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Le destin en islam

1- Définition
1- Définition :

La notion de destin est différemment perçue et définie par les théologiens. Pour les uns, le destin
est limité aux événements résultant de causes indépendantes de la volonté humaine. Pour les
autres, il s’étend à tous les événements y compris aux actes que l’homme accomplit selon sa
propre volonté.

L’’Imam Ahmad ibn Hanbal en a donné une définition qui me semble pertinente : Le destin est, dit-
il, « le pouvoir de Dieu, du fait qu’il procède de Sa puissance et sans doute de l’universalité de
celle-ci ; il fait également partie du secret caché de Dieu que Lui Seul, Gloire à lui, le Très Haut
connaît, écrit sur la table gardée, dans un Livre caché que nul hormis Dieu n’en a connaissance et
nous ne pouvons connaître le destin que Dieu a décrété à Ses créatures qu’après sa survenance ou
l’information authentique à son sujet. »

D’autres théologiens considèrent le destin comme un Attribut de Dieu « par lequel Il régit les
choses selon Sa volonté et sa Science pour alors les faire exister au moment où Il l’a voulu ».

A priori, on peut dire que le destin est l’ensemble des phénomènes issus d’un système de causes et
d’effets affectant l’homme et la nature et qui relèvent, avant qu’ils se produisent ou qu’ils se
manifestent, de la seule connaissance de Dieu.

En effet, le Coran enseigne que le Savoir de Dieu embrasse toute chose et que tout ce qui se passe
dans l’univers est écrit sur un Livre :

« Nul malheur n’atteint la terre ni vos personnes qui ne soit enregistré dans un Livre
avant que Nous ne l’ayons créé ; et cela est certes facile à Allah » s57 v22

« C’est Lui qui détient les clés du mystère que Lui seul connaît parfaitement. Il connaît ce
qui est sur la terre et dans la mer. Nulle feuille ne tombe sans qu’Il le sache. Il n’y a pas
un grain dans les ténèbres de la terre, ni rien de vert ou de desséché qui ne soit
mentionné dans le Livre explicite » s6 v59

« Et Nous avons dénombré toute chose dans un Livre explicite » s36 v12

Il ressort de ces nobles versets que tout ce qui existe dans l’univers a déjà été déterminé
depuis l’éternité par Allah, l’Omniscient selon un système de causes et d’effets. Par la suite,
ce qui se passe dans le monde n’est que la matérialisation de la volonté divine par rapport à ce
qui avait été prédéterminé.

2- Le destin n’est pas synonyme de fatalité


Une grossière confusion existe malheureusement entre la notion de destin et celle de fatalisme qui
est en fait étrangère à l’islam et dont on accuse injustement celui-ci. Le terme fatalisme est un
terme latin, formé sur la racine « fatum », qui désigne en latin le « destin ». D’après l’encyclopédie
française, le « fataliste » est celui qui croit à une nécessité fatale, c’est-à-dire exclusive de toute
liberté et s’imposant irrémédiablement à l’homme. Alors que, bien avant l’islam, le fatalisme fut,
par excellence, la doctrine stoïcienne : « Toutes choses ont lieu selon le destin ; ainsi parlent
Chrysippe au traité du destin, Posidonius au deuxième livre du destin, Zénon et Boéthus au
premier livre Du destin » [1]

Ensuite, cette même doctrine s’est vue confirmée par la parole de Jésus Christ qui affirme : « Pas
un passereau ne tombe à terre sans la volonté de mon père » Mt 10. 29
Les musulmans qui ont introduit le fatalisme dans l’Islam étaient sans doute influencés par ces
doctrines et les philosophies Hindoues et persanes sur le fatalisme et le renoncement.

Les fatalistes disent si notre sort est fixé indépendamment de nos efforts et de notre activité, à
quoi bon se donner de la peine. A l’instar de Cicéron qui a jugé inutile qu’un malade appelle un
médecin pour le soigner étant donné que sa guérison ou sa non-guérison est déjà fixée par le
destin. (Cicéron, Traité du destin, XIII)

Les Omayyades tuaient les musulmans et attribuaient leurs actes au commandement de Dieu.
Leurs crimes trouvaient à l’époque des justifications dans les fatwas de savants ach’arites.

