You are on page 1of 100
106 ) SY © 1AGRANDE GUERRE DE VERDUN A LA SOMME, _ SUR LENFER DES TRANCHEES PAR ANDRE BAR & JEAN-LOUIS ROBA. Mis sur pied suite au désir du gouvernement belge en exil & Londres de disposer d'une unité de chasse purement nationale, le N’ 350 (Belgian) Squadron voit le jour en novembre 1941. Avec un personnel mixte (anciens pilotes de 'Aéronautique Militaire, éléves ayant achevé leur écolage a la RAF, techniciens principalement britanniques), Tunité va d'abord prendre part a la défense aérienne du Royaume-Uni avant d’étre engagée sur Dieppe puis dans des missions réguliéres sur le continent. Ce sera alors le Débarquement en Normandie; ensuite la libération de la Belgique et lavance dans le Reich. La fin de la Seconde Guerre verra l'escadrille basée en Allemagne. Cet ouvrage relate non seulement [histoire de la premiére unité de chasse belge dans la Royal Air Force mais également celle des pilotes qui y volrent. er ao Ere Perec Ueno eee ns ere mora arte errr Peer Pe ice mm coe Perec ter eee et de plus en plus violents qu ont feu sur les champs See etd at Pioneer ne ona Ce ees Pee sees PON ree Pas oes ese in lennemis. lest curieux et hélas dommage de constater Sinemet ieee eee eet ars ement la ps efleace etl plus moderne Perr er creer fans de nombreux Perper ete anny Eeeene rst Michel Ledet (BAzIORo TE 7ANTSn ewe teste ede ° parla SARL LELA Presse sees) ResuMocts eres 202 SUILLETAOOTISEPTEMBRE 2016 SARL LELA PRESSE Les Farges, 15 rue des Ligures, 87110 LE VIGEN. ‘TelFax: (0.33) 05.5.31.00.28 (Nouveau N° cPappel) Email: contact@avions-bateaux.com Site : www.avions-bateaux.com SOMMAIRE Introduction Chapitre 1 : les Zeppelin ont du plomb dans (ale 1-1-De codteux raids sur Angleterre 1:2-Les attaques sur la France Chapitre 2 : la guerre industrielle et politique 2.1-La France prend la tate 2.1.1-L’état de aviation -Cabale contre le sous-secrétaire d'état -Les choix de production -L‘aviation britannique, le maillon faible 2.3-L’allemagne perd pied Chapitre 3 : la bataille de Verdun 3.1-Lattaque allemande en perspective 3.2-La supériorité aérienne allemande initiale s’évanouit trés vite Chapitre 4 : la bataille de la Somme 4.1-La montée en puissance du Royal Flying Corps (janvier-juin 1916) 4.2-« The big push > : rassaut sur la Somme 4.2.1-Une attaque demandée par les Francais aux Britanniques 4.2.2-Les forces aériennes en présence -Suecés en I ; Schec au sol (1" au 15 juillet 1916) 4.3.3-Une aviation britan Chapitre 5 : le temps des chasseurs 5.1-Une publicité initie par le communiqué aux armées 5.2-Les « Rock-Star » de’époque 5.3-Les loups entre eux 5.4-Les as étrangers CChapitre 6 : le bombardement entre dans ombre 6.1-La in de ambition stratégique 6.2-Les différents GB 6.3-Deux affaires défraient la chronique dans Vactivité opérationnelle des GB 6.3.1-Le scandale de Briey 6.3.2-La question des représailles: le raid sur Karlsruhe 22 juin 1916 6.4-Aucun apparell de bombardement n’est satisfaisant 6.5-L’échec de la reprise de offensive de jour : le raid d’Oberndort Chapitre 7 : Italie et Russie encerclent I'Autriche-Hongrie 7.1-Une aviation austro-hongroise peu développée Chapitre 8 : le front d’Orient '8:1-Aviateurs sur le Vardar (novembre — décembre 1915) 8.2-Combats aériens au-dessus du camp retranché de Salonique '8.3-La fixation du front d’Orient Chapitre 9 : Guerre aérienne en Asie et Afrique ‘9.4-Les cing fronts de 'empire ottoman {9.2-La conquéte de I'empire colonial allemand Chapitre 10 : la guerre aéronavale Pie Ue 1916-LA GRANDE GUERRE Le Sgt -Jean Chaput de Pescadeile N57 (tur as aus 16 victoire), sé ke 28 ave [Nieuport 11 n° 940 sur le {terrain d’Ancemont, en pine baaiie de Ver parle photographe profesionnel Can Duprat. Mobilise comme simple soldat, clic ext tun spécialiste du procédé ‘Autochrome des reves Lamidres. (Photo Jean-Camille Dope domaine public) Introduction année 1916 commence comme la précédente, dans la boue des tranchées. En France, échec de la bataille de Champagne a augmenté la détiance des parlementaires vis-a-vis du Grand Quartier Général (GQG) du général Jofire. A défaut doser déboulonner le tout-puissant général, ils font ‘tomber le gouvernement de René Viviani le 29 ‘octobre 1915, Lui succdde Aristide Briand, un fin ‘manceuvrier rompu a fartdu compromis subtil de la il républque. Ila for faire dans ce domaine, car la defiance entre le parlement et Joffre redouble. Joffre a également du souci a se faire vis-a-vis du nouveau ministre de la guerre, le général Gallen son grand rival qui lui dispute les lauriers de ta Victoire de la Mame, Homme a forte personnalité, ce demier va s'employer @ exercer toutes les prérogatives de son ministére et voit d'un mauvais axl les quatre sous-secrétaires d'état créés sous Viviani (artilerie, intendance, santé militaire, aviation) qui avaient pour but de rogner les attributions du précédent ministre Milerand, jugé ‘op favorable Joffre. lls n’ont plus de raison détre et Galieni va s'employer a les démonter. Une conséquence nous intéresse directement le courageux sous-secrétaire & aviation René Besnard va faire les frais de cette manceuvre et tomber au début du mois de février 1916, victime dune convergence dintéréts. Cela ne sera pas sans conséquences sur les choix industriels que nous examinerons en détail dans le chapitre 2. Joffre, menacé, promet au gouvernement une nouvelle offensive qui devrait mener vers une percée victorieuse. Luiméme ainsi que le commandant Barés, responsable de aviation au GQG, ont ti une legon de la batalle de ‘Champagne : dans cette guerre oi lartilleie est reine, la supériorité aérienne amenée par des avions de chasse est indispensable pour permettre aux avions de réglage