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Nouvelle édition
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Édito
Mensuel édité par Territorial, SAS au capital
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©Gilles Michallet
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Isabelle André.
DIRECTEUR DES RÉDACTIONS : Guillaume Doyen.
SITE INTERNET : www.territorial.fr
L
RÉDACTION : Directeur de la rédaction : Laurent
Thoviste, 04 76 65 77 78, avs@territorial.fr. e plan pauvreté a permis de mettre en avant un problème grave et inac-
Assistante de rédaction : Marie-Aurélie Colpin.
ceptable dans notre pays. Durant plusieurs mois, sous l’impulsion d’Olivier
RÉALISATION : Rédacteur en chef technique :
Laurent Brugièregarde. Graphiste : Stéphane Mimouni. Noblecourt, de nombreux ateliers ont eu pour effet de jeter une lumière
Secrétaire de rédaction : Annie Lozac’h-Menez. crue sur la pauvreté en donnant la parole aux acteurs de terrain. Nous avons
Web designer : Jenny Buttigieg.
Chef de fabrication : Hervé Charras.
été nombreux à pointer l’urgence d’agir pour sortir des milliers d’enfants d’une
PUBLICITÉ situation insupportable. Trop longtemps, la France s’est reposée sur l’idée que
Gilles Dubois, directeur de clientèle, la pauvreté n’existait plus grâce à des politiques universelles de solidarité. On
01 79 06 79 67 ou 06 67 15 78 67
mesure aujourd’hui à quel point cela était une illusion.
DIFFUSION : Directeur de la diffusion : Guillaume de
Corbière. Responsable de diffusion : Maëlle Pénelon.
IMPRESSION : Imprimerie du Pont-de-Claix, ZAE Les propositions de petits-déjeuners gratuits, de tarifs sociaux à la cantine, les
Les Bauches, 9 chemin de la Plaine, 38460 Claix bonus financiers pour les places de crèche en quartier prioritaire, sont autant de
Origine du papier : Allemagne
mesures utiles. Si elles sont déjà souvent mises en œuvre par les villes éducatrices,
Ce papier provient de forêts gérées durablement
et ne contient pas defibres recyclées. l’appui de l’État n’en est que plus nécessaire pour assurer qu’elles soient déployées
Certification : PEFC partout. Mais pour réussir, ces mesures (et bien d’autres) doivent être portées
Impact sur l’eau (P tot) : 0,016 kg/tonne
par les collectivités. Or celles-ci sont désormais limitées dans leurs dépenses du
ABONNEMENT : abonnement@territorial.fr
• Tél. : 04 76 65 93 78, Fax : 04 76 05 01 63 : fait du processus d’encadrement des dépenses de fonctionnement mis en place
Vente par abonnement (10 nos) : 121 €/an par le gouvernement. Celui-ci attend toujours plus de place de crèches dans des
• Prix de vente au numéro : 13 €.
communes exsangues financièrement, plus d’actions publiques avec moins de
dotations.
L’exemple des CP et CE1 dédoublés nous avait déjà apporté une illustration de ces
COMITÉ DE RÉDACTION :
contradictions. Une bonne mesure qui, faute de moyens, déshabille un dispositif
• Anne-Sophie Benoit, directrice de l’enfance
et de la jeunesse, Dunkerque qui fonctionnait bien – « Plus de maîtres que de classes » – et laisse seules des
• Nathalie Blot, adjointe du directeur collectivités, déjà en difficulté, aménager des dizaines de nouvelles classes. Le
de la communauté de communes du Val de Somme
plan pauvreté peut donc être un levier pour lutter réellement contre les inégalités.
• Alain Bocquet, secrétaire national de l’Andev,
ancien directeur de l’éducation de la ville de Nanterre Mais dans un contexte défavorable, il peut rapidement s’avérer être un cautère
• Emmanuel Cattiau, directeur général des services sur une jambe de bois. Il est grand temps que l’État fasse confiance aux acteurs
de Magny-les-Hameaux
locaux et cesse de produire des injonctions contradictoires descendantes.
• Francine Claude, conseillère municipale,
déléguée FCPE
• Jean-Paul Stéphant, ingénieur en chef territorial n Damien Berthilier
• Jean-Dominique Delaveau, formateur et consultant
en éducation populaire
adjoint au maire de Villeurbanne, Éducation et universités
• Jean Ferrier, inspecteur général président du Réseau français des villes éducatrices
de l’Éducation nationale
• Patrick Haddad, adjoint au maire de Sarcelles,
délégué à l’éducation, à la formation et aux savoirs
• Sandra Imperiale, conseillère communautaire
de Nantes Métropole
• Frédéric Jésu, consultant, vice-président
de DEI-France, ex-pédopsychiatre de service public
• Éric Landot, avocat au barreau de Paris
• Marie-Christine Le Tarnec, adjointe au maire
chargée de l’éducation, de la jeunesse et des finances
• Sophie Lopez, enseignante en école primaire
• Stéphane Menu, journaliste
• P ascal Pique, Directeur du département gestion
des projets à l’agence nationale Erasmus +
éducation formation.
• Franck Plasse, directeur de cabinet, Lieusaint • Bulletin d’abonnement p. 21.
