflict with
is achieved on the ground and province ;
any member of the European
the decision must last to
community, still remains the - seisms, here again within
control in contact ;
known existence of permanent m i l i t a r y e n g i n e e r i n g ’s
and lasting risks threatening our - finally, but it is the most province.
national territory and its population. important, public opinion
They take on various forms : it demands that the priority of Wherever you look at, there are
goes from criminality to juvenile the actions of the forces be no disasters that are not within
deliquency, terrorism and the given to the protection of the the engineers’province. It’s a
natural and industrial disasters, populations and the security fact that cannot be ignored and
among which TOULOUSE strikes of the national territory. that will not go away.
all the experts, with the mayor’s
famous cry : « ENGINEERS, We will soon need to make up We w i l l h a v e t o h a n d l e i t
help me ! » our mind to restore a balance seriously when adjustments and
concerning the missions changes in the components of
The set of this new and involving the participation of the our army will be decided.
recurrent facts deeply modifies army to the civil defence, all the
the strategic functions of the more so as this participation will To sum up, the roles of the
military tool : we are not become more and more inextri- future ground forces on the
anymore dealing with the hypo- cably linked to the international national territory as well as on
thetic defence against a major situation, a consequence of the the theatres of intervention
and clearly identified threat but, open societies, the shortening of within supranational coalitions
within as well as without the distances and the trade flow are taking shape :

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S A P E U R

- area control, deployment aid, ments of the defence because of telegraphists - signallers as well
deployment assistance and their impact on the political and as the bridges - pontoniers - and
missions of protection for the urban landscapes. There has the roads).
populations will be the major always been a need for a specia-
activities of the forces and are lized body in charge of protec- So, military engineering, always
meant to remain so for a long tion works, the deployment and learning new technologies,
time ; the mobility of the military skilful branch by nature and
- actions of force as a sup- forces. purpose, managed to develop
plement to actions of fire the colonial area of France as it
during the phases of high- At a time when wars were local, conquered it (FAIDHERBE).
intensity fighting will be the only « feudal clods » and
decisive activities of t h e fortified towns were at stake but To d a y and even more
forces in clearly defined when the cost of a war exceeded tomorrow, after the nuclear and
a r e a s . T h e s e actions will individual possibilities it
intellectual freeze that characte-
be limited in time. became, with fortifications and
rized our army for 50 years,
sieges, an affair of kings and
military engineering is enjoying
It is from these thoughts that we state. The king made the
again the full of its domains of
could start imagining our 2025 engineers his, turned them to
action :
military engineering and its his advantage and eventually
three components. We are doing brought them together for - fight in built-up areas,
it here at the French Army efficiency reasons and to save
- infrastructure,
Engineer School and we will money. In so doing, he created a
make it known. sole body in charge of all the - mobility,
infrastructure and defence
- organization of the
works.
theatres of action.
CONCLUSION
War has taken on a new form,
after the successive sieges came these actions being more than
During the century to come, we
alternations of movements of ever magnified by the necessity
must not cling to the military
engineering we are used to ; various magnitude and sieges of to provide deployment aid on
instead we must create the towns said to be strategic. the occasion of exterior and
military engineering we need. Having become national after interior projections but also and
the revolution, war provided certainly more and more by the
As far as our eye may come to military engineering with troops urgent necessity to protect
rest, either in history or in the organized and trained to build the environment, to perform
future, a major role is played by infrastructures, fortifications cleaning-ups of all kinds and to
the invariants that preside over and communication networks ensure the security of the popu-
the organization and the adjust- (air force - aerostat pilots and lations.

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S A P E U R

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S A P E U R

Général Un centre de mise en


CHINOUILH
Jean-Loup œuvre pour les opérations
en métropole
La tempête de 1999, le naufrage de l’ERIKA, la découverte d'un
danger chimique à VIMY ou l'inondation du bassin de la SOMME sont
Le général de brigade Jean- autant d’événements pour lesquels les forces armées et plus particu-
Loup CHINOUILH commande lièrement les unités du génie ont été requises afin de porter assis-
la brigade du génie depuis août tance à la population. Ces interventions militaires, qui s'inscrivent
2001. dans un dispositif interministériel assez complexe, ont été efficaces
et, de ce fait, très appréciées des bénéficiaires. L'expérience
Entré à Saint-Cyr en 1969, il sert récemment acquise permet maintenant d'éviter toute improvisation
comme chef de section au 13 e dans la conduite de ces actions de secours.
régiment du génie et comman-
dant d'unité au 17 e régiment du Selon un principe bien établi, les 1. ORGANISATION GÉNÉ-
génie parachutiste, où il revient troupes restent sous contrôle RALE D’UNE OPÉRATION
en 1988 au poste de chef du opérationnel militaire, en l'occur- INTÉRIEURE
bureau opérations-instruction. rence celui de l’officier général
de zone de défense (OGZD) ou Lors d’un engagement intérieur,
Il est chef de corps du 6 e régi- de son représentant, le délégué les différents intervenants du
ment du génie de 1994 à 1997. militaire départemental. processus décisionnel figurent
sur le schéma ci-dessous.
Néanmoins, si le volume ou la
nature technique des moyens Dans la plupart des cas, le DMD
engagés le requiert, le comman- peut tenir son rôle de conseiller
dement des forces peut être du préfet et, simultanément,
délégué à un petit état-major de prendre les forces armées enga-
circonstance appelé centre de gées sous ses ordres, par délé-
mise en œuvre (CMO). gation de l’OGZD.

Après un bref rappel de l'organi- En revanche, si le volume des


sation générale de la défense forces est important ou si leur
sur le territoire, ce CMO sera mise en œuvre est spécifique, il
présenté sous tous ses aspects : est indispensable de mettre sur
rôle, place, organisation, moyens. pied un CMO de projection inté-
Quelques facteurs de réussite rieure. Lorsque les unités enga-
seront ensuite mis en évidence gées sont des unités du génie
pour être pris en compte lors équipées de leur matériel, il
des actions futures. s'agit d'un CMO « génie ».

*) Centre Opérationnel Départemental

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S A P E U R

2. LE CMO GÉNIE DE PRO-


JECTION INTÉRIEURE

21. Rôle et place d’un CMO

Généralement proposée par le


commandement de la force
d'action terrestre, la mise sur
pied d'un CMO relève d’une
décision de la chaîne interar-
mées (COIA, OGZD).

Subordonné à l'état-major inter-


armées de zone de défense
(EMIAZD), le CMO reçoit des
« ordres au génie » (effets à
obtenir sur le terrain) et
transmet aux forces déployées
les « ordres du génie » (actions à
mener, méthodes à employer).

Les demandes d'effets à obtenir une présence à de nombreuses sou-vent par l'intermédiaire du
sur le terrain par une action réunions de coordination et de DMD ou de la cellule militaire du
militaire ainsi que les priorités décision. Elle doit toutefois COD qui connaissent les possi-
sont exprimées par le préfet de laisser au chef du CMO une bilités locales et les bons interlo-
zone à l'OGZD. Après avoir certaine liberté d'action pour se cuteurs.
vérifié qu'elles sont conformes rendre compte sur le terrain de
aux conditions d'emploi et aux l'évolution de la situation. Cette analyse fonctionnelle fait
capacités des unités engagées, apparaître que pour un volume
l'OGZD adresse au chef du CMO Les opérations intérieures de forces allant de l’unité élé-
les ordres correspondants. attirant très rapidement les jour- mentaire au bataillon, le CMO
Lorsque l'action globale est nalistes, la présence d’un offi- doit comprendre :
lancée, les ajustements sont cier communication est indis-
- un chef de CMO ;
réglés à un moindre niveau, pensable afin de gérer, en liai-
son avec la préfecture, les - une équipe « opérations » ;
entre le préfet, le DMD et le chef
du CMO, qui joue alors un rôle différents médias sur les chan-
- un détachement de liaison et
supplémentaire de conseiller tiers où travaillent les militaires
reconnaissance du génie ;
technique du préfet. et dégager les officiers opéra-
tions de tout rôle médiatique. - un officier « communication » ;
Le CMO est déployé au plus près - une cellule « logistique-
du Centre opérationnel de dé- En plus de l'élaboration des personnel » ;
ordres et des comptes rendus, la
fense (COD) de la préfecture
fonction « opérations » inclut la - une équipe de transmissions.
pour pouvoir collaborer étroite-
planification et la conduite des
ment avec l'ensemble des ser-
interventions, d'où le besoin 23. Moyens de commande-
vices de la préfecture, la gendar-
d'une équipe habituée à ce
merie, les directions concernées ment.
genre de travail collectif trans-
(sécurité civile, équipement,
posable du domaine tactique. Comme tout état-major projeté,
électricité, télécommunications,
ce CMO a besoin de liaisons
agriculture/eaux et forêts, etc.)
La fonction « logistique » doit vers le haut (EMIAZD), vers le
ainsi que les services techniques
s’adapter aux capacités de sou- bas (unités subordonnées) et
départementaux ou municipaux.
tien local. Lorsque le déploie- transverses (DMD, régiments
ment s'effectue à un endroit où prestataires, soutien).
22. Organisation d’un CMO les armées disposent de capa-
cités d’hébergement, d’alimen- Il travaille avec des outils clas-
Organisé comme un CMO tation et de maintenance, la siques de bureautique et doit
tactique, le CMO de projection Région Terre pilote le soutien et disposer des moyens habituels
intérieure assure les fonctions désigne des corps supports. de télécommunications sur ré-
« commandement », « opéra- seau militaire ou civil (téléphone
tions » et « logistique ». Lorsque ces capacités militaires fixe et portable, Internet, télé-
n'existent pas dans la zone, le copie, télétype, radio), tout en
La fonction « commandement » CMO obtient des services de la veillant à la confidentialité d'une
impose de multiples contacts et préfecture le soutien recherché, partie des informations.

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3 . D E S FA C T E U R S D E détachement de liaison et de élémentaires et mise en œuvre


RÉUSSITE À FAVORISER reconnaissance du génie et, si de petits engins, en particulier
nécessaire, d'une équipe géo- les scies mécaniques.
L'efficacité du CMO repose sur graphique.
trois facteurs déterminants. Le
L'ouverture d'esprit
premier correspond à une capa- Le professionnalisme
cité, les deux autres à des qua- Se plonger brutalement dans un
lités personnelles : Lors d’opérations à dominante milieu interministériel aux
génie, il est préférable que le cultures disparates impose une
chef du CMO soit un sapeur. Les
Le renseignement "terrain" grande ouverture d'esprit car il
officiers opérations, quant à
faut d'abord écouter et com-
Tous les retours d’expérience eux, doivent posséder les com-
prendre avant d'expliquer et
font apparaître qu’en l’absence pétences techniques indispen-
convaincre. Une attitude peu
d'une bonne connaissance du sables à l’élaboration d’ordres
formelle, bienveillante et
terrain et de ses modifications de mise en œuvre du génie.
optimiste facilite les échanges et
successives, le chef opérations
Il est à noter que ces ordres peut contribuer à alléger une
du CMO n’est pas en mesure de
recommander le bon emploi des seront d'autant plus faciles à ambiance de crise. Elle n'interdit
unités. donner et à exécuter que les pas pour autant une grande
unités subordonnées maîtrise- fermeté de position.
Lorsque le génie est engagé, il ront elles-mêmes les savoir-faire
est donc indispensable que le de base du génie, notamment :
CMO dispose d’au moins un navigation, manœuvres de force
CONCLUSION

Saluée par les acteurs poli-


tiques, les médias et la popula-
tion qui en a directement profité,
la réussite des interventions
militaires menées en métropole
ces dernières années a
contribué à relever encore la
bonne image de nos armées.
Fortes de leur succès, les unités
du génie seraient sans doute à
nouveau engagées en cas de
nouvelle catastrophe. La
brigade du génie pourrait alors
fournir un CMO adapté dont le
rôle et l'organisation correspon-
draient aux grandes lignes de
cet article.

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Général de Le service du génie,


division
KEIFLIN
Marcel
composante de l’armée
de terre à vocation
interarmées… et davantage
Le GDI Marcel KEIFLIN est Schématiquement, le service du génie est comparable à une entre-
directeur central du génie prise d’ingénierie d’environ 2 700 personnes, spécialisée dans la
depuis le 1er janvier 2002. gestion et l’entretien de parcs immobiliers et dans les fonctions de
maîtrise d’ouvrage et de maîtrise d’œuvre, implanté sur l’ensemble
Saint-Cyrien (1967-1969), il sert du territoire national, y compris les DOM/TOM et possédant des
alternativement dans l’arme du agences dans quelques pays étrangers (Djibouti, Côte d’Ivoire,
génie : 33e RG, 5e RG (comman- Gabon, Tchad).
dant de compagnie), EAG (com-
mandant de compagnie EOR),
Là s’arrête cette comparaison l’armée de terre ainsi que,
en école comme stagiaire : DT32
facile avec le monde du privé. après avis des comités de
à l’ESGM, BTEMS (ponts et
En effet, le service du génie a, en coordination des services
chaussées 81-83 et ESGI), en
état-major : EMA/OL (95-98) et plus, trois particularités impor- d’infrastructure (CCSI) et de la
dans le service du génie : DT tantes qui rendent cet outil d’in- fonction infrastructure (CCFI),
d’Angers, DT de Paris, DCG, EG génierie unique et indispensable de tout ou partie de l’infra-
de Malakoff (comme directeur pour la Défense : structure relevant d’autres
91-95) et DRG Lyon comme attributaires du ministère »
• Il comprend environ 1000 mi-
directeur régional (98-01). (décret n° 2000-289 du
litaires projetables qui sont
30/03/00). Cela veut dire que
tous qualifiés dans les spécia-
Il est officier de la Légion le service du génie appartient
lités techniques et administra-
d’honneur et chevalier de l’ordre à l’armée de terre, qui lui four-
tives du service, et qui sont
national du Mérite. nit notamment l’ensemble de
pratiquement tous en situa-
son personnel militaire et
tion de deuxième partie de
civil, et qu’il procure, à la
carrière, c’est-à-dire dispo-
demande, les mêmes presta-
sant d’une expérience mili-
tions d’infrastructure à l’en-
taire acquise antérieurement
semble du ministère, y
au sein des armes, dont, hélas
compris, partiellement, aux
trop peu souvent, celle du
deux autres armées qui
génie.
disposent en propre d’un
• Il est « le service de soutien service d’infrastructure. Le
chargé de l’infrastructure de recours à l’un des trois

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services d’infrastructure offi- effectués par le génie au profit l’extérieur de l’armée de terre,
ciels du ministère de la dé- d’autres organismes que ceux on doit signaler le rôle éminent
fense étant obligatoire pour de l’armée de terre représentent joué par deux organismes du
tous les organismes du minis- bon an mal an 30 à 40 % du total génie :
tère, cette situation en fait des 600 millions d’euros
quasiment des « clients cap- (4 milliards de francs) d’investis- • l’ESAG contribue de façon
tifs », avec tous les aspects sements qu’il effectue. déterminante à la formation
psychologiques de cette si- initiale et permanente des
tuation et, en contrepartie Il est à signaler cependant que spécialistes en infrastructure
l’obligation pour le service de ces 30 à 40 % du montant total des autres armées et de la
rechercher l’excellence et la des travaux ne représentent en gendarmerie, qu’ils soient
transparence. fait que 15 à 20 % du travail civils (IEF, TSEF) ou militaires
effectivement réalisé par le (officiers et sous-officiers).
service du génie, en raison du Cette action découle bien
• Il lui est reconnu au sein du fait que le montant moyen d’une entendu du rôle de l’ESAG
ministère, par le décret cité opération réalisée au profit de comme école supérieure de
plus haut, des « compétences l’armée de terre est 3 à 4 fois formation des cadres du
spécifiques » que lui seul pos- plus faible que celui des autres. service du génie. Son rayon-
sède, en matière de champs nement s’exerce d’ailleurs
de tir, de protection contre Les ouvrages réalisés en dehors largement au-delà de nos
l’incendie, de « définition des de l’armée de terre sont quel- frontières. Ainsi, durant
infrastructures opérationnel- quefois banals (logements l'année scolaire 2000-2001, ce
les » et « il participe à la mise familiaux des gendarmes) mais sont 75 personnes hors armée
en œuvre des moyens néces- aussi souvent très intéressants de terre qui auront suivi les
saires à l’infrastructure de sur le plan technique (hôpitaux, formations de l’ESAG, parmi
soutien des unités et détache- ouvrages enterrés de l’armée lesquelles 12 étrangers, 20
ments de l’armée de terre de l’air, sémaphores de la gendarmes, 26 personnels de
déployés en opérations exté- marine…) et enrichissent la l’armée de l’air, 10 de la
rieures ». Chacun sait que ces palette des savoir-faire du marine, 4 de la DGA et 3 du
deux derniers points sont service. Dans tous les cas, ces SGA.
réellement vécus sur le terrain ouvrages sont considérés
par les militaires du service comme vitaux par nos clients et • le STBFT exerce de manière
du génie et que le cadre de constituent des enjeux straté- régulière des missions
leur action dépasse largement giques pour eux du même d’études techniques et d’ex-
celui de la seule armée de niveau, sinon plus, que le plan pertise de très haut niveau au
terre.
VIVIEN pour l’armée de terre. profit des « clients » institu-
tionnels du service du génie,
Comment cette situation géné-
Enfin, si on parle des autres mais également au profit de
rale se traduit-elle concrètement
prestations du service, celles qui ministères extérieurs, de
et qu’est-ce que le génie en
se mesurent de façon moins l’Elysée, de Matignon et d’or-
retire ?
technocratique tout en consti- ganismes publics divers tels
tuant dans les faits un impact de que EDF, les aéroports de
Tout d’abord, pour ce qui
grande qualité du génie vers Paris ou l’agence du médica-
concerne la gestion domaniale,
le service du génie a 4 230 im-
meubles, soit 80 % de l’en-
semble des immeubles de la
défense, les autres étant gérés
par la DCTIM et la DCIA. Ces
4 230 immeubles, dont l’armée
de terre n’occupe que la moitié,
comprennent 48,8 millions de
m2 de surface hors œuvre déve-
loppée. Le parc immobilier inter-
armées soutenu par le génie est
donc considérable. Il faut remar-
quer cependant que la politique
de maintenance fait moins appel
aux prestations du service.

Ensuite, pour ce qui concerne


l’activité de construction et le
chiffre d’affaires, les travaux

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ment. Les études ont souvent le cadre multinational et interar- réalisation et que ce sont nos
un caractère technique très mées des OPEX : soutien au sta- ingénieurs civils qui définissent
rare dans des spécialités dont tionnement et large contribution actuellement les règles de sécu-
le STBFT détient un savoir aux actions civilo-militaires. rité des dépôts de munitions de
faire du plus haut niveau au Notamment au Kosovo, le N’Djamena, Port Bouet et
plan national : confinement, problème de l’eau qui était Libreville.
résistance des structures aux crucial a été réglé par le STBFT,
explosions, protection contre de même qu’à Mostar deux Actuellement, la seule limite à
les effets des armes, sécurité centrales électriques modulaires l’extension du champ d’activité
anti-intrusion, traitement de de 5,5 mégawatt sont en cours
du service du génie est, bien
l’eau, protection contre la d’installation en vue de
entendu, celle de ses ressources
foudre, installations thermi- desservir de la façon la plus éco-
humaines. Une partie encore
ques et électriques comple- nomique et fiable les forces.
faible, mais grandissante des
xes. En outre, le STBFT repré-
sente bien souvent seul le C’est évidemment dans ce prestations effectuées notam-
ministère de la défense dans contexte que l’on comprend que ment au profit des organismes
plus de cent commissions tout ce qui est fait en métropole autres que ceux de l’armée de
techniques interministérielles par les militaires du service terre est désormais « externali-
ayant trait à la réglementation prend une valeur d’entraîne- sée » à des sociétés privées. La
et à la normalisation en ma- ment permanent aux actes tech- question subséquente est évi-
tière de construction, d’envi- niques et administratifs qu’ils demment de ne pas perdre de ce
ronnement, de protection ont à accomplir aux côtés de fait les savoir-faire rares et indis-
contre l’incendie. leurs camarades des formations pensables pour l’efficacité de
de combat du génie. nos personnels en projection
Dans ce contexte, on comprend extérieure.
que des pays européens comme Il est clair que pour l’ensemble
la Slovénie, la Pologne, la de ces missions de métropole,
Roumanie et la Bulgarie, font d’outre mer et de projection, la En conclusion, et sans même
appel à la DCG et au STBFT pour demande est actuellement avoir évoqué le caractère inter-
une assistance dans les do- largement plus importante que ministériel de toute la réglemen-
maines techniques et pour l’or- l’offre et que des secteurs tation technique, urbanistique,
ganisation de leur propre ser- nouveaux d’intervention, liés au administrative et financière qui
vice d’infrastructure militaire. « post 11 septembre 2001 » ou
nous est appliquée et qui nous
au rôle international de la
met en permanence en contact
Voilà donc un éventail des pres- France, s’ouvrent au génie en
avec le monde extérieur, ce
tations métropolitaines du génie raison de ses compétences spé-
rapide tableau décrit un champ
qui dépassent, parfois large- cifiques et de la disponibilité de
ment, le cadre de l’armée de ses personnels militaires et d’activités, de contraintes et de
terre. Il faut bien sûr ajouter à civils : sachons par exemple que potentialités qui fait du service
cet inventaire sommaire le rôle le STBFT étudie actuellement du génie une société d’ingénie-
du service outre-mer, où il pour EDF la résistance de tous rie unique et particulièrement
relève, dans un contexte interar- les barrages hydroélectriques riche d’expériences techniques
mées complètement intégré, aux divers impacts d’avions, et humaines à vivre pleinement
des différents COMSUP, COMFOR que c’est un architecte militaire en raison, notamment de son
et COMTROUP, et le rôle désor- du service qui, au Bénin, a conçu caractère interarmées… et da-
mais bien connu qu’il joue dans l’école de déminage et en suit la vantage.

