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RAPPORT DE STAGE
GESTION DE LA RIPISYLVE A
L’INTERIEUR DU LIT DU LEZ
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REMERCIEMENTS
Je tiens tout d’abord à remercier mon maître de stage M. Daniel Eyraud, chef de projet O.N.F.
eau et risques dans la Drôme, pour son accueil très chaleureux mais également pour toute
l’aide et tout le soutien qu’il m’a apporté durant la durée de mon stage.
Je remercie aussi Mlle. Sophie Nouar et M. Lionel Vanhulle d’avoir pris de leur temps avec
autant de gentillesse pour me faire découvrir les différentes missions que peut avoir à
effectuer un technicien intervenant sur une rivière.
Un merci particulier à mon tuteur de stage M. Stéphane Liébart qui a su me guider lorsque j’ai
rencontré certaines difficultés.
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ABSTRACT
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FICHE SECURITE
• Présentation du stage :
Mon stage a pour but le traitement de la végétation à l’intérieur du lit de la rivière Lez.
En effet, il est actuellement nécessaire d’entretenir cette végétation en raison de la présence
d’enjeux matériels et humains le long de la rivière qui peuvent être impactés par cette
végétation en cas de crue. Dans cette optique, il est nécessaire de parcourir les cours d’eau
afin de faire l’inventaire des atterrissements végétalisés (banc de sable et de galets dans le lit
d’une rivière) et de les reporter sur la base de données du Système d’Information
Géographique (S.I.G.).
La finalité de mon travail est de pouvoir évaluer quels atterrissements nécessitent d’être
traités et d’en estimer le coût afin d’intégrer ces travaux au programme et au budget 2010.
L’organisation de la sécurité à l’O.N.F. est spécifique car une partie des salariés sont
assimilés à des fonctionnaires et dépendent donc du droit public tandis que d’autres employés
sont considérés comme des ouvriers et dépendent donc quand à eux du droit privé. Ainsi deux
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organismes se partagent la sécurité dans l’entreprise : le C.T.H.S.C.T. (Comité Technique,
d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail) pour les employés relevant du droit privé
et le C.H.S.C.T. (Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail) pour ceux
relevant du droit public. Chaque comité se réunit plusieurs fois par an (4 fois pour le
C.T.H.S.C.T. et 2 fois pour le C.H.S.C.T.) et effectue diverses réunions de chantier.
Le D.U.E.R. (Document Unique d’Evaluation des Risques) définit les différents risques
et les précautions associées inhérents à chaque poste que l’on peut occuper dans l’agence. Le
D.U.E.R. est régulièrement tenu à jour et tous les employés sont invités à faire parvenir leurs
remarques afin de faire évoluer le document et améliorer la sécurité à l’intérieur de
l’entreprise.
A l’agence Drôme-Ardèche de l’O.N.F. le responsable de la sécurité s’appelle
« l’animateur Sauveteur Secouriste du Travail » (animateur SST), c’est lui qui gère le
D.U.E.R. L’animateur SST est un ouvrier, il est également en charge des aspects prévention et
sensibilisation, au travers de réunions d’information notamment.
Lors de ma première visite sur le terrain avec mon maître de stage, il m’a informé des
principaux risques que l’on encoure lorsque l’on se rend aux abords d’une rivière et
notamment les risques de glissades et de chutes. Il m’a notamment alerté de ne pas me rendre
sur le terrain les lendemains de pluies ou d’orages en raison du risque important de crues et de
toujours garder mon téléphone portable avec moi, de vérifier que la batterie est chargée avant
de partir et de repérer les zones où je capte du réseau.
En outre, j’ai contacté l’animateur SST, M. Serge Vial qui m’a fait parvenir le D.U.E.R.
de la Direction Territoriale Rhône-Alpes de l’O.N.F. afin que je puisse m’informer et si
nécessaire faire parvenir mes remarques. J’ai donc pu remarquer que mes activités étaient
concernées par deux fiches : la fiche « Travail de bureau » et la fiche « Prise de données de
terrain et études » qui définissent les activités, les risques, le matériel utilisé, les causes du
risque et les mesures de prévention (voir annexe).
