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R.AMBELAIN De méme qu’il existe une technique de I’Alchi- mie matérielle, il existe une technique de PAl- chimie spirituelle. Cotte existence trés réelle d'un procédé pour parvenir 4 I'Illumination traditionnelle, tous les vieux maitres de jadis ’ont enseignée. S WINS Ce chemin intérieur, menant peu & peu 'A- i an depte vers l’Illuminisme, fut enseigné & de rares intimes par Louis-Claude de Saint-Martin, le Philosophe Inconnu. Cest une véritable techni- que, et non une banale sensibilité ; c'est une technique de la voie interieure wine Spurn mystique savante, et non une mystique exta- tique. Elle nous vient des Rose + Croix d’au- trefois. Robert Ambelain nous la livre compléte et totale. Désormais, sans passer nécessairement par tant de méthodes décevantes, sans faire, a ses dépens, sa propre expérience, linitié chrétien pourra espérer parvenir 4 Vadeptat. II ne lui suf fira que de vouloir et de persévérer pour justifier la parole de l'Ecriture, ). LA DIFFUSION SCIENTIFIQUE 156, RUE LAMARCK — PARIS (18%) La loi du 11 mars 1957 interdit es copies et reproductions destinges & tune ulilisatfon collective. Toute representation ou reproduction inte grale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le Consentement de lauteur ou de ses ayants-cause, est illicite et constitue lune contrefagor sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code penal SBN : 2-85012.0049 A Georges Bogé de Lagréze, dépositare fidble de tant de filations inltatiques * in memoriam + SOMMATRE Prewténe Parti Avertissement at Lecteur Introduction ....-++++ : 7 Glossaire des termes alehimiques et hermétiques ...... 23 ee Notons générales ar Patches Se oe ices iH 1) Les quatre Eléments . 32 2 Ea ae etl iss 8 Fes Hote Macey ae Eisp 8 Be ae See a5 § th — vatennte Spirtuete 2 I — te Putrfecton oo a Oeics tl aed eas SB ) Balmain gee se oo Be a ce cain ss HB a 1. — be Vili Phitnaptigte n ¥. = es Blimente au Grand pre @ renee de Oran re q 2 Eanes Soran 8 3) (rom des Pompe fs Tepe 8 ) Eaees Pilani: Sues x e) Le Scel Principe : la Charité . 93 Bez pero oe Garten B Bie Merits Megane } recente ce icc Bort Se Some utes VI. — Le Feu des Philosophes : la Priére . VIL. — L’Blizir de Longue-Vie VII. — La Réintégration Universelle ..... — 10 — ‘TRorsidue Pantie Pages IX. — Technique de la Prigre . 137 a) Le Temps de P'CBuvre 140 1b) Les Oraisons . ee aaa Priére pour se metire en Ia présence de ‘Dieu et de ses Anges . 142 Priére pour obtenir de Dieu ia victoire sur les Mauvais Esprits. ua Priére pour obtenir la communication avec les Saints Anges . M45 Prigre avant de commander aux Mauvais Esprits et les éloigner 146 Les sept Psaumes de la Pénitence et Hears ‘correspondances..... 447 L’Office du Saint-Esprit 156 Priére @’Ouverture et de Fermeture des ‘Travaux pour les Groupes .... 159 Priére de Neuvaine pour Wopteution @une Vertu. 5 160 — Postface . 165 Froures Les Idéogrammes hermétiques .. a Fig. 1. — La Tétractys alchimique 34 Fig. 2. — Les neuf Sens - 36 Fig. 3. — Les neuf Erreurs 69 Fig. 4. — Les neuf Vertus 86 Fig. 5. — Les neuf Dons du SaintEsprit . 98 PREMIERE PARTIE AVERTISSEMENT AU LECTEUR «Malheur & vous, Doctenrs ea Lol gui posnddtes tes Chea de “ta “Cotnaissance el 1 ét point entrée vous-mémes, "mais Guten avez Interdit entrée & eux qui te déstratent..