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Colonel Le génie de l’air, une force


MERRET
Alain originale et opérationnelle,
au service des forces
projetées sur un théâtre
Après avoir servi pendant 3 ans
d’opération extérieur
comme adjoint du général com-
mandant la brigade du génie, à
LILLE puis à STRASBOURG, le
colonel Alain MERRET occupe
depuis l’été 1998 le poste de Composées majoritairement de personnels issus de l’armée de terre,
sous-directeur du génie de l’air, les formations du génie de l’air et plus spécialement les compagnies
au sein de la direction centrale opérationnelles du génie de l’air tirent leur spécificité et leur origina-
de l’infrastructure de l’air. lité du fait qu’elles constituent une composante infrastructure de
l’armée de l’air, dont la vocation principale et prioritaire est d’assurer
Il a commandé le 3e régiment du en tout temps et en tout lieu le maintien en état opérationnel des
génie à CHARLEVILLE MÉZIÈRES aires et voiries aéronautiques nécessaires à la satisfaction des
de 1992 à 1994. besoins de cette armée.

Précédemment, il a commandé
une compagnie d’appui au 6e L’évolution du concept straté- I) LE GÉNIE DE L’AIR, UNE
régiment du génie d’ANGERS et gique d’emploi des forces en
assuré la fonction de chef du
FORCE ORIGINALE.
général et de l’armée de l’air en
bureau « opérations – instruc- particulier, conduisent cepen- Si le rattachement à l’armée de
tion » au 9e régiment du génie de
dant le génie de l’air à élargir sa l’air de formations composées
NEUF-BRISACH.
gamme de missions, plus spé- pour l’essentiel de personnels
Le colonel Alain MERRET est cialement dans le domaine de issus de l’armée de terre
chevalier de la Légion d’hon- l’aide au déploiement, et à déve- constitue la principale origina-
neur et officier de l’Ordre natio- lopper des capacités associées lité du génie de l’air, les
nal du mérite. dont l’emploi sur un théâtre missions qui lui sont confiées,
d’opération extérieur s’inscrira les moyens dont sont dotées ses
de plus en plus dans un cadre unités, et les méthodes appli-
interarmées et multinational, quées pour le maintien des
pour la satisfaction des besoins savoir – faire techniques et tacti-
de l’ensemble des forces ques de ses personnels sont
déployées. aussi des domaines qui le distin-

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guent des autres unités à chantiers que les unités effec- s’adapter aux nouvelles mis-
vocation travaux existant au tuent sur les bases de l’armée de sions et aux contraintes liées à
sein de l’arme du génie. l’air, dans le cadre des plans de l’éloignement géographique.
maintien en condition opéra-
Ainsi, les missions susceptibles tionnelle établis annuellement Pour répondre aux nouveaux
d’être confiées aux cinq compa- par l’état-major de l’armée de besoins, les unités du génie de
gnies opérationnelles (COGA) l’air. l’air ont dû adopter une struc-
composant le 25e régiment du ture qui leur assure à la fois une
génie de l’air (25e RGA) couvrent Par le haut degré de technicité certaine polyvalence et une
l’essentiel de celles dévolues à que réclame l’exigence de grande souplesse d’emploi.
l’ensemble de l’arme du génie, qualité des travaux effectués sur
à l’exception des missions les voiries aéronautiques, les La satisfaction de ces deux
d’appui au combat. chantiers conduits, quotidienne- objectifs a reposé à la fois sur
ment par le personnel du génie une organisation des compa-
En effet, à la mission jusqu’alors de l’air lui assurent une gnies opérationnelles, caractéri-
prioritaire de réparation rapide formation permanente de sée par un effectif important
d’une voirie aéronautique qualité, gage d’une compétence (152 personnels) et une struc-
endommagée après une attaque reconnue et d’une parfaite ture modulaire composée d’une
aérienne, à laquelle est généra- maîtrise des moyens et tech- part de « pions de mise en
lement associée celle de recon- niques mises en œuvre à cette œuvre » constitués des 3 sec-
naissance et de dépollution, occasion. tions opérationnelles, et d’un
s’ajoute désormais toutes les réservoir de moyens complé-
missions d’aide au déploiement, mentaires spécifiques regrou-
y compris la fourniture d’eau pés au sein d’une section
potable et le traitement des II) LE GÉNIE DE L’AIR, UNE
d’appui.
déchets. FORCE EN CONSTANTE ÉVO-
LUTION POUR S’ADAPTER Concernant la section de com-
Pour répondre à cette vaste mandement de cette unité, celle-
AUX NOUVEAUX BESOINS.
gamme de missions, le génie ci ne comporte qu’un soutien
de l’air dispose de moyens Créées à l’origine pour répondre limité aux seuls matériels tech-
matériels nombreux et diversi- à des besoins opérationnels niques, le soutien de l’homme
fiés. Parmi ceux-ci les moyens spécifiques de l’armée de l’air, étant toujours assuré dans
spécialisés de travaux publics, les unités du génie de l’air l’armée de l’air par la base
qui constituent la partie la plus actuelles voient leur rôle aérienne ou le détachement air
importante du parc, lui assurent confirmé dans un cadre géogra- déployé sur un théâtre d’opéra-
en particulier une compétence phique élargi et pour un emploi tion extérieur. Parallèlement, les
élargie et spécifique dans les de plus en plus diversifié. En unités ainsi structurées ont dû
deux domaines des produits effet, la projection constituant simultanément compléter leurs
noirs et du béton, puisque le désormais la priorité assignée à dotations en matériels pour
25e RGA est la seule unité du
l’ensemble des forces conven- prendre en compte les nouvelles
génie à être dotée à la fois de
tionnelles, le génie de l’air a dû missions et procéder à une
centrales de production et des
repenser son organisation et recherche à la fois d’allégement
matériels de pose associés.
revoir ses équipements pour et de compacité du parc
Force originale par ses mis-
sions, ses matériels et les
capacités qui y sont associées,
le génie de l’air l’est aussi par
les moyens et méthodes qu’il
utilise pour l’instruction de son
personnel, dont 80 % assure une
fonction opérationnelle.

S’appuyant sur une structure


de formation lui permettant
d’assurer l’instruction spéciali-
sée de tous ses personnels mili-
taires du rang sous contrat et
sous – officiers dans les deux
filières, BETP et TPIA, le 25e RGA
est en mesure d’entretenir et
développer les savoir-faire tech-
niques ainsi acquis, lors des

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S A P E U R

mais aussi dans l’Océan Indien


(réfection et extension de la
piste de l’île de la grande
Glorieuse en 1988).

Mais c’est évidemment depuis


le début des années 1990 que le
caractère interarmées et multi-
national des interventions des
unités du génie de l’air s’est à la
fois confirmé et développé, lors
des opérations conduites sur les
théâtres de l’ex-Yougoslavie,
dans le cadre de l’opération
SALAMANDRE en BOSNIE (1995
à 1997) puis de l’opération
TRIDENT en MACÉDOINE et au
KOSOVO (1999 - 2001).

existant, pour répondre au aérienne massive, les unités du Disposant à la fois de capacités
mieux aux conditions d’aéro- génie de l'air ont, depuis leur particulières de nature à
transport par moyens tactiques création, toujours œuvré au répondre aux besoins spéci-
ou stratégiques. profit des forces, quel que soit fiques de l’armée de l’air et de
leur armée d’appartenance ou moyens comparables à ceux des
Engagées depuis maintenant leur lieu de déploiement. autres unités du génie dans le
trois années consécutives, ces domaine très large de l’aide au
actions permettront aux unités, Appliquée au départ à la remise déploiement, les unités du génie
dès la fin 2002, de disposer de en état ou au développement de l’air sont aujourd’hui en
capacités aérotransportables d’infrastructures aéronautiques mesure d’assurer un soutien
par avions cargos tactiques en métropole, en Afrique du efficace de l’infrastructure hori-
dans les différents domaines de Nord puis dans le Pacifique, zontale au profit d’une force
la reconnaissance, de la fourni- cette aptitude des unités du projetée, quelles qu’en soient la
ture d’eau potable, de la répara- génie de l’air à servir en tout nature et l’origine.
tion de voirie aéronautique et de temps et en tout lieu au profit
l’organisation du terrain. des forces en général s’est en En effet, si les capacités globales
effet vérifiée à maintes reprises du génie de l’air peuvent aujour-
en Afrique (opérations MANTA d’hui paraître limitées par
III) LE GÉNIE DE L’AIR, UNE en 1984 et ÉPERVIER de 1986 à rapport au nombre de plates–
1989 au TCHAD, opération formes aéronautiques à soutenir
FORCE OPÉRATIONNELLE TURQUOISE au ZAÏRE en 1994), dont dispose l’armée de l’air,
TOURNÉE VERS L’ACTION
AU PROFIT DES FORCES.

Compte tenu de l’évolution


conjuguée des concepts d’em-
ploi des forces et des missions à
accomplir, les unités du génie de
l’air seront de plus en plus
amenées à œuvrer dans un
contexte interarmées, voire mul-
tinational, favorisant ainsi un
emploi au profit des forces dé-
ployées, sur la base des seules
capacités et compétences déte-
nues.

Bien qu’essentiellement en
charge, jusque dans un passé
récent, de la remise en état des
plates-formes aéronautiques
opérationnelles de métropole
consécutive à une attaque

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elles s’avèrent très importantes l’absence d’autonomie dans le appartient à l’autorité d’emploi
et parfaitement dimensionnées domaine du soutien de désignée d’assurer ou de faire
pour l’aide du déploiement et le l’homme, permet aux unités du assurer, selon le cas, le soutien
soutien au stationnement des génie de l’air d’agir indifférem- organique de l’unité du génie de
forces projetées sur un théâtre ment au profit d’un détache- l’air placée sous ses ordres.
d’opération extérieur. ment projeté de l’une ou l’autre
armée, dans un cadre autonome Cette subordination d’emploi et
Composées de personnels issus ou comme composante complé- de soutien est ainsi confondue
de l’armée de terre évoluant mentaire d’une autre structure. lorsqu’elle est dévolue à un
quotidiennement au sein de commandant de détachement
l’armée de l’air, les unités du Agissant toujours sur ordre du air (COMDETAIR). Les deux
génie de l’air bénéficient de plus CO.AIR, et sur demande du COIA subordinations sont par contre
de cette double culture qui en lorsqu’il s’agit d’une interven- distinctes lorsque les moyens
font une composante de fait tion au profit d’une autre armée, du génie de l’air sont placés
interarmées, dotée d’une le bénéficiaire des travaux sous contrôle opérationnel
capacité d’adaptation et d’inté- accomplis par les unités du (OPCON) d’un commandant
gration équivalente dans génie de l’air sur un théâtre national de théâtre (ADCON-
chacune des deux armées. d’opération extérieure lui FRANCE), la charge du soutien
dictent en principe sa subordi- étant alors confiée par cette
Cette faculté d’adaptation, qui nation opérationnelle d’emploi, autorité à une autre unité sur le
n’a pour seule limite que mais aussi de soutien, puisqu’il théâtre (BATGEN ou BATLOG).

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Lieutenant- La BSPP dans les opéra-


colonel
MALIÉ
Gilles
tions extérieures :
constat et perspectives
Les opérations dans lesquelles les armées françaises sont engagées
ont régulièrement fourni à la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris
l’occasion de projeter une partie de ses personnels.
Saint-Cyrien de la promotion
général de Monsabert (1982-
1985).
Dans les conflits actuels, l’envi- I. LA PARTICIPATION DE LA
ronnement de sécurité des BSPP AUX OPÉRATIONS DES
Stagiaire à l’EAG/division d’ap-
forces déployées prend une
plication (1985-1986). ARMÉES FRANÇAISES
dimension prépondérante, dès
lors que les unités disposent La première projection à l’exté-
Affecté à la BSPP de 1986 à 1996
d’infrastructures correctes et rieur des frontières françaises
Commandant de la 11° compa-
que les besoins logistiques de d’un détachement de sapeurs-
gnie (centre de Paris et secteur
base sont assurés. Néanmoins, pompiers de Paris remonte à
de Belleville).
l’utilisation des infrastructures 1855, lors de la guerre de
urbaines, de qualité variable Crimée. Une unité, déployée à
Stagiaire au CID à Hambourg de
selon les pays considérés, place l’origine pour assurer la sur-
1996 à 1998.
les troupes à la merci de risques veillance de différents dépôts et
différents de ceux strictement magasins des armées en
Affecté à l’EMA/division emploi
liés à des actions de guerre. campagne, combattit de
(responsable du Corps euro-
péen) de 1998 à 2000. Parmi ceux-ci, les sites indus- nombreux sinistres aussi bien
triels délabrés et les locaux dans les camps que dans les
Affecté comme adjoint au chef d’habitation potentiellement villes, par exemple lors de la
du bureau opérations de la dangereux sur le plan des bataille de Malakoff.
BSPP depuis août 2000. incendies ont conduit les états-
majors à établir de nouvelles Durant le conflit de 1870-1871, le
règles de protection des régiment de sapeurs-pompiers
Principaux dossiers actuelle- troupes. de Paris assura la défense de dif-
ment gérés : férents quartiers généraux de
Dans cette optique, la Brigade l’Armée du Rhin. En 1918, il
- plans d’urgence en région de sapeurs-pompiers de Paris participa activement à la
parisienne, apporte sa contribution à la défense de la Capitale et à
- réalisation du SIDACR défense des unités militaires certaines opérations sur le
(schéma interdépartemental stationnées au Kosovo depuis Front. C’est en effet un officier
d’analyse et de couverture le mois de janvier 2001. Pour du Corps, le capitaine Schilt, qui
des risques), autant, est-ce une idée totale- a mis au point les lance-
ment nouvelle et quelles en sont flammes et certaines techniques
- élaboration de la maquette les perspectives de développe- de lutte contre les gaz de
opérationnelle 2002-2007, ment ? combat. Près de 300 sapeurs-
- déploiement de sapeurs-
pompiers de Paris au Kosovo,
- développement du système
d’information géographique,
- relations entre les SAMU et la
BSPP,
- conventions entre la BSPP et
les grands opérateurs publics
(GDF, EDF notamment).

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pompiers ont payé le lourd (DCG) a confirmé les besoins régulièrement effectuées avec
tribut de leur vie dans ces condi- exprimés et a proposé le les pompiers de Mitrovica, afin
tions dramatiques. déploiement d’un détachement de restaurer leur capacité à agir
mixte BSPP/BMPM de 12 per- de manière autonome.
En 1940, le régiment de marche sonnels, apte à traiter une large
remonta sur la Capitale après la palette de risques bâtimentaires Le programme quotidien est
signature de l’Armistice et le et industriels. Ce module, très comparable à celui en
régiment se recentra sur ses commandé par un major, est vigueur au sein de la BSPP et du
missions traditionnelles de pro- déployé depuis la mi-janvier BMPM. Les matinées sont
tection de la population pari- 2001 et défend toutes les unités, consacrées au sport et aux
sienne, dans une Capitale françaises et alliées subordon- manœuvres, adaptées à l’ab-
occupée. Résistants, déportés, nées, de la BMN-N. sence de réseau incendie au
blessés, des destins se sont Kosovo, tandis que les après-
brisés jusqu’à ce que le soleil Ce module mixte a ceci d’origi- midi sont occupés à reconnaître,
rejaillisse lorsque le capitaine nal qu’il est commandé à tour de par voie terrestre ou aérienne,
Sarniguet, officier du Corps, rôle par un cadre de la BSPP ou les sites particuliers à réperto-
hisse le drapeau sur la Tour du BMPM, ce qui traduit concrè- rier, puis à rédiger les plans d’ur-
Eiffel de Paris libérée. tement l’existence d’un pôle de gence, en liaison avec les cel-
pompiers militaires, complé- lules spécialisées de la BMN-N.
mentaires et solidaires, dans les
II. LA BSPP EN OPÉRATION rangs de l’armée de Terre et de
EXTÉRIEURE AU KOSOVO la Marine. III. POSITION STATUTAIRE
DE LA BSPP ET MODALITÉS
Confronté à un incendie non Parmi les centaines de candidats
volontaires, le tri a été sévère. DE SON DÉPLOIEMENT
maîtrisable sur un site industriel
totalement délabré, à quelques Attirés par ces horizons lointains
Grande unité militaire de l’arme
centaines de mètres à peine des et la perspective d’envisager
du Génie, placée pour emploi
bâtiments abritant son état- leur mission de protection sous
sous les ordres du Préfet de
major dans le camp « Serment un jour différent, les personnels
Police de Paris, la BSPP détache
de Koufra » à Mitrovica, le retenus ont reçu des missions
régulièrement des personnels à
général commandant la brigade classiques de lutte contre les
l’étranger dans le cadre d’audits,
multinationale nord (BMN-N) a sinistres et de protection des de l’aide militaire technique ou
exprimé, à l’automne 2000, le forces, tant dans les camps que encore des détachements d’in-
besoin de disposer, sur ce sur les itinéraires routiers, tervention lors des catastrophes
théâtre d’opérations urbain, de bondés, de la plaine centrale (DICA).
sapeurs-pompiers eux-mêmes Kosovare. L’autre volet majeur
formés aux techniques ur- comprend des actions de Dans le cas du Kosovo, la
baines. formation et d’information des situation est différente. Le
contingents français ou alliés, déploiement sur ce théâtre
Une expertise menée au cours ainsi que du KPC, afin de d’opérations s’inscrit dans la
du mois de novembre 2000 par favoriser la reconversion d’une durée. Il a donc été décidé de
trois officiers de la BSPP, du partie des anciens rebelles de rédiger une convention spéci-
Bataillon de Marins Pompiers de l’UCK dans les nouvelles unités fique entre le CEMA et le Préfet
Marseille (BMPM) et de la de Sécurité Civile kosovares. Par de Police de Paris, ainsi que de
Direction Centrale du Génie ailleurs, des manœuvres sont faire signer un avenant de
volontariat aux personnels
retenus.

Cette convention place le déta-


chement sous le commande-
ment opérationnel du général
commandant la BMN-N et
précise les modalités de mise en
œuvre du module pompiers. Les
points relatifs au rembourse-
ment des frais engagés, qui
concerne différentes collectivi-
tés territoriales, et aux aspects
juridiques de ce déploiement
ont fait l’objet d’une écriture très
précise.

