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Jijel
Le soleil et la mer

Tous droits réservés


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Préface.
Depuis toujours, les jeunes ont été fascinés par les endroits
de rêve, et les images de la campagne.
C’est ainsi qu’un groupe d’amis travaillant dans une
entreprise avait subitement décidé d’organiser un voyage
ensemble selon la disponibilité en ressources, ils ont débattu
où ? Et comment ?
Ce petit livre est entièrement dédié à cette remarquable
tournée à l’intérieur du pays.
L’importance de ces vacances, c’était la découverte de
l’Algérie par les Algériens eux même.
Néanmoins, je tiens à déclarer à mes lecteurs que je me
porte garant de ce qui a été raconté sur tous les lieux
visités et les choses faites pendant notre courte tournée,
que nous citons dans ce petit recueil.
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Plutôt qu’un récit d’un groupe d’amis


c’était une simple randonnée, une sorte
d’expérience transformée par une
œuvre réelle de bons souvenirs, car la
région nous a laissé ressentir du goût
plus longtemps pour un si belle et vaste
contrée, qui a augmenté l’opacité pour
notre énumération du temps.
Nous avons imaginé un tout autre état
de choses, certains points fondamentaux,
tel que les endroits de rêves : les monts,
les plaines, les oueds, les animaux, et la
corniche.
Dans un lieu de ce genre, il n’est pas
possible de ne pas vulgariser sans
toutefois en parler.
La zone m’avait enchanté c’était dur de
me séparer avec mes amis, si le congé
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avait été plus long, nous serions


certainement restés, après nous étions si
émus de cette sortie évidemment comme
si nous étions frustrés d’un bien.
Nous voila avec un esprit qui commence
à s’ouvrir, ce n’était pas seulement le
besoin d’un répit cependant les choses
nous interpellaient et qui emplissaient
nos coeurs d’envie de voir le soleil nous
inonder de rayons ultra violés, et le vent
tiède du mois de mai nous offrit une
gâterie.
En fin de compte les choses entraient
dans l’ordre après que nous eussions
quitté les lieux féeriques, voila pourquoi
je tiens à rapporter que des faits
essentiels sur notre périple dans la wilaya
de Jijel.

Les lieux où l’on séjournait à la


campagne dans la wilaya de Jijel nous
avaient offert un moment prodigieux avec
ses côtes de rêves.
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Pour nous les randonneurs, ce fut un


mythe en plein printemps, les fleurs et les
arbres s’épanouissaient.
Les arbres fleuris de toutes les couleurs
et la nature qui s’éveille par les
gazouillements d’oiseaux.
En tous lieux s’élève la voix vive de
cette verdure ressentie dans nos cœurs.
Le paysage nous plongeait dans l’oubli
de la vie quotidienne et professionnelle.
Un groupe d’amis partageant l’idée de
faire un voyage à l’intérieur du pays, la
difficulté était la brièveté.
Moi le modéré du groupe je craignais
l’ardeur de ces vacances imprévues, et
seulement dix jours pour visiter toute la
wilaya de Jijel en si peu de temps, cela
était insuffisant.
J’avais une propension pour cette belle
petite wilaya, la ville de mes ancêtres.
Les rivages bordant la mer que nous ne
pouvions pas visiter en si peu de jours, il
reste à parcourir tant de collines et de
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plaines, ainsi que les montagnes et les


forets, tant d’oueds.
Mes amis s’attendaient à ce que je leur
propose un endroit autre que jijel.
Là où l’on pourrait respirer l’air pur des
bonnes vacances, hors de la capitale.
Nous avions discuté sur le choix de
plusieurs sites touristiques du pays,
finalement ils avaient opté pour aller
vers l’Ouest.
Le lendemain, ils prirent la décision de
partir pour faire une tournée à Jijel sur la
proposition de Foufou le plus âgé de
nous tous.
On s’était accordé le bon choix.
Nous voila donc décidés, on s’était fixé
un rendez vous et un point de repère.
C’était le printemps, il faisait beau et il y
avait de la fraîcheur, plus précisément les
quinze courants et notre ami Kamel nous
avait emmenés dans sa voiture quatre
par quatre.
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À bord, Mahdi mit de l’ambiance, depuis


Khedaria jusqu’à Bouira il avait pris goût
et il continuait à chanter, à Raffour nous
avons pris un déjeuner galant dans un
restaurant chic où ils préparaient bien le
poulet rôti et Mahdi demanda :
- comment faites vous pour qu’il soit
aussi bon ?
Il était surpris de cette viande blanche qui
se fonde dans la bouche et si
appétissante, il demanda au serveur :
- est ce vous égorgez les poulets ? Ce
qui irrita le serveur qui se sentit touché.
- et comment ! Lui répondit il, nous
sommes des Musulmans comme vous.
Nous avons repris la route en mettant
une cassette de chaabi, en rentrant à la
ville de melbou je leur proposai une
boisson fraîche.
Foufou possédait une grande tente, il
voulait passer la nuit sur cette plage de
Melbou près de souk el Tenine, mais les
autres avaient dit niet, ils voulaient
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continuer, au fond j’étais de leur avis


sans toutefois l’admettre.
A la sortie de cette ville côtière où
commençait la wilaya de Jijel, un
changement d’air était dû à la fraîcheur
de cette façade de mer, sur cette route
très étroite.
Mahdi nous a montré une belle zone,
mais il fallait supporter cette hauteur.
- moi, j’ai le vertige, nous dit-il, effrayé
par ces bords escarpés de la corniche
Il fallait bien avancer sur cette route qui
dominait la mer, ils se mirent à crier et à
éprouver de la peur et notre ami était
cloué sur son siège.
Quand à Kamel, il conduisait calmement
connaissant bien la route, étant originaire
de bougie.
Moi, je suis de la région de Jijel mais mes
compagnons l’ignoraient.
Amar demanda à Kamel de lui montrer
les grottes merveilleuses, pendant que
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Foufou nous parlait de la houle des


vagues:
- regardez d’abord le bel horizon, et si
nous marquions une pause leur demanda
Kamel sur l’une des hauteurs.
Notre ami Mahdi rejeta ce qu’il avait sur
l’estomac.
- hé !oui, le poulet fondu, lui dit Ahmed
d’un ton moqueur.
- il veut nager lança en souriant Amar.
Tout les cinq écarquillèrent les yeux sur
les rochers, émerveillés de cette belle
vue sur la mer bleue pure.
Moi j’avais les yeux fixés sur un îlot près
de la côte, la corniche était pleine
d’animaux et Ahmed éveilla notre
attention en disant :
- regardez là haut sur les rochers, il y a
des singes !
- Les guenons, rectifia Kamel et là ils
boivent dans les ruisseaux, on s’arrêta un
moment, hop ! ils descendirent et nous
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envahissaient, on leur donna tout ce que


l’on avait dans la voiture.
Je mis la bouteille à coté de moi, l’un des
singes sauta dessus et l’a prise.
Ils grimpaient aisément aux arbres
encore là bas sur les branches se
balançaient leurs corps.
Ces jolies falaises dans leur état
naturel et la particularité de cette wilaya
par rapport à d’autres régions faisait
ressentir l’envie d’y rester.
Kamel nous emmena voir un lieu:
- je vais vous montrer une plage de rêve.
- où ça ? dit Amar.
Près de la ville de Boublatene qui venait
d’apparaître à l’entrée à gauche :
- oh ! Que c’est joli ! s’écria Omar.
Et ces montagnes élevées qui bordaient
vivement la côte, après cela la ville de
Ziama une belle commune éclairée au
bord de mer, les bâtiments neufs qui se
reflétaient dans l’eau paisible et calme,
j’avais envie d’y plonger, la ville de
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mansouriah son bord sailli dans la mer et


un îlot isolé ornant la cité en face.
Nous poursuivions notre voyage de
mieux en mieux et nous avions quitté
cette belle ville de Mansouriah le bastion
de la Wilaya en direction de taza une
petite plage qui était autrefois réservée
aux colons entièrement boisée et ses
flancs verdoyants, avec ses habitants qui
ne sont pas nombreux, vivant sous la
caresse des arbres dans un paysage
montagneux en faible hauteur.
- j’adore cette localité, ses plages, sa
nature et ses belles villas.
Mes yeux brillaient de fierté, et en cours
de route qui plongeait en long virage
l’endroit ne manquait pas de rivières en
profondeur, le gouffre béant.
- fais attention à nous, ne fais pas de
vitesse s’il te plait ? Supplia Mahdi.
Kamel nous fit un clin d’œil et accéléra !
Un instant après Foufou voulait grimper
là haut pour prendre des photos.
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- Amar lui dit : laisses- ça, pour une autre


fois.

Kamel klaxonna, on s’en va, la


prochaine ville, les Aftis.
Le virage qui monte vers le point le plus
élevé et puis s’abat et un court tunnel
étroit d’où on aperçoit la route, en
contrebas, on épiait avec grande
inquiétude le klaxon éventuel d’un
camion ou d’une voiture ; quant à Mahdi
son cœur battait fort, c’était un peureux.
il arrive beaucoup moins d’accidents ici
qu’ailleurs affirma Kamel,à cause de la
vigilance assidue des usagers, la ville
s’appelait les Aftis une très belle plage
protégée et la forêt dans laquelle un
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grand nombre de villas se trouvant au


pourtour,nous ne sommes pas arrêtés et
à la corniche où des singes hantaient
cette partie pleine de macaques (singe
d’Asie)même ouistitis (singe d’Amérique
du sud) et je me demandais comment ils
étaient arrivés là, un petit singe lançait
une pierre d’en haut, elle tomba sur une
vache.

A une dizaine de kilomètres environ, les


vaches se baladaient librement et
s’accrochaient émerveillement sur des
rochers et les pentes.
Foufou était pressé de voir les grottes
merveilleuses et mourrait d’envie
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d’atteindre ces lieux avant la fermeture,


mais il trouva mieux en contemplant un
minaret au dessus où se trouvait un nid
de cigognes et ce qui frappait aux yeux,
c’était l’eau qui coulait de partout,
ruisselant de tous les cotés, les légumes
et la fraise faisait la fortune de ces petites
charmantes villes.
C’est la wilaya de plantes potagères à
cause de l’abondance d’eau nous signala
Kamel, il y a partout des sources et de la
verdure.
-regardes moi ça la vache qui marche
devant nous.
Elle ne voulait pas s’écarter de la route
Amar restait bouche bée !
- Les vaches qui font merveille, ajoutant
Kamel.
Les oliviers, la couleur des branches
s’altérait au gré du vent, les figuiers qui
se dressaient tout au long de ces
versants de la corniche.
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Avant L’Aouana il y avait les grottes


merveilleuses.
- euh ! fit Amar en voyant le panneau,
c’est ici !
Lui qui avait l’ardeur de visiter cet
endroit, sauta rapidement de la voiture et
descendit dans l’oued proche du niveau
de la mer.
-Moi aussi j’aime les grottes
merveilleuses.
Elle est pleine de stalactites et de
stalagmites très blanches, c’est une
couleur resplendissante, la corniche et
les grottes merveilleuses sont ce que
nous avons vu de plus beau jusque là.
La lumière faisait étinceler tout cela,
nous avons pris un grand plaisir, après
une courte visite.
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A la sortie des grottes en direction de la


ville de L’Aouana il y avait un très beau
parc public, là il y avait des singes
macaques partout, tant de choses
naturelles à voir, cet escarpement plein
de singes c’était des merveilles et les
montagnes qui culminaient à six cents
mètres.
La mer drainant entre les falaises en
profondeur des montagnes verdoyantes
de la corniche m’avait coupé le souffle
elle a une vue la plus belle du monde, et
nous contournions ces nombreux en
forme d’éperons qui donnent une belle
vue.
Généralement l’eau douce de
ruissellement qui se déverse dans la mer
fonçait par des brèches et inclinaison
rocheuse.
Un paysan s’approcha de nous et Kamel
l’aborda sur une plante que nous ne
connaissions pas :
- quelle sorte d’arbre celui là ?
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- c’est un amandier, dit le paysan.


