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HISTOIRE
DU
21E RÉGIMENT
DE
MARCHE
DE
VOLONTAIRES
ÉTRANGERS
ET
DE SES CONTOURS
André Blitte
18-21/03/2021

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RÉFÉRENCES :
Voici quelques documents que nous avons découverts pour établir cette
ébauche d’historique du 21e R.M.V.E. Nous espérons que cet historique pourra
s’étoffer avec le temps.
— La 35e Division dans la bataille 1939-1940 par Robert Dufourg. Imprimerie
Deniaud frères, Bordeaux. 1945.
— Brassard rouge, Foudres D'or. Souvenirs d'un Officier d'État-Major par
Robert Dufourg. Ragot Imprimeur Bordeaux. 1951
— LA 35e D.I. AU COMBAT par Henri de Rolland. Journal militaire suisse. 1948.
— Une captivité singulière à Metz sous l'occupation allemande (1939-1940)
Léon de ROSEN. L’Harmattan. 2000-12-01.
— Testament… par Boris Holban. (Calmann-Lévy) .1989.
— A Thousend Shall Fall par Hans Habe. (Ob tausend fallen) 21 août 1941.
— FRANTZ DELANIS Récit de la guerre 39-40 d'un soldat français et de son
évasion. (1913-2006) CanalBlog.
— Mon lieutenant, un blessé vous demande par André Dufilho. Les Dossiers
d’Aquitaine. 2002.
— Alexandre Citrome. 50 ans de ma vie. Publié par l’Université Concordia :
University Chair in Canadian Jewish Studies.
— Naissance, vie et disparition du 21e R.M.V.E. en 1939-1940. Édité en 1961.
In 8 de 75 pages. Képi blanc. BNF.
— Thiel le rouge, une histoire communiste suisse. Le Temps. Alain Campiotti.
— Thiel le rouge, un agent si discret, film de Danièle Jaeggi, sorti en 2020.
— La Légion étrangère en Argonne en juin 1940, revue Horizons d'Argonne ;
numéros 71-72, pages 11-32 par le Général Bernard JEAN.
— Le Petit Journal de Sainte-Menehould et ses voisins d'Argonne N° 6. Les
combats de juin 1940 à Villers-en-Argonne.
— The french defeat of 1940 par Joel Blatt. New York : Berghan Books, 1997.
— Une enfance juive dans la tourmente du XXe siècle Albert Nouni Szyman.
29 février-2012.
— Kaddish pour les miens. Chronique d'un demi-siècle d’antisémitisme (1892-
1942). Armand Gliksberg.1995. L’harmattan.
— Les Cahiers du Bazadais Numéros 140-147 par société des amis du Bazadais.
Journal de route de mai à juin 1940 (pages 21 à 41) par le capitaine Robert Latrille
dirigeant les transmissions de l’A.D. de la 35e D.I.
— Bulletin de la tramontane association amicale des anciens du 21e régiment
de marche des volontaires étrangers descendants et amis 21e R.M.V.E. (AAA du
21e R.M.V.E.) BNF.
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— Notre Volonté, Bulletin de l’UEVACJEA.
— WWW.memoiredeshommes. sga.defense.gouv.fr.
— Livre d'or du 22e R.M.V.E. : 1939-1945 par amicale des anciens du 22e
régiment de marche de volontaires étrangers. 1976.
— Fred Samuel, Mémoires d'un joaillier, éditions du Rocher, Paris, 1992 (ISBN
978-2268012322) (22e R.M.V.E.).
— Antoine Ponce : Tony Poncet. Ténor de L'Opéra. Une Voix, un Destin par
Mathilde Ponce.
— Les carnets de guerre de Gustave Folcher, paysan languedocien, 1939-1945
(12e Zouave). La découverte, 2013.
— Historique du 14e G.R.C.A. du 1er février 1940 au 23 juin 1940, par le
lieutenant-colonel Gallini. (21e C. A.)
— Avec Le 18e Corps d’Armée. (16e G.R.C.A.) Robert Felsenhardt. Édité par La
tête de Feuille (1973).
— Républicains espagnols en Midi-Pyrénées : exil, histoire et mémoire par José
Jornet, Martin Malvy. Toulouse : Presses universitaires du Mirail (PUM), 2005.
— L’exil des républicains espagnols en France. De la Guerre civile à la mort de
Franco. Dreyfus-Armand, Geneviève. Paris Albin Michel. 1999.
— Les Catalans espagnols en France au XXe siècle. Exil et identités à l’épreuve du
temps. Thèse pour le doctorat de Phryné Pigenet sous la direction de Mme la
Professeur Blanc-Chaléard soutenue le 15/09/2014.
— Denis Peschanski, La France des camps, l’internement 1938-1946, Paris,
Gallimard, 2002.
— Face à la persécution. 991 Juifs dans la guerre. Nicolas Mariot Claire Zalc.Paris
Odile Jacob, 2010.
— Miroir de l’Histoire : numéro 306 page 24. Hitler lisait le courrier de Weygand.
(Les coups bas de l’Armistice).
— Les Régiments Ficelles : Film de Robert Mugnerot. Coproduction : France
Télévisions/Victorimage.
— Journal de route du Brigadier Courtion Brigadier du 8e régiment de Chasseurs
à cheval.
— LIGNE DE FRONT – DE LA DRÔLE DE GUERRE AU DÉSASTRE. Hors-Série n° 10.
Combats autour du CHESNE en mai – juin 1940 Carnets de route du commandant
du II/14e Régiment d’infanterie (36e Division – avec photos et cartes).
— Marianne in chains. Robert Gildea. PAN Macmillan Adult; (2002, 2011).
— Faites sauter la ligne Maginot ! : Roger Bruge. Fayard 1973.
— Le 16e Bataillon de Chasseurs Portés à Tannay et à Perthes. Édition spéciale
réalisée par l’association ARDENNES 1940 à ceux qui ont résisté.

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— 21. A.L.E, chef de bataillon Robitaille, 11e R.E.I. Roger Houzel. Une année
parmi tant d’autres 1939-1940. Manuscrit inédit non publié. Il s’agit des souvenirs
de guerre d’un officier de réserve versé au 21e R.M.V.E. qui de Barcarès à Baalbek
vivra quelques aventures dont la « fuite », en Palestine à la fin de juin 1940.
Robitaille, chef de bataillon, chef d’état-major du chef de corps du 11e R.E.I.
pendant la bataille de France en juin 1940 : après la capitulation du groupement
du Général Dubuisson, il s’évade et part tout droit en direction de Sidi-Bel-Abbès ;
commandant le III/1er R.E.I. à Sidi-Bel-Abbès en 1940-1941 ; commandant le
III/6eR.E.I. au Liban lors des combats de juin 1941.
—Fred Samuel : Rue Royale à Paris : Un Joaillier courageux.
richardjeanjacques.blogspot.com/.../fred-samuel-rue-royale-paris-un.htm... (22e
R.M.V.E.).
— Radiographie d'un pic d'antisémitisme. La crise de Munich (automne 1938).
Emmanuel Debono publié dans Archives juives 2010/1 (Vol. 43). Éditeur Les
Belles Lettres Page 77-95.
— Sabotages – Résistance en Normandie. HTTP//beaucoudray.
Free.fr/sabotages.htm.
— Le 12e Régiment Étranger d'Infanterie dans la bataille de France en 1940 (10
mai- 2 juin 1940). https//www.legionetrangere.fr.
— Libération-Nord Témoignage de Christian Pineau.
— Xavier Vallat, 1891-1972 : du nationalisme chrétien à l'antisémitisme d'État,
Paris, Grasset, 2001.
— Darquier de Pellepoix et l'antisémitisme français, Berg International, 2002.
— Vichy dans la « solution finale », Grasset, avril 2006, 1024 p.
— La France antisémite de 1936. L’agression de Léon Blum à la Chambre des
députés (avec Tal Bruttmann), préface de Michel Winock, Équateurs, 2006.
— L'Antisémitisme de bureau. Enquête au cœur de la préfecture de police de
Paris et du commissariat général aux questions juives (1940-1944) Grasset, 2011,
448 p.
—Les Collabos, Paris. Par Laurent Joly. Éditeur Les Échappés, 2011.
—Naissance de l'Action française, par Laurant Joly. Paris, Grasset, 2015.
—La délation dans les années noires (avec Korn-Brzoza) Perrin 2015.
— La France que je cherchais les impressions d'un Russe engagé volontaire en
France.Joseph Ratz, Librairie A. Bontemps, Limoges, 1945.
—Vichy 1940-1944 Archives de guerre d’Angelo Costa Éditions du CNRS. 1986.
—Vichy et les Juifs Michaël R. Marrus et Robert O. Paxton. Nouvelle édition
Calmann-Lévy 2015.
—Le carnet de la trahison. Paris Librairie des Sciences et des Arts, 1944.

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—Roman d’espionnage. « The Pétain Plot », John Hefford. Éditeur : Blurb (9
janvier 2019).
—Journal officiel de la République française. Morts en déportation. — Les
Bastilles de Vichy Repression politique et internements administratifs. Vincent
Giraudier, Tallandier. (12 novembre 2009).
— Képi blanc NO 590, mai 1989. Volontaires étrangers 1939.
— « En l’an 670 commence : La Saga des « Hasday » par Marcel Hasday (fils de
Richard Hasday.
—Henri Noguero "Soldat en Alsace-Lorraine" et "Prisonnier de guerre en
Allemagne", ouvrages parus chez l’Harmatan en 2017. Le 49e RI de la 35e Division
est transféré en mai 1940 à la 30e Division Alpine du général Duron. Cette Division
‘’Alpine’’ est rattachée au 43e Corps d’Armée de Forteresse du général Lescanne
appartenant à la 5e Armée du général Bourret. Le 49e RIAlp est fait prisonnier
avec sa Division « alpine » dans les Vosges (sic).
—Georges Loustaunau-Lacau, Mémoires d’un français rebelle, 1914-1948,
Paris, Robert Laffont, 1948, 345 p. et 12 pages de planches (réédité chez J&D à
Biarritz en 1994).
Georges Loustaunau-Lacau, Chiens maudits : souvenirs d’un rescapé des
bagnes hitlériens, Paris, éditions du réseau Alliance, 1960, 96 p.
—C.L. Flavian, « Ils furent des hommes », paru en 1948 aux Nouvelles Éditions
Latines.
—Les Camps de Vichy, Maghreb-Sahara 1939-1944 (Montréal, Éditions du Lys,
2005).
— Correspondance entre un engagé volontaire au 21e RMVE et sa fiancée
durant la « drôle de guerre ». Lharmattan 2018.
—André Suarez : Vues sur l’Europe. Hors commerce, 1936 ; Grasset, 1939 ;
avec une préface de Robert Parienté, 1991.
—Paul Winkler: The Thousand Years Conspiracy. Scribner 1943.
—Grenier Le testament de Sidney Warburg + autres : Projet Pandora.
—Franck Lafossas ADRIEN MARQUET, Secrets et Souvenirs. Dossiers d’Aquitaine
2012.
—Général J.-H. JAUNEAUD « J’accuse le Maréchal Pétain ». Pygmalion. 1977.
—Benjamin Lewinski, De la guerre d’Espagne à la guerre mondiale ,1986.
—GÉNÉRAL Gamelin, SERVIR. Plon, 1946, 1946, 1947.
—Laurence Prempain. Polonais-es et Juif-ve-s polonais-es réfugié-e-s à Lyon
(1935-1945) : esquives et stratégies. Histoire. Université de Lyon, 2016. Français.
NNT : 2016LYSE2147. Tel-01486879.
— Philip Rosenthal. Il était une fois un légionnaire, Albin Michel 1982. Einmal

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Legionâr. 1980.— Jean Grobla : Une famille juive sous l’Occupation nazie, et
même avant : les Grobla à Noirétable. Le Mémorial de la Shoah (17, rue
Geoffroy-l'Asnier 75004 Paris)
— Regards sur 1939-1945 Le haut commandement français. Une organisation
confuse et inadaptée. La Voix du Combattant novembre 2019. Philippe Schmitt.
— Caroline Bitsch. Aryanisation et spoliation des biens juifs à Chantilly entre
1940 et 1944. Les Cahiers de Chantilly n° 10 (mars 2018).
— Pierre et Véronique Salou Olivares, Les républicains espagnols dans le camp
de concentration nazi de Mauthausen, le devoir collectif de survivre, Tirésias.
2016. Collection Ces oubliés de l’histoire.
—David Wingeate Pike, Espanoles en el Holocausto, Amicale de Mauthausen.
Routledge 2006
http://www.museedelaresistanceenligne.org/musee/doc/pdf/ressource_sour
ce/SHDGR_16P_D.pdf Dossiers administratifs de résistantes et résistants.
—Riadh Ben Khalifa, « Sur la corde raide, entre résistance et collaboration. Un
Juif hongrois en France occupée », Archives Juives 2011/2 (Vol. 44), p. 102-120.
(Le nom de ce Juif est Dezso Leibovits, 23e RMVE).
—SAUREL (Jacques), De Drancy à Bergen-Belsen, 1944-1945 - Souvenirs
rassemblés d’un enfant déporté, Paris, Édition Le Manuscrit-FMS, 2006.
— La chambre à gaz de Hartheim, Pierre Serge Choumoff, présenté et édité par
Jean Marie Winkler dans las Revue d’Histoire de la Shoah 2013/2 (N° 199) pages
293 à 392.
—"Été 1944, les massacres de prisonniers de Montluc : Bron et Saint-Genis-
Laval". Panneau des Chemins de Mémoire, septembre 2014.
Debuissy Paul Henry Albert Josepph, décédé né le 28 juillet 1887 à Laventie Pas
de Calais, décédé le 15 février 1962 à Thuir Pyrénées Orientasles. Il était le fils de
Dieudonné Jean-Baptiste Josep Debuissy [(1850-....) Agent voyer puis Conducteur
des Ponts et Chaussées (Adjoint de 2de classe du Génie dans l’Armée nationale
(14 novembre 1884, puis sous-ingénieur des Ponts et chaussées] et de Blanche
Marie Massaroli (1851-…), Directrice des Postes à Laventie Pas de Calais. En 1908,
il est instituteur. Marié le 25 janvier 1908 à Laventie Pas de Calais avec Aline
Marsy (1886-1927), il en divorce le 7 juillet 1926. Les deux filles issues de ce
mariage sont Genevieve Julie Blance Debuissy Debuissy (1907-1988) et Suzanne
Jacqueline Debuissy (1912-2006). Sous lieutenant au 155e régiment d’infanterie,
il est nommé en date du 1er août 1914 lieutenant et maintenu à la même
affectation. Il est blessé de guerre au Levant au 155e RI. Il est nommé au 2e REI le
15 février 1926. Officier de la Légion d’honneur, il se marie le 12 avril 1927 à
Meknès avec Suzanne Marielle Bégin. Il est muté au 1er REI le 6 septembre 1927.
Il est muté au 4e REI le 5 janvier 1933. En 1934, il est promu chef de
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bataillon au 4e R.E.I. au Maroc (Marrakech). Le 28 octobre 1936, il se marie à Lille
(Nord) avec Thérèse Paule Marie Vanhoucke… En 1939, il est promu chef de corps
du 21e RMVE (Lieutenant-colonel d’octobre 39 à juin 1940). Il participera à la
Résistance : Service historique de la Défense. Vincennes G.R. 16 P 162810. Nom
du mouvement de résistance MLN ex-MUR Cote (s)
AVANT-PROPOS
En colligeant ces documents, la conviction m’est venue de l'existence d'un
ostracisme dont a eu à souffrir le 21e R.M.V.E. Le Général de la 35e Division et ses
acolytes, notamment l’écrivain Robert Dufourg, considéraient le remplacement
d’un bon régiment de même bonne souche par le 21e R.M.V.E., un régiment de
Juifs et de Rojos, comme la greffe d’une verrue. Il ne faut donc pas s’étonner que
le 21e R.M.V.E. ait été dans la phase critique offert en holocauste (la place de
l’invité selon le terme militaire établi). Point d’orgue, ma conviction ne peut que
se renforcer quand je constate que je n’ai pu trouver aucun document
simplement accessible concernant le sort de Paul Debuissy après qu’il aurait été
livré à la Gestapo par Vichy (?) comme le furent Loustaunau-Lacau et d’autres
sans doute. Je n’ai trouvé que sa nomination au titre de chevalier de l’ordre de la
Légion d'honneur avec la note : « Dossier pas encore communicable sur la base
de données Léonore. » Qu’est-ce qui peut causer un tel silence qui salit et
rapetisse la France ? Simplement y penser, amène un sentiment de peine.
Tout autour de l’histoire de "l’étrange défaite" persiste d’ailleurs l’impression
que des forces obscures s’opposent encore à la connaissance de la vérité. Se
poser sans fard la question, c’est se demander si Debuissy en annulant un repos
de 4 heures prévu pour son régiment malgré sa fatigue, ne s’est pas opposé à un
programme de Vichy effectué avant l’heure ou déjà en cours. Le départ
commandé du train routier du 21e R.M.V.E. et les difficultés des volontaires
étrangers non prisonniers à se faire libérer n’aident pas à effacer le sentiment
d’une étrange défaite.
En 1946, une délégation de la Tramontane rencontra le lieutenant-colonel
Debuissy à Perpignan. Une petite note se trouve sur le Bulletin Notre Volonté de
l’UEVACJEA d’avril 1962 : « Nos peines : LE COLONEL DEBUISSY Cdt du 21e R.M.V.E.
n’est plus. Le Chef du 21e R.M.V.E. qui s’est tant distingué dans les combats contre
l’ennemi est décédé le mois dernier. Nous présentons ici nos condoléances à
toute la famille. » Le nom du lieutenant-colonel Paul Debuissy est inscrit sur le
Monument aux Morts de Laventie sans aucune mention…
Nous éviterons de répéter systématiquement l’origine des longues citations et
emprunts de ce recueil historique. Ces témoignages rassemblés sans aucune
prétention d'historien ne sont pas forcément fiables ni non partisans, mais du
moins seront-ils à la disposition d’éventuels historiens postérieurs, soumis à leur
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jugement et offerts à leurs efforts de rectifications et compléments. L’Histoire ne
suit-elle pas un cercle vicieux où la Déesse Corruption et Trahison tire les
ficelles : ̶-Révolution—Liberté—Corruption—Barbarie—Corruption-- L’homme
est un caméléon ; il l'est parfois pour se protéger, plus souvent encore comme
prédateur, mais si cette sorte de loi statistique peut aider, elle ne suffit pas pour
découvrir la vérité et ne pas commettre d'erreurs : errare humanum est. Que
d’erreurs commet-on sur le chemin menant à la vérité ! « Honni soit qui mal y
pense. » Ce recueil fruit d’un long travail ne manque pas d’incertitudes, d’erreurs
et de partis pris. J’ose croire cependant qu’il constitue une première avancée qui
sera pour une bonne part complétée et corrigée dans le futur notamment par
l’accès aux Archives du Service Historique des Armées et au Bulletin de la
Tramontane (BNF). Il n’est guère imaginable d’écrire l’histoire en général et
l’historique en particulier du 21e R.M.V.E. et de ses personnages sans peindre son
contexte. Ce recueil est donc le résultat de longues recherches de documents
concernant une période critique de l’histoire mondiale. Plus de soixante-quinze
ans après, ce n’est pas encore Vercingétorix, mais tout de même…
Ce récit révèle donc pour une bonne part combien un conflit existait alors d’une
part entre de véritables démocrates mêlés à une poignée d’illusionnés d’un
communisme imaginé à tort démocratique alors qu’il est semblable au fascisme,
d’autre part d’impénitents antidreyfusards, xénophobes, cagoulards, chasseurs
de communistes. Futurs serviteurs de Vichy, ils avaient trouvé dans ces aspects
de leur personnalité des motifs de trahir "l'autre France". L'inimitié de la droite
française envers la 3e République s’étala sous le signe de la Cagoule depuis De
Gaulle ennemi d'Hitler, mais aimant plus Pétain et Vichy que la Gueuse, jusqu'aux
collaborateurs du nazisme et la trahison. Médecins, politiciens, militaires,
bourgeois, patrons, financiers, chefs d'État dans leurs rôles privilégiés dans la
société, ont le devoir de rester des citoyens parmi les citoyens. S'ils s'isolent et
trahissent cette mission, ils sèment le vent et récoltent les tempêtes. Hans Habe
dès 1941 rapportait les paroles du lieutenant Pierre Truffy : «. Nous n’avons
aucune preuve contre aucun de nos généraux corrompus, pas de bordereau
comme dans l’Affaire Dreyfus… » Malheureusement, les Cincinnatus et les Sylla
sont rares et les catastrophes naissent trop souvent à partir de la cupidité, de
l'avidité, de l'orgueil, et de l'obscurantisme innés ou acquis par certains. Que
penser, par exemple, de l’attitude de Pie XI qui salua la victoire franquiste et celle
de Pie XII, attitude qu’on peut qualifier de pétainiste à savoir d’avoir pu faire un
choix moral entre le Charybde nazi et le Sylla communiste ? Trop de « Grands »
paranoïaques passent de Héros à Zoros, puis zéros et finalement salops. Il est
curieux que, malgré ce cycle rituel, ces mégalomaniaques, Hitler, Pétain, Franco,
Mussolini, Staline, etc. (nous en passons d’alors et de plus anciens et de plus
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récents conservent leur bassin d’adorateurs malgré les ravages qu'ils ont
provoqués. Que dire quand un paranoïaque traite ses opposants de menteurs et
de terroristes, ou, pire, quand deux paranoïaques s’affrontent ? Henri de Kerillis
est l'un des deux députés non communistes et le seul élu de droite qui ne sera
pas totalement figé par le concept du péril judéo-communiste (Hitler plutôt que
Blum-Staline); il verra le danger nazi et votera contre les accords de Munich en
octobre 1939, et il écrivit dès 1943 ces paroles prémonitoires en allusion à De
Gaulle :
« Ce que le maréchal Pétain a fait sur le corps mutilé de la République, d'autres
soldats pourraient être tentés de le faire dans l'avenir en abusant de leur prestige
et de la force armée qui leur a été confiée. »
Ainsi, accompli à l'encontre de ceux dont les Pieds Noirs qui l'avaient aidé à
revenir au pouvoir, le retournement de De Gaulle restera à jamais marqué entre
autres par la prolongation néfaste de la guerre d’Algérie suivie du drame des Pieds
Noirs et des Harkis et par l'exécution atroce du lieutenant Roger Degueldre. Arrivé
à sa fin de cycle, comme l’étaient en 1939 trop de généraux français, de Gaulle
est ce général qui avait pourtant résumé dans ses mémoires l’affaire de la défaite
de 1940 par ces mots : "Nos armées, préparées d'une manière absurde et
commandées d'une manière indigne."
Loutaunau Lacau en parlant du réseau de Résistance qu’il avait créé avec Marie
Madeleine Fourcade a décrit page 227 de son livre « Histoire d’un Français
rebelle » l’attitude hautaine des gaullistes. Le même discours a été tenu par des
membres d’un autre réseau de Résistance : LIBÉRATION NORD de Christian
Pineau. Comme ils défendaient eux aussi une relative indépendance, ou
refusaient d’être de simples vassaux descendant des serfs d’autrefois, ils furent
privés de beaucoup de choses : peu de livraisons d’armes, peu de considération.
Cela a été écrit dans diverses publications par certains survivants. Cela
correspond tout à fait à ce que dit Loustaunau-Lacau page 228 de son livre : « Ce
que voulait de Gaulle, c’était la mainmise sur TOUS les éléments de la résistance,
dans un dessein à la fois politique et militaire… » Il y avait déjà du Pétain dans de
Gaulle ! Après avoir supplanté les vichystes en 1945, il enfilera ensuite les bottes
de Pétain et avant de se représenter comme président, envisagera de pousser
Henri d’Orléans jusqu’au trône. Henri se vengera sur toute sa famille pour son
échec personnel.
Si les humains savaient vivre ensemble dans l'harmonie et la tolérance, des
situations d'expulsions humaines massives comme celles ayant suivi les accords
de Yalta seraient inimaginables. Il est pénible de penser que ce syndrome de Yalta
se répétera si, faute d'humanité, trop de paranoïaques sévissant dans ce coin du
monde, l'entente ne se fait pas en Palestine sur une union ou une séparation à
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l'amiable, ni sur la naissance d’un État kurde, alors que tous les États environnants
sont toujours en dispute à l’exception de leur unanimité au sujet de cette
renaissance du Kurdistan, qui réparerait l’ignominie des accords Sykes-Picot de
916 et de Lausanne de 1923. Le proverbe « je suis avec lui contre l’autre et avec
l’autre contre lui » demeure universel et n’a pas de spécificité raciale. En ce qui
concerne le corps mutilé de la République, une situation particulière était
promise pour la zone dite réservée, composée des départements Meurthe-et-
Moselle, Vosges, Haute-Saône, Doubs, Territoire de Belfort, de la majorité de la
Meuse et des Ardennes, des parties adjacentes de l’Aisne, de la Haute-Marne et
du Jura. Les Allemands envisageaient que ces territoires seraient peuplés dans
l’avenir par des colons allemands...
Arrivés en décembre 2018, nous assistons au spectacle pénible des
affrontements des humains de la terre. C’est une planète de la taille d’une puce
si l’on songe à l’immensité de l’Univers, et ils la détruisent en se disputant et
s’entretuant. Y aura-t-il au final un nouveau miracle de l’Arche de Noé, quelques
hommes s’échappant de la mort par un navire spatial? Quand on pense à la
brièveté de la vie. Il est impossible de comprendre pourquoi les humains se
disputent tant le pouvoir et les richesses et se trahissent et s’entretuent au lieu
de s’organiser ensemble pour des règles de vie pacifique sur terre.
Malheureusement persiste la mentalité primitive selon laquelle le loup est un
loup pour l’homme et elle se loge en particulier chez les puissants, Industriels,
banquiers, trusts qui trouvent toujours des sortes d’Hitler pour les servir comme
hommes de main : « puisque je suis plus fort que toi, j’ai le droit de te tuer ». Il
ne faut pas voir la trahison de 1940 comme un phénomène isolé et ne lire que
sous cet aspect étroit « l’étrange défaite » de Marc Bloch et « The Thousand
Years Conspiracy » de Paul Winkler (1943 traduit malencontreusement en 1946
sous le titre étriqué « L’Allemagne secrète »). L’homme est un animal, « Homo
homini lupus est » et ce dicton se vérifie de A à Z dans toutes les directions de
lieux, de temps et de personnages. Le temps des fortunes monstrueuses face à
la brièveté de l’existence demeure omniprésent.
Les recherches croisées dans ‘’Mémoire des Hommes’’, ‘’Listes des prisonniers
de guerre’’, ‘’Mémoire de la Déportation’’, ‘’Morts en déportation’’ ont
grandement aidé à la confection du Chapitre XII personnages du 21e R.M.V.E.,
alors que de simples astuces électroniques comme la variation de x à = ont
simplifié les calculs. Construit par strates successives, ce livre contient donc des
redites gardées volontairement. Aussi bien des personnes dont les proches ont
participé au 21e R.M.V.E. m’ont aidé à la fonction de ce rapport, notamment pour
le document ci-dessous qui m’est arrivé le 1er décembre 2019.
André BLITTE
12
DOCUMENT PAUL DEBUISSY venant de M. Jean Pierre Bourel
Pendant des mois, j’ai cherché dans les boîtes, les valises, susceptibles d’abriter
les photos recherchées de mon Grand-Père. Hélas sans succès !
À l’âge où il faut mettre un peu d’ordre dans ses affaires, mon épouse a
retrouvé dans une enveloppe Kraft, soigneusement rangée dans un cabinet
“italien” à multiples tiroirs, l’objet du délit à l’en-tête de la famille DEBUISSY.
C’est donc avec un immense plaisir et un certain soulagement que je vous
transmets l’ensemble bien maigre de ces souvenirs de famille.
Dans l’ordre :
Séparation d’avec ma Grand-Mère, où il est question de son poste de capitaine
à l’armée du Rhin en 1920
Fiche d’état civil de Paul DEBUISSY
Fiche d’état civil de ma mère
Article de presse locale relatant le 3e mariage, avec l’étalage de ses
décorations....
Un empilement des quelques lettres restantes, où l’on peut remarquer le poste
occupé “chef de bataillon 4e Étranger” à Marrakech, c’était, je pense, en
1934/35, ainsi qu’un PS qui en dit long sur son état d’esprit du moment!
Dans la 2e série de photos, vous avez :
- Le mariage avec ma Grand-Mère en 1908, le couple est au centre.
- Une photo lorsqu’il était en Allemagne à Düsseldorf. À l’époque il avait été
dit à ma mère qu’il était en citadelle...sans doute pour lui cacher le divorce en
cours, elle était née en 1909.
- Commandant, en compagnie d’un Capitaine de son régiment, je pense.
- Une photo de studio faite à Marrakech, datant sans doute de 1935, puisqu’il
semble que son dernier mariage (1936) ait interrompu toute relation familiale.
Voilà vous savez tout, et je regrette de ne pouvoir vous éclairer davantage, mais
déjà, vous pouvez désormais mettre un visage sur l’un des personnages
principaux de “S’il en tombe mille”, et c’est pour moi une énorme satisfaction.
Bien que je ne puisse vous aider davantage, tenez-moi au courant de
l’avancement de vos travaux, dès que paraissent de nouvelles informations. Je
vous en remercie à l’avance.
Ma mère m’avait dit qu’une branche de la famille s’était établie au Canada. En
remontant dans l’arbre généalogique, une famille Beau paraît être passionnée et
dispose peut-être de renseignements complémentaires.
Soyez assuré cher Monsieur de mon admiration pour le travail que vous faites
avec passion et patience.

13
Avec mes sentiments les meilleurs, et le secret espoir de vous lire bientôt.
J-P. BOUREL

L’officier semble avoir 2 gallons et n’est donc pas Debuissy (il était déjà en 1934
chef de bataillon au 4e étranger au Maroc.

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Paul Debuissy

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Les officiers du 4e Éranger en 1934 : Colonel Étienne-Émile CONTE, Lt-Colonel
Fernand GELY, Chef de Bataillon Marie Pierre MERLET, Chef de Batailon Paul-
Octave VINCENT, Chef de Bataillon Paul DEBUISSY, Chef de Bataillon Jacques
LAMBERT, Chef de Bataillon Abel PETET, Capitaine Antoine COLOMER, Capitaine
René CHABLE, Capitaine Gabriel AUTROU, Capitaine Jacques BOYER-RESSES,
Capitaine Jean-Louis GUILLEVIC, , Capitaine Henri BERGER, Capitaine Georges
LECLERC, Capitaine Miguel OLIVE, Capitaine Bertrand MARCELIN, Capitaine
Louis GAULTIER, Capitaine Michel PUVIS DE CHAVANES, Capitaine Jean RAGE,
Capitaine Henri RZEKIECKI dit d’ALEGRON devint Commandant au 11e RI en
1940, il fut tué à Verdunle 18 juin 1940. (C’était un Prince polonais né en Pologne
le 19 janvier 1893). Capitaine André MONTAURIOL, Capitaine Maurice
GENAY.Paul Debuissy
23
Paul Debuissy

24
Sont ajoutés à ces documents, outre la photo initiale (Didier Michon, Aubagne)
cet extrait de Mémoire des Hommes : Paul Henri Albert DE BUISSY né le 28-07-
1887 à Laventie (62 - Pas-de-Calais, France) Carrière Famille résistance déportés
et internés de la résistance (DIR), forces françaises de l’intérieur (FFI), résistance
intérieure française (RIF) Nom du mouvement de résistance intérieure française
MLN ex-MUR Cote) Service historique de la Défense, Vincennes G.R. 16 P 162816
25
Debuissy Paul Henry Albert Joseph né le 28 juillet 1887 à Laventie Pas de Calais.
Fils de Dieudonné Jean-Baptiste Joseph Debuissy )1850-....) et de Blanche Marie
Massaroli.(
Blessé de guerre au Levant le 14 juillet 1920 au 155e R.I.

26
CHAPITRE I Prologues.,

CHAPITRE I : Prologues.
La Retirada.
Franco avait lancé l’attaque finale contre la Catalogne le 23 décembre 1938.
L’étau se resserrait. La zone Centre-Sud (Madrid, Valence, Alicante) restait sous
contrôle républicain quand la ville de Barcelone épuisée tomba le 25 janvier 1939.
Alors commença une fuite massive. En quelques jours, environ 500 000
républicains espagnols civils et militaires désespérés accomplirent la « Retirada ».
Une répression impitoyable (10 000 assassinats) s’abattit sur la Ville catalane.
Pour les exilés, il s’agissait de 270 000 militaires, 170 000 civils et 13 000 blessés
et malades. Ils fuirent vers la France du 27 janvier au 19 février 1939.
Le froid et la neige couvraient les routes et sentiers des Pyrénées. Les
malheureux se présentèrent exténués à la frontière d’un pays qui devait les
protéger. Comble de l’ignominie, ils y furent bloqués plusieurs jours par les
gendarmes jusqu’au 5 février.
Jamais la France n’avait accueilli sur son sol un afflux humain aussi massif et
soudain, mais prévisible. Rien n’avait été préparé pour le recevoir.
Le gouvernement français, outre ses appels du pied répétés à Hitler, avait, déjà
depuis des mois, lâché les « Rouges » et livré la République espagnole aux forces
fascistes, lorsque le 3 février 1939, le sénateur Léon Bérard, un proche de Laval
et de Pétain, se rendit à Burgos pour pactiser avec les factieux et préparer les
accords Jordana-Bérard (25 février 1939) qui sont un véritable Munich
diplomatique : remise aux franquistes de la partie de l’or de la République
espagnole déposé à Mont-de-Marsan (cette remise avait été préalablement
refusée au gouvernement républicain légal en 1938 par les autorités françaises)
et en plus du matériel soviétique avait été bloqué à la frontière.
Pétain nommé avec l’influence de Georges Bonnet le 27 février 1939, s’assurera
diligemment de cet à plat ventre politique, soi-disant fait pour éviter le
rapprochement d’Hitler et Franco.
Le 28 juillet 1939, les franquistes fêtèrent en grande pompe le passage de cinq
camions chargés de 40 tonnes d'or qui passèrent par Behobie à destination de
Madrid. Le 16 juin 1940, Franco proposa alors à Hitler l’entrée de l’Espagne dans
la guerre contre l’attribution du Maroc à l’Espagne.
La droite et l’extrême droite déclenchèrent dans l’Hexagone une campagne
selon laquelle les « Espagnols rouges » étaient une menace pour le pays.
L'historienne communiste Annie Lacroix-Riz (de Munich à Vichy, d'Annie Lacroix-
Riz. Paris. Éditions Armand Colin, 2008) montre combien et comment la France,
ses élites économiques et politiques, ses militaires, sa Cagoule, sa banque
sacrifièrent la République espagnole. La « non-intervention » des puissances
27
CHAPITRE I Prologues.,

L’autorité militaire française est peu favorable aux « rouges ». Ainsi quand il
sera question de les incorporer dans les G.T.E., Groupes de Travailleurs Étrangers,
le Général Antoine Marie Benoit Besson (1876 – 1969) membre du conseil
supérieur de la guerre, ne cache pas ses réticences : « … L’organisation de
chantiers pour de grands travaux d’utilité publique n’est pas de ma compétence.
Je me borne à signaler que la garde des miliciens en dehors des camps
immobilisera des effectifs considérables de G.M.R. et que les sacrifices consentis
pour l’installation des travailleurs seront hors de proportion avec leur rendement.
Le retour de la plus grande partie des miliciens dans leur pays d’origine est la seule
solution qui puisse être raisonnablement considérée. »
Le chef d’état-major de la 16e région militaire n’est guère plus enthousiaste :
« En principe, rien ne s’oppose à ce que les unités de travail soient créées. Il en
existe déjà un petit nombre ; exemple, un bataillon de travailleurs du génie
(ouvriers en bois, charpentiers…) Le nombre de ces unités dépendra des cadres
espagnols dont on pourra disposer et dont on ne connaît pas exactement le
nombre. Elles ne seront pas nombreuses et les Espagnols qui les composeront ne
montreront certainement aucun enthousiasme pour travailler ; exemple : le
camp de Barcarès où ils sont loin de donner satisfaction. En somme, ils ne veulent
rien faire sauf rares exceptions. »
Seule la précipitation des évènements lèvera les ultimes résistances et en mai
1939, les premières Compagnies de Travail seront formées. La démocratie se
fondait en une coquille de noix coincée entre deux icebergs de plus en plus gros.
Les passagers sautaient sur la banquise imaginant devoir se faire dévorer par le
grand méchant loup ou par l’ours polaire ou pour dire autrement ils n’imaginaient
plus disposer que de deux friandises, le chocolat noir et le bonbon rouge, et
choisissaient le chocolat sans voir que les deux confiseries étaient également
toxiques.
Il ne faut pas oublier dans ce processus le rôle fréquent joué par certaines
grandes figures fossilisées par l’ambition personnelle à la période terminale de
leur vie : par exemple le Pétain de 1940 n’a-t-il pas eu sa copie dans le De Gaulle
de fin de règne ? L’arrivée finale de De Gaulle au pouvoir n’a fait qu’au lieu d’être
arrêtée la guerre d’Algérie s’est prolongée de quelques années (1958-1962) ce qui
n’a pas empêché le responsable de ce malheur de virer finalement capot contre
ceux qui l’avaient poussé au pouvoir et de faciliter criminellement le massacre
des harkis et en plus les massacres du 5 mai 1962 à Oran dont il laissera peser les
responsabilités sur le Général Joseph Katz qui n’avait fait que lui obéir, et en plus
de Gaulle flattera le monde arabe et son pétrole en déclarant les Juifs un peuple
orgueilleux.
28
CHAPITRE I Prologues.,

Tout cela ne serait pas arrivé si on avait bien voulu penser un instant que
maintenir deux types de citoyens en Algérie s’apparentait trop à la ségrégation
Noirs-Blancs qui avait sévi au Nouveau Monde.
La France se fascisait aux mains de ses élites réactionnaires, banquiers,
politiciens, militaires, cagoulards, pour des raisons de classe et par peur du
communisme, danger auquel personne ne croyait en Espagne. ». Déjà. Dès Fin
1937. Daladier avait brûlé devant Pétain le dossier des R.G. qui désignait le
Maréchal comme étant la tête dirigeante de la Cagoule. Aussi le gouvernement
de droite de Daladier révéla vite son caractère réactionnaire, préparant ainsi
l’entrée en scène de « Vichy ». Déjà à son retour à la présidence du Conseil en
avril 1938, Daladier avait mis en place des dispositifs d’exclusion par rapport aux
étrangers et Georges Bonnet, patron du Quai d’Orsay avait écrit dans une
dépêche que la France « accueillerait avec plaisir tout régime d’ordre en
Espagne ». S’ajoutant aux frustrations causées par le Traité de Versailles, la
première cause de la guerre de 1940 a été la crise économique de 1929. La
Deuxième en a découlé : l’avidité de l’argent, du profit à tout prix a été la toile
d’arrière-fond responsable des guerres en entraînant la montée des dictatures
dans toute l’Europe. Les banquiers eurent notamment les yeux de Chimène pour
Hitler. S’en suivit pour la France, une situation qui allait être la cause profonde de
sa défaite : elle était en état de fracture sociale, en prémisse de guerre civile.
Tous les milieux de la France étaient contaminés par cette montée des
fascismes ; l’Église de Franve, l’Armée, les fonctionnaires, la Police, l’ordre des
médecins et même la Croix-Rouge n’y échappaient pas.
Pour l'armée, par exemple, la majorité de l'état-major et de nombreux officiers
de carrière étaient réactionnaires, lecteurs de l’Action française, sympathisants
de la Cagoule, ennemis de la 3e République surnommée la gueuse, préférant
Hitler à Blum quand elle n’était pas ouvertement fasciste. Ainsi le docteur Robert
Michon pouvait écrire depuis le camp de Barcarès à sa fiancée le 27 octobre 1938
ceci : « ... Nous sommes ici une trentaine de médecins, dont quelques-uns sont
installés à Paris depuis des années... » Aucune décision ne sera prise pour les
affecter à des positions dignes de leurs compétences. La majorité des
antirépublicains se réjouissants par avance de la défaite, la divine surprise, et y
oeuvrant, subira la guerre et cassera du fantassin pour sauver l'honneur de
l'armée comme le dira Maxime Weygand (1867-1965), général cagoulard
antisémite et stipendié.
En période de crise, de démocratie écrasée entre des icebergs, nombreux
furent ceux de tous bords qui croyaient en elle, mais qui la désertèrent, les uns
préférant l’iceberg du loup (la LVF, Laval essayant de s'accorder à Mussolini contre
29
CHAPITRE I Prologues.,

Hitler, puis avec lui, etc.,) d'autres, plus rares, l'iceberg de l'ours communiste. Par
un jeu de miroir, le monstre Charybde communiste, bien qu’alors passablement
endormi, fut crédité de tous les péchés, tandis que le monstre Scylla, fasciste,
synarchiste et cagoulard, bouillonnait d’activité, tout en se faisant passer pour
inexistant comme s’il n’était qu’un bobard. Les dictateurs présents et futurs
fascistes Hitler, Staline, Mussolini, etc., manœuvraient en semant tour à tour ou
en bouquet le chaud et le froid, et de coups de force en promesses et traités
mensongers de paix culbutaient les frontières. Mentez, mentez, il en restera
quelque chose leur permettait tout.
Les plus forts s’affairèrent à dévorer les plus faibles, démocraties et dictatures
sans distinction. Ainsi, les fascistes nationalistes autrichiens n’ont pas empêché
l’Anschluss et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.
L’aveuglement français, lui, était tel que ses gouvernants, Daladier et autres, de
plus en plus réactionnaires s’imaginèrent séduire Hitler et s’allier à lui contre le
communisme et, pire, ils persistèrent à penser ainsi même après la défaite
française de 1940 et même encore jusqu’à la défaite allemande de 1945.
Comme exemple de cet état d’esprit, citons le Général Auguste Lucien (1887-
1963) commandant de la 6e D.I. en 1939-1940. Prisonnier à la forteresse de
Königstein, il fut muté le 25 janvier 1942 à l'OFLAG VI A de Soest, pour prendre le
commandement du camp et prêcher la bonne parole de Vichy aux officiers
français prisonniers de ce camp. Ses ordres donnés consistaient à les inciter à
travailler pour les Allemands et à intégrer la nouvelle Europe.
Sans doute était-il allé trop loin, car il passa devant un tribunal à Soest constitué
de l'ensemble des officiers. Renvoyé à Königstein, il sera jugé pour ces faits à son
retour en France à la Libération (révocation sans pension le 25/02/46).
Encouragés et trompés par Vichy, des officiers français prisonniers, certes une
minorité, rompirent leur statut en acceptant de travailler pour l’Allemagne. Pire,
la majorité de l’état-major français s’endormira fonctionnaire dans « l’armée de
Vichy ». Même en en venant à la Résistance aux Allemands, elle ne lâchera, si elle
le lâcha, le néo-fascisme vichyssois que tardivement, 1943, voir 1944, tels firent
Giraud, Juin et Darlan en Algérie. Pétain, quant à lui crut en Hitler, jusqu’au bout,
même si ses suppôts refileront cette ardoise au seul Laval.
Voici des exemples du comment la patrie des droits de l’homme a accueilli chez
elle les réfugiés fuyant pour la plupart Hitler ou Franco.
Commune de BERNON dans l’Aube :
« Par circulaire du 18/07/1939, concernant le dénombrement des étrangers
bénéficiaires du droit d’asile, je vous informais qu’il n’y avait pas lieu, à cette

30
CHAPITRE I Prologues.,

époque, de contraindre les Espagnols à décider s’ils entendaient réclamer le


bénéfice du droit d’asile.
Monsieur le ministre de l’Intérieur estime que, dans les circonstances actuelles,
il n’y a plus aucun motif pour prolonger cette indécision, et qu’il convient d’inviter
ces étrangers à faire connaître s’ils se considèrent comme réfugiés, ou si, au
contraire, ils se sont ralliés au régime franquiste. En conséquence, lorsqu’un
Espagnol demandera un titre de séjour ou sollicitera le renouvellement de celui
dont il est titulaire, vous voudrez bien l’inviter à vous présenter un certificat de
nationalité délivré depuis moins de six mois.
S’il ne peut produire ce document, il conviendra de le considérer comme ne
jouissant plus de la protection de son pays d’origine. Comme tel, l’intéressé devra,
s’il est âgé de 20 à 48 ans, être soumis aux prestations militaires. Je vous prie, en
conséquence, de me faire connaître avant le 10 février 1940 prochain, les noms
des Espagnols âges de 20 à 48 ans, qui ne voudraient pas produire le certificat de
nationalité prescrit et qui par conséquent se considèrent comme réfugiés.
Signé : Le Préfet J. MOYON »
Un commandement militaire de la main-d'œuvre étrangère est institué dès le
printemps 1939 ; des Compagnies de travailleurs espagnols volontaires sont
constituées dans les régions du Midi, affectées à des travaux intéressant la
défense nationale (aménagement de camps ou organisation défensive des
frontières).
À la mobilisation, 79 Compagnies militaires existent, regroupant près de 20 000
volontaires.
3 000 inaptes ont été maintenus dans les camps. Crémieux-Brilhac (J.-L.) op.cit.,
p. 584 et SHD/(...)
La déclaration de guerre modifie cette organisation : tout étranger de sexe
masculin de 18 à 47 ans ayant demandé l’asile politique doit des prestations à
l’autorité militaire, sous la forme soit de l’engagement militaire, soit de la mise
travail avec le statut de prestataire, soit le maintien en internement ou le départ
de France. Les républicains espagnols n’obtiendront le droit de rejoindre les
R.M.V.E. que le 5 octobre 1939…
La directive du ministre de l'Intérieur aux préfets, datée du dimanche 3
septembre 1939, jour de la déclaration de guerre, est explicite :
« Les dispositions prises en raison des circonstances actuelles ont fait
apparaître, dans certaines régions de notre territoire des besoins nouveaux de
main-d’œuvre agricole.
À la demande de M. le Ministre de l’Agriculture il a été décidé, en conséquence,
d’utiliser, à titre exceptionnel, et provisoire, les ouvriers agricoles espagnols
31
CHAPITRE I Prologues.,

réfugiés, actuellement hébergés dans les formations d’accueil.


Toutefois, un premier prélèvement doit être effectué par les Services du
Ministère du Travail pour les besoins de l’industrie (ouvriers métallurgistes,
manœuvres spécialisés, ouvriers sucriers et distillateurs), et un second par
l’Autorité, pour l’organisation d’équipes de travailleurs. C’est seulement parmi les
réfugiés restés dans les camps non inscrits sur ces deux premières listes que
seront choisis les travailleurs agricoles.
M. le Ministre du Travail se propose de concentrer, dans diverses formations,
certaines catégories de travailleurs spécialisés ; ces transferts seraient effectués
par les soins du Général Ménard, chargé de la coordination des Services
intéressant les réfugiés espagnols.
Les ouvriers recrutés seront envoyés sur les départements demandeurs, puis
dispersés dans le département selon les besoins, par équipes de travailleurs. Ces
Espagnols seront considérés comme des prestataires et non pas comme des
travailleurs libres. Il en résulte qu'ils devront être hébergés collectivement par les
soins des Mairies. Ils seront nourris par les employeurs et recevront de ces
derniers, non pas un salaire, mais une indemnité de 5 francs par jour.
Les travaux terminés dans une commune, l'équipe sera mise à la disposition
d'une commune voisine, etc. Une surveillance attentive de ces étrangers sera
effectuée par les services locaux de police et de gendarmerie. Il conviendra
notamment de s'assurer chaque soir qu'aucune évasion ne s'est produite. Tout
réfugié qui, par sa conduite, son incapacité ou sa mauvaise volonté, se serait
révélé indésirable sera reconduit immédiatement dans une formation
d'hébergement collectif. »
Il faut admirer le langage : un camp de concentration français est une
" formation " : " formation d'hébergement collectif " ou " formation d'accueil ".
En France, on n'interne pas les étrangers dans des camps, on les " concentre
dans des formations ".
Le travailleur forcé n'est bien sûr pas un travailleur libre ; mais c'est un
prestataire ".
Derrière cette directive, qui sent la xénophobie et l'exploitation de la détresse
à plein nez, il y a trois ministres du gouvernement Daladier : Roger Salengro, Max
Dormoy, Albert Sarraut.
Circulaire du lundi 27 septembre 1937 (Ministère de l’Intérieur) :
« Parmi les réfugiés arrivés sur notre territoire après les évènements
d'Espagne et qui sont hébergés actuellement aux frais de la collectivité publique
il se trouve de nombreux hommes valides en état de travailler. Il n'est pas possible

32
CHAPITRE I Prologues.,

pour le gouvernement d'entretenir sur les deniers publics cette catégorie de


personnes, les sommes restreintes consacrées à l'hébergement des réfugiés
devant être affectées par priorité, pour des raisons élémentaires d'humanité, aux
vieillards, femmes et enfants. D'autre part, il ne saurait être question d'autoriser
ces réfugiés à travailler en France. Cette solution aurait, en effet, l'inconvénient
de soumettre la main-d'œuvre nationale à une concurrence inadmissible et de
stabiliser une situation qui doit rester purement temporaire.
Dans ces conditions, et pour remédier au danger que présenterait la présence
sur notre sol d'hommes jeunes, sans ressources et sans travail, j'ai décidé de les
mettre en demeure de quitter notre territoire.
En conséquence, vous voudrez bien inviter ces étrangers à choisir le point de la
frontière d'Espagne par lequel ils désirent quitter la France. »
En lisant à travers les lignes, on voit que les réfugiés masculins espagnols, âgés
de 20 à 48 ans, ne pouvant présenter un certificat de nationalité de moins de six
mois, sont « invités » aux obligations militaires », c’est-à-dire à se battre pour la
France, sous peine d’être renvoyés à la frontière, car sans-papiers. Ils ne peuvent
retourner en Espagne, sachant que derrière les Pyrénées les représailles
insatiables et impitoyables du Général Francisco Franco les attendent
Hitler se servira du même prétexte odieux : 7287 prisonniers de guerre
espagnols de l’armée française étant déchus de leur nationalité seront envoyés
au camp de concentration de Mauthausen où 4761 périront. Un dispositif français
musclé et méprisant accueillit les candidats espagnols à l’exil.
Des camps sommairement improvisés sur les plages du Roussillon internèrent
275 000 personnes. Maltraités et humiliés, les « Rouges » furent parqués dans
l’insalubrité la plus complète et la précarité la plus totale. Ils furent surveillés avec
brutalité par des tirailleurs sénégalais et des spahis marocains qui leur
rappelèrent fâcheusement les « Maures » de Franco, ainsi que par des gardes
mobiles et des gendarmes.
L’installation des structures les plus élémentaires n’y avait même pas été
prévue. De plus, les camps étaient entourés de barbelés hostiles et situés près
des marécages à Barcarès, Argelès-sur-Mer et Saint-Cyprien. Au début, les points
de regroupement n’étaient constitués que de morceaux de plage.
Les moustiques pullulaient le jour. Les grenouilles coassaient désagréablement
la nuit.
L’absence de baraquements, de latrines, de cuisines, d’infirmeries, d’électricité
illustrait l’impréparation. Aucune bâtisse n’existait pour abriter les réfugiés et les
protéger de la pluie et du froid.
Ils ne possédaient pas la moindre couverture et personne n’en disposait.
33
CHAPITRE I Prologues.,

En février 1939, les autorités françaises appelaient encore ces emplacements


des « camps de concentration » comme Dachau ouvert dès 1933 par Hitler.
Admettons que le terme devenu célèbre par la suite n’était pas excessif déjà. Les
militaires républicains furent désarmés. On ne se souciait aucunement de leur
désir de poursuivre la lutte. Pourtant, Franco n’obtint la victoire totale que le 20
mai 1939. Madrid et Valence avaient résisté jusqu’en avril.
Les internés durent aménager eux-mêmes les lieux. Saint-Cyprien accueillit
80 000 hommes et femmes. À Argelès-sur-Mer, 100 000 personnes furent
regroupées dans la promiscuité. Là, les dimensions du camp se limitaient à un
enclos de 150 par 260 mètres.
Le site de Barcarès au nord-est de Perpignan et près de Rivesaltes était mieux
« appareillé ». Il représentait entre un étang et la Méditerranée une longue lande
de sable battue presque en permanence par un vent violent, la tramontane, et
des embruns de mer.
Les réfugiés durent construire eux-mêmes leurs baraques à même le sable. Le
camp était conçu pour 50 000 âmes et il admit jusqu’à 75 000 réfugiés. Il n’y eut
pas assez de baraques pour les contenir. La dysenterie, la gale, les poux, la
détresse, la démoralisation, la dépression et autres misères régnèrent dans ces
camps parmi les exilés.
Il y eut, estime-t-on, 15 000 décès. La plus grande mortalité s’y produisit au
cours des mois de février et mars 1939.
Chaque jour, des gendarmes harcelaient les soldats espagnols. Ils les invitaient
pour ne pas dire contraignaient à choisir entre trois options. Le retour mortel sans
armes chez Franco recrutait peu de candidats. Les « Compagnies de Travailleurs
Étrangers » reçurent un nombre important de ces exilés. Même après-guerre et
jusqu’à la mort de Franco en 1975 de nombreux autres Espagnols seront poussés
à l’exil.
Les autres choisirent l’engagement dans la Légion étrangère. Les « meneurs »
récalcitrants subissaient un sort particulier. Ils étaient remisés dans des parcelles
qualifiées « d’hippodromes ». Elles étaient situées en plein air. Leur périmètre
était délimité par des barbelés. Pour ne pas y geler la nuit, il fallait battre sans
cesse la semelle ou bien trotter.
Des milliers d’ex-républicains intégreront des formations de travailleurs, de
pionniers ou C.T.E.
Trois semaines avant l’offensive allemande, un recensement fut établi le 25
avril 1940. Il décompta 104 000 « ex-miliciens espagnols » réfugiés en France. La
grande majorité avait été répartie dans le civil. 55 000 avaient été placés dans des
Compagnies de Travailleurs au service de l’armée française. 40 000 avaient été
34
CHAPITRE I Prologues.,

directement versés dans l’industrie et l’agriculture. 10 000 avaient signé un


engagement dans la Légion et dans les régiments de marche de volontaires
étrangers. Environ 3 000 individus inaptes au travail avaient été maintenus dans
les camps.
Décédé en 1983, Arthur Koestler est né Artúr Kösztler à Budapest en 1905. Il
devint écrivain britannique juif d’origine hongroise. Sioniste et agent du
Kominform, il opta pour l’anticommunisme en 1938. Il avait écrit en 1941 le
célèbre « Le zéro et l’infini ». Il a été sans doute victime de cet immense succès à
l’instar d’Orwell et son « 1984 ». Inspiré des grands procès de Moscou, le livre a
en effet porté de l’ombre au reste de l’œuvre. Certes, les romans de Koestler par
un côté schématique ont mal supporté le temps. En revanche, les essais et
autobiographies restent brillants et captivants. Koestler avait participé au conflit
ibérique en tant que correspondant de guerre. Cela lui valut trois mois dans les
prisons franquistes en 1937 (LE TESTAMENT ESPAGNOL, 1938.). Ses antécédents
le rendaient « suspect politique ». Ils lui durent son séjour dans un camp français
de la honte. Il s’agit du Vernet en 1939-1940 (LA LIE DE LA TERRE, 1945).
Un autre auteur interné est Lion Feuchtwanger, né à Munich en 1884, maître
du roman historique, à qui nous devons des livres dignes d’être lus dont le « Juif
Süss » (Édition Belfond 2006) et « Diable en France ». Diable en France est
l'unique récit autobiographique de Lion Feuchtwanger, rédigé après son arrivée
aux États-Unis. Il y raconte son internement en 1940 au camp des Milles, installé
en toute hâte par les autorités françaises dans une tuilerie désaffectée voisine
d'Aix-en-Provence. Il évoque les humiliations que la France a fait subir à ces
Allemands et ces Autrichiens antinazis qui avaient, en 1933, choisi notre pays
comme terre d'asile. D'où la cruelle désillusion éprouvée par ces intellectuels de
gauche, fervents admirateurs des valeurs humanistes de la France (Bibliomonde).
Feuchtwanger constata que la politique des réfugiés de septembre 1939 à juin
1940 n’était toutefois pas aussi délibérément radicale que celle des Allemands
envers les Juifs. De cette façon, les gouvernements de Daladier et Reynaud eurent
des politiques xénophobes et anticommunistes voilées à comparer à celles
immédiatement et délibérément hostiles de Vichy. Dès le 22 juillet 1940, Vichy
montrait déjà ses intentions par une loi qui prescrivait la révision des
naturalisations. Le livre de Maurice Vanino « Le temps de la honte – de Rethondes
à L’Île-d’Yeu » expose le rôle fondamental de Pétain dans l’antisémitisme de Vichy.
Armand Gliksberg : Kaddish pour les miens.
La vie de GLIKSBERG Mordka est l’exemple du rôle de l’antisémitisme des
Français. D’origine polonaise et, né à Varsovie le 23 avril 1892 (Pologne), il

35
CHAPITRE I Prologues.,

s’engage à 47 ans au 21e R.M.V.E. ; il est bientôt réformé pour santé précaire. Il
sera interné à Pithiviers comme 32 autres du 21e. Un livre écrit par le seul
survivant de la famille, son fils : Armand Gliksberg : Kaddish pour les miens.
Chronique d'un demi-siècle d'antisémitisme (1892 – 1942) Paris, Les Mille et Une
Nuits, 2004. « Pour les survivants de l’holocauste, le devoir est de témoigner. »
Ces mots ouvrent le livre d’Armand Gliksberg ; et ces mots l’achèvent : « En moi,
la blessure ne s’est jamais refermée, elle s’approfondit, au fil des ans, au spectacle
du monde. » Ce livre bouleversant est le témoignage d’un enfant, d’un
adolescent, d’un homme, dont le père (Mordka, Max), la mère (Ether, Estera) et
la sœur Pauline) ont été assassinés à Auschwitz le 26 août 1942. Sa blessure,
notre blessure, s’approfondit de page en page.
L'antisémitisme en France au début des années trente. Pp. 96 – 97. : En
France, notre vie quotidienne n'était pas non plus exempte de brimades.
Quelques anecdotes cuisantes me sont restées en mémoire. Ma mère avec
coutume de m'emmener faire les courses, rue Saint-Antoine, où des marchandes
de quatre-saisons dignes de Madame Angot tenaient le haut du pavé. Maman
pratiquait en ce temps-là un français approximatif. Un jeudi matin, sans raison,
elle fut traitée par une des matrones de “sale Polak de m.… »
À l'école, place des Vosges, un de mes camarades de classe, Jean Bosquet, me
persécutait continuellement ; son père était gendarme à la caserne des Minimes,
il jouissait d'un certain prestige. Un soir, dans le jardin du square où nous nous
promenions en famille j'eus la malchance de le rencontrer. Il me prit à part et en
simulant un jeu et il m'asséna, sans mot dire, une gifle dont je garde encore la
brûlure. Ma mère indignée bondit vers madame Bosquet qui lui répondit par des
sarcasmes…
Le climat d'hostilité qui entourait les Juifs étrangers n'était pas le fait des seuls
non-juifs. Bon nombre de Juifs français considéraient avec mépris, voire sans
animosité, les « Polaks », ces nouveaux venus qui parlaient peu et mal la langue,
de surcroît avec un accent épouvantable. Pour cette raison, on les tenait pour
responsables du renouveau de l'antisémitisme. Accusation fallacieuse, puisque le
summum de la haine avait été atteint lors de l'affaire Dreyfus, bien avant que ne
commence l'immigration des Juifs de l'Est. Triste ironie du sort, les Juifs de
« souche » furent les premières victimes de ce sursaut de haine causé par
l'arrivée des Juifs polonais.
Antisémitisme et collaboration en France au début de la Seconde Guerre
mondiale pp. 194 – 197. : Être Juif et étranger dans la France occupée. Notre
famille, tous professionnels du cuir, s'étonnait fort de voir les ceinturons,
cartouchières et bottes des simples soldats en peausserie de très bonne qualité
36
CHAPITRE I Prologues.,

On nous avait pourtant assuré que l'Allemagne vivait d'ersatz et que le blocus
allié faisait régner ne terrible pénurie. Amère déception ! La deuxième surprise
fut plus douloureuse. Avant que ne s'exerce une quelconque pression allemande,
les journaux français, anciens et nouveaux, publièrent spontanément des articles
antisémites.
Ceux que nous connaissions déjà, comme Le Matin, Paris-Soir, L'Oeuvre et Le
Petit Parisien se mirent de la partie. Les nouveaux titres ne furent pas en reste,
notamment l'éphémère Dernières Nouvelles de Paris, mais surtout La France au
Travail, quotidien qui fit paraître sous la signature de l'infâme Henry Coston
(1910-2001) des libelles haineux d'une vulgarité affligeante.
Un nouvel hebdomadaire spécialisé dans l'ignominie antisémite, Au Pilori,
dépassa tout ce qu'un esprit, même morbide, peut imaginer. Les appels au
meurtre y voisinaient avec les caricatures reprises de la presse antidreyfusarde.
Dans certains milieux intellectuels (...) Hitler faisait l'objet d'un véritable culte.
Ainsi, le 13 mai 1940, trois jours après le début de l'offensive allemande, Drieu La
Rochelle, coqueluche littéraire du Tout-Paris, écrivait en s'identifiant au Führer :
« Je suis au centre de son impulsion, mon oeuvre, dans sa partie mâle et
positive, est son incitation et son illustration... » Alphonse de Chateaubriand,
dans son journal, La Gerbe, continuait sa prédication. Pour lui, aucun doute
n'était permis : « Hitler est le nouveau Christ... »
Le 20 juillet 1940, place de la République, sur le terre-plein, l'imposante fanfare
de l'armée allemande, formée en carré donna un concert symphonique. Un
officier en grande tenue dirigeait avec brio un orchestre de cent exécutants. Une
foule de spectateurs, d'abord réservée, applaudit de plus en plus fort. Le morceau
final, la célèbre marche de Radetzky, parfaitement jouée, reçut un accueil quasi
triomphal.
L'officier sur son estrade inclina la tête... Très choqué par l'attitude de mes
compatriotes, je m'éclipsai rapidement. Comment ! voilà des Français
sévèrement battus, envahis, qui pleurent de nombreuses morts, leur territoire
occupé, dont deux millions de soldats sont prisonniers et qui, à peine un mois
plus tard, sans rancune applaudissent les vainqueurs ! Dans les mêmes
circonstances, à Bordeaux, le 24 août 1940, un Juif polonais réfugié, Leizer Karp,
un bâton à la main, se jeta sur le tambour-major. Immédiatement appréhendé, il
sera exécuté le 27 août.
Printemps 1941. pp. 226-227 et 232-233. :
En cette période difficile, ma soeur Pauline participait avec beaucoup de
dévouement à l'activité de notre entreprise. Demoiselle très sage, elle attendait
son “prince charmant”. À l'époque, dans nos familles, le statut des jeunes filles
37
CHAPITRE I Prologues.,

était encore inspiré par la peur ancestrale des pogromistes. Plus elles étaient
jolies, plus grande était l'inquiétude des parents !
Début mars, un jeune homme de notre entourage, Albert Rabczyk, bijoutier de
son état, vint demander Pauline en mariage. Le délai convenable passé, ma soeur
étant consentante, mes parents acceptèrent. Hélas, les fiançailles furent de
courte durée. Le 10 mai, Albert, d'origine polonaise, reçut la fameuse convocation
de couleur verte lui intimant l'ordre de se présenter le 14 mai de bonne heure, à
la caserne des Minimes.
Le motif invoqué : « pour examen de la situation » paraissait plausible ; en
revanche, la suite de l'intitulé (accompagné d'un parent ou d'un ami) aurait dû
nous inquiéter. Il n'en fut rien ! Son frère avait lui aussi été « convoqué », leur
vieux père les accompagna donc. Étrangers, certes, mais parfaitement « en
règle », ils n'éprouvaient aucune méfiance vis-à-vis des autorités françaises et ne
voulurent passe dérober. Les gendarmes les arrêtèrent sur-le-champ, sans la
moindre explication. Monsieur Rabczyk père, consterné, revint sur ordre
apporter quelques vivres et des effets personnels.
Le soir même, par train spécial, ces Juifs étrangers « inaugurèrent » les camps
de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande. Leur arrestation surprise par la police
française nous rappela à la triste réalité : le recensement effectué à l'automne
précédent ne restait pas lettre morte.
De plus, les conditions de détention décrites avec force de sous-entendus par
Albert dans sa correspondance ne nous laissaient aucun doute. La gendarmerie
nationale et la garde mobile qui avaient déjà fait leurs preuves avec les réfugiés
espagnols en 1939 appliquaient avec zèle et sans le moindre état d'âme les ordres
de la hiérarchie. Il n'y eut aucune défaillance...
En juillet 1941
Ma sœur vivait au rythme des lettres de son fiancé : lettres soumises à la
censure des gendarmes français. Albert avait rejoint l'infirmerie du camp,
l'oisiveté lui étant insupportable. Sa formation de secouriste était très appréciée.
Selon ses termes, « il faisait de son mieux pour soulager les souffrances de ses
compagnons ». Cela dura peu. Impatient de liberté, il se porta volontaire pour les
« commandos » de travail au profit des agriculteurs de la région.
Début juillet, l'administration accorda aux familles des droits de visite. C'est
ainsi que Pauline reçut un « laissez-passer » officiel lui permettant de se rendre à
la gare d'Auxy, localité proche du camp. Les soeurs et belles-soeurs d'Albert
étaient du voyage. Une dernière fois, les « fiancés de papier », comme on les
appelait à l'époque, purent se voir. Ce fut court, deux heures plus tard, les
gendarmes « firent leur devoir ».
38
CHAPITRE I Prologues.,

Qu'en pleine guerre, la Sûreté nationale ait monté une machinerie aussi
complexe, au seul motif de brimer des êtres humains, parce que juifs, démontre
bien l'antisémitisme de la hiérarchie.
Kafka était dépassé : l'administration avait réussi à rendre coupables des
innocents. Les allégations et témoignages actuels qui tendent à relativiser la
responsabilité des fonctionnaires préfectoraux de haut rang sont d'une hypocrisie
et d'un cynisme révoltants.
La collaboration des intellectuels français durant l'Occupation ;
pp. 219 – 221.
Le 14 janvier 1941 fut le jour d'une grande première sur les écrans parisiens :
Le Juif Süss du réalisateur allemand Veit Harlan, produit par la firme Terra, est
présenté au public. Annoncé par une campagne publicitaire intense, notamment
par d'immenses affiches dans le métro, le film fut accueilli favorablement. Un
célèbre comédien du Théâtre français, Jean Darcante, en avait assuré le doublage.
L'objectif de la propagande était clair : il s'agissait de vulgariser d'une façon
historique, donc indéniable, la vilenie du Juif, dans le genre déjà rendu immortel
par Shakespeare. Cet antisémite éminent avait agi de même avec Shylock, le
« marchand de Venise ».
Les « braves gens » s'y laissent prendre, le personnage du Juif est présenté
comme au Guignol : il est le fourbe qui doit être rossé par le gendarme, pour le
plus grand plaisir du spectateur. Le Juif Süss de 1940 eut un grand succès en
Allemagne et à l'étranger, attirant au total plus de vingt millions de spectateurs
en Europe. Goebbels avait demandé aux studios fin 1938 de produire des films à
des fins de propagande antisémite. C'est ainsi que quatre films authentiquement
antisémites sortent des studios : Robert und Bertram de Hanz Heinz Zertlett en
1939, Die Rothschild Aktien von Waterloo d'Erich Waschneck, Jud Süss de Veit
Harlan et Der ewige Jude de Fritz Hippler en 1940.
D'autres productions de la même veine, comme Les Rapaces, excitent aussi la
haine antisémite par le cinéma, pourtant merveilleux moyen d'éduquer en
distrayant. À la même époque reparaît le journal Je Suis Partout ; c’est le temps
où les intellectuels français apportent leur pierre à l'édifice de la Collaboration.
Robert Brasillach, Lucien Rebatet, Alain Laubreaux en assurent la direction. Tous
les auteurs « bien pensants » se précipitent dans les colonnes du journal : Marcel
Aymé, Jean Anouilh, Marcel Jouhandeau, Drieu La Rochelle, le dessinateur Ralph
Soupault, etc. En examinant la bibliothèque d'un ami de ma famille, l'ingénieur
Jacques Gelman, je fus sidéré. En effet, il m'apparut que tous les auteurs présents
sur les rayons étaient passés du côté de l'occupant : Jean Giraudoux, Pierre
Benoit, Henri Bordeaux, Paul Morand, André Gide, Jacques Chardonne, Jean
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CHAPITRE I Prologues.,

Giono, Pierre Gaxotte, Henri de Montherlant, Alfred Fabre-Luce, Pierre Mac


Orlan, Bertrand de Jouvenel.
Les élites qui symbolisaient le pays aux yeux du monde civilisé défiguraient
délibérément la France. Ces grands écrivains pouvaient enfin assouvir leur
aversion commune pour les Juifs. Les « ronds de jambe » de Jean Cocteau, de
Sacha Guitry, de Steve Passeur et autres esclaves de la mode et du
« parisianisme » furent si vulgaires dans la flagornerie et l'allégeance aux
vainqueurs, qu'il serait indécent de rappeler ici leurs débordements. Le cas de
Louis-Ferdinand Céline est particulier. Cet individu avait besoin pour vivre de
« bouffer du Juif » quotidiennement. Sa haine tenait de l'anthropophagie. Une
étude approfondie serait nécessaire pour expliquer les raisons intimes de son
comportement. Cette déviation sadique chez un « médecin » en dit long sur le
personnage. Au printemps 1941, dans La Gerbe, Céline exigeait « un véritable
statut d'exclusion pour les Juifs », celui imposé par le gouvernement de Vichy lui
paraissant très insuffisant. À la même époque, au rayon librairie des Magasins
Réunis, place de la République, je lus par hasard quelques pages du pamphlet Les
Beaux Draps du susdit, qui venait de paraître. La rage, le dégoût, l'indignation, qui
me saisirent ne m'ont jamais quitté.
Le Commissariat général aux questions juives
pp. 221 – 223.
« Le 29 mars 1941, Vichy instaure un Commissariat général aux questions juives
(CGQJ) chargé d'appliquer les lois et réglementations promulguées depuis
octobre 1940 sous le nom de « Statut des Juifs ». C'est l'amiral Darlan, promu
vice-président du Conseil, qui nomme à sa tête le célèbre et honni Xavier Vallat.
Ce fervent catholique et néanmoins antisémite convaincu en assurera la
direction. À tout seigneur, tout honneur. Il était déjà bien connu de ses futures
victimes, par la vulgarité des insultes racistes dont il accablait les députés juifs ou
supposés tels à la défunte Chambre des députés. Déjà avant la guerre, il organisait
des incursions de nervis dans le quartier juif du Marais. Ces tentatives de pogroms
à la française étaient repoussées par les jeunes de la LICA, dirigés par Bernard
Lecache, leur courageux président. Dès sa création, le C.G.Q.J. est submergé de
milliers de lettres de délateurs, le plus souvent anonymes. Il y en eut plus de trois
millions, adressées à toutes les administrations civiles et policières. Toutes les
classes de la société dénoncent qui un voisin, qui un concurrent, qui un confrère,
qui un collègue, qui un employeur, qui un locataire, qui un propriétaire, qui un
futur gendre, qui une future belle fille... Seul dénominateur commun de ces
missives, la religion des victimes. Tous les cas de figure de relations sociales ou
humaines sont passibles de délation.
40
CHAPITRE I Prologues.,

De nombreux israélites, camouflés en « Français innocents », sont démasqués par


des compatriotes zélés qui les signalent immédiatement aux autorités, avec une
bonne conscience qui fait frémir. Certains de ces messages sont dûment signés
par leurs auteurs qui exhibent sans scrupule leurs titres et états de services.
Autour de nous, la crainte d'une dénonciation est permanente, notre
environnement étant particulièrement hostile aux Juifs étrangers. Le
Commissariat n'avait été créé que dans l'intention de légaliser la spoliation des
biens juifs. La séparation des pouvoirs était ainsi parfaitement respectée.
Pendant que Laval, Bousquet, Leguay, Papon, avec l'aide de toute la hiérarchie
préfectorale, pourchassaient les Juifs, Xavier Vallat puis Darquier de Pellepoix
organisaient systématiquement les spoliations. Se débarrasser des personnes est
certes gratifiant, mais s'approprier leurs avoirs est autrement plus lucratif. On
avait inventé le mot « aryanisation » pour couvrir le pillage du patrimoine devant
revenir aux Aryens... français. Inutile de préciser que ces mesures furent très
populaires... Messieurs les hauts dignitaires au képi chamarré liquidaient les Juifs
pour mieux se partager leurs Fortunes... la curée ! Rien que de très habituel
depuis Philippe le Bel. »
Le fichage des Juifs étrangers dans la France occupée
pp. 206 – 207.
« L'élaboration du fichier des « étrangers de race juive », pierre angulaire de la
persécution antisémite en zone occupée, relevait de la responsabilité pleine et
entière des autorités préfectorales et policières françaises. Celles-ci ont, en
connaissance de cause, grandement facilité le « travail » des nazis, qui, sans ce
concours, n'auraient jamais pu mener à bien leur plan d'extermination.
Le 9 octobre [1940], de bonne heure, j'accompagnai mon père au commissariat
de police, avenue Parmentier dans le XIe arrondissement, pour lui servir de
truchement. Né à Paris, naturalisé français en 1930, à l'âge de sept ans, je n'étais
pas concerné par cette mesure. Une foule de coreligionnaires attendait déjà, avec
leurs papiers d'identité en main. À l'époque, les cartes d'étrangers se
composaient d'un dépliant en accordéon d'une dizaine de volets.
Les prolongations de permis de séjour y étaient apposées. Leur renouvellement
bisannuel était obligatoire et se faisait au service des étrangers de la Préfecture
de police, au Quatrième étage. Là, le préposé pouvait, selon son bon plaisir, ne
pas proroger l'autorisation de résider et notifier un arrêt d'expulsion.
Chaque fois, mes parents revenaient totalement bouleversés de cette épreuve,
car, en 1925, ils n'avaient pas opté pour la Pologne, dans l'espoir d'acquérir la
nationalité française. Ils étaient de ce fait apatrides. Le souvenir de Zbonczin*
hantait toutes les mémoires. En effet, les Juifs polonais résidant en Allemagne et
41
CHAPITRE I Prologues.,

se trouvant dans le même cas avaient été expulsés en 1938 dans les conditions
que l'on sait.
Ce fut bref. En quelques minutes, l'employé que nous connaissions bien pour
lui avoir fait certifier divers documents commerciaux apposa le tampon « JUIF »
sur la carte d'identité de mon père. Des caractères de deux centimètres de haut,
en rouge, bien visibles sous la photo. Il nota ensuite sur une liste spéciale tous les
renseignements d'état civil. 148 000 Juifs furent ainsi recensés. Le plus grave était
consommé, les Juifs étaient à la merci de la police française. La suite démontra
avec quelle obstination « l'administration que l'Europe nous envie » s'acquitta de
sa funèbre besogne ».
*Sbonczin :À la page 147 du même ouvrage, on peut lire l'explication à cette
allusion : « En Allemagne, dans la nuit du 27 au 28 octobre 1938, nouveau coup
de théâtre. Les nazis, sur ordre d'Himmler et d'Heydrich, expulsent sans aucun
délai les Juifs d'origine polonaise. Ils sont interpellés à leur domicile et emmenés
manu militari. Le gouvernement polonais en profite pour interdire l'accès à son
territoire à ses ressortissants dont le passeport est périmé ; prétexte dérisoire
pour empêcher le retour des Juifs émigrés. Quinze mille coreligionnaires sont
ainsi parqués dans des conditions effroyables à Sbonczin, ville frontière de Silésie,
dans le no man's land entre les deux pays. »
L'arrestation d'un Juif à Paris en 1941
pp. 237 – 240.
« Dès mon retour [de vacances], le 16 août, ma mère et ma sœur prirent
quelques jours de repos, elles aussi à Meudon. Nous restâmes seuls, mon père et
moi, à notre domicile, 18, boulevard du temple, dans le XI e arrondissement, à
Paris.
Ce 20 août 1941, le temps était magnifique. À 8 heures 30, notre nouveau
contremaître Jekusiel Zarobczyk arriva comme à l'accoutumée. Il n'avait rien
remarqué d'anormal. C'était un homme encore jeune, de trente-cinq ans environ,
qui avait récemment été démobilisé du contingent polonais formé à Coëtquidam.
Toujours de bonne humeur, il fredonnait des chansons de marche françaises,
apprises pendant son incorporation.
Vers 9 heures, la sonnette retentit, mon père ouvre la porte et se trouve devant
un inspecteur français en civil qui le toise : « Gliksberg Mordka ? » Sans aucune
explication, il lui intime l'ordre de se préparer et de le suivre immédiatement. Du
haut de mes dix-sept ans et de ma qualité de Français, je tente de m'interposer ;
pas de réponse. Le policier entre alors dans l'appartement et découvre une porte
de placard conduisant à l'atelier. Il la pousse et trouve Zarobczyk à son travail. Il

42
CHAPITRE I Prologues.,

l'interpelle sur-le-champ. Le malheureux était en blouse blanche, il passe son


veston et sort sans rien dire, avec un triste sourire, mi-sceptique, mi-fataliste.
La thèse selon laquelle les policiers français n'arrêtaient les Juifs que sur liste
est ici solennellement infirmée. En effet, ce compagnon n'était pas domicilié à
notre adresse et n'aurait pas dû être inquiété si l'inspecteur n'avait effectué que
sa « mission ». C'est uniquement par le zèle intempestif de ce fonctionnaire que
notre coreligionnaire perdit la vie.
Nous descendîmes tous trois l'escalier. Mon père emportait la petite valise
habituelle. Son bagage se composait notamment de quelques grandes feuilles de
papier de soie, précaution qui devait, provisoirement, lui sauver la vie. [Le père
pourra échanger ces feuilles utilisées comme papier à cigarette contre de la
nourriture.] Il serrait aussi, en plus de ses papiers d'identité, son attestation
d'inaptitude au service armé. Au début de la guerre, à quarante-sept ans, il s'était
engagé volontaire dans les tristement célèbres régiments de marches de
volontaires étrangers (R.M.V.E.) pour participer à la lutte antinazie. Le conseil de
révision de la caserne de Reuilly l'ayant trouvé de santé précaire l'avait exempté.
Devant le porche, attendait déjà Heftman, notre voisin et ami ; très courageux,
il laissait son épouse et trois enfants en bas âge. À côté de lui, monsieur Schwob,
Français alsacien, que personne dans l'immeuble n'avait jamais perçu comme Juif.
Ancien combattant de Verdun, il arborait sur son veston noir sa médaille militaire
et sa croix de guerre. Complètement hébété, il ne comprenait manifestement pas
ce que lui voulaient ces policiers français qui ne répondaient à aucune question.
Je courus vers la boulangerie rue d'Angoulême et rapportai deux pains « fendus
», grosses miches de deux kilos chacune, pour mon père et ses compagnons.
L'ordre de monter dans les autobus stationnés devant chaque portail fut
donné. Nous nous séparâmes, j'embrassai mon père avec tristesse. Lui, très
digne, habitué depuis toujours à l'injustice du monde envers les Juifs me quitta
avec un pâle sourire. Je reculai alors de quelques pas pour le voir installé à
l'intérieur du véhicule. À ce moment précis, l'un des inspecteurs, me montrant du
doigt, interrogea son collègue :« Et celui-là ?
— Il est avec les autres », répondit-il, en désignant un autre groupe. Cette
méprise me sauva. Prestement, je m'éclipsai en rentrant sous la voûte, hors de la
vue des policiers. Resté seul, décontenancé, j'espérai quelques paroles de
réconfort des voisins non-juifs ou de la concierge. Rien, pas un mot, on arrêtait
des Juifs, c'était normal. Remontant dans l'appartement maintenant vide, je vis
s'éloigner les autobus familiers de la ligne « E », les fameux Madeleine-Bastille,
emmener leurs « cargaisons » d'innocents, condamnés d'avance pour crime de
naissance. »
43
CHAPITRE I Prologues.,

Avec les autres personnes arrêtées, le père d'Armand Gliksberg est conduit à
Drancy où il séjourne jusqu'à ce que sa santé fragile lui permette d'être libéré et
de rentrer chez lui, très affaibli. La famille vit désormais dans l'angoisse d'une
nouvelle arrestation.
De nationalité française, Armand passe finalement en zone libre par le train.
Lorsque ses parents, après beaucoup d'hésitation, se décident à franchir
clandestinement la ligne de démarcation, ils sont livrés par leur passeur qui
touche, des Allemands, 50 francs par personne, sans compter le montant
important qu'il leur avait demandé pour les conduire en zone libre. Déportés,
après un nouveau et bref séjour à Drancy, son père, sa mère et sa soeur meurent
à Auschwitz aussitôt après leur arrivée, le 26 août 1942.
Les républicains espagnols n’étaient pas mieux vus que les Juifs. Malgré leur
hétérogénéité, démocrates républicains, catalans autonomistes, anarchistes,
communistes, ils étaient vus erronément seulement comme des « Rojos », c’est-
à-dire des communistes. L’attitude envers les Espagnols se manifeste dans les
écrits en janvier 1940 de l'adjudant-chef Mazzoni écrit du camp d'instruction du
Barcarès : « si leurs antécédents militaires pouvaient laisser douter de leur
loyalisme, il semble au contraire se révéler comme de très bons éléments et on
peut affirmer que bien encadrés, ces engagés fourniraient de très bons
combattants ». Ainsi, en dehors des 617 réfugiés espagnols qui s’étaient malgré
tout engagés dans la Légion étrangère et qui furent envoyés à l’entraînement à
Sidi Bel Abbès, il y eut, dès février 1940, 2 708 Espagnols enrôlés dans les R.M.V.E..
Extrait des « cahiers de la civilisation espagnole contemporaine » très explicite
sur les mentalités d’alors : « L’incorporation des Espagnols dans ces régiments
répond à un double besoin. Dans la perspective d'une guerre contre l'Allemagne,
les autorités françaises veulent d’abord régler le problème de la surpopulation
des camps. Ensuite, conscientes qu’elles disposent de combattants aguerris
qu’elles peuvent utiliser selon leurs besoins, elles aimeraient mettre à profit leur
expérience militaire. Selon le colonel Morel, (Charles, 1916-2015?) il aurait été
possible de former deux divisions autonomes exclusivement espagnoles, ce qui
aurait représenté un apport qualitatif et quantitatif non négligeable. Les
Espagnols le désiraient indéniablement, mais, comme le remarque le jeune
lieutenant à la Légion Jean-Pierre Hallo, (1915-2000) leur réputation pâtit de la
propagande franquiste, ce qui peut expliquer que leur souhait n’ait pas abouti.
Dès avant 1939, cette réputation n’était déjà guère excellente au sein de la
Légion, où les Espagnols étaient peu nombreux.
Mais après la guerre civile, ils sont typiquement perçus comme des agents
communistes et anarchistes visant à semer le trouble. Par conséquent, le
44
CHAPITRE I Prologues.,

contingent espagnol est limité à 4 000 engagements au total et à un quota de 14


% par unité.
Néanmoins, cette limite est abandonnée à l’été 1939 face à l’afflux de plus en
plus important de candidats espagnols à la Légion. Malgré les réticences des uns
et des autres, les exilés gagnent progressivement le respect de leurs chefs, dont
certains pensent que « bien encadrés, ces engagés fourniraient de bons
combattants ». Ils seront par la suite appréciés à leur juste valeur, pour leurs
qualités de soldats et leur courage. Les témoignages de leurs supérieurs
abondent en ce sens. Pourtant, début 1939, las de la guerre, de nombreux
Espagnols hésitent à s’engager. Pour les inciter à signer, la France forme les
R.M.V.E. sans clairement leur expliciter qu’ils servent dans la Légion à laquelle
beaucoup sont hostiles. En outre, il est préconisé que si les « ex-miliciens »
s’engageaient, ils devraient être isolés. Les conditions de cet « isolement »
n’étaient cependant pas précisées.
La Guerre d’Espagne se termina par un coup d’État
Le 5 février 1939, démissionnaire et démoralisé, le président Manuel Azaña s'était
exilé en France. Comme le montre sa biographie, il ne croyait plus depuis
longtemps à l'utilité de la résistance et il s'était opposé à la stratégie de non-
renoncement de Juan Negrin et des communistes. Il mourut en exil à Montauban
le 3 novembre 1940.
Le coup d’État contre le gouvernement Negrin le 5 mars 1939 fut réalisé par
des responsables politiques et militaires socialistes et anarchistes (Casado,
Besteiro, Cipriano Mera…). Les putschistes installèrent une junte qui dès le 6 mars
arrêta et emprisonna les communistes qui pour beaucoup seront fusillés par
Franco dès son entrée à Madrid le 27 mars 1939.
Les putschistes s’étaient naïvement imaginé que s’ils sauvaient l’Espagne du
communisme, Franco accepterait une « paix négociée » et qu’il les traiterait avec
une plus grande bienveillance. La trahison précipita l’effondrement républicain et
rendit quasi impossible l’évacuation des civils et militaires piégés dans le Centre-
Sud. Franco exigea une « reddition immédiate, totale et inconditionnelle ».
Franco, s’il ne s’engagea pas dans la Deuxième Guerre mondiale, l’Espagne
étant affaiblie, n’en crut pas moins jusqu’au bout à la victoire d’Hitler. Il poursuivit
d’une main de fer à long terme sa politique d’extermination des républicains, sa
« Croisade contre le marxisme et les infidèles, l’Anti-Espagne ». L’oligarchie
financière et économique, la banque, l’Église, l’armée supportèrent son régime
dictatorial jusqu’au bout. Le pape Pie XI, agent du fascisme, avait salué la
« victoire catholique des franquistes ». La guerre avait causé 500 000 tués…

45
CHAPITRE I Prologues.,

À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, rejoignant la non-intervention en


Espagne de 1936, les Alliés s’arrêtèrent à la porte des Pyrénées, attitude qui
généra des rancœurs ineffaçables… En Espagne, la droite réactionnaire ne s’est
pas repentie. Demeurée francofasciste, elle mène toujours, au contraire, un
combat d’arrière-garde contre le juge Baltazar Garzon. Mgr Rouco l’accusa de
« rouvrir de vieilles blessures » et les « révisionnistes ».
.La France et les étrangers : la chute des démocraties
Le lundi 11 avril 1938, le chef radical Édouard Daladier abandonna Blum.
Édouard Daladier avait été l’un des premiers artisans du rassemblement de toute
la gauche. Son retour le 12 avril 1938 comme Président du Conseil succédant à
Léon Blum concrétisait la rupture du parti radical avec le Front populaire et son
glissement à droite. Oubliant ses racines jacobines et neutralisant son parti, il
signait lui-même l’arrêt de mort du Front populaire en formant un gouvernement
réactionnaire. Il avait jusque-là soutenu Blum comme la corde soutient le pendu.
Agonisant en avril 1938, le Front populaire fut définitivement enterré en
automne. Demeuré Président du Conseil jusqu’au 20 mai 1940, il s’employa à
flatter le Führer.
Sur le plan extérieur, cela signifiait la fin de la politique antifasciste. Sur le plan
intérieur, loin de bien accueillir les Allemands et les Autrichiens fuyant le nazisme,
le gouvernement xénophobe de Daladier, croyant amadouer Hitler, se mit en
devoir de les surveiller étroitement « dans l’intérêt de l’ordre et de la sécurité… »
De fait, Daladier s’était imprégné de l’idéologie de l’extrême droite :
-Mise en place d’une politique ruraliste.
-Politique de refoulement de l’immigration, création des camps français
d’internement des « indésirables ».
-Remise en cause de la loi des 40 heures, et de manière générale de l’esprit
‘’Front populaire’’.
-Signature des accords de Munich. La France, « Ah, les cons ! » pas prête...
Attaque en règle contre le P.CF.
-Grande tolérance è l’égard de la Cagoule et du réseau Corvignolles.
-Signature des accords franco-allemands Bonnet et Ribbentrop, le 6 avril 1938.
En résumé, le modèle même de la politique de droite (suivie ensuite par Vichy)
sortant le pays du marasme pour le mener à la catastrophe. La lecture des
« Carnets de déportation » de Daladier » confirmé cette attitude droitiste de
Daladier, dont on dit qu'il était prêt à un accord avec Hitler quand Paul Reynaud
jusqu’au-boutiste lui a succédé. Fin 1937, Daladier avait convoqué Pétain dans
son cabinet, 57 rue de Varennes et lui avait montré son dossier sur la Cagoule »,

46
CHAPITRE I Prologues.,

puis lui avait proposé au maréchal de le brûler devant lui : : « Tout le dossier
Pétain fut donc brûlé devant le Maréchal qui serra la main de Daladier et partit
sans commenter la scène.
Son ministre des Affaires étrangères du 10 avril 1938 au 13 septembre 1939
s’appelait Georges Bonnet dont nous avons déjà relevé les propos au sujet de la
guerre d’Espagne (la France accueillerait avec plaisir tout régime d’ordre en
Espagne). Anticommuniste, il rejeta l'idée d'une alliance avec les Soviétiques et
mit en œuvre, tant qu'il fut en fonction, une politique d'apaisement avec
l'Allemagne nazie. Il rapporta le premier juillet 1939 les propos qu’il avait tenus
à l’ambassadeur d’Allemagne, le comte de Welczek :
— « Je lui ai dit qu’il pouvait constater le mouvement d’unanimité qui s’était
fait derrière le gouvernement. Les élections seraient suspendues. Les réunions
publiques seraient arrêtées. Les tentatives de propagande étrangère, quelles
qu’elles soient, seraient réprimées. Les communistes seraient mis à la raison. » Il
était partisan des Accords de Munich (30 septembre 1938), jugeant, rapporte-t-
il, la France impréparée à la guerre d’où son propos à sa descente d’avions : « Ah
les cons ! S’ils savaient ». Cette hostilité à une déclaration de guerre à
l'Allemagne, son pacifisme jusqu’au-boutiste et son anticommunisme
l’amenèrent ainsi dans une certaine mesure dans la voie de la collaboration et de
la révolution nationale. Cependant, lui, il réarma la France, à l’opposé des désirs
des futurs vichystes qui eux complotaient la fin de la Gueuse. Aussi ce ne fut que
lorsque l’Allemagne envahit la Pologne, qu’il se résigna à déclarer la guerre.
Hannah Arendt, dans son livre sur Adolf Eichmann soulignera la politique
xénophobe de Georges Bonnet, ministre français des Affaires étrangères, qui
songea à envoyer dans une colonie française les deux cent mille Juifs étrangers
résidant en France et qui alla jusqu'à consulter à Paris sur ce sujet son homologue
allemand, Joachim von Ribbentrop, le 7 décembre 1938. Non inquiété après la
guerre, Georges Bonnet saura se faire réhabiliter et reprendre une carrière
politique. Il devint maire de Brantôme en Dordogne, où, le 26 mars 1944, des
hommes de la division Brehmer avaient exécuté 26 personnes, dont 25 résistants
ainsi qu'un jeune habitant de la commune.
À gauche comme à droite sévissait en France un état d’hallucination collective.
L’idée de la décadence de la Troisième République exprimait une fausse réalité.
Elle avait été propagée d’un côté et gobée de l’autre. La droite réactionnaire
dominait dans ce dénigrement tant par ses ressources que par sa hantise du
judéocommunisme.
Dès son retour le dimanche 10 avril 1938 à la présidence du Conseil Daladier
mit en place des dispositifs d’exclusion par rapport aux étrangers.
47
CHAPITRE I Prologues.,

Dès le 14 avril 1938, le titulaire de l’Intérieur, Albert Sarraut, demanda à ses


préfets « une action méthodique, énergique et prompte en vue de débarrasser
notre pays des éléments indésirables trop nombreux qui y circulent et qui y
agissent ou qui interviennent de façon inadmissible dans des querelles ou des
conflits politiques ou sociaux qui ne regardent que nous. »
Les décrets des 2 mai et 12 novembre 1938 réglementaient strictement les
conditions de séjour des étrangers. Le décret du 2 mai prévoyant de l’amende à
l’expulsion se voulait une machine de guerre contre les clandestins. Le décret du
12 novembre autorisait l'assignation à résidence des étrangers susceptibles de
porter atteinte à la sécurité. Pour être interné, il n’était pas nécessaire d’être
l’auteur de délits ou de crimes. Il suffisait d’être suspecté de pouvoir porter
atteinte à l’ordre public et à la sécurité nationale. Le décret ordonnait l’ouverture
de « centres spéciaux » pour permettre « une surveillance permanente ».
Finalement, tout réfugié politique de sexe masculin, âgé de vingt à quarante-huit
ans était obligé à contracter un engagement militaire. Ceux qui refusaient
devaient fournir des prestations sous forme de travaux exécutés dans des
formations encadrées. Même antinazis, les exilés du Reich allemand étaient pour
leur part considérés comme des ennemis. Leur seule alternative à l’enrôlement
dans la Légion étrangère résidait dans l’internement. Une fois instaurés et placés
sous l’autorité militaire française, ces « centres de rassemblements » furent
bientôt renommés « camps de concentration ».
Ayant pour prétexte la nécessité de « remettre la France au travail » et aussi à
cause du péril national, de la préparer à la guerre, les décrets-lois de Daladier de
1938-1939 brillaient de clarté. Ils étaient réactionnaires, antisyndicaux,
xénophobes, anticommunistes et antisémites. Ils y gagnèrent le nom de lois
scélérates. Peu suivie, la grève générale, déclenchée le 30 novembre 1938 par la
confédération générale des travailleurs, la CGT, pour protester contre les accords
de Munich et les décrets-lois économiques, échoua.
Dès les premiers mois de 1939, la combinaison des interventions judiciaires,
gouvernementales et patronales donna une ampleur spectaculaire à une
répression fortement teintée de revanche sociale et politique. La classe des
travailleurs subit de dures mesures de répression.
Au début de 1939, la chute de la République espagnole amena un afflux
d’autant de suspects, car les républicains espagnols et ceux des Brigades
internationales étaient pour beaucoup des Rouges et des Juifs eux-mêmes
souvent communistes. Ils durent dès avril 1939 choisir entre l’internement, les
Compagnies de Travailleurs ou l’engagement pour le compte de l’armée française.
Les « unités de prestataires » créées en 1938 pour apporter de la main-d'œuvre
48
CHAPITRE I Prologues.,

à l’agriculture et aux industries devinrent alors des « Compagnies de Travailleurs


Étrangers » ou C.T.E. (Loi du 27 septembre 1940).
En ce même mois d’avril 1939, l’état-major français prit des dispositions
secrètes. En cas de mobilisation, tous les étrangers âgés de 17 à 50 ans et de sexe
masculin seraient rassemblés et répartis en unités de travailleurs. Cette mesure
fut mise en œuvre le premier septembre 1939, deux jours avant la déclaration de
guerre. Il faut préciser que régnait alors en France une véritable psychose de la
« cinquième colonne ».
La France était hantée par la crainte d’une « cinquième colonne » judéo-
communiste et vivait à la fois une xénophobie et un antisémitisme, tous deux
attisés par les journaux de droite, mais aussi de gauche. Les journaux français
anciens, tels Le Matin, Paris-Soir, L'Œuvre et Le Petit Parisien, publiaient
spontanément des articles antisémites et les nouveaux n’étaient pas en reste : Au
Pilori, un nouvel hebdomadaire fondé en 1938 se spécialisa dans l'ignominie
antisémite et dépassa tout ce qu'un esprit même morbide peut imaginer. Les
appels au meurtre y voisinaient avec les caricatures reprises de la presse
antidreyfusarde.
Le Pacte germano-soviétique était signé le mercredi 23 août 1939 et le 20
septembre 1939 Staline dénonçait les décisions anglo-françaises de déclarer la
guerre à l’Allemagne en réponse à l’invasion de la Pologne le 1er septembre 1939.
Cela aviva la crainte d’une collusion entre communistes français et communistes
allemands et espagnols réfugiés dans notre pays.
Cette situation poussa Daladier à dissoudre le mardi 26 septembre 1939 le parti
communiste, le mettre hors-la-loi, interdire le journal l’Humanité et à
emprisonner un certain nombre de ses chefs. Menacées par les dictatures, les
démocraties étaient ainsi portées à renoncer à leurs principes. Elles copiaient de
leurs ennemis ce contre quoi elles luttaient. Mussolini était déjà le modèle admiré
par beaucoup et venait maintenant le tour d’Hitler, le « plutôt Hitler que Blum ».
Dès les premiers jours de septembre, 18 000 étrangers furent arrêtés.
L’internement des étrangers porta le plus souvent sur les ennemis les plus
farouches du nazisme ! Peut-être faut-il comprendre là que les périls fascistes et
communistes étaient plus des prétextes qu’une raison. Ils étaient une occasion
pour le gouvernement de droite xénophobe et raciste de Daladier.
Soixante-dix pour cent des étrangers fuyant le nazisme étaient juifs et
l’antisémitisme était fleurissant à cette époque-là en France… À l’aube de la
guerre, sur 320 000 Juifs en France 160 000 étaient étrangers. L’étranger était de
plus en plus associé à l’indésirable au point de se confondre dans un rejet
xénophobe massif. À partir de 1936, les craintes s’étaient amplifiées : les réfugiés
49
CHAPITRE I Prologues.,

en même temps que les camarades bolcheviques du Front populaire pouvaient


chercher à entraîner la France dans une guerre pour leurs propres intérêts.
À la fin de 1938, bien des défenseurs des réfugiés étaient passés dans le camp
opposé et en dépit des exigences militaires et économiques qui avec l’approche
de la guerre encourageaient une politique plus souple envers les réfugiés et
immigrants.
Au contraire, bien stimulée, une croyance hystérique à l’existence d’une
cinquième colonne communiste balaya le pays en septembre 1939 et détourna
l’opinion manipulée et le gouvernement complice du véritable péril, le nazisme.
L’expression « Plutôt Hitler que Blum » et ensuite l’expression « L’autre France »
exprimèrent ce renversement provoqué de l’opinion.
La trahison : Plutôt Hitler que Blum, Staline et la Gueuse
C’est ainsi qu’au mois de mars 1940, le Ministère de l'Intérieur put se targuer
de son bilan dans la lutte anticommuniste pour le trimestre écoulé :
"-2 718 élus déchus.
-11 000 perquisitions.
- 3 400 arrestations.
-1 500 condamnations déjà prononcées.
-700 fonctionnaires épurés.
-555 suspects envoyés dans des centres de surveillance.
-2 500 étrangers internés au camp du Vernet
-620 syndicats dissous.
Une centaine de conseillers prud'hommes déchus de leurs fonctions" (G.
CHAUVY. Le drame de l'armée française P 397) L’avènement du gouvernement du
Front populaire qui aux yeux des « élites » faisait la part trop belle à la gauche
avait amené une grande partie de la droite à la trahison passive sinon active. Le
code magique « Plutôt Hitler que Blum » facilitait de fait cette trahison, que ce
fût par conviction ou simplement par intérêt mercantile.
La trahison passive consistait à ne considérer que la cinquième colonne
communiste et ignorer la cinquième colonne nazie, proche de la Cagoule et de
Corvignolles. Pourtant cette dernière était bien présente. En effet, si la forme
active de cette trahison est perceptible, mais difficile à prouver pour le « haut du
pavé », du moins les preuves existent pour le reste. Le Général Heinz Guderian
(1888-1954) rapporte dans ses mémoires l’apport de renseignements par les « V-
Männer » (agents collaborateurs secrets).
— « Jusqu’au bout, nous avions réussi du côté allemand à nous renseigner
clairement sur le dispositif ennemi et sur les fortifications. Nous savions qu’entre

50
CHAPITRE I Prologues.,

Montmédy et Sedan la très puissante structure de la ligne Maginot faisait place à


un système bien plus faible. »
Le fait n’est pas innocent que, là où le front allait crever à Sedan, la 3e Armée
avait dans sa direction quatre personnages sympathisants de la Cagoule,
Huntziger, Lacaille, Paquin, Massis, ni le fait qu’à Bulson et Verdun la 55e Division
et la 2e Armée installèrent leurs P.C à grands frais. Le Général américain Robert A.
Doughty a écrit ces mots significatifs dans son livre « Breaking Point » :« Le 7
février 1940, le chef d'état-major de la Deuxième Armée approuva le
déplacement du Q.G. de l'armée d'environ quarante-cinq kilomètres de Senuc au
sud-est de Verdun. Le déplacement devait commencer à une date future
indéterminée, peu après une alerte qui accompagnerait le lancement d'une
attaque allemande. »
De février à mai, des soldats travaillèrent sur la préparation du nouveau Q.G.
dans les forts de Regret, Landrecourt et Dugny, qui faisaient partie du cercle des
forts autour de Verdun et qui se trouvaient au sud et au sud-ouest de la ville.
Pour ce mouvement compliqué, les préparatifs comprenaient la pose d'au
moins 117 lignes de communication et de 186 téléphones. Environ 38 tonnes de
fil de communication furent utilisées, ainsi que 9 tonnes de fil de plomb enrobé
avec 56 lignes. On ne peut pas s'empêcher de se demander ce qui serait arrivé si
ce fil et ces efforts avaient été mis à la disposition des unités de première ligne
au lieu d'être utilisés dans l'établissement d'un nouveau Quartier Général. »
L’AST de Münster, service de renseignement et de contre-espionnage de la
Wehrmacht (Abwehrstelle : AST) avec des antennes à Cologne et surtout Trêves,
s’occupait de l’espionnage dans le nord de la France. Le commissaire de police
français René Besson de Longwy qui s’était lié d’amitié avec des membres du
Deuxième bureau fut sa source la plus féconde.
Dans les Ardennes, le SR allemand recruta des footballeurs du F.C.O.
Charleville, Éric Bieber, Armand Feicht, l’Autrichien CharlesMyrka (arrivé en
France en 1932) le Strasbourgeois Woerth (arrivé à Charleville en août 1935) …
Léon de Rosen dans son livre « Une captivité singulière à Metz », raconte que
Robert Burnoust identifia le 30 octobre 1940 un officier allemand parlant
parfaitement le français comme étant un voyageur de commerce dans les
Ardennes avant la guerre.
Pourtant, les Français, soixante-dix ans après commencent à peine à déchirer
le voile avec lequel ils se sont protégés.
Alors que, sous le Front populaire, la gauche pacifiste prenait tardivement
conscience de la défense nécessaire des libertés, la droite cocardière apeurée par
la perspective du communisme et d’une révolution vécut alors la mort précoce
51
CHAPITRE I Prologues.,

de son patriotisme et se fascisa, s’apprêtant à se soumettre au nazisme.


La similitude avec l’attitude de Bazaine en 1870 est frappante : se pensant être
l’incarnation de la France et considérant comme Bazaine tout autre régime
comme illégal, la droite française, va à la trahison.
Elle aimait mieux Hitler que Blum ; chefs militaires en tête comme Pétain et
Weygand, elle jugeait la guerre contre Hitler insensée, car elle voyait le führer
comme le protecteur contre le communisme ; en conséquence, elle jugea la
naissance tardive de la gauche au patriotisme comme un bellicisme responsable
d’une guerre mal préparée et contraire à ses intérêts. Pourtant, « Si vis pacem,
para bellum » et « bêler pour la paix mène à la guerre » auraient dû être les
principes pragmatiques permettant d’assurer la paix. En 1938, le journal de la
droite fascisante Je suis partout écrivait :
— « Mourir pour les communistes ! Mourir pour les Nègres ! Mourir pour les
républicains espagnols ! Mourir pour les Tchèques ! Mourir pour les Juifs ! –
Merci – plutôt vivre pour la France ».
Plus tard, ce fut le refus de mourir pour Dantzig : Marcel Déat, exclu du parti
socialiste pour ses opinions de plus en plus fascistes, affirmera sa position
munichoise et son pacifisme dans « Mourir pour Dantzig ? » article paru le 4 mai
1939 dans l'Œuvre, journal auquel il collaborera durant toute la période de
l'occupation en tant que directeur politique. Ce n’était plus, « Non, vous n’aurez
pas l’Alsace et la Lorraine… » Après la guerre, Georges Albertini, le second de
Marcel Déat bénéficiera d’une curieuse amnistie et ce personnage peu
fréquentable jouera même un rôle politique important de conseiller influent sous
les Républiques III et IV, notamment dans la propagande anticommuniste relevant
de la guerre froide. Georges Albertini, 191-1983, d’abord socialiste et pacifiste
avant la Seconde Guerre mondiale, était comme Déat passé à l'extrême droite et
s’était engagé dans la collaboration. Après guerre, il anima la revue
anticommuniste « Est-Ouest » et il devint une éminence grise de Georges
Pompidou, 1911-1874.
Historien maurrassien, Pierre Gaxotte, 1895-1982, mena aussi jusqu'en 1939
une carrière de journaliste dans des feuilles d'extrême droite. Il écrivit par
exemple dans le journal Candide du jeudi 7 avril 1938, à propos de Léon Blum :
— « Il incarne tout ce qui nous révulse le sang et nous donne la chair de poule.
Il est le mal, il est la mort. »
Le vendredi 30 septembre 1938, il écrivait dans le journal Je suis partout :
— « Quant à nous, il n’y a plus, à nos yeux, que deux partis. Ceux qui sont pour
la France et ceux qui sont pour la guerre. »
Quelques mois plus tard (Noël 1938) Paul Ferdonnet, publiciste stipendié par
52
CHAPITRE I Prologues.,

l’Allemagne nazie, publiait La Guerre juive (Paris. Éditions Baudinière, 1939.) Elle
commençait par ces propos des plus dénués d’ambiguïté :
— « [...] Ces parasites, ces étrangers, ces ennemis intérieurs, ces maîtres
tyranniques et ces spéculateurs impudents, qui ont misé, en septembre 1938, sur
la guerre, sur leur guerre de vengeance et de profit, sur la guerre d’enfer de leur
rêve messianique, ces bellicistes furieux, il faut avoir l’audace de se dresser sur
leur passage pour les démasquer et, lorsqu’on les a enfin reconnus, il faut avoir
le courage de les désigner par leurs noms : ce sont les Juifs. »
Dans ce libelle besogneux, Ferdonnet citait notamment le premier des
pamphlets antisémites de Louis-Ferdinand Céline, Bagatelles pour un massacre,
mis en vente le 28-12-1937, dont le thème central est précisément la
dénonciation du « bellicisme juif » et de la préparation d’une « guerre juive ».
Majoritairement d’origine bourgeoise conservatrice, les officiers d’état-major
souvent monarchistes et réactionnaires participaient à cette façon de penser
destructrice. Ils aimaient la France plus que l’Allemagne, mais ils préféraient Hitler
à Blum. Ils abhorraient les dreyfusards. Ils ne rêvaient que de liquider la mentalité
républicaine du Front populaire. Le succès de Franco les encourageait. Le ver de
la défaite les avait infestés, il aveuglait leur patriotisme.
En outre, ils cultivaient des conceptions militaires éculées datant de la Grande
Guerre. Cette mentalité néofasciste était d’ailleurs répandue dans toutes les
couches sociales françaises. En témoigne le parcours mussolinien de l’extrême
gauche à l’extrême droite par Gustave Hervé qui écrira en 1935 « C’est Pétain qu’il
nous faut » et qui finira plus tard dans un moment de lucidité envers Pétain et
d’illusion envers Hitler par dire ces paroles prophétiques :
— « C’est Pétain qui ira serrer la main que nous tend en vain depuis deux ans
Adolphe Hitler. » (La vérité sur l'affaire Pétain par CASSIUS.) Il n’est pas difficile
pour un extrémiste communiste de gauche d’évoluer vers un extrémiste de droite
fasciste et anticommuniste. Laval, Albertini, Déat ne sont qu’exemples parmi
d’autres ; en effet aux deux extrêmes le mode de pensée est le même. Nous ne
ferons que citer Louis Ferdinand Céline ! Ce grand styliste manifestait un
antisémitisme violent et une admiration ferme du fascisme ! Arrêtons-nous
plutôt à quelques passages du livre du cagoulard Yves Dautun intitulé La batterie
errante et publié aux Éditions Baudinière. Il a été composé en captivité et terminé
dès le 20 août 1940. Les propos représentent bien la mentalité de beaucoup des
Français à l’époque. Elle pouvait parfaitement être superposée à ceux du traître
de Stuttgart :
— « (Page 13.) La France est aux mains des Juifs, vassaux de l’Angleterre. »
« (Page 42.) Si je combattais, en vérité, pour ma patrie, il me déplaisait que ce fût
53
CHAPITRE I Prologues.,

sous les ordres ainsi qu’au bénéfice immédiat de la bande de salopards,


politiciens juifs et maçons, desservants d’une religion que je haïssais. »
« (Page 284.) De ce dur châtiment (la défaite), il fallait désormais qu’elle tirât la
leçon. Déjà, il était important à mes yeux que l’Angleterre, tyran de l’Europe, foyer
de la judéo maçonnerie, bastion de la ploutocratie internationale, sortit du débat
sans griffes et sans dents. Ainsi, deviendrait plus aisée la grande renaissance
spirituelle à laquelle, patriote français, j’aspirais. Un ordre social nouveau, une
transformation de la structure économique du vieux continent, résulterait, je le
pressentais, d’un conflit dont mon pays, pour cruellement qu’il ait été frappé,
saurait, s’il le voulait, tirer d’importants bénéfices. Car, pour édifier un monument
tout nouveau, le vainqueur, de toute nécessité, devrait faire appel au concours
des autres peuples. Sous le signe d’une vaste collaboration, les nations, délivrées
de l’asservissement britannique, seraient appelées à porter leur pierre au nouvel
édifice. »
Il n’est pas étonnant que l’extrême droite, et spécialement l’Action française,
menât le bal de la campagne contre les réfugiés. Toutes les accusations émises
avant le Front populaire selon lesquelles les réfugiés constituaient une cinquième
colonne potentielle et fomentaient une guerre dans leur propre intérêt étaient
maintenant diffusées dans tout le pays. Au moment de la crise de Munich,
l’Action française statua platement que « les Français ne devaient pas se battre,
ni pour les Juifs, ni pour les Russes, ni pour les francs-maçons de Prague » ; elle
déclara que « les émigrés, avec leur rhétorique antiallemande, étaient en réalité
à la recherche du renversement du Reich dans le but d’y recouvrir leur fortune et
leur position. »
L’Action française soutint que la Nuit de Cristal dans la nuit du 9 novembre 1938
et le jour du 10 ne devait pas servir de prétexte à être envahi par les Juifs ni à
déclarer une guerre. Charles Maurras déclara : « Le prestige de la France n’est pas
menacé quand on brûle une synagogue quelque part. On peut les brûler toutes.
Ce n’est pas de nos affaires et ça n’a aucune incidence sur nous. Non à une
intervention diplomatique. Non à une guerre pour les Juifs. »
L’extrême droite suivit le mouvement. Durant la crise de Munich, Je suis
partout, le porte-parole de la jeune extrême droite, se moqua des Juifs allemands
qui s’assemblaient dans les cafés des Champs Élysées :
« À toutes les tables, les combinaisons usuelles, cinéastes, agents de change ne
traitaient que d’un sujet : la France va-t-elle finalement attaquer Hitler ? Ces
individus effrontés, chassés de Berlin ou de Vienne, ne cultivent pas d’autre
espoir que de retourner dans leurs maisons pour rétablir leur domination sur le
Kurfürstendamm ou le Ring. Ils se cramponnent à cet espoir avec frénésie. »
54
CHAPITRE I Prologues.,

Après la fin de la crise, le journal suggéra même qu’on fît payer les Juifs pour la
mobilisation. Ernst Eduard Vom Rath, né à Francfort-sur-le-Main le 3 juin 1909 et
mort le 9 novembre 1938, était un diplomate allemand dont l'assassinat à Paris
par le jeune Polonais Herschel Grynszpan servit en Allemagne de prétexte à la
nuit de violence contre les Juifs, la Nuit de Cristal. Au moment de l’assassinat de
Vom Rath, Lucien Rebatet se moqua des réfugiés, qu’il appela « ces animaux » et
« une bande d’immondes pouilleux, vomie par la Pologne ». Finalement,
cependant, tous les Juifs étaient à blâmer :
« Que les Juifs sentent le besoin de régler leurs querelles avec Berlin, c’est
entièrement compréhensible. Mais qu’ils aient choisi Paris pour ce but, c’est
intolérable. Que les Juifs en soient venus à empoisonner nos relations déjà
difficiles et périlleuses avec Berlin en tirant au revolver sur les diplomates
allemands ici, cela va simplement trop loin. »
Pour s'assurer que justice soit rendue, Rebatet appela les autorités à livrer
Grynszpan aux Allemands. L’antisémitisme était à son apogée dans le monde
entier, comme le monteront l’histoire de l’errance du paquebot Saint-Louis et la
conférence d’Évian où les 33 nations présentes trouvèrent toutes sortes
d’arguments pour ne pas accueillir les Juifs fuyant les persécutions. Parmi les
exemples de ces comportements véreux, citons : le plus malin fut Roosevelt qui
par des listes put choisir l’élite, « prendre la crème et laisser le petit lait », tandis
que Mackenzie King premier ministre du Canada, profondément antisémite, pour
ne pas admettre de Juifs préféra déclarer que le Canada n’avait besoin que
d’agriculteurs ; aussi le Canada admit-il peu de Juifs qu’ils fussent cultivés ou
cultivateurs. L’Australie se déclara contre l’antisémitisme, mais refusa d’admettre
les Juifs de peur d’introduire chez elle l’antisémitisme. La « drôle de guerre » se
caractérisa par l’attentisme. Il provenait de la crédulité persistante des dirigeants
français. Il témoignait de leur penchant vers le fascisme et de leur illusion d’un
arrangement encore possible avec le Führer. Ils oubliaient que les fascismes
finissent par s'entre-dévorer, comme Hitler avec l'Autiche.
À l’opposé, leur peur du communisme était devenue profonde. Elle avait été
stimulée. La cinquième colonne communiste n’était pas de taille, la vraie
cinquième colonne était ce courant réactionnaire. La cinquième colonne n’était
pas représentée par les Rouges dénoncés par la droite. Elle l’était en fait par les
industriels collaborateurs et par tous les individus fascisants de cette droite
obstinément antirépublicaine. Le supposé complot de la « synarchie
judéomaçonnique » masquait le réel complot de la Cagoule fasciste.
Le Général polonais Wladyslaw Sikorski, ami fidèle de la France, mais d’humeur
impétueuse, ne put s’empêcher de prononcer ces paroles dans sa réunion avec
55
CHAPITRE I Prologues.,

Staline à Moscou le premier décembre 1941 (Général Wladyslaw Anders.


Mémoires 1939-1946. Éditions La Jeune Parque. 1945. Page 134) :
— … Les Britanniques ne sont pas comme les Français, que je considère en
quelque sorte comme finis… Les classes inférieures sont peut-être encore bien,
mais les classes supérieures, en majorité, ne représentent pas de valeur réelle.
En 1939, la « grande peur des bien-pensants » cessa pour un temps. Le grand
patronat et sa presse, Le Temps, Le Journal des Débats, oubliant leur obsession
de la guerre et de la révolution, cessèrent leur hostilité inconditionnelle au
gouvernement et reprirent quoique trop tard et pour beaucoup hypocritement
leur position traditionnelle de nationalisme germanophobe.
La contradiction entre la position de la droite française en 1939 avec celle d’un
an avant et celle d’un an après est frappante. Le rétro-virage accompli un an après
confirme de fait que son attitude en 1939 n’était qu’hypocrisie.
La Cagoule était restée active préparant la chute de la République. La
déclaration de guerre suspendit le déclenchement de son coup d'État. La défaite
arrivée, les élites de droite se partagèrent entre le nazisme strict (à Paris) le
Pétainisme collaborateur de Pétain et Laval, le vichysme résistant de Weygand et
d’autres s'illusionnant plus ou moins sur le double jeu de Pétain, et enfin pour
quelques-uns tout de même le gaullisme : La Cagoule elle-même, son but atteint,
plaça telle une organisation franc-maçonne quelques pions dans tous les partis,
mais surtout elle rallia le gouvernement de Vichy, sa création.
La Cagoule disposait de nombreux pourvoyeurs de fonds comprenant, outre
Hitler et Mussolini, de nombreux membres des « 200 familles » à la tête des
grandes entreprises françaises : L’Oréal, les parfums Coty, les ciments Lafarge, les
huiles Lesieur, les peintures Ripolin, Michelin et Renault… Eugène Schueller,
fondateur des firmes Monsavon et L’Oréal, agent de la police allemande pendant
la guerre, tandis que son gendre André Bettencourt était le patron français de la
PropagandaStaffel sous la triple tutelle du ministre de la propagande, Joseph
Goebbels (1897-1945), de la Wehrmacht et de la Gestapo.
En outre, la Cagoule était soutenue par de hauts cadres militaires que
l'on retrouvera en juin 1940, et après, dans l'entourage immédiat de Pétain.
Cependant, tous les antisémites n’étaient pas des admirateurs d’Hitler.
Certains étaient même violemment germanophobes, ce qui leur évita de tomber
dans l’escarcelle de Vichy.
Citons en exemple le chef de bataillon Diego Brosset qui se rallia au Général de
Gaulle dès le 27 juin 1940 et fut nommé lieutenant-colonel en décembre 1940 et
nommé Général le 1er juin 1943. Voici quelques extraits de ses écrits :
— 3 janvier 1940 : concernant le Général Henry Freydenberg : « j‘ai pensé
56
CHAPITRE I Prologues.,

brusquement que si Freydenberg est juif, toute son attitude s’explique ; il serait
humilié, aussi plat qu’il peut être méprisant, intelligemment méprisant puisque
juif et sans classe. »
— 21 mars 1941 à propos du Général Maurice Falvy : « il y en a qui mériteraient
qu’on leur crache au visage, le Général Falvy, par exemple, général de cabinet,
franc-maçon notoire, responsable de l’avancement dans la défunte armée
coloniale, prisonnier de guerre relâché par les Allemands. »
— 9 mars 1943 : « Ces officiers nous ont apporté des nouvelles de Londres.
L’esprit juif et militant y domine l’état-major de Charles de Gaulle. »
— 25 avril 1943 : « Un réseau militaire et policier a été mis en place pour nous
empêcher de recruter autre chose que des Juifs. Or ils sont nombreux qui
viennent de retrouver la nationalité française et qui peut-être veulent s’engager :
problème de les accepter et de n’avoir qu’une troupe de second ordre. »
— 2 juin 1943 : « On reproche au Général de Gaulle d’écouter un certain René
Capitant qui représente la juiverie d’Alger. »
— 11 août 1943 : « Le désordre que l’on entrevoit est digne de l’enthousiasme
d’un Juif russe décadent, Gaston Palewski, en qui il faudrait voir le prototype
conscient de ce qu’est par inconscience le Français de la lasse dirigeante : l’agent
efficace du désastre. »
— 15 juillet 1944 : « Les trotskystes comme je les appelle, par leur crainte de
se mettre en concurrence avec qui pourrait les égaler ou les battre sur un plan
plus général, deviennent des êtres absolument stériles et stérilisés par
l’importance essentielle qu’ils donnent au passé… Comme en somme ces
hommes sont des esprits assez étroits, ils sont pourtant maniables puisqu’ayant
besoin de la passion à les pousser à faire des choses : il suffit de leur en fournir le
combustible et d’en diriger la flamme. »
L’esprit de ce Général était bien borné, sinon relié au cagoulard Maurice Duclos
dit Saint-Jacques (1906-1981), lui aussi rallié comme agent secret à De
Gaulle.L’explication de « L’étrange défaite » de 1940 par la crise sociale,
économique et politique a été longtemps soutenue.
En 1939, pourtant désillusionnée et démoralisée par les décrets-lois du
gouvernement Daladier, par les pertes de la semaine de quarante heures et de la
semaine des deux dimanches, la classe des travailleurs n’offrit aucune obstruction
aux programmes du pouvoir en place. Malgré des semaines de travail de 60
heures, des semaines de sept jours, malgré l’amplification des taxes, les ouvriers
français ne sabotèrent guère les efforts du gouvernement et la production
française égalisa quand elle ne dépassa pas, par exemple pour l’aviation, celle de
l’Allemagne dans les mois avant l’effondrement de 1940. Tout en soutenant
57
CHAPITRE I Prologues.,

jusqu’en août 1939, veille de la déclaration de guerre une politique profasciste et


amicale avec Hitler, le gouvernement Daladier avait modifié sans totalement les
détruire les réformes sociales du Front populaire. Ainsi, en compensation pour le
monde ouvrier français, Daladier amena une amélioration économique qui
atténua les plaies. Sans l’enthousiasme qui avait marqué le départ pour la Grande
Guerre, mais avec le même patriotisme, les Français de toutes opinions
s’engagèrent au combat. Il n’y eut qu’un et demi pour cent d’insoumis, donc pas
plus qu’en 1914. Il faut donc considérer que la crise sociale et économique n'a pu
amener le pays à la défaite que par les conduites hostiles à la Gueuse des classes
possédantes ou conservatrices, dont la Cagoule était le modèle, et dont
l’existence sera comme confirmée par l’arrivée du régime de Vichy, et comme le
Général polonais Sikorski l'a pensé.
L’évolution vers la raideur et même la terreur fasciste qui caractérisa les
années trente n’était pas exclusive à la France, elle était générale à tous les pays
européens et aussi du monde. À Hitler, Mussolini, Franco, il faut ajouter les noms
de Salazar au Portugal, la terreur clérico-fasciste de Seipel, Dolfuss et Schussnigg
en Autriche, Miklós Horthy en Hongrie, Pilsudski et Beck en Pologne, Antonescu
en Roumanie, monseigneur Tiso en Slovaquie. Les nazis défilaient dans Londres
et même aux États-Unis. Hitler se basa sans doute sur les décisions et
comportements profascistes du gouvernement Daladier pour s’imaginer que la
France ne lui déclarerait pas la guerre, ce qui explique pour une part son
étonnement lorsque cela arriva. L’attitude conciliante de Bonnet et de Néville
Chamberlain est bien l’explication de l’étonnement d’Hitler lorsque la guerre lui
fut déclarée par l’Angleterre, puis la France.
Seuls, quelques-uns montrèrent le péril et la barbarie du nazisme, comme
Jacques Decour, professeur d’allemand et ardent germaniste, résistant fusillé à 32
ans, 1910-1942, qui la dénonça même dès ses débuts en 1932 (articles 1932-
1942, réunis et présentés par Pierre Favre et Emmanuel Bluteau. Éditions La
Thébaïde, Paris, 2012) ; ainsi il écrivit : — « Négation de toute valeur
généralement humaine, de toute vérité, soumission de la culture aux buts
politiques de l’État : nous sommes en présence d’une croisade contre l’esprit, au
nom du principe antihumaniste de la race. Il est logique et normal que le fascisme
allemand considère comme impossibles les œuvres et les hommes qui faisaient
précisément la grandeur de l’Allemagne humaniste, il est logique et normal que
tous ceux qui ont illustré depuis trente ans la culture allemande soient
aujourd’hui dans l’exil. »
Avec Jean Prévost, Jacques Decour est l’un des très rares écrivains qui ont
incarné l’honneur des lettres françaises pendant la barbarie nazie. Tous les deux
58
CHAPITRE I Prologues.,

ont été fusillés par l’ennemi. Entre autres, citons Robert d’Harcourt, écrivain
intellectuel catholique français germanophone : ili dénonça dès 1933 le nazisme.
De nombreux écrivains allemands, à l’opposé des nombreux écrivains français
qui s’assirent complaisamment dans le vichysme, dénoncèrent tôt le nazisme ;
dès la fin des années 20, des Allemands, une minorité certes, ont combattu le
nazisme ; leur lutte s'est poursuivie pendant les douze années de dictature
hitlérienne nous ne citerons ici que Ricarda Houch, Bertolt Brecht, Lion
Feuchtwanger, Stefan Heym, Hermann Kesten, Golo, Heinrich, Klaus et Thomas
Mann, Anna Seghers parmi tant d’autres.
Les « collaborateurs furent en effet légion » parmi les écrivains français :
Le 13 mai 1940, trois jours après le début de l'offensive allemande, Drieu La
Rochelle, coqueluche littéraire du Tout-Paris, écrivait en s'identifiant au Führer :
— « Je suis au centre de son impulsion, mon œuvre, dans sa partie mâle et
positive, est son incitation et son illustration... »
Alphonse de Chateaubriand, dans son journal, La Gerbe, continuait sa
prédication. Pour lui, aucun doute n'était permis :
— « Hitler est le nouveau Christ... »
Quand ce sera le temps de la milice française et des Français engagés dans les
S.S., ils formeront des unités à part entière, assassineront des femmes et des
enfants et participeront à l’élimination massive des Juifs, sous l’uniforme S.S.,
mais avec l’écusson tricolore sur la manche. Après la défaite, ce sera le mardi 14
janvier 1941 en grande première sur les écrans parisiens le film Le Juif Süss du
réalisateur Veit Harlan. À la même époque reparaît Je Suis Partout dont le dernier
numéro était du vendredi 7 juin 1940. Les intellectuels français apportent leur
pierre à l'édifice de la Collaboration. Brasillach, Rebatet, Laubreaux en assurent
la direction. De nombreux auteurs dits Èbien pensants » se précipitèrent dans les
colonnes du journal : Marcel Aymé, Jean Anouilh, Marcel Jouhandeau, Drieu La
Rochelle, le dessinateur Ralph Soupault, etc. ; les auteurs présents sur les rayons
étaient passés du côté de l'occupant : Jean Giraudoux, Pierre Benoit, Henri
Bordeaux, Paul Morand, André Gide, Jacques Chardonne, Jean Giono, Pierre
Gaxotte, Henri de Montherlant, Alfred Fabre-Luce, Pierre Mac Orlan, Bertrand de
Jouvenel. Les élites qui symbolisaient le pays aux yeux du monde civilisé
défiguraient délibérément la France.
Ces grands écrivains pouvaient enfin assouvir leur aversion commune pour les
Juifs. Jean Cocteau, Sacha Guitry, Steve Passeur rivalisaient leurs « ronds de
jambe ». En 1943, Maurice Chevalier était à Tunis pour encourager ceux qui
combattaient les Américains.
Chez les officiers de l’armée française, la mentalité fascisante, la haine des
59
CHAPITRE I Prologues.,

étrangers, des juifs, des communistes ou mieux des Rojos et du Front populaire
pour mieux inclure les adeptes du système républicain, formait un clan largement
majoritaire. Maurice Barthe 1892-1964, qui traînait derrière lui une étiquette
d’officier de gauche, était ainsi rejeté par nombre de ses pères formant une caste
traditionnellement ancrée à droite et sympathisante de l’Action française et de la
Cagoule.
Lors de son commandement au 13e R.I. en 1937, Barthe sera confronté à
l’hostilité de la majeure partie des officiers placés sous son autorité et aussi du
Général Aublet commandant la 36e Division, ami de Decharme et Weygand. Aussi,
lorsqu’en 1940 il sera affecté comme chef de l’infanterie divisionnaire de la 36e
D.I. la même situation se reproduira. L'immense majorité des officiers accueillera
avec enthousiasme l'arrivée au pouvoir de Pétain et la mise en place de la
Révolution nationale. À part pour les hauts dignitaires qui bénéficiaient de
certains privilèges, il est difficile de comprendre cette mentalité réactionnaire
sinon une hérédité de caste chez les officiers de rang ordinaire qui finalement
n'étaient que de simples salariés et encore avec moins de privilèges et libertés
que le monde ouvrier. Naturellement, l’antagonisme continuera au camp de
prisonniers où, tandis que la majorité de ses pairs suivront la politique
collaborationniste des représentants du régime de Vichy, Barthe n’adhérera ni au
maréchalisme crédule voyant en Pétain le bouclier de la France ni à sa Révolution,
en réalité un régime néofasciste et pro hitlérien, c’est-à-dire une contre-
révolution. Au contraire, il se fera remarquer pour ses positions pour De Gaulle
et Giraud et on attitude réfractaire envers les autorités allemandes.
Giraud, compromis avant-guerre dans la Cagoule, venait en effet de s’évader.
Giraud sera le modèle des officiers pétainistes décidant in fine de reprendre le
chemin de la guerre. Et c’est bien aussi le modèle du Général de Lattre de Tassigny
impliqué dans la démarche de régénération morale et spirituelle qui était au cœur
de la Révolution nationale, art de voir la paille et d’ignorer la poutre ; ceci sans
parler des tergiversations du Général Alphonse Juin 1888-1967, qui attendra lors
du débarquement allié le dimanche 8 novembre 1942 en Afrique du Nord que la
France Sud soit envahie pour enfin renoncer le 11 novembre vers midi à sa
politique vichyssoise de neutralité bienveillante avec l’Allemagne.
Pourtant, comme à Montoire le jeudi 24 octobre 1940, la paix n'avait pas été
conclue, avec comme corollaire la libération des prisonniers, l'Allemagne restait
l'ennemi. Par conséquent, la collaboration avec l'ennemi proclamée par Pétain
constituait une trahison, au sens de l'article 75 du Code pénal de l'époque.
Nous verrons plus loin comment les combattants du 21e R.M.V.E. et tout
particulièrement leur chef, lorsqu’ils seront affectés à la 35e Division, subiront
60
CHAPITRE I Prologues.,

jusqu’à l’ignominie les effets de la mentalité réactionnaire qui y régnait.


Anticipons cependant avec le récit suivant très significatif :
Dans son livre A Thousand Shall fall, (S’il en tombe mille), publié aux États-
Unis début 1941, l’écrivain Hans Habe, soldat volontaire au 21e R.M.V.E. eut une
conversation lors de la retraite le 11 juin 1940 avec le lieutenant Pierre Truffy,
alors qu’ils étaient allongés dans un trou d’obus dans le bois de Cernay :
Habe : –. Penses-tu qu’il nous reste encore quelque espoir ?
Truffy : –. Espoir ? Peut-être un miracle. Quoi d’autre ? Comment pourrions-
nous gagner cette guerre ? N’avons-nous jamais parlé de victoire ? Jamais. Nous
ne connaissons pas le mot « victoire », nous ne connaissons que le mot « paix ».
Pendant neuf mois, nos généraux ont rêvé de faire la paix avant que la guerre ne
commence réellement. Pendant neuf mois, ils ont saboté toutes les préparations
possibles. Nous le savions bien, mais que pouvions-nous faire ?
Habe : –. Alors, tu penses qu’ils voulaient perdre la guerre ?
Truffy : –. Non, ils ne désiraient pas la perdre puisqu’ils ne voulaient pas la
commencer. Ils voulaient signer la paix avec Hitler. Ils refusaient d’admettre que
cette guerre était l’opposition entre deux conceptions du monde. Peux-tu
comprendre cela ? Ils —
Habe l’interrompant : –. Alors, ils sont des traîtres.
Le mot lui avait échappé de prime abord et il le regrettait, mais Truffy garda le
regard droit devant lui, sans sortir de son calme. Dans le petit bois derrière, les
petites bombes presque inoffensives émettaient comme des milliers de sirènes
des sifflements insupportables. Truffy : –. Non. Ils sont honnêtes avec eux-
mêmes, car ils admettent que dans cette guerre idéologique, ils sont du côté de
l’ennemi. Ils sont plus honnêtes que nous qui disons que nous combattons pour
la France. Mais ça n’a rien à voir avec la France ni l’Allemagne. Nous n’osons pas
dire que nous sommes prêts à mourir pour une idée. Vois-tu, nous étions fiers de
partir à la guerre sans enthousiasme ni chant, mais sans enthousiasme on ne
peutgagner une guerre. Ce n’est pas une question de plus ou de moins de canons.
La chose importante, c’est que le peuple sache pourquoi il meurt. L’honnêteté de
nos généraux, c’est qu’ils sont fidèles à la trahison qui a commencé à Munich.
Cependant, le général Gamelin dans le premier chapitre de son premier livre
Servir, publié en 1946 rapporte qu’avec Paul Reynaud, « Confrontant nos
positions respectives au cours des évènements qui ont précédé la crise de 1940
et décidé l’un et l’autre à les exposer en toute franchise, nous nous sommes
rendu compte que nous avions été trompés, comme la nation tout entière, par
les mêmes hommes sur la valeur et le caractère desquels nous nous sommes tous
plus ou moins abusés. Personnellement, j'avais été à même de connaître à leur
61
CHAPITRE I Prologues.,

sujet bien des choses ignorées du public, mais j'avais encore des illusions : on
peut juger du point où ils ont envoûté la France par le fait que l'un des Français
les plus avertis s'est ainsi mépris sur leur compte, du moment où le « maréchal »
et le général Weygand se trouvaient reprendre la direction des affaires
militaires... ». Pétain avait déclaré à Gamelin : « Vous savez que Paul Reynaud ne
vous aime pas. » Et : « Je vous plains ». Comme pour le Statut des Juifs, Pétain
utilisait les « compétences ».
Le dimanche 3 septembre 1939, la guerre fut déclarée à l’Allemagne.
C’était trop tard, car avant il y avait eu bien des occasions de le faire, et
maintenant c’était trop tôt, car à partir de 1937 le potentiel militaire allemand
était devenu supérieur au français et la France avait dans son armée une majorité
de généraux cagoulards, autant dire qu’elle partait en guerre les culottes à terre.
La France aurait dû atermoyer jusqu’en 1941 pour combler ses retards.
Avant de partir en guerre, il aurait fallu pour le moins faire comprendre à la
population les conséquences néfastes du pacifisme né du traumatisme des
hécatombes de la Grande Guerre, lui faire comprendre que la diplomatie a son
côté noir quand elle consiste uniquement en des concessions qui mènent
inéluctablement à la guerre ; prendre le temps d’épurer l’armée de ses vieux
généraux antirépublicains ou aux conceptions dépassées, le temps de moderniser
et compléter le matériel de l’armée, de remplacer les idées tactiques désuètes
nées de la Grande Guerre.
Soixante-quinze ans après, les Français ne veulent pas voir ni reconnaître leur
immense bêtise en 1940 et se la cachent comme poussière sous le tapis.
Dans son Blogue, Annie Lacroix Roux montre combien souvent elle s'est
heurtée à la censure, sur les plans de l'éditorial, de la médiatique et des Archives.
Elle raconte le 4 décembre 2013 comment ses recherches sur Eugène Schueller,
agent de l’ennemi, sont devenues sur la chaîne de télévision France 2 une
émission lénitive sur Liliane Bettencourt, ceci afin d’occulter le rôle d’agent de
l’ennemi joué par Eugène Schueller. Aussi, on ne peut pas expliquer autrement
pourquoi le livre d’Hans Habe Ob tausend fallen, A Thousand Shall Fall, S’il en
tombe mille, publié en 25 langues ou plus n’a pas encore été édité en français.
Il est difficile de trouver en effet plus bel exemple d’impérities, voire de trahison
que ces faits qui s’additionnent à d'autres, comme le fait qu'en 1940 où, malgré
l’exemple de la bataille de Pologne, la France opposa au bulldozer allemand un
long cordon de douaniers.
L’incurie de l’administration militaire, la médiocrité suspecte du
commandement et le courage merveilleux des soldats allaient être les
constatations marquantes de l’effondrement de 1940, résultant d’une guerre mal
62
CHAPITRE I Prologues.,

préparée et mal commandée. Conforté dans son attitude velléitaire par l’attitude
lénifiante de Néville Chamberlain et Georges Bonnet, Hitler fut surpris de la
déclaration de guerre qui arrivait en fait au meilleur moment pour lui.
La Seconde Guerre mondiale a vu, créés pour la Légion étrangère :
— 6e régiment étranger d'infanterie — 6e R.E.I. — 1er octobre 1939 stationné
au Levant et inactif sauf lorsqu’obéissant à Vichy, il s’opposera aux FFL.
— 11e régiment étranger d'infanterie — 11e R.E.I.
— Groupement de reconnaissance divisionnaire n° 97, G.R.D. n° 97 (première
appellation G.R.D.I 180) — 1er décembre 1939.
— 12e régiment étranger d'infanterie — 12e R.E.I. — 24 février 1940 : 900
E.V.D.G sont envoyés à La Valbonne pour former le 12e R.E.I. À la création du
12e R.E.I., 900 E.V.D.G., les moins instruits du dépôt de Sathonay sont échangés
contre les 900 E.V.D.G. les plus instruits du camp de Barcarès. Ces derniers sont
prélevés sur les effectifs du 21e et du 22e RMVE.
— 13e demi-brigade de Légion étrangère — 13e D.B.L.E. (première appellation
13e D.B.M.L.E.) — 1er B.M.V.E. (11e B.V.E. du 6e R.E.I.) —1er mars 1940
— 21e régiment de marche de volontaires étrangers — 21e R.M.V.E. première
appellation 1er R.M.V.E. — 29 septembre 1939.
— 22e régiment de marche de volontaires étrangers — 22e R.M.V.E. première
appellation 2e R.M.V.E. — 24 octobre 1939
— 23e régiment de marche de volontaires étrangers — 23e R.M.V.E. — mai
1940.
Répartition : S.H.A.T. (7n 2475). Effectifs des Régiments de marche de la Légion
étrangère :
a) au 15 novembre 1939 : 3 900 E.V.D.G. (Engagés volontaires pour la durée de
la guerre.) 1 300 à titre « normal » ; 5 000 au camp de Barcarès en vue de
constitution des R.M.V.E.
b) au 25 avril 1940 : 27 000 étrangers incorporés, dont 13 200 à la Légion
étrangère : 11e et 12e R.E.I., 13e D.B.L.E., unités spéciales en Afrique du Nord et
au Levant ; 9 700 au 21e et 22e et au 23e R.M.V.E en voie de constitution. Le
Ministère de la Guerre prévoit la création d’un autre régiment, le 24e R.M.V.E.
c) au 1er mai, la Légion étrangère comprenait : en Métropole 7 500 (sans les
dépôts) ; Outremer : 26 000, soit 33 500 ; R.M.V.E. » : 9 700.
d) au total 43 200 hommes.
e) Le dépôt complémentaire des Régiments étrangers, D.C.R.E. est une unité de
la Légion étrangère créée en 1933 et dissoute en 1965
Le Dépôt commun des régiments étrangers (DCRE) était une unité de Légion
étrangère, faisant partie de l'armée française. Elle a été créée le 13 octobre
63
CHAPITRE I Prologues.,

1933 et dissoute en 1955. Il était composé :


-d’un état-major
-d’un bataillon d’Instruction
-d’un bataillon de passage
-des dépôts de Toul, Marseille, Oran et Arzew.
- du dépôt de Sathonay créé le 2/9/39.
LES R.M.V.E. Régiments ficelles et la Légion étrangère: Quatre de ces unités
seront tellement misérablement équipées qu’elles seront appelées les régiments
ficelles ; 21e, 22e, 23e, R.M.V.E. et le 12e R.E.I. Ces « régiments temporaires » sont
composés de trois Bataillons à trois Compagnies, ainsi que de diverses
Compagnies de services : l’une dite de Commandement C.C. ou C.D.T., une dite
hors rang, C.H.R. une dite d’accompagnement ou d’appui, C. A., une régimentaire
d’engins C.R.E. et une cie de Pionniers. Chaque bataillon dispose de son propre
état-major. La Troisième République avait fondé ces formations provisoires par
décrets. Le but inavoué de regrouper les étrangers indésirables se devinait
aisément. La décision N41, datée du 4 mars 1940, et qui concerne le 22e R.M.V.E.,
fait mention du fait que « les régiments de marche de volontaires étrangers sont
des formations qui ne dépendent pas organiquement de la Légion étrangère ». À
l’époque, celle-ci refuse de les reconnaître comme unités Légion à part entière et,
ce, malgré les symboles militaires et identitaires qu’ils partagent : les couleurs
rouges et vertes des épaulettes – inversées par rapport aux régiments Légion, la
grenade à sept flammes, la fête de Camerone célébrée au camp du Larzac par le
22e et le 23e R.M.V.E. le 28 avril 1940. (Le 22e est de retour à Barcarès le 28 avril...)
Le 21e R.M.V.E. célébra le 30 avril 1940 Camerone du 30 avril 1863 avant son
départ. Ce n’est qu’en 1985 qu’une reconnaissance officielle est effectuée.
Au 25 avril 1940, la France disposait de 27 000 étrangers incorporés dans les
régiments de marche de la Légion étrangère dont : 13 200 à la Légion étrangère
(11e et 12e R.E.I., 13e D.B.L.E., et
I- Les unités spéciales d'Afrique du Nord et du Levant).
II- 8 700 aux 21e, 22e, 23e R.M.V.E.
Au 1er mai 1940, la France dispose de 43 200 étrangers incorporés dont :
I Dans la Légion étrangère, 33 500.
a) En métropole 7 500 (sans compter les dépôts).
b) Outremer 26 000.
II- Dans les R.M.V.E. 9 700.
Les R.M.V.E. formèrent aussi des non-combattants : une Compagnie de
Pionniers

64
CHAPITRE I Prologues.,

S.H.A.T. 7N 2475/3 sous dossier 2 : une note du 25 avril 1940, envoyée par le
ministre de la Défense et de la Guerre aux préfets et gouverneurs militaires évalue
à 6 000 le nombre d’engagés volontaires espagnols dans les R.M.V.E. Régiment de
Marche des Volontaires Étrangers ou à la Légion).
S.H.A.T. 34N 375/0 : dans un rapport circonstancié de 18 pages envoyé au
Général de Boissieu le 20 septembre 1973, l’Amicale des Anciens des Unités de
Prestataires donne un chiffre beaucoup plus élevé.
D’après ce rapport, le nombre d’engagés volontaires dans la Légion se serait
élevé à 6 à 7 000 hommes issus de la 26e Division d’infanterie mixte de l’armée
républicaine. Il donne un chiffre équivalent pour les R.M.V.E., les volontaires
provenant du Ve et XVIIIe corps de l’armée républicaine espagnole, soit un total
de 12 à 14 000 hommes. L’écart entre les deux chiffres peut s’expliquer par les
engagements tardifs d’une partie des réfugiés qui, au moment de l’offensive
allemande, décident de rallier l’armée française.
Les Régiments de marche de volontaires étrangers
Les R.M.V.E. sont composés d’E.V.D.G., c’est-à-dire d’engagés volontaires pour
la durée de la guerre.
Les trois R.M.V.E. rassemblaient 9 700 hommes issus de 47 nationalités. Les
trois quarts ne comprenaient pas le français. Si de nombreuses nationalités, dont
des Afghans, des Chinois et des Sud-américains, étaient représentées, parmi les
volontaires, les officiers se méfiaient profondément de deux groupes qui
formaient l'essentiel des effectifs : les républicains espagnols et les juifs de
l'Europe de l'Est.
Les Espagnols rescapés de l’armée républicaine composaient au début 40 %
des engagés ou plus. Ils représentaient au moins 30 % au 21e R.M.V.E.
Les Juifs, toujours d’Europe, souvent des Polonais, formaient le deuxième
groupe. Ces Ashkénazes, c’est-à-dire des Juifs d’Europe centrale et orientale
originaires et de langue germanique constituaient 30 % environ des effectifs du
21e R.M.V.E.
Ce chiffre atteignit 40 % au 22e R.M.V.E. Le 23e R.M.V.E. comportait 60 % de Juifs.
Les Arméniens (15 %) formaient le troisième groupe du 21e R.M.V.E.
Ces chiffres sont approximatifs et très incertains, car sans doute variables selon
les périodes, les pourcentages relatifs des Juifs augmentant et ceux des Espagnols
baissant avec le temps. Ainsi le 1er février 1940, environ 600 hommes passent du
2e au 1er R.M.V.E. et y baissent le pourcentage d’Espagnols.
Le chiffre des Juifs à certains moments aurait dépassé 40 % au 21 e, atteint 60
au 22e et 100 % au 23e. Notre relevé des personnages (chapitre XII) montre que
ce chiffre des Juifs a pu atteindre 40% ou plus au 21e R.M.V.E.
65
CHAPITRE I Prologues.,

Le 1er R.M.V.E. fut créé le 29 septembre 1939 ; le 2e R.M.V.E. fut fondé par décret
le 24 octobre 1939.
Les deux régiments furent renommés le 21e et le 22e le 23 février 1940.
Formé à la suite en mai 1940, le 3e R.M.V.E. fut créé le 10 mai 1940 ne deviendra
le 23e que le 31 mai 1940 (Décision ministérielle numéro 5094 du 13 mai 1940.)
Les trois R.M.V.E. seront suivis par la création sur le territoire métropolitain du
11e Régiment étranger d’infanterie (novembre 1939) et du 12e Régiment étranger
d’infanterie et de la 13e D.B.L.E. et du 97e G.R.D.I (février 1940).
En février 1940, 900 hommes du Centre d’Instruction de Barcarès furent
envoyés au 12e Régiment d’Infanterie nouvellement créé à la Valbonne près de
Lyon.
Un petit nombre sélectionné sur des critères bien définis (moins de 28 ans,
instruction militaire avancée) fut muté à la 13e demi-brigade de la Légion
étrangère qui fut envoyée à Narvik en Norvège.
— le 21e régiment de marche de volontaires étrangers fut créé le 29
septembre 1939 au camp de Barcarès (Pyrénées orientales) occupé jusque-là par
les réfugiés espagnols ; il devient 21e le 25-02-1940.
Composé de 2 800 hommes, dont 30 à 40 % de juifs et 30 % de Rojos, il est
envoyé le 30 avril 1940 en Lorraine sur la ligne Maginot rejoignant la 35 e D.I. qui
le 25 mai est envoyée dans les Ardennes. Le 21e doit le 12 juin se replier sur l'Aire-
en-Argonne avec sa Division. Ostracisé et délaissé à l’aile gauche, il se comportera
vaillamment dans l’espace qu’on voudra bien lui accorder. Malgré une résistance
exemplaire dans les Ardennes, il subira ensuite un sort moralement pénible que
ce livre tente d’exposer. Comme pour les autres troupes des armées de l’Est,
finalement une bonne partie de ses hommes seront conduits à la captivité. Ainsi
il y avait au début de la captivité plus de 1 100 prisonniers du 21e à Metz selon le
baron de Rosen, une vingtaine à Dieuze selon Hans Habe, etc.
Le sous-lieutenant Pold rapporte qu’il est arrivé à Septfonds avec le train
régimentaire et 250 hommes et sous-officiers. À la suite de la signature de
l’armistice, le camp militaire de Septfonds servira de centre de démobilisation
pour les engagés volontaires étrangers. Il y sera formé des Groupements de
travailleurs étrangers, dont le 302e groupement composé de Juifs.
— Le 22e régiment de marche de volontaires étrangers a été appelé d’abord 2e
R.M.V.E, et il a été créé le 24 octobre 1939. Son premier chef de corps, le
lieutenant-colonel Pierre Villers-Moriamé né le 4-1-1886 à Lorient (décédé le 7
mai 1970) sera fait prisonnier et interné à l’Oflag IV D, il sera remplacé par le chef
de bataillon Giovanini Hermann. Appelé d’abord 2e R.M.V.E. composé de 2800
hommes de 47 nationalités différentes, dont 25 % d’Espagnols et 40 % de juifs.
66
CHAPITRE I Prologues.,

Après 7 mois d’instruction et un court séjour au Larzac (du 2 au 19 avril 1940)


il part par train de Rivesaltes le 6 mai 1940 et arrive le 8 mai en Alsace ; il est
incorporé à la 19e Division d’infanterie, dans la région de Mulhouse, exactement
à Burnhaupt le Haut. Il y remplaçait le 71e Régiment d’infanterie. À cette occasion,
il perçut de cette unité les cuisines roulantes et les mitrailleuses de 20 m/m avec
leurs munitions en échange de quelques mitrailleuses Hotchkiss de 8 m/m. Il était
parti en guerre sans jugulaires de casque, sans bretelles de fusil, sans
cartouchières dorsales, sans havresacs (remplacés par des toiles de tente !) et se
débrouilla de bric et de broc à grand renfort de ficelles pour faire tenir les
équipements (Képi blanc mai 1989). Fusils-mitrailleurs, mitrailleuses, canons de
25 sont modernes, mais les armes individuelles sont d’antiques fusils Lebel.
Arrivé en Alsace le 6 mai, le 22e reçoit le 10 mai 1940 l’ordre de mission de
protéger les boucles de la Somme, au sud de Péronne. Il quitte, par voie ferrée,
embarqué à Dannemaire-et-Montreux (Haut-Rhin) dès 2 3heures 30 dans la nuit
du 18 au 19 mai, pour partir en matinée. Le convoi progresse lentement, passe
par Paris et ce n’est que le soir du 19 que les trains stoppent à L’Isle-Adam (Val
d’Oise) et dans ses environs. Le réseau ferré étant bombardé, il quitte le train et
gagne en camions Estrées-Saint-Denis, d’où il continue à pied. Des convois
automobiles prennent en charge les troupes pour les diriger vers le Nord afin de
les amener à Conchy-les-Pots et Boulogne-la-Grasse (communes du département
de l’Oise limitrophes du département de la Somme) où elles stationnent le 22
mai. La 19e Division devant progresser en direction générale nord vers Bray-sur-
Somme, le 21e continue sa remontée et occupe le 23 Tilloloy. Les positions de
combat sont prises le lendemain 24. La marche se fait alors en direction de
Péronne.
Du 22 au 29 mai, le 22e résiste aux coups de boutoir de l’ennemi.
Le 24 mai, vers 10 heures, le 1er bataillon commandé par le chef de bataillon
Volhokoff part d’Hattencourt, le 24 mai, vers 10 heures. En passant par Chaulnes,
Volhokoff demande un peloton du G.R.D. 21 pour éclairer sa route. On ne peut
le lui donner.
Le 25 mai, le I/22 reçoit l’ordre d’attaquer Berny-en-Santerre : monté dans un
side-car, et muni d’un fusil mitrailleur le commandant Volhokoff reconnaît lui-
même Ablaincourt et Pressoir, la distillerie et les premières maisons de
Berny. Une Compagnie est alors engagée dans le village ; mais presque aussitôt
elle est attaquée par l’ennemi. Pour la dégager, le Commandant fait donner les
deux autres Compagnies.
Aussitôt, les canons et mortiers allemands entrent en action. Pour répondre, le
1 Bataillon du 22e Étranger n’avait que ses mortiers. Après une courte
er
67
CHAPITRE I Prologues.,

préparation, les voltigeurs entrent dans le village ; les fusils mitrailleurs les
précèdent et tirent sans arrêt ; derrière eux, les grenadiers nettoient les maisons.
Deux mitrailleuses allemandes gênèrent l’attaque, pendant un bon moment.
Elles furent réduites par les mortiers. Les pertes amies sont de quatre tués et
d’une quarantaine de blessés.
Le même jour, le village de Villers-Carbonnel est occupé par une Compagnie du
41e R.I. soutenue par le II/22, mais il est aussitôt abandonné.
Dans ces actions, le régiment a perdu:
– un officier blessé, le capitaine Houdoy, 3e Compagnie ; – sept sous-officiers
blessés ;
– quarante-neuf volontaires blessés ;
– cinq volontaires tués et trois disparus.
Deux jours plus tard, le 26 mai, le II/22 porta une nouvelle attaque sur Villers-
Carbonnel. « Le bataillon du commandant Carré parut d’abord avoir une tâche
facile et s’empara du village. Les voitures du bataillon suivirent et s’installèrent.
Malheureusement, l’affaire tourna mal. Des éléments ennemis, soutenus par
quelques engins blindés, vinrent de Pont-les-Brie, et contre-attaquèrent. Un repli
rapide s’imposa, dans un assez grand désordre. Une vingtaine de voitures furent
perdues… » 8. Le bataillon dut se replier sur Fresnes-Mazancourt où il se
réorganisa.
Quant au III/22, il attaqua vers Barleux, le même jour, dimanche 26 mai 1940,
ce fut là aussi sans succès et le bataillon fut contraint de revenir dans ses lignes
de départ. L’échec du 2e bataillon sur Villers-Carbonnel l’aurait de toute façon
contraint à abandonner le village, trop isolé au nord. Ainsi le baptême du feu ne
fut pas très probant pour les différents bataillons du 22e R.M.V.E., victimes de
leur inexpérience au combat. Les pertes de la journée s’élevèrent à : – officiers
blessés : capitaine Pithon, capitaine Pourchet, sous-lieutenants Jaunâtre et
Sivitsky, aspirant Mura ; – sous-officiers blessés : 10 ; volontaires blessés : 56 ;
disparus : 130. En fait, plusieurs dizaines, plus certainement entre cent et deux
cents hommes, furent capturés à Villers-Carbonne par les Allemands.
Du 22 mai au 26 mai, il résiste aux coups de boutoir de l’ennemi.
Les derniers jours de mai 1940, le 22e, éprouvé par de lourdes pertes et
submergé, s’installe en ligne de défense entre Fresnes-Mazancourt et Misey ; les
bataillons du 22e R.M.V.E. s’occupent à la mise en défense d’une sorte d’éperon
censé briser toute attaque allemande venant du nord, constitué des trois
villages : Fresnes-Mazancourt – Misery – Marchélepot, sans que l’idée d’une
attaque générale sur Péronne ne soit pour autant écartée.
Les derniers jours de mai 1940 furent occupés, pour les bataillons du 22e
68
CHAPITRE I Prologues.,

R.M.V.E., à la mise en défense d’une sorte d’éperon censé briser toute attaque
allemande venant du nord, constitué des trois villages : Fresnes-Mazancourt –
Misery – Marchélepot, sans que l’idée d’une attaque générale sur Péronne ne
soit pour autant écartée.
Le 4 juin, le 22e reçoit un nouveau chef de corps, le chef de bataillon Hermann
venant du 41e régiment voisin. Les Allemands restés passifs jusqu’au 5 juin se
contentent de contenir les contre-offensives de la 18e D.I.
Le 5 juin, une attaque massive déferle sur les lignes du régiment. Après quatre
heures de combat, l’artillerie française est neutralisée.
Jusqu’au 7 juin 1940, ne disposant plus que de leurs faibles moyens les
bataillons du 22e cèdent l’un après l’autre, faute de munitions, refusant les offres
de reddition et terminant au corps à corps à Marchepot. Le 22e en contenant
l’avance allemande sur la Somme au sud de Péronne a subi de lourdes pertes :
2 199 hommes tués ou blessés et 700 ou 800 prisonniers. Le courage et la
bravoure des engagés volontaires furent reconnus par le chef des troupes
allemandes qui déclara au commandant Hermann : vous vous êtes
magnifiquement défendu. Vous nous avez causé beaucoup de pertes, vous avez
retardé notre marche et vous nous avez forcés à utiliser des renforts que nous
n’avions pas l’intention de mettre en ligne contre vous. »
Le 22e est cité à l’ordre de l’Armée pour avoir stoppé pendant quinze jours
l’avance allemande sur Paris.
Exemple de Résilience antinazie : « Mon père, Erwin Peter Deman, est engagé
dans le 22e R.M.V.E., et fut un des 800 sur 2500 qui ont survécu. D'origine juive
hongroise, il avait 18 ans quand il s'engagea. Emprisonné dans le camp de
prisonniers de guerre Stalag XII (a) à Lindberg, Westphalie et ensuite dans un
camp spécial pour juifs. Il s'en évada en décembre 1940, et put rejoindre la
France. Il s'engagea dans le 1er Bataillon du 1er Régiment de la Légion, sous le
commandement du Commandant Pourcin, affecté à Sidi Bel Abbès. Après le
débarquement des forces alliées en nord-Afrique, il se trouva prisonnier de
guerre des Anglais dans un camp en Angleterre. Il fut recruté par la SOE, et
renvoyé en France, à Rennes, où il créa et géra un réseau pour les évadés (VAR
line), qui s'étendit de Bruxelles à Paris, jusqu'au Pyrénées, mais centré en
Bretagne. En fin de guerre, Peter Deman sera décoré et naturalisé britannique.
Mes excuses pour mon pauvre français, et j'espère que ce petit récit puisse
susciter votre intérêt. ATF40 30 août 2013. »
Erwin Deman, devenu Peter Deman dans les années 1960, né à Vienne
(Autriche) le 30 avril 1921, de parents juifs hongrois vivant à Budapest, et mort à
Rose Green, Chappel, Essex, le 22 novembre 1998, est un agent du service secret
69
CHAPITRE I Prologues.,

britannique Special Operations Executive pendant la Seconde Guerre


mondiale.Erwin Deman naît le 30 avril 1921 à Vienne (Autriche), de parents
juifs hongrois vivant à Budapest. Son père, officier dans la cavalerie dans l'armée
austro-hongroise pendant la Première Guerre mondiale, passe plusieurs années
en captivité au Royaume-Uni et en devient anglophile. Ses parents survivent
l'occupation allemande et la déportation finale des Juifs hongrois menée
par Adolf Eichmann - grâce à un certain Raoul Wallenberg. Au début de la guerre,
Erwin Deman, alors à Lisbonne, se rend en France pour s'engager dans
le 22e Régiment de Marche des Volontaires Étrangers (22e RMVE). Ce régiment
couvre la retraite de la masse de l'armée française sur la Somme en 1940, et
Erwin Deman en compagnie de ses camarades fut capturé par les Allemands. Il
s'évade d'un camp en Allemagne, rentre en France clandestinement, et s'engage
dans la Légion Étrangère qui l'envoie en Afrique du Nord. Au moment du
débarquement des forces alliées, Erwin Deman, accompagné de 3 000
camarades, traverse les lignes — et après un certain temps se trouve recruté par
la SOE, et transporté en Angleterre. En 1943, Erwin Deman (alias « Paul ») crée le
réseau VAR, actif sur la Côte-Nord de la Bretagne et entretenant des liens
réguliers avec les Cornouailles. Il évacue des aviateurs alliés vers l'Angleterre,
d'abord à partir des Côtes-du-Nord, dans les environs de Saint-Brieuc, puis dans
le Finistère près de Guimaec. C'est le réseau VAR qui permet à François
Mitterrand, alias Morland, chef du mouvement de résistance MNPRG de revenir
en France en débarquant près de Plougasnou (Finistère) en février 1944.
« Morland » revient de Londres où il a rencontré le général de Gaulle. Le réseau
VAR est victime d'arrestations quelques semaines avant le débarquement
allié.Après la Seconde Guerre mondiale, Erwin Deman est négociant au Congo
belge.
Dans les années 1960, Erwin Deman change son prénom Erwin en Peter, en
hommage à son camarade B.-J. Harratt (alias Peter) Peter Deman meurt à Rose
Green, Chappel, Essex, le 22 novembre 1998. WIKIPÉDIA.
Un monument aux Morts du 22e R.M.V.E a été érigé à Marchélepot (Somme).
Le 23e régiment de marche de volontaires étrangers fut le 10 mai 1940 créé sous
les ordres du lieutenant-colonel Aumatte au camp du Barcarès ; il était composé
de 2 800 volontaires mal armés et de différentes nationalités, dont des
républicains espagnols et 60 % de Juifs.
Le 3 juin 1940, il reçut l’ordre de quitter le Barcarès, alors qu’il était encore en
cours d'instruction. Il appartint alors à la 17e Division D’Infanterie nominalement
sous les ordres du Général Georges Eugène Lascroux (1885-1956).
Le 6 juin, en soirée, les Allemands franchirent l’Aisne en deux points, à Missy à
70
CHAPITRE I Prologues.,

9 km de Soissons puis à Pommiers de l’autre côté de la ville, la serrant ainsi en


étau. Le 6 juin au soir, les deux divisions du 17e Corps français du Général Noël
(87e Division d’Infanterie d’Afrique Barbeyrac et 28e Division d’Infanterie Alpine
Lestien furent dès lors contraintes de se replier au sud de l'Aisne. Alors que tout
était consommé, le 23e régiment fut mis en ligne pour défendre Soissons. Le 7
juin, ce fut le baptême du feu à Soissons. De violents combats survinrent à
Juvigny, Missy-aux-Bois. Les volontaires du 23e se battirent comme des lions et
ne cédèrent pas un pouce de terrain. Chaque jour, les pertes furent un peu plus
lourdes; mais le plus tragique n'était pas encore là. Par une invraisemblable et
inacceptable erreur de transmission, surtout en temps de guerre, la 17e Division
d'Infanterie avait été, sur ordre, envoyée bien bien trop loin au Nord, et elle
s’était trouvée rapidement non seulement isolée, mais aussi mise à découvert
sur tous ses flancs. Les Allemands s'emparèrent très facilement de toute
l'artillerie et de la moitié de la 17e D.I. Le restant, formant le tronçon Ouest où se
trouvent les étrangers du 23e R.M.V.E., continuera non seulement à se battre,
mais à tenir.
Le 8 juin, Soissons sera pris par la 290e ID.
Le 9 juin le 23e se replia sur le canal de l’Ourcq. Installé en couverture dans la forêt
de Villers-Cotterêts, pauvrement armé, mal équipé, il fut submergé par les
panzers.
Les 15 et 16 juin, il ralentit l’avance allemande et tua le seul général ennemi
tombé pendant la bataille de France, le Général Hermann Ritter Von Speck
commandant la 33e Division d’Infanterie de la Wehrmacht. Pendant deux
semaines, il mena un combat désespéré d’arrière-garde, avec des affrontements
inégaux, en Seine-et-Marne, dans l’Yonne et à Montargis. Il fut chargé de tenter
de contenir à Pont sur l’Yonne l’avance des divisions blindées allemandes qui
déferlaient vers Paris.
Le 25 juin, sept cents survivants se regroupèrent en Haute-Vienne entre
Chartres et Château-Ponsac. Une partie du Régiment se retrouva à Rivesaltes au
nord de Perpignan.
Le 1er juillet, le régiment est dissous. Le 23e R.M.V.E. aura un monument au
village de Missy aux Bois rappelant sa vaillance.
Il comptait 30 % de perte, 30 % de prisonniers, les autres furent démobilisés
dans le midi de la France. L’unité fut dissoute en juillet 1940.
Note sur la 17e D.I. : Le Général Georges -Eugène Joseph Lascroux, (1885-1956)
a été nommé le 5 avril 1940 au commandement de la 17e D.I., mais le 19 mai
1940, il a été nommé chef de mission militaire auprès de l’armée hollandaise du
19 au 27. Le colonel Fernand Marie Chaligne (1995-1943) commandera la 17e
71
CHAPITRE I Prologues.,

Division du 21 au 31 mai 1940. Et le commandant de l’artillerie sera le colonel


Dieu Sevent alors que Lascroux absent a été renommé commandant de la 17e D.I.
Ces va-et-vient ont-ils joué un rôle dans les erreurs commises ?
Le 1er juin 1940, la 17e D.I. semble devenir, la 59e D.I., dirigée par Lascroux, les
chefs d’état-major étant Regnault et Chaligne, et le commandant d’artillerie étant
Dieu Sevant…etc.
Le 12e régiment étranger d'infanterie. 12e R.E.I., régiment ficelle fut créé le 25
février 1940 à La Valbonne près de Lyon sous le commandement du Lieutenant-
Colonel Jean Besson. Il est composé de légionnaires venant de l’Afrique du Nord,
de réservistes ayant servi dans la Légion et surtout d’engagés volontaires
étrangers. Il comprend 84 officiers, 321 sous-officiers et 2 685 caporaux et
hommes de troupe E.V.D.G. (soit 3 090 hommes) dont 30 % de Républicains
espagnols 50 % de Juifs (surtout polonais et allemands), il fut intégré à la défense
de Soissons. Il est mal équipé et donc est un vrai régiment ficelle. Il agit en arrière-
garde sur la Marne et sur la Seine. À l'armistice, il ne compte plus que trois cents
hommes. Il est également cité à l'ordre de l'armée.
Hormis environ 400 légionnaires officiers, sous-officiers et hommes de troupe
venant d’Afrique du Nord et majoritairement réservistes, il accueille
essentiellement des E.V.D.G. À la veille de son engagement, il comptait 84
officiers, 321 sous -officiers et 2 685 caporaux et hommes de troupe. 30 % étaient
des républicains espagnols, 50 % (900 environ) des Juifs polonais et allemands
pour l’essentiel, le reste correspondait à des Italiens et à un bon nombre d’autres
nationalités. Dès février 1940, 900 hommes du Centre d’Instruction de Barcarès
furent envoyés au 12e Régiment d’Infanterie.
À l’évidence, l’état-major n’attendait pas grand-chose de ce régiment et la
dotation en armement est catastrophique, composée de fusils Lebel 7/15 de la
guerre 1914-1918, de fusils mitrailleurs 24/29 de l’époque de la guerre du Rif. Les
armes lourdes (mortiers et mitrailleuses) trop peu nombreuses ne permettent
pas une instruction efficace. Affecté au 12e étranger comme instructeur d’armes
lourdes, le lieutenant Georges Masselot (1911-2012) découvre qu’il doit rédiger
lui-même ses manuels d’instruction et revenir à des méthodes antédiluviennes
de visée pour ses mortiers en utilisant un poids au bout d’une ficelle.
Le régiment est à ce point à court d’équipement que de nombreux soldats
attachent leur barda avec de la ficelle d’où le surnom de régiment ficelle donné
par les Allemands. En dépit des espoirs médiocres mis dans cette unité, elle
combattit avec un héroïsme hors du commun.
Le 11 mai 1940, le 12e étranger fut retiré de l’entraînement au camp de la
Valbonne le 11 mai 1940 et rattaché à la 8e Division d'Infanterie du Général André
72
CHAPITRE I Prologues.,

Marie Francois Dody (1887-1960) appartenant à la 6e Armée du général Robert


Auguste Touchon (1878-1960) dans le secteur de Bar-Le-Duc.
Le 17 mai, il fit mouvent en chemin de fer vers Meaux et débarqua à Nogent
l’Artaud où il subit un premier bombardement aérien sans victime et où des
autobus l’emmenèrent à Villers-Cotterêts. Ensuite, le régiment gagna Soissons à
pied.
Le 26 mai 1940, il reçut l’ordre de défendre Soissons sur l’Aisne. Arrivé à pied le
régiment prit position près de l’Aisne. Les nouveaux légionnaires ne déployèrent
guère de zèle à creuser leurs trous, convaincus que le commandement n’a pas
l’intention de tenir bon.
« Nous perdons notre temps écrit le Sergent François de la 7e Compagnie : ou
le repos total à l’arrière ou l’action à l’avant. Du moins un travail bien déterminé
et organisé et dont l’utilité puisse être comprise de tous. »
Cependant, l’activité aérienne, le trafic incessant de véhicules sur la rive de
l’Aisne tenue par les Allemands et la présence de groupes de reconnaissance
modifièrent les données. Les légionnaires pratiquèrent des meurtrières dans les
murs, placèrent des obstacles divers et des barricades en travers des routes
creusèrent des fossés antichars.
1er juin, début des combats. Les légionnaires ne vivent plus que de rations
individuelles.
5 juin, les stukas commencèrent à bombarder la ville sans en être gênés de quoi
que ce soit par la chasse ou la D.C.A. française. Le sergent François a
écrit :« Vraiment, je n’aurais jamais imaginé une telle chose et bientôt le
sifflement des bombes et le fracas des explosions créent un concert hallucinant,
se rapprochant toujours plus près de nous. Mes hommes se sont terrés comme
ils peuvent, beaucoup doivent regretter de ne pas avoir travaillé avec plus
d’ardeur à se créer un abri ». Le bombardement ne cause aucune perte si bien
que, lorsque l’artillerie ennemie entre en action dans l’après-midi, les légionnaires
ne se pressent guère de se mettre à l’abri. C’est d’ailleurs une indication montrant
que la puissance aérienne allemande n’a pas été un élément si décisif que cela
dans la campagne de France de 1940.
Le 6 juin, la directive du lieutenant-colonel Besson est simple : Tenir à tout prix
sans esprit de recul, l’ennemi ne doit pas franchir l’Aisne. Tous les ponts servent
de points d’appui.
Le 7 juin les commandants des têtes de pont du 12e R.E.I. s’emploient à détruire
les ponts. Les ponts de Pommiers, Pasly, Soissons, Vénizel sautent entre 2 et 4
heures du matin. Après les combats des 6 et 7 juin, le 12e R.E.I. ne compte plus
que 300 légionnaires valides. À compter de ce jour jusqu’au 22 juin, un long
73
CHAPITRE I Prologues.,

calvaire commence pour le 12e R.E.I. qui doit couvrir toujours le repli de la 6e
Armée.
Le 8 juin, les légionnaires du sergent François ont l’impression qu’ils sont
définitivement encerclés et isolés, la moitié du régiment est prise dans la poche
de Soissons pris par la 290e ID allemande. L‘ordre de repli est donné. Les jours
suivants, les restes du 12e Étranger se replient en combattant jusqu’à la Marne ;
les pertes sont lourdes
Le 10 juin, le 12e R.E.I. cantonne sur la rive droite de la Marne.
Le 11 juin, les légionnaires traversent la Marne et font sauter les ponts. Ils
prennent position près de la gare de Nanteuil-Sancy.
Le 12 juin, le combat commence le matin ; il pleut, les légionnaires sont
harcelés par les tirs allemands et par l’artillerie française dont le tir est trop court.
Le capitaine Chatenet, chef de bataillon, donne l’ordre de tenir jusqu’au bout,
sans esprit de recul. Les points d’appui cèdent les uns après les autres.
Entre le 12 et le 16 juin, les restes du 12e R.E.I. reculent, mais combattent
toujours. Le 12e défend les ponts de la Seine avant de reprendre sa marche
inexorable vers le sud.
Le 16 juin, le 12e R.E.I. n’a plus que 180 combattants renforcés par des effectifs
de sa Compagnie hors rang. Il franchit alors la Loire à Gien.
L’Armistice du 22 juin 1940 trouva ce qui restait du 12e Étranger un peu au nord
de Limoges : 300 hommes valides sont serrés auprès de leur colonel et de leur
drapeau. La bravoure et l’héroïsme valurent au 12e R.E.I. une citation à l’ordre de
l’armée. Le 12e R.E.I. est dissous le 25.
Créés mieux équipés et exemptés du titre de Régiments ficelles :
— Le Groupe de reconnaissance divisionnaire ou 97e G.R.D. colonial (Afrique
du Nord), créé par décision ministérielle le 11 novembre 1939 a été formé à
partir’éléments des 1er et 2e R.E.C et du D.C.R.E. de Sidi Bel Abbès ; il débarque à
Marseille le 21 mars 1940 et fait la campagne de France de mai-juin 1940. Il ne
comportait pas ou très peu d’E.V.D.G. Son commandant, le Lieutenant-Colonel
Paul Lacombe de la Tour, (1889-1940) est tué le 9 juin d'une balle de pistolet
mitrailleur en pleine tête au bois de Noroy, à l'ouest de Compiègne.
Citation collective à l’ordre de l’Armée : Sous les ordres du Lieutenant-Colonel
Lacombe de la Tour chargé avec ses seuls moyens organiques, de contenir un
ennemi numériquement supérieur et doté d'engins blindés, a réussi, du 18 au 25
mai 1940, en attendant l'arrivée des premiers éléments d'infanterie amie, à
harceler, à l'empêcher de remplir sa mission, fournissant sur cet ennemi des
renseignements précieux, parvenant à lui détruire plusieurs autos-mitrailleuses et
lui faisant des prisonniers.
74
CHAPITRE I Prologues.,

Le 7 juin, la résistance ayant été reportée de la Somme sur l'Avre, a participé


vigoureusement aux combats d'arrière-garde, détruisant plusieurs engins blindés
ennemis.
Le 9 juin, a couvert le repli de la Division sur l’Oise, contenant l'attaque des
chars adverses et, bien qu'ayant perdu dans cette seule journée son chef, tombé
glorieusement dans la bataille, et plus de la moitié de son effectif, le 15 juin, il a
été engagé de nouveau sur la Seine, et, avec ses derniers éléments, a pris part à
la défense du Cherpuis de l’Indre, infligeant encore dans ces derniers combats des
pertes à l'ennemi.
—Le 11e Régiment Étranger d’Infanterie : Le 6 novembre 1939 était créé le 11e
R.E.I. au camp de Valbonne près de Lyon. Voir chapitre VI.
— La 13e demi-brigade de la Légion étrangère, composée de 2 000 hommes,
dont 30 % de juifs, est engagée à Narvick en Norvège le 13 mai 1940. Après une
victoire fulgurante sur les troupes allemandes, les combattants rembarquent le 7
juin 1940 pour l'Angleterre où une partie choisira Vichy, 31 officiers sur 59 et
l’autre rejoint la France Libre (dont 900 hommes) s’appelant alors le 1er juillet 14e
D.B.L.E. (pour redevenir 13e D.B.L.E. le 4 novembre 1940 (la 13e D.B.L.E. du Maroc
étant dissoute) où elle participe aux Campagnes d'Érythrée, de Libye, de
Palestine, de Syrie (juin 1941) d'Italie et au débarquement en Provence.
Les effectifs plusieurs fois décimés sont reconstitués. La 13e demi-brigade de la
France libre sera citée à l'ordre de l'armée. Un épisode regrettable marque le
séjour de cette unité en Grande-Bretagne. Les Espagnols, des engagés de fraîche
date qui se sont bien comportés en Norvège, sont désarçonnés par l’ambiance
délétère qui règne à la Brigade depuis la défaite de la France et l’Armistice. Ils
manifestent par les refus d’obéissance, la mutinerie et la désertion. Lorsque 300
d’entre eux jettent leurs armes disant qu’ils ne veulent pas aller au Maroc où ils
seraient livrés à Franco, ils sont accusés d’obéir aux ordres du parti communiste
et ils sont livrés aux autorités anglaises qui les incarcèrent. Amenés au port par
les Anglais pour être embarqués vers le Maroc avec la majorité de la brigade qui
n’a pas choisi la France Libre, ils devront se coucher sur le quai pour refuser le
départ.
Avec le recul, on peut estimer que l’accusation de communisme faite aux Rojos
représentait surtout l’attirance vichyste de ceux qui partaient rejoindre la
métropole.
—Le 1er Bataillon de Marche de Volontaires étrangers. Le 1er B.M.V.E. créé à
Barcarès le 1er mars 1940 comportant 50 % d’Espagnolsl arrive à Beyrouth le 15
avril 1940 et à Baalbek le 16, il est affecté au 6e R.E.I. ; 18 officiers, dont 4 officiers
d’active, 1 aspirant, 89 sous-officiers, 651 gradés et légionnaires, effectif porté le
75
CHAPITRE I Prologues.,

23 avril à 19 officiers, 1 aspirant, 89 sous-officiers, 729 hommes de troupe. Les


tentatives de rejoindre les troupes gaullistes en Palestine échouent ; le 13 août
1940, la 3e cie est désarmée et forme une CTE. Ce 13e B.M.V.E. devient le 11e B.V.E.
du 6e R.E.I. le 25 août.1940 et rejoindra Sidi Bel Abbes le 3 décembre 1941. Le
16 octobre est formé un GTE dirigé par l’autorité civile et le reste du B.M.V.E. est
désarmé. Ce transfert est symptomatique du traitement malheureux réservé aux
étrangers E.V.D.G. Le 6e R.E.I., resté fidèle à Vichy mène une lutte fratricide (Liban)
contre la 1re DFL, notamment le 13e DBLE (Demi Brigade Légére de la Légion
étrangère) du 8 juin au 24 juillet 1941. Il est dissous le 31 décembre 1941. Voici
ci-dessous le récit de Szlama SER (Charles Ser) :
« Barcarès-Beyrouth-Roanne Turin Roanne-Turin. Modèle de xénophobie.
Les mutations furent fréquentes entre les différents régiments ficelles et
légionnaires, d’où différents parcours. Nous avons cité à son ordre alphabétique
Léon Citrome (« 50 ans de ma vie ») ; Charles Ser, comme Citrome, a transité du
22e au 21e et ailleurs. Son parcours est représentatif et instructif tant au point de
vue de l'histoire que de la personne, et le voici décrit dans la revue « Notre
Volonté » avec quelques retouches de ma part. (Le texte original est sur le site de
L’UEVACJEA). Dans notre liste de prisonniers du 21e se trouvent des volontaires
venus du 23e et du 22e et vice et versa :
« Engagé volontaire dès le début des hostilités, j’ai été envoyé comme
beaucoup d’autres à Barcarès, Barcarès des vents, de sable et de puces, que le
fascisant Gringoire nous enviait tellement. Je fus incorporé dans la 10e Compagnie
du 22e R.M.V.E., où j’ai retrouvé les camarades Salomon, Walcman, Rubin Kon et
autres. On nous dirigea au baraquement n° 23 où, entre autres connaissances
parisiennes, où se trouvaient déjà le docteur Lewinas et Mendelsohn.
Dans notre baraque, il y avait un Espagnol nommé Antonio, j’ai oublié son nom
de famille. Il ne comprenait guère le français. Le soir, quand nous occupions notre
temps à la chasse aux puces, il fredonnait des choses si tristes que nos cœurs se
serraient. Quelques jours après notre passage au premier bureau, un ordre fut
donné à Antonio de ramasser ses effets et de se préparer à être conduit dans un
camp d’internement des républicains espagnols. Une collecte fut organisée en sa
faveur, et nous avons fortement ressenti le fait de considérer ce combattant anti-
franquiste indésirable dans le combat contre l’Allemagne hitlérienne. J’ai d’abord
été muté au 21e R.M.V.E. et au mois de mars 1940 on m’embrigada, contre mon
gré, dans le 1er Bataillon Étranger d’Infanterie stationnant dans le camp Maréchal
Joffre (1er B.M.V.E. formé à Barcarès). On nous équipa « richement », on nous fit
faire des exercices intensifs, notre bataillon ayant été destiné pour être envoyé
en Finlande. Mais il était déjà trop tard.
76
CHAPITRE I Prologues.,

Le 7 avril 1940, on nous dirigea vers Marseille. Suivant des ordres et contrordres
(nous devions entre autres aller à Narwick) et enfin nous sommes embarqués, le
9 avril, en compagnie des artilleurs français et des troupes coloniales sur le bateau
« Patria » (il sombra quelques années plus tard, dans le port de Haïfa le 25
novembre 1940, avec une cargaison de réfugiés juifs se dirigeant vers la Palestine)
en direction de Beyrouth où nous arrivâmes après neuf jours de voyage au Liban
et en Syrie.
La France concentrait à cette époque, sous le commandement du Général
Weygand, une armée destinée, destinée à intervenir, le moment venu, contre
l’Union soviétique et à occuper les territoires pétrolifères du Caucase. Nous
prîmes nos quartiers dans la ville historique de Baalbek. Nos chefs se succédaient
presque sans trêve.
Avant la capitulation de la France, le Général Weygand a été appelé pour
remplacer le Généralissime Gamelin. Après lui on a eu droit au Général
Mittelhauser. (Il remplace Weygand le 17 mai 1940, il rentre en métropole en
juillet 1940. Lors de l’armistice, il dut régler le retrait des troupes françaises qui
collaboraient avec les Britanniques pour les concentrer sur le Liban et la Syrie).
On a même envoyé chez nous le tristement connu préfet de police Chiappe qui
participa au putsch fasciste de 1934, mais il périt en cours de route, l’avion qui
l’emportait vers Beyrouth étant tombé dans la mer (Jean Chiappe est nommé le
25 novembre par Pétain haut-commissaire de France au Levant, mais l’avion d'Air
France qui le mène au Liban et en Syrie est abattu on ne sait par qui le 27
novembre.
Le Général Dentz Gouverneur militaire de Paris, qui avait eu la mission de
remettre la capitale à l'ennemi le 14 juin 1940 fut, nommé par le régime de Vichy
haut-commissaire en Syrie en décembre 1940. Gracié par De Gaulle, Dentz
mourra le 13 décembre 1945 dans une geôle humide malsaine. Après la débâcle
de la France, un grand désarroi régnait dans notre commandement. On nous
rassembla et nos chefs nous déclarèrent que nous pouvions nous diriger où nous
voulions. Pendant quelques jours, le désordre fut complet. Nombreux furent ceux
qui prirent le chemin de la Palestine qui se trouvait sous mandat britannique.
Enfin le Général Mittelhauser (Commandant du 24 mai au 16 juillet 1940) décida
de se soumettre au régime de Vichy. C’est nous qui devions payer les frais de la
pagaille. Ceux qui avaient quitté les cantonnements furent emprisonnés. On nous
désarma et nous fûmes envoyés en Syrie. La vie y était très dure.
NB : Le Général Eugène Désiré Antoine Mittelhauser rentré en métropole en
juillet 1940 sera l'un des plus fervents admirateurs de Philippe Pétain et
témoignera lors du procès de Riom contre les ministres accusés de la défaite de
77
CHAPITRE I Prologues.,

1940 en chargeant la République qu'il exécrait et en déchargeant l'armée de ses


responsabilités. Né à Tourcoing le 7 août 1973, il décède à Paris le 29 décembre
1949.
Pendant trois mois, nous fûmes soumis à un régime spécial — réveil à 2 heures
30 du matin, marches forcées de 60 kilomètres avec exercice tout en portant
notre équipement. Ensuite nous fûmes incorporés dans des Compagnies de
Travail, les Espagnols dans des Compagnies punitives. Au mois de juin 1941
commencèrent les attaques des Anglais aidés des contingents de la France Libre
contre les troupes de Vichy. On nous a demandé de reprendre les armes, mais
nous avons refusé.
Le 28 août 1941, le reste de notre bataillon a été embarqué sur le Marrakech,
le 6 septembre nous arrivâmes à Marseille. À Aubagne (Bouches-du-Rhône), on
nous incorpora dans des Compagnies de Travail. Je faisais partie du 4e
groupement de travail des Bouches-du-Rhône contre le chômage. Il y avait parmi
nous des Anciens de la Légion étrangère, tous les jours nos rangs augmentaient
de réfugiés de diverses nationalités.
Nous devions construire pour l’organisation allemande Todt une autostrade
reliant Marseille à Toulon pour faciliter le transport des livraisons allemandes
pour l’armée italienne. Ceux qui refusaient de travailler étaient privés des tickets
de ravitaillement. Après de longs efforts, et à l’aide d’un officier patriote du
Centre de Démobilisation de Marseille, un certain nombre d’entre nous, dont
moi-même, réussit à se faire démobiliser.
J’ai appris par la suite que nombre de nos camarades qui ne parvinrent pas à se
faire démobiliser ont été déportés en Allemagne, de même qu’un certain nombre
d’Espagnols envoyés dans des camps d’internement. Pour moi, commença une
nouvelle phase de la lutte antihitlérienne. À Lyon, je contactai les organisations
juives de la résistance. Envoyé à Roanne (Loire) j’y pris la direction des groupes
de combat juifs. À partir du 1er août 1943, nous combattions au sein du maquis
F.T.P.F. du secteur Paul-Vaillant-Couturier. À mon initiative fut constituée avec
l’aide des camarades André Colombé (Dédé) Français, et Antonio Caligaris (Tony)
Italien, la 6e Compagnie F.T.P.M.O.I. du 302eBataillon Roanne Loire. Elle était
composée de 30 jeunes Juifs et d'un certain nombre de combattants de toutes
origines. Cette Compagnie prit le nom de Charles Wolmark, assassiné par les nazis
en 1944.
Nous prîmes part aux combats contre les troupes allemandes battant en
retraite en direction de l'Allemagne. Nous avons pourchassé les Allemands
jusqu'à 50 kilomètres de Roanne.
Fin novembre, nous fumes envoyés la frontière italienne, où on nous incorpora
78
CHAPITRE I Prologues.,

dans le 99e Régiment d’Infanterie Alpine. Nous avons occupé des positions
avancées dans la montagne. L'hiver y était rude, mais le moral était excellent.
Enfin, le 26 avril 1945, nous reçûmes l'ordre de pénétrer en Italie ; nous nous
sommes arrêtés à Turin. Grande fut ma joie quand, en tant qu'adjudant-chef de
l'armée française, je fus convoqué, le 8 mai 1945, vers 15 heures, à l’état-major
du régiment, où je reçus la mission de former une patrouille pour faire sonner les
cloches dans toutes les églises de Turin annonçant la défaite définitive du Reich
hitlérien et la victoire des Alliés. Les cloches sonnaient la victoire, notre auto
avançait lentement, arrêtée continuellement par la foule rassemblée dans les
rues. J'étais fier de participer activement à cet évènement historique. Je ne
l'oublierai jamais. »
L’épopée de Benjamin Lewinsky « De la guerre d’Espagne à la guerre mondiale,
récit remarquable, bon compagnon du précédent (1er BMVE).
Par un beau soir de mars 1984, peu avant ma retraite, je rentrais chez moi avec
un exemplaire de La Vanguardia sous le bras, qu’un client catalan avait laissé
dans sa chambre, en quittant l’hôtel de Nice où je travaillais.
J’étais à cent lieues de me douter que la lecture de ce journal de Barcelone,
allait me bouleverser à un tel point qu’elle provoquerait en moi une émotion si
forte que, cette nuit-là, toute une période dramatique de ma vie allait resurgir
dans ma tête, me ramenant brusquement cinquante ans en arrière, aux
évènements tragiques qui avaient entraîné la brutale disparition de la jeune
République espagnole, écrasée par le fascisme international, sous les regards,
presque indifférents, des pays démocratiques s’abritant derrière une cynique
non-intervention, la conscience tranquille.
Ayant rarement l’occasion de lire la presse espagnole, je lus La Vanguardia de
« cabo a rabo » et tombais soudain en arrêt, sous l’emprise d’une indicible
émotion, en parcourant un article de la rubrique littéraire, où un philosophe
américain expliquait les motivations d’un certain George Orwell, écrivain anglais,
auteur du best-seller «1984», qui l’avaient incité — à la fin de 1936 — à s’engager
dans les Milices du POUM, parti politique de gauche, marxiste et léniniste, de
tendance trotskyste, pour aider les républicains espagnols — désarmés — à se
défendre contre le fascisme.Comment un Français, juif polonais d’origine, dont
la langue maternelle devait être le yiddish, était-il si familiarisé avec l’idiome de
Cervantes et ému à un tel point, par un article à première vue anodin ?
L’explication en est fort simple, car, à la fin de 1936 et à peine âgé de 20 ans,
j’étais le capitaine commandant l’unité internationale du POUM, unité fort
disparate, composée d’une centaine de jeunes catalans, encadrés par des
volontaires étrangers, dont beaucoup étaient des vétérans de la guerre 14/18 et
79
CHAPITRE I Prologues.,

parmi lesquels il y avait une forte section de britanniques dont quelques


personnalités remarquables de l’Independent Labour Party.
J’eus beau tourner et retourner ce nom dans ma tête, George Orwell me restait
complètement inconnu. M’imaginant alors qu’il pouvait s’agir d’un « pen’s name
», je pris le problème à rebours et m’arrêtai finalement sur un syndicaliste fort
connu et respecté — Bob Edwards — et sur un grand échalas d’intellectuel — Eric
Blair — les seuls, à mon avis; ayant les qualités potentielles d’un possible écrivain
parmi mes compagnons anglais, les miliciens qui combattaient avec moi en 1937
et dont je me souvenais parfaitement des noms.
Après ma mise à la retraite, je me rendis un jour à la bibliothèque municipale
de Nice et consultai les titres disponibles de ce mystérieux George Orwell. Une
traduction de son Homage to Catalonia m’attira immédiatement, je la demandai
aussitôt et dès l’avant-propos je vis que je ne m’étais pas trompé. Orwell, mon
mystérieux Orwell n’était autre que mon vieil ami Eric Blair, le seul Anglais à
parler un excellent français et qui m’avait été d’un grand secours lorsque j’avais
des problèmes linguistiques avec mes camarades britanniques.
Dans les Milices espagnoles, au début de la guerre civile, une grande
camaraderie régnait entre officiers et simples miliciens. Les miliciens avaient le
droit de donner leur opinion et les officiers en tenaient souvent compte. Donc, le
livre en main et sachant qui l’avait écrit, je le dévorai d’une traite, étreint par une
émotion incommensurable, car, dès le second chapitre, il me fit une large place
dans son récit. Il me fit revivre nos souffrances de l’époque, nos constantes
privations, la crasse due au manque d’eau et nos combats, nos coups de main
plutôt, car nous manquions d’armes offensives, pas d’artillerie, très peu de
mitrailleuses, le POUM se heurtant constamment au blocage que le PSUC (parti
communiste stalinien) provoquait contre nous dans les hautes sphères « del
Ejercito del Este » (Armée de l’Est).
Ses grands dons d’écrivain me mirent les larmes aux yeux lorsqu’il relata le long
calvaire de George Kopp, mon chef direct, ce colosse au grand cœur, mon grand
ami qui m’avait mis à la tête de la Compagnie de miliciens que je commandais. Je
dévorais les pages et, au fur et à mesure de leur lecture, je réussis à percer le
mystère des évènements des journées de mai 1937 à Barcelone et les raisons de
la dissolution de la 29e Division Lénine du POUM, durant l’été de cette même
année, dissolution à laquelle j’avais assisté, contraint et forcé, dans une caserne
de Barbastro — entre Lérida et Huesca — m’obligeant à suivre les conseils de
mes compagnons d’armes de l’Armée régulière : changer de nom et me rendre
—contrairement à mes désirs — à Albacete pour me mettre à la disposition des
Brigades internationales, pour pouvoir continuer la lutte.
80
CHAPITRE I Prologues.,

Que s’était-il passé en Espagne ? Orwell et Kopp, pourchassés sauvagement


par les staliniens du PSUC, ne purent participer qu’à la première année de la
guerre civile. L’Anglais, la mort aux trousses, obligé de fuir l’Espagne qu’il était
venu défendre contre le fascisme et qu’un ennemi imprévisible — le national-
communisme stalinien qui s’était implanté en Catalogne— menaçait à son tour.
Quant au commandant Kopp, arbitrairement emprisonné, il attendait
stoïquement les douze coups d’un peloton d’exécution de la Tcheka catalane. Je
vais essayer de compléter le récit d’Orwell, ayant eu la chance de sortir vivant du
front d’Aragon en. 1936/1937, des menaces sournoises du parti stalinien durant
l’hiver 1937/1938 et des combats durant l’offensive de Gandesa, à la tête d’une
Compagnie de l’Armée régulière, commandant une unité entièrement composée
d’Espagnols, de la 44e Division Pastor, Bataillon « Mencia ».
Pour moi, tout avait commencé après les flonflons des bals du 14 juillet 1936.
Les lampions à peine éteints, un coup de tonnerre venu d’Espagne m’annonça,
dans les journaux du 19 juillet 1936 que la veille, un Caudillo nommé Francisco
Franco Bahamonde avait provoqué un soulèvement pour écraser la République
espagnole, démocratique et souveraine — autant que légale — car elle était issue
des urnes, contrairement aux usages des nazis et autres fascistes, dont le système
de gouvernement était basé sur la brutalité la plus odieuse.
L’indignation du peuple français, révolté par l’action d’une caste militaire, était
à son comble. Les combats de rues à Barcelone et à Madrid — où le peuple ne
disposait que de ses mains nues pour faire face aux mitrailleuses — faisaient la
une de la presse parisienne et finalement après des journées de combats
sanglants et indécis, la résistance des démocrates espagnols permit de sauver la
moitié du pays, dont les villes les plus importantes.Le Parti communiste français
canalisa les efforts des ouvriers et des intellectuels de gauche, pour former des
Brigades internationales et les diriger sur le front de Madrid où les combats
faisaient rage. Franco reçut immédiatement l’aide logistique des Allemands et
des Italiens. Quant aux républicains, seuls l’Union soviétique et le Mexique leur
envoyèrent une aide, mais pourconsidérable qu’elle fût, elle ne suffisait pas et
les pays démocratiques européens avaient inventé la non-intervention. L’armée
espagnole étant passée au fascisme, la République dut créer des milices de bric
et de broc. Je me tenais au courant de ce qui se passait dans la péninsule voisine
et j’entrevoyais sérieusement la possibilité — moi aussi — de rejoindre l’Espagne
démocratique […]
Désirant me joindre aux républicains espagnols qui faisaient face au fascisme
hitlérien, lequel voulait s’implanter en Espagne et convaincu qu’en aidant les
démocrates espagnols j’aidais mes malheureux coreligionnaires juifs
81
CHAPITRE I Prologues.,

d’Allemagne, spoliés, roués de coups et même assassinés par les nazis, je décidai
de me rendre en Espagne par mes propres moyens.
Un matin de fin juillet 1936, ayant lu dans la presse parisienne qu’un cargo
espagnol — le Cabo San Antonio — effectuait à Marseille un chargement de
matériel et de denrées alimentaires devant appareiller sous peu pour Barcelone,
je pris le premier train du soir pour le grand port phocéen.
La surveillance très étroite exercée par la police portuaire de La Joliette
m’empêcha de me mettre en rapport avec les marins espagnols et, n’ayant pas
beaucoup d’argent, je me rendis — à pied et en autostop — en direction de la
frontière espagnole.
Je mis deux ou trois jours pour atteindre Puerto de la Selva — sur la Costa Brava
— que j’atteignis après avoir franchi, de nuit, les Pyrénées entre Cerbère et Port-
Bou, avec tous les risques que cela comportait, en contournant les nombreux
ravins et en escaladant les rochers des montagnes trop abruptes pour l’alpiniste
néophyte que j’étais.
Arrivé à Puerto de la Selva, je fus pris en charge par des gars du POUM et
conduit à Figueras, où d’autres volontaires étrangers se trouvaient déjà. Ayant
appris que le POUM était un parti marxiste non stalinien, je sympathisai
immédiatement avec mes camarades du partido obrero de unificación marxista
et bientôt nous rejoignîmes Barcelone et fûmes hébergés à l’hôtel Falcon, sur la
Rambla, en face de Novedades. Après être passé par la même filière que celle
décrite par George Orwell dans son livre Homage to Catalonia, j’arrivai sur le
front de Huesca en pleine ébullition. La forteresse médiévale de Monte-Aragon
venait d’être prise d’assaut, ainsi que le col de Estrecho Quinto, libérant ainsi la
route directe de Sietamo à Huesca. Tout le monde crut que Huesca allait tomber
d’un jour à l’autre, mais Huesca ne fut jamais prise et Franco lui conféra le titre
de Huesca La Invicta — Huesca l’invincible —.
L’unité à laquelle j’appartenais contrôlait la zone entre Tierz et Quicena. Je ne
sais si ces villages existent toujours, mais la petite bosse que je conserve sur
l’arcade sourcilière gauche se souvient très bien de la Fábrica de Guano de
Quicen où, à l’aube d’un matin d’octobre 1936, étant de faction, une balle
franquiste frappa ladite arcade, qui se fendit tout net et, tel un boxeur sur le ring,
la face ensanglantée, je poussai un cri, plutôt de surprise que de douleur, avant
d’être emporté vers le botiquín le plus proche, où un practicante, tout étonné de
me voir encore tenir debout, s’exclama « Vaya suerte muchacho ! ».
Pendant que je me remettais de mes émotions, se présenta un jour un énorme
bébé de près de cent kilos et mesurant un mètre quatre-vingt-cinq, à la figure
souriante et aux joues roses, me dépassant de la tête et des épaules.
82
CHAPITRE I Prologues.,

Je partageais ma « casita » avec un vieil anarchiste italien qui s’était réfugié en


France, grande gueule, fort sympathique malgré ses soixante « piges » et dont le
hobby était la cuisine, italienne naturellement, et tous deux nous étions en train
de savourer « ses » gnocchis qu’il venait de préparer, lorsqu’on frappa à la porte.
À mon adelante ! nous vîmes apparaître ce gros bébé qui se présenta, d’une voix
tonitruante et en français : commandant Georges Kopp, belge, de l’état-major de
Rovira qui était le nom du général qui commandait notre 29e Division.
Mon ami Mario Traverso, l’anarchiste, s’empressa de l’inviter à notre banquet
et tout en s’asseyant, le « Comandante » Kopp me regardait attentivement puis,
pointant son index vers moi me dit : Benjamin El Whisky, c’est bien toi ? En guise
de réponse, je lui souris en acquiesçant d’un hochement de tête, connaissant
l’innocente manie de mes camarades catalans qui m’avaient donné ce sobriquet.
Tout en savourant notre repas, Georges Kopp se mit à me parler, sautant d’une
langue à l’autre, en espagnol, en allemand et en anglais. J’étais un peu vert dans
cette dernière langue, mais mon ami Mario nous interrompit en italien en lui
disant de parler français, pour que tout le monde comprenne et Kopp nous
expliqua aussitôt l’objet de sa visite.
S’adressant directement à moi, il m’informa que le POUM occupait sur la route
de Saragosse, dans la Sierra de Alcubierre, un secteur dont il devait relever l’unité
qui s’y trouvait pour l’envoyer à l’arrière, pour un repos bien mérité. Pour cette
relève, il disposait d’une centaine de jeunes Catalans de la région de Lérida et
pour les encadrer il comptait sur trente ou quarante étrangers, principalement
des Belges francophones et des Anglais. Quant aux germanophones, ils étaient
envoyés systématiquement au Bataillon de choc du commandant Ritter, un
antifasciste allemand, ex-officier de l’armée allemande durant la Première
Guerre mondiale.
Le problème de Kopp était qu’il n’avait pas encore d’Espagnol tant soit peu
polyglotte pour « coiffer » cette nouvelle unité et il était à la recherche d’un
étranger parlant espagnol ; ayant entendu parler de moi comme d' « un valiente
franchute, algo polaco y mucho judío » qui parlait le castillan correctement et
assez bien le catalan, il était donc venu me voir.
Drôle d’affaire qu’il me proposait là. Je savais bien manier un fusil, un «
naranjero » (pistolet mitrailleur), une mitrailleuse, éventuellement un petit
mortier de 60′, peut-être lire correctement une carte d’état-major, mais à peine
âgé de 20 ans et jeune ouvrier fourreur je ne me sentais pas de taille à assumer
une telle responsabilité et je le lui dis.Le commandant Kopp était un homme de
décisions rapides et brusquement il me dit : « Tu seras nommé capitaine avant
huit jours et comme tu te sens si jeune j’ajouterai à ta « filiación » (état civil).
83
CHAPITRE I Prologues.,

quatre ans de plus. Je reviens après-demain te chercher pour t’emmener à


Alcubierre. Tu prendras le commandement de la Milice internationale que je te
confierai. Si tu as des problèmes, tu te débrouilleras avec les Anglais ou les
Wallons qui ont fait la guerre de 14/18. Comme tu parles allemand, j’essayerai
de t’envoyer un adjoint, avec de l’expérience, du « Batallón de Choque » du
Commandant Ritter ». Adjoint fantôme que je n’ai jamais vu.
Puis il partit me laissant complètement abasourdi, devant un Mario qui me fit
un cérémonieux salut militaire et comme un vieux taquin qu’il était, il se paya ma
tête en m’envoyant des « auguri ! auguri ! Signore Capitano. Che fortuna, amico
! ». Et voilà comment je fus nommé capitaine, commandant une Milice du POUM.
Nous étions en hiver sur les hauteurs des ingrates sierras des steppes aragonaises
à plus de 1 500 m d’altitude, il n’y avait ni eau pour se laver ni bois pour se
chauffer. Quelques semaines plus tard se présenta un Anglais du nom de Eric Blair
qui, sous le pseudonyme de George Orwell, raconta notre odyssée dans un livre
qu’il intitula Homage to Catalonia.
À l’époque des tragiques évènements de Barcelone — en mai 1937 —, je me
trouvais de nouveau sur le front de Huesca et je n’avais qu’un faible écho de ce
qui se tramait contre le POUM. En lisant le livre d’Orwell, je fis un retour en
arrière et je compris enfin, un demi- siècle plus tard, les raisons qui amenèrent le
Haut-Commandement « del Ejercito del Este » à dissoudre notre 29e Division
Lénine du POUM à Barbastro, en plein été de 1937. Dissolution à laquelle
j’assistai triste et impuissant.
Des officiers espagnols, qui ne s’occupaient que de la guerre et pas de
politique, me conseillèrent de me rendre à Albacete, où se trouvait le
commandement des Brigades internationales. Là aussi, je n’ai réalisé qu’avec un
demi-siècle de retard pourquoi mes amis insistèrent pour que je change de nom
et, pour appuyer leur amicale insistance, ils m’établirent un sauf-conduit pour
Barcelone et l’un d’eux me remit même une lettre d’introduction pour un de ses
amis, le général soviétique Antonov-Ovseyenko qui se trouvait au Consulat russe
de la capitale catalane. Par cette lettre, il recommandait, chaleureusement, son
camarade français — Bernard Launoy — qui désirait combattre sur le front de
Madrid, dans les Brigades internationales. (Je rappellerai que le Vladimir
Antonov-Ovseyenko fut fusillé sur ordre de Staline à son retour en URSS en 1938).
À Albacete, où tous les rouages étaient entre les mains des communistes
français, je me présentai un jour devant le commissaire politique de la base
arrière des Brigades. Il me demanda si je voulais rester à son service, comme
interprète. J’acceptai et je restai à Albacete jusqu’en janvier 1938.
En dehors de mes fonctions d’interprète — surtout avec le personnel espagnol
84
CHAPITRE I Prologues.,

de la base et les passagers ne parlant pas français — j’étais chargé du contrôle


des tickets de repas, dans un mess situé dans notre immeuble, en face de la voie
de chemin de fer.
Un jour, un élégant lieutenant, un Français blond et sympa avec l’air d’un fils à
papa vint me voir au sujet des tickets de repas et me montra ses papiers au nom
de Henri Suhard. Machinalement, je lui demandai si par hasard il ne serait pas le
« fils » du Cardinal Suhard, si célèbre en France. Il me répondit froidement que
non, mais que Son Éminence — frère aîné de son père — était bel et bien son
oncle. Du coup, j’eus un peu honte de ma plaisanterie. Ne voulant pas être en
reste, je lui serrai la main en me présentant : Bernard Launoy, « arrière petit-fils
du Grand-Rabbin de Varsovie ». Le nom était faux, la qualité réelle, mais il crut le
contraire […]
Il m’apprit que sa blessure — contractée sur le front de Madrid — étant guérie,
il était en attente d’une nouvelle affectation. Ce matin-là, le chef d’état-major,
qui était un Yougoslave du nom de Josip Broz (le futur Maréchal Tito) lui avait
proposé la direction du Centre de convalescence de Dénia, près d’Alicante, où se
refaisaient une santé les grands blessés et les grands malades des Brigades
internationales. Des malades du Centre s’étant plaints qu’un marché noir éhonté
s’était organisé — à la tête même de l’administration — l’état-major était à la
recherche d’un intellectuel dont l’honnêteté et la probité ne feraient aucun
doute. Un officier antifasciste, neveu d’un cardinal devait faire l’affaire, Henri
Suhard avait pensé qu’à nous deux nous pourrions nous en occuper
parfaitement. Le lendemain nous partîmes pour Dénia via Murcia, où nous
devions prendre livraison d’une ambulance désaffectée et qui devait nous servir
de camionnette, comme moyen de transport du Centre. On devait également
nous remettre — à Murcia — des médicaments, des cigarettes américaines, des
vêtements, du chocolat et d’autres douceurs pour soulager les souffrances de
nos camarades.
À l’hôpital de Murcia, j’eus le loisir de rencontrer de nombreux médecins juifs,
avec qui je m’entretins en yiddish, et je leur racontai les raisons de mon voyage…
Mais avec la menace franquiste de couper la zone républicaine en deux — de
l’ôté de Tortosa — après avoir confié le centre à un couple de médecins bulgares,
nous partîmes, Henri et moi, pour Barcelone.
Henri Suhard, voyant la partie perdue, rentra à Paris immédiatement. Je l’y ai
retrouvé au début de 1939, puis à la déclaration de la guerre, au moment où il
allait s’incorporer dans son unité.
On m’informa que j’avais été nommé officiellement au grade de capitaine, ma
nomination ayant paru au Diario oficial en même temps que celle d’autres
85
CHAPITRE I Prologues.,

officiers de la 29e Division, les choses s’étant calmées après la dissolution de la


fameuse Division du POUM, dont presque tous les éléments furent incorporés
dans l’armée régulière.
Nous discutâmes de la situation politique et militaire ; ce n’était guère brillant
du côté républicain. Néanmoins, l’offensive — surprise déclenchée par le colonel
Modesto sur l’Ébre dans la région de Gandesa — avait l’air de progresser
favorablement et je me risquai à rester en Espagne croyant aux miracles.
Je me présentai donc à l’état- major « del Ejercito del Este » où on s’empressa
de m’affecter à la 44e Division Pastor. Quelques jours plus tard, je rejoignis mon
nouveau Corps et je pris le commandement d’une Compagnie — entièrement
composée de jeunes Espagnols — du Bataillon Mencia. Un jour, une grande
opération fut montée dans la région de Villanueva de la Barca, au bord du Rio
Segré. Nous devions traverser la rivière, soutenus par quelques blindés, le Rio ne
charriant pas beaucoup d’eau. Toutefois, les franquistes nous jouèrent un sale
tour en ouvrant les vannes d’un barrage en amont du Segré, immobilisant nos
blindés, qui restèrent en rade au milieu de la rivière, notre belle attaque tombait
« à l’eau » dans tous les sens du terme. Quelques heures plus tard, une noria de
bombardiers allemands ou italiens nous cloua sur place nous occasionnant de
nombreuses pertes. Lorsque l’alerte fut déclenchée, j’éparpillai mes hommes
autour d’une église toute proche, précaution qui permit à ma Compagnie de
sortir presque indemne des terribles effets du bombardement.
En novembre 1938, Juan Negrin, le premier ministre espagnol, demanda aux
étrangers de rentrer chez eux, dans le vain espoir que Franco en ferait autant. Il
n’en fut rien. L’armée républicaine se sépara de ses volontaires étrangers, mais
les nazis et autres fascistes restèrent, pour achever leur oeuvre de destruction.
Un matin de novembre 1938, je dis « Adios » à mes « valientes compañeros » et
je partis à pied à travers champs, sous un fort bombardement d’artillerie et sous
une pluie froide et désagréable. À mesure que j’approchais de l’autocar qui tenait
lieu de quartier général à la Division, les obus de « diez y medio » (105) tombaient
à foison. Malgré tout, je parvins sain et sauf à l’autocar du Commandement de la
44e Division, où on me remit les papiers de démobilisation, que j’eus la précaution
de demander au nom de Bernard Launoy, né à Longwy-Haut (Meurthe &
Moselle). J’eus du mal à faire comprendre à l’officier qui devait établir mes
papiers, que la Commission française de rapatriement ne m’autoriserait pas à
rentrer en France, en tant que Benjamin Lewinski né à Varsovie (Pologne). Il finit
par comprendre et m’établit les documents selon mes désirs.
Documents que je déchirai et j’en éparpillai les morceaux sur la voie de chemin
de fer, dès que j’eus dépassé Perpignan, croyant que mon aventure espagnole
86
CHAPITRE I Prologues.,

était terminée à jamais. Il a fallu que je tombe — près d’un demi-siècle plus tard
— sur La Vanguardia, pour que mon vieux copain — Eric Blair — me fasse revivre
ce drame, une seconde fois.
En quittant l’Espagne, je savais que la démocratie espagnole agonisait et
qu’elle était sur le point de succomber sous les coups de la brutalité des nazis. La
péninsule ibérique — j’en étais convaincu — était jonchée des cadavres des
premières victimes de la Seconde Guerre mondiale, je venais donc de participer
aux prémices des futurs holocaustes.
La République espagnole agonisait, succombant non seulement sous les coups
de ses ennemis, mais victime, également, des coups bas de ses amis, soi-disant
tels et qui l’avaient trahie, les pays démocratiques l’abandonnant à son triste
sort. Ils ne tarderont pas à payer leur lâcheté […]
En 1936 — à Barcelone — avant de partir pour le front de Huesca, j’avais
entamé un réel effort pour apprendre rapidement l’espagnol. Je lisais la presse
catalane, entre autres La Batalla du POUM e la Solidaridadra des anarchistes
(imprimés en castillan) et Treball, en catalan d’obédience (organe du PSUC,
Partido socialista unificado de Cataluña), mais où les socialistes n’avaient pas voix
au chapitre. Toutefois, grâce à l’italien et au français, il m’était plus facile de
comprendre le catalan que le castillan.
La lecture du Treball était édifiante. Ses pages étaient destinées — presque
exclusivement — à dénigrer le POUM et les anarchistes. Ils en oubliaient
complètement le véritable ennemi, Franco et ceux qui aidaient Hitler et
Mussolini, les ennemis jurés de la démocratie espagnole. Parmi mes amis du
POUM, il y avait un éventail d’hommes de gauche, de véritables démocrates tels
que Joaquín Maurín, Andres Nín, Andrade Gorkín, etc. et tous étaient traités de
fascistes. Même Joaquín Maurin qui avait été assassiné en Galice au début de la
guerre civile n’était pas oublié dans leurs sarcasmes.
Début décembre 1938, lors de mon retour à Paris, j’appris le lâchage, la lâcheté
de Munich. Après l’Autriche, la Tchécoslovaquie venait d’être sacrifiée…
Lorsque je partis pour l’Espagne, je tiens à le répéter, j’étais surtout poussé par
ma sensibilité de démocrate et de « jeune » homme de gauche. Mais en voyant
le fascisme allemand intervenir, je voyais que le danger hitlérien, massacrant déjà
les Juifs depuis plus de trois ans, menaçait les démocrates espagnols. Ma
solidarité avec le peuple espagnol était ma façon d’aider les Juifs allemands,
pourchassés, spoliés et massacrés, sans pitié.
Les balles nazies tuaient ceux de ma race en Allemagne et leurs bombes
massacraient les enfants espagnols à Guernica et Almeria. Il était de mon devoir
de Juif, de Polonais et d’homme de sensibilité française, d’aider, autant que faire
87
CHAPITRE I Prologues.,

se peut, les Espagnols, qui couraient le même danger. J’étais parvenu à la


conclusion que le 18 juillet 1936 était, bel et bien, le commencement de la
Seconde Guerre mondiale. Mais il m’était difficile de prévoir qu’un demi-siècle
plus tard, le monde en souffrirait.
Me voilà à Paris, en septembre 1939, à quelques jours de l’automne et je fais
la queue du côté de la Gare Saint-Lazare, dans un drôle de bureau d’embauche.
Oui ! je fais la queue pour aller faire la guerre, une guerre que la France et
l’Angleterre ont été obligées de déclarer à l’Allemagne nazie, la Pologne, mon
pays natal, ayant été envahie, assommée, triturée et écrasée sous les bombes.
Je fais la queue ce matin-là, ayant lu la veille, dans la presse parisienne, que
des régiments de marche seraient formés pour permettre aux étrangers, résidant
en France, de s’engager pour défendre leur nouvelle patrie.
Depuis un mois, moi, je n’ai plus de patrie du tout, les Polonais ne voulant plus
de moi. Au retour d’Espagne, pour renouveler ma carte de séjour – périmée -, la
Préfecture de Police de Paris a exigé de moi un passeport polonais, en bonne et
due forme. Étant arrivé en France en 1925, à l’âge de 9 ans, porté sur le passeport
de ma grand-tante qui m’avait élevé, je n’en possédais pas. Le consul de Pologne
à Paris, consulté, me déclara tout de go qu’il pouvait m’en fournir un POUR UN
VOYAGE ALLER EN POLOGNE, afin d’y accomplir mon service militaire, vu que
j’avais 23 ans et que mes obligations, en tant que citoyen polonais, m’y
astreignaient.
Sachant et avec certitude que Hitler allait envahir la Pologne d’un jour à l’autre,
j’en fis la remarque au consul, qui voulut me jeter dehors. Devant mes
protestations, il appela le sympathique flic qui était de faction devant le Consulat,
à qui j’expliquait mon cas, lui disant que je refusais de me rendre en Pologne pour
me faire massacrer. Finalement, on me remit un papier stipulant que, bien que
né à Varsovie, je ne remplissais pas les conditions prouvant ma citoyenneté
polonaise. En tant qu’apatride, ma carte ds séjour fut renouvelée et je pus,
quelques mois plus tard, m’engager dans les RMVE, c’est-à-dire les Régiments de
Marche de Volontaires Étrangers, pour la durée de la guerre.
Que je le voulusse ou non, j’étais obligé d’être volontaire. Mes origines d’abord
et mes convictions de démocrate m’y obligeaient. Un Juif, né en Pologne et
habitant en France ne pouvait agir autrement. En faisant la queue, je
gambergeais. Il y a moins d’un an que je suis revenu de la guerre d’Espagne où je
suis resté plus de deux ans et demi à combattre les fascistes de tous bords. Les
bombardements, les attaques à la grenade, les privations et la crasse, la crasse
sur la peau et dans la tête des gens. Finalement, je signe mon acte d’engagement
: Benjamin Lewinski, né à Varsovie (Pologne), nationalité : apatride. Puis je
88
CHAPITRE I Prologues.,

demandai : « et maintenant, qu’est-ce que je fais ? » On me répondit : « Vous


serez convoqué pour être incorporé dans deux ou trois semaines. »
J’habitais et je travaillais chez un cousin artisan fourreur, dont la mère, une
sœur de ma grand-mère maternelle, m’avait élevé en Pologne, depuis 1920,
année de l’effroyable épidémie de typhus qui fit, à Varsovie, des dizaines de
milliers de morts. C’était aussi l’époque de la meurtrière guerre d’Indépendance
de la Pologne contre l’invasion bolchevique. Durant cette épidémie moururent
ma mère et mes grands-parents. Quant à mon père, soldat polonais du Tsar, il
était prisonnier des Allemands depuis 1917.
En septembre 1939 – à la déclaration de la guerre – mon cousin fit évacuer sa
femme et ses deux enfants vers Le Mans. Lui et moi étions restés à Paris pour y
travailler et sa mère s’occupait de la maison. Une semaine avant la convocation
de l’Intendance, je décidai d’aller dire au revoir à mes petits cousins que je
considérais comme mes petits frères.
Je partis donc pour Le Mans en enfourchant un vieux vélo. 215 km à parcourir.
Entre Chartres et Nogent-le-Rotrou, je croisais des troupes, anglaises et
françaises, se dirigeant probablement vers l’Est. Je croyais revoir les troupes, les
mêmes équipages de chevaux que dans les films sur la guerre 14/18 tels que « A
l’Ouest rien de nouveau » ou « Les croix de bois ». Je regardais défiler une armée
à peine mieux lotie que l’armée républicaine espagnole. Les franquistes avaient
d’autres armes, un matériel allemand bien plus moderne dont une artillerie
autotractée plus mobile et mieux préparée pour une guerre nouvelle. Depuis
1933, il était visible que les nazis s’organisaient pour prendre leur revanche sur
la défaite subie en 1918. N’importe quel esprit sain pouvait s’en rendre compte,
à condition de bien vouloir le voir !
Lorsque Hitler remilitarisa la Rhénanie, il n’y eut que de vagues protestations
de la part des gouvernements français et anglais. Je me rappelais une
conversation que j’eus avec Orwell en 1937 qui me fit part de son indignation
envers une certaine noblesse britannique qui faisait étalage de son admiration –
ostensiblement – envers Adolf Hitler. Toujours est-il que Hitler, ayant liquidé la
Pologne, se sentant à l’aise du côté slave, grâce à son pacte de non-agression,
faisait venir vers l’Ouest ses divisions blindées pour « s’occuper » derechef de la
rance. Où m’étais-je donc fourré ? De toute façon, je n’y pouvais rien. Rien
d’autre qu’attendre.
Début octobre 1939, je fus convoqué par l’Intendance de la rue de Reuilly et
au cours du même mois, je partis avec des milliers d’autres étrangers, en train,
dans les Pyrénées Orientales dans l’immensité sablonneuse du Camp de
Barcarès, pour y suivre une instruction militaire. Décidément, quand il y a de la
89
CHAPITRE I Prologues.,

bagarre dans l’air, c’est toujours en Catalogne que je me retrouve. En Espagne,


c’était de l’autre côté des Pyrénées et maintenant c’est de ce côté-ci.
À Barcarès (certains disent « au » Barcarès) où nous étions plus de vingt mille
étrangers ayant répondu à l’appel de la France, on nous enseigna rapidement
l’art et la manière de nous faire massacrer à Soissons et à Péronne. Ainsi, Georges
Kopp, mon ami et mon supérieur hiérarchique dans la 29e Division en Espagne,
s’étant échappé de la Tchéka catalane de Barcelone, y a laissé sa santé,
grièvement blessé sur les bords de la Marne. Il est mort des suites de ses
blessures, presque en même temps que son camarade et beau-frère Orwell en
1951.
Pourquoi ne me trouvai-je pas sur les champs de « massacre » entre la Marne
et la Belgique ? Le hasard, ce hasard que, si j’étais croyant, j’appellerais la
Providence. En janvier 1940, mon « instruction militaire » terminée, une note de
service, affichée sur la porte du bureau de ma Compagnie, attira mon attention.
Elle disait, plus ou moins, ce qui suit :
« Un bataillon spécial sera formé par des volontaires étrangers. Il fera partie
d’un corps expéditionnaire destiné aux États du Levant (Syrie et Liban). Les
volontaires peuvent s’y faire inscrire. La liste sera close dès que l’effectif de ce
bataillon sera atteint ».
Naturellement, je fus l’un des premiers à m’inscrire, à l’étonnement de mes
camarades et à la stupeur de ma famille. La liste ne fut jamais close, le quota
n’ayant pas été atteint. Je savais que ma chance était là et je ne me trompais pas.
En février 1940, notre Bataillon fut embarqué sur le Patria et huit jours plus tard
nous débarquâmes à Beyrouth pour être immédiatement dirigés sur Baalbeck,
dans la vallée de la Bekaa où à ce qu’il paraît Dieu installa le Paradis terrestre
pour l’homme, mais dont l’homme fit un enfer qui, tel que celui du Dante, avait
l’air d’un barbecue.
Arrivé à Baalbeck, notre Bataillon fut baptisé IIe BMVE – Bataillon de Marche
de Volontaires Étrangers – et on nous installa dans une très belle et moderne
caserne, proche de la gare, sur la route de Beyrouth. On apercevait, de l’autre
côté de la ville, les magnifiques et très hautes Colonnes de Jupiter.
En 1940, il y avait à Baalbeck d’autres militaires, un Bataillon du 6 e Régiment
étranger d’Infanterie de la Légion. À cette époque, la plupart des légionnaires
étaient des réfugiés antifascistes allemands, polonais, tchèques, yougoslaves et
surtout de nombreux républicains espagnols. En somme, les Régiments étrangers
étaient composés d’éléments qui ressemblaient – à s’y méprendre – aux Brigades
internationales, que j’avais connues en Espagne.
Après le 10 mai, les journaux français de Beyrouth nous apprirent la tournure
90
CHAPITRE I Prologues.,

tragique que prenaient les combats en France. Tous les jours je traduisais, pour
mes camarades espagnols, les comptes-rendus du carnage et de la débâcle. Puis
survint l’armistice de la honte et du désespoir. Mes amis espagnols étaient aussi
désespérés que moi.
Comme l’Angleterre continuait la guerre, beaucoup de volontaires espagnols
désertèrent pour passer en Palestine et continuer le combat avec les
Britanniques. Ils partirent à bord de camions qu’ils réquisitionnèrent à la hâte.
Presque tous furent arrêtés avant d’atteindre la frontière dans le triangle Tyr-
Sidon- Merdjayoun, par les légionnaires du 6e REI et les gendarmes Tcherkesses.
Moi aussi, je désirais ardemment passer en Palestine, mais grâce à un ami
chiite, j’étais au courant de ces arrestations massives. C’est lui qui m’informa de
l’appel du Général de Gaulle et que des milliers de soldats français, de retour de
Norvège, s’étaient rangés sous ses ordres et qu’une bonne partie des colonies
d’outre-mer s’étaient jointes au Général.
Une idée germait dans mon esprit. Je pensais qu’il était préférable de se
présenter aux Turcs, plutôt que de déserter par la voie directe, vers la Palestine,
les « pétainistes » nous attendant au tournant, à la frontière.
Vers la fin juin, j’en parlai avec des amis espagnols, comme moi anciens
officiers de l’armée républicaine. L’idée leur plut et nous commençâmes à
organiser notre fuite « vers l’avant ». Un beau matin, à l’aube, nous
réquisitionnâmes deux camions Citroën et nous partîmes (98 espagnols ainsi que
deux autres juifs) avec deux jours de vivres. Nous fonçâmes en direction de
Homs- Hama-Alep et Abou Kemal où j’estimais que devait se trouver la première
ville turque, non loin de la frontière. Les réservoirs de nos camions étaient pleins
à ras bord, et nous pensions pouvoir atteindre cette frontière sans trop de
problèmes, profitant de la pagaille qui régnait dans l’armée.
Entre Hama et Alep, nous fûmes arrêtés par un barrage, que des militaires
avaient établi sur la route, à peine avions-nous contemplé les magnifiques jardins
sur l’Oronte – chers à Pierre Benoit – les oreilles encore assourdies par le vacarme
de l’immense noria – grâce à laquelle ces jardins sont irrigués – à l’entrée de la
sinistre ville de Hama, dont les femmes vêtues, ou plutôt couvertes, de la tête
aux pieds, de leurs tchadors noirs donnaient à cette cité un air sinistre. Arrêtés,
nous fûmes incarcérés à Homs, dans les locaux disciplinaires du camp des
Polonais, qui eux avaient réussi à passer en Irak, avec les Anglais. Du moins je le
crois. Durant deux mois, nous restâmes emprisonnés. Entre temps, le IIe BMVE
fut dissous… et rejoignit Homs. Dissolution dictée par la commission allemande
d’armistice. Les volontaires continuèrent – comme tous les militaires – à porter
le même uniforme, à conserver leurs armes et à être payés selon leur grade. La
91
CHAPITRE I Prologues.,

seule différence était qu’ils émargeaient sur des feuilles de paie spéciales du
Groupement des Travailleurs Étrangers du Levant (GTEL).
À la fin de l’automne 1940, le GTEL fut ramené à Baalbeck et en janvier 1941 –
pendant que j’essayais d’organiser une autre désertion en escaladant mont
Hermon, pour passer en Galilée par le Golan – j’eus un lamentable accident. Mon
chirurgien était un jeune toubib, le Docteur Huot, qui fut mobilisé au début de la
guerre. Je m’aperçus un jour de manière fortuite qu’il était, comme moi, un
sympathisant de De Gaulle. Il me dit un jour de façon très rapide : Dans la
chambre 12, il y a un blessé palestinien « un juif » qui a peut-être besoin d’aide !
Jusqu’à mon lit de mort, je me rappellerai cet échange émouvant entre deux
Juifs estropiés, moi l’ashkénaze et lui le Sabra Sefarad. Il avait été arrêté par la
police de Vichy, lorsqu’il essayait de faire passer en Palestine des juifs, des
transfuges venant d’Europe via la Turquie. Au moment de l’interrogatoire, il avait
essayé de s’échapper en sautant par la fenêtre du premier étage, s’était fracturé
une jambe et aussitôt emmené à l’hôpital. Il me dit aussi que sa jambe guérissait
plus vite qu’il ne s’y attendait, grâce à l’excellent docteur qui le soignait et qu’il
comptait « s’envoler » de l’hôpital dans une semaine ou deux.
Mes genoux guérissaient lentement, mais ils guérissaient, je commençais à
pouvoir les plier, les rotules et les ménisques répondaient à mes sollicitations. En
mai 1941, je tombai par hasard sur un poste palestinien qui donnait des
informations en yiddish et je sus ainsi que les FFL se trouvaient en Palestine, dans
un camp proche de Haiffa. Du coup, je n’eus rien d’autre en tête que de hâter ma
guérison. Mon idée était de rejoindre mon unité à Baalbeck et – grâce à ma
convalescence – organiser une nouvelle « fugue » pour rejoindre les Forces
Françaises Libres, qui se trouvaient à moins de 200 km à vol d’oiseau.
Arrivé à Baalbeck, avec un mois de convalescence en poche, j’eus tout loisir
d’organiser ma « belle » et je me mis rapidement en cheville avec deux Roumains,
deux Tchèques et un Suisse. Au dernier moment, se joignit à nous un Marocain
espagnol. C’était un « réfugié espagnol », ex-déserteur de la cavalerie maure de
Franco.
Comme les dimanches matin il n’y avait pas d’appel, nous partîmes un samedi
soir, nos musettes bien remplies de boîtes de conserve et nos bidons de deux
litres pleins d’eau. Notre intention était de rejoindre le Mont-Hermon et, si nous
parvenions à l’escalader sans incident, la descente vers la Galilée serait facile et
la réussite de notre « virée » ne ferait aucun doute. Il nous fallut presque une
semaine pour atteindre le sommet du mont Hermon qui culmine à 2 825 mètres.
Heureusement, même au début juin, il y avait de la neige à plus de 2 500 mètres
d’altitude et nous pûmes remplir à nouveau nos bidons, complètement vides.
92
CHAPITRE I Prologues.,

Nous nous déshabillâmes et prîmes un formidable bain de soleil et « de neige


».
Nous nous reposâmes un peu, en attendant que la nuit tombât. Un campement
entouré de barbelés nous arrêta bientôt. Dans la pénombre, nous distinguions
des baraquements – bien alignés – à l’européenne. Ce ne pouvait être qu’un
kibboutz et, brusquement je pris mon courage à deux mains et me mis à crier, de
toutes mes forces et en yiddish, que nous étions sept militaires français, en
uniforme, mais sans armes, dont un juif, originaire de Varsovie et six « Goïms »
(chrétiens).
Bientôt une voix de jeune fille me répondit dans la même langue. Soudain,
plusieurs baraquements s’éclairèrent et des jeunes gens armés nous ouvrirent,
en dégageant les chevaux de frise qui bouchaient l’entrée. Je leur dis, d’une voix
forte Toda Raba ! (Merci beaucoup) et brusquement une jeune fille se sépara du
groupe, courut vers moi et m’embrassa sur la bouche de toutes ses forces.
Le lendemain, tard dans la matinée et après avoir dormi dans une grange, nous
étions bien reposés et bien propres quand la police anglaise vint nous chercher.
On nous interrogea. Puis je rejoignis les FFL La 13e Demi-Brigade de Légion
Étrangère de la 1re Division de la France Libre était une Unité « française »,
cantonnée à Qastina, dans la banlieue de Haiffa.
Le camp français était presque vide, le gros des FFL était déjà en Syrie, dans la
région de Damas.À Qastina ne restaient que quelques bureaux et une Compagnie
sous le commandement du Capitaine Paris de la Bollardière.Ce fut devant lui que
je signai mon acte d’engagement pour les Forces Françaises Libres et pour la
durée de la guerre, et je fus aussitôt affecté à sa Compagnie, dont la plupart des
« anciens » avaient participé au débarquement de Narvik, en Norvège, en avril
1940. À ma connaissance, la 13e DBLE est peut-être la seule unité française ayant
combattu – sans défaillance – durant les six années de la Seconde Guerre
mondiale, jusqu’à la signature de l’armistice. Dans ses rangs ont combattu de
nombreux officiers et soldats, rescapés de la malheureuse armée républicaine
espagnole, avec abnégation et courage. Combien en ai-je vu tomber sous les
coups des nazis durant les quatre années que nous combattîmes ensemble, en
Libye, en Italie et en France.
Au bout de quelques jours, le camp de Qastina se vida des éléments de la
France Libre, nous partîmes pour la Syrie. De furieux combats eurent lieu.
Personnellement, je m’en sortis miraculeusement, un 88 allemand, un obus qui
explose toujours eut pitié de moi en… n’explosant pas ce jour-là, tombant entre
mon ami Kelemen et moi, pendant que nous nous creusions un trou individuel
pour nous protéger. Nous nous relevâmes, plus morts que vifs, couverts de sable
93
CHAPITRE I Prologues.,

de la tête aux pieds, nous regardant, blancs comme des statues de sable avec le
sentiment d’être revenus vivants du jugement dernier.
La Campagne de Syrie terminée et pendant que les combats faisaient encore
rage au Liban, les Russes, qui se croyaient à l’abri, reçurent l’avalanche
meurtrière des hordes nazies, qui cherchaient à s’emparer des récoltes
ukrainiennes et du pétrole de Bakou. L’invasion eut lieu plus tôt que prévu, les
calculs de Staline se révélèrent faux, les « capitalistes » français n’ayant résisté
que quelques semaines, donnant une victoire éclair à la Wehrmacht, qui lui
permit -moins d’un an après – de fondre sur l’Armée rouge, désemparée depuis
trois ou quatre ans, Staline l’ayant décapitée.
Oui ! l’Armée rouge, décapitée par Staline ne put résister au terrible choc des
Allemands et reculait de tous côtés. La terre russe était rougie des flots de sang,
versés par ses enfants, surtout à cause de la malfaisante politique stalinienne
envers cette armée dont les principaux chefs furent lâchement assassinés sur son
ordre. La 13e DBLE se réorganisa avec l’aide des Anglais et les FFL furent
incorporés dans la 8e Armée, en automne 1941. Au début de 1942, nous
quittâmes nos quartiers d’hiver d’Alep que deux ans auparavant je n’avais pas
été capable d’atteindre, et en avant ! pour les tempêtes de sable de Libye, que
les Anglais appelaient The Western Desert. Au début de cette guerre saharienne,
nous n’eûmes que peu de problèmes avec les Italiens de la Division Ariete, mais
lorsque Rommel mit son grain de… sable avec son formidable Afrika Korps, la
vraie guerre commença.
En juin 1942, ce fut un sauve-qui-peut général, une traversée du désert dans
tous les sens du terme. Mon camion de ravitaillement, grâce à une réserve de
fûts d’essence et d’eau, ne s’arrêta qu’à Helouan, dans la banlieue du Caire. Fin
octobre 1942, la 8e Armée, remise à neuf par Montgomery, avec des chars plus
modernes et une excellente artillerie fort nombreuse, une aviation maîtresse du
ciel égyptien, nous reprîmes l’offensive, pour ne nous arrêter qu’en Tunisie – en
mai 1943 – où l’Afrika Korps et les débris des fameuses armées mussoliniennes,
encerclées dans la presqu’île du Cap Bon, durent se rendre et sans conditions.
À cause des luttes intestines en Afrique du Nord, nous, les Forces Françaises
Libres, nous fûmes obligés d’aller en Libye et de retourner dans les sables près
de Tripoli. J’étais persuadé, lorsque les Forces Françaises du Maréchal Juin furent
ramenées des Marches de la Toscane vers le sud de l’Italie, et embarquées dans
les ports de Tarente, Bari, Brindisi et même des ports d’Afrique du Nord, j’étais
persuadé que nous allions débarquer sur les plages yougoslaves où, avec l’aide
de la guérilla de Tito, notre Corps expéditionnaire, fort de plus de trois cent mille
hommes, balaierait facilement les unités allemandes d’éclopés ramenés de
94
CHAPITRE I Prologues.,

Russie en de bien mauvaises conditions.


Si Tito leur infligeait des pertes importantes nous, nous pouvions arriver à
Vienne en moins d’un mois. Pendant ce temps-là, les Allemands, ne sachant plus
où donner de la tête, se replieraient rapidement derrière le Rhin, sur le front
français, feraient remonter vers le Nord les troupes de Grèce, malmenées et
harcelées par la résistance grecque. Les troupes débarquées en Normandie et
celles débarquées en Yougoslavie feraient rapidement leur jonction du côté de
Prague, ou même plus à l’Est et la guerre pouvait se terminer avant la Noël 1944.
Aussi, quels ne furent pas mon étonnement et ma déception, lorsque le 13 août
1944 au soir, le bateau sur lequel j’avais été embarqué avec le 1er bataillon de la
13e DBLE, cingla vers l’Ouest, le lendemain matin notre bateau filait plein Nord,
donc vers le midi de la France, quelque part entre Toulon et Nice pour y être –
facilement débarqués -.
Ma déception fut atténuée par le fait que j’allais enfin retrouver la France, mais
je ne comprenais pas…
Nous étions dans le vrai, mes camarades belges et anglais et moi-même,
lorsque « nos penseurs », les Kopp, Orwell et Edwards nous expliquaient – et avec
quelle clarté – lorsque nous combattions sur le front d’Aragon – que ce 18 juillet
1936 était le commencement de la Seconde Guerre mondiale.
SATHONAY
Le Dépôt Métropolitain des Régiments étrangers, DMRE, fut officiellement créé
le 2 septembre 1939. Il dépendait du DCRE (Dépôt Commun des Régiments
étrangers), une unité de la Légion étrangère créée le 13 octobre 1933 et
administrée par le 1er Régiment étranger d’infanterie.
Quotidiennement, les trains bondés d'engagés volontaires quittaient la gare de
Lyon, les emportant vers Sathonay où se trouvait le dépôt de la Légion étrangère,
première étape avant la prise de contact avec les autorités militaires. Ces
volontaires eurent à subir l'hiver rigoureux de 39-40. Le passage de la vie civile à
la vie militaire fut brutal. En guise de lit, c'était la paille dans les baraquements
et le réveil lourd et glacial qu'un « jus » réchauffait un peu. Rassemblement sur
rassemblement, appel sur appel, visite d'incorporation, photographie de face de
profil, numéro de Matricule, empreintes digitales, etc. Cependant le moral
baissait… Encadré par des légionnaires de carrière, l'accueil était plutôt froid. Civil
il y a peu de temps encore, le nouveau soldat se trouvait face à des « blédards »
qui ne ménageaient ni insultes ni paroles « vertes » à ce bleu, quel que soit son
âge, sa condition sociale, s'il était père de famille, petit commerçant ou grand
industriel.
95
CHAPITRE I Prologues.,

L'uniforme interdisait déjà toute remarque ou réplique et les engagés


volontaires se taisaient, car ils en verraient encore par la suite des « vertes et des
pas mûres » …
Aux premiers jours de la mobilisation, les premiers réservistes et E.V.D.G. furent
dirigés vers le Fort de Vancia, mais ses vieux murs ne pouvaient pas accueillir à la
fois les nouveaux arrivants, l'encadrement du dépôt et les officiers. Les
légionnaires se virent donc être cantonnés dans les villages environnants causant
la surprise de la population locale, car certains d'entre eux parlaient allemand !
Fin septembre, ces légionnaires quittèrent les environs du Fort pour être dirigés
à La Valbonne.
À cette époque transitaient également par Vancia les « cadres blancs » issus du
er
1 Régiment de Tirailleurs algériens versés à la Légion pour pallier le manque
d'officiers et sous-officiers quand serait formé le premier régiment de la série.
Après réorganisation, les nouveaux arrivants, réservistes et E.V.D.G., durent
tout d'abord transiter par le Camp de Sathonay pour y être immatriculés et
recevoir un masque à gaz. Puis ils prirent la direction du Fort de Vancia pour y
signer l'engagement et percevoir un uniforme, enfin ils furent conduits à La
Valbonne pour l’instruction et l'entraînement militaires.
Les légionnaires d'active arrivèrent quelques semaines après la déclaration de
la guerre directement à la gare de La Valbonne pour former le premier régiment
de la série : le 11e R.E.I. D'autres contingents arrivèrent début 1940 pour former
le second régiment : le 12e R.E.I.
Du point de vue de l'Intendance, tout manquait : le couchage, la nourriture, les
divers équipements, l'armement. Les uniformes furent récupérés dans différents
stocks ou prélevés sur d'autres unités métropolitaines. Avant de quitter le Fort de
Vancia, les légionnaires donnèrent leurs vieilles tenues aux nouveaux arrivants et
en perçurent une nouvelle avec un nouveau paquetage plus ou moins complet.
Les mêmes problèmes se posaient au Camp de La Valbonne, les premiers
arrivants quittaient les lieux pour cantonner dans les villages des environs afin de
laisser la place aux nouveaux.
L'apprentissage militaire qui devait se faire au camp se poursuivit dans les
villages où les légionnaires formèrent des Compagnies d'Instructions. Puis ne
transitèrent plus à La Valbonne, que les légionnaires retenus pour être formés
aux différentes spécialisations (armement, FM, mitrailleurs, mortiers, canons de
25 mm antichars, transmission, conduite d'engins) les autres, intégrant
directement les Compagnies d'Instruction.
Tout légionnaire passa théoriquement à l'école de tir au camp, mais
l'instruction resta très sommaire, car les instructeurs manquaient de matériels et
96
CHAPITRE I Prologues.,

de munitions d'entraînement. Cette instruction fut complétée sur les lieux de


cantonnement des Compagnies.
Cette organisation resta la même jusqu'en février 1940 où furent créées des
Compagnies de passages pour les futurs renforts pour le front. À Sathonay, le 11e
Régiment étranger d'Infanterie était formé le 6 novembre 1959 essentiellement
avec des Légionnaires d’active ou de réserve ; le 12e R.E.I. suivit le 25 février 1940,
plus hétéroclite et avec apport de 900 E.V.D.G. venant de Barcarès.
Enfin, le dépôt avait eu en charge de maintenir les effectifs d'une troisième
unité nouvellement formée : la 13e Demi-Brigade de Légion étrangère (13e
D.B.L.E.) créée le 20 février 1940 à Sidi Bel Abbès.
Mais les évènements de juin 1940 ne le permirent jamais. Le seul renfort
qu'envoya le dépôt fut pour le 11e R.E.I. après ses combats du Bois d'Inor et du
Neudant : 90 légionnaires équipés de tenues et équipements neufs modèle 1938.
LE CAMP DE BARCARÈS
La loi française ne permettait pas à un étranger de contacter un engagement
dans une unité de l’armée française. Aussi avait-on prévu un Centre mobilisateur
spécialisé, annexe du dépôt commun des Régiments étrangers de Sidi Bel Abbès,
dont il devait recevoir ses noyaux actifs, et basé au fort de Vantia près de Lyon. Il
commença par mettre sur pied le 11e Régiment d’Infanterie, puis le 12e et
compléta la 13e demi-brigade venue d’Afrique du Nord et qui fut envoyé en
Norvège. Mais il y eut un tel afflux de candidats à l’engagement que la création
d’un deuxième centre d’engagement et d’instruction s’avéra nécessaire. Créé un
mois après la déclaration de guerre, il prit le nom de « Dépôt Commun des
Régiments de Marche de Volontaire étrangers » (D.C.R.M.V.E.) et fut installé au
camp de Barcarès dans les Pyrénées-Orientales. Il reçut la mission de recruter,
former et instruire les 1er, 2e, 3e Régiments de Marche de Volontaires Étrangers
qui par la suite, et pour éviter toute confusion avec les régiments d’active et ceux
formés à Vantia prirent les numéros 21, 22 et 23. Un bataillon autonome destiné
à la Syrie fut aussi créé. À l’issue des combats, 13 Citations à l’ordre de l’armée
furent accordées dont 5 aux régiments étrangers, les 11e, 12e, R.E.I., le 22e
R.M.V.E. et la 13e Demi-brigade. Ainsi, à eux seuls 20 000 fantassins étrangers ont
glané à eux seuls le tiers des distinctions accordées à toute l’Infanterie
Barcarès (66) était alors un petit village sur la côte méditerranéenne. Doté en
temps de paix de tous les désavantages et aucun des avantages de la proximité
de l’Espagne, le village était un endroit de vacances à prix modiques pour la classe
moyenne française. Le témoignage de ces vacances résidait dans le petit
restaurant La Langouste qui Chante et dans un modeste petit hôtel, le seul

97
CHAPITRE I Prologues.,

bâtiment en dur du camp, nommé peu modestement Le Lido qui fut transformé
en casino pour les officiers.
Le camp de Barcarès, éloigné de ce misérable patelin de cinq ou six kilomètres,
se trouvait donc à dix-sept kilomètres au nord de Perpignan. Il était planté sur la
vaste étendue sablonneuse, appelée aussi le Lido, qui séparait l’étang de Barcarès
de la Méditerranée.
Le camp de Barcarès avait accueilli début 1938 les républicains rescapés de la
guerre d’Espagne. Les réfugiés républicains espagnols défaits y avaient construit
directement sur le sable des baraques Adrian. Les trois cents baraques en bois,
emblèmes du logement contraint, étaient rangées les unes à côté des autres. Les
alignements de ces baraques se faisaient le long d’une piste orientée sud-nord.
L’ensemble du camp ressemble plutôt à un camp de prisonniers ou de
concentration.
Les toits étaient recouverts de carton goudronné dont on fait les cabanes à
lapins. Ces cagnas mal isolées n’avaient pas de planchers, pas de tables, pas
d’armoires, pas de poêles. Elles n’offraient aux quarante hommes qui y logeaient
que des abris précaires. À part celui de petites fenêtres, l’éclairage n’existait pas.
On se servait de bougies. »
Témoignage de Pierre Abonyi, le 30 juillet 2010. « Le camp était composé de
baraques en bois en très mauvais état où logeaient au moins cent vingt
personnes. À l’intérieur, c’étaient des bat-flancs avec de la paille. Nous dormions
dans des sacs de couchage gris. Mais, au bout de quelques semaines, ceux-ci
avaient changé de couleur avec les déjections de puces. Ces baraquements ne
comportaient pas de fenêtres et n’étaient pas pourvus d’éclairage. Nous avons
dû installer l’électricité. Les cuisines n’avaient pratiquement pas de toits. Dès que
la Tramontane soufflait, le vent transportait le sable qui se mélangeait à notre
nourriture. Tout ce que nous mangions était rempli de sable. »
Les premiers engagés venant de l’extérieur du camp se présentèrent dès le
début d’octobre 1939. Ils avaient pris le train jusqu’à Rivesaltes. Des cars les
avaient amenés ensuite à Barcarès, puis au camp. Là, ils rejoignaient des
républicains espagnols logés dans des baraquements pourris, dépourvus de
l’hygiène et du confort les plus élémentaires.
En effet, rien n’avait changé au camp de Barcarès à l’arrivée des premiers
Volontaires. Les baraques construites en planches de bois sur le sable par les
Espagnols n’avaient toujours pas de planchers ni de planches.
On couchait sur la paille ; la paille provenait des réfugiés espagnols ; elle servait
de refuge à des milliers de punaises qui semblaient d'ailleurs s'entendre très bien
avec les poux de sable.
98
CHAPITRE I Prologues.,

Hans Habe dit avoir vu depuis de nombreux camps, y compris les camps de
réfugiés après la Deuxième Guerre mondiale, mais, comparés au « dépôt » qui
accueillit les Volontaires pour combattre pour la France, ils étaient tous des
paradis. Toujours pas de lit, ni même de semblant de lit. On couchait par terre, le
baraquement restait perpétuellement sale, on ne pouvait même pas exiger de
l'ordre, enfin c'était vraiment une honte.
Boris Holban, arrivé le 10 octobre à Barcarès, dressa un bilan désastreux des
lieux : les lits sont des sacs bourrés de paille posés sur de simples planches posées
à terre et envahis par les puces. L’extérieur des baraquements n’était pas mieux.
Aucun local sanitaire n’était disponible.
De-ci de-là se dressaient quelques fontaines rudimentaires dont les robinets en
plein vent distribuaient avec parcimonie une eau saumâtre. La saleté régnait
perpétuellement. Même l’hygiène la plus simplifiée posait des problèmes quasi
insolubles.
Les lavages à l’eau de mer n’empêchaient pas les invasions de puces dans les
matelas de céréales. Sans compter les punaises, poux, moustiques et autres
vermines qui les accompagnaient.
Les latrines étaient constituées d’une estrade en planches. Au-dessous
trônaient de gros bidons. Ils étaient vidés manuellement. On les transportait dans
des dépotoirs plus loin sur des brancards.
Alexandre Citrome est arrivé à Barcarès le 26 octobre 1939. Au début, toute
l’organisation du camp laissait toujours à désirer, ressemblant toujours
davantageà un camp de concentration qu'à une caserne. De vives protestations
et un début de révolte des engagés surgirent. Après trois semaines de grogne, ils
obtinrent finalement gain de cause. Un aménagement des lits et des locaux
s’effectua dans le cours du mois de novembre. De chaque côté du baraquement
et sur toute sa longueur, des planches furent fixées à une hauteur d'environ 60-
80 cm et séparées par une allée à même le sable.
Ces châlits de bois devaient faire office de couches à deux étages. Les paillasses
reposèrent au bout du compte sur ces assemblages de bois. Leprogrès de ne plus
coucher sur le sol réconforta les engagés. Les planches étaient nouvelles… On
dormait sur des planches de bois… Ils acquirent le sentiment de ressembler enfin
plus à une armée en campagne. C'était déjà bien mieux que de coucher par terre
avec nos paillasses pleines de puces, des puces en quantités incroyables, de ces
puces comme on en trouve dans les sables des bords de mer, et nous
commencions à ressembler à une armée en campagne.
En même temps, grâce à l’ingéniosité des républicains espagnols et pour le
plus grand bonheur des occupants, l'électricité fut également installée, (8
99
CHAPITRE I Prologues.,

décembre 1939, mais le soir les cables étaient rompus par la tempête...)
remplaçant les bougies malodorantes. Pendant du plafond, deux ou trois
ampoules dispensèrent une faible lumière.
L’évènement fut en buvant plus qu’à l’accoutumée pendant plusieurs jours le
vin rouge qui nous était servi quotidiennement dans des seaux remplis à ras bord
à chaque repas.
On manquait de couvertures, de matériel de couchage et de tout. Au début, il
n’y avait pas assez de gamelles pour tout le monde et la nourriture était précaire,
insuffisante et de mauvaise qualité. Il n’y avait pas de réfectoire. Trois fois par
jour, un vaste récipient était amené dans chaque baraque contenant un liquide
indéfinissable et, assises sur le bord de leurs lits, les recrues tendaient leurs boîtes
d’alu…, de grandes gamelles de prison. Le café noir était servi sans sucre. Le pain
s’accompagnait de camembert. Des sardines complétaient le tout. Le pain livré
cinq fois par semaine était si vert de moisissures que, même si les estomacs
grognaient, les Volontaires préféraient l’enterrer dans le sable. Deux fois par
semaine, il y avait du Singe, de la viande en boîte de métal datant de la Première
Guerre mondiale et qui méritait son nom.
Pourtant, il faut reconnaître qu’avec les protestations, cela s’améliora ; abonda
finalement une nourriture plus que satisfaisante et très saine, d’autant plus que
les Volontaires s’habituaient au changement de leurs conditions de vie. Deux
repas furent servis par jour.
Si les mets ne brillaient guère par la variété, ils étaient constitués cependant de
plats substantiels et toujours mangeables. Ils comprenaient des plats de viande
ainsi que des légumes tels des pommes de terre, des pois cassés ou des haricots
secs.
Ce n'était peut-être pas très varié, mais toujours mangeable et un bon dessert
achevait immanquablement le repas. Ils s’achevaient immanquablement par un
dessert potable. Seuls les plus délicats continuèrent d’estimer cet ordinaire
précaire et sa qualité mauvaise. Après la défaite, sous Vichy, la nourriture devint
bien plus médiocre dans les camps français. Toute une friperie pas très nette,
disparate et laissée pour compte par lesunités mobilisées était arrivée en vrac par
wagons entiers.
La première activité fut de trier, nettoyer et réparer pour que tout devienne à
peu près présentable. Les vêtements se limitaient à de vieux effets le plus souvent
bleu horizon, c'est-à-dire datant de la Première Guerre mondiale. Ils provenaient
des dépôts de différentes armes. Distribués au hasard, ils se déchiraient aux
moindres exercices. À l’intendance, personne ne dénichait d’uniforme complet à
sa taille. Il n’était pas rare de rencontrer un soldat bizarrement vêtu. Le pantalon
100
CHAPITRE I Prologues.,

kaki se trouvait régulièrement trop court ou trop long. Il détonnait avec la vareuse
azur, le calot ou le képi bleu foncé, voire le béret basque. Il était souvent suivi
d’un autre grotesque. Celui-là affichait à l’inverse culotte céruléenne et veste
grise. Il n’y avait pas de chaussures pour tous. Certains en portaient de pointures
trop larges ou trop étroites. D’autres devaient marcher en sabot.
Témoignage du Hongrois Pierre Abonyi, du 22e R.M.V.E. le 30 juillet 2010, se
souvenant de cette époque : « Nous n’avions aucune tenue identique. Pour ma
part, j’avais un pantalon de zouave, une veste de chasseur alpinSeuls le calot et
les bandes molletières étaient de couleur kaki. Pour finir, j’avais une capote bleu
horizon de la guerre 14-18. Quand j’ai eu ma première permission pour revenir à
Paris, la première chose que j’ai faite fut de m’habiller en civil, car j’avais honte
de cette tenue disparate. »
Le terrain sablonneux et une brise chaude arrivant du sud faisaient d’abord
penser à l’Afrique. Les moustiques pullulaient. En réalité, un climat
méditerranéen très rude couvre la région. La chaleur et la sécheresse de l’été y
frappent parfois insupportablement. Associée à un temps ensoleillé, y souffle
aussi un vent violent venant du nord-ouest, glacé et sec et qui s’accélère en
passant entre le Massif central et les Pyrénées, la tramontane. Elle se forme de
façon analogue à celle du mistral dont la force est due à l'étranglement et au
prodigieux couloir d'accélération rectiligne que constitue la vallée du Rhône.
Tandis que l’air chaud s’élève, le froid descend les montagnes. Établie aux mêmes
périodes que le mistral, la tramontane précède son sosie de quelques heures.
Enfin, elle s’arrête souvent avant lui. Elle dure plus de cent jours par année à des
vitesses allant jusqu’à cent vingt kilomètres à l’heure. Avant-guerre, dans le village
de pêcheurs de Port Barcarès, on ne rencontrait qu’un tourisme populaire bon
marché.
Les Volontaires arrivant se présentaient là aux portes de l’hiver. Un afflux
glacial les y réveillait bien avant l’aube. Heureusement, il y eut pour les
réconforter le petit déjeuner. »
Ilex Beller a décrit aussi le pénible hiver 1939-1940 au camp de Barcarès :« Une
longue nuit d’hiver 1939-1940, il fait froid, la “tramontane” se déchaîne sur le
sinistre camp dans la presqu’île couverte de sable. C’est un vent furieux qui
déracine les arbres et soulève les hommes en l’air. Des arbres, il n’y en a pas dans
le camp, alors le vent s’acharne sur le sable et la mer. Comme prises de peur, les
baraques s’enfoncent dans le sable et c’est à peine si on les voit.
L’hiver est plus dur cette année, même ici au Barcarès, près de la Méditerranée,
il gèle à pierre fendre, et la neige a envahi le camp. À l’intérieur des baraques, le
vent danse en soufflant, il amène la neige à travers les innombrables trous.
101
CHAPITRE I Prologues.,

Des deux côtés, tout le long des planches, les soldats volontaires d’origine
étrangère sont serrés les uns contre les autres sur la paille sous des couvertures
déchirées.
Il est six heures du matin. À l’entrée principale du camp, là où se terminent les
fils barbelés, se trouve le poste de garde. C’est une petite cabine en planche
devant laquelle se tient un soldat avec un fusil. Il est enveloppé de hardes et de
bandes jusqu’à la tête.
De la guérite sort un autre soldat habillé d’une espèce de burnous arabe ; de
ses plis sort une trompette. Il se met au garde-à-vous et commence à souffler
“Soldat lève-toi, soldat lève-toi”. Le vent disperse le son à travers le camp, et l’une
après l’autre, les baraques s’éclairent d’une faible lumière. La journée de travail
dans le camp du Barcarès a commencé. »
La première strophe de la chanson les puces de Barcarès était sur un air à la
mode :
Puces, puces, les puces barcaressiennes
Comme le sable au bord de la mer
Comme la neige aux sommets des Alpes
Leurs colonies sont innombrables
Elles constitueraient la plus grande armée du monde
Vents et sables, Puces et moustiques
Le voilà, le « bonheur barcaressien ».
(« Les puces de Barcarès », chanson de Jakob Gromb Kenig du 22e R.M.V.E.)
Il devint clair pour les Volontaires qu’ils étaient bien dans un camp de la Légion
étrangère. La musique jouait « Tiens, v'là du boudin ». À la seule différence que
les engagements avaient été signés pour la durée de la guerre (E.V.D.G), les
R.M.V.E. étaient entièrement bâtis selon les normes de la Légion étrangère.
Les gradés, du colonel en descendant jusqu’au plus bas sous-officier, tous ou
presque étaient d’anciens Légionnaires. Les Volontaires portaient le collet vert
avec la grenade à sept flammes de la Légion étrangère et un capot blanc sur leurs
képis. Ils chantaient « Voilà du boudin », le chant de la Légion et la discipline
correspondait exactement à ces règles.
La réalité, brutale, se chargea de dissiper les illusions d’Hans Habe d’être une élite
de la Légion. L’estampille était celle de la Légion étrangère, mais pas
l’entraînement. Celui qui avait choisi Barcarès comme centre d’entraînement
pour une guerre européenne ne pouvait être qu’un fou ou un saboteur.
Le fin sable méditerranéen était impropre aux exercices. Là où lequel le camp
était construit l’épaisseur du sable rendait impossible l’installation ne serait-ce
que d’une mitrailleuse en position et surtout il était hors de question d’y
102
CHAPITRE I Prologues.,

accomplir des marches, car on s’y enfonçait jusqu’aux genoux. Les exercices de tir
étaient aussi impraticables parce que la tramontane, un vent froid venant des
Pyrénées soufflait sur les sables à longueur de jour et de nuit et renversait les
cibles.
De plus, il n’y avait pratiquement pas d’armes. Pas plus 5 % des fantassins
avaient des « mousquetons », des fusils plus ou moins modernes, le reste avait
des fusils datant de 1891 à 1916. Hans Habe reçut un « Remington » long et effilé,
mais pesant huit kilos. Sa fermeture était rouillée si bien que la balle tombait, si
l'on ne tenait pas l'arme absolument à l’horizontale.
Fred Samuel du 22e R.M.V.E. a fait le tableau de cette misère :
— « Défendus à peine, contre les intempéries, il nous fallait aussi essuyer les
désagréments de chaque variation climatique. Lorsque la tramontane soufflait, le
sable nous cinglait le visage et s'immisçait dans les moindres recoins. Quand le
vent s'apaisait, c'était au tour des moustiques de nous harceler. Pourtant
personne n'aurait songé à se plaindre...
Dès mon arrivée au camp, j'eus la chance de rencontrer un capitaine que j'avais
recueilli un mois auparavant sur la route de Bordeaux. C'est ainsi qu'à ses côtés
je pris la direction de la Compagnie de Commandement en attendant l'arrivée des
officiers instructeurs. J'inscrivais les arrivants et formais Compagnies, Bataillons,
et jusqu'à former un Régiment tout entier.
Cette tâche avait l'avantage de m'occuper l'esprit. J'étais presque content de
me sentir utile. Les officiers arrivaient régulièrement, des volontaires en
provenance de régiments coloniaux ou autres, recrutés par circulaire pour venir
nous encadrer. On commença par nous confier des uniformes : équipements de
chasseurs alpins généralement de petite taille.
Ne trouvant pas de pantalon à mes mesures, j'improvisai un accoutrement dans
le ton. Je découpai mes pantalons sous le genou et nouai à la place les bandes
molletières que nous recevions. Je jugeai à ce bricolage que le métier
commençait à rentrer. Pour les chaussures, grâce à Dieu, j'étais parti avec une
paire excellente, ce qui m'évita de souffrir... »
Les conditions d’existence étaient tout aussi sévères pour les cadres que pour
la troupe. La pauvreté et l’indigence des équipements et de l’habillement
entraînaient un laisser-aller apparent qu’il fallait bien tolérer, comme un certain
débraillé bon enfant. La familiarité ne pouvait être évitée, car tout le monde se
retrouvait autour des mêmes robinets pour la toilette matinale. Le lieutenant
Brothier, un des rares officiers d’active se souvient que son ordonnance espagnole
l’appelait « papa » et que son arrivée dans les baraques, le matin, était saluée par
de joyeux « buenos dias papa » plutôt que par un réglementaire garde-à-vous ».
103
CHAPITRE I Prologues.,

Non portés sur la discipline formelle, les Espagnols n’en avaient pas moins une
solide expérience de la guerre. La décontraction était aussi de mises chez les Juifs
venant d’Europe centrale et dans l’armée d’Israël aussi la familiarité et le débraillé
sympathique feront un bon ménage avec le courage et une efficacité redoutable.
Extraits de l’article de Bernard Edinger paru dans Terre Magazine de l’armée de
Terre

Le poste de garde de Barcarès (Notre Volonté 1999) :


Ilex Beller rapporte un épisode de la vie au camp de Barcarès dans le numéro
20 (janvier-février-mars 2000) de Notre Volonté. « — Dans la baraque de Sroka ;
Sroka a été le premier à arriver dans cette baraque, c’est pourquoi les volontaires
juifs l’appellent “la baraque de Sroka”. Il s’y trouve depuis plusieurs semaines
déjà, mais il porte toujours des habits civils. Il possède seulement un calot
militaire et au lieu de l’appeler calot comme tout le monde, il l’appelle
“Pierichke” :
— “Chaim, tu n’as pas vu ma Pierichke”. Lorsque Sroka regarde dehors et voit le
temps qu’il fait, il dit :
— “Je n’irai pas secouer mes couvertures dehors aujourd’hui ; par un temps
pareil, c’est pécher de faire sortir même les puces”. À la distribution du café arrive
le sergent aux cheveux roux avec une bonne nouvelle.
Vu le mauvais temps, on ne fera pas d’exercice aujourd’hui, tout le monde reste
dans les baraques. On allume le petit poêle en tôle au milieu de la pièce et tout
le monde se rassemble autour. Les groupes se forment d’après les nationalités et
les langues. Les Espagnols sortent de quelque part les pommes de terre et ils les
104
CHAPITRE I Prologues.,

mettent à cuire pour tout le monde. En attendant, ils chantent des flamencos
nostalgiques qui les font languir à mourir. Le groupe juif se réunit autour de Sroka.
On se raconte des histoires, on discute politique. Sur un point, tout le monde est
d’accord : l’Allemagne hitlérienne doit être battue »
Shistler le petit cordonnier : Au Barcarès, on marche énormément. Les sables y
sont profonds et on a vite fait de mettre en pièces ses brodequins. Qui va les
réparer ? Dans tout le bataillon, on n’a trouvé qu’un seul cordonnier, un turc qui
se prénomme Jésus. Or on s’aperçoit vite que le Jésus n’a jamais été cordonnier,
mais tailleur. Alors on repart à la recherche d’un cordonnier. Il y en aurait un dans
la baraque de Srolek, le petit noiraud aux cheveux taillés en brosse.
Ceux qui l’ont connu à Paris se plaisent à dire “qu’il a des mains en or” et que
c’est lui qui faisait les plus belles chaussures de tout Belleville. Shistler est
taciturne et de plus têtu comme une mule… Allez-y, tuez-le… Lui refuse de réparer
nos chaussures. L’histoire est parvenue jusqu’aux oreilles du commandant qui ne
se déplace pas en personne et fait appeler “Shisterl”. Vous auriez dû le voir se
présenter au commandant…, raide comme un piquet et claquant les talons en
saluant “Mon commandant, sur les vingt-cinq ans que compte ma vie, j’en ai
passé quatorze dans des sous-sols humides et mal éclairés à faire et à réparer des
chaussures. Maintenant, c’est la guerre. Je me suis engagé pour me battre contre
les fascistes et je suis ici pour apprendre le métier de soldat et non pour taper des
clous dans les vieilles semelles…
Le commandant a tout de suite compris qu’il n’y avait rien à faire et le “Shistler”
a eu gain de cause. Shistler est très petit, mais c’est un très remarquable soldat.
L’instructeur n’a pas sitôt commencé à nous enseigne une pratique nouvelle que
lui l'a déjà comprise. C’est le meilleur tireur de la Compagnie, et il est capable de
démonter et remonter une mitraillette les yeux bandés.
La semaine passée, il a été nommé caporal et s’est aussitôt cousu deux pastilles
rouges sur l’épaule de sa vareuse. Son grand copain, c’est José, un Espagnol au
crâne rasé toujours souriant qui parle un français mélangé de l’espagnol. Lui aussi
est cordonnier de métier, peut-être est-ce pourquoi ils sont inséparables ?
Chaque soir après dîner, José dit à « Shistler » :
« Zapaterovenga ! ».
Ils mettent leurs capotes et s’en vont faire une longue tournée. Tous deux, assis
sur la carcasse d’une vieille barque de pêche retournée sur le sable, se gorgent
de la beauté du lieu. Le soleil se couche derrière les Pyrénées dont les cibles
neigeuses semblent comme du mercure. Les derniers rayons qui fusent
ruissellent sur les flots en larges rubans flamboyants… José fait un geste de la
main en désignant la mer :
105
CHAPITRE I Prologues.,

« Tu vois, Zapatero là-bas, à quelques heures de bateau, se trouve mon pays


natal un petit village près de Valencia. On y fait les deux récoltes par an. Il est au
bord de la mer et il y a des fleurs partout comme dans un jardin. Notre maison se
cache au milieu d’orangers… Là, ma mère pleure sur mon père que les fascistes
ont fusillé et sur moi qui me traîne ici dans des camps… »
Le ‘Shistler’ contemple les vagues de la mer et dit : « Jamais je n’aurais pu
imaginer que la nature pouvait être aussi belle ! Dire que j’ai passé le meilleur de
ma vie dans des sous-sols infects… que je me suis enfui de Pologne où la vie pour
un juif est insupportable. J’ai trouvé du travail et de la tranquillité en France et
voilà à présent qu’ils arrivent… Je dois me battre contre eux, car il n’y a pas de
place pour moi là où se trouvent des fascistes… »
Autre épisode de la vie au camp de Barcarès raconté par Édouard Arevian :
« La première affaire du triangle », Képi blanc numéro 490, mai 1989
L'affaire Pechiney-Triangle est un scandale politico-financier de la fin des
années 1980. Il s'agit d'une OPA faite par le groupe français Pechiney sur la
société américaine Triangle. Plusieurs personnalités politiques et du monde
desaffaires y ont écopé de peines de prison pour délit d’initié.
Edward Arevian né à Istanbul, Turquie, fils d’un agent de change fait ses études
à Paris dans la fin des années. Il quitte en 1939 la Turquie, sa famille et un métier
d’ingénieur électronicien et s’engage au 21e R.M.V.E. « pour partager avec le
peuple français les mauvais jours, puisque j’avais partagé avec lui tant de bons
moments. » À la fin du conflit, il monte une affaire d’éclairage, Fluorescence, dans
la banlieue de Clermont-Ferrand. Elle était florissante et comptait lorsqu’il se
retira, deux usines et six cents employés.
La première affaire du triangle, fin 1939 à Barcarès est humoristique et n’a pas
réveillé les foudres de la justice. Les volontaires sont arrivés au Barcarès où
l’ambiance est excellente. Ils apprennent le métier militaire. Un jour, vers midi, on
réunit la Compagnie au rapport : « Que tous ceux qui savent jouer de la musique
se fassent connaître. Il leur sera accordé une permission de trois jours pour aller
chercher leur instrument à leur domicile ! » « Moi, dit un soldat, je joue du
saxophone. » Le nom est noté en vue de l’établissement de la permission, « Je
joue du clairon, moi de la flûte, moi du violon. » Pour la première fois de ma vie,
je regrette d’avoir été un cancre en solfège et de ne pas avoir l’âme d’un musicien.
Soudain, j’ai un éclair de lucidité « Sergent, je suis musicien ! » « Quel
instrument ? » - « Le triangle ». Mon nom est inscrit sur la liste. Au baraquement,
c’est la franche rigolade, surtout lorsque j’avoue que je suis incapable de
différencier le la du sol. Quelques jours plus tard, matin de ma permission, je
débarque à Paris. Inutile de vous décrire la foire mémorable de ce séjour dans la
106
CHAPITRE I Prologues.,

capitale. Toutefois en farfelu organisé, je suis allé chez un commerçant de ma


connaissance, place Dancourt. Il fabriquait des saxophones. Je lui ai fait part de
ce que je désirais. Trois jours après, muni de mon triangle, je reprends le train en
direction de Perpignan. Le voyage de retour s’effectue dans un profond sommeil.
Ma première occasion de dormir depuis le début de ma permission à Paris ! La
section m’attendait avec curiosité.
Quelques jours plus tard, il y eut une réunion des musiciens dans une baraque,
dénommée pompeusement « salle de musique ». Il y avait beaucoup de monde.
Celui que je détectai comme le chef de musique avait probablement beaucoup
de talents. Cependant, Espagnol d’origine, son vocabulaire n’excédait pas une
dizaine de mots. Pour s’expliquer avec les musiciens, il disposait d’un adjoint,
également espagnol, ayant quelques notions de Français. L’interrogatoire était
assez laborieux, entre ce que l’on comprenait et ce que l’on croyait avoir compris.
Le candidat était invité à jouer quelques notes d’une partition. Après quoi, il
restait dans la baraque. Dans le cas contraire, il devait quitter les lieux, emportant
son instrument sous les bras. Vers l’heure de la soupe, compte tenu des
explications franco-espagnoles auxquelles s’ajoutait la difficulté de ceux qui ne
parlaient ni français ni espagnol (je crois qu’il y avait cinquante-deux nationalités
au 21e R.M.V.E.), nous fûmes convoqués pour le lendemain. La nuit fut quelque
peu agitée. J’avais fait une bêtise, je me demandais quel en serait le prix à payer.
Les musiciens se retrouvèrent exactement dans les mêmes conditions que la
veille. Beaucoup de palabres. Puis vint mon tour. Je n’ai pas souvenir de
l’importance qui était accordée à ma personne et à mon curieux instrument.
Quoique parlant l’espagnol, je pense que, vu la situation ambiguë, il était
préférable de ne pas « ramener ma fraise ». De surcroît, alors que je parlais
couramment le français, je fis semblant de manier cette langue avec difficulté.
Bref, j’essayais de mettre le plus d’atouts de mon côté afin de me réserver une
éventuelle porte de sortie.
Après une conversation, à l’aide du traducteur, qui traduisait ce qu’il voulait,
faute de comprendre ce que je lui disais (je ne lui facilitais guère le travail), il fut
convenu qu’aucun essai pratique ne pouvant avoir lieu en solo avec un triangle,
je participerais à l’audition générale, lors d’une prochaine réunion. Ce jour-là vint,
hélas… Avez-vous remarqué combien les évènements que l’on désire retarder se
précipitent vers vous avec une rapidité déconcertante ? Le chef de ce qui allait
devenir une excellente clique avait sa mine des grands jours. Le traducteur qui ne
traduisait pas grand-chose était là. Je crois qu’il avait trouvé une bonne planque
pour échapper aux corvées. Des partitions furent distribuées. Pour ma part,
j’arborais un air entendu. J’acquiesçais aux réflexions des uns et des autres. Dame,
107
CHAPITRE I Prologues.,

on était entre musiciens ! Je me trouvais justement à côté d’un jeune architecte


hongrois, qui jouait du violon. Il était de ma Compagnie, même section. J’avais un
jour, dans la chambre, fauché son archet. Je l’avais planqué. Le pauvre garçon le
cherchait partout, suppliait qu’on arrête cette blague idiote et qu’on le lui rendît.
Je n’avais rien trouvé de mieux que de raconter qu’on avait perdu l’archet
d’ARCHIE.
Cela faisait rire les copains, pas du tout notre pauvre architecte. Revenons aux
choses sérieuses. Le chef de la clique prit un tour de commandement que je ne
lui connaissais pas. Cela ne correspondait pas, en effet, à ma conception du
musicien, dont je faisais, dans mon imagination, un personnage doux et calme.
J’entendis enfin « Losse tamboursses y losse claironesse a drots », « Losse
trombosses y todosse losse ostrosse a gausse. » Prudemment, je restai au milieu.
Puis, solennel, il tonna « A moné mandématé gardebou. »
Je n’en croyais pas mes oreilles. C’était de la musique, de la bonne musique,
grâce au langage international de cet art. J’ai toujours eu un faible pour la
musique militaire. Je fus tiré de ma rêverie, la musique s’était soudain arrêtée de
jouer. Je regardai le chef. C‘est moi qu’il regardait « Alors que faites-vous ? » je
balbutiai quelques mots dont j’accentuai l’incohérence. Nous recommençâmes
tout à cause de moi, n’ayant aucune idée du moment où la musique s’était
arrêtée. Je guettai ce que je croyais être l’instance propice. Je me décidai à taper
un grand coup dans le triangle. Catastrophe, la musique s’arrêta sur un signe du
chef. Il vint vers moi, me prit par le bras et me conduisit vers la sortie. Puis il ferma
la porte soigneusement. Probablement de crainte que je revienne.
L’ATTITUDE ENVERS LES JUIFS N’ÉTAIT PAS DES PLUS AMICALES.
Sur une population juive d’origine étrangère de 160 000 âmes, on estime que
plus de 20 000 hommes se précipitèrent dans les bureaux de recrutement pour
se battre fièrement sous le drapeau français, selon Claude Bochunberg. Comme
les Espagnols, les Juifs sont suspectés d'avoir des sympathies pour la gauche,
d'être des « fouilleurs de boues », le récit de Charles Ser précédemment cité n’en
est qu’un exemple, comme le suivant :
Le peintre Ilex Beller (1914-2005) du 22e R.M.V.E et qui auparavant avait
participé à la guerre d’Espagne (voire biographie dans Internert) a écrit ainsi ceci
dans « Notre Volonté » d’avril septembre 1999 page 6 : « Sur les trois régiments
formés à Barcarès auxquels j’ai moi-même été affecté, sur les dix mille volontaires
présents, la moitié, soit 5 000 étaient juifs. Malgré la sympathie manifeste de
nombreux officiers à notre égard, je n’irai pas jusqu’à affirmer que tous les
fonctionnaires et militaires du ministère de la guerre nous ont accueillis avec
bienveillance. J’imagine que parmi ces derniers se trouvaient les futurs
108
CHAPITRE I Prologues.,

collaborateurs de Vichy mécontents de voir que tant de Juifs venaient s’engager


volontairement. C’est probablement le fait de ces mêmes hommes si, après avoir
été incorporés, nous avons été envoyés sur cette presqu’île déserte près du
village de Barcarès dans les Pyrénées-Orientales. »
Le lieutenant Perrott-White recommande d’éviter les Juifs (French
légionnaire par Alfred Perrott-White, 1951 et 1953). Beaucoup sont
communistes, ils lisent tout le temps les journaux, anxieux d'y trouver une
indication de la fin rapide de la guerre et de la victoire sur le nazisme et le
fascisme, tiennent des réunions et publient même un bulletin polycopié. Bien
évidemment, de telles activités sapent toute tentative de créer un esprit de
régiment. Cependant, le jour où un adjudant juif recherche les noms des
meneurs, même les juifs non communistes refusent de collaborer et de jouer le
rôle d'indicateur. En évaluant la troupe, le dernier grief adressé aux Juifs est qu'ils
pourraient constituer trois quarts de la troupe.
Le capitaine Pierre-Olivier Lapie fut avec Pierre Cot, Henri de Kerillis, un des
rares parlementaires à se mettre à la disposition du Général de Gaulle en 1940 Il
fut alors le seul socialiste et de Gaulle fit valoir son ralliement lorsqu'il négocia
l'accord du 7 août 1940 qui fixait les relations de la France libre avec le
gouvernement britannique.
Commandant la treizième brigade, Pierre-Olivier Lapie traita sa demi-brigade
de « troupe d’intellectuels » parce qu’elle comprenait une grande proportion de
Juifs. Il rapporta que ses soldats étaient excellents en études, démarches, calculs,
mais détestables à l’entraînement, à la marche, aux besognes fatigantes.
Notons au passage que le cagoulard de Gaulle était heureux d'obtenir l'appui
de gauchistes pour assurer sa légitimité et ajoutons ici le cas du cégétiste
Christian Pineau fondateur du mouvement Libération-Nord :
À Pineau qui demandait à De Gaulle un message pour les Français, celui-ci
proposait un message accablant la 3e République et non Pétain ; Pineau n'obtint
le message condamnant Vichy et unissant de Gaulle en quelque sorte à la
résistance avant Jean Moulin qu'au pied de son Lysander le ramenant en France.
Ces opinions étaient présentes jusque chez les plus hauts gradés de la
hiérarchie de la Légion et finalement elles influencèrent ultimement les politiques
d’engagement. Dans l’article du Général Bernard Jean sur la Légion étrangère en
Argonne en juin 1940 (21e R.M.V.E., revue Horizon d’Argonne) se trouve cette
lapalissade venant peut-être de Lapie : « Certains bourgeois et intellectuels
citadins pouvaient manquer au départ d’aptitude physique, de rusticité, de sens
guerrier du terrain et même… de discipline. » Certes cela est vrai, mais il y a aussi
l’envers du décor : parfois l’intellectuel en voyant la médiocrité de ses supérieurs
109
CHAPITRE I Prologues.,

était tenté de se révolter et dire : « Je n’aime pas être commandé par des cons ».
La riposte était immédiate bien sûr :« À moi la garde ! », et le gnouf suivait…
Dans les régiments ficelles, les élites ne manquaient pas et les cadres étaient
divers.
Le 10 janvier 1940, la direction de la Légion établit des ordres secrets : La
Légion régulière devait maintenant refuser d’engager des Juifs sous divers
prétextes ; elle pouvait recruter dans les R.M.V.E. qui elle voulait sauf des Juifs.
Un rapport du 10 février 1940 confirmait catégoriquement que la Légion ne
voulait plus de Juifs dans ses rangs.
En février, le Général Charles Noguès répercuta l’ordre de tenir les candidats
juifs hors de la Légion régulière. 900 Juifs devaient être transférés de la Légion
aux R.M.V.E. avec une centaine de non-juifs, ces derniers étant choisis parmi les
moins bons éléments.
Les Juifs polonais ne voulaient pas rejoindre l’armée polonaise formée en
France : Extrait d'un témoignage de Henri Kobrinek paru dans le « Combattant
volontaire juif 1939 -1945 » édité à l’occasion du 25e anniversaire de l’U.E.V.A.C.J.
— « Nous voulons combattre dans l’armée française. » En 1939, après la
pénétration le 16 mars de l’armée hitlérienne en Tchécoslovaquie, beaucoup de
juifs d’origine étrangère firent une demande d’engagement en cas de guerre
éventuelle. C’est ainsi qu’au mois de juillet 1939, je fus convoqué pour le 1er
septembre au camp d'Auvour (Sarthe) pour une période de 3 mois dans l'armée
française au titre d'étranger. Dans ce camp, nous trouvâmes d'autres hommes de
diverses nationalités ; deux jours après le 1er septembre, la guerre éclatait...
À la fin de septembre pendant le rapport, l'adjudant appela les soldats aux
noms spécifiquement juifs ou se terminant par « ski » qui devaient rester sur
place. Quant aux autres, ils devaient rentrer dans leur cantonnement. Nous
restâmes environ 120 hommes. Nous vîmes bientôt arriver le Lieutenant-colonel
commandant du camp. En détail, il nous parla de la défaite de l'armée polonaise
et dit que l'autorité militaire avait trouvé juste de nous honorer comme noyau de
la future armée polonaise en France et que le soir même nous allions être dirigés
dans un autre camp. Le soir, réunis dans nos chambres, nous décidâmes, à la
quasi-unanimité (il y avait parmi nous des non-juifs) de refuser d'aller dans un
autre camp.
Nous avions fait un engagement dans l'armée française et nous estimions
n'avoir pas à être versés dans une autre armée, même du pays d'origine. En signe
de protestation, nous refusâmes le repas de midi et nous envoyâmes une
délégation chez le commandant de la place.
Au bureau, un capitaine, après nous avoir entendus, nous expliqua gentiment
110
CHAPITRE I Prologues.,

qu'à l'armée, il n'existait pas d'explications « collectives » et que c'était


individuellement qu'on devait demander le rapport du colonel. À son retour,
notre délégation soumit à nos camarades le conseil du capitaine...
En quelques instants, tous sans exception portèrent leur rapport au bureau du
colonel... Et, une estafette venait nous aviser que l'un des capitaines nous
demandait que dans chaque chambre soit désigné un homme pour expliquer
notre mécontentement...
Nous expliquâmes que juifs d'origine polonaise nous avions subi des
persécutions économiques, morales et physiques et que la France avait bien
voulu nous accueillir, qu'en reconnaissance de l'hospitalité française, nous
voulions servir sous le drapeau français... Au son du clairon, on nous fit nous
rassembler sur la place. Le commandant, entouré de tous ses officiers de son état-
major, prit la parole et dit :
« L'autorité militaire croyait bien faire, mais après avoir entendu vos griefs elle
comprend vos doléances. »
Il ajouta toutefois qu'un ordre ne se discutait pas, et que nous devions partir
vers 11 heures du soir, nous prîmes le train pour une destination inconnue.
Nourriture et boissons en abondance, et dans les gares, la Croix-Rouge française
qui nous distribuait des boissons chaudes...
Le lendemain, nous arrivâmes à Rennes et de là, nous prîmes le train de
Coëtquidan (Morbihan). Ces casernes de Coëtquidan n'étaient pas comparables
à celle du camp d'Auvours. Quelques bottes de paille en guise de lit... Vers 10
heures, nous vîmes approcher tout un état-major avec colonel en tête...
Le colonel s'adressa à nous : « Soyez les bienvenus dans l'armée française. Du
fait que vous portez l'uniforme français, vous êtes considérés comme Français ; si
quelques-uns d'entre vous ne s'expriment pas correctement en français, qu'ils
disent être Alsaciens. »
Et il ajouta :
« J'ai reçu un message du colonel du camp d'Auvours qui me dit que vous êtes
de très bons éléments disciplinés et travailleurs ; ici, vous êtes affectés au 23e
Régiment de Train » ...
Quelques jours plus tard pendant le rapport de la Compagnie, nous apprîmes
qu'un représentant de l'armée polonaise désirait nous parler. Effectivement, un
après-midi, accompagné de plusieurs officiers polonais et de quelques officiers
français, un commandant polonais nous fit un discours en langue polonaise,
malgré la présence du commandant de la place et bien que quelques-uns parmi
nous, ne comprissent pas cette langue.
Il nous invita à changer d'avis, disant que nous devrions rester à Coëtquidan,
111
CHAPITRE I Prologues.,

qu'ici se formait le noyau de l'armée polonaise.


Notre réponse unanime fut d'opter pour la France... Au bout de quelques jours,
le commandant polonais revint pour nous demander si nous avions changé d'avis.
Nous lui fîmes comprendre que nous n'étions pas contre la Pologne, mais que
notre décision était irrévocable, nous voulions servir sous le drapeau français. En
même temps, l’état-major de la Légion fit les meilleurs efforts pour intégrer les
Juifs dans les R.M.V.E. ; quoiqu’incorporés dans le cadre de la Légion, ces
régiments reçurent leur propre structure de commandement et les règles étaient
différentes pour le personnel. Pour encourager les étrangers à s’engager dans les
R.M.V.E., le gouvernement accorda des dispenses spéciales, telles que
l’exemption du port de la carte d’identité d’étranger, l’extension gratuite des
permis de résidence et l’amnistie temporaire pour l’expulsion et la déportation.
(The french defeat of 1940 par Joe Blatt.)
Pour les convaincre, l’administration française avait créé par un décret du 27
mai 1939 les R.M.V.E. qui permettaient un engagement dans la Légion pour la
durée de la guerre seulement (au lieu des cinq années réglementaires). Les
R.M.V.E. se trouvèrent formés par des républicains espagnols, par des Juifs
d’Europe centrale et par des Juifs polonais qui avaient refusé d’entrer dans
l’armée polonaise, l’antisémitisme y étant virulent.
Il est difficile de faire dans ces décisions la part de l’antisémitisme.
Pourtant, Hans Habe qui servit au 21e R.M.V.E. raconte dans son livre (« Ob
tausend fallen » ou « A Thousand Shall Fall ») que le commandant la 35e D.I., le
Général Louis Decharme, conclut simplement en apprenant la perte de 500
soldats dans la bataille de Sainte-Menehould :
— « 500 Juifs de moins. »
Le Colonel Paul Debuissy (né en 1887) commandant le 21e R.M.V.E. dut rappeler
au Général Decharme (né en 1881) qu’il ne s’agissait pas que de Juifs.
Hans Habe rapporte aussi ce que le colonel Debuissy lui avait rapporté à Noirval
sur le Général Decharme :
— Le Général ; le Général a dit que chaque étranger de moins est une bouche
de moins à nourrir.
Le 14e R.I. de la 36e Division côtoyait au Chesne-Populeux le 21e R.M.V.E.
Lors du récit (cf., bibliographie) du capitaine Raymond, le chef du II/14e R.I., il
est rapporté qu’à la 36e Division le lieutenant-colonel Maurice Barthe qui
commandait l’infanterie de la Division étant politiquement marqué par sa
proximité avec les milieux socialistes était détesté d’une partie des cadres de la
Division, les cadres de l’armée étant traditionnellement à droite.
Raymond lui-même ne semble pas avoir trop apprécié son supérieur Barthe ni
112
CHAPITRE I Prologues.,

Léon Sinaï, le chef de corps du 57e R.I., qu’il accuse d’avoir utilisé « comme carte
de visite » les renforts du 14e R.I. au 57e R.I. dans la bataille de Voncq ni le 21e
R.M.V.E. qu’il accuse de déplacements imprévisibles.
Il n’est pas étonnant qu’après la défaite de nombreux officiers se soient
retrouvés dans le camp vichyste antisémite et favorable à Hitler.
Le racisme méprisant de ces officiers envers les Juifs représente une tare
obscurantiste inexcusable. Les Juifs offraient une capacité de dévouement,
d’abnégation et de ténacité remarquables comme en témoigne bien d’autres
récits.
Le sort réservé par Vichy aux Juifs de France et d’Algérie est accablant pour des
cerveaux encore inaptes à la compréhension de l’affaire Dreyfus. Les
Républicains espagnols n’étaient guère mieux vus.
Malgré leur hétérogénéité, démocrates républicains, catalans autonomistes,
anarchistes, communistes, ils étaient vus erronément seulement comme des
« Rojos », c’est-à-dire des communistes. L’attitude envers les Espagnols se
manifeste dans les écrits en janvier 1940 de l'adjudant-chef Mazzoni écrit du
camp d'instruction du Barcarès : « si leurs antécédents militaires pouvaient
laisser douter de leur loyalisme, il semble au contraire se révéler comme de très
bons éléments et on peut affirmer que bien encadrés, ces engagés fourniraient
de très bons combattants ».
Ainsi, en dehors des 617 réfugiés espagnols qui s’étaient malgré tout engagés
dans la Légion étrangère et qui furent envoyés à l’entraînement à Sidi Bel Abbès,
il y eut, dès février 1940, 2708 Espagnols enrôlés dans les R.M.V.E.
Le courage et la ténacité de ces régiments de volontaires étrangers
compensèrent ce qu’ils manquèrent en formation et matériel ; ils le
compensèrent en courage et ténacité. Tandis que le slogan de l’armée française
était « sauf qui peut », les Juifs et les Espagnols savaient pourquoi ils se battaient.
Les Arméniens avaient les mêmes qualités.
Les régiments étrangers attirèrent comme un aimant ces Arméniens soucieux
d’en découdre au plus vite avec les ennemis de leur seconde Patrie. C’est par
exemple le cas du sous-lieutenant Hughes de Bagratide d’Arekine qui fit l’École
spéciale militaire de Saint-Cyr de 1923 à 1927 (promotion Chevalier Bayard) et
qui s’engagera au 21e R.M.V.E. à plus de cinquante ans ! Les Arméniens
prisonniers refusèrent de se rallier à la Wehrmacht.
Des sources officieuses d’après-guerre portent les pertes du 21e R.M.V.E. le 21
juin 1940 à 80 % de l’effectif. ; 40 à 50 % des officiers et 50 à 60 % des effectifs
paraissent être des chiffres plus justes.
Nous avons le dernier décompte fait le 30 juin 1940 pour les 169 hommes de sa
113
CHAPITRE I Prologues.,

Compagnie, la 10e, présents au départ de Mommenheim, par le capitaine


Duvernay :
Tués 4
Évacués blessés et autres : 30
Disparus. Manquants 35
Prisonniers 63
Restant en ligne le jour de l’Armistice 53/186
Nous avons aussi le relevé du sergent Louis Boulard en ce qui concerne la 5e
Compagnie :
Lorsque le 8 juillet 1940 ils franchissent, prisonniers les portes de la caserne
Lizé à Montigny-lès-Metz, la 5e Compagnie était réduite à 40hommes dont 35
soldats, 5 sous-officiers, et aucun officier. La 9e Cie (Modéna) est réduite è 77
hommes.
Selon notre liste alphabétique (tableau en fin de volume), les « morts durant la
guerre » (tués ou morts de maladies, résistants, prisonniers, déportés) dépassent
les 420 (1er juillet 2019) et sans doute de beaucoup, bien des parcours demeurant
inconnus.
L’ORGANISATION MILITAIRE. AU BARCARÈS
Soixante-quinze pour cent de l’effectif ignoraient la langue française.
Chaque soir, les sections et les Compagnies étaient rassemblées pour le
rapport. Une pagaille indescriptible régnait. La confusion demeurait complète.
Spectacle plus désolant ne pouvait se concevoir.
Les R.M.V.E. appartenaient pour ainsi dire de droit à la Légion étrangère.
Étaient de mise et le port du képi blanc et le chant « Tiens, voilà du boudin ».
En réalité, ils s’apparentaient plutôt à une troupe de partisans en débandade.
Leur dénuement leur valut le nom dérisoire de régiments ficelles.
L’appellation provenant de radio Stuttgart. Les R.M.V.E. se surnommèrent eux-
mêmes « l’armée du Négus ».
Les bandes de toiles des masques à gaz remplaçaient les courroies à fusil. La
toile de sac rouge roulée et portée en bandoulière servait de havresac.
Au début, l’armement se composa uniquement de fusils, la plupart archaïques.
De vieux Lebels de la Première Guerre et même de vieux Remington suppléaient
le manque de Mas 36 et de mousquetons. Ils étaient attachés souvent avec des
ficelles faute de bretelles de cuir.
Seuls un individu saboteur ou un fou pouvaient avoir choisi Le Barcarès comme
camp militaire préparatoire à la guerre. Le sable y empêchait toute marche ou
manœuvre.
On s’enfonçait si facilement dans le sable que l’entraînement était impossible
114
CHAPITRE I Prologues.,

On n’effectuait guère que des marches interminables et épuisantes comme


pour la parade.
À Barcarès, les cours théoriques étaient exclus par impossibilité de se
comprendre. Le plus gros du travail consistait en la manipulation des fusils.
Personne ne pratiquait le tir même d’une seule cartouche. Les armes manquaient
encore. Elles rassemblaient le résidu de tous les rebuts de l’armée. Elles étaient
composées de pièces aussi disparates que les langues et les uniformes. Avec le
temps, l’entraînement devint plus sérieux. Un temps, un seul canon de 25 servit
pour toutes les unités.
Les progrès s’avérèrent lents. Fin mars 1940, avec l’arrivée des uniformes gris,
les tenues kaki permirent une allure uniforme. Les Volontaires se sentirent enfin
faisant partie de l’armée. Sans que ce fût à profusion, le matériel et l’armement
commencèrent à arriver, armes automatiques et mortiers, canons antichars et
mitrailleuses antiaériennes ; alors une véritable instruction put être entreprise.
L’étonnante qualité intellectuelle de beaucoup d’engagés associée à
l’expérience sur le tas des Espagnols permit la formation accélérée de pelotons.
À force de patience, un semblant de hiérarchie fut établi. Des grades
« fonctionnaires » équivalents furent distribués.
La préférence allait à ceux qui parlaient français. La possession de quelques
notions militaires acquises dans d’autres armées représentait aussi un atout.
Lorsqu’une Compagnie disposait d’un lieutenant, d’un sergent et d’un caporal,
elle se sentait choyée.
Les rares cadres connaissaient mal leurs hommes à cause des mutations
continuelles. Les groupes étaient dépourvus d’homogénéité. Par exemple, trois
Hongrois côtoyaient neuf jouvenceaux espagnols et un Portugais
Les chants y représentaient l’unique divertissement. À côté de la chanson "Les
puces de Barcarès", la préférence allait aux musiques de la Légion étrangère. Boris
Holban raconte que le divertissement par excellence pendant ces marches
interminables, c’était de chanter de préférence, les chansons de la Légion
étrangère.
On lui réserva à lui « le Cosaque », la partie « solo ». Il avait la voix nostalgique,
en pensant à son père, le soliste de sa chorale familiale. Un couplet qui
accompagnait souvent les marches lui est revenu à la mémoire :
Solo : Et nous avons des caporaux.
Chœur : Oui, nous avons des caporaux.
Solo : Qui ont des pieds comme des chameaux
Chœur : Qui ont des pieds comme des chameaux
Solo : Tous les matins, ils marchent
115
CHAPITRE I Prologues.,

Pas les chameaux, mais les caporaux.


Tous les matins, ils marchent.
Avec leur sac au dos.
Refrain : Marche, marche, marche
Joyeux bataillon.
Bataillon qui marche,
Au son de la musique
Marche, marche, marche
Joyeux bataillon
Bataillon qui marche
Au son de nos clairons.
Solo : Et nous avons un p’tit sergent.
Choeur : Oui, nous avons un p’tit sergent
Solo : Qui siffle comme un merle blanc…
Et ainsi de suite, avec un couplet et un refrain pour toute la hiérarchie jusqu’au
colonel.
On s’amusait, on rigolait ensemble avec les gradés visés, on oubliait la
fatigue. Les airs de la Légion n’avaient pas toutefois l’exclusivité. On chantait
notamment « Les puces de Barcarès », chanson de Jakob Gromb Kenig du 22e
R.M.V.E. Au café du village, « La Langouste qui Chante », fréquenté le soir par bien
des Légionnaires, on entendait des chants d’Andalousie et des mélodies russes.
La musique du régiment composée uniquement de républicains espagnols
portait les couleurs de la Légion et le régiment célébra le 30 avril 1940 Camerone
du 30 avril 1863.
Le Neuchâtelois communiste Reynold Thiel qui avait participé à la guerre
d’Espagne dans les Brigades internationales s’engagea à Paris dès l’assaut
allemand contre la Pologne le 1er septembre 1939. Il s’était engagé suivant le mot
d’ordre du parti communiste :
Il fallait apprendre le métier des armes en vue de la lutte qui se préparait en
France. Thiel boitait depuis une blessure à un genou en Espagne ; sa grande taille,
il mesurait un mètre quatre-vingt-dix, lui vaudra le surnom de « Double Mètre » ;
il avait étudié le piano. Debuissy lui demanda de former une musique pour le
régiment. Reynold Thiel fit jouer ses relations. D’abord, il convainquit Edwige
Feuillère d’être la marraine du régiment. À Noël, tous les soldats reçurent un
cadeau de la comédienne.
Pour la musique, il fallait des instruments, qui coûtaient cher. Thiel obtint un
don généreux de l’héritière des grands magasins Macy’s, à New York. Comment
fit-il ? Quel rapport y a-t-il entre la millionnaire américaine et ce jeune Suisse
116
CHAPITRE I Prologues.,

qui n’a jamais traversé l’Atlantique ?


Noël Field, le diplomate américain de la Société des Nations était un quaker
que Reynold avait connu à Perpignan. Field aidait les rescapés d’Espagne ; par
penchant politique, il aidait surtout les camarades. Noel Field était un Américain
qui grandit en Suisse et qui, en 1949, disparut derrière le rideau de fer. Dans le
but d’effectuer des purges [Rajk, etc.,], Staline l’accusa de contre-espionnage aux
services des Américains.
Field devint une figure-clé des procès staliniens. Toute sa famille tomba dans le
même piège. Après sa libération, Field décida, apparemment de son plein gré, de
rester en Hongrie et de déclarer sa foi dans le communisme. Son testament final,
rédigé à Budapest et publié dans un journal politique américain, a été intitulé
« Hitching Our Wagon to a Star ». Field décédera en 1972. Quant à Thiel,
démobilisé en avril 1940, il apprend à Paris qu’un mandat d’arrêt a été lancé
contre lui par la police de Vichy. Il change de nom, prétendant avoir perdu son
passeport dans l’exode. Pour un temps, il s’appellera Raymond Thirel. Il quitte
Paris. Il a trouvé un emploi dans son premier métier, la couture. Sa carrière
d’espion communiste s’achèvera dans un accident d’avion en 1963.
La musique du 21e rappelle une autre anecdote au Turc Édouard Arevian, récit
intitulé « Une musique de cheval » et paru dans Képi blanc numéro 490, mai
1989. :
Le commandant Fagard, chef du 2e bataillon, a été gratifié d’un cheval dont le
moins qu’on puisse dire est qu’il ne correspond pas à l’image du cheval d’un
officier de Légion. C’est un énorme bourrin de labour, me faisant penser au
rejeton d’un croisement accidentel entre une jument et un hippopotame.
Il avait le ventre tellement rebondi que le pauvre commandant n’arrivait pas à
descendre ses jambes à l’emplacement normal. Juché sur le dos de cette bête, il
semblait placé sur la crête d’une petite colline. On me fit savoir un jour que
l’honneur me revenait d'être le porte-fanion du bataillon. On me flanqua de deux
soldats. Un à droite, l’autre à gauche. Le trio fit quelques exercices « à vide » pour
s’habituer à défiler dignement. Tout semblait aller pour le mieux. Un jour, je ne
me souviens plus à quelle occasion, il y a eu un défilé. Pas un instant, je n’ai pensé
que je me dirigeais vers une situation catastrophique en toute inconscience. Je
me trouvai en effet avec mon fanion dans l’axe du cheval, à quelques pas. Nous
commençâmes à défiler ; fatalement, mes yeux se portèrent sur le cheval. Il
n’avait pas, hélas, l’allure d’un pur-sang, plutôt d’un vieux danseur de rumba. Où
les choses se gâtèrent, c’est quand la musique se mit à jouer. Alors, à ma grande
satisfaction, ce satané cheval fut pris d’une envie soudaine de faire ses besoins.
Et quels besoins ! En concordance avec sa corpulence et son appétit vorace. Pour
117
CHAPITRE I Prologues.,

éviter de marcher dedans, je fus obligé de faire du zigzag, perturbant


sérieusement une allure censée être plutôt empreinte de dignité. Mes deux
camarades héritaient, bien entendu, d’une bonne part d’éclaboussures.
Après le défilé, nous sommes rentrés en toute hâte changer et nettoyer nos
brodequins. Avec l’optimisme de la jeunesse, nous pensions que c’était un
malheureux hasard qui avait fait coïncider le défilé et les besoins urgents du
cheval. Que nenni ! Nous avons dû bien vite déchanter. Dès le défilé suivant et
aussitôt que la musique entama ses premières notes, ce fut pour moi et mes deux
camarades l’enfer afin d’essayer d’éviter les énormes crottins dont il nous
gratifia. C’était foutu pour le pas cadencé et l’œil fixé à l’horizon. J’étais trop
occupé à fixer l’arrière-train de l’animal, qui semblait disposer de réserves
inépuisables.
Les malheurs de la garde d’honneur prirent fin, grâce au Ciel, avec notre arrivée
à Minversheim (1er bataillon). Le cheval, à notre grande satisfaction, disparut de
la panoplie. On ne le revit jamais. Je me suis toujours demandé si son
comportement, pour le moins bizarre, était dû au fait qu’il aimait trop la musique
ou si c’était parce qu’il la détestait. À ce jour, ceci reste encore, pour moi, une
énigme.
La vie quotidienne se déroulait plutôt monotone.
Après le repas et même après l’extinction des feux, le soir représentait le plus
intéressant moment. De petits groupes se formaient autour des tables devant les
couchettes et selon les affinités.
Pour le plus clair, ils passaient les soirées à discuter sur tous les sujets. Ils
critiquaient le monde, la France, les évènements de partout. Les plus intellectuels
s’égaraient dans les Arts, surtout la littérature, la poésie et le théâtre. Quand ils
étaient fatigués de bavarder, ils entamaient une partie de bridge. Les opinions
étaient plus nombreuses que les nations présentes.
Ainsi, parmi les Hongrois, certains avaient participé à la guerre civile en
Espagne. Les uns s’y étaient impliqués en simples aventuriers et les autres avaient
agi par conviction. Ils s’étaient réfugiés en France avec les républicains espagnols
en compagnie desquels ils se tenaient toujours. Leurs certitudes étaient bien
arrêtées. Ils voulaient continuer la lutte contre le fascisme.
À l’opposé se trouvaient d’autres Hongrois : l’arrivée des lois antisémites dans
leur propre pays leur avait interdit d’y pouvoir mener une vie décente. Ils avaient
débarqué à Paris s’imaginant y respirer la liberté.
Ils étaient nombreux à s’être engagés sans trop réfléchir à la situation
internationale. Leur enrôlement volontaire visait à les sortir du. Le bataillon
venait d’être doté de son matériel des transmissions. En travail clandestin payé à
118
CHAPITRE I Prologues.,

moitié du salaire d’un ouvrier en règle. Ils voulaient obtenir une carte de
travailleur et une naturalisation.
Édouard Arevian a décrit aussi un curieux personnage
Disons au départ que ce personnage ressemble beaucoup, mais seulement par
certains côtés au sergent Émile Durand (voir ce nom) dont Léon de Rosen parle
dans son livre « Une captivité singulière à Metz sous l’occupation allemande ».
Nous reproduisons ici ce récit malgré qu’il se prolonge au-delà de Barcarès :
Planika et sa mule :
C’était, je crois, vers le mois de mars 1940. Le bataillon venait d’être doté de
son matériel des transmissions. En ma qualité de diplômé d’État radioélectricien
sur stations mobiles, j’étais chargé de la réception. L’inventaire fit apparaître du
matériel divers ne pouvant présenter un grand intérêt dans un conflit face à un
ennemi dont il était difficile de sous-estimer la valeur technique. Il y avait,
notamment, un émetteur-récepteur d’un modèle suffisamment ancien pour
permettre à la goniométrie adverse de nous repérer avec précision cinq minutes
après le commencement de nos émissions. L’ensemble fut embarqué dans une
charrette bâchée et propulsée par une vieille mule. Je pense que le tout pouvait,
honorablement, figurer dans un musée. Bête et discipliné, je ne fis aucun
commentaire.
La totalité du matériel, dénommé pompeusement « des transmissions », y
compris la vieille mule, était confiée à un personnage relativement fantaisiste,
insaisissable au figuré, mais aussi au propre. Nul ne savait où il était quand on
avait besoin de lui. Il s’appelait, tout au moins officiellement, Planika.
Nous avions appris, sans aucune confirmation, qu’il avait passé ; une grande
partie de sa vie à la Légion, où il aurait terminé son temps. Il était d’un certain
âge et nul n’a jamais su dans quelles conditions il s’était trouvé au milieu des
volontaires du 21e R.M.V.E. Il ne parlait à personne, ne se joignait à aucun groupe.
Il jouissait d’une relative autonomie. Il n’avait qu’un ami, sa gourde, dont il veillait
scrupuleusement à ne pas laisser baisser le niveau de rouge. Bien entendu, il était
toujours beurré, mais très conscient. Il ne perdit jamais le nord.
L’arrivée de la mule dans sa vie fut pour lui un évènement passionnant. Un peu
comme un homme âgé dont la plus jeune épouse lui donne soudain un fils. Il avait
voué une véritable passion à cette vieille mule, qui semblait d’ailleurs le payer de
retour.
Jusqu’à Minversheim, nous avions, de temps en temps, des apparitions de
Planika. Il passait dans le village avec lenteur. C’était la mule qui décidait de la
cadence des déplacements. Nul ne savait où il était cantonné. Lorsqu’on le voyait,
il prétendait qu’il faisait de l’exercice pour maintenir la mule en forme. Je crois
119
CHAPITRE I Prologues.,

plutôt qu’il allait se taper quelques cannettes de bière, dans un petit bistrot à la
sortie du village.
Le propriétaire avait refusé l’évacuation, prétendant, avec beaucoup
d’optimisme, penserons-nous plus tard, qu’à l’abri de la ligne Maginot, il était
« tranquille comme Baptiste. »
Nous avons dû quitter précipitamment le secteur pour nous porter au-devant
des Allemands, qui avaient énoncé le front nord. Après une longue marche le long
d’uneroute au vu et sous les tirs ennemis, nous avons atteint la région du Chesne-
Populeux, à proximité du canal des Ardennes.
La division avant nous avons gagné un petit bois au bord de la route, où nous
avons creusé des trous pour nous abriter des bombardements et tirs incessants.
Périodiquement, les Allemands arrêtaient le feu pour mettre en évidence un
calicot sur lequel était écrit : « Français, voulez-vous vivre pour la France ou
mourir pour l’Angleterre ? ». On le démolissait à coup de mortiers et la sérénade
repartait. Une chose est sûre, nul ne se serait aventuré de jour sur cette route.
C’était un no man’s land. Pourtant, un jour, cela devait se situer vers midi, je vis
au loin un engin qui se déplaçait lentement dans notre direction. Je pensai
d’abord à un véhicule blindé de ravitaillement. Je me dis que, s’il arrivait jusqu’à
nous sans se faire démolir, il serait le bienvenu. La faim est sans pitié à cet âge.
Puis, au fur et à mesure que la chose se rapprochait de ma vue, je dus me rendre
à l’incroyable évidence : c’était Planika ! Il précédait la mule de quelques pas,
laquelle, comme à l’habitude semblait imposer sa cadence. Cette promenade
dans l’inconscience, d’un soldat et d’une mule tirant une charrette d’une autre
époque, a dû plonger les Allemands dans une grande perplexité. Les faits sont là,
ils n’ont pas fait feu. Lorsque Planika fut à notre portée, nous l’avons tiré à l’abri
des bois. Nous n’avons jamais su d’où il venait et comment il nous avait trouvés.
Mais une chose est sûre, il avait dû faire une longue carrière dans la Légion, car
malgré les bombardements, les difficultés du parcours, auxquelles devaient
s’ajouter les vapeurs de l’alcool, il est en définitive arrivé là où son devoir de soldat
l’appelait. Quelle belle leçon pour nous, les bleus qui venaient tout juste de faire
le baptême du feu !
Extraits de lettres d’Isak Michon ADJOUBEL par son fils Didier Michon :
J'ai bien reçu votre document (Edward Arevian) et je vous en remercie. IL y a un
écho à ce qu'il écrit dans les extraits de lettres suivants de mon père: Lettre du
23 novembre 1939: (à ce moment-là, il est dans le 2e R.M.V.E. 1re Cie).
"...Maintenant, je vais te dire quelques détails de ma chambrée. Le Sergent c’est
un Espagnol, un brave gars, père d’un gosse. On fait des parties ensemble. Nous

120
CHAPITRE I Prologues.,

avons un tailleur, père de 2 enfants, un coiffeur ; un que nous appelons la chique,


un que nous appelons caramel, un que nous appelons lunette, un rouquin poil de
carotte, que nous appelons blondinet ; un ancien sergent de la légion qui
s’appelle Durand et qui est comme nous : il est suisse. Nous avons Mimile,
Casimir, et ainsi de suite. Le voisin que j’ai à ma gauche, il a 4 enfants. Les
cuisiniers sont chez nous.
Bref, il y a de tout, et je te jure qu’il y a des moments où on rigole bien. Nous
avons en plus deux beaux-frères avec lesquels on se marre bien. Bref on ne
s’ennuie pas. Hier soir, j’ai été avec le légionnaire Durand boire un ou deux
Canigou au mess des sous-offs. La liqueur de l’Abbaye de Saint Martin du Canigou
est une liqueur régionale qui ma foi n’est pas mauvaise...
"Lettre du 29 décembre 1939 : "...Cette semaine, nous nous sommes
uniquement préparés au défilé du régiment qui aura lieu demain devant le
général. Le colonel était là tous les jours, à veiller à ce que tout le monde soit
prêt. Nous aurons la musique du premier qui sera en tête ; tu sais on ne se refuse
plus rien. Bientôt, au 2e chez nous, on va aussi constituer une musique..."
Avec « la drôle de guerre » régna finalement un calme déprimant.
Dans le campement de Barcarès, un bon nombre s’interrogea, surtout parmi
les hommes mariés. Leur engagement n’allait-il pas se révéler trop imprudent ?
Quelques-uns réussirent à se faire réformer en fréquentant assidûment
l’infirmerie. Ils se plaignirent, l’hiver aidant, du climat, de l’asthme. Ils toussèrent
plus qu’à leur tour. Les maux d’estomac et les pieds plats servirent aussi
d’arguments.
Sur les 12 000 engagés du dépôt de Barcarès, 2 à 3 000 furent refoulés pour des
motifs divers : âge, aptitude physique insuffisante ou attitude politique douteuse.
Les non-réformés eurent droit à une permission. Ils obtinrent en février 1940 huit
jours dans leurs foyers pour une présence de trois mois au corps.
La majorité se sentait foncièrement plus pacifique que guerrière. Après ce
séjour dans leurs familles, ils réintégrèrent souvent leur Compagnie sans gaieté
de cœur.
Le 25 février, le 1er R.M.V.E. devint le 21e et le 2e le 22e. Le 3e R.M.V.E. prit
l'appellation 23e R.M.V.E. le 31.05.1940 [Décision ministérielle numéro 5094 du
13.05.1940.]
Des engagés furent sélectionnés et prélevés sur les trois régiments.
Certains constituèrent le 1er BATAILLON DE MARCHE DE VOLONTAIRES
ÉTRANGERS. Il était destiné aux territoires français d’outre-mer. Envoyé en Syrie,
il débarqua à Beyrouth le 16 avril 1940. Enfin, nous avons déjà mentionné dans
les pages précédentes que 900 engagés de Barcarès furent en février dirigés sur
121
CHAPITRE I Prologues.,

La Valbonne pour le régiment ficelle 12e R.E.I.


LE CAMP DU LARZAC
En avril 1940, les trois régiments séjournèrent successivement au camp du
Larzac : À Barcarès, le terrain ne favorisait pas l’entraînement, car il manquait de
variété et d’espace. On apprenait simplement à marcher au pas cadencé et à faire
de longues marches avec un barda de trente kilos sur le dos. Le 21e demeura au
Larzac du 2 jusqu’au 18 avril. Le 22e y partit le 18 et revint au Barcarès le 30 avril.
Ils devaient s’y familiariser avec les canons légers et les mortiers.
Le mauvais temps contraria les manœuvres. Il raccourcit la préparation
militaire. Pour le 21e, il n’y eut guère que quelques longues marches et deux
manœuvres plus ou moins ratées et qualifiées d’offensive, sans participation de
l’aviation et des chars et avec des quantités plutôt limitées de mitrailleuses et de
munitions. De Rosen a pourtant écrit :
« Ces exercices, très intéressants, furent d’autant plus appréciés qu’ils étaient
pratiqués dans un paysage sauvage et beau. »
Revenus du Larzac le 18 avril 1940, les légionnaires du 21e R.M.V.E. apprirent
qu’ils allaient monter incessamment au front et dans les jours qui suivirent, ils
furent équipés de tenues kaki neuves.
Dans son livre le capitaine Robert Dufourg rapporte que le 21e R.M.V.E. était
arrivé en Alsace débarquant de quatre trains à Brumath et Hocchfelden « sans
cuisines roulantes, sans canons antichars, sans voiturettes ni mitrailleuses, sans
bretelles de fusils, sans havresacs, les hommes emportant leur paquetage dans
des couvertures roulées ». On avait pu constituer trois régiments. La guerre éclair
ne donna pas au quatrième le loisir de naître.
ORGANIGRAMME DU 21E R.M.V.E.
Le 21e RMVE compte, à sa création, 2 800 hommes et se compose outre son État-
Major des unités régimentaires classiques (compagnie de commandement C.C.
ou CDT, compagnie hors rang ou C.H.R., compagnie régimentaire d'engins ou
C.R.E., compagnie de pionniers, C.P. (13e Pionniers) ainsi que de trois bataillons
d'infanterie). La compagnie de Pionniers sera supprimée le 6 juin. Chaque
Bataillon a son État-Major et sa Compagnie d’Accompagnement ou d’Appui.
(C.A.A. ou C.A.B. ; Compagnie d'Appui de Bataillon). Outre son E.M. chaque
compagnie est formée de cinq sections, la 5e section étant appelée S.C. ou
section de commandement. Le premier bataillon comprend les compagnies 1, 2
et 3 plus la première compagnie d'accompagnement ou d'appui ou C.A. 1 ; le
deuxième bataillon a sur le même modèle les compagnies 5, 6 et 7 et la C.A. 2 ou
compagnie d'accompagnement 2 ; même schéma pour le troisième bataillon :

122
CHAPITRE I Prologues.,

compagnies 9, 10, 11 et C.A. 3 ou compagnie d'accompagnement 3.