• Alain Thirel, ancien coordonnateur du projet • Illustration de couverture : ©kikovic - stock.adobe.com
éducatif global, conseil général du Nord • Encart jeté : Programme Journée d’étude restauration aux abonnés et prospects
• Yves Touchard, consultant et président
des Éditions EP&S, inspecteur principal
honoraire de la jeunesse et des sports Acteurs de la vie scolaire • numéro 100 • Octobre 2018 3
Sommaire
p.5 Actus
p.5 p.8 Dossier
• Les temps et lieux tiers de l’enfant
au service d’une politique éducative
p.11 Métier
• Comment faire respecter
l’obligation vaccinale
dans les établissements
p.12 p.13
p.12 Initiatives
• 23 communes du Cantal font la
traque au gaspillage alimentaire
• Brèves
p.14 Débat
• Comment gérer l’essor des activités
périscolaires
p.20
p.16 Patrimoine
• Les contraintes d’isolation
dans la rénovation des écoles
p.20 Pédagogie
• Les quatre piliers de l’apprentissage
p.21 Là-bas
p.22 Revue de presse
p.23
©©rogerphoto/AdobeStock
Parcours santé des 0-6 ans : un rapport en 2019
« Nous manquons de médecins scolaires », a convenu Jean- professionnels de la petite enfance. Les enseignants pourraient
Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, le 17 sep- également jouer un rôle de repérage. L’objectif est d’assurer
tembre 2018, alors qu’il lançait avec Agnès Buzyn la réflexion « l’ensemble des dépistages et examens nécessaires aux âges
sur le « parcours santé-accueil-éducation » des enfants de recommandés, de rendre notamment effective la visite médi-
0 à 6 ans. De fait, seuls 46 % des enfants bénéficient actuel- cale avant 6 ans et de garantir une prise en charge adaptée
lement de la visite médicale obligatoire avant 6 ans. L’option aux besoins physiques, psychiques et affectifs de l’enfant ».
envisagée n’est pas d’augmenter substantiellement le nombre Stéphanie Rist, médecin et députée, ainsi que Marie-Sophie
de médecins scolaires, mais d’organiser un parcours santé en Barthet-Derrien, directrice adjointe de la PMI de Lyon, sont
faisant appel « à l’ensemble des acteurs des champs sanitaire, chargées de mener les travaux, avec des groupes de travail,
éducatif et social », coordonnés par la médecine scolaire, la des auditions et visites de terrain. Le rapport final est attendu
PMI, le médecin traitant, les personnels paramédicaux et les d’ici fin mars 2019.
Budget 2019 :
Un concours pour faire participer
le primaire épargné
les élèves à la rénovation
par les coupes
du patrimoine de la commune
L’Éducation nationale ne sera finalement pas épar-
gnée par l’effort d’économies dans le projet de loi de Le concours « 1,2,3, Patrimoine ! » s’adresse aux élèves de CM1, scolarisés
finances 2019. Avec 1 800 suppressions de postes au dans des écoles publiques situées en zone rurale ou relevant des réseaux
total, le ministère assumera plus du tiers des coupes d’éducation prioritaire. Pour participer, les écoliers concernés doivent
dans les effectifs de la fonction publique l’année identifier un élément patrimonial à restaurer (mobilier ou immobilier)
prochaine. Mais ce sont les collèges et les lycées qui appartenant à leur commune, et non protégé au titre des Monuments his-
seront touchés, avec 2 600 postes en moins dans le toriques. Avec leur instituteur, ils travaillent ensuite à la découverte de leur
public. Le privé devra lui aussi rendre 600 postes, tan- patrimoine et constituent un dossier qui sera soumis au jury. Trois projets
dis que les services administratifs en perdront 400. Le seront récompensés. La dotation globale de 16 000 €, qui servira à la
primaire verra au contraire ses effectifs augmenter restauration des projets primés, est répartie entre le Grand prix (6 000 €),
de 1 800 postes, pour achever le dédoublement des une Mention spéciale récompensant une école relevant de l’éducation prio-
classes de CP et CE1 dans les réseaux d’éducation prio- ritaire (5 000 €) et une récompensant une école en zone rurale (5 000 €).
ritaires (REP et REP+). Les syndicats estiment que cela LES CLASSES CANDIDATES DOIVENT OBLIGATOIREMENT SE PRÉINSCRIRE
ne sera pas suffisant, et que les postes de « plus de avant le 22 novembre, le dépôt des dossiers étant fixé au 12 avril 2019.
maîtres que de classes », ainsi que les écoles rurales >>www.fondation-patrimoine.org/123-patrimoine
et de maternelles devraient en faire les frais.
Fortement inégalitaire
Sans surprise, « l’accès à des activités structurées, « Je voudrais nuancer quelque peu ce rapport. Il y a un imaginaire qui
structurantes est fortement inégalitaire », observe voudrait que tous les enfants aient à tout prix besoin d’être accueillis
le HCFEA, qui étaye ce constat à travers plusieurs dans une structure, d’être en quelque sorte repérés par le tissu associatif
exemples éclairants. « Chez les 11-17 ans, près de quatre ou parapublic. Mais beaucoup d’entre eux n’en ont pas envie, et il serait
enfants sur dix accèdent à une pratique artistique et dommage de le déplorer alors que leur absence ne relève pas d’une difficulté
culturelle régulière formelle ou informelle, mais un d’accès. Après, à l’évidence, il manque dans certaines villes des lieux
quart ne se sont jamais essayés à une pratique artis- d’accueil adaptés aux attentes des jeunes. Il faudrait pouvoir sonder les
tique ». Une autre inégalité est bien connue : « 25 % des jeunes. Mais comment ? À travers le seul prisme des données sociales ? Ce
enfants ne partent pas en vacances malgré les mesures qui voudrait dire que les quartiers prioritaires ont plus besoin d’équipements
existantes, des services sociaux et des entreprises ». que les autres ? Il faudrait envisager des structures offrant des services à la
Les inégalités sont de plusieurs ordres : territoriales, carte. Chaque jeune se socialise à son rythme et les villes doivent s’adapter à
sociales, entre garçons et filles, liées au handicap, etc. cette manière de faire ».
