Professional Documents
Culture Documents
CHAVOUOT
L’équipe Torah-Box
Couverture :
Lois & récits
DE CHAVOUOT
France
Tél.: 01.80.91.62.91
Fax : 01.72.70.33.84
Israël
Tél.: 077.429.93.06
Port : 054.681.92.16
Email : contact@torah-box.com
Site Web : www.torah-box.com
•
Imprimé en Israël
Ce livre comporte des textes saints, veuillez ne pas le jeter n’importe où,
ni le transporter d’un domaine public à un domaine privé pendant Chabbath.
Note de l’éditeur
Précisions aux lecteurs :
• Les lois (halakhot) contenues dans ce livre sont adaptées aux Séfarades comme aux
Achkénazes, mis à part celles dont nous avons expliquées les différences. Elles sont selon
le ‘Hazon ‘Ovadia (Hilkhot Yom Tov) du Gaon haRav ‘Ovadia YOSSEF.
• Les paroles de nos Maîtres citées dans la partie « récis » proviennent des Midrachim
(interprétations allégoriques) ainsi que des Commentateurs et sont tirés des en grande
partie de l’ouvrage Mé’am Loez.
INDEX
■ PREMIÈRE PARTIE :
RÉCITS
Le don de la Torah 9
Introduction à la Méguilat Ruth 33
La Méguilat Ruth 37
David HaMélèkh 81
Le Livre des Téhilim 97
■ DEUXIÈME PARTIE :
LOIS
■ TROISIÈME PARTIE :
RÉFLEXIONS
Que ce livre contribue à la réussite du
Collel « Torah Box / Vayizra’ Itshak »
Centre d’étude de Torah pour francophones à Jerusalem
sous l’enseignement du rav Eliezer FALK
au Roch-Collel :
Rav Eliezer FALK
RÉCITS
a b
Récits
LE DON DE LA TORAH
«Seulement, garde-toi et évite avec soin, pour ton salut, d’oublier les événe-
ments dont tes yeux ont été témoins, de les laisser échapper de ta pensée, à
aucun moment de ton existence. Fais les connaître à tes enfants et aux enfants
de tes enfants. N’oublie pas ce jour où tu te tenais en présence de l’Eternel ton
D.ieu, au Horev, lorsque l’Eternel me dit : «Convoque ce peuple de Ma part, Je
veux leur faire entendre Mes paroles afin qu’ils apprennent à Me révérer tant
qu’ils vivront sur la terre, et qu’ils l’enseignent à leurs enfants»
D.ieu ne créa le monde que pour la Torah, afin que le peuple d’Israël
l’accepte, l’étudie et l’accomplisse. C’est ainsi que D.ieu mit en place
tous les détails de la création, de telle sorte qu’ils permettent la mise
en pratique de la Torah. Ainsi par exemple, sommes-nous enjoints à
pratiquer la circoncision sur un nouveau-né de 8 jours. C’est pour cette
raison que l’Eternel a créé en ce monde une règle naturelle, celle de la
Lois et Récits de Chavouot
coagulation du sang chez un bébé, qui n’est totale qu’au terme de huit
jours.
Période de convalescence
D.ieu a libéré les Bné Israël avec force miracles et prodiges, afin de réa-
liser la promesse faite à Moché Rabbénou : «Quand tu auras fait sortir
ce peuple de l’Égypte, vous adorerez le Seigneur sur cette montagne»
(Chemot, 3 :12). Mais nous remarquons l’emploi du futur : «vous ser-
virez», plutôt que le présent ou l’impératif. Pourquoi donc ? Ceci afin
10
Récits
Le fils d’un roi était malade. Il fut donc hospitalisé durant de longs
mois, du fait de la gravité de son état. Lorsque finalement, il retrouva
sa santé, et retourna au palais royal, les ministres du roi lui dirent :
«Cela fait déjà longtemps que ton cher fils est resté à l’hôpital, il est temps
désormais de l’envoyer faire des études supérieures. L’heure est venue pour
lui d’acquérir une instruction supérieure digne du fils d’un souverain. Le
roi répondit : Il est certain que je l’enverrai faire ses études mais ce n’est pas
le moment propice. Il est trop faible pour l’instant et n’est pas suffisamment
rétabli. Je vais d’abord le laisser se reposer encore trois mois dans mon palais.
Il pourra y consommer les meilleurs mets, les plus sains, afin qu’il recouvre sa
pleine force. Ce n’est qu’ensuite qu’il pourra partir étudier».
Le compte du Omer
11
Lois et Récits de Chavouot
les quarante neuf degrés de pureté. Les Bné Israël se trouvent alors to-
talement prêts à recevoir la Torah. Ainsi, les Bné Israël, du fait même
de leur amour pour la Torah, comptaient chaque jour et disaient : «Un
jour s’est écoulé, deux jours se sont écoulés, trois jours, ainsi de suite»
Et nous nous rapprochons de ce jour tant attendu. C’est pour cette rai-
son que nous instituerons ce décompte pour les générations à venir.
Car chaque année, en ces jours, pointent les réminiscences d’une telle
élévation spirituelle, avec une préparation nécessaire à la réception de
la Torah.
Querelle de montagnes
Quel serait donc l’endroit «élu», celui qui bénéficierait d’un tel mérite :
être le théâtre du don de la Torah ? Le Midrach affirme : «Lorsque Ha-
chem est venu donner Sa Torah au Mont Sinaï, les montagnes se sont
précipitées, se querellant. Le Mont Tavor et le Mont Carmel accouru-
rent, le premier déclara : «C’est sur moi que sera donnée la Torah ! Le
second rétorquant : «Non, sur moi !» D.ieu leur répondit : «Pourquoi
donc les plus hautes montagnes auraient-elles ce droit ? Ce n’est pas
sur vous que Je donnerai Ma Torah mais sur le Mont Sinaï, car vous
êtes emplis d’orgueil et de jalousie alors qu’il est plus modeste et plus
petit que vous». Tout ceci pour nous enseigner l’humilité indissociable
de la Torah, plutôt que l’orgueil et la dispute.
12
Récits
Les Sages nous disent : au moment où Moché s’élève vers le Ciel afin
d’y chercher la Torah, les anges du service divin disent devant le Saint
béni soit-Il : «Maître du monde, que fait donc cet être né d’une femme
parmi nous ?». D.ieu leur répondit : «Il est venu y chercher la Torah».
Les anges : «Comment ? C’est ce trésor précieusement préservé en ton
palais, 974 générations avant même la création du monde, que tu dé-
sires offrir à un vulgaire être de chair et de sang ? Laisse nous donc
la Torah, nous les anges. Nous qui ne fautons jamais !» D.ieu déclara
à Moché : «Réponds-leur !». Moché déclara : «Maître du monde, je
crains qu’ils ne me consument du seul souffle de leurs bouches !». «Sois
sans crainte Moché ! Tiens-toi bien à Mon Trône de Gloire et réponds
leur !». Moché s’enveloppa alors du reflet de la Chékhina, s’arma de
courage et dit aux anges : «La Torah que D.ieu souhaite nous donner,
qu’y est-il écrit ? «Je suis l’Eternel ton D.ieu qui t’a libéré d’Egypte ...».
