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LE COUREUR

Lougre de 8 canons
(1776-1778)

Le lougre est un type de bâtiment qui fut largement utilisé par les corsaires français de la Révolution
et de l’Empire. Son apparition était encore toute récente. Son origine britannique parait incontestée;
or le lugger " imaginé pour favoriser, par sa marche et par les variations que sa voilure peut
recevoir, les entreprises des contrebandiers anglais est encore inconnu du dictionnaire de
FALCONER DE 1771, fait remarquer JAL, et n'entre dans la Royal Navy qu’en 1783 ". Il ne
prendra rang dans les dictionnaires de Marine français que plus tardivement encore mais est
représenté dans notre Marine de guerre dès 1773; LECONTE mentionne bien dans son « Répertoire
des navires de guerre français » un lougre L'Espiègle dont la carrière aurait duré de 1744 à 1749;
nous n’en avons pas trouvé mention dans les Abrégés de la Marine royale.

Le lougre est un petit bâtiment, gréé en chasse-marée « sur une plus grande échelle », portant trois
mats dont un tapecul, un beaupré fort allongé, plusieurs focs, huniers et quelquefois perroquets.
Désirant éditer un plan de bâtiment utilisé pour la course, l'association des Amis des Musées de la
Marine a choisi le lougre et, pour la réalisation de ce projet, a adopté Le Coureur dont le Musée de
la Marine possède le plan original et une maquette construite du temps de l’Amiral PARIS. Bien
qu’il fût un lougre de la Marine royale, Le Coureur donne bien l’image des lougres corsaires de
l’époque révolutionnaire et impériale.

Il fut construit par les DENYS de Dunkerque et lancé. en 1776, sur un plan, approuvé à la fin de
1775. Ce plan, comme tous ceux des navires de guerre du XVIII’ siècle qui nous sont parvenus, se
limite au tracé des formes de la coque, le tracé de la mâture, de la voilure et du gréement doit être
reconstitué en utilisant les données des traités et dictionnaires de Marine de l’époque du bâtiment.
C’est ce qu’avait fait l’Amiral PARIS qui publia dans ses «Souvenirs de Marine conservés » un plan
complet du Coureur. Le gréement du modèle du Musée réalisé d’après ce plan a provoqué quelques
critiques. qui nous ont paru en partie justifiées; c’est pourquoi des corrections basées sur les traités
et sur l’iconographie de la fin du XVIIIe siècle - les dessins des OZANNE en particulier - y ont été
apportées.

La carrière du Coureur fut brève puisqu’il fut capturé par les Anglais le 17 juin 1778 au cours du
combat resté fameux livré par la frégate la Belle Poule contre la frégate Arethusa. A cette date, la
France et l’Angleterre ne sont pas encore officiellement en guerre, mais la signature avec les
Insurgent; le 6 février 1778, d’un traité d’amitié et de commerce et d’un traité d’alliance. le rappel
les 16 et 17 mars de l’Ambassadeur de GEORGES III en France et de notre Ambassadeur en
Angleterre, l’expulsion le 19 mars du Commissaire anglais de Dunkerque, marquent un degré de
tension qui doit aboutir rapidement à la rupture. Sous prétexte de surveiller les corsaires américains
et les convois que nos armateurs dirigent sur Boston, les croisières anglaises patrouillent près de nos
côtes et leur insolence a déjà provoqué des incidents.

Le 17 juin, la Belle Poule) frégate de 26 canons de 12 et de 4 de 6, commandant CHADEAU DE


LA CLOCHETERIE, croise en Manche à la tête d’une division qui comprend la frégate la Licorne,
la corvette l’Hirondelle et le Coureur. LA CLOCHETERIE aperçoit au Nord une escadre anglaise,

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celle de l’Amiral KEPPEL, une vingtaine de voiles dont au moins quatorze vaisseaux; il songe à se
replier sur Ouessant puis constatant que les Anglais gagnent sur lui, donne liberté de manœuvre à la
Licorne, ordonne à l’Hirondelle de relâcher où elle pourrait et ne conserve avec lui que le Coureur,
meilleur marcheur que ces deux bâtiments. Deux bâtiments détachés par KEPPEL, l’Arethusa,
frégate de 28 canons et le cotre, l’Alerte se rapprochent, hèlent la Belle Poule et veulent contraindre
son commandant à aller trouver leur amiral. Sur le refus de LA CLOCHETERIE, L'Arethusa ouvre
le feu, la Belle Poule réplique; il était environ six heures et demie du soir et la canonnade se
poursuivit farouchement jusque vers minuit. L'Arethusa fort mal en point, la Belle Poule était aussi
durement touchée : une quarantaine de morts. soixante blessés, mâture ébranlée, voilure déchirée,
coque faisant eau, se replia sur son escadre reconnaissant aussi sa défaite. Louis XVI devait écrire
quelques mois plus tard « C’est de ce jour, 17 juin 1778. que l’un doit fixer le commencement des
hostilités commises contre mes sujets par ceux du roi d’Angleterre ». Fait d’armes brillant, le
combat de la Belle Poule provoqua en France l’enthousiasme d'une grande victoire.

