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INFERNAL
APPROBATION.
PIERRE-LOUIS,
- Évoqued'Afras,de Boulogne
et de Saitit-Omer.
— TYPOGRAPHIE
PARIS. DEHENRIPLOX,RUEGARANcriitlE,
8.
DICTIONNAIRE
INFERNAL
RE PERTOIRE UN IVIRSÊL.
DESLIVRES",
DESÊTIIES,DESPERSONNAGES, DÉSFAITSETDESCHOSES QUITIENNENTAUXESPRITS,
AUX DÉMONS,AUX SORCIERS,AU COMMERCE DE L'ENFER, AUX DIVINATIONS,AUX MALÉFICES,
ET AUXAUTRESSCIENCES
A LA CABALE AUXPRODIGES,
OCCULTES, AUXIMPOSTURES,
DIVERSESET AUX PRONOSTICS,
AUX SUPERSTITIONS AUX FAITS ACTUELSDU SPIRITISME:,
ETGÉNÉRALEMENT A TOUTESLES FAUSSESCROYANCES
MERVEILLEUSES,SURPRENANTES,
__^—^_ MYSTKRIEISESET SURNATURELLES;
m m J. COLLÏN DE PLANGY.
PARIS
1863
PRÉ RACE.
L'immense réunion de matières, toutes adhérentes par quelque point, que comprend
le Dictionnaire infernal, forme un tel pahdoemoniani d'aberrations et de germes du de
causes d'erreurs, qui côtoient presque toujours la vérité:, qu'il n'y a que l'Église, dohtie
flambeau ne pâlit jamais, qui puisse être, en ces-excentricités, unguide sûr. Les ouvrages
qui, avant ee livre, ont traité de ces matières si variées, et qui sont dans chaque spécialité
extrêmement nombreux, ne sont généralement, à peu d'exceptions prèsy que d'indigestes
amas d'idées extravagantes, ou d'incomplètes compilations, ou d'interminables- discussions
désordonnées, ou de mauvais livres dans tous?les sens de ce mot. Le lecteur qui veut un
peu connaître ce mystérieux dédale des croyances faussés ou dénaturées, et faire! la
collection des ouvrages rares et recherchés, mais très-peiv lus, dont elles sont le sujet,
doit,^pour cela, dépenser dé grandes sommes, consacrer des années à çes>recherches* et
hasarder sa foi en plusieurs cas. Tous ces frais, toute cette peine et ce péril seront
épargnés par cette nouvelle édition du Dictionnaire infernal,
Nous disons « cette nouvelle édition, » parce que, dans les deux premières, publiées
en 1818 et en 1825, l'auteur, en combattant l'énorme phalange des erreurs populaires et
des impostures mystérieuses, est "tombé lui-même dans des égarements non moins
funestes. Il cherchait alors la vérité hors de son centre ; au lieu de s'appuyer sûr l'Église,
ou elle siège toujours inaltérable 1, il s'était ébloui aux lueurs d'une philosophie ot-gueil-
leuse et sans autorité, dont les enseignements; pris d'en bas égareront longtemps encore les
esprits frivoles. Entraîné là trop longtemps^ il eut -, en 1841, l'insigne bonheur de sortir
des steppes où la lumière lui manquait et de la retrouver dans les seules doctrines où elle
est indéfectible et toujours sûre. Il a donc entièrement refondu ses travaux, eh recon-
naissant que les,superstitions, les folles croyances, les sciences^et les pratiques occultes,
insurrections plus ou moins tacites contre la religion, ne sont venues que des déserteurs
de la foi, ou par l'hérésie, ou par le schisme, ou par des voies moins déterminées;
Tout homme qui étudiera l'histoire avec des intentions droites reconnaîtra que l'Église
a constamment lutté contre les superstitions et les fourberies infernales ; qu'elle n'ajamais
cessé de répandre la lumière sur les fausses croyances, sur les folles terreurs et sur les
pratiques périlleuses des docteurs en sciences secrètes.
Pour ne citer que quelques témoignages, saint Augustin dit que les superstitions sont
l'opprobre du genre humain. Origène les condamne avec plus de force que les encyclo-
pédistes, et surtout avec plus de poids. Le pape Léon X notait d'infamie ceux qui se
livraient aux divinations et autres pratiques superstitieuses. Le quatrième concile de
Carthage les exclut de rassemblée* des fidèles. Le concile provincial tenu à Toulouse en
1590 ordonne aux confesseurs et aux prédicateutwide déraciner, par de fréquentes exhor-
; tations et par des raisons solides, les pratiques superstitieuses
que l'ignorance a introduites
: dans la religion. Le concile de Trente, après avoir condamné ces diverses erreurs, enjoint
j formellement aux évoques de défendre aux fidèles tout ce qui peut les porter à la super-
; stition et scandaliser le prochain.
Nous réunirions au besoin mille témoignages pareils. Contentons-nous d'ajouter, sans
; craindre un démenti de quelque poids, que l'Église a seule les moyens et les
grâces
;; nécessaires pour dissiper ces égaremenls si souvent dangereux et toujours abominables.
— vin —
Ce qui peut-être n'a pas été remarqué suffisamment au milieu des clameurs intéressées
des philosophes, c'est que les seuls hommes qui vivent exempts de superstitions sont les
fidèles. enfants de l'Église, parce qu'eux seuls possèdent la vérité. Les douteurs, au
contraire, semblent tous justifier cette grande parole, que ceux qui se séparent de Dieu
ont l'esprit fourvoyé ; car, parmi eux, les plus incrédules sont aussi les plus superstitieux:
Ils repoussent les dogmes révélés, et ils croient aux revenants; ils ont peur du nombre 13;
ils ont Un préjugé contre le vendredi; ils recherchent l'explication des songes; ils
consultent les tireuses de cartes; ils étudient l'avenir dans des combinaisons de chiffres;
ils redoutent les présages. On a cité un savant de nos jours qui poursuit l'élixir de vie;
un mathématicien célèbre qui croit les éléments peuplés, par les essences cabalistiques;
un philosophe qui ne sait pas s'il croit à Dieuet qui exécute les cérémonies du grimoire
'-
pour faire venir le diable.
Ce livre donc reproduit les aspects les plus étranges des évolutions de l'esprit humain;
il expose tout ce qui concerne les esprits, lutins, fées, génies, démons, spectres et
fantômes, les sorciers et leurs maléfices, les prestiges des charmeurs, la nomenclature
et les fonctions des démons et des magiciens, les traditions superstitieuses, les-récits dé
faits surnaturels, les contes populaires. Il ouvre les cent portes fantastiques de l'avenir,
par la définition claire des divinations, depuis la chiromancie des bohémiens jusqu'à
l'art de prédire par le marc de café ou le jeu de cartes. L'astrologie, Tâtchimie, la cabale,
la phrénologie, le magnétisme, ont leur place en des notices qui résument par quelques
pages de longs et lourds in-folio. Enfin, le spiritisme, les tables parlantes et les progrès
du magnétisme se trouvent dans ces pages. Depuis quarante-cinq ans, l'auteur n'a cessé
d'agrandir ce patient travail, en poursuivant ses recherches dans des milliers de volumes.
Avant lui, personne n'avait songé à réunir en un seul corps d'ouvrage toutes les variétés
que rassemble le Dictionnaire infernal; et nul ne peut nier l'utilité de celle entreprise.
Les superstitions et les erreurs ont toujours pour fondement une vérité obscurcie,
altérée ou trahie; les éclairer, c'est les combattre. Si on les groupe, elles font saillie, et
leurs difformités se révèlent. Ainsi > peu à peu, on produit la lumière-dans ces pauvres
intelligences qui refusent de s'élever jusqu'aux mystères sublimes de la foi, et qui
s'abaissent à croire fermement les plus grossières impostures. On donne aussi des armes
aux amis de la vérité, pour confondre les déceptions auxquelles se soumettent des esprits
qui se croient supérieurs, parce qu'ils ne sentent pas leur faiblesse. >
Par-dessus ces avantages, on a voulu satisfaire le goût de notre époque, qui exige des
lectures piquantes, et, les sujets aidant, on a pu lui offrir très-fréquemment ces excentri-
cités , ces singularités, cet imprévu et ces émotions dont il est si avide.
L'auteur de cette sixième édition, en la revoyant avec grand soin, l'a augmentée de
800 articles; et l'éditeur l'a illustrée de 550 gravures, parmi lesquelles 72 portraits de
démons, dessinés, d'après les documents de Wierus et des plus curieux démonographes,
par M. L. Breton.
LA DANSEDES FÉES.
DICTIONNAIRE INFERNAL.
Aaron, magicien du Bas-Empire, qui vivait le dimanche ni aux heures des saints offices,
du temps de l'empereur Manuel Comnène. On temps où les démons ont peu de joie). Elle
conte qu'il possédait les Clavicules de Salomon , trouva au sabbat grande compagnie, vil que ce-
qu'au moyen de ce livre il avait à ses ordres des lui qui présidait avait à la tête deux visages,
légions de démons et se mêlait de nécromancie. comme Janus, remarqua des crapauds royale-
On lui fil crever les yeux; après quoi on lui ment vêtus el très-honorés, et fulscandalisée des
coupa la langue, et ce ne fut pas là une victime débauches auxquelles se livraient les sorcières.
de quelque fanatisme ; on le condamna comme Du reste, elle ne fit rien de criminel et fui re-
bandit : on avait trouvé chez lui, entre autres mise à son logis par le môme moyen de transport
abominations, un cadavre qui avait les pieds en- qui l'avait emmenée. Elle se réveilla alors et ra-
chaînés et le coeur, percé d'un clou. (Nicélas, massa une pelile relique que le diable avait eu
Annales, liv. IV.) la précaution d'ôler de son cou avant de l'em-
Abaddon, le destructeur ; chef des démons de porter. Il paraît que le bon curé à qui elle con-
la septième hiérarchie. C'est quelquefois le nom fessa son avenlure lui fil comprendre en vain les
de l'ange exterminateur dans l'Apocalypse. dangers qu'elle avait courus; elle retourna au
Abadie (Jeannette d' ), jeune fille du village sabbat et y fit sans scrupule tout ce que Satan
de Siboure ou Siboro, en Gascogne. Delancre,' ou ses représentants lui conseillaient défaire,
dans son Tableau de l'inconstance des démons, se disant à elle-même qu'en faisant lé mal pres-
raconte que Jeannette d'Abadie, dormant, un crit elle n'en élait pas responsable. Voy, SABBAT,
dimanche (le 13 septembre 1609) 4 pendant la BALCOIN,LOUPS-GAIIOUS, etc.
sainte messe, un démon profila du moment el Abalam, prince de l'enfer, très-peu connu. Il
l'emporta au sabbat (quoiqu'on ne fît le sabbat ni ; est de la.suile de Paymon. Voy, ce mot.
h
. ABA ABE
Alocer, puissant démon, grand-duc aux en- tions, il avait reçu le sceptre de la main de Dieu
fers; il se montre velu en chevalier, monté sur même en personne.
un cheval énorme; sa figure rappelle lés traits Alouette. Voy. CASSO.
AIp, C'est le nom que les Allemands donnent
au cauchemar.
Alpes, Les Alpes, les Pyrénées et tous les
pays de montagnes ont été chez nous et ailleurs
lés principaux foyers de magie. Voy. SORCIERS-.
Alphitomancie, divinalion par le pain d'orge.
Cette divination importante est très-ancienne.
Nos pères,, lorsqu'ils voulaient dans plusieurs
accusés reconnaître 1lé coupable et obtenir de-lui
1' av eu de son cri me, fàisàieh t: mân gér- à cliac un
des prévenus uiiriidemûrçeâu de pain d'orge,
Celui qui l'avalait sans peiné était innocent : le
criminel se trahissait par une indigestion '. C'est
même.de:cet Usage, employé:dansilés- épreuves
du jugement de-Dieu, qu'est venue Tim'précatioii
populaire : « Je veiix,-si jeïVous trompe , que ce
morceau dé pain m'étrangle!'»' : -^
Voici comment se pratiqué "Cette divination,
qui, selon les doctes, n'est d'Un effetcertainqUé
du lion;} il a te teint:enflammé, les yeux.ardents.; : pour découvrir ceqû'ùn homme a dé: caché dans
il parle iavec gravité ; il. enseigne les secrets de i le coeur. On prend de la pure farine d'orge; oii
l'astronomie et des. arts: libéraux; il domine' là pétrit;avec du.lait etdu sel ; onn'y met pas de
trente-sixTégions..:....-: :,.- ...:- i levain ; on enveloppe Ce pain compacte dans un
'
AlogricuSi Voy. ALRUY, papier graissé, oh: lefait cuire SôuS laeehdre;
. Alomancie, divination .par le sel,, dont les ensuite on le frotte de feuilles de' verveine 1et on
procédés sont peu connus. C'est, en .raison de" le fait manger à celui par qui on secroit'.trompé,
Talomancie: qu!on suppose qu'une salière r,en- et qui ne digère: pas si lapréSomplioh est fondée.
rversée est d'un mauvais présage, ; Il y: avait près dé Lavjnium un bois, sacré où
Alopécie, sorte de, charme par lequel on l'on pratiquait l'àlphitomancie. Desprêlres nour-
fascine ceux à qui l'on veut nuire. Quelques aûr rissaient-dans-, une- caverne un serpent» selon
leurs donnent letnoiii d'alopécie à l'art de nouer quelques-uns ;; un dragon, selon: d'autres. A cer-
l'aiguillette. Voy. LIGATURES, :;..' tains jours on envoyait des'jeunes filles lui por-
Aloros. C'est le nom que jes Chaldéens don- ter à manger; elles avaient les yeux bandés et
allaient à la grotte,-tenant à la main un gâteau
fait par elles avec du miel et de la farine d'orge.
« Le diable, dit Delrio,les conduisait leur'droit
chemin. Celle dont le serpent refusait de man-
:
ger le gâteau n'était pas sans reproche. »
" Alphonse X, roi de Caslille et de Léon, sur^
nommé l'astronome-'ét-.'le- philosophe, mort en
1284- On lui doit les Tables Alphonsirics, G'est
lui qui disait que, si Dieu l'avait appelé à son
conseil-au- moment de la création, il eût pu lui
donner de bons avis. Ce prince .extravagant
croyait à Taslrologie. Ayant faittirer l'horoscope
de ses enfants, il apprit que le cadet serait plus
heureux que l'aîné, et il le nomma son succes-
seur au trône. Mais, malgré la sagesse de cet
,, homme, qui se jugeait capable de donner des
f conseils au Créateur, l'aîné tua .son frère cadet,
j mil son père dans une étroite prison et s'empara
de la couronne ; toutes choses que sa science ne
lui avait pas révélées.
Alpiel, ange ou démon qui, selon le Talmud,
a l'intendance des arbres fruitiers.
1 Delrio, Disquisit. magie, lib. TV, cap. H,
naient à leur premier roi; et, selon leurs tradi-- quoest. vu.
ALR — 23 — AMA
AIrinach, démon de l'Occident, que les dé- n'en ont pas meilleur marché que les autres maT
monographes font présider aux tempêtes, aux giciens, quoi que leur persuadent leurs talmu-
tremblements de terre, aux pluies, à la grêlé, etc. distes, qu'ils sont obéis de l'esprit malin. Car
C'est souvent lui qui submerge les navires. Lors- c'est encore une menterie du Talmud des Juifs,
qu'il se rend visible, il paraît sous les traits et qu'il n'est rien de difficile aux sages, maîtres et
les habits d'une'femme. "•;• >'."' \ savants en leurs lois, que les esprits d'enfer et
Célestes leur cèdent, et que Dieu même (ô blas-
phème!) no leur peut résister '... » — Ce magi-
cien esl appelé encore dans de vieux récits
Alogricu's. 11esl enterré dans une île mystérieuse
de l'Inde 2.
Altangatufun, idole des Kalmouks, qui
"avait le corps el la lêlc d'un serpent, avec quatre
pieds de lézard. Celui qui porte avec vénération
son image est, invulnérable dans les combats.
Pour en faire l'éprouve, un khan fil suspendre
celte idole attachée à un livre, el l'exposa aux
coups des plus habiles archers ; leurs Lraits ne
purent allcindrc le livre, qu'ils percèrent au
contraire dès que l'idole en fut détachée. C'est
là une légende de Cosaques.
Alveromancie ou Aleuromancie. Voy. ce
mol.
Amadeus, visionnaire qui crut connaître par
révélation deux psaumes d'Adam : le premier,
composé en transport de joie à la création de la
femme ; le second, en triste dialogue avec Eve
après la chute 3.
Amaimon. Voy. AMOYMON.
Amalaric, roi d'Espagne, qui épousa la prin-
AlphonseX.
mal. Les Romains regardaient la rencontre de tier et la pierre. Aussitôt l'âne se laissait tom-
l'âne.comme un mauvais présage. Mais cet ani- ber, roidissait les jambes, et:fermait les yeux
mal était honoré dans l'Arabie. comme s'il eût élé mort. Le bateleur se plaignait
Certains peuples trouvaient quelque chose de de la mort de son âne, et priait qu'on lui donnât
on pra- un peu d'argent pour en acheter un autre,
mystérieux dans cette innocente bêle, et
tiquait autrefois une divination dans laquelle on . Après avoir recueilli quelque monnaie": Ah!
employait une lêle d'âne. Voy. KÉMIALONOMANCIE. disait-il, il n'est pas mort, mais il à fait sem-
Ce n'est pas ici le lieu de parler de la fête de blant de l'être, parce qu'il sait que je n'ai pas le
l'Ane. Mais relevons une croyance populaire qui moyen de lé nourrir. — 'Lëvê-toiy ajoutait-il. '•—
fail.de laeroix noire qu'il, porte sur le dos une L'âne n'en faisait rien. Ce que voyant; Te maître
distinction accordée à l'espèce, à cause deTâ- annonçait que le soudan avait fait crier à son dé
nesse de Belhphagé. C'est un fait assez singulier. trompe que le peuple eût à se trouver le lende-
main hors de la ville du Kaire poury voir dé
grandes magnificences. — Il veut, poursuivait-il,
que les plus nobles dames ' soient montées sur
des ânes... ,
L'âne se levait à ces mots, dressant là tête et
les oreilles en signe de joie. -—11 est vrai, ré- "
prenait le bateleur, que le gouverneur de-mon
quartier m'a prié "de lui prêter le mien pour sa
femme, qui-est une vieille roupilleuse édèntée.
L'âne baissait aussitôt les oreilles, et'éomnien-
çait: à clocher comme s'il eût été boiteux: *V
Ces ânes merveilleux, disent les démonogra^
phes» étaient sinon des démons, au moins des
hommes métamorphosés ; comme Apulée, qui
fut, ainsi qû'oh sait» transmué en âne. L'auteur
du Spectdum natiiroe raconte la légende de deux
'femmes qui tenaient une petite auberge auprès
-
Chez les Indiens du Maduré-, une des premiè- -de Rome, et qui allaient vendre 1leurs hôtes au
res castes» celle des cavaravadouks, prétend dès- 'marché après lès avoir changés en pourceaux ,
cendre d?un âne ;' ceux de cette,caste traitent les en poulets, en:moutons. Une d'elles, ajôuté-t-il,
anus en frères, prennent leur défense, poursui- transforma un comédien en âne, et comme il
vent en justice, et font condamner à l'amende conservait: ses talents sous sa nouvelle peau» elle
•
quiconque les charge trop ou les bat et les ou- le mettait dans, les foires:des environs, où il lui
trage :sans raison. Dans les temps dé plùiev ilsi : gagnait beaucoup:d'argent.. Un voisin acheta li'ôs-
donneront le couvert à un âne .avant de le don-- cher cet âne. savant. En le lui livrant, la sorcière
ner à son conducteur,'s'il n'est pas de certaine ' se borna à lui recommander de ne pas lé laisser
'
condition 1. entrer dans l'eau, ce que le nouveau maître de
Voici une vieille fable sur-l'âne : Jupiter ve-- l'âne observa quelque temps. Mais'un jour le
nait de prendre possession dé l'empire ; lesï pauvre animal, ayant trouvé moyen de rompre
hommes, à son avènement, lui demandèrent uni son licou, se jeta dans un.lac, où il reprit sa
printemps éternel, ce qu'il leur accorda; il char-- forme naturelle, au grand élonnement de son
gea l'âne de Silène de porter sur la terre "ce pré-- conducteur.: L'affaire, dit le conte, fut portée au
sent. L'âne eut soif, et s'approcha d'une fon-- juge, qui fit châtier les deux sorcières.
laine; le serpent qui.la.gardait, pour lui permet- Les rabbinsfont très-grand cas de Tànesse de
tre d'y boire, lui demanda le trésor dont il était't Balaàm. C'est, disent-ils, un animal privilégié
porteur, et le pauvre animal troqua.le don duu que Dieu forma à la lin du sixième jour. Abra-
ciel contre un peu d'eau. C'est depuis: ce temps,1. ham se servit d'elle pour porter le bois destiné
dit-on, que les vieux serpents changent de peau"- au sacrifice d'Isaac ; elle porta ensuite la femme
el rajeunissent perpétuellement^ et le fils de Moïse dans le désert, ils assurent que
Mais il y a des ânes plus adroits que celui-là : cette ânesse est soigneusement nourrie, et réser-
j à une demi-lieue du Kaire.se trouvait, dans une»e vée dans un lieu secret jusqu'à Tavénemenl du
I grande bourgade, un bateleur qui avait un âne ie Messie juif, qui doit la monter pour soumettre
\ si instruit que les manants le prenaient pour un 111 toute la terre. Voy. BOIUCK.
i démon déguisé. Son maître le faisait danser ; en- a~ Angada, roi des singés ; il aida le dieu Rama
| suite il lui disait que le soudan voulait construirere (septième incarnation de Vichnou) dans son ex-
I un bel édifice, et qu'il avait résolu d'employerer pédilion contre Ravana.
| tous les ânes du Kaire à porter la chaux, le mor- r" ' Léon Africanus, part. VIII, délia Africq, cité dans
'
| Saint-Foix, Essai sur Paris, lome II. Lelover.
; . :'. '" 3
ANG — 3ft — ANG
Angat. Nom du diable à Madagascar, où il est compter. Puisque Dieu veut la perfection dans
regardé comme un génie sanguinaire et cruel. ses ouvrages, poursuit l'Ange de. l'école, plus
On lui donne la figure du serpent. une chose est parfaite, plus elle est multipliée;
Angelieri, Sicilien du dix-septième siècle qui de sorte que les substances immatérielles sont
n'est connu que par un fatras dont il publia deux incomparablement plus nombreuses que les sub-
Volumes, et dont Tien promettait vingt-quatre, stances matérielles.
sous le titre de lumière magique, ou origine, La théologie a donné des ailes aux anges, dit
ordre et gouvernement de toutes les choses cé- saint Denis TAréopagite » pour marquer la célé-
lestes , terrestres et infernales, etc. 4. Mongitore rité de leur mouvement. Tertullien reprend : Ils
en parle'dans le.tome Ier de sa Bibliothèque sici- peuvent se transporter partout en un moment,
lienne. '': Albert le Grand signale quelques erreurs sur le
Angélique, planté qui passe pour un préser- mouvement angélique. « Les uns croient, dit-il,
vatif contre les fascinations de la magie. On la que les anges; se meuvent par la pensée. Opinion
mettaiten manière d'amulelle au cou des peints fausse. Quand je me représente Conslantinople,
enfants; .pour les Calcutta, Canton,
garantir des ma- ; ma pensée ne tra-
léfices. : verse pas les ré-
Angerhode :oii gions de l'Orient ;
Angùrbodé; fem- - elle trouve là, dans
'
me-gigantesque. mon, cerveau, les
qui.secinaria avec::• idée^',-,-Uui fixent
Lpck:,: selon T'Qpi'--;'-: son^pjKLSi donc
nion des :Scandi- : ;les esprits^ëlestes
naves»; et;qui enh;^: .semouvaient com-
fauta, trois ;mons- •,; me la pensée, ils
très :-leTpup Fen^ ', resteraient dans
riSvlèserpentJor 1 .Te même lieu. »
mungandur et la.' ; ..Albert le Grand
démonerHéla,; qui- . continue : « D'au-
garde 'le mondé tres pensent que
souterrain. -les anges se meu-
An g es»- Saint'. vent par l'effet des
Augustin prouve .vertus: qui leur
que les anges ont- lobéissent.. Celle
été créés dans opinion va droit
l'oeuvre des six l à l'hérésie : elle
jours, car ils ne ::.est contraire àTen-
l'ont-pasété.avant, . seignement des
puisqu'il n'existait livres saints. Com-
alors aucune créa- mander à des for-
ture ;, ils. ne. l'ont Anges; ces actives, leur
pas été après, puis- donner 'l'impuln
que Dieu dit dans l'Écriture : « Quand les astres sioiï, les; diriger:en quelque -sorte' à travers,
» furent; formés., tous mes anges me louèrent à l'espace, :ce n'est, pas se mouvoir soi-même.
» haute voix, » Ils ont probablement reçu l'exis- Or, l'Écriture sainte attribué eh mille:endroits
tence quand le Créateur dit : « Que la lumière le mouvement personnel aux célestes intelli-
» soit! » parole qui s'applique toujours tout en- gences. D'autres disent enfin que les .anges
semble, suivant le grand évêque d'Hippone, au se meuvent par la: faculté: qu'ils ohtdîêtre en
monde visible et au monde invisible. même lemps: dans plusieurs lieux, même partout
Quel est leur nombre ? Daniel en vit mille mil- quand ils le désirent. Mais cette opinion mérite
lions qui servaient le Seigneur, et dix mille mil- aussi la note d'hérésie. L'être, qui est partout ne
lions qui étaient devant lui. Les bienheureuses se meut point, et un esprit supérieur qui pour-
armées des esprits supérieurs forment, dit TA- rait être partout serait immense» infini,: il serait
réopagite, une mullilude que nous ne pouvons DiéU1.. '"'-." ."':': .,:.'•.,.
Les Juifs, à l'exception des sadducéens, ad-
1 Lux magica' academica, coelesiium, ter'restrium mettaient et honoraient les anges, en qui ils
et infernorum origo, ordo et suhordinatio cunctorum, voyaient, comme nous, des substances -spiri-
quoad esse, fieri cl operari, XXIV voluminibus di- tuelles, intelligentes, les premières en «dignité
visa. Pars I, Venise, 4686, sous le nom de Livio
Betani ; pars H, Venise, \ 687. Xles deux volumes 1 M. l'abbé Lâchât, Analyse du livre de M. l'abbé
sont in-4°. Thiboudet sur les esprits.
ANG 5 — ANG
entre les créatures, et qui, pour nous, n'ont sous leur garde fait une mauvaise action, ils le
au-dessus d'eux que la sainte Vierge. laissent dormir avant de l'enregistrer, espérant
Les rabbins, qui depuis la dispersion ont tout qu'il pourra se repentir à.son réveil; Les Per-
altéré» et qui placent la création des anges au sans donnent a chaque homme cinq anges, gar-
second jour, ajoutent qu'ayant été appelés au diens, placés : Te premier à sa droite pour écrire
conseil de Dieu, lorsqu'il voulut former l'homme, ses bonnes actions, lé second à sa gauche pour
leurs avis furent partagés, et que Dieu lit Adam éd'ire les mauvaises, le troisième devant luLpour
à leur insu » pour éviter leurs murmures: Ils re- le conduire, le quatrième derrière pour le ga-
prochèrent néanmoins à Dieu d'avoir donné trop rantir des démons, et le cinquième, devant son
d'empire à-Adam. Dieu soutint l'excellence dé front pour tenir son esprit élevé 7vers Te^Ero-
'
son ouvrage, parce que l'homme devait le louer phète. D'autres', en ce pays portent le nombre
sur la terre, comme les anges le louaient dans le des anges gardiens de chaque homme jusqu'à
ciel. Il leur, demanda ensuite s'ils savaient le cent soixante ; ce qui est une grande vanité.
nom de toutes les créatures? Ils répondirent que LeS Siamois divisent les anges en sept, ordres,
non; et Adam, qui parut'aussitôt, les récita et'les chargent de la garde des planët^l, des
tous sans hésiterf, ce qui les confondit,
L'Écriture sainte a conservé quelquefois, aux
démons; le nom d'anges, mais.anges de ténèbres,
anges déchus ou mauvais anges. Leur :chef est
appelé le grand dragon et l'ancien serpent, à
cause delà forme qu'il prit pour tenter là femme;
Zoroastre, enseignait l'existence: d'un! nombre
infini d'anges ou d'esprits médiateur s » auxquels
il attribuait non-seulement un-pouvoir: d'inter-
cession subordonné à la providence ' continuelle
de Dieu » mais un pouvoir aussi; absolu queeélui
que les païens prêtaient à leurs dieux .',. C'est Te
culte, rendu à des :dieux secondaires!que saint
Paul a condamné'. ;•
Les musulmans croient que les hommes ont
Aljciaahdscausantde:l'annéeplatonique;
torze, lé- corps cesse de' croître à vingt et un.. » lypse. L'auteur penses que Mahomet est TAnle-
— Maiscelteobservation n'estpascomplétèment clirist, et que la fin du monde aura lieu quand le
exacte.' _'"' peuple des saints,(les Chrétiens) aura soumis en*
Anninga; la lune chezilesCroénlandais. C'était fièrement les juifs et les mahomélans. '-.
au commencement'un jeune garçon qui aimait à Anocchiatura, fascination involontaire: qui
courir lés' champs avec sa soeur Malina. Or un s'exerce soit par les yeux, soit par les paroles,
jour qu'il la poursuivait, elle se retourna tout à selon les croyances populaires des Corses; mais
coup et lui barbouilla de noir la figure. Aprèsquoi dans un sens très-bizarre, les puissances mysté-
Malina ; perdant terre, s'élança dans le ciel, où rieuses qui président à Tanocchiaturâ ayant-T'a
elle devint le soleil. Anniriga, qui n'a cessé de la singulière habitude d'exécuter le contraire de ce
poursuivre, est devenu la lune. qu'on souhaite. Aussi, dans la crainte de fasciner
Annius de Viterbe (Jean Nanni), savant ecclé- l'es enfants en leur adressant des bénédictions
siastique, né à Vitèrbê en1432. Il a publié une ou des éloges, le peuple qui leur veut du bien le
collection dé manuscrits attribués à Bérose, à leur prouve par des injures et des souhaits d'au-
Fabius Pictof, à Gaton, à Archiloque, à'Mané- tant plus favorables qu'ils sont plus.affreusement
tbon, etc., et connus sous le nom <V Antiquités exprimés 1.
d'Annius. Ce recueil a peu de crédit. On prétend Anpiel, l'un des anges que les rabbins char-
qu'il contient beaucoup de fables ; mais plusieurs gent du gouvernement des oiseaux; car ils mettent
de ces fables sont d'antiques légendes. chaque espèce créée sous la protection d'un ou
On doit encore à Annius un Traité de l'empire de plusieurs anges.
des Turcs, et un livre des Futurs triomphes des Anselme de Parme, astrologue né à Parme,
chrétiens sur les 'Turcs et les Sarasins, etc. Ces où il mourut en 1440. Il avait écrit des Jnslilu-
deux ouvrages sont des explications de l'Apoca- ' M. P. Mérimée, Colomba,
ANS — 40 — , ANT ;
lions astrologiques, qui n'ont pas.élé imprimées.. Antéchrist. Par Antéchrist on entend ordinai-
"Wierus.1 et quelques démonographes le mettent rement un lyran impie el cruel, ennemi de'Jésus-
au nombre des sorciers." Des charlatans, qui gué- Christ. Il doit régner sur la terre lorsque le monde
rissaient Tes plaies au moyen de paroles mysté- approchera de sa fin. Les persécutions qu'il exer-
rieuses que, Ton prétend inventées -par lui, ont cera contre les élus seront la dernière et la plus
pris le. nom d'anselmistés ; et, pour mieux en terrible épreuve qu'ils auront à subir; et même
imposer, ils se vantaient de tenir:leur vertu de Notre-Seigneur a déclaré que les élus y succom-
guérir non d'Anselme de Parme, mais de saint beraient , si le temps n'en était abrégé en leur,
Anselme; de Cantorbéry. Voy. Art de saint An- faveur; car il se donnera pour Te Messie el fera
selme'. -, des prodiges capables d'induire en erreur les élus >
mêmes. ; - ' -, - :
Leloyer rapporte cette opinion populaire, que
les démorts souterrains ne gardent que pour lui
îes'trésors cachés, au moyen desquels il pourra
séduire les peuples ; et sa persécution sera d'au-
tant-plus redoutable, qu'il ne;manquera d'aucun
moyen de séduire, et agirarbeaucoup plus par la
corruption que-par la violence brutale:-r>C'est à
cause des miracles qu'il doit faire que plusieurs
l'appellent le,singe de Dieu.
Le mot de passe des sectateurs de TAntedirist
'serfrï.àib'$b%aéi:iJè:'rènii-hriïàpt6me.-'.
Ce qui est assezrgrotesque, assurément, c'est
que les protestants, ces précurseurs de TAnte-
christ, dpilnent le'nonj d'Antéchrist au pape,
Annoçhiuturà. comme les larrons qui crient au voleur pour dé-
tourner d'eux les recherches-1;; Voy, ABDEEL:
Ansuperomain,,sorcier des environsde Saint- On a.raillé l'abbé. Fiard, qui regardait Voltaire
Jean-de-Luz, qui, selon des informations jirises et les encyclopédistes Comme des précurseurs de
sous Henri IV par le conseiller Pierre Delancre.?, l'Antéchrist.: Il est très-possible;que les railleurs
fut vu plusieurs fois au sabbat» a cheval sur un aient tort. .:;-'/ ."""
:.^-v...-:^;;-v.;V-
démon qui avait la forme de bouc, et jouant de Antesser, démon. Voyi BiotciltA.
la flûte pour là; danse des sorcières. Anthropomâncie, divination par Tinspeclion
Anthseus. Il y a, comme dit Boguet, des fa- des entrailles d'hommes ou de femmes éventrès.
milles où il se trouve toujours quelqu'un qui de- Cet horrible usage était très-ancien. Hérodote dit
vient loup-garou. "Évanthes et après lui Pline: que Ménélas i retenu en Egypte par'lès vents coii-
rapportent que dans la race d'un certain Anlhoens,i Iraires, sacrifia à sa barbare curiosité deux en-
Arcadien, on choisissait par le sort un homme ! fants du pays, et chercha à savoir ses destinées
que l'on conduisait près d'un étang. Là, il se dé- dans leurs entrailles. Héliqgabale pratiquait cette
pouillait, pendait ses habits à un chêne ; et, aprèss divination. Julien l'Apostat, dans ses opérations
avoir passé Teau à la nage, s'enfuyait dans uni magiques et dans ses sacrifices-nocturnes »faisait
désert où, transformé en loup, il vivait et con-- luer, dit-on, un grand nombre d'enfants pour
versait avec les loUps pendant neuf ans. Il fallaitt consulter leurs entrailles. Dans sadernière expé-
que durant; ce temps il ne vît point d'hommes ; dition, ; étant à Carra, en Mésopotamie, il s'en-
autrement le coursdes neuf ans eût recommencé. . ferma dans lé templedela Lune; et,.après avoir
Au.bout.de ce terme il retournait vers le mêmei fail ce qu'il voulut avec les Complices:de son: im-
étang, le traversait à .la nage et rentrait chez lui,, piété., il scella les portes, et y posa une garde
où il ne se trouvait pas plus âgé que le jour de3 qui ne devait être levée qu'à son rétour. Il fui lue
sa transmutation en loup : le temps qu'il avaitt dans la bataille qu'il livra aux Perses, et ceux qui
passé sous celte forme ne faisant pas compte danss entrèrent dans le temple de Carra sous le règne
le nombre des années de sa vies. de Jovien, son successeur, y trouvèrent une
Antamtapp, enfer des Indiens, plein de chiensS femme pendue par les cheveux, les mains éten-
enragés et d'insectes féroces. On y est couché surr dues, le ventre ouvert et le foie arraché.
des branches d'épines et continuellement caresséé Anthropophages. Le livre attribué à Énocli
par des corbeaux à bec de fer. Les Brahmess dit que les géanls nés du commerce des anges.
disent que les supplices de cet enfer sont éternels.i. avec les filles des hommes furent les premiers
1 Inlibro apologetico. anthropophages. Marc-Paul rapporte que de son
3 Tableau de l'inconstance des démons, liv. III,
dise, iv, 1 Voyez la Légende de l'Antéchrist, à la fin des
a Discours des spectres, liv. IV, ch. xv. Légendes du Nouveau Testament.
ANT — 41 — ANT
; temps, dans la Tartarie, les magiciens avaient dame qui aimait beaucoup les tableaux et les;gra-
! le droit de manger la chair des criminels ; les vures s'évanouissait" lorsqu'elle en trouvait dans
j sorciers ont été souvent convaincus d'anlhropo- un livre; elle en dit la raison :-étant encore pe-
I phagie, notamment lés loups-garous, et des écri- tite, sou père l'aperçut un-jour, qui feuilletait les
I vains ont relevé ce fait notable qu'il n'y a que .volumes de sa bibliothèque pour y chercher des
S les chrétiens qui n'aient pas été anthropophages. images ; il les lui retira brusquement des mains;
J Antide. Une vieille tradition populaire rap- et lui dit d'un ton terrible qu'il y avait dans ces
1 porte que saint Antide, évoque de Besançon, vit livres des diables qui l'étrangleraient si elle osait
| un jour dans la campagne un démon fort maigre y toucher.... Ces menaces absurdes, ordinaires
| et fort laid .qui se vantait d'avoir porté le trouble à certains parents, occasionnent toujours: de'fu^
j dans l'Église de Borne. Le saint appela le démon, nestes effets qu'on ne peut: souvent plus détruire.
'
1 le fit mettre à quatre pattes, lui sautasur le dos, Pline assure qu'il y a une telle antipathie entre
î se fit par lui. transporter à Rome ..répara' le dégât le loup et le cheval, que si le cheval passe où le
j dont l'ange déchu se montrait si fier, et S'en re- loup à passé, il sent aux jambes un engourdiSs
I vint en son diocèse par la même _voiture.; sèment qui l'empêche; dé:;marcherv.Uiv cheval'
| Antioçhus, moine de Séba, qui vivait aucom- sent le tigre en.:Amérique,; et refuse obstinément
| niencement du septième siècle. Dans ses_ 190 ho- de traverser uneforêl où son odorat lui annonce
I mélies, intitulées Pandectes des divines Ecritures, la, présence deT'ennemi. Les chiens sentent aussi
I là 84°, Dmnsomniis, roule sUrilesi-viSionS et Tes très^ien lès loups, .avec lesquels ils-ne; sympa-
^ songes4'. -,; thisent pas ; et' peut-être ; serions-nous sages; ;de
I Antipathie. Les astrologues; prétendent que suivre jqsqu% un,-.certain point,, avec les.gens
| ce sentiment d'opposition qu'on ressent pour une que' nous voyons la pi^émière fois,, l'impression
peisonne ou-pour une chose: est produit par les sympathique ou antipathique qu'ils: nous,font
aslres, Ainsi deux personnes nées sous le même éprouver,; car l'instinct: existe aussi chez les
aspect auront un désir mutuel de: se rapprocher, hommes mêmes, qui le surmontent plus ou moins
eLs'aimeront-sanssavoir pourquoi ; de même que, àpropos par la raison.
' d'autres se.haïront
sans:motif, parce qu'elles,se- Antipodes, L'existence des antipodes était
ront nées sous des conjonctions opposées* .Mais regardée naturellement comme un conte, dans le
\ comment expliqueronk-ils les, antipathies que les temps où l'on croyait que la terre était plate»
f giands hommes onteues pour les choses les plus Mais il n'est pas vrai, comme on, Ta perfidement
i communes? On en ;eile un grand nombre aux- écrit» que le prêtre Virgile fut, excommunié
£ quelles on ne peut;rien comprendre. La Mothe- par le pape Zacharie pour avoir soutenu qu'il
T le-Vayer ne pouvait souffrir le son d'aucun in- y avait des antipodes; Ce Virgile-au-contraire.,:à
su ument, et goûtait le plus; vif plaisir au bruit du cause de sa science, fut comblé d'honneurs par-
„ tonnerre; César n'entendait paslechant du coq le saintrsiége et nommé à l'évêché de Salzbourg.
s ms; frissonner: Le chancelier Bacon tombai t en D'ailleurs le pape Zacharie savait probablement
*>delaillance toutes les fois qu'il y avait une éclipse qu'il y a des antipodes, puisque avant lui Ori-
""de lune. Marie de Médicis ne. pouvait supporter gène, le pape saint Clément et d'autres en avaient
' la vue d'une rose, pas même en peinture, et elle parlé. Saint -Basile, saint Grégoire de 'Nysse,
aimait toutes les autres fleurs. Le cardinal Henri saint Athanase et, la plupart des Pères n'igno-
s
de Cardonne éprouvait la même aversion,, et toin- raient pas la forme sphérique de la terre* On en a
' bail en
syncope lorsqu'il sentait l'odeur des roses. , le témoignagedanslelivre de la Créationdu monde,
Le maréchal d'Albret se trouvait mal dans un re- écrit par Jean Philoponos au septième siècle.
pas où Ton servait, un marcassin ou un cochon La plupart des hommes à qui l'éducation.n'a
'do lait; Henri III ne pouvait rester seul dans une pas étendu les bornes de l'esprit croienl encore
chambre où il y avait un chat. Le maréchal de que la terre n'est qu'un grand plateau, et il se-
avait la même faiblesse. Ladislas, roi rait difficile de leur persuader qu'on trouve au-
^Schomberg
"ne Pologne, se troublait et prenait la fuite quand dessous de nous des humains qui ont la tête en
il voyait des pommes. Scaliger frémissait à Tas- bas, et les pieds justement opposés aux nôtres '.
pect du cresson. Érasme ne pouvait sentir le pois- Les anciens mythologues citent, dans un autre
son sans avoir la fièvre. Tyeho-Brahé défaillait à sens, sous le nom d'Antipodes, des peuples fabu-
la rencontre d'un lièvre ou d'un renard. Le duc leux de la Libye, à qui on attribuait huit doigls
^d Kpernon s'évanouissait à la vue d'un levraut. aux pieds., et les pieds tournés en arrière. On
C.irdan ne pouvait souffrir les oeufs; le poêle ajoute qu'avec cela ils couraient comme le vent.
Aiioslo, les bains; le fils de Crassus, le pain; Antithées. Les païens donnaient ce nom à des
Jules César Scaliger, le son de la vielle. esprits grossiers, démons du dernier ordre, qui
, On trouve souvent la cause de ces antipathies venaient souvent à la place des dieux évoqués
'dans les premières sensations de l'enfance. Une par les magiciens el leur jouaient de vilains tours.
i l Voyez t. XII de la Bibliotheca Patrum, éd. 1 M. Salgues, Des erreurs et des préjugés, t H,.
I «gdun.
p. 72. ,
ANT — 42 - APO
' Antoine. Saint Antoine est célèbre de Brandebourg. Son histoire a été, pu-
par les gravial
g
tentations qu'il eut à subir de la part du diable, bliée
b par Sixte Agricola et Georges Witme'r
Ceux qui Ont mis' leur esprit à la torture pour . (Ingô'Istàdt,
( 1584). Gorres l'a résumée dans -le
donner à ces faits un côté plaisant n'ont pas lOu- quatrième
q volume de sa Mystique. Nous l'em-
jours eu autant d'esprit qu'ils ont voulu en mon- ' pruntons
p à ce grand-ouvrage. — Iîâns Geissel-
trer. Ils n'égalent certainement pas le bon légen- brecht
1- était Un chenapan qui passait sa vie à
dàïréi'quieoiite qu'Antoine, ayant dbinptë'Sataii, 1: boire, à'jurer;et à maltraiter sa fenimé/Un-ma-
le contraignit à demeurer auprès 'de lui sous ttin, les voisines' reprochèrent à là pauvre Apol-
sa formé la plus convenable, qui était celle d'un lohie;le
1 vacarme qui s'était fait' toute la nuit chez
cochon; Voy. ARDENTS.' e
elle;*Furieuse, de---subirdes reproches après tout
- ApântôhTahcie, divination 1tirée des c qu'elle endurait dé son mari',- elle s'écria : —
objets ce
'
qui Se présentent 1à Timprovisté. Tels sont les Si le bon Dieu ne veut pas nie; délivrer de cet
présagés que donne là rencontre d'un lièvre ou homme I violent, èh bien , que le diable vienne à
d'Un aigle, etc. r
mon aidé. — Le soir, lorsque le bétail- fut ren-
Aparctïetts, peuples fabuleux que d'anciens tré, t elle s'en alla traire ses;Vaches; Alors elle vit
conteurs ont placés dans le Septentrion, fis étaient Voler
\ autour 'de : sa-tête" deux; oiseaux -'qui-"sem-
transparents comme dit cristal» et avaient lés blaient'1 dés corbeaux, quoique!à cette époque il
pieds étroits et tranchants comme des patins, Ce in'y en eût plus dans; le:paysv Puis-Un homme de
ce qui lés aidait merveilleusement à- glisser sur haute
1 taille' partit à"ses côtés'èt lui dit : — Ah!
leursTacs gèles. Leur longue bariiè; né'lèur pen- ma ' pauvre femme, j'ai bien pitié, de vous et de
dâit pas au menton »;imâis au-bontJdù-nêz.; Ils :1Votre triste sort, avec fin affreux marPqui' dévo-
n'avaient point de langue: mais deux solides râ- irera Tout ce que 'vous possédez; Si vbùs: voulez
teliersj;de dents, qù'ils; ffappâjént musicalement < êtfë! à moi, je vais-vous conduire à:Tihstàht en
"i
l'un Contre l'autre pour' s'exprimer. Ils ne sor- im-héu: charmant-où vous pourrez boire» man-
talent 'que Ta nuit, 1.et se: reproduisaient par le ger;
I chanter» darisèr;jà'votré àisfe»èt'mèher une
moyen de là sueur, qui se copgéiâit et formait ' vié:c'omnie:vouSn'en avézjamâis'mèiïé jusqu'ici,
un petit. Leur dièli était un ours blanc4'.".!--; < lé: ciel n'est ;pis' tel que vous le représen-
car
'v Api's,'lou'mieuk;Hâpi. C'est le boeuf que les tent vos: prêtres;' je vous' ferai voir bien autre
'
Égypliénsadorâient: II' devait" être hoir et avoir chose'.- —-Apollonie; sans 1plus réfléchir1»donna
une' tache blanche Carrée: sur le front. Dès qu'il < sa main àl'inconnu enidisaitt- qu'elle voulait bien
avait trôné vingt-cinq ans dans!ses deux établés; être' à lui. Aussitôt ellii fut possédée. îïôs!Vôisins,
qui étaient deux temples, on lé noyait, ét;onlui un "instant après,'accoururent; à-ses Cris, car elle
cherchait lin' remplaçant. On croit que" ce boeuf venait de se jeterîdans un égoUt situé près de son
'
•représentait 1OsiriSi1-' ; élable, et elle pouvait s'y noyer. Comme on la
Apocalypse; Dans cette clôture redoutable du remportait dans sa maison» elle s'écriait : —
saint livre qui commence par la Genèse, l'esprit , Laissez-moi 1 ne voyez-vous pas la"vie délicieuse
de! l'homme s'est souvent égaré. La manie de. que je mène; je ne fais que: boire, manger,
vouloir tout expliquer; quand nous sommes en-. chanter et danser1... Il paraît que-lëS èxoréismes
tourés de tant de mystères que nous ne pouvonsi la guérirent, et nous n'avons pas la suite de son
compfendreici-bas; a fourvoyé bien des esprits. histoire. ''; ;•'•' :.
Après avoir trouvé là bête à sept tètes etT'Ante- Apollonius de Tyane, philosophé pythago-
christ dans-divers personnages, on est aussi peui ricien, né à Tyane en GappadOee, peu de
avancé que le premier jour. Newton a échoué, , temps après Notre-Seigneur Jésus-Christ. C'était
comme les autres, dans l'interprétation de l'Apo-- un de ces-aventuriers qui s'occupaient de théur-
calypse. Ceux qui l'ont lue comme un poëme; gie, et qui cherchaient auprès des magiciens et
hermétique ont leur excuse dans leur folie. Pourr des jongleurs, si nombreux chez lès païens, ces
nous, attendons que Dieu lève les voiles. * secrets mystérieux au moyen-desquels ils éton-
11y a eu plusieurs Apocalypses supposées, de3 liaient là foule. Il était oublié lorsque l'impéra-
saint !Piérre, de saint Paul, de saint Thomas, deî triCe Julie, femme de Séptime Sévère, princesse
saint Etienne, d'Esdras, de Moïse, d'Élie, d'Abra-- de moeurs dissolues, et par conséquent ennemie
ham»de Marie, femme de Noé, d'Adam même. Por-- del'Évangile, pria Plïilostraté, autre ennemi des
phyre a cité encore une Apocalypse de Zoroastre.. chrétiens, de faire d'Apollonius un héros que Ton
Apollinaire, -plante ainsi nommée chez less pût opposer au Christ. Avec des matériaux re-
païens parce qu'elle était consacrée à Apollon.. cueillis plus d'un siècle après la mort de cet
Les chrétiens lui ont conservé ce nom à causee homme, dont on ne se souvenait plus, il composa
du grand saint qui Ta porté. un récit que Laclance compare à YAne d'or d'A-
Apollonie de Leuttershausen. Celte femmee pulée. Apollonius de Tyane était un magicien
vivait au temps où s'établit- la réforme. Elle ha- 1 La mystique divine, naturelle et diabolique,
bitait avec son mari, Hans Geisselbrecht, le mar- par Gorres, traduit de l'allemand par M. Charles
4 Supplémentà l'Histoire véritable de Lucien. Sainte-Foi.
APO — 43 — APp
comme Faust, et, comme lui, on l'a entouré de Hiéroclès, qui, d'après les récits de Philostrate,
merveilles souvent imaginaires. Sa vie, qui n'es.t voulait faire sa cour à Domitien en vantant ce
ainsi qu'un roman, a élé traduite en français faiseur de tours de passe-passe, eut le'front de
par Vigenëre, un volume in-4°l. dire qu'il avait été enlevé au ciel, tandis que de
Eusèbe ne parle d'Apollonius de Tyane que plus avisés ont écrit qu'il avait; été emporté par
comme d'un escamoteur. Leloyer dit que ce fut le diable dans un âge avancé. •-•• • -
Simon le magicien qui lui, enseigna la magie Et il n'est pas le seul qui ait eu cette chance,
noire,'et Ammiett MarCellin le met au nombre quoique le vulgaire des philosophes n'y voie que
des hommes qui ont été assistés d'un démon fa- du feu. On a dit aussi que, si Aurélien-, qui-ve-
milier, comme Soeràte, Numa et une foule d'au- nait de prendre Tyane eh Gappadocè, et qui avait
tres. On saitpeu de choses-sur là fin d'Apollonius. juré de la détruire, l'épargna cependant, c'est que
grand bruit» et qui se rendaient tous les soirs, 1I tiale» tk marcher tout le long du choeur et s'aller
vers l'heure de nonè, à une montagne qui parais- asseoir as à la place où se met Tabbesse pendant
sait le lieu de leur réunion. Plusieurs personnes le: vêpres;-
les
du voisinage s'approchèrent de ces gens armés, » Étant assise, elle appela une religieuse qui
eii les conjurant, au nom de Dieu, de leur décla- se trouvait au- même lieu, et }ui ordonna d'aller
rer ce que signifiait cette troupe innombrable el chercher cl la soeur Dorothée, laquelle, ou du moins
quel était leur projet. Un des soldatsôu fantômes son se esprit, vint se présenter devant la mère An-
répondit : Nous ne sommes pas ce que vous Vous -g< gélique , qui lui parla quelque temps, sans qu'on ' '
imaginez,-ni de vrais fantômes ni de vrais sol- pût pi entendre ce qu'éllelui disait; après quoi, tout
dais. Nous sommes lès âmes de ceux qui ont été di disparut.
tués en cet endroit dans la dernière bataille. Les » On ne douta point que la mère Angélique
armes et Tés Chevaux que -vous Voyez sont -les n'eût n cité la soeur Dorothée devant Dieu ; et c'est
instruments de notre supplice;' Comme ils l'ont la te manière don t elle l'interpréta' elle-même, lors-
été de nos péchés. Nous sommés tout en feu, que q les deux religieuses qui avaient été témoins
quoique vous n'aperceviez en nous rien' qui pa- dé d cette apparition la lui rappor tèreiit. Elle s'écria :
raisse enflammé. -^ On dit qu'on remarqua en — - Ali ! je mourrai bientôt; Et en effet,'elle mou-
leur compagnie Te comté Enrico et plusieurs rut r quinze jours OU;trois semaines après. » Voilà! '
autres seigneurs tués depuis peu d'années, qui Arnauld de Bresse (Brescia),: moine du don-
déclarèrent qu'on pouvait les soulager par dès ziènlé z siècle, disciple d'Abeilard. 'Turbulent et
aumônes et des prières,:. Voy. APPARITIONS a
, P-HÉ- ambitieux, il se fit chef de secte. Il disait que les
- 1:
bonnes; oeuvres s'ont préférabl es au sacri fice d e la .
NOMÈNES, VISIONS;AUROREBORÉALE,etc.
Armide. L'épisode d'Armide, dans le Tassé, rmesse, ce qui est absurde ; car le sacrifice' dé la
est fondé sur- une tradition populaire qui; est rap- messe i n'empêche pas'leS bonnes oeuvres, il les
portée dans les chroniques de la première çroi- ordonne t au contraire. Il avait jeté le froc »comme
sade et citée par Pierre DelanCre' 2. Cette habile ', tous t les réformateurs. Ayant excité de grands
enchanteresse était fille d'A'rbilan; roi de Damas ; ttroubles,' et chargé de noirs, forfaits, il fut pris
elle fut élevée par Hidraote', son oncle, puissant t (et brûlé à Rome en 1155. .
magicien, qui en fit une grande sorcière; La na- Cet homme est peint sous d'affreuses couleurs
ture l'avait si bien partagée,' qu'elle surpassait eni dans i une chronique contemporaine intitulée le
attraits les plus belles femmes de l'Orient. Soni ,Maléfice, attribuée à Hues de Bi'àye-Selves et pu-
oncle l'envoya Comme uti redoutable ennemi i -1bliée en style moderne par M., Léon Dussillet.
vers la puissante armée chrétienne que le pape3 Chassé, maudit, traqué partout, il s'est attaché
Urbain II avail rassemblée sous la conduite de?. à Sibylle de Bourgogne, plus connue sous le nom
Godefroid de Bouillon ; et là, comme dit Delancre, , de la Dame aux jambes d'or, qu'on lui dbnnadans
« elle charma en effet quelques chefs croisés» ; les croisades, que par la violence de ses liassions.
mais elle ne compromit pas l'espoir des chré-- Pendant qu'il prépare le maléfice qui doit tuer
. tiens ; et même elle fut tuée par un projectile auu une jeune fille dont Sibylle veut la mort, neuf
siège de Jérusalem3.' goulles de sang, jaillissent d'une cicatrice qu'il
Armomancie, divination qui se faisait parr avait à la joue. — Déjà! dit le sorcier d'une voix
l'inspection des épaules'. On juge'encore au-- creuse ; maître, tu comptes bien, et moi seul j'ou-
jourd'hui qu'un homme qui a les épaules largesïs bliais le terme. — Quel terme? s'écria Sibylle
est plus fort qu'un autre qui les a étroites. frappée de la pâleur subite d'Arnauld de Bresse,
Arnauld (Angélique). Apparition de la mère•e Pour qui ce sang a-l-il coulé? je n'avais point
Marie-Angélique Arnauld, abbesse de Port-Royald remarqué ce terrible.stigmate, qu'on croirait iin-
de Paris, peu-avant la mort de la soeur Marie-2- primé avec un sceau de feu. — Ce sceau brûle
Dorothée Pcrderaux, abbesse intruse de ladite mai-i- en effet, répliqua le moine, toujours plus troublé
son; rapportée dans une lellre écrite en 1685,>, et plus pâle ; el celui qui Ta imprimé né souffre
par M. Dufossé, à la suite de ses mémoires sur ir jamais qu'il s'efface. Les genoux du sorcier flé-
,; Porl-Royal. — « Deux religieuses de Port-Royal,1, durent sous lui, el ses membres frémirent d'une
\ étant à veiller le Saint-Sacrement pendant la horreur invincibled... 11 prévoyait que bientôt
i nuit, virent tout à coup la feue mère Angélique,3, celui à qui il s'était vendu allait arriver ; il acheva
1 leur ancienne abbesse, se lever du lieu où elle le l'envoûtement qui amena la mort de la jeune fille ;
I avait été inhumée, ayant en main sa crosseabba-a- el c'est sans doute après ces abominations qu'il
I
i
Chronique gagna -Rome, on ne sail dans quel but. 11y mou-
d'JJrsperg.
2 Tableau de l'inconstance des mauvais
I anges, etc., rut sur le bûcher.
| liv.3 I. Arnauld de Villeneuve, médecin, astro-
les Légendesdes croisades.
| * Voyez
Du mol latin Les anciens logue et alchimiste, qu'il ne faut pas confondre,
| armus, épaule. appli-
quaienl surloul celle divination aux animaux. Ils ,!" comme on Ta fait quelquefois, avec Arnauld de
ju-
|
| gcnienl.par l'armomancie si la victime était bonne ne
| pour les dieux. I ' Chapitre 111du livre cité.
ARN 52 ART
Bresse. Il était né auprès de Montpellier; il mou- faisait le métier d'espion. Apollon vengea la mort
rut dans un naufrage en 1314. d'Arnus, qu'il inspirait, en meïlant là peste dans
La chimie lui doit beaucoup de découvertes'; le camp des Héraclides. Il fallut, pour faire
il ne. cherchait, à la vérité, que la pierre philo- cesser le fiéau, établir des jeux en l'honneur du
-
sophale et ne songeait qu'à faire de l'or ; mais il défunt.
trouva les trois acides sulfurique, muriatique et Arot. Voy. MAROT.
nitrique. 11composa le premier de l'alcool et du Arphaxat, sorcier perse, qui fut lue d'un
ratafia; il fit connaître l'essence de térébenthine, coup de fondre, si Ton en croit Abdias de Baby-
régularisa la distillation, etc. Il mêlaità ses vastes10110',à l'heure même du martyre de saint Simon
connaissances en médecine des rêveries astrolo- et de saint Jude. — Dans la possession de Lou-
giques, et il prédit la fin du monde pour Tannée dun, on a vu un démon Arphaxat.
1335. : Art de saint Anselme, moyen superstitieux
On l'accusa aussi de-magie. François Pegna dit de guérir, employé par des imposteurs qui pre-
qu'il devait au démon naient le nom d'anselmisles. Ils, se contentaient
tout ce qu'il savait d'alchi-
1 de toucher, avec certaines paroles, les linges
mie, et Mariana lui reproche d'avoir essayé de
former un homme avec de certaines drogues dé- qu'on appliquait sur les blessures. Ils devaient le
posées dans une Citrouille. Mais Delrio justifie secret de leur art, disaient-ils, à saint Anselme
Arnauld de Villeneuve de ces accusations ; et le de Canlorbéry. Aussi Tappelaient-ils l'art de saint
pape Clément V ne T'eût pas pris pour son méde- Anselme, voulant de là sorte se donner, un cer-
cin s'il eût donné dans la magie. — L'inquisition tain vernis. Mais' Delrio assure que leur véritable
de Tarragone fit brûler ses; livres trois ans après chef de file est Anselme de Parme. Voyez ce
sa mort, mais elle les fit brûler comme étant em- mot. ....... , . , ,-,.;.
preints de plusieurs sentiments hérétiques. Art de saint Paul, moyen .de prédire' les
On recherche d'Arnauld de Villeneuve un traité choses futures, que des songe-creux ont prétendu
2
deTexplieation des songes ; mais on met sur son avoir élé enseigné à saint Paul dans son voyage
compte beaucoup d'ouvrages d'alchimie ou de au troisième ciel. Des charlatans ont eu le front,
magie auxquels il n'a pas eu la moindre part. Tels de s'en dire héritiers.
sont; le livre dés Ligatures physiquesz, qui est Art des Esprits, appelé aussi art angélique.
une traduction d'un livre arabe ; et celui. des Il consiste dans le talent d'évoquer les esprits
Talismans des douze signes du zodiaque' 1, On lui el de les obliger .à découvrir les choses cachées.
attribue aussi faussement le livre stupide et in- D'autres disent que l'art angélique est. l'art de
fâme des Trois,imposteurs, s'arranger avec son ange gardien-,, de manière à
Arnold (Paul), vampire. Voy. PAUL. recevoir de lui la révélation de tout ce qu'on
Arnoux, auteur d'un volume in-12 publié à veul savoir. Cet art superstitieux se pratique de
Rouen en 1630, sous le tilre dès Merveilles de deux manières: ou par des extases, dans les-
l'autre monde, ouvrage écrit dans un goût bizarre quelles on reçoit des avis, ou.par des entretiens
et propre à troubler les imaginations faibles par avec l'ange que Ton évoque, qui apparaît, et qui
des contes de visions el de revenants. en celle circonstance n'est probablement.pas un
Arnuphis, sorcier égyptien. Voyant Marc- ange delumière. Voy. ÉVOCATIONS.
Aurèle et son armée engagés dans des défilés Art notoire, espèce d'encyclopédie inspirée.
dont les Quades fermaient l'issue, et mourant de Le livre superstitieux qui contient les principes
soif sous un ciel brûlant, il fit tomber, par'le de l'art notoire promet la connaissance de
moyen de son art, une pluie prodigieuse qui per- toutes les sciences en quatorze jours. L'auteur du
mit aux Romains de se désaltérer, pendant que livre dit effrontément que le Saint-Esprit le dicta
la grêle et le tonnerre fondaient sur les Quades à.saint Jérôme. Il assure encore que Salomou n'a
et les contraignaient à rendre les armes. C'est ce obtenu la sagesse et la science universelle que
que racontent, dans un but intéressé, quelques pour avoir lu en une seule nuit ce merveilleux
auteurs païens. D'autres font honneur de ce pro- livre. 11faudrait qu'il eût déjà été dicté à quelque
dige aux impuissantes prières de Marc-Aurèle. enfant d'Israël ; car ce serait un prodige trop
Les auteurs chrétiens, les seuls qui soient ici grand que Salomon eût lu le-manuscrit de saint
dans la vérité, l'attribuent unanimement, el avec Jérôme. Mais les faiseurs d'écrits de ce genre ne
toute raison, à la prière des soldats chrétiens qui reculent pas pour si peu.
se trouvaient dans Tannée romaine. Gilles Bourdin a publié, au seizième siècle,un
Arnus, devin tué par Hercule, parce qu'il grimoire obscur sous le titre de l'Art notoire. Il
n'est pas probable que ce soit .la bonne copie,
1 Rerum hispanar., lib. XIV, c. ix. sans doute est perdue.
- Arnaldi de Villanovalibcllus de somniorumin- qui
Delrio dit que de son temps les maîtres de
terpretatione et somnia Danielis, in-4°. Ancienne cet art ordonnaient à leurs élèves une sorte de
édition très-rare.
3 De physicis ligaturis.
4 De sigillis duodecimsignorum, 1 Certaminis apostolici, lib. VI.
ART 53 — ART
confession générale, des jeûnes, des prières, des mier siècle sous ce nom, et mort au douzième
retraites, puis leur faisaient entendre, à genoux, sous celui d'Artéphius.
la lecture du livre de YArt notoire, et leur per- On lui at tribue plusieurs livres extravagants ou
suadaient qu'ils étaient devenus aussi savants curieux : 1° YArt d'allonger sa vie [De vita pro-
que Salomon, les prophètes et les apôtres. Il s'en paganda), qu'il dit dans sa préface avoir composé
trouvait qui le croyaient. à l'âge de mille vingt-cinq ans ; 2° là £lefde la
Ce livre a été condamné par le pape Pié V. Sagesse suprême*; 3° un livre sur les caractères
Mêlant les choses religieuses à ses illusions, l'au- des planètes, sur la signification dû chant des
teur recommande entre autres soins de réciter oiseaux, sur les choses passées et futures, et sur
tous les jours, pendant sept semaines, les sept la pierre philosophale 2. Cardan, qui parle de
psaumes de la pénitence, et de chanter tous lés ces ouvrages au seizième livre de la Variété des
matins au lever du soleil lé Vent Creator, en choses, croit qu'ils ont élé'Composés par quelque
commençant un jour de nouvelle lune, pour se plaisant qui voulait se jouer de la crédulité ~~
des
préparer ainsi à la connaissance dé l'Artmloire*. partisans del'alchimiei .'"'.'.
Érasme, qui parle de ce livre dans un de ses Arthémiâ, fille de l'empereur Dioctétien; Elle
colloques, dit qu'il n'y a rien compris; qu'il n'y fut possédée d'un démon qui résista, aux éxor-
a trouvé que des figures de dragons, de lions, cismes païens, et ne céda qu'à saint Cyriaque,
de léopards, dès cercles, des triangles, des ca- diacre de l'Église romaine.
ractères hébreux, grecs, latins, et qu'on n'a L'idée de rire et de plaisanter des, possessions
jamais connu personne qui eût rien appris dans et des exorcismes de l'Église est venue quelque-
tout cela. fois à des esprits égarés, qu'il eût été bon peut-
Des doctes prétendent que le véritable Ars no- être d'exorciser eux-mêmes;
toria n'a jamais été écrit, et que l'esprit le révèle Arthus ou Artus, roi des Bretons, célèbre
à chaque aspirant préparé. (Mais quel esprit?) dans les romans de la Table Ronde, et dont la
Il leur en fait la lecture pendant leur sommeil, vie est entourée de fables. On prétend qu'il n'est
s'ils ont sous l'oreiller lé nom cabalistique de Sa- qu'assoupi àAvallon, et qu'il revient la nuit dans
lomon, écrit sur une lamé d'or ou sur un par- lés forêts de la Bretagne chasser à grand bruit,
chemin vierge. Mais d'autres érudits soutiennent avec des chiens, des chevaux et des piqueurs,
que YArsnotoria existe écrit, et.qu'on le doit qui ne sont que dés démons et dés spectres, au
à Salomon. Le croira qui pourra. sentiment de Pierre Delancre 8; Quand Te grand
Art sacerdotal. C'est, selon quelques adeptes, veneur apparut à Henri IV dans la forêt de Fon-
le nom que-les Égyptiens donnaient à l'alchimie. tainebleau, quelques-uns dirent que c'était la
Cet art, dont le secret, recommandé sous peine chasse du roi Arthus.
de mort, était écrit en. langue hiéroglyphique, La tradition conserve, aux environs de Iluel-
n'était communiqué qu'aux prêtres, à la suite de goat, dans le Finistère, le souvenir curieux de
longues épreuves. Tënormè château d'Arthus. On montre dés ro-
Arts du serpent. C'est le nom qu'on donne chers de granit entassés comme étant les débris
souvent aux arts magiques. , de ses vastes murailles. Il s'y trouve, dit-on,
Artémidore, Éphésien qui vécut du temps des trésors gardés par des démons, qui souvent
d'Antonin le Pieux. On lui attribue le traité des traversent les airs sous la forme de feux follets
songes intitulé Oncïrocriticon, publié pour la pre- en poussant des hurlements répétés par les échos
mière fois en grec à Venise, 1518, in-8°. On re- du voisinage'. L'orfraie, la buse et le corbeau
cherche la traduction latine de Rigaut 2, et quel- sont les hôtes sinistres qui fréquentent ces ruines
ques traductions françaises*. merveilleuses, où de temps en temps apparaît
Artéphius, philosophe hermétique du dou- Tâme d'Arthus endormi avec sa cour enchantée
zième siècle, que les alchimistes disent avoir dans son vieux manoir d'Avalon. Voy. MERLIN.
vécu plus de mille ans par les secrets de la pierre En Angleterre on a cru et dans plusieurs con-
philosophale. François Pic rapporte le sentiment trées de ce pays on croit encore que le roi
de quelques savants qui affirment qu'Artéphius
esl le même qu'Apollonius de Tyane, né au pre- 1 Clavis majoris sapientiat, imprimé dans le Théâ-
tre chimique. Francfort,, 4614, in-8°, ou Strasbourg,
* Franc. 1699, ih-4'2.
TorreblanCa, cap. xiv, Epist. demag. 2 De characteribus planetarum, cantu et motibus
Arlemidori Ephesii Oncïroorilica, seu de som- avium, rerum proeteritarumet futurarum, lapideque
nwrum interpretatione, graec-lat., cum nolis Nie. philosophico. Le traité d'Arlépliius sur la pierre phi-
Higallu,_in-4<>,
3 Paris, 1603. , , - losophale a clé traduit en français par P. Arnauld,
Artémidore, De l'explication des songes, avec le et imprime avec ceux de Sinésiiis et de Flamcl. Pa-
livre d'Augustin Nyplms, Dés divinations, in-4 6. ris, 1612, 4659, 1682, in-4". On attribue encore à
«ouen, .1600; édition augmentée, 1604. — Epiiome Artéphius le Miroir des miroirs, Spéculum specu-
(les cinq livres d'Arlémidore traitant des el le Livre secret, Liber secretus.
l™mt du grec par Charles Fontaine ; avec un songes,
recueil
lorum,
3 Tableau de l'inconstance des mauvais songes,
[le valère-Maxime sur le môme siiicl, traduit, du liv. IV, dise. ni.
lalin, in-8". Lyon, 1585. * Camhry, Voyage dans le Finistère, t. I, p. 277
ARU — 54 ASM
Arthus a été par enchantement transformé en prouver \ que sa science était vaine, le (il tuer
corbeau ; el pour cela on respecte beaucoup les ssur-le-champ et ordonna que son corps fût
corbeaux, car l'un d'eux pourrait être l'héroïque brûlé. 1 Mais un grand orage qui survint éteignit
monarque. . - I bûcher et mit les exécuteurs en fuite. Des
le
Arundel (Thomas). Comme il .s'était opposé chiens ( viurenl, mirent le corps en pièces et le
.(quatorzième siècle),aux séditions desi-Avicklef- imangèrent. Suétone et DionGassius mentionnent
fîtes, Ch'assaignon, dans ses. Grands 'et redou- ce < singulier fait..
tables jugements de Dieu, imprimés à Morges en Aselle. L'aselle àqualique, espèce de cloporte,
1581, chez Jean Lépreux, .imprimeur destrèsi- était < révérée des Islandais, .qui croyaient qu'en
puissants seigneurs de Berne, Ghassaignon, ré- tenant cet insecte dans la bouche, ou son ovaire
formé çt défenseur de tous les héréliques, dit < desséché sur la langue, ils:-.obtenaient; fout ce
qu'il mourut cruellement » la langue tellement ; .< qu'ils pouvaient;désirer.;Us àppelaient.Soii: ovaire
enflée qu'il ne pouvait plus parler, « lui qui avait sec i pierre à. souhaits, ,
voulu empêcher, dans là bouche des disciples, de , Ases. Divinités Scandinaves! ;EJles -.sont au
Wickleff,"le cours de, la sainte parole,..,..; »,Mais nombre de. trente,- dont douze dieux qui. .ont
il n'ose pas rechercher si Thomas Arundelfut, pour maître Odin, et dix--huit déesses, à. la têfe
comme Wickleff,-étranglé, par le diable. , desquelles dfiipine,Frigga?.-,.,;,
Aruspices, devins du, paganisme» donM'art- . Asgard-. C'est la ville;,des;ases<ou dieux Scan-
se^ nommait .aruspicjMe,;,ils;.examinaient les: en- dinaves, Qdin habite celle,, yille^somptueuse, si-
trailles des victimes pour en-tirer des présages ; tuée en un.iieu^u-ihonde'd'ôuikpeut" voir tous
il fallait, être de, bonne maison-.pour exercer, cette les êlres'et tous les événements. .;. .
espèce de sacerdoce. Ils prédisaient l°par la sim- Ashmqle (Élie), antiquaire,et,alchimiste.an-
ple inspeclioiid.es.victimes vivantes.; 2? par l'état glais,',né en .16.i7.,:On,lui;dojt;quelques ouvrages
de leurs entrailles après qu'elles étaient ouvertes ; utiles, et;je,.musée'àsl.inioiéén.'.d'Oxfb.rd,,.,Mais il
3° par la -flamme qui s'élevait dé leurs -chairs
brûlées. -- La..victime qu'il fallait amener: avec
violence, ou qui s'échappait- dé T'autel .donnait
des présages sinistres; le coeur; maigre, lé foie
doublé ou enveloppé d'une-double tunique, et
surlout-l'absence du coeur ou,du foie» annon-
çaient, de grands maux. On croirait que les arus-
pices étaient habiles dans Tart.d'escamoter; car
le coeur manqua aux deux boeufs immolés le jour
où Ton assassina César.
C'était mauvais signe quand la, flamme,ne
s'élevait pas. avec force et' n'était.pas transpa-
rente et pure; et sila queue de la bête se cour-
bait en brûlant, etle: menaçait de grandes diffi-
cultés dans,les affaires. Voy, HÉl'ATOSCOPIE.
Arzels. Voy,-..CHEVAL'. ..-•'• publia- à Londres, en 1652, un; volume in'-ft",
As.aphins, devins ou sorciers chaldéens, qui intitulé Thcatrum chemicum brilanniçum,- con-
expliquaient les songes et liraient les horoscopes. tenant différents: poënies des philosophes anglais
Ils avaient pour divinitéuneidole-nomméAsaph. qui ont écrit sur l'es.-mystères; liérrnétiques. Six
Ascarôth. C'est le nom querdonnentles dé- ans après, il fit iax^nmevJ^.Çfye^iiH^ibon/ietir,
monographes à un démon peu connu qui pro- in-4", 1658., Ce. traité, qui n'est pasjdeJuf, mais
tège les espions, et les délateurs. H dépend -du auquel il..mit une, préface,: roule, aussi sur la
démon Nergal. : , ., > pierre .philosophale.. Voy. ,PIEI\IIÉ,-..PHILOSOPH
Ascèse diabolique. L'ascèse chrétienne élève Asile. Les lois qui accordaient droit, d'asile
les âmes à Dieu ; l'ascèse diabolique les abaisse aux criminels dans :les églises exceptaient ordi-
et les;enfonce jusqu'aux démons. nairement les sorciers, qui » d'ailleurs „ ne cher-
Ascik-Pacha,:démon turc, qui favorise les chaieiil.pas trop là leurrecours.
intrigues, secrètes, facilite., les- accouchements, Asima, démon,qui ril.quand on fait ,1e mal.
enseigne les moyens de rompre les charmes et Il a été adoré à Emath, dans la tribu de Neph-
donne l'art d'en composer. lali, avant que les habitante de cette ville fussent
..' Asclétarion, astrologue qui se permit de transportés à Sahiarie.
faire des prophéties donl l'empereur Domitien ne Aske, le premier homme dans les traditions
fut pas content. Il le fit venir et lui dit : « Toi religieuses des:Scandinaves.
qui sais le moment de ma mort, connais-tu le Asmodée, démon destructeur, le même que
genre de la tienne?—Oui, répondit l'astrologue. Samaël, suivant quelques rabbins*'.Il est suriiir
Je serai mangé par les chiens. » Domitien pour I tendant des maisons de jeu. Il sème la dissipation
ASM — 55 — ASP
et Terreur. — Les rabbins content quil détrôna Asmund: et Asweith, compagnons d'armes
un jour Salomon;-.mais que bientôt Salomon le danois, iLiésdîune élroite amitié,-ils convinrent,
chargea de fers, et le força de l'aider à bâtir le , par un. serment solennel, ;de ne s'abandonner ni
temple de Jérusalem; —Tobie,, suivant Tes, ' à la vie ni à la mort, Asweith mourut le premier
mêmes rabbins,:l'ayant expulsé, avec la fumée et, suivant leur accord» Asmund, après avoir
du fiel d'un poisson, du corps de la jeune Sara: : enseveli son ami, avec son chien et son cheval»
qu'il possédait, l'ange Raphaël l'emprisonna aux dans une grande caverne» y porta des- provisions
extrémités de l'Egypte. Paul Lucas dit qu'il Ta. pour une: année et s'enferma dans ce tombeau.
vu dans un de seswoyages. On s'est amusé de, Mais le démon, qu'ils avaient probablement assez
lui à ce).sujet; cependant::ion a pu lire dans le bien servi tous deux, étant entré dans le corps
CourrieijgxhiVMgyplc:que?le;,peuple de; ce,pays : du mort, le remit debout et se mit à tourmenter
adoré,encore lefserpent Asniodée, lequel a un ; le fidèle Asmund'",, le déchirant, lui défigurant
temple dansFle-îdéserl,de Ryanneh.; On ajoute que le visage et; lui-arrachant même; une oreille,
ce serpent/seu-côUpé-par.,morceaux;»:;et:-qu'un sans lui donner dèiraisons.: de. sa fureur;, Asmund,"
instant âpres il yy^pâràîfepssgïJ/oyi HAMM. impatienté après un siècle dè^lutte;»;; coupa la
tête du mort, voyant bien enfin qu'il avait af-
faire ou au diable, ou à un vampire. 4-- Sur ces
entrefaites,.précisément,Te roi de Suède, Eric,
passant devant la caverne murée et entendant
du vacarme, crut qu'elle renfermait un trésor
gardé, par dès esprits. Il la fil ouvrir, et, fut bien
surpris) d^y'treuver Asmund, pâle,.ensanglanté,
auprès d'uneadayre puant;:il lui fit conter son
histoire i etvlé.voyant mourir luT-même ; aussitôt
après sqiï onéci^ilhle fiTpercer df un pieuetbrûla
son corps ayeçs(Jeïài de son féroce compagnon'}
car alors déjà,qnj:Çonnaissait lés; vampires; quoi-
qu'oni ne leur do/iïâàt- pas ce nomi; I^<>^JGIIOLK,
Asmoug;Tiin;%s démonsf,quij^s;bûs:lesn;rdres
d'Arimane^sè^iëptenjPer^ les
procès et lès^quereliès;^1;)-: ;-,;:
Asoors ou Asouras. C'est le nom que les
Indiens donnent à certains mauvais; génies, qui
font tomber les voyageurs dans des embûches.
• Cet Asmodée est, au
.jugement; de quelques-; ...Aspame.,, « ZorpbabeT, était; épris;.d'un si fol
uns, l'ancien.'.serpent'qui séduisit Eve. Les Juifs,! amour-pourAspame.'qu'elle le souflletait comme
lui
qui rappellent, Asmodai, -fai.saienl.de lé prince | un esclave et,lui ôlait. le diadème,pour encorner
des démons,, .comme: on le •voit dans lâ.pàra-i sa tôle, indigne d'un tel ornement, dit De-
phrase chaldaïque. C'est aux:-enfers, dans Wierus,; lancre; -plie: le faisait rire et pleurer, quand bon
un roi.fort et. puissant, qui a trois têtes :. la pre-; lui semblait, le tout par.philtres et fascinations 2. »
mière ressemble à celle d'un taureau, la, seconde Les belles dames fon.tv-lous les jours d'aussi
à celle d'un homme, la troisième à celle d'un grands excès et produisent:d'aussi énormes stu-
bélier. Il a une queue de serpent,, des pieds pidités , sans: fascinà.tioiiife.t.sàn.sphiltre.
d'oie,.une baleine enflammée. Il, se montre à. Aspilcuettah (Marie
cheval,.sur undragon, portant en main un élen-, ; d'), sorcière d'À'ndaye ;
dard et.une lance.,.11-est soumis cependant, par dans le pays de Labour;' 1"
la hiérarchie infernale, au.rpi Amoymon|. souslerègnedeHçnfi IV,
Lorsqu'on l'exorcise, il faut être ferme sur ses , EllefularrêtééàT'âgéde
pieds, et. l'appeler par son nom. 11 donne des , dix-neuf ans,,.et ;àyouâ
anneaux constellés; ilapprend aux hommes,às.e; qu'on l'avait menée au:
rendre invisibles et leur enseigne Ta géométrie, sabbat, que là .elle avait
l'arithmétique,. l'astronomie et, les arts niéca-:: baisé le derrière du
niques. Il connaît aussi des trésors, qu'on peut diable.au-pdessous d'une
le forcer à découvrir ; soixante-douze: légjons lui . grande queue, et que
obéissent. On le nomme encore Chammadaï et ce derrière.élait fait comme le /museau d'un bouc 3.
Sydonaï. Asmodée était un des démons qui pos- Aspidomancie, divination peu connue qui
sédaient Madeleine Bavent. se pratique aux Indes, selon quelques voyageurs.
Le Sage a fait d'Asmodée le héros d'un de ses
' Saxo Grammat. Danicoehist., lib. V.
romans {le Diable boiteux). 2 Incrédulité et mêcréance du sortilège) elc.
1 3 Incrédulité et mêcréance, etc., traité V.
Wierus., in Pseudomonarchia doemon.
ASR — 56 — AST
Delancre dit 4 que le devin.ou sorcier trace un mort en 1711. Il publia, en 1691, un petit ou-
cercle, s'y campe assis sur.un bouclier, mar- vrage peu recherché, intitulé La possibilité des
motte des conjurations, devient hideux, et ne apparitions.
sort de son extase que pour .annoncer les choses Astaroth, grand-duc très-puissant aux enfers.
qu'on veut savoir, el que le diable vient de lui Il a la figure d'un ange fort laid , et se montre
révéler.!.;...-. chevauchant sur un dragon infernal ; il tient à la
Asrafil, ange terrible qui,-selon les musul-
mans, doit sonner':de la trompette et réveiller
corps célestes. —On croit que l'astrologie, qu'on ment. Il y en a même qui, sur la réponse des
appelle aussi astrologie judiciaire, parce qu'elle astres, se dévouent et se tuent pour le bonheur
consiste en jugements sur les personnes et sur", de ceux qui doivent habiter-la nouvelle maison '.
les choses, a pris naissance dans la Ghaldée, d'où Presque tous les anciens, Hippocrate, Virgile,
elle .pénétra en Egypte, en Grèce et en Italie, Horace, Tibère , croyaient à l'astrologie; Lé
Quelques antiquaires attribuent l'invention ; de ' moyen âge en fût infecté." On tira l'horoscope
cette science; à Charn, fils de Noë;;Le commis- dé Louis XIII etde -Louis-XIVvetBoileau dit qu'un
saire dé Lamarre, dans Son Traité de-police 1,' téméraire auteur n'atteint pasle Parnasse, si son
titre VU,-'ebàp; 1er,ne repousse pas les -opinions astre en naissant ne l'a formé poêle.' ;;
qui établissent qu'elle lui a été enseignée par le [ En astrologie, on ne connaît dans le ciel que
démon..:. :-::: -.-''' ,: '- -'' ; - sept:planètes:êt douze: constellations dans Te zo-
Diogèné LaërcedoilneàentendrequelesÉgyp- diaque. Le. nombre- de cellesrci n'a pas changé ;
tiens connaissaient la rondeur dé la terre et la; niais il y a aujourd'hui:neuf fois plus de;planètes.
cause des; éclipses. On•:ne peut leur disputer Nous ne. parlerons.-.pourtant que des sept vieilles
Thàbileté; en astronomie;: mais, au lieu de se: employées :seules par les astrologues. Nous
tenir aux règles, droites de cette science» ils-en n'ayons, disènt-ifs» aucun membre que les; corps
ajoutèreritd'autres qu'ils fondèrent uniquement célestes ne gouvernent;:. Les*sept planètes :sont <
sur ; leur imagination-';' ce 'furent là les principes comme On sait, le SûleilylaVLuhè,.Vénus» Jupiter,
de l'art de deviner et dé tirer les horoscopes. Mars, MercuTeeti Saturne.; LeSoleilpréside à là
Ce sont-eux, dit Hérodote, qui enseignèrent à tôle, TaLune au bras droit, Vénus âubras gauche,
quel dieu chaque mois, diaque joui est con^a- Jupilénà l?éslomae< Mars: aux par lies sexuelles,
cic, qui observèrent les piemicis sous qi'el as- Mercure au pied dToit, etSàturne-aupied gauche.;
cendant un homme est né, pour piédire sa •—où-bien:Mars.gouvernelatête:, Vénus-lé bras
loi lune, ce qui lui àrriveiait 1dans sa vie, et de droit» Jupiterlê.brasfgàuche, Te-Soleil l'estomac,
mort il monnait. l' ' ' la ; Luiïe Tes .•parties sexuelles » jMercure île; pied
quelle
« J'ai lu dans les registres du ciel tout co qui drOit,:et;Saturne:le;pJèd gauche». , : r " -;;: :'
doit vous airivei a vous él d votre fils, » disaiLa Parini leS constellations;, lé:Bé'lier;;goùyérne.là
ses ciédules enfants BélnS, 'prince de Babylone. lêle.,. le Taureau lé:cou » les'Gémeaux; les-Tiiiaset
Pompée, Cesai, Ci\issus,,cro'$ai<3nt'àTasliologie, les épaules» TÉcrevisse; làjpoitn.iiVê:.'îe.b> le) coeur,
Pline en parie comme d'univa'rl rcspebtablc. Cette le Lion; .l'estomac'» ::lâj Vierge : -le;centre -,:;la>Ba-
science gouverne encore la Perse et' une giande lanceTes:reihs:'et:lesîfésséS:,::le:Scorpion les: parv
- tiès sexuelles,;)leiSagittaireTesieuisses';, le Gâpru
partie de l'Asie « Rien ne se fait Ici, dit 'lavci
nier dans sa relation dTspafian -,-qùe'fdel'avis des corné:.les genoux,; le:Verseau; les: jambes y et les '
astrologues. Ils sont et
phis puissants: plus redou- PoisSonS'les,piedS; : ; : ;;/.::.;• • :
tés que le roi, qui en a toiijpurs:quatre attachés Onamis'àussi.lé monde;,,desfcà^dire les em-
à ses pas. Il les consulte -sans cesse, et ils T'a- pires et les.villes sous l'influence des<constel-
vertissent du temps où il dbitP'ip promener, de lations. Des; astrologues-, allemands, au/seizième
l'heure où il doit se renfermer;dans son palais, siècle,; avaient déclarélFrancfort sous-.l'influence
se purger, se vêtir dé ses habits royaux» prendre du Bélier» Wurtzbourg «ous; celle !du Taureau,
ou quiller le sceptre, elc. Us sont; si respectés Nuremberg, sous îles Gémeaux, Magdebourg sous
dans celte cour, que le- roi'Schàh-Sophi étant TÉcrevisse.; Ul.m sous-'le;Lion, Heidelberg sous
accablé depuis plusieurs années d'infirmités que la Vierge, Vienne sous: là Balance; Munich sous
Tart ne pouvait guérir, les médecins jugèrent le Scorpion, Stuttgard sous le Sagittaire, .Augs-
qu'il n'était tombé dans cet état de dépérissement bourg sous le Capricorne, Ingolsladt sous le Ver-
que par la faute des astrologues » qui avaient mal seau , et Ratisbonne sous les Poissons.
pris l'heure à laquelle il devait être élevé sur le Hermès a dit que c'est parce qu'il y a sept
trône. Les, astrologues reconnurent leur erreur ; trous à là tête qu'il:y a aussi dans le ciel sept
ils s'assemblèrent de nouveau avec les médecins, planètes pour présider à ces. trous : Saturne el
cherchèrent de nouveau dans le ciel-la véritable Jupiter aux deux oreilles, Mars et-Vénus aux
heure propice, ne manquèrent pas de la trouver, deux narines, le Soleil et la Lune aux deux
et la cérémonie du couronnement fut renouvelée; yeux, et Mercure à: la bouche.; Léon l'Hébreu,
à la grande satisfaction de ; Schah-Sophi, qui dans sa Philosophie d'amour, traduite par le sieur
mourut quelques jours après. » Duparc, Champenois, admet celle opinion, qu'il
11en est de même en Chine, où l'empereur précise, très^bien :: « Le Soleil préside à -l'oeil
n'ose rien entreprendre sans avoir consulté son droit, dit-il, et la Lune à l'oeil gauche, parce que
thème natal. lous les deux sont les yeux du ciel; Jupiter gou-
La vénération des Japonais pour l'astrologie ! verne l'oreille gauche, Saturne la droite, Mars le
est plus profonde encore : chez eux personne
n'oserait construire un édifice sans avoir inter- 1 Essai sur les erreurs et les superstitions, par
rogé quelque astrologue sur la durée du bâti- M. L. C, ch. v.
AST — 59 AST
perluis droit du nez, Vénus le-pertuis gauche, 1 Quand ceux qui partagent le ciel par sixièmes
et Mercure la bouche, parce qu'il préside à la se rencontrent à l'heure de l'opération, comme
parole. » lé, Bélier avec les, Gémeaux, le Taureau avec
.Ajoutons encore que,Salurne,domine sur la l'Éçrevisse, etc., ils forment 'l'aspect sextil,, qui
vie, les changements, les édifices et les sciences; est médiocre.
Jupiter sur l'honneur, les souhaits., les richesses Quand ceux qui partagent le ciel éii quatre,
el la propreté des -habits ;; Mars: sur la..guerre,, comme; Je Bélier .avec TÉcrevisse, le Taureau
les prisons, les mariages, les haines; le Soleil avec le Lion, les Gémeaux avec la: Vierge.»se>ren-
sur l'espérance , ,1e:bonheur,, le .gain, les hérir contrent dansle ciel, ils forment; Vaspeçt carré,
lages; Vénus sur les-.amitiés et Tes amours; qui est mauvais.
Mercure surTes maladies, les perles, les délies, Quand ceux qui se trouvent aux parties oppo-
le commerce et la crainte ; la Lune sur les plaies, sées, du.ciel, comme le Bélier avec là;Balance,
les songes et les larcins. Ainsi, ,dii, moins, le le Taureau avec lé Scorpion, les Gémeaux avec
décide le. livre des-,Àdminibles secrçts d'Albert le Sagittaire , etc.,. se rencontrent -à'l'heure delà
le,Grand. ..... , naissance, ils forment Yaspect contraire, quiest
En dominant,de la, sorte tout ce qui arrive à méchant et nuisible.; .
l'homme, les.planètes ramènent le même cours, Les astres, sont en conjonction quand.-'deux
de choses toutes les fois qu'elles se; retrouvent planètes se trouvent réunies dans lé même; signe
dans le-ciel au lieu de,l'horoscope. Jupiter se ou -dans,.là 'même- maison, et en opposition
retrouve aU;bo,ut .de ;douze: ans au même lieu, ; quandelles sontà deux "points opposés.'.. '
les lionneurs.i.se.ront.Jes mêmes;' Vénus, aubout Chaque signe du zodiaque occupe -une pince
de huit ans,,, les amours, se.rpnt les mêmes, etc., [ qu'on appelle maison*céleste on*maison:du soleil ;
mais dans un autre individu.. ees doiize.maisons dû soleil'coupent ainsi lé<zq*
. N'oublions pas non plus, que cl.iaque;plaiièle chaque en douze parties; 'Chaque-maison occupe
gouverne un jour de, la semaine : le Soleil le trente degrés, puisque le cercle enà trois-cent
dimanche, la Lune le lundi,. Mars le mardi, soixante.' Les astrologues représentent les mai-
Mercure, le, mercredi,; Jupilerle; jeudi;,: Vénus le sons par de siniplesniumérosvdans une .'figure'
vendredi;,.-Saturne le samedi; -— que lé:jaune ronde ou carrée»' diviséeendouze cellules.
esl la couleur du Soleil, le blanc.,celle delà .Lune,
le verl celle de Vénus,;le rouge celle,;de Mars, le
bleu celle 'de:Jupiter, le noir celle de Saturne,; le
mélangé celle de Mercure ; — que le Soleil pré-
side à l'or,.-la Lune à l'argent, Vénus àl'élâin,
Mars au fer, Jupiter à l'airain, Saturne au plomb,
Mercure au,vif-argent, elc.
Le Soleil est bienfaisant et, favorable, Saturne
triste, morose et froid; Jupiter tempéré et bénin,
Mars ardent, Vénus,bienveillante, Mercure in-
conslanl, la Lune:mélancolique.
Dans les constellations, le Bélier» le Lion et
le Sagittaire.-.sont chauds, secs et .ardents-; le
Taureau, la Vierge et Je Capricorne,, lourds,
froids el secs;: les Gémeaux; la Balance et lé
Verseau, légers» chauds el humides; TÉcrevisse,
le Scorpion et les Poissons, humides,, mous et
froids.
Au moment de la naissance d'un enfant dont
on, veut tirer l'horoscope, ou bien au jour de La première maison est celle du Bélier, qu'on
l'événement dont on cherche à présager les appelle l'angle oriental en argot; astrologique.
suites, il faut d'abord voir sur l'astrolabe quelles C'est'là mais'ori' de la vie, parce^queiceuX. qui
sont les constellations et planètes qui dominent naissent quand celle constellation domine peu-
dans le ciel, et tirer les conséquences qu'indi- vent vivre longtemps.
quent leurs vertus, leurs qualités et leurs fonc- La seconde maison est celle du Taureau, qu'on
tions. Si Irois signes de la même nature se ren- appelle la porte inférieure. C'est la maison deS
contrent dans le ciel, comme, par exemple, le richesses el des moyens de fortune.
Bélier, le Lion et le Sagittaire; ces trois signes La troisième maison est, celle des Gémeaux,
forment le trin aspect, parce qu'ils partagent le appelée la demeure des frères. C'est la maison
ciel en irois el qu'ils sont séparés l'un de l'autre des héritages et des bonnes successions.
par irois autres constellations. Cet aspect est La quatrième maison est celle de TÉcrevisse.
bon el favorable, On l'appelle le fond du ciel, l'angle de là terre,
AST 60 — AST
la demeure des parents. C'est la maison des tré- les influences presque autant d'effet que Jupiter;
sors et des biens de patrimoine. mais descendant il présage des revers.
La cinquième maison est celle du Lion, dite Ajoutons que les Gémeaux, la Balance et la
la demeure des enfants. C'est la -maison dés legs Vierge donnent la beauté par excellence ; le Scor-
et des donations. '
pion, le Capricorne et les Poissons donnenl une
La sixième maison est celle de la Vierge; on beauté médiocre. Les autres constellations don-
l'appelle l'amour de Mars. C'est la maison dés nent plus où moins là laideur, — La Vierge, la
chagrins, des revers et des maladies. Balance, le Verseau et les Gémeaux donnent une
La septième maison est Celle de la Balance, belle voix; TÉcrevisse, le Scorpion et Tes Pois- ;
qu'on appelle l'angle occidental. C'esl la maison sons donnent une voix nulle où désagréable. Les
des mariages; et des noces. . ; autres constellations n'ont pas d'influence sur la !
La huitième maison est celle du Scorpion, ap- voix. ''-"'_";
: Silos
pelée la porte supérieure. C'est la maison de planètes et lesconstellations se trouvent
l'effroi » des craintes et de la mort.- à l'orient à l'heure de l'horoscope, ûh éprou-
La neuvièmennàison;est celle';du Sagittaire» vera leur influence au commencement de là vie
appelée l'amour du soleil. C'est la maison de la ou de l'entreprise; on l'éprouvera au milieu si
piété",' de :1a religion Y deS:voyages et de la phi- elles sont au ha litdu ciel-, et: à la fin si elles sont
i '. : ; à l'occident. ' "."''"
losophie:
La dixième maison est; celle du Capricorne, Afin que l'horoscope né trompe point, il faut
dite le milieu du ciel. C'est la'mâison des charges, avoir soin d'en commencer les opérations préci-
des diguités et des couronnes.: :: - sément à là minute oùl'enfant est né, ou à l'in-
La onzième maison est celle du Verseau» stant-précis'd'une affaire dont ôii veut savoir les
— Pour ceuxqui n'exigent pas -une exac-
qu'on appelle l'amour de. Jupiter;C'est la mai- suites.
son des amis, des: bienfaits; et delà, fortune. titude si sévère, il y ades horoscopes tout dres-
'- La douzième maison est celle .des: Poissons, sés, d'après.les constellations de la' naissance.
:
appelée l'amour de Saturne. C'est la plus maur- Voy. Honoscoi'iis.
vaise de toutes et la plus funeste: c'esl la mai- Tels soiil» en peu de mois, 16s principes de cet
son des empoisonnements ,- des misères, de art, autrefois si vanté» siHiiiiveïSellemenf ré-
l'envie, de l'humeur noire et de la mort vio- pandu, et maintenant un peu tombé en désué-
lente. . tude; Les astrologues -conviennent---que-'le1globe
Le Bélier et le Scorpion sont les maisons ché- roule si rapidement, que là disposition des aslres
ries de Mars; le Taureau et la Balance, celles de change en un moment. Il faudra donc, pour tirer
Vénus; les Gémeaux et la Vierge, celles de Mer- les horoscopes» que les sages^-feinmes'aient soin
cure; le Sagittaire et les Poissons, celles de de regarder .'attentivement lés: horloges, de mar-
Jupiter; le Capricorne et le Verseau, celles de quer exactement chaque,point du-jour, et de
Saturne; le Lion, celle du Soleil; TÉcrevisse, conserver à celui qui naît ses étoiles comme son
celle de la Lune. patrimoine. -« Mais eombieii: dé fois, dit Bardai,
Il faut examiner avec soin les rencontres des le péril des mères cmpêche-t-iT ceux qui sont
planètes avec les constellations. Si Mars, par autour d'elles de songer à cela! Et combien de
exemple, se rencontre avec le Bélier à l'heure fois ne se Irouve-t-il là personne qui soit assez
de la naissance, il donne du courage, de la fierté superstitieux pour s'en occuper ! Supposez, ce-
et une longue vie ; s'il se trouve avec le Taureau, pendant, qu'on y ait pris garde -,si l'enfant est
richesses et courage. En un mot, Mars augmente longtemps à naître, et si, ayant montré la tête,
l'influence des constellations avec lesquelles il se le reste du corps ne paraît pas de suite, comme
rencontre, et y ajoute la valeur et la force. — il arrive, quelle disposition des ; astres sera
Saturne, qui donne les peines, les misères, les funeste ou favorable ? sera-ce celle qui aura
maladies, augmente les mauvaises influences et présidé à l'apparition de la tôle, ou celle qui se
gâte les bonnes. Vénus, au contraire; augmente sera rencontrée quand l'enfant est entièrement
les bonnes influences et affaiblit les mauvaises. né?... ».
— Mercure augmente ou affaiblit les influences Astrologues. Voici quelques-anecdotes sur le
suivant ses conjonctions : s'il se rencontre avec compte des astrologues : Un valet, ayant volé son
les Poissons, qui sont mauvais, il devient moins maître,-s'eh fuit-avec l'objet dérobé. On mit des
bon; s'il se trouve avec le Capricorne, qui est .gens à sa poursuite, et, comme on ne le trouvait
favorable, il devient meilleur. — La Lime joint pas, on consulte un astrologue. Celui-ci, habile
la mélancolie aux constellations heureuses; elle à deviner les choses passées, répondit que le
ajoute là tristesse ou la démence aux constella- valet s'était échappé parce que la lune s'était
tions funestes; — Jupiter, qui donne les richesses trouvée, à sa naissance, en conjonction avec
el les honneurs, augmente les bonnes influences Mercure, qui prolégé les voleurs, el que de plus
et dissipe à peu près les mauvaises. — Le Soleil longues recherches seraient inutiles. Comme il
ascendant donne les faveurs des princes;, il a sur disait ces mots, on amena le domestiqué, qu'on
AST — 61 AST
venait de prendre enfin, malgré la protection de temps qu'il croyait avoir à vivre. N'étant pas
Mercure. mort i l'heure que l'astrologue lui avait assi-
Les astrologues tirent vanité de deux ou trois gnée, il se vil obligé de demander l'aumône, ce
de leurs prédictions accomplies, quoique sou- qu'il faisait en disant : —«Ayez pilié d'un homme
vent d'une manière indirecte, entre mille qui qui a vécu plus longtemps qu'il ne croyait. »
n'ont pas eu de succès. L'horoscope du poêle Une dame pria un. astrologue de deviner un
Eschyle portait qu'il serait écrasé par la chute chagrin qu'elle avait dans l'esprit. L'astrologue»
d'une maison; il s'alla, dit-on, mellre en plein après lui avoir demandé Tannée, le mois, le jour
champ, pour éviter sa destinée; mais un aigle, el l'heure de sa naissance, dressa, la figure de
qui avait enlevé une tortue, la lui laissa tomber
sur la tête, et il en fut tué. Si ce conte n'a pas élé
fail après coup, nous répondrons qu'un aveugle,
en jetant au hasard une multitude de flèches,
peut atteindre le but une fois par hasard. Quand
il y avait en Europe des milliers d'astrologues
qui faisaient tous les jours de nouvelles prédic-
tions , il pouvait s'en trouver quelques-unes que
l'événement, par cas fortuit, justifiait ; el celles-
ci, quoique rares, entretenaient la crédulité que
des millions de mensonges auraient, dû détruire.
L'empereur Frédéric-Barberousse, étanl sur le
point de quitter Vicence, qu'il venait de prendre
d'assaut, défia le plus fameux astrologue de de-
Aiigm-cs.
naient de cinq choses : 1° du ciel ; 2° dès oiseaux; trée d'un animal sauvage ou domestique dans une
3" des bêtes à deux pieds ; ft° des bêtes à quatre maison ; 2° la rencontre d'un animal sur/la roule
pieds ; 5° de ce qui arrive au corps humain, soit ou dans la rue; 3° la chute du tonnerre; h" un
dans la maison, soit hors de la maison. rat qui mange une savate, un renard qui étrangle
Mais les anciens livres, auguraux, approuvés une poule, un loup qui emporte une brebis, etc.;
parMaggiolidansledeuxièmecolloque du supplé- 5° un bruit inconnu entendu dans la maison, et
ment à ses Jours caniculaires, portent les objets qu'on-attribuait à quelque lutin; '6° le cri delà
d'augures à douze chefs principaux, selon le corneille ou du hibou, un oiseau qui tombe sur
nombre des douze signes du zodiaque : 1° Ten- le chemin, etc. ; 7° un chai ou Tout autre animal
entre par un trou dans la maison : on le pre-
1 On sait que Livie, étant grosse, imagina de qui nait pour un mauvais génie; 8° un flambeau qui
couver cl d'éclorc un oeufdans son soin', voulant au- s'éteint tout seul, ce que Ton croyait une malice
gurer du sexe de son enfant, par le sexe du poussin
qui viendrait. Ce poussin fut mAlo, et son enfant d'un démon; 9° le feu qui pétille. Les anciens
aussi. Les augures ne manquèrent pas de se préva- pensaient que Vulcain leur parlait alors dans le
loir du fail pour montrer aux plus incrédules la vd- foyer; 10° ils liraient encore divers présages
rilé do leur art; mais ce qui reste le miciix prouvé,
c'est que la chaleur humaine est suffisante pour l'in- lorsque la flamme étincelait d'une manière ex-
cubation des oeufs. traordinaire; 11° lorsqu'elle bondissait, ils s'ima-
AUG 65 AUP
•
ginaient que les dieux Lares s'amusaient à l'agi- plies, el revint auprès du démon, à qui il demanda
ter; 12° enfin, ils regardaient comme un motif de lire une seconde fois sa note. Elle se trouva
d'augure une tristesse qui leur survenait tout à effacée. — Ah ! vous m'avez joué, s'écria le
coup. . diable,.... mais on ne m'y reprendra plus.... En
Nous avons conservé quelques traces de ces disant ces mots, il s'en alla peu content.
superstitions, qui ne sont pas sans poésie. Nous avons dil que saint Augustin avait réfuté
Les Grecs modernes tirent des augures du cri le petit livre du Démon de Socratè, d'Apulée.- On
des pleureuses à gages. Ils disent que si Ton en- peut lire aussi de ce Père le traite de l'Antéchrist
tend braire un âne à jeun, on tombera infailli- et divers chapitres de son admirable ouvragé de
blement de cheval dans la journée, — pourvu la Cité de Dieu qui ont rapport au genre de- mer-
toutefois qu'on aille à cheval. Voy. ORNITHOMAN-veilles dont nous nous occupons.
CIE,AIGLE,CORNEILLE,HIBOU, ARUSPICES,elc. Aumône. Le peuple croit, en Angleterre, que,
Auguste. Ldoyer rapporte, après quelques pour les voyageurs qui ne veulent pas s'égarer
anciens, que la mère de l'empereur Auguste, dans leur route, c'est une grande imprudence de
étant enceinte de lui, eut un songe où il lui sem- passer auprès d'une vieille femme sans lui don-
bla que ses entrailles étaient portées dans le ciel, ner l'aumône, surtout quand elle regarde en face
ce qui présageait la future grandeur de son fils. celui dont elle sollicite la pilié'. —Celte opinion,
Ce nonobstant, d'autres démonographes disent nous n'aurons pas le courage de la condamner.
qu'Auguste était enfant du diable. —; Les caba- Aupetit (Pierre), prêtre sorcier du village de
listes n'ont pas manqué de faire de ce diable une Fossas, paroisse de Paias, près la ville de Çha- ,
salamandre. lus, en Limousin, exécuté à l'âge de cinquante
1 ans, le 25 mai 1598. —11 lie voulût
Auguste était superstitieux; Suétone rapporte pas d'abord ^
que, comme on croyait de son temps que la peau répondre au juge civil; il en fut référé au parle-
d'un veau marin préservait de la foudre, il était ment de Bordeaux, qui ordonna que le juge laïque
toujours muni d'une peau de veau marin. Il eut connaîtrait de cette affaire, sauf à s'adjoindre un
encore la faiblesse de croire qu'un poisson qui juge d'église. L'évêque de Limoges envoya un
sortait de la mer, sur le rivage d'Actium, lui membre de Tofficialité pour assister, avec le vice-
présageait le gain d'une bataille. Suétone ajoute sénéchal et le conseiller Pcyrat, à l'audition du
qu'ayant ensuite rencontré un ânier, il lui de- 'sorcier. — Interrogé s'il n'a pas été au sabbat de
manda le nom de son âne; que Panier lui ayant Menciras, s'il n'a pas vu Antoine Diimons de
répondu que son âne s'appelait Nicolas, qui si- Saint-Laurent, chargé de fournir des chandelles
gnifie vainqueur des peuples, il ne douta plus de pour l'adoration du diable ; si lui, Pierre Aupètit,
la victoire; et que, par la suite, il fit ériger des n'a pas tenu le fusil pour les allumer, etc. ; il a
statues d'airain à Tânier, à l'âne et au poisson répondu que non, et qu'à l'égard du diable, il
saillant. Il dit même que ces statues furent pla- priait Dieu de le garder de sa figure : ce qui élait
cées dans le Gapilole. le langage ordinaire des sorciers. — Interrogé
On sait qu'Auguste fut proclamé dieu de son s'il ne se servait pas de graisses, et si, après le
vivant, et qu'il eut des temples et des prêtres 2. sabbat, il n'avait pas lu dans un livre pour faire
Augustin (saint), évoque d'Hippono, l'un venir une troupe de cochons qui criaient et lui
des plus illustres Pères de l'Église. On lit dans répondaient: « Tiran, tiran, ramassien, rama-
Jacques de Yarasc une gracieuse légende sur ce » sien, nous réclamons cercles el cernes pour
grand saint : » faire l'assemblée que nous t'avons promise ; »
Un jour qu'il était plongé dans ses médita- il a répondu, qu'il, ne savait ce qu'on lui deman-
tions, il vil passer devant lui un démon qui por- dai t. — Interrogé s'il ne sait, pas embarrer ou
tail un livre énorme sur ses épaules. Il l'arrêta désembarrer, el se rendre invisible étant prison-
el lui demanda à voir ce que contenait ce livre. nier, il répond que non. — Interrogé s'il sait dire
— C'est le
registre dé tous les péchés des hom- des messes pour obtenir la guérison des malades,
mes, répond le démon; je les ramasse où je les il répond qu'il en sait dire en l'honneur des cinq
; trouve, el je les écris à leur place pour savoir plaies de Notre-Seigneur et de M. saint Côine.
: plus aisément ce que chacun me doit. — Mon- Pour tirer de lui la vérité, selon les usages
j Irez-moi, dit le pieux évoque d'Hippone, quels d'alors, on le menaça de la question. Il avoua
| péchés j'ai faits depuis ma conversion?.... Le alors qu'il était allé au sabbat ; qu'il lisait dans
[ démon ouvrit le livre, et chercha l'article de le grimoire; que le diable, en forme de mouton,
j sainl Augustin, où il ne trouva que celle petite plus noir que blanc, se faisait baiser le derrière;
note : — « H a oublié tel jour de dire les coni- que Gratoulet, insigne sorcier, lui avait appris
j
{ plies, » Le prélat ordonna au diable de l'attendre le secret d'embarrer, d'élancher et d'arrêter le
un moment; il serendit à l'église, récita lescom- sang ; que son démon ou
î esprit familier s'appe-
; * In lait Belzébut, et qu'il avait reçu en cadeau son
Augusto, cap. xc.
s ,," u J a quelques légendes sur Auguste dans les petit doigt. Il déclara qu'il avait dit la messe en
| l-cgcndcsde l'Ancien Testament. 1 Ficlding, Tom Jones, liv. XIV, eh, n,
8
AUfi — 66 — AUX
l'honneur de Belzébut, et qu'il savait embarrer Ausitif, démon peu connu, qui est cité dans
en invoquant le nom du diable et en mettant un la possession de Loudun.
liard dans une aiguillette ; il dit, de plus, que le Auspices, augures qui devinaient surtout par
diable parlait en langage vulgaire aux sorciers, le vol et le chant des oiseaux. Voy. AUGURES,
et que, quand il voulait envoyer du mal à quel- ARUSPICES, etc.
qu'un, il disait ces mots : « Vach, vcch, stet, sly, Automates. On croyait autrefois que ces ou-
stui' » Il persista jusqu'au supplice dans ces ridi- vrages de l'art étaient l'oeuvre du démon. Voy.
cules révélations, mêlées d'indécentes grossière- ALRERTLE GRAND,BACON» ENCHANTEMENTS, etc.
tés 1. Pour comprendre ces choses, voy. SABBAT. Autopsie, espèce d'exlase où des fous se
-
Aurinie» druidesse dont les Germains véné- croyaient en commerce avec les esprits.
raient grandement la mémoire'.' Elle est anté- Autruche. Il est bien vrai qiTelle avale du
rieure à Veliédâ. fer, car elle avale tout ce qu'elle rencontre*; mais
Aurore boréale, espèce de nuée rare, trans- il n'est pas.vrai qu'elle le digère, et -l'expérience
parente, lumineuse:., qui paraît la nuit, du côté a détruit cette opinion erronée'. — Les traditions
du nord. On ne saurait dnoire, dit Saint-Foix, du moyen âgé donnaient pour père à l'autruche
sous combien de formes: l'ignorance et la supers- un cygne et, pour mère une chamelle.
tition des siècles passés nous ent présenté Tâu- Autun (Jacques.d'). Voy. CHEVANNES. -
rore boréale. Elle produisait des visions diffé- Auxonne. "On- trouve dans le onzième tome
rentes dans Tesprit* des "peuples» selon que ces des Causes célèbres l'histoire d'une" possession
apparitions étaient plus ou inoins fréquentes, qui eut lieu à Auxonne, au milieu du dix-sep-
c'est-à-dire selon qu'on habitait des pays plus tième siècle; et Tattestalion des faits a été si-
ou moins éloignés du pôle. Elle fut d'abord un gnée par l'archevêque de Toulouse, l'évêque de
sujet d'alarmes pour les peuples du Nord; ils Rennes, l'évêque de Rodez, l'évêque de Châlons-
crurent leurs campagnes en feu et l'ennemi à leur sur-Saône et par F. Morel, N. Cornet, Ph. Leroy,
porte. Mais ce phénomène devenant presque jour- N. Grandin, tous docteurs de Sorbonnë. Dix-huit
nalier, ils s'y sont accoutumés. Ils disent que ce femmes, les unes religieuses, les autres dû monde,
sont des esprits qui se querellent et qui combat- se sont trouvées possédées, comme le reconnais-
tent dans lés airs, Cette opinion est surtout très- sent les vénérables signataires de l'acte 'que nous
acçréditée: en Sibérie. citons, lequel porté la date du 20 janvier 1652.
Les Groenlandâis', lorsqu'ils voient une aurore La possession avait duré dix ans » avec des
boréale, s'imaginent que ce sont les âmes qui phases diverses. Toutes ces filles étaient pieuses
jouent à la boule dans le ciel, avec une tête de et de moeurs pures. C'était donc une série d'é-
baleine. — Les habitants des pays qui tiennent preuves. On nomme dans la déclaration authen-
le milieu entre les terres arctiques et l'extrémité tique des faits Anne l'Écossaise, appelée soeur
méridionale de l'Europe n'y voient que des su- de la Purification; Denise Parisot, servante du
jets tristes ou menaçants, affreux ou terribles; lieutenant général d'Auxonne; la soeur M. Janini;
ce sont dés armées en feu qui se livrent de san- la soeur Humberte de Saint-François; la soeur
glantes batailles, dès têtes hideuses séparées de Marguerite de l'Enfant Jésus ; la soeur L. Arivey.
leurs troncs, des chars enflammés, des cavaliers
qui se percent de leurs lances. On croit voir des
pluies de sang ; on entend le bruit de la mous-
quelerle, le son des trompettes, présages funestes
de guerre et de calamités publiques.
Voilà ce que nos pères ont aussi vu et entendu
dans les aurores boréales. Faut-il s'étonner, après
cela, des frayeurs affreuses que leur causaient
ces sortes de nuées quand elles paraissaient? —
Ltt Chronique dé Louis J7 rapporte qu'en 17)65 Elles étaient agitées de convulsions lorsqu'il leur
on aperçut à Paris une aurore boréale qui fil fallait se confesser ; elles frémissaient à la vue
paraître toute la ville en feu. Les soldats qui fai- du Saint-Sacrement; elles proféraient des blas-
saient le guet en furent épouvantés, et un homme phèmes; elles se sentaient enlevées, courbées
en devint fou. On en porta la nouvelle aii roi, en deux ; elles se frappaient le crâne aux piliers
qui monta à cheval et courut sur les remparts. de l'église sans en rien souffrir. Elles étaient in-
Le bruit se répandit que les ennemis qui étaient sensibles aux piqûres, aux brûlures. Lorsque les
devant Paris se reliraient et mettaient le feu, à la exorcismes eurent obtenu leur délivrance, Tune
ville. Toul le monde se rassembla en désordre, d'elles vomit un gros crapaud; Anne l'Écossaise
et on trouva que ce grand sujet de terreur n'était vomit un morceau de drap enveloppé d'un cercle
qu'un phénomène. de cuir; une autre rejeta.un rouleau de taffetas
1 Delancre, Tableau de l'inconstance des mauvais • Voyez Brown, Des erreurs populaires, liv 1111
anges, liv. VI, dise. iv. ch. xxîî,
AVA — 67 — AX1
sur lequel étaient des caractères. L'évêque de avoir dit que la religion de Mahomet était une
Châlons-sur-Saône ayant ordonné au démon qui. religion de pourceaux.
possédait Denise de sortir par une vitre qu'il lui
désigna, la vitre se brisa aussitôt. Use fit ainsi
de ces choses qui sont au-dessus des forces hu-
maines et qui ne peuvent être qu'oeuvres- de
démons. -—Personne, jusqu'ici, n'a contesté ces
récits que nous ne donnons qu'en sommaire. -
Avarice. Ce vice infâme a souvent amené des
Ài'crroèa.
. Aveux des sorciers. Les ennemis de l'Église
possessions. Voy. Fischer el les Légendes des pé- disent que les .aveux des sorciers ont été .d'or-
chés capitaux. dinaire, obtenus par |a torture; ce qui n'est pas
Avenar, astrologue qui promit aux Juifs, sur exact. Les aveux tacites,sont sans nombre. Ceux
la foi des planètes, que leur Messie arriverait qui sont au diable, par possession ou, pacte, ne
sans faute en lilà, ou,, au plus tard, en 146Û. peuvent voir un prêtre sans frémir, ni, assister/à
Il donnait pour ses garants Saturne, Jupiter, la messe,.ni rien supporter de ce qui est à Dieu.
l'Écrevisse et les Poissons. Tous les Juifs tinrent Ensuite la torture n'a jamais été exercée par
leurs fenêtres ouvertes pour recevoir l'envoyé de l'Église, mais seulement, par la puissance civile.
Dieu, qui n'arriva pas, soit que l'Écrevisse.eut Avicenne, célèbre médecin arabe:, mort: vers
reculé, soit que les Poissons d'Avenar ne fussent le milieu du onzième siècle, fameux par le grand
que des poissons d'avrild. nombre el'.l'étendue .de ses ouvrages, et par sa
Avenir. C'est pour en pénétrer les secrets vie aventureuse. On peut, en quelque sorte, le
qu'on a inventé tant de moyens de dire la bonne comparer,à Agrippa. Les-Arabes croient qu'il
aventure. Toutes les divinations ont principale- maîtrisait les esprits et qu'il, se faisait'servir par
ment pour objet de connaître l'avenir. des génies. Comme il rechercha la pierre philo-
Averne, marais consacré à Pluton, près de sophale, on dit encore, dans plusieurs contrées
Bayes. 11en sortait des exhalaisons si infectes, de l'Arabie, qu'il n'est pas mort; mais que, grâce
qu'on croyait que c'était l'entrée des enfers. à l'élixir de longue,vie et à l'or potable, il vit
Averroès, médecin arabe et le plus grand dans une retraite ignorée avec une grande puis*
philosophe de sa nation, né à Cordoue dans le sance. — Il a composé divers' livres d'alchimie
douzième siècle. Il s'acquit une si belle réputa- recherchés des songe-creux. Son traité de la
tion de justice, de vertu et de sagesse, que le Congélation de la pierre et son Tractalulus de
roi de Maroc le fit'jùge de toute la Mauritanie. Il alchimiase trouvent dans les deux premiers:vo-?
traduisit Aristole en arabe, et composa plusieurs lûmes de YArs aurifera, Bâle, 1610. Son Ars
ouvrages sur la philosophie et la médecine. Quel- chimica a élé imprimé à Berne, 1572. On lui
ques démonographes ont voulu le mettre au altribué encore deux opuscules hermétiques inr
nombre des magiciens et lui donner un démon sérés clans le Thcalrum chimkum, et un volume
familier. Malheureusement, Averroès était un épi- in-8D, publié à Bâle, en 1572 , sous le titre de la
curien, mahbmétan pour la forme, et ne croyait Porte des éléments, Porta elcmcnlontm. — Les
pas à l'existence dès; démons 2. L'empereur de livres de secrets merveilleux s'appuient souvent
Maroc, un jour, lui fit faire amende honorable à du nom d'Avicenne pour les plus absurdes re-
la porte d'une mosquée, où tous les passants cettes.
eurent permission de lui cracher au visage, pour Axaphat, démon invoqué dans les litanies du
' M. sabbat.
Salgues, Des erreurs et des préjugés, t. I,
p. 290, Axinomancie, divination par le moyen d'une
Magiam doemoniacam ore negarunt Aver- hache ou cognée de bûcheron. François de Torre-
roès cl alii epicurei, qui, plcno
una cum Saducoeis doe- Blanca, qui en parled, ne nous dit pas comment
l mouesesse negarunt. (Torre-Blanca,Dëîî7s magiques,
i »V.II, cil. Y.) » Epist. dclict., sivedemagia,Mv. I, cap. xxiv.
5.
AYM 68 AZA
les devins maniaient la hache. Nous ne ferons tenant sa bougie en main, il attendit le spectre,
donc connaître que les deux moyens employés qui bientôt ouvrit la porte et parut. C'était un
ouvertement dans l'antiquité et pratiqués encore squelette qui n'avait que les os; il élait, avec
dans certains pays du Nord. cela,, chargé de chaînes. Ayola lui demanda ce
1° Lorsqu'on veut découvrir un trésor, il faut qu'il souhailait. Le fanlôme, selon l'usage, lui
se procurer une agate ronde, fa|re rougir au feu fit signe de le suivre. En descendant l'escalier,
le fer de la hache, et la poser-de manière que le la bougie s'éteignit. Ayola eut le courage d'aller
tranchant soit bien perpendiculairement en l'air. la rallumer, et marcha derrière le speclre, qui
On place la pierre d'agate sur le tranchant. Si le mena le long d'une cour où il y avait un puits.
elle s'y lient, il n'y a pas de trésor; si elle tombe, 11craignit qu'il ne voulût l'y précipiter, et s'ar-
elle roule avec rapidité. On la replace trois fois, rêta. L'esprit lui fit signe de continuer à le suivre ;
et si elle roule trois fois vers le même lieu, c'est ils entrèrent dans le jardin, où la vision disparut.
qu'il y a un trésor dans ce lieu même ; si elle —: Le jeune homme arracha quelques poignées
prend à chaque fois une route différente, on peut d'herbe, pour reconnaître l'endroit; il alla en-
chercher ailleurs. suite raconter à ses compagnons ce qui lui élail
2° Lorsqu'on veut découvrir des voleurs, on arrivé, et, le lendemain matin, il en donna avis
pose la hache à terre; le fer en bas et le bout du aux principaux de Bologne. Ils vinrent sur les
manche perpendiculairement en l'air; on danse lieux et y firent fouiller. On trouva un.corps dé-
en rond alentour jusqu'à ce que le bout du charné, chargé de chaînes. On s'informa qui ce
manche s'ébranle et que la hache s'étende sur le pouvait être; mais on né put rien découvrir de
sol : le bout du manche indique la direction qu'il certain. On' fit faire au mort des obsèques con-
faut prendre pour-aller à la recherche des vo- venables; on l'enterra, et depuis ce temps la
leurs. Quelques-uns disent que pour cela il faut maison ne fui plus inquiétée. Ce fait est rapporté
que le fer de la hache soit fiché en un pot rond : par Antoine de Torquemada, dans son Hexaméron.
« Ce qui est absurde tout à fait, comme dit De- Ayperos, comte de l'empire infernal. C'est le
lancre ' ; car quel moyen de ficher une cognée même qu'Ipès. Voy. ce mot.
dans un pot rond, non plus que coudre ou rapié- : Azael, l'un des anges qui se révoltèrent conlre
cer ce pot, si la cognée l'avait une fois mis en Dieu. Les rabbins disent qu'il est enchaîné sur
pièces? » des pierres pointues, dans un endroit obscur du
Aym. Voy. HABORYM. désert, en attendant le jugement dernier.
Aymar (Jacques), paysan né à Sainl-Véran, Azariel, ange qui, selon les rabbins du Tal-
en Daupluné, le 8 septembre 1662, entre minuit mud, a la surintendance des eaux de la terre.
et une heure. De maçon qu'il élait, il se rendit Les pêcheurs l'invoquent pour prendre de gros
célèbre par l'usage de la baguette divinatoire. poissons.
Quelques-uns, qui donnaient dans Tàslrologie, Azazel, démon du second ordre, gardien du
ont attribué son rare talent à l'époque précise de bouc. A la fête de l'Expiation, que les Juifs célé-
sa naissance ; car son frère, né dans le même braient le dixième jour du septième mois', on
mois, deux:ans plus lard, ne pouvait rien faire
avec la baguette. Voy. BAGUETTE DIVINATOIRE.
Aymon (les quatre fils). Siècle" de Charle-
magne. Ils avaient un cheval merveilleux. Voy.
BAYAIID..
Aynas, mauvais démons, ennemis des Cou-
dais, qui sont les dieux des 'fartares.
Ayola (Vasques de). Vers 1570, un jeune
homme nommé Vasques de Ayola étant allé à
Bologne „ avec deux de ses compagnons, pour y
étudier en droit, et n'ayant pas trouvé de loge-
ment dans la ville, ils habitèrent une grande el
belle maison, abandonnée parce qu'il y revenait
un spectre qui épouvantait tous ceux qui osaient
y loger ; mais ils se moquèrent de lous ces récits
et s'y installèrent.
Au bout d'un mois, Ayola veillant un soir seul
dans sa chambre, et ses compagnons dormant
tranquillement dans leurs lits, il entendit de loin
un bruit de chaînes, qui s'approchait et qui sem- amenait au grand prêtre deux boucs qu'il lirait
blait venir de l'escalier de la maison ; il se recom- au sort : l'un pour le Seigneur, l'autre pour Aza-
manda à Dieu, prit un bouclier, une épée, et, 1 Le septième mois chez les Juifs répondait à sep
1 L'incrédulité et mêcréance, elc, traité V. lembré.
AZE 69 — BAA
zel. Celui sur qui tombait le sort du Seigneur . Azourcheb, selon les traditions des mages de
était immolé, et son-sang servait pour l'expia- la Perse, est le plus grand de tous les anges. Il
tion. Le grand prêtre niellait ensuite ses deux avait un temple à Balkh , dans le Korassan.
mains sur la tête de l'autre, confessait ses péchés Azraël ou Azraïl, ange de la mort. On conte
et ceux du peuple, en chargeait cet animal, qui que cet ange, passant un jour sous une forme
était alors conduit .dans le désert et mis en li- visible auprès de Salomon, regarda fixement un
berté; et le peuple, ayant laissé au bouc d'Aza- homme assis à côlé de lui. Cet homme demanda
zel, appelé aussi le bouc émissaire, le soin de ses qui le regardait ainsi, et, ayant appris de Salo-
iniquités, s'en relournailen silence.— Sel on Milion, mon que c'était l'ange de la mort : — « Il semblé
Azazel esl le premier porte-enseigne des armées m'en vouloir, dit-il; ordonnez, je vous prie, au
infernales. C'est aussi le nom du démon donl se vent de m'einporler dans l'Inde. » — Ce qui fut
servait, pour ses prestiges, l'hérétique Marc. fail aussitôt. Alors l'ange dit à Salomon : — « Il
Azer, ange du feu élémentaire, : selon les n'est pas étonnant que j'aie considéré cet homme
Guèbres. Azer est encore le nom du père de avec tant d'altenlion : j'ai ordre d'aller prendre
Zor'oaslre. son âme dans l'Inde, et j'étais surpris de le trou-
Aziel, l'un des démons évoqués par Faust. ver près de toi, en Palestine... » — Voy. MORT,
. Azote. L'aspiration de T'oxyde d'azote fait sur AME, etc. •— Mahomet citait cette histoire pour
les sens l'effet du haschisch sur le cerveau. Elle prouver que nul ne peut échapper à sa destinée^
amène des illusions. . — Azraël esl différent d'Asrnfil.
Baal, grand-duc dont" la dominalion esl très- et lui reconnaissaient le pouvoir d'empêcher
étendue aux enfers. Quelques démonomanes le leurs esclaves de s'enfuir. Néanmoins, disent les
désignent comme général en chef des. armées rabbins, c'est pendant un sacrifice que Pharaon
infernales. Il était alors adoré des Chananéens, faisait à celte idole que les
des Carthaginois, des Chaldéens, des Babyloniens Hébreux passèrent la mer
et des Sidoniens ; il le fut aussi des Israélites Bouge, et on lit dans le Tar-
lorsqu'ils tombèrent dans Tidolâlrie. On lui of- gum que l'ange extermina-
frait des victimes humaines. On voit dans Arrîobe teur, ayant brisé les statues
que ses adorateurs ne lui donnaient point de de tous les autres dieux, ne
sexe déterminé. Souvent, en Asie, il a élé pris laissa debout que celle de
pour le soleil. Baalzephon.
Baalbérith, démon du second ordre, maître Baaras, plante merveil-
ou seigneur de l'alliance. 11est, selon quelques leuse , que les Arabes appel-
démonomanes, secrétaire général et conserva- lent herbe d'or, et qui croît
teur des archives de l'enfer.; Les Phéniciens, qui sur le mont Liban. Ils disent
l'adoraient, le prenaient à témoin de leurs ser- qu'elle paraît au mois de mai,
ments. Beaucoup de ces idoles étaient des dé- après la fonte des neiges. La
mons dont le nom Baal signifiait dieu ou roi. Il nuit, elle jette de la clarté
y avait Baalgad, qui donnait la fortune; Baal- comme un petit flambeau ;
pharas, qui était malfaisant; Baalsemen, qu'on mais elle esl invisible le jour ;
disail IrônanL dans les deux, ce qui n'élait el même , ajoutent-ils, les
pas vrai; Baalzréphp, qu'on plaçait en senti- feuilles qu'on a enveloppées
nelle aux frontières, aussi selon les démono- dans des mouchoirs dispa-
graphes. raissent, ce qui leur fait croire qu'elle est en-
Baaltein. Le voyageur Pennant dit qu'il reste sorcelée, d'aulant plus qu'elle transmue les
dans, quelques pays du Nord un reste du culte mélaux en or, qu'elle rompt les charmes el les
de Baal ou Bel ; il y vil la cérémonie du Baaltein sortilèges, etc. —Josèpbe, qui admcl beaucoup
ou Bellane qui se fail le 1er mai. On fait cuire au d'autres contes, parle de celle plante dans la
four, avec certaines cérémonies, un gâteau que guerre des Juifs '. « On ne la saurait toucher
l'on distribue par-portions éparses aux oiseaux sans mourir, dit-il, si on n'a dans la main de la
de proie, afin qu'ils épargnent les troupeaux. * Liv. VII, ch. xxv, Elien, de Animal., liv. XIV,
Baalzephon esl le capitaine des gardes ou ch. XXYII, accorde les mômes vertus à la plante
- . .
sentinelles de l'enfer. Les Égyptiens l'adoraient aglaopholis. Voyez ce mol,
BAB — 70 •- BAC
racine de la même plante; mais on a trouvé'-un difforme, tantôt de corne solide comme ceux du
moyen de la cueillir sans péril : on creuse la cheval, tantôt fendu comme ceux du boeuf '. »
terre tout alentour, on attache à la racine mise Les sorciers des temps modernes l'appellent
à nu un chien qui, voulant suivre celui qui Ta plus généralement Léonard, ou Satan, ou le
attaché, enlève la plante et meurt aussitôt. Après bouc, ou maître Rigoux.
cela, on peut la manier sans danger. Les dé- Ce qui sans doute appuie cette opinion que le
mons qui s'y logent, et qui sont les âmes des démon du sabbat est le même que Bacchus, c'est
méchants, tuent ceux qui s'en emparent autre- le souvenir des orgies qui avaient lieu aux bac-
ment que par le moyen qu'on vient d'indiquer; chanales.
et, ce qui d'un autre côté n'est pas moins mer- Bacis, devin de Béotie. Plusieurs de ceux qui
veilleux»- ajoute encore Josèphe, c'est qu'on met se mêlèrent de prédire les choses futures por-
en fuite les démons des corps des possédés aus- tèrent ce même nom de Bads2.- Leloyer dit que
sitôt, qu'on approche d'eux la plante baaras. » les. Athéniens révéraient les vers prophétiques
Babailanas. Voy. GATALONOS. de leurs bacides, « qui étaient trois insignes sor-
3
Babau, espèce d'ogre ou de fantôme dont les ciers très-connus ».
nourrices'menacent les petits enfants dans les Bacon (Roger) parut dans le treizième siècle.
provinces du midi de la France, comme on les Celait un cordelier anglais. Il passa pour magi-
effraye à Paris de Croquemilaine, et en Flandre cien, quoiqu'il ait écrit contre la magie, parce
de Pier-Jan Claes, qui .est Polichinelle. Mais qu'il étudiait la physique et qu'il faisait des ex-
Babau ne se contente pas de fouetter, il mange périences, naturelles. Il est vrai pourtant qu'il y
en salade les enfants qui sont méchants. a dans ses écrits de singulières choses, et qu'il
Babel. La tour de Babel fut élevée cent quinze voulut élever l'astrologie judiciaire à'ia dignité
ans après le déluge universel. On montre lès de la science. On lui attribue Tinvenlion de la
ruines ou les traces de celle tour auprès de Bag- poudre. Il paraîlrait même qu'on lui doit aussi
dad. — On sait que sa construction amena la les télescopes et les lunettes à longue vue. Il
confusion des langues. Le poêle juif Emmanuel ; était versé dans les beaux-arts, et surpassait
à propos de cette confusion, explique dans un tous ses-contemporains par l'étendue de ses con-
de: ses sonnets comment Je mot sac est resté naissances et par la subtilité de son génie. Aussi
dans tous les idiomes. « Ceux qui travaillaient à on publia qu'il devait sa supériorité aux démons,
la four de Babel avaient, dit-il, comme nos ma- avec qui il commerçait.
noeuvres, chacun un sac pour ses petites provi- Cet homme savant croyait donc à l'astrologie
sions.. Quand le Seigneur confondit leurs lan- et à la pierre philosophale."Delrio, qui n'en fait
gages, la peur les ayant:pris,! chacun voulut pas un magicien, lui reproche seulement des
s'enfuir,' et demanda son sac. On ne répétait superstitions. Par exemple, François Pic dit
partout que; ce mot, et c'est ce qui Ta fait passer avoir lu dans son livre des Six sciences qu'un
dans toutesleslangues qui se formèrent alors. » homme pouvait devenir prophète et prédire des
BabineÇ (M;), l'un de nos savants les plus choses futures par le moyen d'un miroir, que
forts et- lès plus spirituels. Cependant il s'est Bacon nomme almuchefi, composé suivant les
permis ^quelques excentricités. Par exemple, règles de perspective; pourvu qu'il s'en serve,
dans son admiration devant nos progrès, il an- ajoule-t-il, sous une bonne'• constellation, et
nonce qu'Un jour l'homme actuel né sera que le après avoir tempéré son corps par l'alchimie.
chien de' l'homme plus perfectionné qui doit ve- Cependant Wierus accuse Bacon de magie
nir^ Ne soyons donc pas trop fiers. goétique, et d'autres doctes assurent que TAnte-
jBapchuSi Nous ne. rapporterons pas ici les christ se servira de ses. miroirs magiques 'pour
.fables dont l'ancienne mythologie a orné son faire des miracles.
histoire. Nous ne faisons mention de Bacchus que Bacon se fit, dit-on, comme Albert le Grand,
parce que les détnonographes le regardent un androïde. C'était, assurent les conteurs, une
comme l'ancien chef du sabbat fondé par Or- lêle de bronze qui parlait distinctement, et
phée; ils disent qu'il le présidait sous le nom de même qui prophétisait. On ajoute que, l'ayant
Sabasius. « Bacchus, dit Leloyer, n'était qu'un consultée pour savoir s'il serait bon d'entourer
démon épouvantable et nuisant, ayant cornes en l'Angleterre d'un gros mur d'airain, elle répon-
tête et javelot en main. C'était le maître guide- dit :'// est temps.
danse 4, et dieu des sorciers et des sorcières ; Un savant de nos jours (M. E. J. Deléeluze) a
c'est leur chevreau, c'est leur bouc cornu , c'est publié sur Bacon une remarquable notice, qui le
le prince des bouquins, satyres et silènes. Il ap- pose justement parmi les intelligences supé-
paraît toujours aux sorciers ou sorcières, dans rieures.
leurs sabbats, les cornes en tête; el hors des Les curieux recherchent, de Roger Bacon, le
sabbats, bien qu'il montre visage d'homme , les 1 Discours des spectres, liv. VIII, ch. v.
sorcières ont toujours confessé qu'il a le pied 2 Cicero, De divin,, lib. I, cap. xxxiv.
1 Discours des spectres, liv. VII, ch. m. 3 Discours des spectres, liv. VII, ch. m.
BAC — 71 — BAG
petit traité intitulé Spéculum alchimioe, traduit Baetilës, pierres que les anciens consultaient
en français par J. Girard de Tournus, sous le comme des oracles et qu'ils croyaient animées.
titre de Miroir d'alchimie, in-12 et in-8°, Lyon, C'étaient quelquefois des espèces de talismans.
1557; Paris, 1612. Le même a traduit l'Admi- Saturne, pensant avaler Jupiter, dévora une de-
rable puissance de l'art et de la nature, in-8°, ces pierres émmaillollée, Il y en avait de petites,
Lyon, 1557; Paris, 1729. Depotéslate mirabili taillées eu forme ronde, quel'oii portait au cou;
artis et naturoe. ... on les trouvait sur. des montagnes où elles toni"
'
On-ne confondra pas. Roger Bacon avec Fran- baient avec le tonnerre, .-'<
çois Bacon, grand chancelier d'Angleterre » mort Souvent les baetilës étaient des statues ou
en 1626, que-Walp'ole appelle « le prophète (un mandragores. On en cite de merveilleuses qui
peu aventureux)1'.des-, vérités que Newton est rendaieii t des oracles, et dont la .vèix ' sifflait
venu révéler aux hommes. » , comme celle dès jeunes Anglaises;" On assure
Bacoti, nom commun aux devins et aux sor- même que quelques baetilës tombèrent directe-
ciers de Tonquin. On interroge surtout le baCoti ment du ciel ; Telle était la pierre noire de Pllry-
pour savoir des nouvelles des morts. 11 bat le gie que Scipion Nasica
"• . ' amena à Rome en grande
tambour, appelle-le mort à grands cris, se tait pompe./
ensuite pendant que le défunt lui parle àT'ôjieiHe On révérait à Sparte; dans le teinplë de Mi-
sans se laisser voir»-et donne ordinairement de nerve Cllalcidique, des baHiles de là forme d'un
bonnes nouvelles, parce qu'on les paye mieux. casque ; qui, dit-on, s'élevaient sur Teau au son
Bad, génie des vents et des -tempêtes chez de la trompette,: et plongeaient dès qu'on- pro-
les Persans;:'Il préside' au- vingt-deuxième jour nonçait le nom dès. Athéniens; Oh disait ces
de la lune; . ; - pierres trouvées dans -.'l'Enrôlas V
Baducke, plante dont on prétend que le fruit, Bag; idole persane qui a donné son nom à
pris dans du lait, glace les sens. Les magiciens la ville de Bagdad,
l'ont quelquefois employé pour nouer Taiguil- Bagoé, devineresse que quelques-uns croient
leLte. Il suffit, dit-on, d'en faire boire une infu- être la sibylle Erythrée. C'est, dit-on, la pre-
sion à celui qu'on-veut lier;- mière femme qui ait rendu des oracles. Elle de-
Badumna, fée ou elfe supérieure qui domine vinait eh Toscane:, et jugeait surtout des événe-
dans les forêls : mythologie Scandinave. ments par le tonnerre; Voy. BIGOÏS.
Baël, démon cité; dans le Grand Grimoire, en Bague. Voy. ANNEAU;
tète des puissances infernales; C'est aussi par lui Baguette divinatoire, rameau fourchu dé
que Wierus commencé l'inventaire, de sa fa- coudrier, d'aune, do hêtre ou de pommier, à
meuse Pseudomonarchia doemonum.. .11 appelle l'aide duquel oîi découvre les métaux, les sources
Baël le: premier roi de l'enfer ; ses États sont cachées, les trésors, les maléfices et les voleurs,
dans la partie orientale. Il se montre avec trois Il y a longtemps qu'une baguette est réputée
nécessaire à certains prodiges. On en donne une
aux fées et aux sorcières puissantes. Médée,
Circé, Mercure, Bacchus, Zoroastre » Pylhagore»
les sorciers de Pharaon, voulant singer la verge
de Moïse, avaient une baguette; Romulus pro-
phétisait avec un bâton augurai. Les Alains et
d'autres peuples barbares consultaient leurs
dieux en fichant une baguette en terre. Quel-
ques devins de village prétendent encore deviner
beaucoup de choses avec la baguette. Mais c'est
surtout à la fin du dix-seplième siècle qu'elle fit
le plus grand bruit : Jacques Aymar- la mit en
vogue en 1692. Cependant, longtemps aupara-
vant, Delrio 2 avait indiqué, parmi lés pratiques
superstitieuses, l'usage d'une baguette de cou-
drier'pour découvrir les voleurs; mais Jacques
Aymar opérait des prodiges si variés el qui sur-
prirent tellement, que le père Lebrun 'etlesa-
tètes, dont Tune a la figure d'un crapaud, l'autre
celle d'un homme, la troisième celle d'un chat. 1 Tome III des Mémoiresde l'Académie des inscrip-
Sa voix est rauque; mais il se liât très-bieiT. Il1 tions.
rend ceux qui l'invoquent fins et rusés, et leur, 2 Disquisit. magie, lib. III, sect. ult.
3 Dans ses Lettres, qui découvrent l'illusion des.
apprend le moyen d'être invisibles au besoin. '
Soixante-six légions lui obéissent. — Esl-ce le} philosophes sur la baguette et qui détruisent -leurs
systèmes (in-12, Paris, 4693), et dans son Histoire
même que Baal ? des pratiques superstitieuses, .'"""'
BAG — 72 BAG
vaut Maleb.ranche d les attribuèrent au démon, s'arrêtas enfin devant la prison de' Beaucaire et
pendant que d'autres les baptisaient du nom de assura a qu'il y avait là un des criminels. Parmi
physique occulte ou d'électricité souterraine. Ii prisonniers qu'on amena, un bossu qu'on ve-
les
Ce talent de.tourner là baguette divinatoire nait r d'enfermer ce jour même pour un larcin
n'est donné qu'à quelques êtres privilégiés. On commis c à la foire fut celui que la baguette dési-
peut éprouver si on Ta reçu de la nature ; rien gna. g On'conduisit ce bossu dans tous les lieux
n'est plus facile. Le coudrier est surtout l'arbre cqu'Aymar avait visités : partout il fut reconnu.
le plus propre. 11ne s'agit, que d'en couper une En arrivant à Bagnols, il finit par avouer que
branche fourchue , et de tenir dans chaque main deux c Provençaux l'avaient engagé, comme leur
les deux bouts supérieurs. En mettant le pied valet, \ à tremper dans ce crime; qu'il n'y avait
sur l'objet qu'on cherche ou sur les vestiges qui pris { aucune part; que ses deux bourgeois avaient
peuvent indiquer cet objet, Ta baguelte tourne fait f le meurtre et le vol, et lui avaient donné six
d'elle-même dans la main, et c'est un indice in- écus ( et demi.
faillible. . Ce qui sembla plus étonnant encore, c'est que
, Ayant Jacques Aymar on n'avait employé la JJacques Aymar ne pouvait se trouver auprès du
baguette qu'à la recherche des métaux propres à bossu 1 sans éprouver de grands maux de coeur,
l'alchimie. A l'aide de la sienne, Aymar fit des et < qu'il ne passait pas sur un lieu où il sentait
merveilles de tout genre. Il-découvrait les eaux < qu'un: meurtre avait été commis sans se sentir
souterraines, les Jiornes déplacées, les malé- l'envie 1 de vomir.
fices, les voleurs et les assassins. Le bruit de Comme lès révélations du bossu confirmaient
ses talents s'étant répandu , il futappelë à Lyon, les I découvertes d'Aymar, les uns admiraient son
en 1672, pour.dévoiler un mystère qui embar-^ étoile < et criaient au prodige, tandis que d'autres
rassait la justice. Le 5 juillet de cette même an- publiaient
] qu'il était sorcier. Cependant' on ne
née, sur les dix heures du soir, un marchand de put | trouver lès deux assassins, et le bossu fut
vin et sa femme avaient été égorgés à Lyon, en- irompu vif.
terrés dans leur cave, et tout leur argent avait Dès lors plusieurs personnes furent douées du
élé volé. Cela s'était fait si adroitement qu'on ne talent de Jacques Aymar, talent ignoré jusqu'à
soupçonnait pas même les auteurs du.crime. Un lui. 1 Des femmes mêmes firent tourner la baguette.
voisin fit venir Aymar; Le.-lieutenantcriminel et Elles avaient des convulsions et des maux de
le procureur du roi le conduisirent dans la cave. coeur < en passant sur un endroit où un meurtre
H parut très-ému en y entrant ; son pouls s'éleva avait; été commis; ce mal ne se dissipait qu'avec
comme dans une grosse fièvre ; sa baguette, qu'il un verre de vin. '''•
tenait à la main, tourna rapidement dans les Aymar faisait tantde bruit, qu'on publia bien-
deux endroits où Ton avait trouvé les cadavres tôt des livres sur sa baguette et ses opérations.
du mari et de la femme. Après quoi, guidé par M. de Vagny, procureur du roi à Grenoble, lit
la baguette ou par un sentiment intérieur, il sui- imprimer une relation intitulée Histoire mer-
vit les rues où les assassins avaient' passé, entra veilleuse d'un maçon qui, conduit par la baguelte
dans la cour de l'archevêché, sortit de la ville divinatoire, a suivi un meurtrier pendant qua-
par le ppnt du Rhône, et prit à main droite le rante-cinq heures sur la terre, et plus de trente
long de ce fleuve. — Il fut éclairci du nombre sur l'eau. Ce paysan devint le sujet de tous les
des assassins en arrivant à la maison d'un jardi- entretiens. Des philosophes ne virent dans les
nier, où il soutint opiniâtrement qu'ils étaient prodiges de la baguette qu'un effet des émana-
trois, qu'ils avaient entouré une table et vidé tions des corpuscules, d'autres les attribuèrent à
une bouteille sur laquelle la baguette tournait. Satan. Le père Lebrun fut de ce nombre, et Ma-
Ces circonstances furent confirmées par l'aveu lebranche adopla son avis.
de deux enfants de neuf à dix ans, qui déclarè- Le fils du grand Condé, frappé du bruit de tant
rent qu'en effet Irois hommes de mauvaise mine: de merveilles, fit venir Aymar à Paris. On avait
étaient entrés à la maison et avaient vidé la bou-• volé à mademoiselle de Condé deux .petits flam-
teille désignée par le paysan. On continua de; beaux d'argent. Aymar parcourut quelques rues
poursuivre les meurtriers avec plus de confiance., de Paris en faisant tourner la baguette ; il s'ar-
La trace de leurs pas, indiqués sur le sable par• rêta à la boutique d'un orfèvre, qui nia le vol et
la baguette, montra qu'ils s'étaient embarqués. , se trouva très-offensé de l'accusation. Mais le len-
Aymar les suivit par eau, s'arrêlant à tous les; demain on remit à l'hôtel le prix des flambeaux;
endroits où les scélérate avaient pris terre, re-• quelques personnes dirent que le paysan l'avait
connaissant les lits où ils avaient couché, les5 envoyé pour se donner du crédit.
tables où ils s'étaient assis, les vases où ils3 Dans de nouvelles épreuves, la baguelte prit
avaient bii; des pierres pour de l'argent, elle indiqua de l'ar-
Après avoir longtemps étonné ses guides, ilI génl où il n'y en avait point. En un mot, elle
1 Dans ses réponses au père Lebrun. On écrivitL opéra avec si peu de succès, qu'elle perdit son
une multitude de brochures sur celle matière. renom. Dans d'aulres expériences, la baguette
BAG \ — 73 — BAG
resla immobile quand il lui fallait tourner. Aymar, priant. La baguette ne tourna plus : d'où Ton con-
un peu confondu, avoua enfin qu'il n'était qu'un clut que c'ôlait le démon ou l'imagination trou-
charlatan adroit, que la baguette n'avait aucun blée qui l'agitait.
pouvoir, et qu'il avait cherché à gagner de l'ar- On douta un peu de la médiation du diable,
gent par ce petit procédé... dès que le fameux devin fut reconnu pour un im-
Pendant ses premiers succès, une demoiselle posteur. On lui joua surtoul un tour qui décrédita
de Grenoble, à qui la réputation d'Aymar avait considérablement la baguette. Le procureur du
persuadé qu'elle étail douée aussi du don de tour- roi au Chàtelet de Paris fit conduire Aymar dans
ner la baguette,, craignant que ce don ne lui vînt une rue où Ton avait assassine .un archer du guet.
de l'esprit malin, alla consulter le père Lebrun, Les meurtriers étaient arrêtés, on connaissait lès
qui lui conseilla de prier Dieu en tenant la ba- rues qu'ils avaient suivies, les lieux où ils s'étaient
guelte. La demoiselle jeûna et prit la baguette en cachés : la baguette resta immobile.
On fit venir Aymar dans la rue de la Harpe, où plus vivement. Il passa le lieu où Técu élait ca-
l'on avait saisi un voleur en flagrant délit; la per- ché; la baguelte cessa de tourner. L'enfant revint
fide baguette trahit encore toutes les espérances. donc sur ses pas ; la baguette sembla reprendre
Néanmoins la baguette divinatoire ne périt un mouvement très-vif ; elle redoubla vers l'en-
point ; ceux qui prétendirent la faire tourner se droit qu'on cherchait. Le devin se baissa, cher-
multiplièrent même, et ce talent vint jusqu'en cha dans l'herbe el trouva le petit écu, à l'admi-
Belgique. Il y eut à Heigne, près de Gosselies, ration de tous les spectateurs.
un jeune garçon qui découvrit les objets cachés Sur l'observation que le bourgeois fit, pour
ou perdus au moyen de la baguelte de coudrier. essayer la baguelte, qu'il avait perdu encore
Cette baguette, disait-il, ne pouvait pas avoir d'autre argent, le jeune garçon la reprit, mais
plus de deux ans de pousse. — Un homme, vou- elle ne tourna plus. — On se crut convaincu de
lant éprouver Tart de l'enfant de Heigne, cacha la réalité du talent de l'enfant. On lui demanda
un écu au bord d'un fossé, le long d'un sentier qui l'avait instruit. « C'esl le hasard, dit-il; ayant
qu|on ne fréquentait presque pas. Jl fit appeler un jour perdu mon couteau en gardant les trou-
le jeune garçon et lui promit un escalin s'il pou- peaux de mon père, el sachant louL ce qu'on di-
vait retrouver l'argent perdu. Le garçon alla sail de la bagueLle de coudrier, j'en fis une qui
cueillir une branche de coudrier, et tenant dans tourna, qui me fit retrouver ce que je cherchais-
ses deux mains les deux bouts de celle baguelte, et ensuite beaucoup d'aulres objets perdus. »
qui avail la forme d'un Y, après avoir pris diffé- Celait très-bien. Malheureusement d'autres
rentes directions, il marcha devant lui et s'enga- épreuves, examinées de plus près» ne réussirent
gea dans le pelil sentier. La baguette sîagitait pas, et on reconnut que la baguette divinatoire-
BAG - 74 - BAG
était là aussi une petite supercherie. Mais on y Le bon père Ménestrier, dans ses Réflexions
avait cru un siècle et des savants avaient fait im- sur les indications de la baguette, Lyon, 1694,
primer cent volumes pour l'expliquer. s'étonne du nombre de gens qui devinaient alors
« Faut-il rassembler des arguments pour prou- par ce moyen à la mode. « A combien d'effets,
ver l'impuissance de la baguette divinatoire? poursuit-il, s'étend aujourd'hui ce talent ! Il n'a
ajoute M. Salgues'. Que l'on dise quel rapport il point de limites. On s'en sert pour juger de la
peut y avoir entre, un voleur, une source d'eau, bon lé des étoffes et de la différence de leurs prix,
une: pièce de métal et un bâLùn de coudrier. On pour démêler les innocents des coupables, pour
prétend que la baguette tourne en vertu de l'at- spécifier le crime. Tous les jours cette vertu fail
traction. Mais par quelle vertu d'attraction les de nouvelles découvertes inconnues jusqu'à pré-
émanations qui s'échappent d'une fontaine, d'une sent. » "
,:
pièce d'argent ou du corps d'un meurtrier tor- Il y eut même en 1700, à Toulouse, un brave
dent-elles une branche de coudrier qu'un homme homme qui devinait avec la baguette ce que fai-
robuste tient fortement entre ses mains? D'ail- saient des personnes absentes. Il consultait la
leurs, pourquoi le même homme trouve-.t-il des baguette sur le passé, le présent et l'avenir; elle
fontaines, des métaux, desassassins et des vo- s'abaissait pour répondre oui et s'élevait pour la
leurs quand il est dans son pays, et ne trpuve- négative. Oii pouvait faire sa demande de vive
t-il plus rien quand il est à Paris? Tout cela; n'est voix ou mentalement. « Ce qui serait bien pro-
que charlatanisme. Et ce qui détruit totalement, digieux , dit le père Lebrun, si plusieurs réponses
le merveilleux de la baguette, c'est que tpiit lé: (lisez la plupart) ne s'étaiehl trouvées fausses'1, »
monde, avec un peu d'adresse,,peut la faire tour- Un fait qui n'est pas moins admirable, c'est
ner à volonté. Il ne s'agit que de tenir les extré- que la baguette-ne tourné que sur les objets où
mités de la fourche un pèù écartées, de manière, Ton,a intérieurement l'intention de la faire tour-
à faire ressort. C'est alors la force d'élasticité qui ner.^ serait donc du magnétisme ? Ainsi quand
'
opère Je prodige. » '','•' on-cherche Une source, elle.ne tournera pas sur
Cependant on croit encore à la baguette divi- autre chose, quoiqu'on passe Sur des trésors en-
natoire dans Je Dauphiné et dans le Hainaut ; les fouis ou sur des, traces demeurtre. .
paysans n'en négligent pas l'usage, et. elle a Pour découvrir une fontaine, il faut mettre sur
trouvé des défenseurs sérieux. Forméy, dans la baguette un lmgemouillé : si elle tourne alors,
l'Encyclopédie, explique eô phénomène par le c'est une preuvejiqùjil ,y a de Teau à Tendroil
magnétisme. Ritter, professeur de Munich,, s'au- qu'elle indique.. £quivtroiiver les métaux souter-
lorisait récemment du galvanisme pour soutenir rains „ on enchâsse: successivement à la tête de
les merveilles de la baguette divinatoire ; mais il la baguette diverses pièces de métal, et c'est un
n'est pas mort sans abjurer son erreur. principe constant que la baguette indique la qua-
L'abbé de la Garde écrivit au commencement lité du métal caché sous terre» en touchant pré-
avec beaucoup de foi l'histoire des prodiges de cisément ce même métal.
Jacques Aymar; en 1692 même, Pierre Garnier, Nous répétons qu'on ne croit plus à la baguette,
docteur médecin de Montpellier, voulut prouver et que cependant on s'en sert encore dans quel-
que les opérations de la baguelte dépendaient ques provinces. Il fallait autrefois qu'elle fût de
d'une cause naturelle 2 ; cette cause naturelle coudrier ou de quelque autre bois spécial ; de-
n'était, selon lui, que les corpuscules sortis du puis, on a employé toute:sorte de bois, et même
corps du meurtrier dans les endroits où il avait des côtes de baleine ; on n'a plus même exigé
fait le meurtre et dans ceux où il avait passé. que la baguette fût en fourche.
Les galeux el les pestiférés, ajoute-l-il, ne trans- Voici le secret de la baguelte divinatoire et le
pirent pas comme les gens sains, puisqu'ils sont moyen de la faire tourner, tiré du Grand Gri-
contagieux; de même les scélérats lâchent des moire, page 872 :
émanations qui se reconnaissent, el si nous ne Dès le moment que le soleil paraît sur l'hori-
les senlons pas, c'est qu'il n'est pas donné à tous zon , vous prenez de la main gauche une baguette
les chiens d'avoir le nez fin. Ce sont là, dit-il vierge de noisetier sauvage, et la coupez de la
page 23, des axiomes incontestables. « Or, ces droite en trois coups, en disant : « Je le ramasse
corpuscules qui entrent dans le corps de l'homme au nom d'Éloïm, Mutralhon, Adonaï et Sémipho-
muni de la baguette l'agitent tellement, que de ras, afin que tu aies la vertu de la verge de
ses mains la matière subtile passe dans la ba- Moïse et de Jacob pour découvrir tout ce que je
guelte même, el, n'en pouvant sortir assez promp- voudrai savoir. » Et pour la faire tourner, il faut
tement, la fait tourner, ou la brise : ce qui me pa- dire, la tenant serrée dans ses mains, par les
raît la chose du monde la plus facile à croire... » deux bouls qui font la fourche : « Je le com-
1 Des erreurs et des t. mande, au nom d'Éloïm, Mulralhon, Adonaï et
2 Danssa Dissertationpréjugés, elc., I, p. 105.
physique en formede lettres 1 Histoire' des pratiques superstitieuses, t. II,
à M. de Sèvrc, seigneur de Fléclières, etc., in-12. p. 3S7.
Lyon, 4692. 2 Ce secret est aussi dans le Dragon rouge, p. 83.
BAG — 75 — BAI
Sémiphoras, de me révéler,.. » (On indique ce "Woolwich, et, sous ses yeux, elle découvrit une
qu'on veut savoir.) source d'eau dans "un terrain où il faisait con-
Mais voici encore quelque chose sur celte ma- struire sa résidence d'été. C'esl ce même terrain
tière, qui n'est pas épuisée. Nous empruntons ce que le docteur Hulton a vendu depuis au collège
qui suit au Quarterly Magazine : de Woolwich, avec un bénéfice considérable à
« La baguette divinatoire n'est plus employée à cause de la source. Le docteur ne put résister à
la découverte des trésors, mais on dit que, dans l'évidence lorsqu'il vit, à l'approche de Teau, la
les mains de certaines personnes, elle peut indi- baguette s'animer tout à coup, pour ainsi dire,
quer les sources d'eau vive. Il y a cinquante ans s'agiter, se ployer, et même se briser dans les
environ que lady Newark se trouvait en Provence doigls déTàdy Newark.
dans un château dont Je propriétaire, ayant be- On Cite--encore en Angleterre sir Charles H. et
soin d'une source pour;T.?usa'ge de sa maison, miss Fënwik comme étant doués delà même fa-
envoya chercher un paysan qui promettait d'en culté que lady Newark, et à un degré plus élevé
faire jaillir une avec une branche'::de coudrier ; encore.: Celte faculté inexplicable a-Tihè; grande
lady Newark rit beaucoup de l'idée de son hôte analogie: ayèd celle qui distinguer lëS; Zalïoris
el de l'assurance du paysan; mais, non moins espagnols;'mais ceux-ci ne se servent-"pas de la
curieuse qu'incrédule, elle voulut du moins assis- baguelte de coudrier. Voy. BLETTON et P'ARAMI-XE.
ter à l'expérience, ainsi que d'autres voyageurs Baguette magique. On voit, comme on
anglais lout'aussi philosophes qu'elle. Le paysan nous Ta dit, que toutes les'fées ou sorcières ont
ne se déconcerte pas des sourires moqueurs de une baguelte magique avec laquelle elles opèrent.
ces étrangers; il.semit en marche suivi de toute Boguet rapporte que Françoise Secrélain et Thé-
la société, puis tout à coup s'arrêlant, il déclara venne Paget faisaient mourir les bestiaux en les
qu'on pouvait creuser laterre. On le fil; la source louchant de leur baguelte ; et Cardan cite une
promise sortit, et elle coule encore. Cet homme sorcière de Paris qui tua un enfant en le frap-
élait un vrai paysan, sans éducation : il ne pou- pant doucement sur le dos avec sa baguette ma-
vait expliquer qu'elle était la vertu dont il était gique.
doué, ni celle du talisman ; mais il assurait mo- C'est aussi avec leur baguette que les sorciers.
destement n'être pas le seul à qui la nature avait tracent les cercles, font les conjurations el opè-
donné le pouvoir de s'en servir. Les Anglais pré- rent de toutes les manières. Cette baguette doit
sents essayèrent sans succès. Quand vint le tour être de coudrier, de la pousse de l'année. 11faut
de lady Newark, elle fut bien surprise de se trou- la couper le premier mercredi de la lune, entre
ver tout aussi sorcière que.le paysan provençal. onze heures et,minuit,-en prononçant certaines
A son retour en Angleterre, elle n'osa faire usage paroles. Le couteau doit être neuf et relire en
de la baguelte divinatoire qu'en secret, de peur haut quand on coupe. On bénit'ensuite la ba-
d'être tournée en ridicule. Mais en 1803, lorsque guette, disent les formulaires superstitieux; on
le docteur Hulton publia les Recherches d'Oza- écrit au gros bout le moVÀgla^, au milieu On\;
nam, où ce prodige est traité d'absurdilé (t. IV, et Telragammalon f au petit bout, et Ton dil :
p. 260), lady Newark lui écrivit une lettre si- Conjura te cilo mihi obedirc, elc.
gnée X. Y. Z., pour lui raconter les faits qui Bahaman,.génie qui, suivant les Persans,
étaient à sa connaissance. Le docteur répondit, apaise la colère, et, en conséquence, gouverne
les boeufs, les moulons et tous les animaux sus-
ceptibles d'être'apprivoisés.
Bahi (la). C'est le nom que donnent les Bohé-
miens à l'art de dire la bonne aventure dans la
main. Voy. MAIN.
Bahir, Litre du plus ancien livre des rabbins,
où, suivant Buxtorf, sont traités les plus pro-
fonds mystères de la haute cabale des Juifs.
Bahman, deuxième Amschaspand.
Baïan. Wierus et vingt autres démonographes
comptent que Baïan ou Bajan, fils de Siméon, roi
des Bulgares, élait si grand magicien, qu'il se
transformait en loup et en léopard pour épou-
vanter son peuple, qu'il pouvait prendre loule
aulre figure de bêle féroce, el même se rendre
invisible; ce qui n'est pas possible sans l'aide de
demandant de nouveaux renseignements à son puissants démons, comme dit Nynauld dans sa
correspondant anonyme. Lady Newark le satis- Lycanlhropie.
fit, el alors le docteur désira être mis en rapporl Baïer (Jean-Guillaume), professeur de théo-
direct avec elle. Lady Newark alla le voir à logie à Allorf, mort en 1729. Il a laissé une
BAI 76 — BAL
thèse intitulée Dissertation sur Behemolh el Lè- rendit à son camp. On sait que l'ange du Sei-
vialhan, l'éléphant et la baleine, d'après le livre gneur arrêta son ânesse, qui lui parla. Balaam,
de Job, c/iap. XLet XLI, avec la réponse de Stie- après s'être irrité contre la bête, aperçut l'ange,
bcr*. Baïer ne voyait que deux animaux mons-
trueux dans Behemolh el Lévialhan.
Balder, dieu Scandinave, fils d'Ôdin et de leine dû Jouas. Pline" et nos légendaires parlent
Frigga. Locke, son ennemi, le fil tuer par Ho- de baleines longues de neuf cents pieds romains
der; et, toul dieu qu'il élait, il descendit aux et de taille à avaler une barque.
enfers, où il est resté. Bali, prince des démons et l'un des rois de
Baleine. Mahomet place dans le ciel la ba- l'enfer, selon les croyances indiennes. 11se bal-
BAL — 78 - BAP
tit autrefois avec Vichnou, qui Je précipita dans Banshee, fée blanche chez les Irlandais. Elle
l'abîme, d'où il sort une fois par an pour faire a une robe blanche et une chevelure d'argent.
du mal aux hommes;.mais Vichnou y met ordre: Attachée à plusieurs familles : les Kearney, les
Les Indiens donnent aussi le nom de Bail aux Butter, les Keatin, les Trant, les Rices, elle vient
farfadets, à qui ils offrent du riz-, que ces lutins
ne manquent pas de venir manger la nuit.
Balkis ou Belkis, reine de Saba, qui vint
honorer Salomon. On trouve son histoire dans
les Légendes de l'Ancien Testament.
Balles* On a cru autrefois que certains guer-
riers avaient un charme contre les balles, parce
qu'on tirait sur eux sans les atteindre. Pour les
tuer, on mettait dans les cartouches des pièces
d'argent» car rien, dit-on; ne peut ensorceler la
monnaie.
Balsamo; Voy. CAGLIOSTHO.
Baltazo, l'un des démons de la possession de
Laon.' Voy. AUBRY. On conte qu'un chenapan, se
faisant passer pour le démon, alla souper>dans
la maison de Nicole Aubry, la possédée, sous
prétexte de combiner sa délivrance, qu'il n'opéra
. pas. On remarqua en soupant qu'il buvait très-
sec; ce qui prouve, dit Leloyer, que Teau est
contraire aux démons*.
Balthazar, dernier roi de Babylone, petit-fils
de. Nabucbodonosor. Un soir qu'il profanait dans
ses orgies les vases sacrés de Jérusalem, il aper- pleurer et battre des mains sous leurs fenêtres
çut une main qui traçait sur la muraille, en lorsqu'un membre de ces familles doit mourir.
lettres de feu, ces .trois mots : Mane^ihecel, Voy. FEMMES BLANCHES,
phares. Ses devins et ses astrologues ne. purent Baptême. Dans le nord de l'Angleterre, lors-
expliquer, ces caractères ni en interpréter le sens» qu'on présente à la fois;-plusieurs enfants pour
Il promit de grandes récompenses à qui lui en recevoir,le baptême anglican; on veille attenti-
donnerait l'interprétation. Ce fut Daniel qui, mé- vement àyçe qué'jles filles ne passent pas avant
prisantses récompenses, lui apprit queles:trois les garçons.,; Qty croit'; que les garçons baptisés
mots signifiaient que ses années étaient comp- après les filles n'ont pqTpt de barbe. —Les sor-
tées, qu'il n'avait plus que:-quelques moments à cières, dans lëura cérémonies'abominables, bap-
vivre, et que son royaume allait être ' divisé. Tout tisëhLau sabbaï;dès crapauds e.lTlepetits enfants.
se vérifia peu d'instants après* ; 'LeVcrapauds sont habillés*idè;velours rouge, les
Baltus (Jean-Françpis);,) savant jésuite, mort pètitsenfants de velours n'oir. Pour cette opéra-
en 17/(3. Réponses à l'Histoire des oracles de Fon*. tion infernale, le diable urine dans un trou; on
lenelle, in-8", Strasbourg., 1709, où il établit prend.de/cette)déjection aveCuii goupillon noir,
solidemenl que les or.aolejs,.;desanciens élaient .on :en jette surTd tête de l'enfant ou du crapaud,
l'ouvrage du démon, etcqurils furent réduits au en faisant des/-'Signesde croix à rebours avec la
silence lors de la missipiv.de Noire-Seigneur Jé- main gauche, et'disant : /n-Momine Patrica, Ma-
sus-Chrisl sur la terre. ' , s .v trica, dragïtacp Petricâ agora, agora Valcnlia;
Bamétrie, sorcière qui fut accusée en 1566 ce qui veut dire: « Au nom de Pa trique, de Ma-
d'avoir ensorcelé les,, orphelins r<.d'Amsterdam. Lrique, Pétrique 1d'Aragon; à celle,heure, à celle
Voy. OnrniîLiNATS. jiv<~-"iV:..;;a.;'--- liêure, Yalenîia'i » Celle stupide impiété s'appelle
Banians, Indiens içlolàtreà;, répandus surtout le baptêniejdufidi.able.; Le diable, ou celui qui le
dans le Mogol. .Ils reconnaissent un Dieu créa- représente au;;sabbat, rebaptise aussi, avec du
teur ; mais ils adorentle-diable,:qui est chargé,, soufre, du sel et de l'urine, les adultes des deux
disent-ils, de gouverner le monde. Ils le.repré- sexes qui se font recevoir à ses assemblées.
sentent sous une horrible figure. Le prêtre de ce Baptême de la Ligne. Lorsqu'on traverse la
culte marque au front d'un signe jaune ceux Ligne, les matelots font subir aux personnes qui
qui ont adoré le diable, qui dès lors les recon- la passent pour la première fois une cérémonie
naît et n'est plus si porté à leur faire du mal 2. qu'ils appellent le baptême de la Ligne. Ce bap-
tême consiste en une aspersion plus ou moins
1 Disc, et hist, des spectres, liv. III, ch. x'.
2 Histoire de la religion des Banians, tirée de leur désagréable, dont on évite souvent les ennuis
la
livre Shaster, etc., traduit de l'anglais. Paris, par une générosité. Les personnages qui font
1667, in-12. plaisanterie se travestissent; le Père la Ligne ar-
BAR — 79 — BAR
rive dans un tonneau, escorté par un diable, un moi parler. Le coeur me dut trembler au -ventre,
courrier, un perruquier et un meunier. Le pas- comme fait la feuille au tremble, comme fait la
sager qui ne veut pas donner pour boire aux Loisonni quand elle voit qu'il faut venir sur une
matelots est arrosé ou baigné, après avoir été petite planche, qui n'est plus grosse ni plus
poudré el frisé. On ne sait trop l'origine de cet membre que trois cheveux de femme grosse en-
usage, ni pourquoi le diable y figure. semble. Ceux qui Ja Barbe-à-Dieu sauront, par-
Barabouléi Voy. KACHER. dessus la planche passeront, et ceux qui ne la
Barat, maladie de langueur, ordinairement le sauront, au bout de la planche s'assiseront, crie-
résultat 1d'un sort jeté, qui conduit infaillible- ront,, braieront : Mon Dieu! hélas! malheureux
ment à la mort, et qui, selon les opinions bre- état ! Est comme petit enfant celui qui la Barbe-
tonnes, est guérie par les eaux de la fontaine de à-Dieu n'apprend. »
Sainte-Candide, près de Scaer, dans le Finistère. Barbe blëuè. Voy. Rr-Tz. -
Il n'est pas d'enfant qu'on ne trempe dans cette Barbe de Saint-Michel, religieuse de Lou-
fonlaine quelques jours après sa naissance; on viers. Voy. LOUVIERS.
croit qu'il vivra s'il étend lès pieds, et qu'il Barbeloth. Des gnostiques, appelés barbeliots
mourra.dans peu s'il les retire 1. ou barboriens, disaient qu'un Éon immortel avait
Barbas, démon. Voy. MARBAS. eu commerce avec un esprit vierge appelé Bar-
Barbatos, grand et puissant démon, comte- beloth, à qui il avait successivement accordé la
duc aux enfers, type de Bobin des Bois ; il se prescience, l'incorruptibilité et la vie éternelle ;
montre sous là figure d'un archer ou d'un chas- que Barbeloth, un jour, plus gai qu'à l'ordinaire,
avait engendré la lumière, qui» perfectionnée par
l'onction de l'esprit, s'appela Christ; que Christ
désira l'intelligence et l'obtint; que l'intelligence,
la raison, l'incorruptibilité et Christ s'unirent;
que la raison et l'intelligence engendrèrent Aulo-"
gène; qu'Autogène engendra Adamas, l'homme
parfait, et sa femme la connaissance parfaite;
qu'Adamas et sa femme engendrèrent le bois;
que le premier ange engendra le Saint-Esprit,
sagesse ou Prunic ; que Prun'ic engendra Protar-
chonte ou. premier prince, qui fut insolent et
sot ; que Prolarchonte el Arrogance engendrèrent
les vices el toutes leurs branches. Les barbeliots
débitaient ces merveilles en hébreu, et leurs cé-
rémonies n'êlâient pas moins abominables que
leur doctrine était extravagante'.
Barbier. Pline le jeune 2 avait un affranchi,
nommé Marc, homme quelque peu .lettré, qui
seur; on le renconlre dans les forêts. Quatre rois couchait dans un même lit avec son jeune frère.
sonnent du cor. devant lui. 11 apprend à deviner Marc, dans le sommeil,.crut voir une personne
par le chant"des oiseaux, le mugissement des assise au cbevel de son lit, qui lui coupait les
taureaux, les aboiements des chiens et les cris cheveux du haut de la-tôle. A son réveil, 51 se
des divers animaux. Il connaît les trésors enfouis trouva rasé,"el ses cheveux jetés au milieu de
par les magiciens. 11réconcilie les amis brouillés. la chambre. — La même chose arriva, dans le
Ce démon, qui élait autrefois de Tordre des ver- même temps, à un jeune garçon qui dormait
tus des deux ou de celui des dominations, est avec plusieurs autres dans une pension. Il vit
réduit aujourd'hui à commander trente légions entrer par la fenêtre deux hommes velus de
infernales. 11 connaît le passé et le futur 2. , blanc, qui lui coupèrent les cheveux comme il
Barbe. Les Romains gardaient avec un soin dormait. A son réveil, on trouva ses cheveux
superstitieux leur première barbe. Néron faisait répandus sur le plancher. « A quoi cela peut-il
conserver la sienne dans une boîte d'or enrichie, être allribué, dil D. Calmet', si ce n'est à des
de pierreries 3. follets? » — ou aux compagnons de lit?
Barbe-à-Dieu. Thiers, dans son Traité des 11 y a quelques lutins, du genre de ceux-là,
superstitions, rapporte la prière dite la Barbc- qui ont fait pareillement les fonctions de bar-
à-Dicu; c'est une prière superstitieuse encore biers. Les contes populaires de l'Allemagne vous
; populaire, el qui se trouve dans divers recueils. apprendront que les revenants peuvent ainsi faire
La voici i « Pécheurs et pécheresses, venez à la barbe aux vivants.
dans le Finistère, t. IJI, p. 457. 1 Bergier, Dictionnaire théolog., au mol Barbeliots,
- Cambry,' Voyage
'n
in Pscudomonarchia daimon. 2 Lib. XVI., episl. xxvii.
3 Wierus,
M. Nisard, Slace. 3 Dissertation sur les apparitions.
BAR — BAS ,i
Barbieri. Dialogues sur la mort.et sur les des autorités imposantes. On peut lire cette his-
âmes séparées :.Dialoghi délia morte e deW anime toire assez compliquée dans les Energumcni Koa-
separale, di Barbieri. /ft-8°. Bologna^-1600. gienses. Lipsioe, 1695.
Barbu. On appelle démon barbule démon qui Barthole, jurisconsulte, mort à Pérouse en
enseigne le secret de la pierre philosophale; on 1356. Il commença à mettre de Tordre dans la
le connaît peu. Son nom semblerait, indiquer que jurisprudence; mais on retrouve les bizarreries
c'est le même que. Barbalos, qui n'a rien d'un de son siècle dans quelques-uns de ses ouvrages.
démon philosophe. Ce n'est pas non plus Bar- Ainsi, pour faire connaître la marche d'une pro-
bas, qui se mêle de. mécanique. On dit que le cédure , il imagina un procès entre la sainte Vierge
démon barbu est ainsi appelé à cause de sa barbe et.le diable, jugé par.'Notre-Seigneur Jésus-
remarquable. ; - -. Christ 1. Les parties plaident en personne. Le
Barcabas et Barcoph. Voy.. BASIMD.E. diable demande que le genre humain rentre sous
Bàreste (Eugène), auteur de la Fin des temps son obéissance ; il fait observer qu'il en a été le
et de quelques prophéties du moins très-spiri- maître depuis Adam ; il cite les lois qui établis-
tuelles. Il a été quelques années le rédacteur de sent que celui qui a été dépouillé d'une longue
YAlmanach prophétique, pittoresque et, utile, la possession a le droit d'y rentrer. La sainte Vierge
plus curieuse de ces légères productions que lui répond qu'il est un possesseur de: mauvaise
chaque année ramène. foi, et que les lois qu'il cite ne le concernent
Barkokebas ou Barchoehebas, imposteur pas. On épuise des deux côtés toutes les res-
qui se fit passer pour le Messie juif, sous l'em- sources de la chicane du quatorzième siècle, et
pire d'Adrien. Après avoir été voleur de grand le diable est débouté de ses prétentions 2.
chemin, il changea son nom de Barkoziba, fils Bartholin (Thomas), né à Copenhague en
du mensonge, en celui de Barkokebas, fils de 1619. On recherche de lui le livre De unguento
l'étoile, et prétendit qu'il était l'étoile.annoncée armario. Ce traité de la poudre de sympathie se
par Balaarn. 11se mit à faire des prodiges. Saint ressent du temps et de la crédulité de l'auteur;
Jérôme raconte qu'il vomissait du feu par la il contient cependant des choses singulières el
bouche, au moyen d'un morceau d'étoupes allu- qui ne sont pas indignes de quelque attention.
mées qu'il se mettait dans les dents, ce que font Barton (Elisabeth), religieuse de Kent, qui
maintenant les charlatans des foires. Les Juifs le prévil et révéla» en 1525', les excès où tombe-
reconnurent pour leur Messie. Il se fit couronner rait bientôt le schisme qu'elle voyait naître en
roi, rassembla une armée, et soutint contre les Angleterre. Les partisans de Henri VIII s'écrièrent
Romains une guerre assez longue; mais enfin, qu'elle était possédée du diable. La protection de
en Tannée 136, l'année juive fut passée au fil de Thomas Morus, loin de la sauver, la perdit : en
Tépée et Barkokebas tué. Les rabbins assurent 1533, cette pieuse el sainte fille fut mise à mort
que, lorsqu'on voulut enlever son corps pour le avec beaucoup d'aulres, sous prétexte de sorcel-
porter à l'empereur Adrien, un serpent se pré- lerie, par les réformés, qui se vantaient d'appor-
senta aulour du cou de Barkokebas, el le fit res- ter la lumière el la liberté.
pecter des porteurs el du prince lui-même '. Bas. Qui a chaussé un de ses bas à l'envers
"
Barnaud (Nicolas), médecin protestant du recevra dans la journée un conseil, — probable-
seizième siècle, qui rechercha la pierre philoso- ment celui de le retourner.
phale. 11a publié sur l'alchimie divers petits Irai- Bascanie, sorte de fascination employée par
tés recueillis dans le troisième volume du Thca- les magiciens grecs ; elle troublait tellement les
trum chimicum, compilé par Zetzner. Strasbourg, yeux, qu'on voyait tous les objets à rebours:
1659. blanches les choses noires, rondes les choses
Barrabas. « Quand les sorcières sont entre pointues, laides les plus jolies figures, et jolies
les mains de la justice, dit Pierre Delancre 2, les plus- laides.
elles font semblant d'avoir le diable leur maître Basile. Michel Glycas 3 raconte que l'empe-
en horreur, et l'appellent par dédain Barrabas reur Basile, ayant perdu son fils bien-aimé, ob-
ou Barrabam, » tint, de le revoir peu après sa mort, par lé moyen
Barron, un des démons auxquels sacrifiait le d'un moine magicien ; qu'il le vit en effet et le
maréchal de Retz. Voy. RETZ. tint embrassé assez longtemps, jusqu'à ce qu'il
Barscher (Anne), femme de Kôge, près de disparut d'entre ses bras. « Ce n'étaiL donc qu'un
Copenhague, qui subit en 1609 et plus tard un fantôme qui disparut sous la forme de son fils*. »
ensorcellement jeté sur elle, sur son mari et ses 1 Ce singulier ouvrage,-intitulé Processus Satana
enfants. Elle a publié en danois le récit curieux contra coram judice Jcsu, est imprimé dans
Virginem
de ses souffrances, récit approuvé el alleslé par le Processus juris jocoscrius. In-8°. Hanau, 1611.
2 Voyez ce jirocès résumé dans les Légendes du
1 Voyez son histoire plus étendue dans les Légendes Nouveau Testament.
de l'Ancien Testament, 3 Annal,, pari. IV.
2 Tableau de l'inconstance des mauvais anges, etc., i D. Calmet,. Dissertation des
' revenants en corps,
liv. VI, dise. m. Paris, 4612. cl), xvi. .
BAS — 81 — BAS
Basile-Valentin, alchimiste, qui est pour lès C'est une opinion encore, répandue dans les
Allemands ce que Nicolas Flamel est pour nous, ccampagnes que les vieux coqs pondent un oeuf
Sa vie est mêlée de fables qui ont fait croire à (duquel naît un serpent. Ce petit oeuf, imparfait,
i comme on sait, que l'effet d'une maladie
quelques-uns qu'il n'a jamais existé. On le fait n'est,
vivre au douzième, au treizième, au quatorzième <
chez les poules; et l'absurdité de ce conte bleu
et au quinzième siècle; on ajoute même, sans la n'a i plus besoin d'être démontrée. '.
1
moindre preuve, qu'il était bénédictin à Erfurt.
C'est lui qui, dans Ses expériences chimiques,
découvrit l'antimoine, qui dut son nom à celle
circonstance, que, des pourceaux s'étant prodi-
gieusementengraissés pour, avoir avalé ce résidu
de métal, Basile en fit prendre à des religieux
qui en moururent.
On raconte que, longtemps après la mort de
Basile-Valenlin, une des colonnes de la cathé-
drale d'Erfurt s'ouvrit comme par miracle, et
qu'on y trouva ses livres sur l'alchimie. Les ou^
-vrages de Basile, ou du moins ceux qui portent
son nom, écrits en haut allemand, ont élé tra-
duils en lalin, et quelques-uns du latin en fran-
çais. Les adeptes recherchent de lui.YAzoth',
les Douze clefs de la philosophie de frère Basile-
Valentin, traitant de la vraie médecine métal- Il est possible queles anciens, dans leurs expé-
lique 2, à la suite de la traduction dé-YAzoi/i, riences", aient pris des oeufs de serpent pour des
iu-12, 1660; in-8°, 1669; l'Apocalypse chiini- oeufs de coq. Voy. COQ.— Quoi qu'il en soit, on
que! ; la Révélatioji des mystères des teintures-. croit que le basilic tue de ses regards; et Ma-
| essentielles des sept métaux et de leurs vertus mé- thiole demande comment on a su que le basilic
| dkinalcsb, in-à°, Paris, 15i6;,i)« microcosme, tuait par son-regard, s'il a tué tous ceux qui l'ont
\ du grand mystère du monde et de la médecine de vu. On cite toutefois je,ne sais quel historien qui
| l'homme 6; Traité chiinico-philosophique des choses : raconte qu'Alexandre le Grand ayant mis le siège
f naUirellcs et surnaturelles des minéraux cl des devant une ville d'Asie, un basilic se déclara pour
| métaux'; Haljographie, de la préparation, de les assiégés, se campa dans-un trou des remparts,
j l'usage et des vertus de tous les sels minéraux, et lui tua jusqu'à deux cents soldats par jour. Une
| animaux cl végétaux, recueillis par Antoine Sal- batterie de canons bieii servie n'eut pas fait mieux.
I mincius, dans les manuscrits de Basile-Valen- « Il est vrai, ajoute M. Salgues', que si le ba-
| tin', etc. La plupart de ces ouvrages ont fail silic peut nous donner la mort, nous pouvons lui
| faire des pas à la chimie utile. rendre la pareille en lui présentant la surface po-
I Basilic, petit serpent, long d'un demi-mèlre, lie d'un miroir : les vapeurs empoisonnées qu'il
I. qui n'a été connu que des anciens. 11avait deux lance de ses yeux iront frapper la glace, et, par
I ergots, une tôle et une crête de coq, des ailes, _réflexion, lui renverront la mort qu'il voudra
'- mie
queue de, serpent ordinaire, etc. Quelques- donner. C'est Arislote qui nous apprend celle
uns disent qu'il naît de l'oeuf d'un coq couvé par particularité. »
,* un serpent ou par un crapaud. Boguet, au cha- Des savants ont regardé en face le serpent
_, pitre xiv de ses Discours des sorciers, le fait pro- qu'on appelle aujourd'hui basilic, et qui n'a pas
duire de l'accouplement du.crapaud el du coq, les accessoires dont les anciens l'ont embelli;
comme le mulet naît d'un âne et d'une jument. malgré tous les vieux contes, ils sont sortis bien
1 Asoth, sive Aurelioe portants de cette épreuve. Mais, nous le répé-
philosophorum. Francfort,
s- 1613. In-4°, traduit en français en 4660. tons, le reptile auquel les modernes donnent le
-
Praclica, «no. cum duodecim clavibus et appen- nom de basilic n'est peut-être pas le basilic des
, dke. Francfort, 4648. In-4". anciens, car il y a des races perdues.
3 chimica. Erfurt, 1624. In-8°.
4 Apocalypsis etc. 4624.
Au moyen âge, on donnait au basilic une cou-
- In-4°. Manifeslalioarlificiorum, Erfurt,
La traduction dont on indique le litre est de ronne native ornée d'une pierre précieuse, et on
•4 Llsraël. voyait en lui le roi des serpents.
6'De microcosmo, deque maqno mundi mysterio et Basilide, hérétique du deuxième siècle, qui
medicina hominis. Marpurg, 4609. In-8°.
* Tracialus se Ri un système en mêlant les principes de Py-
- rahbus et chimico-philosophicus de rébus natu-
proeternaluralibus metaUorum et minera- lhagore el de Simon, les dogmes des chrétiens
,'- '"»»•' Francfort, 4676. In-8". et les croyances des Juifs. Il prétendit que le
lialiographia, de proeparalione, «su ac virluli- monde avait élé créé par les anges. « Dieu (Abra-
'J ,u>s.?.""lil£'HsaUum mineralium, animaliumac vege-
labilium, eccmanuscriplis Basilii Valenlini collecta cax), disait-il, produisit l'Intelligence, laquelle
n ™ AntonioSalmincio. Bologne, 4644. I11-80. 1 Des erreurs et des préjugés, elc, t. T, p. 443.
BAS — 82 — BAS
produisit le Verbe, qui produisit la Prudence ; la Jésus, son premier Fils, ou la première intel-
Prudence eut deux filles : la Puissance et la Sa- ligence créée, pour sauver le monde. Il prit la
gesse, lesquelles produisirent les vertus, les figure d'un homme, fit les miracles qu'on ra-
princes de l'air et les anges. Les anges étaient conte, et, pendant la passion, il donna son appa-
de trois cent soixante-cinq ordres ; ils créèrent rence à Simon le Cyrénéen, qui fut crucifié pour
trois cent soixante-cinq deux ; les anges du der- lui, pendant que, sous les traits de Simon, il se
nier ciel firent le monde sublunaire ; ils s'en par- moquait des Juifs ; après quoi il remonta aux
tagèrent l'empire. Celui auquel échurent les Juifs, deux sans avoir été précisément connu.- »
étant puissant, fit pour eux beaucoup de prodiges ; Basilide, à côté de ce système étrange, ensei-
mais, comme il voulait soumettre les autres na- gnait encore la métempsycose, et il donnait aux
tions, il y eut des querelles et des guerres, et hommes deux âmes^pour accorder les combats
le mal fit de grands progrès. Dï'éu, ou l'Être su- qui s'élèvent Sans Cesse
' entre là raison et les
'
périeur, touché des misères'd'ici-bas, envoya passions.
Hateleurs.
Il était très-habile, ajoute-t-on, dans la cabale montré, dit Delancre 1, que la sorcellerie n'est :
des Juifs. C'est lui qui inventa le puissant talis- pas une tache de simple femmelette, rustiques ••
man Abracadabra, dont nous avons parlé, et et idiots. »
dont l'usage fut longtemps extrêmement répandu. Bassantin (Jacques), astrologue écossais qui, l
Il fit un évangile apocryphe et des prophéties en 1562, prédit à sir Robert Melvil, si Ton en ;
qu'il publia sous les noms de Barcalias et de croit les mémoires de Jacques Melvil,.son frère,
Barcoph. Il plaçait Dieu dans le soleil, et révé- une partie des événements arrivés depuis à Marie f
rait prodigieusement les trois cent soixante-cinq Stuart, alors réfugiée en Angleterre. 11ne fallait I
révolutions de cet astre autour de la terre. Voy. pour cela que quelque connaissance du temps et •
ABRACAX el ACHAMOTH. des hommes. Les autres prédictions de Bassantin ;
Basilius. Il y eul à Rome, du temps de saint ne se réalisèrent pas. Son grand Traité d'astro-
Grégoire, un sénateur de bonne et ancienne nomie, ou plutôt d'astrologie, a élé publié en ;
famille, nommé Basilius, magicien, scélérat français et en latin. On recherche l'édition latine
el sorcier, lequel, s'élanl fail moine pour de Genève, 1599, que les éditeurs appellent in- -
éviter la peine de mort, fui enfin brûlé avec gens et doclum volumen. Tous ses ouvrages pré- j
son compagnon Prétexlalus, comme lui séna- 1 Delancre, De l'inconstance des démons, etc., r-
teur romain et de maison illustre. « Ce qui liv. IV, p. 416. f;
BAT — 83 — BAX
sentent un mélange d'heureuses observations et d'un jeune loup, la langue et le coeur d'un
d'idées superstitieuses '. chien,
trois lézards verts et trois coeurs
Bateleurs, faiseurs de tours en plein air, ava- le tout réduit en poudre par la chaleurd'hirondelles,
du soleil,
leurs de couleuvres, d'étoupes et de baguettes; entre deux papiers saupoudrés de
ils passai ent autrefois pour sorciers, comme les cez par-dessus, dans le coeur dusalpêtre'; pla-
escamoteurs et: même les comédiens. bâton, sept
feuilles de verveine cueillies Ta veille de là Saifit-
Bathym. Voy. MAUTHYM. Jean-Baptiste, avec une pierre de diverses cou-
Bâton du diable. On conserve, dit-on, à leurs qui se trouve dans le nid de la
Tolentino, dans la marche d'Ancône, un bâton chez ensuite le bout'du bâton avec huppe ; bou-
une pommé
dont on prétend que le diable a fait usage. à votre fantaisie, et
Bâton du bon voyageur; « Cueillez, le len- soyez assuré que ce bâton
vous garantira des brigands, des chiens
demain de la Toussaint,J?une forte branche de des bêtes féroces, des animaux enragés,
sureau, que vous aurez soin deTerrer par le bas; et venimeux, des
périls,. vous procurera la bienveillance de tous
ôlez-en la moelle ^mettez "àîTa place les yeux ceux chez qui vous : ;
logerez... »
On; voit dans les Clavicules dé Salomon que peu de jours après on vit un homme lumineux
Belzebuth apparaît quelquefois sous de mons- entrerdans le cloître, avec d'autres personnages
trueuses formes,: comme celle d'un veau énorme habillés de blanc, et se mettre à genoux devant
ou d'un,bouc suivi d'une longue queue ; souvent, saint Odilon. Un religieux demanda qui était cet
neannioiiiSvil.se montre sous la figure d'une homme de si haute apparence qui faisait tant
mouche:d'une .extrême grosseur. Il s'est montré d'honneur' à l'abbé. Il lui fut répondu que c'était
à:Faust -'.«habillé en boeuf, avec deux oreilles Je pape Benoît VIll qui, par les prières d'Odilon,
effroyables, des cheveux, peints' de toutes, cou- jouissait de la gloi.re.dês bienheureux.
leurs et une queue de dragon ». Le maréchal Benoît IX, cent cinquantième pape, élu en
de Retz Ta vu en léopard. Quand il est en colère, 1033, dans un temps de troubleSi,-pù les partis
ajoute-t-oii, il vomit dès tlammesethurlécomme se disputaient.Rome,? ïreut à;lutter, contre des
un loup. Quelquefois enfin Astaroth apparaît à antipapes qui l'ont fort noirci., ;On;:a dit qu'ifétait
ses côtés, spus les:traits d'uriâne. magicien ;' ét; qiiè, ; renversé- du sàint-siége^ par
ses en neniis, il- y ; re.monta. jdeu Xfoi s par- son pou-
voir magique. C'est uhpéu niais. On a dit encore
avec autant de bon sens qu'il prédisaitTes choses
futures/ et qu'il était habile enchanteur : Ce:que
TSIaudéa pulvérisé. ,''. ..,.,,,;;:{-:,r-<u-:: ',-.
L'auteur calviniste des grandset -redoutables
jugements&pjeu-ajoute^êmèj qu'il fut étranglé
par le diable;; et, qu'après' sa mort son âme fut
condamnée à errer: dans Tes forêts, sous la forme
d'une bête sauvage, avec un côrps-d'ours àTongs
poils, une queue de chat et une tête:d'âne. Un
ermite qui le rencontra lui demanda pourquoi il
avait celle figure. «J'étais un monstre, répondit
Benoît, et vous voyez mon âme telle qu'elle a
toujours été. » Voilà qui est très-gracieux. Mais
BenoîtlX, au contraire, mourut dans la retraite,
sousle cilice, pieusement et saintement, en 1054,
Une des ligures,de Bclzébulh. C'est encore là une des" victimes de.la calomnie
historique.
Benedict (Jean), médecin allemand du sei- Bensozia. Certains canonistes des douzième
zième siècle. On lui doit un livre Sur les,visions et treizième siècles s'élèvent fortement contre
et les révélations naturelles cl surnaturelles, qui les femmes d'alors qui allaient à une espèce de
n'est presque pas connu 2. sabbat sur lequel il ne nous est parvenu que très-
Benoît VIIIi cent quarante-huitième pape, peu de notions. On disait que des fées-ou des
élu en 1012, mort en 102/|. On lit dans Plalina, démons transformés en femmes- s'associaient
cité par Leloyer et par Wierus*, que quelque toutes les dames qui voulaient prendre part à
temps après sa mort Benoît VIII apparut, monté leurs plaisirs ; et que toutes, dames et fées on
sur un cheval noir, à un saint évêque dans un dénions, montées sur des bêtes ailées, elles
lieu solitaire et écarté; que l'évêque lui demanda, allaient de nuit faire des courses et des fêles dans
comment il se faisait qu'étant mort il se.mon- les airs. Elles avaient pour chef là fée Bensozia,
Irât ainsi sur un cheval noir. A quoi le pape ré- à qui il fallait obéir aveuglément, avec une sou-
pondit que pendant sa vie il avait été convoi- mission sans réserve. C'était, dit-on, la Diane des
teu.x d'amasser des biens ; qu'il élait en purga- anciens Gaulois; on l'appelait aussi Nocticula,
toire; mais qu'il n'était pas damné, parce qu'il llérodias ou la Lune.
avait fail des aumônes. 11 révéla ensuite le lieu On voit dans des manuscrits de Tégbse de
où il avait caché des richesses, el pria le saint Cousérans que des dames au quatorzième siècle
évêque de les distribuer aux pauvres. — Après avaient le renom d'aller à cheval aux courses
cela, le fantôme (selon le récit) se montra pa- nocturnes de Bensozia. Toutes, comme les sor-
reillement au Pape son successeur, el le supplia cières au sabbat, faisaient inscrire leur nom sur
d'envoyer en diligence un courrier à Cluny, et un catalogue, et après cela se croyaient fées. On
de recommander à saint Odilon de prier Dieu remarquait encore au dernier siècle, à Montmo-
pour le repos de son âme. Saint Odilon le fit; et rillon en Poitou, sur le portique d'un ancien
1 M. François Hugo, le Faust anglais. temple, une femme enlevée par deux serpents
? Joannis Benedicli libellus de visionibus et reve- dans les airs. C'était sans doute le modèle de la
laUonibus naturalibus et divinis. In-8". Moguntioe, contenance des sorcières ou fées dans leurs courses
4BS0.
3 Leloyer, Discours des spectres, liv. VI, ch. XIII. de-nuit 1.
Wierus, Deproest., lib. I, cap. xvi. I ' DomMartin, Religiondes Gaulois, t. II, p. 59 el CS.
BEN — 91 — BER
Benthaméléon. Titus, ayant pris Jérusalem, lureen 179b par une sorcière d Avignon, appe-
publia un édit qui défendait aux Juifs d'observer lée la Mansotle, qui se servait pour cela du"'jeu'
le sabbat el de se circoncire, et qui leur ordon- de tarots. « Elle y ajouta, dit-il, une cérémonie
nait de manger toute espèce de viande.. Les Juifs, qui, sans-doute, est ce qui-"m'a-mis entre les
consternés, envoyèrent à Titus le rabbin Siméon, mains des farfadets. Elles étaient deux disciples
qui passait pour un homme très-habile. Siméon femelles de Satan; elles se-procurèrent un tamis
s'élant mis en chemin avec le rabbin Eléazar, ils propre à passer de la farine, sur lequel on fixa
rencontrèrent, un démon nommé, dirent-ils, Beii- une paire de ciseaux par les pointes, Uti papier
thainéléon, qui demanda à les accompagner, leur blanc plié était posé dans lé tamis, La Mansotte
avouant quelle était sa nature, niais--se disant et moi nous tenions chacun un :anneau des ci-
enclin à rendre service aux juifs et leur promet- seaux, de manière que Te tamis était, par ce
tant d'entrer dans le corps de la fille de Titus.et nioyen, suspendu en T'âir. Aux divér-s mouve-
d'en sortir aussitôt qu'ils le lui.commanderaient, ments du tamis, on me faisait dès questions qui
afin qu'ils plissent gagner l'empereur par ce pro- devaient servir de renseignements à ceux qui
dige. Les deux rabbins acceptèrent "sa proposi- voulaient nie mettrëeii leur possession. Lés sor-
tion avec empressement; et, Benthaméléon ayant cières 'demandèrent trois pots : dans: l'un elles
tenu sa parole-,- ils obtinrent en effet là révoca- enfermèrent qtielques-uiis des tarots jetés sur la
tion de l'édit. : '. table, et préféràblénient:les: cartes à figures. Je
Berande, sorcière brûlée à Maubec, près lés avais tirées du jeu Tes yeux bandés. Lé se-
Beaumont de Loniaignie, en 1577. En allant au cond' pot fut garni- de: sel; dé poivre et d'huile ;;
supplice, elle- accusa une demoiselle d'avoir été le troisième de-laurier. Les trois pots, couverts,
au sabbat;-la demoiselle le nia. BéràndeTùi dit : furent déposés: dans une âlcôvê, et les sorcières
« Oublies-tu que la dernière fois que nous fîmes se retirèrent pour allendre l'effet,.* .Je rentrai
la danse, à la croix du- pâté, tu portais le pot de chez moi à dix heures du soir ;;je trouvai mes
poison?.i. » Et la demoiselle fut réputée sor- trois croisées ouvertes, et j'entendis au-dessus
cière , parce qu'elle ne sut que répondre 1. de ma tête un bruit extraordinaire.; J'allume mon
'
Berbiguier (Alexis-Viiicent-ChaiTesBerbigiiier : flambeau ; je ne vois rien. Le bruit que j'en ten-
de Terre-Neuve du Thym), né à Garpentras, est dais ressemblait au mugissement des bêtes fé-
un auteur qui vit peut-être encore et quiapublié roces; il dura toute la nuit. Je souffris" trois'jours
en 1821 un ouvrage dont voici le titre, : les diverses tortures, pendant lesquelles: les deux
Farfadets, ou tous les démons ne sont pas, de sorcières préparaient leurs maléfices. Elles ne
l'autre monde, 3 vol. in-8°, ornés de huit litho- cessèrent, tant que dura leur manège, de me
graphies et du portrait de l'auteur, entouré demander de l'argent. Il fallait aussi que je fusse
d'emblèmes, surmonté de cette devise : Le fléau là pour leur donner du sirop, des rafraîchisse-
des farfadets.—L'auteur débute par'une dédi- ments et des comestibles; car leurs'"entrailles
cace à tous les empereurs, rois, princes souve- étaient dévorées par le feu de l'enfer. Elles
rains des quatre parties du monde.—« Réunissez eurent besoin de rubans de différentes couleurs,
vos efforts aux miens, leur dit-il, pour détruire qu'elles nenVont jamais rendus. Pendant huit
l'influence des démons, sorciers et farfadets qui jours que dura leur magie, je fus d'une tristesse
désolent les malheureux habitants dé vos États. » accablante. Le quatrième jour, elles, se méta-
Il ajoute qu'il est tourmenté par le diable de- morphosèrent en chats, venant sous mon litpour
puis vingt-trois ans, et il dit que les farfadets me 'tourmenter, D'autres fois elles venaient en
se métamorphosent sous des formes humaines chiens : j'étais accablé par le miaulement des uns
pour vexer les hommes. Dans le chapitre II de- et Taboiement des autres. Que ces huit jours
son livre, il nomme tous ses ennemis par leurs furent longs! »
noms, en soutenant que ce sont des démons dé- Berbiguier s'adressa à un tireur de caries, qui
guisés, des agents de Belzebuth ; qu'en les appe- se chargea de combattre les deux sorcières..;, mais
lanl infâmes et coquins, ce n'est pas eux qu'il il ne lui amena que de nouveaux tourments.
insulte, mais les démons qui se sont emparés Dans les chapitres suivants, Tauteur se fait
d'eux. « On me fait passer pour fou, s'écrie-t-il ; dire encore sa bonne aventure et se croit obsédé ;
mais si j'étais fou, mes ennemis ne seraient pas il entend sans cesse à ses oreilles des cris de
tourmentés comme ils le sont tous les jours par bêtes affreuses; il a des peurs et des visions. Il
meslardoires, mes épingles, mon soufre, mon vient à Paris pour un procès, fait connaissance
sel, mon vinaigre et mes coeurs de boeuf. » d'une nouvelle magicienne, qui lui tire les cartes.