La doctrine fataliste a même servi d’alibi aux confréries soufis pour s’opposer à toute résistance au
colonialisme qui était considéré comme un destin et qu’il serait inutile, voire un sacrilège de le
combattre, car ce serait combattre la volonté de Dieu.

Ainsi, le fatalisme sert d’alibi à de nombreux méfaits, tels les actes immoraux qu’on attribue à la
volonté de Dieu. L’homme, disent-ils, n’a aucun pouvoir propre, il est contraint par le destin et la
volonté de Dieu et cette contrainte lui ôte toute responsabilité. « Si le destin est cause de mes
actes, comment pourrais-je en être tenu pour responsable », prétend le fataliste. Ce n’est pas moi
qui agis, dit-il, c’est Dieu. « Le coupable, ce n’est pas moi, mais Zeus et le destin, qui m’ont
déterminé à agir ainsi »

Le Coran rapporte les propos des polythéistes qui se servent du même prétexte pour justifier leur
idolâtrie et leurs péchés :

« Ceux qui ont associé diront : « Si Allah avait voulu, nous ne lui aurions pas donné des
associés, nos ancêtres non plus et nous n’aurions rien déclaré interdit. » s6 v148

Un autre verset affirme :

« Et ils disent : « Si le Miséricordieux avait voulu, nous ne les aurions pas adorés ». Ils
n’en ont aucune connaissance ; ils ne font que se livrer à des conjectures » s43 v20

D’autres encore tentent d’attribuer à Dieu la responsabilité de leurs turpitudes :

« Et Quand ceux-ci commettent une turpitude, ils disent : « C’est une coutume léguée
par nos ancêtres et Dieu nous l’a ordonné. » Dis : « Allah ne commande point la
turpitude. Dites-vous contre Allah ce que vous ne savez pas ? » s7 v 28

L’Islam est pourtant à l’opposé du fatalisme. A propos des soins, par exemple, le Prophète (PSL) a
toujours recommandé aux musulmans de se soigner avec des médicaments.

Un homme dit à ce dernier : « J’ai vu les gens de Perse épouser leurs filles et leurs sœurs, quand
on leur dit pourquoi faites-vous cela ? Ils disent : C’est le Décret et le Destin de Dieu, le prophète
(PSL) lui répondit : « Il y aura dans ma communauté ceux qui diront la même parole, et ce sont les
mages (majous) de cette communauté »

On a présenté un ivrogne au Calife Omar ibn al-Khattab qui ordonna de lui appliquer la peine :
l’ivrogne dit : Par Allah, O Emir des croyants, c’est Dieu qui m’a prescrit cela ; le Calife dit :
« appliquez-lui deux fois la peine, une fois pour avoir bu du vin, et une fois pour avoir forgé un
mensonge contre Dieu »

Un homme demanda l’avis du Prophète s’il devait attacher sa chamelle ou s’en remettre à
Dieu, le Prophète lui dit : « Attache-la et confie-toi à Dieu » Hadith rapporté par Tirmidhi

3- L’homme est-il contraint ou libre d’agir ?


Il ne peut y avoir de responsabilité sans liberté ; C’est absurde ; A partir du moment où l’homme
doit rendre compte de ses actes, il doit jouir d’une totale liberté d’action. Le châtiment et la
récompense n’auraient pas de sens si l’homme était contraint d’agir. Il ne sied pas à la justice
divine de punir des hommes pour des actes qu’ils auraient accomplis malgré eux.

Le professeur Abû Al-Hassan An-Nadwï écrit in Rijâl al-Fikr wa ad-Da’wah (les hommes de pensée
et de prédication) :

« La prédestination et le libre arbitre figurent parmi les questions les plus importantes et les plus
difficiles qui ont occupé une grande part des livres de théologie. Les uns ont catégoriquement nié le
libre arbitre et ont soutenu l’idée d’une prédestination pure. Ceux-ci ont été appelés, dans l’histoire
des sectes et des doctrines, les fatalistes. A cette secte, Jalâl Ad-Dîn Ar-Rûmî répond de manière
claire et raisonnée : « Si la prédestination était vraie, alors l’être humain n’aurait point reçu
d’ordres et d’interdictions de la part de Dieu ; il n’aurait pas été tenu d’établir les lois et les
jugements divins. A-t-on jamais entendu parler d’un homme qui commande à une pierre de faire
ceci ou qui lui interdit de faire cela ? » » Puis il dit : « Tout le Coran n’est que commandements et
prohibitions, promesses et menaces. Or nous n’avons jamais entendu un homme raisonnable
commander au marbre de faire ceci ou interdire au fer de faire cela ».

