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Alan
Kerven
roman
L'Edition Bretonne
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ALAN K E R V Ë H
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FRANÇOIS ABGRALL
François ABGRALL
ALAN K E R V E N
Roman
L'Edition Bretonne
• Saint-Brieuc •
A mon ami Théophile Guyomarc'h
je dédie ce modeste ouvrage erts
témoignage de fraternelle affection.
Ai ci sr,.; DUPOUY.
ALAN KERVEN
III
IV
VI
Vil
VIII
IX
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— Àh ! Mon Dieu.
Elle se taisait, n'osant plus interroger,
ayant confusément l'intuition qu'elle côtoyait
quelque drame poignant. Jean-Louis l'épiait
et son regard devint dur.
— Non, je ne suis pas malade, Marie-
Jeanne... Tu as peur, je vois et je comprends.
Ecoute ce que je vais te dire et jure-moi de
ne jamais en raconter un mot. Surtout, ne
crois pas que je suis fou. Je jouis de toutes
mes facultés. Seulement, j'ai en moi un mal
mystérieux, un mal mystérieux et terrible,
contre lequel les médecins ne peuvent rien
puisqu'ils le nient, contre lequel moi-même
je suis impuissant, puisque je souffre sans
connaître les origines de mes affres. Si comme
jadis, il y avait encore des sorcières, je croi-
rais à un envoûtement, mais il n'y a plus de
« jeteux » de sorts. Ma carcasse n'abrite pas
de diable et cependant, il y a quelque
cnose...
Sourdement, il répéta :
— Oui, il y a quelque chose... Je suis
pourtant costaud et j'ai le cœur bien en place.
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— i4ti —
— Woiiaff !
Un chien s'élança contre lui, avec des
intentions manifestement amicales en frétil-
lant de la queue.
— Wouaff !
— Bonjour, camarade. Beau temps, hein?
Un chasseur débouchait à deux mètres,
entre des noisetiers.
— Je vous crois, répondit poliment Jean-
Louis.
— Et, reprit l'autre, il faut avoir rudement
besoin de sortir pour se balader par un temps
pareil, ou n'avoir rien à faire, comme moi.
Savez-vous s'il y a des canards dans les
marais ? Je vais faire un petit tour de ce côté.
— On ne peut rien voir, l'ami, mais si le
temps change, vous ferez peut-être bonne
chasse, Kénavo !
— Wouaff !
Le chien s'élança suivi de son maître et
Jean-Louis pressa le pas. Midi sonnait lors-
qu'il entra, épuisé, dans la solide église que
jadis dans sa hâte, au retour d'une randon-
née, le géant Gevrel décapita. « Ce Gevrel
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FIN