> (Lue : Bvangile, XI, 52). Le méme organisme rosicrucien qui avait suscité don Martinez de Pascuallis et ses Elus-Cohen dans le but de travailler & cet ultime aspect du Grand'GEuvre qui a nom la «Réintégration Universelle >, suscita trente années plus tard son disciple direct, Louis- Claude de Saint-Martin, dans le but de travailler la «Réconeciliation Individuelle >. Si, par une heureuse coincidence, Ordre Marliniste des Elus-Cohen entra en possession des documents authentiques et manuscrits du dix-huitiéme siéele en 1955, documents vainement recherchés jusqu’alors par les historiens du Martinisme, c’est dix années aupara- vant que la technique de la ¢ voie intérieure >, confiée aL. C. de Saint-Martin et transmise directement par lui ses intimes, nous avait été transmise avec une derniére initiation. Celui qui avait recue en Egypte, au Caire, trente années auparavant, nous remit un schéma alchimique, une bréve explication orale, et Yinitiation qui allait de pair avec le tout. Cette der- eo nigre n’avait pas de rapport avec le Martinisme clas- sique d’ailleurs (1). En fait, il s'agit de cette voie cardiaque sur laquelle on a énormément glosé, sur laquelle Papus insista avec tant de vigueur, et qui est, en fait, une technique occulte, et non une banale sensibilité. Malheureusement, elle ne supporte pas la facilité. Elle exige de son utilisateur une vigilance de tous les instants, aussi bien @ son égard qu’a celui d’autrui. Car, dans PABSOLU, la miséricorde et la justice doi vent s’équilibrer. Et il est inutile d’étre bon et chari- table si ’on demeure envieux, coléreux, luxurieux et paresseux... Estimant inutile et injuste de la voir réservée depuis tant d’années 4 un nombre de plus en plus res- treint d’aspirants, considérant d’ailleurs combien les observent peu la discipline des initiations quis ont regues, nous avons fait nétre la parole de YEcriture : «Et j’appellerai Mon Peuple ceux qui n’étaient pas Mon Peuple, et Je nommerai Ma bien- aimée, celle que je n’avais pas aimée...> (Paul, Epitre aux Romains, IX, 25). Ainsi, celui ou celle qui n’auront pas eu la chance d’aborder le domaine des initiations, ceux-la du moins pourront, libres disciples du Philosophe-Inconnu, travailler isolément & leur propre «réconciliation > (2). ) Papus Vavalt également repue, seul de tout Y'Ordre Mar- tinste, cette épogue, alnst qu'un autre mystique francal que nous supposons étre Sédir. Elle ne leur. venait croyens-nous, de M. Philippe, de Lyon, mals également ‘milleux rosicruciens du Caire, en grande partie composés d'Anglais et de chrétiens coptes, of notre propre initiateur avait, ln aussi, repue. Cependant, nous sommes absolument certain que M. Philippe @ connu et la méthode et Minitation corrélative, (2) Du latin « reconciliare », rétablir, réunir, C'est Ia réin- tegration individuelle. 6 Quant aux innombrables martinistes de Saint-Mar- tin, ayant réguligrement été recus au sein de la chaine séculaire des , il était prati- quement impossible de les mettre individuellement en possession de cette technique, autrement que par un texte imprimé (texte qu'il est difficile d’altérer par la suite, et qui demeure susceptible de rééditions nom- breuses, tant que le besoin s’en fait sentir), d’autant plus qu’elle était totalement ignorée d’eur. ‘Toutes ces raisons justifient amplement la présente vulgarisation. Et s'il est des orgueilleux, des envienx, ou des avares, qui cussent souhaité étre les seuls et rares bénéficiaires de cette méthode secréte, qu'ils sachent bien que ce n’est pas & leur intention que nous la dif- fusons. Ils ne Uauraient point pratiquée ! 