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contemporain au verbe plastique, ou Kenneth White riche vers laquelle il sait aller. Paradoxe ? Le propre de l’esprit n’est-il pas un sens
celles, plus récentes encore, de Matthieu Marie-Céline et de Pierre Hunout, aigu du paradoxe qui prévaut à l’incohérence. Ici toute la grandeur du poète et de
par Benjamin Alexandre membres actifs et talentueux de notre collectif. Dire que la poésie est affaire de par Matthieu Marie-Céline l’homme qui nous offre Terre de Diamant, recueil qui souligne combien on peut
corps n’est donc pas seulement une image mais une réalité physique que nous être attaché à son pays et avoir une pleine conscience de l’humanité à laquelle on
nous efforçons d’incarner au travers de ces lectures/performances données prend part. C’est en toute logique qu’il pense la géopoétique, concept ayant pour
régulièrement dans des lieux aussi divers et populaires que la Loupiote, le Voici un homme qui peint des tableaux. Des tableaux où la couleur des but de reconsidérer l’humain dans son rapport au monde.
Caméléon ou encore le Cherche Ardeur. hivers écossais règne. Artisan de sa brume natale, c’est toujours à la source
De vous à moi, j’ai toujours pensé qu’un poème se lisait avec les dents.
d’une Ecosse éprouvante qu’il puise la force de sa poésie ; et met le doigt sur
Comprenez par là que je crois plus fermement à l’intelligence des mâchoires Lumière de Scalpay
Reste maintenant à franchir le pas, à pousser définitivement les portes que l’intouchable. Et les voyages ? Nombreux et nourriciers, c’est aussi grâce à eux
(et du corps en général) qu’à celle de mon modeste cerveau.
ce numéro de sic entrouvre pour vous sur les œuvres de Kenneth White et que Kenneth White décrit de véritables œuvres d’ascète à travers des poèmes Voici le sommet de la contemplation, et
Plus sérieusement, j’avoue faire partie de ces lecteurs qui, face au poème, ne Patrick Bouvet, sur le travail d’éditeur d’André Velter ou encore sur les textes vibrant comme autant de paysages à perte de vue. Ce genre de textes qui fixent nul art ne saurait l’atteindre
font pas d’abord appel « au sens » mais « aux sens ». La poésie est aussi et de Matthias Trivès, Matthieu Marie-Céline et Pierre Hunout. le temps et nous font accéder à l’Homme. Au pouvoir qu’il attache à sa quête bleu, si bleu, le lointain archipel, et
surtout affaire de corps. En cela, elle est accessible à tous. de sens. la mer qui miroite, miroite
Bonne lecture. nul art ne saurait l’atteindre, l’esprit ne peut
Il y a quelque chose d’aimant, voire d’amoureux dans le regard qu’il porte,
Nombreux, pourtant, sont ceux qui pensent ne pas être suffisamment que tenter de s’y accorder
dans sa rencontre avec les Terres nouvelles, dans sa rencontre avec les vents, de s’apaiser, de s’espacer, tenter
« instruits » ou « initiés » pour oser se plonger dans des œuvres jugées
les pluies, avec les peuples ; quelque chose d’extatique dans son approche de s’ouvrir, tranquille, au-delà du monde,
hermétiques par des « spécialistes » ou qui s’excusent platement de ne pas
« comprendre » un texte cependant qu’ils en admettent la beauté. avis aux auteurs qui relève d’un profond optimisme. Ainsi cette Lumière de Scalpay éclaire
et lave le visage du lecteur. White se fait neuf dans chaque sensation
révélé à lui-même en terre de diamant
dans la lumière au-delà des mots.
dixit est actuellement à la recherche de manuscrits inédits, ainsi
qu’il redécouvre ici ou ailleurs. Il redonne son caractère sacré à chaque
Et c’est certainement notre rôle que de rappeler ici qu’il est libre à chacun n’hésitez pas à nous faire parvenir vos textes à :
d’occuper comme il l’entend l’espace de liberté absolue qu’est le poème. collectifdixit@gmail.com moment, à chaque instant sa prégnance, et flanque à notre humeur Bibliographie sélective
Ne cherchez pas de clef... Il n y a aucune serrure! désormais blasée la honte de ne plus savoir apprécier la valeur infinie
ou à l’adresse suivante : Mahamudra, Paris, Mercure de France, 1979.
association dixit, 6/8 Place du Pont-Neuf, 31000 Toulouse, France.
des choses, si simples soient-elles. Il se fait fort de ce pouvoir
De serrure, il n y en a pas non plus sur ces portes derrière lesquelles Diamant, Paris, Grasset 1983.
