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Unité 9. Le Monde depuis 1945.

2e Partie

1. Les États-Unis et le bloc de l’Ouest

À partir de 1947, les États-Unis et les pays occidentaux s’inquiètent de plus


en plus de la progression du communisme : dans plusieurs pays européens, les
communistes participent activement aux gouvernements de coalition ou réussissent
même parfois à écarter les autres partis du pouvoir en Europe de l’Est. La Grèce est
en proie à une guerre civile depuis l’automne 1946 et la Turquie est à son tour
menacée.

Dans cette atmosphère internationale tendue, le président américain Harry


S. Truman rompt avec la politique de son prédécesseur Franklin D. Roosevelt et
redéfinit les grandes lignes de la politique extérieure des États-Unis. En 1947, le
président présente devant le Congrès américain sa doctrine du containment, qui
vise à fournir une aide financière et militaire aux pays menacés par l’expansion
soviétique. Visant explicitement l’endiguement de la progression communiste, la
doctrine Truman pose les États-Unis en défenseurs d’un monde libre face à
l’agression de l’URSS. Des crédits d'environ 400 millions de dollars seront ainsi
accordés à la Grèce et la Turquie. Cette nouvelle doctrine légitimera l’activisme des
États-Unis pendant la guerre froide.

En appliquant la doctrine d’endiguement, les Américains encouragent,


entre autres, la Turquie à rejeter les revendications soviétiques concernant la
cession de bases navales au détroit du Bosphore et ils obtiennent le retrait des
troupes russes d’Iran. Entre-temps, depuis mars 1947, la lutte contre l’espionnage
soviétique s’organise et la Central Intelligence Agency (CIA) devient le service de
renseignements américain. Ces changements de la politique extérieure marquent un
véritable tournant dans l’histoire des États-Unis, qui jusqu’ici voulaient rester à
l’écart des querelles européennes.

En même temps, le secrétaire d’État américain, George C. Marshall,


s’inquiète de la mauvaise situation économique de l’Europe. Au lendemain de la
Seconde guerre mondiale, les échanges commerciaux intereuropéens sont en effet
ralentis par le manque de devises et souffrent de l'absence d'une organisation
économique internationale capable d'organiser efficacement le commerce mondial.
La peur de l'expansion communiste en Europe occidentale est sans doute un facteur
décisif tout aussi important que la conquête de marchés nouveaux. Les Américains
proposent donc de lutter contre la misère et la faim en Europe qui, selon eux,
entretiennent le communisme.

Ainsi, dans un discours qu'il prononce à Harvard, Marshall propose à tous les
pays d'Europe une assistance économique et financière conditionnée par une
coopération européenne plus étroite. C'est le Plan Marshall ou le European
Recovery Program (ERP). En 1948, seize pays européens signent à Paris la
Convention qui y établit l'Organisation européenne de coopération
économique (OECE). Le programme de relèvement européen se répartit à la fois
en subsides et en prêts pour un montant global d'environ 13 milliards de dollars
distribués entre avril 1948 et juin 1951. Au-delà des investissements de
modernisation, l'aide américaine est avant tout utilisée pour acheter les
marchandises indispensables aux économies européennes : produits alimentaires et
agricoles, matières premières, outillages et équipements industriels.

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L'importance politique du plan Marshall ne doit pas être sous-estimée. Par ce
soutien, le président américain Harry Truman veut aider les peuples libres d'Europe
à résoudre leurs problèmes économiques. Mais il s'agit aussi de faire barrage au
communisme qui semble menacer des pays tels que la France et l'Italie. En outre le
plan Marshall s'accompagne d'ailleurs d'une intense propagande en utilisant les
médias. Mais le plan Marshall marque aussi l'entrée de l'Europe occidentale dans la
société de consommation.

2. L’Europe après la Seconde Guerre Mondiale

2.1. La création de la Communauté Économique Européenne


(CEE)

À la fin de la seconde guerre mondiale, il était impératif d’envisager les


solutions possibles pour empêcher de telles atrocités de se reproduire. C’est dans
cette optique que Jean Monnet, un économiste et diplomatique français, propose de
mettre en commun la production d’acier et de charbon des pays européens, que les
industries soient exploitées par l’ensemble des États concernés et que ces derniers
discutent et prennent des décisions ensemble. Monnet a alors fait part de son idée à
Robert Schuman, ministre du gouvernement français, qui a trouvé l’idée brillante.
Finalement, ils réussirent à convaincre les dirigeants français et allemands, mais
également belges, italiens, luxembourgeois et néerlandais. Ainsi, la « Communauté
Européenne du Charbon et de l’Acier » (CECA) a été créée en 1951.

