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Position du problème.
(1> Monographies récentes sur les philosophes du moyen âge, dans la Revue
Néoscolastique de Philosophie, février 1937, pp. 124-125.
490 F. Van Steenberghen
saire de soi et l'ordre contingent des êtres finis. Du coup il apparaît que la
« totalité » dont on est parti n'est pas, à proprement parler, une totalité, car
on n'additionne pas le fini à l'Infini.
492 F. Van Steenberghen
(4> Ce pluralisme absolu n'a peut-être jamais été professé dans tout son radi
calisme. C'est plutôt la « limite » vers laquelle tendent logiquement tous les sys
tèmes qui méconnaissent l'objectivité de la notion d'être.
La composition constitutive de l'être fini 493
Solution.
Remarques et critiques.
miné, l'univers est capable de changer, il n'est pas fixé dans l'im
mobilité, il est perfectible ou déterminable ; tout pouvoir réel de
changer, toute aptitude à devenir autre, Aristote l'appelle puis
sance ; la perfection, la détermination, la réalisation de cette
puissance est appelée acte. Entre Yêtre actuel et le néant, il y a
donc place pour l'erré potentiel ; ou plus exactement, l'être se
divise en être actuel et en être potentiel, en acte et en puis
sance : voilà ce qui rend intelligible le devenir et permet d'échap
per au monisme de Parménide.
Il ne semble pas qu'Aristote ait aperçu la signification pro
fonde et les bases métaphysiques de cette distinction entre l'acte
et la puissance, car une vue plus pénétrante aurait dû l'amener
à la composition constitutive de l'être fini. En somme, l'immobi
lisme parménidien n'est qu'un cas particulier du monisme : il nie
le multiple successif, le divers successif, sous prétexte que rien
ne peut parfaire, déterminer ou actuer l'être, auquel ne s'oppose
que le non être ; de la même façon le monisme tout court nie le
multiple sous prétexte que rien ne peut diviser ni, par conséquent,
« multiplier » l'être. A cette double négation on peut opposer la
double évidence du changement et du divers. Aristote est allé
plus loin : il a requis la présence d'un principe réel de change
ment, la puissance, opposée au terme parfait du changement,
Yacte. S'il avait poussé davantage sa recherche, il aurait vu dans
le changement un cas spécial de multiplicité ou de diversité ; et
il aurait compris que, pour échapper pleinement à l'antinomie,
il *■ fallait résoudre un problème plus fondamental, vaincre le mo
nisme métaphysique, sortir de l'identique, expliquer le divers par
un principe réel de diversité opposé à un principe réel d'identité:
Bref, la composition constitutive du fini, justification ontologique
du pluralisme, est le fondement métaphysique indispensable de
la doctrine de l'acte et de la puissance : car c'est la composition
constitutive du jSni qui rend possible et intelligible la présence,
dans le réel, d'un mode parfait et d'un mode imparfait ; l'acte
et la puissance, dans les diverses applications auxquelles cette
doctrine se prête, devront toujours, pour prendre place en méta
physique, être rattachés à la dichotomie fondamentale du com
posé fini.
C'est pour ce motif que nous avons évité, dans l'exposé syst
ématique qu'on a lu, de démontrer la composition de l'esse et de
Y essentia en dépendance de la doctrine de la puissance et de l'acte,
500 F. Van Steenberghen
(5) Les remarques les plus précieuses nous ont été adressées par notre col
lègue M. le Chanoine Balthasar. Exprimées d'abord en conversation, elles ont
été reprises dans le cours polygraphié : N. BALTHASAR, Au delà des manuels.
Questions de métaphysique. Les relations du transcendantal, pp. 39 à 42. Lou-
502 F. Van Steenberghen
vain, 1937. Les réflexions que nous allons proposer s'inspirent principalement
de ces remarques. Nous sommes bien reconnaissant à notre ancien maître, non
seulement de les avoir formulées, mais de nous avoir aimablement invité à y
répondre. (La polygraphie citée n'est pas dans le commerce ; elle est destinée
aux étudiants qui fréquentent le cours de Compléments de métaphysique).
La composition constitutive de Vêtre fini 503
(7) Nous admettons donc sans peine qu'il n'y a rien de commun entre le
cas de l'être fini, qui est tout entier tel être, et le cas du nègre « noir de peau et
blanc de denture», donc partiellement blanc et partiellement noir (p. 41).
La composition constitutive de l'être fini 505
<s> M. Balthasar écrivait récemment : «L'esprit est dans l'être; il n'y entre
pas par violence ou par surprise, par manœuvre scientifique ou méthodique, ni
par heureuse réussite ». (Intuition humaine et expérience métaphysique, dans la
Revue Nêoscol. de Philos., mai 1938, p. 263). Nous voudrions ajouter : a Mais
pour passer de la saisie initiale confuse à la connaissance explicite des condi
tions ontologiques, de l'ordre universel et de son Principe, l'esprit se fraye un
« chemin » , use de « méthodes » diverses, conformément à sa nature d'esprit
engagé dans la matière et soumis au discours ».
506 F. Van Steenberghen
(9) On objecte que « l'être simple comme l'être en général ou l'être en tant
qu'être est un mot qui ne peut pas porter une charge métaphysique » (p. 41).