de dirger efficacement le tir des canons et empécher ceux de lennemi de le faire. C'est donc vers la chasse que s'opérent les priortés de laviation francaise en prévision de la prochaine offensive, que Joffre veut organiser de maniére concertée avec les alls, pour opérer simultanément sur plusieurs fronts et submerger Fennemi en Vattaquant de toutes parts. Il entame de difficles négociations qui ne sont pas vraiment couronnées de succés. Siles Anglais s'y montrent favorables, les ltaliens font la sourde orelle et les Russes ont pris une telle raciée en 1915 quils ne promettent rien avant le mois de juin 1916. Lagrande offensive est donc reportée a cette date. Mais les Allemands ne lui en laisseront pas le ‘temps. Leur chef d'état-major, le général Erich von Falkenhayn, lance le 21 février 1916 une attaque fen force sur le saillant de Verdun, avec une concentration dartillerie sans précédent. L'aviation allemande y est également en force mais la chasse frangaise, concentrée surle secteur, va vite ravir la supériorité aérienne et contribuer @ la défense de la ville en permettant & Tartllerie francaise, bien quinférieure en nombre, dintervenir effacement = une bataille que nous examinerons dans le chapitre 3, La grande offensive de Jofre est for mal engagée car ses réserves sont grignotées par les besoins de farmée de Verdun, Mais elle a finalement leu dans la Somme le 1° juilet 1916, en en laissant la plus grande part a larmée britannique, tres inexpérimentée, qui va au-devant d'un couteux et sanglant échec, ne progressant que peu au prix de trés lourdes pertes. Comme nous Texaminerons dans un chapitre 4, aviation francaise et aviation britannique, nouvellement renforcée, font une supériorité numérique certaine au début de la bataille sur une aviation allemande alors au creux de la vague. Mais aviation britannique, ‘rés inférieure techniquement, va subir de trés lourdes pertes tout en accomplissant vaille que vaille les missions qui lui seront demandées. ‘Alors que aviation francaise va remporter sur son secteur dindéniables succés, c'est contre aviation britannique que les chasseurs allemands, réorganisés en escadriles spécialisées au mois aoat, vont se taller dimpressionnants tableaux de chasse. Lachasse allemande est désormais une des priortés industrielles définies par le nouveau commandant en chef de armée allemande, le ‘général Paul von Hindenburg secondé du général Erich Ludendorf, qui a succédé & von Falkenhayn Gvincé le 29 aot 1916, Des nombreux combats aériens qui se multiplent dans ces batailes émergent des pilotes de chasse particuliérement doués, les « as », dont s'emparent les médias pour célébrer les exploits, poussés par les états-majors qui ont besoin de présenter des héros au public pour remonter un moral rudement ‘mis & mal, Nous traiterons de ces héros de lépoque dans un chapitre 5. LLaviation de bombardement, écipsée parla chasse ‘durantl'année 1916, est en pleine restructuration et elle a abandonné son ambition stratégique au proft d'une action plus tactique et plus anonyme, que nous évoquerons dans un chapitre 6. Quelques actions d'éclat sont néanmoins entreprises, avec les beaux exploits sportfs des raids du capitaine Robert de Beauchamp qui lance quelques bombes symboliques loin derrire les lignes, mais également de honteux raids de terreurlancés dans les deux camps sur des populations civies. Sile copur de la guerre se déroule en France, des combats s'étendent également sur d'autres fronts ‘que nous examinerons dans un chapitre 7 oi la France est partout présente, soit par ses aviateurs soit par les matériels utlisés par les belligérants. Enitale, les Autrichiens tentent au mois de mai une percée vers Venise en déboulant des montagnes {du Trentin, La « strafexpedition » est bloquée par les troupes italiennes et l'aide de 'armée Russe {qui attaque & la demande du Rol tale. aviation italienne, bien dotée en avions francais, y montre tune certaine supériorté sur aviation autrichienne. En Russie, aviation regoit une aide substantielle de la France qui y déploie une mission militaire et ¥y multiple les livraisons de matériel, sans pouvoir ‘cependant établir une supériorté aérienne qui fait justement défaut lors de offensive Broussilov, la Tameuse offensive interalliées lancée en hate au ‘mois de juin pour secourir'itaie. Nous détaillerons dans un chapitre 8 le front d'Orient ou, & partir de la ville de Salonique, une force aérienne francaise ‘se bat contre aviation allemande et bulgare au- dessus de la Gréce du Nord et la Macédoine, avec. quelques succés malgré ses maigres moyens. Enfin, contre Empire Ottoman, les Britanniques menent plusieurs campagnes en Mésopotamie et Palestine, tout comme ils tentent de réduire les demigres poches de résistance de Empire ‘colonial allemand que nous examinerons dans un ‘chapitre 9 Dernier point de ce survol aérien de la guerre, le front aéronaval. Le 31 mai de l'année 1916 voit le plus gros affrontement naval de la guerre, la bataille ‘du Jutland, qui se termine par une victoire tactique allemande mais fnalement une victoire stratégique britannique. En effet, les pertes subies par la Kaiserliche Marine, bien que moins importantes {que celles de lennemi, ne sont pas supportables par FAllemagne qui n'a pas les réserves de la Royal Navy. Les navires de surface allemands ne ‘vont plus sortirde leurs ports durant tout le reste de la guerre ; en revanche la guerre sous-marine se , touche le sol & Litle Wigborough, dans * Essex, oi il est capturé avec son équipage - sa carcasse va faire les joies des photographes de presse et de leurs lecteurs. Un premier super-Zeppetin, est ainsi détruit, mais il n'est pas le seul ‘au cours du méme