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Pr. A. EL ABDOUNI
I. Le droit objectif
C'est un ensemble de règles régissant les relations (sociales, économiques et
autres) de personnes vivant en société et dont la violation est sanctionnée par une
contrainte émanant de l'autorité publique (l’Etat). C'est l'équivalent de « » القانونet de
«the law ».Exemples : le droit marocain, le droit égyptien, le droit américain et plus
respectivement : le droit civil, le droit commercial, le statut personnel...
Plus concrètement, on dit : le droit de propriété, le droit successoral, les art.77 et
78 du DOC...
On l'appelle objectif parce qu'il porte sur un ensemble de règles générales,
impersonnelles et abstraitement énoncées (c'est le Droit avec un grand D).
Dans cette optique, le droit est une norme obligatoire pour tous correspondants à
une certaine structure de la société qui s'y trouve soumise. Cette adéquation de droit à
la structure sociale explique : d'une part, qu'il y a un seul système juridique au Maroc
(principe de l'unité de législation) ; et d'autre part qu'il y a autant de systèmes juridiques
que de pays. D'où, un bon droit est celui qui est en parfaite adéquation avec le profil de
1
- Cf. J. Falys, Introduction aux sources et principes du droit, A.E.D.L., Louvain-La-Neuve, Bruylant,
Bruxelles, 1981, p. 1, Introd. : "L'étymologie latine du mot (règle) révèle que le regule désignait "une
règle servant à mettre droit, à mettre d'équerre, ce dernier mot étant connu dans la langue latine sous le
nom de norma..;", in J-L Sourioux, Introduction à l'étude au droit, puf. 1987, p. 23.
la société, ou du groupe qu'il veut régir. 1 Un tel droit possède beaucoup de chances
pour qu'il il ne soit pas transgressé, et partant pour être générateur de paix sociale. La
règle juridique doit épouser l'espace et le temps où elle doit opérer.
L'application du droit objectif donne, entre autres, naissance aux droits subjectifs.
II. Le droit subjectif
C'est la prérogative reconnue à une personne pour faire ou exiger quelque chose
en application d'une règle de droit objectif en bénéficiant pour en assurer le respect et
en cas de besoin de la force publique. Exemple : le droit pour le créancier d'exiger le
paiement de sa créance : celle-ci peut-être d'origine contractuelle ou légale ; le droit d'un
propriétaire de faire évacuer la personne qui occupe illégalement un local lui
appartenant ; le droit de la victime d'une diffamation d'exiger du responsable la
réparation du dommage causé…etc.
Autrement dit, le droit en son sens subjectif, correspond à une prérogative
personnelle de l'individu. Ces droits sont appelés subjectifs parce qu'ils ont pour
titulaires les sujets de droit que nous sommes. « Les droits subjectifs sont les droits qui
appartiennent en propre à chacun d’entre nous, qui nous appartiennent
individuellement ».
III. Le droit objectif est dans ce sens le produit d'un choix et d'une
concertation sociale.
En effet, il « est la traduction d'un projet politique » et économique. « Il vise à
promouvoir et à mettre en œuvre une conception de la société et des relations qui s'y
établissent.2 Ainsi, en prenant pour exemple le droit marocain, nous constatons que le
royaume tente d’entamer une ère nouvelle : sa caractéristique essentielle est la
construction et la promotion de l'État de droit et la modernisation des structures,
notamment économique et social. Alors, c'est dans cette optique qu'il faudrait situer
toutes les réformes intervenues depuis cette date jusqu'à aujourd'hui pour bien les
comprendre.
1°) Les tribunaux administratifs.
1
- Ce droit ne doit pas refléter exactement les aspirations et les désirs de la société, mais il doit néanmoins attirer
l’adhésion sociale suffisante pour qu’il soit admis comme règle de jeu que tout le monde s’oblige à respecter.
2
- Cf. J. L. Aubert, Introduction au droit.., Ed. Armand Colin, 1988, Avant Propos.