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• Les risques de l’activité et mesures associées :
Les risques associés à mes activités sont semblables à ceux qu’encourent un technicien
de rivière et se répartissent selon deux axes : les risques liés au travail de terrain et ceux liés
au travail bureautique.
Les risques inhérents au travail de terrain sont les plus importants. La noyade est le
risque le plus évident que l’on doit prendre très au sérieux, aussi il est fortement déconseillé
de se rendre sur le terrain les lendemains de pluie à cause de l’augmentation du débit du cours
d’eau. En outre ce type de travail présente aussi des risques de chutes et de foulures liés à la
marche puisque je parcours les cours d’eaux. Il est donc indispensable de porter des
chaussures de marche qui protègent les chevilles. Plus généralement, lorsque je me rends seul
sur le terrain je dois toujours prévenir quelqu’un du lieu où je me rends. Mais je dois
également toujours garder mon téléphone portable sur moi et localiser les zones où je capte du
réseau afin de pouvoir contacter les secours en cas de problème. De plus, le bassin versant sur
lequel je me rends se situe à 70km de l’agence de Valence, je dois donc régulièrement utiliser
ma voiture pour faire le trajet. Ainsi j’encoure de nombreux risques liés au transport routier,
c’est pourquoi un respect très strict du code de la route est essentiel afin de les limiter au
maximum.
Dans un second temps, je suis exposé aux dangers du travail bureautique et de
l’utilisation d’écran d’ordinateur notamment, en conséquence je dois respecter certaines
règles afin d’avoir une bonne posture au bureau et afin de respecter une distance raisonnable
par rapport à l’écran assurant une bonne protection pour les yeux.
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Sommaire
INTRODUCTION ................................................................................................................................... 1
I. 1 L’O.N.F. ........................................................................................................................................ 3
a) Le S.M.B.V.L. ............................................................................................................................. 6
b) Le contrat de rivière et le S.D.A.G.E .......................................................................................... 7
c) Le groupement d’entreprises : la compagnie des forestiers, l’O.N.F. et la société S.V.T........... 8
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b) Mise en place d’un planning d’entretien ............................................................................... 18
a) Traitement manuel................................................................................................................. 19
b) Traitement mécanique ........................................................................................................... 20
c) La scarification ...................................................................................................................... 22
d) L’arasement ........................................................................................................................... 23
e) Les déflecteurs....................................................................................................................... 24
CONCLUSION ..................................................................................................................................... 25
GLOSSAIRE ......................................................................................................................................... 27
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INTRODUCTION
Mon action s’inscrit dans le cadre du second P.P.E. (Plan Pluriannuel d’Entretien) qui
s’étend sur 10 ans contrairement à la plupart des P.P.E. qui s’organisent habituellement sur
5ans. Ce P.P.E. 2007/2016, réalisé en concertation avec tous les acteurs (collectivités et
partenaires financiers notamment), reprends les principaux objectifs du S.P.E.R.A. :
La multiplication des enjeux et l’importance des moyens mis en place par les
partenaires financiers (agence de l’eau, conseils généraux et régionaux, collectivités locales)
impliquent une gestion efficace de la végétation aussi bien sur les berges qu’à l’intérieur du lit
de la rivière afin de limiter l’impact sur les ouvrages en aval en cas de crue et de rassurer les
partenaires sur l’utilité et l’importance des fonds mis en jeux. En effet, la gestion de la
végétation sur les atterrissements2 représente 11% des opérations prévues au P.P.E.
2007/2016 disposant d’un budget conséquent de 2,3 millions d’euros hors taxe.
L’objectif de mon stage est de définir quels atterrissements nécessitent d’être traités en
tenant compte de critères financiers, techniques et environnementaux. En effet, en l’absence
d’enjeux en aval ce travail de traitement de la végétation n’a pas lieu d’être puisqu’il s’agit de
l’évolution naturelle de la rivière. Cependant de nos jours le développement des activités
humaines nécessitent une gestion raisonnée de cette problématique.
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Le rapport se décompose en trois parties : la première partie présente le contexte
géographique et administratif ainsi que les différentes structures. La seconde partie traite des
différentes problématiques posées par la végétalisation3 des atterrissements, notamment sur le
Lez. La troisième partie évoque le travail de priorisation et de planification des travaux et
examine ensuite les différents traitements possibles.