Les trois volumes sont en quelque sorte les « Je lui demandai, dit-il, si je serais toujours
Mémoires de Tauleur, que le diable ne quille pas. malheureux; elle me répondit que non; que, si
H établit le-pouvoir des farfadets; il conte, au je voulais, elle me guérirait des maux présents
chapitre IV, qu'il s'est fail dire la bonne aven- et à venir, et que. je pouvais moi-même faire le
1 M. Jules en France, remède.—Il faut, mè dit-elle, acheter une chan-
Garinet, Histoire de la maqie
J
p. 431 delle de suif chez la première marchande dont la
BER BER
boutique aura deux issues, et lâcher, en payant, » P. S, Dans huit jours tu seras en ma puis-
de vous faire rendre deux deniers. « Elle me re- sance; malheur à toi, si lu fais paraître ton ou-
commanda de sortir ensuite par la porte opposée vrage i ! » .
à celle par laquelle je serais entré, et de jeter Bérenger, hérétique du onzième siècle. Guil-
les deux deniers en l'air; ce que. je fis. Je fus laume de Malmesbury raconte 2 qu'à l'heure de
grandement surpris dtentendre le son de deux sa. mort.Bérenger reçut la visite de son ancien
écus au lieu de celui des deux deniers. ami Fulbert, lequel recula devant Je lit où gisait
» L'usage qu'elle me dit de.faire de la chandelle le malade, disant qu'il n'en pouvait approcher,
fut d'allumer-d'abord mon feu, de jeter dedans parce qu'il voyait auprès-de lui lin horrible et
du sel, d'écrire sur un papier le nom de la pre- grand démon très-puant. Les Uns racontent
mière personne qui m'a persécuté, de piquer ce qu'on chassa ce démon ; d'autres, assurent "qu'il
papier dans tous les sens, d'en envelopper la fordit le cou à l'hérétique mal converti et qu'il
chandelle en l'y fixant avec une épingle, et de la l'emporta. _:
laisser brûler entièrement ainsi. Bérésith, branche de la cabale,: C'est l'élude
» Aussitôt que j'eus tout exécuté, ayant eu la des vertus occultes que Jemoiiclerenfeniie.
précaution de nTarmer d'un couteau en cas d'at- Bergers. On estencore.persiiadé dans.beau-
taque, j'entendis un bruit effroyable dans le coup de villages que les bergers commercent
tuyau de ma cheminée ; je.m'imaginai que j'étais avec le diable, et qu'ils font des maléfices. Il est
au pouvoir du magicien Moreau, que j'avais con- dangereux, assure-t-on:, de: passer :près d'eux
sulté, à Paris. Je passai la nuit à alimenter le sans les saluer ; ils fourvoient loin de sa route le
feu, en y jetant de grosses, poignées de sel et voyageur qui les offense, font naître des orages
de soufre, pour prolonger le supplice de mes devant ses pas et des précipices à ses pieds. On
ennemis... » conte là-dessus beaucoup d'histoires, terribles.
M. Berbiguier fil neuf jours de suite la même Un voyageur passant à cheval à l'entrée d'une
opération, sans se voir débarrassé des farfadets forêt du . Mans renversa un vieux berger qui
el des magiciens. croisait sa roule, et ne s'arrêta pas pour relever
Ses trois volumes sont partout de cette force, le bonhomme. Le berger, se tournant vers le
et nous ne dirons rien de trop en rangeant cel voyageur, lui cria qu'il se souviendrait de lui.
ouvrage parmi les plus extravagantes "produc- L'homme à cheval ne fit pas d'abord attention à
tions. L'auteur se croyait en correspondance avec cette menace; mais bientôt, réfléchissant que le
des sorciers et des démons. ILrapporte-des lettres : berger pouvait lui jeter unvmaléfice, et tout au
faites par des plaisants assez malhabiles, et qu'il I moins l'égarer,- Tient regret .de--n'avoir pas été
attribue à Lucifer, à Rolhomago et à d'autres plus honnête.— Comme-il s'occupait de ces pen-
dont elles portent les signatures. En voici une ' sées, il entendit marcher derrière lui ; il se re-
qu'il a transcrite scrupuleusement : tourne et.entrevoit un speclre-nu, hideux, qui Je
A M, Berbiguier. poursuit c'est sûrement un fantôme envoyé
« Abomination de la déleslation ! tremblemenl par le berger... 11pique son cheval, qui ne peut
courir. comble: de le
de terre, déluge, tempête, vent, comète, pla- plus sur la Pour de son frayeur,enlace spectre
saule croupe cheval, de ses
nète, Océan, flux, rellux, génie, sylphe, fauiie, deux
longs bras le corps du cavalier, et se met à
satyre, sylvain, dryade elhamâdryade! l'ait de vains efforts pour se
» Le mandataire du grand génie du bien et du hurler.-Le voyageur
dégager du monstre, qui continue de crier d'une
mal, allié de Belzebuth et de l'enfer, compagnon voix
d'armes d'Astarolh, auteur du péché originel et rauque. Le cheval s'effraye, et cherche à
jeter à terre sa double charge; enfin une ruade
ministre du Zodiaque, adroit de posséder et
l'animal renverse le speclre, sur lequel le ca-
de tourmenter, de piquer, de purger, de rôtir, '.de
valier ose à peine jeter les yeux, lia une barbe
empoisonner, poignarder et liquéfier le très-
le teint pâle, les yeux hagards ; U\fait d'ef-
humble et très-patient vassal Berbiguier, pour satei Le voyageur jf|ît au plus
avoir maudit la très-honorable el indissoluble froyables grimaces
vile : arrivé au prochain village, iMaconle sa
société magique en foi: de quoi nous avons fait
mésaventure. On lui apprend que lelfpeclre qui
apposer les armes de la société. , lui a causé tant de frayeur est un fiai échappé
» Fait au soleil, en face de la lune, le grand
cherche depuis quelques heures/.
officier, ministre plénipotentiaire, le 5818° jour qu'on Les maléfices de bergers ont eu quelquefois
et la 105819° heure de nuit, grand-croix et tri-
des suites plus fâcheuses, et il a été prouvé, dans
bun de la société magique. Le présent pouvoir
aura son effet sur son ami Coco (c'était l'écu- 1 M. Cliampflenry, dans sa curieuse galerie dos
reuil de M. Berbiguier). excentriques, publiée en 4856, a écrit un remar-
» TnÉSAUnOCHRYSONICOCIinYSIDÈS. quable portrait de M. Berbiguier, qu'il a vu.dans sa
vieillesse toujours frappé des idées de ses farfadcls.
» Par Son Excellence, le secrétaire 2 In Historia Ânglor. sub Gullielmo I.
» PiniCHICltt-PlNCIII. 3 Madame Gabri'elle de p***, Histoire des fan-
» 30 mars 4848. tômes, etc., p. 205.
BER — 93 —• BER
le passé, qu'ils composaient des. poudres mysté-dans sa-poche : un berger du voisinage parvint
rieuses avec lesquelles ils enipoisonnaientcertains
à le lui escamoter, et, comme il lui'en voulait
pâturages et donnaient aux troupeaux des verti- depuis longtemps, il mit le sort en poudre, et
ges. Un boucher avait acheté des moutons sans l'enterra dans une fourmilière avec une taupe,
donner le pourboire au: berger de "la"ferme; Ce-une grenouille verte et une queue de morue, en
lui-ci se vengea; en passant le pont qui se trou-
disant : Maudition, perdition, destruction! et air
vait sur leur,-route, les moutons se ruèrent dans
bout de neuf jours, il déterra son maléfice et le
l'eau la lêle'la première. ; sema dans l'endroit où- devait paître le troupeau
On conte aussi; qu'un certain lierger avait fait
de son voisin, qui fut détruit.
D'autres bergers, avec trois cailloux pris" en
différents cimetières el certaines paroles magi-
ques, donnent des dyssenteries, envoient la gale
à leurs ennemis, et font mourir autant d'ani-
maux qu'ils souhaitent. C'est du moins l'opinion
hasardée des gens du village. Quoique les ber-
gers ne sachent pas lire, on craint si fort leur
savoir el'leur puissance,-dans quelques ha-
meaux, qu'on a soin de recommander aux voya-
geurs de ne pas les-insulter, et de passer auprès
d'eux sans leur demander quelle heure il est,
quel temps il fera, ou telle autre chose sembla-
ble, si l'on ne veut avoir des nuées, être noyé
un sort avec la corne des pieds de ses bêtes, par des orages, courir de grands périls, et' se
comme, cela se pratique parmi eux. pour conser- perdre dans les chemins lesplus ouverls,
ver les troupeaux en sâo.tô. Il portait ce sort Il esl bon de remarquer que, dans tous leurs
maléfices, les bergers emploient des Pater, des soldat habillé de rouge des pieds à la tête,
Ave, des neuvaines de chapelet. Mais ils ont monté sur un cheval de même couleur, portant
d'aulres oraisons et des prières pour la conser- la couronne au front; il répond sur le passé, le
vation des troupeaux. Voy. TROUPEAUX , et pour présent et l'avenir. On le maîtrise, par la vertu
les bergers, voy. HOCQUE/CIC. des anneaux magiques ; mais il ne faul pas ou- .
Bergmaenlen, nains de la classe des esprits blier qu'il est souvent menteur. Il a le lalenl de
follets, qui fréquentent les fermiers de TOber- changer Tous les mélaux en or : aussi on le re-
land, et leur rendent de petits services. garde quelquefois comme le démon des alchi-
Berith, duc aux enfers, grand el terrible. Il mistes. Il donne des dignités el rend la voix des
est connu sous trois noms ;
quelques-uns le nom- chanteurs claire et déliée. Vingt-six légions sont
'
ment Béai, les Juifs BériLh et les nécromanciens à ses ordres. ,
Bolfri. Il se montre sous les (rails d'un jeune C'était l'idole'des Sichemites , et-peut-être
BER BER
est-ce le même que le Béruth de Sanchoniaton, ayant, à peine atteint la moitié de la taille qu'on
que des doctes croient être Pallas ou ,Diane. en attendait, s'éteignit épuisée à quinze ans.
L'auteur du Solide trésor dû Petit Albert Berna (Benêdelto), sorcier qui, aii rapport
conte de Bérith une aventure qui ferait croire de Bodin et de quelques autres démonographes,
que ce démon n'est plus qu'un follet ou lutin, si avoua à l'âge de quatre-vingts ans qu'il avait
toutefois c'est le même Bérith. eu des liaisons pendant quarante années avec un
démon qu'il nommait Herniione ou Hermelinej
et qu'il menait partout avec lui sans que per-
sonne l'aperçût : il s'entretenait fréquemment,
dit-on, avec cet esprit qu'on ne voyait pas; de
manière qu'on le prenait pour un fou (et ce n'é-
tait pas autre chose). Il confessa aussi avoir
humé le sang de divers petits enfants, et fait
plusieurs méchancetés exécrables; Pour ces faits
atroces il fut brûlé.
Bernache ou Bernacle, voy..MACREUSES.
Bernard; Cârdâhpenseque la sorcellerie ne fut
souvent qu'une espèce 'de maladie hypocondria-
que, causée par la mauvaise nourriture des pau-
vres diables que Ton poursuivait comme sor-
d:.^„ Il raconte que. son père sauvaun jour un
paysan nommé Bernard, que Ton allait condam-
ner à mort pour sorcellerie, en lui changeant sa
façon ordinaire de vivre. Il lui donna le matin
quatre oeufs frais, et autant le soir avec de la'
viande et du vin ; le bonhomme perdit son hu-
« Je me suis trouvé, dit-il, dans un château meur noire, n'eut plus de visions et évita le
où se manifestait un esprit familier qui depuis bûcher.
six ans avait pris soin de gouverner l'horloge el Bernard de Côme, inquisiteur de la foi au
,d'étriller les chevaux. Je fus curieux un matin quinzième siècle, dit, dans son traité des stryges
d'examiner ce manège : mon étonnement Tut- OlT'SorCiers,que la sorcellerie était de son temps
= 1
grand de voir courir l'étrille sur la croupe du* ;très-répandue. C'était la Vauderie.
cheval, sans qu'elle parût conduite, par aucune ;''• - Bernard (Samuel). Voy. POULENOini;.
main visible. Le palefrenier me dit que,;pour j-Bernard de Thuringe, ermite allemand qui
attirer ce farfadet à son service, il avait pris une vers le Milieu du dixième siècle annonçait la lin
petite poule noire, qu'il l'avait saignée dans un du monde;!1)!'appuyait"son sentiment sur un pas-
grand chemin croisé; que dq ce sang il avait sage de l'Apocalypse qui. porte qu'après mille
écrit sur un morceau de papier : « Bérith fera ans Tancieiï'serpent sera délié. Il prétendait que
ma besogne pendant vingt ans, et jeilè1'récom- ce serpent'était TAntéchrist;, que par conséquent
penserai ; » qu'ayant ensuite enterré- la poule à l'année 960 'étant révolue ; ta venue de l'Anté-
un pied de profondeur, le mêhie'j'ouMe- farfadet christ était prochaine. 11 disait aussi que, quanti
avait pris soin de l'horloge: et Jdes chevaux, et le jour de Tannonciatioh de la sainte Vierge se
que de temps en temps lui-même faisait des rencontrerait aveoi*lè:vendredi saint, ce serait
trouvailles qui lui valaient quelque chose... » une preuve certaine de la fin du monde ; celle
L'historien semble croire que ce lutin était • prédiction a: eu[vainement des occasions de se
une mandragore. Les cabalistes n'y voient autre ; vérifier 1.
chose qu'un sylphe. -' Bernard le Trévisan, alchimiste du quin-
Berkeley, savant irlandais, — supposé, nous : zième siècle, que quelques-uns croient avoir élé
l'espérons, — que M. Michel Masson a repré- sorcier, né à Padoue en 1Z|06. Il a beaucoup tra-
senté comme voulant usurper la puissance di- • vaille sur le grand oeuvre, et ses ouvrages inin-
vine et Taire un géant haut, comme Og, de' telligibles sont recherchés des alchimistes; ils
quinze pieds; il séqueslra pour cela un enfant, roulent tous sur la pierre philosophale 2.
et au moyen d'un régime alimentaire habilement ( Voyez, dans les Légendesdes saintes images, l'En-
combiné, il fit grandir cet enfant, qui, en crois- fant de choeur de Notre-Dame du Puy,
sant prodigieusement,, devint inerte et slupide. 2 De philosopMa hermetica, lib. IV. Strasbourg,
Le savant n'y prenait pas garde ; il voulait uni 4867, 4682; Nuremberg, 4643.— Opus historié^
géant, et il caressait l'espoir d'entendre dire uni dogmaticum péri chymeias, cum J.-F.—Pici libris
tribus de auro. Ursellis, 4J598.ln-8°. Tractalus
jour: Og, le roi de Bazan, est retrouvé. Le géant L de secrclissimo philosophorum opère cliimico, cl tes-
de Berkeley a quinze pieds ! Mais ce que Dieu ne 5 pomio adl'homamde Bononia. Bâle, 4600, — OpuscuU
veut pas n'a pas lieu. La victime du savant, , chimica de lapide philosophorum, en français, An-
BER 95 — BÊT
Bernardi (Pierre), d'Aréia, en Toscane, inor-, respiration. Vers minuit il appela sa'-femme-et
dail le nez et les oreilles de ceux qui l'appro- lui dit de faire promptement venir son confes-
chaient, hurlait sans cesse comme une bêle fé- seur. Le prêtre était à peine dans la cour, que
: rpce et faisait la terreur de la contrée. On Berthold dit : -^Mettez ici un siège, car le prêtre
i l'exorcisa; il déclara qu'il était possédé, et vient. -—Le confesseur, étant éiitré.réciia quel-
| qu'on ne le délivrerait qu'en étant: un maléfice ques prières, auxquelles Berthold répondit; puis
I caché, sous sa porte. On ne voulut pas le faire, il'tomba dans une longue extase, et, quand il'eh
l parce qu'on croyait que ces paroles étaient un sortit, il raconta un voyage que son âme venait
I mensonge du "démon. Le savant Raggiolo, qui défaire en purgatoire, ou il avait vif le roi dé-
I s'occupait de lui, parvint à contraindre le dé- funt et d'autres personnages.; Après son récit ;
fi mon, qui fit en sortant des cris si effroyables il se remit à dormir et vécut encore quatorze
1 que l'église en fut ébranlée^ AlorsleS parents ans1:.
| de Bernardi fouillèrent sousle seuil de sa porte; BerthOmé du Bignôh; dit Ghàmpagnal, Sor-^
î ils y trouvèrent, dans un linge, un morceau de cier jugé à Montmérillôn, en Poitou , dans Tan-
| peau d'âiie chargé de caractères mystérieux, née 1599.11 avoua que Son père l'avait mené au
| avec un os. d'enfant et des cheveux de femme. sabbat dès sa jeunesse-; qu'il avait promis au
j Us brûlèrent le tout:, - et la possession ne reparut diable son ânië et son -Corps ; qu'à la SainWean
---- : - -'-' :::-:' dernière, ilavàit vu Un grand sabbat où le dia-
j pas.
| Berne (les- moines de). Voy. JETZER. ble faisait danser les génS eh rond);' qù'ilsé met-
I Bernold. Voy. BEUTHOLD. ", - tait au milieu de la danse; érr forhiè- de> boiic
| Befquin (Louis) ; gentilhomme artésien,' con- noir, donnant à chacun une -Chandelle- allumée;,
| seiller de François I"*; entraîné par de mauvaises avec laquelle ils allaient lui bàiser: le derrière;
II moeurs,.il se mit à déclamer contre'les moi- que le diable lui octroyait à chaque sabbat qua-
| nés et à donner dans le luthéranisme..Ses livres rante sous en monnaie, et des poudres pour faire
| furent brûlés, et là protection du roi le- sauva dès maléfices; que, quand il le voulait, il appelait
I seule d'une abjuration publique ; mais on le re- le diable, qui venait à lui comme un tourbillon;
jj- prit bientôt. Il se mêlait aux orgies;dés sorciers, que la nuit dernière il était venu le visiter en sa
j| plus fréquents que jamais depuis les excès de la prison et lui avait-dit qu'il n'avait pas moyen de
i," réforme; on le convainquit d'avoir adoré le dia- le tirer d'où il était. Il dit encore que le diable
|:' ble et commis des actes:abominables; on produi- .défendait à tous les siens de prier Dieu, d'aller à
sit-conlre lui de si tristes griefs, que le roi n'osa la messe, de faire leurs Pâques, el que, pour lui,
plus le défendre v et il fut brûlé en place de il avait fait mourir plusieurs personnes et plu-
* Giève le 17 avril 1529. sieurs bêles au moyen des poudres qu'on lui
*- Berrid. Voy. PURGATOIRE. donnait au sabbat 2.
Berson, docteur en théologie et prédicateur
1!| \isionnaire
Berthomée de la Bedouche. Voy. BONN'E-
de la cour, sous Henri III. Il s'-ima- VAUJLT -
(Malhurin).
giiiait être Enoch, et il voulait aller porter Béruth. Voy. BÉRITH.
c| l'Évangile dans le Levant, avec un prêtre fla- Bête-bigourne. Voy. LYCANTIIROPIE.
# mand qui se vantait d'être Élie. Taillepied dit Bêtes. Il y a dans les choses prodigieuses de
> avoir entendu Berson
prêcher cette bizarrerie ce inonde beaucoup de bêles qui figurent avec
.y devant le frère du roi,, à Château-Thierry 1!. distinction. Lés bêtes ont été longtemps des in*-
\ Berthe. Voy. BOBERT,roi. slruments à présages : les sorciers et les démons
Berthereau (Martine). Voy. BEAUSOLEIL. ont emprunté leurs formes, et souvent on a
Berthier (Guillaume-François), célèbre jé- brûlé des chais et des chiens dans lesquels on
suite, mort en 1782. Voltaire a publié la relation croyail reconnaître un démon caché ou une sor-
de la maladie, de la mort et de l'apparition du cière.
jésuite Berthier ; mais ce n'est qu'une assez Dans les campagnes, on effraye encore les en*
mauvaise plaisanterie. Le père Berthier vivail fanls avec la menace de la Bêle à sept têtes, dont
" encore.
l'imagination varie en tous lieux la laideur. L'o-
i Berthold. Après la mort de Charles le pinion de celte bêle monstrueuse remonte à la
» Chauve, un bourgeois de Reims, nommé Ber- Bêle de l'Apocalypse. Selon quelques-uns, les
thold ou Bernold, gravement malade, ayant reçu sept têtes sont les sept péchés capitaux.
les sacrements, fut quatre jours sans prendre au-
cune nourriture'et-se ( Voyez ce récit dans les légendes de l'autre
sentit alors si faible, qu'à
peine lui trouvail-on un peu de palpitation et de monde; il a été conservé par Ilincmar, arclievôque
de Reims, et reproduit par Leloyer, Disc, et hist.
des spectres, liv. VI, ch. xm; par dom Calmel,
vers, 1567. —Bcmardus rcdivivus, vel opus de chi- Traité sur les apparitions, ch. LXVI; enfin par M. Ga-
rma, hrslorico-dogmaticum, e gallico in laiinum ver- rinel, Histoire de la magie en France, p. Ù6.
sum. Francfort, 462(5. 2 Discours sommaire des sortilèges ci vénêfices,
'
Psychologieon Traité de l'apparition
en, m, •" . des esprits, tiré des procès criminels jugés au siège roual'dc Mont-
morillon, en Poitou, en l'année 4599, p. 29.
BÉT — 96 — BEU
. Depuis les troubles des Cévennes, on a aussi jardin j situé près d'un de ces puits. Tout à coup
effrayé les imaginations par l'image de la Bête il i aperçut une feuille blanche croissant sur une
du Gévaudan, qui n'est autre chose que la som- plante j de betterave. LesAllemands regardent cette
bre hérésie de celte contrée, laquelle produisait rencontre
i comme un signe de malheur, el le su-
les excès des calvinistes, entés sur les abomina- perstitieux
] ouvrier en eut l'esprit extrêmement
lions des Albigeois. ifrappé. En rentrant à la maison, il fit part à sa
Des personnes accoutumées aux visions extra- femme i du nouveau présage et des sinistres, pres-
ordinaires ont vu quelquefois des spectres de sentiments i qui s'y rattachaient dans son esprit.
bêtes. On sait la petite anecdote de ce malade Celle-ci i entraîna aussitôt son mari dans le petit
à qui son médecin disait :. — Amendez-vous, enclos qui entourait leur demeure et lui montra
car je viens de voir le diable à votre porte. — une seconde feuille blanche de betterave qu'elle
Sous quelle forme? demanda le moribond. — avail également trouvée dans la matinée. Les deux
Sous celle d'un âne.—r-Bon, répliqua le malade, époux, de plus-en plus convaincus qu'un affreux
vous avez eu peur de voire ombre. ; malheur allait fondre sur eux,'rentrèrent'tout
Des doctes croient encore que tes animaux, à tristes'dans-leur maison, et dînèrent silencieuse-
qui ils n'accordent point d'âme, peuvent reve- ment, livrés aux plus sombres pensées.
nir, et on cite îles spectres :de ce genre. » Après le-repas, l'ouvrier retourna à son tra-
. Meyer, professeur à l'université de Halle, vail. Au commencement de la soirée, quelques
dans son Essai sur lès apparitions, § 17, dit que personnes passant parla remarquèrent des vête-
les revenants et les spectres ne sont peut-être ments au bord de Teau. N'apercevant pas de bai-
que les âmes des bêtes,- qui, ne pouvant aller ni gneur, ils supposèrent qu'un malheur était arrivé.
dans le ciel ni dans les enfers, restent ici erran- L'eau fut draguée, et l'on retira le corps du mal-
tes et diversement'conformées. Pour que-cette- heureux Allemand. On suppose qu'en se baignant
opinion eût' quelque fondement, il faudrait il sera tombé dans quelque trou profond, el que,
croire, avec les péripatéticiens, que Tes bêtes ne'sachant pas nager, il y aura'trouvé là mort.
ont une- âme quelconque ; ce qui n'est pas facile. » Mais voici le fait le plus curieux de cette sin-
Les pythagoriciens sont allés plus loin; ils ont gulière histoire. Le malheureux noyé avait une.
cru que par la métempsycose les âmes passaient soeur à Brooklyn. Dans l'après-midi de là fatale
successivement du.corps d'un homme dans ce- journée, elle fut frappée tout à coup d'une espèce
lui d'un animal. , de sommeil somnambulique ; elle vit son frère
Le père Bougeant, de la compagnie de Jésus, lutter contre Teau qui allait l'engloutir; elle l'en-
dans un peliL ouvrage plein d'esprit, l'Amuse- tendit appeler au secours::Quand elle se réveilla,
ment philosophique sur le langage, des bêles, elle avait la figure brûlante et portait les signes
adopta par plaisanterie un système assez sin- delà plus grande terreur.; Elle raconta s'oii rêve à
gulier. Il trouve-aux bêtes trop d'esprit et de son mari ; elle lui dit qu'elle élait décidée-à aller
sentiment pour n'avoir pas un âme ; mais il pré- à Newark.s'informer de son;frère.
tend qu'elles sont animées par les démons les » Son mari, tâcha de retenir sa femme, dont
moins coupables, qui font pénitence sous celte l'étal d'excitation lui inspirait des inquiétudes. Il
enveloppe, en attendant le jugement dernier, lui représenta la folie-de prêter ainsi foi à un
époque où ils seront renvoyés en une contrée songe et de s'alarmer sans sujet. Mais rien n'y
de Tenter. Ce système est soutenu de la manière fit. La soeur partit pour Nevyark, et.elle arriva
la plus ingénieuse : ce n'était qu'un amusement; précisément au moment où le cadavre du pau-
on le prit trop au sérieux. L'auteur fut grave- vre-noyé était transporté-dans sa demeure. Ses
ment réfuté, el obligé de désavouer publique- pressentiments ne l'avaient point trompée! »
ment des opinions qu'il n'avait mises au jour que' Beurre. On croit dans plusieurs villages em-
comme un délassement. pêcher le beurre de se faire en récitent à rebours
Cependant le père Gaston de Pardies, de lai le psaume Nolilefierii. Bodin ajoute que, par
même société de Jésus, avail écrit quelque temps> un effet d'antipathie naturelle, on obtient le môme
auparavant que les bêtes oui une certaine âme ', i résultat en niellant un peu de sucre dans la
el on ne l'avait pas repris. Mais on pensa qu'au- - crème ; et il conle qu'étant à Chelles, en Valois,
près de quelques esprits l'ingénieux amusement dui il vit une chambrière qui voulait faire fouetter un.
père Bougeant pouvait faire naîlre défausses idées. pelil laquais, parce qu'il l'avait tellement malé-
Betterave, plante potagère. Le Regislcr deî ficiée en récitant à rebours le psaume cité, que
Newark, à l'occasion de la mort d'un jeuneî depuis le malin elle ne pouvait faire son beurre.
homme noyé dans les puits argileux d'Olivier- - Le laquais récite, alors naturellement le psaume,
strect, raconte un fail qui s'est passé il y a quel-- et le beurre se fil 2.
ques années au même endroit. * Thiers, Traité des superstitions, t. 1".-H n'ya
« Un manoeuvre allemand travaillait dans unj
pas de psaume Nolitë ficri. Ce n'est qu'une division
1 Dans son Discours de la connaissance des bêtes.. du psaume 34.
2 Dêmonomaniedes sorciers, liv, II, ch. i.
Paris, 4e édition, 4696.
BEU — 97 — BIE
Dans le Finistère, dit-on, Ton ensorcelle en- Beyrevra, chargé de le punir, lui coupa une tête
core le beurre. On croil aussi dans ce pays que avec son ongle. Brahma, humilié, demanda par-
si Ton offre du beurre à saint Hervé, les bestiaux don, el le dieu Eswara lui promit pour le consoler
qui ont fourni la crème n'oni rien à craindre des qu'il ne serait pas moins respecté avec les qualre
loups, parce qlie ce saint, étant aveugle, se faisait lêles qui lui restaient qu'il ne l'était auparavant
guider par un loup *. avec cinq lêles.
Beurre des sorcières. Le diable donnait aux Bézuel. Voy. DKSFONTAINES.
sorcières de Suède, entre autres animaux destinés Bhargheist ou Bhar-geist, spectre errant
à les servir, des chais qu'elles appelaient cmpor- connu des Teutons. Lès Anglais le voient encore
teurs, parce qu'elles les envoyaient voler dans le quelquefois dans le Yorkshire.
voisinage. Ces exporteurs, qui étaient très-gour- Bibésia. Celait dans la mythologie païenne,
mands , profilaient de l'occasion pour se régaler que Boileau admirait si niaisement, la déesse pro-
aussi, et quelquefois ils s'emplissaient si fort le tectrice des buveurs et des ivrognes.
ventre, qu'ils étaient obligés en chemin de rendre Bible du diable. C'est sans doute le grimoire
gorge. Leur vomissement se trouve habituelle- ou quelque autre fatras de ce genre. Mais Delancre
ment dans les jardins potagers. <cIl a une couleur dit que le diable fait croire aux sorciers qu'il a sa
aurore, et s'appelle le beurre des sorcières 2. » Bible, ses cahiers sacrés, sa théologieel ses pro-
Beverland (Adrien), avocalhollandais de Mid- fesseurs; el un grand magicien avoua, étant sur
delbourg, auteur des Recherches philosophiques sur la sellette au parlement de Paris, qu'il y avail à
lepéché originel 1,pleines de grossièretés infâmes. Tolède soixante-lreize maîtres en la faculté de
Les protestants mêmes, ses coreligionnaires, s'en magie, lesquels prenaient pour texte la Bible du
indignèrent et mirent cet homme en prison à diable 1.
Leyde; il s'en échappa et mourut fou à Londres Bibliomancie, divination ou sorte d'épreuve
en 1712. Sa folie était de se croire constamment employée autrefois pour reconnaître les sorciers.
poursuivi par deux cents hommes qui avaient juré Elle consistait à mettre dans un des côtés d'une
| sa mort 4. ., balance la personne soupçonnée de magie, et dans
j Beyrevra, démon indien, chef des" âmes qui l'autre la Bible ; si la personne pesait moins, elle
{ errent dans l'espace changées en démons aériens. élait innocente; si elle pesait plus, elle élait jugée
coupable: ce qui ne manquait guère d'arriver,
car bien peu d'in-folio pèsent un sorcier.
On consultait encore la destinée ou le sort en
ouvrant la Bible avec une épingle d'or, et en tirant
présage du premier mot qui se présentait.
Bietka. 11y avait en 1597 à Wilna, en Pologne,
une fille nommée Bielka, qui élait recherchée par
un jeune homme appelé Zacharie. Les parents de
Zacharie ne consentant point à son mariage, il
tomba dans la mélancolie et s'étrangla. Peu de
temps après sa mort il apparut à Bietka, lui dit
qu'il venait s'unir à elle et tenir sa promesse de
mariage. Elle se laissa persuader; le mort l'épousa
donc, mais sans témoins. Celte singularité ne de-
meura pas longtemps secrète, on sut bientôt le
mariage de Bietka avec un esprit, on accourut de
toutes parts pour voir la mariée ; et son aventure
lui rapporta beaucoup d'argent, car le revenant
se montrait et rendait des oracles; mais il ne
On dil qu'il a de grands' ongles Irès-crochus. donnait ses réponses que du consentement de sa
Brahma ayant un jour insulté un dieu supérieur, femme, qu'il fallait gagner. Il faisait aussi beau-
1 coup de tours; il connaissait tout le présent, et
Cambry, Voyage dans le Finistère, t. I, p. 44 prédisait un peu l'avenir.
cl 45.
2 Le monde enchanté, liv. IV, ch. 29. Au bout de trois ans, un magicien italien, ayant
3 Bekker,
Hadriani Beverlandi peccalum originale philolo- laissé échapper depuis cette époque un espril qu'il
giccehicubratum, a Themidis alumno, Eleulheropoli avait longtemps maîtrisé, vint en Pologne, sur le
in horlo Hesperidum, typis Adami el Evoe, terroe fû.
bruit des merveilles de l'époux de Bielka; il re-
In-80, 1678. La Jusla dalcstalio libelli scelcratissimi
Hadriani Beverlandi de peccalo originali, in-8", Go- connulque le prétendu revenanlélaitle démon qui
rmchcmii, 4680, esl une réfutation de cel écrit dé- lui appartenait ;'il le renferma de nouveau dans
testable, dont on a publié en 4734<in-1;2-,-une imi- une bague, el le remporta en Italie, en assurant
tation mêlée de contes aussi méprisés; ' v//\
Gabriel Peignot, Diciionidaire des ' ' Mvré&cpn-
'- 1 Delancre, Incrédulité el mêcréance du. sorti-
aamnésau fou. i r ', ;.', \ lège, etc., traité VII. Voyez Universités occultes.
BIP — 98 — BIR
qu'il eût causé de très-grands maux en Pologne gres mélancoliques devieinienl quelquefois sor-
s'il l'y eût laissé 1. De sorte que la pauvre Bietka ciers ou billis ; le dialile s'empare d'eux dans leurs
en fut pour trois années de mariage avec un accès de tristesse, et leur apprend alors, disenl-
démon. ils, à faire des maléfices et à connaître les vertus
.' Le-fait est raconté par un écrivain qui croit fer- des plantes magiques.
mement à ce prodige, el qui s'étonne seulement Binet (Benjamin), auteur du petit volume inti-
de ce que ce démon étail assez matériel pour faire tulé Traité des dieux et des démons du paganisme,
tous les jours ses trois repas. Des critiques n'ont avec des remarques., critiques sur le système de
vu là qu'une suite de supercheries, à partir de Bekker. Deift, 1696, in-12. '
la prétendue strangulation de l'homme qui lit en- Binet (Claude); On recherche de Claude Binet,
suite le revenant. avocal du seizième siècle, les Oracles des douze
Bifrons, démon qui paraîl avec la figure d'un sibylles, extraits d'un livre antique, avec lesfigures
monstre. Lorsqu'il prend forme humaine, il rend des sibylles portrailes au vif, par Jean Rabcl, tra-
l'homme savant en astrologie, et lui enseigne à duit du latin de Jean Dorât en vers français. Pa-
connaître les influences des planètes ; il excelle ris, 1586, in-folio. .
Biragues (Flaminio de), auteur d'une facétie
intitulée l'Enfer de la mère Cardine, traitant de
l'horrible bataille qui fut aux enfers aux noces
du portier Gerberus et de Cardine. In-8°, Paris,
1585 et .1597. C'est une satire qui ne tient que
si on le-veut bien à la démonogrâphie. P. Didot
l'a réimprimée à cent exemplaires en 1793. L'au-
teur était neveu, du chancelier de .France fiené
de Biragues.;
Birck (Humbert), bourgeois d'Oppenheim
dont l'âme revint, après s'a mort,.en 1620, et se
dans'lagéométrie; il c'oimaîtlesvertusdesherbes,-
des pierres précieuses et des plantes; il trans- manifeste, comme les esprits frappeurs, pour ob-
tenir des messes, ce qu'on lui accorda; après
porte les cadavres d'un lieu à un autre. On Ta vu
aussi allumer des flambeaux-sur les tombeaux des quoi il ne revint plus 4.
morts. "Il a vingt-six légions à ses ordres. Biron. Le maréchal de Biron-, que Henri IV
Bifrost. L'Edda donne ce nom à un pont tri- fit décapiter pour trahison en 1602, croyait aux
colore qui va de la terre aux deux, et qui n'est prédictions. Pendant le cours de son procès, il
que Târc':en-ciel, auquel les Scandinaves attri-
buaient la solidité. Ils disaient qu'il est ardent
comme un brasier, sans quoi les démons l'escala-
deraient tous les jours. Ce pont sera misén pièces
à Ta lin du monde, après que les mauvais génies
sortis dé l'enfer l'auront traversé à cheval. Voy.
SURTUtl.
Bi;goïs ou Bigotis, sorcière toscane qui, dit-
on , avait rédigé un savant livre sur la connais-
sance dès pronostics donnés par les éclairs et le
tonnerre.Ce savantlivre est perdu, et sans doute
Bigoïs est la même que Bagoé.
Bigourne. Voy. LYGANXHROPIE.
Bilis. Les Madécasses désignent^sous ce nom
certains démons qu'ils appellent aussi anges du
septième ordre.
Billard (Pierre), né dans le Maine en 1653,
mort en 1726, auteur plat d'un volume in-12 jn-
tilulé. la Bêle à sept lêles, qui a paru en 1693. Cel
ouvrage lourd, dirigé contre les jésuites, esl très-
niais. Selon Pierre Billard, la bêle à sept, têtes
prédite par l'Apocalypse élait la société de Jésus.
L'auteur .mourut à Cliarenlon.
1
Billis, sorciers redoutés en Afrique, où ils demanda de quel pays était le bourreau. On l"1
—
empêchent le riz de croître eL de mûrir. Les nè- répondit qu'il élait Parisien. — Bon, dit-il,
1 Adrien Regenvolsius, Syslema hislorico-chrono- Et il s'appelle. Bourguignon.—Ali! je suis perdu!
logicum ecclesiarum sclavonicarnm. Ulrcchl, 4652, 1 Voyez son histoire dans les Légendesdes csprtt
p. 95. et démons.
BIS 99 — BLO
s'écria le maréchal ; on m'a prédit que si je pou- -Bitru, démon. Voy. SYTRY.
vais éviter par derrière le coup d'un Bourgui- Biaise de Vilfracuria, femme qui magnéti-
sait en Lorraine, avant que Ton connût le nom
gnon , je serais roi.
M. Chabot de Bouin a écrit très-agréablement du magnétisme. Rémi conte dans sa Démona-
celle légende, développée dans TAlmanach pro- trie qu'en 1689 un homme qui venait lui l'aire
- . des réclamations fut invité par elle à manger des
phétique de I8Z16.
Biscar (Jeannette), sorcière boiteuse du La- pommes qu'elle faisait cuire. La première pomme
bourd, que le diable, en forme de bouc, trans- qu'il prit, toute brûlante, s'atlacha à sa main;
portait au sabbat, où, pour le remercier, elle il voulut l'arracher de Taulre main, qui se trouva
faisait, au dire de Delancre, des culbutes et des prise aussi. Il sortit en poussant des cris de dou-
cabrioles. leur. Les voisins lui -dirent qu'il devait re-
Biscayensy vagabonds de l'espèce des bohé- :tourner à la femme qui lui avait donné sa pomme.
.miens. 31s disaient la bonne avenlure dans les .Biaise se moqua de .lui, et lui fit sur les
villages., .bras des passes qui ôlèrent la douleur en fai-
Bisclavaret. C'est le nom que donnent les rsant;tomber.}a pomme. Elle appelait sa malice;
Bretons au loup-garou. C'est souvent unVrenard :une;ïfarcevt -.
Blanc (M. Hippolyte^ auteur- d'un livre inti-
tulé De l'inspiration des Gamisards, recjierches
nouvelles sur : les, phénomènes extraordinaires
observés, parmi lesprôtestantS'.des/;fGéy^nnes à
la fin du dix-s.eptjème et au commencement du
dix-huitième siècle, pour servir à Tinlelligence
de certaines manifestations : modernes, lq-12,
1859. Henri Pion, éditeur.; Ce savant Ira vailéla-
]
blifcipar d'incontestables, faits,la part démoniaque
-de.ces inspirations^ ;.,,,;;;:.--,^-p', :.,,... : i-r-
Blanc d'oeuf (Diy|nation.;,par . le). Voyez
OOMANÇIIÎ.;!: . ;.'-;.-..- ._..,.:.
>::;.Blanchard (Elisabeth), une,,des. démoniaques
devLoudun. Elle se disait possédée de plusieurs
el quelquefois Tin loup, qui se jette devant les
jdémons : Asliaroth, Belzebuth, Pérou:,.et: Ma-
chevaux des chasseurs et' les effraye. On croit
rou, ela.Voy.- LOUDUN^, .:..;/.
que cet animal est un sorcier qui en a pris la Blasphème; Souvent :il est arrivé, malheur.
forme; et dans les temps passés,, si.une châte- aux gens grossiers qui blasphémaient. On en a
laine inconnue venait offrir des rafraîchissements
vu, dan s,-'des âécès. de colère, mo UÏJKçsub ite-
ment. Étaienl-ils étouffés par.Ja. colère,? pu frap-
pés d'un coup d'apoplexie?-ou châtiés par une
puissance suprême? ou, comme on.T'ti.dit quel-
quefois, étranglés par le diable?..Torquemada
parle, dans la troisième journée de son Hexamé-
ron, d'un blasphémateur qui fut tué un jour par
le tonnerre, et l'on reconnut avec stupeur que
la foudre lui avait arraché la langue. Si c'est, un
hasard, il esl bien singulier.
Blendic. On exorcisa à Soissons, en 1582,
cinq énergumènes. La relation de leurs réponses
et de leurs convulsions a élé écrite par Charles
Blendic, Artésien.
aux chasseurs à l'instant où le Bisclavaret s'é- Bletton (Barthélémy), hydroscope qui, vers
tait montré, on la prenait pour une fée et on se la fin du siècle dernier, renouvela à Paris les
défiait d'elle. M. Edouard d'Anglemont a con- prodiges de la baguette divinatoire appliquée à
sacré une de ses légendes poétiques au Bis- la recherche des sources el des métaux. Sa gloire
clavaret. s'est promplemenl évanouie. Voy. BAGUKTTE DI-
Bithies, sorcières fameuses chez les Scythes. VINATOIRE et BKAUSOLEIL.
Pline dil qu'elles avaient le regard si dangereux, femme de Bruxelles qui, au
Bloemardine,
qu'elles pouvaient tuer ou ensorceler ceux qu'elles commencement du quatorzième siècle, troubla
. fixaient. Elles avaient à l'un des yeux la prunelle le
Brabanl, où elle établit-une sorte de sainl-
| double, Taulre prunelle était marquée de la fi- simonisme, abolissant le mariage et les moeurs,
1 gure d'un chevall. et donnant à ses disciples dissolus le nom de
' frères et de soeurs du libre esprit. Elle'avait un
\ Time, liv. VII, ch. H.
7.
BLO 100 — BLO
fauteuil d'argent que ses adeptes regardaient furent arrêtées, et quinze enfants se trouvèrent
comme un talisman puissant en prodiges 1. mêlés dans ces débals.
Blokula. Vers l'année 1670, il y eut en Suède, On disait que les sorcières se rendaient de
au village de Mohra,. dans la province d'Elfda- nuit dans un carrefour, qu'elles y évoquaient le
len, une affaire de sorcellerie qui fit grand bruit. diable à l'entrée d'une caverne en disant trois
On-y envoya des juges. Soixante-dix sorcières fois : « Antesser ! viens, et- nous porte à Blo-
furent condamnées à mort; une foule d'aulres kula! »
lïohcruicns.
ancêtres avaient été chassés de leur pays pour Ils s'étaient formé un argot ou un jargon dé-
n'avoir pas voulu recevoir la Vierge Marie et son guisé, mêlé d'hébreu et de mauvais allemand,
fils Jésus. — Le peuple comprit ce refus, du qu'ils prononçaient avec un accent étranger. Des
temps où Joseph emmena le divin Enfant en savants, qui ne voyaient pas plus loin, furent
Egypte pour le soustraire aux recherches d'Hé- flattés de reconnaître certains termes de la langue
rode; au lieu que les vagabonds juifs l'enten- allemande dans un patois qu'ils prenaient pour
daient de la persécution qu'ils avaient soufferte de l'égyptien. Ils dénaturaient aussi plusieurs
cinquante ans auparavant. De là vient le nom appellations; ils appelaient un enfanl un criard,
d'Egyptiens qu'on leur donna et sous lequel l'em- un manteau un preneur de vent, un soulier un
pereur Sigismond leur accorda un passe-port. marcheur, un oiseau un volant. Toutefois, la
BOH 106 BOH
multitude de mots hébreux qui est restée dans le son mari autant d'années que le vase avait pro-
langage des Bohémiens suffirait seule pour trahir duit de morceaux. Au bout de ce temps, les
leur origine juive. époux étaient libres de se quitter ou de rompre
Ils avaient des moeurs particulières et s'étaient ensemble un nouveau pot de terre. On citerait
fait des lois qu'ils respectaient. Chaque bande se beaucoup de bizarreries de ce genre.
choisissait un chef, à qui tout lé monde'étail tenu Dès que les nouveaux Égyptiens virent qu'ils
d'obéir. Quand parmi eux une femme se mariait, n'étaient pas repousses, ils implorèrent la pitié
elle se bornait, pour toute cérémonie,,à briser des Allemands. Pour, ne pas paraître à; charge,
un pot de terre devant l'homme dont elle voulait ils assuraient que, par une'grâce particulière du
devenir-la compagne ; et elle Je.respectait comme ciel, qui les protégeait encore en les punissant,
les-maisons Où ils étaient une fois reçus n'étaient des lignes de la main el des doigts. Ils guéris-
plus sujelles àTincendie. Ils se mirent aussi à'diresaient les malades désespérés, par des remèdes
que les Anglais onl conservés et qu'ils appellent
héroïques, parce qu'ils tuent net les apoplec-
tiques, s'ils ne les relèvent pas.
Cependant la fureur conlre les Juifs s'élail
apaisée.; ils furent admis de nouveau dans les
villages, puis dans les villes. Mais il reste tou-
jours de ces bandes vagabondes qui continuèrent
la vie nomade, découvrant partout l'avenir, et
joignant à celle profession de nombreuses fri-
ponneries plus matérielles. Bientôt, quoique la
nation juive fût le noyau de ces bandes, il s'y (H
un tel mélange de divers peuples, qu'il n'y eut
la bonne aventure, sur l'inspection du visage, des pas plus entre eiix de religion dominante qu'il
signes du corps, et principalement sur l'examen n'y avait de. patrie. Ils parcoururent les Pays-
BOH 107 BOl
Bas et passèrent en France, où on les appela 1 Bohinum, idole des Arméniens, qui était
les Bohémiens, parce qu'ils venaient de la Bo- faite d'un métal noir, symbole de la nuit. Son
hême. nom vient du mot hébreu bohn, désolation, à ce
Pasquier, dans ses Recherches, raconte à peu" que dit Leloyer. C'est le démon du mal.
près ainsi leur apparition mystérieuse sur le sol Bohmius (Jean);, .Quelques-uns recherchent
français'et leur arrivée aux portes de Paris en sa Psychologie,'ou. Traité des'.esprits, publiée en
1427 ':.— ils étaient au nombre de cent vingt; 1632, à Amsterdam ', livre qui ne manque pas
l'un de leurs chefs portait le tilre.de duc, un d'hérésies,-,.
autre celui de comte; ils avaient dix cavaliers Bôhon-Hupas, arbre-poison qui croît dans
pour escorte. Ils disaient qu'ils venaient de. la l'île de Java, à trente lieues de Batavia. Les cri-
basse Egypte, chassés de leur pays par les Sara- minels condamnés allaient autrefois recueillir une
sins* qu'ils étaient allés à Rome confesser leurs gomme qui;en découle, et qui esl un<poison si
péchés au Pape, qui leur avait enjoint pour péni- prompt et ;Si violent, que les oiseaux qui Ira- ..
tence d'errer sept ans par le monde, sans cou- versent: l'air au-dessus de cet arbre tombent
cher sur aucun lit. (Les gens éclairés n'ajoutèrent morts;,;.dû moins ces choses ont été, contées.
sans doute pas foi- à ce conte.) — On les logea Apres, que leur .-.sentence élait prononcée, lesdils
au village, de-la Chapelle, près Paris; et une criminels pouvaient choisir ou de périr 4c Ta
grande foule alla les voir. — Ils avaient les che- main du bourreau, ou de tenter de rapporter une ,
veux crépus, le teint basané, et portaient aux boîte de gomme de l'hupas. Foerssèch rapporte,
oreilles des. anneaux d'argent*. Gomme leurs qu'ayant interrogé un prêtre malais qui habitait
femmes disaient la bonne aventure et.se' livraient ce lieu sauvage, cet homme lui dil qu'il avait vu
à des pratiques superstitieuses et mauvaises, passer environ sept cents Criminels, sur lesquels
l'évêque de Paris les excommunia, défendit qu'on il n'en était revenu que vingt-deux ; qu'il n'y
. les allât consulter el obtint leur éloigneraient. avait pas plus de cent ans que ce pays élait-ha-
[ Le seizième siècle fut infesté de Bohémiens. bité par un peuple qui se livrait aux iniquités de
i Les étals d'Orléans,.en 1560, les condamnèrent Sodome et de Gomorrlie; "que Mahomet ne vou-
j au bannissement, sous peine des galères, s'ils lut pas souffrir plus longtemps-leurs moeurs abo-
| osaient reparaître.. Soufferts dans: quelques cou- minables; qu'il engagea Dieu a les punir; et que
j irées que divisait l'hérésie, chassés en d'autres Dieu fit sortir de la terre le bohon-hupas, qui
j lieux comme descendants, de Gliam, inventeur de détruisit les coupables, et rendit à jamais le pays
f la magie, ils ne paraissaient nulle part que inhabitable. Les Malais regardent cet arbre
| comme une plaie. On disait en Flandre qu'ils commeTinslru.nient.de la colère du Prophète ;
| étaient si experts en sorcellerie, que dès qu'on et, toutefois, la mort qu'il procure passe chez
j leur avait donné une pièce de monnaie, toutes eux pour honorable ; voilà pourquoi les criminels
I celles qu'on avait en poche s'envolaient aussitôt qui vont chercher Te poison se revêtent en gé-
et allaient rejoindre la première, opinion popu- néral de leurs plus beaux habits 2.
|
| lairequi peut "se'traduire-en d'autres termes et Bois. Les anciens avaient une divination qui
1 qui veut dire que les Bohémiens étaient des se pratiquait par le-moyen de quelques morceaux
— Leurs bandes diminuèrent au - dïx- de bois. Voy. XYLOMANCIE.
| escrocs.
| septième siècle. Pourtant on en voit.encore quel- Us croyaient les forêls habitées par des divinités
I ques rares détachements. Sous les nouvelles lois bizarres; et dans les pays.superstitieux, on y re-
v de police des États européens, les sociétés bo- doute encore les lutins. Les KamsLcbadales disent
.' liémiennes sont dissoutes. Mais il y a toujours çà que lesbois sont pleins d'esprits malicieux. Ces es-
: el là des individus qui disent la bonne aventure, prits ont des enfants qui pleurent sans cesse pour
^ el des imbéciles qui vont les consulter. Voy. Cm- attirer les voyageurs; ils les égarent ensuite, et
* nOMANClE '. ils leur ôtent quelquefois là raison. — Enfin,
1 Le fait suivant est des moeurs c'est généralement dans les bois que les sorciers
caractéristique
dos Bohémiens, dont il existe encore plusieurs com- font le sabbat. C'était autrefois dans des .bois
- mimantes dans la Lithuanie :
' dils sacrés qu'on honorait les faux dieux.
Bohémien demeurant à Mehlanken, près de
T.^.n
r' Tilsitl, avait été incarcéré pour vol d'un cheval; il Bois de vie. C'est le nom que les alchimistes
mourut ayant que l'instruction fût terminée. La com- donnent à la pierre parfaite du grand oeuvre.,
; munaulc à laquelle il appartenait, informée do son plus clairement appelée baume universel ou pa-
\i décès, arriva dans la ville au moment où l'on.allait
procoder à l'inhumation. Aussitôt les Bohémiennes mclière en même temps que le cercueil el obtinrent
supplièrent-ceux qui portaient le corps d'ouvrir l'autorisation de faire procéder à l'ouverture et do
e cercueil et de leur
permelt.ro de faire venir un raser le défunt.
barbier pour raser le défunl; mais comme il y eut Quand cette opération fut terminée, elles en té-
"^possibilité de
il fallutse rendre trouver immédiatement un barbier, moignèrent la plus grande joie.
directement au cimetière. 1 Joannis Bohmii psychologia, cum vera applica-
I ondanl ce temps-,les femmes bohémiennes avaient tione Joannis In-2i. Amsleb, 4632.
Angeli.
"", Pm'Ç°uriila ville pour chercher un barbier, et elles 2 Extrait des Voyages de M. Foerssèch, Hollandais,
avaientfini par en trouver un. Elles arrivèrent au ci- Mélanges de littérature étrangère, t. I, p. 64.
BOI — 108 BON
nacée, qui guérit tous les maux, et assure à ceux à toute force faire résilier son bail. La cause fut
qui la possèdent une jeunesse inaltérable. portée devant le siège présidial à Tours, qui
cassa le bail. Le propriétaire en appela au parle-
ment de Paris; son avocat,maître René Chopin,
soutint que les visions d'esprits n'étaient autre
chose que des contes de vieilles, épouvantails de
petits enfants. Le parlement ne décida rien el
renvoya la cause au tribunal de la Tournelle,
qui par son arrêt maintint la résiliation du bail 1.
Boléguéans, ou poulpiquets. Ce sont en
Bretagne des lutins du genre des Coboldes.
Voyez quelques détails sur un de ces bons petits
lutins dans les Légendes des esprils et des dé-
mons.
Bolfri. Voy. BÉP.ITH.
Bolingbroke. Voy. GLOCKSTEH.
Bolomancie. C'est la Bélomancie. Voy. ce
mot.
Bolotoo, île imaginaire où les naturels des
îles de Tonga placent leur paradis. Ils croient
que les âmes de leurs chefs y deviennent des di-
vinités du second ordre. Les arbres de Bolotoo
sont chargés, disent-ils, des meilleurs fruits et
toujours couverte des plus belles Heurs, qui re-
Démon(lesbois. naissent toutes les fois qu'on les cueille. Ce séjour
Les Juifs nomment bois de vie les deux bâtons divin est rempli d'animaux immortels, que l'on
qui tiennent la bande roulée sur laquelle est écrit ne tue que pour la nourriture clés dieux et des
le livre de leur loi. Ils sont persuadés que l'at- élus; mais aussitôt qu'on en tue un, un autre le
touchement de ces bâtons affermit la vue et rend remplace.
la santé. Ils croient aussi qu'il n'y a pas de Bombast (Philippe). Voy. PA.HÀCËLSE:
meilleur moyen de faciliter l'accouchement des Bona (Jean), savant et pieux cardinal, mort
femmes que de leur faire voir ces bois, qu'il ne en 1674. On recherche de lui un Traité du. dis-
leur est pas permis de loucher. cernement des esprils, in-12, publié en 1673 el
Boistuau ou Boaistuau (Pierre), dil Launay, traduit par l'abbé Leroy de Ilaulefonlaiiie, 1676.
Nantais, mort à Paris en 1566, On recherche de Le chapitre xx de cel ouvrage traite avec beau-
lui deux ouvrages rares et curieux : 1° Histoires coup de lumières de ce qu'il y a de plus difficile
prodigieuses, extraites de divers auteurs, in-8", dans la matière des visions et des révélations
1561. Aux quarante histoires de Boistuau, Tesse- particulières 2.
raiiten ajouta quinze. Belleforêt, tloyer et Ma- Bonasses. Voy. GULLÈTS.
rionville les firent réimprimer avec une nouvelle .,Bonati(Gui), astrologue florentin du treizième
continuation, en 1575, six vol. in-16. — 2° His- siècle. Il vivait, dit-on, d'une manière originale,
toires tragiques, extraites des oeuvres italiennes et possédait l'art de prédire l'avenir. Les troupes
de Bande!, et mises en langue française, 1568 el de Borne, sous le pontifical de Martin IV, assié-
années suivantes, 7 vol. In-16. Il n'y a que les geaient Torli, ville de la Bomagne, défendue par
six premières histoires du premier volume qui le comte de MonIferra t. Bonali, qui s'y était relire,
aient été traduites par-Boistuau; tes autres sont voyant la ville prêle à faire une sortie, annonça
de la traduction de Belleforêt, qui lui était bien au comte qu'il serait blessé dans la mêlée.
inférieur. L'événement justifia la prédiction; el le comte
Bojani (Michel). On peut lire de lui une His- de Monlferrat, qui avail porté'avec lui ce qu'il
toire des songes 1, publiée en 1587. Nous ne la fallait pour panser sa blessure, fil depuis le plus
connaissons que par le Litre. grand cas de l'astrologie. Bonali, sur la fin de sa
Bolacré (Gilles), bonhomme qui habitait une vie, reconnut pourtant la vanité de sa science,
maison d'un faubourg de Tours, où il prétendit se fit franciscain, et mourut pénitent en 1300.
qu'il revenait des esprils qui l'empêchaient de Ses ouvrages ont-été recueillis par Jacques Cail-
dormir. Celait au seizième siècle. 11 avait loué leras, sous le litre de Liber astronomicus, m-k\
celle maison ; et comme il s'y faisail un bruit el rare. Augsbourg, 1401.
un tintamarre d'esprits invisibles, sabbats el lu- Bongomiles. Voy. BOGAIUIILES.
tins, qui ne lui laissaient aucun repos, il voulut 1 Leloyer, Discours des spectres, liv. VI, ch.
1 Michaclis Bojani Historia de somniis."In-8°, 2 Joannis cardinalis Bona De discrelione spiri-xy.
Wiltcmberg, 15S7. tuum. In-12, Paris, 4673.
BON 109 — BON
Bonica, île imaginaire de l'Amérique, où Bonnet pointu, ou esprit au bonnet. Voy.
Déolalus, médecin spagirique, place une fon- HEKDECKIN.
taine dont les eaux, plus délicieuses que le Bonnevault (Pierre). Un sorcier poitevin du
meilleur vin, ont la vertu de rajeunir. seizième siècle, nommé Pierre Bonnevault, fut
Boniface VIII, pape, élu le 24 décembre arrêté parce qu'il allait au sabbat. Il confessa
1294. On a conté que, n'étant encore que car- que la première fois qu'il y avait été mené par
dinal , il fit percer une muraille qui avoisinait leses parents il s'était donné au diable, à qui il
lit du pape Gélestin, et lui cria au moyen d'une avait permis de prendre ses os après sa mort-
sarbacane, qu'il eût à déposer la tiare s'il vou- mais qu'il n'avait pas voulu donner son âme. Un
lait être sauvé; que le bon pape Gélestin obéit:à jour, venant de Montmorilloil, où if avait acheté
cette voix'qu'il croyait venir du ciel, et céda la deux charges d'avoine qu'il emportait sur deux
place à Boniface.-^ Mais ce récit n'est qu'une juments, il entendit des gens d'armes sur le
imposture entièrement supposée par les protes- chemin ; craignant qu'ils ne lui prissent son
tants, qui ont Imaginé cette calomnie comme avoine, il -invoqua le diable, qui vint à lui comme
tant d'autres. La vérité est que le pape Célestin un tourbillon dé Vent, et Je-,transporta avec ses
déposa la tiare pour s'occuper uniquement de deux juments à son logis. Il avoua aussi qu'il
son âme. Le cardinal Cajelan (depuis Boni- avait fait" mourir diverses personnes avec ses
face VIII) .n'y fut pour rien!. poudres; enfin il fut condamné h mort," Voy.
Bonne aventure. Les:diseurs de bonne aven- TAILLETROUX. C'était,sa femme;
ture el les magiciens étaient devenus si. nom- Bonnevault- (Jean), frère de Pierre, fut aussi,
breux à Borne du temps des premiers empereurs, accusé de sorcellerie ; et le jour du procès, de-
qu'ils, y avaient une confrérie. Pour Tari de dire vant l'assemblée", il invoqua le diable, qui l'enleva
de terre à une hauteur d'environ quatre ou cinq
pieds, et le laissa retomber sur le carreau,
comme un sac de laine, sans aucun bruit, quoi-
qu'il eût aux pieds des entraves. Etant relevé par
deux archers, on lui trouva la peau de couleur
bleue tirant sur le noir; il écumait et souf-
frait beaucoup. Interrogé là-dessus, il répondit
qu'ayant prié le diable de le tirer de peine, il
n'avait pu l'enlever, attendu que, comme il avait
prêté serment à la justice, le diable n'avait plus
pouvoir sur lui. '"".,.
Bonnevault (Malhurin), parent des deux pré-
cédents, accusé comme eux de sorcellerie, fui
visité par experts. On lui trouva sur l'épaule
droite une marque de la figure d'une petite rose,
dans laquelle on planta une longue épingle sans
qu'il en ressentît aucune douleur, d'où on le jugea
bien sorcier. Il confessa qu'ayant épousé en pre-
mières noces Berlhomée de laBédouche, qui élait
sorcière comme ses père et mère, il l'avait vue
faire sécher au four des serpents et des crapauds
pour des maléfices; qu'elle- le mena alors au
sabbat, et qu'il y vit le diable, ayant des yeux
la bonne aventure, voy. CHIROMANCIE, CARTOMAN-noirs, ardents comme une chandelle. Il dit que
CIE, ASTROLOGIE,MÉTOPOSCOPIE,HOROSCOPES,le sabbat se tenait quatre fois Tan : la veille de
CIUNOLOGIE, et les cent aulres manières. la Saiiit-Jeaii-Baplisle, la veille de Noël, le
Bonnes. On appelle bonnes, dans certaines mardi-gras el la veille de Pâques. On le con-
provinces, des fées bienveillantes, des espèces vainquit d'avoir fail mourir sept personnes par
«lefarfadets femelles sans malice , qui aiment les maléfices; se voyant condamné, il avoua qu'il
enfants et qui se plaisent à les bercer. On a sur était sorcier depuis Tâge de seize ans. — Il y
elles peu de détails; mais c'est d'elles, dit-on, aurait de curieuses études à faire sur tous ces
lue vient aux berceuses le nom de bonnes d'en- procès, si nombreux pendant les troubles san-
fants. Habondia est leur reine. glants de la réforme.
Bonnet (Jeanne), sorcière deBoissy en Forez, Bonsovanis (Barlliélemi de), brave homme
brûlée-le-15 janvier 1583 pour s'être vantée d'a- du diocèse de Trévise, dont un démon appelé
voir eu des liaisons abominables avec le diable. Be'.zébul, quoique de rang inférieur dans son in-
1
Voyez l'Histoire du pape Boniface VIII, par fernale hiérarchie, parvint à s'emparer en le
M. l'abbé Jorry. rendant jaloux de sa femme, qui était pieuse et
BON 110 BOR
chaste. 11devint si furieux qu'il fallut le lier, et ses entretiens'sur YAstrologie judiciaire, qui sont
ne pouvant plus tuer les autres, il se fût lue lui- curieux. Le plus connu de ses ouvrages (et il a
même, si on ne l'eût délivré de son démon et élé réimprimé plusieurs fois) est intitulé « His-
de sa jalousie par l'exorcisme. ioirc des imaginations extravagantes de monsieur
Bonzes. Les bonzes chinois font généralement Oitfle, causées par la lecture des livres qui Irai- :
profession de prédire l'avenir et d'exorciser les lent de la magie, du grimoire, des démoniaques,
démons; ils' cherchent aussi la pierre philoso- sorciers, loups-garoux;, incubes 1,succubes, et du
phale. Lorsqu'un bonze promet de faire pleu- sabbat, des fées, ogres, esprits, follets, génies,
voir, si dans l'espace de six jours il n'a pas tenu fantômes et autres revenants ; des songes, de la
sa promesse, on lui donne la bastonnade. pierre philosophale, de l'astrologie-judiciaire,
des 1horoscopes, talismans,., jours .heureux et
malheureux, éclipses, comètes et almanachs;
enfin de toutes les sortes d'apparitions, de divi-
nations, de sortilèges, d'enchantements et d'au-
tres superstitieuses pratiqués. »
On voit par ce titre, que nous avons copié
tout, entier, que l'auteur avait pris un cadre
assez vaste. Dans ses deux volumes iil-1'% ornés
de figures, il s'est trouvé à l'étroit, et son tra-
vail, qui se modèle un peu sur le Don Quichotte,
n'est recherché que pour les notes, très-nom-
breuses, lesquelles valent mieux que le texte.
Bordi ou Al-Bordi, montagne qui, selon les
Persans, est l'oeuf de la terre; ils disent qu'elle
était d'abord très-petite, qu'elle grossit au com-
mencemennt, produisit le monde, et s'accrut tel-
lement, qu'elle supporte aujourd'hui lé soleil sur
sa cime. Ils la placent au milieu de noire globe,
Ils disent encore qu'au bas de-cette montagne
fourmillent quantité de clives où mauvais génies,
et qu'au-dessous est un pont où les âmes pas-
sent pour aller dans l'autre monde, après
qu'elles ont rendu compte'de-ce-qu'elles ont fait
dans celui-ci.
Borgia (César). On lut attribue l'honneur d'a-
voir eu un démon familier.
11 existe des bonzes au Congo. On croit que Borri (Joseph-François), imposteur et alchi-
leurs âmes sont errantes autour des lieux qu'ils miste du dix-septième, siècle, né à Milan en
ont habités. Quand .on voit un tourbillon balayer 1627. 11 débuta par des actions qui l'obligèrent
la plaine et faire lever la poussière et le sable, à chercher un refuge dans une église jouissant
les naturels s'écrient que c'est l'esprit des du droit d'asile.j II parut depuis changer decon-
bonzes. duife:;:puis iTsedit inspiré du ciel, et prétendit
Bophomet. Voy. TÊTE DE BOPHOMET. que Dieu l'avait choisi pour réformer les hom-
Borak, jument ou mule de Mahomet, qu'il a mes et pour rétablir son règne ici-bas. Il ne de-
mise dans son paradis. Elle avait une belle tête vait y avoir, disait-il, qu'une seule religion sou-
de femme, et s'allongeait à chaque pas aussi loin mise au pape, à qui il fallait des armées, dont
que la meilleure vue peut s'étendre. lui, Borri, serait le chef, pour exterminer tous
Borax, sorte de pierre qui se trouve, disent les non catholiques. Il montrait une- épée mira-
les doctes, dans la tête des crapauds ; on lui at- culeuse que saint Michel lui avait donnée ; il di-
tribue divers effets merveilleux, comme celui sait avoir vu dans le ciel Une palme lumineuse
d'endormir. Il esl rare qu'on la puisse recueillir, qu'on lui réservait. Il soutenait que la sainte
el il n'est pas.sûr qu'elle soit autre chose qu'un Vierge élail de nature divine, conçue par inspira-
os durci. tion , égale à son fils et présente comme lui dans
Borborites. Voy. GÉNIES. l'Eucharistie, que le Saint-Esprit s'était incarné
Bordelon (Laurent), né-à Bourges en 1653, dans elle, que là seconde et la troisième per-
mort en 1730; écrivain médiocre, qui toutefois sonne de la Trinité sont inférieures au Père; que
savait beaucoup de choses, et s'était occupé de la chute de Lucifer entraîna celle d'un grand
recherches sur les superstitions, les sciences oc- nombre d'anges qui habitaient les régions de
cultes et les erreurs populaires. 11 esl fâcheux l'air. Il disait que c'esl par le ministère de ces
et
qu'il ait écrit si pesamment. On achète encore anges rebelles que Dieu a créé le monde
BOB 111 BOR
animé les brutes, mais- que les hommes ont une d'hui, il y a, au milieu de la table, un pivot
âme divine ; que Dieu nous a faits malgré lui,' etc. surmonté d'une tige et d'un plus petit guéri-
Il finit par se dire lui-même le Saint-Esprit in- don , sur lequel se trouvent, à la circonférence,
carné. les lellres de l'alphabet,- puis du pied pari une .
Il fut arrêté après la mort d'Innocent. X, et le autre lige fixe, qui se replie de manière à pré-
3 janvier 1661, condamné comme hérétique et senter sa pointe sur les lettres du petit guéri-
comme coupable de plusieurs méfaits. Mais il don, et quand la lable veut répondre, ce petil
parvint à fuir dans le Nord, et il fit dépenser guéridon tourne de manière que les lettres s'ar-
beaucoup d'argent à la reine Christine, en lui rêtent'sous la tige. Avec les lettres on fait des '
promettant la pierre philosophale. Il ne lui dé- mots, avec les mots des phrases, et avec des
couvrit cependant pas ses secrets. Il voulait pas- phrases les révélations divines et /mystérieuses.
ser en Turquie, lorsqu'il fut arrêté de nouveau Quand il s'agit d'un oui ou d'un non, la table se
dans un petit. village comme conspirateur. Le penche ou frappe. '''.
nonce du pape le réclama, et il fut conduit à Il y a plusieurs secrétaires sténographes ;
Rome, où il vécut en prison jusqu'au 10 août il y a le secrétaire qui rédige le procès-verbal
1695, jour de sa mort. et un lecteur. Pour gagner du temps, lorsque la
Il est l'auteur d'un livre intitulé la Clef du table commence un mot, une ou deux lettres
cabinet du chevalier Borri, où l'on trouve diver- suffisent à M. Bort pour-le compléter, sans at-
ses lettres scientifiques, chimiques et très-curieu- tendre les interminables tours du guéridon supé-
ses, ainsi que des instructions politiques, autres rieur. Lorsque dest l'ange GaÎ3rieTqui parle pal-
chosesdignes de curiosité, et beaucoup de beaux la tablé, les auditeurs sont assis binais lorsque
secrets. Genève, 168,1, petit in-12 '..Ce livre- est c'est Jésus-Christ, tout le inonde se lève dans
un recueil de dix lellres, dont les deux pre- l'attitude et le sentiment du respect. Quand c'est
mières roulent sur les esprils élémentaires. l'ange Gabriel qui répond, il commence ordinai-
L'abbé de Villars en a donné un abrégé dans rement par ces mois : « Au nom. du Père, dû
l'ouvrage intitulé le Comte de Gabalis. » Fils et du Saint-Esprit. Amen. » Jésùs-Christ
Bortisme. Parmi les nouvelles religions qui s'écrie : « Pais mes agneaux! Au no m. du Père,
s'établissent à Genève, la plus curieuse est celle » du Fils et du Saint-Esprit. Amen. » Dans le
| de M. Bort, ministre du saint Évangile, qui s'est livre des Révélations divines et mystérieuses, ar-
j ouvert un temple et n'a pas d'autre autel qu'une rangé par M. Bort, il n'y aurait absolument rien
\ table tournante. Les détails que nous allons de lui. «La préface elle-même aurait été dictée
i donner sont empruntés aux Annales catholiques » par le Sauveur. » |Puis « la préface de l'ange
\ de Genève. MGabriel, » puis « la déclaration de l'ange Ga-
| La réunion des fidèles qui ont admis ce culte »briel, à l'occasion de quelques propos tenus
| est composée d'hommes, de femmes, et même » par quelques personnes qui attribuaient à Salan,
| de toutes jeunes personnes, rangés autour d'un » déguisé !en ange de lumière, ces dictées qui
1 guéridon. La table est tenue par trois influents, »"élaient pour les auditeurs un sujet d'allégresse
| donl M. Bort esl le principal -acteur. Autrefois -, » et d'actions de grâces... » Puis une oraison do-
minicale dictée par le Sauveur, différente de
celle des Évangiles ; puis les paroles de l'ange el
du Sauveur, jour par jour ; puis une préface,
toujours « dictée par le Sauveur, pour l'ouvrage
» intitulé Du repentir envers Dieu, traduit de
» l'anglais par Gustave Petit-Pierre, et lu à la
D lable du Sauveur »; puis les paroles du Sau-
veur à une maîtresse de pension ; puis les his-
toires du Millenium, ou.dela vallée sauvage; de
Mon règne s'avance, ou la cabane du pauvre
nègre-, de la sanctification du chrétien par Té-
preuve, ou de deux petits agneaux; de Theu-
rcuse famille, ou de la main paternelle de Jého-
vah. Puis Tes prières, les actions de grâces, les
invocations, les supplications, réceptions, odes,
la fable répondait en frappant à mesure qu'on entretiens, psaumes, hymnes, magnificat, elc.
lui nommait une lettre de l'alphabet; aujour- Et tout cela absolument de Jésus-Christ, de
1 La Chiavedel l'ange Gabriel, de l'ange Luther, de l'ange Uriel,
gabinelto del cavagliere G. F. Borri, de l'archange Michel, de l'ange L,.., de l'ange
«•(-favor délia quale si vedono varie lelterc scienli-
pec-,chimice, e curiosissime, con varie inslruzioni M..., de l'ange David, elc.
Vohliche,ed allre cose deqne di curiosita e molli se- Le tout imprimé à Lausanne, chez Pache, cité
9rcUbellissimi. Cologne (Genève), 168-1. Drapière, n° 3.
BOR — 112 BOU
La préface dictée par le Sauveur fait Notre- Bos (Françoise). Le 30 janvier 1606, le juge
Seigneur'Jésus-Christ Genevois et calviniste ren- de Gueille procéda conlre une femme de mau-
forcé. Bemarquez bien que c'est le Sauveur lui- vaise vie que la clameur publique accusait d'a-
même qui a parlé de Genève comme suit : voir un commerce abominable avec un démon
« Celle table n'est point à Bethléem. Tu ne la incube. .Elle était mariée et se nommait Fran-
trouveras ni sur le Golgolha ni sur le Calvaire ; çoise Bos. De plus elle avait séduit plusieurs de
non. Celle table n'est point non plus à Jérusa- ses voisines et les avait engagées à se souiller
lem; mais elle est à Genève, dans la petite ville avec ce prétendu démon, qui avait l'audace de
que me prépara mon serviteur Calvin; oui, c'est se dire capitaine du Saint-Esprit, mais qui, au
la fille de ce digne missionnaire qui reçoil au- témoignage desdites voisines, élait fort puant,
jourd'hui les honneurs des deux. Cette dégoûtante affaire se termina par la con-
» Bethléem fut bénie ; mais Dieu regarde Ge- damnation dé Françoise Bos, qui fut brûlée le
nève. Le Sinaï trembla sous le pied de Jéhovali ; 14 juillet 1606. :—On présume, par.l'examen
mais Genève chante sous son regard .d'amour. des pièces, que le séducteur était un misérable
Le Calvaire se fendit à Touïe de la voix de Dieu ; vagabond 1.
mais Genève s'épanouit comme une'fleur à l'ap- Bosc (Jean du), président de la cour des aides
pel de sa douce voix. La colère de Jéhovali cou- de Rouen, décapité comme rebelle en 1562. On
vrit Jérusalem comme -un déluge ; mais Genève a de lui un livre intitulé Traité de la vertu cl
va se couvrir de la rosée de son souffle paternel. dés propriétés du nombre septénaire.
La foudre dé Jéhovali frappera la ville rebelle et Botanomancie, divination par le moyen des
maudite ; mais un bon père sourit à Genève. feuilles ou rameaux de verveine et de bruyère,
» Oui, Genève! ville bénie qui fus dès ton en- sur lesquelles les anciens gravaient les noms et
fance couchée sur les bras de ton Dieu, appelle les demandes du consul tant.
tes eaux el les riantes campagnes pour bénir le On devinait encore de cette manière : lors-
jour de l'Éternel ! qu'il y avait eu un grand vent pendant la nuit,
» Un Dieu, jadis, fit la garde sur les remparts, on allait voir de bon matin la disposition des
et les enfants écrivirent de leur sang sur tes feuilles tombées, et des charlatans prédisaient
murs : « La liberté et l'amour d'un Dieu et de ou déclaraient là-dessus ce que le peuple voulait
leur patrie! » Genève! relève-toi!... debout!... savoir.
monte sur les cadavres de les ennemis... el pro- Botis. Voy. OTIS.
clame encore la liberté de ton Dieu ! Genève, lu Botris ou Botride, plante dont les feuilles
as encore des remparts... ne crains poinl! car sont velues et découpées, et les fleurs en petites
ces remparts sont l'Éternel Ion Dieu, l'Éternel grappes. Les gens à secrels lui - attribuent des
des armées, le Dieu des combats, le maître des vertus surprenantes, et particulièrement celle de
batailles... faire sortir avec facilité les enfants morts du sein
» Genève, petite ville d'entre les villes, lu es de leur mère.
grande devant le Seigneur, parce que tu as gardé Boubenhore (Michel-Louis'de),- jeune Alle-
la foi pour servir de flambeau aux nations de la mand de bonne famille qui', entraîné par là pas-
terre ! sion du jeu, se donna au démon dans un mo-
» Genève, Genève, ô Genève! Borne s'avance ment où il avait tout perdu, fut possédé aussitôt
tenant à la main un joug de fer. Genève, tu es et poussé au crime. Les exorcismes le délivrè-
libre, prends garde ! tu porteras la couronne de rent devant une foule immense de personnages
victoire, mais tes pieds ne seront jamais souillés considérables, et son histoire ne peut être con-
par les fers ennemis. Ton épée se rougira, mais testée : on peut la lire dans les Légendes infer-
ton front restera pur comme le lis sous la nales.
rosée. Bouc. C'est sons la forme d'un grand bouc
» Enfants de Genève, restez dans vos murs noir aux yeux élincelanls que le diable se fait
pour défendre la mère qui vous cacha au jour du adorer au sabbat; il prend fréquemment cette
danger. Tes portes, Genève, c'estle bras de l'Éter- figure dans ses entrevues avec les sorcières, el
nel, el sa voix est ton canon d'alarme. le maître des sabbats n'est pas autrement dési-
» Ami lecteur, si tu as un coeur patriotique, gné dans beaucoup de procédures que sous le.
tu me pardonneras ma petite digression ; mais je nom de bouc noir ou grand bouc, Le bouc et le
n'ai pu retenir le torrent qui bouillonnait dans manche à balai sont aussi la monture ordinaire
. mon âme. Aimes-tu la pairie? Oh ! si tu l'aimes, des sorcières, qui partent par la cheminée pour
cours aux armes, car sa voix t'appelle, el bu leurs assemblées nocturnes.
pourrais un jour pleurer le sang qu'elle versa Le bouc, chez les Égyptiens,, représentait le
sous le feu ennemi. Oui, enfants libres d'un dieu Pan, el plusieurs démonographes disent
même Dieu, prenez vos armes et courez à la que Pan est le démon du sabbat. Chez les Grecs,
frontière ! Mais vos armes, ô enfants de Genève! on immolait le bouc à Bacchus; d'autres démo-
c'est la.Bible de votre Roi, » 1 M. Gai'inel, Histoire de la magie en France.
BOU 113 BOU
îiomanes pensent que le démon du sabbat est peut procurer la même surprise à des étrangers
Bacchus. Enfin le bouc émissaire des Juifs (Aza- qu'on voudra troubler. Les villageois disent que
zel) hantait les forêts et les lieux déserts consa- le diable se montre fréquemment en forme de
crés au démon : voilà encore, dans certaines bouc à ceux qui le font venir avec le Grimoire.
opinions, les motifs qui ont placé le bouc au sab- Ce fut sous la figure d'un grand bouc qu'il em-
bal. Voy. SABBAT. porta Guillaume le .'Roux, roi d'Angleterre.
L'auteur des Admirables secrets d'Albert le Voici une aventure de bouc qui peut tenir ici
Grand dil, au chapitre m du livre II, que si on se sa place. Un voyageur couché dans une cham-
frotte le visage de sang de bouc qui aura bouilli bre d'auberge avait pour voisinage, sans le sa-
avec du verre et du vinaigre, on aura inconti- voir, une Compagnie de chèvres et de boucs,
nent des visions horribles et épouvantables. On dont il n'élait séparé que par une cloison de bois
fort mince, ouverte en plusieurs endroits. Il s'é- céder conlre cette femme. Elle confessa que
lail couché sans examiner son gîte et donnait maître Jehan, cabarelier de Blois, à l'enseigne
paisiblement lorsqu'il reçut la visite d'un bouc du Gygtte, chez qui elle était servante, lui avait
son Voisin : l'animal avait profilé d'une ouver- fait gouverner trois mois cette marionnette ou
ture pour venir le voir. Le bruit de ses sabots mandragore, qu'elle lui donnait à manger avec
éveilla l'étranger, qui le prit d'abord pour un frayeur d'abord, car elle était fort méchante,
voleur. Le bouc s'approcha dit. lit et mil ses que quand son maître allait aux champs, il lui
deux pieds dessus. Le voyageur, balançant entre disait : — Je vous recommande ma bête, et que
le choix d'une prompte retraite ou d'une atta- personne ne s'en approche que vous.
que vigoureuse, prit le parti de se saisir du vo- Elle conta qu'une certaine fois Jehan étant allé
leur prétendu. Ses pieds, qui d'abord,se présen- en voyage, elle demeura trois jours sans donner
tent au bord du lit, commencent à l'intriguer; à manger à la bête, si bien qu'à-son retour elle
: son effroi augmente, lorsqu'il touche une face le frappa vivement-au visage Elle avait la
| pointue, une longue barbe, des cornes..... Per- forme d'une guenon ; el on la cachait bien, car
: suadé que ce ne peut être que le diable, il saule elle élait si hideuse, que personne ne l'osait re-
i de son lit tout troublé. Le jour vint seul le ràs- garder. Sur ces dépositions, le juge fit mettre
\ surer en lui faisant connaître son prétendu dé- la femme Bouchey à la question, et plus lard le
i mon. Voy. GIUMOIHE. parlement de Paris la condamna comme sor-
; Boucher. Ambroise Paré raconte, dans son cière. Il est assez probable que la marionnette
.; livre des Monstres, chapitre 28, qu'un valel était simplement une vraie guenon.
| nommé Boucher étant plongé dans des pensées Bouddha, dieu des Hindous. Mais ce dieu n'é-
| impures, un démon ou spectre lui apparut sous tait d'abord qu'un homme, et c'est un parvenu.
'; 1» figure d'une femme. 11 suivit le. tentateur ; Bouillon du sabbat. Pierre Delancre assure,
| mais incontinent son ventre et ses cuisses s'en- dans l'Incrédulité et mêcréance du sortilège plei-
:'- "animèrent, toul son corps s'embrasa, et il en nement convaincue, traité dixième, que les sor-
: mourut misérablement. cières, au sabbat, font bouillir-des enfants morts
Bouchey (Marguerite Ragum), femme d'un el de la chair de pendu, qu'elles y joignent des
maçon de la Sologne, vers la fin du seizième poudres ensorcelées, du millet noir, des gre-
: siècle; elle montrait une sorte de marionnette nouilles, qu'elles tirent de tout cela un bouillon
animée, que les gens experts découvrirent être qu'elles boivent en disant : « J'ai bu du tympa-
:- «n lutin. En juin 1603, le juge ordinaire de Ro- non ', el me voilà professe en sorcellerie. » On
morantin, homme avisé, se mit en devoir de pro- 1 Le tympanon était .le chaudron.
8
BOU 114 BOU
ajoute qu'après qu'elles ont bu ce bouillon, lés servis d'une boule de cristal devant laquelle ils
sorcières prédisent l'avenir, volent dans tes airs, plaçaient un enfant qui voyait dans cette boule
et possèdent le pouvoir de faire des sortilèges. ce que Ton désirait apprendre. Fby.'ENCRE.
Boule de cristal. Plusieurs devins se sont Boules de Maroc. Il existe à Maroc, une tour
surmontée de trois boules d'or, si artislement Boulié (Thomas), vicaire de Picard, sorcier
fixées au monument, que Ton a vainement tenté comme lui, et impliqué dans l'affaire de Made-
de les en détacher. Le peuple croit qu'un esprit leine Bavent et de la possession de Louviers. On
garde ces boules et frappe de mort ceux qui le convainquit d'avoir noué et dénoué Taiguil-
essayent de les enlever 1. lelle, de s'être mis sur des charbons ardents sans
Bonndsclicscli.
se brûler et d'avoir fait plusieurs abominations. avail le sort de tacilurnite, comme l'observe Bois-
Il souffrit la question sans rien dire, parce qu'il roger. Cependant, quoiqu'il n'eût rien avoués
1 H. Paillet, Histoire de l'empire de Maroc,
p. 69. parce qu'il avait la marque des sorciers et qn'"
BOU — 115 BUO
avait commis des actes infâmes en grand nombre, lequel Ormusd répandit la force et la fraîcheur
il fut, après amende honorable, brûlé vif,à Rouen, d'un adolescent de quinze ans, en jetant sur lui
sur le Vieux-Marché, le 22 août 1647 *. Voy. Lou- une goutte d'eau de santé et une goutte d'eau de
VIEBS. vie. Ce premier homme s'appela Kaid-Mords ; il
Boullenc (Jacques), astrologue à Bologne, na- vécut mille ans et en régna cinq cent soixante.
tif du diocèse do Dol en Bretagne. 11lit plusieurs Il produisit un arbre, des fruits duquel naquit le
traités d'astrologie que nous ne connaissons pas ; genre humain. Arimane, ou le diable, sous la
il prédit les troubles de Paris sous Charles VI, figure d'un serpent, séduisit le premier couple
ainsi que la prise de Tours par le Dauphin. Il et le corrompit • les premiers hommes déchus se
dressa aussi, dil-on, l'horoscope de Pothon de couvrirent alors de vêtements noirs et attendirent
Sainlrailles, en quoi on' assure qu'il, rencontra tristement la résurrection ; car ils avaient intro-
juste 2. duit le péché dans le monde. On voit là une tra-
Boulvèse, professeur d'hébreu au collège de dition altérée de la Genèse.
Monlaign. 11a écrit l'histoire de la possession de Bounsio, Japonaise que favorisaient les Ka-
Laon en 1556; c'est l'aventure de.Nicole Aubry. mis, esprits familiers du Japon. Elle désirait avoir
Boundschesch j ou Livre de l'éternité, Lrès- des enfants. Par l'aide de ces esprits, elle pon-
révéré des anciens Persans. C'est là qu'on voit dit cinq cents'oeufs, d'où sortirent cinq cents
qu'Ormusd est l'auteur du bien et du monde pur, enfants éclos au four.
Arimane l'auteur du mal et du inonde impur. Un Bourget ou Burgot, sorcier compromis avec
jour qu'Ormusd l'avait vaincu, Arimane, pour se Michel Verdung. Voy. VKRDUNG.
venger, tua un boeuf qu'Ormusd avait créé": du Boiirignota (Antoinette), visionnaire, née à
sang de ce boeuf naquit le premier homme, sur Lille en 1616, morte en 1680 dans la Frise. Elle
était si laide, qu'à sa naissance on hésita si on ses nombreux ouvrages, qui furent tous imprimés
ne l'étoufferait pas comme un monstre. Elle.se sous ses yeux, en français, en flamand et en alle-
consola de l'aversion qu'elle inspirait par la lec- mand, combattent tout culte extérieur et toute
ture mal digérée de livres qufenflammèrént son liturgie, en faveur d'une perfection mystique qui
imagination vive et ardente. Elle eut des visions ne vient pas de Dieu. Les plus célèbres de ces
cl des extases. Elle se mit à prêcher, se fit écrits sont le traité du Nouveau ciel et du renne
chasser de Lille, et se retira en Hollande. Elle de l'Antéchrist, et son livre De l'aveuglement des
voyait partout des démons et des magiciens ; et hommes cl de la Lumière née en ténèbres.
1 M. Jules Garinet, Hisl. de la maqie en France, Bourreau. Le maître des hautes oeuvres avait
p.2246. jadis diverses prérogatives. On lui attribuait
Extrait d'un manuscrit do la bibliothèque du roi, même, dans plusieurs provinces, le privilège de
rapporté à la fin des Remarques de Joly sur IJayle. guérir certaines maladies, en les touchant de la
'
BOU — 116 — BOV
main lorsqu'il revenait d'une exécution de mort'. de ce fait : Un soir du dernier siècle, le marquis
On disait autrefois à Paris qu'il était dangereux de Lally, revenant d'un petit souper, s'avisa de
de se jouer avec le bourreau, peut-être à cause vouloir s'introduire, avec deux de ses amis, dans
Bourreau.
Bousanthropie, maladie d'esprit qui frappait seraient leurs succès auprès des jeunes filles qu'ils
certains visionnaires, et leur persuadait qu'ils voulaient rechercher en mariage, en portant dans
étaient changés en boeufs. Maisles bousanthropes leur poche une plante nommée bouton de bache-
sont bien moins communs que les loups-garous lier, de l'espèce des lychnis, et dont la fleur res-
ou lycanthropes dans les annales des égarements semble à un bouton d'habit. Ils jugeaient s'il fal-
de l'esprit humain. lait espérer ou désespérer, selon que ces boutons
Bouton de bachelier. Les jeunes paysans an- s'épanouissaient ou non 1.
glais prétendaient autrefois savoir d'avance quels Boville ou Bovelles, Bovilhts (Charles de),
1 Smith, Notesaux joyeuses commèresde Shahs-
1 ïhiers, Traité des superstitions, t. I,
p. 443. peare, acte III.
BOX 117 —. BRA
Picard, mort vers 1553. Il veut établir, dans son Brahma, dieu créateur dès Indiens. Ils lui re-
livré De sensu, cette opinion que le monde est connaissent neuf fils, qui sont autant de petits
un animal, opinion d'ailleurs ancienne, renou- Brahmas : Takin, né de l'orteil du dieu ; Poulaguin,
velée plusieurs fois depuis et assez récemment de son nombril ; Poulalien, de son oreille ; Pir-
par Félix Nogarel'. On cite encore de Bovillus rougon, de son épaule ; Méradou, de ses mains ;
sesLettres 2, sa Vie de Raymond Lulle, son Traité Chanabadi, de son visage ; Anguira, de son nez ;
des douze nombres et ses .Trois dialogues-sur l'im- Narissen, de son esprit, et Atri, de ses yeux.
mortalité de l'âme, la résurrection et la fin du _ Brahmanes, Brahmes et Brahmines, sectateurs
monde1. de Brahma dans l'Inde. Ils croient que l'âme de
Boxhorn (Marc Zuerius), critique hollandais, Brahma passa successivement dans quatre-vingt
né à Berg-op-Zoom en 1612. On recherche de mille corpsdifférents, et s'arrêta un peu dans
lui CmTraité des songes, qui passe pour un ou- celui:d'un éléphant blanc avec plus de complai-
vrage rare et curieux''. sance ; aussi révèrent-ils l'éléphant blanc.
Braccesco (Jean), alchimiste de Brescia, qui Ils sont la première des quatre castes du peuple
dorissait au seizième siècle. Il commenta l'ou- qui adoré Brahma. Ces philosophes, dont on a
vrage arabe de Geber, dans un fatras aussi obs- conté tant de choses, vivaient autrefois en partie
cur que le livre commenté. Le plus cui'ieux de dans les bois, où ils consultaient les astres et
ses traités est Le lois de vie, où l'on apprend- la faisaient de la divination, et en partie dans les
médecineau moyen de laquelle nos premiers pères villes pour enseigner la morale aux princes in-
ontvécu neuf cents ans5.' > diens. Quand on allait les écouter, dit Slrabon,
Brag, lutin nocturne qui s'annonce chez les on devait le faire dans le plus grand silence. Celui
Anglaispar un bruit de grelots si fort qu'on.peut qui toussait ou crachait était exclu.
le prendre pour un cheval de poste. On ne le Les Brahmanes croient à la métempsycose-, ne
voit pas d'abord, mais son plaisir est de poser mangent que des fruits ou du lait, et ne peuvent
sesdeux pattes de devant sur les épaules du pas- toucher un animal sans se rendre immondes. Ils
sager qu'il veut intriguer. Après s'être fait traî- disent que les bêtes sont animées par les âmes
. nerainsi quelques pas, il s'enfuit en poussant un des anges déchus, système dont le père Bougeant
joyeux hennissement. II a eu l'audace de se mon- a tiré un parti ingénieux.
trer en-1809 dans la ville d'York. Il y avait dans les environs de Goa une secte
Bragadini (Marc-Antoine), alchimiste,'origi- de brahmanes qui croyaient qu'il ne fallait.pas
naire de Venise, décapité clans la Bavière, en attendre la mort pour aller dans le ciel. Lors-
1595, parce qu'ifse vantail de faire de l'or, qu'il qu'ils se sentaient bien vieux, ils ordonnaient à
ne tenait que des libéralités d'un démon, comme leurs disciples de les enfermer dans un coffre et
disent les récits du temps. Son supplice eut lieu d'exposer le coffre sur un lleuve voisin qui de-
;i Munich, par l'ordre du duc Guillaume II. On vait les conduire en paradis. Mais le diable était
arrêtaaussi deux chiens noirs qui accompagnaient là qui les guettait; aussitôt qu'if les voyait
partout Bragadini, et que l'on reconnut être ses embarqués, il rompait le coffre, empoignait son
démons familiers. On leur fit leur procès; ils homme; et les habitants du pays, retrouvant la
furent tués en place publique à coups d'arque- boîte vide, s'écriaient que le vieux brahmane-
buse, était allé auprès de Brahma.
1 Dans un petit volume intitulé La terre est un Ce Brahma, chef des brahmanes ou brahmes,
animal. ou brahmines, est, comme on sait, l'une des trois
2 Episloloe personnes de la trinité indienne. Il resta plusieurs
complures super malhcmaUcum opus
tiuttdripartilum, recueillies avec les traités De duo- siècles, avant de naître, à réfléchir dans un oeuf
(kcimnumeris, De numeris perfectis, etc., à la suite d'or, de la coquille duquel il lit le ciel et la terre:
du Lifter de intelleclu, de sensu, etc. In-fol., rare. 11avait cinq têtes; il en perdit une dans une ba-
Paris, II. Eslienno, 1510.
3 Vila Jlaymundi cremiloe, à la suite du Commen- taille, et se mit ensuite à produire quatorze
larius in primordiale Evanaelium Joannis. In-4". mondes, l'un de son cerveau, l'autre de ses yeux,
; l'aris, 1li14. —Dialogi très deanimoe immorlalilate, le troisième de sa bouche, le quatrième de son
.' îlensiirrcctionc, de mundi excidio'et illius instuu-
oreille gauche, le cinquième de son palais, le
ralione, In-8°. Lyon, Gryphius, 1552.
4 il/ara Zuerii Boxhornii Oralio de somniis. Lug- sixième de son coeur, le septième de son esto-
,; dimiBalav., 1639, vol. in-4°.
&Legnodélia vila, nel mac, le huitième de son ventre, le neuvième de
quale si dichiara la, medi- sa cuisse gauche, le dixième de ses genoux, le
cinaper la quale i nostri primi padri vivevano,nove onzième de son talon, le douzième de l'orteil de
. cmtoamn. Rome, 1542, in-8". — La esposizionc di
Geber[ilosofo, nella quale si dichiaruno molli nobi- son pied droit, le treizième de la plante de son
l'ssimi secreti délia natura. In-8°. Venise, 1544. — pied gauche et le dernier de l'air qui l'envi-
Cesdeux ouvrages, traduits on latin, se trouvent ronnait. Les habitants de chacun de ces mondes
dansle recueil de Gralarole, Vera alchemioedoctrina,
t't dans le tome Ier de la bibliothèque chimique de ont des qualités qui les distinguent, analogues à
; Mangcl; ils sont aussi publiés séparément sous le leur origine ; ceux du monde sorti du cerveau de
hlre : De alchemia dialogi duo. In-4°. Lugd., 1548. Brahma sont sages et savants.
BRA — 118 — BRI
Les brahmines sont fatalistes; ils disent qu'à ne pouvoir être mis à mort pour quelque crime
la naissance de chaque être mortel, Brahma écrit que ce soit. Un Indien qui aurait le malheur de
tout-son horoscope qu'aucun pouvoir n'a plus le tuer un brahmine ne peut expier ce crime que
moyen de changer. par douze années de pèlerinage, en demandant
. Les brahmines, toujours astrologues et magi- l'aumône et faisant ses repas dans le crâne de sa
ciens, jouissent encore à présent du privilège de victime.
Ht'iilimauc.
Les brahmanes de Siam croient que la terre mée. Elle parcourt les appartements du château
périra par le feu, et que de sa cendre il en habité par la personne qui doit mourir, sans
renaîtra une autre qui jouira d'un printemps per- qu'on ose arrêter sa marche. Il y a longtemps
pétuel. que celle apparition n'a lieu; et l'on conte qu'un
Le juge Boguet, qui fut dans son temps le fléau page ayant eu l'audace un jour de se placer de-
des sorciers, regarde les brahmanes comme d'in- vant la grande femme blanche, elle le jeta à terre
signes magiciens, qui faisaient le beau temps et avec tant de violence qu'il resta mort sur la
la pluie en ouvrant ou fermant deux tonneaux place.
qu'ils avaient en leur puissance. Leloyer assure, Bras de fer, berger sorcier. Voy. MOCQUE.
page 337, que les brahmanes, ou brahmines, Brebis. Voy. TROUPEAUX.
vendent toujours les vents par le moyen du dia- Brennus, général gaulois. Après qu'il se fui
ble; et il-cile un pilote vénitien qui leur en acheta emparé de Delphes, et qu'il eut profané le temple
au seizième siècle. d'Apollon, il survint un tremblement de terre,
Brandebourg. On assure encore, dans les vil- accompagné de foudres et d'éclairs et d'une
lages de laPoméranie et de la Marche électorale, pluie de pierres qui tombait du mont Parnasse;
que toutes les fois qu'il doit mourir quelqu'un de ce qui mit ses gens en.lel désarroi qu'ils se lais-
la maison de Brandebourg, un esprit apparaît sèrent vaincre; Brennus, déjà blessé, se donna
dans les airs, sous l'apparence d'une grande sta- la mort.
tue.de marbre blanc. Mais c'est une femme ani- Briffaut, démon peu connu, quoique chef de
BRI 119 — BRO
légion. Il s'était logé dans le corps d'une possé- gnons, qu'ils ouvrirent des yeux effrayés. De
dée de Beau vais, au commencement du dix-sep- mémoire d'homme, on n'avait entendu parler
tième siècle. dans le pays d'êtres aussi petits, aussi agiles et
Brigitte (sainte). Il y à dans les Révélations aussi babillards que ceux-là. Us s'ftnaginèrent
de sainte Brigitte de terribles peintures de l'en- que ces petits hommes qui parlaient, dansaient,
fer. Les ennemis de la religion ont trouvé dans se battaient et se disputaient si bien ne pou-
ces écrits un thème à leurs déclamations. Mais ce vaient être qu'une troupe de lutins aux ordres
ne sont pas là des livres canoniques; l'Église de Brioché.
n'ordonne pas de les croire, et ils ne s'adressent Cette idée se confirmant par les confidences
pas à foute sorte de lecteurs. que les spectateurs se faisaient entre eux, quel-
Brinvilliers (Marie-Marguerite, marquise de), ques-uns coururent chez le juge, et lui dénon-
cèrent le magicien.
Le juge, épouvanté, ordonna à ses archers
d'arrêter le sorcier, et l'obligea à comparaître
devant lui. On garrotta Brioché, on l'amena de-
vant le magistrat, qui voulut voir les pièces du
procès ; on: apporta le théâtre et les démons de
bois, auxquels on ne touchait qu'en frémissant;
et Brioché fut condamné à être brûlé avec son at-
tirail. Cette sentence allait être exécutée, lorsque
survint un nommé Dumont, capitaine des gardes
suisses au service du roi de France : curieux de
voir le magicien français, il reconnut le malheu-
reux Brioché qui l'avait tant fait rire à Paris. Il
se rendit en toute hâte chez-le juge : après avoir
fait suspendre d'un jour l'arrêt, il lui expliqua
l'affaire, lui AL-comprendre-le mécanisme des
femme qui, de 1666 à 1672, empoisonna, ou du marionnettes,- et obtint l'ordre de mettre Brioché
moins fut accusée d'avoir empoisonné, sans nio- en liberté. Ce dernier revint à Paris, se promet-
lifs de haine, quelquefois même sans intérêt, tant bien de ne plus songer à faire rire les Suisses
parents, amis, domestiques; elle allait jusque dans leur pays 1.
dans les hôpitaux donner du poison aux malades. Brizomantie, divination par l'inspiration de
Il faut attribuer tous ces crimes à une horrible Brizo, déesse du sommeil; c'était l'art de devi-
démence ou à cette dépravation atroce dont on ner les choses futures ou cachées par les songes
ne voyait autrefois d'autre explication que la pos- naturels.
session du diable. Aussi a-t-on dit qu'elle s'était Brocéliande, forêt enchantée des romans de
vendue à Satan. chevalerie.
Dès l'âge de sept ans, la Brinvilliers com- Brognoli, savant religieux italien de l'ordre
mença, dit-on, sa carrière criminelle, et il a été des frères mineurs, a exorcisé et délivré plu-
permis à des esprits sérieux de redouter en elle sieurs énergumènes et laissé un livre curieux,
un affreux démon possesseur. Elle fut brûlée en intitulé Alexicacon, hoc est de malejiciis ac mo-
1676. Les empoisonnements continuèrent après ribus maleficis cognoscendis. Venise, 171/j.
sa mort. Voy. VOISIN. Brohon (Jean), médecin de Coutances, au
Dans YAlmanach prophétique de 18/|2, M. Eu- seizième siècle. Des amateurs recherchent de lui :
gène Baresle a tenté de justifier la marquise de 1° Description d'une prodigieuse et merveilleuse
Brinvilliers. Mais il n'est pas possible qu'on l'ait comète, avec un traité présagique des comètes;
noircie. — Gorres, dans sa Mystique, reconnaît in-8°, Paris, 1568. — 2° Almanach, ou Journal
dans les crimes de cette femme l'influence sala- astrologique, avec les jugements pronostiques
nique, comme on a pu la voir de nos jours dans pour l'an 1572 ; Rouen, 1571, in-12.
un monstre appelé Dumollard. Brolic (Corneille), jeune garçon du pays de
Brioché (Jean), arracheur de dents qui, vers 'Labourd, que Pierre Delancre interrogea comme
l'an 1650, se rendit fameux par son talent dans sorcier au commencement du dix-septième siècle.
l'an de faire jouer les marionnettes. Après avoir 11avoua qu'il fut violenté pour baiser le derrière
amusé Paris et les provinces, il passa en Suisse du diable. « Je ne sais s'il dit cela par modestie,
cl s'arrêta à Soleure, où il donna une représen- ajoute Delancre; car c'est un fort civil enfant.
tation en présence d'une assemblée nombreuse, Mais il ajouta qu'il soutint au diable qu'il aime-
qui ne se doutait pas de ce qu'elle allait voir, car rait mieux mourir que lui baiser le derrière, si
les Suisses ne connaissaient pas les marionnettes. bien qu'il ne le baisa qu'au visage; et il eut beau-
A peine eurent-ils
aperçu Pantalon, le diable, le 1 Lettres de Suint-André, sur la
magie, Démoniana,
médecin, Polichinelle et leurs bizarres compa- Dictionnaire d'anecdotes suisses.
BRO 120 BRO
coup de peine à se tirer du sabbat, dont il n'ap- âme ; était celle de saint Jacques le Mineur. Il se
prouvait pas les abominations 1. » j
proposait d'aller rétablir le royaume d'Israël, et
Bronzet, lutin qui fréquentait l'abbaye de il i s'adressa dans ce but au roi et au parlement.
Montmajor, près d'Arles. Voy. PUCK. -i
-11avait beaucoup de disciples, à qui il promettait
Brossier (Marthe), fille d'un tisserand de Ro- un i miracle éclatant. Il devait changer son bâton
morantin, qui se dit possédée et cqnvulsionnaire i serpent, au milieu du Strand , à l'heure de
en
en 1569, à l'âge de vingt-deux ans. Elle se fit midi; ' ce qui échoua. Il annonçait aussi un trem-
exorciser; les effets de la possession devinrent blement de terre; à propos de celte prophétie,
de plus en plus merveilleux. Elle parcourait les beaucoup de personnes désertèrent Londres.
villes, et le diable, par sa bouche, parlait hé- Mais le tremblement de terre n'eut pas lieu, ef i
breu, grec, latin, anglais, etc. On disait aussi le prophète fut mis en prison. Nous n'en savons
qu'elle découvrait les secrets ; on assure que pas plus sur le compte de cet homme,
dans ses cabrioles elle s'élevait quelquefois à Broucolaques. Voy. VAMPIRES.
quatre pieds de terre. Brouette de la Mort. C'est une opinion gé-
L'olïîcial d'Orléans, qui se défiait d'elle, lui néralement reçue parmi les paysans de la basse
dit qu'il allait l'exorciser, et conjugua, dans Des- Bretagne que, quand quelqu'un est destiné à
pautère, les verbes nexo et texo. Le démon aus- rendre bientôt le dernier soupir, la brouette de
sitôt la renversa à terre, où elle fit ses contor- la Mort passe dans le voisinage. Elle est cou-
sions. Charles Miron, évêque; d'Angers, devant verte d'un drap blanc, et des spectres la condui-
qui elle fut conduite, la fit garder dans une mai- sent;-le moribond entend même le bruit de sa
son de confiance. On mit à son insu de l'eau bé- roue 1. Dans certains cantons, cette brouette est
nite dans sa boisson, qui n'opéra pas plus d'ef- le char de la Mort, carrick an Nankou, et le cri
fet que l'eau ordinaire; on lui en présenta dans de la fresaie annonce son passage 2.
un bénitier, qu'elle crut bénite, et aussitôt elle Brown (Thomas), médecin anglais, mort en
tomba par terre, se débattit et fit les grimaces 1682. Il combattit les erreurs dans un savant
accoutumées. L'évêque, un Virgile à la main, ouvrages que l'abbé Souchay a traduit en fran-
feignit de vouloir l'exorciser, et prononça d'un çais sous le titre d'Essai sur les erreurs popu-
ton grave : Arma virtimque cano. Les convul- laires, ou examen de plusieurs opinions reçues
sions de Marthe ne manquèrent pas de redou- comme vraies et qui sont fausses ou douteuses.
bler. Certain alors de l'imposture, Charles Miron 2 vol. in-12. Paris, 1733 et 1742. Ce livre, utile
chassa la prétendue possédée de son diocèse, quand il parut, l'est encore aujourd'hui, quoique
comme on l'avait chassée d'Orléans. beaucoup de ses erreurs soient dissipées. Les
A Paris, les médecins furent d'abord partagés connaissances du docteur Brown sont vastes,
sur son état ; mais bientôt ils prononcèrent qu'il ses jugements souvent justes; quelquefois ce-
y avait beaucoup de fraude, peu de maladie, et pendant il remplace une erreur par une autre,
que le diable n'y était pour rien : Nihil a doe- L'Essai sur les erreurs populaires est divisé en
mone, mullaficta, a morbo pauca. Le parlement sept livres. On recherche dans le premier la
prit connaissance de l'affaire, et condamna Mar- source des erreurs accréditées; elles doivent
the à s'en retourner à Romorantin, chez ses pa- naissance à la faiblesse de l'esprit humain, à la
rents, avec défense d'en sortir, sous peine de curiosité, à l'amour de l'homme pour le merveil-
punition corporelle. leux, aux fausses idées, aux jugements préci-
Cependant elle se fit conduire quelque temps pités.
après devant l'évêque de Clermont qu'elle espé- Dans le second livre on examine les erreurs
rait tromper ; mais un arrêt du parlement la mit qui attribuent certaines vertus merveilleuses aux
en fuite. Elle se réfugia à Rome, où elle fut en- minéraux et aux plantes : telles sont les qualités
fermée dans une communauté ; là finit sa posses- surnaturelles qu'on donne à l'aimant et le privi-
sion. On peut voir sur celle affaire les lettres du lège de la rose de Jéricho qui, dans l'opinion
cardinal d'Ossat et une brochure intitulée Dis- des bonnes gens, fleurit tous les ans la veille de
cours véritable sur le fait de Marthe Brossier, par Noël.
le médecin Marescof, qui assista aux exorcismes Le troisième livre est consacré aux animaux,
(in-8°, Paris, 1599). et combat, les merveilles qu'on débile sur leur
Brothers (Richard), enthousiaste anglais qui, compte et les propriétés que des charlatans don-
au dix-septième siècle, se disait prophète et ne- nent à quelques-unes de leurs parties ou de leurs
veu de Dieu, à peu près comme David-Georges. sécrétions,
11 enseignait que toutes les âmes avaient élé i Le quatrième livre traite des erreurs relatives
créées en même temps que celle d'Adam, et, à l'homme. L'auteur détruit la vertu cordiale
avaient péché avec lui dans le paradis terrestre;
1 Voyage de M. Cambry dans le Finistère, t. I.
Il croyait à la métempsycose, et disait que son 2 M. Kératry, Le dernier des Beaumanoir, ch. xxvi.
1 Tableau de l'inconstance des mauvais anges, etc., 3 Pseudodoxia epidemica or enquiries the vulgat
p. 7ô. errors, etc. In-fol. Londres, 4646.
BRO — 121 BRU
accordée au doigt annulaire, le conte populaire sur le menton de ses concitoyens pendant les
qui fait remonter l'origine des éternuments à jours néfastes.
une épidémie clans laquelle on mourait en éler- François Rapaërt, médecin de Bruges, publia
nuant, la puanteur spéciale des Juifs, les pyg-' contre Bruhesen le Grand et perpétuel almanach,
mées, les années climatériques. ou fléau des empiriques et des charlatansi. Mais
• Le
cinquième livre est consacré aux erreurs Pierre Hascbaert, chirurgien partisan de l'astro-
qui nous sont venues par la faute- des peintres ; logie, défendit Bruhesen dans son Bouclier astro-
comme le nombril de nos premiers parents, le logique contre le fléau des astrologues de François
sacrifice d'Abraham, où son lils Isaac est repré- Rapaërl'i, et depuis on a fait des almanach s sur
senté enfant, tandis qu'il avait quarante ans. le modèle de Bruhesen, et ils n'ont pas cessé •
L'auteur discute dans le livre sixième les d'avoir un débit immense.
opinions erronées ou hasardées qui ont rapport Bruïefer. C'est le nom que donnent les Véri-
à la cosmographie et à l'histoire. 11 combat les tables clavicules de Salomon à un démon ' ou
jours heureux ou malheureux, les idées vulgaires esprit qu'on invoque quand on veut se faire
sur la couleur des nègres. aimer.
Le septième livre enfin est consacré à l'examen Brunehaut, reine d'Austrasie. Elle contracta
de certaines traditions reçues, sur la mer Morte, avec Satan un marché en teneur duquel il devait
la tour de Babel, les rois de l'Epiphanie, etc. lui faire en une: nuit une route sur Tournay. Elle
Le savant ne se montre pas crédule; cepen- devait être finie avant lé chant du coq. Mais Bru-
dant il croyait, comme tout chrétien, aux sor- nehaut fit chanter son coq au moment où le dia-
ciers et aux démons* Le docteur Hutchinson cite ble apportait la dernière pierre ; ce qui rompait
de lui un fait à ce sujet dans son Essai sur là le marché. Cette pierre énorme est encore visi-
sorcellerie.En I66Z1, deux personnes accusées de tée et s'appelle la pierre de Brunehaut \
sorcellerie allaient être jugées à Norwich; le Bruno (Giordano), né àINole dans le, royaume
grand jury consulta Brown, dont on révérait de Naples, au milieu du seizième siècle. 11quitta
l'opinion et le savoir. Brown signa une attesta- l'habit monastique pour se jeter dans la philoso-
tion dont on a conservé l'original, dans laquelle phie hostile, et publia à Londres, en 158/i, son
I il reconnaît l'existence de sorciers et l'influence livre de VExpulsion de la bêle triomphante''. Ce
| du diable ; il y cite même des faits analogues à livre fut supprimé. C'était une critique, stupide
! ceux qui faisaient poursuivre les deux accusés ; dans le fond, maligne dans les détails, de toutes
i et qu'il présente comme incontestables. Ce fut les religions, et spécialement de la religion chré-
I celle opinion qui détermina la condamnation des tienne.
î prévenus. Ayant voulu revoir sa patrie, il fut arrêté à Ve-
Brownie, lutin écossais. Le roi Jacques re- nise en 1598, transféré à Rome, condamné et brûlé
\ gardait Brownie comme un agent de Satan; le 17 février de l'an 1600, moins pour ses impié-
| Kircken fait un bon génie. Aux îles d'Arkney, tés flagrantes que pour ses doctrines effroyables
\ on répand encore des libations de lait dans la el ses mauvaises moeurs. 11avait consumé beau-
| cavilé d'une pierre appelée la pierre de Brow- coup de temps à l'étude des rêveries herméti-
| nie, pour s'assurer . sa protection. Le peuple ques; il a même laissé des écrits sur l'alchimie ',
\ de ces îles croit Brownie doux et pacifique; mais et d'autres ouvrages dont quelques-uns ont par-
| si on l'offense, il ne reparaît plus. Dans quelques tagé son bûcher 6. Si on s'élonne de celle ri-
!; châteaux de l'Ecosse, on croit avoir un Brownie, gueur, il faut songer que les crimes qu'on pour-
i, qui est un démon familier. suivait ainsi et qui troublaient la société, la
Brudemort, démon noir qui est dans la Nor- corrompaient et hâtaient sa dissolution, inspi-
| mandie l'épouvante des campagnes. 11 est servi raientplus d'horreur alors que n'en inspire au-
J par ses dix mille huarts, qui sont des lutins té- jourd'hui chez nous l'assassinat.
S nébreux, hurlant la nuit et mettant leur joie à Brunon. « L'empereur Henri III allait en ba-
% fairepeur aux bonnes gens. teau sur le Danube, en son duché dé Bavière,
Bruheseri (Pierre Van), docteur et astrologue
1 el perpetuum almanach, scu empirico-
;i; de la Campine, mort à Bruges en 1571. Il publia ruwiMagnum el medicaslrorum flagellum. In-12, 1551.
;: dans celte ville, en 1550, son Grand et pcrpé- 2 Glypeusastrologicus contra flagellum aslrologo-
% hicl almanach, où il indique scrupuleusement, rum Frandsci Bapardi. In-12, 1551.
il d'après les principes de l'astrologie judiciaire, y Voyezcelle tradition dans \osLégendesinfernales.
les '' Spaceio de la beslia triomphante, proposlo da
^ jours propres à purger, baigner, raser, sai-
; gner, couper les cheveux el appliquer les ven- recitato Ginve, effeluato dal conseglo, revelalo da Mereurio,
da Sofia, udito da Saulino, registrato dal
touses. Ce modèle de l'almanach de Liège fit Nolano, divisa in ire dialogi, subdivisi in ire 'jmrti.
d'autant plus de rumeur à Bruges, que le ma- In Parigi. Londres, 1584, in-8".
gislrat, qui donnait dans l'astrologie, fit très- 5 De compendiosaarchilectura el complemenloarlis
expresses défenses à quiconque exerçait dans sa Lullii, etc. In-16. Paris, 1582, oie.
6 Particulièrement La cena de le cencri, descriiain
v'iHele métier de barberie de rien
entreprendre cinquo dialogi, etc. In-8°. Londres, 1581.
BRU 122 BUC
accompagné de Brunon, évêque de Wurtzbourg, signe de la croix, et après qu'il eut conjuré le
et de quelques aulres seigneurs. Comme il pas- diable, on ne sut ce qu'il devint. Mais bientôt,
sait prôs.du château de Grein, il se trouva en comme l'empereur dînait à Ebersberg avec sa
péril imminent de se noyer, lui et les siens, compagnie, les poutres et le plafond d'une cham-
dans un lieu dangereux; cependant il se tira bre basse où ils étaient s'écroulèrent; l'empe-
heureusement de ce péril. Mais incontinent on reur tomba dans une cuve où il ne se fit point
aperçut au haut d'un rocher un homme noir qui de mal, et Brunon eut en sa chute tout le corps
appela Brunon, lui disant : — Évêque, sache tellement brisé qu'il en mourut. —De ce Brunon
que je suis un diable, et qu'en quelque lieu que ou Bruno nous avons quelques commentaires sur
tu sois, tu es à moi. Je ne puis aujourd'hui te les Psaumes 1. » — Il n'y a qu'un petit malheur
mal faire ; mais tu verras avant peu. dans ce conte rapporté par-le Leloyer, c'est que
» Brunon, qui était homme de bien, fit le tout, en est faux.
Urunchaut.
Brur, nom donné dans le Dauphiné à cer- mais on dit qu'il se montra derechef au meur-
taines femmes qui sont, en quelque sorte, pos- trier de César, la nuit qui précéda la bataille de
sédées. Voy. KURGON. Philippes, où Brulus se tua de sa main.
> Brutus. Plutarque rapporte que, peu de temps Bucaille (Marie), jeune Normande de Va-
avant la bataille de Philippes, Brulus, étant seul lognes, qui, au dernier siècle, voulut se faire
et rêveur dans sa tente, aperçut un fantôme passer pour béate. Mais bientôt ses visions et
d'une taille démesurée, qui se présenta devant ses extases devinrent suspectes; elle s'était dite
lui en silence, mais avec un regard menaçant, quelquefois assiégée par les démons; elle se fai-
Brutus lui demanda s'il était dieu ou homme, et sait accompagner d'un prétendu moine, qui dis-
ce qu'il voulait. Le spectre lui répondit : — Je parut dès qu'on voulut examiner les faits; elle
suis ton mauvais génie, et je l'attends aux se proclama possédée. Pour s'assurer de la vé-
champs d'e Philippes. « Eh bien ! nous nous y 1 Leloyer, Discourset histoire des spectres, liv.W-
verrons! » répliqua Brulus. Le fantôme disparut; ch, xvi.
BUC — 123 — BUG
rite des prodiges qu'elle opérait, on la fit en- joignit les menaces aux prières, de sorte que
fermer au secret. On reconnut que les visions Parker se décida à lui obéir; mais il fut traité de
de Marie Bucaille n'étaient que fourberies ; qu'elle, fou, et Buckingham dédaigna son avis.
n'était certainement pas en commerce avec les Le spectre reparut une troisième fois, se plai-
anges. Elle fut fouettée et marquée, et tout fut gnit de l'endurcissement de son fils, et tirant un
fini'. poignard de dessous sa robe : « Allez encore,
Bucer (Martin), grand partisan de Luther, dit-il à Parker, annoncer à l'ingrat que vous avez
mort à Cambridge en 1551. On l'a peint suivi vu l'instrument qui doit lui donner la morL »
d'un démon qui le soufflait. « Comme il, était Et de peur qu'il ne rejetât ce nouvel avertis-
sement , le fantôme révéla à son ami un dès plus
intimes secrets du duc. -— Parker retourna à la
cour. Buckingham, d'abord frappé de le voir
instruit de son secret, reprit bientôt le ton de là
raillerie, et conseilla au prophète d'aller se gué-
rir dé sa démence. Néanmoins, quelques se-
maines après, le duc de Buckingham fut assas-
siné. On ne dit pas si le couteau de Felton était
ce même poignard que Parker avait vu dans la
main du fantôme.
Bucon, mauvais démon, cité dans les Cla-
vicules de Salomon. II sème la jalousie el la
haine.
Budas, hérétique qui fut maître de Manès, et
auteur de l'hérésie manichéenne. C'était, dit
Pierre Delancre !, un magicien élève des Brah-
manes,- et en plein commerce avec les démons.
Un jour qu'il voulait faire je ne sais quel sacrifice
magique, le diable l'enleva de terre et lui tordit
le cou 2 : digne récompense de la peine qu'il
avait prise de rétablir par le manichéisme la
puissance de Satan !
Buer, démon de seconde classe, président aux
enfers; il a la forme d'une étoile ou d'une roue
aux abois de la mort, assisté de ses amis, le à cinq branches, et s'avance en roulant sur lui-
diable s'y trouva aussi, l'accueillant avec une
ligure si hideuse, qu'il n'y eut personne qui, de
frayeur, n'y perdît presque la vie. Icelui diable
l'empoigna rudement, lui creva le ventre, le
tua en lui tordant le cou, et emporta son âme,
qu'il poussa rudement devant lui aux enfers 2. »
Buckingham (George Villiers, duc de), fa-
vori de Jacques Ior, mort à Portsmoulh en 1628,
illustre surlout par sa fin tragique. — On sait
qu'il fut assassiné par Felton, ollicier à qui il
avait fait des injustices. Quelque temps avant sa
mort, Guillaume Parker, ancien ami de sa fa-
mille , aperçut à ses côtés en plein midi le fan-
tôme du vieux sir George Villiers, père du duc,
qui depuis longtemps ne vivait plus. Parker prit
d'abord celte apparition pour une illusion de ses
sens; mais bientôt il reconnut la voix de son
vieil ami, qui le pria d'avertir le duc de Buc-
kingham d'êlre sur ses gardes, et disparut.
Parker, demeuré seul, réfléchit à celle commis- même. Il enseigne la philosophie, la logique et
sion, et, la trouvant difficile, il négligea de s'en les vertus des herbes médicinales. 11 se vanle de
acquitter. Le fanlôme revint une seconde fois et donner de bons domestiques el de rendre la santé
1 Lettres du médecin Saint-André sur la aux malades. Il commande cinquante légions.
magie el Bugnot (Etienne), gentilhomme de la cham-
W les maléfices, p. 488 et 431.
2 1 Discours des spectres, liv. VIII, ch, v.
Delancre, Tabl. de l'inconstance des démons, etc.,
uv. I, dise. i. 2 Socratc, Hislor. eceles., lib. I, cap, xxi.
BUI- — 12/| — BUS
bre de Louis XIV, auteur d'un livre rare intitulé laine dose d'idées superstitieuses. Une autre
Histoire récente pour servir de preuve à la vé- preuve qu'il n'était pas magicien, mais seule-
rité du purgatoire, vérifiée par procès-verbaux ment un peu mathématicien, c'est qu'on l'élut
dressés en 1663 et 1664, avec un Abrégé de la provincial des.franciscains en Angleterre \
vie d'André Bugnot,- colonel d'infanterie, et le Bunis, démons tarlarès. Voy. BUNE.
récit de son apparition après sa.mort. In-12, Or- Buplage ou Buptage. « Après la bataille don-
léans, 1665. Cet André Bugnot était le frère née entre le roi Antiochus et les Romains, un
d'Etienne. Son apparition et ses révélations n'ont officier nommé Buplage, tué dans le combat, où
rien d'original. il avait reçu douze blessures mortelles, se leva
Buisson d'épines. Selon une coutume assez tout d'un coup au milieu de l'armée romaine
singulière, quand il y avait un malade dans une victorieuse, et cria d'une voix grêle à l'homme
maison, chez les anciens Grecs, on attachait qui le pillait :
à la porte un buisson d'épines, pour éloigner
les esprits malfaisants. Cesse, soldat romain, de dépouiller ainsi
Ceux qui sont descendus clans l'enfer obscurci...
Bullet (Jean-Baptiste), académicien de Be-
sançon , mort en 1775. On recherche ses Disser- « 11ajouta en vers que la cruauté des Romains
tations sur la mythologie française et sur plusieurs serait bientôt punie, et qu'un peuple sorti de
points curieux de l'histoire de France. In-12, l'Asie viendrait désoler l'Europe; ce qui peut
Paris, 1771. marquer l'irruption des Francs sur les.terres de
Bune, démon puissant, grand-duc aux enfers. l'empire. Après cela, bien que mort, il monta
Il a la forme d'un dragon avec trois têtes., dont sur un chêne, et prédit qu'il allait être dévoré
la troisième seulement est celle d'un homme. Il par un loup; ce qui eut lieu, quoiqu'il fût sur un
ne parle que par signes ; il déplace les cadavres, chêne. Quand le loup eut avalé le corps, la lêle
hante les cimetières et rassemble les démons parla encore aux. Romains et leur défendit de lui
sur les sépulcres. 11 se vante d'enrichir et de donner la sépulture. Tout cela paraît très-in-
rendre éloquents ceux qui le servent. Trente lé- croyable 2. Ce ne furent pas les peuples d'Asie,
gions lui obéissenti. mais ceux du Nord qui renversèrent l'empire
Les démons soumis à Bune, et appelés Bunis, romain; mais on a cru longtemps que les Francs
sont redoutés des ïarlares, qui les disent très- venaient de la Troade. »
malfaisants. Il faut avoir la conscience nette pour Burgifer, démon ennemi de Brudemort.
être à l'abri de leur malice ; car leur puissance Burgot (Pierre), loup-garou brûlé à Besan-
est grande et leur nombre est immense. Cepen- çon en 1521 avec Michel Verdung.
dant les sorciers du pays les apprivoisent, et Burrough ( George ), ministre de la religion
c'est par le moyen des Bunis qu'ils se vantent anglicane à Salem, dans la Nouvelle-Angleterre,
de découvrir l'avenir. pendu comme sorcier en 1692. On l'accusait
Bungey (Thomas), moine anglais, élève, d'avoir maléficié deux femmes qui venaient de
ami et serviteur de Roger Bacon, avec qui les mourir. La mauvaise habitude qu'il avait de se
démonographes l'accusent d'avoir travaillé sept vanter sottement qu'il savait tout ce qu'on disait
ans à la merveilleuse fête d'airain qui parla, de lui en son absence fut admise comme preuve
comme on sait 2. On ajoute qu'il était magicien, qu'il communiquait avec le diable 3.
el ou en donne pour preuve qu'il publia un livre Burton (Robert), auteur d'un ouvrage in-
de la magie naturelle, De macjia nalurali, au- titulé Anatomic de la mélancolie, par Démocritc
jourd'hui p,eu connu. le jeune, in-4c, 1624 ; mort en 1639. L'astrologie
Les bonnes gens racontent que l'illustre reli- était de son temps très-respeclée en Angleterre,
gieux, ayant formé le projet d'entourer l'Angle- sa patrie. Il y croyait et voulait qu'on ne doutât
terre d'un mur d'airain, avait fabriqué une tôle pas de ses horoscopes. Ayant prédit publique-
de bronze, prodigieux androïde qui devait avertir ment le jour de sa mort, quand l'heure fut ve-
son serviteur, le frère Bungey, du moment favo- nue il se tua pour la gloire de l'astrologie et
rable à l'érection de la muraille. Un jour la lêle pour ne pas avoir un démenti dans ses pronostics.
dit : 11 est temps.'Bungey dormait. Un autre jour Cardan et quelques autres personnages habiles
elle répéta: Il est temps. Bunger dormait en- clans la science des astres ont fait la même
core. Une troisième fois elle ouvrit la bouche et chose ''.
s'écria : Il n'est plus temps. Aussitôt la maison, Busas, prince infernal. Voy. PHUTLAS.
ébranlée dans ses fondements, ensevelit Bungey
sous ses ruines. 1 Nnudé, Apol. pour les grands personnages, etc..
Delrio l'absout de l'accusation de magie*, el p. 495.
2 Traité dogmatique des apparitions, t-, II, p. 183.
il avoue que son livre ne contient qu'une cer-
Leloyer, p. 253.
1 Wierus, in Pscudomonarchia doemon. .'' Goflwin, Vie des nécromanciens.
2 Voyez Bacon. 4 Curiosités de la littérature, traduit de l'anglais
3 Disquisil; magie, lib. I, cap. ni, q. i. par Berlin, t. 1, p. 51.
BUT 125 — CAB.
Butadieu, démon rousseau, cité dans des formule qui enchaîne les esprits, et Byleth arrive
procédures du dix-septième siècle. dans le triangle avec soumission. S'il ne paraît
Biixtorf (Jean), Westphalien, savant dans pas, c'est que l'exorciste est sans pouvoir, et
la littérature hébraïque, mort en 1629. Les cu- que l'enfer méprise sa puissance. On dit aussi
rieux lisent son Abrégé du Talmud, sa Biblio- que quand on donne à Byleth un verre .de vin,
thèque rabbinique et sa Synagogue judaïque i. il faut le poser dans le triangle; il obéit plus
Cet ouvrage, qui traite des dogmes et des céré- volontiers et sert bien celui qui le régale. On
monies des Juifs, est plein des rêveries des rab- doit avoir soin, lorsqu'il paraît, de lui faire un
bins, à côté desquelles on trouve des recher- accueil gracieux, de le complimenter sur sa
ches curieuses. bonne mine, de montrer qu'on fait cas de lui et
Byleth, démon fort et terrible, l'un des rois des autres rois ses frères : il est sensible à tout
de l'enfer, selon la Pseudomonarchie de Wierus. cela. On ne négligera pas non plus, tout le
11se montre assis sur un cheval blanc, précédé temps qu'on passera avec lui, d'avoir au doigt
de chats qui sonnent du cor et de la trompe. du milieu de la main gauche un anneau d'argent
qu'on lui présentera devant la face. Si ces con-
ditions sont difficiles, enu'écompense celui qui
soumet Bylet devient le plus puissant des hom-
mes. — Il était autrefois de l'ordre des puis-
sances ; il espère un jour remonter dans le ciel
sur le septième trône, ce qui n'est guère croyable.
II commande quatre-vingts légions.
Byron. Le Vampire, nouvelle; traduite de
l'anglais de lord Byron, par H. Faber; in-8°,
Paris, 1819. Celte nouvelle, publiée sous le nom
de lord Byron, n'est pas l'ouvrage de ce poêle,
qui l'a désavouée. L'auteur n'a pas suivi les idées
populaires sur les vampires; il a beaucoup trop
relevé le sien. C'est un spectre qui voyage dans
la Grèce, qui fréquente les sociétés d'Athènes,
qui parcourt le monde, qui se marie pour sucer
sa femme. Les vampires de Moravie étaient
extrêmement redoutés; mais ils avaient moins
de puissance. Celui-ci, quoiqu'il' ait l'oeil gris-
mort, fait clés conquêtes. C'est, dit-on, une
b'adjuraleur qui l'évoque a besoin de beaucoup historiette populaire de la Grèce moderne que
de prudence, car il n'obéit qu'avec fureur. Il lord Byron raconta dans un' cercle et qu'un
faut pour le soumettre avoir à la main un bâ- jeune médecin écrivit à tort; car il remit à la
ton de coudrier ; et, se tournant vers le point qui mode, un instant, des horreurs qu'il fallait
sépare l'orient du midi, tracer hors du cercle laisser dans l'oubli.
où l'on s'est placé un triangle; on lit ensuite la : Bythies. Voy. BIÏUIES.
Cadavre.
Caf. Voy. KAF. sophale, le magnétisme et diverses jongleries el
Cagliostro ( Joseph-Balsamo ), célèbre aven- intrigues ignobles.
turier du dix-huitième siècle, connu sous le nom Il se rendit à Strasbourg, où il fut-reçu, en
d'Alexandre, comte de Cagliostro, naquit, dit- 1780, avec une sorte de triomphe; il y guérit
on, à Païenne en 1743, de parents obscurs. Il certains malades qui l'attendaient, avec une
montra dans ses premières années un esprit adresse si prompte que l'on a cru qu'ils étaient
porté à la friponnerie; tout jeune, il escroqua apostés el leur mal supposé, à moins que le
soixante onces d'or à un orfèvre, en lui pro- diable ne fût aux ordres de Cagliostro, comme
menant de lui livrer un trésor enfoui dans une beaucoup l'ont dit, et comme le faisait penser
grotte, sous la garde des esprits infernaux; il le sa physionomie patibulaire. •
conduisit dans celte grotte, où le bonhomme fut Les uns ont regardé Cagliostro comme un
assommé de coups de bâton. Cagliostro s'enfuit homme extraordinaire, un inspiré; d'autres
alors et voyagea, avec un alchimiste nommé Ai- comme un charlatan; quelques-uns ont vu en
llions, en Grèce, en Egypte; en Arabie, en lui un membre voyageur de la maçonnerie tem-
Perse, à Rhodes, à Malte. Ayant perdu là son plière, constamment opulent par les secours
compère, il passa en Angleterre el d'Angleterre nombreux qu'il recevait des diverses loges de
en France, vivant du produit de ses composi- l'ordre; mais le plus grand nombre s'accorde à
tions chimiques. Il donnait.dans la pierre philo- donner au faste qu'il étalait une source moins
' honorable encore. 11 se vantait de converser
Voyez les Léqendes de l'Ancien Testament (le livre
d'Enoch). 1 Bollandi Acla sanctorwn, âl aprilis.
9
CAG 130 CAL
avec les anges, et il faisait entendre en rase Il a écrit, dit-on, la relation de quelques opé-
campagne ( par ventriloquie ) des voix venant rations prétendues, magiques, ainsi que d'une
du ciel. Il institua une espèce de cabale égyp- transmutation de métaux vils en or, faites à Var-
tienne. De jeunes garçons -et de jeunes filles, sovie en 1780. — On met sur son compte une
qu'il appelait ses pupilles ou colombes, se pla- plate brochure qui apprenait aux vieilles femmes
çaient dans l'état d'innocence devant une boule à trouver les numéros de la loterie dans leurs
de cristal, et là, abrités d'un paravent, ils ob- rêves. On vendait tous les ans à Paris un grand
tenaient, par l'imposition des mains du grand nombre d'exemplaires de ce tairas dont voici le
cophte (c'était lui qui était le grand cophle), la titre : Z/CVrai Cagliostro, ou le Régulateur des
faculté de communiquer avec les esprits. Ils actionnaires de la loterie, augmenté de nouvelles
voyaient dans celte boule tout ce qu'ils vou- cabales faites par Cagliostro, etc., in-8°, avec
laient voir.—Les travaux de ces pupilles ou co- le portrait de l'auteur, au bas duquel on a mis
lombes ne se bornaient pas à celle cérémonie ; ces treize syllabes": Pour savoir ce qu'il est, il'
Gaglioslro leur enseignait à découvrir les choses faudrait être lui-même.
occultes, les événements à venir et les matières Cagots, individus des Pyrénées qui y sont des
curieuses. On ajoute qu'il a fait paraître aux sortes de parias ; Les autres habitants les évitent
grands seigneurs de Paris et de Versailles, dans comme gens maudits..Ce sont, dit-on, des restes
des glaces, sous des cloches de verre et dans de la race des Golhs, appelés Ga-Golhs, en
des bocaux, des spectres animés et mouvants, en abréviation de canes Gothi, chiens de Golhs.
ainsi que des personnes mortes qu'on lui deman- Gain. Les musulmans et ies rabbins disent
dait à voir.—Un soir qu'il se trouvait à Versailles qu'Eve, ayant deux iils, Caïn et Abel, et deux
avec plusieurs des seigneurs de la cour, ceux-ci filles, Aclima et Lébuda, voulut unir'Caïn avec
témoignèrent.l'envie de connaître ce que faisait en Lébuda, et Aclima. avec Abel. Or, Caïn était
ce moment une dame dejeur société, qui élait épris d'Aclima. Adam, pour mettre ses lils d'ac-
resiée à Saint-Germain. Aussitôt il forma sur le cord, leur proposa un sacrifice; et, comme on
parquet un carré, passa la main dessus, et l'on le sait, l'offrande de Caïn fut rejetée. Il ne vou-
vit se tracer la ligure de la dame jouant aux lut pourtant pas céder Aclima; il résolut, pour
tressetles avec trois de ses amies, toutes assises l'avoir plus sûrement, de tuer son frère Abel;
sur un lapis. On envoya au logis de celle dame, mais il ne savait comment s'y prendre. Le diable,
qu'on trouva effectivement dans la même atti- qui l'épiait, se chargea de lui donner une leçon.
tude, la même occupation, et avec les mêmes Il prit un oiseau, qu'il posa sur une pierre, et,
personnes. avec une autre pierre, il lui écrasa la tête. Caïn,
'
On rapporte aussi que, dans des soupers qui bien instruit alors, épia le moment où Abel dor-
ont fait grand bruit à Paris, il invoquait les morts mait, et lui laissa tomber une grosse pierre sur
illustres, tels que Socrate, Platon, Corneille, le frontJ.
d'Alembert, Voltaire, etc. Dans sa lettre au Caïnan. On attribue à Caïnan , fils d'Ar-
peuple français, datée de Londres, le 20 juin phaxad, la conservation d'un traité d'Astrono-
1786, il prédit que la Bastille serait détruite. mie qu'il trouva-gravé sur deux colonnes par
Mais depuis longtemps on en avait le projet. les enfants de Setli, ouvrage antédiluvien qu'il
Cagliostro était très-lié avec un joueur de go- transcrivit. On prétend aussi que Caïnan décou-
belets qui se disait assisté d'un esprit, lequel vrit encore d'autres ouvrages écrits par les
esprit, à ce que l'on prétend, était l'âme d'un géants, lesquels ouvrages ne sont pas venus jus-
juif cabalisle qui avait tué son père par art ma- qu'à nous 2.
gique avant la venue de Noire-Seigneur. Il disait Caïnites. 11y a eu , dans le deuxième siècle,
effrontément que les prodiges qu'il opérail étaient une secte d'hommes effroyables qui glorifiaient
l'effet d'une protection spéciale de Dieu sur lui... ; le crime et qu'on a appelés caïnites. Ces misé-
que l'Être suprême, pour l'encourager, avait rables avaient une grande vénération pour Caïn,
daigné lui accorder la vision béalifique, etc.; pour les horribles habitants de Sodome, pour
qu'il venait convertir les incrédules. 11se vantail Judas et pour d'autres scélérats. Ils avaient 'un
d'avoir assisté aux noces de Cana...; il étaitpar évangile de Judas, et mettaient la perfection à
conséquent contemporain de Noire-Seigneur. commettre sans honte les actions les plus in-
Il est dit ailleurs que Cagliostro était né avant fâmes.
le déluge1.—II fut arrêté à Borne en 1789, et Caiumarath ou Kaid-Mords. Le premier
condamné comme pratiquant, à l'ombre de la homme selon les Persans-. Voy. BOUNDSCIIESC
franc-maçonnerie, de criminels mystères. Il Cala (Charles), Calabrais qui écrivait au dis-
s'étrangla dans sa prison en 1795. septième siècle. On recherche son Mémoire u"
1 Charlatans célèbres, t. Ier, p, 245. Voyez la lé- 1 Voyez la légende de Caïn et d'Abel dans
gende de Cagliostro dans les Légendes des sociétés Légendes de l'Ancien Testament.
secrètes. 2 Syncelh' chronographioe,p. 80,
CAL 131 CAL
l'apparition des croix prodigieuses ', imprimé à iet de cent autres recueils où l'on voit exacte-
Maples en 1651. i
ment marqués les jours où il fait bon rogner ses
Calamités. On a souvent attribué aux démons iongles et prendre médecine ; mais ces détails
ou à la malice des sorciers les calamités pu- mèneraient : trop loin. Voy. ALMANACH *.
bliques. Pierre Delancre dit que les calamités Cali, reine des démons et sultane de l'enfer
des bonnes âmes sont les joies et les festoie- indien. On la représente tout à fait noire, avec
înents des démons pipeurs 1.
Calaya. Le troisième des cinq paradis in-
diens. Là réside Ixora ou Eswara, toujours à
cheval sur un boeuf. Les morts fidèles le ser-
vent; les uns le rafraîchissant avec des éven-
tails, d'autres portant devant lui la chandelle
pour l'éclairer la nuit. Il en est qui lui présen-
tent des crachoirs d'argent quand il veut ex-
pectorer.
Calcerand-Rochez. Pendant que Hugues de
Moncade était vice-roi de Sicile pour le roi Fer-
dinand d,'Aragori, un gentilhomme espagnol,
nommé Calcerand-Rochez, eut une vision. Sa
maison était située près du port de Païenne.
Unenuit qu'il ne dormait pas ; il crut entendre
des hommes qui cheminaient et faisaient grand
bruit dans sa basse-cour; il se leva, ouvrit la
fenêtre, et vit, à la clarté du crépuscule, des
soldats et des gens de pied en bon ordre, suivis
de piqueurs; après eux venaient des gens de
un collier de crânes d'or. On lui offrait autrefois
\ cheval divisés en escadrons, se dirigeant vers la
des victimes humaines.
maison du vice-roi. Le lendemain, Calcerand
Calice du Sabbat. On voit dans Pierre De-
| conta le toul à Moncade, qui n'en tint compte; lancre que, lorsque les prêtres sorciers disent la
': cependant, peu après, le roi Ferdinand mourut,
î cl ceux de Palerme se révoltèrent. Cette sédi- messe au sabbat, ils se servent d'une hostie et
d'un calice noirs, et qu'à l'élévation ils disent
; tion, dont la vision susdite donnait clair présage, ces mots : Corbeau noir! corbeau noir! invo-
; ne fut apaisée que par les soins de Charles d'Au-
triche 5. quant le diable.
) (Charles-Quint) Calice du Soupçon. Voy..INFIDÉLITÉ.
Calchas, devin de l'antiquité, qui augurait
des choses sur le vol des oiseaux. 11 prédit Caligula. On prétend qu'il fut empoisonné ou
assassiné par sa femme. Suétone dit qu'il ap-
.; aux Grecs que le siège de Troie durerait dix ans,
plusieurs fois après sa mort, et que sa
; el il exigea le sacrifice d'Iphigénie. Apollon lui parut maison fut infestée de monslres et de spectres,
-; avait donné la connaissance du passé, du présent eût rendu les honneurs fu-
i el de l'avenir. Il serait curieux de savoir s'il au- jusqu'à ce qu'on lui
nèbres 2.
rait prédit aussi la prise de la Bastille. Sa des-
Callo. Voy. SPES.
tinée élait de mourir lorsqu'il aurait trouvé un
Calmet (Dom Augustin), bénédictin de la
. devin plus sorcier que lui. Il mourut en effet de
congrégation de Saint-Vannes, l'un des sa-
dépit, pour n'avoir pas su deviner les énigmes vants les plus laborieux et les plus utiles du
de Mopsus. Voy. MOPSUS.
dernier siècle, mort en 1757, dans son abbaye
Calegueiers. Les plus redoutables d'entre les de Senones. Voltaire même mit ces quatre vers
génies chez les Indiens. Ils sont de taille gigan-
au bas de son portrait :
tesque, et habitent ordinairement le Patala, qui
esl l'enfer des Indes. ' Des oracles sacrés que Dieu daigna nous rendre
Calendrier. L'ancien calendrier des païens Son travail assidu perça l'obscurité ;
- se rattachait au culte des astres; et Il fit plus, il les crut avec simplicité.
presque Et fut, par ses vertus, digne de les entendre.
: toujours il était rédigé par des astrologues. •
Ce serait peut-être ici l'occasion de parler du Nous le citons ici pour sa Dissertation sur les
Calendrier des bergers, de YAlmanach du bon apparitions des anges, des démons et des esprits,
laboureur, du Messager boiteux de Bâle en Suisse, et sur les revenants et vampires de Hongrie, de
1 Memorie historicité Bohême, de Moravie et de Silésie, in-12, Paris,
dell''apparisionc délie croci 1 Voyez aussi les Légendes du calendrier.
da
" Tabl. de Carlo Cala. In-4°. In Napoli, 466-1.
prodigiose
2 Delandine, Enfer des peuples anciens, ch. n,
l'inconstance des mauvais anges, etc.,
hv. I, p. 2b. p, 316. Delancre, l'Inconstance des démons, etc.,
Leloyer, Discours et histoire des spectres, p. 272. liv. VI, p. 464.
9.
CAL 132 — CAM
17/|6. La meilleure édition est de 1751 ; Paris, agi de telle sorte que personne ne lui refusait
2 vol. in-12. Ce livre est fait avec bonne foi ; l'aumône *.
l'auteur est peut-être un peu crédule; mais il Caméléon. Démocrite, au rapport de Pline,
rapporte ce qui est contraire à ses idées avec au- avait fait, un livre spécial sur lès superstitions
tant de candeur que ce qui leur est favorable. auxquelles le caméléon a donné lieu. Un plaideur
Voy. VAMPIRES. était sûr de gagner son procès s'il portait avec
Calundronius, pierre magique dont on ne lui la langue d'un caméléon arrachée à l'animal
désigne ni la couleur niilà forme, mais qui a la pendant qu'il vivait. On faisait tonner et pleuvoir
vertu d'éloigner les esprits malins, de résister en brûlant la tête et le gosier d'un caméléon sur
aux enchantements, de donner à celui qui la un feu de bois de chêne, ou bien en-rôtissant
porte- l'avantage sur ses ennemis,; et de chasser son foie sur une tuile rouge. Boguet n'a pas
l'humeur noire. manqué de remarquer cette merveille dans le
' Calvin (Jean),
l'un des chefs de la réforme chapitre xxm de ses Discours des sorciers. L'oeil
prétendue, né à Noyon en 1509.. Ce fanatique, droit d'un caméléon vivant arraché- et mis dans
qui se vantait, comme les autres protestants, du lait de chèvre formait un cataplasme qui
d'apporter aux honmies la liberté d'examen, et faisait tomber les taies des yeux. Sa queue ar-
qui fit brûler Michel Servet, son ami -,parce qu'il rêtait le cours des rivières. On se guérissait de
différait d'opinion avec lui., n'était pas seulement toute frayeur en portant sur soi sa mâchoire, etc.
hérétique; on l'accuse encore d'avoir été.magi- Des curieux assurent encore que cette espèce
cien. « 11faisait des prodiges à l'aide du diable, de lézard ne se nourrit que de vent. Mais il est
qui quelquefois ne le ,servait pas bien; car un constant qu'il mange des insectes ; et comment
jour il voulut donner à xrqire qu'il ressusciterait aurait-il un estomac et tous les organes de la di-
un homme qui n'était pas mort ; et, après qu'il gestion, s'il n'avait pas besoin de digérer? Com-
eut fait ses conjurations suivie çompèrev lorsqu'il ment encore, s'il ne mange pas, produit-il des
lui ordonna de se lever, celui-ci n'en fit rien, et excréments, dont les anciens faisaient un on-
on trouva qu'icelui compère était mort tout de guent magique pour nuire à leurs ennemis? La
bon, pour avoir voulu jouer cette mauvaise co- couleur du caméléon paraît varier continuelle-
médie *. » Quelques-uns ajoutent que Calvin fut ment , selon la réflexion des rayons du soleil et
étranglé par le diable; il ne l'aurait pas volé. En la position où l'animal se trouve par rapport à
son jeune âge, Calvin avait joué la comédie et ceux qui le regardent : c'est ce qui l'a fait com-
fait des tours d'escamotage 2. parer à l'homme de cour.-^Delancre dit, d'un
Cambions, enfants des démons. Delancre et autre côté, que le caméléon est l'emblème des
Bodin pensent que les démons incubes peuvent sorciers, et qu'on en trouve toujours dans les
s'unir aux démons succubes, et qu'il naît de leur lieux où s'est tenu le sabbat.
commerce des enfants hideux qu'on nomme cam- Gamephis, le plus ancien des dieux de
bions, lesquels sont beaucoup plus pesants que l'Egypte; il est triple : aïeul, père et fils.
les autres, avalent tout sans être plus gras, et Camérarius ( Joachim ), savant allemand du
tariraient trois nourrices qu'ils n'en profiteraient seizième siècle. On recherche son traité De lit
pas mieux 3. Luther, qui étaittrès-superstilieux, nature el des affections des démons 2 et son Com-
dit clans ses Colloques que ces enfants-là ne mentaire sur les divinations i.
vivent que sept ans ; il raconte qu'il en vit un Nous indiquerons aussi de Barlhélemi Came-
qui criait dès qu'on le touchait, et qui ne riait rario, Bénévenlin, mort en 156Z|, un livre Sur
que quand il arrivait dans la maison quelque le feu du purgatoire 4 ; les Centuries de Jean-llo-
chose de sinistre. dolphe Camérarius, médecin allemand du dix-
Maïole rapporte qu'un mendiant galicien exci- septième siècle, Sur les horoscopes et l'astro-
tait la pitié publique avec un cambion ; qu'un logie 6, et le fatras du même auteur Sur les
jour un cavalier, voyant ce gueux très-embar- secrets ?ncrvcillcux de la nature 6.
rassé pour passer un fleuve, prit, par com- Enfin, Élie Camérarius, aulre rêveur de Ta-
passion , le petit enfant sur son cheval, mais bingue, a écrit, en faveur de la magie et des ap-
qu'il était si lourd que le cheval pliait sous
le poids. Peu de temps après, le mendiant 1 Boguet, Discours des sorciers, ch. xiv.
étant pris, avoua que c'était un petit démon 2 De natura et affeelionibus doemonumlibri duo.
qu'il portait ainsi, et que cet affreux marmot, Lipsiae, 4576. In-8°.
a Commentarius de generibus divinationUm, (K
depuis qu'il le traînait avec lui, avait toujours groecislalinisque earumvocàbulis. Lipsioe,4576. Jn-8".
/j De purgalorio igné. Romae, 4(i!37.
1 Boguet, Discours des sorciers, cli, xvni. 5 Ilorarum natalium cenlurioe II pro ccrlilmline
2 Voyez la légende de Calvin dans les Légendes in- ln-4'°. Francfort, 4607 et 1640.
aslrologioe.
fernales. 0 Sylloge memorabilïum medicinoe et mirabilium
3 Delancre, Tableau de l'inconstance des démotis, naturoe arcanorum cenlurioe XII. In-12. Strasbourg,
Hv. III, à la fin. Bodin, Démonomanie, liv. H, 4624. L'édition in-8u de Tubingue, 4683, est aug-
ch. VII. mentée et conlient vingt centuries.
CAM . — 133 — CAN
paritions, des livres que nous* ne connaissons métallique suspendue à un fil qu'il tenait à la
pas. main. Ses épreuves n'ont pas eu de suites.
Camisards. Voy. DAUPHINÉ; Gamuz (Philippe), romancier espagnol du
Camnuz (l'esprit de). Sigebe'rt raconté dans seizième siècle. On lui attribue la Vie de Ilobert
sa chronique les: malices d'un esprit frappeur le Diable*, qui -fait maintenant partie de la Bi-
qui fréquenta assez longtemps Camnuz, près de, bliothèque Bleue.
Bingen, faisant divers bruits insolites et jetant Canate, montagne d'Espagne, fameuse dans
des pierres sans se montrer. Il en arriva à dé- les anciennes chroniques ; il y avait au pied une
rober divers objets et à dénoncer comme vo- caverne où les mauvais génies faisaient leur ré-
leurs ceux à qui il en voulait et chez qui il por- sidence, et les chevaliers qui s'en approchaient
tait ses larcins. 11 mit le feu à des maisons et à étaient sûrs d'être enchantés, s'il ne leur arrivait
des récoltes, et vexa le pays assez longtemps. pas pis.
On l'entendait parler sans le voir. C'était à la lin Cancer ou l'Écrëvisse, l'un des signes du
du seizième siècle. Enfin, l'évêque de Mayence zodiaque. C'est l'Écrëvisse qui piqua Hercule au
envoya des exorcistes qui le chassèrent; talon pendant qu'il combattait l'hydre de Lerne.
Campanella ( Thomas ), homme d'esprit, Voy. HOROSCOPES. .
mais de peu de jugement, né dans un bourg de Candelier, démon invoqué dans les litanies
la Calabre en 1568. Tout jeune il rencontra, dit- du sabbat.
on , un rabbin qui l'initia dans les secrets de Càng-Hy, dieu des deux inférieurs, chez les
l'alchimie, et qui lui apprit toutes les sciences Chinois. Il a pouvoir dévie et de mort. Trois es-
en quinze jours, au moyen de l'Art Notoire. prits subalternes sont ses ministres : Tankwam,
Avec ces connaissances, Campanella, entré dans, qui préside à l'air, dispense la pluie; Tsuikvam,
l'ordre des dominicains, se mit à combattre la qui gouverne la mer et les eaux, envoie les vents
doctrine d'Aristote, alors en grande faveur. et les orages ; Teikwam, qui préside à la terre,
Ceux qu'il attaqua l'accusèrent de magie ; et il surveille l'agriculture et se mêlé des batailles.
fut obligé de s'enfuir de Naples. On s'empara de Canicida. Voy. ZEIUNTIIE.
ses cahiers. L'inquisition, y trouvant des choses Canicule, constellation qui doit son nom à
répréhensihles, condamna l'auteur à la retraite l'étoile Syrius ou le chien, et qui domine clans le
dans un couvent. Notez que c'était l'inquisition temps des grandes chaleurs. Les Bomains, per-
d'Élal, et que la vraie cause qui lui fit imposer suadés de la malignité de ses influences, lui sa-
le silence dans une sorte de séquestration fut une crifiaient tous les ans un chien roux. Une vieille
juste critique qu'il avait faite, dans son Traité opinion populaire exclut les remèdes pendant celte
de la monarchie espagnole, des torts graves de saison, et remet à la nature la guérison de toutes
celle nation, dominée alors par un immense or- les maladies. C'est aussi une croyance encore
gueil. 11sortit de sa retraite par ordre du pape, répandue qu'il est dangereux de se baigner pen-
en 1626, et vint à Paris, où il mourut chez les dant la canicule.
jacobins de la rue Saint-Honoré, le 21 mai 1639. Canidia, magicienne dont parle Horace; elle
— On a dit qu'il avait enchantait et envoûtait avec des figures de cire,
prédit l'époque de sa
mort et les gloires du règne de Louis XIV. Nous et; par ses conjurations magiques, elle forçait la
ne citerons de ses ouvrages que ses quatre livres lune à descendre du ciel.
Du. sens des choses et de la magie ', et ses six Canigou, montagne de France clans le Rous-
livres, d'astrologie 2 ; l'auteur, qui faisait cas de sillon. Elle a aussi sa légende. Gervais de Tilbury
-, celle science, s'efforce d'accorder les idées as- nous apprend, dans sa chronique, qu'au sommet
trologiques avec la doctrine de saint Thomas. presque inaccessible de celle montagne il y a un
Campbell (Gilbert). Son histoire. Voy. Es- lac d'eau noire dont on ne connaît pas le fond,
l'MTSFRAPPEURS. que les hôtes de l'enfer ont un palais au fond de
Campetti, hydroscope, qui renouvela", à la ce lac, et que si l'on y jette une pierre , les dé-
fin du dernier siècle, les merveilles de la ba- mons aussitôt font surgir une tempête qui effraye
. guette divinatoire. Il était né dans le Tyrol. Mais la contrée.
il a fait moins de bruit que Jacques Aymar. Au Canterme, nom que donnaient les anciens à
, lien de baguette pour découvrir les sources, les certains enchantements et maléfices.
trésors cachés et les traces de vol ou de meurtre, Cantwell (André-Samuel-Michel), mort bi-
il se servait d'un petit pendule formé d'un mor- bliothécaire des Invalides le 9 juillet 1802. 11est
ceau de pyrite, ou de quelque autre substance auteur d'un roman intitulé le Château d'Albert
ou le Squelette ambulant. 1799, 2 vol. in-18.
' fie sensu rerum et
magia, libri IV, etc. In-4°. Canwyll-Corph, chandelle du mort ou chan-
nvmcfbrt,
2 4620. delle de la mort. Superstition du pays de Galles,
Aslrologicorum libri VI. In-4". Lyon, 4629. mais bornée, dit-on, au diocèse de Saint-David.
Lwlitiondc 4630, est plus recherchée,
• parce qu'elleFrancfort,
contient un septième livre 1 La vida de Roberlo cl Diablo, In-fol. Séville,
l"to sickrali vilando. • intitulé De 4 689.
.
CAO — 1S/I CAQ
Les Gallois racontent que saint David, en mou- particulièrement bénite contre les revenants, la
rant, demanda au ciel une faveur spéciale pour délivrerait de sa vision. Ce n'était que de l'eau
ses diocésains, et qu'il obtint qu'aucun d'eux ne ordinaire; mais l'imagination de la vieille femme
mourrait sans avoir reçu d'avance un avis de sa se rassura par ce petit stratagème, qu'elle ne
fin prochaine. A cet effet une lumière, qu'on ap- soupçonnait pas, et elle ne vit plus rien. Voyez
pelle chandelle de la mort, sort de.la maison HALLUCINATIONS.
dont un habitant doit mourir, se dirige vers le Capricorne. L'un clés signes du zodiaque.
cimetière et s'évanouit à la place que doit occuper C'est Pan, qui, à l'assaut des Titans, eut peur et
le futur défunt; mais comme celte merveille a se changea en bouc. Voy. HOROSCOPES.
lieu la nuit, il est rare qu'on la voie. Capucin. Ce sont les protestants qui ont mis
Caous. Les Orientaux donnent ce nom à des à la mode ce stupide axiome superstitieux que
génies malfaisants qui habitent les cavernes du la rencontre d'un capucin était un mauvais pré-
Caucase.
Capnomancie, divination par la fumée. Les
anciens en faisaient souvent usage : on brûlait
de la verveine et d'autres plantes sacrées : on
observait l'a fumée de ce feu, les figures et la di-
rection qu'elle prenait, pour en tirer des présages.
On distinguait deux sortes de capnomancie : l'une
qui se pratiquait en jetant sur des charbons ar-
dents des grains de jasmin ou de pavot, et en
observant la fumée qui en sortait; l'autre, qui
était la plus usitée, se pratiquait par la méthode
que nous avons indiquée d'abord. Elle consistait
aussi à examiner la fumée des sacrifices. Quand
cette fumée était légère et peu épaisse, c'était
bon augure. On respirait même cette fumée ; et sage. Un jour que l'abbé de Voisenon était allé à
l'on pensait qu'elle donnait des inspirations. la chasse sur un terrain très-giboyeux, il aperçut
grosse pierre brute qui, dans les un capucin. Dès ce moment il ne tira plus un coup
Cappautas,
croyances populaires, guérissait de la frénésie juste, et comme on se moquait de lui : « Vrai-
ceux qui allaient s'y asseoir; elle se trouvait à ment, messieurs, dit-il, vous en parlez fort àvolre
trois stades de Gytheum en Laconie. ' aise; vous n'avez pas rencontré un capucin •. »
Caperon, doyen de Saint-Maixant. 11 publia, Caqueux ou Cacoux. Les cordiers, nommés
dans le Mercure de 1726, une lettre sur les fausses caqueux ou cacoux , en Bretagne, sont relégués
apparitions; Lenglet-Dufresnoy l'a réimprimée dans certains cantons du pays comme des espèces,
dans son recueil. 11 montre peu de crédulité et de parias ; on les évile ; ils inspirent même de
combat les fausses apparitions avec des raisons l'horreur, parce qu'ils font des cordes, autrefois
assez bonnes. Il conte qu'un jour il fut consulté instruments de mort et d'esclavage. Ils ne s'al-
sur une femme qui disait voir chaque jour s à liaient jadis qu'entre eux, et l'entrée des églises
midi, un esprit en figure d'homme, vêtu de gris, leur était interdite. Ce préjugé commence à se
avec des boulons jaunes, lequel la maltraitait dissiper ; cependant ils passent encore pour sor-
fort, lui donnant même de grands soufflets ; ce ciers. Ils profitent de ce renom ; ils vendent des
qui paraissait d'autant plus certain qu'une voi- talismans qui rendent invulnérable, des sachets
sine prolestait qu'ayant mis sa main contre la à l'aide desquels on est invincible à la lutte ; ils
joue de cette femme dans le temps prédisent l'avenir; on croit aussi qu'ils jettent de
' qu'elle se di- mauvais vents. On les disait, au quinzième siècle,
sait maltraitée, elle avait senti quelque chose
d'invisible qui la repoussait. Ayant reconnu que Juifs d'origine, et séparés par la lèpre du reste
cette femme était fort sanguine, Capperon con- des hommes. Le duc de Bretagne, François II,
clut qu'il fallait lui faire une saignée, avec la pré- leur avait enjoint de porter une marque de drap
caution de lui en cacher le motif; ce qui ayant rouge sur un endroit apparent de leur robe. On
été exécuté, l'apparition s'évanouit. a conté que le vendredi saint tous les caqueux
Tous les traits qu'il rapporte et tous ses rai- versent du sang par le nombril. Néanmoins on
sonnements prouvent que les vapeurs ou l'ima- ne fuit plus devant les cordiers; maison ne s'allie
gination troublée sont la cause de beaucoup de pas encore aisément avec leurs familles 2. N'est-
visions. Il admet les visions rapportées dans les ce pas ici la même origine que celle des cagots?
livres saints ; mais il repousse les autres un peu Voy. ce mot.
trop généralement. Il parle encore d'une autre 1 M. Saignes, Des erreurs et des préjugés, etc.,
femme à qui un esprit venait tirer toutes les nuits
t. I, p. 509.
la couverture. Il lui donna de l'eau, en lui disant 2 Cambry, Voyagedans le Finistère, t, III, p. I*6;
d'en asperger son lit, et ajoutant que cette eau, t. I, etc.
CAR — 135 CAR
. Carabia ou Decarabia, démon peu connu, Caradoc (Saint), patron de Donzy en Niver-
quoiqu'il jouisse d'un grand pouvoir au sombre nais, sous le nom de saint Garadeu. Comme d'au-
empire. Il est roi d'une partie de l'enfer, et comte tres saints, il fut obsédé par le diable; mais sa
d'une autre province considérable. Il se présente, vertu était si vive que le diable ne put rien
comme Buer, sous la figure d'une étoile à cinq contre lui.
rayons. Il connaît les vertus des plantes et des Cardan (Jérôme), médecin astrologue et vi-
pierres précieuses ;.il domine sur les oiseaux, sionnaire, né à Pavie en 1501, mort à Rome en
qu'il rend familiers. Trente légions sont à ses 1576. 11nous a laissé une histoire de sa vie, où
ordres '. il avoue sans pudeur tout ce qui peut tourner à
Caracalla. L'empereur Caracalla venait d'être sa honte. Il se créa beaucoup d'ennemis par ses
tué par un soldat. Au moment où l'on n'en savait moeurs; du reste, ce fut un des hommes habiles
encore rien à Rome, on vit un démon en forme de son temps. Il fit faire des pas aux mathéma-
humaine qui menait un âne, tantôt au Capitale, tiques , et il paraît qu'il était savant médecin ;
tantôt au palais de l'empereur, en disant,-tout mais il avait une imagination presque toujours
haut qu'il cherchait un maître. On lui demanda délirante, et on l'a souvent excusé en disant qu'il
si ce n'était pas Caracalla qu'il cherchait? Il ré- était fou. Il rapporte, dans le livre De vila pro-
pondit que celui-là était mort. Sur qnoi il fut pris pria, que quand la nature ne lui faisait pas sentir
pour être envoyé à l'empereur, et il dit ces mois : quelque douleur, il s'en procurait lui-même en
«Je m'en vais donc, puisqu'il, le-faut, non à se mordant les lèvres, ou en se tiraillant les doigts
l'empereur que vous pensez, mais à un autre ; » jusqu'à ce qu'il en pleurât, parce que s'il lui ar-
cl là-dessus on le conduisit de Rome à Gapoue, rivait d'être sans douleur, il ressentait des saillies
où il disparut sans qu'on ait jamais su ce qu'il et des impétuosités si violentes qu'elles lui étaient
devint 2. plus insupportables que la douleur même. D'ail-
Caractères. La plupart des talismans doivent leurs, il aimait le mal physique à cause du plaisir
leurs vertus à des caractères mystérieux que les qu'il éprouvait ensuite quand ce mal cessait.
anciens regardaient comme de sûrs préservatifs. Il dit, dans le livre VIII de la Variété des choses,
Le fameux anneau qui soumit, les génies à Ja vo- qu'il tombait en extase quand il voulait, et qu'alors
lonté de Salomon devait toute sa force à des ca- son âme voyageait hors de son corps, qui de-
ractères cabalistiques. Origène condamnait chez meurait impassible et comme inanimé. —11 pré-
quelques-uns des premiers chrétiens l'usage de tendait avoir deux âmes, l'une qui le portait au
certaines plaques de cuivre ou d'étain chargées bien et à la science, l'autre qui l'entraînait- au
de caractères qu'il appelle des restes de l'ido- mal el à l'abrutissement. Il assure que, clans sa
lâtrie. L'#wc/m';rf/0ft,allribuéslupidementaupape jeunesse, il voyait clair au milieu des ténèbres;
Léon III,-le Dragon rouge, les Clavicules deSalo- que l'âge affaiblit en lui cette faculté : que cepen-
mon, indiquent dans tous leurs secrets magiques dant, quoique vieux, il voyait encore en s'éveil-
des caractères incompréhensibles, tracés clans lanl au milieu de la nuit, mais moins parfaitement
des triangles ou dans des cercles, comme des que dans son âge tendre. Il avait cela de commun,
moyens puissants et certains pour l'évocation des "disait-il, avec l'empereur Tibère : il aurait pu
esprits. dire aussi avec les hiboux.
I! donnait dans l'alchimie, et on reconnaît dans
ses ouvrages qu'il croyait à la cabale et qu'il
faisait grand cas des secrets cabalistiques. Il dit
quelque part que, dans la nuit du 13 au \l\ août
1/|91, sept démons ou esprils élémentaires de
haute stature apparurent à Fazio Cardan, son
père (presque aussi fou que lui ), ayant l'air de
gens de quarante ans, vêtus de soie, avec des
capes à la grecque, des chaussures rouges et des
pourpoints cramoisis; qu'ils se dirent hommes
aériens, assurant qu'ils naissaient et mouraient;
souvent aussi des sorciers se sont servis de
qu'ils vivaient trois cents ans; qu'ils approchaient
papiers sur lesquels ils avaient écrit avec du sang beaucoup plus de la nature divine que les habi-
des caractères indéchiffrables ; et ces pièces, pro- tants de la terre; mais qu'il y avait néanmoins
duites dans les procédures, ont été admises en entre eux et Dieu une distance infinie. Ces hommes
preuves de maléfices jetés. Nous avons dit quel aériens étaient sans doute des sylphes.
était le pouvoir des mots agla, abracadabra, etc. 11se vantail, comme Socrate, d'avoir un démon
Poij. TALISMANS.- familier, qu'il plaçaitenlrelessubslances humaines
et la nature divine, et qui se communiquait à lui
^- Wierus, in Pseudomonarchia doemon.
Leloyer, Histoire el discours des spectres, liv. III, par les songes. Ce démon était encore un esprit
Cil.XVI,
élémentaire; car, dans le dialogue intitulé Telim,
CAR 136 — CAR
et dans le traité De lilris propriis, il dit que son des choses bizarres dans presque tous ses ou-
démon familier tient de la nature'de Mercure et vrages, qui ont été recueillis en dix volumes in-
de celle de Saturne. On sent bien qu'il s'agit ici folio,-principalement dans le livre de la Variété
des planètes. Il avoue ensuite qu'il doit tous ses des choses, de la Subtilité des démons, etc., el
talents, sa vaste érudition et ses plus heureuses dans son Traité des songes 4. Voy. MÉTOPOSCOPIE
idées à son démon. Tous ses panégyristes ont fait et ONGUENTS. -- .
la part de son démon familier, ce qu'il est bon Carenus (Alexandre), auteur d'un Traité des
de remarquer pour l'honneur des esprits. Cardan songes 2 publié à Padoue en 1575.
assurait aussi que son père avait été servi trente Carlostad (André Bodenstein de), archidiacre
ans par un esprit familier. de Wurtemberg, d'abord partisan., ensuite en-
Gommé ses connaissances en astrologie étaient nemi de Luther, mais toujours dissident comme
grandes, il prédit à Edouard VI, roi d'Angleterre, lui. Le jour où il prononça son dernier prêche,
plus de cinquante ans de règne, d'après les-règles un grand homme noir, à la figure trisle et dé-
de l'art. Mais par malheur Edouard VI mourut à composée, monta derrière lui l'escalier de la
seize ans. Ces mêmes règles lui avaient fait voir chaire et lui annonça qu'il irait le voir dans trois
clairement qu'il ne vivrait que quarante-cinq ans.
11régla sa fortune en conséquence, ce qui l'in-
commoda fort le reste de sa vie. Quand il dut
avouer qu'il s'était trompé dans ses calculs -, il re-
fit son thème, et trouva qu'au moins il ne passe-
rait pas la soixanteHminzième année; La nature
s'obstina encore a démentir l'astrologie. Alors,,
pour soutenir sa réputation, et ne pas supporter
davantage là honte d'un démenti (car il pensait
que l'art est infaillible et que lui1 seul avait pu se
tromper), oh assure que Cardan se laissa mourir
de faim.
« De tous les événements annoncés par les as-
trologues, je n'en trouve qu'un.seul qui soit réel- D'autres: disent que l'homme noir se tint
lement arrivé tel qu'il avait été prévu, dit un jours.
ensuite devant lui le regardant d'un~ceil fixe, à
écrivain du dernier siècle'*v: c'est la mort de
quelques pas de la chaire et parmi les auditeurs,
Cardan, qu'il avait lui-même prédite et fixée à Carlostad se troubla ; il dépêcha son prêche, et,
un jour marqué. Ce grand jour arriva : Cardan se
au sortir de la chaire, il demanda si l'on con-
portait bien ; mais il fallait mourir ou avouer l'in-
naissait l'homme noir qui en ce moment sortait
suffisance et la vanité de son art; il ne balança
à il du, temple. Mais personne cpie lui ne l'avait vu.—
pas;.et, se sacrifiant la gloire des astres, se le même fantôme noir était allé à la
tua lui-même ; il n'avait pas expliqué s'il péri- Cependant maison de Carlostad et avait dit au, plus jeune de
rait par une maladie ou par un suicide. »
ses fils : « Souviens-toi d'avertir ton père que je
Il faut rappeler, parmi les extravagances astro-
reviendrai dans trois jours, et qu'il se tienne
logiques de Cardan, qu'il avait dressé l'horoscope » Quand l'archidiacre rentra, son fils lui
de Notre-Seigneur Jésus-Christ : il le publia en prêt.
raconta cette autre circonstance. Carlostad épou-
Italie et en France. Il trouvait dans la conjonc-
vanté se au lit, et trois jours après, le 25 dé-
tion de. Mars avec la lune au signe de la Balance cembre mit
le genre de mort deTHommè-Dieu ; et il voyait 15ft.l, qui était la fêle de Noël, on le
trouva mort, le cou tordu. L'événement eut lien
le mahométisme dans la rencontre de Saturne
à Bâle s,
avec le Sagittaire, à l'époque de la naissance du
Garmentes, déesses tulélaires des enfants chez
Sauveur.
les anciens. Elles ont été remplacées par nos
En somme, Jérôme Cardan fut un homme su-
fées ; elles présidaient à la naissance, chantaient
perstitieux, qui avait plus d'imagination que de
l'horoscope du nouveau-né, lui faisaient un don,
jugement. Ce qui est bizarre, c'est que, croyant comme les fées en Bretagne, el recevaient de
à tout, il croyait mal aux seules merveilles vraies, de la part des mères. Elles ne se
petits présents
. celles que l'Église admet. On le poursuivit à la
fois comme magicien et comme impie. Delancre 1 Hieronymus Cardanus , De somniis. Baie, 4585,
'
dit qu'il avait été bien instruit en la magie par in-4°. 2 Alex. Carenus, De somniis, in-4°. Patavii, 4S7S.
son père, lequel avait eu trente ans un démon 3 Cette anecdote se trouve encore dans les écrits
enfermé dans une cassette, el discourait avec ce de Luther, et dans un livre du dernier siècle, inti-
démon sur toutes ses affaires i. On trouve donc tulé : La Babylone démasquée, ou Entreliens de deux
dames hollandaises sur la religion catholique ro-
1 Essai sur les superstitions, par M. L. C. In-12. maine, etc., p. 226, édition de Pépie, rue Saint-
2 L'incrédulité el mécréance, etc., traité I, p. 43, Jacques, à Paris, 4727. — Voyez la légende de
etc Carlostad dans les Légendes infernales.
CAR — 137 CAR
montraient pas ; cependant on leur servait à dîner des corps que parce qu'elles avaient oublié Dieu.
dans une chambre isolée pendant les couches. Carpocrate prétendait que tout ce que nous ap-
On donnait aussi, chez les Romains, le nom de prenons n'est que réminiscence. Il regardait les
carmcntes on (charmeuses) aux devineresses célè- anges comme nous les démons ; il les disait en-
bres; et l'une des plus fameuses prophétesses-de. nemis ,de l'homme, et croyait leur plaire en se
l'Arcadie s'est nommée Garmenlia. On l'a mise livrant à toutes ses passions el aux plaisirs les
dans le ci-devant Olympe. plus honteux. Ses disciples cultivaient là magie,
Carnaval. Voy. MASCARADES. faisaient des enchantements et avaient des secrets
Carniveau, démon invoqué dans les litanies merveilleux. Ils marquaient leurs sectateurs à
du sabbat. l'oreille et commettaient beaucoup d'abomina-
Carnoet. Voy. Tnou DUCHÂTEAU. tions. Cette secte ne subsista pas longtemps.
Carnus, devin d'Acarnanie, qui, ayant prédit Carra (Jean -Louis), aventurier du dernier
de grands malheurs sous le règne de Godrus, fut siècle, qui se lit girondin, et fut guilloliné en 1793.
tué à coups de flèches comme magicien. Apollon Il a laissé entre autres ouvrages un Examen phy-
envoya la peste pour venger sa mort. sique du magnétisme animal, in-8°, 1785.
Caron. La fable du batelier des enfers vint, Carreau, démon invoqué comme prince des
dit-on, de Memphis, en.Grecei Fils de l'Erèbe puissances dans les litanies du sabbat.
eldela Nuit, il trayersart-'-l^Çqbyte^t.llJVch^ron Carrefours, lieux où quatre chemins abou-
dans une barque étroite^ ^ieux et-avÉu'e!^il^ri!y;, ' tissent. C'est aux:carrefours que les sorciers se
recevait que les dmln'es'dë'è'éuxj qiïi: ayaieiîi'reçù réunissent ordinairement pour faire le sabbat. On
la sépulture et qui hu.pà^afëiit.Jfe, passage. Nul montre encore., dans [plusieurs provinces, quel-
mortel pendant sa' vienne: jjôùyait. y ^entier,! à ques-uns de ces carrefours redoutés, au milieu
moins qu'un rameau: d'or consacré à' Proserpme desquels étaient.placés des poteaux que les sor-
ne lui servît de sauf-conduit; et le pieux Énëe ciers ou les démons entouraient de lanternes -
eut besoin que la sibylle lui fît présent de cette pendant la fête nocturne. On fait remarquer aussi
passe lorsqu'il voulut pénétrer dans le royaume sur le sol un large rond où les démons dansaient;
de Pluton. Longtemps avant le passage -de ce et l'on prétend que l'herbe ne peut y croître. C'est
prince, le nocher infernal avait été exilé pendant aussi clans un carrefour que l'on tue la poule
unan clans un lieu obscur du Tartare, pour avoir noire pour évoquer le diable.
reçu dans son bateau Hercule, qui ne s'était pas Cartagra, régioudu purgatoire. Voy. GAMYGYN.
muni du rameau. -Cartes. Voy. CARTOMANCIE. Mais, outre l'art de
Mahomet, dans le n.oran, chap. 28, a con- tirer les cartes, qui est exposé plus bas, on pra-
fondu Caron avec Coré ,- que la terre engloutit tique avec ce jeu d'autres divinations. Les jour-
lorsqu'il outrageait Moïse. L'Arabe Mutardi, dans naux de janvier 1862 contenaient à ce sujet
son ouvrage sur l'Egypte, fait de Caron un oncle une anecdote que nous croyons devoir repro-
du législateur des Hébreux, et comme il soutint duire : . .
; toujours son neveu avec zèle, ce dernier lui ap- « Le 6 janvier, jour des Rois, trois jeunes gens,
\ prit l'alchimie et le secret du grand oeuvre, au deux frères et un de leurs amis, jouaient, le soir,
; moyen duquel il amassa des sommes immenses, aux cartes au coin dû feu, dans la maison de l'un
' Rienici n'est conforme aux saintes Écritures.
d'eux, à Pignicourt (Aisne). Après quelques par-
Selon Hérodote, Caron, d'abord simple prêtre lies, il viril à un des joueurs la bizarre fantaisie
deVulcain,usurpalesouverainpouvoiren Egypte. d'interroger le sort par la voie des caries, et de
Devenuroi, il imposa sur les inhumations un gros jouer à l'écarté et au dernier restant quel serait
; tribut; et de l'or qu'il en tira il fit bâtir le célèbre celui des trois qui mourrait-le premier. Le plus
: labyrinthe d'Egypte. jeune s'opposait vivement à ce que l'on lenLàt
Carpentier (Richard), bénédictin anglais du ainsi le hasard; mais, malgré lui, les deux autres
! dix-seplième siècle. On recherche de lui : 1° la s'attablèrent et commencèrent leur jeu de mort.
Ruinede l'Antéchrist, in-8°, 16^8 ; 2° Preuves que La première partie fut perdue par le plus âgé,
l'astrologie est innocente, utile et précise, in-/|°, qui est mort le 16 février. Le plus jeune, celui
Londres, 1653. Il a publié une autre singularité qui avait d'abord refusé de jouer, perdit la se-
: intitulée « la Loi parfaite de Dieu, sermon qui conde et mourut dix jours après son frère, c'est-à-
n est pas sermon, qui a été prêché et n'a
pas été dire le 26 février. Le dernier restant à l'écarté,
;'- prêché, 1652 ». celui qui aurait dû, ce semble, survivre, frappé
Carpocratiens , hérésiarques du deuxième peut-être plus vivement que les autres de la fa-
sièclequi reconnaissaient pour chef Garpocrate, tale prédiction, est mort le premier de fous, le
professeur de magie, selon l'expression de saint 26 janvier. Ils étaient âgés de vingt, vingt-huit
:; Irénéc. Us contaient que les anges venaient de et trente-trois ans. {Journal de l'Aisne.)
Dieu par une suite de générations infinies, que divinité indienne qui commande
Carticeya,
lesdilsanges s'étaient avisés un jour de créer le les armées des génies et des anges; elle a six
;: monde et les âmes, lesquelles n'étaient unies à faces, une multitude d'yeux et un grand nombre de
CAR - 138 — CAR
bras armés de massues, de sabres et de flèches. perfectionné cette science merveilleuse. On s'est
Elle se prélasse à cheval sur un paon. servi de tablettes peintes; et quand Jacquemin
Cartomancie, divination par les cartes, plus Gringoneur offrit les caries au roi Charles le Bien-
connue sous le nom d'art de tirer les caries. On Aimé , il n'avait eu que la peine de transporter
dit que les cartes ont été inventées pour amuser sur des cartons ce qui était connu des plus habiles
la folie de Charles VI; mais Allielte, qui écrivit devins sur des planchettes. Il est fâcheux que
sous le nom d'Eltoilla, nous assure que la carto- cetle assertion ne soil appuyée d'aucune preuve.
mancie , qui est l'art de tirer les caries, est bien Cependant les caries à jouer sont plus anciennes
plus ancienne. Il fait remonter cette divination au que Charles VI. Boissonade a remarqué que le
jeu des bâtons d'Alpha (nom d'un Grec fameux petit Jehan de Sainlré ne fut honoré de la faveur
exilé en Espagne, dit-il). Il ajoute qu'on a depuis de Charles V que parce qu'il ne jouait ni aux
cartes ni aux clés. 11fallait bien aussi qu'elles fus- loyales in tentions. La dame de coeur,est une femme
sent connues en Espagne lorsque Alphonse XI les honnête et généreuse de qui vous pouvez at-
prohiba en 1332, dans les statuts de l'ordre de tendre des services; si elle est renversée, c'est
la Bande. Quoi qu'il en soil, les cartes, d'abord le présage d'un relard dans vos espérances. Le
tolérées, furent ensuite condamnées; et c'est une valet de coeur est un brave jeune homme, sou-
opinion encore subsistante dans l'esprit de quel- vent un militaire , qui doit entrer dans votre fa-
ques personnes que qui tient les caries tient le mille et cherche à vous être utile; il en sera em-
diable. C'est souvent vrai, au figuré. « Ceux qui pêché s'il est renversé. L'as de coeur annonce
font des tours de cartes sont sorciers le plus sou- une nouvelle agréable ; il représente un festin ou
vent, » dit Boguet. Il cite un comte italien qui un repas d'amis quand il se trouve entouré de
vous hieltait en main un dix de pique, et vous figures. Le dix de coeur est une surprise qui fera
trouviez que c'était un roi de coeur 11.Que pen- grande joie; le neuf promet une réconciliation,
serait-il des prestidigitateurs actuels? il resserre les liens en Ire les personnes qu'on
11n'est pas besoin de dire qu'on a trouvé tout veut brouiller. -Le huit promet de la satisfaction
dans les cartes , histoire, sabéisme, sorcellerie. de la part des enfants. Le sept annonce un bon
11y a même eu des doctes qui ont vu toute l'al- mariage.
chimie clans les figures ; et certains cabalislesont Les huit carreaux. — Le roi de carreau esl un
prétendu y reconnaître les esprits des quatre élé- homme assez important qui pense à vous nuire,
ments. Les carreaux sont les salamandres, les et qui vous nuira s'il est renversé. La dame est
coeurs sont les sylphes, les trèfles les ondins, el une méchante femme qui dit du mal de vous, el
les piques les gnomes. qui vous fera du mal si elle est renversée. Le
Arrivons à l'art de tirer les cartes. On se sert valel de carreau est un militaire ou un messager
presque toujours, pour la cartomancie, d'un jeu qui vous apporte des nouvelles désagréables ; et
de piquet de trente-deux caries, où les figures s'il est renversé, des nouvelles fâcheuses. L'as
n'ont qu'une tête. Les coeurs et les trèfles sont de carreau annonce une lettre ; le dix de carreau,
généralement bons et heureux ; les carreaux et un voyage nécessaire et imprévu; le neuf, un
les piques, généralement mauvais et malheureux. retard d'argent; le huit, des démarches qui sur-
Les figures en coeur et en carreau annoncent des prendront de la pari d'un jeune homme; le sept,
personnes blondes ou châtain-blond; les figures un gain de loterie; s'il se trouve avec l'as de
en pique ou en trèfle annoncent des personnes carreau , assez bonnes nouvelles.
brunes ou châtain-brun. Voici ce que signifie Les huit piques. —- Le roi représente un com-
chaque carte : Les huit coeurs. — Le roi de coeur missaire, un juge, un homme de robe avec qui
est un homme honorable qui cherche à vous faire on aura des disgrâces; s'il est renversé, perle
du'bien ; s'il est renversé, il sera arrêté dans ses d'un procès. La dame est une veuve qui cherche
1 Discours des sorciers, ch. LUI. à vous tromper : si elle est renversée, elle vous
CAB — 139 — CAR
trompera. Le valet est un jeune homme qui vous pour qui on opère ne se trouve pas dans les douze
causera des désagréments; s'il est renversé, pré- cartes que le hasard vient d'amener, on la cherche
sage de trahison. L'as, grande tristesse; le dix, dans le reste du jeu, et on la place simplement à
emprisonnement ; le neuf, retard dans les affaires ; la fin des douze caries sorties. Si, au contraire,
le huit, mauvaise nouvelle; s'il est suivi du sept elle s'y trouve, on fait tirer à la personne pour
de carreau, pleurs et discordes. Le sepl, que- qui on travaille (ou l'on lire soi-même si c'est
relles et tourments, à moins qu'il ne soit accom- pour soi que l'on consulte) une treizième carte à
pagné de coeurs. .— jeu ouvert. On la place pareillement à la fin des
Les huit trèfles. Le roi est un homme juste, douze caries-étalées, parce qu'il est reconnu qu'il
qui vous rendra service; s'il est renversé, ses in- faut treize cartes. Alors, on explique sommaire-
tentions honnêtes éprouveront du retard. La dame ment l'ensemble du jeu. Ensuite, en partant de
est une femme qui vous aime; une femme ja- la carte qui représente la personne pour qui on
louse, si elle est renversée. Le valet promet un inlerrogele sort, on compte sept et on s'arrête; on
mariage, qui ne se fera pas sans embarras préli- interprète la valeur intrinsèque et, relative de la
minaires, s'il est renversé. L'as, gain, profit, ar- carie sur laquelle on fait station; on compte sept
gent à recevoir ; le dix , succès ; s'il est suivi du de nouveau , et de nouveau on explique, parcou-
neuf de carreau, retard d'argent; perte s'il se rant ainsi tout le jeu-à. plusieurs reprises jusqu'à
trouve à côté du neuf de pique. Le neuf, réus- ce qu'on revienne précisément à la carte de la-
site; le huit, espérances fondées: le sept, fai- quelle on est parti. On doit déjà avoir vu bien
blesse, et s'il est suivi d'un neuf, héritage. des choses. Il reste cependant une opération im-
Quatre rois de suite,-honneurs; trois de suite, portante. On relève les treize cartes, on les mêle,
succès dans le commerce; deux rois de suite, on fait à nouveau couper de la main gauche.
bons conseils. Quatre dames de suite, grands ca- Après quoi on dispose les cartes à couvert sur dix'
quets; trois dames de suite, tromperies; deux paquets : 1" pour la personne; 2" pour la maison
dames de suite, amitié. Quatre valets de suite, ou son intérieur ; 3° pour ce qu'elle attend; 4° pour
maladie contagieuse; trois valets de suite, pa- cequ'elle n'attend pas; 5°poursa surprise; 6°pour
resse ; deux valets de suite, dispute. Quatre as sa consolation ou sa pensée.—Les six premières
de suite, une mort; trois as de suite, libertinage ; caries ainsi rangées sur la table, il en reste sept
deux as de suite, inimitié. Quatre dix de suiLe, dans la main. On fait un second tour, mais on ne
événements désagréables ; trois dix de suite, chan- met une carte que sur chacun des cinq premiers
gement d'état; deux dix de suite, perle. Quatre paquets. Au troisième tour, on pose les deux der-
neufde suite, bonnes actions ; trois neuf de suite, nières cartes sur les numéros 1 et 2. On découvre
imprudence; deux neuf de suite, argent. Quatre ensuite successivement chaque paquet, et on
huit de suite, revers; trois huit de suite, ma- l'explique en commençant par le premier, qui a
riage; deux huit de suite, désagréments. Quatre trois caries ainsi que le deuxième, en finissant
sepl de suite, intrigues; trois sepl de suite, di- par le dernier qui n'en a qu'une. -^-Voilà tout en-
vertissements; deux sept de suite, petites nou- tier l'art de tirer les caries ; les méthodes va-
velles. rient ainsi que la valeur des caries^ auxquelles on
H y a plusieurs manières de tirer les caries. La donne dans les livres spéciaux des sens très-di-
plussûre méthode est de les tirer par sept, comme vers et très-arbitraires ; mais les résultais ne va-
il suit : Après avoir mêlé le jeu, on le fait couper rient pas.
de la main gauche par la personne pour qui on Nous terminerons en indiquant la manière de
opère ; on compte les cartes de sepl en sepl, met- faire ce qu'on appelle la réussite. — Prenez éga-
tant de côté la septième de chaque paquet. On lement un jeu de piquet de trenle-deux caries.
\ répète l'opération jusqu'à ce qu'on ait produit Faites huit paquets à couvert de quatre caries
douze cartes. Vous étendez ces douze caries sur chacun, et les rangez sur la table; retournez la
la table les unes à côté des aulres, selon l'ordre première carte- de chaque paquet; prenez les
-, dans lequel elles sont venues ; ensuite vous cher- cartes de la même valeur deux par deux, comme
chezce qu'elles signifient, d'après la valeur et la deux dix, deux rois, deux as, etc.,.en retour-
positionde chaque carte, ainsi qu'on l'a expliqué. nant toujours à découvert sur chaque paquet la
Maisavant de tirer les cartes, il ne faut pas ou- carie qui suit celle que vous enlevez. Pour que
ï blier de voir si la personne pour laquelle on les la réussite soit assurée, il faut que vous reliriez
tire est sortie du jeu. On prend ordinairement le de la sorte toutes les caries du jeu, deux par
roi de coeur pour un homme blond marié ; le roi deux, jusqu'aux dernières. — On fait ces réus-
: de trèfle pour un homme brun marié ; la dame de sites pour savoir si un projet ou une affaire aura
coeurpour une dame ou une demoiselle blonde ; du succès , ou si une chose dont on doute a eu
la dame de trèfle pour une dame ou une demoi- lieu.
sellebrune; le valetde coeur pour un jeune homme Allietle, sous le nom d'Etteilla, a publié un
-: Wond; le valet de trèfle pour un jeune homme long traité sur cette matière. Citons encore l'O-
brun. — si la carte qui représente la personne racle parfait, ou nouvelle manière de tirer les
CAS 17|0 CAS
cartes, au moyen de laquelle chacun peut faire titulé Angêlographie l. Il a laissé un autre ou-
son horoscope. In-12, Paris, 1802. Ce petit livre, vrage, que quelques personnes recherchent, sur
de 92 pages, est dédié au beau sexe par Albert les' mystères de là nature 2.
d'Alby. L'éditeur est M. de Valembert, qui fait Cassandre. Fille de Priam , à qui Apollon
observer que l'Oracle parfait devait paraître en accorda le don de prophétie pour la séduire;
1788; que-la censure l'arrêta, et qu'on n'a pu mais quand elle eul le don, elle ne voulut pas
qu'en 1802 en gratifier le public. La méthode de répondre à la tendresse du dieu , et le dieu dis-
ce livre est embrouillée; l'auteur' veut qu'on em- crédita ses pronostics. Aussi, quoique grande
ploie vingt caries disposées en cinq tas, de cette magicienne et sorcière, comme dit Delancre 8,
manière : un au milieu, un au-dessus, un au- elle ne put pas empêcher la ruine de Troie, ni se
dessous -, et un de chaque côté ; ce qui fait une garantir elle-même des violences d'Ajax.
croix. Les cartes d'en haut signifient ce qui doit Cassius de Parme. Antoine venait de perdre
arriver bientôt, les cartes de droite ce cpii ar- la bataille d'Actium ;- Cassius de Parme, qui avait
1
rivera dans un temps plus éloigné; les cartes suivi son parti, Lse relira dans Athènes : là, au
d'en bas sont pour le passé ; les cartes de gau- milieu de la nuit, pendant que son esprit s'aban-
che pour les obstacles; les caries du milieu donnait aux inquiétudes, il vit paraîlre devant
pour le présent. On explique ensuite d'après les lui un nommé noir qui lui parla avec agitation,
principes. Cassius lui demanda qui il était. — Je suis ton
Mais c'en est assez sur la cartomancie. Nous démon ',•— répondit le fantôme. Ce mauvais dé-
n'avons voulu rien laisser ignorer du fondement mon était la peur. A cette parole,' Cassius s'ef-
de cette science aux dames 1qui consultent leurs fraya et appela ses esclaves ; mais le démon dis-
cartes et qui doutent de Dieu. Cependant nous parut sans se laisser voir à d'autres yeux. Persuadé
les prierons d'observer que ce grand moyen de qu'il rêvait, Cassius se recoucha et chercha à se
lever le rideau qui nous cache l'avenir s'est rendormir; aussitôt qu'il fut seul, le démon re-.
trouvé quelquefois en défaut. Une clés plus fa- parut avec les moines circonstances. Le Romain
meuses tireuses de cartes fille jeu pour un jeune n'eut pas plus de force que d'abord; il se fit ap-
homme sans" barbe qui s'était déguisé en fille. porter des lumières, passa le reste de la nuit au
Elle lui promit un époux riche et bien fait, trois milieu de ses esclaves, et n'osa plus rester seul.
garçons, une fille, des couches laborieuses, mais Il fut tué peu de jours après par l'ordre du vain-
sans danger. —Une dame qui commençait à hé- queur d'Actium 6.
siter dans sa confiance aux cartes se fit un jour Casso ou Alouette. Oiï assure que celui qui
une réussite pour savoir si elle avait déjeuné. portera sur soi les pieds de cet oiseau ne sera
Elle était encore ,à table devant les plats vides; jamais persécuté; au contraire, il aura toujours
elle avait l'estomac bien garni ; toutefois les cartes l'avantage sur ses ennemis. Si on enveloppe l'oeil
lui apprirent qu'elle 1était à jeun, car la réussite droit de l'alouette dans un morceau de la peau
ne put avoir lieu; d'un loup, l'homme qui le portera sera doux,
Casaubon (Médéric), fils d'Jsaac Casaubon, né agréable et plaisant; et si on le met dans du vin,
à Genève en 1599. On a de lui un Traité de l'En- on se fera chérir de la personne qui le boira '.
thousiasme, publié en 1655, in-8". Cet ouvrage Càssotide. Fontaine de Delphes, dont la vertu
est dirigé contre ceux qui attribuent l'enthou- prophétique inspirait des femmes qui y rendaient
siasme à une inspiration du ciel ou à une inspi- des oracles.
ration du démon. On lui doit de plus un Traité Castaigne (Gabrielde), aumônier de LouisXIII,
de la crédulité et dé l'incrédulité dans les choses cordelier et alchimiste. On lui doit l'Or potulk
spirituelles, in-8", Londres, 1670. Il y établil la qui guérit de tous maux, in-8°, rare, Paris, 1611;
réalité des esprits, des merveilles surnaturelles le Paradis terrestre, où l'on trouve la guérison
et des sorciers'. Nous citerons aussi sa Véritable de toute maladie, in-8°, Paris, 1615; « le Grand
et fidèle relation de ce qui s'est passé entre Jean » Miracle de nature métallique, que en imitant
Dec et certains esprits, 1659, in-fol. » icelle sans sophistiqueries, tous les métaux im-
Casi. C'est le nom d'une pagode fameuse » parfaits se rendront en or fin, et les maladies
sur les bords du Gange. Les Indiens recherchent
le privilège d'y mourir ; car Eswara ne manque 1 Angelographia, 2 vol. in-8°. Francfort, 4597et
pas de venir souffler dans leur oreille droite 160S.
2 Nucleus mysteriorum naluroe enuclealus, 4605,
au dernier instant pour les purifier : aussi ont-
in-8°.
ils grand soin de mourir couchés sur le côté 3 Tableau de l'inconslanccdes mauvais anges, etc.,
gauche. liv. I, dise. m.
4 L'original porte cacodaimon, mauvais démon.
Casmann (Olhon), savant Allemand du sei-
zième siècle, auteur d'un livre sur les anges in- Chez les Grecs daimon, simplement, signifiait un
génie, une bonne intelligence, comme le démon de
1 Cet ouvrage est connu aussi sous le litre de Socrale et quelques autres.
Traité des esprits, des sorciers et des opérations sur- 6 Valère-Maxime, el d'autres anciens.
7iaturelles, en anglais, Londres, <G72, in-8°. 6 Admirables secrets d'Albert le Grand.
CAS — 141 —. CAS
«incurables se guériront, » in-8°, Paris, 1615. droits qu'il leur plaisait, d'avoir fait mourir plu-
Castalie. Fontaine d'Antioche, au faubourg sieurs personnes et bestiaux, et qu'ils étaient
de Daphné ; ses eaux étaient prophétiques, et il résolus de faire plusieurs maux du côté de Bor-
Y avait auprès un oracle célèbre qui prédit l'em- deaux. La cour leur fit leur procès extraordi-
pire à Adrien. Quand cet oracle fut accompli, naire, qui, fut,prononcé le lir mars 1610, et
Adrien lit boucher la fontaine avec de grosses condamna Diego Castalin , Francisco Ferdillo,
pierres, de peur qu'un autre n'y allât chercher Vincentio Torrados et Gatalina Fiosela à être pris
la même faveur qu'il avait obtenue. el menés par l'exécuteur de la haute justice en la
Castalin (Diego), Discours prodigieux et épou- place du marché aux porcs, et être conduits sur
vantable de trois Espagnols et une Espagnole, un bûcher, pour là être brûlés tout vifs, et leurs
magiciens et sorciers qui se faisaient porter par corps être mis en cendres, avec leurs livres, ca-
les diables de ville en ville, avec leurs déclara- ractères, couteaux, parchemins, billets et autres
lions d'avoir fait mourir plusieurs personnes et choses propres servant à la magie.
bétail par leurs sortilèges, et aussi d'avoir fait » L'Espagnole qui les servait, nommée Cataliha
plusieurs.dégàts aux biens de la terre. Ensemble, Fiosela, confessa une infinité de méchancetés par
l'arrêt prononcé contre eux par la cour du par- elle exercées, entre autres que, par ses sortilèges,
lement de Bordeaux, in-8°, rare. Paris, 1626. elle avait infecté, avec certains poisons, plusieurs
« Trois Espagnols, accompagnés d'une femme fontaines, puits et ruisseaux, et aussi qu'elle avait
espagnole, aussi sorcière et magicienne, se sont fait mourir plusieurs bétails, et fait, par ses,
promenés par l'Italie, Piémont, Provence, Fran- charmes, tomber pierres et grêles sur les biens
che-Comté, Flandre, et Ont, par plusieurs fois, et fruits de la terre. -
traversé la France, el tout aussitôt qu'ils avaient » Voilà qui doit servir d'exemple à plusieurs
reçu quelque déplaisir de quelques-uns, enquel- personnes qui s'étudient à la magie; d'autres,
; ques villes, ils ne manquaient, par le moyen de sitôt qu'ils ont perdu quelque chosers'en vont
; leurs pernicieux charmes, de faire sécher les au devin et sorcier, et ne considèrent pas qu'al-
; blés et les vignes ; et pourle regard du bétail, il lant vers-eux, ils vont.vers le diable, prince des
i languissait quelques troisr semaines, puis démeu- ténèbres. »
; rail niort, tellement qu'une partie du. Piémont On ne peut voir dansée récit"que l'histoire
J a senti ce que c'était que leurs; ' ïnaudiïes façons d'une bande de malfaiteurs.
î défaire. ; '''; i" "i'iAAi '"-'! ','.-'., Castellini (Luc), frère prêcheur du dix-sep-
\ "Quand ils avaient fait jouer JetnVchannes; tième siècle. On rencontre des prodiges infernaux
\ en quelques lieux par leurs arts pernicieux, ils dans son Traité des miraclesl.
l se faisaient porter par les diables dans les nuées,, Castor. C'est une opinion très-ancienne et
l de ville en ville, et quelquefois faisaient cent. très-commune que le castor se mutile pour se
<j lieues le jour. Mais comme la justice divine n& dérober à la poursuite des chasseurs. On la Irouve
I veulpas longuement souffrir les malfaiteurs, Dieu; dans les hiéroglyphes des Égyptiens, clans les
i permit qu'un curé, nommé messire Benoît la; fables d'Ésope, dans Pline, dans Aristote, dans
Jj Fave, passant près de Dôle, rencontrât ces Es- Élien; mais celte opinion n'en est pas moins une
ï pagnols avec leur servante, lesquels se mirent en erreur aujourd'hui reconnue 2.
ii compagnie avec lui et lui demandèrent où il Castor et Pollux, fils de Jupiter et de Léda.
;: allait.Après leur avoir déclaré et conte une partie On en fit des dieux marins; et, dans l'antiquité,
4 de son ennui pour la longueur du chemin:, un de les matelots appelaient feux de Castor et Pollux
j ces Espagnols, nommé Diego Castàliii, lui- dit : ce que nos marins appellent feux Saint-Elme.
i:i —Ne vous déconfortez nullement, il est près Les histoires grecques et romaines sont remplies
; de midi; mais je veux que nous allions aujour- d'apparitions de Castor et Pollux. Pendant que
A d'bui couchera Bordeaux. Paul-Émile faisait la guerre en Macédoine, Publius
>»Le curé ne répliqua rien, croyant qu'il le di- Valinius, revenant à Rome, vil subilement de-
;.; saitpar risée, vu qu'il y avait près de cent lieues. vant lui deux jeunes gens beaux et bien faits,
- :; Néanmoins, après s'être assis tous ensemble, ils montés sur des chevaux blancs, qui lui annoncè-
: - se mirent à sommeiller. Au réveil du curé, il se rent que le roi Persée avait été fait prisonnier la
% h'ouve aux portes de Bordeaux avec ces Espa- veille. Valinius se hâta de porter au sénat cette
v gnols. Un conseiller de Bordeaux fut averti de nouvelle; mais les sénateurs, croyant déroger à
: cotte-merveille; il voulut savoir comment cela la majesté de leur caractère en s'arrêlant à des
: : s'élail passé : il dénonce les trois Espagnols et puérilités, firent mettre cet homme en prison.