raid, le L 32 (LZ 74) de Oberleutnant-sur-Zee Werner Peterson se retrouve pris dans le faisceau dun projecteur. Un BE2c du No 38 Squadron, piloté par le 2" Lt Frederik Sowrey, peut Se porter & son contact et commencer & le tirer avec des munitions incendiaires. II vide deux chargeurs de sa mitraileuse Lewis sans résultat visible, le Zeppelin répliquant a son tir d'une de ses nacelles. Mais son troisiéme chargeur est le bon le L 32 senflamme et explose en vol, tuant tout ‘son équipage qui tombe prés de Billericay dans Essex. LAngleterre se trouve un nouveau héros ‘en Sowrey qui est aussi célébré que Robinson, meme s'llne recoit « que » le Distinguished Service (Order pour son exploit. ‘Le squelette métalique da ‘itd 28a 24 septembre 1916. Us'agit du premier super Zeppetin» de Vainguewr du S111 te William Leefe Robinson devient un héros national, est décoré dela Victoria Acoration britannique, oR) ‘Une des bombesincenaires| Targus parle Zeppein 13 sur Earsham Hall Estate (Norfolk) dans a mit da 2 ‘as 3 aot 1916, (Ry Nacelle observation suspendae da Zeppein 1Z00 (12 90), trouvé avge 1500 m de ble prs de Clehester apres raid da 2-3 septembre 1916. Longue e430 m, large de psa 4 ig elle permettait Hun observateur informer (part nate altitude, OR 1916- LA GRANDE GUERRE LDUZ 7) exp vol aprés avoir tunltionsincendiaires parle 24 Frederik Sowrey (oR) Le Kapitinleutnant Heinrich Mathy, commandant du 37 (oR) Maigré les pertes, les Allemands continuent... Pour leur malheur. Durant la nuit du 1% au 2 octobre 1916, un raid de six Zeppelin est lancé sur Londres et les Midlands. Le L 31 (LZ 72) du Kapitanieutnant Mathy largue ses bombes sur la ville de Chesnut, dans le Hertfordshire. Il s'attarde imprudemment surplace et un BE2c du No 39 Squadron, piloté par le 2" Lt Wuistan J. Tempest, peut ainsi le repérer pris entre plusieurs projecteurs. il a Vavantage de Taltude mais le Zeppelin monte en fleche pour se protéger de la DCA. Tempest, malgré les le cuirasaé Osresland. (oR) Trois « Zeppelin killers» du No 39 Sqn unis pourla presse. Deg erik Sowrey (32), [Le William Lecfe Robinson (S112), Capt Starnmers (commandant du No 39 Sqn) ct #L Wulstan J. Tempest (1-3), Tows vont deveni des héros du public bus éclatant autour de lui, pique sur le Zeppelin et tire ses munitions incendiaires, pour le voir s'enflammer « comme une lanterme chinoise ». Le 31 stécrase & Potter Bar, dans le Hertfordshire. La presse peut se délecter de la mort de arrogant Heinrich Mathy qui prétendait raser Londres ! | faut plusieurs mols aux Allemands pour se risquer & un nouveau raid dans la nuit du 27 au 28 novembre 1916, avec dix Zeppelin sur les Midlands et le nord de Angleterre. Tous manquent fobjectf et, pire encore, deux ne rentrent pas : Ie L 34 (LZ 78) du Kepitanleutnant Max Dietrich est pris par les projecteurs sur Hartlepool et intercepté par le BEZc du 2" Lt lan V. Pyott du No 36 Squadron, qui aprés un tir de balles incendiaires le fait exploser en vol ; les restes du dirigeable disparaissent en ‘mer, Plus au Sud, le L 21 (LZ 61) de I Oberleutnant zu See Kurt Frankenberg est intercepté par deux BEZc du RNAS pilotés par le F/Lt Egbert Cadbury et le FSL Edward M. Pulling, qui a six heures du ‘matin Vabattent en mer alors quill franchit la céte, année s'achéve sur une victoire de la Home Defense désormais forte de 110 avions. Entermes de Cott économique, les diigeables ont tué en 21 raids 293 personnes, blessé 692 autres et causé 594 540 lives de dégats matériels - un bien piétre résultat our la perte de huit drigeables au combat avec tout leur équipage, sachant que chaoun deux embarque lun peu moins d'une vingtaine d'hommes et coate "équivalent de presque 300 000 livres. Il faudra du ‘temps pour que Peter Strasser se décide a reprendre les raids en 1917 en augmentant le plafond de ses appareils pour leur sécurté. 11 obtiendra quelques résultats mais au prix de plus grandes pertes. 4-2-Les attaques sur la France Les Zeppelin, sis réalisent la majorté de leurs attaques sur Angleterre, effectuent aussi des Se @ ~W vt Qo: incursions en France, Durant la nuit du 29 au 30 janvier 1918, deux Zeppelin partent de leur base de Belgique pour Paris. Le LZ 77 (LZ 47) du Hauptmann Ludwig Hom, passé Maubeuge, doit faire demi-tour en raison de problemes mécaniques. Le LZ 79 (LZ 49) du Hauptmann Viktor Gaissert poursuit sa route vers la capitale ol il est repéré par les postes de guel. Se repérant avec la Seine, il survole la capitale et jette ses bombes sur le quattier populaire de 'Ménilmontant oi elles font 26 tués et 38 blessés parmi les habitants. Tous les avions du Camp Retranché de Paris (CRP), basés au Bourget, sont alertés par les postes de guet et prennent Fair, sit 26 appareils, ‘survolant chacun une zone convenue. Le filet S'abat fatalement sur le Zeppelin qui croise la route de cing appareils. Mais le LZ 79 qui vient de ‘se délester de ses bombes remonte en fléche plus de 3000 métres, hors de portée de la plupart des avions francais. Le Farman MF t1bis n° 1187 de Fescadrile MF 393, piloté par le sergent ‘Clément Deneboudes avec pour observateur le caporal Louis Antonin Valin, réussit & placer des coups, comme en témoigne Vallin : « Nous sommes partis sur favion Farman n* 1187 moteur Renault par un temps épouvantable. Aprés avoir traversé une brume intense et d'épaisses couches de nuages, nous avons découvert & plus de 3000 | ve Farman MF 11 bis du CRP semblable icc piloté par Te Sgt Cement Denchoudes ‘avec le Cal Lous Antonin Valin pour observateur, ‘de escadrile MF 393, qui s'est portéa Pattague du z ‘Laphoto dated msde juillet 1914 (coll BDIC) Jacques de Lesseps (1883- 1927) dh ek ingnicur Ferdinan Lesseps est un i Paviation