Certains secteurs souffrent d’un certain délaissement :
par exemple, « moins d’un adolescent sur dix a une
activité régulière scientifique ou technologique ». Une Futurs contributeurs
autre question est posée dans le rapport : celui de la Le HCFEA va même plus loin en s’autorisant le droit
prise en compte dans l’espace public des besoins — de de désigner les futurs contributeurs à cette politique
mouvement, de sécurité… — des enfants et adolescents, nationale. Un pass-colo universel de 200 euros pour
une approche jugée « variable et balbutiante » selon les les 6-14 ans coûterait ainsi 112 millions d’euros et la
territoires. Certaines associations comme La rue aux Cnaf, l’État et les régions sont les mieux placés pour
n Stéphane Menu
Quel est le principal intérêt de ce rapport ? endroit de référence où toutes ces questions émergeraient. On pourrait
Ce rapport est une invitation à élargir le champ du regard, ce qui est s’inspirer de ce que fait la Fédération Léo Lagrange sur ce thème (Ndlr,
très vivifiant pour un acteur éducatif. On parle souvent de ce qui se dispositif d’accueil des 11-15 ans avec propositions de lieux et d’activités
passe à l’école mais on insiste moins sur la continuité éducative et plus décidées par les jeunes que par les encadrants adultes). Pourquoi
ses mécanismes. Que se passe-t-il en dehors de l’école et de la famille ne pas nommer un directeur adjoint dans les écoles en charge de la
quand elle s’agrège autour d’activités ? Que font les jeunes quand ils continuité éducative ? La politique de la ville montre la voie, avec le
sont livrés à eux-mêmes et de quelle autonomie disposent-ils pour principe de la cité éducative et sa volonté de maintenir la continuité
exercer des activités ? Les réseaux traditionnels, familiaux, sociétaux, éducative. On peut s’inspirer aussi du scoutisme, dans sa version
de prise en charge des enfants se sont affaiblis sous le coup des affaires laïque, qui connaît un succès croissant. Le mouvement scout cherche
de pédophilie dans les colonies. Je ne généralise pas bien sûr, mais à aller vers les jeunes, notamment dans les quartiers prioritaires. Ce
c’est une idée diffuse dans l’opinion, de mieux protéger les enfants des mouvement-là doit être encouragé. Éparpillées, les initiatives sont
risques d’une exposition aux adultes. Par ailleurs, la sphère numérique nombreuses. Leur mise en synergie est plus complexe. On en revient
grignote le temps de partage entre enfants et adultes, pour le pire et le toujours à la difficulté de la gouvernance.
meilleur. Il y a donc un risque de fragilisation de leur socialisation. Le
sujet est d’ailleurs souvent abordé sous l’angle du mode de garde alors Quel rôle doivent jouer les collectivités locales ?
que, dans ce rapport, l’exigence éducative prend le dessus. L’école privée est un peu en avance en la matière, avec des postes
d’éducateurs en interne chargés de lier les deux, éducatif et TLT.
Comment définir une vraie politique des TLT ? Il faudrait tenter de jouer cette carte dans le public. Les cadres
L’élaboration des Projets éducatifs territoriaux (Pedt) permet de mettre de l’Éducation nationale que je croise ne sont pas fermés à cette
beaucoup de personnes autour de la table. C’est de cette instance qu’une idée. Mais les collectivités locales doivent être à l’impulsion, et bien
politique effective des TLT pourrait partir car la gouvernance, comme sûr les communes en premier lieu. Sur ce thème, elles attendent
dans d’autres domaines d’ailleurs, pose problème : l’Éducation nationale des éclaircissements, une objectivation de leur mission. Elles sont
s’appuie sur ses circulaires, les activités post et périscolaires ont aussi idéalement placées. Ce qui est étonnant, c’est que la thématique des
leur mode de pilotage. Au cours du débat sur les rythmes scolaires, jeunes et leur inscription dans la cité ne soient pas plus « politiques ».
d’autres inégalités ont été constatées, comme celles des pratiques On parle beaucoup de sécurité, de fiscalité dans les campagnes
sportives, plus masculines que féminines. Pour résorber ces inégalités, municipales. Mais moins de la place des jeunes. Ce serait pourtant un
le Pedt ne suffit pas. Il faut faire de l’école un hub éducatif, à savoir un thème porteur pour les candidats…
L’
obligation vaccinale est née le 25 juin 1938 (pour Quel rôle pour la collectivité ?
la diphtérie). Elle a ensuite concerné le tétanos, L’article R.3111-8 du CSP prévoit pourtant que « l’admission
la tuberculose et la poliomyélite. Au 31 décembre du mineur [dans toute collectivité d’enfants] est subordon-
2017, elle ne portait plus que sur « les vaccina- née à la présentation du carnet de santé ou de tout autre
tions antidiphtérique et antitétanique » (CSP, art. L3111- document attestant du respect [cette] obligation ». La col-
2) et antipoliomyélitique (CSP, art. L3111-2), sauf contre- lectivité a donc le droit, peut-être le devoir (mais pas l’obli-
indication médicale reconnue. gation, aucune sanction n’est prévue à son encontre), de
vérifier le respect de cette obligation. Il lui faudra recruter
Une obligation pour les enfants du personnel qualifié, médecin, infirmière, puéricultrice, ou
nés après le 1er janvier 2018… se contenter du certificat attestant que l’enfant est « à jour
Suite à l’adoption de la loi 2017-1836 du 30 décembre de ses obligations vaccinales » délivré par le médecin trai-
2017*, qui créée l’article L3111-2-1 du code de la santé tant (l’article R.4127-76 du CSP lui permet de refuser). La loi
publique (CSP), onze vaccins ont été rendus obligatoires affirme qu’organiser « des consultations et des actions de
« pour l’admission ou le maintien dans toute école, garde- prévention médico-sociale en faveur des enfants de moins
rie, colonie de vacances ou autre collectivité d’enfants ». de 6 ans ainsi que l’établissement d’un bilan de santé pour
Cette obligation ne concerne que les enfants nés après le les enfants âgés de 3 à 4 ans, notamment en école mater-
1er janvier 2018. Certains parents se retranchent derrière nelle » (CSP, art. L2112-2) relève des missions du service
l’autorité parentale pour refuser d’effectuer ces vaccina- départemental de la protection maternelle et infantile (PMI).
tions mais ce refus est passible de sanctions (encadré).
n Pierre-Brice Lebrun, professeur de droit
Les challenges anti-gaspi ont passionné les élèves. Tout bien pesés, les restes se font de plus en plus rares…
au-dessus de ses attentes.