En effet, le Coran regorge de versets relatifs à la réalité de la volonté humaine :

« Croira qui voudra et niera qui voudra » 18.29

« Pour celui d’entre vous qui veut suivre le chemin droit » 81.28

« Certains d’entre vous désirent le monde présent, certains d’entre vous désirent la vie future »
3.152

« Ceci est un Rappel ! Que celui qui le veut, prenne donc un chemin vers son Seigneur ! » s73 v19

« Si vous faites le bien, vous le faites à vous-mêmes ; et si vous faites le mal, vous le faites contre
vous-mêmes » s17 v7

D’après ces versets, l’homme est libre de choisir la foi ou l’incroyance, la vie présente ou la vie
future, la droiture ou l’égarement, la sincérité ou le mensonge, le bien ou le mal, Allah ne fait
qu’entériner son choix et l’aider à le réaliser.

Dieu aide l’homme à concrétiser sa volonté et ses intentions qu’elles soient bonnes ou mauvaises.
S’il veut faire le bien, Dieu lui facilite la tâche d’accomplir le bien et s’il veut faire le mal, Dieu ne
l’empêche pas de le commettre. Car la vie est un champ d’épreuves où les actions humaines sont
comptabilisées et récompensées.

Si les messages et les prophètes, les signes de l’existence de Dieu dans l’Univers et les créatures,
ne suffisent pas à en convaincre l’homme, que reste-t-il encore à faire pour le convaincre ? Ceux
qui persistent dans l’incroyance du fait de leur stupidité, de leur orgueil ou d’un mauvais usage de
la raison, Dieu scelle leurs cœurs et leurs oreilles et met un voile sur leurs yeux de manière à les
empêcher de voir, d’entendre et de saisir la vérité.

Puis, ces gens-là trouvent le moyen d’imputer à Dieu et au destin la responsabilité de leur
incrédulité et de leur égarement. Comme si Dieu ne les avait créés que pour les contraindre à
l’incroyance et les jeter en Enfer ! Alors qu’en réalité Dieu n’agrée nullement l’incroyance à Ses
serviteurs, ni la turpitude, ni l’acte répréhensible ni la rébellion. Il est inconcevable que Dieu
impose aux humains une pratique ou une attitude que lui-même déteste et interdit telles que
l’incroyance, la perversité, la désobéissance, etc. Bien au contraire, Dieu exhorte les hommes à la
foi, à la droiture, à la justice, à l’obéissance, à la bienfaisance. Le Coran dit :

« Si vous ne croyez pas, sachez qu’en vérité, Allah se suffit à lui-même et qu’Il n’a pas
besoin de vous. Cependant, Il n’agrée pas l’incroyance de Ses serviteurs, mais votre
reconnaissance Lui est agréable. Nul pécheur ne portera les péchés d’autrui. Votre retour
se fera ensuite vers votre Seigneur. Il vous fera alors connaître ce que vous faisiez. Il
connaît parfaitement le contenu des cœurs » s39 v7

« Oui, Dieu ordonne l’équité, la bienfaisance et l’assistance aux proches. Il interdit la


turpitude, l’acte répréhensible et la rébellion. Il vous exhorte. Peut-être réfléchirez-
vous » s16 v90

« Mais Allah vous a fait aimer la foi et l’a embellie dans vos cœurs et vous a fait détester
l’incrédulité, la perversité et la désobéissance » s49 v7

Bien que ce dernier verset concerne les croyants, force est d’admettre que la porte de la foi est
ouverte à tout le monde et que tout homme en quête de vérité, Dieu le met sur la voie de la vérité
et lui fait aimer la foi à l’instar des croyants visés par ledit verset. C’est dire que la portée de celui-
ci n’est pas limitée aux croyants. Elle s’étend à tous les humains, il suffit simplement de vouloir.