quia réalisé a2 traversée dela Manche, 21 mal 1910 Ie distingwe avantuerre parses vols, 1a Quebce et se retrow smobilisé dans Pavia ‘CRP en 1914 sit attag le LZ 794 bord deson ‘Voisin-Canon emmenant pour tireur le Lt Norbert Galliot H ne sara que quelques semaines apres Palfrontement quia bel et dd Pescadrile CEP 115 sur Caproni, retourne sa Québec apres la guerre tse pacialise dans la photographie aérienne. I Aetdera dans un accident avion le 18 octobre 1977 (coll Christophe Cony) vas, 1-Canon V.1125 de Peseadrille W396 CRP ‘du S/Lt de Lesseps (pilote) et du Lt Norbert Galliot(pointeur), Bourget 29 janvier 1916 [profil probable} 10 1916-LA GRANDE GUERRE Le Zeppelin 1279 vain ‘st cariee encastré dat tune ferme Ath, prés de Braseles: endommagé par le tr des avions frangals i perd son gaz durant som vo Four et ext contrainte brutal atterissage d'urgence ‘qui détruit a structure «Ry Limpressionna avec Al'échelle le Maurice Farman d ‘métres le Zeppelin sortant de ta brume, venant de la gauche. Enorme masse dont nous pouvions voir les détails, n’étant qu'a environ 200 metres légérement en dessous. C’est alors que fai ouvert le feu avec une carabine Gras modele 1874, tant ‘coup par coup une trentaine de balles incendiaires ‘Desvignes’ dont plusieurs arrivérent au but. La riposte fut immédiate, Nous essuyames plusieurs salves de mitralleuses, fort heureusement sans résuitat. Le Zeppelin, se voyant attaqué, se délesta d'un réservoir d'eau, ce qui lui permit de prendre de attitude. C'est alors que voulant monter, nous ‘mes une gissade sur I'ale et fe perdimes de we. Aprés de és grosses diffcultés pour retrouver notre route, nous pames ater au Bourget, transis de roid. » Le Voisin-Canon n° 1125 de lescadrile V 396, piloté par le sous-leutenant Jacques de Lesseps avec pour canonnier le lieutenant Norbert Galliot, obtient de meilleurs résultats, Fils du célebre ingenieur Ferdinand de Lesseps, Jacques de Lesseps est également un pionnier de aviation connu pour avoir réalisé les premiers vols de nuit sur son Blériot en 1909. Il est peut-étre le plus expérimenté des pilotes du CRP pour le vol ‘nocturne eta la chance d’étre parmi les avions du secteur traverse par le Zeppelin, quill parvient a la clarté de la lune & repérer au-dessus d'une mer de rnuages, alors qu'il revient 2 sa base en longeant Zeppelin LZ 7 Set Deneboudes et du Cal Vali la Seine. Volant aussi haut quill peut, de Lesseps le suivra pendant prés d'une heure, permettant a Galliot de tier au canon, Le Hauptmann Gaisser, dans ses mémoires arues en 1923, mentionne les attaques des avions et précise : « Quelques Frangais, tes hharciment, visaiontc'en bas la poupe de Taéronef, langaient des fusées et taient a la miraileuse des tragantes et incendiaires. Les mitraileuses de laéronef étaient constamment en action et pouvaient trés bien viser, & la lumire des projecteurs et des fusées, surdes appareils quitout de suite se mettaient en piqué vers le so.) fut toutefois fare une mention parsiculére pour deux Francais. Lun d'eux, volant de babord 8 tribord au ras de a6ronet; de la plateforme on le vit dans tous ses détails lorsquil tra des balls tragantes dui toutes manguérent leur but. Les treurs de la premiere plateforme le prient tellement bien sous leur tr qui piqua et disparut Un autre dont le nom imiest aujourd'hui connu fut encore plus coriace et poursuivt 'aéronef, décrivant des courbes ‘pendant une demi-heure jusqu‘au-dessus de Paris et entrant constamment. » Norbert Gallo, le canonnier du Voisin piloté par de Lesseps, a trés probablement fait mouche sur le dirigeable quill est diffcile de manquer vu sa ta de 163 metres de long (soit plus de quatre Airbus (n° constructeur L249) du Hptm Gaissert, ‘A320 en mis en fle indienne...). N’étant pas doté Tobus incendiaires, son tir n'a fait que percer le Zeppelin sans renflammer. Mais sur le chemin du retour léquipage constate que des ballonnets du centre et de l'arrigre sont déchirés. Perdant son ‘gaz, le LZ 79 se cabre lentement sur larrére. 1 parvient a repasser les lignes mais doit se poser ‘Turgence en pleine nature a Ath, 30 km au sud- uest de Bruxelles, oi ils'encastre sur une maison. Lequipage est sauf, mais le Zeppelin est détruit et doit étre démantelé. Les Francais ignorent leur Victoire ; bien que n’étant pas formellement crédité de la victoire aérienne, 'équipage de Lesseps ~ Galliot sera décoré de la Légion d'honneur, tandis ‘que Deneboudes et Vallin recevront une citation & Fordre du régiment, és la nuit suivante, le LZ 77, remis d'aplomb, repart sur Paris. Le temps est encore plus mauvais et les avions du CRP ne peuvent se repérer dans la purée de pois. Le Zeppelin semble aussi un peu perdu, il survole la banlieue nord de Paris dont les villes d'couen, Montmorency et méme le terrain du Bourget. La défense passive réagit bien et fait teindre toutes les lumiéres ; le Zeppelin largue ses bombes en aveugle et celles-ci ne font aucun dégat autre que quelques vitres brisées et des ‘trous dans les champs. Ine survivra pas longtemps & son raid manqué le 21 février 1916, alors quil passe les lignes vers 21h00 pour bombarder le nceud ferroviaire de Revigny-sur-Omain, au tout début de Tattaque allemande sur Verdun, il est pris dans le faisceau lun projecteur puis touché par le tr direct de la 17° section d'auto-canons de 75 mm dirigée par adjudant Gramiing. Le LZ 77 explose en vol et ses restes s'abattent @ Brabante-Roi, entrainant la ‘mort de tout "équipage. Les deux autres Zeppelin ‘qui 'accompagnaient font immédiatement demi tour. Lun deux, le LZ 95 (LZ 69) du Hauptmann George, est endommagé par les tirs et perd du {gaz ; il parvient a regagner ses lignes mais sans Pourvoir atteindre sa