;:";la femme. On fouille leurs bagages, où se trou- Cependant, après qu'on eut reconnu par les letlres
,-' V«Uplusieurs livres, caractères, billets, cires, du consul que le roi de Macédoine avait été ef-
: couteaux, parchemins et autres denrées servant fectivement pris ce jour-là, on tira Valinius de
11la magie. Ils sont examinés; ils confessent le sa
prison ; on le gratifia de plusieurs arpents de
;. [oui, disant, entre autres choses, d'avoir fait, par 1 Traclalus de miraculis. Rome, 4620.
'c-ursoeuvres, périr les fruits de la terre aux en- 2 Brown, Des erreurs populaires, liv. III, ch. iVi
CAS 142 CAT
terre, et le sénat reconnut que Castor et Pollux saisit : un jour de son compère Djilbeguenn, dit
étaient les protecteurs de la république. le trompeur, le fit bouillir et le mangea. Il pos-
Pausanias explique cette apparition : «C'étaient, sède une flèche qui lui revient toujours quand
dit-il, des jeunes gens revêtus du costume des elle a accompli sa mission. Elle a percé un jour
Tyndarides et apostés pour frapper les esprits une montagne de cuivre et lui est revenue après
crédules. » ' avoir fait le tour de la terre. Un serpent aux
On sait que Castor et Pollux sont devenus la écailles d'or, qui avait sur sa tête une corne d'ar-
constellation des Gémeaux. gent et des yeux d'escarboucle, distants de douze
- Castro
(Alphonse de), célèbre prédicateur ne arpents l'un de l'autre, avec une queue saiïs fin,
au Pérou, et l'un des plus savants théologiens du dévora son enfant. Calaï lui décocha sa flèche au
. seizième siècle, auteur d'un livre contre les ma- front, qu'elle sépara en deux. Le prince de la
giciens *. mer trouva son enfant dans le ventre du ser-
Cataboliques. « Ceux qui ont lu les anciens pent; l'enfant vivait encore là, en compagnie de
savent que les démons cataboliques sont des dé-. quelques héros, vivants encore aussi, avec leurs
monsqui emportent les hommes, les tuent, bri- chevaux. Alors le cheval de Cataï dit à son maître:
sent et fracassent, ayant cette puissance sur eux. « Enlève la couverture qui est sous ma selle; et
De ces démons cataboliques, Fulgence raconte je donnerai à l'enfaut le peu de lait qui me reste
qu'un certain Campester avait écrit un livre par- du temps où je tétais ma mère; » et l'enfant vécut;
ticulier, qui nous servirait bien, si nous l'avions, et plus lard il mangea aussi son père *. Ce sont
pour apprendre au juste comment ces diables trai- là des traditions tarlares.
taient leurs suppôts, les magiciens et les sor- Catalde, évêque de Tarente au sixième siècle,
cicrs ^ M Mille ans après sa mort, on raconte qu'il se montra
Gathaï-Khann, prince de la mer chez les Tar- une nuit, en vision, à un jeune Tarenlin du sei-
tares.. Ce démon est uiv affreux cannibale qui sej I zième siècle, el le chargea de creuser en.un lien
qu'il lui désigna, où il avait caché et enterré un I rore, comme il était en prière, il aperçut Catalde
livre écrit de sa main pendant qu'il élait au monde, vêtu de l'habit épiscopal, lequel lui dit avec une
lui disant qu'incontinent qu'il aurait recouvré ce contenance sévère : — Tu n'as pas tenu compte
livre, il ne manquât point de le faire tenir à Fer- de chercher le livre que je l'avais enseigné eldo
dinand, roi d'Aragon et de Naples, qui régnait l'envoyer au roi Ferdinand ; sois assuré, celle
alors. Le jeune homme n'ajouta point foi d'abord fois pour loules, que si tu n'exécutes ce que je
à cette vision, quoique Catalde lui apparût pres- t'ai commandé, il l'en adviendra mal.
que tous les jours pour l'exhortera faire ce qu'il Le jouvenceau , intimidé de ces menaces, pu-
lui avait ordonné. Enfin, un malin, avant l'an-- blia sa vision ; le peuple ému s'assembla po»r
on
i De sorlilegis ac maleficis, eorumque punitione. l'accompagner au lieu marqué. On y arriva ;
Lyon, 4568. i AL Elie Reclus, Légendes tarlares, exlr*
2 Leloyer, Hist. cl discours des spectres, liv. Vil, d'A. Scbeifner. [Revue germanique, livraison aa°u
ch. îv. 4860, p. 424 eU27.)
CAT 1/|3 — CAT
creusa la terre; on trouva un petit coffre de qu'on peut lire dans la Mystique de Gôrres,
II el m du livre V.
plomb, si bien clos et cimenté que l'air n'y pou- chap.
vait pénétrer, el au fond du coffret se vit le livre Catharin (Ambroise), dominicain de Florence,
où toutes les misères qui devaient arriver au mort à Rome en 1553, auteur d'une réfutation de
royaume de Naples, au roi Ferdinand et à ses la doctrine et des prophéties de Savonarole *, et
enfants, étaient décrites en formes de prophétie, d'un Traité de la mort el de la résurrection.
lesquelles ont eu lieu ; car Ferdinand fui tué au Catherine Voy. REVENANTS.
premier conflit ; son fils Alphonse, à peine maître Catherine (Sainte), Voy. INCOMBUSTIBLES.
du trône, fut mis en déroule par ses ennemis, et Catherine de Médicis , célèbre reine de
mourut en exil. Ferdinand, le puîné, périt mi- France, singulièrement maltraitée dans l'histoire,
sérablement à la fleur de son âge, accablé de où l'esprit de la réforme n'a pas ménagé les
guerres, et Frédéric, petit-fils du défunt Ferdi- princes catholiques: née à Florence en. 15.19,
nand, vit brûler, saccager et ruiner son pays '. morte en 1589. Elle avait foi à l'astrologie judi-
Catalepsie, semblance d'apoplexie, état d'où ciaire et, s'il faut en croire les protestants, à la
résulte, dit M. Lecouturier, « une insensibilité
capable de faire supporter sans douleur l'opéra-
tion chirurgicale la plus cruelle. La catalepsie est
causée par l'obstruction-des. agents nerveux. 11
en naît une singulière combinaison de roideur el
de souplesse dans les muscles, qui fait que les
cataleptiques, complètement immobiles par eux-
mêmes, se laissent aller à tous les mouvements
réguliers qu'on leur imprime et restent fixés dans
toutes les altitudes normales qu'on leur commu-
nique. On peut même leur faire prendre des atti-
tudes pénibles dans lesquelles il serait impossible
à l'homme le plus robuste de se maintenir.» ,
Celle maladie, qui-explique .quelques phéno-
mènes de la sorcellerie, est provoquée pu spon-
tanée. Voy. HYPNOTISME- et SOMMEIL; MAGNÉTIQUE.
Catalonos ou Babailanas, prêtresses des In-
diensdes îles Philippines. Elles lisent dans l'avenir
el prédisent ce qui.doit arriver. Quand elles ont
annoncé le bien ou le mal à ceux qui les consul-
tent, elles l'ont le sacrifice d'un cochon,-qu'elles
tuent d'un coup de lance et qu'elles offrent en
dansant aux mauvais génies et aux âmes des an-
cêtres, lesquelles, clans l'opinion des Indiens,
lixenl leurs demeures sous de grands arbres.
Catanancée, plante que les femmes de Thes- magie; ils l'accusaient même d'avoir porté sur
salieemployaient dans leurs philtres. On en trouve l'estomac une peau de vélin, peut-être d'un en-
la description dans Dioscoride. fant égorgé (voyez l'effet de ce peut-être en his-
Cataramonachia, analhôme que fulminent toire), laquelle peau, semée de ligures, de lettres
les popes grecs. Dans quelques îles de la Morée, cl de .caractères de différentes'couleurs, devait la
on dit que cet anathème donne une fièvre lenle
garantir de toute entreprise contre sa personne.
dont on meurt en six semaines. Elle fit faire la colonne de l'hôtel de Soissons 2,
Catelan (Laurent), pharmacien de Montpel- dans le fût de laquelle il y avait un escalier avis
lier au dix-septième siècle. 11 a laissé une His- pour monter à la sphère armillaire qui est au
toire de la nature, chasse, vertus, propriétés el haut. Elle allait y consulter les astres avec ses
usages de la licorne, Montpellier, in-8", 162!|, et astrologues.
un rare cl curictix discours de la plante appelée Celle princesse,' que l'on a fort noircie, eut
mandragore, Paris, in-12, 1639. beaucoup d'ennemis, surtout les huguenots, qui
Cathares, hérétiques abominables qui devaient
leur nom à un chat, Callo., dont ils baisaient le 1 Discorso contra la dotlrina e le profetie di Giro-
derrière dans leurs réunions secrèLes, persuadés lamo Savonarola, daAmbrosio Calarino polilo. In-8".,
<|irils étaient que Satan lui-même recevait ainsi Venise, 4518. Thomas Neri combattit cet ouvrage
leurs hommages sous celle forme. Us immolaient dans en livre intitulé Apologia di Tomaso Neri, in
des enfants et commettaient d'autres horreurs, difesa délia dotlrina di Girolamo Savonarola. In-8°.
Florence, 4564.
2 Cette colonne existe encore à Paris, elle est
' Histoires
prodigieuses de Boistuaux, t. I. adossée à la halle au blé.
CAT m CAT
alors ne reculaient devant aucune calomnie. Ils » Plus lard, Caliau élargit le cercle de ses
la représentent comme ayant été très-versée opérations : ce-ne sera plus le sort jeté sur les
dans l'art d'évoquer les esprits; ils ajoutent que, animaux qu'il conjurera, c'est aux maladies hu-
sur la peau d'enfant qu'elle portait au cou, maines qu'il va s'attaquer. Charles Delhaye,
étaient représentées plusieurs divinités païennes. âgé de soixante-huit ans, rentier à Richebourg-
Étant tombée gravement malade, elle remit, l'Avoué, est atteint d'une hernie ; il va voir
disent-ils, à M. de Mesmes une boîte héritier Caliau chez son gendre. Catiau lui dit qu'il a
-liquement fermée, eii lui faisant promettre de reçu des missionnaires d'Amiens le pouvoir de
ne jamais l'ouvrir et de la lui rendre si elle re- guérir les hernies; pour cela il faut boire de
venait à la vie. Longtemps après, les enfants l'eâu que Catiau a heureusement chez lui et qui
du dépositaire, ayant ouvert la boîte, dans l'es- vient d'une fontaine de Rome où Yange va se
poir d'y trouver clés pierreries ou un trésor, baigner une fois par an. Cette consultation mer-
n'y découvrirent qu'une médaillé de forme an- veilleuse coûte 150 fr. au père Delhaye.- Il .prend
tique, large et ovale, où Catherine de !Mèdicis encore plusieurs bouteilles d'eau ;. toutes lui sont
était représentée à genoux, adorant les Furies cédées généreusement au prix de 10 fr. chacune.
et leur présentant une offrande. » Comme on le voit, la matière exploitable
Ce conte absurde donne la mesure de vingt était bonne. Catiau ne se fait pas faute d'en
autres. Catherine de. Médieis'Survécut à M. de user; il fait croire à Delhaye que ses intelli-
Mesmes, et elle n'aurait pasïnanqué ' de retirer gences avec les puissances surnaturelles lui l'ont
la cassette. entrevoir ;qtie la guerre de Crimée reviendra
Elle avait attaché à sa personne , suivant l'u- envahir la France; qu'il faut se hâter de faire
sage du temps, quelques âslrulogues, parmi les- des provisions de blé, parce que tout va être
quels il ne faut pas oublier VilïùstrëLuc Gauric. Ils pillé, et-que ceux qui seront pris au dépourvu
lui prédirent queSaint-Gérmainlàvérraitmourir. mourront dé faim. Pour arriver à ce but, il faut
Dès lors elle ne votllùt.'pTûsdeiheù'rèr à Sainl- que Delhaye retire des mains d'un notaire (car
Germain eh Laye';etii'allàplus à l'église de Saint- les notaires vont disparaître avec tout le reste,
Germain d'Auxerréi ' Mais l'évêque de Nazareth , sort fatal!) tout l'argent qu'il lui .a donné en dépôt;
l'ayant assistée à ï'héùrei;dbasà! hïorti' onîïegarda avec cet argent, qu'il achète de grandes quan-
la prédiction; comme'âcébhïplie pàttèhduuque ' ce tités de blé qu'il mettra dans des sacs tissus par
prélat s'appelaiti^icblàs dê\Sai;ït-Gèrïiidin. la main de filles vierges, et que Catiau a seul
Gatho (Ahgelô^vëatyânkt^ le bonheur de posséder, mais qu'il cédera au
logie,; qui 1;prédit!%"GÎVariës-îé'Téiiiéràii'é'sa mbrt prix modeste de 9 fr. la pièce. Delhaye retire
funeste. Lé'' chic cieBôurgoghë-4i?eh"tiù!t: compte, en effet un peu d'argent, pas . trop, car le
et perdit tout-j'comme on sâit.'Malheurcùsè'mèht, paysan commence à se réveiller et à retrouver
1
rien ne 1prouve quèlà prédicti'ôïiVàil été.faite 1 en sa malice; il achète un peu de blé qu'il mel
'"' '' :,>n;um daus dés sacs immaculés. Mais le blé ne se
temps;ùlilè.'i:i "-:'T /'i)']-r':--:--
Louis XI estimait tant Ângelo; Gàlliô ;' à cause conserve pas ; et puis Catiau s'avise de décou-
de sa science,.qu'il lui donna l'archevêché de vrir qu'outre sa hernie, Delhaye est atteint de
Vienne, en Dauphiné. C'est peut-être pour cela la pierre. Pour le coup, c'en est trop; Catiau
que les protestants en ont fait un astrologue. lui a pris plus de 1,200 fr., il veut encore le
Gatiau, sorcier contemporain, condamné par gratifier d'une souffrance qu'il est sûr de ne pas
le tribunal de Bélhune, le 30 juillet 1850. Voici avoir. 11 porta sa plainte, et c'est ainsi que les
le résumé des faits à cette date : hauts faits du sorcier arrivent à la connaissance
« Salvien-Édouard-Joseph Galiau , aujourd'hui du public, et malheureusement pour lui à celle
âgé de soixante ans, tisserand, demeurant à de la justice, qui poursuit ses investigations,
Loos, près Lens, vivait péniblement de son tra- découvre une énorme série de faits el con-
vail, lorsqu'il eut, il y a cinq ans environ < la damne le sorcier à cinq ans de prison. »
pensée de vivre aux dépens de la sotlise hu- Catillus. Voy. GILBERT.
maine. Bien des gens de la campagne, beaucoup Catoblepas, serpent qui donne la mort à
de nos villes aussi, sont disposés , lorsque plu- ceux qu'il regarde, si on en veut bien croire
sieurs accidents ou malheurs leur arrivent, à Pline. Mais la nature lui a fait la lêle fort basse,
les attribuer à une influence secrète et maligne. de manière qu'il lui est difîicile de fixer quel-
On leur a jeté un sort ; c'est ce sort que Galiau qu'un. On ajoute que cet animal habite près de
va entreprendre de conjurer. Sa clientèle, la fontaine Nigris, en Ethiopie, que l'on pré-
d'abord restreinte, s'augmente peu à peu. Nous tend être la source du Nil.
voyons une femme de Douvrin, la dame Cappe, Gaton le Censeur. Dans son livre De n-
qui'perd successivement ses poulets et sa basse- ruslica, il enseigne, parmi divers remèdes, 1»
cour; Caliau lui fait faire une- neuvaine; des manière de remettre les membres démis, cl
Pater, des Ave Maria récités journellement en- donne même les paroles enchantées dont il faut
lèveront le sort. se servir.
CAT — 145 — CAU
Catoptromancie, divination par le moyen mais derrière la tête d'un enfant à qui l'on avait
d'un miroir.; On trouve encore dans beaucoup bandé les yeux...
de villages des devins qui emploient cette di- Pausanias parle d'un aulre effet de la catop-
vination, autrefois fort répandue. Quand on a tromancie. « Il y avait à Patras, dit-il, devant
fait une perte, essuyé un -vol, ou reçu' quelques le temple dp Cérès, une fontaine séparée du
temple par une muraille; là on consultait un
oracle, non pour tous les événements, mais
seulement pour les maladies. Le malade descen-
dait dans: la fontaine un miroir suspendu à un
fil, en sorte qu'il ne louchât la surface de l'eau
que par sa base. Après avoir prié la déesse et
brûlé des parfums, il se regardait dans ce mi-
roir, et, selon qu'il se trouvait le visage:hâve et
défiguré ou gras et vermeil, il en concluait Irès^-
certainement que la maladie était- mortelle où
qu'il en réchapperait,» .^
Gattani (François), évêque de Fiésole,
mort en 1595, auteur d'un livre sur les supers-
titions de la magie 1.
rieuses. Si elles sont belles et bien faites, il leur culté de respirer qui surviennent pendant le
donne des difformités. sommeil, causent des rêves fatigants, et ne
Cauchemar. On appelle ainsi un embarras 1 Sopra la superstitione dell' arte magica. Flo-
dans la poitrine, une oppression et une diffi- •
renco, 4562.
40
CAU r- 1/|6 — CAY
cessent que quand on se réveille. On ne savait vais au quinzième siècle, poursuivit Jeanne
pas trop autrefois, et encore au quinzième siècle, d'Arc comme sorcière el la fit brûler à Rouen.
ce que c'était que le cauchemar, qu'on appelait 11 mourut subitement en 1/|Z|3. Le pape Ca-
aussi alors chauche-poulel. On en fit un monstre; lixle III excommunia après sa mort ce prélat
c'était un moyen prompt de résoudre la diffi- déshonoré, dont le cosps fut déterré el jelé à lu
culté. Les uns imaginaient dans cet accident une voirie. Ce qui est assez curieux, c'est que son
sorcière ou un spectre qui pressait le ventre des nom a été donné depuis à l'animal immonde
gens endormis, leur dérobait la parole et la qu'on n'appelait auparavant que porc ou pour-
respiration,. et les empêchait de crier et de ceau.
s'éveiller pour demander du secours ; les autres, Gausathan, démon, ou mauvais génie que
un démon qui étouffait les gens. Les médecins Porphyre se vantait d'avoir chassé d'un-bain pu-
n'y voyaient guère plus clair. On ne savait blic.
d'autre remède pour se garantir du cauchemar Gausimomancie, divination par le feu, em-
que de suspendre une pierre creuse dans l'écurie ployée chez les anciens mages. C'était un heu-
de sa maison;- et Delrio, embarrassé, crut, dé- reux présage quand les objets combustibles jetés
cider la question en disant que Cauchemar était dans le feu venaient à n'y pas brûler.
un suppôt de.Belzébulh; if l'appelle ailleurs in- Cautzer, fleuve du huitième ciel dans le pa-
cubus. morbuSi radis de Mahomet. Son cours est d'un mois de
Dans les guerres de la république française chemin ; ses rivages d'or ; son lit,. odoriférant
en Italie, on caserna en une- église profanée un comme le musc, est semé de rubis et de.perles;
de nos régiments. Les paysans avaient averti son eau douce comme le lait; sph.écume brillante
les soldats que la nuit on se sentait presque comme les étoiles. Qui en boit une fois n'a plus
suffoqué dans ce lieu-là 4-et que l'on voyait pas- jamais soif.
ser un gros' chien sur sa poitrine. Les soldats Cayet (Pierre-Victor-Palma), savant écrivain
en riaient; ils se couchèrent après mille plai- tourangeau du seizième siècle. Outre la Chrono-
santeries. Minuit arrive, tous se sentent op- logie novennaire et la" Chronologie scpiënnairc, il
pressés, ne respirent plus et voient, chacun a laissé l'Histoire j>i'odigicusc et lamentable du
sur son estomac, un chien noir qui disparut en- docteur Faust, grand magicien, traduite de l'al-
fin, et leur laissa reprendre leurs sens. Ils rap- lemand en français. Paris, 1603, in-12; et YHis-
portèrent le fait à leurs officiers, qui vinrent y toire véritable comment l'âme de l'empereur Tra-
coucher eux-mêmes la nuit suivante, et furent jan a été délivrée des tourments dé l'enfer par les
tourmentés du même fantôme. — Comment ex- prières de saint Grégoire le Grand, traduite du
pliquer ce fait? — « Mangez peu, tenez-vous le latin d'Alphonse Chacon; in-8°, rare. Paris,
1607.
Cayet rechercha la pierre philosophale, qu'il
n'eut pas le talent de trouver.;' on débita aussi
qu'il élait magicien; mais on peut voir qu'il ne
pensait guère à se mêler de magie, dans î'épître
dédicaloire qu'il a mise en tête de l'histoire de
Faust. Ce sont les huguenols, dont il avait aban-
donné le parti, qui l'accusèrent d'avoir fuit pacte
avec le diable, pour qu'il lui apprît les langues.
C'était alors une grande injure; Cayet s'en ven-
gea vivement dans un livre où il défendit contre
eux la doctrine du purgatoire '-.
Caym, démon de classe supérieure, grand
ventre libre, ne couchez point sur le clos, et président aux enfers ; il se montre habituelle-
votre cauchemar vous quittera sans grimoire, » ment sous la figure d'un merle. Lorsqu'il paraît
dit M. Salgues *. Il est certain que dans les pays "en forme humaine, il répond du milieu d'un
où l'on ne soupe plus, on a moins de cauche- brasier ardent ; il porte à la main un sabre
mars. effilé, C'est, dit-on, le plus habile sophiste de
2
Bodin conte qu'au pays de Valois, en Pi- l'enfer; et il peut, par l'astuce de ses arguments,
cardie, il y avait de son temps une sorte de désespérer le logicien le plus aguerri. C'est avec
sorciers et de sorcières qu'on appelait cauche- 1 La fournaise ardente et le four du réverbèrepour
marcs, qu'on ne pouvait chasser qu'à force de évaporer les prétendues eaux de Siloé, et pour corro-
prières. borer le purgatoire contre les hérésies, calomnies:
Gauchon (Pierre), évêque intrus de Beau- faussetés el cavillations ineptes du prétendu ministre
Dumoulin. Paris, 4603, in-8", Dumoulin venait de
1 M. Salgues, Des erreurs et des préjugés, t. I, publier les Eaux de Siloé, pour éteindre le feu du
p. 2332. purgatoire, contre les raisons d'un cordelier portu-
Démonomaniedes sorciers, liv. Il, ch, vu. gais. ln-8°, 4603.
-CAY 147 — CEC
lui que Luther eut celte fameuse dispute dont il croire au fait que le paysan raconte, et réclame
nous a conservé les circonstances. Caym donne les douze cents francs en justice.. Le paysan fut
l'intelligence du chant des oiseaux, du mugis- condamné à payer une seconde fois. Mais la nuit
qui suivit cette sentence, M. Cayol apparut à
son fils bien éveillé, et lui reprocha sa conduite.
— «. J'ai été payé, ajouta-t-il ; regarde derrière
le miroir qui est sur la cheminée de ma chambre,
tu y trouveras mon reçu. » '
Le jeune homme se lève tremblant, met la
main sur la quittance de son père et se hâte de
payer les frais qu'il avait faits au pauvre" fer-
mier, en reconnaissant ses torts *....
Cazotte (Jacques), né à Dijon en 1720, guil-
lotiné en 1793, auteur du poëme d'Olivier, où
beaucoup d'épisodes roulent sur les merveilles
magiques. Le succès qu'obtint cette production
singulière le décida à faire paraître le Diable
amoureux. Comme il y a dans cet ouvrage des
conjurations et autres propos de grimoire, un
étranger alla un jour le prier de lui apprendre
à conjurer le diable, science que Cazotte ne
sement des boeufs, de l'aboiement des chiens possédait pas.
Ce lui obtient encore place dans ce re-
el du bruit des ondes. Il connaît l'avenir. Quel- cueil qui
il s'est montré en homme coiffé d'une , c'est sa prophétie rapportée par la Harpe ;
quefois où il avait pronostiqué la révolution dans la plu-
aigrette et orné d'une queue de paon. Ce dé-
part de ses détails. Mais on n'avait imprimé,
dit-on, qu'un fragment de cette pièce. -On l'a
plus tard découverte plus entière, et quelques-
uns disent à présent que celte prophétie a élé
supposée, ce qui n'est pas prouvé. On a publié
en l'an VI, à Paris, une Correspondance mys-
tique de Cazotte, saisie par le tribunal révolu-
tionnaire, et où brille un certain esprit prophé-
tique inexplicable.
Gébus ou Céphus, monstre adoré des Égyp-
tiens. C'était une espèce de satyre ou singe qui
avait, selon Pline, les pieds el, les mains sem-
blables à ceux de l'homme. Diodore lui donne
une lêle de lion, le corps d'une panthère eL là
taille d'une chèvre. On ajoute que Pompée en
fit venir un à Borne, et qu'on n'en a jamais vu
que celle fois-là.
Cecco d'Ascoli ( François Slabili, dit ), pro-
fesseur d'aslrologie, né dans la Marche cl'An-
cône , au treizième siècle. 11 se mêlait aussi de
magie et d'hérésie. On dit, ce qui n'est pas
certain, qu'il fut brûlé en 1327, avec son livre
d'astrologie, qui esL, à ce qu'on croit, le com-
mentaire sur la sphère de Sacrobosco 2.
mon, qui fut autrefois de l'ordre des anges, I) disait qu'il se formait dans les deux des
commande à présent trente légions aux enfers 1. esprils malins qu'on obligeait, par le moyen des
Cayol, propriétaire à Marseille, mort au' constellations, à faire des choses merveilleuses.
commencement de ce siècle. Un de ses fermiers > 11 assurait que l'influence des astres était ab-
lui apporta un jour douze cents francs; il les> solue, et reconnaissait le fatalisme. Selon sa
reçut et promit la quittance pour le lendemain, i doctrine, Noire-Seigneur Jésus-Chrisl n'avait été
parce qu'il était alors occupé. Le paysan ne re- pauvre et n'avait souffert une mort ignomi-
vint qu'au bout de quelques jours. M. Cayol ve-' nieuse que parce qu'il était né sous une constel-
nait subitement de mourir d'apoplexie. Son iils' i Infernaliana, p. £26.
avait pris possession de ses biens; il refuse de3 - Commcntarii in sphoeramJoannis de Sacrobosco.
1 Wierus, in Pseudomonarchid doemon. In-fol. Bàlc, 4483.
40.
CEC — IZ48 CEN
lation qui causait nécessairement cet effet....; Ceintures magiques. Plusieurs livres de
au contraire, l'Antéchrist sera riche et puis- secrets vous apprendront qu'on guérit toutes
sant , parce qu'il naîtra sous une constellation sortes de maladies intérieures en faisant porter
favorable. Celte doctrine stupide fut condamnée au malade une ceinture de fougère cueillie la
en 1327. veille de la Saint-Jean, à midi, et tressée de
manière à former le caractère magique HVTY.
Le synode tenu à Bordeaux en 1600 a con-
damné ce remède, el la raison, d'accord avec
l'Église, le condamne tous les jours.
Gelse, philosophe éclectique du deuxième
siècle, ennemi des chrétiens.. En avouant les
miracles de Jésus-Christ, il disait qu'ils avaient
été opérés par la magie, et que les chrétiens
étaient des magiciens. Il a été réfuté, par Ori-
gène.
Celsius (André), Suédois, mort en 1744,
auteur d'une Lettre sur les comètes, publiée à
Upsal l'année de sa mort. , - .
Cenchroboles, nation imaginaire dont parle
Lucien. Il dit que les Cenchroboles allaient au
combat montés sur de grands oiseaux, couverts
d'herbes vivaces au lieu de plumes.
Cendres. On soutenait dans le dix-septième
siècle, entre, autres erreurs, qu'il y avait des
semences de reproduction dans les cadavres,
dans les cendres des animaux et même des
« Une preuve que Cecco était, fou, disent plantes brûlées; qu'une grenouille, par exemple,
Naudé et Delrio, c'est: 1° qu'il interprète le en se pourrissant, engendrait des grenouilles,
livre de Sacrobosco dans le sens des astrolo- et que les cendres de roses avaient produit d'au-
gues, nécromanciens et chiroscopistes ; 2" qu'il tres roses. Voy. PALINGÉNÉSIE.
cite un grand nombre'd'auteurs falsifiés-, comme Le Grand Albert dit-que les cendres de bois
lès Ombres des idées de Salomon, le Livre des- astringent resserrent, el qu'on se relâche avec
esprits d'Hipparckus, les Aspects des étoiles, des cendres de bois contraire. « El, ajoule-l-il,
d'Hippocrate, etc. » Dioscoride assure ..que la lessive de cendres de
On demandait un jour à Cecco ce que c'était sarments, bue avec du sel, est un remède sou-
que la lune; il répondit,: «C'est une terre verain contre la suffocation de poitrine. Quant
comme la nôtre, ut terra terra est. » à moi, ajoule-l-il, j'ai guéri plusieurs personnes
On a beaucoup disputé sur cet astrologue, de la peste en leur faisant boire une quantité
Connu aussi sous le nom de Cecus Asculan, et d'eau où j'avais fait amortir de la cendre chaude,
plus généralement sous celui de-Chicus JESCU- et leur ordonnant de suer après l'avoir bue '. »
lanus. Delrio ne voit en lui qu'un homme su- Cène. Au sabbat, les meneurs qui veulent
perstitieux , qui avait la tête mal timbrée. Naudé, singer ou contrefaire tout ce qui est du culte
ainsi que nous l'avons noté, le regarde comme divin font même la cène ou communion, c'est-
Un fou savant. Quelques auteurs, qui le metlent à-dire qu'ils donnent ce nom à une horrible scé-
au nombre des nécromanciens, lui prêtent un lératesse. On lit ceci dans les déclarations de
esprit familier, nommé Floron, de l'ordre des Madeleine Bavent. « J'ai vu faire une fois la
Chérubins, lequel Floron l'aidait dans ses tra- cène au sabbat, la nuit du jeudi saint. On ap-
vaux et lui donnait de bons conseils; ce qui ne porta un enfant tout rôti, et. les assistants en
l'empêcha pas de faire des livres ridicules. mangèrent. Pendant ce repas horrible,, un dé-
Cécile. Vers le milieu du seizième siècle, une mon circulait en disant à tous : Aucun de vous
femme nommée Cécile se montrait en spectacle ne me trahira. » Et ces horreurs ne sont pas des
à Lisbonne; elle possédait l'art de si bien varier contes. Voy. SABBAT.
sa voix qu'elle la faisait partir tantôt de son Cénéthus, second roi d'Ecosse. Désirant
coude, tantôt de son pied, tantôt de son ventre. venger la mort de son père, tué par les Pietés,
Elle liait conversation avec un être invisible il exhortait les seigneurs du pays à reprendre
qu'elle nommait Pierre-Jean, et .qui répondait à les armes; mais, parce qu'ils avaient été mal-
toutes ses questions. Celle femme ventriloque heureux aux précédentes batailles, les seigneurs
fut réputée sorcière et bannie dans l'île Saint- hésitaient. Cénéthus, sous prétexte de les en-
Thomas 1. 1 Les admirables secrets d'Albert le Grand, liv. III1
1 M. Salgues, Des erreurs, etc., t. II, p. 227. '
ch. 1.
CEP — 149 — CER
tretenir des affaires du pays, manda les plus on s'accorde généralement à ne lui en recon-
braves chefs à un conseil. 11les fil loger dans naître que trois. Ses dents étaient noires et tran-
son château, où il avait caché dans un lieu se- chantes, et sa morsure causait une prompte mort.
cret quelques soldats accoutrés de vêtements On croit que la fable de Cerbère remonte aux
horribles faits de grandes peaux de loups ma- Égyptiens, qui faisaient garder les tombeaux par
rins, qui sont très-fréquents dans le pays, voisin
de la nier. Ils avaient à la' main gauche des. bâ-
tons de ce vieux bois qui luit la nuit, et dans la
droite des cornes dé boeuf percées par le bout.
Ils se tinrent reclus jusqu'à ce que les seigneurs
fussent ensevelis dans leur premier sommeil :
alors ils commencèrent à se montrer avec leurs
bois qui éclairaient, et firent résonner leurs
cornes de boeuf, disant qu'ils étaient envoyés
pour leur annoncer la guerre contre les Pietés;
— Leur victoire, ajoutaient-ils, était écrite dans
le ciel, Ces fantômes jouèrent bien leur rôle, et-
s'évadèrent sans être découverts. .Les chefs
émus vinrent trouver le roi, auquel ils com-
muniquèrent leur vision; et ils assaillirent si
vivement les Pietés qu'ils ne les défirent pas
seulement en bataille, mais qu'ils, en exter-
minèrent la race V N \ \ VV4->^P3"\VVÉ*O.
Géphalonomancie. Voy-: KÉPI-IALONOMANCIE.
Ceram, l'une dés îles Moluques. On y remar- des dogues. Mais c'est principalement ici du dé-
que, sur la côte méridionale, une montagne où mon Cerberus qu'il a fallu nous occuper. En 1586,
résident, dit-on, les mauvais génies. Les navi- il fit alliance, avec une Picarde nommée Marie
gateurs de l'île d'Amboine, qui sont tous très- Martin.' Voy. MARTIN.
superstitieux, ne passent guère en vue de celle Cercles magiques. On ne peut guère évoquer
montagne sans faire une offrande à ces mauvais les démons avec sûreté sans s'être placé dans un
génies, qu'ils, empêchent ainsi-de leur, susciter cercle qui garantisse de leur atteinte, parce que
des tempêtes. Le jour, ils déposent des fleurs et leur premier mouvement serait d'empoigner, .si
une petite pièce de monnaie dans une coque -de l'on n'y mettait ordre. Voici ce qu'on lit à ce
coco; la nuit, ils y mettent de l'huile avec de propos dans le fatras intitulé Grimoire du pape
petiles mèches allumées, el ils laissent llotler Honorius: « Les cercles se doivent faire avec du
celle coque au gré des vagues. charbon, de l'eau bénite aspergée, ou du bois
Cérambe, habitant de la terre, qui se retira d'une croix bénite.,. Quand ils seront faits de la
sur une montagne au moment du déluge deDeu- sorte, et quelques paroles de l'Évangile écrites
calionet qui fut changé en cette espèce d'escargot autour du cercle, sur le sol, on jettera de l'eau
qui a des cornes. Il en est la tige ou la souche, bénite en disant une prière superstitieuse dont
dans l'ancienne mythologie. nous devons citer quelques mots : « — Alpha,
Ceraunoscopie. Divination qui se pratiquait, » Oméga, Ély, Élohé, Zébahot,- Élion, Saday.
chez les anciens, par l'observation de la foudre » Voilà le lion qui est vainqueur de la tribu de
et des éclairs, et par l'examen des phénomènes » Juda, racine de David. J'ouvrirai le livre et
de l'air. » ses sept signets... » il est fâcheux que l'auteur
Cerbère. Cerberus ou Naberus est chez nous de ces belles oraisons ne soit pas connu, on
un démon. Wierus le met au nombre des marquis pourrait lui faire des compliments.
de l'empire infernal. 11est forl cl puissant ; il se On récite cela après quelque-formule de con-
montre, quand il n'a pas ses trois têtes de chien, juration, elles esprits paraissent. Voy. CONJURA-
sous la forme d'un corbeau; sa voix est rauque : TION.Le Grand Grimoire ajoute qu'en entrant
néanmoins il donne l'éloquence et l'amabilité ; il dans le cercle, il faut n'avoir sur soi aucun mêlai
enseigne les beaux-arts. Dix-neuf légions lui impur, nïais seulement de l'or ou de l'argent,
obéissent. pour jeter la pièce à l'esprit. On plie celle pièce
On voit que ce n'est plus là le Cerbère des an- dans un papier blanc, sur lequel on n'a rien écrit;,
ciens, ce redoutable chien, portier incorruptible on l'envoie à l'esprit pour l'empêcher de nuire ;
des enfers, appelé aussi la bête aux cent têtes, el, pendant qu'il se baisse pour la ramasser de-
ccnliccpsbellua, à cause de la multitude de ser- vant le cercle, on prononce la conjuration qui le
pents dont ses trois crinières étaient ornées. Hé- soumet. Le Dragon rouge recommande les mêmes
siode lui donne cinquante têtes de chien ; mais précautions.
1 11nous reste à parler des cercles que les sor-
Hoistuaux, Histoires prodigieuses, t. I.
CER — 150 — CER
ciers font au sabbat pour leurs danses. On en ment. i Cela suffit pour exciter parmi les ministres
montre encore dans lès campagnes ; on les ap- et t les baillis le soupçon-qu'elle n'y était peut-
pelle cercles du sabbat ou cercles des fées, parce être i pas étrangère. En conséquence, ils lui or-
qu'on croyait que les fées traçaient de ces cercles donnèrent
( de se rendre près du- défunt et de
magiques dans*leurs danses au clair de la lune, placer | la main sur son cadavre. Elle y consentit;
Ils ont quelquefois douze ou quinze toises de dia- mais i avant de le faire, elle s'écria d'une voix
mètre et contiennent un gazon pelé à la ronde de isolennelle : Je souhaite humblement que le Dieu
la largeur d'un pied, avec un gazon vert au mi- puissant] qui a ordonné au soleil d'éclairer l'uni-
'
lieu. Quelquefois aussi tout le milieu est aride, des- vers fasse jaillir de celte plaie un rayon de lu-
séché, el la bordure tapissée d'un gazon vert. .1 mière dont le reflet désignera le coupable. Dès
Jessorp et Walker, dans les Transactions philoso- ique ces paroles furent achevées, elle s'approcha,
pMques, attribuent ce phénomène au tonnerre : posa légèrement un de ses doigts sur la blessure,
ils en donnent pour raison que c'est le plus sou- et le sang coula immédiatement. Les magistrats
vent après des orages qu'on aperçoit ces cercles. crurent y voir une révélation du Giel ; et Fanny,
D'autres savants ont prétendu que les cercles condamnée, fut exécutée le jour même.
magiques étaient l'ouvrage des fourmis, parce On voit dans la vie de Charles le Bon, par
qu'on trouve souvent ces insectes-'qui-y travail- Guaîbert, que les meurtriers en Flandre, au dou-
lent en foule. On regarde encore aujourd'hui, zième siècle, après avoir tué leur victime, man-
dans les campagnes peu éclairées, les places ari- geaient et "buvaient sur le cadavre, dans là per-
des comme le rond du, sabbat. Dans la Lorraine, suasion qu'ils paralysaient par celte cérémonie
les traces que forment sur le gazon les tourbil- toute poursuite contre eux àl'occasion du meur-
lons des vents et les sillons de la foudre passent tre. Les assassins de Charles le Bon avaient pris
toujours pour les vestiges delà danse des fées, cette précaution ; ce qui ne les empêcha pas d'être
et les paysans ne s'en approchent qu'avec ter- tous mis au supplice.
reur '. Cercopes, démons méchants et impies, dont
Cercueil. L'épreuve ou jugement de Dieu par Hercule réprima les brigandages.
le cercueil a été longtemps en usage. Lorsqu'un Cerdon, hérétique du deuxième siècle, chef des
assassin, malgré les informations, restait inconnu, cerdoniens. 11 enseignait que le monde avait été
on dépouillait entièrement le corps de la victime; créé par le démon, et admettait deux principes
'
on le mettait dans un cercueil, et tous ceux qui égaux en puissance'/ ^
étaient soupçonnés d'avoir eu part au meurtre Cérès. « Qu'étaient-ce que les mystères de
étaient obligés de le toucher. Si l'on remarquait Cérôs à Eleusis, sinon les symboles de la sorcel-
un mouvement, un changement dans les yeux, lerie, de la magie et du sabbat? Aces orgies, on
dans la bouche ou dans toute autre partie du dansait au son du clairon, comme au sabbat des
mort, si la plaie saignait, — celui qui touchait sorcières; et il s'y passait des choses abomina-
le cadavre dans ce mouvement extraordinaire bles, qu'il était défendu aux proies de révéler 1. »
était regardé et poursuivi comme coupable. Ri- On voit dans Pausanias que les Arcadiens re-
chard Coeur de lion s'était révolté contre Henri II présentaient Cérès avec un corps de femme et
son père, à qui il succéda. On rapporte qu'après une tête de cheval. On a donné le nom de Cérès
la mort de Henri II, Richard s'étant rendu à à une planète découverte par Piazzi en 1801,
Fonlevrault, où le feu roi avait ordonné sa sé- Cette planète n'a encore aucune influence sur les
pulture, à l'approche du fils rebelle, le corps du horoscopes. Voy. ASTROLOGIE.
malheureux père jeta du sang par la bouche et Cerf. L'opinion qui donne une très-longue vie
par le nez, et que ce sang jaillit sur le nouveau à certains animaux, et principalement aux cerfs,
souverain. On cite plusieurs exemples sembla- est fort ancienne. Hésiode dit que la vie de l'homme
bles, dont la terrible morale n'était pas trop forte finit à quatre-vingt-seize ans, que celle delà
dans les temps barbares : corneille est neuf fois plus longue, et que la vie
Voici un petit fait qui s'est passé en Ecosse : du cerf est quatre fois plus longue que celle de la
— Un fermier, nommé John Mac Intos, avait eu corneille. Suivant ce calcul, la vie du cerf est do
quelques contestations avec sa sceurFanny Mac- trois mille quatre, cent cinquante-six ans.
Allan. Peu de jours après il mourut subitement. Pline rapporte que, cent ans après la mort
Les magistrats se rendirent chez lui et remar- d'Alexandre, on pritdansles forêts plusieurs cerfs
quèrent qu'il avait sur le visage une large bles- auxquels ce prince avait attaché lui-même des
sure, de laquelle aucune goutte de sang ne s'é- colliers. On trouva, en 1037, dans la forêt de
chappait. Les voisins de John accoururent eni Senlis, un cerf avec un collier portant ces mois :
foule pour déplorer sa perte; mais, quoique lat Coesarhoc me donavit. « C'est César qui me l'a
maison de sa soeur fût proche de la sienne, elleÎ donné ; ?>mais quel César ? Ces circonstances onl
n'y entra pas et parut peu affeclée de cet événe-- fortifié toutefois le conte d'Hésiode. Les cerfs ne
1 Madame Elise Voïart, noies au livre Ier de la( vivent pourtant que trente-cinq à quarante ans.
Vierged'Arduène. 1 Leloyer, Disc, et hist. des spectres, p. 689, 768.
CER 151 — CES
Ce que l'on a débité de leur longue vie, ajoute man a parfaitement établi et prouvé qu'il n'existe
Bullon, n'est appuyé sur aucun fondement; ce aucune différence appréciable dans le poids moyen
n'est qu'un préjugé populaire, dont Arislote lui- et les dimensions moyennes du cerveau du nègre
même a révélé l'absurdité. Le collier du cerf de et de l'Européen-. La légère différence qu'on re- .
la forêt de Senlis ne peut présenter une énigme marque dans sa formé extérieure disparaît dans
qu'aux personnes qui ignorent que tous les em- : la structure interne. .
pereurs d'Allemagne ont été désignés par le nom Cervelle. On fait merveille avec la cervelle
de César. de certaines bêtes. L'auteur des Admirables se-
Une autre tradition touchant le cerf, c'est que. crets d'Albert le Grand dit, au liv. III, que la
.la partie, destinée à la génération lui tombe cha- cervelle de lièvre fait sortir les dents aux enfants,
que année. Après avoir ainsi observé ce qui-a lorsqu'on leur en frotte les gencives. Il ajoute
lieu par rapport à son bois, on s'est persuadé que les personnes qui ont peur des revenants se
que la même chose arrivait à la partie en ques- guérissent de leurs terreurs paniques, si elles
tion. L'expérience et la raison détruisent égale- mangent souvent de la cervelle de lièvre. Là
ment une opinion si absurde'. cervelle de chat ou de chatte; si on s'en frotte
Cerinthe, hérétique du temps des apôtres. 11 les dehors; du gosier, guérit en moins de deux
disait que Dieu avait créé des génies chargés de jours les inflammations qui s'y font sentir, mais
gouverner le inonde ; qu'un de ces génies avait après une crise de fièvre violente. Les premiers
fait tous les miracles de l'histoire des Juifs; que hommes ne mangeaient la cervelle d'aucun ani-
les enfants, de ces esprits étaient devenus des dé- mal, par respect pour la tête, qu'ils regardaient
mons, et que ]e Fils de Dieu n'était descendu comme le siège de-la vie et du sentiment. -
sur la lerre que pour ruiner le pouvoir-des mau- Gesaire ou Cesarius d'Heisterbach (Pierre),
vais anges. Il avait écrit des révélations qu'il moine de Cîteaux, mort en 1240, On lui doit un
prétendait lui avoir été faites par: un ange de recueil de miracles où les démons figurent très-
bien, avec qui.il se. vantait de converser familiè- souvent '. Ce recueil, nous ne^ saurions trop-en
rement. « Mais cet ange, comme dit Leloyer, dire la raison, a été misa l'index en Espagne.!]
étaitun chenapant de démon, etpas autre chose. » est cité plusieurs fois dans ce dictionnaire,
Cerne, mot vieilli. C'était autrefois le nom Gesaire (Saint). Voy. MIRABILISLinEn.
qu'on donnait au cercle que les magiciens tra- Césalpin (André), médecin du seizième siècle,
çaient avec leur baguette pour évoquer les dé- né àArezzoen Toscane, auteur de Becherches sur
mons. les Démons, où l'on explique le passage d'Hip-
Céromancie ou Ciromancie. Divination par pocrale, relatif aux causes surnaturelles de cer-
le moyen .de la cire, qu'on faisait fondre et qu'on taines maladies 2. Ce traité, composé à la prière
versait'goutte à goutte clans un vase d'eau, pour de l'archevêque de Pise, parut au moment où les
on tirer, selon les figures que formaient ces religieuses d'un couvent de cette ville - étaient
gouttes, des présages heureux ou malheureux. obsédées du démon. L'archevêque demandait à
Los Turcs cherchaient surtout à découvrir ainsi tous les savants si les contorsions de ces pauvres
les crimes et les larcins. Ils faisaient fondre un filles avaient une cause naturelle ou surnatu-
morceau de cire à petit feu, en marmottant quel- relle. Césalpin, particulièrement consulté, ré-
ques paroles;-puis ils étaient celle cire fondue pondit par le livre que nous citons. Il commence
de dessus le brasier, et y trouvaient des ligures par exposer une immense multitude de faits at-
qui indiquaient le voleur, sa maison et sa re- tribués aux démons et à la magie. Ensuite il dis-
traite. Dans l'Alsace, au seizième siècle, et peut- cute ces faits ; il avoue qu'il y a des démons,
être encore aujourd'hui, lorsque quelqu'un est mais qu'ils ne peuvent guère communiquer ma-
malade et que les bonnes femmes veulent dé- tériellement avec l'homme; il termine en se sou-
couvrir qui lui a envoyé sa maladie, elles pren- mettant à la croyance de l'Église. 11déclare que
iienl autant de cierges d'un poids égal qu'elles la possession des religieuses de Pise est surnatu-
soupçonnent d'êtres ou de personnes; elles les relle; que les secours de la médecine y sont in-
allument, et celui dont le cierge est le premier suffisants, et qu'il est bon de recourir au pouvoir
consumé passe dans leur esprit pour l'auteur du des exorcistes.
maléfice 2. César (Caïus Julius). On a raconté de cet
Cerveau. Les quarterons de savants qui ont homme fameux quelques merveilles surprenantes.
attaqué le dogme de l'unité de l'espèce humaine Suétone rapporte que, César étant avec son
ont avancé que le cerveau des nègres était infé-
rieur au cerveau des blancs. Mais le savant Tied- 1 Uiuslrium miraculorum et historiarum memora-
bilium libri XII, a Coesario Hcisterbachensi, ordinis
1 cisterciensis, etc. In-8°. Àntverpiae, 4(505. Nurem-:
Brown, Essais sur les erreurs, etc., t. I,liv. III,
cn-x. M. Salgues, Des erreurs et des préjugés, t. II, berg, 4484. In-fol. Cologne, 4599. In-8". Douai, 4604.
2 4
!>• b. Buffon, Histoire naturelle, etc. 2 Doemonum investigalio peripatetica, in qua ex-
Delancre, Incrédulité et mécréance du sortilège plicatur locus Ilippocratis : si quid divinum in morbis
Pleinementconvaincue, traité V. Delrio, liv. IV. habeatur. In-4°. Florence, 4580.
CES 152 CHA
armée sur les bords du Rubicon que ses soldats 1Paris, en 1611, que l'enchanteur César et un
hésitaient à traverser, il apparut un inconnu de autre i sorcierdeses amis avaient élé étranglés parle
taille extraordinaire qui s'avança en sifflant vers diable.
< On publia même, dans un petit imprimé,
le général. Les soldats accoururent pour le voir; les ! détails de cette aventure infernale. Ce qu'il y
aussitôt le fantôme saisit la trompette de l'un :a de certain, c'est que César cessa tout à coup
d'eux, sonne la,charge, passe le fleuve ; el César ide se montrer. Il n'était cependant pas mort; il
s'écrie, sans délibérer davantage :.— Allons où n'avait même pas quitté Paris. Mais il était de-
les présages des dieux et l'injustice de nos en-- venu invisible, comme quelques autres que l'État'
nemis nous, appellent. — L'armée le suivit avec se charge de loger i. Voy. RUGGIÉRI.
ardeur. Ûésara. Les Irlandais croient remonter à Gé-
Lorsqu'il débarqua en Afrique pour faire la sara, petite-fille de Noé, disent-ils, qui se ré-
guerre à Juba, il tomba à terre. Les Romains se fugia dans leur île, où,- par grâce spéciale, elle
troublèrent de ce présage; mais César rassura fut à l'abri des eaux du déluge.
les esprits en embrassant le sol et en s'écriant, Gésonie, femme de Caligula. Suétone coule
comme si sa chute eût été volontaire : « Afrique, que, pour s'assurer le coeur de son auguste
tu es à moi, car je te tiens dans mes bras. » époux, elle lui fit.boire un philtre qui acheva
On a vanté l'étonnante force de ses regards; de lui faire perdre l'esprit. On prétend qu'il y
on a dit que des côtes des Gaules-j il voyait ce avait dans ce philtre de l'hippomane, qui est un
qui se passait dans l'île des Bretons. Roger Bacon, morceau de chair qu'on trouve quelquefois, dit-
qui ne doute pas de ce fait, dit que Jules César on, au front du poulain nouveau né. Voy. Hn>-
n'examinait ainsi tout ce qui se faisait dans les POMANE. '
camps et dans les villes d'Angleterrequ'au moyen Ceurawats, sectaires indiens, qui ont si
de grands miroirs destinés à cet usage. grande peur de détruire des animaux, qu'ils se
On assure que plusieurs astrologues prédirent couvrent la bouche d'un linge pour ne pas ava-
à César sa mort funeste ; que sa femme Cal- ler d'insectes. Ils admettent un bon et un mau-
purnie lui conseilla de se défier des ides de mars ; vais principe, et croient à des transmigrations
qu'un devin célèbre tâcha également dei'effrayer perpétuelles dans différents corps d'hommes ou
par de sinistres présages lorsqu'il se rendait au de bêteSi
sénat, où il devait être assassiné : toutes choses Gévennes. Voy. DAUPIIINK.
contées après l'événement. Geylan. Les habitants croient que cette île
On ajoute qu'une comète parut à l'instant de fut le lieu qu'Adam et Eve habitèrent, après
sa mort. On dit encore qu'un spectre poursuivit avoir été chassés du jardin de délices.
Brutus, son meurtrier, à la bataille de Philippes; Chabbalach. Voy. MALACIIE.
que, dans la même journée, Cassius crut voir au Chacon (Alphonse), en latin Ciaconius, do-
fort de la mêlée César accourir à lui à toute bride, minicain espagnol du seizième siècle, auteur du
avec un regard foudroyant,.et qu'effrayé dé cette traité traduit par Cayet : Comment l'urne deTra-
vision terrible, il se perça de son épée. jan fut délivrée de l'enfer 2.
Quoi qu'il en soit, Jules César fut mis au rang Chacran, tonnerre de Wishnou. Les Indiens
des dieux par ordre d'Auguste, qui prélendit que le représentent sous la figure d'un cercle qui
Vénus avait emporté son âme au ciel. On le re- vomit du feu de tous côtés, comme nos soleils
présentait dans ses temples avec une étoile sur d'artifice.
la tête, à cause de la comète qui parut au moment Chahriver, amschaspand qui préside aux
de sa mort. richesses métalliques enfouies dans le sein de la
César,charlatanquivivaitàParissous Henri IV, terre.
et qui était astrologue, nécromancien, chiroman- Chaîne du diable. C'est une tradition parmi
cien , physicien, devin, faiseur de tours magi- les vieilles femmes de la Suisse que saint Ber-
ques. Il disait la bonne aventure par l'inspection nard tient le diable enchaîné dans quelqu'une
des lignes de la main. Il guérissait en pronon- des montagnes qui environnent l'abbaye de
çant des paroles et par des attouchements. 11ar- Clairvaux. Sur celte tradition est fondée la cou-
rachait les dents sans douleur, vendait assez cher tume des maréchaux du pays de frapper tous les
de petits joncs d'or émaillés de noir, comme ta- lundis, avant de se mettre en besogne, trois
lismans qui avaient des propriétés merveilleuses coups dé marteau sur l'enclume pour resserrer
contre toutes les maladies. 11escamotait admira- la chaîne du diable, afin qu'il ne puisse s'é-
blement et faisait voir le diable avec ses cornes. chapper.
Quant à cette dernière opération, il semble qu'il Chaire salée. On donnait ce nom en Cham-
voulait punir les curieux d'y avoir cru ; car ils pagne à une monstrueuse effigie de dragon que
en revenaient toujours si bien rossés par les su- l'on promenait à Troyes dans les processions
jets de Belzébuth, que le magicien lui-même était 1 Charlatans célèbres, t. I, p. 202-
obligé de leur avouer qu'il était fort imprudent 2 Tractatus de liberatione animoe Trajani impera-
de chercher à les connaître. Le bruit courut à. torisapoenisinferni, etc. Rome, 4576. Reggio, 1585.
CHA — 153 CHA
des Rogations. C'était un symbole de l'hérésie pierres des mains des ouvriers. Ce prodige se
domptée par saint Loup. Le jansénisme a sup- répéta tant dé fois, qu'il fallut renoncer à re-
primé de nos fêtes ces accessoires, qui attiraient construire la ville, si bien que l'empereur alla
la foule et qui rappelaient des souvenirs utiles. bâtir Constanlinople....
Chaires de magie. Il y a eu de ces chaires Chaldéens. On prétend qu'ils trouvèrent l'as-
tenues secrètement à l'université de Salamanque, trologie ou du moins qu'ils la perfectionnèrent.
à Tolède, au pays de Naples et en d'autres lieux, Ils étaient aussi habiles magiciens.
au moyen âge; et assurément il y en a encore Cham, troisième fils de Noé, inventeur où
• • .
aujourd'hui. . conservateur de la magie noire. Il perfectionna
Chais (Pierre), minisire protestant, né à les divinations et les sciences superstitieuses.
Genève en 1701. Dans son livre intitulé le Sens Cecco d'Ascoli dit, dans le chapitre iv de son
littéral de VEcriture sainte, etc., traduit de l'an- Commentaire sur la Sphère de Sacrobosco, avoir
glais, de Stackhouse, 3 volumes in-8", 1738, il vu un livre de magie composé par Cham, et
a mis une curieuse dissertation, dont il est l'au- contenant les Eléments et la pratique de la né-
teur, sur les démoniaques. cromancie. Il enseigna celte science redoutable
Chalcédoine. On conte qu'après que les à son filsMisraïm, qui, pour les merveilles qu'il
Perses eurent ruiné Chalcédoine, sur le Bos- faisait, fut appelé Zoroastre, et composa, sur
phore, Constantin le Grand voulut la rebâtir, cet art diabolique, cent mille vers, selon Suidas,
parce qu'il en aimait le séjour. Mais des aigles et trois cent mille, selon d'autres. — Les mons-
vinrent qui, avec leurs serres, enlevèrent les truosités de Cham lui attirèrent, dit-on, un châ-
Chameau.
timent terrible; il fut -emporté par le diable à Chamans, prêtres sorciers des Yacouts. Voy.
la vue de ses disciples. MANG-TAAH.
Bérose prétend que Cham est le même que Chambres infestées. Voy. CHAT, DESIIOU-
Zoroastre. Annius de Vilerbe pense que Cham Lii-iiES, DESPILLIEIIS, ATIIÉNAGOHE, AYOLA,etc.
pourrait bien être le type du Pan des anciens Chameau. Les musulmans ont pour cet ani-
païens 4, Kircher dit cpie c'est leur Saturne el mal une espèce de vénération; ils croient que
leur Osiris. D'aulres prétendent que c'est Cham c'est un péché de le trop charger ou de le faire
ou Chamos qui fut adoré sous le nom de Ju- •travailler plus qu'un cheval. La raison de ce
piter-Ammon. On dit encore que Cham a in- respect qu'ils ont pour lé chameau, c'est qu'il
venté l'alchimie, et qu'il avait laissé une pro- esL surtout commun dans les lieux sacrés de
phétie dont l'hérétique Isidore se servait pour l'Arabie, et que c'est lui qui porte le Koran,
faire des prosélytes. Nous ne la connaissons
pas quand on va en pèlerinage à la Mecque.
autrement que par un passage de Christophe Mahomet a mis dans son paradis la chamelle
Sand, qui dit que Cham, dans cette prophétie, du prophète Saleh'.
annonçait l'immortalité de l'âme 2. Les conducteurs des chameaux, après les
avoir fait boire dans un bassin, prennent l'écume
[Comment, ad Berosi lib. III. Wierus, De prtcs-
!l9ns,dit que Pan est le prince des démons incubes. 1 Voyez l'histoire de celte chamelle dans les Lé-
Chrisiop, Sandii lib. de origine animoe, p. 99. gendes de l'Ancien Testament..
CHA — 154 CHA
qui découle de leur bouche et s'en frottent dé- Chandelle. Cardan prétend que, pour savoir
votement la barbe, en disant : « 0 père pèlerin ! si un trésor est-enfoui dans un souterrain où
ô, père pèlerin! » Ils croient que cette cérémonie l'on creuse dans ce but, il faut avoir une grosse
les préserve de méchef dans leur voyage. — Les chandelle, faite de suif humain, enclavée dans
Turcs croient aussi que la peau du chameau a un morceau de coudrier en forme de croissant,
des vertus propres aux opérations magiques. de manière à figurer avec les deux branches
On voit dans les .Admirables Secrets d'Albert une fourche à trois rameaux. Si la chandelle,
le Grand, livre II, chap; inique « si le sang étant allumée dans le: lieu souterrain, y fait
du chameau est mis dans la peau.-d'un-taureau beaucoup.de- bruit en pétillant avec éclat, c'est
pendant'que les étoiles brillent, la fumée qui en une marque qu'il y a un trésor, Plus on appro-
sortira fera qu'on croira voir un géant dont là chera du trésor, plus la chandelle pétillera-;
tête semblera toucher le ciel. Hermès assure enfin elle s'éteindra quand elle en sera tout à
l'avoir éprouvé Jui-mêmes Si quelqu'un mange fait voisine.
de ce sang, il deviendra bientôt fou; et si l'on Ainsi il faut avoir d'autres chandelles dans
allume une lampe qui aura été frôtlée de ce dés lanternes, afin de ne pas demeurer sans
même sang, on s'imaginera que tous ceux qui lumière". Quand on a des raisons solides pour
seront présents auront des tètes" de: chameau, croire que ce sont les esprits des hommes dé-
pourvu cependant qu'il n'y ait point .d'autre funts qui gardent les trésors, il'est bon. de tenir
lampe, qui éclaire la chambre. » Voy. JEAN-BAP-des cierges bénits au lieu de chandelles com-
TISTE. munes; et on lès conjure de la part de Dieu de
Chammadai, le même qu!Asmodéë. déclarer si l'on peut faire quelque chose pour
Ghamos, démon de la flatterie, membre du les mettre en lieu de repos ; il ne faudra jamais
conseil infernal. Les Ammonites et les Moabites manquer d'exécuter ce qu'ils auront demandéf.
adoraient le soleil, sous le nom de Chamos, Ka^ Les chandelles servent à plus d'un usage. On
mosch ou Kemosch ; el Milton l'appelle l'obscène voit dans tous les démonographes que les sor-
terreur des enfants de Mbab. D'autres le con- cières, au sabbat, vont baiser le derrière du
fondent avec Jupiler-Am.mon. Vossius a cru que diable avec une chandelle noire à la main. Bo-
c'était le Cornus des Grecs et des Romains, qui guet dit qu'elles allument ces chandelles à un .
était le dieu des jeux, des danses et des bals. flambeau qui est sur la lêle de bouc du diable,
Ceux qui dérivent ce mot de l'hébreu Kamos entre ses deux cornes,_et qu'elles s'éteignent et
prétendent quîil signifie le dieu caché, c'est-à- s'évanouissent dès qu'on les lui a offertes !.
dire Pluton, dont la demeure est aux enfers. N'oublions pas que trois chandelles ou trois,
Chamouillard, noueur d'aiguillette et co- bougies sur une table sont de mauvais augure;
quin coupable de plusieurs méfaits, qui fut et que quand de petits charbons se détachent de
condamné, par arrêt du.parlement de Paris,.en. la lumière d'une chandelle, ils annoncent, selon
1597, à être pendu et brûlé, pour avoir malé- quelques-uns, une visite 3; mais, selon le sen-
ficié une demoiselle de là Barrière. Voy. LIGA- timent plus général, une' nouvelle, agréable s'ils
TUHES. augmentent la lumière i fâcheuse s'ils l'affai-
Champ du rire. Annibal, lorsqu'il faisait le' blissent.
siège de Rome, se retira, dit-on, de devant celle Chandelle de la mort. Voy. CANWYLL-COR
ville, épouvanté de vaines terreurs el de fan- Chant. JLe chant des possédés est toujours
tômes qui troublèrent ses esprits. Les Romains, altéré, de manière que les femmes ont une voix
le voyant lever le siège, poussèrent de tels d'homme et les hommes une voix de femme.
cris de joie et firent de si grands éclats de rire, Chant du coq. Il dissipe le sabbat.
que le lieu d'où il décampa s'appela le Champ Ghaomancie, art de prédire les choses fu-
du rire. tures par le moyen des observations qu'on fait
Ghampier (Symphorien), Lyonnais du quin- sur l'air. Celte divination est employée par quel-
zième siècle, qui a publié en 1503 la Nef des ques alchimistes, qui ne nous en ont pas donné
dames vertueuses, en quatre livres mêlés de prose le secret.
el de vers, dont le troisième contient les pro- Chapeau venteux. Voy. ERIC.
phéties des sibylles. On l'a soupçonné à tort Chapelet. On a remarqué pertinemment qùG
d'être l'auleur du traité des Trois Imposteurs; tous les chapelets de sorcières avaient une croix
mais il a laissé un petit livre intitulé De Tri- cassée ou endommagée : c'était même un indice
plici disciplina. In-8°, Lyon, 1508. On lui doit de sorcellerie qu'une croix de chapelel qui
aussi des dialogues sur la nécessité de pour- n'était pas entière.
suivre les magiciens1.. Chapelle du damné. Raymond Diocres,
Champignon. Les Hollandais appellent le chanoine de Notre-Dame de Paris, mourut en
champignon pain du diable (duivels-brood). 1 Le solide trésor du Petit Albert.
1 Dialogus in magicarum arlium deslruclionem. 2 Discours des sorciers, ch. xxn.
In-4°. Lyon, Balsarin, sans date (vers 4507). 3 Brown, liv. V, ch. xxm.
CHA 155 — CHA
« Il y avait au Bengale un charlatan qui, eh
réputation de saintelé vers l'an 1084. Son corps
avant élé porté dans le choeur .de la cathédrale, faisant plusieurs tours de souplesse, prit .une
il leva la tête hors du cercueil à ces graves pa- canne longue de vingt pieds, au bout de la-
roles de l'office des morts : — Répondez-moi, quelle était une petite planche large de trois ou
mes iniquités? Bespondemihi quantas' quatre pouces ; il mit cette canne à sa ceinture,
' quellessont
habeoiniquilates? etc., et qu'il dit : Juslo ju- après quoi une fille de vingt-deux ans lui vint
dicioDei accusalus sum. (J'ai été cité devant le sauter légèrement par derrière"sur les épaules,
justejugement de Dieu.) Les assistants effrayés et, grimpant au haut de la canne, s'assit dessus;
suspendirent le service et le remirent au lende- les; jambes croisées et les bras étendus.; Après
main. En attendant, le corps du chanoine resta cela,- l'homme ayant les deux bras balancés
; déposé dans une chapelle de Notre-Dame, la commença à marcher à grands pas, portant
même qu'on appelle depuis la Chapelle du. toujours Cette fille sur le bout de la canne, ten-
i damné. Le lendemain on recommença l'office ; dant le ventre pouf l'appuyer -,et regardant sans
| lorsqu'on fut au même verset, le mort parla de cesse en haut pour tenir la machine en équi-
I nouveau et dit : — Juste< Dei judicio judicalus libre. La fille descendit adroitement, remonta
i mm. (J'ai été jugé au juste jugement de Dieu.) derechef et se pencha le ventre sur le bâton,
| On remit encore l'office au jour suivant, et au en frappant des mains et des pieds les uns
\ même,verset le mort s'écria : -r- Juslo Deiju- contre les autres.-Le charlatan ayant-mis alors
l diciocondemnatus sum. (j'ai été condamné au le bâton sur sa tête, sans le tenir ni des mains
; justejugement de Dieu.) Là-dessus, dit la chro- ni des bras, cette mêmelille et une autre petite
\ nique, on jeta le corps à la voirie; et ce miracle Mauresque de quinze ans. montèrent dessus l'une
î effrayant fut-cause, selon quelques-uns, de la après l'autre; l'homme les porta ainsi autour de
\ retraite de saint Bruno, qui s'y trouvait présent. la place en courant et se; penchant, sans qu'il
\ Quoique cette aiiecdolesoit contestée, elle est leur arrivât le moindre mal. Ces deux mêmes
i consacréepar des monuments. La peinture s'en filles marchèrent sur la corde la tête en bas, et
! est emparée, et le Sueur en a tiré parti dans sa firent une multitude d'autres tours de force très-
\ bellegalerie de Saint-Bruno. merveilleux. Mais quoique plusieurs d'entre nous
jj Chapuis (Gabriel), né à Amboise en 15Z|6. crussent que tous ces tours de souplesse fussent
I Nousciterons de ses ouvrages celui qui porte ce faits par art diabolique, Urne semble qu'ils pou-
} litre : les Mondes célestes, terrestres et infernaux, vaient se faire naturellement; car ces filles, qui
i etc.,'tiré des Mondes de Doni; in-8°, Lyon, 1583. étaient trôs-adroiles, subtiles, et dont les mem-
| C'estun ouvrage satirique. bres étaient grandement agiles, faisaient tout
| Char de la mort. Voy. BuouETrE. cela à force de s'y être accoutumées et exer-
| Gharadrius, oiseau immonde que nous ne cées. » .-.'
l connaissonspas; les rabbins disent qu'il est mer- Il y a eu des charlatans de toutes les espèces :
ï veilleux, et que son regard guérit la jaunisse. Il en 1728, du temps de Law, un certain Villars
î fautpour cela que le malade et l'oiseau se re- confia à quelques amis que son oncle,.qui avait
| gardent fixement; car si l'oiseau détournait la vécu près dé cent ans, et qui n'était mort que
| vue, le malade mourrait aussitôt. par accident, lui avait laissé le secret d'une eau
| Charbon d'impureté, l'un des démons de la qui pouvait aisément prolonger la vie jusqu'à
« possessionde Loudun. cent cinquante années, pourvu qu'on fût sobre.
Voy. LOUMIN.
Charité. Les offenses à la charité sont quel- Lorsqu'il voyait passer un enterrement, il levait
Ï quefoispunies par la justice divine. On lit dans les épaules de pitié. «Si le défunt, disait-il,
5 les Acla sanclorum ' « qu'un Espagnol connu avait bu de mon eau, il ne serait pas où il est. »
| sous le nom de Michel de Fontarabie, ayant Ses amis, auxquels il en donna généreusement,
>;crache dans la main d'un pauvre mendiant qui et qui observèrent un peu le régime prescrit,
* lui demandait l'aumône, fut aussitôt renversé s'en trouvèrent bien et le prônèrent; alors il
| par terre, et, devenu furieux et possédé, se dé- vendit la bouteille six francs; le débit en fut
» menaen criant que saint Yves et d'autres per-
prodigieux. C'était de l'eau- de Seine avec un
\ sonnagesvêtus de blanc le rouaient de coups. » peu de nitre. Ceux qui en prirent et qui s'as-
— On cile
l beaucoup d'autres hommes durs aux treignirent au régime, surtout s'ils étaient nés
ii pauvresqui ont été possédés des démons. avec un bon tempérament, recouvrèrent en peu
Charlatans. On attribuait souvent autrefois de jours une santé parfaite. Il disait aux autres :
; aux sorciers ou au diable ce qui n'était que l'ou- — C'est voire faute si vous n'êtes pas entière-
?; V1'agedes charlatans. Si nous pensions comme ment guéris. — On sut enfin que l'eau de Villars
au seizième siècle, tous nos escamoteurs seraient n'était
que de l'eau de rivière ; on n'en voulut
~. des sorciers. plus et on alla à d'autres charlatans. Mais celui-
Voicice qu'on lit pourtant dans le Voyage de là avait fait sa fortune. Voy. ANE, CIIÈVIIE,
Schuten aux Indes orientales : ALEXANDHE DE PAriiLAGONie,etc.
149 Charles-Martel. On attribue à saint Eucher,
mai, Vie de saint Yves de Kermarlin.
CHA 156 CHA
évêque d'Orléans, une vision dans laquelle, avaient chargé des assassins de tuer la princesse
transporté par un ange dans le purgatoire, il vit dans la forêt des Ardennes. Ayant ému leur
Charles-Martel qui expiait les pillages qu'il avait pitié, elle en obtint la vie, à condition de se
soufferts contre les biens de l'Église. A cette vi- laisser passer pour morte. Elle, se réfugia chez
sion, on ajoute ce conle que le tombeau de un meunier, où elle vécut plusieurs années.
Charles-Martel fut ouvert, et qu'on-y trouva un Un jour Pépin, égaré à lâchasse, vint chez'
serpent, lequel n'était qu'un démon. Et là-dessus ce meunier. Son astrologue lui annonça qu'il se
les philosophes, s'en prenant au clergé, l'ontac^ trouvait là une fille destinée à quelque chosede
cusé de fraudes. Mais le tombeau de Charles- grand. Berthe fut reconnue, .rétablie dans ses
Martel n'a été ouvert à Saint-Denis "que par les droits; elle devint mère de Charîemagne. — La
profanateurs de 1793*. légende ajoute que la première, épouse de Pé-
Gharlemagne. On lit dans la légende de pin avait donné le jour à un fils, lequel, par
Berthe au grand pied que, Pépin le Bref voulant la suite, élu pape sous le nom de Léon III, cou-
épouser Berthe, fille:du comte de Laon, qu'il ronna Cbarlemague empereur d'Occident 1.
ne connaissait pas; ceux qui la lui amenaient lui Il serait long de rapporter ici lous les prodiges
substituèrent une autre femme qu'il épousa. Ils que l'on raconte de Gharlemagne. Son règne est
Cliarlcmajjtie. Berllio.
l'époque chérie de nos romans chevaleresques. de sorte qu'il continua d'aimer son cadavre,
On voit toujours auprès de lui des enchanteurs, dont il ne voulait pas se séparer. L'archevêque
des géants, des fées. On a même dit qu'il ne Turpin, ayant appris la durée de cette effroyable
porta la guerre en Espagne que parce que passion, alla un jour, pendant l'absence du
saint Jacques lui avait apparu pour l'avertir qu'il prince, dans la chambre où élait le cadavre,
retirât son corps des mains des Sarrasins. afin de voir s'il n'y trouverait pas quelque sort
Ses guerres de Saxe ne sont pas moins fé- ou maléfice qui fût la cause de ce dérègle-
condes en merveilles, et les circonstances de sa ment. 11 visita exactement le corps mort, et
vie privée sont rapportées également d'une ma- trouva en effet sous la langue un- anneau qu'il
nière extraordinaire par les chroniqueurs. emporta. Le même jour Charîemagne, étant
On dit qu'en sa. vieillesse il devint si éper- rentré dans son palais, fut fort étonné d'y
dùment épris d'une Allemande, qu'il en négligea trouver une carcasse si.'puanle; et, se réveillant
non-seulement les affaires de son royaume, mais comme d'un profond sommeil, il la fit ensevelir
même le soin de sa propre personne. Celte promptement.
femme étant morte, sa passion ne s'éteignit pas; Mais la passion qu'il avait eue pour le ca-
1 Voyez Charles-Martel dans les Légendesde l'his- ' Voyez dans les légendes de l'histoire de FraiM
toire de France. la légende de la reine Berthe au grand pied.
CHA — 157 — CHA
davre.il l'eut alors pour l'archevêque Turpin, resteront en prison jusqu'à ce que, par l'aide de
qui portait l'anneau : il le suivait partout et ne Dieu, ils se montrent disposés à se 'convertir. »
pouvait le quitter. Le prélat, effrayé de celle Voy. OLDÏÎNBF.UG , VIÎTIN,etc. -
nouvellefolie', et craignant que l'anneau ne tom- Charles le Chauve, deuxième - du nom de
bal en des mains qui en pussent abuser, le jeta Charles parmi les rois des Francs. 11 eut une vi-
dans un lac, afin que personne n'en pût faire sion qui le transporta au purgatoire et en enfer : il
usage à l'avenir. Dès lors Gharlemagne devint y vit beaucoup de personnages qu'il avait connus*
: amoureuxdu lac, ne voulut plus s'en éloigner, y entre autres son père, Louis le Débonnaire/ De
; bâtit auprès -un-palais- et un --monastère, et y plusieurs il reçut des conseils et des prédictions;
i fondala ville d'Aix-la-Chapelle, où il voulut être et il écrivit lui-même la relation de ce voyage,
' enseveli. On sent que tout ce récit n'est relation qui a quelque peu l'air d'une brochure
qu'un
l conle, mais il est fort répandu.-Gharlemagne, politique '.
î dans ses Capilulaires, consigna contre les sor- Charles ¥1, roi de France. Ce prince, chez
[ ciersdes mesures qui méritent d'être menlion- qui on avait déjà remarqué une raison affaiblie*
i nées. Nous citerons spécialement ce passage : allant faire la guerre en Bretagne, fut saisi en
î «Quant aux cohjuraleurs, aux augures, aux chemin d'une frayeur qui acheva.de lui déranger
! devins, à ceux qui troublent le temps ou com- entièrement le cerveau. Il y vit sortir d'un buis-'
\ mettentd'autres maléfices, l'archiprêtre du dio- son, clans la forêt du Maris, im inconnu d'une
î cèselesfera interroger soigneusement et les amè- figure hideuse, vêtu d'une robe blanche, ayant
1 nera à avouer le mai qu'ils auront fai t. Alors ils la tête et les pieds nus, qui saisitla bride de son
cheval, et lui cria d'une voix rauque : — « Roi, tilège. Quoi qu'il en soit, le roi devint tout à fait
ne chevauche pas plus avant; retourne, tu es fou. Un médecin de Laon, Guillaume de Harsely,
trahi! » Le monarque, hors de lui-même, lira fut appelé au château de Creil, et, après six
son épée et ôta la vie aux quatre premières per-^ mois de soins et de ménagements, la santé du
sonnesqu'il rencontra, en criant : — « En avant roi se trouva rétablie. — Mais en 1393 son état
s«rles traîtres!» devint désespéré, à la suite d'une autre impru-
-Son épée s'élanl rompue et ses forces épui- dence. La reine, à l'occasion du mariage d'une
ses, on le plaça sur un chariot et on le ramena de ses femmes, donnait un bal masqué. Le roi
;mMans.
y vint déguisé en sauvage, conduisant avec lui
Le fantôme de la forêt est encore aujourd'hui de jeunes seigneurs dans le même costume, atta-
l|« problème difficile à résoudre. Élait-ce un in- chés par une chaîne de fer. Leur vêtement était
senséqui se trouvait là par hasard? était-ce un
f Visio Caroli Calvi de locis
: émissaire du duc.de Bretagne contre lequel p'oenarum cl fclicifale
Charles marchait? Tous les raisonnements du juslorum. Manuscripla bibl. imper., n° 2247, p. 188.
: tcmps aboutissaient au merveilleux ou au sor- Voyez ce voyage de Charles le Chauve dans les
Légendes de l'autre monde
CHA — 158 — CHA
fait. d'une toile enduite de poix-résine, sur la- tourner de fois sur son talon dans l'espace d'une
quelle on avait appliqué des étoupes. Le duc heure, il se livrait tous les matins à cet exercice
d'Orléans, voulant connaître les masques, ap- solennel, et que les principaux officiers de l'État
procha un flambeau : la flamme se communiqua les généraux, le chancelier, les vieux juges pi-
avec rapidité, quatre des seigneurs furent brûlés ; rouettaient tous sur un seul pied pour imiter le
mais un cri s'étant fait entendre : — « Sauvez prince et lui faire leur cour M
le roi, » Charles dut la vie à la présence d'esprit On assure qu'après le massacre politique delà
de la duchesse de Berri, qui le couvrit de son Saint-Barlhélemi, par suite surtout de l'effroi que
manteau et arrêta la flamme. lui causaient les conspirateurs, Charles IX vildes
L'étal du roi empira de cette frayeur et s'ag- corbeaux sanglants, eut des visions effroyables
graya de jour en jour; le duc d'Orléans fut soup- et reçut par divers tourments le présage de sa
çonné de l'avoir ensorcelé. Jordan de Mejer, De mort prématurée. On ajoute 'qu'il mourut au
divin., cap. xm, écrit que ce duc, voulant exter- moyen d'images de cire faites à sa ressemblance,
mihôrla; racôrroyaie, confia ses armes ;et son an- et maudites par art magique, que ses ennemis,
neau'à un apostat, pour les consacrer au diable les magiciens, protestants, faisaient fondre toir
et des enchanter par dés prestiges;: qu'une ma- les jours par les cérémonies de l'envoûtemeni,
trone évoqua le démon :dans la tour de Montjôie, et qui éteignaient la vie du roi à mesure qu'elles
près; de Ligny ; qu'ensuite le: duc se servit, des se consumaient 2. En ces temps-là, quand quel-
armes ensorcèléespourôtèr la raison au roi Char- qu'un mourait de consomption ou de chagrin, on
les, son frère, si subtilement qu'on ne s'en aperçut publiait qùê les sorciers l'avaient envoûté. Les
pas d'abord. médecins rendaient les sorciers responsables des
Le premier enchantement, selon celte version, malades qu'ils ne guérissaient pas ; — à moins
se fit près de Beauvais;, il fut-'si violent que les qu'il n'y ait, dans ce^crédit universel des sor-
ongles et les cheveux en tombèrent au roi. Le ciers, un mystère qui n'est pas encore expliqué,
second, qui eut lieu dans le Maine, fut plus fort Charles II, duc de Lorraine. Voy. SABBAT
encore; personne ne pouvait assurer si le roi Charles le Téméraire., duc de Bourgogne,
vivait ou non. Aussitôt qu'il revint à lui : — Je 11disparut après la bataille de Morat; et, parmi
vous supplie, dit-il, enlevez-moi cette épée, qui les chroniqueurs, il en est qui disent qu'il fui
me perce le corps par le pouvoir de mon frère emporté par le diable, comme Roderik ; d'autres
d'Orléans. —C'est toujours Mejer qui parle. Le croient qu'il se réfugia en une solitude et se fit
médecin qui avait guéri le roi n'existait plus; on ermite. Cette tradition a fait le sujet du roman de
lit venir du-fond de la Guienne un charlatan qui M. d'Arlincourt intitulé le Solitaire.
se disait sorcier, et qui s'était vanté de guérir le Charles II, roi d'Angleterre. Quoique assez
roi d'une seule parole : il apportait avec lui un instruit, Charles II était, comme son père, plein
grimoire qu'il appelait Simagorad; par le moyen de confiance dans l'astrologie judiciaire. Il re-
duquel il était maître de la nature. Les courti- cherchait aussi la pierre philosophale.
sans lui demandèrent de qui il tenait ce livre; il Charme, enchantement, sortilège,.certainar-
répondit effrontément que « Dieu, pour consoler rangement de paroles, en vers ou en prose, dont
Adam de la mort d'Abel, le lui avait donné, et on se sert pour produire des effets merveilleux.
que ce livre, par succession, était venu jusqu'à Une femme de je ne sais quelle contrée, ayant
lui ». 11 traita le roi pendant six mois et ne fit grand mal aux yeux, s'en alla à une école pu-
qu'irriter la maladie. — Dans ses intervalles lu- blique et demanda à. un écolier quelques mois
cides , le malheureux prince commandait qu'on magiques qui pussent charmer son mal el le
enlevât tous les instruments dont il pourrait frap- guérir, lui promettant récompense. L'écolier lui
per. — J'aime mieux mourir, disait-il, que de donna un billet enveloppé dans un chiffon et
faire du mal.'— Il se croyait de bonne foi ensor- lui défendit de l'ouvrir; Elle le porta et guérit.
celé. Deux moines empiriques, à qui on eut l'im- Une des voisines ayant eu la même maladie porta
prudence de l'abandonner, lui donnèrent des le billet et guérit pareillement, Ce double inci-
breuvages désagréables, lui firent des scarifica- dent excila leur curiosité ; elles développent le
tions magiques; puis ils furent pendus, comme chiffon et lisent i « Que le diable t'écarquille 1B
ils s'y étaient obligés en cas que la sanlé du roi deux yeux et le les bouche avec de la boue..-.»
ne fût pas rétablie au bout de six mois de traite- Delrio cile un sorcier qui, en allumant une cer-
menL Au reste, la mode de ce temps-là élail taine lampe charmée, excitait toulesles personnes
cl
d'avoir près de soi des sorciers ou des charlatans, qui étaient dans la chambre,, quelque graves
comme depuis les grands eurent des fous, des réservées qu'elles fussent, à danser devant lui'
nains et des guenons *. « Ces sortes de charmes, dit-il, s'opèrent ordi-
Charles IX, roi de France. Croirait-on qu'un nairement par des paroles qui font agir le diable.»
des médecins astrologues de Charles IX lui ayant 1 Curiosités de la littérature, traduit de l'ang'"5
assuré qu'il vivrait autant de jours qu'il pourrait par2 Berlin, t. I, p. 249.
1 M. Garinel-, Histoire delà magie en France, p. 87. Delrio, Disquisit. mag., lib. III, qmcsl. -m.
CHA 159—- CHA
Toute l'antiquité a remarqué que les sorciers arrêtait le sang des plaies, on remettait les mem-
charmaient les serpents, qui quelquefois tuent le bres disloqués, on guérissait la .goutte, on empê-
charmeur. Un sorcier de Salzbourg, devant tout chait un char de verser, etc. —- Tous les anciens
le peuple, fit assembler en une fosse tous les ser- croyaient fermement aux charmes, dont la for-
pents d'une lieue à la ronde, et là les fit tous, mule consistait ordinairement en certains vers
mourir»hormis le dernier, qui était grand, lequel, grecs ou latins. -
sautant furieusement contre le sorcier, le tua. Bodin rapporte, au chap. v du liv;. III de la
«En quoi-il appert que ce n'est pas le mot "Ai-" Démonomanie, qu'en Allemagne les sorcières* ta-^
polundo, Comme dit Pàracelse, ni autres mots rissent par charme le lait des vaches,, et qu'on
semblables, ni certaines paroles du psaume 9° s'en venge par uiv contre-charme quiîesti tel:—
qui font seuls ces prodiges; car comment les On met bouillir dans un pot du lait de la vache
serpentseussent-ilsouï la voix d'un homme d'une tarie, en récitant certaines: paroles (Bodin ne les
lieue à la ronde, si le diable rie s'en fût mêle '. indique pas) et frappant sur le pot <ivec un-bâton.
Mcélas indique à ce propos un charme qui
s'opère sans le secours des paroles : « On tue un
serpent, une vipère et tout animal portant ai-
guillon, dit-il; en crachant dessus avant déjeu-
ner... » Figuier prétend qu'il a tué diverses fois
desserpents de celle manière, « mouillant de sa
saliveun bâton ou une pierre, et en donnant un
coupsur la tête du serpent... »
On cite un grand nombre d'autres charmes
dont les effets sont moins, vrais qu'étonnants.
Dansquelques villages du Finistère, on "emploie.
celui-ci : on place secrètement sur l'autel quatre
pièces de six liards:,- qu'on pulvérise après la
messe; et "cette poussière, avalée dans .un verre,
de vin, de cidre ou d'eau-de-vie, rend invulné-
rable à la course et à la lutté 2. Ces charmes se
fontau reste à l'insu du; curé ; car l'Église a tou- En même temps le diable frappe la sorcière d'au-
jours sévèrement interdit ces superstitions. tant de coups, jusqu'à ce qu'elle ait été le charme.
Le Grand Grimoire donne Un moyen de char- On dit encore que si, le lendemain du jour où
merles armes à feu et d'en rendre l'effet infail- l'on est mis en prison, on avale à jeun une croûte
lible; il faut dire en les chargeant : « Dieu y ait de pain sur laquelle on aura écrit : Senozam, Go-
part, et le diable la sortie; » _et, lorsqu'on met zozà, Gober, Dont, et qu'on dorme ensuite sur
enjoué, il faut dire en croisant la jambe gauche le côté droit, on sortira avant trois jours.
surla droite : Non tradas... Malhon. .Amen, etc. On arrête les voilures en mettant au milieu du
La plupart des charmes se font ainsi par des chemin un bâton sur lequel sont écrits ces mots :
paroles dites ou tracées dans ce sens. Charme Jérusalem, omnipotens, etc., convertis-toi, arrête-
; vientdu mot latin
carmen, qui signifie non-seu- loi là. 11faut ensuite traverser le chemin par où
: lementdes vers et de la poésie, mais une formule l'on voit arriver les chevaux.
I deparoles déterminées dont on ne doit point s'é- On donne à un pistolet la portée de cent pas, -
; carier. On nommait carmina les lois', les formules en enveloppant la balle dans un papier où l'on a
; desjurisconsultes, les déclarations de guerre, les inscrit le nom des trois rois. On aura soin, en
i clauses d'un traité, les évocations des dieux \ ajusLant, de retirer son haleine, et de dire : « Je
î Tile-Liveappelle lex horrcndi carminish loi qui te conjure d'aller droit où je veux tirer. »
l condamnait à mort Horace meurtrier de sa soeur, Un soldat peut se garantir de l'atteinte des
Quand les Turcs ont perdu un esclave qui s'est armes à feu avec un morceau de peau de loup ou
I enfui, ils écrivent une conjuration sur un papier de bouc, sur lequel on écrira, quand le soleil
: qu'ils attachent à la porte de la huile ou de la entre dans le signé-du bélier : « Arquebuse, pis-
\ cellulede cet esclave, et il est forcé de revenir tolet, canon ou autre arme à feu, je te commande
; au plus vile, devant une main invisible
qui le que tu ne puisses tirer, de par l'homme, etc. »
; poursuità grands coups de bâton \ On guériL un cheval encloué en niellant trois
Pline dit que de son temps, par le moyen de fois les pouces en croix sur son pied, en pronon-
; certains charmes, on éteignait les incendies, on çant le nom-du dernier assassin mis à mort, en
' récitant trois, fois certaines prières d,..
Bodin, Démonomanie, etc., liv. II, ch. n. Il y a une*in finité d'autres charmes.
Cambry, dans le Finistère, t. III, p. 'Iflb.
: ' lîei'gier,DVoyage
ictionnaire théologique,au mol Charme. On distingue le charme de l'enchantement, en
'
Leloyer, Histoire el discoursdes spectres, liv. IV, ce que celui-ci se faisait par des chants. Souvent
| ' Thicrs, Traité des superstitions.
CHA 160 GHÀ
on les a confondus. Voy. CONTRE-CHARMES, EN- oracles et prédisaient l'avenir par divers moyens,
CHANTEMENTS, MALÉFICES,TALISMANS,PAROLES, Chassanion (Jean de), écrivain protestant du
PHILACTÈIIES, LIGATURES,CHASSE,PHILTRES,etc. seizième siècle. On lui doit le livre -« des Grandi
Chartier (Alain),poëte du commencement du cl redoutables jugements el punitions de Dieu ad-
quinzième siècle. Ou lui attribue un traité sur la venus au monde, principalement sur les grands,
Nature, du feu de l'enfer, que nous ne sommes à cause de leurs méfaits;; » 111-8°, Morges, 1581,
pas curieux de connaître. Dans cet ouvrage très-partial, il se fait de grands
Chartumins, sorciers chaldéens, qui étaient miracles en faveur des protestants ; ce qui est
en grand crédit du temps du prophète Daniel. prodigieux. ; Chassanion a écrit aussi un volume
Châsdins j astrologues de la Chaldée. Ils ti- sur les géants '. ;
raient FhoroScope, expliquaient les songes et les Chassé. —Secrets merveilleux pour la chasse,
— Mêlezie suc de jusquiame avec le sang et la supposé habiter les ruines du vieux château go-
peau d'un jeune lièvre; cette composition attirera thique de Rodenstein. Il traversa les airs dans la
tousjes lièvres des environs. — Pendez le gui de nuit, avec un grand fracas de meules, décors
chêne avec une aile d'hirondelle à un arbre; tous de chasse, de roulements de voilures, ce qui in-
les oiseaux s'y rassembleront de deux lieues et failliblement annonce la guerre, selon le préjugé
demie. — On dit aussi qu'un crâne d'homme ca- du peuple 2. ... ...
ché dans un colombier y attire tous les pigeons Chassèn (Nicolas), petit sorcier de Franekcr,
d'alenlour. — Faites tremper une graine, celle au dix-septième siècle; "il se distingua dès l'âge
que vous voudrez, dans la lie de vin, puis jetez-la de seize ans. Ce jeune homme, Hollandais et cal-
aux oiseaux; ceux qui en tàlerohf s'enivreront, viniste, étant à l'école, faisait des grimaces étran-
el se laisseront prendre à la main. ges , roulait les yeux et se contournait tout le
Et le Petit Albert ajoute : « Ayez un hibou que corps; il montrait à ses camarades des cerises
vous attacherez à un arbre : allumez toul près mûres au milieu de l'hiver; puis, quand il le»
un gros flambeau, faites du bruit avec un tam- leur avait offertes, il les retirait vivement et les
bour; tous les oiseaux viendront en foule pour mangeait.
faire la guerre au hibou, el on en tuera autant Dans le prêche, où les écoliers avaient une
qu'on voudra avec du menu plomb. » 1 De giganlibus eorumque reliquiis atquc Us aut
Pour la chasse de Sainl-Huberl, Voy. VENEUR.
aussi M. DELA etc. unie ahnos aliquol noslra-oetalein Gallia reperla sunl.
Voy. AKTIIUS, FORÊT, É CUREUILS, In-8". Bâle, 1S80.
En 1832, on vil à Francfort, aux premiers jours 2 Voyez, dans les Légendes de l'autre monde,1«
du printemps, un chasseur surnaturel qui est chevalier Ilakelberg, seigneur de llodenstein.
CHA 161 CHA
place à part, il faisait sortir de l'argent du banc qui ne respectent rieii, indiquent des potions qui,
où il était assis. Il assurait qu'ilopérait tous ces selon eux, ont pour effet dé révéler la chasteté,
tours par le moyen d'un esprit malin qu'il appe- mais qui, selon l'expérience, ne révèlent rien du
lait Sérugi-—Balthazar Bekker dit dansfe Monde tout." ..
enchanté* qu'étant à celte école, il vit sur-le Chat. Le chat tient sa place clans l'histoire de
plancher un cercle fait de craie, dans lequel on la superstition. Un soldat romain ayant tué par
avait tracé des signes dont l'un ressemblait à la mégarde un chat en Egypte, toute la ville se
tête d'un coq; quelques chiffres étaient au-milieu. souleva ; ce fu t en vain que: le roi intercéda pour
Il remarqua aussi une ligne courbe comme la lui, il ne put le sauver delà fureur du peuple*
poignée d'un moulin à bras ; tout cela était à Observons que les rois d'Egypte 'avaient :ràssem-.
demi effacé. Les écoliers âVaient-'vu Ghassén faire blé dans Alexandrie une bibliothèque immense,
ces caractères magiques. Lorsqu'on lui demanda et qu'elle était publique : lèsÉgyptiénscultivaiént
ce-qu'ils signifiaient, il se tut d'abord; ildil en- les sciences,' et n'en adoraient pas' moins- les
suite qu'ils les avait faits pour jouer. On voulut chats '.•
savoir comment il avait des cerises"fct de l'ar-
gent; il répondit que l'esprit les lui donnait.
'
TT-Qui est cet esprit? .-,,:
— Beelzébuth, répondit-il.
11ajouta que" le diable lui apparaissait sous
forme humaine quand il avait envie de lui; faire
du bien; d'autres fois sous forme de bouc Ou dé
veau; qu'il avait toujours un pied contrefait, etc.
«Mais, dit Bekker, on finit par reconnaître que
tout cela n'était qu'un jeu que Chassen.avait es-
sayé pour se rendre considêpaMe parmi les en-
fants de son âge; on s'étonne;seulement qu'il ait
pu le soulenir devant tant.de personnes d,'esprit
pendant plus d'une année; »
Chassi, démon auquel les habitants des îles
Mariannes attribuent le pouvoir de tourmenter
ceux qui tombent dans ses mains; L'enfer est
pour eux la maison de Chassi,
Ghastenet (Léonarde), vieille femme de qua tre-
vingts ans, mendiante en Poitou, vers 1591, et
sorcière. Confrontée avec Mathurin Bonneyault,
qui soutenait.l'avoir vue au sabbat,; elle confessa
qu'elle y était allée avec son mari; que le diable,
qui s'y montrait en forme de boue, était une
bête fort-puante. Elle nia qu'elle eut fait aucun
: maléfice. Cependant elle fut convaincue, par dix-
; neuf témoins, d'avoir fait mourir cinq laboureurs Mahomet avait beaucoup d'égards pour son
; et plusieurs bestiaux. Quand elle se vit condam- chat. L'animal s'était un jour couché sur la man-
| née, pour ses crimes reconnus, elle eon fessa qu'elle che pendante de la veste du prophète, et sem-
j avait fait pacte avec le diable, lui avait donné de blait y méditer si profondément, que Mahomet,
| ses cheveux, et promis de faire toul le mal qu'elle pressé de se rendre.à la prière, et n'osant le tirer
I pourrait ; elle ajouta que la nuit, dans sa prison, de son extase, coupa, dit-on, la manche de sa
; le diable était venu à elle, en forme de chat, veste. A son retour, il trouva son chat qui reve-
i « auquel ayant dit qu'elle voudrait être morte, nait de son assoupissement, el qui, s'apercevant
\ icelui diable lui avait présenté deux morceaux de l'attention de son maître, se leva pourlui faire
de cire, lui disant qu'elle en mangeât, et qu'elle la révérence et plia le dos en arc. Mahomet
|
I mourrait; ce qu'elle n'avait voulu faire. Elle avait comprit ce que cela signifiai L; il assura au chat
;; ces morceaux de cire; on les visita, et on ne qui faisait le gros dos une place dans son paradis.
l Put juger de quelle matière ils étaient composés. Ensuite, passant trois fois la main sur l'animal,
i Cette sorcière fut donc condamnée, et ces mor- il lui imprima, par cet attouchement, la vertu de
\ ceauxde cire brûlés avec elle 2. » ne jamais tomber que sur ses pattes. Ce conte
Chasteté. Les livres de secrets merveilleux, n'est pas ridicule chez les Turcs 2.
l Tome 1 Saint-Foix, Essai sur Paris, t. II, p. 300.
l IV, p. 1S4.
? , Discours sommaire des sortilèges et vénéfices, ti- 2 Quelquefois ils laissent à leur chat par testament
? fesdesprocès-criminels jugés au siège royal de Mont- une rente viagère. 11existe au Caire, près de Bab-el-
i morillon,en Poitou-, en l'année 1899, p.-19. Naza (porte de la Victoire), un hôpital'de ces ani-
U
CHA 162 -e- CHA
Voici une anecdote où le chat joue un mau- fâché de lier connaissance avec lui; qu'on fasse
vais rôle ; il est vrai. que c'est un chat sauvage. mon lit dans la chambre en question, je me
Un aide de camp du maréchal de Luxembourg charge du reste.
vint loger dans une auberge dont la réputation Vers minuit, l'officier vit descendre le diable
n'était pas rassurante. Le diable, disait-on, arri- par la cheminée, sous la figure d'une bête fu-
vai l toutes les nuits dans.une certaine chambre, rieuse , contre laquelle il fallut se défendre, 11y
tordait le. cou à ceux qui osaient y coucher et les eut un combat acharné, à coups de sabre de la
laissait étranglés dans leur lit. Un grand nombre part du militaire, à coups de griffes et de dents
de voyageurs remplissaient l'auberge quand l'aide de la part de la bête ; celte lutte dura pue heure.
de camp y entra ; on lui dit qu'il n'y avait mal- Mais le diable finit par rester sur la place:; l'aide
heureusement de vide que la chambre fréquentée de camp appela du monde : on reconnut un
par le diable, où personne ne voulait prendre gîte. énorme chat sauvage, qui, selon le rapport de
•— Oh bien, moi, répondit-il, je ne serai pas l'hôte, avait déjà étranglé quinze personnes 4.
On lit dans la Démonomanie de.Bodin 1 que prennent volontiers la figure de cet animal. On
des sorciers de Vernon, auxquels on fit le procès lit dans Boguet qu'un laboureur près de Stras-
en 1566, s'assemblaient ordinairement en grand bourg fut assailli par trois gros chats, et qu'en se
nombre dans un vieux château sous la forme de défendant il les blessa sérieusement. Une heure
chats. Quatre hommes qui avaient résolu d'y après, le juge fit mander le laboureur et le mil
coucher se trouvèrent assaillis par celte multi- en prison pour avoir maltraité trois dames de la
tude de chats; l'un de ces hommes y fut tué, les ville. Le laboureur étonné assura qu'il n'avait
autres, blessés ; néanmoins ilsblessèrent aussi plu- maltraité que des chats et en donna les preuves
sieurs chattes, qui se trouvèrent après en forme les plus évidentes : il en avait gardé de la peau.
de femmes, mais bien réellement mutilées... On le relâcha, parce qu'on vit que le diable était
On sait que les chats assistent au sabbat, qu'ils coupable en celle affaire.
accompagnent les sorcières, el que lesdites sor- On ne finirait pas si on rappelait tout ce que
cières , aussi bien que le diable leur maître, les démonomanes ont rêvé sur les chats. Boguet
dit encore que la chatte étant frottée d'une herbft
maux ; on y recueille les chais malades et sans asile ;
les fenêtres sont souvent encombrées d'hommes et appelée népeta conçoit sur-le-champ, cette herbe
de femmes qui leur donnent à manger à travers les
barreaux. 1 Gabrielle de P***, Histoire des fantômes et Au
* Chap. iv, liv. II, p. 257. démons, etc., p. 203.
CHA — 163 CHE
— Ledit
suppléant au défaut du mâle 1. Les sorciers se comme l'affirment les démonographes.
servent aussi de la cervelle des chats pour don- diable ordonna à Michelle Chaudron d'ensorceler
ner la mort; car c'est un poison, selon Bodin el deux filles : elle obéit ; les parents l'accusèrent
%
quelques autres 2. . de magie ; les filles interrogées attestèrent qu'elles
Les matelots américains croient que si d'un étaient possédées. On appela ceux qui passaient
navire on jette un chat vivant dans la mer, on pour médecins ; ils cherchèrent sur Michelle Chau-
ne manque jamais d'exciter une furieuse tem- dron le sceau du diable, que le.procès-verbal ap-
pête. Voy. BLOKULA,BEURREDES SORCIÈRES,MÉ- pelle les marques sataniques; ils y enfoncèrent
TAMORPHOSES, VOLTIGEUR HOLLANDAIS, etc. . une aiguille. Michelle fit connaître par ses cris
Château du diable. Plusieurs vieux manoirs que les marques sataniques ne rendent point in-
— Les juges protestants, ne voyant pas
portent ce nom dans des traditions et des contes sensible.
populaires. de preuve complète, lui firent donner la ques-
Chat-Huant. Voy. GHEVESÇHE,CHOUETTE, tion. Celle malheureuse, cédant à la violence: des
HIBOU. tourments, confessa tout ce qu'on voulut. Elle fut
Chatrab; C'est le nom que donnent les Arabes brûlée, après avoir été pendue et étranglée ; chez
à l'être mystérieux que nous appelons loup^garou. les catholiques, on l'eût admise à pénitence.
Chauche-Poulet. IToy..CAUCHEMAR. . : Chaudron du diable, gouffre qui se trouve
Chaudière. C'est ordinairement dans une chau- au sommet du pic de Ténériffe. Les "Espagnols
dière de fer que, de temps immémorial, les sor- ont donné le nom de Chaudron du diable à ce
cières composent leurs maléfices, qu'elles, font gouffre, à cause du bruit que l'on entend lors-
bouillir sur un feu de verveine et d'autres plantes qu'on y jette une pierre;; elle y retentit comme
magiques. fait un vaisseau creux de cuivre contre lequel on
Chaudron (Madeleine-Michelle), Genevoise, frapperait avec un marteau d'une prodigieuse
accusée d'être sorcière en 1652. On dit qu'ayant grosseur. Les naturels de l'île sont persuadés que
rencontré le diable en sortant de la ville réfor- c'est l'enfer, et que les âmes des méchants y font
mée, elle lui rendit hommage, et que le diable lui leur séjour 1. ;
imprima sur la lèvre supérieure son seing 'ou Chauve^Sô'uris. Èès Caraïbes regardent les
marque. Ce petit seing rend la peau insensible, chauves-sourisleomme de bons anges qui.veillent
à la sûreté des maisons durant la nuit ; les tuer, /CheKe^prolesseur de grec a Cambridge, mort
chez eux, est un sacrilège : chez nous, c'est un en. i;557> ïl a écrit un livrë!?: qu'il adressa au roi
des animaux qui figurent au sabbat. ..Henri. ,yiil, et qu'il plaça'à là'1'tête de sa, traduc-
Chavigny (Jean-Aimé de), astrologue, dis- tion' latine dû traité de PlularqitenZ>c lia 'supersli-
ciple de Noslradamus, mourut en 1604'. Il a com- tion. 11;avait des connaissances êii"'astrologie et
posé: la Première face du Janus français, conte- croyait .fermement à l'influence des astres, quoi-,
nant les troubles de France depuis 153Z)jusqui'en qu'ils Iui'promissenl du bonheur, tout juste à des
1589; Fin de la maison valésie?me, extraite et ' époques où il'devenait le plus malheureux. "-
coltinéedes Centuries el commentaires de Michel Chemens, génies bu esprits que les Caraïbes
Noslrudamus (en latin et en français), Lyon, supposent chargés clé veiller sur les hommes. Ils
1504, in-8°; et nouvelle édition, augmentée, leur offrent les premiers fruits et placent ces of-
sous le titre de Commentaires sur les Centuries el frandes dans un coin de leur hutte, sur une table
pronoslicalions de Noslradamiis, Paris, in-8", faite de nattes, où ils prétendent que les génies
l'are; les Pléiades, divisées en sept livres, prises se rassemblent pour boire et manger; ils en don-
des anciennes prophéties, el conférées avec les nent pour preuve le mouvement des vases et le
oracles de Noslradamus, Lyon, 1603; la plus bruit'qu'ils se persuadent que fonj ces divinités
ample édition est de 1606. C'est un recueil de en soupant.
prédictions dans lesquelles l'autsur promet à Chemim est chez les Caraïbes le grand esprit
Henri VI J'empire de l'univers. Voy. NOSTRA- ou l'être suprême, comme on disait en 1793.
DAMUS. Chemise de nécessité. Les sorcières alle-
Chax ou Scox, démon. Voy. Scox. mandes portaient autrefois une chemise faite
' Discours des 1 La Harpe, Abrégé de l'histoire générale des
sorciers, ch. xiv, p. 81.
Bodin,Démonomaniedes
- sorciers, liv. III. ch. n, voyages, t. I.
p. 326. 2 De superstilione, ad regem Henricum.
. M.
CHE — 164 — CHE
d'une façon détestable, et chargée de croix mê- quelques idées superstitieuses sur les chemises
lées à des caractères diaboliques, par la vertu des jeunes enfants. Ils croient que si elles en-
de laquelle elles se croyaient garanties de tous foncent dans l'eau de certaines fontaines, l'en-
maux 1; On l'appelait la chemise de nécessité. -— fant meurt dans Tannée; il vit longtemps, au
Les habitants du Finistère conservent encore contraire -, si ce vêlement surnage.
Cheriour, ange terrible, chargé de punir le Cheval. Mahomet, voulant ennoblir ce bel ani-
crime et de poursuivre les criminels, selon la mal , raconte que, quand Dieu se décida à: créer
doctrine des guèbres. le cheval, il appela le vent du midi et lui dit :
Chesnaye des Bois (François-Alexàndre-Au- « Je veux tirer de ton sein un nouvel être; con-
bert de la), capucin, mort en 1784. On a de lui : dense-toi en te depouillant.de" ta fluidité. » El il
l'Astrologue dans le puits, 1740, iri-12 ; et Lettres fut obéi. Alors il prit une poignée de cet élément,
critiques, avec des songes moraux, sur les songes souffla dessus, et le cheval parut.
philosophiques de l'auteur des Lettres juives (le Le cheval était chez les anciens un instru-
marquis d'Argens), in-12, 1745. ment à présages pour la guerre. Les Suèves, qui
Gheteb ou Ghereb. Voy. DEREII. habitaient la Germanie, nourrissaient à frais com-
muns, dans des bois sacrés, des chevaux dont ils les laisser vivre en liberté dans les prairies voi-
tiraient des augures. Le grand prêtre el le chef sines, après les avoir dévoués. Jules César, avant
de la nation étaient les seuls qui pouvaient les de passer le Rubicori, voua à ce fleuve un grand
toucher : ils les attachaient aux chariots sacrés nombre de chevaux qu'il abandonna. dans les
et observaient avec atlention leurs hennissements pâturages des environs.
et leurs frémissements. Il n'y avait pas de pré- Une tradition superstitieuse portait qu'une
sages auxquels les prêtres et les principaux de la espèce de chevaux, qu'on nommait arzels,
nation ajoutassent plus de foi. On voit encore el qui onl une marque blanche au pied de der-
que chez certains peuples on se rendait les rière du'côté droit, était malheureuse et fu-
divinités favorables en précipitant des chevaux neste dans les combats. — Anciennement on
dans les fleuves. Quelquefois on se contentait de croyait aussi que les chevaux n'avaient pas de
1 Bodin, Démonomanie,liv. I, ch. m. fiel ; mais c'est une erreur aujourd'hui presque
CHE — 165 CHE
généralement reconnue. Voy. DRAPÉ,BAYARD, On croit en Bretagne qu'en soufflant des che-
ÏBOUPEAUX, etc. veux en l'air on les métamorphose en animaux;
Chevalier (Guillaume), gentilhomme béar- les petits garçons de Plougasnou qui font des
nais, auteur d'un recueil de quatrains moraux, échanges entre eux confirment la cession en
intitulé le Décès ou Fin du monde, divisée en trois soufflant au vent un cheveu, parce que ce che-
- - veu était autrefois l'emblème de la propriété. Des
visions, in"-8°, 1584-
Chevalier impérial. Voy. ESPAGNET, à la note. cheveux clans les temps modernes ont même
Chevaliers de l'enfer. Ce sont des démons été trouvés sous des sceaux : ils tenaient lieu de
plus puissants que ceux qui n'ont aucun titre,. signatures 1:
mais moins puissants que les comtes, les mar- Enfin il y a des personnes qui croient qu'il faut
quis et les ducs. On peut les évoquer depuis le observer les temps pour se couper les cheveux
lever de l'aurore jusqu'au lever du soleil, et de- et se rogner les ongles. — Autrefois on vénérait
puis le coucher du soleil'jusqu'à la nuit 1. le toupet, par lequel les Bomains juraient, et
Chevanês (Jacques), capucin, plus connu qu'on offrait aux dieux. Il paraît qu'ils étaient
sous le nom de Jacques d'Autun, du lieu de sa sensibles à ces présents, puisque, quand Béré-
naissance, mort à Dijon en "1678. On a de lui nice eut offert sa chevelure, ils en firent une
l'Incrédulité savante et la crédulité ignorante, au constellation. — 'Chez les Francs, c'était une
sujet des magiciens et des sorciers. Lyon, 1671, politesse de donner un de ses cheveux, et les
in-4°.Ce recueil, plein d'excentricités curieuses, familles royales avaient seules le privilège de les
dont nous rapportons en leur lieu les passages laisser pousser dans tout leur développement.
remarquables, est une réponse à l'apologie de :En Hollande, beaucoup de gens croient qu'en
Naudé pour tous les grands personnages soup- vendant leurs cheveux à un perruquier, ils auront
çonnés de magie. Heureusement pour l'auteur, par sympathie les maux de lêle de ceux qui les
dit l'abbé Papillon, l'irascible Naudé était mor.t porteront. Une dame âgée, il y a peu de temps, se
depuis longtemps quand ce livre parut. faisait couper à la Haye de beaux cheveux blancs
Chevesche, espèce de chouette, que Torque- d'argent, très-abondants et très-longs. Le ton-
mada définit un oiseau nocturne fort bruyant, deur lui en offrit 20 florins (42 francs). Elle aima
lequel lâche d'entrer où sont les enfants; et, mieux les brûler. —J'aurais, dit-elle, toutes ' les
quand il y est, il leur suce le sang du corps et douleurs que mes cheveux couvriraient.
le boit. Les démonographes ont,donné le nom Chevillement, sorte demaléfice employé par
de chevescheaux sorcières, parce que, semblables les sorciers et surtout par les bergers. Il empêche
à cet oiseau, elles sucent le sang de ceux qu'elles d'uriner. Le nom de ce maléfice lui vient de ce
peuvent saisir, et principalement des petits en- que pour le faire on se sert d'une cheville de bois
fants2. C'est sans doute là l'idée mère des vam- ou de fer qu'on plante dans la muraille, en fai-
pires. Les sorcières qui sucent le sang ont aussi, sant des conjurations. « J'ai connu une personne,
quelque analogie avec les gholes des Arabes. dit Wecker, qui mourut du chevillement : il est
Voy..LAMIES.etGIIOLES. vrai qu'elle avait la pierre. » Et le diable, qui
Cheveux. « Prenez des cheveux d'une femme parfois aime à se divertir, chevilla un jour la se-
dans ses jours de maladie ; mettez-les sous une ringue d'un apothicaire en fourrant sa queue dans
lerre engraissée de fumier, au commencement le piston. Voy. NOALS.— Pour empêcher l'effet
du printemps, et, lorsqu'ils seront échauffés par de ce charme, il faut cracher sur son soulier
la chaleur du soleil, il s'en formera des ser- du pied droit avant de s'en chausser. Ce qui
pents3... » approche de ce qu'on lit dans Tibulle, que les
Quelques conteurs assurent que les mauvais anciens crachaient dans leur sein par trois fois
anges étaient amoureux des;cheveux des femmes, pour se désensorceler ou empêcher le sortilège.
et que les démons incubes -s'attachent de préfé- On voit dans un livre intitulé l'Urolopégnie ou
rence aux femmes qui ont de beaux cheveux. — chevillement, que les tonneaux, les fers, les
Les sorcières donnent de leurs cheveux au dia- fours, les lessives, les moulins à vent et ceux
ble , comme arrhes du contrat qu'elles font avec qui sont sur les ruisseaux et rivières, peuvent
lui; le démon les coupe très-menus, puis les mêie être pareillement liés et maléliciés. Voy. LIGA-
avec certaines poudres : il les remet aux sor- TURES.
ciers, qui s'en servent pour faire tomber la grêle ; Chèvres. Ces animaux étaient fort révérés à
d'où vient qu'on trouve ordinairement dans la Mendès en Egypte. Il était défendu d'en tuer,
grêle de petits poils, qui n'ont pas une autre ori- parce qu'on croyait que Pan, la grande divinité
gine... On fait encore avec ces mêmes cheveux, de cette ville, s'était caché sous la figure d'une
divers maléfices 4. chèvre ou plutôt d'un bouc; aussi le représen-
' lail-on avec une face de bouc, et on lui immolait
Wierus, in Pseudomonarchia doemon.,ad finem.
Hexameron, troisième journée. des brebis. Voy. CAPRICORNE.
J Torquemada,
Secrets d'Albert le Grand, p. 27. 1 M. Cambry, Voyagedans le Finistère, 1.1, p. 474
Boguet, Discours des sorciers, ch. xv, p. 486. et 495.
CHI — 166 — CHI
Souvent dès démons et des sorciers ont pris de la compagnie : ce qu'elles faisaient dextre-
la forme, de chèvre. Claude Chappuis de Saint- ment, entre quatre à cinq mille personnes, et
Amour, qui suivit l'ambassadeur de Henri III près avec une façon telle, qu'il semblait qu'elles vou-
la sublime Porte, conte qu'il vit sur une place lussent parler. Or, qui ne voit clairement que ces
publique de Constantinople des bateleurs qui fai- chèvres étaient hommes ou femmes ainsi trans-
saient faire à des chèvres plusieurs tours d'agi- mués, ou démons déguisés 1?... Voy/Houo.
Ghibados, secte de sorciers
': qui font merveille
au royaume d'Angola.
Chicota, oiseau des îles Tonga, qui a l'habi-
tude de descendre du haut des airs en poussant
de grands cris. Les naturels sont persuadés qu'il
a lé don dé prédire l'avenir. Quand il s'abaisse
près d'un passant, on croit que c'est pour lui
lité et de passe-passe tout à fait admirables; annoncer quelque malheur.
après quoi, leur mettant une écuelle à la bouche, Chicus iEsculanus. Voy. CECCO D'ASCOLI.
ils leur commandaient d'aller demander la' pièce, Chien. Les chiens étaient quelquefois lès com-
pour leur entretien, tantôt au plus beau ou au pagnons des magiciens. C'était-le diable qui les
plus laid, tantôt au plus riche ou au plus vieux suivait sous cette forme, pour donner moins à
soupçonner. Mais on le reconnaissait malgré ses travesti en chien noir vint annoncer à Cimon
déguisements. Léon de Chypre écrit que le diable qu'il mourrait bientôt. .'-'
sortit un jour d'un possédé sous la figure d'un Un charlatan, du vivant de Justinien, avait un
chien noir.—C'est surtout la couleur noire que le chien si habile que, quand toutes les personnes
diable prend sous une peau de chien. De bonnes d'une assemblée avaient mis à terre leurs an-
gens se noient assez fréquemment à Quimper. neaux, il les rendait sans se tromper, l'un après
Les vieilles et les enfants assurent que c'est le l'autre, à qui ils appartenaient. Ce chien distin-
diable, en forme de gros chien noir qui préci- guait aussi dans la foule, lorsque son maître le
pite les passants dans la rivière'. Il y a beau- lui ordonnait, les riches et les pauvres, les gens
coup de superstitions qui tiennent au chien dans honnêtes et les fripons : « Ce qui fait voir, dit
le Finistère, où les idées druidiques ne sonl pas Leloyer, qu'il y avait là de la magie, et que ce
toutes éteintes. On croit encore dans le canton chien était un démon V »
sauvage de Saint-Bonal que l'âme des scélérats Delancre conte qu'en 1530 le démon, parle
passe dans le corps d'un chien noir. Les anciens moyen d'un miroir, découvrit, à un pasteur de
mages croyaient aussi que-les démons se mon- 1 Delancre, Incrédulité et mécréance dusortiUge
traient en forme de chiens; et Plutarque, dans convaincues, traité VI, p. 348.
la vie de Cimon, raconte qu'un mauvais génie pleinement
2 Leloyer, Histoire el discours des spectres, liv.L
1 Cambry, Voyage daiis le Finistère, t. III, p. 22. ch. vin.
CHI 167 CHI
Nuremberg, des trésors cachés dans une caverne les chiens. En Bretagne surtout, les hurlements
près de la ville et enfermés dans des vases de d'un chien égaré annoncent la mort. 11faut que
cristal. Le pasteur prit avec lui un de ses amis le chien de la mort soit noir; et s'il aboie triste-
pour lui servir de compagnon ; ils se mirent à ment à minuit, c'est une mort inévitable qu'il
fouiller et découvrirent une espèce de coffre, au- annonce à quelqu'un' de la famille pour la per-
près duquel était couché un énorme chien noir. sonne qui l'entend, Wierus dit qu'on chasse à
Le pasteur s'avança avec empressement pour se
.'.< jamais les démons en frottant les murs de la
saisir du trésor ; mais à peine fut-il.ehtré dans la chambre qu'ils infestent avec le fiel ou le sang
caverne qu'elle s'enfonça sous ses pieds et"l'en- d'un chien noir 1. Voy. ADRAKOS, AGRIPPA, BRAGA-
gloutit '. Notez que c'est, un conte et que per- DINI',
' DORMANTS', etc. /
sonne n'a vu le grand chien. Mais on peut juger M. MënèclietJ; dans sa spirituelle description des
par ces traits quelle idée avaient des chiens les superstitions du pays de Galles, parle d'une espèce
peuples mal civilisés. Chez les anciens, on appe- dé chiens assez merveilleux peur mériter ici une
lait les furies les chiennes de l'enfer; on "sacri- mention : « Les cwes anmon (chiens d'enfer), que
fiaitdes chi jns noirs aux divinités infernales. Chez l'on appelle aussi quelquefois cwes ivyloir (chiens
nos pères on pendait entre .deux chiens les plus du ciel)', forment, dit-il, une meute fort extraordi-
grands criminels. naire. Les personnes qui ont l'ouïe assez fine
Quelques peuples pensaient pourtant autre- pour cela les entendent souvent courir la chasse
ment; on a même honoré le chien d'une manière dans les -airs, quoique l'on ne. dise pas quel est
distinguée. Élien parle d'un pays d'Ethiopie dont le gibier qu'ils poursuivent. On assure qu'ils sont
les habitants avaient pour roi un chien ; ils pre- surtout bruyants peu de temps avant la"mort des
naient ses caresses et ses aboiements pour des personnes très-perverses. Les uns disent que ces
marques de sa bienveillance ou de sa colère. Les animaux sont blancs et ont les oreilles rouges;
gnèbresont une grande vénération pourles chiens. d'autres prétendent,,au contraire, qu'ils sont tout
Onlit dans Tavernier que, lorsqu'un guèbre est à noirs. Ils sont peul-êlre de la nature du camé-
l'agonie, les parents prennent un chien dont ils léon , qui se nourrit d'air comme eux. »
appliquent la gueule sur la bouche du mourant, Ghifflet (Jean), chanoine de Tournay, né.à
afin qu'il reçoive son âme avec -son dernier sou- Besançon vers 1611. Il a publié : Joannis Ma-
; pir. Le chien leur sert encore à faire connaître si carii Abraxas, seu Apislopistùs, cjuw est anliqua-
le défunt est parmi les élus. Avant d'ensevelir le ria degemmis basilidianis disquisilio, commentants
l corps, on le pose à terre-: on amène un chien illust., Anvers, 1657, in-4°. Cette dissertation
; qui n'ait pas connu le mort, et, au moyen d'un traite des pierres; gravées portail i le nom caba-
morceaude pain, on l'attire le plus près du corps listique Abraxas , par lequel Basilide, hérétique
qu'ilest possible. Plus le chien en approché, plus du deuxième siècle, désignait le' Dieu créateur et
; le défunt est heureux. S'il "vient-jusqu'à-monter conservateur. Elle est curieuse, et les commen-
\ sur lui et à lui arracher de la bouche un morceau taires que Ghifflet y a.joints sont.estimés.
de pain qu'on y a mis, c'est une marque assurée Chija ou Chàja (Abraham Ben) i1rabbin espa-
quele défunt est dans le paradis desguëbres. Mais gnol du onzième siècle. Il a écrit en hébreu le
ï l'éloignement du chien est un préjugé qui fait Volume'du Révélateur; il y traite de l'époque où
; désespérer du bonheur du mort. viendra le Messie et de celle où se fera la résur-
I 11y a aussi des gens qui tiennent à honneur de rection générale. Pic de la Mirandole cite cet ou-
; descendre d'un chien. Les royaumes de Pégu et vrage dans son traité contre les astrologues.
y de Siam reconnaissent un chien pour chef de Childéric Ier. Voy. BAZINE et GIUSTÂLLOJIANCIK.-
j; leur race. A Pégu et à Siam on a donc grand res- Childéric III, fils de ChilpéricII, et dernier
î; pect pour les chiens, si maltraités ailleurs 2. La des rois de la première race. Il publia, en 742,
:; population du Liban, qui s'élève à quatre cent un édit contre les sorciers, où il ordonne que
milleâmes, est composée de trois races, les An- chaque évêque, aidé du magistral défenseur des
sariés, les Druses et les Maronites. Les Ansariés églises, mette tous ses soins à empêcher le peuple
J sont idolâtres. Les uns parmi eux professent le de son diocèse'de tomber dans les superstitions
| cultedu soleil ; les autres celui du chien 3. On a païennes. Il défend les sacrifices aux mânes, les
I. toutefoishonoré quelques individus de celLerace : sortilèges, lés philtres, les augures, les enchan-
tel est le dogue espagnol Bérecillo, tements, les divinations, etc.
qui dévorait
i- les Indiens à Saint-Domingue, et qui avait par Chilpéric Ier, roi de France, fils de Clotaire 1er.
Ï Jourla paye de trois soldats... Saint Grégoire de Tours rapporte, sur le témoi-
H y aurait encore bien des choses à dire sur gnage de Gonlrand, frère de Chilpéric, cette vi-
1 MadameGabriellede sion merveilleuse. Gonlrand vit l'âme de son frère
27. . P***, Histoire des 'fantômes, Chilpéric liée et chargée'de chaînes, qui lui fut
p.2
Uexamêronde Torquemada, traduit par G. Chap- présentée par trois évoques. L'un était Télricus,
Pins,première journée. l'autre Agricola, le troisième Nicélius de Lyon.
Voyagesdu duc de Raguse. '. De proest. dmm., lib. V, cap. xxi.
CHI 168 — CHO
Agricola et Nicétius, plus humains que l'autre, r
ment aussi Bélial; il a l'orient pour district, et
.disaient : — Nous vous prions de le détacher, et, commande
c aux démons des prestiges.
après l'avoir puni, de permettre qu'il s'en aille. Ghoquet (Louis), auteur d'un mystère très-
L'évêque Télricus répondit avec, amertume de rare î intitulé l'Apocalypse de saint Jean Zébédée,
coeur : -r- Il n'en sera pas ainsi ; mais il sera ch âtié oùc sont comprises les visions et révélations
à cause de ses crimes. — Enfin, dit Gonlrand, cqu'icelui saint Jean eut en l'île de Patmos ; in-fol.,
le résultat fut de précipiter cette pauvre âme Paris, I 1541.
dans une chaudière bouillante que j'aperçus Chorropique (Marie), sorcière bordelaise du
de loin. Je ne pus retenir mes larmes lorsque ttemps de Henri IV, qui confessa s'être donnée
je vis le misérable état de Chilpéric, jeté dans la au ; diable par le moyen d'un nommé Augerot
chaudière, où tout à coup il parut fondu et dis- d'Armore, ( lequel la mena clans une lande où elle
sous S -.. trouva
I un grand seigneur vêtu de noir, avec la
Chimère, monstre imaginaire, né en Lycie, ffigure vqilée. Il était entouré d'une infinité de
que les poêles disent avoir été vaincu par Belle- gens { richement habillés. Marie Chorropique ayant
rophon ; il avait la tête et l'estomac d'un lion, le prononcéi le nom de Jésus, tout disparut incon-
ventre d'une chèvre et la queue d'un, dragon. Sa tinent. I Son guide ne vint la reprendre que trois
gueule béante vomissait des flammes. Les démo- heures 1 après, la tança d'avoir prononcé le- nom
nôgraphes disent que c'était un démon. ide Notre-Seigneur, et la conduisit au sabbat près
Chimie. On la confondait autrefois avec l'ai- < d'un moulin, où elle retrouva le même seigneur
chimie. La chimie, selon les Persans, est une noir, : avec un nommé Menjoin, qui portai t; un
science superstitieuse, qui tire ce qu'il y, a de plus pot ; de terre plein de grosses araignées enflées
subtil dans les corps terrestres pour s'en servir < d'une drogue blanche, et deux crapauds qu'on
aux usages magiques. Ils font Caron (le Coré du tua à coups de gaule, et qu'on chargea Marie
Pentateuque) inventeur de cette noire science d'écorcher.
qu'il apprit, disent-ils,de Moïse. Louis de Fonte- Ensuite, Augerot pila .ces araignées, dans un
nétles, dans l'épîlre dédicaioire de son Ifippo- mortier avec les crapauds. On jeta celte compo-
crate dépaysé,dit que «d'aucuns prétendent que sition- sur des pâturages pour faire mourir les
» là chimie, qui est un art diabolique, à été in- bestiaux. Après, quoi, ces gens s'en allèrent au
» ventée par Cham. » bourg d'Irauris, où ils prirent sans bruit un en-
China, idole de laSénégambie. Elle a une tête fant au berceau.. Augerot et Menjoin l'étranglè-
de veau ; on lui offre en sacrifice du miel qu'on rent et le mirent entre son père et sa mère qui
fait brûler, pour obtenir de bonnes récolles. dormaient, afin que le père crût que sa femme
Chion, philosophe d'Héraclée, disciple de Pla- l'avait étouffé, et que la mère à son tour accusât
ton. Il fut averti en songe de tuer Gléarque, tyran son mari. Ils en empoisonnèrent d'autres. Dans
d'Héraclée, qui était son ami. Il lui sembla voir toutes ces exécutions, Marie Chorropique atten-
une femme qui lui mit devant les yeux la bonne dait les deux bandits à la porte. Que penser de
renommée qu'il acquerrait par le meurtre,du ces récits ?
tyran ; et, poussé par cette vision, il le tua. Mais Elle dit encore que, dans un sabbat, elle vit
ce qui prouve que c'était une vision diabolique, deux sorcières qui- apportèrent le coeur d'un en-
'
c'est que Cléarque, tyran tolérable, ayant été fant dont la mère s'était fait avorter, et qu'elles
tué, fut remplacé par Satyre, son frère, bien plus le gardèrent pour en faire un sacrifice au diable.
cruel que lui, et que rien ne pouvait adoucir. Celle horrible
' sorcière fut brûlée le 2 octobre
Chiorgaur. Voy. GAURIE. 1576 '.
ChiridireJIès, démon qui secourt les voyageurs Chouette, espèce de hibou de la grosseur
dans leurs besoins, etqui leur enseigne leur chemin d'un pigeon. La chouette ne paraît qu'au point
lorsqu'ils sont égarés. On dit qu'il se montre à du jour ou à l'approche de la nuit. Chez les Athé-
ceux qui l'invoquent sous la forme d'un passant à niens et les Siciliens, cet oiseau était d'un bon
cheval. - augure ; partout ailleurs, la rencontre d'une
Chiromancie ou Chiroscopie, art de dire la chouette est d'un mauvais présage. Cette super-
bonne aventure par l'inspection des lignes de la stition vit encore dans plusieurs contrées. Voy.
main. Celte science, que les bohémiens ont ren- CHEVESCHE.
due célèbre, est, dit-on, très-ancienne. Nous Choun, divinité adorée chez les Péruviens,
en.exposons les principes à l'article MAIN. qui racontaient ainsi son histoire : — Il vint des
Chiron, non pas centaure, mais llippocen- parties septentrionales un homme qui avait un
taure, car, fils de Saturne, il était moitié Dieu corps sans os et sans muscles, et qui s'appelait
et moitié cheval. Choun; il abaissait les montagnes, comblait les
Ghodar, démon que les nécromanciens nom- vallées et se frayait un chemin dans les lieux in-
1 Greg. Turon., Hisl. franc, lib. VIII, cap. v. — accessibles. Ce Choun créa les premiers habi-
' Delancre, Tahl. de l'inconstance des démons,etc.,
Lenglet-Dufresnoy, Recueil de.dissertations sur les!
apparitions, p. 72 delà préface. p. 407.
CHO 169 — CIE
tants du Pérou; il leur apprit à se nourrir des C'est la coutume du diable de bégayer dans les
herbes et des fruits sauvages. Mais un jour, of- choses futures'. » Cicéron devint en effet ce qu'on
fensé par quelques Péruviens,il convertit en sa- sait. C'est lui qui disait qu'il ne concevait pas
bles arides une partie dé la terre, auparavant que deux augures pussent se regarder sans rire.
très-fertile partout; il.arrêta la pluie;, dessécha Il a combattu quelques idées superstitieuses dans
les plantes; et ensuite, ému de compassion, il plusieurs de_ses ouvrages> surtout dans les trois
ouvrit les fontaines et fit couler les rivières, pour livres de la Nature des dieux, et--dans les Tnscû^
réparer le mal qu'il avait causé... C'est un sys- lànes. Dans ses deux livres de la Divination,. il re;-
tème qui n'est pas plus bêle que celui des philo- connaîtaux; hommes le;don de lire; dans'-l'avenir;
sophes modernes. Valère-Maxime conte que Cicéron, ayant été
Choux. Une croyance qui n'est pas extrême- proscrit par les triumvirsVse rëtiradaiis sa maison
ment-rare < c'est qu'on ne doit pas manger de deFormies,où les satellites des tyrans netardè-
choux le jour de saint Etienne, parce qu'il s'était rent pas à le poursuivre. Dans-ces moments de
caché dans un carré de choux pour éviter le mar- trouble, il vit un corbeau arracher l'aiguille-d'un
tyre1... Conte très-stupide et superstition très- cadran : c'était lui annoncer que sa carrière était
absurde'. finie. Le corbeau s'approcha ensuite de lui, comme
Chrétiens/Dans les persécutions, on les ac- pour lui faire sentir qu'il allait bientôt être sa
cusait de magie. .---. proie, et le prit par le bas de sa robe, qu'if ne
Ghristolytes, hérétiques du sixième siècle, cessa de tirer que quand un esclave vint dire à
qui disaient-que Notre-Seigneur avait laissé sou l'orateur romain que des soldats arrivaient pour
corps et son âme aux enfers, et qu'il n'était re- lui donner la mort._Les corbeaux d'aujourd'hui
monté aux cieux qu'avec sa divinité. sont plus sauvages.
Christophe. Autrefois, d'après- une opinion Ciel. Un tel article ne peut entrer dans cedic-
exprimée par ce vers : lionnairequ'à proposdequelques foliés croyances.
Les musulmans 'admettent, neuf cieux. Il y eut
Christophorumvideas. postea tutus cas,
parmi les chréJLiens des. hérétiques; qui en an-
on croyait que celui qui avait vu quelque image nonçaient troiscent'.-soixaiite-cinq, avec des anges
de saint Christophe le malin était en sûreté toule spécialement maîtres de chaque cieL Voy, BA-
la journée. SILIDE.
Christoval dé la Gàrrade. Voy. MAIUSSAKE. Bodin assure qu'il y a dix cieux, qui sont
Chrysolithe, pierre précieuse qu'Albert le marqués par les dix courtines du tabernacle et
Grand regarde comme un préservatif contre la par ces mots : « Les creux sont les oeuvres de les
folie. Elle a encore, dit-il, la vertu de mettre le doigts, » qui sont au nombre de dix 2... Les
repentir dans le coeur de l'homme qui a fait des rabbins prétendent que le ciel tourne sans cesse,
fautes... et qu'il y a au bout du monde un lieu où le ciel
Ghrysomallon, nom du fameux bélier qui touche, la terre. Oh lit dans le Talmud que le
; portait la toison d'or. On dit qu'il volait dans les rabbin Bar-Ghana, s'étant arrêté en cet endroit
\ airs, qu'il nageait en perfection, qu'il courait pour se reposer, mit son chapeau sur une des
[ avec la légèreté d'un cerf, et que Neptune, dont fenêtres du ciel, et que, l'ayant voulu reprendre
j il élait fils, l'avait couvert de soie d'or au lieu un moment après, il ne le retrouva plus, les
\ de laine. 11 avait aussi l'usage delà parole, el cieux l'ayant emporté dans leur course : de sorte
\ donnait de bons avis. Il est le premier signe du qu'il fallut qu'il attendît la révolution des mondes
i zodiaque.
pour le rattraper.
Chrysopée, oeuvre d'or. C'est le nom grec Cienga. C'est chez quelques peuples de. l'O-
\ que les alchimistes donnent à la pierre philoso- céanie le mauvais esprit, le démon.
I phale, ou à l'art de transmuer tous les métaux
Cierges. On allume deux cierges à Scaer, en
J en or pur. Bretagne, au moment du mariage; on en place
Chrysopole, démon. Voy. OLIVE. un devant le mari, l'autre devant la femme : la
Chrysoprase, pierre précieuse à laquelle la lumière la moins brillante indique celui des deux
| superstition attachait la propriété de fortifier la qui doit mourir le premier. L'eau el le feu,
}i vue, de réjouir l'esprit et de rendre l'homme comme chez les anciens, jouent un grand rôle
g libéral et joyeux. chez les Bretons. Du côté de Guingamp, et ail-
5 Ciaconius. Voy. CHACON. leurs, quand on ne peut découvrir le corps d'un
Cicéron (Marcus ïullius). Leloyer dit qu'un noyé, on'met un cierge allumé sur un pain qu'on
| specLreapparut à la nourricede Cicéron : c'était abandonne au cours de l'eau : on trouve, dit-on,
; «n démon de ceux qu'on appelle génies fami- le cadavre dans l'endroit où le pain s'arrête 3..
; fors. 11 lui prédit qu'elle allaitait un enfant qui,
' Leloyer, Histoire et discours des spectfes,$\\\. II,
;: «n jour, ferait grand bien à l'État. « Mais d'où
tenait-il tout cela? me dira-t-on. Je répondrai : ch.2 v; liv. III, ch. xyn.
1 Préface de la Démonomanie des sorciers.
Thiers, Traité des superstitions, t. I. 3 Voyagede Cambry dans le Finistère, t. III, p. 459.
I
C1G 170 — CIP
Cigogne. On croit que les cigognes préservent reviennent dansies cimetières; on dit même que
des incendies les maisons où elles se retirent: les démons aiment à s'y montrer, et que c'est
Cette erreur n'est plus très-répandue. On a dit pour les écarter qu'on y plante des croix. On
aussi que les cigognes ne s'établissaient que dans conte des anecdotes effrayantes. Peu de villageois
les Étals libres; mais les Égyptiens, qui eurent traverseraient le cimetière à minuit : ils ont tou-
toujours des rois, leur rendaient un culte; et jours l'histoire de l'un d'entré eux roSsé par une
c'était un crime capital en Thessalie, qui était âme (ou plutôt par un mauvais plaisant) qui lui
monarchique, de tuer une cigogne, parce que lé a reproché de troubler sa pénitence. Henri Ës-
pays est plein de serpents, et que les cigognes lienile et les ennemis du catholicisme ont forge
les détruisent. Elles sont enfin très-communes et des aventures facétieuses, où ils attribuent de
très-protégées en Turquie, en Egypte et en Perse, petites fraudes aux gens d'église pour maintenir
où. l'on ne songe guère aux idées républicaines. cette croyance ; mais ces historiettes sont des in-
Cilano (George-Ghrétien-Maternus de), Hon- ventions calomnieuses. Oïi a vu quelquefois, dans
grois du dixchuitième siècle, qui a écrit un livre les grandes chaleurs, des exhalaisons enflammées
de l'Origine et de la Célébration des Saturnales sortir des cimetières ; oh sait aujourd'hui qu'elles
chez les Romains 4, et (sous le nom d'Antoine ont une cause naturelle.
Signatelli) des Recherches sur les géants 2. Cimmériens, peuples qui habitaient autour
Cimeriès, grand et puissant démon, marquis des Palus-Méotides, et dont les Cimbres sont les
de l'empire infernal. Il commande aux parties descendants. Beaucoup de savants ont placé
africaines; Il enseigne la grammaire, la logique dans ce pays l'antre par lequel on allait aux en-
etla rhétorique; il découvre les trésors et révèle fers. Leloyer dit que les Cimmériens étaient de
les choses cachées; il rend l'homme léger à la grands sorciers, et qu'Ulysse ne les alla trouver
course, et donne aux bourgeois la tournure frin- que pour interroger par leur moyen les esprits
gante des militaires. Le marquis Cimeriès, capi- de l'enfer.
taine de vingt légions, est toujours à cheval sur Gimon, général athénien, fils de Miltiade,
un grand palefroi noir l. Ayant vu en songe une chienne irritée qui
Cimetière. Il n'était pas permis en Espagne, aboyait contre lui et qui lui disait d'une voix
au quatrième siècle, d'allumer des cierges en humaine : — « Viens, tu me feras plaisir à moi
plein jour dans les cimetières, depeivr d'inquiéter et à mes.petits, » il alla consulter un devin
les esprits. On croyait que les âmes des trépassés nommé Astyphile, qui interpréta sa vision de
fréquentaient les cimetières où leurs corps étaient cette manière : — « Le chien est ennemi de'
celui contre lequel il aboie; or, on ne pourrait
faire à son ennemi un plus grand plaisir que de
mourir; et ce mélange de la voix humaine avec
l'aboi dénote un Mède qui vous tuera. » Les
Grecs étaient en guerre avec les Perses et les
Mèdes : il y avait donc chance. Malheureusement
pour le devin , le songe ne s'accomplit pas, et
Gimon ne mourut que de maladie.
Gincinnatulus ou Gincinnatus ( le petit
frisé), esprit qui, au rapport de Rhodiginus,
parlait par la bouche d'une femme nommée Jo-
caba, laquelle était ventriloque.
Cinq. Les Grecs modernes se demandent ex-
cuse en prononçant le nombre cinq, qui esL'du
plus mauvais augure, parce qu'il exprime un
nombre indéfini, réprouvé par les cabalistes,
Ciones. Voy. KIONES.
Cippus Venelius, chef d'une partie de l'Italie,
qui, pour avoir assisté à un combat de taureaux
et avoir eu toute la nuit l'imagination occupée
enterrés^'' ; et le clergé eulf quelque peine à dé- de cornes, se trouva un front cornu le lende-
truire celle opinion. On croit encore aujourd'hui
main. D'autres disent que ce prince, entrant
dans les campagnes que les âmes du purgatoire
victorieux à Rome, s'aperçut, en se penchant
, ' De Salurnalium origine cl celebrandi ritu apud au-dessus des eaux du Tibre, car il n'avait pas
Romanos, 4789. de miroir, qu'il lui était poussé des cornes, Il
2 De gigantibus nova disquisitio historica et cri- consulta les devins pour savoir ce que lui pré-
tica, 4756. sageait une circonstance si extraordinaire. On
3;iWierus, in Pseudomonarchia doemon.
4fDom Calmet, Traité sur les apparitions, etc., pouvait expliquer ce prodige de plusieurs façons;
ch. xi. on lui dit seulement que c'était une marque qu'il
CIR — 171 CLA
régnerait dans Rome; mais il n'y voulut plus trophes, pour, la plupart imaginées par les écri-
entrer. Celle modération'est
:- " plus merveilleuse vains protestants^ qui ont si souvent fabriqué
que les cornes. :. des romans et des historiettes, dans le but de
Circé, fameuse. magicienne qui changea les faire lire leurs écrits. On classe cette vie prodi-
compagnons d'Ulysse en pourceaux. Elle- savait gieuse dans les impostures historiques. -
composer des potions magiques et des enchan- Clairon ( Glaire-Josôphe-Leyris de Latudè,
tements par lesquels elle troublaitl'air, exci- connue sous le nom d'Hippolyte).-, tragédienne
tait les grêles et les tempêtes, et donnait aux française t.--morte-en 1803. Dans ses Mémoires}
hommes des maladies de corps et d'esprit. publiés en 1799, elle raconte l'histoire-d'uii re-
Saint Jean Clïrysosiome regarde la métamor- venant qu'elle croit être l'âme de M; de S....,
phosedes compagnons d'Ulysse comme une vive fils d'un négociant dé Bretagne, dontelleavait
allégorie. rejeté les Voeux; il en mourut de chagrin ; et
Circoncellions , fanatiques du quatrième dès lors mademoiselle Clairon entendit toutes les
siècle, de la secte des donatistes. Ils parurent nujts, vers les onze heures du soir, pendant
en Afrique. Armés d'abord de bâtons-qu'ils--ap- plusieurs mois, un cri aigu. Ses gens, ses amis,
pelaient bâtons d'Israël, ils connhéttàienlJflbUS: ses voisins, la police même, entendirent ce
les brigandages, sous prétexte de :rétàbïir;|riéga- bruit, toujours à la même heure, toujours par-
liléiIls prirent bientôt des armes plus-.offehpiy.es-lant sous ses fenêtres, et ne paraissant sortir
"
pour tuer les catholiques. On les appelait aussi, iqùeîdu vague de l'air.
scolopètes. Ils faisaient grand casldçf- diable -et j;;Gês,cris cessèrent quelque temps, puis ils fu-
l'honoraient en se coupanfc'lâ^ptfge , ,;.eh'.-se:,.iient remplacés, à la même heure, par un coup
noyant, en se jetant, eux ëf-leurs femmes^>'dans] ''3è'|usil tjré^dans ses fenêtres, sans qu'il en ré-
les précipices. A la suite Ade Êï^déric. JBarbe- sultat;àuçun-dômmage.
; rousse, au treizième siècl&, on." :vit rjeparaîïre ; -:"'Lia£Ùe^ùt, Remplie d'espions, et ce bruit fut
'
descirconcellions qui damnaient: lés-càlliôliques.^ "éntendUi^sàns-que jamais personne pût voir de
; Cesviolents sectaires, qui pratiquaient lèJmeûrtrë-; quéL^dïi^t:ilfpartait. A ces explosions succéda
'
î contre eux-mêmes et contre les autres^ à l'upe un claquement de. mains, puis des sons mélo-
i el l'autre époque, ne durèrèhtip>as:longtemps. ':;' ,(li0ù^:;;Enffnx;tout :cessa après un peu plus de
Cire. C'est avec de la cire quelles sorcières deux àiisiet demi1..Voilà ce que disent des mé-
; composaientles petites figurés magiques qu'elles moirés"publiés par mademoiselle Baucourt. C'était
î faisaientfondre lorsqu'elles yôujaient envoûter sàr^ip^îeju.nè.mystification, qui eût fait un peu
\ etfaire périr ceux qu'elles avaient pourennemis.;; ;plus:^;bruit. à'-Paris si c'eût été autre chose.
{ Ondécapita à Paris, en 1574 , ûff'gêhtilhpnlme, ''/^Gl^i^ybijfançe. On exprime parce mot le don
| chez qui l'on trouva une petiteimage de cire qiiè:;p.ossèâeiit\ quelques personnes de deviner
| ayant la place du coeur percée d'un poignard. des choses obscures ; à peu près comme ceux qui
| Votj.ENVOÛTEMENT et CÉnoaiANCiE. découvrent des sources où le commun des hom-.
I Giruelo (Pierre), savant aragonais du quin- mes n'en soupçonne pas. .
| zièine siècle, à qui l'on doit un livre d'astro- Clarus. Saint Augustin rapporte qu'un jeune
| logie1, où il défend les astrologues et leur science homme de condition nommé Clarus, s'élant
i contreles raisonnements de Pic de la Mirandole. donné à Dieu dans un monastère d'Hippone, se
I Citation, formule employée pour appeler les persuada qu'il avait commerce avec les anges.
i} espritset les forcer à paraître. Voy. ÉVOCATION.11en parla dans le couvent. Comme les frères
| Cités. Saint Augustin a parfaitement décrit ce refusaient de le croire, il prédit que la huit sui-
| basmonde, en le divisant en deux cités : la cilé vante Dieu lui enverrait une robe blanche avec
; deDieu, peuplée des hommes attachés à l'Église, laquelle il paraîtrait au milieu d'eux. En effet,
t et la cité du diable, composée de tous les autres. vers minuit, le monastère fut ébranlé, la cellule
Citu, fêle au Pérou, dans, laquelle tous les du jeune homme parut brillante de lumière; on
;' 'habitants se frottaient d'une pâte où ils avaient entendit le bruit de plusieurs personnes qui al-
5 mêlé un peu de sang tiré de l'eiitre-deux des laient, venaient et parlaient entre elles, sans
| sourcilsde leurs enfants. Ils pensaient par là se qu'on pût les voir. Ciarus sortit de sa cellule et
I préserverpour tout le mois de tout malaise. Les montra aux frères la tunique dont il était vêtu :
f. prêtres idolâtres faisaient ensuite des conjura- c'était une étoffe d'une blancheur admirable et
j lions afin d'éloigner les maladies, et les Péru- d'une finesse si extraordinaire, qu'on n'avait ja-
:; viens croyaient que toutes les fièvres étaient mais rien vu de semblable. On passa le reste de
; chasséesdès lors à
cinq ou six lieues de leurs la nuit à chanter des psaumes en actions de
v- habitations. grâces ; ensuite on .voulut conduire le jeune
Civile (François de), gentilhomme normand, homme à saint Augustin ; mais il s'y opposa, di-
; né en 1536, dont la vie fut remplie de catas- sant que les anges le lui avaient défendu. Ge-
, Apotolesmataaslrologioehumanoe, hoc est de mu- 1 Mémoires d'Hippolylc Clairon, édit. do Buisson,
i. Wmibus temporum. Alcala, 4624. p. 467.
CLA — 172 CLE
pendant on ne l'écouta point; et, comme on l'y nature. Il a laissé dans les Mémoires de cette
conduisait malgré sa résistance, la tunique dis- société divers opuscules singuliers. Tels sont:
parut aux yeux des assistants; ce qui fil juger « le Remède diabolique du délire » et « les
que le tout n'était qu'une illusion de l'esprit de Vingt-cinq ans de séjour d'un démon sur la
ténèbres. terre '. »
Classyalabolas. Voy. CAACRISOLAAS. Son neveu, Frédéric-Guillaume Clauder, a
Claude, prieur de Laval, fit imprimer à la donné dans les Éphémérides de la même aca-
fin du seizième siècle un livre intitulé Dialogues démie un traité sur les nains 2.
de la Lycanlhropie. Clauneck, démon turc qui a puissance sur les
Clauder (Gabriel), savant saxon, mort, en biens, sur les richesses; il fait trouver des tré-
1691, membre de l'Académie des Curieux de la sors à. celui qu'il sert en vertu d'un pacte. 11est
aimé de Lucifer, qui le laisse maître de prodi- les spectateurs. Le parlement de Toulouse pro-
guer l'argent. Il rend complaisance pour com- clama la fraude et dissipa cette ridicule affaire,
plaisance à qui l'appelle*. Clavicules de Salomon. Voy, SALOMON.
Clauzette. Sur la fin de 1681, une fille in- Clay (Jean), littérateur allemand, mort en
sensée, Marie Clauzette, se mit à courir les 1592. On recherché son Alkumislica, petit poéïnc
champs aux environs de Toulouse, en se récla- en vers allemands contré la folie des alchimistes
mant du nom de Robert, qu'elle disait être le et faiseurs d'or.
maître de tous les diables, On la crut possédée, Glédonismancie, divination tirée de certaines
et tout le monde voulut la voir. Quatre jeunes paroles qui, entendues ou prononcées en di-
filles, qui assistèrent aux premiers éxorcismes, verses rencontres, étaient regardées- comme
se crurent possédées pareillement. Le vicaire bons ou mauvais présages. Celte divination était
général de Toulouse, voulant éprouver si la pos- surtout en usage à Smyrne; il y avait là jadis un
session était vraie, fit employer d'abord des temple où c'était ainsi qu'on rendait les oracles.
éxorcismes feints; et l'eau commune, la lecture Un nom seul offrait quelquefois l'augure d'un
d'un livre profane, le ministère d'un laïque ha- bon succès. Léotychide, p"ressé par un Samien
billé en prêtre agitèrent aussi violemment les d'entreprendre la guerre contré les Perses, de-
prétendues possédées, qui n'étaient pas préve- manda à ce Samien son nom; et, en apprenant
nues, que si un prêtre eût lu.le Rituel avec des qu'il s'appelait Hégésistrate, mot qui signifie
aspersions d'eau bénite. Les médecins décla- conducteur d'armée, il répondit : « J'accepte
rèrent que le diable n'était pour rien-dans cette de
l'augure d'Hégésistrate. » Ce qu'il y avait
affaire. Les possédées vomissaient des épingles commode en tout ceci, c'est qu'on étail libre
crochues; mais on remarqua qu'elles les ca- 1 De diabolico delirii remedio. — De diaboloP
chaient dans leur bouche pour les rejeter devant
viginti quinque annos fréquentante cummùliere.,w'^
1 Obedias illi, et obediet. Clavicules de Salomon, veneficii opéra.
2 De nanorum
p. 44. generalione.
CLE 173 GLE
d'accepter ou de refuser le mot à présage. S'il de cette divination pour découvrir les trésors;
était saisi par celui qui l'entendait el qu'il frap- On les a vus plusieurs fois en France recourir à
cet oracle de la clef sur l'Évangile de saint Jean ;
pât son imagination, il avait toute son influence ;
mais si l'auditeur le laissait tomber, ou n'y fai- durant l'invasion de 1814-
sait pas une prompte attention, l'augure était Clément, prêtre écossais, contemporain de
sans force. Charîemagne. Il soutenait qu'en descendant aux
Clef d'or. On a publié,- sous le titre de la enfers Jésus-Christ en avait délivré tous les da'ai-
Clef d'or, plusieurs petits volumes stupides qui nés, sans exception. Cette doctrine a été con-
enseignent les moyens infaillibles de faire for- damnée.
tune avec la loterie, et qui, quand la loterie Cléônice. Pausanias, général laeédémonien,
existait, ne faisaient que des dupes. La Clef d'or ayant tué à Vicence: Une vertueuse jeune fille,
ou le Véritable trésor de la fortune, qui se réim- nommée Cléônice-, qui lui avait résisté, vécut
primait de temps en temps à Lille, chez Cas- dans un effroi continuel et ne cessa de voir, jus-
liaux, n'est pas autre chose que là découverte qu'à'sa mort, le spectre de cette jeune fille à ses
des nombres sympathiques, que l'auteur se Vaille côtés.— Si l'on connaissait ce qui a précédé les
d'avoir trouvés; « ce qui lui a valu trois cent visions, on en trouverait souvent la source dans
« millefrancs en deux ans et demi». -Il est affreux les remords.
de mentir aussi impunément pour- engager-les Gléopâtre: C'est, dit-on, une erreur que
pauvres gens à se ruiner dans les loteries.: Or, l'opinion où iious: sommes que Cléopâtrô se fit
les cinq nombres sympathiques ne manquent pas mourir avec deux: aspics. Plutarque dit, dans la
de sortir, dit-il effrontément, dans lès cinq tirages vie de Marc-Antoinè', que personne n'a.jamais
qui suivent la sortie du numéro indicateur. Il su comment' elle était morte. Quelques-uns as-
faut donc les suivre pendant cinq: tirages seule- surent qu'elle prit; un' poison qu'elle avait cou-,
ment pour faire fortune. Par exemple, les nom- lu me de porter dans ses cheveux. On ne trouva
bres sympathiques de 4 sont 30, 4'0,'50, 70, 76. point d'aspic dans lé lieu où elle était morte ; on
Cescinq numéros sortiront dans les cinq tirages dit seulement qu'on lui remarqua au bras droit
qui suivront la sortie de 4 , non pas tous à la fois deux piqûres: imperceptibles ; c'est là-dessus
i peut-être, mais au moinsdeux ou;trois ensemble; qu'Auguste:hasarda l'idëequi est devenue popu-
Du reste, les nombres!sympathiques sont ima- laire sur le genre-de sa mort. .11 est probable
i ginaires, et chacun les disposé à son gré. qu'elle se piqua avec Une aiguille empoisonnée'.
Cleidomancie ou Cleidonomancie, divina- Gléromahcie, art de dire la bonne aventure
; lion par le moyen d'une clef. On voit dans Delrio par le sort jeté, c'est-à-dire avec des dés, des
i et Delancre qu'on employait celte divination osselets, des lèves noires ou blanches. On les
i pour découvrir l'auteur d'un vol ou d'un meurtre. agitait dans un vase, et, après avoir prié les
k Ontortillait autour d'une clef un billet contenant dieux, on les renversait sur une table et l'on pré-
;: le nom de celui qu'on soupçonnait; puis on al- disait l'avenir d'après la disposition des objets;
: tachait celle clef à une Bible, qu'une iille vierge Il y avait àlhira, en Achaïe, un oracle d'Hercule
l soutenait de ses mains. Le devin marmottait en- qui se rendait sur un tablier avec des dés. Le
ï suite lotit bas le nom des personnes soupçon- pèlerin, après avoir prié, jetait quatre dés, dont
| nées; et on voyait le papier tourner et se mou- le prêtre d'Hercule considérait les, points, et il
:i voir sensiblement. On devine encore d'une autre en tirait la conjecture de ce qui devait arriver.
!; manière par la cleidomancie. On attache élroi- Il fallait que ces dés fussent faits d'os de bêles
'ii lementune clef sur la première page d'un livre; sacrifiées 2. Le plus souvent on écrivait sur des
; on ferme le livre avec une corde, de façon que osselets ou sur de petites labletles qu'on mêlait
; l'anneau de la clef soil dehors; la personne qui dans une urne; ensuite on faisait tirer un lot par
{ a quelque secret à découvrir par ce moyen pose le premier jeune garçon qui se rencontrait ; et si
;; le doigt dans l'anneau de la clef, en prononçant l'inscription qui sortait avait du rapport avec ce
-;. tout bas le nom qu'elle soupçonne. S'il est in- qu'on voulait savoir, c était .une prophétie cer-
l nocent, la clef reste immobile; s'il est coupable, taine. Celle divination était commune en Egypte
v elletourne avec une telle violence qu'elle rompt et chez les Romains ; et l'on trouvait fréquem-
I la corde qui attache le livre H. ment des cléromanciens clans les rues et sur les
Les Cosaques et les Russes emploient souvent places publiques, comme on trouve dans nos
:. «Ile divination ; mais ils mettent la.clef en tra- fêles des cartomanciens. Voy. ASTUAGALOMANCIE.
••;v'erset non à plat, de manière que la compres- Clèves. On dit que le diable est chef de celle
sionlui fait faire le quart de tour. Ils croient sa- noble maison et père des comles de Clèves. Les
voir parla si la maison où ils sont est riche, si cabalisles prétendent que ce fut un sylphe qui
enr famille- se porte bien en leur absence, si vint à Clèves par les airs, sur un navire merveil-
le«r père .vit encore, etc. Ils font
usage surtout 1 Voyez Brown, Des erreurs
populaires, liv. V,
Delancre, Incrédulité et mccréancc du sortilège ch. xn.
vmnementconvaincues, traité V. 2 Delancre, Incrédulité et mècrèance, etc., traité V.
6LI — 174 -r CLO
leux traîné par des cygnes, et qui repartit un bour sur un lieu élevé ferait peut-être le même
jour, en plein midi, à la vue de tout le;monde, effet d'attirer la foudre.
sur son navire aérien. « Qu'a-t-il fait aux doc- On a cru encore, dans certains pays, qu'on se
teurs qui les oblige à l'ériger en démon? » dit mettait à l'abri de toute atteinte des orages en
l'abbé de Villars 1. C'est en mémoire de cette ori- portant sur soi un morceau de la corde attachée
gine merveilleuse, diversement expliquée, qu'on à la cloche au moment de son baptême.
avait fondé au, pays de Clèves l'ordre des che- Cloche du diable. 11 nous reste à dire un
valiers du Cygne. mot de cette cloche.; Dusaulx visitant les Pyré-
CHmàtérique. Voy. ANNÉE. nées à pied, son guide, qui était un franc mon-
Glistheret, démon qui fait paraître l.a nuit au tagnard , le conduisit dans un marécage comme
milieu du jour, et le jour au.milieu de la nuit, pour lui montrer quelque chose de curieux. Il
quand c'est son caprice,: si vous en croyez les prétendit qu'une cloche avait jadis été enfoncée
Clavicules de: Salomon. dans' cet endroit ; que cent ans après le diable,
Cloches. Les anciens connaissaient les cloches, à qui. appartenaient alors tous les métaux souter-
dont on attribue l'invention aux Égyptiens. Elles rains, s'était emparé de cette cloche, et.qu'un
étaient en usage à Athènes et chez les Romains. pâtre depuis peu de temps, l'avait entendu son-
Les musulmans n'ont point de cloches dans leurs ner pendant la nuit de Noël-dans l'intérieur de
minarets; ils croient que le son des cloches ef- la montagne. — Fort bien, diti-Diisaulx; ce qu'on
,frayerait les âmes des bienheureux dans le para- a pris pour le son d'une; cloche, ne. viendrait-il
dis. : Les cloches ne furent généralement em- pas plutôt des eaux souterraines qui s'engouf-
ployées dans les églises chrétiennes que vers frent dans quelque p.ayilé ? •—*Oh ! que non, ré-
le septième siècle. Qn voit dans Alcuin que la pliqua le guide. ,; .
cérémonie du baptême qui les consacre avait lieu Cloche du jugement dernier. Il y a des
déjà du temps, de Charîemagne. cloches célèbres!- On respecte: beaucoup dans les
C'est, dit-on, parce qu'elles sont baptisées Pyrénées la cloche de la vallée;: on lui donne
.que les cloches sont odieuses à Satan;, On assure toutes sortes: d'origines merveilleuses : la. plus
que quand le diable porte ses suppôts au sabbat, commune, c'est qu'elle a été fondue par les
il est forcé de les laisser, tomber s'il entend le anges. On l'entend,, ou peut-être,on croit l'en-
son des.cloches. Torquemada raconte, dans son tendre quelquefois- : mais oh ne sait pas où elle
Hexameron, qu'une femme revenant du sabbat, est suspendue. C'est cette cloche qui.doit, à ce
portée dans les airs par l'esprit..malin:, enlendil que disent les montagnards, réveiller leurs pa-
la cloche qui sonnait YAngelus. Aussitôt le diable triarches endormis dans les creux des rochers,
l'ayant lâchée, elle tomba dans une haie d'épines, et appeler les hommes au dernier jugement,
au bord d'une rivière. Elle aperçut un jeune . Lorsque Ferdinand le Catholique fut attaqué de
homme à qui elle demanda secours, et qui, à la maladie dont.il mourut, la fameuse clochede
force de prières, se décida à la reconduire en la Villela (qui a dix brasses de tour) sonna, dil-on,
sa maison. Il la pressa tellement de lui avouer d'elle-même; ce qui arrivé quand l'Espagne est
les circonstances de son aventure, qu'elle la lui menacée de quelque malheur. On publia aussitôt
apprit; elle lui fit ensuite de petits présents, qu'elle annonçait la mort du roi, qui mourut ef-
pour l'engager à ne rien dire ; mais la chose ne fectivement peu après 4.
manqua pourtant pas de se répandre. Clofye, oiseau d'Afrique, noir et gros comme
On croit dans quelques contrées que c'est le un élourneau. C'est pour les nègres un oiseaude
diable qui excite les tempêtes, et que, par con- présage. Il prédit lesboiis événements, lorsqueen
séquent, les cloches conjurent les orages. Les chantant il s'élève dans les airs; il en pronostique
paysans sonnent donc les cloches dès qu'ils en- de mauvais s'il s'abaisse. Pour annoncer à quel-
tendent le tonnerre, ce qui maintenant est re- qu'un une mort funeste, on lui dit que-le Clofye
connu pour une imprudence. Citons à ce sujet a chaîné sur lui.
un fait consigné dans les Mémoires de l'Acadé- Glotho. L'une des trois Parques et la plus
mie des sciences : « En 1718, le 15 août, un jeune. C'est elle qui file les destinées ; on lui
vaste orage s'étendit sur la basse Bretagne, le donne une quenouille d'une hauteur prodigieuse.
tonnerre tomba sur vingt-quatre églises situées La plupart des mythologues la placent avec ses
entre Landernau el Sainl-Pol de Léon ; c'était pré- soeurs à la porte du repaire de Pluton. Lucienla
cisément celles où l'on sonnait .pour écarter la met dans la. barque à Caron ; mais Plularque dit
foudre; celles où l'on ne sonna pas furent épar- qu'elle est dans la lune, dont elle dirige les mou-
gnées. » M. Salgues pense cependant que le son vements.
des cloches n'attire pas le tonnerre, parce que Clou. Il'y a sur les clous quelques petites
leur mouvement a peu d'intensité ; mais le bruit superstitions dont on fera son profit. Les Grecs
seul agite l'air avec violence, et le son du lam- modernes sont persuadés qu'en fichant le clou
1 Voyez, dans les Légendesd'Allemagne,do Baoul
1 L'abbé de Villars, dans le Comtede Gabalis. de Navery, La clochedu prieur.
CLO — 175 — GOG
d'un cercueil a la porte d'une maison infestée, heure, vous les verrez bêcher dans les veines
on en écarte à jamais les revenants et les fan- d'or ou d'argent, amasser ce qu'ils auront bê-
tômes. Boguet parle d'une sorcière qui, pour ché, et le mettre en des corbeilles et autres vais-
un cheval blessé, disait cerLàins mots"en forme seaux pour cet effet préparés, tourner la corde
.d'oraison et plantait en terre un clou qu'elle ne et la poulie afin d'avertir ceux d'en haut de tirer
relirait jamais. Les Romains, pour chasser la le métal, et fort rarement voit-on qu'ils offensent
peste, fichaient un clou dans une pierre qui était les ouvriers, s'ils ne sont grandement provoqués
aucôté droit du temple de Jupiter ; ils en faisaient de brocards, injures et risées dont ils sont inv-
autant contre les charmes et sortilèges, et pour patienls. Alors ils jetteront premièrement de la
apaiser les discordes.qui survenaient entre les terre et de petits cailloux aux yeux: des pioi>
citoyens. « Il y en a pareillement qui, se voulant nierSi et quelquefois les blesseront'. » . •
prévaloir contre leurs ennemis $plantent un clou
dans un arbre. Or, 'quelle force peut avoir ce
clouainsi planté 1 ? ». 'A'(A
Clovis, fils de;Chilpéric!ler. 11 ne restait à
Chilpéricque ce fil§;'âe^'sËrpremière femme. Le
jeunehomme fufe^S^zliidîsçpet pour s'expliquer
sans ménageriieWîs^ qu'il regar-
dait comnieJ"sôtf:fén'n^miè;:.'Ellea?ésolutde se dé-
barrasser de^juïviGlbvis aimait une jeune fille de
basse extraction';- un émissaire de Frédégonde
vint dire au roi que c'était la fille d'une magi-
cienne; que Clovis avait employé les artifices de
celle femnie pour se défaire de ses deux frères
(empoisonnés, à ce qu'on.croit), et qu'il tramait Les Allemands appellent ces mêmes démons
la mort de la reine. La vieille femnie, mise à la faniiliers Kobold. Voy.:ce mot.
question, fut forcée d'avouer qu'elle était sor- Coboli, génies ou dénions révérés par les an-
- cière. Clovis, convaincu, se vit dépouillé de ses ciens Sarmales. Ils croyaient que ces esprits" ha-
: richesvêlements et conduit dans une prison, où bitaient les. parties les plus secrètes des maisons,
\ des assassins le poignardèrent, si. les historiens et même les fentes du bois. On leur offrait les
! disentvrai ; et on lit accroire au monarque qu'il mets les plus délicats. Lorsqu'ils avaient l'inteiir-
) s'élailtué lui-même. La magicienne, dont la fille tion de se fixer dans une habitation, ils en pré-
) .venaitaussi d'être mise à mort, fut épouvantée venaient ainsi le père de famille : la nuit ils as-
• de ses aveux, qu'elle rétracta; maison se hâta semblaient des tas de copeaux et répandaient de
j de lui imposer silence en la conduisant au bû- la lien le de divers animaux dans les vases de
: cher. C'est du moins ainsi que racontent les lait: gracieuses manières de s'annoncer. Si le
• choses des chroniqueurs peu favorables, il est lendemain le maître de la maison laissait ces co-
| vrai, à Frédégonde 2. peaux en un tas, et faisait boire à sa famille le
I Cluricaunes, esprits familiers un peu lutins lait ainsi souillé, alors les cobolis se rendaient
;: en Irlande. On en comple beaucoup d'histoires 3. visibles et habitaient désormais avec lui; mais
Cobales, génies malins et trompeurs de la s'il dispersait les copeaux et jetait le lait, ils al-
;.; suite de Bacchus, dont ils étaient à la fois les laient chercher un autre gîte. . .
:; gardes et les bouffons. Selon Leloyer, les co- Les cobolis sont de l'essence des gobelins, des
"': baies, connus des Grecs, étaient des démons cobales, du koboid des Allemands, dés boggards
J doux et paisibles, nommés par quelques-uns et des cluricaunes.
; bonhomels ou petits bonshommes des mon- Cocconas. Voy. ALEXANDRE DE PAPHLAGONIE.
h lagnes, parce qu'ils se montrent en vieux nains Cochon. Est-il vrai, comme le croit le peuple,
,: déliasse stature; ils sont velus court, demi-nus-,
; la manche retroussée sur l'épaule, et porlenl un
i:: tablierde cuir sur les reins.
;: «Celle sorte de démons est présentement assez
l plaisante, car tanlôt vous les verrez rire, tantôt
se gaudir, tantôt sauter de
joie, et faire mille
toursde singe ; ils contreferont et imiteront les
singes, el feront tant et plus les embesognés,
combienqu'ils ne fassent rien du tout. A celle
'
Boguet, Discours des sorciers, ch. LX. que de tous les animaux le cochon soit celui dont
Sur le roi Clovis1er, voyez ses légendes, dans l'organisation ait le plus de ressemblance avec
^Légendes de l'histoire de France. 1 Leloyer, Histoire et discours des spectres, etc.,
Voyezles Légendesdes esprits et démons. p. 345, poslWiorum, De proesl., lib. I, cap. xxn.
-COC 176 — COD
celle de l'homme? Sur ce point, dit M. Salgues, connaissant le sort qui le menaçait, il portait de-
on ne saurait mieux faire que de s'en rapporter puis quelque temps une calotte de fer, et qu'il ne
à Guvier. Or, voici ce que lui ont révélé ses re- sortait qu'armé d'une épée à deux mains. On dit
cherches. L'estomac de l'homme et celui du co- encore que celui qui devait l'assassiner étant venu
chon n'ont aucune ressemblance : dans l'homme, le consulter peu auparavant, il lui prédit qu'avant
ce viscère a la forme d'une cornemuse ; dans le vingt-quatre heures il se rendrait coupable d'un
cochon, il est globuleux; dans l'homme, le foie meurtre. Il est plus que probable que ces pro-
est divisé en trois lobes ; dans le cochon, il est phéties n'ont été faites qu'après coup.
divisé en quatre : dans l'homme, la rate est
courte et ramassée ; dans le cochon, elle est lon-
gue et plate; dans l'homme, le canal intestinal
égale sept à huit fois la longueur du corps; dans
le cochùn, il égale quinze à dix-huit fois la même
longueur. Son coeur présente des différences no-
tables avec celui de l'homme; et j'ajouterai, pour
la satisfaction des savants et des beaux esprits,
que le volume de son cerveau est aussi beaucoup
moins considérable, ce qui prouve que ses fa-
cultés intellectuelles sont inférieures à celles de
•
nos académiciens. ;' -'', .
Il y aurait bien des choses à dire sur le cochon.
Le diable s'est souvent montré sous sa figure; et
elle est digne de lui. On conte à Naples qu'au-
trefois il apparaissait souvent avec cetle forme Coclès a écrit sur-la physiognomonie et la chi-
dans le lieu même où l'église de Sainte-Marie- romancie, mais son livre a subi dès modifica-
Majeure a depuis été bâtie, ce qui réjouissait peu tions. L'édition originale est : Physiognomonioeat
les Napolitains. Dès que l'église fut commencée, chiromancioe anaslasis, sive compendium ex plu-
la singulière apparition ne se montra plus. C'est ribusetpene injinitis auctoribus, cum dpprobationc
en mémoire de cet événement que l'évêque Pom- Alexandri Achillini. Bologne, 1504, in-foi. La
ponius fit faire le pourceau de bronze qui est en- préface est d'Achillini.
core sur le portail de cette église. Cauiérarius Gocoto, démon succube, adoré aux Indes oc-
raconte que, dans une ville d'Allemagne, un juif cidentales, et mentionné par Bodin'.
malade étant venu chez une vieille, et lui ayant Cocyte, l'un des fleuves de l'enfer des anciens,
demandé du lait de femnie, qu'il croyait propre Il entourait le Tarlare, et n'était formé que des
à le guérir, la sorcière s'avisa de traire une truie larmes des méchants.
eten porla le lait au juif, cpii le but. Ce lait com- Gode des sorciers. Boguet, qui avait tant de
mençant à'opérer, le juif s'aperçut qu'il grognait zèle pour l'extinction de la sorcellerie, a mis à
et devina la ruse de la. sorcière, qui voulait sans la fin de son Discours des sorciers une instruction
doute lui faire subir la métamorphose des com- pour un juge en fait de sorcellerie. Getlé pièce
pagnons d'Ulysse. 11jeta le reste du lait sans le curieuse, publiée en 1601, est divisée en quatre-
boire, et incontinent tous les cochons du voisi- vingt-onze articles. On la connaît plus-générale-
nage moururent *. ment sous le litre de Code dés sorciers. En voici
Goclès (Barthélémy), chiromancien du sei- le précis :
zième siècle. Il avait aussi des connaissances en Le juge du ressort instruit l'affaire .et la juge,
astrologie et en physiognomonie. 11prédit à Luc sans suivre en cas pareil les formes ordinaires.
Gauric, célèbre astrologue du même temps, qu'il La présomption de sorcellerie suffit pour faire ar-
subirait injustement une peine douloureuse et in- rêter le suspect; l'interrogatoire doit suivre l'ar-
famante; et Luc Gauric fut en effet condamné au reslation, parce que le diable assiste les sorciers
supplice de l'estrapade par Jean Bentivoglio, en prison. Le juge doit faire attention à la conte-
tyran de Bologne, dont il avait pronostiqué l'ex- nance de l'accusé, voir s'il ne jette point delarmes,
pulsion prochaine. s'il regarde à terre, s'il barbote à part, s'il blas-
Goclès prophétisa qu'il serait lui-même as- •phème; tout cela est indice.
sassiné, et qu'il périrait d'un coup sur la tête. Souvent la honte empêche le sorcierd'avouer;
Son horoscope s'accomplit ponctuellement, car c'est pourquoi il est bon que le juge soit seul,et
Hermès de Bentivoglio, fils du tyran , ayant que le greffier soit caché pour écrire les réponses.
appris qu'il se mêlait aussi de prédire sa chute, Si le sorcier a devant lui un compagnon du sab-
le fit assassiner par un brigand nommé Caponi, bat, il se trouble. On doit le raser, afin de mettre
le 24 septembre 1504 J. On assure même que, à découvert le sort de taciturnilé. Il faut le visiter
1 Camotàr'ms,Dcnat.él affect.d<emon.,inprooemio. avec un chirurgien pour chercher les marques.
' 2 M. Salgues, Deti erreurs et des 1 Démonomanie, liv, II, ch. vu.
préjugés.
COD — 177 — COL
Si l'accusé n'avoue pas,- il faut le mettre dans quoique la pointe s'étende vers la circonférence
une dure prison et avoir gens affidés qui tirent du cadran.
de lui la vérité. Il y a des juges qui veulent qu'on Nous rappellerons que quelques hommes ont
promette le pardon, et qui ne laissent pas de eu le coeur velu. Voy. AMSTOMÈKE.
passer à l'exécution ; mais cette coutume me par Cohoba, herbe dont les vapeurs enivraient
raît barbare. les Indiens d'Hispaniola jusqu'à les plonger dans
Le juge doit éviter la,torture, elle ne fait rien l'extase. ''- ' :. .
sur le sorcier; néanmoins il est permis d'.en Coiffe. On s'est formé différentes idées sur la
user. . - -:,.;_ _ membrane appelée coiffe, qui couvre quelquefois
Si le prévenu se trouve saisi de graisses, si le la tète des enfanls lorsqu'ils sortent du sein de
bruit public l'accuse dé sorcellerie, ce sont de leur mère. Les personnes:superstitieuses là con-
grandes présomptions qu'il est sorcier. Les in- servent avec soin, comme un moyen de bon-
diceslégers sont les variations dans les réponses, heur, et on dit d'un homme heureux qu'il est né
les yeux fixés en terre, le regard effaré. Les in- coiffé; On a même avancé que celte.coiffe étend
dices graves sont la naissance, comme si, par ses effets favorables jusque sur ceux•qui la por-
exemple, le prévenu est enfant de sorcier, s'il tent avec eux. Spartien parle de celte superstition
est marqué, s'il blasphème. Le fils en tel cas dans la vie d'Antonin. Il dit que les sages^femmes
est admis à déposer, contre son père. Les té- vendaient ordinairement ces coiffes naturelles à
moinsreprpchabies doivent être entendus comme des jurisconsultes crédules, qui en attendaient
les autres; on doit aussi entendre lés enfants. d'heureux résultats pour leurs affaires; Ils étaient
Les variations dans les réponses du témoin ne persuadés que ce talisman leur ferait gagner toutes
peuvent faire présumer en faveur de l'innocence les causes 4. On se le disputait chez nous au
du prévenu, si tout l'accuse d'être sorcier., seizième siècle. Dans quelques provinces, on
La peine est le supplice du feu : on doit étran- croyait que la coiffe révélait une vocation à la vie
gler les sorciers et les brûler après ; les loups- monastique2.Lessages-femmesprédisaient aussi
garousdoivent être brûlés vifs. On condamne jus- chez nos pères-le sort de l'enfant qui apportait
tementsurdes conjectures et présomptions; mais la coiffe sur la tête. Voy. AMNIOMAKCIE.. Avant
alors on ne brûle pas, on pend. Le juge doit as- que-l'empereur Macrin montât sur le trône, sa
sister aux exécutions, suivi de son greffier, pour femme lui donna un fils qui naquit coiffé. On
recueillir les dépositions... \ prédit qu'il s'élèverait au rang suprême;,et.on le
Ce chef-d'oeuvre de jurisprudence et d'huma- surnomma. Diademalusi Mais quand Macrin fut
nité, ouvrage d'un avocat, reçut dans le temps tué, il arriva de Diadematus qu'il fut proscrit et
lessuffrages des barreaux français; Boguet le dédia tué comme son père.
à Daniel Romanez, avocat à Salins '. Coirières (Claude), sorcière du seizième siè-
Codronchi (Baptiste),. médecin d'Imola, au cle. Pendant qu'elle était détenueen prison, elle
seizième siècle., Il a laissé un traité des années donna une certaine graisse à un nommé François
climalériques, de la manière d'en éviter le dan- Gaillard, pareillement prisonnier, lequel, s'en
ger, et des moyens d'allonger sa vie 2. étant frotté les mains-, fut enlevé de sa prison
Coelicoles, secte juive qui adorait les astres et par l'assistance du diable, qui toutefois le laissa
les anges gardiens des astres. reprendre 3.
Coeur. Des raisonneurs modernes ont critiqué Colarbase, hérétique valentinien, qui prê-
ce qui est dit dans YEcclésiaste, que le coeur du chait la cabale et l'astrologie comme sciences re-
sage est au côté droit, et celui de l'insensé au ligieuses. Il était disciple de Valentih. Il disait que
côté gauche. Mais il faut entendre cette maxime la génération et la vie des hommes dépendaient
comme le mot de Jonas à propos de ceux des des sept planètes, elque toute la perfection et la
Ninivilesqui ne savaient pas faire la différence plénitude de la vérité était dans l'alphabet grec,
entre leur main droite et leur gauche, c'est-à-dire puisque Jésus - Christ était nommé Alpha et
entre lebien et le mal. Que le coeur de l'homme Oméga *.
soit situé au côté gauche de la poitrine, c'est un Colas (Antide), sorcière du seizième siècle,
sentiment qui, à la rigueur, peut être réfuté par qui, faisant commerce avec le diable, qu'elle
l'inspection seule, dit le docteur Brown; car il nommait Lizabet, fut appréhendée et mise en
eslévident que la base et le centre du coeur sont prison sur l'avis de Nicolas Millière, chirurgien.
exactement placés au milieu. La pointe, à la vé- Elle confessa qu'étant détenue à Beloncourt, le
rilé, incline du côté gauche; mais on dit de l'ai- diable s'était apparu à elle en forme d'homme
guille d'un cadran qu'elle est située au centre, noir et l'avait sollicitée à se jeter par une fenêtre
ou bien à se pendre ; une autre voix l'en avait
1 M. Jules
Garinet, Histoire de la manie en France,
, P.2 320. 1 Brown, Des erreurs t. II, p. 88.
De annis climatericis, nec non de ralione vitandi 2 Salgues, Des erreurs populaires,
el des préjugés.
ilemque demodis vitam producendi 3 Boguet, Discours des sorciers, ch.
- (orumpericula,
commentarius.In-8». Bologne, 1620; 4 Bergier, Dictionnaire théologique. LU, p.
327.
42
COL — 178 — . COM
dissuadée. Convaincue d'être sorcière, mais aussi ssoigneusement ; elles répondaient d'une voix hu-
d'avoir commis beaucoup de turpitudes, cette i
maine lorsqu'elles étaient consultées. Mais on lit
femme fut brûlée à Dôle en 1599 4 ; et c'est ainsi c
dans Pausanias que c'étaient des femmes prê-
que se terminent ordinairement les histoires ra- t
tresses qu'on appelait colombes dodoniennes. Les
contées par Boguet.
Colère Î bien des gens ont élé possédés plus
ou moins grièvement dans un accès de colère.
Coleti (Etienne).,' auteur d'un livre intitulé
Manière de reconnaître et de délivrer les énergu-
mènes 2. .
Goley (Henry), astrologue anglais, mort en
1690. On a de lui la Clef des éléments de l'astro-
logie. Londres, 1675, in-8°. C'est un traité com-
plet de celle science fantastique. On y trouve
l'art de dresser toutes sortes de thèmes d'horos- Perses, persuadés que lé soleilavait en horreur
les colombes blanches, les regardaient comme
copes, avec des exemples de nativités calculées. '
des oiseaux de mauvais augure, et n'en souf-
Gollanges (Gabriel de), mathématicien, né en fraient point dans leur pays.-
Auvergne: en 1524. H n'employa ses connais-
sances qu'à la recherche des secrels de la cabale . Colma, château fort sûr le Danube, qui, se-
et des nombres. Il est traducteur de la Polygra- lon la tradition, est sorti de terre tout construit,
phie el universelle' écriture cabalistique de 'Tri- par une puissance magique, comme autrefois
dans la mythologie grecque Pégase sous le pied
thème, Paris, 1561, in-4°. On cite plusieurs ou- de Minerve. Des savants disent qu'en réalité il a
vrages de lui, dont aucun n'a été imprimé, non été bâti en une nuit -par la puissante armée sar-
plus que sa version de la Philosophie occulte mate du roi Deueaos.
d'Agrippa. Il a laissé en manuscrit un Traité de
l'heur et malheur du mariage. •
Collehites, pierre que l'on assure être propre
à chasser les démons et à prévenir les charmes!;
mais on aurait dû la désigner.
Colleman (Jean), astrologue, né à Orléans;
le roi Charles VII en faisait grand cas. Louis XI,
dit-on, lui donna des pensions, parce qu'il lui
apprit à supputer des almanacbs. On dit que
Colleman étudiait si assidûment le cours de la
lune, qu'à force d'application il en devint lé- :
preux4...
Collyre. On vojl'dans la Lycanlhropie de
Nynauld qu'un sorcier composait un certain col-
lyre avec le fiel d'un homme, les yeux d'un chat
noir et quelques autres choses que l'écrivain ne Ilnincs<lcColma.
nomme pas ; « lequel collyre appliqué aux yeux
faisait voir et apparaître en l'air ou ailleurs les Colonne du diable. On conserve à Prague
ombres des démons. » trois pierres d'une colonne que le diable apporta
de Rome pour écraser un prêtre avec lequel il
Golokyntho-Pirates, pirates nains fabuleux,
qui, dans l'histoire véritable de Lucien, navi- avait fait pacte, et le tuer pendant qu'il disait la
guaient sur de grandes citrouilles ou coloquintes, messe. Mais saint Pierre, s'il faut en croire la lé-
longues de six coudées (trois mètres). Lors- gende populaire, étant survenu, jeta trois fois
qu'elles étaient sèches, ils les creusaient; les de suite le diable et sa colonne dans la mer, et
grains leur servaient de pierres dans les combats, cette diversion donna au prêtre le temps de se
et les feuilles de voiles, qu'ils attachaient à un repentir. Le diable en fut si désole qu'il rompit
mât de roseau. . la colonne et se sauva '.
Colombes. Il y avait dans le temple de Ju- Goltreni, lutins italiens, de l'espèce de nos
piter, à Dodone, des colombes que l'on gardait Gobelins.
Gombadaxus, divinité dormante des Japo-
1 Boguet, Discours des sorciers, ch. xm, p. 325. nais. C'était un bonze dont ils racontent l'anec-
2 Energumenos dignoscendi el liberandi rutio. Vé- dote suivante. « A huit ans il fil construire un
rone, 1746.
3 Delancre, Tableau de l'inconsl. des démons, etc., temple magnifique, et, prétendant être las delà
liv. IV, p. 297. vie, il annonça qu'il voulait se retirer dans une
4 Ancien manuscrit de la caverne el y dormir dix mille ans : en consé-
bibliothèque royale, Voyez 1 Voyages du docteur Putin.
Joly, Remarques sur Bayle, à la fin.
COM 179 — COM-
quence il y entra ; l'issue fut scellée sur-le- rendent l'air plus subtil et moins dense, dit-il,
champ. Les Japonais le croient encore vivant. » en-l'échauffant plus qu'à l'ordinaire : les per-
Combourg. « Les gens étaient persuadés (au sonnes qui vivent au sein de la mollesse, qui ne
sombre château de Combourg, en Bretagne) donnent aucun exercice à leur corps, qui se
qu'un certain comte de Combourg, à jambe de nourrissent lropN-délicatement, qui sont d'une
bois, mort depuis trois siècles, apparaissait à santé faible, d'un âge avancé et .d'un sommeil
certaines époques, et qu'on l'avait rencontré peu-tranquille, souffrent dans un air moins
dans l'escalier de la tourelle; Sa jambe de bois animé et meurent souvent par excès de faiblesse.
se promenait aussi-quelquefois, seule, avec un Cela arrive plutôt aux princes qu'à d'autres,: à
chat noir:5'/» ? '"î^iAA A: cause du genre de vie qu'ils mènent; et il suffit
ComédléiiS; « Il serait bon, comme dit Bo- que la superstition ou l'ignorance aient attaché
guet, de chasser nôVcomédiens et nos jongleurs, aux comètes un pouvoir funeste pour qu'on re-
attendu qu'ils: sont pour la plupart sorciers el marque, quand; elles paraissent, des accidents
magiciens, n'ayant d'autre but que -de vider nos qui eussent été fort, naturels en tout autre temps.
bourses et de nous débaucher. » Boguet n'est — On ne devrait pas non-.plus, s'étonner--de voir
" à leur suite la sécheresse et là peste, puisqu'elles
pas tout à fait dans son tort.
Coménius --.(JêaivAmos)'', philologue du chx- dessèchent' l'air et ne lui laissent pas la force
seplième siècle, Il à laissé la Lumjère Jlans les d'empêcher les exhalaisons pestiférées. Enfin les '
ténèbres, Hollande, 1657, in-4°;' idem, aug- comètes produisent lès séditions et les guerres
mentée de nouveaux rayons, 1665, 2 vol. in-4°, en échauffant le: coeur de'-.l'homme et en chan-
fig. C'est une traduction latine des prétendues geant les humeurs en bi|e noire, », On a dit de-
prophéties et visions de •Kotter,'*de Dabricius et Cardan qu'il avait deux âmes, l'une qui disait
de Christine Poniatowska, habiles gens que nous des choses raisonnables, l'autre qui ne. savait
ne connaissons point.. ,; que déraisonner. Après avoir parlé comme on
Comètes; On a toujours vu dans les comètes vient de von*, l'astrologue retombe dans ses vi-
les-signes avant-coureurs des- plus tristes, cala- sions. Quand une comète paraît auprès de Sa-
mités. Une comète, partit quand-Xerxès vint en turne., dit-il,, elle présage la peste, la mort des
souverains pontifes et les révolutions dans les
gouvernements; auprès de Mars, les guerres;
auprès du soleil, de grandes calamités sur tout
le globe; auprès de la lune, des inondations et
quelquefois des" sécheresses; auprès de Vénus,
la mort des princes et dés nobles; auprès de
Mercure, divers malheurs en fort grand nombre.
Wislon a fait de grands calculs algébriques
pour démontrer que.leseaux extraordinaires du
déluge furent amenées par une comète, et que
Europe avec dix-huit cent, mille hommes: (nous quand Dieu décidera la fin du monde, ce sera
ne .les.'avons pas -'comptés); elle prédisait la dé- une coniôtequi le brûlera..:.
faite de Salaihiiie. Il en parut une avant la guerre Comiers (Claude) , docteur en théologie,
du Péloponnèse; une avant la défaite des Athé- mort en 1693. 11est auteur d'un Traité de pro-
niens en Sicile ; une avant la victoire que les phéties, vaticinations, prédictions et prognosli-
Thébains remportèrent sur les Lacédémoniens; calions. 11a écrit aussi sur la baguette divina-
une quand Philippe vainquit les Athéniens; une toire et sur les sibylles.
avant la prise de Carlhage par Scipion ; une Communisme, doctrine qui nie le péché ori-
avant la guerre civile de César et de Pompée; ginel," et par conséquent les démons; qui dé-
une à la mort de César ; une à la prise de Jéru- clare, d'aprôsIean-JacquesRousseau, l'homme né
salem par Titus; une avant la dispersion de parfait; qui met tout en commun, qui donne à
l'empire romain par les Golhs; une avant l'in- l'homme et à la femme tous les droits. C'est le
vasion de Mahomet, etc.; une enfin avant la résumé d'une foule d'hérésies et le procédé le
chute du premier Empire. plus sûr pour ramener l'homme à l'état sauvage.
Tous les peuples regardent également les co- Les apolacliles, les bézards, les vaudois, les
mèles comme un mauvais présage; cependant, hussites et une foule d'autres sectes ont prêché
si le présage est funeste pour les uns, il est heu- celle doctrine sans pouvoir l'établir.
reux pour les autres, puisque en accablant ceux- Gompitales, fêles des dieux lares ou lutins
« d'une grande défaite, il donne à ceux-là une du foyer, chez les anciens Romains. On leur sa-
grande victoire. crifiait, dans l'origine, des enfants, auxquels
Cardan explique ainsi les causes de l'influence Brutus substitua des têtes de pavots.
des comètes sur l'économie du globe. « Elles Comtes de l'enfer, démons d'un ordre su-
1
Chateaubriand, Mémoires, tome Ier. périeur dans la hiérarchie infernale, et qui com-
12.
CON — 180 CON
mandent de nombreuses légions. On les évoque mot et nomment conjuration leurs sortilèges
à toute heure du jour, pourvu que ce soit dans impies. Dans ce sens la conjuration est un com-
un lieu sauvage que les hommes n'aient pas cou- posé dé paroles souvent sacrilèges et de céré-
tume de fréquenter 4. monies détestables ou absurdes, adoptées par
Gonclamation, cérémonie romaine du temps les sorciers pour évoquer les démons.
du paganisme. Elle consistait à appeler à grands
cris l'individu qui venait de mourir, afin d'ar-
rêter l'âme fugitive et de lai.indiquer son che-
min ou de la réveiller si elle était encore trop
attachée au corps..
Gondé. On lit dans une lettre de madame de
Sévigné au président du' Monceau que, trois se-
" maines avant la mort du grand Gondé, pendant
qu'on ^attendait' à Fontainebleau:-j M. de Ver-
nilloh, l'un de ses gentilshommes, revenant de
la chasse sur les trois heures, et approchant du
château de Chantilly (séjour ordinaire du prince),
vit, à une fenêtre de son cabinet, un fantôme
revêtu d'une armure'•qui semblait garder un
homme enseveli • il descendit de cheval et s'ap- des sorcières, '
Conjuration
procha, le voyant "toujours ;:son- valet vit là
même chose et l'en avertit. Ils demandèrent là On commence par se placer dans le cercle
clef du cabinet ait concierge; mais ils en trou- magique ( Voy. 'CERCLE)' ; puis on récite les for-
vèrent les fenêtres fermées et un silence qui mules. Voici quelque idée de ces procédés. Nous
n'avait pas été troublé depuis six mois. On conta les empruntons aux Grimoires.
cela au prince,-qui en fut un peu-frappé,-qui Conjuration universelle pour les esprits. — « Moi
s'en'moqua cependant ou parut s'en_ moquer; (on se nomme), je te conjure, esprit (on nomme
mais tout le monde sut cette histoire et trembla l'esprit qu'on veut évoquer), au nom du grand
pour ce prince, qui mourut trois semaines après... Dieu vivant, de m'apparaître en telle forme (on
Condormants, sectaires qui parurent en Alle- l'indique); sinon saint Michel archange, in-
magne au treizième et au seizième siècle, et qui visible, te foudroiera dans le pjus profond des
durent leur nom à l'usage qu'ils avaient de cou- enfers;; viens donc (on nomme l'esprit), viens,
cher tous ensemble, sous prétexte dé charité. Ils viens, viens pour faire ma volontéi » '
adoraient une image de Lucifer et ils en tiraient Conjuration d'un livre;magique,---«le vous
des oracles, dans un bois voisin de Cologne. Les conjure et ordonne-, esprits., tous et autant que
récits contemporains nous apprennent qu'un vous êtes, de recevoir ce-livre en bonne part,
. prêtre ayant apporté dans cette assemblée la afin que toutes les fois que nous jironsledil livre,
sainte Eucharistie, l'idole se brisa en mille pièces. ou qu'on le lira étant approuvé et reconnu être
Conférentes, dieux des anciens dont parle en forme et en valeur, vous ayez à paraître en
Arnobe, et qui étaient, dit Leloyer, des démons belle forme humaine lorsqu'on vous appellera,
incubes. selon que le lecteur le jugera, dans toutes cir-
Confucius. On suit que ce philosophe est ré- constances. Je vous conjure de venir aussitôt
véré comme un dieu à la Chine. On lui offre sur- la conjuration faite, afin d'exécuter sans retar-
tout en sacrifice de la soie dont les restes sont dement, tout ce qui est écrit et mentionné en
distribués aux jeunes filles, dans la persuasion son lieu dans cedit livre : vous obéirez, vous
où l'on est que, tant qu'elles conservent ces pré- servirez, enseignerez, donnerez, ferez toul ce
cieuses amulettes, elles sonl à l'abri de tous dan- qui est en votre puissance, en utilité de cens
gers. qui vous ordonneront, le tout sans illusion.—El
Gonjurateurs, magiciens qui s'attribuent le si par hasard quelqu'un des esprits appelés
pouvoir de conjurer les démons et les tempêtes. parmi vous ne pouvait venir ou paraître lors-
Conjuration, éxorcismes, paroles et céré- qu'il serait requis, il sera tenu d'en envoyer
monies par lesquelles on chasse les démons. d'autres revêtus de son pouvoir, qui jureront
Dans l'Église romaine, pour faire sortir le démon solennellement d'exécuter tout ce que le lecteur
du corps des possédés, on emploie certaines for- pourra demander, en vous conjurant tous par
mules ou éxorcismes, des aspersions d'eau bé- les très-saints noms du tout-puissant Dieu vi-
nite, des prières et des cérémonies instituées à vant, etc »
ce dessein' 2. — Les personnes superstitieuses el — « Alerte, venez
Conjuration des démons.
criminelles qui s'occupent de magie abusent du tous, esprits. Par la vertu et le pouvoir de votre
1 Wierus, in Pseudomonarchia doemon. roi, et par les sept couronnes et chaînes de vos
2 Bergier, Dictionnaire théologique. rois, tous esprits des enfers sont obligés d'ap-
CON — 181 CON
paraître à moi devant ce cercle, quand je les tera la conjuration suivante,: « Je te conjure*
appellerai. Venez tous à mes ordres pour faire Nabam , au nom de Satan, au nom de Belzébuth-,
"tout ce qui est en votre pouvoir, étant recom- au nom d'Astaroth et au nom de tous les es-
mandés; venez donc de l'orient, midi, occident prits, etc. »
et septentrion ; je vous conjure et ordonne, par Pour le dimanche, à Àquiël. Cette expérience
la vertu etpuissance de celui qui est Dieu , etç, » se fait la nuit, de minuit-à une. heure; iir.deman-
Conjuration p'our chaque jour de la semaine.— dera un poil de Votre tête ; il lui faut donner un
Pour Je lundi-, .à Lucifer. Cette expérience se poil de renard ; il le prendra. Oii écrira dans le
fait souvent;depuis onze heures:jusqu'à douze, cercle : « Viens, Aquiel'; viens,: Aquiel; vienst
et depuis .trois; heures jusqu'à quatre. 0 faudra Aquiel. » Ensuite: oh récitera Ta ;eoiijùratipn: sui-
du charbon, dé la craie bénite pour faire; le vante : «Je te conjure, :.Acmiel,; -par. tous' les
cercle, autour duquel pii écrira; : « Je' te défends, noms écrits dans ce. livre:, :que sans délai tirisois
Lucifer, par le nom que- tu crains, d'entrer dans ici tout prêt à m'obéir, etp, » .-•...',/
ce cercle. » Ensuite; on .récite la formule sui- Conjuration très-forle, pour tous: les jours et a
vante.: « Je te,.conjuré, .Lucifer, par les noms toute heure du jour et de la nuit, pour les trésors
ineffables:-.
On,; Alpha, Ya, Bey, Sol, Messias, cachés tant par les hommes que par lés esprits.-^-
Ingodum:, etc.,; que tu aies à faire,: sans, me « Je vous commande, démons qui résidez en ces
nuire(on désigne sa.deinànde).; »: lieux, ou en quelque partie; du monde que; vous;
Pour le mardi j. à; Nambrôth. -Cette expérience soyez;, et quelque puissancequrvous:ai:t:été.dÔn^
se fait la nuit:, depuis neuf heures jusqu'à dix; née de Dieu et des: saints,anges: sur ce liêùmêiney.
011doit donner à Nambrôth la première pierre je yous envoie au plus: profond fies -.abîmes infère
que l'on trouve, pour être reçu de lui en dignité nau-x-iAinsi,-allez tous, maudits esprits et dani^
el honneur. On procédera de la-façon du lundi; nés, aufeu éternel quivous est préparé et: à: tous
on fera un cercle autour duquel on écrira :. vos compagnons. Si; Vous m'êles rebelles et dés-
« Obéis-moi, Nambrôth, obéis-moi, par le nom obéissants, je vous contrains: et commande: par
que tu crains; ». On récite à-la suite celte for- toutes les puissances de vos supérieurs démons
mule ; » Je te conjure, Nambrolh, et te com- de venir,.-obéir et répondre positivement: à ce
I mande par tous les noms par lesquels tu peux que je vous ordonnerai au nom de J.-C, etcv»
| être contraint et lié de faire telle chose, » Voy. PIERRED'APONE,etc. ,^
Pour le mercredi, à Aslarqtlfc Cette expérience ! Nous n'avons fait qu'indiquer ces stupidités
! se fait la nuit, depuis dix heures jusqu'à onze ; inconcevables.; Les commentaires-sont inutiles.
j on le conjure, pour avoir les bonnes grâces du Voy. ÉVOCATIONS.
j prince et des autres., On écrira dans le cercle : Conjureurs de tempêtes. Les marins su-
\ « Viens, Astaroth ; viens, Astaroth; viens, As- perstitieux donnent ce nom à certains êtres; ma-
i tarolh; » ensuite on récitera cette formule : « Je rins comme eux, mais en commerce avec le
î te conjure, Astaroth, méchant esprit, par les diable, de qui ils obtiennent le pouvoir de com-
\ paroles et les vertus de- Dieu, etc. » mander aux vents. Ge pouvoir réside clans un
| Pour le jeudi, à Acharn.;Cétle expérience se anneau de fer qu'ils portent au petit doigt de la
I lait la nuit, de trois; heures à quatre; il paraît main droite, et il les soumet à certaines condi-
| en forme de roi. Il faut lui donner un morceau tions, comme de faire des voyages qui ne dépas-
| de pain lorsqu'on veut: qu'il parte. Ou écrira au- sent-pas uiï mois lunaire, de n'être jamais à terre
| tour du cercle : «Par Te Dieu saint—, Nasim, plus de trois jours. Si ces conditions n'ont pas
| 7, 7, H. M. A. ; »'ensuite on récitera la formule été observées, on n'apaise l'esprit maître de
| qui suit : « Je te conjure, Acham; je te com- l'anneau qu'en luttant avec lui, ce qui est pé-
| mande par tous les royaumes de Dieu, agis, je rilleux, ou en jetant un homme à la mer.
| t'adjure, etc. » Constantin. Tout le monde sait que, frappé
| Pour le vendredi, à Béchet. Cette expérience de l'apparition d'une croix miraculeuse et de
| se fait la nuit, de onze heures à douze; il lui Tavis qui lui était donné qu'il vaincrait par ce
I faut donner une noix. On écrira dans le cercle : signe, Constantin le Grand se convertit et mit la
| « Viens, Béchet ; viens, Béchet ; viens, Béchet ; » croix sur ses étendards.
