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Dossier
Rigoletto–Opéra de G. Verdi
« La donna è mobile », déclare le s’éloigne pourtant des canons Direction musicale : Jean-Yves
Duc de Mantoue dans cet air traditionnels de l’opéra et s’il Ossonce - Mise en scène et
fameux de Rigoletto. Il a beau sollicite encore la virtuosité pure, lumières : François de Carpentries -
chanter l’inconstance de la femme, c’est pour la lier à la trame Décors et costumes : Karine Van
c’est avant tout la frivolité et le dramatique, à la caractérisation des Hercke
cynisme du Duc que pointe l’opéra personnages : le pathétique bouffon Rigoletto : Nigel Smith - Gilda :
de Verdi. Rigoletto, la fragile et pure Gilda, Sabine Revault d’Allonnes - Le Duc :
Tirant son sujet de la pièce Le Roi l’inconséquent et amoral Duc. Christophe Berry - Monterone :
s’amuse de Victor Hugo, Rigoletto Ronan Nedelec - Sparafucile : Chul
dépeint une aristocratie Générale : Jun Kim
déliquescente et des personnages MERDREDI 7 NOVEMBRE – 20H00
Maddalena : Aude Extremo - Le
emportés par l’engrenage Comte Ceprano : François Bazola
implacable de la malédiction. Vendredi 9 novembre : 20h30
Chef des choeurs : Emmanuel
De sa composition de Rigoletto Dimanche 11 novembre : 14h30
Trenque - Choeur : Opéra de Tours
réalisée en quarante jours, Mardi 13 Novembre : 20h
Orchestre : Opéra de Reims
Giuseppe Verdi dira, à la fin de sa Coproduction Opéra de Tours, Opéra de Limoges,
vie, qu’elle fut sa meilleure. Depuis Durée : 2h30 Opéra de Reims
Opéra de Reims
13 rue Chanzy 51100 Reims
Location tél : 03 26 50 03 92
billetterie@operadereims.com
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SOMMAIRE
CD A DISPOSITION DES
ENSEIGNANTS
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PRESENTATION GENERALE DE L’OPERA
SYNOPSIS
ACTE I
Au XVIème siècle à Mantoue. Une fête est donnée au palais ducal. Dans un salon le Duc de Mantoue
et le courtisan Borsa évoquent une charmante inconnue aperçue à l’église. Le Duc a des vues sur la
jeune personne dont il sait cependant qu’elle reçoit les visites nocturnes d’un inconnu. Pour l’heure il
vient de reconnaître parmi ses invités la comtesse Ceprano qu’il courtise au nez de son mari.
Revendiquant son libertinage, il invite la comtesse à le suivre dans ses appartements.
Le bouffon Rigoletto paraît. Alors qu’il brocarde l’infortuné mari, le courtisan Marullo prétend que
malgré sa difformité le bossu a une maîtresse. Le comte jure de faire payer au bouffon ses moqueries.
Faisant soudain irruption, le comte Monterone accuse le duc d’avoir déshonoré sa fille. On l’arrête.
Comme Rigoletto se moque de ses imprécations, Monterone jette une solennelle malédiction sur le
bouffon ainsi que sur le maître des lieux.
Rentrant chez lui dans la nuit, Rigoletto est ébranlé par cette malédiction quand il croise le tueur à
gages, Sparafucile, qui lui propose à tout hasard ses services. Arrivé chez lui, le bouffon conseille à sa
fille Gilda de ne pas sortir seule, évoque sa femme disparue et confie la jeune fille à sa servante.
On entend un bruit. C’est le Duc déguisé en étudiant. Rigoletto parti, le galant se précipite aux pieds
de Gilda. Sa déclaration d’amour est cependant interrompue par des bruits de pas dans le jardin. Gilda
restée seule se remémore le nom du faux étudiant. Mais les pas étaient ceux des courtisans venus
enlever par vengeance la fille du bouffon. Rigoletto revenu entretemps, est abusé par ces derniers qui
lui font croire qu’ils s’apprêtent à enlever la comtesse Ceprano. Le bouffon est enrôlé dans
l’expédition les yeux bandés. Quand il comprend qu’il a été trompé, il est trop tard, Gilda a disparu.