La C.C. assure la vie quotidienne du régiment et regroupe des spécialistes dans
des domaines variés : transmissions, mécanique, cuisine, observateurs,
pionniers… La C.C. n’a pas une vocation de combat. Elle est déclinée en
compagnie d’Accompagnement dans les bataillons.
La C.H.R., rattachée à l’état-major du régiment, est la Compagnie Régimentaire
qui regroupe le fonctionnement administratif, la logistique et le commandement
du Régiment. Elle ravitaille les Bataillons en ligne en matériaux divers et de
défense. On y trouve le secrétariat du colonel et de son petit état-major, les
cellules traitant de l’approvisionnement en matériel, habillement, nourriture, un
peloton de pionniers pour les travaux de protection, la section de brancardiers
qui est en même temps la musique du régiment. Pour commander, il faut assurer
les liaisons vers les supérieurs et les subordonnés, et naturellement une équipe
de téléphonistes y a sa place.
La C.R.E. est équipée d’armes collectives – mitrailleuses, mortiers, canons
antichars de 25 mm… Elle est en général motorisée (avec des exceptions). Elle est
déclinée en Sections Engins dans les Compagnies d’Accompagnement.
Chaque BATAILLON a son État-Major et sa Compagnie d’Accompagnement ou
d’Appui. (C.A.A. ou C.A.B. ; Compagnie d'Appui de Bataillon) et cinq sections, la
5e étant la S.C. (Section de Commandement).
OFFICIERS :
Lieutenant-colonel 1
Commandants de bataillon 4
Capitaines : 21
Lieutenants 34
Sous-lieutenants 17
Aspirants 04
Total 87
ÉTAT-MAJOR P.C à Mommenheim
Chef de Corps Lieutenant-Colonel Paul Debuissy – 6/10/39
Lieutenant-Colonel Albert Martyn—11/09/40
Chef d’État-Major Capitaine Eugène Le Guillard – 18/2/40-Officier-Adjoint
Capitaine Guy Cohn-1/1039 (9e RCA Angers)
Liaison ID et Officier Z (Gaz) Capitaine Jean Lagarrigue-6-11-1939
Renseignements Lieutenant Jean Saint-Martin-5-10-39 du 7e RTA
Officier de Détail Lieutenant Jean Girou-Najou=6-10-39 CM 91
Service sanitaire Médecin-capitaine Maurice Joseph Vidal
+ à la formation du bataillon Capitaine Georges-Joseph Menuat
123
CHAPITRE I Prologues.,

ÉLÉMENTS RATTAQUÉS À L’ÉTAT-MAJOR


1– Compagnie de Commandement : C.C. ou C.D.T
Capitaine Paul Billerot-6-2-40
Lieutenant Louis Imbach-6-10-39 CM 91
Lieutenant Henri Causse (Motos)-5-10-39- CM92
Lieutenant Barthélemy Castaner (Pionniers) -6-10-39 Sathonay
Lieutenant ?
Lieutenant Jean Didier (vétérinaire) ou Yves Didierjean
Adjudant Jean Lesfauries Chef des télégraphistes
Adjudant Fernand Darroussat
Sergent-Chef Gärtner
Sergent Alfred Kervran
Sergent Haab : probablement Hans Habe (Békessy)
2— Compagnie Régimentaire d’Engins : C.R.E.
Capitaine Georges Berlet-1-10-1939
Lieutenant Marcel Henri Jean Pecquereaux- 6-10-39 C.M. 91
Sous-Lieutenant Robert Dujols
3— Compagnie Hors Rang ou C.H.R.
Capitaine François Octobon-30-10-1939
Lieutenant Roger Gaudry-6-10-39 venant du C.M. 91
Approvisionnement Sous-lieutenant Charles Pold.
Sous-lieutenant Théodore Ponomareff.
Lieutenant Pierre Boutrone (vétérinaire).
4— 13e Compagnie (Pionniers)
Capitaine Abel François Borvo.
Sous-lieutenant Nicolas De Medem (remplace le S/L Blonstein vers 5-9 juin)
Aspirant ?
PREMIER BATAILLON
À Minversheim
1-État-Major :
Chef de bataillon Léopold Mirabail. -2/11/39 venant du 3e R.T.A.
Capitaine adjoint-major Henri Bigot.2/11/39 venant du D 172 Agen.
Lieutenant adjoint Marc Briant.6/10/39 C.M. 91.
Médecin-lieutenant Georges Rousse-23/3/40 DI 162.
Médecin auxiliaire Machtou.
2— Première Compagnie
Lieutenant Jean Gay -6/10/39 C.M.91.
Lieutenant Jacques Dupont 4/3/40 DI 12.
124
CHAPITRE I Prologues.,

Sous-lieutenant Lucien Élie Blonstein (remplace De Medem).


Aspirant Albert Charpentier.
3— Deuxième Compagnie
Capitaine Félix Adolphe Henri Gaillard-10/4/40 venant du 71 B.A.F.
Lieutenant Maurice Becaud-6/10/39 C.M. 91
Lieutenant Jacques Deshayes 4/4/40 246e RI (prendra le commandement de
la 3e cie le 18 juin).
Lieutenant Eugène Jean Charles Houtard 8/4/40 81e B A F.
Sous-lieutenant Constantin Dessino.
4— Troisième Compagnie
Capitaine François Joseph Benac. +tué le 14 juin 1940.
Lieutenant Charles Lintignac. Remplacera Benac. Blessé le 19 juin (décédé ?).
Lieutenant Norbert Léon Paul Calix 6-10-39 / C.M. 91 / Blessé le 14 juin.
Sous-lieutenant Nicolas Obolenski (Prince…)
5 -C. A. 1 (Compagnie d’Appui 1)
Lieutenant Pierre François Belissent-6/10/39 C.M. 91 (remplace capitaine
Amédée Modéna à compter du 29 mai.)
Lieutenant Louis Frédéric Marie Neveu- 6/10/39 C.M. 91.
Lieutenant Jean Charlot.
Lieutenant Serge Yonine.
DEUXIÈME BATAILLON
À Eckendorf
1-État-Major
Chef de bataillon ; commandant Ludger Fagard. -4/11/39 (C.M.I. 145)
Capitaine adjoint-major : Joseph Pourquié-21-10/39 C.M. 145 Sathonay
Lieutenant adjoint : Pierre Truffy 6/10/1939 C.M. 91
Médecin-lieutenant : Lieutenant Guinds D ?
Médecin Paul Marie Joseph DUMAS venu du 404e régiment de D.C.A. le 8
juin.
2— Cinquième Compagnie
Capitaine Louis de Brem +-12-2-1940 venant du DI 162
Lieutenant Henry Milcamps 2/4/40 21e RI
Sous-lieutenant Arthur Huschak + (voir biographie !)
Sous-lieutenant Pierre Odry remplace De Brem tué le 9 juin 1940.
Aspirant Simon Hornstein
3— Sixième Compagnie (186 H0MMES)
Capitaine André Camille Bardet- 2-4-40 venait du 21e RI à Chaumont.
125
CHAPITRE I Prologues.,

Lieutenant Jacques Sossine-12/2/40 Agde


Lieutenant Wladimir Rosenschild Paulyn 13/2/40
Sous-Lieutenant Jean Henri Gabriel Éd. Decottignies, 28/2/40 Depot 13
Henri VALÉE 6-10-39, C.M. 91
4— Septième Compagnie
Capitaine Louis Grec- 20-10-39 venant du 155e RI
Lieutenant Roland Busseau-6/10/39 C.M. 91.
Sous-lieutenant Alexandre Sentzoff – 12/2/40.
Sous-lieutenant Alexandre Krashenimnikoff
5— C. A. 2 (Compagnie d’appui 2)
Capitaine Jean Roger Trussant-2-11-1939 D 172 Agen
Lieutenant Jean Nénon-5/10/39 C.M. 172
Lieutenant André Coscoquela, 5-12-39 C.M.I 172L
Lieutenant André Masselot-9-4-40 102e RI
Lieutenant Constantin Borovsky
Adjudant Paul Bouquet de La Jolinière
Sergent-chef Comptable Leroy
TROISIÈME BATAILLON
À Mommenheim
1-État-Major
Chef de Bataillon : Cdt Charles Poulain 17-1-40 Sathonay.
Capitaine Georges Ravel à compter du 17-6-40
Capitaine adjoint-major Joseph Maurice Farges puis Pascal Henri Doubaud
Officier adjoint Lieutenant Jean Saint-Marc-5-10-39 C.M. 172
Médecin-lieutenant Jean Buvat-31/3/40 Hôp Val de Grâce
Assistant- médecin William Amsellem Adjudant
Lieutenant Jean Glouchkoff Officier adjoint-8-2-40 D 93bis
Adjudant chargé des transmissions Fernand Douet
Adjudant chargé du ravitaillement Guillot
2— Neuvième Compagnie
Capitaine Henri François Eugène Sabadie 24-3-1940 venant du 13e Zouave.
+puis : Capitaine Amédée Modéna le 29 mai (capitaine Sabadie blessé le 26
mai)
Lieutenant Henri Dugros-5-10-39 C.M. 172 Marmande
Lieutenant Wladimir Smirnoff (commande la 9e Cie le 26 mai)
Sous-lieutenant René Gaston Lineres Guiart-21/1/40
Sergent-chef Simon
Adjudant de Compagnie Lefèvre
126
CHAPITRE I Prologues.,

Sergent-chef Comptable Baudelet


3— Dixième Compagnie
Capitaine Félicien Duvernay- 8-4-1940 venant du 124e RI
Lieutenant Georges Monteil- 5/10/39 C.M. 172 Marmande.
Lieutenant Guy Paul Delphin René Surpas.
Sous-lieutenant Vladimir Krasnoussoff (blessé et évacué).
Adjudant Albert Pereira.
Aspirant Jean Alfred Eugène Defoy.
Adjudant de Compagnie Lavaud.
Sergent-chef Comptable Reyer.
4— Onzième Compagnie
Capitaine Ravel (Georges Ravel de Biesville), 26/1/40 DIM de Marseille.
Lieutenant Marc Saumureau-6/10-39 C.M. 91.
Sous-lieutenant Arnold François de Cuniac. +
Sous-lieutenant Basile Roudometov. +
Adudant chef Robert Michel.
Adjudant de Compagnie Leroy.
Sergent-chef Comptable Paquet.
5 — C.A. 3 (Compagnie d’Appui 3)
Capitaine Pascal Henri Doubaud -9-10-1939 venant du C.M. 145, puis :
Lieutenant Audibert Jean-François -1/5/40, venant du 72e B.A.F. (7).
Lieutenant Pierre Bernard Dulion 5/10/39 C.M. 172 Marmande.
Sous-lieutenant Dimitri Firsk (blessé le 13 juin).
Adjudant Roger Blanc.
Adjudant André Pouraud ou Pourreau Comptable C.A. 3.
Aspirant Antoine Beille (blessé le 27 mai).
Sergent Chef Popot.
Bien des vides demeurent à combler dans cet organigramme. Par exemple,
C.L. Flavian dans son livre "ils furent tous des hommes" a écrit : "...Le Dr
Janco, médecin du 21e étranger et baroudeur enragé..." (Buvat ? Guinds ?)
Par ailleurs, la liste des prisonniers de guerre N 17 m'a incité à accepter
certains noms (chapitre XII) au risque de corrections futures.
Le Chapitre I correspondait à la naissance du 21e R.M.V.E et ses contextes. Le
chapitre II : contient :25 mai 17 juin = Vie du 21e R.M.V.E. et ses contextes.
Retraite.17-21 juin Vie du 21e R.M.V.E. et ses contextes. Débâcle.
Le Chapitre III contient Les derniers jours, 21 juin.et après!.. = Disparition
du 21e R.M.V.E.

127
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

CHAPITRE II Vie du 21e R.M.V.E.


Le 21e R.M.V.E. au sein de la 35e Division.
Le 21e R.M.V.E. compte, à sa création, 2 800 hommes et se compose des
unités régimentaires classiques :
— Un État-major (E.M.)
— Une Compagnie de Commandement (C.C.)
— Une Compagnie hors rang (C.H.R.)
— Une Compagnie de Pionniers (13e C.P.)
— Une Compagnie régimentaire d’engins (C.R.E.)
— Trois Bataillons d'infanterie.
Probablement, le total pour les trois bataillons était alentour de 2100 hommes.
Avant le départ au front, le 21e reçut un nouvel équipement, lourd,
encombrant, inadapté, mais neuf. Cependant, l’armement et les munitions
n’avaient pas changé.
Le départ pour la zone des Armées (Alsace).
À l’aube du 28 avril 1940, le 21e R.M.V.E. quitta à pied Barcarès sous un ciel
pluvieux et il embarqua sur le train le 30 avril et le 1er mai 1940 sans incident à
Rivesaltes. Il rejoignait la 35e Division d’infanterie du XIIe Corps de la 5e Armée
Bourret sur la ligne Maginot en Alsace.
Il y remplaçait à compter du 1er mai 1940 le 49e R.I. de Bayonne qui quittait la
35e Division et qui, affecté le 12 mai à la 30e Division Alpine du Général Duron,
devint le 49e régiment d’infanterie alpine.
Le 30 avril 1940, 21e et 22e s’étaient croisés à Rivesaltes ; récit d’Ilex Beller du
22e, dans Notre Volonté : « Pendant trois semaines, nous (le 22e) avons
manœuvré dans le camp du Larzac. Nous n’avons rien appris de nouveau, mais
ç’a été l’occasion d’être débarrassé des puces "barcaressiennes", d’habiter
comme de vrais soldats dans une véritable caserne, de dormir sur de vraies
paillasses. En comparaison avec les conditions de vie de Barcarès, les manœuvres
ont été pour nous une sinécure. Mais un ordre est arrivé de retourner à Barcarès,
nous refaisons vite les bardas et reprenons la route.
Il pleut de nouveau et nous sommes tout trempés quand nous montons dans
les wagons à bestiaux. Arrivés à Rivesaltes nous en descendons pour parcourir à
pied les seize kilomètres qui nous séparent du camp, mais dans les rues voisines
de la gare une surprise nous attendait : nos camarades de Barcarès, les 3 000
volontaires du
21e régiment sont là qui attendent le train en partance pour le front. Ils sont
habillés de neuf, avec de longs manteaux et des casques de fer. Seuls les bardas
128
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

et les ficelles, et les armes individuelles n’ont pas changé. On reconnaît à peine
les visages. Permission nous est accordée d’aller prendre congé de nos camarades
qui partent… »
En quittant la gare de Rivesaltes le 30 avril 1940, Le 21e R.M.V.E. voyagea dans
des wagons à bestiaux, passa par Narbonne, Saint-Jean de l’Osne, Lyon, Bourg-
en-Bresse, Gray, Vesoul, Épinal, Sarrebourg, Saverne, Brumath (Bas-Rhin). Le
capitaine Farges, adjudant-major du 3e bataillon, malade, avait été évacué sur
l’hôpital de Gray au passage dans cette ville le 1er mai et été remplacé dans se
fonctions par le capitaine Doubaud. Le régiment quitta Épinal par quatre trains le
2 mai (départs à 0 heure 21, 1 heure 21, 6 heures et 7 heures) et par un train le 3
(départ à 0 heure 21.)
Au bout d’un temps ressenti interminable, le 21e aboutissait dans le Bas-Rhin
dans la journée du 2 mai 1940. Il débarqua plus précisément ses éléments entre
7 heures 30 et midi à Brumath, ville située au nord de Strasbourg.
Le 21e R.M.V.E. commandé par le lieutenant-colonel Debuissy avait son P.C à
Mommenheim. Le chef d’état-major était le commandant Le Guillard. L’officier de
liaison était le capitaine Lagarrigue.
L’autoroute n’existait pas en 1940.
Le premier bataillon était à Minversheim et était commandé par le
commandant Mirabail. Le 2e bataillon à Alt-Eckendorf était commandé par le
commandant Fagard. Le 3e bataillon à Mommenheim était commandé par le
commandant Poulain. Ce dernier, tombé malade, exténué par les marches, sera
remplacé le 17 juin durant la retraite par le capitaine et baron Ravel de Biesville.
À leur arrivée à Brumath dans le Bas-Rhin les Bataillons furent répartis comme
suit : le 1er Bataillon à Alteckendorf et Minversheim, le 2e bataillon à
Minversheim, et le 3e Bataillon à Mommenheim (9e et 10e Cies) et Wittersheim
(11e Cie, C.A.3 et E.M.).
Le régiment n’avait pas encore de canons antichars, de mitrailleuses, de
roulantes, de voiturettes. Par contre, le 21e disposait d’une centaine de
camionnettes et de camions neufs, alors qu’à ce point de vue, le matériel roulant
de la 35e Division donnait le spectacle lamentable d’une rétrospective allant pour
certains camions jusqu’à la Grande Guerre. Les équipements du 21e R.M.V.E.
furent heureusement quelque peu complétés.
L’antinomie entre le 21e R.M.V.E. et la 35e Division entre autres.
Le 21e fut assez mal accueilli par la 35e Division d’infanterie du Général
Decharme. Le Général Decharme qui le 1er mai avait fait des adieux touchants à
son 49e R.I. à Uhlwiller, localité du canton de Haguenau située à environ dix
kilomètres du chef-lieu et 6 à 7 kilomètres au nord-ouest de Pfaffenhoffen, la ville
129
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

des 5 f, n’était pas là pour accueillir le 21e R.M.V.E.. Militaire réactionnaire,


xénophobe, antisémite (son fils aurait porté l’uniforme allemand), Decharme
n’appréciait guère le sale coup qu’on venait de jouer à sa Division.
Un soir, revenant d’une visite au Corps d’Armée à l’heure du dîner, le Général
Decharme s’était montré être de fort mauvaise humeur, cela ne lui était pas
naturel.
C’est au dessert seulement que n’y tenant plus, il donna la raison de sa
maussaderie : on lui enlevait brutalement son 49e R.I. et on le remplaçait par un
régiment de volontaires étrangers de formation récente. Decharme avait protesté
sans succès.
Le Général Duron commandant la 30e Division alpine était un ancien sous-chef
d’État-Major du Général Gamelin. Ayant vu le 49e R.I. en manœuvres dans les
Vosges, il l’avait demandé pour lui et obtenu (Robert Dufourg).
De fait, en remplacement d’un de ses meilleurs régiments d’active, le 49e
Régiment d’infanterie, la Division Decharme se voyait attribuer un régiment
pauvre en armement et en équipement, à effectifs complets certes, mais avec
une instruction insuffisante et des cadres parfois trop âgés.
Les hommes n’avaient pas encore de havresacs ; ils enroulaient leurs
paquetages dans les couvertures et les toiles de tente. Ils n’avaient pas de
bretelles de fusil et utilisaient à la place les bandes des masques à gaz. À analyser
plus profondément on doit penser que les antinomies étaient autres que celles
avancées et somme toute remédiables. Pour l’essentiel le fond du problème était
purement idéologique : la troupe du 21e R.M.V.E était majoritairement formée
d'antifascistes : 30 % étaient des Espagnols républicains qui avaient combattu le
Général Francisco Franco. Un autre 30 % à 40 % était constitué surtout des Juifs
d'Europe centrale, certes de tous âges et certains à la recherche de la nationalité
française, mais pour la plupart antihitlériens et antifascistes et finalement la
moyenne d'âge n'était que de 27-28 ans. Surtout donc, le Général Decharme
n’était pas politiquement favorable aux Juifs et aux Rojos, communistes ou pas,
constituant le 21e R.M.V.E sinon il aurait avalisé le dénuement de ce régiment.
On ne peut que constater que les cadres de la 35e Division étaient, pour la
majorité comme Decharme et comme parmi toute l'armée française d’active de
l'époque, des conservateurs plus proches de l'Action française, de la Cagoule et
de Franco, Mussolini et Hitler que de Blum et du Front populaire.
Ces défenseurs de la patrie ne comprenaient pas qu’on ne se fut pas allié ou au
moins entendu avec Hitler qui était pour eux le bon côté, l’ennemi du mauvais,
les Juifs étrangers qui voulaient la guerre pour retrouver leurs biens en Europe et
les communistes et les Juifs nationaux comme Blum et son Front populaire. Pour
130
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

eux les volontaires espagnols, les Rojos de la République espagnole étaient tous
des communistes qu’il ne fallait pas secourir et Franco était le défenseur des
valeurs occidentales face à l'obscurantisme communiste.
Du même souffle, ils ne comprenaient pas et ne voulaient pas la guerre contre
Hitler, le bouclier contre le communisme ; leur âme était chez l'ennemi. Cette
attitude des responsables militaires de 1940 n’était qu’une répétition de l’hérésie
qui les avait amenés à des comportements honteux dans l’affaire Dreyfus.
Mais à comparer, l’affaire Dreyfus n’avait été qu’un drame miniature et cette
fois la catastrophe allait être générale. On ne peut après la lecture du livre d’Hans
Habe écrit au printemps 1941 douter de l'antisémitisme du Général Decharme et
de sa conduite ignominieuse envers le colonel Debuissy et le 21e R.M.V.E... Quant
à son comparse, l'officier d'État-Major Robert Dufourg, malgré toutes les
précautions prises dans son livre Brassard Rouge Foudres D'or paru en 1951, il est
possible de le saisir entre les lignes : il ne comprend pas la raison de cette guerre.
Son autre livre aussi, « Adrien Marquet devant la Haute Cour, Janmaray, Paris,
1948, 254 pages », le situe bien : Adrien Marquet avait été ministre d'État, puis
ministre de l'Intérieur dans les gouvernements Pétain et Laval. Robert Dufourg,
personnage haut en couleur était resté fidèle au maréchal Pétain et à Adrien
Marquet.
De son côté, Decharme, ami de Weygand et d’Aublet, faisait partie de ces
nombreux officiers réactionnaires, antisémites et anticommunistes, mais surtout
admirateurs d’Hitler et contempteurs de la 3e République. Mais il ne faut pas
oublier qu’à la fin des années trente, l’Europe était très fascisante depuis la
Roumanie et la Pologne jusqu’au Portugal pour l’espace, et de la droite à la gauche
pour les hommes qui avaient perdu le sens de la démocratie et ne raisonnaient
plus qu’en termes de deux friandises empoisonnées, le bonbon rose communiste
et le chocolat noir nazi, soit la peste et le choléra. Rares furent les vrais
démocrates qui échappèrent à l’attrait des dictatures fascistes représentées par
le nazisme hitlérien et par le communisme stalinien ; beaucoup des « bien-
pensants » de tous bords agirent mal et se retrouvèrent dans le mouvement
fasciste.
Il n’y eut que quatre-vingts députés pour refuser les pleins pouvoirs à Pétain,
et encore tous ne le firent pas pour le bon motif. Ils n’avaient pas prévu la folie
hitlérienne… Choisir le bonbon rose communiste n’eut d’ailleurs pas été meilleur
pour la démocratie. Exemple : l’écrivain juif Stefan Heim, protégé par sa
notoriété, après avoir choisi le communisme, se définira finalement comme
socialiste critique et fustigera un parti qui « prétend représenter la classe
ouvrière, mais n'est fait que de tyrans petits-bourgeois », confirmant ainsi la
131
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

similarité des extrêmes, le communisme n’ayant de communiste que le nom.


En Syrie, beaucoup trop de militaires restèrent fidèles à l’État néofasciste
français, c’est-à-dire à Vichy et à Pétain, ignorant le terme « Français libre ».
Suite au transfert officiel de 12 Curtiss P-40F Warhawk de l’USAAF (United
States Army Air Forces) au Groupe de Chasse II-5 La Fayette le 9 janvier 1943 à
Casablanca, deux pilotes rejoignirent subrepticement Vichy avec leurs avions
américains (M. Verrier. Arènes du ciel). Les militaires qui se ravisèrent par la suite
entrèrent à l’ORA, certains le firent avec beaucoup de réticence à accepter l’union
des mouvements de résistance parrainée par Jean Moulin, émissaire de De
Gaulle, sans doute à cause de la présence des communistes.
Certains militaires eurent une conduite plus exemplaire. À la 36e D.I., outre le
colonel Barthe, le lieutenant-colonel Léon Sinaï reçut fin 1941 la Croix de
commandeur de la Légion d’honneur pour la conduite de son régiment, le 57e R.I.
appartenant à la 36e Division, lors des combats de Voncq. Incorporé sous Vichy
au 1er régiment de France, il s’engagea très tôt dans la Résistance. Limogé par
Vichy, il poursuivra ses activités clandestines et finalement il sera arrêté par la
Gestapo en mars 1943. Déporté, il mourra d’épuisement en mars 1945.
À la gauche du 21e R.M.V.E. dans les Ardennes, à part ces cas, la 36e Division du
Général Aublet, qui occupait notamment le Chêne-Populeux, avait la même
origine et la même mentalité qu’à la 35e Division, à savoir qu’avec Hitler, bouclier
contre le communisme, tout allait finir par s’arranger.
Seul le lieutenant-colonel Maurice Barthe avait des attaches avec la légitimité
républicaine, il avait réprimé en 1934 les émeutes autour du Palais Bourbon.
Aussi, lorsqu’il se trouva nommé chef de l’infanterie de la 36e Division, fut-il
détesté et boycotté par ses pairs sympathisants de l’Action française et de la
Cagoule. Pendant ses cinq années de prisonnier, il refusera de collaborer avec les
représentants de Vichy et prendra parti pour De Gaulle et Giraud.
Voici les portraits d'André et Jacques Dufilho et de Loustaunau-Lacau afin de
« meubler la panoplie des officiers et sous-officiers plus ou moins réactionnaires
ayant passés par la 35e Division :
Jacques Dufilho, 1914-2005 (le frère du docteur André Dufilho) était un artiste
comédien, qui fut soldat en 1940 au 29e G.R.D.I. (35e D.I.) et publia ses mémoires
en 2003 intitulées Les Sirènes du bateau-loup. D’opinion catholique traditionaliste
et monarchiste légitimiste, il se plaisait à afficher son culte du maréchal Pétain.
C’était un acteur de talent : à près de 80 ans, dans le film de Jean Marbœuf, sorti
en 1993, il a incarné Pétain avec un mimétisme hallucinant, retrouvant même
dans la voix les échos chevrotants du vieux Maréchal.
Il était par ailleurs partisan de l’Action française ; celle-ci fondée en 1898 par
132
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

Henri Vaugeois et Maurice Pujo sur une position antidreyfusarde étsit devenue
monarchiste sous l'influence de Charles Maurras et de sa doctrine du
nationalisme intégral, dite également « maurrassisme ». Ainsi, d’une rhétorique
nationaliste, républicaine et antisémite, l’Action Française avait évolué vers une
idéologie nationaliste, antisémite, contre-révolutionnaire, antirépublicaine et
anti-individualiste, sur fond de positivisme et de transformisme. Finalement, le
mouvement revendiqua une monarchie traditionnelle, héréditaire,
antiparlementaire et décentraliste.
Son frère André Dufilho, 1911-2003, était médecin au 123e R.I. de la 35e
Division d'Infanterie. Selon son livre "Mon lieutenant un blessé vous demande", il
ne comprend pas plus que Robert Dufourg les raisons de la guerre. Le 21e R.M.V.E
est pratiquement inexistant dans son livre ; il y est plutôt question de Loustaunau-
Lacau qu’il regrette de n’avoir pas plus connu. André Dufilho est aussi l’auteur
d’un récit, « Docteur, un cheval vous attend », témoignant d’une médecine
« totale » pratiquée dans la belle et rude vallée des Aldules entre 1937 et 1953,
livre qui en dix éditions successives est devenu un classique du Pays basque.
Loustaunau-Lacau, né à Pau en 1894, fils d’officier, entre en 1912 à l’école de
Saint-Cyr. Après avoir participé à la Grande Guerre, il sort avec le brevet d’état-
major en 1924 dans la même promotion que Charles de Gaulle. Il participera aux
États-Majors de Weygand, Lyautey, Pétain.
Dans les années 30, homme politique d’extrême droite, antisémite, il fonde
l'Union militaire française afin d’aboutir à l’union de toutes les droites, dirige le
périodique l’Ordre national ainsi que les revues Barrage et Prestige et il anime un
groupement anticommuniste, antinazi et antisémite, La Spirale, sous le
pseudonyme de « Navarre ». En 1936, alors qu’il est membre de l’état-major de
Pétain il fonde le mouvement Corvignolles qui est censé, il le soutiendra toujours,
se limiter à l’élimination des cellules communistes dans l’armée, mais extension
ou pas de la cagoule dans l’armée elle en partage l’idéologie, dont la chute de la
gueuse, Loustaunau-Lacau est démis en février 1938 de ses fonctions militaires
par le gouvernement Daladier, qui le présente comme un « officier d’aventure ».
EXTRAITS du livre Mémoire d’un Français rebelle
¨Page 159 : "Persécuté pendant la guerre par Daladier et après la guerre de la
part du parti communiste et du Parquet de la Seine."
FÉVRIER 1937, un certain "Hanus", mort par la suite en déportation, officier de
réserve qui surveille les communistes au 26e RI de Nancy lâche tout et donne le
code, les documents et les Instructions de Corvignolles. Daladier se sert de cet
évènement "pour donner un os au parti communiste '', dont il aurait besoin pour
les élections. Il met Loustaunau à la porte de l'Armée, mais ce n’est qu’un os, car
133
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

dès cette année 1937, Daladier brûle le dossier Cagoule de Pétain en présence
de Pétain, ce suivront en 38 les accords Ribbentrop-Bonnet et en 39 de Munich.
1937-1939 : Loustaunau, après diverses rencontres se sert des fonds venant
du maréchal Franchet de l'Esperey pour sa "croisade contre les anti-bonheurs'' :
il crée 2 revues "Barrage'' et ‘’Notre ''prestige'', il se servira dans son livre
d'articles qu'il a publié dans ces 2 revues pour établir quelle était alors son
attitude face à la catastrophe prévisible.
2 SEPTEMBRE 1939. La guerre arrivait, il obtient, après un mois de démarches
sa réintégration dans l'armée, au 2e bureau de la 9e armée Corap, mais le cabinet
de Daladier veille et il le mute au 123e R.I. Il y est alors le commandant du 3e
bataillon.
J.O. DU 25 AU 31 OCTOBRE 1939, il devient chef de bataillon breveté de d’état-
major ; il rejoint alors l'État major du régiment, où il y est spécialement chargé
de "sonder'’ la troupe (dépistage des communistes).
20 MARS 1940, Le général Decharme de la 35e D.I. perd son chef d'État-major
Caumia Baillenx muté et il nomme Loustaunau passé alors colonel comme Chef
d'état-major de la division ;
Le 22 MARS 1940, Vendredi-Saint cependant, arrivent au siège de l'E.M. de la
e
35 D.I. un colonel d'artillerie flanqué de 4 sous-officiers qui arrêtent Loustaunau
et l'envoie au fort de Mutzig près d’Obernai : motif singulière histoire de
corruption concussion trahison dénoncée par Loustaunau qui affirme que
Daladier (histoire rapportée page 172 à 182) veut le faire taire. L’attitude
ambivalante de Pétain avec Loustaunau par la suite aurait-il un rapport avec le
ossier cagoule brûlé par Daladier ? Pétain, à contre-courant de son entourage,
lui fournit des fonds.
12 MAI 1940, dimanche jour de la Pentecôte, Loustaunau est acquitté grâce à
quelques appuis, dont celui du colonel Groussard commandant en second de
Saint-Cyr en 1940. Georges Groussard est un officier de la Coloniale, qui avait été
très actif avant-guerre dans Corvignolles contre les réseaux communistes de
l'armée. Antigaulliste, Groussard finira comme Loustaunau-Lacau par travailler
pour l’Intelligence Service. Libéré Loustaunau travaille dans un groupe
d'Instruction de Compiègne qui essaie de reformer des divisions.
9 JUIN 1940 : il rejoint le 12e Zouave (3e D.I.N.A.) où il enregistrera à son
curriculum la destruction de 22 chars de Guderian dans les combats du 13 et du
14 juin 1940. Il est commotionné et gravement blessé avec son chien Porthos le
14 juin 1940 et il est hospitalisé et prisonnier à l'hôpital-prison de Châlons-sur-
Marne. ; il parvient, par un coup de bluff, à se faire libérer le 16 août 1940 Il
rejoint ichy en septembre et il est reçu par Pétain. Vichy lui offre un poste
134
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

intéressant : délégué général de la Légion française des combattants.


Il entend poursuivre le combat et entame à Vichy des activités de
renseignement et d’action souterraine, il agit à la fois dans un sens tout à la fois
antiallemand, anticommuniste et antigaulliste. Croyant comme son ami
Groussard que le régime nouveau préparait la revanche, il se lance aussitôt dans
l’action contre l’occupant.
Révulsé par l’entrevue de Montoire du 24 octobre 1940, il tenta de remplacer
Xavier Vallat à la tête de la Légion. Il tenta de recruter pour la Légion des agents
qu’il trouva parmi les anciens de Corvignolles et de la Spirale, c’est-à-dire au sein
de la droite nationaliste de l’armée. Alors qu’il était foncièrement antiallemand,
il offrit en août 1940 ses services à l’ambassade du Reich : « je suis prêt à former
avec mes amis un nouveau gouvernement. » Il propose alors de se rallier à
l'occupant en vue de l'instauration d'un régime "totalitaire"Quel était son but ?
Voulait-il fomenter un complot contre Vichy comme le fit plus tard à l’été 1943 le
cagoulard Jacques de Bernouville de la même mouvance d’extrême droite et qui
ira vers la Milice et la S.S. avant de se réfugier au Québec ? Le plus plausible est
qu’il pensait proposer à Hitler une alliance comme le fit le Maréchal Pétain
jusqu’au bout. Sans doute, nanti de ses antécédents guerrriers de chasseur de
communistes, il se croyait plus capable d’obtenir d’Hitler cette alliance, ce qui
veut dire que si personne ne voulait mourir pour Dantzig, certains étaient prêts à
mourir pour Hitler au nom de leur idéologie anticommuniste et anti-gueuse. Mais
Loustaunau-Lacau fut révoqué de la Légion le 13 novembre 1940 à l'instigation
de Xavier Vallat qu’il avait tenté de remplacer à la tête de la Légion
Ignoré d’Hitler, rejeté par Vichy, Loustaunau-Lacau, avec le colonel Groussard,
tenta alors de jeter des ponts entre Pétain et De Gaulle.
Ce dernier dans une lettre datée du 13 janvier 1941 répondit à son condisciple
de l'École de guerre :
« Toutes les finasseries, tergiversations, cotes mal taillées sont, pour
nous, odieuses et condamnables. Ce que Philippe a été autrefois ne change rien
à la façon dont nous jugeons ce qu'est Philippe dans le présent. » Dans son livre,
Loustaunau ne parle pas de cette lettre de De Gaulle. Il n’est pas tendre pour ce
dernier qui selon lui voulait mettre la main sur tous les éléments de la résistance
dans un dessein politique et militaire et conclut que de Gaulle aurait pu avoir une
attitude plus fraternelle à l’égard du réseau Alliance et de ses quatre cent vingt
fusillés ou massacrés. Le projet de Loustaunau-Lacau, était-il le plan d’un
cagoulard plus que celui d’un résistant et était-il irréaliste dans ses demandes et
ses moyens ? Malgré leurs dénégations sur leur appartenance à la Cagoule, il n’est
pour le moins certain que Pétain et son ordonnance Loustaunau avaient pour le
135
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

moins des connexions et des intérêts communs avec elle.


L’Intelligence Service, en manque de relais français, accepta de le soutenir
Loustaunau. Une rencontre à Lisbonne le 14 avril 1941 scelle la naissance
d’Alliance-Navarre un mois plus tard. Le réseau appartient au premier contingent
de déçus du régime. Une de ses forces a été de conserver des relais dans l’appareil
militaire et diplomatique de Vichy.
Passé en Afrique du Nord, il est arrêté pour dissidence par le Général Weygand
en mai 1941. Évadé, il reprend le maquis en France. Arrêté par la police française
le 18 juillet 1941, interné à Clermont-Ferrand, Évaux-Les-Bains (Creuse) et autres
lieux avant d’être livré par Vichy à la Gestapo le 31 mars 1943, il demeure six mois
dans les caves du capitaine de la Waffen-SS Hugo Geissler, et y subit cinquante-
quatre interrogatoires.
Son réseau Alliance pendant ce temps assure le départ du Général Giraud en
Algérie par sous-marin début novembre 1942 et devient un élément important
du réseau giraudiste auquel il s’intègre définitivement le 1er juin 1943 pour ne
rejoindre le BCRA (Bureau central de renseignement et d’action de la France libre)
qu’au printemps 1944 au moment de la fusio des services d’Algérie avec ceux de
la France Libre. Loustaunau Lacau de son côté est déporté en juillet 1943 et arrive
au camp de Mauthausen le 15 octobre 1943. Il parvient à survivre à
l’internement, puis à la marche forcée imposée par les gardiens du camp lors de
l'effondrement de l'Allemagne nazie. Il est libéré le 5 mai 1945 par le 41 st Recon
Squad de la 11th Armored Division 3rd US Army et rejoint Pau le 9 mai. Il se portera
aussi à la défense de Pétain en écrivant une lettre au Général De Gaulle. Au Procès
du Maréchal ouvert le 23 juillet 1945, il se déclara « écœuré par le spectacle des
hommes qui, dans cette enceinte, essaient de refiler à un vieillard presque
centenaire l'ardoise de toutes leurs erreurs ». Il n’avait pas compris que Pétain
dont il partageait le sectarisme était l’erreur suprême, le complice d’Hitler,
l’homme aux multiples assassinats, et lui-même responsable de nombreux morts
juifs et autres en déportation, ou plutôt il l’approuvait ; en outre, il accusait
toujours Daladier et le Front populaire sans compter que Daladier lui-même est
accusé aussi d’avoirt voulu contenter Hitler, cela jusqu’à l’arrivée au pouvoir du
jusqu’en boutiste Paul Reynaud, arrivée qui rendit caduque les ententes secrètes
entre les anti-gueuse et Hitler et retarda le coup d’État Pétain,
. En juin 1947, incorrigible conspirateur, Loustaunau-Lacau sera arrêté ainsi
que le comte de Vulpian et le Général Maurice Guillaudot : ils étaient impliqués
dans une rocambolesque histoire de complot de droite, complot dit du plan
bleu… Après six mois de prison, il fut libéré en février 1948 : non-lieu. L’excuse,
sinon le prétexte, fut encore corvignollesque : n’en voulant pas au gouvernement,
136
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

il voulait simplement le débarrasser de ses communistes...


En 1948, il publia ses mémoires, Mémoires d'un Français rebelle chez Robert
Laffont. Élu député des Basses-Pyrénées le 17 juin 1951le 17 juin 1951,
Loustaunau-Lacau est mort à Paris le 11 février 1955, en pleine réunion de
l’Assemblée nationale quelques jours après sa nomination au grade de Général et
le jour même où cette nomination apparaissait au journal officiel. Resté constant
dans son idéologie réactionnaire, pour ne pas dire antidémocratique, l’antisémite
Loustauna-Lacau démontrait ainsi la meilleure méthode pour n’avoir ni remords
ni sentiments de culpabilité. N’avait-il pas démontré la même soit-disant
incohérence ou grandeur d’âme, lorsqu’il défendit Pétain à son procès, alors que
le régime de Vichy l’avait livré à la Gestapo ? Il est toujours plus facile de
pardonner à ses amis qu’à ses ennemis. Cette obstination butée, pléonasme
nécessaire, dans l’hérésie se comprend quand on constate que tous ces résistants
giraudistes antigaullistes arrivés pour beaucoup à la deuxième heure et parfois à
la dernière heure ne rêvaient sans aucun doute que d’une seule chose : ils
croyaient que, grâce à un autre antigaulliste appelé Roosevelt, et aussi la
mésentante existant entre Churchill et De Gaulle ils allaient pouvoir avec Giraud,
Darlan ou un autre, pérenniser le régime de Vichy en retournant leur veste de
servitude de l’Allemagne vers les États-Unis. Il ne faut pas oublier que Roosevelt
avait annoncé dès le 26 juin 1940 qu’il ne reconnaissait qu’un gouvernement
français, celui du maréchal Pétain. Pourquoi l’anti-allemand Pétain alors lui qui
avait fait le don de sa personne à la France, n’a-t-il pas rejoint l’Afrique du Nord
alors que là les conditions et en plus le débarquement américain lui étaient
favorables ? Cela éveille le soupçon d’un Pétain ayant pris le pouvoir dans les
fourgons d’Hitler pour éliminer la république ; en prétendant ne pas quitter
l’hexagone soi-disant parce qu’il donnait son âme à la France, en réalité, il ne
pouvait peut-être pas la quitter, car Hitler vivant pouvait sans doute « tirer sur le
fil à la patte » par lequel il tenait attaché comme un pantin ce nouveau Bazaine.
Loustaunau-Lacau, était un personnage intelligent, habile et et tricheur de bonne
foi, comparable à un grand violoniste, qui, étant un psychorigide rétrograde
incapable de reconnaître les bonnes partitions, serait à la fois l’avaleur et le
distributeur de couleuvres et la couleuvre elle-même ; tel je me représente
l’habile et retors Loustaunau-Lacau.
https://www.monument-mauthausen.org/37788.html.
L’affaire Corap. La farce fatale Huntziger-Gamelin versus Corap-Georges est un
évènement charnière de la guerre qui amena le transfert de la 35e Division dans
les Ardennes. En 1938, Corap faisant une manœuvre de lutte contre les chars,
Gamelin lui dit : « Alors on s‘amuse mon Général. »
137
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

Il faut dire qu’Huntziger était le poulain de Gamelin et cela, sans doute, mis à
part son manque de poigne sera la plus grosse erreur de Gamelin. Sans parler de
la suite, le « gracieux » Gamelin fera du « Grogneux » Corap, ami du « grogneux »
Georges, le bouc émissaire, et du « Gracieux » Huntziger, son ami, l’innocent.
Gamelin fut trahi, Georges et d’autres n’ont pas suivi ses ordres. Paul Reynaud n’y
verra que du feu, sa maîtresse était ami de mme Huntziger. Le Général Huntziger,
plutôt beau, courtisan, poli et courtois, flatteur et carriériste, était dès l’avant-
guerre destiné à un grand avenir, celui même de maréchal peut-être. La guerre
venant, il dénia la vérité sur son armée pour plaire, pour ne pas dire tromper et
trahir, vérité qui était la dangerosité et la faiblesse de son secteur placé dans un
endroit critique. L’armée Corap, manifestement trop faible malgré les
avertissements et plaintes incessants de son Général, avait vu son flanc droit
laissé totalement à découvert par la décision après le franchissement de la Meuse
à Sedan du Général Huntziger de replier sa 2e Armée, sur la ligne Maginot.
En prémisse à la guerre, le Général Corap, personnage plutôt laid et grincheux,
obèse, cru dans ses manières et son parler, le contraire du gracieux Huntziger,
avait son avenir derrière lui, mais il disait la vérité ; sa 9e Armée n’avait d’une
armée que le nom, elle manquait de tout.
Corap n'avait eu de cesse d'alerter Gamelin qu'il n'avait pas les moyens de
retenir un assaut blindé, pas de mines, des casemates inachevées et la nécessité
de déployer ses troupes en arc de cercle pour occuper la rive gauche de la Meuse
belge allait encore amoindrir ses forces. Le général Gamelin se désintéressa des
Plaintes de Corap et George les négligea. L’inévitable survint : le Général Corap
n'ayant plus de liaison vers Sedan, débordé au nord et menacé au centre, ordonna
pour sauver de l’encerclement ce qui restait de ses troupes un repli précipité sur
la frontière française.
Cet ordre de repli dégarnit la 1re Armée qui résistait en Belgique et l’obligea à
abandonner ses positions sur la trouée de Gembloux. En virant vers l’ouest les
panzers achevèrent d’anéantir la 9e Armée Corap à qui on n’avait apporté comme
secours que le remplacement de son chef par le Général Giraud ! L’effet domino
n’avait pas tardé sur la 9e puis sur la 1re Armée. De plus, Huntziger au lieu de
reporter toute son énergie sur sa gauche menacée, alors qu’il avait tout de même
un meilleur état-major et une meilleure armée que Corap, agrandit l’échancrure
en se repliant sur la ligne Maginot. Huntziger ouvrit la porte aux Allemands et
Georges en fit tout autant en leur ouvrant le corridor.
Le 12 mai 1940 à 14 heures 30, il avait mis à la disposition du 21e C. A., un
groupement composé de la 3e D.I.M., la 3e D.C.R. et à 15 heures, il avait fait venir
le 6e G.R.D.I comme protection contre d’éventuels parachutistes…
138
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

Le 13 mai, le 6e G.R.D.I. aura mission de barrer les itinéraires nord-sud d’une


ligne La Cassine — Stonne — Mont Damion, en liaison avec les 5e et 2e D.L.C.
Huntziger en effet avait, aussitôt commencée la bataille de la Meuse à Sedan,
c’est-à-dire en soirée dès le début de la nuit du 13 au 14 mai, déménagé son état-
major de la 2e Armée (chef d’état-major colonel Lacaille) invoquant un
bombardement qui n’avait pas existé, de Senuc pour les forts situés autour de
Verdun : Landrecourt, Regret, Dugny.
Le 14 mai à midi, le P.C de la 3e D.I.M. s’installa aux Petites-Armoises et y fut
rejoint dans le cours de l’après-midi par le P.C de la 3e D.C.R.
Mal planifiée, la contre-offensive de la 3e D.C.R. en l’absence d’Huntziger fut
annulée dans la journée du 14 mai, la 3e D.I.M., la 3e D.C.R. et la 5e D.L.C. furent
réparties par le Général Jean Flavigny en bouchons défensifs sur un front de
20kilomètres. Le matin du, 14, lancés dans une mission de sacrifice sans attendre
la 3e D.C.R et la 3e D.I.M. deux unités de chars F.C.M. 36 (le 7e B.C.C. et le 4e B.C.C.
et deux régiments d’infanterie pauvrement équipés (le 213e R.I. et le 205e R.I.)
avaient déjà été décimés.
Huntziger a eu tout faux, d’abord en étant sans doute depuis des années le
mauvais conseiller de Gamelin, ensuite en n’appuyant pas les rouspétances de
Corap, enfin en élargissant l’échancrure, oublieux de son devoir de secourir son
voisin de gauche, Corap qui avait une mission absolument impossible. Huntziger
fera de Corap un bouc émissaire et les mauvaises langues racontent même qu’il
se livrera par la suite à un léger toilettage des archives afin d'asseoir sa position.
En dernier ressort toutes les décisions prises par Huntziger seront favorables aux
Allemands. Huntziger, dont l’État-major fleurait bon la Cagoule, n’aurait-il pas
réalisé sournoisement ce que le général collaborateur Bridoux fera ouvertement
par la suite ? Huntziger était une autre de ces couleuvres comme Loustaunau-
Lacau, mais qui laissera des traces bien plus visibles et sérieuses ; sans doute, il
avait encore moins de droiture que ce dernier. Huntziger étant sans doute le plus
retors si l’on admet qu’il a su leurrer Gamelin, de Gaulle et pourquoi pas (?)
Loustaunau-Lacau.
L’Organisation du haut commandement françcais était confuse compliquée et
inadaptée en 1940 lors de la déclaration de guerre et aucun remède n’y fut
apporté durant la drôle de guerre. Il n’existait aucun État-Major général et
simplement Gamelin passa de commandant en chef des forces terrestres à « chef
d’état-major général de la défense nationale. Ce titre et ces attributions de
Gamelin étaient pourtant illusoire car il n’établissait aucun lien hiérarchique
subordonnant les commandants « Mer » et « Air » sinon un droit de regard qui lui
permettait de contrôler la bonne préparation et le bon accomplissement des
139
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

miissions fixées. Quant au titre de commandant en chef sur toutes forces


terrestres, il est tout aussi équivoque. Même s’il s’exerce sur tous les terrains et
inclus le commandement du corps expéditionnaire britannique, un arrêté
ministériel pris le 1er septembre 1939 donne au ministre de la défense nationale
la responsabilité de la zone de l’Intérieur sur la création, le rassemblement et la
mise en condition des ressources et des effectifs.
En outre, la chaine de renseignement échappe en partie à Gamelin : les
attachés militaires dépendent du ministre des Affaires étrangères. Leurs rapports
soumis au Quai d’Orsay transitent par le ministre de la Défense nationale avant
de passer enfin au commandant en chef.
Pour corser le tout, Gamelin a nommé Georges commandant en Chef du front
Nord Est, se réservant les autres fronts si bien que le Grand Quartierv général est
scindé en deux, le GQG de Gamelin s’installant au fort de Montreuil 77) à 40 km
de Vincennes et à 30 km de la Ferté où s’est installé Georges et son État-Major, ce
qui avec l’Intérieur à Paris fait un quadrilatère de trafics incessants. Cette
dispersion des lieux, des pouvoirs et des responsabilités cette inertie résultant
d’années de marchandages, tractations partages et non choixs’exprimera dans le
communiqué de Gamelin du 19 mai 1940 en pleine débacle : « Sans vouloir
intervenir dans la bataille en cours, qui relève du commandant sur le front du
Nord Est, et approuvant toutes les directives qu’il a prises, j’estime
qu’actuellement... » Il est difficile d’évaluer la part vouluue, choisie ou subie par
Gamelin dans cette gabegie aux racines profondes amenant chutes, ressauts aux
destins divers de gloire et de trahisons.

La carte de la situation le 21 mai est en faveur de l’intention de Gamelin de


couper la « besace » allemande en demandant aux troupes françaises encerclées
d’oublier les Anglais dont l’intention de rembarquer était déjà évidente et, au lieu
140
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

d’effectuer des replis démoralisants, de concentrer tous leurs efforts de sur un


axe allant de la Manche vers Mézières-Sedan tout en tentant un repli au sud
isolant sans les affronter les blindés allemands trop avancés et aussi, deuxième
volet de la maneuvre, de pousser vers l’Est vers Sedan à partir de divisions
prélevées sur la ligne Maginot (Par ailleurs, Gamelin n’avait pas de réserves dit-
on, pourtant dans son livre « « Servir » », il se demande pourquoi Gerges n’a pas
utilisé comme il le lui demandait, 21 divisions disponibles pour boucher la trouée
de Sedan. La manœuvre de Gamelin eût été au moins la tentative d’une autre
bataille de la Marne. Mais Raynaud démissionnant Gamelin sans prendre la
précaution nécessaire vu la situation extrêment critique de lui laisser tenter sa
maneuvre en attendant que Weygand ait fini d’évaluer la situation.
Les journées prises par Weygand pour se rendre compte précipitèrent la
défaite. Mais Gamelin qui était considéré à l’époque comme le plus intelligent des
Généraux. Était-il trop intellectuel et pas assez terre à terre ? Avait-il le défaut de
vouloir complaire à tous plutôt que concrétiser ses propres idées ? N’avait-il pas
mesuré comme bien d’autres la profondeur du mouvement de trahison sous-
jacent ? Et pour cette fois, aurait-il agi, qu’il est douteux cependant qu’il eût pu
vraiment réussir, confronté qu’il était à une abondance de généraux antisémites
préférant Hitler à Blum et détestant la « gueuse » ? Si on peut admettre qu’il n’est
pas le grand responsable de la dissolution de la chaine d’autorité, on doit au
moins alors admettre qu’avoir ignoré ou complètement négligé ou minoré le
cancer cagoulard qui rongeait ses subalternes et leur avoir fait confiance a été sa
plus grande erreur. Sans imagination ou par calcul vicieux, donc, l'Armée française
a continué jusqu'à la défaite sa "bataille méthodique" éminemment prévisible
avec ses tentatives de "colmatage" et incompatible avec la rapidité de l’ennemi.
Cette tactique, valide certes, était rendue inefficace et suicidaire du fait de
l’impréparation adéquate de l’Armée et de l’attitude délibérée de ses généraux.
Cette faiblesse de Gamelin est bien illustrée dans le livre de Loustaunau-Lacau :
Gamelin à une manœuvre de chars à l été 1937 au camp de Sissonne avait bien
vu la faiblesse des fantassins face à la charge d’une meute de Chars B1 bis et
qu’avec eux on pouvait répondre à l’invasion allemande de la Belgique en les
lançant dans la trouée d’Aix-la-Chapelle afin d’atteindre la Ruhr et Trèves et
contourner ainsi la ligne Siegried, mais Gamelin ne prépara rien de cette idée
pleine de bon sens, qui aurait évité la défaite. Reynaud inconscient des idéologies
maurrasso-cagoulardes de certains en les appelant dans son ministère leur
ouvrait la porte du coup d’état hypocritement déguisé.
La fin de la bataille de Stonne approchait ; la 35e division fut alors appelée dans
des conditions qui ne permettaient plus, contrairement au dernier plan de
141
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

Gamelin, que des mesures de colmatage. Citons en préfiguration deux


évènements d’alors :
Le 23 mai à 8 h, le P.C du I/67° RI, situé dans un ravin des lacets de la route des
Grandes Armoises à Stonne reçoit à 8 h une salve d’obus qui l’anéantit (5
rescapés sur 25).
Le 23 mai 1940, le 21e C. A., à 9 heures 30, a mis à la disposition de la 3e D.I.M.
la 1re Brigade de Spahis composée du 6e Spahi algérien et du 4e Spahi marocain
pour la déployer sur la ligne ferme d’Uchon-bois de Fay-Oches, ceci en barrière
de sûreté en arrière de l’infanterie de la 3e D.I.M., et en protection du dispositif
d’artillerie. Cela n’empêcha pas les Allemands de pénétrer dangereusement dans
les lignes au point de s’emparer le 23 à midi des bois de Bontemps, Pré Naudin et
de Tannay au point que le matin l’artillerie française au bois d’Uchon en vint à
« tirer à zéro » l’ennemi étant à quelques centaines de mètres des canons. La
côte 276 et la ferme Uchon sont de part et d’autre de la route Grandes-Armoises
au Chêne-Populeux. Environ à mi-distance d’une ligne imaginaire entre Tannay et
Sy.
Le 24 mai 1940, un vendredi, à 22 heures, l'ordre numéro 26, 21 h 15, du 21e
Corps d’Armée ordonnant l'abandon du massif du Mont-Dieu arriva aux P.C de la
3e D.I.M. et 3e D.C.R... Vers 23 h 30, l'ordre de repli de la 3e D.I.M. était reçu aux
P.C des régiments. Le repli s’effectua dans la nuit dès la réception de l'ordre,
couvert sur la cote 276 par une croûte de cavaliers qui ne se replièrent qu'en
dernier lieu. Il se fit par un couloir étroit de deux kilomètres environ avec comme
xe principal la ferme Correrie, cote 222, Sy, bois de Sy, Petites-Armoises, Brieulles.
L’arrivée de la 35e Division dans les Ardennes : défense sans recul.
Le Général Decharme grâce à l’appui d’Huntziger, le chef de la 2e Armée, obtint
que la contre-attaque de sa division arrivée épuisée fût annulée et convertie en
une idée de « défense sans recul ».
De fait, la 35e Division n’avait pas manifestement ce qu’il fallait pour mener
l’offensive sur Sedan, offensive qu’il aurait fallu déjà faire en prenant le risque de
prélever pour cela de nombreuses divisions inactives sur la ligne Maginot ; cela
pouvait encore en dernier recours poser une menace contre le plan allemand.
La 35e Division était trop faible pour contrattaquer et elle ne pouvait que
contenir en se plaçant à l’aile gauche de la 2e Armée entre le Chesne-Populeux et
le bois de Sy. Elle le fit en terrain découvert et dénué de travaux défensifs.
Le 21e R.M.V.E. arriva la plus épuisée des unités de la 35e Division sur la ligne
de front. Il avait souffert plus que les autres des problèmes de camionnage et il
avait quelque retard ; il fut placé le plus à gauche de la Division, entre Le Chesne-
Populeux avec le canal des Ardennes et Sy. Il installa son P.C à la ferme Saint-
142
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

Denis et changea ce lieu trop exposé le 29 mai pour un endroit dans la forêt de
Noirval.
Depuis l’arrivée de la 35e Division dans les Ardennes jusqu’au 10 juin
En Alsace, c’était encore la drôle de guerre, maintenant le 21e R.M.V.E. allait
connaître la vraie guerre. Une fois débarqué à Saint-Mihiel, le 21e régiment
effectua des marches et contremarches harassantes de trente à cinquante
kilomètres s’étalant sur deux jours. Le mouchard suivant le jour ses mouvements,
le régiment devait marcher la nuit, du soir jusqu’à 3 heures du matin.
Il pleuvait, faisait froid, les signes du printemps avaient comme disparu. Ils
traversaient des villages vides où flambaient des maisons bombardées. Pour
s’alléger, les soldats jetaient une bonne part de leur équipement dans les fossés.
Les régiments de la Division furent en place dès le matin du 25 mai 1940 sauf
le 123e R.I. et les 2e et 3e bataillons du 21e R.M.V.E. qui n’arrivèrent qu'après le
lever du jour et le 1er bataillon du 21e R.M.V.E. encore plus en retard : à 4 heures
du matin, il était encore en bivouac en forêt à deux kilomètres au sud-ouest de
Boult-aux-Bois ; il traversait alors Boult-aux-Bois en direction de Belleville et
Châtillon-sur-Bar. Sa 3e Compagnie essuya alors les tirs ennemis.
Le premier bataillon n’arrivera pas sur son emplacement, le chemin des Mulets
au sud de la ferme Saint-Denis, avant 9 heures le 25 mai quand le jour était là
depuis longtemps.
Mmais heureusement cet emplacement était « en réserve ». Cependant la
C.D.T. et la C.R.E passant par la route et non par les bois, subiront aussi les
bombardements (voir récit de Hans Habe) .1 er Bataillon du 21e R.M.V.E. du 21 mai au 10 juin 1940 :
Le 21 mai 1940, précédé à partir du 18 par le 2e et le 3e bataillon, le 1er bataillon
quittait dans l’après-midi à pied le dernier son cantonnement du village de
Minversheim pour s’embarquer en train à Hochfelden vers 20 heures dans la nuit
du 21 au 22 mai. Les camionnettes du bataillon avaient été détachées sous le
commandement du lieutenant Maurice Bécaud et été réunies aux autres
camionnettes du régiment pour un train spécial.
Le 22 mai vers 8 heures du matin, il débarquait en gare de Saint-Mihiel (il y
avait été précédé vers 1 heure du matin par le 2e et le 3e bataillon) accompagné
de la Compagnie de Commandement et de la Compagnie Régimentaire d’Engins.
Le 2e et le 3e bataillon qui avaient précédé le 1er à Saint-Mihiel étaient déjà partis.
Il fera bivouac provisoire sous couvert du bois de Chauvoncourt. Le capitaine
Henri Bigot malade était alors évacué accompagné du médecin-lieutenant
Georges Rousse sur l’Hôpital de Commercy (il rejoindra au P.C de Bazancourt le
31 mai).
Le 22 mai vers 13 heures, le bataillon part pour son installation en bivouac dans
143
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

les bois au nord de la route de Pierrefitte à 5 kilomètres de Chauvoncourt


. Arrêté dans un bois de Saint-Mihiel, le régiment reçut pour la première fois la
visite du Général Decharme qui venait l’inspecter.
Le Colonel Debuissy fut à la hauteur selon Hans Habe :
— Mon Général, sur mes 2000 hommes, 800 n’ont pas de fusil. Devront-ils
combattre l’ennemi à mains nues ? (Il entendait sans doute parler uniquement
des trois bataillons.)
Le 22 mai à la nuit tombée, nouveau départ pour installation en bivouac gardé
dans bois ouest d’Érize-la-Grande (environ 32 kilomètres de Saint-Mihiel à Érize-
la-Grande).
L’itinéraire est le suivant : Fresnes, Rupt-devant-Saint-Mihiel, Pierrefitte,
Longchamps.
À Longchamps, la 2e et la 3e cie continuent pour se mettre en bivouac dans un
bois à l’ouest d’Érize-la-Grande vers 3 heures du matin.
La 1re Compagnie est détachée pour défendre le P.C de la Division à
Longchamps.
La C.A.1 et l’E.M. continuent par Chaumont jusqu’à Érize-la-Petite (P.C du
régiment).
Ce premier soir, le premier bataillon a donc marché jusqu’à trois heures du
matin.
23 mai vers 4 heures du matin, arrivée à Érize-la-Grande. Pluie ; vers midi, ordre
est donné de rassembler tout le bataillon en cantonnement dans le village.23,
mai vers 13 heures, Mirabail appelé au P.C de la Division (Longchamps) où il a un
entretien avec le Général Delaissey, commandant de l’infanterie de la 35e
Division. Ordre de départ pour le soir.
23 mai vers 17 heures, embarquement en camions sur croupe dominant Les
Marats. Itinéraire : Lisle-en-Barrois — Labeycourt – Givry-en-Argonne – Noirlieu
– Somme-Yèvres.
Arrivée vers 19-20 heures au cantonnement de Somme-Yèvres. (Trajet de 48
kilomètres environ d’ouest en est entre Érize-la-Grande et Somme-Yèvres.)
Le 24 mai à 4 heures du matin, signal d’alerte.
Le bataillon est embarqué en camion vers 8 heures ; itinéraire Dampierre,
Sainte-Menehould, Ville-sur-Tourbe, Cernay, Grandpré, Le Morthomme. Le
Morthomme situé à quatre kilomètres au nord de Grandpré en autocar (65
kilomètres) est atteint à 7 heures. Bivouac dans le bois de Morthomme. Mirabail
voit le Général Decharme. Le Colonel donne ordre de remplacer temporairement
e capitaine Henri Bigot par le capitaine Félix Gaillard comme adjudant-major
du bataillon.
144
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

Le 24 mai à 9 heures du soir, le bataillon part à pied pour Boult-aux-Bois par


Briquenay.
Le 25 mai à 4 heures du matin, le bataillon arrive et s’installe en bivouac dans
la forêt de Boult, à deux kilomètres au sud-ouest de Boult-aux-Bois, lisières route
Boult à Vouziers.
Le 25 mai vers 8 heures du matin, ordre de départ pour installation défensive
sur la lisière bois sud de la ferme Saint-Denis (Chemin des Mulets). Marche
d’approche par Boult-aux-Bois – Belleville – Préventorium.
Le premier bataillon du 21e R.M.V.E., encore en forêt à deux kilomètres au sud-
ouest de Boult-aux-Bois, traversait alors Boult-aux-Bois en direction de Belleville
et Châtillon-sur-Bar. Sa 3e Compagnie essuya alors les tirs ennemis.
À Belleville, premiers obus, 1 mort, deux blessés. Les Compagnies 1, 2, 3
gagnent leur position par bois. La Compagnie d’Appui 1 et la C.R.E. par la route de
Châtillon, comme le raconte Hans Habe.
Le 25 mai vers 19 heures, le premier bataillon n’arrivera sur son emplacement
alors que vers le jour est là depuis longtemps ; heureusement sa position aux Bois
des Mulets est en retrait vis- à-vis celle des deux autres bataillons.
Le G.R.D. était présent. Compte-rendu fut donné au P.C du bataillon à la ferme
Saint-Denis. Le sous-lieutenant de Medem, inutilisable fut affecté au
ravitaillement.
Les trois Compagnies, 1, 2 et 3 gagnèrent la position par bois. La C.A. 1 par la
route de Châtillon. Le regroupement du bataillon était accompli sur la position
indiquée vers 19 heures.
Le Groupe de Reconnaissance de la Division s’installa sur sa position. Compte-
rendu verbal fut donné au P.C du bataillon (ferme Saint-Denis)
Du 25 mai au 29 mai, le 1er bataillon resta en bivouac en réserve de Division au
chemin des Mulets.; 27-28 mai : Organisation défensive.
Le premier bataillon resta en bivouac au Chemin des Mulets en réserve de
Division. Les autres bataillons étant en première ligne, puis :
Du 29 mai au 3 juin, le 1er bataillon remplaça le 3e bataillon aux Petites-
Armoises, P.C à la ferme de Bazancourt. Il occupera le secteur ferme
Bazancourt-Petites Armoises — coude du canal des Ardennes. Le 29 mai matin,
le P.C du régiment quitta la ferme Saint-Denis et se porta dans le bois de Noirval.
Dans l’après-midi du 29 mai, le Général Delaissey, accompagné du Colonel
Debuissy, du commandant Le Guillard et du capitaine Lagarrigue, vint donner lui-
même à Mirabail les consignes de relève du 3e bataillon et ses instructions au
sujet de la défense des Petites-Armoises. Mirabail demanda au colonel la relève
u capitaine Amédée Modéna. Relève accordée. Le lieutenant Belissent prit alors
145
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

le commandement de la C. A. 1.
Relève à la nuit du 29 mai. Le P.C du 1er bataillon alla à la ferme de Bazancourt.2e
Cie + groupe franc + 2 S.M., point d’appui des Petites-Armoises.
1re cie + 1 S.M. appuyée au canal (liaison avec le 2e bataillon). Boqueteaux
devant voie ferrée désaffectée.
3e cie Pont sur le ruisseau et dans les boqueteaux entre 1re et 2e Cies. C. A. 1 à
la ferme Bazancourt – 1 S.M. Canons de 25 et mortiers
30 mai :
Au petit jour, Mirabail visite les Petites-Armoises. Il y voit le capitaine Roux du
11e R.I. et le capitaine Félix Gaillard (commandant de la 2e Compagnie du 1er
Bataillon).
31 mai :
Le Capitaine Henri Bigot est de retour de l’hôpital de Commercy et rejoint le 1er
Bataillon au P.C de Bazancourt.
31 mai – 3 juin :
Aménagement de la position défensive. Travaux intenses surtout la nuit. Pose
de champs de mines aux Petites-Armoises.
Le 3 juin : Lee 1er bataillon est remplacé aux Petites-Armoises par le 2e bataillon
(commandant Fagard) et il retourne au Chemin des Mulets. Les bombardements
y sont plus fréquents ; quelques tués et blessés surtout dans l’équipe sanitaire.
Les séjours en 1re ligne passent de 3 à 5 jours. Organisation de la défense. Le sous-
lieutenant de Medem passe à la Compagnie de Pionniers à la place du sous-
lieutenant Blonstein qui est affecté à la 1re Cie au moment de relever le 3e
bataillon sur le canal des Ardennes. Ordre de décrochage.
Du 3 au 10 juin Il sera de nouveau au bois des Mulets. Le 1er bataillon est
remplacé aux Petites-Armoises par le 2e bataillon (commandant Fagard) et il
retourne au Chemin des Mulets. Les bombardements y sont plus fréquents ;
quelques tués et blessés surtout dans l’équipe sanitaire.
Les séjours en 1re ligne passent de 3 à 5 jours. Organisation de la défense.
5, 6, 7, 8, 9 juin : Organisation de la défense.
Le 10 juin, après 22 heures, le 1er bataillon devait remplacer le 3e sur le canal
des Ardennes. Le repli l’empêche de s’installer au secteur Le Chesne — canal des
Ardennes, car l’ordre de décrochage arrivé avant, le bataillon décroche et se porte
à la Croix aux Bois. Installation du bataillon.
Hans Habe a écrit avoir parlé au lieutenant Jean Gay vers 21 heures 30 alors
que la 2e Cie (premier bataillon) se repliait sur la route du Chesne à Châtillon.
Ensuite Habe aurait parlé à un camarade de la 7e Compagnie (2e Bataillon) puis le
docteur Bernard Barati, observateur au 21e R.M.V.E., se faisait confirmer le départ
146
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

du 3e bataillon. Le troisième bataillon n’aurait reçu l’ordre de décrochage


immédiat qu’à 0 h .35.
Ce n’est qu’après cette heure qu’Habe et ses deux vompagnons, le docteur
Barati et Malagrida ont quitté leur poste d’observation

Bois du Chesne. Le chemin des Mulets.

De gauche à doite (ouest-est), Le Chesne, Les Petites-Armoises, Sy, Les


Grandes-Armoises

Forces en présence du 25 mai au 11 juin


147
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

Le 2e Bataillon du 21e R.M.V.E. du 21 mai au 10 juin 1940 :


En l’absence du journal de marche du bataillon, les renseignements suivants
sont tirés du journal de la C.A. 2. (Capitaine Roger Trussant) et du récit du sergent
Louis Boulard.
21 mai 1940
Le soir à 11 heures, la 5e Cie embarque à la gare d’Hochfelden, destination le
front de l’Aisne. (Boulard).
22 mai 1940 :
Gaillard, C.A.2 : Le matin à 1 heure, embarquement à Hochfelden (Alsace) par
chemin de fer. Boulard, 5e Cie : Débarquement vers midi à la gare de Saint-Mihiel
sous une pluie fine. La 5e Cie prend la route de Bar-Le-Duc, laissant celle de
Verdun à droite. Elle campe dans un bois (Chevoncourt ?) de 2 heures du soir à 8
heures du soir et à 9 heures reprend sa route.
Gaillard, C.A. 2, en après-midi débarquement à la gare de Saint-Mihiel et
mouvement vers Nicey.
23 mai :
La 5e Cie arrive à Villotte-sur-Aire et y reste toute la journée. La C.A. 2 fait de
son côté mouvement de Nicey à Rosnes par camions.
24 mai : 5e Cie Boulard : Départ le matin pour arriver à Érize-La-Grande à midi.
À 17 heures, départ en camions pour arriver à Sommaisne à 22 heures.
Après une heure passée couchés dans une grange, départ en camions, mais
pour revenir se recoucher au même endroit une heure après.
Gaillard : La C.A. 2 démarre aussi le matin, mais en camions jusqu’à
Morthomme-Beffu (Ardennes). Le soir même, la C.A. 2 fait mouvement vers le
Chesne-Populeux par Briquenay et Châtillon-sur-Bar.
25 mai :
5e Cie Boulard : Départ en camions à 9 heures du matin et arrivée à 1 heure de
l’après-midi devant le bois de Morthomme. Arrêt dans un bois voisin. Départ
pédestre à 5 heures de l’après-midi. La situation devient difficile à cause de la
cohue sur la route encombrée par les voitures, camions, etc.,
Le matin : débarquement à Morthomme – Beffu (Ardennes).
Après nouveau campement près du village de Morthomme, la marche peut
être reprise à 11 heures du soir : mouvement vers Le Chêne-Populeux. Par
Briquenay et Châtillon-sur-Bar.
26 mai – 3 juin :
5e Cie Boulard : arrivée devant Châtillon-sur-Bar à 2 heures du matin. Reprise
de la marche et à 4 heures du matin apparition de « Dudule » qui ne les lâchera
plus. Arrivée dans le bois du Chesne et sur le canal des Ardennes.
148
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

Séjour du 2e bataillon en première ligne Bois du Chesne, canal des Ardennes


depuis le Chêne-Populeux jusqu’au coude du canal.
3 juin :
Le 2e bataillon quitte le la zone du canal pour le Chemin des Mulets.
4, 5, 6 juin :
Repos du 2e bataillon dans les bois du Chêne Chemin des Mulets.
7-8 juin :
Prise de secteur au coude du canal, Petites-Armoises, ferme Bazancour.
9 juin :
Attaque allemande déclenchée au matin sur le 2e bataillon. Après violente
préparation d’artillerie, mais sans engins blindés. Attaque repoussée.
L’ennemi laisse sur le terrain ses morts et ses blessés dont certains sont faits
prisonniers à la nuit.
Le capitaine Louis de Brem commandant la 5e Cie est tué.
10 juin :
Violente action d’artillerie, mais sans attaque d’infanterie.
11 juin :
Tard dans la nuit du 10 au 11 juin. Ordre de repli immédiat.
Le 3e Bataillon du 21e R.M.V.E. du 21 mai au 19 juin 1940 :
Le 8 mai 1940, le 3e bataillon, recevant la visite du général Decharme s’est vu
remette son fanion. Durant son séjour en Alsace, il a vécu des patrouilles, des
gardes, des exercices de tir, des incursions et mitraillages de l’aviation ennemie
sans subir de pertes. Le troisième bataillon sera du 25 mai au 29 mai-1er juin dans
le secteur Bazancourt — Petites-Armoises — coude du canal, dans le secteur bois
des Willeux du 1er au 3 juin, dans le secteur Le Chesne-Canal des Ardennes du 3
au 10 juin.
22 mai 1940 :
Embarquement du bataillon à 6 heures 30 en gare de Hochfelden. Arrivée en
gare de Saint-Mihiel dans l’après-midi. Itinéraire suivi Saverne – Sarrebourg –
Lunéville – Neuves-Maisons – Toul – Commercy – Saint-Mihiel. Bivouac provisoire
dans les bois au nord-ouest de Chauvoncourt. Puis, à la tombée du jour,
mouvement du bataillon à destination des bois situés à l'ouest de Belrain où il
bivouaquera. P.C. de l’E.M. à Érize la brûlée.
Le 23 mai à cause des pluies diluviennes, le bataillon quitte les bois situés à
l’ouest de Belrain et gagne les locaux inoccupés de Belrain, puis rejoint dans
l’après midi sur ordre du Régiment le cantonnement d’Érize-la-Brûlée.
Le 23 mai vers 22 heures, il part en camion pour Noirlieu, Somme-Yèvres. Au
moment du départ destination changée pour le bois de Bourgogne situé près de
149
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

Morthommele Morthomme.
Le 24 mai en matinée, le 3e bataillon arrive au bois de Bourgogne situé à un
kilomètre de Morthomme.
Le 24 mai soir : départ pour les tranchées de la ligne de front, après avoir reçu
des ordres vocaux au P.C du colonel. Itinéraire Briquenay – Boult-aux Bois –
Belleville – Châtillon-sur-Bar. Arrêt de 1 heure 30 dans le bois du préventorium de
Belleville.
Le 24 mai à 22 heures, ordre a été donné à la 3e D.I.M. de quitter le bois du
Mont-Dieu par un corridor large de deux kilomètres environ à mi-distance d’une
ligne imaginaire entre Tannay et Sy et menant au bois de Sy.
L’ordre atteint les unités vers 23 heures 30. La 35e Division doit s’installer en
première ligne dans des conditions extrêmes, plus particulièrement pour le 3e
Bataillon du 21e R.M.V.E.
Le 3e bataillon doit en effet occuper le secteur exposé Petites-Armoises, coude
du canal des Ardennes, ferme de Bazancourt.
Le 25 mai à 0 heure 20, les Allemands sont maîtres de Tannay et poussent vers
les Petites-Armoises.
Le 25 mai matin, l’arrêt dans le bois indiqué ci-dessus ne permet au 3e bataillon
d’arriver après une marche de nuit sans incident qu’au lever du jour à 8 heures à
quelques kilomètres du canal des Ardennes. À hauteur du bois des Wileux, les
éléments se dirigent sur leurs emplacements respectifs.
La 9e Cie sur les Petites-Armoises.
La 11e Cie vers le coude du canal des Ardennes.
La 10e Cie en réserve en avant de la ferme de Bazancourt où est installé le P.C
du bataillon, son observatoire se trouvant à la corne du bois des Alleux. Les
éléments de la C.A. 3 sont répartis dans le secteur suivant le plan de feux.
L’installation est couverte par des éléments de divers groupes de
reconnaissance (G.R.) qui se trouvaient sur les emplacements dans la partie ouest
du secteur et en lisière de la route le Chesne-Stonne dans la partie Est. Mais ils
doivent se rendre en plein jour sur leurs emplacements au bord du canal des
Ardennes à son coude. Ils doivent enjamber des morts sur le terrain et dans des
tranchées : des chasseurs relevés (8e Régiment de Chasseurs à Cheval) leur
signalent avoir subi l’horreur ces derniers jours, l’enfer. Les Allemands avaient
deviné la relève et infiltré un groupe franc. Pris entre deux feux ils furent tous
tués.
Le 25 mai 1940 en journée
L’occupation des emplacements s’est effectuée sous le bombardement de
l’artillerie ennemie déclenché en représailles tout particulièrement sur le village
150
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

des Petites-Armoises et sur le coude du canal des Ardennes. C’est le baptême du


feu ; les soldats, qui marchaient à travers des champs où des vaches non traitées
depuis plusieurs jours beuglaient lamentablement, doivent se disperser dans les
buissons.
Le sous-lieutenant de la 11e Compagnie, le sous-lieutenant Basile Roudometoff,
qui était resté au P.C du bataillon est tué ainsi que le lieutenant Dulion et il y a
plusieurs blessés... Activité aérienne allemande.
Le 25 mai après le bombardement qui a duré deux heures durant lesquelles le
3e bataillon a perdu encore le Hongrois Ferenczi et le Suisse Kipfer, les Allemands
tentèrent de franchir le canal et furent repoussés. Après avoir rassemblé ses
troupes à la hâte, le colonel Debuissy ordonna au troisième bataillon du
commandant Poulain de repousser les Allemands au Chesne-Populeux. Alors, dès
le premier affrontement, le capitaine, le baron Ravel de Biesville, réussit avec le
légionnaire, le sergent Salvador Gattegno, à la tête de sa 11e Compagnie à forcer
les Allemands cinq fois supérieurs en nombre à se retirer de deux kilomètres. Ils
s’emparèrent de la moitié sud du Chesne et firent sauter le pont sur le canal.
La section Pereira du 3e Bataillon du 21e R.M.V.E. (4e section, 10e Cie, Adjudant
Albert Pereira) est détachée au Moulin-Neuf en raison de l’importance de ce
point. De son côté, la 9e Compagnie du capitaine Sabadie encadre le village des
Petites-Armoises. Le village lui-même restera tenu par la 9e Cie du 11e R.I.
(capitaine Roux) jusqu’au 29 mai.
Des travaux défensifs sont très poussés en présence de l’activité de l’infanterie
ennemie qui cherche à s’infiltrer.
Citons ici le récit de Léon de Rosen concernant l’arrivée à l’approche du canal
par le 3e Bataillon du 21e R.M.V.E. :
« Le 25 mai 1940, après une marche de nuit, nous arrivâmes à quelques
kilomètres du canal des Ardennes où nous devions relever des unités françaises.
Nous marchions à l’aube, à travers champs. Des vaches, non traites depuis
plusieurs jours, beuglaient lamentablement. C’est là que nous subîmes le
baptême du feu. Notre arrivée fut accueillie par un copieux bombardement qui
nous dispersa dans les buissons.
Il y eut quelques blessés et un mort : le lieutenant Roudometoff qui
commandait une des sections de ma Compagnie (11e Cie). Ma bicyclette était
restée au P.C du régiment. Je ne la revis plus. Le soir venu, nous fûmes répartis
tout au long du canal des Ardennes.
Quelques mètres seulement nous séparaient de l’ennemi qui occupait la berge
du canal du côté opposé à la nôtre. Les soldats que nous avions relevés avaient
creusé des trous tout le long de la berge que nous occupions et nous pûmes nous
151
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

y abriter. Il n’était pas question de se promener sur la berge au-dessus des trous.
Un malheureux qui le fit, par distraction, fut immédiatement tué d’une balle dans
la tête.
Dans la journée du 25 mai, après nous avoir encore bombardés pendant plus
de deux heures, bombardement au cours duquel mes amis Ferenczi de
nationalité hongroise et Kipfer de nationalité suisse, furent tués, l’ennemi tenta
de franchir le canal. Il fut repoussé par les volontaires qui se battirent
magnifiquement. »
Le 25 mai soir, le soir venu le 3e bataillon fut réparti au long du canal. La relève
au bord du canal s’effectuera à la nuit tombée dans le silence le plus complet.
Le 25 mai à 22 heures, les éléments G.R.D.I. (Monument dédié aux 13e, 64e,
76e, 93e G.R.D.I. et 12e, 14e, 22e G.R.C.A. à Stonne) qui se trouvaient en contact
avec l’ennemi se retirent.
Le 25 mai à 22 heures préavis est donné à la 3e D.I.M. qu’elle devra quitter le
bois du Mont-Dieu par un corridor large de deux kilomètres menant au bois de
Sy. L’ordre atteint les unités de la 3e D.I.M. entre 23 heures 30 et 0 heure 30, les
éléments avancés des G.R. qui se trouvaient en contact avec les forces ennemies
se retirent dès 22 heures et le bataillon prend le contact à son compte. ; des
travaux défensifs sont très poussés en présence de l’activité de l’infanterie
ennemie qui cherche à s’infiltrer
Le 25 mai vers 23 heures, l’ordre atteint la 3e D.I.M. d’avoir à retraiter entre 23
heures 30 et et 0 heure 30.
Le 25 mai à 0 heure 30, l’ordre de repli atteint les unités de la 3e D.I.M. Elles se
replient derrière la 35e D.I. Les chars restants de la 3e D.C.R. se regroupent dans
les bois sud-ouest de Boult-aux-Bois, avant de rejoindre la zone de Grandpré le
31 mai pour remise en état. L‘artillerie de la 3e D.I.M. restera au service de la 35e
D.I. jusqu’au 7 juin.
Le 26 mai, dans la matinée, se produisent de violents bombardements par
l’artillerie ennemie, plusieurs morts et blessés, dont le lieutenant Pierre Bernard
Dulion de la C.A. 3 (blessé le 26, il décédera le 27) et le capitaine Sabadie de la 9e
Cie (blessé, mais qui décédera aussi).
Le lieutenant Wladimir Smirnoff prend le commandement de la 9e Cie. Au cours
de la journée, les Allemands lancent quelques attaques sur nos positions, mais
toutes sont repoussées.
Le 26 mai, les troupes allemandes se montreront fort prudentes du côté La
Berlière-Oches, mais par contre, elles progresseront encore sur les collines
situées entre Tannay et les Petites Armoises, hors de la vue de nos artilleurs à
Belleville.
152
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

Le 27 mai 1940,
Nouvelles attaques et bombardements allemands sur le sous-quartier de la 11e
Cie (coude du canal). Tués et blessés dont l’aspirant Antoine Beille de la C.A.3 très
grièvement blessé. Le service sanitaire est débordé par suite de l’absence du
médecin-lieutenant Jean Buvat faisant fonction de médecin-chef du régiment.
Les éléments avancés ennemis s’approchent du village des Petites-Armoises et
s’installent à la carrière située au sud-ouest de la côte 201 et sur les pentes
dominant les Petites-Armoises.
Nous maintenons toutes nos positions et les consolidons en les organisant.
(Dans le Pré-aux-Moines, les travaux défensifs ont dû être effectués en
superstructure par suite de l’état marécageux du terrain.)
En raison d’infiltrations possibles, l’intervalle entre la 9e et la 11e Cie est occupé
par les éléments avancés de la 10e Cie (cie réservée).
28 mai :
Devant la ténacité de notre résistance, l’activité de l’ennemi se ralentit. Notre
poste d’observation nous signale que les Allemands s’organisent sur les pentes de
Tannay et creusent des éléments de tranchées, effectuant des bétonnages.
Notre artillerie alertée déclenche des tirs particulièrement meurtriers dont les
résultats sont confirmés par la venue de très nombreux brancardiers.
Le Général Delaissey commandant l’ID arrive en side-car au P.C du bataillon
suivi d’un deuxième side-car transportant un commandant du génie pour
information concernant les péniches situées sur le canal des Ardennes. Cette
visite n’est pas passée inaperçue et a occasionné un violent bombardement de la
ferme de Bazancourt provoquant 3 morts et plusieurs blessés au P.C
La journée est marquée par des tirs d’artillerie de part et d’autre.
29 mai :
Activité des deux artilleries. Deux sections de Fusiliers-Voltigeurs du 11e R.I. qui
tenaient le village des Petites-Armoises se retirent et la défense est organisée
avec les éléments restants sur place.
Le 30 mai, vers midi :
Une patrouille ennemie qui cherchait à s’infiltrer dans nos lignes a été surprise
et anéantie, alors qu’elle tentait de regagner ses lignes, laissant trois morts sur le
terrain, dont un officier et un sous-officier.
Des armes diverses (mitraillette, pistolet mitrailleur, grenades) des cartes au
1/20 000 portant des indications sur les emplacements des armes automatiques
et des batteries d’artilleries allemandes furent le butin laissé dans nos mains.
30 mai à la nuit :
Visite du Colonel et arrivée des officiers du 1er bataillon à la nuit pour
153
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

reconnaissance du secteur en vue de la relève du lendemain. Le cours de la nuit


est parsemé de tirs d’armes automatiques de part et d’autre.
Après cinq jours de combat, le 21e R.M.V.E. avait déjà vingt-trois tués (dont
Lejzar Sandbarz et le capitaine Louis de Brem, tués le 30 mai) soixante-cinq
blessés et trois disparus.
Boris Holban au 3e bataillon note qu’après cinq jours de combat le
ravitaillement se fait mal. Il n’y a pas assez de fromage pour tout le monde : il est
lancé loin des tranchées… Seul celui qui bondit hors des lignes peut s’en emparer.
Mourir pour un fromage… Et dire qu’il se trouvait toujours des amateurs !
31 mai :
Le bataillon est relevé au début de la nuit par le 1er bataillon et il se rend au bois
des Wileux (environ 1 km au nord de Noirval et à vol d’oiseau à 1,8 km à l’ouest
de Belleville et Châtillon) où il arrive sans incident au petit jour du 1er juin.
1er juin :
Installation dans le bois, construction d’abris : nettoyage du bivouac, mise en
état des armes.
Dans la nuit, violents bombardements de l’artillerie ennemie sur le bois : dégâts
matériels, pas de blessés.
Le capitaine Amédée Modéna prend le commandement de la 9e Cie.
2 juin :
Installation d’éléments de la surveillance à la lisière nord du bois. Continuation
des travaux d’aménagement. Dans la soirée, reconnaissance d’officiers dans le
secteur occupé par le 2e bataillon en vue de la relève du lendemain.
3 juin :
Préparation pour la relève de la soirée. Départ vers 22 heures pour prendre
position au bord du canal (zone entre Le Chesne exclu et le coude du canal). La
relève s’effectue sans incident.
La 10e Cie occupe le sous-quartier ouest (partie en bordure du canal) la 4e
section gardée en réserve dans le bois situé au sud-est du Chesne. La 11e Cie est
placée dans le sous-quartier occupant la bordure du canal et le Bois carré au sud
de ce dernier, en liaison avec le 1er bataillon à l’Est.
La 9e Cie est mise en réserve dans les bois au sud du canal des Ardennes.
4 juin :
Aménagement et organisation du quartier (installation de réseaux de défense
inexistants jusqu’à ce jour). Amélioration des tranchées creusées dans la berge du
canal et modification du plan de feu. À la 10e Compagnie, au cours d’une
reconnaissance, deux guetteurs sont tués. L’ennemi exécute des émissions à la
radio (parlées et musicales) Reconnaissance de la ligne d’arrêt Bazancourt –
154
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

Maison-Rouge.
5 juin :
Continuation des travaux de défense. Échange de tirs d’artillerie.
Les Allemands bombardèrent violemment le secteur, notamment pour le 21e
aux Petites-Armoises et à la ferme de Bazancourt et ses abords et toute la région
du bois du Chesne. L’artillerie ennemie fit des ravages.
Le 5 juin, le 21e R.M.V.E. compte 35 tués et soixante-dix-sept blessés.
6 juin :
Continuation des travaux de défense. Reconnaissances diverses.
7 juin :
Continuation des travaux de défense. Reconnaissances diverses. Réception de
l’ordre de jour de la 35e D.I. ci-après :
« Soldats de la 35e, la bataille est engagée, vous veillerez et vous tiendrez s’il le
faut jusqu’à la mort. Vive la France ! »
8 juin :
Une attaque par chars d’assaut est annoncée comme prochaine. Toutes
dispositions sont prises pour y résister avec succès.
9 juin :
Une attaque ennemie se déroule sur la partie ouest de la 36e D.I. (57e R.I.) qui
la repousse et fait de nombreux prisonniers (800 environ). Bombardement des
Petites -
Armoises (quartier du 2e bataillon) qui brûlent toute la nuit. Activité de l’aviation
ennemie. Le 21e R.M.V.E. subit ce jour-là vingt-et-uns tués et cinquante-sept
blessés pour un total ardennais de cinquante-six tués et cent trente-quatre
blessés du 26 mai au 9 juin.
Voici ce que raconte le commandant du II/14 R.I. de la 36e D.I. sur ce 9 juin dans
ses carnets de route (revue Ligne de Front Hors Série N° 10 mai-juin 2010) : « À 3
heures 30, un violent bombardement nous réveille. La préparation se fait à notre
gauche sur le 57e R.I. et à notre droite sur la 35e D.I. Le roulement est continu et
me fait penser aux préparations de la dernière guerre. À 4 heures 30, les premiers
bombardiers passent. Les vagues se succèdent de 5 minutes en 5 minutes… ils ne
bombardent plus en piqué comme dans les premiers temps, mais se contentent
de survoler l’objectif et lâchent leurs projectiles À 5 heures… Nouvelle alerte,
l’ennemi a attaqué au lever du jour et a réussi à passer le canal des Ardennes dans
le secteur du 57e R.I…. Nous risquons d’être encerclés… »
10 juin dès le matin 7 heures
Nouvelle attaque allemande dès le matin 7 heures sur le même objectif que la
veille après une forte préparation d’artillerie : le 57e est bousculé et une poche se
155
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

forme au sud du canal des Ardennes.


Le 3e Bataillon du 21e R.M.V.E. reçoit l’ordre d’envisager éventuellement une
défense en bretelle face à l’ouest. Une reconnaissance immédiate des
emplacements est effectuée pour l’exécution de cet ordre.
Activité intense de l’aviation ennemie, échange de tirs d’artillerie.
10 juin dans la soirée, vers 21 heures 30 :
Un ordre préparatoire de repli prévu en deux temps arrive au P.C du 3e
bataillon ; éléments de 1re ligne demeurant sur place et faisant croûte jusqu’au
lendemain soir ; éléments de réserve (9e Cie) se repliant avec le 1er bataillon sur
La-Croix-aux-Bois.
Peu après un compte-rendu de la 10e Cie du capitaine Duvernay informe le
commandant Poulain que le 14e R.I. décroche en totalité ce même soir à partir de
22 heures. Un compte-rendu est fourni au régiment mentionnant ce fait.
11 juin à 0 heure 35, l'ordre nous est donné, de décrocher immédiatement en
totalité.
La 35e Division du 20 mai au 10 juin 1940 :
20 mai matin le P.O.C, (poste orienteur de cantonnement) part avec deux
voitures de liaison pour Lérouville.
Le 21 mai journée départ des 57 trains de la 35e D.I. à partir des différentes
gares de chargement : Hochfelden, Brumath, Metzwiller, Haguenau,
Bouxwiller.avec Lérouville pour destination.
L’État-Major part de la gare d’Hochfelden à 2 heures.
Le Q.G. et, avec les troupes qui le composent, a droit aux trois premiers trains.
Les départs se font d’heure en heure pour Lérouville.
De Lérouville, les gares de débarquement étaient réparties entre Bar-le-Duc,
Commercy, Longeville, Sampigny. Saint-Mihiel.
Le 21 mai dans l’après-midi, le P.C de la 35e Division fonctionnait à la mairie de
Nicey-sur-Aire. La 35e D.I. est dans le territoire de la 2e Armée et celle-ci semble
ne pas vouloir la connaître.
Le 21 mai au soir, ne sont arrivés dans la zone de stationnement que les trois
premiers trains transportant le Q.G. et les troupes rattachées au Q.G.
La nuit du 21 au 22 mai, la division s’installe en bivouac dans sa zone de
cantonnement dans les bois, les agglomérations étant souvent la cible des
bombardiers ennemis, autour de Nicey-sur-Aire, de Pierrefitte, de Longchamps,
des Érize, de Rambluzin et Benoitevaux.
Le 23 mai en matinée, vers 11 heures, le chef d’escadron Maury du train arrive
à Nicey-sur-Aire.
Il apporte un changement important : la zone de stationnement de la 35e D.I.
156
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

est portée au sud, de Sainte-Menehould à Villers-en-Argonne, région de


Passavant-en-Argonne pour la rapprocher du front.
Les trains qui ne sont pas encore arrivés (cie auto, le 214e R.A.D., le parc
d’artillerie divisionnaire, etc.) seront détournés vers les gares de la nouvelle
destination.
Les éléments auto et hippomobiles déjà arrivés à Nicey-sur-Aire feront
mouvement de nuit par leurs propres moyens. Les fantassins seront embarqués
en camions fournis par le régulateur routier et transportés sur-le-champ au sud
de Sainte-Menehould.
Les embarquements commencent à 14 heures pour le 11e R.I.
Ils sont suivis de ceux du 123e R.I. La 35e D.I. se trouvant alors en réserve du
G.Q.G., mais située sur le territoire de la 2e Armée, on a alors lieu de penser
qu’après quelques jours destinés à son regroupement, elle sera affectée à la 6 e
Armée (Général Touchon) supposée boucher le trou béant causé par
l’effondrement de l’armée Corap et le repli de l’armée Huntziger vers l’Est.
L’armée Corap avait été laissée manifestement trop faible malgré les plaintes
incessantes de son Général en plus son flanc droit avait été laissé totalement à
découvert par la décision intempestive du Général Huntziger après la bataille de
la Meuse à Sedan de replier sa 2e Armée, sur la ligne Maginot.
Le 23 mai vers 18 heures cependant, le régulateur revient avec de nouveaux
ordres. Il a détourné ses camions qui, au lieu de gagner le sud de Sainte-
Menehould, sont dirigés vers une nouvelle zone de regroupement située au nord
de Grandpré et de l’Aire dans la région ouest de Buzancy, dans le triangle
Germond, Authe, Autruche.
Le régulateur routier annonça que toute la 35e Division devait suivre ce
mouvement et qu’elle serait immédiatement engagée sur le front aux abords de
la zone de débarquement.
Le 23 mai en soirée, convoqué d’urgence à 20 heures auprès de l’état-major de
la 2e Armée et de là au P.C du 21e C. A., fonctionnant à Senuc (Général Flavigny)
le Général Decharme se vit confirmer l’ordre d’attaquer. En son absence, l’état-
major de la 35e Division reçut par téléphone vers minuit l’ordre de préparer pour
le lendemain les conditions qui avaient déjà été indiquées par le régulateur
routier.
Le 24 mai matin, lorsque le Général Decharme revient à Nicey-sur-Aire, la
35eDivision se trouve étirée sur une centaine de kilomètres...
Premièrement : la plus grande partie des fantassins dont les camions ont été
détournés la veille au soir ont bien été débarqués dans la zone d’Authe-Autruche-
Germont.
157
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

Deuxièmement, des camions n’ayant pas été détournés, quelques éléments,


dont la Compagnie de Pionniers de la D.I., des trains de matériel et de personne
(Compagnie hippo et auto), ont été débarqués dans la région de Passavant. Les
uns comme les autres sont dépourvus de leurs équipages et de leurs trains.
Troisièmement, d’autres éléments sont restés à Nicey-sur-Aire autour du Q.G.
(la 6e Compagnie appartenant au 2e Bataillon du 21e R.M.V.E. et le G.S.D. (groupe
de soutien au déploiement) ont été oubliés par le transporteur).
Quatrièmement, d’autres éléments (214e R.A.D. et P.A.D.) sont encore sur la
voie ferrée.
Le 24 mai dans l’après-midi, le Général Decharme transfère son P.C au village
de Termes (Ardennes) à 1 km. 6 de Senuc.
Le 24 mai en soirée, le village des Termes étant bombardé, le P.C se transporte
à Marcq à 5 km. 3 au sud-est de Grandpré.
La nuit du 24 au 25 mai, marche de nuit ; l’arrivée sur les lignes de position se
fait le jour venu. Il est accueilli par un très violent tir d’artillerie ennemie.
Les premiers éléments sont arrivés vers 4 heures du matin et ont établi des
liaisons avec à gauche le 57e R.I. et le 14e R.I. de la 36e Division du général Aublet
et le 14e G.R.D.I. qui tient une position charnière au confluent de l’Aisne et du
canal des Ardennes, et avec à sa droite, le 36e R.I. de la 6e D.I. du général Auguste
Eugène Lucien (1887-1965) qui occupe Oches avec ses trois bataillons.
Le 25 mai, le 3e Bataillon du 21e R.M.V.E. et le 1er bataillon du 123e R.I.
n’arrivèrent sur leurs emplacements le 25 mai qu'à 8 heures du matin. Il faisait
jour. De ce fait, ces deux bataillons subirent de lourdes pertes.
Le total des tués et blessés le 25 fut de 400 pour la Division. Le Premier Bataillon
du 123e R.I. affiche 63 tués ou blessés en 24 heures et le 2e 9.
Ces premières journées furent particulièrement dures pour la 35e D.I.,
notamment aux Petites-Armoises et à la ferme de Bazancourt et ses abords et
toute la région du bois du Chesne pour le 21e, à Sy pour le 11e R.I. et à la côte 253
pour le 123e R.I. Aucune journée à part cette du 16 juin ne coûtera plus cher en
tués et blessés.
Les Allemands bombardèrent violemment le secteur, notamment Bazancourt
et ses abords et toute la région du bois du Chesne
Dans le bois de Belleville battu par l’artillerie allemande, le Général Decharme
est approuvé par le Général Huntziger venu de Verdun.
Il obtient finalement du Général Flavigny commandant le 21e C. A. de renoncer
à l’attaque, et en remplacement de s’installer « sans esprit de recul ».
Les 25 et 26 mai, les fantassins allemands firent des attaques particulièrement
mordantes.
158
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

Les fantassins de la 35e Division appuyée par des concentrations violentes


d’artillerie ne perdirent pas un mètre de terrain.
Le 27 mai, le Général Decharme prenait le commandement du secteur en
relève du Général Bertin-Boussu de la 3e D.I.M. et déplaçait son P.C dans un bois
proche de Briquenay.
D’ouest en est, les positions sont réparties :
Le P.C du 21e installé à la ferme Saint-Denis sera déplacé dans le bois de Noirval
proche du sanatorium de Belleville. Le 2e Bataillon du 21e R.M.V.E. tenait un
secteur en pointe, Le Chesne, la côte 163, le canal des Ardennes ;
Le 3e Bataillon du 21e R.M.V.E. défend le coude du canal des Ardennes, les
Petites-Armoises, la ferme Bazancourt.
Deux sections du 11e Régiment d'Infanterie restent au village des Petites-
Armoises jusqu’au 29 mai.
Le premier Bataillon du 21e R.M.V.E. arrivé en retard, c'est-à-dire dans la soirée
du 25 se place au Chemin des Mulets à la gauche immédiate du 11e R.I.
Le 11e R.I. à la droite du 21e R.M.V.E., tient Sy et installe son P.C à la Guinguette,
puis à Brieulles.
Le 123e R.I. est situé à la droite du 11e R.I. entre Sy et Oches. Il installa son P.C
au Mont des Grues.
Le G.R.D.I. 29, unique réserve de la division est en bivouac dans les bois au
nord de Morthomme.
Les Pionniers sont à Briquenay. Les régiments d’artillerie de la Division (14e et
214e R.A.D.) garderont en appui jusqu’au 7 juin l’artillerie de la 3 e D.I.M. (42e et
242e R.A.D.) et de la 3e D.C.R. (319e R.A.T.T.T.).
Cette artillerie puissante tant qu’elle demeurera se révélera être un fort
soutien et un réconfort pour les fantassins.
Le 14e R.A.D. est divisé en trois groupes d’appui, le Premier pour le 21e R.M.V.E.
à gauche, le Deuxième pour le 11e R.I. au centre, le Troisième pour le 123e R.I. à
droite. Ils partageront dans la débâcle le sort des régiments d’infanterie qu’ils
appuyaient.
Le 29 mai, deux jours après la prise par le Général Decharme du
commandement du secteur de Briquenay, l’entrée en ligne du Corps d’Armée
Coloniale, le C.A.C., commandé par le Général Freydenberg, arrivant de Lorraine,
modifia l’ordre de bataille de la 2e Armée. Le 21e C. A., qui avait sous son
commandement quatre divisions, se vit retirer les deux divisions de sa auche,
c'est-à-dire les 36e et 35e D.I. Il appuya donc à droite, laissant au C.A.C. la gauche
de la Deuxième Armée. Le C.A.C. s’installa à Senuc et la 35e resta sous son autorité
jusqu’au 13 juin.
159
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

Le lieutenant-colonel Gallini dans son Historique du 14e G.R.C.A. raconte cette


journée historique du 25 mai 1940 :
« — Le 21e R.M.V.E. devant relever mon sous-secteur de gauche arrive en retard
quand le jour est levé depuis longtemps.
Il m'est impossible dans ces conditions de pousser les unités de relève sur leurs
emplacements de combat, elles doivent rester à l’arrière dans les bois. Mais les
états-majors de régiment et de bataillon poussent en pleine vue jusqu’aux P.C
sans la moindre précaution.
Arrivés sur place, les hommes qui les accompagnent semblent ignorer les
principes élémentaires de défilement.
Les Allemands bombardent violemment le sous-secteur, notamment la ferme
Bazancourt et ses abords et toute la région boisée du bois du Chesne. Les
nouveaux arrivants éprouvent leurs premières pertes au feu en officiers et en
hommes.
Le colonel du 21e R.M.V.E. établit son P.C à la ferme Saint-Denis. Au cours de la
journée, l’infanterie allemande ne renouvela pas ses attaques. Au début de la
nuit. Les unités sous mes ordres, groupement à cheval du 14e G.R.C.A. et 1er demi-
régiment du 8e régiment de chasseurs à cheval, sont relevées dans d’assez bonnes
conditions par le 21e R.M.V.E. » Voir historique du 14e G.R.C.A. chapitre VI.
Le Brigadier Courtin dans son histoire du 8e Régiment de Chasseurs à Cheval
raconte comment l’arrivée en plein jour du 21e R.M.V.E. (3e bataillon) déclencha
les tirs de l’artillerie allemande :
« Le 24 à l’aube, les Chasseurs avaient creusé des trous au bord du coude du
canal (confluent du ruisseau de la Lateuse et de la Bar) avec des pelles-bêches de
l’armée. Un duel d’armes automatiques avait cessé avant midi, mais le
bombardement vint le doubler en fin de matinée se poursuivit une grande partie
160
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

de la journée :
… Le lendemain de cette journée assourdissante du 24 mai, le duel des deux
artilleries se poursuivit. Entre les chutes d’obus, ce fut la recherche des points
d’eau forts rares en ce milieu. Le ruisseau ne coulait plus (confluent du ruisseau
de la Lateuse et de la Bar) et n’avait de l’eau que dans quelques trous où se
débattaient des crapauds. Force-nous fut d’en boire…
La nuit suivante fut calme, mais avec le soleil les obus ennemis se remirent à
tomber.
Nos 75 répondaient vigoureusement, mais cela ne nous soulageait guère. Sans
bouger de nos trous, la matinée du 25 mai passa.
Tout à coup, dans le courant de l’après-midi, l’artillerie allemande se déchaîna
littéralement. Heureusement, le tir se déplaça sur notre flanc, “il y a quelque
chose d’anormal, pensai-je” en constatant le pilonnage qui s’effectuait et j’eus
bientôt le mot de l’énigme en voyant surgir parmi les touffes de saule,
nombreuses dans cette région, des petites colonnes de fantassins.
C’était un régiment de volontaires étrangers qui venait nous relever. Au lieu
d’attendre la nuit, ceux-ci n’avaient pas hésité à venir prendre position à la vue de
tout le monde. Ils allaient pouvoir, en se comptant, constater que leur manque
de prudence leur avait coûté cher.
Chez nous, même, un léger émoi allait se manifester, car les projectiles
allemands suivant la troupe qui arrivait sur nos positions se rapprochaient
dangereusement de nous. Enfin, le tir adverse se calma et notre sous-lieutenant
en profita pour m’envoyer avec quelques hommes porter nos outils au P.C du
commandant... »
Robert Dufourg de son côté, a écrit que les premières journées,
Le 25 notamment, furent particulièrement dures, notamment aux Petites-
Armoises pour le 21e, dans le bois de Sy pour le 11e R.I. à la côte 253 pour le
123e.Les trois régiments subirent des pertes cruelles en hommes de troupe et
officiers, près de 400 tués et blessés. Cependant, on se mit à l’ouvrage : on creusa
des trous, des tranchées, des abris et bientôt les ravages du tir ennemi cessèrent
Pour sa part, le 21e R.M.V.E. aura en cinq jours vingt-trois tués, soixante-cinq
blessés et trois disparus.
Les 25 et 26, les Allemands venaient au contact des lignes françaises et les
accrochages étaient incessants. Les fantassins de la 35e D.I., appuyés par des
concentrations violentes de notre artillerie résistent sur place sans abandonner
de terrain.
À partir du 27, il n’y a plus d’attaques, les Allemands se contentant de tâter les
avant-postes français. Mais l’aviation et l’artillerie allemande demeurent très
161
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

actives. L’artillerie française répond coup pour coup, mais incontestablement le


ciel appartient aux Allemands.
Le 7 juin 1940, la Compagnie de Pionniers du 21e R.M.V.E., en surnombre
théorique dans les effectifs de la Division, lui était retirée et enlevée en camion
pour une destination inconnue et, à peine mise à la disposition de la Division, une
Compagnie antichar polonaise lui était enlevée.
Le 8 juin, la Division reçut toutefois en compensation une batterie motorisée
de D.C.A. (Lieutenant Dumas du 404e régiment de D.C.A.).
Dans la nuit du 8 au 9 juin, le 21e R.M.V.E. fut matraqué par une violente
préparation d’artillerie, naturellement suivie d’une attaque sur tout le front de la
D.I.. Le 9 juin donc, à l’issue d’un bombardement massif de l’artillerie et de
l’aviation, l’ennemi attaque en force toute la 35e D.I. Au 21e R.M.V.E. le capitaine
de Brem commandant la 5e Cie (2e bataillon) est tué. Le régiment compte à ce
jour vingt et un tués et cinquante -sept blessés.
Le 10 juin, l’attaque allemande reprend plus violente encore et appuyée par
l’artillerie et l’aviation encore. Le 21e R.M.V.E tient bon et cette résistance sera
commémorée par un monument à Noirval à six kilomètres au sud du Chesne.
Les 9 et 10 juin, la 35e D.I. résista sans reculer. Bombardements et attaques
d’infanterie se succédèrent plus particulièrement dans le secteur du 123e R.I. et
de son voisin de droite, le 36e R.I.C. appartenant à la 6e D.I. Les pertes furent
importantes.
LA CONFÉRENCE DE BRIARE DES 11-12 juin et la Directive de Weygand
Après le désastre de Sedan le 12 mai 1940, Gamelin qui était selon la version
officielle victime d’avoir commis la grande faute d’avoir avalisé et suivi à la lettre
la conception de la « bataille méthodique » née de la Grande Guerre, conception
apparemment dépassée, mais encore soutenue par la grande majorité du Haut
État-Major français, dut avouer à Reynaud le 15 mai qu’il n’avait pas de réserve.
Gamelin était tout sauf un imbécile et il choisit de mettre fin à la bataille
méthodique et de lancer les troupes de l’Est et de l’Ouest sur Mézière et Sedan.
Il n’eut pas l’heur de tenter cette manœuvre, car d’une part ses généraux lui
désobéissaient ei Paul Reynaud de son côté commettait une double boulette en
s’adjoignant deux « fossiles », en plus sympathisants ou membres de la Cagoule :
le 15 mai, il nommait Pétain, alors ambassadeur en Espagne, Vice-Président et
remplaçait Gamelin par le vieux Maxime Weygand. Un débat existe encore
aujourd’hui pour comprendre s’il prit cette décision par inconséquence ou
double-jeu : politiquement, il penchait à droite comme Pie XII. Il en profita aussi
pour ôter le 16 mai à son rival Édouard Daladier le porte-feuille de la guerre.
Appelés au gouvernement, Mandel et le Général à titre provisoire de Gaulle
162
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

formaient un contrepoids insuffisant à ces partisans du renoncement.


En voulant jouer l’équilibriste, Reynaud avait introduit le ver du défaitisme dans
le fruit. De Gaulle aurait sûrement déjà fait un bon Général en chef « à titre
provisoire », car il voyait plus grand que l’hexagone. Que sertait-il arrivé si
Daladier président n’avait pas été renversé en mars 1939 et remplacé par
Reynaud. Il se situait encore plus à droite que Reynaud et avait tenu un rôle
majeur dans la politique xénophobe de la 3e république : « ... la IIIe République et
sa politique xénophobe qu’il conviendrait de pointer, puisqu’elle prépara un
terrain favorable aux camps d’internement de l’Etat français de Vichy. Bien avant
Pétain, rastaquouères, Juifs ou non, étrangers, persona non grata étaient
tracassés, harcelés par les préfets de France-la-doulce (roman de Paul Morand,
1934). Toujours privée d’âme, l’administration appliquait alors les règlements et
les circulaires du gouvernement Daladier... » (Quand Daladier disait
« Welcome » par Anne Valleys). Selon l’écrivain Christian Greiner, Reynaud
était le partisan des Anglais qui nous trahissait et Daladier était partisan
de trahir les Anglais par un accord séparé avec Hitler : « une fois la guerre
enclenchée en septembre 1939, le parti du président Daladier, favorable tout
comme Pétain et Laval à une éventuelle négociation en ce sens avec Hitler et à
une paix séparée, ce qui aurai rendu la trahison" militaire inutile, fut remplacé le
22 mars, soit moins de deux mois avant la bataille, par celui des "jusqu’au-
boutistes" mené par Paul Reynaud, allié indéfectible des anglo-saxons. Prise de
position compréhensible, puisqu’il y a tout lieu de suspecter qu’il bénéficia pour
son élection de l’intervention des services secrets britanniques, qui surent
acheter les voix de quelques députés. Et l’on comprend l’écoeurement de
Daladier qui lui abandonna son fauteuil de président du Conseil, alors qu’il avait
pourtant remporté ce vote interne au Parlement, avec une voix d’écart. 3° Enfin,
parce que les conventions secrètes passées entre Hitler et les comploteurs
devaient logiquement partir du principe que le Führer se contenterait de battre
le Corps expéditionnaire britannique puis, dans sa foulée, bombarderait
l’Angleterre sans s’en prendre aux troupes françaises repliées derrière la
Somme... » C’est dire que Daladier dans un autre Munich remplaçant la
conspiration des généraux par la conspiration politique voulait amoindrir la
catastrophe de la guerre en ouvrant plus tôt porte à la catstrophe du Régime de
Vichy. Quelle naïveté de croire qu’hitler pour une fois aurait tenu parole ! Tôt out
tard il devait sûrement ne pas tenir parole. Arrivé de Syrie le 19 mai et ayant trop
atermoyé, Weygand dès le 25 mai insista auprès des politiciens pour qu’ils
demandent un Armistice. Le Général de Gaulle, entré le 6 juin au gouvernement
comme sous-ministre de la guerre et devenu sous-secrétaire d’État, reçut la visite
163
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

du général Werygand. Celui-ci lui aurait déclaré à propos d’une poursuite


éventuelle de la guerre hors de la métropole : « L’Empire ? Mais c’est de
l’enfantillage ! Quant au monde, lorsque j’aurai été battu ici, l’Angleterre
n’attendra pas huit jours pour négocier avec le Reich. Ah ! si les Allemands me
laisseraient les forces nécessaires pour maintenir l’ordre… »
De Gaulle suggéra par la suite à Reynaud de remplacer Weygand qu’il juge par
trop défaitiste et il alla même sonder à ce sujet le 10 juin à Arcis-sur-Aube
Huntziger qui s’y était fait recycler comme Général commandant d’Armées du
Centre. De Gaulle comettait une boulette à son tour : il ne pouvait pas trouver
pire choix que le cagoulard Huntziger.
Dès le 12 juin, le Général Weygand dépourvu de réserves avait en effet pris la
décision de jeter l'éponge et à la suite de la conférence de Briare en attendant la
signature d'un armistice inévitable. Il avait ordonné le 12 juin matin d'exécuter
l'instruction personnelle et secrète « NI 1444/3 FT » du 12 juin 1940 ; c’est le
document le plus important de 1939-1940, celui qui impose à l'armée française
de rompre le combat et de se replier sur le centre du pays, l’ordre de repli général
sur la ligne « Caen, Mayenne, Tours, Loire, Clamecy, Dijon » et dans son esprit
cette directive n’était sans doute pas destinée à continuer la guerre, mais
seulement liée à la nécessité d’avoir suffisamment de troupes pour écraser une
rébellion communiste.
Même si le 25 mai le Général Weygand avait compris qu’il était défait, ce n’est
que le 12 juin matin, suite à la conférence de Briare, soit bien tard, qu’il avait émis
l’Instruction personnelle et secrète n° 1444/3 FT, instruction qui imposait à
l'armée française de rompre le combat et de se replier sur le centre du pays.
Aucune exception n'était prévue : les ouvrages de la ligne Maginot seraient
sabordés et les régiments de forteresse devraient battre en retraite. Les forces
inoccupées dans l’Est derrière la ligne Maginot reçurent de Weygand le 12
juinmatin alors que l’encerclement s’achevait cet ordre de repli qui, même s’il
parvenait tard, représentait l’ultime ressource.
Les partisans de la défaite le jugèrent parvenu trop tard. Ainsi Prételat (André-
Gaston (1874-1969) et d’autres, peut-être pour se blanchir reprochèrent à
Weygand d’avoir donné cet ordre le 12 au lieu du 5. En outre, ils ne manquèrent
pas d’invoquer des moyens de transport anachroniques, voire inexistants ; le fait
même de cette assertion confirme a contrario qu’il était alors encore possible
pour beaucoup d’échapper aux camps de prisonniers. Prételat avait demandé à
Weygand le 26 mai d’évacuer la ligne Maginot ; plus tard, il confia que Weygand
avait opposé alors son refus. Aussi Prételat aurait été furieux quand cet ordre
arriva le 12. Un point de convergence les réunissait pourtant : la nécessité de
164
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

garder suffisamment de troupes pour mater un éventuel soulèvement


communiste et c’est ce qui préoccupait le plus ces généraux, plutôt que le combat
contre les nazis. L'annulation de l’ordre de repli eut enoutre une incidence
politique : Weygand, qui n’envisageait que la défaite et souhaitait l’armistice au
plus vite, insista encore plus auprès du gouvernement pour qu’il demande
rapidement cet armistice avant que l'armée allemande déferle sur l'ensemble du
territoire français.
Weygand, même s’il voyait la guerre comme un conflit entre Français et
Allemands envisageait dès le 25 mai la nécessité de demander l’armistice, car il
savait que sa ligne de combat, résister sans esprit de recul, ne tiendrait pas. En
attendant l’inévitable, il était prêt à continuer si nécessaire le combat autant que
ce peut, avant d’obtenir raison, c’est-à-dire l’Armistice.
Aussi Weygand retourna probablement sa veste le jour même où il émit sa
directive, qui ne fut appliquée que par Freydenberg. Probablement et
rapidement informé par Huntziger de la démarche faite par De Gaulle le 10 juin à
son égard et chambré par Pétain lui faisant miroiter un poste dans un
gouvernement d’ordre nouveau écrasant le péril juif et communiste, l’extrémiste
de droite et ennemi de la Gueuse, Weygand n’eut pas de difficulté à virer capot :
il sacrifia les troupes de l’Est et le risque de devoir poursuivre la guerre outremer,
pour plutôt participer à la réalisation d’un régime néofasciste. Là, peut-être,
réside le fondement de la haine de De Gaulle envers Weygand et le point d’orgue
du coup d’État mijoté depuis avant même la déclaration de guerre.
Paul Reynaud démissionna le 16 juin, après le refus des ministres d’adopter
son projet d’union franco-britannique. Pétain, président du Conseil, formait son
cabinet et annonçait le même jour dans une allocution radiodiffusée qu’il fallait
cesser le combat. Le même jour, le Général De Gaulle simulait un enlèvement et
partait pour l’Angleterre. Chacun avait choisi son camp.
Le coup d’État était réussi. Ses racines remontaient à loin : le mur d’argent,
les industriels et les banquiers qui avaient ralenti l’armement et soutenu Hitler et
bien d’autres. Au fond, Reynaud, quelle qu’ait été l’influence de sa maîtresse,
avait le même visage que le pape Pie XII et l’Église : intolérance absolue envers
le fascisme communiste, tolérance complète contre les crimes des autres
fascismes, prétendument de peur d’aggraver leurs méfaits. Le 28 juin 1940,
Reynaud subit un accident de voiture dans lequel sa maîtresse, la comtesse
Hélène de Portes (1902-1940) trouva la mort.
L’encerclement et le sacrifice des troupes de l’Est étaient là pour donner aux
conjurés le temps d’asseoir leur régime et de traiter avec Hitler en lui offrant de
s’épargner la conquête du sud de la France ainsi que de devoir poursuivre la
165
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

guerre en Afrique.
Un ordre nouveau allait pouvoir être créé dans une France croupion. Les
colonies françaises allaient donner à cet État une apparence de légalité. Hitler le
comprit bien quand il n’accorda pas le Maroc à Franco en échange de son aide.
Outre d’avoir été dans le camp des perdants de 1940 pointés du doigt, mais en
vain, par Vichy au procès de Riom, Gamelin, militaire de salon, après la guerre
n’aura pas meilleur sort que Weygand. Malgré ses erreurs, au moins, il n’a pas dû
trahir, et on peut bien pour cela lui pardonner d’avoir peut-être et, qui sait,
commencé la guerre avec une méthode de combat pour l’heure dépassée et
menant apparemment à la défaite inéluctablet à la défaite, alors qu’avec le recul,
la défaite semble plus avoir été une question de trahison plutôt que de méthode
et, surtout, diplomate plutôt qu’homme de terrain, de s’être laissé abuser par ses
commensaux sur l’état de préparation de l’armée et de ne pas avoir réalisé
l’ampleur de leur collusion avec la Cagoule qui les a mené à la trahison. Il a été
démissionné alors qu’il voyait mieux que ses généraux la meilleure riposte
possible. l sera après la guerre encore « riomisé », accablé de tous les défauts, on
lui cherchera même des poux dans ses mémoires. Bonne façon sans doute pour
beaucoup de s’exonérer de la responsabilité de la défaite, eux les traîtres par
choix politique.
La majorité des généraux de 1940 portaient la même couleur politique
hostile à la République et, répétons-le, avec eux, la France était partie en guerre
« les culottes à terre… » Ainsi, certains en croyant être l’élite de la Nation et les
possesseurs du droit à la diriger n’en étaient que la lie. Opinions et croyances mal
gérées peuvent ainsi conduire droit aux pires crimes.
La retraite de la 35e Division du 11 au 14 juin
Dans l’après-midi du 10 juin 1940, le Général Decharme fut appelé au Corps
d’Armée Colonial. Les Allemands étaient à Châlons-sur-Marne et la gauche de la
Division était menacée d’être tournée. Les Allemands traverseraient la Suippe le
10 au soir à Bétheniville à 20 kilomètres à l’est, nord-est de Reims ; le front de
Champagne était rompu. L’ordre fut donc de profiter de la nuit pour partir dans
le plus grand silence, afin d’aller se regrouper une trentaine de kilomètres en
arrière sur l’Aire à la hauteur de Grandpré. Le repli devait être fait en deux bonds.
Premier bond dans la nuit du 10 au 11 par Boult-aux-Bois vers le défilé de la
Croix-aux-Bois. Deuxième bond dans la journée du 11 depuis ce défilé jusqu’aux
environs de Montcheutin et d’Autry. Il fallait que le 12 au matin toute la Division
fût passée sur la Rive-Sud de l’Aire. Revenu à son Q.G., Decharme avait transmis
l’ordre de repli aux chefs de corps réunis autour de lui. Ainsi, tous les corps furent
avisés le 10 avant la chute de la nuit, ainsi, c’est à 9 heures 30 du soir qu’Hans
166
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

Habe interpelle le lieutenant Jean Gay qui retraite sur la route du Chesne à
Châtillon avec le premier bataillon. Le journal de marche du bataillon parle d’un
décrochage à 22 heures pour s’installer à la Croix-aux-Bois et ajoute qu’après une
marche de nuit par Longpré et Vaux-Les-Mourons, il s’installe vers midi dans le
bois d’Autry.
Cependant, selon Habe, la Compagnie de Commandement a retraité de jour le
11 et a quitté la route au sud de Séchault par un crochet vers l’ouest et Reims, ce
qui l’écartait à 15 kilomètres et plus à l’ouest du 1er bataillon et faisait croire à une
contre-attaque.
D’ailleurs selon Habe, Decharme vient rencontrer Debuissy dans le bois de
Bouconville à 7 kilomètres à l’est de Manre le soir du 11 juin après 22 heures et y
tient des propos incroyables de contre-attaque. Serait-ce le début de la jambette
faite au colonel Debuissy et de son régiment ?
Au passage à niveau de Manre, Habe avait dans la journée fait connaissance
avec le 18e B.I.L.A qui avait été mis à la disposition de la 35e Division fin mai.
Le 11 au petit jour, toute la 35e D.I. avait quitté sa position. Trois bataillons
étaient en retrait pour soutenir la retraite. Le repli fut effectué avec tellement de
rapidité et de prudence que pendant toute la matinée du 11, l’ennemi ne
s’aperçut de rien et continua de bombarder des positions abandonnées.
La 35e D.I. retraita en combattant sur trois axes :
1 à gauche, c’est le Groupement Debuissy, soit le 21e R.M.V.E. appuyé par le
premier groupe du 14e R.A.D. Il suit la lisière à l’ouest de l’Argonne, par la Crois-
aux-Bois et Sainte-Menehould.
2 Au centre, c’est le groupement Pamponneau avec le 11e R.I. appuyé par le 3e
groupe du 14e R.A.D. Il a comme itinéraire la route qui traverse l’Argonne nord-
sud par La Harazée, Les Islettes, Lachalade.
2 bis : Le 18e B.I.L.A. et le Centre d’Instruction divisionnaire forment un
groupement de marche indépendant sous les ordres du lieutenant-colonel
Martyn. Il ne sera pas engagé avant le 14 juin. Il utilise l’itinéraire du centre ainsi
que le 214e R.A.D. et la Compagnie de Pionniers.
3 À droite enfin, c’est le groupement d’Olce avec le 123e R.I. renforcé par la
BDAC (BDAC : (Bataillon de défense antichar rattaché à l'artillerie divisionnaire)
du 14e R.A.D. et par le 2e groupe du 14e R.A.D. Il marche entre l’Argonne et la
Meuse par Varennes et Clermont. Quant au 29e G.R.D.I., il est divisé à partir du
12 juin en trois éléments, un sur chacun des axes : capitaine de Carrere à gauche ;
capitaine Jeanjean au centre ; capitaine de Lestrange à droite. En regardant, ces
trois parcours sur la carte, il est évident que le 123e R.I., le régiment qui avait été
le plus pressé les 9 et 10 juin, a une descente plus directe et plus aisée vers le sud
167
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

sur Clermont que le 11e R.I. sur Les Islettes et le 21e R.M.V.E. sur Sainte-
Menehould.
Le 21e R.M.V.E. dessinait un arc de cercle plus vers l’extérieur et en plus, s’y
ajouta un mouvement vers l’ouest jusqu’à Manre.
La faute en revient au commandement de la Division qui avait mis sa troupe la
plus âgée, la moins entraînée et la moins bien armée à la position la plus difficile.
Il n’y a rien là qui pouvant justifier le renvoi du colonel Debuissy le 13 juin au soir,
mais plutôt l’erreur de son général.
Déjà fortement éprouvé, le 21e R.M.V.E. alla du 11 juin au 22 juin de décrochage
en décrochage, marchant de nuit, combattant de jour. Les pertes finales seront
de l’ordre de 50 % réparties entre blessés, tués, disparus.
Le capitaine Félicien Duvernay dans son relevé fait en captivité compte pour sa
10e Cie 169 légionnaires au départ de Mommenheim, 53 encore en ligne au
moment de la reddition.
Du 21 au 22, les trois bataillons seront entre Colombey-les-Belles et Allain.
La retraite était difficile. Après le décrochage de chaque soir, on marchait
péniblement par les routes encombrées, sans sommeil, sans repos, n’ayant eu
que le temps de prendre quelques repas froids au hasard du combat et du
ravitaillement, jusqu’à l’aube pour voir arriver en camions, quelques instants
après, les premiers éléments ennemis qui n’avaient pas suivi pendant la nuit, mais
qui s’étaient reposés et restaurés, qu’on avait ravitaillés en vivres et munitions et
qui, au matin, sans aucune fatigue puisqu’ils étaient transportés, revenaient au
contact.
Durant la retraite, le 17, le commandant Poulain, malade, fut évacué et
remplacé à la tête du 3e bataillon par le capitaine de la 11e Compagnie, le
capitaine Ravel de Biesville.
Repli du 1er Bataillon du 21e R.M.V.E. du 10 juin au 14 juin
Le 10 juin, depuis son repli vers 22 heures 30 jusqu’à Sainte-Menehould, le
parcour du 1er bataillon fut principalement celui-ci : Petites-Armoises,
Bazancourt, Noirval, Châtillon-sur-Bar, Quatre-Champs, Toges, La-Croix-aux-Bois,
Falaise, Bagot, Monthois, Séchault, Cernay-en-Dormois, Ville-sur-Tourbe, Malmy,
Vienne-la-Ville, La-Neuville-au-Pont, Sainte-Menehould.
Le 11 juin matin, le 1er bataillon est en rideau de protection sur la route de Boult-
aux-Bois à Vouziers (environ 7,7 km).
Son P.C est au centre du dispositif à la Croix aux Bois. Le bataillon est renforcé
par la 7e Compagnie Louis Grec du 2e Bataillon et la 9e Compagnie Amédée
Modéna du 3e Bataillon.
De Boult-aux-Bois vers Vouziers sont alignés successivement 7e Cie Grec, 1re cie
168
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

(lieutenant Gay), 3e cie (capitaine François Bénac), 2e Cie (capitaine Félix Gaillard),
9e Cie Modéna, C.A. 1 (lieutenant Belissent, canons et mortiers surtout au
débouché de la route de Quatre-Champs.
Le 11 juin à 21 heures, le 1er bataillon devait être relevé à 21 heures par le
G.R.D.I 29, mais contrordre : le bataillon devra décrocher à minuit à découvert.
Le 11 juin à minuit le 1er bataillon décroche sans être couvert.
Le 12 juin vers midi, après une marche de nuit par Longwe et Vaux-les-Mourons
le 1er bataillon s’installe au bois d’Autry vers midi. Le P.C du régiment est au bois
de Bouconville. La journée du 12 juin se déroule sans grand problème.
Le 12 juin vers 20 heures le 1er bataillon quitte le bois d’Autry.
Le 13 juin vers 3 heures du matin le 1er bataillon arrive à Vienne-la-Ville. L’ordre
de la division est celui d’un repos dans les granges de la ville durant 4 heures. Le
bataillon à peine installé, contrordre du colonel Debuissy : Se porter
immédiatement sur Sainte-Menehould et organiser la défense du front nord de
la ville.
Le 13 juin vers 8 heures, arrivée du 1er bataillon à Sainte-Menehould.
Dispositif de défense : 1re cie (Lieutenant Jean Gay, Lieutenant Jacques Dupont,
Sous-lieutenant Lucien Élie Blonstein. Aspirant Albert Charpentier : pont sur la
route de Moiremont et jardins en bordure nord de la ville. 2e Cie + S. M. : à droite
de la 1re Cie (Face à Planasse). (2e Cie = Capitaine Félix Gaillard. Lieutenant
Maurice Becaud. Lieutenant Jacques Deshayes. Lieutenant Eugène Houtard.
Sous-lieutenant Constantin Dessino).
3e cie et C. A. 1 = Plateau piton â l’intérieur de la ville = butte du château (3e Cie
= Capitaine François Joseph Bénac. Lieutenant Charles Lintignac. Lieutenant
Norbert Léon Paul Calix, sous-lieutenant Nicolas Obolenski) (C. A. 1 = lieutenant
Pierrte François Belissent. Lieutenant xxxx ? Lieutenant Louis Frédéric Marie
Neveu. Lieutenant Jean Charlot, Lieutenant Serge Yonine.) Canons de 25 au
carrefour de la grande place = place d’Austerlitz en direction route de Châlons.
Ici, un calcul simple permet de constater qu'après 4 heures de repos, le 1er
bataillon n’aurait quitté Vienne-la-Ville qu’entre 7 et 8 heures et sans la protection
de la nuit et si tout se passait bien, sans mauvaise rencontre ni bombardement
(12 km par Neuville-au-Pont) il aurait atteint Sainte-Menehould entre 11 heures
et midi soit juste avant ou en même temps que l’attaque des Allemands sur ses
façades ouest et nord de la ville à 13 heures). Cela justifie pleinement l’ordre de
Debuissy !!!
Comme le 2e bataillon n’arriva à Sainte-Menehould que vers 11 heures et plus, il
y a tout lieu de penser que, n’eût été le contrordre du Lieutenant-Colonel
Debuissy, le 21e R.M.V.E se serait trouvé entièrement encerclé, comme l’a été s
169
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

10e Compagnie du capitaine Duvernay qui heureusement a su malgré tout


s’exfiltrer.
Pourtant les généraux Decharme et Delaissay de la 35e Division, ainsi qu’Henri
de Rolland du 29e G.R.D.I accusent le 21e R.M.V.E. de repli prématuré. Il doit s’agir
d’une méconnaissance de la situation, sinon d’une mauvaise foi ou intention.
Pour l’encerclement général des troupes de l’Est, le 21e R.M.V.E. était en
première loge…
Le 13 juin vers 10 heures, Debuissy donne l’ordre d’étendre le 1er bataillon vers
l’est, direction La-Grange-aux-Bois, sans doute à cause du retard du 2e bataillon.
La 3e Compagnie se porte sur route des Islettes au sommet de la côte sortie de
Sainte-Menehould. Le P.C du bataillon était au coin de la grande place d’Austerlitz.
Ordre est donné de faire sauter les ponts de l’Aisne.
Le P.C du régiment est à Verrières. Demande de munitions. Pas de réponse.
Affolement au P.C Visite de Mirabail au colonel au P.C à Verrières pour cette
question. Affolement au P.C.
Le 2e bataillon arrive enfin à Sainte-Menehould vers 11 heures : exténué, mais
arrivé, il reçoit l'ordre de Debuissy de se porter immédiatement en avant vers
Moiremont (distance 5 à 6 km).
Le Général Delaissey présent pour examiner la situation fait stopper le bataillon
avec ordre de se reposer deux heures et avec ordre au commandant Fagard du 2e
bataillon de mettre à la disposition du 1er bataillon tous les éléments dont il
pourrait avoir besoin.
Le Général Delaissey se fait remettre l’ordre écrit de départ précipité ordonné
la dernière nuit par Debuissy. Il rapporte à Fagard que le colonel Debuissy est
condamné dans l’esprit du Général. Le récit du sergent Louis Boulard raconte ce
qu’il en fut de ce repos du 2e bataillon, tout au moins pour la 5e Compagnie (voir
Boulard dans liste alphabétique).
Le 13 juin vers 13 heures, les Allemands attaquent Sainte-Menehould. Si le 2e
Bataillon avait eu le temps d’avancer sur Moiremont, il aurait eu des chances de
sauver la batterie d’appoint qui se trouvait là et retarder les Allemands. Et dire
qu’on a imputé la perte de cette batterie à Debuissy comme un des éléments de
son limogeage bien qu’il ne fût pas le responsable des retards. Ou bien le Général
Delaissey était un incompétent (notamment quand il envoie la 5e Cie à la
recherche des Allemands) ou bien il suivait, ce qui est pire et plus probable, la
ligne de pensée du Général Decharme. Hans Habe charitablement expose que
« peut-être la désorganisation et le manque d’informations étaient tels que le
Haut Commandement ne savait pas si nous étions la dernière unité en retraite ou
peut-être il ignorait que les Allemands étaient sur nos talons… »
170
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

La section du Lieutenant Maurice Becaud est portée à la sortie ouest de la ville


et doit faire sauter le pont d’Austerlitz. C’est par là que l’ennemi est censé devoir
donner son effort principal.
La Compagnie Pierre Odry du 2e Bataillon est mise à la disposition du lieutenant
Maurice Bécaud (2e Cie 1er bataillon) et dirigée vers la croupe sud-ouest. Mollesse
du mouvement. Retard.
Hans Habe voit comme crime de Sainte-Menehould le fait que le pont de
pierrre pres de la place d’Austerlitz n’a pas été coupé, pourtant le journal du
bataillon confirme la destruction quoique tardive du pont de pierre de la place
d’Austerlitz et celle du pont de la rue Drouet ainsi que le pont sud l’a été,
empêchant le repli vers le sud. Mais le pont de Moiremont ne l’a pas été
permettant ainsi l’entrée des Allemands par le nord. Il faut dire qu’Habe a vu
descendant la rue Margaine, les tanks allemands accompagnés de motos avec
sidecar. Le journal du bataillon parle d’immixtion des Allemands dans la ville en
venant à la fois du nord et d’ouest.
Le récit du légionnaire François Kammer-Meyer confirme le retard de la
destruction du pont de pierre. Avec son canon de 25, il a criblé d’obus la première
automitrailleuse allemande qui se présentait sur le pont. Il faut donc croire que
les Allemands sont entrés surtout dans Sainte-Menehould plus au nord de la ville,
le pont de Moiremont n’ayant pas été détruit. Le combat devenu pressant, c’est
d’ailleurs la 1re cie en lisière nord de la ville qui est particulièrement éprouvée
(sous-lieutenant Blonstein tué).
Le journal du bataillon dit pourtant que l’ennemi a commencé à pénétrer dans
les rues de la ville d’ouest et nord-ouest. Les mitrailleuses et mortiers sur le
plateau intérieur de la ville faisant un excellent travail. Les deux canons de 25, pris
sous le feu d’autocanons ennemis arrivés à la coupure pont sauté route de
Châlons sont détruits.
À ce propos, voici ce que raconte le Hongrois François Kammer-Meyer
surnommé Pierre Santa accompagné à son canon de 25 par l’Espagnol Maurice
Renonès (il ne mentionne pas de 2e canon de 25) :
« À l’ouest, l’ennemi approchait sur la rive droite de l’Aisne. Un mortier
l’accueillit, mais fut neutralisé par un tir d’obusier. Les servants ne s’étaient pas
déplacés assez rapidement après chaque salve. L’un fut tué sur le coup, l’autre
blessé. Une automitrailleuse s’engagea sur le tablier du pont… Santa (son surnom)
n’eut besoin que de deux obus pour l’immobiliser. Il continua quand même de la
cribler jusqu’à épuisement de ses munitions. De cette façon, inutile de traîner la
pièce. En l’absence de brancardiers, il hissa avec de l’aide le mutilé sur le mulet…
Il jeta un ultime regard d’adieu à son arme désormais inutile. Il en démonta la
171
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

culasse et la balança dans la rivière ».


Le pont a donc dû être coupé après cette action par la section en retard du
lieutenant Maurice Becaud 2e Cie 1er bataillon accompagné du lieutenant Pierre
Odry 2e Cie du 1er bataillon. À noter qu’Ilex Beller dans son récit parle d’un seul
canon de 25 et de 2 obusiers et que son récit est plus en accord avec celui de
Kammer-Mayer (1 obusier et 1 canon) qu’avec celui (2 canons et obusiers) du
journal de marche.
Les chars allemands n’ayant pu passer par là, leur invasion s’est faite du nord
au sud, plutôt que sur la face ouest de la ville ; ils sont venus du nord par la rue
des Prés pour descendre la rue Margaine. De fait, nous avons vu qu’à la lisière
Nord de la ville la 1re cie du 1er bataillon n’a pu tenir, d’autant que par la décision
de Delaissey le 2e bataillon n’avait pas gagné sa position en lisière nord ni pu
s’assurer du pont de Moiremont et encore moins de la « batterie » oubliée à
Moiremont.
Le 13 juin vers 16 heures l’ordre de repli de la Division est apporté par le
capitaine Jean Lagarrigue sans passer par le régiment (désobéissance à son chef
direct). Il faut se porter route des Islettes face au nord, la droite appuyée sur La-
Grange-aux-Bois et le 11e R.I. et face à l’ouest jusqu’à la voie ferrée ou liaison avec
le 2e bataillon.
Isek Beller rapporte que le premier bataillon a alors perdu presque la moitié
de son effectif et qu’un groupe de mitrailleurs où se tenait son ami Srolek couvrait
la retraite avec une vieille mitrailleuse Hotchkiss.
À 16 heures, une balle allemande a traversé le cœur de Srolek auprès du
cimetière de Sainte-Menehould (Rue basse du Château). Le lendemain, 14 juin,
alors que la bataille est à La-Grange-Aux-Bois, des réfugiés, des paysans
l’enterreront sur les lieux même où il a donné son dernier souffle. Ils n’ont pu
déchiffrer son nom sur les papiers militaires déchiquetés par les balles.
Le mouvement est amorcé vers 17 heures, sous un bombardement intense. Le
décrochage est difficile à cause de la pression violente de l’ennemi. Combats de
rues.
Le 13 juin dès 18 heures, le bataillon est en place sur nouvelle position. Manque
la Section Mitrailleuse Neveu qui n’a pu décrocher à temps. Éléments du 2e
bataillons dispersés dans le 1er. Le 2e bataillon ne prend pas la place qui lui est
assignée. Pas de liaison avec lui sur la voie ferrée. Nuit calme. Apparemment, les
effets néfastes de la décision de Delaissey se poursuivent…
Le 14 juin dès le point du jour, l’ennemi s’étant infiltré par voie ferrée attaque
le 1er bataillon par-derrière à la hauteur de la section de commandement. Le
Groupe franc est complètement décimé. Bataillon refoulé sur le 11e R.I. à La-
172
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

Grange-aux-Bois.
Très dur combat sur la barricade qui coupe la route. Au cours de la matinée à
La-Grange-aux-Bois, nombreux morts, blessés et disparus.
Le capitaine Benac de la 3e cie grièvement blessé (il décédera ?) reste aux mains
de l’ennemi. Blessés encore de la 3e cie, le Lieutenant Nicolas Obolenski et le
Lieutenant Calix. Autre officier blessé : le Lieutenant Yonine de la C.A. 1. Le
combat continue avec éléments du 11e R.I. et de la 10e Cie (Capitaine Duvernay,
3e bataillon).
L’ordre de repli nous vient du 11e R.I. Aucun ordre de notre régiment depuis la
veille ou depuis le commencement du combat de Sainte-Menehould. Le colonel
Debuissy sachant sans doute qu’il a été désavoué est comme « absent » sinon
qu’il est dit qu’il était proche du lieutenant Causse, lorsque ce dernier fut tué, et
qu’Habe l’a vu près du pont sud. Mirabail est seulement avisé que le P.C du
régiment se porte à Passavant.
Le 1er bataillon se replie sur Passavant. Là, Mirabail trouve un nouveau colonel
qui commande le régiment, le Lieutenant-colonel Martyn. Le Lieutenant-colonel
Debuissy a été évacué en ambulance, malgré ses protestations : il reconnaissait
sa fatigue, mais niait être malade. Il avait quatre ans de moins que son successeur,
mais ce dernier recevait là en bout decarrière la sucette qu’on lui avait promise :
Robert Dufourg dans son livre « Brassard Rouge Foudre d’or » en témoigne
imprudemment sans fard. Hans Habe dans son livre Ob Tausend Fallen a fait en
1941 un portrait peu flatteur de Martyn… (voir plus loin).
Le 14 juin vers 20 heures après une halte de 2 heures, départ de Passavant.
Repli du 2e Bataillon (Capitaine Trussand de la C.A. 2) 10-14 juin :
11 juin : Tard dans la nuit du 10 au 11 juin. Ordre de repli immédiat.
Le décrochage (commencé de nuit) peut avoir lieu (se continuer) en plein jour
sans que l’ennemi s’en aperçoive, grâce à un brouillard épais. Le 2ebataillon se
regroupe à Boult-aux-Bois, stationne ensuite au sud de La-Croix-aux-Bois. Il
franchit l’Aire et prend position entre Montcheutin et Vaux-lès-Mourons.
12 juin : En l’absence du journal du 3e bataillon du commandant Ludger Fagard,
le compte-rendu du capitaine Trussand est étrangement muet sur ces journées
cruciales du 12-13 juin. Nous en savons plus grâce au récit du sergent Louis
Boulard (voir ce nom dans la liste alphabétique).
Le 2e bataillon reste sur sa position entre Moncheutin et Vaux-les-Mourons. Il
fait mouvement dans la nuit du 12 au 13 et arrive à Sainte-Menehould dans la
matinée du 13 (22 km entre Vaux lès-Mourons et Vienne-la-Ville + 10 km de
Vienne-la-Ville à Sainte-Menehould soit 32 km.) On peut estimer que le 2e
bataillon ne serait pas senti autant fatigué à son arrivée à Vienne-la-Ville et
173
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

Sainte-Menehould si on n’avait pris qu’un demi-repos la journée du 12.


Si la D.I. ordonnait les repos, elle devait être responsable de l’avoir trop
prolongé à Vaux-lès-Mourons, d’où un trajet trop long jusqu’à Sainte-Menehould.
Notons de plus que le sergent Boulard situe alors la 5e Compagnie encore plus à
l’est, à Sommepy… L’ordre de départ de Dubuissy a sans doute sauvé alors ce
bataillon de l’anéantissement.
13 juin : Après sa marche dans la nuit du 12 au 13 le 2e Bataillon arrive à Sainte-
Menehould dans la matinée du 13 vers 11 heures. Positions changées plusieurs
fois en cour de journée. Sans doute la conséquence, comme le montre le récit du
sergent Louis Boulard, de la mauvaise décision de Delaissey qui fait reposer le
bataillon pour fatigue (!) Attaque allemande dans la soirée (information erronée
ou post-bataille, puisque les Allemands ont attaqué Sainte-Menehould à 13
heures selon le journal du 1er bataillon…)
14 juin matin : Le 2e bataillon se trouve en partie rive est de l’Aisne, en partie
route de Sainte-Menehould à La-Grange-aux-Bois avec le 1er bataillon. Le
lieutenant Constantin Borovsky de la C.A. 2 est tué. Une attaque allemande
repousse le 1er bataillon et le 2e bataillon vers le sud.
14 juin en fin de journée le régiment reforme ses bataillons à Passavant à
Passavant-en-Argonne. Le colonel Martyn remplace le colonel Debuissy. À défaut
du journal du 2e bataillon, le peu que nous voyons ici va dans le sens d’un gâchis
dû à l’ordre de Delaissey de reposer le 2e bataillon au lieu de le laisser prendre
position alors que l’ennemi était sur le point d’attaquer. Donc, attitude
inqualifiable du Général Delaissey (1881-1955) : il désapprouve le départ
précipité ordonné depuis Vienne-La-Ville par Debuissy, se fait remettre l’ordre
écrit de Debuissy et pire, il arrête le 2e bataillon et le met au repos dans la ville !
Curieux repos d’ailleurs ; la 5e Cie doit rechercher l’ennemi ! Quant à reformer le
régiment à Passavant, on sait par Mirabail que le 1e bataillon à ordre de départ
de Passavant seulement 2 heures après y être arrivé et par Modéna qu’il était
question de dissoudre le 21e RMVE...
Plus encore, pour Delaissay, il semble qu’il exécute de basses œuvres, car il
affirme au commandant Fagard du 2e bataillon que Debuissy est condamné dans
l’esprit du général. Quel role a joué Fagard dans le retard et l’éparpillement de
son bataillon qui à la Grange au Bois n’occupera même pas son emplacement
prévu (rap-Mirabail) ? D’après le récit du capitaine Latrille qui dirigeait les
transmissions de la 35e D.I., il se permettra d’assister Decharme à Passavant pour
étriller » Debuissy, complaisant ainsi à Decharme en plus d’effacer sa propre
bourde.
La 5e Compagnie n’est pas au rendez-vous de Passavant (sergent Boulard)
174
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

… Repli du 3e Bataillon 21e R.M.V.E. du 10 au 14 juin :


Le 3e Bataillon se replia par la Croix-aux-Bois, Les Mourons, Vaux-les-Mourons,
Moncheutin, Autry, Condé-lès-Autry, Sainte-Menehould, Verrières, Passavant,
Chaumont-sur-Aire. Érize-la-Petite, Érize-la-Grande, Érize-la-Brülée, Gimécourt
(où fut tué le commandant d’Olce)…
11 juin : Le décrochage s’est effectué dans l’ordre suivant : 9e Cie, 11e Cie, 10e
Cie, sans éveiller l’attention de l’ennemi. Itinéraire de repli : Châtillon-sur-Bar –
Noirval – Quatre-Champs (village en feu) – Toges – La Croix-aux-Bois – Longwé. Le
bataillon s’établit dans les bois situés au sud de ce dernier village où il est pris à
partie par l’aviation ennemie.
Dans l’après-midi, ordre est reçu de se porter à proximité du P.C du régiment
placé 3 km plus au sud en bordure de la route de Vouziers à Grandpré (RN 46). La
9e Cie est à la disposition du 1er bataillon pour protéger le repli du régiment.
Depuis 8 jours, un gros centre de ravitaillement d’infanterie et surtout d’artillerie.
Quatre-Champs reçoit dès 7 heures du matin une pluie d’obus de 105, percutants
et incendiaires. Il brûle (cne Raymond du 2/14e R.I., 36e D.I.).
La justification du décrochage résulte dans le fait que le gros des troupes
ennemies qui n’avaient pu percer notre front s’est porté vers Rethel où l’Aisne a
été franchie et se prépare à nous prendre à revers en utilisant la route Rethel –
Vouziers.
Le 11 juin vers 18 heures, le 3e bataillon, sur ordre, se porte sur la ligne Vaux-
lès-Mouron — Les Rosiers par l’itinéraire Olizy – Mouron – Vaux-lès-Mouron. La
11e Cie, sa droite en liaison avec le 2e bataillon occupant le village de Mouron
comme tête de pont, avec ordre de se replier, au moment de la destruction du
pont, sur Vaux-lès-Mouron, où elle doit s’installer sur la voie ferrée depuis la gare
incluse jusqu’au bois situé à l’ouest.
La 10e Cie se place à la gauche de la 11e Cie jusqu’aux Rosiers. Le P.C du bataillon
se trouvait au château des Rosiers. Le P.C du régiment dans les bois de
Bouconville. L’attaque sur le 57e R.I. de la 36e Division a permis aux Allemands de
créer une poche de part et d’autre de l’Aisne en direction de Vouziers qui
approche le 10 à 14 heures de la route Vrizy à Vrandy, localités à environ 4 km de
Vouziers, mais c’est à 48 kilomètres m plus à l’ouest que Guderian profitant de la
nuit du 9 au 10 fait traverser l’Aisne par sa 39e PZK sur un pont du génie à Château-
Porcien à I0 km à l’ouest de Rethel.
12 juin matin : Les Compagnies en ligne effectuent leur installation définitive
en exécutant de sérieux travaux de campagne. La 9e Cie a rejoint dans la matinée
Elle est placée en réserve dans les bois situés à l’est du château des Rosiers. La
tête de pont couvrant le village de Mouron se retire au sud de l’Aisne et le génie
175
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

fait sauter à 9 heures le pont de la 2e D.I.) situé à 48 km à l’ouest de Vouziers.


Le 12 juin en fin d’après-midi, par suite de la présence de l’ennemi, l’ordre est
donné de se replier sur le bois d’Hauzy, près de Malmy.
La 10e Compagnie protégera le décrochage qui s’effectuera à 18 heures. Des
éléments de la 6e D.I.C. situés à notre gauche se trouvent au contact avec l’ennemi
descendant de Monthois. Itinéraire de repli : bois d’Autry-Autry-
Condé-les-Autry-Servon-Méricourt-Malmy (situé à environ 5 km ouest, nord-
ouest de Vienne-la-Ville).
13 juin arrivée vers 3 heures du matin : Arrivée à Malmy de nouveaux ordres
sont donnés prescrivant au bataillon de grouper ses éléments dans le village
même et d’y prendre un repos de 4 heures avant de se rendre sur de nouveaux
emplacements dans la région sud de Sainte-Menehould (village de Verrières).
Le 13 juin dans la nuit, départ, le repos ayant été annulé par Debuissy. Le sous-
lieutenant René Guiart de la 9e Cie est laissé à Malmy avec un groupe de combat ;
sa mission est d’attendre la 10e Cie pour l’aiguiller sur Verrières.
La 10e Cie a décroché le 12 juin à 22 heures 45 de la ferme de Joyeuse (à 1,5 km
à l’ouest de Vaux-lès-Mouron) avec sa gauche au contact ; après Servon, elle
utilisera la voie ferrée pour tenter de rejoindre plus vite le bataillon ; ne le
trouvant pas, elle continuera en direction générale de Sainte-Menehould par des
itinéraires défilés jusqu’à la Neuville-au-Pont où elle sera sérieusement prise à
partie par des éléments blindés ennemis installés sur la route nationale 382
(route 982 allant de Vouziers, km 0 à Vitry-le-François, km 93).
Le 3e bataillon subira de nombreux tués et blessés et de grosses pertes de
matériel notamment une chenillette et un canon de 25 au cours des
franchissements des trois ponts sur l’Aisne tous détruits.
Le bataillon n’a pas pris de repos, celui-ci ayant été annulé par Debuissy et privé
de ravitaillement, il suit l’itinéraire Malmy – Merzieux – Vienne-la-Ville (où le
apitaine Guy Cohn et un officier du génie font sauter le pont après le passage du
bataillon) – Moiremont – Sainte-Menehould – Verrières.
Le colonel Debuissy nous donne comme mission de défendre le village de
Verrières ; puis un nouvel ordre nous est donné d’appuyer sur notre gauche pour
se porter au sud de l’Auve, la droite près de Sainte-Menehould, la gauche près de
Dampierre-sur-Aure (8 km ouest de Sainte-Menehould).
Au cours de la reconnaissance à Argers par le chef de bataillon (commandant
Poulain) et son capitaine adjoint-major (Doubani) des tirs d’armes automatiques
décèlent la présence de l’ennemi. Le colonel est aussitôt avisé : le bataillon prend
immédiatement des emplacements de combat près de la route nationale 382,
Sainte-Menehould – Vitry-le-François (au nord-ouest de Verrières). La liaison avec
176
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

la 6e D.I.C. à l’ouest n’a jamais pu être assurée, Dampierre-sur-Auve n’ayant jamais


pu être atteint. Des groupes épars de combattants se replient vers le S.E., nous
avisant de l’approche de l’ennemi.
Pour permettre au bataillon de s’installer, le groupe motocycliste du régiment
avait pris position près de la route indiquée ci-dessus. Durant l’installation, des
engins blindés ennemis débouchent des pentes S.E. d’Argers en direction de
Verrières essayant de contourner Sainte-Menehould. Ils n’insistent pas sur notre
front, se heurtant à une âpre résistance et prennent la direction de Vitry-le-
François. Au cours de cet engagement, le lieutenant Henri Causse est tué. Le sous-
lieutenant Dimitri Firsk blessé.
Le 13 juin à 18 heures 15, l’artillerie d’appui direct du régiment quitte ses
positions au sud de Verrières, et le P.C du régiment est porté de Verrières à
Passavant. Le médecin-lieutenant Jean Buvat rejoint le bataillon. Une trentaine
de bombardiers ennemis passent sur nos emplacements se dirigeant vers le sud-
est et l’avion de reconnaissance continue de nous survoler tout en nous
mitraillant. La liaison à notre droite est effectuée au pont sur l’Aisne de Verrières
avec le 21e R.I.C. (il ne s’agit pas du Pont-du-Moulin de Bas, mais bien du pont de
la Frappée). Le bataillon privé de la 10e Cie forme le hérisson en se regroupant au
nord de Verrières.
À la tombée de la nuit, les troupes ennemies arrivent en contact sur ces
positions qu’elles n’arrivent pas à entamer.
14 juin matin :
La liaison avec la gauche s’avérant impossible, le bataillon s’assure qu’elle existe
toujours avec la droite.
Le capitaine adjoint major (Doubani) constate que le pont de la Frappée sur
l’Aisne a sauté et qu’il n’existe plus de moyen de passage sur l’autre rive. Il
parvient cependant à joindre le commandant du 2e bataillon (Fagard) du 21e
R.M.V.E. Des instructions sont données à l’adjudant-chef Robert Michel pour
construire une passerelle de fortune avant le lever du jour. Pendant
l’établissement de cette passerelle, l’ennemi s’étant infiltré le long de la voie
ferrée mitraille la section occupée à ce travail.
Le 14 juin vers 6 heures 30, l’ennemi après une courte préparation d’artillerie
se porte à l’attaque de nos positions essayant l’enveloppement par les ailes.
Le chef de bataillon Poulain avait déjà dépêché deux agents de liaison au P.C du
Régiment et comme aucun ordre ne lui était parvenu, ne disposant de plus que
d’une quantité infime de munitions, il décide de porter les éléments légers de son
bataillon sur la rive droite de l’Aisne et ses éléments lourds sur les hauteurs sud
de Verrières.
177
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

La section de Cuniac est chargée d’assurer la protection du décrochage qui


s’effectue sous le feu des armes automatiques de l’adversaire. Le passage de
l’Aisne est très difficile, le bataillon ne disposant pas de moyens de
franchissement. Un ordre de repli sur la rive droite de l’Aisne, donné par la D.I.
qui aurait dû nous parvenir le 13 juin à 19 heures, c’est-à-dire avant la destruction
du pont de Verrières, aurait permis de regrouper la totalité du bataillon derrière
la rivière, mais malheureusement, le chef de bataillon ne l’a jamais reçu.
Les éléments lourds (C.A.), appuyés par les voltigeurs chargés de leur
protection, ayant occupé leurs nouveaux emplacements cherchent par leurs feux
à aider le repli de la section de Cuniac et à ralentir la progression ennemie. Au
cours de l’exécution de sa mission, la section de Cuniac a été complètement
encerclée et n’a pu rejoindre le bataillon.
La pression de l’ennemi s’accentue alors de plus en plus et les munitions
manquent totalement, aussi la fraction du bataillon située à l’ouest de l’Aisne se
replie sur Villers-en-Argonne et se met à la disposition du chef de bataillon chargé
de la défense de ce village pour continuer le combat.
Le 14 juin en après-midi : Après reconnaissance des nouvelles positions et
commencement d’installation, ordre est donné aux éléments du bataillon par le
lieutenant-colonel Martyn qui a remplacé le lieutenant-colonel Debuissy à la tête
du 21e R.M.V.E. de rejoindre immédiatement Passavant. Martyn (Albert), 19-10-
83, Calais, lieutenant-col., 21e R.M.V.E. Of. VI À, commandant le 2e bataillon du
123e R.I. avait été nommé Lieutenant-colonel début mai 1940.
Le bataillon se regroupe dans ce village, où les hommes harassés prennent un
léger repos. La 10e Cie n’a pas encore rejoint le bataillon.
Le 14 juin vers 19 heures, les éléments regroupés vont bivouaquer dans les bois
situés autour de la ferme de Brouenne où la 10e Cie nous a précédés.
La 10e Compagnie, après le franchissement de l’Aisne le 13 juin, se regroupe
aux lisières est de Neuville-le-Pont. Le capitaine Félicien Duvernay essaie
d’appuyer sur Moiremont pour échapper à la poursuite de l’ennemi qui vient en
direction générale du nord-est. La cie antichar qui occupe Moiremont est
dépassée par les éléments ennemis avant que le village ait pu être atteint.
Toute la 10e Cie s’engage immédiatement à travers la forêt et, après une marche
difficile, débouche sur la route nationale n° 3 entre La-Grange-aux-Bois et Les
Islettes, où elle se met à la disposition du lieutenant-colonel Pamponneau
commandant le 11e R.I. qui l’affecte à son 2e bataillon (commandant Nicolaï qui
succédera à Pamponneau le 16 juin à la tête du 11e R.I.).
Le 14, entre 2 et 5 heures, la 10e Cie va dégager deux canons de 25 en mauvaise
posture.
178
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

Le 14 juin à 6 heures, le lieutenant Georges Monteil avec une section (1re


section) monte renforcer une Compagnie aux Vignettes près des Islettes.
Le 14 juin à 7 heures, l’aspirant Jean Defoy avec une section (3e section) est mis
à la disposition d’une Compagnie dans La-Grange-aux-Bois.
Au cours de l’attaque de ce village, le reliquat de la 10e Cie est engagé sous les
ordres de son capitaine Félicien Duvernay pour appuyer l’action dans La-Grange-
aux-Bois et permettre aux unités du 11e R.I. d’en décrocher. La 10e Cie se replie
avec le commandant Nicolaï sur Futeau et Brizeaux d’où le Général Delaissey la
dirige sur le prochain bivouac du bataillon. Le Lieutenant Georges Monteil est
porté disparu (prisonnier).
Dans les journées du 13 et 14, la 10e Cie a perdu ou laissé sur le terrain une
centaine d’hommes. Le capitaine Félicien Duvernay dans son relevé fait en
captivité compte pour sa 10e Cie 169 légionnaires au départ de Mommenheim,
53 encore en ligne au moment de la reddition.
L’attaque allemande sur Sainte-Menehould
Elle survint aussi tôt que vers 13 heures à la fois sur la façade ouest et sur la
façade nord-ouest de la ville.
Le dispositif du 1er bataillon était le suivant :
Le P.C du bataillon est sur la Grande Place (Austerlitz).
La 1re Compagnie est dans les jardins en bordure nord de la ville et au pont sur
la route de Moiremont.
2e Compagnie et une section mitrailleuse à droite de la 1re Compagnie (face à
Planasse) 3e Compagnie et C.A. 1 sur le piton à l’intérieur de la ville (butte du
château). Canons de 25 au carrefour de la place d’Austerlitz, en direction de la
route de Châlons.
Le 13 juin vers 10 heures, Debuissy donne ordre d’étendre le 1er bataillon vers
l’est, direction La Grange-aux-Bois, décision sans doute prise en raison du retard
du 2e bataillon. Si l’on en croit le récit du légionnaire François Kammer-Mayer qui
était à la tête d’un des canons de 25, le pont de pierre de la route de Châlons
n’était pas encore sauté lorsqu’une mitrailleuse allemande s’engagea sur son
tablier, mais il la détruisit en l’arrosant de tirs. Le journal du 1 er bataillon
mentionne simplement que la section du lieutenant Maurice Becaud envoyée à
la sortie ouest de la ville était arrivée avec retard, mais finalement le pont a sauté.
Voici ce que raconte le Hongrois François Kammer-Mayer surnommé Santa
accompagné à son canon de 25 par l’Espagnol Maurice Renonès :
« À l’ouest, l’ennemi approchait sur la rive droite de l’Aisne. Un mortier
l’accueillit, mais fut neutralisé par un tir d’obusier. Les servants ne s’étaient pas
déplacés assez rapidement après chaque salve. L’un fut tué sur le coup, l’autre
179
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

blessé.
Une automitrailleuse s’engagea sur le tablier du pont. Santa n’eut besoin que
de deux obus pour l’immobiliser. Il continua quand même de la cribler jusqu’à
épuisement de ses munitions. De cette façon, inutile de traîner la pièce.
En l’absence de brancardiers, il hissa avec de l’aide le mutilé sur le mulet. Il jeta
un ultime regard d’adieu à son arme désormais inutile. Il en démonta la culasse
et la balança dans la rivière. »
Le pont a dû être coupé après cette action par la section en retard du
lieutenant Maurice Becaud de la 2e Cie du 1er bataillon. Les Allemands semblent
donc avoir envahi Sainte-Menehould surtout du nord au sud, le pont au nord vers
Moiremont n’ayant pas été coupé et Hans Habe raconte leur descente dans la rue
Margaine et la destruction du pont sud interdisant au régiment de se replier sur
Verrières si ça avait été son intention.
Au nord de la ville, les combats furent particulièrement violents ; la 1re
Compagnie est particulièrement éprouvée et le lieutenant Blonstein est tué. Les
ennemis commencent à s’infiltrer dans les rues de la ville.
Le décrochage se fait vers 17 heures sous bombardement intense et à 18
heures le bataillon est regroupé sur sa nouvelle position. Il manque la section
mitrailleuse Neveu qui n’a pu rejoindre.
Le 13 en soirée le 1er bataillon suivi du 2e se replie pour être au contact du 11e
R.I. sur la route allant de la Grange-aux-Bois aux Islettes.
Le 14 juin dès le point du jour l’ennemi s’étant infiltré par la voie ferrée, attaque
le 1er bataillon par derrière à la hauteur de la section de commandement. Le
groupe franc est complètement décimé, le bataillon est refoulé sur le 11e R.I. à la
Grange-aux-Bois.
Le sergent Boulard dans son récit pour la 5e Compagnie rapporte qu’elle a perdu
en cours de route tous ses officiers et qu’elle n’a plus qu’un effectif de 40 lors de
la capture et à l’arrivée à la caserne du Lizé à Metz. Du 21 au 22, les trois bataillons
seront entre Colombay-les-Belles et Allain.
LE CRIME DE SAINTE-MENEHOULD
Hans Habe, dans son livre « Ob tausend fallen » soutient que Decharme
méprisait les Volontaires étrangers par xénophobie, antisémitisme et
anticommunisme et qu’il voulait se servir d’eux comme « chair à pâté ».
Je n’oserais pas dire que c’est à ce titre que ce livre n’a pas encore connu
d’éditeur en France. Il ne nous en faut pas moins avancer les arguments en faveur
de l’opinion d’Hans Habe.
L’arrivée de Loustaunau-Lacau à la 35e D.I. était-elle vraiment un hasard et non
des retrouvailles ? D’abord officier d’état-major de la 35e Division, il avait été
180
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

relevé le 26 mars 1940 pour réapparaître chef d’état-major du 123e en mai.


Le colonel Debuissy ne se serait-il pas plaint au Général Decharme dans la forêt
de Sainte-Menehould du manque d’armement de ses hommes ? Le colonel
Debuissy n’aurait-il pas dit à Hans Habe à Noirval s’être battu avec le Général
Decharme parce que ce dernier avait montré une attitude raciste (?) envers les
étrangers ?
Hans Habe mentirait-il dès 1941, quand il raconte ce qu’il a entendu du Général
le 11 au soirdans le bois de Bouconville dans la région de Manre ? Rappelons-le.
« — À peine avais je parlé qu’à travers les feuilles nous entendîmes les officiers
accueillir le Général. Il était arrivé avec son ordonnance et un autre officier. Il
parla à haute voix. Il parlait distinctement et nous pouvions entendre chaque
mot ;
— Oui, répondit-il à la question du colonel, la Russie a déclaré la guerre. La
Roumanie et la Turquie non, mais elles mobilisent. La progression allemande a
été stoppée. Presque tout le Rhin allemand est en feu. Les Anglais ont bombardé
la Ruhr avec huit cents avions. Nous leur avons servi leur propre médecine. »
Voilà qui est grave, car cette histoire écrite aussi tôt que le début de 1941 par
Hans Habe ne saurait avoir été inventée. S‘il est plausible de penser que
Decharme était lui-même très mal informé… On peut plutôt imaginer que
Decharme ait voulu volontairement tromper Debuissy, ne serait-ce comme
argument que les propos tenus par Dufourg le 12 de bon matin, le jour, rappelons-
le, où l’Instruction personnelle et secrète n° 1444/3 FT, de Weygand instruction
qui imposait à l'armée française de rompre le combat et de se replier sur le centre
du pays allait capoter dans le même temps.
Dufourg avait dès le 12 juin matin fait comprendre au lieutenant-colonel
Martyn, lieutenant-colonel de fraîche date, mais l’officier le plus ancien dans le
grade le plus élevé, qu’on ne lui donnerait pas le commandement du 123e R.I. Le
récit de cet évènement se trouve à la page 275 de Brassard rouge poudre d’or.
Souvenirs d’un Officier d’État-Major.
Dufourg y révèle le rôle crucial qu’il a joué dans la mise au rencart du colonel
Debuissy ; ayant quitté Senuc, Dufourg rejoint le 12 juin matin le nouveau P.C de
la 35e Division, installé à l’Hôtellerie de l’Argonne à Vienne-le-Château, P.C
fonctionnel dès 8 heures du matin. Comment pouvait-il ignorer les propos tenus
par Decharme la veille au soir, propos sans doute destinés à endormir Debuissy
avant le coup de Jarnac déloyal.
Comme le colonel Bélascain commandant le 123e R.I. était tombé malade et
avait été évacué sanitaire le 8 juin, le lt-colonel Martyn se présenta le 12 juin de
bon matin au capitaine Robert Dufourg, officier d’E.M. de la 35e D.I. Il croyait bien
181
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

être l’élu de droit pour commander le 123e R.I., mais le capitaine Dufourg pour lui
faire digérer la pilule lui fit comprendre qu’il aurait bientôt la direction du 21e
R.M.V.E. Le commandant D’Olce qui attendait ses galons de colonel avait en effet
accompli magnifiquement l’intérim et il avait été choisi pour commander
définitivement le 123e R.I.
Dufourg dans cette histoire complaisait à son Général dont il connaissait
l’antipathie envers Debuissy et peut-être servait-il en D’Olce un ami.
Compensation peut-être pour Martyn, Decharme ajoutera la cerise sur le
Sunday en le décorant devant la troupe lors de la reddition. Pourtant, selon Hans
Habe, le comportement de Martyn n’était pas exemplaire…
Voici d’ailleurs le récit intégral de Dufourg : « Dans la matinée, le colonel
Martyn venait au P.C. Depuis le départ de Briquenay, il avait terminé sa mission
de mettre en état de défense les villages de notre zone. Il était sans emploi et
venait demander du travail.
Évidemment, il eut désiré prendre le commandement du 123e R.I., rendu
disponible par l’évacuation de son chef de corps, mais le régiment était promu au
commandant D’Olce, dont nous attendions avec impatience la promotion et qui
par intérim, le commandait magnifiquement.
Je n’étais pas sans savoir qu’au 21e R.M.V.E tout n’allait pas au gré du général.
Le colonel en était âgé (1887, 53 ans) et fatigué. Je fis entrevoir au colonel Martyn
(1883, 57 ans !) un remplacement possible. Quarante-huit heures après les
évènements me donneraient raison. Rattachée au groupement ouest, avec le 21e
R.M.V.E. la batterie de réserve générale, avait été oubliée à Moiremont sans
résistance. ».
Voilà comment Dufourg flatta un Général affaibli (gazé 1914 et souvent en
bronchite) et fit avaler la pilule au colonel Martyn de voir un commandant passer
avant lui… Il paraît bien dans ce contexte qu’imputer l’histoire de la perte de la
batterie ne fût qu’un prétexte, l’occasion rêvée d’accomplir une décision mûrie à
l’avance ou plutôt sa justification a posteriori. Cette décision de relever Debuissy
(1887, 53 ans) dans les conditions de débâcle que l’on sait était donc due à
l’inimitié de Decharme pour Debuissy et donc une opération des plus mesquines
pour ne pas dire méprisable et indigne d’un général qui eût mieux fait de trôner
à Limoges.
Le lieutenant-colonel Martyn, fraîchement promu, avait été désigné pour
commander le 615e régiment de pionniers de l’armée des Alpes, mais il avait pu
tre conservé pour commander le 123e R.I. pendant la permission du colonel
Belascain, mais ce fut d’Olce qui effectua l’intérim. À la mort du commandant
Dolce, tué le 16 juin, le commandant Coudrin du premier bataillon prit le
182
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

commandement de ce qui restait du 123e R.I.


Dans la nuit du 12 au 13 juin, alors que la journée du 12 s’est passée sans
incident, un nouvel ordre arrive à la 35e D.I., prescrivant un nouveau repli sur les
bois d'Hauzy, Saint-Thomas, Vienne-le-Château, Four de Paris, Varennes, repli
bientôt accéléré par une note disant de ne marquer qu'un temps d'arrêt sur la
ligne prévue et de gagner Sainte-Menehould, les Islettes, Clermont en Argonne.
Pourtant, la Division qui a prescrit au 21e R.M.V.E. un repos de 4 heures ne
songe pas à l’annuler, bien au contraire, comme le montre l’attitude du Général
Delaissay qui se fait remettre copie de l’ordre de Debuissy annulant le repos…
Que comprendre de ce traitement différent, sinon que le régiment le plus
immédiatement menacé a tout l’air d’avoir été sacrifié ? Debuissy n’aurait-il pas
perçu le 13 juin à Vienne La Ville que les bobards de Decharme dans le bois de
Bouconville étaient destinés è l’endormir et que son régiment ètait
intentionnellement sacrifié. Les Propos de Delaissey à Ste Menehould ainsi que
ses directives contradictoires au 2e bataillon qui devait couvrir le nord de Ste
Menehould et Moiremont semblent le confirmer.
Comprenant l’urgence de se trouver le plus rapidement possible à Sainte-
Menehould le colonel Debuissy annula vers 3 heures du matin la période de 4
heures de repos prévue par la division, et cela malgré la grande fatigue de son
régiment.
L’essentiel du 1er Bataillon du 21e R.M.V.E. à qui l’on avait ordonné un crochet
vers Manre à l’ouest où il avait rencontré le 18e Bataillon de Chasseurs, les Joyeux
(18e B.I.L.A. dans le document Dufourg, en réalité "B.I.L.", car formé en
métropole, à Verdun) n’arriva à Vienne-la-Ville où l’attendait un repos de 4 heures
que tard dans la nuit du 12 au 13, soit vers 3 heures du matin.
Il sera déjà 3 heures du matin le 13, quand il quittera Vienne-la-Ville après une
courte pause pour rejoindre à 13 kilomètres de là Sainte-Menehould qu’il
atteindra vers 8 heures du matin. Le 2e bataillon stationné entre Montcheutin et
Vaux-les-Mourons reçut tard dans la nuit le matin du 13 l’ordre de Debuissy de se
porter sur Sainte-Menehould (30 à 42 kilomètres). Il n’arriva à Sainte-Menehould
le 13 que vers 11 heures du matin, exténué certes, mais arrivé. Il devait se porter
sur Moiremont.
Le 3eBataillon du 21e R.M.V.E. arrive à Malmy le 13 vers les 3 heures du matin
où l’attendait un repos de 4 heures ; il reçoit de Debuissy l’ordre de se porter
immédiatement sur Verrières (17 à 19, 5 kilomètres). Le 3e Bataillon du 21e
R.M.V.E. n’arrivera à Verrières que dans la matinée du 13. Il lui manquait les
sections de la 10e Compagnie qui en arrière-garde, finalement se retrouvèrent
avec le 11e R.I. et le 123e R.I. à La Grange aux Bois et aux Vignettes (cf. rapport
183
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

de Georges Lazarescou).
Le 13 juin matin. Le dispositif de la 35e Division est alors le suivant :
Le P.C de la division est à Futeau et ses services à Brizeaux.
Le 21e R.M.V.E. est à l’ouest (â gauche) sur l’Aisne, à Sainte-Menehould. Il doit
assurer la liaison avec la 6e D.I.C., mais cette liaison ne pourra être assurée ; le 2e
Bataillon du 5e R.I.C.M.S. a été pratiquement anéanti le 13 entre 8 heures 15 et 9
heures 30 à la ferme Du Bellay entre Auve et Tilloy-et-Bellay. Le 11e R.I. est au
centre sur la Biesme. Le 123e R.I. est à l’est entre la Biesme et l’Aire.
Le 13 juin à Sainte-Menehould vers 11 heures, au moment où le 2e bataillon
arrive dans la ville le Général Delaissey annule l’ordre de Debuissy qu’il dit perdu
dans l’opinion de Decharme et met le 2e bataillon au repos pour « examiner la
situation » ignorant sans doute que les Allemands allaient attaquer la ville vers 13
heures. De plus, il se fait confirmer et remettre une copie l’ordre de Debuissy pour
le départ précipité vers Sainte-Menehould.
Le Général Delaissey en dénigrant ainsi Debuissy dans cette situation de crise
commettait plus qu’une maladresse, mais une faute grave et pourquoi ne
présumerait-on pas qu’il est le vrai responsable du non-secours porté à la batterie
de Moiremont du fait qu’il a empêché le 2e bataillon de rejoindre les places qui
lui étaient désignées pour la protection nord de la ville etdu fait que durant les
combats de Sainte-Menehould les éléments de ce 2e bataillon ont embarrassé le
1er bataillon dans ses manoeuvres.
Fait aggravant, Delaissey qui fait stopper le mouvement du 2e bataillon vers sa
position au nord de la ville et à Moiremont Moiremont pour, à la place, « le
reposer » n’a été, pour au moins la 5e Compagnie, qu’une caricature : Delaissey
l’envoie ici et là trouver où sont les Allemands ! Il enmêle en même temps le 1er
bataillon par ces diversions.
Qu’a montré là le Général Delaissey ? Qu’il était pour le moins comme
Decharme en retard sur la vitesse des évènements. Pour le moins que ce Général
avait la vision courte et oeuvrait au train d’un fonctionnaire en temps de paix
comme s’il gérait une colonie de vacances. Pour le plus, il collaborait au plan anti-
Debuissy et antisémite de Decharme, ce qu’il montrera d’ailleurs à Passavant lors
de la rencontre Decharme-Debuissy.
Robert Dufourg à la page 47 de son livre, La 35e Division dans la
bataille exprime à sa façon les raisons de retirer le 21e R.M.V.E. de la ligne de feu
et de lui ôter son colonel :
« — Ce changement de dispositif fut causé par l’obligation, après les combats
de Sainte-Menehould et de Verrières, de retirer de la ligne de feu le 21e R.M.V.E.
dans la soirée du 13 pour l’envoyer en Deuxième échelon afin des’y reformer en
184
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

48 heures… » ?
Cette argunentation est plutôt un a-posteriori difficile à gober pour une
décision déjà prise à l’évidence avant même la bataille de Sainte-Menehould,
avec confirmation d’aiilleurs de ce fait par l’attitude de Dufourg le 12 juin matin à
l’Hôtellerie de l’Argonne et celle de Delaissey le 13 à Sainte-Menehould avant
même le début du combat. Malheureusement pour Delaissey et Decharme, les
faits ont la tête dure et leurs comportements durant cette période du 13 au 14
sont explicites. À ce propos, on ne peut que retenir la conduite bizarre du Général
Decharme au pire moment de la bataille.
Ayant passé la nuit du 12 au 13 à son P.C de Vienne-le-Château, il a le 12 au soir,
envoyé Dufourg à Futeau pour y prévoir l’installation et le fonctionnement du P.C
de la Division. Le P.C est fonctionnel à Futeau le 13 matin, mais suite à de
nouveaux ordres, il est en voie de réalisation dans l’avant midi à 8 kilomètresplus
au sud, à Brizeaux où les éléments lourds sont déjà arrivés.
Le 13 juin matin à 6 heures, Decharme n’ayant pas rejoint son P.C de Brizeaux,
le lieutenant-colonel Gallini ne peut rencontrer à Brizeaux que le chef d’état-
major Jobin. Mis au courant de la situation par Jobin, celle-ci lui parut confuse ; il
alla donc à Beauzée-sur-Aire au P.C du 21e C. A. où il attendit longtemps avant
qu’enfin le Lt-Colonel Bonvalot le mette au courant de la situation.
Le 13 juin matin, Decharme arrive à Brizeaux à pied à cause de l’encombrement
des routes. Il est accompagné de son chef d’état-major qui est sans doute allé à
son devant.
Le 13 vers midi, Gallini de retour du 21e C.A., peut enfin rencontrer Decharme
qui alors seulement lui demande de « boucher le trou » avec ses G.R., mais il est
trop tard, Gallini est appelé ailleurs et il ne peut plus rien pour la 35e Division.
Parti alors pour Passavant dans l’après-midi du 13, Decharme y attend Debuissy
depuis 19 heures du soir jusqu’à 5 heures du matin le 14. Il suivra l’évacuation de
Debuissy jusqu’à Commercy durant l’avant-midi, il ne sera de retour à son P.C de
Brizeaux, que le 14 vers midi (Gallini n’a pu atteindre Decharme à Brizeaux qu’en
fin de matinée, et rappelé à midi auprès de son G.R.C.A, il a pris immédiatement
congé de Decharmei).
Peu de cela n’apparaït clairement dans le livre de Robert Dufourg. Sinon qu’en
pages 276-277 de son livre il a plutôt écrit :
« Le P.C de la 35e D.I. était fixé pour la journée du 13 juin, à Futeau, où venait
d’arriver notre Q.G. lourd. Aussitôt, le Général m’expédiait à Futeau pour y prévoir
l’installation et le fonctionnement du P.C Le Général décidait de passer la nuit à
Vienne-le-Château avec la plus grande partie de son état-major. » Durant cette
Debuissy période, en poussant de l’avant sa troupe fatiguée, et trop faible pour
185
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

soutenir la poussée allemande avait agi bien sûr en Légionnaire : marche ou


crève. Il n’en reste pas moins que l’attaque précoce des Allemands sur Sainte-
Menehould confirme que sa décision répondait bien aux évènements et qu’ainsi
il put sauver une bonne partie de son Régiment. Fait curieux, nous disposons des
journaux de marche des bataillons 1 et 3, mais pas de celui du 2e. Fagard, dont on
ait le retard et les éparpillements du bataillon, est aussi cité en fin de livre de
Dufourg comme commensal de Decharme au camp de prisonniers.
Autre fait curieux : Le journal de marche du 1er bataillon rapporte que le
capitaine Lagarrigue responsable de la liaison entre la division et le régiment
apporte les ordres de la D.I. vers 16 heures au 1er bataillon sans passer par le
régiment. Il est vrai, certes, qu’on est en plein combat de rue, et que le repli
s’effectuera difficilement à partir de 17 heures. Il apparaît cependant bien par le
comportement du Général Delaissey à Sainte-Menehould, que Debuissy a été
écarté sans ménagement. Comme par hasard, Lagarrigue est un officier du 21e
R.M.V.E. dont Dufourg donne un portrait flatteur… Le capitaine Jean Lagarrigue,
officier de liaison du 21e auprès de la division, s’est inscrit comme officier d’état-
major de la 35e D.I. sur la liste des prisonniers ! Né le 25-6-95, il était de deux ans
l’aîné de Dufourg et il était directeur d’une banque paloise… Comme prisonnier
de guerre, il ne mentionnera donc pas le 21e R.M.V.E., mais l’état-major de la
division…
Il est difficile de croire que Decharme se rendant attendre Debuissy le 13 en
soirée et ne revenant à son P.C de Brizeaux après un détour par Commercy qu’en
fin de matinée le 14 avait alors une conscience précise de ce qui devait être son
urgence prioritaire de Général de Division au pire des combats. Il est vrai que dès
l’arrivée du 21e R.M.V.E. en Alsace, Decharme l’a considéré comme un invité
indésirable non pas tellement à cause de son sous-équipement, mais parce qu’il
était constitué d’étrangers juifs, rojos et communistes opposés à son idéologie
propre.
Si les 12, 13 et 14 juin, il semble par son activité trainante qu’il était peu
directement concerné par la catastrophe qui se dessinait sur le terrain, on peut
pourtant penser qu’il avait toute chance déjà de connaître l’annulation de la
directive de Weygand et que dans ces circonstances il n’était pas fâché de voir à
ce moment-là à la fois le 21e R.M.V.E. occuper dans la débâcle la place de l’invité
et l’occasion d’agir contre Debuissy.
Enfin, selon le contexte historique, l’ordre secret de Weygand du 12 juin qui
confirme que la bataille est perdue et qu’il faut se replier si possible vers le centre
de la France rend moralement indéfendable le fait de limoger le colonel Debuissy,
alors que celui-ci venait de corriger les ordres de repos, ordres malencontreux qu
186
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

entrainaient une arrivée trop tardive à Ste Menehould, le 21e étant talonné par
l’ennemi. Et en imminence d’encerclement. À ce propos, j’inserrerai en point
d’orgue à la fin du chapitre XIII un curieux rapport demandé au lieutenant
Lintignac à la fin de 1945 et surtout sur celui du capitaine Modéna qui révèle
qu’ayant raté l’anéantissement par encerclement du 21e régiment de marche,
Decharme avait encore l’intention de le dissoudre et de s’aproprier son train
routier, une fois Debuissy limogé.
Pourquoi démettre Debuissy alors que la débâcle était déjà évidente ? Sinon
satisfaire ses antipathies personnelles envers Debuissy et ses engagés volontaires
et contenter les aspirations de Martyn déçu. La décision de démettre le colonel
Debuissy est déjà perceptible (dans les livres de Dufourg : ses propos au colonel
Martyn) le matin du 12, alors que Decharme le 11 au soir dans le bois de
Bouconville noyait Debuissy sous des balivernes. La motiver spécieusement par
des faits ultérieurs à cette date est pour le moins inélégant et il n’est pas de doute
dans mon esprit que Debuissy comme Corap sera réhabilité. En attendant, tout
cela corrobore fâcheusement le livre de Hans Habe, où il parle de la xénophobie
de Decharme et du « Crime de Sainte-Menehould ».
La signification de la scène de Commercy racontée par Habe est formelle et
définitive : De fait, ce que raconte Hans Habe début 1941 ne laisse pas de place
au doute ; voici donc ce que furent les propos tenus à Commercy par Pierre
Champon, et Louis Decharme tels que rapportés par Hans Habe :
— Champon. : Le colonel Martyn a rejoint son poste.
— Decharme. : Ce Debuissy m’a donné assez de troubles.
— Champon. : Il voulait résister à tout prix.
— Decharme. : Tous ces Légionnaires étrangers sont des politiciens intrigants.
— Champon. : Que dois-je écrire sur mon rapport ?
— Decharme. : Je ne sais pas.
— Champon. : Il m’a dit qu’il protesterait contre sa destitution sous motif de
maladie.
— Decharme : Je crois que cet homme m’a causé assez de désagrément. Il s’est
complètement assimilé à la fripouille qu’il commande. Pourriez-vous trouver
quelque chose, quelque chose d’incriminant à mettre dans votre rapport ?
— Champon. : Non, j’ai fouillé tous ses effets, mais ils ne contenaient rien à
redire, sauf —
— Decharme. : Sauf ?
— Champon. : Une bouteille vide.
— Decharme. : Avait-elle contenu de l’alcool ?
— Champon. : Peut-être.
187
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

— Decharme. : Excellent. Rapportez que ses excès alcooliques ont nécessité


son renvoi d’urgence.
La véracité de ces propos tient au fait qu’ils ont été rapportés par écrit au début
de 1941 par Hans Habe… Habe ne dit pas de quelle source il les avait reçus suite
à l’évacuation sanitaire de Debuissy. On peut soupçonner sans preuve qu’il s’agit
du médecin qui a pratiqué l’évacuation sanitaire, Rousse ou Buvat ou le médecin
de l’état-major Vidal ou d’un infirmier.
Louis Decharme, gazé en 1914, très touché par sa captivité, sera rapatrié en
mai 1941 en raison de son mauvais état de santé, il mourra en 1956.
Pierre Louis Célestin Michel Champon 1882-1940, Général du 12e
Corpsd’Armée du 5 juin 1940 au 21 juin 1940 devait décéder dès 1940 au Gelag
[1882-1940].
Résumons : Fatigues de Decharme déjà signalées par Dufourg et son
rapatriement en mai 1941 pour raison de santé… Champon mort en 1940 au
Gelag à 58 ans… Delaissey né en 1881 est mort en 1955… Debuissy, 1887-1962,
était donc plus jeune que ces Généraux et leur survécut. Le lieutenant-colonel
Martyn lui-même est né aussitôt que 1883.
Seul Robert Dufourg, né en 1897 et mort en 1987 pouvait se targuer d’être plus
juvénile que Debuissy…
L’hypothétique réorganisation du 21e R.M.V.E.
Il n’existe pas d’évidence tangible selon Habe de réorganisation du 21e R.M.V.E.
Les régiments se sont regroupés sans plus comme ils l’auraient fait de toute
façon. Les journaux de marche du régiment montrent des déplacements, mais
pas de changement de fond sauf que le 21e, qui n’avait été ni réapprovisionné ni
alimenté depuis le décrochage du Chesne, reçut un ravitaillement alimentaire
partiel dans la nuit du 14 au 15 juin. En fait, la seule réorganisation évidente est
que les trains des trois bataillons du 21e R.M.V.E. partirent le 14 juin directement
pour quelque part, droit au sud entre Perpignan et Montpellier, en réalité
Septfonds, d’où la nécessité de marcher.
Réorganiser le 21e R.M.V.E. eut été de l’embarquer dans ses camions pour un
point proche, mais à l’écart des combats pour le reformer et le réapprovisionner
avec un véritable repos au lieu de le remettre immédiatement à marcher.
La disparition des camions (voir le rapport du sous-lieutenant Charles Pold) est
bien l’aspect le plus évident de cette soi-disant réorganisation à Passavant (ou à
Pretz-en-Argonne à 16 km au sud-est de Passavant ou comme dit Dufourg à
Sampigny) : si quelqu’un avait voulu que le 21e soit réduit à l’usure totale et pas
seulement de ses souliers, il n’aurait pas pu mieux réussir.
Extrait du livre de Robert Dufourg « Brassard rouge et Foudres d’or, souvenirs
188
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

d’un officier d’état-major, 1939-1945 » à la page 304 : 17 juin 1940 :


« Le 21e R.M.V.E. qui n’avait pas combattu la veille pouvait par contre mettre en
ligne ses trois bataillons quoiqu’à effectifs très réduits et privés de la plus grande
partie de leurs trains »
Il y est bien dit privé de leurs trains le 14 et le 14 le colonel Debuissy ayant à
Sainte-Menehould le 13 perdu le contrôle de son régiment, n’était plus
responsable.
À noter que le 21e R.M.V.E. qui avait les camions les plus neufs de la 35e Division,
ne semblait guère jusque-là en avoir vu la couleur tant à la montée au front que
lors de la débâcle. Cette disparition des camions survenait au moment le pire de
l’épuisement du régiment… Qui aurait dû être sanctionné pour cette perte du
train le 14 ? Ce sujet est traité en fin de ce chapitre.
Répétons aussi que, quoiqu’il eût des handicaps évidents, le 21e R.M.V.E avait
été placé à l’endroit sans doute le plus critique, c’est-à-dire sur la gauche de la
Division face à Stonne et cet emplacement le plus exposé se concrétisera encore
durant la retraite, notamment lorsque la couverture par la 36e Division et la 6e
D.I.C. fit défaut et aussi lorsque des éléments retardateurs du régiment (3 sections
de la 10e Compagnie du 3e Bataillon) perdirent le contact avec leur unité. Qui doit
être jugé responsable de cette déconfiture sinon le Général ?
En guise de repos et de réorganisation, le 1er bataillon quitta Passavant à pied
deux heures après son arrivée… Les éléments du 3e bataillon aussi quittèrent
après un bref repos Passavant le 14 à 19 heures pour la ferme de Brienne (12
kilomètres) où ils retrouvèrent la 10e Cie… Et le 2e bataillon quitta aussi Passavant
la nuit même du 14 au 15, alors que des éléments de la 5 e Compagnie étaient
déjà à Souilly (Récit de Louis Boulard). Il est difficile de parler de réorganisation
dans ces conditions. Ainsi entre Sainte-Menehould et les Islettes se retrouvèrent
au contact du 11e R.I. les bataillons 1 et 2 du 21e ainsi que la 10e Cie de son 3e
Bataillon.
Comme déjà noté, présente au Chesne-Populeux à la gauche du 21e R.M.V.E.,
la 36e D.I. s'était repliée précipitamment vers le sud sans garder le contact avec
son voisin. Le dernier contact entre la 35e et la 36e Division eut lieu dans la journée
du 11 juin 1940, à Senuc (Robert Dufourg Brassard rouge et poudre noire, bas de
page 272).
Le 3e Bataillon du 21e R.M.V.E., le plus à gauche, comme déjà noté ne put
prendre contact avec la 6e D.I.C. Que le 11 juin au soir il était encore question
d’une offensive vers l’ouest, pourrait être une raison plausible pour laquelle le
Général Decharme freinait le repli du 21e, mais il devait savoir aussi que la division
coloniale qui devait remplacer la 36e D.I. avait aussi filé vite vers le sud, et qu’à la
189
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

gauche du 21e était un trou béant qu’il n’était pas de taille à combler. Alors que
Debuissy, avait sans doute compris à son arrivée le 13 juin matin à Vienne-la-Ville
le danger que courait son régiment, c’est en fin de matinée le 13 mai à Sainte-
Menehould que Delaissey critique indûment le repli précipité ordonné par
Debuissy et c’est seulement le 13 en après-midi apparemment que Decharme prit
conscience ou tint compte de lasituation qu’il sollicita Gallini de « boucher le
trou » avec son G.R.D.I., mais celui-ci était déjà appelé ailleurs… Le C.I.D., le 18e
B.I.L.A. et le 3e R.I.C. ne pouvaient faire mieux que le 21e R.M.V.E et il aurait mieux
valu qu’il s’agisse là d’une addition et non d’un remplacement. Ce constat n’a pas
empêché Decharme et Delaissey de condamner et renvoyer indûment Debuissy
alors que celui-ci venait de sauver, au moins en grande partie, son régiment. C’est
en effet grâce à lui que le 1er Bataillon du 21e R.M.V.E. est arrivé à 8 heures à
Sainte-Menehould au lieu de midi alors que les Allemands ont attaqué la ville à
13 heures.
C’est aussi grâce à lui que le 3e bataillon était sur place à temps à l’ouest de
Verrières et que, coupé de liaison, le commandant Poulain ait pu le replier de sa
propre autorité sur Passavant ; malheureusement, son arrière garde, la 10e
Compagnie dirigée par le capitaine Duvernay ne put rejoindre ; mais si elle arriva
trop tard pour sauver la batterie de Moiremont, elle réussit du moins un miracle
en rejoignant la ligne Sainte-Menehould-La Grange aux Bois et les Islettes où elle
s’est retrouvée avec les bataillons 1 et 2 au contact du 11e R.I. et où survinrent de
durs combats avec de lourdes pertes.
C’est la faute à Delaissey, si le 2e bataillon a été mis au repos à Sainte-
Menehould alors que les Allemands étaient aux portes nord et ouest et qu’il n’a
pas aidé, mais handicapé le 1er bataillon dans sa défense de Sainte-Menehould,
en y créant la confusion et le désordre.
Le 21e R.M.V.E avait à combattre aux pourtours de Sainte-Menehould et
Verrières. Le 13 juin, l’élément le plus marquant fut surtout la dure bataille de la
ville de Sainte-Menehould ainsi que celle de la Grange-aux-Bois, avec
vraisemblablement une perte d’effectifs de quatre cents hommes.
Le nombre de tués a été élevé ; les chiffres de 56 tués dans les Ardennes et de
100 tués à Sainte-Menehould ont été avancés. Notre décompte provisoire est de
423 morts de toutes causes durant la guerre, avec les décédés en camps de
captivité et de concentration et dans la résistance. La réalité dépasse sûrement
ce chiffre et est impossible à connaître, car bien de parcours sont inconnus, les
nécropoles ne disant pas tout.
Un témoignage indirect nous vient peut-être du grand nombre de noms
d’engagés non retrouvés ni sur les tombes des champs de bataille ni dans la liste
190
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

des prisonniers (le nombre donné par De Rosen des prisonniers présents à Metz
est d’environ1100) et le sous-lieutenant Charles Pold rapporte 250 hommes
environ arrivant à Septfonds avec le train régimentaire.
Certes, le mépris de Decharme envers le 21e R.M.V.E eut au départ un bon côté
pour ce régiment et un mauvais pour d’autres, le 18e B.I.L.A. et le 21e R.I.C.,
sacrifiés ; le colonel Cazeilles du 21e R.I.C. fut tué le 15 à Rembercourt en
chargeant à la baïonnette à la tête de son régiment. Mais un sort particulièrement
cruel frappa les Espagnols envoyés à Mauthausen, ainsi que les familles juives et
les engagés démobilisés qui se trouvèrent sans protection en France et furent
souvent livrés aux nazis par Vichy.
Donc, il y a bien eu « crime » à Sainte-Menehould comme Habe le raconte, mais
ce crime touchait autant à la fois Debuissy et ses hommes. Decharme ne
participera pas au gouvernement de Vichy. Ce sera un Résistant de la dernière
heure dans l’O.R.A., organisation de la résistance de l'armée créée le 31 janvier
1943 à la suite de l'invasion allemande en zone « libre » en novembre 1942.
L’O.R.A. aura certes ses martyrs, mais pour ces vichyssois, si certains furent des
résistants dès la première†heure, pour d’autres il a pu s’agir d’un calcul prudent
parfois tardif comme ce sera le cas du Général Juin, une sage précaution d’autant
plus que l’Amérique était entrée dans la guerre.
En effet le Président Franklin D. Roosevelt ayant signé sa déclaration de guerre
contre l'Allemagne et l’Italie le 11 décembre 1941 en réponse à la déclaration
germano-italienne. Pear Arbour avait été attaqué le 7 par les Japonais. D’ailleurs,
de plus, certains de ces vichysto-résistants de l’O.R.A. s’accrochèrent encore
longtemps à l’espoir de pérenniser le Régime de Vichy en particulier grâce à
l’appui de Roosevelt et le destin fatal de Jean Moulin intrigue.
Louis Decharme reprenant le combat, entretint alors à Paris des contacts avec
les cadres de l'armée, alimentant des réseaux de renseignements en informations
et travaux clandestins en vue d'une revanche future, en particulier avec les
généraux Olry, Frère, Keller et Delestraint, en liaison avec l'ORA. Ses actions
discrètes et opérantes lui valent d'être convié par le Général de Gaulle à
l'accompagner lors de la célèbre marche des Champs-Élysées conduite avec les
généraux Leclerc, Kœnig et Juin le 26 août 1944 pour se rendre au Te Deum
célébré à Notre-Dame pour la libération de Paris.
Par ailleurs, il nous faut noter le comportement de Martyn durant la retraite.
Sur ce point, Robert Dufourg est en contradiction totale avec le baron de Rosen
et Hans Habe qui, tous deux, ont écrit leurs textes « à chaud » à l’automne 1940
et au début 1941. On perçoit le même point de vue dans les propos du baron de
Biesville recueillis par de Rosen et ceux d’Hans Habe dans ses livres. Était-ce de
191
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

dépit ou résultat d’une culture politique commune à bien des officiers français de
1940 : Dufourg dès le départ de son livre « Brassard rouge poudre d’or » déclarait
ne pas voir de raison à la déclaration de guerre.
Il aurait dû plutôt en percevoir l’inévitabilité et se demander pourquoi la France
civile et militaire n’y était pas prête. Ces officiers en gérant cette guerre comme
si elle n’était pas la leur voulaient-ils plus soigner leur carrière en bons
fonctionnaires ou pire abattre la République plutôt que se soucier de l’issue du
conflit ? Le pétainisme leur allait comme un gant. Cela fait songer à l’attitude de
Weygand qui, jugeant le 25 mai que la guerre est perdue, prolongea
lessouffrances du fantassin et meubla les camps de prisonniers de ses soldats
« pour l’honneur de l’armée ».
La lecture du livre de Hans Habe, « Ob tausend fallen », qui n’a pas encore été
édité en France donne une façon légitime de voir les faits… Cela dit, les deux livres
de Roger Dufourg apportent des précisions de première main.
VOICI DES ÉLÉMENTS EXTÉRIEURS QUI SOUTIENNENT L’IDÉE D’UN COMPLOT
que l’historienne Lacroix-Ruz a intitulé « Le choix de la défaite ».
N’oublions pas l’ascension de Loustaunau Lacau au sein de la 35e D.I. En effet,
cet homme avait été chassé de l’armée pour avoir formé une organisation,
Corvignolles, proche de la Cagoule civile dont le but apparent était la chasse aux
communistes dans l’armée et le but réel le renversement de la Troisième
République. Xénophobe, antisémite, il avait célébré Franco en 1939 dans une
réunion.
Démis de l’armée en février 1938, il est réintégré en septembre 1939 et nommé
Chef de bataillon puis chef d’état-major du 123e R.I. en février 1939, il est (à la
place du Lieutenant-colonel Caumia-Baillenx muté le 20 mars) promu Chef d’État-
Major de la 35e Division, mais il est arrêté au front dès le 22 mars 1940 et
emprisonné à la forteresse de Mutzig près d’Obernai.
Libéré le jour de la Pentecôte, dimanche 12 mai 1940, grâce à quelques appuis,
dont celui du colonel Groussard commandant en second de Saint-Cyr en 1940 et
cagoulard. Georges Groussard en effet est un officier de la Coloniale, qui avait été
très actif avant-guerre dans les réseaux anticommunistes de l'armée, Corvignolles
en était l’essentiel, dirigé par Loustaunau-Lacau et possiblement lié au maréchal
Pétain et à la Cagoule. De fait, il est difficile de croire Loustaunau-Lacau déniant
son appartenance à la Cagoule, ne serait-ce qu’à constater qu’il lui a fallu avoir un
art de dissimulation et un culot extrême, handicapé qu’il était par son pedigree
caricatural d’extrémiste et ses fréquentations. Loustaunau-Lacau fut affecté à la
6e Armée, blessé le 15 juin et fait prisonnier, il s’évadera. Plus loin, n’oublions pas
l’attitude et le rôle du Général Charles Huntziger dont toutes les décisions
192
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

étaient toujours favorables aux Allemands. Huntziger conduira la délégation


française signataire de l’Armistice à Rethondes. Il participe à la Commission
d’Armistice qui se tient à Wiesbaden, mais le courrier qu’il reçoit de Weygand se
retrouve le jour même sur la table d’Hitler. Je me demande s’il n’en savait pas
trop et si son accident d’avion ne venait pas de « ses » amis. Cela le placerait
victime d'une purge stalinienne en quelque sorte. Les généraux de la 35e Division
renvoyés pat Huntziger étaint plutôr républicains.
Récemment, j’ai été sidéré en voyant sur un film à la télévision comment il a
figé quand un Allemand l’a accueilli par le Heil Hitler lors de sa visite à Berlin. Le
Général Huntziger ne prit que des décisions toujours favorables à l’Allemagne. Il
saura mettre sur le dos du Général Corap le résultat de ses fautes. Il est
cosignataire de la loi antisémite qui renvoya notamment neuf généraux juifs de
l’armée.
On peut percevoir pourquoi les gamelles furent données à Corap et Gamelin…
À la demande de Laval dont il était proche, Huntziger prend le poste de ministre
de la guerre en septembre 1940. Prêt à collaborer militairement avec l’Allemagne,
il signe le 28 mai 1941, les protocoles de Paris qui accordent d’importants
avantages aux Allemands : possibilité d’utiliser des aéroports et de l’équipement
militaire pour aider la rébellion irakienne, le droit d’acheminer par le port de
Bizerte le matériel nécessaire à l’Afrikakorps de Rommel et de disposer de la base
sous-marine de Dakar. En juillet 1941, en accord avec Darlan, il suspend
l’interdiction pour les soldats français de se battre hors du territoire national,
permettant ainsi la création de la Légion des Volontaires français. Huntziger
serait-il le Bazaine de 1940 ?
Donc, Huntziger suivit la ligne de pensée de la Cagoule. On peut penser qu’il en
était membre, ce qui fait soupçonner qu’il ait pu trahir. À défaut de preuve, du
moins l’épisode du courrier de Weygand de Vichy à Wiesbaden se trouvant le
même jour sur le bureau d’Hitler ne peut que faire naître un point d’interrogation.
De plus, devenu ministre de la guerre le 25 février 1941, Huntziger, assisté de
Paquin et Lacaille, en profita pour "nettoyer" les archives du ministère comme
l’atteste Michel de Lombarès :
« … Je n'ai pas retrouvé ce document dans les archives de la 2 e Armée. Elles
avaient été « revues » par le trio précité lorsqu'il était à la tête du Ministère des
Armées (1940-1941). Mais ce document a existé. »
Jean-Claude Streicher, dans une biographie de 241 pages parue en 2015 « Le
Général Huntziger, l'"Alsacien’’ du maréchal Pétain » rappelle qu’Huntziger
s’employait à Vichy à créer des structures susceptibles de faciliter une éventuelle
reprise des combats, mais contre qui, quel ennemi intérieur ou extérieur ?
Comment le Colonel Louis Baril, 1896-1943, des SR après son passage à Londres
193
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

sous la « protection » d’Huntziger a-t-il pu être arrêté à son retour ? Un double


jeu d’Huntziger ? Baril, hostile à la collaboration sera muté en Algérie.
N’oublions pas en contrepoint le comportement du Général Freydenberg lors
de cette défaite : il dépassa le record d’Huntziger de Senuc à Verdun par la
distance entre son état-major et son armée. Drôle de façon de montrer sa volonté
de combattre pourrait-on penser, mais peut-être avait-il compris la nature du
complot tramé contre la République et refusait-il d’y jouer un rôle. Ne s’en serait-
il pas soustrait en appliquant à la lettre la directive de Weygand ? Le fait qu’on ne
l’ait pas inquiété par la suite laisse à penser qu’il en avait trop à dire. Henri
Freydenberg, né en 1876, avait fait carrière dans les troupes coloniales. En
septembre 1939, rappelé de sa retraite, il avait pris le commandement du corps
colonial, puis le 5 juin 1940, remplaé le Général Huntziger à la tête de la IIe Àrmée.
Huntziger devenait commandant du 4e Groupe d'Armée du centre. Le 12 juin,
devant la pression des forces allemandes, Freydenberg porta son P.C à
Chateauvillain situé en Haute-Marne à 180 kilomètres de ses unités qui étaient
au contact des Allemands, comportement étrangement semblable à celui de son
prédécesseur, Huntziger.
Le 13 juin, Freydenberg ordonna au Général Flavigny, chef du 21e C. A. de se
replier « sans préoccupation d'alignement ». Le lendemain, 14 juin, il renouvela
l'ordre. Enfin, Freydenberg porta son P.C à Bourbonne-les-Bains sur les arrières
de la IIIe Armée du Général Condé. Celui-ci a écrit :
— « J'apprends que Freydenberg est à Bourbonne-les-Bains, loin derrière moi
et au milieu de ma zone, à 160 kilomètres de la droite de son front. C'est renoncer
à exercer son commandement dans les circonstances où il se trouve. » Les ordres
donnés le 15 juin par Freydenberg au Corps d’Armée Colonial du Général Carles
et au 21e C. A. furent de « se replier le plus vite possible sans se préoccuper des
voisins ». Cela respectait la directive de Gamelin !
Lorsqu'il apprit ces ordres, le Général Roucaud [1re D.I.C.] s'exclama :
— « La 2e Armée s'est repliée très loin et n'a guère de contact avec ses Corps
d’Armée. Le Général Freydenberg en sait assez cependant pour se mettre à l'abri
et pour recommander au Corps d'Armée Colonial de foutre le camp ! »
Le 15 juin, à Besançon, Freydenberg demande au Général Prételat de le placer
en réserve de commandement. Cela peut bien signifier aussi qu’il savait ce qui se
tramait et ne voulait pas y participer. Prételat refusa. Malgré tout, l'état-major de
la 2e Armée suivra Freydenberg et arrivera à Louhans le 17, à Saint-Galmier, le 18,
à Tournon, le 19 juin, et le jour de l'Armistice, il se trouvera dans un séminaire à
Aubenas. Replacé dans les cadres de réserve en juillet 1940, Freydenberg
décédera le 20 août 1975 à l'âge de 99 ans. Le Commandant Valluy chef du 3e
194
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

bureau du 21e C. A. de Flavigny a écrit : « Plusieurs milliers d'officiers en retraite


savent désormais que la 2e Armée a fui. » Probablement Freydenberg était-il bien
au courant de l’ordre de repli vers le centre ordonné par Weygand le 12 juin (les
ouvrages de la ligne Maginot seront sabordés et les régiments de forteresse
doivent battre en retraite. Aucune exception n'est prévue) et aussi bien avait-il
compris le coup d’État qui se tramait et ne voulait pas être complice ; aussi a-t-il
simplement obéi opportunément à cet ordre de repli. Répétons-le : ceux qui
critiquent Freydenberg n’avaient-ils pas réellement eu connaissance de l’ordre de
Weygand mystérieusement mis au rencard ou suivi à la traîne ? Que Freydenberg
n’ait pas été questionné ni inquiété après guerre laisse rêver : en avait-il trop à
dire ?
À bien y penser, avec les Généraux et autres ennemis de la République qui
pensaient sans doute déjà à Vichy (Weygand, Huntziger, Decharme, Aublet,
Lucien, Loustaunau-Lacau, Dufourg, Delaissey, Lucien, Blanchard…) et la
mentalité qui régnait à l’état-major de la 35e D.I., il n’est pas étonnant que
Decharme et ses congénères aient considéré le 21e R.M.V.E. comme un ramassis
à tout le moins suspect de Juifs et de communistes et tout juste bon à servir de
chair à pâté comme le 18e B.I.L.A. et que la directive de Weygand ait été
« oubliée ».
Le Général Lucien est le personnage typique de ces comportements : à droite
de la 35e D.I. se trouvait notamment le 36e R.I. appartenant à la 6e D.I. Le Général
Auguste Lucien commandait cette Division. Un geste assumé le situe bien : il fut
envoyé par Vichy à l’Oflag VI A pour convaincre les officiers prisonniers de
renoncer à leur statut et de travailler pour l’Allemagne…
Reste que certains comme Freydenberg ont donné des ordres de repli
sanssouci de continuité, semblant ainsi respecter la directive de Weygand et que
d’autres en majorité ont semblé ignorer cet ordre où affirmer qu’on ne pouvait
l’accomplir. Cela demeure un indice qui nourrit l’idée d’un complot.
La condamnation après-guerre du Général Dubuisson pour collaboration avec
l’ennemi serait-elle un élément de réponse ? Serait-il à l’origine du fait que les
unités de l’Est n’ont pas suivi l’instruction de Weygand ? Il est difficile de
l’imaginer en sacrifié, responsable ou bouc émissaire. Il doit s’agir plutôt de sa
collaboration avec l’ennemi lors de l’Armistice et peut-être après (?)
À diverses dates, tôt pour certains, tard pour d’autres, parmi ceux qui avaient
erré, et ils étaient nombreux à gauche comme à droite, beaucoup se rallièrent,
mais pas tous à la lutte contre Hitler. À ce propos de « droite », il faut signaler que
royalisme et conservatisme ne sont pas des synonymes obligatoires de fascisme
ou nazisme. Beaucoup de royalistes entrèrent en résistance :
195
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

« Il faut rappeler que, sans parler de De Gaulle, réputé avoir eu, à certains
moments de sa vie, une sympathie pour la monarchie et même la Cagoule, bon
nombre de combattants de la France libre en eurent aussi : de Lattre de Tassigny,
Leclerc, Montsabert, Edmond Michelet étaient royalistes ainsi que l'homme qui a
tiré sur Pierre Laval, Colette ; et celui qui, à Alger, a tué Darlan, Bonnier de la
Chapelle ; bien des écrivains qui ont rejoint la Résistance étaient également
royalistes : Claude Roy, Debu-Bridel, Daniel Cordier, Claude Morgan, mais ils n'ont
jamais été regroupés sous cette étiquette ».
À cette énumération très incomplète de l'historien Marc Ferro, il faut pour le
moins ajouter le nom d’Honoré d'Estienne d'Orves, lieutenant de vaisseau rallié
à De Gaulle dès 1940. (Hérodote .net.) et se poser des questions sur d’autres plus
ou moins tardifs et plus suspects (André Bettencourt ?)
En conclusion, le colonel Debuissy et son régiment ont été victimes de ce que
certains appelleraient un hocus pocus, d’autres une arnaque et d’autres enfin,
puisqu’il est question de Sainte-Menehould, d’un coup de pied de cochon et que
cela n’était pas le résultat de seulement une action locale, mais au contraire
participait d’un complot d’envergure qui allait amener le régime de Vichy. À cause
des préjugés et de l’inconduite de Decharme et de ses acolytes, le 21e n’accumula
pas autant de gloire que le 22e R.M.V.E. et le 12e R.E.I.
LE 21e R.M.V.E. À LA BATAILLE DE SAINTE-MENEHOULD
L’attaque allemande sur Sainte-Menehould s’est faite vers 13 heures à la fois
sur la façade ouest et sur la façade nord-ouest de la ville.
Le dispositif du 1er bataillon était le suivant :
Le P.C du bataillon est sur la Grande Place (Austerlitz). La 1re Compagnie est
dans les jardins en bordure nord de la ville et au pont sur la route de Moiremont.
2e Compagnie et une section mitrailleuse à droite de la 1re Compagnie (face à
Planasse).
3e compagnie et C. A. 1 sur le piton à l’intérieur de la ville (butte du château).
Canons de 25 au carrefour de la place d’Austerlitz, en direction de la route de
Châlons.
Le 13 juin vers 10 heures Debuissy donne ordre d’étendre le 1er bataillon vers
l’est, direction La Grange-aux-Bois, décision sans doute prise en raison du retard
du 2e bataillon. Si l’on en croit le récit du légionnaire François Kammer-Mayer qui
était à la tête d’un des canons de 25, le pont de pierre de la route de Châlons
n’était pas encore sauté lorsqu’une mitrailleuse allemande s’engagea sur son
tablier, mais il la détruisit en l’arrosant de tirs.
Voici ce que raconte le Hongrois François Kammer-Mayer surnommé Santa
accompagné à son canon de 25 par l’Espagnol Maurice Renonès :
196
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

« À l’ouest, l’ennemi approchait sur la rive droite de l’Aisne. Un mortier


l’accueillit, mais fut neutralisé par un tir d’obusier. Les servants ne s’étaient pas
déplacés assez rapidement après chaque salve.
L’un fut tué sur le coup, l’autre blessé. Une automitrailleuse s’engagea sur le
tablier du pont.
Santa n’eut besoin que de deux obus pour l’immobiliser. Il continua quand
même de la cribler jusqu’à épuisement de ses munitions. De cette façon, inutile
de traîner la pièce.
En l’absence de brancardiers, il hissa avec de l’aide le mutilé sur le mulet. Il
jeta un ultime regard d’adieu à son arme désormais inutile. Il en démonta la
culasse et la balança dans la rivière. »
Le pont a dû être coupé après cette action par la section en retard du
lieutenant Maurice Becaud de la 2e Cie du 1er bataillon.
Le journal du 1er bataillon mentionne simplement que la section du lieutenant
Maurice Becaud envoyée à la sortie ouest de la ville était arrivée avec retard, mais
finalement, le pont a sauté.
Les Allemands semblent donc avoir envahi Sainte-Menehould surtout du nord
au sud. Hans Habe raconte leur descente dans la rue Margaine et la destruction
du pont sud interdisant au régiment de se replier sur Verrières si ça avait été son
intention.
Au nord de la ville, les combats sont particulièrement violents ; la 1re
Compagnie est particulièrement éprouvée et le lieutenant Blonstein est tué. Les
ennemis commencent à s’infiltrer dans les rues de la ville.
Le décrochage se fait vers 17 heures sous bombardement intense.
À 18 heures, le bataillon est regroupé sur sa nouvelle position. Il manque la
section mitrailleuse Neveu qui n’a pu rejoindre.
Le 13 en soirée le 1er bataillon suivi du 2e se replie pour être au contact du 11e
R.I. sur la route allant de la Grange-aux-Bois aux Islettes.
Le 14 juin dès le point du jour l’ennemi, s’étant infiltré par la voie ferrée, attaque
le 1er bataillon par derrière à la hauteur de la section de commandement. Le
groupe franc est complètement décimé, le bataillon est refoulé sur le 11e R.I. à la
Grange-aux-Bois.
Dans la nuit du 14 au 15 juin l’infanterie régiment 77 allemand traversera en
silence la ville de Sainte-Menehould.
LA DÉBÂCLE DU FRONT DE L’EST
Les 13 et 14 juin, dans la défense de Sainte-Menehould et ses abords, le 21e
R.M.V.E. perdit 400 hommes, dont cent tués ou blessés ou plus. Decharme
197
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

remplaça à sa gauche le 21e R.M.V.E. par le groupement Martyn, soit le C.I.D 35


et le 18e B.I.L.A. et en plus y reçut l’appui du 21e R.I.C.
Le Général Huntziger venait de détacher le 21e Régiment d’infanterie coloniale
de la 3e D.I.C. afin de le rattacher à partir du 11 juin 1940, à la Division Decharme.
Ces unités allaient se sacrifier à la place du 21e R.M.V.E. du côté de Passavant.
Cet endroit le plus directement exposé n'offrait pas de toute évidence de chance
pour ces unités de réussir mieux que le 21e R.M.V.E., même avec la présence du
21e R.I.C.
Les Allemands étaient déjà à l'approche de Verrières ; lorsque le lieutenant
Causse du 3e Bataillon du 21e R.M.V.E. s’était avancé le 13 juin pour évaluer la
mise en place du 21e R.I.C. il fut immédiatement tué.
Conscient de l’imminence d’être encerclé, le 3e bataillon s’était replié
précipitamment sur Passavant. Pourtant, la nuit venant, le village de Verrières ne
sera occupé, comme le confirme Hans Habe, que le 14 Juin par les Allemands.
La 3e D.I.C. comprenait les unités suivantes : 1er R.I.C., 21e R.I.C., 23e R.I.C., 3e
R.A.C., 203e R.A.L.C., 73e G.R.D.I, II/311e R.A.
Depuis le 10 juin, le 21e R.I.C. était resté à Verrières et Villers-en-Argonne et
n’avait pas encore été engagé. Le II/21e R.I.C. allait mener un combat glorieux de
sacrifice à Villers-en-Argonne :
Le Général Huntziger venait de détacher le 21e Régiment d’infanterie coloniale
afin de le rattacher à partir du 11 juin 1940, à la Division Decharme. Cela
n’empêcha pas que, les Allemands étaient déjà à l’approche de Verrières, lorsque
le lieutenant Causse du 3e Bataillon du 21e R.M.V.E. s’avança le 13 juin pour
évaluer la mise en place du 21e R.I.C. il fut immédiatement tué.
Conscient de l’imminence d’être encerclé, le 3e bataillon s’était replié
précipitamment sur Passavant. Pourtant, la nuit venant, le village de Verrières ne
sera occupé, comme le confirme Hans Habe, que le 14 Juin par les Allemands. Se
sacrifièrent à la place du 21e R.M.V.E. du côté de Passavant le 18e B.I.L.A., le
C.I.D. 35, et le 21e R.I.C. Ce fut la débâcle, l’éclatement de la 35e D.I.
La débâcle vue de la 35e D.I.
Le 13 juin matin, la 2e Panzerdivision de Guderian est à Vitry-le-François ; le 14
juin, elle sera à Saint-Dizier (Saint-Dizier est à environ soixante kilomètres au sud
de Sainte-Menehould).
— P.C D.I. à Futeau et Brizeaux (Services). Futeau est à treize kilomètres à l’est
de Sainte-Menehould la Biesmes passant à Futeau voit son cours suivre la limite
Marne/Ardennes.
— À l’est, le 123e R.I. entre la Biesmes et l’Aire.
— Au centre, le 11e R.I. sur la Biesmes.
198
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

— À l’ouest (à gauche) chargé de la liaison avec la 6e D.I.C., le 21e R.M.V.E. ;


donc, le Général Decharme est à l’opposé de son régiment le plus immédiatement
menacé… André Dufilho note à la page 136 de son livre que le 13 juin le 2e
bataillon du 123e R.I. occupe les hauteurs bordant au sud la route des Islettes à
Clermont, en liaison à gauche avec le 11e R.I. Le 1er bataillon défend Clermont face
au nord appuyé à gauche au 2e bataillon. Il s’étend à droite jusqu’à la section
d’Éclaireurs motocyclistes du régiment qui fait liaison à Aubréville (placé au nord-
est) avec la 6e D.I.
Le 14 juin les Allemands sont entrés dans Verdun et Paris. Paul Reynaud fait
appel à Roosevelt.
Le 15 juin, le 21e R.M.V.E. fut catalogué comme étant « désorganisé » et réduit
à des bataillons de 400 hommes, 1100 et 1200 hommes (1 300 hommes selon
Dufourg page 52).
Si l’on compte que le 21e avait 2 800 hommes à l’origine, et si l’on compte de
la suppression de 300 hommes le 6 juin de sa Compagnie de Pionniers, et une
perte de 400 hommes à Sainte-Menehould cela laisserait 2 100 hommes, si on
estime être ajoutés encore à effectifs plus ou moins complets la Compagnie de
commandement, C.C., du capitaine Billerot et la Compagnie Régimentaire
d’Engins, C.R.E., du capitaine Berlet (Compagnies de 200 hommes à l’origine) et
la Compagnie Hors Rang, C.H.R. (1 300 +200 CDT+200 CHR+200 CRE+200 CP
=2100), mais l’effectif restant était sans doute d’environ 1 700 hommes il y avait
donc un déficit supplémentaire de 300 à 400 hommes.
On sait par Robert Dufourg que, le 15 juin, le train du 21e R.M.V.E était parti se
réfugier a-t-on dit quelque part entre Montpellier et Perpignan… En fait, le
rapport du sous-lieutenant Charles Pold indique qu’avec 50 véhicules du train il
parvint à Septfonds avec environ 250 hommes et sous-officiers. Au début, le train
avait dû se replier, car il risquait une capture immédiate ; la suite est plus confuse,
les officiers responsables disparaissant. C’est sans doute avec le renvoi de la
Compagnie de Pionniers un des éléments expliquant la difficulté, à évaluer les
pertes du 21e R.M.V.E.
Le 11e R.I. était réduit à 50 % de ses effectifs, 1 500 hommes.
Le 18e B.I.L.A a encore 300 hommes (il n’en aura plus que 150 le 17). Le 123 e
R.I. et le G.R.D.I. 29 étaient les seuls réputés avoir encore une valeur. Le 123e R.I.
était réduit à 7 Compagnies.
Le risque d’enroulement de la 35e D.I. qui était à l’extrême gauche des armées
de l’Est était irréductible et la 35e D.I. heureusement renforcée par le G.R.C.A. 14
du colonel Gallini et d’une Compagnie de chars légers supporta le maximum de
l’attaque ennemie.
199
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

Dans la nuit du 14 au 15 juin 1940, le 21e R.M.V.E. quitta Passavant-en Argonne


dans la nuit. Le 1er bataillon a eu droit à 2 heures de repos à Passavant selon le
rapport de Mirabail. Le régiment accomplit ce jour-là d’abord le trajet Grigny,
Guimont, Aubercy, Triaucourt (Seuil-d’Argonne) Pretz-en-Argonne, Sommaisne,
Rembercourt-aux-Pots (devenu Rembercourt-Sommaisne.). Installation défensive
du 1er bataillon nord et nord ouest de Chaumont gare et position. Mais, le
régiment était-il à peine arrivé à Rembercourt-aux-Pots, qu’il reçut l’ordre de
retraiter encore comme toute sa division.
Ce furent Chaumont-sur-Aire, Longchamps-sur-Aire, Pierrefitte-sur-Aire, Rupt-
devant-Saint-Mihiel, Koeur-la-Grande, Koeur-la-Petite, Sampigny. Ce trajet, du 15
au 16 juin 1940, avait dépassé les 50 kms.
À l’aube du 16 juin 1940, la 35e D.I. présentait :
À sa gauche, le groupe à cheval du G.R.C.A. 14 et le G.R.D.I. 14 sur la route de
Bar-Le-Duc et en arc de cercle autour de Petit-Rumont défendant le nœud routier
et le 3e escadron du G.R.C.A. 14 et une Compagnie de chars flanqués à leur droite
sur les croupes 321 et 341, établis en profondeur.
Au centre, le 11e R.I. et le 18e B.I.L.A., le 1er escadron du G.R.C.A. et une Cie de
chars recherchent dans les bois du Fays une liaison avec le 11e R.I. et le 18e B.I.L.A.
La journée du 16 juin fut désastreuse :
La Division fut déchiquetée avec de nombreuses pertes en tués, blessés,
prisonniers. Elle dut retraiter sur la forêt de Vaucouleurs vers la Meuse afin d’y
trouver un appui. L’écoulement devait s’y faire par deux itinéraires.
L’itinéraire A s’engageait dans la forêt des Koeurs, empruntait la tranchée
verte conduisant à Courcelles-aux-Bois (à environ 15 kilomètres de Commercy)
évitait cette localité et contournait le bois de Belchêne par le nord pour rejoindre
la grande route Saint-Mihiel à Commercy à hauteur de Brassette sur la Meuse.
L’itinéraire A bis longeait par l’ouest le bois de Levoncourt et par Menil aux Bois
débouchait sur la grande route au sud de Sampigny. En fin de journée du 16, ce
dernier itinéraire, sous le feu de l’ennemi ne fut plus utilisable pour une colonne
de quelque importance.
Ce schéma des replis en ligne des divisions de l’Est confirme que la directive du
11 juin 1940 pour le 12 matin de se replier sans souci d’alignement sur une ligne
Dijon-Caen n’a pas éré appliquée. Schéma à côté : manœuvre d’encerclement par
la Wehrmat.
Le 16 juin au soir, les débris de la 35e D.I. en retraite vers la Meuse se trouvaient
sur la route de Saint-Mihiel à Commercy.
Le 21e R.M.V.E. quitta Sampigny (Meuse) dans la soirée même du 16 juin 1940.
Le trajet passa par Lérouville, Commercy, Void-Vacon, Vaucouleurs.
200
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

Le 17 juin matin, le 21e R.M.V.E. était au sud de Montigny-lès-Vaucouleurs, puis


dans les bois à l’est de Rigny-Saint-Martin. Il reçut immédiatement l’ordre de se
porter dans la forêt de Vaucouleurs.
Il est sans amélioration, car ses moyens n’ont pas changé, du moins il s’est
regroupé depuis l’éclatement lors de la bataille de Sainte-Menehould. Par contre,
bien qu’il n’ait plus livré de combats, il a beaucoup marché et marché depuis
Sainte-Menehould et Passavant et il est exsangue comme toute la Division. Le 3 e
Bataillon du 21e R.M.V.E. s’installa en tête de pont sur la hauteur à l’ouest de
Vaucouleurs.Sa mission était de faciliter l’écoulement des débris de la 35e D.I. qui
avait de nombreux disparus et qui devait traverser la Meuse.
Durant la nuit du 17 juin, le 21e R.M.V.E fut harcelé et subit de lourdes pertes.
Malgré tout, il se sortit avec honneur de sa mission à Vaucouleurs.
Voici la situation le 17, dans la région de Vaucouleurs ;

Ce schéma des replis en ligne des divisions de l’Est confirme que la directive du
11 juin 1940 pour le 12 matin de se replier sans souci d’alignement sur une ligne
Dijon-Caen n’a pas éré appliquée. Schéma à côté : manœuvre d’encerclement par
la Wehrmat.
Le C.I.D. a disparu, capturé, etc.
Le 11e R.I. n’a regroupé que 400 hommes, le reste capturé, etc. Son chef de
corps. Le lieutenant-colonel Pamponneau a été tué.
Le 123e R.I. dispose encore de 1 200 hommes. Il est divisé en 7 Compagnies de
Voltigeurs et une Compagnie d’Accompagnement. Son troisième Bataillon
(capitaine Duvignères) a presque entièrement été fait prisonnier le 16 juin et le
gros du 2e bataillon a subi le même sort. Le chef de corps du 123e Régiment
d’infanterie, le commandant d’Olce, a été tué.
Le 18e B.I.L.A. est réduit à 150 hommes.
Le 21e R.M.V.E dispose de 1 300 hommes en 3 bataillons.
Le G.R.D.I 29 est réduit à 50 % de ses effectifs
Seule l’artillerie est presque intacte ; elle n’a perdu que 7 pièces depuis les
201
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

Ardennes.
Le 21e R.M.V.E depuis Sainte-Menehould, n’avait pas combattu ; il avait été
harcelé, marché et marché et subi des pertes. Le changement de colonel avait-il
réellement amélioré le régiment comme il est dit et en quoi ?
Le soir du 17, le 21e R.M.V.E. gagna le bois d’Ansiate à l’est d’Allain, sauf un
bataillon désigné pour garder le fort de Blénod-lès-Toul et où il ne restera pas
d’ailleurs.
Le 17 juin encore, le maréchal Pétain annonçait qu’il fallait cesser le combat.
Trois des quatre célèbres forteresses lorraines, Verdun, Metz et Nancy étaient
allemandes. Seule, Toul était encore française.
Le 20 juin, le 21e R.M.V.E. apprit qu’il était rattaché au groupement du Général
Dubuisson. Le 20 et le 21, les bataillons 1 et 3 du 21e R.M.V.E. se tenaient donc en
lisière sud-ouest du village d’Allain.
Le 21 juin, les débris de la 6e D.I.C. du Général Gibert livrèrent à Barisey-au-
Plain et Barisey-la-Côte l’ultime combat de la défense de cette ville. La division
n’avait pratiquement plus d’artillerie, son 5e et son 6e R.IC.M.S. et son 43e R.I.C.
avaient perdu au combat et durant la retraite les deux tiers de leurs effectifs et
presque tout leur armement lourd. Ainsi, le 43e R.I.C. était passé de 3 000 à 500
hommes. Le 76e G.R.D.I du lieutenant-colonel du Paty de Clam (pas celui de
l’affaire Dreyfus !) était passé de 534 à 95 cavaliers.
Le 21 juin, le 21e R.M.V.E. aura fondu alors à 50 % de ses officiers et 60 % de ses
effectifs (1 680 sur 2 800, reste 1 120 ?).
Selon Léon De Rosen, il y eut au moins 1 100 Volontaires étrangers du 21e
R.M.V.E. prisonniers à Metz. Hans
Habe en signale 12 à Dieuze (13 avec lui).
Le 22 juin vers 6 heures du matin, l’ordre est donné à l’ensemble de la 35e
division de cesser le feu et de détruire les armes.
La 35e D.I. à son arrivée en Alsace avait été mise à la disposition du 8e Corps
d’Armée du Général Frère ; le 25 mai, elle était sous les ordres du 21e Corps
d’Armée, C.A. 21, du Général Flavigny ;
-le 28 mai, elle passa sous les ordres du Corps d’Armée Colonial C.A.C. du
Général Henry Freydenberg jusqu’au 5 juin, puis du Général Carles (1881-1943) ;
le 13 juin, elle retournera au 21e Corps d’Armée, C.A. 21 ;
-pour finir, le 19 juin, elle sera sous les ordres du groupement Dubuisson.
La débâcle vue du 1er Bataillon du 21e R.M.V.E. (Mirabail)
14 juin dès le point du jour, l'ennemi s’étant infiltré par voie ferrée attaque le
bataillon par derrière à la hauteur de la section de commandement. Groupe franc
totalement décimé. Bataillon refoulé sur le 11e R.I. à La-Grange-aux-Bois.
202
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

Très dur combat sur la barricade qui coupe la route. Le capitaine Benac de la 3e
cie grièvement blessé reste aux mains de l’ennemi. Blessés encore de la 3e cie :
Lieutenant Nicolas Obolenski et Lieutenant Calix. Autre officier blessé :
Lieutenant Yonine de la C.A. 1. Le combat continue avec éléments du 11e R.I.
Ordre de repli du 11e. Aucun ordre de notre régiment depuis la veille ou le
commencement du combat de Sainte-Menehould. Je (Mirabail) suis avisé que le
P.C du régiment se porte à Passavant. Repli du bataillon sur Passavant. Là, je
trouve un nouveau colonel qui commande le régiment, le Lieutenant-colonel
Martyn. Le Lieutenant-colonel Debuissy a été évacué. Halte de 2 heures. Départ
de Passavant vers 20 heures. Au cours de la matinée à La-Grange-aux-Bois,
nombreux morts, blessés et disparus.
Bivouac pour la nuit dans le bois de Brouenne vers Pretz-en-Argonne
(treize kilomètres pour la grande Brenne et seize kilomètres entre Passavant et
Pretz-en-Argonne). Le modus operandi du repli des bataillons du 21e R.M.V.E
après les combats du 13-14 juin sera semblable à celui ayant précédé ces dates,
sinon qu’il fut retiré de sa position au creux de la tenaille allemande déployée dès
le 12, car si avec la percée au Sud les Allemands fonçaient déjà au Sud-Est vers la
Suisse, du côté nord, l’ennemi qui ne s’était aperçu qu’assez tard la veille du
décrochage du 21e
C.A. avait rattrapé l’avance que les fantassins français avaient prise et fonçait
énergiquement droit au Sud, refoulant devant lui les éléments retardateurs. Il n’y
a rien là pour prétendre à une soi-disant réorganisation ni pour justifier le renvoi
du colonel Debuissy.
Tout concorde plutôt avec le récit de Hans Habe, récit qui trouve une
confirmation (involontaire !) dans les deux livres de Robert Dufourg sur la 35e
D.I. : confidence de Dufourg à Martyn le 12 juin de bon matin…
15 juin : Départ vers 8 heures sur Koeur-la-Grande. Installation défensive dans
bois vers Vaubécourt vers midi. À 14 heures, départ sur Vaubécourt – Remiremont
– Rembercourt-aux-Pots-Chaumont-sur-Aire (treize kilomètres). Installation
défensive ouest et nord-ouest de Chaumont, gare et position.
Section du Lt Houtard, 2e Cie, détachée à Longchamps-sur-Aire pour appui de
batterie antichar de division. On ne la reverra plus au bataillon.
Vers 23 heures, le bataillon est relevé par deux sections du 123e R.I. et il part
sur Pierrefitte-sur-Aire où il bivouaque vers 3 heures du matin dans un bois avant
Rupt-devant-St-Mihiel (Trajet de Chaumont-sur-Aire à Rupt-devant-St-Mihiel. =
14 km).
16 juin : Départ vers 8 heures sur Koeur-la-Grande et Sampigny où arrêt vers
midi et bivouac dans les bois. (Rupt-Devant-Saint-Mihiel à Sampigny = 13 km.)
203
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

Départ vers 17 heures par Lérouville – Void (Commercy – Void (Rupt-devant-St-


Mihiel à Void, environ 32 km).
17 juin : Bivouac vers 3 heures du matin dans bois entre Void et Vaucouleurs.
Départ vers 8 heures pour Vaucouleurs et Montigny-les-Vaucouleurs ou
bivouac et départ Vaucouleurs-Rigny, ou bivouac dans les bois en bordure route
Rigny – Blénod-lès–Toul. (Void à Blénod-lès–Toul (= 27 km).
18 juin : Départ vers 8 heures. Itinéraire : Blénod-lès-Toul – Crezilles – Allain.
Bois d’Ochey. Arrivée vers 13 heures au bivouac, repos. Le Lieutenant Deshayes
prend le commandement de la 3e cie. (Blénod-les-Toul – 0chey = dix kilomètres)
Vers 22 heures, ordre qui met le 1er bataillon à la disposition de la 6e D.I.C. Il
partira à 9 heures du matin pour Allain, où recevra ordre du commandant de
Rolland du G.R.D. de la Division (G.R.D. 29). Visite dans le bois au commandant
de Rolland vers minuit.
19 juin : 4 heures, départ comme prévu. Arrivé à Allain, je prends contact avec
Rolland. Ordre primitif : se porter sur Barisey par Bagneux (Ochey=Allain = 5 km).
Vu le changement de situation signalé par G.R., se porter sur Colombey-lès-Belles
et en organiser la défense ouest à cheval sur route de Vaucouleurs (Allain-
Colombey-les-Belles = deux kilomètres 7). Le 1er Bataillon du 21e R.M.V.E. s’installe
à l’ouest du village de Colombey-lès-Belles et au village de Colombey-lès-Belles
dans le Sud toulois (Meurthe-et-Moselle, 54). Installation terminée vers midi.
3e cie du lieutenant Deshayes. En avant de la gare à gauche de la route.
2e Cie du capitaine Félix Gaillard à la droite de la route.
1re cie du lieutenant Jean Gay à la gare de Colombay.
C.A. 1 sans canons ni mortiers. Récupère sur place quelques F.M. et munitions.
Dès installation. Bombardement intense de la gare et positions. Cie Deshayes
particulièrement éprouvée. Lieutenant Charles Lintignac (3e cie) blessé etévacué.
Nuit calme.
Le jeudi 20 juin 1940, dès le matin, les éléments de couverture du bataillon sont
bousculés ou faits prisonniers. Le bataillon passe en 1er échelon et prend contact
avec l’ennemi. Manœuvre de débordement amorcée tout de suite par l’ennemi
vers la gauche. Il coupe route de Neufchâteau et essaie de gagner croupe de
Crepey. Bataillon manoeuvre en conséquence .2 e Cie reste en place et contrôle
route de Vaucouleurs. 1re cie se porte au sud-ouest du village. 3e cie au sud vers
route de Crépey. C.A.1 aux abords de la gare et gare.
Le 20 juin dans l’après-midi le P.C du 1er bataillon subit un violent
bombardement. Combat tout l’après-midi. Colonel Ditte commandant l’ID de la
5e D.I.C. vient sur place se rendre compte de la situation. Ordre de tenir coûte que
coûte.
204
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

Le 20 juin vers 18 heures mouvement d’encerclement stoppé. Nuit calme.


21 juin matin après une nuit calme au contact de l’ennemi, le premier Bataillon
du 21e R.M.V.E. reçoit à 4 heures du matin l’ordre de se replier de Colombey à
Allain. Décrochage sans incident. L’ennemi retourne sur ses bases de départ de la
veille sur Barisey. Le 1er bataillon reçut l’ordre de se porter sur la ligne Allain-Ravin
Est d’Allain (ce repli du premier bataillon vers le nord l’envoyait directement dans
un piège, car il s’y trouvait coupé de tout).
Le dispositif de défense du village fut modifié comme suit : le premier bataillon
s’établit sur la ligne indiquée ci-dessus dans l’interstice laissé par le 128e R.I.,
cependant que le 3e bataillon reçut la mission de défendre le Sud et l’Ouest du
village d’Allain. À 18 heures, des éléments ennemis sont signalés à 900 mètres au
sud-ouest du village. L’avance ennemie fut encore endiguée, mais ce fut le dernier
combat du 21e R.M.V.E.
À 19 heures, un bombardement ennemi intense s’abat sur le village qui jusque-
là épargné subit de lourds dommages : le sergent Anton de la 10e Cie est blessé.
À 24 heures, ordre de repli sur Allain. Décrochage sans incident. L’ennemi
retourne sur ses bases de départ de la veille sur Barisey. Installation du bataillon
à Allain vers Crepey, à gauche du 3e bataillon installé au village d'Allain depuis la
veille. Le colonel Ditte met le 3e bataillon du Capitaine Ravel sous les ordres du
commandant Mirabail. Le soir. Violent bombardement du village.
Le Colonel Ditte demande compte-rendu du combat de Colombey et
propositions de récompenses. Le Capitaine Bigot, malade, est évacué sur Crepey.
Il sera fait prisonnier…
Le 21 juin à 19 heures 45, l’ordre est donné d’éviter l’accrochage et à 20 heures
55 l’ordre est donné de cesser les hostilités.
Le 21 juin vers minuit ordre de suspendre les hostilités. Détruire armes
automatiques et préparer à rendre inutilisable les armes individuelles.
22 juin :
On dépose armes. Reste sur place. Vers 8 heures, je reçois, à l’entrée d’Allain,
le colonel et chef de bataillon ennemi. Décidons de rester sur place
espectivement jusqu’à nouvel ordre. Note du colonel Ditte rendant bataillon à la
35e D.I. le félicitant de sa belle tenue au combat de Colombey. Nuit au bivouac.
Bruit d’armistice. On est, paraît-il, prisonniers d’honneur.
Les Officiers gardent leurs armes. Vers 15 heures, ordre du régiment :
mouvement sur Thuilley-aux-Groseilles. Traversée du village. Rencontre avec le
Général Decharme. Je lui présente le bataillon.
Rassemblement du régiment à la sortie de Thuilley vers Nancy. Bivouac.
Inspection du régiment par le Général Decharme qui exprime sa satisfaction
205
CHAPITRE II VIE DU 21e R.M.V.E

pour la belle tenue du régiment. Nuit au bivouac.


23 juin : Midi. Ordre de mouvement vers Nancy. En route, les hommes
déposent leurs armes sur le bord de la route et sous l’œil de l’ennemi. Maizières
– Bainville-Sur-Madon où arrêt. On sépare hommes et officiers.
Rassemblement des officiers dans champ entouré de barbelés et gardé par
sentinelles. On nous désarme. On nous enlève cartes et boussoles. Vraiment
prisonniers. La captivité commence… il est 18 heures environ.
La débâcle vue du 2e Bataillon du 21e R.M.V.E.
15 juin dans la nuit :
Mouvement de Passavant-en-Argonne vers bois d’Habera (3 km à l’est de
Pierrefitte. 38 km ! Il n’est plus question de fatigue !)
16 juin :
Mouvement du bois d’Habera à forêt de Void (35 km !).
17 juin :
Mouvement de forêt de Void à forêt de Rigny-St-Martin (15 km)
18 juin :
Mouvement de bois de Rigny-St-Martin aux bois d’Ochey (entre Allain et Ochey,
environ 22 km)
19 juin :
Prise de position aux lisières ouest des bois d’Ochey.
20-juin :
Statu quo. Le 2e bataillon est au bois d’Ansieta.
Le 21 juin, le 2e bataillon du commandant Fagard reçoit la mission de défendre
Colombey aidé d’éléments sans grande cohésion du 128e R.I., du 42e régiment de
pionniers et du 65e Bataillon régional.
Le 21 juin vers treize heures un bataillon allemand attaque Colombey, mais
l’escadron à cheval du 61e G.R.D.I commandé par le capitaine Verdier arrivé dans
la nuit à la lisière nord-ouest du bois de Colombey ouvre le feu de ses
mitrailleuses et de ses FM à cinq cents mètres et l’ennemi surpris par ces tirs qui
le prenaient par le flanc reflue en déroute sur un petit bois. (D’après le lieutenant-
colonel Gallini.)
22 juin :
Vers 6 heures du matin. Recevons ordre de cessez-le-feu. Un armistice avait été,
paraît-il, signé – ordre apporté au 2e bataillon par l’officier de liaison à la division
(Lagarrigue). Le régiment fait mouvement vers un plateau situé à l’est de Thuilley-
aux-Groseilles.
23 juin :
Prise d’armes et revue par le Général Decharme, Général de division. Le
206
CHAPITRE II Vie du 21e R.M.V.E.,

régiment fait mouvement en direction de Nancy. En cours de route. Des officiers


allemands demandent aux commandants d’unité de faire déposer les armes à la
troupe.
Les armes sont déposées sur le bord de la route et détruites. En fin de journée,
le régiment arrive à Bainville-sur-Madon. Les officiers sont séparés de la troupe.
Internement.
La débâcle vue du 3e Bataillon du 21e R.M.V.E.
14 juin : Le 3e bataillon se regroupe dans le village de Passavant ; leshommes
harassés prennent un léger repos. La 10e Cie n’a pas encore rejoint le bataillon.
Le 14 juin vers 19 heures, le 3e bataillon quitte Passavant pour les bois autour
de la ferme de Brouenne où il a été précédé par sa 10e Cie.
Dans la nuit du 14 au 15 juin : le 3e bataillon privé de ravitaillement depuis son
décrochage du Chesne (nuit du 10 au11) en reçoit en partie.
Après un repos de 4 heures, le bataillon reçoit l’ordre de se rendre dans un bois
situé à l’ouest de Rembercourt-aux-Pots et suit l’itinéraire ci-après : Vaubecourt –
Lisle-en-Barrois. (Passavant-Vaubécourt = quatorze 4 km. Vaubécourt-Lisle en
Barrois = cinq kilomètres. Lisle en Barrois-Rembercourt aux Pots (= 6 km.7.) À son
arrivée sur ses emplacements et après liaison avec le colonel, ordre lui est donné
de se diriger sur Érize-la-Grande. (Rembercourt aux Pots-Érize-la-Grande (=
7 km.4.)
Le 15 juin après-midi, arrivée à Érize-la-Grande qu’il atteint dans le courant de
l’après-midi, sa mission étant de défendre la Voie sacrée. Dispositif du bataillon :
la 9e Cie à Érize-la-Grande en liaison au sud avec le 11e R.I. occupant les lisières
àl'ouest du village ; la 10e Cie appuyée à la Voie sacrée au nord d’Érize-la-Grande ;
la 11e Cie en liaison avec la 10e Cie jusqu’au village d’Érize-la-Petite exclu, avec à
sa droite le 2e bataillon.
Le 15 juin à 22 heures 15, le bataillon est relevé par un bataillon du 123e R.I.qui
doit occuper les lisières ouest du bois de la Jurée situé à l’est de nos
emplacements. Le Bataillon se dirige alors sur le bois d’Habena par l’itinéraire
suivant : Érize-la-Petite – Chaumont – sur Aire – Longchamps – sur Aire – ierrefitte
-sur-Aire – Le bois d’Habena en bordure de la route nationale n° 402 (3 km 700 à
l’est de Pierrefitte) où il bivouaque (trajet de 14,4 km).
16 juin au matin : le 3e bataillon reçoit l’ordre de se rendre dans les bois à l’est
de Sampigny. Itinéraire : Rupt-devant-St-Mihiel – Koeur-la-Grande – Koeur-la-
Petite — Sampigny (19,2 km).
16 juin après un repos de 5 heures le bataillon sur nouveaux ordres, se dirige
sur la forêt de Vaucouleurs en bordure de la route nationale 64. La Division a été
regroupée et devait prendre un très long repos en raison de l’extrême fatigue des
207
CHAPITRE II Vie du 21e R.M.V.E.,

hommes.
17 juin matin à 7 heures 30, un nouvel effort est demandé au bataillon qui doit
se rendre sous la pluie à Montigny-lès-Vaucouleurs. Le commandant Poulain,
exténué par le travail et les marches nocturnes, est évacué. Le commandement
du bataillon est pris par le capitaine Ravel de Biesville.
17 juin dans l’après-midi, le 3e bataillon reçoit l’ordre de se porter dans la forêt
de Meine au sud-est de Rigny-St-Martin. Au passage à Vaucouleurs, le colonel
donne l’ordre de s’installer en tête de pont entre Vaucouleurs et Chalaines pour
assurer le repli derrière la Meuse de la 35e D.I.
Le lieutenant Pierre Boulard affecté spécial aux Taneries Veuve Paul Duc et cie
à Challaines demande son incorporation au 21e R.M.V.E. Il est affecté à la 11e Cie.)
Sa mission terminée, le bataillon rejoint la forêt de Meine en bordure de la
route nationale n° 60 où il arrive après minuit.
18 juin dès 4 heures du matin, l’artillerie ennemie nous prend sous ses feux, en
particulier dans les bois situés au nord de la route de Blénod-lès-Toul. Ordre nous
est donné de nous rendre dans les bois d’Allain. Le mouvement est exécuté à 6
heures 45 par l’itinéraire Blénod-lès-Toul – Crézilles – Allain – Bois d’Allain, où
nous arrivons à 16 heures. Le bataillon bivouaque à l’est de la route d’Ochey.
19 juin matin, le 3e bataillon du 21e R.M.V.E. quitta à 9 heures du matin le bois
d’Allain pour le village d’Allain afin d’en assurer la défense. À 10 heures, il était
installé sur le pourtour du village. Le P.C s’installa dans une maison en bordure
est du village. L'ennemi a repéré son mouvement et, quelques minutes après
l’installation, commence un bombardement à coups d’obus longs.
19 juin en après-midi, le bombardement s’est apaisé, mais des avions
bombardent au loin et des incendies s’allument à l’horizon. Le 3e bataillon assure
la défense d’Allain face au sud et au sud-ouest. Il prend le dispositif suivant : 9e
Cie sortie sud, aux abords de la route n 74 vers Colombey-lès-Belles ; 10e Cie,
sortie sud-est, route de Crepey ; 11e Cie, sortie ouest, route de Bagneux (le
bataillon est à la disposition de la 6e D.I.C.). Des travaux sérieux sont effectués
autour du village. Dans la soirée, l’artillerie ennemie bombarde les issues du
village. Pas de pertes.
20 juin : Continuation des travaux de défense des issues du village. Des troupes
coloniales viennent s’installer dans les bois d’Anciota et d’Allain situés au nord et
à l’est du village.20 juin : bombardements intermittents de l’artillerie ennemie sur
le village qui fait 3 blessés à la C.A. 3.
21 juin : Le 1er bataillon venant de Colombey-lès-Belles (qu’il avait abandonné
sur ordre) vient renforcer la défense du village d’Allain. Il s’installe sur la route
Allain-Crepey du ravin du village à la route nationale n° 174 incluse.
208
CHAPITRE II Vie du 21e R.M.V.E.,

La 9e Cie resserrant son dispositif sur la droite.


La 11e Cie conserve ses emplacements à cheval sur la route de Bagneux.
La 10e Cie venant s’établir sur la droite de la 11e Cie, face à l’ouest, battant les
glacis en direction de Bagneux et de Crézilles.
Continuation des travaux de défense, renforcements des barricades aux issues.
Dans le courant de la matinée, le village est à nouveau bombardé.
L’après-midi, le bombardement redouble d’intensité par suite de l’approche de
l’ennemi.
Le 21 juin vers 18 heures des éléments ennemis importants sont signalés à 900
mètres au sud-ouest du village ; le commandant prend toute mesure pour
resserrer le dispositif et rappelle qu’il faut tenir coûte que coûte, avec interdiction
de se replier. L’avance ennemie fut encore endiguée, mais ce fut le dernier combat
du 21e R.M.V.E.
Le 21 juin à partir de 19 heures, le bombardement ennemi s’intensifie encore,
et se dirige avec précision sur le village même qui épargné jusque-là, est
particulièrement endommagé. Le sergent Anton de la 10e Cie est blessé.
Le 21 juin à 21heures 45, un ordre du colonel Ditte, commandant la 6e D.I.C.,
prescrit d’éviter l’accrochage.
Le 21 juin à 22 heures 45, un nouvel ordre annonce la cessation des hostilités.
Dans la nuit du 20 au 21, le service de l’intendance a occupé la boulangerie
d’Allain pour fabriquer du pain destiné aux troupes, mais, par suite des
bombardements, il a abandonné cette fabrication pour se mettre en sécurité et il
a quitté Allain.
L’adjudant-chef Ferdinand Douet, aidé de quelques boulangers pris dans les
Compagnies assure alors cette fabrication qui permet de ravitailler les diverses
unités sur place et la population civile du village.
La 10e Cie abat du bétail fournissant en viande le 1/21e et la Cie de
commandement.
22 juin vers minuit : Le bataillon reçoit l’ordre de procéder à la destruction des
armes automatiques et à la mise hors d’usage des armes individuelles. Les cies
(9, 10, 11) sont regroupées et bivouaquent sur leurs anciens emplacements de
combat.
Des officiers allemands venus en automobile se présentent à l’entrée du village
(route de Colombey) pour s’informer de nos conditions de reddition. Le chef de
bataillon Mirabail, commandant du 1/21, fait connaître que des pourparlers sont
en cours entre le commandement allemand et le Général Dubuisson,
commandant les divers groupements encerclés avec nous.
Le 22 juin au début de l’après-midi, ordre nous est donné de nous rendre à la
209
CHAPITRE II Vie du 21e R.M.V.E.,

clairière nord de Thuilley-aux-Groseilles, où a lieu le rassemblement du régiment.


Le Général de la DI le passe en revue et réunit les officiers pour leur exprimer sa
satisfaction sur la tenue du régiment et sur sa conduite au cours de la campagne.
Le régiment bivouaque dans la clairière.
23 juin dans la matinée, le régiment se rend à Bainville-sur-Madon par
l’itinéraire Maizières-Bainville. En cours de trajet, les hommes de troupe
déposent leurs armes sur l’un des bas-côtés de la route, les officiers sont autorisés
à garder les leurs. À l’arrivée à Bainville-sur-Madon, les soldats sont séparés de
leurs officiers et dirigés dans un pré en bordure du Madon.
Les officiers sont parqués dans une prairie au nord de Bainville-sur-Madon, où
leurs armes, cartes, boussoles, etc. leur sont retirées.
Avant la débâcle et la débâcle vues du train du R.M.V.E (Visite de M. MICHON.
M. à Aubagne
[Rapport du Sous-Lieutenant Pold, Charles, Officier de ravitaillement du 21°
Régiment de Marche des Volontaires Étrangers C.H.R. (Aubagne)
Du 24 mai 1940 au 10 juin, la C.H.R. sous le commandement du Capitaine
OCTOBON, était stationnée à LE MORTHOMME (Ardennes)
Ma section avait pour mission de ravitailler les Bataillons en ligne en munitions
et matériaux de défense.
En liaison avec le P.C.R. par moto, je recevais tous les jours deux fois les ordres
du chef d’E.M. (Chef de Bataillon LE GUILLARD) me prescrivant de fournir le
nécessaire avec mes camionnettes, au courant de la nuit. Le jour, j’allais me
ravitailler aux divers P.A.D.-P.R.I.-P.R.V.E.-P.R.I. stationnés à l’arrière.
Le 10 juin, la C.H.R. se portait sur VILLE-SUR-TOURBE (dans les bois longeant la
voie de chemin de fer) le même jour (très tard) elle se déplaçait dans le bois de
CHATRICE au sud de SAINTE- MENEHOULD entre VILLERS et PASSAVANT.
Le 13 de bon matin, la C.H.R. recevait l’ordre de s’installer dans le village de
CHARMONTOIX LE ROY où elle arrivait vers 9 heures. Les voitures et les hommes
furent installés dans les maisons du village et le tout camouflé à la vue des avions
qui survolaient constamment la Région. Les hommes prenaient leur repas vers
midi. Alors mouvement insolite et toujours progressant de militaires, Artilleurs
en particulier, avec leurs chevaux, sans pièces, beaucoup en bicyclettes et en
voitures de toutes sortes attelées, des autos, beaucoup à pied. Le P.C du Colonel
se trouvait alors à VERRIÈRES, avec lequel j’étais en liaison normale jusqu’à midi
du 13 juin, heure à laquelle j’ai reçu l’ordre écrit de la main du Chef d’E.M. LE
GUILLARD, de fournir immédiatement un tiers de la dotation pour chaque
Bataillon (une camionnette pour chaque Bataillon, le tout à livrer au P.C à
VERRIÈRES). Les trois voitures chargées comme prescrit ont été envoyées vers 13
210
CHAPITRE II Vie du 21e R.M.V.E.,

heures, sous le Commandement et Sergent-Chef BARRONNET, mon Adjoint, qui


m’a rejoint le soir à VARNAY en me rendant compte qu’il n’a pu rejoindre le poste
de Commandement à VERRIÈRES.
Ce 13 juin, vers 15 heures, le Capitaine OCTOBON se mettait à crier, en courant
dans le village « VITE LES CHAUFFEURS, EN VOITURE, EN ROUTE, fichez le camp
nous sommes encerclés ! » J’ignore par qui il avait été renseigné et par quel ordre
il devait quitter le village de CHARMONTOIX. Pour éviter une panique que je
voyais se déclarer parmi les hommes, j’ai demandé au Capitaine de ne pas
procéder de cette façon, mais de dire calmement que nous devions nous replier.
Avec beaucoup de peine je suis arrivé à grouper les voitures en colonne derrière
ma voiture de liaison et de former le convoi à la sortie du village ; il arrivait alors
d’autres camionnettes du Régiment, les voitures de ravitaillement et
d’allègement des Bataillons qui avaient reçu l’ordre de joindre la C.H.R. et à se
joindre à ma section. Mon convoi comportait alors 70 voitures…
La fin de ce document de 8 pages est ainsi : à notre arrivée à SEPTFONDS les
officiers et hommes du détachement ont été traités de façon abominable, des
insultes telles que « Déserteurs, Lâcheurs, Lâches, etc. » nous ont été prodigués
à volonté par des gens qui eux-mêmes n’ont jamais entendu un coup de feu…]
De ce rapport du lieutenant Pold, on déduit que le train régimentaire était à 8
kilomètres au sud de Passavant où se regroupaient les bataillons du régiment.
Octobon aurait-il décidé seul par panique le repli au sud où obéissait-il à d’autres
motivations ? À noter comme indice de réponse la notion de véhicules envoyés
depuis les bataillons… La suite du rapport de Pold souligne la pagaille de la
débâcle, le train régimentaire se trouvant finalement sans officier. Voici les
extraits relevés par M. Didier Michon : « Quelques transcriptions
complémentaires du document de Charles Pold qui je crois peuvent aider
résoudre l'énigme :
Page 2 :
… Le Capitaine me donna l’ordre de partir avec mon convoi sur la route de BAR-
LE-DUC et de me porter sur le village de CHARDONNE en passant par
LAHEYCOURT, la route pour CHARDONNE était encombrée par plusieurs
centaines de charrettes de cultivateurs qui se repliaient, impossible de prendre
cette route, j’ai continué sur VARNAY où j’ai regroupé mon convoi…. Je signale
en passant que l’E.M. de la 2e Armée déménageait à mon arrivée à LAHEYCOURT,
pour se replier sur BAR-LE-DUC…
… J’ai appris que le Capitaine OCTOBON... se serait porté, dans la voiture du chef
de Bataillon FAGARD sur le P.C de la 35e D.I. pour chercher des ordres. Je n’ai plus
revu ni le Capitaine ni le Lieutenant.
211
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

Le sergent Chef BARRONNET avait rencontré sur la route du P.C les Officiers
suivants : Médecin-Capitaine VIDAL, Pharmacien-Lieutenant BOUTROUE et le
Lieutenant MASSELOT, ces derniers avaient l’ordre, paraît-il, du Colonel (Martyn)
à se diriger sur l’arrière... » (2019 : cela donne è réfléchir, cf Modéna ci-après).
De son côté, le capitaine Modéna nous révèle une information qui semble bien
expliquer la raison profonde du retrait du train régimentaire et encore plus
résoudre la question qui nous préoccupe (trahison) :
« … Passavant-en-Argonne, 14 juin à 16 heures environ. Je fais panser ma
blessure. Le lieutenant-médecin-chef par intérim me propose l’évacuation étant
donné mon état. Mais je tiens d’abord à voir le commandant Poulain que l’on dit
être dans le village. Celui-ci nous réunit et nous informe qu’il est question de
marcher au repos vers Foucaucourt, je ne me souviens plus bien du nom, où le
Régiment doit être dissous. Il nous informe aussi que le lieutenant-colonel
Debuissy qui nous commandait s’est vu retirer le commandement du Régiment
lequel a été confié au lieutenant-colonel Martyn. Je proteste énergiquement
contre la dissolution dont on nous menace, mes hommes s’étant bien battus. Je
déclare qu’ils ne méritent pas ce traitement et qu’ils n’auront pas besoin de moi
pour ce genre d’activités : que dans ces conditions j’accepterai l’évacuation qui
m’est proposée. Mais apprenant dans la soirée que cette menace dedissolution
n’était pas confirmée et après un bon repos, je décide de rester à la tête de ma
Compagnie et malgré ma blessure… » Voilà donc le pot aux roses découvert ; en
même temps que de relever de son commandement Debuissy, Decharme avait
également donné l’ordre dedissoudre le 21e R.M.V.E. de faire partir le train
régimentaire dans un premier temps sur la route de Bar-Le-Duc dans le but de le
réaffecter aux autres régiments. Mais les circonstances et le chaos en décidèrent
autrement. Il suffira de rappeler ici les bobards de Decharme à Debuissy le 12 juin
1940 alors que le P.C du 21e était situé dans le bois de Bouconville (livre d’Hans
Habe ‘’Shall a Thousend Fall’’)
« Oui répondit-il (Decharme) à la question du colonel, la Russie a déclaré la
guerre. La Roumanie et la Turquie non, mais elles mobilisent. La progression
allemande a été stoppée. Presque tout le Rhin allemand est en feu. Les Anglais
ont bombardé la Ruhr avec huit cents avions. Nous leur avons servi leur propre
médecine. » Pold ira alors chercher un peu partout des instructions sur la conduite
de son convoi, mais n’en trouvera aucune ; il perdra son convoi qui ne l’attendait
pas pour finalement le retrouver à NEUFCHÂTEAU, et en reprendre le
commandement, jusqu’à une seconde fois le reperdre et le retrouver et va
cheminer tant bien que mal jusqu’à Vichy où :
« À VICHY le bureau de la Place m’a dit de continuer sur CLERMONT-FERRAND ;
212
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

À CLERMONT-FERRAND, n’ayant pu obtenir d’autres ordres j’ai décidé de


chercher à rejoindre le Dépôt des R.M.V.E à SEPTFONDS, où je suis arrivé le 19
juin vers 20 heures. J’avais alors encore 40 camionnettes et deux camions, plus
les deux voitures de liaison, celle de PONOMAREV et la mienne, environ 250
hommes et sous-officiers…. J’ai pu sauver et ramener au Dépôt la caisse du
Régiment et la Comptabilité de la plus grande partie des Cies. »
Mr Didier Michon en a conclu : « Mon sentiment est que Pold est face au chaos
provoqué par l'avance allemande et qu'il fait au mieux pour conduire son convoi
dans un lieu plus sûr sans jamais pouvoir recevoir les instructions dont il a besoin,
les liaisons entre les P.C et unités étant impossibles. Il est dubitatif par rapport à
l'ordre du Colonel de se replier vers l'arrière, car les petits points qui suivent le
texte "à se diriger sur l'arrière..." sont dans son document. Pourtant Barronnet a
dit « Martyn ».
Nous avons à ce sujet déjà cité Le Commandant Valluy chef du 3e bureau du 21e
C. A. de Flavigny : « Plusieurs milliers d'officiers en retraite savent désormais que
la 2e Armée a fui. »
Ajoutons ici qu’il a aussi écrit : « Freydenberg était de race juive, mais le régime
de Pétain préférait faire porter la défaite sur la troupe, racaille issue du Front
populaire, plutôt que sur un général ; fut-il juif ! » Il faut plutôt se demander
pourquoi Freydenberg n’a pas subi le procès de Riom, ni autres vilénies,
contrairement à Gamelin ; ne serait-ce pas parce qu’il en savait trop ? Nous
touchons là à un point crucial de la Trahison : l’annulation au moind de fait de
l’instruction de Weygand pour les troupes de l’Est d’avoir se replier dès le 12
matin sur une ligne Dijon-Caen. Seuls la 2e Armée de Freydenberg ou pour le
moins lui et son état-major ont respecté cet ordre. Le train du 21e lui semble bien
avoir été dirigé vers le sud seulenent afin de dissoudre le 21e et affecter ses
véhicukes aux autres régiments de la Division, a semble-t-il avoir suivi cet ordre,
mais ce nÉEst qu’une apparence. Mais (voir chapitre V) on y note l’antagonisme
de Pold avec ceux plus réalistes que lui dans cette situation trouble déjà perçue
par Hans Habe dans le bois de Bouconville et discutée entre lui et le lieutenant
Truffy dans l’école de Verrières. C’est comme si pour le reste des armées de l Est,
elles obéissaient à l’ordre de demeurer encerclées. On comprend qu’une fois ce
point de désordre arrivé, Pold ne pouvait plu recevoir de directives pour ramener
le train à son régiment ni le contraire.
Notons que le 22 juin en soirée, le Général Decharme en disant adieu à sa 35 e
Division a donné l’accolade au lieutenant-colonel Martin cité à l’ordre de l’armée.
Foin de commentairese..., Après avoir donné (La 35e Division dans la bataille) la
perte de la 10e batterie Hulot du 14e R.A.D, comme motif du renvoi de Debuissy
213
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

par Decharme dans la soirée du 13 Robert Dufourg a écrit Dans Brassard... page
281 : « ... le général Decharme releva le colonel du 21e de son commandement, il
était du reste physiquement très fatigué ; il le fit évacuer et confia le matin du 14
juin le commandement au colonel Martyn qui depuis deux jours était à la tête
d’un groupement provisoire formé du 18e bataillon d’Afrique et du CID. En même
temps, le général décidait de retirer du front le régiment étranger pour l’envoyer,
si possible, en réorganisation à l’arrière de nos lignes... »
Cela ne tient pas la route, face aux écrits de Modéna, Pold et Hans Habe. Le
coup de pied de cochon est bien évident, venant d’officiers orientés
politiquement...

214
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

CHAPITRE III : Disparition du 21e R.M.V.E.


Les derniers jours
Le 17 juin 1940, le groupement blindé Gudérian atteignit la frontière suisse.
L’ordre de repli donné trop tard, et surtout pas obéi, 500 000 hommes étaient pris
au piège en Lorraine et s’alignaient le 18 juin 1940 pour une dernière bataille
entre Meuse et Rhin.
Le désastre de Dunkerque avait eu son petit miracle : le retour de soldats
anglais en Grande-Bretagne avec leurs armes individuelles.
Le désastre de Sion-Toul-Colombey eut aussi son petit miracle, polonais cette
fois. Le 17 juin, cependant, alors que le gouvernement français dépose sa
demande d’Armistice, au milieu du sauve-qui-peut général, des soldats polonais
et français tombaient toujours sous les balles allemandes. Jusqu’au 21 juin, la
première division des grenadiers polonais basée au départ à Colombey-lès-Belles
exécuta les ordres de l’état-major. Pourtant le matin du 21, en diffusant l’ordre
codé « 4444 » le Général Duch se soustrayait à l’autorité française. Cet ordre
stipulait qu’il ne fallait pas se rendre à l’ennemi, mais au contraire qu’il fallait
poursuivre ailleurs et par tous les moyens le combat.
Les armes furent détruites, et tous ceux qui le purent tentèrent d’échapper à
l’avancée allemande. Plusieurs milliers passèrent en Suisse où à travers la France
occupée, ils rejoignirent l’Angleterre.
Fidèles à l’ordre « 4444 », ils poursuivirent le combat sur d’autres champs de
bataille jusqu'à l’anéantissement de l’armée nazie.
Du 14 au 21 juin, entre la Ligne Maginot et les Vosges, près de neuf cents
soldats périrent, des milliers d’autres, furent faits prisonniers et croupirent dans
les camps allemands pendant cinq années.
À eux seuls les 220 000 hommes encerclés dans le triangle Toul, Colombey-lès-
Belles, Sion, et faits prisonniers constituaient à eux seuls plus du sixième des
soldats qui seront conduits en captivité pour cinq longues années en Allemagne.
Ils allaient rejoindre les 150 000 prisonniers de Dunkerque.
Le cessez-le-feu
Le 20 juin 1940, la capitulation du Général Lucien Loizeau, commandant le 6e
Corps d’Armée et ancien gouverneur militaire de Metz, n'est pas une capitulation
du fait du manque de vivres, mais plus une lâcheté comme ont commises d'autres
généraux si non la plupart en 1940. Pour information, ce Général ne savait même
pas qu’il y avait un dépôt de vivres plein à craquer à Épinal.
Le 21 juin, de son poste de commandement situé à Viternes, le Général
Dubuisson fit savoir à l'ennemi qu'il était prêt à déposer les armes. Il en informa
215
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

ses chefs de corps à 22 heures.


Le matin du 22 juin vers une heure, le colonel Placiard, chef d’état-major du
groupement Dubuisson (et le colonel Cusin de l’I.D. de la 3e D.I.C. et le capitaine
Fouquet se rendirent au Q.G. du Général allemand Hans-Valentin Hube (1890-
1944) commandant la 16e ID, ils rapportèrent des conditions honorables. Le
cessez-le-feu fut sonné à cinq heures et dès six heures l’ordre était donné.
Le samedi 22 juin 1940, à 4 heures 30 du matin le 21e R.M.V.E. est réveillé avec
ordre de détruire ses armes automatiques et mettre hors d’usage les armes
individuelles.
Le samedi 22 juin 1940 à 6 heures ordre était donné au 21e R.M.V.E. de cesser
le feu.
Le 22 juin vers 6 heures du matin, l’ensemble des troupes en position de la 35e
D.I. a reçu l’ordre de cesser le feu. Ce jour-là, l’Armistice sollicité le 17 par Pétain
allait être conclu dans le wagon 2419 de Rethondes en forêt de Compiègne. La
35e D.I. était l’une de ces douze divisions ayant perdu soixante-quinze % de leurs
hommes. Hitler avait choisi ce site comme revanche symbolique de l’humiliation
de 1918.
Le matin du 22 juin, à neuf heures, le Général Dubuisson avisa ses
commandants de l’Armistice. Cependant, durant la journée, le Général Hube fut
désavoué par ses chefs qui imposèrent une reddition pure et simple, sans
condition.
Le 22 juin à 10 heures du matin, le commandant Ravel est mis en contact avec
deux Allemands entrés dans le village pour le rencontrer.
Le 22 juin à 15 heures 40, le 21e R.M.V.E se mettait en route vers l’est, direction
Thuilley-les-Groseilles. Arrivé le soir aux lisières des bois de Thuilley pour y
bivouaquer pour la nuit. En huit mois, il a perdu 50 % de ses officiers et 60 % de
ses effectifs. Thuilley-aux-Groseilles est un village de Meurthe-et-Moselle situé à
vingt-sept kilomètres au sud-ouest de Nancy.
Le 22 juin à 17 heures, le Général Decharme fait l’inspection à l’improviste du
21e régiment ; il réunit les officiers pour leur dire quelques mots d’adieu et donne
l’accolade à la troupe. Il déclare que les soldats du 21e ont « vaillamment
combattu ».
Le 22 juin à 19 heures, le Général Decharme passa en revue sa division. La
guerre est finie. Il faut tout ramasser. Nous aurons le sort réservé aux troupes
combattantes au moment de l’Armistice. On allait se diriger vers un centre de
démobilisation. La joie régnait. Soulagés, les soldats étaient convaincus d’une
libération rapide. S’ils les avaient connues, les conditions de l’Armistice auraient
pu les alerter. Ils n’étaient pourtant que simplement écrasés par le sentiment de
216
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

la défaite, sans s’inquiéter plus loin. En fait, ils demeuraient naïvement confiants
en leur commandement. Dans toutes les unités d’ailleurs, ils se rendirent
docilement, isolément ou sous les ordres de leurs chefs. L’ennemi se contenta de
leur indiquer les points de rassemblement.
Une faible minorité écouta les conseils discrets d’officiers de la Wehrmacht. Elle
s’éclipsa en revêtant des vêtements civils. À 19 heures, le Général Decharme
passe en revue les restes de sa Division.
Le 23 juin matin, le Général Decharme passait encore une dernière revue des
troupes de la 35e D.I. Il ne restait plus que 252 officiers sur 600, 5 900 hommes
sur 16 000, 1 900 chevaux sur 4 000, effectifs qui avaient quitté l’Alsace le 20 mai
précédent. Il donnait l’accolade à Martyn cité à l’ordre de l’armée.
Dans la soirée du 22 et le matin du 23, le Général Dubuisson fit aussi ses adieux
aux troupes. Il fit sortir alors son ordre général numéro 5 ainsi conçu :
I — Après s’être battues magnifiquement pendant plusieurs semaines, les
troupes placées sous mon commandement, décimées, ont été rejetées sur les
parcs et convois accumulés et mises dans l’impossibilité de résister sur place et
de manœuvrer. Après avoir fait tout leur devoir jusqu’au sacrifice complet, elles
ont été dans l’obligation de cesser toute résistance.
II- Ces troupes comprennent :
— 42e C. A. (51e et 58e D.I.)
— Le commandement supérieur de Verdun.
— L’état-major et le groupe à cheval du 14e G.R.C.A.
— La 6e D.I.N.A.
— La D.L.B.
— La 6e D.I.
— La 35e D.I.
— La 3e D.I.C.
— La 6e D.I.C.
Les effectifs en combattants de chacune d’elles réduits à l’extrême sont un
témoignage évident de la violence des combats qu’elles ont eu à subir. Leurs
régiments ont droit au respect et à la considération du pays. Je salue leurs morts
dont le sacrifice a mérité la haute estime de l’ennemi qui a accordé aux officiers
le droit de porter leurs armes.
III- Ces troupes doivent aujourd’hui donner l’exemple de la tenue et de la
discipline. Officiers et sous-officiers doivent suivre le sort de leurs hommes. Les
troupes doivent faire confiance à leurs chefs dans le revers comme dans le succès.
Elles doivent en restant unies et disciplinées rester dignes de la France et penser
au devoir qui les attend dans le relèvement de la Patrie. »
217
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

La reddition, le 23 juin 1940


L’autorisation pour les officiers de porter leurs armes sera vite annulée
lorsqu’ils seront captifs sous prétexte qu’un attentat avait été commis par un des
leurs contre un officier allemand. Cette autorisation d’ailleurs avait été obtenue,
non pour une question d’honneur, mais, pour contrôler la troupe en raison de la
crainte et l’obsession dominantes et omniprésentes parmi les cadres de l’armée
vaincue, d’une rébellion communiste. Le comportement docile des soldats
rendait la mesure inutile. 220 000 soldats français avaient été encerclés dans le
très petit triangle Sion, Toul, Colombey-lès-Belles. Ils allaient rejoindre les 150 000
prisonniers de Dunkerque.
Après leur dernière revue des troupes, les généraux Louis Decharme, Delaissey,
François Claude Philippe Delaissey, 1881-1955 (G.B.R. Général de Brigade de
l’Infanterie coloniale). François Delaissey et le colonel Girard de Langlade
quittaient leurs officiers d’état-major vers 10 heures devant la mairie de Thuilley
et gagnaient Nancy avec leurs voitures pour être acheminés sur la citadelle de
Mayence, puis celle de Koenigsberg-sur-Elbe. Le Général Decharme avait désigné
le lieutenant de Sérigny pour l’accompagner. Le Général René Paul Dubuisson,
1879-1964, restera en captivité du 23/06/40 au 09/05/45. Il sera condamné à 4
ans de prison en 1949 pour collaboration. J’ai trouvé ce renseignement sur le site
anglophone Generals of World War II. Il faudra bien qu’un jour les Archives
s’ouvrent. En l’absence actuelle d’informations du côté français, je me permets
une hypothèse : cela a-t-il voir avec la non-application stricte de l’Instruction de
Weygand ? C’est peu plausible.
Le dimanche 23 juin 1940, après une nuit paisible, au réveil des bruits
pessimistes circulent : l’Armistice ne serait pas encore conclu et de prisonnier sur
parole, la division deviendrait prisonnière effective. L’Armistice a en réalité été
signé le 22 juin 1940 à 18 heures 50, heure d'été allemande, dans la forêt de
Compiègne.
Le 21e, le 22e et le 23e R.M.V.E. ont été déclarés officiellement dissous dans le
camp de Septfonds à partir du 22 juin 1940, le jour même de l’Armistice.
Le 23 juin à midi, les soldats captifs du 21e R.M.V.E épuisés de fatigue, de soif
et de faim entreprirent depuis Thuilley-aux-Groseilles leur marche pénible de
quelques kilomètres vers la reddition.
Le 23 juin à 8 heures le lieutenant-colonel Gallini du 14e G.R.C.A. fit ses adieux
à ses hommes et entendit une messe en plein air dite par l’aumônier, le Révérend
père Le Droumaguet. Derrière les voitures transportant les officiers d’état-major
de la division,

218
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

Le 23 juin à 11 heures précises, il était avec son G.R.D.I le premier aux avant-
postes allemands à l’entrée du village de Maizières. Là, les hommes étaient dirigés
à un carrefour par un chemin allant à gauche et les hommes par un chemin allant
à droite.
Le 23 juin à midi, les soldats captifs du 21e R.M.V.E épuisés de fatigue, de soif
et de faim entreprirent depuis Thuilley-aux-Groseilles leur marche pénible de
quelques kilomètres vers la reddition.
Le 23 juin vers 18 heures, une surprise attendait le 21e à Maizières, village situé
cinq kilomètres avant Bainville-sur-Madon. Ils durent déposer les armes
individuelles qu’ils sabotèrent en les démontant et en les jetant ici et là. Seuls les
officiers conservèrent leurs revolvers.
Au 11e R.E.I., les légionnaires le 22 juin songent d’abord à dormir afin de
récupérer et d’être en condition de reprendre le combat. Apprenant la reddition,
le commandant Gaultier, chef du 3e Bataillon, réunit des Compagnies et laisse
chacun de ses hommes, libres de filer individuellement pour traverser les lignes
allemandes. Il reste dans sa ligne : il préfère l’honneur.
En soirée, le commandant Clément convoque ses bataillons et son chef d’état-
major, le commandant Robitaille. La consigne est vite donnée : fermer les yeux si
des légionnaires s’échappent. Chaque officier est libre devant sa conscience de
sa propre décision. Mais il doit en rester un par Compagnie pour ne pas
abandonner les hommes.
La convention de capitulation prévoit une mesure inacceptable pour une unité
de Légion : rendre les armes. Armes, véhicules, matériel sont sabotés. Les
munitions sont enterrées. Les moteurs des camionnettes tournent sans huile
niveau. Depuis le 1er juin, 226 hommes ont été tués.
Thuilley-aux-Groseilles :
Le 23 juin au matin, en colonnes, la 6e D.I.N.A. prend la route de Toul oùl’attend
l’internement. Le 11e R.E.I. ferme la marche. Les armes, munitions, matériels,
véhicules furent sabotés. Sur les 3000 légionnaires à monter en ligne et le renfort
de 98 hommes fournis par le Dépôt de Sathonay, il ne resta que 578 Légionnaires
formant la queue de la colonne de prisonniers qui se dirigeait sur Toul. Sur les 79
officiers, il n'en restait que 23. 11 avaient été tués et 17 blessés. Au total, moins
de 200 Légionnaires resteront prisonniers en Allemagne !
« — Vous fermez les yeux si des Légionnaires s'échappent. Chaque officier est
libre devant sa conscience de sa propre décision. Mais il doit en rester un par
Compagnie pour ne pas abandonner les hommes. » (Source : « Histoire de la
Légion étrangère de 1831 à nos jours » de Pierre Montagnon.) Les armes,
munitions, matériels, véhicules furent sabotés. Sur les 3000 légionnaires montés
219
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

en ligne et le renfort de 98 hommes fournis par le Dépôt de Sathonay, il ne resta


que 578 Légionnaires formant la queue de la colonne de prisonniers qui se
dirigeait sur Toul. Sur les 79 officiers, il n'en restait que 23. 11 avaient été tués et
17 blessés. Au total, moins de 200 Légionnaires resteront prisonniers en
Allemagne !
Le 23 juin à midi, les soldats captifs du 21e R.M.V.E épuisés de fatigue, de soif
et de faim entreprirent depuis Thuilley-aux-Groseilles leur marche pénible de
quelques kilomètres vers la reddition.
Le 23 juin à 8 heures le lieutenant-colonel Gallini du 14e G.R.C.A. fit ses adieux
à ses hommes et entendit une messe en plein air dite par l’aumônier, le Révérend
Père Le Droumaguet. Derrière les voitures transportant les officiers d’état-major
de la division.
Le 23 juin à 11 heures précises, il était avec son G.R.D.I le premier aux avant-
postes allemands à l’entrée du village de Maizières. Là, les hommes étaient dirigés
à un carrefour par un chemin allant à gauche et les hommes par un chemin allant
à droite.
Le 23 juin vers 18 heures, une surprise attendait le 21e à Maizières, village situé
cinq kilomètres avant Bainville-sur-Madon. Ils durent déposer les armes
individuelles qu’ils sabotèrent en les démontant et en les jetant ici et là. Seuls les
officiers conservèrent leurs revolvers.
Le camp de Bainville-sur-Madon
Le 23 juin à 18 heures 30, la troupe du 21e R.M.V.E est conduite de Maizières à
Bainville-sur-Madon. Elle trouve à son arrivée un long couloir d’accès formé par
une unité mécanisée allemande hostile et armée jusqu’aux dents. Ellel trouve à
la place du centre de démobilisation une grande prairie au bord du Madon.
C’était un immense camp qui avait été prestement entouré de barbelés et
flanqué de miradors et qui se trouvait déjà rempli de prisonniers de diverses
armes et nationalités : français, sénégalais, marocains… La prairie réservée à
l’internement de la Troupe est encadrée de mitrailleuses de 87 kg montées sur
rail braquées autour. Les officiers sont séparés de la troupe et devront passer la
nuit sous tente dans un enclos. Les officiers étant séparés de la troupe, c’est
l’adjudant-chef Michel qui en prendra le commandement le 24 juin 1940.
Les officiers séparés immédiatement de la troupe durent néanmoins rester
internés sur place 48 heures dans un enclos aux abords. La baraque qui se
trouvait au milieu de la prairie ne pouvait guère contenir que quelques-uns des
800 officiers prisonniers là. Sous prétexte qu’un attentat aurait été commis par
un des leurs contre un officier allemand, on leur enleva leurs armes individuelles.

220
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

De Rosen, rapporte un évènement survenu le 24 juin 1940 auquel il assista. Un


Oberlieutenant a fait monter dans sa voiture. Les deux colonels français les plus
anciens en âge (Martyn, 1883) et en grade (Corniquet, 1885). Le rapport est
orageux. Il semble que les deux colonels soient très égoïstes. D’ailleurs, le
lendemain, ils se battaient pour un quart de café (probablement de Rosen avait
eu ce renseignement final du capitaine Ravel).
Dans son livre Brassard rouge…, Robert Dufourg nous livre le nom du colonel
d’artillerie coloniale. C’était le plus ancien des officiers supérieurs, Corniquet.
Liste N° 49 : Corniquet (Jules), 11-10-85, Médréas, lieutenant-colonel 3' R.A.C. Of.
VI A. ; même, liste : Martyn (Albert), 19-10-83, Calais, Lieutenant-colonel. 21e
R.M.V.E. Of. VI A. Et, connaissant la description du lieutenant-colonel Martyn faite
par Hans Habe, nous croyons jusqu'à preuve du contraire qu’il était le deuxième !
Voici encore un propos de Léon de Rosen qui détruit l’image idyllique faite par
Robert Dufourg concernant les officiers ; de Rosen écrit à la page 22 de son livre :
« Je crois que les hommes se comportent mieux que les officiers. Leur manque
de dignité est inimaginable. » Même constat en date du 7 juillet, page 29 : « Le
capitaine (Ravel) me dit toute sa souffrance de voir parmi ses camarades un
manque total de dignité : comme au début, on se battait à la distribution de pain
ou de café, l’effarant égoïsme de la majorité, les discussions continuelles, chacun
imputant à l’autre une part de responsabilité et se jugeant parfaitement net de
toute faute… »
La nuit du 24 au 25 juin 32 000 prisonniers demeuraient dans le camp au bord
du Madon, classés par régiments. Il s’agissait de pouvoir les dénombrer. Ils
couchaient par terre, trempés jusqu’aux os : il plut toute la nuit du 24 au 25.
L’hygiène la plus élémentaire ne put être maintenue et la nourriture fit défaut.
Par débrouillardise, on pousse hypocritement un cheval dans un ravin pour qu’il
se casse la patte et qu’après accord des Allemands, on le tue et on le débite. Les
Allemands ne tardent pas à remarquer ce manège et l’interdisent sous peine de
mort.
Le 25 juin, Troisième jour, départ des officiers pour habiter au pied du Fort de
Pont-Saint-Vincent une caserne vide. Par la suite, divisés en deux groupes, ils
furent internés à Nancy, les 15 et 27 juillet. Finalement, le 29 juillet, ils furent
envoyés à l’Oflag VI A de Soelst en Westphalie.
Le 25 juin départ aussi de la troupe
Pour habiter au fort saint Vincent même.
Le fort de Pont-Saint-Vincent.
Le mardi 25 juin 1940, le 21e R.M.V.E. reçut avec d’autres unités l’ordre de
221
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

quitter le camp au bord du Madon.Il partit à midi pour sans le savoir le fort de
ont-Saint-Vincent. Les officiers furent internés dans les casernes de Pont-Saint-
Vincent et la troupe au fort du même nom.
Une halte au fort de Pont-Saint-Vincent (Meurthe-et-Moselle) aurait pu
s’effectuer dans des conditions humaines si la propreté avait pu être maintenue ;
mais le fort était une véritable petite ville souterraine humide. La
Boue aidant, tout est bientôt transformé en un cloaque où les pieds s’enfoncent.
Les murs suintent l’humidité dans ces caves obscures.
La pitance est maigre, se limitant à une soupe quotidienne pas bien grasse, à
l’orge ou au rutabaga, les prisonniers maigrirent à vue d’œil. Une quasi-famine
régnait et seuls ceux qui acceptèrent de travailler touchèrent des suppléments,
dont de la viande et du pain.
Alentour, une odeur pestilentielle se répandit dans le camp. Les mouches
envahirent le terrain. Des cas de dysenterie apparurent. Les gardiens, braves
pères de famille au début, furent vite remplacés par des geôliers plus jeunes et
moins amènes.
La surveillance se resserra. Ils instaurèrent une discipline de plus en plus
contraignante. Rassemblements, appels et fouilles se multiplièrent. Le travail, des
corvées occasionnelles bénévoles de routine au départ, devint obligatoire ; des
corvées de 200, 400, 600, 800 hommes pour des besoins divers : pose de barbelés
autour du camp, nettoyage, récupération dans les bois et triage de matériel. Les
sentinelles et leurs supérieurs avaient conforté les internés dans leur idée
erronée : les rapatriements viendraient après les quelques jours nécessaires à la
réorganisation des voies de communication, prétendaient-ils. Curieusement,
cette croyance naïve persista chez beaucoup de prisonniers pendant plusieurs
années malgré les déboires successifs et Radio-Bobards ne cessa pas de
fonctionner.
À partir du jeudi 4 juillet 1940, le Fort Saint-Vincent se vide par groupes de 5
000 hommes. Le matin du 5 juillet, deux cents hommes jusque-là considérés
plutôt comme des planqués de la Compagnie de Commandement du 21e R.M.V.E.
doivent marcher dix kilomètres, puis être éloignés à 80 kilomètres avec, comme
corvée, de ramener chacun trois chevaux en deux étapes de 40 kilomètres. Au
retour, le soir du samedi 6, ils sont exténués.
La marche sur Metz
C’est pourtant là que commença, à partir du 4 juillet avec des départs par
paquets de 5000, le calvaire pour tous : une marche interminable de quatre-Vingt
kilomètres en deux jours sous un soleil de plomb. Des Allemands à cheval et en
222
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

motocyclettes conduisaient des gens en uniformes mal rasés, mal lavés,


amorphes et qui tenaient à peine debout. Heureusement, des civils pourvurent
au ravitaillement, nourriture, boisson et savon : la population civile repoussée
pendant la traversée des villages attendait à la sortie formant une haie des deux
côtés de la route. L’accueil chaleureux de la population encouragea les
malheureux.
Le détachement Tschiember : Le premier détachement du 21e, était
commandé par l’adjudant Tschiember. Il partit du Fort-Saint-Vincent le jeudi 4
juillet 1940. François Kammer-Mayer de la C.R.E. du régiment en faisait partie. Au
fort de Queuleu, point d’arrivée, le corps de garde à l’entrée portait, remarqua-t-
il, une inscription « Wache » (garde) qui fit rire les prisonniers : — « Oh, la
vache ! » Pendant ce temps, des camions allemands portant plaque WH (« double
vache ») sillonnaient les routes de France. Personnellement, à l’âge de 6 ans et
demi, le 22 juin 1940 environ, j’étais assis à Breuil-Barret, Vendée, sur le muret au
carrefour de la Départementale 49 (maintenant route du Général de Tassigny) et
je répétais en regardant passer les camions allemands filant vers le sud : « Des
doubles vaches… Encore des doubles vaches… » Sans doute, l’expression était
commune alors.
La Caserne du Lizé : Le détachement deux du 21e commandé par l’adjudant
Michel quitta Fort-Saint-Vincent le mardi 9 juillet 1940 à 5 heures 30 du matin ; il
passa par Pont-Saint-Vincent ; une vaste passerelle en bois réunissait les deux
extrémités du pont qui avait sauté ; il traversa Neufchâteau et ses grandes usines
silencieuses au bout d’une longue côte, il y avait soleil et la chaleur était grande.
La traversée de bout en bout de la forêt de Haye fut un moment agréable. Le
franchissement de la route Nancy-Toul par le détachement Michel se fit aux Cinq
Tranchées.
Il arriva sur Frouard-Pompey, lieu où depuis six jours la population civile
organisait des distributions de vivres aux prisonniers. On quitta Pompey, on
longea la Moselle. On déjeuna à Marbache dans un champ. Ensuite, ce fut
Belleville, Dieulouard. L’arrivée se fit vers 18 heures aux portes de Blénod-les-
Ponts-à-Mousson où l’on passa la nuit du 9 au 10 dans un champ où les 5 000
prisonniers s’engouffrèrent lentement. Durant ce temps, les Bavarois aimables
furent remplacés le 9 par des Prussiens brutaux.
Le 10 juillet 1940, lever à 3 heures 30 et départ à 5 heures ; traversée de Pont-
à-Mousson. On suit toujours la Moselle par Champey-sur-Moselle, Arnaville,
Noveant-sur-Moselle, Dornot. On s’arrête pour déjeuner à Ancy-sur-Moselle ;
nouveau départ à 14 heures 30, direction Metz par Ars-sur-Moselle et Moulins-
Arrivée à Moulins-les-Metz à 17 heures 30. Repartis immédiatement, arrivée à
223
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

19 heures la caserne Lizé à l’extrémité est de Metz, mais dans Metz, là où il n’y a
pas si longtemps le Général de Gaulle était colonel. Le 16 juillet, le détachement
Tschiember quitte le fort de Queuleu et rejoint le détachement Michel à la
caserne Lizé. L’adjudant Michel prit la direction des deux groupes. Une discorde
sournoise s’installera entre les deux détachements.
Le Fort de Queuleu
Le jeudi 25 juillet 1940, la caserne du Lizé devant être occupée par 6 000 S.S., le
21e R.M.V.E. quittait le quartier Lizé à 14 heures pour le fort de Queuleu rebaptisé
pour l’évènement Frontstalag 212 actif du 20 juillet 1940 au 2 décembre 1940 et
qui deviendra le stalag XII-E jusqu’en janvier 1942, et un camp d’internement (S.S.
Sonderlager) en octobre 1943 jusqu’au 14 août 1944. Les stalags XII faisaient
partie de la circonscription (Wehrkreis) XII de Wiesbaden. Le livre du baron Léon
de Rosen « Une captivité singulière à Metz » est d’une aide précieuse pour cette
période tant pour ses renseignements individuels que collectifs. Il montre
comment la vie se passait à Queuleu avec beaucoup de détails, notamment les
spectacles organisés par les prisonniers.
La dispersion du 21e dans les divers bâtiments du fort se produisit parmi
d’autres unités elles aussi désunies. La nourriture était juste suffisante. L’endroit
étant entouré de miradors et fils de fer barbelé et électrifié, les possibilités
d’évasion s’étaient amincies désespérément à part les corvées à l’extérieur
bientôt instaurées.
Au bout de 15 jours, de nombreux cas de dysenterie se déclarèrent.
Rapidement commencèrent des départs des « Kriegsgefangenen » sous-
alimentés et abattus pour l’Allemagne. Beaucoup perdirent alors leurs dernières
illusions d’un retour rapide au foyer. Le « Peuple des Seigneurs » (Herrenvolk) les
avait vaincus par l’épée. Ils relevaient maintenant de la création de l’espace vital
(Lebensraum) pour la grande Allemagne (Gross Deutschland). Elle nécessitait en
effet la réquisition d’une masse de deux millions d’esclaves travailleurs bon
marché. L’esclavage sur les lieux de travail étrangers risquait de se prolonger.
Le 2 août, 1 500 prisonniers qui ne sont pas des Volontaires étrangers, sauf cent
du 21e pour compléter la liste, quittent le fort de Queuleu, ignorant qu’ils sont
envoyés en Pologne.
Le 3 août, le 21e R.M.V.E. amputé de 100 hommes, soit 1 000 Volontaires
étrangers, reste temporairement seul au fort de Queuleu. Les Volontaires ne sont
plus noyés dans la masse des autres unités et une atmosphère de crainte s’installe
parmi les Espagnols, les Juifs, etc. Le 7 août, il a fallu donner la liste des Juifs et
des Bretons.
Les 9 et 10 août, heureusement, de nouveaux arrivages se produisent, plus de
224
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

2 000 prisonniers, dont un grand nombre venant du Lizé.


Le 17 août, 1500 hommes, dont environ 250 volontaires étrangers partent en
Allemagne.
À partir du 24 octobre approximativement 200 hommes, dont un groupe le 4
décembre, sont détachés au Fort Saint-Julien du village de Saint-Julien à deux
kilomètres du centre de Metz.
Le 8 décembre, quand tout le Bloc B de Queuleu part pour l’Allemagne, il ne
reste plus guère du 21e à Metz approximativement que les 200 hommes détachés
au Fort Saint-Julien, dont Boris Holban et Léon de Rosen. Boris Holban s’évadera
le 11 janvier 1941 et de Rosen s’évadera le 14 janvier 1941 et, quelques semaines
après, les prisonniers restants du fort Saint Julien furent envoyés en Allemagne.
Sort réservé aux volontaires espagnols prisonniers.
Comme leurs camarades français, la plupart des Volontaires étrangers furent
d’abord expédiés dans les stalags d’Allemagne. Les Volontaires et Légionnaires
étrangers espagnols faits prisonniers par la Wehrmacht furent d’abord conduits
en Allemagne dans un stalag, mais ensuite, privés du statut de prisonnier de
guerre, ils furent déportés en majorité dès la deuxième moitié de 1940. Ils avaient
été considérés dès le 4 août 1940, après que Franco les ait déchus de leur
nationalité espagnole, comme étant des « Rots Spanier » (rouge espagnol), c'est-
à-dire comme faisant partie des individus politiquement dangereux et voués,
pour cette raison, à la mort. Les 9 000 volontaires espagnols reçurent le triangle
bleu des apatrides et furent envoyés dans les camps de concentration d’Hitler,
dont le double camp de Mauthausen-Gusen, et ils y furent utilisés pour des
travaux forcés. Localisé en Autriche, à 20 km de Linz, le camp de Mauthausen
avait été créé le 8 août 1938. Il fut libéré le 5 mai 1945 par la 11e Division blindée
américaine, avec la collaboration de la résistance organisée à l’intérieur du camp.
Il comptait 49 camps annexes permanents (comme Gusen) et 10 kommandos
ayant existé pour quelques semaines seulement.
Des milliers de prisonniers espagnols travaillèrent dans les carrières de pierre
de Mauthausen et Gusen. Ils construisirent ce qui devait devenir le plus grand
broyeur en pierre de l'Europe. Au moment où le broyeur en pierre passa à l'action
en 1941, environ deux mille de ces Espagnols étaient morts dans sa construction.
Selon l’historienne Geneviève Dreyfus-Armand, à la date du 10 février 1940,
période charnière de la drôle de guerre, les Espagnols représentaient 2709
engagés dans les R.M.V.E. (soit près de la moitié des effectifs de ces unités) et 617
s’étaient engagés dans la Légion étrangère. Nous savons que sur plus de 7.000
Espagnols déportés à Mauthausen, seulement 2 000 survécurent dont:
Anselmo Trujillo dont voici le parcours
225
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

Gurs, souvenez-vous en 2003, n° 93, page 8 et 9 : NOS PEINES. Le vieux chêne


s’est abattu, Anselmo Trujillo Terrer n’est plus. La nouvelle du décès de
l’infatigable lutteur a meurtri tous ses amis. On ne verra plus sa forte silhouette
dans les réunions, les cérémonies où il maintenait obstinément le souvenir du
combat des républicains, de son combat pour la démocratie en Espagne, pendant
les longues années de feu et d’exil. De grande culture et d’immense mémoire,
cédant aux sollicitations imprévues, il déclamait sans préparation et sans peine
aucune des dizaines de veines de Machado, Lorca et de tant d’autres. Infatigable
lutteur oui, car comme beaucoup de ses frères d’armes, miliciens de la
République, les années de 1936-45 l’ont vu dans de nombreuses batailles, mais
aussi dans beaucoup de camps. Né à Santa Cruz de Ténérife (Canaries, Espagne)
le 11 novembre 1914, il milite très tôt contre la dictature du Général Primo de
Rivera.
À la proclamation de la IIe République, le 14 avril 1936, il rejoint les Jeunesses
socialistes et la U.G.T. Le 18 juillet 1936, il participer au coup de feu contre les
putschistes. L’arrivée d’un détachement d’artillerie donne la victoire aux fascistes.
Arrêt, il est envoyé à Villa Cisneros, dans les sables sahraouis où les prisonniers
sont fusillés par petits groupes.
Profitant d’un soulèvement de tribus qui vide quasi totalement la garnison, il
parvient avec sept de ses camarades, à convaincre les soldats du camp à s’évader.
Habillé en lieutenant franquiste et avec l’aide des évadés et de la garnison ralliée,
il s’empare d’un bateau français de ravitaillement. Ils longent, jusqu’à Dakar, les
côtes d’Afrique dans les eaux territoriales françaises. À plusieurs reprises les
avions italiens, alliés de Franco, les survolent, mais ne les bombardent pas dans
la crainte de provoquer un incident diplomatique. Arrivé à Marseille, il se dirige
vers Barcelone et s’incorpore dans l’armée républicaine en mai 1937. Il participe
à de nombreuses opérations de sabotage derrière les lignes du front de Madrid,
puis d’Aragon, Huesca, Teruel, et à la bataille de l’Èbre. Survient alors la Retirada
devant la puissance de feu de l’ennemi. L’exil commence pour lui le 14 février
1939 à Prata de Mollo, village français des Pyrénées-Orientales, et n’aura plus de
fin... C’est la période des camps : Barcarès et Gurs (îlot J, baraque 9).
Indomptable, il repart défendre la démocratie dans l’armée française en
octobre 1939. Comme tous ses camarades, il refuse d’être mercenaire dans la
Légion étrangère et s’engage gratuitement et pour la durée de la Guerre, dans les
Régiments de Marche de Volontaires étrangers, créés pour cette occasion. Affecté
à la 35e DI, son régiment, le 1er R.M.V.E. prend de plein fouet l’offensive allemande
de mai 1940 dans l’Est de la France. Légèrement blessé, il est fait prisonnier.

226
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

Si les Français, traités comme des prisonniers de guerre sont envoyés dans des
stalags, les Espagnols – rouges – eux, sont voués à la mort. Arrivé à Mauthausen,
Anselmo ruse. Aidé par un interprète Alsacien, ancien des Brigades
internationales incorporé dans la Wehrmacht, Anselmo se fait passer pour un
Français et parvient à faire douter ses gardiens. Il est envoyé dans un stalag.
Toujours déterminé, il tente une évasion et échoue dans un camp disciplinaire où
il souffre particulièrement du froid, de la faim et de l’épuisement par le travail
forcé. Beaucoup de ses camarades ne peuvent résister... Lui tient.
En janvier 1945, c’est la marche de la mort lors de l’évacuation du camp devant
l’avancée des Russes. Puis nouvelle évasion lors d’une halte et rencontre avec
l’avant-garde de soldats soviétiques kalmouks. Il devient gardien de prisonniers
allemands à Minsk et se retrouve à Odessa en attente d’un bateau pour la France.
Il échouera finalement en zone soviétique en Allemagne avant de prendre un
train pour Paris et Oloron-Ste-Marie, où l’attend sa famille.
Son premier travail d’homme à nouveau libre sera... le démolissage du camp de
Gurs !
Si cette volonté farouche de lutte pour la Liberté et pour la survie est une
constante chez beaucoup de Républicains confrontés aux deux guerres, qui ont
broyé leur génération, on doit bien admettre qu’Anselmo Trujillo a mené ce
combat à des niveaux rarement atteints. Ne renonçant jamais malgré la démesure
des forces contraires, il s’est toujours levé pour défendre son idéal démocratique.
Membre de l’Amicale du camp de Gurs dès l’origine, il a maintenu sa flamme
avec fougue, sa gentillesse. Le vieux chêne s’est abattu, mais son exemple
demeure. (Les italiques correspondent à mes modifications
. Quant aux Espagnols des C.T.E.-G.T.E., ils furent livrés à Hitler par les officiers
français réactionnaires qui dirigeaient les camps. Les Compagnies de Travailleurs
Étrangers, majoritairement espagnols, furent créées en France par le décret du
12 avril 1939 par le gouvernement Daladier.
Après l’Armistice, une loi datant du 27 septembre 1940 institua la
démobilisation pour les C.T.E. impliquant aussi les Volontaires Étrangers qui
n’avaient pas été capturés. Les Compagnies de Travailleurs Étrangers devinrent
des Groupements de Travailleurs étrangers. En réalité, ils furent laissés à la merci
des arrestations. Les évaluations actuelles des historiens espagnols tournent
autour de ces deux chiffres : 40.000 Espagnols capturés, 30.000 déportés. Avec
l’accord de Vichy, des Espagnols furent enrôlés comme travailleurs forcés par
l’organisation Todt, entreprise publique du IIIe Reich. On estime qu’en 1944,
191.000 étrangers travaillaient en France à la construction du Mur de l’Atlantique
pour l’organisation Todt et qu’au total, 15.000 Espagnols réfugiés en France et
227
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

livrés par la police française ont été internés dans des camps de travail Todt.
D’autres Espagnols sont encore livrés par la police de Vichy, arrêtés comme
résistants, et ils sont répartis après 1942 entre différents camps nationaux-
socialistes, les femmes étant déportées essentiellement à Ravensbrück. Situé
près de Furstenberg, dans le nord de l'Allemagne, le camp de Ravensbrück est
créé en 1938 et libéré le 30 avril 1945, par l'Armée russe. Il compte 31 camps
annexes et kommandos extérieurs. Les Espagnoles déportées à Ravensbrück
portent le triangle rouge des prisonniers politiques. Elles sont en effet
considérées comme des résistantes françaises…
Le 20 août 1940, 927 Espagnols réfugiés à Angoulême sont arrêtés et envoyés
par train à Mauthausen. Les hommes restent dans le camp, tandis que les
personnes non sélectionnées sont renvoyées en France avant d’être livrées à Irun
à la police franquiste. Les plus jeunes hommes de ce convoi ont formé à
Mauthausen “ le commando Poschacher ” du nom de l’entreprise qui les
exploitait. Grâce à eux, les clichés volés au laboratoire des S.S. par les membres
de la résistance espagnole du camp ont pu être cachés jusqu’à la libération dans
la maison de Madame Poitner, résistante autrichienne. Plus de 50 % des
Espagnols des camps ne reviendront pas.
Les soldats arméniens constituaient parmi les Volontaires étrangers (environ
47 nationalités différentes) un effectif d’environ 15 % parmi les Volontaires
étrangers ; leur pays est déchiqueté, la Russie se payant la part du lion, et il est
difficile de les comptabiliser en une seule nationalité, si bien qu’ils n’apparaissent
pas dans notre tableau final.Au début de l'année 1941, les Allemands
entreprirent de réunir au Stalag XI-A (Altengrabow près Magdebourg) les
Arméniens faits prisonniers dans les rangs de l'armée française. Entre 1 200 et 1
500 prisonniers furent rassemblés. Une bonne partie demeura au camp central,
groupée en détachement particulier, mais non isolée du reste. À plusieurs
reprises, les Allemands essayèrent de faire pression sur ces soldats d'origine
arménienne pour les gagner à leur cause. Ils leur firent adresser la parole par des
Arméniens fixés en Allemagne et ralliés au 3e Reich. Il s'agissait soit de rejoindre
les rangs de la Werhmacht, soit à tout le moins d'accepter un état de travailleurs
civils qui les désolidariserait de la masse et pour finir de la France. Des menaces,
des vexations, quelques brutalités même vinrent fréquemment appuyer ces
propositions.
En de telles circonstances, l'attitude fut digne de tous éloges. La fidélité à la
France qui les avait accueillis en 1920 et 1921, où ils avaient leurs affaires, leur
famille fut leur unique principe, il leur dicta à l'unanimité une réponse négative
ux propositions allemandes qui leur furent faites jusqu'en 1942. Une résistance
228
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

active s'élabora dans leurs rangs. Un des principaux animateurs en fut un sous-
officier de carrière, l'adjudant Kilidjian Baruir, qui eut de ce fait bien des fois maille
à partir avec les services allemands. Finalement, lassés de ces perpétuels échecs
dans leurs tentatives d'ébranler la fidélité des Arméniens captifs à la France, les
Allemands décidèrent en 1943 le transfert d'un bon nombre d'entre eux dans la
région berlinoise où ils furent transformés de force en travailleurs civils.
L'adjudant Kilidjian. (Liste N° 85 Kilidjian Bamir, 5-5-04, Karahissan, sergent RI
Stalag XVII A) fut emprisonné un certain temps et ne dut qu'à un heureux
concours de circonstances de pouvoir rentrer sain et sauf en France. C'est dans
ces conditions que la captivité s'acheva, sans avoir entamé l'attachement des
soldats français d'origine arménienne à la cause de leur pays d'adoption. Lettre
du R.P.D. Dubarle, l'homme de confiance du Stalag XI A.
Les combattants juifs prisonniers, bien qu’humiliés, astreints tous les jours au
travail eurent la chance qu’Hitler ait omis à leur égard de violer totalement la
Convention internationale de Genève protégeant le statut militaire. Tant qu’ils
portèrent l’uniforme, ils n’eurent pas à porter l’étoile jaune. Les prisonniers juifs
n’en avaient pas pour autant l’affection de leurs camarades français : voici un
extrait du livre de Léon de Rosen à propos du médecin-capitaine Lucien
Grumbach (Liste N° 17 : Grumbach Lucien, 25-2-08, Sarreguemines, capitaine
Médecin, G. S. D. 35.) alors prisonnier à Metz : « Le capitaine Grumbach est venu
déjeuner chez nous. Dieu sait comment, il s’est arrangé, il serait libéré d’ici
quelques jours. Quand les médecins de Queuleu ont appris la nouvelle, ils ont été
saisis de grande fureur. Même le docteur Cunin est allé au stalag se plaindre,
insistant sur le fait que Grumbach comme capitaine d’active et juif avait moins
que tous les autres les qualités requises pour se faire libérer. Rien n’y fait et le
capitaine Grumbach partira quand même ! »
"La Vie à BAUMHAUER, camp disciplinaire des prisonniers de guerre" de Léon
Salomon que nous trouvons dans le Bulletin de l’UVEACJ Notre Volonté de
décembre 1972 est un récit qui décrit bien le sort réservé aux prisonniers juifs. Le
voici in extenso : « Le 30 avril 1940, le 21e R.M.V.E. quitta Barcarès. Le 2 mai, nous
arrivions à Brumath. À plusieurs reprises, nous avons changé de cantonnement,
mais c’était encore et toujours la drôle de guerre. Le 21 avril, nous quittions
Hochfelden pour Saint-Mihiel (Meuse). C’était le front. Nous menions des
batailles contre les nazis, chaque jour amenait son lot de morts et de blessés. Je
fus blessé le 17 juin à Blénod-les-Toul (Meurthe-et-Moselle), mais il n’y avait plus
de possibilités pour m’évacuer, puisque notre Division avait été encerclée. Les
combats durèrent jusqu’au 22 juin, jour où notre régiment dut cesser la bataille
près de Colombey-lès-Belles.
229
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

Le matin, nous reçûmes l’ordre d’arrêter le feu et de rester sur place. On nous
annonça que nous étions considérés comme des prisonniers d’honneur et nous
avions droit à un défilé d’honneur. Le Général Decharme, commandant la 35e D.I.,
nous salua et fit l’éloge pour notre attitude héroïque au cours des dures batailles.
Le 23 juin, en longues files, sous la surveillance des soldats allemands, nous
sommes partis pour Nancy (en réalité le Fort de Pont-Saint-Vincent !) où nous
avons séjourné jusqu’au 10 juillet dans des conditions pénibles. Ensuite, nous
avons été enfermés dans le fort de Queuleu à Metz, transformé en Frontstalag.
Très rapidement, des groupes clandestins se forment et recherchent des
contacts avec la population lorraine, qui nous aide. Quand les Allemands
commencèrent l’évacuation des Lorrains, nous réussîmes avec l’aide de la Croix-
Rouge, à faire évader un groupe assez important de prisonniers.
Je voudrais mentionner particulièrement sœur Hélène qui se distingua par son
dévouement à notre cause. Par la suite, en tant que résistante, elle a été
assassinée par les occupants (Léon Salomon est encore dans l’erreur). À Metz, un
monument en son honneur a été érigé.
Chaque évasion provoquait des répressions, mais cela ne nous arrêtait pas dans
l’organisation d’autres évasions.
Au mois de décembre (9 décembre), on nous envoya en Allemagne, au Stalag
de Limbourg (Stalag II A et aussi au Stalag XII B : Frankenthal) où l’on sépara les
Juifs des autres prisonniers. On nous installa dans des baraques spéciales et après
un certain temps, nous fumes envoyés à Baumholder. C’était un camp
disciplinaire, avec un régime particulièrement dur pour les Juifs. Nous arrivâmes
à Baumholder par une froide nuit d’hiver — le thermomètre marquait 30º au-
dessous de zéro. Un sous-officier des S.S. nous reçut avec ces mots : « Finis les
beaux jours. »
On nous installa dans des écuries ouvertes, le sol couvert d’une épaisse couche
de glace. Il n’y avait pas de lits ni de paille. Nous nous couchâmes directement à
même le sol. Pendant trois jours, nous fûmes isolés en attendant l’épouillage, au
cours duquel nous restâmes dehors, nus dans un froid glacial. Ensuite, nous avons
fait connaissance avec notre chef de camp, le S.S. Hoflus, que nous appelions
entre nous « Pflaume » (il se servait de ce mot comme injure). C’était une brute
sadique. Il punissait le moindre manquement à la discipline par de longues heures
d’exercice du genre : « Courir ! Coucher ! Debout ! », et cela dans la cour de neige
et avec l’accompagnement de coups et d’injures.
Dans son livre "Les grandes vacances" (Prix Goncourt 1947), Francis Ambrière
consacre un chapitre à ce camp, qu’il qualifie comme un des plus terribles. On
nous installa, nous les Juifs, dans des baraques à part. Cent personnes dans une
230
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

promiscuité effrayante.
Une discipline dure, des perquisitions fréquentes, des inspections de propreté.
Pour un peu de poussière dans un coin de la baraque, on subissait des punitions
pénibles. Les prisonniers portaient (instituée un mois après l’arrivée à
Baumholder) une croix blanche sur la poitrine et sur le dos de leurs vêtements.
Très souvent, on nous empêchait l’accès des baraques-lavabos, tout en exigeant
une propreté minutieuse. C’est à nous qu’étaient destinés les travaux les plus
durs. À midi, à la cantine, nous recevions un peu de soupe, sans avoir le droit de
nous asseoir même s’il y avait des places vides. Tous les non-juifs mangeaient
assis.
Il régnait une atmosphère de terreur : une nuit, un prisonnier fut tué par les
gardiens, lorsqu’il sortit de la baraque pour satisfaire des besoins physiologiques.
Contrairement aux accords de Genève, les sous-officiers juifs ont été contraints
aux travaux, parfois les plus insalubres.
La brute S.S. qu’était le commandant du camp profitait de chaque occasion
pour nous humilier et nous injurier. Un jour, au cours d’une réunion au camp, il
demanda au sous-officier juif Maurice Stern (aujourd’hui secrétaire général de
K.K.L. en France, Keren Kayemeth LeIsrael Jewish National Fund) près de quelle
cuisine roulante, il avait gagné ses galons militaires. Maurice répondit
courageusement que ce n’était pas en s’acharnant contre de malheureux
prisonniers de guerre à l’arrière du front.
Parmi les non-juifs se trouvait un certain nombre de collaborateurs du groupe
"Trait d’Union", diffusant un journal du même nom (journal prêchant la
collaboration, imprimé à Berlin. Même après le débarquement de Normandie, il y
aura encore dans les camps des croyants d’une union de Pétain avec l’Allemagne
et les Anglo-Américains pour une croisade anticommuniste). Malgré toutes ces
difficultés, nous étions en contact avec les prisonniers non-juifs, notamment avec
l’organisation de résistance, avec laquelle nous collaborions.
En 1943, on m’envoya avec un groupe de Polonais non-juifs dans un camp
militaire de travail à Wochern, près de la frontière luxembourgeoise. Nous avons
pris contact avec les habitants de la petite ville luxembourgeoise voisine du camp,
qui nous transmettaient des informations de divers fronts. C’était après
Stalingrad, l’espoir renaissait. Après le débarquement en France en 1944, au cours
de l’offensive de Rundstedt, nous nous trouvions tout près du front. Dans notre
village, il y avait un certain nombre de prisonniers américains. Nous les aidions en
leur procurant médicaments et vivres. Le commandement du camp a essayé de
nous renvoyer en Allemagne centrale. En tant qu’homme de confiance de notre
kommando, j’ai conseillé à mes camarades de nous opposer à cette décision.
231
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

Nous nous sommes cachés dans les bois et je me suis adressé à l’Orts.Führer du
village pour qu’il nous aide, sinon les Américains lui demanderaient des comptes.
Huit jours plus tard, les Américains nous délivraient. »
La Communauté juive en zone occupée et zone libre :
Le 1er octobre : 1940, est décrété le recensement des juifs en zone occupée :
Il est rappelé que toutes les personnes de religion ou race juives sont tenues de
se présenter, avant le 20 octobre, à la préfecture (2e division) pour
l'arrondissement de Caen. Falaise, et aux sous-préfectures de Bayeux, Lisieux et
Vire pour les autres arrondissements, afin d'y souscrire la déclaration prévue par
l'ordonnance du 27 septembre 1940 du chef de l'administration militaire en
France.