- mais non ! Moi j’en ai un qui ne lui
ressemble pas du tout.
- peut être ! Cette firme appartenant
autrefois à un colon, il importait plusieurs
arbres et les plantait au tour de sa villa,
pour la décoration.
Et il lui posa une autre question :
- est-ce que les français avaient
construit cette route de la corniche ?
- Oui, c’était leur idée, et la main
d’œuvre, c’est nous.
Le paysan à son tour nous posa des
questions.
- êtes-vous étudiants ?
- non, lui dit Kamel nous sommes de
simples travailleurs qui cherchent à vivre.
Le vieux sourit et dit :
- un jour, vos enfants feront beaucoup
mieux que la corniche.
Foufou réagit et dit :
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- ah ! Non, je ne crois pas, nous sommes


des fainéants et nous resterons dans nos
imaginations vaines.
- ça va ! Cria Kamel, tu parles beaucoup
en disant des choses insignifiantes.
Le vieux grinça des dents et nous

regarda furtivement en murmurant d’une


voix inarticulée, il n’était pas d’accord
avec Foufou.
Amar appuyait Foufou et attesta les faits,
c’est vrai les politiques nous ont rabattu
au vu de nos voisins, naguère nous
étions beaucoup mieux.
Nos camarades étaient partis près d’un
rocher luisant, qui ressemblait à un
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diamant lieu-dit azboucha, notre ami


Kamel voulait casser un morceau de
pierre pour le rapporter avec lui à Alger et
l’examiner au laboratoire.
Un instant après nous avons quitté ce
gentil homme qui nous a bien instruit sur
la nature, il nous parlait naïvement,
Foufou tint un long propos sur la vie
sociale, un domaine qui n’était pas du
tout le sien.
L’un de nous lui demanda l’heure, il nous
regarda d’un air gêné et dit : je n’ai pas et
je n’ai jamais eu de montre, moi, j’avais
une belle montre, je lui ai offerte.
Kamel mis la voiture en marche, c’était
l’heure du départ, nous avons quitté ce
paysage, nous y retournerons inch allah,
lui promit Kamel.
Amar demanda quelle était la prochaine
ville, l’indice qui nous permet de nous
faire une opinion sur la partie ouest de la
Wilaya.
21

Avant d’y arriver, notre ami Mahdi


préludait en marmonnant entre ses lèvres
une chanson dans laquelle il disait :
‫أحنا رايحين على الكرنيش العليا لعوانة الضاوية وحنا على‬
‫شط البحر و الريح الهايل و حنا في نعمة دايمة و ا يا‬
‫ربي ل تحرمنا منها‬.

.
Il a chanté avec sa guitare qui plaisait à
amar, Foufou et quoique très émus à
l’improvisation qui avait mis une
ambiance.
- c’est beau partout où l’on va, jamais je
n’aurai cru qu’il pouvait y avoir de tels
endroits en Algérie annonça Amar.
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Les vallées sont vertes, on s y croirait à


Tahiti répond Foufou.
Moi, j’étais à l’écoute depuis quelques
minutes avec une attention favorable,
mais je me sentais remarqué, Kamel
avait dans l’idée de donner la vision des
choses à la conversation.
- Cette vue de L’Aouana, la cité
somptueuse, nous sommes donc au bon
endroit où l’on peut manger du poisson, il
n’y en a pas beaucoup ici signala Kamel.
- Amar demanda, est ce qu’il y pousse
quelque chose ?
- regarde autour de toi !lança Foufou.
A l’entrée de la station d’essence, Kamel
fit une halte pour faire le plein.
tout autour de la station d’essence,à
droite, des versants touffus de forêts ; je
leur proposai donc de visiter la ville, il y a
moins de magasins,le commerce en ce
mois de Mai, tourne à une vitesse
minimum, Foufou réfléchit un instant et
nous dit:
23

- la réservation de l’hôtel, on nous a


signalé qu’on nous gardera les chambres
jusqu’à vingt une heures, alors faites vite
pour y arriver.
Kamel n’avait pas remarqué une petite
mare d’eau, elle éclaboussa un groupe
de passants et une querelle éclata avec
celui qui était toujours d’humeur
capricieuse.
- il provoque des problèmes là où il se
trouve, dit ironiquement Mahdi.
Dans ce petit village les gens étaient
très accueillants et sympathiques
principalement avec ceux qui ne sont pas
de la région.
Ils parlaient d’une manière ouverte avec
gentillesse, l’un d’eux nous proposa
même une longue promenade à
L’Aouana,
Nous étions pressés, sinon nous serions
restés.
24

Puis il nous a montré les lieux


magnifiques de ce village plongés dans la
nature.
Un élevage important d’animaux, de
poules etc..., la périphérie de cette ville
s’étalait sur les plaines de la commune
en direction d’Andrew où les paysans
font des pâturages et de l’agriculture.
Les habitants entourés de plaines et de
montagnes au sud, vivant de leur travail,
sont de véritables laborieux, ils
accomplissent bien leur tache, ils créent
pour revendre leurs produits et ce pour
pouvoir se procurer la matière première, il
manquait certainement d’industrie et
d’agriculture.
Les entreprises nationales qui ne
s’investissent pas, à savoir, l’existence
d’une telle richesse, au milieu de la
collectivité, il suffit de leur venir en aide
pour mettre en route ces ressources.
25

Nous avons quitté cette localité, très


satisfaits de cette visite, nous étions un
peu en retard pour arriver à l’hôtel.
Épuisés de cette longue balade, nous
nous sommes débarrassés de nos
bagages, puis le répit enfin.
Ainsi donc tous mes camarades étaient
dans leurs chambres, à part moi,
(Mokhtar) j’étais sorti sur le balcon de ma
chambre, je sirotai un thé menthe, fait par
la cafétéria du restaurant prés de la
plage.
Le lendemain, je m’étais réveillé tôt le
matin, et pris le chemin de la mosquée,
pour faire ma prière dans la ville.
Ce jour là, il faisait beau, et j’appréciai les
vagues qui déferlaient sur les rochers.
Au port les pêcheurs étaient au bord de
la mer, avec leurs cannes à pêche et à
ma gauche les chalutiers qui se
préparaient à prendre l’horizon, les
membres de l’équipage tripotaient leurs
filets, en bas de la mer, un groupe de
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jeunes grillaient de la viande qui exhalait


une odeur de méchouis et qui se
répandait sur toute la plage.
Six heures, le soleil se pointa à l’horizon
resplendissant la mer, d’une couleur
vermeille, une matinée sensationnelle, le
lever du jour brillant, le soleil scintillait la
mer et reflétait la lumière aveuglant les
yeux.
Un bon moment de rêves, par la suite je
regagnai l’hôtel, pour rejoindre mes
camarades, avec lesquels je devrais
m’en aller.
Kamel voulait sortir faire une
promenade, le temps pressait, mais les
autres étaient prêts à suivre le
programme qui avait été établi dès le
départ.
Nous sommes sortis faire un tour dans
les alentours de la ville, pour mieux
connaître l’endroit, et primes des cafés le
temps passait vite, il était midi afin de
retourner au restaurant pour déjeuner, et
27

après que nous eûmes terminé, nous


fîmes une sieste.
Moi, cloué dans mon lit, parce que je
n’avais pas eu sommeil la nuit
précédente, sur le balcon de ma chambre
et sous la caresse de l’air pur, je
songeais à cette corniche et ces étroites
routes que nous avions parcouru, son
image restait ancrée dans ma mémoire,
de même pour ce paysan, les choses de
ce monde donnaient l’envie d’y vivre en
voyant hommes, femmes, et enfants
exécuter un travail collectif, tous
éprouvaient de la satisfaction, qui
faisaient preuve de piété.
L’après midi, Kamel me réveilla, j’étais
dans un état atonique, j’avais pris un thé
menthe le matin, mais je n’avais pas bien
dormi, je manquais d’énergie.
28

Foufou me suggéra de ne pas venir, je


lui dis : il faut que j’aille continuer la
tournée, tant intéressé et motivé de
visiter toute la zone de Bni khetab.
Kamel nous conseilla d’aller au barrage
dans les parages de la commune de
l’émir Abdelkader, cette petite
agglomération était importante par
rapport à d’autres communes
avoisinantes, et qui avait de l’attrait par
ses plaines importantes en agrumes, en
légumes frais.
Kamel s’arrêta à coté d’un champ devant
les vendeurs de légumes, il y avait des
poivrons doux et piquants, de la tomate,
ces légumes printaniers rutilaient à bon
marché, les revendeurs nous proposaient
à des prix modiques, mais nous n’étions
pas là pour faire des emplettes.
Foufou le gourmand aime les fruits
délicieux, Kamel démarra sans nous
avertir.
29

Mahdi était en train de palabrer avec le


vendeur de tapis, Kamel klaxonnait avec
insistance, nous pressant de partir, parce
que nos amis de l’entreprise nous
attendaient pour nous montrer le projet
de la station d’épuration d’eau, Foufou
cria et dit :
- kak dila tavariche ?je lui avais
demandé, en quelle langue ?
- le Russe me répondit-il, cela veut dire,
comment ça va ? Nous avons fait une
petite visite amicale à nos amis de Jijel,
quant à l’endroit, il était magnifique,on
s’était séparés, ce qui nous a permis
également de profiter de la nature.
30

Notre ami Kamel passa la fin de l’après


midi, libre et il en a profité.
Il avait escaladé une pente touffue de
forêts et d’arbres de liéges, il glissa et se
foula la cheville.

Nous voulions visiter les plaines d’oued


djendjen à proximité de la ville de taher et
ces rases campagnes admirables.
Mais l’ennui qui allait prendre le volant ?
Mahdi se proposa et le problème fut
résolu, mais il faisait de la vitesse, cela
ne plaisait à Kamel blessé et pointilleux il
se mettait vite en colère, Mahdi refusa
donc de continuer à conduire.
31

Pour ne pas perturber cette bonne


ambiance, je pris le volant, en direction
de l’hôtel.
Nous avions passé une agréable journée,
et tous les camarades étaient satisfaits,
éprouvant de la fatigue ils prirent leur
bain avant l’heure du dîner, ils
paraissaient plus détendus, une partie du
groupe voulut faire un tour en ville,
revenant tard la nuit.
Le lendemain tout le monde était au
vestibule en train de plaisanter, il était
l’heure de partir à l’endroit choisi par eux,
puis en route nous avons acheté des
provisions, fruits et des (biftecks).
Foufou voulut nous faire un barbecue sur
le sable, cela nous a vraiment fait plaisir
à nous tous, mais un moment après la
Gendarmerie nous tombait dessus, à
cause de la fumée poussant en l’air
comme un champignon.
La forêt dense avait provoqué leur
attention, puis nous leur proposâmes de
32

partager notre repas, on s’excusa du


dérangement, sitôt après leur départ,
nous avons marché dans les
embouchures gorgées d’eau, ce lieu plein
de sources, le fleuve coulait et se
déversait dans la mer.
Kamel grignotait comme à l’habitude, par
contre Mahdi s’accrochait au rocher et
trouva des œufs d’oie.
Quant à moi, je discutais avec les
habitants qui s’inspiraient de la fierté de
leur région et nous autant qu’eux, ils
avaient de quoi être fiers de la nature
vierge.
Foufou et son ami Mahdi faisaient des
projets sur cet endroit même, ils rêvaient,
ils se voyaient là, comme s’ils y
habitaient, Foufou était un bon rêveur,
Kamel leur dit :
- Eh ! Arrêtez, où allez-vous avec vos
rêves ? - Ah ! Oui c’est vrai on a bâti des
châteaux !répondit Mahdi.
33

- nous aurions bien voulu être avec nos


enfants ici.
Le ciel s’assombrit, Amar leva les yeux
vers le ciel, le temps était nuageux et il a
hélé.
- on s’en va, messieurs, c’est le moment.
- on me demanda de mettre le contact,
une chouette huait au dessus de nos
têtes.
- je ne vais pas conduire, leur dis je !
- alors qui ? Ils se regardaient étonnés,
stupéfiés.