Etes-vous donc sortis descendus en Egypte vous-mêmes pour y être
asservis par Pharaon ? Il y est également stipulé : «Respecte ton père
et ta mère». Avez-vous donc des parents vous-mêmes ?». De même
avec les commandements : «Ne tue pas», «Ne convoite pas», «Ne vole
pas» ... Existe-t-il donc de la jalousie parmi vous ? Possédez-vous donc
un Yétser Hara (mauvais penchant) qui vous incite au meurtre ou au
vol ? Les anges ne purent alors que souscrire aux paroles de Moché
et reconnaître leur véracité : Moché méritait bien de recevoir la To-
rah pour la donner aux hommes. Bien plus encore, chacun des anges
décida d’offrir en cadeau un secret de la Torah, une Ségoula (conseil
pratique ou encore un remède secret), comme il est dit (Téhilim, 68,19) :
«Tu es remonté dans les hauteurs, après avoir fait des prises. Tu as
reçu des dons parmi les hommes». A tel point que l’Ange de la mort
lui-même lui offrit un cadeau : le secret de la fabrication de la Kétoret
13
Lois et Récits de Chavouot
«Et Moché monta vers Hachem qui, l’appelant du haut de la montagne, lui
dit : «Adresse ce discours à la maison de Yaacov, cette déclaration aux Bné Is-
raël : «Vous avez vu ce que J’ai fait aux Egyptiens. Vous, Je vous ai porté sur
l’aile des aigles, Je vous ai rapproché de Moi. Désormais, si vous êtes attentifs
à Ma voix, si vous gardez Mon alliance, vous serez Mon trésor entre tous les
peuples. Car toute la terre est à Moi, mais vous, vous serez une dynastie de
Cohanim (prêtres) et une nation sainte. Tel est le langage que tu tiendras aux
Bné Israël» (Chemot 19, 3-6)
C’est alors que tout le peuple répondit d’une seule voix : «Nous ferons
tout ce que D.ieu nous dira».
14
Récits
D.ieu répond à Moché : «Si telle est la volonté du peuple, que Je leur
parle directement, ils devront au préalable se sanctifier davantage,
15
Lois et Récits de Chavouot
Le livre de l’alliance
16
Récits
Douze autels
Lecture de la Torah
Avertissement d’emblée
C’est ainsi que Moché mit en garde le peuple d’emblée, en leur faisant
part de toutes les malédictions et sanctions mentionnées dans la Torah,
afin qu’ils ne disent pas : «Si nous avions su à quel point les sanctions
sont sévères, nous n’aurions jamais accepté de recevoir la Torah». Seu-
lement, les Bné Israël avaient entendu ces paroles et malgré tout, leur
réaction fut : «Tout ce que D.ieu nous demandera, nous le ferons».
17
Lois et Récits de Chavouot
Quand les Bné Israël sortirent d’Egypte, ils étaient pour la plupart
atteints d’infirmités : l’un aveugle, un autre sourd, l’un boiteux ou
estropié, du fait de l’esclavage imposé. En fabriquant des briques, il
n’était pas rare qu’ils subissent des «accidents de travail», et souvent
une pierre tombait sur l’un des travailleurs, endommageant pieds ou
mains. Parfois, ils s’entaillaient en manipulant du bois et se blessaient
aux yeux. D.ieu dit : « Il n’est pas digne de l’honneur de la Torah qu’el-
le soit donnée à des infirmes. Aussitôt, des anges du service divin des-
cendirent guérir tous ceux qui en avaient besoin. C’est ainsi que tous
les aveugles recouvrèrent la vue, comme il est écrit : «Et tout le peuple
vit les voix». Tous les sourds se mirent à entendre, comme il est dit :
«Nous ferons et nous entendrons» et tous les boiteux parvinrent à mar-
cher normalement comme il est rappelé : «Ils se tinrent devant la mon-
tagne». Il n’y eut plus donc ni lépreux ni estropié, ni muet ni sourd, nul
simple d’esprit ou fou, mais tous furent sages et parfaits physiquement
comme l’exprime poétiquement le texte : «Tu étais toute belle (les Bné
Israël) ma bien-aimée, et sans nul défaut» (Chir haChirim, 4 :7).
Avant même de donner la Torah au ‘Am Israël, celle-ci fut d’abord pré-
sentée aux princes célestes des nations du monde (il est connu que
chaque nation ici-bas possède son représentant céleste là-haut). D.ieu
leur demanda s’ils étaient disposés à l’accepter afin d’éviter d’enten-
18
Récits
D.ieu se rendit donc auprès des princes de Moav et Amon et leur dit :
«Souhaitez-vous recevoir la Torah ?». «Qu’y est-il donc spécifié ?», de-
mandèrent-ils. «Tu rejetteras l’immoralité», répondit Hachem. «Mais
notre origine même repose sur un acte réprouvé par la morale, celui
de Lot et de ses filles. La Torah ne nous convient donc pas !». Hachem
se rendit ensuite chez le prince des arabes, représentant d’Ishmael, qui
demanda : «Qu’est-il écrit dedans ?». D.ieu de répondre : «Tu ne vole-
ras pas». Le prince répondit : «Cela ne peut nous concerner, nous qui
sommes décrits ainsi : «Sa main sera sur tous», et nous ne pouvons
nous empêcher de voler».
C’est ainsi que D.ieu proposa à tous les peuples la Torah. Aucune d’el-
le ne se déclara candidate !
19
Lois et Récits de Chavouot
Dès lors que tous les peuples refusèrent de recevoir la Torah, un grand
tumulte se produisit dans le monde. La terre en vint à craindre que le
‘Am Israël ne décline cette offre lui aussi, et qu’elle s’en trouve ainsi
détruite. Car en réalité, une condition essentielle avait été émise, dès
la création du monde : si le peuple juif consentait à accepter la Torah,
il en irait pour le mieux, dans le meilleur des mondes. Mais dans le
cas contraire, le monde reviendrait à son état initial : le tohu-bohu, ou
néant absolu, ainsi qu’il est dit : «Si ce n’était Mon Alliance (la Torah),
Je n’aurais pas institué les lois des cieux et de la terre».
Et quelle fut donc, vraiment, la réaction des Bné Israël, lorsque Ha-
chem leur proposa la Torah ? Tous, de concert, répondirent spontané-
ment : «Nous accomplirons, puis nous comprendrons». Nous prenons
d’abord sur nous la décision d’exécuter tout ce que tu nous demande-
ras, ce n’est qu’ensuite que nous entendrons les paroles qui y figurent.
C’est alors que la terre retourna au calme.
Rabbi Eléazar Ben Arah dit : «Au moment où D.ieu se révéla pour don-
ner la Torah, il fut accompagné de 600 000 Anges qui couronnèrent
chacun des Bné Israël de deux couronnes renfermant le Chem Hamé-
forach (véritable Nom de D.ieu), l’une pour la promesse Naassé (nous
ferons), l’autre pour Nichma (nous comprendrons). Ils parvinrent à cet
instant même un niveau supérieur à celui des anges !
20
Récits
«Et ce fut au troisième jour à l’aube, que des voix, des éclairs, une
épaisse nuée au-dessus de la montagne et le son puissant du Shofar ef-
frayèrent le peuple dans le camp. Moché sortit à la rencontre du peuple
qui se tenait au pied du Mont Sinaï qui n’était plus que fumée, Hachem
se tenant au-dessus dans un feu. Moché parlait et D.ieu lui répondait
avec puissance. Et D.ieu descendit sur le Mont Sinaï et appela Moché.
Celui-ci monta».
Ce même jour était nuageux, une pluie légère tomba, comme il est dit :
«Les cieux s’écoulèrent aussi, comme les nuages». Un nuage lourd pla-
nait au-dessus de la montagne, obscurité et brouillard, afin de favori-
ser la concentration des Bné Israël pendant que D.ieu parlerait (car il
est certain que le sens de l’ouie est plus en éveil lorsque celui de la vue
est altéré). Les grondements redoublèrent, les éclairs s’accentuèrent,
mais ils étaient d’une nature bien différente de celle que nous connais-
sons aujourd’hui. Les voix étaient d’une puissance rare, à tel point que
tous ceux qui l’entendaient étaient saisis d’un tremblement extraordi-
naire. Puis s’y mêlèrent les voix des anges qui chantaient pour D.ieu,
comme chaque matin. Les Bné Israël eurent le privilège d’assister à ce
spectacle.
«Et le son du Shofar était très puissant». Soudain, ce son fut entendu,
se répandant et allant crescendo, toujours plus fort. Il faut rappeler que
ce son n’était pas humain, allant en s’estompant peu à peu. Il s’agissait
d’une voix divine, exprimée par l’intermédiaire d’une corne du bélier
d’Avraham, sacrifié à la place de son fils d’Itshak. Cette sonnerie du
Shofar venait éveiller le cœur des Bné Israël au service divin, et dis-
siper leurs pensées étrangères ou attachées aux choses de ce monde.