La création des tribunaux administratifs en 1993 constitue une concrétisation du
principe de l'égalité de tous devant la loi, y compris la puissance publique. Elle consacre
le droit pour le citoyen de poursuivre l'État - ou ses services - l'assigner devant le
tribunal et obtenir un jugement de condamnation contre lui, s'il se trouve en tort.
2°) le droit économique et particulièrement le droit des affaires
Toutes les nouvelles réformes juridiques à caractère économique promulguées
cette dernière décennie font partie de l'ensemble des mesures prises par l'État, visant la
modernisation des structures économiques du Maroc et notamment l'entreprise. Ces
nouvelles lois se chargent de procurer les instruments juridiques nécessaires pour
faciliter l’adaptation de l'entreprise marocaine au contexte de la mondialisation et la
préparer ainsi à affronter le nouveau contexte qui sera créé par l'entrée en application
des conventions conclues par le Maroc avec certains partenaires étrangers dont
notamment, le contrat d'association signé avec l'Union Européenne. 1
C'est dans ce sens qu'il convient de lire les principales dispositions relatives au
droit commercial, au droit des sociétés, au droit bancaire, au droit de la bourse, à
l’expertise comptable, aux droits d'auteur et à la propriété industrielle… etc.
3° La défense des droits de l'homme
Cet intérêt pour les droits de l'homme s'est manifesté par la création de nouvelles
institutions et la promulgation de nouvelles lois.
A- La création de nouvelles institutions.
Ainsi, il y a la création, pour la première fois au Maroc (1994) du ministère des
droits de l'homme, du conseil consultatif des droits de l'homme, en plus des tribunaux
administratifs et d'autres institutions intervenant directement ou indirectement en cette
matière.
B- La création de nouvelles lois.
Il s'agit soit de loi promulguée pour la première fois, soit de loi modifiant en les
améliorant d'anciennes dispositions juridiques. Relativement nombreux et intervenant
dans des domaines de natures diversifiées, ces réformes ont toutes pour préoccupation
commune la promotion des droits de l'homme, notamment en matière des libertés
individuelles et publiques. Mentionnons à ce propos les différentes réformes ayant
1
- C’est aussi une incitation de l’investisseur étranger à venir entreprendre au Maroc.
intéressé le code de procédure pénale et d'autres codes.
Signalons aussi la réforme du code de la famille, la signature de la convention
relative à la protection des enfants et beaucoup de dispositions ayant pour objectif le
renforcement de la dignité de la femme et le renforcement de la protection des enfants.
Enfin, il est important aussi de savoir si ces réformes ont changé les
comportements des sujets ciblés. Autrement dit, est-ce que ces nouvelles lois ont
réalisé les objectifs visés et dans quelles proportions ?
En prenant en considération tout ce qui précède, on arrive à la conclusion que le
droit est une discipline spécifique, donc autonome, c'est une technique qui se
caractérise par sa méthodologie, sa terminologie, et son mode de raisonnement… etc.
I- Caractère normatif
« Le droit est une discipline normative, c'est-à-dire dont l'objet est constitué par
des jugements de valeur et qui donne des règles et des préceptes, et non une discipline
descriptive ; à l'inverse des sciences exactes - physique ou biologie par exemple- il ne
décrit pas ce qui existe, mais il indique ce qui doit être ; il commande, il élabore des
normes, des règles de conduite. »
On doit préciser que les règles de droit correspondent spécialement au temps et
aux hommes qu'elles régissent. D'où : « Vérité au-deçà de la Méditerranée, erreur au-
delà. »
Mais le caractère normatif n'appartient pas uniquement à la règle de droit. On le
rencontre dans d'autres disciplines dont notamment la religion et la morale.
A- Droit et religion
En général, résonnant dans un contexte universel, il faut reconnaître que bien des
rapports existent entre le droit et la religion.
Ainsi, le contenu des prescriptions prêchées par la religion est le même que celui
des règles de droit, exemples : ne pas tuer, ne pas voler, ne pas frauder, ne pas
s'abstenir de porter assistance à une personne en danger ...etc.