base. II sera détruit en se osant d'urgence au sud de Namur, équipage saut. Le raid du 29 au 30 janvier constitue la seule incursion aérienne allemande de année 1916 sur Paris, malgré deux fausses alertes déclenchées les jours suivants. Les Zeppelin n’effectueront en fait en France que deux raids dimportance, sur Dunkerque et Calais, les 3 avril et 22-23 septembre 1916. Les aviateurs du CRP en seront réduits a se tourer les pouces... ce qui leur vaudra d'étre fréquemment taités de planqués par les aviateurs du front !Les cing escadriles ainsi mobiisées pour la défense de Paris sont bien la le seul résultat militaire tangible des raids : ce sont autant d'avions et de pilotes soustraits au font. C'est d'aileurs discutable, car les aviateurs débutants qui y sont affecté peuvent prendre le temps de se faire la main au pilotage avant d’étre mutés sur le front, ‘comme ce sera le cas du grand as René Dorme. Ce raid va avoir une conséquence inattendue sur la défense contre les Zeppelin. 1! se trouve {que ces appareils sont dirigés par un systéme de radionavigation, envoyant par TSF un signal qui est intercepté par les stations allemandes de Metz, Cologne, Charleville ou Bruges et qui peuvent, par triangulation, déterminer sa position précise et lui ‘envoyer par TSF un cap. Un service d'écoute performant est déja en place, ditigé par le colonel Gustave Ferrié, dont nous avons déja évoqué le role lors de la bataille de la Mame dans le n° 69 de Batailles Aériennes. Le 8 {février 1916 se tient une réunion dans les locaux ‘du GQG présidée parle colonel Claudel, un adjoint de Joffre, et qui comprend le lieutenant-colonel Barés, chef de aviation, ainsi que le colonel Feri. Le ministre de la guerre, le général Galleni, ‘constate que les Zeppelin se diigent parfaitement par temps de brouillard et demande organisation d'un systéme de brouilage de leurs transmissions. Ferié Ya déja pratiqué contre le LZ 79 dont le ‘commandant se plaint dans ses mémoires du Les yaingueurs du LZ posent pour une photo souvenir antour de leurs Présider de la République ssa droite te vinteur Pennie (coll BDIC) 12 1916-LA GRANDE GUERRE Le Farman F 40, quip {un moteur Renault de 130 HP, ext Pap ps nombre en service fans les escadrilles de corps armée (171 exemplalres). Mplafonne & 130 kr, ‘ce qui est insffisant pour échapper aux Fokker contre lexguel ite pout trer vers Parriére en raison de la configuration propulsive du moteur. Lavion représenté V 310 de réglage arise, st quip det lancer des fuses (ules Brunswick, coll Abin Denis) brouilage de la Tour Eiffel. II va organiser de maniére plus efficace son réseau d'émetteurs, veillant & brouiller les émissions des postes allemands. Il fera en fait bien mieux en organisant de fausses émissions... Quil n'emploiera, faute de nouveaux raids de Zeppelin sur la France, que durant année 1917, ce dont nous reparierons dans un prochain numéro de Batailles Aériennes. Outre Ia question du brouillage, cette réunion parle d'organiser une transmission téléphonique immédiate des observations du poste d'écoute de la Tour Eifel, o se trouve Ferrié, vers le GQG qui pourra ainsi en avertir presqu'en temps réel les unités combattantes. Cette organisation est rapidement mise en place : un rapport du GQG montre que le 21 fewrier 1916, le service Radiotélégraphique a repéré dés leur départ les {trois Zeppelin ayant fait mouvement sur le nozud ferroviaire de Revigny-sur-Omain. A 17h20, its sont localisés & Givet ala frontiére belge, & 1945 prés de Grandpré dans les Ardennes. Toutes les batteries du secteur sont mises en état d'alerte ppour le résultat que Yon sait. Ferrié a done une part certaine dans la victoire contre le LZ 77 (indicatif TSF : OU) et le LZ 95 (0'G). len aura autres. Demiére conséquence du raid sur Paris: parmiles vietimes du Zeppelin, le ministre... Les sénateurs tombent & bras raccourcis sur le sous-secrétaire d'état René Besnard etentirent prétexte pourrégler leurs comptes : ila en effet dérangé beaucoup de ‘monde par ses choix industriels courageux. Chapitre 2 : la guerre industrielle et politique 2.1-La France prend la téte 24.4-L’état de Vaviation Sous-secrétaire d'état & Vaviation militaire depuis le 14 septembre 1915, chargé de régenter la Production des appareils destinés aux unités combattantes, le député René Besnard a fort faire si fon considére état des appareils en service sure front. L'avation frangaise commence année 1916 avec une sérieuse obsolescence de la plupart de ses 937 avions recensés au front au mois de févtier 1916. Une note datée du 22 avril 1916 et adressée au lieutenant-colonel Barés, chef de aviation au GQG, permet de se rendre compte du jugement porté par les aviateurs sur leurs appareils alors fen service. Les avions de corps d'armée (des escadiiles d'observation et de réglage d'artilerie), Qui représentent le gros des effectifs avec 560 appareils en ligne, sont particuliérement mal lots. Les 171 Farman sont des « appareils facile a piloter et commodes pour lobservation, mais. impossibles armer a Vamére. Les 80 HP sont rnettement trop lents et & supprimer. Le demier modele F 40 représente au point de we vitesse un rée! progres, il monte vite et haut, mais ne peut Piquer rapidement. Cet appareil ne peut franchir les lignes sans escorte aux altitudes moyennes. Par beau temps, il pourra exécuter aux grandes altitudes, avec un appareil photographique @ grande distance, des missions photographiques dans les lignes ennemies. Appareils, dans Jour ensemble, inférieurs & tous les avions de guerre ennemis. » Rca oe Ilya 141 Caudron G.3 monomoteurs en ligne, qui vont étre rapidement relégués 4 lentrainement ol ils rendront de bons services, et 167 Caudron G.4 