Comme il est écrit : «On sonnerait du Shofar en ville et le peuple ne
serait pas terrifié ?»
21
Lois et Récits de Chavouot
Bonne nuit
Cette même nuit de Chabbath, le peuple était empli de joie mais l’envie
de dormir se fit de plus en plus pesante. Comme les nuits sont courtes
à cette période, il ne restait plus que deux heures avant le lever du jour.
Et lorsque D.ieu se manifesta sur le Mont Sinaï, avec force tonnerre et
grondements, les Bné Israël étaient encore endormis. Moché se chargea
alors d’arpenter chaque camp afin de réveiller chaque Tribu : «L’heure
de l’entrée de la Kala sous la ‘Houpa est arrivée !». Et dans sa grande
humilité, Hachem est allé à leur rencontre, bien avant eux, comme il
est écrit : «Hachem, lors de Ta sortie, avant Ton peuple». Il y a pourtant
ici matière à sévérité envers le peuple, puisque celui-ci ne s’est pas ré-
veillé de bon matin, pour une telle occasion. C’est pour cela que nous
lisons désormais le Tikoun de Chavouot, nuit de «réparation», où nous
restons éveillés et étudions la Torah, comme nous le verrons dans la
partie traitant de la Halakha (loi).
Feu et nuage
Rabbi Shimon Ben Lakish : «Lors du Matan Torah, tout était de feu, la
Torah elle-même fut écrite en lettres de feu noir sur feu blanc. Moché
Rabbénou était tel une flamme incandescente que les Bné Israël crai-
gnaient d’approcher. Tous les anges étaient en feu et le Mont Sinaï
brillait lui aussi d’un grand feu. Et Hachem descendit vers le peuple
au cœur de ce grand feu, et Ses Paroles y furent entendues. Il s’agissait
22
Récits
Une nuée recouvrait le Mont Sinaï tout entier mais le miracle fut que
cette fumée ne se distinguait, ni du feu ni de la montagne. Tous les
vents les plus doux du Gan Eden se firent sentir, à même d’apaiser les
âmes. Chlomo HaMélèkh (le Roi Salomon) dit à propos de cette nuée,
dans Chir haChirim (le Cantique des Cantiques) : «Embaumée de myr-
rhe et d’encens».
Le monde tremble
23
Lois et Récits de Chavouot
Un léger murmure
La voix de D.ieu
Du cœur même de ce feu au-dessus du Mont Sinaï, une voix très puis-
sante sortit et fit entendre les Dix Commandements, comme il est écrit :
«Des cieux, Il t’a fait entendre Sa voix afin de t’éprouver, et de la terre
il te montra son grand feu à partir duquel tu as entendu Ses paroles».
24
Récits
Cette voix entourait le monde tout entier. Israël se dirigea vers le côté
Sud, d’où sortait la voix, puis entendirent soudain cette même voix du
côté nord, mais dès qu’ils y parvinrent, celle-ci fila vers l’est, puis vers
l’ouest, puis des cieux ! Ils levèrent les yeux pour s’apercevoir que la
voix sortait maintenant de la terre ...Les Bné Israël comprirent alors :
«Il emplit toute la terre de Sa gloire», que son Nom soit exalté.
«Et tout le peuple vit les voix». Les Bné Israël n’ont pas seulement en-
tendu, mais également vu les voix. Car leur esprit devint si affiné, si
raffiné même, qu’ils touchèrent au niveau des anges, faisant preuve
d’aptitudes dépassant la nature humaine. «Voir les voix» évoque ainsi
une dimension spirituelle acquise par les Bné Israël, lors du don de la
Torah. Toute cette génération, petits et grands, parvint à un degré de
Névoua (prophétie) qui leur permit d’entendre la parole divine. C’est
en cela que leur requête fut entendue : «Notre volonté est de voir notre
Roi», comme il est écrit : «Face à face, Hachem parla aux Bné Israël» :
le peuple eut le privilège d’accéder à une perception comme aucun
prophète n’a pu en bénéficier ni n’en bénéficiera jusqu’à la Délivrance
messianique.
Quelle honte …
Stupeur et tremblement
Troisième catégorie : Il s’agit des plus élevés parmi le peuple. Ils res-
tèrent à leur place mais furent très affaiblis en entendant la Parole di-
vine. Que fit alors Hachem ? A chaque parole prononcée, il embauma
le monde entier d’encens, afin de renforcer les âmes ébranlées par cette
26
Récits
Ordre de parole
Mais que D.ieu ne nous parle pas, de peur que nous en mourrions
La réponse de Moché
«Et Moché dit au peuple : «N’ayez crainte, car c’est pour vous mettre
à l’épreuve que D.ieu est apparu, afin que Sa crainte soit sur vous, et
que vous ne fautiez». C’est un grand privilège pour vous d’écouter la
Voix d’Hachem ! Sa Parole peut instiller en vous respect et crainte du
Ciel ! Et tous ceux qui possèdent ces deux qualités, même si parfois le
Yétser Hara (penchant au mal) les pousse vers la faute, ne chutent pas
immédiatement. Alors que pour celui qui n’éprouve aucune crainte
du Ciel, c’est la preuve que ses ancêtres n’ont pas accepté la Torah au
Mont Sinaï, et qu’il risque de tomber plus vite ...
27
Lois et Récits de Chavouot
Lors du Matan Torah au Mont Sinaï, se tenaient toutes les âmes appe-
lées à venir dans ce monde, jusqu’à la fin des Temps, et chacune reçut
sa part propre dans la Torah.
D’après ce qui a été dit, le don de la Torah s’est déroulé à grand ren-
fort de tapage et de publicité. Tous les Bné Israël étaient présents, soit
plus de trois millions de personnes, hommes, femmes et enfants, et le
monde entier en prit conscience. Hakadoch Baroukh Hou n’a pas donné
la Torah à Moché seulement, pour qu’il la transmette ensuite aux Bné
Israël. Non, D.ieu s’est manifesté à tout le peuple. Pour quelle raison ?
Tout le monde sait par exemple que le continent américain existe bel et
bien ! Même celui qui ne s’y est jamais rendu ni ne l’a vu, sait pourtant
avec certitude qu’il existe. Ainsi en est-il des événements historiques :
tout le monde croit que la Révolution française a eu lieu il y a plus de
deux siècles, sur la seule foi de témoignages ...
28
Récits
La tradition historique qui est la notre, celle du peuple d’Israël, est fon-
dée sur un socle bien plus solide et fort encore : elle ne repose pas sur
le témoignage d’une seule personne, ni même de 50 000, mais de toute
une nation, soit trois millions de témoins !
29
Lois et Récits de Chavouot
son immanence sur le monde. C’est en cela que le Tanah (Bible) consti-
tue un document de référence, reconnu partout dans le monde, parmi
tous les peuples, et qui fait figure de pierre angulaire de bien d’autres
religions. Il est ainsi appelé «le livre des livres» et il n’est jamais venu à
un auteur ou un historien de venir remettre en cause sa véracité.
Ainsi affirme la Torah (Devarim, 4, 32-35) : «De fait, interroge donc les
premiers âges, qui ont précédé le tien, depuis le jour où D.ieu créa l’homme
sur la terre, et d’un bout du ciel jusqu’à l’autre, demande si rien d’aussi grand
30
Récits
31
Lois et Récits de Chavouot
32
Récits
INTRODUCTION
A MÉGUILAT RUTH
David et Goliath
Lorsque le roi Chaoul vit cela, David portant la tête de Goliath, il com-
prit qu’il ne s’agissait pas d’un jeune homme comme les autres, mais
qu’il était voué à la grandeur. Il réunit ses ministres et leur demanda :
«Qui est donc ce jeune homme ?». Pourtant, Chaoul connaissait déjà
bien David, puisque celui-ci venait régulièrement lui jouer de la mu-
sique, à chaque fois que le cœur du roi était tourmenté et triste. Mais
à présent, le roi tenait à mieux connaître David, et savoir exactement
l’origine familiale de David. Il déclara : «Si David descend de la famille
de Pérets, fils de Yéhouda, fils de Yaacov, il est donc apte à la royauté.