30 Novembre 1960, féte de Saint-André. INTRODUCTION ‘Aine! est Trinits en Unite, et Unite en Trintts, car te ob sont Esprit, Ame et Corps, te ont aussi Soutphire, Mercure e Bernard Le Trévisan), Intégrées dans la trilogie traditionnelle exprimée au triple portail de nos grandes métropoles gothi- ques en d’énigmatiques bas-reliefs, !'Alchimie ct ses sceurs, I’Astrologie et la Mystique, sont des connais- sances traditionnelles, et non pas des sciences suscep- tibles de décantation, d’évolution et de progré: Comme telles, elles constituent donc, compléte, totale, absolue, cette somme que l'on nomme les doc- trines Hermés. Immuables en leurs principes (si elles ne Je sont pas toujours en leurs applications). C'est donc avec sagesse que ceux qui, spirituellement et occultement, guidérent la main des Constructeurs médiévaux, les ont associées, mystérieuses gardiennes du la pierre philoso- phate, Pour obtenir ses fins cristaux, couleur de rubis, & qui les ténébres restituent instantanément leur mys- térieuse luminesceuce, 'artisan du Grand’(Euvre aura @abord connu d’étranges compagnons de route. Tels les archontes qui veillent aux seuils successifs des mondes intermédiaires pour mieux barrer la route au sapient, d’innombrables et symboliques personna- ges (1) : le Corbeau et le Cygne, le Lion et le Dragon, le Roi et la Reine, etc... lui poseront tour & tour leur particuliére énigme ! Et ce n’est qu’'aprés avoir compris le sens secret de ces dernigres, que le pélerin mérellé verra enfin se lever, rayonnante au sein des ténébres métalliques, Yétoile de Compostelle, annonciatrice de 1a fin du périple aurigére (2). ‘Toutefois, dépourvu en apparence de bases ration- nelles, et sans aucune possibilité d'applications indus trielles, le procédé utilisé n’en constituera pas moins un véritable enrichissement spirituel de 'Hermétiste, (@ Du latin persona : masque, apparence. @) Le pélerinage A saint Jacques de Compostelle est un des maythes emblomatiques de la queste du Grand Gauvre, Les Béleids y portent comme nsighe in coqule sant Jacques, ite encore mérelte. Et au sein du matrasy au début de TUsu. ‘re, sur la prima materla enfin décomposée, doit apparaitre et surnager une etoile cristalline argentec, premier indice que Popérant est dans le bon chemin.r — 20 — puisque la Vie lui aura enfin livré un de ses plus grands secrets. Et, transmuté Iui-méme par cette seconde Révélation, IInitié devenu enfin l’Adepte, pourra enfin transposer, dans le seu! plan de sa spiri- tualité intérieure, !’ Arcane enfin conquis, pour devenir et demeurer & jamais : I'Illuminé. Et comme la mystérieuse Pierre s'engendre et se multiplie elle-méme en progressions mathématiques continues, 'Illuminé, & son tour, transmettra sa propre lumiére spirituelle & ceux qui auront su eux-mémes, matiére premiére intelligente et docile, accepter de mourir plomb pour mieux renaitre o 21 — LES IDEOGRAMMES HERMETIQUES L'Eau Lo Terre Lair Le Feu Le Mercure Le Soulphre Le Scel La Chrysopée ou ¢ Pierre Philosophale > “symbole de la Reintegration) = Le Vieil Homme Le caput mortem, ou ¢ terre damnée > (a matiére périssable) as Op>ob hdd GLOSSAIRE DES TERMES ALCHIMIQUES ET HERMETIQUES Nous eroyons ole de donner tont d'abord une sigaieation suf- fstineg gona des ares otvlnent as par fen curs qu oft Ueaité de PAlcRisnie Ce pelt glowaite pePettea. par {e'snite, aux lecteurs déstreux d'étudier auss) bien VAlchimie iat {Estelle que" perailoment, Pateninie splices ie destifremtat ouvrages irks fermés, tele «Le Liore images sans paroles Ot Wistas Eiber't Le Pied Sprboriqae de fa Piers blocophale Gade CoBtcchitene ampnithdtine eta Sopesee terete, d@'Henry Khunrath. Et, déja familiers de la signification générale de'est?mots as peu abgodtar Wr ia sata pia’ aad bobo les Storage deg tdaniges denies, pug du pes and Scancfultencubert Champagne, alias Foleanelil (1), Bases’ deny genragen ci quire aes Ealaadatess et hee Demecs B ates Sy Mkt aoe“te domtiee alec fe Palchinte Mics sigteations qhe Nous assions el avout uflemest coat