Moi, je voulais seulement leur faire un


peu peur, en leur exigeant alors, avant de
démarrer d’implorer le ciel, parce que cet
oiseau là était un porte malheur et qu’il
34

pourrait se produire un inconvénient en


cours de route, par crainte d’un accident,
aucun d’eux ne prononça un mot durant
tout le trajet, ils étaient calmes et
tranquilles.
À l’hôtel, j’ai dit à Mahdi :
- les œufs de chouette que tu as ramassé
c’est à cause de ça que l’oiseau huait
tout à l’heure.
- ah ! Non, ce n’est pas vrai, moi, je
connais bien les œufs d’oies. A l’hôtel
Foufou avait faim, il ne voulait pas se
déplacer seul, le dîner à l’hôtel était
encore tôt, à vingt heures.
Mahdi se proposa pour l’accompagner.
- Ah !non, surtout pas toi, tu es un
gourmand, il le disait juste pour rire, une
musique se fit entendre, elle était un peu
forte aux oreilles, je n’aimais pas cela.
Foufou revint sur sa décision d’aller au
restaurant, il finit par battre deux œufs
d’oie de son ami Mahdi.
35

Mahdi avait de l’orgueil, il ne parlait pas


avec Kamel à cause de la façon dont il
conduisait sa voiture.
Foufou essaya de les réconcilier :
- pas de rancune entre amis de travail, il
l’avait chatouillé un peu, et puis ils
commencèrent à se parler, l’un d’eux
annonça :
- Demain inch allah nous chercherons
l’origine du nom de texenna.
- je vous signale que cette ville a été la
première à être libérée par les
Moudjahiddines, d’après ce que l’on dit.
-On verra lança Mahdi, nous ressentions
une certaine fatigue, le calme s’était
rétablit, ensuite nous sommes rentrés
tous dans nos chambres car il était
minuit.
Moi, je n’avais pas sommeil, alors je me
suis enfoncé dans un fauteuil et récitai le
Coran, un plus pour le moral et j’étais ravi
d’avoir appris des choses divines, en me
laissant glisser dans le fauteuil, jusqu’à
36

sept heures du matin le propriétaire me


réveilla :
- bonjour, tu as bien dormi ?
Il regarda le saint coran entre mes
mains, il sourit et comprit que j’étais en
train de réciter les versets du saint Coran,
étant croyant et pratiquant.

J’essayais de me rappeler un passé vécu


dans mon enfance, dans cette belle
région de Bni khetab et dès que
l’occasion s’était présentée à moi, j’en
profitai. Ce beau matin là, avant de
prendre mon petit déjeuner j’étais sorti
faire une tournée dans la ville au bord de
la mer pour prendre l’air frais.
37

Le temps était brumeux et les citadins


attendaient le bus pour regagner leur
travail.
J’avais remarqué une chose, que les
gens de toutes les villes du monde dès
qu’ils se levaient tôt le matin, ils
marchaient hâtivement.
Ce qui est plaisant dans la ville de Jijel
c’est qu’elle est très propre.
Les habitants s’adonnaient au
commerce, ce qui m’avait émerveillé, les
commerçants étaient effectivement
habitués à respecter la tradition en
faisant le nettoyage avant de commencer
le service.
Respectés par leurs clients, donc les
affaires marchaient bien, c'est-à-dire les
propriétaires trouvaient la méthode pour
attirer du monde, aussi bien local, que
d’ailleurs.
Au port de la ville, beaucoup de
personnes se livraient à la pêche, du fait
qu’il n’ y avait pas de travail,
38

naturellement les jeunes trouvaient un


moyen de passer leur temps à
apprendre, ce n’étaient pas des
professionnels, mais à la longue ils le
deviendraient, certains se sont déjà
convertis dans la profession ils se servent
de la ligne, le filet de tissus à maille etc.

Evidemment le poisson respire bien par
ses bronches au port de Jijel, pourvu
qu’ils ne se découragent pas, qu’ils
résistent aussi longtemps que possible.

Alors sur les rochers, les pêcheurs de


canne sont en revanche bien tranquilles
avec le flotteur, l’hameçon et l’amorce.
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Ils taquinent le poisson ; en effet la vie


est si belle pour ceux qui savent s’y
prendre.
Je m’étais oublié, j’en ai pris du temps et
sans me rendre compte, pendant que
mes amis prenaient leur petit déjeuner,
arrivé devant l’entrée, ils étaient tous là à
m’attendre.
Foufou le curieux voulait savoir où
j’étais allé, je feignais de ne pas
entendre.
Mahdi jouait de la guitare, chantonnait :
texenna,texenna texas dialna etc.. !
Ce qui irritait encore Kamel en disant :
- cet homme est frappé de folie.
- mais au contraire j’ai retrouvé ma joie
répondit Mahdi d’un ton moqueur.
Comme c’était adorable de voir
l’ambiance se déchaîner dans la joie et
la bonne humeur.
- Où nous emmenez-vous monsieur?
Lui demandai je. Il ne m’avait pas
entendu ! Il me semblait qu’il prenait la
40

direction de Texenna, les montagnes et


Ahmed nous dit :
- regardez cette dépression centrée au
sud et ces endroits creux.
Nous sommes à la hauteur du nuage, les
gens y habitent, alors là !c’est du courage
s’exclamait Foufou.
- ah ! Je respire un air frais d’enfance,
tant mieux pour nous tous.
Kamel provoqua l’émotion en disant :
- ouvrez les ailes et mettez vos casques
si vous en avez, parce que, notre ami
Ahmed adore les cuvettes, il s’arrêta
brusquement juste pour nous montrer un
grand barrage, situé au bas des monts de
Sidi Ali et tous les oueds de ces hautes
montagnes confluent, le barrage reçoit
les affluents.
C’était magnifique de voir cette splendeur
qui troublait la vue.
De plus le nuage s’amassait et couvrait la
moitie basse des monts, un tableau
sublime à décrire, le soleil flamboyant,
41

altérait sa couleur et la forme, il


paraissait comme un sommet couvert de
neige.

Ce serait difficile de grimper jusqu’à la


cime dit Foufou, mais il le faut bien pour
observer répondit Mahdi.
Je pris le siège gauche à seule fin de
contempler ces hautes plaines
verdoyantes.
Pendant la montée, je n’ai pas prononcé
un mot du fait que j’ai été en train de me
rappeler les journées sombres de la
guerre, la souffrance du passé.
Mes collègues parlaient en ce moment je
n’entendais rien, j’étais focalisé dans une
42

époque où j’étais tout petit et les avions


qui survolaient et larguaient des bombes
et napalm.
A ce moment là, mes paupières étaient
trempées de larmes sans que je m’en
rende compte.
Kamel me tapota sur l’épaule, je tressailli
d’une manière brusque.
Il était ému, et tous mes camarades ne
savaient pas que j’étais de la région.
Évidemment, je n’avais ni relation ni des
connaissances de là bas, ensuite un
vacarme se produisit au sujet de la
politique dans cette grosse voiture.
Foufou le seul qui avait de l’autorité sur
l’entourage, et les autres étaient
embrouillés pour savoir sur quel sujet ils
se débattaient ?la politique ils n’en
savaient absolument rien.
Puis Foufou a fait une ruse de diversion
oh ! Ça ! Une vache couchée sur une
pente, cette région basse recouverte
d’une belle couleur admirable, et ces
43

plaines entourées de collines, ils se


mirent à s’intéresser tout de suite.
Kamel lança un cri perçant, un écho se
répercuta, n’est ce pas bien ça ?dit il en
souriant.

Nous étions à l’entrée de la ville de


texenna située sur un sommet d’un
paysage superbe, les gens de la cité
étaient naturellement très gentils.
L’état de l’environnement était
endommagé, les autorités locales
donnaient peu d’importance à cette
splendeur exquise, ce n’était pas ce que
nous pensions la nuit d’avant,la ville était
mal entretenue.
44

Foufou déplorait la négligence dans le


domaine de protection de la nature, et
nous dit :
- Est ce vraiment la ville dont vous
m’aviez parlé depuis une semaine ?.
- eh !oui, mon ami, ici, dans cette localité,
ses alentours, ses bordures, les
combattants de L’ALN harcelaient
l’ennemi par de multiples attaques.
Il y avait des camps militaires là haut, et
il y’en avait un autre plus bas, par ce que
la ville est entourée de montagnes sur
tous les cotés, ce qui permettait à
l’époque de déployer bien des ruses
faisaient partie de la stratégie des
batailles dans la guerre.
Nous en étions fiers, les guérilleros
possédaient la tactique.
- ce que vous me racontez, c’est
fabuleux mais pourquoi cette ville
pittoresque est dans un tel état,
pauvre et les routes sont
délabrées, pas même un bon
45

restaurant, où l’on peut manger


proprement ?
- je n’avais pas de réponse, je suis
comme toi.
Les habitants étaient serviables, toutefois
cette ville de notre point de vue, était
privilégiée comme la première ville qui fut
un symbole de courage et de bravoure,
Kamel taquina:
- l’état l’avait abandonné sciemment
parce que c’est la ville des martyrs, de
leur vivant, ils n’aimaient pas avoir de
prestige.
- Maintenant ça suffit de poser des
questions, il faut qu’on aille trouver un
endroit propre pour déjeuner.
- Où est ce qu’on va manger ? demanda
Mahdi.
- moi, je me taisais par souci d’hygiène,
j’avais déjà eu un cas d’intoxication dans
un autre lieu et dans ce cas là, j’évitais
les gargotes mal propres où les
conditions de contrôle étaient négligées.
46

Notre ami Kamel bomba la poitrine et


nous indiqua un endroit répugnant, le
serveur était devant la porte, sur le vu de
sa blouse tachée, ses ongles rognés,
cela coupait l’appétit.
Notre ami a persévéré et s’installa du
coté de la fenêtre, il passa la commande.
Quant à moi, j’avais trouvé une intrigue
qui m’avait servi de prétexte sans vouloir
dire quoi se soit pour ne pas perturber
leur envie, j’étais allé chez un épicier, j’ai
acheté une pomme et la croquai en
marchant, après qu’ils eurent fini, ils me
rejoignirent au café.
Foufou a eu une crise de foie, il rotait
sans arrêt son visage blême de fatigue et
le teint altéré
- c’est la bouffe nous dit- il, je n’aurais
pas du mangé du poulet.
- j’ai répété en accentuant, hein ! Le
poulet !
47

- Kamel appela le garçon de café, lui


commanda : un café presse pour moi et
demanda aux autres.
Nous avons répondu tous les trois, en
même temps :
- non, surtout pas de café, servez- nous
quelque chose de bien cacheté.
Le cafetier s’étonnait, il retourna auprès
de son patron et lui chuchota à l’oreille,
aussitôt ce gentil patron se dirigea vers
nous.
- Messieurs avez-vous été bien servis ?
Très bien !en le remerciant de la façon.
Mahdi tapa des mains, c’est l’heure de
partir, il posta son courrier, sur le chemin
du retour.
A l’ouest,le Djebel bouhanneche, nous
nous sommes arrêtés afin d’apprécier sa
forme en raison de son nom qui signifiait
la montagne serpentée, sa longueur est
plus de quinze kilomètres depuis
l’endroit où nous étions, nous ne la
voyions pas entièrement, au bas de cette
48

grande montagne pleine de collines et de


rivières.
Les habitants amenaient les cours d’eau
pour arroser leurs champs, et la terre
était fertile de la région verte dont la
majorité des paysans cultivant les
champs, tous les espaces étaient
cultivés.
Le jeune Ahmed admira avec étonnement
le paysage et la patience des individus
vivants dans des conditions difficiles,
dépendants d’aucune société comme
nous.