Et s’il descend de Zérah, frère jumeau de Pérets, il est apte à devenir
juge».
33
Lois et Récits de Chavouot
Surgit alors Doeg le Edomite, l’un des ministres du roi, et dit : «Avant
même de vérifier s’il peut aspirer à la royauté ou à une quelconque
grandeur, vérifie déjà s’il peut seulement prétendre faire partie de la
communauté d’Israël. Car David descend de Ruth la Moabite, et il est
écrit clairement dans la Torah : «Ni l’Amoni ni le Moavi ne pourront
intégrer la communauté d’Israël, jusqu’à la dixième génération ... car
ils ne vous ont pas pourvu de pain et d’eau, lorsque vous étiez sur la
route, après votre sortie d’Egypte».
Doeg n’acceptant pas les paroles d’Avner, tenta de les réfuter. Chaoul
dit à Avner : «Va donc demander à Chmouel et à son Beth Din (tribu-
nal), quelle est cette Halakha. Ils se rendirent chez Chmouel pour lui
poser cette question, le prophète leur répondit : «En effet, un Amoni
mais non une Amonite, un Moavi mais non une Moavite. Car la raison
pour laquelle la Torah a rejeté l’intégration à la communauté de D.ieu
d’un homme issu de ces peuples repose sur ce qui s’est produit lors
de la sortie d’Egypte. Dans le désert, les Bné Israël avaient besoin de
passer par leurs territoires, et ni les Moavim ni les Amonim ne leur
fournirent du pain et de l’eau. Cet épisode prouve que leur esprit est
mauvais et qu’ils ne sont pas enclins à faire le bien. C’est pour cela
qu’ils ne peuvent espérer entrer dans la communauté d’Israël.
34
Récits
Morale de l’esprit
35
Lois et Récits de Chavouot
que les Sages ont institué de lire la Méguilat Ruth, dans laquel-
le nous percevons l’importance extrême de telles Mitsvot, ren-
voyant à la nécessité et l’urgence de la Tsédaka, sous toutes ses
formes.
36
Récits
LA MÉGUILAT RUTH
Chapitre 1
37
Lois et Récits de Chavouot
38
Récits
Elimelekh et sa famille
39
Lois et Récits de Chavouot
40
Récits
Orpa et Ruth
41
Lois et Récits de Chavouot
pour nous enseigner qu’une personne qui vit parmi les nations risque
de finir par s’assimiler à elles, y compris les plus grands Tsadikim, com-
me Mahlon et Kilion. Nul ne peut affirmer : «Nous sommes forts de
notre Emouna, nous allons nous protéger sans nous laisser influencer,
car «Ne crois pas en toi-même jusqu’au jour de ta mort» (Pirké Avot).
La Guémara affirme (Baba Batra, 91b) que les noms véritables de Kilion
et Mahlon étaient Yoach et Saraf, comme il est rappelé dans le livre Di-
vré Hayamim (Les Chroniques). Pourquoi donc ces noms : Mahlon et Ki-
lion ? Car «Nimhou vé Kalou Min Haolam», ce qui signifie qu’ils furent
«anéantis et effacés de ce monde». Ils ne laissèrent d’ailleurs même pas
d’enfants après eux, de telle sorte que leur souvenir s’évanouit après
eux. Cependant, comme nous le verrons par la suite, Mahlon eut le mé-
rite de voir son nom accolé à son héritage, par l’intermédiaire de Ruth.
Car de Mahlon est également tiré le terme Méhila (pardon) : ses fautes
lui furent pardonnées et son souvenir subsista finalement.
42
Récits
Examen de conscience
La famine s’achève
43
Lois et Récits de Chavouot
D.ieu avait pris en pitié son peuple. Naomi dit «Par leur apaisement,
je trouverai mon apaisement, et dans leur communauté je serai bénie».
Elle était en son cœur confiante et persuadée que D.ieu lui viendrait en
aide pour qu’elle puisse rejoindre sa terre natale, y trouver paix et re-
pos. Et finalement, elle n’attendit pas qu’on lui prépare des provisions
pour son périple.
En route
44
Récits
Le bien que vous m’avez manifesté est du même ordre que celui qui
est réalisé à l’égard des disparus, celui que l’on appelle «‘Hessed Chel
Emet» (bien de vérité). Car tout comme les défunts ne peuvent rendre
le bien prodigué à leur égard, de même en est-il pour moi. Alors, moi
qui suis si désoeuvrée n’ai qu’une chose à vous offrir : ma bénédiction,
«Qu’Hachem fasse preuve de ‘Hessed à votre égard», qu’Il vous offre
une rétribution à la mesure de vos actes, car la bonté d’Hachem est
absolue, contrairement à celle des hommes de chair et de sang, bien
plus limitée. Seul Hachem peut donner à l’homme, d’une main large
et ouverte.
Elles lui répondirent : «Avec toi nous irons vers ton peuple». Elles lui
dirent : Ne crains pas de te retrouver désemparée car nous retournerons
avec toi vers ton peuple, nous ne te laisserons jamais seule. Nous vou-
lons, nous aussi, faire partie de ta communauté, que tu nous enseignes
les voies de la Yirat Chamaïm (crainte de D.ieu) et du judaïsme. Ce n’est
qu’avec toi que nous pourrons entrer en Israël et nous convertir. Nous
n’arriverons à rien sans toi».
45
Lois et Récits de Chavouot
Celui qui scrute les reins et les cœurs savait que Ruth s’était exprimée
avec toute sa sincérité, alors qu’Orpa avait parlé du bout de la langue
seulement.
Naomi les appelait «ses filles», plutôt que ses «belles-filles», ce qui si-
gnifie qu’elle les prenait en pitié comme une mère à l’égard de ses filles,
ne souhaitant pas les voir délaissées plus longtemps. Non comme une
belle-mère qui se soucie beaucoup moins de sa belle-fille lorsque celle-
ci se retrouve veuve et se remarie.
46
Récits
Les Sages disent : «Par le mérite de quatre larmes versées par Orpa,
elle donna le jour à quatre grands héros : Saf, Midian, Goliath et Ishbi.
L’accord se défait
D’Orpa naquit Goliath le Racha (méchant), celui qui méprisa et défia les
projets divins (comme il sera expliqué ultérieurement), alors que de
Ruth naquit David Mélèkh Israël, qui triompha justement de Goliath
et le mit à mort, délivrant ainsi son peuple. Les Sages disent joliment
à ce propos : «Viendront les enfants du baiser (celui d’Orpa à sa belle-
mère) qui tomberont dans les mains des enfants de l’attachement (celui
de Ruth pour sa belle-mère)».
Naomi dit à Ruth : Bien que tu insistes vivement pour rester auprès de
moi, peut-être est-ce parce que tu as honte de moi. Mais désormais, tu
n’as aucune raison d’avoir honte. Voici que ta sœur est déjà rentrée,
fais-en donc de même. Ta sœur épousera sans doute un homme impor-
tant et commencera une nouvelle vie. Suis donc sa voie.
Volonté de fer
La gauche repousse …
Lorsque Naomi comprit que les paroles de Ruth étaient sincères, elle
commença à lui enseigner la Torah et les Mitsvot ainsi que les nom-
breux détails des Dinim (lois). Elle lui expliqua également les sévères
sanctions stipulées dans la Torah à l’égard de ceux qui violent sa loi.
Naomi souhaitait ainsi faire savoir à Ruth ces choses dès le départ, afin
qu’elle puisse au mieux peser le pour et le contre. Il faut préciser que
Naomi agit ainsi selon les recommandations de la Halakha qui nous
enjoint de tester la motivation d’une personne souhaitant se convertir
au judaïsme, en le repoussant à plusieurs reprises et en l’informant
un peu des sanctions encourues. Ces précautions visent à permettre
aux candidats à la conversion de pouvoir revenir sur leur décision s’ils
le souhaitent. Mais s’ils persistent dans leur engagement, il n’est plus
question de se montrer aussi sévère.