ACTE II
Dans un salon du palais, le Duc s’afflige par cette
disparition, quand Marullo et les siens lui annoncent qu’ils
ont enlevé « la maîtresse de Rigoletto » et qu’elle est
maintenant dans le palais. Le Duc a compris et se précipite
pour retrouver Gilda au moment même où survient le
bouffon se répandant bientôt en invectives contre les
courtisans qui le raillent. Puis, brisé de douleur, il les
implore avec une douleur pathétique.
Gilda sortant des appartements vient confesser en larmes
qu’elle a été séduite par le libertin. Le bouffon chasse les
courtisans et tente de consoler sa fille. Quand il aperçoit
Monterone qu’on conduit en prison, Rigoletto lui promet
la vengeance et jure de tuer le séducteur.
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ACTE III
Dans une auberge isolée, celle de Sparafucile où il vit avec sa sœur Maddalena, qui lui sert d’appât
pour détrousser et tuer ses victimes. Le Duc fréquente ce bouge, et Rigoletto désire que Gilda en ait la
preuve tangible. Du dehors, tous deux voient entrer le dépravé qui entonne le célèbre air « La donna e
mobile »(« La femme est légère »), lutine ensuite Maddalena. Sparafucile sort un moment pour
recevoir la moitié de la prime promise pour éliminer le Duc. On convient que le corps de ce dernier
sera remis dans un sac.
Rigoletto renvoie Gilda en lui demandant de revêtir par précaution des vêtements d’homme, puis s’en
va à son tour. Le Duc monte se coucher. Maddalena, qu’il a impressionnée, obtient de Sparafucile
qu’il l’épargne et qu’il tue à sa place le premier homme qui se présentera à l’auberge avant minuit.
Or, Gilda qui est revenue sur ses pas et a tout entendu, décide de se sacrifier en frappant à la porte.
Elle entre. Sparafucile la tue. L’orage qui sévissait ayant cessé, Rigoletto vient prendre possession du
sac macabre, pour le jeter à la rivière, quand il entend avec stupeur s’élever la chanson du Duc.
Ouvrant fébrilement le sac, il y trouve sa fille agonisante. Le thème de la malédiction de Monterone
résonne alors à ses oreilles.
D’après JEAN CABOURG, L’AVANT-SCENE-OPERA
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RIGOLETTO DE VERDI FICHE RESUME POUR LES ELEVES
L’ARGUMENT EN BREF
Le comte Monterone accuse le Duc de Mantoue, grand coureur de jupons, d'avoir déshonoré sa
fille. Rigoletto, bouffon bossu du Duc, se moque de lui. Monterone jette alors une solennelle
malédiction sur lui ainsi que sur le Duc.
Or, c’est au tour de Gilda, fille du bossu, d’être séduite par le Duc. Rigoletto, dont Gilda est le bien
le plus précieux, décide donc de se venger et emploie les services d’un tueur à gages. Mais la
malédiction est déjà en marche et ne tarde pas à s’accomplir. Rigoletto, dans une suite
d’enchaînements malheureux, perdra son enfant adorée.
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VERDI : ELEMENTS BIOGRAPHIQUES
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LA GENESE DE L’ŒUVRE
DU DRAME DE VICTOR HUGO A L’OPERA DE VERDI…
LE ROI S’AMUSE
EN RESUME :
A la cour de François 1er où la débauche et la luxure règnent en
maîtres, le souverain bourreau des cœurs est un stratège jouisseur
entre les mains de Triboulet, son bouffon servile ricaneur,
entremetteur attitré, et de ses courtisans les plus vils qui ont tout
intérêt à voir leur monarque se consacrer pleinement aux plaisirs
de la chair plutôt qu’à la chose publique.
