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Ambre Selmi Terminale L

15/10/2017
Dissertation
Sujet : Dans Paludes (1895), le narrateur dit à son ami Hubert : "un livre est clos, plein, lisse
comme un œuf".
Pensez-vous que, trente ans plus tard, cette conception de l’œuvre romanesque reste identique
pour Gide ?
Vous vous appuierez sur le roman Les Faux Monnayeurs et sur le Journal des Faux Monnayeurs
pour répondre à la question.

Paludes est un roman d'André Gide écrit en 1895, et ce fut l'un des premiers à
avoir démontré un nouveau style du roman du XIXème siècle. Les Faux-
Monnayeurs, étant le seul livre que Gide considère comme étant un vrai
roman, écrit en 1925, est le roman où, par la liberté de l'écriture et la
multiplicité des angles de vue, Gide se détache réellement de la tradition
littéraire du roman linéaire.
Dans un passage de Paludes, le narrateur, qui reste inconnu, dit à son ami
Hubert : « Un livre... est clos, plein, lisse comme un œuf », voulant parler du
livre en lui-même. Par cette expression, Gide illustre une image surréaliste, qui
amène à des définitions aphoristiques portant sur la pratique ou la théorie
littéraire. Les images s'enchaînent réellement par libre association, association
de mots plutôt que d’idées, qui correspond à un développement quasi-aléatoire
justifiant donc l’impression que Gide a de son roman. Ce qui nous intéresse
désormais est de savoir si, trente ans plus tard, cette conception de l’œuvre
romanesque, donc clos, plein et lisse, reste identique à Gide par rapport à son
roman, Les Faux-Monnayeurs.

Dans un premier temps, non, nous ne pouvons pas dire que l’œuvre
romanesque reste identique à Gide après trente ans, car il ne nous est pas
perçu comme étant un livre clos, plein et lisse comme un œuf.
Tout d'abord, ce n'est pas un livre clos. Un livre clos est un livre achevé et fini,
où une suite n'est pas attendue. Or, dans Les Faux-Monnayeurs, à la fin, un
dernier paragraphe laisse en suspens l’évocation d'un personnage non connu,
« Caloub ». La dernière phrase du dernier chapitre étant « Je suis bien curieux
de connaître Caloub. », une sorte de nouvelle porte s'ouvre à ce personnage.
Une suite est attendue mais ne nous est pas faite parvenir. En soit, nous
pouvons donc dire que ce livre n'est pas un livre clos, alors que, dans Paludes,
la fin justifie une certaine conclusion suite à son dernier paragraphe.
Ensuite, ce roman n'est pas un livre plein. Un livre plein est un livre rassasié,
rempli à l'extrême sans le besoin de rajouter quelconque idée ou explication.
Mais comme dit Gide dans le Journal des Faux-Monnayeurs : « Si touffu que je
souhaite ce livre, je ne puis songer à tout y faire entrer », il souhaite faire
comprendre que ses idées ne sont pas toutes insérées dans son roman qui
reste donc incomplet, et qui ne peut être donc considéré comme livre plein.
Par la suite, il est loin d'être considéré comme un livre « lisse comme un œuf »
car, un livre lisse est sans failles, et est compréhensible dès le début, et en une
seule lecture. Alors que ce roman, Les Faux-Monnayeurs, est un roman à
relire, un roman qui pour être compris doit-être relu deux fois, sinon, le roman
ne peut être compris par le lecteur : « Je n'écris que pour être relu. » « C'est à
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l'envers que se développe, assez bizarrement, mon roman ». Gide a fait exprès
de ne pas le mener à un livre lisse pour justement compliquer la lecture de ses
lignes. Comme le dit Gide dans le Journal des Faux-Monnayeurs : « Tant pis
pour le lecteur paresseux, j'en veux d'autres. Inquiéter, tel est mon rôle. Le
public préfère toujours qu’on le rassure. Il en est dont c’est le métier. Il n’en
est que trop. ». Il énonce dans ce passe une sorte de pacte. C'est un livre dur
à comprendre, une œuvre à trous où l’on ne voit pas où est-ce qu’il veut nous
mener, donc ce livre n'est pas lisse.

Mais, dans un second temps, on peut certifier que ce roman peut suivre la
conception de l’œuvre romanesque de Gide trente ans après, car, on peut
trouver dans ce roman, Les Faux-Monnayeurs, quelques aspects qui nous
permettent de voir un livre clos, plein, lisse comme un œuf.
Premièrement, nous pouvons voir que ce livre est « clos », car à la fin des
Faux-Monnayeurs, le livre fini avec un événement qui en quelque sorte clôture
le livre. Le suicide de Boris est le « point » de ce livre, il l'achève, comme si
une suite n'était pas attendue, et que tout ce que nous attendions depuis le
début était cette événement tragique et marquant qui laisse donc sans voix le
narrateur qui décide de s'arrêter sur ce fait divers. La fin de ce livre, ne peut
être changée ou transformée, car, ce livre étant un roman à relire, doit être
relu du début pour justement associer la fin avec le contenu général de
l'histoire.
Ensuite, ce livre peut-être tout de même vu comme livre plein, car sa forme de
« roman touffu » mène à se le représenter avec la forme d'un arbuste, sans
tronc ni tête ; ce roman ne contient donc plus de place pour être rempli, plus
de contenu ne peut être ajouté. Gide se met en scène dans son livre à la vue
d'un personnage pour exprimer son triomphe des contradictions du personnage
du « roman pur » pour laisser place à un « roman touffu ». Un roman avec
tellement d'informations, de quêtes, de questionnements, d’événements, que
l'on ne sait plus où donner de la tête. C'est pour cela que l'on considère ce
roman comme touffu, puisque cela représente un arbuste, le feuillage, sans
tronc et sans tête. Comme dit dans le Journal des Faux-Monnayeurs : « Tout
ce que je vois, tout ce que j’apprends, tout ce qui m’advient depuis quelques
mois, je voudrais le faire entrer dans ce roman, m’en servir pour
l’enrichissement de sa touffe »
Par la suite, le fait que l'on arrive à comprendre la succession des événements
car ils sont dans un ordre logique mène à penser que ce roman est aussi un
livre lisse comme un œuf, car en soit la compréhension des événements
glissent par eux-mêmes au fil des lignes, des chapitres et des passages du
texte qui nous permettent de le comprendre, petit à petit, mais sûrement. Pour
ce que nous pouvons comprendre par la lecture de ce livre, donc les
événements passés qui sont explicites ou même comme exemple,
l’homosexualité dévoilée tout au long de cette histoire est mise en valeur vers
la fin pour bien faire comprendre au lecteur le vouloir de ce roman. Le livre
nous semble donc complet.

Pour conclure, non, je ne pense pas que trente ans plus tard, cette conception
de l’œuvre romanesque, donc un livre clos, plein, lisse comme un œuf ne reste
identique pour Gide, car les Faux-Monnayeurs fini par une phrase qui nous
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laisse en suspens et qui nous amène à devoir attendre une suite. Dans le
Journal des Faux-Monnayeurs, Gide précise qu'il n'a pas pu mettre toutes ses
idées et le livre ne peut-être lisse car il doit être lu et relu par le lecteur, et la
compréhension est dure puisque c'est un roman à trous.
Cependant, après trente ans, ce roman peut rester identique pour Gide, car le
livre se clos avec un événement tragique, le suicide d'un lycéen, le livre est
plein car il est rempli et rassasié par l'arbuste que forme toutes ces idées, donc
le fait que ce soit un « roman touffu » et enfin, le roman est lisse puisque la
succession et compréhension des événement suit son cours et est logique.

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