N’est ce pas formidable ?dit il.


49

Regardant ces plaines qui s’étendaient


merveilleusement vers un autre lieu,
Kamel nous conduit à texenna, il neige
l’hiver dans cette ville renfermant les
plaines, les montagnes, Amar insistait à
pénétrer profondément dans la forêt
jusqu’au lieu dit Lemouata.
Au pied de ce douar, il y avait un petit lac
qui assurait l’alimentation en eau potable,
à côté il y avait L’oued bourajâa entre
l’Emir Abdelkader et Chadia, des oliviers
à feuilles sombres, de là nous voyions
Sidi Ali situé à la pointe de la montagne,
l’escarpement qui dominait les plaines de
Kaous et du côté de taher et Oued jenjen.
Nous fouinions partout là où il y avait des
champs qui étaient en fleurs, ainsi donc
nous roulions vers la descente.
Moi, j’avais demandé à Kamel de
s’arrêter devant cette caserne, c’est là où
mon père avait été torturé, je m’en
souviens bien comme si c’était hier.
50

On se demandait pourquoi on s’arrête


là ?
- tu veux t’incorporer dans l’armée lança
Kamel ? Pour rire.

Les camarades ne savaient rien d’une


guerre et des martyrs qui étaient tombés
pour que vive l’Algérie ressuscitant une
émotion profonde en moi, ce n’était pas
l’heure de plaisanter,car il s’agissait de
mes parents, j’étais passé près du
cimetière, devant la tombe de ma mère
que Dieu ait son âme au paradis,je récitai
la fatiha, ce qui me frappait, c’était d’être
condamné à l’oubli d’un événement où
nos parents avaient souffert et moururent
51

sans qu’ils aient la certitude que l’Algérie


serait indépendante.
Quand on regarde en fait, les choses ont
changé en amont.
Notre histoire a été mise de côté, mais
ma pensée restait optimiste que mon
père et les autres étaient tombés en
martyrs, pour qu’ils soient mémorisés et
remerciés avec gratitude.
J’avais un soubresaut en me rappelant
mes parents, en ce moment là j’imaginais
leurs mouvements, ils sont morts mais
pour moi, ils sont toujours présents.
Mes parents avaient tracé leur chemin
de la liberté, pour l’amour du pays lors du
déclenchement de la révolution, ils
avaient renoncé à la vie en ce bas
monde, en luttant pour la liberté.
Mes camarades ne se rappelaient pas
que c’était grâce aux sacrifices des
Moudjahiddines, que nous vivons dans la
paix.
52

Je me sentais devenir blême, rien qu’en


me mémorisant leurs mouvements, leurs
comportements, les liens affectifs étroits.
En route j’avais repris la conversation
naturellement avec mes camarades.
Le parcours était praticable, quelqu’un
ronflait sur le siège arrière, c’était Foufou
accablé de fatigue.
Au bout du chemin, la ville de tessouste
apparut sur une terre fangeuse et
productive, bien engraissée, cette ville
côtière était pourvue d’une université,
d’établissements d’enseignement, nous
avions traversé la ville, tout était neuf, les
bâtiments, les voies publiques.
Il y avait beaucoup de travaux qui étaient
en cours et nous avions continué notre
chemin jusqu’à l’aéroport Achaouet.
Kamel S’interrogeait :
- d’où vient ce nom ?
Personne ne lui répondit.
Puis nous avions pris un raccourci afin de
retourner par l’autoroute, taher Jijel et en
53

cours de route, des enfants vendaient du


maïs cuit sur la braise, aucun de nous
n’avait envie de manger.
Le dîner sera prêt dans une demie heure,
nous avait dit notre ami Mahdi, le roi de la
gastronomie, puis tout à coup il avait
envie de manger une pomme, ce qui
rendait las notre ami Foufou.
La journée avait été très bonne, voire
excellente, et à l’hôtel où nous étions
descendus, nous sommes arrivés à dix
sept heures, les camarades se dirigèrent
chacun vers sa chambre, à faire ce qu’il
avait à faire.
Le dîner était à vingt heures, donc nous
avions du temps devant nous pour faire
un brin de toilette et aussi largement
suffisant pour donner un coup de fil à la
famille demeurant à Alger.
Pour moi, ce fut un voyage rempli de
souvenirs, la nostalgie, tantôt satisfait
tantôt triste et c’étaient ceux de mes
parents qui avaient tant souffert.
54

Dans cette région, qui était merveilleuse


pour l’occupant, et horrible pour les
Algériens.
Là, j’étais en train de repasser le film
dans ma mémoire, d’un drame vécu,
principalement par ma famille qui avait
sacrifié leur vie.
Me voilà grandi, et je jouis de liberté,
alors que nos parents vivaient en parias.
Je disais cela à moi- même, l’un de mes
camarades me posa la question:
- est ce que tu as déjà visité cette
région ?
- j’avais répondu négativement, une autre
fois lorsque nous étions sur la route, j’eus
un fou rire, en contemplant les monts
d’Aimouata et de sidi Ali en entendant
Foufou dire :
- personne ne peut escalader ces hautes
montagnes.
55

Je m’imaginais comment j’avais pu


autrefois vadrouiller et franchir ces
hauteurs à l’âge de sept ans, avec mon

petit chien.
Une vive satisfaction a été ressentie
dans mon cœur.
Les mauvais souvenirs de la guerre me
revenaient en mémoire.
Une période en plein hiver, dans ces
hautes montagnes là haut, nous avions
passé trois jours consécutifs, en fuyant
l’ennemi, pour ne pas voter sous
l’occupation, pendant que mes collègues
étaient confrontés à un défi,
reconnaissant et le disent de vive voix
56

Personne ne peut grimper ces fabuleux


monts et pourtant, ce fut une fois
faisable.
Revenant à l’hôtel, cet après midi-là
j’étais sorti, pendant que mes
compagnons se reposaient, pour me
permettre d’être seul et voir les choses
d’un passé horrible, pour bien identifier
une réalité vécue.
A ce moment là, je n’ai pas cru que c’était
vraiment moi, qui avais gravi ces lieux
impénétrables et comment j’avais eu le
courage ?
Cette grande aventure qui était
périlleuse pour la famille, parce qu’on
était obligés d’être là bas, malgré les
difficultés et ce pour que nous restions en
vie.
En dehors de la mission du périple, je
m’étais rendu dans un endroit où je
pouvais scruter les lieux, qui avaient
changés de forme par les nouvelles
forêts vierges.
57

En mon absence, les camarades avaient


décidé de faire un projet pour le
lendemain, le choix a été fait pour
visiter la ville de chekfa, située à
quelques kilomètres de la daira de taher
qui avait la même culture que les autres
villes avoisinantes, elle possédait une
verdure qui plaisait à la vue, et de belles
prairies.

Les vaches paissaient dans les champs,


où l’on avait pris des photos l’espace
vert, couvert d’arbres fruitiers, et un petit
lac à la sortie à gauche qui était entouré
de villageois gardant leur bétail.
Ce qui plaisait, c’était les jolies vaches
qui avaient une couleur blanche et noire,
58

blanche et rouge c’était beau, elles


marchaient sur des piétons.
Notre ami Foufou se rapprocha d’elles,
pour mieux voir.
Les champs plats couverts de
broussailles, les marais d’eau où l’herbe
croit vite par abondance d’eau, et notre
ami Ahmed pataugeant dans la boue où
ses pieds se collaient au limon, Mahdi et
Kamel lui donnaient un coup de main
pour se dépêtrer de là.
Il avait pu connaître la région, elle était
pleine de places marécageuses où l’eau
drainait durant l’hiver, et qui stagnait toute
l’année pour cela, elle était parée de
toutes ses herbes, attirant l’attention de
donner une belle apparence,dès qu’on
mettait les pieds on s’ embourbait.
Un peu plus haut, une partie de la ville
apparut à l’ouest, les massifs de bni
khetab se profilaient en ligne, dominant
les plaines de taher passant par l’Emir
Abdelkader, qui semblaient enveloppés
59

dans un nuage offrant une belle vision,


et l’envie de rester à regarder sans
relâche.
Il nous donna pleinement satisfaction, le
mois de mai était encore humide, Kamel
faisait référence :
Nous sommes en pleines montagnes
suisses, partout des collines élevées, des
vallées et des rivières.

La ville de chekfa avait une particularité


par les feuilles de ses oliviers, possédant
un vert de couleur foncée qui donnait un
reflet noir lorsqu’elles éventaient, se
transformaient en blanc,je me laissais
aller un bon moment pour apprécier ce
plaisir, les branches qui s’enchevêtraient.
60

- Ah ! Si j’étais un peintre j’en aurais fait


un tableau.
- hélas !ce tableau était à moi, seul à
chaque fois dans ma petite pensée, il
revenait ébranler mon cœur.
Une partie de mon temps, avec la
nature, pour moi c’était un délice, le
moral était au beau fixe.
Au nord de la ville de chekfa, des petits
douars formaient un paysage avec ses
quelques maisons, aux tuiles rouges
disséminées ici et là, ornées de vert.
Plus bas encore, des prés bordés de bois
d’arbustes qui vous accrochent
brutalement, Amar avait peur de se faire
écorcher aux ronces, il ne pouvait pas
avancer et Foufou fraya le passage à
l’aide d’un bâton.
A l’est, la grande forêt étendue, un rêve
d’y être, savoir prêter l’oreille pour
entendre la mélodie de la nature.
61

Les habitants ne savent pas apprécier la


valeur de ces arbres qui ont plus de cent
ans.