I Çtensuite on dira cette conjuration : « Je te con- Jusqu'au seizième siècle, aucun écrivain n'a-
| iwe, Béchet, et te contrains de venir à moi ; je vait attaqué la vision de Constantin ; tous les
v te conjure derechef de faire au plus tôt ce que je monuments contemporains attestent ce miracle.
| veux, qui est, etc. » Mais les protestants, voyant qu'il pouvait servir
% Pour le samedi, à Nabam. Cette expérience se à autoriser le culte de la croix, ont entrepris,
t 'ait de nuit, de onze heures à douze, et sitôt d'en faire une ruse militaire..... Les philosophes
À qu'il paraît il faut lui donner du pain brûlé et lui du dernier siècle n'ont pas manqué de copier
;;• ^mander ce qui lui fait plaisir. On écrira dans leurs déraisonnements.
|: soncercle : « N'entre pas, Nabam; n'entre pas, J.-B. Duvoisin,'évêque de Nantes, et l'abbé
S ™ani; n'entre pas Nàbam; » et puis on réci- de l'Estocq, docteurs en Sorbonne, ont publié
CON 182 CON
des dissertations sur la vision de Constantin, qui 1l'on dit que nos campagnes sont en progrès, de-
a au moins cela pour elle qu'elle n'a élé con- j
puis qu'on y lit des journaux démolisseurs.
testée qu'après plus de douze siècles, par des Convulsions. Au neuvième siècle, des per-
gens intéressés à tout nier. - t
sonnes suspectes déposèrent dans une église de
« Combien de remarques ne pourrait-on pas" IDijon des reliques qu'elles avaient,: disaient-elles,
ajouter,' dit Lenglet-Dufresnoy dans son Traité ;apportées de Borne, et qui étaient d'un saint dont
des visions. On peut voir ce qu'ont dit de "celle-ci i
elles avaient oublié le nom. L'évêque Théobald
le savant père Pagi sur Baroniusret Tillemont irefusa de recevoir ces-reliques sur une allégation
dans son histoire. Ces'témoignages rendus à la. :aussi vague. Néanmoins, elles faisaient des pro-
vérilé par de tels écrivains doivent l'emporter sur <
diges. Ces prodiges étaient des convulsions dans
les doutes des critiques à qui rien ne plaît que ceux qui venaient les révérer.-L'opposition de
ce qui part de leur incrédule imagination. Vo- l'évêque fit bientôt de Ces convulsions une épidé-
lontiers pour se distinguer du commun, ils;adop- mie ; les femmes surtout s'empressaient de leur
tent des fables qui peuvent préjudiciel' à quelque donner de la vogue. Théobald consulta- Amolon,
doctrine généralement avouée ; mais ils se gar- archevêque de Lyon, dont, il était suffragant.
dent bien dé croire des points d'histoire, appuyés « Proscrivez, lui répondit l'évêque, ces fictions
sur les preuves communément reçues clans la infernales, ces hideuses merveilles, cjui-ne peu-
discussion des faits historiques. » • vent être que des prédiges et des impostures.
Constantin Gopronyme, empereur icono- Vit-on jamais, aux tombeaux des martyrs, ces
claste de Conslantinople. Il était, dit-on, magi- funestes prodiges qui, lourde guérir les malades,
cien ; il conjurait habilement les dénions, dit Le- font souffrir les corps et troublent les esprits?...'»
loyer; il- évoquait les morts et faisait des sacri- Cette espèce de manié ' fanatique se renouvela
fices détestables et invocations du diable. 11mou- quelquefois ; elle fit grand bruit au commence-
rut d'un feu qui le saisit par tout le corps, et ment du dix-huitième siècle ; et on prit encore
dont la violence était telle qu'il ne faisait que pour des miracles les convulsions\ les contor-
crier'. sions et les grimaces d'une foule d'insensés. Les
Constellations. Il y en a douze, qui sont les gens mélancoliques et atrabilaires ont beaucoup
douze signes du zodiaque, et que les astrologues
appellent les douze maisons du soleil, savoir : le
bélier, le taureau, les gémeaux, l'écrevisse, le
lion, la vierge, la balance, le scorpion, le sagit-
taire, le capricorne, le Verseau et les poissons.
On les désigne ,trôs-bien dans ces deux vers tech-
niques, que tout le monde connaît :
Sunt arios, tamus, gemîni, cancer, lço, virgo,
Libraquc, scorpius,ai'citencns,caper, ampliora,pisces.
On dit la bonne aventure par le moyen de ces
constellations. Voy. HOROSCOPES et ASTROLOGIE.
Contre - Charmes, charmes qu'on emploie
pour détruire l'effet d'autres charmes. Quand les
charmeurs opèrent sur des animaux ensorcelés,
ils font des jets de sel préparés dans une écuelle
avec du sang tiré d'un des animaux maléfitiés.
Ensuite ils récitent pendant neuf jours certaines
formules. Voy. GRATIANNE,-AMULETTES, SORT, du cimclièrcSainl-iléilanl.
Convulsioniiaircs
MALÉFICES,LIGATURES,etc.
Contre - Sorciers, nom que prennent des de dispositions à ces jongleries. Si, dans le temps
charlatans d'un genre spécial, qui se donnent surtout où leur esprit est dérangé, ils s'appli-
pour maîtres en fait de sorcellerie et se présen- quent à rêver fortement, ils finissent toujours
. lent comme ayant le pouvoir d'anéantir les ma- par tomber en extase, et se persuadent qu'ils
léfices. Deux hommes de ce genre ont exploité peuvent ainsi prophétiser. Celte maladie se com-
tout récemment une commune de l'Aube où ils munique aux esprits faibles, et le corps s'en res-
prétendaient que l'épizootie qui y régnait n'était sent. De là vient, ajoute Brueys 1, que, dans,1e
.qu'un ensorcellement. Ils ne guérirent aucune fort de leurs accès, les convulsionnaires se jettent
bête el tirèrent des bonnes gens beaucoup d'écus. par terre, où ils demeurent quelquefois assoupis.
Le tribunal d'Arcis-sur-Aube les a condamnés à D'autres fois, ils s'agitent exlraordinairement; et
dix-huit mois de prison, le 3 juillet 1857. — Et c'est en ces différents états qu'on les entend par-
1 Leloyer, Histoire des spectres et des apparitions ler d'une voix étouffée et débiter toutes les
des esprits, liv. IV, ch. vi, p. 302. 1 Préface de l'Histoire du fanatisme.
COP — 183 — COB
extravagances dont leur folle imagination est turnes, les sorciers, instruits par le diable, ont
remplie. Tout le monde a entendu parler des soin de lui frotter la tôle et le front d'huile d'olive,
convulsions et des merveilles absurdes qui eurent ou de lui mettre au cou un collier de sarment.
lieu, dans la capitale de la France, sur le tom- Beaucoup d'idées superstitieuses se rattachent à
beau du diacre Paris, homme inconnu pendant cet oiseau, symbole du courage et de la vigilance,
sa vie, et trop célèbre après sa.mort 1. La fré- vieil emblème des Gaulois. On dit qu'un jour
nésie fanatique alla si loin, que le gouvernement Vilellius rendant la justice à Vienne en Dauphiné,
fut obligé, en 1732, de fermer-le cimetière Saint- un coq vint se percher sur son épaule ; ses de-
Médard, où Paris'était'enterré. Sur quoi un plai- vins décidèrent aussitôt que l'empereur tombe-
sant fit ces clenx vers : - rait sûrement sous un Gaulois; et, en effet, il fut
vaincu par un Gaulois de Toulouse.
De par le roi, défense à Dieu,
On devinait les choses futures par le moyen
D'opérer miracle en ce lieu.
du coq. Voy. ALÈCTRYOMANCIEV On dit aussi qu'il
Dès lors les convùlsionnàires tinrent leurs se forme dans l'estomac des coqs une pierre
séances dans des lieux particuliers et se don- qu'on nomme pierre alèçtorienne, du nom grec
nèrent en spectacle certains jours du mois. On de ranimai. Les anciens accordaient à cette pierre
accourait pour les voir, et leur repu talion, sur- la propriété de donner le courage et; la force :
passa bientôt celle des bohémiens ;' puis, elle c'est à sa vertu qu'ils attribuaient la force pro-
tomba, tuée par l'excès et le ridicule. digieuse de Milou de Crotone. On lui supposait
Copernic, astronome célèbre,.moiT.en 1543. encore le. don d'enrichir.,, et quelques-uns la re-
Gndit communément quêson syslèmeTùt con- gardaient connue un philtre qui modérait: la soif.
damné par la cour deBome ; ce qui est faux et On pensait autrefois qu'il y avait dans le coq des
conlrouvé. Il vivait à.Borne d'un;bon canonicat vertus propres à la sorcellerie. On disait qu'avant
el y professait librement l'astronomie. Mais voyez d'exécuter ses maléfices, Léonora Galigaï ne
à ce sujet l'article GALILÉK. .: ,. mangeait que des crêtes de coq et des rognons
Coq. Le coq a,: dit-on, le pouvoir de mettre de-bélier qu'elle avait fait charmer. On voit dans
en fuite les puissances infernales ; et comme on les accusations portées contre elle qu'elle sacri-
a remarqué quele démon,.qu'on appelle le lion fiait des coqs aux démons 1.
d'enfer, disparaît dès qu'il v.oit-ou entend le coq, Certains juifs, la veille du chipur ou jour du
ona répandu aussi,cette opinion que le chant ou pardon, chargent de leurs" péchés un coq blanc,
la vue du coq épouvante et fait fuir le lion. G'esl qu'ils étranglent ensuite, qu'ils font rôtir, que
du moins le: sentiment de.:Pierre Delancre. « Mais personne ne veut manger, el 'dont ils exposent
il faut répondre à ces. savants, dit- M. Salgues2,- les entrailles sur le toit de leur maison. On sacri-
que nous: avons des lions dahsnos; ménageries ; fiait, dans certaines localités superstitieuses-, un
qu'on leur a présenté;dés.coqs; que ces coqs ont coq à saint Christophe, pour en obtenir des gné-
chaulé, et qu'au lieu d'en avoir .peur, les lions risons. On croyait enfin que les coqs pondaient
n'ont témoigné que le désir de: croquer l'oiseau des oeufs, et que, ces oeufs étant maudits, il en
chanteur ; que toutes les fois qu'on a mis un coq sortait un serpent ou un basilic « Cette supers-
dans la cage d'un lion,; loin quele coq ait lue le tition fut très-répandue en Suisse; et dans une
lion, c'est au contraire le lion qui a mangé le petite chronique de Bàle, Gross raconte sérieu-
coq. » On sait que tout disparaît au sabbat aussi- sement qu'au mois d'août 1/|74 un coq de cetle
tôt que le coq chante. On cile plusieurs exemples ville, ayant été accusé el convaincu de ce crime,
d'assemblées de démons et de sorcières que le fui condamné à mort. Le bourgeois le brûla pu-
premier chant du coq a mises en déroute; on dit bliquement avec son oeuf, dans un endroit nommé
même que ce son, qui est pour nous, par une Kahlenherg, à la vue d'une grande multitude de
sorte de miracle perpétuel, une horloge vivante, personnes 2. n Voy. BASILIC,MARIAGE,etc.
force les démons, dans les airs, à laisser tomber Corail. Quelques auteurs on t. écrit'-que le co-
ce qu'ils portent : c'est à peu près la vertu qu'on rail a la vertu d'arrêter le sang et d'écarler les
attribue au son des cloches. Pour empêcher le mauvais génies. Marsile Ficin prétend que le co-
eoq de chanter pendant leurs assemblées noc- rail éloigne les terreurs paniques et préserve de
1 Carré de la foudre et de la grêle. Luceli en donne celle
Mongeron a recueilli ces merveilles en raison, que le corail exhale une vapeur chaude
troisgros volumes in-4", avec figures. Voici an de
ces miracles rapporté dans une chanson de madame qui, s'élevant en l'air, dissipe tout ce qui peut
a duchesse du Maine : causer la grêle ou le tonnerre. Brown, clans ses
Undécroteurà la royale, Essais sur les erreurs populaires, dit qu'il est
Du talon gaucheestropié, tenté de croire que l'usage de mettre des colliers
Obtint,pat giàccspéciale,
D'être boiteuxde l'autrepié. de corail au cou des enfants, dans l'espérance
Voyez le cimetière de Saint-Médard, dans les de.leur faire sortir les dents, a une origine su-
Légendesinfernales. 1 M. Garinet, Jlist. de-la magie en France, p. 400,
Des erreurs et des préjugés, etc., préface. 2 Dictionnaire d'anecdotes suisses, p. 414.
COR m — COR
pérstitieuse, et que l'on se servait autrefois du corbeau, était par ce 'moyen instruit des choses
corail comme d'uneamulelte ou préservatif contre les plus cachées. .
les sortilèges. ' Hésiode avance que la corneille vit huit cent
: Corbeau, oiseau de mauvais augure, qui, tandis que l'homme ne doit
soixante-quatre'ans,
vivre que quatre-vingt-seize ans, et il assure
que le corbeau vit trois fois plus que la cor-
neille, ce qui fait deux mille, cinq cent quatre^
vingt-douze ans. Oii croit dans la Bretagne
que deux corbeaux président à chaque maison,
et qu'ils annoncent la vie et la mort. Les habi
tants du Finistère assurent encore que l'on voit
sur un rocher éloigné du rivage les âmes de
leur roi Gralon et de sa fille bahut qui leur ap-
paraissent sous la forme de deux corbeaux; elles
disparaissent à l'oeil de ceux qui s'en approchent ',
Voy.. ODIN,CICÉRON,AUGURES, ARTHUS,etc.
Corbeau noir. Voy. CALICEDUSABBAT.
, Corde de pendu. Les gens crédules préten-
daient autrefois qu'avee de la corde de pendu on
échappait à tous les dangers et qu'on-était heu-
reux au jeu. On n'avait'-qu'à se serrer les tempes
avec une corde; de pendu pour se guérir de la
migraine. On portait.un morceau de cette corde
dans sa poche pour se garantir du mal-de dents,
Enfin, on se sert de: cette expression prover-
biale, avoir de la corde de pendu, pour indiquer
un, bonheur constant, et les Anglais du menu
peuple courent encore après lacorde dépendu',
Cordeliers d'Orléans. Oh a fait grand bruit
de l'affaire des cordeliers d'Orléans,-qui eut lieu
sous François Ier. Les protestants s'en empa-
rèrent; et d'un tort qui est assez mal établi, on
fit un crime aux moines. C'était peut-être faire
leur éloge que de s'étonner qu'ils ne fussent pas
tous des anges.-Voici l'histoire. Le seigneur de
dans les idées superstitieuses, annonce des mal- Saint-Mesmin, prévôt d'Orléans, qui donnait
heurs et quelquefois la mort. Il a pourtant des dans les; erreurs de Luther, devint veuf. Sa
qualités merveilleuses. Le livre des Admirables femnie était comme lui luthérienne en secret. H
secrets d'Albert le Grand dit que, si l'on fait cuire la fit enterrer sans flambeaux et sans cérémo-
ses oeufs, et qu'ensuite on les remette dans le nies. Elle n'avait pas reçu les derniers sacre-
nid où on les aura pris, aussitôt le corbeau s'en ments. Le gardien et le custode des cordeliers
ira dans une île où Alogricus, autrement appelé d'Orléans, indignés de ce scandale, firent cacher,
Alruy, a été enseveli, et il en apportera' une dit-on, un de leurs novices dans les voûtes de
pierre avec laquelle, touchant ses oeufs, il les l'église, avec des instructions. Aux matines, ce
fera revenir dans leur premier état ; « ce qui est novice fit du bruit sous les voûtes. L'exorcisle,
tout à fait surprenant ». Celle pierre se nomme qui pouvait bien n'être pas dans le secret, prit
pierre indienne, parce qu'elle se trouve ordinai- le rituel, el croyant que c'était un esprit, lui de-
rement aux Indes. On a deviné, par le chant du manda qui il était? Point de réponse. — S'il était
corbeau, si son croassement petit s'appeler chant. muet? — Il frappa trois coups. .
M. Bory de Saint-Vincent trouve que c'est un On n'alla pas plus loin ce jour-là. Le lende-
langage. On l'interprétait en Islande pour la con- main et le surlendemain ; le même incident se
naissance des affaires d'État. Les Islandais croient répéta. —. Fantôme ou esprit, dit alors l'exor-
le corbeau instruit de tout ce qui se passe au ciste , es-tu l'âme d'un tel ? — Point de réponse.
loin; il annonce l'avenir, disent-ils; il prévoit — D'un tel. — Point de réponse. — On nomn»
surtout, les morts qui doivent frapper une fa- successivement plusieurs personnes enterrées
mille : alors il vient se percher sur le toit de la dans l'église. Au nom de Louise de Mareau.
maison, d'où il part pour faire le tour du cime- femme de François de Saint-Mesmin, prévôt
tière, avec un cri continu et des inflexions de d'Orléans, l'esprit frappa trois coups. — Es-tu
voix. Les Islandais disent encore qu'un de leurs 1 Cambry, Voyage dans le Finistère, t. II, p. 26<-
savants, qui avait le don d'entendre l'idiome du 2 Salgues, Des erreurs et des préjugés, 1.1, P- ^-
COR — 185 COS
dans les flammes. — Trois coups. — Es-tu dam- de-Lavardin amena au roi un homme sauvage
née pour avoir partagé les erreurs de Luther? qui portait des cornes. On montrait à Paris,ien
— Trois grands coups.... 1699, un Français, nommé Trouillon, dont le
Les assistants étaient dans l'effroi. On se dis- front était armé d'une corne de bélier 1. Voyez
. ..- .
posait à.signifier au seigneur de. Saint-Mesmin GIPPÛS.
l'ordre d'enlever de l'église sa luthérienne; mais Dans le royaume de Naplès et dans d'autres
il ne se déconcerta pas. Il courut à Paris et Ob- contrées, les cornes^ passent: pour: un prései'vatif
tint des commissaires du conseil d'État Un arrêt contre: les sortilèges;?;On; a dans: les maisons des
qui condamnait huit cordeliers d'Orléans à faire cornes ornées ; et dans' là rué ou dans lés :con- '
amende honorable pour avoir supposé de fausses versations,: lorsqu'on soupçonne un-sorcier;; on
apparitions (1534). lui fait discrètement des cornes avec les; doigts
: Cette faute (s'il y a eu faute) était individuelle:, pour paralyser ses intënliôns 1magiques.; On pend
et les huit condamnés, dont deux seulement au cou des enfants -, comme ornement, une paire
étaient coupables, le gardien et le custode, de petites cornés." ; - :
furent bannis Sans que personne appelât -ni ré- Cornet d'ÔIdenbôtirg. i/by. OLDENBOURG;
clamât. --:;"•-':• CornôuailTes. Les habitants dé ce comté disent
Coré, compagnon de Dathan et d'Abiron. Les q.u'il doit soir nom au petit chevalier Goririéus,
mahométans, qui le confondent/avec le-îbatelier qui a tué Gog et Magog, auprès dé Plymouth;
Gharon, le font cousin germain deMoïse, quiV le Gbrstied, sorte d'épreuve êhèz les"Aiiglo-
voyant pauvre; lui enseigna l'alchimie, par le Sâxèhs, qui consistait à faire manger par l'accusé
moyen de laquelle ilacquitde si grandes richesses à jeun une once de paitï ou de fromage consacré,
qu'il lui fallait quarante: chameaux pour porter avec beaucoup de cérémonies. Si l'accusé était
son or et son argenL II y eh a qui-prétendent coupable, cette nourriture devait l'étouffer en
même que plusieurs: chameaux étaient chargés s'arrêtant dans le gosier ; mais si elle passait
seulement des -clefs de ses coffres-Torts. aisément, l'accusé était déclaré innocent.
Moïse ayant ordonné auxlsraélites de payer là Corybàntiasme ; espèce de frénésie. Ceux
dîme de tous leurs biens (nous suivons toujours qui en étaient attaqués s'imaginaient voir des
les auteurs musulmans), Goré refusa d'obéir, se fantômes et entendre continuellement des sif-
souleva même contre son bienfaiteur jusqu'à ré- flements. Ils ouvraient lés yeux lorsqu'ils dor-
pandre sur lui des' calomnies qui compromet- maient, Ge déliré "sanguin à été souvent jugé:
taient son autorité p'armi le peuplé, si Moïse: ne possession du diable par les démonomanes. .
s'enfût plainte ©ieu, qui punit l'ingrat; la terre Cosingàs, prince des Cerrhéniehs, peuplés
l'engloutit, comme on sait, avec ses adhérents. de Thrace, et prêtre de Junon. Il s'avisa d'un
Corneille; Le chant de la corneille était re- singulier expédient pour réduire ses sujets re-
gardé par les anciens comme un très-mauvais belles. Il ordonna d'atlaclier plusieurs longues
présagepour celui qui commençait une entreprise. échelles les unes aux autres, et-fit' courir lé bruit
Ils l'invoquaient cependant avant le mariage, qu'il allait monter au ciel, vers Junon , pour lui
parce qu'ils croyaient que les corneilles, après demander raison de la désobéissance de son
la mort de l'un ou de l'autre dans chaque couple, peuple. Alors les Thraces, superstitieux et gros-
observaient une sorte de veuvage. Voy. CORBEAU, siers, se soumirent à Cosingàs et s'engagèrent
AUGURES, etc. Les sorcières ont eu quelquefois par serment à lui rester fidèles.
des corneilles à leur service, comme on le voit Cosmas, voyageur du sixième siècle, sur-
dans plusieurs légendes 1. nommé Jndicopleustès, parce qu'il avait beau-
Cornélius, prêtre païen de Padôue, dont parle coup navigué dans l'Inde, a laissé une bizarre
; Aulu-Gelle.Il avait des extases et son âme voya- topographie où il établit que la terre est un carré
; geaithors de son corps ; le jour de là bataille de long, le firmament un cintre supporté par dès
; Pharsale, il dit en présence dé plusieurs assis- voûtes immenses. Il pose la terre sur une mon-
\ tanls qu'il voyait une forte mêlée ^ désignant les tagne renversée qui n'est visitée que par les
: vainqueurs et lès fuyards; et à la fin il s'écria astres, dans leur tour journalier. Màbillon a
pu>-
; tout à coup que César avait vaincu 2. blié ce livre curieux en 1707.
l Cornes. Tous les habitants du ténébreux em- Dans ce livre, où le monde est comparé.à un
1 pire portent des cornes ; c'est une partie essen- grand coffre, Cosmas dit, entre autres faits singu-
\ tiellede l'uniforme infernal. liers, que le soleil, la lune et les autres astres
On a vu des enfants avec des cornes, et Bar- sont conduits chacun par un ange, et que ce sont
; tholin cite un religieux du monastère de Sainl- d'autres anges qui préparent la pluie et les orages,;
: Justin qui en avait deux à la tête. Le maréchal qui distribuent le chaud, le froid, la neige, la
' rosée, les brouillards, etc. — Ne nous étonnons
Voyez, dans les Légendes infernalesAa.
' Corneille
?" doBarklay pas de ces opinions. Sous Philippe Auguste le
2 T 1 1 M. Salgues, Des erreurs et des préjugés,
; L-eloyer, Histoire des spectres, ou Apparitions ' t. III,
-s <«s esprits, liv. IV, ch. xxv, p. 456. • •
p. 128.
C0S — 186 COU
vulgaire croyait encore que la terre était carrée.- maladies. Leur.corps est à l'épreuve du poison
Cosquinomancie ou Coscinomancie, sorte et de tous les accidents.
de divination qui: se pratique au moyen d'un Coudais, dieux des Tarlares de l'Altaï en Si-
crible, d'un sas, ou d'un tamis. On met un crible bérie. Ils sont au nombre de sept, tousgéauls de
sur des tenailles, qu'on prend avec deux doigts; forme humaine, assez peu puissants et assez peu
ensuite on nomme lès personnes soupçonnées de honorés.
larcin ou de quelque crime secret, et. on juge Coudrier. Les branches de cet arbre ont servi
coupable celle au nom de qujfle crible tourne ou à quelques divinations. : Voy. BAGUETTEDIVINA-
tremble, comme si celui qui tient les tenailles TOIRE.
ne pouvait pas remuer le crible à sa volonté ! Couleurs. Pline le .naturaliste nous apprend
Aulieu; du Crible, on met aussi (car.ces divi- que les anciens liraient des augures et des.pré-
nations se pratiquent encore) un tamis sur un sages de la couleur des rayons du soleil, delà
pivot;- pour,connaître l'auteur d'un vol ; on lune', des planètes", de l'air, etc. Lenoir est le
nomme de même les personnes, soupçonnées, et signe du-deuil, dit. Rabelais, .parce que c'est la
le tamis tourne au nom du voleur.....G'estree.-qu'on couleur des ténèbres, qui sont tristes, et l'opposé
appelle dans les campagnes tourner] le sast Cette du blanc, qui est la couleur de la lumière el.de
superstition est surtout très-répandue dans la la joie.
Bretagne Lfo</. CRIBLE. Coumbhacarna, géant de: la mythologie in-
. Gossèn, rocher du Fichtelberg, que les Alle- dienne, qui éLait si vorace qu'on:craignait qu'il
mands disent être le sommet du haut duquel le ne dévorâtla terre. Il fut tué par Rama.
diable mon Ira à IN'otre-Seigneur tous les royaumes Coupe: (divination - par là) ^trèssusitée en
de la terre. Egypte dès le temps de Joseph, employée encore
Côte. Dieu prit une côte d'Adam pour en faire aujourd'hui. Voy. HYDROMA'NCIE. ,
notre mère Eve. Mais il ne faut pas croire pour . Coups. En 1582, dit Pierre Delancre', il ar-
cela, comme fait le vulgaire; que dans les des- riva qu'à Constantinopley à Rome et à Paris, cer-
cendants d'Adam les hommes ont une côte de tains démons et mauvais esprits, frappaient des
moins que les femmes. coups aux; portes des maisons ; c'était un indice
Cou. On regardait chez les anciens comme un de la mort d'autant "de personnes qu'il, y avait
augure favorable une palpitation dans la' partie de coups.
'gauche du cou, el comme funeste celle qui avait Cour infernale. Wierus et d'autres démono-
lieu dans la partie droite. manes, versés dans l'intime connaissance, des
Couberen, idole de l'Inde, qui donne les ri- enfers, ont découvert qu'il y avait là des princes,
chesses. des nobles, des officiers, etc. Ils ont même compté
Couches. On prétendait en certains pays faire le nombre des démons, et distingué leurs em-
accoucher aisément les femmes en liant leur cein- plois, leurs dignités el leur puissance. Suivant ce
ture à la cloche de l'église, et en sonnant trois qu'ils ont écrit, Satan n'est plus trop le souverain
coups. Ailleurs, la femme en couches mettait la de l'enfer ; Belzébuth règne à sa place. Voici
culotte de son mari. Voy. AÉTITE. l'étal actuel du gouvernement infernal ;
. Coucou. On croit en Bretagne qu'en comp- Princes et grands dignitaires: Belzébuth-, chef
tant le chant du coucou, on y trouve l'annonce suprême de l'empire infernal, fondateur de l'ordre
de l'année précise où l'on doit se marier 2. S'il de la Mouche ; Satan, chef du parti de l'opposi-
chante trois fois-, on se mariera dans trois tion. Eurynome, prince de la mort, commandeur
' de l'ordre de la Mouche; Mo.lo.ch,;prince-du pays
ans, etc.
On croit aussi, dans la plupart des provinces, des larmes, commandeur de: l'ordre; Pluloii,
que si on a de l'argent avec soi la première fois prince du feu; Léonard, grand maître des sab-
qu'on entend le chant du coucou, on en aura bats, chevalier de la Mouche:; Baalberilh, maître
loule l'année. -— Le coucou de Balkis, probable- des alliances ; Proserpine, archidiablesse, souve-
ment la reine de Saba, est un des dix animaux raine princesse des esprits malins.
que Mahomet place dans son paradis. Ministères. Adrameleck, grand chancelier, com-
Coucoulampons, anges du deuxième ordre, mandeur de l'ordre de la Mouche ; Aslarolh, grand
qui, quoique matériels, selon les habitants de trésorier ;•Nergal, chef de la police secrète ; Baal,
Madagascar, sont invisibles et ne se découvrent général en chef des armées infernales, comman-
qu'à ceux qu'ils honorent d'une protection spé- deur de l'ordre de la Mouche ; Léviathan, grand
ciale. Il y en a .des deux sexes; ils contractent amiral, chevalier de la Mouche.
mariage enlre eux el sont sujets,à la mort; mais Ambassadeurs. Belphégor, ambassadeur en
leur vie est bien plus longue que celle des hom- France ; Jvlammori, ambassadeur en Angleterre;
mes, et leur santé n'est jamais troublée par les Bélial, ambassadeur en Turquie; Rimmon, am-
1 M. Cambry, Voyage dans le Finistère, t. III, bassadeur . en Russie ; Thainùz,. ambassadeur en
p. 248. 1 Incrédulité et mécrêance du sortilège, etc.,
M, Cambry, Voyagedans le Finistère, t.I, p. 175. traité VII, p. 37.
COU — 187 COU
Espagne; Hutgin, ambassadeur en Italie ; Martinet, du feu est, dit-on, de mauvais augure pour les
ambassadeur en Suisse, etc. nouveaux/mariés. ".-:. ...
Justice. Lucifer, grand j usticier ; : Alaslor, exé- '.Courroie de soulier. C'était un mauvais pré-
cuteur des hautes oeuvres. sage chez les Romains de rompre la courroie dé
. Maison des princes. Verdelet, maître des céré- son soulier en sortant de chez soi. Celui qui avait
monies; Succoi'TBénolh, chef des eunuques;; Gha- ce malheur croyait ne pouvoir terminer une.af-
mos, grand chambellan;..chevalier de la Mouche ; faire commencée et ajournait celles qu- il is'ébait
Melchom-, trésorier payeur; Nisrôch .chef, de la proposé:d'entreprendre. . -_'
cuisineiBëliemotli, grand échanson;Dagon, grand . Court de Gébélih; écrivain extravâgant, venu
panelier; Mulliii, premier valet de chambre. de Lausanne à Paris au dernier siècle ;;il fil, sous
. Menus plaisirsi fCobal;,dirécteurdés spectacles ; le? titre: de Monde primitif, un roman; ;philoso-
Asmodée, sUrinlenclant dês:m.ai.sons dejeu:;. Kyb,- phique en:;neuf:VoTumés,;in^4,':,';que la-livréede
bas, graiicl-paràcliste. Antéchrist;;"escamotêur et Voltaire prôna parce qu'il attaquait la vérité reli-
nécromancien; Boguet l'appelle: le singe de Dieu;- gieuse ,i et qui est: descendu: chez les épiciers. Il
On voit que les : démonomâiies se - montrent se passionna'pour lé magnétisme,; et-le L3,;niar
assez gracieux; en vers. les. habitants du noir, sé- l-78./i;..i.lr-se-"màgnélis'a-:si.'toïen'.l'iviHmême--,qu'ii.,en::
jour. Dieti:.veuille qu'après tant de rêveries ils tomba roidemôpL On lui fit cette épigraphe :.; ; -
n'aient pas mérité d'aller en leur soeiété!
: M. Berbiguier a écrit :en 18,21,.après-avoir. ^Ci-gitcepauvrê'Gébelin,:;: _ , : ,,
transcrit celte liste, des princes de : la .cour infer- Qui pai-lait grec, hébreu, latin, "."..
Admirez toiis son héroïsme :i:'
nale : « Cette cour a aussi ses représentants sur 11fut martyr du magnétisme; >;
la terre : More.au ,; magicien, et sorcier à Paris,
représentant de Belzébuth ; Pinel père, médecin Gourtinière. Ungenlilhomnie'-braton;, nommé
à;-laSalpêlrière, représentant de-Satan; Bonnet, M. de la Gourtinière, ayant reçu un jour dans
employé à Versailles;,.représentant d'Eurynonie ; son château plusieurs seigneurs ses voisins,. les
Bouge, associé de.Nicolas,.représentant de Plu- traita bien pendant quelques jours. Après leur
Ion; Nicolas,., médecin à Avignon, représentant départ, il, se plaignit à.sa femme-de. ce qu'elle
de Moloeh ;. Baptiste Prieur, de' Moulins, : repré- ne leur avait pas fait assez bon visage; ilfitsans
scnlantdè Pan ; Prieur aîné, soir frère, marchand doute ces remontrances avec des paroles peu
droguisle,.représenlanlde Lilith; Étieiiiie.Prie.ur, honnêtes : la femme,. d'une humeur hautaine,; ne
de. Moulins-,-.-.représentant de Léonard ; .Papou- répondit rien, mais elle résolutintérieupment
Lpminy,cousin des Prieur, représentant de Baaî- de se venger. M, delaCourtinière s'élanl couché
berilh; Jeannelon; Lavalette, la Mansolte et la et dormant profondément, la dame, après avoir
Vandeval, représentant l'archidiablesse Proser- corrompu deux de ses domestiques, leur fit égor-
pine, qui a voulu mettre trois diablesses:à mes ger son mari, dont ils portèrent le corps dans un
trousses '. » Voy. BIVURIGUIEH : cellier. Ils y firent une fosse, l'enterrèrent, el
Courils, petits démons malins, corrompus et ils placèrent sur la fosse un tonneau plein de
•
danseurs, dont M. Cambry a trouvé la croyance porc salé. La dame, le lendemain, annonça que
établiesur les côles'du Finistère. On les rencontre son mari était allé faire un voyage. Peu après,
au clair de la lune, sautant autour des pierres elle dit qu'il.avait été tué dans un bois, en porta
consacrées ou des monuments druidiques. S'ils le deuil, montra du chagrin el fit faire des ser-
vous saisissent par la main, il.faiU suivre leurs vices dans les paroisses voisines.
mouvements; ils vous laissent exténués sur la Mais ce crime ne resla pourtant pas impuni :
place quand ils la quittent. Aussi, les Bretons, le frère du défunt, qui venait consoler sa belle-
dans la nuit, ôviteiitrils avec soin les lieux ha- soeur et veiller à ses affaires, se promenant un
biles par çelle.espêcede démons, genre des co- jour dans le jardin du château, et contemplant
bales. un parterre de fleurs en.songeant à son frère,
On ajoute que les courils perdirent une grande fut pris d'un.;saignement de nez qui l'étpnna,
parlie de leur puissance à l'arrivée des apôtres n'ayant jamais éprouvé cet accident. Au môme
du Catholicisme dans le pays. Voy. WILLIS. instant il lui sembla voir l'ombre de M. de la
Courma-Vataram. Les Indiens adorent sous Gourtinière qui lui faisait signe de le suivre. 11
co nom leur dieu Vichnou, dans sa seconde in- suivit le spectre jusqu'au cellier, où il le vil dis-
carnation , qui est celle d'une tortue. paraître. Ce prodige lui ayant donné des soup-
Couronne nuptiale. Chez les habitants de çons, il en parla à la veuve, qui se montra épou-
l'Knilebuch, en Suisse, le jour des noces, après vantée. Les soupçons du frère se fortifiant de ce
lp-festin el les danses, une femme velue de jaune trouble, il lit creuser dans le lieu où il avait vu
demande à la jeune épousée sa couronne virgi- disparaître le fantôme. On découvrit le cadavre,
nale, qu'elle brûle en cérémonie. Le pétillement qui fut levé et reconnu par le juge de Quimper-
Corentin. Les coupables, arrêtés, furent, con-
1 les
farfadets, sic, t. I, p. 4 et â. damnés," là veuve: (Marie de Sornin), à avoir la
COU — 188 — CRA
tête tranchée et tous les membres de son corps fois dans leur sein pour se préserver de tous
dispersés, pour être ensuite brûlés et les cendres charmes et fascinations.
jetées au vent; les deux domestiques, à avoir la Cracher sur soi : mauvais présage. Voy. CHE-
main droite coupée, et après être pendus et étran- VILLEMENT.
glés-, leurs corps aussi brûlés *. Cet événe- Crachat de la lune. Les alchimisles appel-
ment eut lieu vers la fin du seizième siècle. lent ainsi la matière de la pierre philosophai
Courtisanes. Les chrétiens'sont bien étonnés avant sa préparation. C'est' une espèce d'eau con-
de voir des courtisanes servir de prêtresses dans gelée , .sans odeur et sans saveur, de couleur
les Indes. Ces filles, justement-'déshonorées .chez verte, qui sort de terre pendant la nuit ou après
nous, sont privilégiées là depuis l'aventure de un orage. Sa substance aqueuse est très-volatile
l'une d'elles; Dévendiren, dieu du pays, alla trou- et s'évapore a la moindre chaleur, à travers une
ver un jour celte courtisane sous la figure d'un peau extrêmement mince qui la contient. Elle né
homme,-et lui promit une haute récompense si se dissout ni dans le vinaigre, ni dans l'éau, ni
elle était fidèle; pour l'éprouver le dieu fit le dans l'espriNle-vin ;; mais si on la renferme dans
mort. La courtisane, le croyant véritablement un vase bien scellé, elle s'y dissout d'elle-même
mort, se résolut à mourir aussi dansles flammes en une eau puante. Les philosophes hermétiques
qui allaient consumer le cadavre, malgré les re- la recueillent avant le lever du soleil dans du
présentations qu'on lui faisait de ce qu'elle n'était verre ou du bois et "en tirent une espèce de
pas mariée. Elle allait se mettre sur lé bûcher poudre blanche semblable à l'amidon, qui pro-
déjà enflammé, lorsque Dévendiren se réveilla, duit ensuite ou ne produit pas la pierre philoso-
avoua sa supercherie, prit la courtisane pour sa phale.
femme et l'emmena dans son paradis... Crampe, Les morses ont sur les babines, comme
Goutellier, démon invoqué dans les litanies au-dessous, plusieurs soies creuses. Il n'y a point
du sabbaL de matelot qui ne se fasse une bague de ces soies,
Couvera, dieu des richesses dans l'Inde, ar- dans l'opinion qu'elles garantissent de la crampe 1,
rière-petit-fils de Brahma. C'est un lépreux dif- Crâne d'enfant. La cour d'assises de la Haule-
forme ; il a trois jambes. Sa bouche ne possëdè; Marne a jugé, en février 1857, une affaire qui
que huit dents, et une pièce d'or couvre un de puise sa cause première dans une horrible super-
ses yeux. stition. «Descultivateurs de la commune d'Heuil-
Crabançon (Jacques de). Voy. IMAGES. lez-le-Grand, dit l'acte d'accusation, vivaient
Grabes. Ces hideux petits habitants de la mer dans une ferme isolée, et devaient à cet isolement
sont attachés par quelque lien aux démons des même une tranquillité que rien ne semblait vou-
eaux, et, suivant le dire des Écossais riverains, loir troubler, lorsque le 21 janvier dernier un
crime horrible, unique peut-être dans les annales
judiciaires, vint les jeter dans le deuil et la déso-
lation. Le mari, Jean-Baptiste Pinot, était parti
dès le matin pour le travail, et sa femme'l'avait
bientôt rejoint après s'être assurée toutefois que
son enfant, âgé de onze mois, qui était couché
dans son berceau, dormait profondément. Comme
la grange où elle allait travailler n'était qu'à
quelques pas de la maison d.'habitation, elle n'a-
vait pas pensé en sortant à fermer les portes à
la clef.-
» Le travail dura quelque temps ; la femme Pinot
ils dansent au sabbat des sorcières, lorsqu'il- se rentra la première pour s'assurer si l'enfant dor-
rassemble sur la plage. mait encore. Quel ne fut pas son effroi lorsqu'elle
Graca, magicienne qui, au rapport de Saxon s'aperçut que le berceau était vide. On fit immé-
le Grammairien, changeait les viandes en pierres diatement de vaines recherches. Ce ne fut que le
ou autres objets, aussitôt qu'elle les voyait posées lendemain, dans l'après-midi, que l'on découvrit,
sur une table. caché sous des gerbes de paille, dans une écurie
Crachat. Lorsque les sorciers renoncent au de la ferme, le corps de l'enfant entièrement nu,
diable, ils crachent trois fois à terre. Ils assurent affreusement mutilé. La tête en avait été détachée
que le diable n'a plus alors aucun pouvoir sur au moyen d'un instrument tranchant, et ne put
eux." Ils crachent encore lorsqu'ils guérissent des être retrouvée. De profondes entailles, faites sur
écrouelles et font de leur salive un remède. l'une des épaules, indiquaient qu'on avait eu la
Les anciens avaient l'habitude de cracher trois pensée de couper le corps en morceaux pour te
mais
1 Arrêt du parlement de Bretagne, t. II des.Dis- faire disparaître. Le crime était constant,
sertations de Lenglet-Dufresnoy ; et Leloyer, liv. III, 1 H. Lebrun, Abrégé des voyages au pôle flow.
ch. iv. ch. î.
CBA 189 CBA
quel était l'assassin, et quel intérêt avait pu d'un enfant assassiné avait la propriété de rendre
armer son bras ? La pauvre victime était âgée de invisible celui qui le portait, et de permettre à
onze mois à peine; les soupçons ne tardèrent un voleur- qui s'en ferait une lanterne, de péné-
pas à se porter sur un homme qui était au ser- trer impunément dans les habitations. Vautrin
vice de la ferme. Ses antécédents étaient faits croyait à cette odieuse superstition ; ainsi s'expli-
pour les éveiller. Voleur d'habitude depuis son quaient rinlérêtdu crime et la mutilation. Vautrin
enfance, il avait été condamné pour vol à deux fut arrêté, et l'interrogatoire qui suivit ne vint
ans de prison, et pour se soustraire aux recher- que trop confirmer les' soupçons qu'on avait eus
ches de la justice, il avait changé de nom; il sur lui. Les investigations ont d'ailleurs fait dé-^
avait substitué à son nom de Vautrin celui de Mo- couvrir derrière des buissons dés débris' de che-
risot.Cet homme est âgé de vingUquatreans. Il était mise et un.pantalon souillés de sang et de boue
taciturne, recherchait l'isolement, et avait plu- appartenant à Vautrin et reconnus par lui ; la tête
sieursfois donné des preuves d'une froide cruauté. de la victime a été également retrouvée dans un
Ala nouvelle de la disparition de l'enfant, Vautrin bois voisin, et à quelques mètres un vieux bonnet
avait pâli; et au lieu de se livrer comme tous à rayé ayant appartenu à l'inculpé. A l'audience,
. des recherches actives, on l'avait vu morne et comme dans l'instruction, Vautrin se renferma
préoccupé,:cherchant à diriger les soupçons sur dans un système complet de dénégations. Mais
un ancien domestique de son maître, qui aurait les dépositions des témoins,étaient si accablantes,
pris l'enfant pour lui couper la tête et aller avec que le verdict du jury fut affirmatif sans circon-
celte tête dans les châteaux. - stances atténuantes. En conséquence, Vautrin fut
s Mais cet étrange propos, émis avant que condamné à là peine de mort. »
personne sût si la tête de l'enfant avait été mu- Çrânologie. Voy. GALL.
tilée, était une révélation. If indiquait le mobile Crapaud. Les crapauds tiennent une grande
el l'intérêt du crime. Vautrin avouait en effet le place dans la sorcellerie. Les sorcières les aiment et
lendemain qu'il avait entendu dire que le crâne les choient. Elles ont toujours soin d'en avoir
quelques-uns, qu'elles soignent, qu'elles nourris- coup sûr une sorcière qui l'avait mis là pour
sent el qu'elles accoutrent de livrées de velours quelque maléfice.
vert, rouge ou noir. Pierre Delancre dit que les
grandes sorcières sont ordinairement assistées de
quelquedémon, qui est toujours sur leur épaule
gaucheen forme de crapaud, ayant deux petites
cornes en tête; il ne peut être vu que de ceux
quisont ou qui ont été sorciers.- Le diable baptise
cescrapauds au sabbat. Jeannette Abadie et d'au-
tres femmes ont révélé qu'elles avaient vu de
cescrapauds habillés de velours rouge, el quel-
ques-uns de velours noir; ils portaient une son-
netteau cou et une autre aux pattes de derrière.
Au mois de septembre 1610, un homme se
: promenant dans la campagne, .près de Bazas, vil
. un chien qui se tourmentait devant un trou ;
; aî'ant fait creuser, il y trouva deux grands pots
; renversés l'un sur l'autre, liés ensemble à leur
ouvertureet enveloppés de toile ; le chien ne se
calmantpas, on ouvrit les pots, qui se trouvè-
ï rent pleins de son, au dedans duquel reposait un Crapaudsdansantau sabbat,
: Broscrapaud vêtu de taffetas vert 1. C'était à Nous rions de ces choses à présent, mais c'é-
:. belancre, Tableau de l'inconst. des démons, etc., taient choses sérieuses au seizième siècle, et
'"' H, discours iv, choses dont l'esprit ne nous est pas expliqué.
p. 133.
CRA 190 CRI
Le peuple est persuadé, dit M. Salgues 1, dernier moment el l'avait étranglé 1, ce qui est
que le crapaud a la faculté: de faire évanouir un mensonge niais. Voy. CARLOSTAD et LUÏUEU.
ceux qu'il regardé fixement, et cette assertion Crespet (Pierre), religieux céleslin, mon en
est accréditée par un certain abbé Rousseau, qui 159/), auteur d'un traité.contre la magie intitulé
a publié, dans le cours du dernier siècle, quel- Deux livres de la haine de Satan cl des malins
ques observations d'histoire naturelle : il prétend esprits contre l'homme,.etc. Paris,'1590, int8°,
que la vue seule du crapaud provoque des spas- Cet ouvrage est rare et curieux.
mes, des convulsions, la mort même. Il rapporte Grétinisme, infirmité qui dispose quelquefois,
qu'un gros crapaud, qu'il tenait renfermé.sous dit-on, au vampirisme.
un bocal, l'ayant regardé fixement, il se sentil Crible. Parler au crible est un ancien pro-
aussitôt saisi de palpitations, d'angoisses, de verbe qui signifiait faire danser un tamis par le
mouvements convulsifs:, et qu'il serait mort in- moyen de paroles mystérieuses. Théocrite nom-
failliblement si l'on n'était venu à son secours... mait les gens qui avaient ce pouvoir crible-sor-
Élien, Dio'scoride, Nicandre, yElius, -Gesner, ciers ou sorciers du crible. « Je me suis, trouvé,
ont- encore écrit que l'haleine' du crapaud était dit Bodin 2, il y a vingt ans, dans une maison à
mortelle, et qu'elle infectait les lieux où il res-. Paris où un jeune homme fit mouvoir un tamis
pire. On a cité l'exemple de deux amants qui, sans y toucher, par la vertu de cerlaines paroles-
ayant pris de la sauge sur laquelle un crapaud françaises, el cela devant une société, et In
s'était promené, moururent aussitôt 2. Mais ce preuve, dit-il, que c'était par le pouvoir de l'es-
sont là souvent des contes. Cependant le cra- prit malin, c'est qu'en l'absence de ce jeune
paud est en horreur chez tous les peuples, ex- homme, on essaya vainement d'opérer en pro-
cepté sur les bords de l'Orénoque, où, pour nonçant les mêmes paroles. » Voy. GOSQUIXO-
le consoler- de nos mépris, des Indiens lui ren- MANCI.E.
daient les honneurs d'un culte; ils gardaient soi- Criériens, fantômes des naufragés, que les
1
gneusement les crapauds sous des vases, pour habitants de l'île de Sein, en Bretagne, croient
en obtenir de la pluie ou du beau temps, selon entendre demander la sépulture, à travers ce
leurs besoins, et ils étaient tellement persuadés bruit sourd qui précède les orages. Les anciens
qu'il dépendait de ces animaux de l'accorder, Bretons disaient : « Fermons les portes, on en-
qu'on les fouellail chaque fois que la prière n'é- tend les criériens ; le tourbillon les suit. »
tait pas exaucée \ Crimes. Voy. POSSESSIONS .
Crapaudine, pierre qui se trouve dans la tête Cristalomancie, divination par le moyen du
des crapauds; les sorcières la recherchent pour cristal. On lirait des présages des miroirs el des
leurs maléfices. Plusieurs écrivains assurent que vases de cristal, dans lesquels le démon faisait,
c'est un objet très-rare, el si rare, que quelques- dit-on, sa demeure. Le roi Childéric cherchait
uns nient l'existence de celte pierre. Cependant l'avenir dans les prismes d'un petit globe de
Thomas Brown ne croit pas le fait impossible, cristal.
puisque, -dit-il,' tous les jours on trouve des sub- Les devins actuels prédisent encore par le mi-
stances pierreuses dans la tête des niorues, des roir. L'anecdote suivante fera connaître leur mé-
carpes, des gros limaçons sans coquilles. 11en est thode. -—Un pauvre laboureur des environs de
qui pensent que ces crapaudines sont des con- Sézanne, à qui on avait volé six cents francs,
crétions minérales que les crapauds rejettent alla consulter le devin ; c'était en 1807. Le de-
après les-avoir avalées, pour nuire à.l'homme*. vin lui lit donner douze francs * lui mil Irois
Mais ce ne sont là encore que des contes. mouchoirs sur les yeux, un blanc, un noir et un
Grapoulet. Voy. Zozo. bleu, lui dit de regarder dans un miroir où il
Gratéis, déesse des sorciers el des enchan- faisait venir le diable et tous ceux qu'il voulait
teurs, mère de la fameuse Scylla. évoquer. — Que voyez-yous ? lui demanda-l-il.
Crédulité. Elle a ses excès, qui pourtant sont — Rien, répondit le paysan. Là-dessus le. sor-
moins runesles que ceux de l'incrédulité. cier parla fort et longtemps ; il recommanda an
Grescence, cardinal, légat du sainl-siége au bonhomme de songer à celui qu'il croyait capa-
concile de Trente, qui mourut paisiblement en ble de l'avoir volé, de se représenter les choses
1552. Jean de Chassanion, huguenot, n'aimant et les personnes. Le paysan se monta la tête, et,
pas. ce prince de l'Église, parce qu'il s'était élevé à travers les trois mouchoirs qui lui serraient l«
contre les protestants, a écrit que le diable, en yeux, il crut voir passer dans le miroir un
forme de chien noir, était venu le voir à son homme qui avait un sarrau bleu, un chapeauà
grands bords et des sabots. Un moment aprèsii
1 Des erreurs et des préjugés, etc., t. I, p. 423. crut le reconnaître, et il s'écria qu'il voyait son
2 C'est un conte du Docameron. — Eh bien, dit le devin, vous prendrez
3 Pons, Voyage « la partie orientale de la terre voleur.
de l'Amérique méridionale, I. I. * Des grands et redoutables jugements de Die»'
ferme
4 Thomas Brown, Essai sur les erreurs populaires, p. 6G.
t. I, liv. III, ch. xni, p. 312. 2 Démonomaniedes sorciers, liv. II, p. 185'
CRI 191 — CRO
un coeur de boeuf, et soixanle-trois clous à lat- lure aux rois. Les Ombites poussaient même la
tes cpie vous planterez en croix dans ledit coeur; superstition jusqu'à se réjouir de voir leurs en-
vous le ferez bouillir dans un pot neuf avec un fants enlevés par les crocodiles.-Mais "ces ani-
'
crapaud et une feuille d'oseille ; trois jours maux étaient en horreur dans le reste de
viendra '
après, le voleur, s'il n'est pas-mort, l'Egypte, excepté à Tenliris.ou Dendèrah, dont
vous rapporter votre argent, ou bien il sera en- les habitants ne les redoutaient pas. Ceux qui
sorcelé. les adoraient disaient que, pendant les sept
Le paysan fit tout ce qui lui était recom- jours, consacrés aux fêtes de la naissance d'Apis,
mandé. Mais.son argent ne revint pas; d'où il ils oubliaient leur férocité naturelle .et ne: fai-
conclut que son voleur était ensorcelé, et il s'en saient aucun mal ; mais que le huitième jour,
frotta les mains. après midi, ils redevenaient furieux.
Cristoval,de Garai de. Voy. MAIUSSANE. Croft (Elisabeth). Quand les Anglais apprirent
Critomancie, divination qui se pratiquait par que.-leur reine Marie Tùdor, ;què l'on a si lâche-
le moyen des viandes et dés gâteaux. On consi- ment calomniée, allait épouser le roi d'Espagne
dérait la pâte des gâteaux qu'on offrait en sacri- Philippe II, ce fut parmi les réformés un grand
fice, et la farine d'orge qu'on répandait sur les effroi, el plusieurs intrigues surgirent pour em-
victimes,-pour eh tirer .des présages. pêcher celte ' union. Un certain Drack obtint
Crocodiles. Lès Égyptiens modernes assurent d'une jeune fille nommée Elisabeth: Croft,
que jadis les crocodiles étaient des animaux moyennant une;somme d'argent, qu'elle se lais-
doux, el ils racontent de la manière suivante serait enfermer entre deux murs, et qu'au moyen
l'origine de leur férocité. Humeth, gouverneur de tuj'aux dissimulés elle pourrait dire les pa-
d'Egypte sous Gisar Al-Mulacil, calife de Bag- roles qu'on lui mettrait à l'oreille, ce qui se lit.
dad, ayant fait mettre en pièces l'image de Bientôt donc on apprit dans Londres qu'on en-
plomb d'un grand crocodile (figure talismani- tendait des voix qui venaient certainement du
que)que l'on avait trouvée en creusant les fonde- ciel, puisqu'on ne voyait-absolument personne. -.
ments d'un ancien temple de païens, à l'heure La multitude accourut. La voix menaçait l'An-
même de celle exécution les crocodiles sortirent gleterre des plus affreux désastres' si la reine, se
du Nil, et ne cessèrent, depuis ce temps, de mariait avec l'Espagnol; elle s'élevait ayee fu-
nuire par leur voracité '. Voy. ÉTOILES. Pline reur contre le Pape el contre l'Église romaine,
el Plularque témoignent que les Égyptiens con- et les réformés se pâmaient d'aise. Cette impos-
naissent, par l'endroit où les crocodiles pondent ture dura plusieurs jours sans quîon en soupçon-
nât le procédé, et il. n'était bruit dans Londres
que de l'ange qui parlait. Mais parmi les magis-
trats, quelques-uns étaient encore catholiques;
ils soupçonnèrent un stratagème; on démolit le
'mur d'où sortait la voix, et on découvrit Elisa-
beth Croft. 11 ne paraît pas qu'on l'ait punie,
non plus que son suborneur, parce qu'ils avaient
dans la foule de nombreux partisans.
Croix. Ce saint nom, qui est la terreur de
l'enfer, ne devrait pas non plus figurer ici. Mais
la superstition, qui abuse de tout; ne l'a pas res-
pecté. Il y a des croix dans toutes les formules
des grimoires, el aucun sorcier ne s'est jamais
vanté de commander au moindre démon sans ce
leurs oeufs, jusqu'où ira le débordement du Nil. signe. ,
Mais il serait dillicile, dit Thomas Brown, de Les croix que les sorcières portent au cou et à
comprendre comment ces animaux ont pu devi- leurs chapelets, et celles qui se trouvent aux
ner un effet qui, dans ces circonstances, dépend lieux où se fait le sabbat, ne sont jamais entiè-
de causes extrêmement éloignées, c'est-à-dire res, comme on le voit par celles que l'on décou-
de la mesure des rivages dans l'Ethiopie. Les vre dans les cimetières infestés de sorciers et
habitants de Thèbes et du lac Moeris rendaient dans les lieux où les. sabbats se tiennent. La rai-
un culte particulier aux crocodiles. Ils leur met- son en est, disent les démononianes, que le dia-
t'iienl aux oreilles des pierres précieuses el des ble ne peut approcher d'une croix intacte.
ornements d'or, et les nourrissaient de viandes Croix (Épreuve de la). Voy. ÉMEUVES.
consacrées. Après leur mort, ils les embau- Croix (Magdeleine de la). Voy. MAGDEI.KINIÎ.
maient et les déposaienl en des urnes que l'on Gromeruach, idole principale des Irlandais,
Portail dans le labyrinthe qui servait de sépul- avant l'arrivée de sainl Patrice en leur pays.
Leloyer, Histoire et discours des spectres, etc., L'approche du sainl la fit tomber, disent les lé-
llv-lV, ch. xxi, p. 417. gendes, tandis que les divinités inférieures s'en-
CRO — 192 GUR
foncèrent dans la terre jusqu'au menton. Suivant noire à la main, et à commettre ensuite tout le
certains récits, en mémoire de ce prodige, on contraire de ce que prescrit l'Église.
voit encore leurs têtes à fleur de terre dans une Certains peuples de l'Afrique ne rendent au-
plaine qui ne se trouve plus. cun culte à Dieu, qu'ils croient bon, et font des
Crpmniomancie, divination par les oignons. sacrifices au diable pour la raison contraire. Voy.
•Ceux qui la pratiquaient mettaient, la" veille de KURDES.
Noël, des oignons sur un autel. Us écrivaient sur Cunégonde, femme de Henri II, empereur
les Oignons le nom des personnes dont on vou- d'Allemagne. Elle fut accusée d'adultère par des
lait avoir nouvelle. L'oignon qui germait le plus calomniateurs, et se purgea de l'accusation en
vite annonçait que la personne dont il portait le marchant pieds nus, sans accident, sur des socs
nom jouissait d'une bonne santé. de charrue rougis au feu. Voy. ÉPREUVES.
Cette divination est encore en usage dans plu- Cupai. Voy. KUPAY.
sieurs cantons de l'Allemagne, parmi les jeunes Curdes. Voy. KURDES.
filles, qui cherchent à savoir ainsi qui elles au- Cureau de la Chambre, habile médecin,
ront pour époux 1. mort en 1669. On a de lui un Discours sttr les
Croque - Mitaine, espèce d'Ogre dont on principes de la chiromancie et de la métoposco-
épouvante à Paris les petits enfants indociles. pie. Paris, 1653, in-8°. On l'a aussi imprimé
Aujourd'hui que ses dents sont tombées, il se sous le titre de YArt dé connaître les hommes.
contente de les mettre au cachot et de leur don- Gurko, divinité des Prussiens avant leur con-
ner le fouet, malgré les lumières du siècle. Voy* version au christianisme. Elle était leur pour-
BABAU. ' voyeuse i et ils rendaient quelques honneurs à
Crucifixion au sabbat. On lit dans les dé- son image. Or cette.image était une peau de chè-
clarations de Madeleine, Bavent, de la possession vre élevée sur une perche de trois mètres et cou-
de Louviers, qu'au sabbat, où elle a assisté long- ronnée d'épis.
temps, elle a vu crucifier plusieurs fois des hosties Curma. Du temps de saint Augustin, un pay-
consacrées, attachées à une croix et dont quel- san des environs d'Hippone, nommé Curma,
ques-unes ont saigné. Une certaine nuit, celle du mourut un matin et demeura deux ou trois jours
vendredi saint au samedi saint, elle vit une sor- sans sentiment. Gomme on allait l'enterrer, il
cière apporter un enfant nouveau-né, que l'on rouvrit les yeux et demanda ce qui.se passait
crucifia en lui clouant à une croix noire les pieds chez un autre paysan du voisinage qui, comme
et les mains. On lui enfonça ensuite des clous lui, se nommait Curma. On lui répondit que ce
autour de la tête en forme de couronne, et on lui dernier venait de mourir à l'instant où lui-même
perça le côté. Elle ajoutait.que deux hommes était ressuscité. — Cela ne me surprend pas,
qui étaient venus au sabbat en novices, ayant à dit-il ; on s'était trompé sur les noms : on vient
ce sujet témoigné quelque sentiment d'horreur, de me dire que ce n'était pas Curma le jardi-
furent crucifiés eux-mêmes et mis à mort. Voy. nier, mais Gurma le maréchal qui [devait mou-
Louviuns. rir. — Il raconta en même temps qu'il avait
Grusembourg (Guy de), alchimiste. Voy. entrevu les enfersi, et il mena depuis meilleure
PlEIinE PHILOSOPHALE." vie.
Cubomancie, divination par le moyen des Curson. Voy. PPRSAN.
dés. Auguste et Tibère avaient grande confiance Gurtius, fils d'un gladiateur romain. On dit
en celle manière de consulter le sort. Les Grecs qu'un spectre lui annonça ainsi sa mort : il avait
s'en servaient aussi. C'est à peu près la même accompagné en Afrique un lieutenant du gouver-
chose que l'astragalomancie. Voy. ce mot. neur de ce pays conquis. Il vit un jour dans une
Cuivre. Théocrite assure que le cuivre pur a galerie le spectre d'une femme de haule sta-
naturellement la vertu de chasser les spectres et ture, qui lui dit qu'elle était l'Afrique, el qu'elle
les fantômes ; c'est pourquoi les Lacédémoniens venait lui annoncer le bonheur. Elle l'assura qu'il
frappaient sur un chaudron toutes les fois qu'un aurait de grands honneurs à Rome ; qu'il revien-
de leurs rois venait à mourir. drait encore sur le sol africain, non plus comme
Culte. Les démons recevaient un culte par valet, mais avec la qualité de commandant en
tout l'univers avant le christianisme. Jupiter et chef, et qu'il y mourrait. Cette prédiction s'ac-
les autres dieux n'étaient véritablement que des complit entièrement; Gurtius fut questeur,,]*
démons ; mais le diable a reçu un culte plus spé- préteur; il .eut les privilèges du consulat, el fol
cial de gens qui savaient bien qu'ils s'adressaient envoyé comme gouverneur en Afrique ; maisen
à lui et non à un dieu. Ainsi les sorciers au sab- débarquant il se sentit frappé d'une maladie dont
bat adorent le diable par son nom. Le culte il mourut 1. Il est très-probable que ce conle'
qu'ils lui rendent consiste principalement à lui été.fait après coup. Pour un autre Gurtius, t»if-
baiser le derrière, à genoux, avec une chandelle DÉVOUEMENT.
1 Leloyer, Histoire des spectres ou apparitionsw
1 Delancre, Incrédulité et mécréance, etc., traité V. esprits, liv. III, ch. xvi, p. 268i
CWE 193 — DAG
Cwes. Voy. CHIEN. rissaient dans leurs temples pour connaître le
Cyclopes, personnages fabuleux qui habi- temps de la conjonction du soleil et de la lune.
taient la Sicile dans la partie qui entoure l'Etna. On était persuadé que, dans cette circonstance,
Ils étaient forgerons; géants rudes et grossiers, l'animal devenu aveugle refusait toute nourri-
anthropophages, ils n'avaient qu'un oeil au milieu ture. Son image, placée sur les clepsydres, était
du front. Voy. L'ODYSSÉE. purement hiéroglyphique. On prétendait qu'à
Cylindres, sortes d'amulettes circulaires que chaque heure du jour le cynocéphale criait très-
les Perses et les Égyptiens portaient au cou, et exactement. Voy. LOUPS-GAROUS.
qui étaient ornées de figures et d'hiéroglyphes. Gyprien (saint). Avant de se convertir au
Cymbale, c'est le nom que les sorciers don- christianisme, saint Cyprien s'Occupait de ma-,
nent au chaudron dans lequel ils mangent leur gie. On voit dans ses Actes} écrits par Siméon
soupe au lard parmi les fêtes du sabbat. Métàphraste, qu'il évoquait les démons, et que
Cynanthropie. Ceux qui sont attaqués de ce furent les épreuves iqu'il fit de leur impuis-
celle espèce de frénésie se persuadent qu'ils sont sance contre le simple signé de la croix qui ra-
changés en chiens. C'est, comme la bousanlhro- menèrent à la foi chrétienne.
pie, une nuance de l'état de lqup-garou. Voy. Cyrano de Bergerac, écrivain remarquable du
LOUPS-GAUOUS. dix-seplièmë siècle. On trouve .dans: ses oeuvres
Cynobalànes, nation imaginaire que Lucien deux lettres très-originales sur les sorciers. Nous
représente avec des museaux de chien et montés '
n'avons pas besoin d'indiquer ses histoiies. des
sur des glands ailés. empires du soleil et de la lune. Il a fait aussi un '
Cynocéphale, singe que les Égyptiens nour- voyage aux enfers ; c'est une pure plaisanterie *.-
Dabaïda. Les naturels de Panama ont une Jean, qui s'était retiré dans une petite île Voisine
idolede ce nom, qui était née de race mortelle des côtes de la Sicile, vit eiï-songe, sur la mer,
et qu'on déifia après sa mort. Quand il tonne ou l'âme du roi Dagobert enchaînée dans une bara-
qu'il fait des .éclairs-, c'est Dabaïda qui est fâchée ; que, et des démons qui la: maltraitaient eil ia
alors on brûle des esclaves en son honneur. conduisant vers l'Etna, où ils devaient la préci-
Dactyles, génies phrygiens du genre des ca- piter. On croyait* autrefois que le cratère de ce
bires ; ils enseignèrent aux hommes l'art de for- volcan était une des entrées de l'enfer, et il n'est
ger le fer, si on veut bien en croire ^mytholo- pas encore vérifié que ce soit une erreur. L'âme
gie grecque. appelait à son secours saint Denis, saint Maurice
Dactylomancie, divination qui se pratiquait el saint Martin, que le roi, en son vivant, avait
au moyen de bagues ou anneaux fondus sous fort honorés, parce qu'un jour qu'il avait offensé
l'aspecl de certaines constellations, el auxquels son père ils lui avaient promis leur appui, dans
étaient atlacliés des charmes et des caractères une vision. Les trois saints descendirent, re-
magiques.C'est, dit-on, avec un de ces anneaux vêtus d'habits lumineux, assis sur un nuage bril-
que Gygès se rendait invisible en tournant le lant. Ils arrêtèrent les malins esprits, leur enle-
clialondans sa main. Clément d'Alexandrie parle vèrent la pauvre âme et remportèrent 2. Un
de deux anneaux que possédaient les tyrans de monument curieux, le tombeau de Dagobert,
la Phocide, et qui les avertissaient, par un son, sculpté au temps de saint Louis, retrace-naïve-
du temps propre à certaines affaires; ce qui ne ment ces circonstances. La principale façade est
les empêcha pas de tomber dans les griffes du divisée en trois bandes. Dans la première on voit
démon, lequel leur tendait un piège par ses arti- quatre démons (deux ont des oreilles d'âne) qui
fices1. emmènent l'âme du roi dans une barque ; la se-
Dadjal ou Deggial,nom de l'Antéchrist chez conde représente saint Denis, sainl Maurice et
lesChaldéens et chez les mahomélans ; il signifie saint Martin, accompagnés de deux anges, avec
dans leur langue le menteur et l'imposteur par un bénitier; ils chassent les démons. Sur la troi-
excellence. sième bande, on voit l'âme qui s'enlève, et une
Dagobert Ier, roi de France, mort en'638, à main généreuse sort d'un nuage pour l'accueil-
agede Irenle-sept ans. Une vieille légende éta- lir. Les farceurs ont glosé sur celle poésie du
blitqu'après qu'il fut mort un bon ermite, nommé
moyen âge, sur celle légende et sur le monu-
.Delancre, Incrédulité et mécréance du sortilège 1 Voyez les Légendes de l'autre monde.
: racment convaincues, traité V, p. 261. 2 Gesta Dagoberli régis, etc.
43
DAG 19/| — DAN
ment, qui est toujours dans-l'église de Saint- au moins des fleurs? Ce qu'il y a de mal, c'est
Denis. Mais quel mal y a-t-il donc dans ces récits que ces fleurs tombent quelquefois devant des
que l'Église n'a jamais imposés, et qui sont pourceaux.
Vision(le Tagobert
Dagon, démon de second ordre, boulanger el j Dahut.' Voy. Is.
grand panetier de la cour infernale. On le trouve Damnetus ou Damachus, loup-garou.de
figurant dans la possession d'Auxonne. Les Phi- l'antiquité. On conte qu'ayant mangé le ventre
listins l'adoraient sous la forme d'un monstre d'un petit enfant sacrifié à Jupiter Lycien en Ar-
réunissant le buste de l'homme à la queue du cadie, il fut changé en loup. Mais il reprit sa
poisson. Us lui attribuaient l'invention de l'agri- première forme au bout de dix ans. Il remporta
culture, qu'on a attribuée à tant d'autres. On lit même, depuis, le prix de la lutle aux jeux Olym-
dans le premier livre des Rois que, les Philistins piques 1.
s'élant rendus maîtres de l'arche du Seigneur, Danaké. C'est le nom de l'obole que l'on pla-
el l'ayant placée à Azot dans leur temple, où se çait chez les païens sous la langue des morts, et
trouvait l'idole de Dagon, on vit le lendemain qu'ils donnaient à Gharon pour leur passage dans
celle idole mutilée, et sa tête avec ses deux mains sa barque.
sur le seuil de la porte, a Depuis lors, dit l'au- Daniel, l'un des quatre grands prophètes. On
teur sacré, les sacrificateurs de Dagon el tous lui attribue un traité apocryphe de l'Art èi
ceux qui entraient dans son temple ne marchaient songes. Les Orientaux le regardent aussi connue
plus sur le seuil de celle porle. » Au Pégu on l'inventeur de la géomancie.
regarde -Dagon comme le Dieu créateur, el, on Danis, sorcier du dernier siècle, qui fut ac-
croit là que, quand les kiakias auront détruit ce cusé d'avoir ensorcelé un jeune homme de Noisy
monde, Dâgon ou Dagoun en fera paraître un le Grand, en 1705. Ce fait est rapporté longue-
autre qui sera bien plus beau et beaucoup plus ment dans YHistoire des pratiques supcrslilicusu
. agréable. du père Lebrun, qui pense qu'il pourrait bien)
Dahman est chez les Persans le génie qui avoir là de la sorcellerie. D'autres croient quele
reçoit et protège les âmes des morts, el il les 1 Delancre, Tableau de l'iitconst. des démons, etc-i
place comme elles l'ont mérité. liv. IV, dise, m, p. 267.
DAN — -195 DAN
jeune homme ensorcelé n'avait cpie des halluci- nuit, au son de toutes sortes d'instruments de
nalions. Le magnétisme, dont ou commence à musique. Cette danse est appelée par les gens
comprendre la puissance,pourrait donner raison du pays chorca elvarum (danse des elfes). Saxon .
au père Lebrun, comme il explique maintenant le Grammairien fait mention de ces danses fan-
beaucoup de maléfices qu'on niait, contre tous tastiques dans son Histoire de Danemark. Pom-
les témoignages, il n'y a pas encore trente ans \ ponius Mêla, dans "sa description de l'Ethiopie,
Danse de saint Guy-, danse épidémique qui dit qu'on a vu quelquefois, au delà du mont At-
"agnail au moyen âge des populations tout en- las, des flambeaux, el entendu des flûtes et clo--
tières, et que les uns attribuaient à un châtiment cheUes, el que le jour venu on n'y trouvait plus
de Dieu, les autres à l'obsession des démons; et rien'. On ajoutait que les fantômes faisaient dan-
cela à propos d'un ménétrier qu'on voulait ser ceux qu'ils-rencontraient sur leur chemin,
mettre à mort injustement, et qui amena sa lesquels ne manquaient pas de se tenir pour
délivrance en faisant danser les masses 2. On avertis qu'ils mourraient bientôt. On ne rencontre
plus guère de ces choses-là.
Danse des fées. On prétendait chez nos pères
que les fées habitaient les forêts désertes, et
qu'elles venaient danser sur la gazon au clairde
lune. Voy. FÉES.
Danse des géants. Merlin, voulant faire une
galanterie de courtisan, fit venir, dit-ôn, d'Ir-
lande en Angleterre, des rochers qui prirent la
figure de géants, el s'en allèrent en dansant for-
mer un trophée pour le roi Ambrosius. C'est ce
qu'on appela la danse des géants. Des écrivains
soutenaient, il n'y a pas longtemps, que ces ro-
chers dansaient encore à l'avènement des rois
d'Angleterre.
Danse des morts. L'origine des danses des
morts, dont on fit le sujet de tant de peintures,
date du moyen âge; elles ont été longtemps en
vogue. D'abord on voyait fréquemment, pendant
Dansedes r«es.
Danse(tes fdes^
1'
vieillard et le jeune homme, et la mort lèse'
chaque jour. Dans ces deux danses des morts, la
mort est en tôle d'un choeur d'hommes d'âges et traîne lous après elle. Ces deux danses des morts
la F:
d'étals divers : il y a le roi el le mendiant, le expriment l'idée populaire de la manière
DAN 197 DAN
simple. Le génie d'Holhein a fécondé cette idée mort que dans leur vie, et que, comme nous
dans sa fameuse Danse des morts du cloître des vivons tous à noire manière, nous avons tous
dominicains à Bâle; c'était une fresque, et elle aussi notre manière de mourir.
a péri comme périssent peu à peu les fresques.
Il en reste au musée de Bâle quelques débris-et
des miniatures coloriées. La danse d'Holbein
n'est;pas, comme celles de Dresde el de la.Chaise-
Dieu, une chaîne.continue de danseurs menés
par la mort; chaque danseur a sa mort costumée
d'une façon ; différai le, selon l'état du mourant.
De-.cette manière, la danse d'Holbein est une
suite d'épisodes réunis dans le même cadre. Il y
a quarante et une scènes clans lé drame d'Hol-
bein,, et dans ces quarante et une.scènes une
variété infinie. Dans.aucun de ces.tableaux, vous
ne trouverez la même pose, la même attitude,
la même expression : Holbein a compris que--les » Holbein costume le laid et vilain squelette
hommes né se ressemblent pas plus dans leur sous lequel nous nous figurons, la mort, et il le
costumede la façon du monde la plus boûjtibnne, » Holbein avait ajouté à l'idée populaire de la
exprimant, par les attributs qu'il lui adonne, le Danse des morts : le peintre inconnu du pont de
caractère et les habitudes du personnage qu'il Lucerne a ajouté aussi à la danse d'Holbein. Ce
veut représenter. Chacun de ses tableaux est un né sont pas des peintures de prix que les pein-
chef-d'oeuvre'd'invention. — II est incroyable tures du pont de Lucerne; niais elles ont un mé-
avecquel art il donne l'expression de la vie et rite d'invention fort remarquable. Le peintre a
du sentiment à ces squelettes hideux, à ces
représenté, dans les triangles que forment les
figures décharnées. Tous ses" morts vivent, poutres qui soutiennent le toit du pont, les scènes
Pensent, respirent; tous ont le geste, la phy- ordinaires de la vie, et comment la mort-les in-
sionomie, j'allais presque dire les regards et les terrompt brusquement.
couleursde la vie. » Dans Holbein, la mort prend le costume et
DAN — 198 — DAN
les attributs de tous les étals, montrant par là cocher, fait claquer son fouet ; les enfants rient
que nous sommes tous soumis à sa nécessité. Au el pétillent : la mère seule se plaint que la voi-
ture va trop vite. Que voulez-vous ! c'est la mort
cpii conduit, elle a hâte d'arriver. Allez-vous au
bal, voici la mort qui entre en coiffeur, le peigne
à la main. ><Hâtez-vous, dit la jeune fille, hâtez-
vous ! je ne veux pas arriver trop tard. — Je
ferai vite! » Elle fait vile-, car à peine a-t-elle
touché du bout, de son doigt décharné le front
de la danseuse, que ce front de dix-sept ans se
dessèche aussi bien que les Heurs qui devaient
le parer.
)) Le pont de Lucerne nous montre la mort à
nos côlés et partout : à table, où elle a la ser-
viette autour du cou, le verre à la main, et porte
des santés; clans l'atelier du peintre, où, en
garçon barbouilleur, elle tient la palette et broie
les couleurs ; dans le jardin, où, vêtue en jardi-
pont de Lucerne, la mort vit avec nous. Faisons- nier, l'arrosoir à la main, elle mène le maître
nous une partie de campagne, elle s'habille en voir si ses tulipes sont écloses ; .dans la boutique,
où en garçon" marchand, assise sur des ballots se moquait des juges durant son procès, et leur
d'étoffe, elle.'a]l'air engageant et appelle les pra- protestait qu'ils ne pourraient la faire mourir;
tiques; dans le corps de garde, où, le tambour mais elle déchanta '.
en main, elle bat le rappel ; dans le carrefour,
où, en faiseur de tours, elle rassemble les ba-
dauds ; au barreau, où, vêtue en avocat, elle
prend des conclusions : le seul avocat (dit la
légende en mauvais vers allemands placés au bas
de chaque tableau) qui aille vite et qui gagne
toutes ses causes; dans l'antichambre du minis-
tre, où, en solliciteur, l'air humble el le dos
courbé, elle présente une pétition qui sera écou-
lée;, dans le combat, enfin, où elle court en lêle
des bataillons, et pour se faire suivre elle s'est
noué le drapeau autour du cou... »
Danse des tables. Voy. TABI.KSTounNANTEs.
Danse du sabbat. Pierre Delancre assure
que les danses du sabbat rendent les hommes
furieux et font avorter les femmes. Le diable,
dit-on, apprenait différentes sortes de danses aux
sorciers de Genève. Ces danses étaient fort rudes,
puisqu'il se servait de verges el de hâlonscomnie
ceux qui font danser les animaux. Il y avait dans Les démons 2 dansent avec les sorcières, on
ce pays une jeune femme à qui le diable avait 1 Delancre, Tableau de l'inconst. des démons,etc.,-
donné une baguette de fer qui avait la vertu de liv. III, dise, iv, p. 20i.
faire danser les personnes qu'elle louchait. Elle a Bodin, Démonomanie, liv. I, ch. iv.
DAN — 199 — DAV
forme de bouc ou de tout autre animal. On danse fondée celte vieille croyance populaire, que le
généralement en rond au sabbat, dos à[dos, ra- dauphin est l'ami de l'homme. Les anciens le
rement seul ou à deux. Il y a trois branles: le connaissaient si imparfaitement, qu'on l'a presque
premier se nomme le branle à la bohémienne ; toujours représenté avec le dos courbé en arc,
le second s'exécute comme celui de nos artisans tandis qu'il a le dos plat comme les autres pois-
dans les campagnes, c'est-à-dire en sautant tou- sons, à moins que nous ne donnions le nom de
jours le dos tourné ; dans le troisième branle, on dauphin à un poisson qui ne serait pas celui des
se place tous en long, se tenant par les'mains anciens. Il y a des races perdues. On trouve dans
et avec certaine cadence, à peu près comme dans Élièn et dans d'autres naturalistes des enfants
.ce-qu'on appelle aujourd'hui le galop. On exé- qui.se "promènent en mer à cheval sur des dau-
cute ces danses au son d'un petit tambourin, phins apprivoisés ; ce sont de ces merveilles qui
d'une flûte, d'un violon ou d'un autre instrument ne sont plus faites pour nous. •— On sait quéle
que l'on frappe avec un bâton, C'est la seule mu- dauphin est le symbole de la rapidité .: et c'est
sique du sabbat. Cependant des sorciers ont as- clans un sens 'emblématique, pour rappeler qu'il
suré qu'il n'y avait pas de concerts au monde faut se hâter avec prudence, qu'on a peint le
mieux exécutés... dauphin entortillé à une ancre ; car il est faux que
Danse du soleil. C'est une croyance encore par affection pour l'homme il la conduise au fond
répandue clans beaucoup de villages que le soleil de la mer, comme le contaient nos pères '„
danse le jour de Pâques. Mais celle gracieuse Dauphiné, ancienne'province de France qui,
tradition populaire n'est que de la poésie, comme dès le quatorzième siècle, attaquée dans sa foi,
les trois soleijs qui se lèvent sur l'horizon le ma- ainsi que les Cévennes, par diverses bandes hé-
lin de la Trinité. •rétiques, accueillit rapidement le calvinisme, et
Dante, le plus grand poëte de l'Italie, mort lors de la révocation de l'édit de Nantes, devint
en 1321, a fait dans sa Divina Comedia une des- le théâtre de phénomènes extraordinaires où se
cription prodigieuse, en trente-trois chants, de gliàsa vite là magie. Il s'éleva là des écoles de
l'enfer et une autre du purgatoire. Mais il né faut prophètes, qui, dans dès extases el des transports,
chercher là qu'une grande poésie; M. E. Aroux, disaient et faisaient des choses tout à fait excen-
dans son livre intitulé Y-Hérésie du Dante, a triques. Un nommé Serre ou Duserre était le gou-
voulu.démontrer queDântô était attaché à l'hé- verneur et lé maître de l'école de prophétie.
résiejaudoise, qui entraîna tant d'imaginations Quelques-uns de ses élèves se firent un nom,
au treizième siècle; c'est douteux. entre autres Gabriel Astier et une jeune fille
Daphnéphàges, devins qui, avant de répondre (car il y avait prophètes et prophétesses) nom-
aux questions qu'on leur faisait, mangeaient des mée Isabelle, connue sous le nom de la belle
feuillesde laurier, parce que, cet arbre étant con- Isabeau. Des ministres protestants se mêlaient à
sacré à Apollon, ils se croyaient de la sorte in- cet ébranlement ; Jurieu lui-même prophétisa. 11
spirés de ce dieu. fallut envoyer des troupes pour abattre celle tem-
Daphnomancie, divination par le laurier. On pête qui devenait menaçante. Isabeau se con-
en jetait une branche dansle feu; si elle pétil- vertit; el, la répression, que les réformés ont fort
lait en brûlant, c'était un heureux présage ; mais noircie, se fit avec modération \ On a appelé; ces
si elle brûlait sans faire de bruit, le pronostic singuliers rebelles camisards, à cause de leur
i était fâcheux. manière de se reconnaître dans leurs réunions
Dards magiques. Les Lapons, qui passaient secrètes : ils se menaient une chemise par-dessus
\ autrefois-pour de grands sorciers et qui le sont à leurs habits.
j présent bien peu, lançaient, dit-on, des dards de David. Selon les Orientaux, ce prophète-roi
; plomb longs d'un doigt contre leurs ennemis se faisait obéir des poissons, des oiseaux et des
; absents, et croyaient leur envoyer avec ces dards pierres; ils ajoutent que le fer qu'il tenait dans
i enchantés des maladies et des douleurs violentes. ses mains s'amollissait, et que les larmes qu'il
f VoiJ.TYRI;. - versa pendant les quarante jours qu'il pleura son
l Daroudji. C'est le nom que les Persans don- péché faisaient naître des plantes. Adam, disent
s ."ontà la troisième classe de leurs mauvais génies. les musulmans, avait donné soixante ans de la
; Darvands, mauvais génies en Perse, opposés durée de sa vie pour prolonger celle de David,
î aux amschaspands. dont il prévoyait le règne glorieux.
Daugis, auteur peu connu d'un livre contre David, prêtre apostat, mêlé à la possession de
i les sorciers intitulé Traité sur la magie, le sor-
Mége, les possessions, obsessions et maléfices, où
Ï l'on en démontre la vérité et la réalité ; avec une 1 Brown, Des erreurs populaires, liv. V, ch. n.
: méthode sûre et facile pour les discerner, et les 2 Voyez, dans les Légendes infernales, les Prophètes
\ règlements contre les devins, sorciers, magi- du Dauphiné. M. Hippolyte Blanc a donné récemment
une curieuse et très-inloressanle histoire de ces faits,
; ciens, etc. Paris, in-12, 1732. sous ce titre: De l'inspiration des,camisards, in-12,
Dauphin. On ne sait pas trop sur quoi est 1860, à Paris, chez Henri Pion.
DAV — 200 — DEL
Louviers par ses relations avec Madeleine Ba- Dedshail, le diable chez plusieurs tribus arabes.
vent. 11eut une mort subite. Dée (Jean), savant fou, né à Londres eu '1527.
. David Georges, vitrier de Gand, qui en 1525 Il s'occupa de cabale, d'alchimie et d'astrologie.
se mit à courir les Pays-Bas, en disant qu'il était La reine Elisabeth le tira de sa misère et l'appela
le -Messie envoyé sur la terre pour remplir le son philosophe. Il a laissé quelques écrits que Ca-
ciel, qui avait beaucoup trop de vide. On le si- saubon a publiés. MorleuJ607.
gnala comme un fou dangereux ; mais il changeait Déification. Vespasien, se voyant sur le point
de nom pour se.mellre à couvert des poursuites. de mourir, dit à ses amis, par une assez fine
Il ensorcelait les esprits, dit Delancre, tandis que raillerie de l'adulation des Romains, qui déifiaient
les autres sorciers ensorcelaient les corps. Au leurs empereurs après la mort : « Je sens que je
bout de treize ans qu'il séjourna àBàle, il mou- deviens dieu. »
rut. Ses disciples furent étonnés de sa mort, car. Deiphobe, sibylle de Cumes. Voy. SIBYLLES.
ils le croyaient immortel-, cependant il leur avait Déisme. Le déisme n'est autre chose que la
prédit qu'il ressuciterait trois jours après son religion de la nature matérielle, mais en niant
*
trépas. Ce qui n'eut pas lieu ; et ses restes fu- tout dans le surnaturel : cette triste et froide doc-
rent brûlés en 1559. trine n'explique rien, ne produit rien, ne mène
David Jones. Les matelots anglais appellent. à rien.
de ce nom le mauvais génie qui préside à tous Déjections. Le médecin de Haën, dans le der-
les esprits malfaisants de la mer. Il est dans tous nier chapitre de son Traité de la magie, dit que
les ouragans; on l'a vu quelquefois d'une taille si l'on voit sortir de quelques parties que ce soit
gigantesque, montrant trois rangs de dents ai- du corps humain, sans lésion considérable, des
guës dans sa bouche énorme, ouvrant de grands choses qui naturellement ne peuvent y entrer,
yeux effrayants et de larges narines', d'où sor- comme des couteaux, des morceaux de verre,
taient des flammes bleues. du fer, de la poix", des touffes de crin, des os,
Deber. Des théologiens hébreux disent que des insectes , de grosses épingles tordues, des
Deber signifie le démon qui offense la nuit; et charbons, etc., on doit attribuer tout cela au dé-
Cheteb ou Chereb, celui qui offense en plein midi. mon et à la magie. Voy. EXCRÉMENTS.
Decarabia. Voy. CAIUBIA. Delancre (Pierre), dénionographe renommé,
Décius (Publius). Pendant la guerre des Ro- né à Bordeaux dans le seizième siècle. 11fut
mains contre les Latins, lés consuls Publius Dé- chargé d'instruire le procès de quantités de vau-
cius et Manlius Torqualus, campés près du Vé- riens accusés de, sortilèges. Dans ces travaux il
suve , eurent tous deux le même songe dans la demeura convaincu de toutes les abominations
môme nuit : ils virent en dormant un homme du sabbat et des sorciers. Il mourut à Paris vers
d'une figure haute, qui leur dit que l'une des 1630. On a de lui deux ouvrages recherchés sur
deux armées devait descendre chez les ombres, ces matières.
et que celle-là serait victorieuse dont le général 1° L'incrédulité et mécréance du sortilège plei-
se dévouerait aux puissances de la mort. nement convaincues, où il est amplement et cu-
Le lendemain les consuls, s'étant raconté leur rieusement traité de la vérité ou illusion du sor-
songe, firent un sacrifice pour s'assurer encore tilège , de la fascination, de l'attouchement, du
de la volonté des dieux, et les entrailles des vic- scopélisine, de la divination, de la ligature ou
times confirmèrent ce qu'ils avaient vu. Ils con- liaison magique, des apparitions et d'une infi-
vinrent donc entre eux que le premier qui ver- nité d'autres rares et nouveaux sujets, par P. De-
rait ses bataillons s'immolerait au salut de lancre, conseiller du roi en son conseil d'État.
' la plier
patrie. Paris, Nicolas Buon, 1612, in-ft 0 de près de 900
Quand le combat fut engagé, Décius, qui vit pages, assez rare, dédié au roi Louis XIII, divisé
fléchir l'aile qu'il commandait, se dévoua, el en dix traités.
avec lui toute l'armée ennemie aux dieux infer- Dans le premier traité, l'auteur prouve que
naux, et se précipita dans les rangs des Latins, tout ce'qu'on dit des sorciers est véritable. Le se-
où il reçut la mort en assurant à Rome une vic- cond, intitulé de la Fascination, démontre que
toire éclatante 2. - les sorcières ne fascinent, en ensorcelant, qu'au
Si ce double songe des consuls et les présages moyen du diable. Par le troisième traité, consacré
des victimes publiés dans les deux armées n'é- à l'attouchement, on voit ce que peuvent faire
taient qu'un coup de politique, le dévouement de les sorciers par le toucher, bien plus puissant
Décius était un acte de patriotisme bien grand, que le regard. Le traité quatrième, où il s'agit
même chez les Romains. du scopélisine, nous apprend que par celle science
Decremps, escamoteur du dernier siècle, qui secrète on maléficie les gens en jetant simple-
publia un Traité de la magie blanche. ment des pierres charmées dans leur jardin. Le
1 Voyez l'histoire de David Georges, dans les Lé- magnétisme explique aujourd'hui la plupart de
gendes infernales. ces prodiges. Le traité suivant détaille toutes les
2 Tite-Live et Valère-Maxime. divinations. Au sixième traité, on s'instruit de
DEL — 201 DEM
tout qui tient aux ligatures. Le septième roule sur Il arriva un jour que des chèvres s'étant appro-
les apparitions. L'auteur, qui ne doute peut-être chées sur le Parnasse d'un trou d'où sortait une
pas assez, en rapporte beaucoup. Il tombe, dans le exhalaison forte, elles se mirent à danser. La nou-
huitième traité, sur les juifs, les apostats et les veauté de la chose et l'ignorance où l'on était de
athées..Dans le neuvième, il s'élève contre les la vertu naturelle de ces vapeurs firent croire
hérétiques, dont l'apparition dans tous les temps qu'il y avait là-dessous du merveilleux, et.que
a produit en effet des fanatismes plus ou moins sans doute ce trou était la demeure de quelque
absurdes ou abominables. Il se récrie, dans le dieu (ou démon), dont on ne devait pas négliger
dernier traité, contre l'incrédulité et mécréance les inspirations. Il n!en fallut pas plus : on y bâtit
des juges en fait de sorcellerie. Le tout est suivi un temple, on y institua un oracle, des prêtres,
d'un recueil d'arrêts notables contre les sorciers. une pythie, des cérémonies. L'exhalaison qui
2° Tableau de l'inconstance des mauvais anges montait'àla tête de la prêtresse l'agitait violem-
et démolis, où il est amplement traité de la sor- ment : c'était, comme le remarque Benjamin
cellerie et des sorciers ;-livre très-curieux et très- Binet, l'inspiration du dieu qui la saisissait. Elle
utile, avec un discours contenant la procédure parlait sans se faire comprendre : c'étail le dieu
faite par les inquisiteurs d'Espagne et de Na- qui combattait ses facultés. Elle revenait à elle-
varre à cinquante-trois magiciens, apostats, juifs même et prononçait l'oracle : c'était le dieu qui,
et Sorciers, en la ville de Logrogne, en Gastille, le devenu le maître, parlait par son organe. La force
9 novembre 1610; en laquelle on voit combien de l'exhalaison était quelquefois si violente qu'elle
l'exercice de la justice en France est plus juridi- faisait mourir la pythie. Plutarque en cite un
quement traité el avec de plus belles formes qu'en exemple.
tous autres empires, royaumes, républiques el Delrio (Martin-Antoine), né à Anvers en 1551,
États, par P. Delancre, conseiller du roi au par- savant jésuite, auteur d'un livre intitulé Be-
lement de Bordeaux; Paris, Nicolas Buon, 1612, cherches magiques^, en six livres, où il est traité
in-/i°d'environ 800 pages 1, très-recherché, sur- soigneusement des arts curieux el des vaines su-
tout lorsqu'il est accompagné de l'estampe qui perstitions; in-y°, Louvain, 1599, souvent ré-
représente les cérémonies du sabbat. imprimé. Ce livre célèbre, qui eut dans son temps
Cet ouvrage est divisé en six livres ; le premier beaucoup de vogue, a été abrégé et traduit en
confienttrois discours sur l'inconstance des dé- français par André Duchesne, Paris, in-/i° elin-80,
mons, le grand nombre des sorcierset lepencliant 2 vol., 1611, très-recherché. L'auteur se montre
desfemmes du pays deLabourd pour la sorcellerie. généralement plus éclairé que la plupart des écri-
Lesecond livre-traite du sabbat en cinq discours. vains de son siècle. Son ouvrage est divisé en
Le troisième roule sur la même matière et sur six livres; le premier traite de la magie en gé-
les pactes des sorciers avec le diable, pareille- néral , naturelle et artificielle, el des prestiges ;
ment en cinq discours. Le quatrième livre, qui le second, de la magie infernale ; le troisième* des
contient quaire discours, est consacré aux loups- maléfices-; le quatrième, des divinations et pré-
garous; le livre cinquième, en trois discours, dictions; le cinquième, des devoirs du'juge et
aux superstitions et apparitions; el le sixième, de là manière de procéder en fait de sorcellerie;
aux prêtres sorciers, en cinq discours. le sixième, des devoirs du confesseur et des re-
Tout ce que ces ouvrages présentent de cu- mèdes permis ou prohibés contre la sorcellerie.
: rieux tient sa place dans ce dictionnaire. En général, ces disquisitions magiques sont un
Delangle (Louis), médecin espagnol et grand recueil de faits bizarres, mêlés de raisonnements
: astrologue. On racontequ'il prédit au roi de France et de citations savantes.
Charles Villa journée de Frémigny en 1Z|50; il Déluge. Voy. Is 2.
: prédil aussi, selon quelques auteurs, l'emprison- Démence. Voy. POSSESSION.
; nenient du petit prince de Piémont, ainsi que la Démocrite, philosophe célèbre qui florissait
; peste de Lyon l'année suivante. On l'accusa de en Grèce environ trois cents ans après la fonda-
superstition, quoiqu'il ne se dît qu'astrologue. Le tion de Rome. Les écrivains du quinzième et du
roi le retint à quatre cents livres de pension et seizième siècle l'ont accusé de magie ; quelques-
; l'envoya pratiquer sa science à Lyon. 11fit plu- uns lui ont même attribué un traité d'alchimie.
; sieurs livres et traduisit d'espagnol en latin les Psellus prétend qu'il ne s'était crevé les yeux
Nativités, de Jean de Séville. On ajoute qu'il pré- qu'après avoir soufflé tout son bien à la recherche
: vit le jour de sa mort. 11fil faire, dit-on, quinze de la pierre philosophale. La cécité de Démocrile
jours d'avance son service, que l'on continua a embarrassé bien des personnes. Tertullien dit
jusqu'à l'heure marquée où en effet il mourut 2. qu'il se priva de la vue parce qu'elle était pour
Delphes (l'oracle de). Diodore de Sicile nous ap- lui une occasion de mauvaises convoitises. Plu-
prend l'origine des merveilles qu'on en a contées.
1 Disquisitionum magicarum libri sex, etc., auc-
' h a une
y préface de Jean d'Espagnet. tore Marlino Delrio, etc.
Ancien manuscrit de la bibliothèque du roi, rap- 2 Pour le déluge universel, voyez les Légendes de
portea la fin des Remarques de Joly sur Bayle. l'Ancien Testament.
DÉM 202 DEM
tarque pense que c'était pour philosopher plus à lise les savantes pages de la Mystique divine, na-
son aise, et c'est le sentiment le plus répandu, turelle et diabolique de Gôrres, on y verra qu'au-
quoiqu'il soit aussi dénué de fondement que les jourd'hui , au moment où ces lignes se lisent, i|
autres. Démocrite ne fut point aveugle, si l'on en y a sur notre sol, dans les bas-fonds de la société
croit Hippocrate, qui raconte qu'appelé parles une foule de démonolâlres ou adorateurs du dé-
Abdéritains pour guérir la folie prétendue de ce mon , qui lui rendent un culte ténébreux , qui se
philosophe, il le trouva occupé à la lecture de donnent et se livrent à lui et qui agissent en con-
certains livres et à la dissection de'quelques ani- séquence. C'est du reste la suite'logique et con-
maux, ce qu'il n'eût point fait s'il eût été aveugle. stante de toutes les ères philosophiques.
De jeunes Abdérilains, sachant que Démocrile Démonologie, discours et traités sur les dé-
s'était enfermé dans un sépulcre écarté de la ville mons. Pour la démonologie du roi Jacques, voy.
pour philosopher, s'habillèrent un jour en dé- ce nom. Voy. aussi WALTEHSCOTT.
mons avec de longues robes noires et des'mas- Démonomancie, divination par le moyen des
ques hideux ; puis ils l'allèrent trouver et se mi- démons. Celle divination a'lieu par les oracles
rent à danser autour de lui; Démocrite n'en parut qu'ils rendent ou par les réponses qu'ils fonl à
pas effrayé; il ne leva pas même les yeux de ceux qui les évoquent.
dessusson livre et continua d'écrire '. 11riait de Démonomanie, manie de ceux qui croient sans
tout, nous dit-on, mais son rire était moral, el réserve à tout ce qu'on raconte sur les dénions
il voyait autrement que les hommes dont il se et les sorciers, comme Boguet, Leloyer, Delan-
moquait. Croyons donc, avec Scaliger, qu'il étail cre, Wierus, etc. Un ouvrage de Bodin porte le
aveugle moralement, quod aliorum more oculis titre da Démonomanie des sorciers; mais là ce mot
non ulcretur. signifie diablerie. Voy. BOBIN.
On a dit qu'il entendait le chant des oiseaux, Démons. Ce que nous savons d'exact sur les
et qu'il s'était procuré cette faculté merveilleuse démons se borne à ce que nous en enseigne l'É-
en mangeant un serpent engendré du sang mé- glise: que ce sont des anges tombés, qui, privés
langé de certains oisillons; mais que n'a-t-on pas de la vue de Dieu depuis leur révolte, ne respi-
dit ! On a dit aussi qu'il commerçait avec le diable, rent plus que le mal et ne cherchent qu'à nuire.
parce qu'il vivait solitaire. Ils ont. commencé leur règne sinistre par la sé-
Démogorgon, adoré en Arcadie, a laissé une duction de nos premiers pères; ils continuent de
curieuse histoire. Il était enfoui au milieu de la lutter contre les anges fidèles qui nous protègent,
terre, alors inerte, et il s'y ennuyait, car il n'a- et ils triomphent de nous quand nous ne leurré-
vait pour compagnon que le chaos. Il s'avisa donc sistons pas avec courage, oubliant de nous ap-
de se faire une petite voilure en forme de sphère ;
il la lança et se mit dessus. Comme elle tournait
toujours circulairement, son excursion forma le
ciel. Ayant rencontré le feu en chemin, il en fit
le soleil, et pièce à pièce il construisit ce monde.
Voilà un des dogmes des païens.
Démon barbu. Voy. BAUBU.
Démoniaques. Voy. POSSÉDÉS.
Démonocratie, gouvernement des dénions,
influence immédiate des esprits malfaisants, re-
ligion de quelques peuplades américaines, afri-
caines , asiatiques , sibériennes , kamlsehadu-
les, etc., qui révèrent le diable avant-tout, comme
par exemple les Kurdes.
Démonographie, histoire el description de ce
qui regarde les dénions. On appelle démonogra-
phes les auteurs qui écrivent sur ce sujet, comme
Boguet, Delancre , Leloyer, Wierus, etc.
Démonolâtrie, culle des démons. On a publié
à Lyon vers 1819 un volume in-12 intitulé
Superstitions et démonolâtrie des philosophes. Ce
livre a été un peu bafoué, quoiqu'il contienne de
très-bonnes choses et de sérieuses vérités. Il est
certain que chez nous-mêmes, qui sommes si fiers puyer sur In grâce de Dieu. On ne peut nier le»r
de nos lumières el de nos progrès, le démon existence sans tomber dans l'absurde el dans
compte encore d'innombrables serviteurs. Qu'on l'inexplicable. Lock, Glarke, Leibniz, Newton;
1 Leloyer, Histoire des s;>cc/resou Apparition des toutes les têtes solides ont compris l'impossibilité
esprits, liv. I. ch. ix, p. 80. de celle négation.
DEM 20£ DEM
Nous ne pouvons faire ici un-traité dogmatique le soleil ; d'autres les ont relégués dans la lune.
sur les démons. Nous devons nous borner à rap- Bornons-nous à savoir qu'ils sont dans les'lieux
porter les opinions bizarres et singulières aux- inférieurs, et que Dieu leur permet de tenter les
quelles ces êtres maudits ont donné de l'intérêt. hommes et de les éprouver. Nous connaissons la
Les païens admettaient trois sortes de démons, dure et incontestable histoire du péché originel,
les bons, les mauvais et les neutres. Mais ils ap- réparé, dans ses effets éternels, par la rédemp-
tion. Depuis, le pouvoir des démons, resserré
pelaient démon tout esprit. Nous entendons par
démon un ange de ténèbres, un esprit mauvais. dans de plus étroites limites, se borne à un rôle
Presque toutes les traditions font remonter l'exis- vil et ténébreux qui a produit pourtant de lamen-
tence des dénions plus loin que la création de tables faits".
l'homme. La chute des anges a eu lieu en effet On n'a aucune donnée du nombre des dénions.
auparavant. Parmi les Juifs, Aben-Esra prétend -Wierus, comme s'il les avait comptés, dit qu'ils,
qu'on doit fixer celle .chute au second jour de la se divisent en six mille six cent soixante-six lé-
création. Menasse Ben-Israël, qui suit la même gions, composées chacune de six mille six cents
opinion, ajoute qu'après leur chute, Dieu les plaça soixante-six anges noirs; il en réduit ainsi le
dans les nuages et leur donna le pouvoir d'ha- nombre à quarante-cinq millions, ou à peu près,
biter l'air inférieur 1. mais il y en a bien davantage. 11 leur donne
Grigène et quelques philosophes soutiennent soixante-douze princes, ducs, marquis ou comles.
que les bons et les mauvais esprits sont beau- Ils ont leur large part dans le mal qui-se fait ici-
coup plus vieux que notre monde; qu'il n'est pas bas , puisque les mauvaises inspirations viennent
probable que Dieu se soit avisé tout d'un coup, d'eux seuls.
il y a seulement six ou sept mille ans 2, de tout
créer pour la première fois ; que les anges et les
dénions étaient restés immortels après la ruine
des inondes qui ont précédé le nôtre, etc. Manès,
ceux qu'il a copiés et ceux qui ont adopté son
système font le diable presque éternel et le re-
gardent comme le principe du mal, ainsi que Dieu
est le principe du bien. Quoique faux à l'excès,
ce système a encore trop de partisans. Pour nous,
nous devons nous en tenir sur les démons nu
sentiment de l'Église catholique. Dieu avait créé
les choeurs des anges. Toute cette milice céleste
était pure et non portée au mal. Quelques-uns se
laissèrent aller à l'orgueil; ils osèrent se croire Selon Michel Psellus, les démons se divisent
aussi grands que leur Créateur, et. entraînèrent en six grandes sections. Les premiers sont les
dans leur révolte une partie de l'armée des anges. démons du feu, qui en habitent les régions-; les
Satan, le premier des séraphins el le plus grand seconds sont les démons de l'air, qui volent au-
de lous les êtres créés 3, s'était mis à la fêle des tour de nous et ont le pouvoir d'exciler les
rebelles. 11jouissait dans le ciel d'une gloire inal- orages ; les troisièmes sont les démons de la
térable et ne reconnaissait d'autre maître que terre, qui se mêlent avec les hommes el s'oc-
l'Eternel. Une folle ambition causa sa perle; il cupent de les tenter; les quatrièmes sont les
voulut régner sur la moitié du ciel, et siéger sur dénions des eaux, qui habitent la mer et les ri-
un trône aussi élevé que celui du Créateur. L'ar- vières, pour y élever des tempêtes el causer des
change Michel et les'anges restés dans le devoir naufrages; les cinquièmes sont les démons sou-
lui livrèrent combat. Satan fut vaincu et précipité terrains, qui préparent les tremblements de terre,
: avec tous ceux de son parti 4, loin du ciel, dans souillent les volcans, font écrouler les puits el
an lieu que nous nommons l'enfer ou l'abime, el tourmentent les mineurs; les sixièmes sont les
queplusieurs opinions placenlau centre enflammé démons ténébreux, ainsi nommés parce qu'ils
i de notre globe. Mais les démons habitent aussi vivent loin du soleil et ne se montrent que lieu
; l'air, qu'ils remplissent. Nous le lisons dans saint sur la terre. On ne sait trop où Michel Psellus a
; l'aul. Sainl Prosper les place dans les brouillards. trouvé ces détails; mais c'est dans ce système
Swinden a vculu démontrer qu'ils logeaient dans que les cabalistes ont imaginé les salamandres,
' De resurrectione qu'ils placent dans les régions du feu ; les sylphes
2 La version des vwrluorum, lib. III, cap. vi.
Septante donne au monde quinze qui remplissent l'air; les'ondins, ou nymphes,
°'i dix-huit cents ans de plus que nous. Les Grecs qui vivent dans l'eau, et les gnomes, qui sont
modernesont suivi ce calcul, et le P. Pe/.ron l'a un
peuréveillé dans l'Antiquité rétablie. logés dans l'intérieur de la terre.
Quique créatures proefùlsit in online primus.... Des doctes ont prétendu que les démons mul-
4 Aie. Activi poem., lib. IL tiplient entre eux comme les hommes; ainsi, leur
Apocalypse, ch. v, vers. 7 et 9. nombre doit s'accroître, surtout si l'on considère
DEM — 20/i — DEN
la durée de leur vie, que.quelques savants ont mons, nous citerons encore Bayle, qu'on n'ac-
bien voulu supputer ; car il en est qui ne les font cusera pas de crédulité excessive. Il reconnaît
pas immortels. Hésiode leur donne une vie de lui-même l'existence des démons et les faits que
six cent quatre-vingt mille quatre cents ans. Plu- -"l'Église leur attribue avec fondements. « 11§e
tarque, qui ne conçoit pas bien qu'on ait pu faire trouve dans les régions de l'air, dit-il -, des êtres
'l'expérience d'une,si longue vie, la réduit à neuf pensants, qui étendent leur empire aussi bien
mille sept.cent.vingt ans....: que leurs connaissances sur notre mondé. El
Ajoutons ici une remarque de Benjamin Binet, comme on ne peut nier l'existence sur la terre
dans son Traité des dieux et des démons du pa- d'êtres méchants qui font le mal et s'en ré-
ganisme : « Les anciens s'étaient imaginé que, jouissent, on serait ridicule si on osait nier qu'il
Dieu étant esprit, il fallait que les anges et les y ait, outre ceux-là qui ont des corps, plusieurs
dénions fussent des corps, à cause de la distance autres qu'on ne voit pas et qui sont encore plus
' infinie qui éloigne le Créateur de la créature. » malins et plus habiles »
quel'homme*.
« Il est certain, dit Tertullien, que-les anges Démons blancs. Voy. FEMMESBLANCHES.
n'ont pas eu une chair qui leur fût personnelle, Démons familiers, démons qui s'apprivoi-
étant spirituels de leur nature ; et s'ils ont un sent et se plaisent à.vivre avec les hommes qu'ils
corps, il convient à leur nature. (ïert.. De carne aiment assez à obliger.
Gliristi, cap. 6.) » Saint. Maçaire l'ancien pousse Un historien suisse rapporte qu'un baron de
encore la chose plus loin en ce-passage.: « Cha- Regensberg s'était retiré, dans une tour de son
cun-.est corps selon sa propre nature ; en ce sens, . château- de Bâler pour s'y adonner avec plus de
l'ànge et,l'âme et le démon sont corps. » (Mac, soin à l'étude de l'Écriture: sainte et aux belles-
liom. 4.) lettres. Le peuple était d'autant plus surpris du
Plu tarque compare là nature des démons à choix de celle retraite, que la tour était habitée
celle des hommes; Il les représente sujets aux par un démon..-Jusqu'alors, le démon n'en avait
mêmes besoins, aux' mêmes infirmités, se nour- permis l'entrée à personne; mais le baron était
rissant.de la funiëe;,;4e la graisse: et'du sang des au-dessus d'une telle crainte. Au. milieu de ses
sacrifices... travaux, le démon lui apparaissait,..dit-oir, en
Il y a bien des clïosôS"à dire sur les démons et habit séculier, s'asseyait à ses côtés, lui faisait
sur les diverses opinions quron s'est faites d'eux. des questions, sur ses recherches et s'entrete-
On trouvera généralement ces choses à leurs ar- nait-avec" lui de divers objets,: sans jamais lui
ticles dans ce dictionnaire. faire aucun m'ah L'historien crédule ajoute que,
Les Moluquois s'imaginent que leâ démons si lé baron eût voulu exploiter méthodiquement
s'introduisent dans leurs maisons par l'ouver- ce démon, il en eût tiré beaucoup' d'éclair'cisse-
ture du toit et apportent un air infect qui donne mentsvut-iles.: Voy. BÉMTH, CARDAN , -ESPIUTS,
la petite vérole. Pour prévenir ce malheur, ils LUTINS,FAHFADËTS-,; K'OBQLD;,. SO'CHATE,eLc.
placent à l'endroit où passent ces démons cer- Démons de midi. On parlait beaucoup chez
taines petiLes statues de bois pour les épouvan- les anciens de certains démons qui se montraient
ter, comme nous hissons des-hommes de paille particulièrement vers midi à ceux avec lesquels
sur nos cerisiers pour écarter les oiseaux. Lorsque ils avaient contracté 'familiarité. Voy. AGATHION
ces insulaires sortent le soir ou la nuit, temps Ces démons visitent ceux à qui ils s'attachent,
attristé par les excursions des esprits malfaisants, en forme d'hommes ou de bêtes, on en se lais-
ils portent toujours sur eux comme sauvegarde sant enclore en un caractère, chiffre, fiole, ou
un pignon ou une gousse d'ail, un couteau, bien en un anneau vide el creux au dedans. « Ils
quelques morceaux de bois; et quand les mères sont connus, ajoute Leloyer, des magiciens qui
mènent leurs enfants au lit, elles ne manquent - s'en servent, et, à mon grand regret, je suis
pas de mellre l'un ou l'autre de ces préservatifs < contraint de dire que l'usage n'en est que trop
sous leur tête. commun 2. » Voy. EMPUSE.
Les Chingulais pour empêcher cpie leurs fruits i Démons obsesseurs. Voy. OBSESSIONS.
ne soient volés.annoncent qu'ils les ont donnés > Démons possesseurs. Voy. POSSESSIONS.
aux démons. Dès lors, personne n'ose plus y 'Denis Anjorand, docteur de Paris, médecin
toucher. et astrologue au quatorzième siècle. Ce fut lui
Les Siamois ne connaissent point d'autres dé-- qui prédit la venue du prince de Galles, et qui
mons que les âmes des méchants qui, sortant t configura d'avance par astrologie la prise du roi
des enfers où elles étaient détenues, errent unt Jean à Poitiers. Mais on n'en tint pas compte-
certain lemps dans ce-mondeet font aux hommes > Néanmoins, après que îa chose fut advenue, il
tout le mal qu'elles peuvent. De ce nombre sontL fut grandement estimé à la cour5..
encore les criminels exécutés, les enfants mort- 1 Dictionnaire critique. Art. Spinoza et. Ruggeru
nés, les femmes morles en couches et ceux qui1 2 Histoire des spectres, liv. III, ch. iv, p. 49_8.
ont été tués en duel. 3 Ancien manuscrit de la bibliothèque du roi, c»0
A ceux qui sont assez obtus pour nier les dé-- par Joly, Remarques sur Bayle.
DEN —. 205 — DES
Denis le Chartreux, écrivain pieux du quin- argumeiitateur
ari inconnu, lui dit, sur le point de se
zième siècle, né dans le pays de Liège. Nous ne rendre re: : « Tu es le diable, ou tu es Dérodon. »
citerons que son ouvrage Des quatre dernières Ce savant a laissé un Discours contre l'astrologie
fins de l'komme, où il traite du purgatoire et de judiciaire, ju< in-8°, 1663.
'l'enfer. Voy. ENTER. Dersail ou Detsail, sorcier du pays de La-
Denis de Vincennes, médecin de la faculté bc bourd,'qui portait lebassin au sabbat, vers l'an
de Montpellier et grand astrologue. Appelé au 1610. 1.6 Plusieurs sorcières ont avoué l'y avoir vu
service du duc Louis d'Anjou, il fut fort expert recevant re les offrandes à la messe du sabbat;
en ses jugements particuliers, entre lesquels il elles ei ont assuré de plus qu'il employait cet ar-*
en fit un audit duc, qui était gouverneur du petit geht ge pour les affaires des'sorciers et pour les
roi Charles VI, au moyen duquel il trouva le tré- siennes si 4.
sor du roi Charles V, qui était seulement à la-!:]A Desbarolles (M. Adolphe), auteur d'un livre
connaissance d'un nommé Errart de; Serrèuzë', intitulé in les Mystères de la main, chiromancie
hommevertueux, discret et sage. H.y avait dans nouvelle, h< assez fantastique. Un vol. in-12 de
ce trésor, que Denis de Vincennes découvrit par: ;62.4 ;6-! pages.
son art, dix-huit millions d'or. Aucùns;(altendun;: I -Desbordes, valet de chambre du duc de Lor-
que ce roi avait toujours eu la guerre) disent que -M raine Charles IV. Ce valet fut accusé, en 1628,
Jeande Meung, auteur du roman de fa'Rose,'Mi- d'avoir d avancé la mort de la princesse Christine,
avait amassé ce trésor par la vertu de }à pierre :h ttièré du duc, et causé diverses maladies que les
pliilosophale 1. n
médecins attribuaient à des maléfices. Charles IV
Dents. 11y a aussi quelques histoires merveil- avait;.conçu a de violents soupçons contre Des-
leuses sur les dents ; et d'abord on à vu des en- bordes t> ;:'depuis une partie de chasse où il avait
fanls naître avec des dents ; Louis XIV-eii avait servi si un gràfld cïîher au duc, sans autres prépa-
deux lorsqu'il vint au monde. Pyrrhus, roi des fratifs: qu'une petite boîte à trois étages, dans la-
Épiroles, avait au lieu de dents un os çontiiHi: en r. quelle q se trouvait uri-repas exquis. C'était peut-
haut de la mâchoire et un os pareil en bas. Il y iêtre ;s Lin'autoclave. Dans une autre occasion, il
avait même en Perse une race d'hpmnies qui s?êtait S perniis; de ranimer trois pendus (car il
apportaient ces os-là en naissant 2. La'république-;'f<faisait toujours, tout par trois) qui, depuis trois
des Gorgones devait être bien laide, comme dit r jours j< 1; étaient attaches à trois gibets; et il leur
M,Salgues, s'il est vrai que ces femmes n'avaient ,:àvait -à ordonné de;rendre hommage au duc, après
pourelles toutes qu'un oeil et qu'une dent;'qu'elles i cquoi il les àyàit renvoyés à leurs potences. On
se prêtaient l'une à l'autre.. ..:-!.;.' / ^vérifïa'eiiçore'qu'ii avait ordonné aux person-
Eu 1691, le bruit courut en Silésie"que les; rnages}.çl'ùne 'tapisserie de s'en détacher et de
dents étant tombées à un enfant de.sept ans, il1 •> venir danser dans le salon... Charles IV, effrayé
lui.en était venu une d'or. On.prétendait qu'elle cde'ces;prodiges, voulut qu'on informât contre
était en partie naturelle et en partie: àperveil- - Desbordes'. 1 On lui fit son procès et il fut con-
leuse, et qu'elle avait été envoyée,du1;eiel à cett damné < au feu 2 ; mais' soyez assuré qu'il y avait
' enfant pour consoler les chrétiens
affligés par lesj à« la charge de cet homme aulre chose que des
Turcs, quoiqu'il n'y eût pas grand rapport entre ; .tours ! dé gibecière et-des tours de passe-passe.
celte dent et les Turcs, et qu'on né voie pas-:'
> quelle consolation les chrétiens ,eh
3:'<:>.-.-DescàrtèSj (René), l'un des hommes célèbres
pouvaient t ''"< dudix-septième siècle. Il fut persécuté en Ilol-
\ tirer. Cette nouvelle occupa plusieurs savants.;,;,.lande -1 lorsqu'il publia pour la première fois ses
elle éleva plus d'une dispute entre les-grands s;1 "< opinions. Voët (f/o<#«s), qui jouissait de beau-
; hommes du temps, jusqu'à ce
qu'un orfèvre2 < coup de crédita Ûirécht, l'accusa d'athéisme; il
ayant examiné la dent, il se trouva que c'était.I, > conçut même le dessein dé provoquer sa con-
une dent ordinaire à laquelle on avait
appliquéé damnation, sans lui permettre de se défendre,
une feuille d'or avec beaucoup d'adresse : maiss et, avec la mansuétude protestante, de le faire
on commença par disputer et faire des
livres, , brûler à Ulrecht sur un bûcher très-élevé, dont
: puison consulta l'orfèvre. la flamme serait aperçue de toutes les Provinces-
On voit dans les Admirables secrets d'Albert•t Unies3..., assez plat pour une telle tenta-
: k Grand qu'on calme le mal de dents en deman-t- tive. — A pays côlé de ces fureurs peu chrétiennes,
dant l'aumône en l'honneur de sainl Laurent.:.
• C'est une superstition. — Les comparez l'Église romaine, qui s'est contentée de
racines"d'asperges ss signaler les quelques erreurs de Descartes parce
sont, dit-on, un très-bon spécifique : séchées etît
appliquées sur les dents malades, elles les arra-i- ' Delancre, Tableau de l'inconsl. des démons, etc.,
chent sans douleur. Nous ne l'avons
pas éprouvé.}. p. 290.
Dérodon (David), dialecticien du dix-septièmele M. Salgues, Des erreurs et des préjugés, et
SI«cle.On conte qu'un in M. 204. Jules Garinet, Histoire de la magie en France,
professeur, pressé par un p. :!
l- Torquemada, Hexamèron, p. 29. Curiosités delà littérature, trad. de l'anglais par
»ainl-Foix, Essais, t. I. Berlin, 1.1, p. 52.
DES -- 206 — DES
qu'elles sont dangereuses, et que ce danger est Desfontaines. En 1695, un certain M. Bézuel
reconnu bien réel, puisque les philosophes sépa- (qui depuis fut curé de Valognes), étant alors
rés s'en appuient. écolier de quinze ans, fit la connaissance des
Déserts. C'est surtout dans les lieux déserts enfants d'un procureur nommé d'Abaquène, éco-
et abandonnés que les sorciers font leur sabbat liers comme lui. L'aîné était de son âge;, le ca-
et les démons leurs orgies. C'est dans de tels det, un peu plus jeune, s'appelait Desfontaines;
lieux que le diable se montre à ceux.qu'il veut c'était celui des deux frères que Bézuel aimait
acheter ou servir. C'est là aussi qu'on a peur el davantage. Se promenant tous deux, en 1696,
qu'on voit des fantômes. Voy. CAnnsrouns. ils s'entretenaient d'une lecture qu'ils avaient
Pcslwdes.
faite de l'histoire de deux amis, lesquels s'élaienl ensuite avec son frère, et les deux amis entre-
promis que celui qui mourrait le premier vien- tinrent correspondance.
drait dire des nouvelles de son étal au survivant. 11y avait six semaines que Bézuel n'avait reçu
Le mort revint, disait-on, et conta à son ami des de lettres lorsque, le 31 juillet 1697, se trou-
choses surprenantes. Le jeune Desfonlaines pro- vant dans une prairie, à deux heures après midi,
posa à Bézuel de se faire mutuellement une pa- il se sentit tout d'un coup étourdi et pris d'une
reille promesse. Bézuel ne le voulut pas d'abord ; faiblesse, laquelle néanmoins se dissipa; le len-
mais quelques mois après il y consentit, au mo- demain, à pareille heure, il éprouva le même
ment où son ami allait partir pour Caen. Des- symptôme; le surlendemain il vit pendant son
fontaines tira de sa poche deux petits papiers affaiblissement son ami Desfontaines qui lui fai-
qu'il'tenait tout prêts, l'un signé de son sang, sait signe de venir à lui Comme il était assis,
où il promettait, en cas de mort, de venir voir il se recula sur son siège. Les assistants remar-
Bézuel; l'autre, où la même promesse était quèrent ce mouvement. Desfonlaines n'avançant
écrite, fut signée par Bézuel. Desfonlaines partit pas, Bézuel se leva enfin pour aller à sa ren-
DES 207 DES
contre; le spectre s'approcha, le prit par le bras assez fort. Elle parla d'un ton très-décidé.; car
«auche et le conduisit à trente pas de là dans elle n'avait pas peur. On ne lui répondit point.
un lieu écarté. — « Je vous ai promis, lui dit-il, L'esprit fit tomber un vieux paravent et lira les
rideaux avec bruit. Elle harangua encore l'âme,
que si je mourais avant vous je viendrais vous
le dire : je me suis noyé avant-hier dans la ri- qui, s'avançaut toujours lentement et sans mot
vière, à Caen, vers celle heure-ci. J'élois à la dire, passa dans la ruelle du lit, renversa le
promenade ; il faisait si chaud qu'il nous prit guéridon et s'appuya sur la couverture. Ce fut là
envie de nous baigner. Il me vint une faiblesse que madame Deshoulières fil paraître loule sa
dans l'eau et je coulai. L'abbé de Ménil-Jean, fermeté. —r « Ah! dit-elle, je saurai qui vous
mon camarade, plongea; je saisis son pied; êtes!.... » Alors, étendant ses deux mains vers
mais, soit qu'il crût que c'était Un saumon, soit l'endroit où elle entendait le spectre, elle saisit
qu'il voulût promptement remonter sur l'eau, il deux oreilles velues qu'elle eut la constance de
secoua si rudement le jarret qu'il me donna un tenir jusqu'au malin. Aussitôt qu'il fut jour, les
grand coup dans la poitrine et me jeta au fond gens du château vinrent voir si elle n'était pas
de la rivière, qui est là très-profonde. » De.sfon- morte. Il se trouva que le prétendu revenant
taines raconta ensuite à son ami beaucoup d'au- élait un gros chien, qui trouvait plus commode
tres choses. Bézuel voulut l'embrasser, mais il de coucher dans celle chambre déserte que daus
ne trouva qu'une ombre. Cependant son bras la basse-cour.
était si fortement tenu qu'il en conserva une Despilliers. Le comte Despilliers le père,,
douleur. Il voyait, conlinuellenienl le fantôme, qui mourut avec le grade de maréchal de.Camp
un peu-plus grand que de son vivant, à demi de l'empereur Charles VI, n'était encore que
nu, portant entortillé dans ses cheveux blonds capitaine de cuirassiers lorsque, se trouvant en
un écrileau où il ne pouvait lire que le mot/n...... quartier d'ihv.er en.Flandre, un de ses cavaliers
Il avait le même son de voix ; il ne paraissait ni vint un jour (e prier de le changer de logement,
gai ni triste, mais dans une tranquillité parfaite. disant que toutes les nuits il revenait dans sa
Hpria son ami survivant, quand son frère serait chambre un esprit qui;ne le laissait pas dormir.
revenu, de le charger de dire certaines choses Despilliers se moqua de sa simplicité et le ren-
à son père et à sa mère; il lui demanda de ré- voya. Mais le militaire revint au bout de quel-
citer pour lui les sept psaumes qu'il avait eus en ques jours et répéta la même prière; il fut en-
pénitence le dimanche précédent et qu'il n'avait core moqué. Enfin il revint une troisième fois
pas encore récités; ensuite il s'éloigna en di- et assura à son capitaine qu'il serait obligé de
sant : jusqu'au revoir, qui était le terme ordi- déserter si on ne le changeait pas de logis". Des-
naire dont il se servait quand il quittait ses ca- pilliers, qui connaissait cet homme pour bon
marades. Celte apparition se renouvela plusieurs soldat, lui dit en jurant : — « Je veux aller celle
fois. Quelques-uns l'expliqueront par les pres- nuit coucher avec toi et voir ce qui en est.,»
sentiments, la sympathie, etc. L'abbé;Bézuel en Sur les dix heures du soir, le capitaine se rend
raconta les détails dans un dîner, en 1708, de-' au logis de son cavalier. Ayant mis ses pistolets
vautl'abbé de Saint-Pierre, qui en fait une longue armés sur la table ; il se couche tout vêtu, son
; mention dans le tome IV de ses oeuvres poli- épée à côlô de lui. Vers minuit il entend quel-
: tiques. qu'un qui entre dans la chambre, qui, en un
Desforges (Pierre-Jean-Baplisle Choudard), instant, met le lit sens dessus dessous, et en-
: né à Paris en 1746, auteur plus, que frivole. ferme le capitaine et le soldat sous le matelas
Dansles Mille et un souvenirs, ou Veillées conju- et la paillasse. Après s'être dégagé de son mieux,
: 'jdcs, livre immoral qu'on lui attribue, il raconte le comte Despilliers, qui était cependant très-
; plusieurs histoires de
spectres qui ont été re- brave , s'en retourna tout confus et fit déloger le
; produites par divers recueils. cavalier. Il raconta depuis son aventure, pen-
Deshoulières. Madame Deshoulières étant sant bien qu'il avait eu affaire avec quelque dé-
i allée passer quelques mois dans une terre, à mon. Néanmoins il se trouva, dit-on , que le
i. quatre lieues de Paris, on lui permit de choisir lutin n'était qu'un grand singe.
: la plus belle chambre du château ; mais on lui Desrues, empoisonneur, rompu et brûlé à
i en interdisait une qu'un revenant visitait toutes Paris en 1777, à l'âge de trente-deux ans. ILavait
•es nuits. Depuis
longtemps madame Deshou- été exécuté depuis quinze jours lorsque tout à
; lières désirait voir des revenants ; et, malgré les coup le, bruit se répandit qu'il revenait toutes
:, représentations qu'on lui fit, elle se logea pré- les.nuits sur la place de Grève. On voyait un
; cisément dans la chambre infestée. La nuit ve- homme en robe de chambre, tenant un crucifix
nue, elle se mit au lit, prit un livre selon sa à la main, se promenant lentement autour de
couhmie; et, sa lecture finie, elle éleignit sa lu- l'espace qu'avaient occupé son échataud et son
mière el s'endormit. Elle fut bientôt éveillée par bûcher, et s'écriant d'une voix lugubre : — «'Je
»n bruit qui se fil à la
porte, laquelle se fermait viens chercher ma chair et mes os. » Quelques
•fiai; on l'ouvrit,
quelqu'un entra qui marchait nuits se passèrent ainsi, sans que personne osât
DES — 208 — DEV
s'approcher assez pour savoir quel pouvait être des enfants, des oncles et des tantes. Ils n'osent,
l'auteur de cette farce un peu sombre. Plusieurs pendant ce temps, ni se laver, ni se parfumer,
soldats de patrouille et de garde en avaient été ni se raser la barbe, ni même se couper les on-
épouvantés. Mais enfin la terreur cessa : un in- gles; ils ne mangent point en famille. Le petit
trépide eut le courage de s'avancer sur la place; deuil dure une semaine : il à lieu à la mort du
il empoigna le spectre et le conduisit au corps mari ou de la femnie. En rentrant des funérailles,
de garde, où l'on reconnut que ce revenant était l'époux en deuil Se lave Jes mains, déchausse ses
lèfrère de Desrues, riche aubergiste de Senlis, souliers et s'assied à terre, se tenant toujours
qui était devenu fou de désespoir. en cette posture", et ne faisant que gémir et
Destinée. Voy. FATALISME. pleurer, sans travailler à quoi que ce soit jus-
• Dèsvignes, Parisienne qui avait, ,au com- qu'au septième jour. Ces usagés n'ont lieu que
mencement du dix-septième siècle, des attaques chez les Juifs pur'sang. Les-.Chinois eh deuil
de nerfs, dont elle voulut tirer parti pour se faire s'habillent de grosse toile blanche v coupent leur
une ressource. Les uns la disaient sorcière ou queue et pleurent pendant trois mois. Lé ma-
: possédée, les autres la croyaient prophétesse. gistrat n'exerce pas ses. fonctions ; lé plaideur
Le père Lebrun, qui parle d'elle dans son His- suspend ses procès:" Les jeunes gens vivent dans
toiredès/superstitions, reconnut, comme les nié-' la retraite;, ne péuventsè. marier qu'après trois
decins, qu'il y avait dans son fait une grande: années et n'écrivent qu'à l'encre bleue pendant
fourberie. Le bruit qu'elle avait lait 1tomba su- " un an. Le cleuil des: Caraïbes consiste à se couper
bitement. -,"'' : .' ; les cheveux et à jeûner rigoureusement jusqu'à
Detsail. DEUSAIL. ce que le corps du défunt qu'ils pleurent soit
' Deuil. LesVoy.
premiers poètes:disaient que les pourri; après quoi ils font la débauche pour
âmes, après la mort, allaient dans Te sombre chasser toute tristesse de leur esprit. Chez cer-
empire»; c'est peut-être conformément à ces tains peuples de l'Amérique-, le deuil était con-
idées;, dit Saint-Foix,- qu'ils crurent que le noir forme à l'âge du mort. On était inconsolable à la
était la couleur du deuil. Les Chinois et les Sia- mort des enfants et on ne pleurait presque pas
mois choisissent le blanc, croyant que les morts les vieillards. Le deuil des enfants, outre sa du-
deviennent des génies bienfaisants. En Turquie, rée, était commun, et ils étaient regrettés de
on porLe le deuil eh bleu ou.en violet; en gris tout le canton où ils étaient nés. Le jour de leur
chez les Éthiopiens; on le portait en gris de mort, on n'osait pas approcher des parents, qui
souris au Pérou quand les Espagnols y entrèrent. faisaient un bruit effroyable dans leur maison,
Le blanc, chez les Japonais, est la marque du se livraient à des accès de fureur, hurlaient
deuil, et le noir est:celle de là joie! En pastille, comme clés désespérés, s'arrachaient les che-
les vêtements de deuil étaient autrefois cle serge veux, se mordaient, s'égralignaient tout le corps,
blanche. Les Perses, s'habillaient de brun et se Le lendemain ils se renversaient sur un lit qu'ils
rasaient avec toute leur famille et tous leurs ani- trempaient de leurs larmes. Le troisième jour ils
maux. Dans la Lycie,, les hommes portaient des 'commençaient les gémissements qui duraient
habits de femme pendant toul le temps du toute l'année, pendant laquelle le père el la
deuil. Chez nous, Anne de Bretagne, femme de mère ne se lavaient jamais. Le reste de la ville,
Louis XII, changea en noir le deuil, qui jusque- pour compatir à leur affliction, pleurait trois
là avait été porté en blanc à la cour. A Àrgos fois le jour, jusqu'à ce qu'on eût porté le corps
on s'habillait de blanc et on faisait de grands à la sépulture l„ Voy. FUNÉRAILLES.
festins. A Délos on se coupait les cheveux, qu'on Deumus ou Deumo, divinité des habitants
menait sur la sépulture du mort. Les Égyptiens de Calicut, au Malabar. Cette divinité, qui n'est
se meurtrissaient la poitrine et se couvraient le qu'un diable adoré sous le nom de Deumus, a
visage de boue. Ils portaient des vêlements jaunes une couronne, quatre cornes à la tête et quatre
ou feuille-morte. Chez les Romains, les femmes dents crochues à la bouche, qui est fort grande;
étaient obligées de pleurer la mort de leurs ma- elle a le nez pointu et crochu, les pieds en pattes
ris, et les enfants celle cle leur" père, pendant cle coq, et tient entre ses griffes une âme qu'elle
une année entière. Les maris ne pouvaient pleu- semble prêle à dévorer 2.
rer leurs femmes; et les pères n'avaient droit Dévadi, pénitent hindou de noble race, qui
de pleurer leurs enfants que s'ils avaient au avait reçu de ses dieux le privilège de rajeunir
moins trois ans. Le grand deuil des Juifs dure les vieillards.
un an ; il a lieu à la mort des parents. Les en- Devaux, sorcier du seizième siècle, à qui
fants ne s'habillent pas de noir ; mais ils sont l'on trouva une marque sur le dos, de la forme
une
obligés de porter toute l'année les habits qu'ils d'un chien noir. Lorsqu'on lui enfonçait
avaient à la mort de leur père, sans qu'il leur épingle dedans, il n'en éprouvait aucune dou-
soit permis d'en changer, quelque déchirés qu'ils "' Muret,.Des cérémonies funèbres, elc.
soient. Ils jeûnent lotis les ans à pareil jour. Le a Leloyer, Histoire des spectres ou Apparitions des
deuil moyen dure un mois ; il a lieu à la mort esprits, liv. III, ch. iv, p. 207.
DEV — 209 DEV
leur; mais lorsqu'on se disposait à y piailler remporter le prix. Saisi d'horreur pour les sa~
l'aiguille, il se plaignait beaucoup, quoiqu'il ne crifices abominables que les gens de cette pro^
vît pas celui qui portait les doigts au-dessus de féssion offraient aux démons, je le renvoyai au
la marque 1. plus loin et lui fis dire que, quand la couronne
Dévendiren. Voy. COURTISANES. dont il s'agissait ne se devrait jamais flétrir,
quand même ce serait Une couronne d'or, je ne
consentirais jamais que, pour me la procurer,
il en coûtât la vie à une mouche.» '
Deumus.
Devin.
Devins, gens qui devinent et prédisent les
choses futures 1.Dans un siècle aussi éclairé que Aujourd'hui, chez nous, dans beaucoup de
le nôtre prétend l'être, il est encore des per- déparlements encore, les jeunes: villageois que
sonnes qui croient aux devins ; souvent même lé recrutement militaire menace dans la plus
cespersonnes Si crédules ont reçu une éducation sainte des libertés vont trouver les devins pour
qui devrait les élever au-dessus de ces préjugés obtenir un heureux numéro,au tirage* L'Irlande
vulgaires. Un plat d'argent ayant été; dérobé a toujours des devineresses* Elles font la méde-
dans la maison d'un grand seigneur, celui qui cine, et disent surtout la bonne aventure ; elles
avaitla charge de la vaissselle s'en alla avec un tordent pour cela un écheveau mystique qu'il
de ses compagnons trouver une vieille qui ga- faut descendre dans la carrière à chaux, au bord
gnait sa vie à deviner. Croyant déjà 'avoir de laquelle la curieuse demande : «'Qui tient?:»
découvert le voleur et recouvré le plat, ils arri- Elle attend la réponse avec grande inquiétude.
vèrent de bon matin à la maison de la devine- La devineresse explique si c'est un prétendant
resse, qui, remarquant en ouvrant sa porte ou un démon. Ces femmes connaissent le lieu où
qu'on l'avait salie de boue et d'ordure, s'écria quatre sources' se réunissent. C'est là qu'à une
toul en colère : — « Si'je connaissais le gredin époque mystérieuse de l'année elles trempent la
qui a mis ceci à ma porte pendant la nuit, je chemise qui doit ensuite être déployée devant le
luirejetterais tout au nez. » Celui qui la venait feu, à minuit, au nom de Belzébuth, pour être
consulter regardant son compagnon : — « Pour- retournée avant le malin par l'image de l'époux
quoi, lui dit-il, allons-nous perdre de l'argent? destiné à celle qui consulte celle voix du sort.
cette vieille nous pourra-t-elle dire qui nous a Elles font tenir le peigne cle la main gauche à
volés, quand elle ne sait pas les choses qui la une jeune fille qui porte en même temps de la
louchent2? » droite une pomme à sa bouche, pour voir son
Un passage des Confessions de saint Augustin fulur adjuré dans une glace. On ôle pendant
(liv. IV, chap. ii ) nous donne une idée de ce cette opération tout instrument de fer de la mai-
(Riefaisaient les devins de son temps. — « J'ai son; car sans cela, au lieu d'un beau jeune
un souvenir bien distinct, dit-il, quoiqu'il y ait homme avec une bague au doigt, la curieuse
longtemps que la chose soit arrivée, qu'ayant eu verrait un corps sans tête venir à elle armé
dessein de disputer un prix de poésie qui se d'une broche ou d'un fourgon.
donnait publiquement à celui qui avait le mieux Voy. CARTOMANCIE, MAIN,PRÉDICTIONS, et cent
réussi, un certain homme qui faisait le métier autres moyens de deviner.
de devin voulut traiter avec moi
pour me faire Dévouement, mouvement de ceux qui se dé-
vouent ou sort de ceux qu'on dévoue. Les his-
Delancre, Tableau de l'inconst. des démons, elc, toires grecque et romaine fournissent beaucoup
ilarclay, clans l'Argenis. de traits de dévouement. Nous ne rappellerons
14
DIA 210 DIA
pas ici le-dévouement de Décius (Voy. ce mot), Un chartreux étant en prières dans sa cham-
ni celui deCodrus, ni tant d'autres. Il y avait bre sent tout à coup une faim non accoutumée
aussi des villes où l'on donnait des malédictions et aussitôt-il voit entrer une femme, laquelle
à un homme pour lui faire porter tous les maux - n'était qu'un diable. Elle s'approche de la che-
publics que le peuple avait mérités. Valère- minée, allume le feu et, trouvant des pois qu'on
Maxime rapporte l'exemple d'un chevalier ro- avait donnés au religieux pour son dîner, lesfri-
main, nommé Gurtius, qui voulut attirer sur casse, les met dans l'écuelle el disparaît. Le
lui-même tous les malheurs dont Rome était me- chartreux continue ses prières, puis il demande
nacée. La terre s'était épouvantablement enlr'-, au supérieur s'il peut manger les pois que le
ouverte au milieu du marché ; on crut qu'elle ne diable a préparés. Celui-ci répond qu'il ne faut
reprendrait son premier état que lorsqu'on ver- jeter aucune chose créée de Dieu, pourvu qu'on'
rait quelque action de dévouement extraordi- la-reçoive avec actions de grâces. Le religieux
naire. Le jeune chevalier monte à cheval, fait le mangea les pois, et assura qu'il n'avait jamais
tour de la ville à toute bride, et se jette dans le rien mangé qui fût mieux préparé.
précipice que l'ouverture de la terre avait pro- Nous ne dirons rien de ce petit trait, qui est
duit, et qu'on vit se refermer ensuite presque en rapporté sans doute en manière de rire par le
un moment. -On lit dans Servius, sur Virgile, cardinal Jacques de Vitry. Mais voici d'autres
qu'à Marseille, avant le christianisme, dès qu'on histoires qui font voir qu'on a pris quelquefois
apercevait quelque commencement de peste, on pour le-diable des gens qui n'étaient pas de
nourrissait un pauvre homme des meilleurs ali- l'autre monde. Un marchand breton s'embarqua
ments; on le faisait promener par toute la ville pour le commerce des Indes, et laissa à sa
en le chargeant hautementI de malédictions, et femme'le soin de sa maison;.Celte femme élail
on le chassait ensuite, afin que la peste et tous sage; le mari ne craignit pas-de prolonger le
les maux sortissent avec lui 1. Les Juifs dé- cours de son voyage et d'être absent plusieurs
vouaient un bouc pour la rémission de leurs pé- années. Or, un jour de carnaval, la dame, vou-
chés. Voy. AZAZRL.- lant pourtant slégayer un peu , donna à ses pa-
Voici des traits plus modernes : un inquisi- rents et à ses ainisune petite fête qui devait être
teur, en Lorraine, ayant visité un village devenu suivie d'une collation;. Lorsqu'on se mil au jeu,
presque désert par une mortalité, apprit qu'on un masque habillé en procureur, ayant des
attribuait ce iléau à une,femme ensevelie, qui sacs de procès à là main, entra et proposa ii la
avalait peu à peu le drap mortuaire dont elle dame de jouer .-quelques pisloles avec elle ; clic
était enveloppée. On lui dit encore que le fléau aocepla:le; défi et gagna; le masque présenla en-
de la mortalité cesserait lorsque la morte, qui core plusieurs pièces d'qivqu'il perdit sans dire
avait dévoué le village j aurait avalé tout son mot. Quelques personnes:ayant voulu jouer con-
drap. L'inquisiteur, ayant rassemblé le conseil, tre lui perdirent:; il ne se laissait gagner que
fil creuser la tombe. On trouva que le suaire lorsque la dame jouait. On fit d'injurieux soup-
était déjà avalé et digéré. A ce speclacle, un ar- çons sur la cause qui l'engageait à perdre. —Je
cher tira son sabre, coupa la tête au cadavre, le suis lé démon des richesses, dit alors le masque
jeta hors de la tombe et la peste cessa. Après une en sortant de ses poches plusieurs bourses plei-
enquête exacte, on découvrit que celte femme nes de louis. Je joue tout cela, madame, contre
avait été adonnée à la magie et aux sortilèges 2. toul ce que vous avez gagné. La dame tremblaà
Au reste, cette anecdote convient au vampi- celle proposition et refusa le défi en femme pru-
risme. Voy. ENVOÛTEMENT et VAMPIRES. dente. Le masque lui offrit cet or sans le jouer;
Dia. Les anciens peuples de la Sibérie ado- mais elle ne voulut pas l'accepter. Celle aven-
raient une divinité appelée Dia, qu'ils croyaient ture commençait à devenir extraordinaire. Une
triple et une. Ses images la représentaient avec dame âgée, qui se trouvait présente, vint à s'i-
trois têtes et six bras. Elle tenait un sceptre, un maginer que ce masque pouvait bien être le dia-
miroir et un coeur enflammé. ble. Celle idée se communiqua à l'assemblée,cl
Diable. C'est le nom général que nous don- comme on disait à demi-voix ce qu'on pensait, le
nons à toute espèce de dénions. 11 vient d'un masque, qui l'entendit, se mit à parler plusieurs
mot grec qui désigne Satan, précipité du ciel. langues pour les confirmer dans cetle opinion;
Mais on dit le diable lorsqu'on parle d'un esprit puis il s'écria tout à coup qu'il était venu de
malin, sans le distinguer particulièrement. On liaulre monde pour venir prendre une dame qui
dit le diable pour nommer spécialement l'ennemi s'était donnée à lui, et qu'il ne quitterait pointla
des hommes. place cpi'il ne se fût emparé d'elle, quelque ob-
On a fait mille contes sur le diable. Citons-en un. stacle qu'on voulût y apporter... Tous les yeuxse
cré-
1 Lebrun, Histoire des superstitions, t. I, ch. iv, fixèrent sur la maîtresse du logis. Les gensdemi
dules étaient saisis de frayeur, les autres à
p. 2413. mil à rire.
Sprenger, Maliens malefic, part. I, quassl. xv. épouvantés; la dame de la maison se
Vovez aussi Envoûtement. Enfin le faux diable leva son masque, el se fit
DIA — 211 — DIA
reconnaître pour le mari. Sa femme jeta un cri Un vieux négociant des Étals-Unis, retiré du
de joie en le reconnaissant. — J'apporte avec commerce, vivait paisiblement de quelques ren-
moi l'opulence, dit-il. Puis se tournant vers les tes acquises par le travail. 11sortit un soir pour
joueurs : Vous êtes des dupes, ajoula-t-il ; ap- toucher douze cents dollars qui lui étaient dus.
prenez à jouer. Il leur rendit leur argent, et la Son débiteur, n'ayant pas davantage pour le mo-
fête devint plus vive et plus complète. ment, ne lui paya que la moitié de la somme.
En rentrant chez lui,il se mit à compter ce qu'il Eh bien, ajouta le diable en prenant les six
venait de recevoir. Mais, pendant qu'il s'occupait cents dollars, après un moment de réflexion, j'y
de ce soin, il entend quelque bruit, lève les consens; mais que demain, à dix heures du soir,
yeux, et voit descendre de sa cheminée dans sa je trouve ici les six cents autres, ou je t'entraîne
chambre le diable en personne. 11élait en cos- sans miséricorde. Surtout que personne, si tu
tume :.lout son corps, couvert de poils rudes et tiens à la vie, ne soit instruit de notre entrevue.
noirs, avait six pieds de haut. De grandes cornes — Après avoir dit ces mots, le diable sortit par
surmontaient son front, accompagnées d'oreilles la porte. — Le lendemain malin, le négociant,
pendantes; il avait des pieds fourchus, des grif- qui élait un méthodiste calme, alla trouver un
fes au lieu de mains, une queue, un museau vieil ami, et le pria de lui prêter six cenLs dol-
comme on n'en voit point, et des yeux comme lars. Son ami lui demanda s'il en élait bien
on n'en voit guère. pressé. — Oh ! oui, très-pressé ; il me les faut
Ala vue de ce personnage, le vieux marchand avant la nuit. Il y va de ma parole et peut-être
eul le frisson. Le diable s'approcha et lui dit : d'autre chose. — Mais n'avez-vous pas reçu hier
— Mes affaires vont une somme? — J'en ai disposé. — Cependant je
mal, je suis le diable ; il
faut que tu me donnes sur l'heure douze cents ne vous connais aucune affaire qui nécessite ab-
dollars, si tu ne veux pas que je t'emporte en solument cle l'argent. — Je vous dis qu'il y va
enfer. — Hélas ! répondit le négociant, je n'ai de ma vie... Le vieil ami,. étonné, demande l'é-
pasce que vous me demandez — Tu mens, claircissement d'un pareil mystère. On lui ré-
interrompit brusquement le diable; je sais que pond que le secret ne peut se trahir. — Consi-
lu viens de les recevoir à l'instant. — Dites dérez , dit-il au négociant effaré, que personne
que
Je devais les recevoir ; mais on ne m'en a pu ne nous écoule; dites-moi votre affaire : je vous
donner que six cenls. Si vous voulez me laisser prêterai les six cents dollars. — Sachez donc
jusqu'à demain, je .promets de vous compter la que le diable esl venu me voir ; qu'il faut que je
somme... lui donne douze cenls dollars; que je n'ai pu
U.
DIA 212 DIA
hier lui en remettre que six cents, et qu'il me vés, elle les avait économisés sou par sou, Le •
faut les six cents autres. — L'ami ne répliqua bon curé lui demanda si elle n'avait dit à per-
plus; il savait l'imagination de ce pauvre ami sonne qu'elle possédât les cent florins; elle lui
facile à effrayer. Il tira de son coffre la somme répondit qu'elle n'avait confié ce secret qu'à sa
qu'on lui demandait, et la prêta de bonne grâce; sage-femme. « Alors, dit le curé, il y a peut-être
mais à huit heures du soir il se rendit chez le un moyen d'arracher - au diable votre argent,
vieux marchand. — Je viens vous faire société, Voici ce que vous devez faire : racontez votre
lui dit-il, et attendre avec vous le diable que je aventure de la nuit à votre sage-femme, et dites-
ne serais pas fâché de Voir. Le négociant répon- lui qu'il est fort heureux que le diable ignorât
» dit que c'était impossible, ou qu'ils s'expose- que vous eussiez encore cinquante florins en
raient à être emportés tous les deux. Après des bonne monnaie blanche, car autrement il vous
débats, il permit que son ami attendît l'événe- aurait forcé à leslui livrer aussi. Si le diable re-
ment dans un cabinet voisin. A dix heures pré- vient chez vous, ne craignez rien; je placerai
cises, un bruit se fit entendre dans la cheminée, dans le voisinage de votre maison un exorciste
le diable paraît dans son costume de la veille. Le qui l'empêchera de faire le moindre mal à vous
vieillard se met en tremblant à compter les et aux vôtres. » Ce conseil, Marie Hert le suivit,
écus. En même temps, l'homme du cabinet en- Elle fit la communication dont il s'agissait à la
tra. —- Es-tu bien le diable? dit-il à celui qui de- sage-femme. Dans la même nuit, le diable lui'fit
mandait de l'argent... — Puis, voyant qu'il ne une'nouvelle visite, mais cette fois il n'eut pas le
se pressait pas de répondre, et que son ami fris- temps de lui demander de l'argent, car, au mo-
sonnait, grelottait et tremblotait, il tira de sa ment où il ouvrait là porte de la chambre,
poche deux longs pistolets, et, les présentant à l'exorciste, c'est-à-dire un des gendarmes, le
la gorge du diable, il s'écria : — Je veux savoir saisit par le collet. Ce prétendu diable était le
si tu es à l'épreuve du feu Le diable recula, mari cle la sage-femme.
cherchant à gagner la porte. —- Fais-toi bien Encore une historiette sur les idées qu'on se
vite connaître ou tu es mort... •?-Le démon se fait du diable ;
hâta de se démasquer et de mettre bas son cùS'- Rich, célèbre arlequin de Londres, sortant un
tume infernal. On trouva sous ce déguisement soir de la comédie, appela un fiacre, et lui dit
un voisin du bon marchand, qui faisait quelque- de le conduire à la:taverne du Soleil, sur le mar-
fois des dupes et qu'on n'avait pas encore soup- ché de ClaiTi,: Al'instant où le fiacre était près
çonné. Il fut jugé comme escroc, et le négociant de s'arrêter,: Rich s'aperçût qu'une fenêtre de
apprit par là que le diable n'est pas le seul qui la taverne était ouverte, et ne fit qu'un saut dela
soit- disposé à nous nuire. portière dans la chambre. Le cocher descend,
Voici une autre aventure où la coquinerie a ouvre son carrosse, et est bien surpris de n'y
voulu se cacher sous le masque du diable. Elle a trouver personne. Après avoir bien juré, suivanti
eh lieu il.n'y a que quelques années. Toute la l'usage, contre celui qui l'avait ainsi escroqué, -
ville de Brunn était en émoi ; les rues étaient en- il remonte sur son siège, tourne et s'en va. Rich
combrées..Les jeunes gens riaient; les vieillards épie l'instant où la voiture repassait vis-à-vis la
et les femmes pleuraient, se signaient et appe- fenêtre, et d'un saut se remet dedans. Alors il
laient à leur aide tous les saints. Cinq gendar- crie au cocher qu'il se trompe et qu'il a passé la
mes conduisaient à la prison, le diable même. taverne. Le cocher, tremblant, retourne de nou-
Tête surmontée de deux cornes, et flanquée d'o- veau, et s'arrête encore à la porte. Rich descend
reilles de bouc, corps velu, à jambes'de cheval, de voilure, gronde beaucoup cet homme, lire sa
à pieds fourchus, et ce Lucifer penaud se laissait bourse et veut le payer. « A d'autres! monsieur
conduire à là geôle. Voici dans quelles circon- le diable, s'écria le cocher, je vous connais
stances. Au village de Dernou, une paysanne, bien : vous voudriez m'empaumer ; gardez votre
Marie Hert, venait d'accoucher; pendant qu'elle argent. » A ces mots, il fouette et se sauve à
se trouvait seule dans sa chambre, elle entendit toute bride.
un bruit semblable à un cliquetis de chaînes, Nous nous représentons souvent le diable
puis à l'instant même s'approcha de son lit le comme un monstre noir : les nègres lui altri- ;
diable que nous venons de décrire, et qui lui buent la couleur blanche. Au Japon, les parti- j;
dit : « Donnez-moi votre enfant pouveau-né ou sans de la secte de Sintos sont persuadés que le
les cent florins que vous avez en pièces neuves diable n'est que le renard. En Afrique le diable
de vingt-quatre kreulzers! » La pauvre femme est généralement respecté. Les nègres cle la
intimidée indiqua au diable l'endroit où se trou- Côte-d'Or n'oublient jamais, avant de prendre £
vait celle somme ; le diable s'en empara et dis- leur repas, de jeter à terre un morceau de pain|:
parut. qui est destiné pour le mauvais génie. Dans le [;
Le jour venu, Marie Hert fil appeler son curé, canton d'Aulé, ils se le représentent comme un ;
r:
et lui raconta ce qui lui élait arrivé ; elle ajouta géant d'une prodigieuse grosseur, dont la moitié-
que les cent florins que le diable lui avait enle- du corps est pourrie, et qui cause infailliblement
DIC 215 DIG
avec Marie de la Ralde. Elle allait au sabbat et" donna ses travaux et se livra au vagabondage.
disaitque le sabbat est un vrai paradis. Arrêté en 18/|5, conduit dans les prisons de Mou-
Dicke (Alice), jeune Anglaise de Wincauton lins, puis rendu à la liberté, il continua sa vie
dont parle Glanvill. Elle avait un esprit familier errante pendant plusieurs mois. Arrêté de nou-
veau l'année suivante, il fut incarcéré dans la
quilui suçait un peu de sang tous les soirs.
Didier, imposteur bordelais du sixième siècle, maison d'arrêt de Saint-Étienne, où se trouvait
un jeune béguin de Saint-Jean-Bonnefond qui,
quiparut vers ce temps-là dans la ville de Tours.
]1se vantait de communiquer avec saint Pierre l'entendant citer à tout propos des passages dé
et saint Paul; il assurait même qu'il était plus la Bible, lui confia que depuis longtemps les ha-
puissant que saint Martin et se disait égal aux bitants de celte commune attendaient le Dieu
apôtres. Comme il avait su gagner le peuple, on prédit par les Écritures.
luiamenait de tous côtés des malades à guérir; » Digonnet se promit de tirer parti de cette
etvoici, par exemple, comment il traitait les pa- confidence. Peu de temps après, ayant recouvré
Il ordonnait qu'on étendît le malade sa liberté, il se rendit à Saint-Jean-Bonnefond,
'; ralyliques.
à terre, puis il lui faisait tirer les membres si où il exécuta son projet. Les béguins crurent à sa
fortque quelquefois il en mourait; s'il guérissait, divinité et le surnommèrent leur petit bon dieu.
c'étaitun miracle. Didier n'était pourtant qu'un A partir de cette époque, de fréquentes réunions
magicienet un sorcier, comme dit Pierre Delan- de béguins eurent lieu dans cette commune. Dans
cre; car si quelqu'un disait du mal de lui en se- ces réunions Digonnet prêchait la religion à sa
cret, il le-lui reprochait lorsqu'il le voyait; « ce manière, et par suite de son ascendant sur les
qu'il-ne pouvait savoir que par le moyen du dé- hommes et surtout sur les femmes, se livrait à
monqui lui allait révéler tout ce qui se passait.» des actes d'une immoralité si profonde que la
Pourmieux tromper le public, il avait un capu- décence ne permet pas dé les raconter. Arrêté
chonet une robe de poil de chèvre. 11élait sobre au milieu de ses fidèles, il subit diverses condam-
devant le monde; mais lorsqu'il se retrouvait nations et fût détenu plusieurs fois dans des
en son particulier, il mangeait.tellement qu'un maisons d'aliénés. S'étant évadé de celle d'Au-
hommen'aurait pu supporter la viande qu'il ava- rillac le 7 juillet I8/4.8-, il revint à Saint-Jean-
lait. Enfin ses fourberies ayant été découvertes, Bonnefond, où la gendarmerie le saisit de nou-
ilfui arrêté et chassé de la ville de Tours; et on veau pour l'emprisonner à Montbrison.
n'entendit plus parler" de lui. » Ce fut dans celle dernière ville que je le vis..
Didron, sayant archéologue qui a publié ré- Digonnet est de petite taille ; il a le regard terne
: commentune curieuse Histoire du diable, v
Didyme. Voy. POSSÉDÉS DE.FLANDRE.
Diémats. Petites images chargées de carac-
tères que les guerriers de l'île de Java portent
'•icomme des talismans, et avec lesquelles ils se
. croient invulnérables : persuasion qui ajoute à
leur intrépidité.
Dieux. On lit dans Tile-Live (IV, 30) : « Les
\ édilessont chargés de veiller à ce qu'aucun dieu
; ne soit reçu à Rome, s'il n'est Romain et adoré à
'
; h romaine... » .
Digby (Le chevalier), original anglais du dix-
; septièmesiècle, connu sous le nom du Docteursym-
put/tique. 11 avait le secret d'une poudre sympa-
: Iniqueavec laquelle il guérissait les malades sans
les voir et donnait la fièvre aux arbres. Celle et sans aucune expression"; son front ne présente
\ poudre, composée de rognures d'ongles, d'urine aucun indice d'intelligence ; ses joues et le des-
; oudo cheveux du malade et placée dans un arbre, sous de ses yeux sont colorés.d'une teinte bleuâtre
i communiquait, disait-il, la maladie à l'arbre. et par endroits légèrement violacée ; un tic ner-
Digonnet. C'est, de nos jours, le dieu d'une veux balance continuellement sa tête sur ses.
;; sectede béguins qui .descend des manichéens et épaules, et lorsqu'il débite ses lamentations ri-
:; des anabaptistes. Ce dieu est vivant el M. Daniel dicules, on voit de temps à autre passer, entre les
Wurlha donné de lui,dans le journal la Pairie, trois dents jaunes qui lui restent une petite chi-
"»e notice si curieuse que nous croyons devoir
que, qu'il paraît sucer avec un sentiment de
h rapporter ici : délicieuse volupté.
« Jean-Baptiste Digonnet est né à Tence » Ce fut un de mes amis, commis greffier au
(Haule-
if
Loire); fut successivemenl maçon, scieur de tribunal de Montbrison, qui me procura l'avan-
°»g et sabotier. Un chef de la secte des momiers tage de voir ce divin vieillard et qui voulut bien
'l,iayant
rempli la lêle d'idées mystiques, il aban- le prier de me faire connaître les diverses con-
DIG — 216 DIN
damnations qu'il avait déjà subies. — N'ayant ja- 1l'être
I1 qu'à soixante, mais le Père m'a avancé de
mais passé en jugement, répondit-il, je n'ai pas ccinq années, à cause des iniquités qui se com-
encore subi de condamnation. Des brigands, il est mettent c sur la terre.
vrai, m'ont fait emprisonner pour étouffer ma — Gomme dieu, comme prophète, vous devez
parole; mais je n'ai point été jugé et ne le serai avoir a le don des miracles? — Oui ! — Ainsi, si
jamais eu ce monde, parce que ne relevant que du vous \ le vouliez, vous sortiriez à l'instant de celte
Père, la justice des hommes ne peut arriver jus- T prison ? — Non pas ! Descendu sur la terre pour
qu'à moi!... y5 accomplir un sacrifice, je dois tout souffrir
— Qu'appelez-vous donc le Père ? lui deman- sans s me plaindre. Les portes de cette prison se-
dai-je, aprèslui avoir entendu prononcer ce mot raient 1 ouvertes que je. n'en sortirais pas avant
pour la seconde-fois. —Le Père! s'écria-1—il, l'ordre 1 du Père. Oh! je suis d'une garde facile
c'est Dieu!...,c'est le Tout-Puissant qui m'a en- 1maintenant; mais quand le moment sera venu,
voyé sur .la.-terre pour annoncer aux hommes que les 1 geôliers auront beau fermer leurs portes, tirer
les temps sont proches et que le châtiment sera ter- leurs1 verrous, je m'ouvrirai un passage invisible
riblel —Mais,: murmura.en souriant mon.com- dans < les murs épais qui m'entourent, et quittant
pagnon, vous n'êtes donc- que prophète ?.,. ' Je la 1 laide carcasse dans laquelle je suis incarné,
croyais que vous étiez dieu?J— Je suis dieu, et j'irai j rejoindre le Père.
prophète tout à la fois, me répondit-il d'une voix — On dit, je crois, que vous fabriquez une
lente. Je suis le premier des sept élus qui sont échelle < pour, vous faciliter cette ascension, — Ce
répandus sur la terre.il m'a mis au-dessus d'eux sont ! les brigandsqui disent ces absurdités... Est-ce
parce que j'avais une foi plus forte que leur foi, 1que la puissance du Père ne suffira pas pour me
et en ceci il a agi comme un père de famille, qui faire 1 traverser l'espace et m'y soutenir ?... Est-eo
ayant sept enfants eii: aimerait un plus que les 1que le soleil, çsl-ce que la lune, est-ce que les
autres, parce que dans celui-là il aurait reconnu étoiles< ont eu besoin d'une échelle pour monter
des: qualités dont les autres seraient dépourvus..» au firmament? Est-ce que la puissance du Père
» En ce moment, j'avoue que j'éprouvais un n'est pas infinie? Est-ce que je ne puis pas ceqtit
certain plaisir à écouter ce: vieillard, fou pour les : je
_ veux, moi! » Le petit dieu des béguins pro-
uns, fripon pour les autres. Le voyant assez bien1 nonça ces dernières -paroles avec un ton d'ani-
•
disposé à me répondre, je me préparais à Pin- 'inalion qui, malgré sa mauvaise prononciation el
t.erroger longuement ; mais j'avais compté sans> quelques liaisons hasardées, ne manquait pas
mon hôte, ci est-à-dire sans mon ami, qui, voulantL d'une certaine poésie. Son visage s'était forle-
taquiner un peu sonprophètc, comme il l'appelait, , ment empourpré, et ne voulant pas sans cloute
s'écria tout à coup : -^-Mais, père Digonnet, dites-- s'entretenir plus longtemps avec nous, il rentra
moi donc pourquoi vous êtes si-bien vêtu, vous3 dans sa chambre sans ajouter un seul mot.
qui défendez, le luxe à vos fidèles?... Savez-vous5 » Maintenant si, abandonnant le côté comique
qu'il n'y a pas à Paris de plus beaux par-dessus 3 de ce monomane, on se prend à penser qu'au
que le vôtre,; qu'on n'y voit rien d'aussi coquett dix-neuvième siècle il peut encore se rencontrer
que cette calotte.de: velours brodée d'or qui .orne3 des populations assez crédules pour se laisser
votre lêle ; que ce superbe giletnoir brodé commeB prendre aux absurdes prédications d'un individu
votre calotte:;, que celle chemise si fine, si blan-- sans intelligence, sans apparence même, on est
che... si... '- saisi d'un sentiment de tristesse amère, et l'on
—Je sais tout cela, interrompit Digonnet sanss se demande en tremblant s'il est vrai que la ci-
se fâcher du ton railleur de mon compagnon; jee vilisation ait chassé le fanatisme et l'ignorance
porte ces vêtements parce que pour me les donnerr du fond de nos campagnes? »
les ce qui les empêchee - Dindarte (Marie), jeune sorcière de Sarc,
' de béguinsaus'appauvrissent,
penser superflu... Pour moi, je vous assuree dans les Basses-Pyrénées. Elle confessa avoir été
que. je ne tiens pas à ces beaux habits. J'en ai de .e souvent au sabbat. Quand elle se trouvait seule
toutes.les façons. Mes béguins m'ont donné uneie et que ses voisines étaient absentes, le diable lui
culotte où il y a pour plus de douze mille francses donnait un onguent dont elle se frottait, et sur-
d'or en broderies. Tenez, voyez ces attaches, con-
thiua-t-il en déboutonnant son gilet pour me
montrer de superbes bretelles marquées à ses
initiales; eh bien, j'en ai encore de plus belles...
Mais, ajouta-t-il en faisant un geste des plus co-
miques, came coupe horriblement les épaules...
j'aimerais mieux n'en pas avoir. » le-champ elle se transportait par les airs. Elle
» Mon ami se mordit lès lèvres pour ne pas voyageait ainsi la nuit du 27 septembre 1609;
rire; quant à moi, je me hâtai de demander à on l'aperçut et on la prit le lendemain. E"e
Digonnet à quel âge il avait été inspiré. —A cin- confessa aussi avoir mené des enfants au sabbat,
d"
quante-cinq ans, me répondit-il ; je ne devais lesquels se trouvèrent marqués de la marque
D1N 217 DIV
diable '. On lui demanda si on pouvait faire Dion de Syracuse. Étant une nuit couché sur
éveillé le voyage du sabbat. Elle répondit qu'on son lit, éveillé et pensif, il entendit un grand
n'vallait qu'après avoir dormi, et que quelque- bruit, et se leva pour voir ce qui pouvait le pro-
fois il suffisait d'avoir fermé un oeil pour s'en- duire. Il aperçut au bout d'une galerie une femme
lever. de haute taille, hideuse comme les Furies, qui
Dinscops, sorcière et sibylle du pays-de Clè- balayait sa maison. 11lit appeler aussitôt ses amis
ves, dont parle Bodin en son quatrième livre. et les pria de passer la nuit-auprès de lui. Mais
Elle ensorcelait et maléficiait tous ceux vers qui le spectre ne reparut plus. — Quelques jours
elle étendait la main. On la brûla ; et quand sa après le fils de Dion se précipita d'une fenêtre et
main sorcière et endiablée fut bien cuite, tous se tua. Sa famille fut détruite en peu de temps,
ceuxqu'elle avait frappés de quelque mal revin- el, « par manière de dire, ajoute Leloyer, balayée
rent en santé... et exterminée de Syracuse, comme la Furie, qui
Dioclétien. N'étant encore que dans lés gracies n'était qu'un diable, avait semblé l'en avertir par
inférieursde l'armée, il réglait un jour ses comptes le balai ». '
avecune cabaretière de Tongres, dans la Gaule Dionysio dal Borgo, astrologue italien qui
Belgique. Comme cette femme, qui était drui- professait la théologie à l'université de Paris au
desse, lui reprochait d'être avare : « Je serai plus treizième siècle. Villani conte (livre X) qu'il
généreux, lui dit-il en riant, quand je serai em- prédit juste la mort de Gaslruccio, tyran de
pereur.—-Tu le seras, répliqua la druidesse, Pisloie.
. quand tu auras tué le sanglier. » Dioclétien, Diopite, bateleur, né à Locres, qui, après avoir
étonné, sentit l'ambition s'éveiller dans son âme parcouru la Grèce, se présenta sur le théâtre de
el chercha sérieusement à presser l'accomplisse- Thèbes pour y faire des tours. 11avait sur le corps
mentde celle prédiction, qui nous a été conservée deux peaux de bouc, l'une remplie de vin et
par Vopiscus. Il se livra particulièrement à la l'autre de lait, par le moyen desquelles il faisait
chasse du sanglier.. Cependant il vit plusieurs sortir de ces liqueurs par sa bouche, si bien
princes arriver au trône sans qu'on songeât à l'y qu'on l'a mis au rang des sorciers.
élever; et il disait sans cesse : « Je lue bien les Discours. Discours des esprits follets, publié
sangliers; mais les autres en ont le profit. » Il dans le Mercure galant de 1680. — Discours épou-
avait été consul et il occupait des fonctions im- vantable d'une étrange apparjlion de dénions en la
portantes. Quand Numérien eut été lue par son maison d'un gentilhomme en Silésic, in-8°, Lyon.,
beau-père, Arius Aper, toutes les espérances de par Jean Gazeau, 1609, brochure de 7 pages. — .
Dioclétien se réveillèrent : l'armée le porta au Discours sur la vanité des songes, et sur l'opinion
trône. Le premier usage qu'il fit de son pouvoir de ceux qui croient que ce sont des pressentiments.
futde luer lui-même de son épée le perfide Aper, Voy. SONGES,etc.
dont le nom est celui du sanglier, en s'écriant . Disputes. L'abominable Henri VIII avait une
qu'il venait enfin, de tuer, le sanglier fatal. — On telle passion- pour l'argumentation, qu'il ne dé-
sail que Dioclétien ful;.ensuile un des plus cruels daigna pas d'argumenter avec un pauvre argu-
persécuteurs de l'Église. 11élait philosophe. mentateur nommé Lambert. Une assemblée ex- '
Diocres. Voy. CHAPELLE DUDAMNÉ. traordinaire avait été convoquée à Westminster
Diodore de Catane, magicien dont le peuple pour juger des coups. Le roi, voyant qu'il avait_
de Calane garda longtemps le souvenir. C'était affaire à forte partie, et ne voulant pas avoir le
le plus grand sorcier de son temps; il fascinait dernier, donna à- Lambert le choix d'être de son
tellement les personnes qu'elles se persuadaient avis ou d'être pendu. C'est ainsi qu'un dey d'Al-
être changées en bêtes : il faisait voir en un in- ger, faisant un ceiit de piquet avec son vizir, lui
stant aux curieux ce qui se passait dans les pays disait : « Joue coeur, ou je l'étrangle. » Lambert
les plus éloignés. Comme on l'eût arrêté en qua- ne joua pas coeur ; il fut étranglé. Nous citons
lité de magicien, il voulut se faire passer pour celle anecdote parce que l'abominable Henri VIII
faiseurde miracles. Il se fit donc transporter par était assurément possédé du diable.
le diable de Calane à Constanlinople, et de Con- Diti, et son oeuf. Voy. GARUDA.
stantinople à Catane en un jour, ce qui lui acquit Dives. Les Persans nomment ainsi les mauvais
toul d'un coup parmi le peuple une grande ré-
génies; ils en admettent de mâles et de femelles
putation ; mais ayant été pris malgré son habi- et disent qu'avant la création d'Adam Dieu créa
leté el sa puissance, on le jela eii un feu ardent les Dives ou
génies mâles el leur confia le gou-
où il fut brûlé 2. Le peuple de Calane, qui ne l'a vernement du monde
pendant sept mille ans ;
pas oublié, l'appelle Liodore. après quoi, les Péris ou génies femelles leur suc-
' cédèrent et prirent possession de l'univers pour
Delancre, Tableau de l'inconst. des démons, etc., deux autres mille ans, sous l'empire de Gian-
bv.lY.p. .147. leur souverain ; mais ces créatures
Leloyer. Histoire des spectres et apparitions des ben-Gian,
étant tombées en .disgrâce pour leur désobéis-
'ffi*' Deliv. 111, ch. vin, p. 346. Après Thomas Fa-
illi, rébus siculis, decas I, lib. III. sance, Dieu envoya contre eux Éblis, qui, étant
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d'une plus noble nature, el formé de l'élément oracles de Dodone. Deux colombes noires, selon
du feu, avait été élevé parmi les anges. Éblis, les habitants cle la contrée, vinrent dans le pays;
chargé des ordres divins, descendit du ciel et l'une s'abattit sur un chêne et dit d'une voix
fit la guerre contre les Dives et les Péris, qui se humaine qu'il fallait bâtir sous ce chêne un
réunirent pour se défendre ; Éblis les défit el temple à Jupiter : ce qui eut lieu ; et le chêne
prit possession de ce globe, lequel n'était encore rendit des oracles, Hérodote explique ensuite
habile que par des -génies. Éblis ne fut pas plus que ces deux colombes étaient deux prêtresses
sage que ses prédécesseurs ; Dieu, pour abattre égyptiennes. La seconde de ces colombes se ren-
son orgueil,- fit l'homme el ordonna à tous les dit en Libye, où elle institua le culte de Jupiter
anges de lui rendre hommage. Sur- le refus Ammon.
d'Éblis, Dieu le dépouilla de sa souveraineté et Dogdo, ou Dodo, et encore Dodu. Voy. ZO-
le maudit. Ce ne sont là, comme on voit, que ROASTRE.
des altérations de l'Écriture sainte. Doigt. Dans le royaume de Macassar, si un
Divinations. Il"y en a plus de cent sortes. malade-est à l'agonie ,1e prêtre idolâtre lui prend
Voy. ALECT'RYOMANCIE, ALPHITOMANCIE, ASTRAGA-la-main et lui frotte doucement le doigt du mi-
LOMÀNCIIÏ , ASTROLOGIE , BOTANOMANCIE , CARTOMAN- lieu, afin de favoriser par cette friction un che-
CIE',CATOPTROMÂNCIE,-CHIROMANCIE, CRISTALLOMAN- min à l'âme, qui sort toujours, selon eux, pal-
CIE, CRANOLOGIE, DAIUINOMANCIE , GASTROMANCIE , pai; le bout du doigt.
HypnoMANCiE , LAMPADOMANCIE-, MÉTOPOSCOPII; , Los Turcs mangent habituellement.le riz avec
MIMIQUE, NÉCROMANCIE, ONOMANCIE, ORNITHOMAN- les doigts ; ils n'emploient pour cela que le pouce,
CIE, PHÏSÏOGNOMONIE, PÏROMANCIE, RABDOMANCIE, l'index et le médius ; ils sont persuadés que le
THÉOMANCIE, etc., etc., etc. Cicéron réduit toute diable mange avec les deux autres doigts.
la divination à deux espèces, dont l'une était na- Dans certaines contrées de la Grèce moderne,
turelle et l'autre artificielle (Cicero, De divin., on se croit ensorcelé quand on voit quelqu'un
lib. î). La première se faisait par une émotion étendre la main en présentant les cinq doigts.
de l'esprit qui, étant saisi d'une espèce de fureur, Doigt annulaire. C'est une opinion reçue
prédisait les choses à venir. Tel élait l'esprit qui que le quatrième-doigt de la main gauche a une
animait la Pythie sur le trépied. La divination vertu cordiale; que celte vertu vient d'un vais-
artificielle se faisait.par l'observation de signes seau, d'un nerf ou d'une veine qui lui est com-
et de circonstances naturelles dans les sujets que muniquée par le coeur, et, par celte raison, qu'il
l'on savait destinés à prédire l'avenir. A cette mérite préférablement aux autres doigts l'hon-
seconde espèce .appartenait l'astrologie, les au- neur de porter l'anneau. Levinus Lemnius assure
gures, les auspices, les sortilèges et les prodiges. que.ee vaisseau singulier est une artère, et non
Djilbéguenn, magicien larlare dont le souve- pas un nerf, ni une veine, ainsi que le prétendent
nir est vivace encore en Sibérie. Il brillait dans les anciens. Il ajoute que les anneaux qui sont
les temps héroïques ; et on raconte de lui de portés à ce doigt influent sur le coeur. Dans les
grandes merveilles. 11 se montrait quelquefois évanouissements, il avait.coulume de frotter ce
sous la figure d'un monstre à neuf têtes. Jl était doigt, pour tout médicament. 11 dit encore que
'
monté sur un boeuf à trente cornes lorsqu'il la goutte l'atlaque rarement, mais toujours plus
coupa la tête de Comdaï-Mirguenn. Il entendait tard que les autres doigts, et que la fin est bien
le langage de -toutes les bêles. A la suite de beau- proche quand il vient à se nouer.
coup d'actions atroces, il est allé en enfer et n'en Dojartzabal, jeune sorcière de quinze à seize
est pas revenu. ans qui confessa, vers 1609, avoir été menée au
Dobie, esprit familier dans le comté d'York sabbat par une autre sorcière, laquelle était dé-
pn Angleterre. On donne cet esprit à toute famille tenue en prison1'; ce que celle-ci niait, disant
qui porte le nom de Dobie. C'est, dil-on, le qu'étant attachée'à cle grosses chaînes de fer et
spectre d'un ancêtre qui s'attache à quelques-uns surveillée, elle ne pouvait être sortie de son ca-
de ses descendants. chot; el que, si elle en était sortie, elle n'y
Docètes, hérétiques du.premier siècle qui serait-pas rentrée. La jeune'personne expliqua
niaient l'incarnation et qui soutenaient que Noire- toutefois que, comme elle était couchée près de
Seigneur était trop pur pour avoir pris une chair sa mère, cette sorcière l'était venue chercher
humaine. Saint Jérôme écrit à ce sujet que le sang sous la forme d'un chai...., pour la transporter
du Sauveur fumait encore dans la Judée, lors- au sabbat, el que, malgré leurs fers, les sor-
qu'on se mil à enseigner que son corps n'avait cières peuvent aller à ces assemblées, bien que
été qu'un fantôme. Ils doivent leur nom de do- le diable n'ait pas moyen de les délivrer des
cètes à un mot grec qui signifie apparence el qui mains de la justice.- Elle assura encore que le
sa
explique leur système que Jésus avait simple- diable, qui la faisait enlever ainsi d'auprès de
ment paru un homme. mère, mettait en sa place une figure qui lui res-
Docks. Voy. ALEARES. 1 Delancre, Tableaude l'inconst. des démons,etc.,
Dodone. Hérodote raconte ainsi l'origine des liv. II, p. 104.
DOL — 219 — DOR
semblait. Celte prétendue sorcière, qui n'exer- siècle, dura une centaine d'années. Les procédés
çait probablement"qu'une petite vengeance, si des donatistes ont été renouvelés par les Albi-
elle n'était pas en ' proie à quelque illusion, île geois, puis par les hussites, par les luthériens et
fut pas châtiée. par les calvinistes. Les camisars entraient dans ' "
Dolers, démon invoqué dans les litanies-dû. cette voie, si on neles eût pas arrêtés.
sabbat. Doni( Antoine-François), Florentin , né en
Domfront (Guérin de), fils de Guillaume de 1503 ; il y a des choses bizarres dans ses Mondes
Bellême,seigneur de Domfront, ayant traîtreu- célestes, terrestres etr infernaux', volume in-/i°,
sement fait couper la lêle à son ennemi endormi dont on a une vieille traduction française.
chezlui, fut, dit-on, étouffé par le diable '. Doppet (François-Àiiiédée), membre du con-
Domingina-Maletana, sorcière' qui, dans seil des Cinq-Cents, auteur d'un Traité théorique
une joute qu'elle fit avec Une autre sorcière, Clpratique du magnétisme animal'.-j"Turin , 1784,
saulà sans se blesser dû. "haut de la montagne un Vol. in-80;'-d'une Oraison funèbre deMesmer,
de la Rhune, qui borne les trois royaumes de avec son testament, Genève, 1785, in-8"; d'une
France, d'Espagne et de Navarre, et gagna le Médecine occulte ou Traité de la magie naturelle
prix2. cl médicinale, 1786,in-4°.
Dominique. Voy. HALLUCINATIONS. Dorâch-y^Rhibyh, fée sinistré du pays de
Domitien. Un jour qu'il donnait un festin aux- Galles: Elle vient frotter ses ailes de cuir contre
sénateurs cle Rome, à l'occasion de son triomphe les vitres pour annoncer là mort de quelqu'un.
sur les Daces, Domitien', qui avait de singuliers Elle appelle ' le ihàlade par un long cri 'lamen-
-
capriees, les fit entrer dans une salle qu'il avait table. "-...:
fait tendre eii noir, et qui était éclairée par des Dorée (Catherine):, sorcière: du dix-sèptième
lampes sépulcrales. Chaque convive se trouva siècle, qui fut brûlée vive pour avoir tué son en-
placé vis-à-vis d'un cercueil -, sur lequel il vit fant par ordre du diable; elle jetait des poudres
sonnom écrit. ..Une troupe d'enfants barbouillés et guérissait les ensorcelés en leur mettant un
de noir représentait une danse des ombres: infer- pigeon sur l'estomac. Barbe Dorée, autre sor-
nales.La danse finie, ils se dispersèrent-, chacun cière, était parente de Catherine.
auprès du convive qu'il devait servir. Les mets Dormants. L'histoire des sept Dormants est
furent les mêmes que ceux que l'on,offrait aux encore plus fameuse chez les Arabes que chez
morls dans les cérémonies funèbres. Un morne les chrétiens. Mahomet l'a insérée dans son Ko-
silence régnait dans celle assemblée. Domitien ran, et les Turcs l'ont embellie. .' '
parlaitseul ; il ne racontait que des histoires san- Sous l'empire'de Décius, l'an de notre ère
glanteset n'entretenait les sénateurs que de mort. 250, il y eut une grande persécution contre les
Lesconvives sortirent enfin de la salle du festin chrétiens. Sept jeunes gens, attachés au Service
et furent accompagnés chacun à leur maison par de l'emjiereur, ne voulant pas désavouer leur
des hommes vêtus de noir, armés et silencieux. croyance et craignant les supplices, se réfu-
—A peine respiraient-ils,
que l'empereur lesfil gièrent dans Une caverne située à quelque dis-
- redemander; mais c'était pour leur donner la tance d'Éplièse. Par une grâce particulière, ils y
: vaissellequ'on avait servie devant eux et à cha- dormirent d'un sommeil profond pendant-d'eux
; cnn celui de ces petits esclaves qui les avaient cents ans. Les niahômélans assurent que, durant
; servis. Celait bien là un plaisir de tyran. ce sommeil, ils eurent des révélations surpre-
\ Domoïvoï, esprils de ténèbres chez les Russes. nantes, et qu'ils apprirent en songe tout ce que
| On les chasse par l'eau de la Neva, bénite le pourraient savoir des hommes qui auraient- em-
: jour de l'Epiphanie. ployé un pareil espace de temps à étudier assi-
: Donatistes, sectateurs de Donat, qui domi- dûment.
: naientel ne pardonnaient rien. Dans leurs fureurs Leur- chien, ou du moins celui d'un d'entre
contre les catholiques, qui admettent à la recon- eux, les avait suivis dans leur retraite; il mil à
i cilialion ceux cpii sont .lombes, les donatistes profit, aussi bien qu'eux, le temps de son som-
:; attaquaient partout les fidèles enfants de l'Église, meil. 11devint le chien le plus instruit dirmonde.
; les assomniaient, brûlaient leurs maisons el leurs Sous-le règne de Théodose le jeune, l'an cle
j églises. « Ils commencent leurs massacres au Notre-Seigneur 450-, les sepl Dormants se réveil-
< «chant de YAlléluia, disent les récils conlem- lèrent et entrèrent dans la ville d'Éplièse, croyant
«porains; ni l'âge, ni l'innocence n'obtiennent n'avoir fait qu'un bon somme ; mais ils trouvèrent
*j *
grâce à leurs yeux ; quand ils veulent bien faire lotit bien changé. 11y avait longtemps que les per-
\ » miséricorde, ils tuent d'un seul coup. » Leur sécutions contre le christianisme étaient finies;
s schisme, élevé au commencement du quatrième des empereurs chrétiens occupaient les deux
' Mémoiresde Thebaut de trônes impériaux d'Orient et d'Occident. Lès
; Champassais sur la ville
\ de Domfront. . questions des frères et l'étonnemenl qu'ils témoi-
; Delancre, Tableau de l'inconst. des démons, etc., gnèrent aux réponses qu'on leur fit surprirent
I !'v-IU, p. 210. tout le monde. Ils contèrent naïvement leur bis-
DOS 220 DRA
toire. Le peuple, frappé d'admiration, les con- être double, c'est-à-dire qu'il peut être vu à la
duisit à l'évêque, celui-ci au patriarche et le fois en deux lieux différents, qu'il peut lui-même,
patriarche à l'empereur. Ces sepl Dormants révé- en certaines occasions, voir sa doublure devant
lèrent les choses du monde les plus singulières, lui. Cette doublure n'est qu'une ombre, à la vé-
et en prédirent qui ne l'étaient pas moins. Ils rité. Eh bien, nous pouvons avoir le même avan-
annoncèrent entre autres l'avènement de Maho- tage en nous plaçant devant une glace. — Voy,
met, l'établissement et les succès de sa religion, FLAXBINDER.
comme devant avoir lieu deux cents ans- après Dourgâ, monstrueuse divinité des Indiens;
son réveil. • ; • Voy. FÊTÉSRELIGIEUSES DE L'INDE.
Quand ils eurent satisfait la curiosité de l'em- - Dourlet (Simone). Voy. POSSÉDÉES DEFLANDRE,
pereur, ils se retirèrent de nouveau dans leur Douze, c'est un nombre heureux. Les apôtres
caverne et y moururent tout de bon : on montre étaient douze, dit Gesaire d'Hesterbach, parce
encore cette grolte auprès d'Éplièse. , que le nombre douze est composé de quatre fois
Quant à leur chien Kratim ou Kalmir, il acheva trois, ou de trois fois quatre. Ils ont été élus
sa carrière et vécut autant qu'un chien peut douze ajoute-t-il, pour annoncer aux quatre
vivre, en ne comptant pour rien les deux cents coins du monde la foi de la sainte Trinité. Les
ans qu'il avait dormi en compagnie de ses maîtres. douze apôtres', dit-il encore, sont les douze
C'était un animal dont les connaissances surpas- signes du zodiaque,, les douze-mois dé l'année,
saient celles de tous les philosophes, les savants les douze heures du jour, les douze étoiles de la
et les beaux esprits de son siècle; aussi s'em- couronne de l'épouse* Les douze apôtres sont
pressait-on de le fêter et de le régaler; et les mu-, encore les douze fils de Jacob, les douze fon-
sulmans le placent dans le paradis de Mahomet, taines du désert, les douze pierres:du Jourdain,
entre l'âne de Balaam et celui qui portait Notre- les douze boeufs de la mer d'airain, les douze
Seigneur le jour des Rameaux. . fondements de la Jérusalem céleste.
Cette historiette a tout l'air d'une contre-partie Drac, démon du rang des princes de l'enfer.
de la fable d'Épiménides de Crète, qui, s'étant Il se montra à Faust en manière de flamme bleue,
endormi sur le midi dans une caverne en cher- avec une queue rougeâtre.
chant une de ses brebis égarée, ne se réveilla Drack, lutin du midi de la France. Dans cer-
que quatre-vingt-sept ans après, et se remit à taines contrées, ce n'est qu'un follet malin qui
, chercher ses brebis comme s'il n'eût dormi qu'un prend toutes sortes de formes et fait toutes sortes
peu de temps. d'espiègleries. Dans d'autres, c'est un ogre,
Delrio parle d'un paysan qui dormit un automne Voy. OGRES.
et un hiver sans se réveiller *. Draconites ou Dracontia. Pierre, fabuleuse
Dosithée, magicien de Samarie, contempo- que Pline et quelques naturalistes anciens ont
rain cleSimon le Magicien ; il se présentait comme placée dans la tête du dragon. Pour se la procu-
étant le vraie Messie, et il parvint à séduire la rer, il fallait l'endormir avant de lui couper la lêle,
foule par des prestiges, des enchantements el Dragon. Les dragons ont fait beaucoup de
des tours d'adresse. 11 menait avec lui trente bruit; et, parce que nous n'en voyons plus, les
disciples, autant qu'il y avait de jours dans le sceptiques les ont niés : mais Cuvier elles géo-
mois, et n'en voulait pas plus. 11avait admis à logues modernes ont reconnu que les dragons
sa suite une femme qu'il appelait la Lune. 11ju- avaient existé. C'est seulement une race perdue.
daïsait, et le point capilal de sa doctrine consis- Celaient des sortes de serpents ailés. -Philoslrale
tait, pour ceux qu'il -entraînait, à passer le jour dit que, pour devenir sorciers et devins, les
du sabbat dans l'immobilité la plus complète. Arabes mangeaient le coeur ou le foie d'un dra-
Double. On croit en Ecosse qu'un homme peut gon volant. On montre auprès de Beyrouth le
lieu où saint Georges tua un monstrueux dragon ; de saint Georges, une église qui ne subsiste plus1'
il y avait sur ces lieux, consacrés par le courage Il est fait mention de plusieurs dragons dans les
1 Dans les Disquisitions magiques. 1 Voyage de Monconis,de Thévenot et du P. Goujon.
DRA. — 221 DRE
légendes; quelques-uns peuvent être des allé- qui dévastait le Hainaut 1, lorsqu'il fut tué par le
gories où par le dragon il faut entendre lé dé- ' vaillant Gilles de Chin, en 1132. Et que direz-
monque les saints ont vaincu. Le diable, en effet, vous du dragon de Rhodes, qui n'est certainement
porte souvent le nom d'ancien dragon, et quel- pas un conte 2? Voy. Taou DUCHÂTEAU DE CAR-
quefoisil a pris la forme de cet animal merveil- NOET.
leux: c'est ainsi qu'il se montra à sainte Margue- Dragon rouge. Le dragon rouge, ou l'art de
rite. On dit que le dragon dont parle Possidonius commander les esprits célestes, aériens,-ter-
couvrait un arpent de terre, et qu'il avalait, restres, infernaux, avec le vrai secret de faire
commeune pilule, un cavalier tout armé; mais parler les morts, de gagner toutes les fois qu'on
ce n'était encore qu'un petit dragon en compa- met aux loteries, de découvrir les trésors ca-
raison de celui qu'on découvrit dans l'Inde, et chés, etc., etc., in-18, 1521.
qui, suivant Maxime de Tyr, occupait cinq ar- On a réimprimé très-fréquemment ce fatras
pentsde terrain. absurde, dont on trouvera les plus curieuses élu-
Les Chinois rendent une espèce de culte au cùbrations à leur place, dans ce dictionnaire.
dragon. On en voit sur leurs vêtements, dans Drames. Le théâtre-n'a pas négligé les mer-
leurslivres, dans leurs tableaux. Ils le regardent veilleuses ressources que lui offraient les démons,
commele principe de leur bonheur ; ils s'ima- les follets, les revenants, la magie et les sciences
ginentqu'il dispose des saisons et fait à son gré occultes. De nos jours on a fait les Sept chat eaux
tomberla pluie et gronder le tonnerre. Ils sont du Diable, les Pilules du Diable, la Part du
persuadés que tous les biens de la terre ont été Diable; on a même mis en vaudeville les Mé-
confiésà sa garde, et qu'il fait son séjour ordi- moires du Diable, de M. Soulié. L'Esprit follet,
nairesur les montagnes élevées. de Collé; le Spectre, de Séraminis; celui d'Ham-
Le dragon élait aussi très-important chez nos let; les Sorcières, de Macbet/i;; la Sylphide, le
aïeux; et tous nos contes de dragons doivent re- Magicien du Pied de mouton, et une foule d'au-
monterà une haute antiquité. Voicila chronique du tres données sont prises, comme Robin des bois,
dragonde Niort'.Un soldat avait été condamné le Chasseur rouge, Trilby, le Vampire, les ll'i-
à morl pour crime de désertion; il apprit qu'à lis, etc., etc., du vaste répertoire de prodiges
Niort,sa patrie, un énorme dragon faisait depuis qui alimentent les livres de démonologie.
troismoisdes ravages, et qu'on promettait bonne Drapé. On donne à Àigues-Mortes le nom de
récompense à celui qui pourrait en délivrer la IJOUDrapé à un cheval fabuleux, qui est la ter-
contrée. Il se présente ; on l'admet à combattre reur des enfants, qui les relient un peu sous
le monstre, et on lui promet sa grâce s'il par- l'aile de leurs parents, et réprime la négligence
vientà le détruire. Couvert d'un masque de verre des mères. On assure que quand Lou Drapé vient
et armé de toutes pièces, l'intrépide soldat va à à passer, il ramasse sur son dos, l'un après
l'antre obscur où se tient le monstre ailé, qu'il l'autre, tous les enfants égarés; ei que sa croupe,
trouveendormi. Réveillé par une première bles- d'abord de taille ordinaire, s'allonge, au besoin,
sure, il se lève, prend son essor et vole contre jusqu'à contenir cinquante et cent enfants qu'il
l'agresseur. Tous les spectateurs se retirent, lui emporte on ne sait où.
; seulreste et l'attend de pied ferme. Le dragon Drawcansir, lutin matamore qui, chez.les
| tombesur lui et le terrasse de son poids ; mais Anglais, gourmande les rois, disperse les armées
; au moment qu'il ouvre la gueule pour le dévo- et sème le désordre, partout. C'est probablement
rer, le soldat saisit l'instant de lui enfoncer son ce que les anciens appelaient la terreur panique.
\ poignarddans la gorge. Le monstre tombe à ses Drépano. L'esprit de Drépano a aussi sa cé-
: pieds.Le .brave soldat allait recueillir les fruits lébrité : il faisait grand bruit, jetait des pierres
: de sa victoire, lorsque, poussé par une fatale qui ne blessaient pas, lançait en l'air les usten-
curiosité, il ôta son masque pour considérer à siles de ménage sans rien briser, et chantait des
,, son aise le redoutable ennemi dont il venait dé chansons scandaleuses, le tout sans se montrer.
i triompher. Déjà il en avait fait le tour, quand le Quand le maître de la maison où il hantait reve-
; monstre, blessé mortellement, et nageant dans nait de quelque course trempé par la pluie, il
; son.sang, recueille desTforces qui paraissaient l'annonçait avant que personne le vît, el pres-
i épuisées,s'élance subitement au cou de son vain- sait la famille d'allumer un grand feu. C'était un
; queuret lui communique un venin si malfaisant
qu'ilpérit au milieu de son triomphe.—On voyait 1 Voyez cette légende dans Les douze convives du
encore, il y a peu de temps, dans le cimetière chanoine de Tours.
2 « Les divers inseeles carnivores, vus au micro-
de l'hôpital de Niort, un ancien tombeau d'un
scope, sonIdes animaux formidables; ils étaient peul-
. hommetué par le venin du serpent. Est-ce aussi ôtre ces dragons ailés dont on retrouve les anatomies;
«neallégorie 7 diminués de taille à mesure que la matière diminuait
A Mons, on vous contera l'histoire du dragon d'énergie, ces hydres, griffons el autres se trouve-
raient aujourd'hui à l'étal d'insectes. Les géants anté-
1 diluviens sont les petits hommes d'aujourd'hui. »
Yoyagedans h Finistère, t. III, p. 112. (CHATEAUIIHIAND, Mémoires, tome IL)
DRI — 222 — DRU
démon obsesseur qui ne réussit pas; car les ha- Druidesses. Dans la petite île de Sena, au-
bitants de la maison se conduisirent en chré- joufd'hui Sein, vis-à-vis la côte de Quimper, il
tiens, ce qui suffit souvent 1. y avait un collège de druidesses que les Gaulois
Driff, nom donné à la pierre de Bultler, à la- appellent Scnes (prophélesses). Elles étaient au
quelle on attribuait la propriété d'attirer le ve- nombre de neuf, gardaient une perpétuelle vir-
nin; elle était, dit-on, composée de mousse for- ginité, rendaient des oracles et avaient le pou-
mée sur des têtes de mort, de sel marin, de voir de retenir les vents et d'exciter les tem-
vitriol cuivreux empâté avec de la colle de pois- pêtes; elles pouvaient aussi prendre la forme de
son. On a poussé le merveilleux jusqu'à pré- toute espèce d'animaux, guérir les maladies lés
tendre qu'il suffisait de loucher cette pierre du plus invétérées et prédire l'avenir. Elles exer-
bout de-la langue pour être guéri des maladies çaient un sacerdoce. Il y avait d'autres drui-
. les plus redoutables. Yan Helmont en fait de desses qui.se mariaient; mais elles ne sortaient
grands éloges. qu'une fois dans l'année, et ne passaient qu'un
Drôllés. Les drolles sont des démons ou lu- seul jour avec leurs maris 1. Voy. aussi DIO-
tins qui, dans certains pays du Nord, prennent CLÉTIEN, VELLÉDA, etc.
soin de panser les chevaux, font tout ce qu'on
leur commande et avertissent des dangers. Voy.
•FAUFADETS, BÉRITII,KOBO.LD, etc.
Drouva, roidel'Hindoustan, qui régna vingt-
six mille ans, on ne sait où, el qui'laissa-trois
: Di-nide.'
enfants: Karpàgatarou, Kouraga. et Kourkala;
ce qui est peu pour une si longue vie. Druses, peuplade féroce qui habite le Liban.
Drows. C'est le nom qu'on donne aux duer- Elle adore un veau et n'est ni chrétienne ni
gars dans les îles Orcaclés.. musulmane.
Drude (la), cauchemar femelle qui, en forme Drusus. Chargé par l'empereur Augustedu
d'une vieille furie, paraît serrer la gorge d'une commandement de l'armée romaine qui faisait
la guerre en Allemagne, Drusus se préparaità
personne endormie. Pline l'appelle Malum da-
moniacutn. passer l'Elbe, après avoir déjà remporté plu-
Druides, prêtres des Gaulois. Ils enseignaient sieurs victoires, lorsqu'une femme majestueuse
la sagesse el la morale aux principaux person- lui apparut et lui dit : =—« Où cours-tu si vile,
nages de la nation, lis disaient que les âmes cir- Drusus? Ne seras-tu jamais las de vaincre? Ap-
culaient éternellement de ce monde-ci dans prends que tes jours touchent à leur terme.,,»
l'autre ; c'est-à-dire que ce qu'on appelle la mort Drusus troublé tourna bride, fit sonner la re-
est l'entrée dans l'autre monde, et ce qu'on ap- traite et mourut au bord du Rhin. On vite»
pelle la vie en est la sortie pour revenir dans même temps deux chevaliers inconnus qui fai-
ce monde-ci 2. saient caracoler leurs chevaux autour des tran-
Les druides d'Aulun attribuaient une grande chées du camp romain , el on entendit aux en-
vertu à l'oeuf de serpent; ils avaient pour ar- virons des plaintes et des gémissements de
moiries dans leurs bannières : d'azur à la cou- femmes 2; ce qui n'est pas merveille dans une-
chée de serpents d'argent, surmontée d'un gui déroute.
de chêne garni de ses glands de sinople. Le chef Drutes. Les drules sont des sorcières q»1
des druides avait une clef pour symbole !. suivent Holda avec leurs quenouilles. '"!•
HOLDA.
1 Delrio, Disquisil., lib. VI, cap. n.
2 Diodorcde Sicile. '• Saint-Foix, Essais sur Paris, t. III, p. 38i.
3 Saint-Foix, Essais, etc., t. II. - Dion Cassius.
DRY 223 DUE
Dryden (Jean), célèbre poêle anglais, mort corps des animaux plus nobles, jusqu'à ce
en 1707. On rapporte qu'il tirait aux dés le jour qu'elles rentrent dans des corps humains, où
de la naissance cle ses enfants, pour deviner s'il elles peuvent mériter ou démériter sur nouveaux
aurait un garçon ou une fille ; et sa prédiction frais.
relative au sexe de son fils Charles se réalisaf ; Dualisme. Il y a des tremblements de terre,
ce qui n'est pas fort étonnant. Voy. ASTRAGA-des tempêtes, des ouragans, des-débordements
LOMANCIE. de rivières, des maladies pestilentielles,' des
Dsigofk, partie de l'enfer japonais où les bêtes venimeuses, des animaux féroces, des
méchants sont tourmentés suivant le nombre ou hommes naturellement. méchants, perfides et
la qualité de leurs crimes. Leurs supplices ne cruels. Or, un être bienfaisant, disaient les dua-
durent qu'un'certain temps,-au bout duquel leurs listes, ne peut être l'auteur du mal. Donc il y a
âmessont renvoyées dans ce monde, pour animer deux êtres, deux principes, l'un bon, Faiitre
les animaux impurs dont les vices s'accordent mauvais, également puissants, coé.lernels, et qui
avec ceux dont ces âmes s'étaient souillées. ne cessent point de se combattre. Si l'on: réflé-
De là elles passent successivement, dans les chit sur le dualisme, dit Saint-Foix, je-crois
Duergars.
qu'un le trouvera encore plus absurde que l'ido- le moral que dans le physique, venait unique- '
lâtrie. ment de leur mésintelligence, l'une se plaisant
Les Lapons disent que Dieu, avant de pro- à gâter, à changer ou à détruire tout ce que fai-
duirela lerre, se consulta avec l'esprit malin, sait l'autre. Les manichéens ont adopté le sys-
afinde déterminer comment il arrangerait chaque tème des deux principes. Bardesane, les Ap-
chose. Dieu se proposa donc de remplir les ar- pellisles el une foule d'autres chefs de secte les
bres de moelle, les lacs de lait, et de charger ont dans celle voie précédés ou suivis. La vé-
lesplantes et les arbres de tous les plus beaux rité et le sens commun ont toujours repoussé
fruits. Par malheur, un plan si convenable à ces absurdes suppositions. Les luttes du bien et
l'homme déplut à l'esprit malin, qui fil toutes du mal nous sont exposées dans leur réalilé par
sortesde niches; et il en résulta que Dieu n'éta- la doctrine de l'Église catholique.
blitpas les choses aussi bien Duende. Le Duende, lutin espagnol, cor-
qu'il l'aurait voulu...
tin certain Plolomée soutenait respond au Gobelin normand et au Tomle-
que le grand Être
ava'L gobbe suédois. Duende, selon Cobaruvias, est
dpux femmes; que, par jalousie, elles se
contrariaient sans cesse, et que le mal, tant dans une contraction de dueno de casa, maître de la
1 maison. Ce farfadet espagnol a été cilé de tout
Berlin, Curiosités de la littérature, t. I, p. 248.
DUE 224 — DUR
temps pour la facilité de ses métamorphoses. dans lequel le dernier vers de la première stance
DuergarS. Les diables nains ou duergars de termine toutes les autres.
la Scandinavie sont de la même famille que les Dufay (Charles-Jérôme de Cisternay), al-
elfs de la nuit. Ils assistent à la mort de la chimiste , quoique homme de guerre. Il s'oc-
dame de la maison qu'ils hantent et la gardent cupait du grand oeuvre; et il dépensa beaucoup
la nuit. Les doctrines Scandinaves disent que d'argent à la recherche de '
la pierre philoso-
leurs dieux les ont fait naître en foule du phai^. 11mourut en 1723,
cadavre d'Imer, et leur ont infusé toutes les Duffo ou Duifus, roi d'Ecosse. Pendant une
sciences et tous les arts. Les Norvégiens attri- maladie de ce prince, on arrêta plusieurs sor-
buent la forme régulière et le poli des pierres ciers de son royaume qui rôtissaient, auprès
cristallisées aux travaux de ces petits habitants d'un petit feu, une image faite à la ressem-
de la montagne dont l'écho n'est autre chose blance du roi,- sortilège qui, selon leurs confes-
que leur voix. Cette personnification poétique a sions, causait le-mal du .monarque. En effet,,
donné naissance à un mètre particulier en Is- après leur arrestation , la santé de Duffus se ré-
lande ,. appelé le galtïralag, ou le lai diabolique, tablit1/
Dulot (Jacques), magicien. Voy, MARIGNY. d'oeuvre où son pinceau , son crayon et son bu-
Dumons (Antoine), sorcier du dix-septième rin- n'ont jamais,.pffensé en rien la religion ni les
siècle, accusé de .fournir.-,des chandelles
' au sab- moeurs. On raconte de lui une vision que nous
bat pour l'adoration du diable. *
rapporterons iciy .