Votre envoi vous sera réexpédié s’il est accompagné d’une enveloppe suffisamment affranchie pour le d’éternel enfant qu’il tient à rester, et ce grâce à l’expérience
nous tentons modestement de mettre en voix et en corps des œuvres retour. Nous n’assumons aucune responsabilité si un manuscrit est égaré. Un Monde ouvert, Paris, Gallimard, coll. Gallimard/Poésie, 2007.
Extraits
Thoracique & La Traverse, agenda
Thoracique La Traverse
par Pierre Hunout février_2010_n°13
un désert thoracique occupe son Exclu du jour, exclu de la théâtre / lecture / rencontre
espace à perte nuit, pareillement, [sic] c’est gratuit,
un désert s’illimite
le 15 février : Dernière écriture, par Jocelyn Bonnerave, 21h00 - Cave Poésie et ce mois-ci, c’est avec :
La poésie est isthme, langue de terre entre deux eaux où allonger le corps. et déjà en y regardant de plus près, et à (Toulouse).
Elle traverse et elle danse les lieux de passage, elle fait charpente, là où racle les premiers bords de son deux fois, le domicile est le1er mars : Les Bouches poubelles de la Place Pinel, théorie du fragment par
penche le thorax. Elle constelle ce besoin de personnes avec lequel vivre est crâne dans les affres, Yves Lepestipon, 21h00 - Cave Poésie. benjamin alexandre
s’additionner de l’autre, l’être seul dans la foule, avec quelques bourdonnements dans matthieu marie-céline
désormais interroge t-il les avec les féroces, avec laurence barrère
le crâne. Elle envahit le rythme quotidien, une nécessité pour la parole. Elle dixit vous propose
verres pour comprendre les brutes, sans espérance et sans mathias trivès
dialogue, de l’autre à l’autre en passant par soi, avec la voix qui ferait pousser dans quelle mesure, partielle illusion, le 9 février : CRASH , lecture des textes de Patrick Bouvet par Benjamin et pierre hunout
une main dans une autre main, et construit une zone franche, l’espace sacré de ses gestes les vandales de l’intégrité et Alexandre & Matthieu Marie-Céline, 19h30 - La Loupiote (toulouse).
la rencontre. les barbares de l’équité, le 16 février : Thoracique & La Traverse par Matthieu Marie-Céline et Pierre Hunout,
lui appartiennent les monstrueux de vérité, direction de publication :
accompagnés de Simon Portefaix (batterie), 20h00 - Le Cherche Ardeur (toulouse).
matthieu marie-céline
Le mardi 16 février sur le coup de 20h, le Cherche Ardeur accueillera Matthieu dans quelle mesure aliénante les inhumains pour tout dire, le 18 février : Proses de Bernard Hréglich, 08h00 - La Bombilla (Toulouse) pierre hunout
Marie-Céline et Pierre Hunout. Ils y risqueront leur texte, respectivement les autres l’actionnent
Thoracique et La Traverse, et se confronteront à la batterie de Simon Portefaix. ici est le nid, plus que le repaire,
au point de la loge, association dixit , 14 rue louis vitet, appt 21,
Le mardi 16 février sur le coup de 20h, nous vous attendons nombreux. les lieux de notre lutte où désigner des zones de liberté, où éclaircir la poésie bâtimentE5,31400toulouse,france. tél : 05 61 14 27 01 fax :
ne plus savoir dans quelle vérité je 05 34 32 05 81. dixit , collectif et revue
le chemin qui détourne le contemporaine sont multiples. Retrouvez [sic] et toute l’actualité de dixit
issn en cours
me trouve de poésie, est une association à but non-
dans quel désert j’ai perdu la voix spectaculaire sur le blog de l’association : lucratif régie par la loi du 1er juillet 1901.