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I. PRESENTATION DU CONTEXTE ET DE LA SITUATION
I. 1 L’O.N.F.
L’O.N.F. a plusieurs missions, qui ne sont pas toutes des missions publiques. En effet,
elle assure la gestion des forêts publiques en les exploitant raisonnablement et en les ouvrant
au public. Mais il propose aussi diverses prestations de services dont l’expertise, la gestion et
l’entretien des milieux naturels.
L’O.N.F. est un établissement de niveau national qui emploie 12000 salariés, son
action est ancrée dans le respect environnemental d’une part en raison de ses activités mais
également dans son fonctionnement puisque l ‘O.N.F. est certifié ISO 14001. L’agence
Drôme-Ardèche de l’O.N.F. compte 166 salariés, répartis en 7 unités territoriales et gère
123 000ha de forêts publiques. Pour ma part, j’effectue mon stage au sein de la section
« bureau d’études » de l’agence Drôme-Ardèche.
I. 2 LE BASSIN VERSANT
Le Lez prend sa source à 1100m d’altitude sur les pentes de la montagne de la Lance,
non loin du village de Teyssières. Il parcourt 75km jusqu’à sa confluence avec le contre canal
du fleuve Rhône au niveau de Mondragon. Le réseau hydrographique draine 455km² répartis
sur 28 communes. Le bassin versant se situe entre les départements de la Drôme et du
Vaucluse (avec la répartition suivante : ¼ dans le Vaucluse et ¾ dans la Drôme).
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Communes de la Drôme
Commune du Vaucluse
Le bassin versant a une forme relativement allongée et reçoit une majeure partie de ses
affluents en rive gauche. Les principaux étant : la Veyssanne, La Coronne, le Talobre et
l’Hérin. Ainsi, le Lez et ses principaux affluents constituent un ensemble représentant un
linéaire d’environ 300km, en outre son régime torrentiel en fait un cours d’eau typiquement
méditerranéen avec des crues violentes et de fortes périodes d’étiage. Ce qui s’explique
notamment par le climat qui règne sur cette région : dans la partie amont du bassin versant
l’influence du climat de moyenne montagne se fait sentir entrainant une pluviométrie plus
importante que dans la partie avale qui elle se caractérise par un climat à influence
méditerranéenne avec un été sec et un automne particulièrement pluvieux.
Le profil en long du bassin versant du Lez présente une pente très importante dans sa
partie amont (un quart de sa superficie se situe entre 1100 et 500m d’altitude), tandis que la
pente est relativement douce pour le reste du bassin versant.
La faible urbanisation du cours d’eau dans sa partie amont laisse au Lez une
dynamique relativement naturelle tandis que dans sa partie aval la rivière est relativement plus
urbanisée et les modifications anthropiques y sont importantes. L’agriculture est l’activité
économique prépondérante sur le bassin versant, elle se décline en plusieurs filières :
viticulture (qui représente à elle seule 56% de la surface agricole utile), trufficulture et culture
du lavandin essentiellement. En parallèle à l’activité agricole, le bassin versant connaît une
activité touristique importante en raison des nombreux sites médiévaux et du paysage
typiquement provençal. Parmi ces monuments, on peut citer particulièrement le château de
Mme. de Sévigné à Grignan qui attire de nombreux touristes. Aussi, le Lez a-t-il un attrait
touristique non négligeable, on peut noter la présence de plusieurs campings aux abords des
différents cours d’eau du bassin versant.
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I. 3 LE MODE DE GESTION DU LEZ
a) Le S.M.B.V.L.
Le Syndicat Mixte du Bassin Versant du Lez a été créé en 1997 afin de mieux gérer le
risque d’inondation et tenter de le réduire, mais également dans le but de réaliser et
d’encourager les actions de gestion, d’entretien et d’aménagement du Lez et de ses affluents.