Mais le « Fou » manipulateur a un point faible : sa fille, la pure et
naïve Blanche aimée d’un amour possessif, qu’il tient éloignée de
la cour depuis sa naissance tant il a peur qu’elle approche sa
débauche qu’il connait trop bien pour l’instrumenter
furieusement. Or, ironie du sort, Blanche, se laissant courtisée par
un jeune étudiant dont elle ignore qu’il est le roi , est enlevée en
pleine nuit et ramenée au Louvre où elle est offerte en pâture à la
libido royale .
Fou de douleur, souffrant dans sa chair la turpitude, Triboulet
jure de se venger jusqu’à ce que son aveuglement paternel ne
finisse par se retourner contre lui…
Malgré la présence d’un groupe de fidèles amis de l’auteur ainsi qu’un premier acte ovationné, la
pièce fut très mal accueillie et connut un échec retentissant. Elle fut même interdite dès le lendemain,
tant la critique de la monarchie et de la noblesse était appuyée.
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RIGOLETTO
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LES PISTES D’EXPLOITATIONS PEDAGOGIQUES
Offrant un choix d’éclairages multiples et variés sur l’opéra, ces pistes doivent permettre aux
professeurs d’établir, avec plus de facilités, différentes connexions en fonction de leurs disciplines,
projets pédagogiques et compétences visées.
LE CD DE REFERENCE :
A NOTER : TOUTES LES TRADUCTIONS FRANÇAISES DU TEXTE ITALIEN SONT TIREES DE l’AVANT-SCENE OPERA
N°112/113.1
1
Traduction française d’Yvelaine Duault, revue et complétée par Elisabeth Soldini. Voir chapitre «pour en
savoir plus» rubrique « bibliographie ».
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LE PRELUDE
CD PLAGE 1 [2’48]
Dans ce court prélude en do mineur, la tension dramatique est extrême. Verdi témoigne d’une grande
économie des moyens. Un thème unique est présenté, celui de la malédiction autour duquel se nouera
tout le drame. Le compositeur va donc à l’essentiel. Le titre primitif de l’œuvre était d’ailleurs La
maledizione. L’atmosphère est oppressante, laissant pressentir à l’auditeur la tension générale qui
imprègne chaque acte ainsi qu’un tragique dénouement.
Ce thème se compose d’une cellule rythmique pointée implacable et menaçante. Il est énoncé sur une
seule note par une trompette et un trombone.
Fonctionnant comme une « idée fixe », il reviendra plusieurs fois au cours du drame notamment quand
Rigoletto fait mention de la malédiction à Sparafucile.
On remarquera enfin le grand crescendo,débutant sous de frémissants trémolos des cordes, qui
accentue la tension dramatique de l’ensemble.
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A EXPLOITER EN CLASSE…
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ACTE I, première scène, ballade du Duc « questa o quella »
Cette ballade permet de nous faire découvrir le caractère léger et désinvolte du Duc. Elle se construit
sur un ostinato rythmique très dansant joué par les cordes :
DUCA LE DUC
Questa o quella per me pari sono Celle-ci ou celle-là, pour moi ce sont les mêmes.
a quant'altre d'intorno mi vedo; J’en vois tant autour de moi ;
del mio core l'impero non cedo Je ne cède pas l’empire de mon cœur
meglio ad una che ad altra beltà. Plus à une qu’à une autre beauté.
La costoro avvenenza è qual dono Le charme de ces femmes-là est un don
di che il fato ne infiora la vita; Qui fleurit notre existence ;
s'oggi questa mi torna gradita, Si aujourd’hui celle-ci m’est agréable,
forse un'altra doman lo sarà. Peut-être demain une autre le sera.