Le travail entre ces 6 pays est réellement remarquable, si bien qu’ils


décidèrent de créer une autre association, la Communauté Économique
Européenne (CEE), en 1957 lors des Traités de Rome. Le principal objectif de la
CEE était d’établir un marché commun pour les pays membres, afin de faciliter leurs
échanges commerciaux en supprimant les contrôles frontaliers, les délais et les droits
de douanes qui entraînaient des retards et augmentaient le prix des marchandises
en provenance de l’étranger.

Ce marché commun a rapidement fait ses preuves et a rendu la vie plus facile
aux personnes vivant au sein de la CEE. Dans les années 60, les pays voisins de la
CEE ont demandé à adhérer à l’association. Après plusieurs années de
délibérations, en 1973, le Danemark, l’Irlande et le Royaume-Uni sont devenus
membres. Cela a été ensuite le tour de la Grèce en 1981, suivie par l’Espagne et le
Portugal en 1986, puis par l’Autriche, la Finlande et la Suède en 1995. Les adhésions
plus récentes sont celles de Pologne, République Tchèque, Slovaquie, Hongrie,
Estonie, Lettonie, Lituanie, Slovénie et Chypre en 2004, puis la Bulgarie et la
Roumanie en 2007 et la Croatie en 2013.

La CEE comptait alors 15 membres. Au fil des années, elle s’est transformée.
En 1992, le marché unique était bâti, et d’autres thématiques étaient en cours de
développement. Par exemple, les pays membres travaillaient ensemble à la
protection de l’environnement, à la construction de meilleures routes et de meilleurs
chemins de fer à travers l’Europe. Les pays riches aidaient les pays les plus pauvres
à réaliser leurs projets.

Pour faciliter la vie des voyageurs, la plupart des pays membres avaient supprimé
les contrôles des passeports aux frontières. Les personnes pouvaient
désormais circuler librement d’un pays à l’autre. Bref, l’association avait

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tellement évolué depuis ses débuts qu’elle décida lors du Traité de Maastricht (ou de
l’Union Européene) en 1992 de changer de nom à nouveau, pour devenir l’Union
Européenne.

2.2. L’État providence en Europe

Après la Seconde Guerre Mondiale, en Europe l’intervention de l’État dans


l’économie et la société prend toute son ampleur, avec la généralisation des systèmes
de sécurité sociale et la mise en place des politiques de redistribution des revenus.
On dénomme ce système État providence ou Welfare State en Anglais. Au contraire
des systèmes d’assurances réservés aux seuls travailleurs, l’État providence
introduit l’idée d’une protection universelle de tous les citoyens, financée par les
impôts. En fait, le système provoque une hausse importante de la part des
prélèvements obligatoires (l’ensemble des impôts et des cotisations sociales perçus
par les administrations publiques) dans la richesse nationale dont le taux suppose
plus de 50% du PIB dans certains pays européens.

On peut distinguer plusieurs caractéristiques de l’État providence:

• Il est généralisé, puisque chaque citoyen doit avoir le droit de voir ses
besoins minimaux garantis par la solidarité nationale
• Il est unifié, car une seule cotisation est nécessaire pour accéder aux
différentes prestations.
• Il est centralisé, parce que le système est géré par un organisme publique
unique.
• Il est uniforme, en raison du fait que le système regroupe l’ensemble des
aides et des assurances.

Cependant, le ralentissement de la croissance au milieu des années 1970, à


cause de la crise de 1973, provoque aussi la crise de l’État providence parce que le
financement de la protection sociale se rende de plus en plus difficile comme
conséquence de l’augmentation du taux de prélèvements obligatoires et, en même
temps, de la montée du chômage. En outre, les inégalités sociales se creusent malgré
l’effet redistributif de la protection sociale. Une situation qui s’aggrave à cause de la
montée des valeurs individualistes au sein des sociétés européennes.

L’État providence doit faire face à certains problèmes à l’avenir : le


vieillissement démographique, la concurrence sociale dans une économie
mondialisée ou l’émergence de nouveaux besoins sociaux (exclusion, dépendance…).
C’est pour cela que l’État providence doit engager des réformes profondes, bien que
l’État et ses systèmes de régulation collective demeurent aujourd’hui les meilleurs
garants de la cohésion sociale, en constituant le socle d’un véritable « modèle social
européen ».