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S A P E U R

Sur le théâtre, le détachement qui ne sont pas encore à la Kosovo. La participation de la


est scindé en deux entités portée des pompiers locaux. BSPP est en effet liée à l’autori-
basées dans les camps Serment sation du Préfet de Police de
de Koufra et Novo-Selo. Ces Par ailleurs, les forces passent Paris. La convention actuelle est
considérations sont dictées par d’un état d’hébergement prolongée par tacite reconduc-
des raisons opérationnelles et d’urgence à des conditions de tion, donc sa dénonciation unila-
logistiques. Le rythme des inter- déploiement aux normes de térale peut intervenir à tout
ventions est extrêmement plus en plus proches de celles instant. La question qui se pose
variable et souvent dépendant en vigueur en métropole. Les est de savoir si l’action des
de la situation géopolitique règles de prévention seront sapeurs-pompiers a un intérêt à
locale. donc de plus en plus appliquées, l’avenir, si cette prestation est
que les locaux d’hébergement devenue indispensable ou si
Les personnels arment deux soient situés dans les camps ou l’action conduite depuis un an a
engins-pompes tout-terrain en ville. Afin d’éviter de coûteux permis d’améliorer le niveau de
appelés VIC (véhicule d’incendie déménagements des unités, une sécurité de manière telle, que la
des camps), fournis par l’armée sensibilisation pourrait certaine- présence du détachement n’est
de Terre, disposent de postes ment se faire dès la phase plus nécessaire.
radio RENABEC (réseau initiale de leur mise en place en
numérique à base d’éléments associant un officier sapeur- En effet, la BSPP et le BMPM ont
civils) et d’armements légers, pompier aux éléments de recon- effectué des dons de matériels
prélevés sur les dotations de la naissance et d’évaluation. (véhicules et lots de désincarcé-
BSPP. Cependant, lors des inter- ration) au profit des pompiers
ventions, ils sont escortés et D’autre part, des audits sont locaux, les ont formés et ont
protégés par les engins du effectués à la demande pour participé à la mise en place des
bataillon territorialement certains bataillons alliés subor- premiers éléments de Sécurité
compétent, l’aspect « piège » ne donnés, qui commencent Civile. Aussi, une mission d’éva-
pouvant jamais être exclu. également à s’équiper pour la luation associant l’EMA, l’EMAT,
lutte contre les incendies. la BSPP et le BMPM se rendra au
Sur le plan organique, le L’étape ultérieure souhaitable Kosovo en mars 2002. Ses
bataillon est subordonné au BCT consisterait à coordonner les conclusions pourraient se
(bataillon de commandement et modules nationaux au sein de la traduire par une proposition
des transmissions). Les alertes BMN-N, puis de la KFOR ou de la d’évolution du mandat du déta-
sont déclenchées par le centre MINUK, ce qui ne manquerait chement, de sa nature, voire par
opérationnel de la BMN-N, qui pas d’ailleurs de créer une la constitution d’un module
décide de l’opportunité des certaine concurrence entre les permanent dédié aux opérations
interventions hors les camps en nations. Dans le cas contraire, la extérieures, gagé sur des postes
fonction des directives du gestion d’un sinistre majeur ne des Armées.
général commandant et des ren- sera certainement pas garantie.
seignements fournis par les Le pari, difficile, consiste bien à
unités spécialisées. Au niveau des sites industriels passer d’une solution ad hoc à la
les plus délabrés, la situation définition d’une doctrine d’em-
commence à s’améliorer. Les ploi pérenne, en considérant les
I V. PERSPECTIVES DE personnels du détachement par- évolutions inévitables des armées
DÉVELOPPEMENT ticipent à la sécurisation des françaises pour prendre en
chantiers d’enlèvement des compte tous les aspects des
De manière générale, l’état des produits les plus dangereux, tels opérations extérieures dans un
infrastructures militaires et que le Propergol et les acides environnement multinational,
civiles du Kosovo ne cesse de particulièrement toxiques. Cette où chaque nation est attachée à
s’améliorer. Les déplacements action a même été étendue au démontrer sa capacité à gérer
sur les axes routiers sont plus secteur américain. une crise dans sa globalité, avec
rapides et se soldent par des précision et efficience, dans une
accidents de la circulation très Toutefois, cette action trouve exigence de sécurité qui
graves, nécessitant l’emploi de ses limites dans l’avenir des convient à une armée profes-
matériels de désincarcération modules de pompiers au sionnalisée.

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Capitaine Les renforts militaires


REININGER
Marc dans la lutte contre les
feux de forêts :
Issu de l’école militaire inter-
Plus de 700 hommes aux
armes, le capitaine REININGER
Marc rejoint le 6 e régiment du
côtés des UIISC
génie en 1991. Il assure les
fonctions de chef de section à Pendant la période estivale comprise entre le dernier mardi de juin et
la 141e CGDIMa, d’adjoint à la mi-septembre, le ministère de la Défense prête son concours à la
la 2 e compagnie de combat direction de la défense et de la sécurité civiles (DDSC).
mécanisée et commande la
3e compagnie de combat. Régi par un protocole d'accord avec le ministère de l’Intérieur, ce
concours s'applique dans les 15 départements de la zone de défense
Après un an comme chef du sud, pour la prévention et la lutte contre les feux de forêts.
BRCP, il est affecté en 1998
comme officier adjoint au BOI
du commandement des forma- La participation des forces civile (COMFORMISC) qui
tions militaires de la sécurité armées peut être de deux types : assure la planification et la coor-
civile (COMFORMISC). dination de l’ensemble des
Il est plus particulièrement - concours direct avec des for-
mations militaires d'interven- moyens.
chargé de la formation et des
études générales. tion de surface (FMIS) et des
moyens aériens d’interven- LES CONCOURS DIRECTS
Le capitaine REININGER a eu tion (MAI) ;
I. Les formations militaires
l’occasion de servir en opération - concours indirect pour le
extérieure en République
d’intervention de surface
soutien des moyens opéra-
Centrafricaine, en ex-Yougos- (FMIS)
tionnels de la sécurité civile.
lavie (Krajina, Sarajevo), au
Les FMIS regroupent quatre
Cambodge et a participé à L’emploi des moyens militaires, types d’éléments qui conservent
plusieurs missions de secours à coordonné par une cellule de leur hiérarchie propre.
l’étranger. liaison et de coordination
militaire (CLC) située au centre Lorsqu'ils sont engagés dans
interrégional de coordination des missions « feu », ces
opérationnelle de la sécurité éléments doivent être obliga-
civile (CIRCOSC) à Valabre, est toirement assistés de cadres
planifié dans le cadre de deux spécialisés (sapeurs-pompiers
plans complémentaires : ou UIISC). Ils reçoivent des
- le plan « HEPHAISTOS » matériels spécifiques de lutte
conçu pour faire face à une contre l'incendie et de protec-
aggravation progressive des tion individuelle fournis par le
risques. Il est articulé autour responsable des secours auprès
de 3 stades correspondant à 3 duquel ils sont mis pour emploi.
niveaux de risques évalués
par la DDSC ; 1.1. Les modules adaptés de
surveillance (MAS)
- le plan « HEPHAISTOS
ROUGE », comparable à un Ces modules offrent une grande
plan ORSEC, qui est établi souplesse d'emploi pour des
pour faire face à une situation missions de surveillance pré-
de catastrophe déclarée. ventive ou de contrôle des
foyers résiduels après traite-
Au même titre que les UIISC, les ment par les UIISC ou sapeurs-
moyens militaires sont des pompiers.
renforts nationaux, toujours
placés en renforcement auprès Leur composition est de 17 mili-
du commandement des forma- taires et d'un cadre/sapeur-
tions militaires de la sécurité pompier ; 8 VLTT.

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1.2. Les sections militaires


intégrées (SMI)

Instruites pour lutter contre les


feux de forêts non violents, ces
sections sont engagées dans les
missions de lutte contre les feux
aux côtés d'une formation des
UIISC. Elles peuvent être
également engagées dans des
missions de surveillance pré-
ventive, dans le traitement des
lisières ou la réalisation de
coupe-feu de circonstance.

Quatre SMI (effectif par section :


30) sont intégrées aux UIISC 1 et
7. L'instruction « incendie » des
SMI est dispensée au cours des
trois premiers jours de la mise Surveillance par une SMI d’un foyer maîtrisé
en place de ces éléments dans
les UIISC.
contre les feux de forêts (SMS (sapeurs-pompiers et UIISC) et
Air et Marine) ou les feux de ne sont jamais engagées
1.3. Les sections militaires spé-
forêts non-violents (SMS Terre). isolément.
cialisées (SMS)

D'un effectif de 17 militaires, ce Ces formations ne sont jamais 1.4. Les compagnies militaires
sont des formations de chacune intégrées dans les UIISC. Elles de renfort (CMR)
des armées, ayant subi une ins- doivent agir conjointement avec
truction spécifique pour lutter d'autres formations spécialisées Composées d'un élément de

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II. Les moyens aériens d’in-


tervention (MAI)

Les moyens aériens éventuelle-


ment fournis par la défense sont
des hélicoptères légers (HL) ou
des hélicoptères de manœuvre
(HM). Ils interviennent en renfort
de ceux de la sécurité civile pour
accomplir des missions de
reconnaissance, de transport de
PC volant, de secours d’urgence,
d’héliportage et d’hélitransport
d’UIISC, de FMIS, de sapeurs
pompiers, ou de matériel
incendie.

Groupe alimentation d’une SMI assurant le ravitaillement en eau LES CONCOURS INDIRECTS
à partir d’une motopompe

Pendant la campagne, les


commandement et de liaisons et massifs forestiers ou de contrôle armées peuvent être sollicitées
de 3 sections (57 hommes au des foyers maîtrisés. par le ministre de l'Intérieur
minimum), ces formations, qui pour renforcer le personnel et
n'ont pas reçu d'instruction les moyens matériels de la
incendie, sont désignées pour Elles sont employées exclusive- DDSC et les services départe-
assurer des missions de qua- ment dans le cadre du plan mentaux d’incendie et de
drillage et de surveillance des HEPHAISTOS ROUGE. secours (SDIS).

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I. L’assistance aux personnels pation au triage, aux évacua- ptères de manœuvre est accordé
et aux appareils de la DDSC tions sanitaires primaires et annuellement pour la formation
secondaires, ainsi qu'à l'hos- des équipes d'intervention héli-
Il s'agit d'assurer un soutien pitalisation dans les hôpitaux portées des UIISC.
logistique au profit des unités militaires spécialisés ;
mobiles de sapeurs pompiers en - d'assistance aux populations III. La surveillance des feux
transit ou en phase de remise en sinistrées : aide à l'évacuation
condition dans la zone (nourri- par voie aérienne, routière,
ture, hébergement, ravitaille- maritime, participation à l'hé- Afin d'améliorer l'action préven-
ment en carburants). bergement et l'alimentation… tive et de raccourcir les délais
d'intervention sur les départs de
- de transport de renforts civils
Dans le cadre du plan HEPHAIS- ou militaires de lutte. feux, les commandants d'unités
TOS ROUGE, ce soutien logis- volantes sont formés pour
tique peut s’étendre à des II. L’instruction des UIISC rendre compte systématique-
missions : ment par radio de tout sinistre
- de soutien santé avec partici- Un crédit d’heures d'hélico- constaté en vol.

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Colonel Le " Génie " au service


SIMON
Didier des DOM-TOM :
le Service Militaire
Officier issu des rangs de l’École
Adapté…
militaire interarmes en 1980, le
colonel Didier SIMON est chef Preuve de son succès et de sa pérennité, le service militaire adapté
d’état-major du Commande- (SMA) a fêté en 2001 le quarantième anniversaire de sa création. Créé
ment du service militaire adapté aux Antilles – Guyane en 1961, il s’est progressivement étendu à la
depuis l’été 2000. Réunion (1965), à la Nouvelle Calédonie (1986), à Mayotte (1988), à la
Polynésie française (1989). En 1995, un détachement a vu le jour à
Chef de section au 71 e régiment Périgueux.
du génie à OISSEL et comman-
dant d’unité au 10 e régiment du Fort de cette diversité, cet outil experts, formateurs, conseillers,
génie à SPIRE, il a assuré de formation atypique, relevant ces sapeurs occupent une place
la fonction d’adjoint études du ministère de l’outremer essentielle au sein de cette insti-
formation au Centre d’études depuis 1968, a parfaitement tution et participent pleinement
tactiques et d’expérimentation à la réussite des actions de
rempli, avec son encadrement
du génie de 95 à 98.
militaire, ses missions d’inser- formation et d’insertion, et des
tion et de développement missions d’intervention.
Breveté de l’enseignement
militaire supérieur, il a durant ces quarante années.
commandé le 3e RSMA à Ainsi, près de 100000 jeunes
CAYENNE de 1998 à 2000. ultramarins ont été formés et 1) LA DIMENSION INTER-
ont participé à la réalisation de MINISTÉRIELLE DU SMA
plus de 2500 kilomètres de
routes, pistes et autres ouvrages Aux termes d’une instruction
d’infrastructure dans le cadre du particulière du Premier ministre
développement des collectivités datée d’août 1968, le SMA
d’outremer. relève du ministère des départe-
ments et territoires d’outre-mer,
Près d’un quart de l’encadre- qui dispose à son budget des
ment, officiers, sous officiers et emplois et des crédits néces-
EVAT, provient de l’arme du saires aux activités autres que
Génie, toutes composantes militaires. L’arsenal textuel de
confondues. A la fois chefs, 1991 (décret, arrêté et instruc-

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tion interministériels) précise les mique, social et culturel de • La direction des affaires
relations entre le ministère de la l’Outremer, à travers le finan- économiques, sociales et
Défense et le secrétariat d'État cement du logement social et culturelles (DAESC) a une
à l’outre-mer, et répartit les celui des actions en faveur de mission de pilotage du dé-
modalités pratiques de com- l'emploi et de l'insertion dans veloppement économique
mandement, d’organisation et les départements d'outre-mer. outremer, d'amélioration des
de fonctionnement entre les conditions de vie des popula-
deux ministères. • une mission de coordina- tions et de soutien à l'expres-
tion de l'action des minis- sion de leurs richesses cultu-
tères qui interviennent outre- relles. A cet effet, elle exerce
11) Le Secrétariat d’État à
mer dans des domaines les compétences liées, d'une
l’Outre-mer : la pluralité des précis (par exemple, édu- part aux interventions direc-
compétences de l’Adminis- cation, culture, jeunesse et tes en matière de logement
tration au service de l’outre- sports) ou pour œuvrer à son social, de politique de l'em-
mer français. développement économique ploi et de l'insertion, de
et social (par exemple, indus- soutien aux investissements
De création récente, puisqu’il
trie, agriculture, emploi). publics et aux activités cultu-
n’est pas antérieur à la V e
relles et, d'autre part, à la
République, le ministère de l’ou-
coordination des interven-
tremer est cependant l’héritier Le ministère joue également un
tions des ministères tech-
de formations administratives rôle en matière internationale
niques en faveur du dévelop-
beaucoup plus anciennes dont dès lors que les départements,
pement économique, social et
le développement s’est fait au territoires et collectivités territo-
culturel de l'ensemble des
gré de l’expansion française riales sont concernés (coopéra-
collectivités qui composent
outre-mer. Créé de façon formel- tion régionale, affaires euro- l’outre-mer.
le en 1959, le nouveau départe- péennes, traités).
ment ministériel chargé des
départements et territoires Le Service Militaire Adapté
Au sein du secrétariat d'État, les
d’outre-mer évolue depuis entre dépend de cette direction et le
missions sont réparties entre
quatre types de situation : commandant du SMA relève du
deux directions, mises en place
ministère, ministère délégué directeur de la DAESC au même
depuis 1979, qui exercent leurs
auprès du Premier ministre, titre que les autres chefs de
attributions sous l'autorité du
secrétariat d'État auprès du département, économique,
ministre.
Premier ministre, et enfin secré- social ou culturel.
tariat d'État auprès du ministère • La direction des affaires
de l’Intérieur. politiques, administratives
et financières (DAPAF) 12) Le Service Militaire
Le Secrétariat d'État à l’outre- exerce les attributions de sou- Adapté : 40 ans d’efficacité
mer remplit trois missions prin- veraineté. C'est la direction de au profit de l’outre-mer et de
cipales : la sécurité, du droit, des sa jeunesse.
• Une mission de souverai- affaires internationales, du
neté, puisqu'il exerce l'auto- conseil et du contrôle des col- Organisme de formation et de
rité de l'État outre-mer. Dans lectivités. Elle est par ailleurs promotion sociale, le SMA a
les départements d'Outre- responsable du fonctionne- pour mission principale de
mer, ses attributions sont ment des services d'État faciliter l’insertion dans la vie
celles qu'exerce le ministère (administration centrale et active des jeunes gens et jeunes
de l'Intérieur en métropole. services déconcentrés). filles des DOM/TOM qui en font
Dans les territoires la demande. Ils servent
d ' O u t r e - m e r, e n alors, selon la loi du 28 oc-
Nouvelle-Calédonie tobre 1997 portant réforme
et les autres collec- du service national, comme
tivités territoriales, volontaires du service mili-
il exerce l'autorité taire adapté.
de l'État dans le
respect de l'organi- A cet effet, le SMA dispense
sation particulière une formation spécialisée et
de ces territoires, adaptée, dans un cadre mili-
définie par les diffé- taire et avec du personnel de
rents statuts. la Défense placé en position
de détachement. Au-delà de
• une mission d'in-
cette mission première, il
tervention directe
s’inscrit également dans les
en faveur du déve-
dispositifs d’intervention de
loppement écono-

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S A P E U R

formation professionnelle et de
chantiers d’application (plan de
campagne annuel).

De fait, les cadres du SMA sont


placés en permanence au cœur
d’un système de formation au
profit d’une jeunesse ultra-
marine défavorisée, difficile à
appréhender et exigeante. Il leur
faut par conséquent s’inscrire
dans une véritable continuité
éducative et œuvrer en complé-
mentarité et en partenariat avec
les autres organismes socio-
éducatifs, civils comme privés
d’ailleurs. Dans ce cadre, les
unités tiennent compte des poli-
tiques régionales de développe-
ment liées à la formation profes-
sionnelle, définies par les
conseils régionaux et formali-
l’État, dans le cadre des plans et d’insertion, elles le sont aussi
sées, pour les départements
de défense, de secours et d’aide par la complexité de leur envi-
d’outremer en particulier, dans
au service public, sous l’autorité ronnement et par les liens parti-
les contrats de plan État-Région
des généraux, commandants culiers de subordination qui les
(CPER) et les documents uniques
supérieurs (COMSUP) des caractérisent : le SEOM via le
de programmation (DOCUP)
forces armées de souveraineté. COMSMA pour la partie organi-
validés par la Commission
Enfin, il participe au tra-vers des sationnelle et fonctionnelle (à
Européenne. Ainsi cela permet-il
chantiers d’application, en parfois plus de 10000 kms), la
liaison avec les préfets, hauts au SMA de recevoir des fonds
Défense via le COMSUP (com-
commissaires et les présidents européens, sous réserve d’en
mandement interarmées) pour
des collectivités territoriales, au justifier périodiquement l’emploi
les activités liées de près
développement des territoires auprès des instances euro-
(formation et entraînement
ultramarins là où ses formations péennes, nationales et locales
militaire, interventions…) ou de
sont implantées. de contrôle, en respectant les
loin (en terme d’image) à la
règles d’éligibilité et les strictes
Défense, le préfet enfin, pour la
Apprécié de tous les acteurs procédures communautaires.
coordination des activités de
locaux, attractif pour les jeunes
et bien intégré dans l’ensemble
des dispositifs de formation pro-
fessionnelle, le SMA prend en
charge chaque année environ
25 % des jeunes d’une classe
d’âge, sortis du système édu-
catif sans qualification, avec un
bon taux d’insertion (71 % en
2001). Le succès de cette forme
originale d’insertion a conduit le
gouvernement à fixer comme
objectif d’atteindre en 2003 le
chiffre de 3000 volontaires
formés, soit autant que d’appe-
lés formés en 1998.

13) L’environnement du SMA :


diversité et complexité.

Tout d’abord, il convient de


rappeler que si les unités du
SMA sont originales par leurs
missions sociales de formation

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S A P E U R

Cela accroît sans aucun doute la structure et des chantiers fessionnelle sont regroupées
complexité de l’environnement d’application, placé aux toutes les formations liées
dans lequel les unités sont ordres d’un officier supérieur aux métiers du bâtiment et
appelés à évoluer, ainsi que des adjoint travaux (OSAT). des travaux publics ; une
tâches à accomplir par l’enca- autre peut être spécialisée
drement dans la vie quoti- • Une compagnie de formation dans le domaine de l’agricul-
dienne. professionnelle, commande- ture et de l’élevage ; une
ment et logistique, (CFP CL), troisième regroupe d’autres
chargée du soutien et de la vie métiers (protection, transport,
2) LA PLACE DU GÉNIE DANS courante du régiment, ainsi etc.) ou s’occupe plus particu-
que des filières de formation lièrement de la préformation
L’INSTITUTION SMA : À LA ou de formations pré-quali-
liées aux métiers du soutien
CROISÉE DES CHEMINS… fiantes… La formation de
(restauration, agent adminis-
DE LA FORMATION, DE LA base des jeunes volontaires
tratif, magasiniers, mécani-
est assurée au sein d’une CFP
TECHNIQUE ET DE L’INTER- cien…). par une ou deux sections spé-
VENTION. cialisées.
• Plusieurs compagnies de
formation professionnelle
(CFP) englobant les diverses
21) L’organisation d’une
filières de formation dispen- 22) Les fonctions occupées
unité du SMA sées au SMA, souvent regrou- par les sapeurs : du chef de
pées par pôle. Ainsi, dans une corps au moniteur technique.
Une unité du compagnie de formation pro-
SMA est arti-
Un quart du personnel d'active
culée en un état-
affecté dans un régiment ou un
major et une ou
groupement du SMA appartient
plusieurs com-
à l'arme du Génie : 23 % des
pagnies.
officiers, 20 % des sous-officiers
et 31 % des EVAT.
• L’ é t a t - m a j o r
reste classi-
que, avec tou- A côté de ces cadres, chargés
tefois un ser- des fonctions de direction, de
vice original soutien et de formation, on
chargé des trouve les moniteurs tech-
études et du niques, jeunes EVSMA titulaires
suivi des tra- des qualifications techniques
vaux d'infra- adéquates (BAC pro, BTS).