D
irectrice du Sytec, Myriam Lombard affiche un Du silence dans les cantines
enthousiasme communicatif. « Il y a tellement C’est à partir de ce constat finement élaboré que les
de choses à faire pour lutter contre le gaspil- premières mesures ont été prises. Par exemple, l’accent
lage alimentaire », sourit-elle. Le Cantal n’est a été mis sur le silence dans les cantines. Les études
pourtant pas le pire des départements français en la démontrent en effet qu’un enfant placé dans un contexte
matière. Depuis longtemps, de bonnes habitudes ont bruyant mangera moins bien que dans une situation
été prises entre les acteurs de la restauration collective apaisée. Au sein des cantines, des jeux ont été mis en
(écoles, Ehpad, etc.) et les producteurs locaux pour place pour valoriser la table qui ferait preuve du plus
intégrer dans les échanges des pratiques vertueuses. grand sens de l’anti-gaspillage. Jérôme Cazenave, un
chef cuisinier local, est venu dans les cantines expliquer
69,48 grammes par jour comment de quelques riens il était possible de faire des
et par enfant mets salutaires. Les enfants ont été en visite aux Restos
Engagé dans un Contrat d’objectifs déchets écono- du cœur pour prendre conscience de la richesse sociale
mie circulaire (Codec), le Sytec a décidé de prendre le d’un aliment. Ils ont aussi visité des maisons de retraite
sujet à bras-le-corps, bénéficiant du financement de et ont recueilli des témoignages précieux auprès de
l’Ademe pour recruter un emploi aidé sur une durée seniors mieux à même de parler de la rareté de la nourri-
de 18 mois. Un temps bien rempli où l’heureuse élue, ture. Le tout sous la houlette d’un comité de pilotage où
Chloé Derdaele, a fini par livrer un diagnostic poussé cantinières, enseignants et membres du Sytec veillaient
du comportement de chaque école face au gaspillage à valider la plus-value pédagogique des démarches.
alimentaire. Le résultat est éloquent : en moyenne, sur
les 23 écoles et les 843 élèves du primaire sondés, le Réduction en amont
gaspillage moyen s’établit à 69,48 grammes par jour Sans oublier l’implication des producteurs locaux.
et par enfant. Un chiffre qui peut paraître anodin de « Nos élus sont très investis dans la transition écolo-
l’extérieur mais qui, additionné à l’ensemble des can- gique. De plus, nous disposons dans ce département
tines, donne le tournis ; sur un an, 224,34 kg de restes d’un patrimoine paysager extraordinaire et donc de
plats, 129,91 kg de restes assiettes ne finissent pas dans ressources pour favoriser la mise en œuvre de circuits
les estomacs auxquels ils étaient destinés, soit un total courts », assure Myriam Lombard. « Nous sommes par-
de 354,25 kg de nourriture gâchée. tis du principe que le déchet qui coûtait le moins cher
était celui qui n’existait pas. Nous sommes donc sur la
réduction en amont des aliments proposés aux enfants.
Par exemple, nous savons tous que sur 100 repas sco-
50 % à 90 % de réduction dans certaines écoles ! laires, généralement, 96 seront réellement distribués
Au cours de l’année 2017, les 30 % de réduction espérée du du fait des absences. Nous avons donc décidé d’inté-
gaspillage alimentaire ont souvent été dépassés, atteignant 50 %, grer ces « absences » automatiques dans le décompte
voire 90 % dans certaines écoles très impliquées. Le financement des repas distribués journellement ».
de l’Ademe a pris fin en 2018, mais au vu des résultats, le Sytec
a décidé de prendre le relais et de poursuivre le combat. n Stéphane Menu
Paris (75) : les cours d’école s’adaptent Yvetot (76) : la cigarette interdite
au réchauffement climatique devant les établissements scolaires
Les cours de trois établissements parisiens ont été rénovées cet Un arrêté pris le 12 juillet a formellement interdit, dès la
été pour être adaptées au réchauffement climatique. Fontaine, rentrée 2018, de fumer devant l’entrée des écoles de la
arbres plantés en pleine terre, petits potagers, revêtement drai- commune aux horaires d’entrée et de sortie (8-9 heures,
nant et réfléchissant devraient ainsi permettre de faire diminuer 11-12 heures, 13-14 heures et 16-17 heures). L’idée est
les températures. Certains ont déjà remarqué une atténuation du venue du conseil des jeunes citoyens dont les membres
bruit. 30 à 40 écoles devraient suivre en 2019. L’objectif serait sont âgés de 15 à 18 ans, puis reprise et étudiée par le
à terme de rénover toutes les cours qui en auraient besoin, et conseil des enfants. La police municipale est susceptible
même d’ouvrir, à l’avenir, certaines écoles afin d’offrir des « îlots d’effectuer des contrôles. Une campagne d’information
de fraîcheur » aux personnes âgées et fragiles en cas de canicule. a par ailleurs été mise en place à l’attention des parents.
>>Contact, sur la stratégie globale de « résilience » de la ville de Paris : (France Bleu et Paris-Normandie)
resilience@paris.fr >>Mairie d’Yvetot : 02 32 70 44 70
© Rido/AdobeStock
les toboggans à double entrée, sur terrain violet, décorés de jaune et
de rose, sont pris d’assaut en même temps par les filles et les garçons.
>>Mairie de Trappes : 01 30 69 17 00
Ajaccio (20) installe des tableaux numériques dans toutes ses écoles
À Ajaccio, des tableaux numériques ont été installés dans les 32 écoles de la ville, pour un montant de 239 000 euros HT.