4- Comment concilier destin et libre arbitre


L’homme doit œuvrer pour sa réussite ici-bas et dans l’au-delà sans se préoccuper du destin. Celui-
ci étant un phénomène très complexe que seul Dieu connaît.

Le prophète (psl) a déconseillé les musulmans de polémiquer sur ce sujet qui a causé, leur dit-il, la
perte de ceux avant vous. Hadith rapporté par Tirmidhi et Ibn Mâja

Les pieux prédécesseurs nous ont légué cette maxime :

« Oeuvre pour ta vie présente comme si tu vivais éternellement et oeuvre pour ta vie future
comme si tu allais mourir demain »

Le destin est un ensemble de phénomènes dont la nature, le mécanisme, les conditions


d’apparition ou de survenance ne sont connus que de Dieu seul. Le destin, c’est l’existence même,
c’est le futur par rapport à l’homme et c’est l’actualité par rapport à Dieu !

La Science et la Volonté de Dieu précédant toute chose. La question de conciliation du destin avec
la liberté humaine trouve sa réponse dans le fait que Dieu a une parfaite connaissance des
événements qui affectent les individus et les sociétés de toute espèce dans leurs moindres détails.
Cette connaissance antérieure des événements ou si l’on veut cette prescience ne constitue point
un obstacle à l’exercice du libre arbitre ; elle n’empêche nullement les hommes d’agir selon leur
volonté. Car toutes les activités humaines, les événements et les conséquences qui en résultent
qu’on appelle destin ne sont que la manifestation d’une partie de ce système de causalité
fonctionnant dans la sphère de la Volonté et de la Prescience divine.

C’est bien là le sens des versets ci-après :

« Nul malheur n’atteint la terre ni vos personnes qui ne soit enregistré dans un Livre avant que
Nous ne l’ayons créé ; et cela est certes facile à Allah » s57 v22

« Vous ne saurez vouloir que si Allah veut, Lui, le Seigneur des mondes » s81 v29 ; s76 v30

Par ailleurs, les déterministes s’appuient sur ces versets et les versets suivants pour dire que
l’homme n’est pas libre dans ses actes :

« Allah vous a créés vous et vos actions » s37 v6

« Celui que Dieu veut guider, Il lui ouvre la poitrine à l’islam. Et quiconque Il veut égarer, Il rend
sa poitrine étroite et gênée, comme s’il s’efforçait de monter au ciel. Ainsi Allah inflige Sa punition
à ceux qui ne croient pas » s6 v125

« Mais Allah égare qui Il veut et guide qui Il veut » s35 v8 ; s14 v4 ; s16 v93
Il est bien connu que l’école ash’arite, réputée pour ses thèses déterministes, a exagéré l’emprise
du destin sur l’homme ôtant à celui-ci tout pouvoir et toute liberté d’action, affirmant que l’homme
n’a ni capacité ni choix, il est dirigé comme un robot, n’ayant nullement le choix de ses actes. Elle
s’appuie sur le sens littéral de certains versets du Coran, considérant toute action comme l’effet
direct et immédiat de la volonté divine.

A cette école, s’oppose l’école mou’tazilite qui semble avoir exagéré, quant à elle, le pouvoir et le
choix de l’homme à telle enseigne qu’elle a dénié à Dieu toute intervention ou choix dans les
actions humaines, prétendant que l’homme est totalement libre et qu’il est le créateur de ses actes
lesquels ne sont connus de Dieu qu’après leur réalisation.