Les arbres se distinguent dans cette forêt


renfermant les sapinières et les arbres de
liéges, figuiers, amandiers et plusieurs
espèces que je ne connaissais pas, qui
avaient été plantés depuis longtemps.
Les champs étaient bien cultivés et
désherbés, boisés de fraises.
Sur la route qui menait à taher, tout au
long des abords, il y avait pleins de
muguets, et des roses sauvages.
La journée s’avançait vite et un vent
soufflait, une pluie fine commençait à
tomber.
62

Kamel mit la voiture en route, avant


qu’elle ne s’intensifie, nous avons passé
un très bon moment, Mahdi improvisa
une chanson dans laquelle il dit :

‫محلك يا شقفة محلك وحنا جايين ليك بالهنا فرحنين‬


‫فسماء طايرين وانتيا عليا قصديينك عشقين جنانك‬
‫الهايلين‬.
A Jijel, nous voila enfin au kotama
autrefois nommé casino, plongé dans la
mer de mieux en mieux, nos vacances se
passaient merveilleusement bien, après
notre toilette une soirée agréable nous
attendait sur la plage, nous n’avions pas
encore terminé la journée.
La pluie s’était arrêtée, il faisait encore
jour et tiède en ce mois de mai, je
regardais du balcon la plage, il y avait de
jeunes couples qui se promenaient avec
une joie de vivre, ils faisaient le va et
vient.
63

A l’horizon des chalutiers voguaient, une


lumière reflétait sur la mer, au bord de
l’eau les jeunes chantaient, leur voix se
faisait entendre sur l’étendue de la plage,
j’étais d’un certain romantisme.
Je sentais le mouvement des vagues
dansant sous l’effet de la houle, j’étais
descendu pour y plonger mes pieds,
ensuite je montai sur un rocher et là tout
à coup, je compris que la mer était l’amie
de tous les gens aimant la paix.
Mahdi me rejoignit avec sa guitare
fredonnant ainsi :
‫واه واه يا جيجل انتي شابة وزيد طبيعة الخضراء تواتيك‬
‫واه واه انتي جهرة البحر لزرق غطاك الحايك لخضر‬
‫من سيدي علي ينادي سبحان ا العلي ما خلق‬

- Bravo ! Mahdi tu as un don de


l’improvisation, formidable, c’était beau
d’entendre une musique berceuse sur
cette belle plage.
64

Le temps était exquis et le rouge du


soleil couchant mélangé d’un nuage en
forme de queue de chat, un certain reflet
de rayons apportant plus de clarté.
Cette vue me bouleversa, une image
mythique.
Nous étions heureux de cette cité qui
nous avait fait oublier toute une année de
travail, surtout l’ardeur du printemps.
Nous avons encore le temps du dîner,
seul Foufou se plaisait sur le sable, il
jouait au volley gêné par son corps lent,il
ne se tenait pas bien.
-ah ! Vous voila, où étiez vous ?nous
demanda-t-il.
Il était dix huit heures, nous avions
encore du temps devant nous avant le
dîner.
Foufou et Mahdi causaient à l’écart avec
des touristes, je rejoignis sous les beaux
ombrages, le salon de thé en pleine
verdure.
65

Un instant après l’équipe se compléta, les


autres venaient de grossir le nombre
avec les gens de l’hôtel qui alimentaient
la conversation, on s’établit autour d’un
bon thé vert.
Et tout le monde se mit à discuter, ils
parlaient de l’histoire de la ville, nous
possédions peu de détails pour dire quoi
se soit.
Nous étions tous surpris de nous être
laissé ensorceler par ce Vieil étranger (un
Italien)
- Ah ! Quelle honte, quelquefois difficile
d’avaler, Mahdi pouffa de rire de voir son
ami Foufou qui réfutait cet homme sans
avoir la certitude de ce qu’il disait sur
l’histoire de notre pays.
Une belle soirée, mais je ne me serais
pas laissé prendre à ces fausses
apparences.
A l’hôtel Foufou se posa la question.
66

-pourquoi ne connaissons nous pas


l’histoire de nos villes ? Il était dans un
état d’excitation et ennuyé.
Il partit dans sa chambre avec un air
pincé.
Amar se demanda :
- pourquoi il est dans cette situation ?
C’est incroyable !
La ville de Jijel éclairée d’une si pure
lumière colorait le front de mer, nous
étions debout sur le balcon de l’hôtel,
bercés par une tiédeur du climat.
Kamel se pencha vers Mahdi assis sur la
plage, après quoi, il rejoignit ses copains
Ahmed et Amar dans le vestibule du
l’hôtel.
Et là, tout le monde évoquait ce qui
s’était passé dans le courant de la
journée, mais l’absence de Foufou fut
ressentie par tout le groupe.
L’histoire drôle, c’était le cas de Foufou
qui réfutait L’historien étranger.
67

Il n’était pas le seul à s’emballer, mais il y


avait aussi Kamel qui disait que nous
étions originaires de l’Ethiopie, après ce
long propos, ils commencèrent à bailler
Ils se séparèrent et chacun s’en alla
dans sa chambre.

Le lendemain, nous sortîmes de l’hôtel et


nous nous dirigeâmes vers le barrage sur
ma proposition, le ronflement du moteur
s’éleva et j’étais le premier à monter dans
la voiture qui fila en direction de Kaous,
mon regard fit le tour du groupe, ils
étaient tous ravis de l’endroit, je posais la
question à Kamel avant d’arriver, il s’était
abstenu de donner son opinion.
- attends que je voie, me répondit-il.
68

Nous voila arrivés sur place, et les cinq


s’éparpillèrent sur les champs, leur seul
souhait était d’être en pleine nature, ils
marchaient sur l’une des sinueuses
hauteurs qui dominaient les plaines, le
littoral.
Plus près de nous, le barrage, un
immense lac de couleur argentée, j’avais
les yeux fixés sur le douar où mon père
était né,il y a une fois une révolution dans
le passé,en le répétant du fait que cela
m’a marqué, les gens vivaient dans ces
montagnes.
Je montrai à Kamel.
- tu vois ces pentes là-bas à
gauche, c’est l’endroit où mes
parents ont fait la guerre :
- pourquoi étaient ils venus ici ?
Je fis semblant de ne pas entendre.
Avant tout, notre aventure était bien
accueillie par mes amis, le jeune Ahmed
se tourna vers ses copains et leur dit.
69

- cette vue me repose le moral, je


suis un être satisfait, nous allons
donc visiter cet endroit que l’on
appelait (Sidi Ali).
- Il est impossible d’aller là bas,
c’est loin, si nous continuions
nous y arriverons dans deux
jours, expliqua Ahmed.
Un douar près du barrage, les hommes et
les femmes travaillant éparpillés sur
l’étendue du champ.

Ahmed et Foufou couraient le risque de


les approcher, malgré les chiens, les
paysans étant Très aimables, nous
invitèrent à prendre du thé, Ahmed refusa
70

d’en prendre, au vu de cette théière


enfumée.
Des femmes accroupies conversaient,
regardant dans notre direction, mais les
coutumes de ce bled ne permettent pas
de s’adresser aux femmes.
Nous avons parcouru ce chemin, les
abords du barrage et ses hauteurs, les
vaches ornaient la nature.
Ahmed soupira en regardant les
montagnards et leurs conditions
détériorées.
Kamel examinait les plantes et nous
montra la cueillette, c’était l’époque de la
floraison et de la production des fruits.
Amar ne fut plus qu’une figure aux yeux
baissés au stylo méditatif, à coté du
barrage faisant les mots croisés.
Mahdi feuilletait un journal, la page du
sport.
Moi, j’écrivais en mordillant mon crayon,
je prenais vite des notes, j’exhibai de
71

mon sac une boussole de poche pour


m’indiquer le nord magnétique :
- veux tu de la science ? Demandai je, à
Ahmed.
Puis Kamel nous dit :
- on peut rentrer maintenant.
La journée s’écoulait vite, toute l’équipe
dans la voiture était fatiguée.
Il y avait eu des haltes en route pour les
petits achats.
Foufou était en train de compter son
argent pour le jour à venir, effrayé des
faux frais, de ces imprévus qui lui
tombent éventuellement, s’il économise
trop, il esquinte sa santé.
- Moi, je soupirai en disant ; si j’étais
riche, je vous paierais toutes vos
dépenses.
Amar reconnut dans mon expression.
- je comprends très bien, dit-il.
J’eus un large sourire, je ne tardai pas à
lui proposer un prêt d’argent, qu’il refusa.
72

- pourquoi ?je partage avec toi, personne


n’en saura rien.
- non. Je te remercie beaucoup avec une
attitude d’orgueil, mais ses yeux étaient
expressifs, il en avait besoin.
Moi, j’ai décidé de lui remettre une petite
somme, c’étaient des choses qui arrivent
afin qu’il ne soit pas touché dans son
amour propre.
Un moment passa, il était toujours assis,
sans rien dire, et l’air vif de la mer
souleva légèrement ses cheveux, je tirai
de ma poche la petite somme d’argent
que je remis dans sa main.
- je n’en ai pas besoin, j’en ai assez de
voyager.
- Tu ne finiras pas tes vacances !et puis il
versa du café dans une tasse tout en me
remerciant :
Il s’en alla rejoindre le groupe, il se
retourna en gémissant cherchant son
portefeuille, il courut vers la porte et ne
l’avait pas trouvé, le voila encore sans
73

ressources, je ne pourrai rien faire pour


lui.
Un instant après, il riait joyeusement, le
doigt pointé vers sa poitrine.
- oh !j’ai trouvé mon portefeuille
s’écria-t-il, en triomphant.
- Je vous offre une promenade en
barque.
Une fois débarqués, Mahdi joua de la
guitare et chantait à mi voix

‫يابحر لفضي قولي و انا على غرامي انغني وجيجل‬


‫مقابلتني هي جميلة وانا بقصيدتي زاهي الحمد ل يا ربي‬
‫شاء ا دوم ليام لخيرودايمن حياتنا زاهية‬
En face le phare, une belle plage, en
arrivant là bas, Ahmed étalait un
paillasson.
Foufou avait servi le déjeuner.
Kamel nous raconta une de ses histoires.
Après avoir fini le repas, toute l’équipe
se divertit sur la plage.
74

Moi, j’étais concentré sur une hauteur


ondulée sur laquelle se trouvait une belle
maison en tuiles rouges, paraissant au
milieu de ce versant, qui dominait toute
l’étendue de la mer.
Là bas à coté Ahmed et Kamel jouaient
aux cartes, et je leur ai dit.