3. Les crises économiques depuis 1945. Du Choc pétrolier de 1973 à la Crise


de 2008

Au début des années 1970, la tendance est à l’inflation et les États-Unis


connaissent leur premier déficit commercial. Cela alimente la spéculation contre le
dollar. En 1971, le stock d’or des États-Unis est tombé à 10 milliards de dollars. Par
conséquent, ceux-ci ne sont plus en mesure d’assurer la convertibilité en or comme
prévue dans le système monétaire international de Bretton Woods (1944), parce que
des quantités considérables de dollars qui se sont répandues de par le monde. Ainsi,

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en 1971, Nixon met fin à la convertibilité du dollar. Par ailleurs, Le dollar est ensuite
dévalué en 1971 et 1973, ce qui entraîne le dérèglement du système monétaire
international.

L’effondrement du système de Bretton Woods, qui se traduit par l’abandon de


l’or au profit du dollar, multiplie alors les possibilités de financement. Les
gouvernements européens vont donc appliquer des politiques de sauvegarde du
plein-emploi en stimulant l’économie par l’inflation, ce qui se traduit par une
augmentation progressive des prix et l’affaiblissement des monnaies.

La crise des années 70 est aussi une crise de l’énergie. Le premier choc
pétrolier a lieu en 1973. Prenant prétexte de la guerre du Kippour, les pays
membres de l’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) décident de
mesures de rétorsion à l’égard des pays qui ont soutenu Israël. Ils multiplient par
quatre le prix du baril de pétrole et cette augmentation est suivie d’une hausse des
cours de toutes les matières premières. Par conséquent, à partir de 1974 commence
une période de récession mettant fin à la prospérité.

Le deuxième choc pétrolier a lieu en 1979. A la faveur de la révolution


islamique en Iran, qui crée une situation de pénurie par l’arrêt des exportations
iraniennes, les pays de l’OPEP décident de doubler le prix du baril. Cette crise
entraîne une nouvelle récession, amplifiée par la hausse du dollar. Ces chocs
pétroliers ont pour conséquence de déséquilibrer les balances commerciales des pays
importateurs qui deviennent déficitaires. Les capitaux ne vont alors plus aux
investissements mais au règlement de la facture pétrolière. De plus, ces
augmentations sont répercutées sur les coûts de production, ce qui alimente les
tendances inflationnistes.

Enfin, la crise des années 1970 n’est pas que conjoncturelle, elle est liée à des
problèmes structurels et l’inadaptation du système productif de l’époque. D’une part,
les ménages des pays occidentaux ralentissent leur consommation parce qu’ils sont
déjà équipés, cette tendance touche l’automobile ou l’électroménager. Les marchés
sont donc saturés, ce qui conduit à une baisse des ventes.
Par ailleurs, l’augmentation des salaires depuis 1945 a entrainé une baisse des
profits et des investissements productifs, ce qui entretient l’inflation car les
entreprises sont tentées de répercuter la hausse des charges sociales sur les prix ou
de s’endetter pour espérer continuer à investir.
Enfin, la crise correspond à l’essoufflement du système technique, la fin d’une
énergie bon marché (un peu comme aujourd’hui avec la contrainte
environnementale).

De son côté, la crise de 2008 est une double crise, partie de l’éclatement de la
bulle immobilière, pour des raisons bancaires et financières, et élargie peu à peu à
tous les acteurs de la finance. Pour éviter toute impossibilité́ de paiement des
particuliers, et ne pas récupérer sa mise, la banque invente un artifice (légal) : elle
crée un véhicule, un organisme financier qui transforme ces crédits en titres sur le
marché́ financier. Il regroupe les divers crédits, réalisant une sorte de « pool », et les
titres sont vendus en bourses à différents investisseurs (assurances, fonds de
pensions, hedge funds, banques...). Ces investisseurs se partagent le risque, une fois
que les agences de notation ont évalué́, « noté » les titres selon le risque auquel ils
correspondent. Ces titres ont un risque et une rémunération très variée. La banque

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se rembourse en prenant une commission sur le « véhicule » de 1à 2%, ce qui pour
elle représente beaucoup plus que les seuls intérêts des crédits initiaux.
Le problème est venu des subprimes : quand les banques n’ont plus eu de
prêts à fournir à des clients solvables, elles ont prêté́ à des individus dont elles
savaient qu’elles ne pourraient rembourser. Elles prévoyaient qu’en devenant
propriétaire, ces créanciers précaires pourraient profiter du boom de l’immobilier,
réaliser une plus-value en revendant leur bien immobilier et rembourser la banque.
De plus, elles pensaient que tous ne pouvaient devenir insolvables en même temps.
Pourtant la crise immobilière a rendu ce schéma possible et provoqué une crise
majeure. Les investisseurs comme les compagnies d’assurance (Fannie Mae et
Freddie Mac), puis les banques qui avaient créé des véhicules (Merrill Lynch,
Lehmann Brothers) ont fait faillite, notamment car elles n’avaient aucune liquidité́
en stock... Les hedge funds (fonds de couverture) s’étaient spécialisés dans ce type de
risque ; ils l’ont tous payé.