En conséquence de cette déclaration, toute entreprise commerciale ou


industrielle juive devra être désignée comme telle par une affiche spéciale de 20
sur 40 centimètres, rédigée en langues allemande et française, imprimée en
lettres noires sur papier jaune et comportant l'inscription suivante : « Jüdisches
Geschäft, Entreprise juive ». Ces affiches sont à la disposition des intéressés à la
préfecture et aux sous-préfectures.
Le Maroc et l’Algérie devenus extension naturelle de la France pétainiste verront
dès le 31 octobre 1940, puis le 10 août 1941 promulgué le statut des Juifs avec
quelques modifications. Cependant les Dhimmy marocains ne relevant pas de la
juridiction française furent moins persécutés,
Le 21 mars 1941, la création du commissariat général aux questions juives dont
les locaux sont à la fois à Paris zone occupée (installé place des Petits-Pères, dans
le bâtiment de l'ancienne banque Léopold Louis-Dreyfus) et Vichy zone libre et
dans des directions régionales, est avec le 2e statut des Juifs du 2 juin 1941 qui
comporte l’obligation faite aux juifs de zone libre de se faire recenser, la
porteouverte à l’Holocauste par le régime de Pétain : arrestation des Juifs et leur
livraison aux Allemands par la police de Vichy.
232
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

Autres Extraits du journal de l’UVEACJ : Ceux qui, grièvement blessés,


échappèrent à la captivité et furent démobilisés ne furent pas, plus tard, à l’abri
de la double répression de l’occupant et du gouvernement de Vichy qui affectait
tous les Juifs de France. Ils subirent les rafles, les internements et les
déportations. Lors de l’armistice, il avait été convenu que la situation des
militaires étrangers ayant servi dans l'armée française ou à ses côtés et celle des
ressortissants des pays étrangers ayant cherché un asile en France ferait l'objet
d'un accord ultérieur, fondé sur les principes d'honneur et d'humanité. Il ne
restait plus qu'à démobiliser. Ils le furent, mais au lieu de les renvoyer dans leurs
foyers, comme on fit en France avec les malheureux restes de l'armée française
dont ils avaient si largement partagé les épreuves, l'ordre vint de Vichy de les
désarmer et de les maintenir, non pas sous les drapeaux, mais sous l'uniforme.
On les dessaisit de leurs pièces d'identité et l'ont inscrit sur leur livret militaire
« Démobilisé et affecté au groupement des travailleurs étrangers, en exécution
des ordonnances de la note N°... du 22-9-1940 du Général de Division... »
« Certificat de bonne conduite accordé le 22-9-1940. Rayé des contrôles du N°...
R.E.I. le 22-9-1940 et incorporé ledit jour dans les unités de travailleurs
étrangers ». Tout l'odieux arbitraire de Vichy apparaît dans ces formules
« Démobilisé », « Rayé des contrôles et incorporé, mais non libéré ». Ce n'étaient
plus des militaires, c'étaient des « civils » encadrés militairement ; ce n'étaient
plus des engagés volontaires, c'étaient des travailleurs étrangers. Dix mois
d'abnégation et de sacrifices leur valurent d'être condamnés à quatre ans de
travaux forcés. Pour Vichy, ils avaient perdu leur titre de combattant français, ils
n'avaient plus que la qualification d'ennemi de l'Allemagne ; leur livret militaire
ne portait-il pas que leur engagement avait été à titre étranger pour la durée de
la guerre « contre l'Allemagne » ; et cela, aux yeux de Pétain, dénotait un mauvais
esprit, antieuropéen, alors que s'amorçait une politique qui tendait vers la
collaboration et favorisait la xénophobie... Ceux qui protestaient contre l'indigne
traitement réservé aux volontaires qui avaient servi la France se firent répondre
« qu'ils avaient servi l'ancienne France ». À d'autres qui demandaient de
rejoindre leur famille, on objectait :« vous vous êtes enrôlés pour la France de
Blum, d'Herriot, de Daladier, votre présence est indésirable en France... »
Cette position présentait pour Vichy quelques avantages ; il devenait possible
de livrer aux occupants les ressortissants allemands d'abord, et, ensuite les
autres, qualifiés de travailleurs volontaires qui, « rendus à la vie civile » ne
pouvaient plus invoquer la protection de la convention de Genève et de la
CroixRouge... L’inconvénient est qu’elle créait deux France.
Si le statut militaire des Juifs malgré une discrimination (Judennbaraks) sauva
233
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

bien des prisonniers juifs, leurs familles en France seront parmi les premières
victimes de la police de Vichy ;
La première rafle à Paris, dite du « billet vert » selon la couleur de la
convocation faite, eut lieu à Paris le 15 mai 1941.
Sur environ 5000 Juifs qui tombèrent dans le traquenard, 1500 étaient des
Volontaires étrangers. À la rafle du Vel’ d'Hiv’ entre les 16 et 17 juillet 1942 plus
de 13 000 personnes, dont près d'un tiers étaient des enfants, ont été arrêtées
dans Paris et sa banlieue ; presque toutes ont été assassinées, moins de cent ont
survécu à leur déportation. Les volontaires espagnols prisonniers furent envoyés
en grand nombre à Mauthausen et bien peu en revinrent.
L’absence d’Allemands en zone libre jusqu’en novembre 1942 n’a pas pour
autant empêché l’arrestation et la livraison de 10 000 Juifs et « la mort dans les
camps français de la zone libre de plus de 3 000 Juifs par la faim, le froid, la misère
physiologique. » Serge Klarsfeld.
Certes certains se comportèrent bien et refusèrent de participer aux
arrestations de Juifs; ainsi le général [Pierre Robert de Saint Vincent (1882-1954),
le 29 août 1942, à la suite de la grande rafle des Juifs en zone non occupée reçut
l'ordre de mettre des gendarmes à la disposition de l'intendant de police
Marchais pour procéder au convoyage de 650 Juifs de la zone non occupée à la
zone occupée. Il déclara alors : « Jamais je ne prêterai ma troupe pour une
opération semblable ». Le surlendemain, il était relevé de ses fonctions 5 par le
ministre de la Guerre du gouvernement de Vichy, le général Bridoux. Son
limogeage est annoncé dans la presse sans que les raisons en soient données.
Par exemple, à son retour du stalag, le volontaire du 22e R.M.V.E. Szulim Malach
trouva son logement vide, il ne revit jamais plus sa femme et son enfant. Tel sera
aussi le sort d’anciens des R.M.V.E. qui n’avaient pas été capturés en 1940 et de
grands mutilés de guerre. Autre exemple, le docteur Loran Kieselstein, Roumain
né le 28/03/1910, recruté R.M.V.E., SBC (75), matricule 5904, était caché à
Fuveau, Bouches du Rhône, sous l’identité discrète docteur Laurent et des papiers
parfaitement imités avec sa femme Berta née en 1912 et sa fille Madeleine née
en 1942. Le maire Barthélemy Félix, dit Bamban fit arrêter le docteur Laurent par
le plus odieux des stratagèmes, en lui donnant un rendez-vous à cinq heures du
matin en mairie pour lui donner un soi-disant laissez-passer. Ce n’était pas ce
fourbe qui était là, mais la Gestapo qui a emmené sans ménagement la famille
vers les camps de la mort, père d’un côté, mère et fille de l’autre... L’avocat le plus
habile de la place d’Aix à l’époque, payé à prix d’or, a su éviter au criminel d’être
fusillé et de finir sa vie en toute quiétude comme sacristain de l’église Sainte Rita
è Nice. Un an plus tard, le père qui avait réussi à s’évader revint au village et y
234
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

resta plus de six mois dans l’espoir de recevoir des nouvelles de sa famille, en
vain. Il s’installa comme médecin à Paris. Il mourut en Corse le 29 décembre 1997.
Jfbr.fuveau@wanadoo.fr.
Les Juifs et la naissance d’Israël : D’Abraham à Simon Drucker.
Isidore DRUCKER est né le 19 août 1930 à Paris, où il a vécu 59 rue Notre-Dame-
de-Nazareth. La seule photo que nous avons de lui est celle d’un bébé. Il a été
déporté par le convoi 22 du 21 août 1942.
Son père, Abraham, a été déporté par le convoi 4 ; sa mère, Thérèse, par le
convoi 15 ; et son frère aîné, qui a survécu, par le convoi 22. Il s’agit dans ce texte
d’Abraham Drucker (Abraham DRUCKER né le 05-01-1901 à Kulikow, Pologne)
père de Simon Drucker et non d’Abraham Drucker, le père de Michel Drucker.
Dans quel régiment de Légion était-il ? Témoignage extrait du livre « La guerre
d’indépendance d’Israël. Témoignages des volontaires français et
francophones », Éditions Machal, 2006, Simon Drucker : « Être en vie à 21 ans me
semblait une sorte de victoire » NB : aussi témoignage vidéo (Mémoires de la
Shoah – Simon Drucker). Né en 1924 à Paris, Simon Drucker vit avec ses parents
originaires de Pologne et son petit frère Isidore. Le père de Simon, sans-papiers,
fabrique des casquettes dans un atelier de la rue des Blancs-Manteaux :
— Il nous arrivait souvent d’avoir faim, mais nos parents nous donnaient
tellement d’amour, de tendresse, que dans les pires moments – et même plus
tard devant la mort – l’espoir ne nous abandonnera jamais, déclare Simon.
Après 1936, le père de Simon régularise sa situation et crée son entreprise de
commerce ambulant. Lorsque la guerre éclate, Abraham Drucker, né le 5 janvier
1901 à Kulikow (Pologne), décédé le 30 juin 1942 à Auschwitz (Pologne) et non le
25 juin 1942 à Pithiviers (Loiret) le père de Simon s’engage dans la Légion
étrangère (Seine Bureau central, Mle 15836). Il combat en 1940 et est démobilisé
après la défaite, en zone libre. Il rejoint sa famille sur Paris et est arrêté le 13 mai
1941 lors de la rafle de la caserne des Minimes, place des Vosges, par des
gendarmes français, et enfermé au camp Pithiviers. Le 25 juin 1942, il est déporté
de Pithiviers à Auschwitz d’où il ne revient pas. Moins d’un mois plus tard, Simon,
sa mère et son frère Isidore sont à leur tour arrêtés à leur domicile lors de la rafle
du Vel’ d’Hiv’ par le même gendarme qui faisait traverser les enfants dans la rue
la veille.
— Je n’oublierai jamais la matinée du jeudi 16 juillet 1942. Il faisait beau et les
enfants n’avaient pas classe. Dès cinq heures du matin, la police français encercle
la rue Notre-Dame-de-Nazareth. La rue résonne de supplications, de cris, de
pleurs, de hurlements. À peine réveillées, à peine habillées, des familles entières

235
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

sont jetées à la rue. On nous emmène à pied dans un garage de la rue de


Bretagne. Il y a parmi nous des enfants en bas âge des vieillards qui marchent
difficilement, des malades encadrés par des policiers en uniforme ou en civil
devant des passants éberlués, compatissants ou indifférents, mais tous paralysés
par la peur. Du garage, des autobus nous conduisent au Vel' d’Hiv’. Nous y restons
plus de deux jours dans des conditions d’hygiène effroyables, avant d’être
transférés, toujours en autobus, jusqu’au camp de Beaune-la-Rolande, dans le
Loiret. Le 5 août, ma mère est déportée. À l’idée de nous laisser seuls, mon petit
frère et moi, elle est prise d’une crise de désespoir. Elle résiste aux gendarmes en
hurlant : “Mes enfants, mes enfants, que vont-ils devenir ?” Les gendarmes la
tirent avec brutalité, sous nos yeux. Mon petit frère est déporté le 19 août et moi
le 2 septembre. »
Simon Drucker a un parcours particulier. Il connaît onze camps d’extermination
ou de concentration (Osterod, Sallstedt, Elrich, Ottmuth, Kosel, Auschwitz,
Birkenau, Dora Nordhausen, Tzebinza, Buna-Monowitz) et sept prisons en
Allemagne (Erfurt, Leipzig, Halle, Kassel, Chemintz, Sarrebruck). Simon réussit à
s’évader du camp de Tzebinza, en Haute-Silésie avec trois camarades.
— À l’époque de notre évasion, le camp n’était pas encore en construction et
était sans clôture électrifiée.
Repris par la Gestapo et remis au S.S., il est envoyé à Auschwitz puis à Buna-
Morowitz. En 1945, il est évacué vers l’Allemagne. Il s’évade une nouvelle fois,
grâce à un bombardement dans la campagne. Enfin, il est libéré le 8 mai par les
Américains en Allemagne.
Il revient sur Paris, mais ne retrouve personne de sa famille. Il retourne dans
l’appartement de ses parents occupé par de nouveaux locataires.
—Être en vie à 21 ans me semblait une sorte de victoire, même si je n’avais pas
tellement envie de vivre.
Il se tourne alors vers Israël où d’anciens déportés essaient de débarquer et où
les combats commencent. — Aider des rescapés des camps de la mort à qui on
refusait un refuge me semblait un devoir impérieux, et donnait un sens à ma vie,
et éventuellement à ma mort, explique Simon. Il s’est donc rendu s’engager à
Paris.
Arrivé à Marseille, il embarque à bord de l’Atzmaout, « un rafiot dont on se
demandait s’il n’allait pas sombrer d’un moment à l’autre ». Au moment de son
arrivée à Haïfa, il ressent une grande émotion :
— Je pensais que depuis 2000 ans, à travers les persécutions, les pogroms, les
camps de la mort, des Juifs avaient vécu ce moment en rêve. Et nous, nous le
vivions.
236
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

Regroupés au camp d’Atlit, les volontaires sont soumis à un entraînement


intensif et reçoivent une arme.
— Si en m’engageant à Paris, j’avais surtout pensé à mourir pour une cause, je
sentis vite grandir en moi le désir de vivre. Il reçoit un fusil Skoda, récupéré sur
les nazis en Tchécoslovaquie, une croix gammée était gravée sur la crosse. Au
contact avec l’ennemi, le doigt sur la détente, je me disais que je faisais partie du
destin d’Israël que j’avais fait le serment de défendre. L’unité de Simon, que David
Ben-Gourion est venu voir, est engagée à Julis puis à Beersheba où les combats
étaient durs. Plusieurs Machalnikim sont tombés lors des combats.
— Mon lieutenant, un garçon très doux, qui s’appelait Tsvi et avait survécu aux
persécutions en Europe, a sauté sur une mine au cours d’une patrouille et est
mort sous nos yeux. Je n’ai jamais oublié les Machalnikim morts au combat, et
dans mon souvenir, leur mort donne un sens à celle de tous les jeunes morts dans
les camps nazis.
Démobilisé en 1949, il revient sur Paris où il rencontrera sa future femme.
— Aujourd’hui, plus d’un demi-siècle plus tard, je ressens la fierté d’avoir été
associé à ce sauvetage et je revois comme si j’y étais le défilé de l’Indépendance
en mai 1949 à Tel-Aviv.
Simon Drucker a écrit à Paris en octobre 1998 un autre récit plus long « Shalom,
and Shana Tova » sur les évènements de sa vie.
Citons encore ceci par Samuel Pintel, secrétaire général de l’Amicale des
déportés de Bergen-Belsen :
En mai et juillet 1944, quatre convois composés de femmes et d’enfants de
prisonniers de guerre juifs considérés comme otages furent déportés depuis le
camp de Drancy au camp de concentration de Bergen-Belsen, en Allemagne les
2, 3 mai, 21 et 23 juillet 1944.
Ces convois comportaient au total 258 déportés. Il y avait 177 femmes de
prisonniers et 77 enfants, dont Albert Biegelman, Madeleine Bolla, Francine
Christophe, Victor Pérahia, Léon Placek, Denise Schumann, Raymond Weitzmann
et Maurice Zylberstein.
15 enfants de prisonniers de guerre furent déportés sans leurs mères, dont
Rosette et sa sœur Paulette Widawski.
Francine Christophe et Victor Pérahia furent arrêtés dès le mois de juillet 1942
et internés dans des camps français ou emprisonnés. D’autres enfants, raflés plus
tard, ont rejoint le camp de Drancy, lieu de rassemblement avant la déportation.
Trois enfants décédèrent au camp de Bergen-Belsen. La petite Yvonne Salamon y
naquit au mois d’octobre 1944.
Le 10 avril 1945, 5 jours avant la libération du camp par l’armée britannique,
237
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

les internés furent évacués avec d’autres par un convoi ferroviaire pour endurer
la dernière épreuve d’un trajet d’errance qui trouva son terme le 23 avril près de
la localité de Tröbitz sur l’Elbe, avec l’arrivée de l’avant-garde de l’armée
soviétique, avançant à marche forcée vers Berlin. Beaucoup d’enfants furent
atteints du typhus.
L’action de Vichy en zone libre à l’encontre des volontaires étrangers.
On était loin du discours d’un officier français au 21e R.M.V.E. : « Volontaires
étrangers, vous partez au front, comme sont déjà partis des milliers de vos
compatriotes. La France vous est reconnaissante de votre geste sublime. Elle
n’oubliera jamais votre sacrifice volontaire. Tous les Français partent
obligatoirement au front, mais vous le faites librement, volontairement.
Vous partez dans les régiments d’étrangers, mais la France vous considère d’ores
et déjà comme ses fils. »
Le récit de C.L. Flavian, « Ils furent des hommes », paru en 1948 aux Nouvelles
Éditions Latines l’expose explicitement :
Page 2e 20 ; « Enfin les ordres et les modalités pour la démobilisation des
volontaires étrangers arrivèrent. On devait procéder au licenciement immédiat
des cadres et des hommes de troupe français. Il n’en était pas de même pour les
engagés étrangers ; pour pouvoir être libérés, ils devaient avoir un certificat de
travail et prouver qu’ils étaient capables d’assumer les frais de leur existence. Ces
deux conditions étaient pratiquement impossibles à remplir pour des hommes
qui n’étaient pas français et venaient de faire 13 mois de campagnes, mais la
raison invoquée était, paraît-il, d’ordre public.
Tous les volontaires, non démobilisés, durent être versés dans des camps que
l’on appela “camps de travailleurs étrangers”. Ils y furent transformés
automatiquement en bagnards. Voici donc quelle fut l’attitude de Vichy à l’égard
des volontaires étrangers qui combattirent fidèlement et loyalement dans les
rangs de l’armée française. Voilà la reconnaissance d’un gouvernement vis-à-vis
de dizaines de milliers d’hommes accourus de partout pour la défense d’une
patrie d’adoption. »
Des amicales des Anciens Combattants volontaires étrangères naissaient dans
les différentes régions de la zone libre et :
Page 32 « Au début de 1941, une délégation d’anciens volontaires se présenta
chez moi, me demandant d’accepter la présence de l’Amicale (des Alpes-
Maritimes). Leur argument était que seul un officier avait l’autorité suffisante
pour les mettre tous d’accord et défendre efficacement leurs intérêts. En effet,
leur situation était souvent compliquée. Ces anciens soldats rendus rusquement

238
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

à la vie civile et sans grande aptitude pour ce genre d’occupation, étaient


devenus pour Vichy des « métèques » encombrants. Ils aggravaient aussi leur cas
du fait qu’ils avaient été volontaires pour la guerre contre l’Allemagne, avec
laquelle à présent nous devions collaborer.
De grands blessés, des amputés, trépanés, de grands décorés n’obtenaient
même pas un permis de séjour à Nice et n’avaient pas droit au travail comme tous
les hommes. Le préfet des Alpes-Maritimes les considérait presque comme des
indésirables dangereux. Plus d’un me répétait souvent la phrase de leur colonel
au moment de partir au combat : "Pour vous, volontaires étrangers, la France n’a
qu’un seul mot ‘ Reconnaissance". Et voici comment le Gouvernement de Vichy
mettait ce mot en pratique.
Devant cette situation, j’acceptai ce que l’on me demandait, et c’est ainsi qu’au
mois d’avril 1941, je devins Président de l’Amicale régimentaire des anciens
combattants volontaires (Région Alpes-Maritimes) »
En mai 1941, la Fédération des Amicales des Anciens Volontaires étrangers était
créée avec son siège à Limoges et à sa tête « Un officier au magnifique passé
militaire, le Général Goudouneix, grand officier de la Légion d’honneur,
possesseur de trois croix de guerre et d’innombrables citations. » (Goudouneix
Marie-Jean-Georges Général de Brigade né le 14 janvier 1881, mort 22 novembre
1966).
C.L. Flavian fut nommé directeur régional de la Fédération pour les Alpes-
Maritimes. En novembre 1941, le Général Goudouneix convoquait à Agen les
différents Directeurs régionaux de la Fédération dont le. « Brave colonel Debuissy
». Ajoutons au récit de Fulvian que Goudouneix, successeur du lieutenant-colonel
Puaud à la Fédération des amicales des volontaires étrangers fut informé en
décembre 1942, par le Commissariat général aux questions juives, confirmé par
le secrétaire auprès du chef du gouvernement, en mars 1943, que les anciens
volontaires juifs ne pouvaient s’y inscrire que par dérogation. Le 17 juillet 1940,
le dépôt commun des Régiments de marche de volontaires étrangers au camp de
Barcarès était transféré au camp de Septfonds (Tarn et Garonne), commandé par
Edgar Puaud qui apportera toute son aide aux volontaires, notamment aux Juifs.
En juillet 1942, dans une manœuvre que j’imagine avoir été faite en dépit des
apparences pour contourner Vichy et protéger et sauver les Juifs, le colonel
Puaud soumit au maréchal Pétain un plan pour le « reclassement et la
rééducation morale et professionnelle des étrangers en France. Ce plan, qui
impliquait la ségrégation des Juifs « indésirables », prévoyait l'établissement à
Madagascar et en Indochine de Juifs soigneusement sélectionnés dont l’activité
serait liée à l'agriculture et à l’achèvement de la « mission morale » de la France
239
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

en ramenant les Juifs de France à l’agriculture, tout cela en attendant la solution


internationale, après la guerre, du « problème juif ».
Entrevue avec deux survivants espagnols du camp de Mauthausem.
Procédures judiciaires – 08-04-2009. Deux des survivants espagnols de
Mauthausen regrettent que tant de leurs compatriotes prisonniers soient morts
sans reconnaissance.
"Les Allemands nous ont assassinés, mais c'était Franco qui voulait nous
exterminer."Ramiro Santisteban et Jesús Tello, les survivants du camp de
Mauthausen.sont les premiers ressortissants espagnols à prendre part à une
procédure judiciaire contre les nazis. Ramiro Santisteban (R.S.) de Cantabria et
Jesús Tello (J.T.) de Saragosse, maintenant dans leurs années quatre-vingt et des
témoins dans l'affaire Haute Cour contre quatre membres de la SS, ont survécu à
cinq ans de captivité à Mauthausen (Autriche) et 64 ans d'oubli. Il n'y a pas
d'amertume dans leurs paroles, mais ils se plaignent du manque d'intérêt des
gouvernements démocratiques durant toutes ces années.
Q. : — Qu'est-ce que vous espérez voir des autorités judiciaires espagnoles
dans la procédure qui viennent de commencer ?
R.S. : — Pas beaucoup. Elle arrive très tard. Très peu de républicains allés dans
les camps sont encore en vie. Des centaines de survivants espagnols des camps
sont morts sans quelque reconnaissance que ce soit. Ils sont allés de l'autre côté
sans la satisfaction de savoir que leur pays se souvenait d'eux ou ait fait quoi que
ce soit à propos de ceux qui les ont tués.
La démocratie a oublié les Espagnols qui sont passés par les camps nazis. Avec
Franco, cela était compréhensible, mais même depuis qu'il est mort rien n'a été
fait.
J.T. : — Oui, il est venu trop tard. Nous avons été les oubliés et nous continuons
à l'être. Ils n’ont jamais frappé à nos portes. Les gouvernements démocratiques
ont juste fait quelques gestes, comme lorsque Zapatero a visité Mauthausen.
Q. : — Alors, que voulez-vous demander à la démocratie espagnole ?
R. S. : Après tout ce temps et avec presque tous les prisonniers espagnols morts,
je demande seulement qu'ils en finissent avec les symboles du franquisme. Pour
nous, il est horrible de voir des statues du dictateur ou des symboles de cette
époque. À Berlin ou à Rome, il serait impensable de voir des statues d’Hitler ou
Mussolini.
Q. : — Quelle est la pire chose au sujet de vos cinq ans à Mauthausen ?
J. T. : La pire chose est, comme cela nous est arrivé, de voir les membres de votre
famille dans le camp. Santisteban était avec son père et son frère et j’étais avec

240
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

mon père. Dans de telles circonstances, vous souffrez plus de ce qui arrive à vos
proches que de vos propres douleurs et difficultés. Il est préférable d'être seul de
sa famille et juste en compagnie d'autres prisonniers.
R. S. : — La douleur est multiple. Vous souffrez en votre propre nom et celui de
vos proches. Je vis mon père puni peu de temps après son arrivée au camp. Il a
passé trois mois dans la section disciplinaire, ce qui équivalait à être condamné à
mort par épuisement à force de transporter les pierres d'une carrière. Je ne
pouvais rien faire. Ce fut la pire chose.
Q. : — Quelle était votre routine dans le centre de concentration ? J.T. : Travailler
et continuer à travailler dans la carrière jusqu'à ce que vous tombiez. Depuis
quatre heures moins le quart du matin jusqu'à la nuit, avec rien à manger sauf un
peu de pain ou une pomme de terre. Étant dans un « Kommando des jeunes »,
nous avions de meilleures conditions que les autres.
Q. : — Comment avez-vous réussi à survivre ?
R. S. : — Nous nous sommes habitués à vivre tous les jours avec la mort. Nous
étions arrivés très jeunes et très sains et nous avions traversé la guerre civile.
Cela nous a aidés. La stabilité mentale nous a aussi été importante, pour pouvoir
rejeter chaque jour toutes nos pensées noires, chaque jour le désespoir et pour
vivre chaque jour à la fois. Mais cela fut difficile. Nous avons passé cinq années
en pensant chaque jour qu’il pourrait être notre dernier ; chaque jour, la fumée
que nous pouvions voir sortir du crématoire nous le rappelait.
J.T. : — Et la chance est importante. La chance de ne pas tomber malade, parce
que toute maladie signifiait la mort. Même un rhume pouvait signifier la fin. La
chance de ne pas être détesté par l'un des chefs de camp. Et la chance de ne pas
être fusillé ou gazé dans un groupe qu’ils avaient décidé de faire disparaître.Q. :
— Avez-vous été puni à tout instant ?
RS. : — Nous avons tous été punis. Les nazis utilisaient les punitions et
humiliations pour leur propre divertissement. Un garde m'a presque tué parce
qu’à la carrière j’avais chargé un prisonnier avec une roche qu’il jugeait trop
petite. Il m'a battu avec une pioche et m'a frappé à l'arrière du cou avec la crosse
de son arme pendant un quart d'heure. Je tremblais de peur alors qu'il me disait
qu'il allait me tuer.
J.T. : —À Mauthausen, chaque chose était diabolique, le mal était absolu. La
mémoire m’est toujours restée de combien la vie humaine peut être évaluée à
moins que rien. Les conducteurs des camions nazis n’essayaient même pas de
freiner si un prisonnier plié vers le bas sous une charge de 30 kilos de roches
traversait leur chemin. Ils l'écrasaient. La vie ne valait rien. Si vous entriez dans
les six mètres du périmètre d'un garde, même accidentellement ou par mégarde,
241
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

il avait la permission de vous tuer. Et ce qui est pire, il obtenait un jour de congé
supplémentaire pour l’avoir fait.
Q.. : —Les Espagnols ont-ils été traités différemment des autres internés ?
RS. : — Non, nous avons subi le même sort que les autres. Mais la solidarité entre
les Espagnols était énorme. Les autres nationalités ne sont pas comme ça.
J.T. : — Il n'y a jamais eu un informateur ou un collaborateur chez les Espagnols
à Mauthausen. Le reste des prisonniers enviait notre solidarité.
Q.. : Qu'est-ce que Franco avait fait des Espagnols dans les camps nazis ?
RS. : — Le gouvernement espagnol a fait tout son possible pour faire que nous
tous, républicains, disparaissions dans les camps d'extermination. Les Allemands
nous ont tués, mais c’était Franco qui voulait nous exterminer. Les nazis ont
demandé à Serrano Suñer ce qu'ils devaient faire avec nous et le dictateur n'a
jamais répondu, en leur donnant un contrôle absolu sur nos vies.
J.T. : —Franco était comme Ponce Pilate. Sa connivence avec les nazis a été
prouvée par toutes sortes de documents historiques.
Citons encore ce témoignage de Kurt Werner Schaechter dépeignant la
conduite de Vichy hors métropole, témoignage paru dans notre Volonté en 1990.
« J’ai servi en 1939-1940 au 3e bataillon du 3e R.E.I. à Fez au Maroc. Engagé
volontaire pour la durée de la guerre à 17 ans, j’ai été la plus jeune recrue du
bataillon. C’est justement ce 3e bataillon du 3e R.E.I qui a combattu à Narvik en
Norvège sous les ordres de Monclar — colonel à l’époque — et remporté l’unique
bataille gagnée par l’armée française dans cette « drôle de guerre », bloquant
comme on sait toute une division allemande du Général Dietl. Quelques semaines
après l’armistice et les évènements de Mers-el-Kébir où la flotte française avait
été bombardée par la marine britannique, le climat était nettement hostile et la
perfidie d’Albion redevenue l’ennemie de toujours, alors que la droite
européenne, dont se prévalait aussi Vichy, miroitait un Ordre nouveau. Ainsi, tous
ceux qui à quelque titre que ce soit, lors de la guerre civile d’Espagne ou ailleurs
avaient combattu le fascisme ou s’étaient engagés dans l’armée française pour le
combattre étaient redevenus des ennemis, des apatrides, des indésirables, des
francs-maçons, des Juifs, des démocrates ou des ploutocrates, nous nous
trouvions dans le mauvais camp et on ne se cachait pas pour nous le faire
comprendre clairement et durement. En septembre 1940, la commission
d’armistice germano-italienne en Afrique du Nord ayant exigé que tous les
engagés volontaires de ce bataillon et du 3e R.E.I., donc combattants de la guerre
d’Espagne, réfugiés allemands, autrichiens, tchécoslovaques et hongrois, mais
aussi antifascistes italiens lui soient remis, tous ceux du 3e R.E.I. correspondant à

242
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

ce critère y compris ceux du 3e bataillon ayant combattu en Norvège furent alors


internés dans les camps du Maroc (prévus pour les prisonniers allemands) par
ordre du Général Noguès, commandant au Maroc et en exécution d’instructions
spéciales de Vichy. Tous les grades et insignes du régiment nous furent alors
enlevés et, considérés comme bagnard, toute la journée, nous dûmes effectuer
des travaux de terrassement.
Quelque temps après des officiers de la Légion nous firent rassembler et nous
dirent que la commission d’armistice germano-italienne en Afrique du Nord avait
exigé qu’on leur livre tous les sujets engagés volontaires allemands, autrichiens,
hongrois, italiens.
Et bien que nous ne fussions plus sous commandement de la Légion étrangère,
celle-ci s’y était opposée, ceci étant contraire à toutes les habitudes et au code
d’honneur des officiers de la Légion. Ils nous assurèrent alors que nul ne serait
livré aux pays de l’axe contre son gré, mais qu’ils avaient dû consentir à ce que
des officiers de la commission d’Armistice puissent se rendre dans le camp.
Effectivement, quelques jours plus tard, des officiers allemands et italiens en en
uniforme se présentèrent devant les hommes rassemblés et nous invitèrent en
allemand et en italien à les suivre pour rejoindre le grand combat des forces de
l’Axe, nous disant que ceci effacerait aussi la honte de nous être engagés dans la
Légion étrangère. Démarche qui eut peu de succès, trois hommes seulement
sortirent du rang après bien des hésitations.
Après le départ des officiers de la commission d’armistice, tous les anciens de
la guerre d’Espagne furent immédiatement isolés et internés dans une autre
partie du camp à peu de distance. Puis on nous fit savoir sans ambages que nous
serions envoyés au camp disciplinaire de Colomb Béchar. Ainsi, toujours dans
l’uniforme de l’armée française, nous étions devenus des bagnards, des Bat AF.
C’est alors que les anciens combattants de la guerre d’Espagne se révoltèrent.
Le commandement militaire fit donner la cavalerie, je crois des spahis qui
chargèrent du plat du sabre. Puis tous ces hommes furent enchaînés par dix ou
20 aux pieds et aux poignets par de longues chaînes cadenassées et ils furent
dirigés immédiatement sur Colomb Béchar. En toutes langues européennes,
montrant leurs mains et pieds, ils crièrent la honte d’être traités de la sorte.
Après le débarquement américain en Afrique du Nord, tous ces hommes
déportés à Colomb Béchar furent mobilisés à nouveau et firent la campagne
d’Italie et d’Allemagne dans la 2e Armée. Après la guerre, j’ai retrouvé deux de
mes amis qui avaient été grièvement blessés, l’un à Monte Cassino, l’autre dans
la bataille de Colmar.
La conduite de la France de De Gaulle après la libération, la voici :
243
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

Les archives de l’Autrichien Kurt Werner Schaechter nous le disent : Après la


guerre, le gouvernement de De Gaulle tint des individus en internement dans des
camps officiellement fermés, des centaines d’étrangers, dont au moins 3
Britanniques, séjournèrent dans un camp d’internement près de Toulouse durant
quatre années afin de camoufler des stigmates de la Collaboration. Les
documents photographiés illégalement par Schaechter démontrent la
collaboration des fonctionnaires français avec les nazis jusqu’à neuf années après
la libération de la France et aussi avec quelle énergie ils cachèrent cette
collaboration. Kurt Werner Schaechter, Autrichien immigré en France en 1938 à
17 ans avec ses parents juifs est mort, à 86 ans, le 31 août 2007 à Alfortville et
l'annonce n'en a été faite que par quelques lignes parues dans le carnet du
Monde. Il a été légionnaire au 3e R.E.I, puis Résistant. Au printemps 1942, avant
même l'invasion de la zone libre par les Allemands, les gendarmes français
arrêtent ses parents Émile et Margarethe. Ils sont internés dans deux camps près
de Toulouse, puis acheminés par les convois de la SNCF n 50 du 4 mars 1943 et
n 75 du 30 mai 1944. Margarethe est gazée à Auschwitz et Émile tué à coups de
hache à Sobibor. Alors qu’il fait des recherches sur la déportation de ses parents,
Schaechter, en 1991, déniche illégalement dans les archives départementales de
Haute-Garonne, à Toulouse, des documents accablants sur les camps
d'internement du Sud-Ouest.
La Kurt Werner Schaechter Collection dans les Hoover Institution Archives a été
acquise en 2007 et consiste en 12 000 photocopies faites par Schaechter de
documents d’Archives françaises.
Au cours de son règne, d’ailleurs, De Gaulle laissa parfois poindre quelques
racines cagoulardes, antisémitiques et autocratiques qu’il masquait bien. Ainsi
donc, Zosa Szajkowski n’est pas le seul à avoir pillé les archives françaises et nous
devons honorer ces deux hommes pour leur contribution à la connaissance de la
vérité. Ces documents sont d’une valeur inestimable : sous une loi votée en 1979,
la plupart des archives de la France en temps de guerre sont gardées sous scellés
pour une période entre 60 et 150 ans après la date où elles ont été écrites, belle
façon du pays supposé des droits de l’homme de se déshonorer ainsi en cachant
ainsi sa crasse sous le tapis. L’affaire est trop sérieuse pour que je ne la répercute
pas ici :
Britanniques secrètement gardés dans les camps français d'après-guerre
(paru en 2004). Après la Libération le gouvernement de De Gaulle a maintenu
internées des personnes de nombreux pays dans des centres officiellement
fermés pour cacher la collaboration. Le gouvernement de Charles de Gaulle, ne
faisant pas mieux que Giraud et Darlan l’avaient fait au Maghreb, a tenu des
244
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

centaines d'étrangers, dont au moins trois Britanniques, dans un camp


d'internement près de Toulouse pour un maximum de quatre ans après la fin de
la Deuxième Guerre mondiale selon des documents tenus secrets. Les
documents, dont une partie est constituée par 12.000 photocopiées réalisées par
un Juif d'origine autrichienne, révèlent dans quelle mesure les autorités
françaises ont continué à collaborer avec leur ex-occupant nazi parti en fuite alors
même que la France était enfin libérée. Ils montrent aussi que, ne fois la guerre
était finie, la France a fait des efforts extraordinaires pour cacher autant de
preuves possibles de cette collaboration tardive.
Les documents forment une masse de registres, des télégrammes et des
manifestes que Kurt Werner Schaechter, un commerçant à la retraite, a copiés et
photocopiés en 1991 à partir des archives nationales de la préfecture de
Toulouse.
Ces documents sont particulièrement précieux, car en vertu d'une loi de 1979,
la plupart des archives de guerre de la France sont sous scellés pour une période
de 60 à 150 ans après qu’ils ont été écrits. « Ceci est une histoire inédite du côté
obscur de la Libération de la France il y a 60 ans, nous a dit, à son domicile à
Alfortville, en banlieue de Paris, Kurt Werner Schaechter, un ancien vendeur
d'instruments de musique. Des fonctionnaires français ont été impliqués dans un
scandale national qui a continué jusqu'en 1949 à savoir le traitement méprisable
de civils alliés et neutres internés pendant la guerre. »
Monsieur. Schaechter, l'année dernière (2003) a utilisé une partie de ces
documents pour tenter de forcer la SNCF de chemins de fer français à admettre
sa responsabilité dans le transport de 76.000 Juifs vers les camps de la mort nazis.
Exaspérés, certains historiens français ont dit que leur accès privilégié aux
archives classifiées a été compromis. Mais d'autres ont soutenu la campagne
pour un accès plus libre aux documents relatifs à une partie du passé de la France
qu'elle a longtemps préféré ignorer. De loin les plus compromettants de ces
documents récemment découverts sont ceux qui semblent montrer que le camp
Noé, à 40 km au sud de Toulouse, a continué à fonctionner en secret pendant
plusieurs années après la guerre. Noé était l'un des 300 camps mis en place à
partir de 1939 pour tenir les Juifs, les communistes et d'autres militants « anti-
français », tsiganes, criminels de droit commun et des ennemis étrangers.
Beaucoup de ces détenus ont été rapidement expédiés alors que la France était
progressivement libérée à l'été 1944, mais, dit M. Schaechter, tout le monde n’a
pu l’être dans le temps où les bombardements alliés des lignes de chemin de fer,
et l'intensification des combats sur le terrain y faisaient obstacle, et, finalement,
beaucoup n’ont tout simplement pas pu être alors déportés.
245
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

Officiellement, les seuls camps encore ouverts après 1945 étaient là pour loger
une poignée de Roms, d’apatrides ainsi que des Français collaborateurs. Mais M.
Schaechter affirme que ses documents indiquent qu'une « section spéciale » du
camp Noé est restée active au moins jusqu'en 1947. Parmi ces documents se
trouve une lettre datée du 23 février 1946, écrite par le directeur du camp pour
le préfet à Toulouse. Il cherche à « attirer l'attention urgente sur “la situation
financière de plus en plus délicate de Noé”, ajoutant que les sommes saisies sur
les avoirs de ceux à l'abri “dans le camp” ne sont plus suffisantes pour couvrir les
coûts de maintenance de l’institution et de l'alimentation des détenus ». Les
comptes du camp montrent que les détenus étaient encore obligés de payer pour
leur « logement » en septembre 1947.
Se trouvent aussi parmi ces documents des lettres provenant du service
d’inspection des camps d’internement dépendant du Ministère de l’Intérieur et
de la préfecture qui demandent le nombre des « internés administratifs » encore
détenus dans les camps de département. Ces lettres sont datées du 5 et du 29
mars 1949, soit trois ans après que le dernier camp d'internement de la France
métropolitaine ait été officiellement fermé.
Des photocopies des registres du camp de Noé de 1945, 1946 et 1947 montrent
que parmi les détenus d'après-guerre de Noé, se trouvaient des citoyens de
Suisse, Suède, la Hollande, Belgique, Espagne, Portugal, Argentine et Brésil, ainsi
que trois Britanniques : Abdul Hussan, né en 1901 à Port-Louis, Maurice ; Leonard
Wynne, né à Londres en 1891 ; et Alfred Smith, né à Manchester en 1888. Le
camp est délivré par les maquisards le 19 août 1944. Il continua de fonctionner
avec les mêmes gardiens, étant utilisé officiellement pour l'internement de
collaborateurs, mais. M. Schaechter pense que les détenus par Vichy n’ont pas
été libérés à la fin de la guerre, et que cela a été occulté, car cela aurait été trop
embarrassant :
« La dernière chose que de Gaulle voulait, quand il essayait de construire
l'image d’une France victorieuse et héroïque, dit-il, était de révéler la vraie
mesure de sa collaboration en libérant des camps français des internés venant de
pays neutres et alliés. »
Des documents montrent également que des fonctionnaires français ont
continué d’envoyer à une mort quasi certaine des détenus de toutes nationalités
en les expulsant en Allemagne alors même que la France était libérée. Un registre
conservé montre qu’en 1944, le camp de Noé renfermait encore des détenus de
5 nationalités, dont trois Américains et 13 Britanniques âgés de 21 et 55, et un
autre britannique âge plus de 55 ans.
Le 24 juin 1944, deux semaines après le débarquement des Alliés sur les plages
246
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

de Normandie, le commandant du camp écrivait à la préfecture de Toulouse :


« J’ai l'honneur de vous informer que le 22 de ce mois neuf citoyens britanniques
ont été transférés à ce camp. Leurs noms comprennent William Rogerson, né à
Manchester en 1874 ; Edward Josephs, Londres, 1898 et Walter Slack, Hull
1891. » Le 26 juin, le commandant a informé la préfecture qu'il avait quatre
‘invités’ américains :
« Moore Sumner Kirby, né à Wilkes-Barre, en Pennsylvanie, en 1895,
Herbert Lespinasse, Stamford 1884 ; Gerald McLanghin, Detroit, 1898 ; et James
Smith, Los Angeles 1904. »
Certains de ces Britanniques et les Américains ‘regroupés’ à Noé, à la veille de
la libération étaient de riches résidents de la Côte d'Azur ; Sumner Kirby avait
épousé Leonida, princesse Bagration-Muhranskaja — plus tard, l'épouse de
Vladimir, un grand-duc des Romanov — à Nice en 1934. D'autres, comme Joseph
Edwards et Thomas Berridge, étaient des agriculteurs ou des ouvriers agricoles.
Beaucoup, sans doute, étaient du dernier transport des étrangers à quitter la
station de départ de Noé le 30 juillet 1944. Ce ‘transfert’ est mentionné dans un
télégramme du commandant du camp daté du 28 août — deux jours après un
million d'hommes et de femmes françaises se pressaient sur les Champs-Élysées
parisiens pour le défilé de la victoire et pour acclamer Charles de Gaulle.
M. Schaechter croit de plus que plusieurs d’entre eux sont morts à Dachau ;
ainsi, Sumner Kirby notamment est mort le 7 avril 1945 dans le camp de
concentration près de Leau Bernberg, Allemagne. Mais qu’est-il finalement arrivé
aux nombreuses personnes âgées et aux infirmes, qui restaient ? Certaines sont
marquées ‘transférées’. D'autres ont été déplacées en 1947 dans les camps de
Pithiviers ou Rivesaltes, à la fois officiellement fermés. Certains sont signalés
comme : « perdus d'accord avec M. Casse ». Et ce que cela signifie, on ne sait pas.
Référence : Lundi 4 octobre 2004 23.55 BST The Guardian : Sujet : Seconde
Guerre mondiale. France. Charles de Gaulle. Europe. Jon Henley à Paris.
Voilà donc les faits qui confirment que ; juste après-guerre, de Gaulle a vite
chaussé les bottes de Pétain et autres. Cela s’est vite reflété dans la nature des
partis qui se référèrent à lui. Parmi les godillots qui facilitèrent le retour du
Général de Gaulle au pouvoir en s’opposant à Mendès France, un libéral
cherchant un moyen de réformes politiques et économiques, à créer entre la
France et ses anciennes conquêtes des liens fondés sur l’égalité, sur le respect
mutuel et non plus sur une domination impériale, les Pieds Noirs apparaissent
comme ceux qui payèrent le prix le plus fort lorsque de Gaulle retranché dans son
moi se retourna contre eux, après avoir étiré la guerre d’Algérie, inutilement ;
mais tous les Français engagés dans cette guerre eurent à payer aussi.Après avoir
247
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

brillé au firmament, les grands hommes pour la plupart n’ont pas la grandeur de
Cincinnatus. Leur orgueil les entraîne à s’accrocher jusqu’à la décrépitude.
Lorsqu’il nous reste de l’admiration et de la peine pour eux, ils méritent d’être vus
selon la sentence de Corneille : « Le Cid bravo, Agésilas hélas, Attila holà. »
Cependant, lorsqu’ils ont commis trop de mal et éveillé notre mépris, la séquence
des ministres est la plus justifiée : « Premier ministre, ancien ministre, ex-
ministre, has been", crapule. » La deuxième séquence sied bien à Pétain et assez
bien à De Gaulle.
Pour les « petits », passer de héros à moins que zéro prît souvent des allures
dantesques de descente aux Enfers. Joseph Darnand et Edgard Puaud en sont les
exemples ; en suivant Pétain dans la voie de la collaboration, ils s’engagèrent sous
uniforme de l’ennemi pour combattre le diable communiste alors même que le
diable nazi occupait une moitié de la France et contrôlait l’autre. L’orgueil,
l’ambition, l’amoralité ou des convictions tordues et l’aventurisme étaient parmi
les facteurs variés de leur égarement cauchemardesque. Inversement, d’autres
surent habilement blanchir leur casier judiciaire où s’exfiltrer à l’image des
criminels nazis qui rejoignirent l’Argentine avec la complicité de l’Église
catholique, Vatican (Monsreigneur Houdal et Pie XII) et membres de l’ordre des
Franciscains.
Une atmosphère de trahison entoure l’historique des Armées de l’Est.
Le Général Jean a écrit un article « La Légion étrangère en Argonne en juin
1940 », article paru dans les Éditions du centre d’études argonnais.
Il ne s’agissait pas de la « Légion étrangère » au sens strict, mais bien du 21e
R.M.V.E. Nous avons extrait de cet article les journaux de marche du 21e R.M.V.E
qu’il contenait, ainsi que le rapport Obolenski sur le comportement héroïque du
capitaine Benac et les lignes suivantes :
« Première Guerre mondiale, dans les premiers temps de la stabilisation du
front en Argonne, dans la boue de l’hiver 1914 à 1945, les Légionnaires
garibaldiens du 4e régiment de marche du 1er étranger ont combattu et subi de
lourdes pertes en Argonne, contribuant héroïquement au maintien des positions
françaises en forêt de La Chalade. Dans les derniers jours de la défaite de 1940,
d’autres volontaires étrangers – de ceux qui affluèrent par milliers en octobre
1939 pour participer à la défense de la France – ont participé en Argonne aux
dernières résistances contre l’irrésistible élan blindé d’une Wehrmacht
dominatrice et sûre d’elle-même. Ils se sont battus dans Sainte-Menehould et La
Grange-aux-Bois avant d’être durement balayés et rejetés dans la forêt voisine.
Autant les garibaldiens de 1914, en bonne condition tant physique que

248
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

psychologique, étaient témérairement offensifs, autant les Légionnaires de


circonstance de 1940, fragments d’une armée française bousculée et malmenée
depuis un mois, étaient harassés, exténués par d’incessantes marches en repli,
manquant de munitions – voire de vivres – et acculés à des actions défensives
dans un contexte de débâcle, ils en étaient inévitablement moins motivés.
Ces volontaires étrangers en Argonne étaient ceux du 21e régiment de marche
de volontaires étrangers (21e R.M.V.E.)
Créé en octobre 1939, ce régiment – composé – outre l’état-major et les quatre
unités régimentaires C.C., C.H.R., C.R.E., Cie de pionniers – de trois bataillons à
trois Compagnies à quatre sections (en réalité cinq ; Sections1-2-3-4-S.C, la 5e
étant la Section de Commandement) était à effectif de 2800 hommes en plusieurs
dizaines de nationalités. Initialement regroupés à Sathonay (La Valbonne) ces
volontaires furent ensuite dirigés sur le Barcarès (Rivesaltes). Leur instruction fut
conduite alternativement au camp du Larzac et de Barcarès.e 30 avril 1940, le
régiment fut acheminé à Brumath (Bas-Rhin) en renforcement de la ligne
Maginot. La percée allemande dans les Ardennes amena son transport d’urgence
au Morthomme-Beflu (4 kilomètres de Grandpré) le 25 mai. Incorporé à la 35e
Division d’infanterie. Il fut immédiatement au contact, en défensive entre Le
Chêne-Populeux et Les Petites-Armoises ; il y subit des pertes le 26.
Dans la nuit du 8 au 9 juin, il fut matraqué par une violente préparation
d'artillerie, naturellement suivie d’une attaque sur tout le front de la Division.
Repoussée, l’attaque allemande recommença le lendemain, de manière plus
violente et avec l’appui de l’artillerie et de l’aviation. Le régiment tint bon. À
Noirval (6 kilomètres au sud du Chesne), un monument commémore le ferme
courage du 21e R.M.V.E. ».
Il faut se demander si l’arrivée tardive du 21e R.M.V.E. dans les Ardennes et à
l’endroit le plus périlleux du front n’est pas un coup monté du Général Duharme.
Bien qu’étant le régiment le plus déficient en armement. Le 21e R.M.V.E a été
placé par Decharme à l’endroit le plus directement exposé entre Le Chesne et
Petites-Armoises. Premières lignes le long du canal, derrière, des prés parfois fort
humides, sauf dans la partie la plus au Sud (près de Maison Rouge). Avec un
armement rouillé datant au mieux de l’autre guerre, le 21e R.M.V.E. avait une
capacité de feu réduite. Pour la nourriture, il fallait souvent se débrouiller
(popote à Boult aux Bois !). N’était-ce pas une bonne occasion d’en voir
disparaître un bon nombre ? Autant de bouches de moins à nourrir ! disait
Decharme à Sainte-Menehould à propos des Juifs… Lors du repli, c’est encore le
21e R.M.V.E. qui servit d’arrière-garde. Ce fut un carnage à Sainte-Menehould et
aux Islettes. Bien sûr, rien ne prouve la trahison. Pourtant la suite des
249
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

évènements semble s’y accorder. Il semble utile de préciser les évènements qui
menèrent à ce désastre. :
Après avoir percé le 13 mai à Sedan (19e Corps blindé de Guderian) la
Wehrmacht, qui borde maintenant la Manche, de Dunkerque (totalement évacué
le 6 juin) à la Seine, fonce vers le sud. L’ennemi du 21e R.M.V.E., qui appartient au
groupe d’armées Von Runstedt – et à la XIIe Armée Von List – est le corps blindé
de Guderian composé de quatre Panzerdivisionen – dont deux les 1re et 2e
dynamiques et irrésistibles, ont effectué la percée de Sedan le 13 mai, et de deux
divisions d’infanterie ayant rompu le front de Champagne (La Suippe à
Bétheniville – 20 kilomètres à l’est, nord-est de Reims est franchie le 10 juin au
soir). Ces divisions déferlent vers le sud-est en vue de prendre à revers le Groupe
d’Armée 9 qui tient encore solidement la ligne Maginot. Du fait de la rupture du
front de Champagne, à l’ouest, le 21e R.M.V.E. amoindri par des pertes
importantes reçoit l’ordre de décrocher et de sereplier sur l’Aire. Ce repli
s’effectue le 10 juin vers le défilé de la Croix-aux-Bois et, le 11, de ce défilé
jusqu’aux environs de Moncheutin et d’Autry.
Le 12 juin, l’enfoncement du front de Champagne impose un nouveau repli du
R.M.V.E. (jusqu’à Vienne-la-Ville pour le 1er bataillon), où le commandement
prévoit un repos de 4 heures.
Mais, contrairement à cette directive, dès l'arrivée du 1er bataillon de son
régiment dans ce village, le 13 à 3 heures (du matin) le chef de corps (Debuissy)
envoie immédiatement (malgré la fatigue) le 21e régiment assumer les défenses
des lisières nord et ouest de Sainte-Menehould et la ville elle-même.
Cette mesure est condamnée par Decharme et Delaissey malgré qu’ils sussent
que les Allemands étaient sur les talons du 21e (cf. récit du colonel Gallini).
Pourtant il est normal de penser que si le 21e n’avait quitté Vienne-la-Ville que
vers 7-8 heures du matin, ou bien il aurait été encerclé et anéanti dans Vienne-
la-Ville, ou bien le voyage de jour jusqu’à Sainte-Menehould aurait tourné à la
catastrophe, les Allemands ayant pratiquement anéanti le 2e bataillon du 5e R.I.C.
le 13 entre 8 heures 15 et 9 heures 30 à la ferme de Neuf Bellay, entre Auve et
Tilloy-Bellay à une quinzaine de kilomètres seulement à l’ouest de Sainte-
Menehould et se manifestant à Verrières et Sainte-Menehould vers la mi-
journée : Le 3e bataillon fut obligé de se replier et Sainte-Menehould fut attaqué
dès 13 heures… S’il était parti tard, le 21e R.M.V.E. même s’il avait réussi le trajet
vers Verrières et Sainte-Menehould, serait arrivé dans la ville presque en même
temps que les Allemands et il en aurait été balayé encore plus facilement et
même encerclé. Nous rejoignons là la thèse du « crime de Sainte-Menehould »
du livre de Hans Habe ; antisémite et xénophobe, anticommuniste et Weygando
250
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

vichyste, Decharme voyait le 21e R.M.V.E. comme un ramassis de pouilleux juifs


et communistes bons à sacrifier pour le bien de ses « vrais » régiments ; il devait
tout de même ressentir plus ou moins consciemment qu’agir ainsi
complaisamment envers l’idéal fasciste confinait à la trahison.Dans ce contexte,
l’attitude des généraux Delaissey et Decharme neutralisant puis éliminant
Debuissy encourage le doute à leur égard. Debuissy éliminé, ne s’agissait-il pas
ensuite de mener en laisse son régiment de bons à rien jusqu’à la défaite et les
remettre aux mains allemandes ? Decharme a fait que le 21e, pourtant plus prêt
et donc plus solide que le 22e et le 12e R.E.I n’a pas eu la gloire de ce dernier.
Le sentiment perçu qu’il y a bien eu trahison ne repose pas seulement sur ces
éléments locaux, mais aussi sur l’histoire de la conférence de Briare les 11 et 12
juin, la directive émise par Weygand et son revirement : avoir émis le 12 juin matin
une directive menant è continuer la lutte sa directive le 12 juin matin et que dès
le jour même n’en parla plus prête à s’interroger. Le 21e R.M.V.E. appartient alors
à la 2e Armée de Freydenberg, successeur d’Huntziger et plus particulièrement à
la 35e D.I. du Général Decharme. Freydenberg a répercuté à plusieurs reprises ses
ordres de repli au sud, soit l’essentiel de la directive de Weygand et personne n’a
obéi.
Pourquoi Freydenberg n’a-t-il pas été poursuivi ensuite ? N’en savait-il pas
trop ? La petite histoire rapporte que de Gaulle était allé demander à Huntziger
(quelle bourde !) de remplacer Weygand pas assez énergique. Une conclusion
s’impose : le projet contre la Gueuse était en action et Pétain incluait dans
ceprojet la décision de laisser aller les hommes des armées de l’Est vers les camps
de prisonniers, tandis qu’il négociait avec Hitler. Pétain n’eut sans doute aucune
peine à obtenir du réactionnaire et anticommuniste Weygand qu’il change d’idée.
La rupture du front de Champagne en l’absence de volonté d’échapper à
l’encerclement amena la 35e D.I. comme les autres armées de l’Est à des reculs
successifs jusqu’à leur reddition.
La 35e Division se replia donc frontalement en Argonne sous le couvert de son
29e G.R.D.I. (13) sur les trois fronts nord-sud de l’Aisne, de la Biesme et de l’Aire.
Au Chesne, c’était la 36e D.I. qui était en contact à gauche du 21e R.M.V.E., mais
avec la retraite, ce n’est plus le cas. En liaison théorique (!) avec le corps colonial
(6e D.I.C.) et, conforté au sud par la présence du 21e R.I.C. qui, installé loin du
contact avec l’ennemi à Verrières et Villers, depuis le 10 juin, n’a pas encore été
éprouvé, le 21e R.M.V.E. devait retarder l’ennemi sur l’Aisne de Sainte-Menehould
à Verrières, puis dans le massif de l’Argonne, mais le contact à sa gauche avec le
6e D.I.C. était inexistant…
À propos de cette « inexistence » de la 6e D.I.C., le chef de bataillon Raymond
251
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

du II/14e R.I. de la 36e Division note dans ses carnets de route – Ligne de front
H.S. N° 10, page 78 – en date du 12 juin : « À Cernay, nous franchissons la fameuse
ligne d’armée que la 6e Division d’Infanterie coloniale, D.I.C., a soi-disant
organisée et derrière laquelle nous sommes censés nous mettre à l’abri. Il n’y a
identiquement rien… »
La 36e D.I. qui s’est repliée par Quatre-Champs, Vouziers Monthois, Cernay-en-
Dormois, Ville-Sur-Tourne, La-Neuville-aux-Ponts, Sainte-Menehould entre le 13
juin (II/14e R.I.) à Villers-en-Argonne. Le dernier contact d’États-Majors entre la
35e et la 36e D.I. se fera le 11 juin matin à Senuc. La liaison entre le 21 e R.M.V.E.
avec le 6e D.I.C. ne pourra d’ailleurs se faire, le 2e bataillon du 5e R.I.C. étant
pratiquement anéanti le 13 entre 8 h 15 et 9 h 30 à la ferme de Neuf Bellay située
ntre Auve et Tilloy-Bellay à une quinzaine de kilomètres à l’ouest de Sainte-
Menehould en bordure de la RN 3 entre Chalons et Sainte-Menehould.
Cette dislocation du front de Champagne pourtant montrait que la situation
était désespérée, mais pas finale. Le camp de la trahison n’imaginait pas que la
guerre allait être mondiale et que leur désir "plutôt Hitler que Blum" allait être
brisé par Hitler. L'anecdote que relate le Général de Guillebon résume bien le
tout :
Un beau soir, deux soldats de Leclerc en goguette, n'ayant pas salué dans la
rue deux officiers, élèves du cours d'État-Major de Rabat, on en vint aux
invectives et puis aux coups. Le colonel qui commandait le cours demanda au
Général Leclerc d'expliquer l'incident devant les officiers du cours légitimement
choqués par ce manque d'égards. On se doute qu'il était dans l'intention de ce
colonel d'embarrasser Leclerc. Messieurs, un acte d'indiscipline très grave a été
commis par deux de mes hommes envers deux d'entre vous. Je viens vous dire
qui sont ces soldats et ce qu'ils ont fait pendant que vous, officiers de carrière,
attendiez tranquillement en famille que d'autres se battent pour la France. Ces
hommes ont été volontaires en Norvège. Ils ont été volontaires en juin 1940 pour
continuer la lutte qu'ils ont menée victorieusement depuis l'Égypte jusqu'à Tunis.
Quand, au lendemain de leur victoire, après un long exil, ces hommes sont enfin
arrivés chez eux, dans cette Afrique du Nord française, quand ils avaient affaire
dans un de vos bureaux, que voyaient-ils au-dessus de la tête de l'officier français
qui n'avait rien fait et qui souvent leur manifestait de l'hostilité ? Que voyaient-
ils ? Le portrait du maréchal Pétain ! Eh bien, messieurs ! pour mes hommes,
Pétain c'est Bazaine.
La disparition du 21e R.M.V.E vue de l’E.M. de la 35e division
Extraits du rapport du Capitaine BATAILLE, membre de l'État-Major de la 35e DI).

252
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

Le 11 juin, le 21° R.M.V.E. et le 11e R.I. sont regroupés de part et d'autre de


SENUC. Ordres donnés le 12 pour le 13 juin : la DI retraitera en 3 groupes : - à
l'Ouest — aux ordres du Lt Colonel commandant le 21e R.I. — par Moncheutin —
Servon — Vienne-la-Ville : 21° R.M.V.E. +1 groupe du 14° RA + 601° Bataillon
antichars- au Centre : aux ordres du Lt Colonel commandant le 11° R.I. — par
Senuc-Lançon-Binarville- Vienne le-Château : 11° R.I. + 3° groupe du 14° RA - à
l'Est - aux ordres du Chef de Bataillon commandant le 123° R.I. par Marcq-Cornay-
Varennes 123° RI +2° groupe du 14e R.A. + batterie antichar.
La situation va se compliquer à l'Ouest. En fait, la 6e D.I.C. a décroché largement
à notre Sud (Ses éléments étant d'ailleurs dissociés) et notre flanc Ouest est
découvert. Les Allemands qui avancent rapidement avec blindés et motorisés sur
l'axe Vouziers-Sainte-Menehould vont talonner le repli de notre groupement
Debuissy (21e R.M.V.E.).
Le groupement de Carrère (Ouest) du 29e G.R. n'a pu encore à 10h30 prendre
liaison avec le groupement Debuissy (1). Des motocyclistes allemands sont à La
Mare aux Boeufs ; des éléments motorisés ennemis poussent par la rive gauche
sur l'Aisne de Servon. Le Lt Colonel Debuissy, pour des raisons encore mal
expliquées — mais probablement parce qu'apprenant la menace sur son flanc, il
craint pour la sécurité de son groupement — n'a pas marqué l'arrêt de 4 heures
prévu dans la région de Vienne la Ville. Repartant de cette zone à 3 heures, le 13
juin, il arrivera vers 8 heures avec des troupes fatiguées aux abords de Sainte
Menehould où les Allemands ont déjà des éléments.
Dans la soirée du 13 juin, la situation de la division, à l'Ouest, s'est encore
aggravée. En effet, à la tombée du jour, l'ennemi attaque Verrières par le Nord,
l'Ouest et le Sud. L'élément qui tenait cette localité (fractions régimentaires et un
bataillon du 21e R.M.V.E., harassé par la marche épuisante de la nuit précédente),
paraît s'être laissé surprendre et a reflué rapidement sur la lisière de la forêt
tenue par le 21e R.I.C. Les fractions regroupées sont rassemblées au point du jour
à Passavant où le général commandant la Division avait porté, le 13 au soir, en
soutien, des coloniaux du groupement temporaire du Lt Colonel MARTYN. Le
214e RA était depuis la veille, dans la région de Passavant, en mesure de tirer en
avant de la trouée de Villers en Argonne et d'appuyer la défense du point d'appui
des Islettes.
Au jour, le 14, l'attaque allemande part sur notre front Ouest ; elle est
particulièrement violente au saillant des Chalandes qui est tenu par des fractions
des 2 bataillons du 21e R.M.V.E. ; vers 3 h, malgré la très belle défense de certains
groupements (Compagnie Gay-Compagnie Duvernay -groupe franc du Lieutenant
Deshayes), les unités sont dissociées et rejetées, avec pertes sérieuses, dans la
253
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

forêt. À 8h30, les Allemands attaquent La-Grange-aux-Bois : découverte par le


repli du 21e Étranger ; la 2e Compagnie du 11e R.I. doit céder assez rapidement la
localité.
L'attaque se porte ensuite sur le front Nord du Bois communal et du Bois des
Germeries occupé par le gros du 1/11e R.I. (1re Compagnie-6e Compagnie-CAB/1).
Elle est préparée par un bombardement des lisières.
16 juin : Mort du Commandant d'Olce à Gimécourt + Capitaine Knessmann+
Lieutenant Fety par éclatement de deux obus dans le porche de l'église où ils
setrouvaient. Blessés : Lieutenant Chaubet (Renseignements) — Lieutenant
Courpron (Transmissions) — Lieutenant Guiu.
17 juin : regroupement en forêt de Vaucouleurs où le 21e R.M.V.E. les a précédés.
Il a quitté Sampigny le 16 à 19 h. Il est passé sur la rive droite de la Meuse à 19 h.
Le 21e R.M.V.E. et le 18e B.I.L.A. sont regroupés en forêt Ouest de Rigny St Martin.
L'encerclement des troupes est en cours de réalisation. Il ne reste plus qu'une
voie libre au SE (Vézelise => Charmes=> Moselle=> Épinal) Bruits d'armistice...
demande d'arrêt des combats de Pétain... Découragement. -
18 juin : Le 21e R.M.V.E., 2e et 3e Bat – (le 1er est resté au fort de Blénod) est dans
les bois d'Ansiota à l'est d'Allain. Combats à Toul -Résistance du 1/21e à
Colombey.
Le 20 juin, Vézelise est pris. Avance ennemie sur Toul (dans le dos des troupes !) :
l'encerclement se précise. Le 21e R.M.V.E. et le 18e B.I.L.A. barrent la route de
Colombey à Pont-Saint-Vincent - Allain - Bois d'Ansiota.
Le 21 juin : attaque allemande. À 13 h : préparatifs de reddition (drapeau brûlé)
-rassemblement à Thuilley aux Groseilles.
Dans la nuit du 21 au 22, envoi d'un parlementaire pour une suspension d'armes.
Accord le 22 à 8 h pour un cessez-le-feu. Immobilisation des troupes F et D.
L’examen de ce rapport de l’E.M de la 35e division qui m’est parvenu en
novembre 2017 n’a rien pour atténuer la conviction que je m’étais faite
auparavant : Le dénuement du 21e R.M.V.E. n’était pas pourtant la raison
prédominante de son mauvais accueil par la 35e division qui avait aussi ses
faiblesses, notablement dans l’entraînement de ses appelés, son parc de
véhicules et de chevaux, dans l’habillement et l’armement. Le mal profond de ces
officiers de la 35e Division, dont le général (Decharme, Massis, Jobin, Dufourg…),
était qu’ils étaient pour la plupart antisémites xénophobes et membres ou
sympathisants de la Cagoule, si bien qu’ils s’occupèrent plus à isoler,
consciemment ou pas le 21e , qu’à l’associer vraiment à la Division ; du moins,
254
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

c’est le sentiment qui ressortait déjà à la lecture des documents de Robert


Dufourg, André Dufilho et Henri de Rolland, voire même que toute la troupe de
la 35e division était loin de partager la doctrine politique cagoularde de ses chefs
et que même se perçoit dans ce rappoprt du capitaine Bataille une certaine
empathie pour Debuissy et sa troupe . À l’étude des documents récupérés, il est
remarquablement symptomatique de voir dans les rapports d’état-major de la
Division le 21e R.M.V.E. souvent mis de côté ; le 11e et le 123e d’une part, le 21°
R.M.V.E. d’autre part.
Le repos de 4 heures demandé au 21e Régiment par la Division et la situation
particulièrement difficile où il se trouvait sont confirmés dans ce rapport et il
n’est pas difficile d’en induire qu’on offrait, bon débarras, ce régiment aux
moyens limités en pâté à la poussée allemande.
Plutôt qu’avouer ces arrière-pensées racistes, il était plus facile de condamner
Debuissy, même à le remplacer par plus âgé, mais plus servile.
Des 1.850.000 prisonniers de guerre résultant de cette guerre mal préparée et
mal conduite, près de la moitié d´entre eux entrèrent en captivité après que
Pétain, dans l´attente d´un traité de paix imminent, eût appelé à cesser le
combat. Dans les premières semaines, 275.000 prisonniers de guerre furent
libérés, dont les prisonniers originaires de l´Alsace et de la Lorraine annexées
(pour se retrouver peu de temps après enrôlés de force dans la Wehrmacht), les
blessés, les malades, des fonctionnaires et des agriculteurs ou ouvriers agricoles.
Les 90.000 prisonniers non métropolitains, pour la plupart de couleur, des
colonies françaises et d´Afrique du Nord ainsi que 110.000 autres prisonniers de
guerre restèrent d’abord dans les Frontstalags en France.Environ 1.580.000
prisonniers français furent transférés en Allemagne, et Pologne entre l’été 1940
et mars 1941, y compris 450.000 cultivateurs et ouvriers agricoles, dans les 28
camps pour officiers (Oflags) et 69 camps pour hommes de troupe (Stalags) des
dix régions militaires (Wehrkreise). Ils représentent environ 10 % de la population
française masculine adulte de l’époque ce qui porta durablement préjudice à la
production agricole et industrielle française. 95 % des prisonniers de guerre
furent immédiatement transférés des Stalags dans 82.000 commandos de travail
dans l´industrie, l´agriculture ou l´artisanat ayant eux-mêmes souvent leur propre
camp, de taille variable, ou furent affectés à des commandos mobiles : Bau- und
Arbeitsbataillons. Au début de l’année 1941 sont libérés les pères de famille de
quatre enfants mineurs, des frères aînés de quatre enfants de certaines
catégories de fonctionnaires, d’agriculteurs et d’artisans (menuisiers,
charpentiers, cimentiers, ferrailleurs) nécessaires au redémarrage de l’économie
Ces hommes « en congé de captivité » doivent s’enregistrer dans la
255
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

Kommandantur la plus proche.


Avec « La Relève » en fin de l’année 1942, 250 000 travailleurs français devaient
rejoindre l’Allemagne, dont 150 000 spécialistes. En juin, ils sont 12.000
volontaires, en juillet 23.000, en août 18.000. À la fin de l’année, ils sont 240 000.
Par la suite, les échanges, un prisonnier de guerre contre trois volontaires ne se
feront que goutte à goutte. Les Allemands libèrent de préférence les blessés, les
malades et les inaptes à l’économie de guerre allemande.
Avec « Le S.T.O. » (Service du travail obligatoire, entre février 1943 et juillet 1945
700.000 Français furent déportés en Allemagne et en Pologne dans les usines de
guerre. 250.000 prisonniers de guerre durent également travailler pour le Reich
à partir de 1943 après avoir été « transformés » de gré ou de force en travailleurs
civils. Le nombre des prisonniers de guerre français détenus dans des camps
allemands diminua au fur et à mesure pour atteindre 940.000 fin 1944. Ce chiffre
correspond à 70.000 évasions réussies, 90.747 remises en liberté dans le cadre
de la « Relève » et 324.000 autres remises en liberté pour des raisons diverses.
21.000 français prisonniers de guerre trouvèrent la mort ou sont portés disparus
jusqu´en 1944. La dernière année de guerre coûta la vie à 37.000 prisonniers
supplémentaires. Lorsque l´on décida en 1942 d´emmener les prisonniers de
guerre soviétiques survivants en Allemagne et de les forcer au travail au lieu de
les laisser mourir de faim dans les Frontstalags (comme tel avait été le sort de 2
millions d´entre eux auparavant), la part relative des Français parmi les
prisonniers de guerre retenus en Allemagne diminua. Avant janvier 1942, les
Français avaient représenté presque 70 % des prisonniers de guerre en
Allemagne. Les deux tiers environ des Français prisonniers de guerre furent
retenus cinq années entières en captivité en Allemagne.
À la fin de 1944, alors que la France est presque entièrement libérée par les
Alliés, environ deux millions de Français se trouvent encore en Allemagne et la
plupart travaillent plus ou moins pour le Reich. Parmi eux, on dénombre environ
un million de prisonniers de guerre. Une catégorie à part de 200.000 hommes est
celle des anciens prisonniers de guerre qui ont choisi le statut de « travailleur
libre », soumis aux lois nazies. Par ailleurs, 600.000 travailleurs du STO forment
la troisième catégorie. Quant aux travailleurs partis plus ou moins
volontairement, ils sont environ 40.000. À cela, s'ajoute une autre catégorie de
« travailleurs » pour l'Allemagne : les Alsaciens ou Lorrains, filles et garçons (S.T.O
et uniforme allemand). Quant aux travailleurs partis en Allemagne plus ou moins
volontairement, ils sont environ 40.000. À cela, s'ajoute une autre catégorie de
« travailleurs » pour l'Allemagne : les Alsaciens ou Lorrains, filles et garçons (S.T.O
et uniforme allemand).
256
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

Quant aux volontaites étrangers, des Espagnols et des Juifs, beaucoup périrent
dans les camps de concentration et plus à partir de la France, Drancy notamment,
la « porte d’entrés d’Auschwitz » qu’à partir des camps de prisonniers.
L’ombre de la trahison plane sur cete triste défaite de 1940. Dès l’été 1940 déjà
Marc Bloch écrivait son « Témoignage 40 » où il plaçait le fardeau de la
catastrophe autant sur le dos des syndicats que sur celui du pacifisme
réactionnaire. La publication sous le titre « L’étrange défaite » en 1947 évoquait
déjà plus la mot « trahison ». Il faut dire que dans l’intervalle, le procès
interrompu de Riom avait fait osciller la balance dans cette direction. Et que dès
1944 avait été publié « Les dessous de l’armistice par un témoin ». 10 juin 1940
dans une lettre à Paul Reynaud, Weygand déclara qu’il « était loin d’avoir perdu
tout espoir » et l’instruction secrète 1444/FT du 11 juin ordonnant pour le 12
matin le repli sans alignement sur une ligne Dijon-Caen le démontre, mais
surviennent la protestation du général Prételat connu pour avoir eu des rapports
avec la Cagoule et surtout l’intervention le même 11 de De Gaulle près
d’Huntziger, autre commensal de cette Cagoule. Le 12, les troupes de l’Est ne se
replient pas, sauf le général Freydenberg et son état-major, et elles sont
encerclées! Est-ce là l’éclosion du supposé complot? Pour le 12 juin en soirée,
l’écrivain Hans Habe rapporte dans “A Thousand Shall Fall” que le général
Decharme de la 35e D.I..a tenu au colonel Debuissy du 21e R.M.V.E dans le bois
de Bouconville des propos étranges qui ne peuvent relever que de l’ignorance ou
de l’incompétence ou de la malveillance. Le 13 matin au réveil, les volontaires
réalisaient déjà qu’ils avaient été floués. Un lien avec l’instruction secrète ?
L’histoire de la dissolution envisagée du 21e après l’éviction de Debuissy et le
rapport du lieutenant Pold sur le repli du train régimentaire ne font que conforter
la suspicion.
Lors du procès Pétain, le document Alibert de novembre 1942, ne fut qu’un
pétard mouillé même s'il dévoilait que ledit Alibert faisait partie de la cagoule,
ainsi que Darlan, Huntziger, Déat, et autres, et que le maréchal Pétain était leur
drapeau; et que leur intention était de prendre le pouvoir pour instaurer un
régime sur le modèle de Franco, en utilisant les services de celui-ci et au besoin
l'appui d'Hitler). Par contre, en 2010, le document Klarsfeld montrant
l’antisémitisme de Pétain remit tout en question, sinon un retour à la case départ.
Pourtant, on n’a pas manqué encore de semer le doute ! Jacques Alibert, le fils
de Raphaël Alibert, garde des Sceaux à l'origine du statut des juifs, pourrait être
le mystérieux donateur du document, soulignant ainsi en représaille un certain
propos de son père qui avait été « oblitéré ».
Et que penser du général Maxime Weygand? Réactionnaire antisémite
257
CHAPITRE III Disparition du 21e R.M.V.E.,

forcené, Maréchaliste inconditionnel et partisan radical de la « révolution


nationale », Weygand a notamment signé une terrible note de service, la
tristement fameuse 343QJ du 30 septembre 1941, dans laquelle il interdit aux
enfants juifs de fréquenter les écoles primaires et secondaires. Son témoignage
au procès Pétain se ressent de son arrogance. Etc.
Que peut-on penser d’Huntziger qui a dans les Ardennes a « ouvert la porte »
aux blindés allemands et de Georges qui a tout fait pour leur ouvrir un couloir en
ralentissant et sabotant la manœuvre de Gamelin.
Que penser d’André Bettencourt, 1919, 2007, qui de collaborateur s’est retrouvé
douteusement résistant et déporté et faire une belle carrière politique, alors que
le Juif hongrois Deszo Leibovits dans un parcours apparenté a eu toutes les peines
à faire reconnaître que son double-jeu répondait à la morale?
Un faisceau d’indices orientent obstinément la boussole vers la réalité de la
trahison et même les dénis en deviennent une preuve pas leur multiplicité. Les
documents s’accumulent; en 2012, encore, des documents venant d’Adrien
Marquet, l’ami d’Abetz et de Robert Dufourg étaient trouvés. etc.

258
Chapitre IV Documents.

CHAPITRE IV Documents.
Ce chapitre provenant du Centre de Documentation de la Légion étrangère, des
documents transcrits par Mr Didier MICHON. Ne nous étant parvenu qu’en 2018,
nous n’avons pas voulu reprendre les chapitres précédents malgré les répétitions
et contradictions.
Premier Bataillon rapport Mirabail Journal de Marche
CADRES DU BATAILLON
État-Major
Chef de Bataillon Mirabail
Capitaine adjoint Bigot
Lieutenant adjoint Briand
Médecin lieutenant Rousse
Médecin auxiliaire Machtou
re
1 Compagnie
Commandant de Cie Lieutenant Gay
Chefs de section Lieutenant Dupont
S/Lieutenant Ponomarev
Aspirant Charpentier
2e Compagnie
Commandant de Cie Capitaine Gaillard
Chefs de section Lieutenant Deshayes
Lieutenant Becaud
Lieutenant Houtard
e
3 Compagnie
Commandant de Cie Capitaine Benac
Chefs de section Lieutenant Obolenski
Lieutenant Lintignac
Lieutenant Calix
C.A.1
Commandant de Cie Capitaine Modéna
Chefs de section Lieutenant Belissent
Lieutenant Yonine
Lieutenant Charlot
Lieutenant Neveu
30 avril 1940. Départ en Alsace : Embarquement à Rivesaltes vers 20 heures.: au
départ il n’y a pas de voiturettes de mitrailleuses ni de mortiers, ni de cuisine

259
Chapitre IV Documents.

roulante. Les 14 camionnettes Peugeot du bataillon sont réunies avec toutes


celles du régiment dans un train spécial. Le Lieutenant Deshayes commande le
détachement des camionnettes du bataillon; seule la voiture légère de tourisme
Peugeot est embarquée avec le bataillon. Itinéraire : RIVESALTES – NARBONNE –
SÈTE – NÎMES – TARASCON – AVIGNON -LYON -GRAY – VESOUL – ÉPINAL –
LUNÉVILLE – SAVERNE -BRUMATH,
2 mai Débarquement du bataillon à Brumath vers midi. Sur le quai, le général
Delaissey accompagné du Capitaine Lagarrigue, officier de liaison du régiment à
la D.I., me remet les cartes de la région et l’ordre de cantonnement à
ALTECKENDORFF. Marche sur Alteckemdorff par Mommenheim (P.C. du
Régiment et Minversheim. Installation en cantonnement. Tout le bataillon
largement cantonné dans village. P.C. à la mairie, poste de police en face.
Logement personnel chez le pasteur Mr Müller.
2 au 20 mai. Pendant cette période : Aménagement du cantonnement. Travaux
et services de D.C.A. Instruction de la troupe. Prise d’armes devant la gare pour
présentation au général commandant la division. 3 reconnaissances : 1 à Laubach
pour relève éventuelle. 2 pour études de projet de défense : Weyersheim et
Molsheim. Réception de voiturettes mitrailleuses et cuisines roulantes en très
mauvais état. Constitution du groupe franc du bataillon sous le commandement
du Lieutenant Deshayes. 1 section environ de volontaires est mise en substance
à la 2e Compagnie. La Section Mitrailleuses du lieutenant Neveu et le Service des
Vivres Obolenski détachés à Hochfelden pour D.C.A. et services. En subsistance à
la C.P.D. durant le séjour à Alteckendorf, le Sous-Lieutenant de Medem, chef de
la section de dépannage du régiment, est puni de 30 jours d’arrêts de rigueur,
relevé de ses fonctions et affecté à la 1re Compagnie à la place du Sous-Lieutenant
Ponomarev qui prend le commandement de la section de dépannage. Le Sous-
Lieutenant de Medem enfermé dans sa chambre ne fait rien à la Compagnie.
20 mai. Départ d’Alteckendorf dans l’après-midi. Embarquement du bataillon en
gare d’Hochfelden vers 20 heures. Camionnettes réunies à celle du régiment dans
train spécial. Détachement des camionnettes du bataillon (Lieutenant Bécaud).
22 mai Débarquement en gare de Saint-Mihiel vers 8 heures. Bivouac provisoire
sous couvert de Chauvaucourt. Capitaine Bigot malade, transporté par voiture de
liaison, accompagné par le médecin-lieutenant Rousse à l’hôpital de Commercy.
Départ vers 13 heures pour installation bivouac dans le bois nord route de
Pierrefitte, 5 km environ de Chauvoncourt. Départ du bataillon à la nuit tombée
pour installation en bivouac gardé dans le bois ouest d’Érizé la Grande. Itinéraire
Fresne-Rupt devant Saint-Mihiel. - Pierrefitte – Longchamps. La 1re Cie détachée
pour la défense du P.C. de la division, 2e et 3e Cies gagnent par Longchamps les
260
Chapitre IV Documents.

bois ouest d’Érize la Grande. E.M. et C.A.1 continuent par Chaumont- Érize-la-
Petite (P.C. du Rgt) et arrivent le 23 mai vers 4 heures à Érize-la-Grande. Pluie.
Vers midi ordre de rassembler tout le bataillon en cantonnement dans le village.
Vers 13 heures, je suis appelé au P.C. de la division (Longchamps). Entretien avec
le Général Delaissey. Ordre de départ pour le soir. Vers 17 heures,
embarquement en camions sur croupe dominant Les Marats. Itinéraire Lisle-en-
Barrois-Laheycourt, Givry-en-Argonne-Noirlieu-Somme-Yevre. Arrivée vers 19
heures. Cantonnement.
24 mai Alerte vers 4 heures. Embarquement du bataillon vers 8 heures.
Itinéraire : Dampierre-Sainte-Menehould-Ville sur Tourbe-Cernay- Grandpré- Le
Morthomme. Bivouac dans le bois du Morthomme. Vu général Ducharme. Ordre
du colonel, capitaine Gaillard remplace momentanément capitaine Bigot comme
adjudant-major du bataillon. Vers 21 heures, départ pour Boult aux Bois par
Briquenay.
25 mai Vers 4 heures arrivée et installation bivouac dans forêt de Boult lisières
route Boult à Vouziers. Vers 8 heures ordre de départ pour installation défensive
en lisière bois sud de la ferme St Denis (chemin des mulets). Marche d’approche
par Boult aux Bois-Belleville-Préventorium. Premiers obus, 1 mort, 2 blessés
légers. Bataillon gagne position partie par bois (1re, 2e ,3e Cies), partie par route
Chatillon (C.A.1). Regroupement du bataillon sur position indiquée vers 19
heures. G.R.D installé sur position. Compte rendu verbal au P.C. du régiment
(ferme St Denis). S/Lt de Medem inutilisable, affecté au ravitaillement.
26 mai Bataillon en bivouac gardé, réserve de division. Installation en sous-bois.
2e bataillon au contact sur canal des Ardennes. 3e bataillon aux Petites Armoises
et ferme Bazancourt.
27-28 mai Organisation défensive.
29 mai Au matin, P.C. du régiment quitte ferme Saint-Denis et se porte dans le
bois de Noirval. Dans l’après-midi le général Delaissey accompagné du Colonel,
du Cdt Le Guillard et du capitaine Lagarrigue vient me donner personnellement
les consignes de relève du 3e bataillon et ses instructions au sujet de la défense
des Petites-Armoises. Je demande au colonel relève du capitaine Modéna
Accordée. Le Lt Belissent prend le commandement de la C.A.1. Relève à la nuit.
P.C. ferme de Bazancourt. 2e Cie + groupe franc + 2 S.M. point d’appui des Petites-
Armoises. 1re Cie + 1 S.M. appuyée au canal (liaison avec 2e Bataillon) boqueteaux
devant voie férrée désafectée.3e Cie sur le ruisseau entre 1re et 2e Cie. Ferme
Bazancourt C.A.1 – 1 S.M, canons et mortiers.
30 mai Au petit jour, visite des Petites Armoises. Vu Cne Roux du 11 e R.I. et Cne
Gaillard (2e Cie).
261
Chapitre IV Documents.

31 mai Cne Bigot retour de l’hopital de Commercy rejoint au P.C. de Bazancourt.


31 mai-au 3 juin Aménagement de la position défensive. Travaux intenses
surtout la nuit. Poses de mines aux Petites Armoises.
3 juin Bataillon relevé par 2e bataillon (Cdt Fagard). Retour au bois du chemin des
mulets. Bombardements du bois plus fréquents et plus intenses. Quelques tués
et blessés surtout parmi l’équipe sanitaire. Durée séjour en ligne : 5 jours au lieu
de 3.
4-5-6-7-8-9 juin Organisation de la défense. Le Sous-Lieutenant de Medem passe
à la Cie de Pionniers à la place du Sous-Lieutenant Blonstein qui est affecté à la
1re Cie au moment de relever le 3e bataillon sur canal des Ardennes. Ordre de
décrochage.
10 juin Décrochage du bataillon vers 22 heures pour se porter à la Croix aux Bois.
11 juin matin, installation du bataillon en rideau de protection sur route de Boult
aux Bois à Vouziers. Bataillon renforcé par 7e Cie GREC du 2e bataillon et 9e Cie
Modéna du 3e bataillon. Centre du dispositif et P.C. du bataillon à la Croix au Bois.
De Boult aux Bois vers Vouziers et dans l’ordre, 7e Cie GREC – 1re Cie -3e Cie – 2e
Cie - 9e Cie Modéna. C.A.1, canons et mortiers surtout au déboucher de la route
de Quatre Champs. Bataillon doit être relevé par G.R.D. à 21 heures –
Contr’ordre. Bataillon décrochera à minuit sans être couvert.
12 juin. Le bataillon s’installe en bivouac dans le bois d’Autry vers midi après
marche de nuit par Longwe-Vaux les Mourons. Départ du bois d’Autry vers 20
heures.
13 juin. Arrivée vers 3 heures du matin à Vienne la Ville. Ordre de repos dans les
granges du village durant 4 heures. Bataillon à peine installé. Contrordre du
colonel. Se porter immédiatement sur Sainte-Menehould et organiser défende
de la ville. Arrivée vers 8 heures. Dispositif de défense :
1re Cie Pont route Moiremont et jardins bordure nord de la ville.
2e Cie + 1 S.M à droite de la 1re Cie.
3e Cie et C.A.1 plateau piton à l’intérieur de la ville. Canons de 25 carrefour grande
place en direction de Châlons.
Vers 10 heures ordre d’étendre le bataillon vers l’est, direction La Grange au Bois.
3e Cie se porte sur route des Islettes au sommet de la côte sortie de Sainte-
Menehould. P.C. du bataillon coin de la grande place. Ordre de faire sauter les
ponts de l’Aisne.
P.C. du régiment à Verrières. Demande de munitions. Pas de réponse. Visite au
colonel au P.C. pour cette question – affolement du P.C. 3e bataillon à Verrières.
2e bataillon arrive à Sainte-Menehould exténué vers 11 heures (2019 :10 heures
selon le rapport du Lt Odry qui confirme les ballades imposées alors par Delaissey
262
Chapitre IV Documents.

après annulation de l’ordre donné par Debuissy, cf.…). Reçoit ordre


(DEBUISSY...)de se porter en avant vers Moiremont. Général Delaissey présent
pour examiner la situation fait stopper le 2e bataillon pour se reposer avec ordre
au commandant Fagard de mettre à ma disposition tous les éléments dont je
pourrais avoir besoin. Général se fait confirmer et remettre l’ordre écrit de
départ précipité de Vienne la Ville la nuit précédente. Le colonel est condamné
dans l’esprit du général.
Vers 13 heures attaque ennemie, s’amorce par l’ouest et le nord. Je fais sauter
les ponts (2019 : pont de pierre près de place d’Austerlitz et pont rue Drouet, mais
le pont des Maures vers Moiremont sortie Nord de Sainte-Menehould ne sera pas
détruit...), c’est par là que l’ennemi va donner sa force principale. Cie Odry du 2e
bataillon, mise à ma disposition, dirigée sur croupe Ouest (2018 : adjointe à
section Bécaud...). Molesse du mouvement. Retard. Contact devient plus
pressant (2019 : Delaissey a malencontreusement contrecarré les décisions prises
par Debuissy) – combat plus violent – 1re Cie particulièrement éprouvée. S/Lt
Blonstein tué. Ennemi commence à pénétrer dans les rues de la ville : ouest et
nord-ouest. Mitrailleuses et mortiers sur plateau intérieur de la ville font
excellent travail. Les deux canons de 25 pris sous le feu d’auto canons ennemis
arrivés à la coupure pont sauté route de Châlons sont détruits. (2019 : confronter
avec récit Kammer-Mayer).
Vers 16 heures ordre de repli apporté par le Cne Lagarrigue de la division sans
passer par le régiment : se porter route des Islettes face au nord, la droite
appuyée sur la Grange aux Bois (11e RI). Et à gauche face à l’ouest jusqu’à la voie
ferrée où liaison avec le 2e bataillon. Mouvement amorcé vers 14 heures sous
bombardement intense. Décrochage difficile à cause de pression de l’ennemi.
Combats de rues. Vers 18 heures, bataillon en place sur nouvelle position.
Manque la section mitrailleuse Neveu qui n’a pu décocher à temps. Mortiers
détruits. Éléments du 2e bataillon se sont dispersés dans le premier. 2e bataillon
ne prend pas place qui lui était assignée. Pas de liaisons avec lui sur voie ferrée.
Nuit calme.
14 juin. Dès le point du jour, ennemi s’étant infiltré par la voie ferrée, attaque le
bataillon par l’arrière à la hauteur de la section de commandement. Groupe franc
complètement décimé. Bataillon refoulé sur le 11e R.I. à La Grange aux Bois. Très
dur combat sur la barricade qui coupe la route. Cne Benac (3e Cie) grièvement
blessé est aux mains de l’ennemi. Blessés encore 3e Cie Lieutenant Obolenski et
Lieutenant Calix. Ordre de repli du 11e RI. Aucun ordre de notre régiment depuis
la veille où au commencement du combat de Sainte-Menehould je suis avisé que
le P.C. du régiment se porte à Passavant. Repli du bataillon sur Passavant. Là je
263
Chapitre IV Documents.

trouve un nouveau colonel qui commande le régiment : le colonel Martyn. Le


colonel Debuissy a été évacué. Halte de 2 heures.
Vers 20 heures : Départ de Passavant. Au combat de la matinée à La Grange aux
Bois, nombreux morts, blessés et disparus. Aux officiers blessés cités plus haut
ajouter Lieutenant Yonine de la C.A.1. Bivouac pour la nuit dans le bois de
Broennes vers Pretz en Argonne.
15 juin. Dès le matin, les éléments de couverture du bataillon sont bousculés ou
fait prisonniers Section du Lieutenant Houtard, 2e Cie, détachée à Longchamps-
sur-Aire pour appui de batterie antichar de Division. On ne la reverra plus au
bataillon.
Vers 23 heures, le bataillon est relevé par deux sections du 123e R.I. et il part
sur Pierrefitte-sur-Aire où il bivouaque vers 3 heures du matin dans un bois avant
Rupt-devant-St-Mihiel (Trajet de Chaumont-sur-Aire à Rupt-devant-St-Mihiel. =
14 km).
16 juin : Vers 8 heures départ sur Koeur-la-Grande et Sampigny où arrêt vers midi
et bivouac dans les bois. Départ
Vers 17 heures départ par Lérouville – Void (Commercy – Void
17 juin : vers 3 heures du matin bivouac dans bois entre Void et Vaucouleurs Vers
8 heures départ pour Vaucouleurs et Montigny-les-Vaucouleurs ou bivouac et
départ Vaucouleurs-Rigny, ou bivouac dans les bois en bordure route Rigny –
Blénod-lès–Toul.
18 juin : vers 8 heures. Départ, Itinéraire : Blénod-lès-Toul – Crezilles – Allain. Bois
d’Ochey. Arrivée vers 13 heures au bivouac, repos. Le Lieutenant Deshayes prend
le commandement de la 3e cie.
Vers 22 heures, ordre qui met le 1er bataillon à la disposition de la 6e D.I.C. Il
partira à 9 heures du matin pour Allain, où recevra ordre du commandant de
Rolland du G.R.D. de la Division (G.R.D. 29). Visite dans le bois au commandant
de Rolland vers minuit.
19 juin : 4 heures, départ comme prévu. Arrivé à Allain, je prends contact avec
Rolland. Ordre primitif : se porter sur Barisey par Bagneux. Vu le changement de
situation signalé par G.R., se porter sur Colombey-lès-Belles et en organiser la
défense ouest à cheval sur route de Vaucouleurs. Le 1er Bataillon du 21e R.M.V.E.
s’installe à l’ouest du village de Colombey-lès-Belles et au village de Colombey-
lès-Belles dans le Sud toulois (Meurthe-et-Moselle, 54). Installation terminée vers
midi.
3e Cie du lieutenant Deshayes. En avant de la gare à gauche de la route.
2e Cie du capitaine Félix Gaillard à la droite de la route.
1re cie du lieutenant Jean Gay à la gare de Colombay. C.A.1 sans canons ni
264
Chapitre IV Documents.

mortiers. Récupère sur place quelques F.M. et munitions. Dès installation.


Bombardement intense de la gare et positions. Cie Deshayes particulièrement
éprouvée. Lieutenant Charles Lintignac (3e cie) blessé et évacué. Nuit calme.
Jeudi 20 juin : Dès le matin, les éléments de couverture du bataillon sont
bousculés ou faits prisonniers. Le bataillon passe en 1er échelon et prend contact
avec l’ennemi. Manœuvre de débordement amorcée tout de suite par l’ennemi
vers la gauche. Il coupe route de Neufchâteau et essaie de gagner croupe de
Crepey. Bataillon manoeuvre en conséquence.
2e Cie reste en place et contrôle route de Vaucouleurs. 1re cie se porte au sud-
ouest du village. 3e cie au sud vers route de Crépey. C.A.1 aux abords de la gare
et gare.
Dans l’après-midi le P.C. du 1er bataillon subit un violent bombardement. Combat
tout l’après-midi. Colonel Ditte commandant l’ID de la 5e D.I.C. vient sur place se
rendre compte de la situation. Ordre de tenir coûte que coûte.
Vers 18 heures mouvement d’encerclement stoppé. Nuit calme.
Vendredi 21 juin
Matin, après une nuit calme au contact de l’ennemi, le 1er Bataillon du 21e
R.M.V.E. reçoit à 4 heures du matin l’ordre de se replier de Colombey à Allain.
Décrochage sans incident. L’ennemi retourne sur ses bases de départ de la veille
sur Barisey. Le 1er bataillon reçut l’ordre de se porter sur la ligne Allain-Ravin Est
d’Allain (ce repli du premier bataillon vers le nord l’envoyait directement dans un
piège, car il s’y trouvait coupé de tout). Le dispositif de défense du village fut
modifié comme suit : le premier bataillon s’établit sur la ligne indiquée ci-dessus
dans l’interstice laissé par le 128e R.I., cependant que le 3e bataillon reçut la
mission de défendre le Sud et l’Ouest du village d’Allain.
À 18 heures, des éléments ennemis sont signalés à 900 mètres au sud-ouest du
village. L’avance ennemie fut encore endiguée, mais ce fut le dernier combat du
21e R.M.V.E.
À 19 heures, le soir un bombardement ennemi intense s’abat sur le village qui
jusque-là épargné subit de lourds dommages : le sergent Anton de la 10e Cie est
blessé. Ordre de repli sur Allain. Décrochage sans incident. L’ennemi retourne sur
ses bases de départ de la veille sur Barisey. Installation du bataillon à Allain vers
Crepey, à gauche du 3e bataillon installé au village d'Allain depuis la veille. Le
colonel Ditte met le 3e bataillon du Capitaine Ravel sous les ordres du
commandant Mirabail. Le Colonel Ditte demande compte-rendu du combat de
Colombey et propositions de récompenses. Le Capitaine Bigot, malade, est
évacué sur Crepey. Il sera fait prisonnier…
19 heures 45, l’ordre est donné d’éviter l’accrochage et à 20 heures 55 l’ordre est
265
Chapitre IV Documents.

donné de cesser les hostilités.


Vers minuit ordre de suspendre les hostilités. Détruire armes automatiques et
préparer à rendre inutilisable les armes individuelles.
Samredi 22 juin : On dépose armes. Reste sur place.
Vers 8 heures, je reçois, à l’entrée d’Allain, le colonel et chef de bataillon ennemi.
Décidons de rester sur place respectivement jusqu’à nouvel ordre. Note du
colonel Ditte rendant bataillon à la 35e D.I. le félicitant de sa belle tenue au
combat de Colombey. Nuit au bivouac. Bruit d’armistice. On est, paraît-il,
prisonniers d’honneur. Les Officiers gardent leurs armes.
Vers 15 heures, ordre du régiment : mouvement sur Thuilley-aux-Groseilles.
Traversée du village. Rencontre avec le Général Decharme. Je lui présente le
bataillon.
Rassemblement du régiment à la sortie de Thuilley vers Nancy. Bivouac.
Inspection du régiment par le Général Decharme qui exprime sa satisfaction
pour la belle tenue du régiment. Nuit au bivouac.
23 juin : Midi. Ordre de mouvement vers Nancy. En route, les hommes
déposent leurs armes sur le bord de la route et sous l’œil de l’ennemi. Maizières
– Bainville-Sur-Madon où arrêt. On sépare hommes et officiers. Rassemblement
des officiers dans champ entouré de barbelés et gardé par sentinelles. On nous
désarme. On nous enlève cartes et boussoles. Vraiment prisonniers. La captivité
commence… il est 18 heures environ.
Lettre du lieutenant André Coscoquela de la section d’engins 2e bataillon :
Aiguillon, le 25 juillet 1942
Coscoquéla André, instituteur à Nicole, par Aiguillon (Lot et Gar.) À Monsieur
l’Adjoint administratif principal Stoeklé.
Chef du bureau liquidateur de la Légion étrangère.
Répondant à votre note du 22 juin 1942 sous le n° 10.881 E.P., j’ai l’honneur
de vous faire parvenir.
a) Une lettre explicative relative au rapport fourni.
b) Un rapport sur les évènements survenus depuis le 8 juin 1940.
c) Un plan montrant la position de ma section le 9 juin 1940.
Le rapport ci-joint est sensiblement le même que celui que j’ai fourni au
Colonel Debuissy dès mon retour de captivité.
Ce rapport n’a pas été établi sur place, car mon carnet de notes a disparu
durant mon évacuation. D’autre part, ma blessure ayant provoqué la perte
partielle de la mémoire, je ne signale que des faits dont le souvenir est resté
précis (emplacements des pièces, des P.C. du chef de bataillon de la C.A.2). Les
heures de décès du caporal HENROTEAUX et du volontaire DESMARETS étaient
266
Chapitre IV Documents.

marquées sur une feuille restée dans une de mes poches. Sans cela je n’aurais pu
m’en souvenir.
Les renseignements concernant mon évacuation m’ont été donnés par le
médecin-lieutenant DUMAS du 2e Bataillon, que j’ai revu à l’Hôpital de Chaumont
durant ma captivité.
Le canon de 47 antichar que j’ai marqué sur le plan appartenait à une batterie
d’artillerie. Il devait interdire la route des Petites-Armoises à Vouziers à tout
engin blindé.
Le lieutenant de réserve Coscoquéla André.
Compte rendu de fin d’opérations relativement à la campagne de 1940 au 21e
R.M.V.E. dressé par le lieutenant Coscoquela André, commandant la section
d’Engins du 2e Bataillon.
Situation de la Section.

267
Chapitre IV Documents.

La Section utilise les emplacements occupés par la section d’engins du 1°


Bataillon, bataillon relevé par le 2.
a) Le groupe de mortiers Brandt de 81mm est aux Petites-Armoises, au nord
cimetière. Il a été mis à la disposition du capitaine Brem, commandant le point
d’appui. Ce groupe est sous lee ordres du sergentConstantin Economou.
b).Un canon antichar S.A. de 25mmest placé entre la voie de 60 et la route. Il
défend les points situés au sud des Petites-Armoises sur la route de Vouziers. Il
est Sous le commandement du caporal Henroteaux. Un canon de 25 du même
type est placé à 300m environ du sud de la ferme de Bazancourt. Il est sous le
ommandement du caporal Villalba. Il défend la route des Petites Armoises à
Bazancourt.
Nuit du 8 au 9 juin et journée du 11 juin
Pendant la nuit du 8 au 9, je visite les emplacements de mortier et de 25. Tout
est normal. Les travaux d’organisation du terrain se poursuivent durant toute la
nuit (amélioration des épaulements, des abris, pose de réseaux et de mines
antichars).
Vers 4 h 30 du matin, après avoir visité les pièces de ma section, je rends compte
du travail exécuté au capitaine Trussant, commandant de la C.A.2, qui est à son
P.C., à 150 m environ au sud de Bazancourt. À ce moment précis, une note du
Chef de Bataillon, commandant FAGARD, nous informe qu’une attaque ennemie
avec des chars peut se déclencher au lever du jour. Immédiatement, je fais
prévenir le canon situé au sud de Bazancourt et je vais moi-même à l’autre
canon, près de la petite voie ferrée. J’y trouve l’adjudant Maneyrol, chef du
groupe de 25.
Le bombardement ennemi commence un peu avant le lever du jour et, comme
nous sommes dans la zone bombardée et que les obus tombent autour de nous,
je reste là. Je surveille à la jumelle. L’observation devient difficile, car la fumée
des obus diminue considérablement la visibilité.
Vers 5 h 20, le caporal Henroteaux est tué à la pièce. Il est remplacé; par le
volontaire Desmarets (Demaret) qui est tué vers 5 h 30. Ensuite le volontaire Da
Silva est blessé.
Nous restons trois : l’adjudant Maneyrol, le volontaire Cauchie et moi-même.
Pendant que l’adjudant Maneyrol observe. Cauchie et moi-même assurons le
service de la pièce : le premier comme chargeur, moi comme tireur.
Rien d’anormal pendant quelques minutes. Mais le bombardement semble
devenir plus violent. La cadence de tir paraît plus rapide. Soudain un obus doit
tomber à proximité de notre emplacement, je ne peux préciser. Nous fûmes
probablement projetés par la déflagration.
268
Chapitre IV Documents.

Je reviens à moi au Poste de Secours du Bataillon, situé à la ferme de


Bazancourt, mais aucun souvenir ne me reste.
Renseignements recueillis plus tard, soit en captivité, soit après mon
rapatriement. J’ai revu le médecin-lieutenant Dumas pendant ma captivité à
l’hôpital militaire Damrémont à Chaumont (Haute-Marne). Il m’apprend alors
que l’adjudant Maneyrol, commotionné comme moi-même, fut évacué le soir
même du 9 juin. J’appris plus tard encore, lors du retour de captivité du capitaine
Trussant, que le volontaire Cauchie resta à la pièce bien que légèrement
commotionné. Par ma fiche d’évacuation, j’ai eu des renseignements suivants :
Évacué le 9 juin 1940.
Entré à l’H.O.E. n° S.P. 8059 le 10 juin 1940.Sorti de l’H.O.E. n° 10 SP. 8059
Entré à l’hôpital Saint-Nicolas à Verdun le 10 juin 1940.
Sorti de ce même hôpital le 11 juin 1940.
Entré à l’hôpital Saint-Jean, pavillon Grosdidier, à Commercy, le 11 juin 1940
Sorti de ce même hôpital le 13 juin 1940.
(Évacué dans le train sanitaire 318 dirigé sur Moulins le 13 juin 1940.
Fait prisonnier dans le train sanitaire le 16 juin 1940 à 7 h du matin à Poison-
Beneuvre (ligne de Châtillon–sur-Seine à Is-sur-Tille).
Entré à l’hôpital militaire français Damrémont à Chaumont (Haute Marne) le 21
Juin 1940. Présenté à des commissions franco-allemandes de réforme le 26
juillet, le 29 août et 9 septembre 1940.
Rapatrié comme blessé le 15 septembre 1940.
Présenté à l’État-Major de la subdivision d’Agen le 20 septembre 1940.
Passé devant la commission de réforme de Toulouse le 28 janvier 1941 (Invalidité
25 %). Démobilisé le 16 février 1941 à Agen (Lot-et-Garonne). Service civil repris
le 17 février 1941.
La guerre de 1939-40 était finie pour moi.
Fait à Aiguillon, le 25 juillet 1042 Le Lieutenant de réserve signé Coscoquela.
Addendum : François Kammer-Mayer et Maurice Renonès au canon de 25,
bombardés le 5 juin à l’emplacement au sud de Bazancourt près du petit pont eurent
1 blessé « léger » : Le casque bosselé par les éclats, un des pourvoyeurs riait et
pleurait de soulagement. Moins chanceux, un autre grimaçait de douleur, l’épaule
touchée. Il fut réconforté de bonnes paroles :
— Veinard ! Comment as-tu joué ta partie dans cet abri douillet pour gagner le
« billet e sortie »?
JOURNAL DE MARCHE de la 5e Cie du 21e R.M.V.E. Rapport Odry.
2e Bataillon 5e Cie rapport Odry :
LETTRE MANUSRITE Ouarzazate, le 8 janvier 1942.
269
Chapitre IV Documents.

Le Lieutenant Odry du 2e R.E.I. À Mr Le Chef de Bureau de liquidation des


R.M.V.E. Sidi Bel Abbes. En réponse à votre correspondance 2035 du 18-12-
41, j’ai l’honneur de vous adresser :....
JOURNAL DE MARCHE de la 5e Cie du 21e R.M.V.E. Rapport Odry.
1-/ un extrait de ma fiche d’affectation au 2e R.E.I.
2-/ le journal de marche de ma Compagnie (5e Cie du 21e R.M.V.E.)). Journal ne
relatant que les opérations auxquelles a pris part la Compagnie, sans indiquer
sauf pour les officiers les noms des tués et des blessés. Le journal régimentaire
ayant en effet dû être égaré au cours de la retraite, je ne me suis plus rappelé
avec assez de précision des noms lorsque j’ai refait ce dernier au cours de ma
captivité. Il m’est impossible pour la même raison de vous fournir la liste des
hommes ou des gradés ayant mérité des citations, mais j’ai fourni cette dernière
au cours de la captivité vers décembre 1940 au Lt Colonel Martyn qui
commandait le Régiment. Ce dernier a dû la transmettre avec les autres citations
du 21e RMVE à Vichy par l’intermédiaire des autorités allemandes.
À part 3 ou 4 citations je n’ai pourtant encore rien vu paraître dans l’officiel
pour le 21e R.M.VE. En ce qui concerne mon séjour en Allemagne, je suis arrivé à
l’Oflag VIA à Soest en Westphalie le 1er août 1940 venant de Nancy. Après m’être
évadé une première fois à la mi-décembre, une seconde fois fin mars, et ayant
été repris les deux fois respectivement à Trêves et Herber (Herve?), (près
d’Eupen), j’ai été changé de camp le 24 avril et envoyé à l’Oflag IV C à Colditz en
Saxe. ; Le camp renferme des évadés de toutes nationalités (français, belges.
Hollandais, anglais, polonais (aussi pour les français tout au moins que des
officiers israélites ou soupçonnés d’être des « ennemis du peuple allemand » !!
Après une troisième tentative à la mi-juin j’airéussi à me sauver une 4e fois le
14 octobte et j’étais (2 mots illisibles) libre 23 du même mois
JOURNAL DE MARCHE DE LA 5E COMPAGNIE (2e Bataillon)
21 mai La Cie quitte ses cantonnements de MINVERSHEIM pour HOCHFEDEN
pour s’embarquer en train
Effectif approximatif : 140 gradés et hommes
Encadrement Officiers : Capitaine DE BREM
Lieutenant ODRY
Lieutenant MILCAMP
S/Lieutenant HUSCHAK
22 mai 1 heure 50, départ du train.
Itinéraire : Saverne - Pont-Saint-Vincent - Saint-Mihiel
Débarquement à Saint-Mihiel et installation dans les bois de Haute Charrière.
22 heures 30- Départ pour NICEY où la Cie bivouaque. Elle est de garde de P.C de
270
Chapitre IV Documents.

la D.I. 35.
23 mai Vers 20 heures embarquement en camions – Cantonnement à VAUMONT
(Fresne-au-Mont?) dans les granges.
24 mai 9 heures : nouvel embarquement en camions vers 12 heures.
Débarquement 1 km avant le MORTHOMME.
20 heures 30 : montée en ligne.
Itinéraire : BRIQUENOY – BOULT AUX BOIS – BELLEVILLE-SUR-BAR –
CHATILLON-SUR-BAR – et installation dans les bois de LA TULLE (arrivée vers 2
heures) (La Tuile ? dans le Bois du Chesne).
25 mai vers 4 heures le Bataillon gagne en une route exposée aux vues de
l’ennemi le bois du Chesne (près du Chesne-Populeux sur le canal des Ardennes).
On essuie les premiers tirs d’artillerie. La Cie a son premier blessé. La 5e est en
réserve de Bataillon et s’installe défensivement pour tenir les lisières N. du bois
du Chesne. Son dispositif chevauche sur celui d’éléments du 14e G.R.D. et du 14e
R.I.
26 mai La Cie modifie plusieurs son dispositif par suite des départs du 14e G.R.D.,
puis au 3 juin du 14e R.I. En même temps, elle travaille à édifier une L.A. dont le
tracé passe à 1 km environ en arrière de son emplacement actuel. La 3e Section
est mise à disposition de 3e Bataillon pour contribuer à tenir la L.P.R.
En plein jour, elle est attaquée par une patrouille : 1 sergent et 1 homme sont
tués, 1 adjudant-chef et 2 hommes blessés. Elle est relevée par la 1re Section.
De plus au cours de cette période, la Cie a quelques tués et blessés du fait des
tirs d’artillerie.
3 juin à 23 heures : relève par la 9e Cie – La 5e Cie gagne CHÂTILLON-SUR-BAR qui
forme un point d’appui en arrière des premières lignes.
6 juin vers 22 heures : départ pour les PETITES-ARMOISES que la Cie renforce de
2 sections de mitrailleuses et d’une section de 25 est chargée de tenir.
9 juin après une préparation d’Artillerie de 2 heures environ et un
bombardement des arrières par vagues d’avions l’attaque allemande se
déclenche. Devant le front de la Cie, les Allemands sont presque aussitôt stoppés.
Ils subissent des pertes importantes, refluent en arrière ; et seul le groupe franc
de leurs Bataillons (30 hommes environ) arrive à s’approcher à une quarantaine
de mètres de notre ligne où il se terre dans un fossé.
Il sera complètement détruit par le tir du 60 ; un seul survivant blessé sera trouvé
par une patrouille envoyée un peu plus tard et ramené dans nos lignes.
Le Capitaine DE BREM est tué au cours de la préparation d’artillerie ; le Lieutenant
ODRY prend le commandement.
10 juin : harcèlement par l’artillerie ennemie ; le village brûle. Les pertes pour ces
271
Chapitre IV Documents.

deux journées s’élèvent pour la Cie à une dizaine de tués et une vingtaine de
blessés.
11 juin à 3 heures, repli immédiat sur ordre du Bataillon qui indique un itinéraire
avec BOULT-AU-BOIS comme point final. Le décrochage en plein jour à l’insu de
l’ennemi grâce au brouillard.
Vers 17 heures La Cie a rejoint le Bataillon.
Après un court repos de 2 heures, de nouveau le signal du départ est donné
Itinéraire : AUTRY – CONDÉ LES AUTRY – SERVON – MELZICOURT – LA-CROIX-
AUX-BOIS – LONGWÉ – OLIZY – VAUX-LÈS-MOURON.
12 juin La Cie s’installe au petit jour en lisière des bois derrière l’Aire. Elle tient
un front d’environ 1 km. Reste sur sa position.
18 heures 30 ; départ ; trajet dans la nuit MOUCHETIN – AUTRY – CONDE-LES-
AUTRY – MELZICOURT – St THOMAS-EN-ARGONNE - VIENNE LA VILLE –
MOIREMONT –SAINTE-MENEHOULD.
13 juin La Cie vers 10 heures, arrivée à Sainte-Menehould.
Installation dans les bois à 1 km de la ville. À peine installé, le Bataillon retourne
à Sainte-Menehould pour essayer de regagner Moiremont. Contre-ordre arrive
de Sainte-Menehould à peine dépassé. La Cie est mise à disposition du 1er
Bataillon pour défendre une lisière du village. Après ces cgangements de position
dans la journée, accrochage en soirée par l’ennemi. Repli sur ordre du Bataillon ;
la Cie regagne les bois du matin.
14 juin La Cie se trouve en partie rive est de l’Aisne, en partie sur la route de
Sainte-Menehould combat à la GRANGE-AUX-BOIS avec le 1er bataillon. Une
attaque allemande repousse le 1er bataillon et des éléments de la cie vers le sud.
Le S/Lieutenant HUSCHAK est blessé.
Après-midi repli. Le Bataillon gagne TRIAUCOURT où l’on cantonne.
15 juin 8 heures : départ – VAUBECOURT – REMBERCOURT-AUX-POTS - ERIZE la
PETITE- CHAUMONT-SUR-AIRE – PIERREFITTE ; bivouac dans les bois.
16 juin KOEUR-LA-GRANDE – KOEUR-LA-PETITE – SAMPIGNY – LÉROUVILLE –
COMMERCY – VOID et bivouac dans le bois au nord de cette localité.
17 juin VAUCOULEURS – MONTIGNY-LES-VAUCOULEURS – RIGNY – SAINT
MARTIN et bivouac dans les bois.
18 juin BLENOD-LES-TOULS – CREZILLES, puis retour au fort de BLENOD les TOUL,
et de nouveau CREZILLES – ALLAIN et bivouac dans les bois d’OCHEY.
19- 20 juin La Cie ne bouge pas des bois d’OCHEY.
21 juin L’ennemi a encerclé dans ce secteur quelques divisions de la IIe Armée
(Groupement FLAVIGNY). Son artillerie est assez active. Dans la nuit du 21 au 22
la Cie a 3 tués et 2 blessés.
272
Chapitre IV Documents.

22 juin Armistice local.


15 heures : Départ pour THUILLEY-LES-GROSEILLES et bivouac près du village.
23 juin : Départ pour BAINVILLE-SUR-MADON et internement.
Des 140 gradés et hommes qu’elle comprenait au départ, la Cie n’en compte plus
que 35 environ.
Comme pertes certaines, elle a subi un peu plus d’une vingtaine de tués et d’une
quarantaine de blessés que l’on a vu tomber.
Le reste est constitué par des traînards, des égarés, des hommes enfin qui sont
tombés sans que leur perte ait été signalée au Commandant d’Unité.
Addendum : Récit parallèle à consulter : voir Boulard (Louis).
EXTRAIT DU JOURNAL DE ROUTE DE LA C.A. 2 DU 21 R.M.V.E. Cne Trussand
Rapport du Capitaine TRUSSANT)
22 mai 1940 : Matin 1h. Embarquement de la Cie à HOCHEFELDEN (Alsace) par
chemin de fer. Après-midi : débarquement à SAINT-MIHIEL et mouvement vers
NICEY.
23 Mai Mouvement de NICEY à ROSNES et embarquement en camions.
24 Mai Matin : Débarquement à MORT-HOMME-BEFFU (Ardennes). Soir :
Mouvement vers le CHENE-POPULEUX, par BRIQUENAY & CHÂTILLON S/BAR.
25 Mai : Arrivée dans les Bois-du-CHENE et sur le canal des ARDENNES, aux
abords est du CHENE-POPULEUX.
26 mai-3 juin : Séjour en première ligne.
4,5,6 juin ½ repos dans les BOIS du CHESNE.
7-8 juin : Prise de secteur aux PETITES-ARMOISES.
9 juin : Attaque allemande déclenchée au matin sur le 2e Bataillon après violente
préparation d’artillerie, mais sans engins blindés – Attaque repoussée – l’ennemi
laissant sur le terrain morts et blessés dont certains sont faits prisonniers la nuit.
10 juin : Violente action d’artillerie ennemie, mais sans attaque d’infanterie.
11 juin : Tard dans la nuit du 10 au 11 juin, ordre de repli immédiat. Le décrochage
peut avoir lieu en plein jour sans que l’ennemi s’en aperçoive grâce à un
brouillard épais. Le bataillon se regroupe à BOULT-aux-BOIS, stationne ensuite au
sud de la CROIX-aux-BOIS, franchit l’Aire, et prend position entre MONTCHEUTIN
et VAUX-LÈS-MOURON.
12 juin : La Compagnie reste sur sa position.
13 juin : La Compagnie fait mouvement dans la nuit du 12 au 13 et arrive à Sainte-
Menehould dans la matinée du 13. Positions changées plusieurs fois en cours de
journée. Attaque allemande dans la soirée.
14 juin : La Compagnie se trouve en partie rive est de l’Aisne, en partie route de
Sainte-MENEHOULD à la GRANGE-aux-BOIS avec le 1er bataillon. Une attaque
273
Chapitre IV Documents.

allemande repousse le 1er Bataillon et des éléments de la Cie vers le sud.


En fin de journée le Bataillon et le Régiment se reforment à PASSAVANT-en-
ARGONNE, le colonel MARTYN remplace le colonel DEBUISSY.
15 juin : Dans la nuit du 14 au 15 juin mouvement de PASSAVANT-en-ARGONNE,
vers BOIS d’HABERA (3km à l’EST de PIERREFITTE).
16 juin : Mouvement de BOIS d’HABERA à forêt de VOID.
17 juin : d° de forêt de VOID à forêt de RIGNY-ST-MARTIN
18 juin : d° de forêt de RIGNY-St-MARTIN aux BOIS d’OCHEY (entre ALLAIN &
OCHEY)
19 juin Prise de position lisières Ouest des BOIS D’OCHEY
20 juin d°
21 juin d°
22 juin Vers 6h. du matin recevons ordre de cesser le feu, un armistice étant,
paraît-il, signé – ordre apporté par l’officier de liaison à la Division. La Compagnie,
avec le Régiment fait mouvement vers un plateau situé à l’est de THUILLEY aux
GROSEILLES.
23 juin : Prise d’armes et revue par le Général DECHARME, Général de Division.
Le régiment fait mouvement en direction de NANCY. En cours de route des
officiers allemands demandent aux commandants d’unités de faire déposer les
armes à la troupe. Les armes sont déposées sur le bord de la route et détruites.
En fin de journée, le régiment arrive à BAINVILLE S/MADON. Les officiers sont
séparés de la troupe.
Lettre du Capitaine Jean Roger Trussand : Situation des effectifs de la C.A. 2.
Expéditeur : TRUSSANT JEAN ROGER 15 Septembre 1941 Ste LIVRADE S/LOT (Lot-
&-Garonne)
Le CAPITAINE TRUSSANT JEAN ROGER
Commandant la C.A.2 du 21° R.M.V.E.
à Monsieur le COMMANDANT du DÉPOT de la LÉGION ETRANGÈRE
(Section des Régiments de Volontaires Étrangers) à SIDI-BEL-ABBÈS
J’ai l’honneur de donner la situation d’effectif de ma Compagnie à la date du 23
juin 1940 (date d’internement). Situation reconstituée approximativement pour
la troupe, mon contrôle de Compagnie ayant été perdu en cours de combat. Je
n’ai plus les livrets matricules.
PETIT ÉTAT MAJOR.Commandant FAGARD, prisonnier le 23 juin 1940, puis
rapatrié en mai 1941 Capitaine POURQUIE, Adjudant-Major, prisonnier le 23 juin
1940, rapatrié en Août 1941 Lieutenant TRUFFY, Lieutenant-Adjoint, prisonnier
le 23 juin 1940 -– en captivité Oflag VIA à SOEST Médecin-Lieutenant DUMAS,
prisonnier le 14 juin 1940 – serait libéré ?
274
Chapitre IV Documents.

OFFICIERS de la C.A.2 ou AFFECTES C.A.2


Capitaine TRUSSANT, commandant la C.A.2, prisonnier le 23 juin 1940. Rapatrié
Août 1941 Lieutenant MASSELOT, disparu le 13 juin 1940 ; mais serait rentré
avant l’armistice.Lieutenant BOROVSKY (Russe) grièvement blessé le 14 juin1940
aux abords de la Grange-aux Bois (Marne) et laissé sur le terrain. Aucune nouvelle
de lui depuis cette date. Lieutenant NÉNON, prisonnier le 23 juin 1940 – en
captivité OFLAG VIA à SOEST Lieutenant COSCOQUELA, blessé le 9 juin 1940 –
prisonnier puis rapatrié.
TROUPE C.A.2
Position Prisonniers Tués (≠)Blessés Disparus Evacués indéterminée.
S/Officiers 15 0 2 10 2
Caporaux & hommes 56 5 10 126 13 22
Totaux- ---- ------ ---- 71 5 12 136 15 22
Total : 261
(≠) blessés ou malades avant l’ordre de repli du 10 juin
N.B. Les disparus sont supposés sains et saufs. Ce sont des gens ayant perdu leur
unité en cours de déplacement, soit involontairement, soit de leur propre
initiative sans autorisation. Ils sont présumés prisonniers ou rentrés avant
l’armistice.
Position indéterminée : Il s’agit du groupe des brancardiers avec lequel je n’avais
aucun contact. Même chose que pour les disparus. Leur chef, l’Adjudant-
Médecin BOUQUET de JOLINIERES (qui paraissait avoir été abandonné par ses
hommes) a été interné avec les officiers du Régiment le 23 juin 1940 à BAINVILLE-
S/MADON, puis dirigé sur destination inconnue. Ce médecin est compris dans le
tableau ci-dessus.
ETAT NOMINATIF DES TUÉS & BLESSÉS
TUÉS
Caporal VAN HOOLAND : Mort aux Petites Armoises le 9 juin 1940 – inhumé au
cimetière de NOIRVAL (08) (Charles Urbain Frédéric VAN HOOLANDT)
Volontaire Robert HULPIAUX : Mort à Ferme de Bazancourt le 9 juin 1940 –
inhumé au cimetière de NOIRVAL
Volontaire Benjamin SPERLING. (SZPERLING)
Caporal HENROTAUX. (HENROTEAUX)
VOLONTAIRE DESMARETS (DEMARET)
À ma connaissance il n’y a pas eu d’autres tués. Cependant, il se peut qu’il y en
ait eu isolément, le 14 juin matin, aux abords de la Grange-aux-Bois, mais cela est
peu probable.
BLESSÉS
275
Chapitre IV Documents.

Adjudant MANEYROL : commotionné et évacué le 9 juin


Sergent ANTON TUBAN Andres : blessé le 6 juin BOIS du CHENE – Evacué Sergent-
Chef RIGAUD
a été vu par plusieurs soldats, légèrement blessé le 14 juin matin aux abords de
la Grange aux Bois – Disparu.
Caporal FRANZISKAKIS Phocion : blessé le 14 juin près la Grange aux Bois – serait
prisonnier
Caporal SEMACH Henri: blessé aux Petites-Armoises le 9 juin 1940 – Evacué.
Volontaire ANTIPOFF (?) d° Alexandre
d° MICHEL (?) d°
Haïm Michel BAROUCH
d° LVOSCHI Abram d°
d° WISER (?) d°
d° MEYER Edgar d°
d° DA SILVA (?) d°
Joao DA SILVA?
d° BRAD Nicolas : aurait été vu blessé le 14 juin 1940 – Disparu.
d° NEMIROVSCKI (Abram): Blessé vers le 1er juin – Bois du CHENE –
Évacué, Même réserve que pour les tués.
Lettre du Capitaine Jean Roger Trussant : Citations
Le 15 Septembre 1941 Ste LIVRADE S/LOT (Lot-&-Garonne)
Le CAPITAINE TRUSSANT JEAN ROGER
Commandant la C.A.2 du 21° R.M.V.E.
À Monsieur le COMMANDANT du DEPOT
De la LEGION ETRANGERE
(Section des Régiments de Volontaires Etrangers) À SIDI-BEL-ABES
1°) - J’ai appris en captivité que certains militaires de mon unité, blessés le 9 juin,
et par la suite évacués ou rapatriés avaient obtenu des citations.:
- Lieutenant COSCOQUELA Armée
- Volontaire LVOSHI ((Lvocschi) (Armée ?)
- d° NEMIROWSCKI (Médaille Militaire ?)
Si d’autres militaires de mon unité se trouvent dans ce cas, je vous demande de
me les faire connaître.
2°) – Etant en captivité, le Colonel MARTYN a établi 2 dossiers de propositions,
l’un (proposition à l’armée au C.A. à la Division) transmis à une commission
française, l’autre (citations à la Brigade et au Régiment) qu’il devait rapporter à
sa rentrée de captivité. Sur le premier dossier les citations suivantes ont été
accordées :
276
Chapitre IV Documents.

- Lieutenant BOROVSKY – Armée ° du 25/5/41


- Caporal VAN HOLLAND – Division " (VAN HOOLAND)
- Volontaire HULPIAUX - " " "
- " SPERLING - " " " (SZPERLING)
-.Caporal HENROTAUX - " " " (HENROTEAUX)- --
-.Volontaire GOUNTCHEW –° " (Blagoe GOUNTCHEV)
- BERCHTOLD - " " " (? BERCHOLC?)
- Sergent VERLAET - " " " (Henri...)
---------------- J’ai l’honneur de rendre compte que sur l’état de proposition
soumis au Colonel, des noms ont été omis à la transcription, notamment :
a) Volontaire DESMARETS (DEMARET)tué le 9 juin 1940, aux PETITES-ARMOISES
(en même temps que le caporal HENROTAUX, tué et cité à la Division) et pour
lequel je renouvelle ma proposition de citation à la Division : " Le 9 juin 1940, au
cours d’un bombardement violent de l’artillerie ennemie sur la position occupée
par son unité, a continué à assurer auprès canon de 25 le service d’observation
dont il était chargé. A été mortellement frappé à son poste".
b) Caporal RASSINE (RACINE)pour lequel avait été fait la même proposition que
pour le sergent VERLAET, (cité au Régiment) je demande une citation au
Régiment : " Au cours d’une attaque allemande exécutée le 9 juin 1940, contre le
village des PETITES-ARMOISES, a assuré d’une façon remarquable le service de sa
mitrailleuse. A pris sous son feu des formations ennemies qui ont été obligées de
refluer en désordre en subissant des pertes importantes. Il a contribué ainsi à
l’échec de l’attaque allemande".
3°) Le dossier des Citations (Brigade et Régiment), emporté par le Colonel
MARTYN à sa rentrée de captivité (Mai 1941) a-t-il été remis au Dépôt ? Dans le
cas contraire, faut-il renouveler les propositions précédemment faites ?
4°) Après avoir revu, en zone libre, dès mon rapatriement, le Lieutenant
COSCOQUELA, j’ai l’honneur de demander 2 nouvelles citations :
Sergent ANTON TUBAN, blessé le 6 juin 1940 – évacué actuellement en zone
libre : Au Régiment, : "Excellent gradé, donnant un bel ensemble de courage et
de dévouement. Blessé le 6 juin 1940 ; alors qu’il assurait le service de sa pièce
anti-chars, sous le bombardement de l’artillerie ennemie".
Caporal FRANCESCAKIS Phocion blessé le 14 juin et prisonnier le même jour. Au
régiment : "Le 14 juin 1940, au cours d’une attaque allemande a continué à
assurer le service de sa pièce, malgré un feu violent de mousqueterie et de
mitrailleuse. À été blessé".
5°) Pourrai-je par la suite faire des propositions lorsque j’aurai des
renseignements contrôlés et plus précis sur certaines fractions de mon unité. En
277
Chapitre IV Documents.

effet, au 14 juin matin, j’avais perdu : - 3 Chefs de Section et l’Adjudant de


Compagnie (blessés) et un Chef de Section disparu : Lieutenant MASSELOT).
Lettre du Capitaine Jean Roger Trussand du 11 novembre 1942.
À Monsieur l’Adjoint Administratif des R.M.V.E. J’ai l’honneur d’accuser
réception de vos lettres des 4 et 11 novembre 1941
I – Contrôle nominatif de la Cie, inclus copie du contrôle de mon unité reconstué
tel qu’il devait être au 21 mai 1940 au moment où le régiment a quitté l’Alsace
pour être engagé dans les Ardennes. J’a copié les renseignements que j’avais sur
les grades de la troupe
II – Versements effectués par le sergent-chef Leroy
Inclus copie d’une lettre qu’il m’a adressée le 19 novembre. Le versement a été
fait au dépôt de CAUSSADE (Tarn-&-Garonne).
L’adresse de LEROY est : 26, rue Aldebert – MARSEILLE
Je lui fais confiance dans ses déclarations.
III – Demande de texte de citation
J’ai fait cette demande pour le volontaire - HULPIAUX Robert Mle 1286 tué le 9
juin. Lorsque vous aurez le texte, je vous serais reconnaissant de l’adresser si
possible, à son épouse : - Mme Robert HULPIAUX-BLARY 15 rue de Tinchon,
VALENCIENNES (Nord)
IV – Demandes de Citations
Je vous remercie d’avoir transmis ces demandes au Colonel DEBUISSY. Je suppose
que vous n’avez pas omis de transmettre les demandes pour :
- Volontaire DESMARETS – tué le 9 juin (DEMARET)
- Caporal RASSINE (RACINE)
(Citations omises dans le 1er dossier établi par le Colonel MARTYN, à la suite d’un
oubli de transcription).
V – Propositions en Cours (Brigade, Régiment) ÉTABLIES EN CAPTIVITE PAR LE
COLONEL MARTYN ET DONT LE DOSSIER EST RENTRE AVANT LUI, EN FRANCE, AU
MOMENT DE SON RAPATRIEMENT.
Le 18 Octobre, j’ai écrit au Colonel MARTYN pour lui demander si le
nécessaire avait été fait au sujet de ce dossier. Je n’ai pas eu de réponses. Je ne
sais pas s’il y a lieu de renouveler les demandes de citations au Régiment à la
Brigade, et vous serais obligé si vous pouviez entrer en relations avec le Colonel
MARTYN pour avoir ce renseignement. Il serait déplorable, que par suite de
difficultés de correspondance d’une zone à l’autre, ou par indifférence, ce dossier
reste dans l’oubli.
VI – ERREUR DE RENSEIGNEMENT
Dans les renseignements précédemment donnés, j’avais indiqué le Lieutenant
278
Chapitre IV Documents.

ROUDOUMETOFF (Russe) comme étant inhumé à NOIRVAL, alors qu’il est en


réalité inhumé dans le cimetière de CHATILLON S/BAR (Ardennes). Je m’excuse
du travail que je vous donne, et vous présente mes sentiments les meilleurs.
Signé R. Trusssant
Lettre du Sergent Chef Leroy au Capitaine Trussand
Le 19 Novembre 1941 Mon Capitaine,
J’ai bien reçu votre réponse à ma lettre et je vous en remercie. Je n’ai pas sous
la main le relevé des sommes que j’ai remises au dépôt, mais je me rappelle
approximativement leur montant : j’ai versé à l’adjudant-chef NUSSELT (au dèpot
de Caussade (T et G) environ 6 000 frs qui représentent 3 500 à 4 000 frs de solde
pour les militaires de la Cie et un peu plus de 2000 frs de boni ordinaire.
Par ailleurs, la quinzaine de prêt en cours lors de notre dislocation, c’est-à-
dire celle du 1er au 16 juin, ne m’a pas été versé en numéraire, mais elle
représente en droits environ 25.000 frs de boni qui ont été portés à l’actif de la
Cie, le cahier d’ordinaire ayant été arrêté avec un boni d’environ 28.000 frs
La petite somme restée entre vos mains doit atteindre au maximum 500 frs.
Je crois me souvenir que cette somme avait été conservée par vous sur le
montant du boni depuis notre départ d’Alsace. À l’origine elle devait être de
1.000 frs, mais vous m’avez remis fin mai, je crois, 500 frs. Il se peut au surplus
que le montant en ait été remis par vous à COURBIS (comptable adjoint), mais je
ne puis vous donner aucune précision sur ce point. Par ailleurs, le montant réel
détenu par vous n’atteint plus aujourd’hui 500 frs. En effet, nous avions
l’habitude de régler sur le boni les frais de bureau de la Cie ; or, à l’armistice il y
avait environ 275 frs de frais de bureau en suspens. Les factures ont été remises
au dépôt et le remboursement doit vous en être effectué.
Si vous n’étiez pas en possession de cette somme au moment de votre
entrée en captivité il est certain, à mon avis, qu’elle devait se trouver dans votre
cantine ouverte au Dépôt. Les bagages n’ont pas été laissés à notre disposition,
et d’après ce que j’ai vu au dépôt, je ne pourrais garantir l’intégrité des
opérations de remise et d’inventaire des bagages (un incident caractéristique est
en effet survenu pour la 6° Cie qui n’avait pas eu la précaution de conserver les
clefs de ses cadenas). De toute façon, l’importance de cette somme est minime,
et je puis vous dire que la C.A.2 est une des seules Cies qui ait pu solder
intégralement des comptes. Signé : Leroy.
Commentaire manuscrit du Capitaine Trussant :
≠≠ ≠≠ Ceci concerne une somme qui aurait été en mes mains, mais qui n’était pas

effectivement en ma possession, au moment de mon entrée en captivité ; soit


279
Chapitre IV Documents.

que cette somme ait été confiée au Comptable adjoint, soit qu’elle ait été laissée
dans ma cantine, rentrée au Dépôt. Je n’ai plus de souvenir exact sur ce point.
Lettre du Capitaine Jean Roger Trussant datée du 25 juillet 1942
Une date manuscrite a été ajoutée au crayon sur ce document : 25 juillet 1942
Le Capitaine deRéserve TRUSSAND Jean Roger Ex-
Commandant de la C.A.2 du 21e R.V.E. À
Monsieur le Chef du Bureau Liquidateur desRégiments de Volontaires
Etrangers A SIDI-BEL-ABBES
J’ai l’honneur de renouveler les demandes faites par mes lettres du 15 septembre
et 19 décembre 1941, concernant les propositions faites par moi en faveur de
certains militaires de mon unité, dont certaines citations omises à la transcription
dans un dossier établi à l’Oflag VIA. Une de ces citations a été notamment faite
pour un volontaire tué à son poste de combat le 9 juin 1940. J’ai essayé de me
mettre en relations avec les Colonels MARTYN et DEBUISSY, mais je n’ai rien pu
obtenir de positif. N’avez-vous rien reçu pour ces militaires. Dans la négative,
dois-je m’adresser par votre intermédiaire ou directement à la commission
spéciale siégeant je crois à Vichy. Je vous remercie à l’avance des renseignements
que vous pourriez me donner. Signé R. Trussand Ajout manuscrit du Capitaine
Trussand Excusez mon insistance. Il semble qu’on doive pouvoir faire quelque
chose pour des soldats qui ont fait proprement leur devoir et y ont laissé la vie.
HISTORIQUE DU 3E BATAILLON Poulain Ravel
Centre Documentaire de la Légion étrangère… (Visite de M. Didier Michon au
Centre...2018).3e bataillon toutes Cies rapport Poulain Ravel.
Encadrement du 3e Bataillon le 30 avril 1940 au départ pour la zone des
armées.
Chef de Bon Cdt Charles Poulain
Cap Adjt Major Cne Joseph Maurice Farges.
er
Puis Cne Pierre Pascal Doubaud à partir du 1 mai 1940.
Officer adjoint Lt Jean André Saint Marc.
Médecin Med-Lt Jean-François Buvat.
Médecin auxiliaire Adjt Salomon (William) Amsellem
Adjt (transmissions) Adjt Fernand Douet.
Adjt (ravitaillement) Adjt Guillot
9e Cie
Cne Henri François Eugène Sabadie, blessé 26 mai, dcd le 29.
Puis Amédée Modéna (Vers 29 mai-21 juin).
Lt Henri Paul Dugros
Lt Theodor Smirnoff.
280
Chapitre IV Documents.

S/Lt Rene Gaston Lineres Guiart


Sgt-Chf Simon
Adjt de Cie Lefèvre
Sgt-Ch. Comptable Baudelet
10e Cie
Cne Félix Duvernay.
Lt Georges Monteil
S/Lt Vladimir Krassnoussof
Asp. Jean Alfred Eugène Defoy
Adjt Albert Pereira
Adjt de cie Lavaud
Sergt-Ch. Comptable Reyer
11e Cie
Cne Georges Ravel de Biesville.
Lt Marc Saumureau
Ss/Lt Arnold François de Cuniac
Ss /Lt Basil Roudometoff
Adjt/Ch. Robert Michel
Adjt de Cie Leroy
Serg-Ch Comptable Paquet
C.A.3
Cne Henri Pascal Doubaud
Puis Lt Jean-François Audibert à partir du 1er mai 1940.
Lt Pierre Bernard
Dulion
S/Lt Dimitri Firsk
Asp. Antoinr Henri
Beille
Adjt Roger Blanc
Adjt André Pouraud.
Serg-Chef Popot
Le 3e bataillon de Barcarès à la montée au front.
Formation du Régiment le 6 Octobre 1939 au Camp du Barcarès (Pyr.Or.). Le 3e
Bon est successivement commandé par le Lt Saumureau, le Cne. Doubaud (8
octobre 1939), le Cap. Octobon (15 octobre 1939), le Cne. Berve (22 octobre
1939), le Cdt Poulain. Les volontaires arrivent au Bataillon à partir du 20 octobre
1939. Habillement, équipement. L’instruction se poursuit jusqu’au 30 avril 1940.
281
Chapitre IV Documents.

Entre temps séjour au Camp du Larzac (Aveyron) du 1er au 30 Avril 1940.


30 avril 1940
Départ du camp de Barcarès (Gare de Rivesaltes) pour la zone des Armées
(Narbonne, St Jean de l’Osne, Lyon, Bourg en Bresse, Gray, Vesoul, Epinal,
Sarrebourg, Saverne, Brumath (Bas-Rhin)). Le Capitaine Farges (Adjudant Major)
malade est évacué sur l’hôpital de Gray (le 1er mai 1940) au passage dans cette
ville. Le Capitaine Doubaud prend les fonctions d’Adjudant Major (1er mai 1940).
2 mai 1940
Débarquement à Brumath (Bas-Rhin) à 7h30. Les 9e et 10e Cies sont cantonnées
à Mommenheim, la 11e, la C.A.3 et l’État-Major du 3e Bon à Wittersheim. Le Bon
détache des éléments de la C.A. pour la défense anti-aérienne des deux
cantonnements et assure des postes de surveillance aux issues, ainsi que des
patrouilles anti-parachutistes. Dans les divers cantonnements organisation de la
défense passive.
8 mai Visite du Général Decharme, Cdt la 35e D.I. et remise du fanion au 3e Bon.
12 mai Réalisation de tir à Mittelhausen
15 mai
Reconnaissances et études diverses sur des secteurs défensifs par l’E.M. du Bon
à Weyersheim.
17 mai Reconnaissances et études diverses sur des secteurs défensifs par l’E.M.
du Bon à Ernolsheim Pendant le séjour dans cette région, incursions de l’aviation
ennemie en particulier sur les cantonnements de Mommenheim. Attaques et
ripostes à la mitrailleuse, pas de victimes. Perception incomplète des déficits en
matériels.
22 mai Embarquement du Bon à 6h30 en gare de Hochfelden, arrivée en gare de
Saint-Mihiel dans le courant de l’après-midi. Itinéraire suivi : Saverne-Sarrebour-
Lunéville-Neuves Maisons-Toul-Commercy-Saint-Mihiel. Bivouac provisoire dans
les bois situés au NW de Chauvoncourt. À la tombée du jour mouvement du Bon
à destination des bois situés à l’W de Belrain. P.C. de l’E.M. à Erize la Brûlée.
23 mai À la suite de pluies diluviennes le Bon gagne les locaux inoccupés de
Belrain, puis rejoint sur ordre du Régiment, le cantonnement d’Erize la Brûlée
dans l’après-midi. À 22 heures, embarquement en camions avec comme
destination Noirlieu, Somme-Yevre. Au moment du départ changement de
destination pour le bois de Bourgogne situé près le Morthomme.
24 mai Arrivée dans la matinée dans le Bois indiqué. Le soir départ pour les
tranchées, après avoir reçu des ordres verbaux au P.C du Colonel. Itinéraire :
Briquenay-Boult aux Bois-Belleville-Châtillon sur Bar- Arrêt de 1h30 dans le bois
du Préventorium de Belleville.
282
Chapitre IV Documents.

25 mai L’arrêt dans le bois indiqué ci-dessus, ne nous permet pas d’arriver au
lever du jour. 8 heures : À hauteur du Bois des Wileux, les éléments du Bon se
dirigent sur leurs emplacements. La 9e Cie sur les Petites Armoises, la 11e vers le
coude du Canal des Ardennes, la 10è en réserve en avant de la ferme de
Bazancourt où est installé le P.C du Bataillon, son observatoire se trouvant à la
corne nord du Bois des Wileux. Les éléments de la C.A. sont répartis dans le
secteur suivant le plan de feux. L’installation est couverte par des éléments de
divers G.R. qui se trouvaient sur les emplacements dans la partie W du secteur et
en lisière de la route Le Chesne-Stonne dans la partie Est. L’occupation des
emplacements s’est effectuée sous le bombardement de l’Artillerie ennemie tout
particulièrement sur le village des Petites Armoises et sur le coude du Canal des
Ardennes. Le S/Lt Roudometoff de la 11e Cie est tué. Activité aérienne allemande.
À 22 heures les éléments avancés des G.R. qui se trouvaient en contact avec les
forces ennemies se retirent et le Bon prend le contact à son compte ; des travaux
défensifs sont très poussés en présence de l’activité de l’infanterie ennemie qui
cherche à s’infiltrer. La section Pereira de la 10e Cie est détachée au Moulin Neuf
en raison de l’importance de ce point. La 9e Cie encadre le village des Petites
Armoises, lui-même tenu par la 9e Cie du 11e R.I. (Capitaine Roux).
26 mai Dans la matinée, violents bombardements par l’artillerie ennemie ; morts
et blessés dont le Lt Dulion de la C.A. tué et le Cap. Sabadie légèrement blessé,
mais décédera le 29 (le Lt Smirnoff prend le commandement de la 9e Cie). Au
cours de la journée les Allemands lancent quelques attaques sur nos positions,
mais toutes sont repoussées.
27 mai Nouvelles attaques et bombardements allemands sur le sous quartier de
la 11e Cie. Tués et blessés dont l’aspirant Beille de la C.A. très grièvement touché.
Le service sanitaire est débordé par suite de l’absence du Médecin Lt Buvat
faisant fonction de Médecin-Chef du Régiment. Les éléments avancés ennemis
s’approchent du village des Petites Armoises et s’installent à la carrière située au
S.W. de la côte 201 et sur les pentes dominant les Petites Armoises. Nous
maintenons toutes nos positions et les consolidons en les organisant. (Dans le
Pré aux Moines les travaux défensifs ont dû être effectués en superstructure par
suite de l’état marécageux du terrain). En raison d’infiltrations possibles
l’intervalle entre la 9e et la 11e Cies est occupé par les éléments avancés de la 10e
Cie (Cie réservée)
28 mai Devant la ténacité de notre résistance, l’activité de l’ennemi se ralentit.
Notre poste d’observation nous signale que les Allemands s’organisent sur les
pentes de Tannay et creusent de éléments de tranchées effectuant même des
bétonnages. Notre artillerie alertée déclenche des tirs particulièrement
283
Chapitre IV Documents.

meurtriers dont les résultats sont confirmés par la venue de très


nombreuxbrancardiers. Le Général Delessay, Cdt l’I.D. arrive en side-car au P.C.
du Bataillon suivi d’un deuxième side transportant un Commandant du Génie
pour information concernant les péniches situées sur le Canal des Ardennes.
Cette visite n’est pas restée inaperçue et a occasionné un violent bombardement
de la ferme de Bazancourt provoquant trois morts et plusieurs blessés au P.C
Dans la journée, tirs d’artillerie de part et d’autre.
29 mai Activités des deux artilleries. Deux sections de F.V. du 11e R.I. qui tenaient
le village des Petites Armoises se retirent et la défense est organisée avec les
éléments restant sur place. Une patrouille ennemie qui cherchait à s’infiltrer dans
nos lignes a été surprise et anéantie laissant trois morts sur le terrain dont un
officier et un s/officier. Des armes diverses (mitraillette, pistolet mitrailleur,
grenades), des cartes au 1/20.000 portant des indications sur les emplacements
des armes automatiques et des batteries d’artillerie allemandes furent le butin
laissé entre nos mains.
30 mai Visite du Colonel et arrivée des officiers du 1er Bon, à la nuit, pour
reconnaissance du secteur en vue de la relève du lendemain. Au cours de la nuit,
tirs d’armes automatiques de part et d’autre.
31 mai Le Bon est relevé au début de la nuit par le 1er Bon et se rend au bois des
Wileux où il arrive sans incidents au petit jour (1er juin).
1er juin Installation dans le bois, construction d’abris ; nettoyage de bivouac,
mises en état des armes. Dans la nuit, violents bombardements de l’artillerie
ennemie sur le bois : dégâts matériels, pas de blessés. Le Cne. Modéna prend le
commandement de la 9e Cie remplaçant Sabadie mort le 29.
2 juin Installation d’éléments de surveillance à la lisière nord du bois.
Continuation des travaux d’aménagement. Dans la soirée reconnaissance
d’officiers dans le secteur occupé par le 2e Bataillon en vue de la relève du
lendemain.
3 juin Préparation pour la relève de la soirée. Départ vers 22 heures pour le
quartier du Canal (entre le Chesne exclu et le coude du canal). La relève s’effectue
sans incidents. La 10e Cie occupe le sous-quartier W (partie en bordure du Canal).
Une 4e section en réserve dans le bois situé au S.E. du Chesne, la 11e Cie est placée
dans le sous-quartier E. occupant la bordure sud du Canal et le bois carré au sud
de ce dernier en liaison avec le 1er Bataillon à l’est. La 9e Cie est mise en réserve
dans les bois au sud du Canal des Ardennes.
4 juin Aménagement et organisation du quartier (installation de réseaux de
défense inexistants jusqu’à ce jour. Amélioration des tranchées dans la berge du
Canal et modification du plan de feux. À la 10e Cie au cours d’une reconnaissance
284
Chapitre IV Documents.

deux guetteurs sont tués. L’ennemi exécute des émissions à la radio (parlées et
musicales). Reconnaissance de la ligne d’arrêt : Bazancourt-Maison Rouge.
5 juin Continuation des travaux de défense- Échange des tirs d’artillerie.
6 juin Continuation des travaux de défenses. Reconnaissances diverses.
7 juin Continuation des travaux de défenses. Reconnaissances diverses.
Réception de l’ordre du jour de la 35e D.I. ci-après : « Soldats de la 35e, la bataille
est engagée, vous veillerez et vous tiendrez s’il le faut jusqu’à la mort. Vive la
France ! »
8 juin Une attaque par chars d’assaut est annoncée comme prochaine. Toutes
dispositions sont prises pour y résister avec succès.
9 juin Une attaque ennemie se déroule sur la partie W de la 36e D.I. (57e R.I.) qui
la repousse et fait de nombreux prisonniers (800 environ). Bombardement des
Petites Armoises (quartier du 2e Bataillon) qui brûlent toute la nuit. Activité de
l’aviation ennemie.
10 juin Nouvelle attaque sur le même point que la vieille après une forte
préparation d’artillerie ; le 57e R.I. est bousculé et une poche se forme au sud du
Canal des Ardennes. Le Bon reçoit l’ordre d’envisager éventuellement une
défense en bretelles face à l’W. Une reconnaissance immédiate des
emplacements est effectuée pour l’exécution de cet ordre. Activité intense de
l’aviation ennemie, échange de tirs d’artillerie. Dans la soirée (vers 21h30) arrive
au P.C. un ordre préparatoire de repli, prévu en deux temps (Eléments de 1re ligne
demeurant sur place et faisant croute jusqu’au lendemain soir ; éléments de
réserve (9e Cie) se repliant avec le 1er Bon sur la Croix aux Bois). Peu après un
compte-rendu de la 10e Cie nous informe que le 14e R.I. décroche en totalité ce
même soir à partir de 22 heures. Compte-rendu est fourni au Régiment
mentionnant ce fait et ordre nous est donné à 0 h 35 de décrocher en totalité
immédiatement.
11 juin Le décrochage s’est effectué dans l’ordre suivant : 9e, 11e, 10e Cies sans
éveiller l’attention de l’ennemi. Itinéraire de repli : Chatillons/Bar-Noirval-Quatre
Champs (village en feu) -Toges-La Croix aux Bois-Longwé. Le Bataillon s’établit
dans les bois situés au sud de ce dernier village où il est pris à partie par l’aviation
ennemie. Dans l’après-midi, ordre est reçu de se porter à proximité du P.C du
Régiment placé à 3 km environ plus au sud en bordure de la route de Vouziers à
Grandpré (R.N. 46). La 9e Cie est à la disposition du 1er Bon pour protéger le repli
du régiment. La justification du décrochage réside dans le fait que le gros des
troupes ennemies qui n’avaient pu percer notre front s’est porté vers Rethel où
l’Aisne a été franchie et se préparait à nous prendre à revers en utilisant la route
Rethel-Vouziers. Vers 18h le Bon, sur ordre, se porte sur la ligne Vaux les
285
Chapitre IV Documents.

Mourons-Les Rosiers par l’itinéraire Olizy-Mouron-Vaux les Mouron. La 11e Cie


sa droite en liaison avec le 2e Bataillonon occupant le village de Mouron comme
tête de pont avec ordre de se replier, au moment de la destruction du pont, sur
Vaux les Mouron, où elle doit s’installer sur la voie ferrée depuis la gare incluse
jusqu’au bois situé à l’W. La 10e Cie se place à la gauche de la 11e Cie jusqu’à «
Les Rosiers ». Le P.C du Bon se trouvant au Château des Rosiers. Le P.C. du
Régiment dans les bois de Bouconville.
12 juin Les Compagnies en ligne effectuent leur installation définitive en
exécutant de sérieux travaux de campagne. La 9e Cie rejoint dans la matinée et
est placée en réserve dans les bois situés à l’Est du Châteaux des Rosiers. La tête
de pont couvrant le village de Mouron se retire au sud de l’Aisne et le génie fait
sauter le pont à 9 heures. En fin d’après-midi, par suite de la présence de
l’ennemi, l’ordre est donné au Bon de se replier sur le bois d’Hauzy, près de
Malmy. La 10e Cie protégera le décrochage qui s’effectuera à 18 heures. Les
éléments de la 6e D.I.C. situés à notre gauche se trouvent au contact avec
l’ennemi descendant de Monthois. Itinéraire de repli : Bois d’Autry-Autry-Condé
les Autry-Serven-Malmy.
13 juin Vers 3 heures, arrivée à Malmy, où de nouveaux ordres sont donnés
prescrivant au Bon de grouper ses éléments dans le village même et d’y prendre
un repos de 4 heures, justifié par l’extrême fatigue des hommes.
À 4h35 le Bon repart sur un nouvel ordre annulant le repos de 4 heures pour se
rendre sur des nouveaux emplacements dans la région au sud de Sainte-
Menehould (village de Verrières).
Le S/LT Guiart de la 9e Cie est laissé à Malmy avec un groupe de combat ; sa
mission est d’attendre la 10e Cie pour l’aiguiller sur Verrières. (La 10e à décroché
de Ferme Joyeuse avec sa gauche au contact à 22 h 45 (12 juin). Après Servon elle
utilise la voie ferrée pour tenter de rejoindre plus rapidement le Bataillon; Ne le
trouvant pas elle continue en direction générale de Sainte-Menehould, par des
itinéraires défilés jusqu’à le Neuville au Pont, où elle sera sérieusement prise à
partie par des éléments blindés ennemis installés sur la Route Nationale 382.
Tués et blessés et grosses pertes de matériel au cours des franchissements des
trois ponts sur l’Aisne tous détruits, notamment une chenillette et un canon de
25. Le Bataillon n’ayant pas pris de repos et privé de ravitaillement, suit
l’itinéraire Malmy, Berzieux, Vienne la Ville (où le Capitaine Cohn et un officier
du Génie font sauter le pont après son passage), Moiremont, Sainte-Menehould,
Verrières. Le Colonel nous donne comme mission la défense du village de
Verrières ; puis un nouvel ordre nous est donné d’appuyer sur notre gauche pour
se porter au sud de l’Auve, la droite près de Sainte-Menehould, la gauche près
286
Chapitre IV Documents.

de Dampierre sur Auve. Au cours de la reconnaissance à Argers par le Chef de


Bataillon et son Capitaine Adjt Major, des tirs d’armes automatiques dirigés sur
le village décèlent la présence de l’ennemi. Le Colonel est aussitôt avisé. Le
Bataillon on prend immédiatement des emplacements de combats près de la
Route Nationale 382, Sainte-Menehould-Vitry le François (N.W. de Verrières). La
liaison avec la 6e D.I.C., à l’ouest n’a jamais pu être assurée, Dampierre su Auve
n’ayant pas été atteint ; des groupes éparts de combattants retraitant vers le sud
est nous avisent de l’approche de l’ennemi ; pour permettre au Bon de s’installer,
le Groupe Motocycliste du Régiment avait pris position près de la route indiquée
ci-dessus. Durant l’installation, des engins blindés ennemis débouchent des
pentes S.E. d’Argers en direction de Verrières essayant de contourner Sainte-
Menehould. Ils n’insistent par sur notre front se heurtant à une âpre résistance
et prennent la direction de Vitry le François. Au cours de cet engagement le Lt
Caussé est tué. Le s/Lt Firsk blessé. À 18h 15 l’artillerie d’appui direct du Régt
quitte ses positions sud de Verrières à la suite de quoi le P.C du Régt est porté de
Verrières à Passavant. Le Lt Médecin Buvat rejoint le Bataillon. Une trentaine de
bombardiers ennemis passent sur nos emplacements se dirigeant vers le sud-est
et l’avion de reconnaissance continue à nous survoler tout en nous mitraillant. La
liaison à notre droite est effectuée au pont sur l’Aisne, de Verrières avec le 21 e
R.I.C. Le Bataillon privé de la 10e Cie forme le hérisson en se regroupant au nord
de Verrières. À la tombée de la nuit les troupes ennemies arrivent au contact sur
ces positions qu’elles ne parviennent pas à entamer.
14 juin La liaison avec la gauche s’avérant impossible, le Bataillon s’assure que
celle-ci existe toujours avec la droite. Le Cap. Adjt Major constate que le Pont de
Verrières sur l’Aisne a sauté et qu’il n’existe plus aucun moyen de passage sur
l’autre rive ; il parvient toutefois à joindre le Cdt du 2e Bataillon du 21e R.M.V.E...
Des instructions sont données à l’Adjudant-Chef Michel pour construire une
passerelle de fortune, avant le lever du jour. Pendant l’établissement de cette
passerelle l’ennemi s’étant infiltré le long de la voie ferrée mitrailla la section
occupée à ce travail. Vers 6 h 30 l’ennemi, après une très courte préparation
d’artillerie se porte à l’attaque de nos positions essayant l’enveloppement par les
ailes. Le Chef de Bataillon ayant déjà dépêché deux agents de liaison au P.C. du
Régiment et aucun ordre ne lui étant parvenu, ne disposant de plus que d’une
quantité infime de munitions, décide de porter les éléments légers de son
Bataillon sur la droite de l’Aisne et ses éléments lourds sur les hauteurs de
Verrières. La section de Cuniac est chargée d’assurer la protection du
décrochage, qui s’effectue sous le feu des armes automatiques de l’adversaire.
Le passage de l’Aisne fut très difficile, le Bataillon on ne disposant pas de moyens
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Chapitre IV Documents.

de franchissement. (Un ordre de repli sur la rive droite de l’Aisne, donné par la
D.I., qui aurait dû nous parvenir le 13 juin à 19 heures, c'est-à-dire avant la
destruction du pont de Verrières aurait permis de grouper la totalité du Bataillon
derrière la rivière, mais malheureusement il n’a jamais touché le Chef de
Bataillon). Les éléments lourds (C.A.) appuyés par les voltigeurs chargés de leur
protection ayant occupé leurs nouveaux emplacements cherchent par leurs feux
à aider le repli de la section de Cuniac et à ralentir la progression ennemie. Au
cours de l’exécution de sa mission, la section de Cuniac a été totalement
encerclée et n’a pu rejoindre le Bon. La pression de l’ennemi s’accentuant de plus
en plus et les munitions manquantes totalement, la fraction située à l’W de
l’Aisne se replie sur Villers en Argonne et se met à la disposition du Chef de
Bataillon chargé de la défense de ce village, pour continuer le combat.
Après reconnaissance des nouvelles positions et commencement d’installation,
ordre est donné aux éléments du Bataillon, par le Lt Colonel Martyn qui a
remplacé le Lt Colonel Debuissy à la tête du 21e R.M.V.E. de rejoindre
immédiatement Passavant. Le Bataillon se regroupe dans ce village où les
hommes harassés prennent un léger repos. (La 10e Cie n’a pas encore rejoint le
Bataillon). Vers 19 heures les éléments regroupés vont bivouaquer dans les bois
situés autour de la ferme de Brouenne par l’itinéraire Passavant-Triaucourt-
Ferme de Brouenne, où la 10e Cie nous a précédé. (Cette Compagnie, après le
franchissement de l’Aisne le 13 juin s’est regroupée aux lisières Est de la Neuville
au Pont. Le Cne Duvernay essaie d’appuyer sur Moiremont pour échapper à la
poursuite de l’ennemi qui vient qui vient en direction générale du N.W. La Cie
anti-chars qui occupe Moiremont est dépassée par les éléments ennemis avant
que le village ait pu être atteint. Toute la 10e Cie s’engage immédiatement à
travers la forêt, et après une marche difficile débouche sur la Route Nationale
N°3 entre la Grange aux Bois et les Islettes, où elle se met à la disposition du
Colonel Cdt le 11e R.I. qui l’affecte au Bataillon on du Cdt Nicolaï. Le 14 entre 2 et
5 heures la 10e Cie va dégager deux canons de 25 en mauvaise posture. À 6 heures
le Lt Monteil avec une section monte renforcer une Cie aux Vignettes près des
Islettes. À 7 heures, l’aspirant Defoy avec une autre section est mis à la
disposition d’une Cie dans la Grange aux Bois. Au cours de l’attaque de ce village
le reliquat de la 10e Cie est engagé sous les ordres de son Capitaine pour appuyer
l’action dans la Grange aux Bois et permettre aux unités du 11e R.I. d’en
décrocher. Le Lt Obolensky du 21e R.M.V.E. est grièvement blessé au cours d’une
contre-attaque. La 10e se replie avec le Cdt Nicolaï sur Futeau et Brizeaux d’où le
Général Delaissey la dirige sur le prochain bivouac du Bataillon. Le Lt Monteil est
porté disparu. Dans les journées du 13 et 14 la 10e Cie a perdu ou laissé sur le
288
Chapitre IV Documents.

terrain une centaine d’hommes). 15 juin Dans la nuit le ravitaillement nous


parvient en partie. Le Bataillonon en était privé depuis son décrochage du Chesne
(nuit du 10 au 11). Après un repos de 4 heures le Bataillon reçoit l’ordre de se
rendre dans un des bois situés à l’ouest de Rembercourt aux Pots et suit
l’itinéraire ci-après : Vaubécourt-Isle en Barrois. Arrivé sur ses emplacements et
après liaison avec le Colonel ordre lui est donné de se diriger sur Érize-la-Grande
qu’il atteint dans le courant de l’après-midi, sa mission étant de défendre la Voie
Sacrée. Dispositif du Bataillon : la 9e Cie à Érize-la-Grande en liaison au sud avec
le 11e R.I. occupant les lisières W. du village ; la 10e Cie appuyée à la Voix Sacrée
au Nord d’Érize-la-Grande, la 11e Cie en liaison avec la 10e jusqu’au village exclu
d’Érize-la-Petite, avec à sa droite le 2e Bataillon. À 22h15, le Bataillon est relevé
par un Bataillon du 123e R.I. qui doit occuper les lisières W du Bois de la Jurée
situé à l’Est de nos emplacements. Le Bataillon se dirige alors sur le bois
d’Habeyra par l’itinéraire suivant : Érize-la-Petite, Chaumont s/Aisne, Lonchamp
s/Aire, Pierrefitte s/Aire, le bois d’Habeyra en bordure de la route nationale
N°402 (3K 700 à l’Est de Pierrefitte) où il bivouque.
16 juin Au matin le Bataillon reçoit l’ordre de se rendre dans les bois à l’Est de
Sampigny. Itinéraire Rupt devant Saint-Mihiel, Koeur la Grande, Koeur la petite,
Sampigny. Après un repos de 5 heures, le Bataillon sur de nouveaux ordres se
dirige sur la forêt de Vaucouleurs en bordure de la Route Nationale N° 64. La
division a été regroupée et devait prendre un très long repos en raison de l’état
d’extrême fatigue des hommes.
17 juin Un nouvel effort est demandé au Bon qui doit se rendre sous la pluie à
Montigny les Vaucouleurs, par Vaucouleurs. Le Cdt Poulain exténué par le travail
et les marches fournis est évacué. Le Commandement du Bataillon est pris par le
Cne Ravel. (Dans l’après-midi le Bataillon reçoit l’ordre de se porter dans la forêt
de Meine au sud est de Rigny St Martin. Au passage à Vaucouleurs le Colonel
donne au Battaillon l’ordre de s’installer en tête de pont entre Vaucouleurs et
Chalaines pour assurer le repli derrière la Meuse de la 35e D.I. (Le Lt Pierre
Boulard affecté spécial aux Tanneries Vve Paul Tuc et Cie à Chalaines demande
son incorporation au 21e R.M.V.E. il est affecté à la 11e Cie). Sa mission terminée
le Bataillon rejoint la forêt de Meine en bordure de la route nationale N°60 où il
arrive après minuit.
18 juin Dès 4 heures du matin l’artillerie ennemie nous prend sous ses feux, en
particulier dans les bois situés au Nord de la route de Blénod-les Toul. Ordre nous
est donné de nous rendre dans les bois d’Allain.
À 6h45, le mouvement est exécuté par l’itinéraire : Blénod les Toul-Crezilles-
Allain-Bois d’Allain où nous arrivons à 16 heures. Le Bataillon bivouaque à l’Est
289
Chapitre IV Documents.

de la route d’Ochey.
19 juin Le Bataillon reçoit l’ordre de se porter au village d’Allain et d’en assurer
la défense face au Sud et au S.W. Il prend le dispositif suivant : 9e Cie sortie sud,
aux abords de la route N°74 de Colombey les Belles ; la 10e sortie sud est, route
de Crépey ; 11e Cie sortie W route de Bagneux. Le Bataillon est mis à la disposition
de la 6e D.I.C. Des travaux sérieux de défense sont effectués autour du village.
Dans la soirée l’artillerie ennemie bombarde les issues du village, pas de pertes.
20 juin Continuation des travaux de défense du village. Des troupes coloniales
viennent s’installer dans les bois d’Anciotta et d’Allain situés au Nord et à l’est du
village. Bombardements intermittents de l’artillerie ennemie qui fait 3 blessés à
la C.A.
21 juin Le 1er Bataillon venant de Colombey les Belles (qu’il avait abandonné sur
ordre) vient renforcer la défense du village d’Allain. Il s’installe sur la route
d’Allain-Crepey, du ravin Est du village à la Route Nationale N°174 incluse. La 9e
Cie resserrant son dispositif sur la droite. La 11e Cie conserve ses emplacements
à cheval sur la route de Bagneux. La 10e Cie venant s’établir sur sa droite face à
l’W battant les glacis en direction de Bagneux et de Crézilles. Continuation des
travaux de défense ; renforcement des barricades aux issues. Dans le courant de
la matinée le village est à nouveau bombardé ; l’après-midi le bombardement
redouble d’intensité par suite de l’approche de l’ennemi.
Vers 18 heures des éléments ennemis importants sont signalés à 900 m au S.W.
du village ; le commandement prend toutes mesures pour resserrer le dispositif
et rappelle qu’il faut tenir coûte que coûte, avec interdiction de se replier.
À partir de 19 heures le bombardement ennemi s’intensifie encore, dirigé avec
précision sur le village même, qui épargné jusque-là, est particulièrement
endommagé. Un seul blessé, sergt Anton de la 10e Cie.
À 21h45 un ordre du Colonel Ditte Cdt la 6e D.I.C. prescrit d’éviter l’accrochage.
À 22h 55 un nouvel ordre annonce la cessation des hostilités. Dans la nuit du 20
au 21, le service de l’intendance occupe la boulangerie d’Allain pour fabriquer du
pain pour les troupes, mais par suite des bombardements il abandonne cette
fabrication pour se mettre en sécurité et quitte Allain. L’adjudant-Chef Douet
aidé de quelques boulangers pris dans les Cies assure alors cette fabrication, qui
permet de ravitailler les diverses unités sur place et la population civile du village.
La 10e Cie abat du bétail fournissant en viande le 1/21e et la C.C.
22 juin Le Bataillon reçoit l’ordre de procéder à la destruction des armes
automatiques et à la mise hors d’usage des armes individuelles. Les Cies sont
regroupées et bivouaquent sur leurs anciens emplacements de combat. Des
officiers allemands venus en automobile se présentent à l’entrée du village (route
290
Chapitre IV Documents.

de Colombey) pour s’informer de nos conditions de reddition. Le Chef de


Battaillon Miraibail Cdt le 1/21 fait connaitre que des pourparlers sont en cours
entre le commandement allemand et le Général Dubuisson commandant les
divers groupements encerclés avec nous.
Au début de l’après-midi ordre nous est donné de nous rendre à la clairière nord
de Thuilley aux Groseilles, où a lieu le rassemblement du Régiment. Le Général
Cdt la 35e D.I. passe celui-ci en revue et réunit les officiers pour leur exprimer sa
satisfaction sur la tenue du Régiment et sur sa conduite au cours de la campagne.
Le Régiment bivouaque dans la clairière.
23 juin Dans la matinée le régiment se rend à Bainville sur Madon par l’itinéraire
: Maizières-Bainville. En cours de trajet les hommes de troupes déposent leurs
armes sur l’un des bas-côtés de la route, les officiers sont autorisés à conserver
les leurs. À l’arrivée à Bainville sur Madon les soldats sont séparés de leurs
officiers et dirigés dans un pré en bordure du Madon. Les officiers sont parqués
dans une prairie au Nord de Bainville où leurs armes, cartes, jumelles, boussoles
etc.., leur sont retirées.
3e Bataillon 9e Cie rapport Modéna.
Saint Brévin l’Océan le 19 septembre 1942. Amédée Modéna Directeur. Agence
Trechu St Brévin l’Océan L. A. Capitaine de Réserve à la Légion étrangère Cmdt la
9e Cie du 21e R.M.V.E. À Monsieur l’Adjoint Administratif principal STOECKLE.
Chef du Bureau liquidateur de la Légion étrangère. Sidi Bel Abès.
S/C DE Monsieur le Général Chef de la Délégation du Secrétariat d’État à la
Guerre. Bureau central du courrier Paris.N°12334 E.P. N°de transfert du Bureau
Central du courrier de laa délégation du Sous Secrétaire d’État à la Guerre à Paris.
44.202 D/C/T.O.
Conformément à votre demande, par votre demande du 22 juin 1942, reçue le
20 août écoulé, j’ai l’honneur de vous adresser inclus :
1°Un C.R. de fin d’opération de la campagne 1940 à la tête de la 9eCie du 21e
R.M.V.E.
2°Une copie certifiée conforme du certificat de blessure reçue au cours de ces
opérations.
C.R. de fin d’opération 9e Cie 3e bataillon Capitaine Modéna :
J’ai l’honneur de vous résumer ci-dessous, au jour le jour, la fin des opérations
auxquelles j’ai participé à la tête de la 3e Cie du 21e R.M.V.E.
1er juin. C’est le premier jour où je prends sur ma demande le commandement
de la 9e Cie au bois de Châtillon-sur-Bar. J’ai quitté la veille, à ce même bois en
position de Réserve, la C.A.1 par suite de dissentiment avec le commandant
Mirabail, Chef du premier bataillon. La séparation a eu lieu à mon honneur, le
291
Chapitre IV Documents.

Commandant Mirabail me rendant hommage en ces termes en me remettant


l’ordre de transfert : « Vous voyez, Capitaine Modéna, que personne ne doute de
vos qualités militaires. » La 9e Cie avec tout le 3e bataillon a été relevée dans la
nuit du 31 mai au 1er juin. À part le Capitaine Sabadie, blessé le 26 mai et évacué,
elle compte 19 hommes hors de combat dont le sergent Paul Sébastien Savin tué
à l’ennemi. Selon les dires du Capitaine Duvernay, Commandant la 10e Cie, il y
aurait eu un peu de flottement après l’évacuation du Capitaine Sabadie et le
Capitaine Duvernay aurait eu à refouler, revolver au poing, des hommes de la
section du Lieutenant Henri Dugros, qui avaient quitté leur poste de combat. Le
lieutenant Dugros, l’officier le plus ancien, s’était vu retirer le commandement
de la Cie au profit du lieutenant T E Smirnoff. Le commandant Poulain, Chef de
bataillon, n’avait adopté cette mesure que momentanément. Mais le moral de la
Cie n’est pas atteint. Je m’en rends vite compte après avoir interrogé les Officiers,
les Gradés et les hommes des groupes les plus éprouvés. Je suis en mesure de
donner quelques heures après au Général Delaissey, commandant l’I.D. venu en
inspection l’assurance que cette Cie fera toujours et partout son devoir.
3 juin La Cie reçoit la mission de relever à Châtillon-sur-Bar une Cie du 11e R.I. en
position de soutien.; Tirs intermittants de l’artillerie ennemie. La Cie ne subit pas
de pertes.
4 juin Le 3e bataillon relève le 2e au Canal des Ardennes et au bois du Chêne. La
9e Cie relève la 5e (Cne de Brem). Mission : une section (la 1re Lt Dugros en ligne,
détachée auprès de la 11e Cie (Cne Ravel) ; une section, la 3e Lt Smirnoff en
soutien avec une section de la C.R.E., Lt Pecquereau) près des Marans au nord du
bois du Chêne; deux sections, la 2e Sous-Lt Guiart et la 3e, Sergent-chef Simon à
disposition du bataillon, pour les travaux d’une ligne de soutien.
5 au 9 juin. Tirs d’artillerie ennemie. Eux inspections que je fais à la nuit à la 1re
section, en ligne avec la 11e Cie me permet de constater le bon moral des
hommes, malgré le mauvais exemple du capitaine Ravel commandant la 11e Cie
qui dort la nuit dans sa cagna, bottes retirées.
10 juin. Au retour d’une reconnaissance avec le capitaine Doubaud, Adjoint au
bataillon, jusqu’au secteur soutenu par le 14e R.I. (36e D.I.), en vue d’installer
éventuellement un dispositif en bretelle entre les deux unités, je reçois l’ordre de
faire marche avec ma Cie à 21 h., sur le bois de la Noue Catherine, (côte 139, 4
km environ à l’est de Vouziers) face à la ferme Chemillot. Itinéraire par Châtillon-
sur-Bar etla Croix au Bois. La 9e Cie tiendra l’aile gauche du dispositif adopté par
le Régiment et sur ordre du commandant Mirabail. Ce dispositif s’étendra de
Boult au Bois jusqu’à la côte 139. La 1re section, rejoindra en faisant marche avec
la 11e Cie, après avoir décroché du canal des Ardennes.
292
Chapitre IV Documents.

11 juin, 6 heures. La Cie prend position à la côte 139. Je fais assurer


immédiatement la liaison avec l’unité voisine qui se trouve avec le 14e R.I., sous
un violent bombardement de l’artillerie et de l’aviation ennemie. Cette dernière
attaque à la bombe par vagues successives. Le 14e R.I. subit des pertes. Un
déplacement commandé par le Chef de Bataillon Mirabail est exécuté au couvert
des bois sous le bombardement avec calme et bon ordre. Le Lt Dugros, ayant
rejoint à la tête de la 1re section prendra la liaison avec la 2e Cie du 21e R.M.V.E.
Le front de la Cie est de 700 mètres environ. Belle tenue du Sergent Natanson qui
tiendra toute la journée avec son groupe, en liaison avec le 14e R.I. dans une
position particulièrement harcelée par l’artillerie ennemie.
11 juin. 20 h. Le Capitaine Bigot, Adjoint au Cdt Mirabail me remet l’ordre de
décrocher à 21 h et de faire marche par Longwe, Olizy et Mouron, sur Vaux-les-
Mouron. Le 3e Bataillon doit être couvert à Olizy, mais à Olizy la 9e Cie poursuit
seule la marche sur Vaux les Mouron, le reste du Bataillon étant parti. Seul le Lt
Nénon de la 7e Cie (2019 ; Nénon de la C.A.2?) est dans le village et cherche son
unité.
12 juin. 7 h. Arrivé à Vaux-les-Mouron. Je me remets avec ma 9e Cie aux ordres
du Cdt Poulain Chef du 3e Bataillon. Mission reçue : la 9e Cie prendra position
avec deux sections en ligne, dans les Marais au Nord-Est de Château des Rosiers,
en liaison avec la 10e Cie à l’est et avec une Cie de Tirailleur Sénégalais (20 R.?).
Ce sont les 3e et 4e dections, Sergent-Chef Simon et Lt Smirnoff, qui prendront
position en ligne après la reconnaissance que j’aurai exécuté avec les
commandants des unités voisines. Les 1re et 2e Sections, Lt Dugros et S/Lt Giart
seronr en réserve à la disposition du Bataillon.
12 juin 17h. Ordre m’est donné par le P.C. du Bataillon de décrocher et de faire
marche vers le bois de Malmy en Argonne. La 9e Cie s’installera dans ce bois (en
position défensive en liaison avec les autres unités du Bataillon. Itinéraire : Autry,
Servon Canal (Servon Melzicourt?), Malmy en Argonne
12 juin 18.h Le repli bruyant et animé d’un Escadron de Cavalerie fait déclencher
un tir violent de l’artillerie ennemie, suivi d’une attaque d’infanterie. Mais il
pleut, le terrain est difficile et les Allemands sont stoppés sur les lignes des
Sénégalais et de la section Smirnoff. Pour parer à toute éventualité, je place les
Sections Dugros et Guiart en fer à cheval couvrant la route et le Château. J’envoie
le cycliste Gomez informer le P.C. du bataillon que le décrochage de la 9e Cie aura
lieu avec un peu de retard, afin de ne pas découvrir subitement le flanc des
Tirailleurs Sénégalais. Belle conduite de la section Smirnoff en particulier et de
tous les hommes en général qui en cette circonstance ont tenu leur place avec
calme et sang-froid.
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Chapitre IV Documents.

13 juin 3 h. Après une marche de nuit rendue très pénible par la pluie et la fatigue
des hommes qui en cette journée n’ont guère eu le temps de se reposer, marche
au cours de laquelle les hommes perdront souvent contact et au cours de laquelle
j’eus sans cesse à faire la navette le long de la colonne et donner l’exemple de
mon endurance, nous atteignons Malmy en Argonne. Contrairement aux
dispositions précédentes, l’ordre nous est donné de cantonner dans les granges
pendant 4 heures.
13 juin 5 h. Le Capitaine Doubaud, Adjoint au bataillon me donne l’ordre écrit
suivant : « La 9e Cie fera marche aussitôt sur Verrières sous Sainte-Menehould
par Vienne la Ville et Moiremont). Elle laissera à Malmy un Officier et un groupe
chargés d’attendre la 10e Cie et de la diriger sur Verrieres. Je désigne pour cette
mission le S/Lt Guiart et le groupe du Sergent Natanson, Cet Officier et ce groupe
ne me rejoindront jamais et ne pourront pas remplir leur mission, on ne sait à la
suite de quelles circonstances. La 10e Cie, Cne Duvernay, (sauf l’adjudant Pereira)
ne les vit pas et ne rejoignit pas Verrières, mais Sainte-Menehould (2019, en fait,
lorsque la 10e Cie débouche sur Moiremont. Les Allemands sont là et ils ont
capturé la batterie motorisée du Lt Dumas, batterie du 404e D.C.A. confiée au 21e,
forte de 6 canons de 25 contre avions. La 10 Cie, à travers bois, pourra briser
l’encerclement et déboucher sur la route nationale n°3 entre La-Grange-aux-Bois
et Les Islettes.) Les hommes n’ayant pu prendre que deux heures de repos
marchent comme des automates. Leur fatigue est très grande. La 9e Cie s’étire sur
la route suivie suivie de la 11e Cie, mais à Sainte-Menehould je la regroupe
entièrement et nous atteignons les abords de Verrières vers 13 heures.
L’AFFAIRE DE VERRIERES :
Cinq cent mètres avant Verrières, environ, le Cdt Poulain nous fait donner l’ordre
de faire halte, en attendant les instructions. Je fais dire à l’Adjudant Lefèvre de la
Section de Commandement de la Cie, qui passe sur la route, avec la camionnette
du ravitaillement (sur l’ordre du Lt-Colonel Debuissy, les Adjudants de Cie avaient
été affectés à ce service) de faire distribuer immédiatement les vivres. Celui-ci me
fait répondre qu’il a l’ordre par le Colonel de se rendre d’abord à Verrières, mais
qu’il va revenir au plus vite. Nous ne le reverrons plus et après ces marches
épuisantes de nuit, succédant aux journées au contact de l’ennemi, nous ne
serons pas ravitaillés.
13 juin 14 h. environ. Le commandant Pouilain assisté du Capitaine Doubaud, son
adjoint, me donne l’ordre de disposer ma Cie en ligne sur les crêtes qui couvrent
Verrierres, face au Nord-Ouest, sans m’étendre jusqu’à Argers où sont signalés les
Allemands. MISSION : Défendre le village de Verrières, en liaison à droite, c’est-à-
dire au Nord avec la 11e Cie (Cne Ravel), pas de liaison à gauche, c’est-à-dire à
294
Chapitre IV Documents.

l’Ouest. Ces deux Cies aux effectifs réduits de près de moitié, forment donc un
rideau de 1 km de front environ. La C.A.3 devra renforcer cette ligne. J’adopte
pour las 9e Cie le dispositif suivant : face à l’Ouest vers Argers, en bordure de la
route et d’un champ de blé, au point le plus délicat puisque sans liaison, la section
du Lieutenant Smirnoff ; au Nord, en liaison avec la 11e Cie la Section du Lt
Dugros ; au Centre entre les Sections de ces deux officiers, les 2e et 3e Sections
(Sergent Devimeux et Sergent Chef Simon). Le P.C. de la Cie sera à proximité de la
Section Devimeux. Le mortier dans un bosquet au basde la côte. C’est en revenant
de placer les Sections Smirnoff et Devimeux que je rencontre les Lieutenant
Causse et Saint-Martin de la Section Motocyclette du Régiment. Le Lieutenant
Causse me recommande autant que possible la position où se trouve le Lt
Smirnoff, le danger lui paraissant venir de l’Ouest. C’est aussi mon avis et je
m’apprête à faire serrer les Sections Simon et Dugros sur Smirnoff. Au moment
où je le quitte (Causse), je l’entends s’écrier : « qu’on me donne un F.M. que je
descende cette sauterelle ». Il s’agit d’un avion ennemi volant à basse altitude. Je
n’ai pas fait 100 mètres que débouche de la vallée un gros tank français (un 22
tonnes probablement), suivi d’une chenillette entourée de Sénégalais et de
soldats de l’Infanterie Coloniale, les uns armés, les autres sans armes. Parmi eux
ne se trouve pas un officier. En même temps une rafale de balles en provenance
de la direction Ouest passe au dessus de nos têtes. Elle est tirée par une colonne
motorisée ennemie qui fera quelques vicimes puisque j’apprendrai le lendemasin
qu’elle a tué le Lieutenant Causse, mon agent de liaison au bataillon le caporal
Joseph Franco, etc Je donne aussitôt l’ordre au conducteur du tank de marcher
vers l’ennemi et j’essaie de grouper quelques hommes l’entourant. Le conducteur
me répond affirmativement de la tête sans s’arrêter, fait environ une
cinquantaine de mètres sur la route, puis oblique brusquement à gauche et
dévale la pente qui mène à Verrières suivi de presque la totalité des Sénégalais et
des Coloniaux. Ils disparaîtront vers Villers-en-Argonne. Sur ces entrefaites,
l’artillerie ennemie, alertée par l’avion sans doute ouvre un feu violent et martèle
les arêtes. Subitement, sous ce bombardement, toute la ligne de la 10e Cie fléchit
et dévale la pente vers Verrières entrainant les hommes de la section Dugros. Je
suppose que la 11e Cie a été attaquée par des ennemis venant de Sainte-
Menehould, mais il n’en est rien. Je dépêche auprès du Capitaine Ravel le Cycliste
Gomez ; puis le Sergent Soudieux pour lui demander où il compte se défendreafin
de conserver la liaison. Il me fait répondre : « sur la route de Sainte Menehould-
Verrières ». Le sergent Devimeux qui le rencontre dans le village où je l’ai dépêché
pour récupérer tous les hommes pouvant trainer me dit que le Capitaine Ravel lui
a tenu ces propos : « là haut ce n’est pas tenable, je décroche·. À ma question
295
Chapitre IV Documents.

précise, le Sergent Devimeux me dit que c'est bien le Capitaine Ravel,


commandant la 11e Cie qui lui a parlé et qu’il le connait bien.
Je modifie la disposition de la 9e Cie aussitôt comme suit : la Section Smirnoff fera
face à l’Ouest, tandis que les hommes du sergent Devimeux (reste de la 2e Section,
anciennement commandée par le S/Lt Guiart, et les hommes du Sergent Chef
Simon feront face au Nord Ouest en liaison avec la liaison Dugros qui se mettra à
l’alignement avec la 11e Cie.
Je suis blessé à ce moment par un éclat d’obus à la jambe droite. Bien que la
douleur soit violente et qu’elle m’immobilise un bon moment sans connaissance,
je ne quitte pas ma place de combat (ci-joint copie certifiée conforme du certificat
d’origine de blessure). Aidé du Sergent-Chef Hinschberg, (Hirschberg ?), des
Sergents Soudieux et Devimeux, je rassemble tous les hommes égarés et je les
place en ligne entre les Sections Smirnoff et Simon. Il y a quelques hommes des
5e, 7e et 10e Cies, l’Adjudant Albert Pereira de la 10e, un autre adjudant que je
crois etre de la 5e si mes souvenirs sont exacts, et deux coloniaux.
Le Commandant Poulain vient à moi à ce moment. Il me montre interloqué à ma
question si le repli de la 11e Cie a été commandé. Comment, dit-il, Ravel s’est
replié ? Il me donne alors l’ordre d’aligner ma ie dans le verger des pommiers qui
borde le village afin de faire un front moins étendu. Je fais aligner la Section
Smirnoff.
13 juin 16 h. Le bombardemen a cessé, l’Infanterie allemande n’a pas attaqué et
la colonne motorisée a disparu depuis longtemps. Belle conduiteddu Sergent
Marcel Defigier qui ramène un blessé sous le feu, du Sergent-Chef Hinschberg,
des Sergents Devimeux et Soudieux.
13 juin 20 h. Le calme a persisté et les hommes ont pu se reposer un peu et se
substanter avec ce qui leur reste de vivres de réserve. Les Allemands se
manifestent par quelques fusées et des rafales de mitraillette, comme à
l’ordinaire. Je renforce la section Smirnoff par le prélévement d’un Groupe sur la
section Dugros et en allant rendre compte je renconte le Lt Saint Marc Officierde
renseignement du Bataillon, au moment où une rafale est tirée dans notre
direction. Il me demande si je défie les balles et m’informe qu’il est sans nouvelle
du reste du Bataillon.
14 juin 2 h. Aucun incident notable. En faisant un tour d’inspection de la ligne de
ma Cie, je passe pae le P.C. du Bataillon installé non loin de la section Dugros. Le
commandant Poulain me dit être sans nouvelle d’un motocycliste envoyé au P.C.
du régiment depuis la veille à 20 heures. Il suppose qu’il a été fait prisonnier.
14 juin 5 h. Le Cdt Poulain réunits les Commandants de Cie, il y a là le Capitaine
Ravel pour la 11e Cie ; le lieutenant Audibert pour la C.A.3, le lieutenant
296
Chapitre IV Documents.

Pecquereau pour la section de C.R.E. et moi pour la 9e Cie. Le Cdt Populain nous
dit : c’est un peu un Conseil de guerre que nous tenons. Je suis sans nouvelle du
Colonel depuis hier 20 heures. Il est probable que nous allons être attaqués tout
à l’heure. Nous résisterons avec les moyens que nous avons. Si l’accrochage dure,
avant de bruler les dernières cartouches, nous tacherons de sortitr de l’étreinte
par échelons, car nous sommes aux trois quarts encerclés. Je donnerai d’abord
l’ordre de décrocher à la 9e Cie qui se trouve à la gauche du bataillon et le plus
près du village. Donc, Modéna, vous vous porterez au-delà du villasge. La 11e Cie
prendra alors la place de la 9e et fera front jusqu’à ce que je lui donne l’ordre de
écrocher à son tour. Nous tacherons de joindre Passavant en Argonne où doit se
trouver le reste du Régiment.
Le Capitaine Ravel intervient et dit : « si vous m’en croyez, n’attendez pas
l’accrochage, nous ne sommes pas en état de résister ».
Le Cdt Poulain répond, énervé : « je vous en prie Ravel, ne me bousculez pas. Ma
situation n’est pas différente de la vôtre et chacun doit prendre ses
responsabilités. Il ne sera pas dit que nous nous sommes repliés sans combattre.
Brûlez vos papiers pour qu’ils ne tombent pas aux mains de l’ennemi dans le cas
où nous soyons faits prisonniers. »
En regagnant ma Compagnie, je donne les instructions en conséquence. Une
heure ne s’est pas écoulée que l’artillerie ennemie ouvre un feu d’enfer. Mais
heureusement pour nous ce tir est concentré 250 mètres en avant de nos lignes
et malgré sa violence il ne nous occasionne pas de pertes.
14 juin 7h30 environ. Attaque en force de l’infanterie d’assaut allemande. Celle-
ci avance au cri de Heil Hitler : on entend les Officiers et les Sous-Officiers crier
leurs ordres à haute voix. Mais ces troupes sont stoppées par notre feu que nous
ouvrons d’ailleurs à bonne portée, c’est-à-dire à 350-400 mètres. Les Allemands
paraissent surpris de notre résistance. On voit surgir de nouvelles vagues
d’assaut, mais on les voit aussitôt se coucher à terre et de sous les fourrés
crépitent les mitraillettes et les mitrailleuses, tandis que leurs mortiers tirent sur
nous, mais tirent long. Le sergent Dienne de la C.A.3 renforce précieusement le
feu de notre Cie par sa mitrailleuse. J’avais donné l’ordre de ne tirer que quand
on verrait bien distinctement les Allemands et je dirigeais moi-même le feu.
J’avais lieu d’être satisfait des résultats. Une section ennemie avait été très
nettement fauchée par nos feux. Les Allemands qui nous défiaient en attaquant
traversaient maintenant les espaces découverts en courant de toutes leurs
jambes et se mettaient le plus vite possible à l’abri. Mais leur feu augmentait
d’intensité.
Je vais de Smirnoff à Devimeux, de Devimeux à Dienne et de Dienne à Pereira.
297
Chapitre IV Documents.

Tous les hommes de ces Chefs de Section se battent bien avec sang-froid. Le point
névralgique du bataillon, c’est son aile gauche dont j’ai la garde. En effet, si
l’ennemi arrivait à atteindre le village, nous serions cette fois entièrement cernés.
C’et donc de ce côté que je me tiens presque constamment, c’est à ces hommes
qui défendent la position la plus exposée, que je tiens à me montrer debout
derrierre eux, ou sur un genou parmi eux, leur indiquant les groupes ennemis à
battre de leurs feux, allant des uns aux autres et cela malgré ma blessure qui
m’oblige à marcher en boitant et à m’appuyer sur une canne.
Soudain, pendant que la fusillade fait rage, j’entends crier mon nom. C’est le
cycliste Gomez, détaché auprès du P.C. du bataillon qui remplace le caporal
Franco tué la veille. Il me dit : « Mon Capitaine, ordre du commandant,
commencez le repli. Mais je trouved dangereux de commencer à faire replier mes
groupes avant que les premiers éléments de la 11e Cie qui doivent nous remplacer
soient arrivés à notre hauteur et je m’apprête à en informer le P.C. du Bataillon
qui se trouvait à 150 mètres environ sur ma droite à hauteur de la Section Dugros.
Il faut que nos feux soient remplacés par les feux de la 11e Cie afin que l’ennemi
ne profite du vide que ma Cie pourrait laisser. Mais je n’aurai pas le temps d’en
informer le Commandant :
En arriere de ma ligne passe obliquement la route de Sainte-Menehould à
Verrières... Sur cette route, la 11e Cie, Capitaine Ravel en tête, se replie dans une
formation qui est loin d’être ordonnée, et au pas accéléré. Le P.C. du Bataillon a
été transporté au-delà du village. En hâte donc, je place le groupe Devimeux avec
un F.M. face à la route de Sainte Menehould-Verrières pour parer autant que
possible à toute prerssion pouvant venir du front tenu précédemment par la 11e
Cie et je donne au Lt Smirnoff l’ordre de continuer un feu nourri. Ma Cie, où ce
qui en reste, le Lt Dugros ayant suivi la 11e Cie dans son repli, forme pendant un
moment un demi-cercle autour du village, face au Nord et à l’Ouest.
Lorsque je vois qu’il n’y a plus d’éléments du bataillon sur la route Sainte
Menehould-Verrières, je fais commencer le décrochage par groupes, le lieutenant
Smirnoff m’étant dans cette tâche difficile un précieux auxiliaire. Le décrochage
se fait d’ailleurs en continuant le feu, si bien qure les Allemands ripostent sans
donner l’assaut. Ils s’apercevront que nous leur avons échappé quand ils nous
verront sur les côtes Sud-Est, juste au-delà du village. À ce moment ils font feu de
toutes leurs armes. Le Commandant Poulain crie l’ordre suivant : « 11e
Compagnie, faites front sur la droite, 9e sur la gauche. » Et c’est le repli, le gros
des Allemands est retardé dans le village. Le combat cesse et reprend avec les
patrouilles d’avant-garde ennemies. Au hasard du repli, je recueille des hommes
d’autres Cies et j’en perds des miens. La vallée attire les hommes. Je reste à un
298
Chapitre IV Documents.

certain moment avec quelques hommes autour de moi. Sauf l’Adjudant-Chef


Michel que j’entrevois sur un autre mamelon, à un certain moment, les restes de
la 10e Cie ont disparu dans le fond de la vallée et l’adjudant Michel ne me semble
disposer que de quelques hommes de cette Cie.
Je perds de vue au cours du repli les Lieutenants Smirnoff et Dugros. Le premier
luttera pour son compte jusqu’au moment où il rencontrera la 11e Cie. Le second
est resté dans le sillage du Cne Ravel depuis Verrières. Le, Sergent-Chef
Hinschberg (Hirschberg ?), le Sergent Boudieux et leurs hommes ont
constamment combattu à mes côtés. L’Adjudant-Chef Douet, du Bataillon,
’apporta son aide pendant une grosse partie du repli. Quant à l’Adjudant Pereira
de la 10e Cie, il disparut à travers bois, n’entendant pas mes appels.
Nous arrivons ainsi aux avant-postes du 21e R.I.C. près de Châstrices. J’y recueille
l’Adjudant Pourreau de la C.A.3 et quelques hommes de la 10e Cie. Nous nous
retrouvons un peu plus tard, la 11e Cie et la 9e Cie sur la Haute Chevauchée (2019 :
la route de ?).
Le Commandant Poulain, le Capitaine Doubaud et d’autres Groupes ont rejoint
Passavant par un autre chemin. En cours de route ce même Cne Ravel est
interpellé par le Général Decharme commandant la Division.
Je fais remarquer au Cne Ravel qu’il n’a pas exécuté à Verrières la manœuvre
commandée par le Chef de Bataillon, mais il me répond que ce sont des choses
qui réussissent à la Place d’Armes et encore.
14 juin à 16 heures environ. À Passavant-en-Argonne, je fais panser ma blessure.
Le lieutenant-médecin-chef par intérim Buvat me propose l’évacuation étant
donné mon état. Mais je tiens d’abord à voir le commandant Poulain que l’on dit
être dans le village. Celui-ci nous réunit et nous informe qu’il est question de
marcher au repos vers Foucaucourt, je ne me souviens plus bien du nom, où le
Régiment doit être dissous.
Il nous informe aussi que le lieutenant-colonel Debuissy qui nous commandait
s’est vu retirer le commandement du Régiment, lequel a été confié au lieutenant-
colonel Martyn. Je proteste énergiquement contre la dissolution dont on nous
menace, mes hommes s’étant bien battus. Je déclare qu’ils ne méritent pas ce
traitement et qu’ils n’auront pas besoin de moi pour ce genre d’activités : que
dans ces conditions j’accepterai l’évacuation qui m’est proposée. Mais apprenant
dans la soirée que cette menace de dissolution n’était pas confirmée et après
unbon repos, je décidais de rester à la tête de ma Compagnie et malgré ma
blessure… »
15 juin. 7h. Ma température étant à peine 38 degrés, je persiste dans ma décision
et nous marchons sur Érize-la-Grande et notre Cie relève la Cie de pionniers de la
299
Chapitre IV Documents.

Division.
15 juin, 21H 30, Nous quittons Érize-la-Grande, d’où les Allemands sont à 500
mètres, leurs fusées délimitent leurs lignes. Nous n’avons pu tirer que quelques
coups de feu, notre provision de cartouches étant limitée. L’ordre de décrocher
nous arrive au moment où le Bataillon du 123e prend position en relève, mais
dans un bois en arrière du village. Nous bivouacons dans le bois de Pierrefitte.
16 juin. Journée de retraite. La Cie fera sa marche avec le Bataillon au milieu
d’une cohue invraisemblable de soldats de toutes armées auxquels sont mêlés es
civils. Nous passons à Sampigny, Koeur la Grande, Koeur la Petite, Commercy et
nous bivouaquons dans le bois de Void.
17 juin. Marche sur Vaucouleurs et Montigny. L’après-midi, le colonel Martyn
nous réunit et nous fait prendre position, des infiltrations ennemies étant
signalées.
17 juin 19h. Nous décrochons et marchons sur Vaucouleurs. À Vaucouleurs, la Cie
reçoit la mission d’assurer la couverture du repli de l’artillerie de la division. Cette
mission est terminée à 21 h. Bivouac pour la nuit dans le bois de Rigny Saint
Martin.
18 juin. Marche sur Crézilles et le Bois d’Anciotta. À Crézilles, je fais panser ma
blessure à un poste de secours. Le médecin capitaine qui est à ce poste me
propose l’évacuation, mais je n’y tiens pas. Bivouac dans le bois d’Anciotta.
19 juin. Le Bataillon prend position à Allain. La 9e Cie, la plus riche en F.M. (J’en
dispose de 7 pour un effectif de 78 hommes) barrera la route de Colombey les
Belles et la route de Crézilles, où elle prendra sa liaison avec la 11e.Cie
20 juin. Les restes d’une Cie du 18e B.I.L.A. composée de 18 hommes et de deux
officiers, le Capitaine Fruitier et le Lt Carlos sont mis à ma disposition. Ils
renforceront le barrage de la route de Colombey les Belles.
21 juin. Le premier Bataillon qui tenait Colombey se replie et rentre dans le
dispositif de défense d’Allain. La 9e Cie tiendra quand même la route de
Colombey en liaison vers la route de Crepey avec la 2e Cie.
L’après-midi, l’ennemi commencera à bombarder le village après avoir envoyé
une patrouille en voiture automobile qui a fait demi-tour devant nos avant-
postes et que le Sergent Fleich (Victor FLEISCHL?), un vieux légionnaire et un de
ceux qui se sont bien battus à Verrières n’aura identifié que trop tard. Je modifie
immédiatement après cette alerte notre dispositif de manière suivante : À la
chicane battant le village, je joins un F.M. et le sergent Devimeux avec son groupe.
En arrière de cette chicane, un petit tank en panne sera disposé de manière à
battre avec son canon la route de Colombey, dès l’apparition de toute voiture
ennemie. Le conducteur de ce tank tiendra sa place jusqu’au bout.
300
Chapitre IV Documents.

Les Sections Smirnoff et Dugros continueront à faire face aux chemins de Barisey
et de Crézilles, ces deux chemins se rejoignant vers Allain. E dispositif, renforcé
par une section de mitrailleuses de la C.A.3 permet la meilleure défense possible.
Vers le soir et pendant toute la nuit le bombardement s’intensifie. Les obus
tombent dru sur le village et dans le verger où se trouvent les Sections Smirnoff
et Dugros. Nous n’avons à déplorer pour la 9e qu’un blessé léger.
22 juin 2h, il m’est remis la note ci-dessous :
« Groupement Dubuisson P.CA le 22 juin 1940 État Major. Note de Service Le
Général Dubuisson Cdt l’ensemble des Unités faisant partie du Groupement, ainsi
que du 2e C.A. est entré en rapport avec le Cdt Allemand en vue de préparer
l’arrêt du combat sur le front des unités ci-dessus.
En conséquence :
I°) Aucun acte d’hostilité ne devra plus être commis à partir de maintenant d’un
côté comme de l’autre.
2°) La ligne tenue actuellement ne devra pas être franchie en direction des
troupes Allemandes.
D’autre part, l’évacuation des blessés se fera immédiatement dans les conditions
suivantes : Les Grandes Unités achemineront leurs blessés, en les groupant au
maximum, et en les faisant accompagner par les Médecins et les infirmiers
nécessaires, sur Bainville, où les voitures sanitaires pourront se présenter à partir
de 10 h. À partir de Bainville, les blessés seront accompagnés jusqu’à Nancy par
un Officier du Service de Santé Allemand, les voitures feront plusieurs navettes
si nécessaire. Le Général de Corps d’Armée Dubuisson. Signé Dubuisson. »
« I.D.C..6. P.C.I.D. 22 juin 1940. Copie conforme pour exécution. Les Unités seront
mises aux bivouacs, repos sur place, et réorganisées à la lisière du bois. Signé Le
Colonel Ditte Cdt de l’I.DC/6. »
« P.C. III/21 Le 22 juin à 0 h 20 Copie conforme pour exécution. Le Chef de
Bataillon, Cdt le III/21e Signé Ravel 22 juin 4h. »
« P.C.I.D. Le 21 juin 1940 à 22 h 56 Ordre d’opérations :
1-Le Général Dubuisson, Cdt Le Groupement a décidé qu’aucun acte d’hostilité
ne devait plus avoir lieu sur le front.
2-Au cas où l’ennemi attaquerait, vous pouvez lui présenter le drapeau blanc en
exigeant toutefois de ne pas vous rendre sans avoir reçu l’ordre de l’autorité
supérieure.
3-La destruction de toutes les armes automatiques sera préparée pour avoir lieu
immédiatement au reçu d’un écrit ultérieur.
4-Pour les armes individuelles, les honneurs de la guerre ayant été demandés, il
sera donné de nouvelles instructions.
301
Chapitre IV Documents.

5-Il sera prévu des rassemblements des différents bois dès que l’ordre en sera
donné.
6- Toutes ces directives devront être appliquées dans le plus grand ordre et une
dignité absolue.
Le Colonel Ditte. Cdt. L’I.D.C.6. »
« P.C. III/21 Le 22 juin à 0h 45. Note du Chef de Bataillon : Après avoir pris
connaissance de la note du Cdt de l’I.D.C.6, les Cdts de Cievoudront bien prendre
toutes les dispositions pour que les prescriptions de cette note soient strictement
suivies. Jusqu’à nouvel ordre, les Cdts de Cie s’en tiendront en cas d’attaque
ennemie à présenter sur le front de leur Unité le drapeau blanc et ceci pour
obtenir la cession du feu de l’ennemi. Le porteur du drapeau blanc se portera à
la rencontre de l’émissaire ennemi qui lui-même sortira de sa position. Il lui
exposera qu’il a reçu l’ordre de cesser le feu et qu’il attend de nouveaux ordres
pour savoir dans quelles conditions doit se faire la reddition. Préalablement, les
Commandants de Cie auront pris leurs précautions pour la destruction des armes
automatiques qu’ils détiennent (F.M. pour Cies de Voltigeurs et mitrailleuses et
Canon de 25 pour C.A.) Il est vraisemblable qu’entre temps de nouveaux ordres
parviendront. Le Capitaine Cdt le 3e Bataillon compte sur les sentiments
d’honneur et de dignité de chacun pour que cette manipulation ultime des armes
soit irréprochable. Une froide correction et l’observation stricte des
recommandations du général Commandant l’I.D.C leur évitera tout incident qui
dans les circonstances présentes pourraient avoir des conséquences funestes.
Les armes individuelles seront désarmées et les munitions enfouies sur vos
emplacements de combat. Signé Ravel. »
22 juin 4h 30 Je réunis les Chefs de section et leur fait part des instructions que
je viens de recevoir et du malheur qui nous frappe. J’ajoute : « toutefois pas de
manifestations spectaculaires de drapeaux blancs. Attendez les ordres ».
22 juin 5h. L’artillerie ennemie n’a pas encore cessé le feu et continue à tirer sur
le village. Je propose au Bataillon pour éviter des pertes ou des représailles à la
population de sortir du village et de faire front un peu au-delà. Ma proposition
semble déplaire et n’est pas acceptée.
22 juin 7 h. le soldat Tibor? Gluck de la 9e vient me dire qu’il est allé de sa propre
initiative parlementer avec les Allemands et a fait cesser leur feu d’artillerie. Je le
crois un peu simple d’esprit et après enquête auprès de son Chef de groupe
J’apprends qu’il s’est donné comme malade et avait demandé à se cacher dans
une cave quand il a appris que les hostilités devaient cesser. Je le fais conduire
au P.C. du bataillon avec l’espoir qu’il sea traduit au Conseil de guerre, Il sera
conduit jusqu’à l’I.D., mais il sera relâché.
302
Chapitre IV Documents.

22 juin 8h 30 environ. Une colonne motorisée allemande se présente à la chicane


du village au moment où le Capitaine Ravel vient de partir dans une voiture
couverte d’un filet blanc pour aller parlementer à Colombey les Belles. Le
Commandant Mirabail reçoit les Allemands. Ceux-ci s’en vont après nous avoir
salués et après avoir photographié le Cdt Mirabail. Ils ont sur les instances du Cdt
fait rentrer une patrouille qui s’avançait vers la route de Crézilles.
22 juin 13 h. Nous recevons l’ordre de nous rendre à Thuilley aux Groseilles où
nous arrivons vers 17 heues. Le général Decharme, Cdt la 35e D.I. nous passe en
revue et nous fait des adieux émouvants. Bivouac pour la nuit dans un pré en
bordure de la route.
23 juin. Nous sommes dirigés en colonne, toujours à la tête de nos troupes à
Bainville sur Madon, Dans ce villagte, au croisement de deuc chemins les Officiers
sont séparés des hommes par des Officiers et Sous-Officiers allemands en service
et chacune des colonnes est dirigée dans un pré autour duquel veillent les soldats
allemands, mitraillettes et mitrailleuses braquées. Il était vaguement question
d’être considérés comme prisonniers avec les honneurs de la guerre et les armes
nous avaient été laissées là jusque-là, mais les Gendarmes allemands nous les
retirent. Selon les conditions de l’Armistice qui n’est pas encore signé, ce que
nous apprendrons deux jours après, nous sommes bien prisonniers de guerre et
la convention signée par le Général Dubuisson ne nous met pas à l’abri de la
captivité.
24 juin. Smirnoff et moi (sous le prétexte de chercher des Couvertures à la Cie),
nous verrons une dernière fois nos hommes qui nous accueillent avec joie.
Dugros ne viendra pas parce que c’est l’heure de la soupe et il fera passer celle-
ci avant le dernier adieu à ses hommes. Cette 9e Cie que je quitte dans des
circonstances si pénibles m’aura donné bien des soucis, mais aussi bien des
satisfactions. Parmi les officiers, Dugros, certes, aura toujours été au-dessous de
sa tâche : mauvais marcheur, impatient avec ses hommes, il n’aura pas su en
outre donner au combat l’exemple qui place un chef. Smirnoff aura été le type
complet de l’officier de la Légion : parfait marcheur, combattant magnifique,
juste envers ses hommes, il aura toujours su se faire aimer, craindre et admirer
par eux. Des Sous-Officiers, les figures du Sergent-Chef Hinschberg (Hirschberg?),
des Sergents Fleich (Victor Fleichl?), Devimeux, Soudieux, Natanson émergent du
lot. Quant aux hommes, je n’en pris aucun dans le cas de dire particulièrement
de lui qu’il était un mauvais soldat. Toute ma Cie a fini avec ses armes. Son effectif
était réduit le jour de la cessation des hostilités à 77 hommes, et c’était pourtant
la seule du Bataillon qui disposait de 7 F.M. En attendant d’être dirigé sur Nancy,
puis en Allemagne, à l’Oflag XVII A., il me sera remis au Fort de Pont St Vincent,
303
Chapitre IV Documents.

où nous sommes momentanément imternés, une lettre que le Sergent-Chef


Hinschberg, (faisant fonction d’Ajudant de Cie) aura réussi à me faire passer. Je
donne copie de cette lettre :
Fort St Vincent le 2-7-1940
Mon Capitaine,
C’est avec joie, par lIntermédiaire d’un camarade, que je peux vous
communiquer cette lettre indirectement, je pense et souhaite qu’elle vous
parvienne. Je me joins à tous les Sous-Officiers de la Cie (qui font leur possible
pour me faciliter la tâche et la responsabilité que l’on m’a données) pour vous
dire le regret que nous avons eu de vous quitter (ainsi que tous les Officiers de la
Cie) si brutalement. Votre Cie marche toujours très bien : je fais de mon mieux
pour conserver la discipline et la propreté que vous aviez vous-même entrés dans
le cœur de la plupart des hommes. Nous ne sommes pas à l’hôtel, mais nous
sommes bien. Au nom des Sous-Officiers, je souhaite ardemment pouvoir vous
revoir à la tête de votre Compagnie ainsi que les Lieutenants.j’emploie cette
expression pour ne pas donner de noms. Au nom des Sous-Officiers de la
Compagnie, mon Capitaine et mes Lieutenants, je vous envoie mon meilleur
salut.
Votre dévoué pr Adjudant de Cie Signé Hinschberg
Lorsque je lis ces lignes à Dugros et Smirnoff, ce dernier comme moi s’en
montre ému. Cette lettre m’aura apporté le dernier écho affectueux de ces
hommes que je m’honore d’avoir commandés.
I. Rapport du Capitaine Ravel Commandant le 3/21e R.M.V.E. sur les
évènements survenus depuis que le 3/21e a été mis à la disposition de
l’I.D.C. 6.. Relation succinte des évènements.
Le 3e bataillon du 21e est mis à la disposition de l’I.D.C. 6 le 19 juin 1940. Sa
mission est de constituer autour du village d’Allain un point d’appui destiné à
arrêter toute infiltration ennemie, à résister à toute attaque et de tenir coûte que
coûte. Le bataillon qui avait bivouaqué la nuit précédente dans les bois d’Allain,
descend à 10 heures dans le village, et, sur les directives du Capitaine Ravel,
commandant le 3/21e R.M.V.E. et du Capitaine Doubaud, Adjudant-Major, les
Compagnies sont immédiatement placées. Le dispositif en hérisson employé
permet de garder toutes les issues du village, de battre tous les glacis
l’environnant ; de plus des postes avancés sont installés sur tous les points où en
raison des couverts, une infiltration ennemie est à craindre.
Rien à signaler pour les journées des 19 et 20 juin, sinon des bombardements
intermittents, mais assez violents, effectués avec des obus longs. L’un de ces
bombardements fait le 20 juin à la C.A.3, trois blessés.
304
Chapitre IV Documents.

Le 21 juin, au petit jour, le 1/21e ayant reçu l’ordre de se porter sur la ligne Allain-
Ravin E. d’Allain, le dispositif de défense du village est modifié de la façon
suivante : le 1/21 s’établit sur la ligne indiquée ci-dessus dans l’intervalle laissé
par le 128e, cependant que le 3/21 reçoit la mission de défendre le S et l’O du
village. Sur ces nouvelles positions, le 3/21 s’organise immédiatement : à
nouveau des hommes s’enterrent et des emplacements pour F.M., mitrailleuse
et guetteurs sont établis.
Dans le cours de la matinée, divers indices dénotent une avance ennemie venant
de l’ouest de Colombey, qui doit être déjà occupé et au nord de Bagneux.
D’ailleurs une reconnaissance envoyée sur la route d’Allain à Colombey pour
récupérer des mitrailleuses, armes et munitions abandonnées par le 100 e se
heurte à 500 mètres du village à une violente fusillade ; ayant récupéré le
matériel et rempli sa mission, elle se replie.
Dans le cours de l’après-midi, le bombardement reprend à coups de 110 et de
minenwerfers, avec une violence accrue ; le tir est d’autant plus ajusté que
l’ennemi s’est rapproché du village. Vers 18 heures, des éléments ennemis
importants sont signalés à neuf cents mètres au S.O. du village. Le
commandement prend toutes mesures pour resserrer le dispositif et rappelle
qu’il faut tenir coûte que coûte, avec interdiction formelle de se replier. À partir
de dix-neuf heures, le bombardement ennemi reprend avec une intensité très
vive, dirigé avec précision sur le village même, qui épargné jusque-là, est
particulièrement endommagé. Au 3/21e un seul blessé, le Sergent Anton de la 10e
Compagnie. Les unités se trouvant particulièrement bien protégées, par suite des
travaux activement poussés dans la journée. À neuf heures quarante-cinq, un
ordre du Commandant de l’I.D.C. 6 prescrit d’éviter l’accrochage. À vingt-deux
heures cinquante-cinq, un nouvel ordre prescrit la cessation des hostilités. À
quatre heures trente le lendemain vingt-deux juin, ce jour, suite à un troisième
ordre, on procède à la destruction des armes automatiques et à la mise hors
d’usage des armes individuelles. Les Compagnies sont regroupées et
bivouaquent dans le plus grand ordre et en silence sur leurs anciens
emplacements de combat
II.- Pertes subies
Tués : néant. Blessés : quatre :
MARTINEZ Joseph, 1.367 de la C.A.3
GARCIA Adelino, 5.367 de la C.A.3
LANGINEM Albert, 2.034 de la C.A.3
Sergent Anton de la 10e Cie
II. Propositions de récompenses
305
Chapitre IV Documents.

III. 1 – DOUBAUD Henri, Pascal – Capitaine Adjudant-Major au 3/2e R.M.V.E.


« D’un calme, d’un dévouement et d’un courage admirables. Au cours des
opérations du mois de juin, à largement contribué par son attitude énergique,
son zèle éclairé, son expérience consommée et sa conscience du devoir, à
maintenir la solide réputation de son unité ».
2 – DE ROSEN Léon « Jeune sous-officier, remarquable de
dévouement, de courage, d’abnégation ; le 21 juin, avec un mépris absolu du
danger, s’est spontanément offert pour aller chercher deux mitrailleuses, des
armes et des munitions qui allaient tomber entre les mains de l’ennemi. Sous une
violente fusillade, les a ramenées dans nos lignes ».

306
CHAPITRE V Le 21e R.M.V.E. dans la résistance.

CHAPITRE V : Le 21e R.M.V.E. dans la résistance.


Nombreux furent ceux qui continuèrent le combat tant hors de métropole
comme Hans Habe que dans la résistance intérieure Debuissy, Beille, Malleret-
Joinville, Kammer-Mayer, Adjoubel, Bruhman, Clisci, Huschak, Kutin, Rabinovitch,
Ghertman, Siliberfeld…
DAVYDAS BADASSAS
Certains documents le désignent comme Badasas Davydas ; forme lithuanienne
pratiquée des noms en 1921 lors de la reconnaissance de l’État de Lithuanie Né à
Vilno le 28 avril 1918, il quitte la Lithuanie pour fuir un service militaire qu’on
voulait lui imposer à 17 ans comme brimade antisémite. Il vient en France faire
des études de chimie. Il obtient son diplôme d’ingénieur avec mention « très bien
». Avec l’appui d’amis fortunés, il monte une petite usine de fabrication de
peinture et de vernis dans le Calvados (14). Au moment de son arrestation, il est
domicilié au 216 rue Caponnière, à Caen (14). Marié, il est père de deux enfants.
Ayant fait la campagne de 1939-1940 au 21e régiment de marche des
Volontaires étrangers, il rentre chez lui après la défaite, bien décidé à poursuivre
la lutte contre les nazis. Comme la loi l’y oblige, il se déclare comme Juif à la
préfecture et reçoit l’étoile jaune. Ingénieur chimiste de formation, il se fait
engager comme ouvrier peintre sur l’aérodrome de Rocquencourt, près de Caen,
occupé par la Luftwaffe. Il y observe les mouvements et les emplacements des
avions et des leurres pour les transmettre à un réseau de Résistance : son contact
est le secrétaire du commissaire de Caen.
LE PREMIER DÉRAILLEMENT : dans la nuit du 15 au 16 avril 1942, le train
quotidien Maastricht-Cherbourg transportant des permissionnaires de la
Wehrmacht déraille à 17 kilomètres de Caen, à l’est de la gare de Moult-Argence,
à la hauteur du village d’Airan, suite au déboulonnement d’un rail par un groupe
de résistance. On compte 28 morts et 19 blessés allemands. L’armée d’occupation
met en œuvre des mesures de représailles importantes, prévoyant des exécutions
massives d’otages et des déportations. Le préfet du Calvados obtient un sursis en
attendant les conclusions de l’enquête de police. Mais, faute de résultats, 24
otages choisis comme Juifs et/ou communistes sont fusillés le 30 avril, dont deux
à Caen.
LE DEUXIÈME DÉRAILLEMENT : dans la nuit du 30 avril au 1er mai, un Deuxième
déraillement a lieu, au même endroit et par le même procédé. Un rapport
allemand signale 10 morts et 22 blessés parmi les soldats. Ces deux déraillements
sont au nombre des actions les plus meurtrières commises en France contre
l’armée d’occupation. Au soir de l’attentat, à partir de listes de communistes et
307
CHAPITRE V Le 21e R.M.V.E. dans la résistance.
de Juifs (130 noms sur le département) transmises au préfet par le
Feldkommandant, commence une vague d’arrestations, opérées par la police et
la gendarmerie françaises avec quelques Feldgendarmes. Dans la nuit du 1er au 2
mai et le jour suivant, 84 hommes au moins sont arrêtés dans le Calvados et sont
conduits en différents lieux de détention. Pour le commandement militaire
allemand, ceux qui sont maintenus en détention ont le statut d’otages. Badache
a l’intention de rejoindre la Grande-Bretagne, via l’Afrique du Nord, en profitant
d’un congrès, prévu le 10 mai 1942, pour quitter le pays. Mais, le 2 mai, la police
française vient le chercher à son domicile, en son absence. Pensant ne rien avoir
à craindre, il se rend au commissariat pour questionner son contact dans la
Résistance. Là, il est arrêté comme Juif : il figure sur une liste d’arrestations
exigées par la Kommandantur de Caen à la suite du déraillement d’un train de
permissionnaires allemands à Moult-Argence (Airan).
Au commissariat, il voit arriver le cheminot Georges Auguste, interpellé à la
gare de Caen en descendant de sa locomotive. Ils sont « emmenés à la Maison
d’arrêt ». Le 3 mai, remis aux autorités d’occupation, il est conduit au « petit
lycée » où sont rassemblés les otages du Calvados. Le 4 mai au soir, Badache est
inclus au groupe de 48 détenus arrêtés dans la première rafle. Ils sont conduits à
la gare de marchandises de Caen pour être transférés au camp de police
allemande de Compiègne-Royallieu (Oise, 60) administré et gardé par la
Wehrmacht (Frontstalag 122. Polizeihaftlager) ; ils y arrivent le lendemain, 5 mai
en soirée. David Badache est interné dans le camp « juif ». Tous les hommes
désignés n’ayant pu être arrêtés, une autre vague d’arrestations, moins
importante, a lieu les 7, 8 et 9 mai (19 le 9 mai). Le préfet ayant cette fois-ci refusé
son concours, ces arrestations d’otages sont essentiellement opérées par la
Wehrmacht.
Au total plus de la moitié des détenus sont, ou ont été, adhérents du Parti
communiste. Un quart est désigné comme Juif, la qualité de résistant de certains
n’étant pas connue ou privilégiée par les autorités. Des auteurs d’actes
patriotiques, proches du gaullisme, sont également touchés par la Deuxième
série d’arrestations. Tous passent par le « petit lycée », contigu à l’ancien lycée
Malherbe (devenu depuis Hôtel de Ville) où ils sont rapidement interrogés. Les 8
et 9 mai, 28 otages communistes sont fusillés, au Mont-Valérien (Hauts-de-Seine,
93) pour la plupart (trois à Caen). Le 14 mai, onze otages communistes sont
encore fusillés à Caen. Les otages juifs du Calvados ne partent pas dans le convoi
de représailles du 5 juin 1942, constitué uniquement de détenus juifs de
Compiègne.

308
CHAPITRE V Le 21e R.M.V.E. dans la résistance.
Entre fin avril et fin juin 1942, David Badache est sélectionné avec plus d’un millier
d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés
comme Juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées
de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre
de Hitler).
La plus grande partie des otages du Calvados transférés à Compiègne sera
déportée à Auschwitz le 6 juillet 1942 : 57 politiques et 23 Juifs (près de la moitié
des otages juifs du convoi). David Badache est déporté comme otage juif. Le 6
juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits sous escorte allemande à la gare
de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train démarre
une fois les portes verrouillées, à 9 heures 30. Le voyage dure deux jours. N’étant
pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, David Badache est enregistré au camp souche d’Auschwitz
(Auschwitz-I) sous le numéro 46304 (ce matricule sera tatoué sur son avant-bras
gauche quelques mois plus tard). Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont
entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit. Le lendemain,
vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont
répartis dans les Blocks 19 et 20. Le 10 juillet, après l’appel général et un bref
interrogatoire, ils sont envoyés dans différents Kommandos.
Tous les hommes désignés n’ayant pu être arrêtés, une autre vague
d’arrestations, moins importante, a lieu les 7, 8 et 9 mai (19 le 9 mai). Le préfet
ayant cette fois refusé son concours, ces arrestations d’otages sont
essentiellement opérées par la Wehrmacht.
Au total plus de la moitié des détenus sont, ou ont été, adhérents du Parti
communiste. Un quart est désigné comme Juif, la qualité de résistant de certains
n’étant pas connue ou privilégiée par les autorités. Des auteurs d’actes
patriotiques, proches du gaullisme, sont également touchés par la Deuxième
série d’arrestations. Tous passent par le « petit lycée », contigu à l’ancien lycée
Malherbe (devenu depuis Hôtel de Ville) où ils sont rapidement interrogés. Les 8
et 9 mai, 28 otages communistes sont fusillés, au Mont-Valérien (Hauts-de-Seine,
93) pour la plupart (trois à Caen). Le 14 mai, onze otages communistes sont
encore fusillés à Caen. Les otages juifs du Calvados ne partent pas dans le convoi
de représailles du 5 juin 1942, constitué uniquement de détenus juifs de
Compiègne. Entre fin avril et fin juin 1942, David Badache est sélectionné avec
plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine
d’otages désignés comme Juifs dont la déportation a été décidée en représailles
des actions armées de la résistance communiste contre l’armée

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CHAPITRE V Le 21e R.M.V.E. dans la résistance.
allemande (en application d’un ordre de Hitler).
La plus grande partie des otages du Calvados transférés à Compiègne sera
déportée à Auschwitz le 6 juillet 1942 : 57 politiques et 23 Juifs (près de la moitié
des otages juifs du convoi). David Badache est déporté comme otage juif. Le 6
juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits sous escorte allemande à la gare
de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train démarre
une fois les portes verrouillées, à 9 heures 30. Le voyage dure deux jours. N’étant
pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, David Badache est enregistré au camp souche d’Auschwitz
(Auschwitz-I) sous le numéro 46304 (ce matricule sera tatoué sur son avant-bras
gauche quelques mois plus tard). Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont
entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit. Le lendemain,
vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont
répartis dans les Blocks 19 et 20. Le 10 juillet, après l’appel général et un bref
interrogatoire, ils sont envoyés dans différents Kommandos.
Le 13 juillet, après cinq jours passés par l’ensemble des « 45 000 » à Birkenau,
David Badache fait partie de la moitié du convoi qui reste dans ce camp en
construction, choisi pour mettre en œuvre la « Solution finale » ; un contexte plus
meurtrier. Cinq jours après son arrivée, il est affecté avec Aimé Obœuf au
déchargement de wagons de ciments arrivant de Belgique. Il entend des kapos
polonais exprimer leur volonté de liquider les Français. S’étant déclaré comme
comptable de profession, il est affecté au Block 4 (magasin d’habillement). Il
témoignera avoir observé de Belgique puis ce Block, Himmler venant assister au
début du fonctionnement du Krematorium II, début mars 1943. Sa connaissance
parfaite de l’allemand et du polonais (il parle douze langues et dialectes) facilite
son intégration dans le camp. Atteint de la malaria, puis du typhus, il est extrait
du Block 7, celui des mourants, par son chef de Block polonais qui le cache et le
fait soigner. À la mi-mars 1943, son statut de « Mischlinge » (père protestant et
mère juive) figurant dans son dossier, lui fait attribuer le triangle rouge des
politiques. Au même moment, il est transféré à Auschwitz-I avec un premier
groupe de dix-sept « 45 000 ». Il est ainsi le seul détenu déporté comme juif
interné au Block 11 pendant la quarantaine.
À la mi-août 1943, il est parmi les « politiques » français rassemblés (entre 120
et 140) au premier étage du Block 11, la prison du camp, pour une
« quarantaine ». Exemptés de travail et d’appel extérieur, les « 45 000 » sont
témoins indirects des exécutions massives de résistants, d’otages polonais et
tchèques et de détenus du camp au fond de la cour fermée séparant les Blocks

310
CHAPITRE V Le 21e R.M.V.E. dans la résistance.
10 et 11. Le 12 décembre 1943, à la suite de la visite du nouveau commandant
du camp, Arthur Liebehenschel, et après quatre mois de ce régime qui leur a
permis de retrouver quelques forces, ils sont pour la plupart renvoyés dans leurs
Blocks et Kommandos d’origine.
David Badache est alors affecté au Block 12, TWL (Kommando de ravitaillement
pour l’armée) avec sept autres Français, dont Aimé Obœuf. Le 15 mai 1944, les
connaissances professionnelles qu’il a manifestées amènent les S.S. à le
transférer au camp de Plaszow, à l’est de Cracovie. Il y est employé à des travaux
de recherche en chimie alimentaire au Kommando de recherche en chimie de
l’École supérieure des mines, dépendant de l’Université de Cracovie.
Courant octobre 1944, il est transféré au KL Flossenburg, pour intégrer le
Kommando des ingénieurs chimistes. Il est ramené à Auschwitz le 16 janvier 1945.
Le 17, c’est l’évacuation du camp, à pied, jusqu’à Gleiwitz, à l'ouest de Katowice.
Devant l’avance de l’Armée rouge, les S.S., qui ont fait embarquer les déportés
dans des wagons à charbon à destination de l’Allemagne, les font descendre en
lisière d’une forêt et fusillent la majeure partie de ses camarades. Il réussit à se
cacher.
Libéré le 23 janvier 1945 par les Soviétiques, il s’occupe du centre de
regroupement des étrangers, jusqu’au 30 avril, date à laquelle il est rapatrié,
depuis le port d’Odessa, par un bateau anglais. Avec Jules Polosecki, ils sont les
seuls rescapés de la « liste juive » du convoi. De retour en France, David Badache
relance son entreprise. Homologué comme « Déporté politique », il est titulaire
de nombreuses décorations : Chevalier de la Légion d’honneur, croix de Chevalier,
puis d’Officier du Mérite social, Dévouement et services rendus à l’Humanité,
officier d’Académie de l’Éducation nationale, inscription au Livre d’Or de la
Médaille d’Europe, Croix d’honneur de la Société française d’Éducation civique,
croix de commandeur du PAHC. Dans les années 1980, avec la création du Musée
Mémorial de Caen pour la paix, il s’engage dans la défense de cet idéal,
notamment en accompagnant les jeunes dans le cadre d’un jumelage de sa ville
avec Würtburg, en Allemagne. Sur la suggestion d’André Montagne, il obtient des
autorités locales l’installation d’une plaque rendant hommage aux otages
caennais et calvadosiens arrêtés en mai 1942 avant leur transfert à Compiègne.
Celle-ci est inaugurée le 26 avril 1987, en correspondance avec le 45e anniversaire
de cette rafle d’otages. Le 6 novembre 1991, devant le tribunal correctionnel de
Caen, il témoigne contre deux anciens élèves de l’École d’ingénieurs de la Ville
ayant diffusé des idées négationnistes. David Badache décède le 3 octobre 1999.
Il existe une place David Badache à Caen, quartier de la Folie-Couvrechef.

311
CHAPITRE V Le 21e R.M.V.E. dans la résistance.
Sources : — De Caen à Auschwitz, par le collège Paul Verlaine d’Evrecy, le lycée
Malherbe de Caen et l’association Mémoire vive, éditions Cahiers du Temps.
Cabourg (14390) juin 2001, pages 7, 20, 33, 36, 68, 69, 96, 97, 99, 100. — Claudine
Cardon-Hamet. Triangles rouges à Auschwitz — le convoi politique du 6 juillet
1942. Éditions « Autrement », collection mémoires, Paris 2005, pages 74 et 75,
361 et 394.
— Jean Quellien (1992) sur le site non officiel de Beaucoudray, Résistance et
sabotages en Normandie. Éditions Corlet.
— Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 ;
relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans
lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864
détenus immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué).
Sabotages — La résistance en Normandie Badassas Davydas, Caen, 216 rue
Caponière...
Chapitre premier
Trois heures trente du matin. Dans la nuit profonde de ce 16 avril 1942, le train
Maastricht-Cherbourg vient de traverser la gare de Mézidon et s'engage sur la
longue ligne droite qui mène vers Caen. Donnant toute sa puissance, la
locomotive fonce à plus de 90 kilomètres à l'heure, tirant derrière elle dix wagons
bondés de soldats de la Wehrmacht revenant de permission. Les hommes
somnolent paisiblement, bercés par le rythme régulier des bogies.
Ouézy, Cesny-aux-Vignes... Airan ! Brusquement, la lourde machine à vapeur
vacille, quitte la voie, laboure furieusement le ballast sur près de 60 mètres avant
de s'immobiliser, entraînant dans sa course folle le tender et les premiers wagons
qui se télescopent dans un fracas épouvantable.
Le choc est terrible, le bruit hallucinant. Puis le silence retombe brutalement
sur la campagne normande, bientôt rompu par des cris et des gémissements. Des
hommes sortent en titubant des voitures, les yeux hagards. Des corps gisent sur
le talus ; des blessés râlent. Le premier moment de stupeur passé, les secours
s'organisent à la lueur des lampes. Alerté à 3 heures 55, le chef de gare de Moult-
Argences, avertit immédiatement la gendarmerie de la commune, distante de
quelques kilomètres seulement de l'endroit du déraillement. La brigade est
rapidement à pied d'œuvre pour aider les soldats allemands à dégager les
victimes.
Au commissariat central de Caen comme à la préfecture, le téléphone sonne en
pleine nuit. Les autorités administratives et policières du département,
brutalement tirées de leur sommeil, s'habillent à la hâte et gagnent sans retard

312
CHAPITRE V Le 21e R.M.V.E. dans la résistance.
le lieu du drame. À l'hôpital de l'avenue Clemenceau, occupé par l'armée
allemande, c'est le branle-bas de combat ; des ordres gutturaux résonnent dans
les couloirs et les escaliers. Grands bruits de bottes et de moteurs. Les
ambulances partent en trombe.
Alors que le jour commence à poindre, la voiture du préfet Henri Graux traverse
à vive allure la bourgade d'Airan. Les habitants sont sur le pas de leurs portes,
mornes et soucieux. L’aube se lève. Aux points kilométriques 222 + 0,25, règne
une agitation intense. Au milieu des brancardiers qui achèvent d'évacuer les
blessés en direction de Caen et des équipes de traction de la SNCF venues
déblayer la voie, la police s'affaire. Le commissaire central Courtin et le
commissaire aux renseignements généraux Radiguet, le visage grave,
s'entretiennent avec le capitaine Hübner, commandant de la Geheimefeldpolizei.
Le parquet a immédiatement envoyé sur place le juge d'instruction Jacobsen. Dès
son arrivée, le préfet, flanqué du directeur départemental de la santé, s'informe
auprès du docteur Mayer, adjoint du Feldkommandant et lui offre l'aide des
services sanitaires français.
Dans les premières lueurs du jour, on perçoit maintenant l'étendue des dégâts.
La locomotive, son tender et le premier wagon sont couchés à flanc de talus. Le
mécanicien et le chauffeur, deux cheminots du dépôt de Caen, n'ont été que
légèrement blessés. Les deux wagons suivants, à caisse en bois, ont été
littéralement pulvérisés. De leurs débris ont déjà été retirés une vingtaine de
cadavres et autant de blessés graves. Quelques corps n'ont pas encore été
évacués. Le Quatrième wagon est complètement renversé, tête en bas ; l'avant
du cinquième enjambe le déblai. La seconde partie du convoi a beaucoup moins
souffert. La sixième et la septième voiture n'ont que très légèrement déraillé.
Les trois dernières sont restées sur la voie. Les premières conclusions de
l'enquête sont parfaitement évidentes : c'est un sabotage ! Un rail, long de 18
mètres et pesant 900 kilos, a été ripé d'une vingtaine de centimètres vers
l'intérieur ; tous les tire-fond, dévissés, sont restés là, pêle-mêle, sur le ballast ;
les éclisses reliant le rail aux autres ont été déboulonnées. Malgré des recherches
minutieuses aux alentours de la voie et dans les prés environnants, aucun outil
n'a été découvert, pas plus que le moindre indice concernant les saboteurs.
L'affaire est particulièrement grave. La réaction allemande peut être terrible.
Aussi tous les moyens doivent-ils être mis en œuvre pour retrouver les coupables
au plus tôt. Les meilleurs limiers de la Troisième brigade de police judiciaire de
Rouen, dirigés par le commissaire Dargent, sont attendus d'un moment à l'autre.
Paris a immédiatement été mis au courant des faits. Le commissaire divisionnaire

313
CHAPITRE V Le 21e R.M.V.E. dans la résistance.
Delgay, le chef de la première brigade de la PJ, accompagné par plusieurs de ses
hommes, s'apprête à quitter le Quai des Orfèvres pour le Calvados afin de prendre
en main la direction des opérations.
En milieu d'après-midi, ce dernier arrive à la gendarmerie d'Argences où
l'attendent ses collègues. Au même moment, le préfet Graux, qui vient d'être
convoqué d'urgence, pénètre dans l'Hôtel Malberbe à Caen, siège de la
Feldkommandantur 723.
Face à lui, le lieutenant-colonel Elster. Un homme déjà âgé, les cheveux en
brosse, presque blancs ; les traits du visage sont énergiques, le menton
volontaire, les yeux bleus très clairs et durs ; Autrichien de naissance, il a servi
autrefois sous l'empereur François-Joseph.
Depuis 1940, il exerce la responsabilité de Feldkommandant pour le
département du Calvados. S'il n'est pas nazi, il n'en cultive pas moins un profond
dédain pour les Français, « des barbares qui portent les lapins par les oreilles et
les poules par les pattes » ! Tour à tour hautain, brutal ou obséquieux avec ses
interlocuteurs, il se plaît à les houspiller à la moindre occasion. Gardant un calme
étonnant, mais d'un ton sec, il notifie au préfet les premières décisions prises par
le Militärbefehlshaber in Frankreich.
De lourdes sanctions sont à attendre ; elles devraient être décidées dans les
heures à venir. Mais dans l'immédiat, vingt civils français devront désormais
accompagner tous les convois ferroviaires allemands entre Cherbourg et Amiens.
La mesure entrera en application le soir même à 19 heures.
Dix-huit heures trente, dans le hall de la gare de Caen. Les premiers « otages »
sont là, désignés à la hâte dans la population caennaise. Parmi eux des
commerçants, des ouvriers, des fonctionnaires, un cadre commercial, un étudiant
et deux employés de préfecture. Destination Amiens, et après quelques heures
de repos, direction en sens inverse vers Cherbourg et enfin retour à Caen. Si tout
se passe bien, ils seront rentrés dans 72 heures. Des policiers municipaux leur
distribuent une musette de victuailles. Pour trois jours de route : 1 kilogramme
350 grammes de pain, 300 grammes de viande froide, un saucisson, trois boîtes
de sardines, une tablette de chocolat, une crème de gruyère, un litre de vin et un
demi-litre de café en bouteille thermos. Compte tenu des circonstances, il ne leur
sera pas demandé de tickets de rationnement en échange. Bien faible
consolation ! La femme du préfet est là, en sa qualité de présidente du Comité
départemental des œuvres de guerre, distribuant sourires crispés et cigarettes.
Le voyage se passera sans encombre jusqu'à Amiens. Mais à peine descendus du
train, les otages ont été emmenés directement en prison par des Feldgendarmes.

314
CHAPITRE V Le 21e R.M.V.E. dans la résistance.
Simple « malentendu », un coup de téléphone au préfet de la Somme permettra
de les faire libérer rapidement. Dix-sept avril 1942, conférence au sommet à la
gendarmerie de Moult-Argences. Les recherches policières s'orientent vers une
piste bien précise et les principaux responsables de l'enquête confrontent leurs
points de vue. Un train de marchandises est passé sans encombre à Airan vers 3
heures du matin, le 16 avril. Même si les saboteurs ont commencé à agir avant,
l'essentiel du travail a eu lieu après, soit en moins de 40 minutes ; il n'a dû être
achevé que peu de temps avant l'arrivée du Maastricht-Cherbourg.
Le coup a été monté et exécuté avec précision. Pour le commissaire Delgay, il
ne peut être que l'œuvre de plusieurs hommes, quatre ou cinq sans doute ; des
spécialistes du sabotage sur voie ferrée ; certainement des communistes de
l'Organisation Secrète. Son collègue de Rouen acquiesce. D'ailleurs d'autres actes
du même genre ont déjà eu lieu dans sa circonscription : près d'Harfleur le 26
mars, à Préaux le 10 avril, sans parler du déraillement d'un train de marchandises
à Pavilly en octobre 1941. Tous ont été commis à peu près de la même façon :
détirefonnage complet d'un rail, partiel pour l'autre, déséclissage et ripage pour
détruire le parallélisme. Certains de leurs auteurs ont été découverts.
Effectivement des communistes appartenant à l'O.S. Ce n'est pas un coup d'essai
non plus dans le Calvados, ajoute le commissaire de Caen. Dans la nuit du 22 au
23 mars, une tentative a eu lieu à Bellengreville, à cinq kilomètres de là. Le
déraillement a été évité de justesse grâce à un tire-fond récalcitrant ; le rail n'a
pas pu être suffisamment déplacé. C'est un cheminot qui a découvert le sabotage
dans l'après-midi suivant.
Il reste que les coupables ne seront pas faciles à identifier. Premiers interrogés,
les habitants de la région de Moult, Airan, Argences n'ont remarqué aucune allée
et venue suspecte dans les jours et les heures précédant l'attentat, pas plus que
les conducteurs des cars amenés à traverser la région. Les gardiens des postes
SNCF les plus proches n'ont rien vu. La garde-barrière du passage à niveau,
pourtant à proximité immédiate du lieu du sabotage, affirme n'avoir pas même
entendu le bruit du déraillement.
Dix-huit avril 1942 : la presse nationale se fait l'écho de la grande information
du jour : le retour au pouvoir de Pierre Laval. Le maréchal Pétain l'avait écarté
sans ménagement en décembre 1940, pour confier peu après la responsabilité
du gouvernement à l'amiral Darlan. Sous la pression allemande, particulièrement
vive, il a dû faire machine arrière et rappeler auprès de lui l'homme de Chateldon.
Pour la majorité des Calvadosiens, résolument anglophiles et profondément
antiallemands, cette nouvelle ne dit rien qui vaille. Elle signifie l'accentuation

315
CHAPITRE V Le 21e R.M.V.E. dans la résistance.
d'une politique de collaboration presque unanimement réprouvée. Seul objet de
satisfaction, la désignation d'un homme du cru, particulièrement populaire dans
les milieux ruraux, Jacques Leroy-Ladurie, « Mait'Jacques », à la tête du ministère
de l'Agriculture et du ravitaillement.
Mais, en ce 18 avril, le préfet Henry Graux a d'autres motifs d'inquiétude. Le
matin même, deux détenus de la prison de Caen ont été fusillés par les
Allemands, à titre de représailles, dans une cour de la caserne du 43e régiment
d'artillerie. Maurice Levasseur, 22 ans, et Marcel Kerelo, 27 ans, avaient été
condamnés quelques mois auparavant par la Section spéciale de la Cour d'Appel
de Rouen à six ans de travaux forcés pour « activités communistes ».
L'après-midi, le préfet assiste aux obsèques des soldats allemands tués l'avant-
veille et transmet, au nom du gouvernement français, ses condoléances au
Général de la Wehrmacht qui préside la cérémonie. Sous les tièdes rayons d'un
soleil printanier, un imposant cortège quitte l'hôpital Clemenceau pour le
cimetière voisin de la route d’Ouistreham. Recouverts du drapeau à croix
gammée, vingt-huit cercueils portés à bras d'homme, suivis d'un long ruban vert
de troupes d'infanteries avançant au bruit sourd et cadencé des bottes frappant
l'asphalte.
Surmontant le son voilé des roulements de tambour, la musique régimentaire
joue la traditionnelle marche funèbre de Beethoven. Avec son chef de cabinet, le
préfet est le seul civil au milieu d'une grande profusion d'officiers allemands de
tous grades.
Il parvient difficilement à masquer son trouble. D'autant que depuis quelques
heures, il connaît les décisions prises par le Général von Stülpnagel, commandant
militaire en France occupée ; elles sont particulièrement dramatiques. Par voie
d'affiches et de presse, la population va bientôt en prendre connaissance :
« AVIS.
Le 16 avril 1942, sur la ligne de chemin de fer entre Amiens et Cherbourg, des
criminels ont fait dérailler un train de la Wehrmacht allemande. Il y a eu des morts
et des dégâts matériels. À cause de cet attentat, il est ordonné que dès
aujourd'hui, dans tous les trains de la Wehrmacht allemande, un assez grand
nombre de civils français doivent voyager.
AINSI, CHAQUE ATTENTAT CONTRE LES LIGNES DE CHEMIN DE FER MET LA VIE
DES FRANÇAIS EN DANGER.
Pour expier cet attentat, il est ordonné ce qui suit :
A — POUR LE DÉPARTEMENT DU CALVADOS :
La circulation des véhicules et des personnes est interdite entre 19 heures 30 et

316
CHAPITRE V Le 21e R.M.V.E. dans la résistance.
6 heures ;
2) Tous les restaurants doivent être fermés à 18 heures ;
3) Tous les établissements d'amusement, cinémas, théâtres et autres resteront
fermés ;
4) Toutes les réunions sportives et toutes les autres réunions sont supprimées.
B — DE PLUS, IL EST ORDONNÉ :5) Que 30 communistes, juifs ou d'autres
personnes adhérentes au milieu des malfaiteurs seront fusillés ;
6) Que pour le cas où le criminel ne serait pas retrouvé dans les trois jours à partir
de la publication de cette ordonnance, l'exécution de 80 et la déportation à l'Est
de 1.000 communistes, juifs ou d'autres sujets adhérents au milieu criminel,
auront lieu.
Saint-Germain-en-Laye, le 18 avril 1942 Der Chef der Militärverwaltung Bezirkes
K.A. » Certains journaux locaux, comme Ouest-Éclair et le Journal de Normandie
se borneront à reproduire le communiqué allemand. D'autres croiront devoir y
ajouter quelques commentaires personnels.
« Une affreuse catastrophe s'est produite, écrit ainsi Le Bonhomme Normand ;
eh bien ! Ça, ce n'est pas la guerre ! Voyons ! L'Allemagne et la France ne se
battent plus et même en action belligérante, faire sauter ainsi un train de non-
combattants ne serait pas un fait d'armes bien reluisant. D'autant que ceux qui
l'ont accompli auraient dû se douter des conséquences qu'il pouvait entraîner. »
Le rédacteur en chef de La Presse caennaise, Crétin-Vercel, chaud partisan de
la collaboration, est plus véhément encore : « Quand un sabotage est commis
dans une nation qui ne combat pas, il constitue un crime odieux autant qu'une
stupide provocation. Trouvera-t-on les malfaiteurs qui se sont réunis pour cette
action nocturne ? On ne peut que le souhaiter, car on constaterait sans doute
qu'ils portent des noms en — ski ou en — off et qu'ils n'ont pas de sang français
dans les veines et on saurait à quelle obédience exacte ils appartiennent, on doit
l'espérer pour que seuls des responsables soient châtiés... Le sabotage de Moult
ne se place pas par hasard à la veille de la prise de pouvoir de Pierre Laval. Ses
inspirateurs comme ses auteurs voulaient créer des difficultés à la politique
nouvelle et forcer les représailles qui alourdissent l'atmosphère. Leur jeu est trop
grossier pour durer longtemps ! » Mais pour l'heure, l'enquête ne progresse
guère, en dépit des moyens considérables qui ont été mis en œuvre : une
vingtaine d'inspecteurs, plusieurs centaines d'agents et de gendarmes... sans
compter la police militaire allemande.
Comme les premières investigations se sont révélées infructueuses dans la
région même du sabotage, les recherches ont été étendues à Caen et dans une

317
CHAPITRE V Le 21e R.M.V.E. dans la résistance.
bonne partie du Calvados, en premier lieu dans tout le Pays d'Auge. Pas moins
d'un millier d'hôtels, de garnis ou de meublés ont été systématiquement visités.
Des milliers de fiches compulsées. Plusieurs centaines de suspects font l'objet
d'une vérification poussée de leur identité et de leur emploi du temps. En pure
perte ! Dès l'aube du 17 avril 1942, des dizaines d'anciens militants communistes
ou sympathisants ont été perquisitionnés. « Aucune arrestation n'a été effectuée
et l'on n'a pas découvert le moindre tract », déplore un commissaire. Il est vrai
que depuis plusieurs mois, on a pris l'habitude de ces visites policières matinales
et désormais des précautions sont prises. C'est compter sans l'acharnement d'un
policier rouennais, le commissaire Nazareth, qui s'est déjà distingué à plusieurs
reprises par son ardeur à pourchasser les résistants en général et les
communistes en particulier. L'un d'eux, employé à la Société Métallurgique de
Normandie, est arrêté par ses soins quelques jours plus tard. Il se nomme Émile
Leconte, dit « Mimile ». Or quelque temps auparavant, le démantèlement d'un
groupe communiste en Haute-Normandie avait révélé que l'un des responsables
clandestins du parti pour le Calvados, dont on ignorait le reste de l'identité,
portait ce prénom. Le rapprochement est peut-être un peu hâtif ; néanmoins,
l'homme sera transféré vers Paris, à la direction centrale des renseignements
généraux, en vue d'un interrogatoire approfondi.
Le mardi 21 avril 1942, un gigantesque coup de filet est lancé à la gare de Caen.
Les sentiments des cheminots sont bien connus et on n'ignore pas que la
Résistance a fait de nombreux adeptes parmi eux. Sous la conduite d'officiers de
police judiciaire, une nuée de policiers investit simultanément les ateliers du
dépôt et les locaux des différents services. Ouvriers et employés doivent subir
une fouille sans concession. Mécaniciens, chauffeurs et conducteurs sont
littéralement cueillis sur les quais à l'arrivée des trains et soumis au même
traitement. Voitures, fourgons, voitures-restaurants sont inspectés de fond en
comble. Rien ! Seule la visite des vestiaires du personnel apporte une satisfaction,
bien mince il est vrai. Dans le placard d'un individu nommé Louis Allard, ajusteur,
un gardien de la paix a découvert un tract. Une piste enfin ? Pas vraiment. Car il
s'agit d'un tract gaulliste intitulé « Prière du soir » et commençant par ces mots :
« Notre de Gaulle, qui êtes au feu... » Aucun rapport sans doute avec l'affaire
d'Airan. Qu'importe, l'homme est placé en garde à vue et la Geheimefeldpolizei
viendra quelques heures plus tard en prendre possession.
Parallèlement, on s'intéresse aux voyageurs ayant transité par les gares de
Caen, Lisieux ou Mézidon. Mais comment en retrouver la trace ? Les préposés aux
guichets et les contrôleurs sont interrogés en vain. Bien sûr, ils en connaissent

318
CHAPITRE V Le 21e R.M.V.E. dans la résistance.
certains.
Quant aux autres... Autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Les
bicyclettes et les motobécanes enregistrées pour leur transport comme les billets
délivrés sur présentation de carte de réduction permettent bien de glaner le nom
de quelques personnes ; mais toutes sont rapidement mises hors de cause. Les
descentes de police dans les débits de boisson et les interpellations sur la voie
publique ont beau se multiplier, aucun élément nouveau n'est découvert. Dans
les campagnes, les gendarmes visitent sans désemparer toutes les communes,
interrogent, contrôlent... sans plus de résultat.
Il faut se rendre à l'évidence : les coupables seront très difficiles à appréhender.
Or, le temps presse. Les autorités allemandes n'ont laissé que trois jours pour les
retrouver. Passé ce délai, de nouveaux otages seront exécutés et des centaines
d'autres prendront le chemin de la déportation. Tout au plus le Feldkommandant
a-t-il accepté de reporter le début de ce compte à rebours tragique au 20 avril
1942.
Le préfet Graux a résolu de jouer toutes les cartes. Téléphonant À Paris au
préfet Jean-Pierre Ingrand, chargé de représenter le ministère de l'Intérieur de
Vichy en zone occupée, il lui suggère d'intervenir personnellement auprès de
Pierre Laval. À l'occasion de l'avènement de son nouveau gouvernement, celui-ci
pourrait peut-être obtenir une mesure de clémence du Militärbefehlshaber ; ce
qui aurait pour effet, précise-t-il à son interlocuteur, « de favoriser le
développement d'une politique de rapprochement franco-allemand ».
Le 21 avril en fin de matinée, la réponse arrive à la préfecture du Calvados. Le
secrétaire général la note d'une main fébrile : « Le Président Laval revient de
Vichy en automobile cet après-midi et se rendra directement au Majestic pour
intervenir au sujet des 80 otages ». L'espoir renaît.
Mais en attendant, l'enquête ne doit pas se ralentir. Les Allemands ont décidé
de lui donner une nouvelle impulsion. Ils ont fait paraître dans la presse un avis
promettant le rapatriement de prisonniers du Calvados en l'échange
d'informations. Sur ordre des autorités d'occupation, le préfet a lui-même été
contraint d'offrir une récompense de 100.000 francs à toute personne susceptible
de fournir des renseignements qui aboutiraient à la capture des saboteurs.
Depuis lors, des lettres anonymes pour la plupart s'amoncellent sur le bureau du
commissaire central de Caen.
L'une d'elles retient particulièrement l'attention des policiers. Elle met en cause
un cantonnier des Ponts et chaussées, André G., domicilié à Airan. L'homme, au
cours d'une conversation avec un certain M., aurait prononcé les paroles

319
CHAPITRE V Le 21e R.M.V.E. dans la résistance.
suivantes : « Je sais que les ponts sont minés ; je les ferai sauter au moment
propice. J'ai ramené d'Angleterre une lampe qui peut servir à faire des signaux
aux avions... Il n'est pas difficile de se procurer les outils nécessaires et de faire
dérailler un train en déboulonnant un rail... Si les Allemands savaient ce que j'ai
fait contre eux, je mériterais d'être fusillé. » Las, une rapide enquête ne tarde pas
à montrer que la dénonciation n'est qu'une basse vengeance de la femme M.,
ancienne maîtresse du cantonnier, éconduite par son amant quelques semaines
plus tôt. Et c'est le mari infortuné en personne qui innocente son rival... et
camarade de beuverie. Tous deux ont l'habitude de taquiner la bouteille et,
l'alcool aidant, il leur arrive de se laisser aller à quelques propos antiallemands...
et à des vantardises bien imprudentes. L'inspecteur dépêché à Airan a tôt fait de
conclure : « Les renseignements recueillis sur G. sont bons. Ils sont nettement
défavorables sur la femme M., qui est de mauvaise conduite, médisante, peu
intelligente et vicieuse. Il est de toute évidence que dans les propos qu'elle prête
à G., il y en a qui sont absolument invraisemblables ». Affaire classée !
Tout comme le cas de cet habitant de la rue de Vaucelles, à Caen, dénoncé
comme « communiste » ... par sa femme en instance de divorce ; ou de cet
homme, demeurant non loin de là, rue de Falaise, victime de la même accusation,
proférée cette fois par une voisine avec laquelle il entretenait de mauvais
rapports depuis de nombreuses années. Comme l'esprit de vengeance, l'appât du
gain délie les langues. Un bourrelier de Glos, près de Lisieux, rapporte avoir reçu
la visite de deux hommes inconnus dont le comportement lui avait paru louche.
Ils se disaient agents d'assurances et ils lui avaient posé des questions sur les
fermiers des environs.
Une épicière de Beuvillers a remarqué dans son magasin trois jeunes gens « au
type étranger », parlant cependant très correctement le français. En quittant sa
boutique, ils s'étaient dirigés vers le passage à niveau de la ligne Paris-Cherbourg.
Airan a beau être situé à 30 kilomètres de là, on ne sait jamais... Une autre lettre
met en cause les réfugiés espagnols d'un centre d'hébergement situé près de
Sées, dans l'Orne. Son auteur est bien connu de la police. C'est le bouillant
Georges Daragon, de son état courtier en produits pharmaceutiques à Caen et
surtout dirigeant départemental d'un parti de collaboration, le M.S.R.
(Mouvement Social Révolutionnaire).
À plusieurs reprises déjà il a eu maille à partir avec les autorités locales qu'il
trouve, à l'instar de Vichy, beaucoup trop réservées à l'égard de la collaboration
franco-allemande. Selon lui, plusieurs Espagnols auraient quitté leur camp vers le
15 avril pour se rendre dans la région de Mézidon. D'ailleurs, le responsable de

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CHAPITRE V Le 21e R.M.V.E. dans la résistance.
son mouvement pour la région de Sées pourra donner toutes indications utiles à
ce sujet. Alerté, le commissariat d'Alençon envoie sur place deux inspecteurs. Un
contrôle minutieux de l'emploi du temps des hommes montre qu'effectivement
l'un d'entre eux a séjourné à Lisieux à la mi-avril. Mais il n'a pas quitté son hôtel
dans la nuit du 15 au 16. Le patron s'en porte garant. Une dame Georgette S., de
Lieury près de Saint-Pierre-sur-Dives rapporte, elle, avoir remarqué le 15 avril
1942 entre 19 heures trente et vingt heures, au buffet de la gare de Mézidon,
quatre hommes qui parlaient à voix basse. Tendant l'oreille, elle avait pu saisir au
cours de leur conversation le mot « rail ». L'affaire parut suffisamment
importante pour que le commissaire Delgay en personne recueille le témoignage
de cette femme.
Ils étaient âgés de 25 à 30 ans, de taille moyenne, de corpulence mince. Trois
avaient les cheveux peignés en arrière tandis que le quatrième portait la raie sur
le côté. L'un, revêtu d'un imperméable jaune clair, était très brun, les sourcils
épais, le teint basané ; il avait un peu le genre espagnol ou originaire du midi.
Tous étaient proprement mis, portant le complet veston. Dernier détail : l'un
d'entre eux était muni d’une de couleur petite mallette marron foncé avec des
rivets jaunes autour.
Leur signalement est immédiatement diffusé dans tout le département.
Quelques jours plus tard, la brigade de gendarmerie de Lisieux signale que quatre
hommes pouvant fort bien être ceux de Mézidon ont été vus attablés dans un
café de la ville, rue Henry-Chéron, dans la matinée du 18 avril, soit deux jours
après l'attentat. L'un d'eux, très brun, muni d'une petite valise, portait un
imperméable beige clair avec une tache de cambouis sur le côté droit. Le même
jour, vers 19 heures, ils avaient été également remarqués sur le quai de la gare où
ils attendaient le train pour Paris. Cette fois la piste paraît sérieuse : quatre
hommes, c'est-à-dire la taille supposée du commando ; la mallette ; et enfin cette
tache de cambouis. Mais comment les retrouver ?
Vingt-trois avril 1942 : les policiers allemands alertent leurs collègues français.
Ils viennent d'être avertis que quatre hommes suspects ont été repérés à Paris
dans un hôtel du 19e arrondissement. La tenancière, d'abord intriguée par les
paquets qu'ils transportaient, les a entendus parler d'un sabotage sur la ligne
Paris-Cherbourg et crut comprendre qu'ils arrivaient du Calvados. Mais,
renseignements pris, il faut bientôt déchanter. D'abord les faits datent du 16 avril
au soir ; ensuite, les signalements ne correspondent pas du tout à ceux relevés à
Mézidon et Lisieux ; enfin, ces hommes ont quitté l'hôtel sans laisser de traces.
Quant à leurs mystérieux paquets, il pourrait s'agir tout simplement de précieuses

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CHAPITRE V Le 21e R.M.V.E. dans la résistance.
victuailles rapportées d'un bref et fructueux séjour en Normandie. Sans doute
s'agissait-il de vulgaires trafiquants de marché noir, qui auraient tout simplement
entendu parler de l'affaire d'Airan dans le train au cours de leur retour. Le fil de la
piste semble irrémédiablement rompu !
Mais la dame S., première informatrice dans cette affaire, et décidément en
veine de confidences, offre à nouveau ses secours à la police. Cette fois il s'agit
d'une femme de Saint-Pierre-sur-Dives qui entretient des apports suivis avec un
habitant de Roubaix, lequel se serait vanté auprès d'elle d'avoir commis un
déboulonnage de rails sur la ligne Paris-Cherbourg.
Une perquisition à son domicile permet de mettre la main sur une
correspondance stupéfiante. Elle émane d'un homme répondant au nom
d'Alphonse Egels. Mais à la lecture des lettres, les policiers découvrent qu'il
s'agirait en fait d'un agent britannique, Freddy Mac Way Willington ! Au fil des
lignes, il évoque ses contacts avec Londres, une mission secrète en Allemagne,
une autre dans les Ardennes, la destruction d'un train de munitions à Arras...
Des instructions sont immédiatement envoyées à la police judiciaire de Lille
afin qu'elle se saisisse au plus tôt de cet individu. Absent de son domicile,
l'homme est spectaculairement arrêté en pleine rue et immédiatement envoyé
de Roubaix vers Caen, sous bonne escorte. À son arrivée, des officiers de la
Geheimfeldpolizei l'attendent. Mais quelques heures d'interrogatoire suffisent à
établir la vérité. Le « gros poisson » supposé n'est pas même du menu fretin ;
simplement un malade mental.
Une fausse piste de plus. Et le temps passe inexorablement. Le délai fixé par les
Allemands pour retrouver les auteurs du sabotage d'Airan est expiré depuis
plusieurs jours. Mais on sait qu'à Paris des négociations ont lieu au plus haut
niveau. C'est le dernier espoir pour sauver de nombreuses vies.
Vingt-sept avril 1942 : appel téléphonique urgent en provenance de la capitale
pour le préfet du Calvados. À l'autre bout du fil, le ministre de l'Agriculture,
Jacques Leroy-Ladurie : L'exécution des otages et les déportations sont
suspendues jusqu'à nouvel ordre ! On ignore la nature exacte des tractations
entre Laval et les Allemands. En dépit de leurs concessions, ceux-ci ont néanmoins
décidé de faire fusiller pour l'exemple deux nouveaux détenus de la prison de
Caen.
Et le 30 avril 1942, Louis Bouillard et Jean Surmatz, arrêtés dans les mois
précédents pour propagande communiste, tombent sous les balles du peloton
d’exécution. Quinze jours après le déraillement meurtrier d'Airan, et en dépit de
ce dernier drame, le préfet Graux a tout lieu de penser que le pire a été évité se

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CHAPITRE V Le 21e R.M.V.E. dans la résistance.
trompe.
Chapitre deux
Villers-sur-Mer, une petite maison bien anodine, dans un virage non loin de la
gare. Depuis plusieurs jours, trois hommes vivent cloîtrés là, ravitaillés de temps
à autre par une femme de Dives. Marius Sire, Joseph Étienne et Émile Julien
forment depuis quelques mois le triangle clandestin de direction du Parti
communiste pour le Calvados. Ce sont eux que la police traque avec autant
d'acharnement que d'insuccès depuis la mi-avril.
Marius Sire, dit « Kléber », est un ouvrier ébéniste de Flixecourt, près d'Amiens.
Ancien responsable des Jeunesses communistes et de la cellule locale du Parti,
activement recherché, il a dû quitter la Somme pour la Normandie au cours de
l'hiver 1941-42. Assez grand, mince, le cheveu très noir, fine moustache, Sire
serait plutôt « joli garçon » s'il ne lui manquait quelques incisives nuisant quelque
peu à son sourire. Fantasque, un peu hâbleur, il aime la poésie, la musique... et le
vélo. Ancien coureur cycliste, il lui arrive de faire de rapides aller et retour de Caen
à Amiens pour voir sa femme, au grand dam de ses camarades de combat, irrités
par ses imprudences.
Ancien contremaître dans une usine textile de Lisieux, Joseph Étienne vit dans
l'illégalité totale depuis plus d'un an, sous le pseudonyme de « Jean ». Au
printemps 1941, il a abandonné sa famille et son métier pour se consacrer
totalement à la Résistance.
Râblé, tout d'une pièce, d'un caractère un peu brusque, c'est un méthodique,
toujours précis et efficace. « Maurice », de son véritable nom Émile Julien, est un
ouvrier chaudronnier. Maigre, discret, d’une taille petite et d'apparence effacée,
il n'en est pas moins un redoutable homme d'action ; dès 1940, il a participé à la
reconstitution clandestine du Parti communiste dans le Calvados.
« Maurice » et « Jean » ont directement participé au sabotage d'Airan en
compagnie de deux cheminots. Le premier, Désiré Marie, de Frénouville,
cantonnier SNCF, a fourni les clés à tire-fond dérobées à la brigade de Cagny ;
comme il peut se déplacer à son aise le long de la voie ferrée, c'est lui qui a choisi
l'endroit précis de l'attentat, au beau milieu de la ligne droite entre Mézidon et
Caen, là où le convoi atteint sa vitesse maximale. Le second, Charles Reinert,
travaille à la gare de Caen, comme sémaphoriste au poste 70. Depuis son entrée
dans la Résistance en juillet 1941, il assure la liaison entre les chefs clandestins
du Front National, l'organisation de lutte mise sur pied par le Parti communiste,
et les responsables de ce mouvement au sein des cheminots caennais : le triangle
Siegel, Millemann, Marie pour les ateliers du dépôt ; Neveu, Maine et

323
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

Barthélemy au service voies et bâtiments.


Grâce à l’installation d’une vieille ronéo et d’une machine à écrire, son
domicile, au fond d'une cour de la rue Saint-Pierre, sert à la fois de point de
ralliement et d'imprimerie clandestine.
Du fait de son emploi, les horaires des trains allemands n'ont pas de secret
pour Reinert ; sans difficulté, il a donc pu fournir à ses camarades les
renseignements nécessaires et le choix s'est ainsi porté sur le « SF 906 »
Maastricht-Cherbourg, en raison de son heure de circulation. À Villers-sur-Mer,
« Kléber », « Jean » et « Maurice » évoquent une fois de plus leur coup d'éclat,
lorsque quelques coups donnés à la porte les interrompent brusquement. L'un
d'eux jette un rapide coup d'œil par la fenêtre. Sur le pas de la porte, une jeune
femme brune, au teint pâle, bien mise, avec un chignon impeccablement tiré.
« C'est Lucienne. Ouvre ! » « Lucienne », c'est Edmone Robert, l'institutrice de
Saint-Aubin-sur-Algot, une petite commune rurale près de Mézidon. Une vieille
connaissance pour « Jean ».
Ils ont milité ensemble au Parti communiste avant la guerre. En juin 1940, ils
ont parcouru la région pour tenter de récupérer quelques-unes des armes et des
munitions abandonnées par les troupes françaises en pleine débâcle. C'est ainsi
qu'ils ont mis la main sur un fusil mitrailleur, entreposé depuis lors dans l'une des
planques du groupe à la Hoguette près de Falaise.
Edmone Robert est un peu l'âme de la résistance communiste dans le Pays
d'Auge. À Saint-Aubin-sur-Algot, elle reçoit fréquemment des clandestins et des
responsables venus transmettre des ordres. Malgré leur discrétion, ces visites,
souvent nocturnes, n'échappent pas à certains de ses voisins. « Des cousins de
passage », répond-elle aux curieux. Ce qui ne convainc pas toujours et les plus
malveillants lui prêtent des mœurs légères. Du moins personne ne se doute de
ses véritables agissements. Et fort heureusement, car « Lucienne » joue un rôle
décisif dans cette partie du Calvados. Elle a participé à la préparation du sabotage
d'Airan et c'est elle en personne qui a été à Deauville, chez André Louvel, chercher
le pistolet qui sert au groupe pour se protéger lors de ses pérégrinations
nocturnes. C'est chez elle que « Jean » et « Maurice » se sont d'abord repliés la
nuit du 15 au 16 avril 1942, tandis que Désiré Marie et Charles Reinert
regagnaient leur domicile.
Ce jeudi matin là, « Lucienne » est venue apporter des nouvelles à ses
camarades qu'elle n'a pas revus depuis le déraillement. Elle leur raconte l'énorme
retentissement du sabotage, l'extraordinaire déploiement de forces policières,
les sanctions allemandes ; mais aussi la peur et l'angoisse de la population. La
plupart des gens se montrent hostiles à de pareils coups de main en raison des
324
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

représailles qu'ils encourent.


Cela, nos trois hommes le savent. La stratégie « terroriste », comme l'écrit la
presse vichyste, ne fait pas l'unanimité au sein de la Résistance. C'est risquer
inutilement la vie de civils innocents, disent les uns. C'est la guerre, répondent les
autres ; et toute action de guerre comporte forcément des dangers pour la
population ; le 14 avril 1942, la veille même du sabotage d'Airan, un violent
bombardement de l'aviation britannique sur l'usine de la SMN n'a-t-il pas
entraîné la mort de 9 personnes ? Le débat a eu lieu parmi les communistes eux-
mêmes. Mais les réticences individuelles ont été balayées par l'implacable
engrenage de la guerre. Depuis près d'un an, en effet, un combat sans merci s'est
engagé entre la résistance communiste et l'occupant, dans le Calvados comme
ailleurs.
Fortement éprouvé par sa dissolution sur ordre de Daladier quelques jours
après la signature du fameux accord germano-soviétique du 23 août 1939,
désorganisé par l'arrestation de nombre des militants, le Parti communiste s'est
progressivement reconstitué dans la clandestinité au cours des mois qui ont suivi
la débâcle des armées françaises.
Dans le Calvados, des diffusions de plus en plus nombreuses de tracts
témoignent de sa reprise d'activité à l'automne 1940. Leur contenu est sans
surprise : des attaques virulentes contre Vichy ; ce qui entraînera une série
d'arrestations par la police française dès janvier 1941.
Par contre, le mutisme est complet vis-à-vis de l'occupant ; telle est la
conséquence de l'attitude ambiguë de la direction nationale encore empêtrée
dans le piège du pacte de non-agression conclu entre Staline et Hitler.
Pourtant, sur le terrain, la situation est plus complexe. Ainsi, à Dives-sur-Mer,
dont toute la vie s'ordonne autour de l'usine électrométallurgique, l'arrivée des
Allemands — qui se sont empressés de transférer toutes les machines outre Rhin
— a réduit au chômage 1 300 ouvriers.
Sous l'impulsion d'André Lenormand (membre du premier trio de direction du
parti pour le Calvados) les militants communistes ont mis sur pied un comité de
chômeurs et organisé plusieurs manifestations populaires, aux cris de « Du travail
et du pain ! », dont le sens n'échappe à personne. En avril 1941, ils se sont
ouvertement opposés à la déportation brutale de deux cents chômeurs vers
Lorient où l'organisation Todt travaille alors à l'aménagement de la base sous-
marine.
Dans le même temps, les tracts distribués dans le département, sans appeler
encore à l'affrontement, n'en sont pas moins de plus en plus explicitement
tournés contre les Allemands. D'ailleurs, ceux-ci ne s'y trompent guère. Au
325
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

printemps 1941, ils ont exigé des sous-préfets un rapport circonstancié sur les
agissements communistes dans leurs arrondissements. Quelques semaines plus
tard, l'invasion de l'URSS a jeté les communistes dans la lutte, sans retenue cette
fois, tout en ayant pour premier effet de les exposer à une formidable répression.
Dès la fin juin, des milliers d'entre eux sont arrêtés sur injonction allemande en
zone occupée.
Dans le Calvados, des perquisitions sont menées simultanément dans tout le
département au matin du premier juillet par la gendarmerie et la police. La
découverte du moindre tract — même s'il date d'avant-guerre — a pour
conséquence immédiate la prison. Une vingtaine de militants connaîtront ce sort.
« La Feldkommandantur m'a fait savoir que toutes les affaires communistes
devaient lui être soumises », note le préfet en août dans son rapport avant
d'ajouter : « Afin d'éviter dans toute la mesure du possible que la répression ne
devienne entièrement l'œuvre de l'armée occupante, les communistes devenant
de ce fait des martyrs aux yeux de la population, j'ai fait une démarche auprès du
procureur général afin d'obtenir immédiatement la mise en fonctionnement de
la Cour spéciale qui doit siéger à Caen ».
Tragique surenchère où les autorités de Vichy, croyant défendre la souveraineté
française, s'aventurent en fait dans une voie dangereuse. C'est ainsi qu'une
dizaine de communistes de Dives, dont André Lenormand, auront le triste
privilège d'être les premières victimes de l'une de ces sections spéciales mises sur
pied par le gouvernement Darlan, jugeant en vertu des trop fameuses lois
rétroactives inspirées par le ministre de l'Intérieur Pierre Pucheu.
Mais les Allemands n'entendent pas se départir de la direction des opérations.
Le 15 août 1941, le Général von Stülpnagel, commandant militaire en France
occupée, a publié un avis particulièrement inquiétant : « Le Parti communiste
français étant dissous, toute activité communiste est interdite en France.
Toute personne qui se livre à une activité communiste, qui fait de la
propagande communiste ou tente d'en faire, qui soutient de quelque manière
que ce soit des agissements communistes est l'ennemi de l'Allemagne. Le
coupable est passible de la peine de mort, qui sera prononcée par une cour
martiale allemande.
La menace n'est pas vaine. Car dans les jours précédents et au cours de ceux
qui vont suivre, plusieurs jeunes communistes sont passés par les armes pour
avoir participé à des manifestations patriotiques à Paris le 14 juillet et le 13 août
1941. » La réponse ne se fait pas attendre. Le 21 août 1941, Pierre Georges (le
futur « colonel Fabien ») abattait de deux balles l'aspirant Moser, de la
Kriegsmarine, sur le quai du métro de la station Barbès. « Ce coup de feu » écrira
326
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

plus tard Albert Ouzoulias, « résonna comme une riposte au terrorisme nazi, en
même temps qu'un appel au combat armé à travers toute la France ».
Effectivement, les attentats vont dès lors se multiplier, en dépit des sévères
avertissements du Militärbefehlshaber : désormais, tous les Français arrêtés par
les autorités allemandes, ou sur leur ordre seront considérés comme otages et
exécutés en cas de nouvelle agression.
D'ailleurs l'administration militaire a prescrit à chaque Feldkommandantur de
la zone occupée d'établir des listes officielles d'otages avec la collaboration des
autorités françaises. C'est dans ce but que le lieutenant-colonel Elster a demandé
le 20 octobre 1941 au préfet du Calvados de lui fournir ce document dans un délai
de 48 heures, en classant les individus déjà détenus en fonction de la gravité des
faits reprochés ; cet ordre de priorité devant être scrupuleusement suivi en cas
d'exécutions capitales décidées par les autorités supérieures de l'armée
d'occupation. Dès réception de la note allemande, le préfet Graux a sollicité une
entrevue pour signifier au Feldkommandant son refus catégorique ; une pénible
conversation s'est engagée.
« Cette demande vous est faite dans un souci purement humanitaire, explique le
colonel Elster. Vous connaissez bien mieux que nous vos ressortissants. Supposez
que demain je reçoive l'ordre de fusiller dix prisonniers français ; je prendrai les
dix premiers inscrits sur votre liste, en sachant que vous avez tenu compte de la
gravité de la faute commise, des antécédents, de la situation de famille ou de tout
autre élément d'appréciation. Autrement, nous risquons de faire de graves
erreurs ; erreurs qui peuvent, grâce à vous, être évitées et que nous serions les
premiers à regretter d'avoir commises. »
« Ma conscience s'y oppose de façon absolue, rétorque le préfet. Il n'est pas
question de substituer la moindre parcelle de ma responsabilité à celle de
l'autorité allemande surtout s'il s'agit de supprimer des vies humaines. J'ai le
regret de ne pouvoir accéder à votre requête ! »
L'Allemand blêmit de colère. Puis brusquement se met à hurler en foudroyant du
regard l'interprète française qui accompagne comme d'accoutumée le préfet.
« Vous êtes une femme incorrecte. J'en ai assez d'être traité ainsi. Lorsque vous
traduisez les paroles du préfet, vous dites : “Monsieur le préfet a dit ceci...”
Lorsque vous traduisez mes paroles, vous dites : “Il” demande... Je n'accepterai
plus à l'avenir pareil manque de respect. »
Visiblement, le Feldkommandant, ulcéré par le refus du préfet, passait sa
colère sur la malheureuse ; et l'entretien prit fin sur cette sortie brutale. Dès le
lendemain le préfet Graux se rendit à la délégation du Ministère de l'Intérieur à
Paris. Le préfet Ingrand l'approuva dans sa décision. Quelque peu rasséréné, il alla
327
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

dès son retour confirmer son refus à la Feldkommandantur. À sa grande surprise,


le colonel Elster le reçut avec une cordialité inaccoutumée, l'assurant, avec un
certain sourire au fond des yeux, que, puisqu'il ne voulait pas prendre ses
responsabilités, lui, il assumerait les siennes.
Le préfet ne devait pas tarder à comprendre les raisons de cette attitude.
Pendant son absence, des policiers allemands avaient investi les locaux des
Renseignements généraux et exigé du commissaire qu'il leur remette son fichier
des communistes. Après avoir refusé, ce dernier avait fini par s'exécuter. Ce qui
devait permettre aux Allemands d'avoir tous les renseignements souhaités et, de
surcroît, de faire arrêter dans les jours suivants une quinzaine d'hommes
supplémentaires qui allèrent immédiatement grossir dans un camp les rangs des
victimes désignées pour le prochain sacrifice.
Alors même que ces évènements se déroulent à Caen, le lieutenant-colonel
Hotz, Feldkommandant de Nantes, est tué en pleine rue par un commando le 20
octobre 1941. Le lendemain, c'est au tour d'un autre officier supérieur, le
conseiller militaire Reimers, de subir le même sort à Bordeaux. Dans les heures
qui suivent, 98 otages, communistes pour la plupart d'entre eux, sont passés par
les armes à Châteaubriant, Nantes et Bordeaux.
Le choc est considérable dans l'opinion publique, car il s'agit des premières
exécutions massives en France à titre de représailles. Le fils de l'un des suppliciés
de Châteaubriant, Henri Barthélemy, travaillait à la gare de Caen. Accompagné
par son camarade Henri Neveu, il se rendit quelques jours plus tard en Loire-
Inférieure pour récupérer les affaires de son père et fleurir sa tombe. Tâche
difficile, car les dépouilles avaient été dispersées anonymement dans les
cimetières des communes environnantes. Ils déposèrent donc leurs fleurs un peu
au hasard. À son retour à Caen, Henry Neveu décida d'adhérer au Parti
communiste et entra dans la Résistance dont il devait être désormais l'un des
animateurs au sein des cheminots caennais. À Vichy, le maréchal Pétain s'émeut :
« Nous avons déposé les armes. Nous n'avons pas le droit de les reprendre pour
frapper dans le dos les Allemands ». De Londres, de Gaulle fait connaître sa
désapprobation quant aux méthodes employées par les communistes : « Il est
absolument normal et absolument justifié que les Allemands soient tués par les
Français. Si les Allemands ne voulaient pas recevoir la mort de nos mains, ils
n'avaient qu'à rester chez eux... Mais il y a une tactique à la guerre. La guerre doit
être conduite par ceux qui en ont la charge...
Actuellement, la consigne que je donne pour le territoire occupé, c'est de ne
pas y tuer d'Allemands. Cela pour une seule raison : c'est qu'il est, en ce moment,
trop facile à l'ennemi de riposter par le massacre de nos combattants
328
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

momentanément désarmés. Au contraire, dès que nous serons en mesure de


passer à l'attaque, les ordres voulus seront donnés. » Ce à quoi, un résistant
communiste répondra après coup : « La guerre consiste d'abord à exterminer
l'ennemi ; et avant de l'exterminer par bataillons entiers, il faut le détruire en
détail. » L'Humanité clandestine parle, quant à elle, de défense légitime : « Il faut
agir pour que tous les morts ne soient pas du même côté... Oui, il vaut mieux se
battre pour détruire l'ennemi que de se laisser assassiner par lui ! »En tout cas, la
volonté des communistes ne faiblit pas. Fin novembre et début décembre 1941,
les actions contre les Allemands se multiplient à Paris, Porte d'Orléans, rue
Championnet, boulevard magenta, rue de la Convention : officiers abattus dans
la rue, bombes lancées dans des hôtels ou des mess, matériel saboté...
Le 14 décembre, le Général Stülpnagel ordonne de faire fusiller cent otages, à
nouveau choisis en priorité parmi les communistes. Soixante-dix sont exécutés le
lendemain au Mont-Valérien. Mais parmi les victimes figurent aussi treize
détenus de la prison centrale de Caen, des Parisiens pour la plupart, dont le
secrétaire général de L'Humanité, Lucien Sampaix.
La dernière journée de leur vie a commencé par un réveil brutal à six heures
du matin, afin de leur apprendre le sort qui les attendait et de leur laisser le temps
d'écrire une dernière lettre. Le téléphone arabe a rapidement fonctionné et la
prison entière hurle sa colère et son indignation. Neuf heures : les 46 condamnés
sont rassemblés dans la cour d'honneur où les attendent trois prêtres pour les
accompagner. À la face de leurs bourreaux, ils entonnent la Marseillaise. Puis c'est
l'Internationale ; cette fois c'en est trop ! L'officier allemand, impassible
jusqu'alors, hurle des menaces bien dérisoires. « Il faudrait pouvoir nous tuer
deux fois », lui réplique Sampaix.
À 9 heures 15, le premier fourgon cellulaire emporte la moitié d'entre eux vers
la caserne du 43e régiment d'artillerie ; l'autre suivra une heure plus tard. Pendant
tout le trajet, les suppliciés continuent de chanter.
Les exécutions, deux par deux, commencent à 10 heures 18 ; elles vont se
poursuivre pendant près d'une heure et demie. Alors qu'on l'attachait au poteau,
le plus jeune s'évanouit en criant « Maman ». Michel Farré avait vingt ans. C'était
un jeune communiste de Colombelles, près de Caen. Il avait été arrêté par des
gendarmes français deux mois auparavant alors qu'il distribuait des tracts avec
son camarade François Kalinicrenko. Celui-ci, plus heureux, avait réussi à
s'échapper. Depuis lors, il avait trouvé refuge dans une planque à Saint-Loup-de-
Fribois, sous le pseudonyme de « Marcel Lavergne », bien décidé à venger son
camarade. À l'automne 1941, la direction du parti communiste a résolu
d'accélérer l'organisation et l'élargissement de ses groupes de combat. Une
329
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

directive demandait à 10 % des militants de se porter volontaires pour l'action


armée.
L'OS (Organisation Spéciale constituée depuis la fin de l'année 1940) allait
progressivement céder la place aux FTP (Francs Tireurs et Partisans) créés en avril
1942 et placés sous la responsabilité d'un Comité Militaire National aux ordres de
Charles Tillon. Il restait à implanter le mouvement sur le territoire, divisé en
interrégions.
La Normandie-Picardie figure avec le Nord et la région parisienne parmi les
plus tôt structurées et les plus solides. Elle s'étend sur six départements : la
Somme, l'Oise, la Seine-Inférieure, l'Eure-et-Loir, le Calvados et la Manche.
Au début du printemps 1942, deux des responsables interrégionaux, Jean Petit
et Maurice Lemaire, des traminots d'Amiens, sont venus à Caen pour répercuter
les nouvelles directives du Comité militaire. La priorité est désormais donnée aux
sabotages sur la voie ferrée, avec la mission de mettre au point la technique de
déraillement la plus efficace possible. Le groupe du Calvados a résolu de
s'attaquer aux trains de permissionnaires qui empruntent quotidiennement la
ligne Paris-Cherbourg. La guerre du rail est commencée !
Le 22 mars 1942, Joseph Étienne, Émile Julien et Charles Reinert sont partis de
Caen en vélo avant le couvre-feu. À Frénouville, ils ont rejoint Désiré Marie muni
de ses clés à tire-fond et, de là, gagné Bellengreville. Dissimulés dans une haie
non loin de l'endroit choisi, il leur restait à attendre patiemment la nuit. Une
demi-heure environ avant le passage du train, ils ont commencé à enlever les
éclisses puis à dévisser les tire-fond. Mais l'un d'eux a résisté à toutes les
tentatives et le rail n'a pu être déplacé comme ils l'entendaient. Alors que le
commando regagnait Caen, le convoi passa sans encombre, tout comme ceux qui
le suivirent plusieurs heures durant.
Quelques jours plus tard, le groupe récidiva, en employant cette fois un autre
procédé. « Maurice » (Émile Julien) avait fabriqué une bombe avec des bâtons
d'explosifs récupérés dans une carrière. Elle devait exploser au premier contact
avec la locomotive. L'engin en place, les hommes décampèrent. À peine avaient-
ils fait un kilomètre qu'ils entendirent le train passer... Rien ! Demi-tour pour
récupérer la charge et s'en débarrasser dans un bosquet.
La Troisième tentative, au cours de la fameuse nuit du 15 au 16 avril 1942, fut
la bonne. On avait décidé cette fois d'en revenir à la première méthode, tout en
tirant la leçon de l'échec précédent. Un vaporisateur rempli de pétrole devait
servir à débloquer plus aisément les tire-fond. Mais il fallait laisser le temps au
produit d'agir et la durée de l'opération s'en trouvait pratiquement doublée.
Aussi l'équipe était-elle à pied d'œuvre dès 2 heures 30.
330
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

À la lueur de son briquet, « Jean » regarda sa montre. Bientôt trois heures. Le


train de marchandises signalé par Reinert arrivait dans le lointain. Vite, il fallut se
dissimuler dans un fourré. Quelques minutes plus tard, les quatre hommes en
ressortaient pour achever leur besogne. Cette fois le rail était entièrement libre.
Arc-boutés sur les manches des clés faisant office de leviers, ils réussirent à le
déplacer d'une bonne dizaine de centimètres. Il était temps de disparaître. Alors
qu'ils s'éloignaient à toutes pédales, le fracas du déraillement, rompant
brutalement le silence de la nuit, leur apprit qu'ils avaient réussi !
L'affaire d'Airan connut un extraordinaire retentissement dans les milieux de
la résistance communiste. Le groupe de sabotage du Calvados fut cité en
exemple ; de hauts responsables se déplacèrent pour connaître avec précision la
technique qui avait été employée. Un petit manuel fut même édité sur ce sujet
et distribué dans la France entière. Pareil succès en appelait d'autres. La nuit du
1er mai allait en fournir l'occasion.
Chapitre trois
Un premier mai de lutte ! Telle est la décision arrêtée depuis plusieurs
semaines par les instances clandestines du Parti communiste. Grèves,
débrayages, manifestations devront ponctuer cette journée symbolique.
De son côté, le Général de Gaulle a demandé à tous les Français de répondre
« à l'appel des travailleurs de France » en défilant, après 18 heures 30,
« silencieusement et individuellement devant les statues de la République et les
mairies des villes et des villages ».
Mais les communistes, fidèles à leur stratégie, sont bien résolus à aller au-delà
de cette démonstration symbolique. Partout les groupes de combat sont prêts à
passer à l'action.
Dans le Calvados, un nouveau sabotage sur la voie ferrée a été décidé.
Toujours secondés par Désiré Marie, « Maurice » et « Jean » seront à nouveau
de la partie. « Kléber » remplacera Charles Reinert, de service à la gare de Caen
cette nuit-là. Mais où frapper ?
Dans la nuit du 30 avril au 1er mai 1942, à 4 heures du matin. Henri Graux est
réveillé en sursaut par le concierge de la préfecture. Coup de téléphone très
urgent de la gendarmerie d'Argences... Un nouveau déraillement... Encore un
convoi de permissionnaires allemands, oui ! De nombreuses victimes ! Le préfet
saute dans sa voiture et s'élance vers des lieux qu'il ne connaît que trop bien,
après avoir pris au passage le docteur Digeon, responsable départemental de la
santé. « Vous ne tarderez pas à avoir un autre préfet. » « Pourquoi ? Vous n'êtes
pour rien dans cette malheureuse affaire ! » « Bien sûr, mais les exigences
allemandes vont être telles cette fois-ci que je ne pourrai pas les satisfaire. »
331
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

À quinze jours d'intervalle, l'Histoire se répète étrangement, jusque dans les


moindres détails. À Airan, le petit jour de ce 1er mai découvre un spectacle que
tous ceux qui sont là ont le sentiment d'avoir déjà vu. Le même train a déraillé à
la même heure, exactement au même lieu. Les saboteurs ont poussé l'audace et
l'outrecuidance jusqu'à déboulonner le même rail.
Même enchevêtrement de voitures et de rails tordus ; même spectacle de corps
écrasés et sanglants ; allongés sur le remblai, des hommes en uniforme
affreusement blessés ; certains hurlent de douleur. Derrière la locomotive,
couchée sur le flanc, le premier wagon, métallique, a peu souffert.
Heureusement, car à l'intérieur avaient pris place les vingt otages français
contraints d'accompagner les Allemands : des hommes de la région de Valognes ;
ils sont tous indemnes. À la vue du préfet, ils accourent et se présentent : le maire,
le procureur de la République, l'archiprêtre, un notaire, deux médecins...
Réveillés en plein sommeil par un choc terrible, ils ont été précipités les uns
contre les autres ; mais sans mal, quelques contusions tout au plus. Juste derrière
leur voiture, deux wagons en bois ont été littéralement déchiquetés en
s'entrechoquant. Cette fois-ci, on dénombre dix morts parmi les soldats de la
Wehrmacht et une vingtaine de blessés graves.
La réaction policière a été particulièrement rapide. Dès 6 heures du matin,
quatre-vingts barrages de gendarmerie étaient mis en place sur l'ensemble du
territoire du Calvados avec mission d'arrêter et de fouiller méticuleusement
toutes les personnes se trouvant sur les routes. Le préfet Graux a lui-même
immédiatement alerté ses collègues de la Seine-Inférieure, de l'Orne, de la
Manche et de l'Eure pour qu'ils prennent d'urgence les mêmes mesures.
Sans plus attendre, la gare de Caen a été « bouclée ». Des inspecteurs ontpris
place dans le train du matin pour Paris, parti avec un grand retard en raison des
dégâts sur la voie. Tous les voyageurs seront contrôlés pendant le trajet. Mais
d'autres ont emprunté le convoi supplémentaire hâtivement constitué au départ
de Mézidon. Les saboteurs peuvent également se trouver parmi eux. Aussi des
forces de police imposantes ont-elles pris position sur les quais de Saint-Lazare
pour les intercepter à leur arrivée et vérifier systématiquement leur identité. À
onze heures du matin à l'Hôtel Malherbe, sont réunis dans le bureau du
lieutenant-colonel Elster, le préfet Graux, le commissaire divisionnaire de la
brigade de police judiciaire de Rouen et le commandant de la gendarmerie du
Calvados et ils écoutent le Feldkommandant. Sur un ton modéré, mais le regard
glacé, il donne ses instructions en vue de coordonner les recherches avec les
autorités allemandes. Pour l'heure, il ne parle pas de sanctions. Mais tous ses
interlocuteurs y pensent avec angoisse. Il incline à penser que les auteurs de
332
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

l'attentat sont à rechercher parmi les cheminots de la gare ou de l'important


dépôt de Mézidon. Rien au cours de l'enquête précédente n'avait permis de le
démontrer ; mais c'est entendu, un inspecteur de police français se rendra sur
place pour y mener des investigations poussées.
Beaucoup plus inquiet que soulagé, le préfet Graux regagne ses services où
l'un de ses subordonnés l'attend avec impatience, l'air visiblement bouleversé. La
Cour martiale allemande vient de rendre son verdict dans le procès d'un groupe
de résistants qui s'était ouvert le 29 avril 1942. Trois condamnations à mort ont
été prononcées, deux condamnations aux travaux forcés à perpétuité et huit
autres variant de cinq à dix ans. L'affaire n'avait rien à voir avec les sabotages
d'Airan. Il s'agissait d'un réseau démantelé à l'automne 1941 à la suite d'une
dénonciation. Les 13 accusés étaient inculpés de « propagande gaulliste »,
notamment pour avoir distribué des journaux clandestins ayant pour nom « Les
Petites Ailes de France » ou « Résistance ».
L'affaire ne paraissait pas d'une gravité extrême. D'ailleurs, la veille, dans son
réquisitoire, le procureur s'était montré relativement modéré. Mais ce matin, le
président de la Cour, en rendant sa sentence, s'est lancé dans une attaque d'une
extrême violence contre « les Français qui assassinent les Allemands alors que
ceux-ci leur tendent la main » ; puis il a fustigé les attentats commis récemment
contre l'armée allemande sur divers points du territoire et en particulier ceux
d’Airan. D'où la lourdeur des peines ! André Michel, Jacques Dugardin et Gaston
Renard, tous de Caen, ont ainsi été condamnés à la peine capitale. La sentence,
irrévocable, devrait être exécutée dans les jours suivants. Bien mauvais présage
quant aux réactions allemandes à venir. L'après-midi est déjà entamé et elles se
font toujours attendre. Pour l'heure le préfet achève son rapport pour ses
supérieurs et rédige un appel solennel à la population du Calvados : « L'odieux
attentat qui avait le 16 avril 1942 causé à l'armée allemande la mort de plusieurs
de ses membres et à la population française de sévères représailles vient de se
renouveler à quinze jours de distance, avec des conséquences aussi tragiques... Il
n'est pas un Français digne de ce nom qui ne condamne pas un si abominable
forfait et qui ne puisse pas souhaiter le châtiment des coupables. » Tous les
moyens de police, français et allemands, sont mis en œuvre pour rechercher les
auteurs de ces deux attentats. C'est un devoir pour la population que d'apporter
à cette recherche toute la contribution possible. Le Préfet du Calvados, en
flétrissant un acte aussi lâche, fait un appel pressant à ses administrés pour qu'ils
sachent comprendre et remplir ce devoir. Il remettra une récompense de 200.000
francs à quiconque aura donné des renseignements dont l'exploitation aura
permis de trouver les criminels.
333
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

Dix-neuf heures. Cette fois ça y est ! Le Feldkommandant a convoqué d'urgence


le préfet pour lui faire part des sanctions décidées par le quartier général de Paris.
En quittant sa préfecture pour gagner l'Hôtel Malherbe, son regard est attiré par
une foule inaccoutumée déambulant devant la mairie toute proche et sur la Place
de la République. Près d'un millier de personnes ont répondu à l'appel lancé par
Radio-Londres pour commémorer le 1er mai. Mais ses préoccupations sont
ailleurs.
Le lieutenant-colonel Elster est bref. Il remet au préfet un dossier, tout en
allemand, comportant des listes de noms, en lui résumant brièvement le contenu.
Il s'agit d'arrêter sans tarder les personnes indiquées sur les documents, des
communistes et des juifs ! À la préfecture, les interprètes se sont immédiatement
mis au travail :
« Dans le courant de la nuit du 1er au 2 mai 1942, les communistes désignés
sur la liste ci-jointe doivent être arrêtés, soit à leur domicile soit à leur lieu de
travail, en collaboration avec la gendarmerie allemande.
La même mesure est applicable pour tous les juifs du département. Les
personnes arrêtées doivent être gardées en sûreté dans des maisons d'arrêt sous
la responsabilité des autorités françaises, jusqu'à ce que la Feldkommandantur
ait donné de nouveaux ordres. Lors de l'arrestation doivent être observées les
directives portées sur la notice spéciale. »
Que dit cette notice ? : « Sont à arrêter :
1. Les hommes seulement ;
2. Les hommes de 18 à 55 ans accomplis ;
3. Les hommes aptes au travail seulement ;
4. Seulement des sujets français ou apatrides ;
5. Pour les juifs, ceux possédant la nationalité des pays occupés par l'Allemagne :
Norvégiens, Belges, Hollandais, Polonais, Russes, Yougoslaves,
Luxembourgeois. »
Et voici les fameuses listes ; elles ne sont pas traduites, mais ont-elles besoin
de l'être :
« Liste der Kommunisten de Caen :
Alves Antonio, Handwerker, Av. Sainte-Thérèse Auguste Georges, Mechaniker,
rue Eustache-Restout. Aune René, Hilfsarbeiter, 25 rue Basse Beuron, Édouard,
Docarbeiter, 144 rue Saint-Jean. Soixante noms au total ; et derrière ces noms
autant d'hommes qui ne savent pas encore le fait que leur destin est scellé
La liste des 58 juifs maintenant :
Aranson Abraham, Caen, 34 rue Bicoquet ; Augier Nuta, Neuville, Azef Élie, Caen,
92 rue d'Auge ; Badassas Davydas, Caen, 216 rue Caponière... » Dans le même
334
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

temps, les Kreiskommandantur ont transmis elles aussi aux sous-préfetsde Vire,
Bayeux et Lisieux des listes de communistes et de juifs à arrêter, soit une vingtaine
de victimes supplémentaires.
Comment ont-ils pu se procurer tous ces noms ? Vraisemblablement à la suite
de la perquisition dans les services des renseignements généraux en octobre
1941. Visiblement, les listes ont été établies à la hâte, sans vérifications. On y
relève ainsi le nom de Roger Bastion, ouvrier forgeron à Caen ; en fait, l'ancien
secrétaire fédéral du Parti communiste a quitté clandestinement le Calvados
depuis près d'un an ; et il a même été arrêté en février à Cherbourg en compagnie
d'autres dirigeants importants de la résistance. Même chose pour André
Lenormand, déjà emprisonné ; Gaston Gandon autre figure du parti, en fuite
depuis longtemps, ou Georges Mauduit, ancien maire de Mondeville, destitué en
1940 et introuvable depuis.
Quel sort les Allemands réservent-ils à tous ces hommes ? Depuis les
exécutions massives de Châteaubriant, Nantes, Bordeaux ou du Mont-Valérien,
on peut craindre le pire. Toutefois, il ne faut arrêter que « les hommes aptes au
travail » ; ce qui pourrait laisser présager une déportation en Allemagne.
Quoi qu'il en soit, il s'agit bien d'otages, même si le mot n'apparaît pas dans
les ordres allemands et n'a pas été prononcé par le Feldkommandant. Et le préfet
est bien placé pour connaître les instructions en vigueur à cet égard.
Il a tôt fait de retrouver ses textes : une note du gouvernement français du 25
octobre 1941, confirmée par une décision du 20 novembre émanant de l’état-
major administratif du Militärbefehlshaber. En vertu des clauses de l'armistice du
22 juin 1940, les autorités françaises sont tenues de prêter leur concours aux
opérations de police ordonnées par les Allemands ; mais elles ne doivent pas y
prendre part s'il s'agit d'appréhender des otages.
La décision du préfet Graux est prise. Il fera arrêter les hommes figurant sur les
listes, puisqu'il ne peut se dérober à cette injonction, mais il ne les remettra pas
aux Allemands. Entre temps, les lieutenants commandant les sections de
gendarmerie des départements, convoqués de toute urgence, sont arrivés à la
préfecture. Ils en repartent immédiatement, munis d'ordres précis allant
également dans ce sens.
La terrible nuit peut commencer. Tout le personnel des commissariats de Caen
a été mobilisé. Les Feldgendarmes sont là aussi, les armes en bandoulière.
Voitures et fourgons vont sillonner les rues de la ville des heures durant pour
accomplir leur sinistre moisson. Moshe Tarakanoff, 5 rue Saint-Sauveur ; Émile
Isidor, au numéro 15 de la même rue ; Marcel Cimier, 13 rue Gémare ; Charles
Lelandais, 122 rue de Geôle ; Aaron Goldstein, 101 rue Saint-Pierre... Coups
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Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

redoublés frappés aux portes, incrédulité et stupeur d'hommes réveillés en


sursaut ; des cris, parfois des coups, les larmes des femmes et des enfants... David
Polosecki, place du Marché au bois ; Raymond Confais, rue Leroy ; Émile Hallais,
rue Sainte-Anne ; Gaston Besnier et Adolphe Vannier, rue du Vaugeux...
Revenant de Mondeville, un fourgon déjà lourdement chargé s'arrête rue
d'Auge, devant le n° 92. Félix Bouillon est brutalement sorti de son lit. Face à lui
des policiers français et quelques Allemands, commandés par le fameux
inspecteur Chate. Un homme qu'il connaît trop bien pour avoir déjà eu maille à
partir avec lui avant la guerre, comme d'ailleurs beaucoup de Caennais.
— Bouillon, prends un vêtement, une couverture, un casse-croûte si tu veux et
suis-nous ! Tu vas revenir tout à l'heure.
Encore tout abasourdi, il a juste le temps de mettre quelques affaires dans une
vieille valise et le voilà dehors. Dans le fourgon, il retrouve son ami Jean
Lebouteiller ; l’inspecteur Chate les ligote ensemble avec des menottes. Il y a là
aussi une demi-douzaine d'ouvriers de Mondeville ou du quartier de la gare ; des
débardeurs, des cheminots... Destination le commissariat central !
Onze heures, une petite troupe d'hommes à pied s'arrête devant le n°13 de la
Place de l'Ancienne-Comédie. Quelques agents de ville accompagnés d'un
inspecteur et d'un gigantesque Feldgendarme gravissent rapidement l'escalier
jusqu'au second et frappent rudement à une porte. Un jeune homme âgé d'une
vingtaine d'années leur ouvre. Il venait à peine de se coucher. Son regard se porte
immédiatement sur l'Allemand, impressionnant avec son casque, sa plaque
d'acier autour du cou et sa mitraillette.
— André Montagne ?
— Oui.
— Il faut nous suivre !
— Pour aller où ?
— Vous le verrez bien !
Les parents surgissent, affolés, interrogent les policiers, tentent de discuter en
vain. Le groupe redescend. Le père d'André le suit, pieds nus, jusque dans la rue
où les policiers le repoussent sans ménagement vers l'intérieur de l'immeuble.
André Montagne a immédiatement compris ce qui lui arrivait. Militant des
Jeunesses communistes, il avait déjà été arrêté en janvier 1941 et a subi une
peine de plusieurs mois de prison. Son nom n'a pas dû être bien difficile à
retrouver dans les fichiers de la police. Avec ces déraillements, le sort qui l'attend
cette fois n'est que trop évident ! Il sera certainement fusillé à l'aube. Comme il
songe au gros bouquet de lilas qu'il a offert à sa mère en cette journée du 1er mai
— sa mère qu'il ne reverra sans doute jamais — la petite troupe s'arrête au
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Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

numéro 44 de la rue des Jacobins. Quelques hommes y pénètrent.


Une nouvelle proie à saisir. Cette fois, c'est un médecin juif, le docteur Pecker.
La nuit est profonde et les rues entièrement noires en raison du couvre-feu.
Pourquoi ne pas tenter le tout pour le tout ? André n'a rien à perdre. Mais la
mitraillette de l'Allemand l'impressionne. Et d'ailleurs, il est trop tard. Voici le
commissariat central, rue Auber.
À l'intérieur règne un brouhaha extraordinaire. Plusieurs dizaines d'hommes,
les traits tirés, visiblement paniqués pour la plupart, interrogent leurs gardiens.
Que fait-on là ? Que va-t-on faire de nous ? Mais les policiers éludent les
questions. On ne sait pas ! On a des ordres ! André Montagne aperçoit
immédiatement quelques-uns de ses amis des Jeunesses communistes, arrêtés
comme lui l'année précédente : Serge Greffet, André Guillard, Joseph Besnier.Il y
a là aussi quelques militants ouvriers très connus sur la place de Caen : Étienne
Cardin, ancien responsable du syndicat CGT des métaux ; François Stéphan,
l'organisateur du syndicat des chômeurs dans les années trente ; René Blin, ex-
secrétaire du syndicat des agents hospitaliers. Les heures passent et d'autres
voitures apportent leur lot de victimes. Combien sont-ils au total?
Cinquante, soixante peut-être. Brusquement les policiers s'agitent et donnent
des ordres. Les otages sont poussés dans les fourgons. Pour quelle destination ?
Beaucoup pensent à la caserne du 43e, là même où tant d'hommes ont déjà péri
devant les pelotons d'exécution. Mais non, le convoi prend la direction inverse,
vers la Maladrerie et la prison centrale. Là, les hommes sont entassés à 10 ou 15
par cachot, dans les lugubres mitards, d'ordinaire réservés aux prisonniers punis.
Par terre, des paillasses infectes. Bien peu dormiront en cette fin de nuit.
Le samedi matin 2 mai 1942, c'est l'heure des comptes. La police et la
gendarmerie ont arrêté 84 personnes sur l’ensemble du département, 56
communistes et 28 juifs. Une quinzaine d'autres ont été laissées en liberté, en
vertu même des instructions données par les Allemands : quelques femmes, mais
surtout des hommes âgés de plus de 55 ans ou malades. Une trentaine enfin
avaient disparu de leur domicile depuis plus ou moins longtemps ou étaient
momentanément absents.
Pour certains d'entre eux, ce ne sera d'ailleurs qu'un sursis de quelques heures.
Comme ce mécanicien de la SNCF, Georges Auguste, cueilli au matin sur le quai
de la gare de Caen, à l'arrivée du train de Cherbourg, alors qu'il descendait de sa
locomotive. Comme David Badache qui par une incroyable méprise ira se jeter
lui-même dans la gueule du loup. À dix-sept ans, il avait quitté sa Lithuanie natale
pour fuir l'antisémitisme virulent qui y régnait et trouver refuge en France, terre
d'asile. Engagé volontaire en 1939, il a regagné Caen après la défaite, bien décidé
337
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

à poursuivre sa lutte contre les nazis. C'est ainsi qu'il a réussi à se faire embaucher
au terrain d'aviation allemand de Rocquancourt, où il relève des renseignements
qu'il transmet à un secrétaire du commissariat de police de Caen, Lemonnier.En
regagnant son domicile, rue Caponière, au matin du 2 mai, il apprend que des
policiers français sont venus le demander. Lemonnier certainement. Sans doute
quelque chose d'important. Immédiatement, il enfourche son vélo et gagne le
commissariat où l'inspecteur Chate, ravi de cette aubaine, se saisit de lui. Au
même moment, les prisonniers de la maison centrale sont extraits de leurs
cachots pour être conduits dans des pièces plus vastes et mieux éclairées où ils
reçoivent l'autorisation d'écrire à leur famille. Sans doute la dernière lettre des
condamnés à mort ?
Chapitre quatre
Le 2 mai en début d'après-midi, la liste des hommes arrêtés par les autorités
françaises est portée à l'Hôtel Malherbe. La réaction du Feldkommandant ne se
fait pas attendre. À 15 heures, il fait savoir au préfet que le nombre d'arrestations
est notoirement insuffisant puisque 130 noms lui avaient été fournis. Si certains
individus n'ont pu être pris, il fallait faire preuve d'initiative et les remplacer par
d'autres
À Vire, des incidents sérieux se sont d'ailleurs produits à ce sujet entre le sous-
préfet et les officiers de l’Ortskommandantur de Flers. Pour des raisons diverses,
aucune des six personnes désignées n'a été appréhendée, à l'exception du
docteur Drücker, médecin au sanatorium de Saint-Sever, déjà incarcéré depuis
quelques jours pour un autre motif.
Rendus furieux, les Allemands ont alors exigé du sous-préfet Liard qu'il fasse
saisir tous les communistes et juifs de son arrondissement ; mais ils se sont
heurtés au refus catégorique de ce dernier, bien résolu à s'en tenir aux noms qui
lui avaient été indiqués.
En conséquence, le lieutenant-colonel Elster transmet cette fois au préfet
Graux des ordres qui vont bien au-delà de ceux donnés la veille :
« Outre les personnes nommément mentionnées sur les listes qui vous ont été
données, tous les communistes et juifs connus de vous doivent être
immédiatement arrêtés. Il y a lieu également d'arrêter les personnes qui étaient
autrefois connues comme communistes, même si récemment aucun élément
positif n'a pu être établi sur leurs activités pour lesquelles il y a présomption
suffisante, qu'après comme avant ils se sont attachés en secret à la propagation
et à la réalisation des buts du parti communiste interdit. »
Par ailleurs, les Allemands ont avancé une nouvelle exigence. La ligne Paris à
Cherbourg devra dorénavant être gardée par des civils français sur toute la
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Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

longueur de son trajet dans le Calvados. Dans un premier temps, 1.300 hommes
sont à désigner d'urgence pour être à pied d'œuvre à 18 heures ! Ultérieurement,
le plan de surveillance sera étoffé et complété, ce qui pourrait porter à 2.500 le
nombre quotidien de requis dans un proche avenir.
Comment trouver autant d'hommes en si peu de temps ? Il ne reste plus qu'à
opérer une réquisition massive dans les rues de Caen. L'application brutale de
cette mesure, dont on ignore le sens, provoque instantanément un début de
panique. Effrayée par les rumeurs les plus folles, la population déserte les
principales artères de la ville comme sous l'effet d'un violent orage. Pendant
plusieurs semaines, l'angoisse va régner !
Désemparé devant les terribles responsabilités qu'on veut lui faire endosser,
le préfet Graux alerte immédiatement les autorités de Vichy. À 18 heures 45, de
Paris, le préfet Ingrand lui confirme par message téléphoné la conduite à tenir :
« Suite à votre communication demandant instructions pour répondre à la
Feldkommandantur, je vous rappelle que par décision du Gouvernement français
du 25 octobre 1941, les préfets ne sont pas autorisés à arrêter et à désigner des
personnes susceptibles d'être considérées comme otages. Je vous demande de
prier l'administration locale allemande de se référer à la décision du commandant
des forces militaires en France du 20 novembre 1941, disposant textuellement
qu'aucune exigence ne sera présentée aux autorités françaises concernant
l'arrestation d'otages. »
Fort de ce soutien, le préfet obtient dans l'heure suivante de rencontrer le
Kriegsverwaltungsrat, second du Feldkommandant. Le docteur Meyer, juriste
berlinois, est un nazi convaincu. La partie est difficile et le dialogue tendu :
— Les personnes arrêtées au cours de la nuit et celles qui pourraient l'être en
vertu de vos derniers ordres sont-elles susceptibles d'être considérées comme
otages ?
— Il est impossible de vous apporter une précision sur ce point.
— Dans ce cas, les arrestations auxquelles je pourrais procéder le seront pour
le compte de l'administration française et les individus arrêtés ne seront pas
remis entre les mains des autorités allemandes.
— Votre attitude sera-t-elle la même pour les personnes arrêtées la nuit
dernière ?
— Oui !
— Je ne suis absolument pas de votre avis ! Et s'il en est ainsi, nous vous
dessaisirons de vos pouvoirs de police ; d'ailleurs, cette question sera tranchée
par les autorités supérieures !
Le dimanche 3 mai 1942, de bonne heure les murs de Caen se sont recouverts
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Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

de sinistres affiches rouges, bordées de noir comme des faire-part de deuil :


« Avis à la Population
Dans la nuit du 1er mai 1942, à proximité de Caen, des éléments criminels ont, à
nouveau, fait dérailler un train de l'armée allemande, mettant ainsi en danger la
vie non seulement de militaires allemands, mais encore de civils français qui, en
vertu de mon avis du 14 avril 1942, doivent voyager dans chaque train allemand.
Cette fois encore, il ressort de tous les indices que les malfaiteurs sont des
membres de l'ancien parti communiste, des Juifs ou d'autres individus
sympathisant avec ceux-ci. Pour sanctionner ce lâche attentat, le
Militärbefehlshaber in Frankreich a ordonné ce qui suit :
1. Les mesures qui ont frappé le département du Calvados à la suite du premier
attentat (nouvelle fixation de la durée du couvre-feu, heures de fermeture des
restaurants et des cafés, interdiction de toutes sortes de spectacles et des
réunions publiques) demeurent en vigueur.
2. 30 communistes, juifs et autres personnes sympathisant avec le milieu des
auteurs de ce crime ont été immédiatement fusillés.
3. Si les coupables n'étaient pas arrêtés d'ici le 12 mai 1942 à minuit, des
personnes plus nombreuses, appartenant aux mêmes milieux, seraient
exécutées.
La population civile est invitée à contribuer activement à l'identification et à
l'arrestation des criminels.
C'est uniquement par cette contribution que le danger causé par les
agissements de ces criminels et qui menace le Français accompagnant les trains
allemands pourrait être écarté. C'est le seul moyen d'empêcher les suites
fâcheuses qu'entraînerait la répétition d'un semblable crime. Signé Der Chef des
Militärverwaltungs Bezirkes Nord-Est Frankreich. »
Le même jour vers midi, cette fois c'est le Feldkommandant en personne qui
fait face au préfet. Il a reçu de ses supérieurs de l'Hôtel Majestic et notamment
du Général von Lippe, des ordres précis : les 80 communistes et juifs arrêtés dans
la nuit du 1er au 2 mai devront être remis aux autorités allemandes ce jour avant
20 heures.
Le préfet Graux a beau argumenter, rappeler les instructions françaises et
allemandes, citer les références précises, le Feldkommandant balaie toutes ses
objections d'un revers de la main : les autorités supérieures allemandes
considèrent ces textes comme « équivoques » et d'ailleurs ils sont devenus
caducs du fait de la multiplication des agressions commises contre les membres
de l'armée allemande. En conséquence il ne reste plus qu'à obéir, et sans retard !
— Qu'en sera-t-il pour les personnes qui restent à arrêter ? Dix-huit
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Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

doivent l'être au cours de la nuit.