bimoteurs qui sont jugés sévérement : « Appareil dun mauvais rendement puisquil empioie 180 HP pour faire une vitesse horizontale de 120 km a Iheure. Trés mal armé a Famére. Sa vitesse ascensionnelle est sa principale qualité. II est ilusoire de Temployer comme avion de chasse, puisquill est moins rapide que tous les avions fennemis. Sa maniabilité en profondeur lui permet de faire le service de corps darmée sur les lignes, it peut aussi, a la rigueur, faire du barrage. I! peut franchir les lignes, en mettant a profit ses qualtés ascensionnelles qui ui permettent d’échapper aux avions de chasse ennemis. Avec des appareils de photographie & grande distance focale, on a pu faire & 5000 metres daltitude, en arriére des lignes, de trés intéressantes photographies. Cet appareil aurait d@ étre remplacé depuis longtemps par un bimoteur fuselé. Apparel inférieur aux avions de guerre ennemis. » Dernier avion de corps d'armée, les Nieuport biplace, types 10 (@ moteur 80 HP) et 12 (110 HP), Le premier est jugé « insuffsant comme vitesse, dépassant dificilement 2600 métres quand il est chargé », tandis que le second a les « mémes défauts que le précédent, avec un moteur marchant trés mal. Ces deux appareils sont inférieurs aux avions de reconnaissance ennemis. » Les quelques 199 avions de bombardement Equipant les GB sont tout aussi inadaptés aux conditions actuelles du front. La plupart d'entre eux (158) sont des Voisin LAS, « appareil insutfisant au point de vue vitesse horizontale et ascensionnelle. Impossible & défendre a larriére. est actuellement inadmissible de faire passer les lignes 4 cet appareil sans lui assurer une bonne escorte davions de chasse. Appareil trés inférieur 4 tous les avions de guerre ennemis. » Les 33 Breguet-Michelin également en service présentent les mémes défauts, auxquels s'ajoutent de graves problemes de fiabiité... Quant aux 7 trimoteurs Caproni existants, leur sous-motorisation leur Interdit toute efficacité opérationnelle, ‘Seul moti de satisfaction, faviation de chasse forte de 178 appareils. En février 1916 on compte encore 18 Morane Parasol obsolétes, ainsi que 5 Ponnier et 4 SPAD A2 disséminés pour expérimentation dans les unités dou ils seront vite retirés — le prototype du Caudron R.4 muitiplace sera en Fevanche développé. On compte également 20 Voisin-Canon en escadiile. Le principal avion en ligne est le Nieuport 11, doté d'un moteur de 80 HP (80 exemplaires), qui supplante le Nieuport 10 monoplace dont 40 exemplaires sont encore en ligne en février 1916. Trés vite va arriver, au mois d'avil 1916, le Nieuport 16 équipé d'un moteur de 110 HP plus puissant. Le second est jugé « Bon appareil de chasse » le premier « répond encore ‘a sa mission d‘avion de chasse, mais sera bientot insuffisant, étant donné les progrés réalisé par les avions ennemis. » Les Nieuport de chasse dans leur ensemble sont « supérieurs presque tous les avions ennemis » 2.4.2-Cabale contre le sous-secrétaire d'état Il peut étre légitime de dire quil y a une crise de aviation, comme indiquent les joumaux, car la plupart des appareils dits de corps d'armée (chargés des missions de réglage dartillerie et de reconnaissance) ainsi que de bombardement sont dépassés en raison de leur moteur propulsif, situé Variére du fuselage, quiles rend trés vulnérables face @ la chasse ennemie, Pour remédier a cet état de fait, René Besnard, ds sa prise en fonction, est allé chercher les meileures solutions techniques a létranger. lla {ait le choix du biplan biplace britannique Sopwith Strutter pour les taches de corps d'armée et de bombardement, ainsi que celui du moteur Hispano- Un bimotcur Caudron Golde Vescadritle C30, ‘photographié en 1916 e personnel Veseadrile dont on peut admirer la divcrité des tenes. Larme de Paviation exitant pas fn les Branch. coll Albin Denis) septembre 1915 A février 1916, Ses choix couragews pour Paviation frangase vaudront détre « devised » ‘a ferme ane hont campagne politique financ [ar les constructears Trangais mécontens (coll. Gali) 14 1916-LA GRANDE. GUERRE photograph ous les txt desormais largement ‘passé en 1916 aver sa Iv, Som ren (ues Brune col. Abin Denis) le Sgt Francois Battesti Corse et fier de I’, Battesti terminera avec 7 vicioires homologuées. Suiza chez un industriel espagnol. Les motoristes et constructeurs francais évinoés lui en font de vis reproches. Mais ils ne seront pas les seuls ‘« vouloir sa peau ». Les miltaires n'acceptent pas vraiment la création de ce sous-seorétariat @ aviation confié & un pparlementaire. Le poste avait &té créé a Torigine pour rogner les prérogatives du précédent ministre de la guerre, Alexandre Millerand, un partisan achamé de Joffre. Le nouveau ministre de la guerre, le général Gallieni, est par contre un farouche détracteur de Joffe; il entend récupérer toutes les attributions de son ministére : Besnard le gene. D’autres pariementaires, par opposition politique au gouvernement Briand, vont compléter la ig Petit Napoléon de Nescadrille C10 piloté par ierrefonds (Oise), printemps 1916. ere dans la chasse Ls ~~ A galerie des adversaires et finalement avoir raison du jeune sous-secrétaie d'état. Le sénateur Charles Humbert, propriétaire du quotidien Le Journal et assez prompt & accepter des subsides douteux pour financer sa publication, méne contre lui une indécente campagne de presse. II est probablement poussé par des industrels francais mécontents comme le suggérent certains autres tires... Les arguments du sénateur Humbert sont ‘complétement creux. Sous le prétexte de favoriser la bureaucratic, i lul reproche la création d'une ‘commission de spécialistes pour le conseiller (Le Journal du 17 octobre 1915 : « quelque chose