- Si vous voulez voir la figure des singes


quand ils mangent, regardez nous ?
Mahdi faisait des grimaces.
Amar voulait nous préciser que l’Algérie
avait eu beaucoup d’hommes qui ont
marqué l’histoire.
- Si la ville de Jijel disposait des ruines à
Jemila, dans tout le pays, on trouve des
traces, les dessins gravés sur des pierres
75

et des choses telles que les fourches,


haches, pointes etc..
Les carthaginois faisaient beaucoup de
commerce, ils avaient des ports pour
accoster, ils vendaient des marchandises
aux Berbères.
- Foufou cria Oh ! Ça, mon grand
père me l’avait raconté, c’est
Rome qui a détruit carthage.
- Avec l’aide des berbères, dit
Amar.
- Des berbères !
- Oh !oui !
-Les Romains, ils avaient confiance
en nous.
-Les Romains construisant des
villes, avec des thermes pour se
baigner, et des théâtres pour les
Gladiateurs, ils se servaient d’êtres
humains.
Bien ! Acquiesça Foufou.
76

- Mais nos ancêtres refusaient


d’accepter le traitement inhumain dont ils
se comportaient à l’égard des indigènes.
Un homme nommé Jugurtha apprit la
tactique des Romains et se retourna
contre eux, il les avait tenu en échec
pendant plusieurs années, le fameux
Jugurtha devenait le héros du peuple
berbère trahi, emmené captif à Rome, il
mourut étranglé dans sa prison.
- Amar ajouta que les rois berbères
appelés généralement les cavaliers
numides, le peuple natif d’Afrique du
nord.
- Continues ça m’intéresse.
Et puis le tour des Vandales ayant battu
les Romains.
Ont battu Les romains ?qui sont-ils ?
demanda Foufou.
- Ils venaient d’Espagne, mais ce
n’était pas leur pays, ces
Barbares, des gens terribles, leur
chef s’appelait Genséric, Ils ont
77

ravagé la Gaule, ensuite L’Algérie


et Jijel y compris, en Algérie ce
nom signifie homme qui ravage.
- A ce moment là, l’Algérie était elle
Chrétienne ?interroge Foufou.
- Ah !oui ! Il y avait quelques
Basiliques ! aux environs de
Cherchell, et les vandales ont tout
détruit.
- Etaient-ils restés longtemps
(Vandales) en Algérie ?
- Non, un certain justinien,
l’Empereur de Byzance avait
envoyé un général et voila les
Vandales battus.
Les Berbères d’où viennent-ils ?
- Incontestablement les premiers
en Afrique du nord, ils viennent,
on hésite entre l’Ethiopie, le
bassin du Nil.
Et la suite de l’histoire d’Algérie ? les
yeux de Foufou brillaient de curiosité, moi
78

je ne veux pas paraître trop ignorant,


Amar nous regardait et sourit.
- Apres les Vandales… les
Byzantins, le tour des Arabes,
sont venus pacifiquement dans le
but de transmettre le message de
Dieu au monde Est et Ouest.
D’où viennent-ils ? demanda Kamel.
- Leur pays, c’est l’Asie
Méridionale, ils ont vulgarisé et
répandu L’Islam en Asie Mineure,
la Perse, l’Asie Centrale, et
l’Afrique du nord.
- Le Prophète Mahomet que le
salut soit sur lui, le (Loué de Dieu)
les révélations que lui transmettait
Gabriel ou L’esprit divin.
- Le Prophète Mahomet que
S.S.S.L a envoyé ses fidèles
pour l’inculquer dans les esprits
du Monde lointain, ils adoptèrent
L’Islam.
79

L’Afrique du nord adora l’Islam après être


devenus par la sagesse des Savants
musulmans, mais enfin la lumière de
cette religion s’était étendue sur tout le
continent et notre pays est cent pour cent
musulmans.
- Je ne sais pas si l’historien Italien
est encore là ?raconte-nous la
suite.
Amar poursuivit :
- La conquête espagnole où
l’invasion gagna Oran,
Mostaganem, Cherchell, Alger,
bougie, pour peu de temps, car
un héros Khair-Eddine
Barberousse débarqua à Jijel,
l’homme à la barbe rouge libera
les côtes de l’est, reprit Alger
quelques années plus tard, et peu
à peu toutes les côtes ouest.
Alger devint une capitale sous le
protectorat turc, sa flotte sillonnait la mer,
ils capturaient tous les vaisseaux de
80

pirates sud européens faisant des razzias


sur les côtes.
Les turcs reconnurent l’audace des
Algériens, qui firent peur aux pirates (les
Corsaires) à cette période.
Les Turcs exerçaient l’autorité sous
l’appellation Bey, Pacha, puis de Dey leur
source de richesse, le commerce.
C’étaient des membres d’un conseil de
sages qui, effectivement étaient comme
des responsables d’Alger.
Les yeux de Kamel scintillaient de fierté.
Et après les turcs ?
- Charles Quint tenta vainement de
les chasser ; son expédition fut
échouée et rejetée à la mer.
Par qui ?demanda Foufou.
- Par des Algériens encadrés par les
Turcs !
Puis une entreprise militaire Européenne
conduite par L’amiral Duquesne n’a pas
réussi non plus.
81

Et en 1830, les turcs ont été vaincus en


moyen orient ! Ils quittèrent l’Algérie à la
hâte, les Français envahirent l’Algérie,
leur supériorité en matériel a vaincu les
Algériens, ils résistèrent vainement.
L’Emir Abdelkader lutta avec force et
dignité contre la conquête de la terre
Algérienne.
La virilité d’un homme, qui avait une
rare vertu, si le monde connaissait sa
valeur Bédouine, il ne contesterait point,
lui qui comprenait l’autre.
- je ne lâcherai pas jusqu’à la dernière
cartouche, la lutte est un devoir pour un
musulman.
L’Emir et ses compagnons d’armes
lassés de résister plus de dix sept ans, et
sa patience durcit, il abandonna la lutte et
la France savait au cas où il ne serait pas
relâché, une révolte serait imminente, Un
général lui dit :
- Un sol est beaucoup plus qu’un
pays.
82

- Mon petit Général, il n y a pas de


sol sans pays, répondit
Abdelkader.
- Vous avez le choix d’un pays sauf
l’Algérie.
- Mon pays déborde de vitalité,
l’Algérie c’est une société
d’hommes
Sa voix fut triste, ses paupières
s’alourdirent malgré lui.
-Bravo ! Amar S’écria Foufou en frappant
sur la table, je voudrais que Monsieur
Motchini t’entende.
- Ah !oui, ce fameux Historien !dit Kamel
d’un air moqueur.
- Vous le verrez probablement tout à
l’heure.
- Vous étés donc en relation avec lui ?
leur dis-je.
Cet étranger était un touriste qui venait
souvent chasser, une rencontre fortuite
par une conversation, une aventure qui
dominait la discussion en histoire que
83

Foufou et Kamel n’avaient pas pu


répondre à des questions que l’Italien
leur posait sur l’histoire d’Algérie.
Amar leur enseigna l’histoire du pays.
Foufou voulait le revoir pour en parler
davantage.
Il avait l’air d’être quelqu’un qui était sûr
de lui.
- parce qu’il avait une apparence
du plus infaillible lança Mahdi.
- Allons, je vois que tu t’es laissé
empaumer par ses quelques
questions ridicules.
Nous avons passé toute la journée à la
plage du phare.
Ahmed visita un endroit merveilleux près
d’une Mosquée, puis il a été invité par
ces bonnes gens, plus haut une muraille
de pierre servant de rempart donnait un
beau décor.
Une chaude lumière de printemps,
animait les petites maisons en tuiles
rouges ornées de briques.
84

La mosquée faite de faïences aux


couleurs vives, un genre de décorations
festives, à l’intérieur un travail de chef
d’œuvre, le plâtre travaillé à la main, une
finesse par sa subtilité des sens, une
broderie murale faite d’une manière
artistique au dessus de ce mur, tout au
long une dentelle en plâtre, un admirable
petit minaret, où il a prié, une véritable
sensation et un soulagement d’esprit
l’avait envahi.
Les copains sont tombés sur un lieu dit
Ouled Bounar, ils se plaisaient en
contemplant la houle des vagues en
pleine mer.
Foufou mourait de soif, tu serais aimable
d’aller me chercher une glace, demanda
t-il à un jeune vendeur d’articles, le jeune
garçon se précipita vers la crémerie et
ramena sans tarder, puis tous les autres
suivirent, parmi les meilleurs mangeurs,
Kamel occupait le premier rang, il n’y
85

avait pas un bouffeur qui digérait aussi


bien que lui.

On s’amusait bien, la joie des vacances,


un petit ricanement de dédain avec
Kamel, nous fit rire.
Amar nous a offert de la limonade.
- Tu sembles avoir soif ?combien je te
dois ?
- Je suis habitué à tes questions
bizarres !répliqua Amar avec un léger
mouvement d’épaules.
Je me levai avec empressement,
présentai ma chaise à Mahdi pour qu’il
nous chante un morceau de ses
chansons :
86

‫جيجل يا جيجل يا أم الطبيعة أحنا في قلبك شايخين خلينا‬


‫في ضيافتك فرحانين متمتعين في بحرك الزين ا يكثر‬
‫خيرك يازينة لبحور فكية البحر تغنيلك وحنا ابدا ما‬
‫ننساواك ونعهدوك اذا طول لعمر سنعود لك انشاء ا‬
‫ياربي ما تحرمنا منك‬
Mahdi chantait au dépourvu, il donnait un
sens de conjonction aux mots qui
semblaient bien adaptés.
On avait vraiment passé un bon moment
entre copains, nous avons bien mangé.
Je ressentis soudainement une sueur
aux tempes suite à une fièvre légère.
D’un bond Kamel fut debout, démarra
pour arriver à l’hôtel, il avait peur qu’il ne
m’arrive quelque chose,et jetait un regard
sans arrêt vers moi sur le chemin du
retour,il était terrifié de me voir souffrir
d’un malaise.
En fin de compte je me sentais mieux,
naturellement je n’avais rien pu avaler,
j’avais raté un bon repas, j’étais allé
87

directement me coucher, je ne m’étais


pas réveillé cette soirée là, tant pis !
Le lendemain j’étais le premier au
vestibule de l’hôtel, j’attendais pour qu’ils
me donnent le programme du jour,
Foufou me posa la question.
- tu connais Iraguen ?
- je n’en ai jamais entendu parler !
Le matin de ce même jour, Kamel prit une
direction effrayante, une montée dure et
ondulée pour ne pas sentir les cahots de
la voiture ; je parlais de foot, et là,Kamel
fit les vingt à l’heure, la piste scabreuse.
On avançait tout doucement, nous avions
débarrassé le chemin de quelques
branches d’arbres jonchées sur le sol,
Ahmed commença à avoir un petit
frisson.
Amar avait souhaité ne pas être venu,il
avait au front un pli d’irritation,il ne disait
rien évidemment, mais son regard
étincelait de colère.
88

Personne ne regretta l’endroit, le chemin


plongeait en longs virages, ce beau
paysage montagneux entièrement boisé
d’oliviers aux troncs tordus, couverts de
feuillages.
Nous atteignîmes la cime de la
montagne, tous stupéfiés en contemplant
le panorama qui se déroulait devant nos
yeux, on était en extase.
Amar s’oublia dans cet enchantement et
fuma une cigarette, le regard chargé,
quel paysage !une grande étendue verte,
et les vaches paissaient au pré, et partout
l’eau sourde, la hauteur favorisait les
sources ; j’étais resté un instant songeur,
une paix me hantait, je ne sentais pas ma
tête, une contrée admirable.
Nous avons passé une journée
merveilleuse à Iregane.
Amar allait beaucoup mieux, il nous avait
promis de nous raconter la suite de
l’histoire d’Algérie.
Le retour était plus commode.
89

Ahmed essaya de presser Kamel, mais


celui-ci se mit en colère et s’agita,
ajoutant encore à l’inquiétude de la route.

Puis, pendant quelques instants, il y eut


un impressionnant silence.
La voiture à ce moment arrivait à Ziama
Mansouriah, l’endroit d’où l’on apercevait
la plage rouge.
Un peu plus loin, avant d’arriver au
virage, se profilait une silhouette d’un
cheval marchant vite, Kamel appuyait
avec force sur les freins mais le cheval se
cabra, puis se heurta furieusement contre
le pare-choc, la voiture allait se renverser,
elle fut projetée contre un tas de terre,
Dieu merci, il n y avait rien de grave à
part le cheval qui était touché
90

légèrement, ou nous risquions de nous


briser, Mahdi, blêmit, et Foufou se raidit.
Moi, j’avais le souffle coupé, un son ne
pouvait sortir de ma gorge.