— Vous pourrez les conserver jusqu'à nouvel ordre.
— Monsieur le Feldkommandant, pouvez-vous me donner votre engagement
écrit ?
— C'est impossible !
Nouvel appel à l’aide en direction de Paris. Le chef du cabinet du préfet
Ingrand. Le chef de cabinet du préfet Ingrand, Cornut-Gentille, ne cache pas son
embarras. Cette fois, Vichy a cédé. On ne sait trop quelles pressions les Allemands
ont exercées. Mais le résultat est là. Il faut leur livrer les hommes déjà détenus et
procéder aux nouvelles arrestations demandées !
Le 3 mai en fin d'après-midi, les détenus de la prison de Caen arrêtés dans la
nuit du 1er au 2 sont remis aux autorités allemandes. Immédiatement, ils sont
transportés en voitures cellulaires ou autocars vers un bâtiment contigu du Lycée
Malherbe, connu sous le nom de « Petit Lycée ». Sur la place Guillouard et devant
le tribunal, un service d'ordre impressionnant a été déployé. André Montagne
n'oubliera jamais cette image. Des dizaines de gendarmes ou de gardes mobiles
casqués et armés, une mitrailleuse en batterie dans une allée, prête à tirer sur
d'éventuels fuyards. Des Allemands aussi ; et puis cet officier de gendarmerie
français qui visiblement exulte devant le spectacle de ces communistes et de ces
juifs rassemblés là.
Prestement, les otages sont conduits dans une vaste pièce au premier étage
du Petit Lycée, sous la garde de soldats allemands. Dans un coin de la salle,
quelques sous-officiers ont installé un bureau. Réaction humaine, mais bien
illusoire, quelques prisonniers engagent le dialogue avec eux dans l'espoir
d'obtenir leur libération. D'autres se sont affalés à même le sol, pensant que cette
fois tout est perdu.
Bientôt arrivent les otages arrêtés le 1er mai dans le reste du département et
jusqu'alors détenus à Bayeux, Vire, Lisieux, Pont-l'Évêque, Mézidon ; une bonne
trentaine en tout. La nuit se passe, dans des conditions pénibles, où l'on tente de
dormir à même le plancher.
Pendant ce temps, policiers et gendarmes ont repris leur triste besogne. Dans
Caen, le bruit des rafles s'est répandu comme une traînée de poudre. La
population vit dans la peur, comme l'observe dans un de ses rapports le
commissaire aux Renseignements généraux :
« L'émoi qui a été la conséquence de ces mesures a provoqué de multiples
commentaires, lesquels, colportés et déformés, ont créé une atmosphère de
frayeur... On dit partout que les Allemands prennent tous les hommes de 18 à 25
ans pour les emmener en Allemagne, qu'il en faut 25.000, que de nombreux
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Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

anglophiles sont arrêtés et que des dizaines de personnes ont déjà été
exécutées. »
Aussi, ceux qui se sentent particulièrement menacés sont-ils sur leurs gardes.
Et cette nuit-là, la police fera souvent chou blanc. Un seul homme, l’ouvrier
tourneur Georges Millemannn, sera appréhendé à son domicile.
Les autres auront plus de chance, comme Robert Charron ou Lucien Vautier
qui réussiront à s'enfuir de chez eux au nez et à la barbe des agents dirigés par
l'inspecteur Chate.
Dans le reste du département, les opérations de police ont malheureusement
été plus fructueuses. Treize hommes, communistes ou censés l'être, ont été pris.
Parmi eux, un vieux militant lexovien, Armand Étienne, plusieurs fois le candidat
de son parti aux élections législatives ; à Potigny, quelques mineurs ainsi que
l'instituteur, interprète de la communauté polonaise. Comme le milieu des
cheminots de Mézidon est particulièrement suspecté, en raison de la proximité
du lieu des sabotages, sept employés de la gare et des ateliers seront emmenés
par les gendarmes. Mais les Allemands ont suivi le même raisonnement et,
ignorant totalement les agissements des autorités françaises, ils ont décidé de
frapper au même endroit. Le 4 mai dans l'après-midi, Lucien Lefèvre travaille
comme d'ordinaire dans la scierie des ateliers SNCF de Mézidon-Canon. En levant
les yeux de sa machine, il aperçoit brusquement un groupe d'Allemands qui vient
de pénétrer dans le local. Dehors, des soldats en armes ont pris position et
encerclé les bâtiments. Un coup dur, pense instinctivement Lucien. Les officiers
entrent dans le bureau du chef d'atelier et exigent de lui qu'il leur désigne huit de
ses ouvriers. Ils seront arrêtés comme otages en représailles des sabotages
d'Airan. L'homme refuse énergiquement et tente de parlementer. Peine perdue !
Les Allemands se dirigent vers un fichier et, au hasard, en extraient des noms :
Delavallée René, Duval Pierre, Jourdheuil Eugène, Lefèvre Lucien, Le Gall Julien,
Oeuillot Michel, Piquet Émile, Renouf Léon. Certains sont là dans l'atelier,
d'autres sur les voies, sont occupés à réparer des wagons. En quelques minutes,
ils sont rassemblés et emmenés, sans même avoir eu le temps de se changer et
de passer au vestiaire pour prendre leurs affaires. Aussitôt direction Caen, où sur
le quai de la gare les attendent une dizaine d'autres hommes, arrêtés au cours de
la nuit à Vire, Condé-sur-Noireau, Touques et Percy-en-Auge. De là, ils sont
prestement conduits dans la cour du Petit Lycée.
À l'intérieur du bâtiment, les otages connaissent maintenant le sort qui les
attend. En début d'après-midi, un sous-officier allemand parlant le français s'est
avancé au milieu de la pièce, en ordonnant le silence : « Le Führer vous a graciés !
Vous ne serez pas fusillés et vous irez travailler à l'est ! » Explosion de joie ! Des
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Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

cris et un énorme soulagement. Certains ont peine à y croire. Pourtant, un peu


plus tard, les familles, qui depuis plusieurs heures déjà se sont massées sur la
place Guillouard, pourront venir leur apporter valises, sacs, vêtements. Beaucoup
d'émotion et une belle pagaille, dont certains pourraient profiter peut-être pour
tenter de s'esquiver. Mais à vrai dire, personne n'y songe alors.
Pour l'un, les nouvelles sont meilleures encore. Antonio Alvez vient
d'apprendre qu'il va être relâché immédiatement. Arrêté comme communiste, il
doit sa libération à sa nationalité portugaise.
Dix-huit heures trente, deux cars arrivent au Petit Lycée pour conduire les
otages vers la gare. La gare... ou la caserne du 43e d'artillerie et le peloton
d'exécution ? Quelques-uns doutent encore du sort que leur réservent les
Allemands. Les véhicules lourdement chargés traversent l'Orne et tournent à
gauche après le pont ; ils ne prennent pas la rue de Falaise et suivent le quai
Hamelin. Sauvés !
Quelques instants plus tard, ils franchissent une grande porte et pénètrent dans
l'enceinte de la gare de marchandises. Non loin de là, quelques wagons à bestiaux
attendent. En descendant du car avec ses camarades d'infortune, André
Montagne aperçoit son père, qui a tant bien que mal réussi à les suivre jusque-là
en vélo. Un soldat allemand, le fusil en travers, l'empêche d'avancer plus avant.
Avec cette dernière image au cœur, il rejoint ses compagnons dans es wagons.
Les portes se referment et une interminable attente commence alors. La nuit
vient. Vingt-deux heures trente, le convoi s'ébranle enfin.
Une demi-heure plus tard, arrêt-surprise à Mézidon. Sous un prétexte
quelconque, le chauffeur et le mécanicien ont réussi à stopper le train dans la
gare de triage... où les familles des huit hommes arrêtés quelques heures plus tôt,
averties, se sont rassemblées. La solidarité du monde des cheminots n'est pas un
vain mot.
Le coup a été préparé à Caen. Reste à convaincre les Allemands d'ouvrir les
portes des wagons. Ils s'y opposent d'abord, puis finissent par accepter et
accordent quelques minutes aux amis et aux parents pour faire leurs adieux. Et le
convoi reprend sa route. Vers quelle destination ?
À l'étonnement de tous, les cheminots reconnaissent, au bruit de la voie, les
points d'un trajet qu'ils ont si souvent accompli : l'aiguillage du Mesnil-Mauger, le
tunnel de la Houblonnière... Le train va vers Paris. Le voyage est lent, mais plus
court que beaucoup ne l'avaient imaginé. Au matin du 5 mai, il s'arrête en gare
de Compiègne. De là, les otages sont conduits au camp de Royallieu distant de
quelques kilomètres seulement.
Royallieu, un ancien camp de manoeuvres de l'armée française, aujourd’hui
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Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

aux Mains des Allemands. Un grand quadrilatère de 400 mètres de côté, hérissé
de murs, chevaux de frise, barbelés et miradors où des centaines de prisonniers
s'entassent dans une vingtaine de baraques en attendant d'être transférés vers
l'Allemagne ou l'Europe centrale. Royallieu, l'antichambre de la déportation !
Mais à Caen la Feldkommandantur s'estime toujours insatisfaite. Il faut encore
une trentaine de victimes pour atteindre le chiffre fatidique des 130 otages exigés
pour assouvir la vengeance du Reich.Le lieutenant-colonel Elster et le Docteur
Mayer s'étonnent auprès du préfet qu'il n'ait pas encore livré les hommes arrêtés
dans la nuit du 3 au 4. Surpris par cette mauvaise foi, celui-ci oppose un rejet
formel et en termes vifs rappelle à ses interlocuteurs leurs engagements, à peine
vieux de 48 heures. Le Feldkommandant réprime un geste de colère et clôt la
discussion par une menace : « Monsieur le préfet, je rendrai compte à Paris de
votre refus ! » En regagnant son cabinet, Henri Graux jette rageusement dans son
journal : « J'ai l'impression de m'être égaré dans un repaire d'aventuriers, dans
une officine d'individus visqueux, à la conscience trouble, sans foi ni loi. »
Le 7 mai 1942, les Allemands reviennent à la charge. Un peu après midi, alors
que le préfet se prépare à aller déjeuner, le téléphone sonne. « Ici la police
allemande, nous avons à vous entretenir d'une affaire urgente. Nous vou prions
de nous recevoir. »
Quelques minutes plus tard, deux hommes jeunes, en manteau de cuir noir,
pénètrent dans le bureau. « La Gestapo » songe en lui-même le préfet. L'un d'eux,
très blond et l'air insolent, s'assied sans même y avoir été convié. À peine Henri
Graux a-t-il eu le temps de demander le but de leur visite qu'il prend la parole
dans un français très clair :
— Nous nous présentons devant vous, Monsieur le Préfet, pour vous dire que
nous procéderons aujourd'hui à des arrestations en rapport avec l'attentat près
de Moult-Argences. Nous comptons sur l'aide de votre police et de la
gendarmerie !
— Cette question a déjà été envisagée avec le Feldkommandant en personne.
— Nous sommes venus ici de sa part. Si vous ne nous croyez pas, téléphonez
au « Malherbe ».
— Je ne peux que vous confirmer ce que j'ai déjà dit au lieutenant-colonel
Elster. Mes services de police ne se soumettront plus désormais aux ordres de la
Wehrmacht qu'à la condition expresse et écrite que les personnes arrêtées ne
seront pas considérées comme des otages.
— Vous n'avez pas à poser de conditions à l'armée allemande
— Eh bien dans ce cas, ma réponse est non !
Et le préfet se lève de son fauteuil, signifiant par là qu'il n'a rien à ajouter. Les
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Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

policiers se dressent brusquement.


— Vous vous opposez donc à l'enquête ouverte en vue de découvrir les
criminels, rétorquent-ils. Votre attitude constitue un acte de sabotage des ordres
de la Wehrmacht. Nous prendrons des décisions en conséquence !
Sans prendre congé, les deux hommes sortent en claquant la porte avec
vigueur. Puis le blond la rouvre brutalement en hurlant :
— Sabotage d'un ordre de la Wehrmacht !
Le préfet Graux sait désormais qu'il lui faut s'attendre au pire. Il convoque son
secrétaire général pour prendre les dispositions nécessaires au cas où il serait
arrêté. Il prévient aussi sa femme ; puis rédige une lettre de protestation à
l'intention du Feldcommandant.
Après quoi il ne lui reste plus qu'à attendre le déchaînement de l'orage. Les
premières heures de l'après-midi s'écoulent sans nouvel incident.
Dix-huit heures quinze : convocation d'urgence à l'hôtel Malherbe.
Le colonel Elster n'a pas cet air glacé qu'il affecte si souvent. Il se veut
désinvolte et engage la conversation d'un ton détaché, presque ironique :
— Je vous remercie, Monsieur le Préfet, de vous mettre à ma disposition pour
que nous fassions les arrestations que nous avons décidées.
— Monsieur le Feldkommandant, je vois que vous avez sous les yeux la lettre
que je vous ai fait porter tout à l'heure. Veuillez la lire. Vous y trouverez les
réserves expresses que je crois devoir formuler.
— Mais vous n'avez pas à nous dicter vos conditions !
— Considérez donc que ma réponse est négative.
L'Allemand marque un temps d'arrêt, avant de poursuivre :
— Pourquoi avez-vous interdit à votre police et à votre gendarmerie de
coopérer avec la police allemande ? Vous savez que cela peut entraîner pour vous
les plus graves conséquences.
— Que voulez-vous dire, Monsieur le Feldkommandant ? Et à quels faits précis
faites-vous allusion ?
— Ce matin même, le chef de la brigade de Lisieux a refusé de procéder à une
arrestation avec la Feldgendarmerie. Il a affirmé que les ordres venaient de vous.
— C'est exact ! J'ai ordonné à la gendarmerie et à la police de ne plus répondre
aux réquisitions de l'armée allemande sans m'en avoir référé auparavant.
— Finissons-en, voulez-vous ! Votre réponse à ma demande de collaboration
est-elle « oui » ou « non » ? Il me faut un « oui » ou un « non ».
— Dans les conditions que vous m'imposez, ma réponse est non !
À ces mots, le colonel Elster se lève, décroche son téléphone et demande Paris.
Il obtient presque immédiatement sa communication, signe que tout avait été
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Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

bien mis au point à l'avance.


— Monsieur le préfet, le docteur Medicus désire vous parler. À l'autre bout du
fil, une voix s'exprimant dans un français impeccable, presque sans accent ; celle
du docteur Franz Albrecht Medicus, chef de l'administration militaire de la France
occupée, l'adjoint direct de Stülpnagel. Un personnage considérable ; il fait partie
de ceux dont on peut dire qu'ils détiennent entre leurs mains la vie ou la mort de
millions d'hommes.
Après les formules de politesse d'usage, l'homme engage la conversation sur
un ton modéré, plus politique que militaire, tantôt doucereux, tantôt plus
pressant, mais sans jamais se départir d'une parfaite courtoisie.
— Monsieur le préfet, je suis au courant des difficultés que vous créez à la
Feldkommandantur depuis quelques jours.
— Des difficultés existent, il est vrai. Vous les connaissez, Monsieur, elles sont
tragiques et, en ce qui me concerne, je n'épargne aucun effort pour les pallier
dans toute la mesure de mes moyens.
— J'observe depuis longtemps votre attitude. Elle n'est pas celle qu'on peut
attendre d'un préfet qui se doit de collaborer loyalement avec l'Administration
militaire allemande. Au cours d'une même quinzaine, vous l'avez modifiée dans
un sens exactement opposé à celui auquel nous devions nous attendre. Pou n’en
donner qu’un exemple, vous avez assisté aux funérailles des victimes du premier
crime de Moult-Argences ; et la Wehrmacht a parfaitement apprécié votre geste.
Mais vous n'étiez pas aux obsèques des victimes du second attentat et de cette
abstention nous ne pouvons que tirer certaines conclusions.
Le préfet a peine à contenir sa fureur, non contre Medicus, mais contre
l'hypocrisie du Feldkommandant Elster ; il s'était pourtant excusé auprès de lui ;
son absence était purement involontaire, simplement attribuable à une mauvaise
transmission des informations par ses services. L'incident avait été considéré
comme clos ; visiblement il ne l'était pas !
— Cela n'est rien, poursuit le docteur Medicus ; ce qui importe c'est ce que
vous allez faire maintenant. J'ai pris connaissance de la lettre que vous avez écrite
aujourd'hui même au Feldkommandant de Caen et je n'ai pas besoin de vous dire
que la Wehrmacht ne saurait tolérer de votre part aucune condition ou accepter
la moindre réserve. Ceci, vous devez le comprendre. Agiriez-vous autrement à
notre place ? Et que diriez-vous si vous aviez à Caen des S.S. ? Eh bien ces S.S., je
vais vous les envoyer et vous me direz ce que vous en pensez. La Wehrmacht a
décidé que des arrestations auraient lieu. Il faut que vous y concouriez. Jamais
aucun préfet, dans un cas semblable, ne nous a opposé pareille résistance. Ne
perdez pas de vue que votre responsabilité personnelle est engagée dans cette
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Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

affaire. Vous avez pris l'engagement, au poste que vous occupez, de collaborer
avec nous. Je sais bien que ce que nous vous demandons est désagréable. Aussi,
nous admettons fort bien — et je vous prie d'apprécier cette concession — que
vous éleviez une protestation. Protestez vigoureusement ; protestez par écrit
même ; protestez de tout votre cœur ; cela je le répète, nous le tolérerons. Mais
à aucun point de vue nous ne saurions accepter une réponse négative !
— C'est auprès de vous que je me permets de protester, Monsieur, car il y a
tout de même une décision signée au nom du Général von Stülpnagel, que je ne
cesse d'invoquer et qui prévoit qu'aucune exigence ne sera présentée aux
autorités françaises en ce qui concerne l'arrestation d'otages. Je ne demande pas
autre chose que le bénéfice d'instructions toujours en vigueur...
— Non, non ! Elles sont périmées ; il n'en est plus question ! Mais la discussion
entre nous, Monsieur le Préfet, est terminée. Je regarde ma montre : il est 18
heures 40. Je vous donne jusqu'à 19 heures pour réviser votre décision. La
Wehrmacht a des arrestations à faire et elle est pressée. Nous n'avons pas de
temps à perdre.
Rappelez-moi. Je suis persuadé que vous saurez comprendre votre intérêt !
Vingt minutes ; vingt petites minutes. Le délai est bien court. Mais la résolution
du préfet Graux est prise. En bon breton qu'il est, il ne cédera pas ! Il demande
simplement à pouvoir mettre son gouvernement au courant de son entretien
avec le docteur Medicus. Le colonel Elster accède sans rechigner à sa demande
et l'introduit dans un bureau attenant au sien, mais en prenant bien soin de
laisser la porte ouverte et en enjoignant même à deux officiers qui occupaient la
pièce de rester sur place. Précaution bien humiliante, mais inutile. Henri Graux se
contente d'informer brièvement la Délégation générale de Paris des derniers
évènements, sans se livrer au moindre commentaire.
À peine a-t-il raccroché que le docteur Mayer s'approche de lui :
— Monsieur le préfet, il est 19 heures !
Au regard interrogateur du Feldkommandant, il répond par un simple « Nein! »
L’officier appelle l’Hôtel Majestic à Paris et communique la réponse en une seule
phrase, avant de se retourner vers son interlocuteur.
— Notre entretien est terminé. La Wehrmacht procédera seule aux
arrestations. Le reste sera réglé ultérieurement ! Le reste ? C'est sans doute moi,
songe Henri Graux en regagnant sa préfecture. Mais il est presque soulagé,
éprouvant le sentiment d’avoir accompli son devoir, et aussi la sensation un peu
égoïste d'une délivrance, quel que puisse être son sort futur.
Dans l'immédiat il faut pourtant poursuivre la résistance passive contre les
Allemands. S'ils veulent s'emparer d'autres otages, ils devront le faire seuls.
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Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

Brigades de gendarmerie et commissariats de police ont partout reçu


confirmation des instructions préfectorales : en aucun cas ils ne devront prêter
leur concours à l'armée d'occupation.
Vingt-deux heures trente, le 7 mai 1942. Un adjudant de gendarmerie
allemand flanqué d'un interprète pénètre dans le commissariat de police de
Deauville et requiert l'aide des agents pour aller arrêter un Juif du nom de Nissim
Mizrahi. L'homme avait déjà été inquiété dans la nuit du 1er au 2 mai. Comme il
avait plus de 55 ans, sa libération était intervenue dès le lendemain. Cette fois,
son âge ne pourra pas le sauver.
Que reproche-t-on à cet homme ? Questionne l'inspecteur de garde.
Naturalisé français depuis 1927, il habite Deauville depuis de nombreuses années
et n'a jamais fait parler de lui. Tous les jours, il vient régulièrement au
commissariat signer la feuille de contrôle des juifs comme le veut la loi ; et
d'ailleurs les ordres de ses supérieurs interdisent de fournir assistance à la
Feldgendarmerie. L'adjudant s'emporte et réplique d'un ton courroucé que les
ordres de la Feldkommandantur l'emportent sur ceux du préfet ! Ébranlé, le
policier consent à faire accompagner les deux Allemands par un sous-brigadier
jusqu'au domicile de Mizrahi, avec la consigne de se retirer immédiatement et de
ne prendre part en aucune façon à l'arrestation. Ce qui fut fait.
À Caen, les Allemands se sont heurtés à la même résistance passive et c'est
donc sans aide qu'ils ont dû accomplir leur besogne en frappant cette fois dans
les milieux réputés anglophiles. Ils ont ainsi appréhendé le doyen de la faculté des
lettres de l'Université, le professeur René Musset. Dans ses cours de géographie,
celui-ci ne manque jamais une occasion d'exprimer ses sentiments, expliquant
par exemple à ses étudiants que la puissance maritime du Royaume-Uni est un
garant sûr de sa victoire finale ; cela a fini par se savoir et parvenir aux oreilles de
l'occupant. René Musset, 2881-1977 vit sa carrière interrompue trois années par
une déportation qui le conduisit successivement dans les camps de Compiègne (de
mai 1942 à janvier 1943), de Sachsenhausen-Oranienburg (de janvier 1943 à
janvier 1945) et de Buchenwald (de janvier 1943 à janvier 1945). Rentré affaibli
physiquement, mais moralement intact, il reprit aussitôt ses activités et ne prit sa
pleine retraite qu’en 1954. Tout au long de ses 23 ans de retraite, il continua de
publier. Modeste, il n’accepta que la dignité d’Officier de la Légion d’Honneur et
la médaille de la Résistance.
De même celui-ci (l’occupant) n'ignore rien des idées qui circulent à l'intérieur
de l'École Primaire Supérieure de la rue de Bayeux. La « Sup », comme l'appellent
les élèves, passe pour être un « repère anglophile et gaulliste ». Non sans raison !
Nombre de ses enseignants n'hésitent pas à afficher leurs convictions, comme ce
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Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

professeur de mathématiques, monsieur Kaix, mutilé de la Première Guerre


mondiale. Lorsque des avions britanniques survolent la ville, il a pris l'habitude
d'interrompre son cours pour aller à la fenêtre, l'ouvrir parfois, en disant :
— C'est beau, vous ne trouvez pas ? L'homme est d'ordinaire sévère et dur
avec ses élèves, mais en ces circonstances ils le trouvent admirable. Le directeur
de l'établissement, monsieur Colin, ne l'est pas moins. Tous les 11 novembre, il
rassemble les élèves dans la grande salle de dessin pour leur tenir un discours au
ton très patriotique.
Le 11 novembre 1941, avec la complicité de son ami Emmanuel Desbiot,
professeur d'anglais, il avait même décidé d'organiser une manifestation
silencieuse devant le monument aux morts de la Grande Guerre, place Foch... à
quelques pas de la Kommandantur. Un nombre important de collégiens et
d'étudiants y participa ; mais elle tourna court et ne dura que quelques minutes,
car la scène n'avait pas échappé longtemps aux Allemands. Ils tentèrent même
d'encercler les manifestants.
La plupart réussirent à s'esquiver. Mais voyant deux de ses élèves interpellés
par un Feldgendarme, Emmanuel Desbiot s'approcha du groupe pour tenter de
parlementer. Le ton monta et il dut présenter ses papiers d'identité. Quelques
semaines plus tard, il avait été traduit devant un tribunal de simple police. Sans
suite ; c'est du moins ce qu'il avait pu penser jusqu'à ce soir du 7 mai 1942.
Il est presque vingt-deux heures. Le professeur Desbiot aperçoit par la fenêtre
de sa salle à manger deux soldats allemands entrant à l'École Primaire Supérieure,
distante de quelques dizaines de mètres de son domicile. « Il serait grand temps
que je fasse mes valises », confie-t-il à sa famille, « mais il est sans doute trop
tard ». Effectivement, quelques minutes plus tard, on sonne à la porte d'entrée.
Les Feldgendarmes sont là. Il faut les suivre. Il a tout juste le temps de demander
à son fils de détruire les documents dissimulés sous la tapisserie de son bureau.
Emmanuel Desbiot est un résistant. Mais les Allemands l'ignorent ; s'ils sont
venus l'arrêter, c'est pour sa participation à la manifestation du 11 novembre.
À la même heure, d'autres gendarmes allemands sont venus chercher dans
leur chambre d'étudiants, rue Barbey-d'Aurevilly, Lucien et Marcel Colin, deux
des fils du directeur. Conduits immédiatement au Petit Lycée, ils y retrouvent le
doyen Musset, Emmanuel Desbiot et une dizaine d'autres personnes.
Le lendemain matin, au cours d'un bref interrogatoire, ils comprennent que
les Allemands cherchent leur père, mais qu'ils ne l'ont pas trouvé. Et pour cause!
Révoqué par les autorités de Vichy quelques mois plus tôt, il a quitté la région
pour Avranches où il gère désormais un commerce.
Le soir, ordre est donné aux prisonniers de se tenir prêts pour le lendemain 7
349
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

heures. À l'heure dite, le petit groupe est chargé dans un camion. Le bruit des
arrestations s'est répandu et, malgré l'heure matinale, de nombreuses personnes
sont là, massées devant le Petit Lycée : les familles, des étudiants... Beaucoup les
suivront jusqu'à la gare et pourront même discuter plusieurs heures avec eux sur
le quai, avant que le train ne les emmène vers Compiègne, grossir les rangs des
déportés caennais.
Chapitre cinq
Les jours passent et insensiblement l'échéance fatidique fixée par les Allemands
se rapproche. Si les coupables des deux sabotages d'Airan ne sont pas retrouvés
avant le 12 mai 1942, de nouveaux otages seront fusillés. Or l'enquête policière
piétine. Des mesures exceptionnelles ont été prises. Une gigantesque chasse à
l’homme s’est mise en place dès la nouvelle du second attentat. En une dizaine
de jours, des milliers de contrôles d'identité ont été effectués dans les rues de
Caen, Lisieux ou Mézidon comme à la gare Saint-Lazare. À nouveau, les fiches des
clients ont été systématiquement vérifiées dans tous les hôtels, garnis et meublés
de la région ; à la suite de quoi, 2.147 interpellations ont eu lieu dans le Calvados,
la Manche, l'Orne, la Mayenne, la Sarthe, la région parisienne et même jusque
dans les Deux-Sèvres ! L'emploi du temps de 1 034 personnes a été
minutieusement vérifié ; sans le moindre résultat ! Les services centraux de la
SNCF ont été invités à transmettre à la police la liste de tous les cheminots
révoqués depuis 1939 en raison de leur appartenance au parti communiste : 604
noms et autant d'enquêtes individuelles pour retrouver la trace des intéressés et
recueillir des renseignements sur leurs activités depuis qu'ils avaient quitté les
chemins de fer. Parallèlement, l'enquête se poursuit sur les lieux mêmes des
déraillements.
Des cheminots de Mézidon ont signalé avoir vu le 30 avril vers minuit, au cours
de leur service, des lueurs le long de la voie ferrée en direction de Caen. Plusieurs
témoins affirment avoir entendu cette nuit-là un mystérieux avion survoler la
région. Certains n'hésitent pas à parler d'un audacieux coup de main accompli
par un commando britannique ; d'ailleurs les parachutes auraient été cachés chez
un habitant de Saint-Pierre-sur-Dives ; ils sont effectivement retrouvés à l'adresse
indiquée ; mais il s'agit de parachutes allemands destinés à des appareils de
météorologie ; notre homme les avait subrepticement dérobés dans un bâtiment
du camp de Percy où il travaillait au service des troupes d'occupation.
Une demi-douzaine de personnes de la région, dont un médecin d'Argences,
sont dénoncées par une lettre anonyme : « Gaullistes et francs-maçons »
notoires, ils sont tout à fait susceptibles d'avoir pris part aux sabotages. Mais des
vérifications minutieuses les mettent rapidement hors de cause et concluent à
350
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

une basse vengeance ; une de plus ! Les lettres anonymes, en effet, continuent
de s'accumuler. L'une d'elles signale trois hommes jugés particulièrement
dangereux : « François Robineau, chauffeur de taxi à Caen, propriétaire d'un
camion et d'outillage qui pourraient être utilisés pour des déraillements comme
celui de Moult — Maurice Gilles, contrôleur des autocars à Caen dont le domicile
est fréquenté par de jeunes gaullistes et possesseur d'un poste émetteur —
Robert Douin, professeur de sculpture, rue de Geôle à Caen, qui rassemble chez
lui les jeunes gens capables d'exécuter des sabotages. » Enquêtes et perquisitions
montrèrent que le premier n'avait ni camion ni outillage spécial ; le second ne
cachait pas de poste émetteur ; quant à Robert Douin, directeur de l'École des
Beaux-Arts, il avait quitté Caen depuis quelques mois déjà pour Saint-Aubin-sur-
Mer où il travaillait à la réfection d'un monument.
Quelques jours après le second attentat, la Geheimefeldpolizei, en battant la
campagne autour d'Airan, découvrit un indice paraissant être du plus grand
intérêt. Piqué sur le tronc d'un arbre, un petit morceau de papier, déjà jauni,
portant ce bien étrange message : « Dario et Paul sont partis à Mézidon (huit
kilomètres.) » Mise à contribution, la police française s'engagea à son tour sur
cette piste. Au dos du papier figurait un programme de cours commercial. Le tour
des établissements de Caen fut vite accompli et les « coupables » prestement
retrouvés : deux jeunes de 17 ans, élèves de l'école privée Eudine qui, au cours
d'une innocente vadrouille dans la Régionn, avaient simplement laissé une brève
missive à l’intention de leurs camarades de promenade.
Décidément l'enquête ne progressait guère et rien ne laissait présager un
aboutissement prochain. Afin que les Allemands ne puissent pas lui reprocher de
s'opposer à son bon déroulement, le préfet Graux obtempéra à l'ordre reçu le 7
mai 1942 de procéder à de nouvelles arrestations. Le 8 et le 9, la gendarmerie se
saisit d'une dizaine de personnes, principalement choisies cette fois dans la
région de Saint-Pierre-sur-Dives. Mais elles ne seront pas livrées à l'occupant et
iront rejoindre les 14 hommes déjà appréhendés dans la nuit du 3 au 4, et
toujours conservés dans les prisons françaises en dépit des menaces du
Feldkommandant.
Sans même attendre l'expiration du délai accordé pour retrouver lesauteurs
des sabotages, les Allemands mettent à exécution leurs sinistres menaces. Vingt-
huit communistes sont fusillés en deux groupes le 9 et le 12 mai, au Mont-
Valérien pour la plupart, mais aussi à Caen. Le 9 au matin, trois détenus de la
maison centrale, Pierre Faures, Jean Becar et Pierre Mangel, sont passés par les
armes à la caserne du 43e ; tragique journée, puisque l'après-midi c'est au tour
des hommes condamnés le 1er mai pour « propagande gaulliste » de tomber sous
351
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

les balles des mêmes pelotons. Le 14 mai, onze nouveaux communistes sont
fusillés à Caen ; ce qui porte à 61 le nombre total de victimes pour le Calvados
depuis 1940.
La cruauté de l'occupant est-elle enfin satisfaite ? On peut le penser lorsque le
20 mai 1942, la Feldkommandantur lève la plupart des sanctions en vigueur
depuis le 16 avril : le couvre-feu est ramené à 23 heures et la circulation pourra
reprendre à partir de 5 heures du matin. Les cafés, restaurants, cinémas et stades
vont rouvrir leurs portes.
Est-ce l'épilogue de cette affaire tragique ? Pas tout à fait. Car le 6 juin 1942, le
préfet Graux reçoit l'ordre de se présenter sans retard à Paris, rue de Monceau,
siège de la Délégation du ministère de l'Intérieur en zone occupée.
Le préfet Ingrand en personne est là pour le recevoir et lui annoncer la décision
à laquelle il s'attend en fait depuis son sévère affrontement avec les autorités
allemandes le 7 mai. Son interlocuteur a en main copie de la lettre envoyée la
veille par les services de l'Hôtel Majestic au Président du Conseil ministre de
l'Intérieur Pierre Laval. Signée du docteur Werner Best, chef de l’état-major
administratif du Général von Stülpnagel, elle est brève et sèche comme un
couperet : « Je vous invite à rappeler Monsieur Graux, préfet du Calvados, et à ne
plus l'employer dans les territoires occupés. »
Depuis longtemps, il était sur la sellette, car les récriminations contre lui
s'accumulaient auprès des services allemands de Paris. Dès octobre 1941, son
renvoi avait déjà été évoqué à la suite de son refus de fournir des listes d'otages.
À la même époque, il avait refusé d'accepter la présidence d'honneur du groupe
« Collaboration » dont le marchand de meubles Julien Lenoir venait de créer une
section à Caen ; son absence à une conférence donnée en décembre par l'une
des figures de cette organisation, Georges Claude, n'était pas passée inaperçue
et cette attitude ouvertement hostile avait fortement déplu à la Kommandantur.
Le 25 avril 1942, il avait même fait placer en résidence surveillée le responsable
départemental d'un autre mouvement de collaboration, le MSR, auquel il
reprochait d'entretenir une agitation malsaine contre les autorités préfectorales.
Son comportement dans l'affaire des sabotages d'Airan et des prises d'otages
devait achever d'exaspérer l’occupant. Une note établie en mai par les services
administratifs du Majestic concluait à la nécessité de son renvoi immédiat en
précisant : « s’il est particulièrement important que dans les départements
côtiers que ne soient mis en place des préfets prêts à collaborer ».
Pourquoi cette décision avait-elle tardé plus d'un mois ? Henri Graux allait
l'apprendre. Dès le 8 mai, le Docteur Mayer et le chef de la police de sécurité
allemande pour le Calvados avaient été convoqués à Paris ; puis 48 heures plus
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Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

tard, ce fut au tour du Feldkommandant. Un désaccord s'était élevé sur la nature


de la « punition » à lui infliger. La police penchait pour l'arrestation, la Wehrmacht
pour la révocation. La seconde thèse avait finalement prévalu.
Rentré à Caen, Henri Graux reçoit quelques jours plus tard la notification
officielle de son renvoi. Le gouvernement Laval, dans le souci de ne pas
compromettre sa politique de collaboration, a résolu d'accéder à la demande
allemande. Fin juin, il devra quitter ses fonctions pour être placé en position
« hors cadre », en attendant une possible nomination en Zone libre.
La nouvelle ne tarde pas à se répandre et de tout le département des marques
de sympathie parviennent à la préfecture. Réconforté, Henri Graux consacre ses
dernières journées dans le Calvados à l'expédition des affaires courantes. Il donne
ainsi les instructions nécessaires à la police et à la gendarmerie pour remettre
progressivement en liberté la plupart des hommes arrêtés sur son ordre entre le
3 et le 9 mai et qui n'avaient pas été livrés aux Allemands.
Mais le 22 juin 1942 survient un coup de théâtre. Une nouvelle tentative de
sabotage vient d'avoir lieu sur la ligne Paris-Cherbourg à Écajeul, deux kilomètres
à l'est de Mézidon.
À 18 heures 43, à peine plus d'une minute après le passage du train de
permissionnaires allemands SF 846, une explosion a partiellement endommagé
la voie. Les dégâts sont minimes. Visiblement, l'auteur de l'attentat est un novice
en la matière, car il a glissé son explosif sous le rail, alors qu'il aurait fallu placer
deux charges latérales, en quinconce sur chaque côté, pour être certain de le
couper. De plus, pour se donner le temps de fuir, il a utilisé une mèche lente ;
méthode forcément imprécise. Les gendarmes ont d'ailleurs retrouvé plusieurs
morceaux d'enveloppe ; à coup sûr il s'agit de matériel ordinairement employé
par les carriers.
Mais surtout, au cours de sa fuite, l'homme a été vu par un témoin ; un jeune
instituteur des environs qui se rendait à pied à Mézidon en suivant la voie ferrée.
Il était convoqué au dépôt de la SNCF pour participer le soir même au service de
garde sur la ligne Paris-Cherbourg. Chemin faisant, il s'était assis à l‘ombre dans
un petit chemin. Quelques instants après le passage d'un train, il avait vu surgir
un cycliste venant de la voie et alors que celui-ci s'éloignait à toutes pédales, une
violente explosion avait retenti. Les gendarmes l'interrogent sur le signalement
de l'individu. Un homme d'une trentaine d'années, mince, le teint bronzé, est
coiffé d'une casquette et est habillé d'une chemise grisâtre et d'un pantalon noir ;
il portait un sac à dos paraissant assez gonflé.
Dans le petit chemin mal entretenu longeant la voie à cet endroit, les
gendarmes découvrent des traces dans les broussailles ; le saboteur a dû se
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Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

dissimuler là en attendant le passage du train. À proximité, ils trouvent même une


feuille arrachée d'un agenda et portant deux noms : « Cauchard » et « Fillâtre »
Rapidement avertie, la police judiciaire de Rouen a tôt fait d'opérer un
rapprochement. Deux jours auparavant, la Sicherheitspolizei de Rouen avait
arrêté un communiste du nom de Fillâtre. Mais l'interrogatoire de celui-ci ne
devait pas permettre d'en savoir plus.
Quelques jours plus tard, un concours de circonstances va pourtant servir les
investigations policières. Le 4 juillet, un peu avant midi, des inspecteurs de la
brigade mobile de Rouen font irruption dans la petite maison des gardes-
barrières de Trelly, près de Coutances. Ils sont à la recherche de « deux
terroristes » particulièrement importants. Maurice Lemaire, « Adrien »,
originaire de la Somme, responsable interrégional du parti communiste est bien
caché là, accompagné de son fils ; mais ils ont le temps de s'échapper par la
fenêtre. Poursuivis, ils parviennent à s'enfuir et à traverser la Sienne à la nage,
sous les balles des policiers. Portant sur le dos son fils blessé à la cheville,
« Adrien » trouve refuge dans une grange à Quettreville. Le fermier les découvre
au matin et promet de se taire. Mais dans l'heure suivante, les Allemands sont là
et capturent les deux résistants sans coup férir. Sur son carnet, Maurice Lemaire
a noté à la date du 22 juin : « Écajeul ». Il nie être l'auteur du sabotage, mais finit
par avouer que celui-ci avait été commis par un certain « Maurice », responsable
politique du parti communiste pour le Calvados. Effectivement, l'homme que
l'instituteur avait vu filer en vélo sous son nez le 22 juin 1942 et dont la police
connaît désormais le, pseudonyme à défaut de l'identité, était bien Émile Julien.
Ce jour-là, il avait agi seul en utilisant une façon d'agir rendue nécessaire par les
circonstances. Depuis le début mai en effet, par ordre des Allemands, sur toute la
longueur de son trajet dans le Calvados, la ligne Paris-Cherbourg est gardée
chaque nuit par des civils requis. Pour beaucoup d'entre eux, ces soirées sont
devenues prétextes à ripailles et à joyeuses beuveries ; aussi leur « surveillance »
laisse-t-elle souvent à désirer. Mais certains ont pris leur rôle au sérieux et
mènent leurs rondes très consciencieusement le long de la voie ; ce qui rend
désormais très difficile l'action de saboteurs éventuels ; surtout s'il s'agit de
démonter entièrement un rail, car l'opération demande beaucoup de temps et
nécessite plusieurs hommes. Le risque d'être repéré est devenu trop grand. Les
FTP du Calvados ont donc décidé de recourir à la dynamite, méthode plus rapide,
mais beaucoup moins efficace comme les faits viennent de le démontrer. Ce n'est
cependant que partie remise, car le groupe est bien décidé à frapper de nouveau.
Pendant ce temps-là, à Compiègne, les otages du Calvados, au milieu de milliers
d'autres, attendent d'être fixés sur leur sort. Chaque jour, Lucien Colin consigne
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Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

ses impressions sur un petit cahier d'écolier. « La vie du camp, quelle est-elle ? Le
lever à 7 heures. L'Appel à 7 heures 15. La Toilette. Le Lit. Lorsqu'il y a une corvée
de pluches, c'est à 10 heures 30. Vers 12 heures 30, soupe dans la chambrée.
Nous sommes tranquilles jusque vers 16 heures 15, heure à laquelle nous
touchons 1/60 de boule de pain. À 17 heures, le jus qui est une tisane appelée ici
“boldo”.
À 18 heures 15 départ pour l'appel. Coucher à 10 heures, heure à laquelle nous
ne devons pas sortir sans risquer de provoquer sur nous le tir des mitrailleuses
situées dans les miradors... Notre chambre contient 52 types, dont 18 de Caen.
Nous formons une bonne équipe de cinq et nous mettons nos produits en
commun : Marcel et moi, Mr Musset, Mr Desbiot et Mr Mondhard, représentant
en bois de la maison Savare, ancien prisonnier de guerre, de Saint-Aubin, qui
comme nous ne sait pas pourquoi il est là. »
Nous sommes à peu près 2 000 dans le camp français. Le moral est
formidablement élevé malgré le temps, la lassitude, la peine, le peu de
nourriture, de confort et la crainte de « passer à la casserole » ; car de temps en
temps ils piquent dans le camp... Le temps, si précieux, s'écoule lentement, dans
l'angoisse constante du lendemain. La recherche de nourriture est une
préoccupation essentielle. Certains prisonniers en sont réduits à arracher de
l'herbe, dans un coin du camp, pour en faire une bien maigre soupe. L'espoir et
le désespoir s'entremêlent. Lundi 8 juin 1942 : Hier soir, j'ai terriblement souffert,
car j'ai broyé des idées noires. C'était un véritable cauchemar tout en étant
éveillé. Je suis sorti pour prendre l'air dans le couloir pour me changer les idées...
Puis cela m'a repris. J'ai la fièvre, j'ai mal à la tête. Vraiment, je ne suis pas bien,
aussi bien physiquement que moralement. Que le temps est long...
Mardi 9 juin 1942 : j'ai passé une bonne nuit. À 14 heures 15 paraît une liste
de colis ; il y en a un pour Marcel. Quelle joie ! De qui est-il ? Nous allons le
chercher. C'est de papa et maman. J'en pleure tellement j'en suis ému et heureux.
Que le moral est relevé ! En même temps, le bruit qui a couru hier soir se
confirme : il y a un débarquement sérieux à Ostende. On donne des détails, mais
ce sont de soi-disant nouvelles et nous devrons attendre quelques jours. Du coup
notre libération passe au second plan. Nous bavardons beaucoup.
Vendredi 12 juin 1942 : longue promenade avec Marcel. Nous avons discuté et
pensé que nous serions libérés, mais que cela pourrait demander encore un
certain temps. Puis du lit à la cour. Le temps ne passe pas. Nous avons faim et ne
voulons rien prendre, car les provisions s'épuisent. Un tri continue à se faire dans
le camp. Les anciens craignent quelque chose. Espoir, confiance, patience ! Où
serai-je le jour de mes 19 ans ?
355
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

Dimanche 21 juin 1942 : 14 heures 30, je vais sur l'escalier du bâtiment des
colis. Il n'y a personne ; alors je pleure, je pense à mon pauvre papa et à ma
maman qui doivent souffrir. Le moral est bas. Le dimanche n'est pas gai ici. On
voudrait pouvoir se dire dimanche nous serons chez nous ; mais non ! Que va-t-
on faire de nous ? Combien de temps resterons-nous entre des barbelés ?
Reverrons-nous tous ceux qui nous sont chers ? Pour se rendre compte de nos
souffrances, il faut avoir vécu les semaines que nous venons de passer. Certains
prisonniers auront plus de chance. Des libérations ont lieu périodiquement.
Le 25 mai, au cours d'un rassemblement dans la cour, vingt-huit hommes sont
appelés. Parmi eux, douze Calvadosiens, tous cheminots, dont les huit de
Mézidon, ont été arrêtés par les Allemands le 4 mai. Sans aucune explication, ils
sont conduits à la sortie du camp. Ils peuvent partir ; ils sont libres ! Il leur suffit
de gagner la gare pour rentrer chez eux ! Incrédules, ils voient les portes s'ouvrir.
Un soldat leur tend la main. La plupart l'ignorent. L'homme a pourtant l'air
sincère. Lucien Lefèvre est le seul à la lui serrer.
En fait, les autorités françaises sont intervenues en leur faveur, expliquant
qu'avec vingt-huit arrestations au total, le monde des cheminots avait été trop
lourdement frappé par les prises d'otages ; ce qui risquait de nuire au bon
fonctionnement du service. Quant aux hommes de Mézidon, une enquête
n'avait-elle pas montré qu'il s'agissait « de bons agents de la SNCF qui n'avaient
jamais été signalés comme communistes » ? Les Allemands s'étaient ralliés à ce
point de vue. Le 17 juin, un cordonnier de Lisieux, Gaston Gouyet, est relâché à
son tour, sa femme devant mettre au monde un enfant. Pour les autres détenus,
l'attente continue, interminable. Mais fin juin, les rumeurs d'un départ imminent
vers l'est se font plus pressantes. D'ailleurs, quatre jours durant, tous les
prisonniers ont dû subir une visite médicale.
Samedi 4 juillet 1942, 10 heures 15 : un rassemblement inhabituel. Un millier
d'hommes sont désignés pour partir travailler en Allemagne ; ordre leur est
donné de préparer immédiatement leurs affaires. Parmi eux, environ quatre-
vingts des otages du Calvados.
Les frères Colin sont du nombre. Rentré dans son baraquement, Lucien jette
quelques mots, les derniers, sur son cahier : « Ce journal, je l'envoie à mon papa
et à ma maman chérie, avec mes plus gros baisers ainsi que ceux de Marcel.
Confiance, courage, nous reviendrons, nous l'espérons. Bien gros baisers à tous
nos parents et amis. Priez pour nous comme nous prierons pour vous. Dieu nous
garde et nous protège tous. Ne vous inquiétez pas, restez tranquilles et calmes,
nous reviendrons. »
Ils ne reviendront pas !
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Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

Le matin du 6 juillet 1942, le convoi quitte la gare de Compiègne pour une


destination inconnue. Dans l'un des wagons, quelques-uns des déportés caennais
ont résolu de profiter de ce transfert pour s'évader. Depuis longtemps déjà Félix
Bouillon et ses camarades Jean Lebouteiller, Eugène Baudoin, Émile Hallais... ont
mûri leur projet. Dans le camp, en fouillant un tas de détritus, ils ont réussi à
trouver une mince lame de ressort à matelas qu'ils ont patiemment façonnée et
aiguisée, avec un tiers-point récupéré de la même manière, pour en faire une
petite scie. Sur sa valise, Bouillon a collé une grande étiquette sous laquelle il a
glissé l'outil. Au moment du départ, les Allemands ont bien ouvert la valise pour
la fouiller, mais ils n'ont pas songé à regarder... sur le couvercle. Sans perdre de
temps, on commence à attaquer les lames du plancher, en se relayant. Les
cheminots donnent des conseils : il vautmieux percer sur les bords, car en sortant
par le milieu, ils risquent de heurter le système d'attache des wagons.
Bientôt le trou est suffisamment large pour pouvoir se glisser au travers. Il faut
maintenant attendre le moment propice... en souhaitant qu'il n'y ait pas de
locomotive à l'arrière. Le jour commence à baisser. Une côte ; le train ralentit.
Emmitouflé dans un épais vêtement pour amortir le choc, Félix Bouillon se laisse
glisser le premier sur les rails. Le train passe sur lui, tout entier, car il était dans le
premier wagon. Ça y est ! L'évasion est réussie ! Par chance, les sentinelles
allemandes avec leur mitrailleuse, sur la plate forme en queue de convoi, n'ont
rien vu. Il se relève, mais il est seul. Ses camarades ont dû hésiter ou bien ils n'ont
pas eu le temps de sauter. Si, à cinq cents mètres sur la voie, il aperçoit l'un d'eux,
Lebouteiller.
Les deux compères se rejoignent, couverts de poussière et de cambouis. Non
loin de la voie, ils avisent un petit cours d'eau. Faire un brin de toilette ne sera pas
superflu. Mais leurs ablutions terminées, ils sont surpris quelques kilomètres plus
loin par une patrouille allemande.
Des gardes-frontières ! Par une malchance extraordinaire, ils ont sauté du Train
juste derrière ce qui est maintenant la limite entre la France et la Lorraine,
désormais rattachée au Reich. Tandis qu'ils sont conduits sous bonne garde à
Metz, le convoi transportant leurs camarades continue inexorablement sa route
vers l'est. Les otages ignorent encore qu'ils font partie du premier grand convoi
de déportés politiques vers Auschwitz, le camp de la mort !
Chapitre six
Le 28 juin 1942, un chaud dimanche d'été. Au café de la Bosquetterie, à la
sortie de Lisieux sur la route de Caen, quelques clients d'apparence bien anodine
s'installent autour d'une table.
Et pourtant il y a là Edmone Robert, Émile Julien et Joseph Étienne, alias
357
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

« Lucienne », « Maurice » et « Jean », trois des principaux dirigeants de la


résistance communiste du Calvados. Ils ont fixé rendez-vous à quelques nouvelles
recrues : René Préaux, un garagiste de Saint Désir-de-Lisieux ainsi que ses deux
ouvriers, Henri Papin et Henri Rebut. Depuis plusieurs semaines déjà,
« Lucienne » leur transmet des tracts avec mission de les distribuer dans leur
entourage. L'heure est maintenant venue de les convaincre de passer à une action
plus déterminée. Pour éviter les oreilles indiscrètes, le groupe se lève bientôt
pour continuer la conversation en marchant le long de la route. « Jean » parle
longuement des buts poursuivis par le Front National et de la nécessité de mener
la lutte armée contre l'occupant. Le garagiste n'est pas très chaud, mais le plus
jeune de ses ouvriers, Papin, a l'air plus décidé. D'ailleurs, quelques mois plus tôt
il avait essayé de trouver un moyen pour gagner l'Angleterre. C'est décidé,
« Jean » et « Maurice » feront bientôt appel à lui.
Depuis plusieurs mois, les responsables locaux du Front National multiplient
les contacts pour développer et structurer l'organisation des FTP dans le Pays
d'Auge. Ils peuvent ainsi compter désormais sur l'aide et l'appui d'un menuisier
de la Hoguette, Alexandre Demieux ; d'un briquetier de Dozulé, Henri Daudet et
de son contremaître Liebert ; d'un paysan de Saint-Loup-de-Fribois, Blanchard et
de quelques autres encore à Mézidon, Lisieux, Neuvy... Autant de « planques »
où il est possible de se cacher entre chaque coup de main. Le groupe de combat
lui-même s'est étoffé par le renfort d'un réfractaire, René Fairant et de François
Kalinicrenko, qui avait échappé aux gendarmes de Colombelles à l'automne 1941
et vivait depuis lors dans la clandestinité sous le pseudonyme de « Marcel
Lavergne ». Aussi sabotages et attentats vont-ils maintenant se succéder à
cadence élevée.
Dans la nuit du 14 au 15 juillet 1942, les FTP s'attaquent à la ligne du chemin
de fer transportant le minerai de fer de Potigny à Colombelles, sur le territoire de
la commune de Bourguébus. Comme la voie n'est pas gardée, ils peuvent en toute
quiétude démonter entièrement un rail. Mais au matin du 15, un ouvrier circulant
en draisine découvre le piège
« Maurice » a décidé de mettre Papin à l'épreuve. Le 31 août il l'accompagnera
à Lisieux pour incendier le garage des Courriers normands, servant d'entrepôt à
fourrage pour l'armée allemande. Vers cinq heures du matin, les deux hommes
sont à pied d'œuvre. Le bâtiment n'est pas gardé. « Maurice » sort de sa poche
un petit étui de brosse à dents en celluloïd rempli de poudre et muni d'une
mèche. Il brise la vitre d'une porte, met le feu au cordon et lance prestement
l'engin avant de prendre la fuite, suivi de son jeune complice, encore tout éberlué
devant cette maestria.
358
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

En quelques minutes l'entrepôt se transforme en brasier, malgré l'intervention


des pompiers de Lisieux et de Livarot. La façade du garage s'effondre bientôt,
blessant grièvement un adjudant de pompiers. Huit cents tonnes de fourrage
viennent de partir en fumée! L'enquête policière conclura à un accident dû à la
canicule des journées précédentes et à l'échauffement excessif de foin et de paille
trop humides imprudemment entassés dans un hangar couvert d'une verrière.
Nuit du 9 septembre 1942, deux ombres se glissent furtivement, vélo à la main,
derrière l'un des hangars réquisitionnés par les Allemands de la foire de Caen,
Place d'Armes. « Kléber » est accompagné d'une frêle jeune fille à peine âgée de
vingt ans dont c'est aussi le premier « coup ». Dès la fin 1940, Gisèle Guillemot
(1922-2013) a appartenu à un petit groupe de résistance communiste formé avec
quelques-uns de ses amis du « Plateau » de Colombelles : Michel Farré, François
Kalinicrenko, Robert Estival, Marcel Déterpigny. Désormais, elle est devenue
« Annick », la responsable des jeunes du Front National pour le Calvados. Mais
elle sert aussi d'agent de liaison auprès du triangle de direction clandestin... et
éventuellement de membre supplétif. « Tiens ! » lui dit « Kléber » en lui plaçant
un énorme revolver entre les mains. « Attends-moi là ! » Gisèle n'est pas
vraiment rassurée, car elle serait bien en peine de se servir de cet engin en cas de
nécessité. Mais voilà « Kléber ». Vite, ils montent sur leurs vélos et déguerpissent.
De loin, ils ne tarderont pas à voir le résultat de leur œuvre : un beau feu d’artifice,
car le hangar à fourrage devait aussi contenir des fûts d'essence.
Trois cent cinquante tonnes de paille, de foin et d'avoine perdus pour l'ennemi.
Cette fois encore, les investigations policières aboutiront de l'accident, car « le
hangar étant étroitement surveillé et parfaitement clos, nul ne pouvait s'y
introduire pour y commettre un attentat sans éveiller l'attention ».
La tentative suivante fut moins heureuse. Il s'agissait cette fois de faire sauter
la voie ferrée Mézidon-Argentan, très fréquentée par les convois de marchandises
allemands. « Maurice » avait confectionné un engin d'un nouveau modèle : un
gros tube de fer de 30 centimètres de long, bourré d'explosifs et muni d'un
détonateur relié d'une part à une pile électrique, d'autre part à des plaques de
cuivre destinées à être placées sur le rail. Au passage de la locomotive, les plaques
de cuivre devaient entrer en contact et déclencher l'explosion. La machine
infernale fut mise en place dans la nuit du 5 novembre, à Vendeuvre, quelques
kilomètres au sud de Saint-Pierre-sur-Dives.
Dispositif bien compliqué ; trop sans doute, car il ne fonctionna pas en dépit
du passage de plusieurs trains et l'engin devait être découvert le lendemain
matin. Début décembre 1942, explosifs et poudre viennent à manquer. Il faut s'en
procurer d'urgence. Non loin de Falaise, à Vignats, existe une importante carrière
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Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

de pierres où l'on trouvera le nécessaire. Un commando de quatre hommes est


formé. Outre « Maurice », il comprendra « Marcel » (Kalinicrenko) Fairant et
Papin. Depuis près d'un mois, celui-ci est d'ailleurs entré dans la clandestinité.
Requis pour aller travailler en Allemagne, il a quitté le garage
Préaux pour trouver refuge à la briqueterie Daudet à Dozulé. Il porte
désormais le pseudonyme de « Charles » et, suprême honneur, « Maurice » lui a
remis, chargé de 9 cartouches, un pistolet 7 mm 65.
Le ralliement est fixé pour le samedi 12 décembre 1942 à la Hoguette chez le
menuisier Demieux. Après dîner, vers 21 heures, le petit groupe se met en marche
en empruntant des chemins à travers bois pour gagner la carrière distante de
quelques kilomètres seulement. Tapis à l'abri de la bruyère, les quatre hommes
attendent la nuit. Ils savent qu'il n'y aura pas de gardien en cette fin de semaine.
Vers minuit, ils sortent de leur cachette, brisent un carreau et pénètrent dans les
bureaux. Dans le grand sac qu'ils ont apporté, ils déversent détonateurs, explosifs,
cordons... sans oublier du matériel de bureau, des boîtes de pansements, des
médicaments et une bouteille d'éther. Dans un tiroir ils trouvent la clé de la
poudrière où ils s'emparent de quatre caisses renfermant chacune vingt kilos
d'explosifs. Le tout n'a pas duré plus de vingt minutes. Il faut maintenant rentrer,
lourdement chargé, en employant le même chemin. À la Hoguette, le précieux
butin est caché dans une grange en plein champ, proche du domicile de Demieux.
Après une journée de repos, les quatre hommes décident de se séparer. Tandis
que Fairant et « Charles » restent sur place, « Maurice » et « Marcel » ont décidé
de regagner Caen via Mézidon. Ils sont à peine arrivés sur le quai de la gare que
« Maurice » avise un convoi de marchandises allemand : du foin et de la paille.
L'occasion est bien tentante. « Si on mettait le feu ? » Son camarade n'est pas très
« chaud », mais il l'entraîne dans les toilettes et sort de sa poche son sempiternel
étui de brosse à dents et un morceau d'amadou en lui expliquant ses intentions.
Revenus sur le quai les deux hommes déambulent nonchalamment près des
wagons. « Maurice » s'arrête, sort une cigarette en ouvrant sa veste pour
protéger la flamme du briquet que lui tend « Marcel ». Un geste bien naturel.
Mais ils en profitent pour allumer aussi la mèche. Reprenant leur marche, l'un
dissimulant l'autre, ils s'arrêtent une fraction de seconde qui suffit à « Maurice »
pour placer son tube incendiaire entre deux balles de pailles.
Plusieurs minutes passent. Alors que le train de Caen entre en gare, le feu
commence à se déclarer et, trouvant un aliment de choix, s'étend rapidement.
Panique sur le quai. Des Allemands arrivent de partout en gesticulant et en
hurlant. Le chef de gare donne un ordre de départ précipité pour le train de
voyageurs. Et tandis que celui-ci s'ébranle, nos deux compères voient l'incendie
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Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

gagner d'autres wagons. Le désastre sera attribué officiellement à une escarbille


lancée au passage par une locomotive !
Le 14 décembre 1942, « Maurice » et « Marcel » sont de retour à la Hoguette
où Papin et
Fairant les attendent, avertis d'un « coup » important sur la ligne Paris-
Cherbourg pour le soir même. Tout l'après-midi se passe à confectionner des
engins explosifs avec la dynamite volée à la carrière. Puis l'heure vient de partir,
en groupes séparés pour ne pas attirer l'attention sur les routes. Point de
ralliement, un passage à niveau près de Saint-Julien-le-Faucon. Un peu après vingt
heures, les quatre hommes sont au rendez-vous et de là gagnent en bicyclette le
lieu où « Maurice » a décidé de frapper : à Lecaude, entre la sortie vers Caen du
tunnel de la Houblonnière et la gare du Mesnil-Mauger. Arrivés sur les lieux,
Fairant et Papin sont laissés en arrière-garde pour faire le guet, car il faut se méfier
des rondes.
Pendant ce temps, « Maurice » et « Marcel » mettent en place leurs bombes.
Quelques minutes ont suffi et les voici de retour. Le convoi arrive. Stupeur, il passe
sans encombre. Dépité, « Maurice » repart immédiatement afin de comprendre
ce qui s'est passé et récupérer ses explosifs. Mal lui en prend, car il tombe nez à
nez avec un garde-voie qui l'agrippe aussitôt. Après une courte bagarre, il réussit
pourtant à se dégager et, revenant en courant, donne l'alerte à ses camarades
Fuite éperdue. Les quatre hommes réussissent à gagner leur « planque » la plus
proche, à Saint-Loup-de-Fribois, où ils passent la nuit dans la grange du fermier
Blanchard. Le lendemain vers midi, « Maurice » et Fairant partent pour Caen
qu'ils parviendront à atteindre sans encombre. Une demi heure plus tard,
« Charles » (Papin) et « Marcel » ont pris la direction de la Hoguette. À peine ont-
ils parcouru un kilomètre qu'ils sont stoppés par un barrage de gendarmerie. Dès
la nouvelle de l'attentat manqué, un vaste dispositif policier a été mis en place
dans toute la région. L'un des gendarmes s'avance au milieu de la route, le bras
tendu en l'air :
— Halte ! Vos papiers.
Les deux hommes s'exécutent et s'apprêtent à sortir leurs fausses cartes
d'identité. Mais les gendarmes ont reçu des consignes précises et donc ils
entreprennent de les fouiller. « Marcel » porte des explosifs dans sa sacoche et
« Charles » a un revolver dans sa poche. Paniqué, il sort l'arme... et la jette par
terre. Les gendarmes tentent alors de les ceinturer. « Charles » se débat et
distribue de violents coups de poing. Après quelques secondes de bagarre,
« Marcel » réussit à ramasser le pistolet et tire plusieurs fois sur les gendarmes,
qu'il manque. Mais mettant à profit ce moment de flottement, les deux résistants
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Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

arviennent à s'enfuir à toutes jambes à travers champs, abandonnant musetteset


vélos sur place.
Les gendarmes de Mézidon ont laissé échapper leur proie, mais ils disposent
de très sérieux éléments pour les retrouver. L'un des deux individus a perdu son
portefeuille dans la bagarre. Une carte d'identité au nom de Charles Gaudard, né
à Évreux et demeurant à Barneville. Vraisemblablement, elle est fausse. Mais il y
a surtout cette photographie dédicacée d'une jeune fille, portant au dos son nom,
Louise M., ainsi que son adresse à Lisieux. La brigade mobile de Rouen est
immédiatement alertée et sous la direction du commissaire Nazareth, secondé
par une demi-douzaine d'inspecteurs, elle va rendre l'affaire en main et la mener
rondement.
Ignorant totalement les derniers évènements, « Maurice », rentré à Caen,
poursuit son action. Le 16 décembre 1942, il fait sauter le bureau de placement
allemand, 43 boulevard des Alliés. Cette fois, il ne peut pas s'agir d'un accident et
la Feldkommandantur exigera désormais que la gendarmerie française monte
nuit et jour une garde armée devant cette officine. Pendant ce temps, à Lisieux,
l'enquête policière progresse rapidement. Très impressionnée, Louise M. a tôt fait
de renseigner les policiers. Cette photo, elle l'a donnée il y a quelques mois à deux
jeunes ouvriers de monsieur Préaux. Venus effectuer une réparation chez son
patron, ils lui avaient fait un brin de cour. Voilà tout ! Le garagiste Préaux est
interrogé à son tour. Ses deux ouvriers l'ont quitté depuis quelques semaines.
Papin a été réquisitionné pour partir en Allemagne.
Quant à Rebut, il travaille désormais à la caserne Delaunay, route de Pont-
l'Évêque, pour le compte des Allemands. Son domicile est rapidement retrouvé
et le 21 décembre à la première heure, le commissaire Nazareth et ses hommes
font irruption au numéro 28 de la rue Henry-Chéron. Une fouille en règle permet
de découvrir des tracts ainsi que des cartouches dérobées à la caserne. Rebut est
en mauvaise posture, il le sait. Depuis quelques mois, il a pris ses distances avec
la Résistance, mais il sait néanmoins beaucoup de choses et pour se disculper, il
parle ! Il donne des noms, des adresses... La photo, c'est Papin qui l'avait
conservée. Où est-il? Certainement caché à Dozulé ou la Hoguette.
Quelques heures plus tard, les forces de l'ordre surgissent à l'improviste chez
les époux Demieux, près de Falaise. Papin n'est pas là, mais dans une grange en
plein herbage, non loin de la maison, on découvre des caisses d'explosifs, des
détonateurs, des munitions diverses, des tracts et même un fusil mitrailleur. Le
couple est appréhendé. Au même moment, à Dozulé, un détachement d'une
quarantaine de gendarmes et de policiers, sous la conduite du commissaire
Nazareth en personne, encercle la briqueterie Daudet.
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Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

L'usine est systématiquement fouillée, jusque dans ses moindres recoins. Dans
une galerie conduisant aux fours, un homme est caché. C'est Papin ! Il est arrêté
en même temps que Daudet et son contremaître.
21 décembre 1942 en fin d'après-midi, la classe se termine à l'école de Saint-
Aubin-sur-Algot. Par la fenêtre, Edmone Robert aperçoit soudain quatre hommes
pénétrant dans la cour. Des policiers.
Sans perdre son sang froid, elle se saisit d'une poignée de documents dans le
tiroir de son bureau et les glisse rapidement dans le cartable d'une élèveavant de
laisser partir les enfants.
Près de deux heures de perquisition, en vain. Les hommes de la brigade mobile
n'ont rien trouvé ; ni dans l'école ni au domicile d'Edmone Robert. Qu'importe, ils
se saisissent d'elle pour la conduire au commissariat de Lisieux.
Dans la soirée, Préaux et sa femme assistent à une représentation au théâtre.
À l'entracte, un policier du commissariat s'approche de Préaux et lui glisse à
l’oreille :
— « Rebut est arrêté ; il t'accuse ! »
Le garagiste pourrait fuir, mais il ne veut pas abandonner sa famille. Il restera.
Le lendemain vers 11 heures, les inspecteurs de la brigade mobile sont chez lui et
l'emmènent bientôt, au terme d'une perquisition sans résultat. Ce même matin,
Fernand Robert, interprète à la sous-préfecture et frère d'Edmone, apprend par
un agent de ville que sa sœur a été arrêtée la veille. Au commissariat, grâce à la
complicité du brigadier Gorget — un des nombreux résistants de la police
lexovienne — il peut voir celle-ci quelques instants. Elle peut même lui confier la
clé d'un petit appartement, rue de Caen, avec mission de détruire tout ce qui peut
s’y trouver de compromettant. Effectivement, il y avait là de nombreuses
brochures de propagande du Front national ainsi que des livrets d'instructions à
l'usage des FTP qui disparurent dans le poêle d'une voisine, Madame Lizet.
Lorsque la police mobile découvrit cette adresse quelques jours plus tard, elle ne
devait rien y trouver. À force de rouerie et de brutalités, les inspecteurs de la
brigade mobile de Rouen ont réussi à extorquer à leurs victimes de nombreux
renseignements. Il est aisé de leur faire croire qu'ils ont été dénoncés par
d'autres, qui ont eux-mêmes tout avoué. Alors, pourquoi se taire ? Ces braves
gens ne sont pas des criminels endurcis et ils tombent presque tous dans le piège,
se chargeant mutuellement. Pour les plus récalcitrants, reste la manière forte.
Préaux, Papin, Demieux sont systématiquement roués de coups, à un point tel
que le bâtonnier de Resbecq, du barreau de Lisieux, chargé d'assister les
prévenus, déposera une réclamation officielle contre ces méthodes indignes, au
mépris de son propre sort. Seule Edmone Robert résiste obstinément aux
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Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

interrogatoires, en dépit des horions et des insultes. Elle sait que les policiers
n'ont aucune preuve matérielle contre elle. Il faut tenir.
— C'est vous, « Lucienne » ?
— Je me nomme Edmone, Nelly, Mercédès.
Une violente claque au visage ponctue cette réplique pleine de mépris.
— Le 28 juin 1942, vous avez été vue au café Lepart à la Bosquetterie où vous,
« Maurice » et « Jean » aviez donné rendez-vous à Préaux et à ses ouvriers. J'ai là
la déposition de la patronne.
— Je suis allée une seule fois dans ce café, il y a trois ans.
— Tous les autres vont ont formellement reconnue, Papin, Préaux, Rebut...
— Je connais un peu Monsieur Préaux. C'est tout ! Papin, je l'ai rencontré par
hasard chez une amie. Depuis, il est parti en Allemagne, je crois.
Confrontation générale ; les trois hommes en question réitèrent leurs
accusations. Mais Edmone nie tout, en bloc :
— Je n'ai jamais assisté à la réunion dont parlent ces hommes. Je nie
formellement avoir donné des tracts à qui que ce soit. Je ne connais pas les
nommés « Maurice », « Kléber », « Jean » dont il est question. Je n'ai jamais
appartenu à la moindre organisation. Je ne comprends pas les motifs qui
poussent ces hommes à agir ainsi !
Cette fois, c'en est trop. Les trois prisonniers ont à peine quitté la pièce que
l'inspecteur Pannetier se rue sur Edmone, la gifle à nouveau, arrache son corsage
et lui tord le bout des seins. Mais rien n'y fait. Elle ne cédera pas ! Remis en liberté
provisoire (avant d'être incarcéré à nouveau quelques jours plus tard) le
contremaître de la briqueterie de Dozulé, Liébert, a eu le temps de venir à Caen
avertir les responsables départementaux des FTP des dangers qu'ils couraient, car
Papin, sous la torture, a beaucoup parlé.
« Kléber » s'est immédiatement précipité vers leur principale planque, place
Saint-Gilles. Deux ans de clandestinité ont aiguisé son sixième sens. Il a tôt fait de
repérer deux hommes suspects au pied de l'immeuble. Qu'importe, avec une
audace incroyable, il réussit à y pénétrer tout de même en passant par une petite
cour intérieure et à se glisser dans l'appartement où il se saisit rapidement de
nombreux documents compromettants. A-t-il tout pris ? Non hélas, il en a oublié.
« Jean » décide de retourner sur place, en empruntant le même chemin dérobé.
Arrivé sur le palier, il entend des bruits de voix dans la pièce dont la porte est
ouverte. Trois inspecteurs sont là. Il a tout juste le temps de redescendre
furtivement l'escalier et de s'éclipser.
28 décembre 1942, le maire de Saint-Aubin-sur-Algot, Mr Adolphe « B » se rend
à la gendarmerie de Lisieux. La veille, l'un de ses administrés, père d'une élève de
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Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

Mlle Robert, est venu lui montrer les singuliers papiers que celle-ci avait glissés
dans le cartable de sa fille quelques jours plus tôt. Et l'homme d'étaler sous les
yeux du gendarme un petit carnet avec de nombreuses annotations à l'encre
bleue ou noire, une feuille avec des formules d'explosifs et plusieurs plans dont
un représente visiblement le port de Caen avec l'indication des défenses
antiaériennes allemandes. Mais le maire trop zélé est mal tombé, car le gendarme
Pennec est un résistant et comprend immédiatement la gravité de cette
trouvaille. Il refuse d'enregistrer ces documents et, à mots couverts, fait
comprendre à son interlocuteur qu'il ferait mieux de s'en débarrasser en les
détruisant. Mais le maire de Saint Aubin s’entête.
Il sait où est son devoir ! Il ira donc directement à la sous-préfecture. Le
secrétaire général Bason le reçoit. « C'est extrêmement grave, en effet ! »
L'homme pourrait prendre les documents et les confier à son supérieur, le sous-
préfet Daty. Mais il connaît trop bien ses opinions antiallemandes de celui-ci ;
sentiments que lui-même ne partage guère, tout au contraire. « Il faut
transmettre ces pièces au tribunal ! » Ce qui fut fait. Le juge d'instruction
Arrachart, bien qu'il ait tout fait, en vrai patriote, pour ne pas trop lourdement
charger le dossier des inculpés, ne pouvait dissimuler ces preuves accablantes qui
allaient condamner Edmone Robert et réduire à néant son extraordinaire
résistance.
Quelques jours plus tard, en janvier 1943, les autorités françaises sont
dessaisies du dossier par les Allemands. Mais le travail est déjà largement
entamé. Le groupe de résistance du Front national pour le Pays d'Auge est
anéanti ! Dans l'arrondissement de Lisieux, une vingtaine de personnes ont été
arrêtées. Grâce aux indications arrachées aux uns ou aux autres, Fairant a été
capturé fin décembre à Cholet où il avait cru trouver un refuge solide, loin du
Calvados. Certes, « Marcel », « Jean », « Maurice » ou « Kléber » sont en fuite,
mais désormais la police possède pour chacun d'eux un signalement terriblement
précis. Une bonne partie de leurs « planques » sont désormais grillées. À Caen
même, plusieurs personnes ont été appréhendées à la suite de l'affaire de Lisieux
comme Marcel Victoire, un agent des PTT ou Joseph Duval dont le domicile, rue
de Geôle, servait de boîte à lettres.
Le commissaire Nazareth a réussi à identifier ceux que dans la résistance on
surnomme « le ménage Patrick », les époux Macé. Depuis de longs mois, ils
hébergent dans leur maison de la route d'Harcourt de nombreux responsables de
passage. Le 4 février, en milieu d'après-midi, la police vient arrêter Georges Macé.
Quelques heures plus tôt, « Jean » était là, en train de prendre son repas comme
il le faisait souvent. Pire, début février, divers recoupements ont permis à la
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Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

police d'établir avec certitude l'identité de « Maurice », Émile Julien né à Chelles


le 24 novembre 1908 et de « Jean », Joseph Étienne, né le 8 octobre 1901 à
Douville-sur-Andelle (Eure). Seul le véritable nom de « Kléber » reste à découvrir.
L'étau se referme !
Chapitre sept
Bien que serrés de près par la police, les rescapés du groupe FTP n'en sont pas
moins résolus à poursuivre la lutte. Ils le démontrent dès le 22 janvier 1943, en
s'attaquant à l'embranchement de chemin de fer menant de la gare aux
bâtiments de la foire de Caen et aux bassins de commerce. À 21 heures, une
violente explosion détruit un aiguillage à hauteur de la rue Neuve-du-Port,
pulvérisant toutes les vitres aux alentours.
Dans la nuit du 19 au 20 février 1943, une ronde de police découvre rue Saint-
Jean, devant le café de Paris, un bidon rempli d'explosifs. La mèche avait été
allumée, mais s'était éteinte en tombant dans l'eau du caniveau où l'engin avait
été déposé.
Mais à la suite des arrestations de décembre, les effectifs sont devenus
insuffisants. Il faut impérativement recruter de nouveaux volontaires pour
poursuivre l'action.
C'est dans cette perspective que « Maurice » a fixé une rencontre avec deux
jeunes ouvriers des chantiers navals de Blainville, le 11 février, le long du canal
près du pont de Calix. Les contacts préliminaires ont été noués depuis quelques
semaines déjà par l'intermédiaire de Michel Legois, un ouvrier mécanicien,
chargé de recruter des adhérents pour le Front national au sein de cette
entreprise. Claude Gardelein et Jean Gillain sont exacts au rendez-vous. Le
premier est électricien, le second dessinateur, ils ont l'un et l'autre 18 ou 19 ans.
« Maurice » leur présente l'homme qui l'accompagne, à peine plus âgé qu'eux :
« Georges ». Il s'agit de Gilbert Pineau, un étudiant parisien, responsable
interrégional du Front Patriotique de la Jeunesse.
En marchant le long du canal, les quatre hommes parlent des chantiers navals,
de la fabrication de vedettes pour le compte des Allemands et de la nécessité de
saboter la production. On projette ainsi de mettre hors d'usage la locomotive de
l'usine. À vrai dire, dans l'esprit de « Maurice » et « Georges » il s'agit surtout de
tester la valeur et le degré de résolution de leurs interlocuteurs. On se reverra la
semaine suivante, route d’Ouistreham. Le 18 février, Gillain et Gardelein
annoncent qu'ils ont trouvé un autre camarade prêt à les aider, René Verheecke.
« Maurice » leur remet un engin explosif composé de cinq bâtons de dynamite et
d'une mèche en ajoutant quelques conseils : il faudra choisir une partie
essentielle de la locomotive pour la mettre hors d'usage à coup sûr. Le lendemain,
366
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

grand conciliabule dans le bureau où travaille Gardelein. Ni lui ni Gillain, qui


habitent chez leurs parents, ne peuvent s'introduire dans les chantiers la nuit.
Verheecke est logé sur place, dans l'usine. C'est donc lui qui agira. Par sécurité, ils
décident d'utiliser une mèche beaucoup plus longue. Vers 20 heures 30,
Verheecke quitte discrètement son dortoir et place sa bombe sur le cylindre de la
première roue de la locomotive. Une heure plus tard, alors qu'il a regagné son lit
depuis longtemps, une brutale explosion brise le silence de la nuit. Très fiers de
leur exploit, les jeunes gens rendent compte de leur mission à « Maurice » le 25
février. Immédiatement celui-ci leur fixe une nouvelle tâche pour la nuit du
dimanche 28 février 1943 au lundi suivant. Gillain et Gardelein hésitent. Ils ne
peuvent s'absenter de chez leurs parents sans donner l'éveil. Une nouvelle fois,
le sort désigne Verheecke. Il devra se trouver dimanche soir vers 22 heures à
Moult, près du pont de chemin de fer de Billy, non loin de la route de Saint-Pierre-
sur-Dives. Il n'a pas de vélo ! Qu'importe, Gardelein lui en procurera un.
À l'heure dite, cinq hommes sont rassemblés à l'orée d'un petit bosquet qui
jouxte la voie ferrée : « Maurice », « Jean », « Kléber », « Georges » et le jeune
René Verheecke. Les trois premiers connaissent parfaitement ces lieux, à moins
de 700 mètres de la gare de Moult et tout près de l'endroit où ils accomplirent
leurs sabotages en avril et mai 1942. Ils ont d'ailleurs décidé d'en revenir à la
méthode qui avait fait leurs succès : le déboulonnage. Ils n'ignorent pas que la
tâche sera particulièrement difficile à cause des rondes de surveillance. Mais ils
ont pris des précautions en conséquence. Tandis que « Maurice », Jean « et »
Kléber « s'attaqueront au rail, Georges » et Verheecke feront le guet de chaque
côté, cinquante mètres devant, reliés à leurs camarades par une ficelle pour les
avertir en cas d'urgence.
Minuit, le commando dissimule les bicyclettes dans les fourrés et gagne
prudemment la voie. « Maurice » a remis un revolver à Verheecke ; les autres
sont déjà armés. La nuit est très noire et un brouillard assez épais s'étend sur la
plaine. Le travail est long et périlleux. Tous les quarts d'heure environ, il faut
s'interrompre et se tapir derrière le remblai pour laisser passer le garde-voie.
Deux heures cinq, Marcel B., de son état égoutier à Saint-Aignan-de-Cramesnil,
effectue sa ronde tout en pestant contre ces maudites réquisitions qui reviennent
trop souvent et l'obligent à passer tant de nuits hors de chez lui. Il passe le pont
de Billy et continue son chemin en direction de Mézidon, sans rien remarquer.
Les saboteurs se remettent à l'œuvre. Six traverses ont déjà été débarrassées de
leurs tire-fond.
Deux heures dix, Ernest C. quitte avec cinq minutes d'avance le local de la gare de
Moult, qui abrite l'équipe de garde du secteur, pour prendre son tour. Soudain,
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Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

juste après le pont, malgré la brume, il aperçoit devant lui, à moins de trente
mètres, trois hommes qui s'affairent sur la voie. Après un moment de stupeur, les
individus escaladent le remblai et détalent à travers un champ fraîchement
labouré vers le bois de Billy. « Halte là ! Halte-là ! » Mais les ombres se perdent
dans la nuit.
Tandis que les FTP récupèrent leurs vélos et s'enfuient sans demander leur
reste, le garde-voie rentre en courant au poste et donne l'alarme. Accompagné
cette fois de son chef de secteur et de quelques hommes, il revient sur les lieux.
Des tire-fond ont été dévissés. C'est un sabotage !
Le chef de gare, l’Ortskommandantur de Moult et la gendarmerie sont avertis
en quelques minutes. Avant même la fin de la nuit, les premières investigations
permettent de retrouver quelques indices dispersés entre la voie et le petit bois :
un cache-nez, un gant de peau fourré et de nettes traces de pas et de pneus de
vélo.
Caen, le 1er mars 1943 à cinq heures trente du matin. Comme la plupart de leurs
collègues de la région, les gendarmes Lefrand et Laderrière ont été brutalement
tirés de leur sommeil cette nuit-là. On recherche des saboteurs. Conformément
aux ordres de leurs chefs, ils se sont mis en faction le long de l'Orne, sur la place
du 36e.Un cycliste arrive de la rive droite, il franchit le pont de Vaucelles et
s'apprête à tourner vers la place de la Mutualité.
— Halte ! Vos papiers s'il vous plaît. L’homme s'exécute de bonne grâce. Fargeas
Roland, né le 30 avril 1911 à Saint-Quentin (Aisne) électricien, demeurant à
Ranville. Il rentre chez lui après un dimanche passé chez des amis à la campagne.
Les gendarmes ont à peine eu le temps de noter son identité et de le laisser aller
qu'arrive un autre individu en vélo. Celui-ci se trouble aux questions qu'on lui
pose. Il porte la main à son côté. Aussitôt les gendarmes dégainent leurs armes,
le ceinturent et le fouillent. Pétrifié, le jeune homme se laisse faire. Dans une
poche un revolver chargé, dans l'autre des balles. Voici sa carte d'identité :
Verheecke René, né le 19 mars 1921 à Rosendael (Nord) employé de bureau aux
chantiers navals. Menottes aux mains, il est conduit à la gendarmerie de Caen
séance tenante. Après avoir vainement tenté d'expliquer qu'il revenait de passer
la nuit chez une femme de Falaise, il ne résista pas longtemps à l'interrogatoire. Il
ne le pouvait pas d'ailleurs, car outre son arme, on avait retrouvé sur lui un plan
sommaire indiquant le lieu de la tentative de sabotage. Il expliqua son histoire et
dit ce qu'il savait. Le nombre de ses complices : quatre. Leurs noms ? Il n'en
connaissait qu'un : « Maurice ». L'homme qui le précédait sur le pont de Vaucel
les faisait-il partie du groupe ? Oui ! S'appelait-il bien Roland Fargeas ? Un coup
de téléphone à la brigade de gendarmerie de Saint-Quentin permit d'obtenir
368
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

rapidement la réponse : inconnu à l'état civil.


Claude Gardelein et Jean Gillain sont inquiets. En prenant leur travail ce lundi
matin, ils n'ont pas vu René Verheecke et nul ne sait où il peut être. Ses camarades
de dortoir confirment son absence. Averti, Legois décide d'organiser un rendez-
vous dans la soirée, place Courtonne. D'ici là, il aura pris les contacts nécessaires
avec « Annick ». Comme Gardelein n'a plus de vélo, Gillain s'y rendra.
18 heures 45, la jeune fille est bien là, petite, brune, toute de noire vêtue, le
vélo à la main avec une serviette suspendue au guidon. Elle ne sait rien. Mais voici
Legois. Il entraîne Gillain vers un café où un homme les attend à une table. C'est
« Jean ». Tout va mal ! Verhecke a été arrêté. Il le tient d'un policier du
commissariat, membre du Front national. Gillain et Gardelein doivent être mis en
sûreté. Il faut simplement le temps de trouver une planque pour les cacher. Il est
convenu de tous se retrouver le lendemain au même endroit, à la même heure.
Mardi 2 mars 1943, vers 18 heures, place Courtonne. Le commissaire
Decarreaux, de la Troisième brigade mobile de Rouen, contient avec peine son
impatience. Le matin même, ses hommes ont arrêté un certain Claude Gardelein.
Il a été trahi par la plaque de la bicyclette qu'il avait prêtée à son ami Verheecke.
Il n'a pas tardé à craquer et à avouer sa complicité ainsi que le rendez-vous qui lui
avait été fixé pour la fin d'après-midi. Il a même formellement reconnu sur une
photographie l'homme rencontré la veille au café : Joseph Étienne, dit « Jean ».
Une grosse prise en perspective. Le policier a disposé les inspecteurs Bolloch,
Touchard, Pare et Geffroy aux endroits stratégiques.
Un peu après 18 heures 30, trois d'entre eux repèrent un suspect, l'entourent
et le saisissent sous les bras. « Vous allez nous suivre. Vérification d'identité ! »
L'homme, visiblement ébahi, se laisse conduire sans résistance au commissariat
central. Tandis qu'un inspecteur reste pour l'interroger, les deux autres rejoignent
leurs collègues. Au même instant, « Annick » et « Kléber », venant de la rue Saint-
Jean, arrivent place Courtonne. Au bout de la rue de traverse, leur regard est
immédiatement attiré par un grand jeune homme très blond : Gardelein. Il est
debout près d'une voiture avec des inconnus qui ont tout l'air de policiers. Un
piège ! Pourvu que « Jean » puisse s'en apercevoir aussi. Ils s'interrogent sur
l'attitude à tenir lorsque brusquement éclate une série de violentes détonations.
En revenant du commissariat, les inspecteurs Pare et Geffroy ont garé leur
véhicule rue Samuel-Bochard. Le premier a à peine parcouru vingt mètres
lorsqu'il croise sur le trottoir deux hommes visiblement inquiets, remontant vers
la rue Basse. Instantanément, il reconnaît l'un d'eux, en dépit des grosses lunettes
d'écaille qu'il porte : Étienne ! Rebroussant chemin, il les suit tout en faisant des
signes à l'inspecteur Geffroy, resté près de la voiture. Celui-ci a compris. Comme
369
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

les deux hommes arrivent à sa hauteur, il les interpelle en montrant du doigt son
collègue qui accourt :
— Je crois que monsieur vous appelle.
Ils se retournent brusquement. Joseph Étienne a compris. Tandis que son
compagnon reste sur place, paralysé, il s'échappe à toutes jambes. Halte !
Première sommation, un coup de pistolet en l'air. Le fuyard ne s'arrête pas.
L'inspecteur Geffroy ajuste deux coups dans sa direction. Étienne plonge en
avant, comme s’il voulait échapper aux balles. Non, il est touché ! Il se relève
péniblement en s'adossant à un mur et semble porter la main à son côté. Le
policier tire encore deux fois. Cette fois, il s'affaisse. L'inspecteur Pare lui passe
les menottes. Il n'est pas armé. L'autre homme, qui n'a pas bougé, est également
appréhendé. Il se nomme Michel Legois.
Bien qu'atterrés par les coups de feu et ce qu'ils peuvent imaginer sur le sort
de leurs camarades, « Annick » et « Kléber » doivent d'abord penser à se sauver.
Or, sur le pont de l'Orne, voilà un barrage allemand. Pas question de revenir sur
ses pas. Il faut continuer. « Kléber » est un homme de sang-froid. En jouant les
amoureux, ils s'approchent nonchalamment des factionnaires, tendent les
papiers qu'on leur demande... et passent.
Conduit tout couvert de sang au commissariat, Joseph Étienne est
immédiatement examiné par un médecin. Plusieurs blessures aux jambes et
certainement une balle dans la vessie. Il faut le transporter d'urgence à l'hôpital
du Bon Sauveur. Son état est très grave. Les policiers devront attendre un certain
temps avant de l'interroger. En attendant, reste à arrêter Gillain, ce qui sera fait
dès le lendemain. Quant aux autres, leur tour ne devrait pas tarder.
Mais près d'un mois après la capture de « Jean », « Maurice » et « Kléber »
restent introuvables ; tout comme la mystérieuse « Annick » dénoncée par Gillain
et Gardelein. Le 30 mars 1943, perquisition de routine au numéro 11 de la rue de
Vaucelles, domicile d'un dénommé Jules Godfroy, commissionnaire à la gare. Il a
été dénoncé pour marché noir par une de ses voisines. Effectivement, le grenier
de cet homme est une véritable caverne d'Ali Baba. Des victuailles de toutes
sortes, des jambons pendant aux poutres... Mais stupeur, parmi le sucre et la
farine, on découvre une ronéo, des stencils, des tracts et des brochures du Front
national, des plaquettes incendiaires. Et dans la chambre de son fils Jean-Pierre,
des étiquettes gommées de propagande et une carte d'identité vierge avec la
photographie d'un inconnu.
Depuis de longs mois, la maison de Jules Godfroy sert en fait de cache et de
dépôt pour les principaux responsables du Front national du Calvados. Sur la
ronéo, on imprime tracts et journaux locaux à partir des stencils dactylographiés
370
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

par « Annick » ou l'une de ses collègues de travail, Madame Seulet. Quant aux
provisions, elles sont destinées à nourrir les clandestins et réfractaires. L'homme
doit savoir beaucoup de choses. Mais il fait preuve d'un mutisme têtu et d'une
résistance extraordinaire face aux interrogatoires ; malgré les coups, il nie tout,
même l'évidence, et ne livre aucun nom ! Son fils en dépit de ses seize ans, ne
montre pas moins de courage et de détermination.
Le 31 mars 1943, le jeune Jean-Pierre Godfroy est assis dans le poste du
commissariat de quartier où il vient d'être reconduit après une nouvelle
perquisition en sa présence dans sa chambre. Sur le banc, deux autres prévenus
auxquels on reproche de petits larcins. Il est 13 heures passées. Comme ses
collègues sont partis se restaurer, le gardien de la paix Godin assure seul la garde.
Un besoin pressant. Il s'éloigne quelques instants. Plus qu'il en faut au jeune
garçon pour s'éclipser à toute allure. Le policier s'en aperçoit et s'apprête à se
lancer à sa poursuite. Mais les deux autres risquent de s'enfuir aussi. Il hésite.
Trop tard, il a filé !
Malheureusement, l'épouse de Jules Godfroy n'est pas de la même trempe que
son mari et son fils aîné. Les policiers exercent sur elle un odieux chantage auquel
elle va céder. Si elle ne parle pas, ses plus jeunes enfants seront mis à l'assistance
publique. Elle ignore qu'entre temps, « Kléber » et « Annick », avertis des
évènements, sont venus les subtiliser chez une voisine pour les conduire en lieu
sûr. Elle accepte donc de donner quelques indications. De « Maurice », elle ne
sait rien. Mais « Kléber » doit loger dans une chambre rue de Gaillon, chez un
huissier ; quant à « Annick », elle travaille, le matin seulement, dans une
administration.
Laquelle ? La police allemande a décidé de prendre l'affaire en main. Tous les
matins, accompagné de plusieurs policiers, l'infortuné Gardelein sera
systématiquement promené d'administration en administration : PTT,
préfecture... Le 9 avril, ils sont dans les locaux du ravitaillement général. Le
directeur, monsieur Adam, n'est guère rassuré. Il appartient lui-même à une
organisation de résistance ; mais ce n'est pas lui qu'on cherche. Dans l'un des
bureaux, Gardelein désigne une jeune fille. « Annick ? » lance un policier. Gisèle
Guillemot feint de ne pas comprendre. En pure perte. Elle est conduite dans les
ocaux de la sécurité allemande, rue des Jacobins, l'ancien domicile du docteur
Raphaël Pecker, (1891-1942) l'un des otages de mai 1942.
Reste « Kléber ». Après vérification de l'indice fourni par la femme Godfroy, il
s'avère qu'aucun huissier n'habite rue du Gaillon, ni même dans le quartier. Mais
peut-être ne s'agit-il que d'un intermédiaire dans la location, intervenu
simplement au titre de gérant d'immeubles. Dès lors commencent des recherches
371
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

aussi longues que fastidieuses. Tous les fichiers des huissiers et hommes d'affaires
de Caen sont épluchés en détail. Enfin, chez l'un d'entre eux, place Saint-Sauveur,
les policiers trouvent ce qu'ils cherchent : une chambre mansardée au Troisième
étage du numéro 14 de la rue du Gaillon louée à un certain Roland Fargeas. Or,
tel était le nom de l'homme contrôlé par les gendarmes sur le pont de Vaucelles
au matin du 1er mars, et qu'ils avaient laissé filer juste avant de capturer
Verheecke.
Aussitôt une demi-douzaine d'inspecteurs de la brigade mobile de Rouen met
en place une surveillance active autour de l'immeuble en question.
Effectivement, un homme correspondant au signalement de « Kléber » rentre
tous les soirs vers 23 heures au 14 de la rue du Gaillon et en part tous les matins
très tôt, entre 5 et 6 heures.
Au bout de quelques jours, la décision est prise. Le 15 avril, une véritable
souricière a été mise en place. Des policiers ont discrètement pris position dans
tout le quartier, y compris sur les toits pour éviter une fuite par les mansardes. 23
heures, le mystérieux « Kléber » regagne sa chambre. Quelques minutes plus
tard, le commissaire Chaffenet, assisté de nombreux inspecteurs et gardiens de
la paix, arrive sur le palier. Sommations d'usage. Aucune réponse. Il donne l'ordre
d'enfoncer la porte. Elle cède. Un moment de surprise, la pièce paraît vide. Mais
juste en face de l'entrée, il repère un placard légèrement entrouvert. Nouvelles
sommations. Cette fois « Kléber » sort et se rend. À son tour il est pris.
Dans sa chambre on découvre un véritable bric-à-brac : cartouches d'explosifs,
rouleaux de cordon bickford, un pistolet automatique chargé, des munitions, des
tracts, trois vélos, du matériel pour ronéo, des Ausweis en blanc, des cartes
d'identité et des cachets officiels... y compris celui du commissariat de Caen.
Immédiatement interrogé, « Kléber » avoue sa véritable identité : Sire Marius, né
le 20 décembre 1912 à Ville-Le-Maclet (Somme). Sans trop se faire prier il donne
aussi les noms des responsables de la résistance communiste pour les différentes
régions du Calvados : pour Caen, il s’appelle « Claude » qui doit être électricien
ou mécanicien ; pour Bayeux, c'est « Arthur », un ouvrier ; à Lisieux, « Henri », un
cheminot... Renseignements tous aussi faux les uns que les autres. Il faudra
quelque temps à la police pour s'en apercevoir.
À la fin du mois d'avril 1943, les Allemands et les hommes de la brigade mobile
de Rouen ont toutes raisons d'être satisfaits. L'organisation des FTP du Calvados
semble anéantie. Seul « Maurice » leur a échappé ; sans doute a-t-il quitté le
département. Mais tous les autres sont entre leurs mains. Joie de courte durée,
car le 8 mai tombe une nouvelle incroyable : Joseph Étienne, « Jean », vient de
s'évader !
372
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

Opéré au Bon Sauveur, il a été transféré plusieurs semaines plus tard à l'hôpital
Clemenceau, où il est désormais placé sous la garde des Allemands. Son état
s'améliore, et il sait qu'il lui faudra bientôt subir un interrogatoire et
probablement affronter la torture. Il doit s'échapper coûte que coûte. Mais
comment faire avec la sentinelle à la porte et les barreaux à la fenêtre ?
L'occasion se présente le 7 mai 1943. Ce jour-là, ses gardiens sont
passablement éméchés. Ils ont fêté quelque chose et visiblement bu plus que de
raison. Il pourrait s'en aller sans qu'ils le voient. Mais en plein jour, il n'irait pas
bien loin. Dehors, il y a des travaux et depuis quelque temps il a repéré des outils
dans la cour. En quelques secondes il sort de sa chambre et s'empare d'une
pioche avec laquelle il descelle prudemment un barreau. Puis il rebouche le trou
sommairement avec de la terre.
Le soir vient. Par chance, la nuit est très noire et une forte tempête souffle sur
Caen. « Jean » enlève le barreau et se glisse difficilement par l'ouverture. Il longe
les murs de l'hôpital, parvient à sauter à l'extérieur dans un jardin... où il atterrit
sur un tas de fumier. Reste à traverser la cour et le voici dans la rue. De là, il gagne
le Vaugueux. Au hasard, il frappe chez une épicière, qui accepte de le cacher dans
sa remise à choux et de lui trouver quelques vêtements. La nuit suivante, il lui
faut traverser toute la ville à pied pour gagner la rive droite où il pourra trouver
de l'aide. Un long calvaire, car ses blessures le font encore souffrir. Au petit matin,
Gaston Baratte le découvre, épuisé, caché dans les waters au fond de son jardin,
rue Armand-Marie.
Baratte est un vieux militant communiste et syndicaliste. Il a d'ailleurs été lui-
même arrêté comme otage le 1er mai 1942, avant d'être relâché en raison de son
âge. « Jean » ne peut rester là. Il lui trouvera une planque pour quelques jours à
Mondeville. Mais l'air du Calvados est devenu malsain. Baratte contacte alors son
ami cheminot Barthélemy, comme lui l'un des dirigeants de la CGT clandestine.
Henri Neveu, responsable du Front national pour la gare de Caen, convoiera le
fugitif dans la Sarthe pour le mettre à l'abri en lieu sûr. Au jour prévu, « Jean » est
là, dans la salle des machines du poste central d'aiguillage, au beau milieu des
voies. Il est coiffé une superbe casquette de la SNCF et muni de la carte
professionnelle de Barthélemy. Le train de messageries pour Le Mans attend le
départ, au pied de la tour. Discrètement Henri Neveu et son compagnon montent
dans le wagon de queue. Quelques heures plus tard, ils sont parvenus à
destination, sans encombre.
Joseph Étienne pourra reprendre son combat après encore une semaine ou
deux de convalescence. La lutte continue contre l’occupant.
Épilogue
373
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

Que sont devenus les acteurs ou victimes de ces évènements tragiques, signes
d'un temps qui ne l'était pas moins ? Quelques mois après leur arrivée au camp,
90 010 des otages déportés à Auschwitz avaient disparu ! Gazés ! Morts de faim,
d'épuisement, du typhus et des multiples souffrances endurées. Assassinés par
les S.S. ou les kapos polonais à coups de pioches, de matraques ou d'une balle
dans la tête. Tués sans raison, par plaisir ou par désœuvrement. Sur les 80
Calvadosiens, seuls 7 ont survécu. André Montagne, David Badache et David
Polosecki sont aujourd'hui les derniers témoins du martyre de leurs camarades.
La cinquantaine d'autres otages ont connu des sorts divers ; certains sont restés
à Compiègne jusqu'à la Libération, comme le docteur Drücker ; quelques-uns ont
été progressivement libérés ; beaucoup ont connu ultérieurement la déportation,
tel le doyen Musset qui eut la chance de rentrer de Buchenwald au
printemps 1945. Ce ne fut hélas pas le cas de tous. Le préfet Henri Graux, après
sa révocation, reçut une affectation au Ministère de l'Intérieur ; par prudence, on
lui confia un poste dans lequel il ne devait avoir aucun contact avec les
Allemands ! Après la guerre, il fut pendant douze ans maire du XVIe
arrondissement de Paris. Il est mort en 1979. À la suite des deux vagues
d'arrestations de décembre 1942 et mars-avril 1943, vingt-trois résistants du
Calvados appartenant au Front national furent traduits en juillet 1943 devant une
Cour martiale allemande siégeant à Paris, rue Boissy-d'Anglas. Elle prononça seize
condamnations à mort ! Marius Sire, Jules Godfroy, René Préaux, Alexandre
Demieux, Henri Daudet, Claude Gardelein, Henri Papin, René Fairant... furent
fusillés le 14 août 1943 au Mont-Valérien.
Seules les deux femmes furent graciées, mais déportées en Allemagne.
Edmone Robert, très affaiblie, mourut dans l'ambulance qui la ramenait en France
au printemps 1945, quelques jours après sa libération par les Américains. Le
maire de Saint-Aubin-sur-Algot, responsable de sa condamnation, fut
triomphalement réélu aux élections municipales de l'automne, malgré la violente
campagne menée contre lui par le Front nationall. Gisèle Guillemot, cinquante
ans après, a conservé l'énergie de sa jeunesse et continue de défendre avec
ardeur la mémoire de ses camarades. Le cantonnier Désiré Marie, qui avait pris
part aux deux sabotages meurtriers du 16 avril et du 1er mai 1942, fut arrêté par
les Allemands le 30 octobre 1942 pour braconnage et purgea trois mois de prison.
Le cheminot Charles Reinert, se sentant menacé par la vague d'arrestations du
début de l'année 1943, partit se réfugier dans le sud de la France où il demeura
jusqu'à la fin de la guerre. « Marcel » (François Kalinicrenko) tomba les armes à
la main en octobre 1943 à Chambly-sur-Oise, au cours d'un accrochage entre un
groupe de FTP et les Allemands. « Maurice » (Émile Julien) pourchassé par la
374
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

police, quitta le Calvados au printemps 1943 et devint, quelques mois plus tard,
responsable interrégional des FTP pour la Bretagne. Arrêté par des miliciens en
mai 1944, il fut torturé et emprisonné à Angers où l'avance alliée le rendit à la
liberté en août. Il vit aujourd'hui dans la région de Bordeaux. « Jean » (Joseph
Étienne) après sa convalescence, reprit la lutte dans la région de Rouen avec
d'importantes responsabilités. Il termina la guerre avec le grade de lieutenant-
colonel dans les FFI. Retiré dans l'Eure, il s'est éteint en mars 1990.
Yanchel FRENC (ou Jean FRENCK ou Jean French)
Né le 12-04-1920 à Balti (Roumanie) Recrutemenx SBC (75). Engagé en 1939, dans
la Légion étrangère (21e R.M.V.E à l’âge de 20 ans, il fait une campagne exemplaire
dans les Ardennes ; affecté à la 11e Compagnie, il connaît le feu entre Sedan et
Montmédy. Son action dans la résistance : Il devient l'Agent de liaison du Colonel
Debuissy, le Colonel, pour qui la Légion ne recule jamais. Jean Frenck sera mis aux
arrêts pour avoir refusé de déposer les armes après l'Armistice. Il est fait
prisonnier et enfermé au camp d’Essey les Nancy, il est emmené à 50 kilomètres
de là pour participer au déminage d'un fort, transportant dans chaque bras et
dans un escalier glissant, des obus non éclatés datant de la guerre de 14-18.
Transféré à Essen, en Allemagne, il s'évade du Stalag avec un camarade Suisse
nommé Bosser et revient en France en traversant la zone rouge. Il travaille dans
un chantier rural à Aussonnes, puis rejoint le réseau du Colonel Debuissy qui le
charge, pour le Renseignement, de travailler au Conti, un café très fréquenté de
Toulouse tenu par Mahler, un admirateur de l'armée allemande.
Contacté par Pujol, l'agent du Colonel Debuissy, il traverse plusieurs fois la Ligne
de Démarcation avec des armes et du matériel destiné à la Résistance. Arrêté par
la Milice, il est emmené à la sous-préfecture de Loches, d'où il s'évade en sautant
du 1er étage. Tentant de passer en Espagne, afin de gagner Londres, il est arrêté
par les feldgendarmes dans les Pyrénées.
Enfermé dans l'hôtel d'Angleterre, il est torturé par la Gestapo. Il est interné
par la suite à la prison de la rue des Fleurs à Toulouse (aujourd'hui, rue des
Martyrs). Le 7 septembre 1943, il est interné au Camp de Royallieu à Compiègne
pendant 4 mois. Le 19 janvier 1944, il est déporté au camp de Buchenwald,
Matricule 40451 ; il restera près de neuf mois au Petit Camp. Le 28 octobre 1944,
il est transféré à Dora où il entrera en enfer ; il est affecté à la Mittelwerk, dans
les Tunnels. Le 12 avril 1945, jour de son anniversaire, lors de l'évacuation du
camp avec des centaines de compagnons de misère, il s'évade en se laissant
tomber du wagon plateau sur lequel on a installé les détenus. Le 1er mai 1945, il
est à Paris à l'Hôtel Lutetia où il a la joie de retrouver son frère Simon. — Décoré
de la Médaille militaire, — de la Croix de guerre 1939-1945 avec palme, — de la
375
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

Médaille des Évadés — de la Croix du Combattant volontaire 1939-1945, — il


reçoit, le 8 mai 1989, la Légion d'honneur des mains du Président François
Mitterrand. Auteur de la fiche : Marc
Fineltin.
Antoine Henri BEILLE
Aspirant C.A. 3 ; 90 ans en 2007 (30 août 1917-13 0ctobre 2007). Incorporé
conformément à son choix dans le 21e régiment de marche des Volontaires
étrangers, il fut grièvement blessé le 27 mai 1940 dans les Ardennes. Il ne quitta
l’hôpital militaire de Cahors qu’en juin 1941. Appelé Nassin dans la résistance. 16
janvier 2007:

Antoine Beille, un Juste au Panthéon : Le mercredi 17 janvier 2007, la


cérémonie sera retransmise à la télévision, en direct. Le Président de la
République, sur proposition de la Fondation pour la mémoire de la Shoah,
présidée par madame Simone Veil rendra hommage au nom de la Nation aux 90
ans en 2007 (30 août 1917-13 0ctobre 2007). Incorporé conformément à son
choix dans le 21e régiment de marche des Volontaires étrangers, il fut grièvement
blessé le 27 mai 1940 dans les Ardennes. Il ne quitta l’hôpital militaire de Cahors
qu’en juin 1941. Appelé Nassin dans la résistance.
16 janvier 2007 : Antoine Beille, un Juste au Panthéon : Le mercredi 17 janvier
2007, la cérémonie sera retransmise à la télévision, en direct. Le Président de la
République, sur proposition de la Fondation pour la mémoire de la Shoah,
présidée par madame Simone Veil rendra hommage au nom de la Nation aux
Justes de France, dans la nef du Panthéon. Le Sétois Antoine Beille, grand
résistant, officier de la Légion d’honneur, combattant pour la paix, Juste parmi les
Justes, la plus haute distinction de l'État d'Israël, pour avoir sauvé, avec sa famille,
trente Juifs de la folie nazie, est invité à la cérémonie au côté d’un des Juifs qu’il
a sauvés. Il partira demain, accompagné de son fils et sera aux côtés, lors de la
cérémonie, d’un des Juifs qu’il a sauvés.
— « Il avait 17 ans à l’époque, il en a 80 maintenant, s’exclame Antoine Beille. »
Pendant la guerre, à la tête d’un réseau de résistance, il a caché de nombreux
Juifs dans son village natal de Nissan-lez-Ensérune.
— « Il fallait le faire », dit-il simplement.
— « Nous connaissions les risques, mais il fallait quand même sauver ces
gens », concède-t-il tout juste.
À 90 ans, il en sera encore une fois récompensé le mercredi 17 janvier 2007, au
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Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

Panthéon. Antoine Beille, membre du comité d’honneur de l’ARAC, invité à


l’hommage aux Justes parmi les Nations : lors de la cérémonie du 17 janvier au
Panthéon, la caméra a montré, à plusieurs reprises, au premier rang des invités,
Antoine Beille, membre du comité national d’honneur de l’ARAC, président du
comité départemental ARAC et de celui de L’ANACR et du comité départemental
de la Résistance de l’Hérault.
— « Je tiens, ajoute-t-il, à associer à cet hommage mon épouse, ma mère et
mon père, tous les trois titulaires de la médaille des Justes et de la croix de
Combattant volontaire de la Résistance et membres de l’ARAC et de l’ANACR. »
Biographie :
Si notre camarade a été ainsi honoré, c’est parce qu’il est aussi un « Juste parmi
les Nations ». Mobilisé en septembre 1939, Antoine Beille est nommé aspirant au
21e R.M.V.E. (C. A. 3 du Troisième bataillon) en formation à Barcarès, régiment qui
comptait dans ses rangs beaucoup de Juifs, de républicains espagnols,
d’antifascistes autrichiens, polonais. Au contact de ces hommes, le sentiment de
solidarité s’est conforté chez ce jeune officier grièvement blessé dans les
Ardennes le 27 mai 1940. Après sa convalescence, Antoine est nommé professeur
au collège de Saint-Pons-de-Thomières. Rapidement, avec deux autres
enseignants, il crée le réseau Front national de libération, auquel adhère
l'imprimeur Maraval. « Nous éditions des tracts, La Voix de la Patrie, ancêtre de
La Marseillaise et Le Patriote de Toulouse ». Ils créent le maquis Jean Grandel, qui
devient une école de cadres.
— « Nous y avons formé de futurs grands chefs de la Résistance ».
Max Nejman, Juif parisien, qui luttait à ses côtés dans les Ardennes, retrouve
Antoine à l'hôpital de Cahors. Max veut sauver sa femme et ses enfants des rafles.
Antoine n'hésite pas : il les confie à ses parents, à Nissan, près de Béziers. Trente
personnes, famille et amis de Max, les rejoignent. Les parents d'Antoine Beille et
sa fiancée les hébergent et les cachent dans le village.
Dès sa démobilisation, avec le concours de ses parents et de son épouse,
domicilié à Nissan-les-Ensérune, petite localité proche, proche de Béziers,
Antoine contribua à soustraire une trentaine de Juifs à la barbarie nazie. Lui et sa
femme Césarine accueillirent et hébergèrent plusieurs familles juives réfugiées à
Nissan dès 1940, et ce, jusqu’à la libération.
La plupart de ces réfugiés originaires de Paris s’étaient groupés autour du
tailleur Max Nejman qui avait fait la guerre de 1940 sous les ordres d’Antoine
Beille au 21e R.M.V.E. Trois foyers de fabrication de faux papiers se signalèrent
particulièrement : la mairie où les trois secrétaires généraux étaient complices, la
préfecture et l’Université
377
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

— « C’est donc par souci d’humanité que je me suis lancé dans une telle action,
déclare-t-il, je sentais qu’il fallait exprimer ma reconnaissance pour ces hommes
que j’avais côtoyés sur le front des combats et qui s’étaient engagés
spontanément pour la durée de la guerre afin de défendre leur seconde patrie
qui les avait accueillis ; il me fallait aussi faire preuve de solidarité avec cette
communauté juive, alors persécutée par les nazis, les policiers et gendarmes de
Vichy. »
Résistant de la première heure, Antoine Beille se donna pour mission
d’accueillir les anciens Volontaires étrangers et en particulier les Juifs
pourchassés. Il leur prêta main-forte pour franchir la ligne de démarcation entre
les deux zones, occupée et libre, les aida à se procurer de nouvelles cartes
d’identité et d’alimentation, et parfois même un passeport pour l’Espagne, le
Portugal, l’Angleterre et l’Amérique.
Cependant, l’arrestation du colonel Paul Debuissy, chef d’état-major de l’Armée
secrète en Roussillon en 1942 par la Gestapo mit fin brutalement à l’activité de
cette organisation, mais pas à l’action d’Antoine Beille en faveur des Juifs.
Un an plus tard, nommé enseignant à Saint-Pons-de-Thomières, dans les hauts
cantons de l’Hérault, il poursuivit son activité de résistant en participant, en 1942,
avec deux de ses collègues, André Allègre et Henri Lauriol, à la création d’un
réseau du Front national de libération, puis, en 1943, du maquis « Jean Grandel »
dont il fut un des dirigeants sous le pseudonyme de commandant Nassin.
Rappelons que Jean Grandel fut maire communiste de Gennevilliers et exécuté
par les Allemands dans la carrière des Fusillés de de Châteaubriant en octobre
1941. C’est donc un hommage mérité qui fut rendu par le président de la
République à Antoine Beille et aux hommes et aux femmes qui ont sauvé
l’honneur de la France en accomplissant, au péril de leur vie, ces actes de
résistance à l'oppression nazie.
Après la guerre, Max a demandé pour ses sauveurs la médaille des Justes,
décernée par l'État d'Israël à ceux qui ont mis leur vie en danger pour sauver des
Juifs. C’est ainsi qu’Antoine a été invité, le 17 janvier 2007, au Panthéon, pour
l'hommage rendu par la Nation aux Justes de France.« — Max n'a jamais oublié
que j'avais agi dans l'ombre pour dissuader les quelques collabos de Nissan de
dénoncer les Juifs à la milice », et il ajoute, l’air malicieux, « ils ne l'ont su qu'après
la guerre. Pas un instant, ils n'avaient soupçonné mes activités clandestines : je
jouais le père tranquille. »
Il était en fait le commandant Nassin (l'anagramme de Nissan) l'un des
responsables de la Résistance dans l'Ouest héraultais ! Décédé le 13/10/2007.
Jooseph CLISCI
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Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

(Extrait de Combattants & Martyrs de la Résistance de David Diamant, Éditions


Renouveau. Né le 12 novembre 1915 à Cliscaudi (Bessarabie) Joseph Clisci perdit
sa mère à sa naissance et fut élevé par une grand-mère qui lui donna une
instruction très religieuse. Son père, qui était comptable, l'envoya au lycée de
Hotin où il montra de vives dispositions pour les mathématiques, mais il était
obligé de donner des leçons tout en étudiant pour pouvoir gagner sa vie et payer
ses études. Il poursuit des études brillantes à Bucarest, où il passe son
baccalauréat et entre à l'École Polytechnique. Son action contre la terreur que
font régner la Sigourantza (police secrète) et la Garde de Fer (organisation
antisémite et fasciste) le désigne aux autorités. Arrêté puis mis en liberté
provisoire, il s'enfuit… Il est alors à Paris ou il poursuit ses études, mais à la
Faculté de Lettre cette fois…
Lorsqu'éclate la guerre, il s'engage, comme la plupart des jeunes émigrés, dans
l'armée française. Affecté au 21e R.M.V.E. dans une Compagnie de mitrailleur, il
est atteint d'une maladie pulmonaire qui le fera réformer à la veille de l'invasion
allemande. Marié depuis peu, il retrouve sa femme à Paris et ne tarde pas à
militer dans les organisations clandestines de la Résistance. Il sera un des
premiers volontaires du premier détachement de F.T.P. roumains lors de sa
fondation, et malgré sa santé, il participe à toutes sortes d'actions. À cette
époque, les F.T.P. n'ont pas encore d'armes et c'est avec des bouteilles explosives
que Joseph et ses camarades provoquent incendies et explosions, en particulier
dans les parcs et garages.
Nommé chef de groupe de partisans au début de 1942, Joseph fait montre de
ses grandes qualités militaires ; il est audacieux et dévoué et il ne tardera pas à
être à la tête de toute l'unité F.T.P. roumaine. L'attaque du Soldatenheim de
l'avenue Simon Bolivar en janvier 1943 fut l'une des actions les plus brillantes
qu'il ait organisées… C'est le 2 juillet 1943 que Joseph devait livrer son ultime et
dernier combat. Il s'agissait d'une attaque contre deux colonnes allemandes à
Clichy. L'attaque avait été menée à bien, mais Joseph, blessé, eut du mal à
s'éloigner de l'endroit dangereux. Les ennemis, fous furieux, firent donner
l'alerte pour essayer de s'emparer des partisans…
Joseph se traîne péniblement jusqu'à la cave d'une maison, 2, rue de
l'Abreuvoir, mais des soldats et des officiers sont sur ses traces et tirent au jugé
une première rafale de mitraillette à l'intérieur de la cave. Joseph attend
patiemment qu'ils s'approchent et, à son tour d'une rafale, fauche plusieurs
nazis. Un groupe de S.S. arrive à la rescousse. Tous tirent au hasard et chaque fois
qu'ils croient en avoir fini avec ses maudits « terroristes » et s'approchent du
soupirail, ils sont reçus par les balles de Joseph qui en tuent quelques-uns.
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Cette bataille dura six heures… Enfin percé de balles, ayant perdu beaucoup de
sang, ayant épuisé toutes ses munitions, à bout de force, Joseph se sert de sa
dernière balle pour mettre fin à sa jeune et glorieuse vie…
Extraits du livre « Testament… » de Boris Holban
Page 288 : « Clisci (Joseph) dit Albert, Juif originaire de Bessarabie, né en 1915,
membre du P.C, membre du 1er détachement. Devenu responsable militaire du
détachement après les chutes de décembre 1942. Blessé lors d’une action le 2
juillet 1943. Il se suicide pour ne pas tomber aux mains des Allemands.
Mle 10010. » Page 106-107 : « Réorganisé », le commandement militaire du
détachement fut confié à Joseph Clisci (nom de guerre Albert). Étudiant juif
originaire de Bessarabie, il a dû quitter la Roumanie pour son activité
révolutionnaire. La guerre le trouve en France où, bien que malade des poumons,
il est l’un des premiers à s’engager comme volontaire. Envoyé à Barcarès, il est
affecté au 21e régiment de marche des volontaires étrangers, à la compagnie de
mitrailleur du premier bataillon. Malgré sa volonté de combattre, sa maladie
s’aggrave et Clisci traîne péniblement sa vie de soldat jusqu’à la débâcle.
Démobilisé en août 1940, il rentre à Paris, où il participe au premier groupe de
jeunes de la lutte armée, ainsi qu’à différentes actions de sabotage. Au terme de
la fusion de ces groupes avec l’OS (Organisation spéciale créée à l’automne 1940
par le parti communiste) il devient le chef d’une équipe du premier détachement.
Lors de nombreux sabotages et attaques à la grenade, il témoigne de
remarquables qualités de combattant et d’entraîneur d’hommes. Promu chef de
détachement, il contrôle certaines actions d’envergure.
Ainsi le 2 juillet 1943 au matin, il tient à vérifier sur place l’exécution d’une
attaque contre un autobus allemand qui va de la porte de Clichy à l’hôpital
Baujon. Il ne doit pas participer à l’exécution, mais sachant l’équipe désignée
jeune, il préfère s’assurer que tout se passe bien. Le chef d’équipe, qui devait
mener l’assaut, est absent. Pour ne pas laisser capoter une opération préparée
et donner l’exemple aux jeunes, il prend le commandement. L’attaque réussit
bien, mais, dans leur surprise, les Allemands tirent dans tous les sens.
Clisci est blessé. Sentant qu’il ne pourra s’échapper, il intime à ses camarades
de se replier, assurant qu’il connaît bien le quartier. En fait, il n’y connaissait
personne et c’est seul, à bout de force, qu’il se réfugie dans la cave d’un
immeuble, au 2, rue de l’Abreuvoir, à Clichy.
Dénoncé par un locataire, il est cerné par les Allemands qui tentent en force
de s’emparer de lui. Mal leur en prend. Clisci est armé et chacune de ses balles
fait mouche. Ne voulant pas tomber vivant aux mains des nazis, il se réserve la
dernière cartouche. Son exemple de courage et d’abnégation fut alors popularisé
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dans toute la France à la Libération, une plaque à sa mémoire fut apposée sur
l’immeuble où son destin avait été scellé. »
« Aux pages 269 à 271, Boris Holban dénonce la façon dont Philippe Ganier-
Raymond dans son livre L’Affiche rouge dénature notamment les actions du héros
Joseph Joseph Clisci, en les décrivant comme une sorte de mascarade
chevaleresque grotesque et de très mauvais goût. »
Thomas Gleib de son nom Yeouda Chaïm KALMAN
Est né le 05-12-1912 à Zelow, petite ville au sud-ouest de Lodz au centre de la
Pologne. Il est le second d’une famille de 5 enfants. Moïse Kalman, son père est
tisserand, sa mère est née Laskier. Chaïm entré à 5 ans à l’école primaire yiddish
apprend l’hébreu et se familiarise avec la Bible. Dès l’âge de dix ans, il exerce
divers petits métiers, graveur de tampons, vendeur d’eau et de petits pains; il
dessine en cachette. En 1925. À 15 ans il est tisserand, mais l’année suivante il
devient l’élève de Jozef Miller (1895-1939) et apprend le dessin réaliste. Sa
véritable carrière artistique commence en 1929 lorsqu’il entre à l'atelier Start à
Lodz où il dessine des modèles d'après nature et aborde la peinture à l'huile
(portraits, natures mortes). En 1930, il quitte la Pologne pour Paris et prenant
son nom d'artiste Thomas Gleb. Il entame des recherches picturales. Tout en
exerçant de petits métiers : retoucheur de portraits photographiques,
décorateur de soldats de plomb, décorateur. Il considère le peintre Arthur
Rennert comme son maître et fréquente l’atelier de GROMAIR.
En 1935, il fait sa 1re exposition, dans son atelier, rue de la Chine dans le 20e
arrondissement avec le photographe Wladyslaw Slawny. Il rencontre sa future
femme Malka Telebaum, dite Maria née en 1910 à Biala Podlaska, ville de 58 000
habitants située à l’est de la Pologne (ils se marieront à la mairie du 10 en 1939).
Parti à pied voire l’exposition Rembrandt à Amsterdam, il se fixe quelque temps
à Bruxelles où il rencontre le metteur en scène Fernand Piette et exécute des
décors et des costumes. De retour à Paris il continue cette activité et réalise 17
décors pour le Théâtre Jean Piat (situé au 3, rue Joseph Lafon à Canet en
Roussillon) jusqu’en 1939. Il participe en 1938 au salon d’Automne à Paris.
En 1939, c’est la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle toute sa famille, qui
vivait dans le ghetto juif de Lodz, sera décimée. Il restera marqué toute sa vie par
ce drame. Engagé au 21e régiment de marche des volontaires étrangers.
Probablement replié avec le train régimentaire du 21e R.M.V.E., il échappe à la
capture et est démobilisé à Toulouse le 9 juillet 1940.
En 1940, son atelier est saisi et pillé par les Allemands : il s’installe 15, rue des
Beaux Arts. Il entre dans le groupe de résistance juive « Solidarité » mené par
Félix Guterman sous le pseudonyme de Raymond Thomas. Il illustre des tracts
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VOIR liste alphabétique.


De 1940 à 1946 : c’est la période dite « breughélienne ». Il montre un solide
talent de dessinateur : Le Village Polonais 1940 et 1946 (comme une série de
petits tableaux) La Grande Bagarre 1940 : ».
En 1941, naissance en 1941 de Yolanda, sa fille aînée. En 1943, il se réfugie avec
sa famille à Grenoble. Il fait deux expositions sous son nom de résistant à la
galerie Répellin. Portraits de Mme K et de Mme R. l se lie d’amitié avec Farcy (le
conservateur du Musée), Séverac et Émile Gilioli (1911-1977) l'un des chefs de
file de l'abstraction dans la sculpture française des années 50 aux côtés de
Brancusi et de Arp.
En 1944, influence de Picasso. Arrêté par la Gestapo le 8 juillet, il est transféré à
Lyon (fort Saint-Luc, puis prison Saint-Paul). L'atelier de Grenoble est pillé et
"L’enfant précoce" est saisi; parti en convoi le 11 août en direction de
l’Allemagne, il réussit à se glisser hors du train à Sérocourt dans les Vosges au sud
de NANCY. Il se cache près de Sérocourt jusqu’à l’arrivée de la Division Leclerc et
des Américains qui ont décidé de reprendre Épinal.
En 1945, Naissance de Jean le 20 juillet, la famille s’est « réinstallée » à Paris. Il
expose à Lyon à la Galerie Folklore. De retour en France et après la guerre, les
contacts noués parmi le cercle de résistants vont lui apporter des commandes.
En 1947, Premier prix pour une peinture murale au club de la jeunesse polonaise
à Paris.
En 1948-1950, il a une période de posture d’artiste engagé.
En 1948, rencontre et amitié avec Fernand Léger-
En 1949, nombreuses expositions à Paris. Amitié avec le poète François Dodat et
Jeanssou. Il expose à Tunis. Il dessine des affiches de propagande et peint une
séri de scènes de la vie quotidienne des travailleurs « La Douche des mineurs »
explications de MM. Dans le contexte de la reconstruction de l’Europe, les
mineurs jouent un rôle décisif. La plupart d’entre eux sont membres du Parti
communiste qui les élève au rang de « héros de la classe ouvrière ». Ce thème
devient incontournable pour les peintres : Édouard Pignon en 1948-52, Fougeron
pour qui le Parti communiste organise une exposition en 195151 « au pays des
mines » Thomas Gleb lui aussi consacre entre 1948 et 49 une série à ce sujet dont
on ne connaît plus que 3 œuvres actuellement (mais si le projet de catalogue
raisonné voit le jour il est possible qu’on en retrouve) La Descente à la mine, 1949,
représentant un groupe de mineurs munis de casques et de lampes et
s’apprêtant à descendre à la mine. Une Sortie du travail non datée et La Douche
des mineurs 1949. (Série de détails, visages, pieds, main). MM voit là une
influence de Picasso à cause des fronts dégagés, des cheveux coupés courts, des
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longs sourcils arqués, de la finesse du menton et du bas du visage qui donnent à


ces mineurs un caractère idéalisé et juvénile, hommage au travail des mineurs en
représentant le moment le plus agréable de leur journée. Très engagé pendant
cette période, Thomas Gleib perdra sa foi dans les idéaux artistiques
communistes : il écrira en 1959 : « Je combattais naguère pour un Art pour le
peuple. Y a-t-il un tel Art ? Non ! Il n’y a qu’un ART tout court. Quand c’est de
l’Art, c’est pour le peuple. Faire un Art pour le peuple équivaut à un langage Ze,
ZE, ZE en s’adressant à un enfant. C’est mal le comprendre, c’est le regarder de
haut, le mépriser, le dédaigner ».
En 1950-57, c’est la période polonaise
En 1950, 1950, il s'installe avec sa famille à Varsovie. 1
En 1951 - Décès tragique de sa fille, Yolanda, des suites d'une opération
chirurgicale, appendicite mal soignée.
Il développe un style réaliste, inspiré de son enfance (sujets ruraux et paysans)
Cycle du Coq (jusqu'en 1955) Cycle du Cirque (jusqu'en 1957). Grâce à son statut
d'artiste officiel il voyage, en Tchécoslovaquie, Hongrie, Roumanie, Bulgarie,
RDA, et en Islande en 1956 au titre des relations polono-islandaises. Il reçoit un
prix pour de la céramique et réalise une trentaine de pièces. Se dit tenté par
l'abstraction.
En 1957, retour précipité en France pour fuir le régime communiste polonais
devenu trop oppressant. Installe sa famille à Millemont près de Paris. Rencontre
Chagall. Participe à l'exposition des peintres juifs de France à Paris. Commence
une série de tableaux sur les Douze Tribus d'Israël. Amitié avec Waldemar
Georges (Jerzy Waldemar Jarocinski) et Kahnweiler. Participe à la Biennale de
Paris.
1960-1963 Travaille au Centre Culturel de l'Abbaye de Royaumont. Réalise trois
tapisseries issues de la série des douze tribus d'Israël : Joseph, Joséphite,
Benjamin. En1961 - Le Musée des Beaux Arts de Nantes lui achète deux œuvres.
En1963 - Exposition à Tel-Aviv, au cours de cette période il enrichit sa culture
hébraïque. Expositions aux Pays-Bas, Suède (Musée de Göteborg) au Musée d'Art
Moderne de la Ville de Paris, États-Unis, Yougoslavie, Australie, Montréal. Fait
Chevalier des Arts et Lettres en 1966.
1964-1970 Collaboration avec l'atelier de Saint-Cyr : Pierre Daquin interprète ses
papiers déchirés, ils créent ensemble la série de tapisseries Blanc sur Blanc. En
1969, à la demande du P. Philippe Maillard, Prieur de la communauté,
réaménagement de l'Oratoire de l'Hôtellerie de la Sainte-Baume.
En1970, commande de « La Joie » tapisserie (70 m2) par l'architecte Jean
Willerval pour le siège social de la société Pernod Ricard à Créteil.
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En 1971 - Projet de Couvent à Saint Mathieu de Tréviers près de Montpellier avec


l'architecte Geneviève Colboc. Fin des travaux 1976. Collaboration avec l'atelier
Legoueix à Aubusson.
En 1972-1977 : Circuits d'expositions organisées par le Ministère des Affaires
Étrangères en Afrique 1972 : Dahomey, Togo, Nigeria, Ghana, Zambie et
Madagascar (succès particulier), 1973 Grèce, Éthiopie, Turquie, Islande, 1974
Djibouti, 1977 Pakistan, Arabie saoudite, Syrie, Koweït, Jordanie, Émirats arabes
unis.
En 1978 - La Communauté Urbaine de Bordeaux lui commande la tapisserie
monumentale Bord' Eaux.
En 1979 - Chapelle du Carmel de Niort et lieu cultuel, rue Amyot à Paris, tapisserie
pour l'UER de pharmacie, et décoration de la cité scolaire Jolimont de Toulouse.
En 1980 - Grand Prix Nationale de Tapisserie.
En 1982, Il s'adresse au président de la République pour une demande de
naturalisation, qui n'aboutira manifestement pas. Il garde le statut d'apatride et
de réfugié politique.
En 1990 : il fait don à la ville d'Angers d'une partie de son œuvre, Françoise de
Loisy, conservatrice du Musée Jean-Lurçat et de la tapisserie contemporaine,
installe une rétrospective complète de ses œuvres dans cinq salles d'exposition
permanentes.
Georges GHERTMAN ou Zulik Ghertman
Né le 10-10-19 à Kichineff (Roumanie) (= Chisinau Moldavie, Russie ou Roumanie
!) Recrutement 21e R.M.V.E. SBC (75) Mle 5709. Décédé 15/02/2000. Journal
L'Humanité du vendredi 29 décembre 2000 ; en hommage à Thérèse Ghertman :
" À Thérèse, pour les 78 ans qu'elle n'a pu atteindre ; de notre enfance joyeuse
au tragique, mais héroïque passé de résistante, à sa douleur enfouie et digne. À
bientôt. "
Ces quelques mots accompagnaient le chèque de 5 000 francs adressé au
journal par Rosette Weiss-Ghertman, la sœur de Thérèse Ghertmam. Après le
décès de son mari, Georges Ghertman, survenu le 15 février dernier, son épouse
Thérèse, née Feld, vient de disparaître à son tour. Résistante de la première heure
à Paris, elle connut la prison comme son mari. Les drames qui frappèrent
famille, son frère Maurice, F.T.P. fusillé par les nazis, son nouveau-né mort auprès
d'elle en prison, ses parents victimes du génocide contre les juifs, la marquèrent
pour le restant de sa vie.
L'Attentat du Métro Barbès-Rochechouart
Début août 1941, la lutte armée change de visage. Il est très probable que ce
soit par Danielle Casanova, secrétaire des Jeunes Filles de France et membre du
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Comité exécutif de l'Internationale communiste de la Jeunesse, que les nouvelles


directives du Komintern parviennent aux JC (jeunesses communistes)
parisiennes. Il s'agit désormais d'abattre des officiers allemands. Assumant la
direction politique pour les JC de plusieurs arrondissements de Paris, Odile Arrighi
se charge de faire passer la consigne aux responsables sur le terrain par
l'intermédiaire de Georges Ghertmann, alors secrétaire des JC du Xe. Ce dernier,
qui a fait la campagne de mai-juin 1940 au sein du 21e régiment de marche des
volontaires étrangers, formé à Barcarès, a connu le baptême du feu dans les
Ardennes. Il semble à Odile avoir l'ascendance et l'expérience nécessaires pour
préparer les combattants. Ainsi Ghertmann demande-t-il à Gilbert Brustlein de
faire des marches dans la forêt et de s'exercer à poignarder des officiers
allemands avec des bâtons. Ces consignes suscitent une réprobation quasi
unanime de la part des futurs combattants, qui savent que la direction du Parti
communiste a toujours condamné les attentats individuels... Tentatives avortées,
hésitations et reculades se succèdent. Sous la houlette d'Albert Ouzoulias
("Marc") - à qui, depuis le 2 août, a été confiée la direction politique des Bataillons
de la jeunesse -, et de son adjoint, Pierre Georges ("Frédo", devenu colonel
"Fabien") une vingtaine de jeunes des groupes armés suivent, vers le 15 août, un
stage d'entraînement de trois jours dans la forêt de Lardy (actuellement dans
l'Essonne). "Marc" et "Frédo" cherchent à convaincre les jeunes de franchir le pas.
Gilbert Brustlein ("Benjamin") tente bien d'abattre un officier, gare de Lyon, mais
au dernier nomment, ses camarades (Fernand Zalkinow, Acher Semahya et Tony
Bloncourt) l'en empêchent. « Frédo n'était pas tellement content de nous ; "Bon
sang, je vais vous montrer comment il faut faire », nous dit-il, raconte Gilbert
Brustlein. L'exécution de son ami, Szmul (ou Samuel) Tyszelman, fusillé avec
Henri Gautherot le 19 août après avoir été arrêté à la manifestation du 13 août,
donne un motif supplémentaire à "Frédo" de montrer l'exemple.
Le 21 août, Frédo a donné rendez-vous à Robert Gueusquin ("Bob") et à Gilbert
Brustlein à huit heures du matin au métro Barbès-Rochechouart, sur le quai en
direction de la porte d'Orléans. Ces deux derniers reviennent, chacun de leur
côté, d'une tentative nocturne de déraillement sur le réseau ferré qui va vers l'Est,
à Nogent-le Perreux. L'alarme ayant été donnée, le groupe de Gilbert, commandé
par "Bob", responsable de l'opération, avait cessé de déboulonner les éclisses et
s'était replié.
Gilbert Brustlein arrive au rendez-vous avec Fernand Zalkinow ("Benoît") qui
porte le sac contenant les outils du déraillement. "Fabien" leur annonce qu'ils
vont faire un coup à cet endroit. Brustlein doit assurer sa protection tandis que
Gueusquin doit rester sur le quai et rendre compte de l'opération. Zalkinow, qui
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Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

ne semble pas vouloir partir, s'éloigne à l'autre extrémité du quai. Une


vingtaine de personnes attendent leur train pour se rendre sur leur lieu de travail.
Il est 8h05. Dans son livre, Gilbert Brustlein rend compte, avec force détails, de
cette opération : « Un allemand en uniforme bleu marine descend l'escalier et
pénètre sur le quai, près de nous.
"Tu vois, c'est lui qui va payer", me chuchote Fabien. Le poinçonneur ferme le
portillon d'entrée, car la rame entre en gare. Elle stoppe, et le wagon de première
est devant nous. Les portières s'ouvrent. L'allemand pénètre dans le
compartiment ; alors Fabien se précipite derrière lui et tend son 6.35. Deux coups
de feu : pan, pan ! Je suis à côté de Fabien ; j'ai sorti mon arme pour le protéger.
L'allemand tente de se retourner vers moi, chancelle et s'effondre. Fabien fait
demi-tour et court en direction de l'escalier de sortie. Je le suis, tenant toujours
mon 7.65 pointé en avant pour parer à toute tentative d'interception contre lui.
Mais il n'y a aucune réaction sur le quai, et il range son arme dans sa poche [...]
Arrivé presque en haut de l'escalier, Fabien crie : "Arrêtez-le". [..] Alors voyant
mon arme pointée, un courageux tente d'escalader la rampe pour me ceinturer.
[...] Je l'esquive et je me précipite vers la grande porte battante par où Fabien
s'est échappé. [...] Je le retrouve ; il m'a attendu dans le grand hall situé au niveau
du terre-plein du boulevard Barbès. [...] nous sortons sans hâte [...] nous
traversons le boulevard et nous empruntons la rue Bervic [...] puis nous entamons
un pas de course en direction du square Willette. Personne ne nous poursuit,
mais Fabien augmente l'allure de la course et prend quelques mètres d'avance
sur moi [...] Il s'exclame : "Titi est vengé". »
Le poumon perforé par deux balles de 6.35, celui que "Frédo" prend pour un
officier s'effondre à l'intérieur du wagon. Le sergent Gerecht, présent dans le
wagon, allonge le corps de l'officier sur une banquette du quai et part prévenir la
police. Quelques minutes plus tard, un car de police secours emporte le corps à
l'Ortslazarett de l'hôpital Lariboisière : Alfons Moser, Feldpost n°01039 M.B,
auxiliaire d'intendance (Hilfs-Assistent) affecté aux magasins généraux
'habillement de la Marine à Montrouge (Marine-Bekleidungsmagazin) vient de
décéder d'une hémorragie interne.
En dépit de son élégant costume bleu à boutons dorés, du poignard qu'il arbore
à la ceinture, et de sa haute caquette blanche, Alfons Moser n'était pas un officier.
Tout juste venait-il d'être promu aspirant. Informée de l'attentat à 9h10, la
Kommandantur dépêche sur place une équipe de quatre policiers du groupe GFP
610. Les premiers éléments de l'enquête apprennent que les deux coups ont été
"vraisemblablement tirés d'une poche de veste, atteignant le dos. La distance du
tir ne peut avoir été que très minime étant donné les traces de poudre à l'entrée
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de la plaie". La description des auteurs de l'attentat par quatre témoins français


présents sur le quai, trop vague pour être utile, apprend néanmoins aux policiers
allemands et français que les auteurs sont relativement jeunes. À midi, le groupe
GFP 11, dirigé par le dr Momsenn, reprend le dossier. Il procède le soir même, à
minuit, à une reconstitution de l'attentat avec le wagon qui avait été aussitôt
scellé et parqué sur une voie de garage (mais seulement après avoir effectué son
parcours jusqu'à la porte d'Orléans !).
Très tôt, la police française penche pour un assassinat politique commis par des
communistes. Elle suggère également à ses homologues allemands, dont certains
parlent d'un crime crapuleux, un probable lien avec les rafles de Juifs qui ont eu
lieu la veille dans le XIe, en représailles à la manifestation du 13 août au cours de
laquelle de nombreux Juifs, parmi lesquels Tyzselman, ont été arrêtés.
Cependant, la thèse de la vulgaire affaire de moeurs est reprise et amplifiée par
le Parti.Communiste lui-même qui cherche à brouiller les pistes. Ainsi peut-on lire
dans un tract du mois de septembre 1941 : " L'officier prussien qui a été abattu à
Barbès a subi la loi de sa Jungle. GANGSTER et NOCEUR - il a manqué de galanterie
à l'égard d'une dame de bonne compagnie. La réponse du chevalier en titre de la
dame fut : vengeance et mort. Ouvriers, travailleurs, intellectuels, petits
commerçants de Paris, VOICI LA VÉRITÉ QUE LES PATRIOTES FRANÇAIS VOUS
FONT CONNAÎTRE.’’ Mais les policiers allemands, à la suite de leurs collègues
français, ne s'y trompent pas. Des mesures immédiates sont prises par les
autorités allemandes et françaises.
L'avis que fait paraître, le lendemain de l'attentat, le commandant du Grand-
Paris Ernst Schaumburg (le MBF Stülpnagel étant absent de France) suivi du
décret du 23 août amorce le système des otages. L'amiral de la Kriegsmarine
exigeant au moins six exécutions immédiates comme mesure de représailles, le
MBF, qui préfère mettre en avant le gouvernement français, accepte que celui-ci
adopte, de façon rétroactive, un projet de loi instituant une juridiction spéciale
contre les communistes. D'autre part, de vastes perquisitions dans les X e, XIe et
XVIIIe arrondissements débutent le 23 août au matin : 180 Feldgendarmes, 120 à
150 membres de la GFP et 600 policiers français sont déployés sur le terrain. Une
brigade forte de 130 hommes est créée pour surveiller les lignes importantes de
métro. En vain.
Quant à "Frédo", le lendemain de l'attentat, il a rendez-vous à midi avec
Jacques d'Andurain, au restaurant du 7 rue Le Goff, entre la rue Gay-Lussac et la
rue Soufflot. Sous la table, il lui rend le revolver que celui-ci lui avait prêté. "Il
manque deux balles". Ce revolver Herstal, que Jacques avait subtilisé à sa mère,
était le seul à avoir fonctionné sans s'enrayer lors de l'attentat du 14 août dernier
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Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

à la manufacture des isolants d'Ivry-sur-Seine. Le sachant, "Frédo" était venu le


trouver pour le lui emprunter. "De toute ma vie, ce sera mon seul dessous de
table" commente Jacques dans ses souvenirs.
Il faut attendre l'arrestation du groupe de Gilbert Brustlein, à la fin du mois
d'octobre 1941, pour que les polices française et allemande commencent à
mettre un nom sur l'auteur présumé de l'attentat du métro Barbès. En effet, le 17
novembre 1941, lors d'un interrogatoire, Roger Hanlet affirme qu'au cours d'une
discussion avec Acher Semahya et Tony Bloncourt, ceux-ci auraient dit que
Brustlein était l'auteur de l'attentat de Barbès, en réponse à l'exécution de son
camarade Tyszelman. Ce que confirment Christian Rizo et Fernand Zalkinow. Mais
Brustlein s'est volatilisé. Cela n'empêche pas la préfecture de police de pavoiser.
Dans son rapport intitulé Communisme et Terrorisme I (septembre-décembre
1941) elle s'enorgueillit d'avoir arrêté les "auteurs et complices de plusieurs
sabotages et attentats, parmi lesquels les meurtriers de l'aspirant de marine
Moser à Paris et du lieutenant-colonel Hotz à Nantes". Ce que conteste le
commissaire Jessen de la GFP dans son rapport du 22 janvier 1942.
Ce n'est qu'avec l'arrestation de Tony Bloncourt (5 janvier 1942) que le
Sonderkommando fur Kapitalverbrechen und Sabotage, le service chargé des
enquêtes sur les attentats contre les membres des forces d'Occupation, obtient
la certitude de la participation de Brustlein à l'attentat de Barbès, soit comme
auteur, soit comme complice. En effet, les déclarations de Tony concordant en
tout point avec les éléments de l'enquête, ils en concluent que les précisions qu’il
donne - en l'occurrence que Brustlein a tiré sur Moser par la porte du métro, n'ont
pu lui être données que par l'auteur du coup ou une personne qui était sur les
lieux.
Le véritable nom du tireur ne sera connu qu'avec l'arrestation de Frédo, le 30
novembre 1942, au métro République. Dans son interrogatoire du même jour, il
déclare aux policiers français : « Au lendemain de l'exécution de Gautherau (sic)
par les autorités allemandes, j'ai réalisé de ma propre initiative un attentat contre
un aspirant de marine allemande. C'est moi qui ai tiré. J'étais accompagné par
Brustlein. Cette affaire a eu lieu au métro Barbès-Rochechouart, le 21 août 1941.
» Si la valeur militaire de l'attentat du métro Barbès-Rochechouart est quasi-
inexistante, en revanche sa portée symbolique et sa valeur d'exemple pour les
membres des Bataillons de la Jeunesse sont très fortes : c'est l'indiscutable signal
de la lutte armée. Le même soir du 21 août, quelques membres du groupe de
Brustlein se rendent à la station de métro Bastille, dans l'espoir de réitérer
l'exploit du matin. Le Club Sportif Populaire du Xe arrondissement, CPS X, fondé
en 1935 et que Georges Ghertman refondera en 1944 cachait sous cette étiquette
388
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

anodine une véritable mine de Résistants. Le 13 août 1941, deux jeunes membres
du club, Samuel Schmultz Tyszelman surnommé Titi et Auguste Gautherot avaient
été fusillés pour avoir participé à une des toutes premières manifestations
hostiles à 'occupant sur le Boulevard-Sain-Denis.
Joseph Kutin (Kutyn
Né le 17 octobre 1911, mort en mars 1995 en France ; militant communiste ;
brigadiste ; résistant FTP-MOI dans le Rhône ; retourné à Pologne où il fut vice-
ministre, revenu en France.
Joseph Kutyn quitta sa Pologne natale en raison de l’antisémitisme qui y régnait
et de la répression anticommuniste. Il appartenait en effet au P.C polonais.
En France, il milita à la MOI et fut volontaire pour venir en aide à l’Espagne
républicaine. Il termina comme commandant de bataillon À son retour en France,
il fut interné au camp du Vernet (Ariège) dont il s’évada et à la déclaration de
guerre s’engagea dans l’armée française (21e R.M.V.E.). Il reçut la Croix de guerre.
Il participa à la reconstitution clandestine du Parti communiste et à la mise sur
pied de l’OS.
Il fut envoyé à Lyon pour y constituer en 1942 les FTP-MOI et assura la direction
du bataillon Carmagnole sous le pseudonyme d’Antoine.
Il fut arrêté au cours d’une mission en mars 1943 à Saint-Étienne (Loire) puis
déporté à Auschwitz. Il revint en France en 1945.
En 1947 ou 1948, Joseph Kutyn, après s’être remis à peu près de son séjour à
Auschwitz, et après la prise de pouvoir à Varsovie par le POUP, retourna à
Varsovie pour participer à la construction du socialisme dans son pays.
Comme il parlait plusieurs langues, avait une connaissance de l’étranger, et des
compétences en particulier sur les questions de chimie, y compris celles du
charbon et du souffre et leurs dérivés – produits que la Pologne exportait – il
entra au Ministère du Commerce Extérieur, et en devint assez rapidement
directeur de la branche chimie puis Vice-Ministre en charge de cette
activité.Joseph Kutyn a négocié nombre d’opérations avec l’ouest,
particulièrement avec la Belgique, entre autres l’engineering chimique Coppée-
Rust du Baron Coppée, devenu plus tard Lafarge-Coppée. Vers la fin des années
1960 une nouvelle vague d’antisémitisme toucha la Pologne, Joseph Kutyn fut
déchargé de ses fonctions de Vice-ministre et assigné à résidence, sans qu’aucun
reproche précis n’ait été formulé. Lorsque le P.CF en fut informé il demanda aux
Autorités polonaises de permettre à Joseph Kutyn de revenir en France, dont il
avait la nationalité depuis 1945, ce qu’il obtint. Kutyn fut alors recruté par ses
relations de la MOI – notamment Jacques Alembik, ancien MOI (mais peut-être
était-ce un pseudo) – pour travailler au service de Pierre Detoeuf, ex-sous-préfet
389
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

de la Libération et animateur de sociétés développant la coopération industrielle


entre la France les pays socialistes, notamment l’URSS et la RDA.
De 1973 à 1982 ou 83, Joseph Kutyn a conseillé les entreprises que représentait
Pierre Detoeuf, notamment pour des projets en Hongrie (Usines d’engrais), pour
des ventes à l’URSS d’acide phosphorique et super-phosphorique.
Marié, père d’une fille, il habitait dans le XIVe arrondissement.
http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php? notice KUTYN Josrj.
Boria Lerner (Baruch Lerner
Né le 15 décembre 1914 à Libkani en Bessarabie, il suivit ses parents dans leur
dure pérégrination dans la tourmente de la 1re Guerre mondiale… Ils
retournèrent en Bessarabie, mais au cours d'un cruel exode, Boria avait vu sa
petite sœur tuée par une balle dans les bras mêmes de leur Mère. Il devint vite
un militant actif du mouvement révolutionnaire et, arrêté à plusieurs reprises, il
connut la prison pendant de nombreuses années. Il parvint à gagner Paris, en
1938, dans l'intention de joindre les Brigades Internationales mais la guerre
d’Espagne touchait à sa fin et il resta en France. En septembre 1939 il s'engage
dans l'Armée Française pour combattre l'hitlérisme, on l'envoie comme
beaucoup d'autres à Barcares dans un R.M.V.E., sa santé minée par tant de dures
années ne résiste pas aux épreuves; il tombe gravement malade, et est réformé.
Lorsque les armées allemandes envahissent la France, il prend avec sa femme et
son bébé la route de l'exode sous un bombardement incessant et fini par être
interné dans le camp de Briens, puis Rivesaltes où les républicains espagnols et
les juifs sont entassés dans des conditions telles que son enfant est emporté par
une des épidémies qui déciment le camp.
En 1941 Boria et Hadassa Lerner réussissent à s'évader et s'efforcent de
regagner Paris où ils échouent dans le 11° arrondissement précisément ce jour
du mois d’août où a lieu la grande rafle qui remplira pour la première fois le camp
de Drancy. Plus décidé que jamais à lutter, Boria réussit à prendre contact avec
le 2° détachement des Partisans Juifs qui vient d'être constitué et est chargé d'en
prendre la tête. Il dirige plusieurs expéditions armées dont une attaque contre
un hôtel allemand du boulevard Raspail et un attentat à la bombe contre le
Ministère de la Marine, rue Royale, occupé par les Allemands. Puis il est chargé
d'organiser la fabrication des bombes pour les partisans juifs et installe un
laboratoire et un dépôt d'explosifs, rue Saint-André-des-Arts. Cette rue du
quartier Latin est le théâtre d'une grande activité des partisans et la police y
organise fréquemment des rafles. C'est au cours de l'une de celle-ci, le 26 juin
1943, que Lerner et sa femme sont arrêtés. Il est aussitôt si affreusement torturé
que, lorsque sa femme, avec la complicité d'un policier patriote parvient à le voir,
390
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

il est absolument méconnaissable. Il n'a cependant rien perdu de son énergie et


il lui dit " Je ne me fais aucune illusion sur ce qui m'attend. Je n'ai pas peur. Je n'ai
donné personne et je ne donnerai personne, tu peux en être tout à fait sûre ".
Le 20 septembre 1943, il est condamné à mort et sera fusillé le 1er octobre
après avoir passé dix jours dans une cellule avec trois autres camarades
condamnés comme lui. Sa femme Hadassa, après de longues souffrances, est
revenue de déportation. Extrait de Combattants Héros & Martyrs de la
Résistance.de David Diamant Édition Renouveau.
Kopiloff Théodore
Renseignements reçus par Internet provenant de M. Boris Lavieville :
« ... Mon grand-père est décédé en 1973 à Arras, Pas de Calais. Il y a vécu à partir
des armées 30 avec ma grand-mère polonaise. Je suis le fils d’une de leurs filles,
et ayant passé beaucoup de temps avec eux, jusqu’à mes 15 ans, j’ai créé avec
eux un sentiment de proximité et d’amour pour eux. J’ai décidé de comprendre
il y a peu de temps leurs conditions d’arrivée en France, leurs histoires
personnelles; malheureusement, ma maman ainsi que mes oncles qui auraient
pu avoir une partie d’informations ne sont plus de ce monde. Je suis parti d’une
photographie trouvée dans une revue russe des années 30 où j’ai découvert mon
grand-père en uniforme français sur lequel on a ajouté un écusson aux couleurs
russes... Photo de fin décembre 1917.
Mes informations sont aujourd’hui partielles; je vous tiendrai au courant de
mes recherches. Voici le détail : Mon grand-père est né le 26/02/1897 à
Preobrachenskaya, quartier sans doute du nord-est de Moscou. Il a dû arriver le
30 avril 1916 en France avec le corps expéditionnaire russe, la 1re Brigade
débarquant à Marseille. CERF, Corps expéditionnaire russe en France, arrivé en
1916, il rejoint la Légion Russe rattachée à la 1re DM le 23/12/1917.La photo de
1917, déjà citée, le montre avec son unité, le 1er bataillon, porteur de la célèbre
Chapka et avec des officiers de l’Armée française. Il a donc, du 23 décembre 1917
jusqu’à l’armistice, participé avec la Légion Russe pour l’Honneur mise sur pied
en 1917 et comptant entre 600 et 650 hommes. Commandée par le Colonel
Gothoua, puis par le Capitaine Loupanoff, la Légion russe est affectée au 8 e
Régiment de Zouaves de la 1re Division Marocaine du Général Gaugan qui
continua le combat notamment au cours de la seconde bataille de la Marne.
Cette Unité se couvrira de gloire le 26 avril à Villers Bretonneu, le 30 mai à
Soissons, et les 2, 3 et 4 septembre à Soin.
À la sortie de la Grande Guerre, il semble qu’il se soit engagé dans la Légion
Étrangère et aurait été envoyé au Moyen-Orient, au Liban, entre autres, afin de
participer à l’établissement du mandat français en 1920-1922.
391
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

. il serait parti ensuite au Maroc y participer à la Guerre du Rif

Kopinoff est le soldat debout à droite du pope.


Le 20 septembre 1939, il signe son engagement au 1er RMVE à Arras; 4e
Compagnie, 1er bataillon, grade de caporal il est blessé au combat du 17 juin
1940, évacué sur l’hôpital de Troyes iest fait prisonnier et interné au Stalag 13 C
du 2 août 1940 au 4 juillet 1941. Libéré, il rejoint sa famille et reprend ses activités
professionnelles tout en commençant des actes de résistance « individuels ». Il
est arrêté le 12 novembre 1941 pour activités antiallemandes, emprisonné à
Arras, puis à la prison de Loos les Lille. Il est libéré le 12 janvier 1943. Il rejoint
officiellement les FTPF le 27 mars 1943. Il est en charge de la remise en état des
armes et à l’arrivée des troupes américaines du « nettoyage d’Arras » (1er sept-
1944).
Jacques Silberfeld
Michel Chrestien ou Jacques Silberfeld (4 juillet 1915, La Haye, 17 juillet 1991,
Paris) était un traducteur et homme de lettres français. Après avoir passé le
baccalauréat au Lycée Louis Legrand, il commence des études de médecine et
fait la connaissance d'Alexandre Vialatte, écrivain, critique littéraire et traducteur
français (1901-1971). Sur le conseil de Fernand Mossé, (1892-1956), philologue
392
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

et historien français, spécialiste des langues et littératures, il s'inscrit en anglais à


la Sorbonne et fait un mémoire sur La Tragique Histoire du Docteur Faust de
Christopher Marlowe. Engagé volontaire au 21e R.M.V.E. (évadé?), puis
démobilisé, il rejoint le réseau de résistance, Libération Sud et utilise alors
plusieurs pseudonymes. Arrêté plusieurs fois, il s'évade une première fois du
Stalag XVII-A en Autriche, puis il est enfermé à la prison Saint-Michel de Toulouse,
puis s'évade du train fantôme pour Dachau le 20/08/1944 à L’Homme d’Armes
(26) Drôme). Écrivain, il choisira comme nom de plume « Michel Chrestien », en
hommage au personnage de Balzac dans Les secrets de la princesse de Cadignan
et Les Illusions perdues.
Narcisse GALI
Ce récit provient de la Revue Hispania N° 16 de septembre 1965. Son auteur est
P. Pey Sarda, sous toute probabilité, Pierre Pey né le 30-04-1911 à Cabanelle
Espagne, engagé du D.R.M.V.E, recrutement de Bordeaux (33) et a été reproduit
traduit dans le livre da V. Olivares et P. Salou, Éditions Tirésias 2016, page 225,
226 sous le titre Pour défendre la Liberté, le voici revu : Stayer, hiver 1942... Une
grande amitié nous unissait. Le destin capricieux nous avait réunis une fois de
plus dans la baraque N°4 du tristement célèbre « kommando de la mort »,
comme Stayer s’appelait dans les premiers temps...
Nous nous étions connus en Espagne, peu de temps avant la guerre civile :
athlète, boxeur, « braconnier » à ses moments perdus – pour le plai8sir de
chasser sur les terrains réservés du propriétaire foncier Coll, du village de Pals
mon ami était une personnalité. Volontaire dès les premiers jours de la guerre, il
combattit sur le front d’Aragon, au début, Guadalajara ensuite, pour finir sur le
front de Catalogne, en temps que commissaire.
En France, nous fûmes à nouveau réunis, cette fois dans le camp de Barcarès,
base des régiments de volontaires. Il partit sur le front avec le 21e R.M.V.E. en
direction de l’Est, tandis que moi, j’incorporais le 22e vers la Somme.
Nous nous sommes retrouvés au Stalag VII A, à côté de Munich. Là, il me raconta,
comment lui et ses camarades du 21e avaient défendu à la baïonnette, le canal
des (Ardennes?) contre des tanks et l’infanterie allemande. S’il n’est pas mort là)
c’est parce que le destin lui réservait une autre Niort, sinon aussi glorieuse, du
moins plus spectaculaire...Ensemble, nous avons été déportés au mois d’août
1941 ; ensemble nous sommes arrivés à Mauthausen et ensemble nous avons
été envoyés à Stayer. Nous dormions dans le même lit, nous partagions les rares
gamelles de « rabiot » qui étaient distribuées par le capricieux et sinistre
homosexuel Franz ; nous travaillions ensemble au « Flumo », cette forteresse de
ciment armé, cette usine en construction accélérée qui fut un véritable cimetière
393
Chapitre V Le 21e R.M.V.E. dans la Résistance et la Déportation.

pour les républicains espagnols et si nous ne sommes pas morts ensemble... c’est
parce qu’il était un homme plus décidé que, et malgré notre amitié, jusqu’au
dernier moment il sut me dissimuler ses projets...
Accoutumé à la liberté, il ne voulait se soumettre ni à la faim, ni aux coups, ni
au travail épuisant, ni à une vie de troupeau. Il choisit la liberté’... L’unique
possible dans les premiers mois du « kommando Stayer ».
Il avait tout calculé. Il choisit le train de voyageurs, celui de trois heures de l’après-
midi. Il le vit venir..., il sortit en courant et si la locomotive ne mit pas en pièce
son corps d’athlète, ce fut parce que la balle qu’avait tiré la sentinelle avec son
fusil, l’avait tué avant.
Le train s’arrêta; les voyageurs regardaient par les fenêtres, au grand désespoir
des S.S. qui n’aimaient pas que les civils soient témoins de tels spectacles...Sa
mort fut comparable à sa vie. Elle fut un geste ultime de propagande antifasciste.
Ainsi mourut mon ami, l’inoubliable compagnon Narcisse Gali du kommando
Stayer...
Voir liste alphabétique pour Harnald Barati. Boris Holban. Alfred Malleret
Joinville. Adolphe Rabinovitch. Jankuel Szyfman dit Yang.Etc.

394
Chapitre VI Le 11e R.E.I

CHAPITRE VI : Le 11e Régiment Étranger d’Infanterie


Le 11e R.E.I. n’est pas un régiment ficelle, même s’il a été créé à Sathonay fort de
Vincia comme le 12e, car il a été formé surtout à partir de Légionnaires et doté de
matériels récents (Le 1er R.E.I. a aidé en octobre-novembre 1939 à former le 11e
R.E.I. la 13e D.B.L.E., le 6e R.E.I.) Le 11e R.E.I. a été cité à l’ordre de l’Armée pour sa
bravoure et son héroïsme. Son origine et son rôle sur le front de l’Est justifient
cependant qu’il soit plus que cité ici : le 11e Régiment étranger d'infanterie était
composé de 2 800 hommes, dont 30 % de Juifs et 68 % de républicains espagnols.
Le 11e R.E.I. au bois d’Inor. Philippe Guyot. Revue Légion étrangère N° 2, 2012
avril-juin : Du 15 au 20 mai 1940, sur le flanc gauche de la percée allemande dans
les Ardennes essentiellement conduite par le XIXe Panzerkorps du Général Hanz
Guderian, la Wehrmacht va tenter de progresser vers le sud. Limitées à l’est par
l’extrémité de la Ligne Maginot, ces tentatives se sont déroulées principalement
dans la région de Stenay et sur le canal des Ardennes jusqu’à Rethel.
Contexte : ces attaques conduites par le VIIe Armee Korps du Général von
Schubert n’ont connu que des succès très limités du fait de la combativité des
unités françaises engagées, dont l’histoire a retenu quelques noms : la 3e brigade
de spahis à Ŀa Horgne, la 3e Division cuirassée à Stonne, la 3e D.I.M. au Mont-Dieu
et la 3e D.I.N.A. entre Chiers et Meuse au nord de Stenay. Leurs combats valeureux
ont tous pris place entre le 15 et le 20 mai, semaine d’affrontements homériques
dont ces grandes unités sont sorties exsangues et ont dû être relevées. Dans le
secteur entre Chiers et Meuse, au nord de Stenay, ce sont les troupes nord-
africaines de la 6e D.I.N.A. qui assumèrent cette relève au contact de l’ennemi.
Parmi elles, le 11e régiment étranger d’infanterie (11e R.E.I.) qui fit face
victorieusement à la dernière tentative de passage en force vers le sud, le 27 mai
1940 au bois d’Inor.
Créé en novembre 1939, le 11e R.E.I. est l’équivalent des régiments de marche de
1914. Avec 2 800 hommes, dont 2 000 légionnaires et sous-officiers issus des
R.E.I. d’Afrique du Nord, il est dès sa naissance une unité aguerrie. Les 900
réservistes qui lui sont affectés sont presque tous d’anciens légionnaires à
l’exception de quelques spécialistes : infirmiers, transmetteurs…
Les chefs sont aussi choisis dans le sein de la Légion : le chef de corps, le colonel
Maire en est une figure, vieillissante certes, mais une figure ; son chef d’état-
major le chef de bataillon Robitaille s’est aguerri à la tête de la première unité
motorisée de l’infanterie Légion du côté de Tindouf en 1934, il laissera le
témoignage le plus construit de l’histoire du régiment ; parmi les officiers se
trouvent de grands noms de la Légion, Clémeit, Gaultier, Forget, sans compter

395
Chapitre VI Le 11e R.E.I

tous ceux tombés au combat, dont l’aumônier Watel, silhouette sombre penchée
sur les mourants, légionnaires ou tirailleurs jusqu’à ce qu’un obus le couche lui
aussi.
Cette unité est entièrement dotée en matériels récents : chenillettes
d’accompagnement, matériels antichars, mortiers, motocyclettes de liaison et
reconnaissance. Les tableaux d’effectifs sont complets et le resteront grâce au
très bon travail de renfort organisé par le dépôt du régiment qui se trouve à
Sathonay-Camps dans la banlieue nord de Lyon. Le moral est bon et la référence
au R.M.L.E. de 1914-1918 est un sujet de fierté entretenu par la visite du
légendaire Général Rollet en mars 1940. Le rattachement initial du 11e R.E.I. à la
division marocaine entretient la référence à la Grande Guerre, jusqu’à la fin
janvier 1940 et le transfert ultérieur à la 6e.
Aussi, quand le front fut percé dans les Ardennes, la 6e D.I.N.A. forte du 9e
régiment de tirailleurs marocains, du 21e régiment de tirailleurs algériens et du
11e R.E.I., fut un pion de manœuvre solide placé rapidement en Deuxième ligne
de la 3e D.I.N.A. fortement éprouvée par sa défense héroïque du massif boisé
situé entre Chiers et Meuse. La relève se fit dans la nuit du 22 au 23 mai, sous un
tir d’artillerie permanent et bien renseigné sur nos déplacements, des documents
ayant été pris par l’ennemi sur une estafette de liaison.
Au matin, il y avait déjà 3 tués, 25 blessés et 1 disparu, mais la division demeurait
sur ses positions, le 21e R.T.A. à gauche entre la Meuse et le village d’Inor, le 9e
R.T.M. à droite face à la vallée de la Chiers où l’ouvrage de Villy-la-Ferté venait de
tomber et au centre du dispositif, en pointe, le 11e R.E.I. sur les bois d’Inor et de
Neudan. Au sein du régiment, le 1er bataillon du capitaine Rouillon était à droite
et tenait le bois de Neudan face à Malandry qu’il surplombe, le 2e bataillon du
capitaine Pourcin était en plein bois à mi-pente et tenait un dispositif continu
derrière un maigre ruisseau en lisière de bois, le 3e bataillon du capitaine Gaultier
était dans le bois d’Inor et en appui sur la route d’Inor à Malandry.
Il hériterait de la mission Deuxième échelon au profit des deux autres bataillons
dans le cas d’une attaque nord-sud, sinon il serait en première ligne si l’ennemi
venait du nord-ouest. Après cinq jours de patrouille, escarmouches et
bombardements, l’assaut allemand survint à compter de minuit trente le 27 mai.
Le premier bataillon fut rapidement en contact, mais parvint à faire déclencher
des tirs d’appui qui obligèrent l’ennemi à ne progresser que par bonds. Cet élan
ne fut brisé cependant que dans les premières heures de la matinée. Le 2e
bataillon vers 3 heures 30 subit le gros du choc des quatre unités d’assaut des 52e
et 56e Infanteries Division tandis que l’artillerie adverse traitait méthodiquement
toute la Deuxième ligne.
396
Chapitre VI Le 11e R.E.I

Le P.C régimentaire fut matraqué pendant toute la nuit et c’est là que l’aumônier
trouva la mort en assistant un blessé. Rapidement seules les estafettes purent
encore transmettre les ordres et chacune de leurs missions devint une course
contre la mort.
À cinq heures avec l’aube qui pointait, la 5e Compagnie fut submergée. Chaque
section se bâtit isolée des autres et rapidement deux d’entre elles furent
détruites. Seul le sous-lieutenant Bertot tint toujours sur la ligne de contact.
Derrière lui, l’ennemi progressait et menaçait le P.C du bataillon. Le capitaine de
Closmadeuc, commandant la C.A.B. 2 (Compagnie d’Appui du 2e bataillon), prit
avec lui les légionnaires disponibles et, avec trente hommes, conduisit une
contre-attaque. Il tomba à leur tête à 5 h 15.
Le capitaine adjoint du bataillon Brochet relança cette action. Plus chanceux, il
parvint à tuer tous les servants d’une mitrailleuse, stoppa l’avance allemande,
puis lança une nouvelle contre-attaque pour fermer la brèche de plus de 300
mètres par laquelle l’ennemi s’infiltrait. Vers 9 h, le 1er bataillon lui envoya deux
sections en renfort. Il s’élança à leur tête et tomba, grièvement blessé. Les
capitaines Lanchon et Jaillet le relevèrent. Vers 11 heures, le contact fut repris
avec la section Bertot qui tenait toujours à bout de munitions.
À la même heure, le 3e bataillon qui formait la ligne d’arrêt en arrière du
deuxième, donna un coup d’arrêt à l’avance de l’ennemi. Les Sturmtruppen
faisant le choc du combat de rencontre en sous-bois, à force de courage et de
hargne, les légionnaires sortirent vainqueurs de cet affrontement.
Il fallut encore plusieurs heures pour nettoyer le bois des soldats allemands qui
s’y étaient avancés, mais peu à peu les isolés se rendirent et les coups de feu
s’espacèrent. Au soir du 27 mai, il fut enfin possible de faire le bilan. Il manquait
au 11e R.E.I. près de 200 hommes, 64 tués, 184 blessés, 26 disparus présumés
prisonniers.
En revanche, 60 prisonniers avaient été faits, provenant des 207e, 209e, 211e, 220e
et 222e Infanterie Régiments. Ils représentaient la quasi-totalité des survivants
des unités d’assaut de ces cinq régiments.
Après cette attaque d’ampleur, le secteur redevint calme, mis à part des
harcèlements réguliers de l’artillerie. Il fallut néanmoins le quitter le 10 juin,
lorsque la ligne de défense du canal des Ardennes et de l’Aisne fut définitivement
abandonnée. Le 11e R.E.I. se battra encore durement à Saint-Germain-sur-Meuse,
le 18 juin, avant de disparaître avec le groupement Dubuisson au sud de Toul le
22 juin au matin.
Relation du Chef de Bataillon Robitaille à propos du 11e R.E.I.
Le Chef de Bataillon ROBITAILLE, commandant le 3e Bataillon du 1er R.E.I.
397
Chapitre VI Le 11e R.E.I

SIDI-BEL-ABBÈS
J'ai l’honneur de vous envoyer à toutes fins utiles la relation de quelques-uns des
beaux faits accomplis par les Légionnaires du 11e Étranger.
Cette relation dans toute sa sécheresse est l’expression de la plus nue des vérités,
sans arrangements et sans exécration. Il est certain que par suite de l’internement
de la plupart des chefs directs du 11e consécutif à la capitulation du groupe de C.
A. DUBUISSON le 22 juin à 0 heure ; beaucoup de légionnaires de ce magnifique
Régiment, qui se battait encore à 6 h 15 après l’heure de la capitulation ne se
verront pas décernés des récompenses qui dans d'autres unités ont été
distribuées non pas à titre d'action d’éclat, mais au titre souvent de moins de
veulerie ou pour essayer de masquer des défaillances. Pourrait-on comprendre
autrement la rapidité avec laquelle certains Corps sont allés de la frontière belge
à la frontière espagnole ?
Il importait, je crois qu'il fut dit que si les légionnaires du 11 e n'ont pas été
couverts de croix, ce n'est pas parce qu’ils se sont mal tenus au feu… Les
témoignages de l'ennemi sont là pour prouver le contraire, mais parce que la
capitulation a privé ces légionnaires de ceux qui pouvaient signer ces
récompenses et que le 11e n’en a pas moins été un splendide Régiment de
Marche de la Légion étrangère. Signé : ROBITAILLE
Le 1er R.E.I. Rapport du Lt. Colonel BOUTY, Cdt. Le 1er R.E.I.
Sidi Bel Abbès, le 10 octobre 1940 Bureau du Colonel
N° 14.854/D.
COPIE CONFORME NOTIFIE à
— D.C.R.E.I
— I – II - III/1er R.E.I.
— Archives.
… Pour lecture et commentaire à tout leur personnel réuni…
11e régiment étranger d’infanterie digne des anciens
Les armes sont déposées ; les blessés, les articulations encore raides
commencent à rentrer. Les évadés des geôles allemandes, hâves, tannés, recuits
arrivent les uns après les autres. La maison-mère de Bel Abbes voit chaque jour
apparaître d'anciennes figures connues. Seuls ne rentreront jamais les Héros de
NEUDAN, d'INOR, de SAINT-GERMAIN ; ceux-là, et ils sont si nombreux que les
dénommer me serait impossible, ont tout donné jusqu'à leur dernière goutte de
sang pour laisser intacte les traditions « LÉGION ».
Il y a juste un an que nous partions, enthousiastes, certains que la Patrie saurait
nous demander les efforts que nous voulions qu'elle attende de nous. Cette
guerre, nous l'avons faite « À LA LEGIONAIRE ». Notre vie était offerte à la patrie
398
Chapitre VI Le 11e R.E.I

dès la minute où le train s'ébranlant vers le port d’embarquement, notre musique


nous jouait sous le hall de la gare le coup de « BOUDIN » du départ. Le destin n'a
pas voulu de nous, bien que nous ayons tout faitpour échapper à la honte de voir
l'ennemi fouler notre sol en vainqueur. Si nous rentrons, la mort dans l'âme après
avoir assisté à tant de spectacles écœurants et avoir bu le calice de la défaite
jusqu'à la lie, nous avons quand même le droit d’être fiers de notre 11e : il a été
digne des anciens. Qu'importe que les jaloux, les poltrons, les champions de cross
stratégique viennent maintenant expliquer le coup et essayer de ternir notre
Gloire !
Nous n'avons pas besoin de couvrir des défaillances par des discours, car chez
nous, des défaillances il n'y en a pas eu. Quand, seul, un régiment soutient 14
heures durant le choc d’une Division entière — la 55e Division allemande —
réputée comme une des plus belles — appuyée par les Stossstruppen d’autre
Division, quand l'ennemi harassé, décimé, s'arrête pour ramasser ses 2500 morts
—, ce Régiment peut dire qu'il ne lui manque pas un pouce de terrain… Quand, à
la sonnerie du fatidique « CESSEZ-LE-FEU », il ne reste plus que 578 rationnaires
sur 3009 que comptait l'effectif et que les survivants restent bien groupés dans la
main de leurs 23 Officiers restants sur 81...
Quand on a reçu du vainqueur ce compliment « Si tous les Régiments de France
avaient été à la taille de votre Régiment de Légion, nous n’aurions jamais pu
mettre un pied en France… » On n'a pas besoin de répondre à de haineux
détracteurs. Qu'il me soit permis toutefois, à moi qui les ai suivis du premier au
dernier jour de venir compter quelques-uns des exploits de ce magnifique 11e.Je
ne citerai aucun nom…....
Ceux qui dorment dans la Gloire veulent garder cet anonymat qui fait notre force
à la légion.
Ceux qui ont souffert dans leur chair mutilée ne désirent pas de noms sur leurs
cicatrices.
Et ceux qui ont pleuré de rage et de honte, quand il a fallu tendre des poignets
invaincus à un ennemi arrogant, estiment qu'il faut attendre une heure plus faste
pour nommer les Héros. — Il y en aurait d'ailleurs beaucoup trop à citer.
La neige glacée couvre les ondulations de ce paysage lorrain. 19 degrés au-
dessous de zéro.
01.01.1940 – 02.01 1940
Dans la nuit du 1er au 2 janvier, le 11e monte aux avant-postes. Le trajet, bien qu'à
peine de la valeur d'une demi-étape normale, est un véritable calvaire. Sur les
routes glacées, il y a tous les quelques mètres un cheval ou un homme par terre
Pour faire la relève en temps voulu sans se laisser surprendre par le jour, il faut
399
Chapitre VI Le 11e R.E.I

porter ou tracter à bras tout le matériel.


Enfin les légionnaires sont face à face avec les boches. Ceci est une façon de
parler, car, des boches on n’en voit pas.
Le jour, l'ennemi reste invisible, mais dès que la lourde nuit d'hiver a jeté ses
ombres sur les bois et dans les ravines, des groupes de rôdeurs, guidés par des
chiens pénètrent partout dans cette ridicule ligne de petits postes placés on ne
sait ni comment ni par qui, où l'installation et les défenses accessoires sont à l'état
embryonnaire. Le légionnaire ne comprend pas très bien… Lui qui ne pose son
fusil que pour prendre la pelle, la pioche, le pic ou la truelle, se demande ce
qu'ont bien pu faire les lascars, qui avant lui ont occupé cette position pendant
trois mois... mais le premier moment de mauvaise humeur compréhensible passé
il se met à l'ouvrage malgré le froid et la dureté de ce sol glacé jusqu'au tréfonds.
Le premier jour, il ne peut rien contre ce harcèlement de trappeur bien stylé, mais
rapidement il a compris l’astuce et bientôt c’est lui qui se promène dans les
propriétés en face.
Sous prétexte de conditions climatériques dures, les Régiments voisins ne
faisaient des périodes de ligne que de cinq Jours, le 2e Bataillon demande à
doubler la dose afin de ne pas être relevé au moment où il commence à connaître
le secteur. Bientôt les patrouilles s'en vont de plus en plus profondément chez le
boche. L'une d'entre elles va faire un coup demain sur la porcherie des feldgraus
et ramène trois beaux sujets à soie. Jaloux, les gars de la Compagnie d’à côté
partent à leur tour et reviennent avec deux seigneurs à groin, mais comme il fallait
faire plus que les camarades qui avaient trois pièces à leur tableau, ils s'en vont
jusqu’à l'autre extrémité du village et vont présenter les armes au monument des
morts de la guerre 14-18 placé a l’entrée du cimetière.
Un jour, le projectile d'un lance-grenade vient tomber dans le trou d'une première
ligne où se trouvaient postés un caporal et trois hommes. La sentinelle, un petit
polonais d'à peine vingt ans, s’aperçoit du danger que courent ses camarades
assoupis au fond de l'élément de tranchée et sous les yeux ébahis du caporal qui
a relaté le fait, il se couche à plat ventre sur la grenade. Il s'en est allé au ciel du
Dieu des armes pour sauver d'une mort certaine ses trois camarades.
La relève du Régiment arrive après trente jours de ligne. On ne reconnaît plus le
secteur. D'abord les boches matés sont beaucoup moins hardis et ne s'infiltrent
plus dans nos lignes et puis les trous de rats trouvés à l'arrivée se sont transformés
en tranchées et abris fort habitables sinon luxueux. Une chose pourtant chiffonne
les légionnaires. Là-bas, très loin, à deux kilomètres 500 en avant des petits
postes, une longue bannière rouge à croix gammée noire flotte au sommet d’un
pilon de ligne de force et a l'air de les narguer. Ils ont juré de ne pas quitter le
400
Chapitre VI Le 11e R.E.I

secteur avec cette oriflamme en place et, la nuit de la relève trois d'entre eux
guidés par leur lieutenant s'en vont, après avoir savamment contourné le village
occupé, décrochent l'étendard qu'ils ramènent discrètement sans se vanter de
l'exploit, car le Commandant ne serait peut-être pas très content de savoir qu'on
est allé sans rien dire aussi loin dans les lignes allemandes.
Et la division part au grand repos… Bien entendu, il n'en est pas question pour la
Légion et le 11e reste en secteur occupant les secondes lignes, travaillant à
l'aménagement du fameux fossé antichar avec, dès l'aveu même du Général
Freydenberg un rendement quadruple de celui des autres unités. Pendant ce
temps, les trois groupes francs du bataillon vont chaque nuit explorer le terrain
dans le « NO MAN’S LAND ». Au retour de l'une de ces expéditions, le groupe
franc du premier bataillon étant rentré dans nos lignes, le lieutenant l'envoie vers
le village où est le gîte de jour et s'arrête à un P.C de chef de section d'avant-poste
pour préparer la sortie de la nuit suivante.
Il est à peine là depuis un quart d'heure qu'un baroud formidable se déclenche
sur la gauche vers le poste de liaison avec les Britanniques. Le lieutenant n'hésite
pas un seul instant, il a gardé avec lui son agent de liaison : « Cours vite vers le
village et ramène le groupe » … Le légionnaire part tête baissée vers l'arrière, mais
il n'a, à faire que la moitié du chemin, car au bruit de la fusillade et de l’éclatement
des grenades, le sous-officier adjoint fait faire demi-tour et ramène ses hommes
vers le Lieutenant.
En quelques instants, une contre-attaque est montée et le groupe en deux vagues
part vers le poste où il semble que les chevaliers du G.R.D. se battent, toujours.
En débouchant sur le plateau, la première vague est arrêtée par le feu des
Allemands qui ont conquis la moitié des organisations. La Deuxième vague fait un
savant mouvement tournant pour prendre l'ennemi à revers et au moment où,
au pas de course, elle débouche sur l'arrière de l’ouvrage, le lieutenant enlève
son groupe et bondit droit sur le boche qui tient la majeure partie de tranchées
et des boyaux.
On ne se bat qu'à la grenade et à la mitraillette ; le groupe franc prend pied dans
l'ouvrage et délivre ceux des cavaliers que l'ennemi avait capturés ; le lieutenant
tombe, le bas du corps traversé par une rafale de mitraillette, mais il continue à
exciter ses hommes de la voix. L’ennemi sentant la partie perdue par l’arrivée de
cette contre-attaque imprévue que rien n’arrête, lance des fusées pour demander
des secours à son artillerie et bat en retraite vers son poste le plus proche
abandonnant ses morts et ses blessés.
Les pertes chez nous sont sévères aussi : trois morts, sept blessés dont quatre
graves, parmi eux le lieutenant dont les ailes du nez se pincent déjà, il perd son
401
Chapitre VI Le 11e R.E.I

sang en abondance, on ne peut le laisser dans cet ouvrage soumis au


bombardement ennemi et dominé par un petit poste boche. D'autre part, les
boyaux vers l’arrière ne sont qu'amorcés et ont à peine 40 centimètres de
profondeur. Qu’importe, les blessés seront ramenés.
Pendent 3/4 d’heure, un caporal et trois hommes ramperont dans cette amorce
de boyau portant chacun sur leur dos l’un des blessés graves. Le caporal qui a pris
le lieutenant en charge sent le corps s’alourdir sur ses reins. Il entend comme un
souffle : vengez-moi...
Vive la Légion — et quand dans le ravin il déposera son fardeau, ce ne sera plus
qu'un cadavre.
Le lendemain, le Colonel visitant les blessés graves au G.S.D., où leur état les
maintient, s’entendait supplier par deux d'entre eux de leur conserver leur place
au groupe franc pour quand ils seraient guéris afin de pouvoir venger le
Lieutenant. Hélas ! Tous les deux sont allés rejoindre leur Chef au paradis des
braves. Trois jours plus tard, dans une affaire analogue, le groupe franc du 2e
bataillon était engagé. Les légionnaires firent là aussi splendidement leur devoir
et il ne faut en prendre pour preuve que le rapport que dicta à l’Hôpital le
Lieutenant commandant qui, très grièvement blessé et amputé d'abord du bras
gauche, eut le courage avant de mourir de relater la conduite magnifique des 40
soldats qui l'accompagnaient dans son raid. Tout d'un coup ce fut l’annonce de
l'offensive foudroyante. Le 11e, jeté d’abord en des points dits cruciaux où il ne se
passa rien, alla s’installer à la charnière entre Meuse et Chiers où les divisions
s’emmêlaient dans un galimatias, duquel il était certain qu'on ne pouvait rien tirer
de bon.
Les Régiments relevés avaient une hantise de ce secteur sous-bois. On racontait
lors de la relève les histoires les plus abracadabrantes. Certes, la position était
dure à tenir, mais n'avait rien de démoniaque. Les légionnaires commençaient à
s'y faire, quand la 5e nuit après la relève ils eurent à subir un bombardement
infernal de sept heures, suivi au lever du jour d'une attaque massive des trois
Régiments de la fameuse 56e Division allemande, tellement réputée que son
arrivée dans le secteur, disait l'ordre du Jour du Général commandant l'Armée,
devait changer la situation.
Certes, les assauts furent rudes. À l’Allemande, c'est à dire en formations serrées,
les troupes venaient à l’assaut de nos lignes en lisière de bois. Mais la vieille
Légion n’en eut cure. Au bruit de la fusillade, des hommes partis à la corvée de
soupe qui avait lieu à la prime aube, firent demi-tour et allèrent rejoindre leur
groupe sous la mitraille. Comme ils disaient : « À la Légion, on ne baroude pas les
uns sans les autres ».
402
Chapitre VI Le 11e R.E.I

Dès le début il s’avéra que l’affaire serait chaude. Le flot ennemi qui sans cesse
croissait, le feu intense de l’artillerie sur tout ce qui n’était pas première position,
le mordant de l'assaillant, son étouffement par des éléments de toutes armes...
Bref, c'était bien le signe de la grosse attaque... À 5 heures, à 7 heures, à 9 heures,
à 13 heures, la poussée allemande pesa de tout son poids, mais rien n'ébranle le
vieux « ROC-LÉGION ».
Si des infiltrations ennemies, grosses il faut l'avouer, pénétrèrent dans nos lignes,
elles connurent un sort malheureux, car les légionnaires se battaient la rage au
cœur pour venger leur bon Monsieur l'Aumônier dont je vous dirai l'histoire tout
à l'heure et le Capitaine de G., lâchement assassiné le matin.
27.05.1940
En effet, le 27 mai lors de l'attaque de 5 heures, le Commandant du bataillon qui
semble recevoir le gros de la poussée et qui est privé depuis le bombardement
nocturne de toutes liaisons avec ses Compagnies en ligne, envoie son Capitaine
Adjudant-Major escorté de quelques légionnaires pour se rendre compte de la
situation.
Sous-bois et à peu près à mi-chemin entre le P.C du bataillon et les premières
lignes, le Capitaine trouve un Officier allemand et 4 hommes adossés à des arbres
et qui, en voyant venir les nôtres, levèrent les bras. Le Capitaine s’avance vers eux,
seul, afin de leur inspirer confiance, mais il n'en était plus qu'à quatre ou cinq
mètres quand les cinq ennemis se jettent à terre et que derrière l'un des arbres
se dévoile une mitraillette dont le pauvre Capitaine reçoit toute la décharge. L'un
des suivants tombe aussi, mais les autres se sont vite ressaisis. Pas un des traîtres
n'en réchappera pas, pas plus d'ailleurs que tout ennemi en armes ayant réussi à
s'infiltrer et trouvé dans les bois au cours des deux nettoyages opérés dans la
journée.
Quand de son propre aveu, l'ennemi confesse 2 560 morts pour cette journée du
27 mai. Quand, occupé qu'il était à ramasser ses victimes pour les envoyer au four
crématoire, dernière demeure du guerrier nazi, il a été par la suite 36 heures sans
tirer un coup de fusil, il faut tout de même que la leçon qu'il avait reçue du 11e
Étranger ait été rude. Ne nous éternisons pas à raconter les beaux faits dont cette
journée fut émaillée. Nous n'en finirions plus. Citons-en seulement quelques-uns.
À la jonction de deux bataillons, une solution de continuité soudain s'est produite
par la chute malencontreuse de quelques gros obus au cours du pilonnage
nocturne. C'est là qu'à l'attaque de 5 heures, l'ennemi trouve à s'infiltrer.
L'occasion est magnifique et dans une clairière, quelques centaines de mètres en
arrière, deux officiers allemands rassemblent leurs hommes, au nombre d'une
soixantaine, pour préparer probablement un coup sur notre seconde position,
403
Chapitre VI Le 11e R.E.I

quand, du bois surgissent deux hommes, un sergent et un caporal, fusil mitrailleur


à la hanche. En quelques secondes, la moitié du groupe était fauchée et le reste
terrorisé par ces deux hommes qui leur criaient en allemand “rendez-vous ou
vous êtes morts !”, se rendit. Quelques minutes plus tard, l'un des officiers
allemands fait prisonnier, l'autre était resté tué dans la clairière, nous disait :
“Ces deux soldats ne sont pas des hommes, mais des démons.” Hommage
sensible au cœur des légionnaires, car sans le savoir, cet officier allemand plagiait
le Général mexicain qui disait des hommes du Capitaine DANJOU à CAMERONE
“Ce ne sont pas des hommes, ce sont des démons”.
Serait-ce par hasard pour cela qu’en décembre 1939, le speaker de Stuttgart
annonçant notre arrivée au Front disait : “Hier l’infernale légion est montée en
ligne à X.”
Pour garder cette position sur laquelle les trois Régiments de la 56e Division,
renforcée des “Stosstruppen” de la 52e s’acharnent, les légionnaires, le ventre
creux (car la corvée de soupe du matin n’est pas montée) font des prodiges au
corps à corps avec une audace déconcertante. Ce vieux qui a 18 ans de services
est en train de se faire panser au poste de secours avec trois éclats de grenade
dans la poitrine. Il a le torse nu, ruisselant de sang, et le docteur va lui faire son
pansement quand un agent de liaison arrive en disant “Les boches se sont
infiltrés, ils sont à 150 mètres d’ici sur le layon.”
Le vieux s’échappe des mains du docteur, ramasse une musette de grenades qu’a
déposée là un autre blessé et s’élance vers le layon. Il rendre 20 minutes plus tard
avec une quatrième blessure à la poitrine ; cette fois c’est une balle de mitraillette
qui l’a traversé de part en part sans toutefois touche aucun organe essentiel, et
trouvant le médecin du bataillon affairé à panser d’autres blessés, il lui dit :
— Je passe au poste de secours du Régiment. Je tiendrai bien jusque-là. Les vieux
comme moi, ça a la peau dure. Vous avez trop de travail ici.
Si vous voulez une image du spectacle de cet homme promenant sur la piste son
torse sanguinolent aux 4 plaies béantes, imaginez la statue religieuse de Saint
Sébastien sortir peinturlurée en vif de chez un de ces marchands de
bondieuseries de Saint-Sulpice, comme disait Huysmans….
Sept fois dans la journée, ce petit bleusard qui a à peine 20 ans, a fait la liaison
sous la mitraille et les balles entre le P.C de son bataillon.et le P.C du régiment ; la
7e fois, il arrive et s'effondre sur le parapet du bout de tranchée qui est tout le P.C
du Colonel et tend son papier en disant “Je suis foutu, vidé…”
Il a les lèvres violettes et sèches et des yeux grands comme des pièces de cent
sous. Pendant qu'on dépouille son papier, on lui fait boire un peu de café et il finit
par pouvoir parler et avouer que depuis la veille midi il n'a pas mangé (il est 15
404
Chapitre VI Le 11e R.E.I

heures 30) et que ses jambes ne veulent plus le porter… On lui donne deux
tablettes de chocolat qu'il engloutit, boit encore un peu de café et comme il
entend qu’on désigne un opérateur radio dont l'appareil a été démoli quelques
heures plus tôt pour se débrouiller, pour essayer de trouver le P.C du bataillon, il
dit “Il ne trouvera jamais celui-là…. Je vais avec lui”.
Une heure et demi plus tard il revenait, le bras droit en écharpe, un revolver dans
la main gauche et poussent devant lui cinq prisonniers.
“Là, dit-il dans la poche de mon pantalon, j’ai le papier en réponse au vôtre. Le
‘radio’ a été tué en allant à 150 mètres du P.C du bataillon par le même obus qui
m’a cassé le bras. C'est le Commandant qui m’a dit de vous amener les
prisonniers, mais je dois vous dire qu'il en manque un. Il faisait des chichis pour
avancer sur la piste, alors je lui ai foutu un coup de revolver dans la gueule. Il n’a
pas fait OUF”.
Le lendemain de cette journée mémorable, le Colonel commandant le Régiment
recevait du Général commandant la Division la lettre suivante :
“Mon cher Colonel.
Trois mots seulement pour vous remercier du magnifique succès d'hier et vous
exprimer mon admiration — “Bravo la Légion”. Faites-en part à vos Officiers et à
vos légionnaires, en leur disant toute mon affection.
Signé : Général de VERDILHAC”.
Cette simplicité dans l'admiration d’un grand chef se passe, je crois, de tout
commentaire. Un beau jour, un ordre stupéfiant arrive au Régiment. Il faut aller
prendre de nouvelles positions à l'arrière, car, à gauche, l'ennemi a percé et nous
risquons d'être tournés… Faites avaler à un légionnaire que le terrain qu'il a gardé
dans des combats acharnés doit être laissé à. l'ennemi et qu'il faut filer presque
honteusement vers l'arrière, est chose difficile. Une consigne toutefois est
rigoureusement observée : “Il faut laisser à l’ennemi le moins possible de choses
utilisables”. Une rage de destruction s'empare alors de lui.
L’ordre est de commencer le mouvement à 21 heures. Bon... mais il faut d'abord
détruire. Le mouvement n'a commencé qu’à une heure du matin, mais l'Allemand
n’a pas trouvé chez nous un gourbi où abriter, une cartouche ou un manche de
pelle utilisable.
La Division s'était portée sur une nouvelle position vers ces bois célèbres où les
chasseurs du Colonel DRIANT s'illustrèrent en 1916. Il avait plu ce jour-là un de
ces crachins comme il sait en tomber dans la Meuse. Les routes étaient des
patinoires encombrées par les colonnes triples ou quadruples ou chevauchaient
hommes, animaux, engins mécaniques. Un de nos camions, chargé à cinq tonnes
’essence, fait une fausse manœuvre et glisse dans le fossé. Le conducteur navré
405
Chapitre VI Le 11e R.E.I

fait appel à tous ceux qui passent pour le tirer de ce mauvais pas.
Quelques essais hâtifs, mais abandonnés sont tentés, l’arrière-garde constituée
avec le G.R.D. arrive et oblige le légionnaire à filer en abandonnant véhicule et
chargement. À une quinzaine de kilomètres à l’arrière, le conducteur trouve par
hasard sur la place d’un village encombre le Sergent d’échelon qui s’était mis en
quête de son camion d’essence : “Ou est ton Berliet” ? “Là-bas dans le fossé sur
la route de DUN. Les cavaliers du G.R.D. m'ont obligé à l’abandonner en disant
que les boches arrivaient”.
“Y as-tu mis le feu ?” “Non, je n’y ai pas pensé”. — . » Ah ! tu n'y as pas pensé,
mais tu as laissé cinq mille litres d'essence et un camion tout neuf entre les mains
des boches… et bien, je vais aller y mettre bon ordre moi » et sautant sur sa moto,
il disparaît dans la nuit en direction de DUN.
Aux avant-postes à une douzaine de kilomètres de là, le sergent est arrêté par les
cavaliers du G.R.D. — Il discute, veut à tout prix passer. Un lieutenant intervient
et dit « votre camion est au moins à trois kilomètres d'ici et doit être depuis
longtemps entre les mains des boches, car à la tombée de la nuit nous avons vu
l’ennemi sortir de DUN et franchir la Meuse. Nous nous attendons d'un moment
à l'autre à les voir surgir et nous ne pouvons rien pour vous, car nous ne sommes
ici qu'en action retardatrice ». « Mon Lieutenant, il ne peut pas être dit que des
légionnaires aient laissé aux boches quelque chose d'aussi précieux que 5000
litres d'essence. À mes risques et périls, laissez-moi tenter le coup d’aller mettre
le feu au camion ». Le lieutenant influencé par l'air décidé de ce grand garçon dit :
« Il n'y a que les légionnaires pour avoir des idées pareilles… Allez-y ». Cinq
minutes plus tard, une immense flamme embrasait le ciel et sur ce fond de rouge
sang, les cavaliers virent rentrer, courbé sur sa machine, le sergent cinéaste
d'outre-Atlantique. Fils d'un grand ami de la Légion, il s'arrêta à la hauteur du
G.R.D. et dit : « Mission accomplie. Je vous remercie, mon Lieutenant ».
Ce que le sergent n'a pas dit en rendant compte que le camion avait été incendié,
nous l'avons su par l’officier de cavalerie des avant-postes : c'est qu'il était rentré
sous la grêle de balles. Mais il avait trop de cran naturel pour se vanter d'un aussi
petit détail. Et les journées difficiles et pénibles se succèdent. On se bat le jour
pour maintenir l'ennemi, on décroche la nuit pour aller se remettre à la hauteur
des autres. Essayer de faire comprendre à des légionnaires qui se battent comme
des chiens le jour, qui ne laissent pas un pouce de terrain à l'ennemi, qu'ils doivent
s'en aller la nuit parce que cette façon de faire s’appelle du repli stratégique…
Nous pouvons vous assurer que c'est dur.
18.06.1940
L'aube du 18 juin nous trouve dans un ravissant petit village tout fleuri de roses,
406
Chapitre VI Le 11e R.E.I

SAINT-GERMAIN-sur-MEUSE. La journée météorologique s'annonce belle ; la


preuve en est, c'est que ce sale petit avion à croix gammée que les légionnaires
ont surnommé « Dudule » ou le « Mouchard » est déjà au-dessus de nous alors
que nous avons à peine entendu le chant du coq. Mais ce jour-là « Dudule » salue
son dernier matin, car les mitrailleuses du 1er bataillon, qui depuis longtemps
l'espèrent, interrompent ses ébats d’observateur maître du ciel. Quelques rafales
bien ajustées mettent fin à la vie du « Mouchard » qui va s’affaler dans un champ
en bordure du bois de VOID. Pour n’être pas taxés de cravateurs, les mitrailleurs
du 1er bataillon vont couper un bout de l’hélice et le rapportent comme pièce à
conviction. Cette journée sera la plus chaude de celles que la Légion aura à
endurer. Les ordres de la Division sont de tenir coûte que coûte 3 ponts de la
Meuse et six kilomètres de front le long de cette rivière, jusqu’au 19 à 4 heures
du matin. Le 11e tiendra sous une avalanche titanesque de fer et de feu, seul,
absolument seul, sans l’appui d’un seul obus de notre artillerie, tandis que les
pièces allemandes qui nous pilonnaient tiraient à vue des bois d’en face à quelque
trois kilomètres de nous.
En fin de journée, du ravissant coquet petit village fleuri, il ne restait que des
ruines fumantes autour du clocher écroulé ; entre les mains des docteurs au
poste de secours il était passé 383 blessés de chez nous et les positions étaient
jalonnées de cadavres, mais nous tenions toujours nos trois ponts et nos six
kilomètres de front. Un Chef de bataillon, 2 Capitaines, 4 Lieutenants, 1 Médecin
étaient parmi les Morts ; les docteurs, les infirmiers, les brancardiers firent des
prodiges pour ne pas laisser un seul blessé sans pansement et quand le
lendemain à 3 heures les boches s’emparèrent de la cave ou le médecin-chef avait
voulu rester après le repli pour ne pas abandonner les 95 blessés qui n’ont pu être
évacués à temps, ils dirent à ce remarquable officier :
« Il est inimaginable que votre Régiment ait pu tenir hier sous le feu d’enfer que
nous lui avons fait subir, qu’il n’ait pas lâché ce village malgré nos assauts et vos
pertes, surtout que vous n’avez pas eu un seul obus français pour vous soutenir. ;
partez, Monsieur le Docteur, avec vos blessés, ils ont besoin de vos soins. Nous
nous chargeons de rendre à vos morts les honneurs qu'on doit à des braves de
cette espèce. »
Pour cette journée encore il serait difficile de citer tous les traits d’héroïsme ; il
faudrait des volumes… Pourquoi pourtant devrais-je me retenir de citer le cas de
ces deux observateurs du Régiment qui, placée dans le clocher, restent à leur
place bien que la flèche ait déjà attente trois fois et ne descendent qu’avec
cloches quand celles-ci s'abattent avec toute l’armature dans les ruines fumantes
de l’église.
407
Chapitre VI Le 11e R.E.I

Et cette équipe de brancardiers (2 hommes) qui à elle seule alla chercher le long
de la Meuse 57 blessés malgré les rafales de mitrailleuses qui enfilaient les trois
rues principales du village. Et ce petit lieutenant qui, au milieu du pont d’UGNY,
au nez et à la barbe des boches réparait (les spécialistes ayant disparu) les
cordeaux détonants du système de destruction abîmés par les éclats d’obus.
À vous, morts du 18 juin, que l'ennemi avait promis d’honneur, je souhaite que
votre sépulture soit le cimetière de Saint-Germain-sur-Meuse. Ce nom passera
dans les fastes historiques du 11e… Et quand, à la saison nouvelle, les roses que
vous avez vues épanouies à l'aube de votre dernier jour refleuriront, ce sera pour
embaumer cette terre que vous avez si héroïquement défendue.
Le 19 juin, le lendemain, sur la route de Blénod-lès-Toul les engins blindés
allemands faisaient pour la seconde fois connaissance avec nos canons de 25.
Cette rencontre ne fut pas plus heureuse pour eux que celle de l'avant-veille,
puisque les 4 engins apparus furent détruits.
Les fantassins portés tentèrent malgré tout deux fois l'assaut de nos positions qui
n'étaient que des lisières de bois sans l'ombre d'une organisation, mais deux fois,
ils firent demi-tour à la vue de ces légionnaires décidés qui n'hésitaient pas à
sortir des couverts pour mieux ajuster leurs coups et pour pourchasser ces
feldgraus téméraires.
Jusqu’à l'ultime minute, pour ne pas dire au-delà, le 11e tint le boche en échec au
point qu'on avait l’impression que l'ennemi n’insistait plus, dès qu’il sentait qu'il
avait affaire à la Légion. Il préférait aller manœuvrer ce qui aurait dû être les ailes.
Je vais vous raconter maintenant pour terminer la très belle et simple histoire de
l'aumônier du Régiment :
Il s'en était venu à la 6e D.I.N.A. arrivant d’une paroisse ouvrière rouge du Nord,
là où le climat et la vie sont rudes, les âmes difficiles à garder. Dégagé de toutes
obligations militaires, il avait néanmoins demandé à servir au Front comme
aumônier et pour première affectation on lui donna la Légion. Il fait dire qu’à cette
annonce ce bon Monsieur l’Aumônier fut un peu catastrophé – La Légion, cette
troupe de soudards qu’on dépeignait un peu partout uniquement comme des
ivrognes sans foi ni loi …
Il tombait bien. Par esprit religieux, il s’en réjouit pourtant, se souvenant de la
parole de l’Évangile qui dit « qu’il n’y a plus de joie au ciel pour un pêcheur qui
revient à la maison du Père que pour cent justes qui n’ont pas besoin de
conversion ».
Le premier dimanche où il monta en chaire dans un petit village de l’arrière, ce
fut pour dire sa joie d’avoir été affecté au 11e et pour annoncer qu’en vrai
légionnaire il était venu pour servir et pour partager nos joies, nos souffrances,
408
Chapitre VI Le 11e R.E.I

nos deuils ; qu’il entendait servir parmi nous en prêtre, c'est-à-dire en autre Christ
et qu’il offrait bien volontiers sa vie si celle-ci pouvait être utile à la gloire de la
France et de la Légion ».
Et dès lors on ne vit plus que lui dans tous les coins dangereux. Il ne passa pas un
jour sans visiter tous les éléments les plus avancés et les plus exposés. Les
légionnaires n’avaient pas de meilleur et de plus fidèle camarade que lui. Mais où
on le voyait toujours, c’était aux endroits où « ça bardait » suivant l’expression du
légionnaire.
21.05.1940 - 22.05.1940
Qui ne se souvient pas à la 6e D.I.N.A. de cette atroce nuit du 21 au 22 mai où la
relève se fit sous une pluie de fer et de feu ?... Pas un point de passage obligé qui
ne fut pas pilonné par la grosse artillerie allemande. Partout des chevaux
éventrés, des véhicules renversés, des morts en travers les pistes, des blessés
hurlants ; les tirailleurs affolés et ayant perdu leurs guides se tapissaient dans les
buissons et attendaient la mort ou l’intervention d'Allah avec tout le fatalisme de
leur race.
Au milieu de ce chaos, une grande silhouette noire allait d’un blessé à l'autre,
remettait en confiance les apeurés et les perdus, mais surtout aidé du médecin-
chef du régiment galvanisait littéralement les équipes d'infirmiers et de
brancardiers régimentaires qui ne pouvaient rien refuser à cet homme de Dieu
aussi calme sous la mitraille que sur les marches d'un autel.
À partir de cette nuit, sa réputation était faite au 11e et pas un blessé du Régiment
ne peut se vanter de n’avoir pas vu ce prêtre extraordinaire à son chevet, au poste
de secours auprès de lui sur le terrain où il était tombé. Sa bonté inépuisable, sa
saine gaieté, son cran extraordinaire avaient fait de lui en quelques jours l’homme
le plus populaire du Régiment.
27.05.1940
Hélas…, au matin du 27 mai, lorsque penché sur un moribond, il lui prodiguait
les suprêmes consolations, un sauvage éclat d'obus vint lui arracher un bras et la
moitié du tronc. On le retrouva quelques minutes plus tard, couché près du
brancard de l'homme qu'il venait d'assister. Son visage était d'une sérénité
absolue, tout empreint de cette paix promise sur la terre aux hommes de bonne
volonté. Sa belle âme était allée là-haut chercher sa récompense. Nous
avonsconscience de nous être battus en bons et vrais Français, de n’avoir pas
démérité des anciens. Tous nos grands Chefs étant partis en captivité, le Régiment
ne se verra pas discerner les brevets officiels attestant sa bravoure et fera figure
de parent pauvre, quand les camps allemands s'ouvriront et que ceux qui
n'auront pas réussi à s’évader rentreront.
409
Chapitre VI Le 11e R.E.I

Que pourront-ils dire, ceux qui se battaient encore 6 heures 15 après la


capitulation, quand d'autres qui auront battu les records de vitesse dans la fuite
aux Pyrénées, leur opposeront des diplômes de citations collectives.
Ils n’auront pas même à leur opposer un brevet individuel puisque leurs Chefs ne
sont pas là pour attester qu’ils furent vraiment des Héros.
Tant pis…, la fatalité l’aura voulu, mais tous les légionnaires du 11e ont le droit de
porter haut la tête. Ils se souviennent avec fierté des beaux faits d’armes du
Régiment qu’ils inscrivent dans leurs cœurs ces dates prestigieuses des 27 mai et
18 juin avec les Noms d’INOR et de SAINT-GERMAIN, qu’ils citent avec orgueil les
commentaires de l’ennemi en admiration devant la conduite du Régiment et
qu’ils se disent que les rubans galvaudés ne valent pas la satisfaction du devoir
accompli pour le soldat digne de ce nom comme sait l’être « LE LÉGIONNAIRE ».

410
Chapitre VIi Le 21e R.I.C en Argonne en juin 1940

CHAPITRE VII : Les combats du 21e R.I.C. de juin 1940 en Argonne.


Extrait d’articles du Général Bernard JEAN parus dans Le Petit Journal de Sainte-
Menehould. La commune de Villers-en-Argonne fut le théâtre de combats
acharnés en juin 1940 et fut même détruite par les bombardements et les
incendies. Les hommes du 2e Bataillon du 21e Régiment d’Infanterie coloniale y
combattirent un ennemi nettement supérieur en nombre et en matériel comme
le montre le rapport du commandant VARRIER, Chef du 2e Bataillon du 21e R.I.C. :
le 13 juin 1940, le 2e Bataillon du 21e Régiment d’Infanterie coloniale est installé
défensivement au Nord, à l’Ouest et au sud de Villers-en-Argonne. Il a mission
d’interdire : l’accès à la forêt de l’Argonne, la route de Villers à Passavant, la trouée
au sud de Villers-en-Argonne. Son front s’étend sur trois kilomètres : P.C du
Bataillon à Villers-en-Argonne, P.C du Régiment (colonel Cazeilles) à la ferme
Montdésir (Ouest de Passavant). Les 11 et 12 juin, les habitants ont évacué Villers-
en-Argonne.
Le Colonel Cazeilles communique que le front préexistant a été enfoncé. L’ennemi
va se présenter sous forme d’éléments motorisés. En conséquence, barrer tous
itinéraires. Le Commandant du II/21e R.I.C. a pris ses dispositions, ses unités sont
en place : barrage des rues, des routes, mises en place des armes automatiques
et antichars (cinq canons de 25, quatre canons de 75) terrassements, abris sont
faits en vingt-quatre heures. Le 6e RTS qui vient de livrer combat à l’ouest de
Villers (direction de Braux-Saint-Remy) se replie et s’installe au sud du 2e bataillon
(bois à l’ouest du village, Le Chemin) vraisemblablement le bois des Horgnes, ce
qui s’explique par la présence de tranchées dans ce bois.
Le 13 juin matin, des villages aux Nord, Nord-Ouest et Ouest de Villers, brûlent.
Le Chef de Bataillon, le commandant Varrier effectue personnellement, le 13 juin,
deux reconnaissances en avant de Villers : à 11 heures 30, en auto en passant par
le village d’Ante, à 13 heures 30, en moto, à la station de Villers (1 kilomètre ouest
du village). À 14 heures 30, deux engins blindés ennemis tentent de s’infiltrer à la
gauche du bataillon sur le front de la 7e Compagnie (Capitaine Allegrini) route
d’Ante à Le Chemin. L’un d’eux est touché et brûle à 200 mètres de la 7e
Compagnie. L’autre fait un tiers de tour et, touché â son tour, brûle â 300 mètres.
Ils ont été mis hors de combat par un canon de 25 du Bataillon. Nous faisons un
prisonnier blessé, prenons des papiers qui sont acheminés sur le P.C du Régiment,
les autres occupants brûlent dans les voitures. Dès lors, contact est pris avec
l’ennemi. Vers la fin de l’après-midi, le 1er bataillon du 14e R.I. de la 35e D.I. se
replie et passe Villers. On aperçoit à ce moment des mouvements ennemis à
km 500. Une Compagnie, commandée par le Capitaine Marchenoir du 18e
Bataillon d’Infanterie légère d’Afrique est mis à la disposition du commandant
411
Chapitre VIi Le 21e R.I.C en Argonne en juin 1940

Varrier, dans la nuit du 13 au 14 juin, pour renforcer la face ouest de Villers.


Jugeant sur place de la situation, le commandant Varrier décide de lui faire
prendre position face au Nord et personnellement, l’installe sur le terrain. Je veux
éviter l’encerclement. Cette unité tiendra les lisières Nord de Villers. Cette
décision est heureuse puisque par ses feux, elle va empêcher, au cours de la
journée du 14 juin, la progression de l’adversaire par le nord du village. Le 13 au
soir, il n’y a plus d’éléments amis devant le 21e R.I.C. et le 18e B.I.L.A.
Le 14 juin matin, devant le front du Bataillon, des mouvements ennemis révèlent
que le contact avec l’infanterie de l’adversaire est sur le point de se produire. Le
Bataillon est prêt, cadres et troupes attendent l’ennemi, confiants dans leur force,
leur discipline, leur volonté de vaincre.
Le 14 juin, à 13 heures, les avions ennemis, volant en rase-mottes, mitraillent les
positions du II/21e R.I.C. et le village de Villers.
Vers 13 heures 30-13 heures 45, l’ennemi, se rendant compte d’une résistance
sérieuse devant lui, déclenche un bombardement durant jusqu’à 15 heures et
d’une extrême violence sur les positions du Bataillon. Qu’importe, malgré les
pertes causées par l’Artillerie, le II/21e R.I.C. tient courageusement sous la
mitraille. On se croirait à une préparation d’artillerie de Verdun 1916. Les
premiers obus ont mis le feu au village, qui en quelques instants n’est plus qu’un
immense brasier et sera complètement détruit par cette formidable préparation
d’artillerie d’une heure et demie. Le commandant Varrier prévient ses unités
d’une attaque imminente ; il rappelle à tous la discipline du feu, interdit de
déclencher les tirs avant l’attaque de l’adversaire, qui, à ce moment, se déplace à
800 mètres à un kilomètre devant le front du Bataillon, en utilisant les couverts.
Vers 15 heures, l’ennemi, en chantant et criant, attaque avec mordant toutes les
positions du II/21e R.I.C. Son gros effort se produit à l'ouest du village, sur la 5e
Compagnie (Capitaine Charvet) et sur la 6e Compagnie (Capitaine Paganel) au
Sud. En même temps, avec l’appui de l’artillerie, il pousse des infiltrations à
travers bois, sur les ailes du Bataillon, sur la 7e Compagnie (Capitaine Allegrini)
tentant ainsi un encerclement de la position. Les unités du II/21e R.I.C., avec un
sang-froid remarquable et une calme bravoure, supportent le choc. Lorsque
l’ennemi est à 200 mètres, 120 mètres, 100 mètres, et en certains points des
positions plus près encore, elles ouvrent un feu violent de mitrailleuse, de fusil-
mitrailleur, grenade V.B., grenade à main et engin d’accompagnement.
L’assaillant subit des pertes très sévères. Avec beaucoup de cran et de mordant,
il renouvelle ses attaques, pendant plusieurs heures, mais les pertes sont de plus
en plus lourdes malgré les moyens puissants mis en action (forces très supé-
rieures en nombre et en matériel : artillerie, mines, aviation, rafales de
412
Chapitre VIi Le 21e R.I.C en Argonne en juin 1940

mitrailleuses). Il poursuivra ses assauts jusqu’à 17 heures 30-18 heures, mais en


vain : il n’arrive pas mordre dans le dispositif du Bataillon. Au cours de cette
attaque, des éléments des 5e et 6e Compagnies ont livré dans les sous-bois des
combats très rapprochés qui restent à leur avantage sans pertes élevées.
Le bombardement de nos positions et les assauts répétés de l’adversaire ont
causé quelques pertes au Bataillon, mais celles infligées à l’ennemi sont très
sérieuses, en particulier devant le front de la 5e Compagnie (Capitaine Charvet)
unité qui a été admirable. On estime que 200 hommes de troupes assaillantes
ont été mis hors de combat. Devant notre réaction et nos contre-attaques,
l’ennemi n’ayant pu entamer notre dispositif se replie et est contraint de se terrer.
Dès lors, son élan peut être considéré comme brisé.
Il est 18 heures -18 heures 30. À 19 heures, un calme absolu règne sur le champ
de bataille. Au cours de l’attaque, le Commandant Varrier a demandé l’appui de
l’Artillerie. Une Batterie de 75 et une batterie de 155 situées à 9 km en arrière du
bataillon ont pu donner leur appui. Grâce à un réglage par téléphone avec une
carte au 1/50 000, leur tir a été efficace. L’ennemi n’est pas passé, nous l’avons
dominé et tenu en échec. Le II/21e R.I.C. est prêt à de nouveaux efforts ; il reste
solide sur ses positions, avec un splendide moral. À 19 heures le Commandant du
II/21e R.I.C. est appelé au P.C du Colonel Cazeilles, qui lui dit sa satisfaction et ses
félicitations devant les Officiers de son état-major ; mais hélas, il lui communique
un ordre de repli (repli qui doit s’effectuer à partir de 21 heures 30). De retour à
son P.C, le commandant Varrier donne des ordres de repli à ses Unités. Nous
faisons un prisonnier à 20 heures, à hauteur du P.C du bataillon.
Le 15 juin le décrochage, rendu très difficile par le contact de l’ennemi et
l’obscurité, est terminé le 15 juin à 2 heures 45. À 2 heures 50, après le passage
de la dernière unité de son Bataillon, le Commandant Varrier, donne l’ordre à un
lieutenant du Génie resté seul avec lui et quatre hommes, de faire sauter le pont
sur l’Aisne entre Villers-en-Argonne et Passavant. Le pont saute à 2 heures 55.
Suivant les ordres reçus, le II/21e R.I.C. se porte à 15 kilomètres au sud-est de
Villers-en-Argonne, entre Triaucourt et Charmontois Labbé. Il a pour mission de
s’installer sur une nouvelle position (4 kilomètres de front). Il s’agit encore d’une
mission retardatrice, pour protéger, comme la veille, le repli d’autres unités. En
bon ordre et sans à-coups, le Bataillon effectue le déplacement, suivant l’horaire
établi, mais avec la menace de l’ennemi, qui peut le surprendre d’un moment à
un autre.
Le Commandant Varrier ne peut citer tous les faits d’armes glorieux des cadres et
hommes de son unité, au cours de la journée du 14 juin. Tous ont rempli leur
devoir avec une haute conscience. Le 14 juin au soir, ils sont navrés de quitter le
413
Chapitre VIi Le 21e R.I.C en Argonne en juin 1940

terrain qu’ils ont glorieusement et victorieusement défendu. Ils se sont accrochés


avec opiniâtreté au sol, ils ont repoussé les violentes attaques de l’adversaire et
ils lui ont infligé des pertes très sévères et ils ont permis, en combattant avec un
magnifique esprit de sacrifice, le repli d’une grande unité (35e D.I.) et des 1er et 3e
Bataillons du 21e R.I.C. La Compagnie du 18e Bataillon d’Infanterie légère
d’Afrique, dont la conduite a été très belle au cours des assauts de l’adversaire,
est touchée également par un ordre de repli. Elle rejoint son Bataillon au cours
de la nuit du 14 au 15 juin, dans la région de Passavant.
"Baïonnettes au canon, suivez votre Colonel ! ". C'est par ces mots que le Colonel
Cazeilles entraîne ses marsouins à l'assaut, avant de s'effondrer, le 15 juin 1940
à Rembercourt-aux-Pots, en Argonne. Né en 1893, Jean Cazeilles intègre l'École
Spéciale Militaire en 1913, promotion "Croix du Drapeau"… Le 25 janvier 1940, il
prend le commandement du 2le Régiment d'infanterie coloniale stationné à
l'extrémité ouest de la ligne Maginot. Mis en juin à la disposition de la 35e Division
d'infanterie dans la région de Sainte-Menehould., le 2e R.I.C. mena un héroïque
combat retardateur et se sacrifia derrière son Colonel.

414
Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

CHAPITRE VIII : Historique du 14e G.R.C.A. du 1er février 1940 au 23 juin 1940 par
Le Lt-Colonel Gallini.
(Liste des prisonniers N 48 : Gallini (Jacques), 26-7-87, Cherbourg, col., 14'
G.R.D.I. Of. VIA.)
AFFECTATIONS :
1er février 1940 Le Capitaine Ferru, affecté au commandement d’une Compagnie
de Travailleurs Espagnols, quitte le 14e G.R.C.A.
4 mars 1940 : Le 14e G.R.C.A. quitte ses cantonnements et s’installe en entier à
Mont-Saint-Martin à deux kilomètres nord-est de Longwy, à proximité de la
frontière Belgo-Luxembourgeoise.
Il reçoit une nouvelle mission en cas d’attaque ennemie (protection des éléments
chargés de détruire un noeud de voies ferrées au Luxembourg).
L’emploi du temps est fixé comme suit :
Matin : Instruction à pied, à cheval et en véhicule.
Après-midi : Travaux d’aménagement des positions du 227e R.I. aux abords de
Mont-Saint-Martin.
17 Mars 1940 : Prise d’Armes dans le parc du château de Mont-Saint-Martin.
Remise de décorations au chef d’escadrons d’Harcourt, au Capitaine Lebon et à
l’Adjudant Thabaud.
19 Mars 1940 : Le Colonel Gallini partant en permission, le commandement du
G.R. passe au Commandant d’Harcourt.
30 Mars 1940 : Le Lieutenant de Cools, envoyé en congé de convalescence quitte
le 14e G.R.C.A.
31 Mars 1940 : Le Colonel Gallini rentrant de permission reprend le
commandement du G.R.
Du 2 au 3 avril 1940 : Le 14e G.R.C.A. effectue une manoeuvre de régiment sur la
route Longwy – Tellancourt, formant répétition de la mission prévue en cas
d’entrée au Luxembourg.
6 Avril 1940 : L’Aspirant de Brecey, nouvellement affecté, arrive au 14e G.R.C.A. Il
est affecté au 1er escadron.
8 Avril 1940 : Les Aspirants Berducou et David, nouvellement promus, arrivent au
14e G.R.C.A. L’Aspirant Berducou est affecté à l’escadron moto, l’Aspirant David est
affecté à l’escadron mitrailleuses.
10 Avril 194O : Le Lieutenant Richard est muté de l’escadron moto à l’E.H.R., et
affecté comme chef d’atelier du service auto.
12 Avril 1940 : À 18 heures, le G.R. est alerté et reçoit l’ordre de partir sur les
emplacements de départ de Longlaville, prêt à exécuter la mission prévue en
Luxembourg. À 24 heures, ordre est donné de regagner le cantonnement de
415
Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

Mont-Saint-Martin.
14 Avril 1940 : À 3 heures, nouvelle alerte et nouvelle installation à Longlaville.
Dans la journée, l’escadron moto rentre à Mont-Saint-Martin, l’escadron
mitrailleuses reste cantonné sur place à Longlaville. Le chef d’escadron
Kuntzmann, affecté au 1er G.R.C.A. quitte le 14e G.R.C.A.
15 avril 1940 : À 4 heures, l’escadron moto revient prendre position à Longlaville
et rentre à Mont-Saint-Martin dans l’après-midi. À partir de ce jour, les escadrons
restent dans leurs cantonnements respectifs et sont ____ tous les matins à 4
heures. Le Sous-Lieutenant Deciry, muté du train, arrive au 14e G.R.C.A. Il est
affecté à l’escadron moto.
18 Avril 1940 : Le Capitaine Lebon, affecté à la région de Paris, quitte le 14e
G.R.C.A. Le Lieutenant Richard est affecté provisoirement au commandement de
l’E.H.R. Les mesures d’alerte sont supprimées dans la journée du 24 avril. Le
travail redevient normal. Toutefois l’escadron de mitrailleuses reste à Longlaville.
2 Mai 1940 : Le 25e G.R.C.A., commandé par le Colonel Lesage, arrive à Mont-
Saint-Martin pour relever le 14e G.R.C.A.
5 Mai 1940 : L’état-major, le groupe motorisé et l’E.H.R. font mouvement par la
route de Mont-Saint-Martin à Reims par Longwy, Longuyon, Étain, Fresnes en
Woëvre, Vigneulles, Saint-Mihiel, Laheycourt, La Grande Romanie, Châlons-sur-
Marne, Condé-sur-Marne, Louvois, Reims, Jonchery, Pavy, Bouvancourt (escadron
de mitrailleuses) Hermonville (E.M., escadron moto, E.H.R). Le groupe à cheval a
fait mouvement le 4 mai par la route jusqu’à Longuyon et par le chemin de fer
jusqu’à Loivre à 4 kilomètres d’Hermonville. Le 1er escadron cantonne à
Hermonville et le 2e escadron à Cauroy.
6 Mai 1940 : L’instruction à pied et en véhicules reprend dans les environs
d’Hermonville. Instruction par groupe de combat et par peloton.
10 Mai 1940 : Les unités sont alertées sur place et l’escadron moto est affecté à
la recherche des parachutistes ennemis.
13 Mai 1940 : Le groupe motorisé reçoit l’ordre de faire mouvement par la route
en direction de Vouziers.
24 Mai 1940 : Le chef d’escadron Colin arrive au 14e G.R.C.A. et est affecté au
commandement du groupe à cheval.
26 Mai 1940 : Le chef d’escadron Lerno quitte le 14e G.R.C.A.
27 Mai 1940 : Le Capitaine Marchal, officier d’ordonnance du Général Flavigny
est muté au 14e G.R.C.A. et affecté au commandement de l’escadron moto.
31 Mai 1940 : Le Lieutenant Richard, affecté au commandement des trains d’une
DI, quitte le 14e G.R.C.A.
OPÉRATIONS
416
Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

Rapport du Colonel Gallini commandant le 14e G.R.C.A. (21e C. A.) sur les
Opérations auxquelles son unité a pris part du 10 mai au 23 juin 1940
Mois de mai 1940 :
Le 4 mai, le 21e C. A. étant remplacé par le 24e C. A. dans le secteur de Longwy, le
14e G.R.C.A. relevé par le 25e G.R.C.A. quitte Mont-Saint-Martin pour se rendre
dans la région de Reims. Les escadrons à cheval s’embarquent à Longuyon, les
unités motorisées font mouvement par la route. Cette modification à l’ordre de
bataille sur le front nord-est semble indiquer que le Haut Commandement
n’éprouve à cette date, aucune inquiétude et qu’il est remis de l’émotion que lui
avait causée la grave alerte du 12 avril 1940. Arrivé à destination le G.R. cantonne
à Hernnoville (E.M., un demi-escadron hippo, escadron moto, E.H.R) Caurcy (un
demi-escadron hippo) et Bouvancourt (E.M.C). Pendant leur séjour à l’arrière,
officiers, hommes et chevaux de l’unité doivent être soumis à une remise en
mains intensive. À quelques très rares exceptions près, ils sont tous de la réserve
et leur instruction a besoin d’être reprise en détail, même, en admettant que,
pour certains, elle ne soit pas entièrement à faire. Quant au matériel roulant de
réquisition, il est prévu qu’il sera troqué contre du matériel entièrement neuf qui,
paraît-il, attend en gare de Chalons que je vienne en prendre livraison. Le Q.G. du
21e C.A. est établi à Jonchery-sur-Vesle.
Le 10 mai, l’attaque allemande se déclenche. Dans la journée, des avions viennent
bombarder Reims et le terrain de Betheny. Une certaine perplexité, assez
compréhensible d’ailleurs, se manifeste dans l’E.M.
Le 11 mai, le Général Flavigny prescrit de lui envoyer un peloton de mitrailleuses
pour assurer la défense antiaérienne de son Q.G. Le Lieutenant Massenet est
désigné et part avec son équipe au complet pour Jonchery.
Cette journée et celle du lendemain se passent dans l’incertitude et dans
l’attente. Les permissions sont suspendues. Des patrouilles lancées, à plusieurs
reprises, sur les traces d’hypothétiques parachutistes ennemis amènent un peu
de diversité dans la monotonie d’une attente d’évènements graves que tout le
monde sent prochains.
Le 12, dans la soirée, je prescris aux escadrons de faire faire les paquetages et
d’avoir à se tenir prêts. Le poste de police est renforcé, des sentinelles placées
aux issues des villages occupés pour surveiller la circulation.
Le 13 mai, à midi, je reçois l’ordre de faire rentrer les hommes détachés comme
travailleurs à… Vers 17 heures, un coup de téléphone de l’E.M. de Jonchery me
fait connaître que le Général Flavigny, appelé dans la matinée à Vouziers, m’y
attend avec mon groupe motorisé (mouvement à effectuer de nuit). Un peu plus
tard de nouveaux ordres viennent compléter les précédents. Le reste du 14e
417
Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

G.R.C.A. quittera la région de Reims pour l’Argonne dans la journée du 15 ; il sera


enlevé par V.F. En conséquence : Le chef d’escadron d’Harcourt, commandant le
groupe motorisé, prendra le commandement de la colonne sur route. Départ de
Hernonville à 21 heures 30. Le chef d’escadron Lerno, commandant du groupe
hippo donnera les ordres de détails nécessaires à l’enlèvement des unités
enlevées en chemin de fer, qui, en principe, doivent embarquer au jour fixé au
Q.M de Reims en deux trains : 1 heure 30 et 9 heures.
Devançant ma colonne motorisée, je quitte Hernnonville à 20 heures 45 avec le
Capitaine Guillemelle, mon officier adjoint, et par Villers-Franqueux, Loivre,
Bourgogne, Vitry, RN 380, carrefour Mazagran, RN 46, je gagne Vouziers mon
point de première destination. Il est environ 23 heures. Jusqu’à…, la route a été à
peu près libre. À partir de cette localité, l’encombrement a commencé et j’ai dû
remonter la colonne de chars de la 3e D.C.R. qui monte en ligne en suivant le
même itinéraire que moi et qui tient une place considérable. Marchant tous feux
éteints, cette colonne gênera bien davantage celle du Commandant d’Harcourt
qui me suit et qui par surcroît rencontrera de nombreuses voitures de réfugiés
descendant du Nord et marchant en sens inverse.
Aucun incident grave à noter sur le parcours Reims – Vouziers. À signaler
seulement qu’un peu avant Mazagran la route s’est peu à peu peuplée de fuyards,
vraisemblablement des 71e et 55e Divisions d’Infanterie qui répètent à qui veut
les entendre que l’ennemi a crevé le front et arrive sur leurs talons.
Vouziers a été sévèrement bombardé par l’aviation au cours de la journée et la
ville, en pleine évacuation, est remplie de groupes de civils qui attendent leur
enlèvement. Spectacle pénible. Je me mets à la recherche du Général Flavigny.
Celui-ci a quitté Vouziers pour Senuc, Q.G. de la 2e Armée.
Du P.C du major de garnison, j’arrive après une longue attente à entrer en
communication avec le chef d’état-major du 21e C. A. pour lui rendre compte de
mon arrivée et demander des ordres. Le Colonel Tassin, après en avoir référé au
Général, me prescrit de me mettre à la disposition de la 3e D.I.M. dont le P.C est
à Buzancy et, en attendant des ordres plus précis de pousser mon groupe
motorisé pour 5 heure30. Les renseignements que je reçois sur l’ennemi sont
vagues. On croit seulement savoir que des éléments légers (motocyclistes et chars
légers) auraient atteint le 13 au soir la région de Vendresse.
Journée du 14 mai 1940 : À 2 heures 50, je donne mes ordres au commandant
d’Harcourt qui, non sans peine, a fini par atteindre Vouziers. Il ira se porter au
plus tôt, suivi du TC, sur les Petites Armoises par Boult-aux-Bois, Germont et
Brieulles-sur-Bar, TR et cuisines roulantes devant, au passage, s’arrêter et se
camoufler aux lisières est de la forêt de Boult-aux-Bois.Laissant d’Harcourt régler
418
Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

son mouvement, je me dirige sur Busancy. La sortie de Vouziers est gênée par des
chars en panne.
La route est embouteillée. Je n’arrive que vers 5 heures 30 à destination. Le
château est vide, le Général Bertin-Boussu vient de le quitter avec tout son EM
pour se porter à Châtillon-sur-Bar. Il me faut faire demi-tour et revenir sur mes
pas. Malheureusement dans l’intervalle la route qui était à peu près libre tout à
l’heure est maintenant encombrée de troupes de toutes armes (infanterie,
artillerie, génie) de la 3e D.I.M. montant en ligne et la 1re BC (Brigade de cavalerie)
pied-à-terre sur le côté droit de la route qu’elle obstrue en partie. La circulation
est des plus difficiles et on ne peut avancer qu’à l’allure de l’homme au pas. Après
le carrefour de la station d’Autruche, la route se décongestionne et il est enfin
possible de rouler à une allure à peu près normale. Je ne peux m’empêcher de
songer aux suites effroyables qu’aurait eu un bombardement aérien survenant
sur le tronçon de route Buzancy – Carrefour d’Autruche pendant l’écoulement
confus et lent de cette masse d’hommes, de chevaux, de camions, de voitures
hippo ou automobiles. Pas un seul bombardier heureusement ne se montrera de
ce côté dans la matinée.
Par Boult-aux-Bois et Belleville-sur-Bar, j’atteins Charillon. La 3e D.I.M. s’est
installée dans la dernière maison du village sur la route de Noirval. Je me
présente. Le Général Bertin-Boussu me met au courant de ce qu’il sait de la
situation des troupes montent en ligne en vue de participer à une contre-attaque
destinée à rejeter les Allemands dans la Meuse. Dès que ses unités de premier
échelon auront gagné leur base de départ : Lisières Nord du bois de Mont-Dieu,
Stonne, il quittera Châtillon pour se porter aux Petites Armoises. Il escompte ce
déplacement pour la fin de la matinée. N’ayant pas d’ordres à me donner, pour le
moment, il me rend ma liberté en me demandant de rester en liaison avec lui.
Un motocycliste est détaché au P.C de la D.I.M., je vais prendre langue avec le
commandant d’Harcourt à qui j’avais donné rendez-vous à Brieulles. Le village est
en effervescence. Des avions ennemis sont venus la veille y jeter des bombes et,
là encore, la population civile est en cours d’évacuation. Venant du Nord, des
fuyards, fantassins, artilleurs, sapeurs, sales, débraillés, lamentables, sans armes
et sans gradés, traversent la localité et par leurs propos sèment l’angoisse et la
panique parmi ces femmes, ces vieillards et ces enfants attendant anxieux, en
interrogeant le ciel, les véhicules militaires qui doivent les transporter à l’arrière.
Le Commandant d’Harcourt me rend compte de ce que sa marche du matin s’est
effectué dans d’assez bonnes conditions. Malgré les incessantes entraves à la
circulation provoquées par l’encombrement des routes, sa colonne a pu atteindre
les Petites-Armoises à peu près à l’heure prescrite, mais devant l’afflux de troupes
419
Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

de toutes armes dans le village et en l’absence de toute mission tactique


immédiate, il a pris sur lui de dégager vers l’Est et il a porté ses unités aux lisières
Nord du bois de Sy.
Après avoir approuvé cette décision et renvoyé le commandant à son groupe en
lui recommandant de détacher un agent de transmission à la sortie est des Petites
Armoises, pour me conduire à lui lors que j’arriverai avec l’état-major de la 3e
D.I.M., je rentre moi-même à Châtillon.
Vers 11 heures, comme il l’avait pressenti, le Général Bertin Boussu change de P.C
Je le suis et je m’installe dans la dernière maison de la localité dans la direction
de Sy. L’état-major de la 3e D.I.M. occupe le château à la sortie nord-ouest du
village, sur la route de Tannay.
Vers 13 heures, je reçois l’ordre de ramener mon groupe motorisé aux Petites-
Armoises pour assurer la défense immédiate du P.C de la division. Les TC sont
dirigés sur Brieulles. L’après-midi du 14 et la nuit du 14 au 15 se passent sans
incident.
Journée du 15 mai 1940 : À 8 heures, je pars pour Senuc, P.C du 21e C. A. où je
suis convoqué en même temps que tous les chefs de corps et de service. L’ennemi
a atteint pas ses gros moyens la ligne générale : Vendresse, Malmy, Chemery,
Maisoncelle et Villers, Raucourt. Ses éléments avancés ont atteint La Cassine, La
Neuville, Artaise-le-Vivier et commencé de s’infiltrer dans le bois de Rucourt
menaçant Stonne et la Besace.
Le 21e C. A. avec les moyens dont il dispose actuellement (la 3e D.I.M., la 3e D.C.R.,
et l’E.O.C.A., Équipements Organiques de Corps d’Armée) va attaquer le 15 en fin
de journée en partant des lisières nord du bois de Mont-Dieu pour rejeter
l’ennemi en direction de Sedan.
À sa droite la 2e D.L.C., remontée du Sud, tient les lisières Nord du bois de
Sommanthe face à la Besace.
À sa gauche la 5e D.L.C., venant du Nord, tient les débouchés Sud du bois de La
Cassine, sa droite à Sauville.
Elle couvre la montée en ligne du C.A.C. qui doit venir s’établir sur la coupure :
canal des Ardennes à l'ouest du Chesne – Aisne en direction d’Attigny.
Un groupement de G.R. (14e G.R.C.A., 76e G.R.D.I et 93e G.R.D.I) est constitué dès
maintenant sous mon commandement. Les chefs de corps intéressés sont
prévenus directement par les soins du C. A. Ce groupement a pour mission de
couvrir, à gauche, l’attaque du 21e C. A. en direction du Nord en tenant le canal
des Ardennes entre Le Chesne et la ferme de la Gravelle, ces deux points inclus,
et d’assurer, au-delà, la liaison entre l’aile gauche marchante de la 3e D.I.M. et la
droite de la 5e D.L.C. à Sauville. Les unités, dont le regroupement doit se faire en
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Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

début d’après-midi, occuperont leurs postes de combat à 13 heures.


Rentré aux Petites-Armoises, je rédige l’ordre suivant de 13 heures 15.
Ordre de 13 heures 15 :
I – Constitution d’un groupement de G.R. :
Un groupement comprenant :
— Le 14e G.R.C.A.
— Le 93e G.R.D.I de la 3e D.I.N.A.
— Le 76e G.R.D.I de la 6e D.I.C.
Est constitué immédiatement sous les ordres du Colonel Gallini, commandant le
14e G.R.C.A.
II – Mission : Couvrir à gauche le mouvement que doit opérer le 21e C. A. en
direction du Nord et parer à toutes incursions possibles de l’ennemi au-delà du
canal des Ardennes.
III – En conséquence :
a) Le groupe motorisé du 14e G.R.C.A. se portera sur le canal des Ardennes en vue
de défendre le village du Chesne (face au Nord, le pont à l’est du Chesne et celui
de la station de Tanay : ces deux ponts font face à l’Ouest.
b) Les éléments motorisés du G.R. de la 3e D.I.N.A. tiendront le pont d’Armageat
et le pont côte 164 (à l’est de Sauville) et s’étendront au Nord jusqu’à hauteur de
la ferme de la Gravelle.
Ils prendront liaison à Sauville avec les éléments de la 5e D.L.C. qui s’y trouvent.
Dès son arrivée, le G.R. de la 6e D.L.C. sera poussé dans la partie ouest du bois de
Mont-Dieu avec mission d’assurer la liaison le long du canal et de la Bar entre la
ferme de la Gravelle d’une part et l’aile gauche marchante de la 3e D.I.M.
IV – Position des P.C des unités :
— P.C du colonel commandant le Groupement : Les Petites-Armoises.
— P.C du commandant du G.M. du 14e G.R.C.A. : Tannay
— P.C du commandant le 93e G.R.D.I : La Tuilerie ferme (route de Tannay à
Chemery).
— P.C du commandant le 76e G.R.D.I : Sera désigné ultérieurement.
V – Liaisons :
La liaison sera prise entre les G.R. :
a) À la charge du 14e G.R.C.A. pour la liaison avec le 93e G.R.D.I.
b). À la charge du 93e G.R.D.I pour la liaison entre la 5e D.L.C. d’une part et avec
la gauche de la 3e D.I.M. (initialement) avec le 76e G.R.D.I (ultérieurement) d’autre
part.
VI – Mise en place :
Les troupes actuellement disponibles devront être en place pour 15 heures.
421
Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

Chaque G.R. détachera auprès du colonel commandant le groupement un officier


de liaison et 2 sidecars ou motos solos.
VII – Consignes importantes :
Il est rappelé qu’en prévision d’attaque d’engins blindés ennemis toutes les routes
conduisant aux points de passage sur le canal doivent être interceptées.
Destinataire : Le Colonel commandant le Groupe de G.R. J. Gallini
Tout serait parfait si les G.R. entrant dans la composition du groupement étaient,
sinon à pied d’oeuvre, du moins à portée d’exécution rapide des ordres et surtout
s’ils étaient au complet.
Or, du 14e G.R.C.A., je n’ai, comme on l’a vu, que le groupe motocycliste alerté
dans la nuit du 13 au 14 et dirigé en toute hâte sur le bois de Mont-Dieu, cantonne
à Apremont (E.M. et E.M.C.) et à Exermont (escadron à cheval). Il ne recevra
l’ordre de mise en route le concernant que le 15 à midi et encore l’E.M. et l’E.M.C.
seront dirigés par erreur sur le bois de Vandy. La plus grande partie de l’après-
midi se passera donc pour moi à rechercher ses éléments motorisés égaillés dans
la nature et vers 18 heures seulement arriveront aux Petites Armoises l’E.M. et
l’E.M.C. de cette unité. L’escadron à cheval, mis en route le 15 à la tombée de la
nuit sur le bois de Verrières, n’arrivera à destination que le 16 au matin.
Quant au 76e G.R.D.I, j’ignore à la fois où il se trouve et l’heure à laquelle il arrivera
sur les lieux.
Le temps passe, il faut agir et courir au plus pressé, bloquer les principaux points
de passage du canal. Je charge le Commandant d’Harcourt de cette mission et lui
prescris d’envoyer au plus tôt une reconnaissance sur Sauville pour rechercher la
liaison avec les unités de la 5e D.L.C. qui y ont été signalées.
Pour 15 heures, le dispositif est en place ; il est extrêmement léger et étendu sur
un front considérable et d’un commandement presque impossible vu les
distances et la pauvreté du réseau routier :
— Au Chesne-Populeux : 1 peloton moto et un G.M. (Lieutenant Mignon)
— Au pont Bar ferme : 1 peloton moto, 1 G.M., 1 Canon de 25 (Capitaine Rophé).
— Au pont de la Station de Tannay : 1 peloton moto, 1 G.M., 1 canon de 25
(Capitaine de Meaux.)
— À Tannay, en réserve : 1 peloton moto détachant un groupe de combat au pont
sur le Bar en soutien de la garnison du pont de la Station.
La reconnaissance poussée sur Sauville signale que le village est vide et qu’elle n’a
trouvé nulle trace de la 5e D.L.C. pas plus dans la localité que dans ses environs.
J’en rends compte aussitôt au Général commandant la 3e D.I.M. qui me donne
l’ordre de pousser un Groupe de Reconnaissance sur Sauville avec mission de
tenir le village et de lancer des reconnaissances vers le Nord au-delà des bois sur
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Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

la Cassine.
15 heures 45 environ : Cette modification aux ordres initiaux arrive fort
heureusement au moment précis où le groupe motorisé du 76e G.R.D.I traverse
les Petites Armoises pour gagner la partie ouest du bois du Mont-Dieu, partie qui
lui a été assignée dans l’ordre de 13 heures 15. Je l’arrête et donne verbalement
au Lt-Colonel Paty de Clam sa nouvelle mission.
Il est environ 15 heures 45. Trente minutes plus tard, le commandant du 76e
G.R.D.I me rend compte de ce que sa pointe sur la rive ouest du canal ne s’est
heurtée à aucun obstacle, que Sauville est absolument vide, qu’il fait rechercher
la liaison avec la 5e D.L.C. vers Louvergny, enfin qu’il a poussé un peloton moto au
débouché Sud du bois de la Cassine en soutien de la reconnaissance envoyé sur
le village du même nom.
Vers 15 heures 50, toujours sans nouvelles du 93e G.R.D.I, je prescris au chef
d’escadrons, commandant le groupe motorisé du 14e G.R.C.A. à Tannay de se
mettre en liaison avec le commandant du 76e G.R.D.I, de lui demander de ma part
un calque de mes plans de feux et de lui faire connaître, si une poussée trop
violente de l’ennemi venait à l’obliger d’évacuer sa position, qu’il vienne s’établir
sur la ligne Pré-des-Moines, côte 186, 221 pour couvrir les Petites Armoises.
Quant à lui, il aura à pousser à la ferme sans nom au sud du bois d’Armageat un
petit élément chargé, le cas échéant, d’interdire la route menant au pont
d’Armageat, petit élément qui restera en place jusqu’à ce que le 93e G.R.D.I soit
monté en ligne.
Dans l’intervalle, je me suis mis en liaison avec le Lieutenant-Colonel Jacques,
commandant le 91e Régiment d’infanterie au Château du bois de Mont-Dieu.
Par ailleurs, deux sections de 47 antichars venant du 12e R.A. et du 38e R.A., ayant
été mises à ma disposition, je les utilise l’une pour défendre la direction du pont
de Tannay et pour faciliter éventuellement le repli du canon de 25 qui s’y trouve,
l’autre pour battre la coulée entre le canal et la route Tannay-Chemery en
direction du Nord.
Vers 18 heures, l’arrivée sur les lieux de l’E.M.C. du 93e G.R.D.I permet d’assurer
la défense par le feu des ponts d’Armageat et de l’Écluse 164, mais l’absence de
l’escadron moto de ce G.R.D.I, que je ne récupérerai que le 16 au matin, n’est pas
sens compliquer sérieusement la situation.
En fin de journée, le contact n’ayant été pris nulle part par l’ennemi sur le front
du groupement, je donne l’ordre de faire rentrer l’élément du groupe motorisé
du 14e G.R.C.A., détaché au sud du bois d’Armageat et de reconstituer la réserve
de Tannay. La présence de l’ennemi dans la région ne s’est d’ailleurs signalée au
cours de la journée, que par le survol indiscret et continu d’un avion
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Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

d’observation au-dessus de nos lignes et de nos arrières. Quant à l’attaque prévue


pour la 3e D.I.M. elle s’est transformée en une manifestation limitée de 2
bataillons avec chars au nord du bois de Mont-Dieu sans grand résultat pratique.
La nuit est calme sur tout le front.
Journée du 16 mai 1940 : Vers 7 heures, un ordre du 3e D.I.M. me fait connaître
que mon front s’est étendu vers l’Ouest jusqu’à Montron exclu, que pour me
permettre de faire face à cette nouvelle obligation le bataillon de Chasseurs
portés de la 3e D.C.R. (16e B.C.P. du Commandant Waringhem) est mis à ma
disposition, enfin que, ayant désormais la mission bien précise d’assurer
seulement la défense des passages du canal, j’ai à faire renter au plus tôt tous
mes éléments (76e G.R.D.I) se trouvent au-delà.
Rédigeant aussitôt mes ordres, je prescris :
— Au 76e G.R.D.I (groupe motorisé) de se replier immédiatement sur la rive est
du canal par le pont de Tannay et, par l’itinéraire Petites-Armoises, ferme
Bazancourt, côte 196, route de Châtillon à Le Chesne, de venir occuper le canal
entre Le Chesne exclu et son coude au sud du pont Bar. P.C du commandant à la
côte 165 à l’orée du saillant est du bois de Chesne.
— Au 93e G.R.D.I, de tenir avec son escadron moto (enfin récupéré) les ponts
d’Armageat et de l’écluse 164 ainsi que le canal jusqu’à la ferme de la Gravelle.
P.C du commandant du G.R. aux Petites Armoises.
— Au 14e G.R.C.A. de récupérer dès que les chasseurs seront montés en ligne, le
peloton détaché au Chesne. — Au 16e B.C.P. enfin, de tenir fortement le canal de
Le Chesne inclus à Montgon exclu et de rechercher vers le bois des Moines, celui
de Longwe, et plus en arrière encore, par tous les moyens en son pouvoir la liaison
avec les éléments de droite du 10e C. A. (5e D.L.C. et 36e D.I.) P.C du Commandant
Warenghem Route Le Chesne – Les Alleux à hauteur du bois de la Cout.
Ces ordres quittent le P.C à 7 heures 35. Malheureusement, le 76e G.R.D.I (groupe
motorisé) va se trouver accroché par l’ennemi au moment précis où il s’apprête à
quitter Sauville. Il subit de ce fait des pertes sensibles en hommes et surtout en
matériel, car les petites Simca qu’il utilise, malgré leurs souplesses, ont éprouvé
de grosses difficultés à faire demi-tour sur la route étroite.
Par la suite cette section sera dirigée sur Pont-Bar pour renforcer la défense de ce
second point névralgique de la position.
1) Je prescris dès lors au groupe motorisé du 76e G.R.D. I assez durement secoué,
de se porter par l’itinéraire indiqué jusqu’au saillant est du bois du Chesne et d’en
organiser la lisière Nord à droite et à gauche de la route Châtillon Le Chesne.
Aussitôt après le reflux au-delà du pont de la station de Tannay des unités du Lt-
Colonel du Paty de Clam, la garnison du pont fait jouer le dispositif de mise à feu
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Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

de la mine. La destruction réalisée est malheureusement incomplète. L’ennemi


ne tardera plus à prendre un contact étroit de mes unités au nord du pont de la
ferme de Pont-Bar et ses obus commenceront vers 10 heures à tomber sur
Tannay, sur la crête au Sud, puis viendront fouiller, plus en arrière, la vallée de
l’Armoise sans doute à la recherche des batteries françaises qui y sont installées.
Ces tirs continueront toute la journée et iront en s’intensifiant les jours suivants.
Tandis que ces évènements se passent à ma droite, j’ai été prévenu de ce que la
mission initialement confiée au 16e B.C.P. entre Le Chesne et Montgon ne jouait
plus, que cette portion de front m’était retirée et que je pouvais employer les
chasseurs, dont l’arrivée dans mon secteur doit toujours avoir lieu pour 10
heures, à la défense du canal vers l’Est à partir de Le Chesne (inclus). Le
Commandant Warenghem ne tarde d’ailleurs pas à venir me voir. Il me rend
compte de l’arrivée de sa troupe et de ce qu’il a provisoirement installé son P.C
au sud de la route Petites-Armoises – ferme Bazancourt dans un boqueteau à 800
mètres au nord-est de la ferme. Son bataillon ne comprend que 2 Compagnies et
le renfort mis ainsi à ma disposition n’excède guère 300 hommes.
C’est peu étant donné l’étendue de mon front d’une part, et d’autre part mon
ardent désir de réaliser, autant que possible, un dispositif en profondeur, tout en
essayant de me constituer une réserve. Estimant que les chasseurs, qui ont déjà
vu le feu en Sarre et qui de ce fait sont plus aguerris, je prescris au Commandant
Warenghem de prendre à son compte la défense du pont de la ferme du pont Bar.
D’ailleurs l’arrivée aux Petites-Armoises dans la matinée de l’escadron à cheval du
93e G.R.D.I me permet d’améliorer ce que j’ai commencé de réaliser. Je garde
deux pelotons à ma disposition et j’envoie les deux autres en soutien du groupe
motorisé du 14e G.R.C.A., sur la ligne côtes 186, 221, crête en direction de 278.
Plus au Nord, ma défense est malheureusement linéaire, mais je fonde quelques
espoirs, bien qu’il ne soit pas sous mes ordres, sur l’II/91 qui est arrivé le matin à
6 heures 30 à Tannay venant du bois de Mont-Dieu.
Vers 11 heures, les aviateurs ennemis survolent le secteur et laissent tomber des
bombes. Un peu avant 12 heures une escadrille de Stukas attaque les Petites
Armoises et aux abords en piqué : Une seule victime à déplorer, l’Aspirant
Modiano du 93e G.R.D.I sur lequel une bombe a percuté alors qu’avec son
peloton, déployé en tirailleurs, il était étendu en plein champ au nord de la
localité.
Entre ces deux attaques aériennes, le Général Bertin-Boussu a quitté les Petites-
Armoises avec son EM pour se rendre à Authe. Il n’y restera d’ailleurs pas et ira
établir son P.C au préventorium de Belleville-sur-Bar.
À 12 heures 40, je prescris au commandant d’Harcourt de laisser à la disposition
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Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

de la Compagnie de droite du 16e B.C.P. la section de 47 antichars du pont du Pont


Bar et de récupérer le détachement du Capitaine Rophé, rendu disponible par
suite de l’arrivée des chasseurs et de l’utiliser au mieux pour étoffer la résistance
dans le quartier de Tannay. Deux fois déjà dans le courant de la matinée, ce
quartier a été tâté par l’ennemi. Le terrain à l'ouest du canal, très couvert, a
permis aux Allemands de se concentrer facilement à l’abri des vues de la rive est.
La route Pont-Bar – Tannay est battue par des mitrailleuses et des pièces
d’artillerie tirant à vue ; le départ de Rophé ne pourra s’effectuer qu’à la nuit.
Vers 4 heures le peloton Mignon détaché au Chesne, est relevé lui aussi de son
côté ; il rallie Tannay. Vers 19 heures, il sera poussé sur la Bar en renforcement du
détachement Rophé.
À 3 heures, la phase offensive prévue pour la 3e D.I.M. étant terminée, cette
grande unité devant jusqu’à nouvel ordre, s’établir défensivement sur le front
qu’elle occupe depuis le 15 mai, je suis trop près du front pour exercer mon
commandement dans de bonnes conditions. Le commandant de la 3e D.I.M., m’y
ayant autorisé, je quitte à 13 heures les Petites Armoises et vais m’installer à
Châtillon-sur-Bar. Là, j’apprends que le groupement de G.R. est renforcé d’un
groupe d’artillerie tractée. C’est une magnifique unité, bien dans la main de son
chef, le Commandant de Pagnac, qui me rendra de grands services. Il prend
position dans la vallée qui court au nord de Châtillon entre les côtes 166.
De plus, les pièces d’A.I du C. A. aux ordres du Lt-Colonel de Semalle en batterie
vers Noirval doivent satisfaire aux demandes de tir que je lui demanderai.
Dans l’après-midi à plusieurs reprises dans le courant de l’après-midi,
l’observatoire de Tannay signale des mouvements chez l’ennemi sur les routes
descendent de Sauville vers le Sud (débarquement d’infanterie en camions) des
mises en batterie de soutien (ou de mines) à la côte 217 et des travaux sur le
mont de Grany. Je fais tirer l’artillerie sur ces objectifs. Tannay signale les tirs
comme très efficaces.
Entre 14 heures et 19 heures, l’ennemi essaie encore à trois reprises d’aborder
les ponts de la station de Tannay et de la ferme du Pont-Bar. Il en est empêché
par le tir de mes armes automatiques et du groupe d’appui direct.
À partir de la chute du jour, l’activité ennemie cesse. L’artillerie française continue
une partie de la nuit ses tirs d’interdiction et de neutralisation sur les objectifs et
les couverts qui lui ont été signalés.
Journée du 17 mai 1940 : Mon groupement est renforcé au cours de la nuit du
6eG.R.D.I. du Lt-Colonel Dufour (3e D.IM.) et d’une Compagnie de chars H.39.
Par ailleurs, la montée en ligne à ma gauche de la 36e D.I. qui doit assurer la
défense du canal vers l’Ouest à partir du Chesne inclus et, l’extension à ma droite,
426
Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

jusqu’au pont d’Armageat inclus, du secteur imparti au 91e R.I. ayant


sensiblement diminué mon front, je modifie mon dispositif et je constitue deux
sous groupements établis en profondeurs.
À gauche : Sous groupement Ouest Aux ordres du Lt-Colonel Dufour dont le P.C
est à la ferme Saint-Denis : — En première ligne — 6e G.R.D.I du Chesne (exclu) à
la côte 163 en aval.
— 93e G.R.D.I (escadron à cheval) de la côte 163 au Barrage Bassin.
— En Deuxième ligne — 76e G.R.D.I (escadron moto) à la lisière Nord du saillant
est du bois du Chesne
À droite : Sous groupement est : Aux ordres du chef de bataillon Warenghem –
P.C au Moulin-Neuf (1000 mètres nord-est des Petites-Armoises) :
— 16e B.C.P. du barrage du bassin à un point situé à 500 mètres au sud-ouest du
pont de Tannay.
— 14e G.R.C.A. du point ci-dessus au coude du canal côte 161.
Avant le lever du jour, l’ennemi travaille en plusieurs points à mettre les péniches
amarrées dans le canal en travers de la coupure, pour se procurer des passerelles
de fortunes. Les défenseurs du canal s’opposent à cette tentative par le feu de
leurs armes automatiques. Nulle part l’ennemi n’arrive à ses fins.
Dans la matinée grosse circulation de camions dans les deux sens sur les routes
Sauville – Tannay et Sauville – Le Chesne par la ferme de la Remonte. Le groupe
du Commandant de Pagnac, alerté, exécute des tirs précis et fait d’excellentes
besognes. L’artillerie ennemie, pendant ce temps, a rouvert le feu sur ses objectifs
de la veille et il recherche en outre très activement mes batteries d’appui direct,
preuve indiscutable du mal que celles-ci font à l’adversaire.
À 16 heures 30, les Allemands déclenchent une vive attaque sur le pont de la
station de Tannay avec appui d’artillerie et d’armes automatiques. La défense,
surprise par la mise hors de combat du Lieutenant Tunmer blessé dès le début de
l’action, reflue sur la Bar. Une contre-attaque locale est immédiatement montée
par le Commandant d’Harcourt en vue de rejeter l’ennemi du pont. Le Capitaine
de Meaux est chargé de la conduire. Elle aura lieu à 19 heures 30 après une courte
préparation d’artillerie.
À 19 heures 30, l’heure dite, et avec le concours de 3 chars B qui se trouvent dans
les environs et dont les équipages acceptent avec enthousiasme l’invitation qui
leur est faîte de participer à l’opération, le Capitaine de Meaux se porte en avant.
Les Allemands n’attendent pas le choc et abandonnent très vite le pont.
À 20 heures, la situation est entièrement rétablie.
Au cours de l’opération, deux chars se sont embourbés dans le terrain
marécageux. Ils sont dépannés sous la protection de nos éléments qui ont repris
427
Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

leurs emplacements initiaux. Un des chars a provoqué, d’un coup de 75,


l’effondrement du tablier du pont, mais celui-ci est retombé malheureusement à
plat et le franchissement du canal, s’il est interdit en ce point, aux engins blindés,
est toujours possible pour l’infanterie. Je vais personnellement dans la nuit
rendre compte au Général Bertin-Boussu que tout danger est écarté de ce côté.
Cette nouvelle est la bienvenue, car la perte momentanée du pont de Tannay était
venue compliquer la situation de la 3e D.I.M. rendue déjà assez critique par la
poussée victorieuse de l’ennemie au cours de l’après-midi sur la route de Stonne,
poussée qui l’avait amené jusque dans la région du Mont-Dieu.
Une contre-attaque sérieuse est prévue pour le 18 avec appui de chars pour
rejeter l’ennemi vers le Nord et reprendre le village de Stonne et son observatoire.
Par ailleurs, il s’est confirmé que, au lieu de continuer la défense du canal sur la
coupure même, le colonel commandant la 91e R.I. a pris la décision de ramener
sur la Bar et même à l’intérieur de la lisière du bois du Mont-Dieu les unités
motorisées du 93e G.R.D.I chargées d’interdire l’accès des ponts d’Armageat et de
l’écluse 164. Le Colonel Jacques estime pouvoir en mieux tenir les débouchés par
des feux lointains. Cette conception, qu’il ne m’appartient pas de juger, se
révélera fausse par la suite. Pour le moment, elle présente l’inconvénient grave
de découvrir le flanc droit du 14e G.R.C.A. désormais totalement en l’air.
Pour parer à toute éventualité sur la droite du sous-groupement est, j’enlève au
sous-groupement Ouest l’escadron à cheval du 93e G.R.D.I, que vient relever sur
le canal les éléments motorisés du 76e G.R.D.I, et je le mets à la disposition du
commandant d’Harcourt pour flanquer à droite. Les reconnaissances s’effectuent
le 17 au soir. Les mouvements prévus s’exécuteront dans la nuit, mais l’escadron
hippomobile du 93e G.R.D.I n’arrivera dans le quartier de Tannay qu’au petit jour
le 18 après avoir perdu son chef, le Lieutenant de Veulle, blessé par éclats d’obus.
Journée du 18 mai 1940 : La contre-attaque qui doit avoir lieu sur Stonne aura de
fâcheuses répercussions sur mon groupement. Si le départ du II/91e R.I. de
Tannay pour le bois de Fay à 5 heures, éclairait plutôt la situation de ce côté en
réduisant l’effectif d’occupation du village, l’avis reçu à l’aube que le 16 e B.C.P. et
le 6e G.R.D.I me seront peut-être enlevés, n’est pas sans m’inquiéter
sérieusement.
Pour parer à toute éventualité, je renforce chaque sous-groupement d’un certain
nombre de chars H.39, ne conservant qu’une section à ma disposition comme
ultime réserve.
Pourtant la matinée se passe sans incident notable en dehors du bombardement
méthodique de mes arrières par des 77, 105 et Minen, et je commence à croire
qu’aucun prélèvement ne sera fait sur moi. Vers 11 heures, le Lt-Colonel Dufour
428
Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

vient me demander l’autorisation defaire passer une patrouille e l’autre côté du


canal sur la rive allemande pour en reconnaître _________. J’y _____.
Lorsque vers midi, je le vois ________ à mon P.C pour me rendre compte de ce
qu’il a été appelé ___________ au P.C du Général Bertin-Boussu et que celui-ci,
________ __ commandement assez curieux en l’occurrence, lui a donné l’ordre,
primant toute mission antérieurement reçue, de quitter immédiatement le
groupement et de se porter sur tel autre point de la ligne de combat dont je ne
me souviens plus. Bois du Mont-Dieu au nord de la ferme la Tuilerie, P.C ferme de
la Tuilerie.
Ce départ creuse un trou béant dans mon front. Comment le boucher ? Je n’ai
aucune réserve à portée de la main. J’ai bien été averti que le groupe à cheval du
14e G.R.C.A. avait atteint dans la nuit précédente la forêt de Boult-aux-Bois où il
se trouvait en bivouac, mais je ne pouvais escompter sa montée en ligne avant le
19 à l’aube ? En attendant, il faut agir et courir au plus pressé ? Je fais appel aux
unités à ma gauche. Un G.R.D.I (le 60e G.R.D.I si mes souvenirs sont exacts) m’a
été signalé dans la région au Sud-Ouest de Le Chesne derrière la droite de la 36e
D.I. Je demande au Général Aublet de bien vouloir le mettre à ma disposition
jusqu’à ce que j’aie trouvé les moyens nécessaires au rétablissement de la
continuité de mon front. La réponse qui m’est faîte est plutôt évasive et ce n’est
que plus tard que j’apprendrai qu’il aura été partiellement donné suite à ma
requête par l’envoi de quelques éléments du G.R. en question sur le canal dans le
sous-quartier contrôlé précédemment par le 6e G.R.D.I.
Fort heureusement le secteur de ce côté est assez tranquille ; l’ennemi n’y
manifeste pas d’intention particulièrement agressive. Néanmoins, je charge le Lt-
Colonel de Paty de Clam d’utiliser les chars H 39 se trouvant dans sa zone, pour
assurer la liaison avec la 36e D.I. au Chesne et éventuellement de contre-attaquer
avec ces engins toute infiltration ennemie venant à se produire entre les
côtes 163 et 164 au-delà du canal vers le Sud. Mais ce n’est qu’un pis aller. Je vais
rendre compte de la situation au Général commandant la 3e D.I.M. Celui-
ci met alors à ma disposition une Compagnie appartenant à la 55e D.I. égarée dans
son secteur, et dont il vient d’apprendre la présence dans les caves du château
des Petites-Armoises. Je monte en Sidecar et pars la chercher moi-même. Je
prescris au capitaine de se porter dès que la nuit sera suffisamment tombée et
au plus vite sur le canal, en vue d’en garnir la berge Sud entre le Chesne et la
côte 163. Itinéraire à faire reconnaître de suite : Petites-Armoises – ferme
Bazancourt – puis voie de chemin de fer départemental jusqu’à destination. Il est
à ce moment un peu plus de 18 heures. Cette Compagnie n’arrivera que tard dans
la nuit.
429
Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

Toute la journée, l’ennemi a déployé une grande activité dans toute la région à
l'ouest du canal des Ardennes. D’importantes colonnes de camions, montantes
descendantes ont été vues entre la Cassine, Sauville et Louvergny. À plusieurs
reprises je demande à l’artillerie et au groupe Pagnac d’ouvrir le feu sur Sauville
et sur la route de la Cassine à l’endroit où elle pénètre dans le bois du même nom.
Ces tirs provoquent chaque fois des embouteillages prolongés, preuve de leu
efficacité.
L’ennemi de son côté a exécuté toute la journée, sur Tannay, les Petites-Armoises
et mes batteries des tirs systématiques de destruction.
Journée du 19 mai 1940 : Le 19 mai, pour 5 heures, les escadrons à cheval du 14e
G.R.C.A. ont terminé leur relève. Le 1er escadron (Capitaine Carpentier) relevant
le groupe motorisé du 76e RDI tient le canal de la côte 163 jusqu’au barrage Bassin
en liaison à droite avec le 16e B.C.P. Le 2e escadron (Capitaine de Pirey) relevant
les unités du 60e G.R.D.I et du 55e R.I. (?) tient de la côte 163 jusqu’au Chesne où
il prend la liaison avec le 14e R.I. (36e D.I.).
Les chevaux haut le pied sont dans les bois au nord du ruisseau des Wileux, à
contre-pente entre les côtes 202 et 205.
Le Commandant Lerno s’installe à la côte 165 dans le P.C du Lt-Colonel du Paty de
Clam qui quittera le groupement dans la matinée avec ses unités. Je n’ai plus dès
lors pour assurer la défense du canal entre le Chesne et le coude au sud du pont
d’Armageat que le 16e B.C.P., le 14e G.R.C.A. en entier et l’escadron à cheval du
93e G.R.D.I.
La journée se passe en fusillade et canonnades de part et d’autre. À signaler
toutefois que l’artillerie allemande intensifie son action. Jusque-là, elle n’avait
manifesté son activité que par des tirs sur les organisations à l’Est de la Bar et sur
les batteries. Elle prend maintenant également à partie les organisations et les
bois à l'ouest de ce cours d’eau. Le groupe de Pagnac semble même avoir été
particulièrement repéré, car des obus tombent en plein sur ses pièces, blessant
quelques hommes. Un changement de position s’impose. Il sera obtenu en
effectuant un léger déplacement vers l’Ouest.
Au début de la nuit, plusieurs alertes animent un peu partout le secteur. Au cours
de l’une d’elles, le Lieutenant Befort du 2e Escadron du 14e G.R.C.A. est tué d’une
balle au cou.
Durant la nuit, aucune attaque ne se produit :
Mais jusqu’à l’aube d’incessantes rafales de mitrailleuses et d’armes
automatiques tiennent les hommes aux aguets et les empêchent de prendre le
repos qui leur est nécessaire.
Journée du 20 mai 1940 : Le 20 au matin les hommes en ligne signalant une
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Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

baisse sensible du niveau de l’eau dans le canal. Par ailleurs, il est rendu compte
de ce qu’au cours de la nuit les Allemands ont occupé les ponts d’Armageat et
l’écluse et même poussé un minen dans le boqueteau de la côte 164 sur la rive
est.
Vers 11 heures, le Général Bertin-Boussu se rend à son P.C La présence de
l’ennemi sur cette partie du canal constitue une menace grave à la fois pour son
groupement et pour la gauche de la 3e D.I.M. Il faut l’en déloger. Une attaque avec
appui d’artillerie sera exécutée dans ce but en fin de journée. Je suis chargé de
monter l’opération. Mon front est en conséquence étendu de nouveau jusqu’à la
ferme de la Gravelle et le groupe motorisé du 93e G.R.D.I est remis à ma
disposition. L’heure choisie est 20 heures.
Ce changement de limites a rapproché l’un de l’autre l’escadron à cheval du 93e
G.R.D.I du reste de l’unité. Le Commandant de La Londe ayant désormais son
groupe rassemblé en entier sur le terrain et à pied d’oeuvre, l’honneur de
conduire l’affaire lui revient tout naturellement.
Après avoir étudié les modalités de l’attaque qui sera précédée d’une préparation
d’artillerie d’une heure, je rassemble à mon P.C cavaliers et artilleurs.
Verbalement je donne leurs missions aux différents exécutants, je fixe la base de
départ à atteindre pendant la préparation, je détermine les éléments de la base
de feu, je précise la conduite à tenir en arrivant sur l’objectif, les liaisons à réaliser,
etc. En sortant du P.C, tout le monde semble au courant de ce qu’il va avoir à faire.
Dans le courant de l’après-midi, des bruits de travaux ayant été signalés dans le
bois au sud du pont d’Armageat, je fais tirer quelques salves de 75. Les bruits
cessent. Une patrouille qui s’est avancée jusqu’à 100 mètres du pont rend compte
de ce qu’il ne paraît pas occupé.
À 19 heures 30, brusquement, alors que la préparation de l’attaque du 93e G.R.D.I
par l’artillerie bat son plein depuis une demi-heure, les Allemands attaquent de
leur côté en force sur tout le front du groupe motorisé du 14e G.R.C.A., avec appui
d’artillerie et de minen. Leur effort porte visiblement sur le pont de la station de
Tannay. Les rives du canal s’allument. Stimulés par le cran et la belle attitude de
leurs officiers et de leurs gradés, et tout particulièrement du Capitaine de Meaux,
les hommes cette fois ne se laissent pas démonter, résistant énergiquement à la
pression allemande et finalement rejettent l’ennemi qui se replie vers le Nord.
Malheureusement, le Capitaine de Meaux a été tué, au cours de l’action, d’une
balle dans la tête.
À 20 heures exactement, les unités du 93e G.R.D.I quittent leur base de départ et
marchent sur leurs objectifs. Les éléments de droite dominés par la culée Barreau
ne tardent pas à être cloués au sol par le feu des armes automatiques de l’ennemi.
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Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

Ils doivent s’arrêter à 200 mètres de l’écluse où ils s’organisent. Les éléments de
gauche, moins gênés dans leur progression, atteignent la Bar près du pont
d’Armageat, mais, soumis à une violente fusillade, ils ne peuvent franchir la
coupure. L’attaque a échoué. Toutefois la ligne a été poussée bien en avant et y a
été maintenue. Elle tient sous son feu les deux ponts, en surveille parfaitement
les débouchés et les berges adjacentes et empêche les Allemands d’opérer
librement sur le canal.
Les pertes ont été assez sensibles au 14e G.R.C.A. et 93e G.R.D.I.
La nuit se passe sans réaction de la part de l’ennemi. Seul le groupe de Pagnac
effectue jusqu’à 24 heures des tirs de harcèlement dans les bois avoisinant le
canal à l’ouest.
Journée du 21 mai 1940 : Vers 11 heures je suis appelé au P.C de la 3e D.I.M. J’y
trouve le Général Gaillard, commandant la 1re Brigade de Cavalerie. Celui-ci est
mis à la disposition du Général Bertin-Boussu, pour opérer dans la nuit du 21 au
22 une relève partielle des unités constituant mon groupement. Il doit prendre le
commandement de l’ensemble du secteur. En conséquence, le 1er Hussard
montera en ligne dans le sous-secteur est où il relèvera le groupe motorisé du 14e
G.R.C.A. et 93e G.R.D.I en entier. Un groupe d’escadrons du 8e Chasseur sera
introduit dans le sous-secteur ouest où il relèvera l’escadron de droite à cheval du
14e G.R.C.A.
Le dispositif à réaliser est le suivant :
Sous secteur ouest sous mes ordres :
— Groupe à cheval du 14e G.R.C.A. (Commandant Lerno) établi en profondeur (2e
escadron sous les ordres de Pirly) en 1re ligne ; 1er escadron (Carpentier) en
soutien dans le quartier Le Chesne (exclu) – côte 165.
— Groupe à cheval du 8e Chasseur (Commandant de la Bastide) également établi
en profondeur entre la côte 163 et le barrage Bassin dans le quartier de droite.
Sous-secteur est aux ordres du Lt-Colonel de Groulard du 1er Hussard :
— 16e B.C.P. (Commandant Warenghem) quartier de gauche.
— 1er Hussard, quartier de droite.
L’ensemble sera placé sous le commandement du Général Gaillard qui portera
son P.C dans le bois de Verrières.Le Lt-Colonel de Groulard aura son P.C à la
côte 229 au nord de Sy. Quant à mon P.C, j’aurai à le porter dans la ferme
Bazancourt.
Les unités relevées iront : le 93e G.R.D.I. dans le bois des Pré Lallu, le groupe
motorisé du 14e G.R.C.A. dans le bois à l'ouest de Noirval.Les reconnaissances
seront effectuées dans l’après-midi.
Dans la matinée, je demande à mon artillerie d’appui d’exécuter un tir sur des
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Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

travailleurs ennemis qui me sont signalés aux abords de la route Sauville –Tannay,
vers le bois du Petit-Armageat.
La journée se passe assez tranquillement. Aucune section d’infanterie de part et
d’autre. À signaler toutefois que les reconnaissances prévues pour des unités
relevantes sont effectuées à une heure beaucoup trop tardive, ce qui nuit à la
bonne transmission des consignes et handicape les futurs arrivants dans leurs
connaissances du terrain (les officiers du 1er Hussard chargés de relever les unités
du Commandant d’Harcourt n’arrivent qu’à 21 heures à son P.C de Tannay).
Ce retard aura d’ailleurs sa répercussion sur la relève elle-même, puisque celle-ci,
prévue pour minuit ne commencera à s’effectuer qu’après 3 heures, presque en
plein jour.
Journée du 22 mai 1940 : Il en résulte que les éléments chargés de relever les
unités en toute première ligne ne pouvant pas toujours atteindre leurs
emplacements. C’est ainsi notamment que les unités du 93e G.R.D.I, relevées le
22 au matin et doivent attendre la nuit pour se retirer. Par ailleurs étant donné la
rapidité et les conditions médiocres dans lesquelles se sont faites les
reconnaissances du 21 au soir, les troupes relevantes n’épousent pas d’une façon
absolue le dispositif des unités descendantes. À l’extrême droite par exemple le
front ne dépassera guère la ligne côte 161 sur la Bar, le Pré Souvet, Bon Temps et
le Pré Naudin. De plus, le nouveau dispositif réalisé pour les armes automatiques
ne se superpose pas rigoureusement sur ce qui existait avant la relève. Enfin la
garnison du pont de la station de Tannay, par suite d’une erreur dans les ordres
initiaux, est réduite à un effectif insignifiant.
À 8 heures, je quitte Châtillon-sur-Bar et viens m’installer à la ferme Bazancourt.
Le secteur devient vite très agité. L’ennui a vu la relève. Artillerie et minen
allemand arrosent la zone occupée un peu partout. La ferme Bazancourt et le P.C
du Commandant Lerno sont pris sérieusement à partie.
Vers 22 heures une vive fusillade se déclenche brusquement sur le canal dans le
sous-secteur ouest. Mitrailleurs et FM, des deux côtés, tirent très vite. Que se
passe-t-il ? La sérénade dure environ 30 minutes, puis tout retombe dans le
silence, brusquement. L’ennemi a tenté de franchir le canal par surprise à l’est du
Chesne en utilisant les péniches qui y sont amarrées. Énergiquement reçue par
nos hommes aux aguets, sa tentative avorte. Quelques blessés.
Journée du 23 mai 1940 : Toute la nuit, l’ennemi entretient un bombardement
peu dense, mais continu sur l’ensemble du front et plus particulièrement sur la
droite du groupement gaillard (1er Hussard).
À 3 heures, nouvelle alerte sur le front du 2e Escadron du 14e G.R.C.A. Sans suites.
Par contre, le 1er Hussard est violemment attaqué et obligé de se replier sur la
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Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

ligne Tannay, ferme Le Noulinot dans un premier temps, puis la pression


continuant, il s’aligne grosso modo sur la route Le Chesne – Grandes-Armoises.
L’ennemi occupe la Côte 276, le bois triangulaire au Nord et le bois Chantreune.
Tannay est toujours aux maux mains du 16e B.C.P.
Vers 1 heure, le groupe motorisé du Commandant d’Harcourt (14e G.R.C.A.)
descendu de ligne la veille au début de la journée est alerté sur place.
À 6 heures 40, il est appelé au bois de Verrières.
À 8 heures 20, il reçoit l’ordre de détacher un peloton à Tannay pour soutenir la
défense du 16e B.C.P. À 8 Heures 40, le Général Gaillard met le groupe moto du
Commandant d’Harcourt (moins 1 peloton) à la disposition du Lt-Colonel de
Groulard pour rétablir un front s’appuyant aux lisières Nord de Tannay, à gauche,
et allant se relier vers la droite au 91e R.I. en passant par la ferme Nocleve,
Chantrenne, la Forge.
Malgré la violence des barrages de l’artillerie ennemie, la montée en ligne du
groupe s’effectue sans pertes.
À 14 heures, les unités du Commandant d’Harcourt participent à une contre-
attaque avec appui de 30 chars FCM 36 sur l’axe côte 229, bois triangulaire, pré
Naudin, Bon Temps. Cette tentative de refoulement de l’ennemi doit être menée
par le 6e G.R.D.I à gauche, le groupe motorisé du 14e G.R.C.A. au centre, le 1er
Hussard à droite. Malgré la violence du bombardement déclenché par l’ennemi,
de l’apparition des chars sur les pentes sud-est de la côte 276, sur Nocleve et sur
la côte 229, malgré la supériorité écrasante des Allemands en armes
automatiques qui couvrent le terrain d’une nappe de balles impressionnantes
alors que les difficultés du ravitaillement obligent les nôtres à ménager leurs
munitions, malgré aussi la faiblesse des effectifs (mon groupe motorisé est réduit
à 135 hommes, avec 11 FM et 2 groupes motorisés) malgré l’étendue du front
d’attaque, deux pelotons moto du Commandant d’Harcourt parviennent à
prendre pied sur la côte 276 et dans le bois triangulaire. Mais les hommes sont
épuisés par les huit jours qu’ils viennent de passer sur le canal des Ardennes, de
plus les pertes sont sévères.
Rien que pour les officiers, dès le début de l’attaque, le Capitaine Rophé,
commandant l’escadron de mitrailleuses, le Lieutenant Mignon, commandant
l’escadron moto, le Sous-Lieutenant Deciry sont tombés blessés. Enfin, le groupe
motorisé du 14e G.R.C.A. se trouve complètement en flèche ; à droite, la liaison
n’a jamais pu être trouvée avec le 1er Hussard, à gauche, le 6e G.R.D.I qui semble
n’avoir pas été touché par l’ordre d’attaque, n’a pas débouché de la Fontaine
Uchon. Dans ces conditions, le groupe moto du 14e G.R.C.A. ne peut que
s’organiser sur la position conquise. Si les pertes sont lourdes, il semble que celles
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Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

de l’ennemi le soient davantage encore. Le bois triangulaire est rempli de


cadavres et 7 prisonniers valides sont renvoyés vers l’arrière, une douzaine de
mitrailleuses légères sont prises et mises hors de d’usage.
À 17 heures 40, le Général Gaillard ordonne une reprise de l’attaque ; les effectifs
squelettiques du groupe motorisé du 14e G.R.C.A. engagés sur un front d’environ
1400 mètres ne permettant que le nettoyage de la région du bois Triangulaire.
En fin de journée, le Commandant d’Harcourt reçoit l’appoint d’un escadron (4e)
du 8e Chasseur et d’un G.M. Il les utilise pour prolonger au Nord est la ligne qu’il
tient et pour rechercher vers le bois Chantreune la liaison avec le 1er Hussard.
Dans la soirée, la 1re Brigade de Spahis (Colonel Jouffrault) s’établit sur la route Le
Chesne– Stonne en soutien de la ligne avancée.
Au cours de la nuit la fusillade est intermittente sur le canal, sur mon front, et le
bombardement continu sur tout le secteur, mis plus particulièrement sur le bois
triangulaire, sur la cuvette Nocleve, sur le carrefour 229 et sur Sy par rafales
brutales de 40 à 60 coups de 105 et de 150.
Cette cadence, cette impression de se sentir au centre d’une concentration du
feu de l’artillerie énerve et fatigue les hommes du groupe motorisé du 14 e
G.R.C.A.; privés de tous leurs officiers et éreintés par l’effort antérieur fourni sur
le canal des Ardennes, ils se sentent isolés sur un front trop étendu. Le cran et la
belle tenue des gradés encore debout galvanisent néanmoins toutes les énergies.
Journée du 24 mai 1940 : À 1 heure 25, l’officier du 8e Chasseur (Lieutenant
Rerolle) qui s’est installé à la droite du 14e G.R.C.A. et qui devait rechercher la
liaison avec le 1er Hussard rend compte de ce qu’il n’a pu arriver à ses fins.
Le jour se lève. Un épais brouillard noie le champ de bataille empêchant toute
visibilité. Vers 10 heures, comme les nuées commençant à se dissiper, le
bombardement augmente de violence.
La journée se passe sans incident notable en dehors des actions des deux
artilleries
Une attaque est montée au cours de l’après-midi. Elle aura lieu à 18 heures en
direction des bois Bon Temps et pré Naudin avec appui de chars et sera menée
par un bataillon du 36e R.I » (6e D.I.).
Vers 16 heures en montant en ligne, les chars repérés par l’avion d’observation
qui depuis huit jours survole presque en permanence le secteur, sont aussitôt pris
à partie par l’artillerie ennemie. L’infanterie de son côté arrive en retard et dans
un grand état de fatigue. L’attaque est clouée au sol au moment où elle franchit
la ligne côte 276 – ferme Moulinot : deux chars touchés, restent sur le terrain. Au
cours de cette affaire, le Lieutenant Massenet du 14e G.R.C.A. est mortellement
blessé d’un éclat d’obus. L’ennemi de son côté passe à la contre-attaque et pousse
435
Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

à son tour vers le Sud.


À 20 heures, l’ennemi occupe la ferme Uchon et Tannay et pousse en direction
des Petites Armoises. Devant cette menace le Général Gaillard, pour parer à toute
éventualité, m'a prescrit de renforcer la garnison de cette dernière localité. Je
prélève à cette fin deux pelotons sur ma réserve de sous-groupement (8e
Chasseurs – Ier ½ régiment) sous le commandement du Capitaine Delpeyroux.
À la nuit à l’Est de la Bar, la ligne française passe approximativement par la ferme
Moulinot, le bois triangulaire, marque un rentrant assez prononcé en direction
de la côte 187 et par la Bouche à l’Aumont rejoint la côte 197 et le pont Bar à
partir duquel le front n’a pas subi de modification.
À 24 heures, le Commandant d’Harcourt regroupe, sur l’ordre qui lui en a été
donné, son unité dans le bois de Verrières. D’ailleurs, la 35e D.I. va rentrer en ligne
et prendre la bataille à son compte dans le secteur tenu par la 1re B.C. Elle doit
s’établir sur la ligne générale : canal des Ardennes à partir du Chesne, les Prés des
Moines, les Petites Armoises, lisières nord du bois de Sy, Oches, sous la protection
des unités de la 1re B.C. tenant le front de fin de combat défini plus haut.
Journée du 25 mai 1940 :
Le 21e R.M.V.E. doit relever dans mon sous-secteur (sous-secteur de gauche). Il
arrive en retard quand le jour est levé depuis longtemps. Il est Impossible dans
ces conditions de pousser les unités relevantes sur leurs emplacements de
combat, elles doivent rester à l’arrière dans les bois, mais les États-Majors de
régiment et de bataillon poussent en pleine vue jusqu’aux P.C sans la moindre
précaution.
Arrivés sur place, les hommes qui les accompagnent semblent ignorer les
principes les plus élémentaires de défilement. Les Allemands bombardent
violemment le sous-secteur, notamment la ferme Bazancourt et ses abords et
toute la région boisée du bois du Chesne. Les nouveaux arrivants éprouvent leurs
premières pertes au feu en officiers et en hommes.
Le colonel du 21e R.M.V.E. établit son P.C à la ferme Saint-Denis. Au cours de la
journée, l’infanterie allemande ne renouvelle pas ses attaques. Au début de la
nuit, les unités sous mes ordres (groupement à cheval du 14e G.R.C.A. et 1er ½
régiment du 8e Chasseurs) sont relevées dans d’assez bonnes conditions par le
21e R.M.V.E.
Journée du 26 mai 1940 : Les unités du 14e G.R.C.A. après relève sont
rassemblées :
— Groupe motorisé : Bois allongé à 1000 mètres au sud-ouest de Noirval.
— Groupe à cheval et État-Major du G.R. : Bois à l'ouest de Belleville-sur-Bar, sur
la route de Belleville à Quatre-Champs.
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Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

Vers 14 heures arrive l’ordre de se rendre à Harricourt et abords où le G.R. en


réserve de C. A., s’établira en cantonnement de bivouac.
En fin d’après-midi, les unités arrivent sur leurs nouveaux emplacements.
La première phase de la campagne active de la guerre est terminée pour le 14e
G.R.C.A. Il a subi, sur les bords du canal et dans la région à l’est de Tannay, de
lourdes pertes. Les plus importantes ont été subies par son groupe motorisé qui
sur un effectif de 148 combattants présents le 13 mai 1940, au départ
d’Hermonville, en 12 jours de durs combats a perdu 16 tués (dont 2 officiers) 29
blessés (dont 5 officiers) et 9 disparus. Le groupe à cheval monté en ligne le 19
mai seulement a été moins maltraité ne perdant que 4 tués (dont 1 officier) et 7
blessés.
Journée des 27 et 28 mai 1940 : Le Général Flavigny, commandant le 21e C. A.
vient le 27 dans la matinée féliciter le 14e G.R.C.A. pour sa belle conduite sur le
canal des Ardennes et demande que des propositions de récompenses lui soient
immédiatement adressées.
Journée du 29 mai 1940 : Le cantonnement de Harricourt ayant été affecté aux
unités de la 1re B.C., le 14e G.R.C.A. est poussé plus à l’Est à Barricourt et bois
avoisinants. La localité regorge de troupes et il est très difficile d’y loger les
bureaux de l’E.M. et de trouver une popote convenable pour les officiers.
Les escadrons doivent aller bivouaquer aux alentours :
— Le groupe motorisé dans le bois entre la côte 296 et Taillay.
— Le groupe à cheval dans le bois allongé à l’Est de la ferme du Moulin (1er
escadron) et dans le bois longeant à l’Ouest la route de Barricourt à Nouart (2e
escadron). Le temps est beau heureusement.
Journées du 30 mai au 9 juin 1940 : Pendant cette période de 12 jours, après
m’être mis en relations à Taillis avec le Général commandant la 1re D.I.C. (Général
Roucaud) et à la ferme du Moulin (Nord-Ouest de Saint-Georges) avec le Général
commandant la 6e D.I.C. (Général Carle) j’exécute moi-même et fais exécuter par
mes officiers des reconnaissances, en vue d’agir éventuellement soit dans le
secteur de la 1re D.I.C., soit dans celui de la 6e D.I.C. (reconnaissance de terrain,
reconnaissance d’itinéraire, cheminements, etc.)
Malheureusement à 9 kilomètres des lignes j’encaisse les éclaboussures du front,
d’autant plus que Barricourt forme le centre d’emplacements de batteries
d’artillerie lourde (1 groupe de 155 GPF, Grande Puissance Filloux, du 182e RAC)
qui sont venues prendre position le soir même. Une batterie se trouve le long de
la route de Barricourt à Tailly à la sortie même du village, une autre est dissimulée
dans des buissons, au nord du lieu dit « La Follarde », la Troisième le long du
chemin de terre du ravin du Laid Trou.
437
Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

Ces batteries admirablement camouflées sont très actives. Elles tirent de jour et
de nuit, si bien que Barricourt et ses environs ne tardent pas à être le lieu de
rendez-vous des projectiles de toute la contre-batterie allemande.
Le 7 juin, je compte en deux heures plus de 435 obus de tous calibres s’abattant
sur le village et ses environs immédiats. Par un inconcevable hasard, le G.R.
n’éprouve pas de pertes en hommes.
Le 8 juin cependant, 28 chevaux sont tués ou blessés dans le bois allongé au Nord-
Est de Barricourt. Les artilleurs du 182e RA ont la même chance que moi et s’en
tirent avec 2 ou 3 blessés légers. Par contre, un camion-citerne reçoit un obus et
flambe avec ses 4000 litres d’essence.
Plusieurs incendies s’allument dans le village. Mon camion à munitions n’échappe
que pas miracle à la destruction. Ma chambre encaisse un obus de plein fouet. La
popote également. Bref, la situation devient telle (l’ennemi emploie à la fin du
210) que je demande à l’état-major du C. A. l’autorisation de changer
d’emplacement.
Pendant les répits que m’accorde le marmitage, j’emploie en qualité de
commandant d’Armes, les hommes du G.R. et ceux des unités partageant avec
moi le cantonnement à mettre le village en état de défense contre les engins
blindés. J’ai pu me procurer des rails, du ciment, etc., et je fais commencer des
arricades solides à toutes les issues.
Chacun de ces obstacles est défendu par des canons de 25, ayant de bonnes vues
et capables d’ouvrir le feu sur des engins qui apparaîtraient à une distance
suffisante de la barricade. De plus des bouteilles remplies de pétrole et
emmaillotées dans de l’étoffe destinée à être imbibée d’essence le moment venu,
sont déposée dans certains greniers pour en être jetées sur les chars qui
viendraient à s’introduire dans le village.
Journée du 10 juin 1940 : Vers 10 heures, le Lt-Colonel Bonvalot passe à mon P.C
pour me dire que la demande adressée la veille en vue de changer l’emplacement
de mes bivouacs a été accueillie favorablement à l’état-major du 21e C. A. et que
j’ai la latitude de gagner telle zone avoisinante de mon choix. Je choisis le bois de
Baricoutt, à 2 km plus au Sud, sur lequel aucun obus n’est encore tombé. Le
mouvement se fera à la nuit tombante. En quittant Barricourt, le Lt-Colonel
Bonvalot s’est dirigé sur Tailly.
À 11 heures, il me fait appeler au P.C du Général Roucaud pour me mettre
éventuellement à la disposition de cet officier général. Il est inquiet des
infiltrations qui se sont produites dans le bois de Dieulet au cours de l’attaque
allemande du 9 et comme il a engagé toutes ses réserves pour colmater son front,
il me demande de mettre mon G.R.C.A. à sa disposition pour barrer le rentrant
438
Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

de Beaumont-en-Argonne et empêcher l’ennemi de débouler en plaine au sud de


la forêt de Dieulet. Je suis en train de prendre mes dispositions en vue d’exécuter
les ordres reçus lorsque, brusquement je suis convoqué à Cornay, le nouveau P.C
du C. A. J’y arrive vers 14 heures 30.
Vers 14 heures 30, le Général que je rencontre sur la terrasse du château est
calme, mais, autour de lui, les mines sont consternées. Les nouvelles provenant
du front de la 2e Armée et plus à l’Ouest sont mauvaises. Sous la pression de
l’ennemi, les divisions chargées de tenir l’Aisne ont cédé. La situation générale est
si mauvaise qu’il va falloir décrocher au cours de la nuit suivante sur tout le front
de l’Argonne sous la couverture d’une croûte composée d’infanteries, des
groupes de reconnaissance présents et de quelques pièces de 75 chargées de
donner, jusqu’au dernier moment, le change à l’ennemi. Cette arrière-garde doit
rompre elle-même le 11 vers 3 heures.
Cette perspective est pénible, car le front tenu par le C.A.C. et le 21e C. A., les
troupes en ligne ont admirablement résisté aux assauts allemands du 9 juin.
Personnellement, je reçois l’ordre de renforcer le G.R. de la 1re D.I.C. (71e G.R.D.I)
avec un escadron à cheval, le 13e G.R.D.I de la 6e D.I. avec l’autre et d’aller tenir
avec son groupe motorisé, qui sera renforcé sur place par le 73e G.R.D.I
(Commandant de Saint-Sernin) et un bataillon de chars (Commandant
Delacommune) la ligne de hauteurs partant de Saint-Juvin vers l’Est et dominant
au Sud la vallée de la Dhuy, position sur laquelle viendra s’organiser l’infanterie
après son décrochage et qu’elle « défendra sans esprit de recul ».
À 17 heures 30, je réunis mes commandants d’escadrons, je leur donne
verbalement mes ordres. Les capitaines feront leurs reconnaissances sans délai
et les escadrons à cheval gagneront leurs emplacements la première partie de la
nuit.
Vers 19 heures 30 le groupe d’Harcourt lève son bivouac sans incident.
À 20 heures, je quitte moi-même Barricourt pour Sommerance. Le 73e G.R.D.I ne
tarde pas à m’y rejoindre ainsi que le bataillon de chars. Je charge le groupe
motorisé du 14e G.R.C.A. de tenir Saint-Juvin et Saint-Georges, le 73e G.R.D.I
Landres et les lisières des bois de Romagne et de Bauthville. Le groupement de
G.R. est ainsi distendu sur une dizaine de kilomètres avec un effectif ne dépassant
pas 500 hommes.
Journée du 11 juin 1940 : À Saint-Juvin, le Commandant d’Harcourt a la double
mission de recueillir les troupes de la 6e D.I. qui se replient dans sa direction et
d’assurer vers Grandpré la liaison avec le Corps de gauche, le Corps d’Armée
Colonial. Cette dernière mission s’avère tout de suite irréalisable, aucune unité
du C.A.C. n’ayant été trouvée à Grandpré. Le groupe motorisé du 14e G.R.C.A., à
439
Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

l’extrême aile gauche du dispositif du 21e C. A., se trouve donc, en devoir par la
force des choses, de boucher toutes les issues vers l’Ouest et d’en assurer la
garde.
La matinée se passe pour moi à visiter les postes qui constituent ma ligne. Je
m’arrête un moment à la ferme de la Tuilerie où le Commandant de Saint-Sernin
a établi son P.C, puis je me mets à la recherche du Général commandant la 3e
D.I.C. pour lui permettre de s’embarquer en camions et de se porter sur une autre
partie du front. Je traverse le bois de Romagne, converti en dépôt de munitions
que des ouvriers du PA s’efforcent en toute hâte d’évacuer, puis par Romagne-
sous-Montfaucon, Cierges, j’atteins Montfaucon d’Argonne. À la ferme Fayel, je
trouve les éléments précurseurs de la division coloniale que je cherche, mais le
Général, me dit-on, ne doit arriver que tard dans la soirée venant de la rive droite
de la Meuse. Je rentre à Sommerance pour trouver l’ordre de mettre tout de suite
l’escadron moto du 73e G.R.D.I à la disposition de la 1re D.I.C. à Montigny-devant-
Sassey. Ce départ qui amenuise encore mes effectifs m’oblige à certains
remaniements dans mon dispositif initial. C’est ainsi qu’il me faut prélever 3 FM
sur l’escadron moto du 14e G.R.C.A. pour les envoyer à Landres assurer la sécurité
de l’E.M.C. du 73e G.R.D.I (Capitaine de Hesdin) laissé à lui-même depuis le départ
de l’escadron moto de son unité. Je me rends ensuite à Saint-Georges au P.C du
Général Lucien (6e D.I.) pour prendre liaison et lui rendre compte des dispositions
que j’ai prises. À mon retour le Commandant Delatour m’annonce qu’il est appelé
ailleurs ; il quittera mon groupement dans le courant de la nuit.
La soirée et la nuit se passent sans incident.
Journée du 12 juin 1940 : Dès l’aube, j’ai appelé le Commandant d’Harcourt et en
liaison à Sommerance, point plus central pour l’exercice de son commandement.
Au Nord, l’ennemi qui ne s’est aperçu qu’assez tard la veille du décrochage du 21e
C. A. a rattrapé l’avance que nos fantassins avaient prise et énergiquement tenue
droit au Sud, refoulant devant lui les éléments retardateurs.
Le 13e G.R.D.I (Commandants Veynantes) de la 6e D.I., renforcé de l’escadron de
Pirey du 14e G.R.C.A., manoeuvre suivant les ordres qui lui ont été donnés sur
quatre axes :
— Buzancy, Thenorgues, Verpel, Chapigneulle, Saint-Juvin.
— Buzancy, Sivry, Imécourt, Landres.
— Fossé, Bayonville et Chemery, Landreville, Landres.
— Belval, Nouart, Barricourt, Remonville, bois de Bautheville. Le Commandant
Veynates est en personne avec le gros de ses forces sur le Deuxième. Le
Quatrième est suivi par l’escadron de Pirey. Les éléments retardateurs cèdent
sous la pression sans cesse accentuée de l’adversaire sauf sur l’axe le plus à l’ouest
440
Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

où nulle colonne ennemie ne paraît engagée ? Ce développement de la poursuite


n’en est que plus grave pour mon groupe moto qui risque d’être débordé par sa
droite et en grande peine d’évacuer Saint-Juvin et surtout Saint-Georges si après
avoir gagné Landres il continue un peu vite sur Sommerance.
Quelle est la situation exacte ? Je l’ignore. J’envoie le Commandant de Saint-
Sernin à Landres prendre contact avec le capitaine de Hesdin pour se renseigner.
Il pousse même au-delà et sur la route d’Imecourt rencontre le Commandant
Veynantes qui ne paraît pas autrement inquiet.
En même temps, j’ai envoyé le Lieutenant de Montalivet (73e G.R.D.I) reconnaître
sur la droite du secteur la route de Landres sur Bautheville. En arrivant à la lisière
Nord du bois de Bautheville, il trouve l’escadron de Pirey déployé et prêt à en
défendre les accès, mais n’étant pas au contact de l’ennemi. Le Lieutenant de
Montalivet rentre à Sommerance par le même itinéraire sans avoir été, à aucun
moment, gêné au cours de sa reconnaissance.
Vers 10 heures 30, le Commandant d’Harcourt a été renversé par une
motocyclette et blessé, je donne le commandement du groupe motorisé au
Capitaine Marchal.
À 11 heures arrive l’ordre de dissolution du groupement. Le 73e G.R.D.I est remis
à la disposition de sa grande unité tandis que le 14e G.R.C.A. ira se rassembler
dans les bois de Cierges (groupe moto) Hemont (2e escadron) et de Beuge (1er
escadron). P.C à Ivoiry (3 km Ouest de Montfaucon).
Depuis l’aube l’infanterie arrive sur la position par petits paquets. Sommerance
regorge de fantassins, mais à de rares exceptions près leur allure générale ne
respire ni l’ordre, ni l’enthousiasme, ni la confiance. Ils ont l’air exténué. Ils errent
à l’aventure dans le village et leurs officiers ne paraissent pas très bien savoir ce
qu’ils ont à faire.
Vers midi, je quitte Sommerance et par Fleville, Exermont, Eclisfontaine,
Epinonville, je gagne Ivoiry avec mon état-major. Je suis à peine parvenu à
destination que le Lt-Colonel Bonvalot m’apporte du C. A. l’ordre d’effectuer au
plus tôt une reconnaissance en vue de contre-attaquer le lendemain l’ennemi
débouchant des bois de Romagne. « Vous aurez, me dit-il, tous les chars
nécessaires pour cette opération ».
Je pars sans perdre de temps, mais le terrain absolument nu en dehors des
couverts que présentent les bois de Cierges, de Hemont et de Baulny ne présente
aucun couvert. Je peux tenter à la rigueur un coup de surprise, mais s’il ne réussit
pas comment trouver les défilements nécessaires ? Je rentre à Ivoiry assez déçu
en me promettant de revenir sur les lieux dans l’après-midi avec mes cadres pour
étudier le problème de plus près. Je me mets à table. Le commandant le 1er
441
Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

escadron a été tué au sud de Tailly ainsi qu’un certain nombre de ses hommes.
L’escadron est, pour le moment, arrêté à Nantillois.
J’ai à peine fini mon repas qu’un motocycliste de liaison vient m’avertir que le
Général Flavigny m’attend, toutes affaires cessantes, à Jouy-en-Argonne. Par
Montfaucon, Malancourt, Esnes, Montzeville, j’arrive au P.C du C. A. Là, j’apprends
que l’idée de la fameuse contre-attaque avec chars est abandonnée et que j’ai,
mission nouvelle, à me porter à la nuit aux lisières sud-ouest de la forêt d’Argonne
en vue de m’opposer à d’éventuelles incursions allemandes sur la rive droite de
l’Aire. Ces nouveaux ordres découlent du décalage qui s’est produit entre la
gauche du 21e C. A. et la droite du C.A.C. qui s’est retiré plus au sud que le 21 e.
Mon voyage de retour s’effectue dans d’assez bonnes conditions, peu
d’embouteillage sur les routes, mais la pluie tombe à torrents. En rentrant à Ivoiry,
je retrouve de Pirey qui arrive seulement. Il est près de 18 heures, je donne mes
ordres en vue de partir avant la nuit close. Le groupe motorisé immobilisé dans
le cloaque des sous-bois dans la forêt de Cierges à beaucoup de mal à se mettre
en route. La pluie ne cesse pas.
À 19 heures 30, je me mets moi-même en route avec mon état major pour aller
reconnaître un endroit où mon G.R.C.A. pourra bivouaquer et passer la nuit. Par
Malancourt et Avocourt, je gagne la région de Bertramet, mais j’ai mal calculé
mon horaire, car lorsque j’arrive à destination la nuit, une nuit affreusement
noire, est complètement venue, un lieutenant d’un PA chargé de garder les
munitions d’artillerie stockées dans la forêt me conduit à une petite clairière au
nord de la route. L’emplacement est médiocre, mais je n’ai pas le choix, tous les
layons étant obstrués par des abatis. Je passe la nuit dans ma voiture.
Activités concomitantes : Le 39e Corps blindé Schmidt atteint Reims le 11 juin,
Châlons-su-Marne le 12 et Chaumont et Langres le 14. Plus à l'Est, le 41e corps
blindé Reinhardt a progressé en couverture du précédent, venant de la direction
d'Attigny dans les Ardennes dans un mouvement d'encerclement par le sud de
l'Aisne, vers la Meuse. Pourrait-on oser comparer le départ le 12 du Général
Decharme de Vienne-La-Ville pour Futeau à son aile droite à celui d’Huntziger
de Senuc à Verdun, et la visite ensuite de Decharme à Passavant à celle
d’Huntziger dans le bois de Belleville ? Devant l’avance fulgurante des
Allemands, alors que la gauche du 21e R.M.V.E. (36e D.I. et 6e D.I.C.) file
rapidement vers le sud, le régiment étranger est laissé à la traîne avec même
des ordres de repos…
Journée du 13 juin 1940 : Levé à l’aube, je pars avec mon capitaine adjoint à pied
à travers bois reconnaître le terrain. Le front que j’ai à défendre va de Neuvilly-
en-Argonne à Bourevilles où je serai en liaison avec des unités de la 6e D.I. chargée
442
Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

de tenir de Boureuilles à Montfaucon (si mes souvenirs sont précis). De retour à


mon G.R.C.A. Je monte en voiture et me rends à Brocourt où se trouve le Général
Lucien (commandant la 6e D.I.) pour me en liaison avec lui et lui rendre compte
du dispositif que je veux réaliser. Le Général Flavigny est au P.C du Général Lucien.
Il me met aussitôt à la disposition de ce dernier qui me donne de nouveaux ordres
correspondant à la situation nouvelle de la 6e D.I. Celle-ci doit venir dans la soirée
interdire les débouchés de la forêt de Hesse vers le Sud en s’établissant en liaison
à droite avec la 3e D.I.C. sur la ligne générale Aubreville – Verdun.
Personnellement avec mon G.R.C.A., j’aurai à tenir à la tombée de la nuit les
passages de l’Aire entre Vraincourt et Aubreville, ces deux localités incluses. Je
vais reconnaître mes nouveaux emplacements. Aubreville assez gros centre sera
défendu par mon groupe hippo. Mon groupe moto défendra Courcelles et
Vraincourt.
De retour à Bertramet, je mets mes commandants d’unités au courant de la
situation nouvelle et je les envoie faire leur connaissance. Les chevaux haut-le-
pied viendront se groupes dans la partie sud du boqueteau allongé à1000 mètres
au sud de Parois. (Meuse, 55)
Pendant tout l’après-midi, l’infanterie de la 1re D.I.C. défile sans arrêt sur la route
d’Avocourt à Aubreville, pour gagner les chantiers d’embarquement, sur la route
de Parois à Brabans-en-Argonne où les camions sont rangés. Ce défilé
ininterrompu de fantassins, de voitures de compagnie, de fourgons, de cuisines
roulantes me semble d’une témérité folle en plein jour sur un itinéraire qui, une
fois sorti de la forêt, ne présente plus un seul couvert, même pas en protection
illusoire d’arbres en bordure de route. L’aviation ennemie ne paraîtra pas dans le
ciel et les 3 seuls avions allemands qui vers 19 heures viendront roder en rase-
mottes de ce côté tomberont juste dans un -- --— de cette longue colonne et ne
remarqueront rien.
À 20 heures, j’arrive à Parois, P.C dans l’école.
Vers 23 heures 30, alors que je viens de me coucher je suis brusquement tiréde
mon sommeil par un ordre nouveau qu’un motocycliste vient d’apporter du C. A.
Tout est de nouveau changé. Je suis retiré à la 6e D.I. pour être mis à la disposition
de la 35e D.I. Je dois avoir atteint la région d’Evres le 14 à l’aube. Il faut partir sans
délai. J’arrive fort heureusement à rattraper les chevaux haut-le-pied sur la route
de Clermont-en-Argonne et je les renvoie à leurs unités. Motocyclistes et cavaliers
se rendront isolément par escadrons au point de rendez-vous. Il est impossible
de regrouper le G.R. constitué d’éléments de vitesses si différentes. Devançant
une fois de plus mes colonnes qui arriveront quand elles le pourront, ayant près
de 30 kilomètres à parcourir par une nuit d’encre, je me mets en route sur
443
Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

l’itinéraire Parois, Brabant, Brocourt, Jurecourt, Ville-sur-Cousance, Julvecourt,


Ippecourt, Saint-Andréen-Argonne, Bulainville, Nubecourt, Evres. J’ai bien un
itinéraire plus court par la route nationale n° 34 plus à l’ouest courant par
Clermont-en-Argonne et Thiancourt, mais les renseignements que je possède ne
sont pas rassurants et il se pourrait que Clermont-en-Argonne soit déjà occupé
par l’ennemi.
Jusqu’à la sortie de Brocourt, cette marche de nuit par les embouteillages
successifs et prolongés que j’y rencontre, dus aux opérations d’embarquement
de la 1re D.I.C. qui se poursuivent d’ailleurs dans un désordre inouï, est un vrai
calvaire. Pour me frayer un chemin, il faut que je me démène, que je discute, que
j’use de toute mon autorité qu’à la faveur de la nuit on ne reconnaît pas toujours,
ni surtout pas de suite. Enfin j’arrive à passer, mais le jour commence déjà à
poindre lorsque je m’engage en direction de Jubecourt.
Journée du 14 juin 1940 : À 6 heures environ, j’arrive enfin au P.C de la 35e D.I. du
général Decharme à Brizeaux. J’ai arrêté le reste de mon état-major à Èvres avec
mission d’y regrouper le G.R.C.A. au fur et à mesure de l’arrivée de ses éléments.
Le Lt-Colonel Jobin, chef d’E.M. de la Division, me met au courant de la situation.
Elle me paraît assez confuse. La 35e D.I. fait face aux débouchés Sud de la forêt
d’Argonne et par son R.M.V.E établi en potence à gauche face à l’Ouest, cherche
à assurer une liaison bien difficile avec la 6e D.I.C. du C.A.C. qui s’est déjà enfoncé
profondément vers le Sud. Comme le trou s’agrandit sans cesse, que le P.C de la
6e D.I.C. est signalé à Laheycourt et que les autres unités décrochent à vive allure,
je suis chargé de le boucher. Malheureusement, mes unités ne sont pas encore
là. Il me faut attendre. Sur ces entrefaites je suis mandé à Beauzée-sur-Aire au P.C
du 21e C. A. J’attends longtemps, enfin le Lt-Colonel Bonvalot me met au courant
de la situation. Il ne m’apprend pas grand-chose de nouveau sinon que des
infiltrations ennemies se seraient produites en direction de Triaucourt et de
Belval-en-Argonne et que dans ces conditions, j’aie à être bien prudent et
circonspect dans une manoeuvre.
Revenu à Brizeaux, j’y trouve le Général Decharme arrivé à son P.C Il me demande
de me concerter avec le Lt-Colonel chargé de la défense de Passavant-en-Argonne
en vue de défendre la coulée entre les bois qui de l’Ouest mène à cette localité et
de servir de soutien ou de recueil au 21e R.M.V.E durement pressé de ce côté par
les Allemands. N’ayant encore sous la main que mon groupe motorisé aux
effectifs squelettiques, je prends mes dispositions en conséquence. Mais vers 12
heures, c'est-à-dire au moment de passer à l’exécution, je reçois brusquement
l’ordre du C. A. de regrouper sans retard tout mon G.R.C.A. à Chaumont-sur-Aire
et de me rendre de ma personne à Benoite-Vaux où le Général Flavigny vient de
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Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

se transporter. Je prends congé du Général Decharme qui me voit partir à regret


et je rejoins les éléments de mon unité qui m’attendent à Evres. Les escadrons à
cheval ne sont pas encore arrivés. À ce moment, le Maréchal des Logis Gonnouf,
mon sous-officier radio vient me donner lecture du dernier message de Paul
Reynaud.
C’est sa dernière adjuration à l’Amérique d’intervenir sans retard à nos côtés
parce que, seuls avec les Anglais, nous ne pouvons pas assurer la défense des
« Grands principes de la Démocratie » faute de quoi il sera acculé aux plus graves
décisions. Tout le monde a compris. Ce sont les premières notes de l’hallali de
l’armée française qui sonnent. Elles me produisent une effroyable sensation.
C’est la fin proche, tout le monde la sent, car l’Amérique ne peut pas, en quelques
jours, voler à notre secours, mais comment dans ces conditions obtenir des
troupes qu’elles se battent avec la même énergie. J’interdis à Gonnouf d’ébruiter
la radio. Mais qu’y peux-je ? Les hommes en ont eu connaissance avant moi. La
gorge serrée, c’est à peine si je peux avaler deux biscuits de troupe trempés dans
un verre de vin blanc. Ce sera tout mon déjeuner.
Arrivé à Benoite-Vaux, je tombe dans le désordre inhérent à tout Q.G. se
déplaçant trop vite sous la pression des évènements. L’atmosphère est trouble.
Le Général n’a pas encore rejoint.
Vers 15 heures, il (Flavigny) arrive et me fait aussitôt appeler. La fatigue se lit sur
ses traits, mais il ne donne aucun signe de découragement. Il me met à la
disposition du Général Carle (commandant le C.A.C.) pour participer à une contre-
attaque que celui-ci est chargé de monter en direction de Saint-Dizier.
Je remonte en auto et laissent à Chaumont-sur-Aire mes unités (les escadrons à
cheval n’ont pas encore rejoint) je file sur Pierrefitte, P.C du Général Carle. Celui-
ci me donne l’ordre de me mettre en liaison d’une part avec le Général Roucaud,
commandant la 1re D.I.C., que je trouverai à Seigneulles, d’autre part avec le
Général Gaillard, commandant la 1re B.C. avec lequel je devrai en principe opérer,
mais il lui est impossible de me dire où je peux trouver ce dernier. À Seigneulles,
je mets facilement la main sur le Général Roucaud. Un officier de son état-major
croit savoir que le Général Gaillard a son P.C à Bar-le-Duc dans les jardins bordant
la grande route de Bar à Saint-Dizier à la sortie sud-est de la ville haute.
Par Petit-Rumont, Naives-devant-Bar je gagne Bar-le-Duc. La ville est déserte, vide
de ses habitants et sans troupes, à part quelques traînards pillant des boutiques
d’épicerie. Un officier du 1er Hussard rencontré sur la route me signale que le
Général Gaillard s’est replié sur Ligny-en-Barrois, peut-être même sur
Gondrecourt. Gondrecourt, c’est loin. Il se fait tard. Tant pis, je fonce sur la route
de Neufchâteau encombrée d’une cohue mélangeant dans un indescriptible
445
Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

désordre des évacués et des colonnes de toutes armes. Impossible d’avancer.