Il regroupe 3 collectivités territoriales : la Communauté des Communes de l’Enclave des
Papes (C.C.E.P.), le Syndicat Mixte Drômois d’Aménagement du Bassin du Lez
(S.M.D.A.B.L.), le Syndicat Intercommunal pour l’Aménagement et l’Entretien du Réseau
Hydraulique Nord-Vaucluse (S.I.A.E.R.H.N.V.). Les actions menées par le S.M.B.V.L. ont
pour objectifs de renforcer la protection des habitants et des ouvrages patrimoniaux vis à vis
des crues du Lez d’une part et d’améliorer la qualité des milieux naturels d’autre part.
C’est pourquoi le S.M.B.V.L. réalise une étude hydraulique de la vallée du Lez pour
des crues d’occurrence décennale, cinquantennale et centennale notamment. Cette étude
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permet d’envisager, grâce à un modèle hydraulique, tous les scenarii possibles afin de pouvoir
réaliser des aménagements de protection.
Depuis une trentaine d’années, l’entretien des abords des cours d’eau a été délaissé par
les propriétaires riverains ce qui a conduit à la détérioration des eaux des rivières mais
également des digues, de la ripisylve4 et des ouvrages transversaux (seuils, retenues…). C’est
pour remédier à cet abandon de responsabilité (malgré leur cadre règlementaire : article L215-
14 du Code de l’Environnement) qu’ont été créés les Contrats de rivières en 1981.
Ils ont pour objectifs d’établir les actions à mener pour « remplacer » les riverains et
afin d’obtenir un état des cours d’eau satisfaisant. Dans le cadre du Lez, le contrat de rivière,
signé en 2006, contient trois volets qui décrivent les objectifs à atteindre et les moyens à
utiliser pour y parvenir. Le premier volet : « Qualité des eaux superficielles et souterraines » a
pour objectif général de restaurer la qualité des eaux afin d’assurer une protection suffisante
pour l’écosystème et pour les usages courants. Le second volet, quant à lui, s’intitule
« Gestion du milieu, restauration et mise en valeur ». Il a pour objectif, comme l’indique son
intitulé, de gérer, restaurer et valoriser au mieux les cours d’eaux du bassin versant. Pour finir,
le troisième volet : « Mise en œuvre et suivi du Contrat de rivière » est le volet
communication et suivi du contrat de rivière, il prévoit l’information des habitants, le
renforcement des capacités du S.M.B.V.L et la mise en place de moyens de suivis des actions
réalisées dans le cadre du contrat de rivière.
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hydrographique (exemple : le S.D.A.G.E. Rhône Méditerranée), le S.A.G.E. quant à lui
concerne un niveau plus local, de plus il est à l’initiative des responsables locaux, des élus,
des acteurs économiques… qui ont un désir commun envers le cours d’eau.
Le suivi des travaux s’effectue par des réunions hebdomadaires auxquelles sont
conviés les représentants des trois entreprises, le technicien de rivière du S.M.B.V.L. et
certains élus locaux. Elles sont généralement suivies par une visite de terrain afin de constater
l’avancement des travaux entrepris.
La collaboration entre les entreprises est indispensable, par exemple lors d’une
campagne de martelage d’arbres dans le cadre de la gestion de la ripisylve, les équipes
parcourant les divers tronçons sont composées d’un membre de l’O.N.F. (qui est en charge du
comptage des arbres et des embâcles5, et de l’estimation des surfaces nécessitant un
débroussaillage) ainsi qu’un ou deux employés d’une des entreprises de travaux qui
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déterminent en accord avec le technicien de l’O.N.F. les travaux nécessaires (arbres à couper,
zones à débroussaillées, embâcles à enlevés).
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L’existence de telles zones dépend des caractéristiques et de la morphologie du cours
d’eau. On peut les rencontrer :
- à la suite d'un seuil
- en amont ou en aval des arches d’un pont,
- dans la courbe convexe d'un méandre,
- lorsque le lit mineur s'élargit
- lorsque la pente s'affaiblit.
C’est alors que tout au long du cours d'eau se succèdent des zones d'eaux calmes et des
zones d'eaux rapides, ce qui a pour conséquence d’augmenter la diversité morphologique de la
rivière. Dans le cas du Lez on peut même remarquer que par endroit, il se comporte comme
un cours d’eau en tresse avec plusieurs méandres divagant entre les atterrissements.
b) La végétalisation
Dès sa formation, l’atterrissement peut être considéré comme un milieu vierge ce qui
signifie qu’il va faire l’objet d’une
colonisation par des plantes pionnières pour
évoluer vers une forêt alluviale. Il s’agit du
schéma classique qui conduit à « la fermeture
du milieu » qui est en principe régulièrement
« nettoyer » par les crues.