Duncanius, abbé de Liebenthal, qui, au « Albert, le pieux artiste, rêvait quelque nou-
douzième siècle, lit: lin pacte avec le diable pour veau chef-d'oeuvre; il voulait se surpasser lui-
l'érection d'un immense édifice et crut jouer le même ; mais le génie de l'homme a ses limites
malin. Mais le diable lui avait laissé un livre de que jamais il ne peut franchir sans se perdre
conjurations au moyen duquel tout était pos- dans les abîmes du inonde intellectuel. Pendant
sible. L'abbé osa s'en servir; il fit des choses une belle nuit d'été, il avait commencé el re-
prodigieuses, entra dans les voies de l'orgueil, commencé l'esquisse des quatre évangélisles. Il
tomba dans les vices, el, au bout de quinze ans, voulait rétracer les Irails de ces hommes inspirés
devint la proie de Satan, qui l'emporta. Sa lé- qui furent trouvés dignes de devenir les histo-
gende a été écrite par Henry Zschokke. riens de l'Homme-Dieu. Mais rien de ce que sa
Dupleix (Scipion), conseiller. d'État et his- main produisait ne rendait à son gré les troils
toriographe de France, mort en 1661. Parmi ses qui se peignaient dans son âme. C'était à Nu-
ouvrages très-remarquables, on peut voir la remberg. La nuit était superbe, la lune éclairait
Cause de la veille et du sommeil, des songes, de la de sa magique lumière les églises de Saint-Sc-
vie cl de la mort. Paris, 1615, in-12; Lyon, bald et de Saint-Laurent. Des milliers d'étoiles
1620, in-8". brillaient à la voûte céleste au-dessus de cette
Durandal, épée merveilleuse cle Charîemagne. ville silencieuse et de ses rues désertes. « Dieu,
Celait, selon les romans de chevalerie, un ou- s'écria Albert, a permis à des hommes cle trans-
vrage des fées. former ici des débris de rochers en bâtiments
Durer (Albert), peintre illustre, né à Nu- magnifiques, pleins d'harmonie dans leur en-
remberg en 1Z|71, mort en 1528, avec la gloire 1 Leloyer, Histoire et discours des spectres, o\c-;
assez rare d'avoir laissé beaucoup de chefs- liv. IV, ch. xv, p. 3G9.
DUS 225 — EAU
semble et dans toutes leurs parties, élevant ma- sur ses traces échouèrent souvent, non parce
jestueusement leurs tours vers le ciel, et il ne que le talent leur manquait, mais parce qu'ils
me permettrait pas à moi de rendre sur la toile n'avaient pas sa foi naïve et forte. Le ciel et ses
et en son honneur les portraits de ses saints en- merveilles restèrent cachés pour eux, derrière
voyés , portraits que cependant je porte en mon les sombres nuages du monde matériel '. »
âme!» Albert. se sent ému; ses mains se re- Duses, démons de la nuit qui effrayent les
joignent pour prier ; et en ce moment l'église de Allemands par une sorte de cauchemar.
Saint-Sébald se colore de feu et de flamme ; des Duvernois. Voy. ROLANDE.
nuages bleus forment le fond sur lequel se des- Dysers, déesses des anciens Celtes, que l'on
sinent les figures imposantes des quatre évangé- supposait employées à conduire les âmes des
listes. « Oh ! voilà, dit-il, les traits que j'ai en vain héros au palais d'Odin, où ces âmes buvaient
cherchés, qui échappaient à mon arl débile! » de la bière dans des coupes faites des crânes de
11court à sa toile abandonnée, il saisit ses pin- leurs ennemis.
ceaux et bientôt l'esquisse est terminée. Il ne Dythican, démon prince qui se montra au
sera pas difficile au grand artiste d'achever di- docteur Faust sous la forme d'une perdrix co-
gnement son oeuvre. lossale , avec le cou moucheté de vert.
» Durer croyait cl voyait. Voilà pourquoi il Dzivogeon, femmes étranges, du genre des
sut créer des chefs-d'oeuvre d'une si pure spiri- esprits élémentaires. Elles habitent plusieurs
tualité. Beaucoup de ceux qui voulurent marcher montagnes de la Russie.
Eatuas ou Atouas,dieux subalternes des Ola'i- bouillir, de peur d'en renverser quelques gouttes.
liens, enfants de leur divinité suprême, Taroa- Les cabalistes peuplent l'eau d'ondins et de
taihétoomoo, el du rocher Lépapa. Les Eatuas, nymphes. Voy. ces mots.
dit-on, engendrèrent le premier homme. Eau amére (Épreuve de 1'). Elle avait lieu
Ces dieux sont des deux sexes : les hommes ainsi chez les anciens Juifs : lorsqu'un homme
adorent les dieux mâles, et les femmes les dieux soupçonnait sa femme en mal, il demandait qu'elle
femelles. Ils ont des temples où les personnes se purgeât selon la loi. Le juge envoyait les par-
d'unsexe différent ne sont pas admises, quoiqu'ils ties à Jérusalem, au grand consistoire, composé
en aient aussi d'autres où les hommes et les de soixante vieillards. La femme était exhortée à
femmespeuvent entrer. bien regarder sa conscience, avant de se sou-
Le nom d'Ealua ou Aloua est aussi donné à mettre au hasard de boire les eaux amères. Si
des oiseaux, tels que le héron et le martin-pê- elle persistait à dire qu'elle étail nette de péché,
chetir. Les Olaïliens et les insulaires leurs voi- on la menait à la porte du Saint des saints, et on
sins honorent ces oiseaux d'une attention parti- la promenait afin de la fatiguer et de lui laisser
culière; ils ne les tuent point et ne leur font le loisir de songer en elle-même. On lui donnait
aucun mal ; mais ils ne leur rendent pourtant alors un vêlement noir. Un prêtre élait chargé
aucune espèce de culte, et paraissent n'avoir à d'écrire son nom et toutes les paroles qu'elle avait
leur égard que des idées superstitieuses relatives dites; puis se faisant apporter un pot de terre,
à la bonne ou mauvaise fortune ; ainsi le peuple il versait dedans avec une coquille la valeur d'un
à demi dégrossi en a chez nous sur le rouge- grand verre d'eau ; il prenait de la poudre du ta-
gorge, sur l'hirondelle et sur quelques autres bernacle, avec du jus d'herbes amères, raclait le
oiseaux. nom écrit sur le parchemin et le donnait à boire
Les Otaïliens croient que le grand Eatua lui- à la femme, qui, si elle était coupable, aussitôt
même est soumis en certains cas aux génies in- blêmissait ; les yeux lui tournaient et elle ne tar-
férieurs à qui il a donné l'existence, qu'ils le dé- dait pas à mourir 2; mais il ne lui arrivait rien
vorent souvent, mais qu'il a toujours le pouvoir si elle était innocente.
de se recréer. Eau ardente, renommée chez les sorciers
Eau. Presque tous les anciens peuples ont fait d'autrefois. Elle prenait feu au contact d'une al-
une divinité de cel élément, qui, suivant certains lumette enflammée : ce que fait l'eau-de-vie à
philosophes, était le principe de toutes choses. Les présent.
Guébresle respectent; un de leurs livres sacrés Eau bénite. C'est une coutume aussi ancienne
'eu-rdéfend
d'employer l'eau la nuit el de jamais i Nouvelle revue de Bruxelles. Février 4844.
emplir tout à fait un vase d'eau pour la faire 2 Lelover, Histoire des spectres, liv. IV, ch. xxi.
15
EAU 226 — EAU
que l'Église et de tradition apostolique *, de bénir dent tiré du foyer des sacrifices. Quand il y avait
par des prières, des éxorcismes et des cérémo- un mort dans une maison, on mettait à la porte
nies, l'eau dont on fait des aspersions sur les fi- un grand vase rempli d'eau lustrale, apportée de
dèles et sur les choses qui sont à leur usage. Par quelque maison où il n'y avait point de mort,
cette bénédiction, l'Église demande à Dieu de Tous ceux qui venaient à la maison en deuil s'as-
purifier du péché ceux qui s'en serviront, d'é- pergeaient de celte eau en sortant. —Les druides
carter d'eux les embûches de l'ennemi du salut employaient l'eau lustrale à chasser les maléfices.
et les fléaux de ce monde 2. Dans les constitutions Eau verte. On lit dans Delancre que les sor-
apostoliques, l'eau bénite est appelée un moyen ciers composaient de son temps une eau verte,
d'expier le péché et de mettre en fuite le démon. dont le contact donnait la mort. Voy. POISONS,
On se sert aussi au sabbat d'une eau particu- Ébérard, archevêque de Trêves, mort en
lière, que l'on ose appeler eau bénite. Le sorcier 1067. Ayant menacé les Juifs de les chasser de
qui fait les fonctions sacrilèges qu'on appelle la sa ville, si dans un certain temps qu'il leur ac-
messe du sabbat est chargé d'en asperger les corda pour se faire instruire, ils n'embrassaient
assistants !. pas le christianisme, ces misérables, qui se di-
Eau bouillante (Épreuve de 1'). On l'em- saient réduits au désespoir, subornèrent un
ployait autrefois pour découvrir la vérité dans les sorcier qui, pour de l'argent, leur baptisa du nom
tortures qu'on appelait témérairement jugements de l'évêque une image de cire, à laquelle ils at-
de Dieu. L'accusé plongeait la main"dans un vase tachèrent des mèches et des bougies ; ils les al-
plein d'eau bouillante, pour y prendre un anneau lumèrent le samedi saint, comme le prélat allait
suspendu plus ou moins profondément. Ensuite donner le baptême. Pendant qu'il était occupé à
on enveloppait la main du patient avec un linge celte sainte fonction, la slatue étant à moitié
sur lequel le juge et la partie adverse apposaient consumée, Ébérard se sentit extrêmement mal;
leurs sceaux. Au bout de trois jours on les levait; on le conduisit dans la sacristie, où (dit la chro-
s'il ne paraissait point de marque de brûlure, nique) il expira bientôt après '.
l'accusé était renvoyé absous. Éblis, nom que les mahométans donnent au
Eau d'ange. Pour faire de bonne eau d'ange, diable. Ils disent qu'au moment de la naissance
ayez un grand alambic dans lequel vous mêliez de leur prophète, le trône d'Éblis fut précipité
les drogues suivantes : benjoin, quatre onces; au fond de l'enfer et que les idoles des gentils
styrax, deux onces ; sandal citrin, une once ; furent renversées.
clous de girofle, deux drachmes; deux ou trois Ébroin. On lit ceci dans le B. Jacques de Va-
morceaux d'iris de Florence ; la moitié d'une rasc (legenda exiv) : — Une petite troupe de
écorce de citron ; deux noix muscades ; cannelle, pieux cénobites regagnait de nuit le monastère.
demi-once; deux pintes de bonne eau de roche; Ils arrivèrent au bord d'un grand fleuve et s'ar-
chopine d'eau de fleurs d'orange; chopine d'eau
de mélilot; vous mettez le tout dans un alambic
bien scellé et vous distillez au bain-marie. Celte
distillation sera une eau d'ange exquise 4, ainsi
nommée parce que la recelte en fut enseignée
par un ange... Elle guérit beaucoup de maladies,
disent ses preneurs.
Eau froide (Épreuve de 1'). Elle élait fort en
usage au neuvième siècle et s'étendait non-seu-
lement aux sorciers et aux hérétiques, mais encore
à tout accusé dont le crime n'était pas évident. Le
coupable ou prétendu tel élait jeté, la main droite
liée au pied gauche, et la main gauche liée au
pied droit, dans un bassin ou dans une grande
cuve pleine d'eau, sur laquelle on priait pour
qu'elle ne pût supporter un criminel : de façon
que celui qui n'enfonçait pas était déclaré in-
nocent.
Eau lustrale. Eau commune clans laquelle,
chez les peuples païens, on éteignait un tison ar- rêtèrent sur le gazon pour se reposer un instant.
Bientôt ils en tendirent plusieurs rameurs cpiides-
1 Le P. Lebrun, Explication des cérém., t. I, p. 76. cendaient le fleuve avec une grande impétuosité.
2 Bergier, Dictionnaire thèologiquc. L'un des moines leur demanda qui ils étaient:
3 Boguet, Discours des sorciers, ch. xxn, p. 141, «
Nous sommes des démons, répondirent les ra-
et Delancre, Tableau de l'inconstancedesdémons,etc.,
liv. IV, dise, m, p. 487. meurs, et nous emportons aux enfers l'âme d'E-
4 Secrets du Petit Albert, p. 162. 1 Histoire des archevêquesde Trêves, ch. LVII.
EBR 227 — ECL
broïn, maire du palais, qui tyrannisa la France sant le combla défaveurs et, lui donna le nom de
et qui abandonna le monastère de Saint-Gai pour fidèle que la tradition lui maintient. Mais les cour-
rentrer dans le monde. » tisans, jaloux de son influence, parvinrent à le
Ébron, démon honoré à Tournay, du temps faire tomber en disgrâce. Le duc cle Bourgogne
de Clovis. On ne voyait que sa tête, qui se re- le bannit et lui enleva ses deux fils, dont il n'eut
muait pour répondre à ses dévots. Il est cité plus de nouvelles qu'au bout de plusieurs an-
parmiles démons dans le roman de Godefroid de nées. Alors il apprit que l'ingrat prince avait fait
Bouillon, vieux poëme dont l'auteur était du périr ses deux fils, voulant anéantir sa race; et
Hainâut. cpi'il était lui-même en danger. Or il y avait dans
Écho. Presque tous les physiciens ont attribué un canton de. l'Hervétie, qui reconnaissait alors
laformation de l'écho à une réperçursion de son, l'autorité de ce duc, une montagne dite la Mon-
semblable à celle qu'éprouve Ja lumière quand tagne deFreya (la Vénus des Germains). Unmys*
elle tombe sur un corps poli. L'écho est donc térienx joueur de guitare en sortait de temps en
produit par le.moyen d'un ou de plusieurs ob- temps, et il tirait de sa guitare des sons d'une
staclesqui interceptent le.son et le font rebrousser magie si puissante qu'ils entraînaient les passants
en arrière. Il y a des échos simples et des échos dans une caverne dont on ne les voyait plus
composés. Dans les premiers, on entend une sortir. Le fidèle Eckart s'était retiré non loin de
simplerépétition du son, dans les autres on l'en- là et connaissait ce sortilège. Un jour le duc de
tend une, deux, trois, quatre fois et davantage. Bourgogne, égaré à la chasse où il avait perdu son
11en est qui répètent plusieurs mots de suite les cheval, se traînait épuisé dans le bois qui servait
unsaprès les autres ; cephénomènea lieu toutes cle refuge au fidèle Eckart. Le vieux serviteur eut
lesfois qu'on se trouve à une dislance de l'écho pitié de son prince malgré son crime; ille porta
tellequ'oïl ait le temps de prononcer plusieurs sur ses épaules à une cabane où il reçut des
motsavant que la répétition du premier soit par- soins ; là il fut reconnu par le duc, qui'lui rendit
venueà l'oreille. Dans la grande avenue du châ- ses bonnes grâces et le nomma tuteur de ses fils.
teaude Villebertain, à deux lieues de Troyes, on Il s'acquitta dignem.entde ses devoirs sans quitter
entendun écho qui répète deux.fois un vers de sa retraite; Un soir qu'il se^promenait avec eux,
douzesyllabes. Quelques échos ont acquis une le joueur de guitare,^parut-et les entraîna. Mais
sorte de célébrité. On cite celui de la vigne de Eckart élait avec;.eux-,-;-?41'i combattit et mit en
SiinoiieLta,qui répétait quarante fois le même fuite les mauvais génies qui voulaient s'emparer
mot.A Woodstock, en Angleterre, il y en avait des jeunes princes, les écarta déjà caverne de
un qui répétait le même son jusqu'à cinquante Freya, et craignant que ce danger se renouvelât
fois.A quelques lieues de Glascow, en Ecosse, pour eux, il se dévoua à rester devant l'entrée
il se trouve un écho encore plus singulier. Un du repaire infernal pour en repousser tous ceux
hommejoue un air de trompette de huit à dix qui y seraient attirés ; il y est encore, mais on ne
notes; l'écho les répète fidèlement, mais une le voit pas.
tierceplus bas et cela jusqu'à trois fois,.inter- Éclairs. On rendait autrefois une espèce de
rompuespar un petit silence. culte aux éclairs, en faisant du bruit avec la
Il y eut des gens assez simples pour chercher bouche ; et les Romains honoraient sous le nom
!' desoracle^ dans les échos. Les écrivains du der- de Papijsma une divinité champêtre, pour qu'elle
! niersiècle nous ont conservé quelques dialogues en préservât les biens de la terre. Les Grecs de
; demauvais goût sur ce sujet : — Un amant : Dis- l'Orient les redoutent beaucoup.
, moi,cruel amour, mon bonheur est-il évanoui? Éclipses. C'était une opinion générale chez
L'écho: Oui. — L'amant : Tu ne parles pas ainsi les païens que les éclipses de lune procédaient
; quandlu séduis nos coeurs, et que tes promesses de la vertu magique de certaines paroles par les-
; les entraînent dans de funestes engagements. quelles on arrachait la lune du ciel, et on l'atti-
- L'écho: Je mens. — L'amant : Par pitié, ne ris rait vers la terre pour la contraindre à jeter sur
s Pasde ma peine. Réponds-moi, me reste-t-il les herbes une écume qui les rendait plus propres
; quelqueespoir ou non ? L'écho : Non. — L'amant : aux sortilèges des enchanteurs. Pour délivrer la
; Elibien, c'en est fait, tu veux ma mort, j'y cours. lune de son tourment et pour éluder la force du
\ L'éclw: Cours. — L'amant : La contrée, instruite charme, on empêchait qu'elle n'en entendît les
detes rigueurs, ne sera
plus assez insensée pour paroles en faisant un bruit horrible.
; direde toi un mot d'éloges. L'écho : Déloge. Une éclipse annonçait ordinairement de grands
Les anciens Écossais croyaient que l'écho était malheurs, et on voit souvent dans l'antiquité des
,Juesprit qui se
plaisait à répéter les sons. Les armées refuser de se battre à cause d'une éclipse.
; Païensen avaient fait une nymphe. Voy. LAVISARI. Au Pérou, quand le soleil s'éclipsait, les gens du
, Eckart (Le fidèle). Ce héros d'une tradition pays disaient qu'il élait fâché contre eux et se
; allemandevivait à la cour d'un duc de Bourgogne croyaient menacés d'un grand malheur. Us avaient
i * lu première dynastie. Dans un combat il sauva encore plus de crainte dans l'éclipsé de lune. Ils
ce
; UUCen exposant sa vie. Le prince reconnais- la croyaient malade lorsqu'elle paraissait noire ;
15.
ÉCL — 228 — ÉCR
ils comptaient qu'elle mourrait infailliblement Dans les Indes on est persuadé, quand le soleil
si elle achevait de s'obscurcir ; qu'alors elle loin-01 la lune s'éclipse, qu'un certain démon aux
ou
berait du ciel, qu'ils périraient tous et que la fin g
griffes noires les élend sur l'astre dont il veut se
du monde arriverait. Ils en avaient une telle s;
saisir ; pendant ce temps on voit les rivières cou-
frayeur, qu'aussitôt qu'elle commençait à s'é- v
vertes de têtes d'Indiens qui croient soulager
clipser ils faisaient un bruit terrible avec des 1'
l'astre menacé en se tenant dans l'eau jusqu'au
trompettes, des cornets et des tambours ; ils ccou, et jetant sans relâche avec leurs mains de
fouettaient des chiens pour les faire aboyer, dans 1'
l'eau au nez du soleil ou de la lune. Les Lapons
l'espoir que la lune, qui avait de l'affection pour si
sont convaincus aussi que les éclipses de lune
ces animaux, aurait pitié de leurs cris et s'éveil- s
sont l'ouvrage des démons. Les Chinois préten-
lerait de l'assoupissement que sa maladie lui eau- d
daient, avant l'arrivée des missionnaires jésuites,
sait. En même temps, les hommes, les femmes q les éclairèrent, que les éclipses étaient occa-
qui
et les enfants la suppliaient, les larmes aux yeux s
sionnées par un mauvais génie, lequel cachait le
et avec de grands cris, de ne point se laisser s
soleil cle sa.main droite et la lune de sa main
mourir, de peur que sa mort ne fût cause de leur g
gauche. Cependant cette opinion n'était pas gé-
perte universelle. Tout ce bruit ne cessait que rnérale, puisque quelques-uns d'entre eux disaient
quand la lune reparaissant ramenait le calme cqu'il y avait au milieu du soleil un grand trou, et
dans les esprits épouvantés. cque, quand la lune se rencontrait vis-à-vis, elle
devait naturellement être privée clelumière. Dieu,
disent les Persans, tient le soleil enfermé dans
un tuyau qui s'ouvre et se ferme au bout par un
volet. Ce bel oeil du monde éclaire l'universel
l'échauffé par ce trou; et quand Dieu veut punir
les hommes par la privation de la lumière, ilen-
voie l'ange Gabriel fermer le volet, ce qui produit
les éclipses. Mais Dieu est si bon qu'il n'est ja-
mais fâché longtemps.
Les Mandingues, nègres mahométans de l'in-
térieur de l'Afrique, attribuent les éclipses de
lune à un chat gigantesque qui met sa patte entre
la lune et la terre ; et pendant lotit le temps que
dure l'éclipsé, ils ne cessent de chanter et de
danser en l'honneur de Mahomet. Les Mexicains
effrayés jeûnaient pendant les éclipses. Les fem-
mes se maltraitaient, et les filles se liraient du
sang des bras. Ils s'imaginaient que la lune avait
Les Talapoins prétendent que quand la lune été blessée par le soleil pour quelque querelle
-
s'éclipse, c'est un dragon qui la dévore; et que de ménage.
quand elle reparaît, c'est le dragon qui rend son On racontait des habitants de l'Arcadie qu'ils
dîner. Dans les vieilles mythologies germaniques, étaient tellement ignorants qu'au moment d'une
deux loups poursuivaient sans cesse le soleil et éclipse ils évenlrèrent un âne qu'ils accusaient
la lune; les éclipses étaient des luîtes contre ces d'avoir mangé la lune, parce que l'image de la
monstres. Les Européens, crédules aussi, regar- lune avait disparu dans l'eau où l'âne buvaità
daient autrefois les éclipses comme des signes l'instant où l'éclipsé avait eu lieu.
fâcheux ; une éclipse de soleil qui eut lieu le Écregores, pères des géants, suivant un livre
13 août 166/i fut annoncée comme l'avant-coureur apocryphe d'Enoch. Les anges qu'il nomme ainsi
d'un déluge semblable à celui qui élait arrivé du s'assemblèrent sur le mont Hémon, du temps du
temps de Noé ou plutôt d'un déluge de feu qui patriarche Jared, et s'engagèrent par des ana-
devait amener la fin du monde. Celle prédiction llièmes à ne se point séparer qu'ils n'eussent en-
épouvanta tellemenl les masses qu'un curé de levé les filles des hommes.
campagne (c'est un petit conte que nous rappor- Écriture. Art de juger les hommes par l'àri-
de-
tons) ne pouvant suffire à confesser tous ses turc, d'après Lavaler. Tous les mouvements
paroissiens, qui craignaient de mourir dans cette • noire corps reçoivent leurs modifications du tem-
circonstance, et sachant que tout ce qu'il pour- pérament et du caractère. Le mouvement du sage
rait leur dire de raisonnable à cet égard ne pré- n'est pas celui de l'idiot, le port el la démarche
vaudrait pas contre les prédictions fâcheuses, fut- diffèrent sensiblement du colérique au flegme"
contraint de leur annoncer au prône qu'ils ne se' que, du sanguin au mélancolique.
pressassent pas tant, el que iéclipse avait été' De tous les mouvements du corps, il n'en est
remisé à quinzaine *. point d'aussi variés que ceux de la main etdf» et
1 Logall., Caleni. véritable, p. 4G. doigts, et cle tous les mouvements de la main
ECR — 229 ECR
des doigts, les plus diversifiés sont ceux que nous ront distinguer. Si l'on est obligé d'admettre une
faisons en écrivant. Le moindre mot jeté sur le expression caractéristique pour les ouvrages de
papier, combien de points, combien de courbes peinture , pourquoi voudrait-on qu'elle disparût
ne renferme-l-il point!... 11 est évident encore, entièrement dans les dessins et dans les figures
poursuit Lavaler, que chaque tableau, que chaque que nous traçons sur le papier? Chacun de nous
figure détachée, et- aux yeux de l'observateur et a son écriture propre, individuelle et inimitable,
du connaisseur, chaque trait conservent et rap- ou qui du moins ne saurait être contrefaite que
— Que cent peintres,
pellent l'idée du peintre. très-difficilement et très-imparfaitement. Les ex-
que tous les écoliers d'un même maître dessinent ceptions sont en trop petit nombre pour détruire
la même figure, que toutes ces copies ressem- la règle. Celle diversité incontestable des écri-
blent à l'original- de la manière la plus frappante, tures ne serait-elle point fondée sur la différence
ellesn'en auront pas moins chacune un caractère réelle du caractère moral ?
particulier, une teinte et une touche qui les fe- On objectera que le même homme, qui pour-
tant n'a qu'un seul et même caractère, peut di- autrement son écriture quand il traite une affaire
versifier son écriture. Mais cet homme, malgré désagréable, ou quand il s'entretient cordiale-
son égalité de caractère, agit ou du moins paraît ment avec son ami. Chaque nation, chaque pays,
agir souvent de mille manières différentes. De chaque ville a s,on écriture particulière, tout
même qu'un esprit doux se livre quelquefois à comme ils ont une physionomie et une forme qui
des emportements, de même aussi la plus belle leur sont propres '. Tous ceux qui ont un com-
mainse permet dans l'occasion une écriture né- merce de lettres un peu étendu pourront vérifier
gligée; mais alors encore celle-ci aura un ca- la justesse de celte remarque. L'observateur in-
ractère tout à fait différent du griffonnage.d'un telligent ira plus loin, el il jugera déjà du carac-
hommequi écrit toujours mal. On reconnaîtra la tère de son correspondant sur la seule adresse
belle main du premier jusque dans sa plus mau-
(j'entends l'écriture de l'adresse, carie style fournit
vaise écriture, tandis que l'écriture la plus soi- des indices plus positifs encore), à peu près
gnée du second se ressentira toujours de son comme le titre d'un livre nous fait connaître sou-
barbouillage. Cette diversité de l'écriture d'une vent la tournure d'esprit de l'auteur. Une belle
seule et même personne ne fait que confirmer écriture suppose nécessairement une certaine jus-
la thèse; il résulte de
là.que la disposition d'es- tesse d'esprit, et en particulier l'amour de l'ordre.
Prit où nous nous Irouvons influe sur noire écri- 1 Quand Lavaler écrivait, on n'avait pas encore
ture. Avec la même encre, avec la même plume
et sur le même introduit l'écriture mécanique, dite écriture anglaise
papier, l'homme façonnera tout ou américaine.
ÉCR 230 — EDR
Pour écrire avec une belle main, il faut avoir du isonne. On attribua aussi aux rois de France le
moins une veine d'énergie, d'industrie, de pré- don < d'enlever les écrouelles par l'imposition
cision et de goût, chaque effet supposant une des < mains, accompagnée du signe de la croix.
cause qui lui est analogue. Mais ces gens dont Louis .' XIII en 1639 toucha à Fontainebleau douze
l'écriture est si belle et si élégante, la peindraient cents
i scrofuleux, et les mémoires du temps at-
peut-être encore mieux, si leur esprit élaitplus cul- testent que plusieurs furent guéris. On fait re-
tivé et plus orné. On distingue dans l'écriture la monter: celle prérogative jusqu'à Clovis. Voy.LAS-
substance et le corps des lettres, leur forme etleur .CIKET,CRACHAT,GRÉATRAKES, etc.
arrondissement, leur hauteur et leur longueur, Écume. On a remarqué que beaucoup de pos-
leur position, leur liaison, l'intervalle qui les sé- sédés écument de la bouche comme-les chiens
pare, l'intervalle qui est entre les lignes, la net- enragés. Une jeune fille que l'on amena à saint
teté de l'écriture, sa légèreté où sa pesanteur. Vincent Ferrier, rendait par la bouche et parle
Si tout cela se trouve dans une parfaite harmonie, nez une écume qui prenait successivement plu-
il n'est nullement difficile de découvrir quelque sieurs nuances '.
chose d'assez précis dans le caractère fondamental Ecureuils. Les chasseurs des monts Ourals
de l'écrivain. ont pour la chasse de l'écureil une superstitieuse
Une écriture de travers annonce un esprit faux, idée qu'on ne peut déraciner. Ils ne cherchent
dissimulé, inégal. Il y a la plupart du temps une dans toute la journée les écureuils qu'au haut des :
analogie admirable entre le langage, la démarche sapins rouges, si le premier tué le matin s'est
et l'écriture. Des lettres inégales, mal jointes, trouvé'Sur un arbre de celte espèce; et ils sont
mal séparées, mal alignées, et jetées en quelque fermement convaincus qu'ils en chercheraient en
sorte séparément sur le papier, dénotent un na^ vain ailleurs. Si c'est au contraire sur un sapin
turel flegmatique, lent, peu ami de l'ordre el sylvestris qu'ils ont aperçu leur premier écureuil,
de la propreté. Une écriture plus liée, plus sui- ils ne porteront leurs regards que sur cette sorte
vie, plus énergique et plus ferme accuse pluà de d'arbres pendant tout le jour de la chasse.
vie, plus de chaleur, plus de goût. Il y-a-des' • Edda, livre des origines Scandinaves. Il est
écritures qui signalent la lenteur d'un homme plein de rudes merveilles.
lourd et d'un esprit pesant. Unë; écriture bien Edeline ou Adeline (Guillaume), docteur
formée, bien arrondie, promet de l'ordre, de la en théologie du quinzième siècle, prieur des
précision et du goût. Une écriture cxtrdordinai- Carmes de Saint-Germain en Laye. Il fut exposé
remeni soignée annonce plus de précision 1et de et admonesté publiquement à Évreux pour s'être
fermeté, mais peut-être inoins d'esprit. Une écri- donné au diable, afin de satisfaire ses passions
ture lâche dans quelques-unes de ses parties, mondaines. 11avoua, sans y être poussé par la
serrée dans quelques autres, puis longue, puis torture, qu'il s'était transporté au sabbat achevai
élroite, puis soignée, puis négligée, laisse entre- sur un balai *; que de sa bonne volonté il avait
voir un caractère léger, incertain et flottant. Une fait hommage à l'ennemi, qui élait là sous la forme
écriture lancée, des lettres jetées pour ainsi dire d'un mouton ; qu'il lui avait alors baisé brutale-
d'un seul trait, et qui dénolenl la vivacité de ment sous la queue son derrière en signe de ré-
l'écrivain, désignent un esprit ardent, du feu et vérence et d'hommage *. Ce sabbat n'était com-
des caprices. Une écriture un peu penchée sur posé que de Vaudois. Le jour du jugement étant
la droite et bien coulante annonce de l'activité arrivé, il fut conduit en place publique, ayant une
el de la pénétration. Une écriture bien liée, cou- mitre de papier sur la tête; l'inquisiteur l'en-
lante et presque perpendiculaire, promet de la gagea à se repentir et lut la sentence qui le con-
finesse et du goût. Une écriture originale et ha- domnait à la prison, au pain et à l'eau. « Lors
sardée d'une certaine façon, sans méthode, mais ledit maître Guillaume commença à gémir et à
belle et agréable, porte l'empreinte du génie, etc. condouloir de son méfait, criant merci à Dieu,à
Il est inutile d'observer combien, avec quelques l'évêque et à justice 4. » Quinzième siècle.
remarques judicieuses, ce système est plein de Êdris, nom que les musulmans donnent à
témérités et d'exagérations. Voy. MIMIQUE et PHY- Enoch ou Hénoch, sur lequel ils ont forgé,di-
SIOÇNOMONIE. verses traditions. Dans les guerres continuelles
Écrouelles. Delancre dit que ceux qui nais- que se faisaient les enfants de Selh et de Caïn,
sent légitimement septièmes mâles, sans mélanges Hénoch, disent-ils, fut le premier qui introduisit
de filles, ont le don inné de guérir les écrouelles
en les touchant. Les anciens rois d'Angleterre, 1 Gorres, Mystique, liv. VII, ch. xi, d'après la
suivant certains auteurs, avaient ce pouvoir 1, Demonomaniade Georges Seiler.
mais d'une autre source. Quand Jacques II fui 2 Edoctus scopam sumere, et inter femora equdis
reconduit de Rochester à While-Hall, on proposa instar potière, quo volebqt brevi momenio, etc. Ga-
de lui laisser faire quelque acte de royauté, comme[ guin, liv. X.
3 Monslrelet, Alain Chartier, à l'année 4433.
de toucher les écrouelles. Il ne se présenta per- i Monstrelet, cité par M. Garinet, Histoire de \»
1 Polydore Virgile. magie en France, p. 407.
EFF — 231 ELE
la coutume de faire des esclaves. Il avait reçu du coin, est élastique !. De telles raretés ont passé
ciel, avec le don de science et de sagesse, trente autrefois pour oeuvres de féerie.
volumesremplis des connaissances les plus ab- Éléazar, magicien, Juif de nation, qui atta-
straites; lui-même en composa beaucoup d'autres, chait au nez des possédés un anneau où élait en-
aussipeu connus que les premiers. Dieu l'envoya châssée une racine dont Salomon se servait, et
auxCaïnites pour les ramener dans la bonne voie. que l'on présume être la squille 2. A peine le
Maisceux-ci ayant refusé de l'écouter, il leur lit démon l'avait-il flairée qu'il jetait le possédé par
laguerre et réduisit leurs femmes et leurs enfants terre et l'abandonnait. Le magicien récitait en-
en esclavage. Les Orientaux lui attribuent l'in- suite des paroles que Salomon avait laissées par
ventionde la couture et de l'écriture ', de l'as- écrit; et, au nom de ce prince, il défendait au
tronomie, de l'arithmétique, et encore plus par- démon de revenir dans le. même corps; après
ticulièrement de la géomancie. On dit de plus quoi il remplissait une cruche d'eau et com-
qu'il fui la cause innocente de l'idolâtrie. Un de mandait audit démon de la renverser. L'esprit
ses amis, affligé de son enlèvement, forma cle malin obéissait; ce signe était la preuve qu'il
lui, par l'instigation du démon, une représenta- avait quille son gîle.
tionsi vivement exprimée, qu'il s'entretenait des Éléazar de G-arniza, auteur hébreu qui a
jours entiers avec elle, et lui rendait des hom- laissé divers ouvrages dont plusieurs ont été im-
magesparticuliers, qui peu à peu dégénérèrent primés et -d'autres sont restés manuscrits. On
en superstition. Voy. HÉNOCH. distingue de lui un Traité de l'âme, cité par Pic
Effrontés, hérétiques qui parurent dans la de la Mirandole dans son livre contre les astro-
première moitié du seizième siècle. Ils niaient le logues, et un Commentaire cabalistique sur le
Saint-Esprit, pratiquaient diverses superstitions, Pentaleuque.
rejetaient le baptême el le remplaçaient par une Éléments. Les éléments sont peuplés de sub-
cérémoniequi consistait à se racler le front avec stances spirituelles, selon les cabalistes. Le feu
un cloujusqu'à effusion de sang, puis à le panser est la demeure des salamandres ; l'air, celle des
avecde l'huile. C'est celle marque qui leur res- sylphes; les eaux, celle des ondins ou nymphes,
lailau front qui leur à fait donner leur nom et la terre, celle des gnomes. Il est certain que
i'effronlés. les éléments, l'air surtout, sont abondamment
Égérie, nymphe qui seconda Nuina Pompi- peuplés de démons et d'esprits, el que les puis-
lius dans son projet de civiliser les Romains. Les sances de l'air ne le laissent pas vide.
démonomanesen ont fait un démon succube, et Éléphant. On a dit des choses merveilleuses
lescabalistes un esprit élémentaire, une ondine de l'éléphant. On lit encore dans de vieux livres
selonles uns, une salamandre selon les autres, qu'il n'a pas de jointures, et que, par cette rai-
qui la disent fille de Yesta. Voy. ZOROASTRE el son , il est obligé de dormir debout, appuyé
NUMA. contre un arbre ou contre un mur; que s'il
Égipans, démons que les païeiis disaient ha- tombe , il ne peut se relever; Cette erreur a été
biter les bois et les montagnes, et qu'ils re- accréditée par Diodore de Sicile, par Slrabon et
présentaient comme de petits hommes velus, par d'autres écrivains. Pline conte aussi que
avecdes cornes el des pieds de chèvre. Les an- l'éléphant prend la fuite lorsqu'il entend un co-
ciens parlent de certains monstres de Libye, chon : et, en effet, on a vu en 1769 qu'un co-
auxquelson donnait le même nom ; ils avaient chon ayant été introduit dans la ménagerie de
un museau de chèvre avec une queue de pois- Versailles, son grognement causa une agilation
son: c'est ainsi qu'on représente le capricorne. si violente à un éléphant qui s'y trouvait qu'il
Ontrouve celle même figure dans plusieurs mo- eût rompu ses barreaux si l'on n'eût retiré aus-
numentségyptiens et romains. sitôt l'animal immonde. jElien assure qu'on a vu
Egithe, sorte d'épervier boiteux, dont une un éléphant qui avait écrit des sentences entières
idéebizarre avait répandu l'opinion chez les an- avec sa trompe, et même qui avait parlé. Chris-
ciens que sa rencontre élait du plus heureux tophe Acosla assure la même chose 8. Dion Cas-
présagepour les nouveaux mariés. sius prête à cet animal des senlimenLs religieux.
Eglise (Y) et les Sorciers. Les pauvres Le malin, dit-il, il salue le soleil de sa trompe;
êtres accusés de sorcellerie n'ont jamais été le soir il s'agenouille; et quand la nouvelle lune
traités par l'Église avec les cruautés des juges paraît sur l'horizon, il rassemble des fleurs pour
laïques. Voy. l'article SORCIERS,à la fin. lui en composer un bouquet. On sait que les élé-
Elaïs, une des filles d'Anios, d'Élée, magi- phants ont beaucoup de goût pour la musique;
ciennequi changeait en huile tout ce qu'elle Lou- Arrien rapporte qu'il y en a eu un qui faisait
chait. danser ses camarades au son des cymbales. On
Elasticité. 11y a dès pierres élastiques et des
grès flexibles. Une poutre en marbre, qui fait 1 Monthly Magazine, oct. 18215,p. 224.
2 liod'm,'Démonomaiiie, liv. I, ch. m, p. 88.
l'étonnement des curieux à la cathédrale de Lin- 3 Thomas Brown, Essai sur les erreurs populai-
1
VoyezCadmus. res, liv. III, ch. i, p. 244.
ELE 232 ELE
vit à Rome des éléphants danser la pyrrhiqne Au Bengale l'éléphant blanc a les honneurs
et exécuter des sauts périlleux sur la corde... delà divinité; il ne mange jamais que dans la
Enfin, avant les fêles données par Germanicus, vaisselle de vermeil. Lorsqu'on le conduit à la
douze éléphants en Costume dramatique exé- promenade, dix personnes de distinction por-
cutèrent un ballet en action. On leur servit en- tent un dais sur sa tête. Sa marche est une es-
suite une collation ; ils prirent place avec dé- pèce de triomphe, et tous les instruments du
cence sur des lits qui leur avaient été préparés. pays l'accompagnent. Les mêmes cérémonies
Les éléphants mâles étaient revêtus de la loge; s'observent lorsqu'on le mène boire. Au sortir
les femelles de la lunique. Ils se comportèrent de la rivière, un seigneur de la cour lui lave les
avec toute l'urbanité de convives bien élevés, pieds dans un bassin d'argent..
choisirent les mets avec discernement et ne se Voici sur l'éléphant blanc des détails plus
firent pas moins remarquer par leur sobriété que étendus : « Un Européen', établi à Calcutta de-
par leur politesse'. puis deux ans, écrivait dernièrement au Séma-
phore de Marseille une leltre.dont le passage sui- l'entendant lui déclarer qu'il allait chercher un
vant rappelle une des plus étranges superstitions éléphant blanc, et qu'il était décidé à mourir
des peuples de l'Inde : s'il ne trouvait;pas l'animal sacré. Tungug-Poura
« Je vous envoie le récit que vientde me faire ne faisait pas sur M. Smithson l'effet d'un chas-
M. Smilhson, voyageur anglais, arrivé tout ré- seur bien habile : les éléphants blancs se trou-
cemment de Juthia, capitale du royaume de vent en très-petit nombre dans des retraites
Siam. M. Smithson m'abeaucoup amusé aux dé- d'eaux et de bois d'un accès difficile. Mais rien
pens de ces Siamois qui continuent toujours à ne put changer la résolution de Tungug, qui,
adorer leurs éléphants blancs. Depuis plusieurs serrant avec reconnaissance une petite somme
mois, la tristesse était à la cour et parmi tous d'argent dont son maître le gratifia, partit avec
les habitants de Juthia : un seul éléphant blanc un arc, des flèches et une mauvaise paire de
avait survécu à une espèce de contagion qui pistolets. — M. Smithson, que je vais laisser
s'était glissée dans les écuries sacrées. Le roi parler, me disait donc l'autre soir : « Cinq mois
fit publier à son de trompe qu'il donnerait dix après, je me réveillai au bruit de tous les tam-
esclaves, autant d'arpents de terre qu'un élé- bours de l'armée du roi; un tintamarre affreux
phant pourrait en parcourir dans un jour, et une remplissait la ville. Je m'habille et descends dans
de ses filles en mariage à l'heureux Siamois qui la rue, où des^hommes, des femmes, des en-
trouverait un autre éléphant blanc. — M. Smith- fants couraient en poussant des cris de joie. Je
son avait pris à son service, pour lui faire quel- m'informai de la cause de tous ces bruits; on
ques commissions dans la ville, un pauvre hère me répondit que l'éléphant blanc arrivait. Cu-
borgne, bossu, tout exténué de misère, qui rieux d'assister à la réception de ce grand et
s'appelle Tungug-Poura. Ce Tungug-Poura avait haut personnage, je me rendis à la porte de la
touché le coeur compatissant du voyageur an- ville que précède une place immense entourée
glais, qui l'avait fait laver, habiller, et le nour- d'arbres et de canaux; la foule la remplissait.
rissait dans sa cuisine. Tungug, malgré sa ché- Sous un vaste dais, des officiers richement vêtus
tive et slupide apparence, nourrissait une vaste attendaient le monarque, qui a bientôt paru avec
ambition clans sa chemise de toile, son unique tous ses ministres et ses esclaves. On agitail de-
vêlement ; il entendit la proclamation de l'em- vant lui un vaste éveillai! de plume. — L'élé-
nui'
pereur de Siam et vint, d'un air recueillisse phant sacré, arrivé la veille, avait passé la les
présenter à M. Smilhson, qui rit beaucoup en sous une tente magnifique dont j'apercevais
1 M. Salgues, Des erreurs, etc., t. III, p, 496. banderoles. Peu après les gongs, les tambours,
ÉLÉ — 233 ELF
les cymbales retentirent avec leurs sons aigres marais où il était couché, abattu par une fièvre
et perçants. J'étais assez commodément placé. à laquelle les animaux de cette espèce sont su-
Uncortège de talapoins commença à défiler ; ces jets; car leur couleur blanche est, comme on
prêtres avaient l'air.grave et s'avançaient lente- sait, le résultat d'une maladie. Tungug-Poura
ment. Une triple rangée de soldais entourait le s'approcha de l'éléphant, le nettoya, versa de
noble animal, qui avait un air maladif et mar- l'eau sur les plaies et les boutons du dos, el pro-
chait difficilement. — On cria à mes côtés : digua tellement ses soins et ses caresses à l'In-
Voilàcelui qui l'a pris. — Je regardai et vis un telligente bêle que celle-ci lécha Tungug de sa
•petithomme borgne et bossu'qui tenait un des trompe et se mit à le suivre avec la docilité d'un
nombreux rubans dorés passés au cou de l'élé- petit chien. Tungug est ainsi parvenu, favorisé
phant; cet homme était mon domestique, Tun- d'abord par un hasard presque inespéré, à s'em-
gug-Poura. Le voilà donc gendre du roi. Il vint parer d'un éléphant blanc. Le pauvre bossu a
mevoir un jour en palanquin et me parut fort maintenant des esclaves el possède la princesse
contentde sa nouvelle position. L'éléphant blanc dont le nom signifie en langue siamoise les yeux
qui a fait sa fortune se présenta à lui "à cin- de la nuit. »
quantejournées de marche de Juthia, dans un Éléphant-Dieu. Voy. KOSAKS.
I.nreine{lesElfes.
Elfdal, vallée des Elfes dans la Suède. Là on mer est loutc noire. Ce roi a une grande armée
faisaitsubir des épreuves aux enfants qu'on vou- à ses ordres ; ses soldais ne sont autre chose que
lait initier au sabbat. On les menaçait de les les grands chênes qui parsèment l'île. Le jour
jeter dans des fondrières s'ils refusaient de re- ils sont condamnés à vivre sous une écorce
noncerà Dieu. Dans les procédures qui eurent d'arbre; mais la nuit ils reprennent leur casque
lieucontre eux, plusieurs de ces enfants décla- et leur épée et se promènent fièrement au clair
rèrent que souvent un ange blanc s'en venait au de la lune. Dans les temps de guerre, le roi les
devant d'eux et leur défendait de faire ce que le assemble autour de lui. On les voit errer au-
démonleur demandait. dessus de la côte, et alors malheur à celui qui
Elfes, génies Scandinaves. On croit aux tenterait d'envahir le paysl ! La tradition des
hordsde la Baltique qu'il y a un roi des Elfes, bons et des mauvais anges est sensible dans les
lequel règne à la fois sur l'île de Slern, sur celle fictions de l'Edda. Snorro Sterlason nous ap-
de Moeet sur celle de Rugen. Il a un char attelé prend que les clfs de la lumière, dont Ben John-
de quatre étalons noirs. 11 s'en va d'une île à son a fait les esprits blancs de ses masques, sé-
l'autre en traversant les airs ; alors on distingue journent dans Alf-Heim (demeure des Elfs), le
très-bien le hennissement de ses chevaux, et la ' M. Marmier, Traditions de la Baltique.
ELF — 234 ELI
palais du ciel, tandis que les swart elfs, elfs de Elf-Roi, le roi des Elfes. Voy, NAIN-LAURIN.
la nuit, habitent les entrailles delà terre. Les Élie. Les musulmans et la plupart des Orien.
premiers ne seront pas sujets à la mort; car les taux font de ce grand prophète un puissant ma-
'
flammes de Surtur ne les consumeront pas, et gicien : ils l'appellent Khizzer.
leur dernière demeure sera Vid-Blain, le plus Élie de Worms, rabbin juif allemand, qui
haut ciel des bienheureux ; mais les swart elfs passait au treizième siècle pour un magicien très-
sont mortels et sujets à toutes les maladies, habile,
quels que soient d'ailleurs leurs attributs. —Les Éligor, démon, le même qu'Abigor. Voy,
Islandais modernes considèrent aussi le peuple ABIGOR.
elf comme formant une monarchie, ou du moins Élinas, roi -d'Albanie', père de Mélusine.
ils le font gouverner par un vice-roi absolu qui, Voy. MÉLUSINE.
tous les ans, se rend en Norvège avec une dé- Elingsor, Dans de poëme de Percival, c'est
putation de pticks (lutins), pour y renouveler un magicien qui descend de la famille de Virgile,
son serment d'hommage-lige au souverain sei- Il est né dans la Calabre ; il est initié à là magie
gneur qui réside dans la mère patrie. Il est évi- par des Juifs. 11bâtit sur une montagne.un palais
dent que les Islandais croient que les elfs sont, enchanté où l'on voit un lit qui fuit devant celui
comme eux, une colonie transplantée dans l'île '. qui veut y monter et qui- lui lance des flèches
Voy. DANSES DESESPRITS. s'il y parvient. C'est un vieux conte populaire
au où les Sarasins -occu-
Elfland, le pays, l'île, le royaume des fées qui remonte temps
et des Elfes. Les fées, et les Elfes, qui sont les paient la Sicile et une partie du pays de Naples.
fées du Nord, enlèvent quelquefois les enfants Élixir de vie. L'élixir de vie n'est autre
et les emportent dans l'Elfland pour le peupler. chose j selon le Trévisan, que la réduction delà
Quelques hommes faits y ont été transportés pierre philoSophale en eau mercurielle ; on l'ap-
aussi, lorsqu'ils s'étaient endormis sur quelque pelle aussi or potable. 11 guérit toutes sortes de
montagne hantée par les fées ou les Elfes. Voy. maladies et prolonge la vie bien au delà des
EftCKLDOUNE. bornes ordinaires. L'élixir parfait au rougi
change le cuivre, le plomb, le fer et tous les pée par tranches dans trois" chopines de vin
métaux en or plus pur que celui des mines. blanc, sur des cendres chaudes, agitant de
L'élixir parfait au blanc, qu'on appelle encore temps en temps; vous passerez ce vin dans un
huile de talc, change tous les métaux en argent linge sans l'exprimer ; mettez cette colature dans
très-fin. lesdi ts sucs avec le miel, faisant bouillir douce-
Voici la recette d'un autre élixir de vie. Pour ment le tout el cuire en consistance de sirop;
faire cet élixir, prenez huit livres de suc mer- vous le ferez rafraîchir dans, une terrine ver-
curiel; deux livres de suc de bourrache, liges nissée, ensuite le déposerez dans des bouteilles
et feuilles; douze livres de miel de Narbonne ou que vous conserverez en un lieu tempéré, pour
autre, le meilleur du pays; mettez le tout à vous en servir, en en prenant tous les malins
bouillir ensemble un bouillon pour l'écumer; une cuillerée. Ce sirop prolonge la vie, rétablit
passez-le par la chausse à hypocras et clarifiez- la santé contre toutes sortes cle maladies, même
le. Mettez à part infuser, pendant vingl-qualre la goutte, dissipe la chaleur des entrailles; et
heures, quatre onces de racine de gentiane cou- 1 Voyez sa légende dans les Légendesde l'Âneiw
1 Traditions populaires, dans la Quarterly Review. Testament,
ÉLO 235 ÉME
quand il ne resterait dans le corps qu'un petit cette hardiesse, condamna à mort le mandarin ,
morceau de poumon et que le reste serait gâté, qui lui dit d'un air tranquille : « Si Ce breuvage
il maintiendrait le bon et rétablirait le mauvais; donne l'immortalité, vous ferez de vains efforts
il guérit les douleurs d'estomac, la sciatique, les pour me faire mourir; et s'il ne la donne pas,
vertiges, la migraine et généralement les dou- auriez-vous l'injustice de me faire mourir pour
leursinternes, Ce secret a été donné par un pau- un si frivole larcin?» Ce discours calma l'empe-
vre paysan de Calabre à celui qui fut nommé reur, qui loua la sagesse et la prudence de son
par Charles-Quint pour général de cette armée ministre.
navale qu'il envoya en Barbarie, Le bonhomme Éloge de l'enfer, ouvrage critique, histo-
était âgé cle cent trente-deux ans, à ce qu'il as- rique et moral ; nouvelle édition ; la Haye, 1759,
sura à ce général, lequel élait allé loger chez 2 vol. in-12, fig. — C'est un livre satirique très-
lui, et, le voyant d'un si grand âge, s'était in- pesamment écrit, dans un esprit très-médiocre. '"
forméde sa manière de vivre et de celle de plu- Élossite, pierre qui a la vertu de guérir les
sieurs de ses voisins, qui étaient presque tous maux de Lêle. On ne sait pas trop où elle se
âgés comme lui *. trouve.
On conte qu'un médecin charlatan apporta Elpide, médecin qui vivait sous Théodoric,
un jour à l'empereur de la Chine Li-kon-pan roi des Ostrogoths. Sa maison était hantée par
un élixir merveilleux et l'exhorta à le boire, des lutins qui lui jetaient souvent des pierres.
en lui promettant que ce breuvage le rendrait Saint Césaire, d'Arles, étant venu à Ravenne,
immortel. Un ministre qui était présent, ayant purifia cette maison avec de l'eau bénite, et dès
tenté inutilement de désabuser le souverain, prit lors elle ne fut plus infestée.
la coupe et but la liqueur. Li-kon-pan, irrité de Elspeth-Rule, sorcière écossaise qui floris-
sait-en 1708. Elle était signalée comme faisant Embungala, prêtre idolâtre du Congo. Il
mourir ceux qui la priaient et guérissant ceux passe, chez les noirs de ces contrées, pour un si
qui la maltraitaient. grand sorcier, qu'il peut d'un coup de sifflet
Elxai ouElcesai, chef des elcésaïles, héré- faire venir devant lui qui bon lui semble, s'en
tiquedu deuxième siècle, qui faisait du Saint- servir comme d'un esclave et le vendre même
Espritune femme, et qui proposait une liturgie s'il le juge à propos.
dontles prières étaient des jurements absurdes. Émeraude. La superstition a longtemps at-
Emaguinquilliers, race de géants, serviteurs tribué à cette pierre des vertus miraculeuses,
d'Iamen, dieu cle la mort chez les Indiens. Ils telles entre autres que celle d'empêcher les
sont chargés de tourmenter les méchants dans symptômes du mal caduc, et de se briser lorsque
les enfers. ' la crise est trop violente pour qu'elle puisse la
Embarrer. Voy. LIGATURES. vaincre. La poudre de franche émeraude arrê-
1 Admirables tait, disait-on, la dyssenlerie et guérissait la
secrets du Petit Albert, p. 465. morsure des animaux vénéneux. Les peuples de
EMM — 236 ENC
la vallée de Manta, au Pérou, adoraient une veuve' et rompent les bras à ceux qui osent les
émeraude grosse comme un oeuf d'autruche et regarder en face. Le moyen de conjurer l'Empuse
lui offraient d'autres émeraudes. et de s'en faire obéir chez les anciens, c'était de
Emma, fille de Richard H, duc de Normandie. lui dire les plus grandes injures. Chacun a ses
Celle princesse épousa Elhelred, roi d'Angle- goûts.
terre, et en eut deux fils dont l'un régna après Vasco de Gama, cité par Leloyer ', rapporte
la mort de son père : c'est saint Edouard. Ce qu'il y a dans la ville de Galicul un temple con-
prince écoulait avec déférence les pieux avis de sacré à des démons qui sont des espèces d'Em-
sa mère; mais un ambitieux que l'histoire peint puses. Personne n'ose entrer dans ces temples,
sous d'assez laides couleurs, Godwin, comte de surtout le mercredi, qu'après-que le midi est
Kent, qui était son ministre, et qui voyait avec passé; car si on y .entrait à celle heure-là, on
peine son autorité partagée avec Emma, cher- mourrait à l'instant même.
• eha à perdre cette princesse ; il l'accusa de Énarque. 11revint de l'autre monde (oud'une
différents crimes, et il eut l'adresse cle faire syncope) après avoir passé plusieurs jours en
appuyer son accusation par plusieurs seigneurs, enfer, et raconta à Plu tarque lui-même tout ce
mécontents comme lui du pouvoir d'Emma. Le qui concernait Plulon, Minos, Éaque, les Par-
roi dépouilla sa mère de toutes ses richesses. La ques , etc. 2.
princesse eut recours à Alwin, évêque de Win- Encelade, géant de la mythologie grecque. Il
chester, son parent. Le comte de Kent, voulant avait cent bras et donnait de grandes inquiétudes
écarter un prolecteur aussi puissant, et ne re- à Jupiter. Minerve, qui n'avait que deux bras,
culant pas devant les moyens les plus infâmes, mais longs et solides, jeta sur le géant l'île delà
accusa la princesse .d'un commerce coupable Sicile; et il est retenu sous l'Etna, où il soupire
.avec ce prélat : celte odieuse accusation, ap- toujours. C'est là cette mythologie que Boileau
puyée impudemment par les ennemis de la prin- admirait.
cesse et du saint évêque, fit impression sur l'es- Encens. « En la région Sachalile, qui n'est
prit d'Edouard ; il eut la faiblesse de mettre sa autre que le royaume de 'fartas, l'encens qui s'y
mère en jugement ; elle fut condamnée à se recueillait se mettait à grands monceaux en cer-
purger par l'épreuve du feu. La coutume de ce taine place, non loin du port où les marchands
temps-là en Angleterre voulait que l'accusé pas- abordaient. Cet encens n'était gardé de personne,
sât nu-pieds sur neuf coulres de'charrue rougis parce que le lieu était assez gardé des démons;
au feu; et la condamnation portait qu'Emma et ceux qui abordaient près de la place n'eussent
ferait sur ces coulres neuf pas pour- elle-même osé, en cachette ni ouvertement, prendre un seul
et cinq pour l'évêque de Winchester. Elle em- grain d'encens et le mettre en leur navire sansla
ploya en prières la nuit qui précéda celte pé- licence et permission expresse du prince; autre-
rilleuse épreuve; puis raffermie, elle marcha ment leurs navires étaient retenus par la puissance
sur les neuf contres, au milieu de deux évêques, secrète des démons, gardiens de l'encens et ne
habillée comme une simple bourgeoise et les pouvaient se mouvoir ni partir du port !. »
jambes nues jusqu'aux genoux. Le feu ne lui 'fit Enchantements. On entend par enchante-
aucun mal; de sorte que son innocence fut re- ment l'art d'opérer des prodiges par des paroles
connue. chantées; mais on a beaucoup étendu le sens de
Émodès, l'un des démons qui possédaient Ma- ce mot.
deleine de la Palud. On voyait, au rapport de Léon l'Africain, tout
Emole, génie que les basilidiens invoquaient au haut des principales tours cle la citadelle cle
dans leurs cérémonies magiques. Maroc, trois pommes d'or d'un prix inestimable,
Empuse, démon de midi. Aristophane, clans si bien gardées par enchantement, que les rois
sa comédie des Grenouilles, le représente comme de Fez n'y ont jamais pu toucher, quelques ef-
un spectre horrible, qui prend diverses formes, forts qu'ils aient faits. Ces pommes d'or ne sont
de chien, de femme, de boeuf, de vipère , qui a plus.
le regard atroce, un pied d'âne et un pied d'ai- Marc Paul conte que les Tarlares, ayant pris
rain, une flamme autour de la tête, et qui ne huit insulaires de Zipangu, avec qui ils étaient en
ils
cherche qu'à faire du mal. Les paysans grecs et guerre, se disposaient à les décapiter; mais
russes ont conservé des idées populaires atta- n'en purent venir à bout, parce que ces insu-
chées à ce monstre ; ils tremblent au temps des laires portaient au bras droit, entre cuir et chair,
foins et des moissons à la seule pensée de l'Em- une petite pierre enchantée qui les rendait in-
puse, qui, dit-on, rompt bras el jambes aux fau- sensibles au tranchant du cimeterre : de sorte
cheurs et aux moissonneurs, s'ils ne se jettent la qu'il fallut les assommer pour les faire mourir.
face en terre lorsqu'ils l'aperçoivent. On dit même 1 Histoire des spectres, liv. III, ch. xiv.
en Russie que l'Empuse el les démons de midi, 2 M. Salgues: Des erreurs et des préjugés, t. L
qui sont soumis à cet horrible fantôme, parcou- p. 33.13.
rent quelquefois les rues à midi en habits de Leloyer, Dict. et hist. des spectres,-^. 415.
ENC — 237 — ENE
\/oy. PAROLESMAGIQUES, CHARMES,FASCINATION,le dôme. — Vous voyez, nous dit-il, tout ce que
TOUR ENCHANTÉE, etc. j'ai pu rassembler de piquant et de curieux en
On entend souvent par enchantement quelque mécaniques. — Cependant nous n'apercevions de
chose de merveilleux. Les arts ont aussi produit tous côtés que des tapisseries sur lesquelles étaient
des enchantements, mais naturels, et regardés représentées des machines utiles, telles que des
comme oeuvre de magie par ceux-là seuls qui horloges, des pompes, des pressoirs, des moulins
attribuent à la'magie tout ce qui est extraordi- à vent, des vis d'Archiinède, etc.
naire. —M. Van Estin, dit Decremps clans sa •— Toutes ces pièces ont apparemment beau-
Magieblanche dévoilée , nous fit voir son cabinet coup de valeur, dit en riant M. Hill; elles peu-
de machines. Nous entrâmes dans une salle bien vent récréer un instant la vue ; mais il paraît
éclairée par de grandes fenêtres pratiquées dans qu'elles ne produiront jamais de grands effets
par leurs mouvements. M. Van Estin répondit était un arbre. Plusieurs serpents rampaient au-
par un coup de sifflet. Aussitôt les quatre tapis- tour du tronc et allaient successivement se ca-
seriesse lèvent et disparaissent ; la salle s'agrandit cher dans les feuillages. Dans une cage voisine
elnos yeux éblouis voient ce que l'industrie hu- étaient deux serins qui chantaient en s'accompa-
mainea inventé de plus étonnant. D'un côté des gnanl, un homme qui jouait de la flûte, un autre
serpents qui rampent, des fleurs qui s'épanouis- qui dansait, un petit chasseur el un sauteur chi-
sent, des oiseaux qui chantent; de l'autre, des^ nois, tous artificiels el obéissant au commande-
cVgnesqui nagent, des canards qui mangent et ment. Voy. BRIOCHÉ,elc.
qui digèrent, des orgues jouant d'elles-mêmes, Enchiridion, Voy, LÉONIII.
°t-des automates
qui touchent du clavecin. Encre. Divination par la goutte d'encre. Voy.
M. Van Eslin donna un second coup de sifflet, HAUVJS.
el tous les mouvements furent Endor (Pylbonisse cl'). Voy. PVTIIONISSE.
suspendus.
Un instant après nous vîmes un canard nageant On appelle énergumènes ceux
el barbotant dans un Énergumène.
vase, au milieu duquel qui sont possédés du démon. 'Voy. POSSESSION.
ENF 238 ENG
Enfants. Croirait-on que des savants en dé- Les anciens et la plupart des modernes pla-
mence el des médecins sans clientèle ont re- cent les enfers au centre de la terre. Le docteur
cherché les moyens de s'assurer du sexe d'un Swinden, dans ses recherches sur le feu de l'enfer,
enfant qui n'était pas né, et qu'on a fait autour prétend que l'enfer est dans le soleil, parce que
de ce thème absurde des livres niais qui trou- le soleil est le feu perpétuel. Quelques-uns ont
vent de niais lecteurs? Voy. SEXE. ajouté que les damnés entretiennent ce feu dans
Enfants du diable. Voy. CAMBIONS. une activité continuelle, et que les taches qui
Enfants volés par les fées. On prétend dans paraissent dans le disque du soleil après les
le Nord que les fées enlèvent quelquefois les en- grandes catastrophes ne sont produites que par
fants qui leur plaisent et leur substituent cle petits l'encombrement.
monstres nés d'elles. Pour les forcer à rendre Il serait très-long de rapporter les sentiments
l'enfant qu'elles ont pris, on expose l'enfant sub- des différents peuples sur l'enfer '. Les Druses
stitué sur une pelle et on le tourmente cruelle- disent que tout ce qu'on mangera dans les enfers
ment.' En Danemark la mère chauffe le four et aura un goût de fiel et d'amertume, et que les
met l'enfant sur la pelle en menaçant de le lancer damnés porteront sur la tête, en signe d'une
dans la flamme, ou bien elle le fouette avec des éternelle réprobation , un bonnet de poil de co-
verges, elle le jette dans la.rivière. En Suède et chon d'un pied et demi de long.
en Irlande on l'expose à la porté: sur une pelle. Ce que nous savons positivement, c'est que
Quelquefois on lui fait boire uiië'potion de co- T enfer a été fait pour les démons et pour ceux
quilles cl'oeufs. Dans le Glossaire provincial de qui les suivent! . ^
Grose, on voil la mère d'ufi-éhfâhl volé casser Enflure. L'eiiflufè dit corps est un symptôme
une douzaine d'ceufs et placer* lès vingt-quatre de la possession.' Lin/mùine fut possédé au cou-
demi-coquilles devant l'enfànï'lsubslilué, qui s'é- vent de l'abbé; Bailhin, successeur de saint Co-
crie : ((J'avais sepl ans quand on me mit en nour- lomban, en Ecosse, ll.était tout enflé. L'abbé of-
rice, quatre ans se sont passés depuis, et je n'ai frit pour lui le saint sacrifice, le fit amener dans
jamais vu de petits pots aussi blancs. » Le chan- l'église et chassa le' démon. Au moment où le
gement d'un enfant esl toujours-fait avant le bap- démon sortit, l'enflure disparut tout à coup et la
tême. Le moyen de prévenir ce1,malheur est de peau parut collée sur lès os. Souvent l'enflure est
faire une croix sur la porte et sur'le berceau, de mobile et passe d'une partie du corps à une
mettre un morceau de fer auprès de l'enfant, de autre; affectant diverses formes 2.
laisser une lumière allumée-;En Thuringe on sus- ' Engagements du. sabbat. L'initié s'oblige par
' r'
pend au mur les culottes dup'ère \ d'horribles serments 'à faire tout le contraire de
En Ecosse on attribue le méhie crime de rapt ce que prescrit l'Église, à détruire toul ce qui esl
aux elfes, et quand un-enfant est sourd, inuêt;! sacré, à séduire au moins une fois par mois un
aveugle ou contrefait, ou lè'éroit substitue. chrétien pour l'attacher au démon, à lui amener
Les sorcières, ce que les'proc&dùres ont établi, des enfants, en un mot' à reculer devant tout ce
enlevaient aussi des enfants, ou pour les affilier qui est bien et à faire avec zèle tout ce qui esl
au diable ou pour les lui sacrifier.- Voy. ELFDAL.. réprouvé. Ces excès 'ont été avoués dans presque
'toutes les procédures;'
'Engastrimismèj'artdes ventriloques, On l'at-
tribuai t autrefois a la magie.
Engastrimithes ou Engastrimandres, de-
vins qui. faisaient entendre leurs réponses dans
leur ventre. Voy. VENTRILOQUE, CÉCILE,elc.
Engelbrecht (Jean ), visionnaire allemand,
mort en 16/|2. Il était protestant et d'un naturel
Enlanlsau sabbal. si mélancolique qu'il tenta souvent de s'ôter la
vie. Un soir, vers minuit, il lui sembla que son
Enfants dans la divination. Voy. UAIWIS. était transporté, et il arriva à la porte de
corps
Enfers, lieux inférieurs où les méchants su- l'enfer où régnait une obscurité profonde, et d'où
bissent après leur mort le châtiment dû à leurs s'exhalait une à laquelle il n'y a rienà
crimes. Nier qu'il y ait des peines et des récom- puanteur
comparer sur la terre. De là il fut conduit en pa-
penses après le trépas, c'est nier l'existence de radis. Quand il en eut goûté les délices, un ange
Dieu, puisqu'il ne peut être que nécessairement le sur la terre, et il raconta sa vision.Il
renvoya
juste. Mais les lahleaux que certains poêles et en eut d'autres; il entendit pendant quarante
d'aulres écrivains nous ont fails des enfers ont été nuits une
musique céleste si harmonieuse qu'il
souvent les fruits de l'imagina lion. On doit croire
ce que l'Église enseigne, sans s'égarer dans des dé- 1 Voyez les Légendesde l'autre monde, pour servir
tails que Dieu n'a pas jugé à propos de révéler. à l'histoire du paradis, du purgatoire et de l'enfer.
2 G<irros,Mystique, liv. VII, ch. XXII,extrait de;
* M. Dufau, Contesirlandais. Acta Sanctorum, 49 mai. S. Dunstan.
ENI 239 ENL
neput s'empêcher d'y joindre sa voix. Parcourant céleste, Brème, 1625, in-Z|°; cet écrit manque
ja basse Saxe, il prêchait, disait-il, comme il en dans lé recueil intitulé OEuvres, viswns et révé-
avaitreçu l'ordre d'en haut. Un jour qu'il racon- lations de Jean Engelbrccht, Amsterdam, 1680,
tait ses extases, il dit qu'il avait vu les âmes des in-/t°.
bienheureux voltiger autour de lui, sous la forme Énigme. On lit dans de vieilles histoires de
d'étincelles,et que voulant se mêler à leur danse, Naples que, sous le règne de Robert Guiscard, on
trouva une statue qui avait eu la tête dorée, et
sur laquelle était écrit : Aux calendes de mai,
quand le soleil se lèvera, j'aurai la tôle toute d'or.
Robert chercha longtemps à deviner le sens de
cette énigme ; mais ni lui ni les savants de son
royaume ne purent la résoudre. Un prisonnier de
guerre sarasin promit de l'interpréter si on lui
accordait la liberté sans rançon. Il avertit donc
le prince d'observer aux premiers jours de niai
l'ombre de la tête de la statue au lever du soleil,
et de faire bêcher la terre à l'endroit où tombe-
rait cette ombre. Robert suivit ce conseil et trouva
de grands trésors, qui lui servirent dans ses
guerres d'Italie. Il récompensa le Sarasin, non-
seulement en lui accordant la liberté, mais en lui
donnant de bonnes sommes.
11 y a beaucoup d'énigmes dans les divina-
tions. On peut voir le traité des énigmes du père
Méneslrier, de la compagnie de Jésus, intitulé
ilavait pris le soleil d'une main et la lune de la Philosophie des images énigmaliques, où il est
:l'autre.Ces absurdités ne l'empêchèrent pas de traité des énigmes, hiéroglyphes, oracles, pro-
(airedesprosélytes parmi les réformés. 31a laissé phéties, sorts, divinations, loteries, talismans,
idiversvolumes : 1° Véritable vue el histoire du songes, centuries de Nostradamus, et de la ba-
' ciel,Amsterdam, 1690 , in-i° : c'est le récit de
guette. Lyon, 169/|, in-12.
i sonexcursion en enfer et en paradis ; 2° Mandat Enlèvement. Nous ne parlons ici que de ceux
: clordredivin el céleste délivrés par la chancellerie qui ont été enlevés par le diable. Une Allemande
avaitcontracté l'habitude de jurer et de dire des beaucoup de livres qu'un certain comte de Mâcon,
roolsde corps de garde. Elle fut bientôt prise homme violent et impie, exerçait une espèce de
; pourmodèle par quelques femmes de son pays, tyrannie contre les ecclésiastiques et contre ce
01il fallut un qui leur appartenait, sans se mettre en peine de
exemple qui arrêtât le désordre.
Ita jour qu'elle cacher ni de colorer ses violences. Un jour qu'il
prononçait avec énergie ces pa-
rles qui sont tristes, surtout dans la bouche était assis dans son palais, bien accompagné, on
(l'une femme : 'Que le diallc m'emporte!... le y vit entrer un inconnu à cheval, qui s'avança
diablearriva en hussard et l'emporta 1. On lit en jusqu'auprès du comte, et lui dit : —Suivez-moi,
' j'ai à vous parler : — Le comte suit l'étranger,
Wierus, De proest. doem.,lib. II; Bodin. Démo-
: «manie,liv. III, ch. i. entraîné par un pouvoir surnaturel. Lorsqu'il ar-
ENN — 2W — EON
rive à la porte, il trouve un cheval préparé, le Ensorcelïement. Bien des gens se sont crus
monte et il est transporté dans les airs, criant ensorcelés, qui n'étaient que le jouet de quelque
d'une voix terrible à ceux qui étaient présents: hallucination. On lisait ce fait dans le Journal des
—A moi ! au secours !.-.. On le perdit de vue, et Débals du 5 mars 1841. — « 11y a trois jours,
on ne put douter que le diable ne l'eût em- M. Jacques Goquelin, demeurant rue du Marché
au troisième étage,
porté '. Dans la même ville, il y eut un bailli Saint-Jean, n° 21, à Paris, logé
qui fut aussi enlevé par le diable à l'heure de son rentrait chez lui vers onze heures du soir, la lèle
dîner et porté trois fois autour de Mâcon, à la échauffée par le vin. Arrivé sur le palier du
vue de tous les habitants, qui assurent ne l'avoir deuxième étage, il se croit dans son domicile; il
pas vu revenir s, Ce fait est raconté par un pro- se déshabille tranquillement, jette une à une ses
testant. Voy. AGRIPPA , CARLOSTAD , GABIÏIELLEbardes par une large fenêtre donnant sur la cour
• D'ESTRÉES,LUTHER,etc., etc. et que dans son ivresse il prend pour son alcôve;
Ennoïa, la suprême intelligence chez quel- puis il se l'ait un bonnet de nuit avec sa cravate,
ques disciples de Simon le Magicien. Voy. MÉ- et n'ayant plus que sa chemise sur le corps il se
NANDRE. lance lui-même par la fenêtre, croyant se jeter sur
Enoch. Voy. HÉNOCH. son lit... Ce ne fut que le lendemain vers six heures
Enrico, comte allemand qui reparut en fan- du matin que les autres habitants de la maison
tôme. Voy. ARMÉES PRODIGIEUSES. - s'aperçurent de ce malheureux événement, Le
Ënrôleurs de Satan. Ceux qui s'engagent au corps de l'infortuné Coquelin était étendu sans
diable s'obligent à lui amener des recrues; mouvement sur les dalles de la cour. Pourtant cet
comme il se fait au reste dans toute société se- homme, âgé seulement de vingt-sept ans et doué
crète. Voy. ENGAGEMENTS. d'une"grande force physique, n'était pas mort,
Ensalmadores. Voy. SALUDADORES. quoique son corps fût horriblement mutilé. Trans-
Ensoph, dieu suprême de la cabale juive. Il porté chez lui, il vécut deux jours encore; mais
est caché dans les plus profonds abîmes de l'être. son état était désespéré, et il expira après soixante
11est tout, et pourtant il n'est rien de ce qui est. heures des plus cruelles souffrances. » — Dans
C'est lui qui a tout créé par Menra, qui est son d'autres temps ou dans d'autres pays, on eût vu
verbe. Et Menra a produit les trois grands séphi- là un ensorcellement. Voy. toutefois SORTILÈGES
roths-, de ces trois sont sortis les séphiroths in- PAROLES,BERGERS,etc., etc.
férieurs. Ensoph s'est manifesté dans les dix Enterrés vivants. Voy. VAMPIRE, à la fin.
sphères qui composent l'univers; ses émanations Enthousiastes. On a donné ce nom à certains
s'étendent sur'les quatre mondes, depuis les es- sectaires qui, étant agités du démon, se croyaient
prits les plus hauts jusqu'à la matière la plus in- inspirés.
fime. Dans ces émanations se trouvent diverses Emis. Voy. GUNEM.
séries d'esprits ou démons que l'on rencontre Envie (L'), péché capital qui réjouit le dé-
partout ; des esprits particuliers sont chargés de mon, parce qu'il offense Dieu.
surveiller les soixante-dix peuples. De ces esprits, Envoûtement. Les sorciers font, dit-on, la
les uns sont des esprits de lumière qui ont pour figure en cire de leurs ennemis, la piquent, la
chef suprême Jézer-Job; les autres sont des.es- tourmentent, la fondent devant le feu, afin que
prits de ténèbres qui obéissent à Jézer-IIara. Trois les originaux vivants et animés ressentent les
intelligences supérieures, Métra ton, Sandalpbon mêmes douleurs. C'est ce que l'on appelle cn-
et Acatries, président les phalanges des bons es- voiUer, du nom de la figure, vols ou voult. Voy.
prits, qui se partagent en dix choeurs et ont pour VOLS.
séjours les trois cieux et les sept planètes. Le Éon de l'Étoile. Dans le douzième siècle, no
chef des esprits mauvais est Samaël ou Satan, certain Éon de l'Étoile, gentilhomme breton,
qui a pour lieutenants Àsmodée et Bédargon, et abusant de la manière dont on prononçait ces pa-
pour ministres les Schédim, les Sayrim, les Ma- roles : Ter eum qui venturus est (on prononçait
lache-Chabbalah. Ces mauvais esprits ou démons per Eon)-, prélendit qu'il était le fils de Dieuqui
ont domicile dans les sept régions de l'enfer. Les doit venir juger les vivants et les morts, se donna
esprits de la nature (sans doute les fées, les elfes, pour tel, eut des adhérents qu'on appela Éoniens,
les follets et toutes les espèces de ce genre), sont et qui se mirent, comme tous les novateurs, a
dispersés entre les bons et les mauvais esprits piller les églises et les monastères.
des séjours invisibles. Ils pullulent dans notre Éons. Selon les gnostiques, les Éons sontles
atmosphère et se montrent à l'occasion *. êtres vivants et intelligents que nous appelons
des esprits. Les Grecs les nommaient démons;
1 C'est l'histoire du comte Guillaume III, qu'on ce mot a le même sens. Ces Éons prétendu5
peut voir, détaillée, dans les Légendesinfernales. étaient ou des attributs de ^
- Jean de Chassanion, huguenot, Des grands et re- Dieirpersonniliés,
5
doutables jugements de Dieu, advenus au monde, toire, doctrine et noms de toutes les sectes ji»vc
p. 3116. qui ont existé autrefois et existent encore aujour-
Gorres, Mystique, liv. V, cli. 11.Tiré de l'his- d'hui , par Béer,
EPA — 2Z|1 EPI
dosmots hébreux tirés de l'Écriture, ou des mots mands prirent à la conquête de l'Angleterre par
barbares forgés à discrétion. Ainsi de Pléroma, les Normands, dit que les Flamands qui vinrent
la plénitude ou la divinité, sortaient Sophia, la en Angleterre connaissaient l'avenir et le passé
sagesse; Nous, l'intelligence; Sigé, le silence; par l'inspection de l'épaule droite d'un mouton,
Logos, le verbe; Achamolh, la prudence, etc. dépouillée de la viande non rôtie, mais cuite à
.L'unde ces Éons avait formé le monde, l'autre l'eau : « Par un art admirable et vraiment pro-
avait gouverné les Juifs et fabriqué leur loi, un phétique, ajoute le même écrivain, ils savent les
troisième était venu parmi les hommes sous le choses qui clans le moment même se passent loin
nom de Fils de Dieu ou de Jésus-Christ. 11n'en d'eux; ils annoncent avec la plus grande certi-
coulait rien pour les multiplier ; les uns étaient tude, d'après certains signes, la guerre et la
mâles et les autres femelles, et de leurs ma- paix, les massacres et les incendies, la maladie et
riages il était sorti une nombreuse famille. Les la mort du roi. C'est à tel point qu'ils prévirent un
Éonsétaient issus de Dieu par émanation et par an auparavant le bouleversement de l'État après
nécessité de nature. Les inventeurs de ces la mort de Henri Ier, vendirent tons leurs biens
rêveries disaient encore que l'homme a deux et échappèrent à la ruine en quittant le royaume
âmes, l'une sensitive qu'il a reçue des Éons, et avec leurs richesses. » — Pourtant on voit dans
l'autre intelligente et raisonnable que Dieu lui a les historiens du temps que ce fait avancé par
donnée pour réparer les bévues des Éons mal- Giraud n'est pas exact, et qu'il arriva au con-
adroits '. traire à ces Flamands beaucoup de choses qu'ils
Épaule de mouton. Giraud, cité par M. Gau- n'avaient pas prévues.
Irel, dans son mémoire" sur la part que les Fla- Éphialtes ou Hyphialtes,Éphélès,nom grec
du cauchemar. Les Éoliens donnaient ce nom à c'est que l'on a mal pris sa doctrine; en effet,
une sorte de démons incubes qui étouffent 2. il ne faisait pas consister la félicité dans les
Épicure. « Qui pourrait ne pas déplorer le plaisirs du corps, mais dans ceux de l'âme, et
sort d'Épicure, qui a le malheur de passer pour dans la tranquillité que selon lui on ne peut ob-
avoir attaché le souverain bien aux plaisirs des tenir que de la sagesse et de la vertu '. » Voilà
sens, et dont à cette occasion on a flétri la mé- ce que disent quelques critiques combattus par
moire? Si l'on fait réflexion qu'il a vécu soixante- d'autres.
dix ans, qu'il a composé plus d'ouvrages qu'aucun Épidémies démoniaques. Voy. BOUIUGNON,
des autres philosophes, qu'il se contentait de ORPHELINES D'AMSTERDAM, KENTORP,etc.
pain et d'eau, et que quand il voulait dîner avec Épilepsie. Les rois d'Angleterre ne guéris-
Jupiter, il n'y faisait ajouter qu'un peu de fro- saientpas seulement les écrouelles ; ils bénissaient
mage, on reviendra bientôt de cette fausse pré- encore des anneaux qui préservaient de la crampe
vention. Que l'on consulte Diogène Laërce, on et du mal caduc. Cette cérémonie se faisait le
trouvera dans ses écrits la vie d'Épicure, ses vendredi saint. Le roi, pour communiquer aux
lettres, son testament, et l'on se convaincra que anneaux leur vertu salutaire, les frottait entre
les faits que l'on avance contre lui sont ca- ses mains. Ces anneaux, qui étaient d'or ou d'ar-
lomnieux. Ce qui a donné lieu à cette erreur, gent, étaient envoyés dans toute l'Europe comme
' des préservatifs infaillibles ; il en est fait mention
Bcrgier, Dict. thcologique, au mol Gnostiques.
, Leloyer,Hisl. des spectres, ou Apparitions des es- 1 Brown, .Essai sur les erreurs, etc., liv. VII,
Pnfejrv. II, ch. v, p. «97. ch. xxvn, p. 329.
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dans différents monuments anciens 4. 11y a d'au- cités des premiers anabaptistes et ailleurs, une
tres moyens naïfs de traiter l'épilepsie , qui n'o- de ces époques. La guerre de trente ans, dont
bligent pas à passer la mer. On croyait en guérir le héros était un. manichéen affilié aux sociétés
chez nos aïeux en attachant au bras du malade infernales, a failli jeter l'Europe dans la barbarie.
un clou tiré d'un crucifix. La même cure s'opé- Les triomphes de la philosophie séparée se sont
rait en lui mettant sur la poitrine ou dans la poche presque toujours clos par un retour aux choses
les noms des trois mages, Gaspar, Balthazar, de Satan. Les États-Unis sont aujourd'hui avec
Melckior. Cette recette est indiquée dans des li- leur spiritisme à une de ces époques que nous
vres anciens: signalons.
Gasparfert myrrham,thus Mekbior,Balthazarauvum, Épreuves. L'épreuve gothique qui servait à
Uséetria qui secumportabit nominaregum reconnaître les sorciers a beaucoup de rapport
Solvitw a morbo, Christia pielato, caduco. avec la manière judicieuse que le peuple emploie
Mais il y a encore bien d'autres remèdes. Le pour s'assurer si un chien est enragé ou ne l'est
Journal du Gâteau publiait dernièrement, sous pas. La foule se rassemble et tourmente autant
le titre d'une tradition suédoise, les faits que que possible le chien qu'on accuse de rage. Si
voici : « Dans ce pays de Suède que j'habite de- l'animal dévoué se défend et mord, il est con-
puis peu, la peine de mort consiste en la décol- damné d'une voix unanime d'après ce principe,
lation par le moyen d'une hache,'et à cet effet la qu'un chien enragé mord tout ce qu'il rencontre.
tête du patient est posée sur un billot devant le- S'il tâche au contraire de s'échapper et de fuir à
quel on creuse une fosse où la tête tombe après toutes jambes, l'espérance de salut est perdue
avoir été coupée, et où l'on jette aussi le corps sans ressource ; on sait de reste qu'un chien en-
du supplicié ; après quoi on la remplit de ma- ragé court avec force et tout droit devant lui
nière qu'il n'en reste aucune trace à la surface sans se détourner. La sorcière soupçonnée était
du sol. Or, il existe parmi le peuple suédois une plongée dans l'eau, les mains et les pieds forte-
croyance déplorable; à savoir, que le sang d'une ment liés ensemble. Surnageait-elle, on l'enlevait
personne décapitée, pris comme médicament in- aussitôt pour la précipiter dans un bûcher comme
terne , guérit radicalement l'épilepsie ; et ce qui convaincue d'être criminelle, puisque l'eau des
est encore plus déplorable, c'est que l'autorité, épreuves la rejetait de son sein. Enfonçait-elle,
d'après un usage immémorial, permette ou tolère son innocence était dès lors irréprochable ; mais
que les spectateurs des exécutions recueillent ce cette justification lui coûtait la vie l.
sang. Dans une exécution qui a eu lieu ces jours- Il y avait bien d'autres épreuves. Celle de la
ci, après que la tête du criminel eut été séparée croix consistait généralement, pour les deux ad-
du corps, une paysanne d'un âge mûr, atteinte versaires, à demeurer les bras étendus devant
du haut mal, se précipita vers le lieu du sup- une croix, celui qui s'y tenait le plus longtemps
plice avec un morceau de pain à la main, pour le gagnait sa cause. Mais le plus souvent les épreu-
tremper dans le sang qui jaillissait du cadavre; ves judiciaires se faisaient autrefois par l'eau ou
mais au moment où elle allait consommer cet le feu. Voy. EAUBOUILLANTE, CERCUEIL, FERCHAUD,
acte, elle fut frappée d'une attaque de sa cruelle ORDALIE , etc.
maladie, et elle tomba roide morte dans la fosse Épreuves du Sabbat. Voy. ELFDAL.
où venait de rouler la tête ensanglantée. Cet effet Érard, vieillard de Césarée, dont la fille fui
a produit sur l'opinion égarée un grand mouve- ensorcelée par un valet lui-même possédé. Saint
ment. La foule semblait frappée de terreur. Basile les délivra%.
Alors l'autorité, profitant de cette épouvante, Erceldoune. Les aventures merveilleuses de
s'est empressée de faire comprendre au public, Thomas d'Erceldoune sont l'une des plus vieilles
par des affiches qui défendent à l'avenir un pa- légendes de fées que l'on connaisse. Thomas
reil usage, combien Dieu le réprouvait, puisqu'il d'Erceldoune, dans le Lauderdale, surnommé le
le punissait de mort subite et faisait tomber les Rimeur, parce qu'il avait composé un roman
deux cadavres dans la même fosse. » poétique sur Tristrem et Yseult, roman curieux
Épona, déesse des écuries chez les Romains. comme l'échantillon de vers anglais le plus an-
Son image était honorée dans les étables. Elle cien qu'on sache exister, florissait sous le règne
avait eu pour père Fulvius Stellus et pour mère d'Alexandre III d'Ecosse. Ainsi que d'autres hom-
une jument. mes de talent à cette époque, Thomas fut soup-
Époques diaboliques. On donna ce nom aux çonné de magie. On disait aussi qu'il avait le don
temps déplorables où la recrudescence des sor- de prophétiser, parce qu'il était entré un jour
ciers a produit le plus d'horreurs. Les manichéens dans le royaume des fées '.
albigeois ont présenté au treizième siècle une de 1 Goldsmith, Essai sur les moeurs.
ces époques sinistres. Le seizième siècle a vu re- 2 Voyez celle histoire : Un pacte à Césarée, dans
naître dans la guerre des paysans, dans les atro- les IJgendes infernales.
1 Lebrun, Histoire des pratiques superstitieuses, 3 Voyez sa légende, dans les Légendes des esprits
t, II, p. 428. (lutins, fées et démons).
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Érèbe, fleuve des enfers. On le prend aussi donner extérieurement la plus grande ressem-
pour une partie de l'enfer et pour l'enfer même. blance avec lui; il monte son cheval favori, cou-
Il y avait chez les païens un sacerdoce particulier vert d'une selle brillante ; et aux sons guerriers
de la trompette et d'autres instruments, escorté
pour les âmes qui étaient dans l'Érèbe.
Ergenna, devin d'Étrurie dans l'antiquité. par le peuple et les guélongs qui font les prières
Eric au chapeau venteux. On lit clans Hector prescrites pour un tel cas, il est conduit autour
de Boëce que le roi de Suède Éric ou Henri, sur- de l'houroul (temple de- l'idole), et puis on le
nommé le GJiapeau venteux, faisait changer les poursuit à grands cris comme un andyne (exclu).
vents, en tournant son bonnet ou chapeau sur sa L'andyne peut cependant se naturaliser dans un
tête, pour montrer au démon avec qui il avait -autre oulousse (village)'; il peut même s'y ma-
fait pacte de quel côté il les voulait ; et le démon rier ; mais il conserve le nom d'andyne et le
était si exact à donner le vent que demandait] le transmet à ses enfants. Toutefois cet usage se
signaldu bonnet, qu'on aurait pu en toute sûreté perd, et on substitue des andynes d'argile ou de
prendre le couvre-chef royal pour une gi- farine aux andynes vivants.— Indépendamment
rouette. de ces artifices, les guéloungs se servent d'autres
Erichtho, sorcière qui, dans la guerre entre expédients. Dans le but de satisfaire leur avidité,
Césaret Pompée, évoqua un mort lequel prédit ils réussissent quelquefois à persuader au malade
toutesles circonstances de la bataille de Phar- que son âme s'est déjà séparée du corps, et qu'il
sale'. faut attribuer aux derniers efforts de sa force vi-
Erles, esprits ou génies qui donnent la peur tale ce qui lui reste encore de connaissance et de
en Allemagne. Goethe a fait sur eux une bal- respiration. Cependant ils lui laissent l'espoir qu'il
lade. est possible de réunir son âme à son corps, alors
Erleursortok, le diable au Groenland. Il est que l'infortuné offre tout ce qu'il possède pour pro-
toujours aux aguets, et il se jette sur toute âme longer ses jours. Le guéloung semble faire des
quis'échappe de sa prison mortelle ; habituelle- efforts pour rappeler l'âme, d'abord en faisant
mentil la dévore, car il a toujours faim. entendre le son d'instruments à vent; puis il sort
Erlik ou Erlig. Les Kalmouks croient que tout de la kibithé (tente), fait des signes à l'âme qui
désastre leur est causé par un mauvais génie s'enfuit et l'invite en lui criant : «Reviens sur tes
nomméErlik ou le diable, qui, avec son nez en pas, si tu ne veux être dévorée par les loups. » Le
malade, flottant entre la crainte et l'espérance,
demande le résultat de ces efforts, et le guéloung
répond : « Tout va bien; l'âme se montre déjà
dans le lointain et semble disposée à reveuir. »
Il continue ainsi à flatter son malade jusqu'à sa
mort ou jusqu'à son rétablissement. Dans ce der^
nier cas il le félicite de l'heureux retour de son
âme ; mais si l'événement est contraire, il assure
aux parents du défunt que l'âme était sur le point
de revenir, quand le méchant Erlik employa un
artifice inattendu qu'il raconte en détail.
Si dans une maladie grave un homme tombe
dans le -délire et prononce des paroles inintelli-
trompe, flaire les mourants. Dès qu'un malade les assistants ne manquent pas de croire
n'offreplus d'espoir, les guéloungs (leurs prêtres) gibles ,
l'Eiiik le tourmente et veut lui ravir son
ont recours à l'expédient du rachat, en présen- que
tanth l'Erlik, qui s'obstine à ne pas se montrer, âme. Alors ils font non-seulement dans la kibi-
au dehors, un bruit effroyable ;
miepoupée d'argile comme offrande. Pour con- thé, mais aussi
ceux qui se trouvent auprès du malade s'arment
serverla vie d'un kan ou de quelque autre chef
de tout ce qui leur tombe sous les mains, courent
si
important, l'opiniâtreté de la maladie prouve de tous les côtés en jetant de grands cris,
clairementque PErlik est décidé à s'emparer du frap-
l'air et s'efforcent de chasser le mauvais gé-
malade, on cherche parmi ses subordonnés un pent d'ailleurs par l'exemple et les
individuqui, par attachement, soit disposé à se nie, encouragés
exhortations des guéloungs 1.
sacrifierpour lui. Des exemples d'un pareil dé-
vouementne sont pas rares chez les Kalmouks. Erlik-Khan, prince des enfers ; il a une tête
Celuiqui se détermine à sauver des griffes de de buffle ornée de cornes et un collier de crânes
l'Eiiik un chef atteint d'une affection mortelle autour du cou. Quelquefois il prend une tête
car il en a deux à son usage. Quand il
reçoitle nom, les habillements les plus riches et d'homme,
fait l'homme, il tient dans l'une de ses quatre
•'armurecomplète du malade ; on tâche de lui
1 Extrait d'un voyage fait en 4838 et 4833 au pays
1
Wierus, De proestigiis, lib. II, cap. n. ' des Kalmouks, par Nésédieff.
46.
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mains un sceptre surmonté d'une tête de mort. Érus ou Er, fils de Zoroastre. Platon assure
Sa femme s'appelle Samorindo ou Samoundo. qu'il sortit de son tombeau douze jours après
Éroconopes, peuples imaginaires que Lucien avoir été brûlé sur un bûcher, et qu'il conta
représente comme d'habiles archers, montés sui- beaucoup de choses sur le sort.des bons et des
des moucherons monstres. méchants dans l'autre monde.
Érocordâcès, autre peuple imaginaire que le Escalibor, épée merveilleuse du roi Arthus.
même auteur représente combattant avec des Escamotage. On l'a pris quelquefois pour la
raves en guise de flèches. sorcellerie; le diable, dit Leloyer, s'en est sou-
Éromantie, une des six espèces de divina- vent mêlé. Delrio (liv. Il, quest. 2) rapporte
tions pratiquées chez les Perses par le moyen de qu'on punit du dernier supplice, à Trêves, une
l'air. Ils s'enveloppaient la tête d'une serviette, sorcière très-connue qui faisait venir le lait de
exposaient à l'air un vase rempli d'eau et pro- toutes les vaches du voisinage en un vase placé
féraient à voix basse l'objet de leurs voeux. Si dans le mur. Sprenger assure pareillement que
l'eau venait à bouillonner, c'était mi pronostic certaines sorcières se postent la nuit dans un
heureux. coin de leur maison, tenant un vase devant elles;
Érotylos, pierre fabuleuse dont Démocrite et qu'elles plantent un couteau ou tout autre in-
Pline après lui vantent la propriété pour la di- strument dans le mur;.qu'elles tendent la main
vination. pour traire, en invoquant le diable, qui travaille
Erouniakchâ. Dans la mythologie hindoue, avec elles à traire telle ou telle vache qui paraît
c'est un fils de Diti, mère des génies malfaisants. la plus grasse et la mieux fournie de lait; que le
Un jour, il prit le monde et le jeta dans la mer. démon s'empresse de presser les mamelles de la
Nous ne chargeons pas, nous copions. Vichnou vache et de porter le lait dans l'endroit où se
irrité revêtit pour le combattre la forme d'un trouve la sorcière, qui l'escamote aussi. Dans nos
sanglier; ce qui est sa troisième incarnation. Il villages, les escamoteurs ont encore le nom de
"éventra le fils de Diti et remit le monde à sa sorciers. Mais il y a mieux qu'eux :
place. Voilà des dogmes! « Faisant route de Bombay à Pounah (en 1839),
Erreurs populaires. Lorsque le Dante publia dit M. Théodore Pavie 1, je m'arrêtai à Karli
son Enfer, la simplicité de son siècle le reçut pour visiter le temple souterrain creusé dans la
comme une véritable narration de sa descente colline qui fait face au village; et pendant la
dans les sombres manoirs. A l'époque où l'utopie chaleur du jour je me reposais sous l'ombrage
de Thomas Morus parut pour la première fois, des cocotiers, si beaux en ce lieu, quand je vis
elle occasionna une plaisante méprise. Ce roman s'avancer, au bruit d'instruments discordants,
poétique donne le modèle d'une république ima- une bande d'Hindous. L'un d'eux tenait dans
ginaire dans une île qui est supposée avoir été chaque main une cobra-capella, la plus terrible
nouvellement découverte en Amérique. Comme espèce de serpents dont l'Inde puisse se vanter,
c'était le siècle, dit Granger, Buddée et d'au- et en outre il portait en sautoir un énorme bon.
tres écrivains prirent le conte pour une histoire Arrivé près de moi, le jongleur jeta ses serpents
véritable et regardèrent comme une chose im- à terre, les fit courir, irrita les cobras, qui dé-
portante qu'on envoyât des missionnaires dans roulaient leurs anneaux d'une manière effrayante,
cette île. — Ce ne fut que longtemps après la embrassa son boa; puis il se prit à les faire dan-
publication des Voyages de Gulliver, par Swift, ser tous les trois au son d'un flageolet singulier
qu'un grand nombre de ses lecteurs demeurèrent qui se touchait comme une vielle, bien qu'il fût
convaincus qu'ils étaient fabuleux J. formé d'une calebasse. Pendant ce temps, ses
Les erreurs populaires sonten si grand nombre acolytes avaient disposé tout leur établissement
qu'elles ne tiendraient pas toutes dans ce livre. sur la poussière; le tambourin rassemblait les
Nous ne parlerons pas des erreurs physiques ou enfants du village, et bientôt se forma un cercle
des erreurs d'ignorance : nous ne nous élève- considérable de spectateurs, de dix ans et au-
rons ici que contre les erreurs enfanlées par les dessous : les plus petits mis, les autres portant
savants. Ainsi Cardan eut des partisans lorsqu'il une ceinture, et tous accroupis dans l'attente des
débita que, dans le nouveau monde, les gouttes grandes choses qui se préparaient.
d'eau se changent en petites grenouilles vertes. » Ce jongleur avait toute la volubilité d'ex-
Cédrénus a écrit très-merveilleusement que tous pressions d'un saltimbanque européen. 11 s'ex-
les rois francs de la première race naissaient primait très-clairement, en bon hindoustani,
avec l'épine du dos couverte et hérissée d'un bien qu'il se trouvât en pays mahratle ; mais le
poil de sanglier. Le peuple croit fermement, public semblait n'y rien perdre, tant ses gestes
dans certaines provinces, que la louve enfante, et ses gambades étaient inintelligibles. D'abord
avec ses louveteaux, un petit chien qu'elle dé- il posa par terre une marionnette, soldat portant
vore aussitôt qu'il voit le jour.—Voy. la plu- 1 Les harvis et les jongleurs, écrit daté de Pounah.
part des articles de ce dictionnaire, chez les Mahralles, le 25 décembre 1839, publiépar
1 Berlin, Curiosités de la littérature, t. I, p. 304. la Revue des Deux-Mondes.
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le sabre et l'arc. A l'entendre, c'était un sipahi, de la porte! Le jongleur prit une poignée de blé
un grand chasseur, un lueur de lions, de tigres, noir (djouari), la mit dans un manteau; puis,
de gazelles... Bientôt, à son commandement, la quand on eut bien secoué le manteau, bien
marionnette lança une flèche et renversa le but vanné-le grain, il se trouva changé en un"beau
disposé devant elle, non pas une fois, mais à riz blanc, pur, prêt à faire un karry. le n'y
plusieurs reprises, à la satisfaction évidente de avais rien compris, et je commençais à rentrer
la jeune assemblée, . • dans mes habitudes de crédulité lorsque l'esca-
;>Ce n'était là qu'un préambule, les bagatelles moteur ambulant étala une seconde marionnette
Escamoteurindien.
longue de six pouces au plus et de la grosseur magiques) et traçait des cercles avec sa ba-
du poignet. Celle informe
poupée épouvanta guette. Mais il avait sur ses confrères d'Europe
grandement la partie la plus naïve du public; un avantage, ou plutôt une supériorité bien mar-
mais quelle ne fut pas la surprise générale quand quée; car il opérait sur le sol, sans table ni go-
de ce morceau de bois caché sous un mouchoir belets, et complètement nu, sauf le turban et la
sortirent successivement jusqu'à quatre gros pi- ceinture que les Hindous rie quittent jamais :
geons! Ils devaient y être contenus d'avance, à donc," pas de manches, pas de gibecière. Son
moins de sortilège... Quant à moi, j'aurais eu cabinet consistait en quelques mauvais paniers
Peine à y introduire quatre moineaux. Notre jon- de bambou, destinés à porter les serpents qu'il
gleur accompagnait sestours de montras (prières escamotait aussi et faisait paraître et disparaître
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avec une telle adresse que le plus lin n'y eût tachaient ti le jeune Hindou; puis le panier se
rien compris. Ainsi d'un mouchoir déroulé, se- ferma fi de lui-même, et une voix qui semblait
coué et mis au vent comme un pavillon, je le sortir s des nuesxria : — Adieu!
vis faire sortir une de ces cobras laissée dans » — 11est parti pour Ahmed-Nagar, il est en-
un panier près de moi, à une très-grande dis- volé v ; Our-Gaya! Our-Gaya! répéta le jongleur
tance du lieu où il se trouvait ; en sorte que, avec a transport ; il ne saurait tenir dans un aussi
voyant le nid de l'animal entièrement vide, je T. petit espace (et cela paraissait physiquement
soupçonnai qu'il s'était frayé un chemin sous iimpossible). 3e vais donc attacher le panier et
terre. rprendre congé de l'assemblée.
» Cependant les tours de magie continuaient » Le paquet fut ficelé ; il ne restait plus qu'à
sans interruption. Le jongleur tenait à la main le 1 mettre sur le dos du buffle destiné à porler les
une cruche aussi impossible à vider que le ton- 1bagages de la troupe.— Un instant! reprit su-
neau des Danaïdes l'était à remplir : il versait bitement ] le jongleur; si pourtant il était dans le
- l'eau à terre, la jetait dans son oreille et la ren- panier] ! Qui sait? — Et là-dessus, tirant un long
dait; par la bouche, s'administrait des douches < sabre, il traversa le panier presque par le mi-
sur )a tête, et toujours le vase était plein jus- lieu... 1 Le sang coula en abondance... l'anxiété
qu'au bord. Ensuite il tira de son sac une paire était 1 à son comble... lorsque tout à coup le cou-
de pantoufles de bois plus larges que la plante- vercle se lève de nouveau, et d'un bond le grand
de ses "pieds. Après bien des discours et des garçon ; saute hors- de sa niche frais et dispos,
charges, il finit par faire adhérer à ses talons sans la moindre égratignure !
nus ces semelles très-polies, et fit plus de gam- » Ce tour est simple, très-simple, dira-t-on;
bades avec de telles chaussures que n'en pour- mais se débarrasser des cordes et du filet, se
raient faire à l'Opéra de jolis petits pieds chaus- cacher dans un si petit espace, y rester un quart
sés d'élégants escarpins. Tantôt il s'élevait en d'heure sans broncher, et de telle façon que le
l'air; tantôt il frappait la pantoufle sur la terre, sabre ne puisse rencontrer quelque membre à
de manière à la faire tomber; mais jamais elle entamer, ce sont là des prodiges de dextérité,
ne glissait. Ce fut encore là une chose inexpli- de souplesse et de patience que l'on ne peut
cable pour moi ; car il n'avait appliqué à ses pieds concevoir, surtout quand on les a vus.
aucune substance collante, et il pouvait à vo- » Après ce nec plus ultra de la science, les
lonté lâcher ces pantoufles unies comme la glace. jongleurs firent leurs paquets et se mirent en
» Enfin la séance se termina par une expé- fnarche vers Nagapour, leur patrie, le les visse
rience plus surprenante encore que, par cette perdre dans la foule de boeufs chargés que des
raison sans doute, notre magicien gardait pour troupes de mahrattes, tribus ambulantes traînant
la dernière. L'un des joueurs de tambourins, avec eux armes et bagages, femmes et enfants,
grand garçon d'une belle taille, se laissa atta- conduisent dans l'intérieur, La foule se dispersa
cher les pieds, lier les mains derrière le cou et peu a peu \ »
enfermer dans un lilet à poissons bien serré par
1 Voici une anecdote d'escamotage rapportée par
une douzaine de noeuds. Dans cet état, après
la Chronique de Courtrai du 25 avril 4843.
l'avoir promené autour du cercle des specta- « Dans une des baraques, sur la Grand'Place, hier,
teurs, on le conduisit près d'un panier de deux pendant qu'un escamoteur exécutait ses tours, il'vit
pieds de haut sur quatorze pouces de large. un des assistants dérober fort adroitement le mou-
«—Voulez-vous que je le jette dans l'étang? choir de son voisin et s'en écarter aussitôt en allant
se placer d'un autre côté. 11 trouva là une occasion
demanda le chef de bande. C'est un vaurien ; le
superbe de se donner du relief.—Monsieur, dit l'es-
voilà bien lié; l'occasio.n est bonne : j'ai envie camoteur titulaire à la victime du larcin, prêtez-moi,
de m'en défaire ! » - s'il vous plaît, voire foulard, je vais faire un tour
» Et l'auditoire crédule se tournait déjà du des plus surprenants. Celui-ci s'empressa de mettre
la main dans sa poche, et tout ébahi s'écria qu'il était
côté de celte pièce d'eau ombragée d'arbres ma- volé, en dirigeant ses regards accusateurs sur ceux
gnifiques et creusée au bas de la pagode pour les qui l'entouraient.—Volé! s'écria l'escamoteur tout
ablutions et les besoins du village. — Non, dit étonné ; eh bien, tant mieux ! mon tour en sera plus
en s'interrompant le jongleur, après une minute beau.—De quelle couleur est votre foulard?—Hougo
et jaune.—Bon, soyeztranquille, s'il est encoredans
de réflexion; je vais l'escamoter, l'envoyer... où la salle, il vous reviendra. Et faisant tourner sa
vous voudrez : à Pounah, à Dehli, à Ahmed- baguette sur le bout de ses doigts, il en arrêtale
Nagar, à Bénarès ! mouvementdans la direction de l'escamoteur de con-
» Et sur-le-champ il enleva le patient, tou- trebande, et lui dit :—Le foulard est dans la poche,
rends-le. Celle apostrophe consterna le voleur, qui
jours incarcéré dans son filet, et le plaça au fond cependant se remit aussitôt, affecta une grande sur-
du panier, en rabattant le couvercle sur sa tête ; prise el passa le mouchoir à son propriétaire aux
1»
il s'en fallait de plus de trois pieds que les bords acclamations des spectateurs saisis d'admiration. du
fui avertie, le filou mis en prison et l'art
se joignissent. On jeta un manteau sur le tout. police
devin, prôné par toutes les bouches, ne cessa d'at-
»Insensiblement le volume diminua, s'affaissa ; tirer une foule considérable à sa baraque pendant
on vit voler en l'air le filet et les cordes qui at- 1 toute la journée. »
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Escargots. Onne voit nulle part que ces hon- la boussole pasilalinique-sympathique. Si vous
nêtes créatures aient jamais figuré au sabbat. trouvez ce nom bizarre, l'agent de cette boussole
Maisil paraît qu'elles ont aussi leur côté mysté- ne l'est pas moins ; c'est l'escargot. Deux amis
rieux, et qu'elles pourraient, quand les études séparés par de grandes distances se seront munis
dont s'occupent les savants auront abouti, faire chacun d'un escargot de même espèce, les au-
concurrence au télégraphe électrique. On a donc ront magnétisés ensemble pour établir la swvci-
proposé en .1850 un procédé qui se mûrit, c'est pathie ; puis l'ami resté à Paris chargera son es-
cargotdes nouvelles qu'il veut transmettre à son ront, ou bien un esprit, de ceux qui tiennent
aniiinstallé à Pékin, et ce dernier répondra de la aux tables, pourra parler pour eux.
même manière; par quels moyens faciles? nous Eschyle, tragique grec à qui on avait prédit
"ignorons; mais en mars de la présente année, qu'il mourrait de la chute d'une maison, ce qui
les journaux disaient qu'on était à la veille de ré- fit qu'il s'alla loger en pleine campagne; mais le
sultats satisfaisants, et les spiriles affirment que conte ajoute qu'un aigle qui portait une tortue
celte découverte se rattache à ce que nos pères entre ses griffes la laissa tomber sur la tête chauve
appelaient la magie naturelle. Un Américain pré- du poêle, pensant que ce fût un rocher, et la
tend même que les escargots magnétisés parle- prédiction s'accomplit.
ESD 248 — ESP
Esdras, pour les écrits cabalistiques qu'on lui dit d "Wecker, sont, les seigneurs de l'air ; ils peu-
attribue, voy. Pic DELA MIHANDOLE *. v
vent exciter les tempêtes, rompre les nues et les
Eskthirnir, daim monstrueux des mytholo- ti transporter où ils veulent avec de grands tour-
gies Scandinaves. C'est de ses cornes que s'échap- bbillons, enlever l'eau de la mer, en former la
pent les fleuves qui circulent sur la terre. g
grêle et tout ce que bon leur semble. »
Espagnet (Jean d'), philosophe hermétique, Il y a dans l'intérieur de l'Amérique septen-
qui a fait deux traités intitulés, l'un Enchmdion trionale l des peuplades sauvages qui croient que
de la physique rétablie, l'autre Secret de la philo- hlorsqu'un homme est enterré sans qu'on place
sophie hermétique 2; encore lui contesle-t-on ce aauprès de lui tout ce qui lui a appartenu, son es-
dernier, que l'on attribue à un iuconnu qui se prit f- revient sous forme humaine, et se montre
faisait appeler le Chevalier Impérial 3. Le Secret sur s les arbres les plus près de sa maison armé
de la philosophie renferme la pratiqué du grand d'un d fusil; on ajoute qu'il ne peut jouir du repos
oeuvre, et YEnchiridio?i la théorie physique sur cqu'après que les objets qu'il réclame ont été
laquelle repose la transmulabilité des métaux, cdéposés dans sa tombe. Les Siamois admettent
D'Espagnet est encore auteur de la préface qui une l multitude d'esprits répandus dans l'air; leur
précède le Traité de l'inconstance des démons de puissance ï est fort grande et ils sont très-malfai-
Pierre Delancre. On lit dans cette préface que les sants. s On trace certaines paroles magiques sur
sorcières ont coutume de voler les petits enfants des ( feuilles de papier pour se prémunir contre
pour les consacrer au démon. , 1
leur malice. Lorsqu'on prépare une médecine,
Espagnol (Jean 1'), docteur en théologie, on < garnit le bord du vase d'un grand nombre
grand prieur de Saint-Remi de Reims, auteur de < ces papiers, de peur que les esprits n'em-
d'un livre intitulé Histoire notable de là conver- portent I la vertu des remèdes. Les auteurs caba-
sion des Anglais, etc., in-8°, Douai, 1614. La 1listiques prétendent que les esprits sont des
vingtième annotation, qui commence à la page créatures < matérielles, composées de la substance
206 et va jusqu'à la page 306, est un traité sur la ' plus pure des éléments ; que plus cette ma-
les apparitions des esprits, où avec des choses tière I est subtile, plus ils ont de pouvoir et d'ac-
passables et médiocres on trouve de bonnes ob- tion. ' Ces auteurs en distinguent de deux sortes,
servations *. <
de supérieurs et d'inférieurs : les supérieurs sont
Esprits. Les anciens ont cru que les esprits, ou ' célestes ou aériens ; les inférieurs sont oa
qu'ils appelaient démons ou génies, étaient des ;aquatiques ou terrestres. Ceux qui ont cru que
demi-dieux. Chaque nation, dit Apulée, même ces ' esprits étaient des créatures matérielles les
'
chaque famille et chaque homme, a son esprit ont assujettis à la mort comme les hommes.
qui le guide et qui veille sur sa conduite. Tous Cardan dit que les esprits qui apparurent à son
les peuples avaient du respect pour eux et les père lui firent connaître qu'ils naissaient et qu'ils
Romains les révéraient. Ils n'assiégeaient les villes mouraient comme nous ; mais que leur vie élail
et n'entreprenaient leurs guerres qu'après que plus longue et plus heureuse que la nôtre.
leurs prêtres avaient invoqué le génie du pays. Voici de petits traits d'esprits : Guillaume de
Caligula même fit punir publiquement quelques- Paris écrit que, l'an 1447, il y avait un esprit à
uns de ceux qui les avaient maudits 6. Des philo- Poitiers dans la paroisse de Sainl-Paul, lequel
sophes se sont imaginé que les âmes des morts , rompait vitres et verrières et frappait à coups de
dès qu'elles étaient séparées de leurs corps, er- pierres sans blesser personne 1. Caîsaiius raconte
raient incessamment sur la terre. Ce sentiment que la fille d'un prévôt de Cologne était si tour-
leur paraissait d'autant plus vraisemblable, qu'ils ; menlée d'un esprit malin qu'elle en devint fréné-
se vantaient de voir des spectres auprès des tom- . tique. Le père fut averti de faire aller sa fille a»
beaux, dans les cimetières et dans les lieux où l'on, delà du Rhin et de la changer de lieu, ce qu'il
avait tué quelques personnes. « Les esprits, fit. L'esprit fut obligé d'abandonner la fille,
mais il battit tant le père qu'il en mourut trois
1 Voyez, dans les Légendesde l'Ancien Testament, jours après 2. Cet esprit pouvait bien être un
la légende d'Esdras. corps. — Au commencement du règne de Cliar-
2 Enohiridon physicoerestituai. Arcanum
philoso-. les IV, dit le Bel, l'esprit d'un bourgeois mort
phioe hermeticoe. , quelques années parut sur la place pu-
3 Ce chevalier, très-révéré dos alchimistes, est1 depuis d'Arles en Provence ; il rapportait des
mentionné souvent clans la Trompette française, petit1 blique
volume contenant une Prophétie de Bombart sur la choses merveilleuses de l'autre monde. Le prieur
naissance de Louis XIV. On a du Chevalier impé-. des jacobins d'Arles, homme de bien, pensa que
rial le Miroir des alchimistes, avec instructions auxc cet esprit pouvait être un démon déguisé. Il se
dames pour dorénavant être belles sans plus userl' rendit sur la place; soudain l'esprit découvrit
de fards venimeux, 4609. In-46.
4 Lcnglet-Dufresnoy,Cataloguedes auteurs ont qui il était et pria qu'on le tirât du purgatoire.
qui
écrit sur les apparitions.
5 Discours sur les esprits follets, Mercure galant,, ( Dorlin,Démonomaniedes sorciers, liv. III, p- 393-
4680. 2 Bodin, Démonomaniedes sorciers, liv. III, P-393,
ESP 249 ESP
Ayant ainsi parlé, il disparut, et comme on pria contre l'ordinaire de ceux de sonespèce. Voy.
pour son âme, il ne fut oncques vu depuis *. HECDEKIN.
En 1750 un officier du prince de Conli, élant Sur la fin de l'année 1746 on entendit comme
couchédans le château de l'Ile-Adam, sentit tout des soupirs qui partaient d'un coin de l'impri-
à coup enlever sa couverture. Il la retire ; on re- merie du sieur Lahard, l'un des conseillers de la
nouvelle le manège tant qu'à la fin l'officier en- ville de Constance. Les garçons de l'imprimerie
nuyéjure d'exterminer le mauvais plaisant, met n'en firent que rire d'abord. Mais dans les pre-
l'épée à la main, cherche dans tous les coins et miers jours de janvier on distingua plus de bruit
ne trouve rien. Étonné, mais brave, il veut avant qu'auparavant. On frappait rudement contre la
de conter son aventure éprouver encore le len- muraille, vers le même coin où l'on avait d'abord
demain si l'importun, reviendra. 11s'enferme avec entendu des soupirs; on en vint jusqu'à donner
soin, se couche, écouté longtemps et finit par des soufflets aux imprimeurs et à jeter leurs cha-
s'endormir. Alors on lui joue le même tour que peaux par terre. L'esprit continua son manège
la veille. 11 s'élance du lit, renouvelle ses mena- pendant plusieurs jours, donnant des soufflets
ces et perd son temps-en recherches; La crainte aux uns, jetant des pierres aux autres; en sorte
s'empare de lui ; il appelle un frotteur qu'il prie que les compositeurs furent obligés d'abandonner
de coucher dans sa chambre, sans lui dire pour ce coin de l'imprimerie. Il se lit alors beaucoup
quelmotif: Mais l'esprit, qui avait fait son tour, ne d'autres tours, dans lesquels les expériences de
paraît plus. La nuit suivante il se fait accompa- la physique amusante entrèrent probablement '
gner du frotteur, à qui il raconte ce qui lui est pour beaucoup, et enfin cette farce cessa sans
arrivé, et ils se couchent tous deux. Le fantôme explication. Voy. REVENANTS, Dno-
APPARITIONS,
vient bientôt, éteint la chandelle qu'ils avaient LES, etc. '•.',-
laissée allumée, les découvre et s'enfuit. Comme Voici l'histoire d'un esprit qui fut cité en jus-
ils avaient entrevu cependant un monstre dif- lice : — En 1761 un fermier de Southams, dans
forme , hideux et gambadant, le frotteur s'écria le comté de Warwick (Angleterre), fut assassiné
que c'était le diable et courut chercher de l'eau en revenant chez lui. Le lendemain un voisin
bénite, Mais au moment qu'il levait le goupillon vint trouver la femme de ce fermier et lui de-
pourasperger la chambre, l'esprit le lui enlève manda si son mari était rentré ; elle répondit que
el disparaît... Les deux champions poussent des non et qu'elle en était dans de grandes inquié-
cris; on accourt,on passe la nuit en alarmes, et le tudes. — Vos inquiétudes, répliqua cet homme,
malin on aperçoit sur le toit de la maison un ne peuvent égaler les miennes, car comme j'étais
gros singe qui, armé du goupillon, le plongeait couché celte nuit sans être encore endormi, votre
dans l'eau de la gouttière et en arrosait les pas- mari m'est apparu, couvert'de blessures et m'a
sants. dit qu'il avait été assassiné par son ami John
En 1210 un bourgeois d'Épinal, nommé Hu- Dick et que son cadavre avait été jeté dans une
gues,fut visité par un esprit qui faisait des choses marniôre. La fermière alarmée fit des perquisi-
merveilleuses, et qui parlait sans se montrer. On tions. On découvrit dans la marnière le corps
lui demanda son nom et de quel lieu il venait. 11 blessé aux endroits que le voisin avait désignés.
répondit qu'il était l'esprit d'un jeune homme de Celui que le revenant avait accusé fut saisi et
ClérenLine,village à sept lieues d'Épinal, et que mis entre les mains des juges, comme violemment
sa femme vivait encore. Un jour Hugues ayant soupçonné de meurtre. Son procès fut instruit à
ordonné à son valet de seller son cheval et de Warwick; les jurés l'auraient condamné aussi
lui donner à manger, le valet différa de faire ce témérairement que le juge de paix l'avait arrêté,
qu'on lui commandait; l'esprit fit son ouvrage si lord Raymond, le principal juge, n'avait sus-
au grand étonnement de tout le monde. Un autre
pendu l'arrêt. — Messieurs, dit-il aux jurés, je
jour lingues, voulanl se faire saigner, dit à sa fillecrois que vous donnez plus de poids au témoi-
de préparer des bandelettes. L'esprit alla prendre gnage d'un revenant qu'il n'en mérite. Quelque
une chemise neuve dans une autre chambre, la cas qu'on fasse de ces sortes d'histoires, nous
déchira par bandes et vint la présenterai! maître n'avons aucun droit de suivre nos inclinations par-
en lui disant de choisir les meilleures. Un autre ticulières sur ce point. Nous formons un tribunal
jour la servante du logis ayant étendu du linge de justice, et nous devons nous régler sur la loi ;
dans le jardin pour le faire sécher, or je ne connais aucune loi existante qui admette
l'esprit le
porta au grenier et le plia plus proprement que le témoignage d'un revenant, et quand il y en au-
n'aurait pu faire la plus habile blanchisseuse. Ce rait une qui l'admettrait, le revenant ne paraît
qui est remarquable, c'est que pendant six mois pas pour faire sa déposition. Huissier, ajouta-t-il,
qu'il fréquenta cette maison, il n'y lit aucun mal appelez le revenant. Ce que l'huissier fit par trois
a personne et ne rendit fois sans que le revenant parût. — Messieurs,
que de bons offices,
continua lord Raymond, le prisonnier qui est à
Loloyer, Histoire des spectres et apparitions des la barre est, suivant le témoignage de gens irré-
prochables, d'une réputation sans tache, et il n'a
ESP — 250 — ESP
point paru dans le cours des informations qu'il donnent quelquefois pour, de bons anges ou pour
y ait eu aucune espèce de querelle entre lui et des âmes d'honnêtes défunts, il ne faut pas s'y
le mort. Je le crois absolument innocent, et comme tromper. On voit dans saint Thomas que souvent
il n'y a aucune preuve contre lui, ni directe ni les esprits se font passer pour des âmes dont ils
indirecte, il doit être renvoyé. Mais par plusieurs prennent frauduleusement le nom, afin de ne pas
circonstances qui m'ont frappé dans le procès, je effrayer tout d'abord '. Aussi l'Église catholique
soupçonne fortement la personne qui a vu le re- a-t-elle partout défendu ces coupables tentatives
venant d'être le meurtrier, auquel cas il n'est qui appellent les démons.
pas difficile de concevoir qu'il ait pu désigner la Sur ces faits nouveaux qui déconcertent la
place, les blessures, la marnière et le reste sans science humaine, voici le jugement d'un savant
aucun secours surnaturel ; en conséquence de ces médecin, publié dans la Revuemédicale :
soupçons, je me crois en droit de la faire arrêter « En ma qualité de chrétien, je crois sur la
jusqu'à ce que l'on fasse de plus amples infor- parole de l'Évangile que la foi, cette force de
mations. — Cet homme fut effectivement arrêté; l'homme par excellence, peut faire qu'un mûrier
on fit des perquisitions dans sa maison ; on trouva planté sur une rive du fleuve, aille se planter sur
les preuves de son crime, qu'il avoua lui-même l'autre rive. Je crois, sur la parole de saint Paul,
à la fin, et il fut exécuté aux assises suivantes. qu'il y a des puissances répandues dans l'air,
Esprits élémentaires. Lescabalistes, qui s'ob- des esprits, des intelligences intermédiaires dont
stinent à ne reconnaître que quatre éléments :. Dieu, le diable et l'homme peuvent provoquer
l'air, le feu, l'eau et la terre, peuplent ces élé- l'intervention, pour produire dans le inonde phy-
ments d'esprits divers. Les salamandres habitent sique des phénomènes dont le physicien aura le
le feu; les sylphes, l'air; les gnomes, la terre; droit d'être fort étonné... Quant à la question
l'eau est le séjour des ondins ou nymphes. Voy. spéciale du fait réalisé, la quantité, et dans celle
ces mots. Les cabalistes, cherchant les mystères du quantité la qualité des témoins qui l'attestent,
grand oeuvre dans toutes les figures, les trouvent me paraît suffisante pour obliger à l'admettre.
jusque dans les cartes. Suivant ces doctes, les Les tables ont donc tourné et parlé. Mais après
carreaux sont les salamandres; les coeurs, les la question de réalité vient pour moi la question
sylphes ; les trèfles, les ondins, et les piques, les de l'utilité des tables tournantes au beau milieu
gnomes. du dix-neuvième siècle. Selon moi, si un fait
Esprits familiers. Scaliger, Cecco d'Ascoli, comme celui-là n'était pas utile, il aurait beau êlre
Cardan et plusieurs autres visionnaires ont eu, possible, il ne se serait pas réalisé. Je crois donc
comme Socrate, des esprits familiers. Bodin dit qu'à l'époque où des corps bruts et inertes ont
avoir connu un homme qui était toujours accom- exécuté des mouvements et reproduit des signes
pagné d'un esprit familier, lequel lui donnait un d'intelligence, il y avait utilité à ce que cela eûl
peliL coup sur l'oreille gauche quand il faisait lieu ainsi. Je ne sais pas, ignorant que je suis,
bien et le tirait par l'oreille droite quand il faisait tout ce à quoi pouvaient servir ces manifesta-
mal. Cet homme était averti de la même façon si tions; mais je sais que, lorsqu'elles ont paru, la
ce qu'il voulait manger était bon ou mauvais, s'il science selon nos savants n'existait que pour el
se trouvait avec un honnête homme ou avec un par l'observation : là science était l'observation
coquin, etc. C'étail Irès-avantageux. même et l'observation sensuelle la plus gros-
Esprits follets. Voy. FEUXFOLLETS. sière ! L'intelligence avait failli, dans ces temps de
Esprits frappeurs. Depuis les précédentes lumière menteuse, devenir inutile et. superflue.,.
éditions de ce livre, des faits nouveaux sont venus Je connais des savants de la veille qui n'osent
jeter de grandes lumières sur les esprits, Tout le plus prononcer le mot observation depuis qu'ils
monde sait aujourd'hui qu'on peut les évoquer ont observé des tables tournantes. Le fait élail
par divers procédés, et notamment au moyen de donc utile pour le rétablissement des droits de
tables qu'ils animent. Ces tables dès lors frap- l'intelligence. En un mot, je crois que les tables
pent, tournent, s'agitent, marchent, gesticulent ont tourné pour la mystification des savants, qui
et répondent aux questions. C'est aux États-Unis avaient dégradé la science jusqu'à la réduire à ce
que Dieu a permis d'abord ces manifestations. qu'ils appelaient Yobservation sensuelle... »
Elles ont éclaté bientôt partout, comme pour con- Voici un fait très-singulier et en même temps
firmer ces paroles de saint Paul, que nous vivons assez remarquable pour donner à réfléchir au
enteurés des puissances de l'air contre lesquelles lecteur ; il est raconté par M. de Mirville dans
nous avons à lutter. Les consciencieux ouvrages son livre sur la Question des esprits : « M. lebaron
de M. Eudes de Mirville et de M. des Mousseaux de N***, occupant une position officielle el cofl-
ont parfaitement donné l'histoire de ces nou-
veaux prodiges. Mais leurs savants écrits ne peu- 1 Pour mieux venir à bout de leurs mauvais des-
vent pas être mis indifféremment dans toutes les seins, les démons, dil saint Thomas, feignent sou-
vent d'être les âmes des morts : Fréquenter doemon®
mains. Il y a danger à se jouer avec les démons, simulant se esse animas mortuorum. {Summa, p. 'i
et quoique les esprits frappeurs .et parleurs se quest. cxvii, art. 4.)
ESP 251 ETA
sidérable dans un des ministères de Paris, en parce que l'être est le seul bien que je tienne en-
nouspermettant, à M. des Mousseaux et à nous, core de lui, et qu'alors, ne lui devant plus rien, .
de raconter les faits qui vont suivre, a bien voulu je serais quitte envers lui. Quant à l'autre : — Non ;
Yjoindre la permission de le nommer verbalement. je n'accepterais pas, dit-il, parce que je n'aurais
jiousrappelant parfaitement ses expressions, nous plus la consolation de le haïr. —Tu hais donc
croyonspouvoir les reproduire avec la plus grande bien!... — Si je hais! Mais mon nom est ; la
fidélité.—Nourri, nous dit-il, ou plutôt saturé haine. Je hais tout; je me hais moi-même...
de tout le scepticisme du dix-huitième siècle, Quant à l'authenticité du récit, nous ferons re-
doubléau dix-neuvième de celui que je tenais de marquer pour la dernière fois que la permission
mapropre "nature, j'avais et j'aurais défié tous de nommer équivaut à l'acte de signer. »
lesprédicateurs du monde de pratiquer la moindre Ce qui doit sembler prodigieux à tout esprit qui
brèche aune pareille forteresse... Mais arrivè- n'est pas détraqué, c'est que les pays protestants
rent les tables; les manier, les écouter et deviner voient s'élever dans leur sein le culte des esprits
tout le mystère ne fut pas long pour moi. Vous à la hauteur d'une religion. Lés démons, qui ont
dire quelle révolution cette conviction nouvelle déjà des-temples à Genève, à New-York et ail-
opéradans mon esprit serait une chose impos- leurs , se flatte sans doute de ramener le paga-
sible.Dès le premier instant, j'entrevis à quelles nisme au sein des sociétés que les philosophes
extrémitéstout cela devait infailliblement me con- ont égarées. C'est du reste la fin et la clôture de
duire, et je ne le cachai pas à ces convertisseurs toutes les époques de philosophie.
d'un nouveau genre.— Savez-vous bien,, leur Citons encore un petit trait fort original, rap-
disais-je,que vous travaillez contre vous? Savez- porté dans le journal français de New-York :
vousque vous me mènerez tout droit à confesse? « Un jeune homme, fiancé à une jeune fille de
—Non, non, répondirent-ils. — Mais si, si. — Bordentown, où il demeurait, mourut vendredi
Non.— Si. — Non, je t'en empêcherai bien. — dernier. Les deux promis et leurs familles étaient
Etcomment pensez-vous vous y prendre?— Tu les uns et les autres de fermes croyants dans
le verras. Le fait est que je remportai la vic- l'existence et les manifestations des esprits, ce
toireet que-j'allai tout droit à ce qui les révoltait qui leur suggéra l'idée la plus bizarre dont on
tant.Mais à partir de ce moment, leur vengeance ait entendu parler. 11fut résolu d'un commun ac-
(ut atroce : je devins leur table à mon lour ; ils cord que le mariage ne serait pas suspendu par
s'emparèrent de moi et l'identification fut com- la mort du futur, mais que son esprit, dégagé de
plète.Je ne pensais plus par moi-même ; ce n'é- l'enveloppe terrestre, serait néanmoins uni à
tait plus moi qui parlais ; je souffrais tous les l'esprit incarné dans le corps de la fiancée.
tourments de l'enfer et littéralement j'étais fou » Dimanche, en effet, la cérémonie a été cé-
ou plutôt possédé. Mon désespoir était extrême, lébrée entre la jeune fille, pleine de vie et de
et je ne sais ce que tout cela fût devenu, sans jeunesse, et le cadavre inanimé de son adorateur,
lagrande et prudente vertu du directeur que je dont l'esprit avait guidé ces absurdes prescrip-
m'étaisdonné. Grâce à lui, à la paix, à l'obéis- tions.
sance, au redoublement de prière et de con- » Heureusement celte mômerie impie ne sau-
fiancedans lesquels il avait su me maintenir, la rait avoir d'effet qu'autant que la survivante le
possession disparut, el le dernier de ces cruels trouvera bon, car il n'est pas de loi au monde
liôlesme quitta en me disant ;—Adieu, lu l'em- qui reconnaisse un pareil mariage. Lors donc que
portes, mais nous te retrouverons sur ton lit el la première exaltation sera calmée, elle sera libre
à l'heure de la mort; c'est là que nous sommes encore de reconnaître efficacement que, si l'union
lout-puissants. Depuis lors, messieurs, je me des esprits a quelque chose de séduisant, c'est
regarde comme sauvé, et suis le plus heureux surtout lorsqu'ils ont des corps animés pour leur
deshommes. Néanmoins, un jour, je voulus en- servir d'intermédiaires. » Voy. DHÉPANO,HUDE-
core essayer de tirer d'eux quelques vérités et MULLEN, SPIRITISME, TABLESTOURNANTES, WESLEY,
peut-être quelque bien. —Donnez-nous, leur di- BORTISME, etc.
sais-je,quelque idée de la bonté divine. —Com- Esséniens, secle célèbre parmi les Juifs. Les
ment le voudrais-tu, puisqu'elle est infinie? — Esséniens avaient des superstitions particulières.
Elleest infinie, et cependant tu souffres, mal- Leurs devins prétendaient connaître l'avenir par
heureux! — Cruellement... — Et toujours? — l'étude des livres saints faite avec certaines
ioujours... — Mais, misérable comme lu parais préparations. Ils y trouvaient même la méde-
''cire, et Dieu étant bon comme tu le dis, si tu cine et toutes les sciences, par des combinai-
essayaisde le fléchir!... Qui sait?—-Tu demandes sons cabalistiques.
encorelà une chose absolument impossible. — Esterelle, fée. Voy. FÉES.
Elpourquoi? —11 ne saurait me pardonner, puis- Étang de la vie. Au sortir du pont où se fait
iwje ne le veux pas? —Et s'il te proposait l'a- la séparation des élus el des réprouvés, les doc-
néantissement complet, accepterais-tu? Après teurs persans font descendre les bienheureux
quelquehésitation, l'un des esprits répond :—Oui, dans cet étang dont les eaux sont blanches et
ETE 252 ETE
douces comme le miel. Pour la commodité des eut en Italie une sorte de peste qui se manifestait
âmes, il y a tout le long de l'étang des cruches par des éternumenls ; Lous les pestiférés éter-
en forme d'étoiles, toujours pleines de celle nuaient; on se recommanda à Dieu, et c'est de
eau ; les fidèles en boiront avant d'entrer dans le là qu'est venue l'opinion populaire que la cou-
paradis, parce que c'est l'eau de la vie éter-
nelle, et que si l'on en boit seulement une
goutte, on n'a plus rien à désirer.
Éternité. Boëce définit l'éternité : l'entière,
parfaite et complète possession d'une manière
d'exister, sans commencement, sans fin, sans
aucune succession. Le latin est plus, rapide : In-
terminabilis vitoetota simul et perfecta posscssio.
L'éternité n'a point de parties qui se succèdent;
elle ne va point par le présent du passé au fu-
tur, comme fait le temps ; elle est un présent
continuel. Voilà pourquoi, comme le remar-
quent les théologiens, Dieu dit en parlant de lui-
même : Ego sum qui sum. L'éternité n'appar-
tient qu'à Dieu; elle ne peut être communiquée
à aucune créature, puisque ce qui est créé a un
commencement. Mais pourtant on- dit l'éternité,
pour désigner la vie future des intelligences
créées, vie qui n'aura point de fin. Dans ce sens
il y aura dans le ciel l'éternité de bonheur pour
les justes et dans l'enfer l'éternité de peines
tume de se saluer tire son origine d'une maladie
pour les réprouvés. C'est un dogme que les cer-
ceux dont la meim
veaux impies ont combattu, mais qu'ils n'ont épidémique qui emportait
brane piluitaire était stimulée trop vivement.
pu ébranler; el saint Thomas d'Aquin en a dé-
montré la nécessité équitable.
Eternument. On
vous salue quand vous
éternuez, pour vous
marquer, dit Aristote,
qu'on honore votre cer-
veau, le siège du bon
sens et de l'esprit. Celle
politesse s'étend jusque
chez les peuples que nous
traitons de barbares.
Quand l'empereur du Monoinotapa éternuait, ses
sujets en étaient avertis parmi signal convenu,
el il se faisait des acclamations générales dans tous
ses États. Le père Famien Strada prétend que,
pour trouver l'origine de ces salutations, il faut
remonter jusqu'à Promélhée; que cet illustre
conlrefacLeur de Jupiter, .ayant dérobé un rayon
solaire dans une petite boîLe pour animer sa En général l'éternument chez les anciens élaii
statue, le lui insinua dans les narines comme pris tantôt en bonne, tantôt en mauvaise pari,
une prise de tabac, ce qui la lit étertiuer aus- suivant les temps, les lieux et les circonstances.
sitôt. Les rabbins soutiennent que c'est à Adam Un bon eternument était celui qui arrivait depuis
qu'il faut faire honneur du premier eternument. midi jusqu'à minuit, et .quand la lune était dans
Dans l'origine des temps, c'était, dit-on, .un les signes du Taureau, du Lion, de la Balance,
mauvais pronostic et le présage de la mort. Cet du Capricorne et des Poissons; mais s'il venait
état continua jusqu'à Jacob, qui, ne voulant pas de minuit à midi, si la lune était dans le signe
mourir pour cause aussi légère, pria Dieu de de la Vierge, du Verseau, de l'Écrevisse, <'u
changer cet ordre de choses; et c'est de là qu'est Scorpion ; si vous sortiez du lit ou de la tablei
venu, selon ces docteurs, l'usage de faire des c'était alors le cas de se recommander à Dieu.
souhaits heureux quand on éternue. On a trouvé 1 M. Salgucs, Des erreurs el des préjugés. Que''
une autre raison de celle politesse ; c'est que, ques savants, entre autres Porkains et Yoe'l,on
sous le pontificat de sainl Grégoire le Grand,il y blâmé la coutume de saluer l'éternument, I'ar<:'
ÉTI 253 — EUR
L'éternument, quand on l'entendait à sa droite, et tout son peuple de dénions qui hurlaient de
était regardé chez les Grecs et les Romains désespoir et redemandaient à grands cris les
commeun heureux présage. Les Grecs, en par- âmes que la nouvelle foi venait de leur ravir'.
lant d'une belle personne, disaient que les Ethnophrones, hérétiques du septième siècle,
amours avaient éternué à sa naissance. Les Sia- qui joignaient au christianisme les superstitions
moisadmettent un enfer. Ils disent que, dans païennes, l'astrologie, les augures, les expia-
cetaffreux séjour, il y a des juges qui écrivent tions, les jours heureux et malheureux, les di-
surun grand livre tous les péchés des hommes, vinations diverses.
Étoiles. Mahomet dit que les étoiles stables
queleur chef est continuellement occupé à par-
courir ce recueil, et que les personnes dont il et les étoiles qui filent sont les sentinelles du
lit l'article ne manquent jamais d'éternuer au ciel ; elles empêchent les diables d'en approcher
même instant. De là, disent-ils, est venue la et de connaître les secrets de Dieu. Les Romains
coutume de souhaiter une longue vie ou l'as- voyaient des divinités dans lés étoiles. Les
sislance divine à ceux qui éternuent. Lorsque Étéens observaient, un certain jour de l'année,
le roi de Sennaar éternùait, ses courtisans lui le lever de l'étoile Sirius : si elle paraissait obs^
tournaient le dos, en se donnant de la main une cure, ils croyaient qu'elle annonçait la peste.
claquesur la fesse droite. Étraphill, l'un des anges des musulmans. Il
Etienne. Un homme qui s'appelait Etienne se tient toujours debout : c'est lui qui embou-
avaitla mauvaise habitude de parler à ses gens chera la trompette pour annoncer le jour du ju-
comme s'il eût parlé au diable, ayant toujours gement.
le diable à la bouche. Un jour qu'il revenait de Étrennes. Dans les temps "reculés, chez nos
•— pères, loin de se rien donner mutuellement clans
voyage,,il. appela, son .valet en ces termes :
Viens çà, bon diable,, lire-moi mes chausses. les familles le premier jour de l'an, on n'osait
Apeine eut-il prononcé ces paroles qu'une griffe même rien prêter à son voisin. Mais chacun met-
invisibledélia ses caleçons, fit tomber ses jar- tait à sa porle des tables chargées de viandes'
retières et descendit ses chausses jusqu'aux ta- pour les passants. On y plaçait aussi des pré-
lons. Etienne, effrayé, s'écria; — Retire-toi, sents superstitieux pour les esprits. Peut-être
Satan, ce n'est pas toi, mais bien mon domes- était-ce un reste de ce culte que les Romains
tique que j'appelle. Le diable se relira sans se rendaient, je premier jour de l'année, aux di-
montrer, et maître Etienne n'invoqua plus ce vinités qui présidaient aux petits cadeaux d'amis.
nom'. Quoi qu'il en soit, l'Église fut obligée, sous
Pour un autre Etienne, Voy. GUIDO. Chaiieniagne, d'interdire les présents supersti-
Etna. Le christianisme chassa de l'Etna et tieux que nos ancêtres déposaient sur leurs
desîles de Lipari Vulcain, les Cyclopes et les tables. Les canons donnent à ces présents le
Géants.Mais les démons se mirent à leur place; nom d'étrennes du diable:
el quand on institua la fête des morts, afin d'en- Etteilla. On a publié sous ce nom'déguisé,
leverau purgatoire et de rendre au paradis une qui est l'anagramme d'Alliette, plusieurs traités
fouled'âmes souffrantes, on entendit, comme le de cartomancie.
raconleun saint ermite, des bruits affreux dans Eubius, auteur d'un livre intiLulé Apparitions
l'Etnael des détonations étourdissantes dans les d'Apollonius, ou Démonstration des apparitions
îles voisines. C'était Satan et toute sa cour, Salau d'aujourd'hui, in-/i", Amsterdam, 1735 (en latin).
Eucharistie. « L.'épreuve par l'Eucharistie
que.celle coutume nous est venue des Juifs et des
gentils,commesi nous devions rejeter lous les usages se faisait en recevant la communion. Ainsi Lo-
honnêtesqui nous sont venus des uns el des autres. taire, roi de Lotharingie, jura, en recevant la
Usajoutent qu'elles doivent passer pour criminelles, communion de la main du pape Adrien II, qu'il
puisqueles Pères do l'Eglise les ont condamnées. avait renvoyé Valdrade, sa concubine; ce qui
Alaîs,ajoute Chevreau, « ils n'ont condamné que la
superstitionet les augures que l'on tirait d'éternuer était faux. Comme Lothaire mourut un mois
lesoir, le matin ou à minuit., à certaines heures, à après, en 868, sa mort fui attribuée à ce par-
droiteou à gauche, une fois ou deux, sous le signe
du Bélier, du Taureau, du Sagittaire, du Capri- jure sacrilège. Celte épreuve fut supprimée par
le pape Alexandre II 2. »
corne, etc.; el il ne faut que lé sens commun pour
ctroassuré que cela ne présage ni bien ni mal. Mais Euchites. Voy. SATANAKI.
si nous souhaitons bonheur et santé à nos parents el Eumèces, caillou fabuleux, ainsi nommé de
a nos amis quand ils s'embarquent pour un long sa forme oblongue, el que l'on disait se trouver
voyage,ou qu'ils entreprennent une grande affaire, dans la Bactriane. On lui attribuait la vertu d'ap-
ou est le mal de leur dire : Dieu vous soit en aide!
quandils elernuent, puisque l'éternument est une prendre à une personne endormie ce qui s'était
espècede convulsion el d'épilepsie de courte durée; passé pendant son sommeil, si elle avait dormi
qu'il est nuisible quand il est violent et redoublé; avec celle pierre posée sur sa tête.
que nous savons, des historiens et des médecins,
fluil a clé suivi de la mort en quelques rencontres, Eurynome, démon supérieur, prince de la
et qu'il en esl même 1 SI. Didron, Histoire du diable.
quelquefois un signe? »
Grcgorii Magni Dialog., lib. III, cap. xx. 2 Bergier, Dictionnaire théologique.
ÉVA — 25/f — EXC
mort, selon quelques démonomanes. Il a de d'une poule, à condition que ces trois animaux
grandes et longues dents, un corps effroyable soient sa propriété. Il jure ensuite fidélité el
tout rempli de plaies, et pour vêtement une peau obéissance éternelles et reçoit une
marque au
moyen de laquelle il jouit d'une puissance ab-
solue sur trois esprils infernaux, l'un de la terre
l'autre de la mer, le troisième de l'air 1. On se'
flatte de faire venir le diable en lisant certaines
formules du Grimoire. Voy.CONJURATIONS.—Deu
chevaliers de Malte avaient un esclave qui se
vantait de posséder le secret d'évoquer les dé-
mons et de les obliger à découvrir les choses
cachées. On le conduisit dans un vieux château
où l'on soupçonnait des trésors enfouis. L'es-
clave descendit dans un souterrain, fit ses évo-
cations : un rocher s'ouvrit, et il en sorlit un
coffre. Il tenta plusieurs fois de s'en emparer;
mais il n'en put venir à bout, parce que le coffre
rentrait dans le rocher dès qu'il s'en approchait.
Il vint dire aux chevaliers ce qui lui arrivait el
demanda, un peu de vin pour reprendre des
forces. On lui en donna. Quelque temps après,
comme il ne revenait point, on alla voir ce qu'il
de renard. Les païens le connaissaient. Pausa- faisait; on le trouva étendu mort, ayant sur
nias dit qu'il se repaît de charognes el de corps toute sa chair des coups de canif représentant
morts. Il avait dans le temple de Delphes une des croix. Les chevaliers portèrent son corps au
statue qui le représentait avec un teint noir, bord de la mer et l'y précipitèrent avec une
montrant ses grandes dents comme un loup af- pierre au cou 2. — Sur l'évocation des âmes,
famé et assis sur une peau de vautour. voy'. NÉCROMANCIE, TABLESTOURNANTES, etc.
-
Évangile de saint Jean. On croit dans les Exael, le dixième des premiers anges. Il ap-
campagnes que celui qui porte sur soi l'Évangile prit aux hommes, selon le livre d'Enoch, l'art
de saint Jean, In pnncipio erat Verbum, écrit de fabriquer les armes et les machines de guerre,
sur du parchemin vierge, et renfermé dans un les ouvrages-d'or et d'argent qui plaisent aux
tuyau de plume d'oie, le premier dimanche de femmes; il leur enseigna l'usage des pierres pré-
l'année, une heure avant le lever du soleil, sera cieuses et du fard.
invulnérable et se garantira de quantité de Exagération. Il y en a beaucoup dans la
maux 1. Voy. CLÉIMOMANCIE. plupart des juges laïques qui onLécrit sur les sor-
Eve. Les musulmans et les lalmudistes lui ciers et qui ont vu trop généralement des crimes
donnent, comme à noire premier père, une où il n'y avait souvent que démence ou maladie.
taille d'une lieue 2. Voy. ADAMet une singulière Cependant le mal diabolique, malum doemoniacum,
facétie au mot PANIERS. était si répandu à certaines époques qu'il csl
Évêque marin. On lit dans la Grande Chro- permis de leur trouver là des excuses. Les juges
nique des Pays-Bas, sous l'année 1/|33, qu'on ecclésiastiques ont pourtant toujours été beau-
pécha cette année-là dans la mer du Nord un coup plus indulgents. Voy., à la fin de l'article
poisson qui avait la forme d'un homme mal dé- SORCIERS,les prescriptions delà cour romaine,
grossi, une mitre en tête formée d'écaillés, et et comparez-les au code des sorciers de Boguel.
les nageoires disposées de manière à présenter Excommunication. Il y a eu quelquefois des
la ressemblance des autres ornements d'un abus de la part des hommes clans l'usage des
évêque qui officie. On ajoute qu'il se pouvait excommunications ; et on est parti de là pour
dresser sur ses pieds, qu'il se laissait toucher crier contre ces excommunications, qui onl
sans témoigner d'effroi; mais qu'il manifestait rendu cependant de si grands services à la so-
un extrême désir de retourner à la mer. Aldo- ciété dans des siècles barbares. Mais on ne trou-
vrandus, dans son livre des poissons, décrit un verait pas facilement dans toute l'histoire un ex-
être tout semblable à celui que la Grande Chro- communié frappé régulièrement par le sainl-siége
nique-des Pays-lias appelle Yévêque marin. Est-ce qui ait prospéré jusqu'au bouti. On lit dans les
un conte? est-ce un phénomène?
Évocations. Celui qui veut évoquer le diable 1 DanoeusFortianis.
lui doit le sacrifice d'un chien, d'un chat ou 2 D. Calmel el Guyol-Delamarre.
3 Voyez, dans les Légendesdes commandements de
1 Thiers, Traité des superstitions, t. I. Dieu, la Légende du chanoine de Liège, et dans lfc
2 Voyez la légende d'Eye et d'Adam, dans les Lé- Légendes des commandements de l'Eglise, le para-
gendes de l'Ancien Testament. graphe intitulé Ne touchez pas au Pape.
EXC 255 — EXO
Menéesdes Grecs, au 16 octobre, «qu'un reli- Jean Bromton raconte dans sa chronique que
gieuxdu désert de Scélé, ayant été excommunié saint Augustin, apôtre de l'Angleterre, ayant dit
par son supérieur pour quelque désobéissance, devant tout le peuple, avant de commencer la
sortit du désert et vint à Alexandrie, où il fut messe : « Que nul excommunié n'assiste au
arrêtépar le gouvernement de la ville, dépouillé saint sacrifice! » on vit sortir aussitôt de l'église
dusaint habit, puis vivement sollicité de sacri- un mort qui était enterré depuis longues années.
fier aux faux dieux. Le solitaire résista géné- Après la messe, saint Augustin, précédé de la
reusement; il fut tourmenté en diverses ma- croix, alla demander à ce mort pourquoi il était
nières, jusqu'à ce qu'enfin on lui tranchât la sorti. Le défunt répondit qu'il était mort dans
lèle; on jeta son corps hors de la ville. Les l'excommunication. Le saint pria cet excom-
chrétiensl'enlevèrent la nuit, et l'ayant enve- munié de lui dire où était enterré le prêtre qui
loppé de linceuls l'enterrèrent dans "l'église avait porté contre lui la sentence. On s'y trans-
commemartyr. Mais pendant le saint sacrifice porta. Augustin conjura le prêtre de se lever:
dela messe le diacre ayant crié tout haut à l'or- il le fit ; à la demande du saint évêque, il donna
dinaire: « Que les catéchumènes et ceux qui ne l'absolution à l'excommunié, et les deux morts
communientpas se retirent », on vit tout à coup retournèrent dans leurs tombeaux. » Les Grecs
letombeau s'ouvrir de lui-même et le corps du schismatiques croient que lés corps excommuniés
martyrse retirer dans le vestibule de l'église. ne pourrissent pas en terre, mais qu'ils s'y con-.
Aprèsla messe il rentra de lui-même dans son servent noirs et puants.
sépulcre.Un pieux vieillard ayant prié pendant En Angleterre, le tribunal des doctors com-
troisjours apprit par révélation que ce religieux mons excommunie encore; et^ en 1837, il a
avaitencouru l'excommunication pour avoir dés- frappé de cette peine un marchand de pain
obéià son supérieur, et qu'il demeurait lié jus- d'épices, nommé Studberry, pour avoir dit une
qu'à ce que ce même supérieur lui eût donné parole injurieuse à un autre paroissien, dans
l'absolution. On alla donc au désert ; on en une sacristie anglicane. Voy. INTERDIT.
amenale supérieur, qui fit ouvrir le cercueil du Excréments. On sait que le dalaï-lama, chef
martyret lui donna l'absolution; après quoi il de la religion des Tartares indépendants, est
demeuraen paix dans son tombeau 4. » C'est là regardé comme un dieu. Ses excréments sont
unfait merveilleux que nous ne prétendons pas conservés comme des choses vénérables. Après
donnercomme fréquent. qu'on les a fait sécher et réduire en poudre, on
> Dansle second concile de Limoges, tenu en les renferme dans des boîtes d'or enrichies de
1031,l'évêque de Cahors raconte une aventure pierreries, et on les envoie aux plus grands
quilui était particulière et qu'il présenta comme princes. Son urine est un élixir propre à guérir
touterécente ; « Un chevalier de notre diocèse, toute espèce de maladie. Dans le royaume de
ditce prélat, ayant été tué dans l'excommuni- Boulan, on fait sécher également les plus gros-
cation,je ne voulus pas céder aux prières de sières déjections du roi, et après les avoir ren-
ses amis, qui me suppliaient vivement de lui fermées dans de petites boîtes, on les vend dans
donner l'absolution : je voulais en faire un les marchés pour saupoudrer les viandes. Voy. DÉ-
exemple,afin que les autres fussent touchés de JECTIONS,FIENTE,TANCHELM, VACHE,etc.
crainte; il fût enterré par quelques gentils- Exorcisme, conjuration, prière à Dieu et
hommes,sans cérémonies ecclésiastiques et sans commandement fait au démon de sortir du corps
l'assistancedes prêtres, dans une église dédiée des personnes possédées. Souvent il est seule-
à saint Pierre. Le lendemain matin on trouva ment destiné à les préserver du danger. On re-
soncorps hors de terre et jeté au loin de son garde quelquefois exorcisme et conjuration comme
tombeau,qui était demeuré entier, et sans au- synonymes; cependant la conjuration n'est que
cunemarque qui prouvât qu'on y eût touché. la formule par laquelle on commande au démon
Lesgentilshommes qui l'avaient enterré n'y trou- de s'éloigner; l'exorcisme est la cérémonie en-
vèrentque les linges où il avait été enveloppé; tière '.—Les gens qui s'occupent de magie ont
us l'enterrèrent une seconde fois et couvrirent aussi leurs exorcismes pour évoquer et ren-
li fosse d'une énorme
quantité de terre el de voyer. Voy. CONJURATIONS.
pierres.Le lendemain ils trouvèrent de nouveau Voici une légende bizarre sur un exorcisme :
lecorpshors du tombeau, sans on lit dans Césaire d'Hesterbach 2 que « Guil-
qu'il parût qu'on
: eût travaillé. La même chose arriva jusqu'à laume, abbé de Sainte-Agathe, au diocèse de
C|nqfois. Enfin ils enterrèrent l'excommunié Liège, étant allé à Cologne avec deux de ses
commeils purent, loin du. cimetière, dans une moines, fut obligé de tenir tête à une possédée.
•erreprofane ; ce qui remplit les seigneurs voi- Il fit à l'esprit malin des questions auxquelles
Slnsd'une si grande terreur
qu'ils vinrent tous celui-ci répondit comme il lui plut. Le diable fai-
demanderla paix 2. » 1 Bergier, Dictionnaire théologique.
D.Calmet,Dissertation sur les revenants, p. 389. 2 CaesariiHeisterbach miraeuL, liv. V, ch. xxiX,
wmcii.,t. IX, p. 902. et Schellen, De diabol., liv. VII.
EXP — 256 EXT
sant autant de mensonges que de réponses, l'abbé port en esprit seulement, parce qu'ils recon-
s'en aperçut et le conjura de dire la vérité; il naissent le transport en chair et en os, par
obéit. 11 apprit au bon abbé comment se por- l'aide et. assistance du diable. Une sorcière se
taient' plusieurs défunts dont il voulait savoir frotta de graisse, puis tomba pâmée sans aucun
des nouvelles. Un des frères qui l'accompa- sentiment; et trois heures après elle retourna en
gnaient voulut lier conversation avec le diable. son corps, disant nouvelles de plusieurs pays
— Tais-toi, lui dit l'esprit malin, tu as volé hier qu'elle ne connaissait point, lesquelles nouvelles
douze sous à ton abbé ; ces douze sous sont furent par la suite avérées *. Le magnétisme fait
maintenant dans ta ceinture.—L'abbé, ayant en- tout cela.
tendu ces choses, voulut bien en donner l'abso-
lution à son moine; après quoi il ordonna au
, diable de quitter la possédée.
» — Où voulez-vous que j'aille? demanda le
démon. — Je vais ouvrir ma bouche, répondit
. l'abbé, tu entreras dedans, si tu peux. — Il y
fait trop chaud, répliqua le diable ; vous avez
communié. — Eh bien! mets-toi ici. Et l'abbé,
— Merci, vos
qui était gai, tendait son pouce.
doigts sont sanctifiés. — En ce cas, vas où tu
voudras, mais pars. — Pas si vite, répliqua le
diable; j'ai permission de rester ici deux ans
encore....
» L'abbé dit alors au diable : — Montre-toi
à nos yeux dans ta forme naturelle. —Vous le
voulez? — Oui. — Voyez. Cardan dit avoir connu un homme d'église
» En même temps la possédée commença de qui tombait sans vie et sans haleine toutes les
grandir et de grossir d'une manière: effroyable. fois qu'il le voulait. Cet état durait ordinaire-
En deux minutes elle était déjà haute comme ment quelques heures; on le tourmentait, on le
une tour de trois cents pieds; ses yeux devinrent frappait, on lui brûlait les chairs sans qu'il
ardents comme des fournaises et ses traits épou- éprouvât aucune douleur. Mais il entendait con-
vantables. Les deux moines tombèrent évanouis; fusément, et comme à une distance très-éloi-
l'abbé, qui seul avait conservé du courage, ad- gnée, le bruit qu'on faisait autour de lui.. Cardan
jura le diable de rendre à la possédée la taille assure encore qu'il tombait lui-même en extase
et la forme qu'elle avait d'abord. Il obéit encore à sa volonté; qu'il entendait alors les voix sans
et dit à Guillaume : — Vous faites bien d'être y rien comprendre, et qu'il ne sentait aucune-
pur: car nul homme ne peut, sans mourir, me ment les douleurs.-
voir tel que je suis, s'il esl souillé. » Voy. PACTES, Le père de Prestanlius, après avoir mangé
POSSESSIONS, etc. un fromage malélicié, crut qu'étant devenu che-
Expiation. Les anciens Arabes coupaient val il avait porté de très-pesantes charges,
l'oreille à quelque animal et le lâchaient au tra- quoique son corps n'eût pas quitté le lit; et l'on
vers des champs en expiation de leurs péchés. regarda comme une extase produite par sor-
— Un juif, dit Saint-Foix, s'arme d'un couteau, tilège ce qui n'était qu'un cauchemar causé par
prend un coq, le tourne trois fois autour de sa une indigestion.
têle el lui coupe la gorge en lui disant : — Je « Saint Augustin dislingue deux sortes d'ex-
le charge de mes.péchés; ils sonl à présent à tases 2, l'une naturelle et l'autre surnaturelle, el
toi ; tu vas à la mort, et moi je suis rentré dans cite comme appartenant à la première l'exemple
le chemin de la vie éternelle d'un prêtre nommé Restilut, de l'église de
Extases. L'extase (considérée comme crise Talama. Toutes les fois qu'on imitait devant
matérielle) est un ravissement d'esprit, une lui la voix d'un homme qui se plaint, il perdait
à un
suspension des >sens causée par une forte con- l'usage de ses sens et devenait semblable
templation de quelque objet extraordinaire et mort; de sorte qu'on pouvait le piquer, le pin-
surnaturel. Les mélancoliques peuvent avoir des cer ou même le brûler sans qu'il le sentit. Sa
extases. Saint Augustin fait mention d'un prêtre respiration s'arrêtait. Cependant, si on lui par-
qui paraissait mort à volonté et qui resta mort, lait sur un ton élevé, il lui semblait, disail-ili
Irès-involonlairement sans doule, dans une de entendre des voix lointaines 8. » Les extases
on
ses expériences. S'il fil le mort, il le fit bien. naturelles sont généralement périodiques
. Ce prêtre se nommait Prétextât; il ne sentait amenées par des causes, spéciales. L'extase sur-
rien de ce qu'on lui faisait souffrir pendant son 1 Bodin, dans la Démonomanie.
extase. 2 La Cité de Dieu, liv. XIV, ch. xxiv.
Les démonomanes appellent l'extase un trans- 3 Gbrres, Mystique, liv. IV, ch. v.
EZE — 257 FAK
naturelle est à son tour de deux sortes : l'extase tomba comme morte. Le magistrat ne la quitta
chrétienne et l'extase diabolique. De la première point. Elle revint à elle au bout de cinq heures
on peut voir beaucoup de faits dans la vie des et raconta beaucoup de choses toutes actuelles
saints. L'autre est souvent exposée dans les des lieux qu'elle avait parcourus. On fit prendre
procédures de ces malheureux qui ont; aban- sur-le-champ des informations, et les déclara-
donné la cité de Dieu pour entrer dans la, cité tions de la sorcière furent trouvées véritables. —
du diable. C'était souvent dans des extases que Les âmes des somnambules magnétisés font la
les sorcières assistaient au sabbat. Bodin raconte même chose. Ce qui est la preuve de l'existence
dans sa Démonomanie qu'en 1571 une sorcière des âmes, à part des corps qu'elles occupent.
emprisonnée à Bordeaux ayant avoué qu'elle Voy. ELFDAL.
allait au sabbat, toutes les semaines, le magis- Ezéchiel. Les musulmans disent que les os-
trat Bélot la pria d'y aller devant lui. Elle ré- sements desséchés que ranima le prophète Ezé-
pondit qu'elle n'en avait pas le pouvoir. Il la chiel étaient les restes de la ville de Davardan',
mitdonc en liberté. Aussitôt elle s'oignit tout le que la peste avait détruite et qu'il releva par
corps d'un onguent dont l'effet fut tel qu'elle une simple prière 4.
Fâal, nom que les habitants de Saint-Jean des horoscopes et des prévisions surprenantes,
d'Acre donnent à un recueil d'observations astro- si elles sont vraies. Il est certain que sa prudence
logiques, qu'ils consultent dans beaucoup, d'oc- habile tira souvent son maître d'embarrass.
casions. .. ;.- Faim diabolique." Il y a des possédés chez
,,,,/.-,,.-;,.
Faber (Albert-Othon), médecin ^.Hambourg lesquels le démon s'est plu à produire une faim
andix-septième siècle; il a écrit quelques rêve- insatiable. Brognoli délivra un enfant qui man-
ries sur l'or potable. '...'.,. geait sans s'arrêter du matin au soir et ne pou-
Faber (Abraham); desimpie soldat, il devint vait se rassasier. Gôrres, auchap. xx du livre VII
maréchalde France, et il s'illustraLspus Louis XIV. de su Mystique, cite beaucoup d'exemples de cette
Celait alors si extraordinaire qu'on l'accusa de faim engagée, entre autres un enfant qui buvait
devoir ses succès à un commerce avec le diable. d'un seul,coup un seau d'eau. Ce qui est digne de
Cequi a pu donner lieu à cette prévention, c'est remarque, c'est que ces affreuses maladies n'ont
qu'il croyait à l'astrologie judiciaire. jamais été guéries que par l'exorcisme.
Fabre (Pierre-Jean), médecin de Montpellier, Fairfax t(Édouard), poëte anglais du seizième
qui fit faire des pas à la chimie au commence- siècle, auteur d'un livre intitulé la Démonologie,
ment du dix-septième siècle. Il y mêlait un, peu où il parlé, de>la sorcellerie avec assez de cré-,
d'alchimie. Il a écrit sur cette matière et sur la dulitéît >;,.;;--
médecine spagyrique. Son plus curieux ouvrage Fairfolks, espèce de farfadets qui se mon-
est l'Alchimiste chrétien {Alchimista christianus), trent en Ecosse, et qui sont à peu près nos fées.
in-8°;Toulouse, 1632. Il a publié aussi YHercules Pairies. C'est le nom qu'on donne aux fées
piochymiais, Toulouse, 1634, in-8?, livre où il en Angleterre.
soutient que les travaux d'Hercule ne sont que Fakir. Voy<FAQUIR.
des emblèmes qui couvrent les secrets de la phi- Fakone, lac du Japon, où les habitants pla-
losophiehermétique. cent une espèce de limbes habités par tous les
Fabricius (Jean-Albert), enfants morts avant l'âge de sept ans. Ils sont
bibliographe alle-
mand, né à Leipzig en 1668. Il y a des choses persuadés que les âmes de ces enfants souffrent
curieusessur les superstitions et les contes.popu- quelques supplices dans ce lieu-là, et qu'elles y
lairesde l'Orient dans son recueil des livres sont tourmentées jusqu'à ce qu'elles en soient ra-
apo-
cryphes que l'Église a repoussés de l'Ancien et chetées par les passants. Les bonzes vendent
duNouveau Testamentl. des papiers sur lesquels sont écrits les noms de
Fadhel-ben-Sahal, Dieu. Comme ils assurent que les enfants éprou-
vizir du kalife Almainon,
e'ait aussi grand astrologue, et on cite de lui vent allégement lorsqu'on jette ces papiers sur
l'eau, on en voit les bords du lac couverts. — Il
Cote pseudepigraphus Veteris Testamentî, col-
TOUS,castigatus, testimoniisque censuris et ani- * Voyez cette légende dans les Légendes de l'An-
y«dvcrsionibusilluslratus. In-8». Hambourg et Leip- cien Testament.
'"i 1715— Codex apocriphus NoviTestamenti, etc. 2 Voyez son histoire, dans les Légendes de
l'esprit
«ambourg,4719. in-8°. prophétique.
17
PAL 258 FAN
est aisé de reconnaître dans ces usages des tra- » puis trente ans est célèbre dans les annales ca-
ditions altérées de l'Église.. » balistiques. Il se nomme Caïn Chenul Falk, et il
Falcon. L'annaliste allemand Archenolz, mort » est connnu généralement sous le nom de doc-
» leur Falcon. Un certain comte de Ranzow
» mort depuis peu au service de France comme
» maréchal de camp, assure dans ses mémoires
» cabalistiques, magiques, etc., avoir vu ce Falk
» dans le pays de Brunswick, sur une des terres
» de son père, en présence de beaucoup de per-
» sonnes connues, qu'il nomme toutes et qu'il
» prend à témoin de la vérité de ce qu'il avance.
» (Il évoquait les esprits.) Falk s'est-il servi dans
» cette opération de la méthode de Schropfer?
» Je n'en sais rien, ce qu'il y a de certain, c'est
» que cet homme vit actuellement à Londres.
» Lorsqu'il sort, ce qui arrive très-rarement, il
» est toujours-revêtu d'un long talar, qui va très-
» bien avec sa longue barbe et sa figure sé-
» rieuse et intéressante. Il est actuellement âgé de
LedocleurFalcon. » soixante-dix ans à peu près. Je ne me,donnerai
» pas la peine de rapporter ici toutes les choses
en 1812, raconte ce qui suit, dans son Tableau » incroyables et extraordinaires qu'on raconte de
de l'Angleterre, publié à Paris en 1788 : « 11y a » ce vieillard... » Voy. SCHOPFEU.
» à Londres un homme extraordinaire qui de- Falconet (Noël), médecin, mort en 1734.
Facllicl-bcn-Sahal.
Nous ne citerons de ses ouvrages que ses Lettres souvent appelé fanatisme ce qui ne l'était pas. Ils
et ses remarques sur l'or prétendu potable; elles se sont trompés ou ils ont trompé lorsque, par
sont assez curieuses. exemple, ils ont attribué le massacre politique
Fanatisme. L'Église l'a toujours condamné, de la Saint-Barlhélemi à la religion, qui y fut
comme elle condamne tous les excès. Les actes étrangère; lorsqu'ils ont-défendu les fanatiques
de fanatisme des conquérants du nouveau monde des Cévennes, qui exterminaient tout autour
étaient commis par des scélérats, contre lesquels d'eux, etc.
le clergé s'élevait de loules ses forces. On peut 11y a eu très-souvent du fanatisme outré dans
le voir dans la vie et dans les écrits de Barthé- les hérésies et même dans la sorcellerie. Sousle
u"e
lemi de Las Casas» Les écrivains philosophes ont règne de Louis XII, un écolier de l'université
FAN — 259 FAN
Paris, persuadé que la religion.d'Homère était la tombe, afin que l'ombre puisse la voir et la pour-
bonne, arracha la sainte hostie des mains d'un suivre. Des fantômes sont venus quelquefois an-
prêtre qui la consacrait et la foula aux pieds. noncer la mort; un spectre se présenta pour cela
Voilà du fanatisme. Les Juifs en ont fourni de aux noces du roi d'Ecosse, Alexandre III, qui
nombreux exemples, et un Irès-grand fanatisme
Ealconct.:
Losfaïencesbrisdes.
Fatalisme, doctrine de ceux qui reconnais- L'homme vertueux, qui parvient par de grands
sent une destinée inévitable. Si quelqu'un ren- efforts à vaincre ses passions, n'a donc plus be-
contre un voleur, les fatalistes disent que c'était soin de s'étudier à bien faire, puisqu'il ne peut
sa destinée d'être tué par un voleur. Ainsi celte être vicieux?... C'est un peu la détestable doc-
fatalité a assujetti le voyageur au fer du voleur, trine de Calvin.
et a donné longtemps auparavant au voleur l'in- Faunes, dieux rustiques inconnus aux Grecs.
tention el la force, afin qu'il eût, au temps mar- On les dislingue des satyres et sylvains, quoi-
qué, la volonté et le pouvoir de tuer celui-ci. qu'ils aient aussi des cornes de chèvre ou de
Et si quelqu'un est écrasé par la chute d'un bouc, el la forme d'un bouc depuis la ceinture
bâtiment, le mur est tombé parce que cet homme jusqu'en bas. Mais ils ont les traits moins hideux,
était destiné à être enseveli sous les ruines de sa une figure plus gaie que celle des satyres, el
maison..... Diles plutôt qu'il a été enfoui sous moins de.brutalité. D'anciens Pères les regardent
les ruines parce que le mur est tombé 4. Où comme des dénions incubes l ; et voici l'hisloire
serait la liberté des hommes, s'il leur élait im- qu'en donnent les docteurs juifs : « Dieu avait
possible de se soustraire à une fatalité aveugle, déjà créé les âmes des faunes et des satyres,
en
à une destinée inévitable? Est-il rien de plus lorsqu'il fut interrompu par le jour du sabbat,
libre que de se marier, de suivre leLou tel sorte qu'il ne put les unir à des corps, et qu'ils
genre, de vie? Est-il rien de plus fortuit que de restèrent ainsi de purs esprits et des créatures
périr par le fer, de se noyer, d'être malade?... 1 Delancre, Tablcaudel'inconstancedesdémons,Ac,
1 Bardai, clansYArgents. p. 2U.
FAU — 263 — FAU
imparfaites. Aussi, ajoulent-ils, ces esprits crai- indomptable, un immense désir de savoir, telles
gnent le jour du sabbat, et se cachent dans les étaient, disent ses panégyristes, ses qualités
ténèbres jusqu'à ce qu'il soit passé; ils prennent prononcées. Il apprit la médecine, la jurispru-
quelquefois des corps pour épouvanter les hom- dence , la théologie ; il approfondit la science dés
mes. Mais ils sont sujets à la mort. Cependant astrologues; quand il eut épuisé les connais-
ils peuvent approcher si près des intelligences sances naturelles, il se jeta dans la magie. — On
célestes, qu'ils leur dérobent quelquefois la con- l'a confondu souvent avec Faust, l'associé de
naissance de certains événements futurs, ce qui Gutlenberg dans l'invention de l'imprimerie; on
leur a fait produire des prophéties, au grand sait que quand les premiers livrés imprimés pa-
étonnement des amateurs. » rurent-, on cria à la sorcellerie ; on soutint qu'ils
Faust (Jean), célébrité allemande dans la étaient l'ouvrage du diable; et sans la protection
magie. Il brilla au commencement du seizième de Louis X! et.de la Sorbonnei l'imprimerie en
siècle. Un génie plein d'audace, une curiosité I naissant était étouffée à Paris.
Faustcl McphislophiSlès
Mais l'histoire de Faust ne sera jamais bien le chef des nécromanciens, le premier astrologue,
connue dans ses détails intimes. Ceux qui l'ont le second dans la magie, dans là chiromancie et
vu poétiquement le font naître à Weimar, pu les autres divinations. Ayant hérité alors des
à Anhalt, ou dans la Souabe, ou dans la Marche biens considérables que laissait un oncle qu'il
de Brandebourg. On ne peut guère trouver rien avait à Wiltemberg, il se livra sans frein à ïadér
de positif sur cet homme que dans Trithème et bauche el s'adonna entièrement à l'évocation des
dans Mélanchthon. Il élait né à Gundling, dans le esprils et aux sortilèges. Il se procura tous les
Wurtemberg, à la fin du quinzième siècle. Son livres magiques, prit des leçons d'un célèbre
père élail un paysan;'il avait des parents riches cristallomancien (Christophe Kayllinger), et re-
à Wiltemberg ; il y alla, y fit ses études et con- chercha tous les arts défendus. On dit qu'il se
nût là Luther, Mélanchthon el plusieurs autres vanta de faire d'aussi grands miracles que le
philosophes avancés. On voit, ditPhilippeCamera- Christ. Ce qui paraît" incontestable, c'est qu'à
jïus, qu'il alla, à dix-neuf ans, étudier la magie vingl-sept ans il conjura le démon et fit avec lui
à Cracovie, où l'on donnait alors des leçons de un pacte qui deyait durer vingt-qualre ans, au
sciences occultes. Il reparut ensuile, se disant bout desquels il s'obligeait à livrer son âme. Il
FEC 264 — FÉE
reçut pour serviteur assidu le démon Méphisto- la li fécondité d'une femme produite par la seule
phélès, et dès lors il fit tout ce qu'il voulut. De puissance
p de l'imagination. Cet arrêt supposé
graves historiens rapportent les fascinations n'est r qu'une assez mauvaise plaisanterie.
étonnantes qu'il produisit à la cour de l'empe- Fècor, compagnon d'Anarazel. Voy. ce mot.
reur Maximilién et à la cour de Charles-Quint. Fées. Si les histoires des génies sont anciennes
Il prétendait que les armées impériales lui de- dans c l'Orient, la Bretagne a peut-être le droit
vâient toutes leurs victoires. Mélanchthon, qui le de c réclamer les fées et les ogres. Nos fées ou
connaissait personnellement, le peint comme la fades f {fatidicie) sont assurément les druidesses
bête la plus immonde, le cloaque des hôtes de de c nos pères. Chez les Bretons, de temps immé-
l'enfer, chassé de partout par les magistrats. Il morial, i 'et dans tout le reste des Gaules, pen-
raconte qu'ayant tenté de voler, comme Simon dant r. la première race des rois francs, on croyait
le magicien, il fut a demi écrasé en tombant. Au généralement
$. que les druidesses pénétraient les
terme de son pacte, il fut étranglé par le démon, secretsf delà nature, et disparaissaient du monde
auprès de Rimlich, et l'écrivain que nous citons visible.A Elles ressemblaient en puissance aux
parle de cette fin horrible comme d'un fait imagiciennes des Orientaux. On en a fait des
notoire^ . fées.
f Oh disait qu'elles habitaient au fond des
Dans l'étude publiée par M. François Hugo sur puits,i au bord des torrents, dans des cavernes
le Faust anglais (Rcvxicfrançaisc du 10 mai 1858), sombres.
s Elles avaient le pouvoir de donner aux
Faust est l'imprimeur. Le Parlement de Paris le hommes 1 des formes d'animaux, et faisaient quel-
tient emprisonné , mais il s'évade et gagne iquefois dans les forêts les mêmes fonctions que
Mayence. Il évoque le diable, qui paraît sous di- les 1 nymphes du paganisme. Elles avaient une
verses formes, de dragon, de griffon, d'étoile, reine i qui les convoquait tous les ans en assem-
de poutre de feu, enfin de moine gris. Il s'ac- blée 1 générale, pour punir celles qui avaient
corde avec lui et va le visiter en enfer. Sa visite abusé: de leur puissance et récompenser celles
lui est rendue assez vite, et sept princes de iqui avaient fait du' bien.
l'enfer arrivent chez lui : Belzébub, habillé en Dans certaines contrées de l'Ecosse, on dit
boeuf; Lucifer en homme couleur des glands du ique les fées sont chargées de conduire au ciel
chêne rouge; Astaroth en serpent, avec deux les âmes des enfants nouveau-nés, et qu'elles
petits pieds jaunes; Satan en âne, avec une aidenl ceux qui les invoquent à rompre les ma-
queue de,chat; Anabry en chien n'oir et blanc, léfices de Satan. On voit dans tous les contes et
avec des oreilles de quatre aunes;' Dylhican'en dans les vieux romans de chevalerie, où les fées
perdrix; Drac en flamme bleue, avecune qhe'ue jouent un très-grand rôle, que, quoique im-
rouge; Bélial en éléphant, riche d'une1'trompe mortelles , elles étaient assujetties à une loi qui
démesurée. ; l les forçait à prendre tous les ans, pendant quel-
On a recueilli, sous lo nom de triple1'ban de ques jours i la forme d'un animal, et les expo-
l'enfer de Faust, une sorte de rituel infernal qui sait , sous celle métamorphose, à tous les ha-
donne des formules de la dernière stupidité pour sards, v'mêmcà~ la'mort, qu'elles ne pouvaient
évoquer toute espèce de démons. On y voit qu'il recevoir que "violente. On les distinguait en
faut écrire des sommations à comparaître sur du bonnes et méchantes fées ; on était persuadé que
papier noir avec du sang de corbeau. Voy. PACTES. leur amitié ou leur haine décidait du bonheur
— Wagner, disciple de Faust, Vîdcman et plu- ou du malheur des familles. A la naissance de
sieurs autres, ont écrit l'histoire de Faust. Goethe leurs enfants, les Bretons avaient grand soin de
en a fait un poëme singulier '. dresser dans une chambre écartée une table
Fechner (Jean), auteur d'un traité latin sur abondamment servie, avec trois couverts, afin
la pneumatique, ou doctrine des esprits selon les d'engager les mères ou fées à leur être favo-
plus célèbres philosophes de son temps.-Bres- rables , à les honorer de leur visite, et à douer
lau, in-12, 1698. je nouveau-né de quelques qualités heureuses.
Fécondité. De graves écrivains affirment, que Ils avaient pour ces êtres mystérieux le même
le vent produit, des poulains et des perdrix. respect que les premiers Romains pour les car-
Varron dit qu'en certaines saisons le vent rend mentes, déesses tutélaires des enfants, qui pré-
fécondes les juments et les poules de Lusitanie. sidaient à leur naissance, chantaient leur horos-
Virgile, Pline, Çolumelle, ont adopté ce conte, cope'et recevaient des parents un culte.
et le mettent au nombre des faits constamment On trouve des fées chez tous les anciens peu-
vrais, quoiqu'on n'en puisse dire la raison. On ples du Nord, et c'était une opinion partout
a soutenu autrefois beaucoup d'impertinences de adoptée que la grêle et les tempêtes ne gâtaient
ce genre, qui aujourd'hui sont reconnues des i' pas les fruits dans les lieux qu'elles habitaient.
erreurs. On a publié un arrêt donné en 1537 Elles venaient le soir, au clair de la lune, danser
!
par le parlement de Grenoble, qui aurait reconnu dans les prairies écartées celles se transportaient
1 Voyez la légende de Faust et de Mépbistophélès, aussi vite que la pensée partout,où elles.souhai-
dans les Légendesinfernales. taient, à cheval sur un griffon, ou sur un chat
FEE — 265 — FEE
d'Espagne, ou sur un nuage. On assurait que, tude de ces esprits, que les légendaires
par un caprice de leur destin, les fées étaient appelèrent des démons, les cabalistes des sylphes,
aveugles chez elles et avaient cent yeux dehors. et nos chroniqueurs des fées. Corneille de Kem-
Fréy remarque qu'il y avait entre les fées, pen assure que, du temps deLothaire, il y avait
commeparmi lés hommes, inégalité de moyens en Frise quantité de fées qui séjournaient-dans
et de puissance. Dans les romans de chevalerie les grottes, autour "des montagnes, et qui ne
et dans les contes oh voit ^souvent une bonne sortaient qu'au clair de la lune. Ôlaùs Magnus
fée vaincue par une méchante qui a plus de dit qu'on en voyait beaucoup,en Suède de son
pouvoir. temps. (( Elles ont pour demeure ,\ ajoute-triï,"
Les cabalistes ont aussi adopté l'existence des des antres obscurs dans le, plus profond^ des for
fées,'.mais ils prétendent qu'elles sùnt des syl- rets; elles se montrent quelquefois, parlent a
phides, ou esprits de l'air. On vit', sous Charle- ceux qui les,consultent,.et.s'évanouissent sub>
magneet sous Louis le Débonnaire, une multi- tëmént. » On voit dans "Froissart; qu'il y, avait
Fdedes cavernes.
également une multitude de fées dans l'île dé delà croyance aux fées ; telles sont-ces grottes
Céphalonie;qu'elles protégeaient le pays contre- du Chablais qu'on appelle les grottes des fées. On
loutméchef, et qu'elles s'entretenaient familiè- n'y aborde qu'avec peine. Chacune des trois
rement avec les femmes de l'île. Les femmes grottes a, dans le fond, un bassin dont l'eau
Manchesde • l'Allemagne sont encore des fées ; passe pour avoir des vertus miraculeuses. L'eau
maiscelles-là étaient presque toujours dange- qui distille dans la grotte supérieure, à travers
reuses. • le rocher, a formé, sous la voûte, la figure
Leloyer conte que les Écossais avaient" des d'une poule qui couve ses poussins. A côté du
fées, ou fairs,, ou fairfolks, qui venaient la nuit bassin on voit un rouet, ou tour à filer, avec la
dans les prairies. Ces fées paraissent être les quenouille. Les femmes des environs, dit -un
strigcs, ou magiciennes , dont parte Ausone. écrivain du dernier siècle, prétendent avoir vu
Hectorde Boëce , dans ses Annales d'Ecosse, dit autrefois, dans l'enfoncement, une .femme pétri-
quetrois de ces fées prophétisèrent à Banquo, fiée au-dessus du rouet. Aussi on n'osait guère
cueldes Stuarts, la grandeur future de sa mai- approcher de ces grottes; mais depuis que la
son.Skakspeare, dans son Macbeth, en a fait figure de la femme a disparu on est devenu moins
Ns sorcières. Il reste beaucoup de monuments timide. Auprès de Ganges, en Languedoc, on
FEE 266 FEL
montre une autre grolle des fées, ou grottes des une fée ; il y avait dans son destin celte particu-
demoiselles, dont on fait des contes merveilleux. larité , qu'elle était obligée tous les samedis de
On voit à Merlingen, en Suisse, une citerne prendre la forme'd'un serpent dans la partie in-
noire qu'on appelle le puits de la fée. Mon loin férieure de son corps. La fée qui |épousa le sei-
de Bord-Saint-Georges, à deux lieues de Cham- gneur' d'Argouges , au commencement du quin-
bon, on respecte encore les débris d'un vieux zième siècle, l'avait^ dit-on, averti de ne jamais
puits qu'on appelle aussi le puits des fées ou parler de la mort devant elle; mais un jour
fades, et sept bassins qu'on a nommés les creux qu'elle s'était fait longtemps attendre, son mari,
dès fades. On voit près de là , sur la roche de impatienté, lui dit qu'elle serait bonne à aller
Beaune, deux empreintes de pied humain : l'une chercher là mort. Aussitôt la fée disparut en
est celle du pied de saint Martial, l'autre appar- laissant les" traces de ses; mains sur les murs,
tient, suivant la tradition, à la reine des fées, contre lesquels elle frappa plusieurs-fois de dépit,
qui, dans un moment de fureur, frappa si forte- C'est depuis ce temps que la noble maison d'Ar-
ment le rocher de son pied droit qu'elle en laissa gouges porte dans ses armes trois mains posées
la marque. On ajoute que, mécontente des habi- en pal, et une fée pour cimier. L'époux de Mé-
tants du canton, elle tarit les sources minérales lusine la vit également disparaître pour n'avoir
qui remplissaient les creux des fées, et les fit pu vaincre la curiosité de la regarder à travers
couler à Évaux, où elles sont encore. On voyait la porle dans sa métamorphose du samedi'.
près de Domremy l'arbre des fées : Jeanne d'Arc La reine des fées est fitania, épouse du roi
fut même accusée d'avoir eu des relations avec Obéron, qui a inspiré à Wieland un poëme cé-
les fées qui venaient danser sous cet arbre. lèbre en Allemagne.
On remarque dans la petite île de Concourie, Felgénhaver ( Paul ), visionnaire allemand
à une lieue de Saintes, une haule butte de terre du dix-septième siècle. Il se vantait d'avoir
qu'on appelle le Mont des fées. La. Bretagne est reçu de Dieu la connaissance du présent, du
pleine de vestiges semblables ; plusieurs fontaines passé et de l'avenir ; il prêchait un esprit astral,
y sont encore consacrées à des fées, lesquelles soumis aux régénérés (ses disciples), lequel
métamorphosent en or, en diamant, la main des esprit astral est celui qui a donné, dit-il, aux
indiscrets qui souillent l'eau de leurs sources 4. prophètes et aux apôtres le pouvoir d'opérer
Le mail d'Amiens, appelé aujourd'hui prome- des prodiges et de chasser les démons. Ayantélé
nade de la Hautoye, était autrefois le mail des mis en prison à cause de quelque scandale qu'il
fées. avait causé, il composa un livre où il prouvait
Le comte d'Angeweiller épousa uhefée, comme la djvinité de sa mission par ses souffrances. Il
le rapporte Tallemant des Réaux ; elle lui donna y raconte une révélation dont le Seigneur, à
un gobelet, une cuiller et une bague, trois mer- ce qu'il disait, l'avait favorisé. Ses principaux
veilleux objets qui restèrent dans sa famille ouvrages sont:
comme gages de bonheur. On lit aussi dans la .1° Chronologie ou efficacité des années du
légende de saint Armentaire, écrite en l'an, 1300, monde, sans désignation du lieu d'impression,
quelques détails sur la fée Esterelle, qui vivait 1620, in-4?. Il prétend y démontrer que le
auprès d'une fontaine où les Provençaux lui ap- monde est de deux cent trente-cinq ans plus
portaient des offrandes. Elle donnait des breu- vieux qu'on ne le croit ; que Jésus-Christ est né
vages enchantés aux femmes. Le monastère de l'an 4235 de la création; et il trouve de grands
Notre-Dame de l'Esterel élail bâti sur le lieu mystères dans ce nombre, parce que le double
ne
qu'avait habité cette fée. Mélusine était encore septénaire y est contenu 2. Or, le inonde
pouvant pas subsister plus de ;six mille ans.il
1 Le Qùimpérois racontait, il y a quinze ans, une
n'avait plus, en 1620, à compter que sur une
singulière aventure arrivée auprès de Châleaulin :
« Le bateau à vapeur le Parisien, revenant du 1 Voyez les légendes de Mélusine et de quelques
pardon de Sainte-Philomônë à Landévénec, coula dans les Légendesdes esprits et démons.
dans la rivière de Châleaulin. Il faisait nuit ; les dames autres,
2 C'est de la cabale : comme en a fait dans l'alma-
qui se trouvaient à bord furent débarquées comme
les autres passagers sur la plage. Elles se dirigèrent nach prophétique M. Eug. Bareslè : 4,235 se compo-
chiffres qu'on additionne :
vers une métairie située à quelque distance pour y sent de quatre
demander l'hospitalité. Le fermier, qui était couché, l
vint à leur appel ouvrir sa porte. Mais aussitôt qu'il 2
les eut vues dans leurs élégantes et blanches parures, ,3
il ferma vivement son huis et refusa obstinément de
les recevoir, les prenant pour des fées ou pour des 44 ou deux fois 7.
fantômes. Le jour, toute la ferme eût été à leur
disposition, elles y eussent été reçues comme des Mais 4,136 donnent le même résultat, aussi bien
cliil-
reines; la nuit, elles en furent chassées comme des qu'une foule d'autres combinaisons de quatre
esprits malfaisants. Si pareille aventure arrivait à tel fre's, par exemple, 3,245, 2,4S3, etc., àmoinsquon
de nos poè'les ou antiquaires celtiques, on les verrait ne veuille prendre le premier, et le troisième cliil"* «
sans doute moins épris des naïves et touchantes su- qui font 7, comme le second avec le quatrième;
perstitions de la Bretagne. » qui ne. fait que diminuer le nombre des combinais"11-
FEM — 267 FEM
durée de cent quarante-cinq ans. Le jugement même on les voit dans les écuries, tenant des
dernier était très-proche, et Dieu lui en avait chandelles de cire allumées dont elles laissent
révélé l'époque, qui était 1765. 2° Miroir des tomber des gouttes sur le toupet et le crin des
temps, dans lequel, indépendamment des admo- chevaux, qu'elles peignent et qu'elles tressent
nitions adressées à tout le monde, on expose aux ensuite fort proprement ; ces femmes blanches,
yeux ce qui a été et ce qui est parmi tous les ajoute le même auteur, sont aussi nommées
États écrit par la grâce de Dieu et par l'inspi<- sibylles et fées. En Bretagne, des femmes blan-
riition du Saint-Esprit..., 1620, in-4°; 3° Pos- ches, qu'on appelle lavandières du chanteuses de
tillon ou Nouveau calendrier et pronosticon-as- nuit, lavent leur linge en chantant, au clair de
trologico-prophclicum, présenté à tout l'univers la lune, dans les'fontaines écarlées; elles ïé^
cl à toutes les créatures, 1636, in-12 (en alle- clament l'aide des passants pour tordre leur
mand). Felgenha ver, en résumé, nous paraît linge et cassent le bras à qui les aide de mau-
avoir été un rival de Matthieu Laensberg. vaise grâce.
Femmes. Il y eut une doctrine adoptée par Érasme parle d'une femme blanche célèbre
quelques hérétiques, que les femmes étaient des en Allemagne et dont voici le conte :' — « La
brutes, matières' non esse homines. Les prélats, chose qui est presque la plus remarquable dans
an second concile de MàcOn, foudroyèrent cette notre Allemagne, dit-il, est la femme blanche,
extravagance, qui venait des rabbins." Nous ne qui se fait voir quand la mort est prête à,frâpper
rapporterons pas ici toutes les mille et Une er- à la porte de quelque prince, et non-sèulëment
reurs qu'on a débitées contré les femmes. De- en Allemagne, mais aussi en Bohême. En effet,
lancre'et Bodin assurent qu'elles sont bien plus ce spectre s'est montré à la mort de la plupart
aptes que lés hommes à la sorcellerie, et que c'est des grands de Neuhaus el de Rosemberg, et il
une terrible chose qu'une femme qui s'entend se montre encore aujourd'hui. Guillaume Sla-
avecle diable. D'anciens philosophes disent aussi vata, chancelier de ce royaume, déclare que
que la présence des femmes en certains jours cette femme ne peut être retirée dti purgatoire .
faittourner le lait, ternit les miroirs, dessèche tant que le château de Neuhaus sera debout.
les campagnes ; engendre des serpents et rend Elle y apparaît non-seulement quand quelqu'un
les chiens enragés. Les philosophes sont bien doit mourir, mais aussi quand il se doit faire
niais.; un mariage ou qu'il doit naître un"enfant; avec
Femmes blanches. Quelques-uns donnent le cette différence que quand elle apparaît avec
nom de femmes blanches aux sylphides, aux des vêtements noirs, c'est signe de morl; et,
au contraire, un témoignage de joie quand on
la voit tout en blanc. Gerlanius témoigne aussi
avoir ouï dire au baron d'Ungenaden, ambas-
sadeur de l'empereur à la Porte, que cette
femme blanche apparaît toujours en habit noir
lorsqu'elle prédit en Bohême la mort de quel-
qu'un de la famille de Rosemberg. Le seigneur
Guillaume de Rosemberg s'étant allié aux quatre
maisons souveraines de Brunswick, de Brande-
bourg, de Bade et de Pernslein, l'une après
l'autre, et ayant fait pour cela de grands frais,
surtout aux noces de la princesse de Brande-
bourg , la femme blanche s'est rendue familière
à ces quatre maisons et à quelques autres qui
leur sont alliées. A l'égard de ses manières d'agir,
elle passe quelquefois très-vile de chambre en
chambre, ayant à sa ceinture un grand trous-
seau de clefs dont elle ouvre el ferme les portes
aussi bien de jour que de nuit. S'il arrive que
quelqu'un la salue , pourvu qu'on la laisse faire,
.elle prend un ton de voix de femme veuve, une
gravité de personne noble, et, après avoir fait
nymphes-et à des fées qui se monlraienl en une honnête révérence de la têle, elle s'en va.
Allemagne,protégeant les enfants et s'inléressant Elle n'adresse jamais de mauvaises paroles à
àquelquesfamilles. D'autres entendent parla cer- personne; au contraire, elle regarde tout le
tainsfantômes qui causent plus de peur que de monde avec modestie et avec pudeur. Il est vrai
niai.11y a une sorte de spectres peu dangereux, que souvent elle s'est fâchée, et que même elle
diLDelrio, qui a jeté des pierres à ceux à qui elle a entendu te-
apparaissent en. femmes toutes
blanches dans les bois et les prairies ; quelquefois nir des discours inconvenants tant contre Dieu
FEM — 268 — FER
que contre son service ; elle se montre bonne en- fois : le tour d'une chaise, l'ayant toujours à là
vers les pauvres et se tourmente fort quand on main ; et le mari fut pleinement rassuré. Ce trait
ne les aide pas à sa fantaisie. Elle en donna des eut lieu sous Jean Cantacuzène.
marques lorsque, après que les Suédois eurent Sur la côte du Malabar, l'épreuve du fer chaud
pris le château, ils oublièrent de donner aux était aussi en usage. On couvrait la main du
pauvres Je repas de bouillie qu'elle a institué de criminel d'une feuille de bananier, et l'on y ap-
son vivant, Elle mena si grand charivari que les pliquait un fer rouge; après quoi le surinten-
soldats qui y faisaient la garde ne savaient où dant des blanchisseurs du roi enveloppait la
se cacher. Les généraux mêmes ne furent pas main de l'accusé avec une serviette trempée
exempts de ses importunités,-jusqu'à ce qu'enfin dans.de l'eau de riz; il la liait avec des cor-
un d'eux rappelât aux autres qu'if fallait, faire dons; puis le roi appliquait lui-même son cachet
de la bouillie et la distribuer,aux pauvres.; ce sur le noeud. Trois jours après on déliait la main
qui ayant été accompli, tout fut tranquille. » et on déclarait le prévenu innocent, s'il,ne res-
Voy. FÉES.. tait aucune marque de brûlure; mais, s'il en
Femmes-cygnes. Il y a des fëmmes-çygnes était autrement, ,il était envoyé au supplice.—
dans les, légendes Scandinaves : ce sont des on- Au reste, l'épreuve, du fer chaud est. fort an-
djnes;. mais .elles ont quelque chose d'humain, cienne; car "il en est question dans l'Electre de
quoiqu'elles ne soient pas de l'espèce, tandis Sophocle.'. ...';. -..'"'.'
que chez lés Tartares de: l'Altaï ce sont probable- Ferdinand IV, dît l'Ajourne, roi de Castjlle
ment des démons. On en voit une se déguiser et. de Léon, né en 1285* Ayant, condamné; à
en renard noir pour, égarer les héros. Il paraît mort deux frères que l'on accusait d'avoir as-
qu'elles sont au nombre de quarante. Un jour sassine un seigneur castillan au sortir du palais,
trente de ces femmes se métamorphosèrent en il voulut que la sentence fût exécutée, quoique
im seul .loup-garou, Quelquefois elles concen- les accusés protestassent de leur innocence el
trent leur quarante perfidies pour constituer une quoiqu'il n'y eût aucune preuve solide contre
seule femme-cygne dont la malice est alors ef- eux. Alors, disent les historiens de ce temps,'
froyable. Pour se défatiguer, elle avale du sang les deux frères, en montant le rocher du haut
trois fois plein sa main, après, quoi, elle peut duquel ils devaient être précipités, ajournèrent
courir quarante ans sans désemparer *. .' . Ferdinand à comparaître dans trente jours au
Femmes vertes. Les Écossais donnent ce tribunal du juge des rois; et, précisément trente
nom à des fées qui paraissent, aux lieux déserts, jours après, le roi, s'étant retiré après le dîner
habillées de robes vertes éclatantes. pour dormir, fut trouvé mort dans son lit. Voy.
Fenris. Le. loup Fenris est un des monstres AJOURNEMENT.
de l'enfer Scandinave, né de Lokeet de la géante Fernand (Antoine), jésuite espagnol, au-
Angerbode. Il est assez fort pour, éhranler la teur d'un commentaire assez curieux sur les vi-
terre. Il doit, à la fin du monde, dévorer Odin. sions et révélations de YAniien Testament, publié
Jusque-là il est enchaîné. en 1617.
Fer chaud (épreuve du). Celui qui voulait Ferragus, géant dont parlé la Chronique de
se justifier d'une, accusation, ,ou prouver la vé- l'archevêque Turpim II avait douze pieds de
rité d'un fait contesté, et que l'on condamnait haut et la peau si dure qu'aucune lance ou épée
pour cela à l'épreuve du fer chaud, était obligé ne la pouvait percer. Il fut vaincu par l'un des
de porter à neuf ou douze, pas, une barre de preux de Ghariemagne.
fer rouge pesant environ. trois livres.-Cette Ferrier (Auger), médecin et astrologue,
épreuve se faisait aussi en mettant la main dans auteur d'un livré peu connu intitulé Jugements
un gantelet de fer sortant de la fournaise, ou d'astronomie sur les nativités, ou horoscopes,
en marchant sur du fer rougi. Voy. EMMA.Un in-16; qu'il dédia à là reine Catherine de Mé-
mari de pidymôtèque, soupçonnant la .fidélité de dicis:—Aùgef Ferrier a laissé encore un petit
sa femme, lui proposa d'avouer son crime ou traité 'latin.*De somniis, imprimé à Lyon en 1549,
de prouver. son innocence par l'attouchement avec le traité d'Hippocrate sur les insomnies.
la
d'un fer chaud. Si elle avouait, elle était morte ; Féry (Jeanne), jeune, fille de Sore, sur
si elle tentait l'épreuve, elle craignait d'être Sambre, qui, ayant..été maudite par son père,
brûlée. Elle eut recours à l'évêque de Didymo-. fut obsédée d'un démon dès l'âge de quatre ans.
el
lèque, prélat r'ecommandable ; elle lui avoua sa 11 lui donnait du pain blanc et des pommes
faute en pleurant et promit de la réparer. faisait qu'elle ne sentait pas les coups qu'on lui
fut
L'évêque, assuré de son. repentir, et sachant appliquait comme châtiment. Lorsqu'elle 1
f'
que le repentir vrai reslilue l'innocence, lui dit grande, il la démoralisa peu à peu ; il lui
qu'elle pouvait sans crainte, se soumettre à signer un papier où elle renonçait à son bap-
l'épreuve. Elle prit un fer rougi au feu, fit trois tême, à l'Église et au Christ. Elle avala ensuite
1 M. Elie Reclus, Légendes tartares, dans la Re- ce papier dans une orange,- et, livrée au démon,
0'
vue germanique, 31 août i860.. I elle commit tous les péchés imaginables, pi-
FES — 269 — FET
fanations, sacrilèges, blasphèmes, abominations. aux images de la déesse et dès divinités qui
Elleétait transportée aux réunions diaboliques, l'entourent. Les cérémonies et les sacrifices qui
oùelle adora plusieurs démons ; elle en nomma s'accomplissent ie deuxième et le troisième jour
quelques-uns dans sa confession : l'un s'appelait sont presque semblables à ceux du premier. A
Charme, un autre Ninus, un autre Esprit de la fin, lorsque tous les animaux ont été im--
Sang,un autre Béléal, etc. Lorsqu'elle eût vingt- moles, la multitude se couvre de bôiie et de
cinq ans, on remarqua a beaucoup de signes sang coagulé, puis danse avec frénésie au lieu
qu'elle était possédée. L'archevêque de Cam- même où elle s'est prosternée. Le lendemain
brai, Louis de Berlàimont, la fit exorciser. Mais des fêtes, l'idole est dépouillée de, ses pouvoirs
ces exorcisâtes j où de grandes horreurs furent parlemême brahme qui l'en ayaitxêvètue.
révélées, durèrent près de deux ans; et une Celte statue, l'une des plus révoltantes qu'on
foulede témoignages très-graves ne permettent '
puisse imaginer, représente Dourga ou Gà'li,
pas de contester cette histoire, dont les détails personnifiant la mort : c'est "une horrible femme
nombreuxsont reproduits par Gôrres au livre VIII très-noire, quelquefois bleue, qui tient d'une de
de sa Mystique, çhap. xil. La malheureuse ses quatre mains un 'cimeterre, dé l'autre une
Jeannefût délivrée enfin par la protection spé- tête de géant qu'elle a saisie par lès cheveux;
cialede sainte Marie Madeleine qu'elle invoquait dé la troisième-, étendue tout ouverte, elle semblé
ardemment. . . bénir, et de la quatrième elle défend d'avoir
Festins du sabbat. Le sel n'y paraît jamais. peur. Ses boucles d'oreilles sont deux squelettes;
Lepain n'est pas fait de farine de blé, mais de son collier une rangée de crânes. Sa langue
farinede pois. Les viandes sont de la chair de tombe jusqu'au bas de son menton, en témoi-
chienou dé chat Volé. Si elle est en putrëfaç- gnage de la hohtë qu'elle éprouve eu s'apercer
'
lioii,'c'est un régal. On mange des cadavres Vant que,; dans sa fureur indomptable, elle a
d'enfants. En quelques lieux, les habitués du foulé aux pieds son mari Siva. Des têtes de
sabbatont déterré le corps d'un des leurs dé- géants coupées entourent sa -taille d'une cein-
cédéet l'ont mangé à toutes sauces. Dans les ture, et ses nattes tombent jusque sur ses ta-
procèsdes sorciers, on voit des sorcières con- lons. Comme elle a bu le sang dés géants qu'elle
vaincuesd'avoir mis à la broche des enfants dé- a tués pendant le combat, ses sourcils ont pris
robés. On ne boit que des liqueurs. Le vin, la couleur du breuvage qui l'a désaltérée,, et un
l'huile, le sel et tout ce que l'Église bénit est ruisseau vermeil, de la même nature, s'échappe
excludans ces hideuses fêtes. de sa poitrine; ses yeux sont rouges comme
Fêtes dans l'Inde. Nous donnons ici une ceux d'un ivrogne; elle est debout, un pied sur
idéedu culte public en un pays où les Anglais, la poitrine de son mari, l'autre sur sa cuisse.
depuiscent ans, auraient porté la lumière s'ils Cette statue est placée par les prêtres sur une
étaientrestés catholiques : c'est la fête que les estrade de bambous et transportée, accompagnée
Hindouscélèbrent au commencement d'octobre, d'une foule immense, au bruit des tambours, des
en l'honneur de la déesse Dourga, épouse de cornets et d'autres instruments hindous, sur la rive
Siva,appelée aussi Bhavani, et de sa fille Cali, du fleuve.sacré ; on la précipite dans les flots, en
née de son oeil, appelée encore Mohakali,.la présence d'un concpurs de tous rangs et de toutes
noire, la grande noire, et Boudrani, la mère conditions, tandis que les prêtres invoquent la
deslarmes. CeLte fête est l'une des plus magni- déesse et lui demandent la vie, la santé et la
fiques,des plus coûteuses et despluspopulaires prospérité, la suppliant, elle, leur mère univer-
du culte hindou. Voici les détails que donne, à selle, comme ils disent, de retourner momenla-
proposde ces cérémonies religieuses, l'India, de némenl dans ses domaines, pour revenir plus
t-Tli. Stocq.ueler : tard au milieu d'eux.