comme une académie de VAéronautique, od des gens trés distingués perdront leur temps en solennelies discussion »). Il vtupére ensuite contre le programme de construction du secrétaire d'état, qui dott entrer en application au printemps 1916, ce qui est beaucoup trop tard pour le sénateur Humbert qui se garde bien d'expliquer comment faire accélérer le délai entre invention de avion surtune planche a dessin et sa livrison aux unités Ccombattantes. Une certaine presse a scandale se joint au mouvement, dont linransigeant avec un aticle aussi creux que fielleux du jouraliste de droite Léon Bailby le 11 janvier 1916, dont des extraits sont complaisamment reproduits dans Le Journal. Le journal Lihomme enchainé, de Georges Clémenceau, embraye également le ‘mouvement. D'un autre cété, le journaliste suisse Viotor Snell, futur rédacteur en chef du Canard Enchainé, défend de facon facétieuse le sous- secrétaire d'état dans les colonnes de /Humanité du 5 janvier 1916 : « Non seulement javoue mais. encore je proclame que je suis totalement ignorant ‘en matiére d’aéronautique. Je n’ai pas bénéficier de ce véritable miracle intellectuel et technique qui a fait que du jour au lendemain, journalistes, députés, sénateurs, se sont donnés une opinion _péremptoire et définitive sur les problémes les plus délicats de laviation, et se sont mis a en écrire, en éorire... Chacun a découvert en soi un expert ui sommeilat, et ce fut soudain un débordement articles ! Pan, sur le nez du sous-secrétaire Etat !(...) La guerre dure depuis 18 mois et i ny a pas trois semaines que Fon sait que si les Ailemands sont & Noyon la faute en est 4 M. René Besnard !lIse peut. Mais ‘est vraimentimprobable. Et, avec toute lincompétence dontje me targue, je veux dire que ce mouvement quasi-général a été précisément trop général et trop ‘spontané’ pour ne pas sembler un peu suspect. (...) » II pointe nommément un mouvement de constructeurs évincés, qui « n’hésitérent pas 4 créer une crise qui pri des allures de scandale... Je me dis que Broguet-Michelin, versions tmcliorées des modes 1 ct 2de 1915, ne chan rien a la donne : le Bregue Michelin est un apparel dotée d'un canon de 37 mm, ‘ne remporte aucun succes (call BDIC) Le Nieuport 16 ‘moter de 80 Trés maniable cet gant petit chasseurestatout de Vaviation francaise aa moment deka bataile ewvis monte lect alimentée par tn hargeur de 47 cartouches. ‘Ce ehargeut rapidement Vide apres quelques rales, est presque impossible 3 changer en combat (coll BDIC) Version équipée d'un moteur 110 HP plas puissant et se distingvant parson ate dorsale derive le poste du pilot, le Nieuport 16 ‘Payril 1916, Lavion perd en maniablité mais gxgn cen vitesse slcontribue la ‘uperiorté adrienne de I chasse francaise sur Verdun. (coll Christophe Cons) 16 1916- LA GRANDE GUERRE Le xnater Charles canta te nationalist, est em premigre ligne dans la ‘campagne de presse contre le soe sccrétaire dat René Besnard. (coll. Calica) dela Guerre, reprend les atrbtions de René Besnard site st démission aca [1] Le cher du ‘gouvernement. £2) Qui, sous a répubiique, ont la possibile de renverser Te gouvemement bien ue non élus au suttage universe direct i santé du général Gallen, le sénéral Pierre Roques (1856- 1920) west pas un néo Paéronautique mili ‘en 1910. DR) ‘peut-Btre, peut-étre ils ne sont pas pour rien dans ceite rage subitement déchainée. Je n’en sais rien de rien, mais est-ce tellement invraisemblable ? » Crest le LZ 79 et son raid dans la nuit du 29 au 30 janvier 1916 qui va avoir la peau de René Besnard. ‘Son attaque cause une vive émotion parmi la population et les parlementaires s’en font 'écho. ‘Tout le monde ignore que le LZ 79 a bel et bien 16 détruit par le Voisin-Canon du sous-leutenant Jacques de Lesseps, y compris le principalintéressé Qui déclare aux sénateurs lauditionnant que le fait de nvavoir pu abattre ce Zeppelin sera le regret de toute sa vie... Le 7 février 1916, le général Galleni se rend au Sénat avec René Besnard, accompagné «du commandant Lecierc, chef de aviation du CRP, et du capitaine de vaisseau Mortenol, responsable de la DCA parisienne. Les quatre hommes y sont auditionnés par la commission de Tarmée présidée par Georges Clémenceau, farouche adversaire politique du vice-président du conseil [1] Aristide Briand, qui trouve ici foccasion d'en découdre avec ce demier. En sus du sénateur Charles Humber, iI ny pratiquement que des alliés de Clemenceau dans cette commission. Nrosant s'en prendre frontalement au générakministre Gallieni, le vainqueur de la Mame, les parlementaires tombent a bras raccourcis sur le sous-secrétaire d'état Humbert reproche a Besnard son incompétence ot deplore limpréparation des forces armées dont i le rend responsable. C'est tout juste s'il ne lui fit pas grief de la brume épaisse qui était tombée sur la capitale cette nuitla ! Ses honorables collegues Sfoffusquent du fait que aviation frangaise ne dispose pas de dirigeables équivalents aux Zeppelin : Besnard rappelle que c'est un choix de Tétat-major, Gallieni souligne le manque defficacité des dirigeables par rapport Tavion tandis que Leclerc et Mortenol rappellent les réalités techniques. Clemenceau recentre enfin les débats sur Tefficacté de la défense de Paris. Les discussions portent sur les avions-canons, quils reprochent & Besnard de ne pas avoir commandé fen assez grand nombre, alors que celuFci n'a fait que répondre aux demandes de I’état-major Qui décide de Taffectation des matériels. Gallieni rappelle également une évidence : tout moyen militaire mis Paris est retiré du front ou on en ale plus grand besoin, Lenquéte _parlementaire — montre un dystonctionnement dans la défense de la capitale