4. L’URSS et le bloc de l’Est

En Union soviétique, Staline continue à gouverner seul. Les tendances de


libéralisation du régime parues pendant la guerre disparaissent à nouveau et le culte
de la personnalité de Staline atteint son paroxysme. Une nouvelle vague de
répression est néanmoins interrompue par la mort de Staline en 1953. En 1947, les
délégués des partis communistes de plusieurs pays européens créent le Kominform,
bureau d'information installé à Belgrade et qui devient rapidement l'organe de
coordination idéologique du mouvement communiste. Présenté comme une
reconstitution du Komintern, le Kominform est en réalité pour l’URSS un
instrument pour contrôler étroitement les partis communistes occidentaux.

Le délégué soviétique, idéologue du PCUS et bras droit de Staline,


Andreï Jdanov fait approuver par les participants de la réunion la thèse selon
laquelle le monde est désormais divisé en deux camps irréductibles : un camp «
impérialiste et anti-démocratique » dirigé par les États-Unis et un camp « anti-
impérialiste et démocratique » dirigé par l’URSS. Cette doctrine constitue la réponse
soviétique à la doctrine Truman. Jdanov souligne que le bloc anti-impérialiste
s’appuie partout dans le monde sur le mouvement ouvrier démocratique, sur les
partis communistes ainsi que sur les combattants des mouvements de libération
dans les pays coloniaux. En 1947, le monde est donc devenu bipolaire, divisé en deux
blocs inconciliables. Puis, en réaction au programme Marshall, l'URSS institue, en
janvier 1949, une coopération économique avec les pays du bloc soviétique dans le
cadre du Conseil d'assistance économique mutuelle (CAEM ou Comecon).

Après la Seconde Guerre Mondiale, le monde communiste s'étend


ensuite rapidement à l'Europe centrale et orientale, qui forme un glacis, espace-
tampon protégeant l’URSS. La propagande communiste est grandement facilitée par
la présence de l'armée soviétique dans les pays d'Europe centrale et orientale qu'elle
a libérés. Progressivement, les leaders des partis non-communistes sont écartés, soit
par discréditation ou intimidation, soit par des procès politiques suivis
d'emprisonnement voire d'exécution. Trois ans suffisent à l'URSS pour mettre en
place des démocraties populaires dirigées par les partis communistes en Pologne, en
Hongrie, en Roumanie ou en Tchécoslovaquie, à l’exception de la Yougoslavie, où le
maréchal Tito refuse de s'aligner sur les thèses du Kominform.

En Europe centrale et orientale, avec le décès de Staline et les débuts de la


politique de déstalinisation engagée par le nouveau leader communiste Nikita

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Khrouchtchev, les populations de plusieurs États satellites essaient de se libérer
du joug de Moscou. En Pologne, malgré un certain nombre de heurts violents à
Poznan, Gomulka est réhabilité comme premier secrétaire du POUP lors de la
Révolution polonaise d’octobre 1956, et réussit à éviter une intervention militaire de
l’URSS pour réprimer les émeutes ouvrières. En plus, il propose des réformes pour
assouplir le totalitarisme.

En revanche, la situation est tout autre pour l’Allemagne de l'Est et pour la


Hongrie. Ces deux pays subissent en juin 1953 et novembre 1956 respectivement
l’intervention militaire de l'URSS, bien décidée à mettre fin aux insurrections
populaires et à réaffirmer ainsi sa volonté de tenir dans une main de fer son « glacis
». En Hongrie, les intellectuels et les étudiants, aigris par le régime communiste,
exigent le départ des troupes soviétiques et l'organisation d'élections libres et
pluralistes. Dans les années cinquante, la population proteste de plus en plus
ouvertement contre la baisse du niveau de vie et contre l'aliénation de
l'indépendance nationale. Les opposants politiques hongrois font également
connaître leur mécontentement en défilant pacifiquement dans les rues de Budapest
avant d'organiser la lutte armée. Une partie de l'armée hongroise se range alors du
côté des insurgés. Un nouveau gouvernement magyar, placé sous la direction d'Imre
Nagy, prend fait et cause pour les insurgés. Il demande le retrait des troupes
soviétiques et abolit le système de parti unique avant de proclamer le retrait
unilatéral de la Hongrie du pacte de Varsovie et la neutralité du pays.