L’aviation ennemie est passée par là et a causé de gros ravages dans cette foule
apeurée. Un peu avant Ligny, des éléments appartenant au 22e G.R.C.A. du C.A.C.
me confirment la présence du Général Gaillard à Gondrecourt. Au moment
d’atteindre Abainville, l’embouteillage est tel qu’il me faut stopper. Des avions
ennemis circulent au-dessus de ce chaotique fleuve humain qui déferle vers le
Sud-Est.
Panique. Chevaux, voitures, pousses pousses sont abandonnés sur la route tandis
qu’hommes, femmes, enfants et aussi des militaires, hélas ! Se sont égaillés dans
un bois proche. Les femmes font en général meilleures figures que les hommes,
que certains soldats surtout qui réfugiés à plat ventre sous leur camion donnent
un affligeant et méprisable spectacle. Je ne peux m’empêcher en passant de leur
botter le c… et de les traiter de lâches. J’arrive enfin, aidé du Capitaine Guillemelle
en appuyant des voitures à cheval, en poussant des autos abandonnées, à me
frayer un passage. Quel métier !
À 20 heures, enfin, j’arrive à joindre le Général Gaillard. Je lui demande de la part
du Général Carles de bien vouloir me mettre au courant de sa situation. Sa
brigade, me dit-il, renforcée de la brigade de Spahis du Colonel Peillon, est
distendue sur un front considérable entre les routes Ligny–Barrois, Saint-Dizier au
Nord et Vaucouleurs, Joinville au Sud, environ à hauteur de la transversale
Saudron, Montiers, Menil, Stainville. Je lui annonce alors que je dois venir le
rejoindre le lendemain, mais qu’étant donné la distance il n’ait guère à compter
que sur mon groupe motorisé qui seul pourra arriver dans des conditions de
temps acceptables. Je prends congé de lui.
Rentrer par le même itinéraire qu’à l’aller, il n’y faut pas songer. Je me jette dans
des routes secondaires et par Gerauvilliers, Rosieres-en-Blois, Mauvages, Bover,
Meligny, Saint-Aubin, Dagonville, Lignières, Baudremont, Villotte, j’atteins
Pierrefitte vers 22 heures 30.
Je rends compte au Général Carles de ma mission et de la situation exacte du
groupement Gaillard dont il n’avait pas la moindre idée. Il me donne alors
verbalement ses ordres pour le lendemain. Ils sont tellement peu clairs, confus et
réticents que je n’y comprends rien. Je demande un ordre écrit.
Il me le promet et m’autorise à me retirer. Je rentre à Chaumond-sur-Aire vers
minuit après m’être fait bloquer par des convois d’artillerie (de la 6e D.I.C., paraît-
il cisaillant les arrières du 21e C. A.) qui m’immobilisent pendant un temps
considérable.
Dans ce désordre j’ai rencontré le Lieutenant Hesse, mon agent de liaison auprès
du Général Flavigny. Il m’a annoncé qu’il revenait de mon P.C où il m’avait apporté
446
Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

de nouveaux ordres.Ces ordres annulent les précédents. Je ne suis plus à la


disposition du C.A.C., il s’agit avant toutes choses d’aller le lendemain boucher un
trou entre Louppy-sur-Chée et Vel (Ouest de Bar-le-Duc) front large de 10
kilomètres.
Je rédige mes ordres avant de m’endormir, exténué. Pendant mon absence des
avions sont venus jeter des bombes sur le village. Ils m’ont tué 2 hommes et
blessé 3 autres.
Journée du 15 juin 1940 : L’effroyable désordre qui règne dans Chaumont,
l’amoncellement de troupes qui s’y trouvent (elles ont défilé toute la nuit) me fait
mal augurer des heures qui vont suivre si, par malheur, l’aviation allemande vient
à nous survoler. Il faut dégager au plus vite mon G.R.C.A. de ce guêpier.
Je fixe le départ à 6 heures. Deux Compagnies de chars du bataillon
Delacommune ont été mises à ma disposition, mais elles n’ont pas encore rejoint.
Étant donné mon front et la faiblesse de mes effectifs, je ne peux opérer que par
« bouchons » successifs. Aussi ai-je prescrit à mon groupe motorisé de tenir Fains,
au nord-ouest de Bar-le-Duc, et de pousser des patrouilles sur Veel ; à mon
groupe hippo d’organiser et de tenir Chardogne et le bois du Chesne tout en
recherchant la liaison au Nord vers Louppy avec la 35e D.I.
Une Compagnie de chars se portera aux lisières Ouest de la forêt de Massonges
à la vérité prête à intervenir soit au profit du groupe motorisé, soit à celui du
groupe hippo. L’autre Compagnie doit rester en réserve à ma disposition.
Mon P.C est à Seigneulles. Mes unités ont pour mission de résister le plus
longtemps possible sur place tout en évitant de se laisser accrocher et, en cas de
pression accentuée de l’ennemi, d’amorcer un combat en retraite par bonds
successifs en s’efforçant de contenir l’adversaire le plus longtemps possible.
Comme je n’ai pas de troupes amies devant moi et que je vais m’enfoncer dans
l’inconnu, je prescris à mes éléments de se garder sérieusement et de ne marcher
que sous la protection d’une sûreté rapprochée suffisante pour éviter toute
surprise. Par suite de la fatigue extrême des hommes, les unités mettant un temps
beaucoup trop long à se rassembler. Ce retard peut entraîner des conséquences
graves, car ce que j’ai prévu ne tarde pas à se réaliser en tous points : le ciel se
remplit d’escadrilles de bombardement ennemies. Tous les villages, Charmont,
Pierrefitte, Érize-la-Brulée, Rumont, etc., vont être soumis à un dur
bombardement, provoqué par ces rassemblements. Tous ceux qui ne peuvent
échapper à la vue entraînée des observateurs aériens encaissent
douloureusement. Par un hasard miraculeux du peut-être à la présence que
j’avais prise de faire bivouaquer mes escadrons à cheval dans le petit bois allongé
entre Courcelles et Chaumont et de faire rassembler le groupe motorisé en
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Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

dehors de l’agglomération, je n’aurai qu’un seul blessé à déplorer, le Lieutenant


de Noblet, de mon état-major, blessé à la tête, alors qu’il y aura plus de 60 tués
et blessés graves parmi les artilleurs de la 6e D.I.C. en colonne serrée dans la
grande rue de Chaumont.
Vers 8 heures seulement, cette attaque brutale ayant venu encore augmenter le
retard, mes unités me quittent le cantonnement.
Le groupe Marchal (groupe moto) s’est mis en route sur Fains par Érize-la-Petite,
les Marats, Vavincourt, mais ne peut atteindre son objectif que les Allemands
occupent déjà. Il se heurte à une barricade et laisse un prisonnier aux mains de
l’ennemi. Ralliant alors son monde autour de Behonne, il organise la défense du
village.
Le groupe à cheval n’est pas plus heureux. Chardogne est occupé par l’adversaire
ainsi que le bois du Chesne. Le Commandant Colin s’arrête à Hargeville qu’il met
en état de défense face à l’ouest :
— 1er escadron sur la côte 162.
— 2e escadron sur les croupes au sud de la route.
À Seigneulles, j’ai trouvé deux chars D1 avec leurs équipages, ce sont les derniers
vestiges d’un bataillon venu d’Algérie et détruit peu à peu dans les engagements
qu’il a eus antérieurement. Je les prends en charge et je les envoie dans les
boqueteaux au nord de la croupe 241 pour parer à tout incident désagréable et
former recueil.
La reconnaissance (Lieutenant Faure-Durif) envoyée sur Louppy a trouvé le village
inoccupé, mais elle précise que l’ennemi s’infiltre par le Nord, risquant de tourner
la position d’Hargeville.
Le Commandant Colin m’ayant fait part de ses inquiétudes pour sa droite, tout en
n’étant pas attaqué directement de front, je lui prescris de ne pas se laisser
influencer, de tenir le plus longtemps possible sur sa position, de ne la quitter que
contraint et forcé et je lui fais savoir que je lui envoie une Compagnie de chars
pour lui permettre éventuellement de se dégager.
La 2e Compagnie de chars arrivant à ce moment à Seigneulles, je décide, en
accord avec le Commandant de la commune, de la conserver en réserve plutôt
que de la lancer en enfant perdu à la lisière Ouest de la forêt de Massonges. Bien
m’en a pris, car j’ai appris plus tard que l’ennemi avait déjà pénétré profondément
dans la forêt marchant en direction de Vavincourt. En même temps, je préviens
le commandant Colin que s’il se voit forcé de rompre le contact, il ait à se replier
en direction de Seigneulles où il marquera un nouveau temps d’arrêt.
Les choses en sont là, sans que l’ennemi, qui paraît constitué par des éléments de
cavalerie, manifeste devant moi de grandes velléités offensives, lorsque je reçois
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Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

l’ordre du C. A. de me porter sur Érize-la-Brulée avec tout mon monde. Le


mouvement est en cours d’exécution lorsque me parvient un peu avant Érize-la-
Brulée un nouveau papier modifiant assez sensiblement les ordres que je viens
de recevoir. Mon G.R.C.A. doit tenir la crête militaire à l'ouest de la Voie sacrée
entre la route de Rosnes à Seigneulles et Rumont de manière interdire les routes
montantes de l’Ouest, du Sud-Ouest et du Sud.
Malheureusement l’ordre porte également de tenir aussi Seigneulles. Or,
Seigneulles, entre temps, a été évacué par mes unités. En essayant d’y rentrer, je
perdrai la patrouille envoyée pour reconnaître l’occupation. Elle pénétrera dans
le village assez facilement, mais ne reparaîtra plus.
Quoi qu'il en soit, sous la protection des chars du 43e B.C.C. (Commandant
Delacommune) j’adopte le dispositif de défense suivant :
— À droite couronnant la croupe 344, le 1er escadron et une Compagnie de chars.
Liaison à rechercher dans les bois du Fays avec le 11e R.I. et le 18e B.I.L.A. (35e
D.I.).
— Au centre, sur les croupes 321 et 341, le 2e escadron et une Compagnie de
chars, établis en profondeur.
— À gauche, le groupe motorisé, à cheval sur la route de Bar-le-Duc et en arc de
cercle autour du Petit-Rumont défend le nœud routier.
La liaison recherchée vers Érize – Saint-Dizier ne donnera aucun résultat, le 76e
G.R.D.I qui occupait cette localité ayant reçu l’ordre de se retirer vers l’Est.
Mon P.C a été fixé à Ville-devant-Belrain.
L’ordre que j’ai reçu précise que je suis aux ordres du 21e C. A., mais que je dois
me mettre à la disposition de la 35e D.I. dont le P.C est à Nicey-sur-Aire. Le Général
Decharme, lorsque je vais le voir, me fait part de la gravité de la situation.
Il est fortement pressé sur son front et il faut qu’à tout prix que je protège son
flanc gauche sans quoi les unités allemandes que j’ai devant moi risquent de le
prendre à revers. Ma mission se complique du fait que j’aurai, en plus d’Érize-la-
Brulée et de Rumont, à défendre aussi le village de Lavallée et Lignières pour
empêcher l’ennemi venant du Sud-Ouest de prendre la 35e D.I. dans le dos.
Le Général Decharme me donne son G.R.D.I (le 29e G.R.D.I, Commandant de
Rolland) et je suis prévenu que dans la journée du lendemain je pourrai compter
sur le 96e G.R.D.I (6e D.I.N.A.).
La soirée se passe sans incident. La nuit est calme.
Journée du 16 juin 1940 : Vers 6 heures 30, les premiers coups de feu éclatent
sur le front tenu par le14e G.R.C.A. Ce sont les Allemands qui commencent
l’attaque du Petit-Rumont sur les éléments de droite du groupe motorisé au nord
de la Voie sacrée et cherchent à s’infiltrer entre le groupe du Capitaine Marchal
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Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

et la gauche du groupe du Commandant Colin. La liaison ne tarde pas à être


perdue en ce point.
Pour comble de malheur, je suis privé d’une des deux Compagnies de chars à ma
disposition. Elle est appelée à Longchamps-sur-Aire pour étayer la droite de la 35e
D.I. qui, fortement pressée, risque, croit-on, d’abandonner Pierrefitte, point de
passage obligé de la 6e D.I. dans son repli sur la Meuse.
À 7 heures 45, j’envoie 3 pelotons moto (Capitaine de Lestrange) le 4e constituant
la garde du P.C du Général Decharme, au signal de Foucheres sur la route de
Villotte pour renforcer la défense de ce côté et éventuellement renforcer les
défenseurs du Petit-Rumont dont l’effectif déjà fort réduit au début du combat
s’amenuise encore par les pertes qu’il subit.
À 9 heures, la situation de ce côté me paraissant délicate, je prescris au
Commandant de Rolland de détacher 2 de ses pelotons motorisés du signal de
Foucheres à Petit-Rumont pour renforcer Marchal et d’envoyer son E.M.C.
(Capitaine Jeanjean) au dit signal pour renforcer de ses feux l’unique peloton
moto qui y reste.
À ce moment-là, j’avais déjà envoyé dès 8 heures 30 l’escadron hippo (Lieutenant
Granel) du 29e G.R.D.I barrer la Voie sacrée au nord d’Érize-la-Brulée à hauteur
de la côte 321 où il doit se mettre en liaison à gauche avec la droite du 14e G.R.C.A.
et à droite avec le groupement Pamponeau (11e R.I. et 18e B.I.L.A.) au bois de
Belrain.
Ce n’est que vers 8 heures, qu’a commencé l’attaque allemande sur mon groupe
à cheval. Mes cavaliers qui ont de très bons champs de tir sont néanmoins gênés
par la hauteur des blés. La situation de mes unités à Érize-la-Brulée et à Petit-
Rumont, sous la pression incessante de l’ennemi et sous l’action des tirs des
Minen, devient vite précaire. Je suis mis au courant de ce qui se passe de ce côté
par le Lieutenant Brenot de mon groupe motorisé qui, la cuisse droite traversée
par une balle, vient me rendre compte avant d’être évacué de ce qui se passe et
m’annonce en même temps la mort de l’Aspirant David, tué d’une balle au front,
et de la blessure de deux autres chefs de section : l’Adjudant Brusseaux et le
Maréchal des Logis-chefs Doeuvre.
Vers 10 heures, je prescris : Au groupe motorisé du Capitaine Marchal de se
reporter sur le carrefour du signal de Poucheres et d’y accrocher sa défense en
vue d’interdire la route de Villotte qui, coûte que coûte, doit rester libre ; quant
au groupe hippo il restera en place à l’exception de l’escadron de droite qui, pour
se conformer au mouvement général de la ligne de combat de la 35e D.I.
combattant face au Nord cédera un peu de terrain par sa droite.
Malheureusement le mouvement de recul effectué à droite et à gauche de ma
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Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

ligne de feu, entraîne celui des unités qui d’après mes ordres doivent rester
accrochées au terrain. Il leur faut reprendre leurs emplacements. Elles n’y
arrivent que de justesse et encore faut-il avoir recours aux chars qui interviennent
par leur feu. Les Allemands poussent toujours et continuent de s’infiltrer malgré
les pertes. Elles sont lourdes, aussi, hélas ! de mon côté et legroupe hippo — doit
se replier sur Érize-la-Brûlée.
Vers midi, je donne l’ordre au groupement à cheval (le 2e escadron du 14e G.R.C.A.
et l’escadron du 29 G.R.D.I) mis aux ordres du Commandant Colin de se replier
sur la crête à l'ouest du ruisseau de Belrain et de la tenir face à la Voie sacrée,
l’escadron du 29e G.R.D.I au nord du Signal de Belrain, en liaison avec le
groupement Pamponeau, les deux escadrons du 14e G.R.C.A. au Sud, en liaison
avec le groupement Marchal (groupe motorisé du 14e G.R.C.A. et groupe
motorisé du 29e G.R.D.I). La Compagnie de chars à contre-pente sur la route
encaissée qui mène à Belrain.
À la fin de la matinée, le Général Decharme passe à mon P.C de Ville-devant-
Belrain et me demande, vu la situation qui s’aggrave sans cesse, de tenir à tout
prix pour permettre le repli de sa grande unité. Il reporte son P.C à Villotte
d'abord, mais il n’y restera pas longtemps et viendra à Baudremont. Je fais
aussitôt prévenir les voitures de mon P.C stationnées au bois de Villotte d’avoir à
se replier sur Menil-aux-Bois où je leur enverrai des ordres.
Vers 13 heures, me mouvement de recul de la 35e D.I. continuent toujours,
j’évacue mon P.C de Ville-devant-Belrain pour me porter à Baudremont. Le repli
de la division ne va pas tarder à mettre mes escadrons à cheval dans une fâcheuse
posture. S’ils continuent à tenir sur place, l’infanterie amie, défilant derrière eux,
amènera tôt ou tard l’ennemi dans leur dos, si bien que pris de face, de flanc et
par derrière, il leur sera impossible de se dégager.
Vers 15 heures, je prescris au Commandant Colin de se conformer au mouvement
de fantassins et de se replier successivement par la droite par échelons en
utilisant pour échapper aux coups venant de l’Ouest la masse couvrante formée
par les falaises que ses escadrons occupent actuellement. Au fur et à mesure de
leur décrochage ces unités iront du mieux et du au plus vite qu’elles le pourront
tenir Levoncourt et Lavalée.Entre temps, j’ai renforcé ma gauche (Marchal) de la
Compagnie de chars restée à ma disposition.
De ce côté, ma ligne s’est étoffée d’un bataillon d’infanterie qui passait par là,
mais ce renfort est bien précaire, tellement précaire même qu’une
automitrailleuse ennemie s’étant présentée à un tournant de la route, les
fantassins parlent de se replier. Pour remonter leur moral chancelant, avec un
peloton de 6 chars, le Capitaine Marchal pousse une pointe en direction du petit
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Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

Rumont. Les chars progressent en faisant un feu violent. L’ennemi se sauve et ne


réagit pas. Au retour, malgré les avertissements et les précautions prises, les
fantassins tirent sur mes motocyclistes et sur mes chars.
La 35e D.I. a reçu l’ordre de se retirer au cours de la nuit sur la forêt de
Vaucouleurs. L’écoulement doit se faire par deux itinéraires dits A et A’. L’itinéraire
A s’engage dans la forêt des Koeurs, emprunte la tranchée verte conduisant à
Courcelles-aux-Bois, évite cette localité et contourne le bois de Belchêne par le
Nord pour rejoindre la grande route Saint-Mihiel à Commercy à hauteur de
Brassette sur la Meuse.
L’itinéraire A’ longe par l’Ouest le bois de Levoncourt et par Menil-aux-Bois
débouche sur la grande route de la Meuse au sud de Sampigny.
En fin de journée ce dernier itinéraire, sous le feu ennemi, ne sera plus utilisable
pour une colonne de quelque importance.
Sur ces entrefaites, le feu de l’ennemi croit en violence. Villotte-sur-Aire,
Gimécourt, Baudrémont sont violemment pris à partie par l’artillerie adverse. Les
routes sont copieusement bombardées.
Vers 17 heures l’escadron du 29e G.R.D.I envoyé sur Levoncourt, atteint cette
localité.
À 18 heures 30, menacé d’encerclement, il se rend à Baudrémont.
Le 2e escadron (de Pirey) qui a reçu l’ordre d’aller établir un « bouchon » à
Lavallée, en arrivant devant Levoncourt tombe en pleine attaque des Allemands
sur ce dernier village. Accueilli par une fusillade nourrie, il fait demi-tour en
fourrageur et gagne lui aussi Baudrémont laissant quelques hommes et quelques
chevaux sur le terrain.
Vers 18 heures, seul, le groupement Marchal à qui j’avais donné à 17 heures
l’ordre d’occuper et de tenir Lignières parvient à destination a été en mesure de
recevoir l’ennemi quand il s’est présenté vers 18 heures devant le village et à
passer à l’attaque. Énergiquement pris en mains le groupement résiste et tient
tête.
De ce côté, malgré la menace d’encerclement qui se dessine de plus en plus,
malgré les pertes (quelques tués et une trentaine de blessés, dont le dernier
officier de mon groupe motorisé (le Lieutenant Masson) le Capitaine Marchal
tiendra sur place jusqu’à l’heure que je lui ai fixée, 21 heures, et se dégagera avec
cran, une maestria remarquable qui lui ont valu une brillante citation à l’ordre de
l’Armée et une proposition pour le grade d’officier de la Légion d’honneur.
Pendant ce temps, le gros de la 35e D.I. poursuivi par les obus et les balles – deux
chefs de Corps tués : Le Lt-Colonel Pamponeau (du 11e R.I,) et le Commandant
d’Olce (du 123e R.I.) – s’est peu à peu engouffré dans Baudrémont y causant un
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Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

inextricable embouteillage.Vers 18 heures 30, le Général Decharme quitte le


village et s’arrête un moment à la lisière Ouest de la forêt des Koeurs. Je suis à ces
côtés. Il me demande de protéger la retraite de sa division. Récupérant à ce
moment les débris de mes deux escadrons à cheval, ainsi que deux canons de 25,
je les déploie de part et d'autre de la route à l’orée du bois. L’escadron du 29e
G.R.D.I est en recueil en arrière au carrefour des routes. Il s’agit de tenir là, m’a
demandé le Général, jusqu’au 21 heures 30. Est-ce fatigue de sa part ? Est-ce en
vertu d’ordres supérieurs ? Je l’ignore, toujours est-il que l’ennemi cesse de
pousser à partir de 20 heures. Son artillerie elle-même s’est tue et cette carence
permet au flot de s’écouler sur l’axe de repli qui lui reste.
À 21 heures, conformément aux ordres qu’il a reçus, le groupement motorisé
quitte Lignières, emmenant tous ses blessés. Il se présente devant Baudrémont,
trouve le village occupé, fait demi-tour, revient sur ses pas sans recevoir un seul
coup de feu et par Menil-aux-Bois gagne Sampigny où il barre la direction du Nord
jusqu’à 3 heures le 17, heure à laquelle les derniers traînards de la 35e D.I.
s’écouleront vers le Sud. Le groupe hippo de son côté traverse le bois à partir de
21 heures 30 arrive à Koeur-la-Grande où le Général Lucien, commandant la 6e
D.I., a son P.C. La situation n’est pas plus belle de ce côté où l’on entend les ponts
de la Meuse sauter les uns après les autres. Le repli se fait correctement et par
bonds.
À 2 heures, le Commandant Colin avec ses escadrons quitte la région des Koeurs
et prend la direction de Void. Les hommes sont exténués.
Journée du 17 juin 1940 : La marche sur Void, épuisante à cause de ses à coups
et de la fatigue, s’effectue néanmoins normalement. On nous a laissé entendre
qu’une fois la forêt de Vaucouleurs atteinte, les unités venues de la bataille
pourraient se reformer et se reposer sous la protection d’unités fraîches chargées
de tenir ses lisières Nord et Ouest.
Malgré l’encombrement des routes nous franchissons assez facilement le canal,
mais le jour est levé et les premiers rayons de soleil risquent de nous amener le
drame du bombardement aérien de cette immense caravane de civils et de
militaires, pèle mêle qui lentement pousse vers le Sud. Les avions allemands
heureusement, ne viennent pas.
Seul l’habituel avion d’observation tourne tranquillement au-dessus de nos têtes,
mais celui-là du moins n’est pas directement à craindre. La zone de
rafraîchissement réservée à mon G.R.C.A. se trouve à la lisière est de la forêt, près
de la ferme de Gomberveaux. Après avoir disposé mon monde de telle façon qu’il
échappe aux observations aériennes de l’ennemi, je vais voir le Général
Decharme. Celui-ci m’annonce qu’il va se porter sur Chalaines et il m’invite à aller
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Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

l’y rejoindre un peu plus tard, pour qu’il puisse me donner des ordres. Vers 11
heures 30, je vais le retrouver à son P.C du château. Comme il n’a pas pour le
moment d’instruction à me donner, je rentre à mon bivouac, je mange et je
m’apprête à jouir d’un repos de quelques heures bien gagné quand brusquement
le Général me fait appeler en hâte.
Il se trouve que la protection dont nous devions jouir pendant notre arrêt dans la
forêt est des plus précaires. Les passages sur le canal sont bien tenus par de
l’infanterie, mais les effectifs mis en oeuvre sont insuffisants et la coupure que
présente le canal devient illusoire du fait que passant en tunnel sur les hauts de
Meuse, la coupure cesse entre Mauvages et Demange-aux-Eaux, si bien que cette
solution de continuité dans l’obstacle déjà bien précaire en soi peut déterminer
l’ennemi à faire irruption dans le flanc gauche de la division au repos.
Déjà le 29e G.R.D.I a été envoyé sur Sauvoy pour y renforcer la défense et
reconnaître la valeur de l’occupation à Vacon au Nord, ainsi qu’à Villeroy-Saint-
Méholle et à Mauvages au sud sur des bruits, d’ailleurs faux, que les Allemands
auraient déjà franchi le canal en ces points. Je reçois donc l’ordre d’étayer avec
un escadron à cheval les mouvements du Commandant Rolland et d’envoyer une
patrouille moto reconnaître la région entre Mauvages et Rosières-en-Blois. Je
charge le Lieutenant Marais avec le 1er escadron de renforcer l’escadron du 29e
G.R.D.I et le Maréchal des Logis motocycliste Sulim de patrouiller au Sud.
Les renseignements qui me parviennent me font connaître que les ponts de
Vacon, de Sauvoy et de Villeroy-Saint-Méholle ont sautés et tenus en arrière dans
d’assez bonnes conditions par de l’infanterie amis, mais que l’on voit de
l’infanterie allemande marcher sur Mauvages. Toutefois, il semblerait que
l’ennemi fasse effort du côté de Void où le pont, préalablement miné, n’aurait pas
sauté dans de bonnes conditions. Un peu plus tard, sur des bruits persistants
d’une infiltration de l’adversaire en direction de Montigny, le Général Decharme
me demande d’envoyer une autre unité pour tenir cette localité.
J’envoie le 2e escadron (de Pirey) de ce côté. Simultanément, je pousse mon
groupe motorisé vers le Nord de la forêt pour arrêter l’ennemi qui débouche de
Void. Ce dernier mouvement est en cours d’exécution lorsque je reçois l’ordre
d’envoyer mon groupe motorisé à Saulxures-les-Vannes pour assurer la garde du
Q.G. du 21e C. A. Il pleut à torrents. Je rattrape mon unité au moment où elle
commence à procéder à ses reconnaissances en vue de son installation, et je la
remplace dans sa mission par le 1er escadron récupéré sur le Holland.
Entre temps à l’E.M. de la 35e D.I. un bruit se met à circuler, rapporté par l’officier
de liaison de la division auprès du C. A. D’après cet officier ce serait tout le 14e
G.R.C.A. que le Général Falvigny appellerait à lui. C’est peu plausible, mais comme
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Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

l’officier maintient ses dires et que je n’ai aucun moyen de vérification, il faut
exécuter. Je prescris en conséquence au Commandant Colin de rameuter ses
unités et de les amener dès qu’il le pourra à Saulxures-les-Vannes.
Au moment où je fais mes adieux au Général Decharme, celui-ci me remercie des
services que je lui ai rendus et m’annonce qu’il me propose pour la cravate de
Commandeur de la Légion d’honneur. Je n’en demandais pas tant, aussi cette
nouvelle me fait plaisir.
Par Gibeaumeix, Uruffe, Vannes-le-Châtel, Housselmont, sous une pluie
diluvienne, encastré dans une colonne d’artillerie marchant dans le même sens
que moi et dont je ne peux me dégager, j’arrive à Saulxures-les-Vannes à la nuit
tombante. Le Général m’accueille par ses mots : « Votre G.R. s’est
magnifiquement comporté hier, il a sauvé la 35e D.I., je vous félicite. »
Il m’invite à dîner avec quelques-uns de mes officiers.
Mon groupe à cheval n’arrive pas avant 23 heures ; il est trempé, vanné, à bout
de souffle. On l’installe du mieux que l’on peut, mais les chevaux doivent être mis
à la corde étant donné le peu de ressources du cantonnement.
Journée du 18 juin 1940 : Vers une heure mon groupe hippo — reçoit l’ordre
d’aller prendre position sur la Meuse entre Sauvigny et Traveron pour en défendre
les passages. Pour cette opération il a été mis à la disposition de la 6 e D.I.C.
Hommes et chevaux, après cette nuit glaciale, mouillés jusqu'aux os n’ayant pu
jouir que d’un repos dérisoire font triste figure.
De son côté, le Général Flavigny transporte son P.C au petit jour à Mont-le-
Vignoble. Lorsque je vais le rejoindre, je tombe à Bulligny dans un effroyable
embouteillage de véhicules de toutes sortes. Le même incident se renouvelle un
peu avant d’atteindre la route de Blenod à Toul. Un indescriptible désordre règne
partout.
Le P.C du 21e C. A. est installé à la mairie. Le Commandant d’Harcourt qui, rétabli
de son incident, a repris le commandement de son groupe motorisé, organise la
défense du village avec l’aide d’une Compagnie du 11e Génie.
Au cours de l’après-midi, des avions ennemis – certains précisent que ce sont des
avions italiens – bombardent à plusieurs reprises Blenod, sa station ainsi que des
batteries d’artillerie en position dans les bois de Bicqueley. Un moment, le
Général envisage l’éventualité d’aller s’enfermer dans le fort de Blenod, juste au-
dessus de Mont-le-Vignoble. La reconnaissance qu’il en fait faire par son officier
du Génie fait avorter son projet, tellement le fort regorge de matériel de toute
nature. Les bruits d’armistice continuent à circuler et vont s’affirmant de plus en
plus. Une dépêche de l’Armée, la 3e je crois, prescrit d’éviter désormais les grosses
destructions et de s’en tenir au plus indispensable dans la zone de combat même.
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Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

C’est un signe avant-coureur de ce qui se trame et la nouvelle nous ancre dans la


tête l’idée que malheureusement nous approchons de la fin. La situation est très
grave. Elle ne tardera pas à tourner à la catastrophe.
Dans l’après-midi le Sous-Lieutenant Dormoy du groupe à cheval dont j’étais sans
nouvelles depuis le 16 arrive à Mont-le-Vignoble. Il traîne derrière lui une
cinquantaine de cavaliers, harassés, morts de fatigue, fourbus, appartenant à un
peu tous les pelotons du groupe à cheval qu’il a rameutés autour de lui et
emmenés à sa suite dans un périple formidable. Je l’envoie tout de suite au
Commandant Colin. Il ne le trouvera d’ailleurs pas, car celui-ci relevé de sa mission
sur la Meuse vers 16 heures 30 et remis à ma disposition, arrive à Mont-le-
Vignoble vers 20 heures. Faute de mieux, je l’envoie bivouaquer à la sortie sud de
la localité.
Dans la nuit, je suis mis avec mon groupe à cheval à la disposition du groupement
Dubuisson. Je dois y prendre le commandement d’un groupement de G.R.,
initialement constitué de mon groupe à cheval — mon groupe motorisé
conservant sa mission de protection du P.C du Général Flavigny – et du 29e G.R.D.I.
Les ordres de détails me seront donnés plus tard.
En attendant, je prescris au Commandant Colin d’avoir à se trouver avec ses deux
escadrons le lendemain matin 19 juin pour 5 heures à l’entrée nord de Barisey-la-
Côte. Le même ordre est donné au Commandant de Rolland par le soin de l’E.M.
de sa division de rattachement (35e D.I.).
Journée du 19 juin 1940 : Vers 1 heure 30, le Colonel Placiard, chef d’E.M. du
groupement Dubuisson venu en liaison auprès du Général Flavigny me mande au
P.C Il me fait savoir que le Général Dubuisson m’attend à Allain où il me donnera
lui-même ses instructions. Il fait nuit noire. Je quitte aussitôt Mont-le-Vignoble et
par Gye et la voie romaine, j’atteins le village qui m’a été indiqué. Il y règne une
belle cohue devant laquelle la gendarmerie est impuissante. Le Génral est à la
mairie. Il me reçoit tout de suite. Il est très calme et ce calme succédant au
brouhaha du dehors est réconfortant. En peu de mots, mais avec beaucoup de
netteté, il m’expose la situation ou du moins ce qu’il croit en savoir, car la
confusion est extrême. Personnellement il me demande :
I. De rechercher la liaison avec la 1re B.C. (Général Gaillard). II. De pousser ensuite
sur Neufchâteau pour reconnaître ce que fait l’ennemi de ce côté.III. Enfin, de
tenir les débouchés des coulées venant de Maxey-sur-Vaise, de Clerey-la-Côte, de
Mont-L’Etroit et même de Saulxures. Au maximum de défendre les lisières est de
la forêt de Colombey.
Mon carnet est bien rempli. Avec les effectifs dont je dispose, c’est une véritable
gageure. Enfin, on fera pour le mieux. Je reprends la route. Par Bagneux et
456
Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

Bulligny au milieu d’une extrême confusion de troupes de toutes armes qui


m’empêchent de rouler à une allure normale, je gagne le point initial que j’ai fixé
à mes unités. Colin s’y trouve, mais pas de trace d'Henri de Rolland et de son
G.R.D.I qui m’attendent, je l’ai appris plus tard, à la sortie nord de Bagneux par
suite d’une erreur d’interprétation ou de transmission des ordres donnés.
J’attends jusqu’à 6 heures. Rien. En désespoir de cause et ne pouvant m’éterniser
à Barisey-la-Côte, d’autant plus que la fusillade crépite dur à l’Ouest et semble se
rapprocher, je prends la décision de me porter avec ce que j’ai sous la main à
Autreville.
À Barisey-au-Plain je croise le 70e G.R.D.I (Commandant Viennet – 51e D.I.). Il me
dit former groupement avec le 61e G.R.D.I (Commandant de Poret – 58e D.I.) être
pour le moment séparé de lui et avoir l’ordre de pousser sur Maxey-sur-Meuse,
de prendre le contact et de retarder l’avance ennemie sur l’axe Jubainville,
Ruppes, Punerot, Autreville, bois de Colombey.
Il vient de Manon sur la Moselle. Il n’a avec lui que son groupe motorisé, très
réduit, puisque son escadron motocycListe ne comprend plus qu’un ½ peloton
porté et quelques cyclistes. Son escadron à cheval doit arriver plus tard et
organiser avec l’escadron à cheval du 61e G.R.D.I les lisières du bois de Colombey
dans la région de Colombey-lès-Belles.
Poussant plus loin, je trouve à Autreville des éléments du 1er Hussard. Le
Commandant Chapon, qui a pris le commandement de ce régiment depuis la
blessure du Lt-Colonel de Groulard reçue devant Tannay, est à Hermonville. Je vais
le voir. Il me fait savoir que son unité est déployée entre Autreville et le bois de
Graux, en liaison à gauche avec le reste du groupement Gaillard (8e Chasseurs et
22e G.R.C.A.) qui prolonge son front jusqu’à Attignéville, droite du C.A.C. L’ennemi,
d’après lui, tiendrait Ruppes – ce qui sera précisé plus haut sur ce village – à
Martigny-les-Gerbonvaux et dans le bois de la Verpilliere.
J’envoie aussitôt un compte-rendu au Général Dubuisson à Allain et je lui fais
savoir qu’étant donné la situation, j’envoie mes deux escadrons à la lisière est du
bois de Colombey en réserve et que, sauf contre-ordre de sa part, j’installe mon
P.C à Selaincourt.
À ce moment, le Commandant Crapon m’apprend qu’il vient de recevoir l’ordre
d’abandonner la ligne Autreville, Harmonville, Graux et de se replier sur les
lisières Ouest de la forêt de Saint-Amond et du bois du Raidon. Ce mouvement ne
modifiant pas sensiblement la ligne générale de la 1re B.C., je maintiens mes
ordres initiaux au Commandant Colin (groupe hippo du 14e G.R.C.A.) et je pars à
la recherche du Général Gaillard. Je le trouve à Vandeléville. La même localité
brite également le P.C de la 36e D.I. (Général Aublet). La liaison prise, je reprends
457
Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

la direction de Selaincourt par Battigny, Favières, Saulxerotte.


Il est environ 11 heures 30 lorsque j’atteins mon P.C Le Lieutenant de Verdun que
j’ai envoyé porter mon compte-rendu revient en me disant que le Général a
approuvé ma décision et qu’il met à ma disposition les 61e et 70e G.R.D.I. J’ai
maintenant 4 G.R. ou fraction de G.R. sous mes ordres, mais en dehors du
Commandant Collin où sont les autres commandants d’unités ? Car le
Commandant de Rolland ne m’a pas encore rejoint et j’ignore où se trouve le
Commandant de Poret. Enfin vers 15 heures, je finis par avoir tout mon monde
sinon sous la main du moins en état de recevoir mes ordres. Je constitue deux
sous-groupements, l’un aux ordres du Commandant de Poret (61e et 70e G.R.D.I)
auquel je confie la mission de tenir la lisière Ouest de la forêt de Colombey (61e à
droite, 70e à gauche) à charge par eux de se mettre en liaison d’une part avec le
groupement Gaillard, d’autre part, par le feu seulement, avec les défenseurs de
Colombey-lès-Belles (I/21e R.M.V.E., commandant Mirabail) l’autre aux ordres du
Commandant de Rolland (29e G.R.D.I et groupe hippo du 14e G.R.C.A.) devra
rester provisoirement en réserve.
Le bois de Colombey est très dense, très touffu, très profond. Mal percé, il est
d’un parcours difficile pour les cavaliers, et impossible pour des motorisés. Deux
routes seulement le traversent : Au Nord la route de Colombey-aux-elles à
Saulxerotte, au Sud celle d’Harmonville à Saulxerotte. Une voie ferrée suit la
dépression du Val-le-Prêtre, mais il ne peut être question d’engager sur le ballast
chevaux, motocyclettes ou camions. Je me vois donc obligé de modifie mes
ordres initiaux, conditionnés qu’ils se trouvent par le terrain, et de laisser les
groupes motorisés barrer les uniques routes de pénétrations définies plus haut.
L’ennemi canonne Colombey-les-Belles, néglige la lisière du bois de Colombey et
pousse surtout en direction générale de Favières en venant du Sud-Ouest.
Seul le groupe motorisé du 70e G.R.D.I se trouve aux prises avec lui (engins blindés
et motocyclistes) et se fait enlever dans Harmonville, où les Allemands se sont
infiltrés avant qu’il ne quitte Autreville, un peloton de son escadron moto.
Je fais exécuter par l’artillerie du groupement Dubuisson des tirs sur Autreville,
Harmonville et Punerot.
Vers 19 heures, j’apprends brusquement que le groupement Gaillard qui tenait la
forêt de Saint-Amond et sur lequel j’étayais ma gauche s’est replié sans crier gare,
découvrant ainsi dangereusement son flanc.
Je donne aussitôt l’ordre à ma réserve de se porter entre Saulxerotte et le coude
de la voie ferrée de manière à former crochet défensif face au Sud. Le
Commandant de Rolland va faire sa reconnaissance, pousse les escadrons du 14e
G.R.C.A. dans la partie boisée de son quartier, réservant pour son G.R.D.I la zone
458
Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

découverte. Fort heureusement à Saulxerotte même la liaison est retrouvée avec


le 22e G.R.C.A. Le bond en arrière du groupement Gaillard n’a eu en définitive
qu’une assez faible amplitude. Je rends compte au Général.
La nuit se passe sans incident notable. Seul, un sous officier allemand, nommé
Dach, qui accompagnait une cuisine roulante se fourvoie dans la nuit, tombe sur
un petit poste du 70e G.R.D.I, est fait prisonnier et envoyé à mon P.C Je l’interroge
sommairement, il ne veut rien dire. Je l’envoie à l’E.M. du 21e C. A. à Vitrey.
Journée du 20 juin 1940 : L’aube commence à peine à poindre que le Lieutenant
Boussion, officier de liaison du Général Dubuisson, m’apporte de la part de son
chef un ordre me signalant que le groupement Gaillard sera bientôt en mesure
d’étendre son front vers sa droite et de prendre à son compte la défense de la
bretelle que le Commandant de Rolland a réalisée la veille au soir. Le papier me
signale encore que le 446e Pionnier (Lt-Colonel de Cassagnac) et le groupement
du Lt-Colonel Cohades (pionniers nord-africains) plus un groupe d’artillerie, sont
mis à ma disposition, et arriveront dans le courant de la journée.
J’envoie aussitôt le Lieutenant de Verdun prévenir ces chefs de corps d’avoir à se
présenter à mon P.C pour 10 heures afin de leur donner mes ordres et je pars de
mon côté avec Boussion à la recherche du Général Gaillard à qui il doit faire part
des dispositions prises par le Général Dubuisson.
Le P.C de la 1re B.C. serait, paraît-il, à Étreval. Nous nous y rendons. Personne. À
force de battre la campagne, nous finissons par trouver le Général en dehors du
village en direction de Chaouilley, en plein champ, sous un arbre. Devant l’ordre
du Général Dubuisson, il se récrie, déclare qu’il est inexécutable, que le Colonel
Leclerc (Commandant du 22e G.R.C.A.) ne dispose en réalité que de 3 pelotons
moto et que le bataillon d’infanterie dont il a été renforcé n’est en réalité qu’un
bataillon de mitrailleurs de position appartenant au 139e R.I. (Lt-Colonel Riter) et
qu’il ne pourra jamais, dans ces conditions, garnir le nouveau secteur qui lui est
attribué.
Néanmoins il me laisse entendre qu’il sera son possible pour s’étendre vers sa
droite au fur et à mesure que croîtront ses disponibilités. Je suis désormais fixé.
Je sais que je n’ai à compter que sur moi-même.
À mon retour à Selaincourt, je trouve mon P.C plein à craquer. Non seulement les
Lt-Colonels de Cassagnac, Cohades et le Commandant du groupe d’artillerie que
j’ai convoqués s’y trouvent, mais encore les Lt-Colonels Mauduit et de
Montreynaud, du Génie du groupement Dubuisson, qui viennent avec une
Compagnie du Génie (Capitaine Moustardier) mettre le village en état de défense.
Je prescris : Au Lieutenant-Colonel de Cassagnac de tenir les lisières du bois de
Colombey du coude de la voie ferrée au layon marquant le centre de cette lisière ;
459
Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

au Lt-Colonel Cohades de tenir le reste au Nord. L’un et l’autre relèveront le sous-


groupement du Commandant de Poret qui ne peut avec les éléments dont il
dispose mener un combat sous bois. Je leur demande d’être en place pour 14
heures. Aussitôt le Lt-Colonel de Cassagnac de lever les bras au ciel, disant que
c’est lui demander la lune, que ses hommes sont fourbus, qu’ils n’ont que 40
cartouches chacun, et qu’ils ne disposent que de FM 1915.
Bref, il déclare ne pouvoir être en place au plus tôt que le lendemain matin. Après
une assez longue discussion, j’abrège en consentant à de Cassagnac un répit de 2
heures et je lui donne l’ordre écrit d’avoir à se mettre en route de Favières au plus
tard à 16 heures pour prendre ses emplacements. Je ne peux faire de plus amples
concessions.
D’ailleurs ces pionniers font assez belle figure. Ils sont peut-être fatigués – qui ne
l’est pas ? – leur armement est peut-être suranné, mais, au moins, chaque
homme a son fusil, sa baïonnette et cette constatation est réconfortante.
Le Lt-Colonel Cohades, plus compréhensif, m’affirme qu’il sera en place, venant
d’Allain, pour 14 heures 30.
Quant aux deux sapeurs, ils ont de la peine à se mettre d’accord. Finalement, on
décide de constituer un réduit dans Selaincourt après avoir barricadé les issues
du village, et de faire des abatis le long de la route de Colombey-lès-Belles à
Selaincourt. Le calme renaît enfin dans mon P.C, ces messieurs partent chacun de
son côté et je vais voir le Colonel Leclerc à Dolcourt. Comme il a voulu donner des
ordres à de Rolland prétextant qu’il avait été mis à sa disposition, je remets les
choses en place et je lui envoie un élément du 44e G.R.D.I (Commandant de
Vasselot) qui, égaré de mon côté, est venu se mettre à ma disposition. L’arrivée
dans la nuit de l’escadron à cheval du 61e G.R.D.I m’a permis enfin de réaliser
entre temps l’occupation de la lisière nord-ouest du bois de Colombey. Vers 13
heures le Capitaine Verdier qui le commande fait ouvrir le feu de ses mitrailleuses
et de ses FM à 600 mètres sur un bataillon allemand qui attaque Colombey, tenu
par un bataillon du 21e R.M.V.E. L’ennemi, surpris par ces feux qui le prennent de
flanc, reflue en désordre sur le petit bois de _ _ _ _
Prévenu, je fais aussitôt tirer l’artillerie sur ce bois, mais le Capitaine Verdier n’a
plus de cartouches. Je lui envoie en vitesse une caisse, tout ce qui me reste. Vers
17 heures, les Allemands qui jusque-là sont restés au contact de mes unités dans
le Valle-Prêtre reprennent leur progression en direction générale sud-ouest –
Nord-Est. Je reçois un S.O.S. du sous-groupement de Rolland. Je lui prescris de ne
pas se laisser intimider par les infiltrations qui peuvent se produire, de tenir sur
place, de ne retraiter qu’à la dernière extrémité et par échelons pour tenir en fin
de repli les débouchés du bois sur le plateau dominant Selaincourt et Dolcourt.
460
Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

Au Nord, le groupement Cohades est arrivé sur les lieux, mais sa présence paraît
avoir plutôt compliqué la situation qu’éclaircie. Je n’ai jamais pu exactement
savoir où il était. En désespoir de cause, je prescris au groupement de Poret de
tenir la lisière Ouest du bois des Fosses et la côte 425.
Au Sud, la progression ennemie a bien entendu surpris le 446e Pionnier en pleine
exécution de son mouvement. La progression ? Elle n’est pas très sérieuse
puisque le lendemain matin, mes unités sont encore et toujours à la même place,
ou presque, dans le Val-le-Prêtre. Quoi qu'il en soit, n’étant au courant de ce qui
se passe que par les Groupes de Reconnaissance qui m’ont été adressés, j’autorise
le Lt-Colonel de Cassagnac à se replier sur la route entre la côte 425 et le bois de
Chauffour où il organisera une position de recueil pour les unités de cavalerie
avancées. La nuit tombe. Le calme renaît sur-le-champ de bataille. C’est rituel.
Journée du 21 juin 1940 : Un peu avant un ordre du Général Dubuisson
m’apprend que je serai relevé à l’aube par la D.L.B. (Division Légère Burtaire) dont
le P.C sera à la ferme de Noirlieu et un régiment de la 6e D.I.N.A... Après relève
j’aurai à diriger le groupement Cohades sur le bois de Govillers à la disposition de
la D.L.B., les 61e, 70e et 29e G.R.D.I ainsi que le 446e Pionnier sur la forêt domaniale
de Govillers et à me porter moi-même avec un groupe hippo dans le bois de Fey
au nord de Germiny. Les troupes relevantes devront occuper :
— Le 1er R.I.C., le bois des Fosses
— La D.L.B., la ligne côte 425, lisières Sud du bois de Chauffour.
Le jour arrive, pas de D.L.B. Les heures passent. Je me décide à aller trouver le
Général Burtaire à la ferme de Noirlieu. Il n’y est pas, la ferme est occupée par un
G.S.D. Je me renseigne. On finit par me dire que le Général est au mont d’Anon.
Je monte à sa recherche. Introuvable. Enfin il revient sur la route de la ferme, et
je le rejoins. Il n’a pas reçu les mêmes ordres que moi. D’après eux, il doit
seulement occuper et tenir Dolcourt et Selaincourt.
Nous confrontons nos papiers. Le sien ne fait en effet pas mention de mon
groupement et il n’y est même pas question du 1er R.I.C. qui doit occuper le bois
des Fosses. C’est à n’y rien comprendre. J’insiste pour qu’il pousse ses postes
avancés au moins jusque sur le plateau, moyennant quoi je pourrai replier mon
monde. Le Général me promet de modifier ses ordres en conséquence.
En rentrant à Selaincourt, j’apprends que le 1er R.I.C. est en place et que le
groupement Cohades, ainsi que le 61e G.R.D.I sont partis. Je me débarrasse
alorsde mon E.M. et de mes voitures que j’envoie sur le bois du Fey, car si l’ennemi
pousse simultanément sur Crepey et sur Govillers ma retraite est
irrémédiablement coupée. J’attends sur place l’arrivée de la D.L.B.
Vers 11 heures, le 132e R.I. arrive, mais dans quel état ! Le 136e R.I. le suit, axé sur
461
Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

Dolcourt. Il ne se présente pas mieux. Les hommes éreintés se traînent


lamentablement, beaucoup n’ont plus de fusils. L’impression est mauvaise. Je
prends langue avec le Lt-Colonel Blanchet qui commande le 132e R.I. et je le mets
au courant de la situation. Il n’a reçu aucun ordre nouveau de son divisionnaire
et déclare s’en tenir à ceux qu’il a reçus. Il admet toutefois, en voyant le terrain,
qu’il sera obligé de pousser à l’Ouest ne serait-ce que pour être prévenu de
l’arrivée des Allemands.
Je prescris alors à mes commandants de sous groupement d’opérer leur
mouvement de repli dès que les éléments d’infanterie détachés en avant auront
occupé la crête militaire dominant Selaincourt. Je pars ensuite rendre compte au
Général Dubuisson installé à Germiny de ce qui se passe et des ordres que j’ai
donnés, puis je me mets à la recherche de mon P.C ?
C’est toute une affaire, car le bois est plain à craquer de véhicules d’artillerie, de
chariots de parcs, de voitures d’infanterie, de cuisines roulantes dans un
effroyable désordre. J’arrive enfin à retrouver les miens presque à la sortie du
bois en direction de Viterne (Meurthe-et-Moselle).
Là, le tragique de la situation m’apparaît pour la première fois dans toute son
horreur. Derrière moi une batterie de 155 longs en position face au Nord-Ouest
tire sans arrêt en direction générale de Toul.
En même temps une autre batterie de même calibre, placée de l’autre côté du
ravin vers la côte 384 tire elle aussi, mais dans un sens diamétralement opposé
en direction de Madon. Plus de doute, nous sommes encerclés.
Les heures passent, la fusillade se rapproche, l’ennemi est à Germiny, à Thelod, à
Marthemont, à Mézières.
Le Général Dubuisson a quitté Germiny, un des derniers et est venu se placer dans
une clairière au sud du bois de Juré à 1500 mètres de Viterne. Les bruits les plus
invraisemblables se mettent à circuler. On voit l’ennemi partout. Un vent de
panique semble souffler sur ce bois bourré de toutes sortes, empilées comme
harengs en caque.
Mes escadrons n’arrivent pas. En présence de ce qui se passe, je leur envoie un
agent de transmission pour leur prescrire de hâter le mouvement. En même
temps, je fais dire à de Rolland de ne pas se diriger sur la forêt de Govillers qui
doit être au pouvoir de l’ennemi, mais de venir me rejoindre au bois de Fey. Le
Commandant de Rolland n’a pas pu être touché tout de suite. Le motocycliste le
retrouve enfin à Crepey où il prend ses dispositions en vue de défendre le village.
Vers 18 heures, il arrive enfin au rendez-vous que je lui avais fixé. Avec ma liaison,
je rejoins alors le P.C du Général Dubuisson. Celui-ci semble encore assez maître
de lui, mais il est assailli d’agents de liaison venus rendre compte ou demander
462
Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

des ordres. La route de Thuilley-aux-Groseilles et ses abords présente le même


aspect que le bois de Fey, l’encombrement y est à son comble. On ne peut s’y
mouvoir. À droite et à gauche sur la partie déboisée qui encadre la route, les
gendarmes essaient de faire ranger hommes et voitures et former les faisceaux.
C’est la fin. On le sent. En certains endroits des drapeaux blancs auraient fait leur
apparition. Je reçois un dernier ordre, celui de défendre, face à Viterne, les lisières
à l'est des bois de Juré et de Fey à cheval sur la grande route. Mais il est tard.
Fidèle à ses principes l’ennemi n’attaque plus. Seule une mitrailleuse allemande
au carrefour des routes Viterne – Thélod et Thuilley – Maizières égrène encore le
chapelet monotone des rafales qui crépitent.
La nuit tombe.
Journée du 22 juin 1940 : Vers 1 heure, le Colonel Placiard (Placiard, Amédée,
Jean, Henri, Constant, 1886-1965, commande l'infanterie de la 71e division
d'infanterie à partir du 2 septembre 1939) et le Capitaine Fouquet se rendent au
Q.G. du Général allemand Hube, commandant la 16e D.I., pour négocier une
reddition. Les conditions qu’ils apportent sont honorables, mais dans le courant
de la journée, nous apprenons que le Général Hube a été désavoué par ses chefs.
C’est une reddition pure et simple, sans condition, qui nous est imposée Le
Général Dubuisson fait alors sortir son ordre général n 5, ainsi conçu :
Groupement Dubuisson. Le 22 juin 1940
Ordre général n° 5
I. Après s’être battues magnifiquement pendant plusieurs semaines, les troupes
placées sous mon commandement, décimées, ont été rejetées sur les parcs et
convois accumulés, et mises dans l’impossibilité de résister sur place et de
manœuvrer.
Après avoir fait tout leur devoir, jusqu’au sacrifice complet elles ont été dans
l’obligation de cesser toute résistance.
II. Ces troupes comprennent :
— 42e C. A. (51e D.I., 58e D.I.)
— Le commandement supérieur de Verdun.
— L’État-Major et le groupe à cheval du 14e G.R.C.A.
— La 6e D.I.N.A.
— La D.L.B.
— La 6e D.I.
— La 35e D.I.
— La 3e D.I.C.
— La 6e D.I.C.
Les effectifs en combattants de chacune d’elles, réduits à l’extrême, sont un
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Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

témoignage évident de la violence des combats qu’elles ont eu à subir.


Leurs régiments ont droit au respect et à la considération du pays.
Je salue leurs morts dont le sacrifice a mérité la haute estime de l’ennemie qui a
accordé aux officiers le droit de porter leurs armes.
III. Ces troupes doivent aujourd’hui donner l’exemple de la tenue et de la
discipline.
Officiers et sous-officiers doivent suivre le sort de leurs hommes. Les troupes
doivent faire confiance à leurs chefs dans le revers comme dans le succès. Elles
doivent en restant unies et disciplinées, rester dignes de la France et penser au
devoir qui les attend dans le relèvement de la Patrie. Signé : Dubuisson.
Journée du 23 juin 1940 : À 8 heures, je fais mes adieux aux hommes et je les
remercie de ce qu’ils ont fait au cours de la campagne, puis nous entendons la
messe en plein air dite par le Révérend Père Le Droumaguet, notre aumônier.
Nous brûlons ensuite notre petit fanion et nos papiers suivant les ordres que nous
avions reçus dès le 20 au matin. L’émotion nous étreint.
À 11 heures précises, j’ai le triste privilège de me présenter le premier avec mon
G.R.C.A. aux avant-postes allemands, à l’entrée de Maizières, le sort en est jeté.
Les opérations actives sont closes pour les armées de l’Est. Encore quelques jours
et sanctionné par l’armistice le désastre sera consommé. La défaite sans
précédant dans l’histoire de France, a été la résultante de causes nombreuses et
variées parmi lesquelles, il serait vain de se le dissimiler, la défaillance eu feu de
certaines unités n’est pas une des moindres. Toutefois, j’estime de mon devoir de
signaler ici que les groupes de reconnaissances que j’ai eu l’honneur d’avoir sous
mes ordres ont toujours été à la hauteur de leur tâche.
Que ce soit sur le canal des Ardennes et à Tannay du 14 au 26 mai, à Baudremont
le 16 juin, dans le bois de Colombey les 19, 29 et 21 juin, le 14 e G.R.C.A. et les
G.R.D.I mis successivement à ma disposition, se sont toujours admirablement
conduits. Ces Groupes de reconnaissance, composés presque uniquement de
réservistes, officiers et hommes, ont fait preuve d’une discipline d’un allant, d’un
esprit de sacrifice digne de tous les éloges. Le commandement a fait sans cesse
appel à eux. Jamais il n’a été déçu. Malgré les fatigues, les nuits sans sommeil, les
pertes, un ravitaillement parfois difficile les Groupes de reconnaissance ont haut
et ferme maintenu les traditions de la cavalerie française. Parti d’Hermonville le
13 mai à l’effectif réduit de 666 officiers et hommes, le 14e G.R.C.A. en 40 jours
de campagne a à ma connaissance subi la perte au feu de 53 tués dont 5 officiers,
et de 87 blessés dont 9 officiers, soit 21 % de ses effectifs.
Les pertes se répartissent comme suit :
Officiers tués : Capitaine de Meaux (active) commandant l’escadron moto.
464
Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

Capitaine Carpentier (réserve) commandant le 1er escadron à cheval.


Lieutenant Befort (réserve) du 2e escadron à cheval.
Lieutenant Massenet (active) de l’E.M.E. (État-Major Escadron).
Aspirant David (active) de l’E.M.E.
Officiers blessés : Capitaine Rophé (réserve) commandant de l’E.M.E.
Lieutenant Mignon (réserve) de l’escadron moto.
Lieutenant Masson (réserve) de l’E.M.E.
Lieutenant Brenot (réserve) de l’E.M.E.
Lieutenant Tunmer (réserve) de l’escadron moto.
Lieutenant de Noblet (réserve) Officier de transmission à l’E.M.
Lieutenant Deciry (réserve) de l’escadron moto.
Aspirant de Brecey (active) du 2e escadron à cheval.
Aspirant David (active) de l’E.M.E. (blessé légèrement au mois de mai).
Sous officiers, brigadiers et cavaliers tués : Total 53.
Groupe à cheval : 19 ; Groupe motorisé : 34
Sous officiers, brigadiers et cavaliers blessés : Total 87.
Groupe à cheval : 39 ; Groupe motorisé : 48
e e
Résumé sur le 14 G.R.C.A. : Le 14 G.R.C.A. est de type normal dit aussi nord-est.
Il est rattaché au 21e C. A. Il est constitué, à partir des Gardes républicains
mobiles, du Centre mobilisateur Cavalerie n° 3 (éléments hippomobiles) d’Évreux
et Saint-Lô du Centre Mobilisateur Cavalerie n° 61 (éléments motorisés) de Saint-
Germain-en-Laye le 26 août 1939, sont Chef de Corps est le LCL GRÉVY, puis le
COL GALLINI le 16 janvier 1940.
Du 2 septembre 1939 au 14 mai 1940, il se trouve sur la frontière du Nord.
Le 12 septembre 1939, le Corps d’Armée fait mouvement sur le SF de Montmédy ;
le G.R. se concentre à Nouart, Barricourt et Bayonville dans les Ardennes. Le 19
septembre, mouvement sur Villiers la Montagne en Meurthe-et-Moselle.
Du 20 septembre au 3 octobre sont organisés des travaux d’organisation du
terrain dans la région de Hussigny en Meurthe-et-Moselle et sur la frontière
luxembourgeoise au sud-est de Longwy.
Du 4 octobre au 2 mars 1940, organisation défensive de la frontière belge dans la
région de Longwy.
Le 11 mars, le G.R. est rattaché à la 3e D.L.C. pour une éventuelle intervention en
Belgique.
Du 3 au 14 mai mouvement sur Hermonville dans la Marne, Vouziers, les Petites
Armoises dans les Ardennes.
Du 15 mai au 18 mai 1940, il participe à la bataille de la Meuse. Le 15 mai 1940,
il fait partie du Groupement de G.R. (14e G.R.C.A., 76 et 93e G.R.D.I) en couverture
465
Chapitre VIII : Historique du 14e G.R.C.A.

sur le canal des Ardennes, région Le Chesne-Tannay-Les Grandes-Armoises dans


les Ardennes.
Le 16 mai, il participe aux combats à Tannay et aux Petites Armoises.
Du 19 mai au 10 juin 1940, il participe à la bataille de la Meuse.
Le 19 mai, le G.R. est en couverture sur le canal.
Le 23 mai combat au bois de Sy où il contre-attaque.
Du 23 au 25, il est dans la région sud de Tannay.
Du 27 mai au 9 juin, il passe en réserve de Corps d'Armée dans la région de
Buzancy à Harricourt et Barricourt dans les Ardennes.
Le 10 juin, il couvre avec le 13e G.R.D.I le repli du C. A. sur la ligne Buzancy-Nouart
dans les Ardennes et Beauclair-Villefranche dans la Meuse.
Du 11 juin au 13 juin, il participe à la retraite de l’aile droite du front. Le 11 juin, il
couvre avec les 13, 71, et 73e G.R.D.I le repli du C. A. sur la ligne St Juvin dans les
Ardennes – Romagne sous Montfaucon-Bantheville dans la Meuse. Il combat au
bois de Barricourt dans les Ardennes. Le 12 juin, il remplit la même mission.
Le 13 juin, repli sur la ligne Varennes-Very-Montfaucon-Septsarges Dannevoux
dans la Meuse. Il comble le trou entre deux D.I. à Soureuilles dans la Meuse, puis
se replie.
Les 14 et 15 juin mouvement sur Chaumont sur Aire-Érize-la-Brulée dans la
Meuse-Bar le Duc pour interdire la Voie sacrée.
Le 16 juin, il combat à Érize-la-Brulée, Rumont, Lignières sur Aire dans la
Meuse.Puis il est regroupé dans la région de Vaucouleurs dans la Meuse et affecté
à la division légère Burtaire.
Le 21 juin, il mène des combats retardateurs sur l’axe Saulxures les Vannes-
Colombey les Belles-Bois de Fey.
Puis le 22 juin à Thorey en Meurthe-et-Moselle.
Le 23 juin, la division est encerclée, le G.R. protège le Q.G. du C.A. jusqu’à
l’armistice où tous les personnels sont capturés.

466
Chapitre IX : La 35e Division au combat

CHAPITRES IX : La 35e Division au combat.


Par Henri de Rolland, commandant d’escadron. 29e G.R.D.
La 35e D.I. au combat 1939-1940 par Henri de Rolland
Huit ans à peine ont passé et déjà l'histoire de la guerre de 1939-1940, de sa
préparation, de ses origines, de son évolution, a été si profondément altérée par
les passions politiques, que les combattants eux-mêmes ne la reconnaissent pas.
Loin de nous l'idée d'établir ou de rechercher des responsabilités. Nous laissons
à d'autres, plus qualifiés, le soin de le faire, mais nous voudrions simplement et
impartialement rapporter des faits exacts, précis et dire avec qui, avec quoi, et
comment nous avons été jetés dans la bataille.
ABRÉVIATIONS
C. A. corps d'armée.
D.I. division d'infanterie.
D.I.A. division d'infanterie alpine.
D.I.C. division d'infanterie coloniale.
I.D. infanterie divisionnaire.
R.I. régiment d'infanterie.
R.A.D. régiment d'artillerie divisionnaire.
R.M.V.E. régiment de marche de volontaires étrangers.
G.R.C.A. groupe de reconnaissance de corps d'armée.
G.R.D.I. groupe de reconnaissance de division.
D.C.A. défense contre avions.
E.P.O.R. école de perfectionnement des officiers de réserve.
C.I.D. centre d'instruction divisionnaire.
LE PRÉLUDE
Mobilisation
Concentration — Secteurs de Buche et de Wissembourg
La 35e D.I. est une division de série A, c'est-à-dire une unité de réserve, encadrée,
partiellement du moins, par des éléments d'active, comprenant : les chefs de
corps, la majorité des officiers supérieurs, un officier au minimum par
Compagnie, Sscadron ou Batterie et quelques sous-officiers.
Le 2 septembre 1939, cette division se forme dans la région de Bordeaux. Elle
possède trois régiments d'infanterie : le 11e R.I. mobilisé à Toulouse, le 49e à
Bayonne, le 123e à Bordeaux ; deux régiments d'artillerie : les 14e et 214e R.A.D.
mobilisés à Rochefort, et le 29e Groupe de reconnaissance mobilisé à Saintes.
Douze jours sont employés à l'organisation et à l'équipement des unités. Les
opérations se font au ralenti en raison de l'insuffisance et de la médiocrité du
matériel et des difficultés de la réquisition.
467
Chapitre IX : La 35e Division au combat

Dans l'ensemble, les cadres de l'active de la 35e D.I. sont bons, mais les officiers
de réserve n'ont reçu qu'une instruction hâtive et sommaire. Sans doute, en
1939, le ministre de la guerre a-t-il rendu obligatoire la fréquentation des cours
d'E.P.O.R., mais l'enseignement reçu dans ces écoles est théorique et décousu.
Comme l'a dit le Général Héring : tout cela ne vaut pas l'exercice du
commandement et c'est cette habitude du commandement et cette
connaissance de la troupe, indispensables à tout chef, qui leur manquent le plus.
Les sous-officiers, eux, ne possèdent ni instruction militaire ni autorité ; quant aux
hommes qui proviennent du service d'un an, ils n'ont eu qu'une formation
rudimentaire et incomplète (1 « Il avait été impossible, écrira le Général Gamelin
dans Servir, de former dans de bonnes conditions les sous-officiers de réserve...
Nos sous-officiers de réserve n'avaient donc aucune expérience du
commandement. » Et plus loin : « Certes, le service d'un an, la limitation des
périodes de réserve jusqu'en 1935, ont eu de lourdes conséquences en réduisant
le dressage du citoyen au métier des armes. ».)
La valeur technique de la troupe est passable. Sa valeur morale n'est guère
supérieure. D'une façon générale, les hommes que nous avions n'avaient pas un
moral très élevé. Ils n'avaient pas mauvais esprit... Dire qu'ils avaient beaucoup
d'ardeur, beaucoup d'entrain, c'est autre chose (2 Colonel Janson.)
Nous rappelant que l'armée est la « grande muette », nous nous garderons de
faire une incursion dans le domaine politique. Nous rappellerons simplement,
pour mémoire, les divisions et l'agitation de la France avant la guerre, les
campagnes antimilitaristes, les manifestations des « objecteurs de conscience »,
les grèves, les occupations d'usines et les sabotages qui ne s'arrêtèrent pas du
reste à la mobilisation.
Pour tout ceci, nous renvoyons le lecteur aux articles de la presse de l'époque et
au discours de M. Daladier à la Chambre, dans la séance du jeudi 18 juillet 1946.
(3 « Journal officiel N° 69, pages 2675 et 2703 et suivantes ».)
Nous rappellerons aussi, et simplement pour la compréhension des faits, les
multiples incidents provoqués par les premières convocations de réservistes (4
« Les convocations de réservistes dans notre pays pacifique, acharné à son labeur,
sont impopulaires », expliquera plus tard M. Daladier).
Or, comme l'a dit très justement le Général Requin : Le moral d'une armée, c'est
le reflet de la nation qui la fournit. (4 « Des manœuvres exécutées par une division
de réserve en 1934 avaient, du reste, largement édifié le commandement au
double point de vue de l'instruction et de la discipline ».)
Nous rappellerons enfin la préparation morale de l'Allemagne dans le même
temps et la propagande active, ardente et passionnée du 3e Reich qui s'ajoutait à
468
Chapitre IX : La 35e Division au combat

un effort colossal de construction et d'armement.


Si, au point de vue du personnel, la 35e D.I., comme toutes les unités de réserve,
a une valeur moyenne, au point de vue matériel, sa valeur est médiocre. (5 « Le
programme d'armement du 1er janvier 1937 devait être terminé fin 1940 ou début
de 1941 ».) Le matériel d'artillerie dont elle dispose est celui de la guerre de
1914 : 36 canons de 75 au 14e R.A.D., 24 de 155 courts au 214e ; quant à la
batterie antichar de 47, elle n'arrivera à la division qu'en novembre 1939 et la
batterie de D.C.A., qu'au début de juin1940.
L'infanterie elle-même manque de canons de 25. Elle ne possède que 6 pièces au
lieu de 12 par régiment et la Compagnie Divisionnaire antichar de 12 canons de
25 n'aura pas encore rejoint au moment de l'armistice. Au total, le déficit pour le
D.I. s'élève donc à 8 canons de 47 et 31 de 25 (6 « Le problème de la défense
contre avions était sans conteste notre point faible », écrit le Général Gamelin.
Pour la défense antichar, « les réalisations n'ont pas répondu à nos espérances ».
« S'il n'y a pas eu de D.C.A. suffisamment aux armées, c'est qu’on avait commencé
trop tard à fabriquer des canons », dira M. Daladier.)
Pour le matériel des équipages, la 35e D.I. dispose d'un amalgame d'automobiles
de tous âges, fournies par la réquisition, auxquelles viennent s'ajouter des
chariots de parc 1900, des fourgons du modèle 1884 et même quelques
« charrettes de maraîchers ».
Et malgré ces échantillons nombreux et variés, le tonnage très insuffisant va
contraindre le commandement à surcharger les véhicules et à les user
prématurément.
L'état des chevaux fournis par la réquisition n'est pas supérieur à celui du
matériel. Dans le groupe de reconnaissance, par exemple, dans cet organe de
renseignements, dont les qualités essentielles doivent être la vitesse et la
mobilité, 20 chevaux sur 240 sont des chevaux de selle. (7 « Le 29e G.R.D.I
comprend 1 escadron à cheval, 1 escadron motocycliste, 1 escadron porté avec
mitrailleuses et canons antichars, 1 escadron hors rang ».) Certains ne peuvent
être bridés, car les mors sont trop étroits pour leurs bouches, d'autres ne peuvent
être sellés, même avec deux sangles.
L'escadron de mitrailleuses et l'escadron motocycliste sont des mosaïques de
machines, diverses comme ancienneté, comme qualité et comme puissance.
Onze marques de camions y sont représentées, 8 de camionnettes, 13 de
motocyclettes (allant de 2 à 11 CV). Sur un effectif global de 55 side-cars, 35
manquent et sont remplacés par des Simca ou des solos.
Le matériel d'observation et de transmissions est vieux et incomplet, mais pour
celui-ci on trouve une solution très simple : on diminue notre dotation
469
Chapitre IX : La 35e Division au combat

théorique, ce qui nous oblige à rendre des jumelles alors que nous en
demandions !
Dans toutes les unités enfin, c'est la même pénurie d'effets et d'équipements.
Beaucoup d'hommes sont sans casques, sans vareuses, sans culottes, sans
chaussures ou sans couvertures. (8 « Les hommes n'ont qu'une paire de
chaussures, beaucoup des souliers bas apportés par eux ou fournis par l'armée ».)
C'est dans cet état inquiétant que, dans la nuit du 14 au 15 septembre, la Division
procède à son embarquement. Dans les gares, c'est le même désordre qu'au
centre mobilisateur. Certains wagons sont en mauvais état, quelques voitures de
réquisition sont trop hautes pour les tunnels, les chevaux de culture, vrais
« coffres à avoine », ne peuvent tenir à huit par wagon, les lanternes et la paille
manquent pour les hommes, les renseignements relatifs au ravitaillement en
cours de route sont incertains et beaucoup de 2e classe et même gradés n'ont
jamais fait d'embarquement d'unité motorisée. Malgré tout, les régiments
parviennent à embarquer à peu près correctement et s'en vont par Périgueux,
Limoges, Châteauroux, Vierzon, Les Aubrais, Juvisy, Épernay, Châlons, Bar-le-Duc,
Neufchâteau, Lunéville, Avricourt, vers leur zone de stationnement comprise
entre Sarrebourg et Saverne.
Les cantonnements attribués à la division sont insuffisants, la plupart médiocres,
beaucoup sont déjà occupés et, après cinquante-huit heures de voyage par voie
ferrée, le 29e G.R.D.I installé à Saint-Louis-les-Arzviller sous une pluie torrentielle
est envoyé dans la même journée, d'abord à Zittersheim, ensuite à Sparsbach, et
fait ainsi une étape de 35 kilomètres pour atteindre son nouveau cantonnement.
À son arrivée dans sa zone, la 35e D.I. est mise à la disposition du 8e Corps d'Armée
(Général Frère) de la Ve Armée (Général Bourret). Elle est en réserve et doit
disposer de trois semaines pour parfaire son instruction et compléter son
matériel. (9 « Du reste, aucune demande de matériel n'a été satisfaite par la Ve
armée qui en manque elle-même ».) Elle procède donc aussitôt à une remise en
état, à des réparations sommaires (car les pièces de rechange font défaut), mais
tous exercices d'ensemble, qui seuls donneraient de la cohésion à la troupe, sont
interdits, en prévision d'attaques aériennes. Les rares tirs qui peuvent être
exécutés en raison du petit nombre de cartouches d'instruction mettent du moins
en évidence l'ignorance des spécialistes. Beaucoup de mitrailleurs n'ont jamais
tiré à la mitrailleuse, presque aucun homme ne connaît le canon de 25.
Et brusquement, le 1er octobre, la 35e est alertée pour relever une fraction de la
23e et de la 15e D.I. entre la 25e motorisée et la 3e coloniale, mais personne o
presque personne ne veut encore croire à la guerre. La propagande allemande a
été si active et si habile qu'elle est parvenue à convaincre la masse qu’Hitler n'a
470
Chapitre IX : La 35e Division au combat

aucune animosité contre la France et que tout se terminera bientôt autour d'un
tapis vert.
Le 1er octobre, sous une pluie diluvienne, la division se met en route. Elle a reçu
mission d'organiser la défense du secteur de Montbronn (P.C de la DI) et de
pousser en avant de la ligne Maginot un dispositif de sûreté. Le Général Délaissey
de l’I.D. prend le commandement d'un groupement tactique, avec en 1er
échelon : le 2e bataillon du 49e R.I. et l'escadron moto du 29e G.R.D.I, plus 1
peloton de mitrailleuses ; en 2e échelon, le 1er bataillon du 49e et, en 3e échelon,
un groupement d'artillerie formé de deux groupes mixtes (75 et 155). (10 « Dans
la nuit du 10 au 11, l'escadron à cheval du 29e G.R.D.I prendra position au
Grossenwald pour relever l'escadron motocycliste du 75e G.R.D.I, le reste du 29e
demeurant au Guisberg ».) Le reste de la division est chargé d'organiser une
nouvelle position en arrière de la ligne Maginot avec points d'appui, tranchées et
abris bétonnés.
La mission du détachement avancé est de garder le contact, de résister à des
attaques locales et de ne se replier « qu'en cas d'attaque en force ».
Son front est jalonné par le Nasserwald, station de Brenschelbach, Loutzviller,
Schweyen, Grossenwald. Le P.C du Général Delaissey est installé à Neumühl. (Voir
carte 1.)
À notre arrivée, le secteur est calme (11 « ... pour des causes que je ne suis jamais
arrivé à éclaircir, écrira le Général Gamelin, les fabrications en grand de nos mines
antichars commençaient tout juste en 1940 » ... et plus loin : « Ici, nous nous
trouvons en face d'une carence vraiment des services ».) Mais le terrain n'est pas
organisé et tout manque comme matériel : mines antichars, fils de fer barbelé,
rondins, piquets, sacs à terre. La pluie tombe abondamment et les hommes
stationnent sans abris dans des tranchées rectilignes envahies par les eaux.
La fatigue et la nuit les rendent nerveux, impressionnables, et, brusquement, le 9
octobre, un renseignement inexact, signalant une attaque par chars, amène le
repli d'une Compagnie et d'un Escadron, qui peuvent être rapidement stoppés à
la hauteur d'Epping-Urbach et ramenés à leur position primitive.
Le 14, le G.R.D.I, après avoir été dissocié, est regroupé et chargé de tenir les
abords de Loutzviller, côte 334, Schweyen, Windhof, Kleinbirk, Grossenwald, la
Chapelle des Saints.
Et c'est de nouveau le calme décevant, mais l'état physique des hommes, qui
pataugent dans la boue et voient très rapidement leurs effets traversés par la
pluie, devient rapidement déplorable. Huit jours passent et soudain, dans la nuit
du 16 au 17, l'attaque allemande se déclenche face aux 25e et 35e D.I., sur les
éléments poussés au-delà de la frontière.
471
Chapitre IX : La 35e Division au combat

La 25e replie son détachement avancé et le 17, à 6 heures, le 2e bataillon du 49e,


découvert sur son flanc, doit se retirer sur Ormersviller, après s'être battu
bravement avec des hommes voyant le feu pour la première fois (12 notons que
ce régiment est composé en majeure partie par des Basques qui sont
naturellement braves et résistants et qu'il a quelques très bons officiers.). Le 29e
G.B., débordé à droite et à gauche, reste en flèche sur ses positions.
Deux jours plus tard, l'ennemi déclenche des tirs très violents sur la côte 381 et
la Chapelle Saint-Joseph obligeant les éléments légers qui s'y trouvent à se porter
sur la ligne Ormersviller, Epping-Urbach.
Le calme règne de nouveau. Seul un changement est apporté dans le dispositif
entre les 2 et 5 novembre : la 25e Division est relevée par la 30e D.I.A., et la 3e
D.I.C. par des éléments de gauche de la 35e, remplacés eux-mêmes par la demi-
brigade de chasseurs de la 30e Division alpine. Le G.R.D.I, relevé par le 123e R.I.,
va occuper alors le Moulin d'Eschviller, les lisières ouest du Zitterwald et, à
l'arrière, les hauteurs du Pitiesberg et du Haepelt.
La 35e, étirée sur une longueur de 18 kilomètres, a alors deux sous-secteurs tenus
par des détachements avancés : celui de gauche s'étendant à droite jusqu'à la
route BitcheWaldhausen, est tenu par le 3e bataillon du 49e et les 1er et 2e
bataillons du 123 sous le commandement du Général Delaissey (dont le P.C reste
à Neumühl) celui de droite avec le lieutenant-colonel du 11e R.I. (P.C à la citadelle
de Bitche) allant jusqu'à l'extrémité droite du camp de Bitche. Il est constitué par
le 3e bataillon du 11e R.I. et le G.R.D.I 26 prêté par la 30e Division alpine. À l'arrière,
5 bataillons réservés poursuivent les travaux d'aménagement du terrain (Carte 1).
Seul, le sous-secteur de droite sera animé. Dès le 5, dans le quartier
d'Haspelschiedt-Roppeviller, les Allemands tâtent nos avant-postes.
Le 7, ils poussent vigoureusement sur le quartier d'Eberbach, où le 26e G.R.D.I qui
a tiraillé toute la nuit se replie. Liederschiedt et le Moulin d'Eberbach sont
abandonnés.
Le 1er Bataillon du 11e R.I., mis à la disposition du sous-secteur, peut
heureusement rétablir assez vite la situation, mais, dans la nuit du 9 au 10,
l'ennemi monte une nouvelle attaque, reprend Liederschiedt et, du 10 au 11,
enlève la côte 404. Les unités fatiguées sont alors retirées et relevées par le 10 e
G.R.C.A. et le 2e bataillon du 11e R.I.
Le front se stabilise enfin et, le 13 novembre, l'ordre de relève de la 35e D.I. par la
43e arrive à l'état-major. Cette relève sera terminée sept jours plus tard.
Après six semaines en ligne, la division était envoyée dans une zone dite de
rafraîchissement pour se reposer et se réorganiser.
Dès cette première période et pendant tout le séjour en secteur, deux faits sont
472
Chapitre IX : La 35e Division au combat

apparus clairement : l'insuffisance d'instruction de la troupe et d'une partie des


cadres, le manque de confiance entre les hommes et les chefs qui ne se
connaissent pas (13 « La troupe est le reflet du chef, dit le règlement. Ceci est
exact pour une unité d'activé, mais absurde pour une unité de réserve où les
cadres n'ont pas formé la troupe et n'ont pu s'imposer à elle ».) et la pénurie du
matériel de défense, alors que devant eux apparaît un ennemi discipliné, ardent,
instruit, doté d'un armement puissant, nombreux. (14 « Aux demandes
successives de barbelés, l'intendant répond par un ordre de récupération de vieux
fils de fer et de versement immédiat à son service. D'autre part, par suite du
manque de fourrage, 400 chevaux meurent dans la division ».).
De plus, la défense passive et l'inertie déprimante imposées par le haut
commandement dans des conditions lamentables d’installation n'ont pas
amélioré tant s'en faut la valeur morale de la troupe, qui, pendant quarante-cinq
jours ininterrompus, est demeurée immobile sous la pluie et dans un cloaque.
Le 22, la 35e est installée dans la région de Rouxwiller.
Enfin, les hommes vont pouvoir se sécher, se nettoyer, réparer leurs effets. Enfin,
ils vont se refaire physiquement et moralement. Enfin, l'instruction des cadres et
de la troupe va devenir possible. Enfin, la révision et la mise au point du matériel
pourront être réalisées.
Hélas ! De nombreuses surprises nous attendaient. L'ensemble des
cantonnements est déplorable. Dans de nombreux villages, seules des granges
largement ventilées sont réservées aux hommes. Dans la plupart des
cantonnements, aucune pièce ne peut être chauffée, même pour les visites
médicales et pour l'infirmerie.
Bientôt le thermomètre descend à —20 et —25 degrés, les routes se couvrent de
verglas et la neige arrête la circulation.
Hommes et matériel souffrent cruellement de ce froid polaire, et nous n'avons
naturellement, pour nos véhicules, ni antigel ni chaînes. Certains corps doivent,
chaque jour, faire 80 kilomètres pour le ravitaillement et les voitures envoyées en
réparation au parc reviennent après deux ou trois mois ou ne reviennent pas,
grâce au manque de pièces, au manque d'ordre, de discipline et à un travail
exécuté au ralenti. L'état de nos automobiles et de nos motocyclettes, loin de
s'améliorer, devient chaque jour plus mauvais.
L'habillement des hommes n'est pas complété. Nous ne touchons ni huile pour
les voitures ni graisse pour les armes ou pour les chaussures, ni boutons, ni galons
our les effets, et les officiers permissionnaires doivent rechercher à l'intérieur du
pays : fil, boutons, passepoils et galons.
Seuls, nous parviennent de l'arrière des appareils de T.S.F., des journaux illustrés,
473
Chapitre IX : La 35e Division au combat

des bouteilles de vin et même de champagne (15 « Comme le dira le Général


Lenclud en parlant de la troupe : on s'est beaucoup plus préoccupé d'améliorer la
situation matérielle... que de sa préparation à la bataille ou de l'élévation de son
moral ».)
L'état physique et moral des unités est lui-même aggravé par une
séried'innovations : les permissions après trois mois de guerre sans bataille !, la
récupération des spécialistes (16 « Au début de mai, le nombre des affectés
spéciaux dépassait le million dira le Général Gamelin. ») les cours pour officiers
et sous-officiers, le renvoi à l'intérieur des pères de familles nombreuses et la
prime de combat accordée à des milliers de non-combattants et qui sera
consommée dans les « caboulots » de l'arrière.
Et bientôt, les unités dispersées dans des cantonnements éloignés se voient
pulvérisées par la garde des camps de permissionnaires, par la protection des
gares de ravitaillement de Schweighouse, de Walbourg, par la protection
antiaérienne, par le guet anti parachutiste et les corvées multiples de nettoyage
de cantonnements dont il est préférable de ne pas décrire l'état.
De nombreuses critiques ont été faites par des « civils » et même par des
militaires de tous grades, sur l'inertie des troupes pendant cinq longs mois d'hiver.
Nous nous permettrons de demander à ces censeurs comment ils auraient
procédé à notre place pour faire l'instruction des cadres et des hommes, pour
organiser ou réorganiser les unités, pour tenir ou réparer les armes et le matériel,
quand ces unités sont décapitées, dissociées, pulvérisées, qu'il ne reste plus entre
les mains du chef ni officiers, ni hommes de troupe, quand le matériel roulant
arrive péniblement à assurer le ravitaillement, qu'aucun ingrédient n'est
distribué, que l'habillement lui-même est abandonné et que chaque jour il faut
lutter pour permettre la marche normale
Des unités et des services, faire les corvées obligatoires, maintenir les hommes
en bonne santé et les chevaux en état, remédier à l'usure et aux accidents d'un
matériel vieux et surmené, et ceci, par un froid de 20 ou 25 degrés, sur des routes
couvertes de verglas et d'une telle épaisseur de neige que des équipes spéciales
doivent être chaque jour constituées pour rétablir les communications
L'état des chemins devient si mauvais qu'un ordre de mouvement de la 35e, pour
effectuer une relève sur le Lauter, devra être annulé.
C'est fin janvier seulement que la division mise à la disposition du 12 e C. A.
(Général Dentz) pourra préparer pour le 3 février sa mise en route et relever la
70e D.I. dans le secteur de Pechelbronn
La 35e, encadrée à gauche par la 28e Division alpine et à droite par la 16e D.I.,
reçoit alors comme mission de tenir la région s'étendant de Climbach au Moulin
474
Chapitre IX : La 35e Division au combat

de Saint-Remy (région dominée par les ouvrages puissants du Hochwald et de


Schonenbourg) et d'organiser une nouvelle position sur l'Haussauerbach en avant
de la ligne Maginot (Carte 2).
Deux sous-secteurs sont créés : à gauche celui des Vosges, tenu par le 1er et le 2e
Bataillons du 49e R.I. et comprenant : Climbach, Le Pigeonnier, Scherhol ; celui de
la Lauter est tenu par les 3e et 4e batailons du 123 ; il est bientôt renforcé du 9e
G.R.D.I et reçoit alors comme mission de tenir la région s'étendant de Climbach
au Moulin de Saint-Remy
Le 11e R.I. est maintenu en Deuxième échelon avec son P.C à Gunstett, alors que
les postes de commandement des 14e et 214e R.A.D. sont à Schonenbourg et à
Lampertsloch et celui de la division à Morsbronn.
Pendant tout le séjour dans ce secteur, aucune attaque allemande n'est
déclenchée. Seuls, l'activité de nos patrouilles et nos coups de main sur Weiler
475
Chapitre IX : La 35e Division au combat

Le
11e
R.I.

476
Chapitre IX : La 35e Division au combat

est maintenu en Deuxième échelon avec son P.C à Gunstett, alors que les postes
de commandement des 14e et 214e R.A.D. sont à Schonenbourg et à
Lampertsloch et celui de la division à Morsbronn.
Pendant tout le séjour dans ce secteur, aucune attaque allemande n'est
déclenchée. Seuls, l'activité de nos patrouilles et nos coups de main sur Weiler.
les Picards et la Lauter, au-delà de Saint-Remy, viennent rompre la monotonie de
notre vie. Du côté allemand, des tirs très fréquents de réglage sont exécutés
chaque jour, en particulier sur le Geisberg et la région la Hardt-Saint-Remy tenus
par le 29e G.R.D.I sur le Geisberg.
À l'arrière, d'importants travaux sont entrepris et poussés très activement,
malgré la pénurie de matériel, sur l'Haussauerbach par les pionniers et les
bataillons réservés (travaux multiples comprenant : abris bétonnés, fossés
antichars, blockhaus, positions d'infanterie, épaulements d'armes
automatiques). Les villages sont organisés en points d'appui, une route
stratégique est construite de Lobsann à Memelshofen et une gare de
ravitaillement créée à Walbourg avant la fin du mois où la 35e est relevée par la
70e et est envoyée au repos dans la région de Brumath (17 « La division venait de
recevoir enfin son CID venant de Bordeaux. »)
Une mutation regrettable vient alors, et malgré les protestations du Général
Decharme, affaiblir la division : le 49e R.I., l'un des meilleurs régiments de la 35e,
est relevé par le 21e R.M.V.E. composé .de 47 nationalités. Cette nouvelle unité
arrivait le 3 mai avec des effectifs complets, mais sans canons antichars, sans
voiturettes de mitrailleuses, sans cuisines roulantes et sans havresacs (les
hommes faisant les paquetages avec des couvertures). C'était le type même du
« régiment ficelles » que les Allemands tournèrent si complaisamment en
dérision (18 « Comme l'a écrit très justement le Général Gamelin, dire que l'armée
était prête au sens absolu de ces termes eût été une véritable absurdité. »)Fort
heureusement, le long séjour en secteurs avait permis de roder la troupe, de juger
la valeur des cadres, de faire des nominations et des rétrogradations, d'entraîner
les hommes à la fatigue et à la souffrance (20 « Un critique a posé aux officiers
cette question agressive : Ces messieurs veulent-ils me dire qui les empêchait de
nommer au bout de six mois de service, sergents, apprentis sergents, aspirants,
des jeunes gens instruits sortant des grandes écoles, des principales écoles civiles
ou allant y entrer. La réponse est aisée :
1° avec des soldats de 2e classe, médiocrement instruits, il est difficile de faire de
bons cadres.
2° les jeunes gens instruits n'ont pas tous des qualités de chefs et la plupart étaint
déjà officiers ou sous-officiers de réserve. Sous la haute direction du Général

477
Chapitre IX : La 35e Division au combat

Decharme et du Général Delaissey (un chef dans toute l'acception du terme) la


35e D.I. s'était rapidement transformée et pouvait envisager maintenant avec plus
de confiance, son engagement dans la grande bataille, que l'on pressentait et qui
se préparait avec des moyens inconnus jusqu'alors.
LA BATAILLE
1. Au Nord de l'Argonne
Et le 10 mai, l'ouragan se déchaîne. La guerre, la vraie guerre, la Blitzkrieg
commence. Dès le matin, les masses allemandes se jettent à l'assaut de la
Hollande, de la Belgique, du Luxembourg. Dans les airs, des escadres d'avions
survolent ces territoires, bombardent les gares, les terrains d'aviation, les voies
ferrées, les routes et parachutent des unités sur les arrières de la défense. Trois
jours après, le raz de marée atteint la Meuse, submerge Dinant, Sedan, dépasse
le fleuve.
Les Panzerdivisionen foncent droit devant elles, ne trouvant pour s'opposer à leur
irruption que « 40 bataillons de chars éparpillés à raison de 3 ou 4 par armée, de
la mer du Nord à la Suisse, et 3 divisions cuirassées de formation récente, à peine
instruites » (21 « Daladier : C'est là, dira le Général Langlois, que gît tout le
problème de cette guerre et de notre défaite. La France a choisi l'appui de
l'artillerie, la tactique d'éparpillement : l'Allemagne a choisi les grandes unités
indépendantes, la tactique de concentration ») tactique que prônaient, mais en
vain, dix ans plus tôt, le Général Doumenc et de Gaulle. Les divisions de la 2e
Armée sont bousculées, les 2e et 9e Armées séparées, et déjà 7 Panzerdivisionen
poussent sur Mézières.
Le lendemain, la retraite de la 9e Armée se transforme en déroute, la bataille de
la Meuse est perdue et, après cinq jours de campagne, la Hollande est mise hors
de cause. Le 16, Vervins est pris, les Allemands bordent l'Oise, de sa source au
nord de la Fère. Entre Sambre et Aisne, la situation devient angoissante et, déjà,
les arrières des armées du Nord se voient menacés.
Le 17, l'ennemi continue vers Bapaume, Péronne, sans rien trouver devant lui.
Le 18, il déferle en direction de la Somme et de la mer.
Le 20, il occupe Amiens et opère la rupture des armées du Nord et du Sud, mais
Weygand avait remplacé Gamelin. C’était à la fois trop tard et trop tôt : il aurait
fallu ordonner impérativement à Gamelin de mettre sans délai son plan de dernier
recours.
Weygand rappelé pour remplacer Gamelin arriva le 17 mai commença par
décommander la contre-offensive latérale ordonnée par Gamelin pour couper de
leurs arrières les blindés ennemis qui avaient témérairement percé le front
français : Weygand voulant se donner le temps de réfléchir, commença par

478
Chapitre IX : La 35e Division au combat

annuler la contre-attaque. Ainsi deux jours passèrent, avant d’adopter enfin la


solution de son prédécesseur. Ce fut alors un échec de plus, car, pendant les 48
heures perdues, les troupes allemandes s’étaient massivement engouffrées dans
la trouée, derrière les chars, et l’avaient consolidée.
La 35e D.I., en état d'alerte depuis plusieurs jours, quitte précipitamment ses
cantonnements de repos d'Alsace et, dans la nuit du 20 au 21, embarque ses
unités à Brumath, Hochfelden, Mertzviller, Bouxviller et Wasselonne (22 « Quatre
jours avant, le 29e G.R.D.I a vu fort heureusement son matériel hétéroclite et
désuet remplacé. Il a touché 12 camions américains six-roues GMC et 65 « Indian
side-cars ».)
Le ciel est clair, mais, contrairement à nos prévisions, l'aviation allemande ne se
ne montre ni sur les gares ni sur les voies, et nous cheminons sans être inquiétés
par Sarrebourg, Lérouville, Saint-Mihiel, Commercy, puis nous gagnons, sur le
territoire de la IIe Armée, la zone de Nicey, Pierrefitte, Longchamps, Érize,
Rambluzin et Benoitevaux.
En cours de route et au stationnement, toutes précautions sont prises contre les
attaques aériennes : les marches se font de nuit et les troupes s'installent au
bivouac, disséminées dans les bois.
C.I.D. centre d'instruction divisionnaire.
B.D.A.C. batterie défense antichar.
B.I.L.A. bataillon infanterie légère d'Afrique.
D.I.N.A. division d'infanterie nord-africaine.
D.I.M. division d'infanterie motorisée.
R.I.C. régiment d'infanterie coloniale.
P.A.D. parc d'artillerie divisionnaire.
La division est provisoirement en réserve de G.Q.G., mais, aujourd'hui comme
hier, c'est le désordre, accru maintenant par le désarroi du haut commandement,
qui voit tous ses plans et toutes ses prévisions être bouleversés t.
Le 23, le régulateur routier vient nous surprendre par ces observations : « La zone
de débarquement de la division est trop au sud. Il faut la reporter vers Sainte-
Menehould.
Les trains non parvenus aux gares de destination seront détournés et débarqués
dans la zone nouvelle (à 30 kilomètres au nord-ouest). Les éléments auto et
hippomobiles une fois arrivés à Nicey feront mouvement dans la nuit par leurs
propres moyens. Les fantassins seront transportés sur camions dès 14 heures ».
Deux régiments d'infanterie se mettent donc aussitôt en route : les 11e et 123e,
puis, quatre heures passent et le régulateur routier reparaît avec un Deuxième
contrordre : ce n'est plus maintenant à 30 kilomètres de notre base qu'il s'agit de

479
Chapitre IX : La 35e Division au combat

nous porter, mais à 70 kilomètres au nord-ouest, dans la région de Germont,


Authe, Autruche, la 35e D.I. devant être engagée aussitôt, pour rétablir la
situation de la gauche de la 2e Armée qui vient d'être bousculée.
Une brèche est ouverte entre le canal des Ardennes et le bois de Mont-Dieu tenus
par le 21e C. A.
Le commandement compte sur la 35e D.I. pour la colmater
Or, à la veille de cette contre-attaque, la 35e, dispersée, éparpillée sur une
longueur de 100 kilomètres n'est plus dans la main de son chef :
1. Des unités d'infanterie, sans équipages et sans trains, se trouvent dans la région
Authe, Autruche, Germont.
2. Des éléments et des trains de matériel errent autour de Passavant.
3. D'autres stagnent à Nicey, oubliées par le transporteur.
4. L'artillerie et les convois automobiles roulent sur les routes.
5. Enfin, le 214e R.A.D. et le P.A.D. sont en cours de transport par voie ferrée.
Malgré tout, le 21e Corps maintient ses ordres en vue d'une contre-attaque, dans
la nuit du 24 au 25.
Le Général Decharme intervient alors personnellement, fait valoir les dangers
d'une opération engagée dans de telles conditions, les sacrifices sans profit
qu'elle imposera, et obtient finalement gain de cause.
La division s'installera, dès son arrivée, et sans esprit de recul, sur la position
jalonnée par le Chesne, canal des Ardennes, bois de Sy, Oches.
L'inertie démoralisante, la défense passive où « la consigne était de faire la guerre
sans avoir ni blessés, ni tués, ni prisonniers » (23 Colonel Andrei) sont donc finies.
Désormais, il faut tenir sur place et conserver à tout prix le terrain occupé.
Le Général Decharme relève immédiatement la 3e Division d'Infanterie
motorisée, installe son P.C dans les bois de Briquenay et pousse en avant le 21e
R.M.V.E., le 11e R.I. et le 123e, encadrés à gauche par la 36e Division et à droite
par la 6e.
Le front à tenir est étiré sur une dizaine de kilomètres, le terrain n'est pas organisé
et la seule réserve est constituée par le 29e G.R.D.I, unité bien faible dans une
situation aussi difficile.
La relève s'opère sans pertes sensibles, mais, dès le lendemain, l'ennemi
déclenche des tirs violents d’artillerie sur les Armoises, le bois de Sy, la côte 242,
tenus respectivement par le 21e R.M.V.E., le 11e et le 123e R.I.; puis le feu s’apaise
et l'infanterie se jette à l'assaut de nos lignes, mais sans pouvoir toutefois les
entamer.
Le 26 mai, le 29e G.R.D.I, envoyé à la recherche d'un avion qui vient de faire un
atterrissage forcé, parvient à découvrir cet appareil dans la région d'Authe et

480
Chapitre IX : La 35e Division au combat

capture ses quatre occupants.


Heureux début réconfortant quelque peu nos hommes habitués à l'inertie.
Et le 27 mai, l'attaque allemande diminue d'intensité. Seules l'artillerie et
l'aviation demeurent toujours très actives et font des bombardements successifs
sur nos premières lignes, sur nos positions de batteries, sur nos bivouacs et sur
nos communications.
Malgré tout, la 35e parvient à organiser très rapidement le terrain et à contenir
l'adversaire, grâce aux concentrations de son artillerie organisée en un
groupement de 3 groupes d’appui direct (à raison d'un par sous-secteur) et un
groupement d'action d'ensemble (24 « La 35e, renforcée par l'artillerie de la 3e
D.I.M. et de la 3e division cuirassée, dispose de 12 groupes ».) Elle parvient même
à faire des coups de main et des incursions profondes dans les lignes ennemies.
La défensive active commence enfin.
Mais l'aviation allemande est toujours maîtresse de l'air et nos hommes sont
fortement impressionnés par l'absence totale d'appareils français dans le ciel (25
« Le 15 janvier 1938, le Général Vuillemain, commandant l'Armée de l'Air, écrivait
déjà au ministre : … La situation est extrêmement grave... Je suis convaincu que si
un conflit éclatait cette année, l'aviation française serait écrasée en quelques
jours. Le 10 mai 1940, nous avions 420 appareils de chasse disponible contre
1500, 75 appareils de bombardement contre 2300 ».)
Le Général Gamelin pourra très justement écrire : « L'infériorité caractérisée de
notre aviation a joué un rôle essentiel dans la défaite » et il ajoute : « Mais je
l'avoue, je ne croyais pas que, pour la chasse, nous en fussions réduits là ».).
Ils le sont plus encore par la nouvelle de la reddition de l'armée belge, qui nous
parvient en fin de journée. Nos armées du Nord sont dès lors encerclées.
Le 28 mai, la 35e D.I. passe aux ordres du Corps d'Armée Colonial.
La situation est rétablie et se stabilise quand, le 4 juin, nous apprenons avec
stupeur qu'une partie de nos armées du Nord a été évacuée par Dunkerque et
que tout le matériel a dû être détruit ou abandonné.
Le 5, la division reçoit en renfort le 18e bataillon d'infanterie légère d'Afrique,
mais ce bataillon, nouvelle « unité de ficelles », ne dispose ni de canons de 25, ni
de camionnettes, ni de motos de liaisons, ni de matériel de transmission, ni de
sacs de fusils-mitrailleurs.
Dans la soirée, la radio annonce de très fortes attaques sur la Somme et laisse
pressentir l'abandon de cette ligne de défense. Et le 9, après une formidable
préparation d'artillerie et d'aviation, la bataille de l'Aisne s'engage, et nous
ressentons aussitôt le contrecoup. Dès le lever du jour, la 14e D.I. et la 36e, situées
à notre gauche, sont violemment pilonnées, puis le tir gagne en étendue.

481
Chapitre IX : La 35e Division au combat

Le canal des Ardennes, le bois de Sy et le village d'Authe sont à leur tour soumis
à un bombardement intense et, vers 5 heures, des vagues massives de
bombardiers viennent écraser nos lignes et nos arrières, suivies d'une attaque
puissante d'infanterie surtout le front de la division (26 « Le 8, une batterie de
D.C.A. motorisée de 6 canons de 25 est arrivée dans le secteur, avec un
approvisionnement du reste insuffisant. C'est la seule D.C.A. 1 ».) Toutefois, « sans
esprit de recul », la 35e résiste à la tempête et maintient toutes ses positions.
2. Retraite à travers l'Argonne
Et le lendemain, le bombardement par canons et avions reprend avec la même
violence. À l'extrême gauche de la 35e, la défense est enfoncée, l'Aisne franchie,
notre flanc gauche menacé de débordement.
Dans l'après-midi, le Général Decharme reçoit l'ordre de préparer
immédiatement son repli à 30 kilomètres au sud de l'Aire. Ce repli s'exécutera de
nuit en deux bonds :
Du 10 au 11, la division gagnera la Croix-aux-Bois, Boultaux-Bois, Germont,
Autruche, route Harricourt-Buzancy, sous la protection d'un rideau léger restant
en place.
Du 11 au 12, elle se portera à la hauteur de Grandpré.
Hélas ! la situation générale s'aggrave d'heure en heure. Déjà l'ennemi pousse sur
la Marne, Châlons est menacé et, à 21 heures, ce nouvel ordre arrive assez clair
par lui-même : « Ne laisser sur les positions actuelles aucun élément retardateur.
Un bataillon par R.I. couvrira l'installation ».
Grâce à un brouillard propice, la division peut décrocher et gagner ses nouvelles
positions, sans éveiller l'attention de l'adversaire.
Seul l'encombrement des routes ralentit sa marche sur toutes les voies
empruntées, grandes artères ou modestes chemins, c'est le reflux d'unités les
plus diverses : hommes à pied, troupes montées, éléments motorisés marchant
sur deux ou trois colonnes enchevêtrées dans la nuit.
Pour la 35e D.I., comme l'a écrit le capitaine d'état-major Dufourg, « la marche au
sacrifice » commence. Sous la protection du 29e G.R.D.I chargé de la recueillir puis
de la protéger, elle battra en retraite, menacée à l'ouest comme au nord, elle
battra en retraite, luttant le jour, marchant la nuit, sans repos, presque sans
vivres, pour reprendre dès l’aube le combat contre des unités fraîches
transportées par camions.
Le 12, encadrés à gauche par la 6e D.I.C., qui a relevé la 36e D.I. et, à droite, par la
6e D.I., elle atteint le sud de l'Aire, protégée par le 29e G.R.D.I sur son flanc
découvert à Termes, Vaux-les-Mouron et Sentie, et au nord, à Chevières et
Marcq ; mais déjà l'Allemand a franchi la Marne et, à l'autre extrémité du front

482
Chapitre IX : La 35e Division au combat

(si l'on peut parler de front dans une situation aussi mouvante) la Basse Seine est
franchie. Devant l'extrême gravité de la situation, Weygand vient, paraît-il,
d'ordonner la retraite générale de nos armées
La journée du 12 se passe sans incident, mais, dans la nuit, un nouvel ordre arrive
à la 35e D.I., prescrivant un nouveau repli sur les bois d'Hauzy, Saint-Thomas,
Vienne-Le-Château, Four de Paris, Varennes, repli bientôt accéléré par une note
disant de ne marquer qu'un temps d'arrêt sur la ligne prévue et de gagner Sainte-
Menehould, les Islettes, Clermont en Argonne (27). Tous ces noms, comme les
précédents, jalonnent la marche de Dumouriez traversant « les Thermopyles de
la France » à la veille de Valmy.
Le 13, la 35e est débordée par l'adversaire, qui, venant d'enfoncer le centre des
armées de Champagne avec une masse de Panzers, marche sur Saint-Dizier, à 60
kilomètres au sud-ouest de la division, et pousse sur Chaumont. Elle se retire alors
sur trois axes :
À gauche : 21e R.M.V.E., 601e batterie antichar et un groupe de 14e R.A.D., par la
route Binarville—Sainnte Menehould.
Au centre : 11e R.I., un groupe du 14e R.A.D. par la Harazée, la Chalade, les Islettes.
À droite, le 123e R.I., la batterie antichar du 14e et un groupe d'artillerie de ce
régiment par Varennes, Clermont-en-Argonne.
Sur ces trois axes, le 29e G.R.D.I a pour mission de ralentir l'adversaire, de
s'opposer à ses incursions pour permettre le repli de l'infanterie et son
installation sur la ligne prévue et d'établir, à gauche et à droite, les liaisons avec
les divisions voisines. Pour la première fois, le groupe de reconnaissance reçoit
une mission conforme à la doctrine, mais il va travailler sur un front de 14
kilomètres dans une région accidentée, couverte et coupée avec, sur son flanc
gauche et sur ses arrières, un ennemi puissant et mordant. L'infanterie, elle, va
s'épuiser dans de longues étapes avec des hommes démoralisés par la supériorité
écrasante de l'adversaire qui, depuis dix mois, s'affirme dans tous les domaines.
Les ravitaillements réguliers sont devenus impossibles. Il va falloir vivre sur le
pays et, bien souvent, les dépôts seront tombés aux mains de l'ennemi ou détruits
par des gardiens affolés. Sur les routes, le désordre va croissant. Des éléments
poussés, bousculés, dispersés, talonnés au nord, à l'ouest et même maintenant à
l'est, refluent sur toutes les routes, sur tous les chemins, unités de la 35e D.I., de
la 6e D.I.C., du Corps d'Armée, de l'armée, troupes combattantes mêlées à des
services, des convois, vaste cohue humaine que survolent des avions
d'observation et les Stukas.C'est au milieu de cette effroyable confusion que, le
13 au matin, la 35e poursuit sa retraite sous la couverture du 29e G.R.D.I.
À 8 heures, le 13 juin, un premier bataillon atteint le Four de Paris, sans être

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Chapitre IX : La 35e Division au combat

inquiété, mais aucune liaison ne peut être établie avec le 21e R.M.V.E.
prématurément replié sur Sainte-Menehould (28 « Le 21e R.M.V.E. doit dès le
lendemain être retiré du feu et renvoyé à l'arrière pour s'y reformer. Un
groupement du 18e B.I.L.A. et du C.I.D., sans grande valeur combative, le relève.
Aussi le commandement renforce la DI par le 21e d'infanterie coloniale ».) et déjà
cavaliers et cyclistes ennemis commencent à déboucher d'Autry.
À 9 heures 30, l'adversaire pousse sur la Mare-aux-Bœufs. Des renforts à pied
arrivent à Autry, tandis que des unités motorisées, débordant largement notre
gauche, progressent sur les deux rives de l'Aisne.
Vers midi, un Deuxième bataillon venant de Vienne-le-Château paraît, puis, une
heure plus tard, un Troisième arrive du nord et se porte sans difficulté sur le
Claon.
L'ennemi poursuit sa course, mais peut être contenu par le G.R.D.I replié à
Vienne-le-Château. À notre gauche, hélas le danger croît sans cesse : la Renarde,
puis Moiremont sont atteints, l'axe ouest est coupé et le groupe de
reconnaissance obligé de se retirer sur Florent, Claon, Neuvilly, où il lutte jusqu'à
20 heures, attaqué de front et de flanc par des motocyclistes et des fantassins qui
s'infiltrent à travers bois.
Lentement, l'infanterie épuisée continue son reflux et, à la fin du jour, atteint sa
position jalonnée par Sainte-Menehould, les Mettes, Clermont-en-Argonne. Elle
est sauvée et le G.R., ayant rempli sa mission, se retire sous le feu et se regroupe
à Neuvilly. Il a perdu dans la journée : 1 officier tué, 1 sous-officier et 6 hommes
tués ou blessés, 1 officier et son peloton disparus, qui, coupés et isolés dans les
bois, vont lutter quatre jours avant d'être capturés sans munitions et sans vivres.
Et le 14, à l'aube, le flot allemand reprend sa marche en avant. Le 11e R.I. lutte à
la Grange-aux-Bois, aux Islettes, défendant le village maison par maison. Le 123e,
couvert par le G.R., n'est pas inquiété, mais le groupement du 29e installé à
Neuvilly est, dès le lever du jour, accroché par des cyclistes, des motocyclistes et
des autos-mitrailleuses.
Blindés, mortiers et canons antichars sont aisément stoppés ou détruits par nos
25, mais les fantassins s'infiltrent de tous côtés, débordent, enveloppent le
village. Le groupement est contraint de se replier sur Courcelles, sous le feu des
armes automatiques, et le G.R. regroupé s'installe défensivement sur la ligne
Vraincourt, côte 221, croupes est de Courcelles, et résiste jusqu'à 21 heures sur
ces positions. Du P.C de Marats-la- Petite parvient alors un ordre de retraite et de
nouveau la Division se dérobe par Fleury, Nubécourt sur Chaumont. C'est au
début de cette étape que nous recevons ce coup de massue : les Allemands sont
à Paris.

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Chapitre IX : La 35e Division au combat

Le 15 au matin, la 35e est à Chaumont, bois du Fays, bois de la Jurée, Rosnes,


Érize-la-Brulée, et retrouve à Nicey son P.C du mois de mai, mais en quinze jours
sa situation s'est singulièrement aggravée : le 21e R.M.V.E. est désorganisé, le 11e
R.I. réduit à la moitié de son effectif ; seuls le 123e, l'artillerie et le G.R.D.I ont
encore une valeur combative.
En cette journée du 15, le groupe de reconnaissance, pressé au nord et débordé
à l'ouest, va pendant 16 heures reprendre son action retardatrice. Jusqu'à 17
heures, il tient sur place à Èvres, Nubécourt, Bulainville, sous un feu très dense
de mitrailleuses et de Minen, puis, largement débordé, exécute un premier bond
aux crêtes de la route Pretz-Beauzée, nord d'Amblaincourt, et enfin un Deuxième
bond à la hauteur de la ferme d'Anglecourt, qu'il n'abandonnera qu'à 21 heures,
pour gagner Chaumont en flammes.
Mais le 15 au soir, l'ennemi aborde Dijon, une masse de Panzers pousse sur
Langres, Gray, Besançon, 13 Divisions attaquent entre Saint-Avold et la Sarre en
direction de Lunéville, d'autres franchissent le Rhin vers Neuf-Brisach.
L'encerclement des armées de l'Est est amorcé : 400 000 hommes risquent d'être
ramassés dans ce formidable coup de filet (29. « Le Général Gamelin nous a
depuis expliqué dans Servir : Mon opinion a toujours été que nous ne pourrions
prendre l'offensive avant deux ans environ, soit dans le cas où nous nous sommes
trouvés placés : 41-42 ».
3. La journée tragique de Baudrémont
Le 16 au matin, la 35e D.I. est à bout de souffle sous le poids des attaques
allemandes (30 « La 35e, coupée de la 2e Armée, est passée de nouveau au 21e C.
A. incorporé à la 3e Armée du Général Condé ».) Seuls le 123e, les deux régiments
d'artillerie et le 29e G.R.D.I conservent encore une valeur pour la bataille. Le 14e
G.R.C.A. et une Compagnie de chars viennent heureusement la renforcer. À sa
gauche, la situation devient tragique. Comme la 14e et la 36e D.I., la 6e Division
coloniale a été bousculée. Elle est actuellement en pleine retraite ; aussi le
commandement fait appel à la 35e pour sauver les restes du 21e corps dans un
suprême combat, mission de sacrifice, qui doit permettre aux unités qui se
replient de franchir la Meuse. Après, mais après seulement, elle pourra gagner
la région de Vaucouleurs si la route est encore libre, et se reposer « derrière un
front continu constitué par des troupes fraîches ». Seule maintenant, à la gauche
de l'armée de l'Est, la division va supporter tout le poids des attaques allemandes,
qui se font plus violentes chaque jour. Elle va faire tête à la fois au nord, à l'ouest
et au sud, adossée à la Meuse, qu'elle ne doit franchir sous aucun prétexte. Le
16, le dispositif de la 35e est le suivant : à gauche, les 14e et 29e G.R., au centre,
le 11e R.I. et le 18e B.I.L.A., à droite, le 123e ; mais, dès le début de la journée, un
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Chapitre IX : La 35e Division au combat

bataillon du 123e, fortement pressé dans les bois du Fays, est enlevé et les villages
d'Érize et de Rosnes sont évacués.
Et la lutte se poursuit sur tout le front, avec la même âpreté pendant plusieurs
heures. Un bataillon du 11e R.I. et le C.I.D. sont écrasés dans Seigneulles.
Longchamps un peu plus tard est abandonné et la division contrainte de se replier
sur Nicey et Belrain aussitôt pilonnés par l'artillerie adverse. Toutefois, le réduit
de Villotte, clé de voûte de la défense, peut être conservé grâce aux unités du 11e
et du 123e qui y sont accrochées.
Le temps passe. La pression de l'ennemi se fait de plus en plus intense. Tirs de
mitrailleuses, Minen, bombardements se succèdent sans interruption sur les
localités et sur les routes. Le Général Decharme, qui tient en ces heures tragiques
à rester au milieu de sa troupe, arrive à Baudrémont.
Ce village et Gimécourt sont bientôt écrasés sous les obus, et les Groupes de
reconnaissance menacés d'enveloppement doivent se retirer d'Érize sur
Lévoncourt et du Signal de Rumont (côte 349) sur Lignières, Baudrémont et
Ménil-aux-Bois.
Il est 17 heures 30, le Général commence son repli. Le 214e R.A.D. se retire, les
Allemands pénètrent dans Villotte. Tout notre système de défense risque de
s'écrouler. En hâte, le 14e R.A.D. décroche sous le feu de l'artillerie et des
mitrailleuses et voit 7 de ses pièces détruites.
La nuit tombe. Les restes du 21e Corps ont franchi la Meuse. La mission de la 35e
Division est remplie. Après quatorze heures de combats ininterrompus, elle se
replie lentement, absolument épuisée, sous la couverture de deux bataillons
d'infanterie et par les Groupes de Reconnaissance.
Déjà l'ennemi arrive en larges vagues sur les crêtes, mais s'arrête, lui aussi, hors
d'haleine.
À 21 heures, les deux bataillons en arrière-garde sont passés. À leur tour, les
groupes de reconnaissance gagnent la route Sampigny—Commercy que les
Allemands n'ont pas encoreatteinte et se portent en direction de Void.
4. Entre Meuse et Moselle.
Le 17, au lever du jour, les débris de la 35e sont regroupés dans les bois de
Vaucouleurs. Des bruits étranges et affolants parviennent de tous côtés, colportés
par les réfugiés : les blindés allemands venant de Besançon fonceraient vers la
Suisse en direction de Pontarlier. La nasse achèverait ainsi de se fermer.
La situation générale est extrêmement grave ; celle de la division ne l'est pas
moins : le 21e R.M.V.E. est réduit à des bataillons de 400 hommes et n'a plus
d'armes automatiques le 11e à 500 combattants, le 123e à 7 Compagnies ; au 18e
B.I.L.A., il reste 150 hommes, l'artillerie a perdu 8 pièces, le G.R. a subi de lourdes
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Chapitre IX : La 35e Division au combat

pertes, mais possède encore 3 escadrons squelettiques, 227 hommes au total


avec armes et munitions au complet, grâce aux récupérations faites aisément
dans les fossés des routes. Et c'est bien en vain que la 35e harassée cherche « le
front continu de troupes fraîches » prévu et promis. Un amalgame de divisions de
toute espèce est entassé dans les bois, dans les fourrés et dans les prés, sans
ordre, sans missions nettement définies.
Partout, c'est un fourmillement de fantassins, d'artilleurs, de cavaliers, de
sapeurs, grouillant dans une extraordinaire confusion.
À 10 heures, des éléments ennemis arrivent au canal de la Marne au Rhin et le
G.R. doit, de sa propre initiative, s'engager sur les ponts de Vacon, Sauvoy, Villeroy
et Mauvages, où il tient jusqu'à 17 heures, sous le feu des mitrailleuses.
À 19 heures 15, au lieu du repos prévu, la 35e reçoit un nouvel ordre de marche :
elle doit aussitôt franchir la Meuse à Chalaines, pour se porter sur Blénod-les-
Toul.
De nouveau, elle reprend donc la route et, dans la nuit, au milieu de colonnes
circulant en tous sens, se croisant, se dépassant, se coupant, au milieu de
réfugiés, de troupeaux, de camions militaires envahis par des « civils » et de
voitures civiles chargées de militaires, elle s'en va vers sa nouvelle zone.
À Blénod, c'est le comble du désordre. Sur une grande place, que nous devinons
dans l'obscurité, des colonnes et des convois hippomobiles ou motorisés arrivent
de quatre directions différentes, et, douce ironie..., les permissionnaires
attendus, dès le 10 mai, pour la bataille, nous rejoignent dans ce tourbillon
d'hommes, de voitures et de bétail, à la veille de la reddition, circulant en tous
sens, se croisant, se dépassant, se coupant, au milieu de réfugiés, de troupeaux,
de camions militaires envahis par des « civils » et de voitures civiles chargées de
militaires, elle s'en va vers sa nouvelle zone. Au milieu de cette cohue
désemparée, des bruits d'armistice commencent à circuler, qui achèvent de
ruiner le moral d'une troupe arrivée à la limite de ses forces. Immobilisés sur la
place et dans les rues, les hommes dorment debout ou affalés dans des camions,
sur les trottoirs, et dans les ruisseaux. Nous passons une nuit lugubre.,
Le 18 au matin, nous repartons dans la région d'Ochey où se trouve le P.C de la
division. Les éléments de la 35e sont alors éparpillés et détachés auprès de
grandes unités moins éprouvées qu'elle. L'artillerie est mise à la disposition de la
6e D.I.N.A. tandis que l'infanterie, elle, combat dans la région d'Allain et de
Colombey.
Le lendemain 19, la division, coupée du 21e Corps dont le P.C est à Sion, passe
sousles ordres du Général Dubuisson de la région fortifiée de Verdun et s'engage
à l'ouest, comme au sud de Sélaincourt. Le Général Condé projetterait, paraît-il,

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Chapitre IX : La 35e Division au combat

une percée vers le sud, mais nos hommes sont-ils encore en état de combattre ?
Sont-ils même en état de marcher ?
Charles-Marie Condé, né le 25 février 1876 restera en captivité du 20 juin 1940 au
11 mai 1945. Il décédera le 13 octobre 1945 à 69 ans.
Et le 20, la lutte se poursuit dans les bois d'Allain, d'Ansiota, à Favières et à
Saulxerotte, lutte désormais sans espoir, n'ayant plus qu'un but : sauver
l'honneur. Bientôt du reste cet ordre que nous attendions tous, mais qui nous
accable, nous est transmis :
« Le matériel et les armes devront être détruits aussitôt les munitions épuisées ».
La zone dans laquelle nous nous débattons est maintenant réduite à 4 ou 5
kilomètres d'étendue. Nous n'avons plus de vivres, les munitions s'épuisent et les
blessés s'entassent au milieu des champs. L'hallali approche.
Le 21, l'armée de l'Est livre ses derniers combats à Colombey, Thorey, Bayon. Nous
assistons, à la 35e aux derniers soubresauts d'une division qui, privée de moyens
en hommes, en cadres, en matériel, a du moins, et jusqu'au bout, fait tout son
devoir sous les ordres d'un chef d'une indéniable bravoure. Mais la peau de
chagrin diminue, le cercle se resserre.
Au début de l'après-midi, l’ennemi bombarde Germiny, P.C de la 35e. Vers 17 h le
bois de Goviler, où sont entassés les convois et les trains, est enlevé et, bientôt,
la D.I. regroupée vers Thuilley, bois du Fey, apprend que le général Dubuisson a
envoyé un parlementaire au général allemand Enders. Une convention vient
d'être signée :
« Les honneurs de la guerre nous sont, paraît-il, accordés. Les officiers
conservent leurs armes. Ils doivent rester à la tête de leurs troupes de rien
détruire. Nous ne sommes pas prisonniers, mais nous devons simplement ne pas
franchir les limites d'une zone définie. »
La nuit passe lentement dans une effroyable royale tristesse et le lendemain la
radio allemande nous apprend que le général-Condé est autorisé à déposer les
armes.
Le 22, l'armistice signé, Diktat qui dépasse ce que nous avions pu prévoir ou
supposer : les deux tiers de la France en occupés, nos côtes et nos ports livrés à
l'ennemi contre l'Angleterre, 2 millions d'hommes abandonnés à l'adversaire.
Notre marine est désarmée, l’intégrité même de notre territoire est en jeu
L’Alsace, la Lorraine, les Flandres sont sans doute à jamais perdues et la Tunisie et
la Corse et la Savoie elles-mêmes menacées. La France de la Marne et de Verdun,
la France de Joffre, de force et de Clemenceau et après 40 jours de lutte, écrasée,
humiliée, déshonorée et non pas encore, au milieu d'une telle débâcle espérer n
renversement de la situation et une revanche prochaine. Henri de Roland.

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Chapitre IX : La 35e Division au combat

RÉSUMÉ DE LA BATAILLE À L’EST


D’après « Les derniers combats menés dans la France de l’Est… »
Le 10 juin 1940, la ligne Weygand de « défense sans recul » du 4 juin 1940 est
percée. Le 11 juin, on avait arrêté de vider l’Afrique du Nord en faveur du combat
en métropole. Le 12 juin, alors que Paris est déclarée Ville ouverte, Weygand
demande au gouvernement de conclure l’armistice et simultanément donne par
l’instruction 1444 l’ordre de repli général sur la ligne « Caen, Mayenne, Tours
Loire, Clamecy, Dijon ». La 2e Armée Huntziger est déjà en repli accéléré ;
quoiqu’appartenant au G.A. 1 (Général Billotte) alors qu’elle assure de fait la
couverture ouest du G.A. 2 (Général Prételat) qui s’appuie encore au nord
(3eArmée Condé et 5e Armée Bourret) sur la ligne Maginot. Le G.A.2 reçoit l’ordre
de repli le 12 juin au soir et ne pourra l’entreprendre que le soir du 14 juin alors
que, en décalage avec lui, la 2e Armée lui est enfin subordonnée. Il ne pourra le
réussir faute de temps de moyens. Seul le repli sans alignement et le sauve-qui-
peut de Freydenberg et du Général polonais Duch, auraient pu réduire la débâcle
de totale à partielle, mais les « sauveurs de l’honneur de l’armée » de par leur
couleur politique envisageaient un « Vichy » plutôt qu’un combat se prolongeant
jusqu’en Afrique et ailleurs aux côtés de la Grande-Bretagne.
Entre l’instruction 1444 de Weygand le 12 juin qui pourrait faire penser que
Weygand s’était enfin converti à une poursuite des combats en Afrique du Nord,
sinon à une France Sud encore dotée d’une armée respectable après l’Armistice,
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Chapitre IX : La 35e Division au combat

et l’ordre 4444 de Duch le 21 juin, les Armées de l’Est auraient dû mieux faire que
le choix de la défaite. Pourtant l’instruction de Weygand ne fut suivie que par
Freydenberg et son état-major.

200 000 hommes sont encerclés dans le triangle Toul, Colombey-lès-Belles, Sion.
Faits prisonniers, ils constituent plus du sixième des soldats qui seront conduits en
captivité pour cinq longues années en Allemagne. Ils allaient rejoindre les 150 000
prisonniers de Dunkerque. Le Général René Paul Dubuisson, 1879-1964, restera
en en captivité du 23/06/40 au -09/05/45. Il sera condamné à 4 ans de prison en
1949 pour collaboration. J’ai trouvé ce renseignement sur le site anglophone
« Generals of World War II. Ne pas suivre la directve de Weygand était un aveu de
défaite.
Quelle est la part de responsabilité des généraux ? Weygand, Pétain et tous ces
généraux de l’Est, Prételat, Dubuisson, Huntziger, Decharme, Aublet étaient
favorables à ‘’Vichy’’.
Dans la revue "le véritable messager boiteux de Neuchatel pour l'an de grâce
1941’’, j'ai trouvé un article « Les internés français à Neuchâtel 17-22 juin 1940 »
(page 88-91) où se trouvent les lignes suivantes : "...On signalait en particulier le
cas du Général René Charles Marie De Boysson, (1890-1983) qui avait formé ses
troupes -- 'des rampants' (parc d'Aviation) --avant de pénétrer en Suisse. Une
centaine de ces hommes en uniformes bleu foncé et casquette d'aviateur furent
d'abord cantonnés à Neuchâtel et lui-même habita quelques jours à la Grande
Rochette... "
Les généraux connus internés en Suisse s’appelaient Grollemund commandant
l’artillerie du 35e Corps et de Général de Brigade aérienne de la 3e Armée et la
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Chapitre IX : La 35e Division au combat

Revue suisse parle de ce dernier.


Liste de généraux libérés (30 de Königsberg et 2 de Suisse) à la demande de Vichy
pour des motif divers, santé, etc., et négociations avec la Suisse.
Entre les parenthèses se trouvent les dates des fins de captivité) :
1) Altmayer Marie-Robert (23/12/41), 2) Aymes (24/05/41), 3)
Boel(05/09/40), 4) Boutignon (27/09/40), 5) Boysson de (08/03/41), 6) Bridoux
(11/03/41), /7) Brussaux (22/12/41), 8) Carles (13/11/40), 9) Champon
(11/11/40), 10) Chanoine (18/12/41), 11) Cousse (16/04/42) 12) Dame
(18/07/40), 13) Decharme (25/05/41), 14) Didio (16/04/42), 15) Durand
(23/06/41), 16) Falvy (13/11/40), 17) Frenal (XX/XX/41), 18 ) Grivaud (26/02/41),
190 Grollemund (23/01/41), 20) Guitry (10/10/41/), 21) Hubert (27/02/41), 22)
Jenoudet (XX/XX/41), 23) Juin (16/06/41), 24) Lanquetot (XX/06/41), 25) Laure
(31/10/40), 26) Mast (XX/09/41), 27) Monniot (26/08/40), 28) Prioux (16/04/42),
29) Renondeau (09/05/40), 30) Roucaud (25/08/41), 31) Verdilhac (XX/XX/41),
32) Watrin (25/08/41).20 Debuisson serait-il à l’origine du fait que nombre
d’unités n’ont pas suivi l’instruction personnelle et secrète n° 1444/3 FT, de
Weygand ?
Se peut-il que les Généraux de l'Est n'aient pas replié leurs troupes au sud selon la
directive Weygand parce qu'ils craignaient qu'ainsi la bataille ait pu continuer
dans le Sud et même en Afrique du Nord ?
Le récit d’Henri de Rolland la 35e Division dans la bataille parut dans la revue
militaire Suisse montre clairement que la 35e Division avait perdu dans la nuit du
12 au 13 juin le contact avec sa gauche (face au front) c’est-à-dire avec le 21e
R.M.V.E. régiment qui lui-même n’avait plus de contact et de protection sur sa
gauche par la 36e DI., comme il aurait dû l’être, et la 36e D.I. elle-même n’avait
pas de contact ni de protection sur sa gauche par la 6e D.I.C., comme elle aurait
dû l’être. Le 21e R.M.V.E. n’avait donc ni contact ni protection sur sa gauche, la 36e
D.I. et la 6e D.I.C., décimées, ayant déjà migré plus au sud ; le 21e R.M.V.E. était
donc à découvert avec ses faibles moyens et la décision du lieutenant-colonel
Debuissy d’accélérer son repli était totalement justifiée. Il ne faisait qu’effectuer
le même repli que celui prescrit au reste de la Division, repli encore plus impératif
pour le 21e R.M.V.E. vu sa position la plus exposée. Il est curieux qu’Henri de
Rolland ait pu écrire une double contre-vérité :
«… Le 21e R.M.V.E. prématurément replié sur Sainte-Menehould (28) le 21e
R.M.V.E. doit dès le lendemain être retiré du feu et renvoyé à l'arrière pour s'y
reformer… » Cela paraît moins lucide que le propos du Colonel Gallini qui, lui, a
mérité son soulignement en caractères gras.
Dans de telles conditions de rupture du front, la directive de Weygand de recul au
493
Chapitre IX : La 35e Division au combat

sud sans souci d’alignement aurait dû être celle suivie pour sauver l’honneur de
l’Armée (dont celle de ses généraux !) et de la France. Voir comme prématuré, le
repli commandé par Debuissy, prend dans le contexte général décrit comme le
signe que la décision était déjà prise de laisser les troupes de l’Est être encerclées
et soutenir la déclaration de Leclerc de Hautecloque fin 1943 : PÉTAIN, C’EST
BAZAINE.
François Charles Joseph Valentin, homme politique de droite, catholique fervent,
dirigea pendant la Seconde Guerre mondiale La Légion française des combattants
de 1941 à 1942 avant de rejoindre la Résistance. Il exprima dans une phrase
devenue historique la raison de son passage au Giraudisme, et à la vichysso-
résistance et à l’O.R.A. :
« Un cri de de colère monte de nos cœurs, quand nous jetons un regard sur le
chemin parcouru depuis trois ans et que, nous rappelant les espérances d'alors,
nous constatons à quelles réalités nous avons été conduits, de chutes en chutes,
de combinaisons en combinaisons, de lâchetés en lâchetés. Pourtant, il ne pouvait
en être autrement : notre erreur a été de croire qu'on pourrait relever un pays
avant de le libérer. On ne reconstruit pas une maison pendant qu'elle flambe. »
La révision des témoignages mène avec le temps inévitablement à répudier
l’histoire officielle » et à constater que Max Bloch a appelé l’étrange défaite n’est
qu’un épisode de l’existence d’une force secrète telle que pressentie par un des
témoins du procès Pétain, Paul Winkler, qui le montre dans son livre « The
Thousand Years Conspiracy « paru en langue anglaise en 1943 et paru en français
en 1946 sous le titre décevant de « L’Allemagne secrète » au lieu de celui mérité
(« la conspiration millénaire »), car la conspiration est de tous les temps.
Les historiens conformistes modernes sont hostiles aux idées révisionnistes des
Christian Greiner, Lacroix-Riz et autres qui montrent que ces forces obscures ont
un lien avec les grandes entreprises et les finances, les exécutants visibles comme
Hitler ou Pétain se trouvant réduits au rôle d’hommes de main. Malgré qu’ils
rejettent du revers de la main l’idée de synarchie existante, Il n’est pas si curieux
qu’il y paraît qu’un doute « local » (l’affaire Debuissy), associé à mes expériences
d’une vie, m’ait conduit à une conclusion aussi « générale » contraire aux idées
reçues. La conspiration est de tous les temps et touche toutes les sociétés
humaines de A à Z. Les religions y voient une punition divine.
Pourtant, pour le meilleur et pour le pire, toute la race animale dont l’homme fait
partie pratique depuis la nuit des temps le « complot », les loups ont coutume
de se réunir pour chasser le gibier, l’immoralité de ce mode d’existence n’apparaît
que lorsque l’intérêt se fait se plus en plus personnel. Le proverbe « je suis avec
lui contre l’autre et avec l’autre contre lui ne se limite pas qu’au monde arabe, la
494
Chapitre IX : La 35e Division au combat

cupidité dominant alors l’idée de partage, transformant alors une activité


légitime en une disgrâce infligée à l’humanité.
Dans ces luttes, les « gens de bien » exploitent le « peuple », trahissant leur
patrie, et se gardant toujours un « fer au Feu », selon que le loup dominant est
allemand, russe ou américain ou chinois. Cela explique aussi le cycle consternant
des compromissions des « grands hommes », cycle que l’on pourrait appeler cycle
cornélien (Le cid bravo...), mais qu’il est plus juste de développer au rabais : en
quatre O : « D’abord héro, puis zoro suivi de zéro et de salop »
Les immenses fortunes de certains en ce monde ne sont que trop souvent le
résultat de l’exploitation du peuple, ne serait-ce que par le système des
délocalisations d’usines vers les lieux où les salaires sont les plus bas. Il mène
inexorablement à un cycle répétitif de révoltes, de révolutions et de guerres
résultant à la fois et des compétitions des possédants entre eux et de la misère
des possédés. L’homme est un loup pour l’homme.

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Chapitre X : La sacrifice de l’armée polonaise dans le Lunévillois

Chapitre X : La sacrifice de l’armée polonaise dans le Lunévillois et plus.


Pendant les mois qui, de septembre 1939 à mai 1940, furent baptisés la drôle de
guerre, Lunéville devait voir succéder un nombre assez impressionnant de
grandes unités. La 14e D.I. avec le Général de Lattre de Tassigny à sa tête, le 2e
Bataillon de Chasseurs à Pied, également. Leur succédant de peu, une autre
grande unité, parfaitement inconnue du grand public, vint passer quelques jours
dans la bonne ville de Stanislas et dans les villages avoisinants. Arrivée dans notre
cité le 19 mai 1940, la 1re Division de Grenadiers Polonais (D.G.P.) y stationna
jusqu’au début juin au moment où elle fit mouvement vers le Nord, jusqu’à la
ligne Maginot.
Est-ce pur hasard des affectations ? Nécessité stratégique ? Manque de place
ailleurs ? Ou plutôt simple décision d’un officier du haut état-major, au fait des
relations passées entre la Pologne et Lunéville ? Coïncidence tout de même que
de voir le Général polonais et son état-major installés pour quelque temps au
château.
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, plus de 500 000 Polonais résidaient en
France, dont la plus grande partie dans la région minière du Nord et du Pas de
Calais. Dès le 3 septembre 1940, date de la déclaration de guerre, une vingtaine
de milliers de Polonais immigrés demandent à s’engager dans l’armée française.
Le 9 septembre 1939, un accord franco-polonais prévoit la mise sur pied en
France d’une division polonaise. Dès le 21 septembre 1939, le camp de
Coëtquidan, en Bretagne, devient le berceau de cette nouvelle armée polonaise.
Et l’écrasement de la malheureuse Pologne, le 28 septembre 1939, ne modifiera
pas cette décision.
En mai 1940, quatre grandes formations polonaises seront engagées à nos côtés,
sous commandement polonais, avec des conseillers et des officiers de liaison
français : la 1re brigade de montagne, la 10e brigade blindée, la 1re brigade de
grenadiers et la 2e Division de Chasseurs. Les éléments polonais comprendront
en outre trois contre-torpilleurs et un sous-marin, quelques escadrilles de chasse
(136 pilotes) et 8 Compagnies antichars. Enfin un détachement de deux autres
divisions d’infanterie sera encore à l’instruction à Coëtquidan au moment où
cessera la bataille de France.
La 1re Division de Grenadiers avait Au déclenchement de la bataille de France, été
placée sous le commandement général Bronislaw Duch, 1896-1980). Elle faisait
partie de la IVe armée française aux ordres du général Édouard Jean Réquin
(1879-1953) avait été transférée fin avril de Coëtquidan à la région Nancy-
Neufchâteau avant de rejoindre vers la mi-mai, en réserve générale le 2e Groupe
d’Armées du Général Prételat. La majorité des personnelles troupes était
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Chapitre X : La sacrifice de l’armée polonaise dans le Lunévillois

composée de Polonais résidant en France avant la guerre. Par contre, la plupart


des officiers arrivaient de Pologne d’où ils avaient pu échapper après l’écrasement
de leur patrie. Outre l’état-major installé au château Stanislas, la division
comprenait :
- 1er Régiment de Grenadiers du colonel Kocun, cantonné à Arracourt.
- 2e Régiment de Grenadiers du colonel Zietkiewicz, cantonné à Sommerviller.
- 3e Régiment de Grenadiers du colonel Wnuk installé à Einville.
- 1er Régiment d’Artillerie Légère (75) du commandant Brzesczynski à Serres.
- 1er Régiment d’Artillerie Lourde (155) du lieutenant-colonel Onacewicz réparti
entre Réméréville et Hoéville,
- 8e Régiment de Uhlans du duc Jozef Poniatowski ou Groupe de Reconnaissance
Divisionnaire (G.R.D.) du lieutenant-colonel Wlodzimierz Kasperski, cantonné à
Chanteheux.
- 1er Bataillon du Génie de Modlin ou Cies 185/1 et 185/2 de sapeurs mineurs du
commandant Lukasiewicz à Marainviller.
- Bataillon de transmissions de Gdansk (ou Cie télégraphique 185/81 et
compagnie radio 185/82).
- Éléments complémentaires : parc d'artillerie, groupe sanitaire, compagnie
automobile, groupe d'exploitation
Au total, l’effectif était de l’ordre de 15 000 hommes.
Pendant leur séjour dans le Lunévillois, les régiments poursuivront leur
instruction, compléteront leur armement et leur équipement. Dans les derniers
jours de mai, plusieurs unités reçurent leurs étendards, offerts par la population
française et les Polonais résidant en France. Ceux-ci, nombreux à Lunéville,
étaient heureux et fiers de recevoir ces magnifiques soldats. Citons à leur propos
ce passage de l’ouvrage de Marcel Laurent : “Lunéville pendant la 2e Guerre
Mondiale″.
C’était à l’occasion de la cérémonie du dimanche 26 mai 1940 en après-midi, à
l’église Saint-Jacques.Alors que la situation devenait extrêmement grave dans le
Nord et en Belgique, partout en France on implorait le secours de Dieu et de tous
ses saints. L’église était pleine, archicomble, soldats français et polonais étaient
mêlés à la foule. La cérémonie eut une conclusion inattendue : un chœur s’éleva,
bien conduit, puissant, bronzé. C’était la supplication personnelle d’un fort
groupe de soldats polonais à la vierge noire de Czestochowa…
La foi de ces soldats polonais impressionnait fortement les populations des
villages qui les accueillaient. Matin et soir, après le rapport, ils récitaient la prière
en commun. À Lunéville, le dimanche, ils avaient leur messe particulière où ils se
rendaient en rangs et en chantant. Ils n’étaient pas moins impressionnants par
497
Chapitre X : La sacrifice de l’armée polonaise dans le Lunévillois

leur capacité d’absorption de boissons fortes, mais leur gentillesse, la rigueur de


leur attitude en service, la gravité de la situation faisaient pardonner facilement
quelques écarts. Entre jeunes, les insignes à l’aigle polonaise, les bonnets de
police, les épaulettes s’échangeaient à la plus haute cote. Mais personne ne
doutait que le départ de la division polonaise ne serait pas signe de bon augure.
Ce fut chose faite le 8 juin 1940, bien que depuis le 26 mai 1940, des éléments
légers aient déjà été détachés auprès des unités françaises en position dans le
secteur fortifié de la Sarre (SFS).
La 1re BGP est affectée au 20e Corps d’Armée, commandé par le Général Louis-
Eugène Hubert (1880-1966), et occupe des positions dans le secteur fortifié de la
Sarre, dans la région de Sarralbe, en liaison, à droite avec le groupement colonial
du colonel Mar4el Dagnan (1885-1978), à gauche avec la 52e D.I. Le gros de la
division est chargé d’établir une ligne de résistance légèrement en arrière des
positions tenues par les régiments français. Le 23 juin, 1940 Dagnan sera fait
prisonnier de guerre avec les restes de sa Division de Marche. À cette occasion il
sera promu Général de Brigade deux jours plus tard. Sa libération intervint en
septembre 1941. Dans ce secteur de la Sarre, comme sur tout le front du Nord-
est, entre Moselle et Rhin, et jusqu’à la Suisse, l’offensive générale du Groupe
d’Armées C allemand Wilhelm Knight Von Leeb (1876-1956) démarre. Presque à
la même heure, les régiments de la 18e Armée de Georg Von Kuchler (1881-1969)
défilent sur les Champs-Élysées. Nous sommes le 14 juin 1940 aux premières
heures du jour. Et depuis la veille les troupes françaises de la ligne Maginot ont
reçu l’ordre d’abandonner la position, l’opération est prévue pour le début de la
soirée et la nuit du 14 au 15 juin 1940.Mais auparavant, il faut se battre. Toute la
journée les combats atteindront un rare degré de violence. Des officiers
allemands, anciens combattants 14-18, compareront l’intensité de
l’affrontement avec les coloniaux du groupement Dagnan à celle des plus durs
moments de la Grande Guerre. Au soir du 14 juin, dans le secteur fortifié de la
Sarre, notre position est intacte grâce à l’héroïsme et à la valeur militaire des 41e
et 51e R.M.I.C. (3) et des éléments de la 1re Division de Grenadiers polonais. En
particulier, le groupement de reconnaissance du lieutenant-colonel Kasperski qui
est engagé pour aider au rétablissement du dispositif à hauteur des avancées de
Holving et de Puttelange et qui détruira complètement, après un combat
héroïque, les éléments ennemis infiltrés. Ce sont aussi les artilleurs du régiment
lourd qui, toute la journée, délivreront des tirs meurtriers, plus de 2 700 coups
de 155, au profit des troupes de première ligne, aussi bien polonaises que
françaises.
(1) Le déploiement de la Division sur la position qui lui été confiée est terminé
498
Chapitre X : La sacrifice de l’armée polonaise dans le Lunévillois

le 12 juin 1940 (réf. JMC du secteur fortifié de la Sarre).


(2) Face au secteur fortifié de la Sarre, les divisions de la 1 re Armée Von
Witzleben
(3) R.M.I.C.- Régiment de mitrailleurs d’infanterie coloniale.
Sur leur position principale de résistance, les Polonais vont couvrir le repli des
coloniaux au cours de la nuit du 14 au 15 juin 1940. Opération difficile, sous le
feu roulant de l’artillerie et des mortiers adverses. Mais l’ennemi durement
secoué par son échec de la journée ne poursuit pas son effort. Heureusement et
dans l’ensemble, le décrochage est réussi. Des pertes sensibles sont à déplorer
du fait de l’artillerie. Au pont de l’Albe, entre Uberkinger et Kappelkinger, vers
22 h, plusieurs hommes sont tués. Parmi eux, le lieutenant Auguste René Frecaut
(1903-1940). Il sera inhumé au cimetière de Kappelkinger. À ses côtés, un
grenadier polonais inconnu. Symbole de la fraternité d’armes de nos deux pays.
De la ligne d’arrêt en môle de résistance, de hérissons en points d’appui, à peine
occupés, aussitôt abandonnés, la D.G.P. au complet participe à la manœuvre
retardatrice, mais ses effectifs fondent et doivent être constamment renforcés.
Le 16 juin 1940, les combats seront particulièrement acharnés à hauteur de la
route de Dieuze-Mittersheim. À Guebling, le repli des éléments français, qui
tenaient le village, ayant échoué, ceux-ci mettent bas les armes. Mais les deux
Compagnies polonaises des capitaines Sosniak et Domitr se battront jusqu’à
l’anéantissement. À l’entrée de Dieuze, l’artillerie franco-polonaise a pourtant
infligé de lourdes pertes à l’ennemi, dont l’agressivité faiblit sérieusement et il
faut l’intervention musclée du colonel Richard Von Bothmer pour relancer le 499e
IR en avant. Il connaît bien le secteur, Richard Von Bothmer est né à Dieuze en
1890 où son père était en garnison pendant l’annexion de la Lorraine. En 1914, il
est à nouveau à Dieuze : il est Commandant de Compagnie au 138e régiment
d'infanterie commandé par son père. En juin 1940, il commande le 499e Régiment
d'Infanterie et la prise de Dieuze, c’est son affaire, à tout prix.
À l’est du dispositif polonais, le 1er Bataillon du 1er R.G.P., (Régiment de Grenadiers
Polonais) commandé par le chef de bataillon Szozerborawiez, combat avec
acharnement dans Loudrefing et malgré ses pertes, il n’envisage pas de repli. Il
faudra l’intervention de son colonel pour qu’il accepte d’abandonner sa position.
Opération hasardeuse, car il est pratiquement encerclé. D’accrochages en
embuscades, ce sont près des 2/3 de l’effectif qui resteront sur le terrain. Et c’est
dans un état d’épuisement complet que les rescapés de ce magnifique bataillon
rejoindront le gros de la D.G.P. au sud du canal de la Marne au Rhin, le17 juin
1940.
À l’approche du canal, les combats redoublent de violence. À Azoudange, sur la
499
Chapitre X : La sacrifice de l’armée polonaise dans le Lunévillois

route conduisant à la gare, on retrouvera les corps de 17 grenadiers polonais,


pratiquement tous non identifiés. Le journal de marche de la 60e Division
allemande mentionne, à la date du 17 juin 1940, la capture de 1123 soldats
polonais et reconnaît qu’ils se sont défendus avec acharnement et souvent
jusqu’à la dernière cartouche…
À Gélucourt, le 2e Bataillon du R.G.P. du commandant Wrona a été laissé en
arrière-garde de l’aile gauche de la division. Ne pouvant décrocher suffisamment
vite, l’infanterie ennemie transportée en camions l’a dépassé, il laisse près de 300
prisonniers aux mains de l’ennemi avant de pouvoir se dégager et passer au sud
du canal, sous la protection des sapeurs et des artilleurs de la division. Le
commentaire du colonel Józef Skrzydlewski (1896-1952), chef d’état-major de la
division polonaise, montre que le sacrifice de ces unités est plus que discutable :
« En effet, comment oser confier à des unités à pied une mission retardatrice alors
que l’adversaire est motorisé, qu’aucun appui n’est prévu, qu’aucun temps de
repos n’est accordé ». Et pourtant le 20e Corps d’Armée dispose d’un bataillon de
chars intact ! Qu’attend-il pour l’engager ? Nous aurons peut-être l’occasion
d’évoquer à nouveau l’épuisement des combattants de 1940 en relatant les
combats autour de Lunéville. Tous les documents insistent sur « la fatigue
insurmontable qui tétanise les muscles ». Le Général Hubert, commandant le 20e
Corps, écrit : « La troupe est extraordinairement fatiguée et nerveuse ».
Du côté de l’adversaire, c’est dans la journée du 17 juin 1940 que les combattants
des unités de tête apprennent que Pétain vient d’engager la procédure
d’armistice. Au P.C de la 268e Division, on n’est plus très chaud de poursuivre
l’offensive à tout rompre, surtout face à ces sacrés Polonais qui ne baissent pas
les bras.
Le cessez-le-feu peut sonner d’un moment à l’autre et pour un Commandant de
Compagnie de combat, même de la Wehrmacht, avoir eu le dernier tué de la
guerre dans son unité n’est jamais une performance recherchée.
En outre, excellente raison supplémentaire pour lever le pied, les unités d’appui
des Divisions sont retardées, loin en arrière, par les destructions que les sapeurs
français et polonais ont infligées aux itinéraires et aux ponts. Parmi les officiers
de cette 268e Division, le major Von Stetten est, lui aussi, en pays de
connaissance. En août 1914, il appartenait au régiment des Uhlans de Bamberg,
engagé dans les premiers combats de la Grande Guerre.
Le 17 juin 1940, Von Stetten, qui commande l’Aufklärung bataillon, se retrouve à
l’endroit où il a combattu 26 ans plus tôt et près des tombes de ses camarades
tués le 21août 1914 et ensevelis au cimetière de Lagarde. Pour lui aussi, l’heure
est peut-être arrivée. Ce jour même, des éléments allemands sont passés au sud
500
Chapitre X : La sacrifice de l’armée polonaise dans le Lunévillois

du canal de la Marne au Rhin, profitant d’une lacune dans le dispositif entre la


lisière nord-est et de la forêt de Parroy et Lagarde. Les Polonais se sentent aussitôt
menacés sur leur flanc Ouest et même sur leurs arrières si l’ennemi appuie son
action, et ils réagissent avec énergie, en particulier le 1er bataillon du 2e R.G.P.
Malgré les contre-attaques de la 2e Compagnie, menées par le capitaine Labno,
les Allemands marchent sur Xousse. La manœuvre d’encerclement des Polonais
se dessine. Le colonel Zietkiewicz, commandant le 2e, rassemble alors tous ses
disponibles, y compris ses secrétaires etses plantons. Baïonnette au canon,
hurlant à pleine gorge, colonel en tête, ils se jettent sur l’ennemi qui vient
d’atteindre le bois du Tilleul (5) lui infligent de lourdes pertes, l’obligent à se
replier et avec l’appui de l’artillerie, rétablissent la situation au Nord sans
toutefois parvenir à rejeter l’adversaire au nord du canal. C’est l’objectif d’une
deuxième opération immédiatement préparée pour la fin de la journée et pour
laquelle, enfin, le Corps d’Armée consent à engager les 2e et 3e Compagnies du
20e Bataillon de Chars du capitaine Imbault et du lieutenant Guillier. Mais ces
unités sont peu familiarisées avec ce type d’engagement dont une bonne partie
va se dérouler à la tombée de la nuit et de nuit. Il semble que les contacts entre
fantassins polonais et tankistes français furent pour le moins dénués d’aménités.
Cependant, à 20 h 45 ce 17 juin 1940, la 3e Compagnie est engagée et atteint très
rapidement le canal près de Lagarde. Mission remplie, les Polonais ont progressé
dans la foulée et sont sur l’objectif. Les chars peuvent rejoindre Vaucourt. Plus à
l’Ouest, l’affaire démarre mal. Le lieutenant Emil Rosywacz est tué par une rafale
de mitrailleuse tirée du char de tête qu’il guidait vers la base de départ. Le colonel
Zietkiewicz, une nouvelle fois, prend l’affaire personnellement en main et mène
l’attaque. Le grondement des chars, les pétarades des sidecars du G.R.D., les
hurlements des grenadiers impressionnent les Allemands qui se replient en
désordre. Le canal est atteint en avant de Martincourt, mais il semblerait que les
chars, perdus dans l’obscurité, n’aient guère dépassé la base de départ et que le
succès de l’opération soit dû en fait aux seuls fantassins polonais.
Mais peu importe, la situation est rétablie et tous les Allemands sont repassés au
nord du canal au grand soulagement des hommes du 174e R.I.F. (6) en position
en lisière Est de la forêt de Parroy, pas fâchés de voir l’offensive allemande dans
leur direction remise à plus tard. Un de leurs officiers notera dans son rapport :
« Nuit du 17 au 18 juin 1940 sans histoire. Les Polonais se sont rétablis sur le
canal ». Installé aux premières loges, cet officier a-t-il un instant songé à apporter
une aide quelconque à ses camarades polonais qui se débattaient comme des
beaux diables à un peu moins de 1000 m de ses mitrailleuses ? Mais à l’échelon
Corps d’Armée, on n’avait pas non plus essayé de coordonner l’affaire.
501
Chapitre X : La sacrifice de l’armée polonaise dans le Lunévillois

Les canons du colonel Onacewicz continueront à entretenir des tirs de


harcèlement très denses au nord du canal pendant tout le restant de la nuit. Un
peu partout, les Allemands subissent des pertes importantes. Au pont de Lagarde,
à Bourdonnay, sur toutes les routes, des véhicules sont incendiés, des pièces
d’artillerie détruites, des personnels mis hors de combat, hachés par les bus.
(5) Le bois du Tilleul occupe à peine 1 km² au nord-est de Vaucourt, de part et
d’autre de la route de Lagarde.
(6) R.I.F. : régiment d’infanterie de forteresse
Le Général Duch, commandant le D.G.P., n’a laissé que trois bataillons en
première ligne. Mais contrairement aux Français qui ont le nez sur le canal, en
terrain plat et dénudé, il les a dissimulés en lisière des bois à 1500 – 2000 m au
sud de l’obstacle naturel.
Dès 9 h, le 18 juin 1940, l’ennemi relance ses assauts au sud du canal, mais après
trois heures de combat, l’échec est manifeste : 34 tués sont restés le long de la
route de Vaucourt, plus de 80 blessés sont évacués. Dans l’après-midi, disposant
enfin de leurs appuis d’artillerie, les Allemands repartent à l’attaque. Dans le bois
du Tilleul, les armes automatiques des Polonais se taisent les unes après les
autres, écrasées par les obus. Le bataillon du major Altmann, du 468e IR donne
l’assaut, résolu à venger ses morts et ses blessés du matin. Les clairons sonnent
la charge, les officiers, tous en tête, hurlent ces « hourras » qui galvanisent leurs
hommes. En face, les Polonais, baïonnettes hautes, répondent : WARZAWA !
WARSZAWA !
Dernier salut désespéré à leur patrie envahie, à sa capitale captive.
Dans le sous-bois déchiqueté par les obus, c’est le corps à corps. Dans leurs
rapports, les Allemands reconnaissent que le combat prit « des formes sévères »,
euphémisme qui explique que le nombre de Polonais capturés dans le bois du
Tilleul fut pratiquement nul…
Lorsque les premiers groupes d’assaut allemands débouchent des lisières Sud, le
bois n’abrite plus que des morts et des mourants. Parmi les grenadiers polonais,
on disait que les Allemands les considéraient comme des francs-tireurs et qu’ils
risquaient donc d’être passés par les armes. Du côté allemand, on affirmait que
les Polonais ne faisaient pas de quartier et achevaient tous les blessés. À
Vaucourt, à Xousse, des combats de rue meurtriers sont encore livrés par les
grenadiers polonais. Le Général Duch, de son P.C d’Herbéviller, décide d’engager
ses dernières réserves en contre-attaque dans le bois de la Garenne et estime
que ce serait bien le moment d’employer le 20e Bataillon de chars, toujours en
réserve et toujours en bonne condition, même après l’engagement de la soirée
précédente. Mais le 20e C. A., une fois de plus, refuse de se séparer de ses blindés
502
Chapitre X : La sacrifice de l’armée polonaise dans le Lunévillois

et Duch n’insiste pas. On vient d’apprendre, côté français, 24 heures après les
Allemands, semble-t-il, le début des procédures d’armistice. À la 1re D.G.P., dans
l’ambiance des succès de la veille, après les sacrifices de la journée du 18 juin
1940, cette nouvelle est incompréhensible et provoque agitation et surprise, mais
l’esprit de discipline reste intact.
De plus, les Allemands, qui devinent ce relâchement passager, en profitent et
poussent leur avantage en direction d’Emberménil où le 348e R.I. français,
accroché à la forêt de Parroy tient jusqu’au moment où l’artillerie et les mortiers
de 210 mm viennent écraser nos malheureux fantassins. Les Polonais risquent
une fois de plus de se retrouver rapidement dépassés et coupés de leurs arrières.
Il faut donc décrocher. Les artilleurs tirent leurs dernières salves en obus à balles
(shrapnells) sur les « Feldgraus » qui débouchent à mois de 800 mètres des
pièces. Les sorties de batteries s’effectuent sous le tir des minen (mortier), mais
tous les canons sont sauvés.
La bataille du canal de la Marne au Rhin se termine. Les pertes sont lourdes à la
D.G.P., pour la seule journée du 18 juin 1940, 85 tués sont identifiés, mais par la
suite de nombreux corps d’inconnus seront découverts, qui appartenaient
certainement à la division polonaise. Le nombre important de soldats polonais
tués et non identifiés est dû au fait que beaucoup ne portaient ni de plaque
d’identité, ni de papiers personnels, de crainte de représailles qui pourraient être
exercées sur les familles résidant toujours en Pologne. Dès le début de la guerre,
les Polonais savaient à quoi s’en tenir avec l’ennemi allemand…
Nos villages lorrains payèrent aussi un lourd tribut au cours de ces terribles
journées. Roger Bruge, dans l’un de ses ouvrages, rappelle les noms des victimes
civiles, Mr Charles Jahn à la ferme de la Tuilerie, Jules Thuny et Marcel Heid à
Xousse Mesdames Marie et Jeanne Brancard à Vaucourt.
Un monument a été élevé à la mémoire des grenadiers polonais de la 1re D.G.P.
au bord de la route Vaucourt-Lagarde.
Warszawa Warszawa
Le Général Duch a obtenu l’ordre de décrocher le 18 juin 1940 à 20 heures (qui
entendra ce soir-là l’appel du Général de Gaulle ?) sa division passant en réserve.
Duch est intervenu à plusieurs reprises pour obtenir quelques heures de répit
pour ses régiments. Mais le commandement français ne peut lui accorder ce qu’il
refuse aux autres, qui sont au même degré d’épuisement et qui eux aussi
combattant sans arrêt depuis 4 jours, sans sommeil, le plus souvent sans
nourriture et le pire, sans espoir. Dirigée vers la région de Baccarat, la division fait
ses bilans. Les régiments sont entre 40 et 60 % de leur potentiel initial. Duch
souhaiterait réorganiser ses Unités, leur redonner quelque cohésion en comblant
503
Chapitre X : La sacrifice de l’armée polonaise dans le Lunévillois

les vides, quitte à dissoudre des unités élémentaires.


Mais c’est l’ennemi qui a l’initiative et il fonce, plein Sud. Nous sommes toujours
le 18 juin 1940 à la tombée de la nuit. Le bataillon de reconnaissance de la 368 e
ID de Von Stetten a atteint Thiébauménil et la RN 4 alors qu’au même instant le
3e Bataillon du 1er R.G.P. du commandant Fuglewicz est encore sur le canal de
Moussey et attend la nuit pour décrocher discrètement.
Le 19 juin 1940, Lunéville est tombée, pratiquement sans combat et l’ensemble
de la ligne de défense accrochée à la voie ferrée Paris-Strasbourg est bousculée
partout. Le répit tant souhaité aura été de courte durée. Mais pour Duch, il y a
peut-être pire encore. Il vient de recevoir un message radio du Général Sikorski,
commandant en chef les forces polonaises.
Celui-ci informe toutes les unités polonaises se trouvant sur le sol français que le
gouvernement polonais en exil allait s’établir à Londres avec la ferme décision de
poursuivre la guerre au côté des Britanniques. En conséquence, toutes les
formations polonaises doivent se préparer à gagner les ports du sud de la France
ou à tenter de passer en Suisse. Duch se rend au P.C du Général Hubert,
commandant le 20e Corps, pour lui rendre compte de l’ordre qu’il vient de
recevoir de son gouvernement et pour lui demander, d’une part se retirer du front
toute sa division, d’autre part de lui laisser toute liberté d’action en vue de
préparer l’exécution des ordres reçus.
Le Général Hubert, commandant le 20e CA ne peut donner satisfaction à ces
demandes. Il le voudrait qu’il ne le pourrait pas, du moins dans l’immédiat. Il ne
dispose d’aucune troupe pour combler le vide que créerait le départ des Polonais.
En outre, il doit lui aussi, informer le Général Condé, commandant la 3e Armée,
son supérieur hiérarchique et attendre sa réponse.
Duch lui a fait remarquer que l’accord franco-polonais de septembre ne
s’appliquait qu’à des forces engagées contre l’ennemi allemand. En conséquence,
la notion d’armistice les relève entièrement de cet engagement. Hubert rétorque
qu’il n’est pas question de capitulation. L’entrevue en reste là. Pourtant, tard dans
la soirée du 19, le bruit court que l’encerclement des troupes qui combattent en
Lorraine est effectif. La capitulation est inéluctable, toute chance de s’échapper
vers le Sud en combattant est désormais illusoire.
Duch revient à la charge auprès des généraux Hubert et Condé. À sa précédente
demande, il ajoute, par écrit, le souhait que les prisonniers polonais reçoivent de
l’ennemi le même traitement et la même considération que les prisonniers
français. Malgré tout, les combats continuent, car Duch n’a probablement rien dit
de ses problèmes à ses subordonnés. Enfin, le 20 juin 1940 à midi, la réponse du
commandement français arrive : la division polonaise est autorisée à quitter le
504
Chapitre X : La sacrifice de l’armée polonaise dans le Lunévillois

combat. Pour ce qui concerne les prisonniers, le gouvernement de Bordeaux est


consulté.
Duch convoque ses colonels et leur donne alors connaissance des ordres reçus du
gouvernement polonais et de la réponse du commandement français. Tous ces
officiers ont conscience que la bataille de France est perdue, mais qu’eux, ils
luttent encore pour l’honneur de l’armée polonaise. Ils assurent leur Général que,
malgré la fatigue, le moral et la discipline des troupes restent intacts.
Duch poursuit en donnant ses instructions, pour le moment venu, disperser la
division, franchir l’encerclement et se replier ensuite vers les ports du sud de la
France, enfin pour gagner l’Angleterre. C’est lui qui donnera l’ordre d’exécution,
lorsqu’il en prendra seul la décision, par un seul message très simple, très court :
« 4444 ». Pendant cette réunion, vers 15 h, les Polonais quittent Baccarat. 18
d’entre eux, grièvement blessés, décéderont à l’hôpital.
Toujours en liaison avec les coloniaux du colonel Dagnan, les grenadiers polonais
retraitent vers Raon l’Étape. Des barrages sont aménagés sur la RN 59 à Merville,
de durs combats causent de nouvelles pertes, plusieurs officiers sont tués ou
blessés.
C’est le 21 juin 1940 à 8 h que « 4444 » est lancé aux unités. Le Général, alors à
Hurbache, vient d’apprendre la mort du colonel Zietkiewicz et du lieutenant
Podowski, tués dans une embuscade près de Neufmaisons.
Mais dans les unités, on brûle les documents, on détruit les matériels, pas une
arme ne tombera intacte aux mains de l’ennemi. L’artillerie vide ses coffres à tout
rompre, facilitant ainsi les mouvements de dispersion des troupes. Les tubes sont
ensuite détruits à l’explosif.
Un effectif assez important parvient à rejoindre le sud de la France puis à gagner
l’Angleterre. D’autres, moins heureux, ont partagé la captivité de leurs camarades
français, sans avoir à souffrir de mesures discriminatoires.
D'autres enfin seront incorporés, en France, dans des groupements de travailleurs
étrangers. En décembre 1940, un officier français, qui avait connu plusieurs
officiers polonais en opération, retrouve ces officiers employés, avec leurs
hommes, comme ouvriers, aux grands travaux de la ville de Lyon. Leur
organisation était remarquable. Déjà leurs réseaux de renseignements partaient
de Pologne, traversaient le Reich, rejoignaient l’Angleterre. Dès cette époque, ils
savaient que les Allemands fortifiaient leur frontière avec les Russes. Le Général
Duch se battra devant Cassino, à la tête de la 3e Division de Chasseurs des
Carpates du Corps d’Armée Anders. Nous ne nous étendrons pas sur la polémique
qui s’établit entre les différents responsables militaires français dès le 22 juin
1940 sur la soi-disant « désertion » des Polonais. Le moins qu’on puisse dire est
505
Chapitre X : La sacrifice de l’armée polonaise dans le Lunévillois

qu’elle n’honore guère ses auteurs. Duch devra pourtant attendre 1973, 33 ans
après les combats de Lorraine, pour recevoir la Légion d’honneur. La cravate de
commandeur lui fut remise très discrètement, sur la base de Phalsbourg, par le
Général François Valentin, (1913-2002) commandant la 6e région :
« On ne voulait surtout pas importuner le gouverneur communiste de Varsovie
en honorant officiellement ce Général en exil ». Le Général Bronislaw Duch est
décédé à Londres le 9 octobre 1980. Il attendait toujours l’homologation officielle
de la Croix de Guerre que le Général Hubert lui avait remise le 9 juin 1940.
Pendant quatre ans, les Polonais seront présents sur tous les champs de bataille
d’Europe, d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient avec l’espoir qu’ils pourraient un
jour participer à la libération de la France, pour laquelle ils avaient déjà beaucoup
donné, et de leur chère patrie. Cet espoir ne fut pas vain, car en juin 1944, sur les
plages du débarquement, dans les airs, sur mer, dans la résistance, ils étaient
présents, en première ligne, toujours. Mais hélas pour tous ceux qui combattaient
à l’Ouest, la joie de libérer WARSZAWA ne leur fut pas accordée.
Lunéville et son arrondissement se doivent de ne pas oublier ces héroïques
grenadiers polonais. Ils l’ont bien mérité.
Dans le cadre de notre étude sur les unités de la garnison de Lunéville pendant la
campagne de 39-40, nous n’avons fait des recherches que sur la 1re Division de
Grenadiers Polonais. Bien que n’étant restée que quelques jours chez nous, elle y
avait bien sa place. Colonel J Frécaut.
WARSZAWA ! WARSZAWA ! - histoire-lorraine histoire
-lorraine.fr/index.php/combats-de-40.../410-warszawa-warszawa.
Le comportement français au 45e Corps d’Armée de forteresse occupant le
secteur du Jura de la ligne Maginot constitué de la 57e D.I., de la 63e D.I et du 7e
Régiment de Spahis Algériens auxquels s’étaient ajoutés la 67e D.I. du Général
Henri Aimé Boutignon (1881-1959) et la 2e Division de Chasseurs polonais du
Général Bronislaw Prugar-Ketling (1892-1948) sera plus digne qu’ailleurs dans
l’Est.
Encerclé, le Corps d’Armée commandé par le général Marius Daille (1878-1978),
où le Chef de bataillon Pierre Dejussieu, était chef d’état-major, autorisera dans
la région de Mache et Trévilliers l’entrée en Suisse des troupes, évitant ainsi à 57
000 hommes d’être faits prisonniers. Pierre Dejussieu, 1898-1984 jouera un grand
rôle dans la résistance et sera Général et Compagnon de la Libération, tandis que
le Général Marus Daille (1878-1978) se ralliera au Pétainisme.
La revue suisse "le véritable messager boiteux de Neuchâtel, pour l'an de grâce
1941 renferme un article intitulé « Les internés français à Neuchâtel 17-22 juin
1940 » dont voici le paragraphe final :
506
Chapitre X : La sacrifice de l’armée polonaise dans le Lunévillois

« Il est certain que, le premier « emballement » passé, on avait pu faire quelques


réflexions sur les causes de la défaite française en voyant de près les internés. Ils
n'étaient certes pas tous d'héroïques soldats et la plupart n'avaient même pas vu
l'ennemi. En revanche, on ne cessa de dire grand bien des Polonais qui avaient
combattu vaillamment sur le front d'occident et dont quelques unités
traversèrent notre ville sans s'y arrêter longtemps. Et la conduite des spahis fut
exemplaire aussi, dit-on, mais on n'en vit que quelques-uns dans notre canton,
et aucun ne séjourna dans la capitale. » Les Polonais et leur chef internés en
Suisse y resteront jusqu’à la fin de la guerre. Le séjour du Général de Brigade
aérienne René Charles-Marie de Boysson, 1890-1983, prisonnier en Suisse du 21
juin 1940 jusqu’au 8 mars 1941 a déjà été évoqué à la fin du chapitre IX.
L’accueil de la Suisse
Contrairement à l’accueil de certains civils, en particulier juifs, dont on se méfie
et qu’on va refouler massivement, dans un relent de xénophobie et
d’antisémitisme, durant la Seconde Guerre mondiale, 104'000 militaires
étrangers ont été internés en Suisse. Loin d’être oisifs, ils ont fourni une
contribution importante à notre économie. Les explications du professeur Claude
Hauser. Alors que Vichy persécutait les Juifs d’Algérie, du moins la Suisse aurait
dû suivre l’exemple du Sultan du Maroc qui protégea ses Dhimmis.
La première vague importante déferla au moment de la défaite de la France, en
juin 1940. Le 45e corps d’armée français, qui est repoussé vers la frontière suisse
par les armées allemandes, demande à être interné. Pas moins de 29'000
Français et Marocains, ainsi que 12'000 Polonais de la 2e division de chasseurs du
général Bronislaw Prugar-Ketling, débarquèrent dans la région jurassienne de
Saint-Ursanne et du Clos-du-Doubs. Ils furent désarmés, subirent des contrôles
sanitaires puis furent répartis dans des camps d’internement plus à l’intérieur du
pays. La plupart des Français purent rentrer en janvier 1941, grâce à un accord
entre le Reich et le régime de Vichy. Les Polonais, en revanche, durent rester
jusqu’à la fin de la guerre.
Les contacts amicaux entre Polonais et Suisses se sont prolongés jusqu’à
aujourd’hui. À Fribourg, la Fondation Archivum Helveto-Polonicum entretient
activement le souvenir de ces internés polonais, au travers de nombreux
documents et photographies.

507
Chapitre XI : Conclusions sur les chapitres précédents

CHAPITRE XI : Conclusions sur les chapitres précédents


Malgré l’ordre de Weygand, malgré l’ordre envoyé par le C. A. à la Division, malgré
même l’exemple de Debuissy et même la conduite apparemment bizarre de
Freydenberg, malgré même surtout le désastre qui suivit rapidement la bataille
de Sainte-Menehould, la « bataille méthodique » continua, rongeant, une par
une, les unités de la 35e D.I., qui s’attardaient à des combats défensifs au lieu de
fuir sans idée de front continu vers Neufchâteau, puis Pontarlier. Il faut
reconnaître que l’esprit de « Vichy » était déjà bien ancré dans les mentalités
alors et les ordres lénitifs, cités en fin de chapitre IV) donnés aux troupes à l’heure
de la défaite en témoignent, nous créant comme une sensation de nausée.
Bien des yeux français refusent encore de s'ouvrir sur la vérité de cette étrange
défaite. Quand le sergent Louis Boulard fut déçu le 16 juin 1940 de se voir dirigé
vers Nancy au lieu de Neufchâteau, il était apparemment déjà trop tard. Pourtant
ce n’est que le 20 juin que le Général polonais Dutch émit son ordre 4444 qui
permit à une bonne partie de ses troupes de gagner Londres…
La 35e D.I. n’avait pas su ou n’avait pas pu ou voulu comme d’autres troupes de
l’Est s’extirper du bourbier ; le miracle de Dunkerque ne s’est pas produit à l’Est,
sauf pour des éléments polonais, de la Légion étrangère et des éléments du 45e
Corps d’Armée de Forteresse. Le général Prételat avait pourtant, est-il dit, reçu un
ordre le 12 juin en début d’après-midi d’abandonner la ligne Maginot et de replier
ses troupes sur une ligne Loire-Doubs, et ce repli pouvait s’accomplir, comme l’ont
montré le repli du train du 21e R.M.V.E. le 13 mai et même celui des Polonais le
20 juin. Pour réussir, il obligeait à des sacrifices et à agir avec promptitude,
promptitude que le Général Prételat exerça seulement pour sa propre personne.
L’épisode à l’Ouest plus romantique et accessible non à la honte, mais à une
certaine gloire dans la défaite a facilité sans doute à un grand nombre d’historiens
leur ignorance de l’affreux sort qui fut réservé aux armées de l’Est et les
conséquences majeures qui en résultèrent.
Cet épisode historique montre aussi la division de la France d’alors, le corps social
et la classe dirigeante se déclarant chacun immun et rejetant sur l’autre les
responsabilités. Il est évident avec le recul des années que la caste des officiers
était proportionnellement plus contaminée par la peste cagoularde que le corps
social ne l’était par le choléra communiste, et que les généraux français issus de
la Grande Guerre n’étaient plus ceux de la République. A-t-on préféré sauver, et
c’est honteux, l'honneur des généraux de l’armée au prix de la peau de la troupe ?
La majorité cagoularde de l’état-major français, Weygand en tête qui ne pensait
qu'en termes de périls internes communistes, a-t-elle de fait préféré l’honneur de
l’armée (ou de ses généraux ?) à l'honneur de la France et à la vie de ses
508
Chapitre XI : Conclusions sur les chapitres précédents

hommes ? « L’honneur de l’armée » n’était -il pas un prétexte invoqué pour


permettre d’instaurer un régime fasciste « né dans les fourgons d’Hitler » ?
À y regarder de près, c’est le Général Freydenberg qui, par ses ordres répétés de
repli sans souci d’alignement, a le mieux obéi à l’ordre initial du Général Weygand
et a eu le comportement le plus honorable. Cet ordre était explicite ; Weygand,
qui dès le 25 mai estimait la guerre perdue, a en effet ordonné le 12 juin matin
d'exécuter l'instruction personnelle et secrète « NI 1444/3 FT » ; c’est le
document le plus important de 1939-1945, celui qui impose à l'armée française
de rompre le combat et de se replier sur le centre du pays. L’ordre est celui d’un
repli général sur la ligne « Caen, Mayenne, Tours, Loire, Clamecy, Dijon ». Aucune
exception n'était prévue : les ouvrages de la ligne Maginot devaient être sabordés
et les régiments de forteresse devaient battre en retraite.
Pourquoi les autres généraux comme le Général Decharme ont-ils persisté à
résister aux Allemands face au Nord, alors que l’ordre était de se reformer
derrière la ligne Dijon-Caen, donc de fuir vers le sud, quitte à oublier l’alignement
et les traînards et quitte à devoir percer les obstacles allemands ? Que cet ordre
de Weygand, même donné tard, n’ait pas été vraiment suivi est sans doute la plus
grande énigme du désastre de 1940. Cela faisait-il partie de la « trahison » ? La
cohorte des Généraux réactionnaires n’a-t-elle pas, plutôt que de combattre
l’Allemagne jusqu’outremer aux côtés des Alliés anglais et bientôt américains,
choisi pour prétexte un péril intérieur communiste hypothétique, cela dans le but
d’abattre la démocratie et établir un régime néofasciste à la convenance de leurs
convictions politiques. On sait maintenant quel rôle a joué dans ce tableau la
Cagoule financée à la fois par le patronat, Muissolini et Hitler.
Le 14 juin le train du 21e R.M.V.E., le sachant ou pas, a suivi l’ordre de Weygand
comme toute la 35e Division et toutes les Divisions auraient dû faire ainsi pour
respecter l’ordre initial du Chef des Armées. La réponse à la question de L’étrange
défaite se trouve peut-être dans la phrase suivante qui se situe dans la lignée
Bazaine-Thiers et que voici renouvelée ici : ceux qui protestaient contre l'indigne
traitement réservé aux volontaires qui avaient servi la France se firent répondre
« qu'ils avaient servi l'ancienne France. »
Elle se trouve peut-être aussi dans les récits comme celui de Charles Ser qui
montrent la hâte de Vichy à punir les antihitlériens juifs et espagnols.
Innocemment, Pierre Ordioni, 1907-1999, sorte de monarchiste vichyste
utopiste, fils de militaire, à la stricte éducation janséniste, nourri des théories et
des théoriciens d’extrême droite; son livre « Tout commence à Alger » publié en
1974 confirme l’obscurantisme pour ne pas dire le mal profond qui affectait alors
les cadres de l'armée et de la société françaises toujours englués dans l’affaire
509
Chapitre XI : Conclusions sur les chapitres précédents

Dreyfus non digérée, et demeurant totalement coupés de l’évolution et des


sentiments réels du peuple de France. Pierre Koerner conclut ainsi son évaluation
de ce livre :
« C’est dire que la philosophie de l’auteur est complètement anachronique. Plus
journaliste qu’historien, il ne saisit ni le caractère révolutionnaire de l’époque ni
l’esprit de la résistance métropolitaine dont il ne voit que l’irresponsabilité et les
excès. Se plaçant au-dessus de sa caste, Ordioni illustre de façon saisissante
l’absence d’esprit républicain dans l’armée et les cercles dirigeants français pour
prôner finalement une société bâtie sur des critères encore plus étroits. Son vif
esprit mêle les rancœurs de l’armée et les désillusions de l’empire colonial. On ne
lui tiendra cependant pas trop rigueur, car il démontre admirablement que notre
système politique est moins le produit d’un idéal démocratique qu’une longue
suite de règlements de comptes. » Ce règlement de compte entre une France
progressiste et une France régressive me paraît être la cause profonde de
l'étrange défaite et c'est cette France régressive qui a choisi la défaite militaire
pour arriver au pouvoir. Au moins 80 % des Généraux étaient membres ou
sympathisants de la Cagoule. La tactique militaire de "défense méthodique" avec
ses trois lignes de reconnaissance, de défense principale et de non-repli,
accompagnée d'une dispersion des hommes et des moyens sur un front immense
et s'accompagnant du système du colmatage et de la contre-attaque, relevait des
conceptions nées de la Grande Guerre, soit une tactique passée révolue si elle ne
s’accouple pas mieux à la tactique inverse utilisant la mobilité des armées
modernes. L'état major français l'a-t-elle choisie par bêtise ou l'a-t-elle maintenue
pendant toute la campagne militaire comme mécanisme de défaite par intention
? La composition des membres du gouvernement de Vichy n'est pas faite pour
effacer les soupçons.
Retour en arrière répétitif : Dès le 25 mai le Général Weygand avait compris qu’il
était défait et ce n’est que le 12 juin matin, soit bien tard, qu’il avait émis
l’Instruction personnelle et secrète n° 1444/3 FT, instruction qui imposait à
l'armée française de rompre le combat et de se replier sur le centre du pays.
Aucune exception n'était prévue : les ouvrages de la ligne Maginot seraient
sabordés et les régiments de forteresse devraient battre en retraite. Prételat et
d’autres ont reproché à Weygand d’avoir donné cet ordre trop tard, le 12 au lieu
du 5.
Comment ces généraux peuvent-ils prétendre qu’on les a avisés trop tard ?
Étaient-ils assez bêtes pour ne pas imaginer que la ligne Weygand, dont la ligne
Maginot faisait partie, pouvait être crevée à tout instant comme le front l’avait
été le 12 mai à Sedan, comme il le sera le 10 juin à Château-Porcien ? Weygand
510
Chapitre XI : Conclusions sur les chapitres précédents

insistait depuis le 25 mai auprès des politiciens pour qu’ils demandent l’Armistice,
et il a tenu le plus longtemps possible non dans l’idée de maintenir la guerre
outremer, mais dans l’idée d‘une capitulation la moins dommageable possible.
Ce sont les armées de l’Est qui ont immédiatement payé le plus le prix de cette
politique. Comment ces généraux français de ces armées de l’Est peuvent-ils oser
affirmer qu’ils ont été pris par surprise par cette directive ? N’était-ce pas plutôt
qu’ils avaient déjà fait le chois d’une défaite pour renverser la République ?
Le Général Prételat a affirmé, vérité ou ligne de défense, qu’il avait demandé à
Weygand l’évacuation de la ligne Maginot dès le 26 mai. Cela démontre qu’il était
conscient du problème déjà dès cette date-là et qu’il avait eu le temps de
préparer cette retraite inéluctable. Et comment croire qu’ils n’ont pas compris le
12 juin que, vu la pagaille déjà existante, qu’il n’était plus question de mener ni
une bataille perdue sur un front trop étendu ni même une retraite progressive
ordonnée, mais plutôt d’essayer de ramener le maximum de leurs armées sur la
ligne indiquée par Weygand y compris s’il le fallait par un sauve-qui-peut comme
le firent les troupes du Général polonais Bronislaw Branyslaw Duch le 21 juin. (Le
21 juin, constatant l’effondrement des défenses françaises, le général Duch
ordonna la dissolution de son unité afin de constituer en petits groupes ; nombre
des soldats, y compris le Général parvinrent à évacuer vers la Grande-Bretagne).
De leur côté, les Généraux français, émules de Bazaine, livraient leurs troupes à
l’ennemi et cela justifie les soupçons du choix de la défaite, c’est-à-dire de la
trahison, une répétition de l’action de Bazaine en quelque sorte. Pétain mit la
cerise sur le gâteau en demandant aux troupes de rester sur place et de livrer
leurs armes.
Les 1re et 2e Panzer-Divisionen du « Groupe Guderian » revenues de
l’encerclement de Dunkerque arrivèrent sur l’Aisne le 8 juin. L’attaque de Château-
Porcien débuta le 9 juin au matin, mais les blindés ne franchiront la rivière qu’aux
premières heures du 10 juin. À part Freydenberg et son état-major et les
nombreux isolés qui ont su rejoindre le Sud, n’y aurait-il pas le cagoulard De Lattre
de Tassigny qui a pu se pointer à Vichy et y faire parader sa 14e Division avec des
prisonniers qui n’étaient pas tous les siens ?
L’entrevue de Briare du 11 juin 1940 donne une idée de ce qui a pu advenir de
cette directive de Weygand. Celui-ci voyait la guerre comme un conflit entre
Français et Allemands et retourna sa veste sans doute le jour même où il émit sa
directive, probablement informé par Huntziger et Pétain de la démarche de De
Gaulle. Là, peut-être, réside le fondement de la haine de De Gaulle à son égard,
comme celle de D’Astier de la Vigerie à l’égard de Darlan. Weygand a donc dû
rapidement et discrètement annuler sa directive. Le 6 juin, le Général de Gaulle,
511
Chapitre XI : Conclusions sur les chapitres précédents

devenu sous-secrétaire d’État, avait reçu le Général Weygand : ce dernier lui avait
déclaré à propos d’une poursuite éventuelle de la guerre hors métropole :
« L’Empire ? Mais c’est de l’enfantillage ! Quant au monde, lorsque j’aurai été
battu ici, l’Angleterre n’attendra pas huit jours pour négocier avec le Reich. Ah ! si
j’étais sûr que les Allemands me laisseraient assez de forces pour le maintien de
l’ordre. » Cette fin de phrase est très révélatrice de sa préoccupation première
dans la guerre. Pétain a donc dû rapidement et facilement achever de convaincre
Weygand de se rallier à lui, car il allait former un gouvernement où Weygand
aurait une place de choix lui permettant de faire barrage au péril communiste.
Weygand a dû diligemment annuler sa directive en catimini.
Hitler avait gagné la guerre de 1940 en concentrant ses forces, il la perdra en les
dispersant, juste retour des choses. Sedan le 12 mai 1940 avait été le point fort
d’Hitler ; ensuite, cela aurait dû être son point faible. Même en retard, seul
Gamelin l’avait compris, préconisant de se concentrer à l’est comme à l’ouest sur
Mézières et Sedan. Au contraire, la ligne Weygand était une décision stupide.
Quelles sont les responsabilités de Gamelin dans ce désastre. Elles ne sont pas
celles d’un traitre, mais celles de ses défauts. Gamelin était un homme intelligent,
mais il avait un gros défaut : il n’était pas un homme d’action, mais de salon ;
toujours diplomate, il s’effaçait toujours avec convivialité devant les décisions des
autres, politiciens et militaires, décrivant toujours les alternatives et exprimant
ses choix préférés, mais laissant toujours les autres trancher. Il s’est fait abuser
par les autres généraux. Trompé par Huntziger et d’autres, il n’a pas entendu les
appels du Service de Renseignement qui faisait bien ses devoirs, mais n’était pas
écouté. Dans les faits, ça ne servit à rien qu’il ait préconisé de riposter
immédiatement dès la première incartade d’Hitler, et dès les débuts du putsch
de Franco. On a reproché à Gamelin d'avoir avancé profondément ses troupes
mobiles en Belgique et Hollande. Mais il ne faisait que respecter la « bataille
méthodique » « évangile » d'alors dans le Haut État-Major français, qui lui
recommandait de réduire sa ligne de front autant que possible. Son manque de
« matérialisme » lui fit donner confiance à des hommes comme Huntziger et
autres cagoulards, ce qui le perdit.
Dans cette période trouble de la Deuxième Guerre mondiale, beaucoup trop
d’hommes à droite comme à gauche perdirent dans le « syndrome de Munich »
le sens de la démocratie devenue comme une coque de noix flottant entre
l’iceberg du loup et celui de l’ours. Pour se sauver, certains allèrent du côté du
loup, les autres du côté de l’ours ; ils auraient pu aussi bien choisir entre la peste
et le choléra ou le bonbon rose et le chocolat noir, deux friandises alors également
empoisonnées. C’est ainsi que bien des personnalités issues de la gauche
512
Chapitre XI : Conclusions sur les chapitres précédents

évoluèrent dans l’orbite odieuse de Vichy, régime dictatorial fasciste, Georges


Albertini, Pierre Laval, Paul Marion, Henri Moysset Armand Petitjean, Charle
Spinasse, Angela Tesca, etc. Bien des hommes de gauche suivirent cette dérive,
on pourrait croire que ce qui motivait leurs démarches était plus leur plan de
carrière que des convictions profondes, leurs débuts à gauche ne leur servant
que de tremplin.
Quand j’ai commencé ce recueil de documents, je n’imaginais pas que j’allais
aboutir à un dossier aussi accablant. Faut-il se demander quels sont les motifs et
motivations qui ont amené les historiens à tellement s’intéresser à
« Dunkerque », image spectaculaire devenue malgré elle théâtrale et presque
folklorique, et si peu au destin misérable des armées de l’Est? ‘’Pétain, c’est
Bazaine’’, victime de ses démons intérieurs, la France vivait un scénario qui avait
bien des points communs avec celui de 1870, ne serait-ce que celui de
l’internement de l’Armée de l’Est de Gambetta en Suisse.
Le Général de Gaulle a eu les mérites à la libération d’éviter la renaissance du
Vichysme dans les fourgons de Roosevelt tout en tenant en respect le monde
communiste. Avec le gâtisme du poids des ans, malheureusement, par la suite sa
vision s’est troublée et son aura en a pâli.
À Aubagne, un gros document concernant les volontaires étrangers, mais datant
de 1914 se trouve parmi les documents de 1940. Ce document est fait de trois
parties racontant chacune la constitution des dépôts d'engagés volontaires de la
Légion de Blois, d'Orléans et Rouen-Toulouse (Rouen ayant précipitamment
déménagé à Toulouse le 1er septembre 1914). Ces documents sont écrits par un
officier de chaque dépôt et décrivent, l'enrôlement, le cantonnement,
l'entraînement et la structure sociale des E.V.D.G. d’août 1914 à leur départ au
front. Dans l'encadrement du dépôt d’Orléans (dépôt du 2e Étranger) apparaît un
certain Octobon (François Dominique) "venu des adjudants-chefs du dépôt
d’Orléans, nommé sous-lieutenant à titre temporaire le 10 octobre, parti pour le
front le 26 novembre".
En faisant le lien avec la base Leonore en utilisant la date de naissance du registre
EM de 1940 du 21e RMVEle constat est qu'il s'agissait bien du Capitaine Octobon
qui le 13 juin 1940 fait partir le train régimentaire du 21e R.M.V.E. Dans ce même
rapport rédigé par le sous-lieutenant à l'époque Gaston du Boscq de Beaumont
(historien, archéologue, né en 1857, mort en 1933, prix Montyon 1902 et Thiers
1913), se trouve le commentaire suivant:
« Entre temps (26 novembre et 9 décembre) la dissolution des dépôts de Blois et
de Toulouse avait augmenté le nôtre de 841 hommes, dont 122 venus de la
dernière ville. Du contingent de Toulouse, il y a peu à dire, mais celui de Blois
513
Chapitre XI : Conclusions sur les chapitres précédents

paraissait avoir été, en grande partie recruté dans tous les ghettos de Pologne.
Ce ramassis d’indésirables, indignes de porter le nom de légionnaires et tout
indiqué pour la guerre « d’usure », reçut le nom de « Royal-Youpin » qu’il
s’efforça de mériter par son mauvais vouloir et sa saleté repoussante. Plus faits
pour les camps de concentration, que pour un régiment, ces hommes que seuls,
la gamelle avait attiré, encombrèrent tellement les locaux disciplinaires que l’on
dut se résoudre à les renvoyer dans leurs Compagnies. Un certain nombre de ces
déchets d’humanité furent réformés, les autres alourdirent le dépôt de leur poids
mort. »
L'affaire Dreyfus aurait-elle laissé des traces? Le Général Decharme n’a-t-il pas eu
une attitude similaire à propos des engagés du 21e en 1940 ?
En général, pendant les années des hostilités, la situation incomparablement la
pire pour les étrangers en France fut celle réservée à ceux qui étaient juifs. Les
16 et 17 juillet 1942, les arrestations de 12 884 Juifs étrangers, y compris
apatrides d’origine étrangère, eurent lieu en accord avec les autorités de Vichy.
Des policiers et gendarmes français les rassemblèrent au Vélodrome d’Hiver et
ensuite tous ces malheureux furent déportés à l’Est (ou du Vél’ d’Hiv’). Au sein
de toutes les nationalités étrangères, c’étaient les Juifs de nationalité polonaise
ou apatrides d’origine polonaise qui y étaient les plus nombreux à cette rafle du
Vel’d’Hiv’. Moins de 100 de ces déportés survécurent à la Shoah. À titre
d’exemples VOIRE Grobla, Dominitz, Halber

Sur le flanc droit de ce monument de Noirvalt dû au ciseau du sculpteur Waekin


sont gravés trois volontaires en calot entourant le drapeau tenu par le personnage
central et les inscriptions des nationalités
41 morts du 21e R.M.V.E. l’ont été à Noirval, mais jusqu’à présent ils n’ont pas
encore eu droit à une plaque collective.

514
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

CHAPITRE XII : Personnages du 21e R.M.V.E.


Voici un répertoire toujours à s’améliorer, de personnages ayant fait partie peu
ou prou au 21e. Des repères existent pour l’usage électronique. SHDC. Remplace
Service historique de la défense, Caen. Nos recherches révèlent la présence
d'erreurs certes, mai aussi celle de découvertes parfois surprenantes. « — > » et
« Liste N. » ou « List. » signifient Liste des prisonniers de guerre. Le groupe de
deux signes = signifie présence dans les listes des rapatriés du 21e de La
Tramontane. (N. B. Les homonymes gênent ces listes sans prénoms). Le signe y
surmonté du tréma signifie non E.V.D.G. ; les lettres FD suivantes signifient
« Déclaré Français » Le signe en forme de cœur signifie « fait de résistance ». (Cf
Mémoire des hommes, etc.) Le signe en forme de cœur signifie « fait de
résistance ». Il existe biend des « R.M.V.E. restés sans étiquette trouvée de
numéro et on s’aperçoit vite que les transferts ne sont pas rares ; entre la Légion
et ses D.C.R.E. et les R.M.V.E., et entre les R.M.V.E. eux-mêmes. SBC signifie Seine
bureau central. Mle est l’abréviation de Matricule, et M.P.F. sans points + X, celle
de Mort Pour la France connu ou présumé. Les Volontaires, sans doute pour des
raisons bien compréhensibles ont utilisés bien des sigles autres que R.M.V.E.
Notamment, la confusion existe dans les listes de prisonniers de guerre entre le
21e R.I. de ligne et le 21e R.I. de marche des volontaires étrangers. Par ailleurs, le
système de lecture optique des listes de prisonniers peut fausser aussi les dates
de naissance encore qu’il peut s’agir comme pour les noms, prénoms, pays
d’origine, de falsifications accidentelles ou volontaires compréhensibles des
prisonniers eux-mêmes, sinon des scribes. Les choix de nationalités sont plutôt
relativement aléatoires (Ukraine russe puis roumaine, etc.) Recrutemen écrit sans
t., mais et avec x final permet de comptabiliser les E.V.D.G. La Bessarabie, région
située entre Roumanie et Ukraine, avec le temps, varie en étendues et
nationalités (de l‘empire Ottoman à la Russie tsariste, à la Roumanie, à la
Moldavie, à l’Austro-Hongre) ; elle est roumaine après 1914-18 La Galicie coincée
entre l’Ukraine, l’Austro-Hongrie et l’Allemagne n’est pas mieux lotie. Enfin bien
des noms restent « orphelins ».
Antonio ABAD
Né le 13-02-1919 à Alminia (La Almunia ?) Espagnx Leg Et ---> 1e RMVE
Recrutemenx Perpignan (66) Réformé le 11/5/40 pour inaptitude physique.
Faustin ABAD
Né le 18-12-1909 à Valdenebro Espagnx, Recrutemenx 1er RMVE Perpignan (66).
Théodore ABADIA-OLIVIERA
Né le 15-06-1913 à Satagosse Espagn? Recrutemen ?r RMVE Tarbes (65).
Pilipe ABAJO 0U Filipe
515
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 10-06-1915 à Vittona (Espagnx) Recrutemenx SBC (75). Mle 5574.


Mahomed ABBAS
Né le 1-4-1919 à Melilla Espagnx Recrutemenx 1er RMVE Perpignan (66).
G.R. 16 P 322. ABBAS, Mohamed. 00.00.1921. Mellila. ESPAGNE.?
Sélin ABDALLAH †g MPFXg
Né le 01-04-1919 (Algérix) Recrutemenx Perpignan 23e R.I, mais mort à la ferme
de Suippes = 21e R.M.V.E.
Hassirine ABDELGUAMI
Né le 11-04-1909 à Zaviet (Égyptx) Recrutemenx SBC (75) — > ABDEL (Galim)
1909, (Égypte) 2' cl. 21' R. E. Liste N 16.
Moïse ABELLO MORADO
Né le 17-04-1914 à Cangao (Espagnx) Recrutemenx Mautauban (82).
Jorgen ABILDGAARD
Né le 18-03-1916 à Copenhague, (Danemarx) Recrutemenx SBC (75).
David ABMANN †d MPFXd.
Né le 15-10-1903 à Radzym (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Abman (David), né
en 1904 à Radzyn (Pologne), Déporté par le Convoi 5 de Beaune la Rolande à
Auschwitz Birkenau, le 28/06/1942. Dcd le 28 juillet 1942..
Saloman ABOLASCH
Né le 05-06-1902 à Routschouk (Iranx) Recrutemenx Lorient (56).
Léon ABOUAF
Né le 22-07-1909 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Samuel ABOUAF†d MPFXd
Né le 20-03-1909 à Izmir (Smyrne) (Turquix) Recrutemenx SBC (75) Mle 3831 —>
ABOUAF (Samuel) 20-3-01, Smyrne (Turquie) 2’ cl 21’ R.M.V.E. St XI A. Liste N 44.
St. XI A. Abouaf (Samuel), né en 1908 à Constantinople, Déporté par le Convoi 59
de Drancy, à Auschwitz Birkenau, le 02/09/1943. Dcd le 7/9/43 Auchwitz. 1000
déportés, 13 survivants en 1
Mardiros ABRAHAMIAN❤ G.R. 16 P 1995 ABRAHAMIAN, Mardiros
Né le 01-05-1912 à Karpouth (Turquix) Recrutemenx Valence (26). Mort pour la
France le 28-06-1946 (Pleikin, Tonkin) né en 1912 à Karpout (Turquie) Statut
militaire Grade sergent Unité 4e bataillon de montagnards - 1re brigade
d'Extrême-Orient mention. Mort pour la France tué au combat
Itoc ABRAMOVICI ❤. G.R. 16 P 2016 ABRAMOVICI, Ithoc 15.10.1909 Kieleinar
né le 15-10-1909 Kischinef (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5566. §d
Libéréx Déporté.
Jacques ABRAMOVICZ (Chaim)

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Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 25-12-1906 à Radom (Polognx) Recrutemenx i. Naturalisé (N.V. avril 47).


Mayer ABRAMOWICZ
Né le 18-09-1908 à Wilno (Lithuanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 9478.
Abram ACHER
Né le 01-10-1910 à Salonique (Grècx) Recrutemenx SBC (75) Mle 7409.
Jean ACURCIO
Né le 31-08-1907 à Fundao (Portugax) Recrutemenx Périgueux (24).
Raymond ADAM
-->ADAM (Raymond) ŸFDX, 30-11-16, Thaon-les-Vosges (Vosges.) serg. -ch. 21' RI
Liste N 17. (Léon de Rosen : « … Adam qui au surplus est de l’active... » « Adam et
sa trompette… »
Raphaël ADATTO
Né le 15-01-1907 à Istamboul (Turquix) Recrutemenx SBC (75) Mle 3734 — »
ADATTO (Raphaël) 15-1-07, Constantinople, cap. -ch. 21' R. M. Liste N 17.
Fernandez ADELINO
Né le 06-01-1906 à Villa Verde (Portugax) Recrutemenx SBC (75) Mle 7056.
Gabriel ADJELMAN ou AJDELMAN
Né le 24-09-1906 à Losefar (Polognx) Recrutemenx SBC (75). N V juin 1947 :
naturalisation.
Isaac ADJOUBEL (Isak ou Robert)
Né le 01-01-1914 à Istamboul (Turquix) Recrutemenx SBC (75) Matricule 5897.
Mais sa véritable date de naissance est le 1 juin 1913 et même le 6 juin 1913. 6e
Cie. Le 16 juin 1940, le camion de la Section de dépannage avec Adjoubel, les
sergents Fehrid, Pinhas et une camionette avec le sergent Heimgartner et une
vingtaine d’hommes quittent le convoi Pold et ils se trouveront au dépôt
d’Avignon au lieu de celui de Septfonds.
Courriels de Monsieur Didier Michon le 7 août 2017:
…Mon père était turc et israélite. Il s'appelait Isak Michon ADJOUBEL. Il
communiquait sous le nom de Robert Adjoubel. En 1945 il est naturalisé français
sous le nom de Isak Michon (Michon qui était un prénom en Turquie était un nom
en France, d'ou ce choix). En septembre 1939 il venait de terminer ses études de
médecine en France et de passer sa thèse. Cependant à part un court moment à
l'infirmerie du camp de Barcarès comme médecin (affecté lors de son arrivée à la
6e Compagnie le 15 mars 1940, avant il était à la 1re Cie du 21e R.M.V.E.), il ne sera
pas versé dans le corps sanitaire, car comme il le regrette, les médecins de
nationalitéétrangère ne sont pas reconnus comme tel. En ligne il a entre autres
fait l'agent de liaison, et bien sûr, de la médecine d'urgence lorsque les
camarades tombaient autour de lui et que le service sanitaire était débordé.
517
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Vous mentionnez le Capitaine Bardet comme le commandant de la 6e Cie. C'est


peut-être lui dont il s'agit dans l'extrait de lettre que je vous joins. Avez-vous le
nom d'un ressortissant chinois nom ou prénom Ma qui appartenait à la 6e Cie et
qui leur faisait le 1er Juin de la cuisine chinoise pour les changer un peu? Wei Heng
MA. En ce qui concerne mon père: Il est né le 1er janvier (6 juin) 1914 à Istamboul.
Très tôt il a la vocation d'être médecin et arrive en France en 1932 pour y faire
ses études de médecine. Il prend une orientation Gynécologie -Obstétrique, il
sera l'élève du Dr Raoul Palmer à l'hôpital Broca, et son directeur de thèse est le
professeur Pierre Mocquot.

Isak Michon à genoux à la droite des autres 2 photos prises en novembre 1939 où
mon père se trouve entouré de quelques uns de ses camarades. À cette époque il
est au 21e R.M.V.E. (qui deviendra le 22e) 1re CIe, mais plus tard tous se
retrouveront dans le 21e. Sur la photo où il y a des africains il est à
l’extrême gauche agenouillé avec une cigarette à la main, sur l'autre photo il est
à l'extrême droite. © Collection Didier Michon, 9e enfant.

9//11/40 Isak Michon à la gauche de ses camarades © Collection Didier Michon


Il rencontre ma mère en 1938 à l'hôpital Broca où elle est élève infirmière. Le 5
septembre 1939 il signe son engagement dans la légion et part à Barcarès fin
octobre. Au cours du repli de juin 1940 il se retrouve avec quelques uns de ses
518
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

camarades encerclés par les Allemands, mais parvient à rejoindre les lignes
françaises et après bien des aléas à être démobilisé en juillet à Avignon. Il restera
en zone libre (bien que l'éviction des juifs y soit aussi pratiquée) jusqu'en
décembre 1940 où il décidera de rejoindre ma mère en zone occupée en prenant
beaucoup de risques. Ils se marieront le 15 février 1941. Les 4 années
d'occupation vont être des années difficiles. Ils échapperont à une arrestation. En
1945 il est naturalisé Français et peut exercer la médecine en France. Il décède
en septembre 1971. 9 enfants.
Courriel du 8 août 2017 : Je fais suite à mon courriel d'hier pour vous donner
l'information complémentaire suivante: sur le certificat d'actions militaires dont
mon père a eu besoin pour son dossier de naturalisation, établi en décembre
1944 par le Capitaine Louis Grec (qui commandait la 7e CIe), il est précisé que
"...engagé volontaire à la 6e Cie du 21 R.M.V.E. mon père a participé:
-le 24 mai 1940 à l'occupation du canal des Ardennes au Chesnes Populeux-
-le 9 juin 1940 au combat des Petites Armoises
- le 13 juin 1940 au combat de Sainte-Menehould au cours de la retraite et qu'il
a été désigné le 14 juin pour rejoindre le train régimentaire ce qu'il lui a permit
d'éviter de justesse la captivité..."
1) En relisant le dossier de naturalisation de mon père (consultable depuis
seulement 3 ou 4 ans aux archives nationales) daté du début 1946, j'ai noté que
le texte du certificat d'actions aux armées établit par le Capitaine Louis Grec avait
été repris intégralement sauf que la phrase « …combat de Sainte-Menehould…"
a été remplacée par « …escarmouche de Sainte-Menehould… » Cette
requalification est surprenante compte tenu des forces en présence, de la durée
des combats, et des pertes avérées.
2) Pendant trois semaines lui et les autres soldats vont aller de place en place
pour se faire démobiliser (Avignon, Aix en Provence, Marseille, Sept-Fonds dans
le Tarn et Garonne) sans y parvenir, car personne ne semble souhaiter les
démobiliser. C'est finalement Avignon qui acceptera en acceptant un certificat de
domicile établi localement. Faut-il y voir les ordres de Vichy qui dans l'armistice
signée en Juin livrait les soldats français aux Allemands. (Pour éviter qu'ils ne
rejoignent l'Angleterre?)
3) Dans une lettre datée du 19 juillet, il dit:"...sur un effectif de 186 nous sommes
seulement 5 rescapés. Personne d'autre n'est revenu. Quant au régiment il est
complètement anéanti..."
Cet effectif de 186 est-il celui à peu près d'une Compagnie, donc de la 6e ? Dans
ce cas on peut présumer que les autres sont tués, blessés, ou captifs. Pour le
régiment vous estimez les pertes à 60%, d'ou l'idée d'anéantissement.
519
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

4) Dans la période de cantonnement à Alteckendorf, il dit qu'il loge chez


l'habitant, quelques uns par maison. Il est retiré de l'Infirmerie et devient
secrétaire au bureau de la Cie (sous les ordres du commandant de la Cie: André
Bardet) avec une charge de travail importante puisqu'il travaille de 6 h à 22 h tous
les jours et il dit traiter de nombreux dossiers, sans toutefois décrire précisément
ce qu'il fait, car il n'en a pas le droit. Peut-il s'agir d'un travail de gestion des
moyens (logistique, transport, ravitaillement...) de la Cie ou de plusieurs Cie ce
qui expliquerait pourquoi il est nommé plus tard pour rejoindre le train
régimentaire.?
Dmitar ADKSANDIC
Né le 16-05-1914 à Balniac Yougoslavix Recrutemenx SBC (75).
Bernard ADLER
Né le 19/4/1894 à Braila (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 2687 —> Adler
Bernard, né 19-4-94, Braila, 2e cl 21e RP(!).
Emeric ADLER ou Eric
Né le 01-02-1894, Polognx Recrutemenx SBC (75). Père d’Alexandre Adler?
Nicolas ADMIRADGIBI ou AMIRADGIBI
Né le 24-01-1910 à Koutais, Géorgie Russix Recrutemenx SBC (75)
Sabetay AELION
Né le 26-02-1908 Salonique Grècx recrutemenx SBC (75) mle 14004
Jacques AELLION
Né le 10-03-1908 à Constantinople Turquix Recrutemenx SBC (75)
Simon AGRANAT ❤ G.R. 16 P 4130
AGRANAT, Simon. Né le 20-12 1908 au Caire Égyptx Recrutemenx SBC) mle 5468.
Sebastian AGUILERA
Né le 18-01-1911 à Foudon Espagnx Recrutemenx Lyon (69)
Julen AGULLO
Né le 31-10-1909 à Caudete Espagnx Recrutemenx Carcassonne (11)
Joseph AJCHENBAUM
Né le 03-12-1918 à Radom Polognx Recrutemenx SBC (75).
Jacob AJZEMGERG (ou AJZENBERG).
Né le 26-11 (ou 9) -1904 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Naturalisé
N.V. avril 47.)
Léon AKERBERG
Né le 02-05-1914 à Parczin (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 1687 — >
AKERBERG (Léon) 2-5-14, Parchew 2’ cl. 21' R. I. Liste N 17.
Chaim AKIERMAN
Né le 10-04-1898 à Wierzowna (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 10010.
520
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Lejbus AKIERMAN †d MPFXd


Né le 25-12-1909 à Moszek (Polognx) Recrutemenx Vincennes (94) Mle 5/88529.
Akierman (Leijbus né le 25/12/1909. ANKIERMAN Leibus né le 01/01/1905 (?) à
ZELECHÓW déporté par le convoi n° 6 le 17/07/1942 de Pithiviers à Auschwitz.
Dcd le 21/7/42. 928 déportés.18 survivants
Maurice AKIERMAN (Mendel)
Né le 15-08-1914 à Pryztyk (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 8818 — >
AKIERMAN (Maurice) 15-8-14, Pryztyk (Pologne) 2' cl. 21' R. M. Liste N 17
appartenait à la 4e section de la 10e Cie du 3e bataillon.
Nicolaï AKMENS
Né le 03-09-1916 à Leningrad (Russix) Recrutemenx SBC (75) Mle 3666. À exposé
des peintures du 8 au 27 décembre 1945 salle du « Patriote » à Monte-Carlo.
Dmitar AKSANDIC
Voir ADKSANDIK
Beyla ALABITCH
Né le 15-03-1907 à Sjenica (Yougoslavix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5554 —>
ALABITCH Beyla, 23-9-01, Paris, 2’ cl. 21' R.E.V. 190. Liste N. 56.
Bénito ALARCON
Né le 03-04-1907 à Zaragoza (Espagnx) Recrutemenx Bordeaux (33).
Pascuel ALBA (Pascual Manuel)
Né le 17-09-1911 à Grenade (Espagnx) Recrutemenx Châlons-en-Champ. (51)
Samuel ALCALAY
Né le 23-04-1909 à Smyrne (Turquix) Recrutemenx SBC (75) Mle 1861 — >
ALCALAY (Sam) 23-4-09, Smyrne (Turquie) sergent. 21' R. I. V. E. Liste N 17. Est en
relation avec Salvator Assael après guerre.
Hélias ALCAT HUALDE
Né le 19-09-1915 à Isaba (Espagnx) Recrutemenx Bordeaux (33).
Julian ALCAYNA (ou Julien)
Né le 11-06-1908 à Maria ou Mana (Espagnx) Recrutemenx Foix (09).
Jean ALCON
Né le 24-06-1917 à Valdéobrispo (Espagnx) Recrutemenx SBC (75) Mle 5842.
— > ALCON (Jean) 24-11-17, Valdes-Crispo (Espagne) 2' cl. 21' R. I. Liste N 17.
Jaco ALEMAN
Né le 01-03- (ou 14-9) -1911 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx Reuilly (75)
Serge ALEXEIFF
Né le 27-09-1909 à Petrograd (Russix) Recrutemenx Grenoble (38) — > ALEXEIFF
(Serge) 11 27-9-09, Petrograd, 1’ cl. 21e R.M.V.E. Liste N 11.

521
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Mordo ALFANDARI
Né le 01-03-1912 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75) — >
ALFANDARY (Mordo) 1-3-12, Constantinople, Turquie 1re cl. 21’ R.M.V.E. St. XI A,
Liste N 44. St XIA.
Antoine ALFONSO
Né le 27-01-1907 à Moncao (Portugax) Recrutemenx Tarbes (81).
Domingo José ALFONSO
Né le 27-05-1913 à Castro La Coureud ou Castro Labourend (Espagnx)
Recrutemenx Rennes (35).
Jean ALFONSO
Né le 22-07-1911 à Albox (Espagnx) Recrutemenx Avignon (84) — > ALPHONSE
(Jean) 22-7-11, Albox (Espagne) 2' cl. 21' R. M. Liste N 17.
Zelman ALGARD
Né le 06-03-1900 à Zeleców (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 6178 DCD 1969.
Samuel ALGASA
— >ALGASA (Samuel) (Turquix) Recrutemenx i 10-5-11, Smyrne 2’cl. 21' R. M. List
17.
Chemnel ALGAZE (Samuel) †d MPFXd
Né le 24-03-1911 à Smyrne (Turquix) Recrutemenx SBC (75) Mle 3630. Algaze
(Chemnel) né le 24/3/1911 à Smyrne. ALGAZÉ Chemuel né le 24/03/1911 à IZMIR
déporté par le convoi n° 34 le 18/09/1942 de Drancy à Auschwitz. Dcd le
23/9/1942 1000 déportés, 21 survivants en 1945.
Maurice ALGAZE
Né le 05-01-1909 à Aidin (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Samuel ALGAZI
Né le 31-07-1906 à Izmir (ex Smyrne, Turquix) Recrutemenx SBC (75) Mle11177.
David ALGAZY
Né le 07-05-1911 à Aidin (Turquix) Recrutemenx Clignancourt (Paris – 75).
==Moïse ALGRANTI
Né le 25-05-1910 à Smyrne (Turquix) Recrutemenx SBC (75) Mle 1914— >
ALGRANTI (Maurice) 23-5-10, Smyrne, cap. 21' R. M. St XX B. Liste 88 et 99.
Isaac ALHALE
Né le 04-09-1908 à Istanbul (Turquix) Recrutemenx Reuilly (Paris - 75) Mle 2945.
Moïse ALHANATI (ou Haim) †d MPFXd. Né le 15-09-1907 à Smyrne (Turquix)
Recrutemenx SBC (75). Moïse ALHANATI né le 15/09/1905 à SMYRNE. Déporté à
Auschwitz par le convoi n° 66 au départ de Drancy le 20/01/1944. De profession
Coiffeur. 1155 déportés, 47 survivants en 1945.

522
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Lazaro ALIAGA POLO †g MPFXg


Né le 17-12-1901 à Zaoréjas (Espagnx) Recrutemenx Pau (64). Décédé le 16 juin
1940 à Sainte-Menehould. Appartenait au 21e R.I.E. et non au 21e R.I.C.
Sérope ALLAH VERDI
né le 15-05-1908 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Fernand ALLAMAN
Né le 14-06-1914 à Romanens (Suissx) Recrutemenx Metz (57) — > ALLAMAN
(Fernand) 14-6-14, Romanens, 2' cl. 21' R.M. St. XI A, Liste N. 44.
Icek ALMAN
Né le 03-7 (ou 9) -1906 à Varsovie ou (Novydwor) (Polognx) Recrutemenx SBC (75)
Mle 6287. Doc Duvernay 4e sec 10e Cie, blessé et évacué.
Pedro ALMANY
Né le 26-06-1911 à Audraitz (Espagnx) Recrutemenx Rennes (35).
??Antonio ALMEIDA
Né le 1-9-1905 à Santa Maria (Portugax) Recrutemenx SBC (75) Mle 6349.
Eulenteriv ALONSO †g MPFXg
Né le 26-05-1908 à Montemayor (Espagnx) Recrutemenx i. Tué le 14-06-1940
(Sainte-Menehould Meuse 55 - France).
Joseph ALONSO
Né le 21-02-1907 à Sahugo (Espagnx) Recrutemenx Bordeaux (33).
Enrique ALONSO VILLAVERDE
Né le 04-04-1917 à Villahia (Espagnx) Recrutemenx Pau (64)
Henri ALPERIN
Né le 02-10-1910 à Kiew (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Jean ALPHONSO Voir Alfonso
Nathan ALPERN †d MPFXd
Né le 26-06-1917 à Kalsruhe (Allemagnx) Recrutemenx Arras (62). ALPERN
Nathan né le 26/06/1917 à KRAZBORICHE déporté par le convoi n° 84 de
Cadsaerne Dossin (Malines-Meschen, Belgique à Auschwitz. 999 déportés, 0
survivant.
Wolf ALSTER
Né le 8-01-1906 à Cracovie (Polognx) Recrutemenx Grenoble (38) Engagé le 20 12
1939. — > ALSTER Wolff, 8-1-06 Cracovie. Pologne, 2e cl. 21e R.I. Liste N 17.
==Abraham ALTARAZ
Né le 07-03-1906 à Belina (Yougoslavix) Recrutemenx SBC (75) — > ALTARAZ
(Avram) 27-3-05, Belina, cap. 21e R I. Liste N 17.
==Paul ALTERESCO ❤ G.R. 16 P 9901
Né le 04-02-1907 à Ploplana (Roumanix) Recrutemenx Versailles (78). Déporté
523
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

§d Libéréx
==Szaja ALTERMAN (Charles)
Né le 18-02-1918 à Kaluszyn (Polognx) Recrutemenx SBC (75) — > ALTERMAN
(Charles) 18-2-18, Kaouchine, Pologne, 2e cl. 21e R.I. Liste N 15.
Wladimir ALTMAN
Né le 06-08-1913 à Levoca (Tchécoslovaquix) Recrutemenx Marseille (13).
Zoltan ALTMAN
Né le 14-04-1906 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Alonso ALVAREZ
Né le 2-1-20 à Mires (Espagnx) Recrutemenx Pau (64) — > ALVAREZ (Isodoro) né
le 2-1-20 à Mieres (Espagne) liste N 17.
Antonio ALVAREZ CAYCTANO
Né le 16-06-1906 à Ponte de Lima (Portugax) Recrutemenx Pau (64).
Manuel ALVAREZ REY
Né le 2-3-19, Asturies (Espagnx) Recrutemenx Montauban (82) — > ALVAREZ REY
(Manuel) 2-3-19, Touraun, 2e cl, 21e R.I. 194 Liste N 35.
Galvas ALVARO
Né le 06-02-1910 à Meimoa (Portugax) Recrutemenx Périgueux (24) — > GALVAO
(Alvaro) 26-2-10, Meimoa (Portugal) 2' cl. 21' R. Etr., 162. Liste N.28.
José ALVES
Né le 17-09-1908 à San Martino (Portugax) Recrutemenx Tours (37).
Alvero Auguste ALVEZ
Né le 14-03-06 à Vignais (Portugax) Recrutemenx Chalons-en-Champagne (51) —
> ALVEZ (Alvero) 14-3-06, Portugal, 2e cl. 21e R.I. Liste N 17.
Bruno AMACHER
Né le 12-12-1918 à Wurenbos (Suissx) Recrutemenx Melun 77).
Agnar AMAD ANADON
Né le 29-10-1903 à Codos (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
==Juda AMAR
Né le 10-08-1911 à Salonique (Grècx) Recrutemenx Seine 2e bureau (75).
Miguel AMAROS
Né le 05-03-1910 à Novelda (Espagnx) Recrutemenx Bordeaux (33).
José AMBROS ROSSE†d MPFXd.
Né le 25-04-1910 à Trago (Espagnx) Recrutemenx Périgueux (24). Ambros Rosell
(José, Miguel Périgueux (24). Ambros Rosell (José, Miguel né le 23/04/10 à Trago
de Nogera. Dcd 6/7/44 Dachau.
Moïse AMON (Moritz) †d MPFXd
Né le 26-09-1906 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75). Déporté par
524
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

le convoi n° 64 le 07/12/1943 de Drancy à Auschwitz. DCD le 12/12/19 43. 1000


déportés, 42 survivants en 1945.
Salomon AMSELLEM
Né le 28-08-1914 à Médéa (Algérix) Recrutemenx i—>AMSELLEM (William) 24-8-
14, Médéa (Algérie.) adj. 21' R.I. liste des prisonniers N 17. Léon de Rosen :
« Amsellem et Bouquet de la Jolinière sont les deux assistants des médecins.
Bouquet de la Jolinière est le type parfait de l’éternel cafardeux. Assistant aux
repas, il dit bonjour du bout des dents et ne les desserre pas jusqu’à la fin.
Amsellem est quand même plus souriant et, en plus très sympathique. Ce qui ne
l’empêche pas de pleurer comme un enfant, parce que cette captivité lui pèse et
qu’il en a le cœur gros. » Amsellem, Juif, s’évadera le 3 octobre 1940.
Contribution à l'étude de la maladie de Biermer by William Amsellem (Faculté
de médecine et de pharmacie d’Alger. 1939.
Juan ANDREO †g MPFXg
Recrutemenx Vienne (38) né le 19-09-1909 à Valers Ruhi (Espagnx) tué à l’ennemi
le 25-5-1940 aux Petites Armoises 08 Ardennes France.
==Baptiste ANDREOLI
Né le 07-11-1903 à Massagne (Suissx) Recrutemenx SBC (75) —>ANDREOLI
(Baptiste) 7-11-03, Massagne (Suisse) 2' cl. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
Charles ANDREOLI
Né le 27-11-1909 à (Monacx) Recrutemenx SBC (75).
Francisco ANDREU
Né le 27-08-1915 à La Union (Espagnx) Recrutemenx Bordeaux (33).
Marceliano ANDUEZA
Né le 08-08-1911 à Santibanez (Espagnx) Recrutemenx Bordeaux (33)
Moïse ANGEL †d MPFXd
La pièce de « Né le 04-12-1906 (Turquie) Recrutemenx SBC (75) » me parait pas
correspondre à celle située sur la fiche originelle sur la ligne en dessous
correspondant à Jacques ANGEL. Il s’aglt donc ici plus probablement du Grec
Moïse Angel. Nous admettons donc ici Moïse David Angel, né le 2 octobre 1907 à
Salonique Grecx Recrutement Seine Cal. Angel (Moïse), David) né le 10 octobre
1907 à Salonique (Grèce) DCD le 9 féfrier 1943 à Auschwitz.
Nachman ANGHERT ❤ G.R. 16 P 13821
ANGHERT, Nacham 03.01.1914 Bersad. Né le 03 ou 05-01-1914 à Bervade,
(Ukraine) (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Séraphin ANIRADA
Né le 12-04-1898 à Bragana (Portugax) Recrutemenx Laon (02).
José ANJO
525
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 08-01-1908 à Vinisso (Portugax) Recrutemenx SBC (75) —> ANJO (José) 8-


1-08, Vimisio (Portugal) 2’ cl. 21' R.M. St. XI A. Liste N 44.
==Samuel ANKER ❤ G.R. 16 P 14155
Né le 27-10-1902 à Zakliczyn (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Déporté Résistant
Buchenwald. Mle 43364. §d Libéréx le 11/04/1945. 13e cie de Pionniers.
Abram ANKLEWICZ (ou Abraam ou Albert)
Né le 20-10-1905 à Lututow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —>ANKLEWICZ
(Abraam ou Albert) 20-10-05, Lututow (Pol.) 2’ cl. 21'R.I. List 17.
Joseph ANTAL †g MPFXg
Né le 04-11-1906 à Lunanzint ou Dunonzind (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Décédé le 15/06/1940 (Vittel 88 – Vosges, France) des suites de blessures—
Colmar Nécropole nationale. SHDC.
ANTIPOFF Alexandre
Né le 3-03-1903. Blessé aux Petites-Armoises le 9 juin 1940. Russix Recrutemenx.
14/12/39 Lyon (69). 22e passé au 21e.
Adolf ANTON
Né le 07-10-1914 à Valess (Allemagnx) Recrutemenx Sarrebourg (57. Journal du
bataillon : Le sergent Anton de la 10e Cie est blessé le 21 juin 1940 à Allain.
Joaquim ANTONES
Né le 30-1-10 à Pedraido (Portugax) Recrutemenx Chaumont (52) —> ANTONES
(Joachim) 30-1-10, Madrid (?) 2e cl. 21e R.I. Liste N 17.
Andres ANTON TUBAN
Né 26-09-1919 à Barcelone (Espagnx) Recrutemenx Rouen (76). Blessé le 6/6/40.
Thomas APARICIO
Né le 15-09-1908 à Salamanca (Espagnx) Recrutemenx Troyes (10). Doc
Duvernay : Apparicio blessé et évacué.
Chazim APELBLUM †d MPFXd
Né le 26-11-1898 à Strusow (Polognx) Recrutemenx SBC (75). APELBLUM Chayem
né le 26/11/1898 à STRUSORW déporté par le convoi n° 9 le 22/07/1942 de
Drancy à Auschwitz. 996 déportés, 5 survivants.
Moszek APELGOT
Né le 21-04-1903 à Irena (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3570 —> APELGOT
(Moszek) 21-4-03, Irana (Pologne) 2' cl. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
Szlioma APELKIR (Szlama APELKIR)
Né le 10-08-1907 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Szmul APELOJG (ou Charles)
Né le 07-02-1901 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Mle 6067.
Démobilisé après les combats Il reprendra son activité de tricoteur. Oh, pas
526
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

longtemps. Rapidement, avec le Statut des Juifs de juin 1940, sans la moindre
considération pour son activité de combattant volontaire, l’État Français le
pourchassera et il devra aller se cacher avec sa femme et sa fille. Ils survivront
tous les trois. » (Discours de Marcel Apeloig à Bagneux le 5 juin 2016...).
Zelix APELOJG (ou Félix ou Georges)
Né le 24-06-1911 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3746 —>
APELOIG (Zelix) 26-4-11, Varsovie, 2' cl. 21' R. M. Liste N 17. Émigré aux U.S.A.
François ARAK❤ G.R. 16 P 15882
Né le 02-11-1906 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Antonio ARANDA
Né le 05-04-1922 à Vilanta (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
Javierre ARCAS ❤ G.R. 16 P 16161 †d MPFXd
ARCAS JAVIERE, Ramiro né le 01-08-1917 à Boltana (Espagnx) Recrutemenx
Tarbes (81) Faisait partie du convoi de déportés parti le 3 juillet 1944 de Toulouse
et arrivé au KL de Dachau le 28 août 1944. Arcas Javierre Ramiro né le 30/7/1917
(!) est blessé au cours de mitraillage du train à Parcoul-Médillac. Il meurt à
l’hôpital de Bordeaux le 19/07/1944. Déporté résistant.
Gregoire ARDANUY
Né le 14-02-1915 à Stada (Espagnx) Recrutemenx Bordeaux (33) —> ARDANY
(Grégoire) 14-2-15, Stade, 2e cl, 21e R.I. 490. Liste N 56.
Arvan ARDITI
Né le 23-12-1910 à Scalanova (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Salvatore ARDITTI
Né le 20-10-1916 (Grècx) Recrutemenx SBC (75) —> ARDITTI (Salvator) 20-10-16,
Salonique, serg. 21' R.I. Liste N 19.
Moro ARENALES
Né le 8-11-1917, à Montamayor (Espagnx) Recrutemenx Chateauroux (36) —>
ARENALES (Moro) né le 8-1-17, Montémayo (Espagne) 2e cl. 21e R.I. List 17.
Theodor ARENALES
Né le 26-03-1918 à Montemajor (Espagnx) Recrutemenx Châteauroux (36).
Edouard AREVIAN ❤ G.R. 16 P 16612
Né le 3 ou 5-07-1914 à Istanbul (Turquix) Recrutemenx Perpignan (66). Voire
CHAPITRE I.
== Israël ARGIEWICZ
Né le 12-09-1908 à Bercecury (Polognx) Recrutemenx Vincennes (94) mle
5795.Joda ARIEL (alias LÉON)
Né le 16-03-1911 à Stamboul (Turquix) Recrutemenx SBC (75) Mle 2962.
Appartenait à la 9e Cie.
527
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Javié ARNIELLA
Né le 13-09-1903 à Grade (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
== Mojzesz ARNOLD (alias Knoll)
Né le 05-03-1910 à Stanislawow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 7745.
Joseph ARNOULD (ou ARNULD)
Né le 21-07-1907 à Tourimmes (Belgiqux) Recrutemenx Laon (02) —> ARNOULD
(Joseph) 27-7-07, Tourriges-St-Lamberl, 2' cl. 21' R. M. Liste N 17.
Igar ARNSTAM
Né le 22-03-1911 à Moskau (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Mois ARONWALD
Né le 11-12-1906 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 11298.
Pablo ARQUILAGAZ CUBELLS
Né le 27-03-1898 à Piguera (Espagnx) Recrutemenx Montauban (82) —>
ARQUILAGA CUBELLO (Pablo) 27-3-97, La Figuera (Espag.) 2' cl. 21' R.I. List 17.
Taiwie ARYNGER †d MPFXd
Né le 15-05-1900 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Dcd à Auschwitz le
14-09-42. ARYNGER Tovice né le 15/05/1900 à Varsovie déporté par le convoi n°
6 le 17/07/1942 à Auschwitz. Déportés 928, Survivants 18.
Tibor ASCHER
Né le 09-06-1911 à Brasov (Roumanix). Recrutemenx SBC (75) Mle 2991.
Isaac Joseph ASSAEL
Né le 26-09-1908 à Rousse (Bulgarix) Recrutemenx SBC (75).
Salvator ASSAEL ❤.
Né le 01-05-1912 à (Grècx) Recrutemenx Bordeaux (33). Caporal, appartenant à
la section de commandement de la 10e Cie (3e bataillon). Il n’a pas été fait
prisonnier. Revenu des armées le 21 juin 1940, il est affecté au groupe d’unité de
passage (n°2506) le 21 juin 1940 au camp de Septfonds (Tarn-et-Garonne).
Démobilisé le 18 août 1940 par le centre démobilisateur de Caussade (Tarn-et-
Garonne).
Communication de son fils Jacques : Bonjour Monsieur Blitte,
Merci pour votre message. Effectivement Édith m'a appelé aujourd'hui et nous
avons fait le point sur nos connaissances communes de cette époque et de la vie
de nos pères. Je n'ai pas entendu parler de Sam ni de Félix Assael. Il y avait
plusieurs familles portant notre patronyme, essentiellement à Salonique et à
Smyrne (Izmir). Il y a peut-être des ancêtres communs, mais nous n'avons plus
d'archives et je n'ai pu remonter qu'à mes arrières grands parents. Les archives
d'état civil ont été confisquées par les nazis, récupérées à la libération par les
Russes et sont actuellement stockées à Moscou.
528
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Je vous communique ci-après les informations que j'ai déjà fournies à Édith,
cela vous permettra de vous faire une idée plus précise de la vie de mon père à
cette époque. Il m'en a longuement parlé lorsque j'étais enfant, mais je m'y
intéressais bien moins que maintenant et je regrette de ne pas lui avoir posé des
questions dont je ne connaîtrai probablement jamais la réponse.
J'ai bien connu des camarades de régiment de mon père, qu'il a continué à
fréquenter de nombreuses années après la fin de la guerre. Je me souviens en
particulier d’Albert et Salomon Calderon (deux frères) Marcel Hassid, Isaac
Halevy, Sam Alcalay... Je possède quelques documents militaires et quelques
photos. Mon père s'appelait donc Salvator Assael. Il est né en 1912 à Salonique.
Son père, décédé en 1936 et que je n'ai donc pas connu, était courtier en terrains
et sa mère, décédée un an avant ma naissance était sans profession. J'ai quelques
informations sur la famille de mon grand-père et sa nombreuse fratrie, mais je ne
sais absolument rien de ma grand-mère, je ne possède que deux photos où elle
apparaît. J'ai retrouvé il y a plusieurs années des cousins à Salonique, nos arrières
grands-pères étaient frères. Papa a quitté Salonique et définitivement la Grèce au
moment de la crise de 1929. Il est parti rejoindre sa soeur aînée et son beau-frère
qui commerçait au Guatemala. Il est rentré à Bordeaux quelques années plus
tard. Je sais qu'il a été vendeur sur des marchés.
Il s'est engagé volontaire en 1939 au 21e R.M.V.E. (La Tramontane) il avait
encore la nationalité hellénique. Les différents récits que j'ai pu lire sur le net
relatant l'histoire de cet éphémère régiment sont parfaitement conformes à ce
qu'il m'a raconté. Sur le blogue d'Édith figure un témoignage de Suzanne
Koutachy, parlant du « jeune et fringant caporal Salvator A. ». Ça ne peut être que
lui. Il était en effet caporal. Mon père m'a parlé de son ami Joseph Koutachy qui
était peintre. J'ai même chez moi un portrait de ma mère qu'il a réalisé. Après
« l'armistice », mon père a vécu de petits boulots dans le commerce dans la
région bordelaise/Pyrénées. Au moment des rafles organisées par Papon, il a vu
son nom sur une liste de personnes « convoquées » à la Préfecture de la Gironde.
Un ami lui a conseillé de ne pas s'y rendre. S'il y était allé, je ne serais pas là pour
vous le raconter. Il a vécu la période de l'occupation en se cachant et en utilisant
de faux papiers (il se faisait appeler André Servais, né à Montbéliard). Des cousins
plus âgés que moi évoquent un épisode rocambolesque durant lequel il s'est
échappé par les toits au moment d'une rafle. Je crois qu'il n'aimait pas beaucoup
parler de l'époque de l'occupation qui a été très douloureuse pour lui, comme
pour d'autres. Heureusement il s'en est sorti. Il a connu ma mère à cette époqueà
Nice. Le couple a vécu alternativement à Nice et à Paris, arrivant tant bien que
mal à passer à travers les mailles du filet. Il a appartenu à la Résistance. Je ne sais
529
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

pas s'il est possible d'obtenir des informations sur ses activités à cette époque.
J'aimerais bien.
Après la libération, il a épousé ma mère en 1947 et a demandé et obtenu la
nationalité française. Je suis né en 1948.

Antonio ASTILLEROS
Né le 17-03-1908 à Madrid Espagnx (RMVE) Recrutemenx Perpignan (66) -->
Artilleros (Antoine) 17-3-08, Madrid 2e Cl, 12e (?) régiment de marche List 16.
== Narcisse AUBRY
Né le 29-10-1910 à Montvaucon (Suissx) Recrutemenx Belfort (90).
AUBRY (Robert)
ŸFDX né le 26-9-12, Fougerolles, Haute Saône serg., 21' R.I. St. XI A. Liste N 44.
Mort le 12-02-2016 à 93 ans.
AUDIBERT Jean-François. ❤ G.R. 16 P 21908
Réseau Roger Buckmaster. Né le 05.10.1913 à Libourne Gironde. ŸFDX, Libourne,
Gironde, 5-10-1913, Lieutenant appartenant à la C.A. 3 (Noté CA 1 dans
organigramme Aubagne, sans doute affectation antérieure... Cité 3 juin 1943 :
« Officier calme et plein de sang froid. N’a cessé de montrer depuis le début des
hostilités un entrain admirable, une valeur franche et un mépris absolu du danger.
En mai 1940, au canal des Ardennes et pendant lessuccessives de décrochage du
mois de juin, a su entretenir dans son unité un allant extraordinaire et un bel
esprit de dévouement et de bravoure. Le 14 juin, à Verrières, est resté`jusqu’à
l’extrême limite des moyens appuis de feux d’une unité chargée de protéger le
repli du 3e bataillon et a facilité son décrochage. »
530
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Étienne AUER
Né le 13-10-1907 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Maurice AURBACH
Né le 03-04-1907 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Henri AUSLAENDER
Né le 03-11-1916 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Biencus AUSLERNER ou Pinkus †d MPFXd
Né le 10-05-1907 à Zeleców (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Déporté par le
convoi n° 3 le 22/06/1942 de Drancy à Auschwitz. Dcd 27/6/42. 1000 déportés,
24 survivants à la Libération.
Ladislas AUSPITZ
Né le 20-08-1909 à Hajdusamson (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
==Robert AUTHIER
ŸFDX né le 10-8-08- à Ermont (Seine et Oise) sergent-chef 21e R.I. Liste N 17.
Jsaac AVIGDOR❤ G.R. 16 P 24467 AVIGDOR, Isaac 07.02.1907 Andrinople.
Né le 07-02-1907 à Amtrinopie (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Pedro AVILES❤. G.R. 16 P 24503 AVILES, Pedro 29.03.1913 Nerga ESPAGNE
né 29-03-1915 ou 13 à Nerva ou Nerga (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
Meutech AVIMELECH
Né le 07-08-1903 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75)
Benjamin AVRAM G.R. 16 P 24615 AVRAM, Benjamin 08.01.1910 Bucarest
ROUMANIE.
Né le 08-01-1910 à Bucarest (Roumanix) Recrutemenx SBC (75). ❤.
Ervin AVRAM
Né le 18-09-1903 à Berlin (Allemagnx) Recrutemenx SBC (75) Mle 4517 —>
AVRAM (Ervin) 18-9-03, Berlin (Allemagne) 2' cl. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
Moise AVRAM
Né le 15-03-1907 à Botasani (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
Jean AYXERES
Né le 21-07-1909 à Cornella (Espagnx) Recrutemenx Lyon 69).
Antonio AZEVEDO
Né le 15-11-1906 à Chaves (Portugax) Recrutemenx Tulle (19).
Joseph AZEVEDO
Né le 17-05-1906 à Chalpies (Colombix) Recrutemenx Toulon (83—>22est
VIIA.lL90.
Edouard AZNAR
Né le 13- 10-1906 à Carthagène (Espagnx) Recrutemenx Lyon 69).
Francisvo AZNAV
531
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 12-5-15 à Guazenara (Espagnx) 2e Cl. 21e R.I Recrutemenx i Liste N 17


(Francisco Arcov né le 12-3-15. A Escarznar ??? Perpignan 66).
==Siméon BABAC ou BARAC
Né le 28- 9 ou 10-1908 à Crikevenien ou Crikevenike (Yougoslavix) Recrutemenx
Toulon (83).
Petar BABIC
Né le 25-02-1913 à Kunovice (Yougoslavix) Recrutemenx Thionville (57).
==Joseph BABIK
Né le 19-06-1914 à Nipest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —>BABIK (Joseph) 19-
6-14, Ujpest (Hongrie) 2’ cl. 21' R. M. V. E. Liste N16.
Lucas BACIU
Né le 17-09-1904 à Militari (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
Davydas BADASAS
Né le 28-04-1909 à Vilnuis (Lithuanix) Recrutemenx Caen (14) —> BADACHE David
Liste N 16. ❤ Déporté par le convoi parti de Compiègne le 6 juillet 1942. Parcours
Flossenbürg-Auschwitz (Gleiwitz), §d Libéréx 25/1/1945. Voir Chap.V.
Arthur BADIANO
né le 31-05-1898 à Kutahia (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
René BAGOT
—>BAGOT (René) ŸFDX 2-7-09, St-Servan, s -c., 21' R.M.V.E. St. XI A. List 44.
BAGRATIDE D’AREKINE Hugues de.
ŸFDX (Russix) Recrutemenx i Sous-lieutenant 27/12/90 -19/12/1960 (Arménie)
promotion chevalier Bayard de Saint-Cyr de 1923 à 1925, s’engage en 1940 au 21e
R.M.V.E. à près de 50 ans (cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois ).
Haim BAHAR †d MPFXd
Né le 10-02-1911 à Sxapse (Yougoslavix) Recrutemenx Reuilly (Paris 75). Monsieur
BAHAR Hajim né le 10/02/1911 à SKOPLE Yougoslaie déporté par le convoi n° 7
le 19/07/1942 de Drancy à Auschwitz. DCD le 24 juillet 1942. Déportés 999, gazés
à l’arrivée 375. Survivants 16.
==David BAHSI (ou BASI)
Né le 25-07-1908 à Roustchouk ((BulgariX) Recrutemenx SBC 75 Mle 5498 5e Cie.
—> BASI David, 25-7-08, Routchoucq, Bulgarie, 2e cl. 21e R.I. Liste N 17.
André BAILLLY
—> BAILLY (André) ŸFDX 9-4-14, Chapelle-des-Bains, 2’ cl. 21’ R.M. St. VI G. List
63.
Henry BAILLY
Né le 08-04-1915 à Couvre (SuissX) Recrutemenx Belfort (90).
Benerando BAILON
532
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 14-11-1908 à Mazarette (Espagnx) Recrutemenx Cahors (46).


Moszek BAJDER ou Moïse †d MPFXd
Né le 07-03-1900 à Lublin (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Bajder (Moïse) né le
7/3/1900 à Lublin Pologne. BAJDER Moszek né le 07/03/1900 à LUBLIN déporté
par le convoi n° 5 le 28/06/1942 de Beaune la Rolande à Auschwitz. Dcd le 3/7/42.
Déportés 1038. Survivants 35.
Wolf BAJECZMAN
Né le 05-11-1901 à Radom (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Eka BAJGIELMAN
Né le 21-02-1905 à Pulawy (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
== BAJO PASTOR Francisco Marius Né le 22-08-1910 à Toléde (Espagnx)
Recrutemenx SBC (75) —>BAJO Francisco Liste N 11 : Bajo (Francisco) -22-8-10,
Calzado de Oropesa (Espagne) 2' cl. 21' R.M.V.E. Arrivée à Mauthausen du
08/08/1941 venant du Frontstalag 141 Vesoul. Matriculé 3896-BAJO PASTOR
Francisco-22.08.1910, Calzado de Oropesa— §d Libéréx le 05.05.1945 de
Mauthausen.
Ber BAJWAL
Né le 13-03-1903 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> BAJWOL (Ber)
Varsovie. Pologne, 2e cl. 21e R.I. Liste N 17.
Japre BAJWELCWAjG †d MPFXd
Né le 10-12-1910 à Bendzin (Polognx) Recrutemenx Vincennes (94). Bajwelcwajg
(Jojna) né le 21 décembre 1910 à Bedszin, Déporté par le Convoi 5 de Beaune la
Rolande à Auschwitz Birkenau le 28 juin 1942, DCD le 3 juillet 1942. Déportés
1038. Survivants 35.
Joseph BAJWELMAN
Né le 24-12-1912 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx Perpignan (66).
==Jcko BAKALARZ ou Icko BAKALARZ
Né en 1904 à Biala-Podlaska. PolognX, Recrutemenx SBC 75 Mle 5289 —>
BAKALARZ (Isaac) 15-6-03, Biala-Podloska, 2' cl. 21' R.I. Liste N 17. 3e section, 10e
Cie. Manquant depuis Montigny (doc Duvernay)?
Paul BAKLANOFF
Né le 15-12-1888 à Petrograd (Russix) Recrutemenx Mâcon (71).
Oliva BALANA ou BALANA-OLIVA (José Maria †d MPFXd
Né le 06-02-1915 à Figarola (Espagnx) Recrutemenx Mautauban (82). Venant du
Stalag HI B Faengbostel BALANA OLIVA José Maria né le 06-02 1915 à Figerola Mle
Gusen 4539 Dcd à Gusen le 14/09/1941.
Albert BALANGER
ŸFDX né le 31-03-1915, St-Plaisir (Allier) Serg. 21e R.I. Liste N 17.
533
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Elefter BALASSIS
Né le 15-01-1909 à Prastio (Turquix) Recrutemenx SBC (75) —>BALASSIS Elefter
List N 17 : 15-1-09, Marmara (Turquie) cap. 21' R I. 1re sect de la 10e Cie.
Janos BALAZS
Né le 04-12-1891 à Szoged (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Abraham BALCHIEFFE ou BALCHDEFF †g MPFXg
Né le 10-12-1910 à Kahand (Turquix) Recrutemenx SBC (75) Tireur à la 5e Cie, tué
par le même obus que Vic et Patak à Allain le 22 juin 1940.
Gregorio BALERDI
Né le 11-03-1911 à Idiazabal (Espagnx) Recrutemenx Nice (06).
Garabed BALIAN
Né le 10-02-1907 à Cesarée (Turquix) Recrutemenx Versailles (78).
Joseph BALLESTER
Né le 16-01-1916 à La Union (Espagnx) Recrutemenx Grenoble (38). —>
BALLESTER (Joseph) 16-1-16, Lahoucon, cap. 21e R.M.V.E. Stalag XI B. Liste N 100.
4e section de la 10e Cie du 3e Bat. Manquant depuis Montigny.
Pedrola BANOLAS
Né le 24-02-1918 à Valicagolfa (Espagnx) Recrutemenx Mautauban (82).
Siméon BARAC
Né le 28-09-1908 à Crikevenika, YougoslaviX Recrutemenx Toulon (83)
Samuel BARANCIC
Né le 24-04-1911 à Chisnau (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 8109 —>
BARANZIC (Samuel) 24-4-11, Kisinôv (Roumanie) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
José BARANDIARAN
Né le 10-09-1900 à Usurbil (Espagnx) Recrutemenx Versailles (78).
Juan José BARANDIARAN
Né le 28-04-1905 à Usurbil (Espagnx) Recrutemenx Versailles (78).
==Boris BARANOVSKY
Né le 12-03-1899 à Elisabethpol (Russix) Recrutemenx SBC (75) Mle 4570 —>
BARANOVSKY (Boris) 12-1-99, Elisabeth-Paul. (Russie) serg. 21' R. M. List N 17.
==Emeric BARASZ GR 16 P 31040 BARASZ, Emeric 22.03.1906 Budapest.
Né le 22-03-1906 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —>BARASZ
(Émeric) 22-3-06, Budapest (Hongrie) 2' cl. 21' R.M. Liste N 17.
Bernard BARATI (Harnard) ❤ G.R. 16 P 31120
BERNARD HENRI BARATI, né le 12.09.1912 à Săveni (Roumanix. Recrutemenx
Montpellier. Hans Habe a écrit : « … notre marche vers la ferme Saint-Denis…
Avec les autres observateurs, le Hongrois Garai, le diplômé roumain Barati, les
Russes Imoudsky et Ouchakoff et le Suisse Kellenberger, j’établis qu’il s’agissait
534
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

sans aucun doute d’avions allemands… » « … cardiologue réputé… Barati était


un bon gars. Avant notre départ (le 10 juin 1940, du P.C du bataillon dans la forêt
de Noirval au poste d’observation au bord de la route Le Chesne-Châtillon) il
s’absenta pour quérir nos rations de vingt-quatre heures. À l’exception du
fromage amené d’Alsace, il ne restait plus grand-chose, c’est pourquoi Barati
nous revint avec une double ration de gniole… » Worldcat Identities :
Contribution à l'étude de l'état des capillaires dans les cyanoses des insuffisances
cardiaque. Harnard Barati 1937 Montpellier.2- cabinet de médecin ; Harnard
Barati, 1 rue d’Albisson 34000 Montpellier. Entreprise fermée le 13 juin 1986.
Résistant FFI. Harnard Henri BARATI Né le 12-09-1912 à Saveni (Roumanie).
Manoel BARBARA
Né le 25-07-1909 à Soule (Portugax) Recrutemenx Châlons-en-Champagne (51)
—> BARBARA (Manuel) 25-7-08, Loïc (Portugal) 1’ cl. 21’ R.I. St. XI A. List N 44.
Vincente BARBER
Né le 30-12-1908 à Barcelone (Espagnx) Recrutemenx Montpellier (34).
Juan BARBERA-SOLA
Né le 06-01-1910 à Sagunta (Espagnx) Recrutemenx Nice (06).
Victor BARBERO
Né le 26-12-1911 à Tagarbuena (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Joseph BARBON
Né le 28-12-1918 à Quinzanos (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Auguste BARBOZA
Né le 17-02-1906 à Saint-Olala (Espagnx) Recrutemenx Tarbes (81).
BARC-BEN-TOUNOY
—> BARCK BEN TOUNOY (Marox) Recrutemenx i1910, Ouled Rabah, 2e cl. 1er R.M.
182. Liste N 40.
==Béhor BARDAVID
Né le 06-01-1906 à Izmir (ex Smyrne) (Turquix) Recrutemenx SBC (75) Mle 8078.
—>BARDET André ŸFDX Liste N 48 : Bardet (André) 15-8-99, Paris, capitaine. 21’
RI. Oflag VI A. ; il commandait la 6e Cie (2e Bat.). Congé de captivité 13/2/1941.
Jerome BAREE
Né le 31-07-1898 à Mouscron (Belgiqux) Recrutemenx Lille (59).
Robert BAROUHIEL
Né le 27-01-1910 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx Reuilly (Paris - 75).
Abandio BARRERA
Né le 02-04-1902 à Baracoldo (Espagnx) Recrutemenx Versailles (78).
Paul BARRERA
Né le 29-06-1908 à Baracoldo (Espagnx) Recrutemenx Versailles (78). —> BARERA
535
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

(Paul) né le 27-6-1907, Olvera Esp, liste N 90.


??BARRONNET
Sergent-Chef ŸFDX ; cf rapport Lieutenant Pold.
Domingo BARROS.
Né le 26-08-1901 à Braya (Portugax) Recrutemenx Lyon 69).
==Joseph BARROSO
Né le 19-03-1910 à Baldezate (Espagnx) Recrutemenx Reuilly (Paris - 75) —>
BARROSO (Joseph) 19-3-10, Burgos (Espagne) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Haïm Michel BAROUCH †g MPFXg
Né le 9-01-1914 à Genève (Suissx) Recrutemenx Lyon (69) tué à l’ennemi le 25-
05-1940 à Le Chesne Ardennes 08.
Mariano BARRUISO
Né le 08-09-1911 à Gourmiel (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
== Avram BARSIMANTO
Né le 24-10-1906 à Izmir (ex Smyrne) (Turquix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5503.
Jukob BART (Jacob Jacques Bart) ❤ GR 16 P 35531 BART
Né 14.01.1901 à Colomea Polognx. Recrutemenx Fort de Vancia (69) le
05/12/1939, Jacob Bart, né à Kolomya. Pologne, mais venu de Vienne, Autriche
en janvier 1939 est interné dans un camp de concentration, puis libéré de par son
engagement à la Légion étrangère. Il intègre le 8 décembre 1939 le premier
RMVE, est envoyé en Algérie jusqu’en décembre 1940, puis démobilisé et
incorporé dans un GTE le 18 janvier 1941). Cf. Thèse de Laurence Prempain.
Hireck BARTDELBARTMAN
Né le 28-05-1901 ou 28-6 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> BART
WEL BÀRTMAN (Hirec) 28-6-01, Varsovie, 2' cl. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
Joseph BARTFELD
Né le 03-04-1902 à Briceni (Roumanix) Recrutemenx Chambéry (73) —>
BARTFELD (Joseph) 3-4-02, Brisini, 2'cl. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
Alfred BARTH
Né le 12-07-1890 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Desidero BARTHOLOME
Né le 11-02-1909 à Astudilla (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Wilem BARTL
Né le 14-03-1918 à Zemun (Yougoslavix) Recrutemenx SBC (75).
Marijan BARUN
Né le 02-02-1910 à Lusnic (Yougoslavix) Recrutemenx Camp du Barcarès (66).
Rodolph BARVIR
Né le 15-08-1911 à Renitz (Yougoslavix) Recrutemenx Marseille (13).
536
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Cepoo BARZILAI
Né le 14-03-1910 (Grècx) Recrutemenx SBC (75).
Garcia BASQUEZ
Né le 30-03-1913 à Lambesc (Espagnx) Recrutemenx Marseille (13).
== Léon BASSOFF
Né le 17-09-1914 à Paris (Seine) (France) (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle
3730. 3e sec. 10e Cie. Manquant le 13/6 (Doc Duvernay)
Louis BATA
Né le 19-04-1913 à Salauk (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Janos BATHKI
Né le 27-12-1908 à Senta (Yougoslavix) Recrutemenx Troyes (10).
Marcel BAUD
Né le 03-06-1912 à L'Isle (Suissx) Recrutemenx Périgueux (24).
?? BAUDELET
Sgt-Ch Comptable 9e Cie 3e bataillon ŸFDX
Odessa BAUM
Né le 29-05-1899 à Odessa (Russix) Recrutemenx SBC (75).
==Hermann BAUMANN ❤ G.R. 16 P 39561
Né 13.06.1912 à Mayence. (Allemagnx) Recrutemenx SBC (75) —> BAUMAN
(Armand) 13-6-12, Mayence, 2' cl. 21' R.I. Liste N 17. Déporté Libéréx..
Fritz BAYER
Né le 18-04-1900 à Landau (Allemagnx) Recrutemenx Caussade (81).
René BAZERQUE
Né le 02-02-1905 (Espagnx) Recrutemenx Lyon 69).
Vartanig BAZINADJEAN
Né le 01-05-1896 à Brousse (Arménie) (Russix) Recrutemenx Rodez (12).
Maurice Marcel BÉCAUD
Né le 20 5-1907 à Le Beugnon, Deux-Sèvres—> BÉCAUD (Maurice) ŸFDX 20-5-07,
Le Beugnon, lieutenant. 1er R.I.E. Of. VIA. Liste N 49 : 2e Cie 1er (Bat). Le journal
du 1er Bat mentionne pour le 13 juin à Sainte-Menehould que la section du
lieutenant Becaud envoyée à la sortie ouest de la ville est arrivée avec retard.
Sigismund BECK †d MPFXd
Né le 13-09-1901 à Bacsalmas (Hongrix) Recrutemenx SBC (75). Beck (Sigusmond)
né le 13/9/01 à Bacsalmas. Déporté convoi n° 34 le 18/09/1942 de Drancy à
Auschwitz. Dcd le 23/9/42 à Auschwitz. Déportés 1000. Gazés à l’arrivée 859.
Surviv 21.
Louis BECKER.
Né le 05-05-1906 à Landau (Allemagnx) Recrutemenx Strasbourg (67).
537
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

== Marcel BEDEZ
−>BEDEZ (Marcel) ŸFDX 24-5-10, Fraize, Vosges, serg. -c, 21' R.I. Sl. XI A. List 44.
Armand BEEGUIN
Né le 27-02-1914 à Villers (Belgiqux) Recrutemenx Laon (02).
Benno BEER
Né le 17-03-1910 à Berlin (Allemagnx) Recrutemenx SBC (75) —>BEER (Benno)
17-3-10, Berlin (Allemagne) 2'cl. 21' R. I. Liste N 17.
Abraham BEHAR
Né 17-03-1921à Wiesbaden (Allemagnx) Recrutemenx Clermont-Ferrand (63).
Salomon BEHAR
Né le 05-04-1897 à Edirn (ex Andrinople) (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Wassim BEHAR
Né le 15-03-1907 à Kivilav (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Joseph BEIGHELDDRUT
Né le 08-06-1907 à Leova (Roumanix) Recrutemenx Lille (59).
Antoine Henri BEILLE ❤ G.R. 16 P 43667

Antoine Henri Césaire Paul BEILLE né le 30.08.1917 Nissan-lez-Enserune Hérault


ŸFDX Aspirant C.A. 3 ; décédé à 90 ans le 13.1. 2007 (30 août 1917-13 0ctobre
2007). Incorporé conformément à son choix dans le 21e régiment de marche des
Volontaires étrangers, 3e bataillon C.A.3 il fut grièvement blessé le 27 mai 1940
dans les Ardennes. Il ne quitta l’hôpital militaire de Cahors qu’en juin 1941.
Appelé Nassin dans la résistance. Voir suite au chapitre IV
Jacques BEJA
Né le 27-06-1907 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Moszek BEKAS
Né le 1896 à Kolbiel (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Bermst BEKESI
Né le 08-02-1890 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Jean BEKESSY (Janos Bekessy HABE Hans Bekessy Janos)
Né le 12-02-1911 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 7185.La
biographie de Hans Habe écrite par lui-même en 1953-1954 pour les années
1911-1952 (printemps, été, automne) a une quatrième saison (1952-1977) on ne

538
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

pourrait guère l’appeler hiver, mais plutôt maturité, car mort à 66 ans, il n’a guère
eu en guise de vieillesse qu’une prolongation affairée de l’automne. Reprenons
donc sa biographie depuis le tout début hongrois. Janos Bekessy est né le 12
février 1911 à Budapest. Ses parents sont d’origine juive, mais se sont convertis
au christianisme à l’âge adulte; Habe est donc baptisé calviniste à la naissance...
Sa mère Bianca Marton et sa gouvernante Adele Bienert unilingue allemande lui
enseignent l Allemand et font de l’allemand sa première langue ; Adèle lui donne
l’amour de l’Art et de la Littérature.
Clandestinement par bateau vapeur sur le Danube la famille quitte Budapest
pour Vienne au printemps 1919 : en effet, lors de l’arrivée au pouvoir en Hongrie
de l’amiral Horthy, la terreur blanche a succédé alors à la terreur rouge des cent
jours de Bela Kún, Imre Békessy, qui avait dirigé la presse de Béla Kún, a été
brièvement emprisonné.
À Vienne, avec des fonds provenant des banquiers, Camillo Castiglioni et
Sigmund Bösel, Imre fonde avec succès trois journaux, Die Börse fondé au
printemps 1920 suivi en février 1923 par Die Stunde et le 6 novembre 1924 par
Die Bühne (La Scène). Imre Bekessy est de plus en plus controversé, car il utilise
le chantage (le revolver Békessy) et l’extorsion de fonds pour publier avec Die
Stunde une presse dite jaune.
En 1926, la rivalité entre Karl Kraus et Imre Bekessy a atteint un sommet, le
scandale d’extorsion est soulevé par Karl Kraus. Le « scandale Bekessy » dégénère.
Imre qui est en France où certains prétendent qu’il s’est réfugié vend ses journaux
viennois, fait une tentative de suicide et ne rentre pas â Vienne, mais il refera
carrière à Budapest. Habe n’en revient pas moins à Vienne habiter chez une tante
pour y faire ses études secondaires. Habe fait ses études secondaire^, au Franz-
Joseph-Gymnasium de Vienne entre 1921 et 1929 et ensuite un semestre à
Heidelberg en 1929 pour étudier le droit et l’allemand. Ses origines juives étant
dénoncées, il retourne à Vienne.
En 1927, Hans Habe a eu une liaison amoureuse avec Hilde Spiel rompue
l’année suivante ; mais ils resteront amis jusqu’en 1960, séparés pour des raisons
politiques elle en tirera son premier roman en 1933 : Kati auf der Brücke.
En 1930, Hans commence une carrière de journaliste au Wiener Sonn und
Montagszeitung d’Ernst Klebinder Il travaille aussi pour le Magyar Hirlap.
Lorsd’un reportage supposé pour le Reggeli Upság, journal de son père à
Budapest et Wiener Sonn und Montagszeitung auprès de Monseigneur Ignaz
Seipel (chancelier d’Autriche qui avait démissionné en 1929 pour raisons de
santé) Ernst Klebinder lui fait prendre le nom déguisé de Hans Habe, initiales de
Hans Békessy. Habe devient un journaliste réputé.
539
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Après une aventure de presque une année de 1930 à 1931 avec une certaine
Sonia, Habe épouse une camarade de jeunesse Margit Bloch début 1932 après
six mois de vie commune, mais le mariage n’est pas une réussite et s’étiole après
seulement quatre semaines.
Habe découvre que le vrai nom de famille d’Hitler est « Schicklgruber », un nom
juif, et le 8 avril 1932, une édition spéciale du Sonn und Montagszeitung publie la
nouvelle embarrassante pour les nazis. Habe entre en relation avec l’actrice Ali
Ghito durant l’hiver 1932-1933 alors qu’il travaille encore pour le Sonn und
Montagszeitung ainsi que pour les journaux de son père à Budapest. Les nazis
coupent alors toute liaison téléphonique ou autre entre Hans Habe et Ali Ghito.
Au printemps 1933, malgré le regard attentionné des nazis depuis sa
découverte du nom d‘origine d’Hitler, Habe travaille une courte période comme
directeur des journaux de la Heimwehr, milice austro-fasciste autrichienne alors
soutenue par Mussolini. Il démissionne de la direction de ces journaux et est alors
engagé par Wilhelm Berliner de la compagnie d’assurances Phoenix pour lui servir
de correspondant à la Société des Nations.
Courant 1933, à la bibliothèque de la Société des Nations, Hans Habe fait alors
connaissance d’Erika Levy, épouse divorcée du docteur Eric Mosse (1891-1963),
Docteur et auteur, membre d’une famille d’éditeurs reconnue. Eric Mosse écrivait
sous le pseudonyme de Peter Flamm. Après l’intermède suisse, il gagnera en
1933-1934 Paris puis New York avec sa deuxième femme, écrivaine, épousée en
1932 à Berlin, Marianne Deutschland née Marianne Dorothea Victoria
Schoenfeld (1910-1967). Ils eurent deux filles.
Début 1934, comprenant vite en quelques mois que Berliner oeuvre dans
l’espionnage et la concussion, Habe se choisit d’autres employeurs, dont le Neues
Wiener Journal (en février 1936, Berliner mourra d’une mastoïdite et le scandale
de la Phoenix éclatera).
En juin 1934, Habe divorce de Margit (Margit émigrera à Paris, mais mourra
dans un camp de concentration en 1942) et il épouse Erika.
En octobre 1934, par l’intermédiaire du père d’Erika, le Dr Walter Levy,
Président du cartel international Phoebus des lampes électriques et
précédemment directeur général de la compagnie allemande Osram, Habe prend
les commandes du journal viennois Der Morgen-Wiener Montagsblatt ; à vingt-
trois ans, il est alors le plus jeune chef éditeur d’Europe, mais la situation avait
beaucoup changé en Autriche.Dès 1935, il trouve Erika « insensible » et il fait alors
à vingt-quatre ans des « excursions dans l’amour imaginaire ».
Fin 1935, Habe doit renoncer à son journal tombé en faillite sous des pressions
politiques et il redevient correspondant de presse à la Société des Nations où il
540
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

côtoiera de nombreux responsables politiques. Il y sera correspondant pour le


Prager Tageblatt de 1935 à 1939. En 1936, il publie Drei über die Grenze, un
roman sur l’émigration allemande qui aura un grand succès.
Au milieu de l’année 1937, il trouve le véritable amour en rencontrant Wanda
Laparra. La liaison de Hans Habe et Wanda Laparra ne sera scellée que le 23
septembre 1938 lors d’une visite à deux au château de Coppet de Madame de
Staël (Wanda Laparra, 1911-2005, historienne et écrivaine a publié, 1986 et 1997,
« Vichy, la fin d’une époque. » 334 pages plus 16 pages de photos, dont 3 photos
de Hans Habe, dont 2, en Légionnaire.)
Le 12 mars 1938, l’Allemagne a annexé l’Autriche. Habe en Suisse est
maintenant un des premiers exilés du Reich allemandé.
En juillet 1938, Habe assiste à la conférence d’Évian sur les réfugiés, tenue du
6 au 16 juillet 1938 ; 32 nations convoquées par le président Roosevelt sont
incapables de trouver un refuge pour les persécutés d’Hitler. Les parents d’Habe
profitent de la conférence d’Évian pour quitter la Hongrie et s’installer en Suisse.
Habe passe l’été avec Erika à Beauvallon-sur-Mer, occupé à écrire son Deuxième
roman, Ein Zeit Bright zusammen (publié 1938 en Suisse) c’est une histoire
viennoise durant la période d’inflation des années 20. Walter Levy meurt fin
1938.
Début 1939, Habe écrit die Tödlicher Friede (le récit des évènements vécus à
Genève à la S.D.N. édité en 1939). En février 1939, il part pour Nice d’où il avise
Erika de son intention de divorcer. Wanda le rejoint à Nice et ils vont à Paris.
Au printemps 1939, Hans et Wanda quittent Paris et s’installent en Bretagne au
Pouldu jusqu’au début de l’été ; au Pouldu, Hans écrit Zu spät qui sort aussi dès
1939. Ce dernier livre était d’abord intitulé, siebzehn Tage (titre signifiant les seize
jours précédant la conférence de Munich du 29 septembre 1938) comme sa
traduction anglaise, mais l’imprimeur Suisse avait leurré l’Ambassade
d’Allemagne protestataire grâce à un hocus pocus alias arnaque, soit le simple
changement de titre. Il sera publié en 1976 en Allemagne sous le titre Staub in
september.
Au début de l’été 1939, Habe et Wanda passent une semaine à Paris et il se
porte Volontaire étranger. Il est inscrit le Volontaire étranger numéro 694 de la
Deuxième Guerre mondiale à « l’Association des Volontaires étrangers ». Il
portera finalement le numéro 2163 au 21e R.M.V.E. Hans retourne à Genève et y
retrouve Erika et ses parents. Il finit die Tödlicher Friede, le récit des évènements
vécus à Genève à la Société des Nations, livre édité en 1939, mais surtout il rejoint
vite Wanda à Sainte-Maxime sur la Côte d'Azur. Ses parents sont en vacances à
Sainte-Maxime.
541
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Le 23 août 1939, date du pacte germano-soviétique, Hans Habe raccompagne


ses parents à Genève. Il met ses papiers en ordre et envoie les épreuves de Die
Tödlicher Friede à Zurich et Londres.
Le 2 septembre 1939, Habe retrouve Wanda à Paris.
Le 18 octobre 1939, Habe se rapporte à la caserne de la porte de Clignancourt.
Il redevient Békessy. Ce sera le triste camp de Barcarès. Hans Békessy appartient
à la Compagnie de Commandement. Il séjourne au triste camp de Barcarès. Après
quelques semaines, il peut prendre une chambre au Lido avec Wanda.
Le 28 avril 1940 à l’aube le 21e R.M.V.E. quitte Barcarès sous un ciel pluvieux et
le 30 avril et le 1er mai, c’est l’embarquement dans un wagon à bestiaux.
Quand son train part de Perpignan, Hans Habe aperçoit pour la dernière fois
Wanda dans le train de passagers en attente de départ pour Biarritz. Le régiment
part pour rejoindre la 35e Division en Alsace. Il compte, à sa création, 2 800
hommes et se compose des unités régimentaires classiques : Un État-Major. Une
Compagnie de Commandement, Une Compagnie Hors Rang (Compagnie de
Pionniers) Une Compagnie régimentaire (Compagnie Régimentaire d’Engins).
Trois Bataillons d'infanterie. Probablement, le total pour les trois Bataillons était
aux alentours de 2 100 hommes. Les trois bataillons ont des armes pour
seulement 1 200 d’entre eux sur 2 000 ou plus. Le régiment appelé d’abord en
Alsace est transféré le 25 mai dans les Ardennes pour tenir le canal des Ardennes
du Chesne aux Petites-Armoises. Dans les Ardennes, le 21e R.M.V.E. est privé le 7
juin de sa Compagnie de Pionniers et le 9 juin il a déjà des pertes de 21 tués, 57
blessés et quelques disparus. Dans la nuit du 10 au 11 juin le 21e R.M.V.E. se
replie. La 35e Division d’Infanterie à laquelle il appartient se replie versSainte-
Menehould sur trois axes :
— Un : La Croix aux Bois-Sainte-Menehould (21e R.M.V.E.-601e B.D.A.C.-1er
groupe du 14e R.A.D.).
— Deux : La Harazée-La Chalade-Les Islettes (11e R.I.-214e R.A.D.-3e groupe du
14e R.A.D.-18e B.I.L.A. — Cie Pionniers).
— Trois : Varennes-Clermont (123e R.I.-2e groupe du 14e R.A.D.-B.D.A.C. du 14e)
BDAC bataillon divisionnaire antichar. R.M.V.E. = Régiment de Marche de
Volontaires étrangers. B.I.L.A. = bataillon d’infanterie légère d’Afrique.Affecté à la
Compagnie de Commandement où il commande les observateurs, Jean Békessy
oublié à son poste d’observation de Noirval avec deux de ses compagnons, Barati
et Malagrida, réussit à rejoindre l’arrière-garde du régiment à Monthois ; sa
Compagnie après un crochet inexplicable vers l’ouest atteint les environs de
Manre le soir du 11 et y passe la nuit.
Le 12 juin matin, ordre est donné de rejoindre à marche forcée Vienne-la-Ville
542
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

. De Manre à Sainte-Menehould, ce sera plus de 40 kilomètres de torture, car


le trajet sera fait en marchant sur la voie ferrée ! Habe et ses compagnons sont
sans nourriture depuis longtemps, sauf un repas gracieusement offert le 11 au
passage à niveau de Manre par les Joyeux du 18e B.I.L.A., sont dans un état
d’épuisement total à l’arrivée à Vienne-La-Ville.
À Vienne-La-Ville, le soir du 12 juin, c’est un défilé incessant de troupes
retraitant vers Sainte-Menehould. Au lieu du repos escompté, Hans Habe et ses
compagnons reçoivent alors ordre de se rendre immédiatement à Sainte-
Menehould en se débrouillant pour les moyens. Hans Habe effectue le trajet sur
un timon d’artillerie.
Le 13 juin, les trois bataillons subissent l’assaut ennemi à Sainte-Menehould
ville et alentours.
Le 14 juin, le lieutenant-colonel Paul Debuissy évalue à 400 hommes ses pertes
le 13 à Sainte-Menehould dont 100 tués. Le Général Decharme le démet et le
remplace par le Lieutenant-colonel Paul Martyn. Le 14 juin, l’essentiel des trains
des 3 bataillons est dit part mystérieusement pour quelque part entre Perpignan
et Montpellier. (Cela est faux : cf Charles Pold et Amédée Modéna).
Le 15 juin, le 21e R.M.V.E. est réduit à trois bataillons de 400 à 500 hommes au
lieu de 700 à 750 ; l’état-major, la Compagnie de Commandement et la
Compagnie Régimentaire d’Engins ont sans doute subi des coupes semblables :
La journée du 16 juin fut désastreuse pour la 35e Division ; elle fut déchiquetée
avec de nombreuses pertes en tués, blessés, prisonniers. Elle se retire au cours
de la nuit sur la forêt de Vaucouleurs. L‘écoulement devait s‘y faire par deux
itinéraires dits A et A bis.
L‘itinéraire A s‘engageait dans la forêt des Koeurs, empruntait la tranchée verte
conduisant à Courcelles-aux-Bois (à environ 15 kilomètres de Commercy) évitait
cette localité et contournait le bois de Belchêne par le nord pour rejoindre la
grande route Saint-Mihiel à Commercy à hauteur de Brassette sur la Meuse.
L‘itinéraire A bis longeait par l‘ouest le bois de Levoncourt et par Menil-aux-
Bois débouchait sur la grande route au sud de Sampigny. En fin de journée du 16,
ce dernier itinéraire, sous le feu de l‘ennemi ne fut plus utilisable pour une
colonne de quelque importance. Le 16 au soir, les débris de la 35e D.I. en retraite
vers la Meuse se trouvaient sur la route de Saint-Mihiel à Commercy.
La nuit du 16 au 17 juin matin, le 3e bataillon du 21e R.M.V.E. s’installa en tête
de pont la nuit du 16 jusqu’au 17 juin matin sur la hauteur à l’ouest de
Vaucouleurs. Sa mission était de faciliter l’écoulement des débris de la 35e D.I. qui
avait de nombreux disparus et qui devait traverser la Meuse, ce même 17 juin.
Harcelé durant la nuit, le 21e R.M.V.E. subit de lourdes pertes. Il se sortit
543
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

avec honneur de sa mission, mais il était exsangue comme toute la division bien
qu’il n’eût pas combattu depuis le 14.
Cependant, le 17 juin matin, il disposait encore selon Robert Dufourg de 1300
hommes répartis en 3 petits bataillons et le soir du 17, il avait rejoint la région
d’Allain-Colombey-les-Belles au sud de Toul.Le 21 juin, le 21e R.M.V.E est encerclé
avec toutes les unités du Nord-Est : 220 000 soldats français dans le très petit
triangle Sion, Toul, Colombey-lès-Belles.
Le 21 juin matin, alors que son bataillon est dans la région d’Allain, au sud de
Toul, ordre de mission est remis à Hans Békessy par le lieutenant Pierre Truffy en
présence du capitaine Guy Cohn, un héros de la Grande Guerre, de voir si par
Charmes le régiment ne pourrait pas gagner la Suisse. En vérité, le lieutenant
Truffy cherche à sauver Hans Habe menacé de mort par les nazis qui ont brûlé ses
livres lors de l’Anchluss du 13 mars 1938.
Le soir même du 21, le général Dubuisson avise ses commandants d’unité qu’il
a contacté l’ennemi en vue d’une reddition. La reddition est accomplie le 22 juin.
Malgré les marches pénibles, le 21e R.M.V.E. est toujours resté soudé jusqu’au
bout. Ses pertes sont estimées à 50 %, autant pour les gradés que pour la troupe.
Le maximum restant pouvait donc être de 1 250 ou moins.
Dans son récit Une captivité singulière à Metz, le baron de Rosen estime à au
moins 1 100 les Volontaires étrangers du 21e R.M.V.E. qui se trouvaient
prisonniers à Metz, ce qui corrobore assez bien l’état des « pertes » (tués, blessés,
disparus) du 21e. Après le 8 décembre, il ne restera à Metz qu’environ une
centaine de Légionnaires (cf. évasions du baron de Rosen, Boris Holban, etc., par
le réseau de sœur Hélène).
Pour sa part, envoyé le 21 juin en mission de reconnaissance vers Charmes, le
pays de Maurice Barrès, et la Suisse, Jean Békessy ne sera fait prisonnier avec son
compagnon de route le Polonais Alfred Dvonicky que le 23 juin aux environs de
Charmes et, caché sous un faux nom, il se retrouvera en captivité où il obtiendra
entre autres la position d’interprète.
Le 7 août 1940, Habe s’évade du Dulag de Dieuze, Dulag Duss, grâce à Amalie
Roquebrune Pfeiffer, tenancière d’un hôtel réquisitionné comme bordel par les
Allemands et situé dans le vieux quartier Saint-Sébastien de Nancy.
Le 14 août 1940, il franchit le Doubs à la nage pour atteindre la France non
occupée. Il ne peut faire que des visites clandestines en Suisse, le Dr Heinrich
Rothmund du département de la police Suisse pour les étrangers ne voulant pas
commencer une guerre avec le Reich allemand juste pour le salut d’un Hans Habe.
La France non occupée n’était guère sécuritaire : de fait le camp de Drancy allait
être ouvert le 21 mars 1941 et Vichy en trouvant les racines juives
544
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

de Hans Békessy, son véritable nom au 21e R.M.V.E. n’aurait pas hésité à le livrer
aux Allemands. Il fallait fuir, renoncer à Wanda.
Le 26 septembre 1940, grâce à la débrouillardise de son père et l’argent d’Erika,
Hans Habe accompagné d’Erika franchit la frontière espagnole en dandy en
voiture Talbot sport blanche, sous une fausse identité bolivienne (!). À Lisbonne,
Ninon Tallon, la nièce de l’ancien premier ministre Édouard Herriot lui révèle qu’il
est sur la liste des 180 écrivains de Roosevelt pour visas ’urgence comme d’autres
antinazis notoires. Erich Maria Remarque, ami de Habe, s’inspirera de cette
aventure dans son livre La Nuit de Lisbonne publié en 1962.
Le 3 décembre 1940, après treize jours de traversée à bord du S.S. Siboney,
Habe entre dans le port de New York. Premier prisonnier évadé parvenu aux
États-Unis, il écrit en peu de temps Ob tausend fallen dont la traduction anglaise,
Shall a Thousand Fall, publié en 1941 aux États-Unis obtient immédiatement un
immense succès (Édition allemande en Allemagne en 1946). Aux États-Unis
seulement paraîtront in fine 5 millions d’exemplaires. On en fait un film : la Croix
de Lorraine sorti en 1943 (The Cross of Lorraine !).
Dès 1940, les parents de Hans Habe le rejoignent aux États-Unis. Il rencontre
Eleanor Close Post, la deuxième fille de la richissime Marjorie Merriweather Post.
En janvier 1941, Habe divorce d’Erika Levy.
Le 22 avril 1942. Il épouse Eleonor. Hans Habe, conférencier pour l’armée
américaine, écrit en même temps son roman Kathrin oder der verlorene Frühling,
dont la version anglaise sort en 1943 aux U-S-A. Finalement, Hans Habe est enrôlé
en janvier 1943 et devient un « Ritchie boy » (services secrets, camp Ritchie au
Maryland). Il travaille comme officier de la propagande antinazie.
Autour du 22 mars 1943, Habe débarque en Afrique du Nord à Oran.
Passage d’Oran à Alger (interrogatoires de soldats de l’Afrikakorps). Liaison à Alger
avec madame Vera T*.
Le 10 juillet 1943, Habe débarque en Sicile (Opération Husky 9 juillet-17 août
1943)
Le 9 septembre 1943, il débarque en Italie. La nouvelle de la naissance de son
fils Antal Miklas de Békessy le rejoint en Italie début 1944. (Antal Miklas était né
alors que Habe était en Sicile, est décédé le 16 avril 2015). Habe remet
rapidement en fonction radio Naples). Nommé lieutenant, au printemps 1944,
après six mois d’un hiver rigoureux en Italie, il est de retour aux États-Unis dans
un camp, le Camp Sharpe, rapidement improvisé non loin du camp Ritchie. Il est
responsable de l’entraînement de nouveaux détachements pour la guerre
psychologique. Il formera là nombre des futurs journalistes de l’Allemagne.
Le 8 juin 1944, il débarque en Normandie. Il participe à la prise de Paris le 24
545
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

août 1944. Il remet en état radio Luxembourg le 24 octobre 1944. Pendant 7 mois,
il sera le responsable des émissions de cette radio de propagande américaine. Le
16 décembre 1944, au moment de l’offensive des Ardennes déclenchée par Hitler
le 16 décembre 1944, il se comporte brillamment pour sauver le poste de Radio
Luxembourg. Il est promu capitaine et reçoit la Croix de Guerre du Luxembourg.
Après la chute le 7 mai 1945 du Troisième Reich, Habe reçoit la tâche de fonder
et organiser les journaux démocratiques en zone américaine d’Allemagne ; il
fonde 18 journaux, dont le New Zeitung. Ses collaborateurs s’appelaient : Stefan
Heym (écrivain, scénariste) Conny Kellen (ex secrétaire de Thomas Mann), Hanus
Burger (directeur, réalisateur), Joseph Wechsberg (journaliste), Otto Brandstätter
(avocat), Max Kraus (étudiant), Walter Kohner (acteur), Benno Frank (ancien
acteur de Mayence), et Ernst Cramer, (plus tard directeur de la fondation Axel-
Springer), Klaus, Mann (écrivain), Oscar Seidlin, Hans Wallenberg (fils de l’ancien
B.Z., rédacteur en chef).
Le 30 juin 1945, veille du jour où les troupes américaines se retiraient de
Thuringe, il retrouve la trace d’Ali Ghito et une semaine après il la rencontre et
encore dix jours après, soit autour du 17 juillet 1945, il vit en appartement à Bad
Nauheim avec elle et sa fille Alke.
Sa relation avec le haut commandement américain est devenue difficile et, dès
janvier 1946, il envisage de donner Sa démission ; il se décrira dans cette situation
dans son roman Aftermath où il critique la femme américaine émancipée. Il gâte
Ali Ghito et sa fille Alke.
À la mi-mars 1946, il est démuni quand partant du Havre sur le transport de
troupes S.S. General Brooks, il retourne en Amérique avec l’intention de divorcer
d’Eleanor pour épouser Ali Ghito. Il démissionne du Neue Zeitung en avril 1946.
Il est devenu indécis, tente en vain de reconquérir Eleanor tout en rencontrant
Éloise Hardt et lui faisant des promesses tout en envoyant des cadeaux à Ali.
Constatant l’inanité de ses efforts de réconciliation avec Eleanor et comme ses
parents sont à Hollywood et son père mal en point, il loue à Hollywood une
maison petite, mais élégante, s’y installe avec Éloise Hardt et il écrit Aftermath,
livre publié aux États-Unis en 1947 avant de l’être en langue allemande en 1948
sous le titre Wohin wir gehören et où il célèbre la femme allemande au détriment
de l’Américaine.
En décembre 1946, c’est le divorce avec Eleanor, il revient en Europe et épouse,
malgré sa liaison avec Éloise Hardt, Ali Ghito le 30 décembre 1946. Ali Ghito, née
Adelheid Schnabel-Fürbringer a cinq ans de plus qu’Habe. Elle a déjà été mariée
deux fois, à l’architecte Schlag dont elle a eu une fille Alke en 1932 et brièvement
dans les années 40 au banquier Paul Schmidt-Branden. Durant la guerre, elle était
546
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

liée à un adjudant de l’entourage d’Hitler.Au printemps 1947, à nouveau ruiné


par son comportement flambeur extravagant, laissant Ali Ghito en Europe, Habe
repart seul en Amérique au printemps 1947 quittant Rotterdam avec 100 dollars
et il retourne encore à Hollywood où il se remet en ménage avec Éloise Hardt qui
lui pardonne. Il fait à Hollywood avec succès, mais ne se sent pas dans son
élément, et fin 1947, Éloise et Hans quittent l’Amérique pour Londres.
À Londres, Hans écrit alors une lettre à Ali pour lui demander le divorce. Après
Londres, c’est Saint-Moritz durant les Jeux olympiques d’hiver (30 janvier au 8
février 1948). Il commence alors son roman Wegs in Dunkel, qui raconte les
expériences d’un soldat noir après la défaite allemande, livre qui sortira la même
année. Habe voyage avec Éloise à Budapest où Imre le père de Hans retournera
bientôt malgré les avis contraires qu’Habe lui donne en le rencontrant à Genève.
Par sa demande de divorce, Habe déclenche la guerre avec Ali. Début 1948, Ali
refusant le divorce, Éloise et Hans retournent en Amérique. Ils s’installent à
Beverly Hills en banlieue d’Hollywood. Imre Békessy et son épouse ne sont plus
aux États-Unis, ils sont retournés en 1947 à Budapest malgré l’avis contraire de
Habe. — Ils se suicideront le 17 mars 1951 en Hongrie. Habe va à Mexico et
divorce « à la mexicaine » d’Ali Ghito et épouse immédiatement Éloise Hardt tout
en terminant Wegs in Dunkel, roman publié la même année.
Ali Ghito a quitté Zurich pour New York et accuse Habe de bigamie. La bataille
sera longue et le vrai divorce ne surviendra qu’en 1953.Dès août 1948, après
quelques mois de privations et d’anxiété, la situation s’améliore, Éloise et Hans
partent pour Rome : Wegs in Dunkel a attiré l’attention d’une compagnie
cinématographique Italienne et Hans a été engagé par Rudolf Maté, directeur de
la compagnie. En plus, sur le bateau Queen Mary sur le point de quitter New York,
Werner Friedmann, (1909-1969) journalite alemand, lui offre d’être éditeur en
chef du Münchner Illustrierte, mais c’est seulement un an plus tard, soit en août
1949, qu’il obtiendra son permis d’entrée en Allemagne. Rudolf Maté, (1898-
1964) producteur de cinéma polonais lui donne du pain et du travail durant six
mois à Rome.
En 1950, finalement, Habe prend la direction à Munich du Neue Münchner
Illustrierte. Naissance de Marina le 23 février 1951 à Munich et suicides des
parents de Hans Habe le 17 mars 1951 en Hongrie. Ali, revenue en Europe, est de
retour le 9 mars 1952 en Allemagne, harcèle Hans. Anxieux il démissionne du
Neue Münchner Illustrierte fin 1951. Habe est sur le point de quitter l’Allemagne,
quand on lui propose la direction de l’Echo der Woche. Il dirigera ce journal de
1951 à 1953. Il apprend vite que le journal est financé par les Américains. Le
travail de sape d’Ali s’intensifie.
547
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Le 26 avril 1952, Hans voit Ali Ghito portant une grande robe du soir à un défilé
de mode du couturier Jacques Fath. Elle lance bientôt son coup d’assommoir, des
tas d’informations sur Habe et son père. L’histoire du Fackel (Le Flambeau)
périodique de Karl Kraus qui écrivait en octobre 1925 à propos d’Imre Bekessy «
Hinaus aus Wien mit dem Schuft ! » (Chassez l’escroc de Vienne) trouve une
variante : « Chassez l’escroc d’Allemagne ! » : Habe poursuit le magazine Stern
pour la publication en juin 1952 de détails de sa vie privée fournis au journal par
Ali Ghito. Malgré le succès de l’Echo der Woche, Habe est licencié, au début de
l’été 1952, décision des Américains : le Haut Commissaire et chef de Presse de
John Jay McCloy, le lieutenant-colonel Shepard Stone n’était pas précisément un
ami d’Habe. Hans Habe avait publié dans l’Écho une série d’articles sur d’anciens
officiers S.S. qui avaient emménagé sans encombre en République fédérale
allemande. Ces évènements ont été peut-être l’élément qui a déclenché l’écriture
de la biographie d’Habe intitulée Ich stelle mich publiée en 1954.
De retour aux États-Unis, Habe arrive l’été 1952 au port de New York avec 20
dollars en poche et entreprend une désastreuse à Hollywood où il s’enfonce dans
les dettes. Les choses ne s’améliorent pas malgré la publication de deux romans
en allemand, Schwarze Erde, un roman paysan hongrois traitant de la tragédie du
kolkhoze et dont le héros est un communiste repenti qui devient un combattant
de la résistance contre le régime soviétique publié en 1952 et Unsere Liebes
affàre mit Deutschland, reportage politique sur l’Allemagne, publié aussi en 1952.
En 1952 et 1953, Habe écrit la rubrique Outside America du Los Angeles Daily
News. Enfin, la situation s’améliore, Habe est engagé au Daily News et peut
divorcer d’Ali.
Puis, en septembre 1953, le Daily News l’envoie en France. Sur le paquebot Île-
de-France, sa valise renferme la moitié d’Ich stelle mich. En 1953, Habe s’installe
avec Éloise Hardt à St Wolfgang am See en Autriche comme citoyen américain et
publie la version anglaise de Notre histoire d’amour avec l’Allemagne : Our Love
Affair with Germany (1953). Il rencontre Licci Balla (1915-1995) dès 1953 et avant
Noël 1954 ils se déclarent leur amour ; chanteuse comédienne hongroise, elle
avait immigré aux États-Unis, divorcé en 1938 du producteur de films Félix
Jackson (1902-1992) et était revenue en Europe.
En 1954, il publie Ich stelle mich. Habe épouse Licci le 5 avril 1955. Il vit avec
elle à Wolfgangsee jusqu’en 1960, date où ils déménagent en Suisse à Ascona
(trois kilomètres de Locarno) au Tessin. Il écrit des rubriques politiques surtout
dans les journaux de la maison d’édition Axel Springer et des romans tirés souvent
de ses expériences biographiques : ses talents d’écrivain étaient redevables à ses
talents de journaliste. Certains de ses romans comme Off Limits écrit à St-
548
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Wolfgang et publié en 1955, Zutritt verboten (entrée interdite en allemand) livre


basé sur ses activités de directeur de presse en zone occupée américaine de
l’Allemagne, Im Namen des Teufels (Au nom du diable) est publié en 1956.
Après All my sins en 1957, postface d’Ich stelle mich, Habe n’a pas poursuivi sa
biographie. Ilona est publié en 1960, la comtesse Tarnowska est publié en 1962
(1 million d’exem plaires vendus) Tod in Texas publié en 1964 quelques mois après
l’assassinat de Robert Kennedy. Il publiera la même année Gentleman of the jury
(Messieurs les Jurés) Die Mission (édité en 1965, où il décrit la conférence d’Évian
de juillet 1938) livres qui connaissent un succès international. Aussi en 1966, der
Kongress amüsiert sich (Congrês de Vienne en 1814.) Il a également écrit des
pièces radiophoniques et des scénarios.
Habe retournera au moins deux autres fois en Amérique, en 1963, année de
l’assassinat de John Kennedy (Tod in Texas re publié en fin 1968, année de
l’assassinat (29 décembre 1968) de sa fille Marina (par Tex Watson ?). Das Nertz
est publié en 1969.
À Ascona (Suisse) en 1960 où il est le voisin de Robert Neumann, il travaille là
en tant que journaliste à la pige et à des contrats d'exclusivité pour divers organes
de presse du groupe Springer, il vient souvent en conflit avec le groupe 47 et
d'autres écrivains allemands et remporte différentes procédures pour
diffamation de sa personne et de son père dont la mauvaise réputation le suit
comme un revolver. En se faisant appeler un « extrémiste du centre », il s’oppose
ouvertement aux auteurs de gauche et libéraux, comme il le fait dans le Welt am
Sonntag contre Max Frisch et Rolf Hochhuth.
En 1967, dans la campagne contre Axel Springer, il est à ses côtés. Dans la même
veine, il argumente contre l'avant-garde et le nouveau roman et le roman que l'on
appelle non figuratif. Tout au long de sa vie, il est resté un défenseur pugnace de
ses propres intérêts et opinions comme il le fit par exemple, dans les accusations
pour diffamation portées en 1972 contre Friedrich Dürrenmatt et contre Henri
Nannen.
En 1970, il fait un premier voyage en Israël, il en fera deux qui l’aideront à
concilier sa double identité juive et chrétienne. Et il publie en 1971 Wie ein David.
En 1976, il publie Mein Leben als journalist, ainsi que Palazzo, son dernier livre
publié de son vivant.
La vie sentimentale et pécuniaire d’Hans Habe a donc été très désordonnée,
avec notamment 6 mariages, et malgré ses succès de journaliste et d’écrivain, il a
souvent été proche de la misère. Sa vie sentimentale a sans doute pâti d’une
frénésie sexuelle responsable d’infidélités détruisant ses mariages. Sa vie
politique d’extrémiste du centre a sans doute été moins instable, avec comme
549
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

seuls écarts son aventure rocambolesque dans la presse austro-fasciste et sa


tolérance envers le passé d’Ali Ghito chez les nazis. C’est peut-être même cette
rigidité qui lui vaudra pour une bonne part, outre une galerie de nombreux
ennemis littéraires, des ennuis avec les Américains quand il dénigrera leur
tolérance envers les anciens nazis et les communistes.
Hans Habe décède le 29-9-1977 à Locarno à 66 ans de cancer ganglionnaire.
Licci Balla décède en 1995. Ali Ghito s’est éteinte le 29 avril 1983 au Nouveau-
Mexique.Eleanor Post est décédée le 27 novembre 2006 à son domicile parisien,
sun fils Antal Miklas Post De Bekessy est décéde le 16 avril 2015. Erika Lévy.?.
Eloise Hardt née en 1918 The actress lives in this retirement home called "Villa
Valencia". Elle a vendu ses Maisons à Beverly Hills ainsi que Palm Springs.
[2007]et déménagé dans une communauté de retraite à Laguna Woods,
Californie en 2016 et décéde le 25/6/2017. Née le 17 septembre 1917, elle aurait
épousé en 1971, soit 3 ans après le décès de Marina (1968), Walter Bendix (1919-
1976).
Josne BEKIER
Né le 03-05-1899 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Szyja BEKIER †d MPFXd
Né le 12-05-1911 à Swider (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Bekier (Szyja) né le
12/5/11 à Swidry, Pol. BEKIER Szyja né le 12/05/1911 à SWIDER déporté par le
convoi n° 4 le 25/06/1942 de Pithiviers à à Auschwitz. Dcd le 15/8/42. 999
déportés. 19 durvivants.
Frohim BELAKOWSK ou Philippe †d MPFXd
Né le 15-9-08 à Gorodiech (Russix) Recrutemenx Grenoble (38) > BÉLAKOVSKI
(Philippe) 15-9-08, Gorédich. Russie. 2e cl. 21e R.I. Liste N 17. Belakowski (Philippe)
né 16/9/08 à Cow-Kiev, Russie. Dcd 12/3/44 à Auschwitz
Antoine BELEC
Né le 17-01-1899 à Gor (Yougoslavix) Recrutemenx Thionville (57).
Nicolas BELIAJEVAS
Né le 10-04-1909 à Pedrograd (Russix) Recrutemenx Montauban (82) —>
BELIAJEVAS (Nicolas) 10-4-09, Petrograd, 2’ cl. 21' R.M. St. II A. Liste N 42.
==Pierre François BELISSENT
ŸFDX né à Morannes Maine et Loire le 19/8/1900. Lieutenant. Chef de section à
la C A 1, Il remplace le capitaine Modéna à la tête de la C.A.1 le 29 mai 1940.
Ilex Beller a écrit : « Le commandant de la C.A.1, la Compagnie de Srolek
Magalnik, était le lieutenant Bellissent, un homme cultivé et doux, qui aimait ses
soldats, lesquels l’adoraient. C’est un de ces Français pour qui les idéaux de la
grande Révolution française sont chose sacrée, un de ceux qui ont contribué dans
550
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

le monde entier à batir le renom de la France comme pays de justice et


d’humanité. Le Lieutenant Bellissent aimait beaucoup Srolek Magalnik, et lorsque
Srolek fut tué le 13 juin à Sainte-Menehould, il pleura à chaudes larmes. Dans la
première lettre de captivité qu’il écrivit à sa femme, il dit : — J’avais un ami très
cher, un Juif émigré de Bessarabie, il est tombé en héros. Je sais qu’il a une femme
et un enfant à Paris. Trouve-les et tâche de les aider. »
Sos BELLA
Né le 06-01-1897 à Briezy (Yougoslavix) Recrutemenx SBC (75).
Vittorio BELLASI
Né le 24-05-1903 à Agnon (Suissx) Recrutemenx Mâcon (71).
Menakem BELLO
Né le 05-12-1904 à Andrinople (Turquix) Recrutemenx Lyon 69).
Henri BELLON
Né le 02-07-1901 à Biere (Suissx) Recrutemenx Lyon (69) Détail engagé le
29/11/1939. Ne pac confondre avec —> BELLON (Henri) 13-8-18, Chambon-s.-
Lac, Puy de Dôme, 2' cl. 21’ R.I. Liste N 18.
Nicolas BELOOUSOFF
Né le 11-10-1890 à Moscou (Russix) Recrutemenx SBC (75) —> BELOOUSSOF
(Nicolas) 11-10-90, Moscou, Russie, 2e cl 1er B.E. Liste N 28.
Jean BELOOUSSOF
Né le 15-07-1894 à Goliuame (Russix) Recrutemenx Rodez (12).
José BELTRAN (José BELTRAN_PEREZ) †d MPFXd
Né le 06-11-1913 à Valencia (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66) —>BELTRAN
(José) 11-6-13, Valencia, 2’ cl. 21' R.I. Liste N 23. Décédé le 20/12/1941 à Gusen
(Autriche)
==Israel BELZATZKI
Né le 02-08-1917 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).1er RMVE. Déporté
à Dachau Mle 137916 BELZACKI Israël né le 02/08/1917 à Warschau, Parcours
Wien, Dachau. §d Libéréx le 29/04/1945.
Machem BEM †d MPFXd
Né le 05-05-1897 à Brzeziny (Polognx) Recrutemenx SBC (75). BEM Machem né le
05/05/1897 déporté par le convoi n° 70 le 27/03/1944 de Drancy à Auschwitz.
1000 déportés, 125 survivants en 1945.
Moise BEMISSILIO.
Né le 04-08-1915 (Grècx) Recrutemenx SBC (75).
BENAC François Joseph †g MPFXg
ŸFDX né le 15-9-1899 à Fousseret Haute Garonne, Capitaine de la 3e Compagnie
du premier bataillon. Gravement blessé à la hanche le 14 juin à Sainte-Menehould
551
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

(La Croix aux Bois) il est laissé aux mains de l’ennemi, légèrement blessé, de
passage à l'hôpital de BASTOGNE. Y est-il décédé (pas de traces dans les listes de
prisonniers ni de décès) ? Conjointe Andrée, Louise DEFFES?
Déclaration du Lieutenant Nicolas Obolenski :
Le prince Nicolas Obolenski Sous-lieutenant de réserve du 21e régiment de
marche des Volontaires étrangers À Monsieur le Colonel Laffargue Directeur de
l’infanterie Ministère de la guerre Royat (Puy de Dôme). J’ai l’honneur de
soumettre à votre attention la conduite au feu du capitaine Benac commandant
la 3e Compagnie du 21e Régiment de Marche des Volontaires Étrangers sous les
ordres duquel j’ai eu l’honneur de servir.
Dès le début du régiment en ligne, le capitaine Benac a constamment payé
d’exemple, mais dès le 10 juin, nous comprîmes qu’il avait fait par avance le
sacrifice de sa personne au sentiment du devoir.
Le 13 juin, la 3e Compagnie avait reçu l’ordre de former un point d’appui au
village de la Grange-aux-Bois et d’y résister sur place en cas d’attaque ennemie
jusqu’à minuit couvrant ainsi le repli du 1er bataillon du 21e régiment de marche
des Volontaires étrangers, qui lui-même avait pour mission de protéger le repli
de la 35e Division, puis à 0 heure de tenter de décrocher.
Les ordres du capitaine Benac étaient les suivants : 1er groupe commandé par
le sous-officier adjoint, 2e groupe commandé par le chef de section, 3e groupe
commandé par le capitaine Benac.
Conformément, la section de jour, après avoir constaté le décrochage des 3
autres sections de la Compagnie, décrochera par groupe dans l’ordre : 1 —
groupe commandé par le sous-officier adjoint ; 2— groupe commandé par le chef
de section ; 3— groupe commandé par le capitaine Benac.
Conformément aux ordres reçus, la Troisième Compagnie qui n’a pas été
attaquée ce jour-là par l’ennemi a décroché à 0 heure.
Le 14 juin matin, le 1er bataillon du 21e R.M.V.E. avait commencé à évacuer la
position qu’il occupait depuis la veille au soir de part et d’autre de la route de
Sainte-Menehould à La-Grange-aux-Bois. Cette position étant tournée par les
Allemands ne présentant pas par ailleurs de possibilité de résistance, le capitaine
Benac, réunissant deux ou trois fusils-mitrailleurs de sa Compagnie qui se repliait
la dernière, les établit devant l’entrée du village de chaque côté de la route. Le
capitaine Benac se tenait du côté gauche de la route, face à Sainte-Menehould
avec le fusil-mitrailleur servi par le volontaire Koudriavzeff. Avec le plus grand
calme, bien que survolé par un avion ennemi tirant à la mitrailleuse, le capitaine
Benac remplissait les chargeurs vides. Des ennemis débouchant des bois à 199
mètres du village, furent arrêtés par le feu du fusil-mitrailleur de Koudriavzeff
552
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

jusqu’à ce que, manquant de munitions, le capitaine Benac ait donné au tireur


l’ordre de se replier, lui-même continuant à faire le coup de feu avec un fusil 7-
15. C’est alors qu’il fut blessé à la hanche et par la suite fait prisonnier. J’ai cru de
mon devoir d’officier français de vous rendre compte de ce qui précède. Je suis à
ma connaissance le seul officier du 21e régiment de marche des Volontaires
étrangers qui ait été libéré pour blessures.
Il importe donc, puisque je suis le premier à pouvoir le faire, que je porte à
votre connaissance l’attitude du capitaine Benac qui, constamment près de ses
hommes partageant avec eux les dangers et les fatigues, servant à tous de vivant
exemple de l’accomplissement du devoir a été blessé, les armes à la main alors
qu’avec des moyens nettement insuffisants (le fusil-mitrailleur de Koudriavzeff
disposait de 11 chargeurs).
Marcel BENBASSAT
Né le 08-06-1914 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75) Mle 3893. —
>BENBASSAT (Marcel) Istamboul, Turquie, cap. 21e R.I. Liste N 17.
Albert BENDAVID †d MPFXd
Né le 06-04-1906 (Grècx) Recrutemenx SBC (75). Monsieur BENDAVID Albert
né(e) le 16/04/1906 à SALONIQUE déporté par le convoi n° 36 le 23/09/1942 de
Drancy à Auschwitz. DCD 28/9/42. Déport- 1006. Gazés à l’ar 475. Survivants 26.
Maïr BENDAVID
Né le 17-06-1902 (Grècx) Recrutemenx SBC (75).
Maurice BENDAVID
Né le 16-05-1912 (Grècx) Recrutemenx SBC (75).
Josek BENDER †d MPFXd
Né le 30-01-1901 à Louvicz (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Bender (Josek,
Chaïm) né 30/1/01 à Lowicz Pologne. BENDER Chaim né le 30/01/1901 à LOWIC
déporté par le convoi n° 4 le 25/06/1942 de Pithiviers à Auschwitz. Dcd 30/6/42
Déportés 999. Survivants 51.
Samuel BENDJOIA
Né le 01-09-1915 à Megnesie (Turquix) Recrutemenx SBC (75) —> BENDJOUA
(Sami) 1-8-15, Magnésie, Turquie 2e cl. Liste N 17.
Haim BENIACAR
Né le 16-01-1907 à Aïdïn (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Wolf BENKIEWICZ
Né le 09-05-1898 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Jean BENKO
Né le 13-07-1900 à Szendre (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Maurice BENNSIGLIO
553
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 22-12-1910 à Salonique (Polognx) Recrutemenx SBC (75).


Samuel BENNSIGLIO
Né le 20-10-1919 à Salonique (Polognx) Recrutemenx Marseille (13).
André BENOIT❤. G.R. 16 P 47808
—>BENOIT (André) ŸFDX 16-10-09, Ouges (C. d'Or) serg. 21' R. I. V. E. List 17.
Moïse BENONSILIO
Né le 04-08-1915 (Grècx) Recrutemenx SBC (75) —> BENOUSILIO (Maurice) 4-8-
15, Salonique, 2 cl. 21' R. I. Liste N17. Naturalisé N.V. avril 1947.
Jacques BENSASSON
Né le 01-11-1909 à Brousse (Turquix) Recrutemenx SBC (75) Mle 2895.
David BENSIGNOZ
Né le 19-12-1916 à Salonique ou Aïdin (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Avram BENSIYON
Né le 1896 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Raphaël BENVENISTE
Né le 25-08-1907 (Grècx) Recrutemenx Clignancourt (Paris - 75). —> BENVENISTE
(Raphaël) 25-8-07, Salonique, sergent. 21' R I. Liste N 17. Cité livre de De Rosen :
« Tout le bloc B de Queuleu part demain (9 décembre 940) en Allemagne. J’y
perds de bons camarades : Daura, Gurvit, Benveniste, Rodriguez… Du 21e, il ne
reste plus à Saint Julien que 200 éléments environ… »
Louis BENZ
Né le 05-12-1896 à Montevideo (Uruguax) Recrutemenx SBC (75).
Marino BEORLEGUI
Né le 28-08-1918 à Castiliscar (Espagnx) Recrutemenx Mont-de-Marsan (40).
Serge BERBEROFF
Né le 03-01-1903 à Rostou (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Samuel BERCHOLC
Né le 28-08-1909 à Briencioug (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —>
BERCHOLC(Sam) 28-8-09, Brzeziny, 2' cl. 21' R. M. Liste N 17.
BERCHON DES ESSARTS Louis Paul Fernand †g MPFXg
ŸFDX né le 24-08-1912 à Bellac (Haute Vienne) (87 - Haute-Vienne, France)
Sergent-chef — Tué le 13/06/1940 à Sainte-Menehould, 51 - Marne, France 1939-
1945 — 58 — Nevers -Monument aux Morts.
Avram BERCOVICI
Né le 13-07-1905 à Jony (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
Epaïm BERCOVICI †d MPFXd
Né le 20-06-1896 à Bucarest (Roumanix) Recrutemenx SBC (75). BERCOVICI
Efraim né le 20/06/1896 à BUCAREST déporté par le convoi n° 38 le 28/09/1942
554
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

de Drancy à Auschwitz. DCD 14/2/43.. 904 déportés, 18 survivants.


Elie BERCOVITZ
Né le 26-09-1908 à Liège (Belgique) (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
Henri BERCOVITZ
Né le 25-09-1897 à Zamarine (Palestinx) Recrutemenx SBC (75).
Jacques BERCOVITZ
Né le 10-05-1906 à Alexandrie (Égyptx) Recrutemenx Versailles (78) —>
BERCOVITZ (Jacques.) 22-4-06, Alexandrie, 2’ cl. 21’ R.M.V.E. Liste N° 11.
« … Bercovitz, le petit mécanicien auto de Paris, me cria quelque chose. Je ne
pouvais l’entendre au milieu du bruit infernal. Son crâne nu brillait au milieu des
arbres. Il avait posé son casque sur le bas de son ventre. À la fin, je saisis ses
paroles :
— C’est plus important pour moi que ma tête.
Le capitaine lui cria quelque chose, mais Bercovitz l’ignora comme s’il
n’entendait pas. Il pressa son casque encore plus fort sur son ventre…
Le premier homme que nous rencontrâmes fut l’adjudant Lesfauries couché
dans un trou d’obus à côté du petit Bercovitz. Lequel tenait comme à son
habitude son casque sur son ventre… » (Hans Habe).
Joncu BERCOVSKY
Né le 08-08-1889 à Galatz (Roumanix) Recrutemenx Auxerre (89).
Ber BERCOWITCH ou Bernard BERCOWITCH †p
Né le 24-05-1904 à Daugavpils (Lettonix), 1re Cie, recrutemenx SBC (75) mort le 7-
1-44 à Kozle ex Cosel, Pologne. Cimetière militaire de Gdansk.MPFXp
Samuel BERCU
Né le 12-01-1911 à Bucarest (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
==Antonio BERDUGO
Né le 01-05-1908 à Castiléjava (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Azmul BERENBLIT
Né le 28-02-1897 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Sabino BERGASA
Né le 11-07-1905 à Bilbao (Espagnx) Recrutemenx Nice (06) —>BERGASA (Sabins)
11-7-03, Bilbao (Espagne) 2’ cl. 21' RI. Liste N 17.
« Bergasa, homme du monde professionnel dans un grand hôtel du Cap Ferrat,
professeur de tennis, merveilleux pianiste, entraîneur dans les “parties”… » (De
Rosen).
Estrado BERGER†d MPFXd
Né le 05-02-1907 à Barcelone (Espagnx) Recrutemenx SBC (75). Berges-Estrada
né le 8 février 1907 à Barcelonne, Espagne, DCD à Gusen, Autriche le 10 avril
555
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

1942.
François BERGER
Né le 08-02-1906 à Crauthem (Luxembourx) Recrutemenx Dijon (21).
Hermann BERGER
Né le 11-07-1896 à Tarnow (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Micha Mikai BERGER
Né le 19-03-1908 à Dradia (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> BERGER
(Michel) 19-3-08, Paris, 2e cl. 21e R.I. ST. I A Liste N 63.
Samuel BERGER
Né le 30-09-1918 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Leyb BERGMANN
Né le 15-12-1905 à Radyzmin (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Hilario BERGUIS ou BERGUIO
Né le 11-08-1915 à El Miron (Espagnx) Recrutemenx Bordeaux (33) Lettre de
Henri Berguio à la Tramontane le 14 avril 1946…
Majer BERKOWICZ†d MPFXd
Né le 04-05-1901 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). BERKOWICZ Majer
né le 04/05/1901 à VARSOVIE déporté par le convoi n° 32 le 14/09/1942 à
Auschwitz. DCD 19/9/43 1003 déportés, 45 survivants en 1945.
Rywen BERKOWICZ ou Riven ou Rynela †d MPFXd
Né le 22-02-1903 à Jannustra (Polognx) Recrutemenx SBC (75). BERKOWICZ
Rynela né le 22/02/1903 à ZANISKA déporté par le convoi n° 3 le 22/06/1942 de
Drancy à Auschwitz, DCD le27/6/42. 1000 déportés, 24 survivants.
Ber BERKOWITCH (ou Bernard Berkowitsch) †p
Né le 02 ou 24-05-1904 à Daugaspils (LettoniX) Recrutemenx SBC (75) MPFXp le
07-01-1944 (Kozle ex Cosel - hôpital complémentaire) (Allemagne) 1939-1945
9122 – Gdansk — Cimetière militaire 1939-1945.
==Georges BERLET
—>BERLET (Georges) ŸFDX 24-3-98, Bressuire, Deux Sèvres, capitaine, 21'
R.M.V.E..Liste N 22 Commandait la C.R.E. Voir A Thousand Shall Fall: (Hans Habe)
« … Un autre officier de notre régiment apparut, venant comme de nulle part.
Le capitaine Berlet avait perdu dans Belleville la moitié des effectifs de sa
Compagnie, la C.R.E. ou Compagnie Régimentaire d’Engins, la Compagnie de
mortiers et d’antichars, et il essayait de les retrouver. Le capitaine Berlet était un
charmant gentilhomme originaire des Deux-Sèvres. Il avait toujours les poches
remplies d’excellents bonbons liqueur provenant de Bressuire, sa ville natale. Il
était percepteur des impôts dans la vie civile, et c’est peut-être pourquoi il se
tenait toujours à côté du lieutenant Pecquereaux, notaire de son état comme
556
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

disent les Français mettant une séparation franche entre la guerre et la vie.
Maintenant, le percepteur et le notaire sur la grande rue de Belleville étaient à la
recherche de leur Compagnie. Ils auraient bien aimé trouver eux aussi le capitaine
Billerot pour en tirer quelques renseignements… »
Julian BERNAL
Né le 21-02-1910 à Saragosse (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
==Alexis BERNARD
Né le 25-11-1907 à L'Isle (Suissx) Recrutemenx SBC (75)
Maurice BERNARD
—>BERNARD (Maurice) ŸFDX 21-4-11, Roubaix., Serg. 21' R.M.V.E. 204. Liste N 55.
Mobilisé le 3 septembre 1939 au centre mobilisateur de Saverne. Affecté en
février 1940 au 21e R.M.V.E. en formation à Barcarès, fait prisonnier le 13 juin
1940 à Sainte-Menehould. Camps de Sainte-Menehould, Péronne - commando
de Bossu et Marcelcave dans la Somme. Frontstalag 204. Transféré à la citadelle
d'Amiens le 5 mai 1941 pour être dirigé sur l'Allemagne. Mis en congé de captivité
le 23 mai 1941 en qualité de cultivateur grâce à un certificat falsifié. Rentre à
Paris.
Joseph BERNARDINO
Né le 07-03-1914 à Santo André (Portugax) Recrutemenx Lyon 69).
==Chaim BERNBAUM
Né le 27-03-1919 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx Reuilly (Paris - 75).
—>BERNBAUM (Chaïm) 27-3-19, Brzégyni (Pologne) 2’ cl. 21’ R.M.V.E. Liste N 11.
Journal officiel de la République française — Page 278 France — 1947 — ...
BERNBAUM (Chaim-Nusen) tailleur, né le 27 mars 1919 À Brzering (Pologne) ayant
deux enfants mineurs : 1. Rachel, Paris — 2. Fe' rnan le-Louise...
Jsaac BERNER†d MPFXd
Né le 11-11-1898 à Dubiecko (Polognx) Recrutemenx SBC (75. Déporté Convoi 11,
Train D 901-6 de Drancy, à Auschwitz le 27/07/1942. 1000 déportés,12 survivants
à la Libération.
Simon BERNSTEIN
Né le 12-10-1898 à Boryslaw (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
BERVE ou BERVÉ
Capitaine du 3e Bon le 22 octobre 1939, remplacé par Poulain. ŸFDX.
Anibal BESEIGA
Né le 02-06-1907 à Faro (Portugax) Recrutemenx SBC (75) Mle 2852 —> BEXIGA
(Anibal) 2-6-07, Faro (Port.) 2’ cl. 21' R.M.V.E. St. XI A. Liste N 44.
Michel BESLUDNY
Né le 04-09-1902 à Saragosse (Russix) Recrutemenx Versailles (78).
557
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

==BEUREDGIAN
Liste des rapatriés Tramontane Arménie = (Russix) Recrutemenx i.
Scher BEUZEL
Né le 29-07-1898 à Sikel (Russix) Recrutemenx Auxerre (89).
Aron BIALEZ ou BIALER ou BIALEK †d MPFXd
Né le 21-01-1893 à Glovno (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Bialek (Jacob Aron)
né le 21-12-93 à Glovno (Pol.) Dcd le 12 oct 42 à Auchwitz (Pol).
Roman BIALKO
Né le 06-08-1897 à Kliesko (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Stefan BIATAS
Né le 25-08-1904 à Buk (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Jean BIBILONI
Né le 14-03-1911 à Sancillas (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Serge BICENKO
Né le 05-05-1912 à Roston sur Don (Russix) Recrutemenx SBC (75) Mat. 5654 —>
BICENKO (Serge) 5-5-12, Rostov-s.-Don (Russie) sergent, 21' R.M. Liste N 17. De
Rosen dit de ce membre (mandoline) du Jazz Queuleu : « … Bicenko comme tout
légionnaire a eu des aventures… » Et plus loin : « Bicenko, dans son réduit,
confectionne des couteaux pour sa danse Tcherkesse. »
Sami BIDJARANO
Né le 15-5-09 à Silven (Bulgarix) Recrutemenx SBC (75) Mle 2934 2e cl, 21e R.I.—
> BIDJARANO (Slami) 15-5-09, Sliven (Bulgarie) 2e cl. 21e R.I Liste N 17.
Bicolas BIELIG
Né le 02-03-1908 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 7009 —>
BIELIG (Nicolas) 2-3-08, Budapest (Hongrie) 2’ cl. 21’ R.I.V.E. St. XI A. List N 44.
Domingo BIELSA (Dominique alias Toto) ❤ GR 16 P 58998
BIELSA, Dominique 04.08.1908 Alcorisa Espagne. Né le 04-08-1908 à Alcoriza
(Polognx) Recrutemenx Albi (81).
Bernard BIENSTOCK
Né le 17-09-1909 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 1820 —>
BIENSTOCK (Bernard) 17-9-09, Budapest, 2e cl. 21e R.I. Liste N 17.
BIESVILLE Georges RAVEL de BIESVILLE ❤ G.R. 16 P 501042
Né le 15.10.1896 à Angers Maine-et-Loire France Georges RAVEL alias
Commandant Georges ŸFDX Baron Georges Ravel de Biesville : 3e Bataillon du 21e
R.M.V.E. BIESVILLE (Georges Ravel de) ; 15-10-98, Angers, capitaine 21e R.I.E.
Of.VI A : Liste N 50 Commande la 11e Cie, puis à compter du 17 juin le 3e bataillon.
Cité par Léon de Rosen.
Déportation de Ravel de Biesville Georges né le 15/10/1898 à Angers (49) —
558
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

France mle : 54009. Avant la déportation lieu de résidence : Lugrin (74) — France.
Profession : officier, chef de bataillon d'infanterie déportation lieu de départ :
Compiègne, le 22/01/1944 déportation : Buchenwald, le 24/01/1944
déportation : Mauthausen, le 25/02/1944 les déportés de l'opération
Meerschaum les déportés arrivés de Buchenwald le 25 février 1944. Parcours au
sein du complexe concentrationnaire : affectation au camp central et
kommandos extérieurs affectation : Steyr, le 08/03/1944. Affectation : camp
central, le 16/05/1944 libération et rapatriement lieu de libération :
Mauthausen, §d Libéréx le 05/05/1945.
Pau, 22 janvier 1958 : La cour de Pau a relaxé tous les prévenus.
. - La cour d'appel de Pau a rendu son arrêt dans l'affaire des pensions de
Bayonne, pour laquelle avaient été cités il y a un mois le docteur Birade, médecin-
chef du centre de réforme de Bayonne ; le docteur Ferdières, médecin expert de
cette ville, et neuf pensionnés. L'accusation reprochait aux médecins des
expertises de complaisance et aux pensionnés d'avoir de ce fait bénéficié d'une
majoration abusive du taux de leurs pensions.
La cour a prononcé une relaxe générale. Dans la première affaire, le tribunal
correctionnel de Bayonne avait condamné un pensionné, M. Ravel, se faisant
appeler de Biesville, et se parant du titre de colonel, à huit mois de prison et 100
000 francs d'amende pour escroqueries. Le docteur Birade, accusé de délivrance
de faux certificats, avait été, lui aussi, condamné à six mois de prison avec sursis
et en outre à cinq ans d'interdiction de la fonction d'expert. Dans ses attendus la
cour a estimé qu'elle n'avait pas à connaître si Ravel a usurpé un nom ou un
grade, et qu'il est seulement reproché au prévenu de s'être fait attribuer par de
faux certificats de résistant déporté une pension militaire à laquelle il n'avait pas
droit. La cour observe que le principe du droit à pension était acquis à Ravel dès
1947, que toutes ses pièces portaient la mention " résistant ", et que c'est à ce
titre que cette pension lui a été servie. D'ailleurs, ce n'est pas le droit à pension
qui est en cause, mais le taux de celle-ci, et ce taux ne peut dépendre de la qualité
de résistant, mais de l'état physique. La cour a également estimé que le docteur
Birade n'a pas souscrit à une mesure abusive, puisque Ravel s'était vu accorder
quelques mois auparavant le même bénéfice par le tribunal des pensions de
Nîmes, et que la commission spéciale départementale avait maintenu le taux que
le docteur Birade avait proposé.
Au docteur Ferdières il était reproché certaines surestimations des taux
d'invalidité, et aussi d'avoir accepté d'examiner comme expert des clients
personnels, puis d'avoir recruté une certaine clientèle chez des pensionnés
expertisés par lui. La cour estime que, si le fait d'avoir recruté de la sorte une
559
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

clientèle est une faute évidente contre le code de déontologie, il ne revêt à priori
rien de répréhensible dès lors qu'il n'est pas établi que ce choix des malades a
été le paiement d'une complaisance.
En ce qui concerne certaines surestimations du docteur Ferdières, la cour a jugé
que celui-ci a pu parfois agir avec légèreté et que, devant une surestimation trop
fréquente des taux d'invalidité, le lieutenant-colonel Lartigue, dont l'enquête fut
à l'origine de la découverte de l'affaire, a pu s'émouvoir à juste titre, mais qu'il
convient de laisser aux autorités compétentes le soin de prendre sur le plan
administratif ou professionnel les mesures qu'elles jugeraient nécessaires.
Claude BIGELAJZEN †d MPFXd
Né le 28-07-1910 à Lask (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3651 —>
BIGELAJZEN (Claude) Lask, Dordogne, Sergent Liste N17. Déporté par le Convoi
73 de Drancy, Reval, Harjumaa, Estonie le 15/05/1944. Déporté par le convoi
parti de Compiègne le 21 mai 1944 Mle 30732 BIGELEISEN Dcd à Wöbelin le
23/04/1945. 878 déportés, 16 survivants en 1945.
==BIGOT Henri
ŸFDX Capitaine adjoint-major 1er bataillon. —> BIGOT (Henri) 8-9-94, Guîtres,
capitaine, 21' RI. Oflag VI A. Liste N 50 : Malade le 24 mai> hôpital Commercy
Capitaine adjoint-major. Henri Bigot, et remplacé temporairement par le
capitaine Gaillard. Revenu le 31 mai. Re-malade le 21/6 juin, évacué sur Crepey.
Kuia BILAWSKI †d MPFXd
Né le 12-12-1892 à Kutuo (Polognx) Recrutemenx SBC (75). BILAWSKI Kiwa né le
12/11/1892 à KUTNO déporté convoi n° 66 le 20/01/1944 de Drancy à Auschwitz
Déportés 1006. Gazés à l’arriv 475. Survivants 26.
Candido BILIANO
Né le 21-10-17, Madrid Espagnx Recrutement Perpignan (66).
Léon BILLER †d MPFXd
Né le 15-05-1903 à Uséne Zielone ou Uscie-Zielme (Polognx) Recrutemenx SBC
(75) C.A. 1.... BILLER Leiba né le 15/05/1903 à USCIE ZIELOUE déporté) par le
convoi n° 2 le 05/06/1942 de Compiègne à Auschwitz. Décédé le 16/9/42 à
Auschwitz. 1000 déportés, 41 survivants.
==BIRKIS ou BILKIS
(IDTMx) Recrutemenx i. Selon Hans Habe, il aurait vécu à Paris et parlait le
langage des apaches.
BILLEROT (Paul)
—>ŸFDX 18-1-90, Vasles, 2 Sèvres, capitaine, 21' R.M.V.E. Stalag VI A. Liste N° 48.
Il commandait la Compagnie de Commandement. Extraits d’A Thousand Shall Fall
(S’il en tombe mille) : « Le commandant de ma Compagnie, le capitaine Billerot,
560
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

un soldat de métier avait été lieutenant durant la Grande Guerre, mais à plus de
cinquante ans il n’était encore que capitaine. C’était un homme austère et froid
et la mauvaise humeur gravée sur le visage. Il n’avait reçu le commandement de
notre Compagnie que depuis peu de semaines et il ne connaissait guère par leurs
noms que quelques-uns d’entre nous… le capitaine Billerot qui pendant de
nombreuses années de sa carrière n’avait été qu’une sorte de magasinier dans
une usine lyonnaise d’armement et qui n’avait jamais manifesté de désir pour un
commandement actif… »
« … Un après-midi pluvieux, nous stationnâmes dans le cimetière militaire de
Verdun. Il pleuvait depuis deux jours (23 mai à Érize-la-Petite ?)
— Volontaires ! Nous montons au feu. Nous sommes dans une région que je
connais comme le creux de ma main. C’est ici que j’ai participé à la Grande
Guerre. Non loin d’ici, j’ai perdu soixante-cinq pour cent de ma Compagnie. Les
obus sifflaient de toute part. Il fit une imitation du souffle et des sifflements et
s’attarda quelque temps sur l’évocation tandis que la pluie nous inondait.
Aussitôt que nous atteindrons les avant-lignes, chacun d’entre nous devra se
dire : maintenant, ma vie ne vaut pas un sou. Celui qui en réchappera devra dire
comme à l’autre guerre qu’il a été chanceux. Suivaient d’autres exemples où il
avait perdu soixante-cinq pour cent de sa Compagnie. Aussi, ai-je un mot
important à vous dire. Nous écoutâmes fébrilement. Nous attendions tous une
révélation de la bouche du vieux guerrier : —Volontaires ! Quoi qu’il arrive, vous
devez ramener le matériel qui vous a été confié. Quiconque reviendra sans son
fusil entendra parler de moi. Si un camarade tombe à côté de vous, vous ne devez
pas vous en occuper. C’est votre devoir de sauver d’abord les armes. Moi… »
« … À très peu de distance de Châtillon, un petit bois bordait la route. Toujours
en tête de la colonne, le capitaine Billerot courut s’y cacher et nous signala de le
suivre… on pouvait supputer que les batteries allemandes nes’abaisseraient pas
à tirer sur deux misérables Compagnies pour n’y abattre que quelques soldats. Il
n’était même pas certain que les mouchards aient jusque-là avisé leur Division
de notre présence. Mais à la Grande Guerre, le capitaine Billerot n’avait jamais
eu affaire aux “pigeons à merde”.
Il s’était imaginé que continuer notre progression sous leur surveillance était
impensable, c’était trop de responsabilités et il avait décidé que nous devions
nous faire oublier. Quelle allait être la conséquence de cette décision ne tarda
pas à se faire connaître. Quelques minutes plus tard, les quatre cents hommes et
leurs officiers entassés dans le bois virent l’enfer leur tomber sur la tête… »
« … Au sud de Ligny, tous les régiments que nous dépassâmes avaient obéi à
l’ordre de ne rien laisser aux Allemands. Des colonnes entières de fantassins
561
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

marchaient avec des bouteilles de champagne dans les poches. Certains officiers,
dont le capitaine Billerot de ma Compagnie, marchaient à la tête de leurs
colonnes, les yeux baissés et l’âme envahie par un profond dégoût et une
tristesse indescriptible. Mais ces officiers étaient une minorité. L’homme a besoin
d’une bonne dose de forces pour accepter l’infortune et refuser de se réfugier
dans l’alcool et dans l’oubli… »
Nager BINSZTOK
Né le 07-12-1910 à Wazoback (Polognx) Recrutemenx SBC (75). BINSTOCK Majer
né le 07/12/1910 à VAGERBORCK déporté par le convoi n° 5 le 28/06/1942 à
Auschwitz.De profession Tailleur.Habitait au 25, pas. Prévost dans le 4e
arondissement à PARIS) Majer Binsztok né en 1910 à Wagebok (Pologne).
Déporté à Auschwitz par le convoi n° 05 au départ de Beaune la Rolande le
28/06/1942. §d Libéréx. Décédé en 2000. (Déportés 1038, Suriv. 35)
Berjisz BIR
Né le 10-05-1910 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —>BIR (Bernard) 10-5-
10, Lodz (Pologne) 2' cl. 21’ R.I. Liste N 17.
David BIRENBAUM
Né le 03-06-1911 à Radoun (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Motel BIRENBAUM
Né le 15-03-1906 à Piatrkow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —>BIRENBAUM
(Motel) 15-3-06, Piotrkow (Pologne) 2' cl. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
BIRKIS Voir Bilkis
Chaim BIRNBAUM
Né le 04-06-1914 à Kalisz (Polognx) Recrutemenx Reuilly (Paris - 75) St XII D —>
BIRNBAUM (Chaim) 4-6-14, Kalisz (Pologne) 2' cl. 21e R. M. Liste N 17.
== Edgard BISCHOFF
Né le 20-05-1912 à Ploeste (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5798.
Jean BIZZOZZERO
Né le 21-07-1911, à7 Lugano, Canton du Tessin (Suissx) Recrutemenx SBC (75)
Mle 5615—> BIZZOZZERO (Jean) 29-7-11, Lugano, Suisse 2e cl. Liste N 17.
Antonin BJEL
—>BJEL (Antonin ou Antoine) 1-10-06, 2’ cl. 1er R.V.E. Camenapolouba
(Tchécoslovaquix) Recrutemenx i.170. Liste N 65.
Roger BLANC
ŸFDX né le 30-9-11 à Brides-les-Bains, Savoie, adjudant 21e R.I. L.N 17. 11e Cie.
Enrique BLANCH
Né le 10-03-1918 à Barcelonne Espagnx, 1er RMVE, recrutemenx Perpignan (66).
Jose BLANCH
562
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 23-09-1911 à Altoricon Espagnx, 1er RMVE, recrutemenx Perpignan (66).