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Formation et
évolution
«naturelle» d’un
atterrissement
Colonisation par
des plantes
herbacées (type
hélophytes)
Colonisation par
des espèces
arbustives
(aulne et saule)
Formation d’une
forêt alluviale
avec piégeage de
sédiments
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Ainsi, l’atterrissement commence par être colonisé par une végétation herbacée, de
type hélophytes8, qui retient des particules encore plus fines favorisant ainsi le développement
des espèces arbustives et finalement l’installation d’une végétation arborée ; qui peut atteindre
actuellement plus d’une dizaine de centimètres de diamètre. Or, bien que les atterrissements
se stabilisent et se colmatent progressivement par les limons, la végétation qui s’y implante
n’est pas ancrée comme sur les berges où la structure du sol est plus élaborée. C’est pourquoi
cette végétation est plus sensible aux crues que la ripisylve des berges et donc plus
dangereuse actuellement sur le Lez, de part sa taille.
~ 12 ~
En ce qui concerne le Lez, le
danger en cas de crue est à l’origine de
la mise en place du plan d’entretien. En
effet, lors des crues (qui peuvent être
violentes en témoigne celle de 1993) la
végétation implantée sur les
atterrissements est emportée par la force
du cours d’eau car elle ne peut pas
s’ancrer correctement dans les
atterrissements qui sont constitués de
sable et de galets essentiellement. Or Figure 7 : Exemple d'embâcle au niveau d'un atterrissement
si cette végétation atteint des tailles de plus de six ou sept centimètres de diamètre le risque de
formation d’embâcles au niveau des ouvrages en aval, notamment les ponts, est très
important. Le problème qu’entrainent ces embâcles c’est qu’ils font opposition au courant ce
qui exerce donc une force plus importante sur les piliers d’un pont entrainant parfois la
rupture de ces ouvrages.
De plus, la présence d’une zone de dépôt et donc d’un atterrissement a parfois pour
conséquence de mettre un place un phénomène d’érosion au niveau de la rive opposée. Cette
érosion n’est que le témoin de l’évolution et de la divagation naturelle du cours d’eau
cependant si des enjeux sont présents sur cette berge (terre agricole, habitation, route…) le
traitement de l’atterrissement responsable apparaît nécessaire.
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augmentation de la vitesse du cours d’eau accentuant ainsi le phénomène d’érosion et
d’enfoncement du lit du cours d’eau.
.
II. 3 L’INTERET ECOLOGIQUE
~ 14 ~
« quasi-menacée » par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature.
Les atterrissements apportent donc une diversité d’habitats à la rivière qui conduit
donc à une amélioration de la biodiversité. Leur présence accentue les méandres et dynamise
la rivière. C’est notamment dans les fosses, qui peuvent se former à la base de la rive opposée,
que l’on rencontre de nombreux salmonidés (dont la truite fario). En outre, l’hétérogénéité des
sédiments constitutifs des atterrissements est à l’origine d’une diversité d’habitats idéaux
pour toute une flore benthique10 qui sont justement une importante source trophique pour la
faune piscicole.
La réalisation de travaux dans un cours d’eau est règlementée par un cadre juridique
spécifique. Ce type de travaux est soumis au régime de déclaration et d’autorisation
nécessitant l’approbation spécifique délivrée par les agences de l’eau et les autorités
compétentes en la matière. Cette législation destinée à protéger les milieux naturels sensibles
que sont les rivières, a été instaurée par la loi sur l’eau du 3 Janvier 1992 qui soumet au
régime de déclaration et d’autorisation toutes les installations, ouvrages, travaux et activités
qui ont des effets directs ou indirects sur l'eau, quelle que soit la nature de la ressource
considérée (superficielle ou souterraine). C’est également cette loi qui a renforcé le rôle des
collectivités territoriales en matière d'aménagement, d'entretien ou d'exploitation des cours
d'eau domaniaux, non classés voies navigables.