Cependant, Nikita S. Khrouchtchev charge l'Armée rouge de liquider


l'insurrection hongroise par la force. Les troupes soviétiques attaquent en masse et
destituent le gouvernement d'indépendance nationale. Une répression impitoyable
s'abat immédiatement sur la Hongrie et des centaines de milliers de Hongrois se
réfugient à l'Ouest. Pour cette raison, le prestige de l'URSS dans les pays d'Europe
occidentale tombe au plus bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

La détente des années 60 engage les relations internationales dans une


période moins troublée, mais des crises demeurent. Ainsi, la rupture entre
Moscou et la Chine est consommée en 1962 et des affrontements militaires
éclatent autour de la frontière sino-soviétique en 1969. À l’Est, la contestation du
bloc soviétique est surtout le fait de la Tchécoslovaquie. Le Parti communiste est
au pouvoir dans le pays depuis le coup de Prague de 1948, mais en 1968 le
gouvernement est aux mains d’Alexander Dubček, qui veut concilier le communisme
et la liberté. Le régime se libéralise au printemps 1968. La censure est abolie et
les Tchèques ont désormais le droit de voyager à l'étranger. Cependant, le premier
secrétaire du Parti communiste d'Union soviétique (PCUS), Léonid Brejnev,
ordonne l’intervention des troupes du Pacte de Varsovie, lesquelles occupent le pays
et arrêtent les dirigeants « déviationnistes ». L'URSS a encore une fois démontré
qu'elle n'est prête à accorder qu'une souveraineté limitée à ses frères du camp
socialiste.

Pendant les années 70, l’URSS cherche à conquérir de nouvelles sphères


d’influence en Afrique et en Amérique. Ainsi, en 1974 prend pied sur le continent
africain, notamment en Guinée, au Mozambique et en Angola, mais surtout lors de
l’installation d’une dictature communiste en Éthiopie. En Amérique latine, l’Union
Soviétique prête soutien au nouveau régime sandiniste sorti de la Révolution au
Nicaragua en 1979. Cependant, l’intervention la plus importante est celle de
l’invasion d’Afghanistan en 1979 par l’Armée soviétique, en cherchant à soutenir

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le pouvoir communiste en place confronté à une guérilla contre-révolutionnaire de
plus en plus menaçante. Durant les dix ans du conflit, les États-Unis vont soutenir
et financer la résistance afghane moudjahidine.

À la fin des années 1980, l’Europe de l’Est traverse des événements politiques
et des transformations économiques qui transforment les institutions et les
structures existantes. Longtemps étouffées par les régimes autoritaires du bloc
soviétique, les aspirations des populations à la liberté, à la démocratie et à la défense
des droits de l’homme se manifestent de plus en plus ouvertement grâce notamment
aux réformes introduites en Union soviétique par Mikhaïl Gorbatchev et par sa
politique d’ouverture progressive vers l’Occident.

En 1985 Mikhaïl Gorbatchev, à 54 ans, est nommé secrétaire général du


PCUS par le Comité central en 1985. Son objectif est de procéder à une profonde
réforme du système soviétique dont la lourdeur bureaucratique était un obstacle à
la reconstruction économique ou Perestroïka et en même temps de libéraliser
le régime en permettant la transparence ou Glasnost, c’est-à-dire, une certaine
liberté d’expression et d’information.

Pour mener à bien cette ambitieuse politique, il lui faut limiter les
engagements internationaux de l’URSS et réduire ses dépenses militaires afin
d'enrayer le déclin moral et économique de son pays. D’où le rétablissement du
dialogue américano-soviétique sur les armes nucléaires et le rapprochement avec la
Communauté européenne. En même temps, Gorbatchev met fin à l’engagement
soviétique dans les différentes parties du monde. Mais c’est en Europe que le
désengagement de Gorbatchev sera le plus marqué à l’égard des pays anciennement
satellites de l’URSS. Ses réformes aboutissent à la désorganisation du système de
planification centralisée sans que puissent être mis en place de véritables
mécanismes de marché. D’où la baisse de la production, la pénurie et un
mécontentement social s’exprimant par des grèves. Ce mécontentement peut
d’autant plus se manifester qu’avec la « transparence », tout ce qui était censuré des
activités de l’État et de ses administrations peut désormais être révélé et débattu
publiquement.