Bldides pit aspet prafque quien donne: @ Nous possédons un important dossier, résaltat une o paltente sends gers Whe TBS Spar" goussinbiney sua lave Personsallé de Fuleanefi: Ce" aBesies"sonapeund, ‘avec tes rose Big thas qe teavalitrent avec il dls POOR aves eat gut Tee ent sex coflaborateurs. auc cours dead vie ardente: Gaepley det Bhotopeaphles et des Gocuials ast désnsutrenty suns comiesfation Benaile que fuienclt ot ean Seiler Hubert ‘Caampagne te Feat quad seal et mine petaonnage T Sur cette tient nots ne ralgfone afcune totam of ous posoddons eeu ie pee foprapiie dune aldieace ascaticle qui eu fait Ia prowve’ absslue a Ag One a agen sare mieten co elie cee ats mt dak eH a “STR enon, oan on ae cate eRe tg iti ds ate ee gear aah sera baa eae So Air. — Un des quatre éléments des Anciens. Na pas de rapport avec celui que nous respirons, Voir page 88.7 PP Albigeation. — Caleination au blane ow an rouge. {Alladel. —~ Apparell composé de vaisseaux superposés ct commu- niquant entre hx, pour effestuer ume sublimation lente. Ansigymation. — Usion jtime de divers éléments métaliques eo uo oat tate hoimogtne et res malleable cane Ane, Symlag pols alma, azestn dun prn- espe ic CORE RO dca, erenen pe Animavs. — En rigle générale, loraga'on ae trouve en présence de la‘fgaration de dead atimaun he maine esplce nis Sersete athe, eat Comme ilon et onne chien et cheno) ce slasige ie Sook. fie et le Mercure prepares en ve de Webuvre as ctor ase a fe volatil Le male rereente alos We fee fe'Somgre ik tenet représente fe volatil; te Mercare: Uniss les sniinate cegrisent da tcadepeton, Ie Boney ie mariage, tis secombatent © Beation da olatil'ou Volatiisnion da ize, Votr les purse de Basile Vateatie dans « Les Douze Clés de la Philosophte » (1). Les anitaanx peuveut icone symbolise les Elements 1 Terre Gon, tures) Air eupiy, Eka “poltsons ‘aleine), Feu (dragon, sslamandrey $1 tm anal Ketrestre dgure dans unt image hetindtique anes se aninil serien, Iis"sianisest respectiveineat fe de et ie voan, ‘Apollon, — Le soleil, Vor. “Arbres. — Un arbre portant des lunes signi Ie petit, magstere, la pierre an blanc, Sif porte des soleils, eest le. Crand’uvre, 1d Picts an ‘rouge’ Sil porte ten symbole den sept melauss les Fignes du tole, de In lune, et cing. étoies, Healt slots de Imatiére unique ob nalssent les métauz. ‘Argent dee Sages, — Mercure des Philosophes. Athanor. — Four a réverbire. Bain. — Symbole : 1%) de Ia dissolution de Vor et de Vargent ; 3) dela puriteation de oes deux metas. ane Baln-Marin (2). — Appareil disposé de fagon que le vase conte- nant ta matiére a trailer baigne Gans de Tea chautléer (Q) Basile Valentin : «Les Douze Clés de ta Philosophie ». M. E. Ganceliet, un des rares disciples de Fuleanelll, vient de public, aux Haitions ‘dea Champs-Elysées, une traduction érudite et excellente de cot ouvrage evsentiel, ol il amie toute aa science’ alenimique. ‘@) L’Alchimie n'emplote ‘pas Vexpression bain-marie. — 25 — Ballon. — Vaissea produits de la dist Blane. — Pierre au blane, plerre encore imparfaite, dont toutes Jes posstbilités Yransmautatolres ne sont pas encore développees et Celeinaion. — Réduction des corps en chavs. Elle peut etre stehe Gsiadité. — Chaleur. Carré. — Symbole des quatre Elémeats. (Gémentation. — Opération par laguelle, a8 moyen de noudres mi afraizs qu'on homme cement, on purife'fes melgar a polat quill Bea -demcnre plus que In trea pre substance métallique, Chaos. — Symbole de Vunite de ta Matitre, et parfols de Ia couleur noire (premier sfade de Maitre), de ia putrdtaetion, Ghanibre. — Symbol de Veent philesophique, quand le Rol et 1a Reine y cont rentermes CGoulphie et