Nous ne saisissons pas le bien fondé de cette remarque, surtout dans le contexte
immédiat des expressions suivantes : « nous sommes dans le transcendantal »,
« je suis composé réellement dans le transcendantal » (p. 41). Le « transcendant
al » est une notion : c'est la notion d'être ou une notion équivalente à la notion
d'être ; « simple » et « composé » sont également des notions, fort élémentaires,
qu'il est aisé de rattacher aux notions premières : être, non être, etc. Pourvu que
toutes ces notions « jouent » correctement dans la vie concrète de l'esprit aux
prises avec le réel, on ne voit pas pourquoi il faudrait les bannir de la méta
physique. En tout cas, les notions « simple » et « composé » expriment plus
directement le réel que la notion « transcendantal » : car il existe des réalités
ce simples » ou a composées », tandis qu'il n'existe pas de réalité « transcendan-
tale » . Enfin nous ne voyons pas qu'on puisse parler du « vide de l'être, abstrait
d'une abstraction appelée métaphysique » (p. 42), étant donné que, grâce au
caractère impropre de cette « abstraction » , la notion d'être possède actuellement,
bien que confusément, toute la « plénitude » du concret.
La composition constitutive de l'être fini 507
Thomas d'Aquin.
,
[556] Sciendum est autem quod circa hoc Avicenna aliud sensit. Dixit enim
quod unum et ens non significant substantiam rei, sed significant aliquid additum.
Et de ente quidem hoc dicebat, quia in qualibet re quae habet esse ab alio,
aliud est esse rei et substantia sive essentia ejus : hoc autem nomen ens significat
ipsum esse. Significat igitur (ut videtur) aliquid additum essentiae.
•
[557] De uno autem hoc dicebat, quia aestimabat quod illud unum quod con-
vertitur cum ente, sit idem quod illud unum quod est principium numeri. Unum
autem quod est principium numeri necesse est significare quamdam naturam ad-
ditam substantiae : alioquin, cum numerus ex unitatibus constituatur, non esset
numerus species quantitatis, quae est accidens substantiae superadditum. Dicebat
autem quod hoc unum convertitur cum ente, non quia significat ipsam rei substan
tiam vel entis, sed quia significat accidens quod inhaeret omni enti, sicut risibile
quod convertitur cum homine.
Siger de Brabant.
que esse non pertinet ad essentiam rei (contre Averroès), car l'esse
est l'acte dans l'ordre substantiel, mais acte distinct de la puissance
correspondante .
Il n'est donc pas douteux que Siger attribue à Thomas l'affi
rmation d'une certaine distinction réelle de l'esse et de l'essenfza,
moins criante que celle d'Avicenne : position intermédiaire entre
Avicenne et Averroès. S'il déclare ensuite que la « conclusion »
de S. Thomas est « vraie », c'est tout simplement parce que,
l'ayant mutilée, il ne l'a pas comprise. Enfin, si le quasi lui a
échappé ou s'il a cru pouvoir l'omettre sans inconvénient, c'est
sans doute parce qu'il n'a pas compris la phrase ultérieure, où
S. Thomas revient aux transcendantaux ens et res : « Et ideo hoc
nomen ens quod imponitur ab ipso esse signi,ficat idem cum nomine
quod imponitur ab ipsa essentia ». Il doit avoir vu en ceci la né
gation d'une véritable distinction réelle : d'où l'impression d'i
ncohérence dans le . texte de S. Thomas.
Que S. Thomas ait professé, aux yeux de Siger, une certaine
distinction réelle, la chose est confirmée par la réponse à la sixième
objection. Siger y déclare que Thomas a été amené à sa concept
ion par ce principe : « omne per se subsistens citra Primum, corn-
positum est », et par cet autre : « esse per se subsistens est unum
tan turn ». Les explications qui suivent sous la plume de Siger ne
laissent aucun doute sur la doctrine qu'il attribue à S. Thomas :
Ad aliud : omne per se subsistens citra Primum compositum est. Ista et ultima
ratio movit fratrem Thomam. Dicendum quod haec ratio duplicem habet solutio-
nem. Primum tamen momentum non assero.
Cum dicitur « omne citra Primum débet recedere a simplicitate Primi » etc.,
nescio ubi sumpta sit haec propositio. Bene tamen invenio, quod quae sunt citra
Primum recedunt ab ipso et multiplicantur per hoc quod accedunt ad potentiam.
Et causa huius est cum nullum aliorum (24) sit ita actus purus sicut Primum. Hoc
tamen non concedam quod habeant diversas essentias. Item recedunt a Primo per
participare, quia quaedam participant de ente magis et minus, quia quanto magis
accedunt ad Primum, tanto plus participant de ente : sicut species numeri per
comparationem ad unitatem, quia una magis perfecta, alia minus, nec inveniuntur
nec possunt inveniri duae species numeri, quae sint aequaliter se habentes ad
principium numeri quod est mensura numerorum, ut unitas; nec etiam in con-
tinuis inveniuntur duo quae aequaliter se habeant ad suam mensuram. Ita simi-
liter in substantiis : cum Primum sit mensura omnium entium, in rebus non
potest esse, quod aliqua duo aeque perfecte appropinquent ipsi Primo et quod
habeant diversam naturam. Unde Aristoteles : In speciebus numeri semper una
species magis perfecta, alia minus.
Item, esto quod maior sit vera : « unumquodque recedit a simplicitate Primi »,
etc. ; et quaedam sunt quae non sunt composita ex materia et forma ; ergo sunt
composita ex essentia et esse. Fallacia consequentis est. Possunt enim recedere
alio modo, ut per intelligerer, quia omne aliud a Primo intelligit per speciem,
quae est aliud ab ipso.
Conclusion.