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A EXPLOITER EN CLASSE…
- La lecture suivie d’une brève analyse du texte peuvent venir enrichir et compléter une étude
sur le libertinage
- La forme strophique
- L’ostinato
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ACTE I, SCENE 8, RIGOLETTO « PARI SIAMO ! »
CD PLAGE 3 [3’54]
RIGOLETTO RIGOLETTO
Pari siamo!... io la lingua, egli ha il pugnale; Nous sommes les mêmes !..Moi avec la langue,
lui avec le poignard ;
l'uomo son io che ride, ei quel che spegne! Je suis l’homme qui rit, lui celui qui tue !
Quel vecchio maledivami… Ce vieux m’a maudit…
o uomini!... o natura!... O hommes ! O nature !...
Vil scellerato mi faceste voi!... Quel vil scélérat avez-vous fait de moi !...
Oh rabbia!... esser difforme!... esser O rage !...Etre difforme !...Etre bouffon !...
buffone!...
Non dover, non poter altro che ridere!... Ne devoir, ne pouvoir rien d’autre que rire !
Il retaggio d'ogni uom m'è tolto... il pianto!... L’héritage de chaque homme…les larmes…m’est
interdit…]
Questo padrone mio, Et mon maître,
giovin, giocondo, sì possente, bello, Jeune, joyeux, si puissant, beau,
sonnecchiando mi dice: D’un air endormi me dit :
fa' ch'io rida, buffone... Fais-moi rire, bouffon !...
Forzarmi deggio, e farlo!... Je dois me forcer à le faire !...
Oh,dannazione!... Oh damnation !..
Odio a voi, cortigiani schernitori! Je vous hais, courtisans railleurs !
Quanta in mordervi ho gioia!... Que j’ai de joie à vous mordre !
Se iniquo son, per cagion vostra è solo... Si je suis infâme c’est par votre seule faute...
ma in altr'uom qui mi cangio!... Mais ici je deviens un autre homme !
Quel vecchio maledivami!... tal pensiero Ce vieux m’a maudit !...Pourquoi une telle
perché conturba ognor la mente mia!... pensée vient-elle troubler mon esprit ?
Mi coglierà sventura?... Ah no, è follia. Le malheur m’atteindra-t-il ?...Ah, non, c’est
Folie.]
Le thème de la malédiction, entendu deux fois au début et à la fin du monologue, encadre ainsi
l’essentiel des propos du bouffon dont le destin tragique semble alors inéluctable :
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On remarquera l’extraordinaire mobilité de l’accompagnement orchestral, soulignant les moindres
intentions du texte : septième diminuée sur le mot « pugnale » (« poignard »), trémolos inquiétants des
cordes pour évoquer le triste sort d’un bouffon que la nature et les hommes ont fait « scélérat »,
pizzicato faussement joyeux des violoncelles et des contrebasses accompagnant le portrait du Duc, son
despote, qui lui est beau, jeune, puissant….
Les changements de types de déclamations, plus ou moins lyriques, de même que les changements de
registres dans lesquels la voix évolue, mériteraient d’être étudiés, eux aussi, en fonction du sens du
texte.
A EXPLOITER EN CLASSE…
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- Repérer les deux apparitions du thème de la malédiction
- Repérer les différents mots mis en lumière par l’accompagnement orchestral
Dans cette scène, rendue célèbre par les nombreuses exploitations publicitaires dont à fait l’objet la
musique, les courtisans relatent l’enlèvement de Gilda au Duc.
Cet enlèvement a été exécuté de manière collective et le chœur des courtisans chante donc à l’unisson
une mélodie à l’allure populaire.