Mere). Chand, — ne des quatre qualités élémentaires dans a Nature. Voir page 82. Chien. — Symbole du Souiphre, de TOr, Le chien dévoré par un loup signif In purification de Tor par Pantimoine: Chien et chienne signifient, assoc, le fixe et le volalil, Chrysopée. — La pierre philosoptiale, le Grand’CEuvre réalisé. Circonférence. — Unité de la Matire. Harmonie universelle. de verre ample et rond destiné i recevoir les Circalation, — Consiste a faire clrculer les liguides dans un vase loz ‘pat Vetict dame chalear lente: Clrealatotre. — Voir & Pélican, Chaplteas. — Cavite de verre munie d’un bee, que Yon adapte au col de'la cucarblte ou de Furinal, pour pouvoir distiller les eaprits Iipéraus, Chapitel, chappe, chappelle,alambic, sont A pea pres Ia Cohobation. — Action de remettre Yesprit métallique, dlstilié, sur son resid. Corbeau. — Un des premiers stades de Matuvre : 1a putréfaction. Cornue on retorte. — Vaissean de verre rond, A bee recourbé vers Je bas, servant A distilier les matiéres dans le’ cours de MCEwvre. Coupellation. — AMnement ou contréle alchimique de Vor et de argent par Ia'scorifleation du plomb dans une coupelle. Couronne. — Symbole de 1a, royauté chimique, de la perfection apétalligue. Dang) cLa iargarita Precio Yes six melau gent Sateen, aoeea teu toassinatacs is toa. Agus" avet une Couronne su iy tele, Dot 'en alehimie mpit(uelle, Ia phrase de I~ — 2% — de Saint-Martin : « Tout homme est son propre roiu >, cest-b-< tout homme porte eh lui la possibiite du retour Ase eroyaute s Dperdue, dans Ye Diam spirtnel et angelique. Oo" * ** , et pare cherchoat rua. fu Jean slvr “en'ton ee AeD Mdtigte des ours mux deux ouvrages de Fuleanelll :re Le Mystere des Cathe rates > et\ tes. e Dentures: Philorophatee >, aux «Cing Livres > de Nicolas Valois, ten NOTIONS GENERALES SUR L’ALCHIMIE Basile Valentin, moine bi nédictin,- dézrioit "ensuite plus clairemént Tame du matat, qu'il fomma soullphte, ow teintire Te corps, done fe’ seal; et enfin Pesprit, gu'tl nomma mereure-. GB. Van Helmont : Ortus Medicine, 1648). La terminologie hermétique enploie des mots et des expressions qui n'ont pas de rapports directs avec leurs équivalences dans la langue profane. Il est donc indispensable de définir ce que Y'on entend ici en cer- tains mots essentiels, qui sont les noms des éléments constitutifs de la Matiére Premiére, et de son évolution vers Vétat ultime : l’Or, symbole de la perfection au sein de la vie métallique. A) Les quatre Qualités Elémentaires — Le Froid, origine de la fixation, se manifeste par une absence totale ou partielle de la vibration, dont effet est de coaguler ou de cristalliser la Matiére, en détruisant le principe d’expansion qui est dans le Chaud (conservation). Son action est done astringente, fixatrice, ralentissante, cristallisatrice. 32 — — L'Humide, origine de la féminité, se traduit par une vibration de nature attractive, mutable, instable, assouplissante, amollissante, relaxante, humectante, qui, pénétrant les atomes, divise les homogénes et unit les hétérogénes, provoquant ainsi I'involution. de la Maliére, ou sa désagrégation. Son action est tempé- rante, assouplissante, émolliente, dispersante. — Le Sec, origine de 1a réaction, se manifeste par une vibration de nature rétentrice, éréthique, irritante, qui contrarie et retient I'impulsion donnée. Son action est rétractive. — Le Chaud, origine de 1a masculinité, se traduit par une vibration de nature expansive, dilatante, ra- réfactive, qui provoque l’évolution des atomes. Son action est vitalisante, coctrice, stimulante, dynamique. Dans I'Homme, ces quatre Qualités donnent : — Froid ; impassibilité, scepticisme, égoisme, désir