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LES NOMBRES VIRGILIENS Ty a plus de trente ans déja qu'une étude de Paul ‘Maury, recensée par René Guénon, signalait l’existence dans Tauvre de Virgile, d'une dimension cachée, en ‘découvrant dans Je plan des Bucoliques une architec ture numérique d’inspiration pythagoricienne (1). Pou de temps apres, un jésuite belge, le RP. Guy Le Grelle, faisait paraitre un article consaeré cette fois A la struc- ture du premier livre des-Géorgiques (2) ; par une méthode toute différente, Pauteur arrivait des concla- sions non moins précises ; alors que le plan découvert par Maury était de type basilical (reetiligne), Varehi. tecture dévoilée par Le Grelle fait intervenir deux éléments tres importants de Ia symbolique pythago- rickenne ; Ia section d’or et le cycle zodiacal. Nous reproduisons ici un bref résumé, dd & Pauteur lui- méme, de cette analyse qui a bénéficié d’une optique favorable aux idées traditionnelles (3). «Le corps du «premier livre des Georgiques (v, 43-468 a) se scinde ‘cen deux partics nettement distinetes qu'on peut inti «tuler Travauz: (v. 43-208) et Jours (¥. 204-463) (4). «Entre ces deux parties la ligne de démareation est ‘ fixée par la section d'or ou, en termes géométriques, () Le seoret de Virgile et architecture des Bucoliques, tes d’Humanité, 11, 1844, p, 71-147 ; recensé par Guénon di Nes Etudes Praditionnelles de mare-evell 1946, @) Le premier tlore des Géorgiques, poeme pythagoricien, es Eluder Classigues, tome XVI, 1940, p. 189-296. @) La conclusion de Varticle on falt fol: « Les anclens fot dans lears temples des reccourels de T'Univers. En Joumettant son pode A des exlgences architectoniques, Vir~ file ambitionne plus que In réussite d'un simple tour de force Ssthétigue et mathématique, Sa composition ne nalt pas d'une formule arbltrairement Glue : elle obéit & dos vacs coxniques Dorganisation de son auvre ne réussit pas simplement 8 in- corner Vharmtoaie des rapports numériques ; elle remplica la faistion saerée de tracer en symboles Je plan du monde. » (&) Lieavre diidsiode a été Pun.des modéles de Virgie. LBS NOMBRES VIRGILIENS € section en moyenne et extréme raison. Selon la déft enition d’Euclide (El, VI,3.) celle-ci coupe une droite «de maniére 4 ce que le rapport du segment mineur m «au segment majeur Af soit identique an rapport de ce dernier au tout : m/M—M/Gn-+M). Telle est bien «pour le nombre de vers, la forme réalisée dans le «corps de Georg. I: Travauz/Jours = Jours/Corps «du potme. ‘¢ Outre cette proportion, qui est la proportion par- «faite (6), la structure de Georg. T comporte deux chi ¢fres ayant, eux, valeur de symboles. lls se manifes- ¢ tent A condition de cistinguer les motifs saillants de «la pide : exorde, noyau central, épilogue. Consacré eaux dieux, Pezorde du premier livre (6b-42) com- ‘ nove foaralt done par ses cOtés T et 2 et a Gagonale tous les éléments de Ia forrnule 4/6 -+ 1), expression 2 algébrique du nombre d'or: 1,618.. (ou 0,618..)- ETUDES TRADITIONNELLES ‘ 11) Now ancien de 1a Grande Ourse. Nous avons dja talt allusion au ftwus, Ia erosse du pontife, représentont la spirale au sommet de Vaxe comique, Liempereur-poatife est Iuicmeme associé & un symbolisme polaire, notamment au vers 681 da Vite chant de VEnéide : (patriumaue aperitur vertice sidus « Yastro des aneétres apparatt auvdessus de lul 2, Tl n'est pas sans intérét de remarquer que le terme vertes, cholsl, par ‘Vingile pour désigner le fatte du monde, est an doublet a vortex (spirale, tourbillon} ; un méme mot rapproche ainsi le verticale (ou aplomb) et le mouveinent élémentaire engeudsé por Ie péle, co qui rappelle In quasi-identlté des deux termes Fastigium-Vestigium appliqués respectivement au faite et wu pled de Paxe du monde. Cest ce symbolisme qul stest conserve ‘ches les magons opératits, sous la forme da {il & plomb abou tissant au centre du swastika. (Voir René Gudnon + La Grande Triade, au chapitre {rtitulé: « La Cité des Soules 9). La lettre G, qui servait attache au fil & plomb et dost Guénon ‘2 