L’orchestre a un rôle de soutien. Les cordes effectuent une simple doublure de cette mélodie. Une
formule rythmique énergique et bondissante unifie et structure l’ensemble :
Le ton entraînant, presque jovial des courtisans contraste avec la gravité des faits relatés qui sont
décrits sans aucune émotion. Leur perception des choses est d’ailleurs quelque peu erronée puisqu’ils
ont vu Rigoletto « penaud » et « pestant » alors qu’il s’est évanoui de douleur…
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TUTTI TOUS
A Scorrendo uniti remota via, Nous marchions tous ensemble dans une rue
déserte,]
brev'ora dopo caduto il dì, Peu après la chute du jour,
come previsto ben s'era in pria, Comme nous l’avions bien prévu,
rara beltade ci si scoprì. Nous découvrîmes une beauté rare.
DUCA LE DUC
(O cielo !... E dessa ! La mia diletta !... (Oh ciel !... C’est elle ! Ma bien-aimée !...
Ah, tutto il cielo non mi rapi !) Ah, le ciel ne m’a pas tout enlevé !)
(al coro) (au chœur)
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A EXPLOITER EN CLASSE…
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ACTE II, SCENE 4, RIGOLETTO « CORTIGIANI, VIL RAZZA DANNATA »
CD PLAGE 5 [4’34]
Après le rapt de sa fille, Rigoletto laisse libre cours à sa colère avant d’implorer les courtisans de lui
rendre son enfant.
Cet air comprend trois parties calquées sur le découpage sémantique du texte.
- martellement de l’orchestre sur un do, obstinément répété, mimant ainsi les tentatives de
Rigoletto pour ouvrir la porte, en vain.
Fatigué et découragé, Rigoletto s’effondre et pleure. L’orchestre, dans un long mouvement mélodique
descendant, couplé avec un decrescendo, s’apaise.
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- timbre velouté et mélancolique du cor anglais qui double la voix à une sixte d’intervalle
- mélodie vocale d’une grande simplicité, à l’ambitus restreint
On remarquera l’extrême subtilité avec laquelle le compositeur a structuré cet air. L’architecture
tonale de l’ensemble fonctionne, en effet, en parfaite symétrie avec la sixième scène du premier acte,
celle où Monterone est venu clamer l’infamie faite à sa fille et demander vengeance. Rigoletto se
trouvant dans la même situation, il était logique de proposer le même parcours tonal.
RIGOLETTO RIGOLETTO
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UNE REPRESENTATION REALISTE DU DESESPOIR D’UN PERE…
“Suivons Rigoletto, au IIème acte, et essayons de rappeler combien les modes vocaux différents se
succèdent depuis le « La rà, la rà » initial aux « Cortigiani, vil razza dannata », à l’ « Ebben
piango », au « Miei signori ». C’est une alternance perpétuelle d’invectives et de prières (et donc
d’émissions mezza voce), sans parler des phrases au long souffle et des phrases coupées et
angoissées. En résumé, des changements continuels de ton et de rythme. Ce type de phrasé vise à la
représentation scéniquement réaliste du désespoir d’un père et soude accent, mélodie et rythme
avec une homogénéité supérieure encore à celle montrée en certaines occasions par Donizetti et,
surtout, par Bellini. Mais justement, parce qu’orienté vers l’imitation de la parole parlée, aussi et
surtout dans le rythme respiratoire (« Marullo... signore,- dimmi or tu dove l'hanno nascosta?...- È
là? Non è vero…? ») un tel chant ne pouvait apparaître chant véritable à celui qui ne concevait que
le chant de structure rossinienne. Nous, au contraire, sommes certains que Rigoletto épouse une
ligne mélodique bien précise.
Mais examinons la tessiture. Dans l’absolu, elle n’est pas aiguë, mais élevée certainement si l’on
pense qu’il s’agit d’un chant syllabique. Et c’est là que les théoriciens rossiniens pouvaient maudire
le hurlement verdien, tandis que pour nous il est implicite que l’état d’excitation exceptionnelle de
Rigoletto ne pouvait être exprimé par le médium de la voix. »
RODOLFO CELLETTI, « LA VOIX CHEZ VERDI »,
supplément AVANT SCENE OPERAN°112-113, pp.168-169
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A EXPLOITER EN CLASSE…
CD PLAGE 6[3’02]
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Le ton est impétueux, dénudé de tout sentimentalisme.