Juan BLANCH
Né le 24-10-1918 à Villagram Espagnx, 1er RMVE, recrutemenx Perpignan (66).
Gabriel BLANCHART
Né le 13-9-15 à Barcelone (Espagnx), 1er RMVE, Recrutemenx Perpignan (66).
Antonio BLANCO
Né le 14-6-20 à Pamplona (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66). Doc Duvernay
10e Cie : blessé et évacué. Un résistant de ce nom...?
Ignacio BLANCO
Né le 1-5-12 à St Andres de Ananeras (Espagnx); Recrutemenx Perpignan (66).
Szmul BLASCHMAN†d
Né le 04-12-1901 à Ryki (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Arrêté en Savoie,
BLASCHMAN Szmul né le 04/12/1901 à RYKI déporté par le convoi n° 62 le
20/11/1943 de Drancy à Auschwitz. MPFXd. 1200 déportés, 29 survivants.
Manuel BLASCO ALCAIN
Né le 13-12-1913 à Zaragoza (Espagnx) Recrutemenx Pau (64) —> BLASCO
(Manuel) 12-12-13, Saragosse (Espagne) cap. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
Michel BLASCOVITS
Né le 21-06-1896 à Madaros (Hongrix) Recrutemenx SBC (75). Doc Duvernay :
disparu depuis les Vignettes.
Chaim BLAT†d MPFXd
Né le 02-02-1902 à Radox (Polognx) Recrutemenx SBC (75). BLAT Chaim né le
17/01/1902 à RADOM déporté par le convoi n° 13 le 31/07/1942 de Pithiviers à
Auschwitz. 1049 déportés. 13 survivants
Nicolas BLAU
Né le 22-04-1910 à Cluj (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> BLAU (Nicolas) 22-
4-10, Cluj, 2' cl. 21' R. I. Liste N 17.
Paul BLAU
Né le 23-11-1907 à Bihardiozay (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —> BLAU (Paul)
23-11-07, Bihardioszecq, 2' cl. 21' R.M.V.E. St. XI A. Liste N 44.
Mato BLAZEVIC
Né le 13-12-1904 à Lukovice (Yougoslavix) Recrutemenx SBC (75) Mle 4526 —>
BLAZEVIC (Nato) 13-10-04, Lukovice (Yougosl.) 2’ cl. 21’ R.I. St. IV A List 45.
Jean BLEIBERG
Né le 28-03-1903 à Otatiows (Russix) Recrutemenx SBC (75) Appartenait à la 1re
Cie. —>BLEIBERG (Jean) 28-3-03, Opalow (Russie) 2' cl. 21' R. I. V. E. List N 17.
Joseph BLEIBERG
Né le 25-8-21 à Varsovie, (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3748 —>
563
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

BLEIBERG (Joseph) 25-8-21, Varsovie (Pologne) 2e cl, 21e R.I. Liste N 17. déporté :
Bleiberg Joseph. 25/10/1921. Varsovie §d Libéréx par Évasion du Tr 79 le
21/08/1944. À Morcourt (02) BLEIBERG Joseph né le 25/08/1921 à VARSOVIE
déporté par le convoi n° 79 le 7/08/1944 de Drancy à Buchenwald. 1301
déportés, 656 survivants.
Paul BLEICGER
Né le 15-03-1916 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Jean BLEICHENBACHER
Né le 12-05-1907 à Oberuzwil (Suissx) Recrutemenx SBC (75).
== Eugène BLEIER
Né le 20-04-1908 à Absd (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5876.
Lucien Elie BLONSTEIN †g MPFXg
ŸFDX (Turquix) né le 24-10-1900 à Constantinople. Mort le 13-06-1940 (Sainte-
Menehould, 51 - Marne, France) D’abord 13e C P puis sous-lieutenant à la
première Compagnie du premier Bataillon. Décès des suites de blessures. Il était
le fild de Robert Blonstein et de Fanny Klepat, l’époux de Sigma, Paulette
Nashoun, père de Albert. Gorges Blonstein (Geneanet mise à jour par Paulette,
Louna Martine Nahoun le 24 février 1921). Citation : « Blonstein Elie, Sous-
Lieutenant au 21e Régiment de marche de volontaires Étrangers. Chef de section
énergique et courageux, tué à la tête de ses hommes en esseyant de dégager un
sous-officier blessé, le 13 Juin 1940 à Ste Menehould. » 26/06/1940 Huntziger.

Élie Blonstein
Henoch BLOTO†d MPFXd
Né le 10-04-1904 à Sobiena (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Bloto (Henoch,
Leibj) né 10/4/04 à Sobienica. BLOTO Henoch né le 10/04/1904 à SOSBIENICE
déporté par le convoi n° 5 le 28/06/1942 de Beaune la Rolande à Auschwitz. Dcd
2/7/42 1038 déportés, 35 survivants en 1945.
Irul BLOUVSCHTEINE (Séroul Georges BLOUVSCHSTEIN) †g MPFXg
Né le 25-04-1907 à Mogilev, (Russix) Recrutemenx SBC (75) Mle 9417 Légion…
Décédé le 14 ou 15 juin 1940. Nécropole militaire Sainte-Menehould.
Moritz BLUM
Né le 06-09-1893 à Bucarest (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
Szmul BLUM
Né le 27-05-1900 à Michow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 6258.
Appartenait à la 2e Cie, 1er Bat. (Membre du conseil de gérance. Tramontane)
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Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Jacob BLUMBERG†d. MPFXd


Né le 05-01-1894 à Sokolow (Polognx) Recrutemenx SBC (75). BLUMBERG Jacob
né le 05/01/1894 à SOKOLAN déporté par le convoi n° 13 Train 901-8 le
31/07/1942 de Pithiviers à Auschwitz. 1049 déportés. 13 survivants.
Raymond BLUMENFELD
Né le 10-12-1906 à Paris (75 - Paris (ex Seine) (Roumanix) Recrutemenx SBC (75)
Mle 7158. —> BLUMENFELD (Raymond) 10-12-06, Paris, cap. -ch., 21' R. I. Liste
N 17. De Rosen 3/1/1941 : ’’Blumenfeld, à Queuleu, s’évade en permission.”
Szimon BLUMSZTEIN †d MPFXd
Né le 30-04-1909 à Piotrkoff (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Blumstein Simon
né ?/4/09 à Petrikow (Pol.) Dcd 26/9/42 Auschwitz. Szymon Blumstejn Déporté
par le Convoi 4 de Pithiviers à Auschwitz le 25/06/1942.Déportés 999. Surviv 51.
Eliasz BODIN
Né le 30-03-1907 à Vilno (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Dominico BOFFA
Né le 16-10-1906 à Jseo (Suissx) Recrutemenx SBC (75).
Ladislas BOGDAN
Né le 29-09-1906 à Sibin (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 2868 —>
BODGAN (Ladislas) 29-0-06, Nagyseb, cap. 21e R.I. Liste N 17.
Willy BOGUSLAWSKI †g MPFXg
Né le 25-08-1906 à Kolberg (Allemagnx) dépôt commun des régiments étrangers
(D.C.R.E.) recrutemenx Laval (53) Moszek BOGUSLAWSKI tué le 17 juin 1940
Nécropole nationale de la ferme de Suippes.
==Karol BOHUTNIK
Né le 21-10-1903 à Gastro ou Sostro (Yougoslavix) Recrutemenx Châlons-en-
Champ- (51) —>BOHUTNIK (Karol) 21-12-03, Poslvo, 2' cl. 21’ R.M.V.E. List 18.
== Sebastien BOIN
Né le 07-04-1902 à Camporosso (Italix) Recrutemenx Nice (06).
Jean BOLDYREFF
Né le 24-06-1896 à Krivianscki (Russix) Recrutemenx Montpellier (34).
Nicolas BOLOOUSOFF
Né le 11-10-1909 à Mopscou (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Samuel BOLOTIN †d MPFXd
Né le 24-12-1891 à Moscou (Russix) Recrutemenx SBC (75). Bolotin (Samuel) né
24/12/91 à Moscou. Dcd 10/8/42 à Auschwitz. Convoi 15 depuis Beaune la
Rolande le 5/8/42. 1014 déportés. 704 décédés.
Jean BONA
Né le 28-05-1902 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
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Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Forch Miguel BONAVIA


Né le 14-01-1911 à Espolla (Espagnx) Recrutemenx Valence (25. Engagé le
10/10/1939 —> BONAVIA (Michel) 14-1-11 St-Joseph (Rhône) 2’ cl. 21’ R.I. St. XII
A. Liste N 94.
Henri BONDOUX
—> BONDOUX (Henri) 12-11-09, Glux, (en Glenne Nièvre) 2' cl., 21' R.L 150. L 44.
Pierre BONPIERRE
ŸFDX Lettre écrite depuis Saint-Louis le 2 février 1946 à la Tramontane…
Jacob BORENSZTAIN ❤ G.R. 16 P 74122 Jacob 21.10.1910 Pulavoj
Né le 21-10-1910 à Pulawy (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 1840 —>
BORENSZTAJN (Jacob) 21-10-10 Pulawy (Pologne, 2e cl. 21e R.I. Liste N 17.
Déporté Résistant : §d Libéréx?
== Binem BORENSZTEJN
Né le 18-10-1909 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3670.
==Wolf BORNSTEIN
Né le 26-05-1898 à Lodz (Polognx) Recrutemenx Lille (59).
Charles BOROCANU †g MPFXg
Né le 04-01-1919 à Targeu Neantz (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 7241.
Tué le 14-06-1940 (Sainte-Menehould).
== BOROS (Jean) Ladislas Géza Boros
Né le 21-12-1920 à Ozuchota (Hongrix) recrutemenx SBC (75) Mle 2824.
BOROVSKY Constantin †g MPFXg
E.V.D.G. né à Pernoff (Russix) Recrutemenx i Lieutenant de la C. A. 2. Né le
29/5/1896 – tué à Sainte-Menehould, (La Grange aux Bois) (Marne) France) le
14/06/1940. 19391945 - 91 - Sainte-Geneviève-des-Bois Carré de corps restitués.
(3 dates de décés soit 13,14,15)
Abel François BORVO
Né à Saint Nazaire le 13/12/87 ŸFDX Arrivé le 30/10/39 depuis Sathonay.
Capitaine 13e Pionnier. Engagé Légion Tricolore 10-8-42, LVF 16-4-43.
BOSQUET-NOVARRO Enrique
—>BOSQUET-NOVARRO (Enri) 15-6-15, Barcelone, (Espagnx) Recrutemenx i, 2'
cl. 21' RI. Liste N 17. Arrivée du 24/05/1941 à Mauthausen venant de Stuttgart ? :
— Mle 4833-BOSQUET NAVARRO Enrique né le 15.06.1915 à Barcelone. Déporté
§d Libéréx?
Bernard BOSSERT
Né le 22-06-1907 à Hohenrain (Suissx) Recrutemenx Valence (26) —>BOSSERT
(Bernard) 22-6-07, Hohenrain (Suisse) 1’ cl. 21’ R. M, V. E. Liste N 16.
Haim BOTTON †d MPFXd
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Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 01-08-1911 (Grècx) Recrutemenx SBC (75). Botton (Haim) né 1/8/11 à


Salonique. Botton Haim né le 1/08/1911 à Salonique déporté par le convoi n°73
le 15/05/1944 de Drancy à Kaunas/Reval. Dcd 20/5/44 à Kaumas (Lit.) ou Reval
(Estonie) 878 déportés. 22 survivants.
BOUDIEU
Sergent 3e Cie ŸFDX
BOUDJEMAA-BEN-BOUDJEMAA
Né en 1904 à Sinestiten (Marox) Recrutemenx SBC (75) Mle 4483 —>
BOUDJEMAA BEN BOUDJEMAA, 190 A, Mestilène, 2’ cl. 21’ R.I.E. 231. List 74.—
> BOUDJAMIA BEN BOUDJAMIA, oo-1-04 Imistin (Maroc) 2e cl. 21e R.I. List 17.
Charles BOUE
Né le 11-08-1900 à Dendermonte (Belgiqux) Recrutemenx SBC (75).
BOULANGER (Cyr)
ŸFDX 25-12-13, Noyellette, serg. 21' R.M. St. XI A. Liste N 44.
Louis BOULARD†p
—> BOULARD (Louis) 9-4-11, Vagney, sergent 21e R.M.E. St. XI A. Liste N 44. ŸFDX
Sergent — 21e R.M.V.E. Mort le 05/08/1944 Magdebourg, Allemagne (ex Prusse)
1939-1945 — 88 — Vagney — Monument aux Morts. MPFXp. Jacob Gerszuni lors
de son évasion du Stalag XII F en janvier 1941 a rapporté les notes écrites à Metz
en juillet 1940 par le sergent Louis Boulard de la 5e Compagnie (2e bataillon)
notes parues dans le numéro 10 de la Tramontane (avril 1946) nos remarques
sont soulignées : « Le 1er février 1940, je suis désigné pour l’encadrement de
volontaires étrangers. Je fais mes adieux à ma famille, le 2 février je prends à
Remiremont la direction de Perpignan : nous arrivons à Barcarès le samedi 3
février 1940, par une chaleur torride. Je trouve des étrangers De nombreuses
nations, qui tous me paraissent sympathiques. L’exercice et l’instruction
commencent au bord de la mer, dans le sable et sous un beau soleil. Je ne dors
pas, je suis mal couché et j’ai des puces.
Le samedi 2 mars 1940, je pars en permission et j’arrive le dimanche 3 mars 1940
par un beau temps. Retour à Barcarès le 16 mars, à 7 heures du soir. Je retrouve
mes camarades de la 5e Compagnie, habillés à neuf, des bruits de départ
circulent. J’apprends ma nomination de sergent. Exercice et marche toujours
dans le sable et sous le soleil. Le 1er avril, nous quittons Barcarès pour le camp du
Larzac (Aveyron). Je suis dans une chambre avec du feu (adjudant de semaine).
Je pense à mes copains qui sont dehors. Il neige et il fait froid. Le 21 avril nous
quittons le Larzac. Les bruits de départ (à Barcarès) circulent, et le 30 avril nous
quittons le camp de Barcarès, le soleil et les puces et les belles Catalanes, avec le
sourire et en chantant, dans une direction inconnue. Nous embarquons à
567
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Rivesaltes, nous apprenons que nous allons vers Sarrebourg. Je passe à Épinal le
2 mai à 3 heures du matin. Nous débarquons à la gare de Grumath le 2 mai à 12
heures. Nous nous dirigeons vers où nous arrivons à 8 heures du soir, exténués.
Après un jour d’installation, l’exercice commence. Nous entendons de loin la
canonnade et nous voyons les premiers avions ennemis.
Le 21 mai, nous embarquons à la gare d’Hochfelden, à 11 heures du soir, nous
dirigeant sur le front de l’Aisne, et nous débarquons à la gare d’Hochfelden, à 11
heures du soir, nous dirigeant sur le front de l’Aisne, et nous débarquons à Saint-
Mihiel le 22 mai à midi par une pluie fine. Nous prenons la route de Bar-le-Duc,
laissant celle de Verdun à droite, nous campons dans un bois de 2 heures à 8
heures du soir, et à 9 heures nous nous remettons en route. Le 23 mai, nous
arrivons à Vilette-sur-Aisne, où nous restons toute la journée du 23.
Le 24 au matin, nous nous remettons en route pour arriver à Érize-la-Grande à
midi : à 5 heures du soir, nous embarquons en camion, qui nous conduisent à
Sommaisne, à 10 heures du soir. Nous nous couchons dans une grange, et une
heure après on remonte en camion, pas pour longtemps, car une heure après
nous nous recouchons au même endroit.
Le 25 à 9 heures du matin, nous reprenons les camions qui nous amènent à 1
heure de l’après-midi devant le bois de Morthomme : le front s’approche, les
avions patrouillent, la bagarre va commencer. Nous gagnons un bois voisin où
nous restons jusqu’à 5 heures. Nous nous remettons en route. Je pousse avec
quelques copains une voiturette de la C. A. 2. Chargée de munitions, on sue, on
tempête, la circulation devient difficile ; camions, chenillettes, voitures roulent
sans arrêt. Nous campons derrière le village de Morthomme, dans un bois. Inutile
de dire que tout est évacué, on voit les trous d’obus et le bétail errant en liberté.
À 11 heures du soir, on se remet en route, dans la cohue des voitures. Nous
arrivons devant le village de Châtillon-sur-Bar à 2 heures du matin ; les obus
commencent à tomber, l’un tombe à côté de nous.
Au petit jour le 26, à 4 heures, noud nous remettons en route ; le 26, à 4 heures
on fait la connaissance d’un avion, qui pendant tout le reste du temps, ne nous
quitte pas. C’est le « Coucou », paraît-il. Nous l’appelons aussi « Dudule ». Les
obus commencent à pleuvoir sur notre passage et nous sommes obligés de nous
planquer dans les fossés. À 7 heures du matin, nous nous installons dans un bois
entre Châtillon et Le Chesne. À 10 heures, je pars avec quelques camarades
chercher un veau pour la roulante. Nous sommes repérés. Les mortiers crachent.
Marty qui, avec moi, tient un veau par la queue est blessé, c’est le premier blessé
de la Compagnie.
À 6 heures du soir, nous changeons d’emplacement, nous sommes repérés, les
568
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

tirs d’artillerie se rapprochent de nous de plus en plus. Avec le chef Berchon, je


m’installe avec la 2e section, nous plaçons les F.M. à 2 heures du matin, le 27,
nous déménageons. Avec le groupe Gerszuni, on s’installe au bord de la route qui
mène au canal ; le groupe Flechner et Cramatte à notre gauche, face au canal (le
2e bataillon occupe le secteur bord du canal, le coude exclu). L’artillerie tire sans
arrêt ou presque et les nuits sont agitées, les balles sifflent, on voit les balles
traçantes et on commence à distinguer leurs fameuses mitraillettes.
Nous restons là plusieurs jours, les 27-28-29-30 mai. 1er et 2 juin, nous allons
vers de nouveaux emplacements. Nous avons des tués et blessés. Le dimanche 2
juin 1940, nous faisons des abris avec les pionniers. C’est la fête à nos femmes,
j’y pense beaucoup (la date de la fête des Mères étant fixée au dernier dimanche
de mai sauf si cette date coïncide avec celle de la Pentecôte, auquel cas elle est
repoussée au premier dimanch de juin) ; assis sur un tronc d’arbre, je lui fais une
longue lettre.
Dans la nuit du 2 au 3 juin, nous sommes relevés par le 3e bataillon ; sous les
obus, nous regagnons Châtillon où nous restons les 3-4-5 juin; dans la nuit du 6
nous gagnons les Petites-Armoises où nous arrivons à 1 heure du matin. Le village
est déjà en partie détruit. Avec la 2e section, nous relevons le groupe franc du 1er
bataillon. Je m’installe avec les groupes Flechner et Cramatte au talus devant le
Moulin. Nous sommes en première ligne. Il faut ouvrir l’œil et dresser l’oreille ;
nous aménageons nos trous. « Dudule » est toujours là, les bombardiers aussi ;
enfin les 7 et 8 juin passent sans grand fracas.
Le dimanche 9 juin 1940, quelle belle journée ! Il ferait bon être chez soi par
ce temps-là. J’oubliais de dire que nous allons au ravitaillement tous les matins
de 2 à 3 heures avant le jour. Comme je disais tout à l’heure, il fait un temps
superbe, nous voyons apparaître une centaine de bombardiers qui nous
survolent en bombardant, l’artillerie ennemie se met à cracher et pendant une
heure, sur le village des Petites-Armoises, les obus tombent sans arrêt et bientôt
ce ne sera plus qu’un immense brasier.
Nous apprenons que notre capitaine (Louis De Brem) est tué. L’artillerie arrête
et c’est l’attaque ; à 30 mètres de nous, débouche une section allemande qui
nous prend d’enfilade le long du talus. Nous nous défendons et vers 10 heures
l’attaque a échoué. Nous avons à la Compagnie des tués et blessés, toute la
Compagnie a fait son devoir. Nous avons pris quelques armements allemands,
qui sont beaucoup mieux que les nôtres. La nuit du 9 au 10 juin se passe sans
encombre, nous veillons plus que jamais ; le village brûle sans arrêt, les
munitions sautent, c’est un véritable feu d’artifice, nos paquetages qui sont au
P.C brûlent également. Je suis réduit, comme tous mes camarades d’ailleurs, à
569
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

n’avoir que ce que j’ai sur moi et une couverture, une toile de tente et ma gamelle
et c’est tout.
La journée du 10 se passe sans trop de bobos, ainsi que la nuit du 10 au 11 ; à
0 h 20 dumatin on nous prévient cependant de nous replier immédiatement ; on
se rassemble en vitesse et on quitte nos emplacements en laissant munitions,
vivres, tabac, etc. La fusillade commence, des balles tombent à nos pieds. Nous
traversons les Petites-Armoises complètement en ruines à 1 heure du matin. Il y
a du brouillard, c’est ce qui nous sauvera… Le repli commence… Les ponts sont
sautés, on se débrouille, il faut faire vite. L’ennemi nous talonne et Dudule et
toujours là ; on reprend quelque temps la route de Châtillon, et par la suite on
s’enfonce dans le bois pour se camoufler, car les bombardiers sont là, ils nous
lâchent quelques crottes. Pour la première fois, j’ai vraiment peur.
Pendant toute la journée du 11 juin 1940, nous traversons des bois ayant à
notre tête le capitaine Pourquié ; nous sommes en sous-bois laissant des traces
de la guerre 1914-1918, nous retrouvons la route de Busancy à Vouziers, et nous
prenons celle de Grandpré que nous traversons à la tombée de la nuit. La
fusillade nous suit, et nous sommes vraiment las, nous campons dans le bois.
Le 12, nous reprenons notre route, toujours dans le bois pour arriver le 13 juin
à 2 heures du matin au village Sommepy sous la pluie ; nous n’y restons qu’une
heure et demie, un contrordre arrive et nous reprenons notre route (soit vers 3
heures 30) pour gagner Sainte-Menehould à 10 heures du matin (il s’agit plutôt
de 11 heures, car le trajet à pied se calcule devoir durer 7 heures 45, voire 8 heures
et nous savons la décision prise par Debuissy, lorsqu’à 10 heures il ne voit pas
poindre le 2e bataillon) la dernière troupe évacue la ville, je vois passer pour la
première fois trois tanks français, des avions n’en parlons pas. Nous trouvons à
Sainte-Menehould pour la première fois des victuailles solides et liquides, qui
nous retapent un peu ; bien entendu, nous remplissons musettes, bidons, le
moral reprend le dessus, l’on oublie les coups durs et la fatigue (nous connaissons
ici, annulant l’ordre de Debuissy, l’ordre de Delaissey mettant à cet instant le 2e
bataillon au repos). Après avoir traversé, l’on sort de la ville pour arriver dans un
camp militaire, où nous cassons la croûte et vidons les bouteilles trouvées au
bord de la route, à Sainte-Menehould. Il y a une heure que nous sommes là,
contrordre (belle confirmation de la bourde de Delaissey !) nous devons
retourner sur nos pas, arrêter l’ennemi qui avance, nous dépassons la ville de
quelques kilomètres (dans quelle direction ?) et l’on regagne la ville sans avoir où
est l’ennemi (belle pagaille créée par Delaissey !). Le Général qui est présent nous
envoie dans une autre direction. La première section et la deuxième section, déjà
bien réduite, fusionnent et nous nous dirigeons sur une Crète à gauche de Sainte-
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Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Menehould. Dudule passe à 50 mètres sur nos têtes : à 3 heures, nous essuyons
les premiers coups de feu depuis la matinée. Le chef Berchon est tué, l’ennemi
avance ; les ordres ayant été mal interprétés, la Compagnie se disperse. Avec le
chef Tétaud je ramène, le chef Berchon jusqu’en ville, quel boulot de ramener un
gaillard de 1 m 90, où l’on risque de tomber dans l’eau (pont d’Austerlitz
finalement coupé…). L’ennemi est en ville, la bagarre est bien engagée. Avec ce
vieux Tétaud, je retrouve nos lieutenants (Odry, Huschak, Milcamps) et une
douzaine de copains, nous évacuons la ville pour reformer la Compagnie, mais
hélas nous restons seuls une quinzaine. Nous nous joignons au 1er bataillon, on
fait le coup de feu avec.
Le 14, à minuit (0 heure) et nous perdons le lieutenant commandant la
Compagnie, nous errons toute la nuit à sa recherche, sans résultat. Nous nous
trouvons à 5 heures devant le camp militaire avec le 1er bataillon. Le lieutenant
Milcamps m’envoie avec cinq camarades patrouiller dans le camp, ça ne
m’enchante pas du tout. Au bout de vingt minutes, nous essuyons des coups de
feu. Que peut-on faire contre des mitraillettes ? Nous nous replions sur les
derniers baraquements où la Compagnie se trouve, une quarantaine au complet.
Nous tenons le choc pendant 2 heures, nous avons des tués et des blessés ;
devant le nombre, nous devons nous replier, laissant au 11e R.I. le soin de couvrir
notre retraite. Nous reprenons notre route à travers bois, nous sommes
bombardés, mitraillés ; après 6 heures de marche, nous arrivons à Souilly (48 km
de Sainte-Menehould) où, avec le caporal Cramatte on confectionne à sa façon
deux lapins. Le 15, nous reprenons notre route dans l’encombrement : artillerie,
génie, civils, roulante, pour venir dans un bois aux environs de Saint-Mihiel, où
nous passons la nuit ; toutes les nuits, nous installons les FM et plaçons des
guetteurs.
Le 16 à l’aube, nous reprenons notre route ; toujours avec Cramatte, je monte
dans un camion pour arriver dans un petit pays. On se débarbouille, il y avait huit
jours que je ne l’avais pas fait. On retrouve le bataillon à Sampigny où l'on reste
quelques heures. On repart de nouveau et on arrive à Commercy à 4 heures, on
casse une bonne croûte, des civils nous donnent du champagne avant de se
sauver, l’on remplit musettes, bidons, et nous nous dirigeons le 17 à l’aube sur
Vaucouleurs que nous traversons vers 10 heures. 6 kilomètres après Vaucouleurs,
on fait une halte de 4 heures, il se met à pleuvoir. Un nouvel ordre arrive, nous
nous dirigeons à nouveau vers Vaucouleurs, l'ennemi nous talonne toujours,
j’entrevois la possibilité d’entrer dans les Vosges vesr Neufchâteau, mais hélas !
On prend la route de Nancy. Après avoir fait un crochet sur le fort de Blénod les
Tours, nous arrivons dans la nuit entre Allain et Ochey à 15 kilomètres de Nancy.
571
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

L’air du pays commence à souffler et j’entrevois la possibilité d’être bien chez


moi. Nous nous installons, la Compagnie est réduite à 22 hommes, 5 sous-
officiers, 5 caporaux ; 30 hommes sur 180, c’est peu.
Les 18-19-20-21, journées assez calmes, malgré le bombardement ; tous les
pays environnants brûlent.Le 21 juin 1940 au matin, on change d’emplacement,
le lien se resserre, et l’on se place à la corne d’un bois sur la route de Nancy ; à la
tombée de la nuit nos 75 se mettent à tirer sans arrêt jusqu’à minuit.
Le 22, à 12 heures, l’ennemi riposte sans arrêt juste sur nous, nous nous
planquons toute la nuit, mais hélas ! Comme si on n’avait pas assez souffert, à 5
heures du matin, l’avant-dernier obus tuait trois camarades de la Compagnie : le
sergent Vic de la 2e section, le caporal Patak de la première et Balchdef, tireur de
mon groupe et en blesse deux autres. Dure épreuve pour tous ! Nous apprenons
peu de temps après l’armistice, nous n’avons plus ni ravitaillement ni munitions,
pour nous la guerre est finie. Nous enterrons nos morts et la Compagnie rejoint
le bataillon. À 4 heures, nous prenons la route de Nancy, et nous campons à côté
de Thuilley-aux-Groseilles.
Le dimanche 23 juin 1940, nous partons à 2 heures pour arriver à Maizières sur
Madon à 7 heures. Nous campons en bordure du Madon. Le lundi 24 on se
débarbouille et on monte la tente pour passer une nouvelle nuit. Le mardi 25 à 1
heure, on repart, il pleut à verse, pour arriver au Fort du Pont-Saint-Vincent ;
nous dominons Villeneuve et tous les horizons. J’aperçois Sion à l’horizon. On
s’installe, car nous voilà prisonniers ; les jours s’écoulent.
Les 26, 27, 28, 29, 30 juin, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 juillet paraîssent bien long. Nous
sommes au moins 22 000 hommes.
Le 9 juillet à 9 heures, nous partons pour Metz, paraît-il. Nous traversons un
grand bois pour arriver à Pompey. La population nous accueille et nous donne
des vivres et nous nous installons à 5 heures du soir devant Pont-à-Mousson.
Le 10 juillet, on remet cela pour Metz, on traverse une contrée voisine de la
mienne, ça me fait d’autant plus plaisir que la population nous accueille les bras
grands ouverts et chargés de vivres de toute sorte. Nous faisons notre entrée à
Metz sous bonne escorte, car j’oubliais de dire que les Allemands nous
entourent, mais soyons francs, ils sont chics et nous laissent ravitailler. À 7 heures
nous franchissons la porte de la caserne Lizé, pour combien de temps, je l’ignore ;
nous nous retrouvons tous les 40 de la Compagnie dans une grande pièce, nous
avons laissé nos officiers en route. Nous sommes les 5 sous-officiers ensemble.
Le Chef Coudert qui fait fonction de commandant de la Compagnie ; le chef
Tétaud, que l’on trouve souvent errant dans la cour du quartier, nu-tête, avec son
casque et sa canne qu’il ne quitte pas ; le chef Villot avec ses souliers et ses bottes
572
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

jaunes, il est très chic ; le Lulu Galaudier, lui, qui croit au père Noël. Il est Parisien
et prend le temps comme il vient. Quant à moi, je crois être chez moi d’ici quinze
à vingt jours. »
Pierre BOULARD
—>BOULARD (Pierre) ŸFDX 24-4-1900, Chalaisnes, lieutenant, 1er R.I.E. Liste N 14
et 49 : Le 17 juin le Lt Pierre Boulard affecté spécial aux Taneries Vve Paul Duc et
cie à Challaines demande son incorporation au 21e R.M.V.E.
Paul BOUQUET DE LA JOLINIÈRE
—>BOUQUET DE JOLINIÈRE (Paul) ŸFDX 29-11-13. Blida, Algérix adjudant, 21’ RE,
C. A. 2. Stalag XI A. Liste N 45 et 49. Portrait par Léon de Rosen : « … Cousin de
l’adjudant Michel… Bouquet est… le type parfait de l’éternel cafardeux. Il assiste
au repas, dit bonjour du bout des dents et ne les desserre pas jusqu’à la fin. »
Plus loin : « L’adjudant Bouquet n’était pas content : le rapport de la garde des
couloirs signalait qu’on l’avait surpris avec l’intention d’uriner dans le couloir.
Nous nous moquâmes doucement de lui pendant le déjeuner : il le prit très mal
avec des airs accablés et indignés de vierge offensée. »
Marcel BOURGEOIS
—> BOURGEOIS (Marcel) ŸFDX 10-11-13, Paris, serg. -c, 21' R.M. St. XI A. List 44.
Jean BOURGES
—> BOURGES (Jean) ŸFDX Né le 19-1-99 à Ste-Marie à Py (Marne) serg. 21e R.I.
List N.17.
René BOURGUER †g MPFXg
ŸFDX né le 28/02/1914 à Moyenmoutier Vosges (88) 6e Compagnie du 21e
R.M.V.E. Mort le 06/06/1940 Rombas 57. Ambulance chirurgicale 222.1939-
1945-88 — Saulcy-sur-Meurthe — Monument aux Morts.
Pierre BOUTRONE
ŸFDX Vétérinaire à la Compagnie Hors Rang.
Pierre BOUTROUE
ŸFDX lieutenant Pharmacien du 21e ; après guerre capitaine pharmacien dans les
troupes coloniales. Voir rapport Pold.
Raphael BOVIEIES (BOVIETES ou BOVETES)
Né le 1909 à Brousse (Turquix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5492. —> BOVETES
(Raphaël) 12-8-08, Brousse, 2' cl. 21' R.I.V.E. St.-XI A. Liste N 44.
—> BOZZI (Jean)
ŸFDX né le 22-2-15, Paris, Serg. 21e R.I. Liste N 17.
Nicolas BRAD
Né le 10-11-1916 à Petrovag (Russix) Recrutemenx SBC (75). Blessé le 14 juin et
disparu?
573
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Michel BRAJTBARD
Né le 18-10-1896 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Né le 13-05-1904 à Radom (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Doc Duvernay 10 cie
4e sec : blessé et évacué.
Leon BRANOVER
Né le 03-10-1903 à Orhei (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
Gregorio BRANSBOURG
Né le 22-06-1915 à Ekaderinlaw (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Yeil BRASLAWCKI
Né le 20-07-1911 à Fabsti (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 2834 —>
BRASLAVSCHI (Jeil) 20-7-11, Falesti (Roum.) cap. 21’ R.E. 190. Liste 56. C.A. 1.
Antonio BRANZUELA COLOM
Né le 01-09-1904 à Vich (Espagnx) Recrutemenx Mautauban (82).
Adolf BRAUER
Né le 15-01-1905 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —>BRAUER (Adolphe)
15-1-05, Lodz (Pologne) cap. 21' R.I. Liste N 17. Appartenait à la 1re section, 10e
Cie (3e bataillon.)
Alexandre BRAUER †d. MPFXd
Né le 02-02-1897 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75). (Brauer
(Alexandre) né 2/2/97 à Budapest. BRAUER Alexandre né le 11/02/1897 à
BUDAPEST déporté par le convoi n° 32 le 14/09/1942 de Drancy à Auschwitz. Dcd
19/9/42. Déportés 1000. Gazés à l’arrivée 893. Survivants 45.
Alexandre BRAUN
Né le 14-03-1897 à Sopran (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Aspad BRAUN (ou Aspand)
Né le 17-07-1907 à Poka (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —>BRAUN (Arpad)
18-2-07, Koko (Hongrie) 2' cl. 21' R. M. Liste N 17.
Georges BRAUN
Né le 30-04-1906 à Poka (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Joseph BRAUN
Né le 13-09-1920 à Budapest (Bulgarix) Recrutemenx SBC (75).
Moïse BRAUN†d MPFXd
Né le 06-03-1909 à Crodzisk (Polognx) Recrutemenx SBC (75) BRAUN Moïze né le
06/03/1909 à BRODZYK déporté par le convoi n° 4 le 25/06/1942 de Pithivers à
Auschwitz. Décédé le 30 juin 1942. Déportés 999. Survivants 51.
Paul BRAUN
Né le 12-11-1906 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —> BRAUN (Paul)
12-11-06, Budapest, cap. 21e R. I. E. Liste N 17. Appartenait à la 3e section de la
574
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

10e Cie (3e bataillon). Prisonnier avant Vaucouleurs.


Zahim BRAUNER
Né le 03-12-1898 à Stopnica (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Abram BRAUNSTEIN
Né le 28-12-1909 à Jassy (Roumanix) Recrutemenx Reuilly (Paris - 75) Avram,
engagé volontaire au 21e R.M.V.E. Blessé (éclats d'obus, jamais opéré) fait
prisonnier le 13/06/1940 (Frontstalag 190 Charleville Mle 25373). Affecté au
W.O.L 3 (Wirtschaftsoberleiter) Mézières. Libéré sanitaire du Frontstalag 204
Charleville le 27/2/1942 à destination du Val-de-Grâce à Paris, à l'instigation des
médecins militaires du camp. Naturalisé N.V. avril 1947.
Elie BRAUNSTEIN
Né le 07-03-1905 à Jossy (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —>BRAUNSTEIN
(Elie) 7-3-06, Jassy (Roumanie) 2' cl. 21' R. M. V. E. Liste N 17.
Marcel BRAUNSTEIN †d MPFXd
Né le 26-06-1906 à Galatz (Roumanix) Recrutemenx SBC (75). Braunstein
(Marcel) né 25/6/06 à Galatz, déporté par le convoi 53 le 25/03/1943 de Drancy
à Sobibor, Pologne. Dcd le 30/3/43 Sobibor, Déportés 1008. Survivants 5.
Salomon BRAUNSTEIN
Né le 25-10-1909 à Braïla (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
Strul BRAUNSTEIN
Né le 10-09-1905 à Bacon (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 6775 —>
BRAUNSTEIN (Strul) 10-9-05, Bacou (Roum.) 2' cl. 21' R. M. Liste N 17.
Willy BRAUNSTEIN
Né le 15-11-1910 à Bacou (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —>BRAUNSTEIN
(Willy) 15-11-10, Bacau (Roum.) serg. 21’ R.M.V.E. 111. Liste N 41.
Emmanuel BRAVERMAN
Né le 19-11-1918 à Galatz (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
Srul BRAVERMAN
Né le 06-10-1906 à Biala (Polognx) Recrutemenx Reuilly (Paris - 75) — >
BRAVERMANN (Soruel) 6-10-06, Biala-Pottaska (Pol.) 2’cl. 21' R. M. List 17.
François BRAZZOLA
Né le 23-05-1912 à Renens (Suissx) Recrutemenx Versailles (78).
Paul BRAZZOLA
Né le 11-01-1908 à Renens (Suissx) Recrutemenx Périgueux (24) —> BRAZZOLA
(Paul) 11-1-08, Renens (Suisse) 2' cl. 21' R. I. Liste N 17.
Marc Victor Gustave BRIANT
—>BRIANT (Marc) ŸFDX 28-7-08, St-Rémy-de-Varennes, Maine-et-Loir,
lieutenant, 1er R.I.F. Liste N 19. Était Lieutenant adjoint au capitaine d’état-major
575
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Henri Bigot du 1er bataillon du 21e R.M.V.E.


Émile BRIQUET
Né le 12-06-1906 à Silencieux (Belgiqux) Recrutemenx Valenciennes (59) —> BRIQUET
(Émile) 12-6-06, Sileuryeux, 2' cl. 21' R.E. St. XI A Liste N 44.
BRITO (Antoine de) Voir DE BRITO
== Marko BRKIC
Né le 12-02-1905 à Nikoljac (Yougoslavix) Recrutemenx Versailles (78).
Chaskiel BRODA
Né le 02-06-1908 à Volimin ou Volomen (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle
4063. Naturalisé N.V avril 47.
Nideliko BROLO (BRODLO?)
Né le 15-05-1912 à Zabrisve (Yougoslavix) Recrutemenx SBC (75) —> BROLO
(Nédelko) 15-5-12, Zabrisès (Yougoslavie) 2e cl. 21e R.I. 122 Liste N 30.
Nicolas BRODY❤ G.R. 16 P 92290
Né le 12-03-1917 à Matelkszaki (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
David BROMBERG
Né le 24-06-1887 à Odessa (Russix) Recrutemenx SBC (75). Déporté le
11/10/1943 par le convoi n° 641 à Aurigny. §d Libéréx le ??/09/1944.
Zygfried BROMBERGER (Sigfried)†p
Né le 06-11-1902 à Varsovie ou Chrzanow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —>
BROMBERGER (Roger) 6-11-02, Chaneg 2’ cl. 21’ R.I. St. XVII B Liste N 69.DCD le
7/2/45 Wien Autriche Bombardement MPFXP.
Hersz BRON (Henri)†d MPFXd
Né en 1908 à Volno (Polognx) Recrutemenx SBC (75. —> BRON (Henri) 25-4-08,
Grodzisk (Pologne) 2' cl. 21' R. M. Liste N 17. Bron (Hersz, Jojna) né 11/4/08 à
Grodzisk. Dcd 26/9/42 à Auschwitz.
Julien BRONSTEIN
Né le 22-10-1904 à Ronno (Russix) Recrutemenx i —> BRONSTEN (Julian) 22-10-
04, Kowno (Russie) 2' cl. 21' R. M, Liste N 17. N V juin 1947 : Naturalisé.
Haim BROTMAN
Né le 12-04-1909 à Bucarest (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
José BROTONS
Né le 02-10-1914 à Rallen (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66). Venant du
Stalag II A, arrive à Mauthausen le 25/05/1941. §d Libéréx à Gusen le 5/5/1945.
Jeek BROZTMAN
Né le 21-11-1911 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
==Rubin BRUDER
Né le 29-10-1898 à Czestochowa (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 15264 —
576
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

> BRUDER (Rubîn) 29-10-98, Tohisterhova, 2' cl. 21' RI Liste N 17. Rubin Robert
Bruder né en 1898 à Czenstochowa (Pologne). Déporté à Auschwitz par le convoi
n° 49 au départ de Drancy le 02/03/1943. §d Libéréx Décédé en 1963.
BRUGLEMAN (Alphonse) : Voir DRUGLEMAN
Borah BRUHMAN (Boris HOLBAN) ❤G.R. 16 P 93906
Né le 20.04.1908 à Atachi, village de la partie ukrainienne de la Bessarabire
Bessarabie alors ratachée à la Russie. (Russix) Recrutemenx SBC (75) HOLBAN
Boris (Alias de BRUHMAN) —>BRUHMAN (Borah) 20-4-08, Cucanea (Russie)
caporal 21' R. I. Liste N 17. Le réseau des FTP-MOI a été fondé en mars 1942 par
Boris Holban (34 ans) de son vrai nom Bruhman. Il est issu d'une famille juive
russe. Le pays où s’est installée sa famille, la Bessarabie, a été retiré de la Russie
et attribué à la Roumanie après la Grande Guerre. Ses activités de résistant
communiste en Roumanie l’obligent, après plusieurs emprisonnements et la
perte de sa nationalité, à se réfugier en France en 1938. Boris Holban s'engage
en 1939 au 21e R.M.V.E. Fait prisonnier, il réussit à s'évader le 11 janvier 1941
grâce au réseau d'une religieuse de Metz, Soeur Hélène (François Mitterrand,
Léon de Rosen, etc., bénéficieront du même réseau) et d’une militante juive,
communiste et, parlant l’allemand, la Roumaine Irma Mico, Irma Miko, née
Rosenberg (1914->2014). En mars 1942, Boris Holban met sur pied les FTP-MOI
parisiens avec des équipes de Roumains, de Juifs polonais et d'Italiens sans
compter un détachement spécialisé dans lesdéraillements et des services de
renseignement, de liaison et de soins médicaux. Au total trente combattants et
une quarantaine de militants des services de renseignement, de liaison et de
soins médicaux. De juin 1942 à leur démantélement en novembre 1943 par la
brigade spéciale des renseignements généraux (BS2) les FTP-MOI avaient commis
à Paris 229 actions contre les Allemands, la plus retentissante étant l'assassinat,
septembre 1943, du Général S.S. Julius Ritter, superviseur du Service du travail
obligatoire (STO) et responsable de l'envoi en Allemagne de centaines de milliers
de jeunes travailleurs français.
En 1985, à l’occasion de la diffusion du film « Des terroristes à la retraite », la
veuve de Missak Manouchian a accusé Boris Holban d’avoir indirectement
provoqué la mort de son mari et de ses camarades en leur refusant le repli en
zone sud. C’est pour démentir ces accusations que Boris Holban a publié en 1989
ses mémoires sous le titre « Testament… » (Calman Lévy.) B. Holban a rappelé à
ses « détracteurs » qu’à cette époque il se trouvait depuis plus de trois mois en
province à la suite d’un désaccord avec son supérieur hiérarchique, Rol Tanguy,
sur la tactique de masse que le comité militaire interrégional du parti voulait lui
imposer.
577
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Il obtiendra la nationalité française et il sera décoré de la Légion d'honneur le 8


mai 1994 sous l'Arc de Triomphe de l'Étoile par le président
Francois Mitterrand.
Décédé à 96 ans en 2004 à Étampes (Essonne) Holban est enterré au cimetière
de Bagneux. Extrait d’un article de Claude Lévy. Quatre ans après « l’affaire » du
film de Mosco, « Des terroristes à la retraite » …
Les mémoires de Boris Holban, ancien combattant F.T.P. /M.O.I. de la région
parisienne (« Roger » / « Olivier ») ont été rédigés « au soir de sa vie » et après
son retour en France. Le Testament englobe toute sa vie de militant communiste,
de sa jeunesse dans la Roumanie royale et fasciste jusqu’à son retour après 1945,
avec un long travelling sur le Paris de la guerre et de la Résistance
La trahison était ailleurs avec ce « Davidovitch » Joseph Dawidowitch
Albert qui avait travaillé sous ses ordres, et dont, à son retour à Paris, il avait
recueilli les aveux et fait assurer l’exécution. À ce propos, le vieux chef insiste sur
le fait important que le « traître » aurait fait moins de dégâts — trois quarts des
effectifs FTP/MOI sont tombés dans ce novembre noir — si deux facteurs
n’avaient pas favorisé son « extension ». Ses révélations ont indubitablement «
facilité et accéléré » la « grande traque » que la 2e section des « Brigades péciales
» (BS 2) menait depuis plus d’un an contre des militants souvent très jeunes, dont
la vigilance s’est parfois relâchée.
Et puis, signale justement Holban, 1943, les 51 combattants dont disposait
seulement la MOI constituaient pratiquement en octobre 1943 l’unique force
dont pouvait user le P.CF affaibli depuis 1942, mais qui voulait s’imposer face à
De Gaulle, en vue de la libération.
Son parler vrai rejoint le diagnostic que deux historiens Du communisme, S.
Courtois et D. Peschanski ente autres, et un grand acteur, A. Rayski, ancien
responsable de la section juive, ont dressé dans un ouvrage remarquable « Du
milieu des années vingt à la résistance »
Son parler-vrai rejoint le diagnostic que deux historiens du communisme, S.
Courtois et D. Peschanski, entre autres, et un grand acteur, A. Rayski, ancien
responsable de la section juive, ont dressé dans un ouvrage remarquable « Du
milieu des années vingt à la Résistance » sur les immigrés de la MOI (Italiens et
Juifs surtout) particulièrement nombreux à Paris, de leur protohistoire…Nos trois
auteurs ont bien montré comment, avec les principes d’exclusion posés par Vichy,
celui-ci avait libéré les agissements de la police à l’égard d’étrangers communistes
ou juifs (ou les deux à la fois).
À les lire, on s’aperçoit que ces « métèques » avaient plus de chances de s’en
tirer en tombant entre les mains de la 3e section des renseignements généraux
578
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

(chargée des étrangers) dont certains membres étaient résistants, et qui


transmettait « en priorité » à la justice française, plutôt que dans les griffes de la
BS 2, grande pourvoyeuse de la Gestapo. Extrait d’un article de Claude Lévy.
Jean BRULÉ
−>BRULÉ (Jean) ŸFDX 10-12-15, Paris serg. 21e R.E. st XI A Liste N 44.
Georges BRUNO (ou BRUJNO) †g MPFXg
Né le 28-04-1907 à Themire (Russix) Recrutemenx SBC (75) BRUNO Georges-
Sergent né le 28-04-1907 à Thémir Kan Chouna (Russie – (C. C. ?) -28-4-1907-
14/06/1940 51.1939-1945. —. 91 — Sainte-Geneviève-des-Bois-Carré de corps
restitués. Hans Habe parle de « Bruno, cameraman russe ». Georges BRUNO Tué
le 14-06-1940 (St Thomas en Argonne - Marne, 51 - Marne, France).
Wolf BRYJ
Né le 30-11-1910 à Zamosc (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 11497−> BRYS
(Wolf) 30-11-10, Zamosc, Pologne, 2e cl. 21e R.I. Liste N 17.
Leinel BRYNKMANN
Né le 13-08-1912 à Cmilovv (Polognx) Recrutemenx La Rochelle (17).
Lyboitz BRZEZINER
Né le 11-07-1914 à Lazy (Polognx) Recrutemenx Seine bureau central (75) Mle
7747 —> BREZINER (Léon) 11-7-14, Lazy (Pologne) 2’ cl. 21’ R.M.V.E. List 12.
Jean BRZOZOWSKI
Né le 23-06-1898 à Bruk (Allemagnx) Recrutemenx Arras (62).
Israel BRZYSKI
Né le 19-05-1906 à Checiny (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Frigges BUCHINGER
Né le 17-05-1909 à Kis Olea (Hongrix) Recrutemenx Châteauroux (36).
==Joseph BUCHLER
Né le 05-02-1917 à Emmen (Suissx) Recrutemenx Metz (57) —> BUCHLER
(Joseph) 5-2-17, Emmen (Suisse) 21' Étrang. Liste N 17.
Jacob BUCHNER
Né le 10-08-1903 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Moszeck BUCHNER
Né le 26-05-1902 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Alphonse BUENO †d MPFXd
Né le 09-01-1909 à Carthagène (Espagnx) Recrutemenx Bourg-en-Bresse (01).
Engagé le 23/01/1940 —>BUENO (Alfonso) 28-1-08, Cartagena (prov. de Murcia)
(Espagne) 2' cl. 21' R I. Liste N 17. Arrivée du 24/05/1941 à Mauthausen venant
de Stuttgart ? Mle 4970.BUENO BELMONTE Alfonso né le 15.01.1909 à
Cartagena. Dcd le 16.12.1941.
579
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Joaquin BUESO RODRIGO


Né le 01-05-1917 à Valencia (Espagnx) Recrutemenx Pau (64) —>BUESO
(Rodrigo) 1-5-17, Valence (Espagne) 2’ cl. R.M.V.E. Liste 1 et Liste N 17. BUESO
RODRIGO Joaquin, arrivée le 22/05/1941 à Mauthausen venant du Stalag XI B
Fallingbostel. Mle 3607. Né 01.05.1917 à Valence. Transféré le 10.03.1942 de
Mauthausen au Stalag XVII B. «§d Libéréx. »?
BUKANCAS
Né le 11-02-1907 à Kaunas (ex Kovno) (Lithuanix) Recrutemenx SBC (75).
Isak-Wolf BUKI (ou Icek)
Né le 30-09-1906 à Lipno (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 6133 —> BUKI
(Icek) 30-9-06, Lipno (Pologne) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Jacob BULWAR (ou Rfuel)
Né le 24-07-1911 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (65) Mle 458 —>BULWAR
(Jacob) 24-7-11, Lotz (Pologne) 2' cl. 21' R. I. V. E. Liste N 17. Nationalisé avril 47.
Noël BURKHARD
—>==BURKHARD (Noël) 25-12-10, (Suissx) Recrutemenx i. 1' cl. 21' R.M. List 17.
Mordka BURSZTYNOWICZ
Né le 18-06-1908 à Stercov (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 5769 —>
BURSZTYNOWIEZ (Mordka) 18-7-08, Srcrercor, 2’cl. 21' R. M. Liste N 17.
Roland Constant BUSSEAU
Né le 29/11/1911 à Dissay, Vienne. —> BUSSEAU (Roland) ŸFDX 29-11-11,
Dissay, lieutenant 21' R l. Of. VI À, Liste N 50. Il appartenait à la 7e Cie 2e bat-,
capitaine Grec).
Mathieu Jean François BUVAT❤ G.R. 16 P 98813
Né le 06.10.1910 à Moulins Allier France —> BUVAT (Jean) ŸFDX 6-9-10, Moulins
(Allier) médecin-lieutenant, 1er' R.M.V.E. Liste N° 22 (3e bataillon). Léon de Rosen
le décrit ainsi : « …, le Dr Buvat raconte des histoires drôles. Personnalité curieuse
que ce docteur-lieutenant. Épicurien au possible. L’air toujours vaguement
ennuyé. Connaissances très étendues. Très spirituel et cultivé. Très riche et par
conséquent très “à gauche”. L’un de ces Français qui nient tout, ne croient à rien,
vivent une bonne vie, dénigrent l’honneur et le devoir, mais en ont et le font tout
autant, sinon plus que d’autres. Politiquement parlant, type du mauvais
“citoyen”, dans l’intimité l’homme le plus agréable, amusant qui soit. »
Citation : « Médecin ayant une haute conception de son devoir. — Il a effectué
son service avec une conscience professionnelle et un dévouement élogieux. En
mai 1940, il a déployé de jour et de nuit une inlassable activité, parcourant les
premières lignes pour s’assurer de l’état de santé des combattants. En juin au
cours de nombreuses opérations de décrochage, a su obtenir en toutes
580
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

circonstances un dévouement de son personnel. Il a réussi en dépit des moyens


précaires, à sauver une grosse partie du matériel sanitaire du régiment et à
conserver une organisation de secours et d’assistance viable… »
Llopis CABEDO
Né le 12-01-1918 à Villareal (Espagnx) Recrutemenx Carcassonne (11).
Déporté arrivé à Gusen entre septembre 1940 3t janviwr 1944, Mle 5210 =
CABEDO Lloris né le 02/12/1918. §d Libéréx de Gusen le 5/05/1945.
Domingo CABELLO
Né le 16-07-1910 ou 1916 à Madrid (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
La date de naissance ne coincide pas avec celle Domingo CABELLO MUNOZ
(7.04.1916 St VII A arrivé à Mauthausen le 31.08.1941, mle 3598§d Libéréx de
Gusen le 5/5/1945.
Jésus CACHAFEIRO ❤ G.R. 16 P 99598
Né le 13-07-1918 à Campo Lameiro province de Pontevedra. (Espagnx)
Recrutemenx Perpignan (66). Campo Lamavera.
Raymond CAESTECKER
Doc Duvernay : Section de Cdt 10e Cie). Né le 17/4/1907 à Rokxem, Belgiqux
Recrutemenx Arras (62)
XXX CAETANO
De la S.C. de la 10e Cie. Noté blessé et évacué (Duvernay). Il peut s’agir soit de
José CAETANO né le 17-05-1919 à Loulé (Portugax) Recrutemenx Clermont-
Ferrand (63) ou de Manuel Antonio né le 19-04-1908 à Safir, Port, Cahors (46).
Henri-Jankiel CAFFINGER (Hersz CAFFINGER)
Né le 31-01-1908 à Rotam-Jastrzebie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle
3999. N V juin 1947 : Naturalisation.
CAHN Pierre : voir Cohn Pinto.
== ??? CZHUE Noté dans Tramontane Moldavie ?
Albert CALDERON
Né le 22-08-1907 à Monastir (Yougoslavix) Recrutemenx SBC (75) Mle 7387.
Décédé 1960. La fille unique d’Albert vit près de Washington D.C.
Salomon CALDERON (Monisse)
Frère d’Albert Recrutemenx i. Né 2 mars 1906 Monastir (Yougoslavix). §d Libéréx
Fernand CALENDREAU
—> CALENDREAU (Fernand) ŸFDX 15-9-17, Mazières, Maine-et-Loire, serg. 21'
R.M. St. XI A. Liste N 44.
Norbert Léon Paul CALIX
ŸFDX né le 30 mai 1910 à Massais, Deux Sèvres Lieutenant 3e cie (1er bataillon)

581
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

blessé le 14 juin1940 à la main droite à Sainte-Menehould à La Grange aux Bois.


Chaim CALKA
Né le 10-03-1895 à Ronsk (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Juan CALLEJO
Né le 27-03-1898 à Lastras (Espagnx) Recrutemenx Melun (77).
Emilio CALSINA
Né le 26-04-1914 à Port Bou (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66) R D Ne CR
Montpellier le 01/02/ 1946 —> CALCINA (Émilio) 26-4-14 Port-Bou, 2e cl. 21e R.I.
Liste N 17.
CALVAIRAC
Sergent ŸFDX. Voire rapport Pold.
Henri Émile CAMBEFORT †g MPFXg
ŸFDX né le 20-05-1904 à Marseille (13 - Bouches-du-Rhône, France) Mort le 14-
06-1940 (Sainte-Menehould, 51 - Marne, France).
Moreto CAMPEAS
Né le 25-4-14 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75) Mle 7315. —>
CAMPEAS (Moreto) 25-4-14, Constantinople (Turquie) 2e cl. 21e R.I. List 17.
CAMPOS Voir De Campos
Mastriel CANCINCHER †d MPFXd
Né le 22-04-1905 à KICHINEFF (Roumanix) Recrutemenx SBC (75). CANCIRCHER
Najtiel né en 1905 à KICHINEFF (Chisinau) déporté par le convoi n° 37 le 25/09/1942
de Drancy à Auschwitz.1004 déportés, 130 survivants.
Arthuro CANDELO †d MPFXd
Né le 22-09-1909 à Barcelone (Espagnx) Recrutemenx Pau (64) —> CANDELA
(Arthur) 22-9-09, Barcelone (Esp.) 2e cl. 21' RI. List N° 17 Arrivé à Mauthausen
le24/05/1941 venant du Stalag XII B Frankenthal, Mle 5112.-CANDELA XICOT
Arturo, né le 22.09.1909 à Barcelone. Dcd à Mathausen-Gusen le 7.12.1941.
122766 à 320000 morts...
Marcel CANO
Né le 18-07-1907 à Valence (Espagnx) Recrutemenx Montpellier (34)
Benjamin CANOLLE
−> CANOLLE (Benjamin) ŸFDX 27-9-01, Ollioules, Var s.-off., 21' R.I. St. IX A. List
N 44.
Joseph CARACO
Né le 14-02-1906 à Braussi (Turquix) Recrutemenx SBC (75). Mle 3824
==Jaco CARAKO
Né le 15-05-1907 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75) Mle 3858 —
> CARAKO (Jaco) 15-5-07, Constantinople, cap. 21' R.M.V.E. St. XI A. List 44.
582
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Juan CARAMAZANA UCHA †g MPFXg


Né le 18-09-1920 à Santander (Espagnx) Recrutemenx Montauban (82) Sergent
10e Cie Mort le 04-06-1940 (village de Theme, France) Sources Service historique
de la Défense, Caen Nécropole nationale de Floing 08.
Jacques CARASSO ❤ G.R. 16 P 105784
Jacques Jean CARASSO, né le 10.08.1916 Thessalonique (Grècx) Recrutemenx
SBC)75) Mle 5759 −> CARASSO (Jacques) 10-8-15, Salonique (Grèce) Serg. 21e R.I
Liste N 17. Thessalonique.
Abel CARDOSO DE MADIMENTO
Né le 04-01-1908 à Moncorno (Portugax) Recrutemenx Moulins (03) Détail
engagé le 14/11/1939. Doc Duvernay 4e sec 10e Cie blessé et évacué ?
Guillaume CARDOSO †p
−> CARDOSO (Rui-Guillaume) †p né le 30-10-17 à Setubal (Portugax)
Recrutemenx I ; 2e cl., 21e R.I. St XI A Liste N 44. Ruy Guilherme CARDOSO MPFXp
le 22-05-1941 (Hôp des PG à Altengrabow, Allemagne). Appartenant à la 7e
Compagnie, il serait mort au kommando de la Reichbahn (cérémonie à
Altengrabow, stalag XIA). MPFXp.
À LA MÉMOIRE DE CARDOSO (Tramontane Élie Maissi)
C’était un camarade d’origine portugaise, mais il était venu tout jeune en
France. C’était vraiment un enfant de Bordeaux. Et voilà sce qui nous reste de lui,
une tombe, en plein cœur de l’Allemagne, dans un lieu au nom sinistre
d’Altengrabow (le vieux tombeau). Il n’était en effet déjà pas très bien portant le
5 août 1940. Et dès notre arrivée, on nous avait séparé des Français. Ce moment
atroce nous ne sommes pas encore près de l’oublier, car au moment où nous
quittions les rangs en nous demandant ce qu’on allait faire de nous, nous avons
entendu un petit adjudant de notre régiment, un Français s’il vous plait qui avait
dû être content, quand ça baroudait au front, de se sentir les coudes parmi les
volontaires : « Bon débarras », avait dit à notre adresse ce petit adjudant.
Cardoso avait passe comme nous tous trois semaines en kommando, puis avait
été rappelé comme tous ceux du 21e : enfin nouveau départ et, déjà malade, il
s’était adressé au médecin français pour lui dire son état de faiblesse. Peine
perdue, Cardoso a été envoyé comme les autres à la gare de Magdebourg pour
décharger du charbon à en crever. Il s’était inscrit comme malade et c’est
seulement apres quatre jours qu’il a été envoyé chez le médecin quand c’etait
deja trop tard. Hospitalise, il fut renvoye au stalag dans un état lamentable, il
faisait peine à voir tant il était maigre.
Le camarade Lazarescou et deux ou trois copains bordelais ont fait leur
possible pour lui venir en aide. J’en connais qui ont volé de la viande à la cuisine
583
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

pour essayer de le remonter un peu.


Sans doute savions-nous qu’il ne s’en tirerait plus. Je me souviens de m’être
adressé au commandant major français (ne disons- pas son nom, mon cher
Lazarescou, tu te souviens de lui : Oh ! les volontaires étrangers, on sait bien ce
que c’est. Vous étiez bien obligés de vous engager, sans quoi vous étiez expulsés !
... »
Je lui avais dit que si on annonçait à Cardoso qu’il serait rapatrié, ça l’aurait
encouragé et lui aurait soutenu le moral ! ÉJe me souviens de sa réponse,
légèrement agacé : « C’est ridicule ! Puisque je vous dis qu’il est perdu…
Pourquoi en faire un A. U. ! ... »
Ça s’est terminé un matin par un cortège de prisonniers de guerre portant sur
leurs épaules un cercueil de pauvre qui contenait le corps de leur camarade. Une
formale réglementaire prononcée par l’homme de confiance et un Allemand
photographiait les assistants. Le lendemain, j’étais envoyé de force, malgré les
plus vives protestations, en kommando, et c’est là que je recevais quelque temps
aorès ce dernier souvenir des camarades de régiment qui, quand ils le pouvaient,
se rendaient dans ce petit cimetière où reposait l’un des leurs.
Magin CARLOS
Né le 21-04-1915 à Arbos (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66) —>CARLOS
(Magi) 21-4-15, Arbos, serg. 21' R.M.V.E. Liste N 17.
Selvetti CARLOS
Né le 11-08-1905 à Coulé (Caldas de Reinha) (Portugax) Recrutemenx SBC (75).
Antonio CARMONA †g MPFXg
Né le 13-3-1911 à Sebolais (PortugaX) Recrutemenx Bar-le-Duc (55) 22e
R.M.V.E.−> 21e, car tué le 16 juin 1940 à Sainte-Menehould.
CARTAILLER ?
Sgt 1re sec 9e Cie disparu aux Vignettes (list capitaine Duvernay).
Doroleo CASENAVE
Né le 02-08-1908 à Sarragosse (Espagnx) Recrutemenx Pau (64) —> CASENAVE
(Dorolès) 6-2-08, Saragosse, (Espag.) 2' cl. 21’ R.M.V.E. 191.List 48.
Laredo Porras CASIMIRO (ou Casimir LAREDO)
Né le 02-03-1906 à Celada (Espagnx) Recrutemenx Pau (64) —> LAREDO (Casimir)
2-3-06, Eclada de la Torre, Burgos, 1re cl. 21e R.I Liste N 17.
CASSADO (Raphaël) †d MPFXd
Né le 15-1-03, Loleca-del-Rio (Espagnx) Recrutemenx i.2' cl. 21' R.I.V.F. 191 Liste
N 48. Arrivée du 11/10/1941 à Mauthausen venant du St IV F = CASADO
VALDEREMAS Rafael né le 15.01.1903 à Lora del Rio. Dcd le 05.02.1942 à
Hartheim (gazé).
584
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

André CASSAYRE
—> CASSAYRE (André). ŸFDX 18-3-04 (Saumur) M et L, serg-chef 21e R.I List 17.
Barthélémy CASTANER
—>CASTANER (Barthélémy) †f ŸFDX (Espagnx) né le 23-3-91, Soller, lieutenant,
21' R.I.E. Oflag VIA. Liste N° 48 Il appartenait à la Cie de Commandement (Billerot)
et il s’occupait des Pionniers. Hans Habe le décrit : « … le lieutenant Castaner…
en vingt ans de métier en Afrique avait appris et adopté les moeurs de la Légion.
C’était un homme basané tricoté serré avec une courte moustache noire, de
courtes jambes, un ventre proéminent, un cou épais et des mains rougeâtres. Il
ne faisait jamais une marche sans sa cravache et, sous prétexte de camaraderie,
en frappait ses soldats si fort qu’ils portaient sur le dos pour des jours les traces
de son amitié.
Il voyageait toujours avec une valise pleine de livres pornographiques et il
recevait dans les tranchées “La Vie Parisienne”. Il avait choisi comme ordonnance
Fodor, un peintre hongrois qui ne savait pas cirer les bottes, mais compensait
cette inaptitude par son art à dessiner des accouplements d’hommes et
femmes. » Monuments commémoratifs de Calais - Mémoires de pierre :
CASTANER Barthélémy, né le 21/03/1893 à Soller (province des Baléares,
(Espagne) domicilié à Calais, Décédé le 24/09/1944 à Calais, au 27 boulevard
Gambetta, au cours d’un bombardement aérien MPFXf 25/11/1959].
Pédro CASTANO
Né le 22-10-1916 à Bedar (Espagnx) Recrutemenx Lyon (69) engagé le
13/11/1939 —> CASTANO (Pierre) 22-10-16, Bédar (Espagne) 2' cl. 21’ R. M.V.E.
List N 16.
Raphaël CASTORIANO
Né le 10-04-1900 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx Nice (06) —>
CASTORIANO (Robert) Liste N 11 et 17 20-8-08. (Turquix) Recrutemenx i
Constantinople, 2' cl. 21’ R. M. V. E.
Domingo Miguel CATALAN †g MPFXg
Né le 12-05.1909 à Daroca Espagnx, Recrutemenx, 21e R.M.V.E., Tué à Sivry-Ante,
Marne 51
Evanghelo CATOURGIDES
Né le 01-01-1907 à Ordou (Grècx) Recrutemenx Cambrai (59) —> CATOURGIDÈS
(Evanghelos)', 1-1-07, Ardon, 2’ cl. 21' R.I. St. V B. Liste N 17.
Louis CAUCHIE
Né le 01-07-1903 à La Louviere (Belgiqux) Recrutemenx Valenciennes (59) —>
CAUCHIE (Louis) 1-7-09, La Louvière, 1’ cl. 21’ R.M.V.E. 102. Liste N 56. Le 9 juin
1940, Cauchie, légèrement commotionné (obus) aux Grandes-Armoises, 1re cl.
585
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Pointeur. Décédé le 14/08/1960.


José CAVACO
Né le 29-09-1902 à Alte (Portugax) Recrutemenx Cahors (46).
CAUSSE Henri Bertrand Justin †g MPFXg
ŸFDX Lieutenant — né le 22 mars 1909, à Auch, Gers, mort le 13/06/1940 à
Verrières, 5. Le 13 juin 1940, le 3e bataillon du 21e R.M.V.E. avait établi son P.C
dans la salle de classe de l’école de Verrières. Un peloton motocycliste fut envoyé
en reconnaissance. Sa mission était de préparer la mise en place du 21e R.I.C. à
l’orée de la forêt d’Argonne. (Voire aussi rapport Modéna Chapitre IV) Après avoir
camouflé leurs motos dans le bois du carrefour de la présidence, ils prennent
position sur la crête des « Acrues » à 150 mètres environ de la route 382. Deux
fusils mitrailleurs sont mis en place. Le lieutenant Henri Causse, 7e Cie, originaire
d’Auch, secondé du lieutenant Saint-Martin, commandait l’expédition. Alors que
deux grenades attachées à sa ceinture, avancé en devant de ses hommes, il
scrutait l’horizon à la jumelle, il une rafale d’armes automatiques l’atteignit de
plein fouet. Il s’écroula, les bras en croix ; une balle avait traversé son étui à carte.
Il a été dit que privés de leur chef ses hommes l’avaient abandonné, ainsi que
leur armement… ??? Le 30 juin, un troupeau de vaches errant dans la nature, des
agriculteurs du village, de retour de l’émigration, réussissent à le ramener au
village et à récupérer une partie de leur cheptel. Récit de Jean Hussenet : C’est
au cours de cette poursuite du troupeau que je découvre avec émotion le corps
de cet officier. Avant de prévenir les autorités allemandes pour son inhumation
provisoire, je récupérai son alliance, ses jumelles et quelques lettres qui
dépassaient de sa poche, que je remis plus tard à sa famille. Le premier juillet,
trois prisonniers français, les traits marqués par deux semaines de captivité et de
sous-alimentation au camp de Sainte-Menehould, vinrent, encadrés par deux
soldats allemands, donner une « sépulture » à ce brave. Il fut enterré sous
soixante centimètres de terre, roulé dans une toile de tente, avec ses grenades,
deux à son ceinturon, trois dans sa musette, les Allemands ayant donné l’ordre
de ne pas y toucher. Quand son corps fut déposé dans la tombe, un prisonnier
récita un Notre Père. Les deux soldats allemands résentèrent les armes : minute
émouvante et inoubliable dans sa tragique simplicité.
On voit souvent au bord des routes des croix, des stèles, des monuments, qui
immortalisent la fin tragique de personnes qui ont trouvé là, comme l’aurait écrit
Alphonse Daudet, leur « tombe de hasard ». Une de ces stèles se trouve sur la
route de Givry, après le pont de l’autoroute, à gauche : c’est celle du lieutenant
Henri Causse. Cachée entre deux arbustes, la stèle porte une inscription qui, si
l’on n’y fait rien, sera un jour illisible. C’est en octobre 1941 que le corps fut
586
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

exhumé et transféré au cimetière provisoire des Vertes Voyes. Le Lieutenant


Causse, ingénieur des ponts et chaussées, jeune marié sans enfant, repose à
Auch, sa ville natale (Pyrénées atlantiques). Sa famille a fait ériger cette stèle
pour rappeler son sacrifice. Mais n’oublions pas la devise du Souvenir français :
‘’ À nous le souvenir, à eux l’immortalité’’. »
Régulièrement, Jean Hussenet entretient la stèle et ses abords et après chaque
exposition de chrysanthèmes ne manque pas d’aller déposer une fleur. Les
habitants de Verrières s’y sont rendus en 2010 (70e anniversaire) pour une
émouvante cérémonie du souvenir. Petit journal de Sainte-Menehould et des
environs.
==David CAVALLERO
Né le 27-01-1906 à Magnesie (Turquix) Recrutemenx Rouen (76). CAVALLERO
David né le 27/01/1906 à MAGNESIE déporté par le convoi n° 74 le 20/05/1944
à Auschwitz §d Libéréx Déportés 1200. Survivants 157.
Joseph CAZES (ou Elie)
Né le 03-05-1900 (Turquix) Recrutemenx SBC (75) Détail 218 ter rue Solférino.
21e R.M.V.E. Mobilisé le 23/02/1940. Démobilisé le 01/08/1940,
Joseph CAZES
Né le 14-10-1912 à Smyrne (Turquix) Recrutemenx SBC (75)
== José CELDRAN
Né le 19-07-1909 à Carezo (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66). 2e section 10e
Cie. Prisonnier dès avant Vaucouleurs. Doc Duvernay.
Jacques CELEMENSKI
Né le 17-09-1906 à Kutno (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —>CELEMENSKI
(Jacob) 17-9-06, Kupno (Pologne) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Antonio CERDA-DAUDET
Né le 12-02-1913 à Jolepuela (Espagnx) Recrutemenx Pau (64) Appartenait à la
C.A. 1. —> CERDA (Antoine) 12-2-13, Igléonelo, sergent. 21e R.I. Liste N 17.
Déporté Mle 4998 CERDA DAUDET Antonio né le 11/02/1915 à Iglesuela. Parcour
Steyr, Gusen. §d Libéréx le 05/05/ 1945 Gusen.
Francisco CEREZUELA
Né le 23-4-1910 à Velez Rubio (Espagnx) Recrutemenx Carcassonne (11) —>
CEICZUELA (François) 23-4-10, Velez-Rubio, (Espagne) 2' cl. 21' R.M.V E. List 22
Theodore CERGUEFF†p
né le 04-09-1901 à Kosa (Russix) Recrutemenx Caen (14) Mort le 05/02/1943
Schwalmstadt-Treysa Allemagne (ex Prusse) — 14 — Grainville-Langannerie.
Monument aux Morts. MPFXp.
Jean André CESPEDES
587
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 30-11-1918 à Barcelone (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).


Théodore CEVEYTCH ❤ G.R. 16 P 115463
Né le 30-08-1912 à Begec (Yougoslavix) Recrutemenx Grenoble (38) —>
CEVEYTCH (Théodore) 30-8-12, Begec (Youg.) cap. 21e R.M.V.E. 142. Lis 32.
Philippe CHABREDIER
—> CHABREDIER (Philippe) ŸFDX 28-2-13, Paris, serg. 21’RMVE, St. XII A. List 73.
Icko CHACHMAN
Né le 14-01-1905 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx i Décédé 1963.
—> CHACHMAN (Icko) 14-1-05, Varsov-, 2' cl. 21' R.I. List 17. Naturalisé avril. 47.
Haim CHALOM
Né le 15-04-1908 à Istamboul (Turquix) Recrutemenx SBC (75)
Raymond CHAMARD
ŸFDX né le 01-01-1917 RI, incorporé SBC (75) —> CHAMARD (Raymond) 1-1-17,
Paris, sergent. 21' R.M.V.E. Liste N 17 Léon de Rosen le décrit : « Chamard est un
garçon unique : toujours de bonne humeur, il se lève le matin avec le sourire. Le
soir, sa journée finie, il se couche, il sourit toujours, ses yeux tout à coup se
ferment et il dort. En ligne, il était agent de liaison entre le Bataillon et la
Compagnie, et en toutes circonstances, il arrivait toujours calme et souriant.
Nous l’avions baptisé “Pêche melba”, car ses joues ont le rouge des pêches
mûres. » Sera appelé « la Marquise » Plus loin : « … débuts sur la scène de
Chamard qui improvisa à merveille le rôle d’une grand-mère. Il était si drôle dans
son accoutrement, une longue robe noire taillée dans un rideau, une pèlerine
coupée dans une couverture, un chapeau à fleurs de mon jardin, une perruque
de crin de matelas. Et ses réparties de vrai titi parisien nous firent rire jusqu’aux
larmes. » Libéré en 1945, de Rosen lui trouvera un emploi chez Simca en 1952
Maurice CHAMEROY
—> CHAMEROY (Maurice) ŸFDX 24-4-09, Chaumont, Haute-Marne, serg. 21e
R.M. Stalag. XI A. Liste N 44.
Jacques CHAOUL
Né le 30-08-1918 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx Limoges (87).
Jean CHARLOT
—> CHARLOT (Jean) ŸFDX 1-8-04, Sedan, lieut-, 21’ R.I.E. Of. VIA. List 48. CA 1.
==Albert Raymond André CHARPENTIER
Né le 3-4-1917, aspirant 1re Cie —>CHARPENTIER (Albert) ŸFDX 3-4-17,
Rabastens-de-Bigorre, aspirant, 21' R.M.V.E. Listes N 49 et 50. Il appartenait à la
1re cie du 1er bataillon.
==Israel CHASMAN
Né le 29-08-1903 à Chensingy ou Chenciny (Polognx) Recrutemenx SBC (75) : N V
588
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

avril 47 : livret militaire... CHASMAN Israël né le 29/08/1903 à CHESINY déporté


par le convoi n° 7 le 19/07/1942 de Drancy à Auschwitz. §d Libéréx.. 999
déportés, 16 survivants. 375 gazés à l’arrivée au camp.
CHENG-HAK-KIM
Né le 09-12-1888 à Rjogen (Japox) Recrutemenx SBC (75).
José CHENOLL
Né le 26-02-1891 à Carlet (Espagnx) Recrutemenx Rodez (12).
Monument de Noirval (dîner de la C.A.1.)
Michel CHERMAN †d MPFXd
Né le 26-09-1891 à Riga (Lettonix) Recrutemenx SBC (75). déporté par le convoi
n° 32 Train 901/27 le 14/09/1942 de Drancy à Auschwitz. DCD 27/10/42
Oświęcim, Małopolskie, Pologne. 1000 déportés, 45 survivants.
José CHERON
Né le 5-05-1910 à Izmit (Turquix) Recrutemenx SBC (75) Mle 3819. Don pour le
Monument de Noirval (dîner de la C.A.1.)
Nicolas CHEVAZEZ
Né le 13-01-1908 à Kulsolocs (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 8756 —>
CHEVAZEZ (Nicolas) 13-1-08, Kuilsoboes (Hongrie) 2’ cl. 21’ R.E. 190. Liste N 56.
(Sous toute vraisemblance Nicolas SCHWARCZ), 4e section 10e Cie manquant
depuis Montigny le 17 (Document Duvernay).
==Lucien CHILLON
Né le 02-02-1906 à Vezdermanaw (Espagnx) Recrutemenx Beauvais (60) —>
CHILLON (Lucien) 2-2-06, Vezlemarvan (Espagne) 2' cl. 21' R.M. Liste N 17.
Samuel CHIQUIAR†d MPFXd.
Né le 10-03-1906 à Magnésie (Turquix) Recrutemenx SBC (75). CHIQUIAR
(Samuel) né le 13/3/1906 à Magnésie (Turquie). CHIQUIAR Samuel né le
13/03/1906 à MAGNESIE déporté par le convoi n° 38 le 28/09/1942 de Drancy à
Auschwitz. Dcd le 20/11/45 à Weimar Buchenwald (All.). 904 dec, 18 sur.
Roland CHIRON †g MPFXg.
ŸFDX, né le 23-04-1915 à Bourdes (Cher) 21e R.I. Mort le 19 juin 1940 à Sainte-
Menehould.
Moszek CHLEWICKI †d MPFXd
Né le 25-10-1896 à Radoue (Polognx) Recrutemenx SBC (75). CHLEWICKI Mozec
né en 1896 à RADOM déporté par le convoi n° 1 le 27/03/1942 de Drancy à
Auschwitz. 1112 déportés, 19 survivants.
Israël CHLIWNER
Né le 08-10-1906 à Kozievice (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —>CHLIWNER
(Israël) 8-10-06, Kozievice (Pologne) 2' cl. 21' R. I. Liste N 17.
589
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Michel CHOVANSKY
Né le 15-11-1902 à Bryertes (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Nicolas CHPOULINOFF
Né le 27-07-1896 à Kiex (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Georges CHRISTIN
Né le 26-08-1906 à Lausanne (Suissx) Recrutemenx SBC (75).
Nicolas CHRISTOFF
Né le 23-04-1889 à Nicopol (Bulgarix) Recrutemenx SBC (75).
Maurice CHURGIN
Né le 30-01-1906 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) DCD 1964. —>
CHURGIN (Judal) 30-1-06, Varsovie, 2’ cl. 21' R.I. Liste N 17.
Stanislas CIEPELA
Né le 10-06-1902 à Glowzaza (Polognx) Recrutemenx Clermont-Ferrand (63).
Elie CIHEN
Né le 14-03-1906 (Grècx) Recrutemenx SBC (75).
David CIMBLER
Né le 23-01-1902 à Bendzin (Polognx) Recrutemenx Metz (57).
Hrinko CIOLKO
Né le 14-04-1902 (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Alfred CIPRUT †g MPFXg
Né le 02-09-1907 à Constauza (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5866. Mort
le 21-06-1940.
Henri CISINSKI
Né le 22-10-1916 à Garvolin (Polognx) Recrutemenx SBC (75). —> CISINSKI
(Judka ou Henri) Liste N 17 : 22-10-16, Garvolin (Pologne) 2' cl. 21' R M.
IAppartenait à la 3e section de la 10e Cie.
Mordka CISINSKI Voir Gisinski.
Marcello CLAVELINO
Né le 17-07-1921 à cuestaheda Espagnx RM Recrutemenx Perpignan (66) -->
Clavero (Marcelino),17-7-21, Burgos, esp- 2e cl. 21e RI.
André CLEMENT
Né le 13-04-1914 à Cuarmons (Suissx) Recrutemenx Belfort (90) Engagé le
02/10/939 —> CLÉMENT (André) 13-4-14, Gollion : (Suisse) 2’cl. 21’ R.M. List N
20 et 25.
Joseph CLISCI†g MPFXg ❤ G.R. 16 P 134074
Né le 12-11-1915 à Cliscaudi (Russie) Recrutemenx SBC (75) Mle 5827. Roumanix
(La Bessarabie est roumaine après 14-18). Voir Chap IV CLISCI.
Hoscheli CLISCOVSCHI
590
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 17-02-1909 à Rascani (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 7270 —>


CLISCOVSCHI (Hoscheli). 17-2-09, Riscalia, Roumanie 2e Cl. 21e R.I. Liste N 17.
Lucien CLOIX
Né le 13-06-1913 à Lausanne (Suissx) Recrutemenx Nevers (58).
CLOYSSEN (Jean) 17-1-09, Hasselts, (Belgiqux) Recrutemenx i 2' cl. 21' R.E. St. XI
A. Liste N 44.
==COARTANCO
(IDTMx) Recrutemenx i
Luigi COASSIN
Né le 15-10-1910 a Sesto de Boghena (Italix) Recrutemenx Lille (59).
Antonio COELHO †g MPFXg
Né le 19-08-1897 à Porto (Portugax) Recrutemenx SBC (75) Mle 2732.
Appartenait à la 1re section de la 10e Cie et serait disparu depuis les Vignettes
selon le rapport du capitaine Duvernay. Présumé Décédé.
COFSMAN : voir GOFSMAN
Henri COHEN
Né le 08-10-1913 à Stamboul (Turquix) Recrutemenx SBC (75) —> COHEN (Henri)
8-10-13, Istamboul (Turquie) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Jonathan Roger Élie COHEN
ŸFDX Médecin capitaine, né à Alger (Algérix) le 17/7/1898. Incorporé le 16-3-40
(Hôpital complémentaire).
Léo Youda COHEN
Né le 10/8/1909, Serrès, GrècX, Recrutemenx SBC (75) Mle 1950—>Cohen (Léon-
Youda), 10-8-09, Serrès, Grèce, cap. 21e R.I. Liste N 17.
Moïse COHEN
Né le 12-09-1912 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75) Mle 14597—
> COHEN (Moïse) 12-3-12, Constantinople, 2e cl. 21e R.I. Liste N 17.
Raphaël COHEN
Né le 15-03-1911 à Salonique (Grècx) Recrutemenx SBC (75) Mle 2853—> COHEN
(Raphaël) 15-3-11 Salonique, 2' cl. 21' R. M. Liste N 17. C.A.1.
==Guy COHN
—> COHN (Guy) ŸFDX 16-12-96, Genève, Suissx capitaine, 21e R.I.E. Oflag VI A.
Liste N° 49 Parmi les hommes prisonniers du 21e, citons l’officier Guy Cohn né le
16 novembre 1896 et encore vivant à 104 ans en novembre 2000. Il était officier
adjoint d’État-major. Incorporé le 1-10-1939. À Vienne-la-Ville, le capitaine Guy
Cohn et un officier du génie font sauter le pont après le passage du 3e bataillon
le 13 mai.
Hans Habe parle aussi de lui : Cohn dans le bois d’Allain a appuyé Truffy pour
591
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

inviter Habe à partir. Il était officier-adjoint d’État-major (Chef d’État-Major


Eugène Le Guillard).
Relevé de sa biographie dans l’Internet : COHN Guy né le 16/11/1896.
Salonique, Lille, Paris… De parents français d’origine toulousaine, j’ai vu le jour à
Genève parce que ma mère était actrice et jouait au théâtre.
Je suis donc né à Genève par accident. J’ai vécu à Lille dans le quartier de la
Porte de Paris et à La Madeleine1 presque toute ma jeunesse : Lille est la ville la
plus enrichissante que j’ai connue. Là-bas, j’étais en famille. Or, je n’avais pas de
père. Si, j’avais un père : Henri Cohn. Mais mes parents n’étaient pas mariés.
Quand je suis né, ils se sont quittés. Par conséquent, j’ai vécu toute ma prime
jeunesse avec ma mère uniquement. Ma mère était actrice, elle jouait six mois
dans un théâtre et six mois dans un autre, et ainsi de suite. Je la suivais. J’ai donc
toujours eu une éducation irrégulière, car je faisais deux écoles par an, donc je
n’étais pas un bon élève.
En revanche, quand j’ai pu faire des études, là, j’ai été premier. J’ai fait mes
études à l’Institut industriel de Lille, aux Beaux-Arts et au Conservatoire de
musique. Nous avions habité Paris dans le 17e arrondissement avant la guerre de
1914, parce que ma mère était dans un théâtre.
J’ai été pensionnaire au Collège Sainte-Barbe parce que le métier de ma mère
l’empêchait de s’occuper de moi comme elle voulait. J’ai perdu beaucoup
d’illusions dans les dortoirs la nuit entre garçons. Ça m’a heurté, et je me suis fait
mettre à la porte. C’est normal, un enfant qui n’est élevé que par sa mère, ne
connaît rien et quand il voit le vice dans un lycée, c’est épouvantable.
J’ai habité Barbès dans un immeuble qui avait un ascenseur, ce qui était rare à
l’époque. Au début de la Première Guerre mondiale, j’étais élève ingénieur à Lille,
en 1914. Au moment de l’arrivée des Allemands, ma mère m’a donné quatre-
vingts francs et elle m’a dit : « Vas-t’en. Je ne veux pas que tu sois prisonnier des
Allemands. »
Alors, un gosse de dix-huit ans avec quatre-vingts francs, qu’est-ce qu’il va
faire ? Comme je ne savais rien faire, je suis descendu sur Paris et je me suis
proposé comme manoeuvre à la Samaritaine. L’employé qui me reçoit me dit :
« C’est la guerre, on n’embauche plus personne, nous le regrettons ».
Je sors de là et me dis : « Mais qu’est-ce que je vais faire ? »
La somme que j’avais en poche fondait très vite. Alors, je me suis souvenu que
j’avais un parrain, prêtre, qui était curé près de Bordeaux, l’abbé Chevalereau. Je
me suis dit : « Je vais aller chez lui. Il me prendra certainement. »
À cette époque-là, je ne savais pas que les prêtres, les religieux n’avaient pas
d’argent. J’arrive chez l’abbé, il me dit : « Je te prends, tu me serviras la messe
592
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

tous les matins et puis c’est tout ». Au bout de quelques jours, je me suis aperçu
qu’il n’avait pas le sou. Il n’avait pas les moyens d’entretenir un gars de dix-huit
ans. J’avais un oncle, agent d’assurances, et une tante à Carpentras. Je me suis
dit : « Tonton va me faire travailler. » Je prends le train et j’arrive chez lui. Il me
dit : « Naturellement, je te prends. Tu me serviras de secrétaire. » Ça ne m’allait
pas du tout, et au bout de très peu de temps, je me suis engagé dans l’armée à
Avignon, au 58e régiment d’infanterie. À partir du moment où j’ai été militaire,
j’ai eu la sensation d’avoir un métier.
La guerre 14-18
Un matin, j’arrive à Avignon, c’est le 5 mars 1915, et je m’engage sous le
numéro 204 au 58e régiment d’infanterie. Du 58e on me renvoie au 61e à Privat.
Je fais mes classes comme tous les jeunes soldats. Au bout d’un certain nombre
de mois, je suis affecté à un régiment qui monte à la guerre. Je suis ommé caporal
et mon colonel m’envoie à Saint-Cyr (en 1916) pour devenir aspirant. Nous avons
quitté Saint-Cyr en chantant la Marseillaise.
On nous envoie à Salonique fin 1916 à début 1917. Je suis blessé au visage en
montrant aux soldats comment se servir d’une grenade et on m’envoie à
Clermont-Ferrand pour me faire soigner. Après, je suis envoyé dans un régiment
de repos et je suis affecté au 3e bis régiment de zouaves (en 1917).
Après Salonique, je suis allé voir Georges Mandel et je lui ai dit que je voulais
retourner au Front. J’ai été affecté avec le Colonel Trappet, le meilleur colonel de
l’armée française, que tout le monde surnommait « Bande de vaches » parce que
quand il partait à l’attaque, il criait « Bande de vaches ! » et je me suis très bien
entendu avec lui. Nous faisons une attaque. Je ne suis pas blessé. Je suis nommé
lieutenant. On a peur de partir à l’attaque, mais quand les balles sifflent, on n’a
plus peur.
Je ne regrette pas du tout d’avoir vécu comme je l’ai fait parce que la vie a été
belle. Voyez-vous, je repense souvent aux attaques que nous avons faites. Il est
certain que quand vous allez à la mort, vous avez la trouille. Mais quand vous
êtes dans le bain, vous êtes comme ivre, et alors, on ne pense plus du tout à rien,
que ce qu’on doit faire. Le Général qui commande la division m’a désigné pour
être son voyeur. Il m’a dit :
« La Division va attaquer. Vous serez mes yeux ». Je lui ai dit que c’était la
première fois que je voyais une bataille sans y participer. C’étaient les bataillons
d’Afrique qui attaquaient. Ils n’ont jamais pu sortir de leurs tranchées. Les
Allemands les ont bloqués tout le temps. J’avais le Général au bout du fil : « Mais
ce n’est pas vrai ! Ils sont sortis ! Vous n’avez pas pu les voir ! »
Je me dis : « Il va faire faire l’attaque par un autre régiment ». Mais il désigne
593
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

mon régiment, le 3e bis de zouaves. Je prépare mes hommes. Et c’est là qu’au lieu
d’attendre l’heure prévue pour attaquer, dans le courant de la nuit, je les fais
sortir et les place derrière le barbelé. On passe au-dessus de la tranchée. Les
Allemands n’étaient pas sur leurs fusils, ils nous attendaient cinq minutes plus
tard. On arrive à la seconde tranchée. Les Allemands qui étaient là étaient
protégés par leurs frères qui étaient dans la première. Or la première était prise.
Ils n’avaient donc pas leurs armes. Nous passons donc et allons prendre la
troisième. Et quand nous sommes dans la troisième, nous nous apercevons que
la première et la seconde n’ont pas été prises derrière nous par les Français. Nous
sommes seuls en terrain allemand. Nous nous sommes battus et nous avons
gagné.
Nous avions des baïonnettes et les officiers, des sabres. J’ai trouvé ça idiot de
donner à un officier un sabre contre une baïonnette allemande. J’ai pris mon
sabre, je l’ai mis dans le fond de la tranchée et j’ai pris une baïonnette d’homme.
J’ai été blessé deux fois. À la tête donc, et à la clavicule droite. La première fois,
c’était en Macédoine. Ma deuxième blessure, c’était en 1916 à la côte du Poivre,
à Verdun.
La fin de la guerre 14-18
J’ai fini la guerre au 31e bis régiment de zouaves. J’étais donc en première ligne
avec mes hommes quand mon colonel passe et me dit : — La guerre va finir. Ta
mère ne t’a pas vu depuis quatre ans. Laisse tes hommes et va l’embrasser de ma
part.
Alors, je suis allé changer de tenue, j’en ai mis une belle, je me suis rasé, j’ai
mis mes décorations, j’ai pris un train militaire et le lendemain je suis arrivé à
Lille, je suis en face de Maman :
— Tu es trop beau, on voit bien que tu n’as pas fait la guerre.
Je ne lui ai pas dit le contraire. Nous sommes allés à Carpentras, et là, elle a
appris que j’avais fait la guerre. Régiment de Privat, puis le front, Saint-Cyr pour
devenir sergent, puis Verdun, la campagne d'Orient en 1917, puis à nouveau le
front.
La rencontre avec son épouse
J’ai fait la connaissance de ma femme chez mon oncle et ma tante à
Carpentras. Avant de la rencontrer, je ne voulais pas me marier parce que je
n’avais pas d’argent. Par conséquent, qu’est-ce que j’allais faire avec une femme ?
J’étais déjà embêté pour gagner trois francs soixante-quinze. Mais mon oncle a
insisté.
On nous a présentés, nous nous sommes plus et nous nous sommes mariés le
1er juin 1927 dans le Vaucluse et nous avons été un très bon ménage. Nous avons
594
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

eu une première fille en 1929. Nous en avons eu une deuxième en 1936 qui n’a
pas vécu. Ma femme, Odette, n’a jamais travaillé, mais a eu une vie associative
chargée.
La vie professionnelle
Je suis revenu comme ingénieur dans l’agglomération lilloise (sous-directeur,
puis directeur d’usines de textile qui fabriquaient du lin, de la laine et du coton).
Puis, je fus directeur d’une usine qui fabriquait des tapis d’Avignon à Fontaine de
Vaucluse. Cette dernière fit faillite, et je pris alors, jusqu’en 1939, la direction
d’une usine située en Anjou qui fabriquait des couvre-pieds/couvre-lits.
La Seconde Guerre mondiale
J’ai été remobilisé en 1939 avec le 21e régiment de marche des volontaires
étrangers. J’ai été prisonnier de guerre avec le régiment près d’Allain (voir Hans
Habe) et j’ai été transféré au Fort Saint-Vincent, situé près de Nancy, puis en
Allemagne dans un « Oflag » (VI A.) camp des officiers, où les Allemands ont été
très chics avec nous pendant quatorze mois (jusqu’au 15 août 1941).
Ce qu’il y a de terrible, c’est que, quand on prend un civil et qu’on le mobilise,
il a la trouille. Et quand il a fait son métier de soldat et qu’il tire, il n’a plus la
trouille. C’est comme une jeune fille avant le mariage, elle est un peu inquiète, et
après c’est fini. C’est la même chose à la guerre.
Quand nous avons été libérés, nous avons pris le train. Le commandant du
camp nous a salué « Au revoir, chers camarades ! », car nous étions tous de 1914.
Je suis venu diriger une usine de confection de vêtements hommes et femmes à
Paris. Les Allemands contrôlaient Paris. J’ai été convoqué au Palais-Bourbon. Un
lieutenant m’a dit :
— Bien sûr, vous n’aimez pas les Allemands. Vous en avez tué beaucoup ?
— Oui, le plus que j’ai pu.
Nous avons parlé une heure comme ça et il s’est levé :
— Permettez à un officier allemand combattant de serrer la main à un officier
français combattant. Vous allez partir. La porte qui est derrière vous, vous ne
devrez plus la franchir. Si vous avez des ennuis avec l’armée allemande, faites
appel à moi.
Quelques mois plus tard, un jour où je me promenais dans Paris, ce même
officier me voit, traverse la rue et vient à ma rencontre pour me tendre la main
et me saluer.
Paris
J’avais dit dans ma jeunesse que jamais je n’habiterais Paris parce que ça ne me
plaisait pas. Et maintenant que je vis à Paris depuis trente ans, je dis que Paris ’est
raiment ce qu’il y a de plus agréable. Ça dépend où l’on habite. Ça dépend qui
595
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

l’on fréquente. Ici, nous sommes dans un quartier très bien.


L’électricité
Je n’ai jamais fait mes études à l’électricité, mais à la lampe à pétrole. Quand
l’électricité était courante, j’étais déjà militaire. J’ai assisté à une époque de
transformations sans m’en rendre compte.
Les fiacres et les autres transports
Il y avait des taxis à chevaux : des fiacres. Ce qui m’a marqué, c’est leur
suppression. J’ai connu les autobus. L’automobile fut une révolution, car elle
coûtait cher. Néanmoins, j’ai eu mon permis de conduire auto en 1926. Les
omnibus : On avait accès à l’impériale par un escalier extérieur. C’étaient des
omnibus à quatre chevaux. J’allais me mettre derrière le conducteur, et, comme
tous les gosses, je voyais quelque chose de neuf.
Il avait eu en 1939 un contrat en Province, mais on ne le lui a pas renouvelé à
cause de son nom à consonance juive. Alors une personne de Paris l’a appelé
pour diriger une usine de confection rue de la Chine à Paris pendant toute la
guerre. Cette usine avait été spoliée par les Allemands à des juifs qui ont récupéré
leur usine après la guerre.
En octobre 1945, mon père est venu à Paris, car il avait fondé une petite
entreprise de linge en gros de fournitures pour hôtel. Il a toujours été dans le
textile jusqu’à sa retraite.
Nous habitions le 16e arrondissement (au boulevard Émile Augier, près de La
Muette) nous avons déménagé en avril 1963 pour habiter dans le 15e
arrondissement. Cela fait donc trente-trois ans que nous habitons ce quartier.
Après la guerre, quand nous sommes arrivés à Paris, il y avait encore des
victorias, ces voitures à cheval. Les gens se promenaient avec ces voitures dans
Paris. En 1945, il y avait encore des livreurs qui venaient avec des chevaux. Un
jour, il pleurait, je lui ai demandé pourquoi, et il m’a dit :
— Je vais devoir travailler à la gare des Batignolles, on supprime les chevaux.
Les distractions
J’ai fait de l’aviron seul à Lille, sur la Deûle, et autour de Paris, sur la Marne (à
Bry-sur-Marne). Mon deuxième sport favori est la pelote basque. J’allais au
théâtre, pas au cinéma. J’allais voir les spectacles des chansonniers au Théâtre
des Deux Ânes ou au Caveau de la République.
Divers
— La vie est belle lorsqu’on sent que l’on fait quelque chose.
— J’enregistre ce que je vis.
— La vie se charge de nous guider sans que vous soyez capable de le faire
vraiment.
596
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

— Quand on arrive à la fin de sa vie, on trouve que la vie est simple ; c’est nous
qui la compliquons.
Propos recueillis lors d’entretiens réalisés par les collecteurs de Paris-
Mémoires (2000) et publiés dans le livre « Hommage à nos aînés qui ont connu
trois siècles ». (Récits de vie de Parisiens nés avant le 1er janvier 1900.)
1 Ville de l’agglomération lilloise se situant à la périphérie nord-ouest de Lille,
entre cette dernière et Roubaix. 2 Pendant l’Occupation (1940-1944) le palais fut
en effet réquisitionné par divers services de l’administration nazie. Libéré le 15
août 1941, il a par la suite dirigé une manufacture de vêtements (spoliée par des
Allemands à des Juifs qui l’ont récupérée après la guerre) à Paris rue de Chine
jusqu’en 1945 et il est resté dans le textile jusqu’à sa retraite.
Guy Cohn né le 16 novembre 1896 et était encore vivant en 2000 (Paris-
Mémoires, 2000 : 104 ans). N.B Il y avait dans son récit une erreur (« Fort-Saint-
Vincent près de Reims » !)
COHN Pinco Alias CAHN Pierre
Né le 27-10 1907 à Bucarest (Roumanix) Recrutemenx SBC (75), Mle 3845—>
CAHN (Pierre, né le 27-10-07 à Bucarest Roumanie, liste N 17.
Abram COIFMAN
Né le 18-03-1910 à Edinitzi (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> COIFMAN
(Abram) 18-3-10, Edenité, 2' cl. 21' R. M. Liste N 17.
Alphonse COKKINOS
Né le 16-03-1897 à Pirée (Grècx) Recrutemenx SBC (75).
Emilio COLLADO
Né le 22-05-1914 à Marmoleyo (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Antoine COLOMBO
Né le 19-11-1916 à Verdelo (Italix) Recrutemenx Versailles (78) 1er R.M.V.E.—>
COLOMBO (Antoine) 19-11-1916 2e cl. 23e R.M.V.E. (Muté 23e ?) List 61 192.
Moises COLOME
Né le 10-12-1918 à Pals (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
Florentin COMPÈRE
Né le 25-10-1908 a Naome (Belgiqux) Recrutemenx Grenoble (38). —> COMPÈRE
(Florentin) 25-10-08, Naome, Cap. 21e Étg. St. IX A Liste 44,
==Benoit COMPS
né le 19-03-1909 à Médiano (Espagnx) Recrutemenx Versailles (78). —> CAMPS
(Benoit) 9-3-09, Mediana, Espagne 2e cl. 21e R.I. St. XVII A Liste N 97 José COMPS
né le 19-06-1906 à Tella Huesca (Espagnx) Recrutemenx Versailles (78) —>
COMPS (Joseph) 19-6-06, Tella (Espagne) cap. 21' R.I.V.E. Liste N 17.

597
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Haim CONFORT
Né le 07-10-1902 à Doupuisto (Bulgarix) Recrutemenx SBC (75) Mle 14007.
Léon CONFORTI
Né le 05-10 1909 à Gorna-Djonmaya (Bulgarix) Recrutemenx SBC (75) Mle 3847
—> CONFORTI (Léon) 5-10-09, Gorha-Djouma (Bulgarie) 2' cl. 21' R.I.V.E. List 17.
Karel COP
Né le 25-11-1908 à Duffel (Belgiqux) Recrutemenx Lille (59).
Jean COPPER
Né le 10-08-1912 à Berné (Suissx) Recrutemenx Montpellier (34).
Francisco CORNELLAS
Né le 01-01-1916 à Rippol (Espagnx) Recrutemenx Mautauban (82).
Alexandre CORNESCO ❤G.R. 16 P 142914
Né le 02-10-1908 à Bucarest (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 7280.
Marcel CORNU ❤. G.R. 16 P 143268 CORNU, Marcel 07.08.1905 Beugnies
—> CORNU (Marcel) ŸFDX 7-8-05, Beugnies, adj.-ch., 21e R.M.V.E. 121.List 33.
Jean COROMINAS
Né le 08-02-1910 à St-Felix (Espagnx) Recrutemenx Lyon (69) engagé le
18/10/1939 —> COROMINAS (Jean) 8-2-10, St Félix (Espagne) 1' cl. 21' R.M.V.E
142 Liste N 28.
Gimenez CORREA
Né le 05-07-1905 à Velez (Espagnx) Recrutemenx Carcassonne (11).
Leon CORTOIS
Né le 20-02-1906 à Bruges (Belgiqux) Recrutemenx Dunkerque (59).
==André COSCOQUELA
ŸFDX né le 21-2-1909 à Aiguillon Lot et Garonne Le lieutenant Coscoquela (C. A.
2e bataillon) est blessé le 9 juin 1940 aux Petites-Armoises. Prisonnier rapatrié
Démobilisé 2/41 ...
Sirvent COTS †d MPFXd.
COTS-SIRVILLE (Francisco Né le 14-02-1908 à Gijona (Espagnx) Recrutemenx
Toulouse (31) Déporté. Dcd le 19/12/42 Gusen. Convoi 45?
Jean COUDERT
—> COUDERT (Jean) ŸFDX 31-3-11, Bort-les-Orgues (Cor.) serg. -ch., 21' R. I. Liste
N 17 5e Compagnie.
Blagoi COUNTCHEV
Né le 09-02-1907 à Monchovo (Bulgarix) Recrutemenx Montpellier (34) —>
COUNTCHER Blagoé, 9-2-07, Moncbovo (Bulg.) 2' cl. 21' R.M.V. St. XI. List 44.
COURBIS
ŸFDX Comptable adjoint C. A. 2.
598
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Georges COURVOISIER
—> COURVOISIER (Georges) ŸFDX 3-1-06, Lyon, serg. 21'R.M.V.E. 204. List 55.
Maurice COUSSONS
Né le 11-12-1898 à Gaud (Belgiqux) Recrutemenx Versailles (78).
Jean COVO
Né le 05-03-1908 (Grècx) Recrutemenx SBC (75) —> COVO (Jean) 5-3-08,
Salonique, 2’ cl. 21’ R I. Liste N. 17.
Judas Léon COVO †g MPFXg
Né le 10-05-1910 à Salonique (Grècx) Recrutemenx i Tué le 13-06-1940 (Beaulieu
en Argonne, 55 - Meuse, France). Nécrop nationale Bevaux Verdun.
René Henri CRAMATTE
ŸFDX né le 13-04-1914 à Pfetterhouse (68 - Haut-Rhin) Recruté Belfort (90)
Détail engagé le 17/10/1939. 2e Bataillon.
CRAUS Bénédich ❤ GR 16 P 149857
—> Né le 14-3-1917 Baccau (Roumanix) Recrutemenx I ; 2e cl. 21e R.I. Liste N 17.
Leizer CRAZOVER †d MPFXd
Né le 16-04-1911 à Roscani (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 2825 —>
CRAZAVER (Laizais) 16-04-11, Rascani, Roumanie 2e cl. 21e R.I. Liste N 17.
Crazover (Leizer) né 16/4/11, Rascani. CRAZOVER Lazare né le 16/04/1911 à
RASCANI déporté par le convoi n° 3 le 22/06/1942 de Drancy à Auschwitz. Dcd
27/6/42. 1000 déportés, 24 survivants.
Jarren CREMMERMANN
Né le 14-11-1897 à Baltzi (Roumanix) Recrutemenx SBC (75). 1er R.M.V.E.
==Antonio CRESPO
Né le 24 juin 1906, Almeria (Espagnx) Recrutemenx SBC (75) Mle 11150 7e Cie?
Antonio CRESPO
Né le 20-06-1907 à Lavos (Portugax) Recrutemenx SBC (75) Mle 14596.
José Manuel CRIADO†d MPFXd
Né le 27-02-1913 à Salamanque (Portugax) Recrutemenx i Déporté Arrivée de
septembre 1940 à janvier 1941. Mle 4261 Appartenait à la SC 10e Cie Noté (Doc
Duvernay) manquant (Prisonnier) le 16 juin après Pierrefite-sur-Aire. CRIADO
SANCHEZ Jose Manuel né le 27/02/1913 Salamanque Roblia de Colos. Parcours
Gusen Harthein. Dcd le 19-12-1941 à Hartheim (Gazé).
Roque CRISTOBAL Voir ROQUE.
Eugène CSUKAI
Né le 12-01-1906 (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —> CSUKAI (Eugène) 12-1-06,
Syoswovox (Hongrie) 1' cl. 21' R.I. St. XI A. Liste N 44.
Ignacio CUADAL
599
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 01-02-1910 à Mallen (Espagnx) Recrutemenx Bordeaux (33).


Abraham CUKIER
Né le 01-10-1917 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3917 —>
CUKIER (Albert) 1-10-17, Paris, 2' cl. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
Jacques CUKIER
Né le 08-12-1903 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 11841.
Mordka CUKIERMAN
Né le 17-09-1907 à Askovice (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Décédé 1967.
Szmul CUKIERMAN
Né le 26-07-1906 à Loukow ou Lukow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3633.
Naturalisé 1947.
Jacob CUKIERMANN †d MPFXd
Né le 05-05-1895 à Kielce (Polognx) Recrutemenx SBC (75). 1er R.M.V.E
CUKIERMAN Jakob né le 05/05/1895 à KIELCE déporté par le convoi n° 22 le
21/08/1942 de Drancy à Auschwitz. DCD le 26 août 1942 à Auschwitz..
1000 déportés, 7 survivants.
Bassons-Pierre CUTUSANS
Né à Barcelone le 17-11-1906, (Espagnx) Recrutemenx Montpellier (34) —>
TUTUSAUS (Pierre) 17-11-06, Barcelone, serg. 21' R.M.V.E. 121. Liste N 17.
Josef CVANG
Né le 22-01-1905 à Lenczyca (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3536. —>
GVANG (Joseph) 22-1-05, Leneryca (Pologne) 2' cl. 21' R. M. V. E. Liste N 16
Israël CWILICH ou Izrael Meyer CWILICH
Né le 14-02-1912 à Rojza ou Rospza (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3875
—> CWILICH (Israël) 14-2-12, Rozprza (Pologne) 2' cl. 21' R. M. Liste des 111
internés français transférés d'Auschwitz à Buchenwald le 22 janvier 1945 : —>
Cwilich Israel né le 14. Feb 1912 Rostpza. Métier Schneider Convoi 55 Numéro
Buchenwald 115052 Numéro Auschwitz 125913…§d Libéréx
Szulim CYMBALISTA ❤ G.R. 16 P 153619
Né le 15-01 1908 à Przytyk (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 9860.
Jean CYNOBER
Né le 15-04-1908 à Piotrkow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 761 —>
CYNOBER (Yano) 15-4-08, Piotrkov (Pologne) 2' cl. 21' R. I. Liste N 17.
Joseph CYWINER
Né le 25-04-1908 à Wolemen (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 5534. N V. juin
1947 : naturalisation.
Sandor CZITROM
Né le 30-11-1915 à Debrecen (Hongrix) Recrutemenx SBC (75). Matricule 8215.
600
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Incorporé au 22e R.M.V.E. Il est muté au 21e R.M.V.E., puis envoyé à La Valbonne
pour y être incorporé au 4e régiment ficelle le 12e R.E.I., mais il se fait réformer.
De retour à Paris, il finit par être interné à Drancy le 20 août 1941, puis au camp
de Compiègne dont il s’extirpe le 14 mars 1942 grâce à sa nationalité hongroise.
Pour échapper à la Gestapo, il part Gare de l’Est le 8 octobre 1942 comme
travailleur volontaire en Allemagne, permissions de 14 jours passées à Paris à la
mi-avril 1943 et début août 1943, retour définitif à Paris fin septembre 1943.
Survie clandestine à Paris. Avec, puis sans travail. Libération de Paris 19-25 août
1944. Émigration au Canada le 8 décembre 1951…
Antonio DA COSTA †g MPFXg
Né le 12-02-1906 à Pafe (Portugax) Recrutemenx SBC (75) et Versailles (78) Mle
5680. Mort le ? 1940. Cause du décès : disparu.
Antonio DA COSTA
Né le 23-01-1902 Fafe (Portugax) Recrutemenx SBC (75) et Versailles (78).
Dominique DACOSTA
Né le 31-12-1896 à Gimarais (Portugax) Recrutemenx Tarbes (81).
Manuel DA CUNHA
Né le 05-01-1916 à Costevimka (Portugax) Recrutemenx Orléans (45).
Leib DAJEZ
Né le 25-11-1908 à Lodz (Polognx) Recrutemenx Marseille (13).
Antonio DALMEIDA
— > DALMEIDA (Antonio) 3-5-09, (Portugax) Recrutemenx i (Vilamarin) 2' cl. 21'
R. M. List 17.
Moncad DANTAS
Né le 04-08-1908 à Moncad (Portugax) Recrutemenx Lyon (69).
Raoul DARGE
Né le 28-08-1917 à Genève (Suissx) Recrutemenx Nancy (54) —> DARGE (Raoul)
28-8-17, Genève (Suisse) 2' cl. 21' R. Liste N 14.
Fernand DARROUSSAT
—> DARROUSSAT (Fernand) ŸFDX 22-10-99, Valence, Drôme, adjudant, 21' R.M.
Stalag XI A. Liste N 44. Hans Habe a écrit à l’occasion de la marche sur la voie
ferrée entre Manre et Vienne-la-Ville le 12 juin 1940 : « … L’adjudant Darroussat
me dépassant en sautant d’une traverse à l’autre, je lui demandai : — Qu’est-ce
que c’est ? Le vieil adjudant secoua les épaules. Ses joues avaient leur bonne
couleur comme d’habitude. Il circulait le long de la colonne et aidait chaque fois
qu’il le pouvait. Dans son bidon, il avait apporté un litre de gniole et en donnait
une gorgée à qui en avait besoin. En tant qu’adjudant, un grade entre sous-
officier et officier, il ne transportait pas usuellement de fusil, mais seulement un
601
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

revolver. Maintenant, il transportait deux fusils appartenant à deux soldats


incapables de les porter eux-mêmes. Équipé ainsi, il gardait encore une
belleallure. Il faut dire qu’il n’était pas encombré par un casque. Ce vieux guerrier
qui avait servi dans la marine, puis dans la Légion étrangère et finalement comme
fantassin pendant la Grande Guerre refusait de porter un casque. Il refusait de
quitter son képi blanc de la Légion étrangère. Comment réussissait-il à garder
blanc le couvre képi demeurait un mystère. Il portait son képi jour et nuit en dépit
des protestations des officiers et des menaces de sanctions du colonel. Il le
portait lors de la pose des mines, lors des patrouilles et encore maintenant. Il
savait que sa maison dans les Ardennes avait brûlé et que sa femme et son fils
cadet avaient fui sur les routes, tandis que son aîné combattait quelque part sur
un autre front. Il connaissait le sens du devoir. Il méprisait les fanfarons et aimait
les courageux. Il aidait le faible et chargeait le mort sur ses épaules. Tel était
l’adjudant Darroussat. La France à de tels hommes à côté du reste. Maintenant,
il me dépassait à la course.
— Je ne sais pas ce qui arrive, dit-il, mais tire-toi vite derrière moi.
J’obéis et je le suivis en courant. Haletant, je le rejoignis.
—Nous avons pris les premières places, dit-il, en riant.
Il enjamba la clôture, j’en fis autant sur ses talons. Il ne s’était pas trompé. Dans
un coin, nous trouvâmes une cabane pleine de lapins. Ils mâchonnaient en toute
innocence. Darroussat en saisit trois par les oreilles et m’en passa deux dans la
main.
— Prends-les, dit-il. Un homme doit manger… »
Amadeu DA SILVA †g MPFXg
Né le 10-03-1907 à Parao Santa Cruz de Bispo (Portugax) Recrutemenx i (Tué à
l'ennemi. 10e Cie : (blessé le 14-06-1940 Près de Sainte-Menehould - Neuville le
Pont, 51 Marne et évacué, dcd).
Antonio DA SILVA
Né le 04-02-1902 à Salim (Portugal) Recrutemenx Caen (14) —>SILVA (Antoine da
Silva) 1912, Lolay. (Portugax), Recrutemenx i 2’ cl. 21’ R.M.V.E., Liste N 23.
Antonio OLIVIERA DA SILVA
Né le 12-04-1919 à Ferra (Portugax) Recrutemenx Versailles (78). 1er R.M.V.E.
Arlindo DA SILVA
Né le 27-02-1917 à Espasende (Portugax) Recrutemenx Bordeaux (33) —> SILVA
(Arlendo da) 27-2-07, Santa Marina Rio Tinlo (Portug) 2' cl. 21' R I. Lis17.
Custodio DA SILVA PINTO JUNIOR †g MPFXg
Né le 03-04-1909 à Piap par Pombal (Portugax) Recrutemenx SBC (75) Mle 3780
Mort le 21-06-1940 (Goviller - ferme de Maronlieu, 54 - Meurthe-et-Moselle,
602
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

France).
Déocléciaux DA SILVA
Né le 28-06-1895 à Porto (Portugax) Recrutemenx Lille (59). 1er R.M.V.E.
Ferreira DA SILVA
Né le 05-07-1910 à Sanyallio (Portugax) Recrutemenx Cahors (46). 1er R.M.V.E.
Francisco DA SILVA
Né le 23-06-1905 à Santar (Espagnx) Recrutemenx Foix (9) E.V. le 1-08-1939.
Francisco DA SILVA
—> SILVA (Francisco da) 12-3-01 à Fretes, (Portugax) recrutemenx ? 2e cl. 21e R.I.
Liste N 17.
Jacquin DA SILVA
—> DA SILVA (Jacquin) 23-5-10, Saoliagolitin (Portugax) Recrutemenx i 2’ cl. 21'
R.M. St. XI A. Liste N 44.
Joao DA SILVA
Né le 07-04-1895 à Almacave (Portugax) Recrutemenx Châlons-en-Champagne
(51).1er R.M.V.E. Serait-il le Da Silva blessé le 9 juin 40 aux Petites Armoises ?
José DA SOUZA
Né le 10-05-1910 à Santulo (Portugax) Recrutemenx SBC (75).
Pinto DA SOUZA
Né le 10-02-1908 à Penafiel (Portugax) Recrutemenx Melun 77) —> DA SOUZA
(Pinlo José) 10-2-08, 2' cl. 21’ R.M. St. XI A. Liste N 44.
Francisco D'ASSIS
Né le 22-04-1908 à Valtereino (Portugax) Recrutemenx Auxerre (89) Détail
engagé le 21/10/1939.
Léon DAUBER †g MPFXg
Né le 08 ou 9-04 ou 01-1908 à Witenitz (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle
7466 DAUBER Léon Légionnaire 21e R.M.V.E. — Mort 05/06/1940 à Châtillon-sur-
Bar Ardennes 08 – Floing. Nécropole nationale.
Antoine DAUGERON
ŸFDX Né le 24-02-1909 à Sazeray (Indre) Recruté à Châteauroux (36) −>
DAUGERON (André) 24-1-1909, St-Sévère, LANDES (Indre !) Sergent, 21' R.L St. XI
A. (Probablement le même; 8,5 km entre les 2 localités...)
Antoine DAURA (DAURA ENORENSA) †d MPFXd
Né le 24-12-1905 à Asco (Espagnx) Recrutemenx Foix (Ariège 09) —> DAURA
(Antoine) 24-12-05, Asco, Espagne, 2e cl, 21' RI. Liste Numéro 17. Cité dans le livre
de De Rosen) : « Tout le bloc B de Queuleu part demain (9 décembre 1940) en
Allemagne. J’y perds de bons camarades : Daura, Gurvit, Benveniste, Rodriguez…
Du 21e il ne reste plus à Saint Julien que 200 éléments environ… » Antonio
603
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

ENORENSA DAURA Arrivée du 14/05/1941 à Mauthausen venant du Stalag XII C,


Wiebelsheim, Mle à Mauthausen 3174-DAURA ENORENSA Antonio, né le
05.12.1905 à Asco. Envoyé à ? probablement tué. Les archives survivantes du
camp contiennent les dossiers personnels de 37 411 prisonniers exécutés dont
22 092 Polonais, 5 024 Espagnols.
Henri D'AURONER
Né le 23-02-1919 à Berne (Suissx) Recrutemenx SBC (75) Mle 10650.
Roger DAVASSE❤ G.R. 16 P 160079
Né le 25-11-1900, ??? recrutemenx SBC (75) —> DAVASSE (Roger) 7-10-16,
Grenades (Caraïbx) serg. 21' R.M.V.E. Stalag XI A. Liste N 14.
Avram DAVIDOVICI

Né le 25-02-1906 à Odobeste (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5547 —>


DAVIDOVICI (Avram) 25-2-06, Odobesti, 2' cl. 21' R. M. V. E. Liste N 12 Birthdate :
25 février 1906 Death : Died 27 septembre 1984 Famille proche : Son of JOSEPH
DAVIDOVICI et Tilia DAVIDOVICI Husband of Mary-LyseDAVIDOVICI Father of
Private User ; Nicole AJARRAÏ ; Daniel DAVIDOVICI et <private> ROTMAN
(DAVIDOVICI) Brother of Rachel DAVIDOVICI ; Ella DAVIDOVICI ; Jeana
DAVIDOVICI ; Jack DAVIDOVICI et David DAVIDOVICI. DAVIDOVICI Father of
Private User ; Nicole AJARRAÏ ; Daniel DAVIDOVICI et <private> ROTMAN
(DAVIDOVICI) Brother of Rachel DAVIDOVICI ; Ella DAVIDOVICI ; Jeana
DAVIDOVICI ; Jack DAVIDOVICI et David DAVIDOVICI.
Maurice DAVIDOWICZ ❤ G.R. 16 P 160793,
Né le 27-06-1916 à Pabjanice (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3692 —>
DAVIDOVICI (Maurice) 27-6-16, Palijanice (Polog.) 2' cl. 21' R.M.V.E. 194 List 39.
Stepfan DAVISKIBA
Né le 01-06-1896 à Karkow (Russix) Recrutemenx La Rochelle (17).
Leib DAWIDSHON
Né le 15-01-1906 à Lublin (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> DAWIDSON (Leijo)
15-1-1906, Lublin (Pologne) 2e cl. 21e R.I. Liste N 17.
==Manuel DE ABREU
Né le 18-03-1909 à Castello (Portugax) Recrutemenx SBC (75).
José DEBESA
Né le 02-07-1909 à San Degas (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
Aguilera Vincent DE BLAS
604
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 27-10-1911 à Rejos (Espagnx) Recrutemenx Lille (59) —> DEBLAS (Vincent)


27-10-11, Rejas (Espagne) 2' cl. 21' R. M. Liste N 17.
Louis François Marie Charles DE BREM †g MPFXg
ŸFDX Né le 3 juin 1907 - Reims (51) (9 juin 1940) voir « de la même promotion
1926-1928 de Saint-Cyr : Sous-lieutenant Pol Lapeyre » (1926-1928) Légion
d'Honneur (Chevalier) Croix de Guerre 1939-1945 et Croix de Guerre des T.O.E.
tué le 9 juin 1940 - Les Petites-Armoises (08. Capitaine d'Infanterie commandant
la 5e Cie (2e bataillon) Nécrop 08 — Floing. 1939-1945 — Arden –
==Antonio DE BRITO
Né le 13-03-1911 à Portela (Portugax) Recrutemenx Laon (02) —> DE BRITO
(Antoine). Liste N 17 13-3-11, Portela (Portugal) — caporal 21' R I, de la section
de commandement S.C. de la 10e Cie du 3e bataillon.
Manuel DE BRITO COSTA
Né le 14-02-1909 à Leorade (Portugax) Recrutemenx Bicêtre Mle 5812.
Georges DEBROWOLSKI
—> DEBROWOLSKI (Georges) 26-2-13, Moscou, (Russix) Recrutemenx i.cap. 21’
R.M.V.E. Stalag IX A. Liste N 94. (Dobrowolski?)
Paul DEBUISSY Colonel ❤ G.R. 16 P 162816
ŸFDX Debuissy Paul-Henry-Albert-Joseph est né à Laventie, Pas de Calais, le 22
juillet 1887, décédé le 19 février 1962. Instituteur Ayant participé à la Grande
Guerre, il fait carrière militaire et ses différents grades et affectations
apparaissent au journal officiel et aussi l’Ordre de la Légion d’honneur. Dans les
années 1933-1935, il était chef de bataillon au 4e régiment étranger au Maroc. Lt
Cl (réserve) au 21e R.M.V.E. Le 11/7/39 Hans Habe a écrit : « Son large visage
traversé de veines rouges était gris et fatigué. Cet homme corpulent approchait
la soixantaine ; il appartenait à la Légion étrangère, avait combattu durant la
Grande Guerre avec distinction et avait eu une longue carrière en Afrique. Taillé
à la hache avec de larges épaules et de fortes hanches, il était l’image typique de
l’officier colonial français, moins sensible et moins subtil que l’officier anglais,
souvent peut-être plus brutal, mais surtout plus sincère et plus direct. Il se sentait
quelque peu surpris par une guerre si différente de ses campagnes africaines et
de sa Grande Guerre. » Il est en fait de six années, plus jeune que les généraux
Pierre DECHARME (1881-1956) et François Delaissey (1881-1955) et le Colonel
Martyn (1883). Le Colonel, pour qui la Légion ne recule jamais, sera mis aux arrêts
par Vichy pour avoir refusé de déposer les armes après l'Armistice. Arrestation
du colonel Paul Debuissy, chef d’état-major de l’Armée secrète en Roussillon en
1942 par la Gestapo...
Histoire du camp d'instruction militaire de Barcarès par Ilex Beller dans Notre
605
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Volonté 2001 page 11 : La 11e Compagnie revient des exercices. Il fait un temps
affreux aujourd'hui. Un vent cinglant frappe sans pitié. Les soldats traînent les
pieds, leurs yeux sont rouges et enflés. Ils reviennent d'une marche de 40 kms.
Arrivé au camp, le colonel Debuissy du 21e R.M.V.E vient à leur rencontre. Un
gaillard de presque deux mètres de haut, pesant sans aucun doute plus de 100
kg. De sa voix tonitruante, il commande « haaalt ! »
Tout le monde s'arrête. Que se passe-t-il ?
Le colonel appelle le lieutenant et lui demande : « montrez-moi le plus mauvais
soldat de la Compagnie ». Le lieutenant ne se laisse pas prier, il s'approche de
Mendélè, le mécanicien de Belleville, « un gars dur » dit-il « un sale caractère ».
Mendélè devient rouge comme une tomate, que peut-il faire ? Le colonel tâte les
biceps des bras puissants de Mendélè : « C'est un brave garçon, il ne se laisse pas
faire. Cela prouve qu'il a quelque chose dans le pantalon. Donne-lui quatre jours
de permission ». Mendélè essuie la sueur qui lui coule sur le front : « Diable ! il
m'a foutu une de ces frousses ... »
C'est le même colonel Debuissy qui, par la suite, aux jours sombres de
l'occupation allemande, visitait les camps d'internement vychissois dans le sud
de la France et faisait l'impossible pour libérer les juifs : « ses soldats ».
Un jour, en 1942, le colonel Debuissy se présente au camp de Rivesaltes, près
de Perpignan ou des milliers de Juifs sont internés, en attente d'être transportés
d'abord à Drancy, puis déportés à Auschwitz. Le colonel est arrivé en grand
uniforme, avec toutes ses décorations. Il a convoqué les autorités du camp en
poussant les hauts cris : « Comment, j'apprends que vous détenez ici mes soldats
? » Les gendarmes français qui ont la garde du camp prennent peur. Ils
s'empressent de faire l'appel de tous les volontaires juifs et de leur famille qui
sont internés là. Quand tous se trouvent rassemblés, il leur ordonne de se mettre
en rang, comme au Barcarès. Il prend la tête de la troupe en criant : « En avant
marche ! » ; Et tous ensemble, ils quittent le camp vers la liberté… Par Ilex Beller,
paru dans Notre Volonté de janvier 2001 et d’avril 1962.
Angelino DE CAMPOS
Né le 02-05-1907 à Santilo-Braya (Portugax) Recrutemenx Chambéry (73) Engagé
08/11/39 —> CAMPO (Angelino del) 2-5-07, Portugal 2' cl. 21' R. I. E. V. Liste N
16.
Grigor DECKA
Né le 16-04-1906 à Crinod (AlbaniX) Recrutemenx SBC (75).
Jean Henri Gabriel Édouard DECOTTIGNIES ❤ G.R. 16 P 163874
ŸFDX. Né le 10/8/18 à Vichy, Alliers 03, Sous-lieutenant à la 6e Cie (2e bataillon,
puis à la C.A.3—> Oflag VI. Interné §d Libéréx?
606
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Arnold François DE CUNIAC


ŸFDX. Né le 31/5/1918 à Cahors, sous-lieutenant 11e Cie. La section de Cuniac du
3e bataillon a été encerclée le 14 juin près de Verrières.) —> Oflag II D
Eric DE DEUSTER
Né le 21-01-1892 à Francfort (Allemagnx) Recrutemenx Beauvais (60).
Marcel DEFIGIER
—>==DEFIGIER (Marcel) ŸFDX 30-10-06, Reims, serg. -ch, 21' R.M.V.E. St. XI A List
44. 9e Cie.
Jean Alfred Eugène DEFOY
Né le 8/12/19 à Lisieux, Calvados —> DEFOY (Jean) ŸFDX 8-12-19, Lisieux,
aspirant, 21e RI Liste N 75. Stalag VI D. Il appartenait à la 3e section de la 10e Cie.
Kurt DEGEN
Né le 25-03-1921 à Berlin (Allemagnx) Recrutemenx SBC (75).
Jean DE IRIBAR
Né le 30-11-1899 à Auranzo (Espagnx) Recrutemenx Pau (64) 10e Cie et 13e C.P.
Leopold DE JONCKEERE
Né le 15-12-1912 à Vilvode (Belgiqux) Recrutemenx SBC (75) —> DEJONCKHEERE
(Léopold) 15-12-12, Vilvorde (Belgique) cap. 21' R. M. List 17.
Peter DE JONG
Né le 29-09-1891 à Lougezwag (Pays-Bax) Recrutemenx Arras (62)
Albert DEJUST
—> DEJUST (Albert) ŸFDX 29-7-17, Diges, Yonne, 2' cl. 21E. St. III B. Liste N 58.
Alvarez DE LA CRUZ
Né le 29-05-1907 à Cuerco (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Gumesindo DE LA VEGA MUNIZA .Voire VEGA.
Antoine DEL CASTILLO
Né le 06-06-1908 à Vera (Espagnx) Recrutemenx Lyon (69) Engagé le
18/10/1939.—> CASTILLO (Antoine del) 6-6-07, Vera (Espag) 1' cl. 21' R.I. List 18.
==Memesio DELGADO-MUNIZ
Né le 19-12-1907 à Hontanilia (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Angel DEL MONTE
Né le 01-03-1908 à Lausanne (Suissx) Recrutemenx SBC (75).
Jules Leon Florestin Ghislain DEMARET †g MPFXg
Né le 9-4-1909 à Steenkerque (Belgiqux), recrutemenx IDTMX tué le 9/6/1940 à
Bazancourt 08 Ardennes France.
Nicolas DE MEDEM
E.V.D.G. Né le 20/31/98 à Périm Russix Recrutemenx SBC (75)). S-lieutenant classé
« inutilisable », passé au ravitaillement (25 mai) puis à la Compagnie de Pionniers
607
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

(5 juin). Ne pas confondre avec Théodore de Medem (artillerie).


Nikita DE MORGOLI
Né le 19-10-1915 à La Haye (Pays-Bax) Recrutemenx SBC (75).
Jean DEMPTOS
−> DEMPTOS (Jean) ŸFDX 11-7-10, Caprais (d’Agen ? de Bordeaux ?) serg. ch. 21e
R I St XI A. Liste N 44.
Salomon DEN-AREND ❤ G.R. 16 P 174466
Né le 01-08-1914 à Rotterdam (Pays-Bax) Recrutemenx SBC (75) Mle 8939. —>
DEN AREND (Salomon) 13-8-14, Rotterdam, (Pays-Bas) serg. 21' R.M.V.E. 204.
Liste N 54.
Nicolas DENES
Né le 30-01-1903 à Sze-Kesf Chervar (Hongrix) Recrutemenx Caen (14) —> DENES
(Nicolas) 30-1-03, Szehesfchervar (Hongrie) 2' cl. 21 ' R. M Liste N 17.
Pierre DE NIL
Né le 25-02-1920 à Evere (Belgiqux) Recrutemenx Versailles (78) —> NIL (Pierre
de) 26-2-20, Sartrouville, 1’ cl. 21’ R.M.V.E. Liste N 21.
XXX DENIS
ŸFDX Adjudant/Chef Cf rapport Pold
Michel DENISOFF
Né le 11-01-1893 à Kourk (Russix) Recrutemenx SBC (75) —> DENISSOFF (Michel)
11-1-12, Koursk (U.R.S.S) serg. 3e R.M.V.E. 150 List 56 (Lég—>1—>3?).
Alfred DENU ❤ G.R. 16 P 175559.
—> DENU (Alfred) ŸFDX 18-3-15, Strasbourg, serg. 21e R.M.V.E. St. XI A. List 45.
Molar DE OLIVERA
Né le 18-07-1890 à Gandra (Portugax) Recrutemenx Mâcon (71). Appartenait à la
1re section de la 10e Cie.
Simon DERMER ou DERNIER
Né le 23-04-1912 à Berlin (Allemagnx) Recrutemenx SBC (75) —>DERNIER (Simon)
23-4-12, Berlin 2e cl, 21e R.I. Liste N 17.
Léon DE ROSEN ❤.G.R. 16 P 177169
Léon Richard DE ROSEN né le 16.11.1912 à Stockholm. —>ROSEN (Léon de) 16-
11-12, Stockholm, sergent. 21’ R. I. Liste N° 17. Appartenait à la 11e Compagnie
3e section (3e Batail.). (Russix) Recrutemenx i. Léon de ROSEN nous a quittés le 7
août 2004 à l’âge de 91 ans. Élu membre de la section Génie rural de l’Académie
d’Agriculture de France en 1971. Son père, le Baron (Léon) de Rosen, était
diplomate à la cour de Russie. Lors de la révolution russe de 1917, il s’est réfugié
en France à Vence. Léon de ROSEN fait de brillantes études au lycée Henri IV,

608
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

lorsqu’il doit les abandonner, en 1929, par suite du départ de son père. Il entre
alors chez Simca comme balayeur et 10 ans plus tard, en 1939, il se retrouve
Directeur de la publicité, ce qui montre bien la valeur de l’homme. Il s’engage
dans l’armée comme Volontaire étranger lorsque la guerre éclate. Il appartient à
la 11e Compagnie du 3e Bataillon, Compagnie commandée par le capitaine Ravel.
Il s’évade de Metz le 14 janvier 1941 par la filière de sœur Hélène, soit trois jours
après Boris Holban (Bruhman). Entré dans la Résistance, il se réfugie à Londres au
printemps 1943, puis à Alger, où il devient aide de camp de Giraud dont il a établi
le contact avec les Américains. En 1945, il se trouve en Allemagne où il refuse le
grade de Général et prend en charge les réfugiés, avant de rejoindre Rockefeller
aux É-U pour créer le réseau des maisons internationales. Il retourne chez Simca
en 1950 où il devient le numéro deux de l’entreprise qu’il quittera volontairement
en 1961, lors du rachat par Chrysler. Membre du Conseil économique et social de
1958 1963, Directeur général de Jour de France, il devient PDG de Massey-
Fergusson France en 1966, Président du Syndicat du sucre, puis de l’Association
Nationale des Industries agricoles et alimentaires. Il est aussi Président de l’Union
Internationale de Chefs d’Entreprise chrétiens et siégera à Vatican II. Il dirige la
Croix rouge en France, participe à la création du Haut Comité français pour
l’Environnement et prépare le sommet de Rio. Il est Commandeur de l’ordre de
la Légion d’honneur, Grand Officier de l’ordre national du Mérite. Décoration :
Commandeur de la Légion d’honneur, Grand Officier de l’ordre national du
Mérite, Croix de guerre 39-45. Commandeur de l’ordre de Saint-Grégoire-le-
Grand et de l’ordre d’Orange-Nassau.
Francisco DESA
Né le 30-04-1900 à Braga (Portugax) Recrutemenx Bar-le-Duc (55).
José DE SA
Né le 24-01-1897 à Santo (Portugax) Recrutemenx Versailles (78).
Edgard DESAULES
—>DESAULES (Edgard) 1-12-11, Fenin (Suissx) Recrutemenx i, cap. 21’ R.M.V.E.
St. XI B. Liste N 100.
Jules DESAULES
Né le 29-11-1908 à Saules (Suissx) Recrutemenx Cambrai (59) —>DESAULES
(Jules) 29-11-08, Saulnes (Suisse) cap. 21' R.M.V.E. St. XI B Liste N 100.
==Jacques DESHAYES
ŸFDX Né le 16/12/1901 Lieutenant à la 2e Cie (puis 3e Cie le 18 juin).
Georges DESI (DÉSI)
Message de son fils Paul Dési : Né le 27-02-1909 à Ujpist (Hongrix) Recrutemenx
SBC (75) Mle 3707. « Mon père GEORGES DESI a été fait prisonnier et ne s’est pas
609
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

évadé. Il a été libéré en avril 1945 par les troupes américaines. Mon père est né
à UJPEST près de BUDAPEST dans le royaume de HONGRIE faisant partie de
l’empire AUSTRO-HONGROIS. Il a été naturalisé français en 1947 en récompense
de son engagement volontaire de 1939. Il était prisonnier en Thuringe stalag IX C.
Je ne sais pas qui est HAJOS, mais ce nom est parfaitement hongrois. HAJO en
hongrois signifie un bateau et HAJOS pourrait être compris comme batelier par
exemple. On pourrait chercher un musicien hongrois HAJOS. Mon père était
prisonnier de guerre en Thuringe jusqu’en avril 1945, libéré par les Américains et
rapatrié en avion ce mois-là en France. Mon père était originaire de Hongrie arrivé
en France en 1930 et volontaire en 1939, naturalisé en 1947. Je suis né en 1947
après sa naturalisation. Mon père m’avait souvent parlé de HANS HABE et il
m’avait dit qu’il était mentionné dans ce livre, mais nous ne l’avions pas à la
maison. Il y a 4 ans j’ai acheté son livre A THOUSAND SHALL FALL sur internet. Au
bord de la mer près de BARCARES j’ai vu le monument en souvenir du 21e R.M.V.E.
Il y a un docteur VAGO pédiatre à Paris dans le 14e arrondissement, mais je ne
sais pas s’il est relié à Étienne VAGO. La marraine du 21e R.M.V.E. étaitl’actrice
EDWIGE FEUILLERE, que j’ai rencontrée lorsque j’étais enfant pendant une
réunion des anciens du 21e R.M.V.E. Le président des anciens du 21e R.M.V.E. était
l’avocat VINCEGUERRA ou VINCIGUERA. Le journal LA TRAMONTANE en souvenir
du vent qui traverse les Pyrénées et qui souffle sur BARCARES. Mon père a été
fait prisonnier dans un village appelé Allain... Il y a une photographie de lui après
la guerre pendant une commémoration dans laquelle il tient le drapeau du
régiment. Je vais essayer de photographier l’écusson du 21e qui orne le calot,
bonnet de police de mon père, Bien sûr je serai heureux de recevoir vos notes et
ouvrages, car ceci me relie à mon père décédé en 1982 et je pourrai le
transmettre à ma descendance. Une fille, ingénieur, mère d’un garçon et d’une
fille. Un fils ingénieur, père d’un bébé malheureusement celui-ci est malade, en
cours de soins en ce moment pour neuroblastome surrrénal. J’ai 65 ans, pédiatre
plein temps hospitalier et j’ai obtenu le droit de continuer à travailler. Bien que
né en France, j’étais bilingue français et hongrois. Je voyais très souvent ÉDITH
HEGEDUS NAGY épouse PAZMANY dont le père ÉTIENNE ami de mon père était
du 21e R.M.V.E., mais devant nous entre eux et leurs épouses ils ne parlaient pas
de la guerre. Mon père m’en parlait le soir lorsque je l’en priais. Au régiment mon
père avait appris la technique de radio communication et il tenait le poste de
radio. Le colonel lui avait demandé de transmettre un appel désespéré "il y a trop
d’avions allemands qui attaquent, faites quelque chose". Une fois fait prisonnier
les Allemands ont demandé des volontaires pour convoyer des chevaux et il a
accepté encore sur le sol français pour sortir du camp, mais il n’a pas pu s’évader.
610
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Comme prisonnier il servait d’interprète, car en Hongrie les Hongrois avaient une
bonne culture de la langue allemande et ses parents (empire austro-hongrois)
passaient d’une langue à l’autre. En Thuringe il était prisonnier dans une petite
localité et donc cela n’a pas été aussi difficile que dans un grand stalag. J’ai la carte
d’identité établie par les Allemands pour chaque prisonnier.

De gauche à droite : Hégédus, Georges Dési et…En l'An 1939. 1 : Hegedus. 2 : Desi.
3 : ?. 4 : ?. Publié par Mme Édith Pazmany Nagy.
Lorsque les prisonniers son arrivés en Allemagne, les Allemands sont pein sur
le dos des uniformes KG (Kriegsgefangennär, prisonnier de guerre), mais les
Français ont tout de suite fait bouillir le vêtement pour effacer cette mention
infamante). »
Dési est abondamment cité par Hans Habe :
« … (Gare d’Autry le 12 juin 1940). La porte du bureau du Chef de gare
continuait de claquer au vent. J’allai pour la fermer quand j’aperçus le petit
rouquin Dési dans le bureau. Il ne me remarqua pas. Je le regardai en me
demandant s’il n’avait pas perdu la raison, ce rouquin Dési, ce gentil petit
technicien en électricité qui ne perdait jamais courage et qui ne connaissait pas
la fatigue et qui arrêtait dans les moments les plus sombres à discuter les
questions de fond, courait frénétiquement d’un bout à l’autre du bureau comme
611
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

à la recherche de quelque chose. Il fourrageait dans les papiers du chef de gare,


tripotait le télégraphe, essayait d’ouvrir une horloge. Son casque était de travers
sur sa tête rousse et de l’eau dégoulinait sur son cou. Je lui parlai :
— Que fais-tu ?
Il se retourna d’un bond :
— Je cherche quelque chose.
Ses petits yeux rieurs tremblaient curieusement. Son visage était tout à fait
jaune.
— Que cherches-tu ?
— La cloche !
Il continua sa recherche, bousculant les papiers et ouvrant les tiroirs. Je le
dévisageai en silence. Il s’approcha de moi, m’examina en retour et dit :
— Comment peux-tu l’endurer cette cloche ? Moi, je ne peux pas. Je veux
l’arrêter, mais comment faire ? Il s’assit, posa les mains sur ses genoux et regarda
fixement devant lui. Son visage d’enfant paraissait fatigué et vieilli... »

Le 21 juin 1940, Dési nous accompagna jusqu’au village, et là, Dovnicky et moi,
nous le quittâmes. La tête rousse de Dési chevaucha encore longtemps au-dessus
des champs verts, tandis que nous suivions la route menant à Charnes Après
guerre, Dési tient un commerce à Paris. Il décède le 2 février 1982.
Karl DESI
Né le 11-04-1906 à Vienne (Autrichx) Recrutemenx Melun 77).
Marcel DESIR
Né le 30-03-1913 à Marquam (Belgiqux) Recrutemenx Lille (59).
612
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Francisco DE SOUZA (ou Francis DE SOUSA) †g MPFXg


Né le 18-08-1910 à Vale-Tilhuro ou Vale Telheiro (Portugax) Recrutemenx
Moulins (03) Détail engagé le 20/10/1939 Mort le 27-05-1940 (Les Petites-
Armoises, 08 - Ardennes, Fr). Tué par éclats d'obus. 08 — Floing Nécrop nation.
DESSINO Constantin
E.V.D.G. (Russix) Recrutemenx SBC (75) —> DESSINO (Constantin) 27-2-94, St-
Petersbourg, sous-lieutenant, 21’ R.I. Of. VI Liste N 49 Appartenait à la 7e Cie (liste
Aubagne, puis à la 2e Compagnie (capitaine Félix Gaillard) liste Duvernay.
Raymond DESVACHEZ
Né le 03-02-1904 à La Louviere (Belgiqux) Recrutemenx Lille (59) —> DESVACHEZ
(Raymond) 3-2-04, La Louviëre, cap. 21' R.I. St. XII A. Liste N 72.
Vladimir DE THILLOT
Né le 19-02-1907 à St Petersbourg (Russix) Recrutemenx SBC (75).
==Thomas DE TOSZEGHY
Né le 14-05-1910, Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 7267.
Appartenait à la C.A. 3 —>TOSZEGHY (Thomas de) 14-5-10, Budapest 1' cl. 21' R.I.
Liste N 17.C.A. 3.
Pedro DEU †g MPFXg
Né le 21-10-1913 à Lleusa ou Sheusa ou Lousã ? (Portugax) Recrutemenx
Perpignan (66) Mort 27/05/1940 à La ferme Bazoncourt 08. Tué par éclats d'obus
66 — Banyuls-sur-Mer Monument aux Morts.
André DEUTSCH
Né le 20-04-1914 à Nagy Rotto (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) 1er R.M.V.E. 6e
Cie.
Nicolas DEUTSCH
Né le 02-04-1908 à Nyircgryhaza (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 777.
Tibor DEUTSCH
Né le 05-09-1915 à Nyíregyháza (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5775 —>
DEUTSCH (Tibor) 5-09 -15, Nyíregyháza, 2e cl. 21e R.I. Liste N 17.
Michel DEUTSCHER
Né le 21-02-1911 à Solotrina (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> DEUTSCHER
(Michel) 21-2-11, Sololwinâ (Pologne) 2' cl. 21' R.M. E. Liste N 17.
Thomas DEVESA
Né le 19-05-1918 à Juedala (Espagnx) Recrutemenx Grenoble (38) —> DEVESA
(Thomas) 19-5-18, Téoloda (Espagne) 2° cl. 21' R. M. Liste N 17. Appartenait à la
S.C. de la 10e Cie (3e bataillon).
Robert DEVIMEUX
—> DEVIMEUX (Robert) ŸFDX 25-4-16, Pékin (Chine) serg. 21' R. I. V. E. Liste N 17
613
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Appartenait à la 2e Section de la 9e Cie (3e bataillon).


Alexis DE WOULFF†g MPFXg.
Né le 16-04-1899 à St-Petersbourg (Russix) Recrutemenx SBC (75) Mle 4567 Mort
le 14/06/1940. — Sainte-Geneviève-des-Bois Carré de corps restitués.
Antoine DIAZ
—> Diaz (Antoine) 14-5-06, Victoria (Espagnx) Recrutemenx i cap. 21' R. I. Liste N
17. Serait-ce Henri Martija Diaz ?
Benjamin DIAZ
—> DIAZ (Benjamin) 31-10-08 Mières (Espagnx) Recrutemenx I 2e cl. 21e R.I. List
11.
Daniel DIAZ
Né le 26-03-1910 à Castel-Branco (Portugax) Recrutemenx SBC (75) Mle 5580 −>
DIAZ (Daniel) 26-3-10, Castel Branco, - 2' cl., 21e R.M.E.V. St. XIA.
José DIAZ
Né le 29-04-1908 à La Coruna (Espagnx) Recrutemenx Tarbes (81) —> DIAZ (José)
29-8 ? -08, La Corogne (Espagne) 1' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Joseph DIAZ
—> DIAZ (Joseph) 24-3-03, Raina (Espagnx) Recrutemenx i 2' cl. 21' R. M. List 17.
?? Manuel DIAZ
Né le 8-10-1917 à Réondas (Espagne) Recruté Perpignan (66) —> DIAZ (Manuel)
8-10-17, Asturies, (Espagne) 2e R.E.I. St. IV B. (22e ?)
Raoul DICKSTEIN
Né le 27-04-1908 à Budapest (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5626 —>
DICKSTEIN (Roger) 27-4-08, Hongrie cap. 21e R.I. Liste N 17.7
Jean Yves DIDIER ou Yves Didier
ŸFDX Lieutenant vétérinaire (C.D.T. Billerot).
Xxxx DIENNE
Sergent de la C.A.3.
??Pierre DJAKONOVITCH
Né le 30-06-1898 à Douleignas (Yougoslavie) Bar-le-Duc, (50) —> DJKONOVITCH
(Pierre) 30-5-98 Douleignas Yougoslavie 2e cl. Légion RIMPVE List N 23 (E.V.D.G).
Pinchos DJAMENT
Né le 20-01-1910 à Rudka (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 11462. —>
DJAMENT (Pinchoe). 20-1-10, Rudka, Pologne, 2e cl. 21e R.I. Liste N 17.
== Stevan DJILAS
Né le 15-06-1910 à Ljesnice (Yougoslavix) Recrutemenx SBC (75) Mle 7052.
Albert Ferdinand D’IVERNOIS †g MPFXg
Né le 3-5-1910 à Cocombiers (SuissX) Recrutemenx (SBS (75) Mle 8156. Mort le
614
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

16 juin 1940 à Sainte-Menehould.


José D'OLIVEIRA
Né le 14-10-1907 à Gonza (Portugax) Recrutemenx Valence (26) Détail engagé le
20/10/1939 —> DOLIVEIRA (José) 14-10-07, Gonca (Portugal) 2' cl. 21' R. M. V. E.
Liste N 17. Appartenait à la 1re section 10e Cie.
Alfonso DOMINGO
— >ALFONSO (Domingos) 27-3-13, Melgas-Castro (Portugax) 2' cl. 21e RI. List 17?
Recrutement i.
Exceguiel DOMINGO
—> DOMINGO (Esceguiel) 10-04-07, Segovia (Espagnx) 2e cl. Recrutemenx i 21e
R.I. Liste N 17.
Hersch DOMINITZ †d MPFXd
Né le 18-03-1912 à Turka (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 6277 —>
DOMINITZ (Hersch)18-3-12, Turka (Pologne) 1 cl. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
Chana Dominitz née le 19 août 1910 à Turka et Cija née le 1er novembre 1921 sont
ses deux sœurs nées à Turka furent déportées et décédèrent à Auschwitz le 5
août 1943 et Chaïm, Jakob Dominitz, né le21 mars 1884, rabbin, fut massacré le
17 août 1944 à Bron, localité voisine de Lyon (Rhône). Fils d’Alter Dominitz et
Marja Cucker (Zucker), Chaïm Jakob Dominitz naquit en Galicie austro-hongroise.
Sa ville natale, Staemasto (ou Stare Masto) passa sous domination polonaise
entre les deux guerres et devin Stay Sambor. Chaïm obtint la nationalité polonaise
et devint Rabin. Marié avec Scheindel Schreiber, il eut en sus des trois enfants
précédents une 3e fille appelée Évelyne. Les Dominitz demeurèrent à Sankt
Joachimstahl (République tchèque, Bohème). Arrivés en France le 21 juin 1938,
ils s’installèrent à Paris au 11e rue des Petites Écuries (Xe arr.) Son fils Hersch
engagé au 21e RMVE fut fait prisonnier. Le 10 juin 1940, Chaïm trouva refuge à
Vichy (Allier). « Évacué du département de l’Allier par ordre de l’autorité
supérieure » début octobre 1940. Il s’installa le 8 octobre 1940 au 87 rue
Garibaldi (VIe arr) jusqu’au mois d’août 1944. Chana et Cila furent arrêtées à Paris
et internées à Drancyle 18 juillet 1943 et déportées à Auchswitz le 31 juillet 1943
par le convoi n° 58 et exterminées le 5 août 1943. Arrêté en août 1944 parce qu’il
était Juif, le rabbin chaïm Dominitz fut incarcéré à la prison de Montluc (Lyon,
dans la « baraque aux Juifs » L’un de ses codétenus, André Frossard a témoigné
après la guerre des humiliations et mauvais traitements subis par Chaïm :
« C’était un être timide et bon. Couvert d’une vaste houppelande, coiffé d’un
bonnet carré auquel était suspendue une petite boîte, symbole de l’Arche
d’alliance, il passait la plus grande partie de sa journée à prier. Le gardien
Wittmayer (...) s’était mis en tête de lui faire apprendre une phrase allemande par
615
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

cœur disant que le Juif est un parasite qui vit sur la peau du peuple aryen et qu il
faut l’en extirper. Chaïm, ne parlant pas l’allemand trébuchait à répétition sur la
phrase.
Wittmayer ponctuait sa leçon de coups furieux au visage et au ventre. (...) Quand
un sous-officier ouvrait la porte, on entendait, dans le fond, la voix du rabbin (...)
qui débitait sa formule, d’un trait, selon l’ordre qu’il en avait reçu. (...) Et, un jour
on est venu chercher Dominitz pour le fusiller. Avant de le faire monter dans le
fourgon, Wittmayer lui fit répéter une derenière fois, devant les tueurs qui
venaient prendre livraison de leur victime et qui riaient ».
Le 14 août eurent lieu des bombardements sur la base aérienne de Bron. Devant
l’ampleur des dégats, les Allemands décidèrent de faire travailler sur le champ
d’aviation les prisonniers de Montluc. »
Le 17 août, à 9 heures du matin, Chaïm et 49 autre détenus furent extraits « sans
bagage » de la baraque aux Juifs ». Le gardien Wittmayer fit l’appel et, à la
dernière minute, les Allemands remplacèrent deuc catholiques par des Juifs. Ils
furent embarqués sur trois camions gardés par des soldats armés, puis amenés
sur le champ d’aviation de Bron. À Bron, les prisonniers furent répartis par
groupes de trois et contraints de rechercher et de désamorcer des bombes non
éclatées. Vers midi, ils furent dirigés près d’un hangar pour déjeuner. L’un des
détenus, Jacques Silbermann, profita de cette occasion pour s’évader. Après des
menaces de représailles et de vaines recherches, les soldats allemands
conduisirent les 29 détenus sur le chantier pour reprendre le travail. À 16 heures
30, alors que les prisonniers montaient sur un camion pour regagner Montluc, un
major allemand donna l’ordre de les amener sur un autre chantier. Les 49
détenus furent conduits près de trois trous d’obus au-dessus desquels ils furent
exécutés par balles. Leurs corps furent ensuite recouvertrs dev terre et de
gravats.
Le lendemain, 16 août, 23 détenus juifs de Montluc, dont au moins 20 de la
« baraque aux Juifs », furent également conduits sur le terrain d’aviation de Bron.
Ils subirent le mëme sort que les prisonniers de la veille. Ils furent exécutés
exécutés au-dessus d’un trou après avoir recherché, extrait et désamorcé des
bombes non éclatées toute la journée.
À Montluc, le 19 août, le chef de la baraque des Juifs », Wladimir Korvin
Piotrowsky, dut remettre « en tas » les bagages des 70 prisonniers aux autorités
allemandes.
En septembre 1944, cinq charniers furent découverts sur le terrain d’aviation de
Bron. Le corps de Chaïm Dominitz fut retrouvé dans le chantier D entre les
hangars 75 et 80 et contenant 22 cadavres. D’après le rapport du médecin légiste
616
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Chaïm avait reçu une balle dans la tête. D’abord enregistré sous le numéro 68, le
corps fut identifié au début du mois d’août 1944 par Évelyne, la fille de Chaïm.
L’acte de décès fut dressé le 76 octobre 1944 à Bron et l’inhumation se fit
cimetière de Lyon La Mouche (VIIe arr.) Le titre d’interné politique fut attribué à
Chaïm en 1953
Du 17 au 21 août 1944, 109 prisonniers au fort de Montluc (Lyon), dont 72 juifs,
avaient été massacrés par les Allemands sur le terrain d'aviation de Lyon-Bron.
DONSKOY Boris †g MPFXg
Né le 29-09-1912 à Nevel - province de Witebsk (Allemagnx) Recrutemenx i
Caporal – 21e R.M.V.E.
Tué le 14-06-1940 à Sainte-Menehould - HOE n°10, 51 - Marne, France) — 91 —
Sainte-Geneviève-des-Bois. Carré de corps restitués.
==Gabriel DORADO
Né le 04-12-1913 à Libourne (33 - Gironde) (Espagnx) Recrutemenx SBC (75) Mle
7293 —> DORADO (Gabriel) 4-12-13, Libourne (Gironde) 2’ cl. 21' M Liste
N. 17. De Rosen a écrit : « Dorado, en fille, danse avec le petit Marius de la cuisine
en costume d’enfant : bleu marine, culottes courtes ! »
Joseph DORF
Né le 25-08-1906 à Jaffa (Palestinx) Recrutemenx SBC (75) Mle 11397 —> Dorf
Joseph 25-8-06, JAFFA (Palestine) 2e cl 21 RI Liste N 17.
Antonio DOS SANTOS†f
Né le 19-04-1910 à Piesat (Portugax) Recrutemenx i MPFXf le 21 -10-1941
(Montpellier - hôpital mixte, 34 - Hérault, France) Carré militaire (2).
Manoel DOS SANTOS
Né le 07-02-1905 à Gaia (Portugax) Recrutemenx SBC (75) Mle 14478.
Thomas DOS SANTOS
—> SANTOS (Thomas dos) 10-6-06, Mosellos (Portugax) Recrutemenx i, 2' cl. 21'
R.I.V.E. Lis 17.
Adriano DOS SANTOS FERREIRA †g MPFXg
Né le 17-02-1908 Villa Paula Viéno, (Portugax) E.V.D.G. D.C.R.E. Recrutemenx
Grenoble (38) Autres prénoms Jean Souza) Mort le 13 juin 1940 Nécropole de
Sainte-Menehould.
Manuel DOS SANTOS-PEREIRA
—> SANTOS-PEREIRA (Manuel dos) 21-6-08, Guiaes (Portugax) Recrutemenx i, 1'
cl. 21' R. I. V.E. Liste N 17.
Jean DOS SANTOZ †g MPFXg
Né le 03-11-1913 à Punha (Portugax) Recrutemenx Grenoble (38). DOSANTOS
Jean Souza mort le 13 juin 1940 Nécropole Sainte-Menehould.
617
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

—> DORNER (Étienne) 13 ou 15-3-09, Budapest, (Hongrix) Recrutemenx i. 2’ cl.


21’ R.I. Liste 22 et 27.
Pascal DOUBAUD (Henri Pascal)
ŸFDX Né le 14-4-1895 à Pamiers (Ariège) Commandant de Compagnie au C A 3.
Capitaine adjoint major du 3e bataillon à compter du 1er mai 1940.
—> Doubaud (Pascal), 14-4-95, Pamiers, Capit., 21* I.R. Oflag 6 A Liste N 49.
Fernand DOUET ❤ G.R. 16 P 190846
ŸFDX Fernand Jules DOUET, né le 01.02.1907 Le Puy-Notre-Dame Maine-et-Loire
—> DOUET (Fernand), 01-02-07, Le Puy-Notre-Dame (M.-et-L.) adj.-ch. 21e R.I.
Liste N° 17. Chargé des transmissions : De Rosen a écrit : « … on voit des gens
arborer des décorations auxquelles ils n’ont pas droit. Je pense entre autres à ce
brave D… qui, pour avoir pétri du pain dans une solide cave à Allain, s’était inscrit
en premier sur la liste des propositions de Croix demandée par le commandant
Ravel. Inutile d’ajouter que ce dernier ne le proposa aucunement, ce qui
n’empêche pas notre boulanger d’arborer une croix, qu’il promenait fièrement,
torse bombé, la canne à la main, avec des allures que sans doute Louis XIV n’eût
pas désavouées. Il était surnommé “Le roi Soleil”… » Et plus loin : « Douet, le Roi
soleil, qui se fait toujours précéder de sa canne. » Et encore : « Sensationnels
débuts de Douet, “Le roi Soleil”, qui déguisé en Clown est grotesque à souhait. »
Mais Modéna rapporte (Verrières) : « L’adjudant-chef Douet m’apporta son aide
pendant une grosse partie du repli. »
== Lechah DOZETOS
Né le 24-01-1905 à Didus (Turquix) Recrutemenx SBC (75) Mle 7000.
==Luis DROZ (Louis)
Né le 26-09-1904 à La Chaux-de-Fonds (Suissx) Recrutemenx SBC (75) Mle 6806
—> DROZ (Louis) 26-9-04, La Chaux-de-F-, 2' cl. 21' R.M. St XIA. List 44. 6e Cie.
Alphonse Yvon DRUGLEMANS
Né le 06-11-1911 à Anvers (Antwerpen) (Belgiqux) Recrutemenx SBC Mle 7259
—> BRUGLEMAM (Alphonse) 6-10-11, Anvers (Hollande) cap. 21e R.I. List 17.
==Abraham DRUMLEWICZ
Né le 03-04-1920 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3568 —>
DRUMLEWICZ (Albert) 3-4-20, Varsovie (Pologne) cap. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
DUBOIS (René) ❤ G.R. 16 P 194549
René Etienne DUBOIS, né le 16.07.1912 à Thumeries, Nord. —> ŸFDX 16-7-12
Thumeries (Nord) adj. 21' R.I. Liste N 17 (s’évadera le 16 octobre 1940 : cf. de
Rosen). René Étienne Dubois né à Thumeries le 16 juilet 1912, Décédé le 10 août
1991.
Charles DUCHATELLIER
618
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 11-11-1907 à Port de Prince (Haïtx) Recrutemenx SBC (75).


Chain DUCHON
Né le 03-05-1917 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> DUCHON
(Chaim) 3-5-17, Czeslochava, 2' cl. 21' R. M. Liste N 17.
== Berek DUDKIEWICZ alias Bernard ❤G.R. 16 P 197221
Barek DUDKIEWICZ, né le 04-09-1904 à Radomsko (Polognx) Recrutemenx SBC
(75) Mle 3530. DUDKIEWIEZ Berck né le 04/09/1904 à RADOMSKO déporté par
le convoi n° 15 le 05/08/1942 à Auschwitz Déporté par le Convoi 15 de Beaune la
Rolande, à Theresienstadt, Litomerice, Bohemia, Tchécoslovaquie le
05/08/1942§d Libéréx. 1014 déportés, 5 survivants. Est enterré au cimetière de
Bagneux.
==Mikisa DUDOVIES
Né le 12-11-1908 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 2914. (Michel,
6e Cie ?).
—> DUDOVITZ (Coloman) 20-10-06, Budapest, (Hongrix) Recrutemenx i.1’ cl. 21e
R.M. Stalag XI A. Liste N 44.
Jean-Marie-Marcel DUFAURE DE LAPRADE †g MPFXg
ŸFDX Né le 23-06-1918 à Shanghaï (Chine) 21e R.M.V.E. Tué à Sainte-Menehould
le 15 juin 1940.
Henri Paul DUGROS
ŸFDX Né le 2/9/1905 à Goas Tarn et Garonne. Appartenait à la 9e Cie du 3e
bataillon. —> DUGROS (Henri) 2-9-05, Goas, Tarn et Garonne, lieutenant. 21e R.I.
Oflag VI A Soest Westphalie Liste N. 49.
Michel DUGUE
—> DUGUE (Michel) 18-5-15, (Haïtx) Recrutemenx i, cap. 21' R. M. Liste N 17.
Robert Dominique Camille DUJOLS
—> DUJOLS (Robert) ŸFDX 23-10-18, Caussade, Tarn-et-Garonne sous-lieutenant.
1er R.I.E. Of. VI Liste N 49. Il appartenait à la C.R.E. commandée par le capitaine
Billerot. Il avait sous ses ordres le Hongrois François Kammer-Mayer et l’Espagnol
Maurice Renonès, le plus jeune du groupe (22-9-18). Kammer-Mayer a écrit :
« Duclos (Dujols !) se trouvait après Renonès le moins âgé du groupe. Cette
juvénilité de l’officier de carrière tranchait sur la maturité des vieux briscards. Ces
étrangers reposaient sur le seul Français de l’unité leur gratitude envers le pays
qui les avait accueillis. À leurs yeux, le jeune Saint-Cyrien représentait la "vieille
France". Avec lui la France existait telle qu’ils se l’idéalisaient. Cette
reconnaissance était bien fondée. En effet, son autorité, sans rapport avec la
hiérarchie, s’appuyait uniquement sur sa compétence. Lui obéir n’impliquait rien
de servile. » Dujols †en 1993 (Merveilles Montpellier).
619
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

DULION PIERRE Bernard †g MPFXg.


ŸFDX Né le 31-12-1907 à Marmande (47 - Lot-et-Garonne, France) Lieutenant de
la C.A. 3. Il est blessé le 26 mai 1940, il meurt le 27. Les Petites-Armoises 08 Tué
par éclats d'obus.
Paul Marie Joseph DUMAS
ŸFDX Né le 23/2/1910 à Perpignan, Pyrénées Orientales, Médecin-lieutenant 2e
Bataillon. Hôpial Sainte-Menehould le 14 juin 1940 ; puis Hôpital de Chaumont
Haute Marne, puis Camp Longvie à Dijon et Montigny sur Aube.
René DUMAUTHIOZ
Né le 12-04-1910 à Grandson (Suissx) Recrutemenx Bar-le-Duc (55).
Ngegoslaw Valentin DUMBROVIC
Né le 14-02-1919 à Rovisce (Yougoslavix) Recrutemenx SBC (75) Mle 2940.
Jean DUMONCEAU
Né le 04-02-1912 à Arsimont (actuelle partie de Sambreville) (Belgiqux)
Recrutemenx SBC (75).
Armand DUMONT
Né le 26-02-1907 à Tamines (Belgiqux) Recrutemenx Charleville.
Jacques Augustin Marie Joseph DUPONT
—> DUPONT (Jacques) ŸFDX 27-1-12, Douai, lieut. 21' R.M.V.E. Of. VI A. Listes N
49 et 50. Était adjoint au lieutenant Jean Gay commandant la 1re Cie du 1er bat…
André DURAM
né le 10-2-18 à Cantaloppa (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66) —> DURAND
(André) 10-2-18, Canetallops, (Espagne) 1’cl. 21' R.I.V. Liste N17.
Joaquim DURAN
Né le 24-10-1911 à Aldea (Espagnx) Recrutemenx 1er RMVE Lyon (69). —> 21e
R.M.V.E. Stalag VII A Liste N 90. Serg-Chef 10e Cie (Doc Duvernay) ?
Emile DURAND
Né le 11-01-1903 à Plaimpalais (Suissx) Recrutemenx Nantes (44) —> DURAND
(Émile) 11-1-03, Genève, serg. 21' R.I. St. XI A. Liste N 44. De Rosen en parle à
propos d’un départ de Queuleu d’un contingent de prisonniers le 2 août 1940 :
— ... Parmi les nôtres, partant, se trouvait le sergent Durand, un ancien
légionnaire tout tatoué, un de ces durs en réalité un peu mou que nous avions
appelé le « Père Pinard » àcause de la facilité étonnante avec laquelle il pouvait
absorber, pour son plaisir, des litrons de gros rouge : son visage se
congestionnaità ces moments et devenait hilare. À Barcarès, tous les soirs, après
station à la buvette du mess des sous-officiers, il rentrait vers 10 heures dans la
baraque, réveillait tout le monde avec la plus franche bonne humeur et se mettait
à raconter de longues histoires entrecoupées de hoquets. Puis il se couchait, et
620
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

se relevait le lendemain comme si de rien n’étaitune longue

Wladislaw DURLAK
Né le 08-04-1898 à Kopokno (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Novak DURO
Né le 17-04-1904 à Pregrada (Yougoslavix) Recrutemenx Mautauban (82).
DUVERNAY Félicien Christophe Joseph†p
ŸFDX Bernard Duvernay le 26 janvier 2013 : « Félicien Duvernay est bien mon père
». Officier du 21e R.M.V.E. (3e bataillon, 10e Cie) prisonnier à l'Oflag VI A de Soest
en Allemagne, tué dans un bombardement le 13 juin 1944. Félicien Christophe
Joseph DUVERNAY MPFXp le 13-06-1944 (Essen, Allemagne). Né le 26-01-1908 à
Genève (Suisse)—> DUVERNAY (Félicien) 28-1-08, Genève, capitaine 1er R. Oflag
VI A Liste N 49. VI. A. Citation : Commandant de Cie de réserve de bataillon ; le 27
mai 1940 au Pré-aux-Moines dans des conditions délicates a comblé un intervalle
menaçant de la ligne de feu. Le 14 juin, à la Grange-aux-Bois, coupé de son
bataillon, s’est mis spontanément à la disposition du commandant du 14e R.I., a
contre-attaqué pour dégager certains éléments de ce régiment violemment pris
à partie par l’ennemi et a protégé leur repli.
==Emile DUYTSHAEVER
Né le 02-09-1911 à Ploegsteert (Belgiqux) Recrutemenx Lille (59).
Hirsch DVOJAKIN
Né le 06-05-1908 à Daugafelo (LettoniX) Recrutemenx SBC (75).
DVONICKY Alfred
Compagnon de Hans Habe en juin 1940, observateur, arrêté avec lui à Charmes
dans les Vosges, son complice à Dieuze, il réussit aussi à s’évader et tiendra après
la guerre un commerce en vins à Hanovre. Habe a écrit : « Alfred Dvonicky, de son
621
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

côté, était inusable. Juif polonais, il était d’une ténacité remarquable. Âgé de
trente-trois ou trente-quatre ans, de taille svelte, il gardait même dans son
uniforme de camelote l’allure d’un aristocrate polonais. Ses grands yeux ovales
brun noisette affichaient toute la mélancolie raciale des Polonais Personne ne
l’aurait pris pour un youpin. » Il pourrait s’agir possiblement de : WORNICZAK né
le 07-03-1907 à Krostoschine (Polognx) Recrutemenx Caen (14).
Pintus DYMETIAN
Né le 16-08-1898 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Izrael DYSTELMAN
Né le 01-08-1898 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Décédé 1966.
Moszek DZIALOWSKI
Né le 15-07-1906 à Kalisz (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> DZIALOWSKI
(Moszek) 15-7-06, Kalisz (Pologne], 2'cl. 21' R.I.V. Liste N 17. C.A.1.
Moszek DZIESIETNIK †d MPFXd
Né le 03-02-1901 (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Dziesietnik (Moszek, Fajwel)
né 1901 à Varsovie. Déporté par le Convoi 5 de Beaune la Rolande, à Auschwitz
Birkenau le 28/06/1942. Dcd 2/7/42 Auschwitz. 1038 D., 45 surv-.
Fransciccio ECHEVARRIA
Né le 10-10-1922 à Lianes (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Moise ECHKENAZI
Né le 24-02-1911 à Routchouk (Bulgarix) Recrutemenx SBC (75).
Alexandre ECONOMON (ECONOMOU) ❤ G.R. 16 P 207451
Né le 05-05-1912 à Athènes (Grècx) Recrutemenx SBC (75).
Constantin ECONOMOU
Né le 26-12-1915 à Beni-Souef (Égyptx) Recrutemenx SBC (75) —> ECONOMOU
(Constantin) 26-12-15, Béni Souef (Égypte) serg. 21' R.I. Liste N 17. Sergent,
commande un groupe de mortiers Brandt les 8-9 juin Petites-Armoises.-.
Hors ECSTEIN †d MPFXd
Né le 22-07-1897 à Galatz (Roumanix) Recrutemenx SBC (75). Ecstein (Hers) né
22/7/97 à Galatz. Dcd 3/10/42 Auschwitz. ECSTEIN Hers né le 22/07/1897 à
GALATZ déporté par le convoi n° 38 le 28/09/1942 de Drancy à Auschwitz. 904
déportés, 18 survivants.
Pinkus EDELIST
Né le 12-05-1898 à Michow (Polognx) Recrutemenx SBC (75).Emmanuel
EDELMAN†d MPFXd
Né le 02-02-1908 à Suljon (Polognx) Recrutemenx SBC (75) déporté par le Convoi
No.49, en date du 2 mars 1943, de Drancy à Auschwitz Dcd le 1944 Mention. 1000
déportés, 6 survivants.
622
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

==Bruno EDELSTEIN
Né le 20-03-1909 à Bucarest (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5762 Appart,
à la C.R.E.
Josef EDELSTEIN
Né le 20-03-1900 à Kasperovic (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
== Noech EDELSZTAJN
Né le 07-11-1910 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Feivel EDELSZTEIN
Né le 19-11-1898 à Kolbriel (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Srul EDELSZTEIN
Né le 15-02-1904 à Markus (Polognx) Recrutemenx SBC (75)
Diego EGEA-SOTO
Né le 01-04-1915 à Barcelone (Espagnx) Recrutemenx Pau (64) —> EGEA (Diego)
1-4-15, Barcelone, 1re cl. 21' R. M. Liste N 17.
Manuel EGUIA
Né le 08-10-1905 à Saint Sebastien (Espagnx) Recrutemenx Pau (64) —> Eguia
(Manuel) 8-10-05, San Sébastian, 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
==Alexandre EHRENFELD
Né le 18-09-1910 à Debrecen (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5602 —>
EHRENFELD (Alexandre) 18-9-10, Debreccen (Hongrie) 2' cl. 21' R. I. Liste N 17.
Hermann EHRLICH †d MPFXd
Né le 06-05-1917 à Cologne (Allemagnx) Recrutemenx SBC (75). Ehrlich
(Hermann) né 6/5/17 à Cologne (Allemagne. EHRLICH né le 06/05/1917 à KOLN,
déporté par le convoi n° 73 au départ de Drancy le 15/05/1944. Dcd 20/5/44 à
Kounasou Pravienaskes (Lithuanie) ou Reval (Estonie). 878 déportés, 22
survivants.
Léon EHRLICH (ou Leizer EHRLICH) ❤.G.R. 16 P 207948
Né le 01-12-1915 (Allemagnx) Enskirchen Recrutemenx SBC (75) Décédé 1958.
Markas EHRLICH (ou Marcus EHRLICH)
Né à Lwov le 26-12-1908 ou à Optytne 26-12-1908 (Polognx) Recrutemenx SBC
(75) --> EHRLICH (Marius) 26-12-08, Oplylna (Pol.) 2' cl. 21' RIVE. List N 17.
Salomon EIDELSTEIN
Né le 23-05-1904 à Lipkana (Russix) Recrutemenx Versailles (78) Décédé 1969.
Maurice EISDORFER †d MPFXd
Né le 21-12-1908 à Nyrtura (Hongrix) Recrutemenx Bordeaux (33). 4e section, 10e
Cie. Noté blessé et évacué dans le relevé Duvernay. EISDORFER Maurice né le
21/12/1908 à MYRTURA déporté par le convoi n° 7 Train DA 901-2 le 19/07/1942
de Drancy à Auschwitz. 999 déportés, 16 survivants.
623
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Ayram-Arthur EISENBERG †d MPFXd


Né le 15-11-1909 à Wolno (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> EISENBERG
(Arthur) 15-11-09, Russie ? 2’ cl, 21' R. M. E. Liste N 14. EISENBERG Arthur né(e)
le 15/11/1909 à WOLOV déporté par le convoi n° 76 le 30/06/1944 de Drancy à
Auschwitz.1100 déportés, 167 survivants.
Benjamin EJCHINBAUM
Né le 31-07-1908 à Lublin (Polognx) Recrutemenx Grenoble (38) —>
EJCHENBAUM (Benjamin) 3-7-08, Lublin (Pologne) 2' cl. 21' R.I.V.E. Liste N 17.
Szmul EJZENBERG (Samuel) †d MPFXd
Né le 1900 à Sulejow (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Ejzenberg (Samuel) né le
2/1/ 1900 à Sulejow (Pologne). Dcd le 2/9/42 Auschwitz (Pologne). Szmul
Ejzenberg est né à Sulejow, Pologne en 190. Déporté par le Convoi 6 de Pithiviers,
à Auschwitz Birkenau le 17/07/1942. 928 déportés, 18 survivants
Elias EJZENFARB †d MPFXd
Né le 18-06-1911 à Lublin (Polognx) Recrutemenx SBC (75). EJZENFARB Elias né le
18/06/1911 à LUBLIN déporté par le convoi n° 4 le 25/06/1942 de Pithiviers à
Auschwitz. 999 déportés, 51 survivants.
Alexandre EKRENFELD
Né le 18-09-1910 à Debrecen (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Georges ELEK
Né le 20-05-1907 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5806 —> ELEK
(Georges) 20-5-07, Budapest, 2' cl. 21' R.M. St. XI A. Liste N 44.
Poupillon André ELIADE
Né le 17-06-1907 à Bucarest (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 7278 —>
ELIADE (André) 17-6-07, Bucarest 21e R.I. Liste N 17. Sergent.
== Antoine ELIAS
Né le 27-10-1909, Szinesdaralya (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 1915.
Ajzyk ELICER
Né le 06-01-1905 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 5384 Stalag XX
D —> ELICER (Ajzyk) 4-1-04, Varsovie, 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Patrice ENCINAS
—> ENCINAS (Patrice) 10-3-19, Monasterio de Bego (Espagnx) Recrutemenx i. 1’
cl. 21’ R.M.V.E 240. Liste N 30.
Bernard ENGLER
—>ENGLER (Bernard), 3-9-18, Iassy (Roumanix) Recrutemenx I cap. 21e R.I. Liste
17.
Jacques ou Leizer ERLICH
== Né le 15-05-1906 à Minsk (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 11424.
624
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Zelman ERLICH
Né le 25-07-1909 à Bychawa (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 14594 —>
ERLICH (Zelman) 25-7-09, Buchawa, 2' cl. 21' R. I. V. E. Liste N 17. —> ERLICH
(Jacques) 23-7-09, Paris 2e cl, 21e R.I St. XII E Liste N 90.
Mojzesz ERLICH (Mojzesz Meudel) †g MPFXg
Né le 29-12—1905 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Légion étrangère
Mle 6181—> 21e R.M.VE. —> Mort à Sainte-Menehould le 26 mai 1940 des suites
de blessures.
Vlademar ERMAKOFF
Né le 28-07-1900 à Sébastopol (Russix) Recrutemenx SBC (75) Mle 9819 —>
ERMAKOFF (Valdémar) 28-7-1900, Sébastopol, 2’ cl. 21' R. I. Liste N 17.
Albert ERRERA (
Né le 15-02-1913 (Grècx) Recrutemenx SBC (75)
Attention : un Homonyme déporté : (GR 16 P 210479 ERRERA, Albert FFL)
Jacob ERRERA
Né le 15-11-1915 (Grècx) Recrutemenx SBC (75) —> ERRERA (Jacob) 15-11-15,
Salonique, 2' cl. 21' R.M.V. E. Liste N 18.CA 2 ?
Vsevolod ERSCHOFF
Né le 27-10-1907 à Stavropol (Russix) Recrutemenx Versailles (78).
Mojzé ERTEL
Né le 27-04-1911 à Konskié (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
José ESBRI TUSON
Né le 16-02-1901 à Mulis (Espagnx) Recrutemenx Montauban (82) —> ESBRI
(José) 16-2-01, Castellon, 2e cl., 21e R.I. Liste N 17.
==Vicente ESCALDA
Né le 01-09-1911 à Escalha (Portugax) Recrutemenx SBC (75).
Adrian ESCUDERO
Né le 26-05-1917 à Madrid (Espagnx) Recrutemenx Pau (64) —> ESCUDERO
(Adrien 26-3-17, Madrid, 2’ cl. 21e R.M.V.E. 204. Liste N 55.
Avram ESKENAZI
Né le 06-06-1918 à Magnesie (Turquix) Recrutemenx SBC (75)
Nissim ESKENAZI
Né le 18-12-1906 à Samatkopf (Bulgarix) Recrutemenx SBC (75) Mle 3782 —>
ESKENAZI (Nissim) 18-12-1906, Samakoff caporal 21e R.I.V.E. Liste N 17.
Vitali ESKENAZI
Né le 30-12-1906 à Kassaba (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Jakara ESPERANSA
Né le 05-06-1908 à Smyrne (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
625
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Raphaël Fernand ESQUENAZI †g MPFXg


Né le 23-08-1910 à Anvers (Belgiqux) Recrutemenx SBC (75) Mle 4388. Mort le
27-05-1940 à Noirval, 08 - Ardennes, France.
Tué par éclats d'obus. SHDC.
Manuel ESTEBAN
Né le 19-10-1909 à Barcelone (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
Jacques ESTEVA
Né le 14-09-1911 à Sanaco (Baléares îles) (Espagnx) Recrutemenx Reuilly (Paris
75). CA.1 (Bar-restaurant le Capricorne 13, Rue de la Félicité, Paris (17e)
José ESTEVE
Né le 29-06-1909 à Aleoy (Espagnx) Recrutemenx Grenoble (38) —> ESTEVE
(Joseph) 29-6-09 Vienne (Isère) 1re cl. 55 R.C. St V A (????) Liste N 54.
Salomon ESTRINE
Né le 12-03-1902 à Gorsky (Russix) Recrutemenx SBC (75) Mle 9762 —> ESTRINE
(Henri) 2-3-02, Gorsky (Russie) 2' cl. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
Antonio ESTRUCH
Né le 14-03-1910 à Cadez (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
Jacques ETCHART
—> ETCHART (Jacques) ŸFDX 10-3-13, Paris, 2' cl. 21' R.M.V.E. St. XI A. List 44.
Albert ÉTIENNE
—> ÉTIENNE (Albert) ŸFDX 21-8-16, Lunéville, serg. 21e R.I. st XI A. Liste N 44.
Albert Étienne : Albert a été incorporé en septembre 1937 au 69e R.I. à Barst-
Marientahl, entre St Avold et Sarreguemines. C’était la région des étangs, donc il
n’y avait que des petits ouvrages, des casemates de la ligne Maginot. Il a été
ensuite affecté comme sergent à l’encadrement de la Légion étrangère (21e
régiment de marche de volontaires étrangers) où de nombreux Espagnols qui
avaient franchi la frontière pour fuir le franquisme avaient été incorporés comme
volontaires étrangers. Ces troupes devaient partir pour le Levant depuis Port-
Vendres. Au moment d’embarquer, le front a craqué au canal des Ardennes. La
Légion est remontée (avec ses hommes et ses mulets) pour colmater les brèches.
Les gens en les voyant passer disaient « ah, voilà la Légion ! c'est que c'est grave
». Il a été fait prisonnier dans le secteur de Colombey-les-Belles. Citation d’Albert
Étienne à l’ordre de la brigade : « Excellent entraîneur d’hommes, d’une haute
valeur morale, s’est distingué au cours des combats de Colombey-les-Belles, les
19 et 21 juin 1940, en s’offrant comme volontaire pour l’exécution périlleuse de
plusieurs missions d’observation ». Citation datée du 29 /05/1941
Viejo EUSEBIO CUADRADO
Né le 03-03-09 à Brihueca (Espagnx) Recrutemenx Pau (64) —> QUADRADO
626
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

(Viejo) 3-3-09 Brihuega (Espagne, 2e cl. 21e R.I.V.E. Liste N 17.


Fimas EVENAS
Né le 08-02-1917 à Klerson ou Kherson (Russix) Recrutemenx SBC (75) —>
EVENAS (Junas) 8-2-17, Kherton Russie, cap. 21e R.M. St. XI A. juin 1947
Naturalisation.
Nicolas Eugène EXERDJOGLOU †g MPFXg
Né le 14-04-1912 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx Versailles (78). Tué le
13-06-1940 (La Neuville au Pont, 51 - Marne, France). Sergent à la 10e Cie noté
tué dans la liste du capitaine Duvernay du 30 juin 1940.
Werner EYMAMM
Né le 30-12-1916 à Innerboimos (Suissx) Recrutemenx Bourg-en-Bresse 01).
Francisco EZQUERRA
Né le29-101-1913 à casteljan de Monegros (Espagnx) Recrutemenx Auxerre (69)
Engagé le 23-01-1940—> Ezquerra (François) 29-12,13, Castécon, Espagne, 2e cl.
21e R.I. Liste N 17.
Paul FABIAN
Né le 24-10-1904 à Lwow (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Mle 1165 —> FABIAN
(Paul) 24-10-04, Lwow, Pologne, 2e cl. 21e R.I. Liste N 17.
Daniel FABRE
Né le 13-10-1907 à Toledo (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Ludger FAGARD
ŸFDX Cdt 2e Bataillon —> 5-3-84, Pare-St-Maur, Val de Marne, commandant, 21’
R.I.E. Oflag VI A. Il Liste N° 48. Rapatrié sanitaire 22/7/1941i 1941.
Xxxx FAHRI (Jean ou Moïse ou Raphael, lequel ?)
1re cl. Chauffeur du Lt Pold Turquix Recrutemenx SBC (75). Mle2415...
Mendel FAJERMAN
Né le 22-06-1896 à Piotrkovf (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Majer FAJGENBAUM (ou Mayer...)
Né le 16-01-1900 à Przeborg (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Abram FAJNER †d MPFXd
Né le 01-1906 à Zedrzeponc (Polognx) Recrutemenx SBC (75). F FAJNER Abram né
le 28/10/1906 à MDRZEJOW déporté par le convoi n° 51 le 06/03/1943 de Drancy
à Maidanek Fajner (Abram) né 28/10/06 à Jedrzefow. Dcd 11/3/43 Lublin
Maïdaneck. 998 déportés, 4 survivants.
Léon Eliezier FAJNSZTAJN†p
Né le 03-08-1908 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx i MPFXp le 17-02-1945 (Vels
– stalag VII B, Allemagne ?). Mort le 17-2-1945 Autriche Stalag XVII B (Autriche)
tué par un bombardement. 92 — Bagneux — Monument commémo 1939-1945.
627
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Samson FAJNZYLBER
Né le 11-09-1918 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx Pau (64).
Raphaël FALCE
—> FALCE (Raphaël) ŸFDX 21-3-13, Tours, 2' cl. 21' R.M. St. XI A. Liste N 44.
Meer FALKOWICZ (Mayer) †g MPFXg
Né le 10-02-1908 à Wolomin (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 6274 Mort le
10-06-1940 (Les Petites Armoises, 08 - Ardennes, France) Tué par éclats d'obus -
Sépultures Père Lachaise.
Andor FALUS
Né le 21-10-1911 à Budapest (HongrieX) Recrutemenx SBC (75) Mle 8205 −>
FALUS (Sudor) 21-10-11, Budapest, 2e cl. 21e R.I. st XI A.
Moise FARADJI
Né le 03-04-1907 (Grècx) Recrutemenx SBC (75) —> FARADJI (Moïse) 3-4-07,
Salonique, cap. 21' R.M.V.E. 240. Liste N 30.
Eugène FARAGO
Né le 02-07-1910 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —> FARAGO
(Eugène) 2-7-10, Budapest. 2' cl. 21' R. M. V. E. Liste N 12.
Joseph Maurice FARGES ❤G.R. 16 P 216285
FARGES, Joseph Maurice 15.02.1896 Arcachon.ŸFDX Né le 15/2/1896 Arcachon
Capit- à la 10e Cie jusqu’en mai 1940 (maladie) Dcd 25/12/1981; grand martyr de
la Gestapo et qui pleure son fils unique mort en déportation qui s’était laissé
arrêter pour faire relâcher son père.
Joseph FARKAS
Né le 13-03-1899 à Wisonta (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Gabor FARKAS †d MPFXd
Né le 23-03-1908 à Mexabereny (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 3802 —>
FARKAS (Gabor) 23-2-08, Mazohurny (Hongrie) 2e cl., 21e R. I. Liste N 17. FARKAS
Gabor. Habitait au 29, rue Monte à Peine à Champs Sur MARNE A été interné à
Drancy sous le matricule 10296, (convoi N 63 du 17-12-43?) arrivé le 20/12/1943
à (Auchswitz). Déporté. Déportés 850. Surviv- 22 ou 29.
Gabriel FARKAS †g MPFXg
Né le 24-05-1919 à Budapest (Hongrix) recrutemenx SBC (75) matricule 3795 tué
par éclat d’obus le 9 juin 1940 à Châtillon-sur-Bar 08 Ardennes Fr. (NB : Un
homonyme, Gabriel Farkas, journaliste, né le 3-11-1922 et décédé le 15-12 2001
a été déporté comme Gabor Farkas.
Ludovic FARKAS
Né le 18-09-1909 à Bistritz (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> FARKAS
(Ludovicic) 18-9-09, Bistrita, sergent. 21' R.M.V.E. Liste N 22. 6e Cie. De Rosen : «
628
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Michel parti en permission à Nancy pour six jours ; Goldberg son ordonnance,
également, Farkas aussi. Mais aussi Biniers G. » (Goldberg). De Rosen : « Farkas…
est un Autrichien très sympathique aussi sûr de lui que bien élevé qui parle
parfaitement le français. » … « Wofsy et Farkas parlaient boîte de nuit, et, une fois
rentrés chez eux, il est certain que chacun recommencera, l’un par métier, l’autre
par désœuvrement. (Bistrita était austro-hongroise jusqu’en 1918, roumaine
ensuite. »
Tibor de FARKAS
Né le 2-04-1912 à Nqgyenyed (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 7835 —>
FARKAS (Tibor de) 2-4-12, Nagycnyed, Hongrie cap., 21e R.I. Liste N 17.
Victor FASQUE
—> FASQUE (Victor) ŸFDX 18-8-11, Ecques, Pas-de-Calais, adj., 21' R.M.I St. XI A.
Liste N 44.
Louis FAUCIE
Né le 12-08-1912 à Bruxelles (Belgiqux) Recrutemenx SBC (75) —> FAUCIE (Louis)
12-8-12, Paris, serg. 21' R.M. St. XI A. Liste N 44.
Marco FAYERMAN
Né le 07-04-1918 à Madrid (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Abram FEFERKORN ❤ GR 16 P 219774
Né le 11-10-1896 à Biala Rawaska (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Biala
Rawaska.
Jacob FEFERKORN
Né le 07-12-1906 à Miasko (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Adam FEFER
—>FEIFER (Adam) 5-7-19, Delatyn Galicie = (Polognx) Recrutemenx i., 2' cl. 1’
R.M.V.E. St. VII A. Liste 91.
==André FEIN
Né le 12-02-1908 à Dradea (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 2803.
== Arnold FEINER
Né le 06-01-1904 à Marianski Goré (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> FEINER
(Arnold) 6-1-04, cap. 21' R. M. E. Liste N 17.
Martin FEINMANN
Né le 04-03-1909 à Bucarest (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 1966. Appart-
à la C.A. 1.
Georges FEKETE
—> FEKETE (Georges) 6-7-15 ; Kassa, (Hongrix) Recrutemenx i. 2’ cl. 21' R.M. St.
XI A. List N 44.
Eugène FELDMAN
629
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 31-03-1919 à Ristoff (Russix) Recrutemenx SBC (75).


Icek-Jose Rawaska ph FELDMAN (ou Jak)
Né le 20-06-1906 à Skarszjsko ou Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle
2562. —> FELDMAN (Isek-Joseph) 20-6-06, Pologne 2’ cl. 21’ R.I V.E. Liste N 17.
Jacques FELDMAN
Né le 28-07-1909 à Jassy (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5633. Naturalisé
avril 1947.
Moszek FELDSZTAJN ou Moszek FELSTEIN
Né le 06-11-1905 à Radom (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 11967
FELDSZTAJN (Moszec) 1905, Radom, 2' cl. 21' R.I.V.E. Liste N 18. Naturalisé N.V.
avril 1947
Wojcuk FELICIAK = FELICIAK (Albert)
Né le 22-03-1904 à Szalatineczjn (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 10251.
Pierre FELIX
Né le 15-05-1915 à ? Suissx ? Recrutemenx Valence (26) 1er R.M.V.E. 2e section.
10e Cie. Disparu avant Vaucouleurs (Doc Duvernay)
Émile FELLER
Né le 06-07-1909 à Weyler (Belgiqux) Recrutemenx Thionville (57) —> FELLER
(Émile) 6-7-09, Weyler (Belgique, province de Luxembourg) caporal. 21' R. I. Liste
N 17. Appartenait à la section de commandement de la 10e Cie (3e batail.).
Jacques FELLER
Né le 09-06-1907 à Bucarest (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
Chaskiel FENSTECHEIM ou FENSTERCHEIM †d MPFXd
Né le 26-06-1902 à Cracovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Fensterheim
(Chaskel) né 26/6/02 Cracovie. FENSTERHAIM Chaskiel né le 26/06/1902 à
KRAKAU déporté par le convoi n° 2 le 05/06/1942 de Compiègne à Auschwitz.
Dcd 8/7/42.1000 déportés, 41 survivants.
Yvan FERBEZAR †g MPFXg
Né le 17-09-1914 à Makuwkwil (Yougoslavix) Recrutemenx Orléans (45)
FERBEZAR Jean. Mort le 25/05/1940 Quatre-Champs 08 — Floing — Nécrop
nationale.
Alexandre FERENCZI †g MPFXg
Né le 04-04-1908 à Mioula (?) (Hongrix) Recrutemenx i Tué le 27-05-1940 (Noirval
cote n°164, 08 - Ardennes, France) – 11e Cie (3e bataillon). Verrière le Buisson.
Nécropole nationale France. Éclat d’obus.
Alphonse FERENCZI
Né le 26-03-1910 à Rozen (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Mahmod FERIC (Mahumond Ferid) ❤ G.R. 16 P 220784
630
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 15-02-1906 à Izmir (ex Smyrne) (Turquix) recrutemenx SBC (75) Mle 7224.
Cf Adjoubel: et les sergents Fehrid et Pinhas...
Pereiro FERNADEZ
Né le 20-04-1912 à Vela (Portugax) Recrutemenx Versailles (78).
Abraham FERNAND ❤ G.R. 16 P 220913
Né le 04-12-1914 à Lublin (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Armando FERNANDES
Né le 01-04-1908 à Riba (Portugax) Recrutemenx Versailles (78).
Jao FERNANDES
Né le 03-04-1895 à Sensa (Portugax) Recrutemenx Mâcon (71).
Antoine FERNANDEZ
Né le 25-03-1915 à La Union (Espagnx) Recrutemenx Grenoble (38). Engagé le 18-
10-1939. —> Antoine FERNANDEZ né le 24-05-1915 à La Union (Espagne) 2e cl.
21e R.I.
Armand FERNANDEZ
Né le 14-07-14 à Bruxelle (Belgiqux) Recrutemenx Saint Brieuc (22).
—> FERNANDEZ (Emeterio) 3-14-19, Pravia (Espagnx) Recrutemenx i. 2’ Cl. 21e
R.E.I. Liste N 9.
Felipe FERNANDEZ
Né le 26-07-1914 à Abacete (Espagnx) Recrutemenx Mautauban (82).
Indolacio FERNANDEZ
Né le 23-5-11 à St André de Linarès (Espagnx) Recrutemenx Grenoble (38). Engagé
le 17-10- 1939. —> Indoles FERNANDEZ, 23-5-11, Grenoble, 2e cl. 21e R.I. Liste N
10. Ponte de São João
Joanès FERNANDEZ †g MPFXg
Né le 15-08-1912 à San Jooa de Ponte (Ponte de São João?) (Portugax) Mort
04/06/1940 à Chätillon 1939-1945 08 — Floing Nécropole
nationale Recrutemenx Tours (37) classe 39…
José FERNANDEZ
Né le 19/3/15 à Lasas Espagnx Recrutemenx Mont de Marsan (40) —> José
FERNANDEZ. Né le 19-3-15, Csa del Rio (Espagne),2e cl 21e R.I. List 17.
Maximo FERNANDEZ
Né le 14-12-1917 à Loledo (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Miguel FERNANDEZ
Né le 24-7-1915 à Lorca (Espagnx) Recrutemenx Montpellier (34).
Joseph FERON
Né le 02-06-1908 à Thill (Belgiqux) Recrutemenx Bar-le-Duc (55).
François FERRAZ
631
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 01-11-1913 à Braza (Portugax) Recrutemenx SBC (75).


Alipio FERREIRA
Né le 23-04-1893 à Macedo (Portugax) Recrutemenx SBC (75).
FERREIRA DA SILVA Voir Ferreira DA SILVA
José FERREIRA
Né le 08-09-1907 à Marcocavanese (Portugax) Recrutemenx SBC (75) Mle 5790.
—> FERREIRA (José) 8-9-07, Marco-Calanezé, 1’ cl. 21’ R.M. St. XI A. Liste N 44.
Alberto FERREIRA DE MIRANDA
Né le 27-01-1916 à La Christeria de Malta (Portugax) Recrutemenx Bar-le-Duc (55)
—> FERREIRA (Albert) 27-1-16, Villa de Condé (Portugal) 2' cl. 21' R.M.V.E. List 22
et 27.
Antonio FERRER
Né le 06-06-1914 à Bollula (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Jzraël FERSTEN
Né le 23-01-1905 à Glawascon (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
==Oscar FESSLER
Né le 14-11-1912 à Vatradornei Roumanix Recrutemenx SBC (75) Comité fêtes
Tramontane
Bernard FEUER †d MPFXd
Né le 26-12-1910 à Taenow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> FEUER (Bernard)
26-12-10, 2e cl. 21e R.I. Liste N 17. Feuer (Bernard) né 26/12/10 à Tarnow. Dcd
20/5/44 à Kaumas (Lithuanie) ou Reval (Estonie). MPFdX » FEUER Bernard né le
26/12/1910 à TARNOW déporté par le convoi n° 73 le 15/05/1944 de Drancy à
Kaunas/Reval. Dép 878. Surv 22.
Aladar FEUERLICHT❤ G.R. 16 P 222845
Né le 14-01-1908 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx Périgueux (24).
Boris FICHMAN ou FISCHMAN †d MPFXd
Né le 23-11-1906 à Kichinef (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 2818 —>
FISCHMAN (Boris) 23-11-06, Roumanie, 1re cl. 21e R.I. Liste N 17. FISCHMAN Boris
né le 23/11/1906 à KICHINEFF déporté par le convoi n° 63 le 17/12/1943 de
Drancy à Auschwitz.. 80 déportés, 22 ou 29 survivants.
Miksa FICHNER
Né le 17-09-1898 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Chaim FIEBER (ou Charles)
Né le 08-01-1914 à Kossow (Russix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5518 —> FIEBER
(Chaïm) 8-1-14, Kossow (Russie) 2' cl. 21' R. I. Liste N 17 et 24. C.A. 1.
Zehuan FIGLARZ
Né le 17-07-1907 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75)
632
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Geisak FIHMAN ❤
Né le 13-02-1915 à Ravcani (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5711 : Sans
doute est-ce : = FIHMAN Paul. Né en Bessarabie. Visible dans le film les régiments
ficelles de Mignerot… » Décédé en 2016 à 101 ans. Rapatrié sanitaire en 1941, il
a participé à la résistance. (Bulletin Notre Volonté N 32, page 6.
Maurice FIHMAN
Né le 28-08-1907 à Chiniseau (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 3908.
==Seraphin FILATOFF ❤ G.R. 16 P 223710
Né le 04-12-1909 à Tambou (Russix) Recrutemenx SBC (75, Mle 5676).
Martin FILIJOVIE
Né le 01-05-1891 à Bralovski (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
René FINE
−−>FINE (René) ŸFDX 7-1-13, Paris, serg. 21e R.I. 150. Liste N 44.
Chaim FINGERHUT †d MPFXd
Né le 18-06-1893 à Kherson (Russix) Recrutemenx SBC (75). Fingerhut (Chaim) né
28/6/93 à Kherson. FINGERHUT Chaim né le 28/06/1893 à KHEIROV déporté par
le convoi n° 7 Train DA 901-2 le 19/07/1942 de Drancy à Auschwitz. Dcd 24/7/42
999 déportés, 16 survivants. 375 gazés.
Ber FINIFTER ❤G.R. 16 P 224417
Bernard François FINIFTER né le 10 ou 13-01-1909 à Varsovie (Polognx)
Recrutemenx SBC (75).
Georges FINK
Né le 02-06-1905 à Lennyel (Hongrix) Recrutemenx Thionville (57).
Léon FINKEL
Né le 29-08-1911 à Odessa (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Mandel FINKEL
Né le 02-07-1907 à Brody (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Naturalis. Avril 1947.
Henry FINKELSTEIN ❤ G.R. 16 P 224340
Né le 03-11-1910 à Bivolari (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
Jacques FINKELSTEIN ou Jsaac FINKIELSTEIN
Né le 06-03-1907 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 164 —>
FINKELSTEIN (Isaac) 6-3-07, Varsovie, 2e classe 21e R.M.V.E. List 17, naturalisation
1947.
Jacob FINKELSTEYN †d MPFXd
Né le 15-11-1895 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Finkelstein (Jacob)
né 15/11/95 Varsovie. Déporté par le Convoi 3 de Drancy, à Auschwitz Birkenau,
Camp d'extermination, Pologne le 22/06/1942. Dcd 12/12/ 43 Auschwitz. 1000
déportés, 24 survivants.
633
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Marcel FINKEWICZ ou FINKICWICZ ou Mendel FINKIEWICZ ou FINKEWIECZ ❤


G.R. 16 P 224444
Né le 15-03-1907 à Radomsko (Polognx) Recrutemenx SBC Mle.165 —>
FINKICWICZ (Mendel) 15-3-07, Ravousko (Pologne) 2' cl. 21' R.I. Liste N17.
Jeck FINKIELSTEJN
Né le 19-03-1909 à Ziwlen (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Dimitri FIRSK
ŸFDX Né le 25/1/1896 à Saint- Petersbourg, Russix, Sous-lieutenant du 3e
bataillon blessé près de Verrières le 13 juin.
==Simon FISBEINAS
Né le 09-05-1912 à Wilno (Lithuanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 167 —>
FISBEINAS (Simon) 9-5-12, Wilno (Lithuan.) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17. 1947,
naturalisation.
==Elias FISCH
Né le 26-06-1906 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Jacob FISCH
Né le 8-9-1907 (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Chaim FISCHBACH
Né le 04-02-1904 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Emeric FISCHER
Né le 28-11-1912 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx Nice (06) Tramontane :
Fischer Émeric, 120, rue des Couronnes... —> 22e st VIIA.lL90.
Ernest FISCHER ❤ G.R. 16 P 224720
Né le 3-08-1911 à Taryn-Mures ou à Taigu (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle
5822.
Paul FISCHER
Né le 16-01-1907 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx Clignancourt (Paris - 75).
FISCHER Yacov (Jacques « Hardy ») ❤ †g MPFXg
(Roumanix) Recrutemenx i Né en Transylvanie en 1911. Selon le récit de F
Kammer-Mayer Yacob Fischer, roumain, aurait aussi été légionnaire au Maroc au
4e R.E.I. de 1931 à 1935. Se faisait appeler Jacques Fischer et surnommer Hardy.
Ensuite, il se serait fait naturaliser dans les organisations juives. Sur invitation
d’un colonel connu au Maroc, sans doute Debuissy, il se serait engagé au 21e
officier de liaison de Debuissy à la ferme Saint-Denis. Lors de la défaite, il fuit
parce que Juif. Aurait dirigé un maquis du côté d’Agen et aurait été tué à sa tête
début 43 (printemps ?).
Boris FISCHMAN †g MPFXg
Soit FICHMAN Wolf FISCHMANN (ou Wolf Beer FISCHMAN né le 15-05-1904 à
634
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Tarnow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mort le 13-06-1940. (Neuville au Pont)


Décès des suites de blessures. SEP 48 UV 92 — Bagneux — Sépultures
individuelles. 10e Cie…
Moizek FISHER†d MPFXd
Né le 08-12-1893 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Fischer (Mojesk) né
le 8/12/1893 à Oświęcim, Déporté par le Convoi 13, Train 901-8 de Pithiviers à
Auschwitz le 31/07/1942. Dcd Le 5/8/1942 à Auschwitz.. 1049 D, 13 S.
Rechmul FISZBAUM†d MPFXd
Né le 05-10-1891 à Gojoton (Polognx) Recrutemenx SBC (75). FISZBAUM Rechmil
né en 1891 à WOSTEVER déporté par le convoi n° 3 le 22/06/1942 à Auschwitz
DCD 27/6/1942 1000 déportés 24 survivants.
Szulim FISZLEWICZ ou FISZLEUWICZ
Né le 2-11-1914 né à Pioticon (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 5591 —>
FISZLEUWICZ (Szulim) 2/11/14 Siotnickno. Pologne, 2e cl. 21e R.I. Liste N 17.
Abraham FISZMAN
Né le 15-01-1911 à Parczew (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 175 —>
FISZMAN (Abram) 15-1-11, Paczew (Pologne) 2' cl. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
David FIZZON
Né le 01-02-1892 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Moschek FLAKSER (Moschen Herch FLAKSER)
Né le 17-03-1905 à Lubartow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 177 —>
FLAKSER (Maurice) 17-3-05, Libartow (Pologne) 2' cl. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
Naturalisé N.V. avril 1947.
Robert Camille Pierre Ghislain FLAMAND †g MPFXg
Né le 11-10-1909 à Braine l'Alleud (Belgiqux) Recrutemenx Cambrai (59) Décédé
le... 06-1940. Cause du décès ; disparu.
==Wilhelm FLECHNER
Né le 24-05-1917 à Stampul (Turquix) Recrutemenx SBC (75) —> FLECHNER
(Willy) 24-5-17, Constantinople, cap. 21e R.I. Liste N 19. 2e Bat.
Karol FLECKNER
Né le 02-03-1910 (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Joseph FLEICHIER †d MPFXd
Né le 01-04-1911 à Varcovie (Polognx) (RMVE) recrutemenx SBC (75) Fleichier dit
Guterman (Joseph), né le 1er avril 1911 à Varsovie (Pologne), décédé le 12
décembre 1943 à Auschwitz (Pologne). (Convoi 64, 1042 déportés, 42 survivants).
Benjamin FLEISCHER
Né le 25-11-1905 à Odessa (Russix) Recrutemenx SBC (75)

635
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Sander FLEISCHL
Né le 01-10-1906 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —> FLEISCHL
(Sandor) 1-10-06, Kiskuu-Halas (Hongrie) 2’ cl. 21’ R.I. Liste N 76.
Victor FLEISCHL G.R. 16 P 225610 FLEISCHL, Victor 27.00.1908. ❤.
Né le 27-01-1908 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —> FLEISCHL
(Victor) 27-1-08, Kiskunhalas, (130 km sud de Budapest!)? serg. 21e R.M. Stalag XI
A. Liste N 44.
Jdel FLEISMACHER (ou FLEISCHMAKER ou FLEISMAHER)
Né le 02-07-1910 à Chisinau (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5645 —>
FLEISMACER (Idel) 2-7-10, Chisinau (Rouman) 2’ cl. 21'RMVE Stalag VII A Lis 12.
Samuel FLEKSCHER †d MPFXd
Né le 18-12-1894 à Outzuave (Russix) Recrutemenx SBC (75). Flekscher (Samuel,
Berko dit Simon) né 18/12/94 Outziane Russ. FLEKSCHER Samuel né le
18/12/1894 à ETJANE déporté par le convoi n° 49 le 02/03/1943 de Drancy à
Auschwitz. Dcd 7/3/43 1000 déportés, 6 survivants.
Aladar FLIESCHMANN
Né le 10-10-1889 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Abraham FLIOUM
Né le 4-4-1906 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —>22e St VII A.
Joseph FLORENTIN
Né le 05-04-1908 (Grècx) Recrutemenx Toulon (83).
Joaquin FLORES
Né le 12-11-1915 à Caugas (Espagnx) Recrutemenx Mautauban (82)
Fernand FOCOR
Né le 11-03-1890 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
FODOR
Peintre hongrois planton de Castaner (Hans Habe). Serait Emeric Fodor né le 24-
09-1910 à Perettyougfalu (Hongrix) recrutemenx SBC (75) mle 2057 ???
Joseph FOGEL
Né le 29-05-1895 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Henri FOGEL
Né le 03-06-1909 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx i Mle 182.
Moise FOGEL
Né le 03-03-1909 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75)
== ? FOKS
Recrutemenx i Idtmx Serait-ce Antonio FOCHE né le 10-09-1910 à Grenado
engagé au 22 et ---> 21?
Ivan FOKS †d MPFXd
636
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 30-06-1911 à Anderlecht (Belgiqux) Recrutemenx SBC (75) Mat. 16943.Foks


(Ivan) né 30/6/11 Anderlecht. FOKS Ivan né le 30/06/1911 à ANDERLECHT
déporté par le convoi n° 71 le 13/04/1944 de Drancy à Auschwitz.
Dcd 22/4/45 Mauthausen (NB convoi 71 = 1500 séportés, 105 survivants) ...
Emeric FOLDES †d MPFXd
Né le 21-10-1906 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5723. Foldes
(Emeric) né 21/10/06 Budapest, FOLDES Emeric né le 21/10/1906 à BUDAPEST
déporté par le convoi n° 34 le 18/09/1942 de Drancy à Auschwitz. Dcd
23/9/42.1000 déportés, 21 survivants, 859 gazés à l’arrivée.
Jacques ou Jochieb FOLK
Né le 14-03-1914 à Szucin (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 185.
Joacim FONSECA
Né le 15-11-1906 à Cavas de Doura (Portugax) Recrutemenx Grenoble (38).
Sébastino FONSECA
Né le 14-02-1907 à Pinheiras (Portugax) Recrutemenx Moulins (03).
Ernesto FONT ou FONT JUAN Ernsto) †d MPFXd
Né le 25-11-1917 à Barcelone (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66) —> FONT
(Ernest) 25-10-16, Barcelone, 1' cl. 21 R.M. List N 17. FONT JUAN (Ernesto)
25/11/16, St XII; Mauthausen 14-5-41; Dcd Hartheim 5/02/42..
==Emilio FORCADA
Né le 16-07-1910 à Garriguella (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Henri FORESTIER
ŸFDX Né le 05-09-1912 à Paris (France) Incorporé à Seine 3e bureau (75) —>
FORESTIER (Henri) 5-9-12, Paris, serg. 21' R.M. St. XI A. Liste N 44.
Rodriguez FORTES
Né le 07-08-1919 à Grenade (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
==FOUCHER (Camille) ŸFDX 19-5-16, Gien (Loiret) sergent 21' R. I Liste N. 17 Était
sergent à la 9e Cie.
Léon FOUKS
Né le 20-12-1907 à Odessa (Russix) Recrutemenx SBC (75) Mle 7081 —> FOUKS
(Léon) 20-12-07, Odessa (Russie) 2’ cl. 21’ M. E. Liste N 14. Naturalisé.
Albert FOUNES
Né le 29-05-1916 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx Chaumont (52).
FRACASSE A. (Alphonse ?) †g MPFXg
Né le ? ŸFDX ? Mort le 09-06-1940 (Petites-Armoises, 08 - Ardennes,. —
Charleville-Mézières — Monument aux Morts.
Mariano FRACES
Né le 03-01-1913 à Alanto Piervano (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
637
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Moszek FRAJDENRAICH
Né le 05-04-1894 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 0191 —>
FRAJDENRAICH (Maszek) 5-4-94, Varsovie (Pologne) 2' cl. 21' R.M.V.E. List 23.
Louis FRANCES
Né le 01-04-1907 à Bocairante (Espagnx) Recrutemenx Montpellier (34) —>
FRANCES (Louis) 1-4-07, Bocairanta (Espagne) 2' cl. 21' R.E. Liste N 17.
Jules FRANCK
Né le 12-04-1903 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx Pau (64).
Joseph FRANCO †g MPFXg
Né le 08-05-1907 à Brousse (Turquix) Recrutemenx SBC (75). Mort pour la France
le 14-06-1940 (Argers, 51 - Marne, France) Agent de liaison de la 9e Cie Modéna
au 3e bataillon.
Néssim FRANCO
Né le 01-03-1911 à Istamboul (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Youda FRANCO
Né le 20-12-1918 à Istamboul (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Haim FRANDJI †d MPFXd
Né le 1908 à Andrinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75). Frandji (Haïm) né
15/3/08 Andrinople. FRANDJI Haim, né le 15/03/1908 à ANDRINOPLE déporté par
le convoi n° 60 le 07/10/1943 de Drancy à Auschwitz. Dcd 12/10/43.1000
déportés, 31 survivants.
Moïse FRANDJI
Né le 02-04-1912 à Andrinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
? Kurt FRANK
Né le 21-11-1909 Worms Allem. SBC 75 Mle 14732
Maurice FRANSES
Né le 15-04-1914 à Istamboul (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Abram FRANT †g MPFXg
Né le 11-12-1904 à Belehatow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3533. 3e
bataillon 10e Cie Mort le 4/6/1940. Noirval (08) 1939-1945 92 — Bagneux.
Monument commémoratif. Tué par balle.
Fokim FRANTZISKAKIS (Phocion)
Né le 28-05-1910 à La Canée (Grècx) Recrutemenx SBC (75). Caporal
FRANZISKAKIS Phocion : blessé le 14 juin près la Grange aux Bois.Voir Citation
Chapitre IV.
==Jason FRANZISKAKIS.
Né le 19-10-1913 à La Canée (Grècx) Recrutemenx Clignancourt (Paris - 75) —
>FRANZISKAKIS (Jason) 19-10-13, La Carrée (Grèce) serg. 21' R.M.V.E. Liste N 18
638
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 19 octobre 1913 à : Chania, Creta, Greece Death : 9 juin 2003 in Hermance,


Geneva, Switzerland Famille proche : Son of Constantin Franziskakis et Thelxinoï
Franziskakis Husband of Helene Franziskakis Ex-husband of Madeleine
Franziskakis Father of Helene Franziskakis et Constantin Franziskakis Brother of
Henri Franziskakis ; Phocion Franziskakis ; <private> Kriezis (Franziskakis) ; Franzis
Franziskakis et Enrico Franciskakis.

Franziskakis Jason
Tiburs FRATILA
Né le 25-01-1921 à Teins (Roumanix) Recrutemenx Arras (62). —> FRATILA
(Tiburce) 25-1-21, Teius (Roumanie) 1re cl. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
—> FRÉDÉRIC (Jean) ŸFDX 3-4-13, Toulon, serg. -c, 21' R.M. St. XI A. Liste N 44
== FREI
Noté de retour dans Tramontane. Ce serait Edmond FREI né le 10-04-1907 à Saint-
Imier - canton de Berne (Suissx) Dépôt commun des régiments étrangers
(D.C.R.E.) 10e région militaire, recrutemenx Marrakech (Maroc)?
Ladislas FREY (FREI) †d MPFXd
Né le 04-03-1909 à Gyunofchwar (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5849.
FREI Ladislas né le 04/03/1909 déporté par le convoi n° 60 le 07/10/1943 à
Auschwitz. Ladislas FREI né le 04/03/1909. Déporté à Auschwitz par le convoi n°
60 au départ de Drancy le 07/10/1943. De profession Commerçant d'orfèvrerie.
1000 déportés, 31 survivants.
Jacob FREIBRUN†p
Né le 06-02-1909 à Stanislasvow (Polognx) Recrutemenx SBC (75). MPFXp :
Il y a vingt ans, le 6 (3?) juin 1942 dans un Kdo du Stalag III B mourait dans des
conditions atroces le camarade Jascob Freibrun. Tous les anciens du III B se
souviennent du Kdo Berger. Les Allemands l’avaient réservé aux Juifs, aux Russes
et aux Yougoslaves. Très vite, sa sinistre réputation s’étendit parmi tous les P.G. à
ause des conditions de travail particulièrement difficiles sur ce chantier, ainsi que
de la particulière brutalité des chefs d’équipe allemands.
Ce jour-là, Feibrun travaillait à l’intérieur d’une bétonnière à l’arrêt. Il décapait
au burin les parois intérieures, et ses coups de marteaux s’entendaient sur tout
le chantier. De temps à autre, il marquait évidemment une pause et c’est pendant
un temps d’arrêt qu’un Allemand sans raison apparente, avec une stupidité
639
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

machinale, passa devant le bouton de mise en marche et pesa dessus. Ce sont les
outils trempés de sang qui alertèrent les camarades qui travaillaient dans la
tranchée en dessous. Puis, il fallut dégager ce corps affreusement mutilé. Notre
pauvre Feibrun s’éteignit dans les bras d’un camarade en murmurant le nom de
sa mère. Les témoins de ce drame n’ont pas eu à en transmettre la triste nouvelle,
car l’occupant nazi avait entre-temps effacé la famille Freibrin de la liste des
vivants. Pendant que le fils mort au bagne de Furstemberg-sur-Oder était enterré
avec les honneurs militaires, les cendres de sa mère et de ses sœurs étaient
éparpillées au vent d’Auschwitz. Il ne reste pour se souvenir que ses compagnons
de captivité.
Ce sont eux qui iront le dimanche 24 juin 1942 au cimetière militaire de
Montarville où ses restes ont été ramenés, pour accorder quelques minutes de
recueillement, une pensée émue au drame de cet homme et de cette famille si
lourdement apparentés au drame de tout un peuple martyr.
Joseph FREIFELD †g MPFXg
Né le 13 ou 26-10-1903 à Botosani (Roumanix) Recrutemenx Reuilly (Paris - 75)
Mle 6661. Mort le 15-06-1940 Sainte-Menehould, 51 - Marne, France.
Séverin FREIZE
Né le 31-10-1908 à Vilanova de Duran (Portugax) Recrutemenx Tarbes (81).
Domingos FREIZO
Né le 29-11-1908 à Perre (Portugax) Recrutemenx Versailles (78).
==Yanchel FRENC (ou Jean FRENCK ou Jean French ou Jean Yankel FRENCK) ❤
Résistant cf CHAP. V). G.R. 16 P 234694 et SHD/ AC 21 P 609061 Né le 12-04-1920
à Balti (Roumanix) Recrutemenx SBC (75). 21e R.M.V.E. §d Libéréx
==Hayem FRESCO
Né le 13-03-1908 à Istamboul (Turquix) Recrutemenx SBC (75) —> FRESCO
(Victor) 13-3-08, Islamboul (Turquie) 2' cl. 21’ R.I. Liste N 21.
==Thibaud FREUND
Né le 02-08-1910 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Hermann FREY
E.V.D.G. Né le 08-05-1910 à Paris France, Recrutemenx SBC (75) Mle 7176.Oseris
FRIDMANOS
Né le 26-02-1918 à Tveras (Lithuanix) Recrutemenx SBC (75).
Adolf FRIEDMANN
Né le 29-08-1917 à Vienne (Autrichx) Recrutemenx Valence (25) —> FRIEDMAN
(Adolf) 29-8-17, Vienne, cap. 21' R.I. Liste N 17.
Pierre FRIEDMANN
Né le 08-01-1907 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 2756.
640
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Marko FRIEFERTIG
Né le 23-11-1907 à Bolma (Polognx) Recrutemenx Toulouse (31) —> FRIEDFERTIG
(Marc) 23-11-07, Dolina (Pologne) 2' cl. 21e R.I.V.E. Liste N 17.
Judd FRIES
Né le 15-06-1907 à Stojowico (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
François FRISCH
Né le 23-01-1908 à Haller (Luxembourx) Recrutemenx SBC (75).
Jacob FRISCH †d MPFXd
Né le 09-05-1892 à Domasrow (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Frisch (Jakob) né
9/5/92 Tomazow Pol. FRISCH Jakob né le 09/05/1892 à TOMASZOW déporté par
le convoi n° 7 Train DA 901-2 le 19/07/1942 de Drancy à Auschwitz. Dcd 14/8/42
Birkenau 999 déportés 16 survivants, 375 gazés.
Maurice ou Motzich FRISZMAN ou FRIZMAN
Né le 10-05-1908 à Opozno ou Opogna (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 205
—> FRIZMAN (Motzer) 10-5-08, Oposno (Pologne) 2' cl. 21' R. M. List 17.
Leize ou Lucien ou Lazare FROIMOVICI
Né le 04-10-1912 à Stéfanesti (Roumanix) Recrutemenx Clignancourt (Paris 75)
Mle 206 —> FROIMOVICI (Lazare) 4-10-12, Slefanceli (Roumanie) cap. 21' RIVE.
List 17. (De Rosen dit : ex-champion de boxe Roumanie). C.A. Natural avril 47.
Jean FRONTERA
Né le 27-10-1914 à Selva en Mancor (Espagnx) Recrutemenx Lyon (69).
Ernest FROSSARD
Né le 12-12-1909 à Le Cret (Suissx) Recrutemenx Besançon (25)
==Chaïm David FRUCHTER ❤ G.R. 16 P 236488
Né le 08-10-1903 à Makasymowka (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 7633.
Baruch FRYDMAN
Né le 15-11-1910 à Radom (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Henri FRYDMAN
Né le 27-05-1913 ou 23-07-1913 à Lublin (Polognx) Recrutemenx Reuilly (Paris -
75) Mle 210.
Szmul FRYDMAN
Né le 27-02-1908 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Alexandre FUCHS
Né le 18-02-1911 à Raskospalota (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 3821.
Joseph FUCHS
Né le 11-08-1914 à Bratislava (Hongrix) Recrutemenx Périgueux (24) Et aussi
Reuilly (Paris- 75).
Henri FUCS ❤ G.R. 16 P 236731
641
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 05-04-1916 à Ploesti (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> FUCS (Henri) 5-


4-16, Plozti (Roumanie) cap. -ch., Inf. 21' R.M.V.E. 161. Liste N 32.
Pierre FUENTES
Né le 16-06-1915 à Barcelone (Espagnx) Recrutemenx Montpellier (34).
Srul FUEX (Srul FIX) †d MPFXd
Né le 16-09-1908 à Roscani (Roumanix) Recrutemenx SBC (75). Mle 5494. Fix
(Sruli) né 25/9/08 Rascani (Roum.) Srul Fuex né le 25/09/1908 à RASCANI,
Déporté par le Convoi 1 de Drancy à Auschwitz Birkenau, le 27/03/1942. Dcd
14/5/42. 1112 déportés, 72 survivants.
Herman FUHRER
Né le 14-01-1907 à Kaunas (ex Kovno) (Russix) Recrutemenx Clignan. Paris-75).
Abraham FUKS
Né le 16-06-1909 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> FUKS (Abram) 16-
6-09, Lodz (Pologne) 2' cl. 21' R I Liste N 17
Chaim FUKS
Né le 21-06-1909 à Zwolen (Polognx) Recrutemenx i Mle 218.
Joseph FUKS †d MPFXd
Né le 28-11-1911 à Pietrikow (Polognx) Recrutemenx SBC (75). FUKS Joseph né le
28/05/1911 à PIETRIKOW déporté par le convoi n° 5 le 28/06/1942 de Beaune la
Rolande à Auschwitz. 1000 déportés, 41 survivants.
Eugène FULOP
Né le 25-10-1906 à Monok (Hongrix) Recrutemenx SBC (75)
Abram FURMAN
Abram Psachja FURMAN né le 12-01-1911 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC
(75) Mle 3732 —> FURMAN (Abraham) 12-1-11, Varsovie, 2’cl. 21' R. M. Liste N
17.
Pierre FURON
—> ŸFDX Né le 20-4-09 Le Châtelier (Orne, Normandie) serg. 21e R.I. Liste N 17.
Yves FUSTEC
—> ŸFDX Né le 4-1-13, Le Plonteau Finistère 2e cl 21e RI.
Jame FUSTE FABREGAT
Né le 18-05-1919 à Sabadell (Espagnx) Recrutemenx Mautauban (82).
Appartenait à la S.C. de la 10e Cie. Noté disparu depuis Neuville (doc Duvernay).
Ramon FUSTE FABREGAT
Né le 06-04-1915 à Sabadell (Espagnx) Recrutemenx Mautauban (82). Appart-
aussi à la S.C de la 10e Cie. Manquant depuis Peirefitte le 16 (Doc Duvernay).
André FUZI
Né le 14-02-1919 à Satoraljanjhely (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
642
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Michon GABAY
Né le 01-02-1908 à Istamboul (Turquix) Recrutemenx Versailles (78). —> Félix
GAILLARD ŸFDX 25-6-98, Paris, capit. 21e R.I. Of. VIA. Capitaine 2e Cie du 1er
bataillon. Liste N 49.
Elie Gaston GAIST
Né le 13-04-1895 à Lodz (Russix) Recrutemenx SBC (75)
Lucien GALAUDIER
—> Lucien GALAUDIER ŸFDX 1-12-14, Epineuil, serg. 21’ R.M. St. XI A. List 44 5e
Cie.
Abraham GALEK
Né le 03-03-1908 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> GALEK
(Abraham) 3-4-08, Varsovie (Pologne) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Felix GALES LES
Né le 14-07-1914 à S.O.S. (Espagnx) Recrutemenx Pau (64) Camp de Gurs (64).
Famada Narcisso GALI †d MPFXd
Né le 29-06-1911 à Gerona (Espagnx), (2e RMVE Recrutemenx Montauban (82)
—> 1er R.M.V.E. Voir récit chapitre V. GALI FAMADA (Narcisso). Déporté à
Mauthausen décédé le 19 mars 1942 à Steyr (Autriche).
Sylvain GALINA ou GALIANA
Né le 17-12-1909 à Gandia (Espagnx) Recrutemenx Pau (64) —> GALIANA
(Sylvain) 17-12-09, Alger, 1re cl. 21e R.I. Liste N 17.
Dario GALINDO
Né le 15-10-1912 à Villapando (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Samuel GALLARDO
Né le 26-04-1915 à Herva (Espagnx) Recrutemenx Caen (14).
—> GALVAO (Alvaro) 26-2-10, Meimoa (Portugax) Recrutemenx i, 2' cl. 21' R. Etr.,
162. List 28.
==Chaïm GAMER
Né le 24-05-1906 à Rowne (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 6221. —> GAMER
(Chaîm) 24-5-06, Rowno, 2’ cl. 21’ R.I. Liste N 18.
Abram GANDELMAN
Né le 16-07-1912 à Brecini (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> GANDELMAN
(Abram) 16-6-12, Pricemi (Roumanie) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Adolphe GANDELSMAN
Né le 01-09-1907 à Glinaia (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> GANDELSMAN
(Adolphe) 12-12-07, Roumanie 2’cl. 21' R. I. Liste N 17
Miguel GANDIA
Né le 29-09-1909 à Senera (Espagnx) Recrutemenx Clermont-Ferrand (63) —>
643
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

GANDIA (Michel ou Miguel) 29-9-09, Senera (Espagne) cap. 21' R. M. Liste N 17.
3e bataillon, 10e Compagnie, 1re section. Voir rapport Lazarescu.Lucien Jean
GANGLER
Né le 04-02-1908 à Luxembourg (Luxembourx) Recrutemenx SBC (75) Mle 5606
—> GANGLER (Lucien) 4-2-08, Luxemb., cap. 21' R.M.V.E. St. XI A. List 44.
Liezar GANON
Né le 28-12-1911 à Aidin (Turquix) Recrutemenx SBC (75) —> GANON (Leyezer)
28-2-11, Aidine (Turquie) 2’ cl. 21' R. E. Liste N 14.
Emery GARAI (Imre GARAI)
Né le 31-08-1910 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 7196.
GARAI Emeric prénommé Imre dans Ich stelle mich de Hans Habe, parfois
Émery. Volontaire étranger numéro 2203, Garai dont il est abondamment
question dans Ob tausend fallen de l’auteur Hans Habe, appartenait comme Habe
à la Compagnie de Commandement, C.D.T. Habe le décrit vu à la caserne de la
porte de Clignancourt le 18 octobre « Le petit photographe Imre Garai avec le
thorax étroit et des verres épais et qui semblait pouvoir s’envoler au moindre
coup de vent… »
« “Petit Garai” et moi décidâmes que nous irions à la pêche le 12 mai matin
avant notre retour. Garai était un Hongrois qui depuis de nombreuses années
exerçait le métier de journaliste-photographe à Paris. Jeune homme malingre aux
cheveux noirs et aux verres de lunettes épais, il n’avait rien de martial, mais il
s’était porté volontaire dès la déclaration de guerre et, lorsqu’il avait subi des
moments de tension, il s’était montré d’un sang-froid remarquable… » Garai est
un des nombreux frères Garai de l’agence photographique Keystone. Son frère
Alexandre est le fondateur en 1927 de Keystone Paris. Émeric reviendra travailler
à Paris après la défaite.
En 1927, lorsqu'Alexandre Garai installe le Studio Keystone au numéro 25 de la
rue Royale, il n'a que 27 ans, mais bénéficie de solides appuis familiaux pour
installer le Troisième studio Keystone après New York et Londres, soit le Studio
Keystone Paris au numéro 25 de la rue Royale. En 1940, au moment de
l’occupation, l’agence a connu l’exode, dans un vieux camion transformé en
laboratoire photo ambulant. Françoise Denoyelle dans son livre La Photographie
d'actualité et de propagande sous le régime de Vichy, Paris, édition du CNRS,
2003, 512 p., ill. NB, bibl., 39 E. écrit que durant la guerre : « seule l'agence
Keystone, dirigée par les frères Garai, juifs hongrois venus à Paris dans les années
1920, semble avoir poursuivi un travail de qualité au service de la Résistance et
des alliés. »
Après le conflit, aucun évènement politique, historique, social, culturel ou
644
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

artistique mondial n’échappe à l’œil de Keystone, et cela jusqu’au milieu des


années 1980.
KEYSTONE — L’œil du XXe siècle
De 1927 jusqu’au début des années 1980, les photographes de la légendaire
agence de presse ont suivi la marche du monde, ses conflits, ses grands travaux,
ses mouvements sociaux, ses espoirs, ses progrès ou ses grands artistes. Leurs
images constituent la mémoire visuelle du XXe siècle, un héritage unique et
colossal : plus de dix millions de photographies, sur négatifs ou plaques de verre.
Consulter les archives de Keystone, c’est dérouler le roman-fleuve d’un siècle :
Paris à la Belle Époque, seconde guerre mondiale, guerre d’Algérie, grèves
ouvrières, mai 1968, mais aussi Buster Keaton, la famille Kennedy, Françoise
Sagan ou encore Cassius Clay et Grâce de Monaco.
En octobre 1914, Bert Garaï, un immigrant hongrois, débarque en paquebot à
New York après avoir séjourné à Berlin, Paris et Londres. En Europe, c’est la guerre
depuis quatre mois. Le jeune homme trouve un emploi dans une agence de
presse de Manhattan. Il écrit d’abord des enveloppes puis rédige des légendes
photo. En 1917, lorsque les États-Unis déclarent la guerre à l’Allemagne, Garaï
photographie son fils de quatre ans en uniforme de soldat américain et il intitule
son cliché : « La plus jeune recrue de l’oncle Sam ». La photo a fait la une des
journaux, partout dans le monde. Garaï est alors promu directeur adjoint de
l’agence et y crée un département de reportages d’actualité. L’agence est peu
après rachetée par la Keystone View Company qui lui donne son nom.
Dès la fin de la guerre, Garaï retourne en Europe pour couvrir l’actualité comme
reporter. Basé à Londres il y fonde une première agence Keystone. C’est le succès.
Aidé par un partenaire financier, il rachète ensuite l’agence de New York et fonde
dans la foulée un bureau à Berlin en 1923.
En 1927, Keystone Paris voit le jour. La direction en est confiée au frère cadet
de Bert Garaï, Alexandre Garaï. Ce dernier devient l’une des grandes figures du
photojournalisme en France. Il recrute les meilleurs reporters. Partout sur la
planète, les photographes Keystone, qui restent anonymes puisqu’ils ne signent
pas leurs images, alimentent la presse. En 1940, au moment de l’occupation,
l’agence connaît l’exode, dans un vieux camion transformé en laboratoire photo
ambulant. Après le conflit, aucun évènement politique, historique, social, culturel
ou artistique mondial n’échappe à l’œil de Keystone, et cela jusqu’au milieu des
années 1980. Aujourd’hui, la presse n’est pas la seule à faire appel à ses archives.
Des historiens, mais aussi les amateurs de photojournalisme de tous horizons
cherchent leur bonheur parmi ces millions de clichés qui recèlent certainement
encore bien des trésors méconnus. Le 5 avril 2018, Agnès Garai, 1926-2018,
645
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

dernière descendante de Bert Garai, et cofondatrice de Keystone et directrice


durant 50 ans de la branche brésilienne décédait è l’âge de 92ans
Adeline GARCIA
Né le 13-06-1906 à Froutes (Portugax) Recrutemenx Caen (14) —> GARICA (!)
(Adelino) 13-6-06, Val de Fontès (Portugal) 2' cl. 21' R.M.V.E. List 22.CA 3. 22e
R.M.VE., mais blessé au 21e le 21/6/40 à Allain...
Alavrez Nicollas GARCIA
Né le 10-09-1910 à Candelada (Espagnx) Recrutemenx Mautauban (82).
Anceja Francisco GARCIA (Francisco GARCIA AUCEJO†d MPFXd
Né le 04-10-1917, Valencia. (Espagnx) Recrutemenx Rodez (12) —> GARCIA
(François) 4-10-17, Valence, (Espagne) 2e cl. 21e R.I. 194. List 35.DCD 19/12/41
Gusen Autriche.
Angélo GARCIA
Né le 01-02-1908 à Espeja Salmanca (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Antoine GARCIA
Né le 30-01-1906 à Ayerbe Espagnx recrutemenx SBC ?75).
Antoine GARCIA
Né le 14-01-1920 à Pechina Espagnx recrutemenx Lyon (60) —> GARCIA (Antoine)
14-1-20, Béchina. Esp. 2e cl. Liste N 17.
Antonio GARCIA
Né le 01-11-1908 à Billotabedoter Espagnx recrutemenx Vincennes (94)
Benito GARCIA
Né le 6-5-1910 à Madrid (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
Charles GARCIA
Né le 14-07-1907 à Valence (Espagnx) Recrutemenx Lyon (69).
Diego GARCIA
Né le 14-11-12 à Fuenteamala (Espagnx) Recrutemenx Lyon (69). —> liste 17.
Fernando GARCIA
Né le 30-06-1910 à Alagon (Espagnx) Recrutemenx Bordeaux (33).
Francisco GARCIA
Né le 19-09-1908 à Cuevas (Espagnx) Recrutemenx Lyon (69).
Jean Baptiste GARCIA
Né le 27-04-1913 à Albon (Espagnx) Recrutemenx SBC (75)
José GARCIA
Né le 06-07-1905 à Nourcia Espagnx Recrutemenx Perpignan (66)
José GARCIA
Né le 1-3-1920 à Puebla Largo. Espagnx, recrutemenx Perpignan (66) —> José
GARCIA 01-03-1920 à Puerto Larga (Esp.) 2e cl.21e RI Liste N 17.
646
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Juan GARCIA
Né le 04-05-1907 à Fuenteamala Espagnx) Recrutemenx Lyon (69)
Lareta (ou Loreto) GARCIA
Né le 10-12-18 à Anouilli ou le 01-12-18 à Anquilla Espagnx recrutemenx SBC (75)
Mle 7231
Manuel GARCIA
Né le 15-11-1911 à Tindad Rodrigue (Espagnx) Recrutemenx Beauvais (60) —>
Garcia (Manuel) 15-04 ? -1911 à Cuidad Rodrigo (Esp.) 1re cl, 21e RI Liste N 17.
Miguel GARCIA
Né le 19-01-1919 à Madrid (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
Policarpo GARCIA
Né le 26-03-1914 à Carthagène (Espagnx) Recrutemenx Lyon (69) Détail engagé
le 21/10/1939 —> GARCIA (Paul) 26-3-14, Cartagena (Espagne) cap. 21' R.M. Liste
N 18.
==Tomas GARCIA
Né le 29-01-1916 à Nervas (Espagnx) Recrutemenx Bordeaux (33).
Valentin GARCIA
Né le 03-11-1915 à Puerta Gandia (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66) 23 puis
21e. S.C. 10e Cie (Dov Duvernay
Francisco GARCIA AUCEJO (Anceja Francisco GARCIA) †d MPFXd
Né le 04-11-1917 à Valence (Espagnx) Recrutemenx Rodez (12) —> GARCIA
(François) 4-10-17, Valence, (Espagne) 2e cl. 21e R.I. 194. List 35. Dcd le 19-12-
1941 (Gusen, Autriche).
Alphonse GARCIA MARTINEZ (Cf GARCIA et GRACIA !)
Né le 05-03-1919 à Castagena (Espagnx) Recrutemenx Pau (64) —> GRACIA
(Alfonso) 5-3-19, Carthagène Epagne 2e cl. 21e R.I. Liste N 17
Pédro GARCIA-MIOTA
Né le 29-04-1911 à Baracaloo (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).José GARCIA-
POPEZ
Né le 10-09-1909 à Yurcha (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Jacques GARDIN (Jacques GARDYN)
Né le 18-01-1915 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 8047.
Léon GARGNIR
Né le 28-12-1909 à Magnesie (Asie Mineure) (Grècx) Recrutemenx Lille (59).
André GARIGNON
—> André GARILLON Ÿ PDS Né le 22-2-05, à Provencher Vosges, adjudant 21e R.I.
Liste N 17. Né le 2 octobre 1905 - Provenchères-lès-Darney, 88260, Vosges,
FRANCE. Décés le 21 avril 1977 à Vittel, Vosges, Militaire et agriculteur.
647
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Salouan GARNIK
Né le 12-04-1912 à Alexandrow (Polognx) Recrutemenx Vincennes (94) —>
GARNIK (Salomon) 12-4-12, Alexandrow (Pologne) 2' cl. 21’ R.M.V.E. Liste N 19.
??? GARRIDO
De la S.C. de la 10e Cie. Noté disparu depuis Verrières (Document Duvernay)
Recrutemenx i ? Espagnx. Soit Jean, Soit Francisco, soit...Nombreux choix...
GÄRTNER
ŸFDX Hans Habe a écrit : « … le secrétaire du colonel, le sergent-chef Gärtner… »
« ... Le colonel s’inquiéta aussi de la disparition du sergent-chef Gärtner. Il était
peu probable qu’il ait été tué ou blessé, car les Allemands ne tiraient plus depuis
plusieurs heures. Gärtner était un Alsacien qui parlait mieux en allemand qu’en
français. Il se disait étudiant en théologie, mais ses joues alsaciennes d’un rose
rougeâtre, ses petits yeux bleus et matois et ses larges hanches indiquaient qu’il
n’était pas ennemi de la bonne chère. En Alsace, nous expliquions ses fréquentes
disparitions par sa prédilection pour le beau sexe et Gärtner lui-même laissait
sous-entendre que nous étions proches de la vérité. Mais depuis le départ
d’Alsace, malgré l’absence des civils en général et des femmes en particulier, il
disparaissait aussi souvent qu’auparavant. Chaque soir, nous le perdions de vue
et chaque soir nous devions le rechercher et maintenant la terre l’avait encore
englouti subitement… »
— Écoute, Gärtner, si tu mentionnes cela à quiconque (les Allemands entrés
dans Paris) je te tue comme un chien.
Je parlai doucement, mais il me comprit. Il s’écria :
— Laisse-moi aller.
Je pressai son bras encore plus fort. Je ne sais pas ce qui m’en donna l’idée, mais
cette fois je lui criai dans l’oreille et cette fois en allemand
— Ich schiess dich nieder wie einen Hund! (Je te tuerai comme un chien !). Je le
laissai aller. Il courut dans la rue jusqu’à une maison en feu. Je le crus saisi par les
flammes. En réalité, rien de tel ne se produisit. J’appris plus tard qu’au moment
de partir de Vienne-la-Ville, il présenta comme « une crise épileptique ». Il
s’effondra au sol et se tordit de convulsions pendant quelques minutes. Il fut
laissé à l’arrière. Il aurait quelques heures plus tard été découvert envoyant des
signaux aux Allemands sous prétexte d’allumer sa pipe.
Selon certains, il aurait été abattu sur place par un lieutenant d’artillerie. D’autres
sources prétendent qu’il présenta des crises épileptiques à répétition à des
moments appropriés, jusqu’à ce que les Allemands entrent dans Vienne-la-Ville
et qu’il pût faire rapport à ses maîtres. Je ne l’ai jamais revu.
Salomon GASNER
648
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 12-09-1906 à Wisnicz (Polognx) Recrutemenx Nice (06)


Georges GASPAR
Né le 30-04-1911 à Debscou (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
==Lajos GASPAR
Né le 18-05-1908 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —> GASPAR (Louis)
18-5-08, Budapest (Hongrie) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17. C.A. 1.
Stéphan GASPARAC
Né le 25-12-1914 à Krib (Yougoslavix) Recrutemenx Melun 77) —> GASPERAO
(Stéphane) 12-12-14, Brib, 2’ cl. 21' R.I. St. XII A. Liste N 68.
Georges Jean GATELIER
Né le 26-10-1917 à Aisemont (Belgiqux) Recrutemenx Châlons-en-Champ (51).
Salomon GATEGNO †d MPFXd
Né le 15-05-1893 (Grècx) Recrutemenx SBC (75). GATEGNO Salomon né en 1893
à SALONIQUE déporté par le convoi n° 44 le 09/11/1942, de Drancy à Auschwitz
Dcd 14/11/1942. 900 déportés. 15 survivants.
Benveniste Isac GATTEGNO
Né le 16-04-1906 (Grècx) Recrutemenx Rouen (76).
Isaac GATTEGNO (ou Ino)
Né le 11-07-1911 à Salonique (Grècx) Recrutemenx SBC (75) —> GATTEGNO (Ino)
11-7-11, Salonique, 2' cl. 21' R I. Liste N 17. Il appartenait à la CDT et il est cité en
date du 6 juillet 1940 par Léon de Rosen : à propos du ramassage de chevaux par
la CC : « Vu le frère de Gattegno qui nous raconte comment il essaya de se jucher
sur chacun des trois chevaux et sur chacun il glissait sous le ventre. À l’étape, il en
perdit deux, qu’il rattrapa en en chipant deux autres ! » Et à propos d’un nouveau
tunnel d’évasion : « … Les explorations continuent : une équipe a découvert un
passage nouveau. Seulement, à un endroit, il faut se glisser dans un égout plein
d’ordures et de vidanges. On tire au sort celui qui sechargera de l’exploration.
C’est Gattegno junior. Le voilà qui presque nu, bravement patauge dans la
malodorante bouillasse. De longues minutes. À un moment, dans l’égout trop
étroit, il coince son corps et nous l’en retirons avec une corde… »
Salvador GATTEGNO ❤ G.R. 16 P 245804
GATTEGNO, Salvador 25.03.1907 Salques ESPAGNE.Né le 25-03-1907 (Grècx)
Recrutemenx SBC (75) —> GATTEGNO (Salvador) 23-3-07, Salonique, sergent. 21'
R. I. Liste N 17. Il est cité par Léon de Rosen :
« Gattegno, le légionnaire, raconta alors comment, rendu à Rabat pour les
obsèques du maréchal Lyautey, il but copieusement après la cérémonie selon
l’usage de tout bon légionnaire. Le soir venu à l’heure où il faut rentrer au
quartier, notre Gattegno, zigzaguant, monte dans une calèche.
649
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

À un moment donné, il aperçoit au bout de l’avenue, une patrouille qui avance.


Saoul, mais non pas au point de ne pas réaliser son état, il se dit : “Voyons, il ne
faut pas que la patrouille voie que je suis saoul, il faut que je sois aimable avec
elle !” Au moment de l’inévitable passage, Gattegno se lève dans la calèche, se
penche et d’une voix suave : “Bonjour, la Patrouille !” Il récolta 15 pains ! »
Il est cité aussi par Hans Habe : « … Le baron Ravel était aussi arrivé. Sa
Compagnie, la Onzième, défendait le passage sur le canal ; elle avait subi de
lourdes pertes dans la nuit. Le capitaine Ravel avait lui-même été légèrement
blessé, mais il avait refusé de laisser sa Compagnie. Avec l’aide du Juif Gattegno,
un Légionnaire venant de Tarnopol en Ukraine, il avait rejeté de nouveau l’avant-
garde allemande derrière Le Chesne. »).
Roger Désiré Louis GAUDRY
Né le 5-9-1904 à Paris, lieut—> GAUDRY (Roger) ŸFDX 5-9-04, Paris, lieut.21e R.I.E.
Oflag VI A. Liste N 48. Appartenait à la C.H.R. (capitaine Octobon).
Antoine GAUER
Né le 13-02-1911 à Irlich (Allemagnx) Recrutemenx Le Mans (72).
Lucien GAUTHIER
—> GAUTHIER (Julien) ŸFDX 14-11-10, Charvieu, serg-c. 21’R.E. St. XI A. List 44.
José GAVILAN-UGARTE
Né le 25-03-1915 à Madrid (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Frenand GAVRENCO
Né le 08-05-1905 à Stanislawo (Ukraine) (Russix) Recrutemenx Perpignan (66)
= Denis Auguste GAY
Né le 08-02-1902 à Martigny (Suissx) Recrutemenx Lyon (69) Détail engagé le
05/12/1939
—> GAY (Jean) ŸFDX 1-5-03, Angers, lieutenant. 21e R.M.V.E. Oflag XVII A. Liste N
52. Il commandait la 1re Cie du 1er Bataillon.
Hans Habe a écrit :
« Il était neuf heures trente, lorsque j’entendis des pas et des voix sur la route qui
mène du Chesne à Châtillon en passant devant notre bois. Des Français ? Je
reconnus la voix du lieutenant Gay de la Deuxième Compagnie. Je l’appelai :
— Où allez-vous, mon lieutenant ?
Le gros et gras lieutenant Gay était de Perpignan. Il portait toujours des guêtres
blanchies. Sa voix de jeune homme très joyeux me répondit en un faible falsetto :
— Nous partons.
— La seconde Compagnie ?
— Non, le premier bataillon au complet. »

650
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Donato GAYAN
Né le 08-05-1911 à Fabrica (Espagnx) Recrutemenx Grenoble (38).
Israel GDANSKY
Né le 10-01-1902 à Wlorlawek (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Chaskiel GEDANKIEN
Né le 05-01-1908 à Ovina (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Salomon GELBWACHS †d MPFXd
Né le 10-11-1907 à Rozwader (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 1585 —>
GELWACHS (Salomon) 10-11-07, Rozwao (Autriche !) 2' cl. 21' R.I.V.E. List 18.
GELBWACHS Salomon né le 10/11/1907 à ROZWAMOW déporté par le convoi n°
32 Train 901/27 le 14/09/1942 de Drancy à Auschwit. 893 déportés.
45 survivants.
Abraham GELDMAN
Né le 27-06-1901 à Lubna (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 15879.
Harry GELLER
Né le 29-06-1921 à Vienne (Autrichx) Recrutemenx SBC (75).
Henri GENDINE
Né le 06-04-1908 à Riga (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Georges GENS
Né le 21-12-1909 à Colinia (Mexiqux) Recrutemenx SBC (75).
Henri GENTIL❤ ? G.R. 16 P 250932
—> Henri GENTIL ŸFDX 2-10-10, Coulommiers, serg.ch., 21' R.l.V.E. List 18.
Elenko GEORGIEFF
Né le 09-08-1907 à Dolnic Lom (Bulgarix) Recrutemenx SBC (75).
Antoine GERARDO alias Gerard
Né le 03-11-1906 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Jeckel GERDMAN
Né le 17-09 ou 11-1907 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 5635 —
> GERDMAN (Jeckel) 17-11-07, Varsovie (Pologne) 2' cl. 21’ R.I. Liste N 18.
Moszer GERECHT (Maurice) †d MPFXd
Né le 20-08-1912 à Zelechowe (Polognx) Recrutemenx SBC (75). GERECHT
Maurice né le 12/08/1912 à ZELECHÒW déporté par le convoi n° 55 le
23/06/1943 de Drancy à Auschwitz.
GERLE (Joseph).
ŸFDX 11-8-12, Lavaveix, serg. 21e Étg. Recrutemenx I St. XI A Liste N 44.
—> GERMAIN (Auguste) ŸFDX 5-4-13, Asnières, adjudant. 21' R.I. Liste N 18 : Léon
de Rosen le décrit à une messe est célébrée en plein air : « Elle est dite par un
sergent et l’adjudant Germain. Ce dernier est un brave homme, très aimable.
651
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Toute la pompe fleurit dans son langage : “le colosse aux pieds d’argile, etc.” »
Mais plus loin : « L’adjudant Germain n’est pas précisément le modèle de la
charité chrétienne. Très impulsif, il ne sait se faire ni obéir ni respecter, et en arrive
souvent aux injures, parfois aux coups. Très porté sur le vin, il fait venir du vin de
messe à une fréquence qui a paru étrange, sinon suspecte, à certains. »
==Étienne GERO
Né le 07-10-1907 à Zelala (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5845.
Leib GERSTENKORN
Né le 11-01-1915 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx Melun 77).
Mojzesz GERSZONOWICZ †d MPFXd
Né le 01-05-1911 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Gerszowicz (Mojzesz)
né 1/5/11 Lodz Déporté par le Convoi 5 de Beaune la Rolande, à Auschwitz
Birkenau, le 28/06/1942 Dcd 2/7/42 Auschwitz.
==Jacob GERSZUNI
Né le 02-09-1902 à Gradno (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> GERSZUNI
(Jacob) 2-9-06, Grodno, cap. 21' R.I. Liste N 18. Évasion du Stalag XII F en janvier
1941, cf Pierre Boulard.
David GETLICHERMAN
Né le 10-10-1910 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3687 —>
GETLICHERMAN (David) 10-10-10, Varsovie, 2’ cl. 21’ R.I. Liste N 18.
==Jack GHELER
Né le 31-12-1907 à Odessa (Russix) Recrutemenx SBC (75).
==Abraham GHERCHANOC❤ G.R. 16 P 253754
Né 10-01-1910, Kichinew (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) =Chisinau Moldavie.
==José GHERON
Né le 05-05-1910 à Ismit (Turquix) Recrutemenx SBC (75). Appartenait à la C.A. 1
—> GHERON (José) 5-5-10, Ismit (Turquie) 2' cl. 21' R.I. Liste N 18.
Moise Maurice GHERSENZON
Né le 08-05-1909 à Balti (Roumanix) Recrutemenx Toulouse (31). Document
Duvernay : Ghersenson blessé et évacué. 10e Cie.
Georges GHERTMAN ou Zulik Ghertman ou Zelic ❤. G.R. 16 P 253768
Zeilic GHERTMAN, Zeilic né le 10-10-19 à Kichineff (Roumanix) (= Chisinau
Moldavie, Russie ou Roumanie !) Recrutemenx SBC (75) Mle 5709. Décédé
15/02/2000. Voir Chapitre V.
Émile Elie GHERTZMAN Alias Michel Gerdan ❤ G.R. 16 P 253770
Né le 10-04-1912 à Kichmel Kichineff ! (Roumanix) (= Chisinau Moldavie)
Recrutemenx SBC (75GHERTZMAN, Emile 10.04.1912 Chisinau MOLDAVIE.
Hess GHEZA
652
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 25-02-1908 à Szegid (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).


Theodor GIDKOFF
Né le 25-09-1886 à Don (Russix) Recrutemenx Bar-le-Duc (55).
Szymon GIELBERG
Né le 04-05-1908 à Skarysow (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Émile GIGON
Né le 03-07-1908 à Chevenaz (Suissx) Recrutemenx Belfort (90).
Pierre GILBERT
—> GILBERT (Pierre) ŸFDX 26-11-12 Angoul., serg-c 21' R.M.V. St. XIA. List 44.
Emanuel GIL DE LA CUIZ
Né le 27-08-1912 à Madrid (Espagnx) Recrutemenx Mautauban (82).
Jacques GIMEL (Zelman)
Né le 15-10-1905 à Kobryn (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> ZELMAN (Gimel)
15-10-05, Kobryn (Russie !), 2' cl. 21' R. M. Liste N 17. Jacques ou Zelman Gimel
noté dans N V de juin 1947.
Antoine GIMENEZ
Né le 05-07-1914 à Gérona (Espagnx) Recrutemenx SBC (75) —> JIMENEZ (Anton)
Gerone Espagne 2e cl. 21e R.I. Liste N 17.
Marius GIMENEZ
Né le 14-07-1912 à Arboleas (Espagnx) Recrutemenx Cahors (46).
Jankiel GINGOLD
Né le 18-12-1907 à Radzimin ou Radzymin (Polognx) Recrutemenx SBC (75) C.A.1.
Mordka GISINSKI
Né le 04-05-1911 à Kauszyn (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 11276 —>
CISINSKI (Mordka) 4-5-11, Kalusgun (Pologne) 2' cl. 21' R I.) Liste N 17.3e section
de la 10e Cie.
Richard GIUSTINIANI Richard Jim GIUSTINIANI alias Rémy Richard ❤GR 16 P
259228 GIUSTINIANI, Richard Jim 20.10.1913 Istanbul. Né le 20-10-1913 à
Constantinople (Turquix) Recrutemenx Clignancourt (75). 5e Cie. Épouse Marie
Jeanne Clavet en 1946.
==Douchan GIVCOVITCH
Né le 03-03-1907 à Belgrade (SerbiX) Recrutemenx Bourges (18) Détail engagé le
18/10/1939 —> GIVCOVITCH (Douchan) 3-3-07, Belgrade, cap. 21e R.M. Stalag XI.
A. Liste N.44.
Henri GIVOLDE
—> Henri GIVOLDE ŸFDX 18-11-11, Oullins, France, serg 21e R.I. St XI A.
==Simon GLASMAN
Né le 17-08-1912 à Siedlea (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
653
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

==Benejon ou Bernard GLAT ou CLATT


Né le 05-04 ou 05 ou 06-1913 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> GLAT
(Bernard) 5-6-13, Lodz (Pologne) 2’ cl. 21' R.I. Liste N 17.
Jacques GLAZMAN (Jakied ou Jakier)
Né le 04-03-1910 à Radom (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3658.
Eugène GLEICHMANN
Né le 10-02-1908 à Puspokladani (Hongrix) Recrutemenx Versailles (78).
Zalia GLICENSZTEJN
Né le 24-08-1905 à Turek (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Herszko GLIKMAN
Né le 06-05-1909 à Sokolow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> GLICKMAN.
(Herzko), 6-5-9, Sokolow Pologne 2e Cl. 21e R.i. Liste N 17.
Tajwa GLIKSZTAJN
Né le 1902 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Chaim GLINENSKI
Né le 15-08-1898 à Stobyn (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Jean GLOUCHKOFF
Né à Valok, Russix 20/2/1903 Recruté à Rennes (35) Of adj. 3e bat. ŸFDX
Abram GLOWINSKI †d MPFXd
Né le 02-12-1905 à Piotrokev (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Glowinski (Abram)
né 22/12/05 à Piotrkow. GLOWINSKI Abram né le 02/12/1905 à PIOTRKOW
déporté par le convoi n° 5 le 28/06/1942 de Beaune la Rolande à Auschwitz. Dcd
1/9/42 déportés 1038. Survivants 35.
Hénock GLOWINSKI
Né le 07-06-1905 à Kalicz (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Nachim GLOWINSKI
Né le 01-09-1903 à Kalisz (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Émile GLUCK
Né le 02-12-1908 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 3826 —>
GLUCK (Émile) 2-12-08, Paris, 2’ cl. 21' R.I. St. I A. Liste N 53.
Ladislas GLUCK †d MPFXd
Né le 14-04-1919 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75). GLUCK Ladislas né
le 14/04/1919 déporté par le convoi n° 68 le 10/02/1944 de Drancy à Auschwitz.
Déportés 1500. Survivants 42.
Tibor GLUCK †f
Né le 18-03-1907 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 8790.
Appartenait à la 9e Cie. Dcd le 13 août 1945. MPFXf.
Jacob GMACH
654
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 20-06-1908 à Lowicz (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> GMACH (Jacob)


20-6-08 Lowicz Pol, 2' cl, 21e R.I. Liste N 17.
Schlama GMACH
Né le 10-10-1904 à Lowiecz (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Eugène GODART
Né le 20-01-1907 à Massoenen (Suissx) Recrutemenx SBC (75).
Léon GODIN
Né le 27-12-1911 à Liège (Belgiqux) Recrutemenx Clignancourt (Paris - 75).
Judka GODINGEN †d MPFXd
Né le 21-06-1903 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). GODINGEM Judka
né le 21/01/1903 à VARSOVIE déporté par le convoi n° 45 Train Da 901/38 le
11/11/1942 de Drancy à Auschwitz.. Déportés 599. Survivants 2
HISTOIRE DE LA FAMILLE GODINGEN : Jacques Godingen est né entre le 20
septembre et le 3 octobre 1913 à Nadarzyn (Russie, Pologne vers 1930),
naturalisé Français, il a été massacré le 26 juin 1944 à Saint-Laurent-de-Mure
(Isère, Rhône depuis 1967) ; chapelier ; victime civile.

Godingen Jacques
Jacques Godinger portant l’uniforme du 405e RADCA (on reconnaît l’insigne du
régiment sur sa poitrine). Aizyk, Mendel Godingen, dit Jacques ou Isaac Godinger,
était le fils de Jankel Godingen et d’Ajdla Ehrlich (Erlich, Erlick). Jankel Godingen
eut plusieurs fils d’un premier mariage. De son union avec Ajdla Ehrlich naquirent
à Varsovie (Pologne) cinq enfants : Thérèse (Tauba) née en 1901, Judka (Idel) né
en 1903, Suzanne née en 1905, Marguerite (Malka) née en 1908 et Henri né en
1910. Sixième et dernier enfant de cette fratrie, Jacques Godinger vit le jour à
Nadarzyn, village situé à environ 25 km au sud-ouest de Varsovie. Les Godingen
s’exilèrent en France vers 1914 pour fuir l’antisémitisme. Ils demeurèrent à Paris
(IVe arr.), 26 rue de l’Hôtel de Ville. Le premier drame que vécut la famille
Godingen fut le décès d’Ajdla Ehrlich, le 21 février 1926. Au moment de la mort
de sa mère, Jacques n’avait que douze ans. Le 19 avril 1928, il perdit également
sa sœur Thérèse. Jacques Godinger grandit dans une famille de chapeliers. Son
père exerça les professions de tailleur et de casquettier. Ses frères aînés furent
tous casquettiers. Après des cours à l’ORT, Jacques Godinger devint à son tour
ouvrier chapelier. D’après sa famille, il pratiqua également une activité de
bijoutier. Il fabriqua notamment une broche pour sa sœur Marguerite. Jacques
Godinger fut naturalisé Français par décret
655
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

du 30 septembre 1936. À l’époque il était « coupeur chapelier » et demeurait à


Paris. Le 11 juin 1939, il perdit son père, Jankel qui décéda 10 rue de Jouy (Paris,
IVe arr.). En septembre 1939, il fut mobilisé dans l’armée française, dans le 405e
régiment d’artillerie de défense contre aéronefs (RADCA) manifestement (il
existe plusieurs photographies de lui portant l’uniforme de ce régiment). Son
frère Judka s’engagea dans la Légion étrangère (21e RMVE). Jacques Godinger fut
fait prisonnier de guerre. La lecture de sa fiche de l’institut médico-légal de Lyon
nous apprend qu’il fut ensuite rapatrié. D’après sa famille, en réalité, Jacques
Godinger s’évada. Il rejoignit la France et s’installa à Lyon (Rhône) où il demeura
66 rue Victor Hugo (IIe arr.). En 1942, Judka Godingen, sa femme, Jenta (Jeunta)
Grauzam, et leurs deux fils Elie (12 ans) et Roger (3 ans) furent déportés à
Auschwitz. Jacques Godinger fut arrêté et incarcéré à la prison de Montluc (Lyon).
D’après sa famille, il fut dénoncé par un mari jaloux et appréhendé dans un café
avec un ami (c’est ami était-il Jean Borowski ?). Fut-il dénoncé comme prisonnier
évadé ou comme Juif ?
Le 26 juin 1944, extraits de Montluc, Jacques Godinger et Jean Borowski furent
contraints de monter dans une Traction avant noire. Vers 12h30, la voiture arriva
à Saint-Laurent-de-Mure (Isère, Rhône depuis 1967) et s’arrêta au lieu-dit les
Glandiers, en bordure du chemin qui reliait la route nationale numéro 6
(aujourd’hui Départementale 306) à la commune de Colombier-Saugnieu. Les
Allemands firent descendre Jacques Godinger et Jean Borowski du véhicule, ils
les exécutèrent puis ils repartirent en direction de Lyon. Un témoin, Gabriel
Montchal, entendit les Allemands tirer : « […] vers 12h 40, je me trouvais dans un
champ situé près de la route de St-Laurent à Colombiers, lorsque j’ai entendu
claquer quatre coups de feu. J’ai eu l’impression qu’on venait de tuer quelqu’un,
car aussitôt après les coups de feu j’ai entendu le ronflement d’une voiture qui
faisait demi-tour et qui ensuite démarrait. D’après le bruit de moteur, il me
semble que c’est une traction avant. Comme je venais de terminer mon travail,
je rentrais sur St-Laurent, lorsque sur le talus à 3 mètres environ de la route, j’ai
remarqué la présence de deux cadavres d’hommes. Je me suis approché pour me
rendre compte si ces hommes étaient morts. L’un était couché sur le dos et
l’autre sur le ventre légèrement tourné. Dès ma découverte, je me suis rendu
chez Monsieur le Maire de St-Laurent pour l’avertir. […] ». Marcel Baconnier,
maire de Saint-Laurent-de-Mure, alerta la police qui se rendit sur les lieux pour
constater les faits. Les policiers découvrirent les deux cadavres dans un pré se
trouvant en bordure du chemin vicinal. Les deux hommes reposaient
perpendiculairement à la route, les pieds sur le bord du fossé. Sur chacun des
deux corps, ils relevèrent les traces d’entrée de deux balles, l’une à la tempe
656
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

droite et l’autre à la nuque. Les victimes étaient dépourvues de pièces d’identité


et ne purent être identifiées. La police attribua le numéro 11 au cadavre de
Jacques Godinger : « N°11 – taille 1 m 72, cheveux châtains roux, front fuyant,
nez rectiligne, base légèrement relevée, menton vertical, à la mâchoire inférieure
droite manquent deux molaires, et une incisive. […] Cicatrice à la partie
supérieure de la jointure du genou droit, face antérieure. » Jacques Godinger
était vêtu d’une veste marron foncé à rayures verticales rouges, d’un pantalon
gris noir à petits carreaux, d’une longue chemise bleue, d’une cravate à petits
carreaux bleus et blancs, de socquettes en laine blanche. Il était chaussé de
souliers en daim marron rouge à bouts ferrés, pointure 41, en bon état. Il portait
des bretelles neuves en cuir avec petites boucles. Sur son pantalon, il y avait
« une marque de dégraissage formée de points de fil rouge sur ruban vert ». Dans
les poches de Jacques Godinger, se trouvaient un mouchoir rouge et bleu et un
mouchoir en fil blanc. Les policiers ne trouvèrent aucune marque, initiale ou bijou
permettant son identification. Ils notèrent que Jacques Godinger avait les mains
très soignées. Son corps fut inhumé au cimetière de Saint-Laurent-de-Mure. On
peut lire sur sa fiche de la morgue qu’il fut « reconnu par Madame Schafer son
amie d[emeuran]t 66 rue Victor Hugo […] » et que le procès-verbal de
reconnaissance ne put être établi. Le fichier Montluc précise qu’il fut identifié par
« Melle Schafer 66 rue Victor Hugo sous le nom de Gaudin [ou Gandin ?]
Madeleine ». Par ailleurs, son frère Henri Godinger le reconnut officiellement le
10 novembre 1944. En 1962, la mention Mort pour la France fut portée en marge
de son acte de décès
François GOEZI †g MPFXg,
Né le 17-06-1809 à Kenerie (Hongrix) Recrutemenx Épinal (38). 23e —>21e —>
Tué le 13 juin 1940. Nécropole de Sainte-Menehould.
Vasman GOFSMAN
Né le 19-10-17 à Kichineff (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 3832. —>
COFSMAN-VAXMAN (Ousii) 19-10-17, Kichineff (Roum.) 2e cl. 21e R.I. List 17.
==Said GOHAR
Né le 08-03-1907 à Caire (Égyptx) Recrutemenx SBC (75).
Samuelis GOLCMANAS (Samuel)
Né le 24-04-1909 à Sakai (Lithuanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 11160 —>
GOLCMANAS (Samuel) 24-4-09, 2e cl Lithuanie, 21e R.M St XIA Liste N 44.
Menochuin GOLCZAMA †d MPFXd
Né le 21-08-1894 à Mendizelie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Golczama
(Menachem, dit Max, né 21/8/94 Mendizieli. GOLCZAMA Menacheim Dit Max né
le 21/08/1894 à MENDIZCHIE déporté par le convoi n° 2 le 05/06/1942
657
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

de Compiègne à Auschwitz. Dcd 11/7/42 Déport 1000. Surv 41.


Szmul GOLDAB †d MPFXd
Né le 10-05-1899 à Lezc (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Goldab (Szmul) né
10/5/99 à Lodz. GOLDAB Szmul né le 10/05/1899 à LODZ déporté par le convoi
n° 60 le 07/10/1943 de Drancy à Auschwitz. Dcd 22/4/44 à Auschwitz. Déportés
1000. Survivants 31.
Abram GOLDBERG †d MPFXd
Né le 20-11-1913 à Grodczak (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Goldberg ((Abram)
né le 21/11/13 à Groisk (Pologne). GOLDBERG Abram né le21/11/1913 à
GRODZIC déporté par le convoi n° 5 le 28/06/1942 de Beaune la Rolande à
Auschwitz, Dcd le 1/9/42. Déportés 1038. Survivants 35.
Biniers GOLDBERG
Né le 25-12-1909 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> GOLDBERG
(Biniers) 25-12-09, Varsovie, 2' cl. 21' R.I. List 19. Léon de Rosen : 29 décembre
1940 : « Michel parti en permission à Nancy pour six jours ; Goldberg son
ordonnance, également, Farkas aussi. Mais aussi Biniers G… »
Boruch GOLDBERG †d MPFXd
Né le 18-11-1903 à Sobieme (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Goldberg (Borch
Berek, né 18/11/1903 à Sobiénic (Pologne), Déporté par le Convoi 70 de Drancy,
à Auschwitz le 27/03/1944. Dcd 1/4/44 à Auschwitz. D 1000 S 125.
Chaim GOLDBERG
Né le 16-02-1904 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Chil GOLDBERG alias Achille ❤ G.R. 16 P 261707
Né le 14-11-1906 à Zlozcew (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Zlocsew.
Chima GOLDBERG
Né le 03-05-1894 à Varsovie ou Radzymin (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
David GOLDBERG †d MPFXd
Né le 30-10-1895 à Sezedlitz (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
GOLDBERG David né le 30/10/1895 à SEIDLOVITZ. Né à Szydlowiec, Pologne en
1895. Déporté par le Convoi 1 de Drancy Auschwitz le 27/03/1942.
David GOLDBERG
Né le 04-04-1904 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Jlya GOLDBERG
Né le 22-01-1907 à Moscou (Russix) Recrutemenx SBC (75) —> GOLDBERG (Ylin)
22-1-07. Moscou (Russie) 2' Cl 21' R.I.V.E.
Isac GOLDBERG (ou Max ou Isaac)
Né le 13-07-1903 à Hamburg (Allemagnx) Recrutemenx SBC (75) Mle 7875
Isaac GOLDBERG ❤ G.R. 16 P 261715
658
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Isaac GOLDBERG dit né le 23-07-1907 à Paris ou Varsovie (Polognx) Recrutemenx


SBC (75) Mle 2607 —> GOLDBERG (Isaac) 23-7-07, Paris cap. 21e R.I. Liste N.17.
Modfred GOLDBERG alias Ambroise
Né le 10-03-1907 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Emeric GOLDBERGER ❤ GR 16 P 261726
Né le 15-10-1911 à Sighete (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
Ferdinand GOLDBERGER
Né le 11-01-1910 à Cluy (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
Markus GOLDBERGER
Né le 09-12-1896 à Czeher (Polognx) Recrutemenx SBC (75) N V juin 1947 :
naturalisation. Décédé 1963.
Stephan GOLDBERGER
Né le 04-12-1912 à Oradea (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> GOLDBERGER
(Stephan) 4-12-12, Ore Dea, 2' cl. 21' R.M. St. XIA. Liste N 44.
Henri GOLDENBERG
Né le 18 -07-1914 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx i.
Henry GOLDENBERG
Né le 06-08-1906 à Caire (Égyptx) Recrutemenx SBC (75).
Israel GOLDENBERG
Né le 10-03-1900 à Lipovitz (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —>GOLDEMBERG
(Israel) 10-3-1900. Lipovetz (Russ ?) 2' cl 21' R.I.V.E. Liste N 17.
Moîse ou Maurice GOLDENBERG.
Né le 27-01-1907 à Mahalitch (Turquix) Recrutemenx SBC (75) Mle 8150 —>
Moїse GOLDENBERG (Maurice ou Moїse). Un de ses homonymes, GOLDENBERG,
Moïse dit Maurice né le24.03.1917 à Istanbul, Turquie, a fait de la résistance G.R.
16 P 261770.
Abram GOLDFARB †g MPFXg
Né le 24-03-1903 à Mordy (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 15063. Mort le
10-06-1940 (Saint-Dizier, 52 - Haute-Marne, France).
Elie GOLDFINGER
Né le 07-01-1907 à Mordy (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> GOLDFINGER
(Elie) 7-1-07. Mordy (Pologne) 2' cl 21' R.I 2e section de la 9e Cie. Liste N 17.
Chaim GOLDGEWICHT (Charles)
Né le 25-08-1910 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Décédé 1990.
Fischel GOLDHAMMER
Né le 01-05-1896 à Zdunska (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Joseph GOLDHECHT
Né le 20-10-1898 à Karscew (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
659
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Adan GOLDKOPE †g MPFXg


Il s'agit probablement d'Abram GOLDKOP, né le 9-11-1896 à Sodz ou Stonnic
(Polognx) Recrutemenx SBC (75). Mort le 14-06-1940 (Sainte-Menehould, 51 -
Marne, France) Né à Stonnic (Pologne).
Aron GOLDKOPF ou GOLKOFF ou GOLDKERF †g MPFXg
Né le 14-07-1903 à Glowno ou Stonnic (PolognX) Recrutemenx SBC (75). Mle
11897. Mort por la France à Sainte-Menehould le 14 juin 1940.
Jankiel GOLDLIST
Né le 1906 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Désiré GOLDMAN
Né le 03-01-1914 à Budapest (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
Wladislas GOLDMAN
Né le 20-11-1915 à Budapest (Roumanix) Recrutemenx SBC (75)
Wolf GOLDMAN
Né le 15-10-1911 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Abram GOLDMINE
Né le 01-02-1918 à Kromoloff (Polognx) Recrutemenx SBC (75). —> 2’ cl. 21’
R.M.V.E. List 11.
Jankiel GOLDRAICH
Né le 25-12-1892 à Siedlic (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Binem GOLDSCHMIDT
Né le 07-04-1910 à Lutowiersez (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Armand GOLDSTEIN †d MPFXd
Né le 05-01-1913 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75). GOLDSTEIN
Armand, né le 05/01/1913 à BUDAPEST déporté par le convoi n° 63 le 17/12/1943
de Drancy à Auschwitz. Dcd le 22/12/43. Déportés 850. Survivants 22 ou 29.
==Joseph GOLDSTEIN
Né le 05-09-1910 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —> GOLDSTEIN
(Joseph) 5-9-10. Budapest (Hongrie) 2' cl 21' R.I. List 17 ; 1re sec 10e Cie ?
Jules GOLDSTEIN
Né le 30-07-1907 (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
==Martin GOLDSTEIN
Né le 30-10-1904 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx Clignancourt (Paris - 75).
Masja ou Matys GOLDSTEJN
Né le 29-11-1904 à Siedlec (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Matys GOLDSTERN
—> GOLDSZTERN (Matys) 29-11-04, Siedlec (Pologne) 2e cl. 21e R.I. Liste N 17.
Arhon GOLDT
Né le 15-03-1907 à Dulapie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
660
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Hotzef GOLDWASSER †d MPFXd


Né le 12-1902 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Goldwasser (Herschel) né
28/12/02 Lodz. GOLDWASSER Herzef né en 1902 à LODZ déporté par le convoi n°
5 le 28/06/1942 de Beaune la Rolande à Auschwitz. Dcd 7/8/42. Déportés 1038.
Survivants 35.
==Jean GOLDWIRT
Né le 14-07-1917 à Siedlec (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 812 —>
GOLDWIRT (Idel) 14-7-17, Siedler, 20 cl. 21° R.I. St. XII A. Liste N 75. C.A.1.
Chaïm GOLDZAL
Né le 25-09-1908 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx i.
Sannelis GOLEMANAS
Né le 24-04-1909 à Sakias (Lithuanix) Recrutemenx SBC (75) —> GOLEMANAS
(Samuel) 24-4-09, Sakiai (Lithuan.) 2' cl. 21'R.M. St. XI A Liste N 44.
Alexandre GOLEMBA ❤ G.R. 16 P 261931
Né le 05-05-1895 à Kieff (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Lucas GOLOB
Né le 18-10-1902 à Koprvinik (Yougoslavix) Recrutemenx Thionville (57).
Alexandre GOLOVINE
Né le 30-08-1896 à Spaksy (Russix) Recrutemenx Auxerre (89).
Israel Jacob GOLTER†p
Né le 01-03-1903 à Odessa (Russix) Recrutemenx SBC (75) MPFXp le 06-06-1942.
Maladie.
Chaim GOLUBA
Né le 16-05-1893 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Joaquim GOMES
Né le 01-10-1896 à Aguas (Portugax) Recrutemenx SBC (75).
Francisco GOMEZ ou François GOMES †g MPFXg
Né le 24-07-1906 à Lustoz (Portugax) Recrutemenx SBC (75) Mle 1985. Tué au
combat le 14-06-1940 (Sainte-Menehould, 51 - Marne, France).
Francisco GOMEZ
Né le 26-04-1915 à Madrid (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
José ou Joseph GOMEZ
Né le 24-02-1907 à Carthagène (Espagnx) Recrutemenx Lyon (69). Engagé le
18/10/1939 —> GOMEZ (Joseph) 24-2-07, Carthagène (Espag-) 2' Cl. 21' R.M. List
17.
Juan GOMEZ (Jean)
Né le 12-07-1914 à Leus (Espagnx) Recrutemenx Pau (64) —> GOMEZ (Jean) 12-
7-14. Lens, 1’ cl. 21' R.I. Liste N 17.
661
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Rafael GOMEZ
Né le 27-04-1906 à Madrid (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Roger GOMEZ
Né le 16-08-1916 à Calzada (Espagnx) Recrutemenx Bordeaux (33) —> GOMEZ
(Roger) 16-8-16, Calsas de la Malmiol (Espagne) 2’cl. 21’ R.I. Stalag II A List 50.
Pedro GOMEZ MARZAL
Né le 09-12-1909 à Sgualda (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
Michel GOMOLINSKI
Né le 06-09-1909 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> GOMOLENSKI
(Michel) 6-9-09, Protreckow, 2e cl. 21e R.I. Liste N 17.
Albano GONCALVES
Né le 12-11-1898 à Lusio (Portugax) Recrutemenx Périgueux (24).
José GONCALVÈS
Né le 26-02-03 à Romangalo (Portugax) Recrutemenx Tarbes (81) —> GONCALVES
(José) 26-2-03, Romangalo (Port.) 2’ cl. 21’ R.M.V.E. St. XI A. Liste N 44. 3e section
de la 10e Compagnie (3e Bataillon).
Manuel GONCALVES
Né le 20-01-1892 à Vile (Portugax) Recrutemenx La Rochelle (17).
==Manuel GONCALVES
Né le 16-11-1906 à Maraucas (Portugax) Recrutemenx SBC (75).
==Evariste GONCALVEZ
Né le 25-04-1915 à Gaclovo (Portugax) Recrutemenx Bourg-en-Bresse (01) Détail
engagé le 13/11/1939.
==Ladislas GONDA
Né le 20-05-1907 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5794. Déporté
le ? et interné à Auschwitz. GONDA Ladislas né le 20/05/1907 à Budapest.
Parcours Erfurt, Auschwitz Niederorschel. §d Libéréx le 11/04/1945 à
Niederorschel.
Angel GONZALES
Né le 21-02-1915 à Barracaldo (Espagnx) Recrutemenx SBC (75) —> GONZALCEZ
(Angel) 21-2-15, Baracaldo (Esp.) serg. 21’ R. M. V. E. Liste N 14.
Diego GONZALES
Né le 14-02-1906 à Lombreras (Espagnx) Recrutemenx Lyon 9) —> GONZALES
(Diego) 14-2-06. Lumbreras (Esp) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Julien GONZALES
Né le 10-12-1904 à Cocontes (Espagnx) Recrutemenx Troyes (10).
Montero Eugenio GONZALESNé le 01-11-1919 à Madrid (Espagnx) Recrutemenx
SBC (75) —> GONZALEZ (Eugène) 1-11-19, Madrid. Espagne, 2e cl. 21e R.I. List17
662
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Alberto GONZALES CORTIGUERA.


Né le 08-03-1915 à Santander (Espagnx) Recrutemenx Pau (64) —> GONSALES
(Albert) 8-3-15, (Espagne) cap, 21' R. M. V. E. Liste N 15.
Antonio GONZALEZ
Né le 18-01-1917 à Gosada (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
Ernest GONZALEZ
Né le 02-02-1913 à Oviedo (Espagnx) Recrutemenx Toulouse (31) —> GONZALEZ
(Ernesto) 2-2-13. Muros (Espagne) Sergent. 21' R.M. Liste N 17 Mme Suzanne
KOUTACHY-JEANDEAU a écrit : « Ernesto G… fin, délicat, bouillant comme son
Andalousie natale. ». Appartenait à la S.C. de la 10e Cie. Le capitaine Duvernay le
décrit encore présent le 30/6/40 sur sa liste des effectifs.
Luis ou Louis GONZALEZ ❤ G.R. 16 P 263246
Né le 09.10.1918 à Valence. Né le 09-10-18 à Venta Del Moro (Espagnx)
Recrutemenx Perpignan (66) —> GONZALEZ (Louis) 9-10-18, Barcelone, Espagne,
2e cl. 21e R.I. Liste N 17.
Privedo GONZALEZ
—> GONZALEZ (Privado) 20-9-06. Angis (Espagnx) Recrutemenx i. cap. 21' R.I.V.E.
Liste N 17.
Theodore GONZALEZ ❤ GR 16 P 263262
Né le 09-05-1915 (?) à Léon (Espagnx) Recrutemenx Châteauroux (36) —>
GONZALEZ (Théodore) 9-5-09 (?). Léon (Esp) cap 21e R.I. Liste N 17.
Angel GONZALO
Né le 13-08-1919 à Villar (Espagnx) Recrutemenx Bordeaux (33).
Nanon GORDIN
Né le 05-07-1902 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Benjamin GORDON
Né le 20-01-1913 à Wyljka (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> GORDON
(Benjamin) 20-1-13. Vilna (Pologne) 2' cl. 21e R.I.V.E. Liste N 17.
Cahïm GORDON (ou Chaim GORDON)
Né le 02-02-1903 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 6188.
René GORGERST
Né le 05-06-1891 à Moscou (Russix) Recrutemenx Bar-le-Duc (55).
==Jacques GORKINE
Né le 21-08-1901 à Krementcheux (Russix) Recrutemenx SBC (75) Mle 9738.
Isaac GOROCH
Né le 02-01-1905 à Régisa (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Mathias GORTVA
Né le 31-12-1898 à Szalan (Yougoslavix) Recrutemenx Mâcon (71).
663
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Vasman GOSMAN
Né le 19-10-1917 à Kichineff (Roumanix) Recrutemenx SBS (75) Mle 3832 —>
CAFMAN-VAXMAN (Ousii) 19-10-17, Kichineff (Roumanie 2e cl. 21e R.I.
Abraham-Albert GOTESMAN
Né le 10-02-1906 à Sulejow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 14620.
Berck GOTESMAN (Bernard)
Né le 28-02-1914 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Prisonnier.
Moinef GOTFRYD (Henri) †d MPFXd
Né le 10-02-1907 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75), Gotfryd (Mojsief,
Chaïm) né 1907 à Varsovie. GOTFRYD Henri né le 10/02/1907 à VARSOVIE
déporté par le convoi n° 32 le 14/09/1942 de Drancy à Auschwitz. Dcd 19/9/42
Déportés 893 Survivants 45.
==Eugéne GOTTESMANN
Né le 05-10-1906 à Komadi (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —> GOTTESMANN
(Eugène) 5-10-06, Komadé, 2’ cl. 21’ R.M.V.E. St. XI A. Liste 44.
André GOTTLIEB
Né le 17-04-1918 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Joseph GOTTLIEB
Né le 07-05-1915 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Samuel GOTTLIEB
Né le 10-08-1896 à Jérusalem (Palestinx) Recrutemenx SBC (75).
Ladislas GOTTSEGEN ❤ G.R. 16 P 264119
Né le 09-02-1910 à Mezocsat (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Eugéne GOTZ
Né le 17-06-1908 à Csowas (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Blagoë GOUNTCHEV
Né le 09-02-1907 à Mouchwo (Hongrix) Recrutemenx Montpellier (34)
Jacob GOUREVITCH † (Henri) †d MPFXd
Né le 28-05-1897 à Jedinetz (Russix) Recrutemenx SBC (75). GOUREVITCH Jacob
né le 28/05/1897 déporté par le convoi n° 57 le 18/07/1943 à Auschwitz.
Déportés 1000. Survivants 43.
Vladislas GOUSAKOVSKI
Né le 24-02-1893 à Volygne (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Bajniski GOUTMAN (ou Bajnisky GOUTMAN ou Bajnisy GOUTMAN) alias
Gutman) ❤ G.R. 16 P 281517
Jean Zysman GUTMAN, né le 27-10-1908 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx i —>
GOUTMAN (Bajnisz) 27-10-08, Varsovie (Pologne) 2' cl. 21' R. M. V. E. Liste N 15.
Vassilios GOUTOS
664
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 24-12-1892 à Tripoli (Grècx) Recrutemenx Melun 77).


Antoine GRABELIUS
Né le 17-05-1896 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75)
GRACIA Alfonso : voir GARCIA MARTINEZ
Angel GRACIA
Né le 21-11-1910 à Canfranc (Espagnx) Recrutemenx Toulouse (31)
Zacharjasz GRADOWOCZYK (Zacharjasz GRADOWOSCZYK)
Né le 22-01-1890 à Guerwoszow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle9352.
Benejan GRAFSTAYN †d MPFXd
Né 22-06-97 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Grafsztain (Benejan) né
22/6/97 à Dzierkowica. GRAFSZTAIN Benejan né le 22/06/1897 à DZIERSKOWICE
déporté par le convoi n° 7 Train DA 901-2 le 19/07/1942 de Drancy à Auschwitz.
Dcd 24/7/42 Déportés 999. Gazés à l’arriv 375. Surv 16.
Jojne GRAISGRUND
Né le 10-06-1906 à Sosnowice (Polognx) Recrutemenx Grenoble (38).
Aron GRANER
Né le 25-09-1900 à Dowa (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Chaim GRASNOPOLSKI
Né le 01-03-1917 à Cutovie (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
== Jean GRAU PANADES
Né le 24-06-1909 à Sabadell (Espagnx) Recrutemenx Chambéry (73) —> GRAU
(Jean) 20-6-09, Barcelone, 2e cl, 21e R.I. Liste N 17.
Louis GREC
Né le 13-12-1888 à Moudon Suisse —> GREC (Louis) ŸFDX, 13-12-88, Mandon,
capitaine. 21e R.I.E. Oflag VI A. Liste N 48. Cdit de la 7e Cie (2e bat). Libéré.
Norbert GRÉSARD
—> Né le 7-3-10 à Gabarnac (Gironde) serg. -chef, 21e R.I. Liste N 17. ŸFDX.
—> Francis GRILLOT ŸFDX 16-1-04, Cuffic (Aisne) serg.ch., 21 R M. List N 12.
Sruc GRINBAUM
Né le 02-05-1907 à Minsk (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Jacques GRINBERG
Né le 15-06-1920 à Szidlowice (Polognx) Recrutemenx i.
Max GRINBERG †d MPFXd
Né le 04-02-1890 à Kauchau (Russix) Recrutemenx SBC (75). GRINBERG Max né le
24/02/1890 à KALNSAN déporté par le convoi n° 13 Train 901-8 le31/07/1942 de
Pithiviers à Auschwitz. Déportés 1049. Survivants 13
==Abram GRINFELD
Né le 25-08-1907 à Zenerica (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
665
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Jacob GRINTUCH (Yascob)


Né le 29-01-1913 à Ajolé (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
==Lejb GROBLA
Né le 11-11-1909 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Matricule 3749
Servicve militaire arrêté au 14 mai 1940. Appartenait à la CC. Démoblisé à
Caussade le 23 août 1940.
Né le 29-01-1913 à Ajolé (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Caussade le 23 août 1940.

.
© Collection Jean Grobla
Le Légionnare Léon Grobla est à l’extrême droite de la photo (gauche des
personnes.
Courrier du 25 octobre 2016 envoyé par Jean Grobla : « ... Cela fait bien deux
ans que je lis avec passion vos adaptations francaises (augmentées de
commentaires) d’œuvres de Hans Habe et vos travaux sur lui – S’il en tombe mille
et Mes jeunes années. Dans Mes jeunes années (dans la partie qui reprend S'il en
tombe mille) à la page 336, Hans Habe raconte l'anecdote d'un soldat cherchant
désespérément au sol les éclats éparpillés de ses verres de lunettes brisés en
mille morceaux par la première explosion.
Hans Habe raconte à propos du 24 mai 1940 à Belleville Ardennes : « Je venais
juste de m’endormir sur les marches de l’église, quand je fus réveillé par un
sifflement aigu. Le premier obus tomba à vingt mètres de moi dans une entrée
de maison. J’eus l’impression que j’aurais pu le saisir alors qu’il bourdonnait, mais
rien n’était visible sauf sews effets. À ce moment-lè ; nous n’aviond pas encore
appris le so du canon : c’était notre baptême du feu Ce n’est qu’en entendant les
bourdonnements métalliques au-dessus de nos têtes que nous nous jetâmes au
sol. En quelques instants, nous nous retrouvâmes en pleine tourmente. Une
maison se mit à brûler, un caporal hurla un ordre. Seuls les Volontaires espagnols,
666
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

qui avaient vécu ce genre d’évènement, recherchèrent des yeux un abri. Nous
autres, nous nous regardions défaits et pâles. Je ne pense pas cependant que la
peur expliquait notre inertie à bouger. Nous étions simplement trop fatigués pour
percevoir le péril. Grobla, un Juif polonais avait perdu ses lunettes à la première
explosion. Elles étaient tombées sur la route et les verres s’étaient brisés en
morceaux. Il se mit à ramper sur le ventre recherchant désespérément et avec
zèle les éclats comme s’il pouvait les recoller ensemble. Je me rappelai soudain
que je l’avais rencontré dans un magasin de Perpignan quelques jours avant Noël.
Il achetait une poupée pour sa fille et un train mignature pour son fils. »

.
Jean Grobla avec ses lunettes (celles brisées à Belleville On voit sur toutes les
photos les lunettes cassées à Belleville.
Dans Mes jeunes années (dans la partie qui reprend S’il en tombe mille) à la page
336, abe raconte l’anecdote d’un soldat cherchant désespérément au sol les
éclats éparpillés de ses verres de lunettes brisés en mille morceaux par la
première explosion. Ce soldat était mon père, Lejb GROBLA. J'en profite pour
apporter une petite mise au point sur ce passage où l'auteur rapporte aussi l'avoir
rencontré à Perpignan avant Noël, à la recherche de cadeaux. L'un pour son fils
(moi, j'avais quatre ans à l'époque) - un train miniature, que j'ai eu effectivement,
mais si peu de temps, parce qu'il avait fallu quitter Paris en catastrophe à
l'automne 1941... L'autre : "une poupée pour sa fille". Or je n'avais pas de sœur.
La poupée devait certainement être destinée à la fille d'amis très proches. J'en
vois deux possibles, mais ne puis déterminer laquelle. Léon Grobla réfugié fin 41
à Noirétable Loire) décède à Paris en 1965 (cœur, rafale d’Infarctus). 2e fils, René,
né à Montbrison en novembre 1942.) Mesage de Jean Grobla du 11/9)2019 :
« ...D'abord, ma mère (avec moi dans ses jupes), après lâchage du groupe par le

667
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Léon Gobla à droite de la photo © Collection Jean Grobla


"passeur" a été arrêtée par des gendarmes français et non ("ce fut une chance")
par la Fedgengarmerie qui, selon ma mère, avait son poste un peu plus loin.
N'ayant pas d'Ausweis elle a expliqué aux gendarmes qu'elle allait rejoindre son
époux qui, après avoir combattu au front, venait d'être démobilisé. Et mon père,
déjà à Noirétable, a dû venir nous chercher. Les gendarmes avaient (encore) un
certain respect pour ceux qui avaient combattu sous le drapeau français. Le
curieux de l'histoire, c'est que si ma mère a été assignée à résidence, ce ne fut
pas le cas de mon père...
Ayant échangé avec quelques amis sur nos histoires respectives, je me suis rendu
compte de l'énorme chance que nous avons eue, mes parents et moi. Moi, d'avoir
gardé mes parents et eux d'avoir survécu. Mon père de n'avoir pas été parmi les
60 % d'hommes de troupe du 21e tombés au combat, de n'avoir pas non plus été
fait prisonnier. Et, bien sûr, chance des chances, mes parents n'ont pas été
déportés. Outre toutes ces chances réunies, mes parents ont eu le réflexe de ne
668
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

pas se rendre à cette fameuse convocation du "billet vert" (peut-être bien


informés par une filière militante). J'ajoute que mes parents, en France depuis le
début des années trente, avaient pris l'habitude de sillonner la campagne
française. Ainsi, dans l'été 1939, ils avaient pris leurs vacances d'été avec tout un
groupe de sportifs d'un club sportif juif de la FSGT, le YASC (Yiddische Arbeiter
Sport Club), dans un petit bled, Vollore-Montagne. En ballade à la mi-août à
Noirétable, un bourg voisin, ils y avaient lié amitié avec plusieurs de ses habitants.
Plutôt réalistes, mes parents et leurs amis s'étaient alors promis de venir se
réfugier dans le coin lorsque la situation serait devenue vraiment catastrophique.
Ce que firent un peu plus tard plusieurs d'entre eux (voir mon témoignage sur
Une famille juive à Noirétable sous l'Occupation... »
Szlama GRODZICKI ou GRODZIECKI †g MPFXg
Né le 15-12-1912 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 14603 Mort le
15-06-1940 (Sainte-Menehould, 51 - Marne, France).
==Étienne GROF
Né le 03-06-1917 à Budapest ou Peszenterzebet (Hongrix) Recrutemenx SBC (75)
Mle 2814. C.A. 1.
Chaim GROJSAMN (Chaïm GROJSMAN)
Né le 15-01-1907 à Radom (Polognx) Recrutemenx SBC (75). —> GROSSMAN
(Chaîm) 15-1-07, Aradum (Pologne) 2' cl. 21' R.M. Liste N 19.
Léon GRONOWETTER
Né le 19-12-1908 à Stry (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
David GROPPER
Né le 06-06-1911 à Berlad (Roumanix) Recrutemenx Clignancourt (Paris - 75).
Bernard GROSS
Né le 28-02-1917 à Kiel (Allemagnx) Recrutemenx SBC (75).
Erwin GROSS
Né le 09-11-1920 à Kiel (Allemagnx) Recrutemenx SBC (75) —> GROSS (Ervin) 9-
11-20, Cyor (Hongrie !) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Moszek ou Maurice GROSS †d MPFXd
Né le 22-01-1908 à Lowiecz (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> GROSS (Maurice)
22-1-08, Loviez (Pologne) 1' cl, 21' R. I. V. E. Liste N 17. GROSS (Mosjek, Aron) né
le 12/1/1908 à Lowicz (Pologne). GROSS Maurice né le 14/01/1908 à LOWIDZ
déporté par le convoi n° 55 le 23/06/1943 de Drancy à Auschwitz. Dcd le 28/6/43
Déportés 1008. Survivants 5.
Oskar GROSS
Né le 23-01-1907 à Lwow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 4094. C.A.1.
Samuel GROSS
669
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 27-06-1906 à Jassy (Roumanix) Recrutemenx Clermont-Ferrand (63).


David GROSSER †d MPFXd
Né le 27-12-1914 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Grosser (David ou
Dawid) né 27/12/14, Varsovie. David Grosser est arrêté le 14/05/1941, interné à
Pithiviers et déporté à Auschwitz par le convoi 06 au départ de Pithiviers le
17/07/1942. Dcd 22/7/42 Auschwitz Déportés 928. Survivants 18.
Ladislas GROSSMANN
Né le 30-12-1909 à Tovaras (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 3794 —>
GROSSMAN (Ladislas) 30-12-09, Dovaros (Hongrie) 2' cl. 21' R. M. V.E. Liste 17.
Eugène GROSZ
Né le 17-03-1908 à Sarretudvari (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 1991
—> CROSZ (Eugène) 17-3-08, Sarre, 2e cl. 21e R.I. Liste N 17 (! CRosz/Grosz !).
Ladislas GROSZ
Né le 10-04-1909 à Poroszlo (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Oscar GROSZ
Né le 19-02-1908 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Samuel GROZINGER ou Eugène Grossinger
Né le 15-08-1911 à Ura (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).) Mle 5838 —>
GROZINGER (Eugène) 13-7-11, Ura (Hongrie) 1’ cl. 21’ R.I. Liste N 19.
Simeon GROZOWSKI
Né le 14-08-1913 à Galadec (Ukraine) (Russix) Recrutemenx Charlev-Mézié- (08).
Abram GRUDKI †d MPFXd
Né le 05-03-1898 à Sokol (Polognx) Recrutemenx SBC (75). GRUDKI Abram né le
05/03/1898 à GRODEK déporté par le convoi n° 84 à Auschwitz. Abram Grudki né
à Grudek, Pologne en 1898 était cordonnier. Au cours de la guerre, il était à
Caserne Dossin (Malines-Mechelen), Belgique. Déporté par le Convoi XIV de la
Caserne Dossin à Auschwitz Birkenau, Camp d'extermination, Pologne, le
24/10/1942. Déport 995. Surviv 15
David GRUMBERG
Né le 30-12-1907 à Smyrne (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Joseph GRUMBERG
Né le 17-06-1910 à Vasloi (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Hynek GRUMBERGER
Né le 28-05-1910 à Perecin (Bohême et Moravie) (Tchécoslovaquix) Recrutemenx
SBC (75).
Imre GRUMBERGER
Né le 08-05-1906 à Novi-Said (Yougoslavix) Recrutemenx Grenoble (38).
Jules GRUN †g MPFXg
670
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 22-05-1906 à Rakocz (Tchécoslovaquix) Recrutemenx SBC (75) Mort le 10-


06-1940 (Sainte-Menehould, 51 - Marne, France).
André GRUNBAUM
Né le 08-04-1903 à Oradea (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
Joseph GRUNBAUM
Né le 23-12-1912 à Nihra (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Abram GRUNBERG
Né le 04-12-1902 à Szydlowice (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Emmanuel GRUNBERG
Né le 28-02-1906 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Henri GRUNBERG
Né le 27-04-1910 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx Périgueux (24) —>
GRUMBERG (Henri) 27-4-10, Budapest (Hongrie) 2’ cl. 21' R.I. List N 19.
Isidore GRUNBERG†d MPFXd
Né le 30-11-1906 à Bucarest (Roumanix) Recrutemenx SBC (75). Grunberg (Isidor,
Bernhard, René) né 20/11/06 Bucarest,). GRUNBERG Isidore né le 30/11/1906 à
BUCAREST déporté par le convoi n° 73 le 15/05/1944 de Drancy à Kaunas/Reval
(Lituanie Estonie. Dcd 20/5/44 Déportés 878. Survivants 22.
Abraham GRUNDFELD
Né le 25-08-1907 à Leneica (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Thibaulot GRUNFELD
Né le 19-07-1916 à Miskaole (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Paul GRUNDWALD
Né le 18-11-1907 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 3812 —>
GRUNALD (Paul) 18-11-07, Budapest, 1re cl. 21e R.I. Liste N 17.
Zachaviasz GRUNER
Né le 20-05-1916 à Zolkiéna (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Osjoz GRUNSPAN
Né le 25-12-1904 à Budusch (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Ladislaw GRUNWALD
Né le 26-10-1905 à Matradereske (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Tibor GRUNWALD
Né le 03-04-1909 à Tiszabesded (Hongrix) Recrutemenx Amiens (80).
Maurice GRUSKA
Né le 20-04-1913 à Zurama (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Photo de
famille/amateurTitre(s) : Maurice GRUSZKA, engagé volontaire, et deux autres
prisonniers de guerre au Stalag XI B. Allemagne. FONDS UEVACJEA.
Lajzar GRUSZKO
671
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 30-04-1913 à Buzomin (Polognx) Recrutemenx SBC (75).


Ara GRYCMAN (ou Aron Mordka GRYCMAN)
Né le 02-04-1908 à Kielec (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> GRYOMAN
(Armand) 2-9-08, Kreke, 2’ cl. 21' R.I. St. XI B. Liste N 10.
Josek GRYN
Né le 15-06-1911 à Przytyk (Polognx) Recrutemenx Vincennes (94).
Abram GRYNBERG
Né le 04-12-1902 à Szydlowiece (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 9992.
Berek-Bernard GRYNBERG
Né le 23-03-1895 à Czenstochowa (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Herz GRYNBERG
Né le 07-03-1921 à Siedlec (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> GRYMBERG
(Hersluib) 7-3-21, Sciedlic (Pologne) 2’ cl. 21e R. I. V. E. Liste N 17.
Jacob GRYNBERG
Né le 15-06-1920 à Szydlowice (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> GRYNBERG
(Jacob) 15-6-20, Szydlovicz (Pologne) 2’ cl. 21' R.I. Liste N 17.
Mosze GRYNBERG
Né le 18-12-1920 à Szydowice (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> GRYNBERG
(Moszé) 18-12-20, Szydlovicz (Pologne) 2' cl, 21' R. I. Liste N 17.
Szlama GRYNBLATT
Né le 05-05-1906 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Chaïm GRYNCAJGIER
Né le 30-07-1904 à Bendzin (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Henri GRYNCAJGIER
Né le 23-06-1904 à Benzin (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 4113 —>
GRYNCAJGER (Chaim-Henri) 23-8 (ou 6 ?) 1904, Bendzin (Pologne) 2' cl. 21' R. I.
Liste N 17. Naturalisé N.V. avril 1947. Décédé 1968.
Szyfa GRYNER †d MPFXd
Né le 11-08-1905 à Siedlec (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Déporté par le
convoi n° 47 le 11/02/1943 de Drancy à Auschwitz. Décédés 998. Surviv 10.
Morchay GUERCHON
Né le 25-11-1908 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75). List. n 17.
Dimitri GUERORGIEFF
Né le 05-08-1913 à Routchouk (Bulgarix) Recrutemenx Moulins (03).
Fernand GUERRERO
Né le 18-02-1913 à Caravaca (Espagnx) Recrutemenx Troyes (10) —> GUERRERO
(Fernand) 18-2-13, Caravaca (Espagne) 2’cl. 21' R. M. Liste N 17.
Henri GUERRERO
672
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 17-07-1919 à Cudillero (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).