Ainsi dans le cas du Lez, ces travaux devraient nécessiter la mise en place d’ouvrages
de franchissement mobiles. Cependant, le nombre d’atterrissements à traiter étant important il
a été convenu avec l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée que le franchissement du cours
d’eau par l’engin mécanique afin de passer d’un atterrissement à l’autre était moins
préjudiciable pour le cours d’eau que la pose et la dépose de ces « ponts » provisoires. En
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effet, l’installation des ouvrages de franchissement mobiles nécessite un « ancrage » sur les
abords des atterrissements qui conduit à une mise en suspension de particules fines et de
limons qui modifie l’écosystème proche (et dans une moindre mesure l’écosystème en aval).
C’est pourquoi le franchissement fréquent du cours à l’aide de ce type d’ouvrage a été jugé
autant préjudiciable que le franchissement direct du cours d’eau par l’engin mécanique.
L’une des problématiques posée par le traitement des atterrissements est l’évaluation
des enjeux et des coûts. En effet, le coût de traitement doit être justifié en raison des enjeux
évalués (cf. § II.2). L’estimation des coûts de traitement se fait en fonction du type de
traitement préconisé (mécanisé ou manuel), des actions à réaliser (traitement de la végétation,
scarification) et de la surface à traiter.
a) Travail de priorisation
Une majeure partie du travail à réaliser dans le cadre de la gestion de la végétation sur
les atterrissements est un travail de priorisation, puisque le traitement de tous les
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atterrissements n’est pas réalisable en une seule campagne annuelle de travaux. De plus, cette
priorisation est indispensable en raison de la diversité des atterrissements.
C’est pourquoi cet aspect a été présent lors de la conception de la fiche de terrain
nécessaire à la description des atterrissements, il a fallut y insérer des critères permettant une
comparaison. Les critères primordiaux retenus pour définir quels atterrissements nécessitent
un traitement rapide afin de favoriser les écoulements en cas de crues, sont la situation et la
taille de la végétation.
~ 17 ~
C’est sur la base de ces deux critères que s’est fondée la priorisation des
atterrissements en intégrant également les autres informations particulières renseignées sur les
fiches de descriptions (présence d’embâcle notamment).
Dans un premier temps il est nécessaire de réaliser un premier traitement de tous les
atterrissements. Ce premier traitement nécessitera une période d’environ trois ans pour être
mené à bien dans sa totalité car le traitement de la végétation sur les atterrissements (comme
toute intervention dans un cours d’eau) ne peut pas être réalisé durant toute l’année.
On sait que la présence de castors dans le secteur à traiter interdit de réaliser les
travaux durant la période ou les petits sont élevés (c’est-à-dire à partir du mois de juin).
Cependant d’après le calendrier établit dans le P.P.E. (cf. figure 10) la période ou les travaux
ne sont pas recommandés s’étend du mois d’avril jusqu’à la première quinzaine d’août. Ceci
en raison de la période estivale pendant laquelle le cours d’eau est en période de basses eaux
saisonnières. Durant cette période le cours d’eau peut atteindre son débit moyen le plus faible
(le débit d’étiage) tandis que l’écosystème qui dépend de la rivière devient très vulnérable ;
ceci à cause des phénomènes de concentration des polluants, de diminution de la quantité
Figure 10 : tableau du calendrier des périodes d’intervention. (source : P.P.E. du Lez 2007/2016)
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d’oxygène présent dans l’eau et de l’augmentation de la température. Ces modifications
impactent déjà beaucoup la vie aquatique et ripicole11, et la réalisation de travaux durant cette
période se traduirait par la remise en suspension de matières fines dans la rivière, amplifiant
les phénomènes cités précédemment et intentant encore d’avantage la faune et la flore.
Le traitement des atterrissements peut être réalisé par différentes techniques qui sont
choisies en fonction des surfaces à traiter, des possibilités d’accès au lieu du chantier, de la
végétation et des coûts principalement. De plus, plusieurs opérations peuvent être réalisées
pour un même atterrissement outre la seule gestion de la végétation arbustive et arborée.
a) Traitement manuel
~ 19 ~
relativement naturel et « sauvage ». De plus il impacte peu la rivière, qui n’est traversée que
par des hommes à pieds.