souligné les rapporis avec le swastiia, occupe ta septidme place daus Valphabet latin (nombre polaire). De plus, elle n'est Guus varianto du G avec lequel Tusage la confondait sou- Yont (ex. Caius Gaits) et quia la trcisitme place, celle da Gamma gree ; Te G figure un aspect plus «dynamique de Divinita, cest pourquot i est Uhisroglyphe de la spirale, thon plus de Tare, comme le C. Crest eelte méme apriale, rappel Ge 1s constellation polaire, qut surmontait Ie lituas. suger. Woir R. Gusuon te La leltre G ef la ewasltka > dans Spmbotes Fondamentauz de ta Srience sucrée) 12) Son nom gree, apis, est aussi celul du sexpent (aspic). Quand ios Cyclopes ‘orgent le bouclicr d'Eaée (Em. Vill, 48), fis en font une iimage de [Univers + « Ingentom elipeum infor” ant (9, septenoaque arbibus erbea Impediunt, » 7 ¢ Ils tre gonnent immense boveller forme de sept anneaux enchevé {nés. > Les anneaux sont les cercles planétaires, TUDES TRADITIONNELLES «point sensible» de T'Enéide, dont il nous reste & parler. Comme il n’existe pas, & notre connaissance, étude d'ensemble sur ce sujet, nous renverrons & notre article préeédent (13), tout en le complétant quel- que peu. En abordant l'Enéide, on peut s’attendre A ce que ce chef-d’euvre rassemble la plupart des procédés architecturaux utilisés dans les ouvrages précédonts, Crest ainsi que ensemble des douze chants représente un zodiaque oit le huitigme mois (mensis augustus) culmine, comme il se doit, sur le triomphe impérial, 1 aut rappeler que le nombre 8 symbolisult pour les Pythagoriciens I'équilibre et la justice (14) ; les portes solsticiales de ce zodiaque correspondent respective. ment & ouverture des Enfers (chant VI), pour le solstice d’été ct & annonce faite par Jupiter, & le fin du dernier chant, dun souverain « qui sera élevé au dessus des hommes et des dieux. » (16) Par ailleurs, le nombre total de vers de Veuvre (& 9900) se rapporte & un autre cycle : celui de année delpbique de 99 mois, fondé sur la concordance des eycles solaire et Iunaite (année « androgyne »), et qui comptait done huit ans, plus trois mols fériés inter- calaires, Le milieu exact on est occupé, comme nous Favons montré, par Ia montagne sacrée et le palais du roi- prétre, pole intemporel de la tradition A laquelle se attache Pempire, 1U faut remarquer que cet archétype royal commande ainsi, & partir de ce pole omniprésent, tout le templum de Venvre, César, quant a Iui, est cité en relation avec ‘une région mystérieuse, située « hors des chemins du soleil (16), 18 ot Atlas, le porteur du ciel, fait tourner de Vépaule T'axe attaché aux étoiles flamboyantes » (3) Voir plus haut, note 7. 4) Colut qui devait ‘recevoir le titre d'dugusle Jndiquant 4 fonction, se nommalt auparavant Octavius tle hultidaes 5) ine genus (..) supra homines, aupra ire deos pieiate videdie. xt, 838-1 8) Voir 'A ce sujet Tarticle @'Adrian Paterson + Dious Julius Cacsar, dans Etudes Traditionneltes de. juin 1940. « Le Point euguel il correspond étant aucdestus de la manitestor fon.» LES NOMBRES VIRGILIENS (17), En tant que mandataire de ce « Pole » universel, et parce qu’il en est Ini-méme le représentant au sein de sa propre tradition, 'empereur mérite lui aussi une lace privilégiée dans le poeme ; cette place ne peut Ere le contre, deja réserve & plus haut que lui Bille correspond plutét, étant donné Paspect particulier sous Jequel il est envisagé ici, & ce que nous pourrions appe- ler un des péles harmoniques du poéme. Liapothéose d’Auguste divise en effet 'Endide, dont Je nombre total est 99, en deux parties valant 63 et 36, Nous avons montré que la proportion 99/63, ou 11/7, était Vexpression classique de x/2, allusion & are «Apollon (18). ‘Les passages de l'ceuvre qui correspondent aux nom- brea 86 ct 68 Geers 3600 et 6900) sont symmetries par rapport & son centre et complémentaires, puisque bun (17) Cette terre « qul n'est Vappelie ailleurs + © Vertex nol 1, 240), et Pline + ¢ Magnus ani GH. XVIn. Bien entendu, la plupart des commentatenrs de de co monde », Virgile ‘semper sudlimis » (Georg. cardo, magna res mundi. > = passage, prenant Atlas’ pour la chalne do montagacy, da ‘heme nom: cn sont rédoits supposer ano alteration We tase {ousmany Arnall Lacan!. 