- La ligne vocale, structurée par groupes de deux mesures, est habilement ciselée et
comprend de nombreuses indications de phrasé alternant notes piquées, accentuées,
liées, contribuant ainsi au dynamisme de l’ensemble :
L’orchestre soutient la ligne vocale par une formule simple d’accompagnement, d’allure
dansante, avec un premier temps confié aux cordes graves et les deux temps suivants aux
violons et altos dans un registre plus aigu.
L’ensemble s’achève par une reprise de la mélodie principale à la clarinette et au hautbois puis au
basson.
DUCA LE DUC
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A EXPLOITER EN CLASSE…
CD PLAGE 7[4’29]
La réussite exceptionnelle de cet ensemble tient à la clarté de son architecture permettant une extrême
lisibilité dramatique malgré la progressive imbrication des voix. Chaque protagoniste est doté d’une
ligne vocale parfaitement individualisée avec un « «style » qui lui ait propre.
LE DUC
Son chant est très lyrique. Le ton est langoureux… il fait sa cour à LE DUC
Maddalena. « Belle fille de l’amour,
Je suis esclave de tes charmes,
D’un seul mot tu peux
Consoler mes peines.
Viens et sens mon cœur
Comme il bat vite. »
MADDALENA
La jeune femme, qui est tout sauf une Sainte Nitouche, n’est pas dupe. MADDALENA
Elle s’amuse des compliments et de la déclaration qui lui sont faites. « Ah ! ah Je ris de tout mon cœur,
Car de telles sornettes vous
Ses petits rires sont perceptibles dans une ligne vocale syllabique et
coûtent peu ;
dont les notes sont piquées. Croyez-moi, je sais apprécier
Votre jeu à sa valeur.
Je suis habituée, mon beau
seigneur,
A de telles avances »
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GILDA GILDA
Son chant dramatique est celui d’une jeune femme au cœur pur trahie « Ah, ainsi, je l’ai entendu
Me parler d’amour, l’infâme !
par son premier amour. La ligne vocale est dépressive et morcelée, Malheureux coeur trahi,
comme brisée par de courts silences. Ne te brise pas de douleur.
On notera l’expressivité des chromatismes retournés sur « infame ho Pourquoi, ô mon cœur crédule,
Devais-tu aimer un tel homme ?
udito » (« l’infâme, je l’ai entendu »).
RIGOLETTO
Certain que vengeance s’accomplira, sa rage est contenue mais RIGOLETTO
Tais-toi, pleurer ne sert à rien ;
menaçante
Il te mentait, tu en es maintenant
certaine…
Tais-toi, c’est à moi
De préparer la vengeance.
Elle sera prompte et fatale ;
Je saurai le foudroyer
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A EXPLOITER EN CLASSE…
- Polyphonie vocale
- Repérer les 4 entrées successives des voix chantant au départ séparément :
1) le Duc (ténor)
2) Maddalena (mezzo-soprano)
3) Gilda (Soprano)
4) Rigoletto (baryton)
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LES METIERS DE l'OPERA
o JE M'OCCUPE DE LA SONORISATION
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POUR EN SAVOIR PLUS…
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES COLLECTIFS
WEBOGRAPHIE
http://www.ebooksgratuits.com/pdf/hugo_le_roi_s_amuse.pdf
L’intégralité du drame de Victor Hugo Le Roi s’amuse
http://partitions.metronimo.com/Rigoletto-624.html?p=5&cat=624
La partition de Rigoletto dans une version chant / piano
http://rick.stanford.edu/opera.Verdi/main.html
Présentation de divers opéras
http://www.giuseppeverdi.it/
Le site de la fondation verdi.
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"Honorons Dieu le père, aimons et jouissons, et faisons bonne chère !"