La politique réformiste de Mikhaïl Gorbatchev en Union soviétique ne peut


qu’encourager les mouvements d’opposition aux régimes communistes dans les pays
du bloc soviétique. Les manifestations se multiplient. Les gouvernements doivent
accepter des mesures de libéralisation, d’ailleurs conseillées par Gorbatchev, mais
qui ne seront pas considérées comme suffisantes. Pour cette raison, le maintien de
régimes communistes réformés s’avère impossible. Partout l’emporte la volonté de
démocratie politique et de liberté économique. En trois ans, les régimes communistes
s’effondrent et les nationalités se libèrent, d’abord dans les pays satellites de l’URSS,
puis en Union soviétique même. Les structures du bloc de l’Est se défont avec la
disparition du pacte de Varsovie et du Comecon. L’Union soviétique se disloque en
républiques indépendantes.

En Pologne, des réformes économiques entraînent des grèves au printemps et


à l’été 1988. Le mouvement Solidarité (Solidarność) réclame le pluralisme syndical.
Les dirigeants communistes polonais légalisent le mouvement social en avril 1989.
Ainsi, Solidarność peut participer aux premières élections semi-légales depuis la
Seconde Guerre mondiale. En décembre 1989, Lech Wałęsa, dirigeant
emblématique du syndicat polonais, remplace le général Jaruzelski du Parti ouvrier

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unifié polonais (POUP) à la présidence. Le triomphe des candidats du syndicat à ces
élections a déclenché une avalanche de révolutions pacifiques anti-communistes en
Europe centrale et en Europe de l'Est.

En Hongrie, des manifestations contre le régime se multiplient en 1987 et


1988. L’opposition s’organise et les réformateurs entrent au gouvernement en 1988.
En 1989, la constitution stalinienne est abandonnée et la Hongrie adopte le
pluralisme politique. Dès le mois de mai, elle avait mis fin au « rideau de fer » la
séparant de l’Autriche, permettant ainsi la fuite vers l’Ouest de nombreux
Allemands de l’Est.

Tandis que Mikhaïl Gorbatchev libéralise le régime soviétique et que les


mouvements d’opposition au communisme se développent en Europe centrale et
orientale, la République démocratique allemande (RDA) apparaît comme une
forteresse inébranlable, solidement structurée par le Parti communiste appuyé par
l’armée et la police secrète, dont les dirigeants se refusent à toute évolution et
comptent sur l’appui des troupes soviétiques stationnées en RDA. Toutefois, un
courant de contestation se développe, avec l’appui des églises protestantes. Les
groupes réformateurs préconisent « le socialisme à visage humain », troisième voie
entre le socialisme stalinien de la RDA et le capitalisme libéral de la République
fédérale d'Allemagne (RFA). Mais les réformateurs se trouvent vite dépassés.
D’énormes manifestations se succèdent, réclamant les libertés de pensée, de presse,
de réunion. La population veut aller plus loin qu’une réforme de la RDA et du
socialisme : elle veut participer à la prospérité de l’Allemagne de l’Ouest vers laquelle
les Allemands de l'Est s’enfuient massivement. Elle manifeste en faveur de l’unité
allemande.

Le gouvernement est-allemand d’Erich Honecker compte sur l’appui


soviétique pour sauver le régime. Mais Gorbatchev, soucieux de ne pas compromettre
sa politique de rapprochement avec l’Ouest, refuse toute intervention militaire. Il
essaie de persuader les dirigeants est-allemands de procéder à des réformes, à
l’image de la perestroïka. Comme Honecker s’y refuse, son gouvernement est
remplacé par des politiciens réformateurs. Mais il est trop tard. Le 4 novembre, les
nouveaux dirigeants sont hués par une foule d’un million de personnes rassemblées
sur l’Alexanderplatz de Berlin-Est. Ils décident alors le 9 novembre d’autoriser les
voyages à l’étranger. Aussitôt des milliers de personnes veulent passer par les
postes-frontières de Berlin, qui doivent s’ouvrir à la foule. Les manifestants
commencent à démolir le « mur de la honte ».

La réunification se fait dès lors très rapidement par simple extension de la


RFA au territoire de l’ancienne RDA. En août 1990, le traité d’unification est signé
à Berlin, laquelle sera la capitale de la nouvelle Allemagne réunifiée.

Cette transformation s’opère le plus souvent de façon pacifique. Néanmoins,


en Roumanie la révolution contre le dictateur Ceausescu fait couler le sang et
l’éclatement de la Yougoslavie entraîne une longue et cruelle guerre civile.