passif de soumission. — Humide ; passivité, variation, assimilation, désir passif de soumission. — Sec : réaction, opposition, rétention, désir passif de domination. — Chaud : expansion, enthousiasme, action, désir actif de persuasion. B) Les Quatre Eléments — Terre : L’action réactive du Sec sur le Froid le divise, et ainsi, en s'opposant a sa totale fixation, le transforme en élément Terre, principe concentrateur et récepteur. — Eau : L'action réfrigérante, coagulatrice, atoni- que et fixatrice du Froid sur 'Humide, Pépaissit, l’a- — 33 — lourdit, et le transforme en Eau, principe de cireu- lation. — Air : L’action expansive, dilatante et raréfactive du Chaud sur 'Humide, le transforme en Air, principe de I'attraction moléculaire. — Feu : Laction réactive, rétentrice, éréthique, et ‘irritante du Sec sur le Chaud, le transforme en Feu, principe de dynamisation violente et active. Dans I'Homme, ces quatre Eléments donnent : — Terre: Inquiétude, taciturnité, réserve, prudence, tendresse contenue ou égoisme, esprit concentré ou prétentieux, méfiant, réfléchi, ingénieux, studieux, solitaire, — Eau : Passivité, indolence, dégoiit, lassitude, non- chalance, soumission, inconsistance, _versatilité, paresse, inconscience, incertitude, timidité, crainte. — Air : Amabilité, courtoisie, serviabilité, adresse, subtilité, initiative, promptitude, assimilation, ingé- niosité, harmonie. — Feu : Violence, autorité, ambition, enthousiasme, présomption, orgueil, irascibilité, ardeur, ferveur, courage, générosité, passion, prodigalité, fougue, vanité, C) Les Trois Prineipes des Philosophes Soulphre Principe : Le Chaud, contenu dans le Feu et dans I'Air, engendre un principe de nature chaude, fécondante, fermentative, que Yon nomme le Soul- phre. I est le principe Male de toute semence, et de lui nait la saveur, la couleur fondamentale rouge. Dans Homme, il correspond a Esprit. Mercure Principe : L'Humide, contenu dans V'Air et dans Eau, engendre un principe de nature vapo- —34— Fig. 1 On voit par ce schéma (qui nous fut confirmé parfaitement exact par J. Boucher, lequel en avait recu un semblable de son maitre Fulcaneili), que le Froid et l'Humide générent TEau, THumide et le Chaud générant VAir, le Chatd. et le Sec générant le Feu, et le Sec et le Froid générant la Terre. A leur tour, Eau et PAir générent le Merce Principe, Tir et le Feu génerent Je Soulphre Principe, et le Feu et la Terre entrent Je Scel Principe. Au second stade de Icéuvre, le ercure Principe et le Soulphre Principe générent Ukr Philosophique ou Argent des Sages, ef le Soulphre Prin et le Seel Principe génerent Or Philosophique ou Or Sages. La copulation des deux donne alors la Chrysopée. rose reuse, subtile, mutative, générante, que 'on nomme le Mercure. I est le principe Femelle de toute semence, et de Ini nait Yodeur, la couleur fondamentale bleue. Dans I’'Homme, il correspond a 'Ame. * Scel Principe : Le Sec, contenu dans le Feu et dans la Terre, engendre un principe de nature séche, cohé- sive, coagulatrice, que ’on nomme le Scel. 11 est le principe d’unification du Male et de la Femelle aussi bien que le résultat de leur union. De lui, naissent done la forme et le poids, la couleur fondamentale jaune. Dans !'Homme, il correspond au Corps. Ce sont ces trois principes constitutifs qui sont, dans le vocabulaire de 'Alchimie traditionnelle, la Subs- tance prochaine des étres et des choses. D) Les Deux Métaux des Sages Argent des Sages : Encore nommé Mercure des Sages (par opposition au Mercure des Philosophes qui Je précéde au stade précédent, ou au Mercure des Fous, qui est le vif-argent vulgaire), ou encore Argent Philosophique. Il