1925 fe Virgit a Aen, Vi, 196-797 fven more absurdly pats Alaa South of the todias. > gnoyou immortals» représonté parte Palladium qui 448 survéew Ala destruction de Trole- Cette arche, guidés pat des deuphins, est gurplombée par Tare divin, Ala fols signe de alliance nouvelle et arme de mort qul achéve la débdcle des forees obscures, (¢ .arcum intendebat Apollo » Vili, 1041 Yare est étendu aundessus d'auguste et fendu contre. ses ad versaires) expression cholate par Virgil ambigaé, ou plutOt synthétique selon le sens qu’on eholeira de lot donner, il faudra évidemment se représenter Vare dane deux positions différentes, Ia protection qu'il assure étant soit dordre.ecéleatey solt a tale dein 9 Iie eoatle uth qui désigne le serpent (anguts) mitme conte ul designe nt Ganguly) et, de fagon plus générale, tes forces de ccoutraction® ede concentration (Jes ¢nauds' ; en gree angtho slgoltie server, Strangler) ses donate syaten ‘Tout ceel Mustrey potat par potat, wages symbollques exposdes par Guénon dans lee ¢ Les mysléree de ta lettre Nan > et'e"Es Font et Farcanclel 5, avices rosie dans’ Spmboter Fondamentauz de ta Soience sacrée. ARE STUDES TRADITIONNELLES décrit le ¢ désospoir » des ‘Troyens exilés et autre le triomphe d’Auguste. Ces deux épisodes représentent de Miséricorde (les deux réaction concordante de {EPreuve d’Ende (19). Pour nous, il n'est pas douteus, cu outre, qu’Auguste, succédant & César qui avait inear né la rigueur et la « discrimination », alt mis Paccont Sur l'aspect pacificateur et sacerdotal du régne (20). La méne complémentarité se remarque chez les deux pro- miers rois de la légende romaine : Romulus, surtoat Guerrier, et Numa, iégislateur et premier pontife, En nous elforgant de résumer les quelques travaux Gil avsient pour objet la « face eachée » de Pauvre de eile, nous expérons avoir mis en lumitre I'unité pro. fonde de ces potmes extérieurement si dilférents’ lie Peuvent traiter de thémes agricoles, «musicaux », ssttonomiques ou politiques sans jamais perdre de ove ZeRE Mia sujet : la vie d'une Cité sacralisée, tntegrée aux rythmes naturels par la médiation de Pempercun, ‘«garant des récoltes et mattre des saisons » (21), On sait comment, & une époque of se i En nts présente gale évidente. Pour Ia période de plus d'un millénaice qui sépare Stace de Dante, il faut supposer une trenee mission plus discréte encore qui a pu passer nolan: JG) Nous faltons colle remanque suite & ane indication qul nous a 6té fournie par M. Chatles-André. Gulf 22 S,felournement » on question eat aymbolisé par les nome seg AUPOHE 65 ot 36, Hemarquons que le abmbre’ cel Hiavaed est forme de (8. 30) “+ °4.'68), soit 08 F960, Meee Saree ae lke 99 +300), sont Tee “9, “ames SARE ‘chitfre de Cécar, GO, Creat Ie sena des deux titres de César (dere : trapper, er stad duguate (augers + faire croltre, augur : pitted wont porlés dans la suite Yous len emperearet 1 9p, § Auctorem frugum tempestatumane potentem » (Géorg 18 LBS NOMBRES VIRGILIENS ment par le monde celtique. Elle seule peut expliquer Ia parenté seerete qui lig Fauve de Daate Snes ses modeles et le réle de guide vénéré que le Florentin altribue avec tant d'insistance & Virgile, alors que la Comédie offre extérieurement si peu de points de res- semblance avec l'euvre du maitre latin. Au reste ,Dante n’est pas le seul podte en son sitele qui atteste cette transmission ; malgré des apparences lus profanes, Pétrarque n’en a pas moins choisi pour sa Dame le nom de Laure, indice de fidélité & la tradi tion apollinienne (22). Mais ce sont 1a, sans doute, les derniers feux d'un art qui allait connattre Je méme sort que celui des bitisseurs traditionnels, dont il n’était, en somme, qu’me modalité, André Raryaarnen, G2) Le Conzoniere 20 compose de 366 potmes figorant te ysl snnuct ie etitr ' fug eave ee SUB, i Vietee

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