Vincent GUERRICO G.R. 16 P 275485 GUERRICO, Vincent 02.02.1908???
Né le 11-05-1908 à St Sébastien (Espagnx) Recrutemenx Laon (02).
René Gaston GUIART
Né le 3/2/1914 à Lyon. ŸFDX Sous-lieutenant à la 9e Compagnie.—> Oflag IID
Andres GUILLEN GUERRERO
Né le 02-05-1916 à Barcelone (Espagnx) Recrutemenx Mautauban (82) —>
GUILLEN-QUERRERO (André) 15-5-15, Barcelone, 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Siméon GUILLENT
Né le 29-06-1910 à Castaroja (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
Francisco GUILLOM
Né le 19-03-1906 à Piles (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
?? GUILLOT
ŸFDX Adjudant chargé du ravitaillement. E.M. du 3e Bataillon.
Joseph GUILLOU
—> GUILLOU (Joseph) ŸFDX 10-7-89, Brest, serg. 21' R.M.E. St. II A. Liste N 73.
Fernand GUIRIDI
Né le 23-03-1905 à Santa Fé (Mexiqux) Recrutemenx Nice (06).
Moïse GURALNICK
Né le 09-11-1903 à Rowno (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Jacob GURFINCHEL (ou Jacques)
Né le 27-09-1907 à Kichineff (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 3808 —>
GURFINCHEL (Jacob) 27-9-07, Kisinev (Roumanie) cap. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
René GURTHER
—> GURTHER (René) ŸFDX 31-2-07, Gonesse (S.-et-O.) serg-ch., 21' RMVE. List 17.
Joseph GURVIT
Né le 07-12-1906 à Sécuréni (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> GURVIT
(Joseph) 7-12-06, Sécuréssi (Roumanie) 2' cl. 21' R M. Liste N 19 Il est cité dans le
livre de Léon de Rosen : « Tout le bloc B de Queuleu part demain, 9 décembre
1940, en Allemagne… »
Eugène GUSBETH
Né le 21-09-1907 à Foldvar (Roumanix) Recrutemenx Arras (62) —> GUSBETH
(Eugène) 21-9-07, Foldval (Roumanie) cap. 21' R.I.V.E. Liste N 17.
Ber GUTCHAJN
Né le 03-03-1900 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Israël GUTERMAN
Né le 01-01-1908 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Antoine GUTIERREZ
673
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 13-09-1906 à Carthagène (Espagnx) Recrutemenx Lyon (69) Détail engagé


le 13/11/1939 —> GUTIERREZ (Antoine) 13-9-06, Carthagène (Espagne) serg. 21'
R. M. Liste N 17.
Eusébio GUTIERREZ
Né le 02-09-1908 à Valladolid (Espagnx) Recrutemenx Bordeaux (33).
Maxime GUTIERREZ
Né le 18-02-1913 à Bilbao (Espagnx) Recrutemenx Bordeaux (33).
Pédro GUTIERREZ
Né le 30-03-1908 Carthagène (Espagnx) Recrutemenx Lyon (69) Détail engagé le
18/10/1939 —> GUTIERREZ (Pierre) 30-3-08, Carthag., 1' cl. 21' R. M. List 17.
Israël GUTKIND ❤ G.R. 16 P 281502 ???
Né le 29-06-1905 ou le 16-11-1905 à Nowy Dwor (Polognx) Recrutemenx SBC
(75).
Émile GUTKNECHT
Né le 29-04-1917 à Baulmes (Suissx) Recrutemenx SBC (75).
Renilly GUTKNECHT
Né le 15-01-1916 à Yverdon (Suissx) Recrutemenx SBC (75).
Rajnisz GUTMAN Voir GOUTMAN
Volico GUTNIK
Né le 21-06-1906 à Securani (Polognx) Recrutemenx i.
Hirsz GUTRACH ❤ GR 16 P 281528
GUTRACH, Henri 24.01.1907 Varsovie.
Né le 24-01-1907 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> GUTRACH
(Hersz) 24-1-07, Varsovie (Pologne) 2 cl, 21’ R.I. Liste N 22.
Szachna GUTRAJDE †d MPFXd
Né le 14-03-1902 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). déporté par le
convoi n° 2 le 05/06/1942 de Compiègne à Auschwitz. Dcd 3/8/42. Déportés
1000. Survivants 41.
Jacques GUTTIEREZ
Né le 26-12-1921 à Vallée d'Abdalajis (Espagnx) Recrutemenx Grenoble (38).
Bassyly GUYRASSINOFF
Né le 07-02-1895 à Coulmes (Russix) Recrutemenx Larochelle (17).
Rozendo GUZMAN-RODRIGUEZ
Né le 20-07-1915 à Torreon (Mexiqux) Recrutemenx Pau (64).
==Sadislas GYENES
Né le 24-02-1908 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 2919.
Appartenait à la 6e Compagnie. (Membre du conseil de gérance. Tramontane).
Alois GYOROK
674
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 17-06-1911 à Beltenci (Yougoslavix) Recrutemenx Thionville (57)


HAAB.
Sergent à la CA 1 Probablement Hans Habe Békessy.
Lybus HABERMAN
Né le 15-09-1906 à Vlascroude (Polognx) Recrutemenx Marseille (13).
Joseph HABIF†p
Né le 10-11-1907 à Smyrne (Turquix) Recrutemenx SBC (75) —> HABIF (Joseph)
10-11-07, Smyrne, caporal-chef. Liste N 17 Né 10/11/1907 Turquie Mort en
captivité. MPFXp le 28/12/1944 Département ou pays : 9109 — Allemagne (ex
Prusse), décès à Kaiserslautern.
Moise Simon HACKER †d MPFXd
Né le 23-03-1898 à Kolomypa (Polognx) Recrutemenx SBC (75). HACKER Moise né
le 23/03/1898 à KOLOMYKA déporté par le convoi n° 68 le 10/02/1944 de Dancy
à Auschwitz. DCD 15/2/1944. Déportés 1501. Survivants 20.
==Jacob HAHAM
Né le 01-05-1907 à Cetatea Albo (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 2902 —
> HAHAM (Jacob) 1-5-07, Cetaléa, 2' cl. 21' R.M.V.E. St. XI A. Liste N 44.
Elia HAIM
Né le 12-04-1909 (Grècx) Recrutemenx SBC (75).
Jaki HAIM
Né le 28-08-1915 (Grècx) Recrutemenx SBC (75) —> HAÏM (Jacki) 28-9-15,
Salonique, 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Maier HAIMSOHN †d MPFXd Né le 16-03-1906 à Washu (Roumanix)
Recrutemenx SBC (75). Haimsohn (Strul, Meier) né 15/3/06 Comesti Roum..
HAINSOHN Storel né le 16/03/1906 À VASLEIN déporté par le convoi n° 38 le
28/09/1942 de Drancy à Auschwitz. Dcd 3/10/42 Déportés 1000. Gazés à l’arrivée
733. Surv 38.
Edmond HAÏTEC
—> HAÏTEC (Edmond) ŸFDX 12-2-15, Paris (12e) adj. 21e R.I. Liste N 17.
Armin HAJEK
Né le 12-02-1905 à Kismarton (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 6664 —>
HAJEK (Amin) 14-2-05, Kismarton, Hongrie 2' cl. 21' R.M.V. E. Liste N 22.
Joseph HAJOS
Né le 10-03-1907 à Meneleze (Hongrix) Recrutemenx SBC (75). Joseph Hajos (ou
Joszef Hayos ou Joe Hajos ou Jozsef Hajos) est un compositeur d'origine
hongroise, qui a travaillé essentiellement pour le cinéma et la chanson. Il est né
le 10 mars 1907 à Malenice (Empire austro-hongrois) et il est mort le 26 août
1982 à Eaubonne (Val-d'Oise). Joe Hajos a composé également sous Le
675
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

pseudonyme d’Harry Bols. Hans Habe dans Ob tausend fallen parle d'un
jeunegars très doué, le compositeur Hajos qui était comme lui engagé au 21e
R.M.V.E. En février 1940, ils étaient allés ensemble en permission à Paris et Hajos
l'avait conduit aux Folies Bergères. Hajos disait avoir produit là ses propres revues
jusqu'au moment du déclenchement de la guerre (notamment « barcarolle
vénitienne » de la revue des folies bergères, création de Denise Duval, paroles de
Pierre Larrieu, musique de Joe Hajos, enregistration sur disque Pathé par Bruno
Clair).
Hajos se trouvait lors de la retraite le 11 juin 1940 à dix kilomètres au sud de
Séchault à l'approche du bois de Cernay en Dormois, épuisé couché sur la route,
les mains écrasées sur les oreilles et le nez dans la poussière, disant qu'il était
incapable de regarder. Habe le persuada de reprendre sa marche, car le régiment
était proche. Hajos venu des provinces hongroises avait reçu sa formation
artistique à l'Académie de musique de Vienne
En 1928, Hajos alla à Berlin et commença à travailler en tant que pianiste et
chef d'orchestre. Parallèlement, il écrivit alors quelques chansons pour le ténor
lyrique Joseph Schmidt. Juif, Joseph Schmidt aura ses plus grands succès à l’aube
de l’ère nazie. Fuyant le nazisme, il sera interné en novembre 1939 en tant que
Juif allemand dans un camp du sud de la France. En septembre 1942, il réussit à
fuir et arrive à pied en Suisse.Interrné en octobre. 1942 dans un camp de réfugié
suisse où les conditions de vie sont dures et le cher de camp un tyran. Malade,
mal soigné à l’Hôpital de Zurich, il meurt dans une auberge le 14 novembre 1942
d’une crise cardiaque à 38 ans (1904-1942).
Le premier succès d’Hajos en tant que compositeur fut le hit 1930 « Savez-vous
que le hongrois est très difficile ? » En 1931, Salabert édite « S.O.S. d'amour »,
tango de Joe Hajos. En octobre 1931, Hajos tremporte un concours de chant à la
Scala de Berlin avec la chanson « Je t’ai embrassé une fois ». Dans la même année
Hajos a également commencé à travailler en tant que compositeur de films avec
son orchestre « Joe Hajos et ses douze solistes ».
En 1933, c’est la prise du pouvoir par Hitler, Hajos fuit l'Allemagne en raison de
sa foi juive. Il retourne d’abord à son ancienne maison hongroise, ensuite il
déménage un an plus tard à Paris. Là, Joe Hajos a commencé avec une
composition pour la comédie Buster Keaton « Le roi des Champs-Élysées » (1934)
à composer régulièrement pour le film. L’année suivante, Hajos a également
collaboré avec l'immigrant allemand Paul Dessau. Au début de la Seconde Guerre
mondiale, Hajos est retourné à Budapest, mais a été exclu pendant toute la durée
de la guerre de l'industrie du cinéma. Le retour de Hajos en Hongrie en 1940 après
l’épisode du 21e R.M.V.E. a dû être facilité par le fait que la Hongrie était l'alliée
676
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

de l'Allemagne et qu'Hajos était Hongrois. Immédiatement après la guerre Joe


Hajos retourna en France où il continua son travail pour le cinéma.
En 1950, il fit l’adaptatuion musicale de la musique d’Oscar Straus pour la
Ronde de Max Ophuls ; l’année suivante, Hajos participa à la composition de
LePlaisir, une production du même réalisateur. En 1954, il a présenté son travail
de film...Hajos était membre du comité des fêtes de Tramontane. Composant de
la musique de fil jusquen 1969, il décède en 1982.

Antonin HALAIS-PASCOAL †g MPFXg


Né le 16-04-1912 à Santo Estivao (Portugax) recrutemenx SBC (75) tué au combat
le 30 mai 1940 à Le Chesne Ardennes 08 France.
Isaac HAKIM
Né le 05-03-1905 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx Lyon 69)
Gabriel HALASZ
Né le 07-04-1897 à Hejdu-Bojarum (Hongrix) Recrutemenx SBC (75)
Abraham HALBER (Abraham-Hirsz HALBER, HIRSCH HALBER Avram, Antoine)
Né le 28-12-1903 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 6108 —>
HALBER (Abraham) 28-12-03, Varsovie (Pologne) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17
D’après le livre « Une enfance juive dans la tourmente au XXe siècle » d’Albert
Szyfman, Avram Hirsch Halber [HIRSCH HALBER Avram (Antoine)] qui se faisait
appeler Herschel né en 1903 à Varsovie s’est engagé au 21e R.M.V.E. et est resté
prisonnier pour la durée de la guerre au Stalag XII-F A1515.
Herschel qui survécut au combat se retrouva avec le Mle 7261 au Stalag XII situé
près de Forbach en Lorraine.
Le commandant Wurt du camp le fit convoquer après sa troisième tentative
d’évasion et lui déclara :
« Prisonnier Halber, je comprends que comme prisonnier, vous cherchez à vous
évader. Mais vous n’êtes pas comme tout prisonnier. Vous êtes Juif et si je déclare
677
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

otre dernière évasion, il y a des chances que vous soyez réclamé par les S.S. et
dans ce cas votre avenir est scellé. Aussi cette fois encore je ne le ferai pas. Mais
si vous recommencez, je serai obligé de le faire. »
Dès le début de la guerre, un camp de prisonniers de guerre français, le Stalag
XII F, était installé à Forbach, dans « la Chasseurkaserne » (caserne Guise) puis est
dissous à la date du 29 octobre 1944 (extrait de « La chronique du siège » de JC
FLAUSS). Le Stalag XII F de Forbach était tenu par le « Landesschutzbataillon 433
», une de ces unités formées de soldats de moindre qualité guerrière que l'on
n'envoyait pas dans les unités combattantes. C'est par un témoignage en 1968 du
« Landesschutzbataillon » 342 que l'on a quelques données sur le Stalag XII-F. Il y
aurait eu 136 « Arbeitskommandos » (« groupe de travail ») qui travaillaient hors
du camp.
Au 1er septembre 1943, 49.015 prisonniers de guerre étaient dénombrés dans
ce camp 23.623 Russes, 17 524 Français, 312 Belges, 2 623 Polonais, 4 923 Slaves
(Serbes, etc..) et 23 623 Soviétiques, soit un total de 49 015 prisonniers. Sur ce
total de prisonniers, 41 840 travailleurs et 7 175 qui n'étaient pas aptes et étaient
placés dans des lazarets.
Chaque prisonnier de guerre a un numéro matricule gravé sur une plaque de
métal qu'il devra toujours avoir sur lui. Chaque prisonnier gardera ce même
numéro, restera attaché au camp où il a été immatriculé à son arrivée en
Allemagne quels que soient les changements d'affectation ultérieurs.
Les prisonniers auxquels il restait un peu de vigueur étaient distribués dans les
villages et les fermes comme travailleurs agricoles.
Les prisonniers qui réussissaient à se retaper dans les fermes étaient envoyés
dans les mines à Creutzwald et à la Houve, d'autres démontaient les rails près de
fort de la ligne Maginot. Les plus faibles étaient condamnés à mourir. Tous les
jours une trentaine de cadavres étaient transportés dans des charrettes tirées par
quatre prisonniers qui les jetaient dans des fosses communes. Aux conditions
inhumaines de détention s'ajoutait le typhus par le manque total d'hygiène
réservée aux Russes. De peur de voir le typhus s'étendre à tout le camp, les
gardiens firent une vaccination préventive. Malgré cette épidémie, des
sentinelles allemandes continuaient à faire courir des Russes à travers champs
pour les tirer à mort comme du gibier. Ce camp était surveillé par une quarantaine
environ de soldats trop âgés pour le combat.
Ce n'est qu'après l'épidémie du typhus surmontée, que de nouveaux transports
de prisonniers soviétiques dans le Stalag XII F sont arrivés pendant l'été 1942 et
son nombre a augmenté constamment jusqu'en août 1944. Le nombre des
victimes qui sont décédées au printemps 1942 pendant les transports sur rail de
678
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

fièvre de malnutrition ne peut être estimé, car seulement les survivants ont été
enregistrés en tant que prisonniers du Stalag XII F.
Au 1er décembre 1943 total de 75.134 prisonniers de guerre parmi lesquels
23,623 Russes.
Au 1er septembre 1943, total de 49.015 prisonniers de guerre parmi lesquels
23.623 Russes.
Au 1er décembre 1943 total de 75.134 prisonniers de guerre parmi lesquels
28.013 Russes
Au 1er juin .1944 total de 76.516 prisonniers de guerre parmi lesquels 29.028
Russes.
Au 1er août 1944, total de prisonniers de guerre inconnu dans l'ensemble du
XII-F (Forbach). On dénombre un total de 29 346 prisonniers de guerre
soviétiques et 2 804 prisonniers de guerre polonais. Pour ce qui concerne les
autres nationalités, le nombre total est inconnu. Les prisonniers de guerre étaient
enfermés dans les nombreux camps de travail de la province de Westmark dans
des unités de travail, mais pas dans le Stalag XII F et ses camps pour aliénés. Les
prisonniers de guerre purement incapables de travailler et nouvellement arrivés
se trouvaient dans les hôpitaux militaires et les autres logements. L'exploitation
sans état d’âme de la capacité de travail des prisonniers de guerre dans des mines,
aciéries et les autres entreprises était le but premier de l'État nazi. Avec les
chiffres avérés d'occupation du Stalag XII F, il apparaît impossible, comme il est
affirmé en France, que 100 000 prisonniers de guerre soviétiques auraient été
exterminés dans le seul « camp de Russes » Johannis Bannberg. Cependant les
chiffres proviennent d'un magazine soviétique de juillet/août 1974. L’édition avec
les Nr.316-317 informe à la page 100 qu'en 1941, 44 320 prisonniers de guerre
soviétiques transitaient par le Stalag de Bolchen et parmi eux 35.000 étaient
assassinés par tortures ou exécutions. Cela ne concerne que le camp Johannis
Bannberg.
Ces indications sont complètement évasives, car le musée germano-russe de
Berlin-Karlshorst constate que tout au plus 1 million de prisonniers de guerre
soviétiques ont transité dans les Stalags du Reich. Seules les listes françaises de
Stalags sur Internet font encore mention d'une partie de camp du Stalag XII F dans
Bliesmengen-Bolchen, dans la Sarre. Là cependant, il n'y avait aucun « camp de
Russes » Johannis Bannberg.
À Bliesmengen-Bolchen les prisonniers de guerre russes aidaient dans les
fermes environnantes. Aujourd'hui, même et le service de recherche de la Croix-
Rouge à Munich et l’IKRK à Genève affirment qu’ils n'auraient aucune
connaissance de l'existence de ce camp bien que des dossiers soient disponibles
679
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

à ce sujet à l'archive fédérale Ludwigsburg et dans l'archive militaire Fribourg.


Forbach ayant subi un siège dévastateur de 105 jours avant sa libération, le 14
mars 1945, la caserne Guise a été endommagée de sorte que peu de bâtiments
ont pu être réhabilités.
Remerciements à Mr Guy KOENIG. Service des Archives de Forbach.
Le stalag XII F a déménagé plusieurs fois : Stalag XII F Saarburg Sarrebourg
Frankreich 11.1940-5.1941.
Stalag XII F Bolchen /Boulay Boulay-Moselle Frankreich 5.1941-10.1943.
Stalag XII F Forbach Forbach Frankreich 10.1943-11. 1944.Stalag XII F Freinsheim
Freinsheim D (Rheinland-Pfalz) 11.1944-3.1945.
Kommandanten des Stalags XII F :
Oberst August HORSCHELT.............................................. 09.02. 1941
Oberstleutnant Dr Fritz GERLOFF.................. 10.02. 1941 - 21.06. 1942
Oberst Walter DITTLER................................ 22.06.1942 - 31.01. 1943
Oberstleutnant Dr Fritz GERLOFF................. 01.02. 1943 - 31.07. 1943
Oberst Johannes KLEIN............................... 01.08. 1943 - 31.03. 1944
Oberst August CLÜVER................... ............ 01.04. 1944 - 31.03. 1945
Isaac HALEGUA
Né le 25-12-1917 (Grècx) Recrutemenx Lyon 69).
HALEVY Isaac
Surnommé « Le Serbe » selon Jacques Assael (SerbiX) Recrutemenx i.
==Isaac HALFON
Né le 06-03-1913 (Grècx) Recrutemenx SBC (75).
Robert HALIFA
Né le 01-07-1907 à Smyrne (Turquix) Recrutemenx SBC (75) —> HALIFA (Robert)
1-5-07, Smyrne (Turquie) 2' cl. 21' R. I. Liste N 17.
Nackmann HALPERN
Né le 22-08-1908 à Julkier (Polognx) Recrutemenx SBC (75)
—> HALPERN Nachmahn, 15-7-02, Glinsko, Slovénix 2’ cl. 21' R.I.E. 190
Recrutemenx. List 56.
Arthur HAMEL
Né le 19-01-1911 à Grand Fontaine (Suissx) Recrutemenx Belfort (90).
Jacob HANAN
Né le 01-05-1907 à Cetatia Alba (Roumanix) Recrutemenx SBC (75)
Georges HANTZBERG
—> HANTZBERG (Georges) ŸFDX 16-6-14, Cormes Sarthes, serg. -chef, 21e R.I. List
17.
Victor HARITONOFF
680
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 03-09-1901 à Novvo-Moskousk (Russix) Recrutemenx Toulon (83).


André HARO
Né le 20-10-1906 à Jardin-Alcaraz (Espagnx) Recrutemenx Pau (64)
Richard HASDAY ❤
Haim Richard. Né le 11-01-1912 à Stamboul (Turquix) Recrutemenx SBC (75).>1e
B.M.V.E. FFI, 4 médailles. Dcd 1983.
Victor HASDAY
Né le 20-09-1918 à Au Caire (Égyptx) Recrutemenx SBC (75). Message de Marcel
Hasday, fils de Richard Hasday mai 2019 : « Mon père l’a connu en Syrie en temps
qu’engagé volontaire et c’est un cousin éloigné de notre famille. Je l’ai connu à
Paris, puisque mon père l’a revu après la guerre avec son frère Maurice. Le
surnom de Victor était Jimmy et il était très ami avec mon père. Jimmy a été marié
et vivait à Marseille; ils ont eu une fille Danny qui vit à Paris et je l’ai invitée à la
première fête des Hasday que nous avons organisé en 2011. Elle est venue et a
été ravie, car elle pensait qu’elle était la seule en France à porter ce nom.
Étienne HASLINGER
Né le 18-11-1910, Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 3790 —>
Haslinger (Étienne) 18-6-10 Budapest, 2e cl. 21e R.M.C.R. Liste N 56.
Irax HASSID (Marcel) ou Max
Né le 09-07-1911 (Grècx) Recrutemenx SBC (75) —> HASSID (Max) 9-7-11,
Salonique (Grèce) caporal 21' R. I. Liste N. 17. Marcel Hassid portait sur le bras un
tatouage de déportation selon J. Assael. §d Libéréx.
Szulim HAUSBERG ❤ G.R. 16 P 287125
HAUSBERG, Serge ou Sacha né le 23.04.1911 Starczów POLOGNE (Polognx)
Recrutemenx SBC. —> HAUSBERG (Sacha) 23-4-11, Starjkoff (Russie) 2' cl. 21' R.I.
Liste N 17. Citation à l’ordre du Régiment : Hausberg Serge (FFI). Prisonnier libéré
affecté en qualité d’interprète à l’infirmerie du fort de Queuleu (près de Metz) a
organisé les évasions de nombreux soldats français. Par son attitude courageuse
a permis de faire libérer dans les plus brefs délais plusieurs dizaines de sanitaires
« A bien mérité de la France. Cette citation complète l’attribution de la croix de
guerre avec étoile de bronze.
Ojzer HAUSSMANN
Né le 10-06-1906 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> HAUSSMANN
(Ojzer) 10-10-06, Varsovie Pologne 2e cl. 21. R.I.V.E Liste N 17.
Cyriac HAVEZ
Né le 04-12-1918 à Angre (Belgiqux) Recrutemenx Valenciennes (59) —> HAVEZ
(Sinac) 4-12-08, Ancre (Belgique) 2' cl. 21e R.I St. XI A. L N 44.
Adalbert (Bela) HEGEDUS †g MPFXg
681
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 17-10-1910 à Kispest (Hongrix) recrutemenx SBC (75) Mle 5851, tué à


Bazancourt 08 Ardennes Fr. Éclats d’obus le 25-05-1940.
==Stéphane HEGEDUS (Étienne ou Istvan Hegedüs-Nagy)
Né le 21-02-1908 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —> HEGEDUS
(Stéphan) 2-9-10, Budapest (Hongrie) 1' cl. 21' R. I. Liste N 17 Passé du 22e au 21e
Décédé le 9/5/1975 à Caen. Il s’évadera du Fort de Queuleu...,
Message reçu d’Édith PAZMANY 25, impasse du Petit Sergent 85200 — Fontenay-
le-Comte — France « Je suis la fille de HEGEDUS le Tailleur. » Message reçu le
12/10/ 2017 : « J'ai passée toute mon enfance entourée des familles Dési,
Mandel, Stefko, fidèles amis de mes parents. Il régnait entre eux une atmosphère
rassurante et sincère ils étaient liés comme frères et sœurs. Paul Dési, et moi,
sommes nés en 1947 et sa sœur Liliane en 1952. Nous étions les plus jeunes du
groupe, les autres enfants étaient nés avant et pendant la guerre. Je pense qu'il
n'y a aucun problème avec ces familles pour communiquer des informations.

Stéphane Hégédus Étienne(Istvan) et Hélène (Ilona) Hegedüs Nagy


Certains m’ont dit, que j'en savais plus qu’eux, car leurs pères étaient assez
discrets sur ces passages douloureux de cette époque. Nos familles étaient toutes
installées à Vincennes : Steflo, en face de chez nous. François Stefko est né en
Westphalie en 1907 et décédé le 22/O6/1989 à Paris. Il avait deux enfants
: Françis et Annie nés avant la guerre. Il était tourneur fraiseur. La famille
Mandel habitait à deux rues de chez mes parents. Ladislas Mandel, artisan
fourreur, a eu deux enfants, André, né avant la guerre et Georges Frédéric dit
Freddy né pendant la guerre. Mes parents les ont hébergés chez nous pendant
quelques jours, au moment de la rafle du Vel d'Hiv, 16 et 17 juillet 1942, Freddy
avait 6 mois. Triste période, car ma maman née en 1913 à Budapest est décédée

682
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

le 24/ 08/1963 à Vincennes, madame Dési en décembre 1963 et monsieur


Mandel début 1964. Chez nous mes parents ont eu deux filles Hélène, née à Paris
le 17 janvier 1937 décédée 10/10/2014, et Édith, donc moi-même, née à Paris le
24 Janvier 1947, mon père était tailleur. Les Dési habitaient à deux kilomètres de
chez nous ! je pense que Paul vous aura donné plus d'informations sur les
dates… » Édith Pazmany-Nagy, née en 1947, est donc la fille de Stéphane Hégédüs
et d’Ilona (Hélène) Szanto. Fille ainée du peintre Lajos (Louis) Szanto 1889-1965)
Ilona Szanto est née en 1913 à Budapest et est décédée en 1963 à Vincennes.
Lajos Szanto est donc le grand père maternel d’Édith Pazmany Nagy.
Bernard HEILBUZ
Né le 25-08-1906 à Szatmar (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 14699 —>
HEILBUSZ (Bernard) 8-8-06, Satinai-, 2' cl. 21' R. I. Liste N 17.
Théodore HEIMGARTNER
Né le 20-08-1905 à Abenvil (Suissx) Recrutemenx Perpignan (66). Voir
Heimgartner sergent convoi Pold...
Joseph HELD alias Schuck ❤ G.R. 16 P 288680
HELD, Joseph Maurice Né le 09-04-1909 à Menor Hongrie ou Monor (Roumanix)
Recrutemenx Larochelle (17).
Israël HELDMANN
Né le 13-05-1909 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 11914. N V avril
1947 : livret militaire
Simon HELLER †g MPFXg
Né le 17-06-1907 à Riga (Lettonix) Recrutemenx SBC (75). Mort le 14-06-1940 à
Sainte-Menehould. Tué au combat Nécopole Sainte-Menehould.
==X…HELLER
Noté prisonnier rentré dans le bulletin Tramontane. IDTMX Recrutemenx i 8
choix...
Caïm HELLER ou Haim Heller alias Celler †d MPFXd.
Né le 23-07-1911 à Divinsk (Lithuanix) RMVE) recrutemenx SBC (75) Matricule
1982.HELLER DIT GELLER Haim né le 23/07/1911 à DVINSK déporté par le convoi
n° 33 le 16/09/1942 de Drancy à Auschwitz. Déportés 1003. Gazés à l’arivée 856.
Survivants 33.
Chaim HELMER
Né le 15-08-1907 à Zychlim (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> HELMER (Chaïm)
15-8-07, Zchlyin, 2' cl. 21' R. I. Liste N 17.
Mayer HEMCHAON
Né le 14-06-1906 à Smyrne (Turquix) Recrutemenx SBC (75)
.==Angelo HENAREJOS
683
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 11-03-1914 à Carthagène (Espagnx) Recrutemenx Bourg-en-Bresse (01)


Engagé le 23/01/1940 —> HENREJOS (Angelo) 11-5-14, Murcia (Carthagene)
Espagne. 2e cl. 21e R.I. Liste N17. (À passé par le 23e).
Robert HENGEN
Né le 08-02-1907 à Arlen (Luxembourx) Recrutemenx SBC (75).
Roger HENNU
—> Roger HENNU, ŸFDX 3-5-13, Puteaux, Sergent 21e R.I. Liste N17.
Antonio HENRIQUES
Né le 28-02-1906 à Cabril (Portugax) Recrutemenx Moulins (03).
Henri Léonard Fernand HENROTEAUX †g MPFXg
Né le 25-05-1914 à Grivegnée (Belgiqux) Recrutemenx Valenciennes (59) Mort le
09-06-1940 (Chatillon sur Bar, 08 - Ardennes, France). Tué au combat.
Gaston HENRY
Né le 01-06-1909 à Corbion (Belgiqux) Recrutemenx Charleville-Mézières (08) —
> HENRY (Gaston) 1-6-09, Corbion, 2' cl. 21' R.E. St. XI A. Liste N 44.
==Boruch HEPNER
Né le 18-06-1909 à Zelichow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 11478 —>
HEPNER (Boruch) 6-7-09, Zelochaw (Pologne) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.1re section
10e Cie 3e bataillon. (Liste du capitaine Duvernay). N V avril 1947 Livret militaire
Bernard Hepner.
Isaac HERCBERG
Né le 16-11-1906 à Tjszowice (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 1742 —>
HERCBERG (Jacques) 16-11-06, 2' cl. 21' R.I. St. XII A. Liste N 68. 3e section 10e Cie
Disparu depuis La Grange aux Bois (Document Duvernay).
André HERCZOG
Né le 11-03-1914 à Carthagène (Espagnx) Recrutemenx Bourg-en-Bresse (01)
Détail engagé le 23/01/1940
HENREJOS (Angelo)
—> HENREJOS (Angelo) 11-5-14, Murcia (Carthagene) Espagne. 2e cl. 21e R.I. Liste
N17. (À passé par le 23e).
Rubin HEREMBERG
Né le 05-01-1911 à Wohyn (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 5493 —>
HEREMBERG (Rubin) 5-1-11, Wohyn (Pologne) 2' cl. 21' R. I. Liste N. 17. Le 24
septembre 1938, vers 23 heures 30, Rubin Heremberg quitte la terrasse d’un café
du boulevard Saint-Martin (Xe) et rentre chez lui. Il est alors interpellé, emmené
au poste de police de la rue Hittorf, battu jusqu’au matin et mis au cachot. Le 26Il
est transféré à la Santé où il est à nouveau maltraité. Il n’est libéré que le samedi
suivant 1er octobre à 19 heures. Ausculté le lendemain, le médecin lui délivre un
684
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

arrêt de travail de quinze jours. Arrêté en même temps que Heremberg, Michel
Semulewicz subit le même traitement. Transféré lui aussi à la Santé, il est inculpé
pour « provocations militaires à la désobéissance » [24] LICA. Marié à une
Française et père d’une petite fille française, le voilà en outre frappé d’un arrêté
d’expulsion.
==Siegfried HERMANN
Né le 02-07-1911 à Leipzig (Allemagnx) Recrutemenx SBC (75).
Grégorio HERMASO
Né le 03-05-1915 à Minas de Rio (Espagnx) Recrutemenx Lyon (69).
Rubin HERMEBERG
Né le 05-01-1911 à Wohjn (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Antoine HERNANDEZ †g MPFXg
Né le 02-02-1903 à La Palma (Espagnx) Recrutemenx Lille (55) Décédé le 27-05-
1940 des suites de blessures (Vienne le Château, 51 - Marne, France)
Hermogene HERNANDEZ †g MPFXg
Né le 02-08-1914 à Cabezs del Villar (Espagnx) recrutementx Bordeaux 33) tué au
combat le 8 juin 1940 à Châtillon-sur-Bar. O8 Ardennes Fr.
Armando HERNANDEZ OLLERO
Né le 10-12-1905 à Madrid (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Ernest HERR
Né le 02-09-1905 à Mutsig (Allemagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
==Itic HERS (ou Itir HERS)
Né le 15-05 1906 à Botosani (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> HERS (Itic) 15-
5-06, Botosani (Roumanie) 2' cl. 21' R I. Liste N 17. 3e sect- 10e Cie (3ebataillon).
Mordka HERSCHBAUN (ou Norska HERSCHBAUM)
Né le 10-01-1897 à Tomaskow Polognx Recrutemenx SBC (75(--->List 31).
==Mendel-Nathan HERSCOVICI
Né le 04-12-1897 à Negresti (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Décédé 1966.
==Szmul HERSZHORN (ou HERSHORN)
Né le 05-12-1915 à Skarzysko (Polognx) Recrutemenx Valence (26). Naturalisé
avril 1947 N.V.) Appartenait à la 2e section de la 10e Cie. Noté disparu depuis
Neuville (Duvernay).
==Rachmil Layser HERSZENHORN
Né en 1906 à Peastri (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 1573. Aussi De la 2e
section 10e Cie porté disparu dans document Duvernay.
Benjamin HERSZKORN
Né le 15-05-1911 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Abram HERSZKOWICZ
685
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 14-02-1909 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 5535.

HERSZKOWICZ N V 1951 :
Citation à l’ordre de la Division : Soldat d’un courage remarquable. A été
grièvement blessé à son poste lors des combats livrés en juin 1940 près du village
des Petites-Armoises. Citation comportant l’attribution de la Croix de Guerre avec
étoile d’argent.
Hers HERSZTENZANG †d MPFXd ❤
Né le 02-05-1915 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 540.
HERSZTENZANG Hers né le 02/05/1915 à VARSOVIE déporté par le convoi n° 18
le 8-12/08/1942 de Gurs à Auschwitz. Profesion tailleur. Résistance en ARIÈGE.
Déportés 1007. Gazés à l’arrivée 705. Survivants 10.
Eugène HERTEL
Né le 23-10-1904 à Blainpalais (Suissx) Recrutemenx Versailles (78) —> HERTEL
(Eugène) 23-10-04, Brain, cap. 21' R.I St. XI A. Liste N 44.
Max HERTZ (Max HERC (ou HERZ Ou HERTZ))
Né le 30-09-1920 à Altona (Allemagnx) Recrutemenx SBC (75) Mle 8048. —>
HERTZ (Max) 30-11-20, Altona (Allemagne) 2' cl. 21' R. I. V. E. Liste N 17
Eerwin HEYDMAN
Né le29-9-12 à Dobersault Allemagnx Recrutemenx Fort de Vancia (69).1re sec.
10e Cie. Disparu aux Vignettes selon Doc. Duvernay.
Auguste HIDALGO
Né le 14-12-1912 à La Seca (Espagnx) Recrutemenx Mont-de-Marsan (40) —>
HIDALGO (Auguste) 14-12-12, Seca (Espagne) cap. 21' R. i. V. E. Liste N 17.
Aurélio HIDALGO
Né le 26-07-1907 à Obregon (Espagnx) Recrutemenx Versailles (78).
Félix HIDALGO
Né le 20-06-1922 à La Seca (Espagnx) Recrutemenx Mont-de-Marsan (40) —>
HIDALGO (Félix) 20-6-02, La Seca (Espagne) 1' cl. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
Antoine HIERSOCHFELD
Né le 18-12-1916 à Szegech (Hongrix) Recrutemenx i.
Jean Jacques HILLICH ?
Fishel HIMBAD
Né le 16-06-1902 à Dvinsk (LettoniX) Recrutemenx SBC (75) Mle 6556 —>
686
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

BIMBAD (Fischel) 16-6-02, Dvinsk, Lettonie, 2' cl, 21' RI. Liste N 17. Engagé
volontaire au 21e R.M.V.E., Fischel Bimbad fut prisonnier de guerre au Stalag XII D
à Trèves. Naturalisé N.V avril 47. Sa femme, Léa, âgée de 39 ans fut emmenée en
déportation par le convoi du 2 mai 1944 avec ses deux filles, Madeleine le 14 juin
1930 à Paris, Denise née le 9 février 1936
http://memoiresdesdeportations.org/fr/video/mon-pere-ete-casse-par-la-
deportation?temoin=1370 Bimbad-Schumann Denise : Denise née le 9/12/1936
est la soeur de Madeleine Bimbad Bolla née le 14/6/1930. Leur père Fischel,
d’origine lettonne, arrivé en France dans les années 1920, s’engage dans l’armée
française à la déclaration de la guerre. Il est incorporé dans le 21 e régiment de
marche des volontaires étrangers. Fait prisonnier, il est envoyé au stalag XII D à
Trèves en Allemagne. Avant l’armistice, pendant l’exode, leur mère et les deux
filles aboutissent à Lourdes où elles résident avant de retourner à Paris. Elles
subissent les persécutions antisémites, mais échappent aux rafles. Le 22 janvier
1944, la police française les arrête. Elles sont internées au camp de Drancy. Le 2
mai 1944, Madeleine, Denise et leur mère Léa, âgée de 39 ans, sont déportées
au camp de concentration de Bergen-Belsen. Évacuées avec leur mère quelques
jours avant la libération du camp par convoi ferroviaire vers le camp de
Theresienstadt, elles sont libérées après 13 jours d’errance par l’armée
soviétique à Tröbitz le 23 avril 1945.
==Antonio HIPOLITO
Né le 06-12-1909 à Faro (Portugax) Recrutemenx SBC (75).
Samuel Hirsch HIRSCHBERG
Né le 15-05-1897 à Skole (Polognx) (RMVE) recrutemenx SBC (75) Probablement
Sgr-C Adjudant de 9e Cie 3e bataillon « Hinschberg » (Modéna...).
Antoine HIRSCHFELD
Né le 18-12-1916 à Szegeh (Yougoslavix) Recrutemenx SBC (75) —> HIRSCHFELD
(Antoine) 18-12-16, Szcgeck, 2' cl. 21’ RM. Stalag XIA. List 45.
Thibaud HOCHMANN
Né le 25 ou 28-08-1906 à Zsvlna ou Zsolna (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle
2918. 6e Cie. (S’agirait-il de Zsolnay en Hongrie ?)
Naftali HOCHWALD
Né le 19-01-1913 à Ulanco (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> HOCHWALD
(Naftali) 19-1-13, Wlanow, 2' cl. 21' R. I. Liste N 17.
Mordha HODAC †g MPFXg
Né le 14-03-1906 à Tighina (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 2830. Mort le
15-06-1940 (Ste Menehould, 51 - Marne, France).
Elman René HOELTZER
687
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 26-12-1906 à Moscou (Russix) Recrutemenx SBC (75.


Ede HOFFMAN
Né le 17-09- 1905 à Kombs (Hongrix) Recrutementx Arras (62) —> HOFFMAN
(Édouard) 17-9-05, Kpmlo (Hongrie) 2e Cie. 21e R.I. Liste N 17.
Eissig HOFFMAN
Né le 16-09-1912 à Bochnia (Polognx) Recrutemenx (Pau)64).
Ladislas HOFFMAN
Né le 07-10-1918 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —> HOFFMAN
(Ladislas) 17-10-18, Budapest (Hongrie) cap. 21' R.M. St. XI A : Liste N 44.
Eugène HOLLANDER
Né le 11-01-1908 à Hnedin (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> HOLLANDER
(Eugène) 11-1-08, Huedin (Roumanie) 2' cl. 21'R.I. Liste N 17.
==HOLMAR
(Hongrix) Recrutemenx SBC (75) né à Budapest ; deux possibilités : Alexandre né
le 20-12-1910 Mle 3786 et Charles 05-02-1914 né le 5-2-14 Mle 8858.
Jean HOLUB
Né le 15-1910 à Belgrade (Yougoslavix) Recrutemenx SBC (75).
Israël Jacob HONIG
Né le 18-10-1908 à Radomysl Vielky (Polognx) Recrutemenx Belfort (90) —>
HONIG (Israël) 18-10-08, Radomysl (Pologne) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Cyma HONIGMAN
Né le 26-12-1906 à Sosnovice (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 11427 —>
HONIGMAN (Cyna) 26-12-06, Sosnowice (Pologne) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Moszek HONIK †g MPFXg
Né le 25-12-1907 à Przytyk (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 5592. Tué à
l'ennemi. Éclat d’obus. Date du décès : 04/06/1940. 08 —Ardennes. Les Petites-
Armoises.
Albert HONNUBIA
Né le 02-08-1902 à Madrigueras (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Charles HOPPELER
Né le 12-04-1911 à Olton (Suissx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3852 —> HOPPELER
(Charles) 12-4-11, Olleri (Suisse) cap. 21' R.M, St. XI A. Liste N 44
Abram HOPENSZTANDT
Né le 16-01-1911 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 298 —>
HOPPENSTAND (Abram) 16-1-11, Varsovie, 2' cl. 21'R.M. Liste N 17.
Simon HORNSTEIN
Né le 25-11-1918, Paris, aspirant 5e Compagnie —> HORSTEIN (Simon) ŸFDX 25-
11-18, Paris, asp. 21e R.E. St. VI D. Liste N 75 Stalag. XII D
688
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Edoard HOSSEPIAN
Né le 02-01-1906 à Istamboul (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Camille HOUBAILLE❤ R 16 P 296345
Né le 12.11.1906 Saint-Aubin (Belgiqux).) Recrutemenx Charlev--Mézières (08).
Eugène Jean Charles HOUTARD
Né à Paris le 18/1/1915 ŸFDX 15 juin 1940, section du Lt Houtard, 2e Cie, détachée
à Longchamps-sur-Aire pour appui de batterie antichar de division. On ne la
reverra plus. Signalé à Vézelise M et M (hôpital ?) le 21/10/40 ?
Dimitri HOUTNIK
Né le 22-09-1901 à (Ukraine) (Russix) Recrutemenx Perpignan (66).
Georges HRABOVSZKY
Né le 31-05-1915 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75). —> HRABOVSZKI
(Georges) 31-5-15, Budapest, 2' cl., 21' R.M.V.E. St. XII A. List 59.
Jankiel HUBERMANNé le 10-08-1900 à Kozienice (Polognx) Recrutemenx SBC (75)
Robert HUDÉ—> HUDÉ (Robert) ŸFDX 25-11-08, Serville, serg. -c., 21’ R.M.CA 1
190. List 56.
Maurice HUGUET
—> HUGUET (Maurice) ŸFDX 23-11-11, Versailles, m. l. 21' RMV.E St. XI A. Lis 44.
Israël HULAK
Né le 01-12-1913 à Tomaszow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3628. —>
HULAK (Israël) 1-12-13, Tomazov (Pologne) 2' cl. 21' R. M. V. E. Liste N 17. Cité par
Léon de Rosen : « 27 juin 1940 : Avec l’adjudant Michel, nous couchons dans cette
chambre du fort (Saint-Vincent) un peu moins humide que les caves, Michel,
Gattegno, Hulak et moi… Hulak, un grand garçon incolore et dévoué…
l’Ordonnance de l’adjudant Michel… » « 16 octobre 1940 : Hulak repris dans le
train de Paris… »
Georges HULOT—> HULOT (Georges) ŸFDX 14-3-12, Bois-Colombes, serg. 21e R.I.
St XI A. List 44.
Robert Vital HULPIAUX †g MPFXg
Né le 04-04-1907 à Charleroi (Belgiqux) Recrutemenx Valenciennes (59) Tué au
combat le 09-06-1940 (Petites-Armoises, 08 Ard-, Fr.) 08 Floing Nécropole
nationale.
Duarte HURTADO ou José HURTADO DUARTE
Né le 17-12-1905 à Quinto (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
==Arthur HUSCHAK ❤ G.R. 16 P 299716
HUSCHAK, Arthur. Autrichien E.V.D.G. Recrutemenx SBC (75) officier ; né 23
février 1903 Kolomea/Galicie, (Polognx) mort. Juin 1971, Klagenfurt.
Cheminement : En Autriche, Militaire, Augsburg. En France : 1939 ; en Allemagne
689
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

en 1940 ; 1941 France ; Allemagne 1944 ; 1945 France ; 1947 Autriche. Il est le
fils du colonel Jonas Huschak. Il étudie à la Grande école militaire secondaire de
Marburg (Maribor, en Basse Styrie), Slovénie et établissement d’enseignement
d’état (Staatserziehungsanstalt) de Traiskirchen Basse-Autriche, à partir de 1922
comme soldat professionnel ; après avoir terminé le cours de l'école de l'Armée
Enns /Haute Autriche : lieutenant en 1926, lieutenant capitaine en 1930,
capitaine en 1936. Finalement, déclassement à Klagenfurt en avril 1938 ; suite à
l’Anschluss du 12 mars 1938, et mise en retraite forcée en mai 1938 ; àl'été 1939,
en raison de la menace d'une arrestation, il fuit vers la France via probablement
la Hollande. Son père né le 6 juillet 1868, colonel dans un régiment de montagne
(Gebirgschützen Regiment) converti au catholicisme avait repris la religion de ses
ancêtres en protestation contre l’Anschluss. Il est resté à Klagenfurt et y est mort
en 1939. La femme d’Arthur était catholique et était restée aussi à Klagenfurt.
Septembre 1939 : passage d’Arthur au stade Yves-du-Manoir de Colombes et
internement au camp de Meslay-du-Maine (Mayenne). Volontaire E.V.D.G. SBC
(75) dans l’armée française. Examen d’officier au printemps 1940 à Rennes ;
affectation comme sous-lieutenant réserviste de la région Béziers-Perpignan, fin
avril. Appartenant au 21e R.M.V.E., il est blessé le 14 juin 1940 (éclat de
Minenwerfen) et fait prisonnier ; il peut se faire passer pour un soldat français
s’appelant Jean Pierre Oudry. Envoyé à Görlitz/Silésie, affecté à un Kommando de
travail à Kohlenrevier Waldenburg/Silésie. Avec la complicité de médecins
français, retour dans le midi de la France comme invalide de guerre. D’abord
séjour à l’hôpital, puis veilleur de nuit dans un camp militaire à Toulouse. À
l’été 1944, arrestation par la Gestapo, détention en prison à Toulouse et envoi au
camp de Buchenwald. HUSCHAK Arthur né le23/02/1903 déporté par le convoi
n° 81 le 30/07/1944 à Buchenwald. En mars 1945, il est libéré par les troupes
américaines. Évacuation par Lipperode/Westphalie. Retour à Toulouse, affecté
vers Paris, capitaine de l’armée française. Jusqu’en 1947, participe avec Karl Hartl
à un travail de premier plan — concernant le triage et le retour des prisonniers
de guerre autrichiens. Et à l’organisation d’un bataillon de volontaires autrichiens,
qui par la suite sera utilisé dans le service frontalier au Tyrol. En février 1947, il
est démobilisé et retourne en Autriche. Agent contractuel, puis fonctionnaire à la
direction financière de Klagenfurt, il est rappelé en août 1956 dans les Forces
armées autrichiennes, lieutenant-colonel ; jusqu’en 1958, commandement pour
la Corinthie ; de 1958 à 1966, grade de colonel pour la Basse Autriche. De 1966-
1968, détaché complémentaire au ministère de la Défense nationale. 1967,
avancement au grade de Brigadier. Janvier 1969 ; pensionné. Plusieurs
décorations militaires françaises. En 1964, Décoration or pour services rendus à
690
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

la République et aux Forces armées autrichiennes 3 KI ; 1965, Légion d’honneur


pour service au Land de Basse Autriche, 1968, Légion d’honneur pour service à la
république autrichienne. 1970, décoration des Forces armées autrichiennes 1 et
2 KI. Ainsi que barrette décoration des Forces armées autrichiennes. Décès en
1971. La biographie d'Arthur Huschak se trouve dans le livre "Politik, Wirtschaft,
Öffentliches Leben" publié par Werner Röder, Herbert A. Strauss Spiegel,
Résistance ; ISÖE.QU : Arch. Publ. Z. – IfZ. Le sous-lieutenant Arthur Huschak
appartenait à la 5e Cie du 21e R.M.V.E. Sur l’organigramme que m’a fourni le fils
du capitaine Félicien Duvernay, il le signale avec une croix ce qui signifie mort ( !)
Il est noté aussi mort !) en 1944 sur le mémorial juif ! On peut supposer que le
prête-nom Jean-Pierre Oudry lui est venu du sous-lieutenant Pierre Odry qui était
avec lui à la 5e Compagnie (2e Bataillon) du 21e R.M.V.E. Mémorial de la
Déportation : Transport parti de Toulouse le 31 Juillet1944 (I.252): 69287 (Bu)
HUSCHAK Arthur M 23.02.1903 Kolomea (?) F ? R. §d Libéréx.
==Léon ICHBIAH
Né le 13-03-1917 à Barcelone (Espagnx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3640.
Wolf ICIK
Né le 05-05-1913 à Wiernszew (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> ICIK (Wolf) 5-
5-13, Wicruszow (Pologne) 2e cl. 21e R.I. Liste N 17.
Schabay IDRIS
Né le 15-12-1902 à Luzat (AlbaniX) Recrutemenx Thionville (57).
==Angel IGLESIA MAYORDOMO
Né le 17-08-1917 à Cáceres (Espagnx) Recrutemenx Pau (64) —> IGLESIAS
MAYORDOMO (Angel) 17/8/17, Casas de Don Antonio Cáceres, 2' cl. 21' RI.
140.Liste N 34. Déporté, arrivée du 08/08/1941 à Mauthausen venant du
Frontstalag 141 Vesoul, Mle 4008-IGLESIAS MAYORDOMO Angel né le 17.08.1917
à Casas d'Antonio. §d Libéréx le 05.05.1945 à Mauthausen.
Manuel IGLESIAS
Né le 30-10-1912 à Salamanca (Espagnx) Recrutemenx Versailles (78) —>
IGLESIAS (Manuel) 30-10-12 Salamanque, Espagne 2e cl. 21e R.I. Liste N 17.
Savas ILIANNé le 8-7-1910 à Sviaggros (Grècx) Recrutemenx Grenoble (38)
engagé le 23-10-39 —> ILIEN (Savas) Sanson, Turquix, ! 2e cl. 21e R.I. Liste N 17.
Venu du 22e.
Louis IMBACH❤ G.R. 16 P 301238 IMBACH, Louis François 28.06.1913 Nancy
Meurthe-et-Moselle. —> IMBACH (Louis) ==, ŸFDX NÉ LE 28-6-1913, Nancy (M.-
el-M.) lieutenant. 21' R.M.V.E. 160. Liste N 19 et 28. Il appartenait à la
CDT Compagnie de Commandement dirigée par Billerot. Habe raconte : « … Le
colonel décida qu’il fallait poser des mines entre nous et l’ennemi. Imbach, le
691
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

lieutenant alsacien, reçut la mission de rassembler un groupe d’hommes pour


cette dangereuse mission… Imbach portait le casque que son père avait porté à
la Grande Guerre, c’était un casque allemand… » Habe encore : « … (à Mécrin à
dix kilomètres deCommercy, le 16 mai) Imbach, le lieutenant alsacien était assis
dans le bureau du postier et écrivait une lettre quand je lui rapportai ce que j’avais
entendu dans la rue. — Si c’est le cas, dit-il, je vais juste adresser ma lettre à la
Croix-Rouge à Genève, et il continua d’écrire. » Une heure plus tard, nous partions
vers Commercy malgré tous les bobards qui circulaient.
Wladimir IMONDSKY
Né le 09-02-1909 à Kharkov (Russix) Recrutemenx SBC (75). IMOUDSKY
Observateur au 21e R.M.V.E. Hans Habe rapporte l’arrivée le soir du 12 juin à
Vienne-la- Ville dans une maison que ses habitants venaient juste de quitter :
« Imoudsky qui n’était pas seulement un peintre reconnu, mais aussi un cuisinier
expérimenté, découvrit qu’un rôti de veau était dans le four du poêle.
Apparemment, la famille était à préparer le souper quand elle avait été effrayée
par quelque rumeur et avait quitté précipitamment la maison. Le rôti était brûlé,
naturellement… » Est-ce Imondski cité ci-dessus ?
INCONNU IDTMX †g MPFXg
Caporal 21e R.M.V.E. tué (7 ?) mai 1940 Nécropole Sainte-Menehould
recrutemenx i.
INCONNU FRANÇAIS IDTM †g MPFXg
Légionnaire - 21e R.M.V.E. Mort le 27/05/1940 1939-1945 08 - Floing -
Nécropole nationale. Recrutemenx i.
==Simon INOWROCLAWSKIEGS
Né le 06-06-1906 à Bafin (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> INOUVROCLAWSKI
(Simon) 6-6-06, Bofin. (Russie !) 1re cl., 21° R.I. Liste N 20.
Charles IRITZ
Né le 23-10-1916 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5776. —> JRITZ
(Caries) 23-10-16, Budapest, 2' cl. 21’ R.M.V.E. St. VII A. Liste N 93.
== Joseph Salomon ISACOVICI
Né le 13-02-1904 à Bucarest (Roumanix) Recrutemenx Versailles (78).
Abraham ISLER †d MPFXd
Né le 12-09-1898 à Rzdzianow (Polognx) Recrutemenx Bourg-en-Bresse 01). Isler
(Abraham) né 12/9/98, Rzedzianowice, Né en Rzedienwle en 1898. Déporté par
le Convoi 11, Train D 901-6 de Drancy, à Auschwitz Birkenau, le 27/07/1942. Dcd
15/8/42. Déportés 1000. Survivants 11 ou 12.
Nicolas ISSAIAS alias Eixyis
Né le 01-09-1913 à Athènes (Grècx) Recrutemenx SBC (75) Mle 7727 —>
692
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

ISSAIAS (Nicolas) 8-9-13, Athènes (Grèce) 2' cl. 21’ R.M.V.E. St. IV B. Liste N 69.
Appartenait à la 4e section de la 10e Cie (3e bataillon). Porté disparu depuis
Vaucouleurs (Capitaine Duvernay).
Louis Joseph ISTACE
Né 14-04-1921 à Paliseul (Belgiqux) Recrutemenx Châlons-en-Champagne (51) —
> ISTACE (Louis) 14-4-21, Paliseul (Belgiq.) cap. 21' R.M.V.E. 121. Liste N 33.
Alfred ITEN
Né le 02-06-1911 à Paris (Suissx) Recrutemenx SBC (75).
Avrani ITIC
Né le 15-02-1906 à Bucarest (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
Simon ITIC
Né le 08-05-1913 ou 1918 à Jassy (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) St IV C.
Francisco IVERNON RUBI
Né le 11-03-1909 à Lubrin (Polognx) Recrutemenx Mautauban (82).
Moszek IZRAELSKI

M IZRAELSKI NV juin 1961 p 4


Né le 09-06-1906 à Zloczen (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 5562.
Samuelis IZRAELOVICIUS ou ISRAELOVICIUS
Né le 24-09-1912 à Karalioncius (Lithuanix) Recrutemenx Epinal (88) 7eCie.
Albert JACHIMOWIETZ
Né le 04-08-1909 à Brzezni (Polognx) Recrutemenx Vincennes (94).
==Omer JAECQUES
Né le 04-09-1910 à Clerkem (Belgiqux) Recrutemenx SBC (75).
Abraham Albert JAFFE
Né le 10-10-1916 à Kiew (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Karol JAKOBSKIND
Né le 16-12-1901 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Henri JAKUBOWICZ
Né le 18-03-1911 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 9408 Stalag XII D —
> JAKUBOVICZ (Henri) 18-3-11 Lodz, 2’ cl. 21' R.M. 212. Liste N 29.
Jankiel JAKUBOWICZ
Né le 13-08-1909 à Plawno (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Rywec JAKUBOWICZ
Né le 10-10-1905 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> JAKUBOWIEZ
693
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

(Rywer) 10-10-05, Caznieviezvu (Pologne) cap. 21' R. E. Liste N 17.


Grégoire JAMGOTCHIAN G.R. 16 P 305734 JAMGOTCHIAN???
Né le 11-12-1906 à Alexandrie (Égyptx) Recrutemenx SBC (75).
Camille JAMMET
—> JAMMET (Camille) ŸFDX, 17-4-11, Magnac-Laval (Haute-Vienne) serg. Chf 21e
R.I. List N 17.
Georges JANDRAIN
Né le 21-08-1898 à Farciennes (Belgiqux) Recrutemenx Versailles (78).
Sarkes JANGOTCHIAN
Né le 13-04-1918 à Adana (Turquix) Recrutemenx Oran (Algérie).
Pierre JANIN
Né le 29-06-1895 à Imanoff (Russix) Recrutemenx Albi (81).
Joseph JANKOWSKI
Né le 05-10-1896 à Klarakoff (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Nicolas JANOVITZ
Né le 11-12-1906 à Capisul de Campic (Roumanix) Recrutemenx Marseille (13) —
> JANOVITS (Nicolas) 11-12-06, Capisul de Campic 2e cl. 21e R.I. St XIA List 44.
Mordka JANOWSKI †d MPFXd
Né le 14-01-1907 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). JANOWSKI Mordka
né le 14/01/1907 à TRISZYN déporté par le convoi n° 51 le 06/03/1943 de Drancy
à Maidanek. —>. Ianowsky (Simon), 16-6-12, Novemiasto, Pologne 1r3 cl. 21e RI.
Liste 20. Déportés998. Survivants 4.
Symcha JANOWSKI
Né le 16-06-1912 à Nové (Polognx) Recrutemenx SBC (75—>. Ianowsky (Simon),
16-6-12, Novemiasto, Pologne 1r3 cl. 21e RI. Liste 20.
== Téodore JARILLO
Né le 24-05-1917 à Vallede Casa (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Mayer JASKARZEK
Né le 18-04-1900 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75. Mle 5313 Citation:
Soldat au 21e régiment de marche de volontaires étrangers. À donné la mesure
de sa valeur en servant son fusil mitrailleur sous un violent feu de mousquetterie
et d’artillerie lors de l’attaque des Petites-Armoises le 9 juin 1940. A été
grièvement blessé lors de l’action. De M. Renaud Morieux le 8/9/2019 « ... Le nom
complet de mon grand-père est Majer (ou Mayer, selon les documents) Ruwen
Jaskarzec (là aussi, orthographe fluctuante). Né le 2 février 1919 à Varsovie, mort
à Paris le 7 mai 1988. Outre la médaille militaire, il était officier de la légion
d'honneur, croix de guerre 1939/45, et colonel en retraite (tout ceci d'après son
certificat de décès. Naturalisé en 1948… »
694
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Mojsze JASKARZEK (Maurice) Quel RMVE?


Né le 11-02-1914 à Varsovie (Pologne) (RMVE) Recrutement SBC (75) Mle 8097
==Gabriel JASKIERCOWICZ
Né le 1 OU 07-12-1907 à Sosnowiec (Polognx) Recrutemenx SBC (75) St XVII A. 6e
Cie.
Mayer JASKOLKA
Né le 1886 à Bialystock (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 934 1er RMVE.
Recruté d’abord toutes régions Matricule 5312 à la Légion étrangère et ensuite
13e DBMLE.
Zelinda JASMIN
Né le 09-10-1901 à Moscou (Russix) Recrutemenx Châlons-en-Champagne (51).
Abram JECKIMOVICZ (JECKINNOVIEZ)
Né le 04-08-1909 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). —>
JECKINNOWIEZ (Abram Icek) né le 4-8-09 à Brzezny, 2e cl 21e RI List 17.
Aron JEDYNAK
Né le 6 7 08 ou le15-06-1908 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) 21e
RMVE. Mle 1535. Stalag VI J.
Mowka JEDYNAK†d MPFXd
Né le 06-08-1906 à Sucheginod (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Jedynak
(Mordka) né 1906 Suchegnow, JEDYNAK Mordka né le 06/08/1906 à
SUCHEGNOW déporté par le convoi n° 5 le 28/06/1942 de Beaune la Rolande, à
Auschwitz Dcd 3/7/42. Déportés 1038. Survivants 35.
Abram JELEN
Né le 1909 à Ciechanourier (Polognx) Recrutemenx SBC (75)
Fernand JENART
Né le 29-02-1908 à Courcelles (Belgiqux) Recrutemenx Charlev-Mézières (08).
Gabriel JESKIEROWICZ
Né le 01-12-1907 à Sosnowice (Polognx) Recrutemenx i.
Armande JESUA
Né le 26-06-1906 (Grècx) Recrutemenx i.
Bajrech JEVUZALSKI
Né le 20-08-1909 (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Anton JIMENEZ : voir GIMENEZ.
Jsidro JIMENEZ
Né le 22-09-1916 à Bejar (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Maximo JIMENEZ
Né le 15-4-1915 à Lograno (Espagnx) Recrutemenx Pau (64) —>
MAXIMO(Jimenef) 15-4-15, Logrone Espagne, 1re Cl. 21e R.I Liste N 17.
695
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Jean JIROU-NAJOU
—> JIROU-NAJOU (Jean) ŸFDX né 30-6-09, Thiviers, lieutenant 21e R.I.E. Oflag VI
A. Liste N. 48. Il occupait à l’état-major du 21e le poste d’officier de détail.

Photos avec son épouse en 1939 avant le départ du 21e pour le front, photos
que nous a envoyé leur fille Catherine le 16/9/2013.
Hans Habe a écrit :
— Où est le lieutenant ?
— Il nous suit en voiture. »
« Un chien aboya au milieu du silence.
— Qu’est-ce que c’est ?
— C’est Noëmi, dit Garai. Vous savez, le planton polonais du lieutenant Jirou-
Najou. À Barcarès, tout le monde l’enviait : il était planqué, à lui tout le rabiot. Il
a eu du bon temps.
— Et maintenant ?
— Maintenant, il s’occupe du chien-loup du lieutenant. Ses mains sont en sang.
Le chien n’arrête pas de tirer sur sa laisse ; ça doit être à cause de l’odeur des
cadavres. Un animal comme ça, c’est pire qu’un fusil ; un fusil ne sent pas les
odeurs.
2013-01-25 : — ... Je m'appelle Catherine Jirou Najou épouse Dume et suis la
fille de Jean Jirou Najou cité par Hans Habe. Je possède en Dordogne surtout des
photos des périodes que papa a passées dans le 21e régiment, je suis
actuellement et jusqu'en mai à Antibes dans le midi de la France et ne peux donc
pas avoir accès à l'album en question. Il me semble avoir vu la photo du fameux
chien loup évoqué, mais je ne pourrai vous en dire plus qu'en mai. Par contre, ma
meilleure amie qui habite dans le Nord de la France qui partage sa vie avec
696
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Bernard Duvernay fils du capitaine Duvernay qui appartenait à ce régiment et


devait connaître mon père ; le capitaine Duvernay est mort depuis longtemps et
son fils Bernard a mené beaucoup de recherches à son sujet, dans le cadre de ce
régiment. Je me propose donc de vous mettre en relation avec lui, j'ai son accord.
Reçu de Jean. Jirou-Najou homonyme du lieutenant Jirou-Najou en 2012 : — Je
pense que vous parlez de Jean, effectivement mon homonyme aujourd'hui
décédé, frère de Pierre, mon père, d'Andrée et de Jacques. Le frère de mon grand-
père Georges ayant sa ferme près de la sienne, la coutume paysanne les a
différenciés ainsi : l'un était le « Jirou » et l'autre de « Nadjéou » donc le Jirou de
Nadjéou d'où pour l'état civil Jirou-Najou (« Nadjeou », était un lieu-dit de Saint-
Jean-de-Cole village près de Thiviers). Notre nom Jirou-Najou n'a cours que pour
cette partie de la famille, l'autre s'appelant « Jirou ». D'ailleurs ce patronyme n'a
véritablement été utilisé qu'à partir de la guerre de 1940. Les cantines et papiers
militaires de Pierre (Commandant) et Jean (lieutenant) comportaient de fait ce
nom complet, maintenu en l'état après 1945.
Khaim JITORMIRSKY
Né le 09-05-1895 à Kiew (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Modeste JODAR
Né le 11-01-1911 à Algar (Espagnx) Recrutemenx Vincennes (94).
Edward JOHNAVEDIAN
Né le 12-08-1914 à Caire (Égyptx) Recrutemenx SBC (75) Mle 7042 —>
JOHNNAVEDIAN (Édouard) 12-8-14, Le Caire (Égypte) 2' cl., 2/21° R.M.V.E, Liste N
20.
Maurice JOIGNAUX ❤ G.R. 16 P 310199 J
Maurice André JOIGNAUX né le 31.10.1913 Chooz Ardennes —> JOIGNAUX
(Maurice) ŸFDX 31-10-13, Chooz (Ardennes) adj., 21' R.I.V.E. List 17.
Antoine JORGE
Né le 23-11-1897 à Alcamena (Portugax) Recrutemenx SBC (75).
Ramon JORNET †d MPFXd
Né le 24-01-1894 à Amposta (Espagnx) Recrutemenx Montpellier (34). Ramon
JORNET JORDA arrivé à Mauthausen le 22/07/1941 venant du Stalag X B. Mle
3273 Dcd à Gusen le 07.12.1941..
Jacques JOSEFSOHN
Né le 13-0-1905 à Igocna (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
Joseph JOSSUA ❤ G.R. 16 P 311749 J
Né le 20-04-1914 à Smyrne (Izmir)(Turquix) Recrutemenx SBC (75) —> JOSSUA
(Joseph) 20-4-14, Izmir, cap. 21' R. I. Liste N 17.
Pascal JOSUB
697
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 28-05-1910 à Jassy (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).


Pierre JOUCHKOFF
Né le 04-07-1894 à Toula (Russix) Recrutemenx Melun 77).
Andres JOVELLAR
Né le 03-02-1904 à Roda de Isabence (Espagnx) Recrutemenx Mont-de-Marsan
(40) —> JOVELLAR (André) 3-2-04, Roda-de-Isabèna (Espag) 1' cl. 21' R.I. List 17.
Charles JOZSA
Né le 16-07-1908 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —> JOZSA (Charles)
16-7-08, Budapest, 2’ cl. 21 R.M. Of. XX A. Liste N 47.
François JUAN.
Né le 06-11-1917 à Talavera (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Jésus JUAREZ
Né le 27-07-1908 à Jaen (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
Lajos ou Ludwig JUCHT alias LOUIS †g MPFXg
Né le 28-12-1903 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 6997. Mort le
04-09-1940 (Lametz, 08 - Ardennes, France).
Joseph JUDA
Né le 10-04-1910 (Grècx) Recrutemenx SBC (75).
==Victor JUDOVITS
Né le 04-03-1920 à Hida (Roumanix) Recrutemenx Rennes (35).
Jankol JUELPEROVITCH
Né le 02-11-1896 à Vilmo (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Robert JUEN
Né le 18-04-1909 à Lenzbourg (Suissx) Recrutemenx SBC (75).
Chariton JUG
Né le 21-10-1893 à Charkow (Russix) Recrutemenx SBC (75)
Alexandre JUNGER

N V juin 1970 p3
Né le 12-03-1912 à Brasov (Roumanix) Recrutemenx Arras (62).
Luis JURADO
Né le 17-01-1911 à Alméria (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66). —> JURADO
(Louis) 17-1-11, Alméria (Espagne) 1' cl. 21' R.I. Liste N 17.
==André JUST ❤ G.R. 16 P 315226
André Jean JUST né le 22-10-1911 à Gyor (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —>
JUST (André) 22-10-11, Gyôr (Hongrie) 2' cl. 21' R. M. Liste N17. 4e sec 10e Cie ?
==Mendel JUSTER ❤ G.R. 16 P 315277 JUSTER
698
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 25 ou 29-03-1906 à Jassy (Roumanix) Recrutemenx SBC (75)


Saïdi JUVENSPAN
Né le 25-03-1909 à Arkei (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
Aron KAC
Né le 01-06-1918 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx Arras (62) —> KAC (Aron) 1-
6-18, Varsovie (Pologne) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Jacob KAC (Jacques)
Né le 10-02-1915 à Brest -Litowsk (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> KAC
(Jacob) 10-2-15, Brest-Litovsk (Russie) cap. 21' R. M. Liste N 17.
Joseph KACIE
Né le 13-03-1915 à Dortmund (Allemagnx) Recrutemenx Arras (62).
Szmul KACZKA
Né le 27-06-1905 à Irena (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Haim KAHANE
Né le 18-02-1918 à Barlad (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
??? KAHN de la C.A. 1. Celui au-dessus ? Jost Kahn ? (Membre du conseil de
gérance Tramontane).
Yvan KALIC (ou KACIE)
Né le 01-05-1906 à Kabar (Yougoslavix) Recrutemenx Auxerre (89) —> KALIC
(Yvan) 1-5-06, Cabar (Yougoslav.) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Mendel KALINSKI
Né le 17-02-1895 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Chaïm KALMAN (alias Thomas Gleb) ❤.
Né le 05-12-1912 à Zelow (Polognx) Recrutemenx SBC (75). KALMAN Chaïm
déporté par le convoi n° 78 le 11/08/1944 de Lyon à Auschwitz. Démobilisation à
Toulouse le 9 juillet. 1940; arrêté par la Gestapo le 8 juillet 1944, il est transféré
à Lyon (fort Saint-Luc, puis prison Saint-Paul). Parti en convoi le 11 août en
direction de l’Allemagne, il réussit à se glisser hors du train à Sérocourt dans les
Vosges au sud de NANCY. Il se cache près de Sérocourt jusqu’à l’arrivée de la
Division Leclerc et des Américains. §d Libéréx Peintre renommé décédé en 1991.
Voir Chapitre V.
Jean KALMAN (Jean Joseph)
Né le 15-05-1907 à Ujpest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Stalag XI A.
Lucien KALMAN
Né le 27-04-1906 à Bucarest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Bela KALMANOVITZ
Né le 12-08-1919 à Tokaj (Hongrix) Recrutemenx SBC (75). Naturalisé avril 1947.
Zakim KALMANOWICZ †d MPFXd
699
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 19-09-1895 à Lodz (Polognx) Recrutemenx Nice (06). Kalmanoviez (Zakin)


né 19/9/95 Lodz, Dcd 7/9/42 Auschwitz KALMANOWICZ Zakim déporté par le
convoi n° 27 le 02/09/1942 du camp de saint Sulpice à Auschwitz.
Émile KALT ❤ G.R. 16 P 316218
Né le 28-04-1906 à Vov ou Lembay (Polognx) Recrutemenx Nice (06).
Sabetai KAMBELLI
Né le 03-04-1908 (Grècx) Recrutemenx Versailles (78). S.C.de la 10e Cie. Noté
blessé et évacué sur fiche cne Duvernay.
Matija KAMBIC
Né le 10-09-1907 à Gjurgjevan (Yougoslavix) Recrutemenx Bordeaux (33).
Charles KAMINSKI
Né le 30-03-1912 Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> KAMINSKI
(Charles) 12-3-12, (Pologne) 2' cl. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
François KAMMER-MAYER alias SANTA ❤
Né le 21-02-1907 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —> KAMMER-
MAYER (François) 21-2-07, Budapest (Hongrie) cap. 21' R.I. Liste N 16. Kammer-
Mayer (François) 21-2-07, Budapest (Hongrie) cap. 21e R I. Engagé, alors qu’il avait
dépassé le cap des 22 ans, à la Légion étrangère, il avait servi au Maroc au 4e R.E.I.
Engagé volontaire en 1939 au 21e R.M.V.E. numéro 2170, il appartenait à la
Compagnie Régimentaire d’Engins. Envoyé en Allemagne sans doute le 9
décembre 1940 (dernier contingent du fort de Queuleu envoyé en Allemagne).
Stalag XII B, Etc. Se serait évadé l’hiver début 43. Puis, maquis région d’Agen (cf
FISCHER) puis Palestine (?). Naturalisé français en 1952. Émigration au Canada.
Selon sa tentative de roman historique « Bancal », il était entre 1930/31 et
1934/35, légionnaire au Maroc. Sobriquet « Santa »
Guerre de 1940 : « Le matin du 11 juin 1940, la section du lieutenant Duclos
(Robert Dujols !) restait isolée “sans relève” en arrière-garde au centre des
Petites-Armoises. Sa mission consistait à mettre son canon en batterie, à
découvert, bien en vue. Lorsque le soleil se leva sur le village malgré une brume
quasi générale ailleurs. Un petit groupe de guerriers abandonnés demeurait sur
la place. Leur canon jouet barrait seul la route à l’offensive ennemie ! Un chien
efflanqué déboucha du coin d’une rue. Étonné de rencontrer encore des humains
dans ce pays mort, il les regarda et s’enfuit en silence. François, surnommé Santa,
sortit deux bouteilles d’eau-de-vie réservées pour les grandes occasions :
— Qui en veut ? Trois biffins tendirent leurs quarts. Ils goûtèrent et
recrachèrent à l’unisson :
— Pfft ! Dégueulasse !
— Les traditions se perdent ! Vous bêchez sur ma gnôle, le stimulant de choix
700
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

pour aller au baroud en 14.


Moins déterminés, les soldats de 1940 préféraient le café. L’instinct profond
devait leur ordonner de se tenir éveillés pour mieux déguerpir. Surtout, après le
caoua ou ersatz, la cigarette se savourait mieux. Un avion de reconnaissance sortit
de la brume. Il tournoya au-dessus d’eux. Instinctivement, ils pensèrent à
l’habituel oiseau de malheur, la pétrolette de Goering. Dieu merci, ils
distinguèrent la cocarde tricolore bien visible au soleil. Seul le brouillard
neutralisant la Flak et la chasse allemandes permettait cette visite
exceptionnelle : ils n’avaient pas encore vu un avion français dans leur secteur.
Comme s’il n’en croyait pas ses yeux, le pilote fit descendre son “coucou” pour
mieux voir les occupants du village. Il reprit de la hauteur et balança ses ailes en
guise de salut ironique ou d’hommage admiratif. Il disparut dans la brume. Les
sacrifiés enviaient ce veinard qui batifolait là-haut dans le ciel. Il regagnait
certainement, pensaient-ils, un paradis tranquille Dans leur situation, mal
informés, ils ne pouvaient concevoir l’injuste de leur opinion envers cet avion
d’observation et l’aviation française dans son entier. Aux Petites-Armoises, le
silence revenu après le départ du coucou fut interrompu de nouveau. Cette fois,
il s’agissait d’un bruit de chenilles sur la route.
— Attention ! À vos postes
Mais l’alerte se révéla fausse. Une autochenille s’approchait de l’arrière.
— Lieutenant, faites attacher le canon ! Je vous ramène au régiment.
— Désolé. Mon Capitaine. J’ai reçu l’ordre de résister sur place.
— Et moi, je vous ordonne de décamper.
— Je ne peux m’incliner. Mes instructions viennent du colonel, mon Capitaine.
— Et c’est aussi le colonel qui vous commande de déguerpir maintenant.
— Je n’obéirai qu’à un contrordre écrit. Comprenez-moi, mon Capitaine.
L’officier de liaison était exaspéré par tant d’entêtement. Ses arguments
sonnaient vains en regard de telles vertus guerrières. Il remonta dans son semi-
chenillé et quitta les lieux. Tous de la section avaient suivi la scène. Leur chef se
comportait-il en héros magnifique ou en fieffé imbécile ? Il leur paraissait évident
que la situation devenait désespérément cornélienne. Heureusement, le
capitaine, homme de devoir, réapparut une demi-heure plus tard. Il tendit un
papier au lieutenant (Le capitaine Berlet commandant la C.R.E. ?) :
— Exécution !
Le canon fut vite accroché. Les soldats s’entassèrent comme des harengs dans
l’habitacle du camion semi-chenillé. Ainsi motorisés, ils rattrapèrent bientôt dans
un bruit de chaînes la colonne en retraite. Les nappes de brume providentielles
les avaient sans doute sauvés ; aussi le fait que l’ennemi n’avait pas encore eu
701
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

conscience du repli silencieux de la 35e D.I. au point qu’il bombarda des positions
abandonnées jusque dans le milieu de la journée du 11. La section du lieutenant
Duclos (Dujols) et du caporal Santa au village des Petites-Armoises fut ainsi la
dernière unité de la ligne de front de la 35e Division à se replier. » Nous avons cité
aussi le rôle de Kammer-Mayer place d’Austerlitz et sa relation avec son serveur
au canon de 25 l’Espagnol Maurice Renonès aux Petites-Armoises 08. Prisonnier
à Metz, au bloc B de Queuleu, Kammer-Mayer sera envoyé en Allemagne le matin
du 9 décembre 1940. Santa s’évada en 1942, rejoignit un maquis du côté d’Agen,
puis aurait participé à la guerre d’indéprendance d’Israel. Il reçut sa naturalisation
française en 1950 sous son vrai nom avant d’émigrer au Québec.
Gérard KANAGUR†p
Né le 25-04-1917 à Vienne (Autrichx) Recrutemenx Rouen (76) —> KANAGUR
(Girard) 25-4-17, Vienne, 2’ cl. 21’ R.M. St. XVII A. Liste 63. KANAGUR Gérard
GUILLAUME 21e R.M.V.E. Né le 25/04/1917 Département ou pays : 9110 -
Autriche Commune de naissance : Vienne Mort le 18/12/1944 Wolpsberg
Allemagne (ex Prusse) 1939-1945 41 Fréteval Monument aux Morts. MPFXp.
Inscrit « NANAGOUR 95 carré mixte Montmorency » ...
Moïse KANAS
Né le 01-11-1906 à Touragne (Lithuanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 2838.
Tobias KANDI (Théo)
Né le 11-12-1906 à Istamboul (Turquix) Recrutemenx SBC (75) –>2e cl. List N 15.
Georges KANTCHEFF
Né le 13-03-1903 à Séolicco (Bulgarix) Recrutemenx Bourg-en-Bresse 01).
Mordka KANTOROWICZ
Né le 12-09-1907 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Chaskiel KAPLAN
Né le 13-06-1918 à Zwolin (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Ménarchin KAPLAN
Né le 06-07-1902 à Zelechów (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Wuchin KAPLEWIEZ
—> Wuchim KAPLEWIEZ Né le 7/1/18, Radolsko Polognx Recrutemenx 2e cl. 21e
R.M. liste N 17.
François KAR
Né le 06-1906 à Kapéa (Yougoslavix) Recrutemenx Châlons-en-Champagne (51).
Michel KARABELNIK
—> KARABELNIK (Michel) 15-3-03, Rossiény (Raseiniai ? Rossiani ?) (Lithuanix)
Recrutemenx i, cap. 90’ R.I.V.E. ? Liste N 6 et N 18.
Félix KARCIER ou Froin
702
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 20-03-1914 à Leczno ou Seizno (Polognx) Recrutemenx SBC (75).


Arfad KARFUNKEL †d MPFXd
Né le 29-12-1906 à Erdoberg ou Erdobenye (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Karfunkel (Arpad) né 29/12/06 Erdobenye,. KARFUNKEL Arpad né le 29/12/1906
à ERNDENYI déporté par le convoi n° 63 le 17/12/1943 à Auschwitz. Dcd 1/8/44
à Weimar-Buchenwald Profession menuisier. D 850. S 22 ou 29.
Joseph KARLVODA
Né le 17-08-1914 à Trhova Kamenice (Tchécoslovaquix) Recrutemenx Colmar (68).
Schapsi KASCHUB
Né le 15-02-1917 à Krosjinewice (Polognx) Recrutemenx SBC (75). KASZUB
Schapsi né le 15/02/1917 à POLOGNE déporté par le convoi n° 24 Train 901-19 le
26/08/1942 de Drancy à Auschwitz. §d Libéréx. Georges Casube ou Kaszub a vu
le jour à Krosnievice, en Pologne, le 13 février 1917. Sa mère Frida fait de la
broderie, son père, Nathan, est tailleur, Georges a un petit frère qui décéde en
bas âge. Apràs quatre années passées à Berlin. La famille s'installe à Paris, en
1923, dans le XVIIIE arrondissement. Georges fréquente l'école communale. À
l'âge de 15 ans, Georges devient apprenti-fourreur. Il apprend ensuite le métier
de coiffeur, mais les lois de 1938, qui restreignent l'accès des étrangers à certaines
professions, l'empêchent d"exercer le métier. Il travaille alors aux côtés de son
père dans la confection.
En 1937, il rencontre celle qui va devenir sa femme, Marcelle. Georges Kaszub
s'emgage volontairement dans la légion étrangère en septembre 1939. Envoyé au
camp du Barcarès (Pyrénées Orientales) dans le 1er Régiment de marche de
volontaires étranges. Il y demeure jusqu'en juin 1940, avant d'être démobilisé.
Sous l'occupaton, la boutique de son père est aryanisée.
Prévenus de l'imminence d'une opération de police en juillet 1942, les Kaszub
échappent à la rafle du Vel d'Hiv' en se cachant chez des amis. Peu après, ils sont
arrêtés au niveau de la ligne de démarcation, alors qu'ils tentent de passer en
zone sud. Internés au camp de Pithiviers (Loiret) ils y demeurent trois semaines
avant d'être déportés du camp de Drancy par le convoi du 26/8/1942.Les
hommes débarquent au camp de Cosel, avant Auschwitz, et sont orientés vers le
camp d'Annaberg. La mère de Georges disparait à Auchwitz. Avec son père,
Georges est versé dans un Kommando qui construit des autoroutes. Tous deux
rejoignent ensuite le camp de Peiskretscham où ils travaillent cette fois à la
constrution d'un noeud ferroviaire. Ils restent deux ans dans ce camp où se
trouvent de nombreux Français.
En avril 1944, ils sont dirigés vers le camp de Blechhammer. Leur activité
consiste essentiellement à porter des sacs de ciment. Nathan Kaszub décède de
703
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

la dysenterie le 17 septembre 1944.


Lors de l'évacuation du camp en janvier 1945, Georges Kaszub parvient à
s'évader avec plusieurs compagnons. Un fermier qui les trouve dans sa grange,
les ramène aux Allemands en expliquant qu'ils se sont égarés. Évadés une
seconde fois, ils rencontrent des soldats de la Luftwaffe qui les nourrissent et
raccompagnent au convoi de déportés. Ils arrivent finalement au camp de Gross-
Rosen. Mal accueillis par les détenus politiques communistes, ils demeurent
plusieurs jours sur place avant d'être embarqués dans des trains partant pour
Buchenwald. C'est dans ce camp que Georges est libéré, le 11 avril 1945, par les
troupes américaines conduites par le Général Patton. Il parvient à faire prévenir
sa fiancée qu'il est vivant. Emmené par camion à la frontière franco-allemande, il
emprunte ensuite un train sanitaire de la Croix-Rouge française. Il arrive à Paris le
29 avril 1945. Il retrouve des membres de sa famille après un passage par l'hôtel
Lutétia Georges et Marcelle Casube se marient le 7 octobre 1945. Le couple
donne naissance à un fils. Georges Casube a été interviewé le 22 janvier 1996 à
Paris par Phyllis Yordan-Bonny.
Hersch KASNER
Né le 15-12-1903 à Przemysl (Polognx) Recrutemenx Tours (37).
Stanislas KASPRZYCK
Né le 25-03-1896 à Glinick (Polognx) Recrutemenx Cambrai (59).
==Joseph KASTRO
Né le 04-07-1906 (Grècx) Recrutemenx SBC (75). Déporté à Aurigny le
11/10/1943 : KASTRO Samuel né le 04/07/1906.à Salonique Libéréx à Camiers le
01/09/1944.
Aron KATZ
Né le 01-06-1918 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx i.
Kalman KATZ
Né le 01-10-1907 à Rawa (Polognx) Recrutemenx Vincennes (94).
Azriel KAUFMAN
Né le 01-04-1916 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Kopel-Charles KAUFMAN (Kopol KAUFMAN)
Né le 10-10-1907 à Buch (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 5750.
Iser Leyb KAWA
Né) len 04-04-1905 à Minsk (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 4521 —> KAVA
(Iszer) 4-9-05, Minsk (Pologne) 2' cl. 21' R. I. V. E. Liste 17. Naturalisé- avril 47.
Nuchem KEFCZYK
Né le 09-11-1918 à Piotrkow (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Emeric KELEMEN
704
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 04-11-1909 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).


Zoltan KELEMEN
Né le 14-11-1916 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Ivan KELL
Né le 02-03-1919 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx Châlons-en-Champ. (51).
Ernest KELLENBERGER alias BERNY
Né le 22-12-1907 à St-Gall (Suissx) Recrutemenx SBC (75) Mle 7171. Hans Habe le
cite comme observateur et : « Kellenberger, un Suisse, régisseur à la boîte de nuit
Le Tabarin, bondit sur ses pieds et saisit ses binoculaires. Maître de chœur, il était
connu pour sa curiosité et cette fois celle-ci l’emportait sur l’appétit… » « … le
Suisse Kellenberger, physiquement plus fort (qu’Antoine Vago) régisseur à
Tabarin, dressait des plans pour le futur (le Bal TABARIN). — Quelle que soit la
façon dont la guerre finira, la grande vie nocturne continuera à Paris. » Sitôt la
défaite accomplie, il aurait repris ses activités à la boîte de nuit Tabarin.
Symcha KENIGSBERG
Né le 14-12-1906 à Zaklikova (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Décédé 1964.
Stéfane KEREKES
Né le 16-07-1906 à Satu Marc (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> KEREKES
(Stéphane) 16-7-06, Satre-Male, serg. 21’ R.E. St. XI A. Liste N 44.
Izrael KERN Israel Abraham †g MPFXg
Né le 18-06-1908 à Stanislawov (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3801. Tué
au combat le 18-06-1940 à Vézelise (M. et M.)
Marcel Eugène KERN
Né le 03-05-1901 à Genève (Suissx) Recrutemenx Bourges (18). Engagé le
03/10/1939, DR.M.V.E.. Journal Le Matin du 16 juillet 1940 : …caporal-chef, 7e Cie,
Sec. Post. 12.591. Prière donner nouvelles à Ghilardi, 6 rue Hallé Paris (14e).
Abram KERSZ
Né le 16-06-1902 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 5266.
Wulf KERSZENBAUM
Né le 22-11-1899 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Mazek KERSZENBLAT ou Inozek
Né le 07-07-1908 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx Versailles (78).
Albert KERVADEC
—> KERVADEC (Albert) ŸFDX 21-6-11, Belz, Morbihan serg. -c., 21’ R.M.V.E. St. XI
A. Liste N 44.
Alfred KERVRAN
—> KERVRAN (Alfred) ŸFDX 4-9-15, Tours, sergent 21' R.M. Stalag XI A.
Profession : Receveur des Postes. Naissance : 4/9/1915 à FRA, CEN, F37, Tours.
705
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Décès : 2/12/1994 à FRA, CEN, F37, Tours.


Thérèse au pensionnat
Nous sommes dans les années 1920-1930. C'est l'histoire, banale à l'époque,
d'une petite fille d'un modeste village auvergnat : école primaire à Cros de
Montvert, puis pensionnat de jeunes filles à Aurillac. Il fallait confectionner son
trousseau, tricoter soi-même ses bas pour tout l'hiver, vivre séparée de sa famille,
trouver le réconfort d'une autre amie interne avec laquelle partager lectures, fous
rires et bavardages (Joséphine Prat, de Lafeuillade en Vézie).
À la poste (aussi) tout est possible. Le décès prématuré du père exile Thérèse
à Nancy. Mais c'est pour retrouver la « grande famille des postiers » puisqu'elle
travaille au Téléphone. Et, bien sûr, qui rencontre-t-elle ? Un inspecteur des
Postes, éloigné de sa Touraine natale, Alfred, qui devient son compagnon, Pour le
meilleur et pour le pire. Tant de choses (outre l'amour) les réunissaient : leurs
pères facteurs, tous deux anciens soldats à Madagascar, l'éloignement de eur
famille
Alfred Kervran est l'aîné d'une famille bretonne émigrée en Touraine, à Loches
(voir l'arbre généalogique). Dans cette famille de trois enfants, l'ambiance est
austère, alliant la religiosité de la mère à l'anticléricalisme du père (deux des
enfants sur trois entreront dans les ordres, dont Marcel chez les Pères blancs).
Mais tous partageaient l'amour de la musique : le père chantait, Suzanne, la
cadette, jouait du violon.
Alfred Kervran est l'aîné d'une famille bretonne émigrée en Touraine, à Loches
(voir l'arbre généalogique). Dans cette famille de trois enfants, l'ambiance est
austère, alliant la religiosité de la mère à l'anticléricalisme du père (deux des
enfants sur trois entreront dans les ordres, dont Marcel chez les Pères blancs).
Mais tous partageaient l'amour de la musique : le père chantait, Suzanne, la
cadette, jouait du violon. Alfred et Thérèse se marièrent... et eurent beaucoup
d'enfants. Les points de suspension cachent une réalité difficile : mariés en juin
1939, la guerre est déclarée en septembre de la même année et le jeune époux
est mobilisé. Alfred est prisonnier en Allemagne, souffre, en camp de prisonniers
d'une pleurésie ; Thérèse vit à Loches en zone occupée avec sa belle famille. Leur
histoire est marquée, comme celle de millions de Français, par la séparation
rythme des naissances (six enfants) et des déménagements.

De gauche à droite, Madeleine 11 ans, Marguerite 14 ans et Thérèse 18 ans sur


les marches de l'entrée principale de L’école de Montvert.
706
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Thérèse et Fred le 19 juin 1939 à Cros

Thérèse à Cros en 1948 avec les 4 premiers enfants.

À la Martinique : De gauche à droite : Geneviève, Yves, Anne-Marie, Marie-Hélène


et Alain.
Au rythme des naissances et des déménagements. Le vent de l'Histoire s'étant
apaisé, le couple vécut au rythme des naissances. La carrière d'Alfred emmène la
famille en Martinique, de 1952 à 1954. Ils reviennent en métropole et s'installent
à Bordeaux, pour six ans, puis à Janzé. Hans Habe a écrit : « Il (le capitaine Billerot)
décida alors d’envoyer trois hommes à la recherche de la ferme Saint-Denis.
L’adjudant Lesfauries, le sergent Kervran et moi nous nous portâmes volontaires...
Antoine KESSISSI
Né le 12-05-1907 à Laulo (Turquix) Recrutemenx Laon (02) —> KESSISSI (Antoine)
12-5-07, Koula (Turquie) 2' cl. 21’ Et. Liste N 15.
==Mayer KESTENBERG
Né le 30-07-1905 (ou 1908) à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 7746 —
> KESTENBERG (Mayer) 30-7-08, Lodz, 2' cl. 21' R. I. Liste N 17.
Victor KETTERES GARCIA
Né le 16-03-1915 à Vera (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
707
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Abraham KEUSSEIAN
Né le 03-03-1901 à Ponderneos (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Sarkis KHATCHIKIAN
Né le 10-01-1894 à Karpout (Asie Mineure (Turquix) Recrutemenx Nice (06).
Khatcheris KHAZIZIAN.
Né le 30-12-1896 à Machitchevau (Arménie) (Russix) Recrutemenx SBC (75).
==Szlama KIELBIK. ❤ G.R. 16 P 319909
Né le 06-09-1916 à Klinovtow ou Klinoutow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle
3743
Benzion KIEJZMAN (Benzian KIJZMAN KIZMAN) †g MPFXg
Né le 29-03-1912 à Parysow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle, 3721 Mort le
27-05-1940 (08 - Ardennes, France) Tué par éclats d'obus. Floing Nécropole
nationale.
Salomon KIERSZBAUM †d MPFXd
Né le 25-10-1893 à Nichov (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Kierszbaum
KIERSZBAUM Salomon né en 1893 à MICHOW déporté par le convoi n° 68 le
10/02/1944 de Drancy à Auschwitz. Déportés 1500. Surviv 42.
Rudolf KINBERG †d MPFXd
Né le 31-12-1912 à Galatz (Roumanix) Recrutemenx SBC (75). Kinberg Rudolf né
le 31/08/1912 à GALATZ déporté par le convoi n° 73 le 15/05/1944 de Drancy à
Kaunas/Reval. Déportés 878. Survivants 22.
Israel KINCLER (Léon)
Né le 18-07-1908 à Stazow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Stalag XII A. —>
KINGLER (Léon) 18-7-08, Stasronn, 2e cl. 21e R.I. St. XII A Liste N 75.
KIPFER Ernest †g MPFXg
Né le 22-04-1902 à Berne (Suissx) Recrutemenx Versailles Mle, Mle 151 – Mort le
27-05-1940 (08 - Ardennes, France) Tué par éclats d'obus. Commune du décès :
Morthomme — : Cote 164. Autres informations : Domicilié en dernier lieu à
Rocquencourt (78) Fils de Rudolf KIPFER et de BACHMANN Emma, Époux de
BERZIOU Maria — Acte transcrit le 02/02/1942 à Rocquencourt (78). — Le
Chesnay — Monument aux morts du Chesnay et de Rocquencourt.
Demetre KIRIAZI
Né le 05-05-1896 à Cattaria (Grècx) Recrutemenx SBC (75).
Iliounja KIRILOFF
Né le 10-11-1895 à Novo-Alexienski (Russix) Recrutemenx Bar-le-Duc (55).
Alexis KIRSANOFF
Né le 05-02-1892 à Odessa (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Szuml KIRSCHENBLATT
708
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 14-01-1897 à Radom (Polognx) Recrutemenx SBC (75).


Marcel KIRSCHNER †d MPFXd
Né le 21-05-1914 à Istamboul (Turquix) Recrutemenx SBC (75) Mle 7125 —>
KIRSCHNER (Marcel) 21-5-14, Constantinople, cap, 21' R.I. Liste N 17. Kirschner
(Marcel) né 21/3/14 à Istanbul, Dcd 20/5/44 Kaunas/Reval (Let-Lit-) KIRSCHNER
Marcel né le 21/05/1914 à ODESSA déporté par le convoi n° 73 le 15/05/1944 de
Drancy à Kaunas/Reval. Déportés 878. Survivants 22.
Ajzyk KIRZBAUM ❤ GR 16 P 320388 KIRSZBAUM,
Né le 28-12-1918 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 8056 —>
KIRSZBAUM (Henri) 28-12-18, Lodz (Pologne) 2' cl. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
==Abram KIRSZEMBLATT
Né le 14-04-1905 à Sokvlow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 2593 bis.
Maurice KLAJMAN
Né le 28-09-1907 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> KLAYMAN (Maurice)
27-9-07, Lody (Pologne) 2' cl. 21’ R.M. Liste N 25.
Abram KLAJNA (Abram Mendelé KLAJN)
Né le 16-12-1909 à Zelow ou Jelow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 2981.
Mozek KLAJNER
Né le 17-07-1902 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 6834 —>
KLAJNET (Maurice) 17-7-12, Paris, 2e cl. 21e R.I. Liste N 20.
Joseph KLAPER
Né le 25-08-1911 à Tomaszow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 6263. —>
KLAPER (Joseph) Fomaszou, 2e cl. 21e R.I. St. VII A. Liste N 46.
Emeric KLAUSNER ❤ G.R. 16 P 320527
Né le 02-05-1906 à Miskolez (Roumanix) Recrutemenx SBC (75). Boris Holban : «
KLAUSNER Imre, ce technicien dentaire hongrois (sic) engagé au 21e R.M.V.E.
Emeric KLAUZNER appartiendra à la résistance FTP MOI à Paris. ».
Henryk KLAUSNER (Henri alias Martin) ❤ G.R. 16 P 320524
KLAUSNER, Henri 01.11.1910 Francfort-sur-le-Main Né le 01-11-1910 à Francfort
sur le Main (Allemagnx) Recrutemenx SBC (75).
Sandor Alexandre KLEIN (Alexandre KLEIN)
Né le 22-06-1907 à Erdobenye (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 7284 —>
KLEIN (Alexandre) 22-6-07, Erdôhenyc (Hongrie) serg. 21 'R.I. Liste N 17.
Émile KLEIN
Né le 09-06-1915 à Aumetz (Luxembourx) Recrutemenx Châlons-en-Champ (51).
Eugène KLEIN
Né le 03-04-1907 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5542.
Eugène KLEIN
709
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 21-10-1912 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5852 —> KLEIN
(Eugène) 21-10-12, Budapest (Hongrie) 2' cl. 21' R. I. E. Liste N 17.
Eugène KLEIN †d MPFXd
Né le 19-11-1912 à Latoralgouyhely (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 8745 —
> KLEIN (Eugène) 19-11-12, Saloraljaujbely (Hongrie) 2' cl. 21' R.M.V.E St. XI A.
Liste N 44. Klein (Eugène) né 19/11/12 Satoralgonyhely, Hongrie KLEIN Eugène né
le 14/08/1914 à BALHANY déporté par le convoi n° 32 le 14/09/1942 de Drancy
à Auschwitz. Dcd 19/9/42. Déportés 1000. Gazés 893. Survivants 45.
Eugène KLEIN
Né le 14-08-1914 à Balkany (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 7013. —> KLEIN
(Eugène) 14-8-14, Balkaing (Hongrie) 2' cl. 21' R.I. St. XI A. Liste N 44.
François KLEIN
Né le 16-06-1906 à Gyougias (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 2891 —> KLEIN
(François) 16-6-06, Gyôngyôs (Hongrie) serg-c., 21’ R.M. St. XI A. List 44.
Géza KLEIN †d MPFXd
Né le 14-01-1909 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75). Mle 2925 Klein
(Géza) né 14/1/09 Budapest, Dcd 19/9/42 Auschwitz. KLEIN Geta né le
15/01/1909 à BUDAPEST déporté par le convoi n° 32 le 14/09/1942 à Auschwitz.
Déportés 1000. Gazés à l’arrivée 893. Survivants 45.
Jacob KLEIN
Né le 14-09-1901 à Bizeska (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Joseph KLEIN
Né le 20-04-1912 à Tab (Hongrix) Recrutemenx SBC (75). Naturalisé juin 1947.
Jules KLEIN❤ G.R. 16 P 320761 KLEIN
Jules Victor. Né le 14-10-1917 à Esch-sur-Alzette (Luxembourx) Recrutemenx
Thionville (57).
Martin KLEIN
Né le 20-04-1897 à Noroveni (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Décédé 1961.
Nicolas KLEIN
Né le 19-02-1919 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Paul KLEIN †d MPFXd
Né le 09-12-1904 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75). KLEIN Paul né le
09/12/1904 à BUDAPEST déporté par le convoi n° 23 Train 901-18 le 24/08/1942
à Auschwitz Déportés 1000. Gazés à l’arrivée 908.Surviv 3.
Sandor KLEIN
Né le 22-06-1907 à Erdonge (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Tibor KLEIN †d MPFXd
Né le 20-12-1909 à Porosclo (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —> KLEIN (Tibor)
710
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

20-12-09, Poroszlo (Hongrie, cap. 21' R. I. Liste N 17. KLEIN Tibor né le 20/12/1909
à POROZLO déporté par le convoi n° 47 le 11/02/1943 à Auschwitz. au départ de
Drancy le 11/02/1943.Habitait au 13, rue Bleue dans le 9e arrondissement à
PARIS. (France). Déportés 998. Survivants 10.
Alfred KLEINMANN
Né le 17-06-1912 à Berlin (Allemagnx) Recrutemenx SBC (75).
Isaac KLEINMANN
Né le 18-09-1910 à Jaffa (Palestinx) Recrutemenx SBC (75).
David KLEMBERG (Szlama-David)
Né le 12-11-1910 à Jasepow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Stalag VI B. Section
de commandement de la 10e Compagnie (Duvernay).
Severyn Sigismond Dieudonné KLENIEWSKI †g MPFXg
Né le 7-12-1911 à Lovitch ou Laviecz (Pologn/X) Recrutemenx SBC 75 au 22e
R.M.V.E., mais Photo avec képi du 23e et —> 21e R.M. Mort au combat à Sainte-
Menehould le 14 juin 1940. Nécopole de Sainte-Menehould : Seweryn Kleniewski
Fils de Wlodzimierz et de Michalina Wojciechowska.
Henri KLEYMAN
Né le 24-05-1897 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx Dunkerque (59).
Hersz KLIN
Né le 02-03-1906 à Dzralorzyn (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 11751.
Joseph KLINGER
Né le 28-05-1906 (Polognx) Recrutemenx Nice (06).
Nuchen KLINGER (ou Rouchem Klinger)
Né le 12-01-1917 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Naturalisé avril 1947.
==Abraham KLIPSTEIN
Né le 29-01-1910 à Bochnia (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> KLIPSTEIN
(Abraham) 28-1-10, Bocheria (Pologne) 2' cl. 21' R. M. V. E. Liste N 17.
Joseph KLOPFER
Né le 02-10-1894 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Joseph KLOPOTER †d MPFXd
Né le 25-1-1917 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3809 ; —>
KLOPOTER (Joseph) 27-1-17, Varsovie, (Pologne) 2' cl. 21' R. M. V. E. Liste N 11.
KLOPOTER Joseph né le 27/01/1917 à VARSOVIE déporté par le convoi n° 67 le
03/02/1944 de Drancy à Auschwitz. Autre prénom connu "Peisach". Profession
coiffeur. Déportés 1214. Survivants 26.
Rachmil KNOBLER
Né le 15-07-1910 à Zarwierce (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> KNOBLER
(Rachmil) 15-7-10, Zaviercie (Pologne) 1' cl. 21' R. I. List 17. Naturalisé av 47 N.V.
711
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Charles KNOLL
Né le 12-08-1908 à Joraslaw (Polognx) Recrutemenx Bourg-en-Bresse (01).
Mayer KNOPF Moses KNOPF †g MPFXg
Né le 18-05-1915 à Vagyvagen (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 16168 Mort
le 26-05-1940 aux Petites-Armoises, 08 – Ardennes, Unité 21e R.M.V.E. Tué par
éclats d'obus.
David KOCHANEK
Né le 14-03-1908 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Hemery KOCSIS
Né le 26-10-1910 à Vagrecse (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Akribas KODJABUCHIAN
Né le 28-11-1912 à Adapazar (Arménie) (Turquix) Recrutemenx Nice (06).
Abram KOFMAN
Né le 08-10-1904 à Varsovie ou Zakrocyn (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —>
KOFMAN (Abraham) 8-10-04, Zakroczyn (Pologne) 2' cl. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
David KOHN
Né le 28-02-1915 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 7058 —> KOHN
(David) 28-2-15, Budapest (Hongrie) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Gabriel KOHN †d MPFXd
Né le 15-04-1908 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 3733. Cohn
(Gabriel), né 15/4/08 Paris (10e), Dcd 24/8/42 Auschwitz. KOHN Gabriel né le
15/04/1908 à PARIS, déporté par le convoi n° 21 le 19/08/1942 à Auschwitz.
(Déportés 1000. Gazés à l’arrivée 908. Survivant 3) Récit de Hans Habe : « Quand
je me réveillai, Gabriel Kohn avait la tête posée sur mon ventre et il ronflait si
fortement que les Allemands auraient été effrayés del’entendre. Gabriel Kohn,
Mle 1553, était le plus drôle de mes compagnons et j’avais toujours eu un faible
pour lui. La tête ronde et lourde commune aux enfants de concierges, le visage
enflé par l’abus d’eau et de haricots, les cheveux devenus gris à l’air des sous-sols,
il n’avait jamais possédé maison ou profession. Pour beaucoup d’entre nous qui
avions perdu leurs foyers, les documents militaires portaient la mention :
« Nationalité indéterminée ». Le pays indéterminé était l’État le plus vaste
d’Europe, l’Empire interdit et indéfinissable. C’est peut-être cela qui rendait les
« Indéterminés » si braves : eux savaient pourquoi ils se battaient. Leur identité
était que pour son bon plaisir le Führer leur avait ôté la citoyenneté de leur pays
natal. Pourtant, Gabriel Kohn n’avait jamais eu de pays.
Il était pour ainsi dire un indéterminé unique, un indéterminé du temps de paix,
un Indéterminé de sa propre initiative. Personne ne savait où il était né, qui
étaient son père et sa mère, qui l’avait endormi dans son berceau en chantant, si
712
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

même l’on pouvait seulement imaginer qu’une jolie pièce d’ameublement avait
eu quelque chose à voir avec lui. Il n’avait aucun métier, du moins aucun métier
officiellement reconnu. Je me souviens que cet énorme camarade dépenaillé,
chez qui tout dégringolait, les épaules, les longs bras, les lèvres épaisses, m’avait
précédé à notre dernière inspection avant départ à Barcarès.
Questionné par le sous-officier sur son métier, il avait calmement répondu :
— Contrebandier.
Visiblement, il regardait cela comme une occupation sinon honorable du moins
légale et les risques encourus comme normaux. Pendant les mois passés à
Barcarès au bord de la mer bleue, nous l’avions considéré comme un « déclassé ».
Nous n’avions pas réalisé qu’il nous avait informés en fait de sa vraie situation de
fugitif à travers les frontières. Nous ignorions que tous à notre tour nous allions
nous-mêmes dans l’avenir nous comporter comme des paquets de contrebande
à travers les frontières. Kohn nous avait simplement précédés et sa profession
devait devenir la nôtre.
Tout ce que Kohn se rappelait, c’est d’avoir vécu à Paris. Il parlait avec l’accent
des faubourgs de banlieue, connaissait le langage des voyous des grandes Villes
et il avait par des moyens honnêtes et malhonnêtes fait vivre une femme et deux
enfants. Il était à tu et à toi avec tous les flics de Paris et nommait tendrement
« monocles » les menottes. Chaque fois qu’il sortait de prison, il reprenait son
commerce, comme si simplement il avait pris des vacances. Ses marchandises de
contrebande venaient principalement de Belgique, du tabac pour la plus grosse
part, mais aussi tout ce qu’il pouvait trouver en chemin. La première fois de retour
de permission, il rapporta toute une collection d’objets : boutons, cigarettes,
ceintures, briquets, bretelles, ouvre-boîtes et n’importe quoi tenable dans une
main.
Personnellement, j’avais remarqué à nouveau ce camarade lourdaud aux
cheveux blond filasse un jour qu’il apparut au bureau de notre Compagnie pour
demander trois jours de « permission spéciale » au lieutenant Pierre Truffy qui
commandait alors notre Compagnie. À Truffy lui réclamant la raison de sa
requête, il déclara :
— Ma petite fille est malade et ma femme est sans argent.
Le lieutenant secoua la tête :
— Vous mentez encore, Kohn. Comment pourriez-vous obtenir de l’argent en
trois jours pour votre femme ?
— Je le volerai, mon lieutenant.
Il claqua des talons. Ou bien Truffy ne crut pas cette intention diabolique ou
bien il aima la franchise du soldat ; sous un prétexte ou un autre, il obtint du
713
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

colonel la permission spéciale sollicitée.


Exactement une heure avant l’extinction de sa permission, Kohn était de retour,
radieux. Durant les trois jours à Paris, il avait « trouvé » les ressources dont sa
famille avait besoin. En plus, il rapportait une valise pleine de marchandises. Il
nous vendit à des prix qui défiaient toute concurrence sa « camelote » comme il
disait : papier à lettres, lames de rasoir, batteries pour lampes de poche, haricots
en boîtes et autres babioles de luxe. Ainsi, avec plaisirpour le salut de la petite
fille de Gabriel Kohn, nous devînmes tous receleurs d’objets dérobés.
Maintenant, la tête enflée du voleur était posée sur mon ventre. Il frotta ses yeux
rouges aux paupières jaunâtres et me dit :
— Je suis mort.
— Qu’as-tu fait de ta motocyclette ?
— Je l’ai abandonnée dans un fossé.
— Pourquoi ?
— Un pneu crevé.
— Et alors ?
— Je n’avais rien pour réparer. Rien. Rien du tout.
Il se redressa lentement, rampant d’abord à quatre pattes avant de se mettre
debout. Je me levai et le laissant, je me traînai clopin-clopant à travers la place
d’Austerlitz jusqu’à l’église Saint-Charles, rue Gaillot-Aubert. Mes mains étaient
encore en sang à la suite de mes chutes. Je ne fis rien pour qu’on me les panse,
car je savais que notre ambulance avait des occupations bien plus sérieuses. À
part cela, il était impossible de trouver de l’eau dans toute la Ville. Le réseau avait
été détruit par un bombardement trois ou quatre jours auparavant. Les caillots
de sang noir sur mes mains étaient mélangés à la poussière et à la boue de
manière indiscernable. Je transportais mes menottes comme deux objets
étrangers. Un silence froid régnait dans l’église. Mes pieds résonnaient sur les
dalles. L’odeur de l’encens se mêlait à celle des feux.
Un sentiment enfantin me poussa à chercher le Christ en habit bleu, le Christ
de l’église de Noirval. Ma foi était-elle assez profonde et ferme ? Probablement
non, car je marchai dans l’église sans trouver la paix. Mes oreilles entraînées
entendaient que des tanks approchaient.
Je les écoutais dans le silence des quatre murs saints. Même les Saints sur les
murs semblaient attendre. Saint François d’Assise me regardait avec étonnement.
Je ne sais pas s’il s’étonnait de moi ou de la permission de Dieu à tout cela. Je
m’assis dans un banc vide et attendis. Je ne sais pas pourquoi, dans le silence
entre deux batailles, je m’abusai au point de croire que la foi en toutes choses
pouvait être atteinte sans lutter.
714
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Comment ai-je pu espérer que la plus grande des bénédictions pût être atteinte
sans effort comme un cadeau alors qu’il n’en était rien pour la plus petite ? Ça me
prit un moment avant que je comprenne que le mal n’avait pas approché le
Seigneur dans le désert par simple accident. Oui, le désert lui-même était une
tentation. La solitude m’enveloppa. L’absence de tout signe divin. Je joignis les
mains.
Je priai le Seigneur pour qu’il me permette de croire en lui, lui dont l’existence
m’était apparue problématique. Je baissai les yeux sur mes mains. Elles ne me
faisaient plus mal. Quand je quittai l’église, Gabriel Kohn était allongé sur les
marches du parvis. Je m’assis à son côté et il partagea un morceau de pain avec
moi. Lorsque je pris le pain, il remarqua mes mains :
— Qu’est-ce que cela ?
Je ne répondis pas. Il me prit par les épaules :
— Regarde, tu es sur le point de t’empoisonner le sang. Pourquoi ne les laves-
tu pas ?
— Il n’y a pas une goutte d’eau dans toute la Ville !
(Sainte-Menehould avait été bombardé les 10, 12, 14 mai et 11 juin…)
— As-tu essayé une ambulance ?
— Elles sont trop occupées pour prendre soin de moi. À part cela, je ne sais pas
où elles sont.
Il arrêta de manger. Il tira sur sa dent, signe chez lui de réflexion profonde.
Soudain, il bondit. Il semblait ne plus être fatigué. Avec ses grands bras
dégingandés, il me hissa debout et avant que je susse ce qu’il faisait, il m’avait
entraîné dans l’église, pris les mains et les avait plongées dans l’eau sainte du
bénitier en marbre. Horrifié, je tentai de me libérer.
Alors, il dit ceci :
— Ne sois pas effrayé. Je ne sais pas si Dieu est catholique ou juif, mais je sais
que, quel que soit le choix, il est bon ; et puisqu’il est bon, il ne peut être mesquin.
Je n’essayai plus de m’écarter. La voix de Gabriel Kohn résonnait comme si
c’était un autre homme qui parlait par sa bouche. Ce n’était plus la voix du voleur
qui m’avait vendu des boutons de pantalon, c’était une voix purifiée par l’eau
bénite. Il lava mes plaies. Ses mains poilues et maladroites étaient aussi douces
que celles d’une femme. La fraîcheur de l’eau adoucit tout mon corps. Lorsque
nous fûmes de retour à la lumière du jour, le bon samaritain murmura :
— Cette affaire de l’eau bénite, tu n’as qu’à l’arranger toi-même avec ton Dieu.
Moi, j’aurai assez de trouble à m’expliquer avec mon propre Dieu pour être entré
dans une Église catholique ; d’autant que j’y ai enlevé mon chapeau. Par son
chapeau, il signifiait son casque. Une fois de plus, il se mit à parler le jargon des
715
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

apaches des barrières de Paris, mais j’arrêtai de l’écouter. Pendant que nous
étions dans l’église, le bombardement de Sainte-Menehould avait débuté. »
Ladislas KOHN ❤ G.R. 16 P 321768
Né le 08-11-1917 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75). Naturalisé avril
1947. FFI.
Nicolas KOKINE
Né le 17-09-1894 à Moscou (Russix) Recrutemenx Chaumont (52).
Hersch KOKOJOWSKY
Né le 30-12-1909 à Bakalachew (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —>
KOKOSOWSKI (Georges) 1909, Bakalaszewo, 2' cl. 21' R. M. Liste N 17.
== Max KOKUSZ
Né le 09-ou 10-10-1903 à Brody (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Nicolas KOLCONIKOFF
Né le 19-02-1910 à Moscou (Russix) Recrutemenx Evreux (27).
Judka KOLEBKA †d MPFXd
Né le 11-06-1901 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). KOLEBKA Jucka né
le 11/06/1901 à VARSOVIE déporté par le convoi n° 13 le 31/07/1942 de Pithiviers
à Auschwitz. Déportés 1049. Survivants 13.
Dimitry KOLOFF
Né le 14-01-1895 à Moscou (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Isaac KOLSKI
Né le 11-01-1918 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Jacob KOLSKI
Né le 07-08-1915 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Abraham KOLSKY
Né le 20-08-1898 à Betravy (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Abram KON (ou Rubin KON)
Né le 10-01-1908 à Kalisz (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> KON (Abram) 10-
1-08, Kalisch (Pologne) 2' cl. 21' R. M. E. Liste N 17.

. Notre camarade Kon a 60 ans. N.V fev 68


Jean KONCZ
Né le 15-08-1896 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Simon KONIG
716
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 02-12-1908 à Kolomia (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> KONIG (Simon)


2-12-08, Koloméa (Autriche) 2' cl. 21' R. I. V. E. Liste N 17. … En 1772, l'Autriche a
arraché la ville de contrôle polonais et elle a fait partie de la nouvelle province de
Galicie... Les Juifs de Kolomyia souffrirent pendant l'occupation russe après le
déclenchement de la Première Guerre mondiale. Comme pour toute la Galicie,
beaucoup fuirent en Bohême, Moravie, Hongrie, et à Vienne. En 1919, les forces
polonaises ont repris la ville restée pour une courte durée avec la République
ukrainienne et elle est demeurée sous la juridiction polonaise jusqu'en 1939. La
vie juive de Kolomyia pendant la période polonaise entre entrer les deux-guerres
s’est caractérisée pour ses quelques 12 000 Juifs par des conditions économiques
en constante dégradation, alors que la vie culturelle et politique prospérait, en
particulier avec un grand nombre de factions sionistes. Après l'occupation
soviétique en 1939, toutes ces organisations ont été dissoutes. Les Hongrois et les
forces allemandes ont rapidement conquis la ville à l'été 1941, et la plupart de ses
Juifs ont été assassinés en février 1943 dans la forêt Szepariwice au dehors de la
ville et dans le camp de Belzec. Peu de survivants cachés subsistaient au retour de
l'Union soviétique et peu sont restés après la guerre, bien que la ville ait eu encore
environ 200 familles juives en 1957 et 70 en 1969.
Simon KONIGSBERG
Né le 10-10-1910 à Karchzew (Polognx) Recrutemenx SBC (75)
Boris KONNIKOFF
Né le 10-06-1895 à Moscou (Russix) Recrutemenx SBC (75)
Samuel KOPELOFF (Samuel-Robert KOPELOFF)
Né le 23-03-1902 à Petrograd (Russix) Recrutemenx SBC (75) —> KOPELOFF
(Samuel) 23-3-02, Pétrograd, 1’ cl. 21' R.I. Liste N 17.
Wolf KOPF †d MPFXd
Né le 12-12-1895 à Kosloff (Polognx) Recrutemenx SBC (75). KOPF Wolf né le
12/12/1895 à KOSLOFF, déporté par le convoi n° 15 le 05/08/1942 de Beaune la
Rolande à Auschwitz.décédé le 10 août 42 à Auschwitz. Déportés 1014 Gazés à
l’arrivée 704. Survivants 5
Theodore KOPILOFF ❤ 16 P 322260
Né le 26.02.1897 Priobragenchtaï (Russix) Recrutemenx Arras (62) R.M.V.E. —>
KOPILOFF (Théodore) 26-2-97, Preobragenskoïe (Russie) Cap, 1' P. 124. List 34.
Blessé le 17 juin 1940. Prisonnier du 2 08/40 au 4/07/41 au Stalag XIIIC G.R.
16P322260 KOPILOFF, Théodore 26.02.1897 Priobragenchtaï RUSSI. Arrivé en
France en 1917 (armée du tsar). Dénoncé pour des actes de résistace individuels
par des voisins italiens, il a été interné à la prison de Loos Les Lille de 12/11/41 à
13/01/43. Il rejoint officiellement les FTPF le 27 mars 1943. Il fait alors partie sous
717
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

le nom de Vidocq du mouvement FTPF de la région Arras/Lens. Il est en charge


de la remise en état des armes et à l’arrivée des troupes américaines du
« nettoyage d’Arras » le 1er septembre 1944. Demeuré en France., mariage et 7
enfants. Décédé 1973. Voir Chapitre V Résistance.
David KOPLEWICZ
Né le 13-02-1916 à Radomsko (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3718 —>
KOPLEWICZ (David) 13-2-16, Radomsko, 2' cl. 21' R. M. Liste N 17.
Nathan KOPLEWICZ ou KAPLEWIEZ (ou Nuchim)
Né le 07-01-1918 à Radomsko (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3770 —>
KAPLEWIEZ (Wuchim) 7-1-18, Radolsko, 2' cl. 21' R. M. Liste N 17.
Szloma KORCARZ
Né le 24-10-1905 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 6184 —>
KORCARZ (Szlama) 24-10-05, Varsovie (Pologne) 2' cl. 21' R. I. Liste N 17.
Ber KORCHIN
Né le 21-09-1905 à Riga (LettoniX) Recrutemenx SBC (75) Mle 6577.
Joseph KORMAN
Né le 14-02-1904 à Koziniew (Polognx) Recrutemenx i Stalag XII D —> KORMAN
(Joseph) 14-9-04, Kozienice (Pologne) 2' cl. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
Israel KORMANN
Né le 31-12-1900 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx Toulouse (31).
Chaim KORN
Né le 11-01-1901 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> KORN (Chaim)
11-1-01, Mdoméc, 2’ cl. 21’ R.M.V.E. Liste N 11.
Israel KORN †d MPFXd
Né le 16-03-1909 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Korn (Israël) né 15/3/09
Lodz, Dcd 22/4/44 Auschwitz. KORN Israel né le 15/03/1900 deporté par le convoi
n° 1 le 27/03/1942 de Drancy à Auschwitz.D 1112. S 19.
==Wolf KORNBERG
Né le 13-12-1918 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75)
Juda KORNER
Né le 25-12-1910 à Dynox (Polognx) Recrutemenx Nice (06).
Naftali KORNFELD
Né le 23-06-1909 à Nurmberg (Allemagnx) Recrutemenx SBC (75).
Pinkus KORNFELD ❤ GR 16 P 322382

. Paul Kornfeld N V juin 1966 p6


Né le 14-05-1903 à Wodzislaw (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 15549.
718
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Szmul KORNMESTER †d MPFXd


Né le 31-08-1902 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Kornmester (Szmul)
né 31/7/02, Varsovie, KORNMESTER Szmul né le 31/07/1902 à VARSOVIE déporté
par le convoi n° 50 le 04/03/1943 de Drancy à Maidanek. Dcd 9/3/43 Auschwitz.
Déportés 1000. Survivants31
Mordka KORZEC
Né le 16-06-1904 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
KORSAKOFF René Dimitrij (OU KORZAKOFF)
Russix Recrutemenx i Son compagnon au camp de Dieuze, Hans Habe a écrit :
« L’occupation professionnelle principale de René Korzakoff était la photographie.
Né à Paris de Russes blancs immigrés, cet homme raffiné avaitdes mains de
femme et il affichait la sévérité retenue de bien des Russes. Sa mélancolie
plaisamment tempérée était l’agréable oasis dans un univers d’optimistes butés
dont le monde s’écroulait chaque matin. Son appétit contrastait avec son aspect.
Maigre, distingué, ténébreux, il avait les lèvres dessinées pour faire croire qu’elles
ne se nourrissaient que d’amour et d’eau fraîche ; il était au contraire toujours
affamé comme un psychopathe insatiable. Son appétit féroce lui avait d’ailleurs
donné l’ingéniosité des psychopathes. Depuis son arrivée à Dieuze, il avait simulé
toutes les maladies possibles et impossibles, partiellement pour éviter une
identification plus stricte en dehors de l’infirmerie, mais aussi pour obtenir une
double ration de soupe. »
Jean KOSTER
Né le 09-03-1890 à Isienkeze (Pays-Bax) Recrutemenx Beauvais (60).
==Kasimir KOSZKORWSKI ou KOSZKOWSKI
Né le 19-05-1911 à Minsk (Russix) Recrutemenx Saint-Étienne (42) —>
KOSZKOWSKI (Casimir) 19-05-11, Minsk (Russie) cap. 21' R.I. Liste N 17.
Guzony KOTCHAROFF
Né le 14-11-1897 à Konbau (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Léon KOTEK
Né le 21-02-1920 à Goura (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Salomon KOTLERAS †d MPFXd
Né le 15-02-1896 à Vilnius (ex Vilna) (Polognx) Recrutemenx SBC (75). KOTLERAS
Salomon né le 15/02/1896 à WILNA déporté par le convoi n° 2 le 05/06/1942 à
Auschwitz. Salomon Kotliar est né à Wilno en 1896. Déporté par le Convoi 2 de
Compiegne à Auschwitz le 05/06/1942.
Joseph KOTLICKI
Né le 20-04-1916 à Kielce (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 8119 —> KOTLICKI
(Joseph) 20-4-06, Kielée (Pologne) 2' cl. 21' R.I. List 17. Naturalis 1947 :
719
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Ernest KOTTAK
Né le 24-10-1900 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 9043.
Nicolas KOUDRIAVTZEFF. †g MPFXg
Né le 12-04-1902 à Regitz (Russix) Recrutemenx SBC (75) Mle 6757 2e section de
la 3e Cie. KOUDRIAVZEFF Alexis Légionnaire — Mort 14/06/1940. 51. 1939-1945
91 Sainte-Geneviève-des-Bois Carré de corps restitués Cité dans le rapport du Lt
Obolenski pour le capitaine Benac.
Alexandre KOULINSKY
Né le 14-01-1905 (Russix) Recrutemenx SBC (75) à Moscou.
KOUSSEYAN
==KOUSSEYAN (Arménie) (Turquix) Recrutemenx i. Est-ce Ardaches KAZANDJIAN
Né le 03-11-1905 à Constantinople (Turquie)?
== Joseph KOUTACHI
Né le 10-06-1907 à Veliska (Yougoslavix) Recrutemenx SBC (75) —> KOUTACHY
(Joseph) 10-6-07, Kikinda (Yougoslavie) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17. Peintre né en 1907
(voir Internet… Voir témoignage Suzanne Koutachy et Jacques Assael. Il a fait
beaucoup d’affiches de cinéma comme on peut le constater sur internet.).
Comme peintre Il est reconnu pour ses tableaux de forêtc, etc., aussi pour un
poster iconique de la lotterie française et pour sa carrière d’au moins quatre
décennies pour de nombreux posters de fims.
Extrait d'un article de Suzanne KOUTACHY-JEANDEAU, Paru dans LA
TRAMONTANE, de janvier, février, mars 1963 :
En l'An 1939… Amicalement à ceux du 21e R.M.V.E. qui furent mes amis. Celui,
qui, n'ayant pas été instruit du lieu de sa destination et arrivant un soir au
BARCARES, croirait en se réveillant, avoir quitté la France… Devant l'aridité, le
dépouillement de ce pays, devant le sable où l'on s’enfonce, rien ne rappelle les
paysages familiers de la « douce France ». Et cependant au bout de quelques
jours, on subit l'envoûtement de ce tableau désolé et, tout en marchantcourbé
sous la « Tramontane » qui souffle dure et froide, on rêve d'évasions et de
départs. Tout dans ce village composé de quelques maisons, semble attendre de
la mer ses possibilités de vie. Toutest empreint d'une tenue, d'une dignité d'un
autre temps. L'hiver y est dur à cette côte. La mer souvent démontée roule ses
flots troubles et assourdissants ur une plage qui s'en va à perte de vue.
À la sortie du village s'amorce la longue route qui mène au camp. Le vent
continue de nous couper la figure ; les énormes nuages coiffent le Canigou. Vous
marchez d'un pas long, le « pas du légionnaire » Et vous arrivez devant les
immenses baraquements entourés de sable… Encore quelques pas… et vous
retrouvez ceux du 21e R.M.V.E. Il y avait, dans ce village, un petit café où l'on
720
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

servait aussi des repas. Que de volontaires y sont venus s'asseoir ! La nostalgie
qui tombait sur leurs épaules quand descendait le soir, les amenait
immanquablement dans ce réduit… Que de chants sentant bon lesoleil
d'Andalousie, que de mélancoliques mélodies russes ai-je entendu certains
soirs ? Je logeais, en ce mois de décembre 1939 dans une maison de pêcheur. Au
rez-de-chaussée, une pièce où dans l'âtre on faisait la cuisine…
Mon mari, le soldat de deuxième classe Joseph Koutachy, m'amenait toujours
une bande de copains qui se « languissaient » loin des leurs. Alors, avec une
imagination avivée par la nécessité, je confectionnais des sucreries que chacun
savourait en pensant à une mère, à une femme, à une amie, laissée dans une
chaude saison. Que sont-ils devenus ? … Ernesto G… fin, délicat, bouillant comme
sont Andalousie natale, Pietro le Yougoslave parlant à peine deux mots de
français, Francesco G… le marchand de fruits, lui qui était aussi brun que la nuit,
Salvator A… le jeune et fringant caporal, Nunes P… le Portugais qui était artiste
jusqu'au bout des doigts et chantait de mélancoliques « fados », Nicolas G… le
Bulgare qui gardait l'élégance jusque sous sa vareuse mal coupée et tant, et tant
d'autres… Combien tous étaient différents et avaient cependant le même cœur,
le même idéal, puisque tous étaient sous le même drapeau.
Depuis deux jours la tempête soufflait avec violence… Le ciel était de plus en
plus sombre et le souffle infernal commença à soulever des nuages de sable ; c'est
alors que je vis ce profilé comme des ombres, pliés en deux pour résister à la
tempête, les Volontaires qui traversaient avec peine un petit pont donnant sur un
marécage…
Je me suis arrêtée, j'ai regardé un instant leurs dos courbés, leurs capotes qui
semblaient à demi arrachées et j'ai pris le chemin du retour… Le jour était venu,
le Régiment allait gagner le front de combat… et c'était un jour ou le ciel avait pris
le deuil. Il tombait une petite pluie fine est froide. La mer roulait le sable de la
plage et ses flots gris se perdaient dans un brouillard qui bouchait l'horizon.
La veille, mon mari m’avait fait ses adieux et je restais là, dans ce petit logis de
passage ; j’étais assise sur une chaise paillée, les mains serrées l'une contre
l'autre, frissonnante et malheureuse.
Le 21e R.M.V.E. devait passer sous mes fenêtres au cours de la matinée… Les
échos de cette marche de la Légion que j'avais si souvent entendue firent sortir
sur le pas des portes, les braves gens du BARCARES. Leurs visages étaient graves,
mais ils applaudissaient ceux qui quittaient pour un destin combien incertain, ce
petit pays désolé et sauvage. Suzanne KOUTACHY- JANDEAU.
Salvator A. est Salvator Assael. Ernesto G est Ernesto Gonzalez. Nunes P.
pourrait être Pedro Nunes. Diaz ? Nicolas G. = Nicolas Christoff ? Francesco G.
721
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

est Francesco Gangarossa

Tableau par Joseph Koutachi


Marcel KOVACS
Né le 06-06-1896 à Zarnonice (Tchécoslovaquix) Recrutemenx SBC (75). 1er
R.M.V.E.
Jean KOVAL ❤ G.R. 16 P 323109
Né le 05-03-1919 à Odessa (Russix) Recrutemenx Toulouse (31).
==Samuel KOVARSKI ❤ G.R. 16 P 323126
KOVARSKI, Sam Pierre Né le 26-10-1907 à Daugavpils (LettoniX) Recrutemenx
Bordeaux (33) —> KOVARSKI (Samuel) 26-10-07, Perpignan, 2' cl. 21' R I Liste N
17. Il est cité dans le livre de Léon de Rosen avec prénom Édouard… : « Planton,
un vrai Russe, solidement planté, calme et poli… » Et en date du 4 janvier 1941,
« Kovarski en est à son 100e essai d’évasion, mais on le laisse toujours tomber !
Chaque jour il “reçoit” — longs conciliabules avec un camarade qui veut fuir.
Chose curieuse, c’est chaque fois le camarade qui partet Kovarski qui reste. »
Naturalisé 1947.
Aron KOWALEWSKI
Né le 10-04-1916 à Zez§onica (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> KOWALEWSKI
(Aron) 10-4-16, Jeziornica (Russie) 2’ cl. 21’ R. M. V. E. Liste N 16.
Zelman KOZAKOW †d MPFXd
Né le 01-02-1897 à Kalenkovicie (Russix) Recrutemenx SBC (75) Mle 918.
KOZAKOW Zelniau né le 01/02/1897 à KSLENKOBSTET déporté par le convoi n°
22 le 21/08/1942 de Drancy à Auschwitz. De profession Coiffeur. Habitait au 3,
rue Robert Houdin dans le 11e arondissement à PARIS. (France). Déportés 1000.
Gazés à l’arrivée 892. Survivants 7.
722
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Wolf KOZIEROW
Né le 06-05-1908 à Garvlin (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Herschon KRAKOVITCH
Né le 24-03-1900 à Odessa (Russix) Recrutemenx SBC (75). KRAKOVITCH
Herschon né le 24/03/1900 à Odessa (Ukr) déporté par le convoi n° 641 à Aurigny
le 12/08/1943, évadé le 01/09/1944. §d Libéréx
Louis KRANJEC
Né le 18-10-1913 à Stellton (États-Unix) Recrutemenx Châteauroux (36)
Alexandre KRASHENIMNIKOFF
E.V.D.G. Né le 25/08/1996, Véronège (Russix) Recrutemenx Montauban (82) Sous-
lieutenant 7e Cie Oflag XVII A à Göprig.
Vladimir KRASNOUSSOFF ou KRASSNOUSSOF
Né le 10/7/1897 E.V.D.G. (Russix) Recrutemenx i Sous-lieutenant- (3e bataillon, 2e
section 10e Cie.) Noté blessé et évacué (Document Duvernay) 10 juin 1940.
Pierre KRASS ❤ G.R. 16 P 323363
Né le 24-11-1911 à Helligenovald (Allemagnx) Recrutemenx Albi (81) —> KRASS
(Pierre) 24-11-14, Cordes (Tarn) 2e cl. 21e R.I. Liste N 17. (masques?)
Nicolas KRASSIEFF
Né le 01-01-1916 à Starocherckass (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Antoine KRATOCHVIL
Né le 12-07-1907 à Sofia (Bulgarix) Recrutemenx Marseille (13).
Béla KRAUSZ
Né le 28-05-1908 à Zsambek (Hongrix) Recrutemenx Melun (77).
Stéphan KRAVIECK
Né le 28-12-1899 à Dabrowska (Polognx) Recrutemenx Auxerre (89).
Judel KRAVTCHEINSKY.
Né le 10-10-1900 à Outianna (Russix) Recrutemenx SBC (75) —> KRAVTCHUNSKI
(Léon) 10-10-1900, Outianna (Russie) 2’ cl. 21’ R.M.V.E. List 16.
Reflagel KRAWIEC (Retlagel KRAWIEC)
Né le 06-04-1902 à Gomiedz ou Goniadz (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Joseph KREITCHMER Né le 06-11-1894 à Tiraspol (Russix) Recrutemenx SBC (75)
—> KREITCHMER (Joseph) 6-9-1894, Tinapol, Russie, 1re cl. St. XVII A. Liste 92.
Moszek KREMSKY
Né le 06-06-1894 à Czestochowa (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Jancz Yvan KREN
Né le 02-09-1908 à Glina (Yougoslavix) Recrutemenx Dunkerque (59) ?? —> KREN
(Yvan) 23-12-08, Glino (U.R.S.S.) 2’ cl, 21’R.I. St. XVII B. Liste N 72.
Boris KRENICER
723
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 22-10-1899 à Skoplie (Yougoslavix) Recrutemenx i.


Jules Ladislas KRIESER
Né le 01-05-1919 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Jean KRIZNIK
Né le 06-12-1914 à Merbeck (Allemagnx) Recrutemenx Thionville (57).
Hirsh KRISTAL†g MPFXg
Né le 21-06-1910 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3820. Mort en

1940. Hirsh Kristal.N V Novembre 1948


Luzer KRISTAF : Voir Krystal
Jacob KRONENBERG
Né le 25-12-1901 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 6305.
Alexandre KRROULEFF
Né le 16-11-1894 à Kersk (Russix) Recrutemenx Versailles (78)
Pierre KRYLOFF
(Engagé au 23e, erreur probable de la liste des décès du Mémorial des hommes,
Villers-Cotterêts signifiant plutôt 22e que 21e). Donc m.p.f.non comptabilisée au
21e. Né le 08-06-1897 à Khurkow (Russie) Recrut. SBC (75) Mort pour la France le
10-06-1940 (Villers-Cotterêts, 02 - Aisne, France) Tué au combat.
Luzer KRYSZTAL †d MPFXd
Né le 29-05-1907, Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 11844 —>
KRISTAL (Lizer) 29-5-07, Varsovie, Pologne 2e cl. 21e R.I. List 17. Kristal (Lizer), né
le 29/5/1907 à Varsovie), déporté) par le convoi n° 78 le 11/08/1944 de Lyon à
Auschwitz. Dcd le 20 mars 1945 à Aranienbourg D 750 Surv 32 ou 157?
Abram KRYZMAN
Né le 30-11-1908 à Kaminsk (Polognx) Recrutemenx SBC (75) 21e R.M.V.E. Mle
8399 —> KRYZMAN (Albert) 30-11-08, Kamisk, 2e cl. 22e R.I. ST. XIII A. Liste 94.
Bedrich KUCHAR
Né le 11-05-1911 à Cehinje (Yougoslavix) Recrutemenx Belgrade.
Stéphane KULUS
Né le 04-10-1911 à Salonta (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
Peter KUNZ ❤ G.R. 16 P 324362.
Né le 16-06-1914 à Duisburg (Allemagnx) Recrutemenx Périgueux (24).
Aromas KUPERAS
Né le 15-06-1906 à Corno (Lithuanix) Recrutemenx SBC (75) —> KUPERAS
(ARONAS) 15-6-06, Kaunas (Lithuan.) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
David KUPERMAN
Né le 19-10-1904 à Vola-Jycka ou à Wola Yelia (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
724
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Ladislas KUPFERSTEIN
Né le 17-07-1912 à Miskole (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —> KUPERSTEIN
(Ladislas) 17-7-12, Miskole (Hongrie) 2' cl. 21' R.M.V.E. 150. St X XI A Liste N 44.
Michaelo KUPRESANIN
Né le 12-12-1907 à Vzelanich (Yougoslavix) Recrutemenx Nice (06).
Hersz KURC
Né le 30-09-1903 à Radom (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Stanislas KURTOV
Né le 07-12-1906 à Pakostane (Yougoslavix) Recrutemenx Auxerre (89) —>
KURTOV (Stanislas) 7-12-06 Pakostene (Yougoslavie) cap. 21' R.I.V.E. Liste N 17.
Alexandre KURZER
Né le 04-03-1911 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75). 21e R.M.V.E. —>
KURZER (Alexandre) 4-3-11, Auberviliers 2e cl. 21e R.I.C. (???!) Liste N 15.
Joseph KUTIN ❤ G.R. 16 P 324517
Né le 17-10-1911 à Rowno (Polognx) Recrutemenx Rouen (76) KUTIN Joseph
(1911-1995) Juif d'origine polonaise né à Rowno (Pologne) il fuit son pays à cause
de l'antisémitisme et de son engagement politique. Arrivé en France, il milite au
sein de la M.O.I. Quand Francesco Franco, aidé par Hitler et Mussolini, étrangle
la République espagnole, il s'engage dans les brigades internationales. Au retour,
il est interné au camp de Vernet. Il s'en évade, et, en septembre 1939, au moment
de la déclaration de la guerre il s'engage dans l'armée française il est incorporé
au 21e R.M.V.E., participe à la bataille de France, échappe à la captivité en juin
1940. Démobilisé, il participe à la création des premiers groupes de l’Organisation
Spéciale (O.S.) du P.CF. En juin 1942, il forme l’embryon de ce qui devait devenir
les bataillons F.T.P-M.O.I. « Carmagnole » et « Liberté » Arrêté, il est déporté à
Auschwitz. [KUTIN Joseph né le 17/10/1911 déporté par le convoi n° 75 le
30/05/1944 à Auschwitz, D 1000, S 85] le bataillon Carmagnole à Lyon,
commandé par Michel Fey tué le 21 juillet 1944. Le Bataillon Liberté à Grenoble,
commandé par Léon Gaist qui est tué en juillet 1943 et remplacé par Nathan Saks.
Après de nombreuses actions armées, les deux bataillons sont rejoints par des
éléments de l’Union des Juifs pour l’Entraide et la Résistance (U.J.R.E). Ils
participent à la libération de Villeurbanne le 25 août 1944. §d Libéréx, Kutin
rentre en France en 1945, puis rejoint son pays d’origine, ou il devient vice-
ministre de l’Économie. Devant l’antisémitisme renaissant, il décide de revenir en
France où il exercera la profession d’ingénieur chimiste. Décédé en mars 1995.
Voire Chap. V.
==François KUYTEN
Né le 20-07-1906 à Anvers (Belgiqux) Recrutemenx SBC (75) —> KUYTEN
725
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

(François) 20-7-06, Anvers, 2' cl. 21' R.M.V.E. St. XI A. Liste N 44.
Stéphan KUZWA
Né le 25-04-1915 à Gederovic (Yougoslavix) Recrutemenx Aurillac (15) —> KUZNA
(Étienne) 4-4-15, Gedervovci (Youg.) 2’ cl. 21’ R. M. V. E. Liste N 11.
Icek KWASNIEWSKI
Né le 07-02-1904 à Pineczovo (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Léon LACHAT
Né le 21-09-1906 à Berné (Suissx) Recrutemenx SBC (75)
Jean LACRUZ
Né le 24-06-18 à Barcelone (Espagnx) Recrutemenx Carcassonne 11 —> LACRUZ
(Jean) 24-6-18 Barcelonne Espagne 2e cl. 21e R.I. Liste N 17.
Ventura Henriquez LADEIRA
Né le 11-02-1911 à Alcofra-Voesela (Portugax) Recrutemenx Chaumont (52) —>
LADEIRA (Ventura) 11-2-11, Alcofra, 2' cl. 21’ R.I. St. XI B. Liste N 100.
LAGARRIGUE Jean
ŸFDX Officier de liaison et officier Z à l’état-major du 21e R.M.V.E..Extrait de la liste
officielle N 48 de prisonniers de guerre français Paris, le 4 décembre
1940.Lagarrigue (Jean) 25-6-95 : Aurillac, capitaine E.M. 35' D.I. Oflag VI A. À
l’état-major du 21e, il était officier de liaison et Officier Z. À Sainte-Menehould, il
transmet l‘ordre de repli du 1er bataillon, ordre venant de la division et cela sans
passer par le Régiment…
Son portrait par Robert Dufourg : « L’officier de liaison du 21e R.M.V.E., le
capitaine Jean Lagarrigue directeur d’une banque paloise, était franc et direct.
Avec lui, il n’était pas utile de ruser. On pouvait discuter, mais quand on était
tombé d’accord, il n’y avait plus à y revenir. Paisible, aussi bien au feu qu’au
bureau, d’un robuste optimisme qui ne l’a jamais abandonné, brave et froid
devant le danger comme un vieux soldat qu’il était, il gagna tout de suite mon
amitié ainsi que celle de tous les officiers de la division. ». Noter ce portrait et
cette amitié et le fait qu’au camp de prisonniers ce banquier de Pau ne s’affiche
pas comme officier du 21e R.M.V.E., mais de la Division. Trop d’éléments dans
cette courte biographie posent un point d’interrogation sur son rôle de pipelette
possible dans l’éviction de Debuissy. Dufourg ne l’a sûrement jamais vu au feu.
Arthur LAHEURTE
—> LAHEURTE (Arthur) ŸFDX 14-2-05, Sceaux, adj.-c, 21e R. St. XI A. List N 44.
David LAIFER †d MPFXd
Né le 01-10-1907 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). David né le
01/10/1907 à VARSOVIE déporté par le convoi n° 6 le 17/07/1942 de Pithiviers à
Auschwitz. Déportés 1038. Survivants 35.
726
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Hans Habe (12 mai 1940) : « Qand j’étais entré dans la sale d’attente de la gare
d’Autry, un soldat y était déjà, assis sur un banc. Il était penché sur le petit poêle
d’acier au milieu de la pièce.
— Qui est cet homme ? Il me semble l’avoir déjà vu, mais je ne le reconnais pas,
pensai-je. Un doux sourire illumina son visage gris et mince littéralement masqué
par ses paupières inférieures tombant de ses yeux comme de lourds sacs sur le
dos d’un homme faible. Je le reconnus. Il s’appelait David Laifer et il appartenait
à ma Compagnie (CC). Gaillard robuste, imprimeur de profession, il travaillait au
bureau de la Compagnie. Son père avait gagné plusieurs décorations dans la
Légion étrangère durant la Grande Guerre. Je lui avais parlé tous les jours durant
notre entraînement à Barcarès. Empâté et rose, Laifer se joignait à tout et se
rendait toujours utile. Chaque samedi, il partait voir des membres de sa famille à
Narbonne et revenait chargé de pâtisseries. Pendant un certain temps, il avait
occupé une couchette près de lamienne ; et je ne l’avais pas reconnu.
Je lui demandai s’il avait quelque chose à manger. Il me montra son havresac à
côté de lui. Je l’ouvris et trouvai une boîte de sardines. Je lui demandai si je
pouvais l’ouvrir. Il opina. Nous partageâmes le contenu. Laifer avala quatre ou
cinq sardines sur un morceau de pain que j’avais de mon côté. Il était à moitié
mort d’inanition et n’avait pas eu la force d’ouvrir son sac… sans le bureau… : C’est
alors qu’entra Henri Laifer, le frère de David Laifer, imprimeur comme lui. Il était
le fier possesseur de la dernière motocyclette disponible de notre Compagnie.
Ayant tout accompli par la route, il venait de nous retrouver. Il nous dit qu’il ne
s’était rien passé sur son trajet et que nous aurions pu l’emprunter en toute
sécurité. Il nous demanda si nous savions ou était son frère David : il ne l’avait pas
vu depuis quatre jours.
— Tu viens juste de le dépasser, lui dis-je. Il est dans la salle d’attente. Il me
regarda, devint blanc. Il voulut dire, quelque chose, mais referma la bouche sans
avoir prononcé un mot. Il fit demi-tour et sortit du bureau. Je compris qu’il était
passé devant son frère sans le reconnaître…
==Salomon LAIFER alias Henri
Né le 09-07-1909 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> LAIFER (Henri)
9-7-09. Varsovie 21e R.I. Liste N. 17.
Albert LAINE
—> LAINE (Albert) ŸFDX 8-10-12, FDS Sains-en-Gohelle, serg. 21e R.M.V.E. St. XI A.
List17 et 44.
Antoine LAKIES
Né le 29-04-1913 à Csasko (Hongrix) Recrutemenx Périgueux (24) —> LAKIES
(Antoine) 29-4-13, Crasko (Hongrie) 2’ cl. 21’ R.M. St. XI A. Liste N 44.
727
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Charles LAMBERT
Né le 10-03-1919 à Wayne Dehort (États-Unix) Recrutemenx Cambrai (59) —>
LAMBERT (Charles) 10-3-19, Waynes, cap. 21' Etr. St, XI A. Liste N 44.
Armand LAMY
—> LAMY (Armand) ŸFDX 4-11-16 Courbevoie (Seine) Serg. -chef 21e R.I. List 17.
==Joseph LANDAU (Joseph Mendel LANDAU) (75)
Né le 27-05-1908 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> LANDAU (Joseph)
21-5-08, Lodz (Pologne) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Jean LANGLOIS ❤ G.R. 16 P 336430
LANGLOIS, Jean Jacques 19.10.1913 Paris 20 Seine.
—> LANGLOIS (Jean) ŸFDX 19-10-13, Paris Adjdt 21e R.I. Liste N 17. FFL BRUTUS.
==Albert LANGMAN
Né le 05-09-1919 à Lubartow (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Naturalisé avril
1947 N V. (=LANGINEM Albert de la CA3 blessé à Allain le 21/6/40 ?)
==Louis LAPPAI
Né le 05-02-1902 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
José LARADS
Né le 25-07-1916 à Lisbonne (Portugax) Recrutemenx Perpignan (66).
Casimir LAREDO
—> LAREDO (Casimir), 2-3-06, Eclada de la Torra, Burgos, Espagnx, 1re cl, 21e R.I.
Recrutemenx Liste N 17. Déporté à Mauthausen : Arrivée du 24/05/1941 venant
du Stalag XII B Frankenthal, Mle 5604 LAREDO PORRAS Casimiro né le 02/03/1906
à Celada la Torres. Parcours Steyr. §d Libéréx le 05/05/1945 à Steyr.
Joachim LARRIGOLA
—> LARRIGOLA (Joachim) ŸFDX né le 1-2-10, Roubia, Aude, 21e R.I. 134 List 47.
==Louis LASCO (Louis)
Né à Rosina (Italix) le 17-07-1900, Recrutemenx Versailles (78)
Hertz LASK
Né le 18-12-1911 à Tomaszow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> LASK (Hertz)
18-12-11, Tomaszow (Pologne) 2’cl. 21' R.I. Liste N 17.
Raymond LAUBER❤ FFI. G.R. 16 P 341388 Raymond Laurent Louis LAUBER. —>
Raymond LAUBER, ŸFDX 24-9-13, Val-et-Châtillon M-M Serg. 21e R.I. List17.
Jakob LAUFER †g MPFXg
Né le 31-10-1903 à Sambor ou Pieczyska (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Mort
le 14-06-1940 (La Neuville au Pont, 51 - Marne, France) Nécrop nationale La
Ferme de Suippes. Doc Duvernay 10e Cie : blessé et évacué.
==Porfirio LAURENCO
Né le 15-02-1906 à Tangil (Portugax) Recrutemenx SBC (75).
728
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Benjamin LAUS
Né le 10-08-1907 à Przemyszl ou Przemenyl (Polognx) Recrutemenx SBC (75). 21e
R.M.V.E. —> LAUS (Benjamin) 10-8-07, Przemenyl, Paris 2e cl. 202e RRP. 204. Liste
N 54. 202e Régiment Régional de Protection Stationné en Meurthe-et-Moselle. N
V avril 1947 : livret militaire.
Auguste Nicolas LAUWAERT
Né le 05-04-1900 à Vieux Reng Nord (Belgiqux) Recrutemenx Cambrai (59).
LAVAUD ?
ŸFDX Adjt 3e bat 10e Cie Noté blessé et évacué dans document Duvernay S.C.
Joseph LAWNUCZAC
Né le 15-11-1908 à Petword (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> LAWNUCZAK
(Joseph) 15-11-08, Porporue (Polog) 2’cl. 21' R.I. Liste N 17.
Emmanuel LAX †d MPFXd
Né le 10-04-1908 à Sighetul (Roumanix) Recrutemenx SBC (75). LAX Emmanuel
né le 10/04/1908 à SIGHETUL déporté par le convoi n° 2 le 05/06/1942 de
Compiègne à Auschwitz. Emmanuel Lax est né à Sighet, Roumanie en 1910..
Déportés 1000. Survivants 41.
==Isy LAZARE ❤ G.R. 16 P 345087
Né le 16-06-1909 à New-York (États-Unix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5666 —>
LAZARE (Isy) 16-6-09, New-York, 2' cl. 21' R. I. Liste N 17
==Georges LAZARESCOU
Né le 02-03-1906 à Barlad (Roumanix) Recrutemenx Bordeaux (33) Mle 5159, 21e
R.M.V.E., 10e Compagnie (3e Bataillon) 1re section. Sergent. Voici son témoignage :
« Le 25 mai 1949, le 21e R.M.V.E. prenait position dans les Ardennes au Chesne et
aux Petites-Armoises. J’appartenais à la 10e Compagnie. J’étais Chef de Groupe
dans la 1re section commandée par le lieutenant Monteil. Nous avons gardé nos
positions jusqu’au 12 juin sans céder un pouce de terrain malgré les attaques
répétées des Allemands.
Le 12 juin est la date où la 35e Division à laquelle le 21e R.M.V.E appartenait a
effectué le premier repli. Le 13 juin à 7 heures, le 3e bataillon du 21e prenait
position dans les environs de Vaux-les-Mourons et, dans le courant de la journée,
il a combattu l’ennemi sans interruption. Vers 20 heures, trois sections de la 10e
Compagnie furent désignées pour conserver les positions et tenir pour faciliter le
repli du bataillon ; nous avons contenu les Allemands jusqu’à 23 heures sans qu’ils
avancent d’un mètre. Mon Groupe, qui ne possédait plus que 8 hommes sans
Caporal, avait comme mission de défendre le croisement des deux routes.
Pendant tout ce temps, mon Tireur le Volontaire Rojo Marian, Mle 5162, et le
Chargeur, le Volontaire Naranjo Antonio, Mle 5160, se sont particulièrement
729
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

distingués, ils ont fait leur devoir.


À 23 heures, nous avons commencé à nous replier, car les Allemands avaient
cessé de tirer sur nous. Après une nuit de marche vers Sainte-Menehould, lieu où
nous devions rejoindre notre régiment, nous arrivons le 14 vers 10 heures à
l’entrée du village de Neuville-le-Pont. Nous avons constaté que le Génie avait fait
sauter le pont et nous avons été obligé de travailler la rivière à la nage. Ensuite,
les Allemands qui n’étaient pas loin alors que nous l’ignorions ont ouvert le feu
sur nous et comme la veille au soir nous avions épuisé toutes nos munitions,
notre seule solution a été de nous disperser dans le village. Le 14, après une
journée de marche sans se reposer, ni manger, nous arrivons à la Grange-aux-
Bois, village situé à l’est de Sainte-Menehould, où nous trouvons le 2e bataillon
du 21e R.M.V.E. en plein combat.
Nous passons la nuit avec le le 2e bataillon et le lendemain, le 15 juin, le
lieutenant Georges Monteil reforme sa section, trois groupes de 9 hommes. On
avait deux F.M. et 9 boîtes de chargeurs par section et nous partons à l’est vers le
village des Vignettes pour donner un coup de main au 11e R. I. qui demandait du
renfort. Un premier Groupe s’installa sous le commandement du caporal Michel
Gandia dans les environs d’une ferme un peu isolée, suivi ensuite par les deux
autres Groupes, un sous le commandement du sergent Isaac Pereira et l’autre
sous mon commandement.
Alors le 11e R. I. était en plein combat et subissait de lourdes pertes. Le combat
durait depuis une heure environ, lorsque le lieutenant Georges Monteil me donna
l’ordre de prendre deux hommes avec moi et d’aller au secours du Groupe du
Caporal Michel Gandia, car on entendait des coups de feu dans cette direction.
J’ai pris avec moi les Volontaires Rojo et Naranjo et nous sommes partis dans la
direction indiquée par le lieutenant Monteil. Nous avions marché une centaine
de mètres dans la forêt quand nous avons aperçu des Allemands qui avançaient.
Nous nous sommes arrêtés et nous avons commencé à décharger nos fusils sur
eux ; le Groupe du caporal Gandia presque encerclé s’est dégagé alors, mais
comme nous étions limités en munitions, nous nous sommes repliés sur l’endroit
où j’avais laissé le lieutenant Monteil avec le reste de la section, mais ce fut
impossible de les rejoindre : les Allemands les avaient encerclés et les avaient
probablement faits prisonniers.
Alors un lieutenant du 11e R I. nous a pris sous son commandement et, nos
réserves de munitions étant épuisées, nous nous sommes repliés. Après quelques
heures de marche non sans péripéties, nous avons retrouvé notre Capitaine et
quelques restes de la 10e Compagnie, une quarantaine en tout, parmi eux
l’Aspirant Jean Defoy, le Sergent-Chef Fernand Petreau. Le 17 juin dans les
730
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

environs du village d’Érize-la-Grande, nous avons donné un coup de main au 123e


R I et le 20 juin nous prenions position dans les alentours du village d’Allain que
nous avons défendu jusqu’à ce que nous recevions l’ordre de cesser le feu, car
l’armistice venait d’être signé le 23 juin. Deux jours plus tard nous partions pour
la captivité. »
Eleuterio LEAL
Né le 21-02-1915 Santa Maria del Berrocal (Espagnx) Recrutemenx Bordeaux.
André LEBOVICS
Né le 08-06-1910 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75)
Louis LEBOVITS
Né le 23-01-1909 à Petrozany (Hongrix) Recrutemenx Arras (62).
Ernest LEBRUN
—> LEBRUN (Ernest) ŸFDX 7-5-98, Bousies (Nord) cap. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
Léon LECOMTE
—> LECOMTE (Léon) ŸFDX 21-1-05, Lyon, serg. 21' R.M. St. XI A. Liste N 44.
Nicolas LEDERER
Né le 03-10-1910 à Egyek (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —> LEDERER (Nicolas)
3-3-10, Egyck (Hongrie) 2' cl., 21' R.I.F. St. XI A.
==Paul LEESCU ❤ FFI. G.R. 16 P 352560
Né le 13-10-1909 à Kilia (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 2869.
XXX LEFÈVRE
ŸFDX Adjt-Chef de la section de commandement de la 9e Cie. (3e bataillon).
Firmin LEGRAND
Né le 19-03-1912 à Gobe (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
—> ==LE GUILLARD (Eugène)
ŸFDX 24-2-88, Lambézéllec (Finistère) capitaine 21' R.M.V.E. Chef d’état-major du
21e. Liste N 22.

Le Guillard Eugène 1889-1965.


Hans Habe : « Le commandant Le Guillard caressait sa moustache soyeuse. Avec
ses bottes fraîchement cirées, il ressemblait à un gros chat. » Légion d’honneur
le 1/9/40, ordre du 1/2/41… ŸFDX 24-2-88, Lambézéllec (Finistère) capi- 21'
R.M.V.E. Chef dIE M du 21e. Liste N 22. Hans Habe : « Le commandant Le Guillard
caressait sa moustache soyeuse. Avec ses bottes fraîchement cirées, il
ressemblait à un gros chat. » Légion d’honneur le 1/9/40, ordre du 1/2/41…
Abram LEHOVETZKI
Né le 22-05-1904 à Nicolaeff (Russix) Recrutemenx SBC (75).
731
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Smil Aizic LEIBA


Né le 04-09-1914 à Jassy (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> LEIBA (Smil) 4-9-
14, Yassi (Roumanie) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Samuel LEIBER
Néle 15-07-1907 à Foscani (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 7115.
Iser Jacques LEIBOVICI†p
Né le 20-11-1909 à Rascani (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 7448
LEIBOVICI Jacques Juif engagé dans le 21e R.M.V.E., il mourra suite aux mauvais
traitements subis lors de sa captivité. MPFXp. Il repose au cimetière de Livry-
Gargan dans le même caveau que ses parents, le caporal Adolphe Moldavan
tombé au cours des terribles batailles du Monte Cassino et Maurice Grobman qui
a participé à la libération de Paris dans la Division blindée du Maréchal Leclerc.
Maurice Grobman sera tué dans son char pendant la bataille des Vosges. Discours
UEVAC Gérard Grobman 2009.
== Léon LEIBOVICI
Né le 05-05-1907 à Sarrat (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> LEIBOVICI
(Léon) 5-5-07, Sarrat, 2’ cl. 21’ R. M. V. E. Liste N 15.
LEIBU Samuel †g MPFXg
Né le 13-7-1906 à Tocsani Mort le 26-05-1940 (08 - Ardennes, France) Tué par
éclats d'obus —Floing Nécropole nationale.
Salomon LEIDER
Né le 08-08-1897 à Radziechow (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Abraham LEIVANT
Né le 15-08-1907 à Sukureni (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> LEIVANT
(Abraham) 15-8-07 Secureni (Roumanie) 2e cl 21e R.M. Liste N 17.
Szmul LEJZOROWICZé le 17-09-1905 à Przedborz (Polognx) Recrutemenx SBC (75)
Mle 3611 —> LEJZOROWICZ (Szmul) 17-9-05, Varsovie (Pol) 2' cl. 21' R.I.V.E. L 17.
Louis LE MADIC ❤ G.R. 16 P 359435
Louis Marie LE MADIC, né le 11.02.1920 Gourin Morbihan. (Belgiqux)
Recrutemenx Lorient (56) —> MADIC (Louis) List N 43 ?
Salomon LEMBERGER †d MPFXd
Né le 25-01-1895 à Biala (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 824. LEMBERGER
(Salomon) né 25/1/95 A BIALA, déporté convoi n° 67 le 03/02/1944 de Drancy à
Auschwitz. Dcd 8/2/44. Déportés 1214. Survivants 12.
Szmul LEMBERGER †d MPFXd
Né le 16-05-1907 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx Vincennes (94). Mle 11510.
Lemberger ((Szmul) né 16/5/07 Varsovie. LEMBERGER Szmul né le 16/05/1907 à
VARSOVIE déporté par le convoi n° 7 Train DA 901-2 le 19/07/1942 de Drancy à
732
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Auschwitz Dcd 24/7/42. D 999. Gazés 375. Surv 16.


Léon LEMOINE
Né le 25-04-1915 à Neuchâtel (Suissx) Recrutemenx Lille (59) —> LEMOINE (Léon)
25-4-11, Neufchâtel, 2' cl. 21' R.M.V.E. St. VII A. Liste N 45.
Isaac LEMPERT
Né le 01-07-1906 (Polognx) Recrutemenx Belfort (90) —> LEMPERT (Isaac) 22-8-
06, Neniruv (Pol) 2’ Cl. 21e R.I. Liste N 17.
Boruck LENEMAN
Né le 04-02-1911 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Jochum LENEZNER
Né le 01-01-1890 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Michel LENGA
Né le 15-07-1904 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Mendel LENKINSKI
Né le 03-01-1907 à Widawa (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> LENKINSKI
(Mendel) 3-1-07, Widava (Pologne) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Raphael LEON
Né le 1907 à Audin (Turquix) Recrutemenx SBC (75) —> LEON (Raphaël) 18-4-07,
Aïdin (Turquie) 1’cl. 21e R.I.
Florian LEPOIVRE
Né le 16-03-1911 à Taintegnies (Belgiqux) Recrutemenx Arras (62).
Baruch LERNER (Boria Lerner) ❤ †g MPfxg FFI GR 16 P 365217 L
Boruch LERNER, né le 15.12.1914 LiP.Cani Bessarabie (Roumanix). Recrutemenx
SBC (75). Voir chapitre V.
Mejer LERNER
Né le 03-11-1913 à Mynow (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
?? LEROY
AdJt 11e Cie 3e bat. ŸFDX.
?? LEROY
Sgt Ch Comptable CA2 ŸFDX
==LESFAURIES (Jean) ŸFDX 25-1-08, Marseille, adjudant. 21' R I. Liste N 17. Hans
Habe a écrit : « … L’adjudant Lesfauries était éditorialiste à Paris, un petit
éditorialiste. Il avait l'habitude de rechercher six fois par jour dans Paris Soir
toutes les nouveautés, y compris, comme on dit “les histoires de chiens crevés”.
Il continuait de s’informer auprès de tous ceux qu’il rencontrait. Aussi, il espéra
entendre le troglodyte donner des nouvelles… » Le 11 juin : « Je rampai jusqu’à
notre grand trou de bombe. L’adjudant Lesfauries, chef de nos télégraphistes,
discourait. Il voulait retourner voir sa femme à Paris avant que la Ville tombe. Il
733
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

ne comprenait pas que la France n’ait pas encore demandé un Armistice depuis
longtemps… » Je rampai jusqu’à notre grand trou de bombe. L’adjudant
Lesfauries, chef de nos télégraphistes, discourait. Il voulait retourner voir sa
femme à Paris avant que la Ville tombe. Il ne comprenait pas que la France n’ait
pas encore demandé un Armistice depuis longtemps... » Et sur la place
d’Austerlitz le 13 : « … L’adjudant Lesfauries se buta contre moi et me demanda
avec un air totalement stupide s’il se passait quelque chose de nouveau. Il
n’attendit pas que je réponde… »
Bogdan LESKOSAC
Né le 03-02-1910 à Laho (Yougoslavix) Recrutemenx SBC (75).
Henri LEUCHTER
Né le 21-08-1902 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Zaukiel LEVARTORSKI
Né le 12-05-1902 à Wegrou (Polognx) Recrutemenx SBC (75)
Abram LEVI ou Abraham-Avram LEVI
Né le 01-01-1906 à Smyrne (Turquix) Recrutemenx SBC (75) —> LEVI (Avram) 1-
1-06, Smyrne. (Turquie) 2' cl. 21' R.I. Liste 17.
Salomon LEVI
Né le 25-12-1911 à Salonique (Grècx) Recrutemenx SBC (75) —> LEVI (Salomon)
25-12-11, Salonique (Grèce) 2’ cl. 21’ R. M. V. E. Liste N 11.
Mendel LEVINBAUM
Né le 09-07-1903 à Turobin (Polognx) Recrutemenx i blessé en juin 1940.
Isaac LEVINE
Né le 25-08-1891 à Simorgan (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Meyer LEVINE
Né le 09-02-1889 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
== Samuel LEVIS
Né le 05-05-1918 à Jamrina (Grècx) Recrutemenx SBC (75) Mle 14694.
Abram LEVY
Né en 02-1908 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75) —> LEVY
(Albert) 2-2-08, Constantinople (Turquie) 2' cl. 21' R. I.
Jacob LEVY
Né le 07-02-1914 à Jérusalem (Palestinx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3685.
Jacques LEVY
Né le 05-05 ou 03-1904 à Istamboul. (Turquix) Recrutemenx SBC (75) —> LEVY
(Jacques) 5-5-04, Istamboul (Turquie) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Jacquex LEVY
Né le 01-05-1910 à Tanger (Marox) Recrutemenx SBC (75).
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Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Jacques LEVY
Né le 06-07-1906 à Salonique (Grèce) Nation indéter-RMVE SBC 75 Mle 7403
Joseph LEVY
Né le 29-12-1910 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75).Luvien LEVY
—> LEVY (Lucien) 24-4-06, Salonique (Grècx) Recrutemenx i, 1' cl. 21' R.I. Lst 17.
==Moïse LEVY
Né le 09-03-1904 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75) Mle 6695.
Nehamia LEVY
Né le 25-06-1910 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75). —> LEVY
(Nehamia) 6-10-10, Constantinople 2e cl.21e R.I Liste N 17.
Salomon LEVY
Né le 03-04-1913 à Aidion (Turquix) Recrutemenx SBC (75) —> LEVY (Salomon) 3-
4-13, Aidin (Turquie) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Simon LÉVY
Né le 1-08-1903 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75). Document
Duvernay. Appartenait à la 4e section de la 10e Cie (3e bataillon).
Sylvain LEVY (117)
Né le 20-12-1908 à Salonique (Grècx) Recrutemenx SBC (75) Mle 1952 —> LEVY
(Sylvain) 20-12-08, Salonique, 2' cl. 21’ R.I. St. XI A. Liste N 44.
Victor LEVY
Né le 08-03-1914 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx Lyon 69)
Yuda LEVY (alias Léon)
Né le 19-10-1918 à Istamboul (Turquix) Recrutemenx SBC (75) Mle 7482 —> LEVI
(Léon) 19-10-18, Constantinople, 2’ cl. 21’ R.I. St. XI B. Liste N 100.Isaac LEW ou
Ossax LES (Ou Isaac LEW ?)
Né le 16-08-1915 à Minsk (Russix) Recrutemenx SBC (75) Mle 14633 —>
LEW (Isaj ou Isaac) 16-8-15, Minsk (Russie) 2' cl. 21' R. I. Liste N 17.
Mendel LEWENKAUM
Né le 09-07-1903 à Curovin ou Curovin (Belgiqux) Recrutemenx SBC (75) Blessé

en mai ou juin 1940 Lewenkaum


Chonon LEWIN †d MPFXd
Né le 17-04-1891 à Pinsk (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> LEWIN (Chonon)
17-4-91, Pinsk (Pologne) 2e cl, R.M.V.E. St. IV B Liste 48. LEWIN Chonon né le
17/04/1891 à PINSK déporté par le convoi n° 3 le 22/06/1942 à Auschwitz.
Déportés 1000. Survivants 24
Lejb LEWIN †d MPFXd
Né le 08-09-1904 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Ewin (Léon) né
735
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

8/8/04 Varsovie Dcd 9/8/42 Auschwitz. Lejb Lewin est né à Warszawa, en 1904.
Déporté par le Convoi 4 de Pithiviers à Auschwitz.
Benjamin LEWINSKY ❤ FFL G.R. 16 P 370810
Né le 15-5-1916, à Varsovie Pologne (SBC 75) Mle11509. ---> 1er B.M.V.E.) Ch.1.
Gerson LEWITAN 112
Né le 29-11-1904 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Abraham LEWITSKY
Né le 17-11-1896 à Moscou (Russix) Recrutemenx SBC (75)
Hans LIATCHEFF ❤†g MPfxg G.R. 16 P 371948
LIATCHEFF, Hans 10.12.1916 Sofia BULGARIE. Né le 10-12-1916 à Sofia (Bulgarix)
Recrutemenx SBC (75) Engagé FFI en 1941 au Liban. S-Lt. Tué 5/9/1943.
Ehil LIBERMAN
Né le 10-10-1905 à Kruszyn (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Max LIBERMAN
Né le 15-03-1911 à Ponowiez ou Ponovicz (Lithuanix) Recrutemenx SBC (75)
Antoine LICERAS
Né le 08-02-1915 à Madrid (Espagnx) Recrutemenx Pau (64) —> LICERAS
(Antoine) 8-2-15, Madrid, 2e cl. 21e R.M. Liste N 17.
Étienne LICHTMAN†g MPFXG.
Né le 05-12-1906 à Heye (Roumanix) Recrutemenx SBC (75). Mle 7143. Journal Le
matin du 16 juillet 1940 : Prière camarades de sergent Étienne Lichtmann 21e
R.M.V.E., blessé le 12 ou 13 juin 1940, côté Bar-Le-Duc, donner nouv. Violette, 30
r. Godot-Mauroy – 9e. Stefan LICHTMAN né le 14/6/1906 à Ciumeghin (Roumanie)
tué le 14/06/1940 (bombardement).
Herzch LIEBERMAN †d MPFXd
Né le 14-11-1902 à Przework (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Mle 7143. Journal
Le matin du 16 juillet 1940 Lieberman (Hersz, Leib né le 14/11/1902 à Przework
(pol.) Dcd Auschwitz 13/8/42. Hersch Lieberman est né à Przeworsk, Pologne en
1902. Déporté par le Convoi 4 de Pithiviers, à Auschwitz le 25/06/1942. Déportés
999. Survivants 51.
==Georges LIEBSKIND
Né le 06-06-1919 à Berlin (Allemagnx) Recrutemenx SBC (75)
Ernest LIGNIER
Né le 19-08-1898 à Bruxelles (Belgiqux) Recrutemenx Nice (06).
Fernand LINARD
—> Ferdinand LINARD ŸFDX Né le 24-7-11 à Grenoble (Isère) sergent, 21e RMVE.
List 17.
William LINDEN FFI ❤ G.R. 16 P 373273
736
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

LINDEN, William. Né le 03-05-1906 à Koilonisza (Polognx) Recrutemenx SBC (75).


Alexandre LINDENBERG
Né le 28-08-1919 à Bucarest (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
==Antonio LINO
Né le 06-06-1914 à Vila-Moinnos (Portugax) Recrutemenx SBC (75) Mle 2856 —>
LINO (Antonio) 6-6-14, Vila Moinhos, 2' cl. 21' R.M.E.V. St. XI A. Liste N 44.
Charles LINTIGNAC
ŸFDX 21-8-02, Lyon, lieutenant. 1er R.M.V.E. Oflag VI B.3e Cie (1er bat-). Il est blessé
et évacué le 19 juin. —> LINTIGNAC. (Charles) 21-8-02, r R.M.V.E. Oflag VI B. L- 49.
Constantine LIORIS
Né le 13-08-1903 à Missholongi (Grècx) Recrutemenx SBC (75).
Joseph LIP †d MPFXd
Né le 10-07-1909 à Bulow (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Lip (Josek, Leiba) né
1909 à Culow Pol. Joseph né le 10/07/1909 à CULOV déporté par le convoi n° 51
le 06/03/1943 de Drancy à Lublin Maidanek. Dcd 11/3/43.
Leizor LIPECKI
Né le 09-08-1839 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). 4e section de la 10e
Cie blessé et évacué (Doc Duvernay) = Lazare LUPEKI 10e Cie (membre du conseil
de gérance. Tramontane).
David LIPOVETZKI
Né le 01-02-1907 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Nachemia LIPPNER
Né le 15-03-1898 à Bendzin (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
==Alfred LIPSKIND
Né le 07-01-1907 à Berlin (Allemagnx) Recrutemenx SBC (75).
David LIPSZYC †d MPFXd
Né le 21-09-1895 à Voclavick (Polognx) Recrutemenx SBC (75). LIPSZYC (David) né
21/9/95 à Wloclawek Pol. Dcd 21/12/43 Auschwitz. LIPSZYC David né le
17/04/1894 à WOLA déporté par le convoi n° 11 Train D 901-6 le 27/07/1942 de
Drancy à Auschwitz. Déportés 1000. Survivants 11 ou 12.
Isaac LIPSZYC
Né le 15-02-1913 à Boutus (Polognx) Recrutemenx Grenoble (38).
Jacob LISIAK †d MPFXd
Né le 28-11-1899 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). LICIAK Jacob né le
28/10/1899 à DOBRZIN déporté convoi n° 13 Train 901-8 le 31/07/1942 de
Pithiviers à Auschwitz. Déportés 1049. Survivants 13.
Thimathée LITWIN
Né le 25-02-1896 à Smijon (Russix) Recrutemenx Larochelle (17).
737
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Joseph LIZAK
Né le 27-08-1909 à Gabin (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Potislaw LJUBOMIRSKY
Né le 31-12-1899 à Kiero (Russix) Recrutemenx Thionville (57).
==Joaquim LLAMAZARRES ❤ GR 16 P 374221.
LAMAZARES, Joaquin 18.08.1918 Valmartino Espagnx. Statut Interné résistant.
Recrutemenx SBC (75) —> LLAMAZAVES (Joaquin) 18-8-18, Valmartino, serg. 21’
R. M. V. E. Liste N 11.
Sbastian LLINAS
Né le 28-09-1913 à Santa Maria (Espagnx) Recrutemenx Chaumont (52).
Evariste LLISEK
Né le 09-07-1903 à Llansos (Espagnx) Recrutemenx Lille (59) —> LLISET (Evariste)
9-7-03, Lahos (Esp.) 2' cl. 21’ R.V.E. St. XVII A. Liste 66.
==Hermann LOBL
Né le 24-04-1912 à Sadagara (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> HERMANN
(Lobb) 24-4-12, Roumanie, 2' cl. 21’ R.I. Liste N 15.
Pajsech LOKCINSKI
Né le 14-07-1901 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 6214—> LOKCINSKI
(Pajseh) 14-7-01, Lodj, 2’ cl. 21' R.I.E. 190. List 56. + avril 47= Livret militaire. NV.
Didi LOPATIN
Né le 2-6-13 à Savenil (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 11006 —>LOPATIN
(Didi) 2-6-13, Caveny, cap. 21' R. I. Liste N 17.
Hermann LOPATIN ❤ (FFI) G.R. 16 P 376218
LOPATIN, Henri Herman né le 03.05.1912 Dorohoï (Roumanix) Recrutemenx SBC
(75) Mle 7119. 1er RMVE. Henri Herman LOPATIN
José LOPERA
Né le 05-04-1914 à Cardena (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
José LOPES †g MPfxg
Né le 07-01-1908 à Villar (Portugax) Recrutemenx i Mort le 14-06-1940 (Sainte-
Menehould, 51 - Marne, France).
Joseph LOPES ❤ G.R. 16 P 376231
LOPES, Joseph 15.08.1914 Médaille de la résistance Né le 15-08-1914 à Tourais
(Portugax) Recrutemenx Saint-Étienne (42). Engagé le 18/10/39 —> LOPEZ
(Joseph) 15-8-14, Tourais-de-Lopa (Portugal) 2’ cl. 21' R.M.V.E. Liste N 16.
Alexandre LOPEZ
Né le 10-03-1914 à Mayados (Espagnx) Recrutemenx Mont-de-Marsan (40) —>
LOPEZ (Alexandre) 10-3-14, Morados (Espagne) -2e cl, 21' R.M.V.E. Liste N 22
== Alphonso LOPEZ ❤ G.R. 16 P 376250
738
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 12-01-1914 à Antequera (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).


Auguste LOPEZ
Né le 15-08-1892 à Bragane (Portugax) Recrutemenx Nancy (54).
== Emilio LOPEZ:
Né le 12-03-1917 à Madrid (Espagnx) Recrutemenx Pau (64) —> LOPEZ (Émile)
12-3-17, Madrid (Espagne) 1’ cl. 21' R.M.V.E. Liste N 22. Arrivée du 31/08/1941 à
Mauthausen venant du Stalag VII A München, Mle 4446-LOPEZ CALLEJA Emilio né
le 12.03.1917 à Madrid. §d Libéréx le 05.05.1945 à Mauthausen.
José LOPEZ
Né le 01-02-1902 à Alhenica (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
Léon LOPEZ
Né le 19-07-1906 à Linares (Espagnx) Recrutemenx Grenoble (38).
Leopold LOPEZ† (Lopez-Criado Leopoldo) †d MPFXd
Né le 24-07-1905 à La Corma (Espagnx) Recrutemenx Auxerre (89) —> LOPEZ
(Léopold) 24-7-05, Toruna (Espagne) 2’ Cl. 21’ R.M. List 17. Arrivée à Mauthausen
du 14/05/1941 venant du Stalag XII C. Wiebelsheim, Mle 3391-LOPEZ CRIADO
Leopoldo, né le 24.07.1905 à La Coruna--Envoyé à Gusen-Dcd le 03.11.1941 à
Gusen..
Manuel LOPEZ
Né le 24-12-1900 à Olatoz (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Manuel LOPEZ
Né le 15-10-1914 à Alceda (Espagnx) Recrutemenx Rennes (35). —> LOPEZ
(Manuel) 15-10-14, Alceda, cap. 1er Étr. Liste N 22.
Manuel LOPEZ
Né le 19-11-1907 à Busmayor (Espagnx) Recrutemenx Grenoble (38).
Martinez LOPEZ
Né le 28-05-1908 à Tabernois (Espagnx) Recrutemenx Mautauban (82).
Santos LOPEZ
Né le 05-11-1917 à Cardial (Portugax) Recrutemenx Pau (64).
Vincent LOPEZ
Né le 05-04-1900 à Castellar (Espagnx) Recrutemenx Lyon 69). 1e RMVE —> 22e
RMV.E: Lopez Vicente 5-4-1900 Castille Esp 2e cl L 22e RMVE stalag VII A List 90.
Manuel LOPEZ CIPRIAN
Né le 19-11-1912 à Camargo (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Antonio LOPEZ GIMENEZ
Né le 17-03-1917 à Valdeganza (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
José LOPEZ LETANA FERNANDEZ
Né le 23-07-1921 à Miranda (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
739
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Raphael LOPEZ PALACIO


Né le 22-12-1911 à Torre del Mare (Espagnx) Recrutemenx Mautauban (82).
Déporté : Arrivée du 29/04/1941 à Mauthausen venant du Stalag IX A Ziegenhain.
Mle 5026 LOPEZ PALADIOS Rafael né le 22/12/1911 à Torregalaar. §d Libéréx le
05/05/1945 à Mauthausen.
Alfonso LOPEZ YANEZ
Né le 04-05-1914 à Coruna (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Jean LOPUZANSKI
Né le 07-04-1909 à Poskin (Ukraine) (Russix) Recrutemenx Charlev-Mézi- (08)
Jacob LORA
Né le 13-10-1896 à Chelin (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Nicolas LORENTZOS
Né le 23-11-1906 à Scutarie (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Abraham LOUBRICH
Né le 27-03-1886 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
David LOURE ou LOURIE †d MPFXd
Né le 29-11-1885 à Moscou (Russix) Recrutemenx SBC (75). Lourie (David) né
24?/11/85 à Bielnitzkoi Russie. (BICHNITZKIE) déporté convoi n°42 le 06/11/1942
de Drancy à Auschwitz. Dcd 11/11/42 Auschwitz. Déportés 1000. Gazés à l’arrivée
773. Survivants 4.
==Auguste LOURENCO
Né le 16-12-1910 à Cervaels (Portugax) Recrutemenx Larochelle (17) —>
Lourenco (Auguste) 16-12-10, Mouson, 2’ cl. 21’ R.I. St. XI A. Liste N 44.
Julien LOWIES
Né le 01-12-1895 à Racour (Belgiqux) Recrutemenx Melun 77).
Antoine LOWY
Né le 28-01-03, à Budapest (Hongrix) Recrutemenx Chambéry (73). Recruté au
23e… —> LOWY (Antoine) 28-01-03, Budapest, 2e cl. 21e R.M.V.E. Liste N 11.
Eduardo LOZANO
Né le 20-09-1909 à Pedra Martinez (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Aizic LOZNER
Né le 12-03-1911 à Foltceni (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> LOZNER (Aizic)
12-3-11, Folticini (Roumanie) 2' cl. 21' R. M. Liste N 17.
==Luis LUACES RODRIGUEZ (Louis)
Né le 18-03-1913 à Vigo (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Henri LUBEK
Né le 15-02-1910 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx Clignancourt (Paris – 75).
Abraham LUBELSKE †d MPFXd
740
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 15-03-1909 à Ploezch (Polognx) Recrutemenx SBC (75). LUBELSKI Abram né


le 15/03/1909 à STOEZEK déporté par le convoi n° 7 Train DA 901-2 le 19/07/1942
de Drancy à Auschwitz. Dep.999. Gazés 375. Surv. 16.
== Jechok LUBLINSKI
Né le 5/71902 /Varsovie Recrutemenx SBC (75) 23e à 21e. noté rentré= §d Libéréx
Herszlik LUBLINSK LUBLINSKI Herschlik né en 1902 à USTOW déporté par le
convoi n° 51 le 06/03/1943 à Maidanek par le convoi n° 51 au départ de Drancy
le 06/03/1943. De profession Tailleur.Habitait au 44, rue des Pyrénées dans le
20e arondissement à PARIS. (France). Déportés 998. Surviv. 4.
Nicolas LUCAN
Né le 15-12-1909 à Uhrinav (Ukraine) (Russix) Recrutemenx SBC (75)
==Jcyk LUGERNER Jean Icyk LUGERNER
Né le 14-11-1910 à Varsovie ou Czenstochowa (Polognx) Recrutemenx SBC (75)
Naturalisé avril 47.
Jose LUIZ
Né le 07-12-1910 à Albugaria de Monte (Portugax) Recrutemenx Versailles (78).
Nicolas LUKACIC
Né le 15-10-1902 à Macino (Yougoslavix) Recrutemenx Charlev-Mézières (08).
Joseph LUMEN
Né le 19-03-1910 à Arles (Belgiqux) Recrutemenx Laon (02) —> LUMEN (Joseph)
19-3-10, Cour-sur-Heure (Belgique) 2’ cl. 21’ R.M.V.E. Liste N 11.
Arnold LUNNEMANN
Né le 25-08-1911 à Bockoop (Pays-Bax) Recrutemenx Versailles (78) —>
LUNNEMANN (Arnold) 26-8-11, Boskoop (Pays-Bas) serg. 21' R.I. Liste N 44.
Appart- à la S.C. de la 10e Cie.
Ernest LUON
Né le 15-02-1922 à Frankfurt (Allemagnx) Recrutemenx SBC (75).
Harold LUSTERNIK
Né le 15-06-1916 à Vybourg (FinlandX) Recrutemenx SBC (75).
Marcel LUSZEZANOWSKI
Né le 16-09-1908 à Belchatow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —>
LUSZEZANOWSKI (Mordka) né le 16-9-08, Belchatow (Pologne) 2’ cl. 21’ R.I. Lt 17.
== Abram LVOCSCHI
Né le 09-06-1918 à Kichineff (Roumanix) Recrutemenx SBC (75). Blessé aux
Petites-Amoises le 9 juin 1940.
Wei Heng MA
Né le 05-06-1910 à Hopei (ChinX) Recrutemenx SBC (75).
Robert MACAUX
741
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 14-05-1914 (Belgiqux) Recrutemenx Agen (47).


==Joseph MACHABANSKI
Né le 03-05-1900 (Polognx) Recrutemenx Lille (59). Doc. Duvernay : blessé ...
José MACHADO
Né le 08-02-1900 à Porto (Portugax) Recrutemenx Lyon 69).
José MACHADO
Né le 05-11-1906 à Barreiros (Portugax) Recrutemenx Bordeaux (33). Incorporé
au 1er R.M.V.E., mais —> MACHADO (José) 5-11-06, Boreros, Portugal, 2e cl. 22e
R.I. St. II B Liste N 77.
Sasha MACHKOVITZ
Né le 14-04-1895 à Litovak (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Salomon MACHLIN †d MPFXd
Né le 31-10-1893 à Smolensk (Russix) Recrutemenx SBC (75). MACHLIN Salomon
né le 31/01/1893 à SMOLENSK déporté par le convoi n° 2 le 05/06/1942 de
Compiègne à Auschwitz. Déportés 1000. Survivants 41.
MACHTOU
ŸFDX Médecin auxiliaire État-Major 1er bataillon. Lucien 1913 Thèse 1940 Alger?
Henri MACHTS
Né le 16-07-1895 à Jean (Allemagnx) Recrutemenx Périgueux (24).
José MACIA
Né le 28-02-1906 à Borjas (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Roman MACIA
Né le 07-02-1916 à Navarcles (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
José MADARO RODRIGUEZ †d MPFXd
Né le 20-09-1915 à Tarragona (Espagnx) Recrutemenx Pau (64). Madaro-
Rodriguez (José, Maria) né le 20/9/1915 à Tarraone (Esp.), Dcd le 25/12/1941 à
Gusen, Autriche.
Moritz MAER ❤ G.R. 16 P 382579
Maurice MAER, né le 22-02-1916 à Braila (Roumanix) Recrutemenx nTours (37).
Lucien MAFFIOLI
—> MAFFIOLI (Lucien) 24-1-11, Noiraigue, (Suissx) Recrutemenx i. cap. 21' R. I. V.
E. Liste N 17.
Falik MAGALNIK
Né le 11-11-1910 à Rascani (Roumanix) Recrutemenx i.
Srul MAGALNIC (Srolek) †g MPfxg
Né le 16-08-1912 à Rascani (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 8132. Tué le
13-06-1940 (Sainte-Menehould, 51 - Marne, France) Srolek Magalnik tué le 13
juin à Sainte-Menehould ; cf. Belissent.
742
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

==Benjamin MAGER
Né le 16-10-1916 (Grècx) Recrutemenx SBC (75) Mle 5824 —> MAGER (Benjamin)
16-9-16, Salonique (Grèce) 2' cl. 21' R. M. E. Liste N 17.
Simon MAGER †d MPFXd
Né le 09-01-1901 à Przemysl (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 8687. MAGER
Simon né le 09/01/1901 à PRZEMSYL déporté par le convoi n° 4 le 25/06/1942 de
Pithiviers à Auschwitz. Déportés 999. Survivants 51.
Maurice MAGIER†d MPFXd
Né le 12-02-1907 à Bendzine (Polognx) Recrutemenx SBC (75) 1er RMVE. Magier
(Maurice) né en 1906 à Bendzin, Dcd 3/7/42 Auschwitz.
Jakup MAHMUT
Né le 10-04-1897 (AlbaniX) Recrutemenx SBC (75).
Maurice MAIER
Né le 26-10-1906 à Petrozany (Hongrix) Recrutemenx Arras (62) —> MAIER
(Maurice) 26-10-06, Petro-Zano, cap. 21' R.M. St. XI.A. Liste N 44.
==Elie MAISSI ❤ G.R. 16 P 385616
Né le 14-01-1911 à Jérusalem (Palestinx) Recrutemenx SBC (75) Mle 7006 —>
MAISSI (Elie) 14-1-11, Jérusalem, serg. 21' R.I.E. St. XI A. Liste N 44. 7e Cie.
David MAJERFELD
Né le 26-04-1912 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 9944 —>
MAJERFELD (David) 26-4-12, Varsovie, 2’ cl. 21’ R.M.V.E. Liste N 19.
Israël MAJERFELD
Né) le 16-03-1908 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 2276.
Michel MAKARINE †g MPfxg
Engagé Volontaire en 1922 Recrutemenx Nevers (58). Né en Russix (Arkhangelsk)
le 10/01/1902 : 21e R.M.V.E. g, cote AC 21 P 80445 - décès : 23/06/1940-51 -
Marne Sainte-Menehould Nécrop nationale, Tombe 5634.
==Geroges MAKECF
Né le 31-08-1913 à Carbine (Russix) Recrutemenx SBC (75) Mle 2973.
Joseph MALACHOWSKI
Né le 13-02-1912 à Grajewo (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Antonio MALAGRIDA†g MPfxg
Né le 27-11-1907 (Portugax) Recrutemenx Versailles (78)
Firminio MALAGRIDA† (Probablement le même que ci-dessus) Hans Habe :
« … par un jeune Portugais du nom de Firminio Malagrida… », « … Seul
Malagrida, le mince mineur portugais avec son grand menton et ses profonds
yeux noirs, le souriant et obligeant camarade Malagrida, dormait… », « … Dans
les semaines précédentes, cinq observateurs avaient été tués sur ce trajet. Ou
743
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

bien, Malagrida nous avait laissés tomber.


Oui, tous les deux, nous avions pensé cela. Je le dois à vous, Firminio Malagrida
de Bussaco d’écrire que nous ne vous faisions pas confiance. Pourquoi les
hommes ne se font-ils pas confiance, quand ils sont dans une situation extrême ?
Mais tu ne nous as pas trahis, mon petit Malagrida. Tu sortis du bois tout
doucement à une heure quarante comme une vision… » Il est tombé à la dernière
bataille selon Hans Habe.
Mones MALAMED
Né le 18-10-1907 à Wilno (Lithuanix) Recrutemenx SBC (75) 1er R.M.V.E. 6e Cie.
Fernandez MALAVE
Né le 12-02-1917 à Carmenino (Espagnx) Recrutemenx Mautauban (82).
Constantin MALININE
Né le 3-11-1897 Moscou Russix E.V.D.G. SBC Recrutemenx SBC (75) S C-Lt 4e Cie.
Alfred Antoine MALLERET ❤ G.R. 16 P 387312
Né le 15.12.1911 Paris 14 —> MALLERET (Alfred Antoine) ŸFDX (Naturalisé)15-
12-11, Paris (14') adjudant. 21' R I. Liste N 17. Né le 15 décembre 1911 à Paris
(14e) Décédé le 20 février 1960 à Arcueil, département de la Seine. Un des quatre
généraux issus de la résistance, les trois autres étant Maurice Chevance-Bertin,
Pierre Guillain de Bénouville, Jacques Chaban Delmas. Membre de la première et
de la seconde Assemblée nationale constituante (Seine) il est député de la Seine
de 1946 à 1958 ; le père d’Alfred Malleret est un ancien mineur qui a gagné la
capitale pour y devenir chauffeur de taxi.
À quinze ans, titulaire du brevet d'enseignement primaire supérieur, il entre
comme employé à la Barclay's Bank, qu'il quittera quelques années plus tard pour
rejoindre la Compagnie d'assurances La Nationale ; mais ses goûts le portent
plutôt vers la littérature, l'art et surtout la musique.
C'est également en autodidacte, et sous l'influence de son ami Maurice Kriegel
(1914-2006) qu'il fait la découverte de Marx et des penseurs communistes ; ces
lectures le conduisent à adhérer en juin 1937 au Parti communiste. Mobilisé en
septembre 1939 au 21e Régiment de Marche des Volontaires Étrangers, Alfred
Malleret, sous-officier à la 7e Compagnie, est fait prisonnier le 23 juin 1940 en
Lorraine. Il parvient à s'évader le 6 avril 1942 à sa deuxième tentative, et, par
l'intermédiaire de Maurice Kriegel, rejoint la Résistance à Limoges.
Excellent organisateur, courageux et discret, il devient au début de l'année
1943, sous le nom de Joinville, chef de région du mouvement Libération, dirigé
par Emmanuel d'Astier de la Vigerie. Lorsque les Mouvements Unis de Résistance
(MUR) naissent en janvier 1943 de la fusion des trois grands mouvements de
résistance de la zone sud (Combat, Libération et Franc-Tireur) Alfred Malleret en
744
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

devient le chef pour la région Rhône-Alpes ; épaulé par Marc Bloch, il dirige et
coordonne l'action des maquis, alors que s'intensifie la répression allemande.

En mai 1944, après l'arrestation du Général Pierre Dejussieu le 2 mai 1944,


« Joinville » prend la tête de l'état-major national des Forces françaises de
l’Intérieur (FFI) ; à ce titre, il prend une part déterminante aux combats pour
la libération de Paris. À la fin du mois d'août 1944, nommé au grade de
Général, il installe son quartier général rue Saint-Dominique, au ministère de
la guerre. De là, il suit la fusion difficile entre les troupes de la résistance
intérieure et celles des Forces françaises libres ; simultanément, il supervise
les opérations militaires que mènent les FFI pour libérer l'est de la France et
les « poches » de l'Atlantique.
Le 15 mai 1945, une semaine après la capitulation de l'Allemagne, Alfred
Malleret est démobilisé dans la foulée, il se présente sous le nom de Malleret-
Joinville aux élections pour la première Assemblée constituante du 21 octobre
1945, en Deuxième position sur la liste conduite par Maurice Thorez dans la
4e circonscription de la Seine. La liste remporte un succès remarquable : avec
150 567 voix sur 376 209 suffrages exprimés, elle s'octroie quatre des huit
sièges à pourvoir. Derrière Maurice Thorez, Alfred Malleret-Joinville, Marie
Claude Vaillant-Couturier et Albert Petit font leur entrée à l'Assemblée
nationale constituante ; les autres élus de la circonscription sont les chrétiens-
démocrates Paul Bacon et Simone Rollin et les socialistes Édouard Depreux et
Jean-Daniel Jurgensen. Nommé gén.ral de Brigade « Joinvile » en 1946, Fort
de sa légitimité dans le domaine militaire, Alfred Malleret-Joinville est nommé
membre de la Commission de la défense nationale. Il dépose le 7 février 1946
une proposition de loi tendant à établir une procédure rapide d'acquisitionde
la nationalité française au profit des étrangers engagés volontaires. Il
intervient en outre au cours de la discussion du projet de budget pour le
premier trimestre 1946, pour déplorer notamment que soient « maintenus en
place trop d'officiers vichyssois ». Avec ses collègues du groupe communiste,
Alfred Malleret-Joinville vote les nationalisations et approuve, le 19 avril 1946,
le premier projet de Constitution de la IVe République ; le texte est cependant
rejeté par le référendum du 5 mai, ce qui entraîne la convocation d'une
nouvelle Assemblée constituante.
Les élections se tiennent le 2 juin ; Alfred Malleret-Joinville figure toujours
en
745
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

deuxième position derrière Maurice Thorez dans le 4e secteur de la Seine. Malgré


un très léger recul, avec 147 921 voix sur 377 267 suffrages exprimés, la liste
communiste emporte de nouveau quatre sièges. Siégeant à nouveau à la
Commission de la défense nationale, Alfred Malleret-Joinville approuve le second
projet de Constitution, voté par l'Assemblée le 28 septembre 1946 et ratifié par
référendum le 13 octobre. Lors des élections législatives qui suivent, le 10
novembre, ce sont cette fois neuf sièges qui sont à pourvoir. La liste communiste,
sur laquelle Alfred Malleret-Joinville occupe toujours la Deuxième place derrière
Maurice Thorez, obtient son meilleur résultat, avec 154 696 voix sur 371 575
suffrages exprimés. Les équilibres électoraux de la 4e circonscription de la Seine
sont modifiés par l'émergence d'une liste gaulliste « d'union contre le
tripartisme », conduite par Étienne-André de Raulin et Michel-Maurice Peytel,
qui obtient deux élus ; pour la SFIO, seul Édouard Depreux retrouve son siège.
Alfred Malleret-Joinville retrouve la Commission de la défense nationale, dont
il est élu secrétaire, puis le 1er mars 1947, président. Il est aussi nommé membre
de la Commission chargée d'enquêter sur les évènements survenus en France de
1933 à 1945. Son activité parlementaire est totalement tournée vers les questions
militaires. Il intervient à de nombreuses reprises pour dénoncer la politique
militaire du gouvernement, le niveau exagéré des dépenses militaires, et
l'adhésion de la France à la « politique belliqueuse » menée par les États-Unis en
Europe ; le Gouvernement présente le pacte atlantique comme un instrument
international capable d'assurer la sécurité française et de maintenir la paix.
« Depuis 7Munich, on n'avait pas encore aussi grossièrement tenté de tromper
l'opinion, assure-t-il le 25 juillet 1949. »
Aux élections du 17 juin 1951, Alfred Malleret-Joinville figure toujours en
Deuxième position sur la liste conduite par Maurice Thorez dans la 4 e
circonscription de la Seine. Avec 140 458 voix sur 366 132 suffrages exprimés, la
liste communiste accuse un léger repli, mais retrouve ses quatre élus. Le scrutin
est marqué par le succès de la liste RPF, qui obtient trois élus : Louis Vallon, Michel
Peytel et Irène de Lipkowski. Alfred Malleret-Joinville est nommé membre de la
Commission de la défense nationale. Il est l'un des plus virulents adversaires de
la politique coloniale menée par les gouvernements successifs, n'ayant de cesse
d'exiger le retour du corps expéditionnaire français d'Indochine et l'abandon par
la France de ses positions dans la région.
Il dénonce aussi avec véhémence, à plusieurs reprises, « l'inféodation de
l'armée française au commandement de l'OTAN », et le danger que fait peser le
réarmement de l'Allemagne sur la sécurité de l'Europe. Aux élections du 2 janvier
1956, Alfred Malleret-Joinville occupe cette fois la troisième place sur la liste
746
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

conduite par Maurice Thorez. Dans un scrutin marqué par une très forte
participation, la liste recueille 174 393 voix sur 465 075 suffrages exprimés, et
emporte quatre des neuf sièges à pourvoir. Alfred Malleret-Joinville retrouve une
nouvelle fois la Commission de la défense nationale.
Au cours de la législature, il dénonce la politique menée par le gouvernement
en Algérie, exigeant la reconnaissance du « fait national algérien » ; il commente
la crise de Suez en déplorant la collusion entre la France et Israël, eten soulignant
le danger que fait peser sur la sécurité du territoire national la politique du
cabinet Guy Mollet. Alfred Malleret-Joinville est par ailleurs l'un des premiers à
signaler au Parlement les activités plus que douteuses menées en Algérie par les
services d‘action psychologique de l'armée française. Il intervient longuement sur
ce thème le 27 février 1958 à la tribune de l'Assemblée : — « Il faudrait que
chaque député lise les cent pages du livre de Henri Alleg, que ses amis viennent
de faire paraître. Il a pour titre La Question, au sens médiéval du mot. Tout
homme digne de ce nom ne pourra manquer de se sentir brûlé comme par un fer
rouge à chacune de ses pages. En les parcourant, en voyant agir les tortionnaires
de Henri Alleg, chacun aura envie de crier, il faut l'espérer : non, ce n'est pas vrai !
Non, il est impossible que des officiers français aient pu faire cela et aient pu dire
cela ! » (L’autre camp ne faisait pas mieux...)
Parlementaire sans interruption depuis octobre 1945, Alfred Malleret-Joinville
ne sollicite pas le renouvellement de son mandat aux élections législatives de
novembre 1958. Un peu plus d'un an après, il décède à 48 ans à Arcueil le 20
février 1960. MALLERET-JOINVILLE Alfred [MALLERET Alfred, dit]. Pseudonymes
dans la Résistance : MARTIAL, BUSSY, BAUDOIN, BOURDELLE, puis JOINVILLE. Site
de L’Assemblée nationale.
Guivi MAMOULAICHILI
Né le 18-07-1914 à Tiflix Géorgie= (Russix) Recrutemenx Grenoble (38).
Abraham MAN †d MPFXd.
Né le 24-10-1892 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). MAN Abraham Né
le 24/10/1898 à VARSOVIE déporté par le convoi n° 7 Train DA 901-2 le
19/07/1942 de Drancy à Auschwitz. Dep 999. Gazés 375. Surv. 16.
==Ladislas MANDEL
Né le 13-06-1906 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —> MANDEL
(Ladislas) 13-6-06, Budapest, 2' cl. 21' R.M. St. XI A, Liste N 44. Décédé 1964.
Szlama MANDELBAUM (ou Szloma MANDELBAUM)
Né le 13-07-1906 à Chelm (Polognx) Recrutemenx Albi (81).
Pascual MANESE CALVO
Né le 27-04-1910 à Barcelone (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
747
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

MANEYROL
Adjdt Commotionné aux Petites Armoises le 9 juin. Évacué.
MANGES
Caporal section des chenillettes Mle5060. Serait selon nom le plus proche : Josf
MANGEL né le 25-10-1899 à Stole (Tchécoslovaquix) DRMVE Recrutemenx SBC
(75) Voir rapport Pold.
Szmul MANKITA
Né le 1911 à Czyzkva (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Jacob MANN (ou Jacques)
Né le 08-12-1907 à Trawinski ou Trawinki (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Laurent MANO ?
—> MANO (Laurent) 4-10-10, Marseille, 2e cl, 21e R.I. ? St. XII A Liste N 74.
Salomon MANO
Né le 24-02-1910 (Grècx) Recrutemenx SBC (75). Mle 5631.
Pierre MANSION
Né le 10-10-1906 à Kremchoux (Russix) Recrutemenx Seine 4e bureau (75) —>
MANSION (Pierre) 10-10-06, Kremchouk, 2’ cl. 21’ R.I. Of. XXI A. Liste N 45.
Marcel MANTIN
—> MANTIN (Marcel) ŸFDX 2-2-07, Condat-les-Montboissiers, serg-c., 21' R.M.
Liste N 44.
José MANUEL
Né le 01-04-1903 à Carwalhal (Portugax) Recrutemenx Chaumont (52).
Juan MANUEL ROCHAT
Né le 25-08-1904 à Quéria (Portugax) Recrutemenx Pau (64).
Ihil MANULIS
Né le 13-07-1913 à Rusia (Roumanix) Recrutemenx Grenoble (38) —> MANULIS
(Jhil) 13-7-13, Plonsk (Russie) serg. 21' R. I. V. E. List 17, 2e sect 10e Cie 3e bat.
Conrado MANZANARES❤ G.R. 16 P 390401
Né le 24.04.1919 à Pedro Munoz (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
Juan MANZANEDO-VILLACUSA
Né le 18-05-1904 à Moraivel (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Jésus MANZANO
Né le 03-05-1910 à Orihuela (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Maxime MARCHAL
Né le 18-05-1918 à Winenne (Belgiqux) Recrutemenx Charleville-Méz- (08).
Benjamin MARCOVICI
Né le 02-12-1914 à Bacau (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
Raymond MARCOVICI
748
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 03-11-1908 à Bucarest (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).


Bercu MARCUS †d MPFXd.
Né le 23-09-1912 à Jassy (Roumanix) Recrutemenx SBC (75). Marcus (Bercu), né
le 23/9/1912 à Jassy (Roumanie. MARCUS Bercu né le 23/09/1912 à JASSY
déporté par le convoi n° 2 le 05/06/1942 de Compiègne à Auschwitz. Dcd le
10/6/42 Déportés 1000. Survivants 41.
Joseph MARCUS
Né le 22-03-1908 à Bucarest (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
Boghos MARDIROSSIAN
Né le 08-03-1911 à Smyrne (Turquix) Recrutemenx SBC (75) —> MARDIROSSIAN
(Boghos) 8-3-11, Smyrne, 2e cl. 21e R.I. St. IX A Liste N 53.
Eugénio MARDONES
Né le 16-11-1916 à Salazar (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
MARGULIS alias MARGULIES
Né le 21-04-1910 à Storojinet (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 7366 —>
MARGULIES (Léon) 21-4-10, Slorojinet (Roumanie) cap. 21' R. I. Liste N 17.
Joseph MARHUENDA
Né le 09-01-1913 à Monovar (Espagnx) Recrutemenx Saint-Lô (50).
==Lyonnel MARIAN
Né le 07-01-1911 à Bucarest (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> MARIAN
(Lyonnel) 8-1-11, Bucarest (Roumanie) cap. 21' R.I.V E. Liste N 17.
Jean MARIKIAN
Né le 03-01-1907 à Tokat (Turquix) Recrutemenx SBC (75) Mle 7099 —>
MARIKIAN (Jean) 3-1-07, Tokat (Turquie) cap. 21’ R.I.M.V. St. XI A. Liste N 44.
Francisco MARIN
Né le 22-05-1905 à Alméria (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66)
François MARIN
Né le 18-04-1912 à La Rembla (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Gaston MARION
—> MARION (Gaston) ŸFDX 30-5-12, Chartres, sergent. 21’ R.I Stalag XI A. Liste
44. De la 2e section de la 10e Cie du 3e bataillon.
Lucien MARION
Né le 02-10-1908 à Coutisse (Belgiqux) Recrutemenx Valenciennes (59).
Georges MARJANOWSKI
Né le 30-08-1922 à Dantzig (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 7753.
Léon MARKARIANTZ
Né le 24-11-1906 à Salmas (Irakx) Recrutemenx SBC (75).
Isek MARKOWICZ
749
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 29-09-1897 à Zdunska Woda (Polognx) Recrutemenx SBC (75) MARKOWICZ


Icek né le 29/11/1897 à ZOMISKA déporté par le convoi n° 12 Train 901-7 le
29/07/1942 de Drancy à Auschwitz. D 1001. Gazés 216. Surv. 5
Szlama MARKOWICZ
Né le 01-01-1905 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Emeric MARKSTEIN
Né le 05-07-1908 à Eger (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Smiel MARKUS
Né le 15-06-1909 à Mazierka (Lithuanix) Recrutemenx SBC (75).
Eugène MAROSI
Né le 04-03-1912 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Appartenait à la
C.R.E. —> MAROSI (Eugène) 4-3-12, Budapest, 2e cl, Liste N 18.
Albino MARQUES
Né le 23-02-1903 à Fontes (Portugax) Recrutemenx Melun 77).
José MARQUES
Né le 24-02-1904 à Lavos Fugueras (Portugax) Recrutemenx Charlev. - Mézi. -08.
Alfred MARQUESDA SOUSA
Né le 18-02-1910 à Espite (Portugax) Recrutemenx Perpignan (66).
Juan MARQUEZ-VILCHES
Né le 12-06-1911 à Granada (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Manuel MARTE
Né le 08-05-1916 à Barcelone (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
Vincent MARTI
Né le 22-10-1914 à Callera (Espagnx) Recrutemenx SBC (75) —> MARTI (Vincent)
22-10-14, Cullera (Espagne) 2' cl. 21’ R. M. V. E. Liste N 11 et 190.
Auguste MARTIN
Né le 23-03-1908 à Fanzeres (Portugax) Recrutemenx Verdun (55) —> MARTIN
(Agustino) 23-3-08, Franzeres (Portugal) 2e cl. 21' R. I. Liste N 17.
Demitrio MARTIN
Né le 22-12-1914 à El Payo (Espagnx) Recrutemenx Melun 77) —> MARTIN
(Démétrio) 22-12-14. El Payo (Esp). 1' cl. 21 ' R.M. Liste N 17.
Gaspard MARTIN
Né le 06-01-1913 à Novade (Espagnx) Recrutemenx Charleville-Mézières (08).
Isabelo MARTIN
Né le 08-07-1909 à Siguenza (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
Julien MARTIN
Né le 08-02-1919 à Robledillo (Espagnx) Recrutemenx SBC (75) —> MARTIN
(Julien) 7-2-19, Roblebillo, 1’cl. 21' R.M.V.E. Liste N 22.
750
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Julio MARTIN
Né le 27-10-1910 à Barcelone (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Justo MARTIN
Né le 17-01-1910 à Valladolid (Espagnx) Recrutemenx Bordeaux (33).
Pablo MARTIN
Né le 29-10-1910 à Quintanilla (Espagnx) Recrutemenx Mont-de-Marsan
Savinien MARTIN
Né le 07-06-1909 à Castromocho (Espagnx) Recrutemenx Bordeaux (33) aussi
Mont-de-Marsan (40) —> MARTIN (Savinien) 7-6-09, Castormoches, 1' cl. 21' RI
V.E List 17.
Valentin MARTIN
Né le 16-12-1906 à Castromocho (Espagnx) Recrutemenx Bordeaux (33).
José MARTIN BAUTISTA
Né le 15-04-1916 à Aranza (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Pasqual MARTIN CHOTANO
Né le 17-03-1912 à Curdad-Real (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Manuel MARTIN HERNANDEZ
Né le 01-01-1913 à Segorbe (Espagnx) Recrutemenx Mautauban (82).
Camelio MARTIN-DELGADO
Né le 11-11-1919 à Cabuzuela (Espagnx) Recrutemenx Mautauban (82).
Antoine MARTINEZ
Né le 14-11-1915 à La Union (Espagnx) Recrutemenx Clermont-Ferrand (63) —>
MARTINEZ (Antoine) 14-11-15, Union, 2' cl. 21' R. I. Liste N 17.
Antonio MARTINEZ ❤ G.R. 16 P 399556
Né le 26-11-1914 à Barcelone (Espagnx) Recrutemenx Grenoble (38).
Antonio MARTINEZ
Né le 18-08-1918 à Vera (Espagnx) Recrutemenx Lyon 69).
Diégo MARTINEZ
Né) le 27-04-1910 à Valence (Espagnx) Recrutemenx Valence (26) Engagé
le19/10/1939 —> MARTINEZ (Diego) 27-4-10, Valencia (Espag-) 1' cl. 21 R I V E.
List 17.
Esteban MARTINEZ
Né le 01-12-1906 à Madrid (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Féliciano MARTINEZ
Né le 31-01-1911 à La Paca (Espagnx) Recrutemenx Grenoble (38).
François MARTINEZ
Né le 15-12-1906 à Lorca (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Joseph MARTINEZ
751
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 08-05-1906 à Polopos (Espagnx) Recrutemenx SBC (75) —> MARTINEZ


(Joseph) 8-5-06, Espagne 2’ cl. 21’ R.M.V.E. Liste N 20. C.A. 3. Blessé 21/6/40.
Juïdo MARTINEZ
Né le 06-09-1910 à Corona (Espagnx) Recrutemenx Camp du Barcarès (66). 21e
R.M.V.E.
—> MARTINEZ (Jules) 6-10-11, Buenos-Aires (Argentinx) Recrutemenx i cap. 21’
R.M.V.E. Liste N 21.
Pedro MARTINEZ
Né le 29-09-1909 à Lorca (Espagnx) Recrutemenx Carcassonne (11) —>
MARTINEZ (Pierre) 29-9-09, Lorca (Espagne) 2' cl. 21' R. I. Liste N 17.
Rafaël MARTINEZ
Né le 27-5-1921 à Martos (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66) —> MARTINEZ
(Raphaël) 27-5-21, Martos Andalousie (Esp) 2e cl. 21e R.E. List N 26.
Raymond MARTINEZ (Ronaldo Martinez) †g MPfxg
Né le 14-03-1907 à Puiblo de Ciquenza ou Ciguenza (Espagnx) Recrutemenx
Troyes Mort le 14-06-1940 (Sainte-Menehould, 51 - Marne, France).
Vincent MARTINEZ
Né le 29-01-1910 à Alcacera (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Julio MARTINEZ PARDO
Né le 07-11-1922 à Reinosa (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Jaos MARTINS
Né le 01-12-1908 à Crespos (Portugax) Recrutemenx Beauvais (60).
Pierre MARTY
Né le 20-09-1908 à Falset (Suissx) Recrutemenx Charleville-Mézières (08).
Premier blessé de la 5e Cie (Le Chesne ; récit du sergent Boulard).
MARTYN (Albert) ŸFDX 19-10-83, Calais, lieutenant-colonel. 21’ R.M.V.E. Oflag VI
A. Liste N 49
Hans Habe : « Le premier geste officiel du colonel Martyn fut de confisquer notre
Renault à Truffy et à moi pour en faire sa cuisine de campagne. Nicola, le cuisinier
Hongrois reçut instruction de confectionner deux repas chauds par jour : le
nouveau colonel était un fin gourmet. Je me retrouvai à pied… », « Adatto en
conduisant cet antique coursier tenait entre ses mains le pouvoir sur notre vie et
notre mort. Nous n’aurions rien pu faire sans lui, car le vieux rossignol tombait et
retombait en panne. Heureusement, l’ingéniosité persuasive de l’infatigable petit
Turc redonnait vie à l’épave. Ce camion était le seul véhicule de notre Compagnie
disponible fonctionnant pour nous, car, la Renault découverte par Truffy et moi
étant morte de mort naturelle, le colonel Martyn avait réquisitionné le seul
camion militaire encore fonctionnel pour en faire sa cuisine… », « Notre colonel
752
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

envoyait en avant son petit camion — popote, c'est-à-dire le mess des officiers. Il
le suivait avec une petite Renault, auto qu’il avait amenée avec lui quand il avait
quitté le commandement du 123e régiment d’infanterie, puis le 13 juin celui du
« groupement Martyn » (Le 18e B.I.L.A. et la C.I.D. 35) pour prendre celui de notre
régiment. Son chauffeur, un jeune Français, avait la même provenance.
Manifestement, Martyn répugnait à être conduit par un Volontaire étranger.
Quand nous arrivions dans un village, il était déjà assis à table et sa popote n’était
remisée que longtemps après le passage des derniers soldats. Elle ne manquait
jamais de vivres, car dans tous les villages, il s’arrogeait les premiers droits. Deux
ou trois officiers étaient désignés pour la maintenir à niveau et la faire ainsi
triompher de toutes les affres de la guerre. Dans son livre « Une captivité
singulière à Metz sous l’occupation allemande », Léon de Rosen raconte un
évènement auquel il assista : le 24 juin au camp de Bainville-sur-Madon, un
Oberlieutenant allemand avait convoqué au rapport les deux colonels français les
plus anciens en grade. De Rosen, rapporte un évènement survenu le 24 juin 1940
auquel il assista, l’Oberlieutenant l’ayant fait monter dans sa voiture. Le rapport
est orageux. Il semble que les deux colonels soient très égoïstes.
D’ailleurs, le lendemain, ils se battaient pour un quart de café (probablement
de Rosen avait eu ce renseignement final du capitaine Ravel). Dans son livre
Brassard rouge…, Robert Dufourg nous livre que le colonel d’artillerie coloniale
était le plus ancien des officiers supérieurs. Corniquet. Liste N° 49 : Corniquet
(Jules) 11-10-85, Médréa, lieutenant-colonel, 3' R.A.C. Of. VI A. ; connaissant la
description du lieutenant-colonel Martyn faite par Hans Habe, nous croyons
jusqu'à preuve du contraire qu’il était le deuxième, car il avait accédé à son grade
à la limite d’âge... Né en 83, malgré les apparences, il était plus âgé de Debuissy
de 4 ans. Le 7 juillet 1940, sous prétexte d’une corvée, De Rosen, descend du Fort-
Saint-Vincent à la caserne où sont logés les Officiers. Le capitaine Ravel de
Biesville lui parle de « sa souffrance de voir parmi ses camarades, un manque
total de dignité : comment, au début, on se battait à la distribution du pain ou du
café, l’effarant égoïsme de la majorité. Les discussions continuelles, chacun
imputant à l’autre une part de responsabilité et se jugeant parfaitement net de
toute faute… » Ravel lui-même n’est pas tellement bien vu par Modéna...
Dans le numéro 20, page 30, de Notre Volonté (janvier-févrtier-nars 2000) se
trouve un article « Le 21e Régiment de Marche de Volontaires Étrangers dans la
bataille de France Mai-Juin 1940 par le colonel Martyn commandant du régiment
(extraits) » Cet article me paraît rudimentaire et plus explicite par ce qu’il ne dit
pas que par ce qu’il dit : ses propos sont de couleur vichyste, mettant la faute sur
la troupe : « Le Régiment ne forme plus que des éléments sporadiques. Les liens
753
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

tactiques se sont rompus. Des unités décimées ou désemparées par la perte de


leur chef se sont égarées. Sous l’action conjuguée de la fatigue et du manque de
sommeil le courage commença à chanceler. Il y a des défaillances. Tous les
hommes ne peuvent être un héros. Il faut au plus tôt regrouper tous ces éléments
épars et en refaire un bloc homogène. Il faut rétablir le commandement à tous
les échelons et aussi les liaisons. Il faut remonter le moral abattu et insufflers à
tous l’idée de devoir et de sacrifice. »
L’annulation par Debuissy de la pose de 4 heures ordonnées par la Division avait
sauvé in extremis le 21e Régiment de l’annihilation. Ce risque était le produit de
l’incurie, sinon de la malveillance de l’antisémite Général Decharme. Après la
bataille du 13 à Sainte-Menehould et du 14 à la Grange-aux-Bois, le 21e Régiment
n’en était pas moins écartelé et ce fut ainsi que le colonel Martyn successeur de
Debuissy a pu écrire les propos rapportés ci-dessus qui résonnent comme un alibi
quand on connaît toute l’histoire, notamment les errances du général Delaissey
qui n’ont pas permis au 2e bataillon de prendre ses positions au nord de Sainte
Menehould et à Moiremont.
Georges MAS
—> MAS (Georges) 27-8-10, Palma-de-Majorque, (Espagnx) Recrutemenx i 1’ cl.
21' R.I. Liste N 15 Appartenait à la 2e section de la 10e Cie.
André MASSELOT
Né le 22/8/1909 à La Marsa Tunisie ŸFDX Lieutenant à la C. A. 2. Disparu le
13/6/40. Serait rentré avant l’Armistice.
==Dino MATARASSO
Né le 12-01-1912 (Grècx) Recrutemenx Melun (77) —> MATARASSO (Dino) 12-1-
12, Salonique, 2' cl. 21’ R.M. St. XIA. Liste N 44.
Eugène MATEOS
Né le 12-02-1919 à Movalmoral (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Norberto MATEU
Né le 25-04-1906 à Barcelone (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66) —> MATEU
(Norbert) 28-4-06, Barcelone, 2' cl. 21° R. M. V. E. Liste N 15.
Ladislas MATE ou MATHE
Né le 15-08-1910 à Cradea (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 8070 —>
MATHÉ (Ladislas) 15-8-10, Oradea, cap. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
Esva MATYS
Né le 05-05-1903 à Braliszack (Polognx) Recrutemenx Grenoble (38).
==Zoltan MATYUS
Né le 25-03-1905 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
René MAUFROID ❤ G.R. 16 P 404778
754
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

MAUFROID, René 17.11.1906. Né le 17-11-1906 à Monceau (Belgiqux)


Recrutemenx Valenciennes (59).
Adalbert MAUTKNER
Né le 19-03-1908 à Maragali ou Marczali (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —>
MAUTNER (Adalbert) 13-3-08, Marcolo (Hongrie) 2' cl. 21' R. M. E, Liste N 17.
Desiré MAUTNEC
Né le 03-02-1896 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Samuel MAYER
Né le 14-12-1918 à Roman (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Roumain
surnommé Mayerescu. Cf Hans Habe : dans les Ardennes :
« Le petit Mayer marchait devant moi, je ne sais pas ce qu’il est devenu, mais
je ne l’oublierai jamais. Son nom entier était Samuel Mayer, mais comme il était
Roumain, nous l’avions surnommé Mayerescu. Qu’un bizarre médecin militaireait
pu reconnaître Mayerescu apte au service m’avait d’abord mystifié. J’appris plus
tard que deux ou trois centres de Recrutement l’avaient déclaré inapte, mais qu’il
avait obstinément continué de s’essayer jusqu’à ce qu’il trouve un docteur assez
aveugle ou sénile sans aucun doute pour accepter de le déclarer apte à porter les
armes. À Sainte-Menehould le 13 juin 1940 : « … je vis Mayer Mayerescu étendu
sur le corps du Noir noir pour faire avancer la bande de mitrailleuse. » Dans la
forët d’Allaion le 21 juin : « Finalement, je trouvai Mayer Mayerescu, mais il me
parut si épuisé alors qu’il dormait profondément le dos appuyé contre un tronc
d’arbre, que je n’eus pas le cœur de le réveiller. »
Emmanuel MAYERSOHN †d MPFXd.
Né le 27-12-1898 à Sutto (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 871
MAYERSOHN Emmanuel né le 27/12/1898 à SUTTE déporté par le convoi n° 32
Train 901/27 le 14/09/1942 de Drancy à Auschwitz. Déportés 1000. Gazés 892.
Survivants 45.
Joseph MAYNE
Né le 23-09-1918 à Rixensaut (Belgiqux) Recrutemenx Chaumont (52).
Mozer MAZELIS
Né le 12-02-1908 à Ukmerge (Lithuanix) Recrutemenx Caen (14) —> MAZELIS
(Mozer)12-2-08, Ukmerge (Lithuanie) 2’ cl. 21’R.I. Liste N 17.
Marius MAZIERS

Marius Maziers
ŸFDX Marius Maziers né le 1er mars 1915 et décédé le 14 août 2008 — > Maziers
755
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

(Marius) 8-11-99, Siran (Cantal). Serg. 21e R.I. 1-3-15, Siran (Cantal) sergt. 21e RI.
Léon de Rosen raconte : « Nous avons parmi nous deux prêtres. L’un, l’adjudant
Germain n’est pas précisément le modèle de la charité chrétienne. Très impulsif,
il ne sait se faire ni obéir ni respecter, et en arrive souvent aux injures, parfois

porté aux coups. Très porté sur le vin, il fait venir du vin de messe à une fréquence
qui a paru étrange, sinon suspecte à certains. L’autre, l’abbé Maziers, qui n’est que
sergent, inspire le respect. Toute sa personne respire la religiosité, et son regard
est franc et droit, et est empreint d’une flamme mystique. Aimable avec chacun,
doux et paisible. Il est au surplus aussi efficace et qu’intelligent. Il m’offre une
bible et la dédicace : “Que ce livre soit pour vous, en même temps qu’un souvenir
de notre captivité et de notre amitié, un guide pour l’œuvre de demain”… L’abbé
Maziers devint, après la guerre, archevêque de Bordeaux. »
Marius Maziers effectue son service militaire au 65e Régiment d'infanterie en
1935-1936 où il termine avec le grade de sergent avant de reprendre ses études.
Marius Maziers a été ordonné prêtre le 9 octobre 1938. Il occupe ensuite les
fonctions de vicaire à Notre-Dame-aux-Neiges.
Ordonné prêtre un an plus tôt, l’abbé Maziers est mobilisé avec le grade de
sergent à la déclaration de guerre en septembre 1939. Mobilisé à la 20e
Compagnie de passage du dépôt des Camps de La Courtine, il est ensuite affecté
au 21e R.M.V.E. au Barcarès. Il va partager le sort des légionnaires du 21e régiment
de Volontaires étrangers formé à Barcarès. Mis à la disposition du médecin-chef
sur ordre exprès du colonel Debuissy, chef de corps, l’aumônier Maziers sera de
toutes les dures opérations du régiment dans l’est de la France, prodiguant les
derniers sacrements, assistant les blessés au péril de sa vie. »
Homme de foi et’engagement, il deviendra archevêque de Bordeaux, après
avoir tenu des charges imposées. Il est fait prisonnier à l'armistice, puis s'évade
du camp de Metz et est démobilisé en juin 1941. À son retour, il est nommé
directeur du Grand séminaire de Saint-Flour puis directeur des œuvres
756
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

diocésaines. En novembre 1955, il est vicaire général, chargé de la coordination


de la pastorale diocésaine. Nommé évêque auxiliaire de Lyon et évêque in
partibus de Augustopolis in Phrygia le 17 décembre 1959, il a été consacré le 25
février 1960 par le cardinal François Marty. Le 24 janvier 1966, il est nommé
archevêque in partibus de Zica et archevêque coadjuteur de Bordeaux-Bazas. Il
en devient l'archevêque titulaire le 5 février1968. Le père Jean Rouet, vicaire
général du diocèse de Bordeaux qu'il a ordonné en 1972 se souvient d'un «
homme très silencieux, très attentif aux personnes, un homme de mission. » Il
reconnaît aussi que ses prises de position durant le conflit chez Dassault en 1967,
où il a appelé au dialogue, se rapprochant du monde ouvrier, lui ont forgé une
réputation d'évêque rouge; Réputation qui lui aura sans doute valu de ne jamais
revêtir la pourpre (cardinal). Il se retire à 74 ans, le 31 mai 1989 sans avoir été
élevé au cardinalat, contrairement à l'usage pour les archevêques de Bordeaux. Il
s'éteint à 93 ans le 14 août 2008.
Israel MAZON
Né le 03-02-1903 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx Amiens (80).
Raphael MECHOULAM
Né le 26-02-1897 à Smyrne (Turquix) Recrutemenx Périgueux (24).
Joseph MEGERMAN
Né le 18-02-1908 à Ostrovice (Polognx) Recrutemenx SBC 75--> MEGERMAN
(Joseph) 18-2-08, Ostrowiec (Pologne) 2' cl. 21' R. M. Liste N 17.
Frédéric MEHNERT
Né le 30-01-1915 à Berlin (Allemagnx) Recrutemenx SBC (75) Mle 7357 —>
MEHNERT (Frédéric) 30-11-15 Berlin (Allemagne) 2' cl. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
Jacob MEIER
Né le 11-06-1898 à Kloten (Suissx) Recrutemenx Nice (06).
Leib MEIER
Né le 20-06-1890 à Botovan (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
Jean MEINDRE
—> MEINDRE (Jean) ŸFDX 14-11-11, Paris, serg. 21' R.M. Liste N 17. Appartenait
à la 3e section de la 10e Compagnie.
Meksander MEISNER
Né le 06-09-1909 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —>
MEISNER(Alexandre) 6-9-09, Budapest (Hongrie) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Ernest MELAIN
Né le 28-02-1907 à Limal (Belgiqux) Recrutemenx Versailles (78).
Cala MELER (Charles Meler) ❤ G.R. 16 P 409408
Né le 28-12-1902 à Wyzoka (Polognx) Recrutemenx Périgueux (24).
757
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

David MELELAT †d MPFXd.


Né le 11-11-1901 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Melelat (David) né
1901 Varsovie, Dcd 2/7/42 Auschwitz. MENELAT David né le 11/11/1901 à
VARSOVIE déporté par le convoi n° 5 le 28/06/1942 de Beaune la Rolande à
Auschwitz. D. 1038. Surviants 35.
Schabse MELHER
Né le 14-05-1907 à Smatyn (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Joseph MELNIKOFF†p
Né le 21-12-1888 à Vitebesk? (BiéloRussie) (Russix) Recrutemenx SBC (75) Mle
2696. Joseph MELNIKOFF Né le 21/12/1888 Département ou pays : 9107 – en
Lettonix (Dünaburg, Daugavpils) Mort le 31/05/1944 Nürnberg Allemagne (ex
Prusse). Maladie. 54 MPFXp — Montauville — Nécropole nationale Le Pétant.
Étienne MEMETH
Né le 25-07-1917 à Szeged (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 7095 —>
MEMETH (Étienne) 25-9-07, Seine, 2' cl. 21' R.I. St. II A. Liste N 57.
Vincente MENA
Né le 10-05-1916 à Belmonte (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
==Samuel MENACHE
Né le 1908 à Istamboul (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Eliezer MENCHEM MOCHANOV
Né le 23-12-1892 à Pléven (Bulgarix) Recrutemenx SBC (75).
Antonio MENDES
Né le 23-03-1902 à Vika Chada Ribeira (Portugax) Recrutemenx Châl-en Champ-
— (51) —> MENDÈS (Antoine) 23-3-20? Villachia, 2' cl, 21' R.I.E. 190. List 56.
Theodor MENDEZ
Né le 27-12-1911 à Pedrajas (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Salomon MENESCE
Né le 30-06-1919 à Au Caire (Égyptx) Recrutemenx SBC (75).
Marcel MENIACK
Né le 13-08-1906 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
René MENKE
—> MENKE (René) ŸFDX, 15-5-1900, Sens, 2e cl. 21e R.I. 150 Liste N 44.
==Cahim Joseph MENSCH ou Chaïm MENSCH
Né le 01-11-1915 à Pogorzelisko (Polognx) Recrutemenx SBC (75) et Vincennes
(94) Mle 11432.
Rigan Jean MENSION
Né le 27-02-1906 à Selva de Mare (Espagnx) Recrutemenx Lille (59).
==Icek MENTLIK
758
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 18-12-1907 à Pinczow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3631.


Adam MERC
Né le 11-04-1913 à Basko-Dobro-Poly (Yougoslavix) Recrutemenx Chaumont (52).
Edgard Richard MERONI
Né le 10-04-1907 à La Chaux De Fonds (Suissx) Recrutemenx Troyes (10) —>
MÉRONI (Edgard) 10-4-07, La Chaux-de-Fond (Suisse) 2’ cl. 21’ R.M.V.E. List 11.
Émile MERSCH
Né le 23-04-1910 à Diekirch (Luxembourx) Recrutemenx Charleville-Mézières (08)
—> MERSCH (Émile) 19-6-10, Diekirch, Luxembourg, 2e cl. 21e Lég- List 20. Edgar
MERZ
Né le 25-08-1908 à Yverdon (Suissx) Recrutemenx SBC (75) Mle 8002 —> MERZ
(Edgard) 25-8-08, Yverdon (Suisse) 2’ cl. 21’ R.M. St. XI A. Liste N 44.
Abram MESSER
Né le 22-12-1903 à Pejoro (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Jean MESZESI
Né le 31-01-1909 à Zalau (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> MESZESI (Jean)
31-1-19, Jeclan, Roumanie, 2e cl. 21e R.I. St XII A Liste N 72.
Edgard MEYER
Né le 30-03-1911 à Dillingen (Allemagnx) Recrutemenx SBC (75). Blessé aus
Petites-Armoises le 9 juin 1940.
==Jean Pierre MEYER (ou Jean)
Né le 21-09-1917 à Fleurier (Suissx) Recrutemenx SBC (75) —> MEYER, (Jean) 19-
9-17, Fleurier (Suisse) 2' cl. 21' R.M. St. XI A. Liste N 44.
Lucien MEYER?
? —> MEYER (Lucien) 14-2-19, Bourbach-le-Bas, 2e cl. 21e R.I. 150. Liste N 44.
Mendel MEYERSON (Medel Max)
Né le 25-03-1909 à Kalinine (Russix) Recrutemenx SBC (75) Mle2923. Arrêté le
21/06/1941 et interné à Compiègne. Déporté par le convoi 32 (D 1000. G.893. S
45) depuis Drancy. Après avoir fait la marche de la mort, il est §d Libéréx à Belsen
par les Anglais le 15/09/1945, rapatrié le 19/06/1945, naturalisé français en
1948. Son épouse a survécu cachée à Paris avec ses 2 enfants Betty et Robert.
==Maurice MICHALOWITZ
Né le 01-08-1905 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Michel MICHALSKY
Né le 13-06-1894 à Vinitza (Podolie !) (Russix) Recrutemenx SBC (75) —>
MICHALSKY (Michel) 13-6-4, Vienitza, Russie Cap, 1er P. 124. Liste N 28.
MICHAU
Mle 1145?
759
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Maurice MICHEL
Né len 13-03-1906 à Lwow (Polognx (RMVE) SBC (75 recrutemenx Mle 5595
Présumé être le Michel blessé aux Petites Armoises le 9 juin...
Robert MICHEL ŸFDX —> MICHEL (Robert) 13-9-01, Valenciennes (Nord)
adjudant-chef, 21' RI List 17. 3eBat, 10e Cie. Le 14 juin, instruction lui est donnée
de faire construire une passerelle de fortune sur l’Aisne. Le 9 juillet, il est
responsable du Deuxième groupe du 21e R.M.V.E. dirigé sur Metz. Le 16 juillet,
les 2 détachements lui sont rattachés. De Rosen a dit de lui : « À part Michel qui
a la taille d’un officier et va le devenir, tous ces sous-officiers de l’active…
symbolisés par l’épithète de “juteux”. » Et plus loin il parle de Michel maître de
danse. : « On prépare le numéro des danses anciennes. Michel, qui en est expert,
enseigne l’art du pas de 4, du pas des patineurs, de la polka, de la mazurka, de la
berline, du lancier et d’autres ! » De Rosen signale, comme famille de l’adjudant-
chef Michel, un cousin alsacien Édouard Ungwiller, brigadier au fort de Velosnes
et un cousin nommé Bouquet de la Jolinière.
Nicolas MICROPOULOS
Né le 21-02-1908 à Conia (Asie Mineure) (Grècx) Recrutemenx SBC (75). Déporté
à Dachau. Mle 104641. MICROPOULOS Nicolas né le 21-02-1908 à Konia, Grèce,
parcours Munich Dachau. §d Libéréx le 29-4-1945 à Dachau.
Sznyl MIEDZYLEWSKI
Né le 01-09 ou 7-1907 à Wolomin (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 11442.
Naturalisé N V avil 1947
Georges Joseph MENUAT.
ŸFDX Capitaine né à Ardentes (Indre) le 5 juin 1884- 16-10-1939 Sathonay. À la
formation du Régiment...
Jankiel MIGDAL †d MPFXd.
Né le 03-10-1905 à Kossolaki (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Migdal (Jankiel)
né 3/10/05 à Kosow Pol. Dcd 22/7/42 Auschwitz. MIGDAL Jankiel né le
03/10/1905 à KOSOW déporté par le convoi n° 6 le 17/07/1942 de Pithiviers à
Auschwitz. Déportés 929- Survivants 18.
Srul MIGDAL
Né le 12-05-1909 à Lareby (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Cholon MIGDALOWICZ
Né le 25-08-1907 à Pinsk (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Joseph MIGUEL
Né le 23-03-1913 à Palaguelo (Espagnx) Recrutemenx Grenoble (38).
Demetre MIHAILOGLOU
Né le 01-08-1906 à Aiten (Grècx) Recrutemenx SBC (75).
760
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Georges MIHAILI
Né le 12-02-1914 à Rocuen (Roumanix) Recrutemenx Nantes (44) —> MIHAILI
(Georges) 12-2-12, Roman (Roum.) 2’ cl 21’ R.I.E. 170. Liste N 35.
Vladimir MIKHAILOFF
Né le 02-05-1895 à Sebastopol (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Georges MIKLOS
Né le 09-09-1896 à Oszentijan (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
François MIKSIK
Né le 07-02-1906 à Nevotin (Bulgarix) Recrutemenx Agde (34).
Charles MIKUJSITHY
Né le 25-11-1908 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Nicolas MILAN
Né le 27-10-1910 à Staikovo (Bulgarix) Recrutemenx SBC (75).
Henri Charles Marie MILCAMPS
Lieutenant. Né le 25 juin 14 à Reims Appartenait à la 5e Cie (2e Bataillon)
commandée par le capitaine de Brem. Il provenait du 21e RI à Chaunont—>
MILCAMPS (Henry) ŸFDX 25-6-14, Reims, 21’ R.I.E. Of. VI A. Soest List48.
Jacques MILIOTIS (Eudes Jacques MILIOTIS †g MPfxg
Né le 25-11-1906 à Constantinople ou à Tatouaka (Turquix) Recrutemenx SBC (75)
Mort le 15-06-1940.
Izrael Icek MILLER
Né le 29-10-1911 à Zdunskavola (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Naturalisé avril
1947 N V.
Léon MILLER
Né le 31-03-1909 à Flosepatte (Luxembourx) Recrutemenx Châlons-en-Champ-
(51) —> MILLER (Léon) 31-3-09, 2’ cl, 21’ R.I. St. XVII B. Listes N 60 et 63. Appartà
la 4e sect de la 10e Cie. Manquant le 17 Montigny (Duvernay).
Marcel MILLIOZ
—> MILLIOZ (Marcel) ŸFDX, 23-3-07, Nantua, serg 21e RF St XI A Liste N 44.
Szija MILSZTAJN
Né le 21-02-1908 à Czestochowa (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
David MILSZTEJN
Né le 18-08-1901 à Lublin (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Nicola MILUTINOVIC
Né le 15-07-1907 à Divos (Yougoslavix) Recrutemenx Versailles (78).
Gabriel MINASSIAN
Né le 11-12-1906 à Istamboul (Turquix) Recrutemenx SBC (75). CA. 2.
Chaim MINC
761
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 1912 à Ozovoro (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> MINC (Charles) 16-5-
12, Ostrowicz, 1' cl. 21' R. I Liste N 17. Naturalisé N.V. avril 1947.
Ruiz Théodore MINGUEZ
Né le 19-09-1887 à Becrado (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Isidor MINIKES †d MPFXd.
Né le 15-05-1890 à Munich (Allemagnx) Recrutemenx SBC (75). MINIKES Isidore
né le 15/05/1890 à MUNCHEN déporté par le convoi n° 59 le 02/09/1943 de
Drancy à Auschwitz. Déportés 1000. Survivants 73.
Leybus Mendel MINSKI
Né le 16-04-1913 à Raovin (Polognx) Recrutemenx Bourg-en-Bresse 01).
Jenkiel MINSKY
Né le 16-07-1906 à Minsk (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Rachmil MINTZ
Né le 08-02-1905 à Gstrowice (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Raymond MINTZ
Né le 02-02-1908 à Ostrovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Leyb MIODOWNIK †g MPfxg
Né le 26-08-1905 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 4491. Mort le
20-06-1940. Tué au combat
Maurice MIODOWNIK
Né le 16-06-1908 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> MIODOWNIK
(Maurice) 16--6-08, Varsovie, serg. 21' R.I. Liste N 17.
—> MIRABAIL (Léopold) ŸFDX 23-8-85, Toulouse, commandant, 21’ R.I.E. Oflag
VI A. Liste N 49. Dcd 1966. Guerre 14-18 : Lt Léopold Mirabail — observateur
escadrille C 66 de Malzéville à partir du 03.11.1915. 22 juin 1916 Pilote sergent
René Seitz; Observateur bombardier sous-lieutenant Léopold Mirabail. Caudron
G4 n° 1337 Bombardement de Karlsruhe. Atterrissage en zone allemande par
suite combat. Avion touché. Prisonniers. Feilding Star, Volume XIV, Numéro 3661,
19 décembre 1918, Page 1 : CONTE DE DEUX PÈRES BRAVES. Paris. Je prêtres
catholiques romains, qui, comme tous les Français en âge de combattre, ont dû
rejoindre l'armée, se sont distingués au service de l'aviation. Père Maribail est
devenu un observateur auprès de l'Escadrille Hawk, et il était toujours le premier
à se porter volontaires pour une mission périlleuse. Le jour du grand raid sur
Karlsruhe, après que l'ennemi a admis 257 victimes et des dommages s'élevant
de 100 à 1000 £, l’avion du Père Mirabail et de son pilote, Sergent Seitz, ne revint
pas (22 juin 1916). La Légion d'honneur fut décernée à l'officier d'observation
courageux, qui avait déjà obtenu deux citations, et le texte accompagnant le prix
fut le suivant : « forcé d'atterrir par mauvais fonctionnement du moteur, il a
762
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

réussi à brûler son avion, ainsi que les documents à bord. » Par la suite, Seitz s’est
évadé et le cardinal Harhnarm, l'évêque allemand de Cologne a excommunié
Mirabail Père, lieutenant Mirabail, professeur au collège ecclésiastique de Saint-
Caprais, diocèse d’Agen. C'est dans l'aviation qu'il « travaillait ». Il s'était
spécialisé dans les bombardements à grande distance. Et il y accomplit de telles
prouesses que, lorsqu'il fut fait prisonnier à Karlsruhe, par suite d'une panne, le
haut Commandement lui fit parvenir la croix de la Légion d'honneur en captivité
même. Hans Habe a écrit sur lui : « C’était un dignitaire ecclésiastique aspirant à
devenir évêque. Il était émacié et vieux. » Charles Altorffer a aussi écrit de lui :
« Nous passons Noël 1941 à Agen où nous rencontrons le fameux abbé Mirabail
qui en 1912 avait atterri à Lembach. Malheureusement, il est devenu
pétainiste. » Mirabail est décédé en 1966.
Bozo MIRANOVITCH
Né le 17-12-1898 à Bodgorezza (Yougoslavix) Recrutemenx SBC (75).
José MIRAS-MIRAS †d MPFXd.
Né le 09-12-1913 à Almeria (Espagnx) Recrutemenx Pau (64) —> MIRAS-MIRAS
(José) 9-12-12, Almeria (Espagne) 2' cl. 21' R I. Liste N 17 Arrivée du 24/05/1941
à Mauthausen venant du Stalag XII B Frankenthal Mle 5729-MIRAS MIRAS Jose,
né le 09.12.1912 à Almeria, envoyé à Gusen et y décède le 08.12.1941.
Serge MIROCHITCHENKO
Né le 12-06-1897 à Don France département du Nord (Russix) Recrutemenx i.
Serge MIRSKI
Ancien officier de l’armée impériale russe noté engagé lieutenant au 21 e RMVE

(Forum AFT40), s’agit-il du précédent ? Serge Mirski


Szalme MITELBERG †d MPFXd.
Né le 02-02-1909 à Jarnovecrilschie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). MITELBERG
Slama né le 02/02/1904 à JANOW déporté par le convoi n° 5 de Beaune la
Rolande à Auschwitz le 28/06/1942 Déportés 1038. Surv. 35.
Louis MITELMAN
Né le 03-06-1915 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 7449 —>
MITELMAN (Louis) 3-6-15, Lodz (Pologne) 2’ cl. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
Ilya MITRAIN
Né le 1907 à Andrinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Marcel MITTELMANN
Né le 29-09-1906 à Galatz (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5931 —>
MITTELMAN (Marcel) 29-9-06, Gallatz (Roumanie) 2' cl. 21' R.M.V.E. Liste N 22.
Spirne MITTELMANN (Spirne ou Spiru)
763
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 17-03-1912 à Botosani (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 3222.


==Daniel MLYNARSKI
Né le 16-05-1905 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx Pau (64) —> MLYNARSKI
(Daniel) 18-5-05, Pzedborg (Pologne) 3' cl. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
Joseph MIZRAHI
Né le 16-03-1893 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx Châteauroux (36)
MODÉNA (Amédée) ❤.
E.V.D.G.. 22-8-95, San Remo, (Italix) Recrutemenx SBC (75) capitaine, 21’ R.E.
Oflag XVII A. Liste N. 51 Fils de Giobattista. Amédée Modéna est un Garibaldien
de 1914-1918 (Les Garibaldiens de 14 splendeur et misère des chemises rouges
en France de Hubert Heyriès page 558. 2005). : Sgt 6e Cie, puis te Cie 2e bataillon.
Au 21e R.M.V.E il est à la C. A. 1 jusqu’au 29 mai. Sabadie étant blessé le 26 mai
et décédé le 29) Modéna est muté (à la demande de Mirabail) à la têtede la 9e
Compagnie (3e Bataillon).
Extrait du rapport du Capitaine Amédée Modéna à Aubagne);
Le Captaine Modéna à pris ses fonctions à la tête de la 9e Cie le 1er juin et il revient
sur les évènements des jours précédents: « ... La 9e Cie a été relevée, ainsi que le
3e Bataillon, dans la nuit du 31 mai au 1er juin. Cette Cie a été très éprouvée à la
défense du village des Petites Armoises. À part le Capitaine Sabadie, blessé et
évacué, elle compte 19 hommes hors de combat dont le sergent Paul Sébastien
Savin tué à l’ennemi. Selon les dires du Capitaine Duvernay, Commandant la 10e
Cie, il y aurait eu un peu de flottement après l’évacuation du Capitaine Sabadie
et le Capitaine Duvernay aurait eu à refouler, revolver au poing, des hommes de
la section du Lieutenant Henri Dugros, qui avaient quitté leur poste de
combat...... » Robert Gildea « Marianne in Chains : in search of the German
Occupation of France 1940-1945 Robert Gildear raconte dans « Marianne in
Chains » au sujet de l’occupation allemande de la France en 1940-1945 : La lutte
de la communauté locale contre l’Autorité centrale n’était pas la seule ligne de
faille à apparaître dans l'engagement envers les prisonniers de guerre. Même les
communautés locales qui étaient supposées avoir un but et une identité
communes étaient en fait divisées, si bien que le commité d’aide aux prisonniers
devint un forum où les antagonismes locaux entrèrent en action. Saint-Brévin-les
Pins est une commune de l’estuaire de la Loire du côtéopposé à celui de Saint-
Nazaire et faisant face à l’Atlantique. Pour autant qu’on pût s’éloigner de la
frontière avec l’Allemagne, la localité contenait des habitants venus de l’extérieur
dont les opinions ne coïncidaient pas forcément avec la communauté locale. Le
Comité des prisonniers mis sur pied par le maire Guillou en 1940 fonctionna sans
incident jusqu’à l’été de 1942 quand Auguste Hérault, un cordonnier blessé de
764
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

guerre, franc-maçon et membre de la Ligue des Droits de l’homme accusa son


rival politique, Raoul Marchand, un commerçant et conseiller municipal de droite,
de voler du chocolat des colis destinés aux prisonniers et de le vendre au marché
noir. Le maire convoqua le commité pour régler le conflit et après une dispute
Marchand démissionna.
Guillou compléta alors le comité avec des prisonniers qui avaient été libérés,
dont le capitaine Amédée Modéna, un Italien qui avait combattu dans la Légion
Étrangère en 1914 et en 1940 et avait reçu récemment la nationalité française.
Mais Hérault ne renonça pas à sa chicane et allié avec un autre outsider, le
capitaine en retraite Victor-Antoine Mas, qui était arrivé en 1980 en tant que
réfugié, il raviva dans la Presse de septembre 1943 les accusations de vol de
chocolat par Marchand, et comme Modéna se porta à l’aide de Marchand,
Hérault se porta alors contre Modéna, l’accusant d’être un ruffian transalpin, un
communiste et un juif, faisant courir sur Modéna le risque d’attirer l’attention de
la Gestapo.
Apès la Libération, Hérault essaya de rallier le nouveau préfet à sa version des
évènements, tandis que Modéna argua qu’il avait rejoint la Résistance, alors
qu’Auguste Hérault et Max étaient des collaborateurs et des antisémites. Cette
querelle qui avait commencé à propos de barres de chocolat destinées aux
prisonniers exposa la faille qui existait dans le village côtier : Gauche contre
droite, les résidents locaux contre les nouveaux venus, soit-disant résistants
contre supposés collaborateurs. L’unique satisfaction fut que la dispute reste
dans la communauté et non par des dénonciations à la Gestapo qui auraient
mené à des déportations et à une tragédie.
==Rachmil-Szlama MODRESQUI
Né le 19-01-1904 à Tomaszow (Polognx) Recrutemenx i. Stalags VI C – XII D.
Louis MOISES
Né le 28-05-1904 à Aus (Belgiqux) Recrutemenx Lille (59)
==Juan MOLA❤ 12/3/06. G.R. 16 P 42442
Né le 13-03-1906 à Tortosa (Espagnx) Recrutemenx Perpi gnan (66) —> MOLA
(Jean) 13-3-06, Tortoza, 2' cl. 21' R. I. Liste N 17. Déporté MOLA CANALDA Juan
né le 12/03/1906 à Tortosa Mle 3421 venant du St. XII C Parcours Steyr Gusen
arrive le 14-05-1941 à Mauthausen. §d Libéréx à Gusen le 5-05-1945.
Julian Antonio MOLER
Né le 17-02-1906 à Tolosa (Espagnx) Recrutemenx Bordeaux (33).
==MOLHO Abram alias Albert MOLHO?
Né 14/4/10 Grècx Recrutemenx SBC (75) ? Homonymes…)
Marty MOLINA †d MPFXd.
765
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 22-01-1913 à Palma de Mallana (Espagnx) Recrutemenx Mautauban (82) —


> MARTY (Molina) 22-1-13, Magiorka (Baléares) .cap -ch., 21' R.I. Liste N 22.
Déporté Arrivée à Mauthausen du 29/04/1941 venant du Stalag IX A Ziegenhain
mle 5029 MOLINA MARTY Manuel, né le 22-01-13 à Palmada, décédé le 30
novembre 1941 à Gusen (Autriche). Blessé le 265/40: Cf Louis Boulard.
== ? MOLNAR
Jean Molnar né le 16/02/1889 à Budapest (Hongrix), recrutemenx SBC (75) Mle
6968. Sinon un homonyne Jean... Sinon —> François Molnar, 3-9-14, Merbek
(Allemagne) 2e cl., 1er R.I. St XIII A Liste N 94.
Gonzalo MOLTO
Né le 15-01-1909 à Alcoy (Espagnx) Recrutemenx Grenoble (38
Félix MONASTERIO
Né le 29-12-1910 à Sasamon, diocèse de Burgos (Espagnx) Recrutemenx SBC (75)
—> MONASTERIO (Félix) 29-7-10, Burgos (Espagne) 2' cl. 21' R. I. List 17.
Henri MONK
Né le 13-04-1907 à Caire (Égyptx) Recrutemenx SBC (75) —> MONK (Henri) 13-
4-07, Le Caire, serg. R. I. 21. Liste N 17.
José MONNE COSTA
Né le 10-11-1916 à Molins de Rey (Espagnx) Recrutemenx Mautauban (82).
==Jean MONNIN (Tramontane)
Né le 4-02-1912 à Bassecourt (Suissx) Recrutemenx D.C.R. Besançon (25).
José MONTERO DANTAS
Né le 29-09-1900 à Valenvia (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
MONTJEAULT (Marcel)
—> MONTJEAULT (Marcel) ŸFDX 8-10-13, Paris, serg. 21e R. I. V. E. Liste N 17.
Georges Jean MONTEIL
Né le 26/7/1904 à Souillac, Lot, ŸFDX Lieutenant. Commandait la première
section de la 10e Compagnie. Fait prisonnier ie 14 juin 1940 entre Sainte-
Menehould et les Islettes. Oflag II D. Message me venant le 25 mars 2013
provenant du fils du capitaine Félix Duvernay : « Merci pour votre message. Je
suis tout à fait incapable de donner suite à vos interrogations et commentaires à
propos de ces journées de juin 1940 : seulement sur un point, si ma mémoire ne
m'égare pas, je me souviens avoir eu de façon très indirecte (par un collègue de
travail originaire de Souillac dans le Lot comme Georges Monteil...) des nouvelles
à propos du Lieutenant Georges Monteil, qui a vécu dans le Lot après la Seconde
Guerre mondiale ; de plus à son sujet une autre information beaucoup plus sûre
provient du carnet dans lequel mon père a noté des informations concernant
toutes les personnes se trouvant sous ses ordres, en septembre 1943 mon père
766
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

a rayé la mention “disparu” et indiquée “prisonnier” à l'OFLAG IID Mle 3476,


enfin le Lieutenant Georges Monteil a eu un comportement exemplaire
sanctionné par une citation à l'ordre de la division que mon père mentionne. »
Voir LAZARESCOU Georges.
Jean MORA
Né le 07-09-1907 à Soller (Espagnx) Recrutemenx Besançon 25) —> MORA (Jean)
8-12-02, Porneras, 1re Cl. 21’ R.I.V.E. N 17.
José Cyro MORA †g MPFXg
Né le 08-08-1890 à Tofi viejo (Argentinx) Recrutemenx i Décédé le 21-06-1940
(Allain, 54 - Meurthe-et-Moselle, France).
Athanase MORANO
Né le 16-11-1919 à Alorno (Espagnx) Recrutemenx Angers (49).
Trajan MORAR
Né le 09-05-1919 à Curtici (Roumanix) Recrutemenx Limoges (87).
==Pedro MORALES FERNANDEZ
Né le 11-08-1906 à Vie des Pedreso (Espagnx) Recrutemenx SBC (75) —>
MORALES (Pedro) 11-10-06, Bilia del Pedroso (Esp.) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Antonio MORCILLO
Né le 15-12-18 à Madrid (Espagnx) Recrutemenx Pau (64) 3e section 10e Cie.
Disparu depuis La Neuville (Document Duvernay).
Isidore MORDOCH
Né le 25-08-1914 (Grècx) Recrutemenx SBC (75) —> MORDOH (Isidore) 25-8-14,
Salonique (Grèce) 2' cl. 21' R. M. Liste N 17.
Jacques MOREAU
—> MOREAU (Jacques) ŸFDX 30-6-16, Livry-Gargan, serg. 21’ RMVE. 204. List 4.
Carlos MOREIRA
Né le 09-08-1908 à Cedals (Portugax) Recrutemenx SBC (75) —> MOREIRA
(Carlos) 7-8-08, Cedaes (Portugal) 2' cl. 21' R. M. E. Liste N 17.
Mancel Loiza MOREIRA
Né le 30-07-1906 à Bitaraes (Portugax) Recrutemenx Bar-le-Duc (55).
Armand MOREL
Né le 03-09-1908 à Matrichet (Suissx) Recrutemenx SBC (75).
Lazare Domingo MORENO
Né le 14-02-1914 à Medina de Biscie (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Vicente MORENO (ou Vincent) †g MPFXg
Né le 19-07-1910 à Caudélaba Espagnx Recrutemenx Perpignan (66) Mort le 10-
06-1940 (Les Petites Armoises, 08 - Ardennes, France) Floing Nécrop nationale.
Hersz MORGENBESSER
767
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 03-04-1917 à Minsk Mozowiczki (Polognx) Recrutemenx SBC (75).


==Nuelum MORGENBESSER
Né le 20-10-1912 à Minsk (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Boruch MORGENSTERN
Né le 05-05-1909 à Brzex (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> MORGENSTERN
(Bouch) 15-5-09, Brest-Listowsk (Pologne) 2’ cl. 21’ R.I. Liste N 17.
Leib MORGENSZTERN (Leij-Mendel MORGENSZTERN
Né le 27-05-1911 à Greazisk ou Grodziak (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Max MORISSEAU
ŸFDX (Haïtx) Recrutemenx SBC (75) Né le 26-07-1909 à Aux Coyes —>
MORISSEAU (Marc) 26-7-09, Aux Cayes, (Haïti) cap. 21' R.M. St. XI A.
Gerard MORO †d MPFXd.
Né le 23-04-1917 à Baracaldo (Espagnx) Recrutemenx Tarbes (81) —> FUENTE
(Gérardo MORO DE LA) MORO DE LA FUENTE (Gérardo) 23-4-17, Baracaldo
(Vizcava) 2’cl. 21’ R.M.V.E. List 25. Moro de la Fuente (Gerardo) né 23/4/17
Baracaldo, Dcd 16/4/42 Steyr-Mauthausen.
Jenoch MORTCHELEWICZ
Né le 18-01-1906 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
==Isidore MOSKOWITZ
Né le 01-06-1906 à Viche (Roumanix) Recrutemenx Pau (64).
José MOSQUERA
Né le 05-05-1908 à Jafre (Espagnx) Recrutemenx SBC (75) —> MOSQUERA
(Fernand) 5-5-08, Jaffre (Espagne) 1' cl. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
Victor MOSZER †d MPFXd.
Né le 27-12-1901 à Grojce (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Moszer (Wigdor) né
27/12/01 à Grojec Pol. Victor Moszeir est né en Grofec en 1901. Déporté par le
Convoi 6 de Pithiviers à Auschwitz le 17/07/1942. Dcd 22/7/42.. Déportés 928.
Survivants 18.
Abel MOSZKOWICZ †d MPFXd.
Né le 21-10-1914 à Turek (Polognx) Recrutemenx Metz (57) MOSZKOWICZ Albert
né le 21/10/1914 à TURUK déporté par le convoi n° 34 le 18/09/1942 de Drancy
à Auschwitz. Déportés 1000. Gazés 859. Survivants 21.
==Joseph MOYA AGOILA
Né le 06-01-1919 à Roanne (Loire) (Espagnx) Recrutemenx Grenoble (38) —>
MOYA Joseph) 6-1-19, Roanne, serg. 21' R. I. Liste N 17. 3e section 10e Compagnie.
Benito MOYANO
Né le 22-03-1920 à Villa del Rio (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66). —>
MOYANO-DELGADO (Benito) 25-3-20, Villa del Rio (Cordaba) 2e cl. 21e R.I. Liste
768
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

25. Déportation Arrivées à Mauthausen de septembre 1840 à janvier 1941, Mle


6438 MOYANO DELGADO Benito né le 22/03/1920 à Villa del Rio. §d Libéréx le
05/05/1945 à Mauthausen.
Paul MRYCHIN
Né le 27-07-1900 à Migeulinsk (Russix) Recrutemenx Lyon 69).
Srulik MUCZNIK †d MPFXd.
Né le 27-09-1904 à Wladimir (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> MUCZNIK
(Siderie) 27-9-07, Paris, 2e cl. 21e R.I. St. VI G Liste N 64. Mucznik (Srulik), né le
27/9/1904 à Vladimir, (Pologne),. MUCZNIK Srulin né le 27/09/1904 à WLODIMIR
déporté par le convoi n° 12 le 29/07/1942 à Auschwitz. Dcd le 15/8/1942 à
Auchswitz. Déportés 1001. Gazés 2016. Survivants 5.
MULERAS Simonas †g MPFXg
Muleras Simonas. Né le 23-11-1911 à Utenos (Lithuanix) Recrutemenx SBC (75)
Décédé le 27-05-1943 (Magdebourg, Allemagne. Décès des suites de blessures.
Stèle commémorative.
Alfred MULLER
Né le 03-06-1902 à Bolle (Allemagnx) Recrutemenx Epinal (88).
Bernard MULLER
Né le 12-12-1893 à Morsch (Allemagnx) Recrutemenx Belfort (90).
Émile MULLER †d MPFXd
Né le 17-04-1901 à Siptod (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Muller (Émile) né
17/4/01 à Liptod, Dcd 30/3/43 Sobibor (Pol). Emile Muller est né à Liptov,
Tchécoslovaquie en 1901. Déporté par le Convoi 53 de Drancy à Sobibor, le
25/03/1943. Déportés 1008. Survivants 5.
Jean Joseph MULLER
Né le 02-01-1898 à Zurich (Suissx) Recrutemenx Mulhouse (68).
Lazare MULLER
Né le 13-06-1904 à Odessa (Russix) Recrutemenx SBC (75) —> MULLER
(Lazare)13-6-04, Odessa (Russie) 1' cl. 21' R. M. Liste N 17.L
Léon MULLER
Né le 15-11-1902 à Ukmerger (Lithuanix) Recrutemenx SBC (75).
Angel MUNOZ
Né le 01-03-1908 à Zaragoza (Espagnx) Recrutemenx Bordeaux (33).
Léon MUNOZ
Né le 07-12-1911 à Saragosse (Espagnx) Recrutemenx Bordeaux (33).
Manuel MUNOZ LOZANO
Né le 09-06-1921 à Hinojosa de Calatrava (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Zeenek MUNZAR
769
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 27-07-1917 à Platnon (Yougoslavix) Recrutemenx Montpellier (34).


Augustin MUR
Né le 18-05-1908 à Costejon de S.O.S. (Espagnx) Recrutemenx SBC (75)
Pedro MUR
Né le 22-02-1909 à Huesca (Espagnx) Recrutemenx Tarbes (81) —> MURE
(Pierre) 22-2-09, Huesca (Espagne) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Leon MURARI
Né le 17-05-1911 à Uenfhausen (Suissx) Recrutemenx SBC (75).
Jacob MURAWA
Né le 25-01-1913 à Siedlec (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> MURAWA (Jacob)
25-1-13, Pologne, 2’ cl. 21’ R.M.V.E. 160.Liste N 27.
==Maximilien MURBACH
Né le 22-04-1909 à Lausanne (Suissx) Recrutemenx SBC (75) —> MURBACH
(Maximilien) 22-4-09, Lausanne (Suisse) cap. 21' R.I. Liste N 17.
Joseph Maurice MUSQUERA
Né le 04-05-1909 à Jafre (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Israël MYSZKINSKI
Né le 10-08-1906 à Legny (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
==Amandie NABAIS
Né le 09-01-1905 à Aguas Belas (Portugax) Recrutemenx SBC (75)
Antonio NABAIS PASCOAL †g MPFXg
Né le 16-04-1912 à Santo Estevao (Portugax) Recrutemenx i, Mle LM 246. Mort
le 30-05-1940 (Chesne Populeux, 08- Ardennes, Fr-). Tué par éclats de grenade
08 – Floing — Nécrop.
Mendel MEYERSON (Medel Max
Georges Jules NADAY ❤ G.R. 16 P 438843
Né le 21-01-1906 à Sanicle (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Habe a écrit : « Le
grand Nadai, un radio ingénieur hongrois... »
Gabriel NADIM ❤ G.R. 16 P 438913
Né le 12-10-1913 à Damas (Syrix) Recrutemenx Tulle (19).
==Désiré NAGY
Né le 01-01-1906 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —> NAGY (Désiré)
1-1-06, Budapest, 2’ cl. 21’ R.I. Liste N 17.
== Isra NAHMIAS
Né le 15-07-1906 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx Laon (02) Cité par
Hans Habe. —> NAHMIAS (Isra) 15-7-06, Contantinople, 2' cl' 21' R. M. Liste N 17.
Naturalisé avril 1947.
Moise NAHMIAS †d MPFXd.
770
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 15-03-1897 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75). Nahmias


(Moïse), né en 1897 à Constantinople, Dcd le 19/9/1942 à Auschwitz. Convoi N
32 depuis Drancy ?
Maurice NAHOUM
Né le 01-01-1914 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx Versailles (78).
Salvator NAHUM
Né le 22-09-1913 à Ismir (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Abraham NAIDIEZ
Né le 09-07-1908 à Pinsk (Polognx) Recrutemenx Nantes (44).
==Juan NAJAR
Né 22-05-1921 à Jumilla (Espagnx) Recrutemenx Perpignan 66. $e sec, 10e Cie?
==Antonio NAJERA CAMARA
Né le 25-02-1911 à Valdepenas (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
David NAJGARTEN
Né le 02-08-1903 à Kalicz (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Abram NAJMAN †d MPFXd.
Né le 15-02-1906 à Plawno (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 9315. NAJMAN
Abraham né) le 27/02/1906 à LOWNO déporté par le convoi n° 6 le 17/07/1942
de Pithiviers à Auschwitz. Déportés 928. Survivants 18.
Albert NAJMAN

Alobert Najman
Né le 20-10-1915 à Radom (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3644 —>
NAJMAN (Abram) 20-10-13, Radom (Pologne) 2’ cl. 21' R.I. 180. Liste N 88.
Albert (Abram) Najman. Décédé le 20 juin 1970 à l’âge de 56 ans.
Mendel NAJMAN †d MPFXd.
Né le 27-02-1900 à Varsovie (=erreur en passant de légion à rmve) (Polognx)
Recrutemenx SBC (75). Najman (Mendel), né le 27/2/1900 à Dzialoszyn, Dcd le
22/7/42 à Auschwitz. NAJMAN Mendel né le 17/03/1900 à DSIOLOZIM déporté
par le convoi n° 6 le 17/07/1942 de Pithivers à Auschwitz. D 928. S 18.
Moïse NALBONA †g MPFXg
Né le 07-03-1907 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75) Mle 2915
Mort le 08-06-1940 (Châtillon-sur-Bar, 08 - Ardennes, France) Tué par éclats
d'obus 94
— Thiais. Val de Marne Carré des corps restitués. Tombe 104, carré 17.
Gérard NANAGOUR
21e RMVE né 1917, mort à 27 ans le 18/12/44 95 carré mixte Montmorency Il
s’agirait en fait de KANAGUR Gérard Recrutement Rouen (75) né le 25-04-1917
771
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

(23e– >21e) Voir KANAGUR.


Wolf NAPARSTEK †d MPFXd.
Né le 22-03-1893 à Chelmer (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Naparstek (Wolf,
Zymel) né 1893 à Chmielinch, Dcd 12/7/42 Auschwitz NAPARSTEK Wolf né le
22/03/1893 à CHMIELNICK déporté par le convoi n° 2 le 05/06/1942 de
Compiègne à Auschwitz.Déportés 1000. Survivants 41
Antonio NARANJO
? Mle 5160. Première section 10e Compagnie. Cité dans le rapport du sergent
Lazarescou. Chargeur. Il est encore présent sur les effectifs le 30 juin 1940
(capitaine Duvernay). Possiblement : Antonio NARANJA né le 15-05-1901 à
Zaragoza (Polognx) Recrutemenx SBC (75) pour le 23e R.M.V.E. (Muté ?). Sinon
un Espagnol comme son compère Rojo Marian.
Manuel NARIEGA (ou NORIEGA) †g MPFXg
Né le 21 ou 22-08-1909 à Caoroa (Espagnx) Recrutemenx Versailles (78) Mort le
14-06-1940 (Sainte Menehould, 51 – Marne, France).
Moszek ou Maurice NATAN †d MPFXd.
Né le 07-03-1910 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> NATAN
(Maurice) 23-4-10, Varsovie (Pologne) 2' cl. 21' R. I. Liste N 17. Natan (Moszek)
né 7/3/10 Varsovie, déporté par le convoi n° 47 le 11/02/1943 de Drancy à
Auschwiz. Dcd 16/2/43. Déportés 998. Survivants 10.
Elias NATANSOHN
Né le 22-07-1911 à Comasetti (Italix) Recrutemenx SBC (75).
==Léo NATANSON
Né le 03-06-1900 à Galatz (Roumanix) Recrutemenx SBC (75). Sergent 3e Cie.
Jean NATCHICH
Né le 07-01-1903 (Yougoslavix) Recrutemenx Nîmes (30).
Henri NATTA
—> NATTA (Henri) ŸFDX 11-1-32, Versailles, serg. 21' R. M. Liste N 17.
Emeric NATTAN
Né 24-08-1911 à Balatoy-Fokajar (HongriX) Recrutemenx SBC (75), Mle 8771. 3e
section, 10e Cie. Disparu depuis Neuville (Document Duvernay).
Antoine NAVARRO
Né le 25-12-1902 à Belesblasco (Espagnx) Recrutemenx Caen (14).
Juan NAVARRO
Né le 14-03-1910 à Esparragal (Espagnx) Recrutemenx Foix (09) —> NAVARO
(Jean) 14-3-10, Esparragal (Espagne) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Maulta NAVARRO
Né le 06-04-1920 à Alicante (Espagnx) Recrutemenx Mautauban (82)
772
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Julian NAVARRO TRUFILLO †g MPFXg


Né le 20-06-1917 à Santa Cruz de Mudeka (Espagnx) Recrutemenx Mautauban
(82). Muté au 12e R.E.I. Mort pour la France le 06.06. 1940 à Loffause, Aisne.
Lazare NEFOUSSI
Né le 25-03-1909 (Grècx) Recrutemenx SBC (75) Mle 11472 —> NEFOUSSY
(Lazare) 25-3-09, Salonique (Grèce) 2' cl. 21' R. I. Liste N 17.
Iser (0u Isser) NEJMAN †d MPFXd.
Né le 31-07-1915 à Kwal (Polognx) Recrutemenx Belfort (90). Nejman (Isser), né
le 31/7/1915 à KOWAL (P0L0GNE. Dcd le 14 juin 1942 à Auschwitz.
Jacob NEJMAN (13)
Né le 05-02-1901 ou 1909 à Kowal (Polognx) Recrutemenx Belfort (90).
Max NEJMAN (Abraham Max)
Né le 13-06-1918 à Kowal (Polognx) Recrutemenx Belfort (90)

En haut à gauche Max Nejman en 1940 dans un groupe d’engagés juifs.


Antoine Beille, officier, blessé au combat, fut rapatrié et hospitalisé à Cahors. Max
Nejman, un Juif, qui avait été son ordonnance et qui venait d'être démobilisé,
vint lui rendre visite à l'hôpital. Il lui fit part de sa situation difficile demanda son
aide. Après la guerre, Max a demandé pour ses sauveurs la médaille des Justes,
décerné par l'État d'Israël.
Pierre NEKRASSOFF
Né le 09-10-1903 à Karkoff (Russix) Recrutemenx Bordeaux (33) —> NEKRASSOF
(Pierre) 9-10-03, Kharkoff (Russie) serg. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
Étienne NEMETH
Né le 25-09-1907 à Szeged (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Étienne NEMETH
Né le 17-03-1905 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx Nîmes (30).
Jean NEMETH
Né le 09-10-1916 à Saripap (Hongrix) Recrutemenx Arras (62) —> NEUMETH
(Jean) 6-10-16, Sarisat (Hongrie) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17 et N 70.
Abram NEMIROVSCKI
Né le 25/11/1898 à Baltzi (Băilești ?) (Roumanix Recrutemenx SBC (75) Mle 2668.
Blessé bois du Chesne le 1er juin, évacué.
773
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Louis NENADOVITCH
Né le 06-10-1898 à Kieka (Yougoslavix) Recrutemenx SBC (75).
Jean NÉNON
ŸFDX Né le 26/4/1906 à Thierville (sur Meuse) —> NÉNON (Jean) 25-4-26,
Thierville, lieut. 21' R.I.E. Of. VI A. Soest Liste N 49. C.A 2e bataillon.
Né 25 avril 1906 à Thierville (Meuse). Décédé le 11 septembre 1976 à Villeneuve-
sur-Lot (Lot-et-Garonne). Député du Lot-et-Garonne de 1951 à 1955. Fils d'un
sous-officier de carrière, Jean Nénon a effectué ses études à l'école primaire
supérieure d'Aiguillon, dans le Lot-et-Garonne, où il a obtenu le brevet qui lui
ouvre les portes de l'Ecole normale d'instituteurs de Montauban. Après son
service militaire à Saint-Maixent et à Bordeaux, il exerce comme professeur de
cours complémentaire à Fumel de 1928 à la guerre. Mobilisé comme lieutenant,
il est fait prisonnier le 24 juin 1940 près de Nancy et dirigé vers un Oflag à Sœst,
en Wesphalie. Son activité résistante lui vaut une condamnation à huit mois de
cellule par un conseil de guerre allemand. Libéré en avril 1945 par l'armée
américaine, il regagne la France. Sous l'étiquette de la SFIO dans laquelle il
militait avant-guerre, il est élu conseiller municipal puis conseiller général de
Fumel. Il sera élu par la suite vice-président du conseil général du Lot-et-Garonne
et président de la Commission départementale des finances. Fort de cet ancrage
local, il est candidat aux élections du 10 novembre 1946 en seconde position sur
la liste SFIO. Mais sa liste n'obtient que 15 701 voix sur 117 390 suffrages
exprimés et aucun élu. En vue des élections du 17 juin 1951, et conformément à
la loi du 7 mai, la SFIO conclut un vaste apparentement de type Troisième force
avec le RGR et deux listes de droite. Les listes apparentées ayant obtenu la
majorité absolue, tous les sièges lui sont attribués. Jean Nénon, tête de la liste
SFIO qui a obtenu 10,2 % des suffrages exprimés, est élu, les trois autres sièges
se répartissant entre le RGR (Henri Caillavet et Raphaël Trémouilhe) et le MRP
(Jean-Jacques Juglas). Membre de la Commission de l'intérieur pendant toute la
législature, il est également nommé en janvier 1954 membre suppléant de la
Commission des finances et membre de la Commission chargée d'enquêter sur
le trafic des piastres. Il se montre un député assez actif, mais exclusivement
spécialisé dans les questions d'administration locale et, plus précisément, dans
tout ce qui relève des personnels départementaux et communaux. Il signe à ce
titre une dizaine de rapports et intervient en séance publique, notamment en
novembre 1955, comme rapporteur d'une proposition de loi relative au statut
des agents communaux. Il participe également à plusieurs reprises à la discussion
budgétaire des crédits du ministère de l'intérieur. Ses votes sont conformes à la
discipline du groupe socialiste, généralement dans l'opposition durant cette
774
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

législature, hormis la parenthèse Pierre Mendès France. Le 30 août 1954, il vote


la motion Aumeran, rejoignant la cinquantaine de députés socialistes hostiles à
la ratification du traité de CED.Aux élections du 2 janvier 1956, la liste SFIO qu'il
conduit à nouveau, apparentée aux radicaux et aux républicains sociaux, accuse
un net tassement, n'obtenant que 8,3 % des 131 032 suffrages exprimés. Jean
Nénon n'est donc pas réélu, deux sièges revenant au P.CF, les deux autres au
parti radical après invalidation du candidat poujadiste. Il ne quitte pas pour
autant l'Assemblée nationale, car il devient jusqu'en 1958 l'attaché
parlementaire de Maurice Pic, secrétaire d'Etat à l'intérieur dans les
gouvernements Mollet, Bourgès-Maunoury et Gaillard. Candidat le 23 novembre
1958 dans la deuxième circonscription du Lot-et-Garonne (Marmande), il
n'obtient que 2 681 voix sur 39 297 suffrages exprimés et n'affronte pas le
second tour. Il se consacre désormais à des activités strictement locales et
régionales. Il meurt le 11 septembre 1976 à Villeneuve-sur-Lot.
Joseph NERIN
Né le 07-08-1918 à Normando (?) (CanadX) Recrutemenx Tarbes (81).
Ksenofon NESTOR
Né le 17-11-1901 à Pilmi (AlbaniX) Recrutemenx SBC (75).
Jean NEUMANN
Né le 20-12-1914 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx Caen (14).
Max NEUMANN ❤ G.R. 16 P 442482:
Noté né le 14-12-1911 (Indéterminé (?). Né le 30-09-1911 à Lodz (Polognx)
(RMVE) Recrutemenx SBC (75) Mle 3929
Louis Frédéric Marie NEVEU
Né le 13/8/1906 à Bouchemaine Maine-et-Loire. Prisonnier le 14 juin à Sainte-
Menehould ŸFDX Lieutenant à la C.A.1 Le 14 juin à Sainte-Menehould la section
mitrailleuse Neveu (celle de Skrolek ?) n’a pu décrocher à temps… mais Neveu est
revu à la Tramontane…
Majer NEYMAN
Né le 20-08-1902 à Sulepow (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Vasile NICOARA
Né le 23-02-1902 (Roumanix) Recrutemenx Limoges (87).
Lucien NICOLAS
Né le 19-04-1907 à Hayons (Belgiqux) Recrutemenx Charleville (08).
Maurice NICOLIER
Né le 07-02-1905 à Paris (75 - Paris (ex Seine) (Suissx) Recrutemenx SBC (75)
Mle 7251 —> NICOLIER (Maurice) 7-2-07, Paris, 1' cl. 21' R. I.
Georges NICOLITCH
775
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

—> NICOLITCH (Georges) 5-12-08, Mladenovac, (Serbix) Recrutemenx i. cap. 21e


R.M.V.E. Liste N 19.
Jacques NIEGO
Né le 02-07-1906 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75) —> NIEGO
(Jacques) 21-7-06, Turquie, 2' cl. 21' R. M. Liste N 17.
==Moses NIEMIROVSKI
Né le 20-05-1908 à Jampole (Russix) Recrutemenx SBC (75) Mle 7063.
Chaim NIESWIC
Né le 15-06-1909 à Varsovie ou Skiernievice (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —>
NIESWIC (Chaim) 15-6-09, Pologne 2e cl. 21e R.M.V.E. Liste N 71.
Julian NIETO
Né le 09-05-1921 à Valdemoro (Espagnx) Recrutemenx Chambéry (73)
Tomas NIETO
Né le 19-06-1915 à La Union (Espagnx) Recrutemenx Montpellier (34) —> NIÉTO
(Thomas) 19-6-15, La Union (Espagne) 2’ cl. 21’ R. M. V. E. Liste N 16.
Isaac NIFUS
—> NIFUS (Isaac) 30-7-10, Istamboul (Turquix) Recrutemenx i. Cap. 21’ R.I.V.E.
Liste N 17.
Hersch NIMS
Né le 15-12-1910 à Bolechow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> NIMS (Henri)
15-12-11, Bolechor (Pologne) cap. 21' R. I. Liste N 17.
David NINO
Né le 18-12-1913 à Sophia (Bulgarix) Recrutemenx SBC (75).
David NISENBAUM
Né le 06-12-1907 à Lublin (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Stalag XI B.
Mosek NISINKIER
Né le 01-12-1908 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> NISENKIERN
(Max) 1-12-08, Varsovie, 2' cl. 21' R.M.V.E. Liste N 22.
Henri NITELET
Né le 05-04-1908 à Waterloo (Belgiqux) Recrutemenx Nancy (54) —> NITELET
(Henri) 5-4-08, Waterloo (Belgique) 2' cl. 21' R. M. Liste N 17.
Séphirin NITELET
Né le 16-10-1919 à Waterloo (Belgiqux) Recrutemenx Nancy —> NITELET
(Zéphirin) 16-10-19, Waterloo (Belgique) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Lucien NITENBERG
Né le 18-07-1908 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Joaquim NIVORRA BERRUERO
Né le 07-10-1915 à Lucare (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
776
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Abraham NOBLINSKI
Né le 19-05-1893 à Sokoli (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Jvan NOEVOY
Né le 18-08-1912 à Coubane (Russix) Recrutemenx Oran (Algérie).
Vladimir NOGA
Né le 12-08-1903 à Elisabethograd (Russix) Recrutemenx Avignon (84).
Manuel NOGUERAS
Né le 15-07-1910 à Alesleo di Curéas (Espagnx) Recrutemenx Avignon (84).
Casas NOGUERO
Né le 27-04-1919 à Almera (Espagnx) Recrutemenx Mautauban (82).
Manuel NORIEGA : Voir NARIEGA
Titulsz NOVAK
Né le 21-11-1914 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75). 1er R.M.V.E.
==Jacob NOVAKI
Né le 01-06-1912 à Szeged (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Dragolioub NOVAKOVITCH
Né le 17-09-1908 à Yarsenovo (Yougoslavix) Recrutemenx SBC (75).
NOVOMINSKI (Elukin)
31-12-07, Pullusk (Pologne) 2' cl. 21' R. E. Liste N 12
Maurice NOWOMIAST
Né le 18-06-1899 à Podheta (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Elukim NOWOMINSKI (ou Trukia ou Trukin)
Né le 31-12-1907 à Pultusk (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —>
Mendel NUDELMAN
Né le 15-07-1912 à Wiezbnik ou Wierzhnik (Polognx) Recrutemenx SBC (75)

Mendel Numelman
[...grand blessé de guerre, premier président de notre Union vient d’être promu
au grade de Chevalier de la Légion d’honneur. Notre comité Directeur lui adresse
à cette occasion ses chaleureuses félicitations. Cette décoration lui sera remise
officiellement au cours de notre grande manifestation annuelle qui aura lieu le 8
juin 1952 au cimetière de Bagneux devant le monument aux morts. N V mars-
avril 1952
François NUEVO
Né le 03-04-1912 Navalmoral (Espagnx) Recrutemenx (SBC (75) Mle 5757 —>
NUEVO (François) 3-4-12, (Espagne) 2'cl. 21' R. M. Liste N 17.
Antonio NUMES
Né le 06-09-1901 à Atabaia (Portugax) Recrutemenx Bar-le-Duc (55).
777
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Fermeire NUNES
Né le 15-05-1910 à Maredes (Portugax) Recrutemenx Versailles (78).
Pedro NUNEZ DIAZ†f
Né le 31-01-1919 à Mijares (Espagnx) Recrutemenx SBC (75) Mle 8193 Décédé
le. 12-11-1940 (Aix-en-Provence, 13 - Bouches-du-Rhône, France) MPFxf.)
Rodolphe NUNGE †g MPFXg
ŸFDX Né le 01-05-1913 à Sarreguemines (57 - Moselle, France) Incorporé i. Tué
le 13-06-1940 (Sainte-Menehould, 51 par bombardement.
==Vaiman NUSELOVICI
Né le 15-04-1913 à Jassy (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
==Geima NUSSBAUM
Né le 20-06-1910 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> NUSBAUM
(Geima) 26-6-10, Varsovie, cap. 21' R.I. Liste N 17.
Adam OBERMANN
Né le 24-12-1905 à Supach (Allemagnx) Recrutemenx Mautauban (82). 1er RMVE.
Henri OBERSCHMUCKLER
Né le 04-03-1903 à Kertch (Russix) Recrutemenx SBC (75) Mle 4313. Appartenait
à la 1re section de la 10e Cie et serait disparu aux Vignettes, selon l’état des
effectifs tenu par le capitaine Duvernay le 30-06-1940.
José OBIOL CASTILLO
Né le 08-09-1903 à Ulidecona (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
OBOLENSKI Prince Nicolas
Né en (Russix) Sous-lieutenant à la 3e Compagnie du 1er Bataillon du 1er R.M.V.E.Il
est blessé le 14 juin à Sainte-Menehould et, après la guerre, secrétaire du conseil
paroissial de la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky de Paris.
Nicolas Nicolaievitch Obolenski ; né le 30 Oct 1905, Astrakan ; Décédé le 10 Sept
1993 à Nice —> OBOLENSKI (Nicolas) 30-10-05, Astrakan (Russie) 21e R.M.V.E.
192 Liste N 29 (Laon Aisne). Voir « Benac » pour lettre du prince Nicolas
Obolenski. Numéro 490 de la revue Képi Blanc, mai 1889 : Né à Astrakhan
(Russie) en 1905, le prince Nicolas Obolensky, fit partie de ces émigrés qui, après
la révolution de 1917, s’installèrent en France, terre d’asile et d’accueil pour tous
les réprouvés. Il nous raconte son itinéraire, ses drames, son désir de servir cette
seconde patrie dans ses heures les plus sombres. Après la guerre, il reprit, dans
sa compagnie d’Assurances, la place qu’il occupait auparavant. Le prince
Obolensky est chevalier de la Légion d’honneur. » : « Je suis né en 1905, au bord
de la mer Caspienne, à Astrakhan, au pays des Kalmouks. Mon père était
l’équivalent d’un superpréfet dans la région d’Orel. 1918 marqua pour moi une
première déchirure : le départ en trois heures, le voyage en train, les séjours
778
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

successifs, pour quelques mois en Bulgarie, puis à Constantinople, et l’arrivée en


France, où des amis français avaient mis à notre disposition une villa à Cagnes-
sur-Mer.
J’ai repris mes études, quelque peu perturbées les années précédentes. En 1923
à Nice, un représentant du ministère de l’instruction publique nous fit passer le
baccalauréat russe, auquel le gouverenement reconnaissait la même valeur
qu’au français. Mon père était un ami du grand-duc Nicolas. Celui-ci était en
relation avec les généraux Foch et Joffre. Il leur avait demandé d’intervenir
auprès du ministère de la Guerre pour que de jeunes russes pussent être admis
au concours de Saint-Cyr, comme élèves officieres, ceci en attendant le retour
dans leur patrie. J’ai donc fait partie avec le matricule 1552, de la promotion
Chevalier-Bayard (1923-1925), la deuxième à accueillir des Russes, la précédente,
Metz-et Strasbourg (1922-1924), ayant déjàa reçu le prince Kourakine, neveu du
général-baron de Wrangel (Un des chefs des armées monarchistes en lutte conte
les révolutionnaire N.D.L.R.) Pendant ces deux années je me situai dans la
moyenne. Nous étions ravis, mes compatriotes et moi, de servir dans la Légion
étrangère, conformément à ce qu’imposait notre situation particulière. En effet,
bien que Russes, nous avions été déchus de notre nationalité par les
communistes et « bénéficiions » d’un passeport Nansen, qui nous permit
d’obtenir le statut de résidents privilégiés.
Malheureusement, mon père est tombé très gravement malade ; j’avais un
frère et uns sœur plus jeunes que moi. J’ai dû démissionner. Cette décision a été
très dure et m’a causé un véritable traumatisme. Ce fut ma deuxième déchirure,
et c’est pourquoi je n’ai pas entretenu beaucoup de relations avec ma promotion.
Je me considérai (et je me considère toujours), que j’avais, en quelque sorte
« déserté ». J’ai repris mes études et suis entré dans une compagnie
d’assurances. Mais en 1938, après la conférence de Munich, je me suis rendu
compte que la guerre était proche et j’ai pu me faire réintégrer officier de réserve
hors cadre à titre étranger. C’est de cette façon que je suis parti, en 1939, au
moment de la mobilisation générale, et que j’ai rejoint Vancia, près de La
Valbonne où se formaient les régiments de Légion étrangère, les 11e et 12e R.E.I.,
à base de forts noyaux actifs et de réservistes. J’ai eu le plaisir d’y retrouver un
camarade de promotion, le capitaine Perrossiere (qui acommandé la Compagnie
d’Accompagnement du 2e bataillon du 12e R.E.I. N.D.L.R.) De là, l’autorité militaire
m’a envoyé à Adde, où se constituait une légion de volontaires
tchécoslovaques… ! En février 1940, j’ai rejoint le camp du Barcarès, où j’ai
retrouvé beaucoup d’officiers russes, qui avaient été repris dans l’armée
française, avec leur grade moins un et un plafond de capitaine, c’est-à-dire qu’un
779
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

colonel ou un commandant de l’armée impériale servait comme capitaine dans


l’armée française. J’ai retrouvé rapidement mes réflexes de Saint-Cyr et n’ai
éprouvé aucune difficulté à tenir ma place de chef de section à la 3e Compagnie
du 1er Bataillon du 21e R.M.V.E. Nous n’avions que peu de contacts avec les
officiers des autres régiments. Chaque unité avait sa propre vie et le bataillon
représentait tout notre univers. Cela venait certainement de la personnalité de
notre chef, le lieutenant colonel Debuissy.
André OBYN
Né le 25-06-1912 à Proven (Belgiqux) Recrutemenx Versailles (78). —> OBYN
(André) 25-6-13, Pruven 2e cl, 21e R.I. St XI A Liste N 45.
François OCTOBON
—> OCTOBON (François) ŸFDX 1-10-83, Lagnes/s/Mer, capit. 21e R.I. Ofl. VI A.
Liste N48. Cdt la C.H.R. du 21e R.M.V.E. Venait du 147e R.I.F. en octobre 1939. Voir
rapport du lieutenant Charles Pold.
Pierre ODRY ❤ G.R. 16P449051
Pierre Joseph ODRY né le 18-10-1911 à Bizerte (Tunisie) —> ODRY (Pierre)
==, ŸFDX 28-10-11, Bizerte (Tunisie) Sous-lieutenant, 21e R.I.E. Oflag VI A. —. Liste
N 49 Sous-lieutenant à la 5e Cie (2e bataillon). (Chef de section il prend en charge
la 5e Cie à las mort du capitaine De Brem) : « Après la mort glorieuse du capitaine,
j’ai eu l’honneur de commander une quinzaine de jours la 5e Compagnie »
(Tramontane). Pierre Marie Jean-Baptiste Mairesse-Lebrun, né le 16 mai 1912 à
Bauzy dans le Loir-et-Cher, mort le 6 décembre 2003, est un officier de cavalerie
de l'armée française devenu célèbre par son audacieuse évasion du château de
Colditz le 2 juillet 1941 : Lebrun et le Lieutenant Pierre Odry profitèrent d'une
autre promenade pour quitter le groupe, et foncer vers la clôture située au fond
du parc. Odry se place de dos à trois mètres de la clôture et joint ses mains pour
que Lebrun puisse poser son pied. Ainsi positionné, Lebrun est catapulté par-
dessus les barbelés. Abasourdis par l’audace, les gardes allemands reprennent
leurs esprits et ouvrent, sans succès, le feu sur le détenu qui s'échappe. Lebrun
escalade alors un ultime mur et s'enfuit vers la liberté. Odry s’évadera aussi.
(Oflag II). Voir Chapitre IV documents rapport 2e bat. 5e Cie Odry... Arthur
Huschak en se faisant passer pour un soldat français s’appelant Jean Pierre Oudry
a peut-être utilisé un document venant de Pierre Odry ?...
Chaïm OFFENBERG
Né le 09-12-1900 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Émilien OGER (AUGER)
—> Émilien OGER, Ÿ FDD 3-12-10, Maulévrier M. et L. adj. 21e R.I. Liste N 17.
== Philippe Charles OGER
780
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 14-08-1918 à Genève (Suissx) Recrutemenx SBC (75) Mle 1077.


Alexandre OHANIAN
Né le 12-07-1905 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75) Mle 16665.
Ohoon OHANIAN
—>OHANIAN Ohoon 7-12-10, Bergama-(Asie) (Turquix) Recrutemenx I. 2’ cl. 21’
R.I. St. X B. Liste N 60.
Joseph OIZEROVICI
Né le 08-08-1902 à Braila (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> OIZEROVICI
(Joseph) 8-8-02, Braila (Roumanie) 2’ cl. 21’ R.I. 190. Liste N 56.
Maurice OKON (ou Mendel OKON) (31)
Né le 01-12-1909 à Glowaczen ou Glowaczow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —
> OKON (Maurice) 1-12-09, Glawaezow (Pologne) 2' cl. 21' R. M. Liste N 17. Était
foureur à la 10eCompagnie du 3e Bataillon. Décédé 1976.
Aron OLCHAK
Né le 04-03-1895 à Boganchich (Russix) Recrutemenx SBC (75) Mle 2737.
Jeguda OLCHILZKI (ou Jeluda OLCHITZKI) †d MPFXd.
Né le 05-03-1901 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Olchitzki (Jeguda)
né 5/3/01 Varsovie. Déporté par le Convoi 1 de Drancy à Auschwitz le
27/03/1942. Dcd 5/3/43. Déportés 1112. Survivants 19.
Manuel OLIVEIRA
Né le 25-04-1907 à Freixando (Portugax) Recrutemenx Bourg-en-Bresse 01).
Georges Robert OLIEVIER †g MPFXg
Né le 23-12-1908 à Mouscron (Belgiqux) Recrutemenx SBC (75) Mle 7015 Mort
le 18-06-1940 (Épinal, 88 - Vosges, France). Décès des suites de blessures — 68
— Colmar Nécropole nationale. Tombe 104, carré B.
Antoine OLIVIERA
Né le 25-12-1917 à Freixando (Portugax) Recrutemenx Laon (02).
Ignacio OLMOS
Né le 11-10-1907 à La Union (Espagnx) Recrutemenx Grenoble (38).
Ivan ONDRUJ
Né le 01-01-1921 à Semovci (Yougoslavix) Recrutemenx Agde (34).
Samuel ONISCHKO (Émile)
Né le 24-12-1904 à Odessa (Russix) Recrutemenx SBC (75) Mle 6622. Naturalisé
avril 1947.
Léon ONUKIEWICZ
Né le 04-08-1907 à Ostalec (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
==Marcel OPATOWSKI (ou Mendel)
Né le 08-06-1906 à Radom (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
781
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Herszon OPLER
Né le 21-07-1906 à Sosnowice (Polognx) Recrutemenx SBC (75) 4e section de la
10e Compagnie. Blessé et évacué Duvernay).
Icek OPOCZYNSKI (ou Jacques)
Né le 20-05-1912 à Sezon (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> OPOCZYNSKI
(Icek) 20-5-12, Jezow (Pologne) 2' cl. 21' R. I. Liste N 17. Naturalisé juin 1947.
Abraham OPOSZYNSKI
Né le 25-10-1908 à Jezow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 5740.
Paul ORBACH †d MPFXd.
Né le 19-02-1898 à Pszemjsf (Polognx) Recrutemenx SBC (75). ORBACH Paul né)
le 19/02/1898 à PRZEMYSL déporté par le convoi n° 9 le 22/07/1942 de Drancy
à Auschwitz.. Déportés 998. Survivants 5
François ORBAN
Né le 17-03-1910 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Pedro ORDAS FERNANDEZ
Né le 21-12-1917 à Leon (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Dimitrio ORDONEZ
Né le 02-01-1910 à Asiégo (Espagnx) Recrutemenx Mont-de-Marsan (40).
Antonio ORELLANA
Né le 06-01-1920 à Torre del Mar (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Abram ORENSZTAJN.
Né le 21-05-1909 à Ozarow (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Naturalisé 1947.
Ichok ORFUS ❤ GR 16 P 451172
Né le 26 08-1905 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 10356.
Szefia ORLIK
Né le 12-06-1905 à Zelechów (Polognx) Recrutemenx SBC (75) St XII D —> ORLICK
(Szifia) 12-7-05, Zelichów (Pologne) 2' cl. 21' R. I. Liste N 17.
==Tibérius ORMOS
Né le 07-11-1920 à Ora-Deamon (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 3739 —
> ORMOS (Tibérius) 7-11-20, Ora Diamon (Roumanie) 2' cl. 21' R.I. List N 17.
Antoine ORTEGA
Né le 12-02-1913 à Villanueva del Campos (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Fernandez ORTEGA
Né le 31-08-1908 à Albose (Espagnx) Recrutemenx Cahors (46).
Gabriel ORTEGA
Né le 04-11-1904 à Ragal (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
Bernado ORTIZ
Né le 04-09-1906 à Aleira (Espagnx) Recrutemenx Vincennes (94).
782
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Antoine ORTUNO
Né le 07-03-1908 à Finestrat (Espagnx) Recrutemenx Avignon (84).
==Jean Ohanes OSGUIAN
Né le 02-04-1910 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Isac OSMU
Né le 26-12-1895 à Alexandrie (Égyptx) Recrutemenx SBC (75).
Pierre OSOKIN
Né le 30-08-1890 à Luganski (Russix) Recrutemenx Nice (06).
Schlama OSSMANN †d MPFXd.
Né le 02-08-1897 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Ossmann
(Schlama) né 2/8/97 Varsovie, OSSMANN Schlama né le 02/08/1897 à VARSOVIE
déporté par le convoi n° 46 le 09/02/ Drancy à Auschwitz. Dcd 14/2/43. Déportés
1000. Survivants 12.
Rogelio OTERO-GONZALEZ
Né le 22-03-1908 à Gijon (Espagnx) Recrutemenx Pau (64) —> OTERO-GONZALEZ
(Rogelio) 22-3-08, Gijon (Espagne) cap. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
Girard OTHENIN
Né le 08-01-1912 à Luback (Suissx) Recrutemenx SBC (75).
Michel OUCHACOFF
Né le 27-08-1907 à Avrora (Roumanix) Recrutemenx D.C.R.E. SBC (75) C’est selon
la date de naissance et le prénom celui qu’Hans Habe décrit parmi les
observateurs du 21e R.M.V.E. comme un architecte russe blanc ayant explication
pour tout. Ville de Grasse, quartier Martelli : Le Monoprix a été réalisé dans le
début des années 1970 par l’architecte Ouchacoff. Descendant de Russes blancs,
il crée, entre autres, l'immeuble du Comoedia. Fonds de l'architecte Michel
Ouchacoff (1907-1981) : Le fonds de l'architecte Michel Ouchacoff (1907-1981)
est composé essentiellement de plans (environ 3000) retraçant la carrière de
l'architecte : exposition coloniale (1931) premières œuvres (région parisienne,
projets en Grèce, années 1930) reconstruction de Brest (tout particulièrement
les cinémas, 1946-1960) œuvres d'après-guerre (environ 40 magasins Monoprix
en tant qu'architecte ou maître d'ouvrage en France et Afrique du Nord, légation
à Berne, ensemble immobilier en Espagne... années 1960 à 1981). Michel
Ouchacoff étant un décorateur à l'origine, ses plans sont particulièrement
soignés (certaines élévations extérieures et intérieures sont réalisées au pastel
sec couleur) et de nombreux détails de décoration sont représentés (éléments
de ferronnerie, ameublement de magasins, vitrines).
André OUCHAKOFF
Né le 18-08-1900 à Temergellosse (Russix) Recrutemenx Pau (64).
783
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Jean OUSTABACHIEFF
Né le 18-11-1901 à Aimperapol (Russix) Recrutemenx Caen (14).
==Raphaël OUZIEL
Né 15-05-1915 à Salonique (Grècx) Recrutemenx SBC (75) Mle 5729 —> OUZIEL
(Raphaël) 14-5-15, Salonique. (Grèce) 1' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Paul OVEGES
Né le 21-04-1920 à Felsogalla (Hongrix) Recrutemenx Evreux (27).
Faustino OVIEDO GARCIA❤. G.R. 16 P 453431
Né le 13.04.1919 Riopar. (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Janez OVSEC
Né le 05-09-1903 à Kuznoniva (Yougoslavix) Recrutemenx Laon (02) —> OVSEC
(Janez) 5-9-03, Yougoslavie. 2' cl. 21' R.M. St. XI A. Liste N 44. Appart- à la 5e Cie.
Szulim OWYSZER
Né le 02-05-1906 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> OWYSZER Szulem)
25-9-06, Lotz (Pologne) 1' cl. 21' R.I. Liste N 17. Citation à l’ordre de la brigade :
Caporal 21e R.M.V.E. Caporal F.M. Toujours volontaire pour les missions
périlleuses. Au cours des combats de juin 1940 (secteur du Chêne populeux et des
Petites Armoises) s’est acquitté intelligemment et bravement de toutes les
missions qui lui ont été confiées et montré de solides qualités militaires.
Naturalisé avril 1947.
==Jack Yako OZBAHAR
Né le 09-1916 à Edirne (ex Andrinople) (Russix) Recrutemenx Le Mans (72)
Pernier PABLO BARRERO
Né le 25-01-1907 à Olbera (Espagnx) Recrutemenx Pau (64) 21e, mais —> BARERA
Paul) 27-6-07, Olvera (Espagne) 2e cl. 12e R.V.E. St. VII A. Liste N 90.
François PADER
Né le 17-08-1906 à Mers (Yougoslavix) Recrutemenx Arras (62).
Manuel PAES DE REZENDE
Né le 02-10-1908 à Avança (Portugax) Recrutemenx Versailles (78).
==Jean PAGNIER
—>PAGNIER (Jean) 16-3-11 Maastricht, (Pays-Bax) Recrutemenx i, serg. 21’ R.M.
St. XI A. List 44.
François PAINO
—> PAINO (François) 30-1-10, Malapozuelos (Espagnx) Recrutemenx i 2’ cl. 21’ R
M V. E. List 11.
==Elie PAKIN (47)
Né le 31-07-1908 à Radogoszier (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Elja né le
31/07/1908 à RODROGOSZIEZ déporté par le convoi n° 40 Train DA 901/35 le
784
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

04/11/1942 de Drancy à Auschwitz. §d Libéréx. D 1000. Gazés 639. Surv. 4


Jean PAL
Né le 27-07-1907 à Debreezen (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Cérezuela José PALACIO
Né le 04-03-1902 à Herin (Espagnx) Recrutemenx Pau (64)
Manuel PALACIO
Né le 23-08-1918 à Mandeville (?) (Espagnx) Recrutemenx Pau (64) —> PALACIO
(Manuel) 23-8-18, Mandeville, 1' cl. 21' R. M. Liste N 17.
Francisco PALAU
Né le 07-04-1912 à Bonausa (Espagnx) RecrutemenxTulle (19) —> PALAU
(Francisco) 7-3-12, Bonancia (Esp.) 2’ cl. 21’ R.M. St. IV B. Liste N 70.
Francisco PALAU REAQUENA
Né le 10-05-1911 à Alicante (Espagnx) Recrutemenx Montauban (82) —> PALAU
REAQUENA (Francisco) 30-5-11, Alicante Espagne 2e cl. 21e R.I. List 17).
PAL-JENO alias Eugène
Né le 12-08-1914 à Debrecen (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
==Tous Pablo PALOU
Né le 17-07-1917 à Majorque (Espagnx) Recrutemenx Montpellier (34) —>
PALOU-TOUS (Pablo) 13-7-17, Cap de Péra (Baléares) serg. 21' R.I.V.E. List 17.
==Georges PANAS
ŸFDX Né le 12-03-1917 à Narbonne (11- Aude) Incorporé SBC (75) Mle 3901 —>
PANAS (Georges) 12-3-17, Narbonne, cap. 21' R.M.V.E. St. XI A. Liste N 44.
Joseph Antoine PANES
Né le 03-08-1903 à Lerida (Espagnx) Recrutemenx Mont-de-Marsan (40) —>
PANES (Joseph) 3-8-03, Lerida (Espagne) 2' cl. 21' R. I Liste N 17.
Zalman PANKER
Né le 02-05-1910 à Kalisz (Polognx) Recrutemenx SBC (75)
Abram PANSIL
Né le 15-04-1910 à Repinn (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Ludovic PAP
Né le 26-06-1909 à Abramel du Sud (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> PAP
(Ludovic) 26-6-09, Abramul-Desus (Roumanie) 1' cl. 21' R.I. Liste N 17. Hans Habe
a écrit : « Je dis au revoir à quelques camarades. Nicola, le bon gros cuisinier du
colonel, me donna un morceau de saucisse de la popote. Je parlai un peu avec
Darroussat, Dési, Hegedus le tailleur, Pap le chauffeur du camion. » Selon Édith
Pazmany, Hegedus et Pap s’évadèrent de Queuleu, déguisés en civils, pour
passer devant le poste de sentinelles. Les deux amis se revirent par hasard après
guerre devant la gare de Budapest.
785
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Louis PAPIS
Né le 20-09-1906 à Virythos (Grècx) Recrutemenx Valenciennes (59) —> PAPIS
(Louis) 20-9-06, Viry, serg. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
Xxxx PAQUET Sergent-chef comptable à la 11e Cie 3e Bataillon. ŸFDX.
Milenko PARAVINA
Né le 13-03-1902 à Sadelovac (Yougoslavix) Recrutemenx Thionville (57) —>
PARAVINA (Milan) 20-3-02, Aumetz, 2’ cl. 21’ R.I. St. II A. Liste N 58.
Adolphe PARDAL
Né le 05-05-1910 à Alyoso (Portugax) Recrutemenx SBC (75) —> PARDAL
(Adolphe) 7-5-10, Algoso, Portugal 2’ cl. 21' R.M.V.E. St. XI Stalag A. Liste N 44.
Lejb PARGAMUT
Né le 19-02-1906 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> PARGAMUT
(Lejb) 19-4-06, Varsovie, 2' cl. 21' R. I. V. E. Liste N17.
==Pedro PARRA
Né le 02-03-1908 à Calvados (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
José PASCUAL
Né le 8-10-1912 à Santander (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (64) —> PASCUAL
(José) 8-10-12, Santander, Espagne, 1re cl. 21e R.I. Liste N 17.
Julien Derraho PASTELLS
Né le 16-11-1916 à Barcelone (Espagnx) Recrutemenx Montpellier (34).
Thomas PATAK
Né le 16-07-1917 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —> PATAK (Tommy)
17-7-17, Budapest, cap. 21e R.M.V.E. Stalag XI A. Liste N 14.
Guido PATAK (ou Guydo) †g MPFXg
Né le 17-11-1914 à Fiume (Italix) Recrutemenx SBC (75) Mle 2881 Caporal. Mort
le 22-06-1940 (Allain, 54 - Meurthe-et-Moselle, France). Tué au combat — 94 —
Thiais. Carré des corps restitués.
Julio PATAN
Né le 06-04-1914 à Matallano (Espagnx) Recrutemenx Agen (47).
==Francisco PAU
Né le 20-07-1909 à Alcire (Espagnx) Recrutemenx SBC (75) —> PAU (François) 4-
2-09, Alcida, 1’ cl. 21’ R.M.V.E. Liste N 21.
Henri PAU
Né le 28-12-1914 à Torgny (Belgiqux) Recrutemenx Laon (02) —> PAUL (Henri)
28-12-11, Torguy, cap. 21’ R.E. St. XI A. Liste N17.
Ernest PAUNIER
Né le 24-02-1906 à Bardonnex (Suissx) Recrutemenx Orléans (45) —> PAUNIER
(Albert) ŸFDX, 24-2-06, Bardoimet, serg. 21' R.I. St. XI A. List 44.
786
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Ferdinand PAUPIER
—> PAUPIER (Ferdinand) ŸFDX 27-11-11, Roanne (Loire) sergent-chef, 21' R I.
Liste N 17. Léon de Rosen : « Notre théâtre a une scène, des rideaux, des
coulisses, des bancs pour 1500 personnes, tout un jeu des lumières
ingénieusement agencé par le chef Paupier… »
Bronis PAVLAVITCHIUS ❤ G.R. 16 P 461817
Né le 20-12-1904 à Kowno (Lithuanix) Recrutemenx Valence (25) —>
PAVLAVITCHIUS (Bronis) 20-12-04, Kowno (Lithuanie) serg. -c, 21’ R.M.V.E. Liste
44.
Jean PAVLIK
Né le 04-09-1910 à Ostrawa (Yougoslavix) Recrutemenx Belgrade.
Joachim PAVO
Né le 10-06-1919 à Higuere de la Serena (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Milence PAVUNOVITCH
Né le 11-04-1909 à Bucadada (Yougoslavix) Recrutemenx SBC (75).
François PAWLIC
Né le 30-11-1909 à Resne (Yougoslavix) Recrutemenx Arras (62).
Joseph PAZ
Né le 26-12-1916 à Bizella (Portugax) Recrutemenx Châlons-en-Champ- (51).
==Marcel Henri Jean PECQUEREAUX
ŸFDX Lieutenant à la C.R.E. Né le 10/3/1907 à La Flèche Sarthe (Pays de la Loire).
Luiz PEDREZ
Né le 06-10-1911 à Allendeva da Fé (Portugax) Recrutemenx Auxerre (89).
Antoine PEDRO (ou Antonio PEDRO) †f Né le 30-01-1906 à Santa-Catharina
(Portugax) Recrutemenx Melun (77) —> PEDRO (Antonio) 30-1-06, Santa-Cataina,
2' cl, 21' R.M.V.E. St. VII A. Liste N 46. Décédé le 05-1945 MPFXf
Manuel PEDRO
Né le 06-07-1916 à Colmeias (Portugax) Recrutemenx Bordeaux (33).
Nicolas PEDRO SANCHEZ
Né le 10-04-1913 à Albacete (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
==Machet PELTA
Né le 02-05-1893 à Radoszewice (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Louis PENA
Né le 28-11-1918 à Baracaldo (Espagnx) Recrutemenx Bordeaux (33).
Pascual PENALVEZ GARCIA
Né le 25-03-1917 à Murcia (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Kolio PENEFF
Né le 18-04-1901 à Soifa (Bulgarix) Recrutemenx Clignancourt (Paris – 75).
787
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Manuel PERALTA
Né le 24-10-1921 à Sarineva (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
PEREIRA Adolphe †g MPFXg
Né le 08/12/1909 à Mujães (Portugax) Recrutemenx Saint-Brieuc. Mort le
04/06/1940 Belleville-et-Châtillon-sur-Bar 08 Genre de mort : Tué à l'ennemi par
éclats d'obus. Commune de transcription : Ploufragan. Commune d’inhumation :
22 Côtes-d'Armor Cimetière communal. Autres informations : Fils de Joseph
PEREIRA et de Thérèse Alves QUEIRA Époux de Françoise Jeanne Marie ANDRÉ
Domicilié à Ploufragan (22) Acte de décès dressé le 28/06/1940 par le Ministère
des Anciens Combattants et transcrit à Ploufragan (22) Il est inscrit au Monument
Aux Morts de Ploufragan (22) une plaque commémorative est sur la tombe
familiale.
Albert PEREIRA
Né le 18-02-1910 à Izmir (ex Smyrne) (Turquix) Recrutemenx SBC (75) Mle 1938
—> PEREIRA (Albert) 18-2-10, Smyrne (Turquie) adjt. 21' R I. List 17 : De Rosen le
décrit : « Pereira, adjudant, le vrai type du légionnaire qui se flatte d’être un “dur”,
a toujours des exploits à raconter, atteint au plus haut point le “snobisme du
commun”. » Appartenait- à la 4e section de la 10e Cie.
Bonivacio PEREIRA
Né le 07-10-1912 à Duaz (Portugax) Recrutemenx Grenoble (38).
Jacques PEREIRA†p
Né le 27-07-1915 à Zouzala (Portugax) Recrutemenx i Décédé le 23-09-1944
(Neuss, Allemagne) Mention MPFXp Information non connue.
Jean PEREIRA (Isaac) ❤ G.R. 16 P 466035
Né le 21-05-1913 à Izmir (ex Smyrne) (Turquix) Recrutemenx i —> PEREIRA (Isaac)
21-5-13, Smyrne (Turquie) sergent. 21' R I. Liste N 17. De la 1re section de la 10e
Cie (3e bataillon). Voir rapport Lazarescu.
Joaquim PEREIRA
Né le 03-02-1907 à Paie de la Villa ou Sam Paioda (Portugax) Recrutemenx Nantes
(44) —> PEREIRA (Joachim) 3-2-07, Smyrne !1, Turquie, 2e cl. 21e R.I. Liste N 17...
Alexandre PEREIRA DA SILVA
Né le 22-11-1900 à Olivaes (Portugax) Recrutemenx Bordeaux (33) —> PEREIRA
DA SILVA (Alexandre) 22-11-1900, Porto (Portugal) 2' cl. 21 R. M. V. E. Liste N 11.
Moszek PERELMITER
Né le 24-12-1911 à Karanon (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —>PERELMITER
(Mosec) 24-12-11, Kasanov (Pologne) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
==Mayer PERELMUTER ou Szmul-Majer PERELMUTER
Né le 09-11-1902 à Lipno (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> PERELMUTTER
788
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

(Szmul) 9-11-02, Lipno (Pologne) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Israel PERELMUTTER
Né le 15-08-1898 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Mendel PERELSFATER
Né le 15-11-1914 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 2661 —>
PERELSFATER (Mendel) 15-1-14, Varsovie (Pologne) 2' cl. 21' R. M. E. List 17 -20.
Antoine PEREZ
Né le 29-10-1912 à Aldeluiha (Espagnx) Recrutemenx Tours (37).
Augustin PEREZ
Né le 07-07-1913 à Bez de Narban (Espagnx) Recrutemenx SBC (75) Mle 5758 —
> PEREZ {Augustin) 7-7-13, Vez-de-Marban (Espag.) 2’ cl. 21’ R.E.V.E. List 25.
Camille PEREZ
Né le 18-10-1908 à Alcey (Espagnx) Recrutemenx Grenoble (38).
Gabino PEREZ
Né le 19-02-1917 à Callegos (Espagnx) Recrutemenx SBC (75) Mle 1866 —> PEREZ
(Gabino) 18-2-12, 2’cl. 21e R.I. St. XII A. Liste N 63.C.A. 1
Gaudentio PEREZ
Né le 28-09-1911 à Rioapanero (Espagnx) Recrutemenx Troyes (10) —> PEREZ
(Gaudencio) 28-12-11, Riopanéro (Espagne) 2’ cl. 21’ R.M.V.E. Liste N 22.
Jsaac PEREZ
Né le 1902 à Stamboul (Turquix) Recrutemenx SBC (75) —> PEREZ (Richard) 1902,
Istanboul. (Turquie) 2’ cl. 21' R.I. Liste N 21.
Lorenzo PEREZ
Né le 21-04-1916 à Adleria (Espagnx) Recrutemenx Pau 64 —> PEREZ (Lorenzo)
21-4-16, Valencia, Espagne, 2e cl. 21e R.I. Liste N 20.
Marguina PEREZ
Né le 02-04-1904 à Bilbao (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Theodor PEREZ
Né le 01-12-1912 à Vanadolid (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Victor PEREZ BARBA
Né le 18-05-1920 à Madrid (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Manuel PEREZ CALLEJA
Né le 06-01-1906 à Granada (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Lorenzo PEREZ JEREZ
Né le 21-04-1916 à Adieria (Espagnx) Recrutemenx Pau (64) —> PEREZ (Lorenzo)
21-4-16, Valencia (Espagne) 2’ cl. 21’ R.I.
Haim PEROCHALMI
Né le 10-07-1903 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75) —>
789
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

PEROCHALMI (Haim) 16-6-O3, Constantinople (Turquie) 2' cl. 21’ R.I. List 19.
Joaquin PERREIRA
Né le 27-06-1915 à Conjalo (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Lubo PERVAN
Né le 08-09-1910 à Vodgradina (Yougoslavix) Recrutemenx Melun 77).
Mario PESSAH
Né le 29-01-1909 à Izmir (ex Smyrne) (Turquix) Recrutemenx Saint-Étienne (42)
Engagé 04/03/1940 —> PESSA (Marc) 29-1-09, Smyrne, 2’ cl. 21' RM VE. Lst 17.
Georges PETIT ❤ G.R. 16 P 471345
Né le 20.12.1913 Emerchicourt Nord. —> PETIT (Georges) ŸFDX 20-12-13,
Emerchicourt, adj., 21' R.M.V.E. St. XI A. Liste N .44.
Stéphan PETKOVIC
Né le 10-03-1907 à Rezenick (Yougoslavix) Recrutemenx Roanne (42) engagé
15/02/1940 —> PETKOVIC (Stephan) 10-3-07, Hizenik, 2' cl. 21' R.M. St. VIA. List
N 44.
==PETO
(Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Deux possibilités : ou Désiré ou Ladislas
Fernand PETREAU
—> PETREAU (Fernand) ŸFDX 16-12-13, Parthenay (Deux-Sèvres) sergent-chef, 21'
R I. Liste N 17 ; Appartenaît à la 2e section de la 10e Compagnie (3e Batail.)
Yvan PETRIC
Né le 02-09-1909 à Vienne (Autrichx) Recrutemenx SBC (75) Mle 7043.
Antoine PETROFF
Né le 19-03-1896 à Ismael (Russix) Recrutemenx Dunkerque (59).
Yvan PEZDIR
Né le 21-12-1901 à Lukowica (Yougoslavix) Recrutemenx Laon (02).
Herz PFEFER †d MPFXd.
Né le 05-08-1903 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Pfefer (Herz, David)
né 5/6/03 Varsovie, PFEFFER Hersz né le 05/08/1903 à VARSOVIE déporté par le
convoi n° 51 le 06/03/1943 de Drancy à Maidanek. Dcd le ? /3/44 Lublin-
Maidanek. 998 déportés ? 4 survivsants?
Joseph PFEIFER
Né le 25-09-1906 (Hongrix) Recrutemenx Nice (06).
Charles PFISTER
Né le 05-05-1917 à Bale (Suissx) Recrutemenx Périgueux (24) —> PFISTER
(Charles) 5-9-17, Bâle (Suisse) cap. 21e R.I. Liste N 18.
Jacques PHILOSOPH ❤. G.R. 16 P 474621
Né le 27 ou 28-03-1912 à Istanbul (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
790
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

François PICH
Né le 30-08-1919 à Valloer (Espagnx) Recrutemenx Pau (64) Recruté au 21e
R.M.V.E. —> PICH (François) 30-8-19, Puigeerda, 2e cl., 11e R.E.I. 240. List 30.
Edouard PICK ❤ G.R. 16 P 475963
Né le 02-05-1906 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 3912.
Simon PIEKNY
Né le 12-02-1905 à Stopnisce (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> PIENKNY
(Simon) 12-2-06, Slopnico (Pologne) 2’ cl. 21’ R.I. Liste N 19.
Alfred PIERRE
Né le 10-07-1892 à Zacmel ou Gagmal (Haïtx) Recrutemenx SBC (75) Mle 4752.
Basile PIETROUCENSKO
Né le 08-11-1897 (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Millan PINAZ
Né le 08-08-1907 à Almoro (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
Jacques PINES
Né le 31-12-1913 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 6264.
Englebert PINGUET
—> PINGUET (Englebert) 28-4-97, ŸFDX Lomme (Nord) serg. 21’ R.M.V.E. List 23.
Moïse PINHAS
Né le 18-11-1910 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx Tours (37) —> PINHAS
(Maurice) 24-6-10, Andrinople, cap. 21' R. M. V. E. Liste N 17.
Xxx...PINHAS
Turquix Recrutemenx SBC (5) sergent. A fait partie du convoi Pold, cf Adjoubel. 7
0ptions turques ! Serait Pinhas Jacques 3-12-12 Constantinople Turquix... ?
Octave PINO CASERO
Né le 30-11-1912 à Torres (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Jsaac PINSKY
Né le 15-01-1889 à Saint-Pétersbourg (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Roger PINTE
—>13-3-18, Bex (Suissx) Recrutemenx i serg. 21e R.M.V.E. St. XI A. Liste N 44.
Avelino PINTO
Né le 19-04-1910 à San Claudio (Portugax) Recrutemenx Versailles (78). —> PINTO
(Aveline) 10-4-10, Villavard, cap. 21e R.I St. XVII B Liste N 97.
==Portela PINTO
Né le 27-07-1900 à Segures (Portugax) Recrutemenx Bar-le-Duc (55) —> PINTO
(Portela) 27-6-1900, Sezar, 2' cl. 21' R.I St. XI A. Liste N 44.
Nissim PINTOS
Né le 24-02-1912 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
791
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Elifa PIONTKOWSKI
Né le 14-01-1903 à Looz (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 6690 —>
PIONTKOWSKI (Elie) 14-1-03, Pologne 2' cl. 21' R.M.V.E. 160. Liste N 27.
Louis PIOT
Né le 11-03-1913 à Genève (Suissx) Recrutemenx Laon (02) recruté 21e R.M.V.E.,
mais (Muté ?) —> PIOT (Louis) 11-3-13, Genève, 2e cl., 22e R.M.V.E., St. VII A. Liste
N 89.
Angel PIOTRKOWSK
Né le 15-03-1910 à Lask (Polognx) Recrutemenx SBC (75). N V Naturalisation
d'Angel Piotekowsk N V juin 1947.
Ignacio Valentin PIRES †g MPFXg
Né le 21-01-1909 à Bravance (Bragança) (Portugax) Recrutemenx SBC (75) Mle
1970 Mort le 04-06-1940 (Châtillon sur Bar, 08 - Ardennes, France). Tué par éclats
d’obus 08 — Floing Nécropole nationale Mle, 13666. Classe 1939.
José PIRES
Né le 10-05-1911 à Villa Verde Vinfraio (Espagnx) Recrutemenx Charleville--
Mézières- 08).
José PIRES
Né le 02-10-1894 à Talhos (Portugax) Recrutemenx SBC (75).
Léon PIRSON
Né le 14-12-1888 à Iscelles (Belgiqux) Recrutemenx SBC (75).
Esra PISA
Né le 15-07-1893 à Andrinople (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Francisco PISANO
Né le 01-01-1907 à Almooadi (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
Thomas PISMENKO
Né le 02-08-1897 à Kanivo (Russix) Recrutemenx Cahors (46).
==Hersz PITKOWSKI (ou Henri)
Né le 15-03-1904 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Henri PLACHTA
Né le 02-03-1909 à Nowomiast (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> PLACHTA
Chaim Leibus, 2-3-09, Novemiasta (Pologne) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Gaston PLANAS
Né le 11-08-1893 à Epernay (51 - Marne) (Espagnx) Recrutemenx Châlons-en-
Champagne (51)
Francisco PLATA SAGUANNA
Né le 18-05-1913 à Las Arenas Province Biscaye (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Isak PLATKIEWICZ
792
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 06-10-1910 à Radom (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).