Naomi commença par les lois de Chabbath, l’un des principes de base
de toute la tradition juive, sur lequel se fonde la Emounat Hachem (foi
en D.ieu). Elle renvoie à la notion d’unité divine et de Sa faculté à créer
le monde à partir du néant. Ainsi, Ruth s’engagea à les respecter tous
les détails des lois concernant Chabbath.
Naomi dit : sache ma fille, que les Bnot Israël n’ont pas pour habitude
d’aller dans les théâtres ou dans les cirques, dans les cinémas ou les
clubs divers. Contrairement aux coutumes en vigueur dans la maison
de ton père. Ruth lui répondit : «Là où tu iras j’irai !».
Naomi ajouta : «Les Bné Israël n’ont pas pour habitude de dormir dans
une maison sans Mézouza». Ruth lui répondit : «Là où tu dormiras je
dormirai !».
Naomi dit : «Nous devons respecter 613 Mitsvot !». Ruth lui répondit :
«J’accepte d’un cœur entier tous les Commandements, ton peuple sera
mon peuple !».
48
Récits
Naomi ajouta : «Il nous est interdit de servir des idoles comme tu en as
eu l’habitude». Ruth répondit : «Ton D.ieu sera mon D.ieu !».
La droite rapproche …
Equité de la justice
C’est ainsi que Naomi s’adressa aux femmes de sa ville : «Si vous me
voyez blessée et éprouvée, c’est le signe que mes actes ne sont pas par-
faits et agréés, comme vous pouvez le penser. Le fait même que D.ieu
m’ait éprouvé et rendue amère prouve que mon âme est entachée. C’est
pour cela que le nom Naomi ne me sied plus. Mieux vaut m’appeler
désormais Mara, puisque j’ai rendue amère la parole divine.
51
Lois et Récits de Chavouot
térêt. Tous les bienfaits et les épreuves qui entourent une personne ne
sont que le fruit de son imagination. Un homme peut penser que D.ieu
lui fait du mal, ‘Has Vé Chalom, mais dans le futur, il nous apparaîtra
que de ce «mal», ont fleuri de grands bienfaits, toujours dans notre
intérêt. Comme le rappelle le verset : «Afin de te réprimander et de
t’éprouver, pour finalement te faire du bien».
Chapitre 2
52
Récits
Les Sages disent : Elimelekh, Salmone (le père de Boaz), Tov (nom d’un
homme qui sera évoqué plus tard) et le père de Naomi étaient tous
frères, enfants de Nahshon Ben Aminadav, de la Tribu de Yéhouda.
Par conséquent, Boaz est le fils du frère d’Elimelekh, soit le cousin de
Naomi.
Léket :
54
Récits
vres qui viendront les prendre pour eux-mêmes, comme il est dit : «Et
l’épi de ta moisson tu ne glaneras pas» (Vayikra, 19,9)
Chiheha :
Péa :
Ruth, qui était une femme aux Midoth (qualités profondes) exception-
nelles, ne désirait pas être un fardeau pour sa belle-mère. Elle voulut
se rendre elle-même aux champs pour glaner les épis. Mais comme
elle respectait sa belle-mère, elle ne voulait rien entreprendre sans son
autorisation. Elle s’adressa ainsi à Naomi : «Il ne convient pas que tu
ailles dans les champs glaner, toi qui es une femme respectable et im-
portante. Il n’est pas de ton rang ni de ta dignité d’agir ainsi. Pour ma
part, je suis Moabite, et personne ne me connaît ici, je n’ai donc aucune
honte à aller glaner.
Afin d’apaiser sa belle-mère, Ruth ajouta : «Sache que les épis que je
glanerai ont plus de valeur que toutes les pierres précieuses que je pos-
sédais dans la maison de mon père, roi de Moav. Ceci pour t’exprimer
à quel point mon mérite est grand d’avoir rejoint l’héritage d’Hachem
et Sa Torah, Torah de vérité».
55
Lois et Récits de Chavouot
Ruth dit : «J’irai vers celui aux yeux de qui je trouverai grâce». Je
chercherai le propriétaire d’un champ chez qui je trouverai de la grâce
dans les yeux, c’est-à-dire faisant preuve d’un œil bienveillant envers
les indigents qui ramassent des épis. C’est ainsi qu’il possède de la
grâce liée à la Kédoucha des yeux, et qu’il ne regarde pas les femmes,
son esprit entièrement tourné vers la Torah.
Naomi répondit : «Va ma fille, tu m’es aussi chère qu’une fille aux
yeux de sa mère, et je ne veux pas amoindrir ta valeur. Mais comme le
besoin se fait pressant, tu peux y aller ma fille».
56
Récits
Ruth se consacra ainsi aux récoltes des champs de Boaz pendant six
jours, sans que son propriétaire ne se soit encore présenté. Boaz était en
effet endeuillé, dans les Shiva (semaine) de la perte de son épouse.
«Et voici», par un effet de la Providence divine, que Boaz arrive dans
son champ, lui qui n’est pas accoutumé à cela. C’était au septième jour
des Shiva, jour où Boaz achevait sa semaine de deuil.
Il arriva dans son champ, après avoir résidé à Bethlehem, siège du San-
hédrin, du Tribunal de Chmouel Hanavi. Au Beth Midrach, les Sages et
Boaz décrétèrent la règle dite de «Lishol Béshem», celle de saluer par
le Nom de D.ieu, c’est-à-dire : lorsqu’un homme salue quelqu’un, il
devrait mentionner le nom de D.ieu afin d’habituer les gens à parler
de D.ieu. Tout ceci étant destiné à renforcer la Emouna dans la Hasga’ha
Pratit de D.ieu sur ses créatures, comme il est écrit (Jérémie, 32 :19) :
«Tes yeux veillent sur chacun des chemins de l’homme». Lorsque Boaz
vint dans son champ, il accomplit lui-même, le premier, ce décret en
s’adressant aux moissonneurs : «Hachem Imahem», «Que D.ieu soit avec
vous ! Ceux-ci lui répondirent : «Yévareheha Hachem !» : «Que D.ieu te
bénisse».
Par ces paroles : «Hachem Imahem», Boaz leur rappelait ainsi : «Ne per-
dez surtout pas de vue que toute l’abondance que vous voyez, tous ces
bienfaits ne valent rien en soi, si on oublie que c’est pour servir D.ieu
que nous récoltons les moissons, et pour mieux nous consacrer à la
Torah tout le reste de l’année».
57
Lois et Récits de Chavouot
Tsniout : Toutes les femmes se baissaient pour glaner les épis alors
que Ruth récoltait les plus élevés d’entre eux, en position debout, et les
plus bas en position assise, sans avoir à se baisser pour cela, tout cela
par pudeur. Ainsi, toutes les femmes se comportaient avec une cer-
taine légèreté vis-à-vis des moissonneurs et récoltaient également ce
qui appartenait au propriétaire, alors que Ruth ne glanait que la partie
Hefker (sans propriétaire) du champ.
La grandeur de Ruth
En tout premier lieu, c’est une «jeune femme», âgée de quarante ans,
et apte à enfanter («jeune» surtout par rapport à Boaz qui avait 80 ans).
Et comme tous les fils de Boaz avaient quitté ce monde, il convenait
qu’il épouse une jeune femme qui puisse lui donner d’autres enfants,
afin qu’il perpétue son nom sur terre.