le 14 octobre 1915, le commandant Leclerc a réclamé dans une ‘lettre la production d'obus incendiaires pour les avions-canons du CRP. Ceuxci sont effectivement produits au Creusot, sur ordre de Besnard. Ils sont réceptionnés le 20 Janvier et Besnard les entrepose aux 2" réserves, 2 la disposition de larmée. Laquelle le 29 janvier ne les aura pas fait liver aux escadriles du CRP, privant les Parisiens d'un potentielgigantesque feu artifice si le sous-lieutenant de Lesseps avait pu cen loger un dans Venveloppe du Zeppelin LZ 79. Clemenceau et ses amis rendentle sous-secrétaire d'état responsable de ce couac, lequel répond « Je tne suis pas responsable de la deuxiéme réserve ui n'appartient méme pas a la zone de lintériewr et qui est sous les ordres du commandement. Mon role tel quil a été defini jusqu'a présent se bome 4 donner aux réserves les quantités de projectiles davions qui sont nécessaires : sil doit étre diférent, qu’on me le aise. Je suis prét & accepter toutes les responsabiliés de ma fonction, mais je ne voudrais pas cependant endosser celles des autres, » \Vexé par ces critiques et assez mollement défendu fen commission par son ministre Gallieni, René Besnard quitte furieux la commission du Sénat en déciarant & haute voix « Jéen al assez d’étre un ouc émissaire, Je m'en vais. ». 1 rédige sa lettre de démission le Soir méme et celle-ci est effective le lendemain 8 févier 1916 aprés un ultime Conseil des ministres. Gallieni le remercie d'une lettre d'hommages rendue publique mais n'est pas ‘mécontent de récupérer ses prérogatives. Dece fat iin'y aura pasdenouveausous-secrétaire d'état a Taviation militaire. Ces attributions sont configs 4 un militaire, le colonel Henri Régnier (ancien adjoint du général Bernard en 1914), simple directeur de a 12" direction du ministére de la guerre, place sous les ordres directs du ministre. Une décision malheureuse va écarter le contréle des civilssurles miltaires, ce dont les sénateurs [2] portent toute la responsabilité. Le général Gallieni ‘’aura que peu de temps occasion d'exercer ses nouvelles prérogatives : il démissionnera pour raisons de santé le 10 mars 1916 et décédera d'un cancer de la prostate le 27 mai suivant. Celui qui va lui succéder au ministére de la guerre est le général Roques, premier responsable de aviation frangaise en 1909 en tant que directeur de 'arme du genie. 2.4.3-Les choix de production Ce sont donc les miltaires qui vont choisir ce que sera la production des nouveaux appareils. Une des premiéres décisions du colonel Regnier est de séparer le Service Technique de 'Aéronautique (STAé) et la section industrielle du Service des Fabrications de (Aviation (SFA) dirigé par le colonel Stammier. Le commandant Dorand est ommé a la téte du STAG, avec pour mission de tester les nouveaux appareils produits. par les constructeurs et de les assister dans leur développement. C’est une commission présidée par ce dernier, comprenant un représentant du GQG et un officier du SFA, qui sera responsable du choix de mise en production des nouveaux appareils. roniquement, ce seront des choix déja portés par René Besnard, ‘Choix heureux pour les chasseurs En ce qui conceme la chasse, la situation est loin d'etre critique avec le Nieuport 11 & moteur le Rhdne rotatif de 80 HP, en production au début de année car commandé & fonds perdus a la société dirigée par André Delage. Le Nieuport 16, son dérivé immédiat doté d'un 110 HP, apparait au mois Glavil, Un dérivé au fuselage redessiné équipé une mitraileuse synchronisée, le Nieuport 17, va tre livié au mois de mai, tandis que le Nieuport 24, une évolution au fuselage arrondi et dotée d'un ‘moteur de 130 HP, est a ’étude, Mais cette version représente la limite du potentiel de développement de l'appareil, handicapé par son moteur rotati qui est distance par les nouveaux moteurs en ligne. Cependant, un avion révolutionnaire va apparaitre, sori des ateliers de la société SPAD dont le précédent modéle, le SPAD A, était loin détre une réussite. Le SPAD 7 intégre, ‘Sur une cellule robuste inspirée de celle de son prédécesseur, exceptionnel moteur Hispano HS a que René Besnard a imposé contre vents et marées. Développant une puissance de 150 HP, i représente un gain de puissance considérable sur moteurs rotatifs équipant les Nieuport en service. Llavion qui effectue ses essais au mois davril 1916 atteint la vitesse exceptionnelle de 192 knvvh. C’est un bond technologique énorme pour epoque : le capitaine le Révérend, qui supervise les essais, note a son sujet que « Cet apparel, {és rapide et facie (a piloter, NDLR], réalise un {rés gros progrés surles avions de combat qui ont précédé ». Les essais opérationnels ont lieu la fin du mois de juillet 1916 et la premiere escadiile en etre dotée, la N 3 - une unité d'éite ~ recoit les siens au mois de septembre 1916, Le SPAD 7 va connaitre bien des problemes de mise au point, comme le reffoidissement de son moteur et la fixation de la tolle de ses ailes. Mais tous seront peu peu résolis ; 678 exemplaires Le Nieuport 17, doté ‘mitraileuse ynchronisée travers Pie, entre en service durant la bataille de Ta Somme et équipe toute ta chasse frangase. Equipe Niuport 16° pede 110 HP test, Den micus équiibré que ce ‘dernier, (oll Christophe Com) SPAD 7 n° 122 du S/Lt Armand Pinsard, escadrile N 26, Cachy (Somme) juillet-aodit 1916, 18 1916-LA GRANDE GUERRE Un des quatre Sopwith Strater de fabrication britannique alors en ‘valuation dans lsu Frangaises, photograp A Lemmes au mois de juin 1916 Il faudea attendre la fin de année pour voir les appari de fabrication Teangase en unite (coll BDIC) essing dans tes ateliees| du SFA, PAR 1 dit ‘

You might also like