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23) Les sapeurs dans socio-éducatifs tels l'AFPA, chaque département ou terri-
l’action : formateur et techni- l'ANPE…) sont fonctions des toire, des collectivités locales et
cien besoins des territoires et des régionales, et des unités, pour
débouchés offerts aux jeunes. aider au développement, partici-
A l’instar de ce qui se passe Elles permettent soit l'attribu- per à la réalisation de réseaux
dans la Défense, le génie est tion d'un titre diplômant AFPA structurants ou améliorer les
omniprésent et les trois compo- de niveau 5 (CFP), ou d'un CAP, infrastructures. Ils sont réalisés
santes sont représentées au sein soit de l'attestation de formation sous la direction de l'officier
du SMA. professionnelle du SMA (AFP), supérieur adjoint travaux (OSAT),
après environ 800 heures de titulaire d’un diplôme technique,
231) Le génie forme… forma-tion. Cette attestation a selon un calendrier arrêté sous
été officiellement reconnue par la direction du préfet de région,
Organisé sous forme de modu- la loi PERBEN de juillet 1994. De et approuvé en final par le
les ou en formation continue, nom-breux sous-officiers du secrétariat d'État à l'outre-mer
l'apprentissage d'un métier est Génie, qu’ils viennent des (DAESC/COMSMA). Les services
l'objectif prioritaire des centres régiments des forces, du génie de l’OSAT assurent le montage
de formation du SMA. La de l’air ou de la composante des dossiers techniques et effec-
formation professionnelle est infrastructure, dispensent les tuent, avec les commandants
répartie en grands domaines, formations infrastructure, agent d’unité (Génie) de formation
allant des métiers du secteur d’entretien de bâtiment ou professionnelle, les indispen-
agricole jusqu'aux métiers du conducteur d’en-gins, en tant sables reconnaissances. Les
secteur tertiaire, de la restaura- que chef de section, adjoint ou sapeurs des unités, chefs de
tion, de la mécanique, ou d'au- chef de groupe. section, adjoints et moniteurs
tres encore…, en passant par les techniques, assurent le suivi et
formations du bâtiment et tra- 232) Le génie construit… l’exécution de ces chantiers
vaux publics, domaines où les avec leurs sections de stagiaires
compétences du génie sont una- Après la formation élémentaire en formation.
nimement reconnues. Toutes théorique et pratique, les sta-
ces filières, décidées à l'occa- giaires effectuent au sein du 233) Le génie intervient…
sion d'un conseil de perfection- SMA « entreprise », leurs modu-
nement (qui réunit annuelle- les de synthèse pédagogiques, Sans évoquer en détail les diffé-
ment autour d'une même table, soit l’équivalent d’une applica- rentes possibilités d’interven-
sous la présidence du préfet, tion grandeur nature appelée tion des unités SMA, il faut
des représentants de l'État, du chantier d’application. Ces tra- rappeler que c’est dans le cas
SMA et des autres organismes vaux sont effectués au profit de des plans de secours ou d’aide

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au service public, que les capa- coupures. Ces capacités sont routes, pistes et autres ouvrages
cités d’intervention du SMA, et avant tout légitimées par les d’art existent outre-mer grâce,
donc les savoir faire des filières de formation profession- entre autres, aux savoir-faire des
sapeurs, prennent toutes leurs nelle dispensées aux jeunes sapeurs, formateurs et bâtis-
dimensions. La double capacité volontaires par des sapeurs seurs, chefs et conseillers. Ainsi,
à intervenir, de façon autonome qualifiés, principalement dans le SMA permet-il à de nombreux
ou en complément d’autres les domaines bâtiments et cadres du Génie, toutes spéciali-
intervenants, et/ou à assurer un travaux publics.
tés confondues, d’acquérir
soutien logistique de proximité
outre-mer, en situation réelle,
d’éléments extérieurs (Sécurité
dans un environnement particu-
civile, Gendarmerie…) est parti- CONCLUSION lier et souvent complexe à
culièrement appréciée dans ces
occasions. Sont en fait re- Le "Génie" de l'outre-mer, avec appréhender, au contact d’une
connues explicitement l’exper- son personnel détaché au sein population diversifiée, notam-
tise « terrain » et la capacité des unités et de l’état-major du ment à base de jeunes fragilisés,
d’aide à la mobilité, tant dans sa SMA, tient parfaitement sa place l’expérience humaine et tech-
partie ouverture ou rétablisse- et contribue avec efficacité et nique indispensable pour réus-
ment d’itinéraires que dans le dynamisme au succès de cette sir dans cette vie de militaire
domaine du franchissement de institution. Bon nombre de qu’ils ont choisie.

GUADELOUPE
PERIGUEUX PARIS
1995 St-Martin et St Barthélémy
Cyclone LUIS 2000 PERIGUEUX 2000 ILE-DE-FRANCE
1995 Guadeloupe Participation cellule intervention préfecture déblaiement arbres abattus suite à une tempête
Ravitaillement en eau
Cyclone MARYLIN
1999 Baie - Mahault
Collecte des déchets ménagers
1999 Guadeloupe et St Barthélémy
Cyclone LENNY

MARTINIQUE NOUVELLE-CALÉDONIE

1995 Cyclone IRIS 1996 PROVINCE NORD


1995 Cyclone MARYLIN Cyclone BETI
1995 St-Martin 1997 KOUMAC
Cyclone IRIS et LUIS Extinction d’incendie
1995 St-Barthélémy 1998 NANDAI
Ourangan GEORGES Extinction d’incendie
1998 GUATEMALA 1999 KOUMAC
Cyclone MITCH Extinction d’incendie
1999 Prêcheur, St-Pierre, Corbet
Ouragan LENNY

POLYNÉSIE-FRANÇAISE

1997 Eradication de la mouche à fruit


1997 TUBAI LA RÉUNION
Cyclone MARTIN
1997 TUBAI 1998 Cirque de SALAZIE
Cyclone OSEA Pluies dilluviennes
1998 TUBAI 1998 BOURG MURAT
Extinction de feux de forêt Eruption du volcan
1998 Ile de RAIATEA GUYANE MAYOTTE 1998 PAS DE BELLECOMBE
Eradication de la plante Miconia Guidage des visiteurs
1999 Ile de RAIATEA 1996 Remire Monjoly 1999 HODINA 1999 Plaine des CAFRES, Terre Sainte
Eradication de la plante Miconia Mini Raz-de-Marée Extinction d’incendie Extinction d’incendie et surveillance
1999 TUBAI 1998 Remire Monjoly 2000 Cirque de SALAZIE
Extinction de feux de forêt Renforcement de digue Cyclone CONNIE

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Monsieur Se réapproprier
PERNOT
Jean-François les fondements : Le Génie,
l’arme interministérielle
par essence
Maître de conférences/Histoire
de la Civilisation Moderne au
Collège de France à PARIS Vauban est notre figure, notre emblème, notre modèle de démarche
car il est reconnu positivement par tous les Français. Avec la fête du
Responsable du Séminaire Génie depuis 2001, nous lui reconnaissons au service de la France -
BASTION « Génie, Fortifications, lui qui fut autant citoyen que soldat - cette recherche permanente de
Patrimoine urbain » - C.E.H.D. solutions pertinentes et au coût le plus raisonnable possible afin que
(centre d’études d’histoire de la vive, que survive notre Pays avec une Défense immédiate et une
défense) - Ministère de la bonne utilisation de ses composantes économiques. Il installa,
Défense - Château de Vincennes justifia donc par ses pratiques, l’Esprit de Défense qui ne peut être
que global et socle sur lequel nous fondons notre structure politique
et militaire (cf. Histoire militaire de la France, s/dir. A. Corvisier, PUF).

Avant que la Défense de la Henri IV avait su utiliser le


France soit ainsi organisée avec potentiel et les ambitions de son
cohérence totale alliant fortifica- « fidèle » en lui confiant outre
tions et troupes permanentes l’économie de la France, la
réglées sous l’action efficace charge du Grand Voyer de
des Le Tellier père et fils, de France, de Voyer de Paris, la
Richelieu à Louis XIV (cf. A. Surintendance des bâtiments du
Corvisier, éd. Fayard), il faut Royaume, la Surintendance des
souligner avec force que tout Fortifications laquelle sera
avait débuté fin XVIe siècle lors accompagnée par la charge de
de la reconquête-pacification Grand-Maître de l’Artillerie, de
entreprise par Henri IV épaulé Gouverneur de la Bastille ainsi
par son solide homme de que celle de Conseiller au Parle-
confiance Sully (cf. B. Barbiche, ment (cf. JP. Babelon, Fayard).
éd. Fayard). Maximilien de
Rosny, avant d’être la référence En ce début du XVIIe siècle, Sully
des Surintendants des finances, avait donc en ses mains tous les
fut d’abord un militaire sur le moyens de l’aménagement et de
terrain, payant de sa personne. la Défense de la France.

Il ne faut en aucune manière Des routes et remparts furent


oublier ou minimiser la réalité entrepris, entretenus avec
de cette famille qui, même si les vigueur, il faut souligner qu’il fit
résultats n’étaient pas toujours établir en parallèle des cartes
éclatants, avait de forts liens des zones frontières.
avec l’administration générale
du Royaume. Organiser rationnellement les
moyens afin de perdurer
Un grand-père était Président en demande de coordonner rigou-
la Chambre des Comptes et reusement les différents ingé-
Maximilien avait pu mesurer les nieurs avec le renseignement
difficultés de réunir - lors de ( c f . A m i r a l P. L a c o s t e , é d .
cette décennie précédant la Paix Économica).
franco-espagnole de Vervins
(1598) - les moyens de son En installant une hiérarchie avec
projet politique qui n’était autre des missions et objectifs précis,
que de redonner le rang à la depuis les ingénieurs « provin-
France après son effondrement ciaux », les « en chef » dans les
dans les affrontements fratri- places assistés de spécialistes
cides des Guerres de religions. localement, les « particuliers ».

- 71 -
S A P E U R

succès anti-espagnol de Rocroi


(1643).

Il est depuis sa citadelle de Lille -


copie de celle d’Anvers qui avait
recopié celle du turin laquelle
avait été fondée sur les écrits de
Paciotto (Città del Principe,
1544-54) - au premier rang pour
mesurer, analyser, combattre le
système économique hollandais
qui avec la 1re Bourse et la 1re
Banque s’était imposé comme
modèle aux économies euro-
péennes.

Vauban pense intelligence éco-


L’implantation, le développe- énergies réunies pour le service nomique, veille stratégique et
ment, l’entretien des places de la France (cf. sa carte de technologique. Il n’y a pas de
furent alors décidés en fonction secteur neutre, calme car les
l’Élection de Vézelay).
de l’analyse stratégique qui concurrents de la France - les
reposait sur les réseaux mis en Provinces Unies sont alors
Ses mémoires sur les canaux
évidence par ces cartes, œuvres encore nos alliées - n’ont aucun
répondent à ceux sur les
scrupule.
dans les Alpes des responsables mortiers (tant en maçonnerie
eux-mêmes des travaux (Jean qu’en artillerie). Ses propos ne L’ingénieur et le gouverneur des
de Beins… cf. D. Buisseret, Les sont pas encyclopédiques pour places sont des concepteurs et
ingénieurs d’Henri IV). un vain jeu intellectuel et donc au préalable des deman-
scolaire, mais afin d’embraser et deurs et des synthétiseurs de
Il a donc bien à l’origine de notre de joindre « tout ce qui concourt documentation (cf. A. de Ville
appareil d’État, une volonté et à la Défense nationale ». étudié par JF. Pernot).
une pratique fondatrice synthé-
tique. Le contrôle Général des Il est le père naturel de l’Or- Le coût d’une place forte est tel
finances était aussi bien
donnance de 1959. L’homme que le choix, l’enjeu et l’entre-
Économie et Finances qu’Inté-
refusa de constituer un recueil tien pèseront longtemps.
rieur, Ministères spécialisés et
unique de ses conceptions -
Nerf de la guerre. Les choix bud-
dont le risque était la sclérose, la Il n’est pas question d’agir sans
gétaires, les obligations an-
pensée unique - établit en 12 réflexion approfondie dans le
nuelles de travaux pour main-
volumes des « Oisivetés » dialo- cadre du maillage interne et des
tenir le tout à niveau, étaient le
guant entre eux, mais un réseau frontières articulées du royaume
creuset d’une interdépendance
complet et hiérarchisé des su- pour l’efficacité.
ministérielle.
jets urgents. S’organisent ainsi
une pensée et une action s’inspi- En choisissant les outils et en
Ne parlons-nous pas de départe- concevant des casernes, il crée
ment ministériels, preuve que rant des bassins fluviaux (cf.
textes réédités par JF. Pernot). puis impose la norme qui
l’ensemble forme un tout passera dans le public, dans
organique, moyen de survie l’entreprise privée (cf. JF.
d’une Nation par la vitalité de Il peut y avoir des erreurs ponc-
Pernot, Cahier du CEHD n° 10 et
son État (cf. JF. Pernot, B. tuelles, locales mais globale-
11, n° spécial RHA, 2001).
Barbiche, L. Bély). ment les enjeux perçus avec
réalisme furent traités avec adé-
Le hasard doit être réduit au
Vauban concevait chaque projet quation.
minimum pour une efficacité
en tenant compte de la totalité maximum, à l’abri le plus
des composantes réelles de l’en- Les écrits économiques de possible de toute surprise !
vi r o n n e m e n t , s i t e l o c a l e t Vauban sont autant des sys-
situation générale (flux, ravi- tèmes d’armes proposés afin Tant avec la guerre d'Indé-
taillements…). que vive et survive la France pendance Américaine que lors
laquelle avait bien failli être de celles de la Révolution et de
Ayant vécu paysan parmi les démembrée lors de la Fronde : l'Empire, même si les actions et
jeunes du Morvan, simple cadet pour lui tout devait être constructions ne s'accomplis-
au milieu d’une guerre civile, il entrepris afin que l’on ne puisse sent pas sur le territoire français
ne pouvait pas penser hors de revoir « plus jamais cela » et stricto sensu, tout est maintenu,
l’effort synthétique de toutes les soyons toujours dignes du prévu pour un développement

- 72 -
S A P E U R

économique participant à la surnom de "Vauban du Nouveau diction, informations) et moyens


Défense (cf. PH. Prost, Les Monde" (Cahier du CEHD n°11). d'import-export indispensables
bastions de l'Empire). au rang d'une grande puissance.
Il en fut de même pour Séré de
Carnot, issu de Mézières, l'un Rivières. Après une carrière Les avis sur toutes les implanta-
des pères de Polytechnique arme/service, il devint après la tions économiques ont eu un
conduit la Guerre stratégique- reprise des forts, simultanément impact réel, tout comme sur le
ment avec une dizaine d'Armées le secrétaire de la Commission mode dissuasif : préparations
simultanément, matériellement de Défense ainsi que du Sous- tant pour les faire sauter que
par armes et vivres donc écono- Comité exécutif. pour en assurer la sécurité, la
miquement car il faut uni- lutte contre l'incendie et les
formes, poudres et armement. Il était à la fois celui qui inondations.
Son rôle au Comité de Salut concevait une défense militaire
Public fut central, tout comme de la France avec ses places et Les normes sont à la fois prati-
ses fonctions de Ministre ou de rideaux et celui qui réorganisait ques au quotidien et utiles pour
défenseur d'Anvers. le territoire du fait de la perte assurer notre production tout en
des 3 départements tout comme assurant une défense contre des
Pour tenir son rang, sa place il permettait l'essor de l'indus- attaques directes ou des actions
dans le concert des Nations, il trie avec la fabrication de indirectes simples de déstabili-
faut être au meilleur sens pro- canons de Bange et les tourelles sation.
fessionnel dans l'interministé- Mougin.
riel. La barre est placée au plus Va u b a n a v a i t r é f l é c h i a u
haut car l'excellence vaut Son rôle capital et central commerce, aux colonies et aux
divisions et finances par l'image entraîna ainsi en retour sa mise problèmes de population, car
et le poids extérieur (cf. JP. à l'écart après 5 ans de forte sans visions larges les systèmes
Bertaud). impulsion. Il était un général ô d'armes ne servent à rien. Ses
combien efficace et donc trop successeurs ont suivi ses mé-
Les Sapeurs prévoient, formali- compétent pour ses confrères et thodes.
sent, conçoivent, réalisent dans portant ombrage pour le monde
l'immédiat et dans le long politique (Colloq. Épinal 1995). Séré de Rivières fut l'un des
terme, dans l'espace et le temps. pères de la République tant éco-
Dès les origines, ils furent les Avec la crise de l'obus torpille, nomiquement que militairement
premiers sur le terrain militaire, certains oublièrent les règles et en proposant une défense qui
stratégique et technique puis les références qui donnaient au reste un modèle quant à Simon
derniers afin de permettre un Génie son influence positive. Bernard, sa mort rapide fit
harmonieux et représentatif Joffre après avoir fortifié, partit oublier qu'il appliqua l'excel-
retour à la paix et à son maintien aux colonies où il fut "centurion" lence française dans le Nouveau
permanent. et spécialiste des
chemins de fer.
Le Général Simon Bernard en
est l'illustration parfaite trop Pendant ce temps,
méconnue. Durant sa carrière les Commissions
sous Napoléon Ier en Illyrie puis mixtes arbitraient,
à Anvers, puis comme « chef codifiaient les
adjoint » des ingénieurs aux moyens économi-
États Unis grâce à La Fayette ques de la France.
(1815-1830). Un pont pouvait
être un obstacle de
Il construisit sur la côte Est des contre-mobilité,
forts (Monroe), des routes, des mais en temps de
canaux et des ponts afin paix il pouvait être
d'assurer le commerce et le cas indispensable au
échéant les mouvements de développement
troupes avec armes et bagages. industriel de la
région.
Le territoire des États devenait
cohérent et équipé pour résister. Pour les côtes,
L'Espace était structuré intelli- batteries, phares
gemment et géographiquement et balises ainsi col-
afin que nul ne puisse réussir laboraient dans un
une agression. Il reçut donc en essor et dans des
appliquant la même démarche procédures de dé-
intelligente de son inspirateur, le fense (à fois inter-

- 73 -
S A P E U R

Monde. Son surnom souligne sa commun dès le temps de paix Le Corps du Génie américain
réussite. afin de pouvoir utiliser ses fondé par du Portail et de
savoirs et ses métiers lors d'un Rochefontaine, West Point
Après 1918, le nom Maginot est conflit. Le Génie est donc réver- réformé par Simon Bernard
inexact quant au ministre sible en civil et en militaire. doivent nous persuader de notre
(Painlevé), manifestant un Géné- capital à exploiter, à valoriser et
ral Belhague, inspecteur tenu en Le succès des Romains le dé- à maintenir à niveau en perma-
retrait ! Les solutions techniques, montre. De nos jours une ana- nence.
novatrices pourtant, furent mas- lyse précise de technologies
quées par la personnalité de défend nos brevets et nous rend Les Sapeurs sont depuis les
Pétain et de ce fait mal prise en indispensables sur les théâtres origines des pionniers de l'intel-
compte par le Haut Commande- d'opérations de même qu'autre- ligence en action, il s'agit
ment en 1940, sauf dans les Alpes. fois les ingénieurs du Roi étaient d'adapter sans cesse cette
très demandés par les puis- capacité dynamique essentielle
Un sapeur est vraiment lui- sances alliées ou adversaires de pour une Nation.
même lorsqu'il agit pour le bien la France.

- 74 -
S A P E U R

- 75 -
S A P E U R

For mation

Vers un pilotage de domaine unique ...................................................................................... LCL FERRAT .......................................... 67

D.A. Faut-il davantage différencier ?........................................................................................ LCL ISSAC ................................................ 69

Vers une évolution de la formation du deuxième niveau ............................ LCL FORTERRE .................................. 73

Un véritable parcours professionnel pour les militaires du rang ...... LCL FERRAT .......................................... 75

La formation sauvetage-déblaiement au S.M.A. ...................................................... LCL AVERTY .......................................... 79

- 76 -
S A P E U R

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S A P E U R

Lieutenant- Vers un pilotage


Colonel
FERRAT
Marc
de domaine unique
L'armée professionnelle, est aujourd'hui caractérisée par un format
contraint et des ressources comptées, par la disparition des compé-
tences offertes par la conscription, par une technicité accrue, par la
complexité croissante des types d'engagement. L'armée de terre doit
donc gagner la bataille des compétences. A cet effet, elle a constitué
Le Lieutenant-colonel FERRAT a un système de gestion de la ressource humaine grâce auquel elle
assuré les fonctions de com- cherche à conquérir et fidéliser une ressource de qualité, en assurant
mandant en second du 34e RG l'adéquation entre les compétences détenues et les missions à
de 1993 à 1995. remplir, en offrant des parcours professionnels attractifs et complets.

Affecté à l’ESAG, il commande


C'est pour cette raison qu'un l'état-major de l'armée de terre,
la division de perfectionnement
dispositif de pilotage de spécia- les acteurs de la gestion et de la
des officiers de 1995 à 1998.
lités a été constitué. L'armée de formation du personnel, il
terre a réparti l'ensemble des organise des groupes d'étude et
Il devient alors chargé de
activités professionnelles de conduit les comités de pilotage
mission, avec pour mandat la
son personnel au travers de pour statuer sur les évolutions
mise en place de la simulation
19 domaines de spécialités (1) et souhaitables et évaluer la perti-
dans les actions de formation de
de 11 pôles de compétence (2). nence des mesures déjà mises
l’école.
Pour chaque domaine et pôle, en œuvre. Il constitue les
un socle de textes réglemen- dossiers d'évolution qui seront
Il est chef du bureau pilotage de
taires définit les filières, les soumis pour instruction au
domaine au sein de la DEP
natures de filières, les emplois, Commandement de la formation
depuis septembre 2000.
les fonctions, les fiches de fonc- de l'armée de terre dans le cadre
tion, les compétences, le r é p e r - de la commission permanente
t o i r e d e s a c t i o n s d e forma- de la formation (CPF) avant
tion et les diplômes à obtenir approbation par l'état-major de
à chaque niveau. Le dispositif de l'armée de terre (EMAT).
pilotage a donc pour but, en
s'appuyant sur l'évolution des Il assure enfin les travaux d'écri-
concepts d'emploi, des systè- ture et de mise à jour de l'ins-
mes d'armes et des missions de truction ministérielle et des ins-
définir les compétences néces- tructions d'application, qui défi-
saires, les parcours profession- nissent les métiers et les cursus
nels et les cursus de formation. de formation associés du
domaine ou du pôle.
Le pilote de spécialités constitue
le niveau de cohérence et de Pour le génie, la figure 1 montre
synthèse de l'ensemble des le contour des responsabilités
études portant sur le domaine de formation, de culture d'arme,
ou le pôle. Il est ainsi le point de de pilotage de domaine et de
passage obligé de toute propo- pôles. Si le général comman-
sition d'évolution (création, sup- dant l'ESAG exerce des respon-
pression, modification) des sabilités de formation et de
métiers ou des cursus de culture d'arme pour l'ensemble
formation associés. du génie, il n'est aujourd'hui
pilote de spécialités que pour le
Animateur de réseau, en liaison domaine « Combat du génie » et
avec les organismes de veille, le pôle « Sécurité ». Pour ce

1) les domaines de spécialités se caractérisent par le fait qu'ils offrent, d'une


manière générale, des itinéraires professionnels continus et complets pour
le génie, le domaine combat et techniques du génie (GEN).
2) Généralement les pôles de compétences correspondent d'avantage à des
deuxièmes métiers. Ils n'offrent pas, d'une manière générale, des itiné-
raires professionnels continus et complets - pour nous, le pôle sécurité
(SEC) et le pôle technique d'opérations d'infrastructure (TOI).

- 78 -
S A P E U R

dernier, les formations spéci-


fiques sont dispensées principa-
lement au sein de la brigade de
sapeurs-pompiers de Paris ou
des unités d'intervention de la
sécurité civile. La BSPP assure
en outre la formation générale
de ses sous-officiers et de ses
militaires du rang.

C'est le général DCG qui est


pilote de spécialités pour le pôle
« Techniques d'opérations d'in-
frastructure ».

Demain, le génie devrait pré-


senter grâce au rassemblement
des trois composantes dans un
pilotage unique exercé par le
Fig. 1
général commandant l'ESAG,
une lisibilité plus grande et une vue unitaire sur l'avenir du aussi avec les administrations et
meilleure cohérence (CF figure 2). génie, tenant compte de la com- les entreprises est la plus à
plémentarité des trois compo- même de définir les évolutions
Si aujourd'hui, les interlocuteurs santes, sans faire d'impasse. des métiers du pôle.
principaux s'égarent dans la
complexité du génie au prix Enfin le pilote unique parlera Certes, le génie est complexe et
d'une confusion dans les mis- pour l'ensemble du génie. Son les métiers de ses trois compo-
sions, les pôles ou le domaine, poids relatif sera donc supérieur santes sont nombreux.
les pilotes, un dispositif unique pour faire entendre la voix du
devrait contribuer à atténuer génie. Le passage à un dispositif de
cette difficulté préjudiciable à pilotage unique fera coïncider le
l'efficacité de l'appui des forces Le pôle unique se situera au sein contour des responsabilités de
et améliorer la perception du de la direction des études et de formation, de culture d'arme et
génie par les responsables de la prospective. Travaillant en de pilotage. Ainsi, le génie sera
tous niveaux extérieurs au génie. collaboration avec la direction plus « lisible », sa voix se fera
générale de la formation, la DEP, mieux entendre : c'est le
Par ailleurs, un pilote unique est déjà en contact avec les princi- principe tout entier de l'unicité
susceptible d'avoir une vision paux organismes de l'adminis- du génie qui doit y gagner. C'est
globale plus précise des prio- tration centrale, profitera de au final une plus grande
rités à accorder en fonction l'action de la DCG, qui grâce à cohérence qui se traduira en
d'une politique unique. Le dis- ses contacts permanents avec opérations par une efficacité
positif devrait être de nature à l'ensemble des acteurs du bonifiée de l'action des trois
permettre une organisation plus ministère de la défense, mais composantes.
cohérente des métiers, des ac-
tions de formation, des parcours
professionnels, en prenant
mieux en compte les impératifs
des différents employeurs du
génie.

Ainsi, les synergies devraient


être renforcées, les possibilités
d'actions de formation commu-
nes mieux détectées et mieux
conduites. Il devrait être plus
aisé de donner aux cadres du
génie une formation plus
complète, plus cohérente, quel
que soit son domaine ou pôle
d'appartenance.

Face au devoir d'anticipation, un


dispositif unique induira une Fig. 2

- 79 -
S A P E U R

- 80 -
S A P E U R

Lieutenant- Division d’application :


colonel
ISSAC
Christophe
faut-il davantage
différencier ?
Le lieutenant-colonel ISSAC est Officiers d’active et officiers sous contrat sont formés ensemble pour
chef du département formation occuper demain, côte à côte, les mêmes postes de chef de section
opérationnelle à l’ESAG depuis dans les unités du génie.
septembre 2001.

Saint-cyrien de la promotion Pour les préparer à leurs futures - deux pour la composante
LCL GAUCHER (83-86), il sert missions opérationnelles, l’ob- sécurité : sapeur-pompier de
principalement dans la chaîne jectif de formation de la Division Paris et sécurité civile.
des forces, chef de section et d’Application est de former des
adjoint en CGDI au 31e régiment chefs de section aptes d’em- Dans l’état actuel le tronc
du génie, commandant d’une blée dans leur premier emploi. commun représente 7 mois de
compagnie de contre-mobilité formation pour une phase
du 71e régiment du génie et chef Sachant qu’ils pourront rejoin- d’adaptation de 4 mois. Cette
de BOI du 13 e régiment du génie. dre n’importe quelle unité des différenciation de la formation
composantes combat ou sécu- est passée de 4 semaines à
De formation scientifique, le LCL rité, on comprend facilement 4 mois en deux ans. Ce dispositif
ISSAC est ingénieur civil des que leur formation devra subir n’est pas figé et on peut se
ponts et chaussées. Il passe par une différenciation au cours du demander s’il ne faudrait pas
l’ESGM pour le stage des tech- stage. encore davantage différencier ?
niques de base du service en 92-
93 puis sert une année à l’éta- La question posée nous per-
Après un tronc commun de
blissement du génie de Limoges mettra d’aborder deux points :
formation d’arme, les lieute-
avant d’intégrer l’EMS2.
nants ont accès, après le choix - d’une part le nombre de pha-
de leur affectation, à cinq forma- ses d’adaptation ouvertes aux
Avant de prendre le commande-
tions différenciées : lieutenants.
ment du DFO, il enseigne pen-
dant une année la Résistance - trois pour la composante - d’autre part la durée des diffé-
des Matériaux au sein du Dépar- combat : aide au déploiement rentes phases d’adaptation et
tement Enseignement Scienti- (AAD), travaux lourds et l’équilibre entre le tronc
fique et Technique de l’ESAG. combat ; commun et ces phases.

- 81 -
S A P E U R

1. VERS DE NOUVELLES
ADAPTATIONS ?

Répondre au premier point


revient à se demander s’il ne
faudrait pas offrir aux futurs
chefs de section franchisse-
ment, contre-minage et obsta-
cles, qui sont au sein de la
phase d’adaptation combat,
une phase d’adaptation particu-
lière pour les préparer à leur
futur commandement ?

Compte tenu des matériels ser-


vis et de leur emploi, il faut
effectivement préparer de ma-
nière spécifique ces futurs
chefs de section à leur premier
commandement.

Cependant, cette préparation accueillant lors d’exercices Les objectifs de cette phase sont :
s’oriente vers une forme diffé- d’entraînement ou d’instruc-
- d’intégrer le jeune lieutenant
rente d’une formation d’adapta- tion collective. Ce déport de
dans l’arme du génie et le
tion à part entière. la formation est particulière-
former au comportement
ment important pour la prépa-
militaire ;
En effet, tous les futurs chefs de ration de chefs de section très
section cités ont toute leur place spécialisés, par exemple dans - de lui donner les compé-
aux côtés des futurs chefs de le domaine du contre-minage. tences :
sections de combat qu’ils ren- Lors des exercices proposés
. pour assurer le fonctionne-
forceront demain, avec leurs par les régiments, le stagiaire
ment courant de la section
moyens spécialisés, sur les sites pourra acquérir la connais-
de franchissement, dans les (gestion du personnel, MEC
sance des matériels et de leur
opérations de bréchage et pour des matériels, sécurité,
emploi et commencer son
la réalisation d’obstacles. EPMS…) ;
intégration dans son futur
milieu régimentaire. . pour préparer l’engage-
La spécificité de leur premier ment opérationnel de la
emploi sera prise en compte section ;
d’une autre manière, grâce à 2. ÉQUILIBRE ENTRE POLYVA-
deux dispositifs complémen- . pour maîtriser la sûreté
LENCE ET SPÉCIALISATION dans les déplacements et
taires :
les stationnements ;
- des mises en situation de Le deuxième point nous inter-
commandement de moyens roge sur l’équilibre entre poly- . pour conduire l’engage-
correspondants à leur futur valence et spécialisation. Une ment d’une section de
emploi. Ces mises en situa- description des deux grandes combat dans les missions
tion de chef de section sont périodes de formation : le tronc majeures du génie.
réalisées lors d’exercices commun et la phase d’adapta-
d’application conduits avec tion, nous permettra d’appré- Le tronc commun (TC) repré-
des unités du partenariat. cier le temps nécessaire pour sente l’acquisition indispen-
Ainsi, pour un exercice de atteindre les objectifs fixés, de sable de connaissances d’arme
franchissement, c’est un futur formation d’arme pour la pre- et interarmes, en particulier en
chef de section EFA ou PFM mière et d’aptitude au premier matière de raisonnement de
qui commandera les moyens emploi à l’issue de la seconde. problèmes tactiques. Il doit
de franchissement sur le point rester un passage obligé, suffi-
de passage. Maintien d’un fort tronc samment dimensionné. Pour
- un partenariat inversé, entre commun atteindre les objectifs précé-
l’ESAG et les régiments du demment rappelés, une période
génie. Dans ce dispositif, en La phase de formation d’arme de six mois minimum est néces-
plein développement pour le doit donner à tous les stagiaires saire. C’est un volume plancher
cycle 2001-2002, les régi- d’origines diverses un référen- à préserver dans la formation de
ments participent à la for- tiel commun sur l’arme du tous les lieutenants pour
mation des stagiaires en les génie. quelques raisons majeures :

- 82 -
S A P E U R

tion de chantiers élémentaires


(béton armé, terrassements,
construction de pont). Le
stage « reconnaissance de ter-
rains sommaires » et des visi-
tes, de chantiers et de cen-
trales de production (béton,
carrière, produit noir), com-
plètent cette formation. Les
connaissances dispensées
donnent au lieutenant les
éléments pour organiser et
conduire un chantier de son
niveau.
- La phase d’adaptation AAD
est elle aussi organisée en
une partie d’acquisition de
connaissances et une autre
d’application. Elle s’appuie
sur le module AAD du tronc
commun et apporte les
connaissances complémen-
taires en matière de produc-
tion d’eau (stage EAU 3 de
- le tronc commun est le moule Une adaptation ciblée sur le conseiller du commande-
pour une population hétéro- premier emploi opérationnel ment), de production d’éner-
gène de lieutenants. Les gie, de rétablissement d’infra-
acquis de la formation d’arme La phase d’adaptation vise structure et de construction
permettront aux lieutenants, quant à elle à la maîtrise de la modulaire. Ces acquis per-
des composantes combat et spécificité du premier emploi et mettent au lieutenant d’être
sécurité, de travailler en- doit permettre au lieutenant engagé d’emblée sur des re-
semble lors des projections d’être engagé en opération dès connaissances et en conduite
intérieures ou extérieures. sa sortie d’école. de chantier.
L’imbrication et à la complé- Sur la base du tronc commun,
mentarité de ces acteurs chaque phase d’adaptation est - La phase d’adaptation sapeur-
pendant les engagements une action de formation à part pompier de Paris est conduite
imposent une coordination entière et fait l’objet d’un par la BSPP. Après une phase
des actions qui sera pleine- programme de détail dont d’acquisition de connaissan-
quelques caractéristiques sont ces et d’intégration dans le
ment obtenue si elle s’appuie
données ici : milieu, le lieutenant fait son
sur une base de connais-
apprentissage avec des exer-
sances communes et une - La phase d’adaptation combat cices de secours, de feux, sur
reconnaissance mutuelle. est un approfondissement du des cas concrets gaz, inter-
- passage obligé pour les tronc commun. Dans le vention sur immeuble de
domaine de l’appui direct, le grande hauteur. Au final, cette
jeunes officiers du génie, le
contact avec l’interarmes est période permet au lieutenant
TC, creuset d’une arme
systématiquement recherché. d’assurer sa mission opéra-
unique, autorise les variante-
Cette adaptation permet aussi tionnelle et de service courant
ments de carrière entre les
d’étendre les connaissances dans sa compagnie incendie.
spécialités et comme on peut
dans le domaine de l’appui Cette formation sera complé-
le constater, pratiquement à général : ACM, dépollution,
tous grades. Une différencia- tée par le brevet de préven-
rétablissement de zone, inter- tion, passé dans le courant de
tion trop précoce ferait courir opérabilité, et préparer ainsi
le risque d’une scission du sa première année à la BSPP,
les lieutenants à la réalité des lui permettant ainsi de partici-
génie entre ses composantes. actions menées sur les diffé- per à des commissions de
- le contenu de la formation rents théâtres d’opérations. sécurité.
d’arme préserve l’avenir des - La phase d’adaptation travaux
officiers du génie en leur - La phase d’adaptation sécu-
se compose de deux pério-
donnant un bagage pour leur rité civile est conduite par le
des : une période d’acquisi-
COMFORMISC. Elle forme les
deuxième temps de carrière à tion de connaissances, théo-
futurs chef de section d’inter-
partir du DEM et pour la pré- riques et techniques, et une
vention dans un large éventail
paration des concours de période d’application centrée
d’actions : sauvetage-déblaie-
l’EMS 2. sur l’organisation et la réalisa-

- 83 -
S A P E U R

luation externe des lieutenants


après six mois passés au sein
des unités. Cette évaluation,
reconduite de manière annuelle,
donnera les éléments pour
aménager le programme. Dans
l’état actuel, l’équilibre tronc
commun à 7 mois/adaptation à 4
mois ainsi que l’éventail des dif-
férenciations ouvertes semblent
optimiser les onze mois de
stage. Les objectifs recherchés
sont atteints : le lieutenant est
préparé à la spécificité de son
premier commandement et cha-
que officier de l’arme partage
les connaissances de bases
communes.

Cet état, atteint pour le cycle


2001-2002, devrait faire l’objet
de deux aménagements pour le
ment, feux de forêt, risques emploi. Pour la sécurité civile, prochain cycle :
technologiques, risques chi- pour laquelle le contrat d’apti-
miques. La période d’adapta- tude d’emblée au premier em- - la création d’un module inter-
tion rend le lieutenant apte à ploi n’est pas entièrement rem- composantes à la charnière
conduire des missions de base pli, la proposition est de privilé- entre le tronc commun et la
du type cyclone ou tempête. gier l’accomplissement des phase d’adaptation. Ce mo-
Cette formation doit être stages complémentaires dans le dule vise à renforcer les
complétée ensuite par d’au- milieu d’affectation plutôt que connaissances des lieute-
tres stages qualifiants, d’un d’augmenter de deux mois la nants sur les trois compo-
volume de huit semaines, phase d’adaptation pour les sta- santes du génie : combat,
avant d’atteindre l’aptitude giaires concernés. Il paraît en sécurité et infrastructure. Dès
pour tous types de missions. effet beaucoup plus pédago- l’école, il s’agit de faciliter la
gique et progressif de réaliser synergie entre les trois spé-
ces stages quand le lieutenant cialités par une connaissance
Les cinq adaptations proposées, est déjà en situation et a acquis réciproque.
renforcées par le dispositif parti- un début d’expérience profes-
culier du partenariat inversé, sionnelle. - le renforcement de la phase
seront conduites sur 4 mois d’adaptation par la création
pour la première fois pour le d’un exercice de synthèse en
cycle 2001-2002. Elles apparais- Premier bilan fin d’année engageant les
sent bien dimensionnées pour lieutenants dans leur spécia-
quatre d’entre-elles : combat, Un grand pas dans la différen- lité.
travaux, aide au déploiement et ciation a été franchi en deux
sapeur-pompier de Paris. cycles, entre 2000 et 2002. Il faut Le tronc commun sera alors
maintenant prendre le temps taillé sur une période de six
Chacune d’elle apporte les com- d’analyser le retour d’expé- mois tout en garantissant les
pétences spécifiques au premier rience. Il sera apporté par l’éva- fondamentaux.

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S A P E U R

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S A P E U R

Lieutenant- Vers une évolution


colonel
FORTERRE`
André
de la formation
du deuxième niveau
Dans le cadre d’une adaptation de la formation à la fonction occupée,
l’État-major de l’armée de terre a décidé d’engager une réflexion sur
le contenu du brevet supérieur de technicien de l’armée de terre
Rejoignant l’ESAG en 1995, (BSTAT) visant à faire progresser l’adéquation entre les formations
le lieutenant-colonel André délivrées et les emplois effectivement tenus par les titulaires du
FORTERRE est affecté comme BSTAT.
chef du Bureau emploi instruc-
tion du Régiment de soutien de
l’École. LE BSTAT AUJOURD’HUI Toutefois, compte-tenu de la
valeur reconnue du diplôme,
Tel que défini dans l’instruction son niveau d’homologation et le
Après trois années, il est affecté de référence n° 954, le brevet lien avec l’échelle de solde, il
à la DGF/Division des sous-
supérieur de technicien de s’agit, pour certaines filières,
officiers comme officier adjoint
l’armée de terre (BSTAT) sanc- d’alléger la formation tout en
puis commandant de division. Il
tionne un haut niveau de qualifi- maintenant une dimension de
y conduit les travaux de
cation du sous-officier, tant dans technicité incontestable.
réflexion sur la restructuration
le domaine de la formation
de la formation du 1 er niveau,
générale que dans celui de la Les orientations et les premiers
notamment le fusionnement de
formation de spécialité. résultats des travaux en cours
3 CT1 (Génie combat, PMMD,
conduisent à penser qu’il ne
FRANCHT) et la mise en place de
Il est attribué à tout sous-officier s’agit, en aucune manière, de la
formations d’adaptation (EBG,
qui remplit les conditions de transformation du BSTAT mais
PAA, EFA, PM12…).
candidature et qui réussit d’une valorisation de la forma-
l’épreuve d’accès au 2e niveau tion des sous-officiers par la
Ayant rejoint depuis peu le
(EA2), la formation générale du création d’un stage d’adapta-
Bureau pilotage de domaine au
2e niveau (FG2) et la formation tion.
sein de la DEP, il est plus parti-
de spécialité du 2e niveau (FS2).
culièrement chargé d’étudier
L’épreuve d’accès au deuxième
l’évolution de la formation du
Actuellement, le BSTAT vise à niveau, partie spécialité (EA2/FS),
2 e niveau et la mise en place du
conférer à un sous-officier qui ayant pour objet de vérifier l’ap-
CT1 des MDR au sein du
en est titulaire, les compétences titude des candidats à suivre
domaine combat et techniques
de chef de section. Dans les avec profit le stage de deuxième
du génie.
faits, ceux-ci n’occupent cette niveau, sera maintenue sous sa
fonction que 4 à 5 ans plus tard forme actuelle. Néanmoins,
après son obtention, voire pour certaines filières, le niveau
certains sont réorientés pour de connaissances pourrait être
occuper des fonctions équiva- adapté dans un souci de cohé-
lentes dans un autre domaine. rence avec la fonction de sous-
officier adjoint.

LE BSTAT DEMAIN
La formation générale de
Il apparaît donc nécessaire, dans 2e niveau (FG2) :
une logique de juste suffisance
et d’adaptation de la formation à Au niveau de la formation opé-
la fonction occupée et aux rationnelle, les objectifs pédago-
capacités de formation du giques visent à donner au sous-
CoFAT, que le BSTAT soit officier les moyens d’exercer le
réexaminé afin que les compé- commandement d’un petit déta-
tences détenues correspondent chement doté d’armement indi-
au niveau d’emploi de sous- viduel et collectif menant une
officier adjoint tout en propo- action dans le cadre d’une
sant la création d’une formation mission simple de sûreté, d’un
d’adaptation à la fonction de déplacement ou d’un stationne-
chef de section. ment.

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S A P E U R

La densité des objectifs pédago- Les grands domaines d’allége- La formation d’adaptation
giques abordés dans cette ment envisagés pour la FS2 : (FA) des futurs sous-officiers
formation montre la nécessité chefs de section :
d’une évolution. • qualification directeur de mise
en œuvre des explosifs (DMOE) Ciblée et orientée vers le com-
La durée de la future FG2 pour- serait supprimée. mandement d’une section, cette
rait être portée de deux à trois formation d’adaptation ulté-
• qualification MINEX du chef rieure pourrait être organisée en
semaines.
de section pourrait être remla- deux parties.
cée par la qualification MINEX
III utile pour tout sous-officier D’abord, un tronc commun, cen-
La formation de spécialité de adjoint. tralisé à l’ESAG de quatre
2e niveau (FS2) : semaines, avec efforts sur les
• Les exercices tactiques de composantes A (exercice de
Les travaux en cours, pour le synthèse de commandement l’autorité et comportement
domaine combat et techniques d’une section seraient sup- militaire) et E (management),
du génie, conduisent à un primés, permettant de réduire accorderait une priorité à l’ac-
regroupement des filières d’une semaine la FS2 et de quisition des « savoir-faire et
« combat du génie et franchisse- prendre en compte des séan- savoir-être » d e l a s e c o n d e
ment » avec une FS2 « tronc ces nouvelles : mission TTA.
commun » et une « formation
différenciée », et à la création - d’anglais opérationnel, Ensuite, une formation différen-
ultérieurement, 4 à 5 ans après, ciée, d’une durée de une à deux
- de formation juridique,
pour les sous-officiers désignés semaines, serait orientée vers
à la fonction de chef de section - de prévention, les directives propres à chacune
d’une formation d’adaptation des futures fonctions attribuées
(FA)- de 4 à 6 semaines. - d’affaires civilo-militaires. aux stagiaires.

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S A P E U R

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S A P E U R

Lieutenant- Un véritable parcours


colonel
FERRAT
Marc
professionnel pour les
militaires du rang
Le domaine combat et techniques du génie comporte 1450 militaires
du rang de niveau d’emploi 13, c’est à dire titulaires du CT1 militaire
du rang. Cette qualification, très importante pour les MDR/C, est
Le Lieutenant-colonel FERRAT a nécessaire pour l’accès à une carrière longue.
assuré les fonctions de com-
mandant en second du 34 e RG
de 1993 à 1995. Le dispositif initial prévoyait que nisme de formation et/ou centre
le CT1 des militaires du rang de formation.
Affecté à l’ESAG, il commande serait identique au CT1 des
la division de perfectionnement sous-officiers. Le nouveau dis- Tous reçoivent donc une for-
des officiers de 1995 à 1998. positif, à l’étude depuis juin mation complète, souvent lon-
2001, en vue d’une mise en gue, identique à celle des EVSO,
Il devient alors chargé de mis- place à compter de 2003, prévoit à l'exception d'un module,
sion, avec pour mandat la mise que la qualification technique généralement l'UV1, tenant
en place de la simulation dans des EVAT s'appuie sur la recon- compte du CTE détenu.
les actions de formation de l’é- naissance des savoir-exécuter
cole. détenus, acquis par l'expé- Les stages sont longs (de 6 à 13
rience, prolongée, le cas éché- semaines pour les MDR/C). La
Il est chef du bureau pilotage de ant, par un complément de disponibilité du personnel est
domaine au sein de la DEP formation, limité au strict néces- donc amoindrie et le coût du
depuis septembre 2000. saire et dispensé au regard des système très élevé.
seules compétences techniques
requises pour occuper un em- Ce dispositif est tout à fait com-
ploi de niveau 13 du métier patible avec des FSE diverses
considéré. (31 pour le domaine) et de
durées très variables :
Il s'agît également d'adapter le
CT1 des EVAT aux contraintes Les FSE, bien adaptées à
capacitaires des organismes de l’armée de conscription (un
formation dans un dispositif réa- homme, un emploi pour un
lisable par l'armée de terre. temps limité) ont été élaborées
en fonction de l'emploi de NE12,
LE DISPOSITIF EN PLACE en les limitant à la formation
strictement nécessaire.
Toutes les natures de filières ont
leur formation du premier Le dispositif se caractérise par
niveau. son « classicisme » : des stages
à chaque étape du cursus, les
Toutes les FS1, y compris celles plus complets possible, des
des MDR/C, s'inscrivent dans un épreuves d’accès, des concours
dispositif centralisé, en orga- (CAT2).

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S A P E U R

LE DISPOSITIF À L’ÉTUDE Alors que depuis des décennies, sances et ses compétences,
en France, la primauté était don- jusqu’à éventuellement attein-
Le nouveau système s’inscrit née à la formation reçue, aujour- dre un niveau permettant de lui
dans la logique des objectifs d’hui - et la loi dite de moderni- attribuer le CT1.
« stratégiques » du dispositif de sation sociale en témoigne - : si
ressources humaines de l’armée la formation reçue conserve tou- Il faudra bien sûr suivre et
de terre. te sa valeur, la validation des ac- mesurer l’acquisition des ces
quis professionnels et l’expé- compétences. Les travaux en
Il s’agit tout à la fois de : rience sont désormais reconnues. cours s’orientent vers des livrets
• conquérir, de suivi professionnel, inspirés
Il s’agit donc de donner au MDR, des systèmes utilisés pour les
• constituer,
par la FGI et la FSI, puis par la formations qualifiantes.
• conserver FGE et la FSE, la formation stric-
la ressource humaine et d’en tement nécessaire pour débuter Une commission régimentaire
optimiser l’emploi, grâce à dans un emploi et non plus d’ap- se prononcera sur le niveau
l’adéquation fine : prendre une fois pour toutes au atteint par l’engagé volontaire,
• du juste besoin ; travers d’un stage, souvent long. lequel sera alors admis, le cas
échéant, à suivre une formation
• de la juste formation ; Le militaire du rang, en plu- complémentaire dans un orga-
• des attentes mais aussi des sieurs années de vie profession- nisme de formation ou un centre
capacités de la ressource. nelle, va enrichir ses connais- de formation.

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S A P E U R

Ce nouveau dispositif sera bien La nature de filière BETP ne - Il donne plus de polyvalence à
en adéquation avec le principe pose pas les mêmes problèmes l’engagé volontaire ;
de la reconnaissance et de la de diversité. Cependant, les
valorisation des acquis profes- emplois, très différenciés, selon - la FSE met « le pied à l'étrier »
sionnels ; il marquera en outre la FSE détenue, limitent les pos- et la FS1 constitue bien l'ap-
clairement la volonté de sortir sibilités d'élargissement des profondissement et l'élargis-
de la logique « hors des stages, compétences en corps de sement des compétences ;
point de salut » combinée à la troupe. - le militaire du rang n’est pas
mise en place systématique de
cantonné à un emploi très
véritables parcours d’obstacles La nature de filière aide au fran- limité, le mettant rarement en
à chaque étape d’une carrière. chissement peut être considérée situation (MFRD, PMM…) ;
comme un cas particulier. La
formation aux niveaux élémen- - ce dispositif est en cohérence
LES INSUFFISANCES DU
taire, 1 et 2 exige des installa- avec le dispositif de la FS1
DISPOSITIF GÉNÉRÉES PAR LE tions, des instructeurs très spé- génie combat, complétée par
NOUVEAU SYSTÈME DE CT1 cialisés, des lieux de formation des formations d'adaptation.
hors de portée des régiments. Il
Les FSE ont été élaborées en
est donc envisageable de main- Il présente des inconvénients
fonction de l'emploi de NE12, en
tenir la centralisation des actions mineurs ou facilement maîtri-
se limitant à la formation stricte-
de formation à l'ESAG pour les sables :
ment nécessaire.
militaires du rang. Il est égale-
ment possible, à l’inverse, d’en- - la remise en cause du disposi-
Pour les emplois de NE 13, au tif, pourtant récent, des FSE ;
champ de compétences plus visager les mêmes modalités
vaste, il devient alors difficile de que dans les autres natures de - le risque de changements
s’appuyer sur des formations filière (livret de suivi profession- d'emploi trop fréquents pour
élémentaires se limitant au strict nel, validation des acquis).
l'engagé volontaire, par for-
nécessaire. En effet, on mations d'adaptation succes-
comprend bien que la FSE La nature de filière eau électro-
sives.
MFRD (Moyen de Forage rapide mécanique appliquée peut s’a-
et de destruction), par exemple, dapter sans difficultés au nou-
Le CT1 des MDR/C, sous sa
est tout à fait adaptée à un veau système.
nouvelle forme, est la première
emploi très spécialisé mais mise en pratique forte de la
prépare mal à la FS1 génie. Il n'y reconnaissance des acquis pro-
a dès lors pas ou très peu LES AMÉNAGEMENTS INDIS-
fessionnels et de l’expérience
d'acquis par l'expérience à PENSABLES.
dans un parcours professionnel,
envisager.
Pour mettre en cohérence le cur- avec attribution d’un niveau de
sus dans sa globalité, il convien- qualification, pour une popula-
La quasi-totalité des FSE combat
du génie et des emplois de NE drait de réduire les FSE au nom- tion nombreuse. Il est conforme
12 associés sont dans ce cas ; bre d’une par filière, par exem- à la loi, très récente, de moderni-
l'exception est représentée par ple la FSE génie combat pour la sation sociale. Il rompt avec des
la FSE combat du génie. filière combat du génie, et de habitudes de formation coû-
transformer les autres FSE de la teuses, désormais hors de por-
La même analyse vaut pour la nature de filière considérée en tée. C’est un changement très
nature de filière TPIA-VF ; les formations d'adaptation. important, qui certainement ne
exceptions sont représentées restera pas isolé dans le sys-
par les FSE béton et produits Ce système présente les avan- tème de formation de l’armée de
noirs. tages suivants : terre.

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Lieutenant- La formation
colonel
AVERTY
Christian
"Sauvetage Déblaiement"
au 1er RSMA
Le 27 octobre 1999, monsieur le Premier Ministre, en visite à la
Martinique annonçait, dans un discours prononcé au palais des
sports de MADIANA, la mise en place au sein du régiment du SMA
Actuellement commandant en d'une formation adaptée et d'une capacité d'intervention destinée à
second du Régiment du SMA de contribuer au renforcement de la sécurité des départements environ-
Martinique depuis l’été 2000, nants et des pays voisins. Cette décision fut confortée par la mise en
le lieutenant-colonel AVERTY place, à l'été 2000, d'un état-major de défense et de sécurité civiles
occupait antérieurement les pour la zone de défense Antilles.
fonctions d’officier supérieur
adjoint de l’ESAG. Après études, et afin de répon- ter un cursus parfaitement ma-
dre de la manière la plus adé- îtrisé par les sapeurs-pompiers
Diplômé technique en études quate au risque sismique et les camarades de la sécurité
juridiques, il a servi auparavant majeur existant dans la zone civile dont l'aide fut particulière-
au 71 e, 32 e et 1e r R.G. ainsi qu'à caraïbéenne, c'est la formation ment précieuse.
la D.F.P. « sauvetage-déblaiement » qui
fut retenue. Il n'était pas, bien sur, dans les
ambitions de former des profes-
La grande aventure commençait sionnels du secours mais de
alors pour le RSMAM. En effet, donner à un certain nombre de
si la menace cyclonique était volontaires une compétence
bien connue d'un régiment supplémentaire devant leur per-
implanté depuis plus de 40 ans mettre de venir éventuellement
dans le département pour y en renfort des structures exis-
avoir fait face à plusieurs tantes en cas de catastrophes
reprises, le vocable « sauvetage- majeures et, pourquoi pas, dans
déblaiement » n'évoquait rien un second temps de faire naître
pour les cadres, si ce n'est de des vocations chez quelques-
vagues souvenirs de journaux uns les amenant à poursuivre
télévisés et de terribles et loin- dans ce domaine après leur pas-
taines catastrophes. Tout était sage au SMA.
donc à créer.
Les objectifs définis, la première
Fort heureusement le régiment difficulté consistait à choisir la
n'était pas livré à lui-même et filière de formation profession-
point n'était besoin de réinven- nelle la mieux adaptée pour y

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S A P E U R

dispensée par un détache-


ment de 3 sous-officiers des
unités militaires de la sécurité
civile, qui fournissaient éga-
lement l'indispensable maté-
riel spécifique, renforcé par
deux sapeurs pompiers du
SDIS, et qui conduisit après
130 heures de stage à la
reconnaissance de l'aptitude
à tenir le poste d'équipier
dans un groupe de sauvetage-
déblaiement.

Ainsi, monsieur le Secrétaire


d'État pouvait remettre en avril
2001 les 20 premiers diplômes
d'équipiers en sauvetage-
déblaiement du SMA.
intégrer un module « sauvetage- décomposait en deux parties :
déblaiement », finalement le Depuis, cette formation a pris sa
• Le CFAPSE (certificat de
choix se porta sur les agents de vitesse de croisière et le second
formation aux activités de
prévention et de sécurité dont le stage s'est déroulé en novembre
premiers secours en équipe)
cursus comprenait déjà la pré- 2001 immédiatement suivi par
formation dispensée par les
paration à l'AFPS (attestation de un autre au profit, cette fois des
sapeurs pompiers du service
formation aux premiers secours) camarades de Guadeloupe.
départemental d'incendie et
et dont la forme physique était
de secours de la Martinique
indéniable. Fidèle à sa tradition, le SMA, et
(SDIS), et sanctionnée par un
ses spécialistes du génie, toutes
diplôme national nécessitant
Surgit alors le deuxième pro- composantes confondues, a une
un minimum de 44 heures de
blème, qui ne fut pas le moin- nouvelle fois démontré sa
formation.
dre, la formation sauvetage capacité à répondre aux besoins
déblaiement supposait, en effet, • Le SD1 (sauvetage déblaie- nouveaux des populations des
la disposition d'une infrastruc- ment de 1° niveau) formation départements des Amériques.
ture adaptée dite « aire de
sauvetage-déblaiement »
destinée à représenter un
bâtiment en ruines consécutive-
ment à un séisme.

C'est ainsi qu'en janvier 2001 la


section travaux publics du
régiment reçut la mission inha-
bituelle de construire des
ruines ! Mission qui fut réalisée
à la satisfaction générale en par-
ticulier celle des futurs instruc-
teurs.

La formation pouvait alors réel-


lement commencer. Elle se

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S A P E U R

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S A P E U R

Str uctur es
et équipements

Le système de pose rapide de travures .............................................................................. LCL LAPARRA ...................................... 83

Le système de combat futur du génie .................................................................................... LCL SCHMITT ...................................... 85

L’acquisition d’équipements nouveaux ................................................................................ COL NEBOIS.......................................... 89

Une phase de modernisation pour les sapeurs-pompiers de Paris ...... COL GARRIGUES ............................ 91

Un centre JANUS pour les régiments du génie ........................................................ LCL CABON ............................................ 95

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S A P E U R

Lieutenant- Le système de pose


colonel
LAPARRA rapide de travures
Le 26 avril 2002 aura lieu la remise des offres industrielles concernant
le système de pose rapide de travures (SPRAT (1)). Successeur histo-
rique du poseur de travures de l'avant (PTA), abandonné en 1996, le
SPRAT doit nous apporter beaucoup plus que le simple remplace-
Issu de l'EMIA (82-83), il sert ment du PAA.
successivement au 6 e RG, au
21 e RIMa et au 13 e RG comme
Cependant, il n'est pas certain C'est pourquoi le SPRAT est un
commandant de compagnie.
que l'acquisition du SPRAT ap- système destiné à assurer le
paraisse comme une nécessité franchissement des coupures
Il est ensuite affecté à l'ESGM,
aux yeux de tous. Certains re- dont la largeur est comprise
avant de suivre la scolarité de
mettent en effet en cause le entre 3 et 25 mètres, en appui
l'EMS2 :
besoin opérationnel, expliquant direct des unités engagées dans
- diplômé du cours supérieur notamment qu'il s'agit d'un la zone des contacts et quel que
des systèmes d'armes ter- système d'un autre temps ne soit le mode opératoire envi-
restres (CoSSAT) ; pouvant s'adapter aux missions sagé (coercition de forces ou
- CSEM (110 e promotion) et actuelles. maîtrise de la violence).
CID (5 e promotion).
D'autres, certes convaincus du Bien sûr, ce besoin recouvre les
Depuis 1998, il occupe les besoin, pensent pourtant qu'il opérations de coercition telles
fonctions d'officier de pro- n'est pas indispensable que que les actions dans la profon-
gramme des domaines franchis- l'armée de terre se dote d'un deur en haute intensité (accom-
sement et contre-minage à la nouveau système. Ce sont les pagnement d'un raid blindé)
STAT. tenants, soit de la « mutualisa- ou le franchissement d'un
tion » des moyens de franchis- complexe d'obstacles battu par
sement au niveau européen, soit les feux (participation à une opé-
de la rénovation du PAA. ration de bréchage). Rappelons
simplement à ce sujet, d'une
Nous tenterons ici de répondre à part que ce type d'opérations
ces objections et de démontrer fait toujours partie de nos mis-
tout l'intérêt du SPRAT. En fait, sions et, d'autre part, qu'elles
l'enjeu est clair : il s'agit sont dimensionnantes sur le
d'éviter une rupture capacitaire plan technique, notamment en
définitive dans le domaine termes de mobilité ou de protec-
du franchissement à compter tion.
de 2006.
Les possibilités d'emploi du
SPRAT sont cependant beau-
LE BESOIN OPÉRATIONNEL coup plus vastes. Il trouverait
par exemple sa pleine justifica-
Les 41 PAA, possédant chacun tion dans des actions de
deux travures de classe MLC 50 contrôle de zone, en maîtrise de
auxquelles il faut ajouter six la violence, lorsqu'il s'agit de
travures de classes MLC 70 pour rétablir des itinéraires pour
l'ensemble des forces, souffrent faciliter les mouvements de
d'importants problèmes de fia- convois de tous types ou sim-
bilité. Mis en service en 1970, plement pour recouvrer notre
déjà rénové entre 1992 et 1996, liberté d'action. Plus encore, et à
le parc ne sera plus opérationnel condition de l'avoir pris en
à partir de 2006. Si rien n'est fait compte au moment de l'expres-
avant cette date, la capacité de sion du besoin (notamment sur
pontage sur brèche sèche ou le plan de la mobilité), il pourrait
humide de largeur inférieure à être utilisé sur le territoire
25 mètres n'existera plus. national en cas de catastrophe.

1) Un sprat est un petit poisson abondant dans la Manche et la mer du Nord.

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Si l'on ajoute que les actions que le Mabey Johnson ou le à une acquisition sont là encore
dans la profondeur ou de bré- FB48 sont devenus des réfé- immédiates, mais restent à
chage peuvent parfaitement se rences sur ce marché. Il pourrait démontrer en terme de coût
rencontrer dans les opérations ainsi y avoir une alternative à global.
de maîtrise de la violence, on l'acquisition d'un successeur au
voit clairement que le SPRAT ne pont Bailey. Des avancées technologiques
peut en aucun cas être une dans le domaine de l'allégement
« survivance de la guerre froi- Mais nous parlons ici d'un engin des structures sont réellement
de » mais, au contraire, comme de contact. Partager la capacité attendues. Mais elles concerne-
le répète l'état-major de l'armée de franchissement tactique, car ront essentiellement les tra-
de terre, un élément essentiel de c'est bien de cela qu'il s'agit, vures et seront donc immédiate-
la cohérence du système de paraît pour le moins risqué. ment applicables à un SPRAT
combat de contact terrestre. Sommes nous prêts à accepter qui serait mis en service en
de ne pas pouvoir réaliser cette 2006. Quant à la robotique, elle
capacité à un moment où la est déjà prise en compte
COMBLER LE DÉFICIT nation souhaite s'engager tota-
puisque la télé opération est
C A PA C I TA I R E lement ? En outre, soyons réalis-
prévue dans le cahier des
tes, toutes les nations ont aujour-
charges fonctionnel du SPRAT.
Si donc le besoin opération- d'hui débuté un programme
nel est avéré et si l'on d'acquisition d'un système d'ar-
On le voit, l'alternative est
considère que le PAA ne mes dans ce domaine. Lequel
dépassera pas 2006, que simple : disposer dès 2006 d'un
faut-il alors choisir ?
faut-il faire ? engin de cohérence opération-
Il faut donc rénover le PAA, nelle indispensable ou, en
Il faut mutualiser, c'est-à-dire notamment pour attendre des raison d'une rupture capacitaire
constituer un stock de moyens évolutions technologiques (allé- probablement définitive, être à
au niveau européen utilisable gement des structures, télé la merci du bon vouloir de
par chacune des nations, nous opération…) qui permettraient nations disposant de cette capa-
disent certains. Il est indéniable de disposer d'un SPRAT mieux cité pour remplir nos missions.
que cette solution est généra- adapté.
trice d'économies immédiates (il Si le SPRAT ne voit jamais le
reste cependant à démontrer Nous avons déjà parlé du PAA. Il jour pour des raisons finan-
qu'elles seraient importantes). A ne saurait être question de cières, il s'agira alors d'un choix
titre d'exemple dans le domaine rénover une deuxième fois un politique. Mais nous ne pouvons
du franchissement, ce doit être parc en bout de potentiel. En accepter que de fausses bonnes
envisageable relativement aisé- outre, les économies générées raisons nous amènent à une
ment pour des ponts fixes puis- par une rénovation relativement telle issue…

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Lieutenant- Le système de combat


colonel
SCHMITT
Eric futur du génie (SCFG)
Saint-cyrien de la promotion
Grande Armée (1981-1983), le Alors que depuis de nombreuses années le génie combat oscille
LCL SCHMITT a servi comme autour des notions de blindé, mécanisé, motorisé, la définition du
chef de section, puis officier champ de bataille à l’horizon 2020 transforme ces appellations
adjoint en compagnie blindée au autour des concepts de combat embarqué et combat débarqué.
32 e RG à KEHL de 1984 à 1989.
Le premier correspond au combat de coercition, articulé autour de la
Commandant de 1989 à 1991 au cohérence d’armes du système LECLERC.
3e RG la compagnie chargée de
l’expérimentation tactique de Le second, plus mobile, léger et manœuvrier, s’inscrit plutôt dans un
l’EBG, il a participé dans ce contexte urbain.
contexte à l’opération DAGUET.
Engagé ensuite dans le cycle Il s’agit donc de « repenser » le • Un module « combat embar-
de préparation au brevet génie combat, afin d’apporter le qué », autrement dit lourd,
technique, il a successivement meilleur appui aux unités de blindé et chenillé, intégré au
été affecté à l’ESGM de VER- contact. D’où l’appellation de complexe LECLERC, et
SAILLES, puis à l’EG de MONT- « système » de combat futur du destiné aux grands espaces
PELLIER avant d’intégrer en génie, comportant plusieurs de manœuvre, plutôt à
1993 l’École Nationale des Ponts modules à vocation spécifique, vocation coercition ;
et Chaussées, où il a obtenu le composés d’un ou plusieurs
diplôme d’ingénieur civil en véhicules ou engins. • Un module « combat débar-
1995, et de suivre la scolarité du qué », plus léger, destiné à
CSEM (109 e promotion), puis du accompagner le VCI, plutôt
CID (4 e session). Plusieurs principes guident cette orienté vers la zone urbaine et
réflexion : la maîtrise de la violence ;
Chef BOI au 3 e RG en septembre
1997, il est projeté en mars 1999 • Le génie doit fournir un appui • Un module « organisation du
à « l’extraction force » comman- spécifique, dont il est le seul à terrain », regroupant les
dée en MACÉDOINE par le détenir la compétence ; moyens nécessaires pour
général VALENTIN, où il tient les réaliser des embossements,
fonctions de chef G5 Plans et • La robotisation croissante des
équipements permet, face au abris, tranchées ;
assure les responsabilités de
chef du camp de réfugiés de danger, de se substituer dans
• Un module déminage spéci-
STENKOVAC, avant d’entrer au certains cas au soldat ;
fique, apte à effectuer du
KOSOVO avec la brigade • L’évolution des missions dans déminage de zone, du
LECLERC. un contexte de maîtrise de la breaching et de l’ouverture
violence nécessite des équi- d’itinéraire.
Muté en septembre 1999 à l’état- pements adaptés ;
major de la 3 e BM de LIMOGES,
comme chef de section, puis de • Les contraintes imposent de Ces modules fixent l’objectif à
bureau emploi, il effectue deux rester sous enveloppe d’effec- atteindre, et seront déclinés à
autres séjours à l’état-major de tifs ; court et moyen terme en
la Brigade Multinationale Nord solutions transitoires associant
au KOSOVO, à nouveau comme • La fonction terrassement
un compromis entre la loi de
chef G5 Plans puis comme sous- n’est pas indispensable au
programmation militaire et l’état
chef Opérations jusqu’en contact immédiat ;
de l’art en technologie.
septembre 2001, où il rejoint le • Chaque plate-forme doit
Bureau de Conception des permettre le remplacement
Systèmes de Forces (BCSF) à d’éléments, ou « briques », en Un certain nombre de fonction-
l’EMAT, afin de prendre la fonction de l’évolution de la nalités, en cours de définition
fonction « agencement de technologie. seront réparties sur ces
l’espace terrestre », traitant de modules.
prospective dans les domaines
génie, géographie et NBC. Le SCFG s’articule donc à
l’horizon 2020 autour des Les premières grandes lignes
modules suivants : sont décrites ci-après :

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S A P E U R

• MODULE COMBAT cheminement à travers des • MODULE DÉMINAGE


EMBARQUÉ structures, accès aux réseaux
souterrains) ; En raison du nombre d’équipe-
• Un dispositif de renseigne- ments spécifiques au déminage,
Défini aujourd’hui en cohérence
avec le système LECLERC, ce ment à distance (caméra dé- cette composante ne peut être
module correspond à court portée) ; entièrement intégrée aux autres
terme (2008) à une rénovation engins et doit faire l’objet d’un
de l’EBG, apte à appuyer le • Un dispositif de dispersion de module dédié.
LECLERC dans ses missions de mines ou d’armement non
coercition. létal ; Articulée aujourd’hui autour du
MADEZ, de l’AMX 30 DT et du
• Un moyen de dépiégeage à SOUVIM, une première phase
distance, puis de dislocation d’amélioration à court terme
L’effort portera sur l’améliora-
au contact de barricades. concerne ces engins.
tion des capacités existantes
(travail télé opéré ou sous pro-
tection) et surtout l’intégration Le MADEZ sera équipé d’un
L’engin devra être adapté aux ramasse-débris, pour améliorer
au système de transmissions et
évolutions en milieu urbain, la qualité du déminage, et de
de commandement du LECLERC,
donc resserré. moyens rendant la section ca-
avec une cible de 36 engins.
pable de traiter également des
endroits où le MADEZ ne peut
La définition du successeur de Plusieurs plate-formes sont envi- pas aller actuellement (fossés,
cet « EBG2 » interviendra vers sageables, dont celle du VBCI, approches de bâtiment etc.).
2010, les concepts actuels ne du VAB 6 x 6 ou du CENTAURO
permettant pas de prévoir si une italien, cette dernière offrant une L’AMX 30 va bénéficier d’ici
composante blindée, chenillée opportunité de coopération bila- 2005 – 2006 d’un nouveau dispo-
et lourde, sera toujours indis- térale. sitif de leurrage (DEDALE),
pensable à l’horizon 2020. d’une vidéo télécommande, et
d’une surprotection.
Un châssis chenillé n’est pas
En fonction de la décision prise exclu mais peu probable. La Le SOUVIM ne traite actuelle-
alors, deux hypothèses sont cible pour 2008 correspond à ment que les mines AC à pres-
envisageables : l’extension de la 72 engins (6 par compagnie), sion simple et à charge explo-
cible ECFG en remplacement de destinés aux brigades légères, sive concentrée. Les amélio-
l’EBG2, ou le développement en substitution d’une partie des rations demandées pour 2004
d’un nouvel engin lourd chenillé. MPG. comprennent un élargissement
de la menace mines à prendre
en compte comprenant les
• MODULE COMBAT • MODULE ORGANISATION mines à action latérale, les
mines à allumeur à influence
DÉBARQUÉ DU TERRAIN passive, les mines à allumeur à
influence active sans contre-
Ce module sera composé de Le MPG est un engin rempli de mesure et les mines à allumeur
deux engins, l’un incluant toutes qualités reconnues par tous les à bascule ou contact.
les fonctionnalités spécifiques utilisateurs, mais ne peut être
génie, l’autre étant le véhicule considéré comme un engin de Les fonctions à améliorer sont
de transport du groupe de combat de premier échelon. Son par ordre de priorité : le leurrage
combat. Les nouveautés portent avenir est orienté vers un rem- (explosion de la mine), la détec-
sur l’aide au combattant, axées placement par des engins soit tion et le marquage des mines,
sur la robotisation. de type TP civils légèrement la modularité de la configuration
« militarisés », soit déjà produits du système, la mobilité, la des-
dans d’autres pays. truction/neutralisation et le bali-
Les fonctionnalités susceptibles sage de la voie sécurisée.
d’équiper l’ECFG sont : La combinaison d’un engin TP
performant, offrant une impor- Douze EBG vont aussi être trans-
• Un ensemble d’outillage
(couper, perforer, forer…) tante capacité de terrassement formés en « breacher », par
éventuellement télé opéré ; et de transport de matériaux, adjonction sur certains d’entre
associé à un engin militaire plus eux de systèmes de déminage
• Des systèmes facilitant la mobile disposant par exemple « fuel air explosives » israéliens
mobilité du combattant d’un godet rétro offre le meilleur CARPET. L’éventualité d’un
débarqué (nacelle d’accès aux compromis pour remplir les développement d’un « breacher
étages, aménagement d’un missions de ce type. NG » ultérieur est envisagée,

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S A P E U R

dépendant des performances du déminage mentionnées aupara- ment en service dans les unités
SYDERA. vant, à l’exception du breacher. du génie des équipements
nouveaux.
Le développement du SYstème Constitué d’un ou plusieurs
de DEminage RApproché porteurs, il sera à même de L’achat « sur étagères » de
(SYDERA) représente le long traiter tous les types de mines petites séries satisfait le besoin
terme pour un équipement des AC et AP connues, posées, et permet de gagner en finance-
forces à l’horizon 2010, en enfouies ou dispersées, ainsi ment et en délais pour l’équipe-
coopération avec la république que les UXOs, avec une probabi- ment des forces.
Fédérale d’Allemagne. lité de réussite dans la four-
chette de 95 à 98 %. Le SCFG 2020 correspond donc
Balayant le spectre de l’ouver- à un objectif à atteindre, permet-
ture d’itinéraires, de la dépollu- Dans une conjoncture difficile tant de faire converger les
tion de zone et du franchisse- liée à la loi de programmation études amont, et faisant l’objet
ment d’obstacle miné, ce sys- militaire, où l’ensemble des d’étapes d’équipement intermé-
tème, en phase d’étude, a grands programmes est diaires, conformes au concept
vocation aujourd’hui à rempla- menacé, il est important de « progrès technologique dif-
cer toutes les composantes du d’arriver à faire entrer rapide- férencié ».

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S A P E U R

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S A P E U R

Colonel L’acquisition
NEBOIS
d’équipements nouveaux
La procédure d’acquisition d’équipements nouveaux au profit de
l’armée de terre est complexe du fait des règles de concurrence à
respecter et des différents contrôles qui s’imposent.
Diplômé du Cours Supérieur des
Systèmes d’Armes Terrestres
(CoSSAT), le colonel NEBOIS Agissant dans la continuité de la fiche de caractéristiques mili-
sert une première fois, en 1996, politique d’équipement conçue taires (FCM) en tenant compte
à la STAT en tant qu’officier de par le bureau système d’armes des besoins des formations, des
programme. de l’EMAT, la Section Technique techniques disponibles, des
de l’Armée de Terre (STAT) se matériels existants et du coût
Désigné en 1998 pour rejoindre positionne en tant qu’acteur global. Le document, qui peut
le COMLE, il dirige l’équipe de majeur dans la réalisation dans certains cas évoluer, est
marque de montée en puissance d’équipements à mettre en élaboré avec une extrême
du 2 e Régiment Étranger de service dans les forces. Elle précision, en concertation avec
Génie. exerce deux métiers complé- la DCMAT, la DGA, le CoFAT, le
mentaires dans ce domaine : la CFAT (1).
Il prend le commandement du conduite des programmes d’ar-
régiment, dès sa création, le 1 er mement et les expérimentations Il incombe à l’officier de pro-
juillet 1999. technico-opérationnelles. gramme d’effectuer ce travail de
concertation et de rédaction. Le
Il assume les fonctions de chef Ces dernières visent à vérifier document servira de référence
du groupement Mobilité depuis les caractéristiques militaires de tout au long des différentes
l’été 2001. systèmes d’armes et de soutien phases du déroulement du pro-
dans le cadre d’un emploi opé- gramme ; l’officier de program-
rationnel. Il s’agit de s’assurer me, garant du respect du besoin
de la satisfaction du besoin et de militaire, opérera des choix dans
prononcer l’adoption puis la les limites de son contenu. Ces
mise en service opérationnel du choix interviennent tant dans le
matériel dès lors que les condi- développement du programme
tions sont remplies. et la réalisation du prototype
que dans la phase d’utilisation,
Le leader dans ce travail est l’of- au moment de modifier les équi-
ficier de marque, entouré de son pements pour les rendre plus
équipe de cadres expérimenta- performants.
teurs. Cet officier rédige tout
d’abord un programme Ces deux officiers (officier de
commun d’essais qu’il va marque et officier de pro-
conduire, sur plusieurs mois, en gramme) appartiennent à une
liaison avec la DGA et de plus en équipe de programme intégrée
plus souvent avec l’industriel. Le (EDPI) constituée au moment du
plus fréquemment, les forces lancement de l’opération. Tous
participent activement à ces deux symbolisent les domaines
expérimentations. de compétence de la STAT qui
compte 80 EDPI.
L’officier de programme est
chargé de la conduite du
programme dans sa totalité Fort de 30 personnels, le grou-
depuis les études de faisabilité pement « mobilité » est l’un des
jusqu’au retrait du service. Son huit groupements de la STAT.
premier travail, avant le Articulé autour de 10 EDPI, il
lancement de l’opération, conduit quelque 120 program-
consiste à écrire le besoin mes d’armement et opérations
militaire sous la forme d’une non érigées en programme.

1) Chacun de ces organismes désigne, en principe, un représentant, membre


de l’équipe de programme intégrée (EDPI).

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S A P E U R

C’est au sein de ce groupement En revanche, elles sont soumi- L’action des EDPI est détermi-
que sont pilotées en liaison avec ses aux mêmes règles que celles nante dans la conduite même de
la DGA toutes les opérations qui régissent les programmes l’opération. Elles doivent en per-
nouvelles d’acquisition d’équi- majeurs, passent les mêmes manence « pousser » ces opéra-
pements spécifiques au profit jalons de contrôle administratif tions qui pourraient paraître
des régiments du génie (2). De et financier (contrôle financier secondaires de part leur faible
plus, son domaine de compé- déconcentré, commission montant financier. Dans un
tence s’étend aux véhicules spéciale des marchés, etc…). souci d’efficacité globale de nos
tactiques, logistiques et engins systèmes d’armes, il est absolu-
spéciaux ainsi que l’équipement L’action des EDPI est détermi- ment indispensable de
des PC (abris, shelters). Le grou- nante pour mener à bien les préserver ces opérations de
pement mobilité intervient acquisitions en respectant le cohérence opérationnelle et de
également auprès de la DCMAT calendrier prévisionnel. Il s’agit, leur éviter tout retard dans leur
au moment du renouvellement pour elles, de trouver le bon
déroulement.
de ces matériels arrivant en fin compromis entre d’une part le
de service. besoin opérationnel « idéal », vu
Pour optimiser l’acquisition de
sous l’angle de l’emploi et de
ces équipements, la STAT est
Le groupement mobilité conduit, l’utilisation et, d’autre part, la
résolument tournée vers les for-
en définitive, ce que l’on a faisabilité du point de vue indus-
coutume d’appeler les opéra- triel. En d’autres termes, l’EDPI mations qui lui permettent
tions de cohérence opération- doit parfaitement connaître, d’affiner le besoin opérationnel
nelle ; une multitude de réalisa- d’une part, ce qui est technique- en tenant compte des retours
tions complexes et variées qui, ment et financièrement possible d’expériences et de porter les
pour le génie, concerne l’aide au et, d’autre part, ce qui existe sur éventuelles modifications sou-
déploiement, les en-gins de le marché notamment lorsqu’il haitées tout au long de la phase
combat du génie, le minage et le est question d’achats sur d’utilisation. Ces contacts
contre-minage ainsi que le fran- étagères. Elle doit continuelle- directs entre les utilisateurs et la
chissement. Ces opérations cor- ment mesurer l’impact et les STAT (voire les EDPI) seront
respondent à une cible réduite conséquences en termes de donc entretenus et privilégiés.
d’équipements et n’engagent, délais et de coûts d’une
pour chacune d’elles, qu’un exigence technico-opération-
montant financier limité. nelle portée sur la FCM.

(2) Hormis le 25e RGA.

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S A P E U R

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S A P E U R

Colonel Un plan de modernisation


GARRIGUES
Serge
pour les sapeurs-pompiers
de Paris
BEMS maîtrise « hygiène et sécurité
dans l’industrie » et diplôme d’ingé-
nieur en génie atomique (89/92) La Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris (BSPP) est une unité
Auditeur à l'Institut des hautes militaire de l’armée de terre appartenant à l’arme du génie,
études de la défense nationale commandée par un officier général et placée pour emploi sous l’auto-
(I.H.E.D.N.) (126e session régionale rité du Préfet de Police. Son financement est assuré par le budget
1996 à ROUEN) spécial de la Préfecture de Police auquel contribuent l’État, principa-
Auditeur à l'Institut des hautes lement le Ministère de l’Intérieur, la Ville de Paris, les conseils
études de la sécurité intérieure généraux et les communes des trois départements de la petite
(I.H.E.S.I) (13e session nationale
couronne parisienne.
2001)

Saint-Cyrien de la promotion
« Maréchal Davout » (77/79), le Depuis quinze ans, la brigade 2007, pour lui permettre à la fois
colonel GARRIGUES a effectué deux est confrontée à une augmenta- de :
séjours au sein de la Brigade de
tion forte et continuelle du
Sapeurs-Pompiers de Paris, une
première période (82/87) en tant nombre de ses missions sans • garantir sa capacité opéra-
qu’officier subalterne puis une 2e accroissement de moyens. La tionnelle au profit de la sécu-
où il prend le commandement du 2e sollicitation des hommes et des rité des parisiens et des habi-
groupement d’incendie (98/2000). matériels atteint aujourd’hui tants des départements de la
une limite. Elle impose désor- petite couronne ;
Entre ces deux périodes, il a été mais des solutions de fond,
affecté en tant qu’adjoint au chef du • prendre en compte les évolu-
allant bien au-delà des écono-
bureau opérations instruction du
mies d’échelle et des réorgani- tions à venir dans les domai-
Commandement des formations
militaires de la sécurité civile (COM- sations partielles qui ont déjà nes relevant de ses compé-
FORMISC) en 87/89, puis comme été réalisées en interne. tences.
chef du B.O.I à l’Unité d’Intervention
et d’instruction de la sécurité civile Le plan de modernisation de la Ce plan comporte deux parties :
n° 1 (UIISC1) à Nogent-le-Rotrou brigade, accepté par les auto- la première partie dresse un état
(28) de 92 à 94. rités de tutelle fin 2001, répond à des lieux, la seconde propose
ce constat, en visant à remettre les mesures de renforcement
Il est ensuite muté pour 3 ans à
l’École de défense nucléaire, biolo- à niveau les moyens dont elle indispensables pour répondre
gique et chimique à Caen (14) où il a dispose sur la période 2002- aux objectifs du plan.
successivement occupé les postes
d’Adjoint au chef du centre études
tactiques et expérimentations
(C.E.T.E.) plus spécialement chargé
de la prise en compte du risque
industriel et des menaces de terro-
risme N.B.C au sein de l'armée de
terre (en métropole et hors
métropole), puis directeur de la
chaine « Risques technologiques »
tout en étant conseiller technique à
FINABEL et à l’O.T.A.N.

Il est actuellement chef du bureau


étude générales de la BSPP et res-
ponsable auprès du général com-
mandant la Brigade des études évo-
lutives, que cela soit dans le
domaine organisationnel, technique
ou conditions de vie. Il a été un des
principaux artisans du plan de
modernisation, plan accepté par les
autorités de tutelle fin 2001.

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S A P E U R

UN PLAN DE MODERNISATION
AUJOURD’HUI INDISPENSABLE
La brigade subit depuis seize
ans une augmentation conti-
nuelle de ses activités opéra-
tionnelles, qui conduit à une sol-
licitation toujours plus impor-
tante de ses personnels et de
ses moyens matériels.

1) Une activité opération-


nelle en forte croissance

Depuis 1985, le nombre des


interventions effectuées par la
brigade est passé de 252 347
interventions en 1985 à 449 525
en 2001 (près de 1 232 interven-
tions par jour), soit un taux d’ac-
croissement de 78 % sur la
période considérée.

L’essentiel de cette augmenta-


tion est dû à la forte croissance
des interventions pour le se-
cours à victimes, qui sont pas-
sées de 78 562 en 1985 à 289 643
en 2001, soit un taux d’accrois-
sement de 294 % sur la période
considérée ou de 17 % par an en
moyenne.

Les raisons de ces évolutions,


sur lesquels la brigade n’a pas
de prise, tiennent à des facteurs
qui sont à la fois d’ordre tech- 2) Des effectifs et des Ce sous-dimensionnement se
nique, comme l’essor considé- matériels de plus en plus traduit par une charge de travail
rable de la téléphonie mobile solicités très importante, chaque sapeur-
depuis 1987, sociologique, avec pompier de Paris assurant
en particulier le développement Cette pression croissante sur la annuellement 150 gardes de 24
de la précarité, juridique et liés brigade conduit à une sollicita- heures et 20 réserves de 10
au désengagement d’un certain tion toujours plus importante de heures, soit plus de 90 heures de
nombre d’acteurs de la mission ses effectifs, demeurés quasi présence par semaine.
de secours à victime (médecins constants (6 840 sapeurs en
libéraux, ambulanciers privés…). 2001 contre 6 760 en 1985), et Le temps passé sur intervention,
de ses matériels vieillissants, sur une garde de 24 heures, a
Cependant, chaque fois qu’elle avec des conséquences préjudi- également augmenté, passant
l’a pu, la brigade a agi pour ciables sur la capacité opéra- de 22 minutes par heure en 1985
réduire le nombre de ses inter- tionnelle de l’unité, qui se trouve à 36 en 2000.
ventions, sans toutefois parve- fragilisée, ainsi que sur le recru-
nir à en contenir la forte crois- tement et la fidélisation des per- Cette charge de travail exce-
sance, notamment en rationali- sonnels. ssive, qui se fait au détriment du
sant l’emploi de ses moyens, en temps disponible consacré à
redéfinissant certaines de ses La sollicitation est d’autant plus l'instruction et aux repos de
missions, en renforçant les ef- grande, que les effectifs de la sécurité, a des conséquences
fectifs et en rénovant les maté- brigade sont sous-dimensionnés dommageables sur le plan du
riels du centre de coordination par rapport à la population dé- recrutement et de la fidélisation
des opérations et transmissions fendue : le ratio est en effet le du personnel.
(centre 18-112) et en recher- plus faible de France, avec 1,1 sa-
chant une meilleure complé- peurs-pompiers pour 1 000 habi- Le taux de sélection des
mentarité avec ses partenaires tants, contre 4,51 pour l’en- engagés a, en effet, chuté à
de l’urgence. semble du territoire national. moins de 2 candidats pour un

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S A P E U R

poste en 2001 contre 6 en 1996, 1) Des moyens nouveaux sionnalisation, sont estimés à
alors que le nombre des départs pour maintenir la capacité 431 logements familiaux et 250
des militaires du rang engagés a opérationnelle de la brigade places en chambrée, suivant la
augmenté de 45 % depuis 1996 réglementation militaire en
(520 en 2001, contre 351 en vigueur.
Le plan se concrétisera par le
1996) et de 35 % pour les sous-
recrutement de personnels sup-
officiers. Enfin, la rénovation des maté-
plémentaires, de nouvelles
capacités d'hébergement et l’ac- riels et des moyens logistiques
Du côté des matériels et des quisition de matériels. doit notamment répondre au
véhicules, la situation est risque de retard technologique
également critique puisque l’ac- en remplaçant les véhicules
En ce qui concerne les effectifs,
croissement du nombre des hors d’âge et en acquérant de
un total de 750 militaires
sorties d’engins, qui sont nouveaux dont 24 véhicules de
devront être recrutés sur 6 ans,
passées de 374 261 en 1985 à premier secours relevage.
dont 20 officiers, 144 sous-
533 806 en 2001, soit une hausse
officiers et 586 militaires du
de 42,63 %, a été réalisée sur un
rang.
parc à la fois modeste et vieillis-
2) Une mise en œuvre
sant, avec pour conséquence un
coût d’entretien et de mainte- Ces créations de postes, 125 par concertée et échelonnée du
nance très élevé, la poursuite de an, doivent permettre à la BSPP plan de modernisation
l’utilisation de véhicules trop de mieux assurer la mission de
âgés devenant rapidement plus secours à victimes, de répondre Le budget prévu par le plan est
onéreuse que leur valeur vénale. aux besoins en matière de cohérent avec les besoins
soutien, de maintenir le taux recensés et sera mis en œuvre
d’encadrement actuel et d’amé- de manière concertée et éche-
* liorer les conditions de vie et de lonnée sur la période 2002 –
** travail du personnel, selon la
2007.
répartition suivante :
La brigade de sapeurs-pompiers D’un montant de 479,4 millions
de Paris a ainsi atteint la limite • 432 sous-officiers et militaires de francs, hors professionnalisa-
de ses capacités d'intervention à du rang au titre de la mission tion et mensualisation des
moyens constants, et doit à secours à victime, dont 216 soldes, dont 50 millions de
court terme renforcer ses pour assurer la permanence francs pour le réseau radio
effectifs et renouveler son parc de la couverture opération- ACROPOL, le plan se dé-
de matériel, pour à la fois nelle et 216 pour répondre à compose en 179,4 millions de
retrouver un potentiel opéra- l’inflation de la demande en la francs de dépenses pérennes
tionnel en rapport avec les matière ; (personnel, immobilier locatif et
besoins et s'adapter aux évolu-
• 46 sous-officiers et militaires entretien, matériel et fonction-
tions qu'elle doit assumer.
du rang au titre des besoins nement) et 300 millions de
en matière de soutien ; francs de dépenses non immé-
C'est dans cet esprit qu'a été diatement renouvelables (maté-
élaboré le plan de modernisa- • 20 officiers afin de maintenir
riels, ACROPOL, acquisition de
tion, qui suppose un effort signi- le taux d’encadrement actuel ;
locaux d'hébergement).
ficatif sur le plan budgétaire • 252 sous-officiers et militaires
pleinement justifié par l'écono- du rang au titre de l’améliora-
mie générale du projet. Sur ce montant, la part respec-
tion de la condition du
tive de chacun des contributeurs
personnel.
au financement est évaluée à
environ :
UN PLAN DE MODERNISATION Ces recrutements doivent néces-
sairement s’accompagner d'un
À METTRE EN ŒUVRE DE • 94,8 millions de francs à la
volet immobilier, dans la mesure
MANIÈRE CONCERTÉE ET où pour des raisons statutaires charge de l’État ;
ÉCHELONNÉE et opérationnelles la brigade • 124,1 millions de francs à la
loge une partie de ses person- charge de la ville de Paris ;
L'effort budgétaire que repré- nels.
• 136,4 millions de francs à la
sente le plan de modernisation,
charge des conseils généraux
qui se traduira par la mise à dis- Les besoins en hébergements
de la petite couronne ;
position de la BSPP de moyens supplémentaires, qui participent
nouveaux, est mis en œuvre à la politique de fidélisation du • 124 millions de francs à la
de manière concertée et éche- personnel, rendue d’autant plus charge des 123 communes de
lonnée. indispensable avec la profes- la petite couronne.

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S A P E U R

Lieutenant- Un centre JANUS pour


colonel
CABON
Yves
les régiments du génie

Résolument orientée vers l'utilisation des technologies les plus


modernes et maison mère du génie, l'école supérieure et d'applica-
Après sa formation à Saint-Cyr tion du génie entend délivrer à tous les sapeurs le meilleur support
(83-86) puis à Angers, le lieute- pour la formation, l'instruction collective voire l'entraînement.
nant-colonel Yves CABON sert
successivement au 6 e RG puis Or, l'école possède en son sein depuis plus de vingt ans un centre
au 13 e RG où il commande de tactique au concept alors novateur et encore aujourd'hui apprécié :
1990 à 1992 une compagnie de un cube contenant 26 cabines disposées en L, réparties sur 2 étages
combat. et plongeant sur un amphi de 54 places. Ce centre accueille
désormais de nombreux outils informatiques et notamment l'outil de
Il est ensuite affecté à l'ESGM simulation JANUS-FRANCE.
puis à l'EG de Malakoff avant
d'entamer sa scolarité de La décision prise à l'été 2001 de transformer l'actuelle antenne de
l'EMS2 : l'école en centre JANUS à l'identique des autre écoles d'application,
• école nationale supérieure des afin d'y entraîner les PC des régiments des forces, donnera au centre
techniques avancées (option tactique de l'ESAG de nouvelles capacités d'emploi.
recherche opérationnelle) ;
• CSEM (110 e promotion) ;
• CID (5 e promotion). DE LA CAISSE À SABLE À LA tes », telle est la capacité des
simulations.
Il rejoint ensuite pour deux ans SIMULATION TACTIQUE
le CROSAT (centre de recherche L'emploi de la simulation a de
opérationnelle et de simulation - La simulation : pourquoi ? nombreux avantages. Il permet
de l'armée de terre) en qualité de pallier la diminution de la
de directeur de projet de BBS- L'emploi de simulations durant disponibilité des troupes de
France, simulation utilisée au les exercices a bouleversé les manœuvre, de faire sans consé-
CEPC de Mailly pour l'entraîne- habitudes prises dans les quence des erreurs grossières
ment des PC de niveau 2. exercices « carré vert » en y non reproduite sur le terrain et
apportant le réalisme des donc d'optimiser les phases
Affecté à l'ESAG en 2000, il y d’exercices d’application sur le
contraintes du temps, de
occupe le poste d'adjoint du terrain avec matériels et troupe
l'espace et de la logistique. En
département formation opéra- de manœuvre. La capacité d'ins-
effet, le temps n'est plus où un
tionnelle et de coordinateur truction tout temps peut se
régiment de chars, qui avait
NTIC pour l'école. Depuis 2002, révéler un plus non négligeable.
« oublié » de prévoir son recom-
il est rédacteur au bureau Durant la conduite de l'exercice,
doctrine de la Division Études et plètement, pouvait tout de
même (parce que la manœuvre une plus-value pédagogique est
Prospective. apportée par la flexibilité
n'attend pas) réaliser son raid
d'emploi (possibilité de mise en
dans la profondeur. La même
pause pour recentrage, possibi-
remarque serait à faire pour les
lité de rejouer une séquence de
moyens de renforcements génie
la manœuvre, pause de nuit et
« oubliés » loin derrière le
reprise le matin)
premier échelon et propulsés
soudain sur les points de fran- La capacité de revisionner
chissement (parce que la l'action durant les séances
manœuvre n'attend pas). d'analyse après action est enfin
un apport essentiel pour les for-
« Mettre en situation de com- mateurs et les analystes en
mandement proche de la réalité charge de la critique (construc-
et dans la durée un niveau tive) des exercices
entraîné (un chef de section ou
un PC de régiment) et fournir à Mais comme tout système, la
l'ensemble des intervenants un simulation a des contraintes et
environnement du combat inter- des limites qu'il faut absolument
armes aux contraintes réalis- connaître et prendre en compte.

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S A P E U R

En tout premier chef, la simula- le terrain pour améliorer la sur- l'ennemi n'est pas la plus impor-
tion ne peut reproduire toutes vivabilité des forces. tante. En effet, le sapeur, par les
les contraintes ergonomiques contraintes de temps liées à la
ou psychologiques ou d’envi- Les simulations au profit des réalisation de ses missions,
ronnement (stress, froid) et ne sapeurs doivent donc prendre travaille et donc réfléchit avec
remplacera donc jamais l'exer- en compte les contraintes natu- un temps d'avance sur la
cice final sur le terrain et avec relles du terrain entravant la manœuvre. Une pédagogie par-
troupe de manœuvre. mobilité, les contraintes supplé- ticulière à l'école est donc
mentaires créées par les nécessaire. Elle doit rejeter la
Deuxièmement, la simulation a sapeurs dans le cadre de l’appui double action pure et simple,
un coût humain. En effet, du à la contre mobilité ou par tout
intégrer des recalages fréquents
personnel compétent doit être autre moyen, la réduction des
et admettre de rejouer des
affecté à temps plein (chef de contraintes réalisées par les
phases de l'action. La pédagogie
site, opérateurs) afin d'assurer sapeurs dans le cadre de l’appui
du succès final ou de l'échec n'a
l'utilisation optimale des outils. à la mobilité, le camouflage et la
protection offerts par les travaux pas lieu d'être ; il ne s'agit pas
Un deuxième cercle de person-
réalisés par les sapeurs. de « gagner », il s'agit de
nel en double emploi doit être
consenti pour tenir l'ensemble conduire des séquences de
des postes d'opérateurs néces- Ces simulations doivent donc l'action génie en cohérence avec
saire. prendre en compte l’évolution la manœuvre de l’unité
des caractéristiques du terrain appuyée.
Troisièmement, les simulations au cours du temps et la réparti-
tactiques sont des outils mis à la tion non uniforme des informa- Il faut ainsi mettre l'accent sur
disposition des instructeurs de tions d’évolutions entre les l’intégration de l’action génie
tactique militaire afin de former joueurs. A titre d'illustration, le dans la manœuvre, sur l’antici-
les jeunes officiers à raisonner fait qu’un pont soit détruit en pation nécessaire du sapeur, sur
les problèmes et à conduire les cours de jeu modifie la caracté- la procédure écrite (rédaction
actions de leur niveau. La tech- ristique du terrain réel mais ne des ordres et CR) et orale
nique est donc au service de la doit être connu, vu sur un écran, (ordres et CR radio), sur la circu-
tactique, les instructeurs se que par les joueurs ayant reçu
lation de l'information (vers le
devant de maîtriser cette tech- cette information par compte-
haut, vers le bas, utilisation du
nique afin qu’elle n’entrave pas rendu ou de visu.
S.I.R.) et sur la compréhension
la qualité pédagogique des
de la situation et la prise de
exercices de simulation. La simulation utilisée à l'ESAG
est une version génie de la décision en cours d'action
simulation JANUS-FRANCE, (chaîne du renseignement,
Enfin, comme tout exercice
d'origine américaine dont les tenue et mise à jour de la carto-
tactique, la qualité de l'anima-
fonctionnalités et les règles ont graphie, ordres de conduite).
tion et des séances d'analyse
après action dépendront avant été francisés par le CROSAT
tout de la qualité du personnel (centre de recherche opération- Ainsi la pédagogie JANUS à
affecté à ces missions. nelle et de simulation de l'armée l'ESAG peut se formuler de la
de terre). Grâce au travail de façon suivante : pédagogie de
grande qualité réalisé par cet l’appui génie réussi par la
- la simulation : comment ? organisme, l'école possède au- maîtrise de la méthode, de l’or-
jourd'hui un outil de simulation ganisation et des procédures.
Les simulations existantes parfaitement
aujourd'hui sont essentielle- adapté à la for-
ment orientées vers le combat mation des fu-
de mêlée haute intensité. Or, les turs comman-
besoins spécifiques des simula- dants d'unité.
tions au profit de la formation
des sapeurs sont différents. Ils L'ensemble des
découlent en effet de la spécifi- engins du génie
cité mê-me des mis-sions est en effet si-
confiées au génie. mulé avec leurs
capacités et leurs
Le sapeur agit sur le terrain pour contraintes de
modifier sa traficabilité afin mise en œuvre.
d’améliorer ou d’entraver la Pour les sa-
mobilité des forces en présence peurs, la phase
(l'EMAT utilise le terme de de confrontation
viscosité !). Il agit de même sur directe avec

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Le centre tactique de l'ESAG, L'évolution planifiée du rieur du centre. La « facture »


un ensemble cohérent au centre tactique en centre pour l'ESAG consistera donc à
service de la formation JANUS recevoir quatre régiments du
génie par an pour des exercices
Le centre tactique fonctionne Le CFAT ayant exprimé le besoin d'auto-entraînement. Ce seront
avec du personnel permanent et de faire passer les PC des soit des exercices de niveau
non permanent. Au chef de régiments dans les centres régiment ou les commandants
centre s'ajoute une équipe JANUS du CoFAT pour préparer d’unité sont les joueurs, soit des
JANUS qui comporte un admi- leurs exercices d'évaluation exercices de niveau brigade ou
nistrateur de données, deux ANTARES, l'EMAT a décidé à le PCR est joueur et le niveau
opérateurs tacticiens perma- l'été 2001 de faire évoluer les brigade est animé par le chef de
nents, neuf semi-permanents 4 centres JANUS des écoles corps ou des cadres de l’ESAG.
qui sont formés et s'entraînent d'application vers une cible La qualification du personnel
une demi-journée par semaine commune de 20 consoles concerné à l'école ainsi que la
au centre tactique. JANUS par centre. répartition spatiale d'un tel
entraînement est à l'étude.
La mission générale du centre L'impact majeur de cette charge Si les objectifs de formation des
est double. Il s'agit de participer nouvelle, qui n'est pas la stagiaires de l'école sont parfai-
à la formation tactique des sta- mission majeure de l'école, tement connus et validés, ceux
giaires du niveau chef de section consiste dans le recrutement d'entraînements sur simulation
et commandant d'unité et à puis la formation d'une quaran- de PCR du génie sont à cerner
l'instruction collective des taine d'ESR en tant qu'opérateur avec précision. Mais l'armée de
unités élémentaires notamment JANUS. Le centre d'Angers doit terre a acquis grâce au Centre
celle du partenariat. être opérationnel à l'été 2003. d'entraînement des PC de Mailly
un savoir-faire indiscutable dans
En dehors de la simulation A la différence d'autres écoles l'entraînement des PC de ni-
JANUS-FRANCE, le centre d'application (EAI, EAABC), le veau 2.
tactique possède une panoplie centre JANUS est implanté dans
impressionnante d'outils amé- le centre tactique. Le plan de En confrontant les capacités
liorant la qualité des prestations charge du centre doit donc d'organisation et de coordina-
offertes. englober à la fois les exercices tion, les méthodes et outils
avec simulation (formation employés au sein d'un PC avec
17 postes SIR (Système d'infor- initiale des chefs de section et le spectre des dix fonctions opé-
mation régimentaire). quatre rationnelles, on obtient un
commandants d'unité, instruc-
véhicules PC-SIR (été 2002) éventail très large d'objectifs
tion collective des unités élé-
mentaires, entraînement des PC techniques d'entraînement des
5 postes MESREG équipés de la
de régiments) et l'ensemble des PC (de régiment génie ou non et
messagerie SIRGEX sont en
autres activités réalisées à l'inté- de brigade).
place et fonctionnent au centre
tactique.

30 boîtiers radio ont été réalisés


en 2000. Ils permettent d'émuler
plusieurs réseau radio lors des
exercices.

Le système d'information géo-


graphique (SIG) GEOCONCEPT
de qualité professionnelle est
utilisé par les formateurs en
amont des exercices. Il permet
d'effectuer une analyse appro-
fondie d'un terrain (visualisation
3D avec texturage par carte
d'état-major).

Outil réalisé par l'école, GENIUS


permet de simuler une recon-
naissance de terrain via des
photos, des vidéos panora-
miques de sites de franchisse-
ment.

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A titre d'exemple : créé conjointement par l’école et Avec un centre tactique aux
• coordination de la fonction les unités appuyées, suivra la fonctionnalités augmentées,
communication opération- procédure suivante. Après la l'école supérieure et d'applica-
nelle ; définition en commun des buts tion du génie disposera, dès
poursuivis, le thème tactique l'été 2003, d'un outil particuliè-
• exploitation des bilans logis-
sera, selon le besoin et surtout rement adapté à sa mission
tique et prise en compte de la
la capacité du BOI de l'unité, soit majeure de formation des
situation logistique dans la
créé ex-nihilo, soit adapté d'un cadres du génie mais aussi dis-
conduite de la manœuvre ;
panel de thèmes existants au ponible pour tous les régiments
• planification et conduite d'un centre tactique. L'école prendra du génie dans le cadre de l'ins-
mouvement ou d'un franchis- en charge la création des bases truction collective des unités
sement ; de données (Ordre de bataille et élémentaires et de l'entraîne-
• organisation, place et rôle des terrain) Après quelques rendez- ment des PC des régiments. Au
cellules, conduite du vous intermédiaires de « valida- delà des régiments des brigades
processus décisionnel ; tion » avec l'unité, celle-ci se interarmes, par sa grande flexi-
• rédaction des différents déplacera sur Angers pour une bilité, le centre pourrait dans
ordres et conduite des période d'une semaine. Si l'avenir et en fonction du besoin
travaux de planification. l'équipe du centre tactique exprimé s'ouvrir à un spectre
dégage l'unité s'entraînant de plus large d'unités du génie.
Le choix de ces objectifs d'en- toute contrainte technique, voire au PC de la brigade du
traînement sera du ressort du celle-ci devra néanmoins fournir génie dans des exercices avec
chef de corps du régiment lors le personnel de l'animation et de emploi des unités de défense
de la phase de préparation de l'analyse après action, le chef de NBC et de géographie.
l'exercice. Celle-ci, architecturée corps étant le directeur d'exer-
autour d'un dossier d'exercice cice.

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