Cependant, cette jeune femme est Moabite et la Halakha avait déjà été
renouvelée, selon laquelle : «Un Amoni et non une Amonite, un Moavi
et non une Moavite», spécifiant justement l’interdiction faite aux hom-
mes Moavites seulement de rejoindre la communauté juive, alors que
les femmes obtinrent le droit de se convertir au judaïsme. Compte tenu
de cela, Ruth est «venue des plaines de Moav avec Naomi», sous-
entendant le fait qu’elle ait quitté son confort de Moav pour accom-
pagner l’indigente et délaissée Naomi. Ces termes soulignent le bon
cœur et les grandes Midoth qui émanent de sa personne. On peut vrai-
ment parler de conversion faite Léchem Chamaïm (par amour sincère de
D.ieu) et sans nul intérêt matériel.
Lorsque il entend ces paroles, Boaz se dirige vers Ruth et lui dit : «En-
tends-tu ma fille, ne va pas glaner dans un autre champ !». Viens seu-
lement dans ce champ, car je sais que mes jeunes employés sont Kché-
rim (dignes de confiance), et je les surveille constamment.
59
Lois et Récits de Chavouot
Lorsque Ruth entendit ces paroles de ‘Hessed de la part de Boaz, elle lui
témoigna sa gratitude et demanda : «Comment ai-je pu trouver grâce
à tes yeux, pour que tu t’intéresses à moi, qui suis une étrangère ?».
Je viens du pays de Moav, et la Torah dit au sujet de Moav et Amon :
«Tu ne chercheras ni leur paix ni leur bien, tout au long de tes jours, à
jamais» (Devarim, 23 :7). S’il en est ainsi, comment ai-je pu mériter de
telles paroles de bénédiction et d’encouragement ?
Boaz lui répondit : «On m’a fidèlement rapporté tout ce que tu as fait
pour ta belle-mère après la mort de ton mari. Que tu as quitté ton
père, ta mère et ton pays natal pour te rendre auprès d’un peuple
que tu ne connaissais ni d’hier ni d’avant-hier». J’ai ouï dire deux
belles choses à ton sujet. La première : on m’a rapporté le bien dont tu
as gratifié ta belle-mère, ce qui signifie que tu ne fais pas preuve de la
malveillance typique des Moabites. La seconde : on m’a rapporté que
tu t’es convertie en un temps où tu aurais pu rester vivre confortable-
ment dans ton pays. C’est la preuve que tu es une bonne âme, agréable
aux hommes et agréable au Ciel.
Sache que l’épreuve que tu as endurée est plus grande que celle d’Avra-
ham Avinou. Avraham a reçu l’ordre de D.ieu : «Va pour toi, quitte ton
pays, ta ville natale et la maison de ton père», alors que toi, tu es partie
de ta propre initiative et par ta seule volonté. Sans compter les tentati-
60
Récits
ves de Naomi pour t’en dissuader. Et malgré tout, tu t’es obstinée pour
partir avec elle.
Par les termes : «Ta récompense sera entière», Boaz faisait allusion au
mérite de voir ses jours se prolonger, afin de voir le roi Chlomo, l’un
de ses descendants (car Chlomo est de la même racine que Chléma, en-
tière). Il est dit au sujet de Chlomo (Mélahim1, 2 :19) : «Il fit un trône
pour la mère du roi afin qu’elle siège à sa droite». Les Sages précisent :
«Il fit un trône pour la mère de la royauté, qui est Ruth».
61
Lois et Récits de Chavouot
Dès qu’elle eut fini de manger, Ruth se leva avec empressement pour
poursuivre sa tache : glaner les épis du champ. Lorsqu’elle s’éloigna,
Boaz s’adressa à ses jeunes employés : «Laissez la glaner même entre
les gerbes, et ne l’humiliez pas. Ayez même soin de laisser tomber,
de vos javelles, des épis que vous abandonnerez, pour qu’elle les
ramasse». Vous ferez mine d’oublier des épis afin qu’elle puisse les
ramasser. Boaz entendait de cette manière, avec sagesse, lui donner
en toute discrétion et avec respect pour Ruth, car celle-ci était pauvre
mais issue d’une famille aisée, accoutumée à une vie confortable. C’est
pour cela qu’elle éprouvait autant de gène à recevoir gratuitement du
pain.
«Il y eut environ un Epha d’orge» : la Beraha reposa sur l’oeuvre de ses
mains et en une journée de travail, elle parvint à récolter un Epha, soit
une quantité considérable, pouvant suffire pour dix jours.
62
Récits
Lorsque Ruth rentra à la maison avec sa récolte, Naomi fut abasourdie
de voir une telle quantité de blé. Peut-être Ruth n’avait-elle pas respecté
les lois des récoltes, pensa Naomi. C’est pourquoi, Ruth sortit aussitôt
la nourriture supplémentaire qui restait de son repas, afin de montrer
à Naomi que la Brakha d’Hachem avait touché jusqu’à sa nourriture,
expliquant ainsi le pourquoi d’une telle abondance des récoltes.
Naomi déclara alors à Ruth : «Béni soit celui qui t’a témoigné de la
bienveillance !». Tu es si zélée et assidue, et la Beraha repose sur tout
ce que tu entreprends. Celui qui te connaîtra et t’épousera sera gratifié
d’une Eshet Haïl (épouse vertueuse), qui ne mangera pas le pain de
la paresse ! (Léhem Atslout Lo Tokhal, tiré du chant de Chabbath Eshet
Haïl).
Tout au long de cette période des moissons, Ruth continue à se rendre
au champ de Boaz pour y glaner «jusqu’à l’achèvement de la moisson
de l’orge et du froment», c’est-à-dire au bout de trois mois. Au terme
63
Lois et Récits de Chavouot
Chapitre 3
se reconnaître les uns les autres car, disait-il, «Il ne faut pas
qu’on sache que cette femme a pénétré dans l’aire». 15. Boaz
dit encore : «Déploie le châle qui te couvre et tiens-le bien».
Elle le lui tendit, et il y mit six mesures d’orge, l’en chargea et
rentra en ville. 16. Quant à Ruth, elle alla retrouver sa belle-
mère, qui lui demanda : «Est-ce toi ma fille ?». Ruth lui raconta
tout ce que l’homme avait fait pour elle. 17. «Voici, ajouta t-
elle, six mesures d’orge qu’il m’a données en me disant : «Tu ne
dois pas revenir les mains vides auprès de ta belle-mère». 18.
Naomi répondit : «Demeure tranquille, ma fille, jusqu’à ce que
tu saches quel sera le dénouement de l’affaire. Assurément, cet
homme ne se tiendra pour satisfait qu’il ne l’ait menée à bonne
fin aujourd’hui même».
Trois mois s’étaient écoulés depuis que Ruth s’était convertie. Elle était
prête désormais à se marier et fonder un foyer. Si Naomi avait pensé à
son seul intérêt, elle aurait certainement préféré voir sa belle-fille res-
ter chez elle à ses côtés, afin de s’occuper d’elle durant ses vieux jours.
Pourtant, Naomi se préoccupe avant tout du bien de Ruth et de son
avenir, car l’apaisement véritable d’une femme se produit dans son
foyer, avec son époux.
Naomi s’adresse alors à Ruth en ces termes : «Ma fille, je désire te pro-
curer un foyer qui fasse ton bonheur». Tu es comme ma fille, et je ne
souhaite que ton bonheur, alors écoute bien mes conseils : même s’il te
dit des paroles qui pourront te sembler surprenantes, que tu auras du
mal à comprendre, tout ne sera que pour ton bien.
«Si des frères demeurent ensemble et que l’un d’eux vienne à mourir sans
postérité, la veuve ne pourra se marier au dehors à un étranger, c’est son beau-
frère qui doit s’unir à elle. Il la prendra donc pour femme, exerçant le lévirat à
son égard. Et le premier fils qu’elle enfantera sera désigné par le nom du frère
mort, afin que ce nom ne périsse pas en Israël»(Devarim, 25 : 5-6).