Citation de Victor Hugo ; Le Roi s'amuse, III, 2,
CONFERENCE A L’OPERA
FILMOGRAPHIE
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RIGOLETTO A L’OPERA DE REIMS
Imaginé par Victor Hugo pour sa pièce Le Roi s’amuse, Rigoletto - alias Triboulet – est un
personnage d’une grande force. C’est d’abord lui qui vous a attiré vers l’opéra de Verdi?
FRANCOIS DE CARPENTRIES : Je suis venu à Verdi assez tard dans ma carrière et,
après Don Carlos, l’opéra Rigoletto s’inscrivait dans une suite logique. Don
Carlos offrait un très beau personnage conçu sous la plume de Schiller,
Rigoletto révèle une figure de père déchirée et déchirante. Le formidable
dramaturge qu’est Hugo, par son sens du théâtre et de la structure
dramatique, fait apparaître de magnifiques personnages.
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La force des relations entre les personnages sont extrêmement importantes dans Rigoletto
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Nigel Smith, baryton un ton au-dessus
« Les rôles verdiens que j’ai joués ont en commun d’être très
intenses ; dès que Rigoletto entre en scène, ce sont de gros morceaux
à jouer à la suite, il faut tout balancer sur un long moment »,
explique Nigel Smith, pas inquiet pour autant. « Jai la chance
d’avoir pu travailler aux côtés des meilleurs chanteurs du rôle, Léo
Nucci ou Renato Bruson, à mon tour d’essayer de porter le rôle au plus haut que je pourrai. »
Si d’illustres artistes l’ont précédé et si une certaine tradition dans l’interprétation s’est
instaurée, Nigel Smith envisage d’aborder son rôle en se soumettant seulement à la partition et
aux avis du directeur musical Jean-Yves Ossonce avec qui les choix stylistiques se font.
Au plan dramatique, l’enjeu est d’importance, « je ne veux pas m’apitoyer sur le sort de
Rigoletto, confie le chanteur, « bien que père aimant, c’est un être égoïste qui ne pense qu’à sa
vengeance », pour le reste, Nigel Smith sait qu’il est en confiance avec le metteur en scène
François de Carpentries qu’il connaît bien, ayant joué pour lui dans Le Barbier de Séville.
« François aime le chant et les chanteurs, jamais il ne ferait subir à un artiste des choses
pénibles. C’est rassurant, se réjouit-il, pour un rôle qui mobilise autant de travail vocal et de
puissance dramatique. »
FRANÇOIS DE CARPENTRIES
Adaptation, dramaturgie, mise en scène, création lumières
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Rouen et Opéra de Limoges), Il Barbiere di Siviglia (Opéra National de Lorraine, puis Den Norske
Opera à Oslo et Opéra de Nuremberg), La Bohème de Puccini (Vereinigte Bühnen Krefeld und
Mönchengladbach), Die Fledermaus de Strauss (Theater der Stadt Koblenz.).
En 2006-07, outre Madama Butterfly de Puccini pour le festival belge Opéra en Plein Air à Liège,
Bruxelles, Gand, Bruges et en Hollande, il met en scène Carmen de Bizet au Wuppertaler Oper, Die
Prinzessin auf der Erbse de Ernst Toch au Theater der Stadt Koblenz et Lucia di Lammermoor de
Donizetti aux Vereinigte Bühnen Krefeld und Mönchengladbach, qui reçoit en 2007 le Theater Oscar
de la meilleure production et en 2008 celui de la meilleure mise en scène. En 2007-08 c’est Die
Zauberflöte pour le festival Opéra en Plein Air, Die Verkaufte Braut pour les Vereinigte Bühnen
Krefeld und Mönchengladbach, Idomeneo à l’Opéra National du Rhin et en 2010 au Canadian Opera
Company. En 2008/09, il met en scène La Dame de Pique de Tchaïkovski, Aïda et Don Carlos de Verdi.
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