Le choix du traitement manuel est principalement conditionné par deux critères : une
surface à traiter de petite taille et un accès à l’atterrissement difficile. Le premier critère
s’explique par le coût du traitement manuel (0,40€/m²) qui est élevé, c’est pour cela qu’il
n’est conseillé que pour des
petites surfaces car au-delà d’une
surface de 100m² environ ce type
de traitement n’est plus rentable.
Le second critère quant à lui, AVANT
s’explique par l’équipement
nécessaire aux ouvriers. Il s’agit
d’un outillage simple,
relativement léger et donc
APRES
facilement transportable sur
quelques centaines de mètres voir
quelques kilomètres et ne
nécessite pas spécialement la Figure 11 : schématisation du traitement de la végétation d'un
atterrisement
présence de chemin.
b) Traitement mécanique
Le second mode d’entretien est donc une technique mécanisée qui se caractérise par
un coût deux fois plus faible que celui du traitement manuel (0,20€/m² contre 0,40) puisqu’il
ne requiert qu’une seule personne. Mais il présente également des contraintes plus
importantes puisqu’il nécessite l’utilisation d’engins mécaniques de taille importante (3 ou 4
~ 20 ~
mètres de long environ) il est indispensable que les camions transportant ces engins (qui ne
peuvent pas circuler sur les routes) puissent accéder au plus près de la zone à traiter. C’est
pourquoi l’accès est un critère déterminant dans le choix du traitement mécanique mais il
n’est pas le seul. En effet, puisque ces engins nécessitent un transport par camion, dont le coût
est important, il est préférable d’utiliser ce type de traitement lorsqu’il y a de grandes
surfaces à traiter ou lorsque l’on est dans le cas d’une succession d’atterrissements entre rive
droite et rive gauche. Ceci afin de « rentabiliser » au maximum le coût de l’acheminement.
• Un broyeur sur chenille : il s’agit d’engin motorisé monté sur chenilles donc très
maniable il est munit à l’avant d’un système de broyage. Il coupe les arbustes à la base
et les broie en morceau de 30 à 40 cm environ.
• Une pelle mécanique avec broyeur : il s’agit d’une pelle mécanique classique (ou
mini-pelle selon les besoins) également montée sur chenilles sur laquelle on installe un
broyeur au bout du bras articulé. La pelle peut réaliser des actions plus précises grâce
au bras articulé mais la surface de l’atterrissement est plus remaniée qu’avec le
broyeur.
Avec ces deux méthodes la surface de l’atterrissement est « mise à nue », mais
contrairement au traitement manuel les déchets, qui sont de petites tailles, sont laissés au
~ 21 ~
niveau de l’atterrissement. Ainsi ils ne
représentent plus de dangers puisqu’ils ne sont
pas susceptibles de s’amasser pour former des
embâcles.
Il est nécessaire d’intégrer que le choix du traitement le plus adéquat ne se fait pas sur
ces seuls critères, il faut intégrer divers facteurs tel que la situation ou la densité de la
végétation. En effet, si l’atterrissement est de taille moyenne mais qu’il est le seul dans un
linéaire de plusieurs kilomètres l’acheminement d’un engin mécanique n’est pas rentable. Par
contre, si l’atterrissement présente une densité de végétation forte il est peut être préférable
d’utiliser un traitement mécanique qui sera plus rapide. Tout ceci est adaptable en fonction du
contexte de l’atterrissement. Les critères de priorisation ne sont pas figés bien au contraire il
est toujours nécessaire d’intégrer toutes les données disponibles.
c) La scarification
Certains atterrissements nécessite de faire l’objet d’une scarification. Cette action qui
consiste à « griffer » la partie superficielle de l’atterrissement (sur une profondeur d’environ
50cm) a pour but de « briser » la cohérence des dépôts, de « remuer » les matériaux de
l’atterrissement, ce qui permet qu’ils soient plus facilement remobilisés en cas de crues. Elle
permet également d’éviter que la végétation ligneuse dite pionnière13 ne puissent reprendre
immédiatement.
Cette technique est réalisée à l’aide d’une pelle à chenilles équipée d’un râteau ou d’un bull-
doser équipé d’une dent ripper (outil métallique en forme de griffe) avec laquelle on vient
« gratter » l’atterrissement.