Hermann PLAWNER
Né le 16-09-1896 à Czarski ou Zarki (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Léon PLOTNO
Né le 31-05-1894 à Chemey (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Décédé 1963.
Israel PODGUSZER ❤ GR 16 P 482731
Né le 14-06 (10 ?) -1903 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx Rouen (76).
Evgraff PODOUCHKINE
Né le 05-01-1898 à St Petersburg (Russix) Recrutemenx Bar-le-Duc (55).
Jean POKEE
Né le 25-11-1912 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx Lille (59).1re sec 10e Cie ?
Hirsz POLAK
Né le 23-02-1897 à Stohri (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Recruté au 21e, mais
(muté ?) —> POLAK (Hirtsch) 23-2-97, Stains, 2e cl. 22e R.I. St. XVII A Liste N 98.
Charles POLD
Né le 1-1-1896 à Erdberg (Autrichx), ŸFDX. Hans Habe a écrit : « Le lieutenant Pold
courait ici et là. C'était un ancien Légionnaire d’origine étrangère qui avait
combattu partout et avait décroché les plus hautes médailles. Néanmoins, il était
toujours considéré comme étranger. Après trente années à servir la France, il
n’était encore que sous-lieutenant. Il transmettait les ordres. » Pold était arrivé
en octobre 1939 provenant du 147e R.I.F. (sous-secteur de Sedan, Villers-sur-Bar-
sur-Bar). Cependant, les données du rapport du sous-lieutenant Charles Pold
concernant « l’épopée » du train du 21e R.M.V.E. après la bataille de Sainte
Menehould permettent de voir Pold sous un meilleur jour : un homme de devoir
capable de prendre des reaponsabilités. Le fait noté dans ce rapport selon lequel
des véhicules des bataillons ont rejoint le train régimentaire ne peuvent
qu’alimenter, faute de preuves, notre impression que les ordres en sont venus du
lieutenant colonel Martyn et nous maintient dans notre perception d’un « Pétain
Plot » et de l’ostracisation du 21e R.M.V.E. L’accumulation de détails (voir
« Obolenski » et « Martyn » dans la liste alphabétique) n’est pas une certitude,
mais tout de même… D’autres ont dû utiliser les qualités d’exécutant de Pold, car
on le retrouve en 1942 gestionnaire du camp du Vernet :

793
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Simon POLIAKOFF †d
Né le 22-02-1895 (Russix) Recrutemenx SBC (75). Poliakoff (Simon, Ber) né
22/2/95 à Tcherkassy, Russie, Dcd 23/9/42 Auschwitz.. POLIAKOFF Simon né le
22/02/1895 à TCHERKASK déporté par le convoi n° 34 le 18/09/1942 de Drancy
à Auschwitz.Déportés 1000. Azés 859. Survivants 21.
Alois POLIET
Né le 23-11-1912 à Mouseron (Belgiqux) Recrutemenx Lille (59).
==Denis POLLAK
Né le 10-08-1906 à Rabakersked (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 8830 —>
POLLAK (Denis) 10-8-06, Rabakecsked, 2' cl. 21' R.I. St. XI A. Liste N 44.
Denis POLLAK
Né le 20-11-1896 à Verpolota (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 14505 —>
POLAK (Guillaume) 20-11-96, Varpalota (Hongrie) 2' cl. 21' R I. Liste N 17. De
Rosen : « Polak, qui d’habitude est toujours humble, effacé et se confond en
salutations, excuses quand on lui parle et qui rougit comme une femme quand
on lui demande de montrer ses dessins cochons qu’il a toujours en poche, tape
sur la grosse caisse avec une régularité d’horloge ; de grands yeux étonnés et une
figure parfaitement stupide. Par intervalle, un grand coup sur la cymbale, que
tout son corps accompagne. »).
Thomas POMARES
Né le 07-11-1892 à Monforte (Espagnx) Recrutemenx Avignon (84)
Jean PONGE
—> PONGE (Jean) ŸFDX 13-7-97- Sichamp, Nièvre 2e cl. 21e R.I. 150 Liste N 44.
Théodore ou Fédor PONOMAREFF ou Théodore PONOMAREV
21e R.M.V.E. E.V.D.G. Nijne Telereriskaya (Don) Russix Recrutemenx i 11/11/94 —
17-08/73 Cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois. Initialement à la 1re Cie
du 1er bataillon, a appartenu en fait à la C.H.R. (Voir rapport POLD).
André POPOFF
Né le 30-11-1906 (Russix) Recrutemenx SBC (75).
??POPOT
Sergent-chef ŸFDX. C.A.3.
Joseph POPOVSKI
Né le 18-08-1906 à Minsk (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 8519. 21e R.M.V.E.
Joseph POPOPWSKI
Né le 6-6-13 né à Mordi (Russix) Recrutemenx SBC (75) Mle 9253. —> POPOVSKI
(Joseph) 6-6-13, Mordi (Pologne) 2' cl. 21' R. M. Liste N 17. Recruté Légion et muté
21e R.M.10e Cie
== Icek POPOWICZ ou POPOWIEZ
794
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 26-03-1908 à Tomaszow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3454.


Naturlisé N V avril 1947.
Albert POREBSKI
Né le 05-01-1893 à Ozurvirgina (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Purin PORSET
Né le 10-12-1906 à Viale del Montesino (Italix) Recrutemenx Pau (64).
Angel PORTAZ GARCIA
Né le 23-10-1916 à Yeste (Espagnx) Recrutemenx Mautauban (82).
Mordehay PORTIAS†p
Né en 1907 ou 1908 à Prinkipo ou à Buyuk Ada (Turquix) Recrutemenx SBC (75)
Mle 2984 Mort le 10-04-1945 (Arnstadt, Allemagne) Mention MPFXp.
Mordko PORTNOI †d MPFXd.
Né 26-05-1906 à Secureni Roumanix Recrutemenx SBC (5)10e Cie. (Duvernay)
PORTNOI Mordko né le 26/05/1906 à SECURINI déporté par le convoi n° 3
le22/06/1942 de Drancy à Auschwitz. Décédé le 27 juin 1942 à Auschwitz.
(Pologne). D 1000. S 24.
Izrael POSTAKIEWICZ
Né le 24-01-1896 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Benjamain POTASZNIK †d MPFXd.
Né le 25-07-1905 à Kozaki (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Potasznik (Benjamin)
né 25/7/05 à Oleszyce, Dcd 16/3/43 Auschwitz. Benjamin Potasnick est né en
Kozabry en 1905. Déporté par le Convoi 6 de Pithiviers, à Auschwitz Birkenau, le
17/07/1942. Décédé le 16 mars 1943 à Auschwitz. D 926. S 18.
Szaja POTOK †d MPFXd.
Né le 14-07-1909 à Bendzin (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 9413 —> POTOK
(Szaja) 14-8-09, Bendzin (Pologne) 2’ cl. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
Potok (Szaja) né 14/7/09 à Bedzin, déporté par le convoi n° 52 le 23/03/1943 de
Drancy à Sobibor. Décédé le 28 mars 1943 à Sobibor DCD 994. SURV 0.
Charles Louis POULAIN
Né le 9/2/83 à Beaumont Sarthe. ŸFDX Commandant du 3e bataillon. Épuisé, il est
évacué le 17 juin 1940.
Henri Émile POULET
Né le 27-05-1905 à Herstal (Belgiqux) Recrutemenx Nantes (44) —> POULET
(Henri) 27-5-05, Herstal (Belgique) serg. 21e R.M. St. XI A. Liste N 44.
==POURQUIÉ (Joseph Jean Jacques Adrien)
ŸFDX 8-5-85, Auterive, Haute Garonne, capitaine. 21' R I. Oflag VI A. Liste N 49
Capitaine adjoint-major du 2e bataillon. —> POURQUIE (Joseph) 8-5-85, Auterive,
capit. 21' R.L Of. VI A. List 49. Rapatrié août 41.
795
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

André POURREAU (ou POURAUD)


Né le 2-9-1910, ŸFDX Limoges, adj. 21e R. I. Liste N 17. Adj- Comptable. C.A.3.
Leilik POUSTILINOK
Né le 25-07-1891 à Rackowa (Russix) Recrutemenx Versailles (78).
Joseph POUTERMAN†p
Né le 10-10-1907 à Wyszogrod, (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Stalag XVII A.
Prisonnier tué par une rafale de mitrailleuse allemande le jour de la libération du
camp. Enterré au cimetière de Bagneux le 18 novembre 1946. MPFXp.
Michel POVERLSKI
Né le 6-02-1920 à Siauli (Lithuanix) Recrutemenx i PORTAZ GARCIAPOWLSKIS
(Michelis) 6-2-20, Siauliai, (Lithuanie) 2’ cl. 21' R.l.E. St. XI A. Liste 44.
Isaac POZNIAK (ou POSNIAK)
Né le 27-10-1905 à Grodno (Russix) Recrutemenx SBC (75) Mle 15149 —>
POSNIASK (Isaac) 27-10-05, Grodni (Russie) 2’ cl. 21’ RE. Liste N 14. Appartenait
à la 1re sect- de la 10e Cie. Porté disparu depuis Vaucouleurs (doc- Duvernay).
==Georges PRAGER ❤ G.R. 16 P 489924
PRAGER, RX 1712. Né le 13-11-1913 à (Mommenheim (67 Bas-Rhin) forces
françaises combattantes (FFC) réseau THERMOPYLES France. Né le 13-11-1913
à Berlin (Allemagnx) Recrutemenx Marseille (13) —> PRAGER (Georges) né le 13-
11-13 à Budapest (Hongrie) cap. 21' R. I. Liste N 17. PRAGER Georges né le
13/11/1913 à BERLIN déporté par le convoi n° 79 le 17/08/1944 à Buchenwald.
§d Libéréx.. D 1255. Survivants 656.
Roman PRAME
Né le 15-06-1920 (Turquix) Recrutemenx Saint-Lô (50).
Gaston PREIS
Né le 16-05-1917 à Abtona (Allemagnx) Recrutemenx SBC (75) —> PREIS (Gaston)
16-5-17, Richeney, 2e cl., 133e R.I. St. V A Liste N 53 (!!!)
Severyn PREZMAN
Né le 08-08-1893 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Pédro PRIETO
Né le 07-10-1909 à Don Alvaro Badajos (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Cecilio PRIMO
Né) le 28-06-1913 à Fromistas (Espagnx) Recrutemenx Bordeaux (33) —> PRIMO
(Cecilio) 28-6-13, Fromislas, 2’ cl. 21’ Vol. Etr. Liste N 15.
Jean PRIVET
Né le 18-01-1915 à Lausanne (Suissx) Recrutemenx Bar-le-Duc (55) —> PRIVET
(Jean) 18-1-15, Lausanne, 2' cl. 21' R.M.V.E. Liste N 22.
David PROSZOWSKI †g MPFXg
796
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 13-03-1909 à Ranoszyn ou Radszyce (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle


14039 décédé le 15-06-1940 (Sainte-Menehould, 51 - Marne, France).
Gabriel PRUDHOMME
—> PRUDHOMME (Gabriel) ŸFDX 19-2-16, St-Chabrais, Creuse 2' cl., 21' R.I.F. St.
VII A (Sans doute R.I.E., car pas de 21e R.I.F.).
Lejb PRYNC †d MPFXd.
Né le 09-06-1902 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). PRYNC Leibv né le
09/06/1902 à VARSOVIE déporté par le convoi n° 4 le 25/06/1942 de Pithiviers à
Auschwitz. Déportés 999. Survivants 51.
==Mendel PRZYROWSKI
Né le 28-10-1905 à Radowok (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
David PRZYTYKOWICZ †d MPFXd.
Né le 16-06-1900 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75). PRZYTYKOWICZ David
né le 16/01/1900 à LODZ déporté par le convoi n° 5 le 28/06/1942 de Beaune la
Rolande à Auschwitz. D 1038. S 35.
Abram PSANKIENWICZ †d MPFXd.
Né le 28-12-1901 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Psankiewicz
(Abram) né 28/12/01 Varsovie. PSANKIEWICZ Abram né le 28/12/1901 à
VARSOVIE déporté par le convoi n° 5 le 28/06/1942 à Auschwitz. Décédé le 2
juillet 1942 à Auschwitz. Abram né le 28 décembre 1901 à Varsovie (Pologne) et
Chana Gitla Zyto née le 14 septembre 1900 à Kaluszin (Pologne) se sont connus
et mariés à Paris. Voisins et de la famille des Kupferstein, ils habitent au 26 de la
rue Duris, dans le 20e arrondissement de Paris. En 1932, naît Louise, puis Rachel
en 1934. Abram est vernisseur de meubles, tandis que Chana s'occupe de ses
enfants. Lors de la déclaration de la guerre, Abram Psankiewicz s’engage comme
volontaire dans le 21e régiment de marche des volontaires étrangers. Abram
Psankiewicz est démobilisé dès septembre 1940 et retrouve sa famille. Le 14 mai
1941, lors de la « Rafle du billet vert » visant les Juifs étrangers, Abram, 40 ans,
est interné à Beaune-la-Rolande (Loiret) où il passera 13 mois avant d'être
déporté sans retour le 27 juin 1942, par le convoi n°5 Chana, 39 ans, est envoyée
à Drancy où elle restera 13 jours avant d'être déportée sans retour le 29 juillet
1942 par le convoi n° 12. Maurice, Gabriel et Hélène Kupferstein ainsi que leur
cousine Rachel Psankiewicz ont eu la vie sauve grâce à Andrée Pasquier.
(Anonymes, Justes et Persécutés durant la période nazie dans les communes de
France) 111, rue Belleville — F33000 Bordeaux.
Alexandre PUECHAL
—> Alexandre PUECHAL ŸFDX 30-1-08 Paris adj. 21e R.I.V.E Liste N 17.
Antonio PUERTAS-PUERTAS
797
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 04-08-1920 à Tolosa (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).


Ramon PUIGDELLOSAS SASTRE †d MPFXd.
Né le 07-03-1919 à Castellar del Valle (Espagnx) Recrutemenx Mautauban (82).
Déporté : Arrivée du 24/05/1941 venant du Stalag XII B Frankenthal. Mle 5811,
PUIGDELLONGS SASTRE Rámon, né le 17/03/19 à Castel Espagne. Parcours
Gusen. Dcd le 6/12/41 à Gusen.
Étienne PULTZ
Né le 26-09-1915 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —> PULTZ (Étienne)
26-9-15, Budapest, cap. 21' R. M. Liste N 17.
Salomon PUPKO ❤ G.R. 16 P 493843
Né le 28-07-1907 à Sida (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
==Isac PURLICH
Né 03-01-1906 à Ghelengic (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Cf Hans HABE.
Ghors PUSTILNICOV (alias Henri)
Né le 20-12-1909 à Tighina (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 7153 —>
PUSTILNIKOF (Henri) 20-12-09, Tignner, 1' cl. 21' R. I. Liste N 17
==Joseph PUTERMAN
Né le 10-10-1907 à Wyszegrod (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —>PUTERMAM
(Joseph) 10-10-07, Wyszogvod, 2e cl. 21e R.I. ST XVII A Liste N 66. N V avril 1947 :
livret militaire
Mordka PUTERMILCH (Marcel) †p
Né le 20-10-1906 à Lowicz (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 11807. Né à
Lowicz Pologne, Décédé Tué dans un mitraillage d’avion le 18 mars 1945 à
Olsbrücken Palatinat (Allemagne) Notre Volonté. Nov déc 1949.MPFXp.
Léon PYTEL
Né le 29-10-1902 à Dobra (Polognx) Recrutemenx SBC (75). —> PYTEL Lebek, 18-
10-02, Pologne, 2e cl. 21e R.I. 190. Liste N 56 ?
Leibj PYTEL (ou Lejbis)
Né le 16-03-1902 à Brzeziny (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 7943 Un des 2
Pytel ci-dessus appartenait à la 2e section de la 10e Cie. Noté disparu depuis la
Grange-aux-Bois (Duvernay). Naturalisé N V avril 1947.
Abraham QUADRAT❤
Né le 16-12-1907 à Bochnia (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 7736 —>
QUADRAT (Abraham) 16-12-07, Bochnia (Pologne) caporal. 21' R I. Liste N 17. De
Rosen : « On a installé au bureau quatre comptables pour établir les cahiers de
charge. Comme il fallait qu’ils parlent l’allemand, nous avons tout naturellement
pris quatre Juifs allemands. Parmi eux, Quadrat qui, ne trouvant pas le travail à
son goût, saisit la première occasion pour venir dire à l’Ober Inspektor qu’ils
798
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

étaient des Juifs… » (


Jean QUILES GONZALEZ
Né le 24-06-1918 à Elche del la Sierra (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Fernando QUINA
Né le 01-05-1906 à Bragance (Portugax) Recrutemenx Bordeaux (33).
Francisco Vitte QUINTO †g MPFXg
Né le 24-11-1920 à Sofia (Bulgarix) Recrutemenx SBC (75) Mle 8022 Nécropole
Sainte-Menehould. (= du 22e est passé au 21e)
Francisco QUITIAN CEVEYO ❤ G.R. 16 P 496196
Né 28-03-1914 à Madrid (Espagnx) Recrutemenx Mautauban (82).
David RABINOVICI
Né le 11-07-1908 à Bucarest (Roumanix) Recrutemenx SBC (7500).
Adolphe RABINOVITCH ❤ G.R. 16 P 496643 MPFXd.
—> Né le 27-5-1918 à Moscou. (Égyptx) Recrutemenx SBV (75), Caporal 21’ R.
M. V. Liste N° 15. En août-septembre 1944, il est exécuté au camp de
concentration de Gross-Rosen en Pologne : Dcd.

Adolf Rabinovitch
(Né à Moscou, de nationalité égyptienne. Sa famille s’installe aux États-Unis. Lui
poursuit ses études à Paris, puis s’installe aux États-Unis. Le 26 octobre 1939, il
s’engage dans la Légion étrangère et il rejoint le 2e R.M.V.E., puis le 1er R.M.V.E.
1re Classe, puis caporal le 1er mars 1940 ; il est fait prisonnier le 24 juin 1940 près
de Toul et interné à Saint-Mihiel. Il s’évade le 17 septembre 1940 et est
démobilisé le 22 octobre 1940. Il devient agent du (SOE) Special Operation
Executive. GR16 P496643 a première mission en France : opérateur radio sous le
nom d’Arnaud du réseau SPINDLE de Peter Churchill. Il est parachuté « blinde »
dans la nuit du 27 au 28 août 1942, à une trentaine de kilomètres au nord de
Grenoble. Il doit servir d’opérateur radio à un réseau parisien. Il ne réussit pas à
établir à Grenoble les contacts voulus et mène pendant quinze jours une vie
errante. Un agent réussit à le rejoindre et le ramène à Cannes pour y attendre de
pouvoir le réexpédier à Paris.
À Cannes, il rencontre Peter Churchill (1909-1972) chef du réseau Spindle qui
lui propose de devenir son opérateur radio en remplacement d’Isidore Newman
qu’il a décidé de faire rentrer en Angleterre. Rabinovitch accepte et Peter
Churchill obtient l’aval de Londres. Le réseau Spindle, basé à Saint-Jorioz à l’ancien
hôtel de la Poste est composé de trois agents, Peter Churchill (Raoul) Odette
Samson (Lise) et l’opérateur radio Adolphe Rabinovitch. Le contre-espionnage
799
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

allemand, l’Abwehr, s’est infiltré dans l’hôtel de la Poste et quand, venant de


Londres, Peter Churchill est parachuté au-dessus de Saint-Jorioz sur les rives du
lac d'Annecy dans la nuit du 14 au 15 avril 1943, il est capturé le 14 avec Odette
Samson et tous deux sont déportés en Allemagne (mariés en 1947, divorcés en
1956.) Adolphe Rabinovitch logé à Faverges n’est pas arrêté. Avec Victor Hazan,
« Gervais », il clôture les affaires avec les contacts du réseau autour d’Annecy et
sur la Côte d'Azur. Il retourne en Angleterre via l’Espagne. Il est ensuite adjoint du
maréchal de Tassigny.Sa deuxième mission en France est de monter et
commander le réseau Bargee. Il est parachuté pour la deuxième fois en France
dans la nuit du 2 au 3 mars 1944, avec le Québécois Roméo Sabourin. Mais le
terrain était contrôlé par les Allemands. Avec Sabourin, il est blessé et capturé à
l’atterrissage. Il est déporté en Allemagne. En août- septembre 1944, il est
exécuté à Gross-Rosen en Pologne : Sabourin subit le même sort le 14 septembre
à Buchenwald. Peter Churchill et son agente de liaison Odette Samson
reviendront des camps. Ils se marieront en 1947 et divorceront en 1956. Peter
Churchill né en 1909 épousera en 1957 l’actrice américaine Lois Maxwell ; il
décédera en 1972. Lois Maxwell (1 fils, 1 fille) née en 1927 décédera en 2007 à
80 ans de cancer.
Aron RABINOWICZ †d MPFXd.
Né le 12-11-1903 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Rabinowicz (Aron)
né 12/11/03 Varsovid. RABINOWICZ Aron né le 12/11/1903 à VARSOVIE déporté
par le convoi n° 5 le 28/06/1942 de Beaune la Rolande à Auschwitz, Dcd 30/8/42
Auschwitz D 1038. S 35.
==Jacques RACHMAN
Né le 15-03-1906 à Palamée (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Kurt RACHWALSKI
Né le 05-07-1919 à Leipzig (Allemagnx) Recrutemenx SBC (75) Mle 2998 —>
RACHWALSKI (Albert) 5-7-19, Paris, 2' cl. 21' R.I. 190.Liste N 56.
Eliejzen RACIMOR †d MPFXd.
Né le 01-01-1901 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). RACIMOR Eliezer
né le 01/01/1901 à VARSOVIE déporté par le convoi n° 5 le 28/06/1942 de Beaune
la Rolande à Auschwitz. D 1038. S 35
==Paul RACINE
Né le 19-12-1906 à Bienne (Suissx) Recrutemenx SBC (75). RASSINE? Caporal Cf
demande de citation (Petites-Armoises).
Guillaume RACK
Né le 28-03-1907 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Recruté 21e
R.M.V.E., mais (Muté ?) —> RACK (Guillaume) 28-3-07, Budapest, 2e cl. 22e
800
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

R.M.V.E. St XVII A. Liste N 97.


Désiré RADMANIES
Né le 01-01-1908 à Szeuta (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Xxxx RADO
(Hongrix) Recrutemenx SBC (75). Cf rapport Pold. Charles ? Étienne ? Ladislas ?
Berr RADZIEJEWSKI (ou Heer Radziewski ?).
Né le 27-06-1902 à Kervel ou Kowal (Polognx) Recrutemenx SBC (75). 2e section
10e Cie Manque depuis Vaucouleurs (?) Doc Duvernay.
Moszek-Abram RADZYNER ou RADRYNER ou RADYNER
Né le 08-03-1911 à Zyrardow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 5575.
Szoël RADZYNER
Né le 13-01-1905 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Towja RAFAL
Né le 02-03-1906 à Pietrkow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Stalag XII A —>
RAFAL (Towja) 2-3-06, Pietrkow (Pologne) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Efraim RAFENBERG
Né le 14-04-1906 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Jean Karl RAIS
Né le 12-06-1904 à Francfort (Allemagnx) Recrutemenx Sarreguemines (57).
==François RAIZ
Né le 19-01-1906 à Baia-Marc (Roumanix) Recrutemenx Lille (59).
Jacques RAJCHMAN
Né le 15-03-1905 à Palaniece (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> RAJCHMAN
(Jacob) 15-3-06, Polantière (Pologne) 2' cl. 21' R. M. Liste N 17. Naturalisé. Juin
1947 N.V.
Joseph RAJDER †d MPFXd.
Né le 12-02-1903 à Katza (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Rajder (Joseph né
12/2/03 à Grojec Pol.. RAJDER Joseph né le 12/02/1903 à PADZA déporté par le
convoi n° 5 le 28/06/1942 de Beaune la Rolande à Auschwitz Dcd 25/12/ 42
Birkenau
Benjamin RAJNBERG ❤ G.R. 16 P 498159
Né le 14-04-1902 à Bialobizegi (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Lybies RAJZMAN
Né le 15-10-1912 à Kielies (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> RAJZMAN (Léon)
15-10-12, Kielce (Pologne) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Simon Srul RAJZMAN
Né le 15-09-1907 à Kaluszin (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Szlama RAK
801
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 08-01-1904 à Bialistack (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 2514 —> RAK
(Szlama) 8-1-04, Bialislock (Pologne) 2' cl. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
==Stanislas RAKOS
Né le 25-05-1916 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 1978.
Angel RAMIREZ
Né le 08-12-1898 à San Juan Amérique du S. (Porto-RicX) Recrutemenx Nice—>
RAMIREZ (Angèle) 8-12-98, St-Jean-Porto-Rico, 2’ cl. 1’ R.V.E. 124. List 38.
Antonine RAMIREZ-PEREZ
Né le 09-08-1914 à Oran (ex départem- d'Oran) (Algérix) Recrutemenx Pau (64).
Jean RAMOS
Né le 10-04-1909 à Cieza (Espagnx) Recrutemenx SBC (75) —> RAMOS (Jean) 9-4-
09, Cieza (Espagne) cap. 21' R. I. Liste N 17 et 19.
Jérôme RAMOS
Né le 03-07-1915 à San Pédrode (Espagnx) Recrutemenx Toulon (83) —> RAMOS
(Jérôme) 3-7-15, San Pedro de Samanca, 2' cl. 21' R.I. List N 17 et N19.
==Salvador RAPHAEL
Né le 08-09-1919 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx Lyon 69)
Hary RATCHKOWSKY
Né le 10-03-1908 à Riga (Russix) Recrutemenx SBC (75) —> RATCHKOWSKY
(Harry) 10-3-06, Riga, 2’ cl. 21’ R.I. St. VII B. Liste N 79. Et N 91.
Désiré RAVIIES (RAVIES)
Né le 01-08-1910 à Kermecse (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5620 —>
ROVIES (Désiré) 1-8-10, Kemeese, cap. -ch., 21' R. I. Liste N 17.
Roman REBACS
Né le 01-02-1903 à Bilagoray (Polognx) Recrutemenx Toulouse (31).
Alexandre RECHNITZER
Né le 03-06-1913 à Bucarest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Camille REDEI
Né le 20-09-1909 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 1999.
Alfonso REDONDO ❤.G.R. 16 P 503039
Né le 07-02-1917 à Mazarrón ou Barcelone (Espagnx) Recrutemenx Perpignan
(66).
José REDONDO
Né le 04-04-1919 à Montilla (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
Icek REGEN
Né le 18-02-1908 à Crai (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> REGEN (Icek) 18-2-
08, Goraif, 2' cl. 21' R. M. Liste N 17.
Alexandre REICH †d MPFXd.
802
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 14-10-1907 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 8735 —>


REICH (Alexandre) 14-10-07, Budapest, 2' cl. 21' RIVE. Stalag XI A. Liste N 44. 5e
Cie. Reich (Alexandre) né 14/10/07 Budapest, REICH déporté par le convoi n° 34
(Déportés 10034. Gazés 859. Survivants 21) le 18/09/1942 de Drancy à
Auschwitz. Dcd 23/9/42. Léon de Rosen a écrit : « Reich est un érudit biologiste
d’origine hongroise. Reich, naturalisé français, est certainement israélite ; il en
présente d’ailleurs toutes les apparences, mais il s’en défend âprement. Il est
remarquablement intelligent. Dans le civil, il collabore aux recherches du
professeur Perrin. Parlant l’allemand à la perfection, il a la gentillesse de me
donner des leçons que je prends avidement… »
Chaïm REICH †d MPFXd.
Né le 15-07-1911 à Staragniat (Roumanix) Recrutemenx SBC (75). REICH Chaimné
le 15/07/1911 à STOROGINETZ déporté par le convoi n° 73 le 15/05/1944 à
Kaunas/Reval. Déportés 878. Survivants 22.
Jean REICHARD
Né le 03-10-1914 à Debrecen (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —> REICHARD
(Jean) 3-10-14, Debrecen (Hongrie) 1' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Abisch REICHLER †d MPFXd.
Né le 30-07-1901 à Rawa Russka (Polognx) Recrutemenx SBC (75). REICHLER
Abich né le 31/07/1901 à RAWA RUSKA déporté par le convoi n° 5 le 28/06/1942
n° 5 de Beaune la Rolande à Auschwitz. D 1038. S 35.
Abraham REIMAN †d MPFXd.
Né le 26-10-1904 à Mosky Wielkie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Reiman
(Abraham) né 26/10/04 MostyWielkie. Auchswitz. REIMAN Abram né le
26/10/1904 à MOSTY déporté par le convoi n° 4 le 25/06/1942 de Pithiviers à
Auschwitz. Dcd 30/6/42 Auchswitz D 999. S 51
Albert REINERT
Né le 21-05-1904 à Nilvange Moselle (Allemagnx) Recrutemenx Thionville (57) et
Châlons-en-Champagne (51).
Aron REISS
Né le 27-09-1909 à Stanislawa (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3922 —>
REISS (Aron) 27-09-1909 Stanislawa (Pologne) cap. 21e R.I. 212 Liste N 29.
Ménascher REISS
Né le 05-05-1903 à Orzéchow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 11960.
Abraham REIZLER
Né le 13-07-1915 à Ohmoy (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 7756 —>
REIZLER (Abraham) 13-7-15, Uhnow (Pologne) 2' cl. 21' R. I Liste N 17.
Aubertus RENARD
803
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 31-12-1917 à Val Meed (Belgiqux) Recrutemenx Cambrai (59).


David RENEDO
Né le 07-11-1912 à Bilbao (Espagnx) Recrutemenx Bordeaux (33).
Victor RENNER
Né le 16-09-1912 à Tuzaro (Roumanix) Recrutemenx Nancy (54)
Pierre RENOM
Né le 01-06-1909 à Barcelone (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66) —> RENOM
(Pierre) 1-6-09, Barcelone, 2’cl. 21’ R.V.E. St. XIII C. Liste 62.
Maurice Denis RENONES†p
Né le 22-09-1918 (Espagnx) Recrutemenx Lyon (69) Détail engagé le 21/10/193
MPFXp le 19-03-1945 (Comveiler, Allemagne) Cause du décès fusillé par
lesAllemands —> RENONES (Maurice) 22-9-18, Châlon-sur-Saône (S.-et-L.) 2' cl.
21' R.I. Liste N 17 Il était le chargeur de François Kammer-Mayer au canon de 25.
François Kammer-Mayer : mai 1940 aux Petites-Armoises : « François Kammer-
Mayer alias Santa occupait le poste de tireur d’une des trois pièces de 25 qui
défendaient les croisements de routes. Son chargeur, un jeune Espagnol, avait
combattu dans les rangs républicains. Tout de suite, ils s’étaient bien entendus :
— Hé, Renones ! À quel âge as-tu porté ton premier fusil ?
— Seize ans. On ne me l’a pas donné. Je l’ai récupéré d’un camarade qui venait
d’être tué. »
Renones effectivement né le 22 septembre 1918 était bien plus jeune que
Santa, né le 21 février 1907.
Santa voulut se réhabituer la main avec son canon. Il s’exerça à tourner les deux
manivelles. Une réglait la verticale, l’autre assurait le déplacement latéral. Il visa
des cibles mobiles tel un oiseau en vol ou un chien qui courait. Avec Renones
chargeant la culasse, il arriva à tirer vingt à vingt-cinq coups à la minute. Pour
éprouver l’efficacité de leurs tirs, ils obtinrent la permission exceptionnelle de
s’entraîner à obus réels.
Une carcasse de char Renault hors d’usage à l’orée d’un bois servit d’objectifSix
balles de 320 grammes presque à bout portant égratignèrent à peine le blindage
de la tourelle…
Il en fallut cinq autres pour voir seulement sauter une chenille. Santa avait
perdu ses illusions : son arme meurtrière se comportait comme une sarbacane.
Nue, elle pesait pourtant quatre-vingts kilos pour quatre centquatre-vingts en
batterie.
— Nous réussirions aussi bien avec des pistolets à bouchon, mon lieutenant.
Croyez-vous que nous allons décourager leurs tanks avec ça ?
Duclos, (en fait Dujols) frais émoulu de Saint-Cyr, était encore trop discipliné
804
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

pour donner raison à un subordonné contre l’armée. Il garda son opinion


personnelle pour lui-même. Il ausculta la cible sous toutes les coutures. Il se
coucha par terre et avec une crosse de fusil cogna soigneusement le dessous : —
Les Panzers doivent présenter le même point faible. Il faudra les attaquer quand
ils montreront le ventre. » Le canon de 25 perçait la plupart des cuirasses des
chars allemands, mais manquait de puissance destructrice, le canon de 47 était
meilleur.
Victor REVESZ
Né le 15-02-1898 à Paja (Hongrix) Recrutemenx Nice (06)
?? REYER
ŸFDX Sergt-Ch. 3e bat. 10e Cie.
Edgard REYMOND
Né le 05-11-1913 à La Chaux-de-Fonds (Suissx) Recrutemenx Besançon 25).
Jacques REYMOND
Né le 12-08-1918 à Romagel s/Morgues (Suissx) Recrutemenx Périgueux (24).
Joseph RIANO
Né le 10-06-1919 à Tevein (38 - Isère, France) (E.V.D.G.) - Régiment de marche de
volontaires étrangers (R.M.V.E.) Italix ? recrutemenx Grenoble (38) engagé le
19/10/1939. Sergent -Ch. 10e Cie (Doc Duvernay).
Louis RIBA
Né le 16-01-1913 à Ordino (AndorrX) Recrutemenx Carcassonne (11).
Arthur RIBEIRO
Né le 12-03-1907 à Braga (Portugax) Recrutemenx Melun 77).
Manuel RIBEIRO
Né le 05-07-1922 à Villa Norade Gracia (Portugax) Recrutemenx SBC (75).
Mirales RIBEIRO
Né le 08-07-1911 à Requengo (Portugax) Recrutemenx Charleville-Méz- (08).
Adolphe RIBINIK
Né le 15-04-1908 à Sarny (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Joaquin RIBOT
Né le 20-05-1914 à San Feliu De Guixols (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66)
—> RIBOT (Joachim) 17-5-14, St-Feriou-Guixols, cap. 21e R. I. V. E. List 17.
Carlos RICARTE
Né le 28-11-1900 à Buenos Aires (Argentinx) Recrutemenx Bordeaux (33).
Jean RICHARD
—> RICHARD (Jean) ŸFDX 28-6-06 Lorient Sergent-chef 21e R.I. Liste N 17.
Séverino RICO ❤. G.R. 16 P 510468
Né le 29.04.1920 Milhaud (Gard). France Nationalité (Italix) ? Recrutemenx
805
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Perpignan (66). Séverin RICO alias Tardy Roger né le 29-04-1920 à Milhaud (30 -
Gard, France)
Charles RIEDER
Né le 20-05-1895 à Aigh (Suissx) Recrutemenx Melun 77).
==Maurice RIEGELHAUPT
Né le 16-12-1908 à Mdicheik ou Minoch (Tchécoslovaquix) Recrutemenx SBC (75).
Barthélemy RIERA
Né le 27-10-1914 à Finesta (Espagnx) Recrutemenx Avignon (84)
Fernando RIESTRA ❤ G.R. 16 P 510866. Né le 21-09-1919 à Mieres (Espagnx)
Recrutemenx Perpignan (66).
RIGAUD
Sergent-Chef ŸFDX Blessé le 14 juin matin aux abords de la Grange aux Bois.
Disparu.
José RIGOL
Né le 22-06-1909 à Barcelone (Espagnx) Recrutemenx Toulouse (31) —> RIGOL
(Joseph) 22-6-09, Toulouse, 2e cl. 21e R.I. St. VI G.
RINCON Eneclino (ou Anedino) †f
Né le 14-05-1917 à Piquera (Espagnx) Recrutemenx i —> RINCON (Eneclino) 15-
5-17, Piquera (Espagne) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17 Mort le 16-01-1942 (Saint Raphael,
83 - Var, France) MPFXf Décès par maladie SHDC. — 62 – Arques. Carré mixte.
Abraham RINZLER
Né le 24-12-1909 à Solotivina (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> RINZLER
(Abraham) 24-12-09, Sololivina (Pologne) 2' cl. 21' R I. Liste N° 17
De Rosen a écrit : « Le maître tailleur Rinzler est un artisan consciencieux et
travailleur qui coupe impeccablement et coud inlassablement du matin au soir... »
Adrien RIOLOBOS
Né le 19-09-1915 à Salamanque (Espagnx) Recrutemenx Bordeaux (33).
Crisando RIOS RODRIGUEZ †g MPFXg
Né le 23-01-1916 à Mar Del Rey (Espagnx) Recrutemenx Pau (64) Mort le ?
Mention MPFXg Service historique de la Défense, Caen Cote AC 21 P 143401.
David ROBEL
Né le 14-02-1910 (Bessarabie = (Roumanix) Recrutemenx SBC (75). —> ROBEL
(David) 14-2-10, Ungheni (Roumanie) cap. 21' R.I. Liste N 17.
Joseph Albert ROBERT†f
Né le 17-07-1900 à Mélies (Belgiqux) Recrutemenx SBC (75) Mle 3621 Décédé Le
28-09-1941 (Montpellier, 34 - Hérault, France) Mention MPFXf non connue.
Décès par maladie.
Maurice Auguste Louis ROBITAILLE
806
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

1926-1952. ŸFDX Officier de réserve, versé au 21e R.M.V.E. qui 11e R.E.I. Etc…
Moszesz ROBSZYE †g MPFXg
Né le 10-03-1906 à Bendin (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3642 Décédé le
26-05-1940 (08 - Ardennes, France) Tué par éclats d'obus

Moszesz Robszye N.V. Nov 1948


==Raymond ROCASPANA
Né le 06-01-1921 à Lérido (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66). Appartenait à
la 1re section de la 10e Cie et serait disparu depuis les Vignettes (doc Duvernay.
Ramon ROCASPAND
Né le 06-02-1922 à Millerosa (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66) R.M.—
> ROCASPANO (Ramon), G-1-22, Mullerusa, 2° cl, 21° R.I. liste 56.
Marie ROCCO
Né le 10-01-1906 à Célérins (Suissx) Recrutemenx SBC (75).
Manuel ROCHAT
Né le 25-08-1904 à Caria (Portugax) Recrutemenx Pau (64).
Abraham ROCHMAN
Né le 13-04-1898 à Krasvik (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Majer ROCHMAN
Né le 28-03-1917 à Gavrolin (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Herszek ROCTMAN
Né le 10-08-1916 à Magzechve (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Philippe RODE MPFXg
(RODE Philippe Henri Filippe Cornélius RODE) †g Né le 17-12-1909 à Neuchâtel
(Suissx) Recrutemenx Melun 77) Décédé le 14-06-1940 (Commercy, 55 - Meuse,
France) — 55 — Verdun Nécropole nationale Faubourg Pavé.
Antoine RODELOS
Né le 17-06-1918 à Poloch (Lithuanix) Recrutemenx Troyes (10).
==André RODER
Né le 14-04-1907 à Nagysekely (Hongrix) Recrutemenx Châteauroux (36) venait
du 22e. Naissance d’un petit Georges en 1946 (Tramontane). 7e Cie.
==Stanislas RODER (Lucien)
Né le 03-11-1911 à Nagysekely (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Appartenait à la
7e Cie, Mle 2904
Rosendo RODRIEGO
Né le 20-06-1923 à Barcelone (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Antonio Martin RODRIGUES
Né le 21-12-1913 à Faiseo (Portugax) Recrutemenx Bordeaux (33).
807
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Jacques RODRIGUES DOS SANTOS


Né le 07-05-1906 à Anka (Portugax) Recrutemenx Versailles (78) —> RODRIGUES
(Jacques) 7-5-06, Anka, 2' cl. 21' R. I. Liste N 17.
Olmeida Batista Antonio RODRIGUES
Né le 15-02-1907 à Gion (Portugax) Recrutemenx Larochelle (17).
Abilio RODRIGUEZ
Né le 31-07-1912 à Abouin (Portugax) Recrutemenx Thionville (57) —>
RODRIGUEZ (Abilio) 31-7-12, Abouin (Portugal) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Amedeo RODRIGUEZ
Né le 05-04-1913 à Vilardo (Portugax) Recrutemenx Bordeaux (33) —>
RODRIGUEZ (Amédée) 5-4-13, Espagne (sic) 1re cl. 21e R.I. Liste N 17.
Esquerra RODRIGUEZ
Né le 10-01-1909 à Dan Fernando (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Francisco RODRIGUEZ ❤ 16 P 516875
Né le 12.06 à1912 à Chillon (Espagnx).) Recrutemenx Perpignan (66).
Jesus RODRIGUEZ
Né le 19-01-1913 à Torryos (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
Jose RODRIGUEZ
Né le 16-04-1906 à Guardao (Portugax) Recrutemenx Orléans (45).
Jose RODRIGUEZ
Né le 27-09-1905 à Vila Nova (Portugax) Recrutemenx Avignon (84).
Juan RODRIGUEZ
Né le 21-07-1907 à Madrid (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Mouserate RODRIGUEZ
Né le 04-10-1912 à Benier (Espagnx) Recrutemenx Lyon 69) Détail engagé le
21/10/1939 —> RODRIGUEZ (Mouserate) 4-10-12, Benin, (Espagne) 2' cl. 21' R. I.
Liste N 17.
Ramon RODRIGUEZ
Né le 04-02-1917 à Madrid (Espagnx) Recrutemenx Versailles (78).
Gerard ROEST
Né le 03-12-1907 à Utrecht (Pays-Bax) Recrutemenx Valenciennes (59).
Alojz ROGAN
Né le 08-05-1914 à Murska (Yougoslavix) Recrutemenx Thionville (57).
Juan Santesta ROGER
Né le 03-04-1916 à Lafuente el Caero (Espagnx) Recrutemenx Orléans (45).
Joso ROGIE
Né le 07-03-1908 à Rastane (Yougoslavix) Recrutemenx Laval (53).
Alexandre ROGOWY †d MPFXd.
808
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 09-04-1909 à Tiflis (Russix) Recrutemenx SBC (75). Rogowy (Alexandre


Israel, né le 9/04/1909 à Tiflis (Russie), Dcd le 7/05/1942 à Auzchwitz
Jaconin ROHOR
Né le 03-01-1903 à Bucarest (Roumanix) Recrutemenx Avignon (84).
Elado Lorenzo ROIG
Né le 07-01-1913 à Tarrate (Espagnx) Recrutemenx Mautauban (82).
Jaime ROIG-FERRER
Né le 10-02-1913 à Hiza (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Moïse ROITER
Né le 16-04-1906 à Bricani (Roumanix). Mle 7359. (a souscrit au monument de
Noirval...)
Seraphin ROIZ
Né le 28-07-1903 à St Marie de Bejas (Espagnx) Recrutemenx Valence (25.)
Mariano ROJO
Né le 08-12-1918 à Reinasso le Cumba (Espagnx) Recrutemenx Bordeaux (33).
Cité dans le rapport du sergent Lazarescou ROJO Marian Mle 5162, première
section 10e Compagnie, « Tireur… », Il est encore présent sur les effectifs du 30
juin 1940 par le Capitaine Duvernay). Pas dans la Liste des prisonniers de guerre.
Mordka Yeek ROJSMAN
Né le 16-03-1913 à Minske (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Mendel ROJSTAIN
Né le 16-06-1897 à Mogielnica (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Srul ROJZMAN
Né le 09-07-1907 à Kaluziyn (Polognx) Recrutemenx SBC (75)
Dinitar ROKSANDIE
Né le 1914 à Balinac (Yougoslavix) Recrutemenx SBC (75).
==Michon ROMANO ❤ G.R. 16 P 519065
Né le 04-ou le 6 12-1910 à Istanboul (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Jacob ROMEN†d MPFXd.
Né le 15-08-1906 à Saffed (Turquix) Recrutemenx SBC (75) 2e sec 10e Cie (doc
Duvernay) manquant depuis le 13 au soir. ROMEN Jacob né le 15/08/1906 à
SAFFED déporté par le convoi n° 73 le 15/05/1944 de Drancy à Kaunas/Reval,
(Reval, Harjumaa, Estonie.DCD 878, SURV 22.
Pédro ROMERA (Pierre) ❤ GR 16 P 519198.
Né le 05-05-1917 à Herreria (Espagne) Recrutemenx Lyon (69)) —> ROMERA
(Pedro) 5-5-17, Herreria (Espagne) 2' cl. 21' R. M. Liste N 17.
Pludio Andres ROMERO
Né le 14-08-1912 à Aguiladella Frontero (Espagnx) Recrutemenx Mautauban (82)
809
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Marc Moïse RONDEL †g MPFXg


Né le 27 ou 28/02/ 1903, Varsovie Polognx, Recrutemenx.Nice )6), 23e->21e
Décédé cause disparu. Sources Service historique de la Défense, Caen CoteAC 21
P 146548.
Leon RONIA
Né le 02-09-1908 à Botossarou (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> RONIA
(Léon) 5-4-08, Bolosani (Roumanie) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Wascal RONIA
Né le 07-12-1909 à Botosani (Roumanix) Recrutemenx SBC (75)
Cristobal ROQUE †d MPFXd.
Né le 03-01-1920 à Barcelone (Espagnx) Recrutemenx Montpellier (34) —>
CRISTOBAL (Roque) 3-1-20, Barcelone, 2' cl. 21' R. I. Liste N 17. Arrivé à
Mauthausen du 19/12/1941 venant du Stalag XVII B matriculé 4683.CABRE
TEIXIDO Cristobal, 3/5/1920, Barcelone. DCD 16/11/42, Ternberg,
Aron ROSANSKY
Né le 06-11-1911 à Minsk (BiéloRussie) (Russix) Recrutemenx SBC (75) —>
ROSANSKY (Aron) 6-10-11, Minsk (Russie) 2' cl. 21' R. M. Liste N 17.
== Charles ROSARIO
Né le 02-04-1913 à Palmera (Portugax) Recrutemenx Laon (02).
Mayer ROSCAJG
Né le 12-02-1908 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> ROSCAJG
(Mayer) 12-2-08, Varsovie, 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Luka Martin ROSCIC
Né le 04-05-1908 à Dinjani (Yougoslavix) Recrutemenx Auxerre (89).
Gabriel ROSELLO
Né le 27-02-1911 à Binisalem (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Boris ROSEMBERG †d MPFXd.
Né le 11-03-1893 à Pilock (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Dcd en déportation
après 30 mai 1844 en lieu inconnu.
—> ROSEMBERGER (André) 4-5-11, (Hongrix) Recrutemenx, 2' cl. 21' R.M.V.E.
Liste N 18. Absence de référence à ce nom dans mémoire des hommes.
Bernard ROSENBERG
Né le 15-08-1905 à Lodz (Polognx) Recrutemenx Bourg-en-Bresse 01) —>
ROSENBERG (Bernard) 15-8-05, Nancy (M. ET M.) 2’cl. 21’ R.I... Liste N 7.
Emile ROSENBERG❤ G.R. 16 P 520367
Né le 01-01-1907 à Boroti (Roumanix) Recrutemenx Clignancourt (Paris 75).
Lucien ROSENBERG
Né le 20-05-1921 à Oradéa (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> ROSENBERG
810
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

(Lucien) 20-5-20, Paris (19e) 2e cl. Liste N 20.


Ludovic ROSENBERG
Né le 15-01-1908 à Simleur Silvaniel (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —>
ROSENBERG (Ludovic) Simlenel-Silvaniei (Roum.) 2' cl. 21e R.I. Liste N 17.
Maurice ROSENBERG
Né le 18-03-1909 à Minsk (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
== Mayer ROSENBERGER
Né le 08-11-1908 à Neunhirchen (Allemagnx) Recrutemenx Melun (77).
Jacob ROSENBLUM
Né le 03-02-1918 à Radom (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Chaïm ROSENCWAIG
Né le 23-04-1902 à Zarki (Polognx) Recrutemenx i.
Chaskiel ROSENCWAJG
Né le 01-01-1909 à Radom (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Maurice ROSENCWAJG
Né le 03-03-1912 à Sulejow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> ROSENEVAYG
(Mosek) 14-3-12, Lubejov (Pologne) 2' cl. 21' R. M. Liste N 17.
Benjamin ROSENMANN †d MPFXd.
Né le 30-01-1904 à Strussow (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Rosenman
(Benjamin Beinish) né 31/1/04 Strusow.. Déporté par le Convoi 5 de Beaune la
Rolande, à Auschwitz le 28/06/1942. Dcd 29/8/42
Vladimir Anatolievich ROSENSCHILD-PAULYN
—> Rosenschild Paulyn (Vladimir) E.V.D.G. (Russix) 20-6-98, St-Pétersbourg,
lieutenant, 21e R.I.E. Liste N° 48. Recrutemenx i. Il appartenait à la 6e Cie). Né le
20 juin 1898, Décédé le 26 nov. 1949 Capitaine du Life Guard Cuirassier Regiment,
lieutenant de l'armée française et historien militaire. Il est diplômé du Corps des
Pages. Il a participé à la guerre civile, dans le régiment de cavalerie de
Consolidated-Guards de l'armée russe. Evacué à Gallipoli. En 1921, il était dans
une division de cavalerie de réserve. En exil en France, il vivait à Paris, actif
trésorier de l'association régimentaire. Il a écrit « l'historique Life Guard
Cuirassier Regiment durant la Première Guerre Mondiale et la Guerre Civile ». À
Paris il était le conservateur, l’historien et le trésorier du régiment à Paris. Était
un membre de l'Union adhérents à la mémoire de l'empereur Nicolas II. Pendant
la Seconde Guerre mondiale, il était lieutenant dans l'armée française. Membre
du Comité d'Audit du Conseil d'Administration du Commonwealth réserve
l'armée française (jusqu'en 1949). En 1923-1927, il traduit en russe des œuvres
de l'écrivain français Louis Chadourne (1890-1925). Membre du cercle de Saint-
Pétersbourg à Paris. Épouse: Elena Andreyevna Shishkina Rosenschild-Paulyn
811
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

(1911 - 1984) Tombe: Cimetière de Sainte Geneviève Bois.


Aurel ROSENSTEIN
Né le 27-12-1918 à Galatz (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5793 —>
ROSENSTEIN (Aurel) 27-12-18, Galaz (Roumanie) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Sandor ROSENTHAL
Né le 05-01-1911 à Turjen (Hongrix) Recrutemenx Amiens (80) —> ROSENTHA
(Sandor) 5-1-11, Turje (Turquie) 2' cl. 21' R.M.V.E. 111.Liste N 92.
Chaim ROSENWAIG
Né le 03-05-1900 (Polognx) Recrutemenx i Détail 30 rue du Plat. Mobilisé le
13/05/1940. Démobilisé le 15/08/1940.
Hersz ROSENZWEIG ou ROSENEWEIG
Né le 04-02-1908 à Slupva (Polognx) Recrutemenx i.
Julien ROSETTE
Né le 17-08-1911 à Morales (Espagnx) Recrutemenx Périgueux (24) —> ROSETTE
(Julien) 17-8-11, Morales-de-Toros, 2'cl. 21’R.I. St. XVIIA Liste N 62.
Mayer ROSGAIG
Né le 12-02-1908 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Elija ROSIJANSKI
Né le 05-10-1902 à Penevezys (Lithuanix) Recrutemenx SBC (75).
Moszek ROSNER. Moszek ou Maurice ROZNER ou ROSNER
Né le 3-10-1910 à Sosdneurec (Polognx) Recrutemenx Vincennes (94).
Mle 6086 —> ROZNER (Maurice) 3-10-19, Pologne 2e cl. 21e R.I. Liste N 17.
Juan ROS SOLER
Né le 01-04-1921 à Valencia (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Wolf ROTBAUM
Né le 06-01-1908 à Mechow ou Michow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle
3727.
Fainviez ROTBERG †d
Né le 18-08-1910 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 2515 —> ROTBERG
(Fernand) 18-8-10, Paris, 2e cl. 21e R.I. 211 Liste N 26. Rotberg (Fajwisz) né
18/8/10 Lodz, Dcd 28/3 43 Sobibot MPFXd. Fajwisz Rotberg est né à Lodz,
Pologne en 1910. Déporté par le Convoi 52 de Drancy à Sobibor, le
23/03/1943. Déportés 994. Survivants 0.
Zélik ROTBERG
Né le 05-07-1911 à Lask (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> ZELIK (Rotberg) 5-7-
10, Lodz, 2' cl. 21' R. M. Liste N 17.
Mendel ROTH †d MPFXd
Né le 03-07-1903 à Kaliz (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 6820. Roth
812
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

(Mendel) né 3/7/03 Kalisz. Déporté le 05/08/1942 par le Convoi 15 de Beaune la


Rolande, à Theresienstadt, Litomerice, Bohemia, Tchécoslovaquie. DCD le
10/8/42 Auschwitz. Déportés 1014. Gazés 704. Survivants 5.
Tiber ROTH
Né le 30-10-1913 à Demeeser (Hongrix) Recrutemenx Vincennes (94) —> ROTH
Thiébault) 30-10-13, Demieser (Hongrie) 2’ cl. 21’ R.M. St. IV A. List 45.
Ernest ROTHEN
Né le 06-02-1920 à Innenberg (Suissx) Recrutemenx Belfort (90).
Jean ROTOFF
Né le 02-08-1905 à Rostoff (Russix) Recrutemenx Bordeaux (33).
Abram ROTSZYLD
Né le 23-01-1915 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Basil ROUDOMETOFF †g MPFXg
E.V.D.G. (Russix) Recrutemenx i Né le 18-07-1897 Tué le 25-05-1940 (Bazancourt)
ROUDOMETOFF Basile Russie Sous-lieutenant à la 11e Cie— 91 — Sainte-
Geneviève-des-Bois. Carré de corps restitués.
Georges François Désiré ROUSSE
Médecin-lieutenant 2e bataillon sur organigramme Duvernay. 1er Bataillon sur
organigramme Aubagne. ŸFDX. Né le 25/4/1909 à Baixas Pyrénées orientales.
Motil ROZANSKI
Né le 25-12-1906 à Brewki (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> ROZANSKI (Motel)
25-12-06, Brevvki-Zokosnelmy (Pologne) 2e cl. 21e R.I. Liste N 17.
ROZEMBERG alias Gauvry
Né le 24-12-1908 à Radom (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Mle 3686.
Kuba ROZENBAUM
Né le 12-03-1905 à Krasnostaw (Polognx) Recrutemenx i.
Moszek ROZENBERG
Né le 18-03-1909 à Nowe Minsk (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Mejzek ROZENBLAT †d MPFXd.
Né le 20-12-1894 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Rozenblat (Mojzesz,
Isaak) né 20/12/94 Varsovie., Dcd 7/10/42 Auschwitz.
Zacharias ROZENBLAT
Né le 12-06-1906 à Radnow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> ROZENBLAT
(Zacharias) 12-6-06, Radon (Orne) 20 cl. 21' R. M. Liste N 17.
Jacob ROZENBLUM
Né le 3-2-1918 à Radom (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> ROZENBLUM (Jacob)
3-2-18. Radom (Pologne) 1re cl. 21e R.I. Liste N 2.
Chaïm ROSENCWAIG
813
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 23-04-1902 à Zarci (Pologne) Recutemenx toute région 21e RMVE.


Chaskiel ROSENCWAJG
Né le 01-01-1909 à Radom Polognx 21e RMVE recrutemenx toute région. Jankiel
ROZENWACJG Né le 1-01-1909 à Priejtyk (Przytyk =village polonais dans la powiat
de Radom) (Pologne) Recrutement SBC (75) —> ROZFNIEWAG (Jeankiel) 1-1-09,
(Pologne) 2’cl. 21’ R.E. 168. Liste N 27.
Maurice ROSENCWAJG
Né le 03-03-1912 à Sulejow (Polognx) Recrutemenx toute région 21e RMVE
Abraham ROZENCWEIG
Né à Varsovie le 29-02-17 (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Mle 8069.
Leizer ROZENWAJN
Né le 04-07-1907 à Latkazew (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3581. —>
ROZENDAJN (Leizor) 4-7-07, Pologne. 2e cl. 21e R.M.V.E., 240 Liste N 36.
Hersz ROZENWACJG
Né le 04-02-1908 à Scupia Kowa (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Merdke ROZENWACJG
Né le 10-11-1908 à Radem (Polognx) Recrutemenx SBC (75
==Maszek ROZENWAJG
Né le 14-03-1912 à Subjow (Polognx) Recrutemenx SBC (75)
Moszek ou Maurice ROZNER Voir ROSNER
Isaac RUBEINSTEIN
Né le 14-10-1897 à Lokolen (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 15768.
Albert RIBEINSTEIN
—> RUBEINSTEIN (Albert) 12-6-09, Constantine, (Algérix) Recrutemenx i 2' cl. 21'
R.I. Liste N 17.
Nathan RUBIN
Né le 19-05-1913 à Butzbach (Allemagnx) Recrutemenx Seine 1er bureau (75) —>
RUBIN (Nathan) 19-5-13, Butzbach (Allemagne) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Abram RUBINSZTEJN
Né le 12-07-1909 à Koustantinow (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Wolf RUBINSZTEJN
Né le 04-04-1911 à Kaluczyn (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Gabriel RUBIO
Né le 13-10-1916 à Saint-Étienne (42 - Loire) (Espagnx) Recrutemenx Grenoble
(38) Détail engagé le 17/10/1939 —> RUBIO (Gabriel) 13-10-16, St-Étienne, 2' cl.
21' R.I. Liste N 17.
Moszek RUDA
Né le 26-01-1905 à Czyzew (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 6245. Recruté au
814
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

21e R.M.V.E., (muté ?) —> RUDA (Moszk) 26.1.05, Czyzew, 2e cl. 11e G. St. VI A
Liste 63.
Moses ou Maurice RUDICH
Né le 20-08-1911 à Avbva (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 2810 —>
RUDICH (Maurice) 29-8-11, Arbora, cap. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
==Bernard RUFF
Né le 12-02-1903 à Tieszyn (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Basilio RUIZ
Né le 04-03-1913 à Ciquenza (Espagnx) Recrutemenx Troyes (10) —> ROUIZ
(Basilio) 2-3-13, Siguenza (Espagne) 2' cl. 21' R.M.V.E. Liste N 22.
Francisco RUIZ
Né le 24-08-1907 à Rio Euita (Espagnx) Recrutemenx Caen (14)
François RUIZ
—> RUIZ (François) Né 9-2-12, Murcia (Espagnx) Recrutemenx i 2'cl. 21 RI.
Liste.17.
Nicolas RUIZ
Né le 06-12-1914 à Ciquenza (Espagnx) Recrutemenx Troyes (10).
Miguel RUIZ GARCIA
Né le 22-04-1915 à Hinojosa del Duque (Espagnx) Recrutemenx Mautauban (82).
Enrique RUIZ HIDALGO FERNANDEZ †d MPFXd.
Né le 15-07-1915 à Santander (Espagnx) Recrutemenx Pau (64) RUIZ HIDALGO
Enrique (Henri) 15-7-15, Santander (Espagne) 2' cl. 21' R I. —> RUIZ HIDALGO
(Henri) 15-7-15, Santander (Esp.) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17. Arrivée du 24/05/1941
à Mauthausen venant de Würzburg. Mle 5830-RUIZ HIDALGO Enrique, né le
15.07.1915 à Santander. Envoyé à Gusen. Dcd le 10.12.1941.
Palazan Francisco RUIZ
Né le 21-10-12 à Lorqui Murcia (Espagnx) Recrutemenx Montpellier (34)
RUPIN
ŸFDX Sergent. Hans Habe le décrit place d’Austerlitz le 13 juin : « Le sergent Rupin
fonçait sur sa bicyclette autour de la place comme dans une course des six jours. »
S’agirait-il de Rubin ?
Nusym (ou Musyn) RUSANZIC (ou RUSNZIG) ou RUSANCZYK
Né le 18-10-1906 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3653 —>
RUZANCZYK (Musyn) 18-10-06, Varsovie, 2' cl. 21' R. M. Liste N 17. N V juin
1947. Naturalisation (Nusym-Maurise).
Nysen Leib RUSEK
Né le 27-08-1900 (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Aron RUSSAK
815
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 29-02-1904 à Lodz (Polognx) Recrutemenx Bourg-en-Bresse.Pysah


RUTMANN
Né le 07-12-1903 à Radow (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Izana RYBAK (Charles)Né le 07-05-1913 à Stetthe (Polognx) Recrutemenx SBC
(75). (Charles) Prisonnier libéré 1945.
Salomon RYMLER
Né le 29-02-1916 à Sokolow (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
==Szlama RYMWROT
Né le 10-04-1907 à Kaluszyn (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Henri François Eugène SABADIE †g MPFXg
ŸFDX Capitaine de la 9e Compagnie. Né le 11-2-1901 à Carcassonne. Blessé le 26
mai aux Petites Armoises. Décède le 29.
Albert SABAH (Abram) †d MPFXd.
Né le 13-03-1907 à Smyrne (Turquix) Recrutemenx SBC (75). SABAH Albert né le
13/03/1907 à SMYRNE déporté par le convoi n° 34 le 18/09/1942 de Drancy à
Auschwitz. Dcd 23/9/42. D 1000. Gazés 859. Survivants 21.
Isaac SABAH
Né le 05-05-1906 (Turquix) Recrutemenx Seine 2e bureau (75).
Isaac SABAH †d MPFXd.
Né le 12-05-1908 à Smyrne (Turquix) Recrutemenx SBC (75). SABAH Isaac né le
12/05/1908 à SMYRNE déporté par le convoi n° 3 le 22/06/1942 de Drancy à
Auschwitz. Dcd 27/6/42. Déportés 1000. Survivants 24.
Yuda SABAH
Né le 13-09-1910 à Izmir (ex Smyrne) (Turquix) Recrutemenx Bordeaux (33) + SBC
(75) —> SABAH (Léon) 13-9-10, Smyrne (Turquie) 1' cl. 21' R. I. Liste N 17.
Leon SABEL
Né le 11-01-1911 à Brzezany (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> SABEL (Léon)
11-1-11) Briezany (Russie !) 1'cl. 21' R.M.V.E. Liste N 22.
Isaac SACHS
Né le 07-03-1907 à Odessa (Russix) Recrutemenx SBC (75) Mle 3796 —> SACHS
(Isaac) 7-3-07, Odessa, cap. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
Heinz Adalbert SACK
Né le 11-06-1915 à Heidelberg (Allemagnx) Recrutemenx SBC (75)
== Chaïm SADOWSKI (Charles

Chaïm SADOWSKI
Né le 6 ou16-07-1909 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75)
816
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Elias SAFAJDA
Né le 20-08-1896 à Moscou (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Wladimir SAGALOWITZ
Né le 18-05-1898 à Wisebsk (Russix) Recrutemenx SBC (75).
MoÏse SAGALOWSKI †d MPFXd.
Né le 1888 à Radowniak (Russix) Recrutemenx SBC (75). Sagalowsky (Moïse) né
1888 Radominsk Russie. Moise Sagalowsky né à Odessa, Ukraine (URSS) en 1888.
Déporté par le Convoi 32, Train 901/27 de Drancy à Auschwitz le 14/09/1942. Dcd
19/9/42. Déportés 1000. Gazés 893. Surv 45.
Albert SAGUES
Né le 10-05-1909 à Brousse (Turquix) Recrutemenx SBC (75) Mle 3661 —>
SAGUES (Albert) 10-5-09, Bruz (Turqu.) 2' cl. 21' R.M.V.E. Liste N 22.
Jsaac SAGUES
Né le 15-10-1904 à Brousse (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
SAÏD BEN AÏSSA
—> SAÏD BEN AÏSSA (Marox) Recrutemenx i 1915, 1 cl. 1" R.M. St. II A. List 70.
Jean SAïDMAN
Né le 24-01-1918 à Botosani (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> SAÏDMAN
(Jean) 2/1-1-18, Bolasahi. (Roum.) .2° cl., 21e Etr, St. XI A. Soest Liste N 44.
Jean André SAINT-MARC
Né le 16/1/1904 à Fourques, Lot et Garonne, Lieutenant 11e Cie —> SAINT-MARC
(Jean) ŸFDX I6-1-04 Fourques, (Lot et Garonne) lieutenant, 21' R l. 0flag VI A. Liste
N. 50 : — Lieutenant adjoint à l’état-major du 3e Bataillon.
—> SAINT-MARTIN (Jean) ŸFDX 22-2-07, L'Isle-Jourdain (Gers) lieutenant, 21' R l.
Oflag VI A Soest Liste N 50. E-M. du 21e, Officier de renseignement. Était avec le
lieutenant Causse lorsque celui-ci s’est fait tuer.
André SAKKAS †g MPFXg
Né le 31-10-1910 à Agrinion (Grècx) Recrutemenx Versailles (78) Sergent mort le
15-06-1940 (Chaumont, 52 - Haute-Marne, France) Tué au combat 94 Saint-
Maurice Extrait du livre de la ville. 91 La Ferté Alais Monument aux morts.
Tobiasz SAKS ou ZAKS †g MPFXg

Tobiasz SAKS
Né le 23-10-1907 à Jeaszekow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 5423 ZAKS
Tobias tombé le 13 juin 1948 à Sainte-Menehould. N.V. sept- 1948.
Jacinto SALA
Né le 20-09-1911 à Vilanant (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
817
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Jean SALAME
Né le 02-07-1912 à Bethléem (Palestinx) Recrutemenx SBC (75) Mle 6531 —>
SALAME (Jean) 2-7-12, Bethléem (Palestine turque) 2' cl. 21' R. I. Liste N 17.
Walio SALAZAR
Né le 28-08-1911 à Sasamon (Espagnx) Recrutemenx Bordeaux (33).
Nicolas SALMIN
Né le 02-02-1895 à Vladicaucase (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Jean SALOMON
Né le 11-05-1908 à Cakovec (Yougoslavix) Recrutemenx Arras (62)
Léon SALOMON (Juda SALOMON.)
Né le 23-05-1907 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 9354 —> SALOMON
(Juda) 23-5-07, Lodz (Pologne) 2' cl. 21' R. M. Liste N 17. Le Mérite national à Léon
Salomon. Le 5 mars dernier, dans les beaux salons de l'hôtel Prince de Gales, a eu
lieu la cérémonie solennelle de remise des insignes de Chevalier du Mérite
national à notre camarade Léon Salomon trésorier de l'Union… (UEVAC.J.EA)

À 18 heures commença la cérémonie officielle. Notre secrétaire général, Isi


Blum, exprimant les sentiments de tous les camarades présents, félicita Salomon
en ces termes : cette haute distinction, notre camarade Salomon l'a bien mérité,
et ceci, à plusieurs titres. Arrivé en France en 1935, il s'engage dans l'armée
française dès 1939 pour défendre sa patrie d'adoption et la liberté menacée par
l'Allemagne nazie. Il est affecté au 21e R.M.V.E. et c'est à Barcarès qu'il apprend le
métier de soldat. Il monte au front avec son unité et le 22 juin 1940, après d'âpres
combats, il est fait prisonnier. C'est au Stalag XII D et particulièrement dans le
camp disciplinaire de Baumholder qu'il passe les rudes années de captivité. Sa
conduite durant les combats de 1940 fut exemplaire. En tant que prisonnier de
guerre, derrière les barbelés, il gagne l'estime de tous les captifs qui le
connaissent. Dans les heures sombres où l'apathie et le désespoir faisaient des
ravages dans les rangs des captifs, il apportait la parole d'encouragement et
d'espérance. Il était un excellent camarade, toujours prêt à rendre service et à
partager un morceau de pain avec un copain. Mais après son retour d'Allemagne,
c'est surtout en tant que militant dirigeant au sein de notre Union qu'il a gagné
par son action inlassable l'estime de tous nos camarades… Notre président, B.
Pons, s'approche de Léon, ému. Il lui remet la décoration en prononçant la phrase
officielle : « Au nom du Président de la République, je te fais Chevalier du Mérite
national. » Il lui donne l'accolade. Puis, tous les assistants, à tour de rôle, félicitent
le récipiendaire. L'atmosphère de fraternité
818
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

combattante régnait tout le long de la soirée. Article paru dans Notre Volonté
N° 145 avril 1974.
Lodz Jacob SALOMON
Né le 28-06-1904 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Moritz SALOMON
Né le 22-09-1893 à Foscani (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
Victor SALOMON
—> SALOMON (Victor) ŸFDX 6-1-11, Ouhans, Doubs, 2e cl. RI St. VI B Liste 87.
Emile SALSBERG
Né le 03-05-1900 (Polognx) Recrutemenx i.
Mosik SALZ †d MPFXd.
Né le 30-07-1890 à Blaski (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Salz (Maurice) né
30/7/1890 Klisz (Finlande. SALZ Maurice né le 30/07/1890 à KLIAZ déporté par le
convoi n° 34 le 18/09/1942 de Drancy à Auschwitz.). Dcd 23/9/42. Déportés 1000.
Gazés 859. Survivants 21
Emile SALZBERG
Né le 23-07-1917 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx i.
Pinkus SALZBERG
Né le 30-06-1898 à Kurow (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Daniel SAMMARTIN
Né le 24-10-1917 à Madrid (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
Nicolas SAMOYLOW
Né le 03-12-1893 à Kiew (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Michel SAMUEL
Né le 20-09-1919 à Capusul (Roumanix) Recrutemenx Beauvais (60).
José SAN
Né le 13-05-1915 à Rueda (Espagnx) Recrutemenx Toulouse (31) —> SAN-JOSÉ
(Primitivo) 14-5-15, Rueda, (Espagne) 2e cl 21e R.I Liste N 17.
Isaac SANACK
INé le 01-01-1889 à Amyrne (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Antonio SANCHEZ
Né le 06-04-1904 à Alicante (Espagnx) Recrutemenx Nice (06).
Felix SANCHEZ
Né le 28-10-1911 à Valencia (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Francisco SANCHEZ
Né le 15-11-1913 à Melilla (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Francisco SANCHEZ
Né le 08-03-1917 à Madrid (Espagnx) Recrutemenx Mautauban (82).
819
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

François SANCHEZ
Né le 17-04-1919 à Valencia (Espagnx) Recrutemenx Grenoble (38).
Jean SANCHEZ
Né le 30-03-1913 à Barcelone (Espagnx) Recrutemenx Lyon 69) Engagé le
18/10/1939 —> SANCHEZ (Jean) 30-3-13, Barcelona (Esp-) 2'cl. 21' R. I. List 17.
José SANCHEZ
Né le 26-03-1911 à Valencia (Espagnx) Recrutemenx Grenoble (38) —> SANCHEZ
(Joseph) 26-3-11, Valencia (Esp.) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Juan SANCHEZ
Né le 31-05-1910 à Cadix (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
Jules SANCHEZ
Né le 19-05-1916 à Melilla (Espagnx) Recrutemenx SBC (75) —> SANCHEZ (Jules)
19-5-16, Melinna (Mar. esp.) 2' cl. 21’ R. I. Liste N 17.
Manuel SANCHEZ
Né le 01-01-1917 à Valencia (Espagnx) Recrutemenx Grenoble (38)
SANCHEZ DELGADO
Né le 10-02-1918 à Trés-Juncos (Espagnx) Recrutemenx Pau (64)
SANDBARZ Lejzar ou Lejzor (Léon) SANDLARZ †g MPFXg

N V sept 1946
Lejzor SANDLARZ (Polognx) Recrutemenx i, né 01-01-1909. Blessé le 27 mai aux
Petites-Armoises, mort le 30 mai 1940 à Vienne-le-Château. Né le 01-01-1909, il
a quitté la Pologne en avril 1930 pour éviter le service militaire. Madame
Lilenstein, est née en 1910 à Ryki (Pologne) son père artisan fabriquant de boîtes
à chapeaux, sa mère vendant ces boîtes sur les marchés. Elle est l'aînée de quatre
filles, ses parents et deux sœurs ne reviendront pas d'Auschwitz. Elle va à l'école
primaire et au lycée en polonais à Varsovie, elle apprend le yiddish à la maison. À
dix-sept ans, elle travaille comme vendeuse au magasin coopératif du Bund à
Varsovie. Elle rencontre son futur mari âgé de dix-huit ans, Lejzor (Léon) Sandlarz,
apprenti puis ouvrier tailleur, pour éviter de faire le service militaire il quitte la
Pologne en avril 1930. À l'occasion de l'Exposition à Paris de 1930, Hélène rejoint
son futur mari. En janvier 1931, ils se marient en France, ils auront deux enfants.
En 1939, Léon s'engage comme volontaire dans l'armée française. Il a choisi la
France et la liberté. Il est incorporé dans le 21e R.M.V.E.
Le 30 mai 1940, c'est le jour anniversaire des six ans de Jacques son fils, c'est le
jour de la mort de Léon, volontaire pour une mission de reconnaissance, il n’en
est pas revenu. Hélène est seule à Paris, elle n'apprendra le décès de son mari
820
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

que quelques semaines plus tard. À Paris, commence rafles et déportation,


Hélène « protégée » par son statut de Veuve de guerre n'est pas vraiment
inquiétée jusqu'à la visite matinale du 16 juillet 1942, malgré son mauvais
français, elle se défend et obtient de ne pas être arrêtée. Après le 16 juillet 1942,
même si Hélène et ses enfants ont été épargnés, il devient dangereux de rester à
Paris. Les enfants mis à l'abri, avec de faux papiers, faisant d'elle une Alsacienne,
Hélène va partir en zone non occupée, à Montauban, début 1943. Hélène va
travailler dans une coopérative de fruits et légumes. Après la Libération, elle
revient à Paris, l'appartement a été spolié, ses revenus sont limités à sa pension
de Veuve de Guerre, s'inscrivant au Registre du commerce, elle va vendre de la
confection sur les marchés. Elle rencontre Israël (dit Jacques) Lilenstein, veuf, sa
femme n'est pas revenue de déportation, il a deux enfants et devient la tutrice
de son neveu Jacky orphelin. Hélène et Jacques vont devenir des militants actifs
sur le plan social. Hélène serra l'une des premières à adhérer à l'U.E.V.A.C.J.
Très vite, elle sera membre de la Commission sociale de l'Union, et, en
particulier au lendemain de la guerre, sa contribution sera importante, il faut
aider ceux qui sont revenus, anciens combattants, prisonniers, déportés
résistants, à constituer les dossiers leur permettant de faire valoir leurs droits. En
janvier 1961 est posée la première pierre, à Levens, de ce qui allait devenir Les
Lauriers roses, maison de convalescence. Lorsque l'Union crée le Monument des
Engagés volontaires 39/45 au cimetière de Bagneux, la dépouille de Léon y aété
transférée d'un cimetière militaire, son nom figure parmi les 68 engagés
« volontaires morts pour la France ». C'est au sein de la Commission sociale que
son action sera la plus remarquable, après les prisonniers, il y eut la visite aux
malades, chez eux ou à l'hôpital. Les membres de l'Union ont su apprécier sa
vaillance et sa fidélité, et les dirigeants successifs ont su qu'ils pouvaient compter
sur elle. Cette allocution lue, pendant une cérémonie pour Hélène Lilenstein, par
Henri Bulawko a été publiée N.V. N° 4 (19) de juin-juillet.
Joseph SANGER
Né le 15-02-1916 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Recruté au 21e, mais
(Muté ?) —> SANGER (Joseph) 15-2-16, Warsihau, 2e cl. 23e R.I. List N 29.
Idilio SANITAGO
Né le 27-03-1909 à Zaraus (Espagnx) Recrutemenx Bordeaux (33) —> SANTIAGO
(Idillio) 27-3-07, Zaraus (Espagne) 1' cl. 21' R. M. Liste N 17.
Manuel SAN LEANDRO
Né le 24-12-1918 à Villard-Bonnot (Espagnx) Recrutemenx Grenoble (38).
Roman SAN MARTIN
Né le 15-08-1905 à Hermesdes (Espagnx) Recrutemenx Laon (02) —> SAN
821
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

MARTIN (Roman) 15-10-05, Hermédes, Espagne 2' cl. 21' R.I. Liste N 20.
Valentin SAN MARTIN
Né le 03-11-1911 à Hermecdes (Espagnx) Recrutemenx Laon (02) —> SAN
MARTIN (Valentin) 3-11-11 Hermédes, 2’ cl. 21' R.I. Liste N 20.
Zosimo SAN MARTIN
Né le 20-09-1916 à Hagar (Espagnx) Recrutemenx Laon (02) —> SAN MARTIN
(Zosimo) 20-9-16, St-Gobain, 2’ cl. 21’ R. I. Liste N 15. Appartenait à la première
section de la 10e Compagnie. Disparu dès la nuit du 13 (Capitaine Duvernay).
Francisco SANTAELLA
Né le 16-6-11 à Montefrio (Espagne) Recruté Maroc D.C.R.E. Unité ? —>
SANTAELLA (Francisco) 16-6-11, Montefrio St. VII A Liste N 48.
Isidro SANTAMARIA
Né le 15-05-1919 à Castejon de Mongros (Espagnx) Recrutemenx Auxerre (89)
—> SANTAMARIA (Yssidro) 15-5-19, Houesca (Espagne) 2' cl. 21' R.I. List 17.
Leopold SANTAMARIA
Né le 22-08-1919 à Los Palacios (Espagnx) Recrutemenx Avignon (84).
Paul SANTER
? —> Paul SANTER né le 8-9-06 à Santrot Italie, 21e R.I. Liste N 20.
Fernando SANTIAGO
Né le 04-02-1914 à Bujalanes (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
Fenero SANTOLARIA
Né le 27-05-1905 à Torla (Espagnx) Recrutemenx Tarbes (81) —> SANTOLARIA
(Justin) 7-5-05, Torla, 2’cl. 21' R.I. 190. Liste N 56.
Arluido SANTOS
Né le 15-03-1898 à Ponte-Arcade (Portugax) Recrutemenx Périgueux (24).
Boniface SANTOS
Né le 28-02-1913 à Espeja (Espagnx) Recrutemenx Nancy (54) —> SANTOS
(Boniface) 28-1-14, Espagne, cap. 21' R.M.V.E. 161. Liste N 31.
Domingo SANTOS
Né le 04-08-1916 à El-Payo (Espagnx) Recrutemenx Châteauroux (36) —> SANTOS
(Domingo) 4-8-16 El Layo (Esp.) 2' cl. 21’ R.I. Liste N 17.
José SANTOS
Né le 15-02-1907 à Saint Sebastian del Sur (Portugax) Recrutemenx SBC (75).
Jean SANUY
Né le 31-07-09 à Albatarrach (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66) —> SAUVY
(Jean) 31-7-09, Albatarrech (Espagne) 2' cl. 21e R.M.I.V. Liste N 22.
Oliveros SANZ
Né le 11-05-1909 à San Miquel de Lognio (Espagnx) Recrutemenx Mautauban
822
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

(82).
Samuel SAPIRO
Né) le 10-02-1915 à Kaunas (ex Kovno) (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 7428
—> SAPIRO (Samuel) 10-2-15, Kouno, 2' cl. 21' R.I. SI. XIA Liste N 44.
Haim SAPORTA †g MPFXg
Né le 21-11-1908 à Salonique (Grècx) Recrutemenx SBC (75) Mle 2859 tué le 14-
06-1940 (Sainte-Menehould, 51 - Marne, France).
Theodor SARABACHA
Né le 06-03-1910 à Zagorge (Polognx) Recrutemenx Tours (37).
Moise SARANGA
Né le 23-04-1909 à Stamboul (Turquix) Recrutemenx Montpellier (34).
Jacob SARAPANOWSCHI
Né) le 15-04-1918 à Saroca (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5661 —>
SARAPANOWSKI (Jacob) 15-4-18, Soroca (Roumanie) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
David SARFATI
Né le 19-04-1907 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Yvan SARIC
Né le 18-04-1899 à Pitono (Yougoslavix) Recrutemenx Nice (06)
Casta SARIKOW
Né le 18-04-1908 à Movelno (Bulgarix) Recrutemenx Moulins (03).
Alexandre SARKAZI
Né le 15-07-1893 à Szgedin (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Raphaël SARRIBES
Né le 31-12-1909 à Eslida, (Espagnx) Recrutemenx SBC (75) Mle 11373 —>
SORIBÈS (Raphaël) 31-12-09, Eslida, Espagne, 2e cl. 21e R.M.V.E. Liste N 16.
Nicklos SAUERBRUN
Né le 15-11-1920 à Cebrezza (Hongrix) Recrutemenx Perpignan (66).
== Marc Louis SAUMUREAU
Né le 29/1/1911 à Longué.Jumelles, Maine-et-Loire, Appartenait à la 11e Cie—>
SAUMUREAU (Marc) ŸFDX 29-1-11, Longue Jumelles, lieut. 21e R.I.E Oflag VI A 21e
R.I.E. Liste N 50.
Antonio SAURIA
Né le 03-10-1910 à Soltero (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
Bitti SAVAGOUSSIE
Né le 04-07-1909 (Grècx) Recrutemenx SBC (75).
Stanislas SAVATZKY
Né le 01-08-1897 à Volezwk (Russix) Recrutemenx Mulhouse (68).
Paul Sébastien SAVIN †g MPFXg
823
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

ŸFDX Né le 07-08-1910 à St Aubin (21 - Côte-d'Or, France tué le 25-05-1940 (ferme


Bazancourt, 08 - Ardennes, France). Tué par éclats d'obus.
Alexandre SAWICZ
Né le 22-10-1899 à Moscou (Russix) Recrutemenx Charleville-Mézières (08).
Jean SAYES
Né le 08-02-1918 à Peralta (Espagnx) Recrutemenx Mont-de-Marsan (40) —>
SAYES (Jean) 8-2-18, Peralta (Espagne) 2' cl. 21' R. I. Liste N 17.
Vitalis SCAPA
Né le 02-04-1918 (Grècx) Recrutemenx SBC (75) —> SCAPA (Vitalis) 2-4-18,
Salonique, 2' cl. 21' R.E. St. XI A. Liste N 44.
Nicolas SCAVATCHO
Né le 16-11-1906 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75) —>
SCAVATCHO (Nicolas) 16-11-06, Constantinople, serg. 21' R. M. V. Liste N 10.
==Samuel SCHACHTER
Né le 24-06-1906 à Plumacz (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Gustave SCHAPIRA
Né le 15-04-1892 à Carlsbad (Tchécoslovaquix) Recrutemenx SBC (75). SCHAPIRA
Gustave. Habitait au 4, rue Faraday dans le 17e arrondissement à PARIS A été
interné à Drancy sous le matricule 12124. Est arrivé le le 12 ou 22/08/1944. Reçu
N° 26 dans le carnet de fouilles N° 68. SCHAPIRA Gustave. §d Libéréx.
Moritz SCHAPIRA
Né le 07-12-1902 à Vienne (Autrichx) Recrutemenx Rouen (76).
Mosés SCHEER
Né le 03-06-1906 à Piechoty (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3870 —>
SCHEER (Moses) 3-5-06, Pihaty (Pologne) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Ovehes SCHEINBERG (Charles SCHEINBERG)
Né le 05-08-1918 à Kichineff (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> SCHEINBERG
(Charles) 5-2-18. Kichineff (Roumanie) 2' cl. 21' R.I. Liste N 20.
==Wolf SCHERMAN
Né le 25-12-1907 à Offenbach (Allemagnx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3937
==Samuel SCHEYER
Né 26-02-1904 à Bucarest (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 6823. 6e Cie.
Nicolas SCHICKES †g MPFXg
Né le 10-01-1906 à Gorsdorf (Luxembourx), recrutemenx Nancy (54), tué le 26-
05-1940 aux Petites Armoises. 08 Ardennes Fr.
Hillel SCHLAMOVITCH
Né le 15-06-1906 à Gewaczew (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Mojsek SCHLENGER (Mendel)†d MPFXd.
824
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 25-12-1902 à Chizanovo (Polognx) Recrutemenx SBC (75) SCHLENGER


Mendel né le 25/12/1902 à CHAZANOFF déporté par le convoi n° 6 le 17/07/1942
de Pithiviers à Auschwitz. Déportés 928. Survivants 18.
Enerich SCHLESINGER †d MPFXd.
30-09-06 (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 8788 —> SCHLESINGER (Emeri) 30-
9-06, Paris, 2e cl. 21e R.I. Liste N 10. Schlesinger (Emeric né 15/4/06 à Baja
Hongrie, Emeric Schlesinger est né à Baja, Hongrie en 1906. Déporté par le Convoi
55 de Drancy, à Auschwitz le 23/06/1943. Dcd 7/4/45 Weimar-Buchenwald.
Déportés 1018. Survivants 72.
Asias SCHMEID (Asizs-Oscar)
Né le 08-01-1909 à Birza ou Birzor (Lithuanix) Recrutemenx Belfort (90) et SBC
(75).
Albert SCHMID
—> SCHMID (Albert) ŸFDX 6-8-09, Troyes, cap. 21e R.M.V.E, Liste N 16.
Charles SCHMIDT
Né le 23-10-1905 à Syentes (Hongrix) Recrutemenx Toulouse (31).
François SCHMIDT
Né le 30-07-1919 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Joseph SCHMIDT
Né le 19-08-1912 à Talabajna (Hongrix) Recrutemenx Arras (62).
Henri SCHNAIDLEDER ou SCHNAIDLERDER
Né le 11-02-1908 à Laskanzen (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Henri SCHNEIDER
Né le 17-08-1904 à Lausanne (Suissx) Recrutemenx Annecy (74).
André SCHNITZLER
Né le 04-04-1909 à Balkany (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —> SCHNITZLER
(André) 4-4-09, Balkany, 2' cl. 21' R.l.V.E. St. XI A. Liste N 44.
Simon SCHNUR
Né le 29-12-1909 à Cracovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 8630 —>
SCHNUR (Simon) 29-12-09, Cracovie, 2' cl. 21'R.I. Liste N 17.?
Edmond SCHOKAERT
Né le 03-07-1900 à St-Gilles (Belgique) (D.C.R.E.). Maubeuge (59) —> SCHOKAERT
(Edmond) 3-7-1900, Bruxelles, serg. Lég. Étg. Recrut ? Liste N 29.
Chaïm SCHTIVELMAN
Né le 10-09-1906 à Bergodol (URSS) (Russix) Recrutemenx SBC (75) —>
SCHTIVELMANN (Chaïm) 10-9-06, Bargodol (Russie) 2’cl. 21e R.M.V.E. Liste N 26.
Marcel SCHTROCH
Né le 05-06-1912 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
825
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Nicolas SCHULTZ
Né le 26-06-1908 à Rollingerund (Luxembourx) Recrutemenx Nancy (54).
Emeric SCHULZ
Né le 25-01-1907 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx Fréjus (83).
Joseph SCHUSS ❤ G.R. 16 P 541563
SCHUSS, Joseph 01.06.1905 Mielec POLOGNE. Né le 01-06-1905 à Mielec
(Polognx) Recrutemenx SBC (75). Déporté en 1944 SCHUSS Joseph né le
01/06/1905 à Nielec Pologne. Départ le 24 juin 1944. Parcours Klagenfurt,
Dachau, Mauthausen (Ebensee). §d Libéréx le 06/05/1945.
Hirsch SCHUSTERMANN
Né le 15-09-1902 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). 21e R.M.V.E.
André SCHWARCZ
Né le 23-04-1914 à Szolnok (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Nicolas SCHWARCZ Voir CHEVAZEZ.
Joseph SCHWART †g MPFXg
Né le 16-11-1904 à Izmir (ex Smyrne) (Asie Mineure) (Turquix) Recrutemenx SBC
(75) Mle 4495 Mort le 14-06-1940 (Sainte-Menehould, 51 - Marne, France).
Berl SCHWARZ
Né le 15-10-1903, Ruda (Polognx) Recrutemenx SBC Mle 6752 —> SCHWARZ
(Bernard) 15-10-1903, Ruda, Pologne, 2e cl. 21e R.I. Liste N 73.
Bernard SCHWARZ
Né le 13-11-10, Mannheim (Allemagnx) Recrutemenx (Nice) Camp de Sept-Fonds.
== Salomon SCIAKY
Né le 25-04-1909 (Grècx) Recrutemenx SBC (75) Mle 1928. SCIAKY Salomon né le
23/04/1909 à SALONIQUE déporté par le convoi n° 55 le 23/06/1943 de Drancy
à Auschwitz. §d Libéréx. Déportés 1018. Survivants 72.
Berck SCKULA
Né le 05-05-1903 à Soboleid (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
==Manoël SEBASTIO
Né le 29-03-1904 à Soule (Portugax) Recrutemenx SBC (75) Mle 6803.
Calman SEGAL
Né) le 29-04-1919 à Darabin (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5552 —>
SEGAL (Charles) 29-4-19, Darahani, cap. 21' R.I. Liste N 17.
Chaim SEGAL
Né le 06-02-1906 à Saffed (Palestinx) Recrutemenx SBC (75).
Juan SEGURA
Né le 08-04-1913 à Aleobe (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66)
Léon SEICHEPINE
826
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

ŸFDX. Sergent. 1er bataillon. 1re section. Écrit d’après les courriels de Mr Jean Paul
Seichepine : Mon père Léon Seichepine est né le 13 juillet 1914 à Destry, petit
village mosellan situé à quelques kilomètres de Morhange. Son père Jules, né en
1877, a fait son service militaire sous l'uniforme allemand en 1997 d'où il est sorti
sergent et quelques années après, il a effectué la guerre de 14 / 18 en Russie dans
les services du train. Revenu à la vie civile en 1918, il a été obligé de refaire deux
années de service militaire, cette fois pour la France, et il en est sorti à nouveau
sergent. Il a donc passé plus de 8 ans sous deux uniformes différents ...
Son fils, mon propre père, a fait quant à lui son service militaire du 21/10/1935
au 15/10/1937 au 21e RI à Chaumont (52) d'où il est, lui aussi, sorti sergent. Il a
été rappelé plusieurs fois aux armées entre le 25/9/1938 et le 3/10/1938, puis
entre le 11/4/1939 et le 18/4/1939. Mobilisé le 3/9/1939, il fut comme plusieurs
gradés de ce régiment, dont le lieutenant Henry Milcamps et le capitaine André
Camille Bardet, muté la même année à Barcarès au 21e RMVE pour y participer à
la formation des Volontaires Étrangers. La C.R.E. se décline en C.A. dans les
bataillons il aurait pu être de la CA 1 sous les ordres du Capitaine Modena
jusqu'au 29 mai 1940, date à laquelle, en conflit avec Mirabail, Modéna, quitte le
1er bataillon et prend le commandement de la 9e Cie (3e bataillon) et est alors
remplacé à la CA 1 du 1er bataillon par le Lieutenant Belissent.
Il est cependant plus certain qu’il ait a appartenu à une section de la CRE de la
1re compagnie Gay, Dupont, Blonstein. Charpentier L'épisode de Ste
Menehould l'a fortement marqué. Il m'avait raconté (c'était difficile de le faire
parler !) que, un peu avant l'attaque allemande, son chef de section (Dupont?)
lui avait demandé où il souhaitait se placer : dans les maisons ou dans les jardins.
Il ne l’a plus revu ni l'autre. (Le S/Lt Blonstein est mort à Ste Menehould). Le soir
du 17 juin, le 21e RMVE quitte Toul, (sauf le 1er bataillon qui suivra vite d’ailleurs).
Mon père m’a raconté qu’à Toul il avait monté la garde et qu’alors il n’avait même
pas les munitions correspondant à son fusil.
Fait prisonnier à Allain dans le toulois (Meurthe-et-Moselle) jour où les
Allemands ont lancé une petite attaque qui a bousculé ou fait prisonniers les
avants postes, soit un ou 2 jours avant l'armistice signé dans la forêt de
Compiègne le 22 juin 1940. Avant de se rendre avec les 6 hommes qui lui
restaient de sa section il avait eu le temps de faire enterrer sa mitrailleuse.
Ensuite, après un parcours pédestre jusqu'à Metz, quartier Lizé, il a fini par y être
libéré comme Mosellan le 13 juillet 1940 (jour de son anniversaire). Rentré alors
à Destry il a dù quitter le village comme presque tous ses autres habitants le 19
novembre 1940. Destry était situé dans la zone "francophile" de la Moselle. Les
Allemands évacuèrent de force tous ces villages pour y installer des gens du pays
827
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

de Bitche, eux-même expulsés de leurs résidences, les Allemands voulant


étendre le champ de manœuvre situé près de cette ville.
Mon père a alors habité la région de Nimes, (village de Euzet-les-Bains) et y a
trouvé du travail dans une mine de charbon.

828
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

. En 1943 il est revenu en Lorraine près de Toul à la demande d'une personne


qu'il devait connaitre et qui recherchait un chef de culture pour sa ferme (son
mari et son beau-frère étant prisonniers). Après la libération de la Moselle fin
1944, mon père est enfin rentré dans son village de Destry où il s'est marié peu
de temps après. En 1951, il a repris la ferme de son beau-père à Bures près de
Lunéville. Le couple Seichepine aura trois enfants. Gérard, Simone et moi-même,
Jean Paul Seichepine. Mon père est décédé accidentellement à 63 ans le 3
novembre 1977.

Ste Menehould pont de la rue Drouet

829
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Lettre du Lieutenant J.A. GAY Commandant la 1re Cie du 21e R.M.V.E., Oflag
XVII/A, no. 15315. Bar 2e Comité de la Croix Rouge Internationale de Genève.
J’ai reçu, où je suis en captivité, plusieurs lettres de Madame Blonstein, 24 Rue
Carnot, Avignon, (France) France) me demandant des nouvelles de son mari le
Sous-Lieutenant BLONSTEIN de la 1re Cie du du 21e Étranger. J’ai déjà répondi
évasivement à cette date, mais voici les renseignements précis que je pense
devoir vous communiquer : Le 13 juin 1940 vers 15 heures à Ste Menehould
(Marne), le Sous-Lieutenant Blonstein fut grièvement blessé à mes côtés par une
rafale de mitraillette qui lui occasionna de multiples blessures en particulier à la
poitrine. Aidé d’un sergent de ma Cie, je transporté sur une brouette le blessé
jusqu’à une grande place (Place de l’hôtel de Ville je crois). Là, le Sous-Lieutenant
Blonstein qui souffrait beaucoup de ses multiples blessures me demamda
d’arrêter et de le déposer. J’accedai à son désir et j’alertai aussitôt le poste de
secours du 1er bataillon du 21e Étranger, qui se trouvait à peu de distance.
Devant retourner à mon poste, je laissai le Sous-Lieutenant Blonstein avec mon
Sous-Officier, le sergent ... de ma Cie. À ce moment, mon officier était à la
dernière extrémité. Environ une heure apràs le sergent... revint près de moi et
me déclara : Le Sous-Lieutenant Blonstein a succombé. Il a dû être transporté au
poste de secours du bataillon qui devait être en partie où totalement évacué à ce
moment. Mais je ne puis fournir des renseignements précis à ce sujet.
Vers 17 heures 30. Je recevais l’ordre de repli et presqu’aussitôt les Allemands
rentrèrent dans la ville.

830
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Madame Blonstein m’écrit qu’elle n’a pas la moindre nouvelle de son mari, et
qu’elle préfère n’importe quelle vérité à l’incertitude
Veuillez recevoir mes sentiments distingués.

Le Barcares 1940 1.jpg

Le Barcarès 2 jpg

Le Barcarès 3 jpg

Le Barcarès 1940 3.jpg

831
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

L Seichepine à Strabourg 1940.jpg

Mon père est à gauche sur la photo de Strasbourg, assis au centre sur la photo
de groupe devant la barraque, à droite sur la barque.
Norbert SEIDEN †d MPFXd.
Né le 24-10-1902 à Brzenylany (Polognx) Recrutemenx Metz (57). SEIDEN Norbert
né le 24/10/1902 à PRZEMUSLAWY Pologne déporté par le convoi n° 8
20/07/1942 de Angers à Auschwitz. Norbert Seiden est né à Przemyslany,
Pologne en 1902. Déportés 827. Gazés 23, Survivants 14.
Nicolas SEIFMAN
Né le 08-05-1903 à Iseged (Hongrix) Recrutemenx SBC (75
Elie SEINMAN
Né le 15-09-1907 à Orchei (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> SEIMAN (Elie)
15-9-07 Horéc (Bessarabie) 2' cl. 21' R. I. Liste N 17.
Berck SEKULA †g MPFXg
Né le 05-03-1903 à Sobolied (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 9333 SEKULA
Bernard Vrai prénom : Berck Né le : 01/05/1903—Laskarzew.

Sekula
Tué à l’ennemi le 14/06/1940 51 — Marne : Sainte-Menehould Iinhumé : 92
Hauts-de-Seine : Bagneux : Cimetière parisien, tombe : 4e Division.

Henri SEMACH
Né le 12-07-1909 à Philippopoli (Bulgarix) Recrutemenx Versailles (78).2e
Bataillon, blessé aux Petites Armoises le 9 juin 1940.
François SEMROV
Né le 06-12-1903 à Sézana (Yougoslavix) Recrutemenx Lons-le-Saunier (39).
Pierre SENO
Né le 29-09-1910 à Moron (Espagnx) Recrutemenx Pau (64)
Alexandre SENTZOFF
Né le 15/7/1897 (Russix) E.V.D.G. Recrutemenx i Sous-lieutenant 7e Cie. —
832
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Prisonnier le 21 juin 1940 à Xirocourt Vosges—>Oflag X …


Szlama SER (Charles SER) ❤ G.R. 16 P 545173
Né le 22-08-1907 à Wolomin (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 11509. Les
mutations furent fréquentes entre les différents régiments ficelles et
légionnaires, d’où différents parcours. Nous avons cité à son ordre alphabétique
Léon Citrome (« 50 ans de ma vie »). Charles Ser comme Citrome a transité du
22e au 21e et ailleurs. Son parcours est représentatif et instructif tant du point de
vue historique que du personnel est décrit dans Notre Volonté, il est trancrit ici
au chapitre 1. Barcarès-Beyrouth-Roanne Turin Roanne-Turin.
Auguste SERAFIN
Né le 29-1-1906 à San Martinto (Portugax) Recrutemenx Laon (02) —> SERAFIN
(Auguste) 29-1-06, San Martyo (Portugal) 2' cl. 21' R.I. St. XI A. Liste N 44.
Arthur SERMEUS
—> SERMEUS (Arthur) 24-9-22, Forchies-la-March, (Belgiqux) Recrutemenx i cap.
21’ R.M.V.E. Liste N 11.
Tomas SERRA-FILLET
Né le 05-12-1898 à Mauresa (Espagnx) Recrutemenx Mautauban (82).
Francisco SERRANO
Né le 05-07-1910 à Cuevas (Espagnx) Recrutemenx Grenoble (38). 3e sec 10e Cie
(Doc Duvernay) ?
Favel SFARTI
Né le 12-02-1918 à Piatra (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 2920.
Jona SIAC
Né le 07-03-1914 à Briceni (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 11125.
Maurice SIDELSKI
Né le 12-02-1906 à Rascinas (Lithuanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 11065 —>
SIDELSKY (Maurice) 12-2-06, Racen (Lithuan.) 2' cl. 21’ R.I. Liste N 17.
Janel SIEGFER
Né le 31-12-1908 à Bucarest (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
Abraham SIEMIATYCKI
Né le 17-10-1900 à Sudlee (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
== Chaskiel SILBER (Chaskiel Fuchs SILBER)
Né le 28-08-1901 à Lubytza (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —>SILBER (Chaskiel)
18-8-09, Libytza (Pologne) 2' cl, 21' R.I. Liste N 17. C’est le 25 mai 1940, au cours
des combats de Sedan, que Silbert combattant en première ligne, est blessé par
un éclat d’obus qui lui sectionne les nerfs du bras gauche. Sa conduite pendant
cette terrible bataille lui a valu la Croix de Guerre avec palme. Après sa blessure,
il est évacué sur l’Hôpital de Chalons-sur-Marne. Fait prisonnier à l’hôpital où il
833
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

était en traitement, il est libéré comme grand blessé. N V avril mai 1956.
Mosel SILBERBERG
Né le 05-09-1907 à Kherson (Russix) Recrutemenx SBC (75) —> SILBERBERG
Motel (Maurice) 6-9-07, Kherson (Russie) 2' cl. 21' R. I. Liste N 17. Naturalisé N V
avril 1947.
==Jacques SILBERFELD (alias Michel CHRESTIEN) ❤ G.R. 16 P 548457 Michel
Chrestien ou Jacques Silberfeld né le 4 juillet 1915 à La Haye, Pays-Bas. Décédé à
Paris le 17 janvier 1991, était un traducteur et homme de lettres français
d’origine juive polonaise. Né le 04-07-1915 à La Haye (Pays-Bax) Recrutemenx
SBC (75) Mle 7705. 11e Cie 3e bataillon du 21e R.M.V.E. Prisonnier au stalag 17A,
s’évade et rejoint la résistance Déportation=Transport parti le 3 juillet 1944 de
Toulouse. §d Libéréx par évasion du train fantôme le 20/08/1944 à L’Homme
d’Armes (26) Drôme.
Abraham SILBERMAN
Né le 25-10-1907 à Bucarest (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 2831 —>
SILBERMANN (Abraham) 27-10-07, Bucarest (Roumanie) 2' cl. 21' R. I. List 17.
Primitigo SILIO ❤ GR 16 P 548509
Né le 01-11-1915 à Santander (Espagnx) Recrutemenx SBC (75) Mle 11069 —>
SILIO (Primitive) 1-1-15, Santander (Espagne) 2' cl. 21' R.M.V.E. Liste N 22.
==Miguel SILOS CALVOS
Né le 21-06-1921 à Barcelona (Espagnx) Recrutemenx Pau (64). C.A.1.
Ramon SILVENTE
Né le 23-04-1917 à Alboy (Espagnx) Recrutemenx Grenoble (38) 10e Cie ?
xxxx SIMON
Sergent-chef 3e section, 9e Cie. 3e bataillon ŸFDX.
Charles SIMON
Né le 08-11-1906 à Ober Ollgarodat (Tchécoslovaquix) Recrutemenx SBC (75).
Melmet SIMON
Né le 30-03-1909 à Merzig (Allemagnx) Recrutemenx SBC (75).
Janos SIMON
Né le 20-07-1906 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75)
Rubin SIMON alias Keimel †d MPFXd.
Né le 26-10-1908 à Bucarest Roiumanix recrutemenx SBC (75)) Simon Rubin dit
Mikel né 26/10/08 à Bucarest Déporté à Auchswitzx par le convoi n 40 au départ
de Drancy le 04/11/42. D 1000. G 639. S 4. De profession commerçant. Habitait
au 171 rue du Temple dans le 3e Arrondissement de Paris France.
Maximilien SIMONCIE
Né le 12-11-1914 à Hamborn (Allemagnx) Recrutemenx Valenciennes (59).
834
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Liaou SIMSI alias Elie


Né le 12-07-1907 (Grècx) Recrutemenx SBC (75) Mle 2862 —> SIMSI (Elie) 1907,
Salonique, 2’ cl. 21' R. I. Liste N 17.
Alexandre SINGER
Né le 28-05-1914 à Korcos (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Vladimir SIPKIN
Né le 12-09-1907 à Mogiler (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Laori SISSI
Né le ? à Salonique (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
==Abram SKORNIK (ou Albert SKORNIK)
Né le 10-03-1913 à Paljance (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Wolf SLAMOWITS
Né le 15-03-1910 à Crascinesli (Roumanix) Recrutemenx SBC (75)
Jean SLOIM (Jancu, Janou) †d MPFXd.
Né le 03-02-1907 à Piatrona (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> SLOIM (Jean)
3-2-07, Piatraim (Roumanie) 2' cl. 21’ R.I.V.E. Liste N 17. Sloim (Jancu) né 3/2/07,
Piatra Roumanie. Déporté par le Convoi 3 de Drancy, à Auschwitz le
22/06/1942. Dcd 10/8/42. Déportés 1000. Survivants 24.
==Iléra SLOIMOVICI
Né le 25-01-1907 à Kozavléa (Roumanix) Recrutemenx Versailles (78)
Henri SLOMOWITS
Né le 07-02-1908 à Sight (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> SLOMOVITS
(Henri) 7-2-08, Sight (Roumanie) 2' cl. 21' R. M. Liste N 17.
Szlama SLUCKI.
Né le 28-01-1906 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3715
Godalja SLUCKI (Gédalja) †g MPFXg
Né le 07-12-1901 à Pomiechovo Pologne, engagé à la Léion étrangère recruté SBC
(75) Mle 6107. Muté au 21e il est tué au combat le 29-05-1940 à Le Chesne, 08 -
Ardennes, France. Né 07-12-1901 à Somiechovv (Polognx) Seine bureau central
(75) recrutemenx Mle 6107
Médaille militaire de Sluicki (21e RMVE.
Pierre SMETANA
Né le 19-08-1897 à Petrograd (Russix) Recrutemenx SBC (75)
Theodor SMIRNOFF
Né le 25-01-1894 à Odessa (Russix) Recrutemenx SBC (75)

SMIRNOFF Valentin (Wladimir) SMIRNOFF Valentin (FORUM AFT40)


835
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

E.V.D.G. Né le 8-6-95 à Moscou Russix) 51 Il prend le commandement de la 9e Cie


le 26/5/40 —> SMIRNOFF (Wladimir) 6-95, Moskan, lieut-. 21’ R.I.E. Oflag XVII A.
List N 51. Il est libéré 11/8/41. Naturalisé le 12 juin 1947. Ancien officier de
l’Armée impériale russe,
Szymon SMOLARSKI
Né le 19-02-1906 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> SMOLARSKI
(Szimou) 18-2-06, Brzeziny (Pologne) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Jean SMOLGONOVIC
—> SMOLGONOVIC (Jean) 24-7-06, (Yougoslavix) Recrutemenx i cap. 21' R. I. Liste
N 17. Cap 10e Cie 3e Battaillon. Identité la plus proche trouvée : Jovan OLJANOVIE
né le 06-03-1906 à Dolnyt (Yougoslavie) (R.M.V.E.) Recruté bureau de Laon (02).
Probablement lui.
Georges SMOLIPICE
Né le 07-10-1905 à Hujeze (Polognx) Recrutemenx Châlons-en-Champagnr. 51).
Serge SMORSK ou SMIRKS

Serge SMIRSK
Lieutenant Prince Serge Smirsk, ancien officier de l’armée impériale russe. Noté
engagé au 21e RMVE (FORUM AFT40),mais pas trouvé dans les organigrammes.
s‘agirait-il de SMIRNOFF?
Jhil SMULERVICI
Né le 13-07-1909 à Kichineff (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> SMULEVICI
(Raoul) 13-7-09, Cusinan, 1’ cl. 21' R.I. Liste N 17.
Manoel SOARES
Né le 12-05-1908 à Barcelos (Portugax) Recrutemenx SBC (75).
== Charles SOBEL
Né le 28-12-1898 à Turka (Polognx) Recrutemenx SBC (75).S.C de la 10e Cie. Noté
blessé et évacué (Fiche Duvernay).
Daniel-David SOBOL (0u David SOBOL) ❤ G.R. 16 P 551721
Né le à 04.07.1909 Odessa Ukraine. Né le 14-07-1909 à Odessa (Russix)
Recrutemenx SBC (75). Naturalisé 1947.
Efraim SOBOTKA
/Né le 20-08-1905 à Sosnowice (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Paul SOKOLA
Né le 28-04-1898 à Putina (Yougoslavix) Recrutemenx Mâcon (71).
Clement SOKOLIK
Né le 23-01-1898 (Ukraine) (Russix) Recrutemenx SBC (75).
836
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

==Vitaly SOKOLOFF
Né le 13-08-1903 (Russix) Recrutemenx Nice (06).
Filipe SOLA
Né le 29-05-1913 à Osor (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
Juan SOLA SOLA
Né le 27-01-1917 (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Antonio SOLER
Né le 23-07-1918 à Vera (Espagnx) Recrutemenx Saint-Étienne (42)
Antoine SOLER
Né le 04-09-1911 à Barcelone (Espagnx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3933 —>
SOLER (Antoine) 4-9-11 Barcelone, 1'cl. 21’ R.M. 212/M8. Liste N 29. Appartenait
à la 2e section-de la 10e Cie 3e Bataillon.
Jean SOLIWODA
Né le 28-12-1899 à Thichanou (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Jck SOLNICA
Né le 18-01-1919 à Minsk (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Georges SOMLO
Né le 14-10-1909 à Timissara (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
Joseph SOMMER
Né le 14-07-1900 à Tapiosag (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —> SOMMER
(Joseph) 14-7-1900, Tapiossac-Pest (Hongrie) 2' cl. 21' R.I.V.E. Liste N 17.
Sandor SOMOGY
Né le 11-03-1906 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx Toulon (83).
Franz SONNENBERG
Né le 28-08-1915 à Düsseldorf (Allemagnx) Recrutemenx SBC (75).
Désire SOOZ
Né le 03-01-1902 à Petrograd (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Estaban SORIANO
Né le 19-09-1915 à Benageles (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
Victor SORIN
Né le 17-07-1917 à Thisinau (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> SORIN (Victor)
17-7-17, Chisinou, 2’ cl. 21' R.M. St. XI A. Liste N 44.
Gustave SOSEVICZ
Né le 01-09-1909 à Zavichost (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Pimpel SOSIEWICZ
Né le 28-08-1909 à Zabdowich (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Naturalisation de
Maurice Sosiewicz N V juin 1947.
Mordchay SOSNOWICZ
837
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 06-09-1908 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 5590 —>


SOSNOWICZ (Mardehaf) 6-9-08, Varsovie, 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Jacques SOSSINE
ŸFDX (naturalisé)(Russix) Recrutemenx i (Seine 4e) Lieutenant. Il appartenait à la
6e Cie (2e bataillon). Né le 2 décembre 1898 - Rostoff (Russie). Blessé 13 juin 1940
Sainte-Menehould. Capturé hôpital de St-Dié 22 juin 1940.
Bronislaw SOSSINKY
Né le 21-08-1903 à Lougansk (Russix) Recrutemenx Bordeaux (33).
==Ivan SOSTARIC
Né le 02-03-1904 à Guisce (Yougoslavix) Recrutemenx Thionville (57).
Maurice SOUDIEUX
—> SOUDIEUX (Maurice) ŸFDX 22/11/13, Tomblaine (M.et-M.) sergent 21e RM.
L 17. 9e Cie 3e Bataillon.
Francisco SOUSA (DE) Voir DA SOUSA (DE SOUZA).
Jean Willy SPAETTI
Né le 20-08-1918 à La Bregine (Suissx) Recrutemenx Pau (64).
Maden SPASSOF
Né le 10-03-1904 à Stoham (Bulgarix) Recrutemenx SBC (75).
Benjamin SPERLING †g MPFXg
Né le 12-07-1903 a Sjersza Polognx Recrutemenx SBC (75) Mle 1740. Noté Tué
(Chap. IV, Jean Roger TRUSSANT.
Aron SPIEVAK
Né le 03-01-1907 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Séruwel SPINDEL †g MPFXg
Né le 06-09-1913 à Debicka (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> SPINDEL
(Seinvel) 6-9-13, Debica, 2’ cl. 21’ R.I. 112. Mle 1819. 4e section 4e Cie. Disparu
depuis La Grange aux Bois (Document Duvernay). Supposé tué.
Chil SPINDLER
Né le 20-08-1898 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Charles SPINEDI
Né le 06-11-1907 à Boncourz (Suissx) Recrutemenx SBC (75) Mle 7248 —>
SPINEDI (Charles) 6-7-07, Boncours, Suisse, 2e cl. St XI A. Liste N 44.
Leib SPINER †d MPFXd
Né le 20-08-1894 à Tiatra (Roumanix) Recrutemenx SBC (75). SPINER Leib Léon
né le 20/08/1894 à PIABIA déporté par le convoi n° 55 le 23/06/1943 de Drancy
à Auschwitz. Déportés 1018. Survivants 72.
==Émile SPIRO
Né le 06-03-1908 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Appartenait à la S.C.
838
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

de la 10e Cie. Noté disparu depuis Neuville (Document Duvernay).


==Iéhoschna SPITZER
Né le 01-09-1914 à Bucarest (Roumanix) Recrutemenx Rennes (35) —>SPITZER
(Jean) 1-9-14, Bucarest (Roumanie) cap. 21' R. M. Liste N 17. Hans Habe cite
Spitzer, un juif.
Israel SPRING
Né le 30-04-1917 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> SPRING (Henri)
30-4-16, Paris, 2e cl., 21e R.I. St VI A Liste N 54.
Joseph STACHLER
Né le 13-06-1906 à Beograd (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Victor STACKOWSKI †g MPFXg Né le 23-06-1897 à Mieff (Ukraine) (Russix)
Recrutemenx Albi (81) Date du décès : 16/06/1940 Lieu : Mézières 08 91 —
Sainte-Geneviève-des-Bois 21e R.M.V.E. 75 — Paris 07 — Plaque commémorative
de la mairie.
Léon STAERMAN
Né le 16-01-1912 à Jassy (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
Charles STAINROD
Né le 05-05-1906 à Radom (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Et Sza
SZTAINGROD ???
Alphonse STALLER ou SRALLER
Né le 23-12-1917 à Barcelone (Espagnx) Recrutemenx SBC (75) Mle 1900 —>
STALLER (Alphonse) 23-12-17, Barcelone (Espagne.) cap. 21' R. I. V. E. Liste 17.
Yvan Robert Louis Marie Adolphe STALPORT †g MPFXg
Né le 12-03-1911 à Saint-Gilles-lès-Bruxelles BelgiquX) Recrutemenx Pau (64)
Légion étrangère puis 21e R.M.V.E. tué 15-6 1940 Sainte Menehould.
Savos STAMATATOS
Né le 01-08-1906 à Argostoli (Grècx) Recrutemenx SBC (75) Mle 1965 —>
STAMATATOS (Savas)1-8-05, Athènes, 1’ cl, 21’ R.l.E. 142 Liste N 33. 5e Cie.
Arnold STANDENMANN
—> STANDENMANN (Arnold) 2-10-12, Donneloye (Suissx) Recrutemenx i., cap.
21’ R.M.V.E. Liste N 70.
Vladimir STANISLAVSKY †g MPFXg
Né le 18-06-1902 à Karbine ou Kharbin (Russix) Recrutemenx SBC (75) Mort le 16-
06-1940 Appartenait à la 4e section de la 10e Cie Noté disparu dans le doc.
Duvernay. (Charleville-Mézières, 08 - Ardennes, France) Cause du décès : des
suites de blessures.
Simon STARIKOFF
Né le 31-01-1896 à Tchigorah (Russix) Recrutemenx Nice (06).
839
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Dimitri STARZEFF
Né le 04-06-1896 à Starzewa (Russix) Recrutemenx SBC (75) —> STARZEFF
(Dimitri) 4-6-96, Moscou, 2e cl, 1er R. P. 191 Liste 1911 (sans doute « 1er R.E ».
Jgnacy STEBELSKI
Francois STEFKO
Né le 05-12-1907 à Waneva (Allemagnx) Recrutemenx SBC (75). Fraiseur
tourneur. Décédé 1989 Voir à « Hegedus ».
Nicolas STEG
Né le 25-04--1910 à Budapest ou Erschujvar (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle
1975. 6e Cie.
Joseph STEIN †d MPFXd
Né le 06-04-1897 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75). [STEIN Joseph né
le 10/05/1897 à KITSINGEN déporté par le convoi n° 30 le 09/09/1942 à
Auschwitz. Décédé 10 août 1944? Déportés 1000. Gazés 909. Surviv 42.
==Lajos STEINBERGER
Né le 10-10-1908 à Bottralav (Hongrix) Recrutemenx Versailles (78) 11e Cie. —>
STEINBERGER (Louis) 10-10-08 Botpalad (Hongrie) cap. 21' R.I. Liste N 17.
Mayer STEINITZ
Né le 01-09-1897 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx Arras (62).
Samuel STEINLOFF †d MPFXd
Né le 15-03-1900 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Steinloff (Samuel)
né 15/3/1900 Varsovie. Déporté par le Convoi 5 de Beaune la Rolande, à
Auschwitz le 28/06/1942. Dcd 10/8/42. Déportés 1038. Survivants 35.
Szal STEINLOFF
Né le 06-12-1895 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Sadislas STEINNETZ Ou Laidlas STEINMETZ
Né le 30-05-1907 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 2953 —>
STEINNETZ (Ladislas) 30-5-07, Budapest (Hongrie) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Georges STEPHANON
Né le 04-02-1896 à Audrinople (Turquix) Recrutemenx Versailles (78).
Georges STERK
Né le 16-04-1920 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 199.
Gustave STERN
Né le 11-08-1914 à Kamarowka (Russix) Recrutemenx SBC (75) —> STERN
(Gustave) 11-8-14, Komarowka (Pologne) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Isidore STERN
Né le 17-12-1895 à Kemise (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Noé STERN
840
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 21-09-1897 à Kolbiel (Polognx) Recrutemenx SBC (75).


==Louis STEUERMANN
Né le 17-06-1906 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) 21e R.M.V.E. —>
STEUERMAN (Louis) 17-6-06, Budapest (Hongrie) 1' cl. 21e R.I. Liste N 17.
Eugène STIEL
Né le 01-07-1893 à Dusseldoff (Allemagnx) Recrutemenx Périgueux (24).
Ferdinand STOFFEL
Né le 07-03-1910 à Ciacma (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
Gedeon STOHR
Né le 05-12-1908 à Wallenried (Suissx) Recrutemenx Tulle (19).
Oscar STOHR ❤ G.R. 16 P 557514
Né le 21-07-1897 à Wallenried (Suissx) Recrutemenx Tulle (19).
Christoff STOJAM
Né le 14-09-1905 (Bulgarix) Recrutemenx Bourg-en-Bresse 01).
Wasyl STOLAR
Né le 27-12-1917 (Polognx) Recrutemenx Versailles (78).
Mosés Osias STORCH †g MPFXg
Né le 25 08-1908 à Hujeza (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3869 tué le
10/06/40 (Les Petites Armoises, 08 - Ardennes, France) SHDC.
Charles STORPER
Né le 13-02-1910 à Kolomia (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Pierre STRAUBHAAR
Né le 22-07-1907 à St Aubin (Suissx) Recrutemenx Auxerre (89).
Chaim STUDNIBERG †d MPFXd
Né le 03-11-1904 à Sosnavice (Polognx) Recrutemenx SBC (75) STUDNIBERG
Chaim-Joel né le 03/11/1904 à SOSNOVICE déporté par le convoi n° 2 le
05/06/1942 de Compiègne à Auschwitz Dép 1000. Surv 41.
—> STURBOIS Arthur Né le 10-10-10, Gossells (Belgiqux) Recrutemenx i 2e cl. 21e
R.I. List 17.
Manuel SUAREZ †d MPFXd
Né le 11-12-1904 à Canséco (Espagnx) Recrutemenx Pau (64). Venant du St. XII C
arrivée à Mauthausen le 14/05/1941 SUAREZ GONZALEZ Manuel né le 11-02-
1904. Dcd à Gusen le 22.10.1941.
Ramon SUAREZ
Né le 01-07-1916 à Madrid (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
José SUAREZ ANTUNEZ
Né le 23-04-1890 à Langres (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Josef SUCHAREZUK
841
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 15-05-1897 à Rowno (Polognx) Recrutemenx SBC (75).


Joseph SULYAN†g MPFXg
Né le 21-03-1913 à Pitvaros (Hongrix) Recrutemenx Valenciennes (59) tué le 12
06-1940 (Sainte-Menehould, 51 - Marne, France) Mention
Anatole SUNE
Né le 07-07-1919 à Barcelone (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Menasse SURMAN
Né le 1904 à Brest (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Guy Paul Delphin René SURPAS
ŸFDX Né le 24/4/1910 à Etterbeck Bruxelles Belgiqux Recrutemenx Versailles
Lieutenant 10e Cie. Il n’apparait pas sur le relevé de la 10e Cie fait par le capitaine
Fèlicien Duvernay prisonnier… Selon information fournie par la famille, en plus
des 4 enfants notés dans l’organigramme, il en a eu un cinquième, une fille le 11
mai 1941 Il est décédé le 15 août 1985.
Mayer SUSHOLZ
Né le 31-03-1897 à Bezerow (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Lazare SUSMAN
Né le 07-03-1896 à Opitenka (Russix) Recrutemenx Lille (59).
Abram SUSTOWSKI
Né le 03-11-1903 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
SWARTZ Israel †g MPFXg
Né le 12-01-1899 à Lendzicza (Polognx) Recrutemenx i Décédé le 06-1940 (Petites
Armoises, 08 - Ardennes, France).
==Abraham SWICARZ
Né le 23-01-1911 à Sosarovice (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Moszek SWIDERSKI (Armand) †d MPFXd
Né 15-11-1896 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 10575.
SWIDERSKI Maurice né le 15/11/1936 à VARSOVIE déporté par le convoi n° 60 le
07/10/1943 à Auschwitz. (Le 9 pris pour un 3?). Dep 1000. Surv 31.
Pierre SWIERGOZ
Né le 20-05-1905 à Cracovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Abraham SYMCKOWIECZ
Né le 16-12-1919 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 6066 —>
SYMCHOVIEZ (Abraham) 16-12-19, Varsovie, 2e cl. 21' R. M. Liste N 17. 3e sec. 10e
Cie (Doc Duvernay).
Srul-Mordka SYSCHOLC
Né le 10-07-1906 à Kaluszin (Polognx) Recrutemenx SBC (75)
Jules SZABO
842
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 16-12-1920 à Komadi (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —> SZABO (Jules) 16-
12-20, Komadi (Hongrie) 1’cl. 21’ R. M. V. E. Liste N 11.
Étienne SZABO EDELINYI
Né le 19-07-1908 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx Versailles (78) —> SZABO-
DE-EDELENYI (Étienne) 19-7-08, Budapest, 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Abraham SZACHER
Né le 10-10-1896 à Zodlinski (Polognx) Recrutemenx Limoges (87).
Hasziel SZACHTEL †g MPFXg
Né le 08-03-1908 à Kalisz (Polognx Recrutemenx SBC (75) Mle 9306 Légion —>21e
R.M.V.E. Mort le 17 mai (??) 1940 Nécropole Sainte-Menehould.
Icek-David SZADMAN (ou Scek SZADMAN) †d MPFXd.Né le 26-08-1910 à
Szydlowice (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Icek-David SZADMAN né le
27/08/1910 Szydlowice. Déporté à Auschwitz par le convoi n° 55 au départ de
Drancy le 23/06/1943. De profession Tailleur. 36, rue de Bagnolet 20e arrondis
PARIS. (France). Déportés 1018. Survivants 72.
Israel SZAFRAN
Né le 15-05-1906 à Lublin (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 14695 —>
SZAFREN (Israël) 15-10-06, Soublin (Pologne) 2' cl. 21' R. I. V. E. Liste N 17.
Szmul SZAIMAN
Né le 18-05-1907 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
==Giersz-Joël SZAJEWICZ
Né le 06-03-1903 à Konski (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Beirusz SZAJMAN †d MPFXd
Né le 17-11-1905 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Szajman (Bejrysz)
né 17/11/01 Varsovie, Dcd 22/8/42 Auschwitz Convoi 20 ou 21 ou 22 ?
==Israël SZARFSCHER
Né le 01-10-1905 à Berlin (Allemagnx) Recrutemenx SBC (75) Mle 6802
SZARISCHER (Israël) 1-10-05, Berlin, 1' cl. 21' R. M. V. E. Liste N 11.
Herszch SZEERMAN †d MPFXd
Né le 14-07-1903 à Zwolen (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Szeerman
(Herszekné 14/7/03 Zwolen, Dcd 3/7/42 Auschwitz. Convoi 5?
Alexandre SZEGAL
Né le 02-11-1913 (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Alexandre SZEINER
—> Alexandre SZEINER 20-5-08, Luck (Russix) Recrutemenx i cap. 21e R.I. List 17.
Abram SZERER †d MPFXd
Né le 16-07-1908 à Jamonice (Polognx) Recrutemenx SBC (75)
Szerer (Icik) né 15/7/08 Zarnowice. Ycyk Szerer est né à Zarnowiec, Pologne en
843
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

1908. Déporté par le Convoi 4 de Pithiviers, à Auschwitz le 25/06/1942. Dcd


30/6/42. Déportés 999. Survivants 51.
David SZERER †d MPFXd
Né le 7-06-1904 ou 1909 à Zarnowiec ou Zarnovile (Polognx) Recrutemenx SBC
(75) Mle 9689 —> SZERER (Daniel) 7-6–04, Zarnovise, 1re cl, 21e R.I. Liste N 7.).
SZERER David né le 04/07/1904 à GARNIVICE (Zarnovica?). Déporté par le Convoi
36, Train 901-31 de Drancy, à Auschwitz le 23/09/1942. Mort le ?-09-1942. .
Déportés 1006. Gazés 475. Survivants 26.
==Juda SZEROKOSE (Juda Szyman ou Szymon)
Né le 03-02-1910 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Stalag XII A.
Alexis SZEWEZUK
Né le 23-08-1905 à Silec-Benkuw (Polognx) Recrutemenx Châlons-en-Champagne
(51).
Basile SZEWEZUK
Né le 19-03-1907 à Sielec Bienkow (Polognx) Recrutemenx Châlons-en-
Champagne (51).
Nuta SZISTER †d MPFXd
Né le 18-01-1904 (?) à Rowno (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Szister (Nuta) né
29/12/03 Rowno, Dcd 3/7/42 Auschwitz. SZISTER Nuta né le 11/01/1904 à
ROWNO déporté par le convoi n° 5 le 28/06/1942 à Auschwitz.
Maurice SZLAGMAN (0u Uskek SZLAGMANN)
Né le 10-07-1905 à Josefow ou Jozejow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —>
SZLAGMAN (Moszek) 10-7-05, Joseffow, 2’cl. 2’ cl. 21’ R.M. Liste N 17.
==Abraham SZLAMKOWICZ
Né le 15-12-10 à Kalisz (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 9331 —>
SZLAMKOWICZ (Abraham) 15-12-10, Kalisz (Pologne) 2' cl, 21' R.Ï.V.E. List N 17.
Jcek SZLAK
Né le 05-02-1895 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Szlama SZLINGER
Né le 08-02-1910 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75 —> SZLINGER
(Azlama) 8-12-10, Varsovie ; 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Zelik SZMEKANOWSI
Né le 20-05-1907 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Michel SZMULEWICZ
Né le 13-07-1901 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 14785.
Waclaw SZMYGEL
Né le 17-11-1898 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx Bordeaux (33).
Jean SZNAJDER (Jcek)
844
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 11-11-1909 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> SCHNEIDER


(Isaac) 11-11-09, Parczen (Pologne.) 2' cl. 21' R. M. Liste N 17. N V avril 1947
Sznajder Icek : livret militaire.
==Abraham SZNAJDERMAN
Né le 01-02-1904 à Leczna (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Szlama SZNAJLEDER
Né le 27-08-1914 à Laskarzen (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Chaim SZNAPER
Né le 02-07-1916 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Hersz SZNEYDLEDER
Né le 11-02-1908 à Lasko (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Benjamin SZNITKIES †d MPFXd
Né le 27-05-1913 à Grodna (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Snitkies (Benjamin)
né 27/5/13 à GRODNO, Déporté par le convoi n° 4 le 25/06/1942 de Pithiviers à
Auschwitz. Dcd 30/6/42. Déportés 999. Survivants 51.
Abraham SZPAJZMAN
Né le 01-11-1900 à Radom (Polognx) Recrutemenx Thionville (57).
Leib SZPAJZMAN
Né le 08-12-1907 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Abram SZPAK
Né le 03-05-1909 à Biala (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Srul SZPECKTOR
Né le 05-11-1894 à Wohyn (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Abram SZPERLING †g MPFXg
Né le 13-09-1913 à Klobinsk (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 11459 Mort le
09-06-1940 (Petites-Armoires, 08 - Ardennes, France) Tué par éclats d’obus - 08 -
Floing - Nécropole nationale.
Chaim SZPIRO (ou Thaim)
Né le 17-11-1906 à Przesborg (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 7703 —>
SZPIRO (Chim) 17-11-06, Przelborg (Pologne.) 2' cl. 21’ R.M.V.E. List N 20.
Mendel SZPIRO
Né le 28-04-1919 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
==Samuel SZPITALNIK
Né le 24-03-1914 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). SZPITALNIK Szmul
né le 24/03/1914 à VARSOVIE déporté par le convoi n° 26 Train 901-21 le
31/08/1942 de Drancy à Auschwitz. §d Libéréx. Déportés 1000 Gazés 961. S 17.
Ferdinand SZRAGA
Né le 22-09-1896 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
845
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

==Julien SZTAJMAN
Né le 11-03-1911 à Offenbach (Allemagnx) Recrutemenx SBC (75) Symcha
SZTAJNBAUM †d MPFXd
Né le 18-12-1904 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75 Symcha Sztajnbau
est né à Warszawa, Pologne en 1904. Déporté par le Convoi 6 de Pithiviers à
Auschwitz le 17/07/1942. DCD ? /2/1943. D 928. S 18.
Lejbus SZTAINFELD
Né le 19-10-1904 à Treno (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Szja SZTAJNGROD
Né le 05-05-1906 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 5853 —>
SZTAENROD (Szyja) 5-5-05, Radom (Pologne) 2' cl. 21’ R. M. V. E. Liste N 17.
Lipman (Léon) SZTAJNBERG (Lipman (SZTAJBERG)
Né le 31-07-1906 à Rawa (Polognx) Recrutemenx SBC (75) 1er RMVE.
N.V. N°32 : Léon STAINBER :2/9/19 « Le 21° R.M.V.E. subit de fortes pertes (mon
père qui en faisait partie, et que j'ai eu la chance de revoir après 5 ans de
captivité, m'a raconté ce que furent les combats et la peur au ventre, sous la
mitraille, au fond d'un fossé. »
Uevacjea 11/9/1919 LÉON STAINBER : « ...Lipman (Léon) SZTAJNBERG qui a été
francisé en Lipman STAINBER lors de sa naturalisation française en 1947. Il a été
tailleur à domicile puis habilleur en boutique. Naissance 31 juillet 1906 à Rawa-
Mozowska en Pologne. Il avait 6 sœurs. Il décède le 25 octobre 1986. Fils de
SZTAJNBERG Bendet tailleur et marchand forain, décédé en 1942 et de Marjem
Pitel décédée en 1917 Il arrive en France en 1930 et se marie peu de temps après
avec safiancée Razja Perla (Rose) GOLDBERG née en 1905, décédée le 5 octobre
1989, venue le rejoindre. Ils eurent ensemble 3 enfants : Ma sœur Madeleine (7
novembre 1937-2015) Mon frère Albert (25 juin 1934) et moi Joseph-Henri
Stainber (29 mars 1933). En 1939, conscient de la guerre qui approche et
sensibilisé par les pogroms et la répression qu'il a vécu en Pologne et à l'exemple
de 25 000 autres juifs, il quitte sa famille et son travail pour défendre la France,
terre d'asile qui l'a accueilli et lui permit de vivre en 1930. Il part par la gare de
l'Est. Après une brèves et insignifiante formation il est envoyé sur le front après
avoir passé par Rivesaltes et le Barcarès. Il sera rapidement fait prisonnier et
envoyé au Stalag IV A près de Dresde en Saxe. Il y restera près de 5 ans.
Simon SZTAJNBERG
Né le 30-07-1906 à Rawa (Polognx) Recrutemenx SBC (75)
Szlama SZTAJNBERG
Né le 19-02-1914 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> SZTAJNBERG
(Szlama) 19-2-14, Varsovie, 2' cl. 21' R. M. Liste N 17.
846
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Herszko SZTAJNERNé le 15-07-1913 à Wlnym (Polognx) Recrutemenx SBC (75).


Hersz SZTAJNFELD
Né le 31-01-1906 à Varcoei (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Moszek SZTANKE (ou STARKE)
Né le 09-11-1906 à Rypin (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 11421 —>
SZTANKE (Maurice) 9-11-06, Kypin (Pologne) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17. N V juin
1947 ; nationalisation.
Chaim SZTANKRYCER
Né le 14-11-1914 à Kraczik (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> SZTAJNKRYCHER
(Chaim) 11-11-14, Krsanick (Pologne) 2’ cl. 21’ R.I.
Paul SZTANO
Né le 13-04-1893 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Benjamin SZTANTMAN
Né le 24-01-1911 à Siedlec (Polognx) Recrutemenx Lille (59).
Wolf SZTARGARD †d MPFXd
Né le 27-09-1897 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Stargard (Wolf) né
27/9/97 Varsovie, Dcd 27/7/42 Auschwitz. ZTARGARD Wolf né le 27/09/1897 à
VARSOVIE déporté par le convoi n° 9 le 22/07/1942 à Auschwitz.
Moske SZTARGAT
Né le 12-08-1895 à Radszyn (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Benjamin SZTARKMAN
Né le 08-05-1909 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Nationa avril 47.
David SZTATTLER
Né le 06-06-1909 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
==Jankiel SZTROCH
Né le 30-03-1904 à Nowo Minsk (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 2529
décédé le 4-7-1970.Zelman SZUAJDERMAN
Né le 15-03-1899 à Lublis (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Joseph SZUBAK
Né le 15-02-1916 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Baruch SZUFIAN
Néen 1893 à Vilno (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 4708.
Joseph SZULACK
Né le 21-05-1895 à Memesirets (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Godel SZULC (ou SZULE)
Né le 01-12-1902 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 2531.
Morduch SZULMAN
Né le 15-06-1910 à Vilno (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
847
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Szulim SZUMACHER
Né) le 18-06-1911 à Amapol (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> SZUMACHER
(Szulim) 18-6-10, Amnopol (Pologne) 2' cl. 21’ R. I. Liste N 17.
Hensch SZUSTER
Né le 23-06-1899 à Biala (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Maurice SZUSTERKAC
Né le 15-06-1917 à Chelm (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> SZUSTERKAC
(Maurice) 15-6-17, Chelm, Cap. 1er R.R. St. XVII B Liste N 98.
Israel SZWARC †d MPFXd
Né le 12-01-1899 à Lenczyca (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Israel Szwarc est né à Lenczyca, Pologne en 1899. Il était Commerçant. Déporté
depuis Lille par le convoi 84 le 11 septembre 1942, puis le 15 septembre 1942
par le Convoi X depuis la Caserne Dossin à Malines, Belgique, jusqu’à Auschwitz
le 15/09/1942.
Natys SZWARC
Né le 06-09-1904 à Zamosi (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> SZRVARC (Marc)
6-9-04, Zamoc, 1’cl. 21’ R. I. E. Liste N 26.
Henri SZWARCENBERG (ou Herszek SZWARCENBERG) (177)
Né le 15-05-1909 à Piaseczno (ou Varsovie) (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —>
SZWARCEMBERG (Herzeck) 15-5-09, Piasech, Pol. 2' cl. 21' R.I.V.E. L. N 17.
Majlech SZWARCKOPF †d MPFXd
Né le 26-03-1902 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Szwarckoff
(Majlech) né 3/3/02 Varsovie. SZWABKOPH Majlesk né) le 26/03/1902 à
VARSOVIE déporté par le convoi n° 6 le 17/07/1942 de Pithiviers à Auschwitz.
Dcd 4/8/42. Décédés 928. Survivants 18.
Andréi SZWZED
Né le 11-11-1905 à Denkowice (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Alter SZYCHTER †d MPFXd
Né le 14-12-1899 à Stara Kuznica (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 9528.
Szychter (Alter) né 14/12/99 Stara Kuznica. Déporté par le convoi n° 51 le
06/03/1943 de Drancy à Lublin Maidanek. Dcd 11/3/43. Dcd 998. Surv 4.
David SZYDLOWICZ
Né le 18-05-1908 à Sziedlce (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> SZYDLAVIEZ
(David) 15-5-08, Siedlec (Pologne) 2' cl. 21' R M. Liste N 17.
Jankuel SZYFMAN dit YANG❤ †d MPFXd.
Né le 31-12-1909 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) U.J.R.E. 1946 Yang
né en 1910 à Varsovie, SZYFMAN de son vrai nom. (D’après la biographie par
Moshé Schulstein Izkor buch » U.J.R.E. 1946 : Études au Heder. Émigré en
848
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

1924avec ses parents en Palestine. Banni en janvier 1931 par les Britanniques
pour activités révolutionnaires, il revient en Pologne. Il y exerce à Varsovie divers
métiers. Il collabore aussi à la « Tribune littéraire ». Souvent en prison pour ses
activités politiques. Part à Paris en août 1936. Collabore à la « Naïe Presse » et au
« Parizer Journal. En 1939, il édite son livre « Oyf schwern grunt » et la même
année il s’engage volontairement dans l’armée française. Il fait ses classes à
Barcarès, mais il est démobilisé pour une grave maladie des yeux. Sous
l’occupation allemande, il vit à Paris avec sa femme Chawa dont il a un fils Albert
en 1941. Plus tard réfugié dans la sois-disant zone libre il est arrêté avec sa femme
et son fils dans l’Indre. Ils s’échappent du camp de Douadic. Après un long périple,
ils trouvent refuge en Savoie. Lorsque les Allemands prennent contrôle de la
Savoie, Yankl entre en résistance. Arrêté en mission en novembre 1943 à
Chambéry, il est déporté à Auschwitz-Birkenau, gazé le 25/11/43. Convoi 62.
Famille Szyfman - Jankiel Szyfman est né en Pologne en 1909, communiste,
écrivain et journaliste, son épouse Chawa et leurs fils Albert, né en 1941, quittent
Paris pour Aigurande (Indre). Arrêtés lors des rafles du 26 août 1942, ils sont
internés au camp de Douadic. Libérés, ils arrivent début 1943 à l'hôtel Beauséjour
à Aiguebelette. Jankiel est arrêté le 13 novembre 1943 à Chambéry et sera
déporté sans retour vers Auschwitz par le convoi n° 62 le 20 novembre 1943.
Chawa Szyfman reste à Aiguebelette jusqu'à la libération puis retourne à Paris
avec Albert. AJPN
Moszko SZYLER (Maurice) †g MPFXg
Né le 02-02-1914 à Gralowitz ou Grobowics (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle
11809 tué le 23-06-1940 (Colombey les Belles, 54 - Meurthe-et-Moselle,
France). Tué au combat. Corps transféré au cimetière de Bagneux.
==LejbSZYLEWICZ
Né le 23-07-1914 à Lublin (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> SZYLOWICZ (Léon)
23-7-14, Paris, 23 cl. 51e R.M.I.C. St. XI A Liste N 43.
Joseph SZYLOWICZ
Né le 15-06-1913 à Chedletz (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Eric SZYMA
Né le 19-01-1914 à Miedev (Polognx) Recrutemenx Thionville (57).
==Majer SZYNDELMAN ❤
Né le 14-04-1912 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). SZYNDELMAN
Majer déporté par le convoi n° 1 le 27/03/1942 de Drancy à Auschwitz. §d
Libéréx le ?
Meer TABAKOW
Né le 23-01-1908 à Witebsk (Russix) Recrutemenx SBC (75) Mle 7021 —>
849
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

TABAKOW (Meer) 23-1-08, Witebsk, 2' cl. 21' R.M.V.E. Liste N 18.
==Nicolai TABURA
Né le 7-12-09 Venevusal (Russix) Recrutemenx SBC (75) Mle 1980. Déporté le 24
septembre 1942 TABURA Nicolas né le 07/12/1909. Prison de Karlsruhe. §d
Libéréx le ?
Aram TACHACALIAN
Né le 20-07-1903 à Adana (Arménie) (Russix) Recrutemenx Epinal (88).
Léon TADEOSSIAN
Né le 22-8-11 Tiflis URSS Géorgie= (Russix) Recrutemenx Versailles (78).
Maurice TAJBLUM (Srul TAYBLUM)
Né le 15-03-1907 Zelzckow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 6267.
Eugène TAKACS
Né le 05-08-1909 à Csepel (Hongrix) Recrutemenx Lille (59).
Herbert TALMUD
Né le 10-03-1916 à Zizkov (Tchécoslovaquix) Recrutemenx SBC (75) Mle 3627 —
> TALMUD (Herbert) 10-3-16, Prague, 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
TAMBOUR
Sergent-chef major du 21e RMVE. ŸFDX.
Ber TANUSZEWIEZ
Né le 06-05-1910 à Grodno (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> TANASZEWICZ
(Ber) 6-5-10, Grôdno (Pologne) 2’ cl. 21' R. M. V. E. Liste N 11 Stalags VII A, IV B.
Onnik TARAKDJIAN
Né le 04-08-1908 à Istamboul (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Sarkis TARAKDJIAN
Né le 10-03-1913 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75). Hersch Né le
10-03-1913 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Hersch TAUBER
Né le 25-10-1899 à Haviez (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Ferreira TAVARES
Né le 23-10-1906 à Gertero (Espagnx) Recrutemenx Alençon (61)
Enrique TAVIO
Né le 18-11-1912 à Las Palmas (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66)
Boruch TCHAPKA ou TEHAPKA †d MPFXd
Né le 05-04-1906 à Kaluszyn (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> TCHAPKA
(Borruch) 5-4-06, 2' cl. 21’R.M.V.E. 161. Liste N 41. Tchapka (Boruch) né 5/4/06
Kaluszyn. Déporté par le convoi n° 71 le 13/04/1944 de Drancy à Auschwitz Dcd
18/4/44. Déportés 1500. Survivants 105.
Wilhem TCHAPPSKY ❤ G.R. 16 P 563856
850
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né 06-08-1925 (Oh ! 1905) à Riga (Lettonie)FFI. Né le 06-08-1905 à Riga


(LettoniX) Recrutemenx Montpellier (34). Appartenait à la 4e section de la 10e
Cie. Disparu depuis Vaucouleurs selon Duvernay....
Eisig TEICHMAN †d MPFXd
Né le 17-03-1907 à Sialcki (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> TEICHMAN (Eisy)
3-3-07, Siauki, 2' cl. 21e R.I.V. E. Liste N 17. TEICHMAN Eisig né le 17/03/1907 à
SIANKI déporté par le convoi n° 68 le 10/02/1944 de Drancy à Auschwitz.
Déportés 1500. Survivants 42.
==Ulrich TEITLER
Né le 04-05-1911 à Alt Mamajesti (Roumanix) Recrutemenx SBC (75). TEITLER
Ulrich né en 1911 déporté par le convoi n° 1 le 27/03/1942 de Drancy à
Auschwitz §d Libéréx. Déportés 1112. Survivants 19.
Smul TELLER
Né le 18-02-1910 (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Stalag II B —> TELLER (Smul)
18-2.-10, Varsovie (Pologne) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Jésus TELLO
Né le 25-12- 1901, Recrutemenx Perpignan. Le capitaine Duvernay signale dans
son relevé : « Tello » de la 2e section de la 10e Cie. Disparu depuis Neuville comme
Fogel, Hershorn.
Abraham TENENBAUM
Né le 16-06-1899 à Jaudrey (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Jankiel Jacques TENENBAUM
Né le 05-09-1920 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 5947 —>
TENENBAUM (Jacob) 5-9-20, Varsovie (Pologne) 2' cl. 21' R. I. Liste N 17.
Zlama TENENBAUM
Né le 10-09-1910 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 9259. —> ?
TENNEBAUM (Szama) 14-1-10, Varsovie, (Pologne) Recrutement i, 2' cl. 21'R. I.
Liste N 17
Szyia TENENBAUM †d MPFXd
Né le 12-08-1906 à Reinbertow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 1190.
Tenenbaum (Szyja) né 12/8/06 Okuniew. Szyja Tenenbaum est né à Rembertow,
Pologne en 1906. Déporté par le Convoi 5 de Beaune la Rolande, à Auschwitz le
28/06/1942. Dcd 3/7/42. Déportés 1038. Survivants 35.
Abram TENGER
Né le 16-06-1911 à Kalisy (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Joseph TEPER †d MPFXd ❤ G.R. 16 P 564905
Joseph TEPER, Joseph né le 30.09.1907 Rawa Mazowiecka. Né le 30-09-1907 à
Rowa (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Teper (Joseph, Menasze) né 30/9/07 à
851
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Rawa, Dcd 29/8/42 Auschwitz. TEPER Joseph né le 30/09/07 à RAWA déporté par
le convoi n° 23 Train 901-18 le 24/08/1942 à Auschwitz. Déportés 1000. Gazés
908. Survivants 23.
Szmul TEPER †d MPFXd
Né le 10-06-1918 à Rowa (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Teper (Szmul, Idel) né
10/6/13 à Rowa-Mosowieche. Déporté par le convoi n° 6 le 17/07/1942 de
Pithiviers à Auschwitz. Dcd 22/7/42. Déportés 828. Surv 18.
Daniel TERENTIENS
Né le 16-12-1892 à Bakour (Russix) Recrutemenx Arras (62).
François TERNEUS
Né le 22-09-1902 à Orcha (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Israël TERNIAK
Né le 22-09-1902 à Orcha (Russix) Recrutemenx SBC (75) Mle 11878 —>
TERNIAK (Israel) 22-9-02, Orcha, (Russie) 2’ cl. 21' R.M.V.E. Liste N 11.
Dominique TESSERACH
Né le 02-08-1905 à Lausanne (Suissx) Recrutemenx Lyon (69).
Samuel TESTYLGER (ou Israël) †d MPFXd
Né le 01-01-1899 à Plawn (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Testyljer (Israël,
Sauel) né 1/1/99 à Plawno Pologne. Déporté par le Convoi 2 de Compiegne, à
Auschwitz Birkenau, le 05/06/1942. Dcd 26/6/42. D 1000. S 41.
Georges TÉTAUD
—> TÉTAUD (Georges) ŸFDX 15-8-14, La Rochelle, serg. -ch. 21e R.I. L 17. 5e Cie.
Jules TEYS
Né le 11-02-1893 à Gand (Belgiqux) Recrutemenx Lille (59).
Nicolas TEZERA
Né le 14-08-1919 à Canarias (Espagnx) Recrutemenx Pau (64)
—> THAHAY (Francis) ŸFDX 23-2-10, St-Léger, serg. -c, 21' R.L St. XIA. List 44.
—> THENIER (Maurice) ❤ G.R. 16P 567015
ŸFDX Né le 2-3-13, Angers, serg. -chef, 21e R.I. List 17. —>Maurice Thenier alias
Tallien Giraud Gaillard né le 2.3.1913 a Angers- Maine et Loire, France. FFI.
Marcel Henri THEVOZ
Né le 05-08-1911 à Lausanne (Suissx) Recrutemenx SBC (75) Mle 11130 —>
THÉVOZ (Marcel) 5-8-11, Lausanne, 2’ cl. 21’ R.I. St. VI F. Liste N 61.
Reinold THIEL ❤ G.R. 16 P 568354

852
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 06-05-1910 à Neufchâtel (Suissx) Recrutemenx SBC (75) Mle 5844. Le


colonel Debuissy avait à la bonne un Suisse, Reynold Thiel, né à Neuchâtel en
1910, et lui avait demandé de former la musique du régiment « Thiel le rouge ou
double Mètre » (il mesurait un mètre quatre-vingt-dix) pianiste et espion
communiste, venait des Brigades internationales. Thiel s’était engagé au 21e
régiment de Volontaires étrangers dès le premier septembre alors que la guerre
commençait par l’assaut allemand contre la Pologne. Il suivait le mot d’ordre du
parti communiste : il fallait apprendre le métier des armes en vue de la lutte qui
se préparait en France.
Pour former la musique, Thiel fit jouer ses relations. Il convainquit Edwige
Feuillère de remettre un cadeau à chaque homme du régiment pour Noël. Pour
lamusique, il fallait des instruments qui coûtent cher : Thiel obtint un don
généreux de l’héritière des grands magasins Macy’s à New York. (Journal Le
Temps ; Thiel, un communiste méconnu. Alain Campiotti). Thiel fut démobilisé n
avril 1940 sans qu’on sache les circonstances. Reynold Thiel fera de la résistance
dans le Morvan.
Le 4 septembre 1963, il fait partie des 80 passagers tués dans l'explosion d'un
appareil Caravelle de Swissair. Le Neuchâtelois Thiel était couturier et pianiste
virtuose avant d’être communiste. Il était aussi compositeur. Fin 2008,
début 2009 quelques partitions de Thiel ont été retrouvées, un quatuor, des
pièces pour piano et des poèmes mis en musique (LeTemps).
==Victor THYS alias Victor
Né le 11-05-1908 à Liège (Belgiqux) Recrutemenx Versailles (78).
Adolf TIEFENBRUN
Né le 18-08-1910 à Tarnow (Polognx) Recrutemenx Pau (64) —> TIEFENBRUN
(Adolf) 18-8-10, Tarnow (Pologne) 1'cl. 21' R. I. Liste N 17.
Serge TIMOCHINE
Né le 04-04-1902 à Penza (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Jacques TINI
Né le 08-06-1908 à Rimini (Italix) Recrutemenx Versailles (78).
Rade TISMA
Né le 23-03-1907 à Jvosener (Yougoslavix) Recrutemenx Laval (53) —> TISMA
(Hadé) 23-3-07, Ivosevei, cap. 21' R.M. St. XI A.-Liste N 44.
Basil TITUS
Né le 16-04-1904 à Lubieza (Ukraine) (Russix) Recrutemenx Versailles (78).
Pinkus TOBJASZ
853
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 16-10-1907 à Bzieny (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 4091 —> TOBYASZ
(Pinkus) 16-10-07, Pologne 2' cl. 21' R.I. 190. Liste N 56.
Joseph TOCK
Né le 22-04-1911 à Porrentruy (Suissx) Recrutemenx Lyon (69) Détail engagé le
05/12/1939.
Simon TOKAREFF
Né le 03-02-1907 à Wladymierska (Russix) Recrutemenx SBCl (75) Mle 7082 —>
TOKAREFF (Simon) 3-2-07, Wladimirska (Russie) 1' cl. 21' R I. Liste N 17.
Témoignage de Léon de Rosen : « Le speaker, notre camarade Bassompierre,
annonce la danseuse Tokareva qui interprète “La Mort du Cygne”. Et paraît
Tokareff, un volontaire russe qui est déguisé en ballerine d’une façon si heureuse
que personne ne le reconnaît ! “Elle” danse et la scène entière s’anime de ses
gracieux ébats. C’est court, rapide et charmant, le public est enchanté. »
Szyman TOKARZ
Né le 18-12-1905 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Gustave TOMASI
Né le 28-04-1908 à Trente (Italix) Recrutemenx SBC (75) Mle 4957 Tramontane
1946 : votre camarade Tomasi cherche un emploi.
Salomon TON
Né le 14-05-1906 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 15725.
==Abram TOPOR
Né le 21-06-1906 à Kolbiel (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 2535.
Israël TOPOZ
Né le 10-08-1918 à Wloszezouza (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 7461 —>
TOPOZ (Israël) 10-8-18, Wloczozwa (Pologne) 2' cl. 21' R. I.
Isy TORCZYNSKI Ou Israel.
Né le 06-09-1914 à Radom (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 5783
Citation à l’ordre de la Brigade : Soldat d’un grand courage. Le 21(31 ?) mai 1940
a été blessé en effectuant une mission de liaison sous le feu violent de l’ennemi.
Hans Habe (Il doit s’agir d’Isy ci-dessus ?) l’a d’abord connu à la caserne de la
porte de Clignancourt le 18 octobre 1939 : « Le Juif polonais Samuel Torczynski
qui ressemblait au Juif de l’Est dépeint par l’hebdomadaire nazi der Stürmer… » :
« Je venais juste d’être relevé de mon quart et j’étais allongé près de mon abri
avec près de moi Torczynszky. C’était un tailleur juif polonais de petite taille
venant de Galicie (Radom). Durant la période d’entraînement, il n’avait pas gagné
de lauriers. Quand il présentait les armes ou marchait dans la parade, il semblait
plutôt empoté. Il oubliait toujours de saluer le drapeau et tirait toujours à côté de
lacible. Mais une fois sur le front, il fut transformé. Il n’était jamais fatigué de
854
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

marcher et il transportait le havresac de bien des camarades grands et forts. On


le voyait souvent chargé comme une mule, car beaucoup abusaient de sa bonne
nature. À la tombée de la nuit, revenant de creuser des tranchées et des abris sur
la ligne de front, il pouvait aussi bien s’asseoir pour recoudre mes pantalons
déchirés, mettre à l’aide de vieux morceaux des pièces sur les trous aux genoux
ou aux fesses. Quand il allait au ruisseau, nettoyer sa gamelle, un énorme
récipient en tôle avec un couvert accroché, il prenait cinq gamelles de plus
appartenant à des camarades et les lavait aussi.

Torczynski Notre Volonté mars 1952


Voilà qu’il reposait à mon côté, me racontant l’histoire de sa vie. Il me parla
de son village natal en Pologne, de son voyage à Paris, de ses onze frères et sœurs.
Pas un membre de la fratrie ne savait ce qu’il en était devenu des autres. En
Pologne, la maison familiale avait été confisquée par les autorités. On lui avait
refusé un passeport, bien que son père se fût distingué dans les luttes de la
Pologne pour son indépendance. Le petit Torczynszky avait l’âge de dix-sept ans
lorsqu’il se mit à rêver de la France, terre de la liberté. Il se sauva de Pologne,
mais entre la Pologne et la France, il fut arrêté en Allemagne en traversant la
frontière.
Finalement relâché, il marcha la nuit et se cacha le jour. Il travailla et gagna de
l’argent, ce qui lui valut d’être déporté à Bruxelles. Là, il vendit sa montre et
envoya la moitié de ce qu’il possédait à son père. Il fit de la contrebande. À dix-
huit ans, sans avoir commis de véritables crimes, il avait déjà goûté aux geôles
allemandes, hollandaises et belges. Il avait aidé une femme à accoucher dans une
grange. Il avait appris à combattre pour son droit à la vie et à se passer des biens
superflus.
Huit mois avant la déclaration de guerre franco-britannique, il était arrivé âgé
de dix-neuf ans à Paris. Il commença à gagner sa vie et, tombant amoureux de la
Ville Lumière, il demanda à sa mère de le rejoindre. Comme seule pièce
d’identité, la France lui remit un ordre d’expulsion ; il s’engagea donc dès le
premier jour de la guerre.
Les volontaires pour poser des mines se rassemblèrent sur un petit sentier dans
le bois à quelques mètres de mon abri. Ils étaient trente-cinq, parmi lesquels
Hegedüs, un tailleur hongrois, Spitzer, un Juif roumain, Ramos, un réfugié
espagnol, Da Souza, un mineur portugais. La plupart des volontaires pour la pause
des mines étaient des Galiciens des ghettos polonais. Aucun d’entre eux ne savait
présenter les armes ou porter un drapeau, mais tous ces Isaac Purlich et Moses
Kleinmann se portaient volontaires quand existait une tâche ardue à accomplir.
855
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

J’entendais Castaner crier et frapper les buissons de sa cravache. Darroussat


faisait des plaisanteries et donnait des renseignements pratiques. Le lieutenant
Imbach approcha de mon abri, s’arrêta et cria à travers les buissons :
— Castaner ! Avez-vous de la place pour un autre homme ?
— Oui.
Torczynszky se leva. Il savait ce que cela signifiait pour lui. Imbach portait le
casque que son père avait porté à la Grande Guerre, c’était un casque allemand.
— Donc, Torczynszky, vous vous joignez au groupe. En avant, Torczynszky, ça
vous fera une belle promenade ! (27 mai 1940 ? 31 mai ? i). J’accompagnai le
petit tailleur polonais jusqu’à la route. Les trente-six hommes passèrent devant
moi. À ceux que je connaissais, je dis “merde” et secouai la tête avec eux. Ils
avaient tous le regard tendu et lointain. Aucun d’eux ne laissait voir de signes de
peur. Ils avaient l’air d’hommes contemplant un autre monde. Seul le vieux
Darroussat avec son visage buriné et travaillé comme du vieux cuir sifflota en
passant : la mort et lui, tous deux étaient de vieilles connaissances.
Torczynszky fut le dernier à passer. Il n’était pas pâle et il transportait sur ses
épaules étroites les pelles de deux de ses camarades. Je lui dis “merde” et nous
nous serrâmes les mains. Cette nuit-là, partant de Tannay, les Allemands firent
une première poussée sur nos lignes. Ils surprirent nos poseurs de mines dans
leur travail et les soumirent au feu de leurs mitrailleuses. Cinq Volontaires ne
revinrent pas. Parmi eux était Samuel Torczynszki. »
Joseph TORCZYNSKI (Josek) †d MPFXd
Né le 22-03-1906 à Radom (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle
3866,. TORCZYNSKI Josek né le 07/09/1906 à RADOM déporté par le convoi n° 3
le 22/06/1942 de Drancy à Auschwitz. Dcd le 31 juillet 1942.
Juan TORMO
Né le 30-11-1908 à Barcelone (Espagnx) Recrutemenx SBC (75). Déporté. Arrivée
du 28/05/1941 à Mauthausen venant du Stalag I B Hohenstein Mle 72876. Juan
TORMO MARTI venant du stalag V A arrive à Mauthausen le 6/6/1941 à
Mauthausen Il est §d Libéréx à Mauthausen le 05/05/1945.
Emile TORNARE
Né le 05-12-1898 à Pomerat (Suissx) Recrutemenx Besançon (25) Détail engagé
le 15/04/1940 —> TORNARE (Émile) 5-12-89, Pomerats, Suisse, 2e cl. 1er B.E. 124
List38.
Alexandre TOROPOFF
Né le 15-02-1894 à Vladimir (Russix) Recrutemenx SBC (75) Mle 4784.
Kirkor TOROSH
Né le 07-08-1898 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75) Mle 4869.
856
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Paul TORRENT
Né le 16-08-1916 à Arbon (Suissx) Recrutemenx Vesoul (70).
Séraphin TORRENT
Né le 20-04-1920 à Arboz (Suissx) Recrutemenx Besançon (25) et Vesoul (70)
Engagé le 14/11/1939.
==Marcano TORRES
Né le 01-10-1907 à San Carlos (Espagnx) Recrutemenx SBC (75) —> TORRES
(Marius) 1-10-07, Îles Baléares, 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
José TORRES BUIRA (ou TORRES BUIRAS)
Né le 22-03-1918 à Seira (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Léopoldo TORTOSA GONZALEZ †d. MPFXd
Né le 24-03-1913 à Alicante (Espagnx) Recrutemenx Pau (64). —> TORTOSA
(Léopold) 23-3-13, Alicante (Espagne) 2e cl. 21e R.M.V.E. Liste N 11. Venant du
Stalag VII A arrive à Mauthausen le 31/8/41 TORTOSA GONZALEZ Leopoldo né le
23 ou 24.03.1913 à Alicante ou Hondon de las Nieves. Dcd le 29.12.1942 à Güsen.
Alfred TOSELLO
Né le 02-08-1887 à Soleras (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Jules TOTH
Né le 02-12-1901 à Sigok (Hongrix) Recrutemenx Nantes (44).
Béla TOTIS (ou Beal TOTIS) †d
Né le 26-02-1895 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 4751. Bela né)
le 26/02/1895 à BUDAPEST déporté par le convoi n° 60 le 07/10/1943 de Drancy
à Auschwitz. MPFXd. Déportés 1000. Survivants 31.
Boris TOULOUBIEFF
Né le 20-03-1918 à Kamenpol (Polognx) Recrutemenx Montauban (82).
Oleg TOUROWSKY
Né le 09-03-1897 à Iskow (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Albert TRAFINA
Né le 29-01-1906 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx Epinal (88).
Wigdor TRAGARZ †d MPFXd
Né le 10-05-1899 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 15856. TRAGARZ
Victor né le 10/05/1899 à LODZ déporté par le convoi n° 49 le 02/03/1943 à
Auschwitz. Dcd 7/3/43. Déportés 1000. Survivants 6.
Chaim TRAJMAN †g MPFXg
Né le 15-10-1904 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Tué le 08-06-1940
(51 - Marne, France)
Majer TRAJMAN †d MPFXd
Né le 02-06-1913 à Leczno (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Auschwitz.
857
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

TRAJMAN Mayer né en 1913 déporté par le convoi n° 78 le 11/08/1944 de Lyon


à Auschwitz. Dcd le ?/9/44. Déportés 750. Survivants 32 ou 157.
Samuel TRAJMAN
Né le 15-05-1913 à Badzim ou Bendzim (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —>
TRAGMAN (Samuel) 15-5-13, Bedzin (Pologne) 2' cl. 21' R. M. Liste N 17.
==Joseph TREIBICI
Né le 26-08-1909 à Balti (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5815.
==Benjamin TREINER
Né le 27-08-1904 à Zabesczyki (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Arsene TRENEFF
Né le 25-07-1902 à Sofia (Bulgarix) Recrutemenx SBC (75) Mle 6765 —> TRENEFF
(Arsène) 25-7-02, Loffre, 2’ cl. 21’ R.M.V.E. St. IX A. Liste N 71.
Jacques TREVES
Né le 05-08-1909 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5652.
TREVE Jacque, habitait au 112, rue Montmartre dans le 2e arondissement à Paris.
À été interné à Drancy sous le matricule 16142. Est arrivé le 03/03/1944 §d
Libéréx.
Angel TREVIJANO RIVAS †d MPFXd
Angel TREVIJANO Né le 09-01-1913 à Madrid (Espagnx) Recrutemenx Perpignan
(66) Appartenait à la 3e section 10e Cie. Disparu depuis La Neuville (Document
Duvernay) Déporté : Arrivée à Mauthausen le 24/05/1941 venant de Würzburg,
né le 09/01/1916 à Madrid Parcours Gusen Mle 5943 Dcd le 26-11-1942 (Gusen,
Autriche) Mention
Joseph TRIBICI
Né le 26-08-1909 à Balti (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
Alexandre TRIEF
Né le 10-01-1904 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Charles TRINKER
Né le 20-12-1919 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 1913.
Herman TRONIK
Né le 06-03-1912 à Frajkfurt (Allemagnx) Recrutemenx Clermont-Ferrand (63).
G.R. 16 P 578947 TRONICK, Armand Herman 06.05.1912 Francfort Allemagne?
Moisze TROYANOWSKY
Né le 22-11-1916 (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> TROJANOWSKI (Maurice)
22-11-16, Zgierz, Pologne, 2e cl. 21e R.I. Liste N 17.
Victor TRUDEN
Né le 06-09-1904 à Godarber (Yougoslavix) Recrutemenx Melun 77) —> TRUDEN
(Victor) 6-9-04, Seine-et- Marne, 2e cl. 21e R.I. St XI B Liste N 100. Appartenait à
858
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

la 2e sectionde la 10e Cie (Doc. Duvernay) Disparu depuis Vaucouleurs. Journal


officiel de la R.R’ : du 3 mai 1964) : TRUDEN (Victor) Podecercev (Yougoslave) O6-
09-04, Naturalisé.
Joseph Gabriel Pierre TRUFFY
Né à Thouars le 7/5/1906 Lieutenant adjoint 2e bataillon.—> TRUFFY (Pierre)
ŸFDX 7-5-06, Thouars, lieutenant 21' R.I.E. Oflag VI A, Soest. Liste officielle N. 49
Abondamment cité dans A Thousand Shall Fall: « … (Noirval) J’entendis la voix
grave et chaude de Truffy, mon précédent commandant de Compagnie et
maintenant officier de liaison… » Dans l’école de Verrières le 13 juin en soirée:
« Je m’étirai sur l’étroit banc d’école… La voix de Truffy continua tout aussi
rauque: ― Nous les Français, nous avons oublié depuis longtemps la signification
du mot Liberté.
― En temps de guerre, l’interrompis-je, les Français ont toujours su arrêter
leurs querelles internes.
― Oui. C’était vrai dans le passé, car le patriotisme était alors plus fort que la
politique, mais est arrivée la philosophie qui est plus forte que le patriotisme. Les
Allemands se sont armés d’une philosophie selon laquelle ils sont le peuple
supérieur de ce monde. Leur philosophie est un rossignol de cambrioleur qui leur
permet d’entrer librement dans n’importe quel pays sans y trouver d’opposition
solide. Que Dieu veuille bien secourir notre patrie quand les Allemands l’auront
occupée ! Personne auparavant ne m’avait parlé ainsi. Malgré notre intimité,
nous avions gardé les distances séparant le supérieur de son subordonné, le
citoyen français de l’étranger. Le lieutenant continua cette fois comme pour lui
seul :
― Un capitaine m’a dit qu’il aimait la France plus qu’Hitler, mais qu’il aimait
Hitler plus que Blum. Quoi ajouter de plus ? Une quinte de toux l’interrompit… Et
il reprit pour moi : ― Je connais la vieille histoire de notre déficit en armes. Je n’y
vois pas le facteur déterminant. À la Grande Guerre aussi, nous partions avec un
handicap d’armement. Ils disent que la plus grande partie de notre aviation a été
démolie au sol. Des officiers ont empêché, arme au poing, nos pilotes de décoller.
Peux-tu concevoir ça ?
― Non, je ne peux pas.
― Je commence à comprendre. Nous n’avons pas été vendus, nous avons été
trahis et c’est l’essentiel. Un quarteron de généraux félons peut toujours être
maîtrisé par un peloton d’exécution. Mais nous ne tenons aucun Général. Nous
n’avons aucune preuve contre aucun de nos généraux corrompus, pas de
bordereau comme dans l’Affaire Dreyfus, car ils ont trahi sans même avoir
échangé un mot avec les Allemands. Ils n’ont pas voulu un seul instant combattre
859
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

l’Allemagne. Ils l’aiment. Achetés par les Allemands ? SI seulement ils l’avaient
été. Mais non ! Un jour, on m’a raconté que les habitants d’un certain état des
Balkans étaient toujours prêts à vendre leur pays, mais que jamais ils ne le
livraient. Nous, à l’inverse, nous livrons notre pays sans être payés pour ça… »
Anselmo TRUJILLO TERRER
Voir Chsapitre III.Né le 11-11-1914 à Santa Cruz de Tener (Espagnx) Recrutemenx
Pau (64). §d Libéréx
Jean ROGER TRUSSANT
Né le 4-4-1896 à Saint Livrade-sur-le Lot, Lot-et-G., Cdt de la C A 2—> TRUSSANT
(Roger) ŸFDX 4-4-96, Livrade-s.-Lot, capit. 21e R.M.V.E. Of VI A. Liste N 49.
Rapatrié août 1941. Commandait la C. A. du 2e bataillon. Mme Roger TRUSSANT,
née Simone MENAUD, décès le 9/6/2012, dans sa 98e année, Ste-Livrade-sur- Lot.
Nicolas TSACAS
Né le 14-09-1906 à Kate Lissinitsa (AlbaniX) Recrutemenx Avignon (84).
TSCHIEMBER (Tschiemberg?)
ŸFDX Adjudant-chef. Conduisait le premier groupe de prisonniers en route pour
Metz. Léon de Rosen note le mercredi 17 juillet 1940 à propos du rapport matinal
(9h.) réuni par l’adjudant Michel : « Aujourd’hui, assistaient, pour la première
fois, les commandants du premier détachement, avec leur chef, l’Adjudant-chef
Tschiember. Une discorde sournoise, mais encore polie, a aussitôt commencé.
Tous ces adjudants-chefs du premier détachement ne valent pas chipette… »
Panagivois TSIROTIMES
Né le 15-08-1894 à Kiaton (Grècx) Recrutemenx Bordeaux (33).
Szmul TUCHBALD
Né le 14-01-1909 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Szlama TURGN
Né le 02-05-1907 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Abram TURKELTAUB ou Abram Mendel TURKELTAUB
Né le 24-07-1895 ou 24-09-1895 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle
870.
Elie TUVEL
Né le 10-05-1908 à Rozanlea (ou Rozalea) (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —>
TUVEL (Elie) 10-5-08, Rozavléa (Roumanie) 2’ cl. 21’ R. M. V. E. Liste N 15.
Gregoire TYTAR ou Grzegorz TYTAR.
Né le 17-10-1910 Grégoire à Varsovie, Grzegorz à Laposzanka (Polognx)
Recrutemenx SBC (75) Mle de Grzegorz : 14898.
==David TZEHOVAL
Né le 2-06-1909 à Kichineff Roumanie. SBC (75) Mle 5778. Théoval a souscrit
860
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

pour l'érectiion du monument de Noirval à l'occasion d'un dîner de la C.R.E.


François UGARTE ❤ G.R. 16 P 580806
Né le 04.12.1907 Bilbao (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Angelo UGOLINI
Né le 26-11-1917 à San Main (Italix) Recrutemenx SBC (75)
Jean UNGAR
Né le 24-12-1910 à Biecz (Polognx) Recrutemenx i —> UNGAR (Isaac) 24-12-10,
Brecz (Pologne) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Jsaak UNGARL
Né le 02-12-1910 à Biecz (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Joseph UNGER†d MPFXd
Né le 03-04-1898 à Zamose (Polognx) Recrutemenx SBC (75) UNGER Joseph né le
03/04/1898 déporté par le convoi n° 57 le 18/07/1943 de Drancy à Auschwitz.
Déportés 1000. Survivants 43.
Jsarel UNGER
Né le 26-06-1911 à Dukli (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Samuel UNGER
Né le 08-06-1908 à Zalesie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Recruté 21e R.M.VE.,
mais—> UNGER (Salessi) 8-6-08, Salessi, 2e cl. 23e R.I. 101 Liste N 29.
Jules UNTERBERGER
Né le 24-02-1913 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx Belfort (90) —>
UNTERBERGER (Jules) 24-2-13, Budapest, 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Lazare UNTERBERGER (ou Louis)
Né le 05-03-1911 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx Belfort (90) Détail engagé
le 24/10/1939. Stalag XII F —> UNTERBERGER (Lazare) 5-3-11, Budapest, 2' cl. 21'
R.I. Liste N 17.
Pierre URBINATI
Né le 23-04-1908 à San Marino (Italix) Recrutemenx SBC (75).
Maurice URMAN
Né le 21-06-1910 à Chesinan (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> URMAN
(Maurice) 21-5-10, Kichinev (Roumanie) 2' cl. 21' R.I.V.E. Liste N 17.
Towia URWICZ
Né le 06-01-1909 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Wolf URWICZ
Né le 05-04-1916 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Étienne VACZI
Né le 01-10-1898 à Beso (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Elie VADRARUE
861
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 26-08-1907 à Arlo (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> VADRARUE (Elie)


26-8-07, Arlo (Roumanie) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Albert VAENA
Né le 17-03-1919 (Grècx) Recrutemenx SBC (75).
Hakkis VAGIS
Né le 19-11-1896 à Constantinoples (Turquix) Recrutemenx Nice (06).
Étienne VAGO
Né le 10-06-1910 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx Nice (06) Hans Habe
raconte : « Étienne VAGO, homme de petite taille, paraissait n’avoir que dix-neuf
ns au plus quand nous quittâmes tous les deux Paris pour Barcarès (il était né en
fait en 1908…)
Depuis, il s’était laissé pousser la barbe et était devenu caporal pour paraître
plus vieux. Ça lui faisait une noble tête ressemblant au Christ et ça me rappelait
son oncle, l’architecte du nouveau bâtiment de la Société des Nations. »
Joseph Vago, père de Pierre Vago dont le frère aîné Laczi était aussi architecte
et père d’Étienne. Étienne Vago était le deuxième enfant de Laczi Vago, l’oncle de
Pierre Vago. Livre : József Vágó 1877-1947 par Anne Lambrichs 2003 — Institut
Français d’Architecture.
Habe a écrit pour le 16 juin, départ de Sampigny-Mécrin :
« À côté de moi marchait d’un pas chancelant Vago, le petit architecte
hongrois à la barbe soignée. Il sentait le parfum de la tête aux pieds. Je lui
demandai :
— Où as-tu trouvé ton parfum ?
Il me regarda avec les yeux troubles, puis il me souffla dans le visage. Son
haleine sentait la fragrance.
— Ouah ! Où as-tu picolé ça, lui dis-je ?
Il me montra la boutique du coiffeur et balbutia :
— Dans la cave.
Je compris. Le coiffeur radin avait stocké ses flacons dans la cave. Vago avait
confondu parfums et vins. » Habe a écrit suite au départ d’un village, sans doute
Chauville-Malaumont :
— Non loin du village que nous venions de quitter, nous fûmes cinq d’entre
nous, Vago, Dési, Dvonicky, un Turc nommé Raphaël Adatto et moi-même, à
trouver un camion abandonné. Adatto, mécanicien automobile de métier, réussit
à le mettre en marche. En dépit des protestations du colonel Martyn qui insistait
pour que tout le monde, malade ou pas, se déplace à pied, nous gardâmes le
vieux camion de livraison et le cajolâmes comme un trésor. »
Le camion les conduisit jusque dans le bois d’Ansiate près d’Allain le 17 au soir.
862
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Possiblement Étienne Vago a pu s’évader le 6 juillet, lorsque les 200 hommes


de la C.D.T. ont été réquisitionnés pour ramasser des chevaux (? Dans les mêmes
circonstances Georges Dési n’a pu le réussir selon son fils Paul).
Pierre Vago arrivé à Paris à l’été 1928 raconte qu’Étienne Vago arriva à Paris à
peu près en même temps que lui. Voici ce que Pierre dit de son cousin Étienne
page 197 de son livre « Une Vie intense » :
« Celui-ci s’était plu dans l’ambiance pour moi insupportable de l’école des
beaux-arts et y resta de nombreuses années ; il obtint son diplôme, travailla
comme dessinateur dans quelque agence et comme la coutume le voulait épousa
la belle Liliane, première dans la maison de couture Grès. En 1939. Toujours
citoyen hongrois, il s’engagea dans le régiment de marche des volontaires
étrangers. En 1940, dans la débandade générale, il se rendit à Céret, ville au pied
des Pyrénées orientales, retrouver Liliane réfugiée chez des amis. Mais il eut la
malencontreuse idée de se présenter à la gendarmerie pour régulariser sa
situation. On le pria de se présenter le lendemain à la citadelle de Perpignan… où
on le mit en prison. Liliane fit de vaines démarches pour l’en sortir. Je me rendis
aussitôt à la citadelle, je le trouvai complètement apathique Il n’avait été ni
inculpé ni condamné : c’était la pire des situations dans une prison. Il a fallu des
mois et des dizaines d’interventions pour qu’un jour on lui demande enfin :
— “Qu’est-ce que tu fous là ?”
Et qu’on le laisse partir. »
À l’exposition internationale Paris de 1937, la Grande Masse de l’École des
Beaux-Arts (2500 anciens élèves et élèves) a conçu un pavillon original
(Architecte Étienne Vago, Élève de L’École).
Étienne Vago a contribué à l’élaboration du monument des trois colonnes de
Barcarès. Nous sortons ici un instant de l’historique du 21e pour parler des autres
Vago :
Joseph Vago (1877-1947) fut un architecte de première grandeur et le livre
d’Anne Lambrichs est remarquable et instructif. Il faut le lire. Pierre VAGO (1910-
2002) fils de l'architecte hongrois Joseph Vago (József Vágó) et de la cantatrice
Ghita Lenart, est né à Budapest en 1910 et Décédé en 2002. Ses parents émigrent
à Rome en 1919. Pierre Vago fréquente à la fois les salons de l’avant-garde
artistique italienne et les milieux ecclésiastiques. En 1928, il choisit de poursuivre
ses études à « l’École Spéciale d’Architecture de Paris » (ÉSA) qui dans ces années
attire souvent les architectes étrangers, comme Jean Ginsberg par exemple.
En 1932, il est diplômé de l'ÉSA, où il a suivi l'enseignement d'Auguste Perret.
C'est un architecte, urbaniste et critique brillant qui, très jeune, se signale dans
le milieu de l’édition d’architecture française. Il devient à vingt ans rédacteur, puis
863
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

premier rédacteur en chef de la revue « L’Architecture d’aujourd'hui », poste qu’il


occupera jusqu’en 1947.Fondateur, en 1932, des « Réunions internationales
d’Architectes » (RIA) il se montre un infatigable promoteur de l’architecture
moderne, en France comme à l’étranger. Ainsi est-il collaborateur ou directeur de
revues internationales comme « Architecture » et participe à la création de
« l'Union Internationale des Architectes » (UIA) en 1948. Il est également
membre de la « Société des Architectes modernes » à partir de 1936.
Sa carrière d’architecte ne commence qu’après la guerre. En 1945-1947, il
conçoit les plans d’aménagement ou de reconstruction de plusieurs villes
françaises, notamment les centres anciens d'Arles, Beaucaire, Le Mans et
Tarascon. Il supervise le plan régional d'aménagement de la côte des Maures sur
la Côte d'Azur et est architecte en chef de la reconstruction des Bouches-du-
Rhône. Il participe au mouvement de renouveau de l’art sacré, en particulier avec
la construction de la basilique Saint-Pie-X à Lourdes (1955-1958) où il coordonne
les travaux de plusieurs architectes, dont Pierre Pinsard, et d’ingénieurs, dont
Pier Luigi Nervi. Il participe au concours du Hansaviertel à Berlin-Ouest en 1957.
Élève d’Auguste Perret, Vago place les questions d’esthétique et de style au
second plan, derrière la résolution des contraintes techniques et de programme :
ses facultés de droit et de lettres à Villeneuve-d’Ascq, dans les années soixante,
en sont une illustration.
Enseignant, il est directeur des études à l’école Saint-Luc de Tournai de 1957 à
1966. Il enseigne également dans plusieurs universités, notamment à Stuttgart,
et à l'université technique de Budapest.Il réalise de nombreux logements HLM
en région parisienne, dans la Ville du Mans, à Reims et en Afrique du Nord. Pierre
Vago est titulaire de la Médaille de la Résistance.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Pierre Vago, résistant, fut arrêté par la
Gestapo, emprisonné et torturé. Sur Radio Londres, le message « Eupalinos ne
répond plus » signala son arrestation à ses compagnons de réseau. Il fut relâché
en 1944. Il laisse des mémoires, « Une Vie intense », parues en 2000 aux
« Archives d’Architecture moderne ». Ordre de la libération. G.R. 16 P 582002
VAGO, Pierre 30.08.1910 Budapest HONGRIE Homologué.
Dov Berko VAINBLAT
Né le 14-11-1904 à Betzi (Roumanix) Recrutemenx Laon (02).
==André VAINSTEC
Né le 17-09-1912 à Bessarabia (ou Bricivia) (Roumanix) Recrutemenx SBC (75)
Maurice VAISENBERG (ou Moise VAISENBERG
Né le 10-10-1912 à Brisel (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 7203 —>
VAISENBERG (Moïse) 10-10-12, Briceva (Roumanie) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
864
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Alphonse VALDEZ-MUNOS †d MPFXd


14-3-14 Villa Neva del Arzahisfa (Espagnx) Recrutemenx Nice (06) —> VALDEZ-
MUNOS (Alphonse) 6-6-14, Madrid (Espagne) 2' cl. 21' R.V.E. Liste N 89. Déporté :
Arrivée à Mauthausen 31/08/1941 venant du Stalag VII A München. Matricule
6048, VALDES MUNOS Alfonso né le14/03/1913 à Villanueva del Arzobispo
Parcours Gusen. Dcd le 18/4/1942 à Gusen.
Henri VALÉE
Né le 6/10/1891 à Châtillon dur Indre, chef de section 6e Cie
Antonio VALERO
Né le 14-06-1913 à Las Mesas (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66)
Ramon VALLS
Né le 12-09-1918 à Granollers (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Vincent VALLS Y CANALS
Né le 11-01-1913 (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66).
Jaime VALMAJO
Né le 17-07-1909 à Tornello de Terri (Espagnx) Recrutemenx Nice (06
Abraham VALNY (Albert)
Né le 19-10-1920, à Parezun Polognx? Recrutemenx toutes régions, 22e RMVE,
mais photo Notre Volonté N°38, Albert VALNY, 21e RMVE 1er semestre 2011 le
note au 1er RMVE. (Fim Les régiments ficelles.
==Domingo VALVERDE
Né le 28-01-1912 à Rio Buerto (Argentinx) Recrutemenx SBC (75) —> VALVERDE
(Domingo) 28-1-12, Rio-Cuarlo (Arg.) 2' cl. 21' R.M. St. IV B. Liste 69.
Zaltan VAMOS
Né le 16-08-1888 à Ozo (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Oane VANDENBOSSCHE
Né le 29-01-1909 à Waldcek (Belgiqux) Recrutemenx Lille (59) —> VAN DEN
BOSSCHE (Paul) 29-1-09, Wodecq, cap. 21e R.E. Stalag XI A. Liste N 44.
Albert Charles Paul VANDEN HOVE (ou VAN DENHOVE) †g MPFXg
Né le 21-07-1921 à Charleroi (Belgiqux) Recrutemenx Dunkerque Mort le 10-06-
1940 (Petites Armoises, 08 - Ardennes, France). Tué par éclats d’obus — 08 —
Floing.
Paul VANDENKERCHHOVE (ou Paul Vanderckerckhove)
Né le 14-06-1920 à Menin (Belgiqux) Recrutemenx Lille (59) au 1er R.M.V.E.?
Dominique VANDEVELDE
Né le 14-09-1898 à Sukine (Belgiqux) Recrutemenx Arras (62).
Henri Arthur VANDEVELDE Alias Noel ❤ G.R. 16 P 584848
Né le 23-02-1908 à Courcelles (Belgiqux) Recrutemenx Cambrai (59).
865
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Albert VAN GEITZ


Né le 03-12-1915 à Leysele (Belgiqux) Recrutemenx Lille (59).
Julien VAN HAELST
Né le 16-02-1916 à Beueren Wass (Belgiqux) Recrutemenx Melun 77)
Corneille VAN HOOF
Né le 22-11-1892 à Semspt (Belgiqux) Recrutemenx Lille (59).
Charles Urbain Frédéric VAN HOOLANDT †g MPFXg
(Belgiqux) Recrutemenx i Tué à Petites Armoises le 9/6/40 (08 - Ardennes,
France) Né le ? Tué au combat. EST-CE : Friedrich Karl Pohland né è Teplice
(Teplitz)) le 27-02-1901?
Morten VAN-RIEUWENHOVEN
Né le 10-07-1918 à Ede (Pays-Bax) Recrutemenx Lille (59) —> VAN
RIEUVENHOVEN (Marien) 10-7-18, Ede (P.-Bas) 2' cl. 21' R. I. St. IX A. Liste N 68.
François VANZAK
Né le 09-09-1908 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
==Ladislas VARADI
Né le 11-07-1906 à Nagginrad (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Alexandre VARCHAVSKY
Né le 12-11-1900 à Kichineff (Roumanix) Recrutemenx Avignon (84).
Auguste VARGA
Né le 26-08-1912 à Sobrownick (Polognx) Recrutemenx Marseille (13) —> VARGA
(Auguste) 26-8-12, Dolsovnik, 2' cl. 21' R.M. St. XI A. Liste N 44.
Ivan VASSELTCHENKO
Né le 21-07-1896 à Wakmont (Russix) Recrutemenx SBC (75) 1er R.M.V.E. —>
VASSILTCHENKO (Yvan) 21-7-96, Bahkmut, 2e cl. 1er B.P. 124 Liste N 39.
Alexandre VASSILEFF
Né le 01-11-1908 à Bailovo (Bulgarix) Recrutemenx SBC (75) Mle 2866 —>
VASSILEFF (Alexandre) 1-11-08, Bailovo, 1" cl., 21° R.A.M. St. XI A. Liste N 44.
Jean VASYLYK
Né le 01-02-1912 à Sernki (Ukraine) (Russix) Recrutemenx Charleville-Mézières
(08) —> VASYLYK (Jean) 1-2-12, Ukraine, 2' cl, 21' R.I. Liste N 17.
Mathias VATHAI
Né le 10-08-1907 à Bekescaba (Hongrix) Recrutemenx Caen (14) 2e sec 10e Cie.
Étienne VAWGA
Né le 16-08-1904 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx Carcassonne (11) —>
VAWGA (Étienne) 16-8-04, Budapest (Hongrie) 2' cl, 21' R. M. E. Liste N 17.
==Thomas VEGAS
Né le 15-02-1908 à Saint Sebastian (Espagnx) Recrutemenx Versailles (78).
866
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Gumesindo DE LA VEGA_MUNIZA
Né le 1-11-1917 à Ujo ESpagnx Recrutementx PAU (64) Légion étrangère —> La
Vega (umersindo de), 1-11-17, Ujo, Asturies, 2e cl., 21e R.M.V.E.
François VEJMELEK
—> VEJMELEK (François) —ŸFDX (Tchécoslovaquix 28-3-11, Znojmo, serg. -ch.,
21' R. I.V. E Liste N 17.
Antonio VELASCO
Né le 04-09-1919 à Melberca (Espagnx) Recrutemenx Perpignan (66). Déporté
Mle 4129 VELASCO ZAPATA Antonio né le 04/09/1919 à Alberca, venant du Stalag
II A arrive à Mathausen le 25/5/17941. Il est §d Libéréx à Mauthausen le
05/05/1945. Dans la nuit du 23 juillet 1941 tenté de s’évader avec trois
compagnons, pour gagner la Suisse. Rattrapé, il avait été réexpédié au camp. Ses
3 compagons de fuite Izquierdo, Lopez et Cerezo furent aussi repris et
survécurent aussi. Livre V. Olivares et Pierre Salou pages 281-302.
==Luis VELASQUEZ GONZALEZ
Né le 18-07-1918 à Madrid (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Rista VELITCH
Né le 05-05-1907 à Debar (Yougoslavix) Recrutemenx SBC (75).
Joseph VENCZOUR
Né) le 02-06-1898 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 4601—>
VENCZOUR (Joseph) 3-6-98, Budapest (Hongri) 2'cl. 2' R. I. Liste N 17.
== VENIZELOS
? (Crècx) Recrutemenx i
==VENTURA (Jacques)
—> 21-4-05 Istambul (Turquix) Recrutemenx i 21e R.I 2e cl. Liste N 19.
Alexandre VERCHININE
Né le 26-06-1899 à Chaterinosloff (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Henri VERLAET
Né le 08-02-1915 à Kieldrecht (Belgiqux) Recrutemenx Laon (02 —> VERLAET
(Henri) 8-2-15, Kieldrecht Belgique serg. 21e R.E. St. XI A. Liste N 45.
Paul VERNEAU
—> VERNEAU (Paul) ŸFDX 15-9-02., Oissel, Seine Maritime, serg. -c, 21’ R.E. St XI
A. Liste N 45.
François VERNEAU
—> VERNEAU (François) né le 9-11-08 à Givraines, Loiret, 2e cl. 21e R.I. St.VI F.
René VIC †g MPFXg
Sergent Né le 13-12-1913 à Palanos (Espagnx) Recrutemenx SBC (75) Mle 2843
Tué au combat à Allain le 22/06/1940 68 Colmar Nécro natio.
867
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Garcia Francisco VICARIO


Né le 17-09-1907 à Calzada (Espagnx) Recrutemenx Versailles (78) —> VICARIO
(François) 17-9-07, Calzada (Espagne) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Cenon Santiago VICENTE
Né le 27-08-1913 à Mieza (Espagnx) Recrutemenx Versailles (78) —> VICENTE
(Santiago) 27-8-13, Miera, 1' cl. 21' R. M. Liste N 17.
Leon VICENTE
Né le 24-02-1920 à Espeja (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).
Maurice Joseph VIDAL
ŸFDX Capitaine-médecin à L’E.M. du 21e. Né le 7/10/1908 à Anglis (Tarn)
== (Valentin ?) VIEGAS
Né le 22-08-1910 à Fasa san Pedro (Portugax) Recrutemenx Thionville (57). ?
Marcel VIELLE
—> VIELLE (Marcel) 9-7-08, Genève, (Suissx) Recrutemenx i sergent 21’ R.V.E. St.
XI A. List 44.
Robert VIEUXMAIRE
—> VIEUXMAIRE (Robert) ŸFDX 19-9-18, Clichy, sergent 21’ R.M. St. XI A. List 44.
Charles VIGNERON A ❤ G.R. 16 P 594171
VIGNERON, Charles Paul Joseph 15.10.1917 Nancy Meurthe-et-Moselle France.
—> VIGNERON (Charles) ŸFDX 15-10-17, Nancy, m. l. 21’ R.M. St. XII A. S’agit-il du
docteur Vigneron cité par Hans Habe (Dulag de Dieuze) ? Il y aurait alors 2 raisons
pour laquelle Habe ne l’aurait pas choisi pour s’évader : Vigneron de Nancy et du
21e R.M.
François VILAGRA
Né le 25-07-1907 à Barcelone (Espagnx) Recrutemenx Grenoble (38).
Adam VILHEM
Né le 09-12-1912 à Judjijia, (Yougoslavix) Recrutemenx Vesoul (70) Engagé le 15-
11-39. —> WILHEM (Adam) 9-12-12, Ingia (Yougosl.) cap. 21' R.M. List 17.
Augustin VILLALBA
Né le 16-07-1911 à Villaramel (Espagnx) Recrutemenx Lille (59) —> VILLALBA
(Augustin) 16-7-11, Vallaramel (Espagne) cap. 21' R. M. V. E. Liste N 17.CA.2.
Francisco VILLAVCS VALLENCIA
Né le 09-03-1919 à Bilbao (Espagnx) Recrutemenx Pau (64)
Gabriel Louis VILLOT ❤ G.R. 16 P 595739
Né le 10.12.1909 Savignac-Lédrier Dordogne. —> VILLOT (Gabriel) ŸFDX 1-12-09,
Savignac-Ledrier (Dord.) serg. -ch., 21e R.I. 5e Cie.
Ascension VINCENTE
Né le 13-02-1913 à Tortosa (Espagnx) Recrutemenx Marseille (13)
868
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

==VINCNAVERT ?
Arkadi VINICKIS
Né le 19-12-1910 à Elisabethgrad (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Julian VINIE CASTELLON
Né le 20-08-1900 à Barcelone (Espagnx) Recrutemenx Pau (64).
Étienne VISEZ
Né le 30-04-1906 à Paparteza (Hongrix) Recrutemenx Lille (59).
Milan VISNIC
Né le 06-10-1906 à Jasenans (Yougoslavix) Recrutemenx SBC (75).
Karl VLUGGEN
Né le 31-03-1907 à Witten (Pays-Bax) Recrutemenx Charleville-Mézières (08) —
> VLUGGEN (Charles) 31-3-07, Wittem (Pays-Bas) 2' cl. 21' R.M.V. E. List 17.
Marcel VOITAS
Né le 04-05-1909 à Penedono (Portugax) Recrutemenx Versailles (78).
==Eugène VOLINETZ
Né le 20-02-1906 à Odessa (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Oscar VOSER
Né le 05-05-1908 à Uster (Suissx) Recrutemenx SBC (75) Mle 5828 —> VOSER
(Oscar) 5-5-08, Uster, serg. 21' R.M.V.E. St. XI A. Liste N 49.
Anto VRDOLJAK
Né le 17-11-1912 à Szdjeri (Yougoslavix) Recrutemenx SBC (75)
Paul VRIELGNEK
Né le 20-07-1910 à Bruxelles (Belgiqux) Recrutemenx SBC (75) Mle 3626 —>
VRIELYNCK (Paul) 20-7-10, Bruxelles, cap. 21' R.I. Liste N 18.
Gerard WAANDERS (= Giraud WANODERS?) ou Giraud WANGDERS
Né le 04-01-1913 à Kampen (Pays-Bax) Recrutemenx Auxerre (89). Sans doute
Giraud WANODERS Nom sur la liste des légers blessés du 21e R.M.V.E. avec celui
du capitaine BENAC, passés par l’infirmerie de Bastogne.
Albert WAGNER
Né le 12-10-1914 à Gisengen à Gysengenbourg (Allemagnx) Recrutemenx Foix
(09) —> WAGNER (Albert) 12-10-14, Foix (Ariège) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Lejba WAJCMAN †d MPFXd
Né le 27-01-1907 à Krasnik (Polognx) Recrutemenx i WAJCMAN Leiba né le
27/01/1909 à KRASNIK déporté par le convoi n° 5 le 28/06/1942 de Beaune la
Rolande à Auschwitz. Déportés 1038. Survivants 35.
Wolf WAJCMAN
Né le 04-05-1901 à Zwolin (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3549.
David WAJEMAN †d MPFXd
869
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 17-08-1906 à Koznier (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> WAJMAN (David)


7-7-06, Pologne, 2e cl, 21e R.I. 140. David Wejcman est né à Korzeniec, Pologne
en 1906. Déporté par le Convoi 49 de Drancy à Auschwitz Birkenau, le
02/03/1943. Déportés 1006. Survivants 6.
Jacques Ajzyk WAJS
Né le 09-02-1909 à Sosnovice (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 11247 —>
WAJS (Jacques) 9-2-09, Sosnowice, 2' cl, 21' R.I. Liste N 17.
Moszek WAKS
Né le 10-10-1906 à Radoszyce (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Hizz WAKSBERG
Né le 13-09-1916 à Przedborg (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 5461 —>
WAKSBERG (Hirz) 13-9-16, Przedborz (Pologne) 2’ cl. 21’ R.M. 190. Liste N 57.
Henz WALD †d MPFXd
Né le 10-01-1903 à Tarnow (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Wald (Hersch), né
le 0/1/1903 à Tarnow (Pologne). Déporté par le Convoi 4 de Pithiviers à
Auschwitz Birkenau, le 25/06/1942. Dcd le 11/8/42. Déportés 999. Survis 51
Chaim WALFISCH
Né le 23-01-1912 à Kamionka (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> WALFISCH
(Chaim) 23-1-12, Kamionka (Pologne) 2' cl. 21’ R. I. Liste N 17.
Ladislas WAMBERGER
Né le 24-02-1906 à Szatumik (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Szaja WARSAGER ou WARZAGER Chaya Sacha †d MPFXd ❤ GR 16 P 601069
Né le 11-01-1900 à Bedzin (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 1364.
WARZAGER Szaja né le 11/01/1900 à BEDZIN déporté par le convoi n° 2 le
05/06/1942 à Auschwitz. DCD le 15 mars 43. Dep 1000. Surv 41.
==Mayer WARSZAWSKI
Né le 25-10-1909 à Ozorkow (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Ou Majer-Zelig
WARZAWSKI né le 25-08-1909 à Ozerkow (Pologne).
== Maurice WARZAGER
Né le 15-01-1908 à Piotrkow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 11474 —>
WARZAGER (Moszek) 15-1-08, Piotrkow (Pologne) 2’ Cl. 21’ R.I.E. Liste N 17.
Sroel WASERSZTAJN= Charles WASSENSTEIN
Né le 03-08-1907 à Szydloviec (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Kimi WASSERMANN / ou WASSERMAN
Né le 14-01-05, à Strusow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 9276. —>
WASSERMAN (Kiné) 14-1-05, Stroussouf, 2e cl. 21e R.M Liste N 10.
Schmelka WASSERMAN
Né le 27-07-1906 à Pistym (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
870
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

== Berl WASSERSTEIN
Né le 04-05-1907 à Tarnow (Polognx) Recrutemenx Orléans (45).
==Albert Georges WEBER
Né le 05-12-1914 à Tour-de-Peilz (Suissx) Recrutemenx SBC (75) —> WEBER
(Albert) 5-12-14, Tour de Peliz (Suisse) 1'cl. 21' R.M.V.E. Liste N 22.
André WEBER
Né le 06-03-1907 à Nancy (M&M) (Luxembourx) Recrutemenx Nancy (54) —
>WEBER (André) 5-3-07, Nancy (M.-et-M.) 2' cl. 21' R. I. Liste N 17.
Auguste WEBER
—> WEBER (Auguste) ŸFDX 16-2-12, Nîmes, sergent 21’ R.E.M. Stalag XI A. List
44. « Bonjour, je suis tombée par hasard sur votre site. Je cherche des
renseignements sur mon grand-père sergent au 21e R.M.V.E. numéro Mle 466
renseignements sur mon grand-père sergent au 21e R.M.V.E. numéro Mle 466
Nîmes) il s'appelait Auguste, Narcisse Weber et a été fait prisonnier le 24 juin
1940 en Meurthe-et-Moselle. Il a transité par Metz avant d'être interné au Stalag
XI A à Altengrabow le 4 août 1940 sous le numéro de Mle 88498. Pouvez-vous
m'en dire plus ? Merci jos. Message : Date d’inscription : 19/08/2012… Je ne
comprenais pas non plus pourquoi lorsqu'on regardait le défilé du 14 juillet, il
connaissait les chants de la légion. Il n'en parlait pas. Maintenant, j'ai pigé… »
==Emile Henri WEBER
Né le 15-07-1910 à La Tour de Prelz (Suissx) Recrutemenx SBC (75) —> WEBER
(Émile) 15-7-10, Tour-de-Gletz, cap. -ch., 21' R. I. Liste N 17.
Roger WECKX
Né le 18-03-1912 à Laeken (Belgiqux) Recrutemenx SBC (75).
Peysach WEGROWSKI
Né le 23-05-1908 à Siedlce (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> WEGROWSKI
(Pejsach) 23-5-08, Siedlce (Pologne) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
==Nicolas WEINBERGER
Né le 13-12-1912 à Gyngyal (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —> WEINBERGER
(Nicolas) 13-12-12, Gyongyas, 2' cl. 21' R.M. St. XI A. Liste N 44.
==Norbert WEINER
Né le 29-11-1906 à Conanti (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> WEINER
(Norbert) 29-11-06. Carnanti (Roumanie) 1’ cl. 21' R. I. Liste N 15. Et Liste N 42
(Chernotti !)
==Szrage WEINRAUB
Né le 30-03-1903 à Nizborg (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 6196.
WEINRAUB Szarge né le 30/03/1903 déporté par le convoi n° 66 le 20/01/1944
à Auschwitz. Libéréx. §d Déportés 1155. Survivants 47.
871
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

David Samuel WEISBERGAS


Né le 12-01-1908 à Mariampol (Lithuanix) Recrutemenx SBC (75) —>
WEISBERGAS (David) 12-1-08, Marianpole, cap. 21’ R.M.V. St. XI A. Liste N 43.
Nathan WEISER (WISER)
Né le 13-05-1896 à Kolomea R.M.V.E (Polognx) recrutemenx SBC (75)
==Marcu WEISMAN
Né le 10-08-1912 à Tgaima (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5773.
Abraham WEISS †d MPFXd
Né le 10-12-1901 à Wicnicz (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 15125 Weiss
(Abraham), né 10/12/01 Wisznice. Déporté par le convoi n° 66 le 20/01/1944 à
Auschwitz. Dcd 25/1/44 Auchwitz Déportés 1155. Survivants 47.
Armin WEISS
Né le 14-08-1919 à Zoug (Suissx) Recrutemenx SBC (75)
Désiré WEISS
Né le 26-04-1909 à Brantislaw (Tchécoslovaquix) Recrutemenx SBC Mle 2758
(Cité par Hans Habe).
Jéno WEISS †d MPFXd
Né le 09-05-1912 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx Nice (06). Weiss (Jeno,
Eugène) né 9/5/12 Budapest, Déporté par le convoi n° 62 au départ de Drancy le
20/11/1943. Dcd 25/11/43 à Auschwitz. Déportés 1200. Survivants 29.
Albert WEISZ
Né) le 18-11-1911 à Racamaz (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —> WEISS (Albert)
18-11-11, Racbalmas (Hongrie) 2’ cl. 21’ R.M. 190.Liste N 57.
Alexandre WEISZ
Né le 10-12-1911 à Nasfalan (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5765. —>
WEISZ Alexandre) 10-12-11, Nusfaleu (Roumanie) 2' cl. 21' R. I. Liste N 17.
Antoine WEISZ
Né le 06-12-1904 à Temesvar (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —> WEISS
(Antoine) 6-12-04, Temesvar, 2’ cl. 21' R.M.V.E. 162. Liste N 44.
François WEISZ
Né le 30-08-1908 à Nyireghaga (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —> WEISZ
(François) 1908, Nyiregyhàsa (Hongrie) serg. 21’ R. M. V. E. Liste N 11.
==Nicolas WEISZ ❤. G.R. 16 P 602292
WEISZ Nicolas né le20.03.1910 Kunhegyes (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Nicolas WEISZ
Né le 29-10-1912 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Louis WEISZBERG †d MPFXd
Né le 05-12-1912 à Berretay-Ovyfan (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 5896
872
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

—> WEISZBERG (Louis) 5-12-12, Bereltyoujfalu (Hongrie) 2'cl. 21' R. I. List 17.
Weiszbweg (Louis), né le 5/12/1912 à Berettyoujfalu. Dcd le 20/5/1944 à.
Pravieniskes Lituanie ou Reval Estonie.
Sigismond WEISZBERGER
Né le 20-07-1908 à Ujpest (Hongrix) Recrutemenx Versailles (78).
Jakob WEITZENFELD
Né le 10-02-1914 à Zolkiew (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> WEITZENFELD
(Jacob) 10-12-14, Zolkievv (Pologne) 2' cl. 21' R. M. Liste N 17.
Johan WEITZNER
Né le 27-06-1911 à Dresde (Allemagnx) Recrutemenx Saint-Étienne (42)
Nicolas WENDEL
Né le 24-02-1903 à Esch s/Alzette (Luxembourx) Recrutemenx Thionville (57).
Marcus WESDORP
Né le 29-06-1909 à Rotterdam (Pays-Bax) Recrutemenx Périgueux (24).
Jacob WETTER
Né le 24-06-1906 à Obernzwil (Suissx) Recrutemenx SBC (75).
Meyer WEYNZTEIN
Né le 15-07-1909 à Wladowske (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —>
WEYNSZTEIN (Meyer) 15-7-09, Wlodawka (Pologne) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Maurice WICHNIA
Né le 06-12-1907 à Pizanyde (Polognx) Recrutemenx i.
==Mayer WIEGLER
Né le 29-10-1907 à Borzeil (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 7285 —>
WIEGLER (Marcel) 29-10-07, Perpignan, serg. 21' R. I. Liste N 17. Déporté Mle
Mauthausen 28672. WIEGLER Marcel Né le 29/10/1907 à Borzecin Pologne
Matricule :8672 né le 29/10/1907 à Borzecin Pologne Matricule : 28672 AVANT
la déportation lieu de résidence : la Réole (33) france lieux d'internement :
Romainville, le 31/03/1943; Compiègne, le 19/04/1943. déportation depuis
Compiègne, le 20/04/1943 jusqu’à Mauthausen, le 22/04/1943 les déportés de
l'opération Meerschaum parcours au sein du complexe concentrationnaire :
affectation au camp central et kommandos extérieurs affectation : Gusen, le
06/05/1943 affectation : camp central sortie du complexe concentrationnaire de
Mauthausen déportation : Auschwitz déportation : Dora date de sortie : le
01/12/1944 libération et rapatriement lieu de libération : Dora, le 11/04/1945
lieu de rapatriement : Orsay, le 21/05/1945. §d Libéréx
Auguste WIELAND
Né le 08-07-1918 à Lausanne (Suissx) Recrutemenx SBC (75) —> WIELAND
(Victor) 8-7-17, Lausanne (Suisse) 1'cl. 21' R.M.V.E. Liste N 22.
873
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Félix WIELGOWOLSKI
Né le 17-11-1911 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75)
Ignace WIESEL†d MPFXd
Né le 08-05-1908 à Nagyboesko (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —> WIESEL
(Ignace) 8-5-08, Nagybocko (Hongrie) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17. Déporté Wiesel
(Ignace) né 8/5/08 Veliky-Bockov (Tchécoslovaquie), Dcd 29/4/44. Village
ukrainien passé de la Hongrie à la Tchécoslovie, puis à l’Ukraine 1945 … WIESEL
Ignace né le 08/05/1908 à NAGYBOCSKO deporté par le convoi n° 72 le
29/04/1944 à Auschwitz Décédé postérieurement au 29 avril 1944 à Monowitz
(Pologne).
== Chaïm WIETEZNICK
Né le 02-12-1907 à Czestvchowa (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> WIETRZNIK
(Chaim) 2 12-07, Czestochovva (Pologne) 2' cl. 21 R.I.V.E. List 17.
Félix-Froïm WILDENBERG
Né le 01-10-1908 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Blessé en 1940.
Adam WILHEM: Voir VILHEM.
==Josef WINKLER
Né le 21-12-1907 à Kemeneshogyes (Hongrix) Recrutemenx Seine 6e bureau (75)
—> WINKLER (Joseph) 21-12-07, Hongrie 2' et, 21’ R.I. 142. Liste N 35.
Moszek WISZNIA ou Moszek Ber WISZNIA
Né le 06-12-1907 à Przasnys ou Pranys (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 8028
—> WISZNIA (Maurice) 6-12-07, Makovy (Pol.) 2' cl. 21' R. I. V. E. List 17.
Hugo WITTLIN
Né le 23-03-1913 à Oberwil (Suissx) Recrutemenx Belfort (90).
Dinchos WLOSTOWICER
Né le 27-06-1906 à Pulawy (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> WLOSTOWICER
(Pinchos) 27-6-06, Pulawy (Pologne) 2' cl, 21' R.I. Liste N 17.
Joseph WODA
Né le 03-08-1892 à Mordy (Polognx) Recrutemenx SBC (75)
Meer WOFSY
Né le 10-11-1907 à Witersk (Russix) Recrutemenx SBC (75) —> WOFSY (Mer) 10-
11-07, Wilebsk (U. R. S. S.) sergent 21' R. I. Liste N 17. Léon de Rosen :
« … Wofsy et Farkas parlaient boîte de nuit, et il est certain que rentré chez lui
chacun recommencera l’un par métier, l’autre par désoeuvrement. » Et plus loin :
« Voici Wofsy qui interprète en russe et en français la berceuse de Grechaninoff ;
puis il entonne d’une voix magistrale “les Cloches de Moscou”. » Et (Jazz de
Queuleu) « … Wofsy qui joue de la guitare… » Et « Woffsy, l’artiste professionnel,
le tzigane inspiré et qui de la vie ne connaît que les boîtes et les établissements
874
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

de nuit ! » Mercredi 23 octobre 1940 : « Hier soir, chez les docteurs, on a bien ri
aux dépens de Wofsy. Wofsy (le tzigane comme dit Drouet) que nous appelons
“Sacha” parce qu’il est très cabotin et “les cloches de Moscou” parce que, tous
les dimanches, il chante toujours cet air, où il obtient d’ailleurs un énorme succès.
Comme tous les Russes, Wofsy croit beaucoup à tous les phénomènes
surnaturels, aux tables tournantes, esprits et fantômes. Il fut donc décidé hier
espoir, de procéder à des expériences de transmission de pensée. On faisait sortir
le sujet et on convenait d’une action à lui faire faire, par exemple, de choisir une
pomme sur la table. On faisait rentrer le sujet et aussitôt tous les assistants
braquaient leur volonté sur l’action à lui faire faire et ils pensaient cette action en
lui ordonnant de l’accomplir. Ceux qui parvenaient difficilement à concentrer leur
pensée ou qui voulaient imprimer plus fortement leur volonté au sujet
s’approchaient de lui et faisaient en direction de sa nuque des passes
magnétiques. Le résultat dépassa toutes lesespérances. Le premier sujet prit la
pomme et la mangea. On commanda au sujet suivant, un capitaine médecin
septique, de se déshabiller, ce qu’il fit dans un état de demi-sommeil. Le
troisième qui devait uriner dans le lavabo, le fit dans un état voisin de la
catalepsie, puis sembla chanceler. Un des docteurs poussa alors un grand cri de
frayeur, ce qui réveilla le patient qui ne voulut pas croire qu’il avait uriné dans le
lavabo et se fâcha tout rouge ; de son côté, le Capitaine Grumbach était très irrité
contre son collègue qui avait crié, lui disant qu’il pouvait, par un réveil aussi brutal
faire mourir le patient.
L’énervement était à son comble, tous les assistants – les nerfs sans doute ? –
criaient où se tordaient littéralement de rires, à l’exception de Wofsy, qui était
enchanté, enthousiaste et répétait : vous voyez bien ! C’est l’esprit qui souffle
ici ! » Woffsy sert alors à sa demande de patient : il est tombé dans le piège, car
tout était convenu d’avance.
Quand revenu dans la salle, il s’assiéra et prendra sa blague à tabac, les
complices, tous les autres pousseront des cris de triomphe : c’était
prétendument le geste qu’ils voulaient lui voir accomplir. »
Joseph WOHL †d MPFXd
Né le 03-02-1910 à Ronstyn (Polognx) Recrutemenx Nice (06). Wohl (Joseph) né
3/2/10 Rohaten, Dcd 8/2/44 Auschwitz. WOHL Josef né le 03/02/1910 à
ROBATYL déporté par le convoi n° 67 le 03/02/1944. DCD 8/2/44. D 124. S 26.
Saul WOHLMAN
Né le 17-02-1907 à Kulikow (Polognx) Recrutemenx Nice (06) —> WOHLMAN
(Saul) 17-2-07, Kilikow (Pologne) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Héroz WOLF (ou Bernhard)
875
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 17-12-1904 Moinesti (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle 14047.Hersz


Efraim WOLF †g MPFXg
Né le 26-12-1916 à Worta (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3773. Mort le 26-
05-1940 (Noirval, 08 - Ardennes, France) tué par éclats d'obus.
Jacob WOLF
Né le 28-07-1904 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75)
Motek WOLF (Maurice)
Né le 04-10-1912 à Magnuszow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> Wolf
(Maurice) 10-4-12, Mangnuszew (Russie) 2' cl. 21' R.I. Liste N 17.
Israel WOLFSZTAT
Né le 01-01-1911 à Checiny (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Arnold WOLK †d MPFXd
Né le 24-04-1909 à Bede (Hongrix) Recrutemenx SBC (75). Mle 2908 —> WOLK
(Arnold) 24-4-09, Bède, cap. 21e R.M. St. XI A. Liste N 44. Wolk (Arnold) né
24/4/09 à Bede, Dcd 15/2/44 Auschwitz, Déporté par le convoi n° 68 le
10/02/1944 à Auschwitz. Dcd 15/2/44. Déportés 1500. Survivants 42.
Daniel WOLMAR
Né le 04-11-1910 (Polognx) Recrutemenx SBC (75)
David WOLMARK
Né le 20-04-1910 à Yakoubiki (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> VOLKMARK
David) 4-11-10. Iakoblow, Pologne, 2e cl. 11e R.P. ST VI A. Liste N 53.
Benzeon WOLOSCHIN
Né le 24-04-1909 à Berlin (Allemagnx) Recrutemenx SBC (75).
Martin WOLTER
Né le 09-01-1894 à Kowno (Lithuanix) Recrutemenx Marseille (13) Recruté au
21e, mais —> WOLTER (Martin) 9-1-24, Kowno, Russie, 2e cl, 23e R.M., List 26.
Fiszel WULFMAN
Né le 26-04-1905 à Radom (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 9406 —>
WULFMAN (Fiszel) 26-4-05, Radom (Pologne) 2' cl. 21' R. I. Liste N 17.
Isaac WURM
Né le 01-11-1906 à Sielec Bnukow (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Abris WYROBNIK (ou Abus)
Né le 1898 à Zeuluchow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 10136.
Apostal XANTOPOULOS
Né le 05-08-1910 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Basile XYNOS
Né le 10-04-1910 à Alyssos (Grècx) Recrutemenx SBC (75) —> XYNOS (Bazile) 10-
4-10, Patras, 1’ cl. 21' R.I. Liste N 17.
876
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Albert YACAR
Né le 30-03-1912 à Thessalowiki (Grècx) Recrutemenx Saint-Étienne (42).
Albert YACOEL
Né le 19-09-1910 à Salonique (Grècx) Recrutemenx SBC (75) —> YACOEL (Albert)
19-9-10, Salonique (Grèce) 2' cl. 21' R.M.V.E. Liste N 22.
==Agop YAGHDJIAN
Né le 23-04-1908 à Sivas (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Sabetay YAHIA
Né le 06-06-1911 à Scutari (Turquix) Recrutemenx SBC (75).
Aron YEDINAK
Né le 15-06-1908 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Eugène François YERNAUX ❤ G.R. 16 P 605250 Y
YERNAUX, Eugène François, né le 14-04-1907 à Couillet (Belgiqux) Recrutemenx
Versailles (78) —> YERNOUX (Eugène) 14-1-07, Couillet (Belgiq.) 2 'cl. 21' R.I. Liste
N 17.
Serge YONINE
E.V.D.G. Né à Kharkov (Russix) le 27 mai 1890. Recrutemenx SBC (75) Lieutenant
à la C. A. 1 (1erbataillon) blessé balle genou gauche le 14 juin 1940 à Sainte-
Menehould.
==Alexandre YOVANOVITCH
Né le 17-01-1914 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) —> YOVANOVITCH
(Alexandre, 17-1-14, Budapest, 1re cl. 21e R.I. Liste N 17.
Ivica YUZVA
Né le 23-05-1914 à Sérajevo (Yougoslavix) Recrutemenx Grenoble (38).
Sratopluk ZABLOUDIL
Né le 13-01-1918 à Chastow (Bulgarix) Recrutemenx i.
==Georges ZABOLOTNY
Né le 09-05-1906 à Sedletz (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Michel ZACHARIADES
Né le 16-08-1908 à Istamboul (Turquix) Recrutemenx SBC (75) —> ZACHARIADIS
(Michel) 18-6-08, Stamboul, serg. 21e R.M.V.E. Sti XI A List N 53.
Stefan ZAGORNY
Né le 05-01-1902 à Lylevra (Polognx) Recrutemenx Larochelle (17).
Stéphan ZAGOZDA†f
Né le 08-01-1919 à Miljenic (Polognx) Recrutemenx Orléans (45) Mort le
28/08/1945 –Inhumation Montargis –Loiret Carré militaire. 9, rang 3, tombe 9.
MPFXf.
Zelik ZAIDENFELD (ZAJDENFELD) †d MPFXd.
877
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 14-11-1889 à Drysucha (Polognx) Recrutemenx SBC (75). ZAIDENFELD Zelik


né le 14/11/1889 à PRYSUCKA déporté par le convoi n° 57 le 18/07/1943 de
Drancy. DCD le 23 juillet 1943. Déportés 1000. Survivants 43.
Leib ZAIDMANN
Né le 02-04-1913 à Marculesti (Roumanix) Recrutemenx (SBC (75) Mle 8785. —>
ZEIDMANN (Lub) 2-4-13, Markoilechti (Russie!), 2’ cl. 21’ R. M. V. E. de la S.C. de
la 10e Compagnie. (3e Bataillon). Liste N12.
Maurice ZAIDMANN
Né le 10-10-1916 à Bardichoff (Russix) Recrutemenx SBC (75).
David ZAJAC †d MPFXd
Né le 15-07-1909 à Lublin (Polognx) Recrutemenx SBC (75) ZAJAC David né en
1909 à LUBLIN déporté par le convoi n° 4 le 25/06/1942 de Pithiviers à Auschwitz.
DCD 999. Survivants 51.
Jsaac ZAJAC
Né le 02-02-1906 à Lublin (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 6112.
ZALBERG (Émile)
. —> 1-5-17, Cogeniste (Polognx) Recrutemenx i 2' cl. 21' R. M. Liste N 17.
Cogeniste= Kozienice. À 80 km sud de Varsovie.
Chaïm ZALCBERG
Né le 2-07-1917 à Kozienice (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 5656
Zybres ZALDMAN alias ZELDMAN Lejbus ou SejbusNé le 23-05-1912 à Tomaszow
(Polognx) Recrutemenx SBC (75) 'Mle 2697bis. ZALDMAN Szulem né le
05/06/1913 à TOMASZOW, deporté par le convoi n° 3 le 22/06/1942 à Auschwitz
DCD 115/8/42bAuschwitz ????
Nuta ZALENMAN
Né le 20-04-1901 à Ilza (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
== Georges ZALETKA
Né le 01-04-1912 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75) Mle 7197
Jourdan ZANINOGLOU
Né le 14-05-1893 à Telecie (Grècx) Recrutemenx SBC (75).
Abram ZANSNICA
Né le 13-11-1893 à Biechanow (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Mirkidit ZANTOUROF
Né le 24-03-1917 à Karagats (Grècx) Recrutemenx SBC (75).
Michel ZARACOSTAS
Né le 08-05-1911 à Romano (Italix) Recrutemenx SBC (75) 23e R.M.V.E. —>
ZARACORTA (Michel) 8-5-11, Santo Romano, 2e cl. 21e R.I. St XII A Liste N 62.
Juan ZARADONA
878
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Né le 06-07-1918 à Sestan (Espagnx) Recrutemenx SBC (75).


Jean ZAZULA.
Né le 23-10-1903 à Laskzs (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Majir ZBERCZUK ou Majer ZBEREZUK. †g MPFXg
Né le 03-8 ou 09-1904 à Wlodowa ou Wlosawa (Polognx) Recrutemenx SBC (75)
Matricule 9279 Tué le 27-05-1940 par éclats d’obus (Noirval, 08 - Ardennes,
France)
==Mordka ZEGEL
Né le 15-09-1902 à Zdunska-Wola ou Spunska Vola (Polognx) Recrutemenx Nice
(06) et SBC (75) 23e et 21e R.M.V.E. —> ZEGEL Mordka-Szlama 15-9-08, Zdunska-
Wola Pologne, 2e cl. 21e R.M. Liste N 17.
Obrich ZEGNAU
Né le 17-04-1912 à Nalans (Roumanix) Recrutemenx Nice (06).
Moszek ZELECHOWSKY †d MPFXd
Né le 01-03-1909 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Décédé le 19
octobre 1942 à Auchswitz.
Rotberg ZELIK: Voir ROTBERG
==Lazare ZELIKIN
Né le 30-09-1915 à Moscou (Russix) Recrutemenx SBC (75) —> ZELIKIN (Lazare)
30-9-15, Moscou, 2' cl. 21' R. M. Liste N 17.
Gimel ZELMAN
15-10-05 Kobryn Russie 2e cl 21e R.M recrutement, liste N 17. Voir GIMEL.
Meyer ZELNIK †d MPFXd
Né le 24-04-1894 à Samara (Russix) Recrutemenx SBC (75). ZELNIK Meyer né le
24/04/1894 déporté par le convoi n° 70 le 27/03/1944 de Drancy à Auschwitz..
Déportés 1000 Survivants 125.
France ZELODOC
Né le 16-08-1911 à Tropvoi (Yougoslavix) Recrutemenx Grenoble (38).
Zelmon ZELTER
Né le 08-01-1908 à Miastlovka (Ukraine) (Russix) Recrutemenx SBC (75) Mle
8775. —> ZELTER (Zelmen) 8-1-08, Miastcouda (Russie,) 2e cl. 21' R I. Liste
Numéro 17. Appartenait à la section de commandement de la 3e Cie du 3e Bat.
==Henri ZELTMAN (ou Herz ZELTMAN)
Né le 15-07-1912 à Radzymien ou Radzinin ou (Polognx) Recrutemenx SBC (75)
—> ZELTMAN (Hersz) 15-7-12, Radzymin (Pologne) 2'cl, 21' R.I. Liste N 17.
==Jacques ZELTZER
Né le 04-03-1909 à Inenasé (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) —> ZELTZER
(Jacques) 4-3-09, Inenasé (Roum.) 2' cl. 21’ R.M. St. XI A Liste N 44. ZELTZER
879
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Jacques. Habitait au 46, rue du Vert Bois dans le 3e arrondissement à PARIS. À


été interné à Drancy sous le matricule 12047. Arrivé le 22/01/1944. §d Libéréx.
Zimon ZELTZER
Né le 19-02-1900 à Odessa (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Leonity ZELZER
Né) le 10-11-1901 à Feropol (Russix) Recrutemenx Ajaccio (20).
Chaïm ZEMELMAN
Né le 30-11-1902 à Wloklowker (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 2557 —>
ZEMELMAN (Charles) 2-11-02, Wloclawek (Pologne) 2' cl. 21' R.I. List 17
Michel ZERMAS
Né le 19-10-1897 à Constantinople (Turquix) Recrutemenx Nice (06).
Maximilian ZETEK
Né le 01-02-1906 (Polognx) Recrutemenx Valenciennes (59).
Ladislas ZIEGELBAUM
Né le 07-09-1907 à Budapest (Hongrix) Recrutemenx SBC (75).
Léon ZILBER
Né le 06-11-1906 à Berlad (Roumanix) Recrutemenx SBC (75)
Haim ZILBERMAN
Né le 13-10-1906 à Galati (Roumanix) Recrutemenx SBC (75).
Jacob ZILBERSTAIN†g MPFXg
Né le 02-09-1914 (à Craiova (Roumanix) Recrutemenx SBC (75) Mle…8817 mort
le 26-05-1940 (08 - Ardennes, France) tué par éclats d'obus.
Meïr ZILBERSZTEIN
Né en 1913 à Sosnovice (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 6250 —>
ZILBERSZTEIN (Maier) 11-2-13, Sosnowiec. (Pologne) 2' cl. 21' R. I. Liste N 17
Fernand ZIMMER
Né le 10-03-1901 à Etterbruck (Luxembourx) Recrutemenx Nancy (54).
Charles ZIMMERLI
Né le 30-08-1906 à Lausanne (Suissx) Recrutemenx Lyon (69).
Isaac ZIPKIN❤. G.R. 16 P 607642
Né le 15-11-1891 à Odessa, Ukraine (Russix) Recrutemenx Larochelle (17)
Joh ZISKIND
Né le 23-12-1910 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx i.
Icko ZLOTOGORA (Icke ZLOTOGURA) †d MPFXd
Né le 05-08-1908 à Parezew (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 11727 Déporté
par le convoi n° 1 le 27/03/1942 à Auschwitz décédé le 13 juin 1942. Déportés
1112 Survivants 19,
Maurice ZLOTOGORA Maurice (ou Major ou Majer †g MPFXg
880
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

N.V janvier 1949


Né le 15-04-1912 à Paresew (Polognx) Recrutemenx i le 31-05-1940
(Chesne-Populeux,08 - Ardennes, France) Tué par balles.
Chaim ZLOTOWICZ
Né le 1907 à Kouskie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Survivant de la Shoah
ZLOTOWICZ Chaim 05.05.1907 POLEN enregistré à la frontière suisse §d Libéréx.
Bazyli ZMYNDA
Né le 23-03-1901 à Zastovie (Polognx) Recrutemenx Bourges (18).
Ludovic ZOKS
Né le 26-02-1902 à Varsovie (Pologne) ou Gourju (Yougoslavix) Recrutemenx Lyon
(69) recruté au 1er R.M.V.E., mais (muté ?) —> ZOKS (Louis) 26-2-07, Gorgna
Levada Yougoslavie, 2e cl. 23e R.M. 125 Liste N 26.
Vladimir ZOSTECHENKO
Né le 26-03-1897 à Cedrograd (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Eugène ZUBKOW
Né le 04-12-1906 à Saratoff (Russix) Recrutemenx Orléans (45).
Felix ZUPANCIC†p
Né le 03-11-1920 à Gladbeck (Yougoslavix) Recrutemenx Bar-le-Duc (55) Décédé
le 08-05-1945 (Graudens, Allemagne) MPFXp.
François ZUPANCIC
Né le 20-03-1912 à Gladbeck (Yougoslavix) Recrutemenx Bar-le-Duc (55).
Richard ZUPANCIC
Né le 06-02-1919 à Gladbeck (Yougoslavix) Recrutemenx Bar-le-Duc 55).
Charles ZUPANIC
Né le 18-08-1914 à Gladbeck (Yougoslavix) Recrutemenx Bar-le-Duc (55).
Antoine ZURAWIECKI
Né le 05-11-1906 à Paloevka (Polognx) Recrutemenx Evreux (27).
Erwin ZWAHLEN
Né le 04-03-1908 à Biel (Suissx) Recrutemenx Besançon (25).
Michel ZWANEGKI
Né le 08-10-1914 à Czawogenko (Russix) Recrutemenx Nancy (54).
Hatzwik ZYGELMAN†d (Herszlik) †d MPFXd
Né le 05-10-1894 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75). Zygelman (Herszlik)
né 5/10/94 Czestochowa Pol.,. Herslik ZYGELMAN né le 05/10/1894 à
ARESBECHANA. Déporté à Auschwitz par le convoi n° 49 au départ de Drancy le
02/03/1943. Dcd le ? /8/43. Déportés 1000. Survivanrts 6. Habitait au 68, rue de
881
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

Rivoli dans le 1er arondissement à PARIS.


Hersch ZYLBERBERG
—> ZYLBERBERG (Hersch) 18-6-03, Lodz (Polognx) Recrutemenx i 2e cl. 21e RI.
List 17.
Mayen ZYLBERBERG
Né le 22-12-1906 à Krosnitz (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Hirsz ZYLBERMAN (Henri)
Né le 27-11-1918 à Sokolow (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3971 —>
ZYLBERMAN (Henri) 27-11-18, Pologne 2' cl. 21' R. I. Liste N 17.
Szmul ZYLBERMAN
Né le 18-11-1918 à à Patoff (Russix) Recrutemenx SBC (75).
Idel ZYLBERSTYEIN
Né le 24-12-1914 à Lodz (Polognx) Recrutemenx SBC (75)
Abraham ZYLBERSTEJN
Né le 16-01-1901 à Radow (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Isaac ZYLBERSTEIN
Né le 25-11-1909 à Sieldce (Polognx) Recrutemenx SBC (75) engagé volontaire,
incorporé dans le 21e régiment de marche de volontaires étrangers, était
prisonnier de guerre à Baumholder au Stalag XII F (Forbach). Son fils Maurice, né
le 18 mars 1934 à Paris et son frère Jacques, âgé de 14 ans et sa mère Brandla,
âgée de 39 ans sont arrêtés le 16 juillet lors de la rafle du « Vel d’Hiv », mais
libérés deux jours plus tard parce que les familles de prisonniers de guerre
étaient encore épargnées. Ils sont de nouveau arrêtés en février 1944 par la
police française, internés au camp de Drancy et déportés par le convoi du 3 mai
1944 à Bergen-Belsen.
Le 3 mai 1944, le convoi est principalement constitué de, considérés comme
otages, femmes et d’enfants de prisonniers de guerre. Après 2 jours de transport
en train, ils arrivent à Hanovre puis à Bergen-Belsen. Dans le camp les
nationalités sont nombreuses ; il y règne la peur, la faim, les punaises, les poux,
les appels qui sont des tortures. Le 10 avril 1945, après 11 mois de camp c’est le
départ avec sa mère, sa sœur, son frère dans le "train fantôme : 13 jours
d’errance, de peur, de famine, de crasse, de puanteur et de visions d’horreur. Ils
sont libérés le 23 avril 1945 à Tröbitz par les Soviétiques. De Drancy à Bergen-
Belsen, Livre de Jacque Saurel.
3 enfants décédèrent au camp de Bergen-Belsen. La petite Yvonne Salamon y
naquit au mois d’octobre 1944. Le 10 avril 1945, 5 jours avant la libération du
camp par l’armée britannique, les internés furent évacués avec d’autres par un
convoi ferroviaire pour endurer la dernière épreuve d’un trajet d’errance qui
882
Chapitre XII : Personnages du 21e R.M.V.E.

trouva son terme le 23 avril près de la localité de Tröbitz sur l’Elbe, avec l’arrivée
de l’avant-garde de l’armée soviétique, avançant à marche forcée vers Berlin.
Beaucoup d’enfants furent atteints du typhus.
Israël ou Ignace ZYLBERSZTAJN
Né le 15-08-1910 à Looz (Polognx) Recrutemenx SBC (75) —> ZYLBERSZTAJN
(Ignace) 15-8-10, Zodz Pologne, 2' cl. 21' R.I. Liste N° 20.
Meïr ZILBERSZTEIN
Né le /1913 à Sosnovice (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 6250. —>
ZILBERSZTEIN (Maier) 11-2-13 Sosnowiecs Polognx 2e cl 21e R.I. Liste N 17.
Jacques ZYSBERG
Né le 11-07-1906 à Kraczik (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 9420 —>
ZYSBERG (Jacques) 12-7-06, Krasnik (Pologne) 1’ cl. 21’ R.I. Liste N 17.
Symcha ZYSKINA
Né le 12-12-1910 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Elia ZYSMAN
Né le 05-1892 à Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75).
Jozef ZYTNICKI †g†g MPFXg

Jozef Zytnicki
Bagneux monument commémoratif. Jozef Né le 03-01-1910 à Raliz (Polognx)
Recrutemenx SBC (75). Mle 5583. Mort le 8-06-1940 (Châtillon-sur-Bar, 08
Ardennes, France) tué au combat. 92 Bagneux monument commémoratif. Jozef
Zytnicki.

Moïse ZYTOMIRSKY †d MPFXd


Né le 12 14-1-09, Varsovie (Polognx) Recrutemenx SBC (75) Mle 3868 —>
ZYTOMIRSKY (Moïse) né le 12 14-1-09, Varsovie, Pologne 2e cl. 21’ R.M.V.E. Liste
12. Il décède le 28 juin 1943 à Auschwitz, MPFXd…Convoi 55?
883
CHAPITRE XIII ÉPILOGUE
CHAPITRE XIII : ÉPILOGUE
L’Armistice de 1940 était une trahison, car elle engageait le gouvernement
français à ne pas continuer la guerre et contrevenait donc aux accords solennels
signés avec les Britanniques. La capitulation militaire en métropole au contraire
permettait la poursuite de la lutte hors-métropole à partir de l'exil comme c'était
déjà le cas des gouvernements polonais, néerlandais ou norvégien ; elle était la
seule voie honorable respectant la parole donnée. La guerre se serait poursuivie
en exil avec les alliés et ce qui restait des forces françaises (c'est-à-dire la Marine
et les forces françaises d'Afrique).
Certains dirons que la Résistance n’aurait pu se développer sans la zone non
occupée. Elle aurait plutôt profité de la réduction de ses ennemis intérieurs pour
un retour de l’unité intérieure. Et finalement, qui trop embrasse, mal étreint ;
certes la victoire allemande aurait été plus grande, mais plus l’Allemagne
élargissait son espace vital, plus l’inéluctabilité de sa défaite s’installait. Dans les
siècles passé, l’Allemagne a bâti et sauvé sa langue en y refoulant les infiltrations
de la langue moderne. L’Angleterre a subi l’influence française venu des
Normands, mais sa langue a supplanté le français dans le Monde. Dans toute
victoire, il y a une défaite et vice-vers ; La défaite est la source de la volonté, du
courage et du redressement.
François d’Astier de la Vigerie, partisan de replier l'aviation en Afrique du Nord
pour continuer la lutte rencontra, le 8 juin à Maintenon Darlan qui l'assura du
concours de la flotte française, discours réitéré six jours plus tard à Montbazon.
Mais comme Weygand qui laissera caduque sa directive NI 1444/3 FT du 12 juin
1940 de repli au sud d’une ligne Caen-Dijon, Darlan acceptera le poste de
ministre de la marine dans le camp du régime né dans les fourgons de l’ennemi.
Le 12 après-midi, Prételat aurait toutefois reçu l'ordre de décrocher ses troupes
vers une ligne Loire-Doubs, mais ce repli en apparence commençé le 13 au soir
tout en abandonnant la plupart des équipages de la Ligne Maginot, fut mené en
dépit de l’urgence à lents reculons menant inexorablement à l’encerclement.
N’est-il ps logique de penser que la trahison militaire avait déjà agi avant cela :
sabotant la manœuvre de Gamelin, Huntziger ouvrant la porte asux chars
allemands dans les Ardennes et Georges leur ouvrant un corridor ? Le régime de
Vichy qui a finalement assuré sa naissance par un encerclement volontaire des
armées de l’est et qui a astucieusement placé son soi-disant honneur dans le
« respect scrupuleux de la parole donnée à l’adversaire d’hier » me donne le
sentiment d’une trahison rappelant au décuple et plus celle de Bazaine. D’ailleurs
cette mythologie pétainiste d’un honneur strict, n’a pas empêché la litanie des
reculs et des concessions faites à Hitler et au fascisme, la main tendue à la
collaboration pat Pétain, Laval, Ferdinand de Brinon, le général
884
CHAPITRE XIII ÉPILOGUE
Bridoux et bien d’autres. Le film de Marcel Ophuls Le chagrin et la pitié qui
montrait l'accent exagéré mis sur une France résistante (incarnée soit par le
général de Gaulle, soit par le Parti communiste français), et, de ce fait, cherchait
à minimiser le phénomène de la collaboration pour préserver la cohésion
nationale est un continu dans ce mode de pensée dont un exemple est que la
déportation des Juifs fut ralentie en France par rapport à la Belgique et surtout
la Holland, quoique le processus continuait inexorablement tant que l’Allemagne
demeurait invaincue.
En cotoyant en imagination Hans Habe rencontrant Joe Hajos qui avait
composé des musiques pour le ténor Joseph Schmidt et pour les films de Max et
Marcel Ophuls, j’ai vécu comme un résumé condensé de cette période tragique.
6 octobre 2017 : - En fin d’avant-propos. Il était question de l’injustice faite aux
Kurdes (Accords Sykes-Picot en 1916 ; pétrole…, traité de Lausanne 1923).
Curieusement, l’opinion la plus généralement répandue est que l’intangibilité des
frontières est la plus précieuse garantie de paix durable. Personne n’émet l’idée
inverse à savoir que tant que la légitimité des peuples à disposer d’eux-même
sera bafouée, il y aura toujours source de conflit. Prévisible, car intéressée au
sens bas du terme, l’opinion la plus exprimée dans le monde soutient la
confluence des pays arabes à se partager le Kurdistan. Que le monde apporte son
appui à cette unanimité antikurde de ces Pays arabes, qui par ailleurs pratiquent
entre eux le « je suis avec toi contre lui et avec lui contre toi… », cela constitue
un exemple ahurissant pour ne pas dire indécent du comment va le Monde :
Synthèse de tout cela :
1-Nihil novi sub sole.
Rien de nouveau sous le soleil.
2.-L’argent mène le monde.
La corruption est la clé maîtresse.
3-Homo homini lupus est.
L’homme est un loup pour l’homme.
4-Résultante prévisible de ce pouvoir malsain de l’argent sur l’esprit des
hommes : la Troisième Guerre mondiale est à l’horizon. C’est ce lobby du pouvoir
de l’argent, pouvoir de la Synarchie qui, agissant via la Cagoule, mena la France à
la défaite de 1940 et à « Vichy », puis retourna durant la Seconde Guerre
mondiale sa veste de l’Allemagne vers les États-Unis, cela afin de demeurer dans
le camp des vainqueurs, et pérenniser ainsi le régime à la Vichyssoise: l'argent
salement gagné étant finalement de l'argent et l’argent n’ayant pas d’odeur, le
peuple français comme le kurde ayant alors bon dos… La grande finance
internationale est à la source de cette guerre et en France, ce

885
CHAPITRE XIII ÉPILOGUE
sont les généraux traitres qui furent plus que les politiciens corrompus les
exécuteurs de l’étrange défaite et pas du tout la troupe qui avait été plus
conduite à la dérive plutôt que lâche. Ceci fut d’ailleurs le motif central de
l’interruption du Procès de Riom.
En ce décembre 2017, est venu à ma connaissance un rapport sur lequel
devront bien un jour méditer ceux à qui la vérité historique importe. Voici le
contenu de ce document provenant du Centre de Documentation de la Légion
Etrangère
14e Région Le Lieutenant Lintignac Charles
Subdivision de Lyon Commandant actuellement le Camps d’Officiers Dépôt 141
de P.G. P.G. austro-hongrois de St Priest (Isère)
Camp d’O.P.G. austro-hongrois ex-Chef de Section (1re) de la 3e Cie du 1er
Bataillon du 21e Régiment de marche de Volontaires Étrangers
Réfnce: Note du Ministère de la Guerre ex- Cdt de la 3e Cie dudit Régiment
N° 1346/EMA/H.8 ex P.G., à « l’Oflag » VIA à Söest Westphalie
Service historique du 23/6/45 Présente lNotifiée par la D.R. le 16.7.45
s/N°6160/PG Rapport et le Dépôt 141 le 17.7.45 sur les opérations auxquelles il
a participé en 1940 s/N°410/PG (NB : Ce rapport est une synthèse de mon journal
de route personnel ramené de captivité et de renseignements sur la situation
d’ensemble puisés dans le journal de route du chef du 4e Bureau de la 35e DI).
Opérations du 21e R.M.V.E., de la 35e D.I. Général Decharme Cdt la D.I.,
(Lt Cl Debuissy, puis)
(Lt Cl Martyn) et
Général Delaissey Cdt l’I.D.
La 35e D.I. faisait partie du 21e C.A. (Génl. Freydenberg) et à la 2e Armée (Général
Huntziger).
Le 21e R.M.V.E. en formation au camp de Barcarès (Pyr-Orles) depuis octobre
1939 a fait mouvement le 30 avril 40 sur Brumath (Bas Rhin). Les Batns sont
respectivement cantonnées à Mommenheim, Minversheim, Alteckendorf.
Le 21 mai mouvement du Régt sur Saint-Mihiel, arrivée le 25 mai au Morthomme
par les bois de Pierrefitte, Erize la Grande, Somme -Yevres
Ensuite progression sur le Chêne Populeux par Belleville et Chatillon s/Bar. Le
Régt prend position :
1 Batn au Canal des Ardennes 1 Batn aux Ptes Armoises 1 Batn en réserve au bois
des Mulets
P.C. du Colonel : Ferme St Denis
Situation de la 35e D.I. (sous les ordres du 21e C.A.) - à gauche : 21e R.M.V.E. du
Chêne Populeux aux Ptes-Armoises – P.C. Ferme St Denis. - au centre : 11e R.I,

886
CHAPITRE XIII ÉPILOGUE
des Ptes Armoises au Chesne inclus – P.C. La Guinguette
- à droite : 123e R.I. du Chesnet à Oches – P.C. bois du Mont des Grues (entre
Brieulles sur Bar et St Pierremont)
Appui direct : 21e R.M.V.E. : 2 groupes de 75 du 42e R.A.D., 1 groupe du 14e R.A.D.,
G.R.29
Secteur de Briquenay : P.C. du Genl. Decharme Cdt la D.I. et Genl. Delaissey Cdt
l’I.D.
La D.I. est encadrée : - à gauche par la 36e D.I. (P.C. Vouziers)
- à droite par la 6e D.I. (P.C. : Cheau de Landres)
Elle est aux ordres du 21e C.A. (P.C. : Senuc)
La D.I. a pris position dans la nuit du 24 au 25 mai protégée par des éléments de
la 3e D.I.M., le groupement de cavalerie Gaillard et le 16e B.C.P.
Ces dernières unités se sont trouvées dans une situation difficile et ont dû
évacuer le 25 mai au matin le bois du Mont-Dieu et se replier sur les unités de la
35e D.I. qui subissent un violent bombardement et une série d’attaques de
l’ennemi désireux d’exploiter son succès du Mont-Dieu. Pertes lourdes (400
pertes dont 150 tués le 25). Les éléments de la 35e D.I. maintiennent leurs
positions sans aucune protection. Dans la nuit du 25 au 26, l’infanterie s’enterre
et ses pertes diminueront.
Physionomie du secteur jusqu’au 5 juin :
Activités de patrouilles de reconnaissance de part et d’autre. Importante activité
des artilleries : réglages, harcèlements, contre-batterie. L’ennemi tire avec du
105 et du 150 (3000 coups par jour).
Activités de l’aviation ennemie : bombardt faible. Notre aviation à peu près
inexistante malgré les demandes répétées de la D.I.
Organisation de la défense du secteur :
5000 mines antichars devant les Ptes-Armoises.
Dans la nuit du 8 au 9 juin (vers 2 heures) l’ennemi commence une importante
préparation d’Artillerie à notre gauche (front de la 36e D.I.). Vers 3 heures le
bombardement s’étend sur le front de la 35e DI. Bombardemenet renforcé par
l’action de l’aviation de bombardement ennemie sur les positions d’infanterie,
d’artillerie, et sur les échelons.
L’ennemi passe à l’attaque sur tout le font de la D.I., mais ne peut entamer notre
position.
La nuit du 9 au 10 est assez calme. Au matin les attaques ennemies reprennent
avec un bombardt plus violent sur la droite du secteur (123e R.I.) jusqu’à 10
heures et échouent complètement. De 12h à 13h30 les positions de la D.I. sont
violemment bombardées par l’artillerie et par avions qui causent de sérieuses
pertes notamment parmi le personnel et les chevaux des colonnes de
887
CHAPITRE XIII ÉPILOGUE
ravitaillement. Ce bombardementt dure jusque vers 16h.
Après ces 2 jours de combats violents, malgré les pertes subies, le front de la 35e
D.I. est intact et le moral des troupes excellent. On sait cependant qu’à notre
gauche la 36e D.I. a été violemment pressée et a dû céder du terrain et qu’en
Champagne, encore plus à gauche, le front a été crevé.
Vers 15 heures, le Général ommandant a 35e D.I. a été appelé au P.C du C.A. :
ordre de décrochage dans la nuit avec installation du dispositif sur l’Aisne. Le
mouvement sera exécuté en 2 temps :
1°) sur la ligne La Croix aux Bois, Boult aux Bois, Germont, gare d’Autruche (1 re
nuit)
2°) sur la ligne de l’Aire (2e nuit)
Ordres donnés à 18 heures et en cours d’exécution à la tombée de la nuit. Mais
à 21 heures le mouvement doit être accéléré et vers 23h nouveaux ordres : aucun
élément retardataire sur la position. La DI s’installera définitivementt au sud de
l’Aire. Malgré les difficultés les mouvements s’exécutent pendant la nuit et leur
fin est couverte par le brouillard. Le décrochage a été opéré à l’insu de l’ennemi
qui ne se doute de rien.
Au matin du 11, la P.C. de la D.I. s’installe au Cheau de Senuc.
21e R.M.V.E. : (1er Batn retardataire) : ligne Croix aux Bois – Boult aux Bois ; E.M.,
2e et 3e Bataillons : bois sud de Longwe.
11e R.I. : Boult au Bois, gare d’Autruche, bois au sud de Briquenay.123e R.I. : Gare
d’Autruche, route de Buzancy, Harricourt).
Dans la matinée, les tirs ennemis tombent sur notre position du 10 juin. Ce n’est
que vers 16h que des éléments ennemis débarqués en camions au nord
d’Autruche cherchent à progresser vers le sud, puis prennent contact avec nos
éléments de la station et au carrefour d’Autruche.
Dans l’après-midi, bombardements par avion dans les bois d’Autry.
Situation dans la nuit du 11 au 12
P.C. de la D.I. : Senuc
Le 21e R.M.V.E. se porte sans difficultés au sud de l’Aire.
Le 11e R.I. décroche sans difficulté, il se replie au sud de Briquenay, le reste du
Régimentt se replie sur Grandpré et Senuc.
Le 123e R.I. se regroupe sans incident au sud de l’Aire.
Le G.R/29 se replie sur l’Aire après avoir protégé le repli de l’Infanterie.
L’artillerie passe au sud de l’Aire – 18e B.I.L.A. bois sud d’Autry.
Retraite :
À l’aube du 12 juin les P.C de la D.I., l’I.D., l’A.D. se replient sur Vienne le Château.
Le repli sur l’Aire de la D.I. s’est révélé insuffisant par suite de l’avance ennemie
en Champagne et un nouveau repli est ordonné. Le moral des troupes
888
CHAPITRE XIII ÉPILOGUE
n’est pas encore entamé, mais le repli va s’avérer difficile par suite des routes
embouteillées.
Dispositif à midi :
21e R.M.V.E. : EM 3/21 et 2/21 sur ruisseau d’Alain s/Aire (? En fait, Bois de
Bouconville… : ruisseau d’Alette »?), 1/21 au nord des bois d’Autry.
11e R.I : de Senuc à Grandpré – Condé les Autry.
123e R.I. : de Grandpré à Marcq.
18e B.I.L.A. : sud des bois d’Autry.
Le 29e G.R. fait mouvement vers Vienne le Château.
Le 3e Groupe du 14e R.A.D. : à Condé les Autry (a tiré 600 coups).
214e R.A.D. à Condé les Autry.
Les services poursuivent leur route vers le sud à travers l’Argonne en direction de
Futeau.
La 35e D.I. est encadrée :
- à gauche par la 6e D.I.C. (qui a relevé la 36e D.I. éprouvée).
- à droite par la 6e D.I. (qui s’est repliée en même temps que la 35e D.I.)
Elle est toujours à la disposition du C.A. (P.C aux Islettes)
À partir du 12 juin les liaisons avec l’échelon supérieur et les troupes se révèlent
difficiles (front mouvant – P.C instables – liaisons téléphoniques à peu près
inexistantes – liaisons radio gênées par l’éloignement – recours aux officiers de
liaison et agents de transmissions).
Les routes sont de plus en plus embouteillées et il pleut sans arrêt.
Dans la nuit du 12 au 13 : nouveau repli prescrit par l’autorité supérieure :
La 35e DI s’installe sur la ligne N du bois d’Hauzy – St Thomas en Argonne- Vienne
le Château – Le Four de Paris (hameau détruit) – Varennes (sur Argonne). Dans la
nuit les troupes s’installeront.
21e R.M.V.E. : Bois d’Autry – St Thomas – Vienne-la-Ville.
11e R.I. : Vienne le Château, La Harazee.
123e R.I. : Varennes.
18e B.I.L.A. : bois de la Viergette, sud de Moiremont.
L’artillere : 1 groupe avec le 21e R.M.V.E.
1 groupe avec le 11e R.I.
1 groupe avec le 123e R.I.
Génie : La Chalade.
Mais en fin de soirée parvient un nouvel ordre :
Le repli devra se poursuivre après seulement un arrêt de 4 heures sur la ligne
prévue et la 35e DI s’installera définitivement sur la ligne Sainte-Menehould, les
Islettes, Clermont en Argonne.
À gauche de la DI, l’ennemi qui a percé en Champagne et a dépassé Châlons,
889
CHAPITRE XIII ÉPILOGUE
marche en direction de Vitry le François, St Dizier, Bar le Duc et menace de
déborder.
L’ordre est transmis aux P.C. des R.I. vers 23h.
Le repli sera réalisé sous la protection du G.R.D.I. 29 qui fera l’action retardataire
sur les axes : Bernaville, Vienne la ville, Moiremont, Sainte-Menehould, le Four
de Paris, les Islettes, Montblainville, Varennes, Clermont en Argonne.
P.C du G.R. 29 : Le Four de Paris.
Le P.C de la D.I. est prévu à Futeau où il devra fonctionner le 13 au matin. Les
mouvements de la D.I. sont encore plus difficiles ; les itinéraires de la 35e D.I. sont
encombrés par des troupes et des convois appartenant à d’autres unités : 36eD.I.
– 6e D.I.C., etc.
Situation de la D.I. le 13 au matin : P.C de D.I., I.D, A.D. : Futeau P.C arrière et
services Brizeaux. 21e R.M.V.E. : (n’a pas exécuté l’ordre d’arrêt de 4 h sur la ligne
intermédiaire, ce qui a causé un surcroit de fatigue pour les hommes). P.C
Verrières.
1er Bataillon : partie Est de Sainte-Menehould.
2e : Sainte-Menehould et la Grange au Bois
3e : Verrières
11e R.I. : P.C : La Controlerie puis le soir Futeau
1er Bataillon : La Harazée puis vers 16h la Grange aux Bois
2e : Vienne le Château puis Futeau et Hte Chevauchée vers 18h
3e : Les Islettes à partir de 11h
123e R.I. : bois O de Rarécourt
1er Bataillon : Clermont en Argonne
2e : entre les Islettes et Clermont
3e : en réserve au S dans les bois.
Dans la matinée, la 35e DI repasse sous les ordres du 21e CA dont elle devient la
division de gauche.
Le P.C de la DI sera replié sur Brizeaux où il fonctionnera à partir de 14h. Dans
l’après-midi la situation à gauche de la 35e D.I. apparait mauvaise.
Le 21e R.M.V.E. est éprouvé ; l’ennemi presse sa gauche très fortement. Si la
position de Sainte-Menehould résiste, celle de Verrières, attaquée ne tient pas ;
Verrières est débordé.
21e R.M.V.E. évacue précipitamment Verrières et va s’installer à Passavant en
Argonne vers 1h1/4 le 14 juin au matin.
Sur le reste du front de la D.I. le G.R.D.I. 29 s’est battu toute la journée ; accroché
plusieurs fois, il décroche sous le feu de l’ennemi.
Le 14 juin au matin, situation : P.C de la DI, l’ID, l’AD : Brizeaux. 21e R.M.V.E. : Le

890
CHAPITRE XIII ÉPILOGUE
Lt Colonel Debuissy, est relevé de son commandement et évacué, remplacé par
le Lt Colonel Martyn qui prend le 21e R.M.V.E. dans une situation critique.
Le régiment attaqué sur tout son front se replie à partir de 8h. Le Génl prévoit
que le 21e R.M.V.E. sera retiré du contact et regroupé pour être réorganisé à Pretz
en Argonne.
Le 21e C.A. met à la disposition de la 35e D.I. pour la gauche de son front le 21e
R.I.C. de la 3e D.I.C.
Le 21e R.M.V.E. ne sera plus engagé jusqu’au 17.
Le 11e R.I., découvert par le repli du 21e R.M.V.E. est attaqué à partir de 8h30.
Vers 11h La Grange aux Bois est évacuée sous la pression ennemie par la 1re Cie.
Les 1re et 6e Cies subissent un violent bombardement de 11h à midi, puis sont
attaquées vers 13h. Vers 13h50 le 1er Bataillon se replie sur Futeau ; il est réduit
à 300 hommes. L’ennemi cherche à s’emparer des Islettes ; il est arrêté par le tir
de l’infanterie et celui de l’artillerie. L’ennemi finit par pénétrer dans les Islettes
après Bombardement. Le 3e Bataillon décroche après un combat de rues et se
regroupe à Futeau.
Situation en fin de journée :
P.C de la D.I. : Brizeaux. Le 21e R.I.C. : violemment attaqué à Villers et dans le bois
au sud est de Sainte-Menehould.
11e R.I. : Futeau et Hte Chevauchée.
123e R.I. et G.R.D.I. 29. ; sans changement.
À ce moment-là, la 35e D.I. reçoit l’ordre de se replier pendant la 1re partie de la
nuit sur la ligne Triaucourt, Foucaucourt, Fleury-s/Aire. P.C : Pretz en Argonne.
Le 15 au matin, P.C de D.I. : Marat-la-Petite. Le 21e R.M.V.E. gagne par Erize-la-
Grande, Erize-la-Petite, Chaumont-s/Aire. Il ne peut encore être engagé, car sa
réorganisation n’est pas achevée. Le 11e R.I. a 2 Batns très éprouvés et très
réduits.
123e R.I, bien qu’éprouvé, est encore susceptible d’efforts
18e B.I.L.A. : très réduit
G.R.D.I. 29 : s’est bien battu et peut continuer
14e R.A.D. : ne manque qu’une pièce éclatée
214e R.A.D. : manque 1 pièce éclatée et 4 autres pièces sont très usées et ne
peuvent plus tirer. Le personnel et les chevaux sont très fatigués. Les routes
demeurent très embouteillées ; les mouvements sont difficiles. Les services de la
D.I. sont, par ordre supr repliés très en arrière. La 35e D.I. demeure sous les ordres
du 21e C.A. qui n’a plus de réserves et est sans liaison avec la 2e Armée repliée
depuis le 13 juin.
Un nouveau repli de la 35e DI est ordonné pour le cours de l’après-midi. Les P.C

891
CHAPITRE XIII ÉPILOGUE
de la D.I., l’I.D., l’A.D. se transportent à Nicey-s/Aire où ils fonctionnent à partir
de 15h. Le 11e R.I. reçoit l’ordre de se porter sur la ligne : Bois du Fay, Rosnes,
Bois de la Judée et de s’y installer face au nord. Mouvement commencé à 13h30.
P.C du 11e R.I. : Rosnes ; le 1erBataillon gagne le bois de la Judée par Pretz
Sommaisnes, Erize-la-Petite. Le 2e Bataillon décroche de Triaucourt péniblement
et gagne par Sommaisnes et Rembercourt la lisière nord et nord-est du bois du
Fay. Le 3e Bataillon arrive à 18h à Rosnes.
123e R.I. (P.C : Longchamp) mène le combat retardataire sur les arcs :
Foucaucourt Evres Bauzée (3e Bataillon) et Fleury Rubécourt, Busainville (1er
Batn), puis passe la « Voie Sacrée » et s’installe :
1er Bataillon : Chaumont (sur Aire) et à l’est du bois de la Judée 2e Bataillon : à
l’est du bois de la Judée.
3e Bataillon : au sud.
21e R.M.V.E. va bivouaquer dans le fond d’Habeyron (à l’est de Pierrefitte-s/Aire).
Le 21e C.A. met à la disposition de la D.I. pour les opérations du lendemain le
G.R.C.A. 14 (CL Gallini) et la 1re Cie de chars R35. La 35e D.I., après 17 jours de
secteur et 5 jours de combats en retraite ; avec des pertes sérieuses, est
physiquement épuisée. Les hommes ne dorment plus. Mais elle est encore
capable d’un effort que le commandement va lui demander en affirmant que ce
sera le dernier.
La 35e DI se battra pendant la journée du 16 à l’extrême gauche du dispositif. Elle
décrochera à la nuit en se repliant rapidement après avoir protégé le repli des
troupes sur les 2 rives de la Meuse. Pendant la nuit elle passera le canal à VOID
pour se reposer dans les bois de Vaucouleurs derrière un front constitué par des
troupes fraiches. Les instructions du commandement sont diffusées. Les hommes
espèrent qu’après cet effort un repos leur sera enfin accordé.
Situation le 16 juin
P.C : D.I. – I.D. – A.D. Nicey-s/Aire puis à partir de 9 h Villotte.
11e R.I.: P.C Rosnes.
18e B.IL.A. : bois au sud de Rosnes et Erize-la-Brulée
Des 5h30 des éléments ennemis s’infiltrent jusqu à Rosnes et l’ennemi prend
contact avec tout le front du régiment. À 6 heures, le Général Commandant de la
D.I. donne l’ordre de replier le 11e R.I. sur Belrain et Villotte. Le repli commence
à 9 heures. Le 3e Batn n’a pu se dégager et à 10h 30 le Colonel Commandant le
11e R.I. rend compte de sa disparition. On ne le reverra plus.
123e R.I. : P.C : Longchamp. L’ennemi prend le contact à partir de 4h et des 5h30
se fait très pressant. Le P.C du R.I. se transporte à mi-chemin sur la route
deLongchamp – Pierrefitte.
1er Bataillon Nicey – 2e Bataillon: Bois de la Judée lisière à l’est, Longchamp. 3e
892
CHAPITRE XIII ÉPILOGUE

Bataillon : ne peut décrocher sauf la 1re Cie.


G.R.C.A. 14 et G.R.D.I. 29 protègent la gauche de la 35e DI sur les pentes à l’est
de Petit Rumont et Ouest d’Erize la Brulée.
À 15h l’ennemi vient au contact sur la position Nicey bois de la Judée (poussée
plus violente à gauche), Nicey est fortement bombardée. À 14h le 123e RI
décroche à nouveau. P.C : Gimécourt. Le 21e R.M.V.E. se portera dans la journée
sans être engagé par Pierrefitte et Koeur sur Sampigny où il stationnera sans
incident à partir de 17h. À 16h P.C de D.I., I.D., A.D.
Baudrémont. Après son installation, l’ennemi bombarde le village.
Suivant les ordres donnés par le 21e CA, la D.I. devra à la tombée de la nuit
décrocher et gagner à la faveur d’une marche de nuit aussi rapide que possible
la région Void Vaucouleurs où elle pourra se reposer à l’abri d’une solide ligne de
résistance.
Les ordres pour le repli de nuit sont donnés :
11e R.I. P.C : Gimécourt
123e R.I. : sans changement
Situation à 17h30
Villotte tenu par le 3e Bataillon du 11e RI, 1er Bataillon du 123e R.I., 2 Cies du
B.I.L.A., 1re Cie de chars et forme le point essentiel de la défense.
Au sud le 1er Bataillon du 11e et la 1re Cie du B.I.L.A. ferment Gimécourt et le front
entre Gimécourt et Baudrémont face à l’Est. Le 2e Bat- du 123e RI tient face au
nord le bois à l’est de Gimécourt. Le G.R.D.I. 29 manoeuvre en retraite : escadron
moto sur Lignières, escadron à cheval sur Levoncourt et Baudrémont. Le GRCA
14 manoeuvre en retraite sur Baudrémont puis vers Mesnil au Bois.
L’artillerie ennemi renforce son action sur Villotte, Gimécourt, Baudrémont, sur
les positions de l’infanterie et de l’artillerie.
À 17h30 l’ennemi prend contact sur Villotte dont la défense commence d’abord
avec le concours des chars, puis après leur repli faute de munitions et d’essence,
l’ennemi déborde Villotte et progresse vers Gimécourt vers 19h. Pendant cette
phase du combat le P.C du 123e RI dans l’église de Gimécourt est bombardé et le
Colonel commandant le régiment est tué avec plusieurs de ses officiers et une
partie de sa liaison.
À 19h le P.C de la D.I. se transporte à la lisière des bois à 800m à l’est de
Baudrémont. Le 11e R.I. P.C du Régiment et 1er Batn se replient de Gimécourt sur
Baudrémont. Le Colonel Pomponeau est tué à la sortie Est de Baudrémont.
L’artillerie sort de sa position sous le feu de l’infanterie ennemie. 7 pièces qu’on
ne peut emmener sont mises hors service (14e R.A.D.). Le Général commandant
la D.I. confirme les ordres de repli et en fait hâter l’exécution sauf pour les
893
CHAPITRE XIII ÉPILOGUE
défenseurs de Villotte qui devront décrocher à la tombée de la nuit et pour les
G.R.C.A. 14 et G.R.D.I. 29 qui devront tenir jusqu’à la nuit aux lisières à l’ouest du
bois à Baudrémont, Lignières, Mesnil au bois pour permettre le décrochage de
Villotte. Le décrochage des 3/11e et 1/123e s’effectue heureusement à la tombée
de la nuit.
Les unités de la 35e DI se replient par les 2 rives de la Meuse vers les bois de
Vaucouleurs.
11e R.I. (Commandant Nicolaï) P.C et 1er Batn par rive gauche sur Void. 3e Bataillon
par rive droite et Pont-s/Meuse.
123e RI (Commandant Coudrain) P.C 1er Batn et reste des 2 autres batn par rive
gauche et Void. De même pour G.R.D.I 29.
Après le passage de la Meuse à Void, les corps sont au repos dans les bois de
Vaucouleurs.
Cette étape qui a duré pendant toute la nuit a été extrêmement pénible. Les
routes étaient encombrées non seulement par les unités de la DI, mais aussi par
des formations des 6e D.I.C. et 6e D.I.N.A. empruntant pour partie les mêmes
itinéraires. Sur la rive droite de la Meuse où sont les trains et convois de la 35e DI
les itinéraires sont moins encombrés.
Il y a plus d’ordre ; les corps qui se replient sur cette rive (en majorité de la 6è
D.I.N.A.) ont été moins durement accrochés dans la journée du 16.
Dans les bois de Vaucouleurs la 35e DI se reforme. Les P.C : D.I., I.D. et A.D. sont
reconstitués en attendant une installation de fortune qui sera réalisée dans la
matinée du 17 à Chalaines. Le P.C arrière et les services qui se sont repliés par la
rive droite de la Meuse et ont cantonné dans les bois de-Gironville-Geville se sont
installés à Mont le Vignoble.
Situation de la DI
Cie de pionniers au complet à Chalaines. 21e R.M.V.E. a quitté Sampigny dans la
soirée du 16 sur les bois de Vaucouleurs. Le nouveau Cdt du Régiment a remis de
l’ordre dans ses unités qui après 2 jours passés pourront à nouveau être
engagées. Chaque Batn est à l’effectif de 400 hommes environ ; n’a plus qu’un
canon de 25 ; n’a que très peu d’armes automatiques et a perdu la C.H.R. depuis
le 13 (cette dernière à rejoint le Dépôt). Le 11e RI, passé sous les ordres du
Commandant Nicolaï ne comprend plus qu’une partie de l’E.M. et les restes du
1er Bataillon (environ 500 hommes). Le 3e Bataillon passé par la droite ne
rejoindra que le 19.
Le 123e RI, passé sous les ordres du Commandant Coudrain s’est reconstitué
(1200 hommes environ). 18e B.IL.A. réduit à 150 hommes environ. Le G.R.D. 29 a
subi 25% de pertes.
Les P.C D.I. I.D. A.D. fonctionnent à Chalaines à partir de 10 heures. Malgré les
894
CHAPITRE XIII ÉPILOGUE
instructions du 21e C.A. prévoyant le repos de la DI dans les bois de Vaucouleurs,
des mouvements sont exécutés sur de nouveaux ordres du 21e C.A. causés par
l’approche de l’ennemi en marche sur le canal de la Marne au Rhin et rencontré
lors d’une reconnaissance du G.R.D.I. 29 sur Mauvages. Les éléments de
résistance prévus sur le canal étaient trop faibles et dans le sud l’ennemi avait
déjà dépassé Chaumont et Langres et marchait vers la frontière suisse.
Le 21e R.M.V.E. gagne les bois au Sud de Montigny-lès-Vaucouleurs, puis les bois
à l’Est de Rigny-Saint-Martin. Le 3e Batallon s’installant sur les hauteurs Ouest de
Vaucouleurs pour couvrir le mouvement de la DI.
Le 11e R.I. gagne Rozières les Bois puis Rigny st Martin et le bois à l’Est. 18e B.I.L.A.
: Montigny puis Rigny.
Le G.R. 29 patrouille jusqu’au soir sur le canal de la Marne au Rhin. 14 e et 214e
RAD passent sur la rive droite de la Meuse.
Situation dans la soirée du 17 : P.C : D.I., I.D., et A.D. rejoignent à Mont le Vignoble
le P.C arrière et les services. Installation après 23h.
Le Général Commandant la DI s’arrête au P.C de la 6e D.I.N.A. (Rigny la Plaine) où
il apprend la demande d’armistice. Le déplacement de la DI se fait au milieu d’un
embouteillage indescriptible (des voitures de liaison mettront 3h pour aller de
Chalaines à Mont le Vignoble). Le P.C de la DI va s’installer dans la matinée à
Ochey, le P.C arrière et les services à Goviller (écrit Golwiller).
L’AD, EM 14e et 214e R.A.D. sont mis pendant la matinée à la disposition de la 6e
D.I.N.A., ne sont pas mobilisés par cette dernière et sont rendus à la 35e DI dans
l’après-midi.
Le 21e gagne les bois d’Ansiota (à l’est d’Allain) sauf un batn qui est laissé jusqu’au
soir au fort de Blénod les Toul et qui rejoindra le bois d’Ansiota.
Le 11e R.I. va bivouaquer dans les bois Est de Crézilles.
Le 123e R.I. va bivouaquer dans les bois Est d’Allain ainsi que le 18 B.I.L.A. GR29
14e et 214e RAD au bois de Fays.
Le 19 au matin le 3e Bataillon du 11e RI rejoint la D.I. après 2 jours de route et
rejoint les restes du 11e R.I. dans les bois d’Allain.
Situation au 19 juin
P.C : DI ID AD : Ochey. Le Génl Cdt la D.I. et une partie de son EM. Le Génl Cdt
l’I.D. et son EM s’installent sur le terrain d’aviation d’Ochey.
P.C : A.D. Crépey auprès de l’EM de l’artillerie du Groupement Dubuisson (Cdt la
région de Verdun).
21e R.M.V.E. : 1er Bataillon : Colombey les Belles
2e Bataillon : Bois d’Anciotta
3e Bataillon : Allain
Les localités de Colombey et d’Allain subissent des bombardements ennemis.
895
CHAPITRE XIII ÉPILOGUE
11e 123e RI18e B.I.LA sans changement.
Le 29e GRD, mis aux ordres du Colonel Commandant le 14e G.R.C.A., regroupé à
Barizey la Côte, est engagé vers Saulxerotte.
214e R.A.D. : Ouest de Crepey.
La réorganisation envisagée est réalisée.
Dans la soirée, la 35e D.I. est mise à la disposition du Général Dubuisson P.C à
Crepey.
Le P.C de la 35e D.I. s’installe pour la nuit à Crepey.
Le Général Commandant la D.I. apprend alors que les troupes aux ordres du
Général Dubuisson sont coupées du 21e C.A. dont le P.C est à Sion-Vaudémont.
Les troupes ainsi coupées comprennent avec l’EM Dubuisson le CAF (ex région
fortifiée de Metz Général Renondeau) et un certain nombre de divisions et
d’éléments non endivisionnés (8/11e
D.I.C. – 6e D.I.C. – 6e D.I.N.A.– 51e D.I. – 58e D.I. – D.I.B. (ex région fortifiée de
Montmedy) 14e G.R.C.A. – troupes de Verdun ; etc.
Blessé le 19 juin durant le bombardement par 105 et 150 de Colombey les Belles
à la tête de ma Cie dont j’ai pris le commandement depuis les combats de la
Grange aux Bois le 13 (la Cie a perdu 3 officiers sur 4), je suis évacué sur Vézelise
et disparaît du théâtre d’opérations.
Les renseignements qui suivent ont été recueillis en captivité auprès des
camarades survivants du 21e R.M.V.E.
Le matin du 20 les P.C : DI et ID reviennent au terrain d’aviation d’Ochey. Le P.C
de l’A.D. reste à Crepey. Le QG arrière et les services s’installent dans les bois de
Goviller.
21e R.M.V.E. : sans changement. Les infiltrations ennemies sont repoussées.
11e R.I. EM et 1er Bataillon : sans changement. 3e Bataillon bois de Montrot? 14e
R.A.D.?)?
123e R.I. : Bois de Colombey les Belles et hauteur de la route Allain – Crepey
Liaison droite avec le 21e R.M.V.E. 18e B.I.L.A. sans changement sauf la 3e Cie mise
à la disposition du 21e R.M.V.E. sur la route de Colombey à 1 km Sud d’Allain. 214e
R.A.D. Crépey (les 13e et 17e batteries n’ayant plus de munitions regagnent le bois
de Goviller). Le regiment n’a plus que 2 batteries en action : 14e et 16e. 14e R.A.D.
: EM Crépey.
À partir du 20, la D.I. est sans nouvelles du P.A.D. 35 qui n’a pas rejoint les points
où il devait se regrouper avec les trains de la D.I. et du G.S.D. 35 qui, malgré les
ordres, a été pris dans la région de Vézelise. J’affirme que les PS avaient été
désertés et que l’ambulance du Batn qui m’évacua sur Vézelise avec 4 de mes
hommes dut nous déposer à l’Hospice des Vieillards. Le maire du pays a d’ailleurs
fait diriger sur l’Hospice tout le contenu d’une ambulance qui s’était soulagée de
896
CHAPITRE XIII ÉPILOGUE
son matériel (groupe électrogène, table d’opérations, balles de linge, de
pansements, médicaments et en quantités très importantes représentant
plusieurs centaines de mille francs.) pour se replier plus vite. Avec un camarade
Lieutenant nous avons inventorié et camouflé tout ce matériel pour les besoins
de l’Hospice où se trouvaient 35 blessés militaires et une vingtaine de blessés
civils par le bombardement aérien de la veille. Les allemands ont occupé l’hôpital
la nuit du 20 au 21.
En fin d’après-midi P.C : D.I. et I.D. s’installent à l’abri des installations du
terraind’aviation au N de Crépey.
Situation au 21 juin
P.C D.I. et I.D. en plein champ sur la crête N de Germiny.
Le matin le drapeau du 123e RI est brûlé par ordre du Gl Cdt la DI.
21e R.M.V.E. : 1er et 3e Bataillons lisière S-O du village d’Allain.
11e R.I. ; Bois du Fay.
123e R.I. : interdit les débouchés du bois d’Allain et de Crépey.
GRD 29 décroche de Saulxerotte vers 14h et se replie sur Crépey, Germiny et le
bois de Crépey.
Entre 12h et 14h une poussée ennemie qui s’est emparée de Parey amène des
éléments ennemis aux lisières du bois de Goviller où sont pris le P.C arrière, les
services et les trains de la D.I.
Vers 16h le P.C du Groupement Dubuisson quitte Germiny pour se porter à la
lisière Est du bois Ouest de Viternes. Vers 17h le P.C D.I. et I.D. se transporte dans
le bois à la sortie nord est de Thuilley aux Groseilles.
214e R.A.D. se porte dans le bois du Fay ainsi que le 14e R.A.D.
La 35e D.I. se trouve mêlée aux divers éléments groupés sous les ordres du Gl
Dubuisson dans une zone en forme d’ellipse qui a 12 kms environ de grand axe.
Là, sont réunis les restes de plusieurs divisions. 2 éléments de C.A.et divers
éléments de réserve génle et d’organisation territoriale. Il n’a plus de munitions
de 155 court ; il ne reste plus que peu de munition de 75. Les convois
embouteillent toutes les routes, paralysent la circulation ; les hommes sont
épuisés et découragés ; certaines unités sont à bout tant au physique qu’au
moral.
Des unités voisines de la DI se sont rendues presque sans résistance. Des
drapeaux blancs ont été arborés chez certaines unités extérieures à la 35 e DI.
Devant cette situation, le GénL Dubuisson réunit les officiers généraux et décide
d’entrer en rapport avec le commandement allemand. Une convention de
suspensions d’armes intervient en attendant la conclusion de l’armistice qui est
imminente.
L’ordre de cesser le feu est envoyer au lever du jour à toutes les unités du
897
CHAPITRE XIII ÉPILOGUE
groupement Dubuisson le 22 juin.
Le 22 juin à 9 heures, le GénL Dubuisson réunit à Viternes les Généraux Cdt les
grandes unités sous ses ordres et leur fait part de la convention signée. Il donne
les instructions nécessaires pour le regroupement des grandes unités :
P.C 35e D.I. et A.D. Thuilley les Groseilles.
P.C I.D. bivouaque dans le bois au milieu des R.I.
Cie de Pionniers : Thuilley les Groseilles
Le reste de la D.I. est rassemblé le long de la route de Thuilley à Viternes. Il reste
à l’effectif :
252 officiers, 5900 hommes, 1900 chevaux
Dans la matinée du 22 et la matinée du 23 le Général commandant la D.I. fait ses
adieux aux troupes auxquelles les ordres du jour suivants ont été adressés.I.
Ordre Général de la 35e D.I. du 22 juin 1940.
Soldats de la 35e D.I.
Le sort des armes vous a été contraire, mais vous avez vaillamment combattu.
Notre honneur militaire est intact. Aujourd’hui, il faut songer à l’avenir de la
France blessée. Il faudra panser les plaies et la guérir. Pour cette tâche, les fforts
incessants de tous les français seront indispensables. Il nous faudra grouper
toutes nos énergies dans une étroite union. C’est à cette union que je fais appel,
à cette discipline dont vous avez si bien compris la nécessité sous les armes et qui
ne doit pas se relâcher un instant.
Je n’oublie pas que chaque fois que je me suis adressé à votre coeur, à votre
sentiment du devoir, vous m’avez entendu. Je vous garde pour l’avenir la
confiance absolue que je n’ai cessé d’avoir en vous. Vive la France éternelle !
Le Générall Decharme Cdt le 35e D.I.
II. Ordre Général n° 5 du Groupement Dubuisson
I. Après s’être magnifiquement battues pendant plusieurs semaines, les troupes
placées sous mon commandement, décimées ont été rejetées sur les parcs et
convois accumulés et mises dans l’impossibilité de résister sur place et de
manoeuvrer. Après avoir fait leur devoir jusqu’au sacrifice complet, elles ont été
dans l’obligation de cesser toute résistance.
II. Ces troupes comprennent : 42e C.A., 51e et 58e D.I., le Commandement de la
Supérieur de Verdun, 6e D.I., 6e D.I.N.A., 35e DI, D.L.B. (Burter), 3e D.I.C, 6e D.I.C.
Les effectifs combattants de chacune d’elles, réduits à l’extrême, sont un
témoignage évident de la violence des combats qu’elles ont eu à subir. Leurs
régiments ont droit au respect et à la considération du pays. Je salue les morts
dont le sacrifice a mérité la haute estime de l’ennemi qui a accordé aux officiers
le droit de porter leurs armes.
IV. Les troupes doivent aujourd’hui donner l’exemple de la tenue et de la
898
CHAPITRE XIII ÉPILOGUE
discipline. Officiers et sous-officiers doivent suivre le sort de leurs hommes. Les
troupes doivent faire confiance à leurs chefs dans les revers comme dans les
succès. Elles doivent, en restant unies et disciplinées, rester dignes de la France
et penser au devoir qui les attend pour le relèvement de la Patrie.
Le Général de C.A. : Général Dubuisson
En exécution des instructions du commandement allemand, les généraux se
rendent à Crépey, puis à Nancy le 23 juin. Les unités après avoir déposé ce qui
restait de leurs armes (les pièces d’artie avaient été toutes rendues inutilisables)
sont dirigées sur Bainville s/Madon. Mouvement commencé à partir de 11 heures
dans l’ordre suivant : EM D.I. I.D. A.D. G.R.D.I 29 Cie Divre de Pionniers Génie 11e
RI 123e RI 21e R.M.V.E. 14e R.A.D. 214e R.A.D.
À l’arrivée à Bainville les officiers sont séparés de la troupe et internés pendant
48 heures dans les prés entourés de barbelés. Puis la troupe est conduite au fort
de Pont St Vincent (Meurthe et Moselle) et les officiers dans un casernement à
mi pente du fort de Pont St Vincent.
Le 15 juillet une partie des officiers, puis le 27 le reste, sont conduits à Nancy et
internés, d’où ils sont conduits le 29 juillet en Allemagne et internés à l’Oflag VIA
Söest Westphalie.
Copie de la citation du Lieutenant Lintignac
Ordre N° 1.404.C
À l’ordre de la Brigade
Lintignac Lieutenant au 21e Régiment de Marche de Volontaires Etrangers. «
Officier calme et consciencieux. Le 14 juin 1940 au combat de la Grange aux Bois,
resté seul officier de sa Compagnie, a pris le commandement de son Unité qu’il a
maintenu par son courage et son esprit de décision dans l’ordre et la discipline
de combat.
Le 19 juin 1940, à Colombey les Belles, a été blessé en installant sa section sous
un violent bombardement. »
St Priest le 7. 9. 45
Que dire de ce rapport ?
Quelqu’un, vers juin 1945, s’est servi du Lieutenant Lintignac du 21e R.M.V.E.
pour fournir ce résumé superfétatoire de l’histoire de la 35e Division. Que l’on ait
fait établir ce rapport résumé qui semble fait pour condamner indirectement le
colonel Debuissy est même si superfétatoire qu’il pourrait bien avoir été
demandé dans ce but. Le 21e R.M.V.E. était ostracisé par la Division. Le prince
Obolenski l’a exprimé discrètement et habilement dans sa biographie : « ... Nous
n’avions que peu de contacts avec les officiers des autres régiments. Chaque unité
avait sa propre vie et le bataillon représentait tout notre univers. Cela venait

899
CHAPITRE XIII ÉPILOGUE
certainement de la personnalité de notre chef, le lieutenant colonel Debuissy... Il
est à parier que ce quelqu’un à la source de ce résumé était le chef du 4e bureau
de l’État-Major de la 35e D.I. Si ce quelqu’un n’est pas Robert Dufourg du 4e
bureau, ce doit être son ombre. Il se trouve que je possède un exemplaire du livre
« La 35e Division dans la bataille 1959-1940 », exemplaire qui a été dédicacé le
29 octobre 1945 et dont se démarque peu le rapport Lintignac. Trois faits à eux
seuls suffiront pour amener la conclusion qui s’impose :
Pour le 12 juin matin : dans « Brassard rouge Foudre d’or », livre paru en 1951
Dufourg s’est « échappé » à la page 275 : le colonel Martyn arrivant avec le désir
de prendre le commandement du 123e RI, « mais le régiment était promis au
commandant D’Olce, je n’étais pas savoir qu’au 21e R.M.V.E. tout n’allait pas au
gré du général. … Je fis entrevoir au colonel Martyn son remplacement possible. »
Mais le 11 juin au soir, Decharme s’est bougrement compromis en rencontrant
Debuissy dans le bois de Bouconville et Hans Habe en a été le témoin (Shall a
Thousend Fall). Je ne reprendrai pas ici tout ce récit, mais simplement sa
conclusion : « Le soir du 11, nous avions crié et ri et nous nous étions endormis
heureux… Le matin suivant, nous nous réveillâmes avec la connaissance d’avoir
été dupés… »
Donc, Robert Dufourg qui avait du temps disponible dans les Ardennes pour
visiter les P.C des régiments sauf celui, proche, du 21e, s’intéresse soudain après
guerre au 21e et confie son journal de route au lieutenant Lintignac.
Dans son livre BRASSARD ROUGE FOUDRES D’OR, paru en 1951 en fin de dernière
page (328) « …, et quand les officiers de la 35e rapatriés dans le même convoi se
groupaient autour du patron, n’est-ce pas colonel Martyn, de Tournemine,
Mazères, Fagard, Gayraud, Saint-Upéry, Petitgas, Lintignac ? Cet esprit revit
encore quand nous nous retrouvons, quand nous échangeons des lettres... » Le
capitaine Jean Laguarrigue aurait mérité une place sans doute dans cette liste de
libérés avec le général Pierre Decharme le 25 mai 1941. Le général Delaissey
attendra lui, jusqu’au 9 mai 1945,
AVEC LE RECUL, tout ce que nous avons rencontré en recueillant cette histoire du
21e, laisse planer la suspicion de la trahison. De bonne foi sans doute pour
certains, mais pas tous, ils ont trahi et divisé la France en la leur et celle des
autres. Cependant, les paroles s’envolent et les faits et les écrits restent et ils
permettent de rendre justice au lieutenant-colonel Paul Debuissy sans avoir le
moindre doute. Cependant, composer cette histoire m’a plongé dans le cycle de
l’absurde, un travail devant toujours être recommencé.
Se demander ce qui serait arrivé de différent si avant même le début de la
guerre, certains Maréchaux, Amiraux et Généraux avaient été conviés à Limoges

900
CHAPITRE XIII ÉPILOGUE
et si au lieu d’appuyer la ligne Maginot par des troupes réparties comme un
cordon de douanier, on avait su préparer pour la soutenir des blocs de blindés,
d’avions et d’infanteries prêts pour la contr’attaque en n’importe quel point; cela
fait sans doute partie de ce mythe de Sisyphe, mais cela n’empêche pas d’y
songer. Du procès de Riom, Hitler voulait que la France assume la responsabilité
de la guerre et Pétain voulait obtenir que ce soit la Gueuse et le peuple français
dit « de gauche » dpnt « (la troupe »!). L’arrêt du procès a constitué un verdict
implicite, pourtant avec l’obstination de certains la pierre continue à rouler à
l’étonnement des autres.
Pour une illustration finale de notre propos, arrêtons-nous plutôt à quelques
passages explicites du livre du cagoulard Yves Dautun intitulé « La batterie
errante » et publié aux Éditions Baudinière. Il a été composé en captivité et
terminé dès le 20 août 1940. Les propos représentent bien la mentalité de
beaucoup des Français à l’époque. Ils pourraient parfaitement être superposés à
ceux du traître de Stuttgart :
— « La France est aux mains des Juifs, vassaux de l’Angleterre (page13). » « Si
je combattais, en vérité, pour ma patrie, il me déplaisait que ce fût sous les ordres
ainsi qu’au bénéfice immédiat de la bande de salopards, politiciens juifs et
maçons desservants d’une religion que je haïssais (page 42). » « De ce dur
châtiment (la défaite), il fallait désormais qu’elle tirât la leçon. Déjà, il était
important à mes yeux que l’Angleterre, tyran de l’Europe, foyer de la judéo
maçonnerie, bastion de la ploutocratie internationale, sortit du débat sans griffes
et sans dents. Ainsi, deviendrait plus aisée la grande renaissance spirituelle à
laquelle, patriote français, j’aspirais. Un ordre social nouveau, une
transformation de la structure économique du vieux continent, résulterait, je le
pressentais, d’un conflit dont mon pays, pour aussi cruellement frappé qu’il l’ait
été, saurait, s’il le voulait, tirer d’importants bénéfices. Car, pour édifier un
monument tout nouveau, le vainqueur, de toute nécessité, devrait faire appel au
concours des autres peuples. Sous le signe d’une vaste collaboration, les nations,
délivrées de l’asservissement britannique, seraient appelées à porter leur pierre
au nouvel édifice (page 284). »
Le 25 mai 1940, la déroute imminente, Pétain livrait le fond de sa pensée un
an donc jour pour jour avant la libération de ces officiers de la 35e Division « Je
suis partisan de ne plus poursuivre la lutte à outrance. (…), il faut sauver une
partie de l'armée, car, sans une armée groupée autour de quelques chefs pour
maintenir l'ordre, une vraie paix ne sera pas possible et la reconstruction de la
France n'aura pas de point de départ.

901
CHAPITRE XIII ÉPILOGUE
« La ressemblance entre la trahison de Bazaine en 1870 et la trahison de Pétain-
en 1940 est éclatante. Outre le fait que cela se termina chaque fois par le procès
d'un maréchal (et sa condamnation à mort), et qu’ils n’en survivèrent pas moins,
les similitudes sont nombreuses. On rappela à Bazaine son devoir de soldat et le
président du tribunal qui le jugea le questionna : "ces préoccupations de
négociations, alors, -avec Bismarck, pour rétablir l'empire- étaient donc plus
puissantes dans votre esprit que la stricte exécution de vos devoirs militaires ? "
Il répondit " j'admets parfaitement que ces devoirs soient stricts quand il y a un
gouvernement légal (…), mais non pas quand on est en face d'un gouvernement
insurrectionnel ; je n'admets pas cela ". Bazaine capitule " pour quitter Metz, avec
le consentement prussien pour aller rétablir l'ordre en France ", Pétain signe
l'armistice pour garder une armée qui l'aidera à maintenir l'ordre et à établir
l'Ordre nouveau. C'est le président du tribunal qui réplique à Bazaine : " la France
existait toujours " que le régime politique fût impérial ou républicain. Mais pour
l'extrême droite, la République ce n'est pas la France. (Tiré de Jean-Pierre
RISSOAN Traditionalisme et révolution Les poussées d’extrémisme des origines à
nos jours Volume 2 : du fascisme au 21 avril 2002 Seconde édition) »
Le 13e Bataillon de Pionniers a laissé peu de traces ici, à part les noms de Borvo.,
de Ankers de de Medem et de Blonstein. Ajoutons cependant extraits des listes de
Prisonniers de guerre ceux-ci :
AURILLON (Pierre), 11-10-06, Paris, 2e cl. 13e Pionniers -192 (Liste 29 du 10
octobre 1840.
BATONNEAU (André), 24-3-11, St Jean de Liversay, Charentes Maritimes,2e cl. 13e
Pionniers. Liste 17 du 17 septembrre 1940.
BOURLA (Georges), 28-7;10, St Amand-les-Eaux (N) caporal, 13e Pionniers. Liste
19 du 20 septembre 1940.
A. BLITTE

902
EFFECTIFS DE LA 10E COMPAGNIE FIN JUIN 1940
EFFECTIFS DE LA 10e Cie (DUVERNAY) LE 30 JUIN 1940

903
0rganigramme 2

ORGANIGRAMME 2
Venu d’Aubagne (Didier Michon). Les colonnes sont respectivement:
Grade/Recrutemen(t) et classe/Lieu et date naissance/situation famille/date
engagement/affectation/lieu et date décès/blessures lieu et dates/citations
décorations/lieu et date captivité. Les noms des E.V.D.G. sont soulignés dans les
sous-titres:de page.

1-Debuissy Martyn LeGuillard Mirabail Fagard Poulain

904
0rganigramme 2

2-Vidal Cohen Cohn Lagarrigue Billerot Berlet

905
0rganigramme 2

3 Octobon Borvo Bigot Pourquié Farges Gaillard

906
0rganigramme 2

4-Bénac Modéna Doubaud De Brem Bardet Grec.


.

907
0rganigramme 2

5-Troussant Sabadie Duvernay Ravel Menuat

908
0rganigramme 2

6-Saint Martin Jirou-Najou Imbach Causse Péqueraux Gaudry

909
0rganigramme 2

7-Castaner Briant Gay Dupont Bécaud Deshayes

910
0rganigramme 2

8 Houtard Lintignac Calix Belissent Neveu Charlot

911
0rganigramme 2

9-Yonine Truffy Milcamps Valée Sossine Rosenschild-Paulyn

912
0rganigramme 2

10 Busseau Nénon Coscoquela Masselot Borovsky Dugros

913
0rganigramme 2

11
11 -Smirnoff Monteil Surpas Saint-Marc Saumureau Dulion

914
0rganigramme 2

12 Audibert Rousse Dumas Buvat Odry

915
0rganigramme 2

13 Didierjean Boutrone Dujols Pold De Medem Blonstein

916
0rganigramme 2

14- Ponomarev Obolenski Malinine Huschak Sentzoff Dessino

917
0rganigramme 2

15
15-Glouchkoff Guiart Krasnnoussoff Roudométoff De-Cuniac Decottignies

918
0rganigramme 2

16
16 Firsk Krahninikoff De Foy Hornstein Charpentier Beille

919
920
921
Sur le Monument des Trois Colonnes, on trouve une phrase d'Alain Coquard : "
Devant ce mémorial historique, recueille-toi si tel est ton désir, mais surtout
respecte cet endroit, il rappelle le sacrifice d'hommes de coeur et d'honneur de
plusieurs pays, engagés volontaires sous les plis d'un même drapeau, qui ont
combattu au service de la liberté des peuples.

Le Lydia, paquebot des sables

Arrivé à Barcares le 11 juin 1967" ce bâtiment exceptionnel, symbole vivant et


unique des paquebots des années 30, semble là pour aider à oublier un passé
pénible antérieur.

922
STATISTIQUES DES NATIONALITÉS :
ALBANI=5 ALGÉRI=6 ALLEMAGN=62 ANDORR=1 ARGENTIN=4 AUTRICH=7
BELGIQU=84 BULGARI=28 CANAD=1 CARAÏB=1 CHIN=1 COLOMBI=1
DANEMAR=1 ÉGYPT=13 ESPAGN=551 ÉTATS-UNI=3 FINLAND=1 FRANÇAIS ŸFD=
227 GRÈC=75 HAÏT=4 HONGRI=273 IDTM= 6 : IRAK=1 IRAN=1 ITALI=15 JAPO=1
LETTONI=10 LITHUANI=26 LUXEMBOUR=13 MARO=4 MEXIQU=3 MONAC=1
PALESTIN=8 PAYS-BA=12 POLOGN=962 PORTO-RIC=1 PORTUGA=152
ROUMANI=221 RUSSI=228 SERBI=3 SLOVÉNI=1 SUISS=102 SYRI=1
TCHÉCOSLOVAQUI=13 TURQUI=170 URUGUA=1 YOUGOSLAVI=83.
RÉPARTITION ÈTRANGERS/FRANÇAIS
Étrangers (Recrutemenx-1) = 3151.
Français de souche ou naturalisés, binationaux ou pas (ŸFDx-1) =227.
Soit 3379 personnes ayant transité par le 21e (Effectif théorique 2800).
MORTS 39-45 IDENTIFIÉS (Chiffres minimaux) 21e + Résistance+ Déportations.
Morts guerre+ résistance : MPFXg-1=144 ou †g-1= 144.
Morts en France MPFXf-1 maladies bombardements : = 8.
Morts prisonniers en Allemagne MPFXp-1= 21, †p-1 =21 De maladies, violences
(fusillés, mitraillés, bombardés, écrasés).
Morts en déportation MPFXd-1=262 ou †d-1 =262
Déportés libérés : §d-1=61 ou §d Libéréx-1=61.
Total des déportés 262+ 61=323.
Total des morts 262d+144g+21p+8m-b = 435.
RÉSISTANTS
Total des résistants ❤-1=172
MODÉRATEUR
Ces chiffres approximatifs sont globalement des minimas si on tient compte de
la limite des documents disponibles, des erreurs commises et des nombreux
noms orphelins et des variations de frontières des pays à l’Est (Bessarabie,
Moravie, Russie, Roumanie...Kiev, la capitale de l’Ukraine a eu sa période
soviétique de 1920-1991...) qui ont fait qu’à travers le temps avec ou sans arrière-
pensées des engagés volontaires ont eu la possibilité d’afficher jusqu’à trois
nationalités différentes et sans compter les variations orthographiques
accidentelles ou voulues de leurs noms, prénoms et dates de naissance, sexe,
nationalité. Certains des noms du document Duvernay n’ont pu être identifiés…
Les recherches croisées permettent certaines solutions (Exemple Léon de Rosen
né le 16 dans le listing des E.V.D.G., mais le 18 dans le listing des faits de
résistance,
923
mais causent aussi bien des dilemmes insolubles ou sujets par déductions à des
choix seulement probables.
Cette liste alphabétique aussi erronée et incomplète qu’elle l’est a du moins le
mérite d’exister selon un schéma unique : Hommes passés par le 21e R.M.V.E,
comme, en exemples, ceux passés du premier R.M.V.E. au premier B.M.V.E. et
ceux passés du 2e au premier R.M.V.E. selon des recoupements faits à partir de
sources diverses (Engagements, Prisonniers, Déportés, Résistants, journaux,
livres, descendants, etc. Sans compter les 900 E.V.D.G. des 1ers et 2e RMVE passés
au 12e R.E.I. à la fondation de cet autre régiment ficelle qu’a été le 12e R.E.I. Si le
nombre total des E.V.D.G. et des Français dépassa les 2800, chiffre théorique du
régiment, inversement le chiffre réel présent de l’effectif a été aussi réduit dans
le temps par des transferts, des pertes et des disparitions, notamment en juin
1940, du fait de la perte de sa Compagnie de Pionniers, .il était probablement
réduit aux alentours de 2500 et ce chiffre a encore baissé avec la disparition de
son train routier. Plus de 1100 Prisonniers du 21e R.M.V.E. se trouvaient à Metz
selon Léon de Rosen.Parmi tous les noms qui ont transité par le 21e R.M.V.E,
beaucoup ne sont pas comptabilisés dans cette liste. À part les nombreux noms
indiqués seulement dans Mémoire des Hommes comme appartetenantt aux
R.M.V.E. ou au D.C.R.E. (Le D.C.R.E. créé le 13 octobre était composé d'un état-
major ; d'un bataillon d'instruction ; d'un bataillon de passage ; des dépôts de
Toul’ Marseille, Oran er Arzew. Il dépendait administrativement du 1er Régiment
Étranger d’Infanterie). Des confusions inévitables subsistent sans doute entre le
« 21e RI » de la 12e DI et les « 21e R.I. » du 21e RMVE présents dans les mêmes
listes de prisonniers.
Citons-en seulement comme exemples des noms déjà rencontrés dans ce
recueil : --Mordka Gliksberg (Max?) engagé au 21e (SBC 75) et réformé (conseil
de révision de la caserne de Reuilly) --Szlama Ser né le 22-08-1907 à Volonine
Pologne (SBC 75) Mle 11509 ---> 1er B.M.V.E.--Benjamin Lewinski né le 15-5-1916,
à Varsovie Pologne (SBC 75) Mle11509. ---> 1er B.M.V.E.) – l’architecte Michel
Ouchacof enregistré D.C.R.E., mais qu’Habe décrit au 21e R.M.V.E.
Un grand nombre (500?) a transité du 2e au 1er R.M.V.E.
Enfin notons que pour la France, 97% des déportés juifs sont morts, 30% des
déportés non juifs le sont. Néanmoins, certains notés décédés en déportation,
mais sans date, ne le sont que présumés...
Enfin, un fait essentiel ressort de cette compilation : plus de la moitié des décès
recensés sont survenus en déportation. Il y a probablement des « manquants »
dans les 2 cas.

924
Table des matières
RÉFÉRENCES :...................................................................................................................................................................................... 4
AVANT-PROPOS .................................................................................................................................................................................. 9
DOCUMENT PAUL DEBUISSY venant de M. Jean Pierre Bourel ........................................................................................................ 13
CHAPITRE I : Prologues. .................................................................................................................................................................... 27
La Retirada ................................................................................................................................................................................... 27
La France se fascisait aux mains de ses élites réactionnaires ...................................................................................................... 29
Commune de BERNON dans l’Aube ............................................................................................................................................. 30
Circulaire du lundi 27 septembre 1937 ........................................................................................................................................ 32
Des camps sommairement improvisés ........................................................................................................................................ 33
Armand Gliksberg : Kaddish pour les miens. ................................................................................................................................ 35
Extrait des « cahiers de la civilisation espagnole contemporaine ........................................................................................... 44
La Guerre d’Espagne se termina par un coup d’État ............................................................................................................... 45
.La France et les étrangers : la chute des démocraties ............................................................................................................ 46
La trahison : Plutôt Hitler que Blum, Staline et la Gueuse ........................................................................................................... 50
Le dimanche 3 septembre 1939, la guerre fut déclarée à l’Allemagne........................................................................................ 62
LES R.M.V.E. Régiments ficelles et la Légion étrangère ............................................................................................................... 64
Créés mieux équipés et exemptés du titre de Régiments ficelles ................................................................................................ 74
SATHONAY ............................................................................................................................................................................... 95
LE CAMP DE BARCARÈS ................................................................................................................................................................ 97
Ilex Beller rapporte un épisode de la vie au camp de Barcarès ............................................................................................. 104
Autre épisode de la vie au camp de Barcarès raconté par Édouard Arevian ......................................................................... 106
L’ATTITUDE ENVERS LES JUIFS N’ÉTAIT PAS DES PLUS AMICALES. ............................................................................................ 108
Le 10 janvier 1940, la direction de la Légion établit des ordres secrets ................................................................................ 110
Les Juifs polonais ne voulaient pas rejoindre l’armée polonaise ........................................................................................... 110
Il est difficile de faire dans ces décisions la part de l’antisémitisme ..................................................................................... 112
Le courage et la ténacité de ces régiments de volontaires ........................................................................................................ 113
Soixante-quinze pour cent de l’effectif ignoraient la langue française ................................................................................. 114
Leur dénuement leur valut le nom dérisoire de régiments ficelles. ...................................................................................... 114
À Barcarès, les cours théoriques étaient exclus .................................................................................................................... 115
L’étonnante qualité intellectuelle de beaucoup d’engagés ................................................................................................... 115
Les chants y représentaient l’unique divertissement ............................................................................................................ 115
La vie quotidienne se déroulait plutôt monotone ................................................................................................................. 118
Édouard Arevian a décrit aussi un curieux personnage ......................................................................................................... 119
Extraits de lettres d’Isak Michon ADJOUBEL par son fils Didier Michon :.............................................................................. 120
Avec « la drôle de guerre » régna finalement un calme déprimant. ..................................................................................... 121
LE CAMP DU LARZAC .................................................................................................................................................................. 122
ORGANIGRAMME DU 21E R.M.V.E. ............................................................................................................................................ 122
OFFICIERS ............................................................................................................................................................................... 123
ÉLÉMENTS RATTAQUÉS À L’ÉTAT-MAJOR .............................................................................................................................. 124
PREMIER BATAILLON ............................................................................................................................................................. 124
DEUXIÈME BATAILLON ........................................................................................................................................................... 125

925
TROISIÈME BATAILLON .......................................................................................................................................................... 126
CHAPITRE II Vie du 21e R.M.V.E. ................................................................................................................................................... 128
Le départ pour la zone des Armées (Alsace). ............................................................................................................................. 128
EXTRAITS du livre Mémoire d’un Français rebelle ................................................................................................................. 133
L’affaire Corap. La farce fatale Huntziger-Gamelin versus Corap-Georges ................................................................................ 137
L’Organisation du haut commandement françcais ................................................................................................................ 139
La carte de la situation le 21 mai ............................................................................................................................................... 140
Le 2e Bataillon du 21e R.M.V.E. du 21 mai au 10 juin 1940 .................................................................................................... 148
Le 3e Bataillon du 21e R.M.V.E. du 21 mai au 19 juin 1940 : ...................................................................................................... 149
La 35e Division du 20 mai au 10 juin 1940 : ................................................................................................................................ 156
Le lieutenant-colonel Gallini dans son Historique du 14e G.R.C.A. ............................................................................................ 160
Le Brigadier Courtin dans son histoire du 8e Régiment de Chasseurs à Cheval ......................................................................... 160
Robert Dufourg de son côté, a écrit que les premières journées, ............................................................................................. 161
LA CONFÉRENCE DE BRIARE DES 11-12 juin et la Directive de Weygand................................................................................... 162
La retraite de la 35e Division du 11 au 14 juin ............................................................................................................................ 166
Repli du 1er Bataillon du 21e R.M.V.E. du 10 juin au 14 juin ....................................................................................................... 168
Repli du 2e Bataillon (Capitaine Trussand de la C.A. 2) 10-14 juin ............................................................................................. 173
… Repli du 3e Bataillon 21e R.M.V.E. du 10 au 14 juin : .............................................................................................................. 175
L’attaque allemande sur Sainte-Menehould .............................................................................................................................. 179
LE CRIME DE SAINTE-MENEHOULD ............................................................................................................................................ 180
La signification de la scène de Commercy .................................................................................................................................. 187
L’hypothétique réorganisation du 21e R.M.V.E. ......................................................................................................................... 188
VOICI DES ÉLÉMENTS EXTÉRIEURS QUI SOUTIENNENT L’IDÉE D’UN COMPLOT ........................................................................ 192
LE 21e R.M.V.E. À LA BATAILLE DE SAINTE-MENEHOULD ........................................................................................................... 196
LA DÉBÂCLE DU FRONT DE L’EST ................................................................................................................................................ 197
La débâcle vue de la 35e D.I. .................................................................................................................................................. 198
La débâcle vue du 2e Bataillon du 21e R.M.V.E. ..................................................................................................................... 206
La débâcle vue du 3e Bataillon du 21e R.M.V.E. ..................................................................................................................... 207
Avant la débâcle et la débâcle vues du train du R.M.V.E (Visite de M. MICHON. M. à Aubagne .......................................... 210
[Rapport du Sous-Lieutenant Pold ......................................................................................................................................... 210
De son côté, le capitaine Modéna nous révèle .......................................................................................................................... 212
CHAPITRE III : Disparition du 21e R.M.V.E ...................................................................................................................................... 215
Les derniers jours ....................................................................................................................................................................... 215
Le cessez-le-feu .......................................................................................................................................................................... 215
La reddition, le 23 juin 1940 ....................................................................................................................................................... 218
Thuilley-aux-Groseilles : ......................................................................................................................................................... 219
Le camp de Bainville-sur-Madon ........................................................................................................................................... 220
Le fort de Pont-Saint-Vincent. ............................................................................................................................................... 221
La marche sur Metz ............................................................................................................................................................... 222
Le détachement Tschiember ................................................................................................................................................. 223
La Caserne du Lizé .................................................................................................................................................................. 223
Le Fort de Queuleu ................................................................................................................................................................ 224
Sort réservé aux volontaires espagnols prisonniers .............................................................................................................. 225
Anselmo Trujillo dont voici le parcours ................................................................................................................................. 225
926
Les soldats arméniens ............................................................................................................................................................ 228
Les combattants juifs prisonniers .......................................................................................................................................... 229
"La Vie à BAUMHAUER, camp disciplinaire des prisonniers de guerre" ................................................................................ 229
La Communauté juive en zone occupée et zone libre ........................................................................................................... 232
Le 21 mars 1941, la création du commissariat général aux questions juives ........................................................................ 232
Autres Extraits du journal de l’UVEACJ .................................................................................................................................. 233
La première rafle à Paris, dite du « billet vert »..................................................................................................................... 234
L’absence d’Allemands en zone libre jusqu’en novembre 1942............................................................................................ 234
Les Juifs et la naissance d’Israël : D’Abraham à Simon Drucker. ................................................................................................ 235
Citons encore ceci par Samuel Pintel, .................................................................................................................................... 237
L’action de Vichy en zone libre à l’encontre des volontaires étrangers. ............................................................................... 238
Entrevue avec deux survivants espagnols du camp de Mauthausem. .................................................................................. 240
La conduite de la France de De Gaulle après la libération ..................................................................................................... 243
Une atmosphère de trahison entoure l’historique des Armées de l’Est. ............................................................................... 248
La disparition du 21e R.M.V.E vue de l’E.M. de la 35e division ................................................................................................... 252
Des 1.850.000 prisonniers de guerre ..................................................................................................................................... 255
L’ombre de la trahison plane sur cete triste défaite de 1940. ............................................................................................... 257
CHAPITRE IV Documents. ............................................................................................................................................................... 259
Premier Bataillon rapport Mirabail Journal de Marche ............................................................................................................. 259
Lettre du lieutenant André Coscoquela de la section d’engins 2e bataillon .............................................................................. 266
Compte rendu de fin d’opérations ............................................................................................................................................. 267
JOURNAL DE MARCHE de la 5e Cie ............................................................................................................................................. 269
JOURNAL DE MARCHE de la 5e Cie ............................................................................................................................................. 270
Lettre du Capitaine Jean Roger Trussand : Situation des effectifs de la C.A. 2. ..................................................................... 274
Lettre du Capitaine Jean Roger Trussant : Citations .............................................................................................................. 276
Lettre du Capitaine Jean Roger Trussand du 11 novembre 1942. ............................................................................................. 278
Lettre du Sergent Chef Leroy au Capitaine Trussand ................................................................................................................. 279
Lettre du Capitaine Jean Roger Trussant datée du 25 juillet 1942 ........................................................................................ 280
HISTORIQUE DU 3E BATAILLON Poulain Ravel ............................................................................................................................ 280
Encadrement du 3e Bataillon le 30 avril 1940 ........................................................................................................................ 280
Le 3e bataillon de Barcarès à la montée au front. .................................................................................................................. 281
3e Bataillon 9e Cie rapport Modéna. ............................................................................................................................................... 291
C.R. de fin d’opération 9e Cie 3e bataillon Capitaine Modéna : ............................................................................................. 291
Rapport du Capitaine Ravel Commandant le 3/21 e R.M.V.E.
........................................................................................................................................................................................................ 304
CHAPITRE V : Le 21e R.M.V.E. dans la résistance. ........................................................................................................................... 307
DAVYDAS BADASSAS .............................................................................................................................................................. 307
Yanchel FRENC ....................................................................................................................................................................... 375
Antoine Henri BEILLE ............................................................................................................................................................. 376
Jooseph CLISCI ....................................................................................................................................................................... 378
Thomas Gleib de son nom Yeouda Chaïm KALMAN .............................................................................................................. 381
Georges GHERTMAN ou Zulik Ghertman ............................................................................................................................... 384
Joseph Kutin (Kutyn ............................................................................................................................................................... 389
Boria Lerner (Baruch Lerner ................................................................................................................................................... 390

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Kopiloff Théodore .................................................................................................................................................................. 391
Jacques Silberfeld .................................................................................................................................................................. 392
Narcisse GALI ......................................................................................................................................................................... 393
CHAPITRE VI : Le 11e Régiment Étranger d’Infanterie .................................................................................................................... 395
CHAPITRE VII : Les combats du 21e R.I.C. de juin 1940 en Argonne. .............................................................................................. 411
CHAPITRE VIII : Historique du 14e G.R.C.A. du 1er février 1940 au 23 juin 1940 par Le Lt-Colonel Gallini. ..................................... 415
CHAPITRES IX : La 35e Division au combat ...................................................................................................................................... 467
LE PRÉLUDE ................................................................................................................................................................................ 467
LA BATAILLE ................................................................................................................................................................................ 478
1. Au Nord de l'Argonne ........................................................................................................................................................ 478
2. Retraite à travers l'Argonne ............................................................................................................................................... 482
3. La journée tragique de Baudrémont .................................................................................................................................. 485
4. Entre Meuse et Moselle. .................................................................................................................................................... 486
RÉSUMÉ DE LA BATAILLE À L’EST ............................................................................................................................................... 491
Le 10 juin 1940, la ligne Weygand de « défense sans recul » du 4 juin 1940 est percée ...................................................... 491
200 000 hommes sont encerclés dans le triangle Toul, Colombey-lès-Belles, ...................................................................... 492
Quelle est la part de responsabilité des généraux ? .............................................................................................................. 492
Liste de généraux libérés ....................................................................................................................................................... 493
Chapitre X : La sacrifice de l’armée polonaise dans le Lunévillois et plus. ..................................................................................... 496
Le comportement français au 45e Corps d’Armée ................................................................................................................ 506
La revue suisse "le véritable messager boiteux de Neuchâtel ............................................................................................... 506
CHAPITRE XI : Conclusions sur les chapitres précédents ................................................................................................................ 508
CHAPITRE XII : Personnages du 21e R.M.V.E. .................................................................................................................................. 515
CHAPITRE XIII : ÉPILOGUE ............................................................................................................................................................... 884
14e Région Le Lieutenant Lintignac Charles ............................................................................................................................... 886
Que dire de ce rapport ? ............................................................................................................................................................ 899
EFFECTIFS DE LA 10e Cie ............................................................................................................................................................. 903
ORGANIGRAMME 2 ........................................................................................................................................................................ 904
STATISTIQUES DES NATIONALITÉS : ........................................................................................................................................... 923
RÉPARTITION ÈTRANGERS/FRANÇAIS ........................................................................................................................................ 923
MORTS 39-45 IDENTIFIÉS (Chiffres minimaux) 21e + Résistance+ Déportations. ....................................................................... 923
RÉSISTANTS ................................................................................................................................................................................ 923
MODÉRATEUR ............................................................................................................................................................................ 923

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