Les mou’tazilites invoquent à l’appui de leurs thèses la justice divine. Ils soutiennent que la
responsabilité des hommes implique qu’ils soient les créateurs de leurs actes sinon Dieu serait
injuste car il a créé en eux la désobéissance, le péché et Il les a châtiés pour cela. Ils tirent
argument des versets coraniques suivants :

« Malheur à ceux qui écrivent le livre de leurs mains, et qui disent ensuite, pour en
retirer un vil profit : « Ceci vient de Dieu ! » Malheur à eux ! à cause de ce que leurs
mains ont écrit. Malheur à eux ! à cause de ce qu’ils ont fait » s2 v79

« Il en est ainsi, parce que Dieu ne change pas un bienfait dont Il a gratifié un peuple
avant que ce peuple change ce qui est en lui » s8 v53

« Son âme l’incita à tuer son frère ; il le tua donc et se trouva alors au nombre des perdants » s5
v30

« Tout homme est tenu pour responsable de ce qu’il a accompli » s52 v21

« Tout homme, ce jour-là, sera rétribué pour ce qu’il aura accompli » s40 v17 ; s45 v22

« Allah ne change point la situation d’un peuple tant que celui-ci ne change pas ce qui est en lui »
s13 v11

« Celui qui se présentera avec une bonne action recevra en récompense dix fois autant ; et celui
qui se présentera avec une mauvaise action ne sera rétribué que par son équivalent. Personne ne
sera lésé » s6 v160

« Qu’est-ce qui vous a précipités dans Saqar ? » Ils diront « Nous n’étions pas au nombre de ceux
qui prient ; nous ne nourrissions pas le pauvre ; nous discutions vainement avec les amateurs des
disputes ; Nous traitions de mensonge le Jour du Jugement jusqu’au moment où la certitude s’est
imposée à nous » s74 v42-47

Les mou’tazilites disent que Dieu guide celui qui veut être guidé et abandonne à l’égarement celui
qui s’égare. Le verbe vouloir figurant dans les versets concernant la guidance et l’égarement (al-
hidaya wa addalal), pour les mou’tazilites ce verbe se rapporte à l’homme et non pas à Dieu.

Comme c’est le cas du verset suivant, selon lequel Dieu guide celui qui se repent :

« Dis : « En vérité, Allah égare qui Il veut ; et Il guide vers Lui celui qui se repent » s13 v27

Ils citent l’exemple des enfants d’Israël qui furent la cause de leur propre déviation et malédiction :

« Puis quand ils dévièrent, Allah fit dévier leurs cœurs » 61.5

« Et puis, à cause de leur violation de l’engagement, Nous les avons maudits et endurci leurs
cœurs : ils détournent les paroles de leur sens et oublient une partie de ce qui leur a été rappelé »
s5 v13

Tout cela prouve, affirment les mou’tazilites, que l’homme seul forge et crée ses actions.
L’école de Ahl Assunna wal Jamaa a emprunté une voie médiane basée à la fois sur la révélation et
sur la raison. Elle suggère que tout ce que les hommes font se situe dans le cadre de la Volonté et
de la Prescience divine. Notre libre arbitre, disent-ils, s’exerce dans les limites de l’Ordre établi par
Dieu et en parfaite harmonie avec la Volonté de Dieu qui prime celle de l’homme.

Cheikh al-Islam Ibn Taimiyya définit ainsi qu’il suit la doctrine de Ahl Assunna Wal Jamaa sur le
destin, à savoir que « Dieu est le Créateur, le Seigneur et le Souverain de toute chose et cela
englobe toutes les espèces existant par elles-mêmes ou par leurs attributs y compris les actions
humaines et autres. Ce qu’Il veut, Gloire à Lui, est, et ce qu’Il ne veut pas n’est pas. Rien ne se
trouve dans l’existence sans Sa volonté et Son pouvoir, rien ne Lui est impossible, Il est
Omnipotent et Il est Capable de faire tout ce qu’Il veut. Il connaît, Gloire à Lui, ce qui était, ce qui
sera, ce qui ne sera pas et comment ce serait si c’était et cela englobe toutes les actions humaines
et autres. Allah a prédéterminé le destin de Ses créatures avant qu’Il les crée : Il a déterminé leurs
termes, leurs richesses et leurs actions et a écrit tout cela et a écrit leur devenir heureux et
malheureux, ils ( Ahl Assunna wal Jamaa) croient qu’Il a créé toute chose et qu’Il est Capable de
tout faire et que tout existe selon Sa volonté, que Sa science précède toute chose, qu’Il a
prédéterminé et écrit toute chose avant sa création... » [1]

D’après ladite école, les actions créées par Dieu dans l’univers se divisent en deux parties :

La première partie concerne les faits relevant des lois de la nature où l’homme n’a pas le choix
comme la pluie, le vent, la germination, ces choses relèvent de la seule volonté et des seuls
attributs de Dieu.