Un agent attaché à la direction des systèmes informatiques et numériques (DSIN) de la ville est spécialement chargé
d’assurer la maintenance du matériel. Le rectorat gère la partie pédagogique. José Giudicelli, délégué académique au
numérique (DAN) au rectorat de Corse indique que l’Éducation nationale a soutenu le plan car « il n’est pas que maté-
riel, il est associé à une véritable stratégie qui englobe la lutte contre la fracture numérique ». Le Feder a contribué à
50 % du financement, le CPER à 5,3, la ville apporte le reste. (LT)
M
ême si l’évaluation des PEDT de 2017 notait que, Incantations
plus les collectivités étaient petites, moins les TAP L’évolution va dans le sens d’une forte croissance du
étaient déclarés (jusqu’à plus de 42 % de non- nombre et du taux de remplissage des ALSH, de la prise
déclaration dans les villes de moins de 5 000 habi- en compte de l’environnement, notamment écologique
tants), le nombre d’ALSH périscolaires avait néanmoins ou intergénérationnel, à la mise en avant des valeurs
explosé. Selon Renaud Foirien, chargé d’études à l’Injep, éducatives, aux relations avec les familles, à l’accueil du
« on estimait à 2,6 millions le nombre de places ouvertes handicap. Mais « en dépit des derniers dispositifs, la coé-
à des mineurs âgés de moins de 12 ans sur le temps péris- ducation reposant sur un projet partagé impliquant tous
colaire au cours de l’année 2015-2016, contre seulement les acteurs reste difficile à mettre en œuvre ». Les incan-
840 000 trois ans auparavant ». tations et les outils institutionnels, tels les PEDT, en faveur
Diversité
Mais les communes françaises sont loin d’être égales.
En partenariat avec la Mutualité sociale agricole, le
mouvement associatif Familles rurales a conduit avec
le cabinet Eexiste une étude sur les accueils de loisirs
en milieu rural (1). Elle pointe « une grande variété de
réalités locales liées à la diversité des ruralités (démo-
graphie, moyens…) ». Le vaste panel de 400 structures
observées, accueillant de 7 à 600 enfants et ouvertes de
30 à 250 jours par an, témoigne globalement d’activités
de qualité et conformes à la réglementation, même si
« des marges de progrès subsistent, notamment pour les
locaux ». Les tarifs varient énormément, avant déduction
des aides sociales : d’un minimum moyen de 8,45 euros
par jour à un maximum moyen de 15 euros. Un défi pour
l’égalité républicaine au sein des Plans mercredi pour
lesquels le ministère et les CAF se contentent de recom-
mander « la gratuité ou une tarification progressive ».
Seuls 34 % des ALSH interrogés par Familles rurales
pensent tout à fait répondre aux besoins des familles en
termes de tarifs et 59 % en partie. Heureusement, 87 %
déclarent pratiquer des tarifs différenciés en fonction du
quotient familial.
©Francas
ancien délégué général des Francas
une étape indispensable pour renforcer la qualité de
l’offre sur tous les territoires ». Le paradoxe est que les
promoteurs d’ALSH sont plus sollicités par des stagiaires Il faut, dans le cadre des associations, encourager la recherche-
en cours de formations Bafa ou BAFD que par les anima- développement, qui ne peut trouver de financement qu’à partir
teurs qualifiés. Ceux-ci, surtout en milieu rural, tous types du moment où la puissance publique reconnaît aux associations
d’opérateurs confondus, répugnent aux temps partiels la vocation à innover. Il faut veiller à ce que les activités liées à
morcelés, à fortes contraintes et peu valorisés. Ils sont l’éducation populaire échappent à la seule logique des appels d’offres.
donc difficiles à conserver et la qualité des animations
en pâtit. De plus, 36 % des ALSH observés par Familles
rurales avaient recours à des contrats aidés. Leur raré- cruelle mais sans équivoque : « les associations qui ont
faction interroge les coûts de mise en œuvre et donc les refusé de soumissionner aux marchés publics ont disparu
tarifs. L’association précise toutefois : « l’assouplissement ou sont restées pures et dures mais marginales et peu
des règles d’encadrement et l’ouverture à des diplômes audibles, comme Culture et Liberté. Celles qui s’y sont
étrangers pour les animateurs ouvrent la voie à davan- ruées comme Léo Lagrange ou la Ligue de l’enseigne-
tage de flexibilité et pourraient faciliter le recrutement ment ont mis en veilleuse leur idéal de coconstruction
d’animateurs pour les ALSH en milieu rural ». des politiques publiques mais sont devenues des grosses
entreprises de services prestataires des collectivités, tout
Concentration en conservant généralement leurs valeurs ». De fait, il
Dans les deux tiers des structures étudiées, « l’intercom- est devenu difficile, sur le terrain, dans le contenu des
munalité s’est imposée. La concentration se renforce. Des activités, de distinguer un ALSH municipal d’un ALSH
centres sont repris par les collectivités et la commande délégué à une association. Mais certaines pointent avec
publique se développe. La gestion administrative est inquiétude un effacement de l’État qui assouplit les
devenue très complexe ». Il s’ensuit un découragement normes, dégonfle le ballon d’oxygène des emplois aidés
des petites associations gestionnaires au bénéfice des et, d’une certaine façon, ampute l’école d’une partie de
municipalités ou des mouvements associatifs organisés. son rôle éducatif. « Les gros ont mangé les petits et,
De fait, 16 % des ALSH observés entraient dans le cadre comme en politique, on a changé d’époque, déclare un
d’une délégation de service public. La loi Notre a imposé directeur d’ALSH dans l’Hérault. N’oublions pas que, selon
des regroupements de territoires parfois difficiles à gérer la CAF, 85 % des parents considèrent les ALSH avant tout
pour coordonner des ALSH de plus en plus dispersés. comme un mode de garde de leurs enfants et que peu
Majoritairement d’origine associative, les ALSH, depuis font la différence entre une garderie, un cours de tennis
la décentralisation des années 1980, ont ainsi glissé dans ou de guitare et un lieu de vie collectif où des mairies et
le giron des collectivités. L’émergence des TAP et des des associations s’efforcent de transmettre des pratiques
PEDT a accéléré le processus avec, en négatif, une guerre et des valeurs humanistes et sociales ».