résulte de Yabsorption d’une certaine quantité de Soulphre Principe par une quantité déter- minéede Mercure Principe, ou plus aisément encore, par Vabsorption dune quantité proportionnelle d’Or vulgaire par une quantité déterminée de Mercure Principe. Cet Or vulgaire ne doit avoir subi préalable- ment ni exaltation (sublimation ou volatilisation), ni transfusion. En un mot, il ne doit pas avoir été refondu ou allié & lui-méme, il doit étre vierge. Or des Sages : Encore nommé Soulphre des Sages (par opposition au Soulphre des Philosophes qui le précéde au stade précédent, ou au Soufre des Fous, qui est le soufre vulgaire), ou encore Or Philosophique. — 36 — Il résulte de absorption d’une certaine quantité de Scel Principe par une quantité déterminée de Soulphre Principe, ou, plus aisément encore, par l'absorption d'une quantité proportionnelle d’Argent vulgaire par une quantité déterminée de Soulphre Principe. Cet Argent ne doit avoir subi préalablement ni exaltation (sublimation ou volatilisation), ni transfusion. En un mot, il ne doit pas avoir été refondu ou allié & lui- méme, il doit étre vierge. Ces deux Opérations résultent d'une série de cuis- sons successives (multiplication). E) La Chrysopée ou Pierre Philosophale Chrysopée : Est obtenue par Ja lente cuisson dans V'Guf Philosophique (matras), lui-méme dans un bain de sable, au sein de 'Athanor (fourneau), du mélange et de la co-destruction de I'Or des Sages et de l'Argent des Sages. u VALCHIMIE SPIRITUELLE LUnité de la Matiére, postulat de dépatt des Her- métistes d’autrefois, et dont on s'est tant raillé, la phy- sique nucléaire moderne nous en administre la preuve a fortiori ! Et la chimie également, qui nous démontre, en réalisant des matiéres et des produits totalement inconnus autrefois, que adage antique a raison qui vent que : Omnia ab uno, et in unum omnia... > C'est-a-dire que un est dans tout, et tout est dans un. Basile Valentin, de son abbaye bénédictine, la posait déja en principe, cette unité magistrale «Toutes choses viennent d'une méme semence, elles ont toutes été & Vorigine enfantées par la méme Mére... > Basile Valentin : «Le Char du Triomphe de PAntimoine >). Et, dans le plan spirituel, Jacob Boehme est tout aussi affirmatif : «LAme de V'Homme, les Démons, les Saints Anges, tous proviennent d'une seule Source... Et 'Homme con- tient en lui la partie du Monde Extérieur que le Démon renferme également en Iui, mais dans un principe diffé- rentn 9 (Jacob Boehme : « De VElection de la Grace >). — 8 Bien avant c2s philosophes, la Gnose traditionnelle transposait déja cette donnée en son affirmation de Ja doctrine de !Emanation, affirmant que les Créatu- res spirituelles avaient été émanées par une Source Unique : Dieu-Abime, et non point créées ex nihilo. Crest-a-dire qu’elles étaient issues selon cette doctrine, par dégagements successifs des Causes secondes de la Cause Premiére, des Causes Troisiémes des Causes Secondes, ete... de 'UN-ORIGINEL, qui est Dieu. Conséquence de cette doctrine, tout ce qui est ainsi dorigine divine et se trouve ici-bas, dégénéré et amoindri en ses possibilités spirituelles, prisonnier d'un Monde grossier, tout cela peut y prétendre de nouveau, et cette aeuvre de régénération se nomme la Réintégration. L’Alchimie se divisait dés lors en trois étapes de probation : a) L'Euore, transmutatoire des métaux imparfaits en or pur. b) L'Elizxir de Longue-Vie, sorte de médecine uni- verselle, capable de guérir & peu prés toute maladie ow infirmité, et d’assurer une longévité considérable, voire limmortalité. Il ne faut probablement prendre cette affirmation que dans son sens spirituel. ©) La