La deuxième partie est composée des actions dépendant de la seule volonté humaine car Dieu a
laissé aux hommes le choix en cela.

L’homme a la capacité de repousser des destins liés à son libre choix et qui entraînent châtiment et
récompense : ainsi la prière, le jeune, on peut les accomplir comme on peut ne pas les accomplir,
l’obéissance aux parents ; l’homme peut s’abstenir de forniquer et de voler, il peut faire le bien.
Ainsi, il peut repousser un destin avec un autre, exemple la faim, il mange pour l’assouvir, la
maladie il se soigne, l’incroyance, il peut la repousser par la foi ; l’ignorance par l’instruction et la
recherche du savoir, sur ce point l’homme a le pouvoir d’agir ou de s’abstenir.

Dieu a montré que l’homme est la cause de son propre égarement. L’homme ne connaît pas son
destin, il ne sait pas ce que Dieu avait écrit à son sujet en bien ou en mal jusqu’à ce que son destin
se concrétise. Comment se fait-il qu’il emprunte le chemin de l’égarement puis il proteste que Dieu
lui ait voulu cela ?

Dieu a déterminé à l’avance la richesse de chacun, mas il n’empêche que l’homme doit faire des
efforts pour acquérir cette richesse, ce n’est pas en croisant les bras qu’il obtienne cette richesse.
Pas plus qu’il ne l’obtienne en perpétrant des forfaits.

On ne peut se prévaloir du destin pour commettre des péchés, comme les associateurs qui disent :
‘‘Si Dieu avait voulu nous ne Lui aurions pas donné des associés’’.

Il en est ainsi parce que l’homme n’a pas connaissance de la Science de Dieu et il n’a jamais appris
que tel ou tel acte lui a été destiné ? Le Destin relève du mystère que seul Dieu connaît. On ne
peut dire que Dieu a écrit que je vole, alors je vais exécuter son destin. La personne qui parle ainsi,
a-t-elle pris connaissance des Tables gardées et lu ce qu’elles contiennent ? La réponse est
naturellement NON.

D’aucuns estiment que les versets du Coran relatifs au destin et au libre arbitre se contredisent. Ils
citent comme exemple les versets suivants :

« Tout malheur qui vous atteint est dû à ce que vos mains ont acquis » s42 v30 et « rien
ne nous atteindra en dehors de ce qu’Allah a prescrit pour nous » s9 v51

En effet, il n’y a pas de contradictions entre ces versets : Allah nous a montré que ce qui nous a
atteints est de notre faute, à cause de nos actes et Il nous a montré que ce qui arrive est conforme
à Son Décret et à Sa Prédestination. Sa prescience et sa prédétermination des faits a précédé toute
chose, mais Allah Gloire à Lui, a lié et conditionné tout ce qui nous arrive comme malheur à des
causes propres à nous, même si ces événements sont déjà écrits et prédéterminés. A partir du
moment où nous avons la volonté, le choix de nos actes, la liberté d’agir, tout ce qui nous arrive
c’est la conséquence de nos actions, bonnes ou mauvaises. Dieu a dit : « Quel que soit le
malheur qui vous atteint, il est la conséquence de ce que vous avez fait. Mais Dieu efface
un grand nombre de vos péchés » s42 v30

Il n’y a pas de contradiction entre le destin et l’action, le destin est une question de prescience, de
connaissance préexistante, et les actions comme la fornication, le vol, le meurtre, les injustices à
l’égard de la création et des créatures, sont les nôtres et nous en sommes comptables car nous en
avons le libre choix et le plein pouvoir. Dieu en a la preuve décisive. Le fait que nos actions et les
conséquences qui en découlent soient connues d’avance par Dieu ne saurait justifier nos fautes ni
nous servir d’excuses ou de prétexte à notre désobéissance.