des prix qui conduit des associations à promettre aux Jean-Dominique Delaveau
collectivités plus qu’elles ne peuvent tenir. La mise en formateur et consultant en éducation populaire
réseau des animateurs a rarement joué au sein des col- >>(1) Téléchargement : goo.gl/X8sDd6
lectivités de taille petite ou moyenne. Même lorsque les
ALSH restent gérés par des associations autonomes, leur
dépendance des collectivités est manifeste : subventions,
mise à disposition de locaux ou de personnels, commu-
nication avec les familles… La cause semble entendue,
« Les accueils de loisirs périscolaires restent
note Familles rurales : « en 2012, on comptait près de inégalement répartis sur le territoire »
13 000 accueils de loisirs périscolaires portés à moitié
Renaud Foirien, chargé d’études à l’Injep
par des associations et à moitié par des collectivités. En
2013, on en comptait plus de 18 000, portés à 70 % par Les communes qui scolarisent le plus d’élèves sont logiquement
des collectivités territoriales ». celles qui proposent le plus souvent de tels accueils : au cours
de l’année 2015-2016, la présence d’un accueil périscolaire était
Garderie presque systématique pour les communes qui scolarisaient plus de
Le temps a passé depuis que, à la fin des années 1990, 2 000 élèves du 1er degré (493 communes sur 503, soit 98 % d’entre
l’éducation populaire se demandait si elle devait ou elles) alors qu’elle restait rare pour les communes qui scolarisaient
non répondre à des offres de marchés publics. Pour cet de 1 à 50 élèves (1 558 sur 7 306, soit 21 % d’entre elles).
ancien responsable du Cnajep, la morale de l’histoire est
Les contraintes
d’isolation
dans la rénovation
des écoles
Depuis le 1er janvier 2017, les travaux
de rénovation des écoles entraînent
obligatoirement des travaux
d’isolation thermique des façades
et toitures. Des dérogations sont
toutefois possibles en fonction
notamment des caractéristiques
des bâtiments et du temps de retour
sur investissement.
L’
article 14 de la loi relative à la transition énergé-
tique pour la croissance verte (LTECV) impose
que l’isolation d’un bâtiment qui fait l’objet
de travaux importants de rénovation soit du
même coup améliorée. Le décret n° 2016-711 du 30 mai
2016 (1) a donné un cadre réglementaire à cette nou-
velle contrainte. Certains bâtiments ne sont toutefois
pas concernés. C’est notamment le cas des monu-
ments historiques classés ou inscrits, des bâtiments
non chauffés (préau, gymnase par exemple), de ceux
dont la surface de plancher est inférieure à 50 m2, des
constructions provisoires construites pour une durée
maximale de 2 ans ou bien encore des bâtiments por-
teurs du label « architecture contemporaine remar-
quable ».
©©hcast-AdobeStock
Types de travaux
Tous les types de travaux entrepris sur les bâtiments
existants n’imposent pas non plus ce complément
d’isolation. Il faut qu’ils appartiennent à l’une de
L
e bloc communal est le second financeur des Une gestion à améliorer
dépenses d’éducation, qui s’élèvent en France Selon la Cour, il importerait :
à 150 Md€. Les dépenses des communes et des - d’améliorer la tenue de la comptabilité fonctionnelle
intercommunalités représentent ainsi 37 % de la des dépenses ;
dépense en faveur du premier degré, au titre notam- - d’élaborer un référentiel des coûts afin de guider le
ment des 45 450 écoles publiques (données de 2017), pilotage de la dépense en tenant compte de la taille des
pour 15 % en moyenne des budgets communaux et inter- communes et du niveau de qualité des services offerts,
communaux avec une croissance impressionnante de ces notamment de la distinction entre activités périscolaires
budgets (+4,3 % par an entre 2009 et 2017). de garderie ou éducatives ;
- de réduire le nombre d’Atsem et d’annualiser leur temps
de travail ;
Un exercice très disparate - d’optimiser le recours à des contractuels dans un cadre
des compétences juridique sécurisé ;
La Cour note une sous-estimation des montants des for- -d e créer des groupes d’agents polyvalents en réponse
faits à verser aux écoles privées et rappelle les limites à l’absentéisme ;
juridiques d’une telle pratique. Elle note aussi l’expan- -d e mieux piloter les travaux des bâtiments scolaires ;
sion rapide de l’exercice de la compétence périscolaire, - de recourir au levier tarifaire pour le périscolaire
sous la pression de la demande sociale et des nouveaux (et d’améliorer le suivi du recouvrement à ce sujet).
rythmes scolaires successifs. Mais la Cour constate un
exercice très disparate de ces compétences, y compris Des gains d’efficacité peuvent
en termes financiers (coût entre 2 000 € et 2 500 € par être trouvés
élève dans les communes de plus de 20 000 habitants et La Cour des comptes estime également que « des gains
entre 1 100 € et 1 500 € dans les communes plus petites). substantiels d’efficacité et d’efficience dans l’exercice
des compétences scolaire et périscolaire peuvent être
trouvés dans une meilleure articulation entre l’État et
Répartition par nature des dépenses scolaires les communes pour les missions qu’elles assurent en son
des communes en 2016 nom et pour l’élaboration de la carte scolaire. Cette évolu-
tion est d’autant plus importante que la rationalisation du
réseau des écoles doit se poursuivre. Elle doit s’inscrire
n Dépenses de personnel dans une stratégie éducative mieux articulée et dotée
n Autres charges de gestion 20 % d’un pilotage renforcé ». La Cour s’avère également cri-
n Dépenses d’investissement tique sur les gains financiers ou de productivité que l’on
pourrait dégager pour tout ce qui touche à l’interstice
53% entre État et collectivités (inscription, contrôle de l’obli-
gation scolaire, carte scolaire…).
27 %
Rythmes scolaires :
une réforme à impact variable
Après prise en compte de l’accompagnement financier
des caisses d’allocations familiales (CAF) et de l’État,
France métropolitaine
+ DOM (hors Mayotte) : 1,6 %
n 4,0 à 14,0 %
n 0,0 % 4,0 %
n - 4,0 à 0,0 %
n - 10,0 à - 4,0 %
n - 21,5 à - 10,0 %
n Données manquantes
©©lordn-AdobeStock
l’engagement actif, le retour
sur erreur et la consolidation.