président : matthieu marie-céline / trésorier : anthony
http://collectifdixit.blogspot.com clément / secrétaire : mathias trivès - © dixit tous
droits réservés aux auteurs - toulouse - février 2010
libres-paroles
Mathias Trivès Matthieu Marie-Céline Pierre Hunout
aphone je n’ai pas le courage de faire un soliloque, un discours pour les sourds ;
Elle. Toujours la même. Avec sa main si familière. Toujours trop froide. pourvoir à l’équilibre du jour puis 3. gestes lents, corps noueux, bleu, la main prolonge la ligne s’enfonçant dans le est-ce une seule goutte qui s’évapore entre les pages ensilicées,
Toujours trop grande. à son déséquilibre sol, traces et signes dans la dune, elle domine, la dune, elle surplombe la chaleur c’est un jeûne rongé de mots épars, un monolithe de plomb
Toujours là à fixer. A fouiller nos âmes. Même là, la retrouver plus profonde voire son renversement suffocante et se couche à plat ventre face à l’horizon, assommée de lumière. Un
encore. A geler nos chairs. A même les mots. souffle, par rafale, soulève l’air rouillé, brise le regard vers la crête - une autre ligne 2. en marchant dans le lit asséché des classiques, la bouche drapée d’un calfeutre et
A terroriser nos têtes de congères. Amassées là sur les paliers. Inquiètes. au maintien du règne qui propose un duel - le vieil homme (peut-être fut-il sourcier, chercheur d’or ou rejoignant l’exode d’un peuple irradié par l’apocalypse, les pas brûlés par le soleil,
A glacer les regards et les palais. A polir le silence. Sur le miroir sans teint de érigé même si l’inconsistance simplement le bassin versant du désert) écrit tel que son père avant lui, écriture avec à perte de vue les vagues antiques d’une tempête fossilisée, nous sommes
la voix lissée. de la tête soudaine au coeur du minéral ; dans l’orange du sable, un autre mot jaillit (aman/ désormais un élément liquide dans la gueule béante du désert, à la recherche de
iman, un pluriel de sens) ; et nous lisions dans la dune, et le soir tombait, et nous l’eau dans la langue dépoussiérée de l’imuhar, après qu’elle fut transpirée
On. Est. Idem. Plats comme pavés. Stupeur de l’être et de l’envie. Raide la trajectoire mâle-femelle et son algèbre
avions gagné la fraîcheur de la pierre, emmurés par les prémices du reg, relief
comme vitre. Compressés pour se complaire à jamais dans le confort des pour régir
brûlé, fut-il four, fournaise, monstre oxydé geignant, étouffé maintenant. Entre si sombre encore le désert, épines au front, tu as le visage baigné de sang, même tes mains
distances. depuis la
les parois, sur la terre, la poussière, nous nous allongeons dans le lit antique parcheminées se refusent aux saillies de ta présence - tu creuses l’horizon de tes bénédictions
Mais une poignée. A l’affût d’un ciel d’orage. Se réveille. Entre en guerre. nuit d’une rivière asséchée sur la langue, harassés, secs, la tête à même la roche avec
Et plonge. Les mains dans la suie d’un nuage. Raviver la cendre. Pour et puis gravée au dedans l’empreinte d’une fougère, souvenir luxuriant, miraculeux. Je la porte pour le hajj, l’odeur primitive du sol, chaleur suffocante, encore, sous
de nouveau brûler. Se ressaisir dans la danse des flammes. Et la langue quelques lois généralistes desquelles me souviens que là-bas, derrière la dune qui longe la falaise, une autre dune tes pas. Les minarets se lamentent (allah akbar hurle un haut-parleur). Troupeau
aiguisée par la foudre. Désincarcérer la vigueur ardente de nos crânes. s’extraire se penche, je me souviens qu’en filigrane la caravane passe et s’évanouit d’abord surgi de la poussière, ils se ramassent autour de la mosquée, blanche,
Réapprendre l’avancée dans le feu blanc. du dedans la parole de l’imuhar ; souviens-toi que le hajj est sorti du désert ; nous éblouissante.
Ensemble. Eprouver la vie dans la rigueur des pierres. en quoi se sentir plus écoutons attentivement le frottement du vent sur la pierre, une grande Après, ils entrent en communion, tous, soudain infirmes, et je les aime quand
Homme carcasse brinquebalant une cohorte de peuples à la recherche du sel sur l’air se gonfle de leur prière, je m’abandonne dans leurs territoires, leurs
que dans les pas hors la lucidité la langue, guidée par une piste bornée de pierres muettes déserts ; tous, échoués et insulaires, avec le vertige de l’oeil, je les aime