65
Lois et Récits de Chavouot
La Torah explique ainsi que lorsqu’un homme meurt sans avoir laissé
de descendance, son âme ne peut trouver de repos absolu dans le Olam
Haba (monde futur). Par conséquent, c’est une Mitsva pour ses frères
vivants de s’efforcer d’assurer une postérité à leur frère défunt, afin
que son nom ne soit pas effacé d’Israël. C’est alors que l’âme du défunt
pourra véritablement trouver un apaisement éternel. Comme devait-
on procéder ? Par l’intermédiaire du Iboum qui voyait l’un des frères
du disparu épouser sa belle-sœur, de telle sorte que le fils né de cette
union serait appelé du nom du défunt. De cette façon, «le fils rend
le père méritant», c’est-à-dire : ce même fils donne du mérite au père
(disparu) dans le Olam Haba.
Naomi dit à Ruth : Il se trouve que Boaz est un de nos proches parents,
et grâce à lui, tu peux fonder à nouveau un foyer et perpétuer le nom
de ton défunt mari. En outre, Boaz représente l’homme le plus sucepti-
ble de te convenir, et tu connais déjà ses exceptionnelles Midoth, sa gé-
nérosité de cœur et sa piété. Lui aussi est conscient de ta valeur, écoute
donc tout ce que je te dirai :
66
Récits
Le moins que l’on puisse dire est que l’attitude de Naomi a de quoi
nous surprendre : pourquoi décide t-elle de donner de tels conseils et
une telle marche à suivre à Ruth ? Boaz connaissait parfaitement la va-
leur de Ruth, et Naomi aurait très bien pu évoquer cette question avec
lui directement, ou même par un intermédiaire. Pourquoi ne pas avoir
organisé ces choses d’une manière plus claire et digne ? Que «cache»
donc le comportement de Naomi la Tsadéket ?
En réalité, Naomi avait vu par Roua’h HaKodech, que cette union entre
Ruth et Boaz allait engendrer la dynastie royale du ‘Am Israël : Da-
vid HaMélèkh, roi d’Israël et roi Machia’h. Ainsi donc, une force de
Kédoucha extraordinaire devait découler d’une telle rencontre. Mais à
chaque fois que la sainteté doit résider quelque part, le Satan souhaite
également s’en emparer pour se renforcer, et par cette force, détruire et
annihiler davantage encore la Kédoucha, ‘Has Vé Chalom.
Ainsi, Naomi avait «vu» également que cette même nuit serait un «Et
Ratson», soit un moment propice pour cela. Elle rassura donc Ruth en
lui promettant que nulle malédiction ne viendrait contrecarrer ce des-
67
Lois et Récits de Chavouot
sein, car du fait de la grande joie éprouvée par Boaz, le Roua’h HaKo-
dech reposait sur lui. C’était donc la nuit idéale pour donner naissance
à des Néchamot (âmes) liées à la Malkhout de David et au Machia’h. Il
était donc hors de question de retarder cet événement !
De ce fait, «Elle descendit à la grange et fit tout ce que lui avait de-
mandé sa belle-mère», et pour chaque chose, elle disait : «Je m’en-
gage à accomplir les Mitsvot de ma belle-mère». «Elle descendit à la
«grange» (Goren) : toute son intention n’était pas mue par son propre
intérêt, mais la volonté d’établir une descendance de Tsadikim et de
‘Hassidim, habilités à siéger au Sanhédrin, dont la forme ressemble à
une demi Goren (ce terme hébreu désignant à la fois grange et hémicy-
cle). De même avec Chlomo HaMélèkh qui édifia le Beth Hamikdach sur
le Goren, l’aire de Arvona le Jébuséen.
Le repas du Tsadik
68
Récits
Ruth lui répondit : «Je suis Ruth, permise pour toi, libre et pure, et je
suis venue vers toi à des fins de Nissouïn (mariage), «daigne étendre le
pan de ton manteau sur ta servante», étends sur moi ton Talith, com-
me on le fait lors d’une ‘Houpa (dais nuptial) pendant la cérémonie. Je
me réfugierai ainsi aux coins de ton Talith, à l’image des poussins, sous
les ailes de leur mère, «car tu es un proche parent», et qu’il est en ton
pouvoir de perpétuer le nom de mon défunt mari, Mahlon.
Boaz entend les paroles de Ruth et réalise, par Roua’h HaKodech, que
cette femme est une véritable Tsadika et que David HaMélèkh doit naî-
tre d’elle. Il est donc conscient de la pureté de ses intentions. Ainsi,
Boaz s’adresse à Ruth en ces termes : «Que l’Eternel te bénisse, ma
fille ! Ce trait de générosité est encore plus méritoire de ta part que le
69
Lois et Récits de Chavouot
précédent, puisque tu n’as pas voulu courir après les jeune gens, ri-
ches ou pauvres». Tu souhaites faire preuve d’un grand ‘Hessed envers
ton défunt mari Mahlon, en perpétuant son nom. Et pour cela, tu es
même prête à épouser un homme âgé comme moi plutôt qu’un homme
plus jeune. Sache en tout cas que ce ‘Hessed ultime que tu exerces afin
de perpétuer le nom de Mahlon est bien plus grand encore que celui
dont tu as fait preuve pour son inhumation et les derniers devoirs.
Ruth est donc apte à épouser Boaz, elle dont il est dit : «Femme vaillan-
te», Echet Haïl, et lui qui est appelé dans le texte Ich Guibor Haïl (hé-
ros valeureux). Tous deux seront à l’origine de la naissance de David
HaMélèkh, surnommé lui aussi celui qui «connaît l’instrument et …
Guibor Haïl», lui aussi.
Il faut préciser qu’à cette époque, l’interdit de Yi’houd (le fait, pour
un homme, de s’isoler avec une femme) ne concernait que les femmes
mariées. Ce n’est que plus tard que David HaMélèkh et son tribunal
décrétèrent l’interdit de Yi’houd avec une femme libre également. Ceci
explique pourquoi Ruth put rester dans le champ pour y dormir. Et
immédiatement, au matin, avant même le lever du jour complet, en
cet instant où il est difficile de reconnaître l’autre, Boaz pressa Ruth
de se lever et de rentrer chez elle, afin d’éviter d’être vu à cet endroit,
obéissant ainsi à cette recommandation de la Torah : «Et vous serez ir-
réprochables, aux yeux d’Israël comme de D.ieu», soit n’éveiller aucun
soupçon.
Les Sages affirment que tout au long de cette nuit, Boaz se tenait
prostré, en prière, demandant : «Ribono Chel Olam, Maître du monde,
70
Récits
même s’il est avéré devant Toi que je n’ai pas touché Ruth, fais donc
en sorte que notre rencontre ne soit connue de personne, afin de ne
provoquer aucun ‘Hiloul Hachem (profanation du nom de D.ieu), ‘Has
Vé Chalom !»
Boaz, ne souhaitant pas renvoyer Ruth chez elle les mains vides, lui
remit une part de sa récolte. Il pensait que si quelqu’un venait à la ren-
contrer avec son fardeau, il en déduirait qu’elle était venue lui deman-
der de la Tsédaka. Boaz lui offrit six mesures d’orge, correspondant à
la quantité nécessaire à un repas. Il signifiait ainsi à Ruth, de manière
allusive, qu’au terme de cette journée, elle aurait la chance de manger
le repas du soir dans la maison de son mari. D’autre part, le chiffre six
évoque les six degrés atteints par David, son descendant, qui savait
jouer de la harpe, était un héros valeureux, un guerrier, un sage, un
homme de belle apparence, constamment accompagné de D.ieu. Ces
six qualités sont d’ailleurs symbolisées par la Maguen David, étoile de
David, à six branches.
71
Lois et Récits de Chavouot
Chapitre 4
72
Récits
te fera naître de cette femme !». 13. Boaz épousa donc Ruth, elle
devint sa compagne et il cohabita avec elle. L’Eternel accorda
à Ruth le bonheur de devenir mère : elle mit au monde un fils.
14. Alors les femmes dirent à Naomi : «Loué soit l’Eternel qui,
dès ce jour, ne te laisse plus manquer d’un défenseur ! Puisse
son nom être illustre en Israël ! 15. Puisse-t-il devenir le conso-
lateur de ton âme, l’appui de ta vieillesse, puisque aussi bien
c’est ta bru qui l’a mis au monde, elle qui t’aime tant et qui est
meilleure pour toi que sept fils !». 16. Naomi prit le nouveau-
né, le mit sur son giron et se chargea de lui donner ses soins. 17.