La faute revenait à cet homme,le


propriétaire de la bête qui arrivait en
courant,sans doute voulait-il essayer de
refréner le cheval emporté car l’animal
avec un mouvement inopiné, s’immobilisa
sur ses jambes frémissantes, Kamel
faisant tout pour l’éviter,lui qui n’avait
jamais eu un tel accident.
Voila, en sûreté pour le moment.
Mais ce cheval était bien nerveux, au cas
où son maître le lâcherait, je crains qu’il
ne recommence.
91

Foufou mit en garde le propriétaire, et le


conseilla de l’emmener chez un
vétérinaire.
L’homme nous remercia, puis entraîna le
cheval et gagna le sentier qui menait à la
ferme.
Une pluie fine de printemps se mit à
tomber subitement en trombe.
Mahdi, un peu choqué était
particulièrement agité,il rebattit sur ce qui
s’était passé,ce qui provoqua une colère
au sein du groupe.
A l’hôtel c’était autre chose, la discussion
était vive et intéressante.
Ce soir là, Kamel nous invita dans une
gargote où il a payé des méchouis que
l’on fait cuire à la broche.
Amar conta une histoire sur la guerre au
temps de l’Emir :
Il servait son pays par l’épée, nous avons
le sentiment de reconnaissance de par
son courage et l’abnégation.
92

Et depuis, les mouvements intérieurs


pour la libération tentaient de lutter
contre la présence Française, mais en
vain, il y en a eu beaucoup depuis la
conquête.
Tous les Algériens rendaient hommage à
cette grande personnalité en témoignant
leur gratitude, pour avoir servi dignement
son pays, expliqua Amar.
Notre terre d’Algérie, saturée de sang
dans le passé, d’autant plus la guerre de
libération, si l’on parle des invasions
multiples, la dernière pendant le plan de
l’occupant, qui était procédé à la phase
de pacification.
Le gouverneur général un certain
Berthezene écrivait : La Mitidja, l’actuelle
Blida n’est qu’un immense égout, et sera
le cimetière de tous ceux qui tenteront de
l’exploiter.
Il le faisait croire pour rester là, il se
plaignait ! Comment assainir cette
plaine ?
93

- Quelle hypocrisie, s’exclama Mahdi!


Exquise Blida, et toutes les autres villes
du pays, si belles.
Duvivier, général et grand colonisateur,
signalant :
Nous la laissons aux chacals aux
courses des bandits Arabes.
- Amar soupira, et dit :
- alors que cet officier était un criminel, il
avait fait un massacre dans les environs
de Boufarik.
A Mitidja où les Algériens prouvaient
l’efficience de leur main d’oeuvre, la
plaine devenait le joyau du pays où les
Arabes mouraient comme des mouches
et étaient exploités par des colons
avides, suceurs de sang.
Les colons venus de France n’avaient
pas eu la vie douce, ils étaient pleins de
poux, nos ancêtres ne connaissaient pas
le typhus, cette maladie de forte fièvre,
notre climat tue ce genre de microbes.
94

Ces européens débarquèrent avec leurs


femmes aux cheveux blancs et gris et de
leurs enfants.
Aux prises avec un pays neuf, installés
d’abord dans des baraquements en
attendant que l’armée exproprie les
Arabes de leurs maisons, et les
substituent par ces étrangers, décimés
par le cholera, le typhus, et la dysenterie.
Les arabes leurs venaient en aide pour
leur montrer comment s’y prendre dans
ces régions chaude, ils ne savaient pas
combattre le paludisme, et les épidémies.
L’hygiène était inconnue de ces
misérables européens, ils ne prenaient
pas de bain, comme au temps de
Koriches, heureusement L’Islam nous a
appris à nous laver cinq fois par jour.
- je ne peux pas m’empêcher de sourire
en voyant ces pays aujourd hui
développés, s’étonna Foufou !
- Je ne sais comment vous remercier !
95

Un sourire vint aux lèvres du jeune


Ahmed, dont les yeux s’éclaircirent d’une
lueur de fierté.
Tout cela à cause de cet Historien Italien
qui s’exaltait de connaître notre histoire.
Des que j’aurais le temps, on retracera
l’histoire des hommes de l’Islam et des
arabes.
- tu connais ? Lui demanda Foufou
- un peu et beaucoup, quand c’est
intéressant.
Foufou atteint ce qu’il voulait savoir,
maintenant il pourrait répondre à des
questions que lui poseraient
éventuellement les touristes étrangers
quant à notre pays, pourtant tout cela
n’était rien encore…par rapport à ce qui
s’était passé dans ce pays (L’Algérie), il y
avait des hommes et tant d’audace, mais
l’amour de la patrie était toujours fort.
- je n’avais pas assez de mots pour
décrire la souffrance de ce peuple dans
le passé lointain, il préférait mourir que
96

de se soumettre à la force de
l’envahisseur, c’était mon père qui me
l’avait conté.
Ammi Mohamed me raconta une histoire
bouleversante, un matin de juillet, il faisait
très chaud, il prit un mouchoir pour
s’essuyer la sueur qui coulait sur son
front en me disant que son père, durant
la première guerre Mondiale avait tué une
Allemande malgré lui et que les soldats
Nazis le poursuivaient et qu’après une
longue course il se fit rattraper, l’un de
ces soldats lui dit :
- je n’ai jamais vu un gaulois courir aussi
vite que toi !
L’officier comptait sur lui, pour se
renseigner sur les forces de l’ennemi.
-Je n’ai rien à vous dire, parce je ne
sais rien, les français se méfiaient de
moi, répondit mon père.
- pourquoi ?
- parce que je ne suis pas français,
j’avais été enrôlé de force, quant à
97

l’allemande, elle allait me tuer, alors je


me suis défendu ce n’était pas pour la
faire mourir j’ai agis d’une manière
convulsive.
- Cet officier S.S, se mit à rire, ce qui fit
peur à mon père.
La réponse à l’interrogation, il soupira à
peine.
- es tu Musulman ?
Avant de répondre, je me suis dit ça y
est, le moment est venu pour me fusiller,
raconta mon père.
- je peux être aussi un bon Chrétien.
-Bon Musulman !se dit l’officier, il me
tourna le dos, et s’éloigna de quelques
pas, regarda par la fenêtre de la prison,
bien…bien… Algérien !
- Je n’avais pas tout à fait confiance dans
l’animosité de cet officier, mon père se
méfia.
Et levant les épaules, rejoignit ses amis
près de la sortie.
98

Là, ils s’accordaient pour qu’ils


m’emmènent dans un autre camp.
Et maintenant, j’attendais avec une
patience de fer, je priais le Seigneur pour
qu’Il me donne une chance de voir mes
enfants, à peine terminée l’officier était là
devant la porte de la prison.
- faites venir le prisonnier, je l’écoutais
avec une attention effrayée.
Deux soldats me poussèrent à terre
devant lui, il n’acceptait pas la manière
dont ils se comportaient, en leur disant :
- Ne refaites jamais ça devant moi !
Mon père était attaché et il renseigna sur
son passé, sans aucune question, il ne
s’efforçait pas d’en savoir sur l’armée,
mais il posait des questions sur l’Algérie ;
ce qui m’intrigue, sa sympathie qui
étonnait mon père, l’officier parlait le
français très purement, sans accent,
c’était un bon causeur, continua mon
père.
99

Cependant, il n’avait pas caché qu’il lui


éveillait de premier abord un grand
penchant.
- je t’ai reconnu par ton air et ton
courage, que tu es Algérien.
Mon père rougit en entendant ce grand
officier parler de cette façon, pour lui
c’était un compliment.
- As-tu connu des Algériens avant moi ?
- Oui, mon père est un Algérien !
- ton père ? répondit il d’un air étonné.
Oui, c’est un Algérien, comme toi.
Voila maintenant je cherche un
subterfuge afin de te faire évader d’ici.
- J’appréciais, un sourire renaît, une vie
revenait, je me prosternais et remerciai le
Seigneur, Il exauçait mes voeux.
A la fin il l’avait libéré, conclut Ammi
Mohamed notre Epicier du quartier, la
fameuse histoire de son père durant la
deuxième guerre mondiale trouvant
fortuitement un officier S .S, d’origine
Algérienne.
100

Ahmed était très content de cette


randonnée, qui était pour lui une
occasion de connaître pour la première
fois les vacances, jeune, souriant, il
jouissait d’une faculté exquise, il nous
organisa donc une danse alaouite et si le
cœur vous en dit.
Ahmed était différent de nous, du fait qu’il
ne s’énervait pas, il avait du caractère et
aimait bien regarder la mer, dont il ne se
lassait jamais.
Après cette danse d’indiens, il proposa
une conversation sérieuse, et dit :
Pourquoi ne travaillons nous pas
ensemble ? Personne n’en avait nulle
envie, il était désappointé.
Et nous sommes allés nous asseoir prés
de la plage, il y avait des gens sérieux.
Tout en causant, nous avons regardé les
familles évoluées, qui marchaient en
groupe et en couple.
101

Il faut que les autres Algériens en fassent


autant, remarqua Ahmed qui regardait
attentivement en étant pensif.
Mahdi, lui, avait une mine mélancolique
et lançait des regards sans aménité, il
souhaitait fort d’avoir une maison près
de la mer, lui, qui aimait l’art et la
chanson.
Des nuages un peu alarmants s’étant
formés, nous avons promptement pris la
route de l’hôtel.
A deux kilomètres de la ville de Jijel, la
pluie commença à tomber, Nous étions
arrivés à l’heure du dîner.
Ahmed qui était en tète était assez bien
physiquement, c’est lui qui faisait tout.
Ce garçon de seize ans, gâté par sa
famille avait une volonté sans relâche et
toujours solitaire, dans son coin habituel.
Kamel à défaut d’intelligence, avait
l’imagination néanmoins inerte, il ne
pouvait pas effacer toute la velléité, la
102

ruse dont souvent il était abondamment


pourvu.
Il était encouragé par un entourage de
certains amis du quartier Algérois.
Amar eut un sourire amusé, les
paupières un peu baissées, il paraissait à
l’écoute avec une manière agaçante,puis
il leva les yeux,rencontra le regard de
Mahdi,et rougit, pendant qu’avec un
sourire réservé,il prononçait en Berbère
une phrase que rectifia Mahdi.
Moi, j’avais une mine d’une personne
indifférente, mais ça m’avait amusé, de
l’engouement de Kamel et Mahdi.
Je m’étonnais, en plus, qu’un jeune, si
élevé que Amar se mit à faire de
l’agacement, ce qui faisait rire les uns,
irritant les autres, en tout cas, il y avait
une amitié solide entre eux.
- je me sens bien parmi vous pour
m’amuser et passer mes vacances,
comment Puis je les passer sans votre
présence ?je serais déçu annonça- t-il.
103

- Tel que je te connais, je n’imagine pas


que tu cherches à passer tes vacances là
mais pour charrier et passer le temps,
nous ne sommes pas des objets
d’amusement, dit Kamel.

C’est vrai, tu peux garder pour toi ton


orgueil, il le mit vertement à sa place,
Amar se leva en leur disant, peut être
que j’ai exagéré d’aller au de là de mes
bornes, il était indulgent.
Nos vacances arrivèrent à leur terme, et
Ahmed salua de loin la mer en disant
réservons les joyaux à plus tard :
- on ne peut pas voir tout à la fois.
Il reste beaucoup à visiter dans cette
wilaya, possédant de riches régions,
104

comme par exemple : des terres fertiles


aux environs de Taher, Emir Abdelkader,
dont la plus grande partie se trouvant
dans la daira de Milia.