Lespréliminaires seuls prennent plus de temps Pendant ces trois jours à'adoration, les mai-
quel'adoration, qui dure cependant trois jours. sons des riches Hindous sont splendidement illu-
Pendant toute cette période, les affaires sont minées la nuit, et ouvertes le jour à tout venant.
suspendues,et chacun se livre sans mesure au Mais tout n'est pas fini : le jour suivant on
plaisiret à la gaieté. Le premier jour on donne apporte des villages, souvent fort éloignés du
la vue et l'existence à l'idole destinée à devenir fleuve, des idoles que l'on vient y jeter, et le
l'objetde la vénération générale. Unbrahmes'en tumulte, la confusion qui régnent alors sont in-
acquitteen touchant les joues, les yeux, la poi- descriptibles. Les statues exhibées en pareille
trine et le front de la divinité, en disant : occasion sont faites de foin, de morceaux de
1Puisse l'âme de
Dourga être longtemps heu- bois, d'argile, et quelques-unes atteignent dix à
reusedans ce corpsI » D'autres cérémonies, douze pieds de haut.
a]nsique l'immolation d'un grand nombre de Ces fêtes absorbent des sommes immenses;
Niaux, tels que des bisons, des moutons, des une partie, et c'est la plus considérable, est dis-
lèvres, etc., succèdent à celle-là. La chair et tribuée en aumônes, employées à nourrir et à
le sang des victimes sont offerts en holocauste vêtir les prêtres et les mendiants; le reste est
FET 270 FEU
consacré aux réjouissances publiques et à enri- Feu. Plusieurs nations ont adoré cet élément,
chir les bayadères qui dansent devant la déesse. En Perse, on faisait des enclos fermés de ma-
Les Anglais n'ont jamais porté la lumière dans railles et sans toit, ou l'on entretenait du feu. Les
ces hideuses ténèbres; et ils n'ont rien fait pour grands y jetaient des essences et des parfums.
empêcher ces abominations. Quand un roi de Perse était à l'agonie, on étei-
Fétiches, divinités des nègres de Guinée. Ces gnait le feu dans les villes principales du royaume,
divinités varient : ce sont des animaux dessé- pour ne le rallumer qu'au couronnement de son
chés , des branches d'arbres, des arbres mêmes, successeur. Certains Tartares n'abordent jamais
des montagnes, ou toute autre chose. Ils en ont les étrangers qu'ils n'aient passé entre deux feux
de petits qu'ils portent au cou ou au bras, sou- pour se purifier ; ils ont bien soin de boire la face
vent des coquillages. Ils honorent un arbre qu'ils tournée vers le midi, en l'honneur du feu. Les
appellent l'arbre des fétiches; ils placent au pied Jagous, peuple de Sibérie, croient qu'il existe
une table couverte de vin de palmier, de riz et dans le feu un être qui dispense le bien et le
de millet. — Cet arbre est un oracle.que l'on mal ; ils lui offrent des sacrifices perpétuels.
consulte dans les occasions importantes ; il ne On sait que, selon-les cabalistes, le feu est
manqué jamais de faire connaître sa réponse par l'élément des Salamandres. Voy. ce mot.
l'organe d'un chien noir, qui est le diable, selon Parmi les épreuves superstitieuses qu'on ap-
nos dém'onographes. —Un énorme rocher nommé pelait jugements de Dieu, l'épreuve du feu ne
Tabra, qui s'avance dans la mer en forme de doit pas être oubliée. Voy. FISR. CHAUD, EAUBOUIL-
presqu'île, est le grand fétiche du cap Corsé. On LANTE,etc.
lui rend des honneurs particuliers, comme au Feu de la Saint-Jean. En 163Zt, à Quimper,
plus puissant des fétiches. — Au Congo, personne en Bretagne, les habitants menaient encore des
ne boit sans faire une oblation à son principal sièges auprès des feux de joie de la Saint-Jean,
fétiche, qui est souvent une défense d'éléphant. pour que leurs parents morts pussent en jouira
Nous empruntonsce qui suitàla Revuecoloniale: leur aise. — On réserve, en ce pays, un tison
« Dans les deux Guinées règne partout un af- du feu de la Saint-Jean pour se préserver du ton-
freux fétichisme, avec un cortège de supersti- nerre. Les jeunes filles, pour être sûres de se
tions ridicules, dégradantes et parfois cruelles. marier dans l'année, sont obligées de danser au-
La métempsycose, la polygamie, le divorce, les tour de neuf feux de joie dans cette même nuit:
sacrifices humains et même souvent l'anthropo- ce qui n'est pas difficile, car ces feux sont telle-
phagie sont consacrés par la religion. ment multipliés dans la campagne qu'elle paraît
» Pour comprendre la force et l'influence des illuminée. On conserve ailleurs la même opinion
idées et des pratiques superstitieuses de ces peu- qu'il faut garder des lisons du feu de Saint-Jean
ples, il est bon de faire observer qu'elles font comme d'excellents préparatifs qui, de plus,
partie intégrante de leur état social, et que les portent bonheur. -r- A Paris, autrefois, on jetait
fétichistes, pas plus que les mahométans, n'éta- deux douzaines de petits chais (emblèmes du
blissent de distinction entre l'ordre politique et diable sans doute) daus le feu de la Saint-Jean1,
l'ordre religieux. Chez eux les idées et les pra parce qu'on était persuadé, que les sorciers fai-
tiques religieuses sont l'essence de leur état saient leur grand sabbat celte nuit-là. — On di-
social. Aussi le culte de leurs fétiches ou génies sait aussi que la nuit de la Saint-Jean était la
protecteurs se révèle partout, dans la vie pu- plus propre aux maléfices, et qu'il fallait recueil-
blique comme dans la vie individuelle. Ainsi il y lir alors le trèfle à quatre feuilles, et toutes les
a le fétiche du royaume, celui du village, celui autres herbes dont on avait besoin pour les sor-
de la famille, celui de l'individu. tilèges.
» C'est au nom du fétiche que les chefs gou- Feu grégeois. Du terrible feu grégeois et à
vernent, qu'ils jugent les litiges, qu'ils règlent la manière de le composer. « Ce feu est si vio-
le commerce et même l'usage des aliments. C'est lent qu'il brûle tout ce qu'il louche, sans pou-
au nom du fétiche que le maître exerce sur son voir être éteint, si ce n'est avec de l'urine, de
esclave son droit de vie et de mort, et que la fort vinaigre ou du sable. On lé compose avec
chair humaine devient l'aliment de l'homme. du soufre vif, du tartre, de la sarcocole, delà
C'est au fétiche supposé irrité qu'on immole des picole, du sel commun recuit, du pentréoleel
victimes humaines pour l'apaiser. de l'huile commune; on fait bien bouillir le tout,
» Les formes sous lesquelles le fétiche est ho- jusqu'à ce qu'un morceau de toile qu'on aura
noré-varient selon les pays. Tantôt c'est sous la jeté dedans soit consumé; on le remue avec
figure d'un animal, tel que le lézard, le cheval, une spatule de fer. 11 ne faut pas s'exposer à
l'hyène, le tigre, le vautour et plus souvent le faire cette composilion dans une chambre, mais
serpent; tantôt c'est sous la forme d'un arbre ou dans une cour ; parce que si le feu prenait, on
d'une plante dont l'espèce devient sacrée ; tantôt, serait très-embarrassé pour l'éteindre 2. »
enfin, c'est sous l'image d'une statuette de bois 1 Voyez l'article Chat.
à figure humaine, n 2 Admirablessecretsdu Petit Albert, p. 88.
FEU — 271 <-EV
Ce n'est sans doute pas là le feu grégeois d'Ar- de course, il arriva, en se recommandant à Dieu
chimède. de toutes ses forces, à la porte d'une église.où
Feu Saint-Elme, ou Feu Saint-Germain, tout s'engloulit. Celte vision, ajoute Cardan, était
ouFeu Saint-Anselme. Leprince de Radzivill, le présage d'une grande peste qui ne tarda pas à
dans son Voyage de Jémsalem, parle d'un feu se faire sentir, accompagnée de plusieurs autres
qui parut plusieurs fois au haut du grand mât fléaux. Cardan était enfant lorsqu'on lui raconta
du vaisseau sur lequel il était monté ; il le nom- cette histoire, de sorte qu'il peut aisément l'avoir
maitfeu Saint-Germain; d'autres, feu Saint- dénaturée. Le jeune homme qui eut la vision,
Elme, et feu Saint-Anselme. Les païens attri- n'avait que vingt ans ; il était seul, il avait éprouvé
buaientce prodige à Castor et Pollux, parce que une grande frayeur. Quant à la peste qui suivit,
quelquefoisil paraît double. Les physiciens disent elle était occasionnée, aussi bien que l'exhalai-
que ce n'est qu'une exhalaison enflammée. Mais son , par une année de chaleurs extraordinaires.
les anciens croyaient y voir quelque chose de Voy. ELFS, JACKOF LANTEÎW,etc.
surnaturel et de divin •. - Un des habitants "de Cardigan, en Ecosse* eut
Feux follets. On appelle feux follets, ou es- une vision de follets qui ne paraît pas tant une
prits follets, ces exhalaisons enflammées que la illusion. Elle est rapportée par. Bartér, dans son
terre, échauffée par les ardeurs de l'été, laisse livre De la certitude des esprits. S'êtant réveillé
échapper de son sein, principalement dans lès une nuit après minuit sonné* il vit entrer succes-
longuesnuits de i'Avent ; et, comme ces flammes sivement^ un à un, dans sa chambre, douze feux
roulent naturellement vers les lieux bas et les follets qui avaient forme de femmes portant de
petits enfants.: Sa chambre en était parfaitement
éclairée. Les follets, après avoir dansé, s'assirent
autour d'un tapis et parurent se disposer à sou-
per. Ils l'invitèrent même à venir manger avec
eux ; et comme il priait pendant cette vision, une
voix lui dit de n'avoir pas peur. Au bout de quatre
heures la vision disparut. Celui qui l'avait, eue
jura qu'il était bien éveillé et qu'il n'était pas le
jouet d'une illusion. C'était un homme de bon
sens et qui méritait confiance.
Féval (Paul), auteur de la belle légende inti-
tulée la Femme blanche des marais, de la Fée des
grèves et Du fils du diable. 18Z|6. Ce dernier ou-
vrage est moins recominandable.
Fèves. Pythagore défendait à ses élèves de
manger des fèves, légume pour lequel il avait
une vénération particulière, parce qu'elles ser-
vaient à ses opérations magiques et qu'il savait
marécages, les paysans, qui les prennent pour bien qu'elles étaient animées. On dit qu'il .'les
demalins esprits, s'imaginent qu'ils conduisent faisait bouillir; qu'il les exposait ensuite quelques
au précipice le voyageur égaré que leur éclat nuits à la lune, jusqu'à ce qu'elles vinssent à se
éblouit,et qui prend pour guide leur trompeuse convertir en sang, dont il se servait pour écrire
lumière.Olaûs Magnus dit que les voyageurs et sur un miroir convexe ce que bon lui semblait.
lesbergers de son temps rencontraient des es- Alors, opposant ces lettres à la face de la lune
pritsfollels qui brûlaient tellement l'endroit où quand elle était pleine, il faisait voir à ses amis
ils passaient qu'on n'y voyait plus croître ni éloignés, dans le disque de cet astre, tout ce
herbeni verdure 2. Chez les Russes et chez les qu'il avait écrit sur son miroir... Pythagore avait
Polonais,les feux follets sont les âmes des morts. puisé ses idées sur les fèves chez les Égyptiens,
Unjeune homme, revenant de Milan pendant qui ne touchaient pas à ce légume, s'imaginant
une nuit fort noire, fut surpris en chemin par qu'il servait de refuge à certaines âmes, comme
unorage; bientôt il crut apercevoir dans le loin- les oignons servaient de logement à certains
tainune lumière et entendre plusieurs voix à sa dieux. On conte qu'il aima mieux se laisser tuer
gauche; peu après il distingua un char enflammé par ceux qui le poursuivaient que de se sauver à
quiaccourait à lui, conduit par des bouviers dont travers un champ de fèves. C'est du moins une
les cris répétés laissaient entendre ces mots :
légende borgne très-répandue. Quoi qu'il en soit,
Prendsgarde à loi! Le jeune homme épouvanté on offrait chez les anciens des fèves noires aux
Pressason cheval ; mais plus il courait, plus le divinités infernales.
c'iarle serrait de près. Enfin, après une heure Il y avait en Egypte, aux bords du Nil, de pe-
Disserl. sur les apparitions, p. 88. tites pierres faites comme des fèves, lesquelles
2 DomCalmel,
uom Calmet,Dissert, sur les apparitions, p. 409. mettaient en fuite les démons. N'étaient-ce pas
FEY 272. FIE
des fèves pétrifiées? Festus prétend'que la fleur la tête d'une femme qui dort, on connaît si elle
de là fève a quelque chose de lugubre, et que le est fidèle ou infidèle ; parce que, si elle est infi-
fruit ressemble'exactement aux portes de l'en- dèle, elle s'éveille en sursaut et de.mauvaise hu-
fer... bâtis l'Incrédulité et mécréahce du sortilège meur ; si, au contraire, elle est fidèle, elle a un
pleinement convaincue, page 263, Delancre dit réveil gracieux. Le Petit Albert dit qu'on peul
qu'en promenant une fève noire, avec les mains être bien sûr de la fidélité d'une femme, quand
nettes, par une maison infestée, et la jetant en- on lui a fait manger de la moelle de.l'épine du
suite derrière le dos en taisant .du bruit avec un dos d'un loup*.
pot de cuivre et priant neuf fois les fantômes de Fien (Thomas), Anversois, auteur d'un livre
fuir, on les force,de vider le terrain. Les jeunes curieux sur les effets prodigieux de l'imagina-
filles de Venise pratiquaient avec des fèves noires tion, De viribus imaginationis, Londres, 1657.
une divination qui n'est pas encore passée de Fientes. Dés vertus et propriétés dé plusieurs
mode. Quand on veut savoir, de plusieurs coeurs sortes de fientes. — « Comme'l'homme est la plus
quel sera le plus fidèle, oh prend des fèves noires, noble créature, ses excréments ont aussi une
oh leur donne à chacune le nom d'uii.des jeunes propriété particulière pour guérir plusieurs ma-
gébs'•;p^r.^^i;;onvèst-recherchée"', on les jette ladies. Dioscoride et Galién en font cas et assu-
ensuite sur le carreau : la fève, qui se fixe en rent qu'ils enlèvent les niaux de gosier ou esqui-
tombant, annoncé lé coeur certain; celles qui nancies. Voici là manière de les préparer. On
s'écârterït avec bruit sont des poursuivants Vo- donnera à manger a un. jeune homme de bon
lages:' . "'^' ;'1"' tempérament des;-lupins pendant trois jours et
1
Féy,nbm que l'on donné en Ecosse à toute du pain bien cuit, où il y aura du levain et du
personne que Ton croit ensorcelée. sel ; on lui fera boire du vhrclairet, et on gar-
Fian, docteur en médecine, qui, selon lés dera les excréments qu'il-pendra après trois jours
procédures, était associé ou affilié aux sorcières de ce régime. On les mêlera avec autant de miel,
du temps du roi Jacques. Voy. JACQUES. et on les fera boire et avaler comme de l'opiat,
Fiard (l'abbé), auteur de 'Lettres pliiloso- ou bien, si le malade n'est pas ragoûté d'un tel
phiquès sur la magie, du livre intitulé la France condiment, on les appliquera comme un cata-
trompée par les dênwnolâtres, d'un autre intitulé plasme : le remède est infaillible. » Nous ne di-
les Précurseurs de l'Antéchrist,d'un autre inti- rons pas s'il est agréable.
tulé Superstitions et prestiges des, philosophes ou Fiente de chien. — « Si on enferme un chien
les démonolâlres du siècle de lumières, mort à et qu'on ne lui donne pendant trois jours que
Paris en 1818. On, l'a beaucoup critiqué, parce des os à ronger,, oh ramassera sa fiente, qui,
qu'il voyait dans les,ennemis de Dieu des servi- séchée et réduite :ëp,poudre, est un admirable
teurs du diable. C'est pourtant conforme à l'adage remède contre la ^ssèhterie. On prendra des
divin : qui n'est pas pour moi est contre moi. Il cailloux de rivière qu'on fera chauffer ; ensuite
disait que Voltaire était un démon ; mais Thomas on les jettera "dans un vaisseau plein d'urine,
l'a dit avant lui. dans lequel on mettra un peu dé cette fiente de
Ficino (Marsile), philosophé florentin, né en chien réduite en poudre ; on en donnera à boire
1433. Un jour qu'il disputait avec Michel Mer- au malade deux fois la journée, pendant trois
cati, son disciple, sur l'immortalité de l'âme, jours, sans qu'il sache ce qu'on lui donne... Celte
comme ils ne s'entendaient pas, ils convinrent fiente est aussi un des meilleurs dessiccatifs pour
»
que le premier qui partirait du monde en vien- les vieux ulcères malins et invétérés...
drait donner des nouvelles à l'autre. Peu après Fiente de loup. — « Comme on sait que cel
ils se séparèrent. Un soir.que Michel Mercali, animal dévore souvent les os avec la chair de sa
bien éveillé, s'occupait de ses études, il entendit' proie, on prendra les os que l'on trouvera parmi
le bruit d'un cheval qui venait en toute hâte à sa fiente, parce que, piles bien menus, bus dans
sa porte, el en même temps la voix de Marsile du vin, c'est un spécifique contre la colique. »
Ficino qui lui criait : —Michel, rien n'est plus Fiente de boeuf et de vache. — « La fiente de
vrai que ce qu'on dit de l'autre vie. — Michel boeuf et de vache, récente et nouvelle, envelop-
Mercati ouvrit la fenêtre et vit son maître. Fi- pée dans des feuilles de vigne ou de chou, el
cino , monté sur. un cheval blanc, qui s'éloignait chauffée dans les cendres, guérit les inflamma-
au galop. Il lui cria de s'arrêter; mais Marsile tions causées par les plaies. La même fiente
Ficino continua sa course jusqu'à ce qu'on ne le apaise la sciatique. Si on la mêle avec du vi-
vit plus. Le jeune homme, stupéfait, envoya aus- naigre, elle a la propriété de faire suppurer les
dit
sitôt chez Ficino et apprit qu'il venait d'expirer. glandes scrofuleuses et écrouelles. Galien
Marsile Ficino a publié sur l'astrologie, sur . qu'un médecin de Mysie guérissait toutes sortes
fiente
l'alchimie, sur les apparitions et sur les songes, d'hydropisies en mettant sur l'enflure de la sur
divers ouvrages devenus rares, chaude de vache. Cette fiente aussi appliquée
Fidélité. On lit dans Les admirables secrets
d'Albert le Grand qu'en mettant un diamant sur 1 Le solide trésor du Petit Albert, p. 24.
FIE 273 — FIG
la piqûre des mouches à miel, frelons et autres, corne de cerf, du corail blanc et de la farine de
en enlève aussitôt la douleur. » riz, autant de l'un que de l'autre; on broierale
Fiente de porc. — « Cette fiente guérit les cra- tout dans un mortier, bien menu, on le fera
chements de sang. On la fricasse avec autant de tremper ensuite dans de l'eau distillée d'une sem-
crachats de sang du malade, y ajoutant du beurre blable quantité d'amandes, de limaces de vigne
frais, et on la lui donne à avaler (s'il en a le cou- ou de jardin, et de fleurs de bouillon-blanc, après
rage). » cela on y mêlera autant de miel blanc, et l'on
Fiente de chèvre. —» « La fiente de chèvre a la broiera encore le tout ensemble. Cette comppsi»
vertu de faire suppurer toutes sortes de tumeurs. lion doit être conservée dans un vase d'argent
Galienguérissait fort souvent ces tumeurs et les ou de verre, et l'on s'en servira pour se frotter
duretés des genoux, mêlant cette fiente avec de le visage et les .mains1.... » Voilà, convenez-en,
la farine d'orge et de l'ôxycrat, et l'appliquant une singulière pharmacopée.
en forme de cataplasme sur la dureté; elle est Fièvre. Quelques personnes croient encore
admirable pour les oreillons, mêlée avec du se guérir de la fièvre en buvant de l'eau bénite
beurre-frais et de la lie d'huile de noix. Ce secret la veille de Pâques ou la veille de la Pentecôte.
semblera ridicule; mais il est véritable, car on En Flandre, on croyait autrefois que ceux qui
a-guéri plus de vingt personnes de la jaunisse, sont nés un vendredi ont reçu de Dieu le pou-
leur faisant boire tous les malins ; pendant huit voir de guérir la fièvre 2.
jours, à jeun,,cinq petites crottes de chèvre dans Figuier (M. Louis), auteur d'étudeS curieuses
duvin blanc...» sur le merveilleux dans les : temps modernes.
Fiente de brebis. —« Il ne faut jamais prendre Trop, sceptique.
cellefiente par la bouche comme celle des autres Figures du diable. Le diable change sou-
animaux, mais l'appliquer extérieurement sur le vent de formes, selon le témoignage de quan-
mal: elle a les mêmes propriétés que la fiente tité de sorcières. Marie d'Aguerre confessa qu'il
dechèvre. Elle guérit toutes sortes de verrues, sortait en figure de bouc d'une cruche placée au
defuroncles durs et de clous, si on la détrempe milieu du sabbat. : Françoise Secrëtain déclara
avecdu vinaigre, et qu'on l'applique sur la dou- qu'il avait la mine d'un grand cadavre. D'autres
leur. » sorcières ont dit qu'il se faisait voir sous les
Fiente des-pigeons ramiers et des pigeons do-
mestiques.— « Pour les douleurs de l'os ischion,
lafiente des pigeons ramiers ou domestiques est
admirable, étant mêlée avec de la graine de cres-
son d'eau; et lorsqu'on veut faire mûrir une
lumeurou une fluxion, on peut user d'un cata-
plasmedans lequel entre une once de cette fiente,
deuxdrachmes de graine de moutarde et de cres-
son, une once d'huile distillée de vieilles tuiles.
Ilest sûr que plusieurs personnes ont été guéries
parcelle fiente, mêlée avec de l'huile de noyaux
dépêches. » Galien dit que la fiente d'oie est inu-
tile à cause de son âcrelé ; mais on est certain Unedesfigures(ludiable.
qu'elleguérit aussi de la jaunisse, lorsqu'on la
traits d'un tronc d'arbre, sans bras et sans
détrempedans du vin blanc el qu'on en boit pen-
dantneuf jours. « Dioscoride dit qa& h fîente de pieds, assis dans une chaire, ayant cependant
poulene peut être efficace que pour guérir de la quelque forme de visage humain. Mais plus gé-
brûlure, lorsqu'elle est mêlée avec de l'huile ro- néralement c'est un bouc ayant deux cornes par
sat; mais Galien et Éginette assurent que, jointe devant et deux par derrière. Lorsqu'il n'a que
avecde l'oxymeL, cette fiente apaise la suffoca- trois cornes, on voit une espèce de lumière dans
lionet soulage ceux qui ont mangé des champi- celle du milieu, laquelle sert à allumer les bou-
gnons,car elle fait vomir tout ce qui embarrasse gies noires du sabbat. Il a encore une manière de
lecoeur; Un médecin du temps de Galien guéris- bonnet ou chapeau au-dessus des cornes. II "s'est
saitla colique avec celte fiente, détrempée d'hy- montré aussi en squelette.
Pocrasfait de miel et de vin. La fiente de souris, On a prétendu que le diable se présente sou-
mêléeavec du miel, fait revenir le poil lorsqu'il vent sous l'accoutrement d'un homme qui ne
est tombé, pourvu qu'on en frotte l'endroit avec veut pas se laisser voir clairement, et qui a le
cellemixtion... » visage rouge de feu K D'autres disent qu'il a
« Pour conserver la beauté, voici un secret 1 Secrets d'Albert le Grand, p. 467.
2 Delancre, Incrédulité et mécréance du sortilège
Irès-important au beau sexe : c'est une manière
pleinement convaincue, 4B7.
défaire le fard. On prendra de la fiente de petits 3 Delancre, Tabl. de l p.
inconstancedes démons, etc.,
'ézards, du tartre de vin blanc, de la raclure de liv. II, p. 70.
18
FIL — 27/| — FIN
deux visages à la tête, comme Janus. Delancre lards dissipés, et en quelque sorte réduits el
rapporte que, dans les procédures de la Tour- condensés par l'action des rayons solaires, « de
nelle, on l'a représenté en grand lévrier noir, et sorte qu'il ne nous faudrait qu'une certaine suite
parfois ressemblant à un boeuf d'airain couché à de beaux soleils et de brouillards secs pour
terre. Il prend encore la forme d'un dragon, ou approvisionner nos manufactures et nous fournir
bien c'est un gueux qui porte les livrées de la un coton tout filé, beaucoup plus beau que celui
misère, dit Leloyer. D'autres fois il abuse de la que nous tirons des pays chauds '. »
figure des prophètes; et, du temps de Théodose, Filiat-Chout-Chi, dieu des Kamtschadales,
il prit celle de Moïse pour noyer les Juifs de père de Touita.
Candie, qui comptaient, selon ses promesses, Filles du diable. Voy. MARIAGE DU DIABLE,
traverser la mer à pied sec *. Le commentateur Fin du monde. Hérodote a prédit que le
de Thomas Valsingham rapporte que le diable monde durerait 10,800 ans; Dion, qu'il dure-
sortit du corps d'un diacre schismatique sous la rait 13,984 ans; Orphée, 120^000 ; Cassander,
figure d'un âne, et qu'un ivrogne du comté de 1,800,000. Il serait peut-être mieux de croire à
Warwick fut longtemps poursuivi par un esprit ces geils-là,"dont les prédictions ne sont pas en-
malin déguisé en grenouille. Leloyer cite quelque core démenties, qu'à une foule de prophètes,
part un démon qui se montra à Laon sous la maintenant réputés sots dans les annales astro-
figure d'une mouche ordinaire. Ces métamor- logiques. Tels furent Àristarque, qui prédisait la
phoses diverses que se donnent les démons pour débâcle générale du genre humain en l'an du
se faire voir aux hommes sont multipliées à monde 3384; Darélès en l'an 5552; Arnauld de
l'infini. Quand ils apparaissent avec un corps Villeneuve, en l'an de Notre-Seigneur 1395; Jean
d'homme, on les reconnaît à leurs pieds de bouc Hilten, Allemand, en 1651. L'Anglais Wistons,
ou de canard, à leurs griffes et à leurs cornes, explicateur de l'Apocalypse, qu'il voulait éclair-
qu'ils peuvent bien cacher en partie, mais qu'ils cir par la géométrie et l'algèbre, avait conclu,
ne déposent jamais entièrement. après bien des supputations, que le jugement
Csesarius d'Heisterbach ajoute à ce signale- dernier aurait lieu en 1715, ou au plus tard en
ment qu'en prenant la forme humaine, le diable 1716. On nous a donné depuis bien d'autres
n'a ni dos ni derrière, de sorte qu'il se garde frayeurs. Le 18 juillet 1816 devait être le der-
de montrer ses talons. (Miracul., lib. III.) Les nier jour. M. de Krudener l'avait remis à 1819,
Européens représentent ordinairement le diable M. de Libenstein à 1823, M. de Sallmard-Monl-
avec un teint noir et brûlé; les nègres au con- fort à 1836, et d'autres prophètes, sans plus de
traire soutiennent que le diable a la peau blanche. succès, au 6 janvier 1840. Attendons; mais si
Un officier français se trouvant au dix-septième nous sommes sages, tenons-nous prêts. j
siècle dans le royaume d'Ardra, en Afrique, alla Non loin d'Avignonet, village qui est auprès
faire une visite au chef des prêtres du pays. Il de Villefranche en Languedoc, est un petit mon-
aperçut dans la, chambre du pontife une grande ticule situé au milieu d'une des plus fertiles
poupée blanche et demanda ce qu'elle représen- plaines de l'Europe ; au haut de ce monticule
tait. On lui répondit que c'était le diable.-— sont placées les pierres de Naurause, c'est-à-
Vous vous trompez, dit bonnement le Français, dire deux énormes blocs de granit qui doivenl
le diable est noir. — C'est vous qui êtes dans avoir été transportés là du temps des druides.
l'erreur, répliqua le vieux prêtre ; vous ne pou- Or, il faut que vous sachiez (tous les gens du
vez pas savoir aussi bien que moi quelle est la pays vous le diront) que quand ces deux pierres
couleur du diable : je le vois tous les jours, et je viendront à se baiser, ce sera le signal de la fin
vous assure qu'il est blanc comme vous '. Voy. du monde. Les vieilles gens disenl que depuis
à leurs articles particuliers les principaux dé- un. siècle elles se sont tellement rapprochées
mons. Voy. aussi FORMES. qu'un gros homme a tout au plus entre ellesle
Fil de la Vierge. Les bonnes gens croient passage libre, tandis qu'il y a cent ans un homme
que ces flocons blancs cotonneux qui nagent à cheval y passait sans difficulté. Voy. BEUKAU
dans l'atmosphère et descendent du ciel sont des DE THUHINGE, FELGENIUVER., ÉCLIPSES,etc.
présents que la sainte Vierge nous fait, et. que Finnes. On lit dans Albert Kranlz 2 que les
c'est de sa quenouille céleste qu'elle les détache. Finnes ou Finlandais sont sorciers, qu'ils ontle
ca-
Ils annoncent le beau temps. Le physicien La- pouvoir de connaître l'avenir et les choses
marck prétend que ce ne sont pas des toiles chées; qu'ils tombent en extase; que, danscel
d'araignées ni d'autres insectes fileurs, mais-des état, ils font de longs voyages sans que leur
filaments atmosphériques qui se remarquent corps se déplacent qu'à leur réveil ils raconlenl
dans les jours qui n'ont pas offert de brouillard. ce qu'ils ont vu, apportant en témoignage de la
Selon le résultat des observations de ce savant, 1 M. Salgucs, Des erreurs et des préjugés, t. Ul
le fil de la Vierge n'est qu'un résidu des brouil-
1 Socrate, Hist. ecal., liv. VII, ch. xxvm. p. 2484. . «,
2 Anecdotesafricaines de la côtedes Esclaves, 87. Leloyer, Histoire des spectres et apparitions
p. esprits, liv. IV, p. 4B0.
FIN 275 — FLA
vérité une bague, un bijou que leur âme a pris dit : — De grandes richesses te seront données ;
en voyageant dans les pays éloignés. Delancre lève-toi. Gerlrude obéit et voit devant elle un
dit que ces sorciers du Nord vendent les vents, homme qui lui dit : — Si tu veux être mon es-
dans des outres, aux navigateurs, lesquels se clave, tu posséderas tous mes trésors qui sont
dirigent alors comme ils veulent. Mais un jour dans la terre. Elle avait eu l'imprudence de ré-
un maladroit, qui ne savait ce que contenaient pondre , poussée par l'avarice : — Qui que tu
ces outres, les ayant crevées, il en sortit une si sois, tu es mon maître. — Tout à coup l'appa-
furieuse tempête que le vaisseau y périt. Olaùs rition avait pris une forme terrible, et Gertrude
Magnusrapporte que certains de ces magiciens était possédée. L'histoire de cette fille offre des
vendaient aux navigateurs trois noeuds magiques circonstances bizarres qu'il est inutile de ra-
serrés avec une courroie. En dénouant le pre- conter *. Qu'on sache seulement qu'avant que le
mier de ces noeuds, on avait des vents doux et démon, chassé de son corps par les prières de
favorables; le second en élevait de plus véhé- l'Église, l'eût définitivement quittée, elle exer-
ments; le troisième excitait les plus furieux ou- çait sur les métaux une attraction inimaginable.
ragans. : Gardons-nous donc de l'avarice, qui, corroborée
Finskgalden, espèce de magie en usage chez par des influences sataiiiques, peut nous attirer
les Islandais ; elle a été apportée en Islande par le même sort. » s
un magicien du pays, qui avait fait à ce dessein Flade, recteur de l'université de Trêves,
un voyage en Laponie. Elle consiste à maîtriser grand ennemi des sorciers, en fit brûler plu-
un esprit, qui suit le sorcier sous la forme d'un sieurs; après quoi, reconnu sorcier lui-même el
ver ou d'une mouche, et lui fait opérer des mer- vendu aux démons que ses cruautés servaient,
veilles. il fut brûlé publiquement lui-même dans sa ville,
Fioravanti (Léonard), médecin, chirurgien en l'an 1586. Temps et pays de réforme!
el alchimiste du seizième siècle. On remarque Flaga, fée malfaisante des Scandinaves. Quel-
parmi ses ouvrages, qui sont nombreux, le Ré-
sumédes secrets qui regardent la médecine, la chi-
rurgie et l'alchimie '. Venise, 1571, in-8°, 1666 ;
Turin, 1580. -
Fiorina. Voy. FLOMNE.
Fischer (Gerlrude). M. l'abbé David, du
diocèsede Liège, a conté l'histoire de cette fille,
à la suite d'un récit très-remarquable intitulé le
Million de l'usurière : « L'histoire d'une per-
sonnenommée Gerlrude, fifle de Fischer, bour-
geois de Lubus, qui vivait au seizième siècle,
prouve que l'amour. de l'argent nous dispose
quelquefois à recevoir les influences du démon.
Gerlrude n'avait qu'à prendre quelqu'un par son
habit, ou par sa manche, ou par sa barbe, pour
cire sûre d'attraper toujours de, l'argent ; puis
elle le mettait aussitôt dans sa bouche, le mâ-
chait el l'avalait, si on ne l'en empêchait. Plu-
sieurs habitants de sa ville natale ont conservé
longtempsdes pièces de monnaie qui leur étaient ques-uns disent que ce n'était qu'une magicienne
venuesd'elle. Son contemporain, le trop fameux qui avait un aigle pour monture.
docteur Martin Luther, fut consulté sur l'étal de Flambeaux. Trois flambeaux allumés dans la
Gerlrude. Il conseilla de la conduire au sermon même chambre sont un présage de mort. Ayez
et de prier Dieu pour elle. Les pasteurs protes- donc soin d'en avoir deux ou quatre.
tants n'ayant rien pu pour la soulager, le père Flamel (Nicolas), célébrité du quatorzième
de Gerlrude Fischer s'adressa à un prêlre ca- siècle. On ne sait précisément ni la date ni le
tholique, qui reconnut en elle une véritable pos- lieu de sa naissance, que l'on suppose avoir eu
session du démon de l'avarice, et la délivra lieu à Paris ou à Ponloise. 11fut écrivain public
par l'exorcisme. Gerlrude servit, après sa gué- aux charniers des Innocents, poêle, peintre,
rison, comme domestique'dans une maison où architecte. De pauvre qu'il était, il devint extrê-
Ion n'eut qu'à, se louer de sa conduite. mement riche, el on allribua sa fortune au
» Voici comment Gerlrude avait été séduite bonheur qu'il avait eu de trouver la pierre phi-
Par le démon. Elle était tourmentée du désir losophai. Les uns disent qu'elle lui fut révélée
de posséder de l'or et de l'argent. Une nuit elle
par un esprit dont on ne déclare pas l'espèce;
entend pendant son sommeil une voix qui lui 1 Gb'rres, dans sa Mystique, en rapporte quelques-
Compendiodei secreti, etc. unes, t. V, p. 284.
48.
FLA 276 — FLA
les autres qu'il la dut à une certaine prière ca- les arts célestes el occultes, qui possède la
balistique que plusieurs curieux ont récitée sans science et l'intelligence de toutes choses. Faites
profit, et qu'il parvint à changer le cuivre en or. qu'elle m'accompagne dans toutes mes oeuvres;
Dans un livre que M. Aug. Vallet, de l'École que par son esprit j'aie la véritable intelligence;
des chartes, a analysé, Flamel conte qu'il trouva, que je procède infailliblement dans l'art noble
à force d'aides et d'application, le secret du auquel je me suis consacré, dans la recherche
grand oeuvre. 11 devint riche à cinq millions, de la miraculeuse pierre des sages que vous avez
qui en valaient plus de cinquante d'aujourd'hui. cachée au monde, mais que vous avez coutume
Mais ce ne sont là que des fables. L'abbé Vilain au moins de découvrir à vos élus ; que ce grand
a démontré que Flamel était un simple bour- oeuvre que j'ai à faire ici-bas je le commence, je
geois qui devint riche par le travail opiniâtre, le poursuive et je l'achève heureusement; que,
et qui fit de bonnes oeuvres. Toutefois bien des content, j'en jouisse à toujours. Je vous le de-
amateurs voient encore en lui le plus habile des mande par Jésus-Christ, la pierre céleste, an-
philosophes hermétiques ; et il se trouve des gulaire, miraculeuse et fondée de toute éternité,
gens, même de nos jours, qui croient que, qui commande et règne avec vous J, etc. »
grâce à la pierre philosophale, qui est aussi - Cette prière eut tout son effet, puisque Flamel
l'élixir de vie, Nicolas Flamel n'est pas mort. convertit d'abord du mercure en* argent, et
J Voici toutefois sa légende : « Une nuit, dit-on, bientôt du cuivre en or. 11 ne se vit pas plutôt
pendant son sommeil, un ange lui apparut, te- en possession de la pierre philosophale qu'il
nant un livre assez remarquable, couvert de voulut que des monuments publics alteslassenl
cuivre bien ouvragé, les feuilles d'écorce déliée, sa piété et sa prospérité. Il n'oublia pas aussi
gravées d'une très-grande industrie, et écrites de faire mettre partout ses statues et son image,
avec une pointe de fer. Une inscription en grosses sculptées, accompagnées d'un écusson où une
lettres dorées contenait une dédicace faite à la main tenait une écritoire en forme d'armoirie.
gent des Juifs, par Abraham le Juif, prince, Il fit graver, de plus, le portrait de sa femme,
prêtre, astrologue et philosophe. — Flamel, dit Pernelle, qui l'accompagna dans ses travaux al-
l'ange, vois ce livre auquel tu ne comprends chimiques.
rien : pour bien d'autres que toi il resterait inin- Flamel fut enterré dans l'église de Saint-Jac-
telligible; mais tu-y verras un jour ce que tout ques de la Boucherie, à Paris. Après sa mort, plu-
autre n'y pourrait voir.—Aces mots Flamel tend sieurs personnes se sont imaginé que toutes les
les mains pour saisir ce présent précieux ; mais sculptures allégoriques de cette église étaient au-
l'ange et le livre disparaissent, el il voit des flots tant de symboles cabalistiques qui renfermaient
d'or rouler sur leur trace. Il se réveilla; et le un sens qu'on pouvait mettre à profit. Sa maison,
songe tarda si longtemps à s'accomplir, que son vieille rue de Marivaux, n° 16, passa dans leur
imagination s'était beaucoup refroidie, lorsqu'un imagination pour un lieu où l'on devait trouver
jour, dans un livre qu'il venait d'acheter en des trésors enfouis : un ami du défunt s'enga-
bouquinant, il reconnut l'inscription du même gea, dans cet espoir, à la restaurer gratis; il
livre qu'il avait vu en songe, la même couver- brisa tout et ne trouva rien.
ture , la même dédicace et le même nom d'au- D'autres ont prétendu que Flamel n'était pas
teur. Ce livre avait pour objet la transmutation mort, et qu'il avait encore mille ans à vivre : il
métallique, et les feuillets étaient au nombre de pourrait même vivre plus, en vertu du baume
vingt et un, qui font la mystérieuse combinaison universel qu'il avait découvert. Quoi qu'il en
cabalistique de trois fois sept. Nicolas se mit à soit, le voyageur Paul Lucas affirme, dans une
étudier; et, ne pouvant comprendre les figures, de ses relations, avoir parlé à un derviche ou
il fit un voeu, disent les conteurs hermétiques, moine turc, qui avait .rencontré Nicolas Flamel
pour posséder l'interprétation d'icelles, qu'il n'ob- et sa femme s'embarquant pour les Indes.
tint pourtant que d'un rabbin. Le pèlerinage à On ne s'est pas contenté de faire de Flamel un
Saint-Jacques, qui était son voeu, eut lieu aus- adepte, on en a fait un auteur. En 1561, cent
sitôt; Flamel en revint tout à fait illuminé. Et quaranle-trois ans après sa mort, Jacques Gohorry
voici, selon les mêmes conteurs, la prière qu'il publia, in-18, sous le titre de Transformation
avait faite pour obtenir l'intelligence : — « Dieu métallique, trois traités en rhylhme française : I»
tout-puissant, éternel, père de la lumière, de Fontaine des amoureux des sciences; les Remon-
qui viennent tous les biens et tous les dons par- trances de nature à l'alchimiste errant, avec la
faits , j'implore votre miséricorde infinie ; laissez- réponse, par Jean de Meung, et le Sommaire
moi connaître votre éternelle sagesse ; c'est elle philosophique attribué à Nicolas Flamel. On met
qui environne votre trône, qui a créé el fait, qui aussi sur son compte le Désir désiré, ou Trésor
conduit el conserve tout. Daignez me l'envoyer de philosophie, autrement le Livre des six pa-
du ciel, votre sanctuaire, et du trône de votre roles, qui se trouve avec le Traité du soufre, du
gloire, afin qu'elle soit et qu'elle travaille en 1 Hydrolicus sophicus seu aquarium sapient. BiN-
moi ; car c'est elle qui est la maîtresse de tous chim. de Manget, t. II, p. 6S7.
FLA 277 — FLA
Cosmopolite, et l'oeuvre royale de Charles VI, de Mirvaux; n'étant pas toujours heureux dans
Paris, 1618, 1629, in-8°. On le fait encore au- ses cures, il persuadait à ses malades que l'on
teur du Grand éclaircissement de la pierre phi- avait jeté un sort sur eux ; il leur conseillait de
losophalepour la transmutation de tous métaux, chercher un devin plus savant que lui ; cepen-
in-8", Paris, 1628. L'éditeur promettait la Joie dant il se faisait payer et se retirait. Ces escro-
parfaite de moi, 'Nicolas Flamel, et de Pernelle, queries n'étaient que le prélude de.facéties plus
ma femme, ce qui n'a point paru. On a donné graves. En 1820, le charron Louis Pàque, ayant
enfin la Musique chimique, opuscule très-rare, et besoin d'argent, se rendit à Amiens; là il en em-
d'autres fatras qu'on ne recherche plus. prunta à un menuisier. Boury, qui sut la chose,
Au résumé, Flamel était un homme laborieux dit qu'il procurerait de l'argent à meilleur compte,
qui sut acquérir de la fortune en travaillant avec moyennant quelques avances. Le charron alla le
les juifs, et comme il en fit mystère, on l'attri- trouver ; Boury lui déclara que le meilleur moyen
bua à des moyens merveilleux. L'abbé de Villars d'avoir des fonds était de se vendre au diable ; et
métamorphose Flamel, dans le Comte de Gabalis, voyant que Pâque ne reculait pas à une telle pro-
en un chirurgien qui commerçait avec les esprits" position, il lui demanda deux cents francs pour
élémentaires. On a débité sur lui mille contes assembler le conseil infernal; Louis Pâque les
singuliers ; et de nos jours un chercheur de donna. Boury s'arrangea de façon à toucher ainsi
dupes, ou peut-être un plaisant, répandit en pour frais préliminaires sept à huit mille francs.
mai 1818, dans les cafés de Paris, Une espèce Enfin il fut convenu qu'en donnant encore quatre
d'avertissement où il déclarait qu'il était le fa- louis, Pâque obtiendrait cent mille francs; mal-
meux Nicolas Flamel qui recherchait la pierre heureusement il s'était fort dépouillé ; il n'en put
philosophale au coin de la rue Marivaux, à Paris, donner que deux. Il partit néanmoins avec Boury,
il y a plus de quatre cents ans ; qu'il avait voyagé Flaque, le chef sorcier, et un. sieur de Noyen-
dans tous les pays du monde, et qu'il prolon- court, pour le bois de Saint-Gervais. Boury tira
geait sa carrière depuis quatre siècles par le d'une de ses poches un papier écrit qu'il fit tenir
moyen de Yélixir de vie qu'il avait le bonheur aux assistants, chacun par un coin. Il était mi-
de posséder. Quatre siècles de recherches l'a- nuit. Flaque fit aussitôt trois conjurations. Le
vaient rendu, disait-il, très-savant et le plus diable ne parut pas. Noyencourt et Boury dirent
savantdes alchimistes. 11faisait de l'or à volonté. alors que le diable était occupé ce jour-là ; on
Les curieux pouvaient se présenter chez lui, rue prit un autre rendez-vous au bois de Naours.
de Cléry, n° 22, et y prendre une inscription Pâque à cet autre rendez-vous mena sa fille avec
qui coûtait trois cent mille francs, moyennant lui ; pauvre fille ! Mais Boury lui avait dit qu'il
quoi ils seraient initiés aux secrets du maître, fallait que son premier-né assistât à l'opération.
et se feraient sans peine un million huit cent Flaque et Boury appelèrent le diable en latin. Le
millefrancs de rente. diable enfin parut. Il avait une redingote rouge-
Flaque (Louis-Eugène), sorcier jugé à Amiens bleuâtre, un chapeau galonné. Il portait un
en 1825. On l'accusa d'escroqueries à l'aide d'opé- sabre. Sa taille était d'environ cinq pieds six
rations magiques et cabalistiques, de complicité pouces. Le nom de ce démon était Robert, et
avec Boury, teinturier, logé rue des Hautes- celui du valet qui l'accompagnait Saday. Boury
Cornes, audit Amiens, et encore avec François dit au diable : — Voici un homme que je le pré-
Russe, laboureur de Conti. — Au mois de mars sente; il désire avoir quatre cent mille francs
1825, la cour royale d'Amiens confirma un juge- pour quatre louis, peux-tu les lui donner? — Le
ment par lequel il appert que les trois individus diable répondit : — Il les aura. — Pâque lui pré-
susnommés ont, par des manoeuvres fraudu- senta l'argent; et le diable lui fit faire le tour du
leuses, persuadé à des particuliers l'existence bois en quarante-cinq minutes, avec Boury et
d'un pouvoir mystérieux surnaturel ; sur quoi, Flaque, avant de bailler les quatre cent mille
et pour en user, l'un de ces crédules particuliers francs. L'un des sorciers perdit même lin de ses
remit à Boury la somme de cent quatre-vingt- souliers dans la course. Pâque, à son détour,
douze francs; Boury présenta le consultant à un aperçut une table et des chandelles dessus; il
individu déguisé en démon-, dans le bois de poussa un cri : — Tais-toi, lui dit Flaque, ton
Naours. Le démon promit au particulier huit cri a tout perdu ; l'affaire est manquée. — Le
centmille francs, qui n'arrivèrent jamais. Boury, slupide charron s'enfuit à travers le bois;>puis
Flaque et Russe n'en gardèrent pas moins les reprenant courage, il revint devant le diable, qui
cent quatre-vingt-douze francs ; mais le bailleur lui dit : — Scélérat, tu as traversé le bois au lieu
les poursuivit. Boury fut condamné à quinze mois d'en faire le tour. Relire-loi sans te retourner,
de prison, Flaque et Russe aune année, à l'amende ou je le tords le cou...
de cinquante
francs, et au remboursement des Mais ce n'était pas fini. Une autre opération
frais, etc. eût encore lieu dans le même bois; quand Pâque
Voici ce qu'on apprit dans les débats. Boury cette fois demanda l'argent, le diable lui dit ; —
exerçait l'état de chirurgien dans la commune Adresse-toi au bureau. — C'était un buisson...
FLA 278 FLO
Comme il n'y avait rien dans ce buisson, le dé- Ce spectre était assis près d'un bureau couvert
mon promit que la somme se trouverait le len- de livres, et paraissait profondément occupé à
demain dans la cave même du charron; Pâque méditer et à lire tour à tour. Persuadée qu'elle
s'y rendit le lendemain, avec sa femme et celle voyait son fils, et agréablement surprise, elle se
dû bonhomme qui avait donné les cent quatre- livrait à la joie que lui donnait ce changement
vingt-douze francs pour là première affaire. Mais inattendu, lorsqu'elle entendit dans la rue la voix
néant encore; et pour surcroît, Boury, qu'ils de ce même Flaxbinder, qui lui semblait être
prenaient'à partie, les menaça de se plaindre au dans la chambre. Elle fut horriblement effrayée.
procureur du roi... Pâque reconnut qu'il était On le serait à moins. Cependant ayant observé
trompé, et se retira avec son argent perdu... que celui qui jouait le rôle de son fils ne parlait
Nous sommes cependant dans le dix-neuvième pas, qu'il avait l'air sombre, hagard et taciturne,
siècle, el nous avons les lumières du dix^hui- elle conclut que ce devait être un spectre ; et,
tième!... • cette conséquence redoublant sa terreur, elle se
Flauros, grand général aux enfers. Il se fait hâta de faire ouvrir la porte au véritable Flax-
voir sous la figure d'un terrible léopard. Lors- binder. 11 entre, il approche ; le spectre ne se
qu'il prend la forme humaine, il porte un visage dérange pas. Flaxbinder, pétrifié à ce spectacle,
forme, en tremblant, la résolution de s'éloigner
du vice, de renoncer à ses désordres, d'étudier
enfin et d'imiter le fantôme. A peine a-t-il conçu
ce louable dessein que le spectre sourit d'une
manière un peu farouche, comme font les sa-
vants, ferme les livres et s'envole... »
Flèches. Voici une divination qui se pratique
chez les Turcs par le moyen des flèches. S'ils
doivent aller à la guerre, entreprendre un voyage,
ou acheter quelque marchandise, ils prennent
quatre flèches qu'ils dressent en pointe l'une
contre l'autre, et qu'ils font tenir par deux per-
sonnes, c'est-à-dire par quatre mains; puis ils
mettent sur un coussin une épëe nue devant eux,
et lisent un certain chapitre du Koran. Alors les
(lèches se battent durant quelque temps, et enfin
les'unes montent sur les autres. Si, par exemple,
les victorieuses ont été nommées chrétiennes (car
dans les divinations relatives à la guerre ils ap-
affreux, avec des yeux enflammés. 11connaît le pellent deux de ces flèches les Turcs, et donnent
passé, le présent et l'avenir, soulève tous les aux deux autres le nom de leur ennenii), c'est
démons ou esprits contre ses ennemis les exor- signe que les chrétiens vaincront ; si autrement,
cistes, et commande vingt légions 1. c'est une marque du contraire4.... Voy. BÉLO-
Flavia-Veneria-Bessa, femme qui fit bâtir MANCIE.
une chapelle en l'honneur des anciens monarques Fleurs. On à eu aussi des idées mystérieuses
de l'enfer, Pluton et Proserpine, par suite d'un sur les fleurs. On donnait des vertus à leurs pé-
avertissement qu'elle avait eu en songe 2. tales, surtout quand ils sont au nombre de
Flavin, auteur d'un ouvrage intitulé l'État cinq. On croyait guérir la fièvre quotidienne
des âmes trépassées, in-8°, Paris, 1579. avec un pétale, la fièvre tierce avec trois, la
Flaxbinder. Le professeur Hanov, bibliothé- fièvre quarte avec quatre.
caire à Dantzig, après avoir combattu les ap- Flins. Les anciens Vandales adoraient sous ce
paritions et les erreurs des différents peuples nom une grosse pierre qui représentait la Mort
touchant lés revenants et les spectres, raconte couverte d'un long drap, tenant un bâton à la
toutefois le fait suivant : main et portant une peau de lion sur les épaules.
« Flaxbinder, plus connu sous le nom de .Ces peuples croyaient que cette divinité, lors-
Johannes de Curiis, passa les années de sa jeu- qu'elle était de bonne humeur, pouvait les res-
nesse dans l'intempérance et la débauche. Un susciter après leur trépas.
soir, tandis qu'il se plongeait dans l'ivresse des Florent dé Villiers. Voy. VILLIEHS.
plus sales plaisirs, sa mère vit un spectre qui Florimond de Rémond, conseiller au parle-
' Tessemblait si fort, par la figure et la conte- ment de Bordeaux, mort en 1602. Il s'élait jeté
nance, à son fils qu'elle le prit pour lui-même. dans la réforme de Calvin. Les révélations d'une
1 Wierus, De proestigiis doemon.,p. 929. possédée qu'il vit exorciser le firent rentrer dans
2 Leloyer, Hist. des spectresou apparitions, t. IV, ' Lebrun, Histoire des pratiques superstitieuses,
p. 439. t. II, p. 405.
FLO — 279— FON
l'Église. Il a écrit sur l'Antéchrist et sur les hé- Foi. Un ministre suisse de la secte des dissi-
résies, et ses ouvrages présentent de précieuses dents méthodistes, persuadé que tout est possible
recherches. Mais les protestants qu'il avait dé- à la foi et à l'esprit de Dieu, deux grâces qu'il se
sertés se sont efforcés de l'amoindrir. flattait vaniteusement de posséder, se vanta en
Florihe, Fiorina et Florinde, nom d'un dé- 1832 qu'il marcherait sur le lac de Constance.
mon familier qui, au rapport de Pic de la Miran- Le résultat de cette épreuve insensée a été ce
dole,fréquenta longtemps un sorcier nommé Pinet. qu'on pouvait prévoir, sans que cette étrange
Floron, démon familier de Cecco d'Ascoli. Il confiance ait pu s'ébranler dans le coeur de celui
est de l'ordre des chérubins damnés. qui s'y livrait. Il en tira la conséquence que sa
Flotilde. Ce personnage est inconnu ; mais ses foi était trop faible, que'son coeur n'avait pas
Visionsont été conservées. On les trouve dans assez ressenti l'efficacité de l'esprit de Dieu; et
le Recueil de Duchesne 1. il remit à l'année suivante dé recommencer sa
Flots. Cambry parle d'un genre de divination tentative. Cette seconde épreuve faite en 1833
assez curieux, qui se pratique dans les environs s'est terminée comme la première. Le ministre a
1
de-Plougasnou: des devins interprètent les mou- pris un bain ; et il a pu apprendre là 1° que la
vementsde la mer, les flots mourants sur la plage, foi vraie ne s'amuse pas à tenter Dieu ; 2° qu'il
el prédisent l'avenir d'après cette inspection 1. ne se fait pas de miracles dans les branches sé-
Fluide. « Cette force souveraine, et simple ou parées de l'Église. Voy. RAISON.
composée, que le vulgaire nomme fluidique, elle Folgar, fête des nègres du Sénégal, avec les
est nommée; donc elle existe, cette force! elle âmes de leurs parents. Voy. LÉZARDS.
fonctionne; elle est connue de toute antiquité. Folie. Voy. POSSESSION.
Verrons-nous se former et naître d'elle, — on Follet. Voy. FEUX FOLLETS,'LUTINS, FARFA-
nous le dit, — le-lien qui.'noué le magnétisme DETS, etc. '-" '"
à la magie, l'âme au corps, notre personne à Fong-Ghwi, opëfàtioh mystërieu'se qui se pra-
d'autres esprits que le nôtre.-, nos âmes et ces tique en Chine dahs la disposition dès édifices,
esprits enfin aux êtres divers de la création, et surtout des tombeaux. Si'!quelqu?un";bâtit par
avec lesquels je ne sais quelle nécessité de na- hasard dans une position-contraire 1à sèsfyqisins,
ture les oblige à communiquer ' ? » Des hommes et qu'un coin dé sa rnâison soit'^opposé au côté
sérieux pensent que le fluide nerveux est l'agent de celle d'un autre, c'est assez pour faire croire
qui met les hommes en communication avec les que tout est perdu.' Il en résulta'des haines qui
esprits. FO^-MAGNÉTISME,PANTHÉISME,ESPRITS durent aussi longtemps que l'édifice. Lé'remède
FRAPPEURS ,, SPIRITISME J etc. consiste à placer dans une chambre un dragon
Fo ou Foéiïlyun des principaux dieux des Chi- ou quelque autre monstre de terre cuite, qui
nois.11naquit dans les Indes, environ mille ans jette un regard terrible sur le coin de la fatale
avantnotre;ère. Sa mère, étant enceinte de lui) maison, et qui repousse ainsi toutes les influences
songea'q'u!èjl.p';'ayalait un éléphant blanc, conte qu'on en peut appréhender. Les voisins qui
quipeut-être ;à donné: lieu aux honneurs que les prennent cette précaution contre le danger né
roisindiens pendent à.ùx.-éléphants de cette cou- manquent pas chaque jour de visiter plusieurs
leur. 11 finit sesjjours à:soixante-dix-neuf ans. fois le magot chargé de veiller à leur défense. Ils
Les bonzes assurent qu'il est né huit-mille fois, brûlent de l'encens devant lui, ou plutôt devant
et qu'il a, passé successivement dans le corps l'esprit qui le gouverne, et qu'ils croient sans
d'un grandlnombre d'animaux avant de s'élever cesse occupé de ce soin.
à la divinité. Aussi est-ril représenté dans les pa- Fong-Onhang, oiseau fabuleux auquel les
godes sous la forme d'un dragon, d'un éléphant, Chinois attribuent à peu près les mêmes proprié-
d'un singe, etc. Ses sectateurs l'adorent comme tés qu'au phénix. Les femmes se parent d'une
le législateur du genre humain. figure de cet oiseau, qu'elles portent en or, en
Focalor, général aux enfers. Il se montre sous argent ou en cuivre, suivant leurs richesses et
les traits d'un homme ayant des ailes de griffon. leurs qualités.
Sous cette forme il tue .les bourgeois et les jette Fonséca (le P. Pierre de). Dans sa métaphy-
dans les flots. Il commande.à la mer, aux venls, sique estimée il établit que les âmes des saints,
et renverse les vaisseaux de guerre. Il espère qui reviennent en ce monde, peuvent
prendre
rentrer au ciel dans mille ans ; mais il se trompe. un corps et le rendre visible.
il commande à trente légions, et obéit en rechi- Fontaines. On prétend encore dans la Bre-
gnant à l'exorciste *. tagne que les fontaines bouillonnent quand le
1 Flotildoe prêtre chante la préface le jour de la Sainte-Tri-
visiones, in t. II Script. Hist franc, nité 2. Voy. HYDROMANCIE. 11 y avait au château
And.Duchesne, 4836.
de Coucy.en Picardie, une fontaine appelée Fon-
Voyage
I M. le dans le Finistère, 1.1, p. 195.
chevalier Gougenot des Mousseaux, La
wagieau dix-neuvième siècle, p. 499. i Le libre examen, journal prolestant. Janvier 1834.
Wierus, Deproesligiis doem., p. 926. 2 Cambry, Voyage dans le Finistère, t. II,
p. 48.
FON 280 — FOR
laine de la Mort, parce qu'elle se tarissait lors- armées françaises, emporta un jour, devant
qu'un seigneur de Coucy devait mourir. Louis XIV, un cheval chargé de son cavalier. 1]
Fontenelle. Son Histoire des oracles est loin alla trouver une autre fois un maréchal ferrant-
d'être exacte. Elle a été réfutée par le P. Baltus. il lui donna un fer de cheval à forger. Celui-ci
Ses Entretiens sur la pluralité des mondes sont s'étant un peu éloigné, Barsabas prit l'enclume
mf jeu d'esprit. et la cacha sous son manteau. Le maréchal se
Fontenettes (Charles), auteur d'une Disser- retourne bientôt pour battre le fer ; il est tout
tation sur une fille de Grenoble qiii depuis quatre étonné de ne plus trouver son enclume, et bien
ans ne boit ni mange, 1737, in-/i°, prodige qu'on plus surpris encore de voir eet officier la remetlre
attribuait au diable, et dont Fontenettes explique sans difficulté à sa place. Un Gascon, que Barsa-
les causes moins ténébreuses. bas avait offensé dans une compagnie, lui pro-
Foray ou Morax. Voy. MORAX. posa un duel : — Très^volontiers, lui répondit
Forças, Forrâs ou Furcas, chevalier, grand Barsabas; touchez là. — Il prit la. main du Gas-
président des enfers ; il apparaît sous la forme con ,' et la lui serra si fort, que tous les doigts eu
d'un homme vigoureux, avec une longue barbe furent écrasés. Il le mit ainsi hors d'étal de.se
et des cheveux blancs ; il est monté sur un grand battre. : Le maréchal de Saxe était de même ca-
libre. — Dans les anciens jours, on regardait
comme favorisés par le diable les gens.doués
d'une force extraordinaire.
Forêts. Lès forêts sombres sont des lieux ou,
comme dit Leloyer *, les diables se mêlent avec
les sorciers. Ces diables y font leurs orgies com-
modément sous la feuillée, et il n'y a pas de
lieux où ils se rendent plus volontiers visibles.
Formes du diable. « Le démon, quand il
veut approcher de l'homme, prend diverses for-
M,Didron, en tête de sa curieuse Histoire du. des démons est(Salan:; il est- représenté par saint
diable (Histoire archéologique), fait remarquer Jean avec sept lètes, "dix cornes, sept couronnes
que«dans l'Inde le diable, avec ses formes mons- et une queue immense. Il a deux lieutenants :
l'un, qui règne sur les mers, a'pareillement sept
têtes, dix cornes et dix couronnes, trois de plus
trueuses, ne se compose que de membres con- que le maître, avec un corps de léopard, des
fus d'animaux féroces ou perfides ; il a généra-
pieds d'ours et une queue de lion; l'autre, qui
règne sur la lerre, est une bêle à deux cornes
qui n'a que le nom de la Bête. Les démons su-
balternes ont d'autres formes de bêtes mons-
trueuses. Voy. FIGURES.
- Fornéus, marquis infernal, semblable à un
monslre marin. Il instruit l'homme dans les plus
hautes affaires, fait du bien à ses amis et du mal
à ses ennemis; il a sous son pouvoir vingt-neuf
légions de Trônes et d'Anges *.
Forras. Voy. FORÇAS.
Fortes-épaules. Le peuple de Dijon croit à
l'existence d'une espèce de lutin de ce nom
qui porte des fardeaux, et qui rappelle le Forle-
lement plusieurs têtes et plusieurs bras. En échine de madame d'Aulnoy, dans le conle du
Occident, le diable a le plus souvent la forme Chevalier Fortuné.
humaine, niais laide et repoussante. » Le savant 1 Gorres, Mystique, liv. VII, ch. xxvi.
archéologue induit de l'Apocalypse que le chef 2 Wierus, De prcestigiis.
FOS 282 FOU
Fosite. Saint Willibrord, au septième siècle, que leur dieu Fosite ne pouvait rien contre eux.
apôtre des Frisons, jeté par une tempête dans Le roi frison, Radbod, furieux de l'audace dés
une petite île des côtes de la Frise, l'île d'Ale- missionnaires, ordonna de tirer au sort trois jours
mand, appelée alors Fositeland 1, vit avec dou- de suite et trois fois chaque jour, déclarant qu'il
leur que ces pauvres peuples adoraient là le dé- ferait périr celui sur qui le sort tomberait. H
mon Fosite, qui donnait son nom au pays. Il y tomba sur un compagnon du saint, qui fut sacri-
recevait un culte étendu. On regardait comme fié à la superstition, et mourut martyr de la vé-
impie et sacrilège quiconque aurait osé tuer les rité. Mais il ne tomba jamais sur saint "Wil-
animaux qui y vivaient, manger quelque chose librord.
de ce qu'elle produisait, et parler en puisant de Fossiles. Ce qu'on a découvert des fossiles,
l'eau à une fontaine qui y était. Le saint voulut dans ce premier feuillet de la géologie, que nous
détromper ces peuples* aveuglés d'une supersti- n'avons encore tourné qu'à demi, est venu dé-
tion si grossière. 11 fit tuer.quelques animaux molir toutes les tours de Babel que dressaient
que lui et ses compagnons mangèrent; e;t il bap- les philosophes du dernier siècle. Et Cuvier, qui
tisa trois enfants dans la fontaine, en pronon- n'est pas allé loin, a déjà fait voir aux pauvres
çant à haute voix les paroless^r^scrites^par têtes étroites, qui n'ont pas place pour loger un
l'Église. Les insulaires s'attelltaient â^vôir les peu de foi, que Moïse ne pouvait pas être atta-
saints punis de mort ; mais ils durent reconnaître qué. — Attendons.
descalacombes.
Fossoyeur
Fossoyeur. Dans beaucoup de villages peu nuit; les âmes des corps qu'il a mis en terre
avancés, les bonnes gens ont une certaine peur pourraient vaguer autour de sa demeure. — On
oublie trop que la fonction de fossoyeur doit être
entourée, quand elle est dignement remplie, de
respect et non de crainte, et que dans les cala-
combes elle était un des ordres' mineurs établis
par l'Église. Les fossoyeurs préparaient les tom-
bes ; ils prenaient soin des vases où l'on recueil-
lait le sang des martyrs, et des lampes qui éclai-
raient les saintes funérailles.
Foudre. L'empereur Auguste gardait soigneu-
sement une peau de veau marin pour se metiïe
à l'abri de la foudre. — Tibère portait dans la
du fossoyeur; on le croit eh communication avec même vue une couronne de laurier. — Quandla
les morts ; et on n'ose pas trop l'aller visiter la foudre partait de l'orient, et que, n'ayant M
1 Land, dans l'idiome néerlandais, veut (Y\repays. qu'effleurer quelqu'un, elle retournait du même
FOU — 283 — FRÂ
côté, c'était le signe d'un bonheur parfait. Les ;s tendaient avoir un secret par lequel, au moyen
Grecsmodernes chassent les chiens et les chaisls de la graine de fougère, ils se rendaient '
ihvi-
est cen-i- sibles.
quandil tonne, parce que leur présence
séeattirer la foudre sur les maisons. Foulques. Au temps de la guerre des Albi-
geois, vivait un méchant comte Foulques, lequel
avait la coutume détestable de jurer et mau-
gréer. Un jour qu'étant à cheval, il blasphémait
furieusemant, il fut jeté à bas de sa monture et
ne se réleva point. On pensa qu'il avait été as-
sommé par le diable, son grand ami.
Fourberies. Voy, SORCIERS,SABBAT,été;_'^-
Voy. aussi les divers imposteurs.
Fourmis. Les Thessaliens honoraient tes ani-
maux, dont ils croyaient, tirer leur origine. Les
Grecs étaient si sottement vains qu'ils aimaient
mieux descendre des fourmis de la forêt d'Ègine,
que de reconnaître^ qu'ils étaient'des colonies de
» peuples étrangers. — La fourmi était un attribut
te de Gérés ; elle fournissait matière aux observa-
tions des augures.
Fourrier (Catherine). Voy. POSSÉDÉESDE
FLANDRE.
FouSiOn sait le respect superstitieux que les
musulmans; ont pour les fous, ils les croient des
saints. Voy. POSSESSION. - '
Francs-maçons. Les francs-maçons font re-
monter leur origine jusqu'au temps de Salomon
Lampeéclairantlesfunérailles. et l'entourent de contes merveilleux. C'est un
Fougère. «, Personne n'ignore [les mauvaises es ordre vqui paraît avoir pris naissance en Angle-
et diaboliques façons dont on se sert pour cueil- il- terre, et qui avait pour but dans le principe la
lirla fougère aux maléfices. Le 23 juin, veille de de construction des églises. Maintenant ce goût de
la Saint-Jean-Baptiste, après un jeûne de qua- a- maçonnerie est purement allégorique, et il a bien
rantejours, plusieurs sorciers, conduits par Sa- ia- changé de destination : former le coeur, régler
tan, recueillent pendant cette nuit la graine de l'esprit, rappeler le bon ordre, voilà, disent les
cetteherbe, qui n'a ni tige, ni fleur, ni semence, ;e, maçons, ce qu'on entend par le compas et Vê-
et qui renaît de la même racine; qui plus est, la le guerre. Mais la'vérité .est que la frane-maçonne-
malinse joue de ces misérables sorciers en leur ur rie, comme société secrète, créée au coinmen-
apparaissant cette nuit-là, au milieu des tempê- iê- cément du dernier siècle par un Anglais, lord
tes,sous quelques formes monstrueuses, pour les les Montagne, n'est autre chose que le protestan-
épouvanter davantage. Ils croient s'en défendre te tisme parvenu à l'état' d'indifférence, et une
parleurs exorcismes, par les cercles el caractères •es sourde conspiration contre le Catholicisme. —
qu'ils font sur la terre autour d'eux; ensuite ils Quand la franc-maçonnerie, qui détruit à pré-
niellentune nappe neuve de fin lin ou de chan- n- sent, construisait, il n'y avait qu'un seul grand
vresous la fougère qu'ils croient voir fleurir en maître, qui résidait en Angleterre; aujourd'hui
une heure, pour en recevoir la graine, Ils- la chaque pays a le sien. Les assemblées des ma-
plient dans un taffetas ou dans un parchemin lin çons se nomment communément loges. Une loge
vierge, el la gardent soigneusement pour devi- vi- doit' être au moins composée de sept membres.
ner les songes et faire paraître les esprits. Le Le président de la loge porte le nom de vénéra-
démon,par ses malices et menteries, leur per-. ;r- ble. Il a au-dessous de lui deux surveillants, qui
suade que celte semence n'est pas seulement înt font exécuter les règlements de l'ordre. — Dans
propreà deviner, et que si on met de l'or ou de les assemblées solennelles, chaque frère a un la-
l'argent dans la bourse où l'on doit garder la blier de peau ou de soie blanche, dont les cor-
semence de fougère, le nombre en sera doublé blé dons sont blancs aussi et d'étoffe pareille à celle
'e jour suivant. Si l'événement n'a pas lieu, les du tablier ; les apprentis le portent tout uni, les
magiciensvous accuseront de mauvaise foi, ou compagnons l'entourent des couleurs de la loge,
'ls diront que vous avez commis îe, les maîtres y font broder une équerre, un com-
quelque crime,
l'i'Unous nous laissons aller à ces abominables les pas, deux colonnes et les divers ornements de
imposturesde Satand. » Des sorciers anglais pré- ré- l'ordre. Les maîtres portent aussi un cordon
Delancre, Ct bleu, auquel pendent une équerre et un compas.
Tab, de l'Inconstance des démons, etc.,
P-451. — Dans les repas, les lumières doivent être en
FRA — 284 — FRA
triangle; la table servie a trois, cinq, sept, neuf caractère de maçon à Salomon, qui se fit hon-
couverts et plus, suivant le nombre des convives, neur de le porter.
mais toujours en nombre impair. Tous les ter- Adoniram, que Salomon avait chargé de diri-
mes qu'on y emploie so.nt empruntés de l'artille- ger les travaux de son temple, avait un si grand
rie, comme ceux qu'on emploie dans les travaux nombre d'ouvriers à payer, qu'il ne pouvait les
sont empruntés de l'architecture. On porte la connaître tous. Pour ne pas risquer de payer
première santé au prince à qui on obéit, la se- l'apprenti comme le compagnon, et le compa-
conde au grand maître, la troisième au vénérable gnon comme le maître, il convint avec les maî-
de la loge. On boit ensuite aux surveillants, aux tres de mots et d'attouchements qui serviraient
nouveaux reçus et à tous les frères. -— Le fils à les distinguer de leurs subalternes, et donna
d'un franc-maçon est Louftoni ; il peut être reçu pareillement aux compagnons des signes de re-
à quatorze ans. Le fils d'un profane (celui qui connaissance qui n'étaient point connus des ap-
n'est pas franc-maçon) ne peut l'être qu'à vingt prentis. — Trois compagnons, ped satisfaits de
et un ans. Entre plusieurs signes mystérieux qui leur paye, formèrent le dessein de demander le
se voient dans les loges, on remarque au milieu mot de maître à Adoniram", dès qu'ils pourraient
de l'étoile ftamboymite, un G, première lettre de le trouver seul, ou de l'assassiner s'il ne voulait
God (en anglais DIEU).—-Il y a dans la maçonne- pas le leur dire. Ils l'attendirent un soir dans le
rie; trois principaux grades. Il faut être apprenti temple, et se postèrent, l'un au nord, l'autre au
avant d'être compagnon, et compagnon avant midi, le troisième à l'orient. Adoniram étant en-
d'être maître. Les maîtres n'entrent en loge qu'a- tré seul par la porte de l'occident, et voulant
vec le geste de l'horreur 2, et cela en mémoire sortir par celle du midi, un des: trois compagnons
de la mort &'Adoniram ou Hiram, dont on ra- lui demanda le mot de maître, en levant sur lui
conte diversement l'histoire. —- Cette histoire ou lé marteau qu'il tenait à la main. Adoniram lui
ce conte n'est que .pour amuser les niais. On dit qu'il n'avait pas reçu le mot de maître de
peut appeler ainsi ceux qui se parent des "trois celte façon-là. Aussitôt le,compagnon lui porla
grades dont nous venons de parler, et. qui ne sur la tête un coup de marteau. Le coup n'ayant
sont pas initiés aux grands secrets réservés aux pas élé assez violent pour le renverser, Adoni-
dignitaires supérieurs. — Les uns vous diront ram s'enfuit vers la porte du nord, où il trouva
que dans ce récit il s'agit de Hiram, roi de Tyr, le second, qui lui en fit autant. Cependant ce se-
qui fit alliance avec Salomon, et lui fut d'un cond coup lui laissant encore quelques forces, il
grand secours pour la construction du temple. tenta de sortir par la porte de l'orient, où le
— D'autres content que ce Hiram était un ex- troisième, après lui avoir fait la même demande
cellent ouvrier en or, en argent.et en cuivre; que les deux premiers, acheva de l'assommer.
qu'il était fils d'un Tyrien et d'une femme de la Les assassins enfouirent le corps sous un tas de
tribu de Nephtali! ; que Salomon le fit venir de pierres, etquand la nuit fut venue, ils le trans-
Tyr pour travailler aux ornements du temple, portèrent sur un monticule où ils l'enterrèrent;
comme on le voit au quatrième livre des Rois ; et, afin de pouvoir reconnaître l'endroit, ils
—
qu'entre autres ouvrages, il construisit, à l'en- plantèrent une branche d'acacia sur la fosse.
trée du temple, deux colonnes de cuivre, qui Salomon, ayant été sept jours sans voir Adoni-
avaient chacune dix-huit coudées de haut et qua- ram , ordonna à neuf maîtres de le chercher.
tre de diamètre; qu'il donna le nom de Jahin à Ces neuf maîtres exécutèrent fidèlement l'ordre.
l'une,.près de laquelle on payait les apprentis, Après de longues et vaines recherches, trois
et le nom de Booz à l'autre, près de laquelle on d'entre eux, qui se trouvaient fatigués, s'élanl
payait les compagnons, etc. Mais voici l'histoire assis par hasard à l'endroit où Adoniram avait
à'Adoniram *.ou de Hiram, suivant l'opinion la été enterré, l'un des trois arracha machinale-
plus commune chez les francs-maçons. Ils pré- ment la branche d'acacia, et s'aperçut que la
tendent qu'elle a élé puisée dans le Talmud, ou terre, en cet endroit, avait été remuée depuis
on lit que le vénérable Hiram donna l'habit et le peu. Les trois maîtres, curieux d'en savoir la
cause, se mirent à fouiller et trouvèrent le corps
1 La plupart des Français disent improprement d'Adoniram. Alors ils appelèrent les autres, et
Louveteau. ayant tous reconnu leur chef, dans la pensée
* Les lamentations des maîtres sur la mort de
que quelques compagnons pouvaient bien avoir
Hiram , décédé il y a bientôt trois mille ans, rappel- commis le et avaient tire
crime, qu'ils peut-être
lent, en quelque sorte, les fêtes funèbres d'Adonis
chez les païens. d'Adoniram le mot de maître, ils le changèrent
3 Salomon tulit Hiram de Tyro, filium mulieris sur-le-champ 1, et allèrent rendre compLe à Sa-
viduaî de tribu Nephtali, artificem aerarium, etc. lomon de cette aventure. Ce prince en fut tou-
(Reg„ lib. IV.)
4 L'Écriture nous apprend que celui qui condui- a
1 Le mot de maître était Jehovah. Celui qu'on
sait les travaux du temple de Salomons'appelait Ado- le corps
niram. Josèphe, dans son Histoire des Juifs, le pris depuis signifie, selon les francs-maçons,
nomme Adoram. est corrompu.
FRA — 285 - FRA
clié; il ordonna à tous les maîtres de transporter Frank (Christian), visionnaire qui mourut en
le corps d'Adoniram dans le temple, où on l'en- 1590 ; il changea souvent de religion, ce qui le
terra en grande pompe. Pendant la cérémonie, fit surnommer la Girouette. Il croyait la religion
tous les maîtres portaient des tabliers et des japonaise meilleure que les autres, parce qu'il
gants de peau blanche, pour-marquer qu'aucun avait lu que ses ministres avaient des extases.
d'eux n'avait souillé ses mains du sang de leur Frank (Sébastien), autre visionnaire du sei-
chef. zième siècle, sur la vie duquel on a peu de don-
Telle est l'histoire d'Adoniram. — L'ordre des nées positives, quoiqu'il ait dans son temps excité
francs-maçons a des prétentions à la gravité, l'attention du public. Il donna eu 1531 un traité
quoiqu'il soit pétri et nourri de ridicules. Ce se-^ de l'Arbre de la science du bien et du mal, dont
rait peu s'il n'avait pas en religion de perni- Adam a mangé la mort, et dont encore aujour-
cieusestendances. Aussi le saint-siége, par qua- d'hui tous les hommes la mangent. Le péché
tre actes,différents, â-t-il formellement condamné d'Adam n'est selon luiqu'une allégorie, et l'arbre
lafranc-maçonnerie. Les mystérieuses jongleries que la personne, la Volonté, la science, la vie
de leurs loges leur ont donné la réputation de d'Adam. Frank mourut en 15/|5.
sorciersdans les campagnes. — Outre les ordres On ;a encore de lui une traduction allemande
de chevalerie qu'ils ont créés pour leur amu- de ï'Eloge de la folie, par Érasme; le Traité de
sement, il y a chez eux plusieurs schismes,, et la vanité des sciences, et l'Eloge de l'âne, traduits
on citerait beaucoup de sociétés secrètes de ce d'Agrippa en allemand ; Paradoxa ou Deux cent
genre plus ou moins, absurdes. Lés mopses, en quatre-vingts discours miraculeux, tiré de l'Ecri-
Allemagne,étaient des francsLmaçons qui avaient ture sainte, Ulm, 15.33, h>8°. Témoignage de
pour emblème un bouledogue. Une autre secte : l'Ecriture sur les bons cl les mauvais anges, 1535-,
s'appelle l'ordre de la liberté, et ceux-là regar- in-8°, etc. N'était-il pas le père du précédent?
dent Moïse comme leur fondateur. Les cheva- Franzotius, auteur d'un ouvrage intitulé :
liers prussiens font remonter leur origine à la De la'divination des anges, m-k°, Francfort ou
tourde Babel ; d'autres à Npé. Venise, 1632.
Onne reçoit les femmes chez les francs-maçons Frappeurs. On cite dans le pays de Galles
queclansles loges.dites d'adoption, loges où l'on des esprits dits frappeurs qui habitent les mines.
faitbals et festins. On change alors les mots et Louis Merris a écrit deux lettres sur ces esprits
les signes d'argot, pour ne pas exposer les se- dans le troisième volume du Gentleman's maga-
cretsde l'ordre. —Insulte de plus aux femmes 1. zine. Ces esprits ont peu de rapports avec ceux
1 Voyezle livre intitulé JàcqUemin le franc-maçon, qui parlent aujourd'hui par les tables. Voy. Es-
ÎHUU'S rilAl'RKUUS.
légendes d es sociétés secrètes. ramas de vagabonds qui for-
Le Journal de Bruxelles a obtenu d'un illustre Fratricelles,
franc-maçoncommunication d'un diplôme à lui dé- maient au treizième et au quatorzième siècle une
livrépar. {espuissante, et souverains grands inspec- société occulte, opposée à l'Église, mais alliée à
teursgénéraux trente - troisième degré et dernier du ceux qu'on
riteécossais.En voici la description : appelait vaud ois ou sorciers. Ils avaient
« L'immense-parchemin déroulé sous nos regards des orgies, où hommes et femmes se jetaient de
nousa presque éblouis par son luxe. De doubles ai- main en main un enfant jusqu'à ce qu'il fût mort.
glesdéployéesportant une épée dans les serres, un Celui entre les mains duquel il expirait, on le
drapeauparsemé de petits carrés autour du lion proclamait grand prêtre. II brûlait l'enfant mort;
néerlandais'avec la devise : Je maintiendrai, trois
sceauxsuspendus par des cordons de couleurs diffé- quand il était réduit en cendres, il noyait ces
rentes, toul cela était de nature à inspirer le res- cendres dans du vin et faisait boire cette potion
pect, On y remarque trois mots en majuscules : à tous ceux qui voulaient être initiés.
Santé,Stabilité, Pouvoir. Les signataires déclarent
écriresous lavoûte célestedu zénith; ils se qualifient Israël, — maître élu des neuf, — illustre élu des
de«puissants, souverains grands inspecteurs géné- quinze, — sublime chevalier élu, — grand maître
rauxjmembres du suprême conseil. Et les lettres de architecte, — royale arche, — grand élu, —grand
créancesont adressées : « A nos très-illustres, très- écossais, — sublime maçon, — chevalier de l'Orient
" vaillantset sublimes Princes du royal secret, Che- ou de l'épée, — prirfee de Jérusalem, — chef des
"valiers K.\ H.\ Illustres princes et chevaliers loges régulières, —chevalier d'Orient et d'Occident.
'grands, ineffables et sublimes, libres et acceptésma- — chevalier du Pélican et de SainU-André, — sou-
»?onsde tous grades anciens et modernes sur la sur- verain prince rose-croix, — grand pontife, — su-
11facades deux hémisphères. » blime écossais, — vénérable grand maître des loges
M.Verhaegen,chef de l'Université libre de Bruxel- symboliques, — grand maître ad vitam, — Noachile,
les, et l'auteur du manifeste contre les évoques, a — chevalier prussien, — royale hache, — grand pa-
obtenuun diplôme tout semblable, où lesdits puis- triarche, — prince du Liban, — chef du tabernacle,
santset souverains grands inspecteurs déclarent ce — prince de Mercy, — chevalier du Serpent d'ai-
quisuit : rain,— grand commandeur du Temple, —chevalier
«Nous certifions et proclamons qu'il est : maître de l'Aigle et du Soleil, —prince adepte, — grand
desloges symboliques, — maître secret, — maître écossais de Saint-André, — patriarche des croisades,
parfait,—secrétaire intime, — maître anglais, — — grand élu, — chevalier de l'Aigle blanc el noir, —
maîtrepar curiosité, — prévôt et juge, — maître chevalierJKadosch, — grand inspecteur inquisiteur,
Glandais,— intendant des bâtiments, — maître en commandeur chevalier de Saint-André. »
FRA 286 FRA
Frayeur. Piro'n racontait souvent qu'il avait de sa maladie : —Vous voyez, mon cher voisin,
environ dix ans lorsqu'un soir d'hiver, soupant répondit le tonnelier, l'homme le plus misérable!
en famille chez son père, on entendit des cris Ah! maudite femme! on m'avait bien dit que ses
affreux qui partaient de chez un tonnelier voisin ; liaisons avec la plus détestable sorcière delà'
on .alla voir ce que c'était. Un petit garçon, transi Bourgogne ne tarderaient guère à m'être fa-
de peur, conduisit les curieux dans la chambre tales... — Ces propos faisant soupçonner que la
d'où venaient les cris, qui redoublèrent bientôt. tête de cet homme était dérangée, on attendit
— Ah! messieurs, dit le tonnelier tremblant, que le chirurgien fût arrivé. — Monsieur, s'écria
couché en travers sur. son lit, daignez au plus le tonnelier lorsqu'il le vit entrer, j'implore votre
tôt faire appeler un chirurgien, car je sens que secours, je suis un homme mort ! — Sachons
je n'ai pas longtemps à vivre. —- Le père de d'abord, lui dit le chirurgien, de quoi il s'agit,
Piron, après avoir chargé un domestiqué de rem- — Ah ! faut-il que je sois forcé, en vous disant
plir les intentions du prétendu malade, s'étant d'où partent mes douleurs, de déshonorer ma
approché de lui, et l'ayant interrogé sur la cause femme même!.répondit le pauvre homme. Mais
Frédéricliarberousse.
elle le mérite, et, dans mon état, je n'ai plus si toute autre main que celle de Lucifer même
rien à ménager. Apprenez donc qu'en rentrant put jamais appliquer une pareille claque! Au pre-
chez moi ce soir, après avoir passé deux heures mier aspect de la plaie, de sa noirceur et des
au plus chez le marchand de vin du coin, ma griffes qui semblaient y être imprimées, la plu-
femme, qui me croit toujours ivre, m'ayant trop part des assistants furent saisis, et le petit Piron
poussé à bout, je me suis vu forcé, pour pouvoir voulut se sauver. Mais on rassura le malade sur
me coucher en paix, d'être un peu rude à son les idées qu'il avait conçues, tant contre sa femme
égard; sur quoi, après m'avoir menacé de sa que contre la prétendue sorcière ; le chirurgien
vengeance, elle s'est sauvée du logis; je me suis lui appliqua les remèdes convenables : on le laissa
déshabillé pour gagner mon lit; mais au moment un peu dans son effroi, ce qui le corrigea légère-
d'y monter... Dieu! la méchanLe créature! une ment de son ivrognerie. Ce remède avait élé em-
main, pour ne pas dire une barre de fer, plus ployé par la femme (au moyen d'.un parent qu'elle
brûlante qu'un tison, est tombée sur ma fesse avait fait cacher dans la maison) pour corriger
droite, et la douleur que j'en ai ressentie, jointe l'intempérance du tonnelier.
à la peur qui m'a saisi, m'a fait manquer le coeur, Voici une autre anecdote assez connue :
au point que je ne crois pas y survivre !... Mais Un homme, couché dans une hôtellerie, avait
vous en riez, je crois? Eh bien, messieurs, voyez 6
pour voisinage, sans qu'il le sût, une compagm
FRE 287 — FRO
de chèvres et de boucs ; une cloison fort mince avoir une vertu qui éloigne les esprits malfai-
et ouverte par plusieurs trous les séparait de son sants.
appartement. Notre homme, très-fatigué, s'était Fribourg. M. Lucien Brun, dans un piquant
couché sans examiner son gîte et dormait de- récit, a conté comment un jour le vieux Conrad
puis deux heures d'un sommeil tranquille, lors de Blumenthal, alors bourgmestre de Fribourg
qu'il fut troublé par la visité d'un bouc, son voi- en Brisgaw, ayant dit à propos des privilèges de
sin, qui avait profité d'une grande ouverture sa ville que l'on entamait, cette imprudente pa-
pour le venir voir. Le bruit de ses sabots éveilla role : —Je veux que Satan nous emporte et avec
aisément notre voyageur, qui fut fort inquiet et nous la moitié de notre bonne cité, si dès hier
prit l'animal pour un voleur de nuit; le bouc, je n'y ai mis quelque ordre ! — C'était une bra-
après plusieurs tours de chambre, vint au lit et vade. Deux dénions, qui l'entendaient sans être
mit les deux pieds dessus. Le pauvre; homme, vus, enlevèrent aussitôt"la moitié de Fribourg
en ce moment, balançant entre le choix d'une en Brisgaw et sîèn allèrent'la poser sur le flanc
prompte retraite ou d'une attaque vigoureuse, d'une montagne de la vieille Helvétie. — Telle
prit le parti de se saisir du voleur prétendu. Ses est l'origine de Fribourg en Suisse *.
pieds, qui les premiers se présentent à lui, l'in- Frisson des cheveux. Qn disait autrefois,
triguent; mais il est bien plus surpris, lorsque dans certaines provinces, que le frisson des che-
mettant sa main sur la face pointue dé cet arii^ veux annonçait la présence,ou,Je passage d'un
mal, il y trouve une grande barbe, et plus haut démon.
descornes. Persuadé alors que ce ne pouvait être Front. Divination par les/rides du front. C'est
quele diable, il sauta de Son lit tout troublé,' et. la méloposcopie. . V"'''-
passale reste de la nuit à genoux, en prières et Gaidan publia au seizième siècle "un-traité de
dansune continuelle frayeur. Le'jour, qui dissipa Métoposcopw, dans lequel il fait connaître au pu-
enfinles ténèbres, fit voir à cet homme son pré- blic une foule de découvertes eiiHëùsesiiLe front,
tendudiable. 'dit-il, est de toutes les parties du visage la plus
Frédéric Barberouôse. On croit en Alle- importante el la plus caractéristique ; un physio-
magnequ'il n'est pas mort, mais endormi dans nomiste habile peut, sur ^inspection du front
un souterrain du vieux château de Kifîhausen, seul, deviner les moindres nuances du caractère
devantune table de'marbré, que sa barbe, qui d'un homme. En général, un front trôs-élevé,
poussetoujours, a déjà enveloppée detrois tours-. avec un visage long et un menton qui se termine
Il apparaît quelquefois sur sa montagne, et il en pointe, est l'indice delà nullité des moyens.
est l'objet de beaucoup de légendes 1. Un front 1res-osseux annonce un naturel opi-
Frêne. Cet arbre passe, dans le Nord, pour niâtre et querelleur. Si ce front est aussi très-
charnu, il est le signe de la grossièreté. Un front rieure, et: sans rides dans sa* moitié inférieure,
carré, large, avec un oeil franc sans effronterie, serait l'indice de quelque stupidité; Les rides ne
indiquedu courage uni à la sagesse. Un front ar- se prononcent qu'avec les années. Mais avant de
rondiet saillant par le haut, qui descend ensuite paraître, elles existent dans la conformation du
perpendiculairement sur l'oeil, et qui paraît plus front ; le travail quelquefois les marque dans l'âge
forgequ'élevé, annonce du jugement, de la mé- tendre. Il y a au front sept rides ou lignes prin-
moire, de la vivacité, mais un coeur froid. Des cipales qui le traversent 'd'unetempe à l'autre.
ridesobliques au front, surtout si elles se trou- La planète de Saturne préside à la première,
ant parallèles, annoncent un esprit soupçon- c'est-à-dire la plus haute ; Jupiter préside à la
neux.Si ces rides parallèles sont presque droites, seconde; Mars préside à la troisième; le Soleil à
régulières, pas très-profondes, elles promettent la quatrième; Vénus à la cinquième ; Mercure à
™ jugement, de la
sagesse, un esprit net. Un la sixième; la Lune à la septième, qui est la der-
frontqui serait bien ridé dans sa moitié nière , la plus basse et la plus voisine des sour-
supé-
Voyez-en dans les Légendes de cils. Si ces lignes sont petites, tortueuses, faibles,
'«"fremonde.quelques-unes 1 Voyez les Légendesdes esprits et démons.
FRO 288 FRO
elles annoncent un homme débile et dont la vie ment prononcée, elle contient de l'audace, de la
sera courte. Si elles sont interrompues, brisées, colère, de l'emportement. Quand la ligne du So-
inégales, elles amènent des maladies, des cha- leil manque tout à fait, c'est le signe de l'avarice.
grins, des misères; également marquées, dispo- Brisée et inégale, elle dénote un bourru maus-
sées avec grâce ou prononcées fortement, c'est sade et avare, mais qui a de meilleurs moments,
l'indice d'un esprit juste et l'assurance d'une vie Fortement prononcée, elle annonce de la modé-
longue et heureuse. Remarquons cependant que ration, de l'urbanité, du savoir-vivre, un pen-
chez un homme à qui le.travail ou des revers ont chant à la magnificence. La ride de Vénus forte-
sillonné le front de rides profondes, on ne peut ment prononcée est le signe d'un homme porté
plus tirer de ce signe les mêmes conséquences ; aux plaisirs. Brisée et inégale, Cette ride promet
des retours sur soi-même. Si elle n'est presque
pas marquée, la complexion est froide. La ride
de Mercure bien prononcée donne de .l'imagina-
tion, les inspirations poétiques, l'éloquence. Bri-
sée, elle n'amène plus que l'esprit de conversa-
tion , le ton de la société. Si elle ne paraît pas
du tout, caractère nul. Enfin la ride de la Lune,
lorsqu'elle est très-apparente, indique un tempé-
rament froid, mélancolique. Inégale et brisée,
elle promet des moments de gaieté entremêlés
de tristesse. Si elle manque tout à fait, c'est l'en-
jouement et la bonne humeur. L'homme quia
une croix sur la ride de Mercure se consacrera
aux lettres el aux sciences. Deux lignes parallèles
et perpendiculaires sur le front annoncent qu'on
se mariera deux fois, trois fois si ces lignes sont
au nombre de trois, quatre fois si elles sont au
nombre de quatre, et toujours ainsi ; Une figure
car alors ces lignes étant forcées, ce n'est plus qui aura la forme d'un C, placée au haut du front
que l'indice de la constance. Quand la ligne de sur la ligne de Saturne, annonce une grande mé-
Saturne n'est pus marquée, on peut.s'attendre à moire. Ce signe était évident sur le front d'un
des malheurs que l'on s'attirera par imprudence. jeune Corse dont parle Muret, qui pouvait rete-
Si elle se brise au milieu du front, c'est une vie nir en un jour et répéter sans effort dix-huit
agitée. Prononcée fortement, c'est une heureuse mille mots barbares qu'il n'entendait pas. UnC
mémoire, une patience sage. La ride de Jupiter, sur la ligne de Mars présage la force du corps.
Ce signe était remarquable sur le front du maré-
chal de Saxe, qui était si robuste qu'il cassait
des barres de fer aussi aisément qu'un paysan
ordinaire casse une branche d'arbre ou un hàlon
de bois blanc. Un C sur la ligne de Vénus promet.
de mauvaises affaires. Un G sur la ligne de Mer-
cure annonce un esprit mal fait, un jugement
timbré. Un C entre les deux sourcils, au-des-
sous de la ride de la Lune, annonce un naturel
prompt à s'emporter, une humeur vindicative.
Les hommes qui portent celte figure sont ordi-
nairement des duellistes, des boxeurs. Les époux
qui ont le front chargé de ce signe se battent en
ménage...
Ces aphorismes sonl bien hardis. Celui qui
aura entre les deux sourcils, sur la ligne de ls
Lune, la figure d'un X, est exposé à mourir au
champ d'honneur dans une grande bataille. Celui
du So-
quand elle est brisée, présage qu'on fera des sot- qui porte au milieu du front, sur la ligne fera
tises. Si elle n'est pas marquée, esprit faible, in- leil , une petite figure carrée pu un triangle,
il
conséquent, qui restera dans la médiocrité. Si fortune sans peine. Si ce signe est à droite,a"'
elle se prononce bien, on peut espérer les hon- promet une succession. S'il est à gauche, il
neurs et la fortune. La ligne de Mars brisée pro- nonce des biens mal acquis. Deux lignes parlant
un caractère Si elle ne paraît du nez et se recourbant des deux côtés sur ®
jet inégal. poinl,
c'est un homme doux, timide el modeste. Forte- front, au-dessus des yeux, annoncent des procès.
FRO 289 — FUM
Sices lignes sont au nombre de quatre el qu'elles Fruit défendu., Voy. TABAC , 'POMMED'ADAM ,,,
se recourbent deux à deux sur le front, on peut etc.
craindre d'être.un jour prisonnier de guerre et Fruitier. Celui qui fait le fromage et le beurre
de gémir captif sur un sol étranger... Les ligures clans le Jura est le docteur du canton. On l'ap-
rondes sur la ligne de la Lune annoncent des pelle le fruitier ; il est sorcier, comme de juste.
maladies aux yeux. Si vous avez dans" la partie La richesse publique est dans ses mains ; il peut
droite du front, sur la ligne de Mars, quelque à volonté faire avorter les fromages, et en accu-
figure qui ressemble à un Y, vous aurez des ser les éléments.. Son autorité suffit pour ouvrir
'rhumatismes. Si cette figuré est au milieu du ou fermer en ce pays les sources du Pactole; on-
front, craignez la goutte. Si elle est à gauche, sent quelle considération ce pouvoir doit lui;don-
toujours sur la ligne de Mars, vous pourrez bien ner, et quels ménagements on a pour lui! Si vous
mourir d'une goutte- remontée. La figure du ajoutez à cela qu'il est nourri dans l'abondance,
chiffre 3 sur la ligne de: Saturne annonce des et qu'une moitié du jour il n'a rien à faire, qu'à
coups de bâton; sur la ligne de Jupiter, un em- songer au moyen d'accaparer: encore plus de con-
ploi lucratif; surla..ligne de Mars, eôtamande- fiance ; qu'il voit tour à tour, en particulier, les
menl d'un corps d'armée dans une bataille, mais personnes de chaque maison, qui viennent faire
le.commandant-serafait..prisonnier dans le com- le beurre à la fruiterie; qu'il passe avec elles une
bat. Sur la ligne du .Soleil,, ce signe annonce malinée tout .entière,;' qu'il peut, les: faire jaser
quelque accident qui vous fera perdre le tiers sans peine:, et par: elles.apprendre,; sans même
de votre fortune. Sur la ridé dé Vénus, disgrâces, qu'elles s'en, doutent, les plus intimés secrets de
dans le mënage.r Sur: la ligne de Mercure, elle leurs familles ou de leurs voisins;:siVvous pesez
fait un avocat. Enfin,' sur la ligne de la Lune, la bien toutes ces ..circonstances,vousne serez point
ligure du chiffre 3 annonce à celui qui la porte étonné d'apprendre qu'il est presque toujours sor-
qu'il mourra malheureusement, s'il ne réprime cier, au moins devin ; qu'il est consulté quand on
sa passion:pour le vol. La figure d'un F sur la a perdu,quelque chose, qu'il prédit lj.aye.nir, qu'il
lignede Mars annonce qu'on sera soldat et qu'on jouit enfin dans le canton.d'un crédit-lrès-grand,
mourra caporal, La figure d'un H sur la ligne du et que c'est l'homme qu'on appréhende le plus
Soleilou sur. celle de Saturne est le présage qu'on d'offenser'!
sera persécuté pour des opinions politiques. La Fume-Bouche, démon invoqué, nous ne sa-
figured'un P. est le signe, partout où elle paraît, vons à quel litre, dans les litanies du sabbat..
d'un penchant à la gourmandise qui pourra faire Fumée. Dans toutes les communes du Finis^
fairede grandes fautes. Nous terminerons ce petit 1ère, on voit à chaque pas, dit Cambry, des
traitépar la révélation du signe le plus llatleur : usages antérieurs à là religion catholique. Quand
c'estcelui qui a une ressemblance plus ou moins un individu va cesser d'être, on consulte la fu-
marquée avec la lettre M. En quelque partie du mée. S'élève-t-elle avec facilité, le mourant doit
front, sur quelque ride que cette figure paraisse, habiter la demeure des bienheureux.. Est-elle
elle annonce le bonheur, les talents, une con-' épaisse, il doit descendre clans les antres du dé-
science calme, la paix du coeur, une heureuse sespoir, dans les cavernes de l'enfer. — C'est
aisance, l'estime générale et une bonne mort. une espèce de proverbe en Angleterre que la
Toutesbénédictions que je vous souhaite. fumée s'adresse toujours à la plus belle per-
Frothon. On lit dans Albert Kranlz que Fro- sonne. Et quoique celte opinion ne semble avoir
llion,roi de Danemark, fut tué par une sorcière aucun fondement dans la nature, elle est pour-
transformée en vache. Ce roi croyait à la magie ,tant fort ancienne. Victorin et Gasaubon en ont
et entretenait à sa cour une insigne sorcière qui fait la remarque, à l'occasion d'un personnage
prenait à son gré la forme des animaux. Elle d'Athénée, où un parasite se dépeint ainsi : —
avaitun fils.aussi méchant quelle, avec qui elle « Je suis toujours le premier arrivé aux bonnes
dérobales trésors du roi, et se retira ensuite, tables, d'où quelques-uns se sont avisés de m'ap-
frothon, s'étant aperçu du larcin et ayant appris peler soupe. 11n'y a point de porte que je n'ouvre
que la sorcière et son fils s'étaient absentés, ne comme un bélier; semblable à un fouet, je m'at-
doutaplus qu'ils n'en, fussent coupables. Il ré- tache à tout, et,"comme la fumée, je me lie tou-
solutd'aller dans la maison de la vieille. La sor- jours à la plus belle *. » On dit en Champagne que
cière,voyant entrer le roi.chez elle, eut recours la fumée du foyer, quand elle s'échappe, s'adresse
aussitôtà son art, se changea en vache et son aux plus gourmands.
Msen boeuf. Le roi s'étant baissé Fumée (Martin), sieur de Génillé; il a publié,
pour contem-
plerla vache plus à son aise, pensant bien que comme traduit d'Atbénagore, un roman dont il
celait la sorcière, la vache se rua avec impéluo- est l'auteur, intitulé Du vrai el parfait amour.
sur lui et lui donna un si grand coup dans Tout insipide qu'est ce roman, Fumée trouva le
^'es
flancs qu'elle le tua sur-le-champ '. 1 Lequinio, Voyagedans le Jura, t. II, p. 366.
2 Thomas Hrown, Essai sur les erreurs,
1 etc.,
Leloyer,Des spectres, etc., p. 142. ch. xxii, p. 80.
19
FUM — 290 — GAB
« moyen de le faire rechercher des adeptes alchi- il l'a prouvé par plusieurs tableaux, la Descente
mistes, par diverses allusions, et surtout par un d'Odin au Nastrund; Loch, dieu des jours noirs
passage curieux où, sous le voile de l'allégorie, dévorant dés victimes humaines, etc. Fusely avait
il peint là confection du grand oeuvre. Ce pas- tant de prédilection pour son Tlwr combattant le
sage, devenu célèbre chez les enfants de l'art, serpent, qu'il le présenta à l'Académie royale,
se trouve à la page 3/|5 de l'édition de 1612, comme son tableau d'admission. Il était embar-
moins rare que la première, ainsi que dans YHar^- rassé quand.il avait à peindre la beauté tranquille
monie mystique de David Laigneau, Paris, 1636,
ih-8°.
Fumigations. Quelques doctes pensent que
les bonnes odeurs chassent les démons, gens qui
plient et qui ne peuvent aimer, comme a dit une
grande sainte. Les exorcistes emploient diverses
fumigations pour chasser les démons; les magi-
ciens les appellent également par des fumigations
de;fougère et de verveine; mais ce ne sont que
des cérémonies accessoires.
Funérailles. Voy.,DEUIL.
Fùrcas (le même: que Foi-cas). Voy. ce nom.
Furfur, comte: aux enfers. Il se fait voir sous
la forme d'un cerf' avec une queue en flammée ; il
ne dit que des mensonges, à moins qu'il ne soit
enfermé dans un triangle. Il prend souvent la
figure d'un ange, parle d'une voix rauque et en-
tretient l'union entre les maris et les femmes. Il
fait tomber'la foudre, luire les éclairs et gronder .Furfur,
le tonnerre dans les lieux où il en reçoit l'ordre.
Il répond sur les choses abstraites. Vingt-six. lé- ou les grâces paisibles. Dans les sujets chrétiens,
gions sont sous ses ordres 1. ".'.". il introduisait toujours Satan ou Lucifer. Songoût
Furies, divinités infernales chez les anciens, pour les sujets effrayants était si connu de ses
ministres de la vengeance des dieux, et chargées confrères qu'ils l'avaient surnommé le peintre
d'exécuter les sentences des juges de l'enfer. ordinaire du diable. 11en riait luir-mêine en cau-
Fusely (Henri), célèbre artiste anglais. Il res- sant avec eux. — C'est vrai, disait-il, le diable
semblait un peu à nos peintres de l'école roman- a souvent posé pour moi, et si j!avaispu le rendre
tique : il affectionnait les: sujets hideux et sau- comme je l'ai vu, j'aurais surpassé Michel-Ange,
vages. C'est pour cela, sans doute, qu'il aimait et vous seriez tous morts de peur et d'admira-
beaucoup la mythologie barbare des Scandinaves : tion.
Gaâp (autrement dit Tap). Voy. TAP. çaient Rome; après quoi elle se tut, à ce que
Gabinius ou Gabienus. Dans la guerre de disent Pline el Valère Maxime..
Sicile, entre Octave et Sextus Pompée, un des Si ce trait a quelque fondement, c'était sans
gens d'Octave, nommé Gabinius, ayant .été fait' doute une fourberie exécutée au moyen d'un ven-
prisonnier, eut la tête coupée. Un loup emporta triloque, et imaginée pour relever le courage des
cette tête ; on l'arracha au loup, et sur le soir on troupes. Mais elle n'eut point de succès : Sextus
entendit ladite têle qui se plaignait et demandait Pompée, vaincu et sans ressource, s'enfuit en
à parler à quel qu'un. On s'assembla.aulour; alors Asie, où il fut tué par les gens de Marc-AnLoine.
la bouche de cette tête dit aux assistants qu'elle Gabino, démon de l'espèce de Kleudde; il se
était revenue des enfers pour révéler à Pompée montre le plus souvent sous la peau du cheval
des choses importantes. Pompée envoya aussitôt sauvage", très-redoulé dans le pays de Vannes.
un de ses lieutenants, à qui le mort déclara que Gahkar. Les Orientaux croient à une ville fa-
ledit Pompée sérail vainqueur. La tête chanta buleuse appelée Gabk.ar, qu'ils disent située dans
ensuite dans un poëme les malheurs qui mena- les déserts habités par les génies.
1 Wierus, in Pseudomonarchia doem. Gabriel (Gilles) a écrit au dix-septième
GAB 291 — GAL
siècleun essai de la morale chrétienne comparée en présence du peuple, qui applaudit avec trans-
— C'était une singerie qu'on faisait pour
à la morale du diable : Specimina moralis chri- port.
stianoeet moralis diabolicoe in praxi. Bruxelles., balancer les miracles réels du christianisme.
1675, in-12. Galachide ou Gàrachide, pierre noirâtre, à
Gabrielle. Dans le Vexin français, le bourgeois laquelle des auteurs ont attribué plusieurs vertus
nomme merveilleuses, celle entré autres de garantir celui
qui a quatre filles et veut avoir un garçon
la dernière Gabrielle ; charme qu'il croit de na- qui la tenait des mouches et autres insectes.
lurcà lui amener infailliblement un fils. Pour en faire épreuve, on frottait un homme de
Gabrielle d'Estrées, maîtresse de Henri IV, miel pendant l'été, et on lui faisait porter celte
morle en 1599. Elle cherchait à épouser le roi pierre dans la "main droite : quand cette épreuve
et se trouvait logée dans la maison de Zamet, réussissait, on reconnaissait que la pierre était
richefinancier de ce temps. Comme elle se pro- véritable. On prétendait aussi qu'en ]a portant
menaitdans les: jardins, elle fut frappée d'une dans sa bouche, 'oh découvrait les secrets des
apoplexiefoudroyante. On la porta chez sa tante, autres. , ;...
madamedeSoufdis'. Elle eut une mauvaise nuit; Galânta, sorcière du seizième siècle. Elle
'
le lendemain elle éprouVàdes: convulsions-qui la donna un jour une pomme à goûter à la'fille d'il
firent devenir toute noire : sa bouche -se''con- suisse de l'église du Saint-Esprit à Bayonne, qui
tourna,et elle expira horriblement défigurée. On désirait avoir trois paniers de ces pommes. Cette
parladiversement de sa mort ; plusieurs en char- fille n'eut pas plutôt mordu la pomme, qu'elle
gèrentle diable ; on.publia qu'il Pavait étranglée ; tomba du haut niai; et la force du maléfice fut
etau fait il enétait bien -'capable.' telle,.qu'elle en fut tourmentée toute sa vie.
Gabrielle de P., 'auteurdé l'Histoire desfan- Aussitôt qu'elle voyait là sorcière, les accès lui
lôméS'etdes démons qui se sont montrés parmi prenaient très-violemment : « ce qui a été con-
hs hommes, in-12, 1819, et du Demoniana, ou firmé devant nos yeux, » comme dit Delancre;
AnecdoLes sur les apparitions de démons, de lu- De nos jours, on n'attribuerait peut-être pas cela
tinset "despectres, in-18, 1820. au sortilège; mais alors on poursuivit Ta sor-
Gaetch, fils de Touita, dieu des morts chez cière.
lesKamtsch.adales. Voy. LÉZAKDS. Galdarkraftigans, sorciers dès Anglo-Saxons,
Gaffarel (Jacques), hébraïsant et orientaliste, qui liaient ou déliaient par des chants magiques
néàMannes en Provence en 1601, mort en 1681. appelés Galdra. Ce chant vient d'Odin. ,
Sesprincipaux ouvrages sont -.Mystères secrets Galien. Le plus grand médecin des temps
delàcabale divine; défendus contre les paradoxes passés -après Hippocrate. On lui attribue un
dessophistes,Paris, 1625, in-4°. Curiosités inouïes Traité des enchantements, el les médecins empi-
surla scufphtre talismàniquc des Persans, l'ho- riques ont souvent abusé de son nom.
roscopedes patriarches et la Lecture des Etoiles. Galigaï ( Léônora ) , épouse du maréchal
Paris,1629, in-8°. Index de .19 cahiers cabalis- d'Ancre Concino Concini, qui fut tué par la po-
tiquesdont s'est servi Jean Pic de la Mirandolc. pulace en 1617. On la crut sorcière ; et en effet
Paris,1651, in-8°. Histoire universelle du monde elle s'occupait de sciences occultes el de charmes. '-
souterrain,contenant la description desplus beaux On publia que par ses maléfices elle avail ensor-
antresel des plus rares grottes, caves, voûtes, ca- celé la reine; surtout lorsqu'on eut trouvé chez
verneset spêlonques de la terre. Le prospectus de elle trois volumes pleins de caractères magiques,
ce dernier ouvrage fut imprimé à Paris, 1666, cinq rouleaux de velours destinés à dominer les
in-foliode 8 feuillets : il est très-rare. Quant au esprits des grands, des amulettes qu'elle"se met-
livre,il ne parut pas, à cause de la mort de Tau- tait au cou, des agnus que l'on prit pour des ta-
leur.On dit que c'était un monument de folie et lismans, car elle mêlait les choses saintes aux
d'érudition. Il voyait des grottes jusque dans abominations magiques, et une lettre que Léô-
l'homme,dont le corps présente mille cavités; il nora avait ordonné d'écrire à une sorcière nom-
parcouraitles cavernes de l'enfer, du purgatoire mée Isabelle. Il fut établi au procès que le maré-
ci des limbes, etc. Ce savant avait été bibliothé- chal et sa femme se servaient pour envoûter
cairedu cardinal de Richelieu. d'images de cire qu'ils gardaient dans de petils
Gaïlan. Les Arabes appellent ainsi une es- cercueils; qu'ils consultaient des magiciens, des
pècede démon des forêts' qui tue les hommes astrologues et des sorciers ; qu'ils en avaient fait
elles animaux. venir de Nancy pour sacrifier des coqs aux dé-
Gaillard (François). Voy. GoiniîïRiïs. mons, et que dans ces cérémonies Galigaï ne
Gaius, aveugle guéri par un prodige, du temps mangeait que des crêtes de coqs et des rognons
d'Anlonin.Esculape l'avertit, dans un songe, de de bélier qu'elle faisait charmer auparavant. Elle
venirdevant son autel, de s'y prosterner, dépas- fut encore convaincue de s'êlre fait exorciser par
serensuile de la droite à la gauche, dé poser ses un certain Matthieu de Montanay, charlatan sor-
cin1doigts sur l'autel, de lever la main, et de la cier. Sur ses propres aveux, dit-on, elle eut la
lettre sur ses yeux. Il obéit el recouvra la vue tête tranchée, en place de Grève à Paris, et fut
19.
GÀL 292 GAL
brûlée en 1617. Cependant le président Courlin ! teurs 1 l'ont, écrit, mais dans l'appartement du fis-
lui demandant par quel charme elle avait ensor- cal. ( Au bout de dix-huit mois, s'étant rétracté,
<
celé la reine, elle répondit fièrement : a Mon c'est-à-dire ayant renoncé à sa conciliation de
sortilège a été le pouvoir que les âmes fortes ont iCopernic et de la sainte Bible, seule question qui
sur les âmes faibles. » ! en cause, il s'en retourna dans sa patrie.
fût
Galilée. Les prolestants, copiés par les jan- Voici ce qu'il écrivait en 1633, au P.-Récénéri,
sénistes, ont beaucoup déclamé contre la préten- son disciple : — « Le pape me croyait digne de son
due persécution qu'essuya Galilée à cause de ses estime. Je fus logé dans le délicieux palais de la
découvertes astronomiques. On a fait fracas de ce Trinité-du-Mont. Quand j'arrivai au saint-oflice,
qu'on appelle sa condamnation au tribunal de deux pères dominicains m'invitèrent très-honnê-
l'inquisition romaine. Mais il est prouvé, il est tement à faire mon apologie. J'ai été obligé de
constant, il est avéré, il est établi, depuis long- rétracter mon opinion en bon catholique. Pour
temps déjà, qu'on en imposé effrontément dans me punir, on m'a défendu les dialogues, el con-
ces récils infidèles : ce qui n'empêche pas les gédié après cinq mois de séjour à Rome. Comme
écrivailjeurs de les répéter toujours, et les peintres la peste régnait à Florence, on m'a assuré pour
ignorants de déshonorer leurs pinceaux par ces demeure le palais de mon meilleur ami, monsei-
mensonges. Galilée ne fût pas censuré comme gneur Piccolomini, archevêque de Sienne ; j'y ai
astronome, mais comme mauvais théologien. Il joui d'une pleine tranquillité. Aujourd'hui je suis
voulait expliquer la Bible. — Ses découvertes, à à ma campagne d'Arcêtre, où je respirerai air
l'appui du système de Copernic, ne lui eussent pur auprès- de ma chère pairie'. » Néanmoins
pas fait plus d'ennemis qu'à cet autre savant. Ce les philosophes rebelles continueront à faire de
fut son entêtement à vouloir concilier, à sa ma- Galilée une victime de la superstition et du fana-
nière, la Bible et Copernic, qui le fit rechercher tisme. On citera le conte de Galilée en prison,
par l'inquisition. En même temps que lui, vivaient écrivant sur la muraille, autour d'un cercle, c
à Rome un grand nombre d'hommes célèbres, et pur si muove; « et pourtant elle tourne! » Comme
le saint-siége n'était pas entouré d'ignorants. En si jamais on lui eût interdit d'avancer cela. On
1611, pendant son premier voyage dans la capi- consacrera cetle malice absurde par la peinture
tale du monde chrétien, "Galilée fut admiré et et la gravure ; et on citera avec emphase la même
comblé d'honneurs par les cardinaux et les grands fausseté malveillante illustrée par les beaux vers
seigneurs auxquels il montra ses découvertes. de Louis Racine, dans le poëme de la Religion:
Lorsqu'il y retourna, en 1615, le cardinal Del- Tant il est difficile de déraciner une erreur pas-
5
monte lui traça le cercle savant dans lequel il sionnée [ Dans tout cela, nous ne jugeons pas le
devait se renfermer. Mais son ardeur et sa vanité système de Galilée, sur lequel il n'est pas impos-
l'emportèrent. « Il exigeait, dit Guichardin, que sible que le dernier mot ne soit pas dit. On vient
le Pape et le saint-office déclarassent le système de retrouver les manuscrits de Galilée, que l'on
de Copernic fondé sur la Bible. » Il écrivit à ce avait dit brûlés par l'inquisition. Que ne peut-on
sujet mémoires sur mémoires. Paul V, fatigué de retrouver, à l'usage des ennemis de l'Église, la
ses instances, accorda que celle controverse fût bonne foi !
jugée dans une congrégation. Malgré tout l'em- Gall (Jean-Joseph), né vers 1775 dans le Wur-
portement qu'y mit Galilée, il ne fut point inté- temberg, mortàMonlrouge, près Paris, en 1828,
ressé dans le décret rendu par la congrégation, inventeur d'une science qui juge le caractère el
qui déclara seulement que le système de Coper- les dispositions des hommes sur l'inspection des
nic ne paraissait pas s'accorder avec les expres- protubérances du crâne. Celle science était chez
sions de la Bible. Avant son départ, il eut une lui le résultat de longues études sur un grand
audience Irès-gracieuse du Pape; el Bellarmin se nombre de crânes d'hommes et d'animaux. On
borna, sans lui interdire aucune hypothèse astro- l'appelle crânologie et phréuologie. Comme Gall
nomique , à lui interdire ses prétentions théolo- est mort après cinq jours d'idiotisme, où il »c
on
giques. put témoigner d'aucun sentiment religieux,
Quinze ans après, en 1632, sous le pontificat l'a accusé de matérialisme ; et on a jeté celle
d'Urbain VIII, Galilée imprima ses célèbres dia-' même injure à son système, un peu aventureux-
logues Délie duc massime système del monda, avec Nous ne voyons pas cependant, comme quel-
une permission et une approbation supposées. ques-uns l'ont dit, que la crânologie consacrele
Personne ne réclama. Il fit reparaître ses mé- matérialisme, ni qu'elle consolide les funeste
moires écrits en 1616, où il s'efforçait d'ériger principes de la fatalité. Nous sommes persuade
la rotation du globe sur son axe en question de au contraire que les dispositions prétendues in-
sur-
dogme. Ses bravades le firent citer à Rome. Il y nées se modifient par l'éducation religieuse,
arriva le 3 février 1633. 11 ne fui point logé à tout par rapport aux moeurs. Dans les arts on di
vi>
l'inquisition, mais au palais de l'envoyé de Tos- bien que le génie est inné : c'est peut-être
cane. Un mois après, il fut mis, — non dans lesi en partie seulement, car il n'y a pas de ge"ic
prisons de l'inquisition, — comme tant de men- 1 Bergier, Dicl. de théologie, au mol SCIENCES.
GAL — 293 — GAL
brut qui ait produit des chefs-d'oeuvre. Les hommes qui, dès leur tendre jeunesse, ont eu
grands poêles et les grands peintres ne sont un penchant décidé pour tel art ou telle science.
pourtant devenus grands qu'à force de travail. La plupart des grands peintres et des poêles dis-
Le "énie, a dit Buffon, c'est la patience; eL So- tingués se sont" livrés aux beaux-arts par cette
crale, né vicieux, est devenu homme de bien. inclination et sont devenus fameux quelquefois
Avant Gall et Spurzhéim, son élève, les vieux malgré leurs parents. Ces dispositions peuvent
physiologistes n'avaient jeté que des idées vagues être développées et perfectionnées par l'éduca-
sur la crânologie, ou crânoscopie, ou phrénolo- tion ; mais elle n'en donne pas le germe, car les
«ie, qui est l'art de juger les hommes au moral premiers indices de ces talenls commencent à se
montrer quand les enfants ne sont pas encore
propres à une éducation proprement dite.
Dans le règne animal, toutes les espèces ont
des inclinations qui leur sont particulières : la
cruauté du tigre, l'industrie du castor, l'adresse
de l'éléphant, sont dans chaque individu de ces
espèces, sauf quelques variations accidentelles.
L'homme n'est pas ainsi restreint dans une spé-
cialité.
De même donc qu'il y a des dispositions in-
nées , de même il existe autant d'organes ras-
semblés et placés les uns près des autres dans le
cerveau, qui est le mobile, des fonctions supé-
rieures delà vie. Ces organes s'expriment sur la
surface du cerveau par des protubérances. Plus.
ces protubérances sont grandes, plus on doit,
s'attendre à de grandes dispositions. Ces organes,
exprimés à la surface du cerveau, produisent né-
cessairement des protubérances à la surface exté-
rieure du crâne, enveloppe du cerveau depuis sa
première existence dans le sein maternel. Cette
thèse au reste n'est applicable qu'aux cerveaux
sains en général, les maladies pouvant faire des
exceptions. Mais il ne faut pas, comme a fait
par la conformation du crâne.et ses protubé- Gall, l'appliquer aux vertus et aux vices, qui se-
rances. Gall et Spurzheim en firent' un système raient sans mérite si les bosses du crâne les don-
qui, à son apparition, divisa le public en deux naient. Ce serait admettre une fatalité matérielle.
camps, comme c'est l'usage ;. les uns admirèrent S'il est vrai qu'un voleur ait la protubérance du
el applaudirent; les autres doutèrent et firent de vol, c'est son mauvais penchant qui, peu à peu,
l'opposition. Peu à peu on reconnut des-vérités a fait croître la protubérance en agissant sur le
dansles inductions crânologiques des deux Alle- cerveau. Mais la protubérance antérieure n'est
mands.Le système devint une science; la méde- pas vraie.
cine légale y recourut; aujourd'hui il y a des' Voici une notice rapide de tout ce système :
chairesde crânologie, et peut-être que cette L'instinct de propagation se manifeste par deux
science, dont on avait commencé par rire, de- éminences placées derrière l'oreille immédiate-
viendraun auxiliaire de la procédure criminelle. ment au-dessus du cou. Cet organe est plus for-
On a soutenu fréquemment que l'âme a son tement développé chez les mâles que chez les
siègedans le cerveau. Dans toute l'échelle de la femelles. L'amour des enfants est dans la plus
création, la masse du cerveau et des nerfs ang- étroite union avec ces organes. Aussi la protubé-
iiionieen raison de la capacité pour une éduca- rance qui le donne esl-elle placée auprès de celle
tionplus élevée. La gradation, pour ne parler qui indique l'instinct de la propagation. Elle s'an-
icique matériellement, a lieu jusqu'à l'homme, nonce par deux éminences sensibles derrière la
<j«i,parmi tous les êtres créés, roi de la créa- Lêle, au-dessus de la nuque, à l'endroit où se
don, est susceptible du plus haut degré d'enno- termine la fosse du cou. Elle est plus forte chez
blissement, et à qui Dieu a donné le cerveau le les femelles que chez les mâles; et si on com-
plusparfait et proportionnellement le plus grand. pare les crânes des animaux, on le trouvera plus
'} y a dans certains animaux certaines disposi- prononcé dans celui du Singe que dans tout aulrc.
ons innées. Il y a immensément de ces disposi- L'organe de l'amitié el de la fidélité esl placé
ons dans l'homme, que peut-être on n'aurait .dans la proximité de celui des enfants; il se pré-
jamaisdû comparer à ce qui n'a pas comme lui sente des deux côtés par deux protubérances ar-
'a raison. L'histoire nous offre
plusieurs grands rondies, dirigées vers l'oreille. On le Irouve dans
GAL 29 Ji — GAL
les chiens, surtout dans le barbet et le basset. îr migrations. 11est très-sensible au crâne de la ci-
L'organe de l'humeur querelleuse se manifeste de gogne. gi C'est par la disposition de cet organe que
chaque côté par une protubérance demi-globu- la cigogne retrouve l'endroit où elle s'est arrêtée
laire.,.derrière et au-dessus de l'oreille. On le l'année 1'. précédente, et que, comme l'hirondelle,
trouve bien prononcé chez les duellistes. L'or- elle e' bâtit tous les ans son nid sur la même che-
gane du. meurtre 's'annonce de chaque côté par minée. n L'organe du sens des couleurs forme de
une protubérance placée au-dessus de l'organe c. chaque côté une protubérance au milieu de l'arc
de l'humeur querelleuse, en se rapprochant vers des d sourcils, immédiatement à côté du sens des
les tempes. Qn le trouve chez les animaux car- lieux. ,li Lorsqu'il est porté à un haut degré, il
niVores et chez les assassins. L'organe de la ruse forme f< une voûte particulière. C'est pour cela que
est indiqué "dechaque côté par une éminence qui les h peintres ,ont toujours le visage plus jovial,
s'élève-au-dessus du conduit extérieur de l'ouïe, ; plus, p réjoui, que les autres hommes, parce que
entre les tempes et,l'organe;du meurtre. On le. hleurs sourcils sont plus arqués vers le hauL. Cet
rencontre chez les fripons', chez,les hypocrites, oorgane donne la manie des fleurs et le penchant
chez les.gens-dissimulés., On le voit aussi.chez ; ààréjouir l'oeil par la diversité des couleurs qu'elles
de sages .-.généraux',.';d'habiles, ministres et chez : offrent.
c S'il.est lié avec l'organe du sens des
des auteurs de romans ou de comédies, qui con- 1: lieux, il formé le paysagiste. Il paraît que ce
duisent finement les intrigues de leurs fictions, sens
';
s manque aux .animaux, et que leur sensihi-
L'organe du vol se: manifeste de' chaque côté par lité 1 à l'égard de certaines couleurs ne provient
une protubérance placée au haut de la tempe, cque de l'irritalion des yeux. L'organe du sens des
clé manière à former, un triangle avec le coin de nombres % est placé-'ëgalêmeht au-dessus de la.ca^
l'oeil et le bas de l'oreille. On le'remarque dans vite \ des yeux, à côté; du sens des couleurs, dans
les voleurs et dans quelques animaux. ILest très- 1l'angle extérieur de l'os: des yeux; Quand il existe
prononcé au crâne de la pie. L'organe des arts àl un haut- degré,;'il s'élève vers,les ..tempes un
forme une voûte arrondie à côté de l'os frontal,. gonflement f q.ui donne à la "tête une apparence
au-dessous de l'organe du vol;-il est proéminent carrée. c Cet organe: est fortement exprimé sur un
sur les crânes de Raphaël, de Michel-Ange et de buste 1 de New ton:, et, en général, il est visible
Rubens. L'organe des tons et de la musique s'ex^- chez ( les grands mathématiciens. 11est ordinaire-
prime par une protubérance à chaque angle du ment i lié aux têtes des astronomes avec l'organe
front, au-dessousde l'organe des arts. On trouve (du sens des-lieux. L'organe de la mémoire a son
ces deux protubérances aux crânes du perroquet, isiège au-dessus de la partie supérieure'et posté-
de la pivoine, du corbeau et de; tous les oiseaux rieure ] de la cavité des yeux. 11presse les yeux
mâles chantants ; on ne les rencontre ni chez les en < bas et en avant. Beaucoup de comédiens cé-
oiseaux et les animaux à qui ce sens manque, ni lèbres ] ont les yeux saillants par la disposition de
même chez les hommes qui entendentla musique cet \ organe. -Le sens de la méditation se manifeste
avec répugnance. Cet organe est d'une grandeur par ] un renflement du crâne, environ un demi-
sensible chez lesgrands musiciens, tels que Mo- pouce,sous ; le bord, supérieur du front. On le
zart, Gluck, Haydn, Viotti, Boïeldieu, Rossini, trouve au buste de Socraleet à plusieurs pen-
Meyerbeer, etc. L'organe de l'éducation se inani- seurs. : L'organe de la sagacité se manifeste par
leste par une protubérance au bas du front, sur un renflement oblong au milieu du front. L'or-
la racine du nez, entre les deux sourcils. Les: gane de la force de l'esprit se manifeste par deux
animaux qui ont le crâne droit, depuis Focciput, protubérances demi-circulaires, placées au-des-
jusqu'aux yeux, comme le blaireau, sont inca- sous du renflement de la méditation el séparées
pables d'aucune éducation; et cet organe se dé-• par l'organe de la sagacité. On le trouve dans
veloppe de plus en plus dans le renard, le lévrier, Lesage, Boileau, Cervantes, etc. L'organe de la
le caniche, l'éléphant et l'orang-outang', dont lei bonhomie se manifeste par une élévation oblongue
crâne approche un peu des têtes humaines mal1 partant de la courbure du front vers le somniel
organisées. L'organe du sens des lieux se mani- - dé la tête, au-dessus de l'organe de la sagacité.
feste extérieurement par deux protubérances pla-- On le trouve au niouton, au chevreuil el à plu-
cées au-dessus de la racine chv nez, à l'os inté-- sieurs races de chiens. L'organe de la piété vraie
rieur des sourcils. Il indique en'général-la capacitéî ou fausse se manifeste par un gonflement au-
de concevoir les distances,.le penchant pourr' dessus de l'organe de la bonhomie. L'organe de
toutes les sciences et arts où il faut observer, , l'orgueil el de la fierté se manifeste par une pro-
mesurer et établir des rapports d'espace ; parr tubérance ovale au haut de l'occiput. L'organe
exemple, le goût pour la géographie. Tous less de l'ambition et de la vanité se manifeste par
voyageurs distingués ont cet organe, comme les deux protubérances placées au somniel de la tête
prouvent les bustes de Cook, de Colomb el d'au-- et séparées par l'organe de la fierté. L'organe
tres. On le: trouve aussi chez les animaux er-- de. la prudence se manifeste par deux prolube-
rants. Les oiseaux de passage l'ont plus ou moins,, rances placées à côLé des protubérances de l'an)-
selon le terme plus ou moins éloigné de leurss bition, sur les angles postérieurs du crâne. Enfn'i
— 295 — "
GAM \ GAN
l'organe de la constance et de la fermeté se ma- corps, ou de quelques plantes, et qui ont des
nifeste par une protubérance placée derrière la vertus merveilleuses;., ainsi celles qui représen-
têle, au-dessous de l'organe de la fierté. tent du sang arrêlenl IC.Spertes, etc.
Ce système du docteur Gall a eu, comme on Gamoulis, esprits qui, .selon les habitants du
l'a dit, de nombreux partisans, mais il n'a guère Kamtschatka, produisent les éclairs; en se lançant
eumoins d'ennemis. Quelques-uns l'ont comparé dans leurs querelles les tisons" à demi consumés
aux rêveries de certains physionomistes, quoi- qui ont chauffé leurs huttes,. Lorsque tombe de
qu'il ait, en apparence du moins,, un fondement la pluie, ce sont les Gamoulis qui rejettent, le
moins'chimérique. On a vu cent fois le grand superflu de la boisson.
homme et l'homme ordinaire se ressembler par Gamygyn, grand marquis des enfers. C'est
les traits du visage, et jamais,, dit-on, le crâne un puissant démon. On le voit sous la formé d'un
du génie ne ressemble à.celui de l'idiot. Peut- petit cheval. Mais dès qu'il prend celle' d'un
être le docteur Gall a-l-il voulu pousser trop loin homme, il a une voix rauque et discourt sur les.
sa doctrine, et on peut s'abuser en donnant des arts libéraux; Il fait paraître aussi devant l'exor-
règles invariables sur des choses qui ne sont pas ciste les iâmes qui ont péri dans la mer, et celles
toujours constantes. Un savant de nos jours a qui souffrenLdans cette partie: du purgatoire qui'
soutenu, contre le sentiment du docteur Gall,: est appelée Cartagra ( e'esfeàs-dire affliction des
que les inclinationsinnées n'existaient pas dans âmes). Il répond clairement à toutes les ques-
les protubérances du crâne, puisqu'il dépendrait tions qu'on lui fait; il reste auprès deTexorciste
alors du bon plaisir des sages-femmes de dé- jusqu'à'-'ce qu'il ait exécuté tout ce qu'on lui
formerles enfants, et de les modeler, dès leur ordonne; cependant là--bas, trente légions lui
naissance, en idiots ou en génies; mais le doc- sont soumises ^ ' ::; .
leur Gall trouve cette objection risible, parce Gandillon (Pierre), sorcier de la Franche-
(jue, quand même On enfoncerait le crâne par Comté, qui fut brûlé vers 1610, pour avoir couru
exemple à un endroit où se trouve un organe la nuit en forme de lièvre 2.
précieux, cet organe comprimé se rétablirait Gandreid, sorte de magie en usage chez les
peu à peu de lui-même, et parce que le cer- Islandais, laquelle magie donne la facullé de voya-
veau résiste à toute pression extérieure par ger dans les.airs; elle est, dit-on, d'invention,
l'élasticité des tendres filets, et.qu'aussi long- nouvelle, quoique le nom en soit connu depuis
temps.qu'il n'a pas été écrasé ou totalement dé- des temps reculés. Mais on attribuait autrefois les
Iruil, il fait une répression suffisante. Cependant cavalcades aériennes au diable et à de certains
llluiiienbach écrit que les Caraïbes pressent le esprits. Les Islandais prétendent aujourd'hui que
crâne de leurs enfants avec une certaine ma- ce sont des sorcières montées sur des côtes de
chine, et donnent à la tête la forme propre à ce cheval et des tibias, en guise de manche à balais,:
peuple. Les naturalistes placent aussi les qualités qui se promènent par les airs. Les sorcières de
de l'esprit, non dans les protubérances, mais basse Saxe et du duché de Brunswick se mettent
dansla conformation du crâne, et plusieurs pré- à califourchon sur la même monture; et tous les
tendent qu'un soufflet ou une pression an crâne autres ossements qui se trouvent dans la cam-
de Corneille venant de naître en eût pu faire un pagne se pulvérisent à l'approche de l'un de ces
imbécile.On voit d'ailleurs des gens qui perdent cavaliers nocturnes. L'art de préparer leur équi-
la raison ou la mémoire par un coup reçu à la ' page consiste dans une courroie d'une espèce de
tête. Au surplus, le docteur Fodéré parle, dans . cuir qu'ils appellent Gandreid-Jaum, sur laquelle
sa Médecine légale, de voleurs et de fous sur le ils impriment leurs runes ou caractères ma-
crâne desquels on n'a point remarqué les protu- giques s,
bérances du vol ni celles de la folie. Ajoutons Ganelon. Voy. GUIHRFORT.
quele crâne de Napoléon Ier avait des bosses qui Ganga-Gramma, démon femelle que les In-
ontfort intrigué les phrénologistes. diens craignent beaucoup, et par conséquent
Gamahé où Camaieu, espèce de talisman qui auquel ils rendent de grands honneurs. Il a une
consiste dans des images ou des caractères na- seule têle et quatre bras; il tient dans la main
lurellement gravés sur certaines pierres, aux- gauche une petite jatte, el dans la droite une
quels la superstition a fait attribuer de grandes fourchette à trois pointes. On le mène en pro-
vertus, parce qu'elle les croit produits par Tin-' cession sur un char avec beaucoup de pompe;
fhiencedes esprits. Gaffarel dit qu'Albert le Grand quelquefois il se trouve des fanatiques qui se font
avait une de ces pierres, sur laquelle était un écraser par dévotion sous ses roues. Les boucs
serpent qui possédait celle admirable vertu d'al- sont les victimes ordinaires qu'on lui immole.
lirer les autres serpents lorsqu'on la plaçait dans Dans les maladies ou dans quelque autre danger,
le lieu où ils venaient. D'autres
pierres, ajoule- il se trouve des indiens qui font voeu, s'ils en
Wl,guérissent les morsures et chassent les ve- 1 Wierus, De proesl. doem., p. 926.
ïiins. Georges Agricola
rapporte qu'on voit des 2 M. Garinet, Hist. delà magie en France, p. 166.
Gamahés de la forme de quelques parties du 3 Voyageai Islande, traduit du danois, etc., 4802.
'
G, 296 — GAR
réchappent, de praliquer.en /'honneur de Ganga- Garcia (Marie), femme de Madrileschos, près
Gram.ma la cérémonie suivante. On leur enfonce de Tolède, qui, ayant mangé une orange qu'une
dans la peau'du dos dés&rochèls, parle moyen autre femme lui avait donnée., devint possédée
desquels on les élève''en l'air; là ils font quel- et fut tourmentée sept ans par une légion,de dé-
ques tours d'adressé, comme des entrechats, en mons. Elle fut exorcisée enfin ; le démon qui la
présence des spectateurs. Il se trouve des femmes dominait, sommé de dire son nom, répondit
simples et crédules, à qui l'on persuade que cette qu'il s'appelait Asmodëe, et qu'il était logé chez
cérémonie est agréable à Ganga-Grammà. et cette femme avec plusieurs autres. On leur de-
manda un signé dêleùr soumission; ils répondirent
que la veille ils avaientenlevé quêlquespiècesde
monnaie d'argent chez la soeur du prêtre qui les
forçait à sortir, parce .que cette femme, ne lés
ayantpas retrouvées, les avait données au diable,
Oh signifia aux démons de rapporter, immédiate-
ment ces pièces ; aussitôt là possédée lendit le
cou et les vomit. Ces faits eurent lieu le 17| oc-
tobre 1609, devant.line: foule d'assistants.
Garde des troupeaux. Voy. TROUPEAUX.
Gârdemain (Marie). Voy. GLOCESTEII.
-
Gargantua y héros populaire de taille gigan^
tesq'ue, dont la légende ne s'accorde pas avec le
romande Rabelais. Quoique Son histoire ne soit
qu'un conte bleu, on montre aux environs tl'Ai-
gues-Morlès la vieille tour de Gargantua; el on
n'ose en approcher la nuit, de peur d'être happé
par un bras de vingt-cinq mètres'.
Gargouille. « Que vous dire de la gargouille
qu'elle ne cause aucune douleur. Lorsqu'elles la de Rouen? Il est certain que tous les ans le cha-
sentent, il n'est plus temps de s'en dédire, elles pitre métropolitain de cette ville présentait au
sont déjà en l'air, et tes cris des assistants étouf- parlement, le jour de l'Ascension, un -criminel
fent leurs plaintes. Une sorte de pénitence, tou- qui.obtenait sa'grâce, en l'honneur: de saint Ro-
jours en Fhonneur du même démon, consiste'à main et .de,"la gargouille. La tradition portail:
se laisser passer une ficelle dans là chair, et à qu'à l'époque où saint Romain occupait le siège
danser pendant que d'autres personnes tirent épiscopal de Rouen, un dragon, embusqué à quel-
cette ficelle. La nuit qui suit là fête de Ganga- que distance de la ville, s'élançait sur les pas-
Gramma, on lui sacrifie un buffle dont on re- sants et les dévorait. C'est ce dragon qu'on ap-,
cueille le sang dans un vase ; on le place devant pelle la gargouille. Saint Romain, accompagné
l'idole, et l'on assure que le lendemain il se trouvé d'un criminel condamné à mort, alla attaquer le
vide. Des auteurs disent qu'autrefois, au lieu d'un monstre jusque: dans: sa caverne ; il l'enchaîna, el
bullle, on immolait une victime humaine, le conduisit sur la place:publique, où il fui brûlé,
Ganguy (Simone), dite la petite mère; sor- "à la grande satisfaction des diocésains'. » On a
cière, amie de Madeleine Bavent. 11ne paraît pas contesté cette légende en niant les dragons, dont
qu'elle ait été brûlée.. les géologues actuels: reconnaissent, pourlanl que
Ganipotes,' loups-garous de la Sainlonge. l'existence a ;é té ;réel le.' Il se peut toutefois que
Voy. LYCATjriinopiE. ce dragon soit, ici une allégorie. Des historiens
Ganna, devineresse germaine; elle avait suc- rapportent que, du: temps de saint Romain, la
cédé à Velléda; elle fit un voyage à Rome, où ville de Rouen fut menacée d'une Inondation;
elle reçut de grands honneurs de Domitien 1. que ce saint prélat eut le bonheur, de l'arrêter
Gantière, sorcière. En 1582, le parlement par ses soins et:par ses prières. Voilà-l'explica-
"de Paris confirma la sentence de mort du bailli tion toute simple du miracle de la gargouille. Ce
de la Ferlé contre la femme Gantière. Elle avouait , mot, dans notre vieille langue, signifie irruption,
que la Lofarde l'avait transportée au sabbat; que bouillonnement de l'eau,. Des savants auront
le diable l'avait marquée; qu'il était vêtu d'un rendu le mot hydra par celui de dragon.
habit jaune ; qu'il lui avait donné huit sous pour Garibaut (Jeanne), sorcière. Voy. .GRENIER el
payer sa taille; mais que, de retour dans son lo- PIERHELABOURANT.
gis, elle ne les avait plus trouvés dans son mou- Garinet (Jules), auteur de l'Histoire de la ma-
choir. gie en France, Paris, 1818, in-8°. On trouve à la
Garandier, démon invoqué dans les litanies i tête de cet ouvrage curieux une description du
du sabbat. sabbat, une dissertation sur les démons, un dis-
I Tacite, Annales, 55. 1 M. Saignes, Des erreurs, t. III, p. 370.
GAR 297 — GAU
cours sur les superstitions qui se rattachent à la GâStrocnémie, pays imaginaire dont parle
magie chez les anciens et chez les modernes. Lucien, où les enfants étaient portés dans le gras
Beaucoupde faits intéressants mériteraient à ce de la jambe; ils en étaient extraits au moyen
livre une nouvelle édition j mais l'auteur, fort d'une incision.
jeune lorsqu'il le publia, lui a donné uneleinte Gastromancie ou Garosmancie, 'divination
philosophique et peu morale que son esprit élevé qui se pratiquait en plaçant entre plusieurs bou-
et ses vastes études doivent lui faire désapprou- gies allumées dès vases dé verre ronds et pleins'
ver aujourd'hui". Une nouvelle édition serait donc d'eau claire; après avoir invoqué et interrogé
recherchée. '.'- - les dénions: à voix basse, on faisait regarder
Garnier (Gilles), loup-garou, condamné à attentivement la superficie de ces vases par un
Dolé,sous Louis XÎII, comme ayant dévoré plu- jeune garçon ou par une jeune femme;"puis on
sieursenfantsi On le -brûlavif; et son corps, ré- lisait la réponse sur des ihiâges tracées par- la
duit en cendres, fut dispersé au vent; Henri Ca-. réfraction de l'a lumière" dans' les Verres; 'CàV
mus,docteur en droit et conseiller du roi;, exposa glloslro employait cette.divination.
que « Gilles Garnier avait pris dans une vigne Une autre espèce de gastromancie se prati-
unejeune fillededix-ans, l'avait tuée et occise, quait parle devin qui répondait sans- remuer les-
l'avait traînée jusqu'au bois de la Serre, et qiiey lèvres, en sorte qu'on croyait entendre une voix
non content d'en manger, il en-avait apporté à aérienne. Le nom dé cette divination signifie di-
sa femme; qu'un autre jour étant en forme de vination par le ventre; aussi, pour L'exercer, il
loup{.travestissement horrible (qu'il: prenait, sans: faut "être ventriloquey ou possédé,, ou: sorcier.'
doulepour, sa chasse), il avait, également tué et Dans le dernier cas, on allume dés flambeaux'
dévoré un Jeune garçon, à;une lieue dèDôle, autour de.quelqùés verrés'd-é'au Jiiiipidéi puis on
entre Grédisans et Monotée ; qu'en sa forme agile l'eau en invôquatituh esprit qui ne tarde
d'homme et non de loup il avait pris un autre- pas à répondre d'une voix grêle dans le ventre
jeunegarçon dé l'âge.de douze à. treize, ans-, et du sorcier en fonction. Les charlatans trouvant
"
qu'il l'avait emporté dans le bois pour l'étran- dans les moindres choses des moyens sûrs d'en
gler...'* .» C'est sans doute le même que Ger- imposer au peuple et.de réussir dans leurs four-
mai'. beries, la ventriloquie doit être pour eux d'un
. Garniza. Voy. ÉLIUZAR. grand avantage. Un marchand de Lyon, étant un
Garosmancie." Voy. GASTROMANCIE.' jour à la campagne aveeson valet, entendit une
Garuda, oiseau fabuleux qu'on, représente voix qui lui ordonnait, de la part du ciel, de
souventavec la tête d'un, beau jeune homme, un donner une partie de ses biens aux pauvres, et
collierblanc et.le corps: d'un aigle. Il sert de de récompenser son serviteur. Il obéit et re-
moulureà Wishhou, comme l'aigle servait de garda comme miraculeuses les paroles qui sor-
taient du ventre de son domestique. On savait
si peu autrefois ce-que c'était qu'un-ventri-
loque, que les plus grands personnages attri-
buaient toujours ce talent à la présence des
démons. Photius/patriarche de Constantinople",
dit clans une de ses lettres : « Oii a entendu
le malin esprit parler dans le ventre d'.uneper-
sonne, et il mérite bien d'avoirî'prdïire pour"
logis. »
Gâteau des rois. La part des absents, quand
on partage le gâteau des rois, se garde précieu-
sement; dans certaines maisons superstitieuses,
elle indique l'état de la santé de ces personnes
absentes par sa bonne conservation ; une mala-
die, par des taches ou des ruptures.
Gâteau triangulaire de Saint-Loup. Le.v
personnes superstitieuses font ce gâteau le 29 juil-
let, avant le lever du soleil; il est composé de
pure farine de froment, de seigle et d'orge, pé-
véhiculeà Jupiter. Les Indiens racontent qu'il trie avec trois oeufs et trois cuillerées de sel, en
naquitd'un oeuf que sa mère Diti avait pondu et forme triangulaire. On le donne, par aumône, au
qu'ellecouva cinq ans. premier pauvre qu'on rencontre, pour rompre
Gaspard, démon: qui servait Héliodore. Voyez les maléfices.
ce moi.
Gauchelin, prêtre du onzième siècle, qui eut.
M-Jules Garinet, Hist. de la magie en France, une vision célèbre. C'était une immense troupe
de défunts faisant leur pénitence et conduits par
GAU 298 — GAY
des démons. Elle a été conservée par Orderic 1575, 3 vol. in-fol. On y trouve aussi un Èlom
Vital 1. de l'astrologie. On attribue à son frère Pompo-
Gaufridi (Louis-Jean-Raptiste), curé de Mar- nius Gauric un livre dans lequel on traite de k
seille cpii, infidèle à ses devoirs, tomba dans le 'phijsiognomonie, de l'astrologie naturelle, etc. *'
désordre et se fit sorcier vers la fin du. seizième mais il ne paraît pas que cet ouvrage soit de
siècle. On raconte que le diable lui apparut un Pomponius, il serait plutôt de Luc." Le Traité
2
jour, pendant qu'il lisait un livre de magie; ils astrologique de Luc Gauric est un livre assez
entrèrent en conversation el firent connaissance. curieux. Pour prouver la vérité de l'astrologie,
Le prêtre se livra au diable par un pacte en rè- il dresse l'horoscope de tous les personnages
gle, à condition cpi'il lui donnerait le pouvoir de illustres, dont, il a/pu découvrir l'heure de 1a
suborner: et de séduire en" soufflant au visage. naissance; il démontre que tout ce qui.leur est
Le diable- y consentit d'autant plus volontiers, arrivé se trouvait prédit dans leur horoscope, —
qu'il trouvait dans Ce marché un double avan- comme si on n'y trouvait pas lout ce qu'on veut!
tage. L'apostat-s'éprit de la fille d'un gentil- Gaurie, génie ou lutin que la superstition des
homme, Madeleine de la Palud, dont l'histoire villageois bas bretons croit voir danser autour
est devenue célèbre. Mais bientôt la demoiselle des amas de pierres, ou monuments -druidiques,
effrayée se retira dans un couvent d'ursulines. désignés dans-la langue des anciens insulaires
Gaufridi furieux y envoya, disent les relations du par le mot chiorgaur, que l'on a traduit par
temps, une légion,de démons; la sorcellerie du ceux-ci : choreagigantum, ou danse des géants,
prêtre fut prouvée. Un arrêt du parlement de mais "qu'il serait peut-être: plus exact d'entendre
Provence le condamna au feu, en avril 1611. chorea Gauriorum, danse des GaUries.
.. Gauric (Luc), astrologue napolitain, né en Gauthier (Jean), alchimiste. Charles IX-(
1476. Selon .Mézeray et le président de Thon, il trompé par ses:promesses, lui fit donner, pour
annonça positivement que le roi Henri II serait faire de l'or, cent vingt mille livres, et l'adeple
tué dans un duel et mourrait d'une blessure à se mit à l'ouvrage. Mais après avoir travaillé-huit
l'oeil; ce qui fut vrai. Catherine de Médicis avait- jours, il se sauva avec l'argent du monarque :
on courut à sa,poursuite, on l'attrapa, et il fut
pendu.
Gauthier, conspirateur écossais. Voy. WAI,-
ÏIÏII.
Gauthier de Bruges. On conte que ce cor-
delier, nommé évêque par le pape Nicolas III,
et déposé par Clément V,.appela à Dieu de celle
déposition et demanda qu'en l'inhumant on lui
mît son acte d'appel à la main. Quelque temps
après sa mort, le pape Clément V, étant venu à
Poitiers, et se trouvant logé au couvent des cor-
deliers, désira visiter les restes de: celui qu'il
avait déposé;: on ajoute qu'il se fit ouvrir le
tombeau, et qu'il fut effrayé en voyant Gauthier
de Bruges agitant son acte d'appel d'une main
desséchée '•;..» Conte imaginé par les ennemis du
Pape.
Gayot de: Pit.aval, Lyonnais, auteur de la
compilation dès Causes célèbres, ouvrage indi-
geste. Mort en l-7/|3. Nous ne le citons que pour
faire remarquer l'esprit léger, mais hostile, dans
lequel, à propos de la possession de Loutlun, il
a admis tous les mensonges de ' Saint-Aubin.
en Luc Gauric la confiance la plus entière. Ben- ' '
Voy. ce nom."
livoglio, seigneur de Bologne, le condamna à
cinq tours d'estrapade, pour avoir eu.la har- 1 Pomponii Gaurici Nea/politanitractatus tk s\jm-
diesse de lui prédire qu'il, serait chassé de ses metriis, limamentis et physiognomonia, ejusquospe-
ÉLats; ce qui n'était pas difficile à"prévoir, vu la ciebus, etc., Argcnlor., 163Ô, avec la Chiromancie
de Jean Ab Indaginc. .
disposition des esprits qui délestaient ce sei- 2 Lucoe Gaurici geophonensisepiscopi civilalcnsis
gneur. Gauric mourut en 1558, âgé de quatre-' traclatus astrologicus, in quo agitur de prwler'tis
vingt-deux ans. On a de lui une Description de la multorum hominum accideniibus per proprias eoru»i
ad unguem examinalis. Venetiis. In-»"
sphère céleste, publiée clans ses oeuvres, Bâle, genilwas,1552. - ;
1 Voyez celle vision dans les Légendes de l'autre 3 M. de Marchangy, Tristan le voyageur, o« '"
monde.' France au quatorzième siècle, t. Ier, ch. iv, p. M-
GAZ 299 — GEL
Gazardiel, ange qui, selon le Talmud, pré- Baaslrausée, pêcheur de son métier, qui avait
side à l'Orient, afin d'avoir soin que le soleil se huit pieds du Rhin de hauteur et qui pesait cinq
lèveet de l'éveiller s'il ne se levait pas. cents livres. Pour la force, nous citerons Milon
Gaze (Théodore de), propriétaire d'une ferme de Crotone, tant de fois vainqueur aux jeux Olym-
dans la Campanie, au seizième siècle ; il la fai- piques ; ce Suédois qui, sans armes, tua dix sol-
sait cultiver par un fermier. Comme ce bon- dats armés; ce Milanais qui portait un cheval
homme travaillait un jour dans un champ, il chargé de blé ; ce Barsabas qui, du temps de
découvrit un vase rond où étaient enfermées les Louis XIV, enlevait un cavalier avec son équipage
cendres d'un mort. Aussitôt il lui apparut un et sa monture; ces géants et ces hercules qu'on
spectre qui lui commanda de remettre en terre montre tous les jours au public. Mais la différence
le même vase avec ce qu'il contenait, sinon qu'il qu'il y a entre eux et le reste des hommes est
ferait mourir son fils aîné. Le fermier ne tint petite, si on compare leur taille réelle à la taille
compte de ces menaces, et peu de jours après prodigieuse que les traditions donnent aux art-'
son fils aîné fut trouvé mort dans son lit. Quel- tiens géants.
que lemps plus tard, le même spectre lui appa- Geber, roi clés Indes et grand magicien, au-
rut, lui réitérant le même commandement, et le quel on attribue un traité absurde du rapport
menaça de faire mourir son second fils. Le la- clés sept planètes aux sept noms de Dieu; et
boureur avertit de tout cela Théodore de Gaze, quelques autres opuscules inconnus'. '.'•
qui vint lui-même à sa métairie, et fil remettre Gedi, pierre merveilleuse qui, dans l'opinion
lelout à sa place : sachant bien', dit Leloyer, des Gèles, avait la vertu, lorsqu'on la trempait
qu'ilfait-mauvais jouer avec les morts..,.-.. clans l'eau, de'changer l'air'et d'exciter des vents
Gaziel, démon chargé de la garde des trésors et des pluies orageuses. On ne connaît plus la
souterrains, qu'il transporte d'un lieu à un autre forme de celte pierre.
pour les soustraire aux hommes. C'est lui qui Geilana,duchessedeFranconie,ayant ordonné
ébranleles fondements des maisons et fait souf- le meurtre de saint Kilian, fut, aussitôt après le
fler des. vents accompagnés de flammes. Quel- crime, possédée d'un démon.
quefoisil forme des danses qui disparaissent tout Geillis Dunoane, sorcière anglaise qui gué-
à coup; il inspire la terreur par un grand .bruit rissait certaines maladies par l'aide d'un démon,
de cloches el de clochettes ; .il. ranime les cada- comme elle le déclara. Le roi Jacques la filnrrêler,
vres, mais pour un moment. Anarazel est son Geiralda, sorcière. Voy, KALTA.
compagnon. Gello ou Gilo, c'était une fille qui'avait la
Géants. Les géants de la fable avaient le re- manie d'enlever les petits enfants. On dit même
gard farouche et effrayant, de longs cheveux, que parfois elle les mangeait, el qu'elle emporta
une grande barbe, des jambes et des pieds'de un jour le petit empereur Maurice ; mais qu'elle
serpent, et quelques-uns cent bras el cinquante- ne put lui faire aucun mal, parce qu'il avait sur
têtes. Homère représente les Aldïdes, géants re- lui des amulettes. Son fantôme errait dans l'île
marquables, comme étant d'une taille si prodi- de Lesbos, où, comme elle était jalouse de toutes
gieuse qu'à l'âge de neuf ans ils avaient neuf les mères, elle faisait mourir dans leur sein les
coudéesde grosseur, trente-six de bailleur, et enfants qu'elles portaient, un peu avant qu'ils
croissaient chaque année d'une coudée de cir- fussent à terme 2. On voit qiie c'était l'épouvan-
conférenceet d'un mètre de haut. Les lalmudisles lail du sixième siècle. Elle n'était pas seule. :
assurent qu'il y avait des géants dans l'arche. Gelions, compagnons de Gello en Grèce. Ces
Commeils y tenaient beaucoup de place, on fut esprits pénètrent dans les appartements quoique
obligé,disent-ils, de faire sortir le rhinocéros, les portes en soient fermées et y enlèvent les
quisuivit l'arche à la nage. Aux noces de Charles enfants. Voyez aussi Gih.uons.
le Bel, roi de France, on vit une femme de Zé- Gellone (vallée de). Voy. Pu;.
lande d'une taille extraordinaire, auprès de qui Geloscopie. Espèce de divination qui se tire •
leshommes les plus hauts paraissaient des en- du rire. On. prétend acquérir ainsi la con-
fante; elle était si forte, qu'elle enlevait de chaque naissance du caractère d'une personne, et de
maindeux tonneaux de bière, et portait aisément ses penchants bons ou mauvais. Un rire franc
huithommes sur une poutrei. il est certain qu'il n'annoncé certainement pas une âme fausse, el
y a eu de tout temps des hommes d'une taille on peut se défier quelquefois d'un rire forcé.
etd'une force au-dessus de l'ordinaire. On trouva Voy. PHYSIOGNOMONIIÎ.
M Mexique des os d'hommes trois fois aussi Géludes, sorcières-vampires de l'Orient. Saint
grandsque nous, et, dit-on, dans l'île de Crète Jean Damascène parle de ces monstres qui en-
«n cadavre de traient dans les maisons malgré serrures et ver-
quarante-cinq pieds... Heclor de
lioëce dit avoir vu les restes d'un homme qui
avait quatorze pieds. En 1693, il y avait à Le- 1 Naudé, Apologie pour tous les grands person-
torké un homme assez maigre, nommé Guerrit nages soupçonnésde magie, ch. xiv, p. 3C0,
2 Delrio,
1 Jonsthoni Disquisilions magiques; Wierus, De
thaumalographia. proest., p. -4G6.
GEM 300 GEN
rous, suçaient le sang des enfants ou les enle- l'auteur du mal; que, pour gouverner le cours
vaient pour manger leur foie. Mais il cite ces du soleil, des étoiles et des planètes, il a créé
propos comme croyances erronées. une multitude innombrable de génies, qui ont
Gématrie. C'est une des divisions de la cabale élé, qui sont et seront toujours bons et bienfai-
chez les Juifs. Elle consiste à prendre les lettres sants; qu'il créa l'homme, indifféremment avec
d'un mot hébreu pour des chiffrés ou nombres tous lès autres animaux, et cme l'homme n'avait
arithmétiques, et à expliquer chaque mot par la que des pattes comme les chiens; que la paix et
valeur arithmétique des lettres qu'île composent. la concorde régnèrent sur la terre pendant plu-
Selon d'autres, c'est une interprétation qui se fait sieurs siècles, et qu'il ne s'y commettait aucun
par la transposition des lettres." désordre ; que malheureusement un génie prit
Gemma ("Cornélius )', savant professeur de l'espèce humaine en affection, lui donna des
Louvain, auteur d'un livre intitulé Zfescaractères mains, et que VoilàTôrigirie et l'époque du ma!
divins et dés choses admirables.-S-publie à Anvers, L'homme alors se procura dès forces artificielles,
chez Christophe Plan tin, archi typographe du roi; se fabriqua des armes, attaqua les autres anl
1-575, ih-l-2i C'est un tableau des mënveillësde maux, lit des ouvrages surprenants; et l'adresse
la nature dont l'auteur a profondément saisi la de ses .mains le rendit Orgueilleux j l'orgueil lui
marche et le but. Ilyades réflexions admirables, inspira le désir de la propriété et la vanité de
expriméBs -avec un langage: de sentiment qui posséder certaines choses à l'exclusion des autres;
touche autant qu'il instruit-lé-lecteur. les querelles et les guerres commencèrent ; la
Généràtioii. Foi/; ENFANTS. . victoire fit des tyrans et des esclaves, des riches
Gëngués, dévi ns japonais! qii i fon t profession et des-pauvres. 'Il est vrai, ajoutent les borbo-
dedêcoùvrir les Choses cachées et de retrouver rites, que si l'homme-n'avait jamais "eu que des
les choses perdues, Ils habitent des huttes per- pattes, il n'aurai t pas bâti des villes, ni des pa-
chées sur le,sommet des montagnes et sont tous lais, ni des vaisseaux ; qu'il n'aurait pas courules
extrêmement-laids*'-!! leur est permis de se- ma- mers; qu'il n'aurait pas inventé '"récriture, ni
rier, mais seulement avec, des femmes de leur composé des livres ; et qu'ainsi les connaissances
caste et de leur secte. Un voyageur prétend que de son esprit ne sei seraient point étendues. Mais
le signe caractéristique de ces devins est une aussi il n'aurait éprouvé que les maux physiques
corne qui leur pousse sur la tôle. I! ajoute qu'ils et corporels, qui ne-sont pas comparables à ceux
sont tous vendus au diable qui leur souffle; leurs d'une âme agitée par l'ambition, l'orgueil, l'ava-
oracles; quand leur bail est fini, le diable leur rice, par les inquiétudes et les soins qu'on se
.ordonne de l'attendre sur une certaine roche. A donne pour élever une famille, et par la crainte
midi, ou plus souvent vers le soir, il passe au de l'opprobre, du déshonneur,- de la misère el
milieu de-l'assemblée ; sa présence cause, une des châtiments. Arisloté observe que l'homme
vive émotion. Une force irrésistible entraîne alors n'est pas supérieur aux animaux parce qu'il a
ces malheureux, -qui- sont précipités à sa suite et une main, mais qu'il a une main parce qu'il est
ne reparaissent plus....* supérieur aux animaux.
Géniane, pierre fabuleuse à laquelle on attri- Les Arabes ne croient pas qu'Adam ail élé le
buait la vertu de chagriner les ennemis de ceux premier être raisonnable qui ait habité la terre,
qui la portaient. On pouvait de très-loin, en frot- mais seulement le père- de tous les hommes ac-
tant sa pierre, vexer de loule façon les amis tuellemenl existants. Ils pensent que la terre
dont on avait à se plaindre, et se venger sans se était peuplée avant '.a création d'Adam par des
compromettre. Les doctes n'indiquent pas où se1 êtres d'une espèce supérieure à la nôtre ;'que
trouve celle pierre curieuse. dans la composition de ces êtres, créés de Dieu
Génies. La tradition des anges, parvenue ! comme nous, il entrait plus de.feu divin el moins
allérée chez les païens, en a fait des génies. de limon. Ces êlres, qui ont habité la terre pen-
Chacun avait son génie. Un magicien d'Egypte dant plusieurs milliers de siècles, sont les génies,
avertit Marc-Antoine que son génie était vaincui qui ensuite furent renvoyés dans une région par-
les
par celui d'Octave; et Antoine intimidé se retira i liculière, mais d'où il n'est pas impossible de
vers Cléopàlre 2. Néron, dans Brilanniciis, dit eni évoquer et de les voir paraître encore quelque-
parlant de sa mère : fois, par la force des paroles magiques et des
talismans. Il y a deux sortes de génies, ajoutent-
Mon génie étonné tremble devant le sien.
ils, les péris, ou génies bienfaisants, et les clives,
nom(le
Les borborites, hérétiques des premiers siècles; ou génies malfaisants. Gian-ben-gian, du
Dieu ne être . qui ils furent appelés ginnes ou génies, est le
de l'Église, enseignaient que pciit est un
plus fameux, de leurs rois. Le Ginnislan
1 De naturoe divinis charpcterismis, seu raris etf- pays de délices et de merveilles, oirils ont ele
admirandis spectaculis,cousis, indiens, proprietaiibus relégués par Taymural, l'un des plus anciens rois
rcrum in partibus singulis universi libri II, auctorel de Perse. Ce sont encore là des vestiges altérés
Cornelio Gemma, etc.
2 Plutarque, Vie de Marc-Antoine. de l'ancienne tradition.
GEN — 301 — GER
Les Chinois ont des génies qui président aux procédé ] que celui du marc de café. Selon d'autres
eaux, aux montagnes ; et chacun d'eux est honoré docteurs, la géomancie se pratique tan loi èil
— Voy. FÉES, ANGES, traçant par lerre ou sur un globe des lignes et des
pardessacrifices.solennels.
ESWUTS, etc. ; . cercles, sur lesquels on veut deviner ce qu'on a
Génirade, médecin matérialiste, ami de saint
Augustinet très-connu à Cartilage pour sa grande
capacité. 11"doutait qu'il y eût un aulre monde
que celui-ci.: Mais une nuit il vit en songe un
jeune homme qui lui dit": — Suivez-moi.-— Il le
suivit et se trouva dans une ville où il entendit
une mélodie admirable. Une autre fois il vit le
même jeune homme qui lui dit ; — Me connais-
sez-vous?—Fort bien, lui répondit-il. —Et d'où
me connaissez'voûs ? —Gérinade lui raconta ce
qu'il lui avait fait voir dans la ville où il l'avait
conduit. Le jeune homme ajouta : — Est-ce en.
songe ou éveillé que vous avez vu tout cela 1 —
C'est en songe, répondit le médecin. Le jeune
hommedit : — Où est à présent votre corps?—
Dans mon lit. -r- Savez-vous bien que vous ne
voyez rien à présent des yeux du corps? — Je
lesais. — Quels sont donc les yeux par lesquels envie d'apprendre ; tantôt en faisant au hasard, par
vous me voyez?... Gomme'le médecin hésitait terre ou sur le papier, plusieurs points sans gar-
et ne savait que répondre, le jeune homme fui der aucun ordre; les figures que le hasard forme
dit encore :. — De même que-vous me voyez el alors fondent un jugement sur l'avenir ; tantôt
m'entendez, à présent que. vos yeux sont fermés" enfin en observant les fentes et les crevasses qui
el vos sens engourdis, ainsi après voLre .mort- se font naturellement à la surface de la terre,
vousvivrez, vous verrez, vous entendrez, mais d'où sortent, dit-on, des exhalaisons prophéti-
des yeux de-l'esprit. Ne.doutez donc plus. — ques, comme de l'antre cle Delphes.
Génirade conclut' que si l'âme pouvait voyager Gérard. C'est le nom, à ce qu'on croit, de
ainsi dans le sommeil, elle n'était donc pas liée l'archilecle qui .entreprit la somptueuse basilique
à la matière ; et il se 'convertit. de Cologne. Plusieurs traditions se rattachent à
Gennadius, patriarche de Constantinople. Al- cet immense édifice. Selon les unes, le diable en
lantà son église, il rencontra un spectre hideux. aurail fait le plan et l'aurait offert à Gérard,
Il reconnut que c'était le diable, le conjura et moyennant un pacte qui lui eût livré son âme.
entendit une voix qui lui dit : — Je t'averlis, L'architecte aurait d'une main saisi le plan, et
Gennadius, que durant ta vie je ne pourrai nuire de l'autre, armée d'une relique de sainte Ursule,
plus que loi à l'Église grecque ; mais après ta il aurait mis le diable en fuite. Mais en se retirant
mort je la ruinerai. — Le patriarche se mil à -violemment le diable avait arraché du plan la
genoux, pria pour son Église, et mourut peu portion la plus importante ; ce qui fit que le mo-
après'. Ceci se passait tandis que Mahomet II nument n'a pu être achevé. Selon d'autres tra-
faisaitla eonquêle de l'empire. ditions, Gérard était avancé daiis l'érection de sa
Geoffroi d'Iden, chevalier du treizième siècle, cathédrale au point où nous la voyons , lorsqu'il
qui fut tué dans une guerre injuste au diocèse de paria orgueilleusement avec le diable qu'il au-
Mâcon,elqui revint, deux mois après, réclamer rait achevé sa grande tour avant que. lui, Satan,
te prières. Il se montra'deux fois à deux de Trêves à Co-
per- eût terminé le grand aqueduc
sonnes différentes, portant encore saignante logne, qu'il avait entrepris. Mais le diable gagna
l'énorme blessure qui lui avait donné la mort; le pari, et Gérard humilié se précipita du haut de
d il obtint ce
qu'il demandait. Ces faits, dont sa tour, dont personne jusqu'ici n'a entrepris ""
loulc la contrée ne put douter, sont l'achèvement.
rapportés
parPierre le Vénérable \ Gérard le Diable, garnement du treizième
Géomancie ou Géomance, divination par la siècle, enfant de grande maison à Gand. La si-
ICITC. Elle consiste à jeler une poignée de pous- nistre histoire de c& possédé, de son fils Gérard
Si«i'cou de terre au hasard sur une table,
pour le Maure et de la tour rouge est établie dans les
J"gcrdes événements futurs par les lignes el les Légendes infernales.
liguresqui en résultent : c'est à peu près le même Gérardine (Rose), pauvre femme de la Lor-
raine qui fut arrêtée comme sorcière en 1856.
Leloyer, Histoire des spectres et apparitions des Elle confessa qu'on l'avait emmenée au sabbat
ynts, p. 270.
Voyezcelte histoire dans les Légendes de l'autre malgré elle, qu'on l'avait cruellement battue
monde(légendes du
purgatoire). parce qu'elle se refusait à faire le mal qui lui
GER 302 — GUI
était prescrit ; et elle montrait les traces des Préchac en Gascogne, qui confessa vers 1608
plaies qu'elle avait reçues. Elle ne fut pas punie. que, lorsqu'une sorcière revenant du sabbat était
Gerbert. Voy. SYLVESTRE II. tuée daiïs le chemin, le diable avait l'habitude
Géréahs. Les habitants de Ceylan croient les de prendre sa figure, et de la faire reparaître et
planètes occupées par des esprits qui sont les mourir dans son logis pour la tenir en bonne ré-
arbitres de leur sort. Ils leur attribuent le pou- putation. Mais si celui qui l'a tuée^ a quelque-
voir de rendre leurs favoris heureux en dépit bougie ou chandelle de cire sur lui, et qu'il en
des démons. Ils forment autant d'images d'argile fasse une croix sur la morte, le diable ne peut,
appelées Géréahs qu'ils supposent d'esprits mal malgré toute sa puissance, la tirer de là , el par
disposés; ils leurdonneiitdes figures monstrueuses conséquent est forcé de l'y laisserl.
et les honorent en mangeant et buvant ; le feslin Gervais, archevêque de Reims, mort en 1067,
est accompagné de tambours et de danses jus- dont on conte cette aventure. Un chevalier nor-
qu'au point du jour: les images sont jetées alors mand qui le connaissait, voulant,pourle besoin
sur les grands chemins, Où elles reçoivent les de son âme, aller à Rome visiter les tombeaux
coups et épuisent la colère des démons malin- des saints apôtres, passa par Reims, où il de-
tentionnés. manda à l'archevêque sa bénédiction, puis il
Germanicus j général romain qui fut empoi- reprit son chemin, dont il s'était écarté. Il arriva
sonné par Plancine. On ne dit pas si ce fut par à Rome et fit ses oraisons. Il voulût ensuite aller
des parfums ou par un poison plus -direct, ou par au mont Saint-Ange. Dans son chemin, il ren-
des maléfices ; mais ce qui est certain, dit Tacite, contra un ermite qui lui demanda s'il connaissait
c'est que l'on trouva dans sa demeure des osse- Gervais, archevêque de Reims; à quoi le voya-
ments et des cendres de morts arrachés aux tom- geur répondit qu'il le connaissait. -—Gervais est
beaux, et le nom-de Germanicus écrit sur une mort, reprit l'ermite. — Le Normand, demeura
lame de plomb qu'on avait dévouée à l'enfer 1. stupéfait ; il pria l'inconnu de lui dire comment
Gerniar (Gilles), infâme coquin, né à Lyon il savait cette nouvelle. L'ermite lui répondit,
et arrêté à Dôle pour ses crimes, à travers les qu'ayant passé la nuit en prière dans sa cellule,
guerres de la réforme. Il avoua, sans y être con- il avait entendu le bruit d'une foule de gens qui
traint, qu'un jour, habillé en loup-garou, il avait, marchaient le long de son corridor en faisant
dans le bois de la Serre près de Dôle, étranglé beaucoup de bruit; qu'il avait ouvert sa fenêtre,
une jeune fille et qu'après avoir mangé la chair et demandé où ils allaient ; que l'un d'eux lui
de ses bras et de ses.jambes, il en avait porté à avait répondu : Nous sommes les anges de Sa-
sa femme qui partageait ses goûts; qu'un" mois tan; nous venons de Reims. Nous emportions
après il avait, sous la même forme de loup-ga- l'âme de Gervais; mais à cause de ses bonnes
rou, lue une jeune fille pour la manger pareille- oeuvres, on vient de nous l'enlever, ce qui nous
ment, mais qu'il en avait été empêchée par l'ar- fâche rudement. Le pèlerin remarqua le temps
rivée de trois personnes, à l'aspect desquelles il et le jour où il avait appris tout cela, et de retour
s'était enfui"; que quinze jours plus lard, dans la à Reims, il trouva que l'archevêque Gervais était
vigne de Grédisans, il avait tué un enfant et en mort à la même heure 2.
avait mangé aussi la chair des bras el des jambes ; Geyseric, démoniaque golh, dont, l'âme fut
enfin que, cette fois en sa forme d'homme et non emportée par le diable en enfer après que son
plus en loup-garou, il avait tué un enfant de douze corps eut crevé, comme ceux deBucer eld'Arius,
à treize ans dans le bois de Pérouze et qu'il se pendant qu'il était au lit 3.
disposait à le manger lorsqu'on l'avait arrêté. Ghilcul ou Gilgoul. Chez les Juifs modernes
Cet anthropophage fut condamné au feu'2. c'est la métempsycose ou transmigration des
Géroldseck, l'un des vieux manoirs des bords âmes en d'autres corps, doctrine reçue dans quel-
du Rhin. Sous ses ruines sont ensevelis WiLlich -, ques-unes de leurs sectes. Selon une de leurs
Siegfried et d'autres chevaliers bandits des plus traditions, le prophète Élie avait été auparavant
mauvais jours du moyen âge, attendant le juge- Phinéès, fils d'Aaron.
ment dernier. Ghirardelli ( Corneille ), franciscain, né à
Gerson (Jean Charlier de), chancelier, pieux Bologne vers la fin du seizième siècle. Il étudia
et savant, de l'université de Paris, mort en 1Z]29, l'astrologie et la mélopôscopie ; on connaît de
auteur de l'Examen des esprits, où l'on trouve lui des discours astrologiques, des aliiianaclis
des règles pour discerner les fausses révélations comme celui de Matthieu Lainsberg, enfin la Ce-
des véritables ; auteur aussi de l'Astrologie réfor- phalonie physionomique, avec cent têtes dessi-
mée, qui eut un grand succès. Nous ne parlons
pas ici de ses ouvrages de piété. 1 Delancre, Tabl. de l'inconstancedesdémons,clc,
Gert (Bcrlhomine de), sorcière de la ville de p." 24oi5.
Manuscrit de la bibliothèque impériale, rapporte
1 Leloyer, Histoire des spectres et
apparitions des par3 Lenglet-Dufresnoy, Dissertations, l. 1er. clc,
esprits, p; 370.
5 Bodin, Delancre, Tabl..del'inconstancedes démons,
Démonomanie, liv. IL I P» ».
GHO — 303 — GIR
néeset des jugements sur chaque figure, lesquels 1';
l'abbaye de Saint-Guislain l'épitaphe. dé Gilles
jugements sont renfermés en un sonnet rehaussé d( Chin ; mais elle a disparu avec la vieille
de
d'un distique; in-Zr, 1630. é{
église l.
Gholes. La croyance aux vampires, aux gho- Gilles de Vailladoros. Voy. VAILLADOKOS.
les, aux lamies, qui sont à peu près le même Gilo. Voy. GELLO.
.nenre.de spectres, est répandue de temps immé- Gimi ou Gimin, génies que les, musulmans
morialchez les Arabes, chez les Perses, dans la. ci
croient d'une nature mitoyenne entre l'ange et
Grècemoderne et dans tout l'Orient. Les Mille et l'I
l'homme. Ce sont nos esprits follels.
uneNuits et plusieurs autres contes arabes rou- Ginguérers, cinquième tribu des géants ou
lentsur cette matière, et maintenant encore cette g<
génies malfaisants chez les Orientaux.
terrible superstition porte l'épouvante dans plu- Ginnes, génies femelles chez les Persans, qui
sieurscontrées de la Grèce moderne et de l'Ara- le disent maudites par Salomon, et formées
les
bie. Les gholes sont du sexe féminin. On en cite d
d'un feu liquide etbouiilonnant
' avant la. création
des histoires qui remontent jusqu'au dixième d l'homme.
de , .
siècleet mênie jusqu'au règne d'Haroun al Ras- Ginnistan, pays imaginaire où les génies mal-
chid. Elles mangent la chair humaine et boivent fr
faisants font leur résidence, selon les opinions
lesang, commelës loups-garous plutôt que comme p
populaires des Persans. Voy. GÉNIES.
les vampires, car elles n'ont pas toujours besoin Ginnungagap,, nom de l'abîme, partie de
d'être mortes pour se livrer à leurs festins fu- 1'
l'enfer chez les Scandinaves.
nèhres. Quand la chair vivante leur manque, Gioérninca-Vedur. Les Islandais appellent
ellesvont dans les cimetières déterrer les cada- d ce nom le pouvoir magique d'exciter des orages
de
vresfrais. Ces tradilions: doivent être fondées sur e des tempêtes, el de faire périr des barques et
et
desfaits sinistres. d bâtiments en mer. Cette idée superstitieuse
des
On voit aussi dans les contes orientaux une aappartient autant à la magie moderne qu'à l'an-
espèce de vampire qui ne peut conserver son c
cienne. Les ustensiles que les initiés emploient
odieusevie qu'en avalant de temps en temps le s
sont très-simples : par exemple une bajoue de
coeurd'un jeune honime : ces contes prouvent L< de poisson sur laquelle ils peignent ou gra-
lêle
queles horribles idées du vampirisme sont an- v
vent différents caractères magiques, entre autres
demiesen Arabie. 1! lêfe du dieu Tlior, de qui ils ont emprunté cette
la
Ghoolée-Beenban, vampire, ou lamie ou eespèce de magie. Le grand art consiste à n'em-
ghole.Les Afghans croient que chaque solitude, P
ployer qu'un.ou deux caractères, et tout leur se-
chaque désert de leur pays est habile par un c
cret est que les mots Thor hafol ou hafut puis-
démon,qu'ils appellent le Ghoolée-Beenban ou s
sent être lus devant eux ou en leur absence, sans
le spectre de la solitude. Us désignent souvent la ê
être compris de ceux qui ne sont pas admis à la
férocitéd'une tribu en disant qu'elle est sin«age c
connaissance de ces mystères.
commele démon du désert. Giourtasch, pierre mystérieuse que les Turcs
Giall, lleuve des enfers Scandinaves; on le c
orientaux croient avoir reçue de main en main
passesur un pont appelé Giallar. ù leurs ancêtres en remontant jusqu'à Japhel,
de
Gian-ben-Gian. Voy. GÉNIES. 1 de Noé, et qu'ils prétendent avoir la vertu de
fils
Gibel,. c'est l'Etna, montagne volcanique au 1' procurer de la pluie quand ils en ont besoin.
leur
sommetde laquelle se trouve un cratère d'où l'on Girard (Jean-Baptiste), jésuite né à Dôle en
entendlorsqu'on prêle l'oreille des gémissements 1
1680. Les ennemis de la -société de Jésus n'ont
elun bouillonnement effroyable. Les Grecs je- •négligé aucun effort pour le présenter comme un
laienldans ce soupirail des vases d'or el d'argent, 1
homme de scandale. Ils l'ont accusé d'avoir sé-
el regardaient comme un bon présage que la cduilnne fille nommée Catherine Cadière, el sur
flammene les repoussât pas ; ils pensaient apaiser < thème ils oui bâti tous les plus hideux ro-
ce
parlà les dieux de l'enfer, dont ils croyaient que : i
mans. Celle tille, folle ou malade, sembla pos-
cetteouverture était une des entrées '. s
sédée dans les idées du temps ou le fut peul-
Gilbert, démon dont parle Olaùs Magnus. II[ <
être, et on dut l'enfermer aux Ursûlines de Brest.
se monirail chez les Oslrogolhs et. il avait en- - * quelques divagations qu'elle débita, un procès
Sur
chaînédans une caverne le savant Gatillus, né- - 1 intenté par le parlement d'Aix. Mais toutes
fut
ci'omanciensuédois qui l'avait insulté 2. <
choses examinées el pesées, il fallut se borner à
Gilles de Chin, chevalier célèbre par .sa force; i
rendre Catherine Cadière à sa famille. On ne pût
Mson courage, est - même trouver moyen d'impliquer le père
regardé comme le vainqueur ]
pas
filindragon terrible <
Girard dans celte affaire comme coupable, quoi-
qui désolait les environs de;
Monsdans le llainaut. On monLre la tête du dra-- <
qu'on eût ameuté trois partis violents contre lui,
'
Bonà l'hôtel de ville de Mons, et on voyait ài les jansénistes, le parlement et les philosophes.
leloyer, Histoire des spectres ou apparitions dess ' Voyez l'histoire de Gilles do Chin, dans les Lé-
V*.
* p. 60. . :
gendes des douze convivesdu chanoine de Tours, nou-
Wicnis, De nroest., n. 466. velle édition.
GIR 304 GNO
— Ce qui n'a pas empêché les écrivains anlireli- 'iduchesse de Glocesler, voulant la perdre, l'accu-
gieux.dé-faire revivre sur SJII compte des calom- sèrent d'être sorcière. On prétendit qu'elle avaii
nies-condamnées. On."a rassemblé ces calomnies eu des entretiens secrets avec Roger Bolingbroke,
en six gros volumes. L'avocat janséniste François soupçonné de-nécromancie,, et Marie: Gardemain,
Ricliéf Tes a concentrées dans ses Causes célèbres réputée sorcière. On déclara .que ces trois per-
avec une férocité haineuse qui fait peine. Fréron,
dans l'Année littéraire 1772, t. II, p. 25Ô, a-pul-
vérisé, preuves en main, cet échafaudage d'odieux
mensonges, Ce qui n'a pas empêché une tête
obtuse dans son fiel de les republier de nos jours
en une brochure in-8° intitulée Détails historiques
sur le père Girard, jésuite, et mademoiselle Cadière
de Toulon, imprimée à Nîmes,, chez Bâllivet et
Fabre, 12>kk. Au résumé, la Cadière était une
coquine, le père Girard un saint et ses calomnia-
teurs des faussaires d'.
Girtànner, docteur de Goeltingue qui a an-
noncé que, dans le dix-neuvième siècle, tout le
monde aurait le secret de la transmutation des
métaux; que chaque chimiste saurait faire de La_duçlicsseîleGlocesler.. -
l'or; que les instruments de cuisine seraient d'or
et d'argent, ce qui contribuera beaucoup,dit-il, sonnes réunies, avaient, à J'aide de cérémonies
àprolonger la vie, qui se trouve aujourd'hui com- diaboliques, placé sur un feu lent une effigiedu
promise par les oxydes de cuivre, de plomb et de roi faite en cire, clans l'idée" que les forces de ce
ierque nous avalons avec notre nourriture '.Lès prince s'épuiseraient à-mesure que la cire fon-
bbns chimistes, actuels partagent cet avis; drait, et, qu'à sa totale dissolution la vie de
Gitàrios, mol espagnol, qui veut dire Égyp- Henri VI serait terminée; Cette accusation s'ac-
tiens. Voy. BOHÉMIENS. crédita sans peine. Tous trois furent déclarés
Giwon, esprit japonais. Les habitants croient coupables, et ni le rang ni l'innocence ne purent
de les sauver. La duchesse fut condamnée à un
qu'il veille particulièrement à la conservation
leur vie, et qu'il peut les préserver de tout acci- emprisonnement perpétuel, Roger Bolingbrote
dent fâcheux, comme des chutes, des mauvaises pendu et * Marie Gardemain brûlée dans Smilli-
rencontres, des maladies et surtout de la petite field 1. .
vé'Çô.l'e.'Aussi ont-ils coutume de placer sur la Glubbdubdrib. Ile des sorciers dans les voyages
porte de leurs maisons l'image de Giwon. de .Gnlljv.er.Swift y fait des contes -très-piquants.
Glanvil, curé anglican d'Abbey - Church à Gnomes, esprits élémentairesamisdel'homnic,
Balb, mort en 1680. On lui attribue un traité des composés des plus subtiles parties de la terre,
Visions et apparitions, in-8°, Londres, 1700; dont ils habitent les entrailles-, selon les caha-
mais il est certainement auteur d'un ouvrage in- lisles. — La terre, disent-ils, est presque-jus-
WVvAê Considérationsjihilosophiqucs touchant l'exis- qu'au centre remplie de gnomes, gens de petite
tence des sorciers et la sorcellerie, 1666, in-/|°.
Glaphyra, épouse d'Alexandre, fils de cet ef-
froyable Ilérode, qu'on a appelé Ilérode le Grand.
Celte princesse, ayant perdu Alexandre, se maria
avec Archelaûs, son beau-frère, et mourut la
nuit même de ses noces, l'imagination troublée
par. ]a vision de son premier époux, qui semblait
lui reprocher ses secondes noces avec son frère '-.
Glasialabolas. Voy. CAACMNOLAAS.
Gleditch. Voy. HALLUCINATIONS.
Glocesterr-Soù's Henri VI, les ennemis de la
1 Nous ajouterons avec regret que, dans le tome IV
de sa Mystique, Giirres expose assez mal, pages 476
à.4*9, 1affaire de la Cadière; il est vrai qu'un peu
plus loin, page 482, il défend le père Girard. Il est
fâcheux qu'il n'ait pas lu la judicieuse dissertation de mines et des
Fréron, que nous avons citée. stature, gardiens des trésors, des
2 Philosophie magique, l. VI, p. 383, citée dans pierreries. Ils aiment les hommes, sont ingénieux
les Curiosités de la littérature, t. Ii;r, p. 2l>2. à Ils fournissent auxcal»-
3 Leloyer, Histoire des spectres et des apparitions el faciles gouverner.
des esprits, ch. xxm, p. 436. 1 Goldsniilh, Histoire d'Angleterre.
GNO 305 — GOB
listes tout l'argent qui leur est nécessaire et ne les le- bons génies des campagnes. S'ils sont irrités
demandent guère, pour prix de leurs services, ce cependant, ils entrent dans les maisons et chan-
nue la gloire d'être commandés. Les gnomides, gent ge les enfants, mettant le fils d'un prince dans
leurs femmes, sont petites, mais agréables, et le berceau d'un fils de mendiant et celui-ci dans
vêtuesd'une manière fort curieuse 1. Les gnomes "'le berceau royal.
viventet meurent à peu près comme les hommes ; On appelait Gobelin ce démon d'Évreux que
ils ont des villes et se rassemblent eu sociétés, saint sa Taurin expulsa, mais qui, ayant montré un
Les cabalistes prétendent que ces bruits qu'on re respect particulier au saint exorciste, obtint la-
entendait, au rapport d'Aristote, dans certaines permissionp< de ne pas retourner en enfer, el con-
îles, où pourtant on ne voyait personne, n'étaient tinua tii de hanter la ville sons diverses formes, à .
autre chose que les.réjouissances et lés fêtes de conditionce qu'il se contenterait de jouer des tours
noces de quelque gnome. Ils ont une âme mor- innocents in aux bons chrétiens de l'Eure. Mais le
telle; mais ils peuvent se procurer l'immortalité Gobelin G d'Évreux semble s'être ennuyé de ses es-
en contractant des alliances avec les hommes, piègleries p. depuis quelques années, et il a rompu
Voy. Isciino, CABALE,PYGMÉES,NAINS, GOBE- son S< ban pour aller tourmenter les habitants de
UNS,KOBQLD, etc. ......_/ C
Caen. L'un de ces derniers hivers, les bourgeois
Gnostiques, hérétiques qui admettent une de d la bonne ville de Guillaume le Bâlard furent
foulede génies producteurs dé tout le monde, souvent si effrayés de ses apparitions. II s'était affu-
Leur nom signifie illuminés; ils T'avaient pris blé b d'une armure blanche et se grandissait jus-
parce qu'ils se croyaient plus éclaires que les -q qu'à pouvoir regarder à travers les fenêtres des
autres hommes. Ils partirent au premier et au ëétages les plus élevés. Un vieux général rencon-
deuxièmesiècle, principalement dans l'Orient. Ils tra ti ce diable importun dans une impasse et le
honoraient,parmi les génies, ceux qu'ils croyaient cl défia, mais Gobelin lui répondit : — Ce n'est pas
avoirrendu au genre humain les bons offices lesi de d toi que j'ai reçu ma mission, ce n'est pas à •
plus importants. Ils disaient que le génie quii toi t, que je dois en rendre compte. Le général
avait appris aux hommes à manger le fruit de gayant insisté, six diables blancs de la même taille
l'arbre de la science du bien et du mal avait faitt sortirent
s tout à coup de terre, et le général jugea
pour nous quelque chose de très-signalé... Ilsi prudent j de battre en retraite devant le nombre.
l'honoraient sous la figure qu'il avait prise, ett Le ) journal du département rendit justice à son
tenaientun serpent enfermé dans une cage : lors-- (courage ; niais le général n'eut pas moins besoin
qu'ilscélébraient leurs mystères, ils ouvraient lai de ( se faire saigner par le docleur Vaslel. Voy. Lu-
cage et appelaient le serpent, qui montait suri* ;TINS, FOLLETS,KOHOL»,etc.
une table où étaient les paiiis, et s'entortillait t Gobineau de Montluisant, gentilhomme
alentour.C'est ce qu'ils appelaient.leur eucharis-- chartrain
( qui cberchaitla pierre philosophale. Il
lie... Les gnostiques, auxquels se rallachaient t < voyait toute la science hermétique exposée dans
les basilidiens, les ophiles, les simoniens, less les ] sculptures qui décorent le portail de Nolre-
-
carpocraliens, etc., tentèrent contre le Catholi- Dame ; de Paris. Le Père éternel et les deux anges
cismede grands efforts. Leur serpent, non pluss ,qui sont auprès de lui représentent, dit-il,, le
que les autres, n'y put faire qu'user ses dénis.• Créateur tirant du néant le souffre incombustible
Voy,TÈTEDEBOPHOMET, ÉONS,etc. el le mercure de vie, figurés par ces deux anges.
Goap, roi des démons de midi. On peut l'évo-'- Une ligure a sous ses pieds un dragon volant qui
querde trois heures du malin à midi, et de neuf'f mort sa queue; elle n'est pas autre chose que
heures du soir à minuit 2. la pierre philosophale, composée de deux sub-
Gobbino. Vôy. IMAGINATION. stances , la fixe el la volatile. La gueule du dra-
. Gobelins, espèce de lutins domestiques qui se >e gon dénote le sel fixe qui, par sa siccité, dévore
retirent dans les endroits cachés de la maison,i. le volatile que désigne la queue glissante de l'arii-
sousdes las de bois. On les nourrit des mets les !s mal. Une.autre figure a sous ses pieds un chien
plus délicats', parce qu'ils apportent à leurs'S et une chienne qui s'enlremordent. C'est encore
maîtres-du blé volé dans les greniers d'aulrui.i. la lutte de l'humide et du sec, etc. Le savant
Us sonl de l'espèce des cobales. On dit que la la abbé Lebceuf a vu ces figures avec d'autres yeux,
manufacture,des Gobelins à Paris doit son nom hà La statue qui foule aux pieds le dragon est Jésus-
quelquesfollets qui, dans l'origine, venaient tra-a- Christ vainqueur du démon; l'autre, qui a au-
vailleravec les ouvriers, et leur apprendre à faire
re dessous d'elle un chien el une chienne-,' repré-
de beaux tapis. C'est d'eux, ajoule-t-on, qu'on )ii sente le même Jésus-Christ écrasant le péché et
lientle secret des riches couleurs. l'hérésie, etc.
Les Normands regardent les Gobelins comme ie Gobs, lutins écossais du genre des Gobelins.
' 11 a Gobes. On appelle gobes, dans la campagne,
y apparence ces contes de gnomes doi-
''"
ventleur origine auxque
relations de quelques anciens
des boules sphériques que l'on trouve quelque-
en fois dans l'estomac des animaux ruminants, et
Rageurs Laponie.
Wierus, in Pseudomonarchia cloemon. | qui sonl formées de poils avalés spontanément,
20
GOD 306 GOL
. mêlés de fourrages et agglutinés par les sucs gas- qui se raillait des Croisés et du saint sépulcre,
triques. On persuaderait difficilement à la plupart et qui fut emporté par le diable S
des gens de la campagne que ces boules ne sont Godwin, comte de Kent. Voy. EMMA.
pas-l'effet d'un sort 1. . . .. Godwin, écrivain anglais qui a publié la Vie
Godeslas, meunier du diocèse de Maëstrichl, des nécromanciens, ou histoire des personnages
Godeslas.
les plus célèbres auxquels on a attribué, dans les nouissement au point du jour, toute joyeuse de
différents âges, une puissance surnaturelle. les avoir revus; et ce qui est singulier, c'est que
Goethe, auteur du drame de Faust, qui a fait la bonne qui gardait les enfanls avait vu avec
un si grand bruit. M. François Hugo a démontré surprise leur mère assise en silence sur leur lit à
que le fond de ce poëme appartient à Marlowe, l'heure même où elle était évanouie, à quatre
poëte anglais, antérieur à Goethe de deux siècles. lieues de là. La pauvre mère mourut ce même
Goétie. La goétie est une phase de la magie, jour. ,
qui consiste à s'adresser aux esprits de l'abîme Goguis, démons de forme humaine qui ac-
pour se les rendre favorables et arracher leurs compagnent les pèlerins du Japon dans leurs
secrets par des enchantements, des formules mys- voyages, les font entrer dans une balance et les
térieuses, des conjurations, des amulettes et clés contraignent de dire leurs péchés. Si les pèlerins
talismans. taisent une de leurs fautes dans cet examen, les
Quand on s'adresse aux puissances de la lu- diables font pencher la balance, de sorle qu'ils
mière, c'est la théurgie. ne peuvent éviter de tomber' dans un précipice
Il y a dans le magnétisme des faits qui tien- où ils se rompent tous les membres2'.
nent de la goétie. et d'autres qui sont de la théur- Gohorry (Jacques), écrivain alchimiste assez
gie. — La goétie est la magie noire des temps ignoré.
antiques, et la théurgie leur magie blanche. Goitres. Les Arabes prétendent guérir celle
Gaffe (Marie),femmedeRoçhester, qui sesen- infirmité avec des amulettes. Le docteur Aber-
tant mourir témoigna un ardent désir de revoir nethy, que l'on consultait sur la manière de dis-
ses enfants, dont elle était éloignée de quelques siper un goitre, répondit : « Je crois que le meil-
lieues. C'était le 3 juin 1691. On lui fit com- leur topique serait de siffler... »
prendre qu'elle ne pouvait être transportée; ce Goldner. On lit dans la Chronique de Thon,
qui l'affligea vivement. A deux heures du matin, en Prusse, que le fils d'un marchand de celle
le k juin, elle eut une sorte d'extase qui la mil
auprès de ses enfants. Elle sortit de son éva- 1 Voyez son histoire dans les
2 Leloyer, Histoire des Légendesinfernales-
* Salgues, Dèserreurs et des préjugés, t. H, spectres ou apparitions des
p. 44. esprits, ch. n, p. 336.
GOM 307 — G'OU
ville,nommé Gpldner, avait un enfant obsédé par ceux qui l'accompagnaient, et qui étaient éveil-
un esprit frappeur. Cet esprit se montrait quel- lés, virent sortir de sa bouche une bête blanche
de chevreuil ou semblable aune petite belette, qui s'en alla droit
quefois en. forme de bouc,
d'autre aJfial, battait l'enfant et le tourmentait à un ruisseau assez près de là. Un homme d'armes,
de plusieurs manières; ce -qui dura trois mois de la voyant monter et descendre le bord du ruis-:
l'année:1665. \ seau pour trouver un passage, tira sonépéé et
Gomory, puissant duc des enfers ; il apparaît en fit un petit pont sur lequel elle passa et courut
sousla forme d'une-femme.;' il a une couronne plus loin... Peu après, on la vit revenir, et lé.
ducalesur ta tête.,: et, il est monté sur un cha- même homme d'armes lui fit de nouveau un pont:
de-son épée. La bête passa une seconde fois et
s'en retourna à la bouche du dormeur, où elle
rentra... Il se réveilla alors ; et comme on lui
demandait s'il n'avait ; point rêvé pendant son
sommeil, il répondit qu'il se trouvait fatigué et
pesant, ayant fait une longue course et passé deux
fois sur un pont de fer. Mais ce qui est plus mer-
veilleux, c'est qu'il-alla par le chemin qu'avait
suivi la belette ; qu'il bêcha au pied d'une petite'
colline et qu'il déterra..un trésor que :sôn--,âniè
avait vu en songe. Le diable, dit,"Wierus, se sert
; Souvent ,de çes; machinations pour tromper les
;' hommes et leur faire croire que l'aine, quoique;
invisible, est corporelle et rïieurt aveele corps ;
;car beaucoup de gens ont cru que cette bête
j blanche était l'âme dp ce soldat, tandis que
! c'était une imposture du diable^..
Goo, épreuvejpar le moyen de pilules de pa-
pier que les jammabos, fakirs du Japon,: fout,
meau.Il répond sur le présent, iè passé et l'ave- avaler aux personnes soupçonnées d'un vol ou
nir; il fait découvrir.les trésors cachés; il com- de 'quelque autre délit. G'e papier est rempli de
mandeà vingt-six légions.',,..., caractères magiques et de représentations d'oi-
Gonderic, roi des Vandales, qui fut, àl'exemple seaux noirs ; le jammabos y. met ordinairement
deGeyseriçet de Bucer, é ventre par lediable, et son cachet. Le peuple est persuadé que si celui
dontl'âme, selon les chroniqueurs. Tut conduite qui prend cette pilule est coupable, il ne peut la
enenfer2. digérer et souffre cruellement jusqu'à ce qu'il
Gonin. Les Français d'autrefois donnaient le confesse son crime. Voy. KHOMANO-GOO.
nomdé maître gonin à leurs petits sorciers, Goodwin. Voy. PARHIS.
Goerres, auteur contemporain d'un très-sa-
vant livre, qui a pourtant quelques erreurs : La
Mystique divine, naturelle et diabolique. Cet ou-
vrage a été traduit en français par M. Ch. Sainle-
,Foi. 5 vol. in-8°, 1855.
Gorson, -l'un des principaux démons, roi de
;l'Occident; il est visible le matin à neuf heures '.
Gouffres. On en a souvent fait des objets d'ef-
froi. Sur une montagne voisine de Villefranchè,
on trouve. trois gouffres ou étangs considéra-
bles, crai sont toujours le théâtre des orages ; les
habitants du pays croient que le diable est au
fond, et qu'il ne faut qu'y jeter une pierre pour
charmeurs, escamoteurs et faiseurs de tours de qu'il s'élève aussitôt sur ces étangs une tempête.
passe-passe3. Gougou. « Ghamplain,' à la fin de son pre-
Gontran. Helinand conte qu'un soldat nommé mier voyage au Canada, en 1603, raconte que
Contran,-de la suite de Henry, archevêque de « proche de la baie des Chaleurs, tirant au sud,
Reims,s'étant endormi en pleine campagne après » est une île où fait résidence un monstre épou-
'* dîner, comme il dormait la bouche ouverte, » vanlable que les sauvages appellent Gougou. »
Le Canada avait son géant, comme le cap des
l" Wierus, in Pseudomon.doemonum. Tempêtes .avait le sien. Homère est le véritable
Delancre,Tabl. de l'inconstance.des
- démons, etc.,
p. o. père de ces inventions; ce sont toujours les
Itodin, Démonomanie, p. 148. 1 .Wierus, Pseudom. dwm.,n. 931.
GOU — 308 GRA
cyclopes, Charybde et Scylla, ogres ou gou- de France croient qu'en se mettant un balai
gous 1. » entre les jambes, elles sonl transportées sans
Goul, espèce de larves ou sorcières vampires graisse ni onguent. Celles d'Italie ont toujours
qui répondent aux empuses des anciens. C'est la un bouc à la porte pour les transporter.
même chose que ghole. Gralon. Voy. Is.