Et les voisines désignèrent l’enfant en disant en disant : «Un
fils est né à Naomi !». Et elles l’appelèrent Oved. Celui-ci de-
vint le père d’Ichaï, père de David. 18. Or, voici quels furent les
descendants de Perets : Perets engendra Hetsron, Hetsron en-
gendra Ram et Ram engendra Aminadav. Aminadav engendra
Nahshon et Nahshon engendra Salma. Salma engendra Boaz et
Boaz engendra Oved, Oved engendra Ichaï, et Ichaï engendra
David.
Celui qui souhaite se purifier reçoit toujours de l’aide
Et voici que se produisit un fait étonnant : dès que Boaz se tint en cet
endroit, Tov vint à passer. Les Sages se demandent : Tov se tenait-il
donc derrière cette porte ? Comment pouvait-il donc se trouver à cet
endroit précis, à ce moment précis ? En réalité, Tov aurait bien pu se
trouver à l’autre bout du monde, D.ieu l’aurait néanmoins conduit vers
Boaz, afin de ne pas faire patienter ce Tsadik et lui causer du tort. Ainsi
qu’il est écrit : «La parole décrétée se réalisera», puisque Boaz avait dit
à Ruth : «Aujourd’hui même», D.ieu exauça donc la parole de Boaz en
provoquant la rencontre avec Tov, ce matin même.
73
Lois et Récits de Chavouot
Rabbi Berahia dit : «Boaz fit ce qu’il avait à faire, tout comme Naomi,
Hachem décréta donc : Moi aussi ferai ce que J’ai à faire».
Avant de parler à Tov, Boaz réunit dix hommes d’entre les Anciens de
la ville, et leur demande de s’asseoir à ses côtés. Il s’agissait d’une pré-
paration à la réunion d’un Minyan prêt à assister à la cérémonie de son
mariage, puisque la présence de dix hommes est nécessaire à ce rituel.
Il est écrit dans la Torah (Vayikra, 25,25) : «Si ton frère, se trouvant en
difficulté, a vendu une partie de sa propriété, son plus proche parent
pourra racheter ce qu’a vendu son frère».
Mais après avoir vendu son champ, si au fil du temps, et avant l’an-
née de Yovel, sa situation économique s’est améliorée, il est une Mitsva
pour lui de «racheter» son champ et de se le réapproprier (à condition
de payer à l’acheteur, au prorata des années pendant lesquelles l’ache-
74
Récits
Tov approuve Boaz et lui répond : «Je suis prêt à racheter le champ
d’Elimelekh».
Boaz n’a, jusqu’à présent, pas évoqué Ruth, car il pensait : peut-être
Tov ne voudra t-il pas racheter le champ. Pourquoi devrais-je alors hu-
milier Ruth en public en demandant s’il est une «âme charitable» prête
à épouser cette femme ? Mais lorsque Tov consentit enfin à racheter le
champ, Boaz se trouva contraint de l’informer de la requête de Ruth.
répliqua : «Je ne puis faire ce rachat à mon profit, sous peine de rui-
ner mon propre patrimoine».
‘Halitsa
Boaz, entendant ces paroles, souhaite alors leur donner force de loi.
Il était de coutume à cette époque, pour un homme désirant vendre
un bien ou procéder à un quelconque échange, de se déchausser de
sa sandale et la tendre à l’acheteur. Il s’agissait d’un acte rituel sym-
bolique marquant l’acquisition. Ainsi n’était-il pas rare d’assister à un
tel rituel, à diverses occasions telles que la vente d’un champ, d’une
propriété ou d’une récolte par exemple. Il n’était donc pas question
de transmettre directement l’objet d’une vente de la main à la main,
mais plutôt par l’intermédiaire d’une sandale, attestant du caractère
pérenne de cette transaction.
Tov retire donc sa chaussure et la tend à Boaz. Cet acte confirme ainsi
sa décision de renoncer à son droit prioritaire d’acquisition du champ.
Boaz annonce alors aux anciens et à la foule réunie : «Vous êtes té-
moins aujourd’hui que j’acquiers de la main de Naomi tout ce qui
appartenait à Elimelekh, ainsi qu’à Mahlon et Kilion». Aussitôt, ils
firent venir Ruth et procédèrent à la cérémonie du mariage et aux bé-
nédictions des mariés. Et bien que Ruth fut d’origine Moavite, Boaz
souhaita procéder à cette union «en grandes pompes», en présence du
Sanhédrin et d’une assistance importante, afin d’entériner la Halakha :
«Un Amoni, et non une Amonite, un Moavi et non une Moavite, ne
pourront entrer dans le Klal Israël».
76
Récits
Erreur cruciale ?
77
Lois et Récits de Chavouot
«Alors les femmes dirent à Naomi : «Loué soit l’Eternel qui, dès ce
jour, ne te laisse plus manquer d’un défenseur ! Puisse son nom être
illustre en Israël !». Même si ton mari est mort, tu ne manqueras pas
d’un protecteur, car ce fils sera semblable à son père.
«Que son nom soit illustre» : son nom sera constamment sur les lèvres
des gens, qui auront besoin de ses conseils et de son jugement.
Tous ceux qui les verront sauront qu’ils sont une descendance bénie
de D.ieu
78
Récits
«Tels furent les descendants de Perets», nos Sages nous font d’ailleurs
remarquer que le terme de «descendants», «Toldot», est toujours écrit
dans la Torah, avec la lettre Vav, mentionnée une seule fois (Tav, La-
med, Dalet, Vav, Tet ou Tav, Vav, Lamed, Dalet, Tav), excepté à deux oc-
casions : «Elé Toldot Hashamaïm Vé Haarets» («Telles sont les origines
du ciel et de la terre») et ici même : «Tels sont les descendants de Pe-
rets», où le mot Toldot figure avec deux Vav : Tav, Vav, Lamed, Dalet,
Vav, Tet.
Lorsque D.ieu créa le monde, l’ange de la mort n’existait pas, c’est pour
cela que le terme Toldot est «plein» (puisqu’il s’agit d’origines stables et
définitives à ... l’origine). Puis quand Perets vint au monde, da descen-
dance fut «pleine» puisque devant engendrer le Machia’h.
79
Lois et Récits de Chavouot
80
Que ce livre contribue
à l’élévation d’âme de :
De la part de
Benjamin ARONSON
qui a généreusement contribué
à la parution de ce livre.
Que ce livre contribue
à l’élévation d’âme de
De la part de
Gilles COHEN
qui a généreusement contribué
à la parution de ce livre.
Que ce livre contribue à la réussite
du Rav Ouri BANON
et ses institutions « Kol Its’hak »
à Ramot 06 - Jérusalem
qui héberge si généreusement
le Collel « Torah Box »
et ses étudiants francophones.
Que ce livre contribue à l’élévation d’âme de :
Samuel Elbaz ben Zohara
Simon Ohayon ben Esther
Magdalena Aldor
Lola Maria Barber
Julie ‘Hava Taieb bat Dinah
De la part de
Joelle et Daniel PIESTRAK
qui ont généreusement contribué à la parution de ce livre.
et à l’élévation d’âme de :
Moni bat Fortunée
Shimon ben Fortunée
Rosalie bat Fortunée
Esther bat ‘Haya-Léah
De la part de De la part de
Gilbert Chouraki Myriam & Danielle Ezagury
qui a généreusement contribué qui ont généreusement
à la parution de ce livre. contribué à la parution de ce livre.
Que ce livre contribue
Que ce livre contribue
Que ce livre contribue
à la réussite matérielle
à la réussite matérielle
et spirituelle
et spirituelle de de mes chers parents :
Bryan & Loucas ben Rivka
Gérard & Chantal
BENHAMOU
De la part de
LOIS & RECITS DE
CHAVOUOT
L’équipe Torah-Box
Couverture :