Les légumes et les agrumes qui font la


fortune de Jijel.
Les arbres de liége et les oliviers
abondent à Texenna.
La nuit suivante, nous étions très
fatigués, mes camarades dormaient
comme des gosses, j’étais sorti faire un
tour dans la ville, je n’avais pas tardé à
revenir et le lendemain, j’étais le dernier à
me lever, je voyais Kamel bailler, puis
tout de suite, le petit déjeuner réunit tout
le groupe, Foufou bâfrait, il m’étonnait de
105

la façon dont il mangeait,Amar avalait


trop vite un morceau de fromage placé
entre deux tranches de pain.
Kamel sourit et dit :aujourd hui,c’est le
dernier jour nous explorons
Belghimouze,et Bellara en direction
l’est,la ville de Milia, une route droite,de
bonne heure, le soleil se mit en face
aveuglant à cette heure-ci.
Il était dix heures, à notre gauche la mer,
et à droite les monts de Bni khettab la
splendeur fauve.
Mahdi contemplait et jouait de la guitare,
craignant de nous voir bouder sa
musique, il avait pensé que cette chimère
ne soit une réalité, cela m’aiderait à voir
clair en moi-même, dit il.
Quelques heures plus tard, Kamel ému
de voir l’exquise ville Belghimouze, une
plaine répandue de vaches, tout le
monde était surpris de cette belle
verdure, on dirait que nous sommes en
Suisse, dit Ahmed.
106

Nous y sommes ! Et l’on ressentait un air


pur sur cette plaine impressionnante
dénudée par place, à notre droite ces
hautes montagnes, il y avait un grand
écart entre la route et les sommets.
Le visage d’Amar s’altérait.
- J’ai le mal de l’air, dit-il, en avalant sa
salive.
- Sois tranquille ça va passer, le rassura
Ahmed.
Kamel courut dans ce champ à fleurs,
la couleur verte dominait, en criant.
- ça, c’est une de plus jolies que je
connaisse, puis il se jeta à plat ventre.
Moi, ce jour là, mes yeux se remplirent de
larmes, en me voyant me séparer de la
région où mes parents étaient enterrés
Allah (errahmohoum), j’allais me laver les
yeux, mon cœur était lourd, mais d’une
manière discrète, je tenais bien mon
comportement coutumier, malgré le
ressentiment de la nostalgie, que je
gardais pour moi.
107

Kamel nous demanda de monter en


voiture, nous marchions difficilement
dans ces feuilles noyées dans la
verdure.
Amar tendit la main à Mahdi et puis la
relâcha, tous ses vêtements étaient
remplis de boue, alors tu dors ? dit Amar.
Ahmed était sans doute le plus admiré de
ses amis qui étaient venus pour la
première fois, et trouva cette ambiance
formidable, il décida d’y revenir.
Quelques jours plus tard, en revenant de
Jijel, Foufou songeait déjà à revenir avec
sa petite famille, il me l’avait dit, il y avait
de quoi regretter de ne pas être
emprisonné sur un secret entre amis,
Foufou montra un visage de bois,
d’autant plus que j’en avais parlé à
Kamel, il me le reprocha cependant.
- Ecoutes, je t’avais confié tout
cela mais je ne pensais pas que
tu allais le raconter …
108

- Eh bien !oui. je n’en ai parlé à


personne, à peine un mot glissé à
ton ami Kamel.
- Tu as… !
- Eh !oui, ce n’était pas un secret,
tu aurais du m’avertir.
- Oui, c’est de ma faute.

Nous avions poursuivi la route de Milia et


toutes les magnifiques traversées
pendant ce voyage, un air nous caressait
en arrivant dans un endroit plaisant.
Notre ami Mahdi, nous proposa d’arrêter
un moment, un rire échappa au jeune
Ahmed en passant devant une écurie
d’ânes, ce qui fit sursauter le groupe, là
je riais malgré moi, il ne te manque que
cela, Mahdi s’irrita et dit :
- vous ne savez pas que ces bêtes
sont les plus laborieuses sur
terre.
- Et…aussi les plus bêtes, répondit
Foufou.
109

- Mais tu fou ! tu n’as donc aucun


sentiment pour les animaux,
lança Mahdi.
- Je n’ai pas dit ça, pourquoi tant
de méchanceté ?
Une crispation altéra le fin visage
d’Ahmed, il semblait lointain, cette
contrée charmante ayant une vision
poétique, et l’eau d’une fontaine qui
coulait vers un fleuve.
Sur les arbres, des grands nids de
cigognes, cette houle de forets vertes
fleuries sous une lumière printanière
agréable, nous étions seulement au mois
de mai, un temps doux.
Avant d’arriver à la ville, les paysans
travaillaient dans les champs, leurs
maisons gardées par des chiens, et sur
l’étendue verte, les vaches et les chèvres
se nourrissaient d’herbe.
Moi, j’avais le souffle coupé en regardant
avec attention, j’avais envie d’y être sur
cette grande surface de terre verdâtre.
110

Une voix s’éleva dans le groupe, disant :


- On ne peut pas tout voir en quinze
jours, affirma Kamel.
El Milia ne me semblait pas tellement
loin, Foufou évita de répondre, pour ne
pas peiner les copains,à coté de
moi,Ahmed harcelait Amar de questions
sur les Savants Arabes, il lui répondit
sobrement.
- Jabir Ibn Hayyan le fondateur de
l’alchimie, il s’est établi à Koufa et se fit
une réputation d’alchimiste à la cour
d’Haroun er Rachid.
Ahmed qui était curieux de savoir
davantage sur l’histoire de la science,
voulait en savoir plus.
- Abou youcef El Kindi ou (Alkindus des
latins), passa ses premières années à
Koufa, étudia les sciences religieuses
ainsi que les mathématiques, il fonda une
école islamique, jouit d’une profonde
considération en occident, Kamel freina
sec, il faillit tuer un chien.
111

- Fais attention ! Cria Foufou.


J’écoutais cette belle Histoire.
Amar essaya de tracer les grandes bases
de sciences dans le Monde de l’Islam.
- Racontes nous sur ces grands hommes
insista Ahmed.
Il y’en a beaucoup tels que :
- Hanayn Ibn Ishaq le joannitius
latin, diffusant la science grecque,
il étudia l’astronomie, la
météorologie.
- El khuwarazmi un remarquable
savant des Mathématiques,
algèbre qui donna son nom à
cette science en orient et en
occident.
- Er Razi, (Razès en latin) fut le
plus illustre médecin de l’Islam.
Comment vais-je raconter sur tous les
Savants Musulmans en une demi-heure ?
S’interrogea Amar.
112

- Si tu veux nous enseigner sur ces


grands hommes de l’islam, avant
de retourner à Alger.
- El Farabi Abou Nasr,son père
était général et lui permit de faire
des études, auprès des meilleurs
maîtres(la science et la langue)
(Alpharabius des latins)El Farabi
fut le premier en Islam à établir
une classification complète des
sciences.
- Non…Sans définir les limites.
- Si, j’ai dit complète répondit Amar.
- Je n’ai rien compris à ce que vous
dites leur dit Foufou.

- Toi, fais tes mots croisés et tais-


toi, lança Ahmed sur un ton de
plaisanterie.
- Abou El Hassan El Mas ud, le
grand historien et savant éminent,
parcourut le Monde et voyagea sans
113

relâche, Il appartient à la lignée des


historiens universels.
- Donc il avait un goût inné du
savoir, à s’initier à la quasi-totalité
des sciences, intervint Kamel.
- Oui, mais c’était la volonté de s’y
mettre, comme les Footballeurs
professionnels de notre époque.
- Abou Ali El Hussein Ibn Sinaï,
(Avicenne en latin)on le surnommait
Cheikh er Rais( le maître des
maîtres) né près de Boukhara,dans
une famille vouée à l’étude,il reçut
une excellente éducation,dès l’age
de dix ans,il possédait la
grammaire,la littérature,et il
connaissait le Coran par cœur.
- C’était un grand médecin, Non ?
demanda Mahdi.
- Toutes les sciences, et à la fin de
sa vie, il écrivit qu’il ne connaissait
que ce qu’il avait appris dans sa
jeunesse, et mena une vie errante
114

jusqu’à ses derniers jours, après


avoir acquis la maîtrise de toutes les
sciences, déjà recherché de tous
pour ses talents de Médecin.
- Tu es notre professeur, la leçon est
excellente.
- Ah les racontars du monde !cria
Foufou.
Tu restes insensible ?lança Kamel
poussant les autres à suivre.
Voila la ville, nous y sommes, et là nous
avons fait une promenade pour en savoir
plus.
Foufou demanda à un passant s’il
existait un bon restaurant dans les
parages, tout de suite il nous indiqua
l’endroit, il n’était pas à notre goût, son
état était lamentable.
Ahmed nous proposa un repas froid,
fromage, thon etc.
Nous étions sortis pas loin de la ville et
dans un lieu boisé sous les arbres où
115

nous nous sommes installés pour


déjeuner.
Sur cette hauteur un air frais donnant le
vertige, à côté de nous une source
cachée et tout le groupe était ravi de
l’idée d’Ahmed, mieux qu’un restaurant
mal- propre, Kamel suivit des yeux en
murmurant, il avait l’impression que son
ami lui avait pris son paquet de
cigarettes,ce n’était pas avec l’intention
de le nuire,mais il fumait trop,Mahdi
heureusement ,avait l’esprit sérieux,il
avait agi sur le bon sens, très calme,sous
une apparence doucereuse.
Il se leva en riant, et s’approcha de
Kamel qui se tenait debout sans fumer,
Mahdi lui tendit le paquet de cigarettes,
mettant le bras sur son épaule, ils
s’éloignèrent d’un pas de course après,
on les voyait se promener de l’extrême à
l’autre de la plage, en tout cas, ils étaient
toujours bons amis même dans
l’entreprise, Mahdi malicieux s’amuse à le
116

taquiner, sans exagérer, il ne se


comportait pas de cette façon avec tout
le monde.
Foufou remarqua:direction
- pourquoi les gens d’ici n’ouvrent pas de
bons restaurants ?
- oui ! Tu as bien raison, dit en riant
Amar.
Au seuil d’une des portes vitrées
ouvertes sur un oued, dégageait une
odeur enivrant des enfants qui jouaient
au ballon.
- je leur donnai raison de ne pas
pénétrer dans ce gouffre sans toutefois
être désinfecté, qui était contraire à celui
de tout à l’heure.
Près de l’oued venait d’apparaître un
jeune garçon vêtu d’un jean sale, il
s’avança vers une vieille femme, lui baisa
la main en l’appelant grande mère, puis
se tourna vers le bétail, sans jeter un
coup d’œil vers nous, en tant
qu’étrangers, j’avais apprécié.
117

Les régions rurales, les gens se


respectent, entre enfants et parents, ce
garçon était un exemple qui m’a stupéfié,
voila un esprit sain et imaginaire pour
nous les citadins, d’un côté, voir l’ordre
social cohérent faisant partie de notre
éthique Musulmane.
Je ne pourrais jamais digérer ce que
j’avais vu dans ces douars, il y avait un
certain acquis par leur simplicité et les
relations humaines exemplaires.
Nous avons appris de ne pas dédaigner
qui que se soit, en ce bas monde. Nous
avons passé quelques moments
inoubliables, forts et agréables.
Nous remercions les gens de Jijel pour
leur hospitalité, tous étaient merveilleux,
d’une parfaite distinction et d’une
excellente culture d’esprit.
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