Le Chevalier de ROSILY, commandant le Coureur, avait aidé au succès de son chef de division en
fixant l’Alert évitant ainsi à la Belle Poule d’avoir à faire face à deux adversaires. Le Coureur
portait 8 canons de 6, 2 de 3, 6 pierriers, 50 hommes, l’Alert, de 72 pieds de long. 12 canons de 6,
12 pierriers, 8o hommes. La supériorité du cotre anglais était accentuée par ses qualités défensives.
« Il n’y a pas de vaisseau de 74 canons aussi fortement bastingué. Au moment du combat, on ne
pouvait voir un seul homme. Dans mon lougre, l’épaisseur du bâtiment n’est pas d’un pouce et
demi; je n’avais point de bastingage, nous étions découverts jusqu’à la boucle du soulier » devait
écrire ROSILY au ministre soulignant également la qualité de l’artillerie de son adversaire « des
canons courts, renforcés, qu’ils appellent double fortified, excellents dans ces petits bâtiments et qui
peuvent se charger jusqu’à la gueule sans risquer de les faire crever ». Ce chargement comprenait.
un boulet, un paquet de mitraille et une boîte de fer blanc remplie de balles.

Le Coureur, après deux heures de combat bord à bord et une vaine tentative d’abordage qui échoue
parce que, très endommagé. le navire n’obéit plus, percé d’une dizaine de coups à la flottaison alors
que ses boulets n’ont pas pu entamer la coque de l’Anglais, ayant 3 hommes tués, 7 mortellement
blessés, se rend. Prisonnier en Angleterre, le Chevalier de ROSILY auquel la vaillante défense du
Coureur valut la croix de Saint-Louis rentra en France en février 1780 et rallia, commandant la
Cléopâtre, l’escadre de SUFFREN, aux Indes, à la fin de 1782 . On trouve dans ses notes
cette appréciation
« Commandant la Cléopâtre sur laquelle le général était au combat du 20 juin. A été chargé avec
cette frégate des missions les plus dangereuses et s’en est bien acquitté. Est plein de zèle et de
talents ». Il mourut en novembre 1832 à l’âge de 84 ans, Vice-Amiral, Directeur honoraire du Dépôt
général de la Marine, membre de l’Académie des Sciences et du Bureau des Longitudes, Grand-
Croix de Saint-Louis et de la Légion d’honneur. Quant au Coureur, son destin, postérieurement à sa
capture par les Anglais, est mal connu. A-t-il été repris par les Français en 1782 comme l’affirment
certains auteurs?. Les précisions parfois données sur cette récupération suggèrent une erreur
d’identité. A-t-il été capturé par les Américains, au large de Terre-Neuve en 178o ? C’est ce
qu’affirme LAIRD CLOWES dans son ouvrage « The Royal Navy » et ce que paraissent confirmer
certaines études américaines. Un lougre français de 31 hommes d'équipage se trouvait à Saint-
Domingue en
1782. Les Américains nous auraient-ils cédé ou vendu leur capture ?
Capitaine de Frégate R. JAVAULT

Dessins de P. JOUBERT

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CONSEILS POUR LA CONSTRUCTION

Le modèle proposé peut être construit pour faire une maquette navigante ou une maquette de vitrine.

Modèle navigant.

Dans Le premier cas, il peut être réalisé, soit à l’échelle du plan, soit plus grand, ce qui facilitera les
évolutions au bassin en permettant la surcharge d’une quille complémentaire. Dans ce cas, il
conviendra d’alléger le modèle à l’extrême, afin qu’il demeure bien dans ses lignes.

La fausse quille, destinée à lui conserver l’équilibre. sera constituée par un lest en plomb pesant le
1/4 environ du bâtiment et fixé à un bâti mobile en bois ou en métal, Les formes larges de la carène
en font un bateau très stable. Toutefois, deux remarques sont à mentionner
1° Il vaut mieux ne pas établir les huniers pour la navigation afin de ne pas compliquer
l’établissement correct de la voilure et son orientation et rendre ainsi le bateau plus rapidement
maniable.
2° Sur un modèle navigant, il y a intérêt à ne pas charger le pont d’accessoires fragiles et
saillants : pompe de cale, cabestan. capots, etc., ces organes ayant des chances d'accrocher au
passage une écoute qui entraverait la bonne orientation des voiles.

La construction de la coque pourra être exécutée suivant l’échelle adoptée, soit par tranches, soit par
bordés sur membrures (voir plus loin quelques principes au sujet de ces deux méthodes de
construction.

Modèle de vitrine.

Dans le cas du modèle de vitrine, il en sera de même suivant la présentation adoptée et le mode de
Construction sera différent. Pour les petits modèles et notamment, s’ils sont présentés à flot, la
construction à partir d’un bloc ou par tranches superposées est préférable.
Pour les grands modèles, il devient nécessaire de serrer la réalité de plus près et d’en venir à la
coque bordés sur membrures.

Construction par tranches

Des fuseaux de bois sont découpés, dont l’épaisseur correspond â l’espacement des différentes
coupes du plan ,puis, après repérage, ces planchettes sont empilées et collées sous presse : on
obtient ainsi un « volume capable » de la coque prévue.

Remarque importante sur les gabarits des différents couples, il y a lieu de tenir compte soit du haut,
soit du bas de la planchette lors du découpage des fuseaux, suivant que la coque présente un
évasement ou une « rentrée », afin de rester toujours au-delà de la dimension finale du modèle.

Après séchage, il ne reste plus qu’à abattre à la râpe les angles des fuseaux et à affiner la coque.

Pour les sabords, deux méthodes :


1° Percement direct on construit la coque jusqu’aux lisses supérieures et les sabords sont percés à la
mèche et carrés au ciseau.

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2° La coque est montée jusqu’en dessous des sabords, puis on colle et cloue des planchettes ayant la
hauteur et la largeur des murailles entre sabords ensuite, on continue à empiler sous presse des
planchettes minces épousant la courbe de la tonture. La coque étant construite, on y ajoute la quille,
l'étrave et l'étambot construits séparément.

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