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Les atterrissements qui nécessitent une scarification sont des atterrissements déjà totalement
végétalisés qui présentent une cohérence entre les matériaux importante en raison des limons
retenus par la végétation. Ce sont des atterrissements qui n’ont pas évolué
morphologiquement depuis longtemps, dans le sens ou leur position est la même depuis
plusieurs années.
d) L’arasement
Cependant, cette exportation conduit à la mise en place d’un déficit en matériaux solides dans
le flux de la rivière et peut avoir pour conséquence un enfoncement encore plus important du
lit du cours d’eau. C’est pourquoi lorsqu’un arasement est réalisé il est généralement conseillé
de relarguer les sédiments dans le cours d’eau. Toutefois cette opération nécessite de bien
prendre en compte toutes les spécificités du milieu.
En outre, cette technique est une solution à cours terme puisque la formation des
atterrissements est le résultat de la dynamique morphologique du cours d’eau qui déposera
rapidement de nouveaux sédiments au niveau de l’atterrissement arasé.
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e) Les déflecteurs
Les déflecteurs sont la seule réelle solution à long terme pour le traitement des
atterrissements dans leur totalité et non seulement le problème de leur végétalisation
Toutefois cette
technique a beaucoup d’impact
sur le milieu aquicole, c’est
pourquoi son utilisation doit
être réellement nécessaire en
raison des enjeux humains et
économiques à protéger. En
outre, leur impact visuel reste
raisonnable ce qui contribue à
Figure 15 : schéma de principe d'un déflecteur
laisser à la rivière un aspect
d’évolution naturelle.
Dans le cas du Lez, cette méthode a été mise en place dans la traversée de la ville de
Bollène dans le cadre de l’aménagement de la rivière après la crue de 1993. Les enjeux étaient
tels que le choix de cette technique pérenne s’est avéré avantageux.
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CONCLUSION
Le traitement des atterrissements végétalisés sur le bassin versant du Lez est une
nécessité pour des raisons de sécurisation et pour des raisons financières.
En effet après la crue d’occurrence cinquantennale de 1993 les habitants se sont rendu
compte de la dangerosité de leur rivière et des travaux de sécurisation sont apparus
indispensables notamment en raison des partenaires financiers qui attendent des actions
concrètes.
Cependant la difficulté inhérente à toute mise en place d’un plan de gestion c’est la
quantité d’informations qu’il faut intégrer lors du travail de priorisation afin de traiter les
atterrissements présentant le plus de danger en premier. Il s’agit des premiers gros travaux de
dévégétalisation sur le Lez pour le P.P.E. 2007/2016, on ne possède donc d’aucuns suivis ou
d’aucuns rapports sur lequel se baser pour réaliser ces travaux.
La fiche de terrain réalisée lors de cette étude constitue donc un essai. Elle est amenée
à évoluer au fil de l’avancement des travaux d’entretien et de la mise en place des suivis sur la
revégétalisation qui vont probablement apporter de nouvelles contraintes à intégrer dans le
futur.
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TABLE DES FIGURES
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GLOSSAIRE
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BIBLIOGRAPHIE
• Lettre d’info – SMBVL – Lettre d’information sur les activités du Syndicat Mixte du
Bassin Versant du Lez – Février 2009.
• Office National des Forêts – Agence Drôme Ardèche au service de la gestion durable
des forêts et des espaces naturels.
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T A BL E D E S A N N E X E S
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ANNEXE 1
Fiches sécurités issues du DUER
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ANNEXE 2
Fiche de terrain
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Note méthodologique pour l’utilisation de la fiche terrain :
« Caractérisation des atterrissements végétalisés »
• Toutes les mesures de longueurs (diamètre, pk, largeur, longueur) sont exprimées en
mètre.
Remarque : Si l’on observe des atterrissements à gauche et à droite à un
même « Pk » la largeur renseignée est la largeur moyenne pour un
atterrissement et non la largeur totale.
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Moyenne : présence de 5 à 19 tiges par mètre carré.
Faible : présence de moins de 5 tiges par mètre carré.
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ANNEXE 3 :
Exemple de fiche tronçons du Lez
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