L’effondrement du communisme soviétique débouche sur la dislocation de


l’Union soviétique confrontée à une crise idéologique, politique et économique. Cause
et conséquence de la fin du communisme, la dislocation de l’empire se précipite. Les
structures spécifiques du « fédéralisme soviétique » accélèrent davantage l’implosion
de l’Union soviétique alors qu’elles étaient destinées, avant tout, à la consolider.

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Mais, en août 1991, une partie de l'entourage politique du président de l'Union
soviétique Mikhaïl Gorbatchev a tenté de le renverser lors d’un coup d’État. Le
comité mis en place pour remplacer Gorbatchev voulait sauver l'URSS de la ruine.
Néanmoins, une foule importante a montré son opposition dans les rues de Moscou.
Les manifestants ont réussi à empêcher l'avance des troupes et des chars d'assaut
déployés par l'armée.

Du haut d'un char d'assaut, le président du soviet suprême, Boris Eltsine, a


lancé un appel à la grève générale et à la résistance contre ceux dont le pouvoir était
illégitime. Les Moscovites ont répondu à son appel. L'armée a également cessé de
répondre aux ordres des putschistes. Comme conséquence de cette situation, les
Républiques socialistes soviétiques (RSS) proclament leur souveraineté en été 1991.
C’est la fin de l’URSS.

En décembre de la même année, Mikhaïl Gorbatchev a annoncé sa démission


et Boris Eltsine a pris la tête de la nouvelle Communauté d'États indépendants
(CEI).
Les conséquences de la disparition de l’URSS sont :

• Un monde plus instable. Avec la fin soudaine de la « logique des


blocs » et de « l’équilibre de la terreur » entre les deux principales
puissances nucléaires (États-Unis et URSS) le monde où un
extraordinaire vent de liberté a soufflé en 1989 paraît
paradoxalement beaucoup plus instable vingt ans après.
De nouveaux dangers sont apparus, comme l’islamisme radical et le
terrorisme d’Al-Qaïda. La multiplication des conflits régionaux
découle de cette nouvelle donne. Devenue la seule « hyperpuissance »,
l’Amérique va croire, un temps, avoir les mains libres pour envahir
l’Irak, faire la guerre en Afghanistan et menacer l’Iran. Elle déchante
aujourd’hui.

• Un capitalisme sans limites. Le régime communiste et l’économie


planifiée ayant échoué en Union soviétique comme en Europe de l’Est,
le capitalisme et l’économie de marché vont s’imposer dans tous ces
anciens pays du bloc de l’Est. Avec parfois des excès qui provoqueront
lors des élections le retour au pouvoir, ici ou là, d’anciens dirigeants
des PC ayant changé d’étiquette ou s’étant reconvertis dans les
affaires. Libéré de son vieil ennemi communiste, un capitalisme aux
tendances ultralibérales s’est répandu dans le monde entier. L’absence
d’une réelle régulation financière a conduit, fin 2008, à la plus grave
crise économique mondiale depuis la Dépression de 1929.

5. Les enjeux du XXIe siècle : les nouvelles technologies, la mondialisation au


changement climatique

5.1. Les nouvelles technologies

L’expression « nouvelles technologies » désigne un vaste ensemble de


techniques de pointes, qui se sont développées au cours des dernières années, et qui
sont souvent assez complexes. Elle englobe des domaines assez variés, tels que les
biotechnologies ou encore les nanotechnologies. C'est-à-dire l’électronique,

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l’informatique et les télécommunications. Il s’agit des nouvelles technologies de
l’information et de la communication.
L’ordinateur résulte de travaux à la fois technologiques et conceptuels. Son
principe de fonctionnement, toujours identique aujourd’hui, a été́ inventé en
appliquant des résultats de mathématiques et de logique. Les pionniers sont Alan
Touring et Von Neumann.

Au XXe siècle, où les grandes avancées en matière de technologie ont souvent
été́ initiées par des projets à fin militaire. C’est le cas des ordinateurs, les satellites
ou Internet. Dans ce dernier cas, en 1962, le Département de la Défense américain
souhaitait disposer d’un réseau de communication capable de résister à une attaque,
ce qui est à l’origine de l’idée d’un réseau en forme de toile. Il fut secondé pour son
élaboration par les grandes universités américaines. En 1969, quatre ordinateurs
d’université́ américaine furent mis en réseau. Mais, si on parle de révolution de ces
nouvelles technologies, c’est qu'elles ont de nombreuses applications pour le grand
public.