L’
attention peut être définie comme « l’ensemble des Retour d’information
mécanismes par lesquels le cerveau sélectionne Notre cerveau utilise des représentations du monde
une information et en oriente le traitement ». extérieur qui lui permettent de faire des prédictions. En
Dans l’espèce humaine, l’attention est partagée : cas d’erreur, un apprentissage se déclenche et le modèle
on porte attention là où les autres portent la leur. concerné est modifié. Si tout est parfaitement prévisible,
il n’y a pas d’apprentissage. Au niveau de l’enseignant, il
Posture pédagogique est essentiel de considérer l’erreur comme normale et de
Ainsi, quand un enfant prend conscience qu’un adulte faire passer cette idée-là à ses élèves. Il faut indiquer à
cherche à lui apprendre quelque chose, son cerveau se l’enfant précisément où il s’est trompé tout en dédrama-
met « en posture pédagogique ». Il mobilise alors son tisant. Pour ce dernier point, il paraît important que les
attention et interprète toutes les actions de cet adulte. élèves aussi puissent avoir des notions sur le fonctionne-
Si l’attention facilite grandement les apprentissages, ment de leur propre esprit car les études montrent que
elle possède des limites qui font par exemple que l’on ne la métacognition favorise les apprentissages.
peut pas réaliser deux tâches simultanément. Dehaene
estime que « peut-être le plus grand talent d’un ensei- Automatisation progressive
gnant consiste à canaliser et à captiver, à chaque instant, La consolidation correspond quant à elle à l’automa-
l’attention de l’enfant » ; pour cela, il doit créer des maté- tisation progressive des circuits qui sous-tendent un
riaux attrayants mais pas trop afin de ne pas distraire apprentissage. Ainsi, un apprentissage se fait au début
l’enfant de sa tâche principale. De plus, il doit veiller à ne de manière consciente, explicite et avec effort. L’imagerie
pas créer de « double tâche » pour les élèves en difficulté cérébrale montre qu’au début d’un apprentissage, en lec-
ou ayant des troubles « dys ». ture ou en calcul mental par exemple, il y a une activation
massive des circuits de contrôle exécutif associés au cor-
Engagement actif tex préfontal et qu’ensuite, progressivement, cette activité
Concernant l’engagement actif de l’enfant, O. Houdé, ins- diminue et augmente dans certaines aires spécialisées
Bibliographie : tituteur de formation devenu professeur de psychologie à des régions postérieures du cerveau. Le cortex préfontal
• Houdé, O, l’Université Paris Descartes, se réfère dans son ouvrage peut alors être mobilisé sur un autre apprentissage. Ainsi
(mars 2018). (voir bibliographie) à une méta-analyse internationale quand l’enfant a automatisé le déchiffrage d’un texte, il
L’école du cerveau, réalisée sur 225 études. Celle-ci valide scientifiquement peut porter son effort sur le sens du texte. Il faut ici sou-
De Montessori, que les élèves engagés dans des activités scolaires réelles ligner l’importance du sommeil dont l’amélioration de la
Freinet et Piaget réussissent mieux aux examens que les élèves ayant qualité et de la durée peut constituer une intervention
aux sciences reçu un cours magistral. Ainsi, les sciences cognitives efficace en cas de troubles des apprentissages.
cognitives, confortent les approches Montessori, Freinet et Decroly
Mardaga. sans oublier la fondation La Main à la Pâte (Lamap) qui n Pascal Jean,
• Dehaene, S, « préconise l’action et l’expérimentation avec essais et psychologue scolaire
(septembre 2018), erreurs, associées au raisonnement curieux de l’élève
*Titulaire de la chaire de psychologie cognitive
Apprendre ! (seul ou en groupe), plutôt que l’enseignement magistral expérimentale au Collège de France et président du Conseil
Odile Jacob. et explicite des notions scientifiques ». scientifique de l’Éducation nationale
©olgasparrow/AdobeStock
Suite au décès par noyade de plusieurs enfants tombés dans les fosses
septiques des écoles, dont une fillette de cinq ans en mars et un garçon en
juillet, le président Cyril Ramaphosa a imposé au ministère de l’Éducation le
remplacement, sous trois mois, des latrines à fosse par des toilettes en dur.
viescolaire
acteurs de la
n O
UI, je souhaite m’abonner à Acteurs de la vie scolaire pour une durée d’1 an
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Enseignement de la natation
en milieu scolaire :
une situation paradoxale
Le ministère des Sports est revenu sur les dispositions du code de l’éducation relatives
à l’agrément des intervenants extérieurs susceptibles d’apporter leur concours à
l’enseignement de l’EPS dans les écoles maternelles et élémentaires.
L
a procédure d’agrément des inter- Des prérogatives pécifiques
venants extérieurs participant, à la Si les titulaires des diplômes de pisteur-
demande des enseignants des écoles, secouriste et du brevet national de sauve-
à l’enseignement de l’éducation phy- tage et de sécurité aquatique ne peuvent
sique et sportive des élèves des écoles enseigner, dans le cadre de leur activité pro-
maternelles et élémentaires publiques, fessionnelle, l’activité sportive réglementée,
n’est encadrée réglementairement que respectivement ski et natation, nécessi-
depuis la parution du décret n° 2017- tant la possession du diplôme leur confé-
766 du 4 mai 2017 modifiant le code de rant cette prérogative, ils sont néanmoins
l’éducation, par l’ajout, après l’article agréés pour une intervention à titre béné-
D.312-1, de trois articles intitulés D.312-1-1, vole, comme toute personne ayant réussi
D.312-1-2 et D 312-1-3. un test de compétence organisé par les ser-
vices de l’État ou titulaire d’une certification
Difficultés d’interprétation délivrée par une fédération sportive agréée
La procédure mise en place par le (code de l’éducation, art. D.312-1-2). On ne
décret ne concerne que l’intervention peut donc leur refuser le droit, comme tout
pour l’EPS – natation y compris –, à côté citoyen bénéficiant d’un agrément du direc-
et sous la responsabilité pédagogique teur académique des services départemen-
de l’enseignant de la classe. En effet, la taux de l’Éducation nationale, de participer
multiplicité des certifications dans le à la mission éducative de l’école dans le
domaine du sport et l’imprécision fré- strict respect des principes énoncés par le veillance de l’accompagnement des élèves
quente des prérogatives associées ont code de l’éducation. C’est pourtant ce qui pour laquelle l’autorisation du directeur
été longtemps à l’origine de difficultés peut être retenu d’une lecture rapide de la d’école est requise.