Mais au Maroc et dans les pays musulmans en général, le problème du droit et de
la religion mérite un traitement original. D'ailleurs, les questions, nombreuses et
pertinentes, qui sont posés par des étudiants à ce propos pendant le cours confirment
l'idée précédente.
Le Maroc étant un pays dont l'islam est la religion d'État, son droit doit être en
harmonie avec cette dernière. C'est ce qui explique, par exemple, que le D.O.C (code
des contrats et des obligations) est une reproduction de la Madjella tunisienne qui était
élaborée par un groupe de juristes dont une moitié est d'origine occidentale et une autre
moitié appartient à l'Université d'Al Qaraouiyine de Tunis.
C'est dans cet esprit d'adaptation à l'évolution que des législations nouvelles sont
conçues ou transposées pour régir certaines activités nouvelles, exemple le code de la
route.
B- Droit et morale.
De réels rapports existent aussi entre le droit et la morale, bien que certains
auteurs affirment le contraire. En fait, ces derniers n'ont pas tout à fait tort. En effet, si la
morale vise le comportement idéal et parfait, le droit pose comme standard la conduite
d'une personne aux capacités et qualités moyennes. « Dans la vie en société, les règles
de conduite, telles que le droit les exprime et sanctionne, n’ont pas seulement pour fins
d'assurer la justice, mais aussi de satisfaire d'autres besoins tels que celui de la
sécurité.
Ainsi en est-il de la prescription acquisitive, des immeubles par usucapion
trentenaire qui permet au voleur, après 30 années de possession non troublée, d'être
considéré comme propriétaire.
En somme, la religion et la morale présentent des différences concrètes avec le
droit.
- D'abord au niveau des sources : les règles religieuses se fondent sur la
révélation divine, les règles morales se réfèrent à la conscience individuelle ou
collective, alors que les règles de droit sont des produits du législateur qui est une
autorité de l'État. Certes, la règle de droit peut avoir pour fondement la morale mais ce
n'est pas toujours le cas.
- Ensuite, la différence concerne leur finalité : tandis que le droit vise
l'organisation de la société (avec tout ce qui résulte de cette mission de préoccupations
spéciales et variées, voire contradictoires), la religion et la morale s'intéresseraient
essentiellement à l'individu. Exemple : validité du mariage selon le Hadith du Prophète
et validité du mariage selon la règle juridique, le formalisme est nécessaire selon cette
dernière. En fait, cette idée ne s’appliquerait pas à l’Islam puisque la règle du Chraa
présente les mêmes caractères que la règle juridique au sens moderne.
Le caractère normatif implique que la règle de droit « ne dispose que pour l'avenir ;
elle n’à point d'effet rétroactif. » C'est ce qui se traduit juridiquement par le principe de la
non-rétroactivité de la loi.
Abrogation Tacite:
L'abrogation peut également être tacite. L'abrogation tacite résulte alors de la volonté
du législateur d'instaurer de nouvelles règles, qui se traduit par une loi nouvelle
régissant les mêmes matières que la loi ancienne.
Il y a abrogation tacite en dehors de toute formule d'abrogation. Lorsque les
dispositions de la loi ancienne sont inconciliables/contradictoires avec celles de la loi
ancienne et incompatibles avec leur maintient. Les deux textes étant inconciliables, on
privilégiera la volonté du législateur, la loi plus récente ; même si la loi ancienne n’a pas
était abrogée de façon express !
Abrogation par désuétude :
Quand une loi tombe en désuétude, cela veut dire qu'elle n'est plus appliquée, mais elle
n'est pas pour autant formellement abrogée
Le fait que la loi ne soit pas appliquer pendant plusieurs années, es ce qu’il faut sa
dérogation par désuétude ?
Juridiquement, non mais pratiquement beaucoup de lois ont cessées d’être
appliquées sans être abrogée ou même remplacer par la coutume.
Mais selon certains auteurs, si dans la vie juridique il se manifeste des pratiques
contraires à la loi, la solution pourrait être différente.