En ce qui concerne Internet, Le Web n’a émergé́ qu’au début de la décennie


1990 de la nécessité de simplifier l’accès au réseau. On le doit à Tim Berners-lee, qui
a conçu le système de navigation. Ce système a permis l’accès du réseau au grand
public, qui peut utiliser le Web comme une immense banque de données «
multimédia ». La structure du réseau Internet provoque un phénomène de
mondialisation, puisqu’il n’existe plus de frontière.

Mais les technologies de l’information et de la communication ne se réduisent


pas à Internet, on les trouve partout autour de nous. On peut citer une autre grande
réussite commerciale et populaire, les téléphones portables. Ils sont le résultat des
progrès dans les domaines de l’électromagnétisme et du traitement du signal, qui
ont permis l’arrivée de technologies dédiées à la mobilité́, comme le GSM/GPRS
(technologies de téléphonie sans fil), le Wi-Fi, le Bluetooth...

5.2. La mondialisation de l’économie

Lorsque l’on parle de mondialisation, on fait le plus souvent référence à


la globalisation économique. Celle-ci peut-être définie comme un processus
d’accélération et d’intensification des flux transfrontaliers de toutes
natures, que ce soit de biens, de services, de capitaux, d’investissements,
d’informations, de savoirs et, dans une moindre mesure, de populations.

Cependant, la mondialisation ne se réduit pas à un développement des


échanges. Il s’agit également d’un processus tendant vers la constitution d’un
marché global unique des capitaux, des biens et des services, voire du travail.
Cela se traduit par une réorganisation et une relocalisation de la production à
l’échelle mondiale, menée principalement à l’instigation des firmes
multinationales (FMN) et, par conséquent, par la mise en place d’une
nouvelle division internationale du travail. Les entreprises organisent
désormais leur production dans différents territoires qu’elles vont choisir en fonction
de leurs « avantages comparatifs » : faiblesse des coûts de main-d’œuvre, qualité
des infrastructures, importance et solvabilité du marché, niveau de fiscalité, nature
de la réglementation sociale, dynamisme du marché local, etc.

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5.3. Le dégel de l’Arctique

Dans les dernières décennies, La surface de glace hivernale s'est réduite de


100 000 km², l'équivalent d'un pays comme l'Islande. La banquise de l’océan arctique
n’a jamais été aussi peu étendue. Les glaces sont à leur plus bas niveau depuis
40 ans. En plus d’être réduite en superficie, la glace est aussi moins épaisse,
comme conséquence du réchauffement climatique. En fait, 2016 a été l’année la
plus chaude jamais enregistrée sur la planète, du jamais vu depuis 1880.

La fonte rapide des glaces de l'Arctique est plus qu'une question environnementale,
c'est aussi un enjeu stratégique d'importance pour les puissances de l'hémisphère
nord. De plus, les glaces bloquent la circulation des navires dans l'Arctique, mais la
fonte rapide des glaces ouvrira bientôt un passage navigable qui permettra de
relier l'Atlantique et le Pacifique par le pôle Nord de la Planète. Or, de nombreux
pays, dont les États-Unis, la Russie et le Canada, revendiquent la souveraineté de
cette région. La fonte des glaces va donner accès aux réserves de gaz et de pétrole
enfouies sous la banquise, ce processus va donner accès aux richesses du sous-sol,
estimées à 30% des réserves mondiales de gaz et à 13% de celles de pétrole.

De même, les scientifiques ont récemment constaté une hausse de méthane


mesuré dans l’air, comme conséquence du dégel du pergélisol dans les régions
arctiques. Ce méthane est le résultat de l’action des bactéries sur la matière
organique du sol. C’est pour cela que, comme les sols qui entourent l'Arctique sont
gelés depuis des siècles, voire des millénaires, le gaz emmagasiné dans ces sols
commence à se libérer dans l'atmosphère, lorsque la terre dégèle. Par conséquent, ce
phénomène peut amplifier l'effet de serre qui réchauffe l'atmosphère terrestre.

Activités de l’Unité

1. Expliquez la construction de l’Union Européenne. (p. 2-3)


2. Expliquez les progrès réalisés par l’État providence en Europe et ses
avantages et inconvénients. (p. 3)
3. Comparez le choc pétrolier en 1973 et la crise financière en 2008. (p. 3-4)
4. Quelles sont les causes et les conséquences de l’effondrement de
l’URSS ? (p. 5-9)
5. Expliquez les changements entraînés par les avancées des nouvelles
technologies.(p. 9-10)
6. Qu’est-ce que la mondialisation ? (p. 10)
7. Expliquez les causes du dégel de l’Arctique. Quels sont les intérêts
économiques des pays de la région arctique ? Et les conséquences ? (p. 11)

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