Goulë. (la grande ). C'est un énorme dragon Grandier (Urbain). L'histoire de cet homme
que l'on promenait à Poitiers aux processions n'est guère connue du public que par le livre du
des Rogations. On l'appelait la bonne sainte ver- calviniste Sainl-Aubin, qui l'a écrite sous le tllre
mine; ce qui est assez singulier; car elle repré- d'Histoire des diables de L,oudun, et'qui avait in-
sentait le démon, que là foi chrétienne avait térêt , dans l'esprit de sa. secte, à travestir les
détrôné. Il en était ainsi de la Chair Salée de faits. Son livre, on le reconnaît aujourd'hui,
Troyes, de la Graouilli de Metz, de la Gargouille n'est qu'un pamphlet menteur et. calomnieux.
de Rouen, du Dragon de saint Marcel à Paris, de Grandier était malheureusement un prêtre plus
la Tarasque à Tarâscon. dissipé, comme le disent les récits du temps, que
Gouleho, génie de la mort chez les habitants sa condition ne le comportait. Il avait donc là un
des îles des Amis. Il gouverne un royaume som- titre aux sympathies des ennemis de l'Église
bre où se rendent les âmes. romaine. Il y avait depuis sept ans à Loudim
. Gourmandise (la), péché capital, odieux au un couvent d'ursulines, que Grandier voulut sé-
Ciel el à la terre, et qui envoie aux enfers beau- duire. Il ensorcela les religieuses, comme un
coup de recrues. Elle a un autre effet, qui suffi- disait alors; on dirait aujourd'hui il les magné-
rait peut-être aux matérialistes pour les faire hési- tisa , au moyeu de fleurs charmées qu'il leur (il
ter devant elle: c'est qu'elle amène brusquement parvenir; et ces. saintes filles devinrent possé-
le triomphe de cet âpre squelette que nous ap- dées et frénétiques. Les phénomènes que pro-
pelons là mort. duit le magnétisme sous nos yeux expliquent
:
Goyori. Voy. MATIGNON. bien des faits que les dissidents el les philoso-
Graa, sorte d'immortelle (plante) que les Is- phes ont traités d'absurdes, et qu'on ne peut
landais employaient autrefois à la magie, et qui plus révoquer en doute. Une procédure fut enta-
servait-aussi à écarter les sorciers. mée , suivie avec beaucoup d'ordre ; de lenteur
Grains bénits. Qn se sert encore dans les et de sagesse. Grandier, en prison, composail ou
campagnes (et cette.coutume est désapprouvée fredonnait des chansons. Il fut condamné à mort.
par l'Église .'comme "superstitieuse)- de certains On s'est récrié, contre, celle sentence el on a
grains dits bénits qui ont lapropriété dedélivrer gémi à propos de son exécution. MaisTe magné-
. les possédés par l'attouchement, d'éteindre les tisme, et les tables tournailles ont produit ou pro-
incendies et les embrasements, de garantir du duiront des crimes,' qui seront," aussi bien que
tonnerre, d'apaiser Tes tempêtes, de guérir la ceux de Grandier, du ressort des cours prévôla-
peste, la lièvre, la paralysie; de délivrer des les ou des cours d'assises. ^..LOUDUN'.
scrupules, des inquiétudes d'esprit, des tenta- Grando. Une légende citée par Gôrres 2 parle
tions contre la foi, du désespoir, des 'magiciens d'un vampire nommé Grando, qui-inquiéta assez
et des sorciers 2. longtemps les habitants de la Carniple. On le
Grains de blé, divination du jour de Noël. trouva tout rouge, longtemps après sa morlSon
Dans plusieurs pays du Nord, on fait, le jour de visage lit lès mouvements du rire lorsqu'on le
Noël, une cérémonie qui ne doit pas manquer découvrit, et il bâilla comme pour respirer l'air
d'apprendre au juste combien'on aura de peine frais. On lui' présenta un crucifix ; aussitôt il
à vivre dans le courant de l'année. Les paysans versa des larmes. Après qu'on eut prié pouiTc
surtout pratiquent cette divination. On se ras- repos de son âme, on eut recours à l'expédient
semble auprès d'un grand feu, on fait rougir une qui délivre des vampires, on lui coupa la têle;il
plaque de fer ronde, et, lorsqu'elle est brûlante, poussa un cri, se tourna et se tordit commes'il
on y place douze grains de blé sur douze points eût été vivant et.remplit fout le cercueil de son
marqués à la craie, auxquels on a donné Tes i-sang...
noms des douze mois de l'année. Chaque grain Grange du diable. On voit encore à la ferme
qui brûle annonce disette el cherlé dans le mois d'Hamelgheni, qui appartient à M. d'Hoogsvortli,
qu'il désigne; et si tous les grains disparaissent, et qui est lenue par M. Sterckx, frère de l'arche-
c'est le signe assuré d'une année de misères. vêque de Malines, ferme dépendante de la com-
Triste divination ! mune d'Ossell, entre Meysse et Ophem, à une
Graisse des sorciers. On assure que le dia- bonne lieue de Vilvorde, à trois lieues de Bruxel-
ble se sert de graisse humaine pour ses malé- les; en allant par Laeken, on voit, dis-je, dans
fices. Les sorcières se frollcnt de cette graisse celte ferme une grange, qui passe pour la p'"3
pour aller au sabbat parla cheminée; mais celles 1 Voyez aussi l'histoire de Grandier, dans lcs£f-
1 Chateaubriand, lome II.
2 Lebrun, HistoireMémoires,
des superstitions, t. Ier, p. 397,
gendes infernales.'
- Livre V de sa Mystique, ch. xiv.
GRA — 309 — GRA
vaste du pays, mais qui en est assurément la qui manque à toutes ces granges. On en cite
plusremarquable, et qu'on appelle la Grange du plusieurs qui sont fameusesd.
Diable(Duyvel's dak). Granson. Paul Diacre (Hist. Longob.) raconte
Il n'y a presque pas de province où l'on ne ceci : Deux seigneurs lombards, nommés Aldon
montre,dans quelque ferme'écartée, une grange el Granson, ayant déplu à Cunibert, roi de Loin-
malfamée qu'on appelle la Grange du diable. hardie, ce prince résolut de lés faire mourir. Il
Par suite d'un pacle avec un paysan dans l'em- s'enlretenait de ce projet avec son favori, lors-
barras, c'est toujours le diable qui l'a bâtie en qu'une grosse mouche vint se planter sur son front
une nuit, et partout le chant du coq l'a fait fuir et le piqua vivement; Cunibert chassa l'insecte *
avantqu'il eût gagné son pari; car il y a un trou qui revint à la charge, et qui l'importuna jusqu'à
qui n'est pas couvert, ou quelque autre chose le mettre dans une grande colère. Le favori,
Grandier«n prison.
voyantson maître irrilé,ferma la fenêtre pour em- le monde de ses sifflements dans les tempêtes.
pêcherl'ennemi de sortir et se mit à poursuivre Gratarole (Guillaume), médecin du seizième
lamouche, pendant que le roi tira son siècle, mort en 1568. Il est auteur d'un ouvrage
poignard
pourla tuer. Après avoir sué bien longtemps, intitulé Observations des différentes parties du
Cunibertjoignit l'insecte fugitif, le frappa; mais corps de l'homme pour juger de ses facultés mo-
il ne lui coupa
qu'une patte, et la mouche dispa- rales 2. Bâle, 1554, in-8. Il a composé aussi sur
—
rut, Au même instant Aldon et Granson, l'Antéchrist un ouvrage que nous ne connaissons
qui
elaientensemble, virent apparaître devant eux pas; enfin, des traités sur l'alchimie et sur l'art
"neespèce d'homme
qui semblait épuisé de fa- de faire des almanachs.
cile et qui avait une jambe de bois. Cet homme Gratianne (Jeannette), habitante de Sibour
les avertit du
projet du roi Cunibert, leur con- ou Siboro, au commencement du dix-septième
seilla de fuir et s'évanouit tout aussitôt. Les siècle. Accusée de sorcellerie à l'âge de seize ans,
"euxseigneurs rendirent
grâces à l'esprit de ce 1 Voyez la Grange du diable, dans les Légendes
(l"il faisait pour eux ;
après quoi ils s'éloignèrent infernales.
commel'exigeaient les circonstances, 2 De proedictione morum naturarumque hominum
wasvitnir, dragon Scandinave qui épouvante facili ex inspectione parlium corporis.
GRA — 310 GRE
elle déposa qu'elle avait été menée au sabbat ; Évremont écrivit contre la folle confiance qu'on
qu'un jour le diable lui avait arraché un bijou de lui accordait. Mais Greatrakes a eu-des défen-
cuivre qu'elle portait au cou ; ce bijou avait la seurs , et Deleuze, dans son Histoire du magné-
forme d'un poing serré, le pouce passé entre les tisme animal, l'a présenté sous un jour qui faii
doigts, ce que les femmes du ;pays regardaient voir que c'était en effet un magnétiseur.
comme un préservatif contre toute fascination -et Green (Christine), Anglaise du dix-septième
sortilège. Aussi le diable ne le put emporter, siècle, citée par Glanvil. Elle'avait un esprit fa-
mais le laissa près de la porte. Elle assura aussi milier qui vivait avec elle sous la formé d'un hé-
qu'en revenant un jour du sabbat, elle avait vu risson, 1et lui, suçait tous les matins un peu de
le diable en forme d'homme noir; avec six cornes sang pour lui donner des extases.
sur la tête, une queue au derrière, deux vi- Grégoire le Thaumaturge (saint). Voy.
sages, etc.; que, lui ayant été présentée, elle IDOLES.
en avait reçu une grosse poignée d'or; qu'il Grégoire VII (saint), l'un des plus grands
l'avait fait renoncer à son Créateur, à la sainte papes, sauval'Europe au onzième siècle. Comme
Vierge, à tous les saints et à tous ses pa- il fit de grandes choses pour l'unité, il eut des
rents'1.... ennemis dans tous les hérétiques, et en dernier
lieu dans les protestants, qui l'accusèrent de
magie et même de commerce avec le diable.
Leurs mensonges furent stupidement répétés par
les catholiques. _G'e,saint pape vient d'être bien
vengé; car l'histoire, qui lui rend justice enfin,
est écrite par un protestant ( Voigt) 4.
, Greillmëil, sorcier.- Voy. JACQUES Ier.
Grêle. Chez les Romains, lorsqu'une nuée pa-
raissait disposée" à se résoudre en grêle, on im-
molait des agneaux; ou, par quelque incisionà
un doigt, on en faisait sortir du sang dontla
vapeur, montant jusqu'à la nuée, l'écartait ou
la dissipait entièrement : ce que Sénèque réfuie
Gratidia, devineresse qui trompa Pompée, çoihniè'ùiie folie 2.
comme le rapporte. Horace : car/lui ayant de- ^:Grëniei^(3e*in), loup-garou qui floris'saitvers
mandé l'issue-de la guerre de ^Pliarsale, elle T'an.l'Op.Oi Accusé d'avoir mangé des enfanls,
l'assura qu'il serait victorieux^ néanmoins il fut par Jeanne Garibaut ; et par d'autres, quoiqu'il
vaincu 2. '...;' "y ...-, ^ 'eût à peine quinze ans,-il avoua qu'il élait fils
Gratoulet, insigne sorcier qui apprenait le d'un prêtre hoir (prêtre:du sabbat)., qui portait
secret d'embarrer ou nouer l'aiguillette, et qui une peau de loup sv;et qui lui avait appris le
s'était vendu à Belzébuth. II. donna des leçons 'métier.'On le condamna à servir toute sa vie
de sorcellerie à Pierre Aupetit, condamné en dans un couvent, où il. se convertit. Voy. POI-
1598. . RIERel PIERRELABOURANT.
Greatrakes (Valentin), empirique qui fit du Grenouille. On n'ignore pas cet admirable
bruit en Angleterre dans le dix-septième siècle; secret des paysans, que la grenouille des buis-
il était né en Irlande en 1628. On ignore la date sons, coupée et mise sur les reins, fait telle-
de sa mort. Il remplit de brillants emplois, mais ment uriner, que les hydropiques en sont gué-
il avait la têle dérangée. En 1662, il lui sembla ris..... Voy. MESSIEDESJUIFS, TREMBLEMENT DE.
entendre une voix lui dire qu'il avait le don de TERRE.,elÇ. .
guérir les écrouelles ; il voulut en user et-se crut Des philosophes allemands ont prétendu, à
même appelé à traiter toutes les maladies ; ce force de profondes recherches, établir que nous
qui lui attira une grande célébrité. Cependant descendons de la grenouille, qui, peu à peu,
une sentence de la cour de l'évêque de Lismore s'est perfectionnée : ce qu'elle ne fait pourtant
lui défendit de guérir. Sa méthode consistait à plus. Et Lavaler a fait graver un tableau pour
appliquer les mains sur. la partie malade et à montrer qu'au moyen d'une vingtaine de transi-
faire de légères Mêlions de haut en bas; était- lions légères, une tête de crapaud devient une
ce du magnétisme? Il louchait même les pos- têle d'Apollon.... ...„--*
sédés, qui tombaient dans des convulsions aus- Grésili, l'un des dénions qui possédaienl
sitôt qu'ils le voyaient ou l'entendaient parler. Louise Capelle, compagne de Madeleine de la
Plusieurs écrivains se moquèrent de lui. Sainl- Palud.
1 Delancre, Tabl. de l'inconstance des démons, etc., 1 Voyez l'abrégé de cette histoire par M. l'a*
liv. iv, p. -132. Jorrv.
2 Delancre, Tabl. del'inconstancedes dèmotis,etc., 2 Lebrun, t. Ier, p. 376.
liv. ii, p. 53, 3 M. Jules Garinet, Histoire de la magie en France-
GRI — 311 — GRI
Grey-Meil, Anglaise qui remplissait au sab- Grimaldi. Sous le règne de Louis le Débon-
bat les.fonctions de portière, dans la procédure naire r , il y eut dans toute l'Europe une maladie
d'Agnès Sampson , dirigée par le roi Jacques. éépidémique qui s'étendit sur les troupeaux. Le
Griffon. Brown assure qu'il y a des griffons, bruit 1: se répandit dans le peuple que Grimaldi,
c'est-à-dire des animaux mixtes qui par devant duc c de Bénévenl, ennemi de Gharlemagne, avait
ressemblent à l'aigle et par derrière au lion, avec coccasionné ce dégât en faisant répandre de tous
des oreilles droites, quatre pieds el une large côtés c une poudre meurtrière par ses afîidés. On
queue. Des traditions du moyen âge donnaient au arrêta a un grand nombre de malheureux soup-
griffon l'aigle pour père et la louve pour mère, çonnés ç de ce crime; la crainte et la torture-leur
Grigri, démon familier que l'on voit chez les firent f confesser qu'ils avaient en effet répandu
Américains, et surtout dans les forêts du Ca- cette c poudre qui faisait mourir les troupeaux.
naclaet de la Guinée. £
Saint Agobard, archevêque de Lyon, prit leur
Grillandus (Paul), Castillan, auteur d'un défensec et démontra que nulle poudre n'avait la
traité des Maléfices ( De maleficiis ), publié à iverlu d'infecter l'air ; et qu'en supposant même
Lyon en 1555; de traités des sortilèges, des (que tous les habitants de' Bénévent, hommes,
lamies, delà torture, etc.; Lyon, 4 536, et de femmes, i jeunes gens', vieillards et enfants, se
quelques autres ouvrages de ce genre. Il conte fussent f dispersés dans toute l'Europe, chacun
quelque part qu'un avocat, ayant été noué par suivi f de trois chariots de cette poudre, ils n'au-
un puissant maléfice que nul art de médecine ne raient i jamais pu' causer le mal qu'on leur attri-
pouvait secourir, eut recours à un magicien qui buait 1 '. •
lui fit prendre, avant de dormir, une certaine Grimalkin. C'est le nom que les sorcières
potion, et lui dit de ne s'effrayer de rien. A ;anglaises donnent au démon lorsqu'il vient au
onzeheures et demie de la nuit, survint un vio- sabbat ; sous la figure d'un chat.
lent orage accompagné d'éclairs; l'avocat crut Grimoire. Tout le monde sait qu'on fait venir
d'abord que la maison lui tombait sur le dos; il le ] diable en lisant le Grimoire; mais il faut avoir
entendit bientôt de grands cris,, des gémisse- isoin, dès qu'il paraît, delui jeter quelque chose
menls, et vit dans sa chambre ûtie multitude de ài la tête, une savate, une souris, un chiffon,
personnesqui se meurtrissaient: à coups de poing autrement
i on risque d'avoir le cou tordu. Le
et à coups de pied, et se déchiraient avec les on- iterrible petit volume connu sous le nom de
[desel les dents ; il reconnut une certaine femme >< 'Grimoire,'• autrefois -tenu' secret, était brûlé Irôs-
d'unvillage voisin, qui avait la réputation' de sor- jûstemerit
; dès qu'il était saisi. Nous donnerons
'
cière,et qu'il soupçonnait de lui avoir donné son ici quelques notes sur.;,lés:/trois Grimoires les
mal; elle se plaignait plus que tous et s'était elle- plus connus. -' <:.•.tV;'
mêmedéchiré la face et arraché les cheveux. Ce Grémoire (sic) du pape' Hongrius, avec un re-
mystèredura jusqu'à minuit, après quoi le maî- cueil des plus raves scçvéts;'sous la rubrique de
tre sorcier entra; tout disparut;-il déclara au Rome; 1670,, in-16,Sortie défigures et de cer-
maladequ'il était guéri: ce qui fut vrai d. cles. Les cinquante premières pages ne con-
Grillon. Dans beaucoup de villages, et surtout tiennent que des conjurations; Voy. CONJURATIONS
en Angleterre, on regarde les grillons qui ani- et ÉVOCATIONS.—-Dans le Recueil des plus rares
ment le foyer à la campagne, el qui chantent si secrets, on trouve celui qui force trois demoi-
joyeusement la nuit, comme de petits esprits selles à venir danser le soir dans une chambre.
familiers d'une nature bienveillante, qui em- Il faut que tout soil lavé dans celle chambre;
pruntent leur forme exiguë pour échapper aux qu'on n'y remarque rien d'accroché ni de pendu;
malices humaines. 'Beaucoup de. villageois se qu'on mette sur la table une nappe blanche,
figurent que leur présence porte bonheur dans trois pains de froment, trois sièges, trois verres
la famille et qu'on ne les tue pas impunément. d'eau ; on récite ensuite une certaine formule de
Aussi,en général, ne voit-on pas d'un bon oeil conjuration 2, elles trois personnes qu'on veut
le pied brutal qui les écrase. « 'foule la tribu des voir viennent, se niellent à table et dansent;
grillons se compose de puissants esprits, bien mais au coup de minuit tout disparaît. On trouve
que cela soit ignoré des gens qui ont affaire à dans le même livre beaucoup de bêtises de ce
eux; el il n'est pas dans le inonde invisible de genre que nous rapportons en leur lieu.
voix plus gentilles el plus sincères à qui on Grimorium verum, vel probatissimoe Salomonis
puisse se fier davantage ou dont les conseils claviculoe rdbbini Hebraici, in quibus lum na-
soient plus dévoués el plus sûrs que les voix
«.n'empruntent ces esprils de l'âlre et du foyer 1 M. Salgues, Des erreurs et des préjugés, t. I,
pour s'adresser à l'espèce humaine 2. » p. 2298.
1 Voici les paroles de celle conjuration : « Besti-
Delancre, Tabl. del'inconstancedesdémons,clc., ciruml consolation, viens à moi. Verlu crdon, crdon,
P-3S6. créon... Je ne mens pas; je suis maître du parche-
M. Ch. Dyckens, Le grillon du foyer, conte de min'; parla louange, prince de la montagne, fais
taire mes ennemis el donne-moi ce que lu sais. »
GRI 312 — GRI
.tvralia, tum supernaluvalia sécréta, licct abdi- trésors cachés et se faire obéir à tous les es-
tissima, inpromplu apparent, modo operalor prits; suivis de tous les arts magiques, iu-18,
pèrnecessaria et contenta facial; scicit tame'n sans date ni nom de lieu. Ces deux grimoires
opporlet doemonumpotentia dunlaxat peragantur : contiennent, comme l'autre, des secrets que
traduit de l'hébreu, par Plaingière, avec un re- nous donnons ici aux divers articles qu'ils con-
cueil de secrets curieux. A. Memphis, chez Ali- cernent.
beck l'Égyptien, 1517, -in-16 (sic omnia) ; et Voici une anecdote sur le Grimoire ; —-Un
sur le revers du titre : Les véritables clavicules petit seigneur de village venait d'emprunter
de Salomon, h Memphis, chez Alibeck'l'Égyp- à son berger le livre du Grimoire avec lequel
tien, 1517. celui-ci.se vantait de forcer lediable à paraître.
Le grand Grimoire avec la grande clavicule de Le seigneur, curieux de voir le diable, se.re-
Salomon, et la magie noire ou les forces in- tira dans sa chambre et se mit à lire les paroles
fernales du grand Agrippa, pour découvrir les qui obligent l'esprit dé ténèbres à se montrer.
Grimalkin.
Au moment où 'il prononçait avec agitation ces si bien représenté le diable." Il avait vu dans le
syllabes niaises qu'il croyait puissantes, la porte, miroir un bouc semblable à lui et avait brisé la
qui était mal fermée, s'ouvre brusquement : le glace en voulant combattre son ombre 1.
diable paraît, armé de ses longues cornes et Grisgris, nom de certains fétiches chez les
tout couvert de poils noirs... Le curieux sei- Maures d'Afrique, qui les regardent comme des
gneur perd connaissance et tombe mourant de puissances subalternes. Ce sont de petits billets
peur sur le carreau, en faisant le signe de là sur "lesquels sont tracées des figures magiques
croix. 11resta longtemps sans cpie personne vînt ou des pages du Koran en caractères arabes; ces
le relever. Enfin il rouvrit les yeux et se re- billets sont vendus assez cher, et les habitants
trouva avec surprise dans sa chambre. 11visita les croient des préservatifs assurés contre tons
les meubles pour voir s'il n'y avait rien de dé- les maux. Chaque grisgris a sa forme et sa pro-
gradé : un grand miroir qui était sur une chaise priété. Voy. Goo.
se trouvait brisé; c'était l'oeuvre du diable. Mal- Grisou. Le feu grisou est un gaz qui s'en-
heureusement pour la beaulé du coule, on vint flamme spontanément ou par occasion dans les
dire un instant après à ce pauvre seigneur que mines de houille, et'qui produit souvent de
— Beaucoup de mineurs re-
son bouc s'était échappé et qu'on l'avait repris grands désastres.
devant la porte de cette même pièce où il avait ' Histoire des fantômes et des démons, p. 2'-*-
GRO 313 GDA
le comme un lutin de méchante ' été
gardent grisou renouvelée, clans son temps, par l'angê de
espèce. la face de l'Éternel, notre Seigneur Jésus-Christ.
Grcenjette. Il y a sur les côtes de la Bal- J'atteste et je Confesse devant Dieu et devant
tique, comme dans la plupart des contrées mon- l'univers qu'en accomplissant ce devoir qui
tagneuses de- l'Europe, des chasseurs défunts, m'est commandé, je ne fais rien de-moi-même ;
condamnés pour leurs méfaits à courir éternel- mais que je suis guidé par l'ange du Tout-Puis-'•
lement à travers les marais et les taillis, Les sant, qui me parle visiblement en esprit, et en
habitants du Sternsklint entendent souvent le vérité. J'atteste et je confesse encore que cet
soir les aboiements des chiens de Groenjetle; ils ange est celui qui m'a dicté et fait écrire la
le voient passer dans la vallée, le chasseur ré- Doctrine céleste, n '.:'-
prouvé, la pique à la main ; et ils déposent de- Or, cette doctrine céleste, dictée par un ange
vant leur porte un peu d'avoine pour son cheval, au duc de Normandie, n'est autre chose que la
afin que dans ses courses- il ne foule pascaux négation de tout l'Ancien Testament, pour éta-
pieds leurs moissons 1. Voy. VENEUR. blir l'éternité de la matière et un stupide pan-
Gros-Jacques, sorcier. Voy. BOGUET. théisme tiré des plus absurdes écarts de Pigault-
Grospetter. Foy^LAGiiERNARD. Lebrun, de Dupuis, de d'Holbach et de Voltaire,
Grossesse. On a cru longtemps à Paris qu'une Ce livre a été publié à Paris par le. docteur
femme enceinte qui se regarde,dans un miroir Charles dé Cosson , seulement en sa première
croit voir le diable : fable autorisée par la peur 'parties En 1841, une deuxième et une troisième
qu'eut de son ombre une femme grosse,dans partieohtparu réunies en un aulre volume in-12,
le temps qu'elle s'y mirait,::et persuadée par son. sousle ûlrè de Salomon le Sage, fils de David,
accoucheur qui lui dit- qu'il.était toujours dan- sa renaissance sur cette terre et révélation céleste,
gereux de se regarder enceinte. On assure aussi publié par M. Gruau de la Barre, ancien pro-
qu'une femme grosse qui regarde un cadavre cureur du roi. Deuxième et troisième partie, fai-
auraun enfant pâle et livide 2.Dans certains can- sant suite à la première, intitulée Révélations
tonsdu Brésil, aucun mari ne tue. d'animal durant sur les erreurs de l'Ancien Testament. Si le duc
la grossesse de sa femme, dans l'opinion que le de Normandie a démoli l'histoire de nos ori-
fruit qu'elle porte s'en ressentirait. Voy. IMAGI- gines, M. Gruau de la BarreTa reconstruit. Il
NATION. On ignore encore le motif pour lequel fait créei'Te monde avec cent soixante-douze pa-
certaines églises particulières refusèrent: long- radis; par l'éternel Espril-Sairiti La terre subit
lemps la sépulture: aux femmes qui mouraient six révolutions avant d'élire propre à recevoir
enceintes; c'était sans doute pour engager les des hommes pour liabilaiitsv Alors l'éternel Es-
femmesà redoubler de soins envers leurs en- pril-Saiiit forme Lithdmana, son premier né, et
fants. Un concile tenu à Rouen en Î07Z| a- or- ,crée toutes les âmes,' leur donnant la connais-
donné que la sépulture en terre sainte ne fût sance du bien et du mal. 11 crée aussi les anges,
nulle part refusée aux femmes enceintes pu parmi lesquels il y a bientôt.un. séditieux qu'on
mortes pendant l'accouchement. -, appelle Lisalhama. L'éternel Esprit-Saint met
Grosse-Tête (Robert), évêque de Lincoln, les âmes créées dans des corps qui peuplent la
auquel Gouvérus donné une androïde comme terre; il chasse du ciel Lisathama et ses adhé-
celled'Albert le Grand. rents, qui vont tenter les hommes et les l'ont
Gruau de la Barre, un des nombreux pré- tomber. Caïn tue Abel; mais pourtant Caïn est
tendants que nous avons vus réclamer le trôné bon au fond el fait une grande pénitence. Toute
de Louis XVI, en prenant sans peur le nom l'histoire-sainte est travestie ensuite de la ma-
de Louis XVII, a fait imprimer en 18/|0 un nière la plus prolixe el dans un but que nous ne
volume11142 intitulé Révélations sur les cireurs pouvons apercevoir.
del'Ancien Testament. II débute ainsi : Guacharo. Dans la montagne de Tuméré-
quiri, située à quelque dislance de Cumana, se
« Londres, 4840, le mercredi 5 février. trouve la caverne de Guacharo, fameuse parmi
» Moi, Charles-Louis, duc de Normandie, les Indiens. Elle est immense et sert d'habitation
qui à des milliers d'oiseaux nocturnes dont la
écrisceci, j'ai reconnu que la sainte volonté de graisse
l'Éternel, le Tout-Puissant, est infaillible; et donne l'huile de guacharo. Il en sorl une assez
queDieu, selon son incomparable sagesse, clans grande rivière ; on entend dans l'intérieur le cri
l'intérêt du salut des'mortels de celte terre, a lugubre de ces oiseaux, cri que les Indiens attri-
vouluse servir de l'orphelin du Temple, fils du buent aux âmes qu'ils croient forcées d'entrer
dans cette caverne pour passer dans l'autre
roi-martyr de France et de Marie-Antoinette,
pour répandre dans le monde entier la lumière monde. Ce séjour ténébreux, disent-ils, leur ar-
de la véritable doctrine céleste rache les
qui déjà avait au dehors. gémissements plaintifs qu'on entend
Les Indiens du gouvernement de Cu-
'
Marinier, Trad. de la Baltique. mana, non convertis à la foi, ont encore du
Brown, Essai sur les erreurs populaires, p. 101. respect pour celle opinion. Parmi ces peuples,
GUA 31/, — GUI
jusqu'à, deux cents lieues de la caverne, des- Gueldre. On trouve ce récit dans les histo-
cendre au Guacharo est synonyme de mourir. riens hollandais : « Un monstre affreux, d'une
Guayottâ, mauvais génie que les habitants grandeur prodigieuse, ravageait la campagne,
de l'île Ténériffe opposent à Achguaya-Xérac, dévorant les bestiaux et les hommes mêmes; il
qui est chez eux le principe du bien. empoisonnait le pays de son souffle empesté.
Gudeman (bonhomme). C'estle nom d'un Deux braves gens, Wichard et Lupold, entre-
esprit redouté en Ecosse', auquel les laboureurs prirent .de délivrer la contrée d'un fléau si ter-
croient devoir laisser un de leurs champs qu'ils rible , et y réussirent. Le monstre, en mourant",
.rie cultivent jamais. jeta plusieurs fois un soupir qui semblait ex-,
Guécuba, esprit du mal chez les Araucans. primer le mot glielre. Les deux vainqueurs vou-
Voy. TOQUI. lurent qu'en mémoire de leur triomphe, la ville
Entréedu Guacharo
qu'ils bâtirent prît le noni de Ghelre, dont nous On croyait que l'eau charmée ainsi par le gui
avons fait Gueldre. de chêne élait'très-efficace contre le sortilège et
Guérin (Pierre). Voy. ILLUMINES; guérissait de plusieurs maladies. Voy. GUTHEÏI..
Gui de chêne, plante parasite qui s'attache Dans plusieurs provinces on est persuadé que si
au chêne, et qui était regardée comme sacrée on pend le gui de chêne à un arbre avec une
chez les druides. Au mois de décembre, qu'on aile d'hirondelle, tous les oiseaux s'y rassem-
appelait le mois sacré , ils allaient la cueillir en bleront de deux lieues et demie.
grande cérémonie. Les devins marchaient les Guibert. de Nogent, abbé de Nogenl-sous-
premiers en chantant, puis le héraut venait, Coucy, au diocèse de Laon (onzième siècle),
suivi de trois druides portant les choses néces- homme savant, qui a écrit, sous le-nom de Gesta
saires pour le sacrifice. Enfin paraissait le chef Dci per Francos, l'histoire des premières croi-
des druides, accompagné de tout le peuple; il sades. Il y a dans ses écrits plusieurs petits fads
les
montait sur le chêne, coupait le gui avec une qui établissent les relations des vivants avec
faucille d'or, le plongeait dans l'eau lustrale el morts.
criait : « Au gui de l'an neuf (ou du nouvel an). » Guido. Un seigneur nommé Guido, blessé a
GUI 315 GUL
mort dans, un combat, apparut autrefois tout de son règne), il fut tué d'une flèche lancée
armé à un prêtre nommé Etienne ou Stéphane, par une main 1invisible. Pendant qu'il rendait le
cl le chargea de commissions qui devaient, en dernier soupir; le conite de Cornouailles, qui
réparant quelques-unes de ses fautes, abréger s'était un peu écarté de la;chasse, vit un grand
son'purgatoire.- Cette- histoire est rapportée par bouc noir et velu, .-quiemportait un homme dé-
Pierre le Vénérable 1. figuré et percé d'un trait de part en part.;.. Le
Guillaume, domestique de Mynhêef Clatz, comte, troublé.de ce spectacle,,cria pourtant au
gentilhomme du duché deJuliers, àii quinzième bouc de s'arrêter, et lui demanda qui il était,
siècle. Ce Guillaume fut possédé du diable et qui il portait, ou il allait-?-Le bouc répondit. : ^~
demanda pour exorciste un pasteur hérétique « Je suis le diable ; j'emporte Guillaume le'Rôux.,
nommé Bârfho'lomée Panen, homme qui se fai- et je vais le présenter" au tribunal de Dieu, où
sait payer pour 1chasser'le diable, et qui, • dans il-sera condamné pour sa tyrannie; et-il viendra
cette circonstance,: fut .penaud, Comme Té dé- avec nous T, » <.' ;; ; -.* "-...-' ": ^"
moniaque pâlissait, que son gosier enflait- et "Guillaume de Paris; Il est .cité par les dé-
qu'on craignait qu'il nelût suffoqué entièrement, inoncigrapiiBS'pour::avoiri fait des statues :.par-
l'épouse du; seigneur Clatz, .dame-pieuse,:.ainsi: lantes y à l'exemple dé Roger Bacon, chose qui
que toute; sa- famille, se mit à réciter la..prière : ne peut avoir Tieu que par.-les opérations dia-
de Jùclith. Guillaume alorst seprit à .-vomir, entre: boliques'2.. Naùdé a réfuté cette imputation.'
autres débris, la ceinture.- d'un'.bouvier, des Guillaume III, comte de là .comté de Boui^
'
pierres, des pelotons:de fil,, du- sel, des aiguilles, ;gogne< :GJétaituni:bandit: sans- vergogne,,et;un
des lambeaux de l'habit: cl un.ehfant^des'plumes- bourreau;sans pitié. .Un:'jour que, chargé dé
de paon que huit jours auparavant il avait aïra^ eriiiies et: de sacrilèges, ilétaiieh orgieyuh in-
chéesdeila'queue;duipaon..îiiêihe;.' On:lui:.de- connu le Ht demander pour lui offrir*un beau
mancîa la cause de son mal. Il,répondit que, cheval. Dès qu'il l'eut monté, il fut emporté et
passant sur un .cheniin:; il'avaît.rencontré une- disparut; L'inconnu était ; les diable qui. venait
femme inconnue.qui lui! avait soufilé au visage, prendre'son .bien *. . /' .'"'.,"'
et que tout son, mal datait de cer moment.; Ce- Guillemin,: esprit; familier: .de Michel Ver-
pendant, lorsqu'il-fut rétabli, il nia Te fait,'et dung, 'avec. laide:duquel:il.po:uvaït courir aussi
ajouta'que le démon l'avait forcé à faire eetaveir, vite qu''il'le voulait.
et que ton tes ces matières n'étaient pas dans son Gùinefôrt. C'est Te :nqni; d'un: chien que, les
corps; mais qu'à mesure qu'il vomissait, le dé- fabliaux du moyen âge: ont illustré. Ce chien,
mon changeait ce qui sortait de sa bouche*.... ayant sauvé un. enfant qu'un serpent voulait dé-
Guillaume de Carpehtras, astrologue qui vorer, fut tué par son maître, qui, lui voyant la
fit, pour le roi René de Sicile e,t pour le duc de' -gueule, ensanglantée, crut qu'il avail étranglé
Milan, des sphères .astrologiques sur lesquelles son enfant; suivant une.autre version, il périt
on lirait les horoscopes. Il en fil une pour le dans le combat avec le serpent. Le maître
roi Charles VIII à qui elle coûta douze cents éeus ; éclairé lui fit un: petit tombeau ; ce qui était im-
cette sphère, conlenant. plusieurs utilités, était prudent; car, dans la suite, des paysans trom-
fabriquée de telle manière que tous les mouve- pés prirent ce tombeau pour celui d'un saint et,
ments des planètes, à toute heure de jour et de invoquèrent saint Guineforl. Le P. Bourbon,
nuit, s'y pouvaient trouver; il l'a, depuis, ré- dans une mission qu'il fit au pays de Lyon et
digée par écrit entables astrologiques V en Auvergne, fil lomber cette superstition, qui
Guillaume le Roux, fils de Guillaume le certainement n'était qu'une suggestion du diable.
Conquérant, et tyran de l'Angleterre dans le Ce chien, appelé Guinefort dans le Lyonnais,
onzième siècle. C'était un prince abominable, s'appelait Ganelon en Auvergne''.
sans foi, sans moeurs, blasphémateur et cruel. Guivre, monstre qu'on ne trouve que dans
Il fil beaucoup de mal à l'Église, chassa l'arche- les bestiaires du moyen âge et que les arlistes
vêque de Canlorbéry et ne voulut point que ce oui reproduit. M. Paulin Paris a établi qu'il ne
siège fût rempli de son vivant, afin de profiler faut pas confondre la Guivre avec la Vouivre;
des revenus qui y étaient altachés. Il laissa les la Guivre n'est qu'un griffon ou une hydre que
prêtres dans la misère et condamna les moines l'on voit figurer sur quelques vieux monuments.
à la dernière pauvreté. Il entreprit des guerres Gullets ou Bonasses, démons qui servent
injustes et se fit généralement détester. Un jour les hommes dans la Norvège, et qui se louent
qu'il élait à la chasse (en l'année 1100 , dans la
quarante-quatrième de son âge et la treizième 1 Mallhoei Tympii proemia virtutum. —Matthieu
Paris, Hisloria major, t. II.
,' Voyez-la dans les Légendes de l'autre monde : 2 Naudé, Apologiepour les grands personnages ac-
Légendesdu purgatoire. cusés de magie, ch. xvn, p. 493.
- De proest., lib. III, cap. vi. 3 Voyez sa légende dans les Légendesinfernales.
Wierus,
3 Extrait d'un ancien
manuscrit, cité à la fin des i Voyez les Fabliaux du moyen âge, recueillis par
Hemarquesde Joly sur Bayle. J. Loyseau, 1846, p. 26.
GUN 316 — HAB
pour peu de chose. Ils pansent les chevaux, les quels il lançait une flèche. C'est à cause de ces
étrillent, les. frottent, les brident, les sellent, vertus magiques, attribuées au gui de chêne,
dressent leurs crins et leurs queues, comme le qu'on l'appelle en Alsace Murent altein, c'est-à-
meilleur palefrenier : ils font même les plus dire arbrisseau des spectres.
viles fonctions de la maison. Voy. BÉRI.TII,HEÇ- Guymond de la Touche, poêle dramatique
DEKIN,elC. et philosophe du dernier.siècle. Il était allé le
Gunem, appelé aussi JEIIUS, soldai anglais 11 février 1760 chez une sorcière, à Paris, dans
qui, après avoir servi-sous le roi Élienne, se le dessein de rire, car il ne croyait à rien. H
trouvant chargé de bien des crimes, s'en alla fut frappé pourtant de l'appareil mystérieux qui
en Irlande, décidé à faire sa pénitence dans le entourait la sorcière el de" l'attention grave que
purgatoire de Saint-Patrice. Il y subit diverses lui prêtaient les assistants. Sa curiosité fut pi-
douleurs qu'il accepta en expiation, s'en revint quée. Dans l'instant où, un peu troublé, il s'ap-
soulagé et mena depuis une vie exemplaire. prochait d'une jeune fille à qui on enfonçait des
Gurme, chien redoutable, espèce de Cerbère épingles dans la gorge : — « Vous êtes bien em-
de l'enfer des Celtes. Pendant l'existence du pressé, lui dit la sorcière, à vous éclairer de ce
monde, ce chien est attaché à l'entrée d'une ca- qu'on fait ici. Puisque vous êtes si curieux, ap-
verne; mais au dernier jour.il doit être lâché, prenez que vous mourrez .dans trois jours. »—
attaquer le dieu Tyr ou Th'or, et le tuer. C'est le Ces paroles dites avec solennité firent sur Guy-
même que le. loup Fenris. mond de la Touche, qui ne croyait à rien, une
Gusandal (vallée de lumière). En Suède, où -impression telle qu'il se retira chez lui boule-
la magie est en plein mouvement, de nos jours, versé, se mit au lit et mourut en effet trois jours
on donne ce nom au carrefour où se fait le après, le Ah février 1760 *'.
" •
sabbat. Gymnosophistes, philosophes ainsi nommés
Gusoyn, grand-duc aux enfers. 11 apparaît parce qu'ils allaient nus ou sans habits. Chez les
sous la forme d'un chameau. 11 répond sur le démonomanes, les gymnosophistes sont clés ma-
présent, le passé, l'avenir, et découvre les choses giciens qui obligeaient les arbres à s'incliner et
cachées. 11 augmente; les dignités, et affermit.les à parler aux gens comme des créatures raison-
honneurs. 11commande à quarante-cinq légions. nables. Tespesion, l'un de ces sages, ayant com-
Gustaph. Voy. ZOROASTIIE. mandé à un arbre de saluer Apollonius, il s'in-
Gutheyl du Guthyl, nom sous lequel les clina, et, rabaissant le sommet de sa têle et ses
Germains vénéraient:1e gui de chêne. Ils lui at- branches les plus haules, il lui lit des compli-
tribuaient des, vertus merveilleuses, particuliè- ments d!une voix distincte, mais féminine, «ce
rement çonlre l'épilepsie, et le cueillaient avec qui surpasse la magie naturelle 2. »
les mômes cérémonies "que les Gaulois. Dans Gyromancie, sorte de divination qui se pra-
certains,endroits de la haute Allemagne, celle tiquait en marchant en rond, ou en tournant au-
superslilion s'est conservée", elles habitants sont tour d'un cercle, sur la circonférence duquel
encore aujourd'hui clans l'usage de courir de étaient tracées des lettres. A force de tourner
maison en maison et de ville en ville, en criant: on s'étourdissait jusqu'à se laisser tomber, et de
« Gutheyl Guthey ! » — Des Septentrionaux l'assemblage des caractères qui se rencontraient
s'imaginaient qu'un homme muni du gui de aux divers endroits où l'on avait fait des chutes,
chêne non-seulement ne pouvait être blessé, on tirait des présages pour l'avenir. Voy. ALEC-
mais élait sûr de blesser tous ceux contre les- TRYOMANCIE.
PI
Haagenti, grand président aux enfers. Il furies el des harpies, comme l'assure Pierre De-
paraît .sous la figure d'un taureau avec des ailes lancre en son livre de l'Inconstance des démons.
de griffon. Lorsqu'il se montre portant face hu- Hâborym, démon des incendies, appelé aussi
maine, il rend l'homme habile à toutes choses; Aym. Il porte aux enfers le titre de duc; il se
il enseigne en perfection l'art de transmuer tous montre à cheval sur une vipère, avec trois têtes,
les métaux en or, el de faire d'excellent vin l'une de serpent, l'autre d'homme, la troisième
avec de l'eau claire. 11commande trente-trois
f Voyez cette histoire dans les Légendesde l'autre
légions. monde.
Habondia, reine des fées, des femmes blan- 2 Delancre, Incrédulité et mécréanec du sortilège
ches, des bonnes, des sorcières, des larves, des pleinement convaincues, p. 33.
HAC 317 UAL
de chai. 11 lient à la main une torche allumée. de sa tombe à minuit pour chasser avec fureur.
Il commande vingt-six légions. Quelques-uns Lorsqu'il se laisse voir, c'est un signe de guerre
disent cpie c'est le même que Raum ; ce qui prochaine. Lorsqu'on l'évoque, il se-montre;-
nous paraît au moins douteux. mais à son aspect effroyable el au bruit de sa
suite, le curieux tombe à demi mort de peur ; et
aussitôt la vision s'évanouit 1.
Hakkims, médecins qui guérissent par char-
mes, en Perse.
Hakkin. Voy. HAQUIN.
Haleine. Une haleine forte et violente est la
marque d'un grand esprit, dit un savant, et au
contraire, ajoute-t-il, une haleine faible est la
marque d'un tempérament usé et d'un esprit
débile... •'.•-'
Hallucination. Walter Scott, dans sa Démo-
nologie, voit la plupart des apparitions comme
de véritables hallucinations. Il a raison quelque-
réduità garder la chambre, quelquefois le lit ; ] caractère. Le médecin eut donc recours avec le
cependant,de temps à autre, appliqué aux af- monomane à une explication; il lui parla de la
faires, de manière que rien n'indiquait à un folie qu'il y avait à se vouera une mort triste et
observateursuperficiel la moindre altération dans lente, plutôt que de dévoiler la douleur qui le
sesfacultés morales ; aucun symptôme ne faisait minait. 11insista sur l'atteinte qu'il porLail à sa
craindreune maladie aiguë ou alarmante ; mais répuLation, en laissant soupçonner que son abat-
lafaiblesse du pouls, l'absence de l'appétit, le tement pût provenir d'une cause scandaleuse,
constantaffaiblissement des esprits, semblaient peut-être même trop déshonorante pour être pé-
prendreleur origine dans une cause cachée que nétrée ; il lui fil voir qu'ainsi il léguerait à sa fa-
'e maladeétait résolu à taire. Le sens obscur des mille un nom
suspect et terni. Le malade frappé
parolesde. cet infortuné, la brièveté et la con- exprima le désir de s'expliquer franchement avec
'ramtede ses réponses aux questions du méde- le docteur, et, la porte de la chambre fermée, il
C|n< le déterminèrent à une sorte d'enquête. Il entreprit sa confession en ces termes :
recours à la famille : personne ne devinait « Vous ne pouvez comprendre la nature de
jM
lacause du mal. L'étal des
affaires du patient mes Souffrances, et voire zèle ni voire habileté
etoilprospère ; aucune
perte n'avait pu lui oc- ne peuvent m'apporler de soulagement. La si-
casionnerun chagrin ; aucun désappointement tuation où je me trouve n'est pourtant
pas nou-
.•lusses affections ne pouvait se supposer à son velle, puisqu'on la retrouve dans le célèbre ro-
aS°;aucune idée de remords ne s'alliait à son
j.man de Lesage. Vous vous souvenez sans doute
HAL 320 HAL
de la maladie dont il y est dit que mourut le duc Il est présent à l'instant même. — Et dans quelle
d'Olivarôs : l'idée qu'il ëlail visité par une ap- partie de votre chambre le voyez-vous ? — Au
parition, à l'existence de laquelle il n'ajoutait pied de mon lit ; lorsque les rideaux sont enlr'ou-
aucunement foi ; mais il en mourut néanmoins, verts, il se place entre eux et remplit l'espace
vaincu et terrassé par son imagination. — Je suis
dans la même position ; la vision acharnée qui
me poursuit est si pénible el si odieuse, que ma
raison ne suffit pas à combattre mon cerveau af-
fecté : bref," je suis victime d'une maladie imagi-
naire. ))
Lé médecin écoutait avec anxiété.
« Mes visions,-reprit le malade, ont com-'
mencé il y a deux ou trois ans. Je me trouvais
de temps en temps troublé par la présence d'un
gros chat qui entrait et sortait sans que je pusse
dire comment, jusqu'à ce qu'enfin la vérité me
fût démontrée, et que je me visse forcé à ne plus
le regarder comme un animal domestique, mais,
bien comme un jeu, qui n'avait d'existence que
dans mes organes visuels en désordre, ou dans
mon imagination déréglée. Jusque-là je n'avais
nullement pour .cet animal l'aversion absolue- de
ce brave chef écossais qu'on a vu passer par les vide. — Aurez-vous assez de courage pour vous
différentes couleurs de son plaid lorsque par lever et pour vous placer à l'endroit qui vous
hasard' un chai se trouvait dans un appartement semble occupé, afin de vous convaincre de la
avec lui. Au contraire, je suis ami des chats, et déception? »
je supportais avec tranquillité la présence de Le pauvre homme soupira et secoua, la têle
mon visiteur imaginaire, lorsqu'un spectre d'une d'une manière négative. « Eh bien, dit le doc-
grande importance lui succéda. Ce n'était autre teur , nous ferons l'expérience une autre fois, &
chose que l'apparition d'un huissier de la cour. Alors il quitta sa chaise aux côtés duTit; et se
Ce personnage, avec la bourse et l'épée, une plaçant entre les deux rideaux enlr'ouverls, in-
veste brodée et le chapeau sous le bras, se glis- diqués comme la place occupée par le fantôme,
sait âmes côtés, et, chez moi ou chez les autres, il demanda si le speclre élait encore visible.
montait l'escalier devant moi, comme pourm'an- « Non entièrement, dit le malade, parce que voire
noncer dans un salon, puis se mêlait à la société, personne est entre lui el moi; mais j'aperçois sa
quoiqu'il fûl évident que personne ne remarquait têle par-dessus vos épaules. »
sa présence, el que seul je fusse sensible aux Le docteur tressaillit un moment, malgrésa
chimériques honneurs qu'il me voulait rendre. philosophie, à une réponse qui affirmait d'une
Celte bizarrerie ne produisit pas beaucoup d'effet manière si précise que le spectre le louchait de
sûr moi : cependant elle m'alarma à cause de si près. Il recourut à d'autres moyens d'investi-
l'influence qu'elle pouvait avoir sur mes facultés. gation, mais sans succès. Le malade tombadans
Après quelques mois, je n'aperçus plus le fan- un marasme encore plus profond; il en nioiirii!
tôme de l'huissier. Il fut remplacé par un autre, el son histoire laissa un douloureux exemple du
horrible à la vue, puisque ce n'est autre chose pouvoir que le moral a sur le physique, lors
que l'image de la mort elle-même, un squeletle. môme que les terreurs fantastiques ne parvien-
Seul ou en compagnie, la présence de ce fantôme nent pas à absorber l'intelligence de la personne
ne m'abandonne jamais. En vain je me suis ré- qu'elles lourmentent.
pété cent fois que ce n'est qu'une image équi- Rapportons encore, comme fait attribué à l'hal-
voque et l'effet d'un dérangement dans l'organe lucination, la célèbre apparition de Mauperluisà
de ma vue; lorsque je me vois, en idée à la vé- un de ses confrères, professeur de Berlin. 0'c
rité, le compagnon d'un tel fantôme, rien-n'a de est décrite dans les Actes de la Société royaleà
pouvoir contre un pareil malheur, el je sens que Berlin, el se trouve rapportée par M. Thiéhaul
je dois mourir victime d'une affection aussi mé- dans ses Souvenirs de Frédéric le Grand. Il esl
lancolique , bien que je ne croie pas à la réalité essentiel de prévenir que M. Gleditch, à qui elle
du speclre qui esl devant mes yeux.» est arrivée, était un botaniste distingué, profes-
Le médecin affligé lit au malade, alors au lit, seur de philosophie naturelle, el regardé comme
plusieurs questions. «Ce squelette, dil-il, semble un homme d'un caractère sérieux, simple 01
donc toujours là? — Mon malheureux destin est tranquille. Peu de temps après la mort de Mau-
de le voir toujours. —Je comprends; il esl, à perluis, M. Gledilch, obligé de traverser la salle
l'instant même, présent à votre imagination? — dans laquelle l'académie tenait ses séances, ayant
HAL — 321 HAQ
quelques arrangements à faire dans le cabinet geance dont il se chargea. Shakspeare a illustré
d'histoire naturelle qui étailde son ressort, aperçut celle sombre histoire. On montre toujours sur une
en entrant dans la salle l'ombre de M. de Mau- colline voisine d'Elseneur la tombe d'Hamlet,
pertuis, debout et fixe dans le premier angle à que des croyances peureuses entourent et pro-
main gauche et ses yeux braqués sur lui. 11était tègent.
trois heures de l'après-midi. Le professeur de Hammerlein. C'est le nom que donnait au
philosophie en savait trop sur sa physique pour démon qui le dominait un possédé cité par Bro-
supposer que son président, mort à Bàle dans la gnoli dans son Alexiacon. Cet homme ne put être
fanîillede Bernouilli, sérail revenu à Berlin en délivré.
personne. 11ne regarda la chose que comme une Handel, célèbre musicien saxon. Se trouvant
illusion provenant du dérangement'de ses or- en 1700 à Venise, dans le temps du carnaval, il
canes. Il continua de s'occuper de ses affaires joua de la harpe dans une mascarade. Il n'avait
sanss'arrêter plus longtemps à cet objet. Mais il alors que seize ans, mais son nom dans la mu-
raconta celte vision à ses confrères, les assurant sique était déjà très-connu." Dominique Scarlali,
qu'il avait vu une ligure, aussi bien formée el habile musicien d'alors sur cet instrument, l'en-
aussi parfaite que^ M. de Maupertuis lui-même tendit et s'écria : « Il n'y a que le Saxon Handel '
auraitpu la présenter. ou le diable qui puisse jouer ainsi...»
Voiciun autre petit fait : Un prince, s'étant Hanneton. Il y a dans la Cafrerie une sorte
imaginéqu'il était mort, ne voulut plus prendre de hanneton qui-porté bonheur quand i! entre
de nourriture,, quelque chose qu'on lui dît pour dans une huile. On lui sacrifie des brebis. S'il se
lui persuader qu'il vivait. Cette diète hors de pose sur un nègre, le nègre en devient tout lier.
raisonfaisait craindre avec justice des suites fâ- Hannon, général carthaginois, distingué par
cheuses, et l'on commençait à perdre toute es- celte fourberie : il nourrissait des oiseaux à qui
pérance, lorsqu'un des principaux officiers s'avisa il apprenait à dire : Hannon esl un dieu; puis il
de faire habiller trois valets de chambre en sé- leur donnait la liberté.
nateurs romains, tels qu'on les voit représenter Hantise, fréquentation. Le mot hanter est tou-
sur les théâtres, et les lit placer à une table jours pris en mauvaise part : « Dis-moi qui tu
. garnied'excellents mets, qu'il fit dresser dans la hantes, je le dirai qui lu es. » Les maisons où
chambre où le prince était couché : le prince paraissent des dénions s'appellent des maisons
voyant cet appareil demanda qui étaient ces hantées. Sous le litre de la Maison hantée, le
étrangers? «Ce sont, dit l'officier, Alexandre, comte Yermolofa écrit avec beaucoup de charme
Césarel Pompée. —Comment! répliqua le prince, une tradition de Moscou. Celte maison avait élé
ils sont morts, et les morts ne mangent point.— habitée par un alchimiste qui évoquait les esprits
Il esl vrai, répondit-il, qu'ils sont morts, mais élémentaires. Une salamandre la hantait, et on
ils mangent de bon appétit. —Si cela est, dit le disait que depuis qu'elle avait brûlé quelques-
prince, qu'on me nielle mou couvert, je veux uns des évocateurs, elle gémissait tous les jours
manger avec eux. » Ce mort d'imagination se à minuit, sans qu'on vît jamais rien et sans qu'on
leva,mangea avec ses illustres convives, et celte pût rien découvrir dans la chambre où l'alchi-
inventionde son officier lui fit recouvrer la santé miste avait opéré.
ducorps el de l'esprit qui élait en grand danger '. Hapi. Voy. APIS.
Halphas, grand comte des enfers. Il paraît Haquart. Rémi, dans sa Dêmonologie, rap-
sous la forme d'une cigogne, avec une voix porte qu'une sorcière nommée Françoise Ha-
bruyante. 11bâtil des villes, ordonne les guerres quart, condamnée au feu en 1587, avait livré sa
cl commande vingt-six légions 2. C'est peut-être fille Jeanne au démon lorsqu'elle n'avait encore
le même que Malphas. que sept ans. Une femme chrétienne se chargea
Haltias. Les Lapons donnent ce nom aux va- de cette enfant, et pour la. protéger contre le dé-
peurs qui s'élèvent des lacs, et qu'ils prennent mon , elle la mit coucher entre deux pieuses
pourles esprits auxquels est commise la garde servantes. Mais, à la vue de tous les voisins, elle
desmontagnes. fut enlevée et resta longtemps suspendue en l'air,
Hamlet, prince de Danemark, à qui apparut pendant que les servantes criaient : « Seigneur
le spectre de son
père pour demander une ven- Jésus, sauvez-nous. » Elle resta huit jours sans
1 Un tableau prendre aucun aliment, el on ne la délivra que
de Restout, peintre célèbre, mort par l'exorcisme.
en!768, donna lieu à une aventure assez plaisante,
te tableau
représentait, la destruction-du palais d'Ar- Haquin. Les anciennes histoires Scandinaves
roidc.Un Suisse, qui était dans le vin, se passionna font mention d'un vieux roi de Suède, nommé
pource palais, à peu près comme don Quichotte pour Haquin, qui commença à régner au troisième
"onGalilerosel la belle Mélissande. 11prit son sabre, siècle el ne mourul qu'au cinquième, âgé de deux
irappantà grands sur les démons qui demo-
issaicnicet édifice, coups
j?
il détruisit l'effet magique du cent dix ans, dont cent quatre-vingt-dix de règne.
tableauel le tableau lui-même. Il avait déjà cent ans lorsque , ses sujets s'étant
Wierus, in Pseudomonarchia doem. révoltés contre lui, il consulta l'oracle d'Odin
-i\
HAR — 322 — HAR
I
qu'on révérait auprès d'Upsal. Il lui fut répondu troldman (magicien) espionner le pays après
que s'il voulait sacrifier le seul fils qui lui restait, avoir
< étudié ses abordages. Le troldman, pour
il vivrait et régnerait encore soixante ans. Il y con- n'être
i pas deviné, se changea en baleine, et
sentit, et. ses dieux lui tinrent parole. Bien plus, sa inagea vers l'Islande. Il vit venir à lui dans une
vigueur se ranima à l'âge de cent cinquante ans; nacelle i un Islandais qui, étant aussi magicien, le
il eut un fils à nouveau et successivement cinq reconnut i sous son déguisement; le prétendu ba-
autres, depuis cent cinquante ans jusqu'à cent telier i siffla ; et les ladwaiturs, génies protecteurs
soixante. Se voyant près d'arriver à son ternie, < de l'Islande, dûment avertis, s'élancèrent en
il tâcha encore de le prolonger; et les oracles 'formes de dragons et firent tomber sur la ba-
lui répondirent que s'il sacrifiait l'aîné de ses en- leine une troinbe de venin. Le troldrnan déguisé
fants , il régnerait encore dix ans; il le fit. Le :s'échappa et courut dans un autre site sous la
second lui valut dix autres années de règne, et forme d'un énorme oiseau. Le magicien islandais
ainsi "de suite jusqu'au cinquième. Enfin il ne lui l'attaqua avec une pique; l'oiseau blessé tomba;
restait plus que celui-là; il était d'une caducité le troldman en sortit encore et se métamorphosa
extrême, mais il vivait toujours; ayant voulu en un taureau monstrueux,; c'était auprès de Bri-
sacrifier encore ce dernier rejeton de sa race, le clafort; échouant de nouveau, il reparut en géant;
peuple, lassé du monarque et de sa barbarie, le mais toujours sans succès ; et Harold-Germson
chassa du trône ; il mourut, et son fils lui succéda. ne put avoir les renseignements qu'il voulait.
Delancre dit que ce monarque était grand sor- Tout ce:récit nous vient d'une saga due à un
cier, et qu'il combattait ses ennemis àl'aide des vieux barde idolâtré, et c'est une altération de
éléments. Par exemple il leur ehvoyaitde la pluie la vérité, Il s'agit.là des efforts que. firent les rois
ou de la grêle. . : - Scandinaves Olof Triggvason -et Harald ou Ha-
Hari!ii,serpenthonoréàAkhmin,ville;d'Égypte. rold-Germson pour convertir l'Islande au chris-
11 y a quelques siècles qu'un derviche nommé tianisme. Ce ne furent pas des magiciens, mais
Haridi y mourut; on lui éleva un tombeau, sur- clés missionnaires qu'ils y envoyèrent; et il fal-
monté d'une coupole, au pied de la montagne; lut des efforts immenses pour établir dans celle
les peuples vinrent lui adresser des prières. Un île sauvage un peu de christianisme, qui depuis
autre derviche profita de la crédulité des bonnes est-tombé.,, avec celui des autres pays du Nord,
gens, et leur dit que Dieu avait fait passer l'es- dans le luthéranisme,.tout en conservant.ses ma-
prit du défunt dans le corps d'un serpent. Il en giciens ou Sorciers, qui. Hérissent encore de nos
avait apprivoisé un de ceux qui sont communs jours'.
dans la Thébaïde et qui ne font pas de mai; ce Harpe. Chez les .Calédoniens, lorsqu'un guer-
reptile obéissaità sa voix. Le derviche mita l'ap- rier célèbre était exposé à un grand péril, les
parition de son serpent tout l'appareil du charla- harpes rendaient'd'elles-mêmes un son lugubre
tanisme ; il éblouit le vulgaire et prétendit guérir et prophétique; souvent les ombres des aïeux du
toutes les maladies. Quelques succès lui donnè- guerrier en pinçaient les cordes. Les bardes alors
rent la vogue. Ses successeurs n'eurent pas de commençaient un chant'de mort, sans lequel au-
peine à soutenir une imposture lucrative ; ils s'en- cun' guerrier n'était admis dans le palais de
richirent en donnant à leur serpent l'immortalité nuages, et dont l'effet était si salutaire que les
et poussèrent l'impudence jusqu'à en. faire un fantômes retournaient dans leur demeure pour y
essai public ; le serpent fut coupé en morceaux recevoir avec empressement et revêtir de ses
en présence de l'émir, et déposé sous un vase armes fantastiques le héros décédé.
pendant deux heures. A l'instant où le vase fut Harppe. Thomas Bartholin, qui écrivait au
levé, les serviteurs du derviche eurent sans cloute dix-septième siècle, raconte, après une ancienne
l'adresse d'en substituer un semblable; on cria magicienne nommée Landela, dont l'ouvrage n'a
au prodige, et l'immortel Haridi acquit un nou- jamais été imprimé, un trait qui doit être du trei-
veau degré de considération. zième siècle ou du quatorzième.-—Un homme du
Paul Lucas raconte que, voulant s'assurer des Nord, qui se nommait Harppe, étant à l'article de
choses merveilleuses que l'on racontait de cet la mort, ordonna à sa femme de le faire enterrer
animal, il fit pour le voir le voyage d'Akhmin ; tout debout devant Ta porte de sa cuisine, afin
qu'il s'adressa à Assan-Bey, lequel fit venir le qu'il ne perdît pas tout à fait l'odeur des ragoûts
derviche avec le serpent ou l'ange, car tel esl le qui lui étaient chers, et qu'il pût voir à son aise
nom qu'on lui donnait, el que ce derviche lira de ce qui se passerait dans sa maison. La veuve
son sein en sa présence l'animal merveilleux. exécuta docilement et .fidèlement ce que son ma''1
Celait, ajoute-t-il, une couleuvre de médiocre lui avait commandé. Quelques semaines après la
grosseur et qui paraissait fort douce. mort de Harppe, on le vit souvent apparattre.
les
Haro, amille noble d'Espagne, qui prétend sous la forme d'un fantôme hideux, qui tuait
descendre d'une fée. la belle et savante introduction _ de
M'oyez
roi de Norvège qui, vou-' M. Léouzon-le-Ducà sa traduction du Glaiverwuqw
Harold-Germson,
lant châtier l'Islande, envoya un habile el savant'• de Nicander,
HAR — 323 HAR
ouvriers et molestait tellement les voisins, que « Le corps de Harppe, dit ici Dom Calmet (si
personne n'osait plus demeurer dans le village. l'on admet la vérité de ce fait), élait donc réel-
Unpaysan,nommé Olaûs Pa, fut assez hardi pour lement sorti de terre lorsqu'il apparaissait. Ce
allaquerce vampire, car c'en était un ; il lui porta corps devait être palpable etvulnérable, puisqu'on
un grand coup de lance, et laissa la lance dans trouva la lance dans la plaie. Comment sortit-il
laplaie. Le spectre disparut. Le lendemain, Olaiis de son tombeau, et comment y rentra-t-il ? C'est
fil ouvrir le tombeau du mort; il trouva sa lance la difficulté ; car qu'on ait trouvé la lance et la
dans le corps de Harppe, au même endroit où il blessure sur son corps, cela ne doit pas sur-
avait frappé le fantôme. Le cadavre n'était pas prendre, puisqu'on assure que les sorciers, qui
corrompu; on le tira de terre; on le brûla, on se métamorphosent en chiens, en loi.ips-garous,
jeta ses cendres à la mer, et on fut délivré de ses en chats, etc., portent dans leurs corps humains
funestesapparitions 4. les blessures qu'ils ont reçues aux mêmes parties
des corps dont ils se sont revêtus, et dans les- La mère de Jeanne avait été brûlée comme sor-
quelsils apparaissent. » Le plus croyable sur cette cière. Elle, qui du reste avait commis d'autres
histoire peu avérée esl probablement qu'elle est crimes, fui également brûlée, à l'âge de cinquante
fortaltérée. Voy. VAMPIRES. ans, le dernier jour d'avril de l'année 1578J.
Harvilliers (Jeanne), sorcière des environs Harvis. C'est le nom qu'on donne aux sor-.
de Coinpiègne, au commencement du seizième ciers de l'Egypte moderne.
siècle. Dans son procès, elle raconta que sa mère « De tout temps, dit M. Théodore Pavie,
lavait présentée au diable dès l'âge de douze l'Egypte a eu des sorciers. Les devins qui lut-
a'is; que c'était un grand nègre vêtu de noir; tèrent contre Moïse firent tant de prodiges, qu'il
qu'il arrivait, quand elle le voulait, botté, épe- fallut au législateur des Hébreux la puissance
ronnéet ceint d'une épée ; qu'elle seule le voyait, invincible dont Jéhovah l'avait doué pour triom-
ainsi que son cheval, qu'il laissait à la porte. — pher de ses ennemis. La cabalistique, la magie,
,., Bartholini, De causa contemplus morlis, etc., 1 M. Jules Garinel, Hist. de la magie en France,
p. 133.
21.
HAR — 324 — HAR
les sciences occultes, importées par les Arabes hlui accorder ; puis tout à coup il tira de sa poche
en Espagne, puis dans toute l'Europe, où déjà u: calam (sorte de plume) et de l'encre, demanda
un
elles avaient paru sous d'autres formes à la suite u réchaud, et se mit à écrire ligne à ligne, sur
un
des barbares venus d'Orient par le Nord, n'étaient u long morceau de papier, de mystérieuses sen-
un
que des tentatives pour retrouver ces pouvoirs le
tences. Dès cpi'il eut jeté dans le feu quelques-
surnaturels, premier apanage de l'homme, alors u
unes de ces lignes, déchirées successivement, le
qu'il commandait aux choses de la création en c]
charme commençant à opérer, un enfaiU hu in-
les appelant.du nom que la voix de l'Éternel leur li
troduit. C'était un Nubien de sept à huit ans,
avait imposé. Désormais, soit que. les lumières de ei
esclave au service de l'un de nos convives, ré-
la vérité, plus répandues, rendent moins faciles c<
cemment arrivé de son pays, noir comme l'encre
les expériences des sorciers dégénérés, soit que d harvi, et affublé du plus simple costume turc.
du
l'homme en avançant dans les siècles perde peu
à peu ce reste d'empire surla matière, qu'il
cherche aujourd'hui à dompter par l'analyse des
lois auxquelles elle obéit, toujours-est-il que la
magie est une science perdue ou considérée
comme telle. L'Egypte cependant prétend en
avoir conservé"la tradition ; et les devins du Caire
jouissent encore, sur les bords du Nil, d'une ré-
putation colossale. Il ne s'agit pas pour eux pré-
cisément de jeter des sorts, de prédire des mal-
heurs; ils n'ont pas la seconde vue du Tyrol ou
de l'Ecosse ; leur science consiste à évoquer, dans
le creux de la main d'un enfant pris au hasard,
telle personne éloignée dont le nom est prononcé
dans l'assemblée, et de la faire dépeindre par ce
même enfant, sans qu'il l'ait jamais vue, sous
des traits impossibles à niéconnaître. Le plus cé-
lèbre des harvis a eu l'honneur de travailler de- 1/Algérienel son Nubien.
vant plusieurs voyageurs européens, dont les
écrits ont été lus avec avidité, et il a générale- Le sorcier prit la main de l'enfant, y laissa tom-
L
ment assez bien réussi pour que sa gloire n'ait bber une goutte du liquide magique, l'étendilavec
eu rien à souffrir de ces rencontres périlleuses, s; plume de roseau, et abaissant la tête du pa-
sa
Voir cet homme, assister à une séance de magie, ti
tient sur ses doigts, dé manière qu'il ne pût
juger par mes propres yeux de l'état de la sor- ri voir, il le plaça dans un coin de l'apparte-
rien
cellerie en Orient, ces trois désirs me tentaient nment, près de lui, le dos tourné à l'assemblée.
violemment : l'occasion s'en présenta. — Lad y K... ! s'écria le plus impétueux des
» C'était au Caire, clans une des hôtelleries de s]
spectateurs. — Et l'enfant, après avoir hésité
celle capitale de l'Egypte. A la suite de quelques q
quelques instants, prit la parole d'une voix faible.
discussions qui s'étaient élevées entre- nous au - Que vois-tu ? lui demanda son maître, tandis
—
sujet du grand harvi, il fut unanimement résolu q le harvi, de plus en plus sérieux, marmottait
que
de le faire appeler. La table élait presque toute d vers magiques, tout en brûlant ses papiers,
clés
composée d'Anglais. Vers la lin du dîner, le sor- d
dont il lira une grande poignée de dessous sa
cier arriva. 11 entre, fait un léger signe de têle, robe. — Je vois, répondit le pelil Nubien; je
r,
et va s'asseoir au coin du divan, dans le fond du v
vois des bannières, des mosquées, des chevaux,
salon. Bientôt, après avoir acceplé le café et la d
des cavaliers, des musiciens, des chameaux..,
pipe, comme chose due à son importance, il se - Toutes choses qui n'ont rien à faire avec,
—
—
recueille, tout en parcourant l'assemblée d'un Lady K..., me dit tout bas un esprit fort.
L
regard scrutateur. Le devin esl né à Alger ; sa Shouf la' ib ! Sliouf la' ib ! regarde bien ! criait
S
physionomie n'a rien de gracieux, son oeil est h spectateur qui voulait évoquer lady K... L'en-
le
perçant et peu ouvert; sa barbe grisonnante f;
fant se taisait, balbutiait; puis il déclara qu'il
laisse voir une bouche petile, à lèvres minces et vvoyait une personne. — Est-ce une dame, un
serrées ; ses traits, plus fins que ceux d'un Égyp- n
monsieur? — Une dame! — Le harvi s'aperçut
tien, n'ont pas non plus le calme impassible et à nos regards qu'il avait déjà converti à moitié
sauvage du Bédouin; il est .grand, fier, dédai- !les plus incrédules. —Et comment est celte dame?
gneux, el se pose en homme supérieur. Tandis - Elle est belle, reprit l'enfant, bien vêtue el
—
que nous achevions de fumer, celui-ci son chi- 1
bien blanche ; elle a un bouquet à la main ; elle
bouk, celui-là son narguilé, le harvi, immobile e près d'un balcon, el regarde un beau jardin.
est
dans son coin, cherchait à lire sur nos visages le - On dirait que ce négrillon a vu .quelquefois
—
degré de croyance que nous étions disposés à l portraits de Lawrence, dit le maître de Pos-
les
HAR 325 - HAR
clave à son voisin; il a deviné juste, et pourtant ne fut pas heureux ou ne fut pas adroit 1. M. Léon
jamais rien de semblable ne s'est présenté à ses de Laborde avait été plus favorisé ; car voici un
veux. — El puis, reprit l'enfant après quelques fragment curieux qu'il a publié en 1833 dans la
secondes, car il parlait lentement el par mots Revue des deux mondes, et qu'on retrouve dans
entrecoupés, celte belle dame a trois jambes! ses Commentaires géographiques sur la Genèse.
L'effort que fit le harvi' pour ne pas anéantir le « L'Orient, cet antique pays, ce^ vieux ber-
négrillon d'un coup de poing se trahit par un ceau de tous les arts et de toutes les sciences,
sourire forcé. Il lui répéta avec une douceur con- fut aussi et de tout temps le domaine du savoir
trainte, une grâce pleine.de rage : — Shouf la' occulte et des secrets puissants qui frappent l'ima-
ih! regarde bien ! L'enfant tremblait ; toutefois il gination des peuples. J'étais établi au Caire de-
affirmaque le personnage évoqué dans le creux puis plusieurs mois (1827), quand je fus averti
de sa main avait trois jambes. un matin par lord Prudhoe qu'un Algérien 2, sor-
» Aucun de nous ne put se rendre compte de cier de son métier, devait venir chez lui pour lui
l'illusion; mais on fit retirer le petit nègre, qui montrer un tour de magie qu'on disait extraor-
fut remplacé par un autre en tout semblable. dinaire. Bien que j'eusse alors peu de confiance
Durant cetie interruption, le sorcier avait mar- dans la magie orientale, j'acceptai l'invitation;
motté bon nombre de-phrases magiques et brûlé c'était d'ailleurs une occasion de me trouver en
force papiers. L'assemblée fumait, le café circu- compagnie fort agréable. Lord Prudhoe me reçut
lait sans cesse : l'animation allait croissant. On avec sa bonté ordinaire et celle humeur enjouée
convint d'évoquer cette fois sir F. S..!, facile à qu'il avait su conserver au milieu de ses connais-
reconnaître, puisqu'il a perdu un bras. Le nou- sances si variées et de ses recherches assidues
veau négrillon prit la place du premier, abaissa dans les contrées les plus difficiles à parcourir.
de même.sa tête sur la goutte d'encre, et l'on fit Un homme grand et beau, portant turban vert
silence. — Sir F.. S... ! dit une voix-dans l'as- et benisch de même couleur, entra : c'était l'Al-
semblée, et l'enfant répéta, syllabe par syllabe, gérien. 11laissa ses souliers sur le bout du lapis,
ce nom tout à fait barbare pour lui. Ainsi que son alla s'asseoir sur un divan et nous salua tous, à
prédécesseur, il déclara voir des chevaux , des tour de rôle, de la formule en usage en Egypte.
chameaux, des bannières el des troupes de mu- U avait une physionomie douce et affable, un
siciens: c'est le prélude ordinaire, le chaos qui regard vif, perçant, je dirai même accablant, et
se débrouille avant que la lumière magique de la qu'il semblait éviter de fixer, dirigeant ses yeux
goutte d'encre éclaire le personnage demandé. à droite et à gauche plutôt que sur la personne à
Leharvi ne comprend ni le français, ni l'anglais, laquelle il parlait; du reste, n'ayant rien de ces
ni l'italien; mais, habitué àlire clans les regards airs étranges qui-dénotent des talents surnaturels
du public, il devina qu'on lui proposait un sujet et le métier de magicien. Habillé comme les écri-
marqué par quelque signe particulier. Jadis on vains ou les hommes de loi, il parlait fort sim-
lui avait demandé de faire paraître Nelson, à qui, plement de toutes choses et même de sa science,
comme chacun sait, il manquait un bras et une sans emphase ni mystère, surtout de ses expé-
jambe, et il avait rencontré juste , grâce à la riences, qu'il faisait ainsi en public'et qui sem-
célébrité du héros. Cette fois, il eut vent de blaient à ses yeux plutôt un jeu, à côté de ses
quelque tour de ce genre; aussi, après bien autres secrets qu'il ne faisait qu'indiquer dans la
des réponses confuses, l'enfant s'écria: — Je conversation. On lui apporta la pipe et le café,
voisun monsieur! c'est un chrétien, il n'a pas et pendant qu'il parlait, on lit venir deux enfants
de turban: son habit est vert Je ne vois sur lesquels il devait opérer.
qu'un bras! A ces mois, nous échangeâmes » Le spectacle alors commença. Toule la so-
un sourire, comme des gens qui s'avouent vain- ciété se rangea en cercle autour de l'Algérien,
cus : il fallait croire à la magie... Mais mon qui fit asseoir un des enfants près de lui, lui prit
voisin l'esprit fort, après avoir fait bouillonner la main et sembla le regarder attentivement. Cet
l'eau de son narguilé avec un bruit effroyable, enfant, fils d'un Européen, était âgé de onze ans
regarda le harvi. Je remarquai que notre pensée el parlait parfaitement l'arabe. Achmed, voyant
avaitété mal interprétée par le devin, el qu'il son inquiétude au moment où il tirait de son
chancelait dans son affirmation, supposant que écritoire sa plume de jonc, lui dit : — N'aie pas
nous avions ri de pitié. Il demanda donc à l'en- peur, enfant, je vais l'écrire quelques mots dans
fant:— Tu ne vois qu'un bras? Et l'autre? la main, tu y regarderas, et voilà tout. L'enfant
L'enfant ne répondit pas, et il se fit un grand se remit de sa frayeur, et l'Algérien lui traça
silence. On entendit les petits papiers s'enflam- dans la main un carré, entremêlé bizarrement
mer plus vivement sur le réchaud. — L'autre de lettres et de chiffres, versa au milieu une
uras, reprit le négrillon... je le vois : ce mon- encre épaisse el lui dil de chercher le reflet de
sieur le met devant son dos, et il lient un gant
1 L'extrait qu'on vient de lire de M. Théodore
de celle main!... »
Pavie a vu le jour en 1839.
Ainsi le harvi qui opéra devant M. Th. Pavie 2 Ce n'était pas celui que vit plus tard M. Pavie.
HAR 326 HAR
son visage. L'enfant répondit qu'il le voyait. Le enfin le major Félix, compagnon de voyage de
magicien demanda un réchaud qui fut apporté lord Prudhoe. — Ordonnez au soldat d'amener
— Amène Shaks-
sur-le-champ ; puis il déroula trois petits cornets Shakspeare, dil l'Algérien.
de papier qui contenaient différents ingrédients, peare ! cria l'enfant d'une voix de maître. — Le
qu'il jeta en proportion calculée sur le feu. Il voilà ! ajoula-t-il après le temps nécessaire pour
l'engagea de nouveau à chercher dans l'encre le écouler quelques-unes des formules inintelligibles
reflet de ses yeux, à regarder bien attentive- du sorcier. Notre éloiinement serait difficileà dé-
ment, et à l'avertir dèsquTl verrait paraître un crire , aussi bien que la fixité de noire attention
soldat turc balayant une place. L'enfant baissa aux réponses de l'enfant. — Comment esl-il ? —
la tête ; les parfums 'pétillèrent au milieu des Il porte un benisch noir ; il est tout habillé de
charbons : et le magicien, d'abord à voix basse, noir, il a une barbe. — Est-ce lui? nous demanda
puis l'élevant davantage, prononça une kyrielle le magicien d'un air fort naturel, vous pouvez
de mots dont à peine quelques-uns arrivèrent d'ailleurs vous informer de son pays, de son âge.
distinctement à nos oreilles. — Le silence était T—Eh bien, où est-il né ? dis-je. — Dans un pays
profond ; l'enfanl avait les yeux fixés sur sa-main ; tout entouré d'eau. Cette réponse nous étonna
la fumée s'éleva en larges flocons, répandant une encore davantage. — Faites venir Gradock, ajouta
odeur forte et aromatique. Aehmed;, impassible, lord Prudhoe avec cette impatience d'un homme
semblait vouloir stimuler de sa voix, qui de douce qui craint de se fier trop facilement à une super-
devenait saccadée, une apparition trop tardive, cherie. Le caouas (soldat turc) l'amena. — Com-
quand tout à coup,: jetant sa tête en arrière, pous- ment est-il habillé? — Il a un habit rouge, sur
sant des cris et pleurant amèrement, l'enfant sa,têle un grand tarbousch noir, et quelles drôles
nous dit, à travers les sanglots'qui le suffoquaient, .de-bottes! je n'en ai jamais vu de pareilles :
qu'il ne voulait plus regarder, qu'il avait vu une elles sont noires et lui viennent par-dessus les
figure affreuse ; il semblait terrifié. L'Algérien jambes.
n'en parut point étonné, il dit simplement : — » Toutes ces réponses dont on retrouvait la
Cet enfant a eu peur, laissez-le ; en le forçant, on vérité sous un embarras naturel d'expressions
pourrait lui frapper trop vivement l'imagination. qu'il aurait été impossible de feindre, étaient
» On amena un petit Arabe au service de la mai- d'autant plus exlraoïdinaires^qu'elles indiquaient
son et qui n'avait jamais' vu ni rencontré le ma- d'une manière évidente que'l'enfant avait sous
gicien ; peu intimidé de tout ce qui venait de se les yeux des choses entièrement neuves pour lui,
passer, il se prêta gaiement aux préparatifs et Ainsi, Shakspeare avait le petit manteau noir
fixa bientôt ses regards dans le creux de sa main, de l'époque, qu'on appelait benisch , et tout le
sur le reflet de sa figure, qu'on apercevait même costume de couleur noire qui ne pouvait se rap-
de côté, vacillant dans l'encre. — Les parfums porter qu'à un Européen, puisque le noir ne se
recommencèrenl à s'élancer en fumée épaisse, et porte pas en Orient, et en y ajoutant une barbe
les formules parlées en un chant monotone, se que les Européens ne portent pas avec le cos-
renforçant et diminuant par intervalles,.-sem- tume franc, c'était une nouveauté aux yeux de
blaient devoir soutenir son attention : — Le voilà, l'enfant. Le lieu de sa naissance, expliqué par
s'écria-t-il, el nous remarquâmesTéniolioii sou- un pays tout entouré d'eau, est à lui seul sur-
daine avec laquelle 11 porla' ses regards sur le prenant. Quant à l'apparition de M. Gradock,
centre des signes magiques. •— Comment est-il qui élait alors en mission diplomatique près du
liabillé? -—Il a une veste rouge brodée d'argent, pacha , elle est encore plus singulière ; car le
un turban et des pistolets à sa ceinture. — Que grand Larbousch noir, qui est le chapeau mili-
fait-il? — Il balaye une place devant une grande taire à trois cornes, et ces boites noires qui se
tente riche et belle ; elle esl rayée de rouge et portent par-dessus la culotte, étaient des choses
de vert avec des boules d'or en haut. — Regarde que l'enfant avouait n'avoir jamais vues aupara-
qui vient à présent? — C'est le sultan suivi de vant ; el pourtant elles lui apparaissaient.
tout son monde. Oh! que c'est beau!... Et l'en- )>Nous fîmes encore apparaître plusieurs per-
fant regardait à droite et à gauche, comme dans sonnes ; et chaque réponse, au milieu de son
les verres d'une optique dont on cherche à étendre irrégularité, nous laissait toujours une profonde
l'espace. — Comment esl son cheval ? — Blanc, impression. Enfin le magicien nous averlit que
avec des plumes sur la têle. — El le sultan ? — l'enfanLse fatiguait ; il lui releva la têle, en lui
Il a une barbe noire, un benisch vert. appliquant ses pouces sur les yeux el en pronon-
«Ensuite l'Algérien nous diL: Maintenant, mes- çant des paroles mystérieuses ; puis il le laissa.
sieurs, nommez la personne que vous désirez L'enfant étail comme ivre : ses yeux n'avaient
faire paraître; ayant soin seulement de bien arti- point une direction fixe, son front était couvert
culer les noms, afin qu'il ne puisse pas y avoir de sueur ; tout son êlre semblait violemment at-
d'erreur. Nous nous regardâmes tous, et, comme taqué. Cependant il se remit peu à peu, devint
toujours, dans ce moment personne ne retrouva gai, coulent de ce qu'il avait vu ; il se plaisaita
un nom dans sa mémoire. — Shakspeare, dit le raconter, à en rappeler toutes les circon-
HAR — 327 HAS
stances, el y ajoutait des détails comme à un événe- » L'Algérien opéra sur son enfant devant moi.
ment qui se serait réellement passé sous ses yeux. Ce petit garçon en avait une telle habitude que
» Mon élonnement avait surpassé mon at- les apparitions se succédaient sans difficulté. Il
tente; mais j'y joignais une appréhension plus nous raconta des choses fort extraordinaires, et
«rancleencore ; je craignais une mystification, et dans lesquelles on remarquait une originalité qui
je résolus d'examiner par moi-même ce qui, ôtait toute crainte de supercherie. J'opérai le
dans ces apparitions, en apparence si réelles el lendemain devant Achmed' avec beaucoup de
certainement si faciles à obtenir, appartenait au succès, et avec toute l'émotion que peut donner
métier de charlatan, et ce qui pouvait résulter le pouvoir étrange qu'il venait de me commu-
d'une influence magnétique quelconque. Je me niquer. A Alexandrie je fis de nouvelles expé-
retirai dans le fond de la chambre, et j'appelai riences , pensant bien qu'avec cette distance je
Bellier, mon drogman. Je lui dis de prendre à ne pourrais avoir de doute sur l'absence d'intel-
part Achmed et de lui demander si, pour une ligence entre le magicien et les enfants que j'em-
sommed'argent, qu'il fixerait, il voulait me dé- ployais, et, pour en être encore plus sûr, je les
voiler son secret ; à la condition, bien entendu , allai chercher dans les quartiers les plus-reculés
que je m'engagerais à le tenir caché de son vi- ou sur les routes, au moment où ils arrivaient
vant.— Le spectacle terminé, Achmed, tout en de la campagne. J'obtins des révélations surpre-
fumant, s'était mis à causer avec quelques-uns nantes , qui toutes avaient un caractère d'origi-
des spectateurs, encore surpris de son talent; nalité encore plus extraordinaire que ne l'eût été
puis après il partit. J'étais à peine seul avec Bel- celui d'une vérité abstraite. Une fois entre autres,
lier, que je m'informai de la réponse qu'il avait je fis apparaître lord Prudhoe, qui était au Caire,
obtenue. Achmed lui avait dit qu'il consentait à et l'enfant, dans la description de son costume,
m'apprendre son secret. se- mit à dire : -f Tiens, c'est fort drôle, il a un
» Le lendemain nous arrivâmes à la grande sabre d'argent. Or, lord Prudhoe était le seul
mosquée El-Àhzar, près de laquelle demeurait peut-être en Egypte qui portât un sabre avec un
Achmed l'Algérien. Le magicien nous reçut po- fourreau de ce métal. De retour au Caire, je sus
limentet avec une gaieté affable ; un enfant jouait qu'on parlait déjà de ma science, et un matin,
prèsde lui : c'était son fils. Peu d'instants après, à mon grand élonnement, les domestiques de
un petit noir d'une bizarre tournure nous ap- M, Msarra, drogman du consulat de France, vin-
porta les pipes. La conversation s'engagea. rent chez moi pour me prier de leur faire re-
Achmed nous apprit qu'il tenait sa science de trouver un manteau qui avait été volé à l'un
deux chéicks célèbres de son pays' et ajoula d'eux. Je ne commençai cette opération qu'avec
qu'il ne nous avait montré que bien peu de ce une certaine crainte. J'étais aussi inquiet des ré-
qu'il pouvait faire. —Je puis, dit-il, endormir ponses de l'enfant que les Arabes qui atten-
quelqu'un sur-le-champ, le faire tomber, rouler, daient le recouvrement de leur bien. Pour comble
entreren rage, et au milieu de ses accès le for- de malheur, le caouas ne voulait pas paraître,
cer de répondre à mes ^demandes et de me dé- malgré force parfums que je précipitais dans le
voilertous ses secrets. Qfiand je le veux aussi, je feu, et les violentes aspirations de mes invoca-
faisasseoir la personne sur un tabouret isolé, et, tions aux génies les plus favorables ; enfin il ar-
tournant autour avec des gestes particuliers, je riva et, après les préliminaires nécessaires, nous
l'endors immédiatement ; mais elle reste les évoquâmes le voleur. 11 parut, Il fallait voir les
yeux ouverts, parle et gesticule comme dans têtes tendues, les bouches ouvertes, les yeux fixes
l'état de veille. de mes spectateurs, attendant la réponse de l'ora-
» Nous réglâmes nos conditions; il demanda cle, qui en effet nous donna une description de
quarante piastres d'Espagne et le serment sur le sa figure, de son turban, de sa barbe : — C'est
Korande ne révéler ce secret à personne. La Ibrahim, oui, c'est lui, bien sûr ! — s'écria-t-on
somme fut réduite à trente piastres; et le ser- de tous côtés; et je vis que je n'avais plus qu'à
ment fait ou plutôt chanté, il fit monter son appuyer mes pouces sur les yeux de mon patient,
petit garçon et prépara, pendant que nous fu- car ils m'avaient tous quitté pour courir après
mions, tous les ingrédients nécessaires à son Ibrahim. Je souhaite qu'il ait été coupable, car
opération. Après avoir coupé dans un grand rou- j'ai enlendu vaguement parler de quelques coups
leauun petit morceau de papier, il traça dessus de bâton qu'il reçut à cette occasion.... »
les signes à dessiner dans la main et les leltres Hasard. Le hasard, que.les païens appelaient
qui y ont rapport ; puis, après un moment d'hé- la Fortune, a toujours eu un culte étendu, quoi-
sitation, il me le donna. J'écrivis la prière que qu'il ne soit rien par lui-même. Les joueurs, les
voicisous sa dictée : « Anzilou-Aiouha-el-Djenni- guerriers, les coureurs d'aventures, ceux qui cher-
Aioulia-el-ûjennoun-Anzilou-Betlakki-Matalaliou- chent la fortune dans les roues de la loterie, dans
louhou-Aleikoum-Taricki-Anzilou-Taricky. » — l'ordre des cartes, dans la chute des dés, dans
Les trois parfums sont : « Takeh-Mabachi, — un tour de roulelle, ne soupirent qu'après le
Ambar-Indi. — Kousombra-Djaou. » hasard! Qu'est-ce donc que le hasard? Un évé-
HAS 328 HEC
nement fortuit amené par l'occasion ou par des bizarrerie el la rencontre du nom, du saut et du
causes qu'on n'a pas su prévoir, heureux pour sauteur, dit gravement Delancre : Un Allemand
les uns, malheureux pour les autres. « Un Alle- saute au saut de l'Allemand, el la mort, au troi-
mand sautant en la ville d'Agen sur le, gravier, sième saut, lui fait faire lesattt de la mort... »On
l'an 1597, au saut de l'Allemand, mourut tout voit qu'au seizième siècle même on trouvait aussi
roide au troisième saut. Admirez le hasard, la des hasards merveilleux dans les jeux de mois.
Le Hasardou la Fortune.
Hasparius-Eubedi. Saint Augustin cite cet Haussy (Marie de), sorcière du seizième siè-
homme de son diocèse comme ayant eu sa maison cle, qu'une autre sorcière déclara dans sa con-
infestée par les esprits malins. Un prêtre qu'il fession avoir vue danser au sabbat avec un sor-
envoya l'en délivra 1. cier de la paroisse de Faks, lequel adorait le
Hatchy. Voy. HHACIIICII. diable '.
Hatton II, surnommé Bonose, usurpateur Hécate, diablesse qui préside aux rues et aux
du siège archiépiscopal de Mayence ; il vivait carrefours. Elle est chargée, aux enfers, de la
en 107/|. Il avait refusé de nourrir les pauvres police des chemins et de la voie publique. Ellea
dans un temps de famine, et avait même fait trois visages : le droit de cheval, le gauche de
brûler une grange pleine de gens qui lui deman- chien, le mitoyen de femme. Delrio dit: « Sa
daient du pain : il péril misérablement. On rap- présence fait trembler la terre, éclater les feux
porte que cet intrus, étant tombé malade dans et aboyer les chiens, » Hécate, chez les anciens,
une tour qui esl située en une petite île sur les était aussi la triple Hécate : Diane sur la terre,
bords du Rhin, y avait élé visité de tant de rats, Proserpine aux enfers, la lune dans le ciel. Cesont;
qu'il fut impossible de les chasser. Il se fil trans- au dire des astronomes, les trois phases de la lune.
porter ailleurs, dans l'espoir d'en être délivré, Hécatonchires. Ce sonl les géants marins qui
mais les rats, s'étant multipliés, le suivirent à la se révoltèrent contre Jupiter avec les Titans. Ils
nage, le joignirent et le dévorèrent. Poppiel II, doivent leur nom à cette circonstance qu'ils
roi de Pologne, souillé de crimes, fut pareillement avaient cent bras el cinquante lêtes.
dévoré par les rats.
1 Delancre, Tableau de l'inconstance des démons,
1 La Cité de Dieu, liv. XXII, ch. vm, p. 44.
HÉC 329 — HEL
Hécla. Les Islandais prétendaient autrefois que ouvert, ne se remplissait jamais. Elle avait le
l'enfer était dans leur île, et ils le plaçaient dans môme nom que l'enfer. La mythologie Scandi-
le soufre du mont Hécla. Ils croyaient aussi que nave donne le pouvoir de la mort à Héla, qui
le bruit produit par les glaces, quand elles se gouverne les neuf mondes du Niflheiin. Ce nom
choquentet s'amoncellent sur leurs rivages, vient signifie mystère, secret, abîme. Selon la croyance
des cris des damnés tourmentés par un froid populaire des paysans de l'antique Cimbrie, Héla
excessif, et qu'il y a des âmes condamnées à répand au loin la peste et laisse tomber tous les
«releréternellement, comme il y en a qui brû- fléaux de ses terribles mains en voyageant la
lent dans des feux éternels. . nuit sur le cheval à trois pieds de l'enfer (Hel-
Cardan dit que celte montagne est célèbre par hesl). Héla et les loups de la guerre ont long-
l'apparition des spectres et des esprits. Il pense temps exercé leur empire en Normandie. Cepen-
avec Leloyer 1 que c'est dans celte montagne dant., lorsque les hommes du Nord de Haslings
de l'Héela que les âmes des sorciers sont punies devinrent les Normands de Bollon, ils semblent
après leur mort. n'avoir pas perdu le souvenir de leurs vieilles su-
Hecdekin ou Hodeken. En l'année 11.30, un perstitions aussi rapidement que celui de leur
démon que les Saxons appelaient Hecdekin ou langue maternelle.- D'Héla naquit Hellequin, nom
Hodeken,c'est-à-dire l'esprit au bonnet, à cause dans lequel il est facile de reconnaître Hela-
du bonnet dont il était coiffé , vint passer quel- Kïon, la race d'Héla déguisée sous l'orthographe
quesmois dans la ville d'Hildesheini, en'basse romaine. Ce fut le (ils d'Héla que Richard Sans
Saxe. L'évêque d'Hildesheim en était aussi le peur, (ils de Robert le Diable, duc de Normandie,
souverain. En raison de ces deux litres, le dé- rencontra chassant dans.la forêt. Le roman ra-
mon crut devoir s'attacher à sa maison. Il se conte qu'Hellequin était un cavalier qui avait
posla donc dans le palais et s'y fit bientôt con- dépensé toute sa fortune dans les guerres de
naîtreavantageusement, soit en se montrant avec Charles-Martel contre les Sarasins païens. La
complaisance à ceux qui avaient besoin de lui, guerre finie,. Hellequin et ses fils, n'ayant plus
soiten disparaissant avec prudence lorsqu'il de- de quoi soutenir leur rang, se jetèrent dans de
venait importun, soit en faisant des choses re- mauvaises voies. Devenus de vrais bandits, ils
marquables et difficiles. — Il donnait de bons n'épargnaient rien ; leurs victimes demandèrent
conseilsdans les affaires diplomatiques-; portait vengeance au ciel, el leurs cris furent entendus.
de l'eau à la cuisine et servait les cuisiniers. Hellequin' tomba malade et mourut; ses péchés
Lachose s'est passée dans le douzième siècle : les l'avaient mis en danger de damnation éternelle :
moeursétaient alors plus simples qu'aujourd'hui. heureusement ses mérites comme champion de
Il fréquentait donc la cuisine et le salon; et la foi contre les païens lui servirent. Son. bon
les marmitons, le voyant de jour en jour plus ange plaida pour lui, et obtint qu'en expiation de
familier,se divertissaient en sa compagnie. — ses derniers crimes, la famille d'Hellequin erre-
Maisun soir un d'eux se porta contre lui aux rail après sa mort, gémissante et malheureuse,
injures, quelques-uns disent même aux voies de tantôt dans une forêt, tantôt dans une autre,
fait.Le démon en colère s'alla plaindre au maître n'ayant d'autres distractions que lu chasse au
d'hôtel, de qui il ne recul aucune satisfaction; sanglier, mais souvent poursuivie elle-même par
alorsil crut pouvoir se venger. Il étouffa le mnr- une meule d'enfer, punition qui durera jusqu'au
milon, en assomma quelques autres, rossa le jugement dernier.
maîtred'hôtel, et sortit de la maison pour n'y Hélène ou Oléine, reine des Adiabéniles,
plusreparaître 2. dont le tombeau se voyait à Jérusalem, non sans
Héhugaste, sylphide qui se familiarisait avec artifice, car on ne pouvait l'ouvrir et le fermer
l'empereurAuguste. Lescabalistes disent qu'Ovide qu'à certain jour de l'année. Si on l'essayait dans
futrelégué à Tomes pour avoir surpris Auguste un autre temps, tout élait rompu '.
en lète-à-lêle avec elle ; que la sylphide fut si Hélène ou Sélène, compagne mystérieuse de
piquéede ce que ce prince n'avait pas donné Simon le magicien 2.
d'assezbons ordres pour qu'on ne la vît point, Hélénéion, plante que Pline fait naître des
qu'ellel'abandonna pour toujours !. larmes d'Hélène auprès du chêne où elle fut
Hékacontâlithos. Pierre qui eiï renferme pendue, et qui avait la vertu d'embellir les fem-
soixanteautres diverses, que les troglodytes of- mes el de rendre gais ceux qui en menaient dans
fraientau diable dans leurs sorcelleries '. leur vin.
Héla, fille d'Angerbode et reine des trépassés Helgafell, montagne et canton d'Islande, qui
cliezles anciens Germains. Son gosier, toujours a joui longtemps d'une grande réputation dans
' Histoiredes 1 Leloyer, Histoire des spectres el apparitions des
spectres, p. 619.
Irillièmo, Chroniqued'Hirsauge.
' Lettres esprits, p. 64. Voyez sur celle reine les Légendes du
1 cabalistiques, t. I", p. 64. Nouveau Testament.
- Voyez, dans les Légendes
Delancre,Tabl. de l'inconstance des démons,etc.. infernales, celle de
I».18. Simon le magicien.
HEL — 330 — HEN
l'esprit des Islandais. Lorsque des parties plai- lias lui dit : — Vous n'êtes pas mon maître, car
daient sur des objets douteux, et qu'elles ne pou- il porte une fraise blanche et du clinquant à ses
vaient s'accorder, elles s'en allaient à Helgafell habits. Au même instant, il fit le signe de h
pour y prendre conseil : on s'imaginait que tout croix et le diable incontinent disparut... »
ce qui s'y décidait devait avoir une pleine réus- Était-ce une hallucination?
site. Certaines familles avaient aussi la persuasion Héliodore, magicien qui se donna au démon
qu'après leur mort elles devaient revenirhabilê'r et que quelques-uns croient être le même que
ce canton. La montagne passait pour un lieu Diodore; il fit à Gatane des prodiges que la Si-
saint. Personne n'osait la regarder qu'il ne se fût cile raconte encore. On le compare à Simon le
lavé le visage et les mains. magicien, à Virgile et aux plus célèbres enchan-
Helhest, cheval à trois pieds de l'enfer. teurs. Comme Faust était servi par Méphisto-
Voy. HÉLA. phélès, Héliodore était servi par un autre démon
Hélias. « Apparition admirable et prodigieuse nommé Gaspard. Il faisait accepter des pierres
arrivée à Jean Hélias.le premier jour de l'an 1623, pour de l'or. Il voyageait sur un cheval qui était
au faubourg Saint-Germain à Paris. » — C'est un un démon. II fascinait ceux qui voulaient l'arrêter
gentilhomme qui conte 1 : « Étant allé le di-' en prenant une figure et des formes qui n'étaient
manche, premier jour de l'année 1623, sur les pas les siennes. On lit dans la vie de saint Léon,
quatre heures après midi à Notre-Dame, pour traduite du grec en 1826, qu'un jour l'iuipudeiil
parler à M. le grand pénitencier sur la conversion magicien, entrant dans la basilique où saint Léon
de Jean Hélias, mon laquais, ayant décidé d'une célébrait les saints mystères, annonça que, par
heure pour le faire instruire, .parce qu'il quittait son charme, il allait le faire danser avec tous ses
son hérésie pour embrasserJa vraie religion, je prêtres. Mais le saint descendit de l'autel, le lia
m'en fus passer le reste du jour chez M. de de son étole et le conduisit à un bûcher préparé,
Sainte-Foi, docteur en Sorbonne, et me retirai où il resta avec lui jusqu'à ce que cet. homme
sur les six heures. Lorsque je rentrai, j'appelai vendu au diable fût réduit en cendres.
monlaquais avant de monter dans ma chambre; Héliogâbâle, empereur de Rome ; il s'occupait
il ne me répondit point. Je demandai s'il n'était de nécromancie, quoiqu'il méprisât toute reli-
pas à l'écurie ; on ne m'en sut rien dire. Je mon- gion. Bodili assure qu'il allait au sabbat et qu'il
tai, éclairé d'une servante; je trouvai les deux y adorait le diable.
portes fermées, les clefs sur les serrures. En Héliotrope. On. donnait ce nom à une pierre
entrant dans la première chambre; j'appelai en- précieuse, verte et tachetée ou veinée de rouge,
core mon laquais, qui ne répondit point; je le à laquelle les anciens ont attribué un grand nombre
trouvai à demi couché auprès du feu, la tête ap- de vertus fabuleuses, comme de rendre invisibles
puyée contre la muraille, les yeux et la bouche ceux qui la portaient.
ouverts; je crus qu'il avait du vin dans la têle; L'héliotrope, plante qui suit, dit-on, le cours du
et, le poussant du pied, je lui dis: —Levez-vous, soleil, a élé aussi l'objet de plusieurs contes
ivrogne! — Lui, tournant les yeux sur moi : — populaires.
Monsieur, me dit-il, je suis perdu; je suis mort; Hellequin, fils d'Héla. Pour sa légende,
le diable tout à l'heure voulait m'emporter. — Il voy. HÉ'LA.
poursuivit qu'étant entré dans la chambre, ayant Helsingeland, contrée de la Suède qui a une
fermé les portes sur lui et allumé le feu, il s'assit femme blanche. On dit qu'elle ne fail que du
auprès, tira son chapelet de sa poche et vit bien. On l'appelle la dame de l'Helsingeland '.
tomber de la cheminée un gros charbon ardent Hennisseur (Le),lutin flamand, ainsi nommé
entre les chenets. Aussitôt on lui dit : — Eh bien, à cause de son cri qui est celui d'un cheval en
vous voulez donc me quitter? — Croyant d'abord hilarité.
que c'était moi qui parlais, il répondit : — Par- Hénoch. Les rabbins croient qti'Hénoch, trans-
donnez-moi, monsieur, cpii vous a dit cela? — porté au ciel, fut reçu au nombre des anges, el
Je l'ai bien vu, dit le diable ; vous êtes allé tantôt que c'est lui qui esl connu sous les noms de Mé-
à l'église. Pourquoi voulez-vous me quitter? je tra Ion et de Michel, l'un des premiers princes du
suis bon maître; tenez, voilà de l'argent;prenez- ciel, lequel lient regislre des mérites et des pé-
en tant qu'il vous plaira. — Je n'en veux point, chés des Israélites. Ils ajoutent qu'il eut Dieuet
répondit Hélias. Le diable, voyant qu'il refusait Adam pour maîtres. Saint Jude, dans son Épltre,
son argent, voulut lui faire donner son chapelet. parlant de plusieurs chrétiens mal convertis, dit
— Donnez-moi ces grains que vous avez dans la « C'est d'eux qu'Hénoch, qui a été le septième
—
main, dit-il, ou bien jetez-les au feu. Mon la- depuis Adam , a prophétisé en ces termes :
quais répondit:—Dieu ne commande point cela; Voilà le seigneur qui va venir avec la multitude
je ne veux pas vous obéir. Alors le diable se de ses saints pour exercer son jugement sur tous
montra à lui ; el voyant qu'il était tout noir, Hé- les hommes, et pour convaincre tous les impies.»
1 Recueil de dissertations de Lenglet-Dufresnoy, 1 Voyez Hodêaldis, dans les Légendesdes esprits
t. II, p. 459. el dénions.
HEN — 331 HEN
Le Livre d'Hénoch, tel que nous l'avons, passe vailler à éteindre la simonie, fréquente surtout
devint empereur en 1139;
pour apocryphe et n'est probablement pas celui en Allemagne. Henri
que cite saint Jude. il se souvint de sa parole et l'exécuta. Maisil ne
Henri III, fils de Catherine de Médicis ; il tarda guère à tomber dans une fâcheuse mala-
étaitinfatué de superstitions. Ses contemporains die; il fut trois jours à l'extrémité sans aucun
lereprésentent comme sorcier. Dans un des pam- sentiment. Un faible mouvement du, pouls fit juger
lueur
phletsqu'on répandit contre lui, on lui reproche seulement qu'il y avait encore 'quelque
d'avoir tenu au Louvre des écoles de magie et d'espérance de le ramener à la vie. Le prince
d'avoir reçu en présent des magiciens un es- recouvra en effet la santé. Aussitôt il fit appeler
prit familier nommé Terragon («oyez ce mot), du ce prélat, qu'il avait fait si précipitamment évê^
nombre des soixante esprits nourris àl 'école de' que, et, de l'avis de son conseil, il le déposa.
Soliman.Cette accusation de sorcellerie est, dit- Afin de justifier un jugement aussi bizarre", il as-
on, ce qui mit Te poignard dans les mains de sufâ:que, pendant les trois jours de sa léthargie,
Jacques Clément. Les ennemis de ce: mauvais lès démons se servaient de cette même canule
princeavaient tenté auparavant de le faire îhourir d'argent, qui avait été le prix de lévêché, pour
enpiquant ses images en cire, ce qui s'appelait lui souffler un feu si violent que notre feu élé-
envoûter. . - mentaire ne saurait, lui être comparé. Ce fait
Voicil'extrait d'un pamphlet intitulé les Sor- singulier est rapporté par Guillaume de Malmes-
celleriesde Henri de Valois et les oblations qu'il bui'.y, /historien du douzième siècle.
faisaitau diable dans le:bois de Vincennes, Didier- Hëiiri IV, empereur d'Allemagne, l'un des
Millot,1589, pamphlet qui parut quelques mois monstres- dé l'histoire. Excommunié, il eut une
avantl'assassinat de Henri III : « Henri de Valois, mort:misérable 4. Son fils, Henri V, marcha sur
d'Épernon et les autres mignons faisaient quasi ses traces.: y
publiquement profession de. sorcellerie, ; étant Henri IV, roi d'Angleterre. Il poursuivit les
commune à la cour entre iceux et plusieurs per- sorciers; mais il encouragea d'autres philosophes.
sonnes dévoyées de la religion catholique ; on a Au rapport d'Evelyn, dans ses Numismata,
trouvéchez d'Épernon un coffre plein de papiers Henri TV-fut réduit à un tel degré de besoin par
de sorcellerie, auxquels il y avait divers mots ses folles dépensés, qu'il chercha à remplir ses
hébreux, chaldaïques, latins et plusieurs carac- coffres avec les secours de l'alchimie. L'enregis-
tèresinconnus, des rondeaux ou cernes, desquels trement de: ce singulier projet contient lés pro-
alentouril-y avait diverses ligures et écritures; testations les plus solennelles et les plus sérieuses
mêmedes miroirs, onguents ou drogues, avec de l'existence et des vertus de la pierre philoso-
des verges blanches, lesquels semblaient être de phale, avec des encouragements à ceux qui s'oc-
coudrier,que l'on a incontinenl brûlés pour l'hor- cuperont de sa recherche, et leur affranchisse-
reur qu'on en avait. On a encore trouvé derniè- ment de toule espèce de contrariétés de la part
rement au bois de Vincennes deux satyres d'ar- des statuts et prohibitions antérieures. On avait
gent, de la hauteur de quatre pieds. Ils étaient prédit à ce roi Henri IV qu'il mourrait à Jérusa-
au-devantd'une croix d'or, au milieu de laquelle lem. Il se garda bien d'y aller. Mais il tomba ma-
on avait enchâssé du bois de la vraie croix de lade subitement dans l'abbaye de Westminster et
NotreSeigneur Jésus-Christ. Les politiques disent y mourut dans une chambre appelée Jérusalem.
que c'étaient des chandeliers. Ce qui fait croire Henri VIII. Le Néron de l'Angleterre servait
le contraire, c'est que dans ces vases, il n'y le diable, aussi bien que Luther, Calvin et con-
avaitpoint d'aiguille qui passâtpour y mettre un sorts.
cierge ou une petite chandelle. Ces monstres Henri IV, roi de France. On fil une recherche
diaboliquesont été vus par messieurs de la ville. assez curieuse sur le nombre quatorze relative-
Outre ces deux diables, on a trouvé une peau ment à Henri IV. Il naquit quatorze siècles, qua^
d'enfant,laquelle avait élé corroyée, et suricelle lorze décades, el quatorze ans après l'ère chré-
5'avait aussi plusieurs mots de sorcellerie et di- tienne. Il vint au monde le 1 h décembre el mourut
vers,caractères... » Le fait est. que Tes Valois le 14 mai. Il a vécu quatre fois quatorze ans,
s'occupaient de sciences occultes. On fit l'ana- quatorze semaines, quatorze jours. Enfin, dans
grammedu nom de Henri III : Henri de Valois, son nom de Henri de Bourbon, il y a quatorze
oul'on trouve Vilain Hérodc. lettres.
Henri III, empereur d'Allemagne. Étant en- Henri le Lion. C'est le duc Henri de Bruns-
core très-jeune, Henri III obtint d'un clerc une wick,
qui partit à la croisade vers la fin du dou-
pelilecanule d'argent avec laquelle les enfants zième siècle, el fut jeté en revenant dans une île
s'amusent à jeter de l'eau. Pour l'engager à lui déserte, où un lion s'attacha à lui. 11y avait sept
aire °c modique présent, il avait promis à ce ans
qu'il soupirail là après sa patrie, lorsque le
wc que, dès qu'il serait monté sur le Lrône, il diable se à ses regards, offrant de le
ne manquerait présenta
pas de le faire évêque. C'était à
l|ne époque où le saint-siége ne cessait de tra- 1 Voyez à ce sujet les Légendesdes croisades.
HEP 332 — HER
remettre dans son palais', s'il voulait lui vendre Mais on ajoute qu'il disparut en 1195, emporté
son âme, marché qu'il accepta. 11fut donc re- par la même voie qui l'avait tiré du désert, —
porté chez lui en un clin d'oeil, lui et son lion, C'est une calomnie, et le lion un conte 1.
disaient-ils,une cavale avorte si elle marche sur de celles qu'elles attribuent à Virgile'. On met
lestracesd'un loup 3, etc. M. Ghampollion donne sous son nom un Traité des songes dont on re-
d'autresexplications. cherche les éditions accompagnées des Commen-
Hiéromnénon, pierre que les anciens em- taires de Jules-César Scaliger; in-8°, Gnesnë,
ployaientdaus leurs divinations, mais dont ils 1610; et un autre livre intitulé les Aspects des
nenous ont laissé aucune description. étoiles.
Hiéroscopie. Voy. HÉPATOSCOPIE. Hippogriffe, animal fabuleux, composé du
Himmemberg, contrée du paradis d'Odin. cheval et du griffon, que l'Ariosle et les autres
Ony arrivait par un pont lumineux, qui est. l'arc- romanciers donnent quelquefois pour monture
cn-ciel. aux héros des romans de chevalerie.
Hipokindo, mot qui, prononcé d'une certaine Hippomane, excroissance charnue que les
façon, charme les serpents et les empêche de poulains apportent à la tête en naissant, el que
nuire.Paracelse en parle. la mère mange aussitôt. Les anciens donnaient le
Hipparchus. On lui attribue un ouvrage in- nom d'hippomane à certains philtres, parce qu'on
tituléle Livre des esprits.
prétend qu'il y entrait de cette excroissance.
Hippocrate, père de la médecine. Les lé- Hippomane est aussi le nom d'une herbe qui
gendesdu moyen âge font de lui un grand ma- fait entrer les chevaux en fureur lorsqu'ils la
S'cien,et lui prêtent des aventures dans le genre broutent 2.—On raconte qu'une cavale de bronze,
«1.Saignes, Des erreurs et des nrèiuqès, placée auprès du temple de Jupiter Olympien,
J J etc., faisait hennir les chevaux comme si elle eût été
l],]>. 43!l.
\ |Jes admirables seçrclsd'Albert le Grand, p. -107.
J. own ' ^sai sur les erreurs populaires, t, II, *Voyez ces légendes, dans les Légendesinfernales.
2 Manuel lexique de l'abbé Prévost.
HIP — 336 HOC
vivante, vertu qui lui élait communiquée par sans nom d'auteur. Nous n'en cilerons que quel-
l'hippomane qu'un avait mêlée avec le cuivre en ques-unes : « Histoire d'une apparition, avec des
la fondant. Voy. PHILTRES. réllexions qui prouvent la difficulté de savoir la
Hippomancie, divination des Celtes. Ils for- vérité sur le retour des esprits; in-8° ; Paris,
maient leurs pronostics sur le hennissement et chez S'augrin, 1722 , brochure de 2/j pages. —
lé 'trémoussement de certains chevaux,blancs, Histoire prodigieuse nouvellement arrivée à Pa-
nourris aux dépens du public dans des forêls ris , d'une jeune fille agitée d'un esprit fantas-
consacrées, où ils n'avaient d'autre couvert que tique, in-8qi—Histoire du diable, in-12 ; Amster-
les arbres. OnTes faisait marcher immédiatement dam, 1729 , 2 vol. ; et Rouen, 1730 , 2 vol..-
après le char sacré. Le prêtre et le roi ou chef Histoire miraculeuse advenue en la Rochelle,
du canton observaient tous leurs mouvements, ville de Maurienne en Savoie, d'une jeune fille
et en tiraient des augures auxquels ils donnaient ayant été enterrée dans un jardin en -temps de
une ferme confiance," persuadés que cèsanimaux peste, l'espace de quinze ans, par lequel son
étaient confidents du secret des dieux, tandis esprit est venu rechercher ses os par plusieurs
qu'ils n'étaient eux-mêmes que leurs ministres:. évidents signes miraculeux; in-8", Lyon, —His-
Les Saxons tiraient" aussi des: pronostics d'un toire remarquable d'une femme décédée depuis
cheval sacré,-.nourri'.dansTe temple: de leurs- cinq ans .laquelle est revenue trouver son mari,
dieux, et qu'ils; en faisaient sortir avant de dé- et parler à lui au faubourg Saint-Marcel; Paris,
clarer la guerre àleurs ennemis.: Quand le cheval 1618,-etc. »'Fô;/. APPARITIONS.
avançait le pied droit,; l'augure était, favorable ; Hocquë. Après-l'édit de 1682 pour la punition
sinon, le présage était mauvais, et ils-'renon- des maléfices, la race des sorciers malfaisants
çaient à leur entreprise. diminua sensiblement en France. Mais il restait
Hippomyrmèces, peuple imaginaire, placé encore: dans la Brie-, aux environs de Paris,
par Lucien dans le globe du soleil. C'étaient des une cabale de bergers qui" faisaient mourirles
hommes montés sur des fourmis ailées, qui cou- bestiaux, attentaient à la vie des: hommes, com-
vraient deux arpents de leur ombre, et qui com- mettaient plusieurs autres crimes et s'étaient
battaient de leurs cornes. ; rendus formidables à la province. 11 y en eut
Hippopodes, peuple fabuleux qui avait des enfin.d'arrêtés; le juge de Pacy instruisit le pro-
pieds de cheval, et que les anciens géographes cès, et par les preuves il parut évident que tous
placent au nord de l'Europe. ces maux étaient commis par maléfices el sor-
Hirigoyen, sorcier du commencement du tilèges.
dix-septième siècle, que l'on a vu danser au- Les sorts: et les poisons dont ces bandits se
sabbat avec le diable , qu'il adoraitd. servaient pour faire mourir les bestiaux consis-
Hirondelles. Plularque cite l'histoire d'un taient dans une composition qu'ils avouèrent™
nommé Bessûs qui avait tué son père et dont on procès, el qui est rapportée dans les faclums,
ignorait le crime. Étant un jour près d'aller à un mais remplie de sacrilèges, d'impiétés, d'abo-
souper, il prit une perche avec laquelle il abattit minations et d'horreurs, en même temps que-de
un nid-d'hirondelles. Ceux qui le virent en fu- poisons. Ils mettaient cette composition dans un
rent indignés et lui demandèrent pourquoi il pot de terre, et l'enterraient ou sous le seuil de
maltrailrail ainsi ces pauvres oiseaux. Il leur la porte des élables 'aux bestiaux, ou dans le
répondit qu'il y avait assez longtemps qu'elles chemin par où ils passaient; et tant que ce sort
lui criaient qu'il avait tué son père. Toutes slu- demeurait en son lieu, ou que celui qui l'avait
péfailes de cetle réponse, ces personnes la rap- posé était en vie, la mortalité ne cessait point;
portèrent au juge, qui ordonna de prendre lies- c'esl ainsi qu'ils s'en expliquèrent dans leurs in-
sus et de le mettre à la torture. 11 avoua son terrogatoires.
crime et fut pendu 5. Brown, dans son Essai sur Une circonstance singulière de leur procès fit
les erreurs populaires, dit que l'on craint de croire qu'il y avait un vrai pacte entre eux el le
tuer les hirondelles, quoiqu'elles soient incom- diable pour commettre tous ces maléfices. Us
modes, parce'qu'on est persuadé qu'il en résul- avouèrent qu'ils avaient jeté des sorts sur les
terait quelque malheur. Élien nous apprend que bestiaux du fermier de la terre de Pacy, près de
les hirondelles étaient consacrées aux dieux Pé- Brie-Comte-RobeiT, pour venger l'un d'eux que
nates, et cpie par cetle raison on s'abstenait ce fermier avait chassé el mis hors de son ser-
de les tuer. On les honorait, dit-il, comme les vice. Ils firent le récit exact de leur composition;
hérauts du printemps, el à Rhodes on avait mais jamais aucun d'eux ne voulut découvrir le
une espèce de chant pour célébrer le retour des lieu où ils avaient enterré le sort, et on ne savait,
venir
hirondelles. après de semblables aveux, d'où pouvait les
Histoire. 11y a dans la bibliographie infer- leur réticence sur ce dernier fait. Le juge
nale beaucoup d'histoires prodigieuses publiées pressa de s'en expliquer; ils dirent que s'ils dé-
1 De l'inconstance des démons, etc., p. 4i4. couvraient ce lieu , et qu'on levât le sort, celui
2 Taill'epied, Apparitions des esprits, p. 40. qui l'avait posé mourrait à l'instant.
HOC — 337 HOC
L'un de leurs complices, nommé Etienne Pacy avait fait tenir de l'argent, fit un jour tant
Hocque, moins coupable que les autres, et qui boire Hocque qu'il l'enivra, el en cet état le mit
n'avait été condamné qu'aux galères, était à la sur le chapitre du sort de Pacy. Il tira de lui le
chaîne dans les prisons delà Tournelle. On ga- secret qu'il n'y avait qu'un berger nommé Bras-
gna un autre forçat nommé Béatrix, qui était dé-Fer, qui demeurait près de Sens, qui pût le-
attaché avec lui. Ce dernier, à qui le seigneurde ver le sort par ses conjurations.
Béatrix, profitant de ce"commencement de trouva effectivement Te sort qui avait été jeté
confidence, engagea le vieux berger à écrire à sur Tes chevaux et surles vaches; il le leva et
sonfils une lettre par laquelleil luimandait d'al- le jeta au feu, en présence du fermier el de ses
ler trouver Bras-de-Fer, pour le prier de lever domestiques. Mais à l'instant il parut chagrin,
le sort, et lui défendait surtout de dire à Bras- témoigna du regret de ce qu'il venait de faire et
de-Ferqu'il fût condamné et emprisonné, ni que dit que le diable lui. avait révélé que c'était
c'était lui, Hocque, qui avait posé ce sort. Hocque, son ami, qui avait posé le sort en cet
Celle lettre écrite, Hocque s'endormit. Mais à endroit, et qu'il était mort à six lieues de Pacy,
son réveil, les fumées du vin étant dissipées, et au.moment où ce sort venait d'être levé....
réfléchissantsur ce qu'il avait fait, il poussa des En effet, par les observations qui furent faites
cris et des hurlements épouvantables, se plai- au château de la Tournelle, il y a preuve qu'au
gnantque Béatrix l'avait trompé et qu'il serait même jour et à la même heure où Bras-de-Fer
causede sa mort. Il se jeta en même temps sur avait commencé à lever le sort, Hocque, qui
'ni et voulut l'étrangler, ce qui excita les autres était un homme des plus forts et des plus ro-
forçatscontre Béatrix , en sorte qu'il fallut que busles, élait mort en un instant dans des con-
'e commandant de la Tournelle vînt avec ses vulsions étranges, et se tourmentant comme un
gardespour apaiser ce désordre et tirer Béatrix possédé, sans vouloir entendre parler de Dieu ni
de leurs mains. de confession....
Cependant la lettre fui envoyée au seigneur, Bras-de-Fer avait élé pressé de lever aussi le
fll|i la fit remettre à sou adresse. Bras-de-Fer sort jeté sur les moulons, mais il dit qu'il n'en
V|nlà Pacy, entra clans les écuries, el, après ferait rien, parce qu'il venait d'apprendre que
avou' fait des figures et des imprécations, il ce sort avait été posé par les enfants de Hocque,
22
HOD — 338 — -HOL
et qu'il ne voulait pas les faire mourir comme horrible forfait. La peste s'y déclara , et les cou-
leur père, Sur ce refus, le fermier eut recours pables errèrent vainement de port en port, of-
aux juges du lieu. Bras-de-Fer, les deux fils et frant leur riche cargaison pour prix d'un asile.
la fille de Hocque furent arrêtés avec deux au- On les repoussait partout, de peur de la conta-
tres bergers, leurs complices, nommés Jardin et gion. Les matelots disent que Ta Providence,
le Petit-Pierre ; leur procès instruit, Bras-de-¬ pour perpétuer le souvenir de ce CMlimeiU,
Fer, Jardin et le Pelit-Pierre furent condamnés à permet que le Hollandais errant apparaisse en-
être pendus et brûlés, et les trois enfants de core dans ces mers où la catastrophe eut lieu.
Hocque bannis pour neuf ans4....: y Celte apparition est considérée comme un mau-
vais augure par les navigateursd.
"'Le Hollandais errant, sujet de beaucoup de
traditions, s'appelle aussi le Voltigeur hollandais.
Hollere, magicien danois qui s'était acquis,
au treizième siècle, la réputation d'un hommeà
miracles, et qui n'était qu'un sorcier adroit.
Pour "passer la mer, il se servait d'un os gigan-
tesque, marqué de quelques charmes et carac-
tères magiques. Sur ce singulier esquif, il traver-
sait l'Ociéâri comme s'il eût été aidé devoilesel
poussé par les vents. Il fût maltraité parles
autres sorciers, ses envieux, -qui l'obligèrent à
quitter le pays 2.
Holzhauser (Barthélémy), pieux allemand,
né-en 1613, célèbre par des visions sur les-
quelles nous ne saurions; nous prononcer \ cl
qui sont admises comme respectables. Sa vie a
été publiée, en 1836, par M. l'abbé Tresvaux,
qui l'avait traduite de l'Italien.
Homme. Il paraît qu'il n'y a que l'homme à
qui la nature ait donné une figure droite et la
faculté de contempler les" deux. Seul parmi les
.Bras-dc-Fcr animaux il a l'épine du dos et l'os de la cuisse
en ligne droite. C'est un fait, dit Arislole, que
Hodeken. Voy: HECDEKIN. si l'homme est le seul à qui il arrive des illusions
Hoffmann. Célèbre auteur allemand de con- nocturnes, c'est parce qu'il n'y a proprement
tes nocturnes ou fantastiques, et d'autres écrits, que lui qui se couche sur le dos, c'est-à-dire de
où le surnaturel a une place très-originale. manière que l'épine et la cuisse fassent une
Holda. La holda était, chez les anciens Gau- ligne droite, et que l'une et l'autre, avec les bras,
lois, une espèce de sabbat nocturne, où des soient parallèles à l'horizon. Or,;les animaux ne
sorciers faisaient leurs orgies avec des démons peuvent pas se coucher ainsi,:: quoique leur
transformés en danseuses. Voy, BIÏNSOZIA. On
épine soit parallèle à l'horizon:, leurs épaules
parle encore en Allemagne de holda, la bonne sont détournées et forment deux angles.
jileuse (sorte de fée qui remplace, dans les opi- Lisez Hérodote, Philarque et autres, histo-
nions populaires, une divinité antique). Elle riens, vous verrez qu'il existe des contrées fa-
visite sans être vue la maison du laboureur, elle buleuses où les hommes ont. une tête de dogue
charge de laine les fuseaux des ménagères dili- ou de bichon, des pays où ils n'ont qu'un oeil,
gentes et répand l'abondance autour d'elle 2. d'autres où ils n'ont qu'un pied, sur lequel ils
Mais dans d'autres contrées, holda est la reine sautent, de sorte que quand ils veulent courir,
des sorcières. ils sont obligés de se mettre deux et de se tenir
Hollandais errant. C'est un vaisseau fantas- par le bras ; d'autres enfin où ils n'ont point de
'
tique qui apparaît, dit-on, dans les parages du tête, etc. '. . ".
cap de Bonne-Espérance. Ce vaisseau déploie
toutes ses voiles lorsque aucun navire n'oserait 1 Waller Scoll, Malhilde de Rokeby, chant nc-
2 Jugements de Dieu, de Chassanion, p. 114-
en risquer une seule. On esl partagé d'opinions 3 Bioqraphia venerabiUs servi Dei Jlariholoman
sur la cause de ce la version la
prodige; d'après Holzhauser, etc., Bambergoe, 4784, iii-8". Accedunt
plus répandue, c'était, dans l'origine, un navire cjusdem in Apocalypsim commentant plane admira-
richement chargé à bord duquel se commit un biles. — Visionesvenerabilis servi Dei Barlholonw aclejus
Holzhauser, etc., digna oeui nostri memoriain-8".
1 Le commissaire Delamarre, Traité de la police. Riographiam appcnàix, Bambergoe, 4793,
-M. Ozanam, Do l'établissement du christianisme 4'M. Saignes, Des erreurs et des préjugés, I-.i,
en Allemagne. p. 40.
HOM -r 339 HOM
Homme noir. L'homme noir qui promet aux faits? Je l'avais prié de m'amener la femme, et
pauvres de les faire riches s'ils veulent se don- lu viens ici avec la mère de 'Dieu, ' qui-va-me
ner à lui, n'est autre que le diable. — On lit ce renvoyer aux enfers ! » Le diable dut, en effet se
quisuit dans la Légende dorée:— Un chevalier retirer, Lé chevalier éperdu se jeta à genoux de-
qui dépensait sa fortune en libéralités, devint vant Notre-Dame, et retourna à l'église où sa
pauvre et tomba dans une grande trislesse. Oc- femme dormait encore, Les deux époux, ren-
cupé de ses chagrins, il s'égara dans une soli- trèrent chez eux; ils se dépouillèrent,desj ri-
tude; il y vit un homme noir, d'une; taille haute, chesses' qu'ils tenaient du- diable; mais-ils-n'en
monté sur un beau cheval. Ce cavalierlui de- furent pas plus pauvres, parce qu'ils reçonnur,
mandala cause de sa douleur,: et quand il l'eut rent que les biens matériels ne sont pas les vraies
'
apprise, il lui dit : « SI vous voulez me rendre richesses -. .. : • , .
hommage., je vous donnerai plus de richesses Le père Abram rapporte l'anecdote suivante,,
quevous n'en avez perdu. » Le chevalier promit dans son histoire manuscrite de l'université de
à l'étranger de faire ce qu'on, exigerait, « Eh Pont-à-Mousson : <<; Un; jeune garçon de bonne:
bien! reprit le diable (car c'était lui), retournez famille, niais peu-fourni d'argent, se mit à. servi r
à votre maison, vous trouverez dans tel endroit dans l'armée parmi les: valets. De là ses -parents,
de grandes sommes d'or et une quantité de l'envoyèrent aux, écoles ;.maisne sîaccqmiiioclant:
pierres,précieuses. Quant à l'hommage.:que j'at- pas de .rassujettissenient que demandent.,lés
lends de vous, c'est que vous ameniez votre études, il résolut de: retourner: à- son. premier
femmeici dans un an.» Le chevalier s'engagea, genre de vie. En chemin il rencontra un hpmuie
regagnasa maison, trouva les trésors indiqués, vêtu de soie noire-, mais deimauvaise mine, qui
reprit son habitude de largesses, et à la fin de lui demanda: où il allait et pourquoi ilavait -l'air.
l'année,'il,songea à Tenir ce qu'il: avait promis. triste ?—- Je suis,, ajouta-t-.îl:,',eii état de vous.
11appela sa femme. « Vous allez- monter à che- mettre à votre aise, si, vous; voulez vous donner
valet venir avec moi „!ui-dil-il,, nous avons un à moi. Le jeune homme .croyant qu'il parlait de
voyageà faire. » C'était une dame pieuse, qui l'engager à son service .lui demanda un moment
avaitgrande dévotion à la sainte Vierge. Elle fit pour y penser. Mais,, commençant à se défier
saprière et suivit son mari sans-demander où des magnifiques promesses que l'étranger; lui
illa conduisait. Après avoir '-.marché,une heure," faisait, il le considérade plus près, et ayant re-
les deux époux rencontrèrent une église. La marqué qu'il: avait le pied gauche fendu comihei
damevoulant y entrer, descendit de cheval ; son celui d'un boeuf, il fut saisi de frayeur, fit le.
maril'attendit à Ta porte. A peine fut-elle dans signe delà.croix el invoqua le nom de Jésus, Le
l'églisequ'elle s'endormit; la sainte Vierge ayant speclre; s'évanouit. Trois jours après,Ta môme
pris sa figure, rejoignit le chevalier et partit ligure lui apparut de nouveau et lui demanda
aveclui au rendez-vous. Lorsqu'ils arrivèrent au s'il avait pris sa résolution? Le jeune homme
liendésigné, ledjmoh y parut avec fracas. Mais répondit qu'il n'avait pas besoin de maître..
enapercevant iaVdanïë;
que le chevalier lui ame- L'homme noir, jeta à ses pieds une bourse pleine
d'écus, dont quelques-uns paraissaient d'or et
nouvellement frappés. Dans la même bourse il y.
avait une poudre que le spectre disait très-sub-
tile. Il lui donna ensuite des conseils abomina-
bles et l'exhorta à renoncer à l'usage de l'eau
bénite et à l'adoration de l'hostie. Le jeune
homme eut horreur de ces propositions; il fît le
signe de la croix sur son coeur, et en même
temps il se sentit jeté si rudement contre terre
qu'il y demeura une demi-heure. S'élautrelevé,
il retourna chez ses parents, fit pénitence et
changea de conduite. Les pièces qui paraissaient
d'or et nouvellement frappées, ayant été mises
au feu, ne se trouvèrent être que du cuivre. »
Ainsi, bonnes gens, défiez-vous de l'homme noir.
Homme rouge, — démon des tempêtes. « La
nuit, dans, les affreux déserts des côtes de la
Bretagne, près Sainl-Paul-de-Léon 2, des fan-
tômes hurlants parcourent le rivage. L'homme
rouge en fureur commande aux éléments el pré-
1 Voyez, dans les Légendesinfernales, la légende
il Lrembla. -c Homme perfide, s'écria-t-il,
n;'iL> du Sire de Champ-Fleury.
csl-ceainsi que tu devais reconnaître mes bien- 2 Cambry, Voyagedans le Finistère, 1.1.
- 22
HON 3ÙÔ HOR
cipite dans les ondes le voyageur qui trouble ses quent jamais d'être accompagnées des mugisse-
secrets et la solitude qu'il aime. » On a cru un ments du Horey. Ce bruit ressemble au son le
moment dans le peuple qu'un petit homme rougé plus bas de la voix humaine. Il se fait entendre
mystérieux avait apparu à Napoléon I,Tpour lui à peu de distance et cause une frayeur extrême
annoncer ses revers. aux jeunes gens. Dès qu'il commeuce, les nègres
• Hongrois. Voy. OGRES. préparent des aliments pour le diable et les lui
Honorais. Voy. GBIMOIIIÉ. : portent sous un arbre. Tout ce qu'on lui pré-
Hopkihs, juge anglais qui, du lémps de Char- sente est dévoré, dit-on, sur-le-champ, sans
lesTori fit mourir une multitude de malheureuses qu'il en reste un os. Si la provision ne lui suffit
accusées de sorcellerie. 11continua ses fonctions pas, il trouve le moyen d'enlever quelque jeune
sous le long parlement, et Grey rapporte qu'il homme non encore circoncis. Les nègres pré-
possédait une liste de trois mille personnes sup- tendent qu'il garde sa proie dans son ventre, et
pliciées en ce temps-là, le plus grand nombre par que plusieurs jeunes gens y ont passé jusqu'à
ce juge qui se croyait doué d'un talent sans pareil dix ou douze jours. Après sa délivrance, la vic-
pour deviner les sorcières. Jamais l'Église ca- time qui a été avalée demeure, muette autant de
tholique n'eût souffert ces abominations. Cet jours qu'elle en à passé dans le ventre du diable.
homme faisait avouer, par des tortures de Les nègres parlent avec effroi de cet esprit ma-
cinq à -six jours, tout ce qu'il voulait. lin , et l'on ne peut qu'être surpris de la con-
ÎNousempruntons quelques détails sur lui à de. fiance avec laquelle ils assurent avoir été non-
curieuses recherches publiées par le Droit: seulement enlevés, mais avalés par ce monstre.
« Un certain Matthew Hopkins fut nommé Hornock, docteur suédois, qui raconte avec
recliereheur de sorcières (witch fmder) polir complaisancele supplice de soixante-deux fem-
quatre comtés, et dans l'espace d'un an, dans là mes et de quinze enfants, accusés d'avoir été an
seule ville d'Essex, il ne fit pas pendre moins de sabbat et d'y avoir soigné le diable, qui s'y trou-
soixante malheureuses femmes. Ce misérable pré- vait malade.i.. Ce spectacle, car il donne ce
tendait avoir acquis une expérience infaillible nom, à l'exécution d'une pareille sentence, eut
pour les reconnaître à de certaines taches sur la lieu le 25 août 1672, « par un temps superbe, »
peau , certains signes, certaines veines qu'il re- Horoscopes. Un maréchal ferrant de Beau-
gardait comme autant de létines pour allaiter de vais avait fait tirer l'horoscope de-son lils. L'as-
petits démons. Son épreuve favorite était celle trologue , après avoir examiné les divers aspccls
de l'eaii. Si les sorcières prétendues revenaient
à la-surface de l'eau et nageaient, il les déclarait
coupables, les faisait retirer de l'eau et brûler;
si au contraire elles enfonçaient, elles étaient
simplement noyées, mais leur innocence était
reconnue. Cette épreuve venait peut-être d'une
parole fort sage que sa Très-Sacrée Majesté le
roi Jacques avait souvent à la bouche, à savoir
que, comme quelques personnes avaient renoncé
aux avantages de leur baptême par l'eau, de
même l'eau refusait à son tour de les recevoir
dans son sein.
« A la fin Hopkins, ce qui est assez original,
devint lui-même suspecl de sorcellerie ; on lui
fit subir l'épreuve qu'il avait souvent fait subir
aux autres ; il eut la maladresse de nager} il fut
tout naturellement déclaré coupable, pendu et des astres, découvrit que l'enfant élait menacé
brûlé vif. ' de mourir à quinze ans d'un coup de tonnerre.
« 11ne fui pas le seul rechercheur de sorcières ; 11 désigna en même temps le mois, le jour cl
bien d'autres se mêlèrent de ce métier, qui ne l'heure où l'événement devait avoir lieu; maisil
laissait pas que d'être lucratif, puisqu'il leur ajouta qu'une cage de fer sauverait le jeune
procurait vingtschellings (25 francs) par chaque homme. Quand le temps arriva, le père chercha
exécution. » comment la cage de fer pourrait éviter à son fils
Hoppo, maître sorcier el vrai coquin, qui fui une mort si prématurée ; il pensa que le sensde
poursuivi à Berne. Il élait de la secte des Loi- l'oracle était probablement d'enfermer ce jour-la
lards et faisait des disciples. Nous ignorons sa fin. son enfant dans une cage de fer bien fermée. H
"
Horey, nom que les nègres de là côte occi- se mit à travailler à la construction de cetle cage
dentale d'Afrique donnent au diable, qui n'est sans en parler à personne. Le moment arriva.
sans doute qu'un nègre aposlé par les mara- Une nuée paraissait se former dans le ciel, et
bouts. Les cérémonies de la circoncision ne man- »
justifiait jusqu'alors le dire de l'astrologue.
HOR 3&1 — HOR
appelladonc son fils et lui annonça que son étoile forme, et tout différents pour les .présages. Les
le condamnai t. à être tué du tonnerre, un peu personnes qui se trouvent ici nées avec le plus
avant midi, s'il n'avait heureusement trouvé le heureux naturel, seront ailleurs des êtres abo-
moyende le soustraire à sa mauvaise planète ; il minables. Les astrologues ont fondé leurs oracles
le pria d'entrer dans la cage de fer. Le fils, un sur le caprice de leur imagination,.et chacun
peu plus instruit que son père, pensa que, d'eux nous a donné les.passions qui se sont ren-
loin de le garantir du'tonnerre, cette cage ne contrées sous sa plume au moment où il écri-
servirait au contraire qu'à J'attirer ; il s'obstina vait. Qui croira aux présages de sa constellation,
à rester dans sa chambre, où il se mit à réciter devra croire aussi à tous les pronostics de -l'ai-.
l'Évangile de saint Jean. Cependant'les nuages manach journalier, et avec plus de raison encore,
s'amoncellent, le temps se couvre, le tonnerre puisque les astres ont sur la température une
gronde, l'éclair brille, la foudre tombe sur la influence qu'ils n'ont pas tant sur nous. Enfin,
cagede fer et la réduit en poudre. Le maréchal si la divination qu'on va lire était fondée, il n'y
surpris bénit pour la première fois le cield'avoir aurait dans les: hommes et dans les femmes que
renduson fils désobéissant, et vit toutefois l'ora- douze sortes de naturels, dès lors que tous ceux
cleaccompli. Du moins tel est le conte, Voy. qui naissent Sous le même signe ont les mêmes
ASTROLOGUES. passions et doivent subir les mêmes accidents ;
Horoscopes tout faits, ou moyen de con- et tout le monde sait si: dans les millions de mor-
naître sa destinée, par les constellations de la tels qui habitent la surface du globe, il s'en
naissance; Nous empruntons ces plaisanteries, trouve souvent deux dont les destinées et les
quiont élé si sérieuses pour nos- pères, et que caractères se ressemblent/
l'Églisea toujours combattues, aux divers livres 1° La Balance. (C'est la balance de Thémis
surla matière, traitée par Jacques dé Hagen et qu'on a mise au nombre des constellations. Elle
parcent autres, du ton le plus grave. Les ail- donne les procès.) La Balance domine dans le
leurs cpii ont écrit sur leshoroscopes ont établi cieldepuis le 22 septembre jusqu'au 21 octobre.
plusieurssystèmes semblables à celui-ci pour la — Les hommes qui naissent dans cet espace de
colères, sera médisante dans sa^vieillisse et ju- les courses et les voyages, et ne cherchera pas
gera sévèrement les femmes. Elle se mariera de beaucoup à augmenter sa fortune; cependant il
lionneheure el aura beaucoup d'enfants. • " ne s'appauvrira point. 11sera rusé, gai, enjoué;
8° Le 'Taureau. (C'est le taureau dont Jupiter il aura des dispositions polir les arts.—La femme
prit la forme pour enlever Europe, et cpii fut mis qui naît sous cette constellation est aimante et
au nombre des constellations. U donne la har- belle. Elle aura le coeur doux et simple. Elle
diesseet la force.) Le Taureau domine d'ans le négligera peut-être un peu trop ses affaires* Les
cieldu 22 avril au 21 mai. — L'homme qui naît beaux-arts, principalement le dessin et la mu-
souscelle constellation est audacieux; il aura des sique, auront beaucoup de charmes pour elle.
ennemis qu'il saura mettre hors d'état de lui 10° L'Ècrcvisse. (C'esl le cancer ou l'écrevisse
nuire. Le bonheur ne lui sera pas étranger. 11 qui piqua Hercule tandis qu'il tuait l'hydre du
voyagera dans des pays lointains. Sa vie sera marais de Lerne, et qui fut mise au nombre des
longueet peu sujette aux maladies. — La femme constellations. Elle donne les désagréments. )
quinaît sous celte constellation est douée de force L'Écrevisse domine dans le ciel du 22 juin au
et d'énergie. Elle aura du courage ; mais elle sera 21 juillet. — Les hommes qui naissent sous cette
violenteet emportée. Néanmoins elle saura se constellation sont sensuels. Ils auront des procès
plierà son devoir et obéir à son mari. On trou- et des querelles, dont ils sortiront souvent à leur
vera dans cette femme un fonds de raison et de avantage; ils éprouveront de grands périls sur
l»n sens. Elle parlera pourtant un peu trop. Elle mer. Cet horoscope donne ordinairement un pen-
seraplusieurs fois veuve et aura quelques en- chant à la gourmandise ; quelquefois aussi de la
fouis, à qui elle laissera des richesses. prudence, de l'esprit, une certaine dose de mo-
9° Les Gémeaux. ( Les Gémeaux sont Castor et destie. — La femme qui naît sous cetle constel-
rollux qu'on a mis au nombre des constellations. lation est assez belle, active, emportée, mais
Us donnent l'amitié. ) Les Gémeaux dominent facile à apaiser. Elle ne deviendra jamais très-
dansle ciel du 22 mai au 21 juin. — Celui qui grasse ; elle aimera à rendre service, sera timide
"aîl sous cetle constellation aura un bon coeur, et un peu trompeuse.
une belle figure, de l'esprit, de la prudence et 11° Le Lion. (C'est le lion de la forêt de Né-
de la générosité. Il sera présomptueux, aimera mée, qu'Hercule parvint à étouffer, et qui fut
HOR m HOR
mis au nombre des constellations. Il donne le vant il les aura cherchés longtemps. 11aura de
courage. ) Le Lion domine dans le ciel du 22 juillet gros mollets. — La femme qui naît sous cette
au 21 août. — Celui qui naît sous celte constel- constellation sera vive, colère et hardie. Elle
lation est brave, hardi, magnanime, fier, éloquent gardera rancune. Elle parlera beaucoup, et ses
et orgueilleux. Il aime la raillerie. Il sera souvent paroles seront souvent amères. Au reste, elle
entouré de dangers; ses enfants feront sa conso- sera belle ; elle aura la tête grosse. — Qu'elle se
lation et son bonheur. U s'abandonnera à sa co- tienne en garde contre l'eau bouillante et le feu.
lère et s'en repentira toujours. Les honneurs et Elle sera sujette aux coliques d'estomac. Elle
les dignités viendront le trouver; mais aupara- aura peu d'enfants.
12° La Vierge. (C'est Astrée qu'on a mise au livre intitulé Bibliothèque magique, ou la magie,
nombre des constellations. Elle donne la pudeur.) la théurgie, la nécromancie, etc. Nous y avons
La Vierge domine dans le ciel du 22 août au trouvé quelques faits.
21 septembre. — L'homme cpii naît sous cetle Hortensius (Martin), célèbre professeur de
constellation est bien fait, sincère, généreux, mathématiques à Amsterdam, donnait dans les
spirituel, aimant" les honneurs. Il sera volé. Il ne petitesses de l'astrologie. Dans un voyage qu'il
saura garderie secret des autres ni le sien. 11 fit en Italie, il voulut se mêler de faire son ho-
aura de l'orgueil, sera décent clans son maintien, roscope, et dit à deux jeunes Hollandais de sa
dans son langage, et fera du bien à ses amis. U compagnie qu'il mourrait en 1639, et que pour
sera compatissant aux maux des autres. Il aimera eux ils ne lui survivraient pas longtemps. Hmou-
la propreté el la toilette. — La femme qui naît rut en effet l'été de cette année-là. Les Hollan-
sous cette constellation sera chaslc, honnête, ti- dais en furent si frappés, que l'un d'eux mourut
mide, prévoyante et spirituelle. Elle aimera à bientôt après, et que l'autre qui élait fils de Da-
faire et à dire du bien. Elle rendra service toules niel Heinsius, était devenu si languissant, qu'au
les fois qu'elle le pourra; mais elle sera un peu rapport de Descartes, qui fait mention de celle
irascible. Cependant sa colère ne sera ni dange- aventure, il semblait faire tout son possible pour
reuse ni de longue durée... ne pas démentir l'astrologue 1.
On peut espérer que le lecteur ne s'arrêtera à Hortilopits (Jeanne), sorcière du pays de
celte ridicule prescience, que pour se divertir un Labour, arrêtée comme telle en 1603, dès l'âge
instant. de quatorze ans, et châtiée pour avoir été an
Horst (Conrad), conseiller ecclésiastique du sabbat.
grand duché de Hesse, a publié en allemand un 1 Baillet, Viede Descartes.
HOU —- 345 HRA
Houille. Le charbon de terre qui se trouve çoive distinctement en se permettant celte dé-
dans le Hainaut et dans le pays de Liège, et que bauche, est celle-ci: un grand coup de bâton
que l'on y brûle communément, porte je nom de qu'on vous assène surla nuque ; c'est l'initiation,
houille, à cause d'un certain maréchal nommé et il faut convenir qu'elle est parfaitement turque.
l>rudhomme-lc-Houilleux, qui, dit-on, en fit la Mais la transition de l'état normal à l'extase con-
première découverte au onzième siècle ; et'des siste à sentir sa tête se détacher doucement du
doctes assurent qu'un fantôme, sous la figure corps et prendre une vie joyeusement séparée de
d'un vieillard habillé de blanc, ou sous celle ce grossier amas de-matières qu'elle n'a plus be-
d'un ange, lui montra la première mine et dis- soin de gouverner. La tête se soutient enT'air
parut. d'une façon fantastique, comme celle des chéru-
D'autres contes populaires font intervenir un bins dans les églises au milieu des nuages; après
gnome ou un gobelin dans la découverte de la quoi tout est bouleversé, et le désordre s'empare,
houille, qui eut lieu au douzième.siècle, selon de l'esprit, plus pu moins, selon les tempéra-
les uns, au onzième, selon d'autres, mais qui est ments et en raison de l'habitude.
1 » A la bastide de M. R..., eut lieu une scène
beaucoup plus ancienne ; car il en esl question
dans Job. ..-.'... comique et douloureuse à la fois ; sitôt que ces
Houmani, génie femelle qui gouverne la ré- messieurs arrivèrent a cette période de l'influence
giondes astres chez les Orientaux., Voy. SCHADA- du hrachich, M.B... lui-même, jeune homme connu
SCHIVAOUN. par sa gaieté expansive el franche, et par une
Houris, vierges merveilleuses du paradis de organisation ardente, se prit à pleurer et à san-
Mahomet; elles naîtront des pépins de toutes lès gloter dans d'effrayantes convulsions; M. V...
oranges servies aux fidèles croyants dans ce sé- d'une cpmplexion délicate et nerveuse, se crut
jour fabuleux. Il y en aura de blanches, de jaunes; mort; il: s'étendit: sur le plancher et croisa ses
de vertes el de rouges. Leur crachat sera néces- mains sur sa poitrine; il lui semblait qu'on l'avait
sairement parfumé. placé sur un catafalque noir dans une chapelle
Hrachich, matière enivrante qui produit des ardente; il entendait les chants des moines, et à
hallucinations singulières. Sa préparation n'est travers cela les coups de marteau qui clouaient
pas un secret; les Arabes nous ont appris que ce le cercueil dans lequel il élail renfermé. Un autre
qui causait l'ivresse n'était autre chose que de la se persuada qu'il avait des ailes, il s'élança hors
graine et de la racine de chanvre infusées, qu'on de la chambre, et franchissant les degrés comme
faitbouillir dans du beurre, et dont on forme une un oiseau, il alla se poser sur la table du salon
friandiseen la mêlant avec du sucre, des amandes au rez-de-chaussée. A cette table dînaient plu-
oudes pistaches. On le vend en tablettes grandes sieurs dames de la famille de M. B..., qu'on
commela,main, et la moitié suffit pour procurer n'avait pas voulu, par convenance, rendre té-
l'ivresse. Oii le prend aussi en liqueur.. Voici une moins des effets du hrachich. Qu'on se figure le
anecdote qui a été racontée dans le Sémaphore désastre !.... les plais, les-cristaux, les bouteilles
deMarseille : renversés et brisés, et l'effroi de ces dames!...
« Quatre jeunes gens de notre ville ont voulu Force fut d'aller chercher du secours dans le
ces jours derniers, à leurs risques et périls, s'ex- voisinage. Les amis arrivèrent de tous côtés'et
périmenter siir le hrachich ; mais leur curiosité a on parvint, à grand'peine, à maîtriser les plus
faillileur être funeste. On s'était réuni dans une furieux.
bastide des environs de Saint-Loup; M. B..., » Il serait Irop long d'entrer dans le récit dé-
négociant d'Alexandrie, fournissait le hrachich, faille du drame qui se déroula bien avant dans la
et aidait de ses .conseils l'inexpérience de ses nuit chez M. B... Il suffit de savoir
que ces mes-
trois compagnons. Avant toute chose, on prit sieurs furent livrés durant leur
longue excitation,
du café, du café ordinaire, el on mit dans chaque aux
conceptions les plus folles, aux fantaisies les
lassedeux ou trois morceaux de sucre raffiné tout
plus bizarres, aux féeries les plus élincelanles.
simplement; puis on passa au hrachich. Chaque A les voir dans l'état où ils étaient, lous les as-
convive avala courageusement sa cuillerée ; le sistants consternés les croyaient pour jamais pri-
poisonn'était pas mauvais au goût, au contraire, vés de la raison. Le jeune négociant d'Alexandrie,
il fut trouvé fort agréable; immédiatement après avait une mince lueur de perception au sein
cpii
en se mit à table, et ce ne fut que vers la fin du du désordre
général, gémissait au fond de l'âme
repas que se manifestèrent chez nos amis de du triste résultat de la partie, et craignait de les
vrais symptômes de désorganisation cérébrale, avoir
empoisonnés tout de bon. Cependant deux
précurseurs des hallucinations étranges qui al- d'entre eux en ont été quittes pour cinq ou six
laient bientôt les assaillir.
jours de douleurs de têle, sans compter l'atonie
" La première impression physique qu'on re- morale
qu'ils n'ont pas encore tout à fail secouée ;
M. V... seul se trouva beaucoup plus fatigué que
'
Voyezla légende du bouilleur, dans les Légendes les autres. Une véritable congestion cérébrale a
"Mesprits et des démons. misses jours en danger, et il ne s'en est tiré que
HUA 346 HUE
grâces aux soins empressés du docteur Cauvière, Hudemuhlen, château de Lunebourg, qui feu
qui l'a tout de suite saigné abondamment; » infesté au temps de la réforme par,un lutin qui
Quand on est dans des dispositions de gaieté se disait chrétien, mais qui paraissait peu catho-
et de bonheur; dit M. Granal, le hracliicli pris, lique. 11 chantait sans se montrer, el frappait
-en dose raisonnable, vous promène à travers les comme les esprits dé nos jours. "
mille et mille caprices de l'imagination la plus Huet (Pierre-Daniel), célèbre évêque d'A-
riche ; je crois qu'on y acquiert la perception vranches, mort-en* 1721. — On trouvé ce qui
d'un monde invisible, de ce inondé de fées et suit dans le Hueliana, ou Penséesdiverses de
de génies que nos- yeux ne peuvent- voir dans M. Huet, évêque clAvranchès1* ,: touchant les
l'état naturel. On ne connaît pas l'auteur des broucolaques et les tympaniles des îles de l'Ar-
Mille et une Nuits, je crois le tenir; c'est, j'en chipel. « C'est une chose assez' étrange que ce
suis sûr, lé hrachich en personne. J'ai vu peu dé qu'on rapporte des broucolaques dés îles de
cas de sombre fureur ; quelquefois des accès de l'Archipel. On dît que. ceux qui, après une mé-
colère très-passagers, le plus souvent la gaieté chante vie, sont morts dans- le péché, paraissent
la plus folle. J'ai retenu une seule fois, un hrd- en >divers lieux avec la même figure :qu'ils por-
chàch (preneur de hrachich) qui, se croyant oi- taient pendant leur vie ; qu'ils font souvent du
seau , voulait s'en Voler de la fenêtre sur un arbre désordre parmi les vivants, frappant les uns,
dii jardin, Il avait dénoùéles deux bouts dé sa tuant les autres ; rendant quelquefois des services
ceinture de soie, el, les tenant dans ses mains, 11 utiles, et donnant toujours beaucoup d'effroi. Ils
s'écriait : « Je suis oiseau, de paradis, je vais ' croient que ces corps sont abandonnés à la puis-
m'envoler. » Heureusement, oïl mit l'oiseau' en sance du dém'oli^'quï les'conserve, les anime et
cage ; un autre entendait le langage des serpents, s'en- sert pour là; vexation des- hommes. Le Père
et, ce qui est plus fort, il Te parlait.; je n'en Richard, jésuite; employé aux missions de ces
compris pas un mot, bien,que je fusse monté à îles;ll y a environ cinquanlé'ans, donna au public
son diapason. Il paraîtra extraordinaire queTes une relation de l'île de Sainl-Erini ou clé Sainte-
individus dans cette situation ne se méprennent Irène, qui; était Ta Thera des anciens,, dont la
pas sur le compte les uns des autres ; ils se trai- fameuse Cyrôiïe fut une colonie, 11a fait un grand
tent de fous sans façon ; mais, si une personne chapitre de l'histoire des broucolaques. Il dil
dans son état de bon sens se nioque d'eux et les que", lorsque le peuple est infesté de ces appari-
contrarie, ils se fâchent, s'irritent, entrent.en tions, on va déterrer le corps, qu'on trouve en-
fureur ou tombent dans la trislesse. Sentir sa tête tier et sans corruption, qu'on le brûle, ou qu'on
se détacher du corps est encore un des effets du le met en pièces, principalement le coeur ; après
hrachich, mais ce.n'est pas-un effet nécessaire; quoi les apparitions cessent el le corps se cor-
il en esl qui senlent toujours leur tête sur leurs rompt 2. Le mot de Broucolaques vient du Grec
épaules. Dans une de ces parties, j'ai vu un cas moderne Bourcos qui signifie de la boue, et de
à peu près semblable. Un de mes amis s'écriait : Laucos qui signifie fosse, cloaque, parce qu'on
n Ne me louchez pas, je suis statue, vous allez trouve ordinairement, comme on T'assure, les
me briser ; et, quelqu'un l'ayant louché ; « Voilà tombeaux où l'on a mis ces corps, pleins de boue,
» qui est bien, dit-il; ma tête roule par ici, mes Je n'examine'point si les faits que l'on rapporte
» bras parla, mes jambes s'en vont chacune de sont véritables, ou si c'est une erreur populaire;
» leur côté, » mais il est certain qu'ils sont rapportés par tant
« J'ajouterai, dit encore M. Granal, que le d'auteurs habiles et dignes de foi, et par tant de
Vieux de la Montagne exaltait ses sectaires par témoins oculaires, qu'on ne doit pas prendre
l'emploi de cette drogue : de là le nom de hra- parti sans beaucoup d'attention. Il est certain
chachin, qui est le. pluriel de hrachach, qui veut aussi que"cette opinion, vraie-ou fausse, est fort
dire preneur de hrachich, d'où vient le nom fran- ancienne, et les ailleurs en sont pleins. Lorsqu'on
çais d'assassins. Auriez-vous pensé que ces mots avait tué quelqu'un frauduleusement el par sur-
assassiner, assassin, avaient une parenté quel- prise, les anciens habitants croyaient ôter au mort
conque avec le hrachich ? C'est pourtant la vé- le moyen de s'en venger en lui coupant les pieds,
rité. » les mains, le nez et les oreilles. Cela s'appelail
des
Huarts, lutins des forêts de Normandie; qui Acroteriazcin. Ils pendaient tout cela au cou
ont le cri du chat-huant, et qui huèrent Richard défunts, ou ils le plaçaient sous leurs aisselles,
sans: Peur, croyant l'effrayer. Ils sont de la suite d'où s'est formé le mot Mascalizein qui signifie
du démon Brudemort. la même chose. On en lit un témoignage exprès
Hubner (Etienne), revenant de Bohême. dans les Scholies grecques 5 de Sophocle. C'est
Plusieurs auteurs ont dit qu'il parut, quelque
' In-12, Paris, 1722.
temps après sa mort, dans sa ville, et qu'il em- 2 Relation de l'lie Santerini, par le P. Richard,
brassa même quelques-uns de ses amis qu'il ren- ch. XVIII.
contra 1. » VideEkct.,\. 448; Meursium in Lycophronem
1 Leiiglet-Dufresnoy,Dissertations, t. I. - p. 309 ; Slaideium in JEschil. Coeph.v. 437.
I-1UG — 347 — HUG
ainsi que fut traité par Ménélas Déiphobe, mari gulièrement à son corps les derniers devoirs.
d'Hélène, et ce fut en cet état qu'il fut vu d'Énée Sërvius' marque expressément que les âmes.dès
dans les enfers. morts (dans l'opinion des anciens) ne trouvaient
le lien de leur repos qu'après que le corps était
Alquehic Prianiidém laniatum corpore toto
.Dfeïphobum"vidit,la'cemm crudelitér ora, entièrement consumé. Les Grecs aujourd'hui sont
Ora, mahusque âmbas, populatâque tempora raptis encore persuadés que les corps des excommu-
Auribus, et truncas inlioneslo vulnere nares, niés île se-fCorrompèilt point,' mais s'enflent
« Suétone écrit qu'après la mort violente de comme Tin tambour et en expriment' le bruit
Caligula-,son corps: n'ayant été brûlé qu'à moitié quand on les frappe buqu'on les roule'Sur le
et enterré fort superficiellement-," la maison où pavé. C'est ce qui- lès fait appeler loupi ou tyni-
on l'avait tué et les jardins où il était mis en panites. » 1 •.''-.
terre furent inquiétés de spectres'.toutes lès Hiigôn, espèce de mauvais fantôme, àl'exis-
nuits, jusqu'à çé que cette maison fut brûlée," et tênce duquel le .peuple de Tours croit très-fer-
quèlés soelirs du défunt eussent" rendu plus ré- mement. , II: servait d'époiivailtàil aux -petits'-
enfants, pour qui il était une manière de Cro- présentant à lui, le plus apparent lui dit : Me
cpiemitaine. C'est de lui, dit-on, que les reformés connais-tu?—Non, répondit Hugues; qùipeux-lu
sont appelés huguenots, à cause du mal qu'ils être? —Je suis, dît l'homme noir, le puissant
faisaientet de l'effroi que semait leur passage au des puissants, le riche des riches; si tu veux
seizième siècle, qu'ils ont ensanglanté et cou- croire en moi, je le ferai vivre. Quoique ce ca-
vert de débris. pitaine eût été assez dérangé dans sa vie, il fit
Hugues, bourgeois d'Epinal. Voy. ESPRITS. le signe de la croix. Aussitôt'celle bande dedia-
Hugues le Grand, chef des Français, père bles se dissipa en fumée 2.
<'e Hugues Capet. Gualbert Radulphe rapporte 1 In Mneid., liv. IV, vers. 418
qu'il élait guetté par le diable à l'heure de la 2 Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions des
toort, Une grande troupe d'hommes noirs se esprits, liv. III, p. 273.
- HLT — 3/j8 — HUT
, Huile bouillante. Lés habitants de Ceylan parut après sa mort pour réclamer des prières 1.
et des côtes du Malabar emploient l'huile bouil- Humma, dieu souverain des Cafres, qui fait
lante comme épreuve. Les premiers n'y recou- tomber la pluie, souffler les vents, el qui donne-
rent que dans les affaires de. grande importance, le froid et le chaud. Ils ne croient pas qu'on soit
comme lorsqu'ils ont des procès pour leurs ter- obligé de lui rendre hommage, parce que, di-
res, et qu'il n'y a point de témoins. On se ser- sènt-ils, il les brûle de chaleur et de sécheresse
vait autrefois en Europe de l'épreuve par l'huile sans garder la moindre proportion.
bouillante'pour les causes-obscures. L'accusé Hunéric. Avant la persécution d'Hunéric, fils
mettait, le poing dans la"chaudière ; s'il le reti- de Genseric, roi des Vandales, qui fui si vio-
rait sans brûlure, il était acquitté. lente contre les catholiques d'Afrique, plusieurs
Huile de baume. « L'huile de baume, extraite signes annoncèrent, dit-on, cet orage. On aper-
du rnarc.de l'eau céleste, dissipera la surdité, çut sur le mont Ziqiien un homme de haute sta-
si: on en met dans les oreilles trois go ultes de ture, qui cri âi t à droite et à gauche : « Sortez,
temps en temps, en bouchant.lesdites. oreilles sortez. » On vit aussi à Carthage, dans l'église
avec du coton imbibé de ce baume. Il guérit de Saint-Fausle,. une grande troupe d'Éthiopiens
toute sorte de gale et de teigne les plus invété- qui-chassaient-les saints comme le berger chasse
rées, âpostèmes, plaies, cicatrices, ulcères ses brebis. Il-n'y eut guère de persécution d'hé-
vieux et nouveaux, morsures venimeuses de ser- rétiques contre lès catholiques plus forte que
pents, de scorpions, etc., fistules, crampes et celle-là 2,
érésypèles, palpitation de coeur et des au !reï HûriS- Les anciens .'historiens donnent à ces
membres, le tout par fomentation et emplâtre. peuples l'Origine la plus monstrueuse. Jornandès
Crollius en.fait tant d'estime,, qu'il le nomme raconte ?què Phllimer, roi des Golbs, entrant
par excellence huile mère de baume\» dans] es terres gétiques, n',y trouva que des sor-
Huile de talc. Le talc est la pierre philoso- cières d'une laideur affreuse; qu'il les repoussa
phale fixée au blanc. Nos anciens ont beaucoup loin de son armée; qu'elles errèrent seules dans
parlé de l'huile de talc, à laquelle ils attribuaient les, déserts,: où des déliions s'unirent avec elles.
tant de vertus que presque tous les alchimistes C'est de ce commerce infernal que naquirent les
ont mis en oeuvre tout leur savoir pour la com- Huns, si souvent appelés les enfants du diable.
poser. Ils ont calciné, purifié, sublimé le talc, et Ils étaient d'une difformité horrible; Les histo-
n'en ont jamais pu extraire, celtehuile précieuse, riens disent qu'à leurs yeux louches et sauvages,
— Quelques-uns entendent, sous cenom, l'élixir à leur figure torse, à leur barbede bouc, on ne
des philosophes hermétiques. pouvait s'empêcher de les reconnaître pour en-
Hu-Jum-Sin, célèbre alchimiste chinois qui fants de dénions. Besoldus prétend, après Ser-
trouva, dit-on, la pierre philosophale. Ayant tué vin, que le nom de.'Hum vient d'un mot lu-
un horrible dragon qui ravageait Te pays, Hu- desque, ou celtique, ou barbare, qui signifie
Jum-Sin attacha ce monstre à une colonne qui se puissants par la magie, grands magiciens. Bon-
voit encore aujourd'hui, et s'éleva ensuite dans naire dit, dans son Histoire de France, que les
le ciel. Les Chinois, par reconnaissance, lui éri- Huns, venant faire la guerre àCherebert, ou
gèrent un temple'dans l'endroit même où il avait Caribert, furent attaqués près de la rivière d'Elbe
tué le dragon. par Sigebert, roi de Metz-, et que les Francs fu-
Hulin, petit marchand de bois d'Orléans. rent obligés de combattre contre les Huns el
Étant ensorcelé à mort, il envoya chercher un contre les spectres dont ces barbares avaient
sorcier qui se vantait d'enlever toutes les mala- rempli l'air, par un effet de la magie ; ce qui ren-
dies. Le sorcier répondit qu'il ne pouvait le gué- dit leur victoire plus distinguée. Voy. Ocnns.
rir, s'il ne donnait la maladie à son fils qui était Huppe, oiseau commun, nommé par les Clial-
encore à la mamelle. Le père y consentit. La déens Bori, et par les Grecs Isan. Celui qui le
nourrice, ayant entendu cela, s'enfuit avec l'en- regarde devient gros ; si on porte les yeux cle la
fant pendant que le sorcier touchait le père pour huppe sur l'estomac, on se réconciliera avec
lui ô'ter le mal. Quand il eut fait, il demanda où tous ses ennemis. Enfin, c'est cle peur d'être
de
élait l'enfant. Ne le trouvant pas, il commença trompé par quelque marchand qu'un homme
à s'écrier ; -^- Je suis mort, où esl l'enfant? — précaution a sa tête dans une bourse ''.
Puis il s'en alla Irès-pileux ; mais il n'eut pas Hus, l'un des précurseurs de Luther. Il fil
plutôt mis les pieds hors la porte, que le diable faire des progrès à la confrérie occulte des sor-
le tua soudain. Il devint aussi noir que si on l'eût ciers.
noirci de propos délibéré ; car la maladie élait Hutgin, démon qui trouve du plaisir à obli-
restée sur lui 2. "
Humbert de Beaujeu. Geoffroi d'Iclen lui ap- 1 Voyez cette légende du purgatoire dans les Lé-
:de l'autre monde.
gendes
- Leloyer, Histoire des spectres, p. 272.
1 Le Petit Albert, p. 112. 3 De rébus gothicis.
2 Bodin, Démonomanie',p. 330. 4 Secrets d'Albert le Grand, p. 111.
HVE 3/|9 — HYD
eerlés hommes, se plaisant en leur société, dait au cou pour se défendre de Ta peste. De
répondant à leurs questions, et leur rendant ser-
plus, elle fortifiait le coeur, garantissait de la
vicequand il le peut, selon les traditions de. la
fondre el augmentait les richesses et les hon-
Saxe. Voici une'des nombreuses complaisancesneurs.
— Un Saxon.partant pour un
qu'on lui attribue : Hydraoth, magicien célébré par le Tasse : il
voyage, et se trouvant fort inquiet sur la con-
élait père du soudan de Damas et oncle d'Armide,
duite de sa femme, dit à Hulgin ; — Compa- qu'il instruisit dans les arts magiques '.
gnon, je te recommandé ma femme ; aie soin de Hydromancie ou Hydroseopie, art de préf
la garder jusqu'à mon retour. — La femme, aus--
dire l'avenir par le moyen de l'eau ; on en attri 1"
silôt cpie son mari fut parti, voulut se donner
bue l'invention aux Perses. Lès doctes en distin-
des licences; mais le démon l'en empêcha. Enfin
guent plusieurs espèces : 1° Lorsqu'à la suite des
le mari revint; Hutgiil courut au devant de lui et
invocations et autres- cérémonies magiques, on
luidit : — TU fais bien de revenir, car je com-
voyait écrits sur l'eau les nonis des personnes
menceà me lasser cle la commission que tu m'as'
ou dès choses qu'on désirait connaître; et ces
donnée. Je l'ai remplie avec toutes les peines du
noms se trouvaient écrits à rebours; 2° on se
se servait d'un vase plein d'eau el d'un anneau
inonde; elje te prie clene plus l'absenter, parce
que j'aimerais mieux garder tous les pourceaux
suspendit à un fil, avec lequel on frappait un
de la Saxe que la femme '. On voit que ce dé-
certain nombre de fois les côtés du vase; 3° on
monne ressemble guère aux autres. jetait successivement, el à de courts intervalles,
trois petites pierres dans ilne eau tranquille et
dormante, et, des cercles qu'en fornlaitla sur-
face , ainsi que de leur intersection, on tirait des
présages; h" on examinait attentivement lesdi-
vers mouvements et l'agitation des flots de la
mer. Les Siciliens et les Eubéens étaient fort
adonnés à cette superstition ; 5" on lirait des pré-
sages de la couleur de l'eau et des ligures qu'on
croyait y. voir. C'est ainsi, selon Vairon, qu'on
apprit à Rome quelle serait l'issue de la guerre
contre Milbridate. Certaines rivières ou fontaines
passaient chez les anciens pour être plus pro-
La Huppe, pres que d'autres à ces opérations; 6° c'était en-
core par une espèce d'hydromancie que nos
Hvergelmer, fontaine infernale. Voy, Nir- pères les Gaulois éclaircissaient leurs soupçons
L11KIM. sur la fidélité des femmes : ils jetaient clans le
Hyacinthe, pierre précieuse que Ion pen- Rhin, sur un bouclier, les enfanls dont elles ve-
Hyèiic.
"aient d'accoucher; s'ils surnageaient, ils les coupe ou une tasse, et, après avoir prononcé
enaienl pour légitimes, et pour bâtards s'il al- dessus certaines paroles, on examinait si l'eau
laient au fond 2 j 7° on remplissait d'eau une bouillonnait el se répandait par-dessus les bords ;
8n on mettait de l'eau dans un bassin de verre
J- Wierus, De proestigiis daim., etc.
Voyez, dans les légendes de l'histoire de France, 1 Delancre, Tabl, de l'inconstance des démons, etc.,
L'nefamillcgauloise avant César. liv. 1, p. 57.
HYE 350 ICI!
ou de cristal ; puis on y jetait une goutte d'huile, leur séjour, elle aperçut, attaché avec des chaî-
et l'on s'imaginait voir dans celte eau, comme nes de fer, sous le trône de Jupiter, un, homme
dans un miroir, ce dont on désirait,d'être instruit ; robuste, d'un teint roux, le visage tacheté de
9" les femmes des Germains pratiquaient une lentilles. Elle demanda à son guide quel était cet
neuvième sorte d'hydromancie, en examinant, homme ainsi enchaîné? 11 lui fut répondu que
pour y deviner l'avenir, les tours et détours et c'était le.mauvais destin de l'Italie et de la Sicile,
le bruit que faisaient les eaux des fleuves dans et que, lorsqu'il serait délivré de ses fers, il
les gouffres ou- tourbillons qu'ils formaient; causerait de grands maux, . Hyméra- s'éveilla
10° enfin, on peut rapporter à Lhydroinancie là-dessus, et le lendemain elle divulgua son
une superstition qui a longtemps été en,usage en rêve. ...
Italie. Lorsqu'on soupçonnait des personnes d'un Quelque temps, après, quand Denys,le Tyran
vol, on écrivait, leurs noms sur au tant de petits se fut emparé.du, trône de la Sicile, Hyméra le
cailloux qu'on jetait dans l'eau, Le nom du voleur vit entrer à Syracuse, et s'écria, que c'était
ne s'effaçait pas. Voy. ÔOMANCIE. CAGLIOSTHO, etc. l'homme qu'elle avait remarqué; si bien enchaîné
.Hyène. Les, Égyptiens croyaient que la hyène dans le ciel. Le tyran ayant appris celte singu-
changeait de sexe chaque année. On donnail le ; lière circonstance, fit mourir Ta songeuse '..
nom, de pierres, de la hyène à des pierres qui, au I Eynerfanger (Isaac), juif cabaliste du trei-
rapport.de Pline,: se trouvent dans le corps de j zième siècle > qui fut considéré comme un puis^-
la. hyène., lesquelles,, placées:sous la langue,, 'at- saut magicien.-. :.-. ..
tribuaient à celui qui les portait le don de.p.ré- Hypnotisme. C'est le nom qu'on a donné à
direl'avenir., ,-,-:. un.proeédé du cl.pcteiir Bràid (Anglais), lequel
Hyméra. — Une femme..cle. Syracuse , nom- ! consiste,.
au mo,yejidu sommeil nerveux ou ma-
mée-Hymér.a, eut un songe, pendantlequel elle gnétique,.à produire'', un état de catalepsie arti-
crut monter au ciel; conduite par un jeune [' ficielle, et permet ainsi, de faire des opérations
homme qu'elle ne connaissait point, Après qu'elle chirurgicales sans douleur: actuelle. On pourrait
eut vu tous les dieux et admiré les beautés de : expliquer par là quelques.faits de sorcellerie.
Ialysiens, peuple dont parle Ovide, el dont pour ceux qui tuaient un ibis, même parmégarde.
les regards avaient la verlu magique de gâter De nos jours, les Égyptiens regardent encore
tout ce qu'ils fixaient. Jupiter les changea en ro- comme sacrilège celui qui tue l'ibis blanc, dont
chers et les exposa aux fureurs des Ilots. la présence bénit, disent-ils, les travaux cham-
Iamen, dieu de la mort .chez, les.-Indiens. pêtres, et qu'ils révèrent comme un symbole
Ibis, oiseau d'Egypte, qui ressemble à la ci- d'innocence.
gogne, sauf le bec qui est un peu courbe. Quand Ihiis, le même qu'Éblis. Voy. 'CF..MOT.
Iehneumon i rat du Nil, auquel les Égyptiens
rendaient un culte particulier ; il avait ses prêtres
et sesautels. B.uffon,dit qu'il vit dans l'étal de
domesticité, et qu'il sert comme les chats à
prendre les. souris. II.est plus fort que le chat,
s'accommode- de tout, chasse aux oiseaux, aux
quadrupèdes, aux serpents et aux lézards. Pline
conte qu'il fait la guerre au crocodile, qu'il l'épie
pendant son sommeil, et que, si ce vaste reptile
est assez imprudent pour dormir la gueule ou-
verte , l'ichneumoii s'introduit dans son estomac
et lui ronge les entrailles. M. Denon assure que
c'est une fable. Ces deux animaux n'ont jamais
il met sa tête et son cou sous ses ailes, dit Kli en, rien à démêler ensemble , ajoule-l-îl, puisqu'ils
sa figure est à peu près celle du coeur.humain. n'habilent pas les mêmes parages. On ne voit pas
On dit que cet oiseau a introduit l'usage des la- de crocodiles dans la basse Egypte : on ne voit
vements, honneur qui est réclamé aussi par les pas non plus d'ichiieumons dans la haute 2.
cigognes. Les Égyptiens autrefois lui rendaient 1 Valère-Maxime.
lès honneurs divins, et-il y avait peine de mort 2 M. Salgues, Des erreurs, etc., t. III, p. 361.
ICI! 351 IDO
Ichthyomancie, divination très-ancienne qui qui. veulent passer pour des dieux et se faire
-
se pratique par l'inspection des entrailles des adorer par les hommes; i! faut les apaiser, de
poissons. Polydamas, pendant la guerre de Troie, peur qu'ils ne nous nuisent. Les uns, gais et en-
et Tirésias s'en sont servis. — On dit que les joués, se laissent gagner par des spectacles et
poissonsde la fontaine d!Apollon à Miré, étaient des jeux; l'humeur sombre des autres veut l'odeur
la graisse et se repaît des sacrifices san-
prophètes, et Apulée fut aussi accusé de les avoir de.
consultés1. glants, » ; - .-'• :
Ida, On voit dansla légende de la bienheureuse Ce qui est bien singulier, c'estqu'aujourd'hui
Ida de Louvain quelques, apparitions du diable-, ily;a,, à Birmingham, une fabrique d'idoles pour
qui cherche à la troubler et qui n'y -parvient les payons de l'Inde et cle la Chine. Voici un ex-
trait cle son curieux catalogue : — « Yameti, dieu
pas. (Rollandisles, 13 avril, ).:.,:
Iden (Geofiïoid). Voy. GEOFFROID. » de la mort, en cuivre fin, fabriqué avec beau*
Idiot. En Ecosse, les gens dupeuple ne voient » coup de goût. -- JNirondi, roi des démons ;
pas comme Un malheur un enfant idiot dans une » modèles irès-variés. Le géant qu'il monte est
famille.Ils voient là, au contraire, un signe de » du plus hardi dessin, et son sabre cle modèle
bénédiction. Cette opinion est partagée par plu- » moderne. — Varonnin,dieu du soleil, plein de
sieurs peuples de l'Orient. Nous nous bornons à » vie; son crocodile est en airain et son fouet en
lamentionner sans la juger. » argent. -— Couberen, dieu des richesses; ce
Idoles. L'idole est une image, une figure, une .» dieu est d'un travail admirable; le fabricant.y
représentation d'un être imaginaire ou réel. Le » a mis tout son art et tout son talent. On Trouve
culted'adoration rendu à quelque idole s'appelle » des demi-dieux.,et des démons inférieurs de
idolâtrie.—Si les idoles ont fait chez les payons » toute espèce. -^ On ne-fait pas de crédit, es-
des choses que l'on pouvait appeler prodiges;, » compte sur payement comptant. »
ces prodiges n'ont eu lieu que par le, pouvoir Mais, les Indiens respectent leurs stupi'des
desdémons ou par le charlatanisme;- Saint Gré- idoles,.tandis que lespayens de l'antiquité trai-
goirele thaumaturge , se rendant à NéocéSarée, taient assez cavalièrement les leurs. Benjamin
fut surpris par la nuit et par une pluie violente Binet, dans son Traité des dieux et des démons du
qui l'obligea d'entrer dans un temple d'idoles, paganisme, nous en fournit quelques exemples :
fameux dans la contrée à cause des oracles qui « On ne peut rien concevoir, dit-il, de,plus
s'y rendaient. Il invoqua le nom de Jésus-Christ, indigne que la,manière dont ils traitaient leurs
fil le signe de la croix/pour; .purifier le temple* et idoles. Je ne parle point d'Ochus, roi des Perses,
1
passaune partie de la nuit à chanter lès louanges, qui tua le; boeuf Apis et. le mangea avec ses amis
de Dieu, suivant son habitude; Après qu'il fut (Plut., de ïsid. etOs'ûk), parce que l'on pourrait
parti, le prêtre des idoles vint; au temple, se. dis-" demander si 1ce boeuf était ou un simple hiéro-
posant à faire Tes cérémoniesde son culte. Les* iglyphe, ou le dieu même des Perses. Quoi qu'il
dénions lui apparurent,aussitôt, et lui dirent; en soit, c'était une:extrême profanation-de faire
qu'ilsne pouvaient plus^habiter celieu, depuis d'un animal si sacré: un repas à ses amis. Denis,
qu'un saint évêque y avaitpséjourné. 11 promit roi de Sicile, n'était pas plus favorablement pré-
biendes sacrifices pour les engager à tenir ferme,. venu en faveur des dieux de la Grèce et de leurs
surleurs autels ; mais la puissance de Satan s'était images. Comme il ne manquait pas d'esprit, il
éclipsée devant Grégoire. Le prêtre,'furieux, apostropha agréablement Jupiter Olympien pour
poursuivitl'évêque de Néocésarée, et le menaça s'approprier ses riches dépouilles : « Je le plains,
de le faire punir juridiquement s'il ne réparait le lui dit-il, d'être toujours chargé d'un habit d'or;
mal qu'il venait de causer. Grégoire; qui l'écon- il l'est trop pesant en été, el trop léger en hi-
lail sans s'émouvoir, lui répondit : — Avec l'aide ver; prends plutôt cel habil de laine, qui le
deDieu, cpii chasse les démons, ils pourront re- sera commode en l'une;et.l'autre saison (Ami.,
venir s'il le permet. Il prit alors un papier sur VA. vi, cl Laçl.., lib. \\-,.cap.-bf).,-» Celui ce
lequel il écrivit : — Grégoire à SaLan : Rentre. même prince qui, ne- pouvant' souffrir qu'Escu-
Le sacrificateur étonné porta ce billet dans son lape, fils d'Apollon, portât une barbe d'or longue
temple,fit ses sacrifices, et les démons y revin- el épaisse, pendant que son. père paraissait comme
rent. Réfléchissant alors à la puissance de Gré- un jeune homme sans barbe,Talui arracha , di-
goire,il retourna vers lui à la hâte, se fil instruire sant : « Que peut-on voir cle plus malséant qu'Es-
dansla religion chrétienne et., convaincu par un culape, fils d'Apollon, ait le menton chargé d'une
nouveaumiracle du saint,thaumaturge, il devint barbe philosophique, et qu'Apollon ne paraisse
son disciple. — Porphyre avoue que les démons que comme un jouvenceau sans barbe (Arn. et
s enfermaient dans les idoles
pour recevoir le Lacl., ib*)"! » Il poussa encore la profanation
cultedes gentils. «Parmi les idoles, dit-il, il y jusqu'à prendre des mains des idoles des coupes
adcs esprits impurs, trompeurs et malfaisants, et des ornements d'or et d'argent, parce que,
disait-il, il ne faut rien refuser de la main des
1
Delancre, Incrédulité il mécréancc, etc., p.'267. dieux. Nous lisons aussi que Caligula ou! ragea les
1FU — 352 ILE
dieux de la Grèce de la manière la plus cruelle : de leurs empereurs, les massacrer quand ils fou-
« car, dit Suétone, il commanda que l'on appor- lent aux pieds leurs privilèges; ici au contraire
tât de Grèce les images des dieux célèbres par ils demeurent tranquilles, lorsque l'on détruit
leur culte et par leur art, entre lesquelles était leur religion, la chose du monde à laquelle les
celle de Jupiter Olympien, el il les fit décapiter hommes sont le plus attachés. Mais choisissons
pour y mettre sa tête (Suet., lib. iv, cap. 22). » un exemple décisif, c'est celui de César. Les ar-
Vous direz apparemment qu'il ne faut pas s'éton- mées navales de Sextus Pompée et les tempêtes
ner que ces princes, qui étaient des tyrans, aient ayant dissipé ses deux flottes, il s'écria : Je vain-
eu si peu de vénération pour les dieux; qu'étant crai, en dépit de Neptune ! et afin de montrer
les oppresseurs de la liberté et de là religion, combien il méprisait les dieux, il jeta par terre
leur exemple ne prouve rien. Mais il est étrange l'image de ce dieu pendant la célébration desjeux
que le sénat, les prêtres, les peuples ne se soient circulaires où l'on portait en pompe les images
pas soulevés contre cette impiété. Vous les voyez des dieux pour les rendre témoins de cet honneur
tous se liguer contré la tyrannie de leurs rois et (Suclon., lib. n, cap. 16). »
illuminés(illrmamls.
Ifurinn, enfer des Gaulois. C'était une région les marées étaient faites pour conduire nos vais-
sombre el terrible, inaccessible aux rayons du seaux dans les ports, ne savaient sûrement pas
soleil, infectée d'insectes venimeux, de reptiles, que la Méditerranée a des ports et point de reflux.
de lions rugissants el de loups carnassiers. Les Voy. En'itiïuns, MERVEILLES, PRODIGES, etc., cle.
grands criminels étaient là enchaînés dans des Ile fantôme. C'est l'île de Sainl-Brandan,
cavernes encore plus horribles, plongés dans un riche de sept belles cilés, que beaucoup de voya-
élang plein de couleuvres el brûlés par les poi- geurs ont cru voir de loin, mais qu'ils n'ont ja-
sons qui dislillaient sans cesse de la voùle. Les mais abordée, parce qu'elle disparaît à mesure
1
gens inutiles, ceux qui n'avaient fait ni bien ni que l'on croit s'en approcher. Ce n'est qu'i"
mal, résidaient au milieu des vapeurs épaisses et mirage.
pénétrantes, élevées au-dessus de ces hideuses Iles. Il y a, dans la Baltique, des îles rappro-
prisons. Le plus grand supplice élait un froid chées que les pêcheurs croient avoir élé faites
15
très-rigoureux. par des enchanteurs, qui voulaient s'en aller p'}
I gnorance. Ceux qui enseignerai t que l'Océan facilement d'un lieu à un autre, et qui établis-
était salé de peur qu'il ne se corrompît, el que saient ainsi des stations sur leur roule. C'est une
ILL 353 — IMA
tradition des riverains de la mèr Baltique, men- cheveux blancs, parce qu'il avait rêvé qu'il était
tionnéepar M. Marmièr. condamné à un supplice cruel el infamant. Dans
Illuminés, sorte de francs-maçons d'Alle- le Dictionnaire depolice de des Essaits, on trouve
magne, qui croient avoir la seconde vue et qui l'histoire d'une jeune fille à qui une sorcière
ce qui produisit un
prophétisent. Oh connaît peu leur doctrine , qui prédit qu'elle seraitipendue ;
estvague et libre; mais'ils ont eu des prédéces-r tel effet sur son esprit, qu'elle mourut, suffoquée
seurs. En 1575 , Jean de Villalpando et une car- la nuit suivante.-..Athénée raconte que quelques
mélite, nommée Catherine de Jésus, établirent jeunes gens d'Agrigeiite étant ivres, dans une
une secte d'illuminés, que l'inquisition de Cor- chambre de. cabaret,, se crurent sur; une galère,,
doue dispersa. Pierre Guérin Tes ramena en au milieu de la mer en furie, et jetèrent par les
Franceen 1634. Ils prétendaient: que Dieu avait fenêtres tous les meubles de la maison, :pour sou*
révélé à l'un d'entré eux, le frère Antoine Boc- lager le bâtiment. Il y avait à Athènes .un foii
quet, une pratique dervie et de foi suréminente, qui se croyait maître de tous les navires, qui em
aumoyen de laquelle on devenait tellement saint, traientdansle Piréé, et il donnait ses ordres .en'
qu'on ne faisaitplos qu'unayecDieu, et qu'alors conséquence., Horace, parle d'un,autre,,fou!qui
onpouvait sans péchése livrer à, toutes ses pas- croyait toujours assister à un spectacle,r.et qui,'
sions,lisse flattaient d'en remontrer aux apôtres, suivi d'une: troupe de -,comédiens imaginaires,
à Ions les saints'et à toute l'Église. Louis:XIII portait un théâtre, dans sa tête, où;il élait tôuLà
dissipa,cette secte; de fous. Voy. SAINTMARTIN. laTois et l'acteur et le spectateur. On. voit chez
Images decire. Ceux.qùifaisaientdes imagés les maniaques des chosesJaussi singulières;; tel
de cire: pour, l'envoûtement les baptisaient, au s'imagine; être un moineau, un vase'de terre',; un
nomde Béelzébub ; puisils les perçaient de coups serpent ; tel au Ire: se, croit un dieu, un. orateur,
de stylet.ou les ''brûlaient,.--dans la pensée que un Hercule. Et, parmi lès gens qu'on dit sensés,
lapersonne dont l'image portaitle nom subissait en estril beaucoup qui.; maîtrisent leur imaginai
le traitement de. l'image.: Cette sorcellerie était tion, etTse montrent exempts de faiblesses et
connuedès-anciens. Voy:)ENVOÛTEMENT, DUFFUS., d'erreurs ?, Plusieurs personnes mordues par des
EniiUARD, HENRI.III,;etc. :';;: chiens ont été très-malades parce que, les sup-
Imagination.,,Les rêves, les songes s Tes/chi* posant atteints de la rage; elles se croyaient
mères, les terreurs paniques, les superstitions, menacées où déjà affectées du même mal. La
les préjugés,Tes;.prodiges, lès,châteaux en Es- Société royale des sciences de Montpellier-rap-
pagne, le bonheur, la,.gloire et, plusieurs ..-contes porte, dans un hiémoirepublié eh 1730, que, deux
d'espritsel de revenants, de sôrciersel de diables,
sontordinairement les enfantementsde rimagiiïa-
lioiiiSon domaine est immense, son empire est
despotique; une, grande forcé d'esprit peut seule
enréprimer les écarts. Un Athénien, ayantrêvé
qu'il était devenu fou, en eut l'imagination telle-
ment frappée, qu'à son réveil il;fit des folies
comme:il croyait devoir en. faire, etperdit en
effetla raison. On connaîtl'origme de la:fièvre
deSaint-Vallier. A celle oçcasio'n,,Pasquier parle
delà mort d'un bouffon du marquis de Ferrare,
nomméGonelle, qui, ayant entendu dire qu'une
grandepeur guérissait de la fièvre, voulut guérir
de la fièvre quarte le prince son maître, qui en
élaittourmenté. Pour cet effet;, passant avec lui
sur un pont assez étroit, il le poussa et le lit frères ayant élé mordus par un chien enragé,
tomberclans l'eau au péril de sa vie. On repêcha l'un d'eux partit pour la Hollande, d'où il ne
le souverain, et il fut guéri. Mais, jugeant que revint qu'au bout dix ans. Ayant appris, à son
l'indiscrétion de Gonelle méritait quelque puni- retour, .que son frère, depuis longtemps, élait
lion,il le condamna à avoir Ja têle coupée, bien mort hydrophobe, il se sentit malade et mourut
résolu cependant à ne.pas le faire mourir. Le lui-même enragé par la crainte de l'être.
jourde l'exécution, il.lui fit bander les yeux, et Voici un fait qui n'est pas. moins extraordi-
ordonnaqu'au lieu d'un coup de sabre on ne lui naire : un jardinier rêva qu'un grand chien noir
donnât qu'un petit coup de serviette mouillée ; l'avait mordu. Il ne pouvait montrer aucune trace
l'ordrefut exécuté et Gonelle délié aussitôt après ; de morsure; sa femme, qui s'était levée au pre-
maisle malheureux bouffon était mort de peur. mier cri, lui assura
que toutes les portes étaient
Est-cevrai? Mais Pasquier a fait tant de contes! bien fermées el qu'aucun chien n'avait pu entrer.,
Héquetparle d'un homme qui, s'étant couché Ce fut en vain; l'idée du gros chien noir,restait
wec les cheveux noirs, se leva le matin avec les toujours
présente à son imagination; il croyait
23
1-MA 354 IMA
lé voir sans cesse : i! en perdit le sommeil et lui dit-il avec anxiété, si elle avait fait des petits?
l'appétit, devint triste, rêveur, languissant. Sa — Impossible! c'est un mâle. »
femme, qui, raisonnable au commencement, avait On attribué ordinairement à l'imagination des
fait tous ses efforts pour le calmer el le guérir femmes la production des foetus monstrueux.
de son illusion, finit par s'imaginer que, puis- M. Salgues a voulu prouver que l'imagination n'y
qu'elle n'avait pas réussi, il y avait quelque avait aucune part, en citant quelques'animaux
chose de réel dans l'idée de son mari, et qu'ayant qui ont produit des monstres, et d'autres preuves
été couchée à côté de lui, il était-fort possible pourtant insuffisantes. Plessman, dans sa Mé-
qu'elle eût été aussi mordue. Celte disposition decine puerpérale; HaiTing, dans une thèse;
d'esprit développa chez elle les mêmes symp- Demangeon, dans ses Considérations physiologi-
tômesque chez son mari, abattement, lassitude, ques sur le pouvoir de l'imagination maternelle
frayeur, insomnie; Le médecin, voyant échouer dans la grossesse, soutiennent l'opinion générale.
toutes les ressources ordinaires de son art contre Les femmes enceintes défigurent leurs enfants,
cette maladie de l'imagination, leur conseilla quoique déjà formés, lorsque leur imagination
d'aller en pèlerinage à Saint-Hubert. Dès--ce'mo- estviolemment frappée. Malebranehe parle d'une
ment--les. deux malades furent plus tranquilles : femme qui, ayant assisté à l'exécution d'un mal-
ils allèrent à Saint-Hubert, y subirent le traiLe- heureux condamné à la roue, en fut si alîeclée,
ment usité, et revinrent guéris 1. qu'elle-mil au monde un enfant dont les bras, les
:- 13nhomme pauvre et malheureux s'était telle- cuisses et les jambes étaient rompus à l'endroil
ment frappé l'imaginationde l'idée des richesses, où Ta barre de l'exécuteur avait frappé le con-
qu'il avait fini par se croire dans la plus grande damné. Le peintre Jean-Baptiste Rossi fut sur-
opulence. Un médecin le, guérit,' et il regretta sa nommé Gobbino parce qu'il était agréablement
folie. On a vu, en Angleterre, un homme qui gobbo, c'est-àrdire bossu. Sa mère était 'enceinte
voulait absolument que rien ne l'affligeât dans ce de lui lorsque son père sculptait le gobbo, béni-
inonde. En vain on lui annonçait un "événement tier devenu célèbre, et qui a faille pendant du
fâcheux ; il sîobstinait à le nier. Sa femme étant pasquiho, autre bénitier de Gabriel Cagliari,
morte, il n'en voulut rien croire. 11faisait mettre Une femme enceinte jouait aux; cartes. En re-
à table le couvert de la défunte, et s'entretenait levant son. jeu, elle voit que, pour faire un grand
avec elle, comme si elle eût élé présenté ; il en coup, il lui manque l'as de pique. La'dernière
agissait de même lorsque son. fils était absent. carte quiluirenlre était effectivement celle qu'elle
Près de sa dernière heure, il soutint qu'il; n'était attendait. Une joie immodérée s'empare de son
pas malade, et mourut avant d'en avoir eu le esprit, se communique, comme un choc élec-
démenti. trique, à toute son existence; et l'enfant qu'elle
Voici une autre anecdote: Un maçon, soirs mit au monde porta dans la prunelle de l'oeilla
l'empire d'une motiomanie qui pouvait dégénérer forme d'un as de pique, sans que l'organe de la
en folie absolue, croyait avoir avalé une cou- vue fût d'ailleurs offensé par cette-conformation
leuvre ; il disail la sentir remuer dans son ventre. extraordinaire. Le trait suivant est encore plus
M. Jules Cloque!, -.chirurgien de l'hôpital .Saint- étonnant, dit Lava ter. « Un de mes amis m'en a
Louis, à qui il fut amené, pensa que le meilleur, garanti l'authenticité. Une dame de condition du
peut-être le seul moyen pour guérir ce mono- Riiiiïthal voulut assister, dans sa grossesse, au
mane, était de se prêter à sa folie. 11 offrit en supplice d'un criminel qui avait élé condamné à
conséquence d'extraire la couleuvre par une opé- avoir la têle tranchée et la main droite coupée.
ration chirurgicale. Le maçon y consent; une Le coup qui abattit Ta main effraya tellement la
incision longue, mais superficielle, est faite à la femme enceinte, qu'elle détourna la tête avec un
région de l'estomac, des linges, des compresses, mouvement d'horreur, et se retira sans attendre
des bandages rougis par le sang sont appliqués. la lin cleT'exéeulion. Elle accoucha d'une fille
•La lêle d'une couleuvre dont on s'était préeau- qui n'eut qu'une main, et qui vivait encore lors-
tionné est passée avec adresse entre les bandes que mon ami me fit part de cette anecdole;
el la plaie. « Nous la tenons enfin, s'écria l'adroit l'antre main sortit séparément, après l'enfante-
chirurgien; la voici. » En même lemps, le patient ment; »
arrache son bandeau : 11veut voir le reptile qu'il 11y a, du reste, sur les accouchements prodi-
a nourri dans son sein. Quelque temps après, une gieux bien des contes : « J'ai lu dans un recueil
nouvelle mélancolie s'empare de lui; il gémit, il cle faits merveilleux, dit M. Salgues, Des erreurs
1778,
soupire; le médecin est rappelé : « Monsieur, el desp réjugés répandus dans la société, qu'en
un chat, né à Stap , en Normandie, devint épris
cour
1 Celte anecdote ne doit infirmer en rien la juste d'une poule du voisinage et qu'il lui fit une de
du cle Saint-Hubert, où il est assidue. La fermière ayant mis sous les ailes
réputation pèlerinage faire
avéré (comme il est facile aux curieux de s'en con- la poule des oeufs de cane qu'elle voulait
maternels.
vaincre) qu'aucun malade n'est allô sans trouver la couver, le chat s'associa à ses travaux si
guérison.; 11 détourna une partie des oeufs et les couva
1MA — 355 — IMA
tendrement, qu'au bout de vingt-cinq jours il en d'un chat puisse dénaturer le germe' renfermé
sortit de petits êtres amphibies, participant de dans l'oeuf? Alors pourquoi l'incubation de la
la cane et duchat, tandis que ceux de la poule poule aurait-elle été moins efficace et •n'aurait-
étaient des canards ordinaires. Le docteur Vi- elle pas produit des êtres moitié poules el moitié
inond atteste qu'il-a vu, connu, tenu le père et canards? »
lanière de cette singulière famille, et les petits On rit aujourd'hui de ces contes, on n'oserait
eux-mêmes. Mais on dit au docteur Vimond : •— plus écrire ce que publiaient les journaux de
Aviez-vous la vue bien nette quand vous avez Paris il y a soixante ans, qu'une chienne du
examinévos canards amphibies? vous avez trouvé' faubourg Sainl-Honoré'venait de mettre au jour
l'anima!vêtu d'un poil noirâtre, touffu et soyeux; quatre chats el trois chiens. -— Élien, dans le
mais ne savez-vous pas que c'est le premier vieux temps, a pu parler d'une truie qui mit
duvetdes canards? Croyez-vous que l'incubation bas un cochon ayant une lêle d'éléphant, -et
Calicedu soupçon.
Influence des astres. Le Taureau domine quatrième siècle, devaitTesTaire régner partout
'
sqr le cou; les Gémeaux sur lesépaules; l'Écre- où elle serait placée au milieu d'eux.
visse sur les bras et sur les mains ; le Lion sur Initiations. Voy. SABBAT.
la poitrine, le coeur et le diaphragme ; la Vierge Inquisition. Ce fut vers l'an; 1200 que le
sur l'estomac, les intestins, les côtes et les mus- pape Innocent III établit le tribunal de l'inquisi-
cles; la Balance sur les reins ; le Scorpion sur tion pour procéder contre les Albigeois, héré-
les parti es. secrètes; Te : Sagittaire sur le nez et tiques perfides, qui bouleversaient la société el
les excréments; le Capricorne sur Tes genoux; le ramenaient les hommes à l'état sauvage. Déjà,
Verseau sur les cuisses ; le Poisson sur les pieds. eii'118/i, le concile de Vérone avait ordonné aux
Voilà:en peu de mots ce qui regarde les douze évoques de Lombardie de rechercher ces héré-
signes du zodiaque touchant, lés différentes par- tiques rebelles élde livrer au magistral civil
ties du corps. Il est donc très-dangereux d'offen- ceux qui seraient opiniâtres. Le comte de Tou-
ser quelque membre lorsque la lune est dans le louse adopta ce tribunal en 1229 ; Grégoire IX,
signe qui dpmine, parce que.iadune en aug- en 1233, le confia aux dominicains. Les écri-
mente l'humidité,--comme on le verra si on ex- vains qui:ont dît que saint Dominique fut le pre-
pose de Ta chair fraîche pendant la nuit aux mier inquisiteur général ont dit là une chose qui
rayons de la lime : il s'y engendrera des vers, n'est-pas. Saint Dominique ne fui jamais inqui-
et surtout dans la pleine lune' 1. Voy. ASTROLOGIE. siteur;-il élait mort en 1221; Le premier inqui-
Inis-Fail, nom d'une pierre fameuse atta- siteur général fut le: pieux légat Pierre de Caslel-
chée encore aujourd'hui sous le siège où l'on hau, que les Albigeois assassinèrent. Le pape
couronnait, dansTéglise de Westminster, les rois Innocent IV étendit l'inquisition dans toute l'Ita-
de la, Grande-Bretagne. Cette pierre du destin , lie, à l'exception de Naples. L'Espagne y fut sou-
que clans la légende héroïque de ces peuples les mise de 1/|80 à ll\Sh, sous le règne de Ferdi-
anciens Écossais avaient apportée d'Irlande, au nand et d'Isabelle ; le Portugal l'établit en 1557.