Réintégration Universelle, c’est-a-dire la régé~ nération du Cosmos tout entier, de toutes les Créatures Spirituelles, but ultime de l'Alchimie véritable. Jacob Boehme nous dit en effet ceci, quant & ce dernier aspect du Grand’CEuvre : « Il n'y a pas de différence essentielle entre la Naissance Eternelle, la Réintégration, et la découverte de la Pierre Philosophale. Tout étant issu de l'Unité, tout doit y re- tourner de semblable facon... » Giacob Boehme : « De Signatura Rerum >). — 39 — Concernant le mystérieux Elixir de Longue-Vie, on peut en trouver un écho dans ces paroles d'Eckharts- hausen : «La re-naissance est triple : premiérement Ia renais- sance de notre raison ; secondement celle de notre cceur et de notre volonté ; troisiémement notre. renaissance corporelle, Beaucoup d’hommes piewx, et qui cherchaient Dieu, ont été régénérés dans esprit et la volonté, mais peu ont connu la renaissance corporelle...» (D'Eckhartshausen : « La Nuée sur le Sanctuaire »). Il convient toutefois de distinguer entre les Alchi- mistes et les souffleurs. Les premiers, philosophes en possession d'une doc- trine millénaire ( la gnose), avaient des théories parti- culigres qui ne leur permettaient pas de s’écarter de certaines limites’ en leurs recherches. Leur champ @expérimentation était le monde métallique. Les seconds, au contraire, gens dépourvus de connaissances ésotériques et de science, empiriques au premier chef, faisaient défiler en leurs cornues les produits les plus hétéroclites des trois régnes, n’hé tant pas a travailler sur les substances les plus étran- ges comme sur les résidus naturels les plus répugnants. Les alchimistes ont conservé et démontré le bien- fondé de P'Hermétisme et de 'Alchimie, Les souflleurs les ont ignorés, mais ils ont créé la Chimie. existence d’une Alchimie spirituelle, élément de la Réintégration individuelle de PAdepte, est prouvée sans conteste par Ia Iécture des anciens auteurs. Sans doute étaient-ils tous de bons chrétiens ! Mais n'était-ce pas parce qu’ils avaient compris que Connaissance et — 4 — Sagesse devaient aller de pair, et que la Connaissance sans la Sagesse était pire que l'Tgnorance seule C'est ainsi qu’en son rarissime ouvrage «La Parole Délaissée », Bernard Le Trévisan nous dit ceci = « Ainsi est Trinité en Unité, et Unité en Trinité, car 1a oa sont Esprit, Ame et Corps, 12 sont aussi Soulphre, Mercure et Scel...> Et Albert Poisson d’en conclure que : «Le Grand’Euvre a par suite un triple but dans le Monde Matériel : la Transmutation des Métaux, pour les faire arriver 4 V'0r, & la Perfection ; dans le Microcosme, Je perfectionnement de I’'Homme Moral ; dans le Monde Divin, la contemplation de la Divinité en Sa Splendeur. Diaprés la seconde acception, (Homme est done Vathanor philosophique ot s'accomplit Vélaboration des Vertus, Cest done dans ce sens, selon les mystiques, qu'il faut entendre ces paroles : «Car !Guvre est avec vous et chez vous, de sorte que, le trouvant en vous-méme, vit il est continuellement, vous Yaver, aussi toujours, quelque part que vous soyez, sur terre ou sur mer...» (Hermés Trismégiste : « Les Sept Chapitres >)... > (Albert Poisson : «Théories ef Symboles des Alchimistes »). Citons encore Basile Valentin = «De ces choses, sache, 6 mon ami passionné de I’Art Chimique, que la Vie est uniquement un véritable Esprit, et que, par Suite, tout ce que le vulgaire ignorant estime @tre mort, doit en revanche étre ramené @ une vie in- compréhensive, visible, et spirituelle, et, en celle-ci, doit Basile Valentin : «Les Douze Clés de la Philosophie », V* Clé). « (Proverbes : I, 2).

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