Nous sommes responsables de nos actions, de nos fautes et de nos défaillances, à moins que Dieu
veuille nous les pardonner.

Nous devons certes croire à la prédestination, mais cette croyance ne doit pas nous conduire à la
paresse, à la résignation et à l’incurie. Il nous appartient d’agir en conformité avec les prescriptions
d’Allah et de Son messager et donc ignorer ce qui nous a été prédestiné. N’ayant aucune
connaissance du futur, nous devons agir selon nos possibilités et nos moyens et oublier la notion
de destin qui devient de plus en plus nuisible et qui a acquis une connotation totalement opposée à
l’Islam.

5- Rapport entre la volonté humaine et la Volonté divine

La volonté de l’homme se situe dans la sphère de la volonté de Dieu. Allah a doté l’homme d’une
volonté qui s’exerce dans les limites de ses capacités intellectuelles. Elle est incapable d’aller au-
delà de ces limites. Et à l’intérieur de ces limites, la volonté de Dieu existe avant que naisse la
volonté de l’homme. D’où l’expression ‘‘ vous ne voulez que si Dieu veut’’ qui semble moins
exprimer une décision arbitraire de la part de Dieu que le caractère essentiellement primordial de
Sa volonté. Elle signifie seulement que la volonté de Dieu préexiste à la volonté de l’homme
physiquement et intellectuellement limitée.

A la question de savoir comment fonctionnent cette volonté et ce choix par rapport à la volonté de
Dieu qui les précèdent ? La réponse est dans les versets coraniques ci-après :

« Pour celui d’entre vous qui veut suivre le chemin droit. Mais vous ne pouvez vouloir
que si Allah veut, Lui, le Seigneur de l’Univers » s81 v28, 29

« Quiconque veut, qu’il se le rappelle. Mais ils ne se rappelleront que si Allah veut » s74 v
55, 56

« Quiconque désire la vie immédiate, Nous nous hâtons de donner ce que Nous voulons à
qui Nous voulons » s17 v18

« Quiconque désire le labour de la vie future, Nous augmenterons son labour. Et


quiconque désire le labour de la vie présente, Nous lui en accorderons quelques
jouissances mais il n’aura aucune part dans la vie future » s42 v20

Il ressort de ces versets que tout dépend au final de la volonté de Dieu. L’homme est libre de
choisir et de vouloir mais ce choix et cette volonté ne se réalisent que selon la Volonté de Dieu.
C’est Lui qui gère l’Univers, la Vie et les affaires de Ses créatures. Tout ce qui émane de Ses
créatures et tout ce qui leur arrive participe d’un destin et d’une Volonté prédéterminés par Dieu.
Les actions, les âges, la vie et la mort, la nourriture, les guerres, les changements et les chutes de
régimes et de gouvernants, ne sont que l’accomplissement de la Volonté de Dieu
« Dis : O Dieu ! Maître de l’Autorité absolue : Tu donnes l’autorité à qui tu veux et tu
enlèves l’autorité à qui tu veux. Tu donnes la puissance à qui Tu veux et Tu humilies qui
tu veux. Le bonheur est dans Ta main et Tu es Omnipotent » s3 v26

Ainsi, il apparaît clairement que la Volonté de Dieu, Gloire à Lui, ne peut être outrepassée par les
créatures. « Quand Il veut une chose, Son commandement consiste à dire : « Sois », et
c’est » s36 v82

Nul doute que l’homme est doté d’une volonté propre, mais une volonté subordonnée et
consécutive à la Volonté divine.

A l’instar de toutes les autres facultés humaines, la volonté de l’homme se caractérise par sa
relativité. Elle a été créée par Allah, elle reste ainsi dépendante, dans l’absolu, de la volonté divine.
C’est exactement ce qu’Allah affirme dans le Coran « Vous ne saurez vouloir que si Allah veut ». Il
en résulte que les actions humaines, quelle que soit leur nature, ne peuvent en aucun cas
s’accomplir en dehors de la volonté divine et donc de la prédestination.

Par conséquent, on peut en conclure que l’Univers et tout ce qu’il contient n’existe que par la
Volonté, l’Omniscience et la Puissance divines.

Ahmed Simozrag

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