d’interprétation. Toutefois, les activi- réponse du 14 décembre 2017 à la question n Yves Touchard
tés de surveillance, comme celles rela- écrite n° 02136 (1), notamment en ce qui yves.touchard@orange.fr
tives aux activités d’enseignement de concerne tous les intervenants non profes- >>(1) Réponse à la question écrite n° 02136,
la natation rappelées par la circulaire sionnels dont le rôle serait limité à la sur- JO Sénat du 14 décembre 2017.
n° 2017-127 du 22 août 2017 du minis-
tère de l’Éducation nationale, ne sont
pas concernées par l’agrément délivré Une mise en garde
par le directeur académique des ser- Sachant que les procédures d’agrément des intervenants extérieurs dans
vices départementaux de l’Éducation l’enseignement de l’éducation physique et sportive dans les écoles primaires
nationale agissant par délégation du publiques sont souvent à l’origine de difficultés entre les services de l’État et les
recteur. En revanche, l’agrément déli- collectivités locales qui doivent faire face à l’absence fréquente de professionnels
vré en application de l’article D.312- qualifiés, l’allusion faite à la situation des titulaires du BNSSA au regard de
1-1 du code de l’éducation concerne l’intervention en natation en milieu scolaire ne semble pas aller dans le sens
aussi bien les personnes intervenant de la clarification et de l’apaisement recherchés par la publication du décret du
dans le cadre de leur activité profes- 4 mai 2017. Elle peut cependant être interprétée comme une alerte et une mise
sionnelle que les personnes interve- en garde à la tentation de pallier l’absence de professionnels titulaires du titre de
nant à titre bénévole. MNS en y substituant des personnels disposant du seul BNSSA.
©emmi/AdobeStocK
l’environnement associatif sont
(vivement) encouragés.
L
e plan mercredi, annoncé en juin les Cemea, le CNOSF, Familles rurales, Léo pour épauler les collectivités et les asso-
dernier par le gouvernement, entend Lagrange, La Ligue de l’enseignement, les ciations qui souhaitent mettre en place un
permettre l’organisation d’« activi- Francas et bien d’autres sont ainsi impli- tel plan.
tés périscolaires de grande qualité quées dans la mise en place de ce dispo- n Armelle Barroux
en cohérence avec les enseignements sitif. La collaboration avec les fédérations
scolaires ». Ce plan est mis en place par d’éducation populaire a d’ailleurs d’ores et
la commune ou l’EPCI en ayant la compé- déjà permis d’abonder le site ressources Taux d’encadrement
tence soit sur la journée entière, soit uni- planmercredi.education.gouv.fr de près Le taux d’encadrement varie en
quement sur l’après-midi suivant le rythme d’une centaine de fiches pédagogiques. fonction de l’âge des enfants et de la
scolaire des enfants. De plus, les compétences d’encadrement durée de l’accueil. Il est réduit pour
des associations intervenantes sont recon- les activités menées dans le cadre
Convention nues puisque « les intervenants extérieurs d’un projet éducatif de territoire.
Les accueils de loisirs sont intégrés dans ponctuels pourraient désormais être pris • Accueil de loisirs supérieur
un projet éducatif territorial qui met en compte dans le calcul du taux d’encadre- à 5 heures consécutives
en cohérence les projets d’écoles et les ment », ce qui permettrait une plus grande - enfants de moins de 6 ans :
projets périscolaires de l’ensemble de la ouverture au tissu associatif local et une 1 animateur pour 8 mineurs/1 pour
semaine. Ce projet doit mettre en valeur diversité d’activités accrue. 10 dans le cadre du PEDT
les richesses locales notamment via des - enfants d’au moins 6 ans :
sorties, en impliquant des habitants et en Moyens 1 animateur pour 12 mineurs/1 pour
construisant des partenariats avec les dif- Les moyens alloués par la Caisse natio- 14 dans le cadre du PEDT
férentes structures environnantes, dont nale des allocations familiales sont majo- • Accueil de loisirs inférieur
les associations. L’ensemble est formalisé rés pour les collectivités signataires de la à 5 heures consécutives
par la signature d’une convention multipar- convention, que les activités soient propo- - enfants de moins de 6 ans :
tite entre le responsable de la collectivité, sées sur toute la journée ou sur la demi- 1 animateur pour 10 mineurs/1 pour
le préfet du département et le directeur journée. Ainsi la « prestation de service 14 dans le cadre du PEDT
académique des services de l’Éducation ordinaire » passe de 0,54 € par heure et - enfants d’au moins 6 ans :
nationale (Dasen), le directeur de la Caisse par enfant à 1 €. Les collectivités où il y 1 animateur pour 14 mineurs/1 pour
d’allocations familiale et, le cas échéant, le a école le mercredi matin continuent par 18 dans le cadre du PEDT
directeur de la MSA. ailleurs de bénéficier du fonds de soutien À noter : pour les déplacements entre
existant, y compris la majoration si elles y l’école et les locaux d’activité, le taux
Partenariat ont droit. Sur le site dédié planmercredi. d’encadrement est le même que celui
Les associations sont invitées à être signa- education.gouv.fr, on trouve les informa- des accueils de loisirs de moins de
taires de la convention. Au niveau national, tions juridiques, financières et pratiques 5 heures consécutives.
Le grand rendez-vous
de l’achat public
900 exposants,
13 domaines d’activité
+ 100 conférences