1 Admirablessecretsd'Albert le Grand, p. 48. 1 Bergier, Dictionnaire théologique.
ÎNQ 361 INQ
^'inquisition-parut depuis dans les pays où'ces gouvernement ecclésiastique sévirait-il en Es-
exer- pagne, an milieu d'une nation éminemment noble
puissances dominèrent;-' mais elle ne s'est
cée dans aucun royaume que du consentement et généreuse? Dans l'examen de toutes lés "ques-
et le plùé souvent à la demande des souverains''. tions possibles, il n'y arien de si; essentiel que
11faudrait plus d'espace que nous ne pouvons d'éviter la confusion des idées. Séparons donc
en occuper ici pour renverser tous les mensonges et distinguons bien exactement, lorsque nous
calomnieux que les ennemis de l'Église, protes- raisonnons sur l'inquisition, la part du gouvor-
tants, jansénistes et philosophes, ont accumulés nement de celle de l'Église. Tout ce que le tri-
à l'e-nvi contre l'inquisition. Dans les deux pre- bunal montre de sévère et d'effrayant, et la
mièresédi Lions de ce livre, railleur, jeune cl peine de morl surtout, appartient au gouverne-
lui
stupidement égaré, a reproduit les hostiles cl mont ; c'est son alfairc ; c'est à lui, el c'csl à
détestables quolibets do Voltaire sur ce grave seul qu'il faut en demander compte. Toute la
sujet, les plates suppositions de Gilles de Wilte, clémence, au contraire, qui joue un si grand rôle
lafable de Montesquieu d'une jeune juive brûlée à dans le tribunal do l'inquisition, est l'action de
Lisbonne, uniquement parce qu'elle était née l'Église, qui ne se mêle de supplices que pour
jui\e, et d'autres contes pareils. Depuis, on a les supprimer ou les adoucir. Ce caiaclère in-
fait païaître, mais surchargée à dessein, l'His- délébile n'a jamais vané. Aujourd'hui, ce n'es!
toirede l'inquisition de Llorentc;' et plus récem- plus une erreur, c'esl un crime de soutenir,
ment on a publié, sous le titre de Mystères de d'imaginer seulement que des prêtres puissent
l'inquisition, un énorme roman qui est un arse- prononcer des jugements de morl. Il y a dans
nal d'imputations fausses. On a même illustré de l'histoire de' France un grand fait" qui n'est pas
gravures ces divers pamphlets, et on a traduit assez observé, c'est celui des templiers; ces
pour les yeux, à l'usagé de ceux' qui ne savent mforliindsV' coupables ou non (ce n'est point
pas lire, des mensonges souvent impurs à la de quoi il s'agit ici), demandèrent expressé-
chargede l'inquisition. Nous reproduisons ici une ment d'être'jugés par le tribunal de l'inquisition ;
de ces planches d'imposture ; elle représente des car ils savaient bien, disent les historiens, que
faits imaginaires dont l'Espagne cl le Portugal s'ils obtenaient de tels juges, ils ne pouvaient plus
n'ont jamais eu le spectacle. A la place des ar- être condamnés à mort.... Le tribunal de l'inquisi-
cliors, on a mis des moines ; bien plus, un de tion élait composé d'un chef nommé grand inqui-
ces,religieux, armé d'une torche, met le fou au siteur, qui 6liait toujours archevêque ou évêque;
bûcher; ce qui ne s'est jamais fait. Les'moines de huit conseillers ecclésiastiques, dont six étaient
n'étaient aux auto-da-fé que pour donner aux toujours séculiers, el de deux réguliers, dont l'un
condamnésles consolations suprêmes. était toujours dominicain, en verlu d'un privilège
Après Joseph de Maistre, l'abbé Jules Morcl cl accordé par.de roi Philippe 111'. »
l'abbéLéomGodard ont fait pleine justice de ces Ainsi les ilominicaiils.no dirigeaient donc pas
liistcs licences'de la'presse. l'inquisition, 'puisquel'und'eux seulement en fai-
« Si l'on excepte un trôs-pclil nombre d'hom- sait partie par privilège.
mesinstruits, dit Joseph de Maistre, il ne vous « On ne voit pas'bien précisément, dit encore
arrivera guère de parler de l'inquisition sans Joseph de Maislro, à' quelle époque le tribunal do
rencontrer dans chaque tête trois erreurs capi- l'inquisition commença à prononcer la peine de
tales, plantées el coinmorivées dans les esprits, mort. Mais peu lions importe ; il nous suffit do
au point qu'elles cèdent à peine aux démonstra- savoir, ce qui est incontestable, qu'il ne put ac-
tionsles plus évidentes. îOn croit que l'inquisi- quérir ce droit qu'en devenant royal, et que
tion est un' tribunal purement ecclésiastique: tout 'jugement do mort demeure, par sa nature,
cela est faux. On croil 'que les ecclésiastiques étranger au sacerdoce. Là"'teneur des jugements
quisiègent dans ce tribunal condamnent certains établit ensuite que les confiscations étaient faites
accusés à la peine de mort: cela est faux. On au profil 'de la chambre 'royale el du fisc de Sa
croit qu'ils les condamnent pour cle simples opi- Majesté. Ainsi, encore un coup, ce tribunal élail
nions: cela est faux. Le tribunal espagnol de purement 'royal, malgré la fiction ecclésiastique ;
l'mquisilion était purement royal. C'était le roi el loules les belles phrasés'sur l'avidité sacer-
qui désignait l'inquisiteur général, et celui-ci dotale tombent à terre. Ainsi l'inquisition reli-
nommaità son tour les inquisiteurs particuliers, gieuse n'était, dans le fond, comme dit Garnier,
<^ccl'agrément du roi. Le règlement constitutif qu'Une inquisition politique 2. Le rapport des
<lece tribunal fui ..publié en l'année 1/|8/| par le Cortès de 1812 appuie ce jugement. Philippe II,
cardinal Torq'uemada, de concert avec le roi 2. •le plus absolu des princes, dit ce rapport, l'ut le
Doux, tolérant, charitable, consolateur dans véritable fondateur de l'inquisition. Ce fut sa po-
tous les pays du inonde, par quelle magie le litique raffinée qui la porta à ce point de hauteur
' 1 Joseph do Maistre, Lettres à un gentilhomme
Bergier, Dictionnaire théologique.
. Voyezle rapport officielen vertu duquel l'inqui- russe
'
sur l'inquisition espagnole.
sitionfut supprimée par les Cortès de 4812. 2 Histoire de François Ier, t. II, ch. In.
INQ . — 362 — INO
où elle élait montée. Les rois ont toujours re- renvoyer les inquisiteurs, et qu'ils n'ont, d'ail-
poussé les avis qui leur étaient adressés contre, leurs, rien à craindre del'inquisition, qui n'est
ce tribunal, parce qu'ils sont, dans tous les cas, terrible que pour leurs sujets..,. » Ainsi tombent
maîtres"absolus de nommer,-de suspendre ou de ces contes bleus de rois d'Espagne qui s'api-
L'unedesgravures contrel'inquisition.
meuleusesimaginées
toyaient sur des condamnés sans pouvoir leur On ferait un volume enrayant du catalogue m»
sens
faire grâce, quand il esl démontré que c'étaient" mensonges qui ont élé prodigués dans ce
la re-
ces rois eux-mêmes qui condamnaient. par les historiens. La plupart viennent de
On a dit que depuis Irois siècles l'histoire était forme; mais; les écrivains catholiques les copient
une vasLe conspiration contre le Catholicisme. tous les jours sans réflexion. C'est la réforme
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la guerre aux francs-maçons et aux sor-
qui la première a écrit l'histoire de l'inquisition ; lement
on a trouvé commode de transcrire'son odieux ciers. À la fin du dernier.siècle, un,artisan fut
roman, qui épargnait'des recherches.. Vous'trou- arrêté au nom du saint-office pour avoir dildans
verez donc partout des faits inventés qui se pré- quelques entreliens qu'il n'y avait ni diables, ni
sentent avec une effronterie,incroyable. Nous en aucune autre espèced'esprils infernaux capables
citerons deux ou trois. «Si l'on.en croit quel- de se rendre maîtres des. âmes humaines. Il
ques historiens, Philippe III, roi d'Espagne, avoua, dans la première .audience,-tout ce cpii
obligéd'assister à un. a'uloda-fé (c'esl. le" nom lui était imputé, ajouta qu'il en "était alors per-
qu'on donne, aux exécutions des inquisiteurs)-, suadé pour les raisons qu'il, exposa,, et déclara
frémit et ne put retenir ses larmes en voyant qu'il était.prêt à, détesteiyde bonne foi son,,.eiv
unejeune juive et une. jeune Maure de quinze à : reur, à en recevoir l'absolution, et à Taire la,pé-
seize ans qu'on .livrait aux: ilammes, et qui n'é- nitence; qui lui; serait imposée.; J'ayaisvu .(dit-il
taient coupables cpie d'avoir été élevées dans la en se.justifiant), un si grand'nombreùde-malr
religion de leurs pères et d'y "croire. Ces histo- heurs, dans.nia personne, ma, famille, mes; biens
riens ajoutent que l'inquisition fitun erinle. à ce et mes affaires:, :que. j-.en,perdis, patience,.et .que,
prince d'une, compassion si, naturelle j, que. le dansun inOment.de.désespoir, j'appelai Te xliabl.e
grandinquisiteur osaTui, dire.que pour l'expier à mon, secours : je lui offris en, retour ma, peiv
ii fallait qu'il lui en coûtât du sang; que Phi- sonne et: mon, âme.. Je .renouvelai..plusieurs;f,ois
lippe III se laissa saigner, et :que-le sang-qu'on. mon invocation dans l'espace de quelques jours;,
. lui lira fut brûlé par la main .du bourreau.,y. » niais inutilement,;, car le,diable;ne,vint;poin,t,:Je
C'est Saint-Foix-qui : rapporte ce Tissu de fausse- : m'adressai., à un: pauvre homme;;qui:;passait pour
lés, dans ses - Essais sur Paris, ;"sans: songer sorcier; je lui fis ,part de. masitualion,,:!!, me
qu'aucun historien ...n'est- là. pour appuyer ces conduisit; chez; une femme ^qu'il,disait beaucoup
faits;:qu'ils: ont été imaginés^.quatre-vingts ans plus habile que lui dans les opéralionsdeTa sor-
après:la mort de Philippe TII ; que Philippe 111 cellerie. Gettefeinme me conseilla de me rendre,
était,maître de faire grâce, et de condamner îque trois nuits de suite., sur la colline, des Vislillas
l'inquisition ne/lirûlail pasTes juifs et les Maures de.-saint-François.,.,;et d'appeler à grands cris
coupables,seulement d'avoir été .élevés dans- la Lucifer, sousTe iiom .d'ange de lumière, en re-
religion.de.leurs- pères,et d'y .croire;; qu'elle se niant Dieu et la religion chrétienne et en lui
contentait. de lès bannir .pour raisons : politi- offrant mon âme. Je fisHouL ce que cette femme
ques,..etc.: ; -. ... .'.''•'.'.: m'avait conseillé, mais;je ne vis rien : alors elle
Vouslirez ailleurs que le cardinalTorquemadai me dit.de quittèrTe rosaire, le scapulaire et les
qui remplit dix-huit ans lès fonction s de grand autres-signes- de chrétien que j'avais coutume de.
inquisiteur;,,condamnait dix, mille victimes par porter, sur moi, et de renoncer franchement et
an; ce qui ferait cent quatre-vingt, mille .victimes. de toute mon âme à la foi de Dieu, pour em-
Maisvous verrez pourtant ensuite'qu'il mourut brasser le parlide Lucifei', en .déclarant que je
ayant fait clans sa vie six mille poursuites, ce reconnaissais sa divinité et sa puissance comme
•
quin'estpas cent quatre-vingt mille ; que le pape supérieures à; celles de Dieu même et après
lui fil trois fois des représentations pour arrêter m'êlrc assuré que j'étais'véritablement dans ces
sa sévérité;,, vous trouverez' dans Tes jugements dispositions', de répéter, pendant trois autres
assez.,peu de condamnations à mort. Les auto- nuits, ce que j'avais fait la première fois. J'exé-
da-féne se faisaient que tous les deux ans ; les cutai ponctuellement, ce que cette;femme venait
condamnésà mort attendaient longuement leur de me prescrire ;"cependant l'arègc, de lumière
exécution, parce qu'on :espérait toujours leur ne m'apparut point. La vieille me recommanda
conversion; et.voiiS:regretterez de rencontrer si de prendre de mon sang e£ de m'en servir pour
rarement la vérité dans les livres, Un gros ou- écrire surdn papier que j'engageais: mon âme à
vrage qui vient de paraître (le Dictionnaire Lucifer, comme à;son maître:et à son souverain ;
universelde la géographie el de. l'histoire, par de porter cel.écritau lieu où j'avais fait mes in-
M.Bouille!)-porte à cinq millions le nombre des vocations, et, pendant que je le tiendrais à la
personnes cpie l'inquisition a fait périr en Es- main, de répéter mes anciennes paroles : je fis
pagne... ; C'est,,de plus de quatre millions et neuf tout ce qui m'avait été recommandé, mais tou-
centqualre-vingt-dix mille, une erreur, — pour jours sans résultat. Me rappelant alors tout ce
ne pas dire plus. "
, . qui venait de se passer, je raisonnai ainsi : S'il
Rapportons maintenant quelque procédure de y avait des diables, et s'il était vrai qu'ils dési-
l'inquisition. Le fait qui va suivre est lire de rassent de s'emparer des âmes humaines, il se-
l'histoire cle l'inquisition d'Espagne, faite à Paris rait impossible de leur en offrir une plus belle
sur les matériaux fournis par D. Llorente, malé- occasion que celle-ci, puisque j'ai véritablement
r|aux qu'on n'a pas toujours employés comme désiré de leur donner la mienne. Il n'esl donc
Uorente l'eût voulu ; car on. a fait de son livre pas vrai qu'il y ait des démons; le sorcier et la
"n pamphlet.— « L'inquisition faisait naturel- sorcière -n'ont donc fait aucun pacte avec le dia-
INQ 364 INT
ble, et ils ne peuvent être que des fourbes et des sévère), il prononçait quelques paroles de né-
charlatans l'un et l'autre. » crômancie. Il fut bien constaté que la poudre
: Telles étaient en substance les raisons avait été administrée à des personnes de tout
qui
avaient fait àpostasiêr l'artisan Jean Përez. Il les
rang. Rodriguez fut condamné à être conduit
'exposa', en confessant sincèrement son péché. dans les rues de Madrid, monté sur uiî âne, et.à
\On entreprit de 1ui prouver que tout ce qui s'ëtaitêLre fouetté. On lui imposa de plus quelques .pra-
passé ne prouvait rien contre l'existence des dé- tiques de religion et l'exil de la capitale pour
mons, mais faisait voir seulement que le diable cinq ans. La lecture de la sentence fut souvent
avait manqué de se rendre à l'appel, Dieu le lui interrompue par de grands éclats de rire, aux-
défendant quelquefois, pour récompenser-le cou- quels se joignait le mendiant lui-même. Le cou-
pable de quelques bonnes oeuvres qu'il a pu faire pable fut, en effet, promené par les rues, mais
avant de tomber dans l'apostasie. lise soumit, non fouetté; et pendant la route, on lui offrait
reçut l'absolution" et fut condamné à une année du vin et des biscuits pour se rafraîchir.... »
de prison, à se confesser et à communier'aux Nous pourrions rassembler beaucoup de traits
fêtes de Noël, de Pâques et delà Pentecôte, pen- pareils, qui peindraient l'inquisition tout autre-
dant le reste de ses jours, sous la conduite d'un ment que ne la montrent des livres infiniment
prêtre qui lui serait donné pour directeur spiri- trop menteurs. Bornons-nous à citer encore le
tuel; à réciter une partie duîosaire et à faire témoignage d'un homme qui n'est pas suspect
tous les jours des actes de foi, d'espérance, de aux ennemis de l'Église catholique :
charité, de contrition, etc. Tel fut son châtiment. « Depuis le seizième siècle, dit le protestant
Voici maintenant l'histoire d'un autre épou- Ranke, l'inquisition n'était qu'un tribunal royal
vantable auto-da-fé, extraite du Voyagefait en muni d'armes spirituelles. » Les inquisiteurs
Espagne pendant les années 1786 et 1787, par n'étaient en effet que des fonctionnaires royaux,
1
Joseph Fownsend , recteur de Pewsey : « Un en partie laïques, soumis aux inspections royales,
nommés et destitués par le roi, relovant d'un
conseil qui siégeait à la cour. Tout le bénéfice
des confiscations prononcées par eux.revenait au
roi; aucune grandesse, aucun prélat ne pouvait
se soustraire à ce tribunal, toujours docile. C'est
par-lui- que Charles-Quint fit juger les évoques-
1
partisans des; communes •; c'est a lui que Phi-
lippe IÎ livra son ex-favori Pé.rez. Il en étendit là
juridiction,aux arts, au commerce, aux impôts
et à la marine. « Ce tribunal * ajoute Ranke, fait
partie de ces'dépouilles du pouvoir 'ecclésias-
tique , dont;le gouvernement s'est enrichi. » Le
nonce Visconti écrivait en 1563 que l'inquisition
espagnole avait diminué, grandement l'autorité
du saint-siége. Saint Charles Bôrromée en em-
pêcha l'établissement à Milan pendant sa vie; le
clergé de Sicile' la combattit, et elle ne put être
toute-puissante ni en Italie ni dans les provinces
basques. » Vày. TRIBUNAL SECRET.
Insensibilité. On a exposé souvent que le
diable rendait les sorciers insensibles à la ques-
tion ou torture, et ce fait s'est vu souvent avec
certitude, notamment dans les possédés.
Unstitrir (Henri), auteur, avec Sprenger, du
Malietis maleficorum ; Lyon , 148Z|.
Interdit, censure de l'Église qui suspend les
ecclésiastiques de leurs fonctions et qui prive le
peuple de l'usage des sacrements, du service
divin et de la sépulture en terre sainte. L'objet
de l'interdit n'était, dans son origine, que de
mendiant, nomme Ignazio Koclnguez, lui mis en punir ceux qui avaient causé quelque scandale
jugement au tribunal de l'inquisition pour avoir public, et de les ramener au devoir en les obli-
distribué des philtres amoureux, dont les ingré- geant à demander la levée de l'interdit. Ordi-
dients étaient tels que l'honnêteté ne permet pas nairement l'interdit arrêtait les dérèglements des
de les désigner. En administrant le ridicule re- monastères, empêchait les hérésies de s'étendre,
mède (il paraît que le prédicanl anglais n'est pas mettait un frein aux excès des seigneurs tyran-
1NT — 365 INV
niques, des criminels puissants, des perturbateurs l'humanité, qui sans lui périssait de toutes parts..
— L'interdit doit être prononcé dans les mêmes
de la paix publique. Ainsi, après le massacre des
vêpres siciliennes, le pape Martin IV mit en in- formes que l'excommunication, par écrit, nom-
terdit la Sicile et les États de Pierre d'Aragon. mément, avec l'expression de la cause et après
GrégoireVII, qui fit grand usage de l'interdit, trois monitions. La peine de ceux qui violent
sauvaplus d'une fois par celle mesure la cause de l'interdit est de tomber dans l'excommunication.
Intersignes. Avis mystérieux et sympathique I servant d'aller prendre de, l'eau au coup de mi-
qui arrive d'une manière inexplicable. Dans le nuit à une fontaine ; après quoi allumez votre
beaurécit de M. Hippolyte Violeau , intitulé une feu , mettez le chat dans le ppty et tenez-le .cou-
Passionfuneste,.un®mère,, inquiète de son fils, vert d'e la main, gauche sans.jamais bouger ni
l'entend qui l'appelle ;à son secpurs. Il était à une regarder derrière vous,..quelque bruit que vous
lieued'elle ; cependant.,elle,.,l'entend, court en entendiez; et après ravoir, fait, bouillir, vingt-
bâte et le sauve, d'unejniorj/ affreuse. Les Bre- quatre heures, toujours: sans bouger,;sans regar-
tonscroient aux initersignesj-,vqu;'onappelle aussi der derrière vous, sans boire ni manger, mettez-
: le dans un plat neuf, prenez la viande et la jetez
quelquefoisdes presseiitHi}eh'ts!
Invisibilité.. Pour'être invisible, il ne faut par-dessus l'épaule gauche,, en disant ces pa-i
que mettre devant soi: le contraire de la lumière ; rôles : Accipe quod lïbi do et nihil wnplius; puis
un mur, par exemple 1. Mais le Petit Albert et mettez les os l'un après l'autre sous vos dents,,
les Clavicules de Sabmon nous découvrent des du côté gauche, en vous regardant dans le mi-
secrets plus rares et plus importants pour l'invi- roir ; et si l'os que vous tenez n'est pas le .bon,
sibilité. On se rend invisible, par exemple, en jetez-le sucçessivementi en disant les mêmes
portantsous son bras droit le coeur d'une chauve- paroles jusqu'à ce que. vous l'ayez trouvé ; sitôt
souris, celui d'une poule noire ou celui d'une que vous ne vous verrez plus dans le miroir,
grenouille. Ou bien, disent ces infâmes petits retirez-vous à reculons. La. possession de cet os
livres de secrets slupides, volez un chat noir, vous rendra invisible toutes les fois que vous le
achetez un pot neuf, un miroir, un briquet, une prendrez entre les dents.
pierre d'agate, du charbon et de l'amadou, ob- On peut encore, pour se rendre invisible, faire
' Le comte de Gabalis. celte opération que l'on commence un mercredi,
INV 366 IPE
avant le soleil levé. On se munit de sept fèves voulez pas. Il vous la demandera encore ; vous
noires : puis on prend une tête de mort; on met la lui refuserez jusqu'à ce qu'il tende la main
.une fève dans la bouche, deux dans les narines, où vous verrez une ligure semblable à celle que
deux dans les yeux et deux dans lés oreilles; on vous avez faite sur la tôle; S'ous devez être as-
fait ensuite sur cette tête la ligure d'un triangle, suré dès lors que c'est l'esprit véritable de la lêtc.
puis on l'enterre la face vers le ciel ; on l'arrose — N'ayant plus de surprise à craindre, vous lui
pendant neuf jours avec d'excellente eau-de-vie, donnerez votre fiole, il arrosera lui-même, ci
de bon malin, avant le soleil levé. Au huitième vous vous en irez. — Le lendemain, qui esl le
jour, vous y trouverez un esprit du démon qui neuvième jour, vous y retournerez; vous y trou-
vous demandera : — Que fais-tu là? — Vous lui verez vos fèves mûres, vous les prendrez, vous
répondrez : — J'arrose ma plante. —11 vous dira : en mettrez une dans votre bouche, puis vous
— Donne-moi cette bouteille, je l'arroserai moi- regarderez dans un miroir : si vous ne vousy
même. — Vous lui répondrez que vous'ne le voyez pas,' elle sera bonne. Vous en ferez de
Du(l-.>5
troisse rendinvisible.
même de toutes les autres ; celles qui ne vau- peu court ; il connaît le passé et l'avenir, donne
dront rien doivent être enterrées au lieu où est
la tête. —Pour cette expérience, .ayez toutes le;;
choses bien préparées avec diligence el avec
toutes les solennités requises....
Il y a encore de malheureux niais qui croient,
à ces procédés. Voy. ANNEAU.
Invocations. Agrippa dit que, pour invoquer
le diable et l'obligera paraître, on se sert des
paroles magiques : Dies mies jesquet benedo efel
donvema enUcmaiis! Mais Pierre Leloyer dit que
ceux qui ont des rousseurs au visage lie peuvent
faire venir les démons, quoiqu'ils les invoquent.
Voy. ÉVOCATIONS-et CONJURATIONS.
Io. Celte femme que Junon changea en génisse
est traitée de sorcière dans les démonographes.
Delancre assure que c'était une magicienne qui
se faisait voir tantôt sous les traits d'une femme,
tantôt sous ceux d'une vache avec ses cornes.
Ipès ou Ayperos, prince et comte de l'enfer;
il apparaît sous la forme d'un ange, quelquefois
sous celle d'un lion, avec la tète et les pattes du génie et de l'audace aux hommes, et com-
d'une oie et une queue de lièvre, ce qui esl un mande trente-six légions.
1RL — 367 — IVO
Irlande. Parmi beaucoup d'opinions poétiques va disparaître : parlons. » Gralon monte aussitôt
et bizarres, les Irlandais croient qu'une personne à cheval et s'éloigne à toute bride; sa fille Dahut
qui doit mourir naturellement ou par accident le suit en croupe. La main de l'Éternel s'abaisse;
se montre la nuit à quelqu'un, ou plutôt son les plus hautes tours de la ville sont englouties*
image, enveloppée .d'un drap mortuaire. Celte les Ilots pressent en grondant le coursier du saint
apparition a lieu dans les• trois jours qui précè- roi, qui ne peut s'en dégager; une voix terrible
dentla mort annoncée. se fait entendre : » Prince, si lu veux te sauvqp,
- '
Irle-Khane. Voy. KHAKE. renvoie le diable qui le suit en croupe. » La belle
Irmentrude. Une demoiselle provençale nom- Dahut perdit la vie ; elle se noya près du lieu
méeIrmentrude, ayant épousé Isanibard, comte qu'on nomme Poul-Dahut. La tempête cessa, l'air
d'Allorf, accoucha un jour de-douze garçons, en .devint calme, le ciel serein ; mais depuis ce
l'absence de son mari. Comme elle n'en voulait moment le vaste bassin sur lequel s'étendait une
nourrir qu'un, elle ordonna à sa servante d'aller partie de la ville d'Is fut couvert d'eau. C'est
jeterles onze autres à la rivière. Mais le comte' maintenant la baie de Douarnenez i.
Isanibard,ayant rencontré la femme qui les avait Isaacaruih, l'un des; adjoints de Leyiathan,
dansson tablier, lui demanda ce qu'elle portait' là;. dans; la possession de Loudun.
«Cesont dé petits chiens que je- vais aller noyer, » Isabelle ou Isabëau, prophélesse. Voy. DAU-
dit-elle. Isanibard voulut les-voir : découvrant HIINÉ.:. :v
bientôttout le mystère, il prit les ônze.:erifânts,; Isis: avait un temple à Jsemberg (montagne
les lit élever en secret et ne les présenta à sa IVlsis) au canton;-de: Zurich. On croit qu'elle a eu
femmeque lorsqu'ils furent devenus 'grands. Ils "aussi un culte à Paris; . -.->::
prirent, en mémoire de cette aventure,';le nom . Islandais;," Les.Islandais sont si experts dans
de AVelf, qui- en allemand signifiait chien, et' l'art,magique, ' dit un voyageur du dernier siècle,
queleurs descendants gardent encore. Voy. TiiAr qu'ils font voir aux étrangers ce qui se passe
ZÉGNIES. -• ' .'.',;. ', :.,: .: "T- - . dans;leurs maisons, même leurs pères, mères,
Is, ville bretonne, 'gouvéï'hée.par lè.roi.Gra- parents et; amis* vivants;ou morts !. » Les Islan-
Ion.Toute espèce de luxé et de débauche régnait dais prétendent encore avoir la seconde vue et
danscelte opulente cité. Lés plus saints; person- yoir les esprits. ;
nages^' prêchaient en vain- les moeurs et-la-.-ré- : Isle en Jourdain (Mainfroy de F), habile
forme".La princesse Dahut, fille du roi, oubliant devin qui découvrit par l'astrologie, l'horrible---
la pudeur et la modération naturelles à son;sexe,. conduite de deux chevaliers,, Philippe et. Gauthier
y donnait l'exemple de tout; genre de; déprava- d'Aunoy, lesquels étaient amants, l'un, de Mar-
lion. L'heure; de la vengeance approchait : le guerite de Navarre, femme de Louis le Mutin, et
calmequi précède les plus horribles tempêtes, * l'autre de Blanche, femme de Charles le Bel ; on
les chants, la musique, le;vin, toute espèce de prouva "encore qu'ils envoûtaient les maris de ces
spectacleet de débauche enivraient, endormaient deux dames. C'étaient les deux frères de Phi-
leshabitants endurcis de la grande ville. Le roi lippe de Valois. Le roi Philippe en lit justice :
Gralonseul n'était pas insensible à la voix du les deux chevaliers furent écorchés viTset pendus,
ciel.Un jour le prophète Guénolé prononça d'une et les deux daines périrent en prisoiv
Isparetta, idole principale des habitants de
la côLe du Malabar. Antérieurement à toute créa-.
lion, lsparelta se. changea en un oeuf d'où sor-
lirent le ciel et la terre et tout ce qu'ils contien-
nent. On le représente avec trois yeux.et huit
mains, une sonnclle pendue au cou, une demi-
lune et des serpenls sur le front.
Israfil ou Asrafll. Voy. ASHAFIL.
Ithyphallé, nom d'une espèce d'amulette
que l'on pendait au cou des enfants et des ves-
tales; on lui attribuait-de grandes vertus. Pline
dit que c'était un préservatif pour les empereurs
mêmes, qu'il protégeait contre les effets de
l'envie.
Ivo le noir. Au pied de la tour d'Obod", un
des plus vieux monuments du Monténégro, dans
une sombre et profonde caverne, dort Ivo le
noir, le héros, le fondateur ou plutôt l'organisa-
voix sombre ces mots devant le roi Gralon :
«Prince, le désordre est au comble, le bras de 1 Cambry, Yoija/jcdans le Finistère, t. II.
'Eternel se lève, la mer se gonlle, la cité d'Is - Nouveau voyage au septentrion, 4708, p. GC.
IWA — 368 — JAC
*
teur, sauvage de la nation ou peupladequi habile Iwan Basilowitz. Voy. JEAN."
le Monténégro. Quand la mo;r Bleue etKataro se- Iwangis, sorciers, des. îles Moiuques, qui font
ront, rendus aux, Monténégrins, alors Ivo sortira aussi le métier d'empoisonneurs. On prétend
de son sommeil magique et se mettra, de nouveau qu'ils déterrent les,corps morts et.s'en nour-
à la .tête de ses descendants .pour renvoyer les rissent, ce qui obligé, les Moluquois, à monter
Autrichiens dans leurs humides et nuageuses la garde auprès des sépultures, jusqu'à ce que
contrées *.. .-:-,. les cadavres soient pourris. :
Jabamiah, mot puissant de la cabale élémen- bleuâtres pendant l'a,nuit, et font même entendre
taire, lequel, prononcé par un sage cabalisle, de; légères détonations.
restitué; les membres tronqués. -.. ;' .; Le plus terrible de ces démons est celui qui
Jacob. Voy. ETERNUMENOV fond,, son essence, vivante dans, les, liqueurs fer?
Jacobins de Berne. Voy: JETZÉRI -.;;.;; méntëes,:qùi s'introduit sous cette, forme liquide
Jack. Parmi les démons inférieurs de la sphère dans les veines, d'un buveur, et y allume à la
du feu, nous 1ne saurions oublier le feu follet ap- longue, un incendie qui.le.dévore, eh fournissant
pelé vulgairement en Angleterre Jack wilh the aux médecins un exemple de plus; de ce qu'ils
laniem, Jack à la lanterne ; qùé^Milton.nomme appellent scientifiquement une xombuslïon spon-
aussi le moine des marais. Selon la chronique de tanée 1. _, .. '.
l'abbaye de Corwey, ce moine en séjdùisit un Jacques Ier. Le roi /d'Angleterre Jacques 1",
autre, frère Sébastien * qui;, revenant de prêcher que Henri IV' appelait si plaisamment maître
là fête' de saint lôan, se laissa conduire à travers Jacques, me se contentait pas de faire brûler les
champs par la fatale lanterne jusqu'au bord d'un sorciers ; il à produit encore, sous le litre de
précipice où il périt. C'était en l'année 103/t; Dénwnologie, un gros volume pour prouver que
'nous ne saurions vériiieïie fait; les sorciers entretiennent un commerce exécrable
Les paysans allemands regardent ce diable de avec.le diable. Aujourd'hui on ne peut nier l'in-
feu comme très-irritable ; pourtant, ils ont quel- tervention des esprits dans les choses de la vie
quefois la malice, de lui chanter un couplet qui commune.. Mais le roi Jacques mit peut-être à
le met en fureur. —.11n'y a pas trente ans qu'une poursuivre ces délits une férocité un peu grande,
fille du village de Lorsch eut l'imprudence de Elle était de son temps et de sa secte. En ,1591,
chanter ce refrain, au moment où le follet dan- un attentat contre la vie du roi Jacques et delà
sait sur une prairie, marécageuse : aussitôt il reine fut attribué à la magie. Voici comment on
poursuivit la chanteuse; celle-ci-se mit à courir parvint aie découvrir : Une domestique -nommée
de toute la vitesse de ses jambes ;: elle se croyait Gellis Duncan avait attiré les soupçons de son
déjà sauvée en apercevant -sa maison, mais à maître par certaines cures extraordinaires. Le
peine franchissait-elle le seuil- que Jack à la lan- bailli de Tranent, pour les éclairçir, la lit ap-
terne la franchit aussi et frappa si violemment pliquer à la question. On lui serra les doigts
de ses ailes tous ceux qui étaient présents qu'ils dans des poucettes et on lui comprima la lêle à
en furent éblouis. Quant à la pauvre fille, elle en l'aide d'une corde ; /nais sans, en tirer aucun
perdit la.yué; elle'ne chanta plus que sur le banc aveu. On conclut de son silence qu'elle portait
de sa porte, lorsqu'on lui assurait que le ciel une marque du diable,- et on n'en douta plus
était pur. Telle est du moins la légende. quand on eut remarqué un signe sur sa gorge.
'Il ne faut pas être un très-fort chimiste pour A cette,;vue le charme tomba; elle avoua
deviner-la-nature de ce démon électrique ; mais n'avoir ïait de, cure, extraordinaire qu'avec l'aide
on peut le classer avec les démons du feu qui de Salah; elle révéla des maléfices; inouïs jus-
dénoncent les trésors cachés par les flammes li- qu'alors, commis avec l'assistance, d'une foulede
vides qu'ils font exhaler de la terre, et avec ceux complices qu'elle signala, et dont trente ou.,qua-
-qui .parcourent les cimetières par un temps rantei Jurent 1arrêtés. Dans .,ceinombre figuraient
d'orage. Maintes fois, autour des sources sulfu- de grandes dames, entre autres Euphéihie Ma-
reuses où les petites maîtresses vont chaque an- calzean, soeur de lord;Glistonhall,.l'un des mem-
née réconforter leurs poitrines délicates, lemoi> bres du sénat judiciaire d'Édinboiu'g- Jacques
tagnard des Pyrénées voit voltiger des gobelins devait se faire un point d'honneur de suivre as-
de la même famille : ils agitent leurs aigrettes sidûment les fils de ce dédale de mystères dia-
1 M.Edmond Texiev,Leprince deMonténégro,4Soi. 1 Emprunté à la Quarlerly Review.
JAC — 369 — JAC
boliques.Chaque jour il était présent à l'examen Il assista à la danse du sabbat, exécutée par
des accusés et manifestait son élonnement à Gellis Duncan, dont la fameuse Agnès Sampson,
chaque trait horrible ou grotesque de leur con- nommée la femme sage de Keith, avait la pre-
fession. mière-reconnu le talent. Le personnage le plus
Jeanne d'Arc, dite la Fucelle d'Orléans, née France ne fut accablée de calamités aussi grandes
en Champagne, àDomréini près de Vaucouleurs,
1 Manuscritde la bibliothèqueimpériale, cité dans
sur la lisière.de la Lorraine, en 1410. Jamais la
les Remarques de Joly sur Bayle.
1 Voyez, dans la légende du Juif errant et des seize 2 Manuscrit de la bibliothèque impériale, extrait
reines de Munster, toute l'histoire de Jean de Loyde. du livre de Joly.
JEA 375 — JEA
que durant le demi-siècle qui précéda l'année dans le jardin de son père l'archange Michel,
mémorable où l'on vit le courage abattu de ses l'ange Gabriel, sainte Catherine et sainte Mar-
guerriers, près de subir complètement le joug de guerite , resplendissants de lumière. Ces saints,
l'étranger, se ranimer à la voix d'une jeune fille depuis, la guidèrent dans ses actions. Les.voix
de dix-huit ans. Charles -VII était sur le point de (car elle s'exprimait ainsi) lui ordonnèrent d'aller
céder' à l'ennemi Chinon, sa , dernière place,, en aide au roi de France, et de faire lever le
lorsque Jeanne d'Arc parut, vers la fin de lévrier siége d'Orléans. Malgré les avis contraires, elle
1429. Ce n'était qu'une simple paysanne. Son obéit aux wù; et se rendit d'abord à Vaucouleurs.
père se nommait Jacques d'Arc ; sa mère, Isabelle Jean de Metz, frappé de ce qu'elle lui dit, se
Horaée. Dès sa plus tendre enfance elle avait chargea de là présenter au roi. Ils arrivèrent tous
montré une timidité sans exemple et fuyait le deux, le 2/j février 1429, à Chinon, où Charles
plaisir pour se livrer tout entière à'Dieu; elle tenait sa petite cour. Jeanne s'agenouilla devant
avait seize ans, lorsqu'un jour, à midi, elle vit lui. L'étonnement fut grand ; et on hésita d'abord
pour quele peuple entier pût la voir. Lorsqu'elle de vingt-neuf ans. On l'avait vue plusieurs fois
sentit que la flamme approchait, elle avertit les danser au sabbat ; elle disait que ceux qui y vont
deux religieux de se retirer. Tant qu'elle conserva trouvent le temps si court qu'ils n'en peuvcnl
un reste de vie, au milieu des gémissements que. sortir sans regret. Il ne paraît pas qu'elle ait été
lui arrachait la douleur, on l'entendit répéter brûlée 1.
le nom de Jésus, en baisant une croix de bois . Jeanne du Hard, sorcière, saisie à l'âge de
qu'elle tenait de ses mains enchaînées. Un der- cinquante-six ans. On la trouve impliquée dans
nier soupir, longuement prolongé, averlit qu'elle l'affaire de Marie Chorropique, pour lui avoir
venait d'expirer. Alors le cardinal de Wincester touché le bras, lequel devint mort. Nous ne dirons
fit rassembler ces cendres, et ordonna qu'elles pas si elle fut brûlée 2.
fussent jetées dans la Seine. Son coeur, dit-on, Jeanne (Mère). Une vieille fille vénitienne,
fut respecté par les flammes : on le trouva sain connue sous le nom de mère Jeanne, infalua
et entier. En face du bûcher, s'élevait un ta- tellement Guillaume Postel de ses rêveries qu'il
bleau portant une inscriplion qui qualifiait Jeanne soutint, dans un livre écrit à son sujet, quel»
de meurderesse, invocatrice des dénions, apo- rédemption des femmes n'avait pas encore été
state el mal créante de la foi de Jésus-Christ. achevée, et que celte Vénitienne devait accom-
Louis Xrfit réhabiliter la mémoire de Jeanne plir ce grand ouvrage. C'était la mère que cher-
d'Arc. Deux de ses juges furent brûlés vifs, deux" chent aujourd'hui les saints-simoniens et qu'ils
autres exhumés, pour expier aussi -,dans les ne retrouvent plus.
flammes leur jugement inique. Mais le procès de Jeanne Southcote. Voy. SOUTHCOTE.
la Pucelle n'en sera pas moins à jamais un sujet Jéchiel, rabbin et cabaliste. Voy. LAMPE MER-
d'opprobre pour les Anglais et aussi pour le roi VEILLEUSE.
Charles VII 1.
Jeanne Dibisson, sorcière, -arrêtée à l'âge 1 Delancre. Tabl. del'inconstance desdémons,etc„
liv.2 111, p. «7.
£ Voyez, dans les Légendesdes femmes, la vie de Delancre, Tabl.de l'inconstancedes démons,etc.,
Jeanne d'Arc. liv. II, p. 107.
JÉD 377 JET
Jédaï, divinité peu précise des Tartares de sortait; mais sans pousser une seule plainte, sans
l'Altaï. Ils lui donnent cependant le titre de roi, répondre un seul mot, sans donner le moindre
et ils raoontent qu'il possédait un briquet duquel témoignage de souffrance',. il criait toujours et
il faisaitjaillir desguerriers par centaines; il en" sans relâche: « Malheur à toi, Jérusalem!»'
tirait aussi des ponts pour traverser les fleuves, Enfin, un jour qu'il se trouvait sur le rempart,
et des vents qui lui frayaient une roule à travers il s'écria : « Malheur à moi-même! » et un in-
lesdéserts 1. .-.-: .-•' • stant après il fut éerasé: par une des pierres que
.'-Jéhovah. Ce nom auguste est employé souvent lançaient les assiégeants-4.. .-.'"'
chez les cabalistes juifs. On le trouve-dans les Jésabel, reine des Israélites, que Jéhu fit
odieuses et absurdes^ conjurations de là magie manger aux chiens après l'avoir fait précipiter
noire. -- ; - du haut d'une tour, et que Bodih met au nombre
Jénoùnes. Quelques ArabesJ nomment, ainsi des sorcières. Elle mérite cet opprobre, car-elle
-> s
unesorte de génies intermédiairesentre; les anges adorait les démons.; .
et les diables :11s fréquentent les bosquetsiet les'- Jetzer. L'affaire des jacobins de Berne a fait
fontaines, cachés sous la farine de;divers rep- un gi-ând bruit ; et les; ennemis de ; la religion
tiles, exposés à être; foulés-sous lés;;piéds des l'ont travestie avec une insigne mauvaise foi. .
passants. La plupart clés ^maladies sont, ie: ré- Voici-toute l'histoire :; ;
,' Les dominicaine ou; jacobins ne s'accordaient
pas entièrement avec lés cordeliers sur le fait
auguste de l'immaeulëe conception de là très-
saintë Vierge. Les dominicains ne l'admettaient
pas absolument. Or, au commencement du sei-
zième siècle, il y avait au couvent des domini-
cains de Berne,' alors fôi-t relâché, quatre mau-
vaismoines, qui imaginèrent une affreuse jonglerie
pour faire croire; que la -sainte Vierge se pronon-
çaiteontre lés cordeliers, qui défendaient une de
sultatde leurs vengeances. Lorsqu'un: Arabe est ses plus belles etde ses plus incontestables pré-
indisposé, il s'imagine avoir outragé un-de ces rogatives. Ils avaient parmi eux un jeune moine,
agentsinvisibles-, il a aussitôt recours à une ma- simple et crédule, nommé Jetzer; ils lui firent
giciennequi se rend à quelque source;voisine, y apparaître pendant la nuit des âmes du purga»-
brûle de l'encens et sacrifie un coq ou une toiré et lui persuadèrent qu'il les délivrerait en
poule,'.un-bélier ou-une;brebis,- suivant le sexe, restant couché en croix dans une chapelle, pen-
laqualité du malade ou la nature de la maladie. dant le temps qu'on célébrerait la sainte messe.
Jérôme (Saint). On a eu le front de lui at- On lui fit voir ensuite sainte Barbe, à laquelle il
tribuerdes livres de nécromancie, et particuliè- avait beaucoup de dévotion, et qui lui annonça
rement/'/^ notoire. Voy. ce: mot. - qu'il était destiné à de grandes choses; Par une
Jérôme, habitant de Plaisance au quinzième nouvelle imposture sacrilège, le sous-prieur, qui
siècle. Séduit par une magicienne, il se frotta était un des quatre moines-criminels, fil lé per-
(l'unonguent qu'elle lui donna et fit certains si- sonnage de la sainte Vierge, s'approcha la huit
gnesqu'elle lui indiquait. 11 se sentit aussi en- de Jetzer et lui donna trois gouttes de sang, di-
levé, comme s'il eût été sur un- cheval, et em- sant que c'étaient trois larmes que Jésus-Christ
porté au sabbat, autour du noyer de Bénévent. avaient répandues sur Jérusalem. Ces trois larmes
Éclairéainsi, il renonça à Satan et entra dans signifiaient que la sainte Vierge était restée trois
l'ordrede Saint-Benoît, où il mourut chrétien. heures dans le péché originel... Cette explication
Jérusalem. Avant la destruction de Jérusalem était rehaussée de diatribes contre les cordeliers.
parTitus, fils de Vespasien, on distingua, dit-on, Jelzer, qui était de bonne foi et qui avait l'âme
uneéclipse dé lune qui se répéta douze nuits de droite, s'inquiétait de la passion qui perçait dans
suile, Un soir, vers le coucher du soleil, on cette affaire, et se troublait surtout de reconnaître
aperçut dans l'air des chariots de guerre, des la voix du sous-prieur dans la voix de la sainte
cavaliers,des cohortes de gens armés, qui, mêlés Vierge. Pour le raffermir, on l'endormit avec un
aux nuages, couvraient toute la ville et l'envi- breuvage et on voulut le stigmatiser; puis, comme
ronnaientde leurs bataillons. Pendant le siège, il ne répondait pas à l'espoir qu'on avait mis en
cLPeude jours avant la ruine de la ville, on vit lui, on chercha, dit-on, à l'empoisonner et on
toutà coup paraître un homme absolument in- l'enferma ; mais il trouva moyen de s'échapper ;
connu, qui se mit à parcourir les rues et les il s'enfuit à Rome, où il révéla toute l'intrigue". Le
placespubliques,' criant sans cesse : « Malheur sainl-siége lit poursuivre les moines scélérats et
à loi, Jérusalem ! » On le fit battre de
verges ; on 1 Voyez Josèphe, Histoire de la guerre de Judée;
Ie déchira de coups, pour lui faire dire d'où il
1Revue Bossuet, Discours sur l'histoire universelle, deuxième
germanique, août 1860, p. 449. partie, ch. vm.
JEU 378 — JOS
les fit livrer; au bras séculier. Les quatre domini- minuit sonnant, il recevrait son prix, Le mar-
cains coupables furent brûlés le 31 mars 1509, à chand y alla, son argent lui fut.payé en pièces
la portede Berne. Mais-le malheur de ces grandes antiques, et l'acheteur l'invita, à visiter sa rési-
•profanations, c'est que les ennemis de l'Église dence. 11 suivit avec étonnement plusieurs lon-
oublient la.réparation ou la taisent, et n'en gar- gues rangées de stalles, dans chacune desquelles
dent que le scandalei; : s-'-. uneheval se tenait immobile, tândisqu'un soldat
Jeu. Prenez une anguille morte par, faute d'eau ; armé de toutes pièces était couché, aussi sans
prenez le fiel d'un taureau qui aura;été; tué par mouvement, aux pieds de chaque noble animal,
la; fureur des chiens ;inettézle dans la;-peau de « Tous ces hommes., dit à voix basse ie maître,
cette anguille,;joignez-y une; drachme de sang: de du lieu, s'éveilleront à la bataille de Sherilïïnoor.i)
vautour; liez la peau d'anguille parles deux» A l'extrémité étaient suspendus une épéeel
bouts avec dé;la corde de:pendu,iet.cachez cela un cor qui devait rompre le charme. Le jockey
dans du fumier chaud l'espace de quinze jours;; prit le cor et essaya d'en donner. Les chevaux
puis ,vous lé ferez; sécher dans un fourrchauffé tressaillirent.aussitôt dans-leurs stalles; les sol-
avec de la; fougère; oueilliela; veillé dé la Saint- dats, se levèrent et firent retentir leurs armes.
Jean,; et vous enlerez un bracelet, sur lequel Une voix forte prononça ces mots : « Malheur au
vous écrirez avec une plumé de corbeau et de lâche qui ne saisit pas le glaive avant d'enfler le
votre; propre: sang- ces quatre lettres H VT V, et, cor. » Un tourbillon de vent chassa l'acheteur
portant ce bracelet autour de votre bras,. vous dé la caverne, dont il ne put jamais retrouver
ferez fortune dans tous; les jeux 1, Voy. ROITELET.l'entrée1... ï -.
Jeudi; Les sorciers; font ce' j our^là un de leurs- Jogonnata. Voy. JAQSHERNAT.
plus abominables; sàbbats;,î s'il faut en croire lesi Johannes de Gurus. Voy. FLAXBINBER.
démonômahès. v . - Johnson (Samuel). Johnson .incrédule pour
Jézer-Tqb, Jézér-Harà. Suivant l'ancienne ,tout ce qui n'était .qu'extraordinaire, adoptait
cabale des Juifs, le : monde des esprits est par- .avec plus de ponfiancétout ce qui sentait le mi-
tagé, comme notre-monde, en deux catégories : racle, traitant de fable, par exemple, un phéno-
les esprits de lumière et les-;esprits: de ténèbres. mène dé la nature, et écoutant volontiersle récit
Jézer -Tob est le : chef ou :président des esprits- d'un songe ; doutant du tremblement de terre de
de lumière,- et Jézer-Hara le chef des iesprits de: Lisbonne pendant six mois, et allant à la chasse
ténèbres ou démons. ...,":-. - ; du revenant de-Gock-Lane; rejetant,les généalo-
tJoaehim, abbé de ïïoreven: Calabre,:passa gies et les, poëmes celtiques, et se déclarant prêt
pourprophète pendant sa vie et laissa -ides,livres; à ajouter foi à la seconde vite des montagnards
de prédictions qui ont été condamnés en 1215 d'Ecosse. En religion, plusieurs de ses opinions
par le concile de Latran. On lui attribue aussi' étaient plus qùelibres, et en même temps ilyir.
l'ouvrage intitulé l'Evangile étemel. vait sous la tyrannie de cerlaines pratiques su-
Job. Des alchimistes disent que Job, après son perstitieuses 2..
affliction, connut le secret de la pierre philoso- Joli-Bois. Voy.. YBUDELKT.-.
phai, et devint si puissant qu'il pleuvait chez Jongleurs. Voy. EscAMOTEUBS, IlAIIVIS,CHAR-
lui du sel d'or : idée analogue à celle des Arabes, LATANS,etc.,
qui tiennent que la neige et les pluies qui tom- J or mungaiidur, serpent monstrueux de l'en-
baient chezlui étaient précieuses.
Isidore place dans l'Idumée la fontaine de Job,
claire trois, mois.de l'année, trouble trois mois,
verte trois mois et rouge trois autres mois. C'est
peut-être celte fontaine que, selon les.musul-
mans, l'ange Gabriel fit sortir en frappant du
pied, et dont il lava Job et le guérit.
Jobard, savant très-spirituel, mort à Bruxelles
en 1861. Les spirites de Paris:l'ont évoqué; il a
répondu : au moins on l'assure; et les journaux
annonçaient, au commencement de 1862, que sa
verve était très-compromettante pour beaucoup
de savants restés en vogue.
Jocaba. Voy. CINCINNATUI.US.
fer Scandinave, né du diable et de la géante
Jockey des Fées. On a souvent répété, en
Ecosse, l'histoire d'un audacieux jockey, lequel Angerbode. nos en-
vendit un cheval à un vieillard très-vénérable Josefsdal (Vallée de Josef^De jours
d'extérieur, qui lui indiqua, dans les montagnes 1 Walter Scott, Démonologie.
d'Eildon, Lucken-Hare comme l'endroit où, à 2 J. Macaulay, Samuel Johnson et ses contempo-
1 Admirables secrets du Petit Albert, p. 25. rains.
JOS 379 JUI
core, on donné ce nom, en Suède, au lieu où se Judas eut vendu son maUre, Ahasvérus abandonna;
faitle sabbat des sorciers. aussi celui qu'on' trahissait. '•
Joseph. On croit dans plusieurs pays que les
magicienset-sorciers n'ont aucun pouvoir sur
ceuxqui ont reçu au baptême le nom de Joseph 1.
Josué Ben-Levi, rabbin si-rusé et si sage
qu'il trompa le ciel et, l'enfer tout ensemble.
Commeil était près de trépasser, il gagna si
bienle diable qu'il lui fit promettre de lé porter
jusqu'à l'entrée du paradis, lui disant qu'il ne
voulaitque voir le lieu de l'habitation divine, et
qu'ilsortirait du monde plus content. Le diable,
ne voulant pas lui refuser cette satisfaction, l'e
portajusqu'au guichet du paradis; mais Josué,
s'envoyant si près, se jeta dedans avec vitesse,
laissantle diable derrière, et jura par le Dieu
vivantqu'il n'en sortirait point. Dieu, disent les
rabbins, fit conscience que le.rabbin.se parjurât Comme on-conduisait Jésus au Calvaire chargé
clconsentit à ce qu'il demeurât avec les justes 2. de l'instrument de sa mort, le bon Sauveur voulut
Jours. Les magiciens et sorciers ne peuvent se reposer" un instant devant la boutique du cor-
riendeviner le vendredi ni le dimanche. Quel- donnier, qui, craignant de se compromettre, lui
dit : « Allez plus loin, je ne yeux pas qu'un cri-
ques-uns disent même que le diable né fait pas
ordinairement ses orgies et ses assemblées ces minel se repose à ma porte.'-» Jésus le regarda
jours-là;mais ce sentiment n'est pas général. Si on et lui répondit : « Je vais et reposerai; mais
rogneses ongles les jours dé la semaine qui ont vous marcherez et vous ne reposerez pas ; vous
unr, comme le mardi, le mercredi et le vendredi, marcherez tant quele monde durera, et au juge-
ilviendrades enviés aux doigtsMl: n'est pas facile ment dernier vous, me verrez assis à la droite
d'endonner la raison. Suivant"une autre croyance de mon Père. » Le cordonnier prit aussitôt un
répandueen Hollande, en'ne coupant ses-ongles bâton à la main el se mit à marcher sans pouvoir
quele vendredi, on n'a jamais malaux dents. On s'arrêter nulle part. Depuis dix-huit siècles il a
a faitdes tables des jours heureux etmalheureux parcouru toutes les contrées du globe sous le
pour chaque mois; mais comme elles varient nom de Juif errant. IJ a affronté les combats, les
toutes,le jour heureux de l'une étant malheureux naufrages, les incendies^ Il a cherché partout la
dansl'autre, nous laissons aux amateurs le soin mort et ne l'a pas trouvée, il a toujours cinq sous,
dedresser ces tables à leur gré pour leur usage 3. dans sa bourse. Personne ne peut se vanter de
Judas Iscariote. Après sa trahison infâme, l'avoir vu; mais nos grands-pères nous disent
ilfut possédé du diable et se pendit à un sureau. que leurs grands-pères l'ont connu, et qu'il a
LesFlamands appellent encore les excroissances paru, il y a plus de cent ans, dans certaines
parasitesdel'écorce du sureau sueur de Judas \ villes. Les aïeux de nos grands-pères en disaient
Jugement de Dieu. Voy. ÉPREUVES,OKDA- autant, et les bonnes gens croient à l'existence
UE.elC personnelle du Juif errant.
Jugement dernier. Les musulmans disent Ce n'est pourtant qu'une allégorie ingénieuse,
quele jour du'jugement dernier durera cinquante qui représente toute la nation juive, errante et
milleans. Mais chacun y sera si occupé qu'on ne dispersée depuis l'anathème tombé sur elle. Leur,
s'enapercevra pas. race ne se perd point, quoique confondue avec
Juif errant. On voit dans la légende du Juif les nations diverses, et leurs richesses sont à
errant que ce personnage était cordonnier de sa peu près les mêmes dans tous les temps aussi
profession, et qu'il se nommait Ahasvérus; mais bien que leurs forces. M. Edgar Quinet a fait sur
la complainte l'appelle Isaac Laquedem. A l'âge Ahasvérus un poëme humanitaire ; M. le baron
île dix ans, il avait entendu dire que trois rois de Reiffenberg une chronique '.
cherchaient le nouveau roi d'Israël ; il les suivit Juifs. Indépendamment de ce coup de foudre
cl visitaavec eux la sainte étable de Bethléem. Il qui marque partout les juifs et les fait partout
allaitsouvent entendre JNotre-Seigneur. Lorsque reconnaître, il y a sur eux plusieurs signes d'a-
bandon. Tant qu'ils ont été le peuple fidèle, ils
1L alliance de saint ont conservé intact le dépôt des saintes Écritures.
Joseph, Bruxelles, 4G95.
Depuis leur crime, les enseignemenls de Moïse
-Voyez aussi, dans les Légendes infernales, le el des prophètes se sont étouffés chez eux sous
maréchalde Tamine.
les incroyables absurdités du Talmud; et le sens
Voyezsur les jours les Légendesdu calendrier.
Voyezles traditions sur Judas dans les Légendes 1 les Légendes du Juif errant et des seize
"« nouveau Testament. Voyez
reines de Munslçr.
JUI 380 — JUI
n'est plus avec eux. La terre sainte, qui était le Parmi les moyens que l'on employait pour les
plus fertile et le plus beau pays du monde, mau- découvrir, il en est un singulier que rapporte
dite depuis dix-huit siècles, est devenue si mi- Tostat dans son livre des Démons : c'était une
sérable qu'elle ne nourrit plus ses rares habi- tête d'airain, une androïde, qui, en Espagne,
tants. Partout les juifs se sont vus mal tolérés. dit-il, révélait les juifs cachés...
Souvent on les poursuivit pour dés- crimes ima- Ils faisaient l'usure et dépouillaient les chrétiens
ginaires; mais leur histoire est souvent chargée dans les contrées où ils étaient soufferts ; puis,
de crimes trop réels. On les chassa de l'Espagne, quand ils avaient tout ravi, les princes qui avaient
qu'ils voulaient dominer ; et sans cette mesure besoin d'argéntles faisaient regorger avec vio-
la Péninsule serait aujourd'hui la proie des juifs lence. Dans de tels cas, ils essuyèrent surtout de
et des Maures. Souvent, sans doute, on mit peu grandes vexations chez lès Anglais. Le roi Jean
d'humanité dans les poursuites exercées contre fit un jour emprisonner les riches juifs de son
eux ; niais on ne les bannissait pas sans; leur royaume pour les forcer à lui donner de l'ar-
donner,trois mois pour s'expatrier,..etils s'obsti- gent; un d'eux, à qui'on arracha sept dents
naient à demeurer dans les pays où leurs tètes l'une après l'autre, en l'engageant de la sorte à
étaient proscrites. contribuer, paya mille marcs d'argent à la hui-
tième. Henri III tira d'Aaron, juif d'York, qua- ront mariés ; et leurs jours seront heureux ; et
rante mille marcs d'argent et dix mille pour la vous jouirez longtemps de leur bonheur.
reine. 11vendit les autres Juifs de son pays à son » Le bois que sollicitent ces enfants est destiné
frère Bichard .pour le terme d'une année, afin à brûler les juifs. C'est le soir du jeudi saint des
que ce comte éventrât ceux qu'il avait déjà Grecs qu'on allume les feux ; chaque petite troupe
écorchés, comme dit Matthieu Paris... Eiï gé- allume le sien. On fabrique un homme depailleavec
néral, lorsqu'on; tolérait les juifs, on les distin- le costume juif, et la victime en effigie est ainsi
guait des autres habitants par des marques in- conduite devant le feu, au milieu des clameurs
famantes. et des huées. Lesenfantsdélibèrentgravementsur
« Avant de quitter Jaffa, dit un illustre voya- le genre de supplice auquel il faut condamner
geur,: je ne vous parlerai pas d'une coutume que l'Israélite ; les uns disent : Crucifions-le, il a cru-
vous ignorez peut-être'et qui est établie chez les cifié Jésus-Christ; les autres : Coupons-lui la
Grecs de cette ville. Chaque soir, pendant le ca- barbe et les bras ; puis la tête ; d'autres enfin:
rême, les petits enfants des familles grecques Fendons-le, déchirons-lui les entrailles, car il a
vont à la porle des maisons chrétiennes et de- tué notre Dieu. Le chef de la troupe, prenant
mandent avec des cris monotones, qu'on pren- alors la parole : — Qu'est-il besoin, dit-il, de re-
drait pour une complainte, du bois ou des paras courir à loiis ces supplices? Il y a là un feu tout
(liards) pour acheter du bois. — Donnez, don- allumé ; brûlons le juif. — Et le juif est jeté dans
nez, disent-ils; et l'an prochain vos enfants se- les flammes. — Feu, feu, s'écrient les enfants,
JUI 381 — JUI
nel'épargne pas, dévore-le ; il a souffleté Jésus- obligé de faire descendre du toit mon fils qui est
Christ; il lui a cloué les pieds et les mains. — en danger; quand je l'aurai sauvé, je vous re-
Lesenfants énunièrent ainsi toutes les souffran- mettrai l'échelle., Et ainsi des autres circon-
ces que les juifs firent endurer au Sauveur. stances. »
Quandla victime est consumée, on jette au vent » Ce passage n'est qu'une paraphrase du texte
sescendres avec des imprécations; et puis cha- talmudique.de l'Avoda-Sara^ ehap. n-, qui pres-
cun se retire, satisfait d'avoir puni le bourreau crit les mêmes manoeuvres pour faire ; périr les
du Christ. — De semblables.coutumes hérétiques. Il ajoute, un autre expédient, celui
portent
avec elles leur caractère, et n'ont pas besoin de fermer le; puils au moyen d'une pierre, et de
d'êtreaccompagnées de réflexions1.'-»' dire qu'on l'a couvert, de crainte que; le- bétail
Les diverses religions sont plus ou, moins to- n'y tombât. L'objet de ces iiomicides est .inoins
lérées dans les Étals des Turcs et des Persans. déterminé dans le Talmud que dans le passage de
Desjuifs,.à Constantinople, s'avisèrent de dire, Maiinonides ; il laisse plus de latitude aux coups
en conversation , qu'ils seraient les seuls qui en-meurtriers. Tous les minim sont désignés au fer
treraient dans le paradis. — Où serons-nous donc, assassin- et il est notoire que les chrétiens sont
nous autres? leur demandèrent quelques Turcs appelés de ce nom. Le Talmud appelle les Évan-
avec qui ils s'entretenaient. —Les juifs, n'osant giles le Hvfè; des minim. Maiinonides compte
pasleur dire ouvertement qu'ils* en seraient ex- parmi les hérétiques {minim) ceux qui prétendent
clus, leur répondirent qu'ils seraient dans lès que'Çieu apris;un corps et qui adorent, outrele
cours. Le grand vizir, informé de celte dispute, Seigneur,;un. médiateur entre lui et nous, c'est-
envoya chercher les chefs de la synagogue ef à-dire les chrétiens. '.- ..-",:.•'"
leurdit que, puisqu'ils plaçaient les musulmans » La-haine; des juifs contre les chrétiens est-
dansles cours du paradis, il était juste qu'ils leurancienne. Sans remonter, au premier siècle, tout
fournissentdes tentes, afin qu'ils ne fussent pas plein d'exemples sanglants, Khosroès, roi de
éternellement exposés aux injures de l'air. Oh Perse, fit, en 615, une .irruption; sur la Pales-
prétend qu,e c'est-depuis ce temps-jàque tine ; il comptait sur les juifs pour se.défaire des
les
juifs,outrele tribut'ordinaire",' payent une somme chrétiens*-!! prit.'Jérusalem et fit une .multitude
considérable pour les tentes duigrand.seigneur et de prisonniers chrétiens qu'il vendit aux juifs.
detoute sa maison, quand il va à l'armée 2. , Leur empressement fut tel que chacuriV consa-
Nous ne réveillerons pas ici les accusations crait une partie de son ...patrimoine; à l'achat des
portées-contre les juifs à prôpos/de ^assassinat prisonniers chrétiens, qui! massacrait aussitôt.
commisà Damas, le 5 février 18/|0, contre le Mais est-ce vrai? Basnage, dans-son Histoire des
pèreThomas et son domestique; Ceux qui ont lu juifs, raconte ces massacres sans; élever le
lespièces officielles:de ce triste procès savent cemoindre-doute-sur leur authenticité. Des Juifs
qu'ils doivent en penser. Mais nous extrairons convertis, ont avoué plusieurs fois que chez eux
on niassacrait des enfants.voiés.où-achetés, sous
ditsavant Joitrnal historique et littéraire àe Liège.
(janvier 18/i-l) un passage relatif à la doctrine prétexte qu'en les tuant on empêchait toute une
desjuifs sur lé meurtre : race idolâtre de naître. On peut aller loin avec
«Le célèbre rabbin Moimonides,"mort en 1205, ce principe.
ccrivailà l'époque où les juifs furent le plus ac- » Leurs rabbins disent que le précepte du Dé-
cusésde meurtres sur les chrétiens. Un de ses calogue : Noii occides, v.ous ne tuerez point,
principaux ouvrages est le Jad Chazakah ou la n'oblige qu'à l'égard des Israélites. Lévi beu
Mainforte, qui est un abrégé substantiel du Gersom, dans son commentaire sur le Penla-
Talmud.Voici ce qu'il dit ; ; teuque, dit : « Les paroles Vous ne. tuerez point
« 11nous est ordonné de tuer les hérétiques signifient : vous ne tuerez point parmi les Israé-
(minim), c'est-à-dire ceux des Israélites qui se lites ; car il nous est permis de tuer les animaux ;
livrentà l'idolâtrie, ou celui qui pêche pour irri-
il nous est aussi ordonné de tuer une partie des
ter le Seigneur, et les épicuriens, c'est-à-dire nations, comme Amalech et les autres nations à
ceuxdes Israélites qui n'ajoutent pas foi à la loiqui il nous esl commandé de ne pas laisser la
el à la prophétie. Si quelqu'un a la puissance de vie. 11 est donc clair que le commandement
leshier publiquement par le duel, qu'il les tue défend seulement de tuer les Israélites. »
de-celle manière. S'il ne peut faire ainsi, qu'il » Maiinonides dit aussi qu'on viole ce comman-
lâchede les circonvenir par fraude jusqu'à ce dement lorsqu'on lue un Israélite, laissant assez
{l|''illeur ait donné la mort. Mais de quelle ma- entendre'qu'on ne le viole pas en tuant un chré-
nière?Je réponds : S'il voit l'un d'eux tombé au tien ou un gentil. «Un Israélite qui a tué un
fondd'un puits dans lequel une échelle avait été étranger habitant parmi nous, dit-il ailleurs, ne
Phcéeauparavant,-qu'il la retire et dise : Je suispeut d'aucune manière être condamné à mort. »
Dans le Bava mezia, il est encore dit que les
MicliaudetPoujoulat, Correspondancedel'Orient. juifs sont des hommes et que les autres peuples
2Saint-Foix,JSssats, t. II. .du monde sont des brutes. Les rabbins ensei-
JUL 382 JUR
gnent que les autres peuples du monde n'ont pas Après sa mort, on trouva dans le palais qu'il
d'âme humaine; et ils les traitent, surtout les habitait des charniers et des cercueils pleins de
chrétiens, de porcs, de boeufs, de chiens, d'ânes têtes et de corps morts. En la ville de Carres de
et de sangliers. Dès lors le précepte : Vous ne Mésopotamie, dans un temple d'idoles, on trouva
tuerez point, n'obligeant point envers les ani- une femme morte pendue par les cheveux, les
maux, n'oblige pas envers les chrétiens. bras étendus, le ventre ouvert et vide. On pré-
» Ces doctrines ne sont ni celles de Moïse, ni tend que Julien l'avait immolée pour apaiser les
eellès- des autres livres saints* Ce sont les doc- dieux infernaux auxquels il s'était voué, et pour
trines des talmudistes',' rabbins -ou scribes. Mais apprendre Par. l'inspection du foie de cette femme
Buxtorf assuré (m *Synagoga Judaïca) que cet le résultat de la guerre qu'il faisait alors contre
axiome est vulgaire : Mon fils, faites plus atten- les Perses,.
tion: aux paroles des scribes (ou rabbins) qu'à La mort de l'Apostat fut'signiûee, dit-on, dans
celles dé la loi. Salomoii Jarchi, un dés plus fa- plusieurs lieux à la.fois, et au même moment
meux docteurs juifs, écrit dans ses commen- qu'elle advint. Un de ses domestiqués, qui allait
taires sur le Deûtéronorrié : « Vous ne vous écar- le trouver en Perse, ayant été Surpris par la
terez pas des paroles des rabbins', quand même, nuit et obligé de s'arrêter dans une église, faute
ils vous diraient que votre main droite est votre d'auberge, vit en songe des apôtres et des pro-
main gauche, ou que votre gauche est votre phètes assemblée qui déploraient les calamités de
droite. Vous le ferez donc bien moins lorsqu'ils l'Église sùus un prince aussi impie que Julien;
appelleront votre droite, droite, et votre gauche, et un d'entre eux, s'étant levé, assura les autres
gauche.» "qu'il allait y porter remède. La nuit suivante,
Cependant, de nos jours et chez nous, les' ce valet, ayant vu dans son sommeil la même
juifs, non plus tolérés seulement, mais devenus assemblée, vit venir l'homme de la veille qui
citoyens, ne s'occupent plus de la magie comme annonça la mort de Julien.. Le philosophe l)i-
autrefois et abandonnent complètement les doc- dyme d'Alexandrie vit aussi en songe des hom-
trines désolantes de leurs vieux talmudistes. Nous mes montés sur des chevaux blancs, et courant
pourrions en citer plusieurs parmi les notables dans les airs en disant ; « Annoncez à Didyine
qui comprennent le lien des deux testaments et qu'à cette heure Julien TApostatést tué. »
qui sont beaucoup plus près du catholicisme que-, Jung, auteur allemand, vivant encore peut-
les philosophes et quelques protestants. Dieu être. Il a écrit sur les esprits un ouvrage inti-
veuille qu'ils deviennent tous bientôt nos frères tulé Théorie 'de Geisler - Kundcr, Nuremberg,
en Jésus-Christl 1808, in*.
Julien l'Apostat, né en 331, empereur ro- Junier, démon invoqué comme prince des
main , mort en 363. Variable dans sa philosophie, anges dans les litanies du sabbat.
inconstant dans, sa manière de penser, après Jupiter- Ammon. Les Égyptiens portaient sur
avoir été chrétien, il retomba dans le paganisme. le coeur, comme un puissant préservatif, une
Les ennemis; seuls dé l'Église ont trouvé dans, amulette ou philactère, qui était une lame sur
quelques qualités apparentes des prétextes pour laquelle ils écrivaient le nom de Jupiter-Ammoii.
faire son éloge. Ce sage consultait Apollon et Ce nom était si grand dans leur esprit, et même
sacrifiait aux dieux de pierre, quoiqu'il connût chez les Romains, qu'on en croyait l'invocation
la vérité. Les démonomanes l'ont mis au nombre suffisante pour obtenir toutes sortes de biens,
des magiciens; et il est vrai qu'il croyait ferme- On sait que Jupiler-Ammon avait des cornes de
ment à la magie, qu'il attribuait à celte puis- bélier. Sa statue, adorée à Thèbes, dans la haute
sance les miracles de Noire-Seigneur, dont il Egypte, était un automate qui faisait des signes
. n'était pas assez slupide pour nier l'évidence, et de têle.
il expliquait de Ja même manière les prodiges Jurement. « C'est une chose honteuse, dit
que Dieu accordait alors encore à la foi ferme un bon légendaire, que d'entendre si souvent
dès chrétiens. Enfin, avec Maximus et Jamblique, répéter- le nom du diable sans nécessité. Un père
il évoquait les esprits, consultait les entrailles en colère dit à ses enfants : — Venez ici, mau-
des victimes et cherchait l'avenir par la nécro- vais diables ! Un autre s'écrie : — Te voilà, bo"
mancie. 11avait des visions : Ammien Marcellin diable 1 Celui-ci qui a froid vous l'apprend en
— Diable! le temps est rude. Celui-là
rapporte que peu avant sa mort, comme il écri- disant:
vait dans sa tente, à l'imitation de Jules César, qui soupire après la table dit qu'il a une faim
il vit paraître devant lui le génie de Rome avec de diable. Un autre 'qui s'impatiente souliailc
un visage blême. que le diable l'emporte. Un savant de société,
Il fut tué par un trait que personne ne vit ve- quand il a proposé une énigme, s'écrie brave-
nir, à l'âge de trente-deux ans. Ennemi acharné ment : — Je me donne au diable si vous devinez
de Jésus-Christ, il recueillit, dit-on, en tombant, cela. Une chose paraît-elle embrouillée, on vous
un peu de son sang dans sa main et le lança vers avertit que le diable s'en mêle. Une bagatelle
lé ciel en disant: «Tu as vaincu, Galiléenl » est-elle perdue, on dit qu'elle est à tous les (lia-
JUR 383 KAA
nies.Un homme laborieux prend-il quelques mo- au Mans. Le jour venu, l'avocat gascon, ayant
mentsde sommeil, un plâisah t vient vous dire que longuement réfléchi sur les moyens qu'il avait à
le diable le berce. — Ce qu'il y a de pis, c'est que prendre pour ne courir aucun péril, s'avança
desgens emploient le nom du diable en bonne devant les juges et demanda qu'avant dé re-
: courir à une plus violenté ordalie on lui permît
part; ainsi on vous dira d'une chose médiocre
—Ce n'est pas le diable. Un homme fait-il plus d'abord d'essayer celle-ci,: c'est-à-dire qu'il se
qu'onne démandé, on dit qu'il travaille cônimé lé donnait hautement et fermement au; diable, lui
valetdu diable. Que l'on voie passer un grenadier et sa' partie, s'ils avaient touché l'argent dont ils
de.cihq'pièdsdix pouces, on s'écrie ':—-Quel grand niaient l'a dette; Les juges, étonnés de l'audace
diable! D'un liolrime qui vous étonne par son du Gascon, se persuadèrent là-dessus qu'il était
esprit, par son adresse ou par ses talents, vous nécessairement fort dé son innocence et se dis-
dites: HT-' Quel diable d'homme1 ! Oh dit encore : posaient à rabsoudré; mais auparavant ils-or-
Uneforcé de diable, un esprit de diable-, un cou- donnèrent; à l'avocat dé la partie adverse;de pro^
rage de diable; un homme franc est un bon nônçer le même dévouement que; venait de faire
diable; Un homme qu'on plaint, un pauvre l'avocat gascon.1—^ll n'eii est pas besoin, s'écria
diable; un homme divertissant a de l'esprit en aussitôt du fond dé la salle Une'voix;rauquev
diable,etc., et une foule de mots semblables. Eh même tèïh'ps on vit paraître un monstre
Cesont de grandes aberrations. » : noir, hideux, ayant des cornes aulront, des ailes
-Un père en colère dit un jour à son fils ':''-u' de chauve-souris 'aux épaules,: et avançant lès
Va-t'enau diablélLefils, étàntsorti peu âpres; grifies'sur l'avocat gascon., tiv^e- champion,
rencontrale diable, qui l'émrnèna, et on ne lé tremblant, se hâta dé révoquer sa parole,; en
1
.revitplus V Uii autre hothiné1, irrité contré sa suppliant les juges et les assistants de letirer des
fillequi mangeait trop avidement une écuelle dé grilles de l'ange des ténèbres. ^ Je né-céderai,;
lait, eut l'imprudence de lui dire :' — Puissès4u répondit le •diable, que quand le crime sera
avalerle diable dans ton ventre! La jeune fille révélé;....
sentitaussitôt la présence dit démon, et elle fut Disant ces mots, il s'avança encore sur leplai-
possédéeplusieurs mois 2: Un mari de mauvaise dèur manceau et surl'avocat gascon;... Les deux
humeur donna sa femme au diable; au même menteurs, interdits, se hâtèrent d'avouer, l'un,
instant, comme s'il fût sorti- de la bouche de qu'il devait la somme qiu'on lui demandait, t
l'époux,le démon entra par l'oreille dans le l'autre , qu'il soutenait sciemment une mauvaise
corpsde cette pauvre'dame 3.Ces contes vous font causé. Alors le diable se retira; mais on sut par
rire; puissent-ils vous corrigerl la;suite que- Je second avocat, sachant combien
Un avocat gascon'avait recours: aux: grandes le Gascon était peureux, avait été instruit de son'
'
figurespour émouvoir, ses juges. Il plaidait au idée ; qu'il avait en conséquence affublé son do-
quinzième siècle, dans'ces-temps où; lés juge- mestique d'un habit noir bizarrement taillé et
inenlsde Dieu étaient, eneofe en usage. Un jour l'avait équipé d'ailes et dé cornes pour découvrir
qu'il défendait la cause d'un'teaticéau cité en la vérité par ce ministère. Voy. IMPRÉCATIONS.
justicepour une sommé:ïï'ârgeht dont -}\njajt ja Jurïeu, ministre protestant, né en 1637, mort
dette, comme il n'y avait*:àûcïïn témoin pour en 1713. Il prit ses désirs pour des inspirations
éclaircirl'affaire, lès ;jugès;dê8lài'èi'ënt qu'on au- et.se fit prophète. Dans son livre, De l'accom-
rait recours à une épreuvé-judiëiaire. L'avocat plissement des prophéties, il annonçait en 1685,
(lela partie adverse, connai'ssàritl'humeur peu avec la ferme assurance d'un oracle, que dans
belliqueusedu Gascon, demanda que les avocats cinq ans le calvinisme triompherait par toute la
subissentl'épreuve, aussi bien que leurs clients; France. Mais 1690 arriva et n'eut pas la com-
le Gascon.n'y consentit .qu'à condition que l'é- plaisance de lui donner raison. Ge qui l'aplatit
preuvefût à son choix. — La chose se passait un peu.
Kaaba, Ce lieu célèbre à la Mecque, dans selon les croyances musulmanes. Le seuil est un
l'enceinte du temple oii plutôt de la mosquée, bloc de pierre qui a été, disent les Arabes, la
esl, dit-on, la maison d'Abraham, bâtie par lui, statue de Saturne, autrefois élevée sur la Kaaba
' CtesaïiiHeisteïb. lib, xti. même, et renversée par un prodige, ainsi que
2 mitacul.) Y, cap, toutes les autres idoles du lieu, au moment de la
3 Ejusdem, cap. n, ibid.
Ejusdem,cap. n, ibid. naissance de Mahomet»
KAB 384 KAi-I
La Kaaba est un petit édifice d'une quinzaine ne peut faire que sous la conduite d'un être su.
de pieds. Les musulmans l'appellent la maison périeur. C'est, dit-on, la demeure des génies, il
carrée et la maison de Dieu ; dans le Koran elle est souvent parlé de cetle montagne dans les
est désignée comme le lieu le plus saint de la contes orientaux. Voy. SAKHRAT.
terre : aussi les bons musulmans se tournent-ils Kaha, maléfice employé aux îles Marquises.
toujours dans leurs prières vers la Kaaba ; et il Les habitants attribuent au Kaha la plupart de
faut être peu dévot pour n'en pas faire au moins leurs maladies. Voici comment il se pratique:
une fois en sa vie le pèlerinage. On y révère la « Quelque sorcier aura attrapé de votre salive,
fameuse pierre noire qui servait d'échafaud- à et puis il vous a lié du terrible Kaha ou maléfice
Abraham lorsqu'il maçonnait la maison carrée. du pays, en enveloppant cette salive dans un
On conte qu'elle se haussait et se baissait d'elle- morceau de feuille d'arbre et la conservant en sa
même, selon les désirs du patriarche. Elle lui puissance. Il tient là votre âme et votre, vie en-
avait été apportée par l'ange Gabriel ; et on chaînées; — A ce mal voici le remède : ceux qui
ajoute que celte pierre, se voyant abandonnée ont eu le pouvoir de vous jeter le charme ont
après qu'on n'eut plus besoin d'elle, se mit.à aussi le pouvoir de vpus l'ôler, moyennant quel-
pleurer; Abraham la consola en lui promettant que présent. Le sorcier vient donc se coucher
qu'elle serait extrêmement vénérée des musul- près de vous; il voit ou il entend le génie du
mans ; et il la plaça en effet près de la porte, où mal ou de la maladie quand il-,entre en vous et
elle est baisée par tous les pèlerins. quand: il en sort, car il paraît que ces génies se
Kabires, dieux des morts, adorés très-an- promènent souvent ; et il l'attrape comme au vol,
çiennement en Egypte. Bochard pense qu'il faut ou bien il le saisit en vous frottant le bras, et il
entendre sous ce nom les trois divinités infer- l'enferme à son tour dans une feuille, où il peut
nales : Pluton, Proserpihe et Mercure. le détruire 1. »
D'autres ont regardé les Cabires comme des Kahihammer (Marie), Bavaroise, qui a fait
magiciens qui se mêlaient d'expier les crimes des récemment beaucoup de bruit à Munich, à pro-
hommes, et qui furent honorés aprèsleur mort. pos, de ses communications avec les esprits au
On les invoquait dans les périls et dans les infor- moyen des tables tournantes. Un livre d'elle,
tunes. Il y a de grandes disputes sur leurs noms,
qu'on ne déclarait qu'aux seuls initiés 1. Ce qui
est certain, c'est que les Cabires sont des démons
qui présidaient autrefois à une sorte de sabbat.
Ces orgies , qu'on appelaitfêtes des Cabires, ne
se. célébraient que la nuit : l'initié, après des
-
épreuves effrayantes, était ceint d'une ceinture
de pourpre, couronné de branches d'olivier et
placé sur un trône illuminé, pour représenter le
maître du sabbat, pendant qu'on-exécutait autour
de lui des danses hiéroglyphiques plus ou moins
infâmes.
Kaboutermannekens, pefitslutins flamands
qui font des niches aux femmes de la campagne,
surtout en ce qui louche le laitage et le beurre.
Kacher, vieux magicien qui, dans l'histoire
fabuleuse des anciens rois de Kachemire, trans-
forma le; lac qui occupait ce beau pays en un
vallon délicieux, et donna aux eaux une issue
miraculeuse en coupant une montagne nommée
Baraboulé. intitulé Communications des bienheureux esprits
Kaf, montagne prodigieuse qui entoure l'hori- el de l'archange Raphaël, par la main de Marie
zon de tous côlés, à ce que disent les musul- Kahihammer et par la bouche de Cressence Wolfl,
mans. La terre se trouve au milieu de cette mon- a été condamné comme superstitieux et dange-
tagne, ajoutent-ils, comme le doigt au milieu de reux , el les deux héroïnes excommuniées.
l'anneau. Elle a pour fondement la pierre Sakhrat, Kaïdmords. Chez les Perses, c'est le nom du
dont le moindre fragment opère les plus grands premier homme; il sortit de la jambe de devant
miracles. C'est cette pierre, faite d'une seule d'un taur<*au, selon la doctrine des mages; il fut
émeraude, qui excite les tremblements de terre, tué par les Dives; mais il ressuscitera le jour du
en s'agitant selon que Dieu le lui ordonne. jugement. On invoque son âme chez lesGnèbres.
Pour arriver à la montagne de Kaf, il faut tra- Voy. BOUNDSCIIUSCH.
verser de vastes régions ténébreuses, ce qu'on 1 Lettres du P. Malhias Gracia sur les îles Mar-
4 Delandine, l'Enfer des peuples anciens, ch. xix. quises, lettre sixième.
KAi 385 KAL
Kaiomers, le premier.roi de l'antique dynastie sont dans les attributions des geljunes, prêtres et
des Pichadiens; il était, suivant les historiens devins. Pendant la nuit qui précède le nouvel an,
persans, le petit-fils de Noé. C'est lui qui vainquit chaque Kalmouk allume une lampe devant son
les Dives ou mauvais génies à la puissance des- idole et, quand ses moyens le lui permettent, va
le était soumis. - trouver le gelj une pour se faire prédire ce qui
quels pays
. Kakôs, démon invoqué dans les litanies du arrivera clans l'année. Le géljune, assis grave-
sabbat. . . ment sur un tabouret, examine les entrailles d'un
Kalmouks. Les Kalmouks rendent hommage agneau, parcourt ses tables astrologiques'et ré-
1
à deux êtres puissants : au génie du bien et pond aux questions qui lui sont posées par des
au génie du mal;,, sacrifiant sur le sommet des paroles à double sens. Là ne se bornent point ses
fonctions. Il doit annoncer aussi quel temps il fera
pendant Tannée, si les récoltes seront bonnes, etc.
Au reste,*ïl faut avouer que les Kalmouks sont
d'excellents prophètes en ce qui concerne ; lé
temps. Il y a quelques années, un Kalmouk qui
passait parla ville de Slawropol prédit deux ou
trois semaines avant Pâques que ce jour-là 1il
tomberait delà neige. ;
C'était dans les derniers jours du mois de mars
(ancien style)'; le temps était ..superbe, les prés
commençaient à verdir, les arbres à bourgeonner;
On le traita de-fou^ et comme its'enJ allait dans
le bazar,- criant : A Pâques:, de la neige 1;de!a
montagnes, sur les bords des rivières, ou dans neige à Pâques[ on l'arrêta ;\e"n. lui promettant
l'intérieurdes cabanes, à l'un comme à l'autre, que, s'il disait vrai, on luixqrhpterait 25 roubles ;
mais le plus souvent à la divinité malfaisante, mais que, dans le cas; contraire, on lui adminis-
parce qu'ils jugent nécessaire de la fléchir et trerait une correction exemplaire. Le temps resta
d'apaiser son courroux. Le soleil, ou, comme ils comme il était; .niais' le, dimanche de Pâques,
l'appellent, l'oeil de Dieu, est pour eux l'objet vers' dix heures, voilà tout à coup-qu'un léger
d'un culte particulier. Quelque dégénérée que vent nord-ouest se met à souffler, devient plus
soitcelte fausse religion, on reconnaît cependant intense,' et, à onze heures, éclate une véritable
le rapport qui existe entre elle et l'une dés
plus tempête de neige, qui força les habitants de
anciennes,celle des disciples de Zoroastre, qui Slawropol à s'envelopper de leurs plus chaudes
avait étendu son influence non-seulement sur pelisses. Au lieu de 25 roubles, le Kalmouk en
l'Inde et la Perse, mais encore sur les peuples reçut 75.
nomadesdes steppes mongoles ; et nous voyons Aujourd'hui, comme au moyen âge, les Kal-
encore de nos jours des tribus-,. telles que les mouks ont des schamanes qui, abusant de leur
Kalmouks,qui en ont conservéle souvenir pen- crédulité, leur persuadent qu'ils possèdent un
dantune suite de siècles.
empire magique sur une foule de génies invisibles
Les Kalmouks, dans le département de Slaw- dont ils se disent accompagnés el qui leur révè-
ropol(Russie), célèbrent l'entrée de la nouvelle lent l'avenir et les choses secrètes. Comme au
année par des sacrifices et des prédictions qui moyen âge, le mort et même le malade leur in-
25
KAL — 386 — KAN
spirent une horreur qu'ils n'ont garde de cacher. main à sa bru. Ceux que Geiralda avait envoyés
Après avoir placé près de lui tout ce dont il pliïït tuer Oddo s'en revinrent déconcertés. Ils n'avaient
avoir besoin à leur avis, ils s'éloignent du ma- rencontré que Kalta, filant du lin à une grande
lade, fût-ce leur père ; la couche du mourant, quenouille. — Fous, leur dit Geiralda, cette que-
s'il est riche, est gardée tout au plus par un nouille était Oddo. —; Ils retournèrent sur leurs
schamané; la famille se contente d'envoyer de pas, s'emparèrent de la quenouille et la brûlèrent.
temps en temps demander de ses nouvelles. Cette Mais alors Kalla avait caché son fils sous la forme
indifférence inhumaine ne les empêche pas de d'un chevreau. Une troisième fois, elle le chan-
rendre après la mort tous les honneurs possibles gea en pourceau. Les émissaires, furieux de ne
à celui qu'ils, viennent de perdre. Le défunt,, vêtu pouvoir mettre la main sur celui qu'ils cherchaient,
de ses plus beaux habits, est quelquefois enterré voulurent se dédommager de' leurs peines, s'em-
au fond des bois, avec son arc et ses flèches,: sa parèrent du porc, le tuèrent, et ne furent qu'à
pipe, sa selle et son fouet. D'autres- suspendent
leurs morts dans des couvertures de feutre au
haut des-arbres les plus élevés; d'autres enfin
en brûlent les restes mortels sur un bûcher pour
garder leurs cendres. Dans ce cas le cheval fa-r
vori du défunt est brûlé avec lui. Ce sont encore
les moeurs dont parlent les chroniques et les
voyageurs du moyen âge. Eh général cette peu-
plade offre jusqu'à présent l'image fidèle de ce
qu'étaient les Mongols à une époque malheureu-
sement trop glorieuse pour cette nation, lorsque,-
conduits par Tchinguis-Khan, ils portèrent de
victoire en victoire la terreur et la désolation
jusqu'au centre dé l'Europe, jusque dans les
plaines riantes de la Silésié: — Voyez KOSAKS.
Kalpa-Tarou, arbre fabuleux sur lequel les demi satisfaits quand, le charme détruit, ils re-
connurent qu'au-lieu d'un cochon gras, ils n'a-
vaient que le cadavre du fils de Kalta.
Kamis, esprits familiers au Japon.
Kamiat, opération magique en usage chez
les Tartares de Sibérie, et qui consiste à évoquer
le diable au moyen d'un tambour magique ayant
la forme d'un tamis ou plutôt d'un tambour de
basque. Le sorcier qui fait le kamiat marmotte
quelques mois tarlarés, court de; côté et d'autre,
s'assied, se relève, fait d'épouvantables grimaces
et d'horribles contorsions, roulant les yeux, les
fermant, et gesticulant comme: un insensé. Au
bout d'un quart d'heure, il fait croire que, par
ses conjurations,- il évoque le diable, qui vient
toujours du côté de l'occident en forme d'ours,
pour lui révéler ce qu'il doit répondre; il fait
entendre qu'il est quelquefois maltraité cruelle-
ment par le démon, el tourmenté jusque dans le
sommeil. Pour en convaincre ses auditeurs, il
feint de s'éveiller en sursaut en criant comme un
possédé.
Kamosch et Kemosch. Voy. CHAMOS.
Kantius le Silésien. L'histoire de Jean Kan-
Indiens d'autrefois cueillaient tout ce qu'ils pou- lius, racontée au docteur More par un médecin
vaient désirer. delà Silésie, est un des exemples les plus frap-
Kalstrara. C'est le nom que donnaient les pants de cette croyance aux vampires, qui a
anciens Bavarois aux sorciers charmeurs. régné en souveraine sur certains esprits au der-
Kalta. On trouve dans l'Eyrbiggia Saga l'his- nier siècle. — On dit que Kantius, échevin de la
toire curieuse d'une lutte entre deux sorcières ville de Peslli, sortant du tombeau, apparut dans
du Nord. L'une d'elles, Geiralda, était résolue à la ville qui l'avait vu naîlre ; mais ce qui est po-
faire mourir Oddo, le fils de l'autre, nommée sitif, c'est que de nombreuses rumeurs, relatives
Kalta, qui dans une querelle avait coupé une à ce même fait, jetèrent une agitation violente
KAN 387 KAR
et une-terreur profonde parmi ses concitoyens étonnant. On ne put tirer le corps de la fosse;
et dans toute l'étendue de la Silésie." On con- tant il était pesant.
Enfin les citoyens de Pesth, bien inspirés,
cherchèrent et découvrirent le cheval dont la
ruade avait tué Kantius; ce cheval parvint à
grand'peihé à amener hors de terré lés. restes de
son ancien maître. Lorsqu'il s'agit d'anéantir ces
restes, une autre difficulté se présenta; On init-
ie corps-sur un bûcher allumé, et il né se-con-
suma pasi.. On fut obligé de lé couper en mor-
ceaux que l'on réduisit partiellement en cendrés,
et depuis lors.l-éçheviii: Jean Kantius -cessa de<
faire;des apparitions clans sa ville,natale; ;
Karajaméa. Les Persans ont un livre mys'té-:
rieux appelé Karajaméa. (recueil des révolutions;,
futures ) ; il est pour: eux: ce ; qu'étaient autrefois
iés oracles.des sibylles pour lé peuple romain.
Kantiuste Srébien On:]e consulte dans tes, affaires.importantes „ et
;surtou t, avant -d'entreprendre ulle:.guerre ;-on je
damna son cadavre à'être brûlé comme Vam- dit composé de neuf mille, vers,;.-chaque vers,
pire;;. Mais l'exécution rencontra un" obstacle formant une; ligné de:.cinquante;lettres. Son au-,
Lediable,vienttoujours,
enformed'ours.—Page386..
leurest le célèbre.cheik Sephy, l'aïeul du prince rouge, à l'adepte ou sorcier qui parle avec les
(j"i régnait au temps du voyageur Chardin; et esprits.
l'on croyait fortement en Perse qu'il contenait Kardec (Allan), écrivain contemporain, qui
une partie des principales révolutions d'Asie, s'occupe du spiritisme et s'est mis en rapport
jusqu'à,la fin du monde. Il était alors gardé avec avec les esprits. 11a publié quelques ouvrages
Soindans le trésor royal, comme un original dont le plus important est intitulé « Le Livre des
dontil n'y a point de double ni de copie, car la » esprits, contenant les principes de.la doctrine
c°nnaissanceen était interdite au peuple. » spirife sur la nature des esprits, leur manifes-
Karcist, nom qu'on donne, dans le Dragon » talion et leurs rapports avec les hommes, les
25.
KAR 388 — KEL
» lois morales, la vie présente, la vie future et > Compère, il ne faut pas que tu t'en ailles; reste
» l'avenir de l'humanité; écrit sous la dictée et ;assis là; j'ai des affaires dont il est nécessaire
» publié par Tordre d'esprits supérieurs, par que je m'occupe; mais je reviendrai dans une
» Allan Kardec. » Paris, 1857, chez Dentu. D'a- heure, ' et je te dirai quelque chose.
près lé-système de ce livre, qui n'est pas d'accord » Le berger donc attendit ; le katakhanès s'en
avec notre foi, nos âmes vivaient à l'état d'es- alla à environ dix milles de là, où vivaient deux
prits avant de s'incarner en nous, et elles revi- jeunes époux nouvellement mariés ; illes égorgea
vront-esprits en nous quittant. Voy. SPIRITISME. tous deux. Asôn retour, leberger s'aperçut que
Karra-Kalf, le plus haut degré de la magie les mains du vampire étaient souillées de sang,
en Islande. Dans les temps modernes, lorsqu'on et qu'il rapportait lin foie dansléquél il soufflait,
pratiquait le kara^-kalf, le diable paraissait sous comme font les bouchers, pour lé faire paraître
la forme d'un'veau nouvellement. né: et non en- plus grand;, -^ Àsseyoris-nôus, compère, lui dit
core nettoyé par sa mère. Celui qui désirait d'être le. katakhahês, .ètffiangeons le foie que'j'apporte,
— Màis;le bergèrfit semblanipde manger; il
initié.parmi les magiciens était obligé dé nettoyer
le veau avec sa langue; par ce moyen, il parve- n'avalait que le'fpain et laissait tomber les mor-
nait à la connaissance des plus grands mystères. ceaux de foie sur. ses genoux.;
Katakhanès. C'est le nom que les habitants » Or, quand le moment de- se séparer fut venu,
de l'île; de^Candie donnent à leurs vampires; En le katakhanès dit au berger : — Compère, ce que
aucune contrée dû Levant là croyance aux vam- tu as vu, il ne faut point en parler; car, si tu le
pires ou katakhanès n'est aussi générale que dans fais, mes vingt ongles sè-fixeront dans ta figure
cette île, où l'on croit aussi aux démons des et dans celles de tes enfants. — Malgré cela, le
montagnes, de l'air et des eaux. Voici un fait berger ne perdit point de-temps; il alla sur-le-
raconté il n'y a pas longtemps à un- voyageur champ tout déclarer à des prêtres et à d'autres
1 personnes ; et; on. se rendit au tombeau, dans
anglais :
« Un jour,le village d'é'Kalikrali, dans le dis- lequel on trouva le corps du katakhanès précisé-
trict de Sfakià, fut visité par un katakhanès; les ment dans l'état où il était quand on l'avait en-
habitants s'efforcèrent de découvrir qui il était et terré : tout le mondé fut convaincu que c'était
d'où il venait. Ce katakhanès tuait non-seulement lui qui était causè-dès! maux qui pesaient sur le
les enfanls, mais en'coreTes: 'adultes, et il éten-. pays. ,Qn,rassembla une grande quantité de bois
dait ses ravages jusqu'aux: villages desi environs. que l'on jeta danSslà'tombe, et on brûla le ca-
11avait éié enterré clans'lè cimetière de l'église davre. Le berger n'était;pas présent ; mais, quand
de Saint-Georges à Kalilcràti;, et urié arcade avait le katakhanèslutà niMié'cbnsumé, il arriva pour
été construite au-dessus de sa tombe. Un garçon, voir la fin de la cérémonie, ëtJalors le vampire
gardant ses moutons'et-ses'chèvres auprès de lança un crachat : c'était une- goutte de sang qui
l'église, fut surpris'par uhV averse et, vint- se ré- tomba sur le pied du berger; ce pied se dessécha
fugier sous, cette arcade; Apres avoir ôlé ses comme s'iLeût.été consumé: parle feu. Quand on
armes pour prendre du repos, il les posa en vit cela, on fouilla avec soin dans les cendres;
croix à côté de la pierre qui lui servait d'oreiller. on y trouva encore l'ongle- du petit doigt du ka-
La nuit était venue. Lé kaiakhahês,sentant alors takhanès; et, on le réduisit ènpoùssière. »—Telle
le besoin" de sortir, dit au berger : — Compère, est la terrible histoire du-vampire' de Kalikrali.
lève-toi de là ; car il faut que j'aille âmes affaires. C'est sans-doute au goût :qu'on suppose à ces
Le berger ne. répondit ni la première fois, ni la êtres malfaisants pour lé .foie humain qu'il faut
deuxième, ni la troisième. Il supposa que le mort attribuer cetteexelamatioir que-Tavernier attribue
inhumé dans celle tombe était le katàkliarièsv au- à une femme, candiote. ; — J'aimerais mieux man-
teur de tous les meurtres commis dans la contrée. ger le foie de mon enfant! Voy. VAMPIRES.
En conséquence, la quatrième fois .qu'il luiadressa Kâtmir. Chiennes sept Dormants. Voy. DOR-
la parole, le berger répondit : — Je ne meleyerai MANTS.
point-de là, compère, 'car je crains que" tu ne Kaybora, esprit des forêts, à l'existence du-
vailles pas grand'chose ; et tu pourrais me faire quel croient encore les Américains ; ils disenlque
du mal ; mais s'il faut que je me lève, jure par cet esprit enlève les enfants, les cache dans le
ton linceul que tu ne me toucheras pas; alors je creux des arbres et les y nourrit *.
me lèverai. Kayllinger,fameuxcrislalomancien allemand*
» Le katakhanès ne prononça pas d'abord les de qui Faust prit des leçons pendant deux ans;
paroles qu'on lui demandait; mais le berger per- Kelby, esprit qu'une superstition écossaise
sistant à ne point se lever, il finit par faire le suppose habiter les rivières sous différentes for-
serment exigé. Sur cela le berger se leva et ôla mes , mais plus fréquemment sous celle du che-
ses armes du lombeau; le katakhanès sortit aus- val. 31 est regardé- comme malfaisant et porte
sitôt ; après avoir salué le berger, il lui dit : —
1 Voyage au Brésil, par le P. Neuwied, t. "
1 M. Pashley, Revue britannique, mars 1837. ch. xii.
KEL — 389 — KIR
quelquefois une
torche. On attribue aussi à ses Japon. On appelle goo un petit papier rempli de
regards un pouvoir de fascination. caractères magiques, de figures dé corbeau et
Kelen et Nysrock,- démons que les démono- d'autres oiseaux noirs. On prétend que ce pa-
graphesfont présider aux-débauches,
aux danses, pier est un préservatif assuré contre la puissance
auxorgies. des esprits malins ; et les Japonais ont soin d'en
Kelpie, cheval-diable. i7oy. NICKAR.
Kemosch, Voy. GHAMOS.-
Kenne, pierre fabuleuse qui se forme dans
l'oeild'un cerf, et à laquelle on attribué des ver-
tus contre les venins.,
Kentorp, couvent non loin de Hamm, dont
lesreligieuses furent possédées au seizième siècle
par des maléfices que leur cuisinière mêlait,
commeelle l'avoua,;ftleurs aliments. Leur pos-
session consistait en démences et en épilepsies.
Wierusparle de ces faits.
Kephalonomancie, divination qui se prati-
dit aux Kirghis de seller leurs chevaux à recu- officiers du tribunal de Belgrade,lesquels ont fait
lons et de monter dessus.'Le Kalmouk, ainsi une descente sur les lieux, et par un officier des
induit en erreur, vit sur son os que les Kirghis troupes de l'empereur, à Gradisch : celui-ci a été
rétrogradaient ; il conseilla donc à son parti de témoin oculaire des procédures. Au-commence-
revenir sur ses pas. Les Kirghis joignirent par ce ment de septembre mourut, dans le village de
moyen les Kalmouks el les firent prisonniers '. Kisilova, un vieillard âgé de soixante-deux ans,
Kisilova (le vampire de). Le marquis d'Ar- Trois jours après qu'il fut enterré, il apparut à
gens, qui n'était pas un homme crédule, raconte, son fils pendant la nuit et lui demanda à manger.
dans sa cent trente-septième lettre juive, une Celui-ci l'ayant satisfait, le spectre mangea;
histoire de vampire qui eut lieu au village de après quoi il disparut. Le.lendemain , le fils ra-
Kisilova, à trois lieues de Gradisch. Ce qui doit conta à ses voisins ce qui lui était arrivé. Le
le plus étonner d'ans'ce récit, c'est que d'Argens, fantôme ne se montra pas ce jour-là ; mais trois
alors incrédule, ne met pas en doute celle aven- nuits après, il revint demander encore à souper.
ture : On ne sait pas si son fils lui obéit encore ou
On vient d'avoir en Hongrie, dit-il, une scène non ; mais on le trouva le lendemain mort dans
de vampirisme qui est dûment attestée par deux son lit. Le même jour, cinq ou six personnes
1 La Russie pittoresque. tombèrent subitement malades dans le village, et
KIS 391 — KLE
moururent l'une après l'autre en peu de temps. Le bourreau lui enfonça un pieu dans le coeur ;
Le bailli du lieu, informé de ce qui se passait, on fit un bûcher et l'on réduisit en cendres son
en fit présenter une relation au tribunal de Bel- cadavre. On ne trouva-aucune marque de vam-
grade,qui envoya à ce village deux de ses agents, pirisme ni dans le corps du fils, ni dans celui
des autres morts.
« Grâces à Dieu, ajoute le marquis d'Argens,
nous ne sommes rien moins que crédule ; nous
avouons que toutesles lumières de la physique
que nous pouvons approcher de ce fait ne décou^
vrent rien de ses causes : cependant nous ne
pouvons refuser de croire véritable un fait attesté
juridiquement et par des gens de probité. »
Klabberou Kab-Outer, lutins de petite taille
qui, l'hiv.er, en -Ecosse, quand il n'y'a pas de
clair de lune, descendent par les cheminées
dans les maisons des paysans, s'assoient tran-
quillement devant le foyer,qn'iisrallument, mais.
-Levampire
deKisilova. qu'on ne voit pas brûler, et se chauffent. Le ma-
tin, quand la ménagère se: lève, elle voit que
avecun bourreau, pour examiner, l'affaire. Un tout le bois qu'elle avait laissé dansTâtre est
officierimpérial s'y rendit de Gradisch, pour consumé, excepté quelques.menus brins. Si elle
êtreTémoind'un fait dont il avait si souvent,ouï les rallume, ils font autant de chaleur et de profit
parler. On ouvrit les tombeaux de tous ceux qui que de grosses bûches. Si elle faille signe de la
étaientmorts depuis six semaines. Quand on en croix ou si elle maudit le klabber, le charme est
vint à celui du vieillard, on le trouva les yeux; rompu, et le lutin se venge par quelque malice.
ouverts,d'une couleur vermeille, ayant une res- Les klabbers sont vêtus de rouge et ont la peau
pirationnaturelle, cependant immobile et mort : verte. .;'."..
d'oùl'on conclut que c'était tin insigne vampire. Kleudde. Kleuddé, tout barbare, tout caco-
BEkNHAmWlPPEPêOLUMCl^
. STADXyOGT.ZUMUNSTERjNWESTPMLEN
1S3S..-
Knox(Jean), apostat écossais et l'un des plus
féroces brigands de la réforme, né en 1505,
mort en 1572. 11était chapelain d'Edouard VI et
se fit chasser pour ses moeurs immondes. Il alla
se redresser à Genève .revint dans son pays ré-
former, en abattant les églises, en assommant les
prêtres; car il marchait suivi d'une bande. Il
contribua par ses diatribes à la perte deMarie
Stuart. Il s'occupait aussi de magie, et dans le
procès qu'il dut subir sur celle accusation, on
établit qu'il avait fait des évocations dans le
cimetière de Saint-André, qu'il y avait fait pa-
raître le diable sous une forme épouvantable, et
que celle apparition terrible avait frappé son
secrétaire, présent à cette scène, d'un tel effroi
qu'il en.était mort...
Kpbal, démon perfide qui mord en riant, di-
recteur général des farces de l'enfer, peu joyeuses
sans doute ; patron des comédiens.
Kobold, esprit de la classe des lutins. « C'est
un petit nain étrange, de forme rabougrie, avec
des habits bariolés, un bonnet rouge sur la tête.
le
Honoré par les valets, les servantes et les cuisi- parcourt les bois et les plaines, léger comme
souffle du vent ; c'est le favori de son maître. Le
1 M. le baron Jules de Sainl-Genois. Voyez la lé-
1 Article signé XX, dans VAmide la religion, oc-
gende de Claude, dans les Légendes des 'esprits el
démons. tobre 4844.
KOR 393 KRA
hautainseigneur, qui hait les hommes, donne De miraculis mortuorum, imprimé in-8° l'année
touteson affection à:l'animal, compagnon de ses de' sa mort et devenu très-rare.
coursesvagabondes par les forêts et les campa- Kosaks. Les Kosaks, ainsi que les Kalmouks
gnes.Mais il a ;disparu le beau lévrier, l'ami de leurvoisinage, ne sont généralement ni chré-
constantdu seigneur. Le front assombri, le re- tiens ni musulmans. Ils. ont tiré de l'Asie une
nardmenaçant, environné des vassaux qui le cosmogonie où se retrouvent, comme partout,
redoutent,Kojozed revient de la; chasse. 11veut quelques souvenirs de l'Ancien; Testament ,en<-
fouis sous des monceaux de folles croyances. De
qu'onretrouve son chieni; sa menace épouvante
ceuxqui rentourent»:Vingt chasseurs s'élancent leurs bourkans ou dieux, celui qui protège spé-
et battent les bois du voisinage; Mais le lévrier cialementla terréest un éléphant blanc comme
nerevient pas. Une,femme, accablée par l'âge, la neige, long de deux; lieues,1-nclie de trenter
hideusecpmme la;mort,arrête; làibride du cheval trois têtes rouges, chacune desquelles' se joue dé
de:Kojozed.-.<—, Que véùx-s-tu?dit; le seigneur. —- six trompés qui .lancent".:six''.fontaines»Ce dieu
Terendre, l'ami.qûe'tuias: perdu. '—Où est-il? principal est peut-être ;unique: dans les mytho-.
—Seule;je le; sais;; il;va dépasser les frontières logies. ': -'>
delà Bohême; ^Vieille-, commentle- sais-tu? Maisles Kalmouks content, ainsi que quelques
-Jesuis vieille,mais;puissanteJ'Regarde-:moi. » hordesde Kosaks, que leshommes, au commen-
La;vieille se redressa,;; l'oeil ëtincelànt de som- cement, vivaient plusieurs siècles;; qu'ils étaient
bresfeux; une clarté sinistre.brillait sur sa tête; heureux- ;;quel-un d'eux;;mangea d'un Truit qu'il
lecheval, averti par son instinct, hennissait et n'était pas permis de: manger, que tbdsles autres
voulaitfuir;: le- Seigneur ide Kojozed reconnut la l'imitèrent et qu'alors l'espèce humaine perdit
:\::-:s.:;:::':;•;.;.;:
sorcière.:-;;:; ;<Ï:.-y-- sa sainteté et le privilège qu'elle avait-deprendre
c Si tu me donnés Jean le Chasseur,: ton son vol et d'aller dans lés çieux ;; qu'elle vécut
vassal,je te rendrai ton; lévrier. Tu;sais que la longuement dans les-ténèbres et dans la misère;
magiciennemepeut recouvrer sa jeunesse perdue que la terre, maudite à causede: leur péché,
qu'enbaignant :ses;membres flétris :dans: le sang devint stérile V etc. Us attendent un réparateur'et
d'unjeune homme. : ;i-.-.':. croient à un enfer où; lés méchants souffriront
— Que cela soit! «répondit-Kojozed. deux cents millions d'années.
Jeanfrémit ètlomba:aux genoux de'sonimaîtrô : Kotter, visionnaire. Voy. COMEMUS» ;
« Mes pères ,•s'écrie-t-il,: ont servi vos pères .Koughas., démons ou esprits malfaisants, 're-
pendantdeux cents-ans ; ma mère vous a nourri doutés des: Aléotes, insulaires voisins dii KamtL
deson lait „ et vous: voulez me donner la mort 1 scllatka; Ils attribuent leur! état'd'asservissement
Oh! ne donnez pas le; sang' de Jean le Chasseur et leur détresse à la supériorité 'dès koughas
i '
pourun lévriérl»;.-; ;- : russes siir les leurs ;:ils s'imaginent aussi que les
Màisilprieenivaiiiî'lepacte-s'accomplit. Quand étrangers, qui paraissent curieux :de voir leurs
lasorcièreramènera le lévrier à;son maître, elle cérémonies, n'ont d'autre intention que d'insulter
emmènerale jeune, homme. Elle témoigne ;de sa à leurs koughas, et de les engager 1à retirer leur
joiepar un affreux sourire^ et bientôt elle révient protection aux gens du pays.
tenanten laisse le: chien-favori.; Jean le; Chasseur Koupaïs. Ce sont les dieux des Tarlares de
estlivré:comiiieipayement dé la dette contractée l'Altaï. Ils sont sept et peu puissants ; ils laissent
parsonseigneur,' et bientôt, parmi les-rites ma- faire.
giques, le sang; du- vassal coulé dans; une urne Koùrrigans, lutins redoutés qui se promè-
d'airain,.et la sorcière se plonge dans ce bain nent à cheval sur des-juments blanches dans les
effroyable.La noire caverne retentit des derniers forêts de la Bretagne.
soupirsde Jean et des accents de joie de la ma- Kraken. « C'est une tradition répandue dans
gicienne,qui a retrouvé les ' forces et les 'grâces les mers du Nord et sur les- côtes de Norvège
de la:jeunesse. ; ;: ;; ; : -' qu'on voit souvent des îles flottantes surgir au
Tout était fini•: Jean le Chasseur venait d'ex- sein des vagues, avec des arbres tout formés,
pirer, quand le:lévrier chéri, auquel Kojozed aux rameaux desquels pendent des coquillages
avaitsacrifié son serviteur, mourùtsous les yeux au lieu de feuilles, mais qui disparaissent au
deson maître V ->: -"' bout de quelques heures. Deber y fait allusion
Kolfi. C'est aussi sous ce nom qu'on désigne dans son livreintituJéFeroa reserata,et Harpelius
leskobolds. dans son Mundus mirabilis:^ Torfoeus dans son
Koran, livre et code des musulmans écrit par Histoire de la Norvège. Les gens du peuple el les
Mahomet,plein de fables, de singularités et de matelots regardent ces îles comme les habitations
prodiges. Voyez MAOIUDATH: : sous-marines d'esprits malins, qui ne les font
Kornmann (Henri), jurisconsulte allemand, ainsi surnager que pour railler les navigateurs,
morten 1620»lï a laissé un livré curieux intitulé confondre leurs calculs et multiplier lés embarras
Légendede Snaider,poêle bohème, publiée avec de leur voyage. Le géographe Buroeus avait
P'usd'étendue par le Dimanchedes familles. placé sur sa carte une de ces îles merveilleuses
KRA 39£ — KRA
qu'on appelait Gommer'S'-Ore, et qui apparaît qui couvre un espace d'un mille et demi de la
parmi les récifs en vue de Stokholm. Le baron partie supérieure de son dos.
Charles de Grippehheim raconté qu'il avait vai- » Les poissons: surpris par son ascension, sau-
nement cherché cette île en sondant la côté, tillent un moment dans les; creux humides formés
lorsqu'un jour, tournant la tête par hasard, il par les protubérances inégales de son enveloppe
distingua comme, trois points de terre qui s'é- extérieure ; puis de cette masse flottante sortent
taient tout à coup élevés sur la surface des flots. des espèces de pointes ou dé;cornesluisantes,
« Voilà sans doute la Gummer's-Qre de Buroeus ? qui se déploient et se dressent, semblables à des
demandâ-t-il au pilote qui' gouvernait sa cha- mâts armés de leurs vergues : ce sont les bras du
loupe» — Je ne sais, répondit celui-ci ; mais kraken, et;telle est leur vigueur que s'ils sai,
soyez certain que;: ce que nous ;voyons pronos- sissàient les cordages.-d'un vaisseau de ligne, ils
.tique une, tempête ou une grande abondance de le feraient infailliblement: sombrer.; Après être
poisson» »: Gùmmer's'^Orerai'est qu'un amas de resté; quelque, temps;Sur.les; flots, le kraken re-
récifs à- lléur d'ea.u.;,:,qù .se; tient volontiers; le
descend avec la; mêmelenteur,et le danger n'est
Soe-trolden ou plutôt, c'est le Soe- trolden lui- guère ; moindre pour lé, navirô^qui; serait à sa
même;» ::;:;-: .-..:..:": portée, car en; s'affaissaht; il déplace un tel vo^
- En citant:cette conversation, le,savant baron lume d'eau, qu'il occasionne des tourbillons el
ajoute que l'opinion du piloté lui parut plus vrai- des courants aussi terribles que ceux dé la fa-
semblable que: celle; du géographe, et il l'adopta. meuse rivièreMalé.vi . :; '. -:-
« Les pêcheurs norvégiens, dit Pontoppidan. » C'est évidemment du kraken que; parle Olaiis
affirment tous,; et sans la moindrevcqn.tradiçtiôn' Wormius sous le nom idehafgufe. C&t au Leurdit
dànsleurs: récits, qùevlorsqûlls'pousseht au large.
aussi que son apparition sur l'eau ressemble plutôt
à; plusieurs milles,- particulièrement pendantles a celle dkiiTeile qu'à.eelle,d'un animal, similiorm
jours; les;plus chauds dé l'année, la mer semble ihsuloe qu,am-l»eslioe,et il ajoute:qu'on' n'a jamais
toûtà coup .diminuer- sous leurs barques, et s'ils trouvé; son cadavre, parce; que le;krâkéii;doit
jettent là.sonde, au.lieu de triOuvér quatre-vingts vivre .aussi longtemps 'que le monde, el qu'il
on cent brasses de profondeur ,11 arrive souvent n'est pas probable qu'aucun pouvoir ouiiistiïr
qu'ils en mesurent, à peine trente. :;c'est un kra- ment soit capable d'abréger:violemment la vie
ken qui slnterpose entre lès: bas-fonds;et l'onde d'un animal si monstrueux. Cependant, en 1680,
supérieure. Accoutumés; à, ce phénomène, les un jeune, kraken, vint; s'engager dans les eaux
pêcheurs disposent, leurs lignes, certains que là qui courent entre les récifs d?AUstahong ; il y
abonde le poisson, surtout la morue.et lalingue, périt misérablement. Comme ce. corps immense
.et ils, les retirent richement: chargées ; mais si laremplissait à peu près tout le: chenal, la putré-
profondeur de l'eau va toujours ;diminuant, el faction fut telle qu'on eut une crainte assezTon-
si ce bas-fond accidentel et mobile remonte, les dée que la peste ne vînt désoler le pays. L'as-
pêcheurs n'ont pas de temps à perdre : c'est le -sesseur consistorial de Bodoen, M. Friis, dressa
kraken qui se réveille, qui se meut, qui vient un rapport dé cet événement. .':.._
» Olaiis Magnus:, dans son ouvrage De piscibm
monstmosis; Paulihus,: dans ses ÈpHémèrides des
curiosités de la nature, et Barlholin, dans son
Histoire analomique, admettent également l'exis-
tence du kraken et le décrivent à peu près dans
les mêmes termes que M. Wormius. Barlholin
ajoute que l'évêque de Nidros, voyant celle île
flottante apparaître sur les eaux, eut la pieuse
idée de la consacrer immédiatement à Dieu, en
y célébrant le sacrifice de la messe. Il y fil trans-
porter et dresser un autel et officia lui-même.
Soit hasard, soit miracle, le kraken resta immo-
bile au soleil tout le temps que dura la céré-
monie; mais à peine l'évêque eut-il regagné le
rivage, on vit l'île supposée se submerger elle-
même et disparaître. Selon le même Barlholin,
il n'y aurait que deux krakens, qui dateraient du
commencement du monde et ne pourraient se
multiplier. De peur que l'eau, la nourriture el
respirer l'air et étendre ses larges bras au soleil. l'espace ne vinssent à manquer, à une race de
Les pêcheurs font alors force de rames, et quand, pareils géants, Dieu, dans sa prévoyance, aurait
à une dislance raisonnable, ils peuvent enfin se mesuré avec une sage lenteur tous les mouve-
reposer avec sécurité, ils voient en effet le monstre ments du kraken, qui n'éprouverait les senti-
KRA 395 L'AB
nients.de la.-faim, qu'une.fois.dans l'année. Sa: cinq cents personnes, parmi lesquelles les femmes
digestionachevée, le monstre, dit encore Bar- étaient en grande- majorité.
lholin, laisse échapper ses excréments, qui ré- Kuhlmànn (Quirinus), l'un des visionnaires
pandent une odeur si suave que; les poissons du dix-septième siècle, né à.Breslau en, 1651. Il
accourentpour s'en repaître; mais lui, ouvrant était doué d'un esprit vif; étant tombé malade à
une.effroyable gueulé, semblable à un golfe ou l'âge de huit ans, il éprouva Un dérangement
détroit, instar sinus aulfreti, y aspire tous dans ses:organes et crut avoir des:visions» Une
les malheureux, poissons affriàndés et pris au fois il s'imagina voir le diable,, escorté 1d'une
piège'. »- .: -- ; ..,,,. foulé de démons subalternes,: un autre jour il se
Kratim ou Katniir. C'est le nom qu'ondonne persuada;que Dieu lui avait apparu; dès; ce mô^-
au chien dés sept Dormants,;,£%. DOBMANTS,. ment, il ne cessa,dé voir à,eôtéde.luL.une au-
réolé éclatante de lumière» Il parcourut le,Nord
escoEté-d'ùuetrèsrmauvaiserépuiation» il escro-
quait de .l'argôntaceux qui luimon traient quelque
confiance,.et remployait:, disait-il, : à-,l'avancer
ment du royaume de; Dieu. Il fut chassé de Hol-
lande ; au commencement; de l'année 1675 et
voulut, selier, avec -Antoinette-.Bourignbn , qui
rejeta ses 'avances. 11 fut, arrêté en .Russie:,:pour
des, prédictions; séditieuses^ et brûlé à Moscoule
3:octobre! 68,9.;!) a publié khxibeck. un Traité
de la sagèssis'infuse.d'Adam et.M Salomoii i ;; oh
lui doit une quarantaine- d'opuscules qui n'ont
d'autreméritequeieur rareté, .,'..-.-..
Kupay,; nom qui,, chez les Péruviens,; désignai t
le diable. ;Quand : ^."prononçaient, ce nom, ils
crachaient par terre en signe d'exécration. On
l'écrit aussi, Cupaï, et c'est eneorele nom que
les Floridiens donnent: au souverain de l'enfer.
: Kurdes, habitants :de :l'Asie ^qui adorent le
diable.,
Krechting,,l'im des séides, de Jean dé Leyde; Kùrgon, nom que l'on donnait en Gascogne
V-Oljpz
CE-MOT.,.. .,..,, et en Dauphiné aux sorcières qui allaient adorer
Krodo, vieux dieu Scandinave qui vit à cheval le diable en forme de bouc au sabbat.
surun poisson gigantesque, et autour duquel on Kutuktus. Les Tarlares Kalkas croient que
seull'odeur du sang: mêlée au parfum des fleurs. leur souverain pontife, le kutuktus, est immortel.;
Kuffa (Catherine),, sorcière lorraine qui-vi- et, dans le dernier siècle, leurs fakirs firent dé-
vaitsous Henri III. Elle confessa qu'elle avait terrer et jeter à la voirie le corps d'un savant
hantéle sabbat et qu'un jour elle y avait compté qui, dans ses écrits, avait paru en douter»;
Labadie (Jean), fanatique du dix-septième fut qu'un détestable hypocrite.il mourut en 167^1.
siècle",né en 1610 à Bourg sûr la. Dordogne. Il Voici quelques-unes de ses productions,:-: Le Hè-
se crut un nouveau Jean-Baptiste, envoyé pour raulddugrand'roi Jésus, Amsterdam, 1667, in-12.
annoncerla seconde venue du Messie, et il s'ima- Le Véritable exorcisme,. ou l'unique moyen de
ginaqu'il avait des révélations. 11.assurait que chasser le diable du monde chrétien. ;—Le Chant
Jésus-Christlui avait déclaré qu'il l'envoyait sur royal du roi Jésus-Christ. Ces ouvrages sont
laterre comme son prophète. Il poussa bientôt condamnés.
lasuffisancejusqu'à se dire revêtu de la divinité Labitte, dit Yallé de peu de sens, peintre,
etparticipant du nom et delà substance de'Notre-
Seigneur.Mais il joignit à l'ambition d'un sec- 1 De sapienlia infusa Adamea Salomoneaque.—
tairele goût des plaisirs; il faisait servir à ses Arcanurà'microcosmicum;Paris, 4681.—Prodromus
«dieuxprojets le masque de la religion, et il ne quinquennii mirabilis. In-8"; Leyde, <674. On n'a
1M. Ferdinand qu'un volume de cet ouvrage, qui devait en avoir
Denis, Le mondeenchanté. trois et contenircent mille inventions curieuses, etc.
LAB "396 — LAC
poëte et prêtre d'Arras: au milieu du quinzième à Toulouse un lac célèbre, consacré au dieu du
siècle. Il était très-excentrique, ce qui lui ^fit jour, et dans lequelles Tectosages jetaient en
donner lé,-surnom que nous venons de citer:, et offrandes de l'or et de l'argent à profusion, tant
il rechér.chait.un peu les sociétés dé ce que nous en lingots et monnayé que mis en oeuvre ei :
appelons aujourd'hui le demi-monde. 11 se fit façonné. . , ;;
initier à la vauderie, ;hérésie descendue bien bas, On lit dans la Vie de saint Sidpice, évêque de
puisqu'on y adorait le; diable,: que ses, fêtesétaient Bourges,-qu'il y avait desontèmpsdaiisleBerr.y
lesabbat, et qu'elle reconnaissait pour son maître un lac de mauvaise ;renommée, qu'on appelait le
et seigneur Lucifer, -le prince: ou l'un dés;princes lac des Démons. Voy, PILATE,HERBADIIXA, Is, etc.
dès angesdéchus.,>Lés Saudois:vivaientôn union Lacaille (Denyse de). En 16d 2, la ville de
apparente ; avec les ; chrétiens .fidèles» Dans les : Beauvaisfut le théâtre d'un exorcisme sur lequel
eauseries;où!^on;disàit4:ùbiehdéla.;saihté:Vièrge, ; on n'a écrit que des facéties sans autorité. La
-des bienheureux ;Bt des; 'choses', saintes-, ils; ren^-: possédée était une vieille nommée Denyse. de
chérissaient;, ; inais Ils; ajoutaient-;toujôurs 'cette Lacaille, Nous donnons dé cette affaire la pièce
conclusion; : -«i-N'en?.déplaise^ mon maître:,; ou : suivante en résumé : elle a été évidemment sup-
n'en déplaise;à imôn'Seigneur»)) Au moyen dé posée par quelque farceur.
cette 'restriction,.-toute;:parole: chrétienne leur i Extrait de la sentence donnée contre les démons
était : permise par :;leur ; maître -que ^nous-' avons : qui sont sortis du corps de Denyse de Lacaille:
nommé» - Cet homme :fut arrêté comme ha* « Nous étant dûment informés que plusieurs
bitué du sabbat.- Dans "sa; prison,: il se.-coupaia; démons et malins esprits vexaient et lourmen--
langue "avec: un-!càhif pour: né rieïpréyéler. Mais ; taient une certaine femme nommée Denyse de
il fut condamhéyau feu elbrûlé en!#59» Jacques Lacaille, de la Landelle, nous avons donné à Lau-
du Glerq raconteaûlong'cette triste histoire: dans rent LepoL toule-puissance de conjurer lesdils
ses mémoires. Louis Tieckena fait, sous le; titre-, malins esprits. Ledil Lepot, ayant pris la charge,
de SaVbat des sorcières, un-, roinan hostile aux : a fait plusieurs exorcismes et conjurations, des-
catholiques, qu'on a- traduit: en français. '; quels; plusieurs démons sont sortis /comme le
Labourd, pays de Gascogne dont les habitants procès-verbal le démontre. Voyant que, clé jour
s'adonnaient au commercé et -jentrèprenaient dé en jour, plusieurs diables se présentaient; comme
longs voyages;, 1où ils croyaient que le diable les il est, .certain qu'un certain démon nommé Lissi
protégeait. Pendant que les hommes: étaient ab- a dit posséder ladite Denyse, nous commandons,
sents, Delancre dit que les femmes devenaient voulons, mandons, ordonnons audit Lissi de
d'habiles; sorcières» Henri IV envoya en 1609 un, descendre aux enfers, sortir hors du corps de
conseiller au parlement de Bordeaux, Pierre De- ladite Denyse, sans jamais y rentrer; et, pour
lancre, quq nous avons; souvent cité;, pour purger obvier à la venue des autres démons, nous com-
le pays dé ces sorcières» Instruites de son arri- mandons, voulons, mandons et ordonnons que
vée, elles; s'enfuirent en Espagne. Il en fit toutes Belzébuth, Satan , Motelu- et Briffàult, les quatre
fois brûler quelques-unes qui étaient d'affreuses chefs,. et aussi; les quatre légions qui sont sous
coquines» - - '• : '" • leur puissance, et tous lés autres, tant ceux qui
Labourant. Voyi PIERRELABOURANT. sont de ï'-air, de l'eau, du feu, dé; la terre el au-
Labrosse. Le médecin Labrosse se mêlait de tres lieux, qui ont encore quelque puissance de
lire aux astres. Le jeune duc de Vendôme, qui" ladite Denyse de Lacaille, comparaissent main-
avait grande- confiance en cet astrologue, vint un tenant et sans délai, qu'ils aient à parler les uns
matin conter à Henri IV que Labrosse recom- après les autres, à dire leurs noms de façon
mandait au roi de se tenir sur ses gardes ce qu'on puisse les entendre, pour les faire mettre
jour-là. Henri IV répondit : « Labrosse est un par écrit.
vieux fou d'étudier l'astrologie, et Vendôme un » Et à défaut de comparoir, nous les mettons
jeune fou d'y croire.» et les jetons en la puissance de l'enfer,-pour
Lac. Grégoire de Tours rapporte que dans le être tourmentés davantage- que de coutume; cl,
Gévaudan il y avait une montagne appelée Hé- faute de nous obéir, après les avoir appelés par
lanie, au pied de 1laquelle était un grand lac ; à trois fois, commandons, voulons, mandons que
certaines époques de l'année les villageois s'y chacuiî d'eux reçoive lès peines imposées ci-
rendaient de toutes parts pour-y faire des festins, dessus, défendant au même Lissi, et à tous ceux-
offrir des sacrifices et jeter dans le lac,- pendant qui auraient-possédé le cùrps de: ladite Denyse
trois jours, une infinité d'offrandes de toute es- clé Lacaille, d'entrer jamais dans aucun corps,
pèce. Quand ce temps était expiré, selon la tra- tant de créatures raisonnables que d'au 1res.
dition que rapporte Grégoire de Tours, un orage » Suivant quoi ledit Lessi, malin esprit, prêt
mêlé d'éclairs et de; tonnerre s'élevait; il était à sortir, a signé ces présentes. Belzébuth parais-
suivi d'un déluge d'eau et de pierres. Ces scènes sant, Lissi s'est retiré au bras droit; lequel Bel-
durèrent jusqu'à la lin du quatrième siècle. zébuth a signé ; pareillement Belzébuth s'élant
Cent ans avant l'ère chréliénne-il y avait aussi relire,.Satan, apparut,-el.a signé pour sa légion.
LAC — 397 — LAM
seretirant au bras gauche; Motelu, paraissant, Lamies, démons mauvais, qu'on trouve dans
a signé polir toute la sienne, s'étant retiré à les déserts sous des figures de femmes, ayant
l'oreilledroite.?incontinent Briffault est comparu des têtes de dragon au bout des pieds. Elles
eta signé ces-présentes. — Signé : LISSI,BELZÉ-
BUTH, SATAN,MOTELU, BRIFFAULT.
» Le signe et la marque de ces cinq-démons
s'ontapposés à-l'original du procès-rverbal. Beau-
vais,le 12 décembre, 1612. » ..-.. i ; ;->
Nousle répétons, C'est une farce;de huguenot
surun objet sérieux, mais qui a fait peu de bruit.
Lachanopteres, animaux imaginaires que Lu-
cienplace dans leglobe delà lune» C'étaient de
grandsoiseaux couverts d'herbes au lieu de
-
plumes. :
LachttS, génie céleste, dont les'Basilidiens
gravaientle nom sur leurs pierres d'aimant ma-
gique';ce talismàiipréservait des enchantements.
Laci (Jean), auteur d'un ouvrage intitulé:Aver-
tissements prophétiques, ipublié en 1708;i,un vos-:
lumein-8°; il parut'différents ouvragés de!cette-
sorteàl'occasion des prétendus prophètes: des
Cévennes,-quiétaient des foux furieux. :
Ladwàiturs, génies propices chez les Scan-
'-' hantent aussi les cimetières, y déterrent les •ca-
dinaves»; fby. HAROLD. '
LEerisber-gK (Matthieu): Voy. MATTHIEU L/ENS- davres; les:mahgeht etnelaissent- dès morts que;
BERGII» les ossements» A la suite d'une longue guerre,
Lafin (Jacques), sorcier qui fut accusé d'en- on aperçut dans là-Syrie-,.pendant plusieursnuits,
vofitemeiitsousHenri IV; on dit qu'on trouva sur des troupes de lamies qui dévoraient les1cadavres:
luides images de cire qu'il faisait parler -. des soldats inhumés à fleur--de terre. On s'avisa
Laghernhard (Nicole), femme du .pays-'de de leur donner la chasse, et quelques' jeunes
Labourdqui, au mois d'août 1590, vit sur la li- gens en tuèrent plusieurs' à coups d'arquebuse ;
sièred'une forêt,- à-l'heure de midi, des hommes il se trouva que le lendemain ces lamies n'étaient
eldesfemmes dansant une ronde -en"se tournahl plus que des loups et des hyènes. •
ledos.Elle remarqua quelques-uns de ces1per- 11 se rencontre des 'lamies,' très-agiles à la
sonnagesqui avaient des pieds de chèvre, et, course, dans l'ancienne Libye; leur voix est un
présumantque-c'était le sabbat, elle lit le-signe sifflement de serpent. Quelle que soit leur de-
dela croix en invoquant le nom de Jésus. Aus- meure, il est certain-, ajoute' Leloyer,- qu'il en
sitôltout disparut. Un certain Grospelter s'en- existe, « puisque cette croyance était en vigueur
levadans lesairs en laissant échapper une brosse chez les anciens ». Le philosophe Ménippe fut
à nettoyer les-fours. Un berger qui, assissur les épris d'une lamie. Elle l'attirait à elle; heureu-
branchesd'un chêne, jouait de la flûte avec sa sement qu'il fut averti de s'en défier, sans quoi
houlettedont il lirait des sons, fut enlevé pareil- il eût été dévoré. « Semblables aux sorcières,
lement; et Nicole Laghernhard se sentit rem- dit encore Leloyer 1, ces dénions sont très-friands
portéepar un .tourbillon dans sa maisonnette, où du sang des petits enfants. '»
elledut garder le lit huit jours... Tous les démonomanes ne sont pas d'accord
Lagneau ou Laigneau (David), adepte mort sur la forme des lamies»: Torquemada, dans son
au dix-septième siècle. Il a traduit les Douze Hcxameron, dit qu'elles ont une figure de femme
de/sde la philosophie(hermétique), de Basile Va- et des pieds de cheval ; qu'on les nomme aussi
lenlin; et l'on voit dans son Harinonie mystique, chevesches, à cause du cri et de la friandise de
publiéeà Paris en 1636, qu'il s'occupait d'al- ces biseaux pour'la chair fraîche. Ce sont des es-
chimie. • • .. pèces de sirènes selon les uns; d'autres les com-
•
Laica. Nom de fées chez les Péruviens. Les parent aux gholes de l'Arabie. On a dit bien des
laicas étaient ordinairement bienfaisantes, au bizarreries sur ces femmes singulières. Quelques-
Heuque la plupart des autres magiciennes met- uns prétendent qu'elles ne voient qu'à travers
taientleur plaisir à faire du mal. une lunette 2. Wierus parle beaucoup de ces
Lamia, reine de Libye,, 'qui fendait le ventre monstres dans le troisième livre de son ouvrage
des femmes grosses pour dévorer leurs fruits.
Ellea donné son nom aux lamies. 1 Histoiredes spectresou-apparitions des esprits,
liv. III, p. 199.
2 Naudé, Apol.pour les grands personnages,elc,
1M.
Garinel, Hisl. de la magieen France, p. 473. ch. VIII.
LAM — 398 — LAM
sur les Prestiges. Il a même consacré aux'-lamies lieu delacbambrè; aussitôtla terrés'èntr'ouvraii
un traité particulier *. et engloutissait les mauvais plaisants'•'.
« Les lamies écossaises, dit un écrivain que Les miracles de là lampe inextinguible éton-
nous croyons à ses initiales-être M. "Alfred Mi- naient tout Paris. Saint Louis, en ayant entendu
cbiels, enlèvent surtout dés enfants, et c'est ce parler, fit venir Jéchiel afin, de; le, voir; il fui
qui a rendu les fées en général si redoutables en content,: disèntles juifs, delà science étonnante
nos contrées. II y en avait en Flandre qui en-^ de' ce: rabbin, qui : peut-être' avait découvert
voyaient dé toutes parts des> ésjMts inférieurs, quelque gaz. '-' -: .:;;-:.:: ;r';;
-conduisant des voitures peintes: en rouge, cou- .Lampes 1perpétuelles. En ouvrant d'anciens
vertes de toiles rouges, attelées d'un cheval noir. tombeaux tels;que;èelub;de: laifillède Cicéran,;
Les enfants qu'ils: Irotivàieht.isolés, ceux qu'ils on trouva dès; lampes qui,répandirent-un:peu de
pouvaient attirer par dês;prorh;ëssés,; ou en leur 1Uinièré;peiïdàttt.'quelques;':momênts', et-même,
montrant dès: dragééS; et;des joujoux, étaient pendant quelques:. liBureS^d'où)l'enta:prétendu;
emmenés; par eux;, et ilslés jetaient?dàhS:1a Voi- que ces lampes avaient toujours brûlé clànsles
ture avec nnliâillon çlafls la bOuché.Séiond'au- tombeaux:. ;:n:;MàiSr^cbmment;!erprbuvér;?,dit;ie
tresvnsles'massàcraientanssitôt; è'estpour que père Lebrun;; on, n'a; vuû paraître: des lueurs
lé sang hé sêNSt pas qu'il&àvajent adopté la cou- qu'après! que ies sépulerésVont, >;été:;ouverts; et;
leur rouge pour leurs voitures; Ces voitures s'ap- qu'oh; leur a donné, de Pair» OrJ il; n'est pas sur-
pelaient; bloêd^élriês; et:.;céuï;qûiles menaient prenant q.uè'.'dans l'esturnes',.;;qjii?.ônî--a prises pouf;
bloêd-élveh» Dès qu'on lès poursuivait ilsi dispa- des lampesilyeCitune-inatière qui, étant expo-
raissaient, etl'onrhé^irouvàit plus queJdê grandes sée à l'air, devint iuroinéuse çomine les phos-
taUpiniëresanbeaûmilieudu pavé» Cèttë-croyanCe phores. Qmsait qu'il; s'éxçitê; quelquefois dés
causait un effroi si grand aux enfants que, dès .flammes: dans les cayés; dansles;.cimétières:;et
qu'une'voiture: dé couleur; rouge venait a passer, dans tous les endroits où il y a beaucoup de sel
tous se sauvaient en; grande hâte» Je me rappelle et dé salpêtre» L'eau de la mer, l'Oïine et cer-
fort bien ayoirparitagé la terreur générale» » tains bois produisent de là lumière et même, des
Lamotte le Vayer (François),- littérateur:, flammés, et l'on ne doute pas-que;cet effet lie
né à Paris en: 15.88 et mort en 167-2. C'était, vienne,des Sels-qui sont "en"abondance; dans ces
selon Naudé, le.Plutarque de la France, ressema sortes de corps. :',;. •''•; .::;..-
blant aux anciens par ses opinions et ses moeurs. Ferrari a:voulu démontrer, dans une savante
Il a laissé des Opuscules sur le sommeil et les dissertation, quécé qu'on: débitait sur ces lampes;
songes, m-%"<Paris, 16/|3. éternelles n'était appuyéqïiêisur des conles et
Lampadomancië, divination dans laquelle on des histoireslabuleuses 2. - -
observait la forme, la couleur et les divers mou- Lampon, devin d'Athènes, On apporta un jour
vements de la lumière d'une; lampe, afin d'en à Périelès, dé sa maison de campagne, un bélier
tirer des'présages pour l'avenir. qui n'avait qu'une corne très-forte au milieu du
Lampe merveilleuse. Il y avait à Paris du front; sur quoi Lampoii pronostiqua (ce que.tout
temps de saint Louis un rabbin fameux, nommé le monde prévoyait): que la puissance, jusqu'alors
Jéchiel, grand faiseur de prodiges, et si habile partagée en deux factions, celle de Thucydide et
à fasciner les yeux par les illusions de la magie celle de Périelès, se réunirait dans la personne
ou de la physique que les juifs le regardaient de celui chez qui ce prodige était arrivé. •
comme un de leurs saints, et les Parisiens comme
un sorcier. ;La nuit, quand tout le monde élail 1 Sauvai, Antiquités de:Paris, etc. ;
couché, il travaillait à la clarté d'une lampe mer- 2 Vers 4780 cependant, on fit, à-Naples, la'dé-
veilleuse, qui répandait dans sa chambre une couverte d'un phosphore; quel'on dut également au
lumière aussi pure que celle du jour. Il n'y met- hasard. Le prince dé San-Scverôlravaillait à un pro-
tait point d'huile ; elle éclairait continuellement, cédé chimique.: \\ ouvrit, aune heure après minuit,
sans jamais s'éteindre et saiis avoir besoin quatre cucurbités de verre-En voulant tés examiner
de trop près avec une bougie,la matière contenue
d'aucun aliment. On disait que. le diable entre- dans un de ces vases prit feusùr-le-cliamp et donna
tenait cette lampe et venait passer la nuit avec une flamme jaune très-vive..1.1.laissa brûler pendant
Jéchiel. Aussi tous les passants heurtaient à sa environ six heures la matière renfermée dans ce vase,
La flamme, au bout de cet espace de temps, s'éianl
porte pour l'interrompre. Quand 'des seigneurs trouvée aussi belle et aussi forte qu'au premier in-
ou d'honnêtes gens frappaient, la lampe jetait stant, le prince San-Severo l'élouïïa ; mais ayant
une lueur-éclatante, et le rabbin allait ouvrir; voulu la raviver le lendemain, il n'y put parvenir
mais toutes les fois que des importuns faisaient qu'en ajoutant dans le mômevase un quart d'once de
la même matière, quoiqu'elle rie fût.'pas'sensiblement
du bruit pour le troubler dans son travail, la diminuée de poids. Une fois rallumée, elle brûla sis
lampe pâlissait; le rabbin, averti, donnait un mois de suite, sans mouvement, sans altération d»
coup de marteau .sur un grand clou fiché au mi- clarté, et sans déperdition apparente. Celte décou-
verte justifia, jusqu'à un certain point, la vérité des
, lampes sépulcrales dont ont parlé les anciens, et que
' J. Wieri de Lamiis liber. In 4°. Bàle, 1577. des savants modernes ont trailces de fables.
LAM — 399 LAP
Lamproies, poissons auxquels on a donné neuf facilitait le plaisir de parler à deux personnes en
veux; mais on a reconnu que c'était une erreur même temps '. Mahomet vit dans son paradis
populaire,fondée sur ce que les lamproies ont des anges bien plus merveilleux; car ils avaient
surle côté de la tête des cavités, qui n'ont au- chacun soixànte-dix mille têtes, à chaque tête
cunecommunication avec le cerveau !. soixante-dix mille bouches, et dans chaque bouche
Lancinet. Les rois de France ont de temps soixante-dix mille langues qui parlaient chacune
immémorialrevendiqué l'honneur de guérir les soixante-dix mille idiomes différents» :.:.-.
écrouelles.Le premier qui fut guéri fut un che- Les sorcières prétendaient avoir le don de
valiernommé Lancinet. Voici comment le fait parler toutes les langues : ce qui ne s'est pas vé-
estconté : rifié, sinoiidanS quelques possédées. - , .:
«Il était un chevalier nommé Lancinet, de Langue primitive» On a cru autrefois;que si
l'avisduquel le roi Glovis se servait .ordinaire- on abandonnait des: enfants àla nature, ils ap-
ment-lorsqu'ilétait question de faire la guerre à prendraient d'eux-mêmes la langue primilive,;
sesennemis. Étant affligé de cette maladie des c'est-à-dire celle que parlait. Adam, que l'on
écrouelles,et s'étant voulu servir de la recette croit être l'hébreu. Mais malheureusement l'ex-
dontparle Cornélius- Celsus, qui dit que les périence a prouvé;;querellé .assertion ..n'était
écrouellesse guérissent si l'on mange un serpent, qu'une erreur populaire'. Les enfants élevés-par
l'ayantessayée par deux -fois, et ce remède né des chèvres parlent l'idiome des boucs, et il est
lui ayant point réussi, un jour, comme le roi impossible d'établir que le langage n?a pas été
Clovissommeillait, il lui fut avis qu'il touchait révélé.
doucementle cou à Lancinet, et qu'au même Languet, curé de Saint-Sulpice, qui avait un
instantledit Lancinet se trouvait guéri sans que talent tout particulier pour l'expulsion, de cer-
mêmeil parût aucune cicatrice. tains esprits malins. Quand on lui amenait une
» Le roi, s'étant levé plus joyeux qu'à l'ordi- de ces prétendues possédées que les convulsion-
naire,tout aussitôt qu'il fit jour, manda Lancinet naires ont produites, et qui-ont donné matière à
elessayade le guérir en le touchant,-ce qui fut tant de scandales, il ^accourait avec un grand
fait;el toujours depuis, celte vertu et faculté a bénitier plein d'eau commune, qu'il lui versait
été comme héréditaire aux .rois de France, et sur la tête.en disant : « Je t'adjure de te rendre
s'estIransmise à leur postérité 2. » tout à l'heure à la Salpêtrière, sans quoi je t'y
Voilà,sans contredit, un prodige;; mais on re- ferai conduire à l'instant. » La possédée ne re-
présenteraque personne ne se nommait Lancinet paraissait plus.
dutemps de Clovis; que ni Glovis, ni Clotaire, Lanthila, nom que les habitants des Moluques
nile roi Dagobert, ni aucun des Mérovingiens ne '.donnent, à un être supérieur qui commande à
sevantaient de guérir les humeurs froides ; que tous les Nétos ou. génies malfaisants.
ce secret fut également inconnu aux Garlovin- Lapalud. Voy. PALUD.
giens,et qu'il faut descendre
' aux Capétiens pour Lapons. Les Lapons se distinguent un peu
entrouver l'origine ', . des autres peuples : la hauteur des plus grands
Landat ou Landalde (Catherine), paysanne n'excède pus un métré et demi; ils ont la tête
desfrontières de -YEspagne. Delancre dit qu'in- grosse, le visage plat, le nez écrasé, les yeux-
terrogéesur ses voyages au sabbat, elle déclara pelits, la bouche large, une barbe épaisse qui
qu'ellen'avait pas besoin de dormir pour s'y leur pend sur l'estomac. Leur habit d'hiver est
rendre;que dès qu'elle s'asseyait près de son une peau de renne, taillée comme un sac, des-
feu,si elle sentait un grand désir d'aller au sub- cendant sur les genoux, et rehaussée sur les
irai,elle s'y trouvait aussitôt transportée. Celte hanches d'une ceinlure ornée de plaques d'ar-
femmeavait trente ans. gent; ce qui a donné lieu à plusieurs historiens
Laridela, magicienne. Voy. IIAUPPI:. de dire qu'il y avait des hommes vers lé Nord
Langeac, ministre de France, qui employait velus comme des bêtes, et qui ne se servaient
beaucoupd'espions, et qui fut souvent accusé point d'autres habits que ceux que la nature leur
<lecommuniqueravec le diable 4. avait donnés.
Langue. On lit dans Diodore de Sicile que les On dit qu'il y a chez eux une école de magie
ancienspeuples de la Taprobane avaient une où les pères envoient leurs enfants, persuadés
languedouble, fendue jusqu'à la racine, ce qui que la magie leur est nécessaire pour éviter les
animaitsingulièrement leur conversation et leur embûches de leurs ennemis, qui sont eux-mêmes
grands magiciens. Ils font passer les démons fa-
'Brown, Des erreurs lpopulaires,
l t. 1,' liv. III, miliers dont ils se servent en héritage à leurs
p.349.
2
Delancre,Traitéde l'attouchement,p. 159; For- 1 M. Salgues, Des erreurs el des préjuges, t. III,
mel, De imper, el philosop.gall.
M.Salgues, Des erreurs et des préjugés, etc., p. 119.
2 Thomas Brown, Essai sur les erreurs, t. Il,
4 273.Curiositésde
''.p.
Berlin, la littérature. 1.1, p. 51. cil. xxin, p. 95.
LAR 400 LAR
enfants, afin qu'ils les emploient à surmonter il ne donne plus signe de vie ; les assistants con-
les démons des autres familles qui leur sont con- tinuent de chanter jusqu'à ce qu'il soit revenu à
traires» Us se servent sou vent d'un tambour pour lui, car si on.cesse de chanter, l'homme meurt
les opérations de leur magie. Quand ils ont en- disent-ils, ce qui lui arrive également si quel!
vié; d'apprendre ce qui se passe en pays étran- qu'un essaye de l'éveiller en le touchant de la
ger, un d'entre eux bat lé tambour, mettant main ou dû pied. On éloigne même de lui les
dessus, à l'endroit-où l'image du soleil est des- mouches et les autres animaux. Quand il reprend
sinée, des anneaux' de laiton attachés ensemble ses" sens de lui-même, il répond aux questions
par une chaîne de ;même métal, Il frappé sur ce qu'on lui fait sur le lieu où il; a été envoyé. Quel-
tambour avec un marteau fourchu fait d'un os, quefois il ne se réveille qu'au bout de vingt-
de telle sorte que ces anneaux se remuent. Le quatre heures', selon que; le chemin qu'il "luia
curieux chante en même temps d'une voix dis- fallu parcourir a été.long ou court. Pour ne lais-
tincte une chanson que lés - Lapons nomment ser aucun. doute,sur la vérité de ce qu'il raconte,
' il-se vante- d'avoir rapporté du-pays où il a été
jonk ; tous ceux: qui sont présents, liômmes el
femmes;, y ajoutent chacun.son couplet, expri- la marque qu'on.lui a demandée, comme un cou-
mant de temps en temps le nom du lieu dont ils teau, un anneau,, un soulier ou •.quelque aulre
.désirent savoir quelque chose» Le Lapon qui chose.-Les Lapons se servent aussidu même tam-
frappeletambourle met ensuite sur sa.tête d'une bour pour savoir la cause d'une maladie, oupour
certaine façon et tombe aussitôt par terre, où faire perdre la vie ou la santé à leurs ennemis.
Lapons.
: Partni.ces peuples, certains magiciens on.L'une toits et des maisons. Apulée dit que les lares
espèce de gibecière dé cuir, dans laquelle ils n'étaient autre chose que les âmes de ceux qui
tiennent des mouches magiques ou des démons, avaient bien vécu et bien rempli leur carrière.
qu'ils lâchent" de temps en temps contre leurs Au contraire, ceux qui avaient mal vécu erraient
ennemis, ou contre le bélail, ou simplement vagabonds et épouvantaient les hommes. Selon
pour exciter des tempêtes et faire lever des vents Servais, le culte des dieux lares est venu de ce
orageux. Us ont aussi une sorte de dard qu'ils qu'on avait coutume autrefois d'enterrer les
jettent en l'air, et qui, dans leur opinion, cause corps clans les maisons, ce qui donna occasion
la mort à tout ce qu'il rencontre. Ils se servent, au peuple crédule de s'imaginer que leurs âmes
pour ce même effet, d'une pelote nommée lyre, y" demeuraient aussi, comme des génies secou-
de la grosseur d'une noix, fort légère, presque rables et propices, et de les honorer en celle
ronde, qu'ils envoient contre leurs ennemis pour qualité.
les faire périr ; si par malheur cette peloté ren- La eouLume s'étant introduite plus lard d'in-
contre en chemin quelque aulre personne ou humer les morts sur les grands chemins, on en
quelque animal, elle ne manque pas de leur causer prit occasion de les regarder comme les dieux
la mortJ. Voy. FINNES,TYUE, etc. des chemins. C'était le sen liment des platoni-
Lares. Les lares étaient, chez les anciens, des ciens, qui des âmes dès bons faisaient des lares,
démons ou- des génies gardiens du foyer. Cicé- et les lémures des âmes des méchants. On pla-
ron, traduisant le Timée de Platon, appelle lares çait les statuettes des lares dans un oratoire que
ce.que Platon nomme démons. FesLus les ap- l'on avait soin de tenir proprement. Cependant
pelle dieux ou démons inférieurs, gardiens des quelquefois on perdait le respect à leur égard,
* Dom Calmet, Sur les vampires. comme à la mort de quelques personnes chères;
LAR 401 LAZ
on les accusait de n'avoir pas bien veillé à leur ; Lavater (Louis), théologien prolestant, né à
conservation, et de s'être laissé surprendre par Kibourg en 1527, auteur d'un traité sur les spec-
les esprits malfaisants. Galigula fit jeler les siens tres, les lémures *, etc.- Zurich, 1570, in-12,
il était plusieurs fois réimprimé.
par la fenêtre, parce que, disait-il,
mécontentde leurs services. Lavater (Jean-Gaspard), né à Zurich en 1741;
Quandles jeunes garçons étaient devenus-assez
grandspour quitter les bulles qu'on ne portait-
que dans la première jeunesse, ils les pendaient
au cou des dieuxlares. Les esclaves y pendaient
aussi leurs chaînes, lorsqu'ils recevaient la
liberté. -
Larmes. Les femmes accusées de sorcellerie
étaientregardées comme véritablement sorcières
lorsqu'elles voulaient pleurer -,et qu'elles ne le-
pouvaient. Une sorcière dont parle Boguet clans
son Premier avis ne put jeter aucune larme, bien
qu'ellese fût plusieurs fois efforcée devant son
juge: «' Car il a été reconnu par expérience que
lessorciers ne jettent point de larmes : ce qui a mort en 1801, auteur célèbre dé YArt de juger les
donnéoccasion à Spranger, Grilland et Bodin de hommespar la physionomie. Voy.PHYSIOGNOMOMIE.
direque l'une des plus fortes présomptions que Lavisari. Gardan--écrit qu'un Italien nommé
l'onpuisse élever contre le sorcier est qu'il ne La'visari-,conseiller et secrétaire d'un 'prince-, se
larmoiepoint'.» trouvant une nuit seul dans un sentier, leloiïg
Larrivey-(Pierre), poëte dramatique du sei- d'une rivière, et ne sachant où était le gué pour
zièmesiècle j. né à Troyes en 1596.11 s'est fait la passer, poussa un cri clans l'espoir d'être-en-
connaîtrepar un Almanach avec grandes prédic- lendu des environs. Son cri ayant été répété par
tions, le tout diligemment calculé, qu'il publia une voix de l'autre côté de l'eau, il se persuada
de1618 à 16&7.11précéda ainsi Matthieu Laens- que 'quelqu'un lui répondait, et demanda: —
bergli. Il ne mangeait point de poisson , parce Dois-jepasser ici? — L& voix lui répondit: — Ici.
que, selon son horoscope, il devait mourir 11vil alors qu'il était sur le bord d'un gouffre
étranglépar une arête, prédiction quiiie fut pas où l'eau se jetait en tournoyant. Épouvante du
accomplie. Les almanachs qui continuent de danger que ce gouffre lui présentait, il s'écrie
porter son nom sont encore très-estimés dans le encore une fois : — Faut-il que je passe ici? •—
midi de la France, comme ceux de Matthieu Là voix lui répondit :— Passe ici. — 11n'osa s'y
laensbergh dans le Nord. . hasarder, et, prenant l'écho pour le diable, il
Larves, âmes des méchants que l'on dit errer crut qu'il voulait le faire périr et retourna sur
çà et là pour épouvanter les vivants; on les con- ses pas 2.
fondsouvent avec les lémures, mais les larves Layra, nom d'une maladie que donnaient les
ontquelque chose de plus effrayant. sorciers dans une pomme ou clans un autre' ali-
Lorsque Caligula fut assassiné, on dit que son ment, et qui produisait le besoin indomptable
palaisdevint inhabitable, à cause des larves qui d'aboyer. Delancre en a eu les preuves. Les
l'occupaient, jusqu'à ce qu'on lui eut décerné mêmes coquins infusaient aussi par le même
unepompe funèbre. procédé de violentes épilepsies.
Launoy (Jean), célèbre docteur de Sorbonne, Lazare, tzar des Servions dans leurs temps
né le 21 décembre 1603 à Yaldéric, diocèse de héroïques. On lit sur ce prince, dans les chants
Coulances.Il a laissé une dissertation pédan- populaires des Serviens, de singulières légendes.
fesquesur la vision de saint Simon Stock, qu'il Leur grand cycle poétique, c'est l'ère fatale
n'a pas su comprendre, étant un peu trop jansé- de la conquête, c'est la bataille de Kossowo, où
niste.Un volume in-8° ; 1653 et 1663. périt le roi Lazare, trahi par son gendre "Wuket
Laurier, arbre qu'Apulée met au rang des par ses douze mille guerriers. A celle bataille,
plantes qui préservent les hommes des esprits le poëte fait intervenir le prophète Élio, qui
malins.On croyait aussi chez les anciens qu'il annonce au roi la volonté de Dieu et l'avertit
garantissaitde la foudre. qu'il est temps de choisir entre le royaume du
Lauthu, magicien tunquinois, qui prétendait ciel et celui de la terre. Lazare mande le pa-
avoirété porté soixante-dix ans dans le sein de triarche de Servie el les douze grands archevê-
sa mère. Ses disciples le regardaient comme le ques, pour qu'ils donnent la sainte communion
créateur de toutes choses. Sa morale esl très-
' De speclris, lemuribus el magnis algue insolilis
relàchéc; c'est celle que suif le peuple, tandis
quela cour suit celle de Confucius. fragoribus et,proesagitionibusquw obitum hominum,
camesmutalionesqueimperiorum proecedunt,etc.
1 2 Lcnglet-Dufrcsnoy,Dissertations, t. I, p. 169.
Boguet, Premier avis, n" 60, p. 26.
26
LAZ 402 LEC
à ses braves, et que purifiés ils se préparent à été placées dans des communautés -religieuses
la mort..... Au moment où les troupes défilent se trouvèrent immédiatement paisibles.
en bon ordre, la tzarine Militza demande, à son Lebrun (Charles), célèbre peintre, né à Paris
noble époux qu'au moins un de ses frères reste en 1619, mort en 1690. On lui doit un Traité-
avec elle dans la forteresse de Kruschwatz. Ils sur la physionomie humaine comparée avec celle '
refusent tous. Golabun, le serviteur,< reste seul. des animaux, 1vol. in-folio.
-Dès que l'aube du matin paraît,, deux corbeaux, Lebrun (Pierre), oralorien, né à Brignolles
messagers arrivent auprès de la tzârine qui se en 16.61, mort en 1729. On a de-lui: ^Let-
trouble; puis le guerrier Milutine^ couvert de tres qui découvrent l'illusion dés philosophes sur
dix-sept blessures et portant sa :main gauche la baguette, et qui détruisent leurs systèmes
dans sa droite, vient lui conter comment l'illustre Î693, in-12; 2° Histoire critique des pratiques
tzar, son époux, est tombé1 comment est tombé. superstitieiises qui -ont. séduitles peuples et embar-
le vieux ,1ug, Son père, comment :sont tombés rassé les savants,.1<702, -3/vol. in-12, avec un
les-nèuflugowitz 1, et comment est tombé Miioscli supplément, 1737,-in-12.: ;,:.
l'ç waiwodê. .'"-.-'''.-•..-';:•>'"'.:..:'-.. -Noiis-avousioccasiorî dele-citèr:souvent.
« On n- avait puretrouver sur lasanglante plaine Lécanomançie, divination par le-moyen de
la tête de Lazare. Hn jeune Turc, né d'une Ser- l'eau. On écrivait des /paroles: magiques sur des
Vienne, l'avait jetée dans une source d'eau vive; lames de: .cuivré,"qu'on: mettait dans un vase
elle y resta quarante ans, et elle brillait comme plein, d'eau, et une; vierge, qui."regardait dans
làlune sur l'eau. Tirée -delà enfin et déposée sur cette eany.voyait c;e qu'on voulait savoir, ou ce
le gazon, elle alla rejoindre son corps, qui fut qu'elle voulait y voir» Ou-bienon remplissait d'eau
déposé par les douze grands archevêques dans un vase d'argent pendant un beau clair de lune;
le: beau monastère: d.e;Ra.wanitza en Macédoine, ensuite on réfléchissait la lumière d'une chan-
« fondé, par Lazare de son propre argent, sans delle dans lé Vase avec la: lame d'un couteau, et
qu'il en coûtât .-un para ou--une; larme à son l'on y voyait,ce qu'on cherchait à connaître. —
pauvre,peuple?»» C'est encore par la lécanomançie que chez les
, Lazare-(Denys)y prince de Servie, qui vivait- anciens on mettait dans un bassin plein d'eait
enl'annéede l'hégire 788. Il est auteur d'un ou- des pierres précieuses et des lames d'or el d'ar-
vrage intitulé les Songes, publié en 1686; 1 vol. gent, gravées de certains caractères, dont on
in~8°. Il prétend avoir eu des visions nocturnes ; faisait offrande aux démons". Après les avoir con-
dans les royaumes de Stéphan, de Mélisch et de jurés par certaines paroles, on leur proposait la
Prague.-: ;:'" ;,- question à laquelle on désirait une réponse. Alors
Leaupartie, seigneur normand d'un esprit il sortait du fond de l'eau une voix basse, sem-
épais, qui fit paraître en 1735 un mémoire pour blable à un sifflement de serpent, qui donnait la
établir la possession et l'obsession de ses enfants solution désirée.. Glycas rapporte que JNeclané-
et.de quelques autres filles, qui avaient copié les. bus, roi d'Egypte,: connut par ce moyen qu'il
extravagances de ces jeunes demoiselles.— Il serait détrôné; et Delrio ajoute que de son temps
enyoya;à la Sorbonne et à la faculté de médecine cette divination était encore en vogue parmi les
de Paris des observations pour savoir si l'état Turcs. Elle était anciennement familière aux
des possédées pouvait s'expliquer naturellement, Ghaldécns, aux Assyriens et aux Égyptiens.
.11exposa queles possédées entendaient le latin; Vigenère dit qu'on jetait aussi du plomb fondu
qu'elles étaient malicieuses ; qu'elles parlaient en tout bouillant dans un bassin plein d'eau; et par
hérétiques; qu'elles n'aimaient pas le son des les figures qui s'en formaient on avait réponse à
cloches; qu'elles aboyaient commodes chiennes; ce qu'on demandait *.
que. l'aboiement de l'une d'elles ressemblait à Lecanu (M. l'abbé), du clergé de Paris, au-
celui d'un dogue; que leur servante Anne Néel, teur d'un livre intitulé « Histoire de Salan, sa
quoique fortement liée, s'était dégagée pour se chute, son culte, ses manifestations, ses oeu-
jeter dans le puits: ce qu'elle ne put exécuter, vres, la guerre qu'il fait à Dieu et aux hommes;
parce qu'une personne la suivait; mais que, pour magie, possessions, illuminisme, magnétisme,
échapper à cette poursuite, elle s'élança contre esprits frappeurs, spiriles, etc. » In-8°, Paris,
une porte fermée et passa au travers, elc-. — Le 1862.
bruit s'élant répandu que les demoiselles de Léchies, démons des bois, espèces de satyres
Leaupartie étaient possédées, un curé nommé chez les Russes, qui leur donnent un corps lin-
Heurtin, faible ou intrigant, s'empara de l'af- main , depuis la partie supérieure jusqu'à la cein-
faire, causa du scandale, fit des extravagances. ture , avec des cornes, des oreilles ; une barbe
Mgr de Luynes, évoque de Bayeux, le fit renfer- de chèvre ; et, de la ceinture en bas, des formes
mer dans un séminaire; elles demoiselles, ayant de bouc. Quand ils marchent dans les champs,
1 Ingowilz, enfants de Ing.
2 Extrait de comptes rendus la 1 Incrédulité et mècréame du 1
sorliles
par presse pério- Delancre,
dique sur les légendes do la Servie. pleinement convaincues, p. 268.
-'•- ! '." " " " LEIN
LÈWVAOiJ-W .oiubiij_oi^^ii.iu.!i;-'
ils se rapetissent au ;niveau des herbages ; mais des Erreurs et des préjugés répandus dans la
lorsqu'ilscourent dans les forêts, ils égalent en société.
hauteurs les arbres les plus élevés. Leurs cris Légions. Il y a aux enfers six mille six cent
sonteffroyables. Ils errent sans cesse autour des soixante-six légions de démons» Chaque lé-
promeneurs, empruntent une voix qui leur est gion de l'enfer se compose de six mille six cent
connue, et les égarent vers leurs cavernes, où soixante-six diables,,ce qui porte le nombre de
Osprennent plaisir à les chatouiller jusqu'à là tous ces démons à quarante-quatre millions quatre
mort. :-f cent trente-cinq mille cinq cent cinquante-six, à
la tête desquels:se trouvent soixante^douze chefs,
selon le calcul de Wierds. Mais d'autres doctes
mieux informés élèventbien plus haut le nombre
des démons. ..',,-
Leleu (Augustin), contrôleur des droits du
duc de Ghaulnes Sur la chaîne de Piquigiïy,, qui ""
demeurait à Amiens, rue de l'Aventure, et dont
la maison fut infestée de démons pendant qua-
torze^ans.; Après;'s'être plaint, il avait obtenu:
qu'on fît la bénédiction lies chambres infestées;
ce ,qui força les diablesà détaler '»
Leloyer. Fo/y»'LOYIÎR (le). :.'
Lemia, sorcière:d'Athènes, qui fut punie du
dernier Supplice, ; au rapport de pëmosthène,
pour avoir-enchanté, charmé et fait périr le bé-
tail ; car dans cette république on avait établi une
: chambre de justice pour poursuivre les sorciers 2.
Lemnus ou Lemmens (Liévin), né en 1505
; à Ziriczée en Zélande, médecin et théologien,
Lochies, publia un livre sur ce qu'il y a de vrai et de faux
i en astrologie , et un autre sur les merveilles
Lecoq, sorcier qui fut exécuté à Saumur, au ! occultes de la nature'.
seizièmesiècle, pour avoir composé des vëné- Lémures, génies malfaisants ou âmes des
liceset poisons contre, les.enfants. Le bruit cou- i morts damnés qui ( selon les croyances supersti-
rail dans ce temps-là que lui et d'autres sorciers tieuses) reviennent tourmenter-les vivants, et
ayantjeté leurs sorts diaboliques sur les lits de j dans la classe desquels il faut mettre les vam-
plume,il devait s'y engendrer certains.serpents ; pires. On prétend que le nom'de Lémure est une
quipiqueraient et tueraient les bonnes gens'en- ; corruption de Rémurc, qui vient à son tour du
donnis; si bien qu'on,.n'osait, plus, se coucher. 'nom de Rémus, tué par Romulus, fondateur de
On attrapa Lecoq et on le brûla, après quoi on i Rome; car après sa mort les esprits malfaisants
alladormir *,. ce que, vous pouvez faire aussi. ;se répandirent dans Rome''. Voy. LARES, LAK-.
Ledoux (Mademoiselle), tireuse de cartes., IVES,SPFXTHES, VAMPIUES, etc.
donton lit le procès à Paris le 14 juillet 1818. Lenglet-Dufresnoy (Nicolas), né à Beauvais
Ellefut condamnée à deux ans d'emprisonnement !en 1674 et mort en 1755. On lui doit : 1° une
clà douze francs d'amende, pour avoir prescrit Histoire de la philosophie hermétique, accompa-
a une jeune demoiselle d'aller la nuit en pèleri-
gnée d'un catalogue raisonné des écrivains de
nageau Calvaire du mont-Valérieh, près Paris, ; cette science, avec le véritable PhUalèle, revu
et d'y porter quatre queues de morue envelop- sur les originaux, 17^2, 3 vol. in-12 ; 2° un
péesdans quatre morceaux d'un drap coupé en Traité historique et. dogmatique sur les appari-
quatre,afin de détacher, par ce moyen cabalis- tions, visions et révélations particulières, avec
tique, le coeur d'un jeune homme riche, de neuf des observations sur les dissertations du R. P.
veuveset demoiselles
' qui le poursuivaient en dom Gahnet sur les apparitions et les revenants,
mariage\
Legendre (Gilbert-Charles), marquis de Saint- 1 Lenglet-Dufresnoy,Dissertationssur les appari-
Aubin-sur-Loire,,né à Paris en 1688, mort en tions, t. 111.p. 813.
W|6. On.a de lui un Traité de l'opinion, ou 2 M. Garinet, Hisl. de la magie en France, p. 14.
3 De Astrologialiber unus, in quoobilcr indicatùr
Mémoires pour servir à l'histoire de l'esprit hu- illa veri, quid ficli falsique fiabeat, et quatenus
quid
main,Paris, 1733, 6 vol. in-12 { ouvrage dont arli sil habenda fides; Anvers, 1854, in-8°. —De
"' Saignesa tiré très-grand parti pour son livre occultis naluroemiraculis libri II; Anvers, 1559,
in-12. Réimprimé chez Planlin en qualre livres;.
^Delancre, Incrédulité, etc., p. 268. Anvers, 1564.
M- Garincl, Histoire de la maqie en France, 4 Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions des
tf
p.291. esprits, ch. v.
26.
fini "!'"
LEN _ 404 - LÉO
1751, 2 vol. in-12; 3° nn Recueil de dissertations oraisons pour conjurer le diable. Voy. CONJUIU-
anciennes et nouvelles sur les apparitions, les TIONS,etc.
visions et les songes, avec une préface histo- Léonard, démon des premiers ordres, grand
rique et un catalogue des auteurs qui ont écrit maître des sabbats, chef des démons subalternes,
sur les esprits, les visions, les,apparitions, les inspecteur général de la sorcellerie, de la magie
songes et les sortilèges ; 1752 , h vol. in-12. noire et des sorciers. On l'appelle souvent k
Nous avons puisé fréquemment dans ces ou-
vrages.
Lénôrmand (Mademoiselle), femme qui, sous
l'Empire et la Restauration , exerçait à Paris le
métier de-sibylle. Elle prenait le nom de sibylle
du faubourg Saint-Germain, tirait les caries et
disait la bonne aventuré par le marc de café. On
„ prétend qu'elle était un des organes de la police.
Elle a laissé des mémoires et des souvenirs sibyl-
lins. Morte en 18 43. Ce qui est curieux, c'est
"que, de notre temps, les grandes dames allaient
la consulter.
Le Normant (Martin), astrologue qui. fut
apprécié par le roi Jean, auquel il prédit la vic-
toire qu'il gagna contre les Flamands *.
Léon III, élu pape en 795.. On a eu l'effron-
terie de lui attribuer un recueil de platitudes,
embrouillées dans des figures et des mots inin-
longued'un pied hors de sa bouche 1. On l'exor- conduit et empêchait par exemple les déjections
cisa, el le démon qui la possédait dit, par sa naturelles. On appelait embarrer l'empêchement
bouche, que ses meilleurs amis étaient Judas, magique qui s'opposait à un mouvement. ^Onapper
Héro'de,Pilate et Faust. lait plus spécialement ligature le maléfice qui af-
Lièvre. On raconte des choses merveilleuses fectait d'impuissance un bras, un pied ou tout
du lièvre. Évax et Aaran disent que si l'on joint autre membre.
ses pieds avec la tête d'un merle, ils rendront Le plus fameux de ces sortilèges est celui qui
l'homme-qui les portera si hardi qu'il né crain- est appelé dans tous les livres où il s'agit de su-
drapas mêmela mort. Celui qui se les attachera perstitions, dans le curé Thiers, dans le père
au bras ira partout où il voudra, et s'en retour- Lebrun et dans tous les autres, le nomment de
nera sans danger, — Si on eh fait manger à un l'aiguillette ou l'aiguillette nouée, désignation
chien, avec le coeurd'une belette, il est sur qu'il honnête d'une chose honteuse. C'est au reste le
n'obéirajamais, quand même on le tuerait V terme populaire. Cette matière si délicate, que
Si des vieillards aperçoivent, Un lièvre traver- nous aurions voulu pouvoir éviter, tient trop de
sant un chemin, ils lie manquent guère d'en au- place dans les abominations superstitieuses pour
être passée sous silence.
Les rabbins attribuent à Cham l'invention du
nouemént de l'aiguillette. Les Grecs connaissaient
ce maléfice. Platon conseille^eeux qui se ma-
rient de prendre garde à ces Charmes ouligaturès
qui troublent la paix des ménages;1. On nouait '
aussi l'aiguillette chez les *.IJpmaiiis; cet usagé
passa des magiciens,ducpagàhisnie aux sorciers
gurer quelque mal. Ce n'est pourtant, au fond, modernes. On nouait surtout beaucoupau moyen
qu'unemenacé des anciens augurés.exprimée en âge. Plusieurs conciles frappèrent d'aiiathème les
cestermes : Inaùspicàtum dat itei• oblatus lepus. noueùrs d'aiguillette.-; le; cardinal. du,,;Perron fit
Celleidée n'avait apparemment d'autre fonde- même insérer dans; lé rituel :â'$yreux dés prières
nienl,si ce n'est que nous devons craindre quand contre l'aiguillette nouée;:clamais ce maléfice
tin'animaltimide passe devant nous; comme un ne fut plus fréquent qu'au. seizième, siècle» Le.
renard,s'il y passe aussi, nousprésage quelque im- nouemént'dé-l'aiguillette dgyi.ént;/sicommun,.dit
posture. Ces observations superstitieuses étaient Pierre Delancre, qu'il-n'y,ajguère d'homnies qui
défenduesaux Juifs. Chez les Grecs modernes-, si osentsémarier,sinon:aila iiérëbéèj,|On se^fouve
unlièvre croise le chemin d'une caravane, elle lié sans savoir par qui," et dé tant;;de façons que
fera halte jusqu'à ce qu'un passant qui ne l'ait le plus rusé n'y.comprend,rien,, .tantôt le malé-
-
pas vu coupe le charme en traversant-'la mémo fice est pour l'homme, tantôt pour la femme, ou
roule3. — Les Romains croyaient que celui qui pourtousles deux. 11dûro un'jpur^wLniois, un
mangeaitdu lièvre pendant sept joursétait par là an. L'un aime et n?est,pas aimé;les époux se
fort embelli; et on conte qu'Alexandre-Sévère, mordent, s'égraligneht-èt se repoussent; ou bien
quiapparemment avait un grain de Coquetterie, le diable interpose entre eux un fantôme, etc.
mangeaitdu lièvre à tous ses repas. Le démonologue expose tous les cas bizarres et
À l'honneur des lièvres, voy. SAKIMOUNI. embarrassants d'une si fâcheuse circonstance.
Lièvre (Le Grand). Les Chipouyans, peuplade Mais l'imaginalion, frappée de la peur du sor-
sauvagequi habite l'intérieur de l'Amérique sep- tilège, faisait le plus souvent tout le mal. On
lenLrionale,croient que le Grand Lièvre, nom attribuait aux sorciers les accidents qu'on ne
qu'ilsdonnent à l'Être suprême, étant porté sur: comprenait point, sans se donner la peine d'en
les eaux avec tous les quadrupèdes qui compo- chercher la véritable cause. L'impuissance n'était
saientsa cour, forma la terre d'un grain de sable donc généralement occasionnée que par la peur
tiré de l'Océan et lira' les hommes des corps- des du maléfice, qui frappait les esprits et affaiblis-
animaux. Mais le Grand Tigre, dieu des eaux, sait les organes ; et cet état ne cessait que lorsque
s'opposa aux desseins du Grand Lièvre. Voilà, la sorcière soupçonnée voulait bien guérir l'ima-
suivanteux, les principes qui,se combattent per- gination du malade en lui disant qu'elle le resti-
pétuellement. tuait. Une nouvelle épousée de Niort, dit Bodin ',
Ligature. On donne ce nom à un maléfice spé- accusa sa voisine de l'avoir liée. Le jugé fit mettre
cial, par lequel on liait el oii paralysait quelque la voisine au cachot. Au bout de deux
jours, elle
facultéphysique dé l'homme ou de la femme. On commença à s'y ennuyer et s'avisa de faire dire
appelaitchevillement le sortilège qui fermait un aux mariés qu'ils étaient déliés; et dès lors ils
' Dmnonomaniado Tobie furent déliés. — Les délails de ce désordre sont
cilé par Gorres,
'• IV, p. 3C0de sa Mystique.Seilcr,
- Secretsd'Albertle 1 Platon, Des lois, liv. II.
Grand, p. 108. 2 Démonomaniedes sorciers, liv. IV, ch. v.
Brown, Erreurs populaires.
LIG — 408 LIG
presque toujours si ignobles qu'on ne peut mettre On trouve dans Ovide et dans Virgile les pro-
sous les yeux d'un lecteur honnête cet enchenil- cédés employés par les noueurs d'aiguillette de
lement, comme l'appelle Delancre 1. leur temps. Ils prenaient une petite figure de
"Les mariages ont rarement, lieu en Russie sans cire qu'ils entouraient de rubans ou de cordons;
quelque frayeur de ce genre. « J'ai vu un jeune ils prononçaient sur sa têle des conjurations, en
homme, dit un voyageur 2, sortir comme un fu- serrant les cordons l'un après l'autre; ils lui en-
rieux de la chambre de sa femme, s'arracher les fonçaient ensuite, à la place du foie, des aiguilles
cheveux'et crier qu'il était ensorcelé. On eut re- ou des clous, et le charme était achevé.
cours au remède employé chez les Russes, qui Bodin assure qu'il y a plus de cinquante moyens
est de s'adresser à dés magiciennes blanches, les- de nouer l'aiguillette. Le curé Thiers rapporte
quelles pour un peu d'argent, rompent le charmé avec blâme plusieurs de ces sortes de moyens,
et dénouent l'aiguillette ; ce qui était la cause de qui sont encore usités dans les villages.
l'état où je vis ce jeune homme. » Contre l'aiguillette nouée. — On prévient ce
maléfice en portant un anneau dans lequel esl
enchâssé l'oeil droit d'une belette; ou en niellant
du sel dans sa poche, ou deS so'us marqués dans
ses souliers, lorsqu'on sort du lit; ou, selon
Pline, en frottant de graisse de loup le seuil et
les poteaux de la' porte qui ferme la chambre à
coucher. — Hincmar de Reims conseille avec
raison aux époux qui- se croient maléliciés du
nouemént de l'aiguillette là pratique des sacre-
ments comme un remède efficace ; d'autres or-
donnaient le jeûne et l'aumône.
Le Petit A Ibert conseille contre Taiguillellc
nouée de manger un-pivert rôti avec du sel bé-
nit, ou de respirer la fumée de la dent d'un mort
jetée dans un réchaud. — Dans quelques pays on
se Halle de dénouerl'aiguillette en mettant deux
chemises à -l'envers l'une"sur l'autre. Ailleurs,
on perce un tonneau de vin blanc, dont on fait
passer le premier jet par la. bague de la mariée.
Ou bien, pendant neuf jours, avant le soleil levé,
on écrit sur du parchemin vierge le mot aviga-
zirlor. Il n'y a, comme on voit, aucune extrava-
gance qui n'ait été imaginée.
Voici, avant de finir, un exemple curieux d'une
manière peu usitée de nouer l'aiguillette : « Une
sorcière, voulant.exciter-une haine mortelle entre
deux futurs époux, écrivit sur deux billets des ca-
Désaccord. ractères inconnus.et-les-leur lit porter sur eux.
Comme ce charme ne produisait pas assez vite
Nouemént de l'aiguillette. — Nous croyons de- l'effet qu'elle désirait, elle écrivit les mômes ca-
voir rapporter, comme spécimen des bêtises de ractères sur du fromage qu'elle leur fit manger ;
l'homme, la sfupide formule suivante, qu'on lit puis elle prit un poulet noir qu'elle coupa par le
au chapitre premier des Admirables secrets du
milieu, en offrit une partie au diable et leur
Petit Albert: donna l'autre, dont ils firent leur souper. Cela
« Qu'on prenne la verge d'un loup nouvelle- les anima tellement qu'ils ne pouvaient plus se
, ment tué ; qu'on aille à la porte de celui qu'on
regarder l'un l'autre. — Y a-t-il rien de si ridi-
veut lier, el qu'on l'appelle par son propre nom.
cule, ajoute Delancre, persuadé pourtant de la
Aussitôt qu'il aura répondu, on liera la verge vérité du fait, et peut-on reconnaître en cela
avec un lacet de fil blanc, et le pauvre homme
quelque chose qui puisse, forcer deux personnes
sera impuissant aussitôt. »
qui s'entr'aiment à se haïr à mort? »
Ce qui est surprenant, c'est que les gens de On-dit que les sorciers ont coutume d'enterrer
village croient à de telles formules, qu'ils les des tètes et des peaux de serpents sous le seuil de
emploient, et qu'on laisse vendre publiquement la porte des mariés, ou dans les coins de leur
des livres qui les donnent avec de scandaleux
maison, afin d'y semer là haine el les dissen-
détails. sions. Mais ce ne sont que les marques visibles
1 L'incréchdité el mècréance, des conventions qu'ils ont faites avec Satan, le-
etc., traite VI.
\ Nouveau voyage vers le septentrion, cli. 11. quel esl le maître et l'auteur du maléfice de la
L1M — 409 — LIN
haine. Parfois, continue Delancre, le diable ne I dans les villes ; mais on noue encore l'aiguillette
va pas si avant, et se conlenle, au lieu de la dans les villages ; bien plus, on se sert encore
haine, d'apporter seulement de l'oubli, mettant des procédés que nous rapportons ici, car la su-
les maris en tel oubli de leurs femmes qu'ils en perstition n'est pas progressive. El tandis qu'on
des lu-
perdent tout à fait la mémoire, comme s'ils ne nous vante à grand bruit l'avancement
s'étaient jamais connus. Un jeune homme d'Elru- mières, nous vivons à quelques lieues de pauvres
rie devint si épris d'une sorcière, qu'il aban- paysans qui ont leurs devins, leurs sorciers, leurs
donna sa femme et ses enfants pour venir de- présages, qui ne se marient qu'en tremblant, et
meurer avec elle, et il continua ce triste genre qui ont la tête obsédée de terreurs infernales.
de vie jusqu'à ce que sa femme, avertie du malé- Lilith. "Yyieruset plusieurs autres démono-
fice, l'étant venue trouver, fureta si exactement manes font de Lilith le prince ou la princesse
dansla.maison de la sorcière, qu'elle découvrit des démons succubes» —-Les démons soumis à
sous son lit le sortilège.,, qui était un crapaud Lilith portent le même nom que leur chef, et,
enfermé dans un pot, ayant les yeux cousus et comme les Lamies, cherchent à faire périr les
bouchés; elle le prit, .et-, lui ayant ouvert les nouveau-nés ; ce qui fait que les juifs, pour les
yeux, elle le brûla. Aussitôt l'amour et l'affection écarter, ont coutume d'écrire aux quatre coins
qu'ilavait autrefois pour sa femme et ses enfanls delà chambre d'une femme nouvellement accou-
revinrent tout à coup dans la mémoire du jeune chée : «Adam, Eve; hors d'ici Lilith1-' » ,
homme, qui s'en retourna chez lui honteux et Lilly (William), astrologue anglais du dix-
repentant et passa dans de bons sentiments le septième Siècle qui se fit une réputation en pu-
resle.de ses jours. — Delancre cite d'autres bliant: l'horoscope dé Charles Ier. ,11 mourut en
exemples bizarres "des effets de. ce charme, 1681. Sa Vie, écrite par lui-même, contient des
commedes époux qui se détestaient de près et détails si naïfs et en même temps une imposture
quise chérissaient de loin. Ce sont de ces choses ; si palpable qu'il est impossible de distinguer;.ce
quise voient aussi de nos jours, sans qu'on pense qu'il croit vrai de ce qu'il croit faux. C'est lui .qui
à y trouver du sortilège. a fourni la partie la plus considérable lie l'ou-
Le P. Lebrun ne semble pas croire aux noueurs vrage intitulé, F'olie des aslrologuesi Les opinions
d'aiguillette; cependant il rapporte le trait de de LiUy et sa prétendue science avaient,tant de
l'abbéGuibert de Nogent, qui raconte 1 que son vogue clans son siècle que Gataker, théologien
père et sa mère avaient eu l'aiguillelle nouée anglican, se crut obligé d'écrire contre celle
pendantsept ans, et qu'après cet intervalle pé- déception populaire.. Parmi un grand nombre
nibleune vieille femme rompit le maléfice et.leur ; d'écrits ridicules dont lé titre indique assez le
renditl'usage du mariage. — Nous le répétons, sujet, nous citerons de Lilly : 1° le Jeune Anglais
lapeur de ce.mal, qui n'a guère pu exister que Merlin, Londres, 1664; 2" le Messager des étoiles,
dansles imaginations faibles, était autrefois très- 1645; 3° Recueil de prophéties,. 1646...
répandue. Personne aujourd'hui ne s'en plaint Limaçons. Les limaçons ont de grandes pro-
priétés pour le corps humain, dit l'auteur des nue de Jésus-Christ. On donnait aussi le nom de
Secretsd'Albert le Grand, et il indique de suite- Limbes aux lieux où vont les âmes des enfants
quelquesjocrissades. — De nos jours, on a es- morts sans baptême.
sayé de les clouer de sympathies telles qu'ils Limyre, fontaine de Lycie qui rendait des
remplaceraient le télégraphe électrique. Mais on oracles par le moyen de ses poissons. Les con-
a reconnu dans celle donnée une mystification. sultants leur présentaient à manger : si les pois-
Voy.ESCAUGOT. sons se jetaient dessus, le présage était favorable ;
Beaucoupde personnes doutent si les limaçons s'ils le refusaient, surtout s'ils le rejetaient avec
ont des yeux. On s'esl guéri de ce doute par le leurs queues, c'était un mauvais indice.
secours des microscopes; les points ronds el Linkup ou Linkop (Marion), sorcière. Voyez
noirs de leurs cornes sont leurs yeux, et il esl JACQUES 1er.
certainqu'ils en ont quatre. Linurgus, pierre fabuleuse qui se trouvait,
Limbes. C'est le mot consacré parmi les théo- dit-on, dans le fleuve Achéloùs. Les anciens l'ap-
logienspour signifier le lieu où les âmes des saints pelaient lapis lineus. On l'enveloppait dans un
patriarches étaient détenues en attendant la ve-
1 Dom Calmet, Dissertation sur les apparitions,
1 De vita
sua, lib. I, cap. xi. t. II, p. 74.
LIO — 410 LOA
linge, et lorsqu'elle devenait blanche, on se .pro- quarte Si vous portez les yeux de cet animai
menait bon succès dans ses projets de mariage. sous l'aisselle, toutes les bêtes s'enfuiront devant
Lion. Si on fait des courroies de sa peau, celui vous en baissant la tête 1.
qui s'en ceindra ne craindra point ses ennemis; Lé lion est un clés signes du zodiaque. Voy. HO-
si on mangé de sa chair, ou qu'on boive de son ROSCOPES. — Le diable s'est montré quelquefois
urine pendant trois jours, on guérira de la fièvre sous la forme d'un lion, disent les démono-
graphes. Dn des: démonS^qui possédèrent Elisa- niant, elle, répondra aux questions'qu'on lui fera,
beth Blanchard est désigné sous le nom du lion mais d'une voix faible comme celled un enfant2.,,
d'enfer. Voy. MESsiiîDES-JUIFS. y'-' Lituus, baguette d'auguré,' recourbée dans
Lios. Voy. ALFARES. le bout le plus fort; elle plus épais; Le lituus
Lisathama. Voy. GRUAUDELA.BARRE.- dont on fit usage à l'élection de Numa, second
Lissi, démon peu connu,.qui posséda:Denise roi de: Rome, était conservé! dans ]e temple de
de la Caille et signa le procèsT-verbal d'expulr- Mars. On conte qu'il fut trouvé entier après l'in-
sion, qui n'est qu'une farce. cendie général de Rome 3.
Litanies du sabbat., Les mercredis et ven- : Livres. Presque tous les livres qui contiennent
dredis on chantait au sabbat les litanies sui- les. secrets merveilleux et les manières -d'évoquer
vantes , s'il faut en croire les relations : le diable ont été attribués à de grands person-
Lucifer, Belzébuth, Léviathan, prenez pitié dé nages» Abel, Adam, Alexandre, Albert le Grand,
nous. Baal, prince des séraphins ; Baalbérilh, Daniel, 1-Iippocrate, Galien, Léon III, Hermès,
prince des chérubins ; Astaroth, prince des Platon, saint Thomas, saint Jérôme, passent,
Trônes ; Rosier, prince des, Dominations;; Car-: dans l'idée des imbéciles, pour auteurs de livres
reau, prince des Puissances;,;Bélias, prince des magiques. La plupart de ces livres soiit inintel-
Vertus; Perrier, prince des^rinçipauLés; Olivier, ligibles et d'autant plus admirés des sots qu'ils
prince des Archanges ; Juniéi^ princedes Anges; en sont moins^enténdus. Voyez à leurs noms les
Sarcueil, Fume-Bouche, Pierre-de-Feu, Garni- grands hommes auxquels on attribue les livres
veau, Terrier, Coutellier, Candelier, Béhémoth, magiques. Le Livre des prodiges, ou Histoires et
Oilelte, Belphégor, Sabathan, Garandier, Dolers, aventures merveilleuses et remarquables de spec-
Pierre-Fort, Axaphat, Prisier, Kakos, Lucesme, tres, revenants, esprits, fantômes, démons, nie,
priez pour nous 1. —Il faut remarquer que Satan rapportées par des personnes dignes de foi. 1 vo-
n'est pas invoqué dans ces litanies, non plus lume in-12, cinquième édition, Paris, 1821; —
qu'une foule d'autres. compilation sans objet, Voy. MIRABILIS LIBER;
Lithomana. Voy. GRUAUDE.LABARRE. Lizabet, démon. Voy. COLAS.
Lithomancie, divination par les pierres. Elle Loannocks (Susanna), Anglaise qui, en 1659,
se faisait au moyen de plusieurs cailloux-qu'on fut accusée par une de ses voisines de lui avoir
poussait l'un Contre l'autre, et dont le son plus ensorcelé son rouet, en sorle qu'elle ne pou-
ou moins clair ou, aigu donnait à connaître la vait pins le faire tourner. Elle offrit de soutenir
volonté des dieux. On rapporte encore à celle son dire par serment. Le mari de l'accusée nia
divination la superstition de ceux, qui croient que la culpabilité de sa femme, sans nier la possibi-
l'améthyste a la vertu de faire connaître à ceux lité du crime ; et., pour la disculper, il demanda
qui la possèdent les événements futurs par les qu'elle fût soumise à Yépreùve de là Bible. Les
songes. On disait aussi que si on arrose l'amé-
1 Admirables secrets d'Albert le Grand, p. J09;
thyste avec de l'eau et qu'on l'approche de l'ai- 2 Brown, Erreurs populaires, t.-I, p. '162.
1 M. Garinet, Histoire de la magie en -France. s Lebrun, Traité des superstitions, t. II, P- "*
LOC 411 LOT
magistratsy consentirent, et c'est probablement Cagliostro. Il disait la bonne aventure avec beau-
la dernière fois que cette singulière épreuve eut coup de cérémonies qui en imposaient.
lieu. L'accusée fut conduite en chemise à l'église Longévité. On a vu, surtout dans les pays
de la paroisse et placée dans un plateau de la du Nord, des hommes qui ''prit prolongé leur Sie
balance, tandis qu'on mît daiis l'autre la grande au delà des termes ordinaires. Cette longévité né
Bibledé l'Église. La femme fut plus lourde '.que peut s'attribuer qu'à une constitution robuste,
le livre, et en conséquence honorablement ac- à une vie sobre et active, à un"air'vif et pur. Il
quittée; car c'était un fait incontestable et, in- n'y a pas cinquante ans-que Kotzebue rencontra
contesté jusqu'alors chez les anglicans qu'une en Sibérie un vieillard bien portant, marchant et
sorcièredéshabillée ne pesait pas une Bible d'é- travaillant encore, dans sàceiitquarante-deuxième
glise*. . année. Des voyageurs dans1lé Nord trouvèrent
Lock. Chez les Scandinaves, les tremblements au coin d'un bois un vieillard à barbe grise qui
de lerré étaient personnifiés daiis un dieu, un, pleurait à chaudes larmes. Ils lui demandèrent lé
dieii mauvais, un. démon nommé Lock. Après sujet ; de sa douleur : le vieillard répondit que
avoirrépandu le mal dans toute la Scandinavie, son père l'avait battu. Lès voyageurs surpris le
commeun semeur sa graine, Lock fut à la fin reconduisirent à là maison paternelle et intércé-
enchaînésur clésroches aiguës. Lorsqu'il se re- dêlerit pour lui» Après quoi, ils demandèrent au
tourne,'ainsi que le ferait un malade,;sùr son lit père: le motif de là punition infligée à son fils;
de pierres coupantes, la terre tremble ; lorsqu'il «Il a manqué de respect à son'grand-père,»
écumeet répand sa bave', qui est un poison, ses répondit lé vieux bonhomme;
nerfsentrent eii convulsion et la terre s'agite 2. Les chercheurs dé merveilles ont ajouté les
Lofarde, sorcière qui fut accusée, en 1582, leurs a celles de la nature. Torquemada conte
par sa compagne, la femme.Gantière-, de l'avoir qu'en 1531 mi vieillard dé Trente, âge de cent
menéeaii sabbat, où le diable l'avait'marquée, ' "' ' ans, rajeunit et vécut encore cinquante ans ; et
lequelétait vêtu d'un hilaret jaune 8. Langius dit que les habitants de l'île de Boiiica
Logherys. Voy. LURICAUNES.. en Amérique peuvent "aisément s'empêcher de
Lohen (Nephlali), rabbin de Francfort, réputé vieillir, parce qu'il y a dans cette île une fon-
autreizième siècle grand magicien. taine qui rajeunit pleinement. Voy.EtiQum. Lors-
Loki, démon farceur des Scandinaves. C'esl que l'empereur Charles-Quint envoya Uneannée
luiqui égàye les dieux et les héros de Walhàlla. navale en Barbarie, le général qui commandait
Lokman, fabuliste célèbre de l'Orient. Il vi- cette expédition passa par lin village de la Cà-
vait, dit-on, vers le temps de David, ce qui labre où presque tous les paysans étaient âgés clé
n'estpas certain ; il fut surnommé le Sage. Les cent trente-deux ans, et tous aussi sains et dispos
Persesdisent qu'il trouva le secret de faire re- que s'ils n'en avaient eu que trente. C'était, di-
vivreles morts-,' et qu'il usa dé ce secret pour sent les relations j un sorcier qui les rajeunis-
lui-même.Ils lui accordent une longévité de trois sait. En 1773 mourut, près de Copenhague, un
cents ans ; quelques- uns prétendent qu'il en matelot nommé Drakenberg, âgé de cent quarante-
vécutmille. six ans : la dernière fois qu'il se maria il avait
11a laissé, ou du moins on a mis sous son cent onze ans, et il en avait cent trente,quand
nom, des apologues qui jouissent d'une grande sa femme mourut, il devint épris d'une jeune
célébrité.Les écrivains dé l'Asie réclament pour fille de dix-huit ans qui le refusa ; de dépit il
luila plupart des faits et gestes que les Grecs jura dé vivre garçon désormais, et il tint parole.
attribuentà Ésope' 1. En 1670, sous Charles II, mourut dans l'York-
Lollard (Gauthier), hérétique qui commença shire Henri Jenkins, né en 1501, sous Henri VII.
en 1315 à semer ses erreurs; il les avait prises Il se rappelait à merveille d'avoir été del'expé-
desAlbigeois.Il enseignait que les démons avaient difion de Flandre "sous Henri VIII, en 1513. Il
été chassés du ciel injustement, qu'ils y seraient mourut à cent soixante-neuf ans révolus, après
nnjour rétablis, et que saint Michel et les autres avoir vécu sous huit rois, sans compter le règne
angesseraient alors damnés à leur tour. 11prê- de Cromwell. Son dernier métier était celui de
chait des moeurs corrompues, et ÏCS disciples pêcheur. Agé de plus de cent ans, il traversait
firentbeaucoup de mal. Brûlé à Cologneen 1322. la rivière à la nage. Sa petite-fille mourut à Cork
Lomelli (Battisla), mystique italien qui pré- à cent treize ans. Voy. ARTIIEPIIIUS, DORMANTS,
céda à Paris, sous Louis XIII, les prestiges de FLAMEL, JEAN D'ESTAMPES.'LOKMAN, ZOROASTRE, etc.
Loota, oiseau qui, dans l'opinion des habitants
1 Recherchescurieusessur la
dansle Droit en <184!5. sorcellerie, publiées des îles des Amis, mange, à l'instant de la mort,
2 les âmes des gens du peuple, et qui, pour cet
3 Didron, Histoiredu diable.
Hilaret, espèce de jaquette, qui s'appelleaujour- effet, se promène sur leurs lombes. ( Voyages
d'huicoachmann. de Cook.)
4
' sur Lokmanles Légendesde l'AncienTes-
Voyez, Loray. Voy. ORÂY.
Uirnent. Loterie. La loterie doit son origine à lin Gé-
LOU — 412 LOU
nois. Elle fut établie à Gênes en 1720, en France le remplacer. La supérieure le refusa. Bientôt des
elle a été supprimée de nos jours. phénomènes singuliers se produisirent dans le
Entre plusieurs moyens imaginés par les vi- couvent : les quatorze religieuses se trouvèrent
sionnaires pour gagner à la loterie, le plus com- possédées ; et, chose surprenante, toutes voyaient
mun était celui des songes. Un rêve, sans que la nuit Grandier, pour qui elles ressentaient une
l'on en sache la raison, indiquait à celui qui grande répulsion, se présenter a elles et les
l'avait fait les numéros qui devaient sortir au pousser à mal faire. Ce fut un grand bruit dans
prochain tour de roue. Si l'on voit en songe un la ville; les parents avaient retiré leurs enfants,
aigle, disentles livres qui enseignent celle science, et les ursulines vivaient dans une épouvante,
il donne 8, 20, 46; un ange, 20, 46, 56; un dans des crises et des convulsions contre les-
bouc, 10, 13, 90; des brigands, 4, 19, 33; un quelles les médecins ne pouvaient rien. Un con-
champignon, 70, 80, 90 ; un çhat-huant,13, 85 ; seiller du roi Louis XIII fut envoyé à Loudun pour
un crapaud, 4, 46; le diable, 4, 70, 80 ; un connaître de ce mystère ; on exorcisa les reli-
dindon, 80, 40, 66;-un dragon, 8", 12, 43, 60; gieuses, et les. mauvais esprits qui les possé-
les fantômes, 1, 22, 52; une femme, 4, 9,-22; daient, contraints par les conjurations ecclésias-
une fille, 20, 35, 58; une grenouille, 3, 19, 27; tiques, déclarèrent que c'était. Grandier qui les
la.lune, 9 , 4,6., 79, 80 ; un moulin, 15, 49, 62; avait envoyés et les retenait dans les corps de
un ours, 21, 50," 63 ; un pendu, 17, 71 ; des ces. femmes.
p uces, 45,57,83. Des rats; 9, 40, 56 ; un spectre, Une grande afiluence de curieux et de savants
31,43, 74: etc. Or, dans cent mille, personnes assistait aux exorcismes. On parlait à ces simples
qui mettaient à la loterie, il y avait cent mille filles en latin, éh grec, en hébreu , en turc el
rêves différents,, el il ne sortait que cinq; nu- dans d'autres idiomes de l'ancien et du nouveau
méros; de pins, aucun système né ressemblait à monde. Elles comprenaient tout et répondaient
un autre. Si Cagiioslro donnait pour tel rêve les à tout si exactement qu'un savant s'écria : « Il
numéros 11, 27 , 82, un autre indiquait des nu- faudrait être-fou ou athée pour nier ici la posses-
méros tout différents» —Croirait-on que les livres sion , « et que plusieurs hérétiques, entre auLres
de- secrets merveilleux donnent gravement ce IordMonlagu, plusieurs hommes dissolus, entre
procédé pour gagner à la loterie? Il faut : avant autres Kériolet, se convertirent publiquement,
de vous coucher, réciter trois fois la formule qui Un éminent écrivain du diocèse de Poitiers,
va suivre; après quoi vous la mettrez sous votre M. l'abbé Leriche, a publié tout récemment, en
oreiller, écrite sur un parchemin vierge ; et pen- un livre plein d'intérêt 4, l'histoire de celle pos-
dant votre sommeil le génie de votre planète session , et ses preuves mettent à néant les pas-
viendra vous dire l'heure où vous devez prendre quinades du .protestant Saint-Aubin et des autres
votre billet, et vous révéler en songe les nu- esprits avariés qui ont voulu ne pas voir. Nous em-
méros. Voici la formule : « Seigneur, montrez- prunterons à ce livre quelques renseignements
moi donc un mort mangeant de bonnes viandes, utiles. Voici les noms des religieuses : madame de
un beau pommier ou de l'eau courante, tous Belciel, iille du baron de Cose en Sainlonge, en
bons signes; et envoyez-moi les anges Uriel, religion-soeur Jeanne des Anges, supérieure;
Rubiel ou Baracliiel, qui m'instruisent des nom- madame de Zazilli, en religion soeur Claire de
bres que je dois prendre pour gagner; par celui Saint-Jean; madame de la Motte, fille du mar-
qui viendra juger les vivants et les morts et le quis de la Motfe-Baracé, en religion soeur Agnès
siècle par le feu. » Diles alors trois Pater et trois de Saint-Jean ; -les deux daines de Barbeziers, en
Ave pour les âmes du purgatoire... religion soeur Louise de Jésus et soeur Catherine
Loudun, ville de France dans le département delà Présentation, toutes deux de l'illustre maison
de la Vienne, célèbre par une possession qui lit de Nogeret ; madame d'Escoubleau de Sourdis,
grand bruit dans le premier tiers du dix-sep- en religion soeur Jeanne du Saint-Esprit; trois
tième siècle. Un couvent d'ursulines, qui s'oc- autres dont les noms de famille ne sont pas con-
cupaient de 1'éduealion des jeunes filles, avait nus , soeur Elisabeth de la Croix, soeur Monique
élé établi à Loudun en 1626. