Professional Documents
Culture Documents
Bruno Tertrais
Mots clés
- Stratégie américaine
- Moyen-Orient
- 11 septembre 2001
- Axe du mal
- Terrorisme
- Prolifération des armes de destruction massive
- Contrôle du pétrole
- Tyrannies/Démocraties
- 4ème guerre mondiale
- Politiques de défense
THÈSE DE L’OUVRAGE
Depuis la chute de l’ex-URSS, les Etats-Unis n’ont plus de concurrent sérieux,
d’où la popularité de la thèse du déchaînement de la puissance impériale. Les
critiques adressées aux Etats-Unis sont souvent excessives, mais la stratégie
américaine fait apparaître une dimension idéologique et religieuse qui la rend
inquiétante.
La guerre risque de durer encore longtemps car ni la victoire ni le compromis
ne sont possibles : caractère ouvert du combat (la défense de la civilisation
contre ses ennemis) et adversaire mal défini.
La méthode
B. Tertrais a travaillé à partir de nombreuses sources d’informations. Il a étudié le néo
conservatisme messianique, l’école de pensée la plus influente dans le monde
politique américain, et le fondamentalisme sudiste, autre force politique puissante,
dépositaire de l’héritage mythologique américain.
Il s’est également appuyé sur des déclarations faites pas G. Bush ou son
administration ; des auteurs tels que Francis Fukuyama, Samuel Huntington, Léo
Strauss.
Il a comparé les actions et politiques des différents présidents américains qui se sont
succédés. Enfin, il a étudié et comparé les fondamentalismes chrétien et musulman.
1
Le résultat
La stratégie américaine ne peut se réduire à l’image grossière qu’on lui prête :
accaparer les ressources pétrolières.
En effet, 50% de leurs importations proviennent des Etats-Unis, contre 10 à 15% des
pays du Golfe. S’ils avaient voulu faire de l’Irak un partenaire pour contrebalancer
l’influence saoudienne, la levée des sanctions aurait été un moyen beaucoup plus
facile.
Les conséquences sont plus importantes que les motivations de leur stratégie :
- radicalisation du monde arabe/musulman
- recrudescence du terrorisme et de la prolifération des armes de destruction
massive
- Elle s’adresse à un ennemi qui ne pourra jamais être totalement vaincu et
avec lequel aucun compromis n’est possible ―> guerre sans fin
2
I) LA NOUVELLE ALLIANCE
b) Le fondamentalisme sudiste
Il est également bien représenté chez les républicains et se fonde sur les
thèmes de la persécution des chrétiens, de la régulation sociale par la force dans un
environnement hostile et dangereux, et de la protection du monde extérieur.
La culture du sud valorise donc la supériorité d’une prétendue race blanche anglo-
saxonne et la régénération par la violence.
Dimension religieuse : importance considérable de l’inspiration évangéliste dans les
élites conservatrices. Le courant évangéliste recèle une tendance radicale,
politiquement active et financièrement puissante, animé par des figures proches des
hommes politiques, dont G. Bush.
La droite religieuse conservatrice est présente aux échelons les plus élevés du
pouvoir politique. Mais cette présence n’est pas nouvelle : Jimmy Carter et Reagan
s’inspirait déjà de cette mouvance ―> On ne peut pas interpréter la stratégie
américaine uniquement sur ces convictions religieuses, mais elles ont tout de même
donné une tonalité spirituelle au combat.
3
c) Le catalyseur du 11 septembre
d) L’identification du mal
4
Thèse d’une 4ème Guerre Mondiale :
- En 1917, Wilson voulait défendre la civilisation et rendre le monde plus sûr
pour l’épanouissement de la démocratie.
- En 2001, G. Bush déclarait « Le progrès de la liberté humaine dépend
maintenant de nous ».
- En 2003, il promet une « révolution démocratique mondiale » : il veut faire
chuter les régimes autoritaires et poursuivre ainsi le projet de Reagan.
Après le 11 septembre, opération de purification des alliances : ceux qui ne sont pas
avec les Etats-Unis sont avec les terroristes.
Des rapprochements bilatéraux se sont alors développés avec l’Inde, la Russie,
Israël ; pays craignant le terrorisme pour leur existence.
Le noyau dur s’est reconstruit : liens culturels forts avec le Royaume-Uni et
l’Australie.
5
c) Prévention ou préemption ?
d) L’esprit d’Eisenhower
6
Les néo conservateurs envisagent la force pour briser la puissance saoudienne.
Pour l’heure, ils veulent empêcher que les revenus du pétrole financent les réseaux
terroristes. Les autres Etats arabes, la Syrie, le Liban, la Libye et le Maghreb, sont
également surveillés.
L’occupation de l’Irak a été mal préparée, la contagion démocratique espérée ne
s’est pas réalisée et des questions demeurent :
- Faut-il abandonner l’Arabie Saoudite au risque de provoquer sa
radicalisation ?
- Faut-il sanctionner la Libye ou la Syrie pour leurs programmes d’armement ou
les féliciter de leur coopération dans la lutte contre le terrorisme ?
- Doit-on s’efforcer de hâter la contre révolution iranienne ?
La politique américaine à l’égard de Téhéran fait débat. En effet, l’Iran est
soupçonnée de développer l’arme nucléaire et de financer/soutenir le terrorisme. Les
néo conservateurs préconisent une nouvelle révolution pour refaire d’une Iran
débarrassée du clergé un allié privilégié et un modèle pour le monde arabo-
musulman.
Un rapprochement de l’islam chi’ite avec la droite évangéliste est tout à fait plausible
car tous deux valorisent la rédemption par la souffrance et une stricte discipline
communautaire pour se protéger contre le mal extérieur.
7
IV) L’ENGRENAGE
a) La dynamique d’escalade
Les Etats-Unis ne sont plus maîtres du scénario car ont libéré de puissantes
forces politiques, idéologiques et religieuses. Ils ont une telle place sur l’échiquier
géopolitique qu’ils ne peuvent plus reculer sous peine de créer des vides de pouvoir,
qui seraient immédiatement comblés par d’autres.
Résurgence du nationalisme dans les grands Etats : Russie, Chine, Inde.
Le concept d’action militaire préventive fait des émules : la lutte contre le terrorisme
est devenue un prétexte pour les gouvernements désireux de donner un tour de vis à
leur population.
Les populations arabes imputent aux Etats-Unis et à Israël tous les maux de la terre :
une bonne partie pense que le 11 septembre est une coup monté
―> 80% d’opinions négatives au Maroc/Jordanie/Palestine/Emirats Arabes Unis
/Indonésie/Pakistan
Cette guerre a accentué la polarisation entre « NOUS » les arabes et « EUX » les
occidentaux.
8
c) La recrudescence des menaces
9
CONCLUSION
La suite des évènements sera déterminée par l’avenir de deux des pays les
plus instables de la planète, secoués par l’onde de choc du post-11 septembre :
- L’Arabie Saoudite est gouvernée par l’un des régimes les plus archaïques de
la planète mais renferme dans son sous-sol les plus grandes réserves
pétrolières et contrôle les principaux lieux Saints de l’Islam.
- Le Pakistan est un pays militarisé qui ne contrôle que partiellement son
territoire et possède l’arme nucléaire.
Ces scénarios sont tout de même moins probables qu’un affrontement bipolaire avec
la Chine, qui prendrait alors la place de la guerre contre le terrorisme. L’alliance
Chine Etats-Unis contre le terrorisme a masqué leurs tensions : Taiwan en est l’enjeu
le plus important.
Les adversaires américains de la Chine pourraient voir en cet affrontement le stade
ultime d’une guerre contre le terrorisme qui se serait muée en guerre contre les
dictatures et peut-être une nécessité pour déclarer la victoire totale de la démocratie
occidentale contre le communisme. Ce serait la vraie « fin de l’Histoire ».
10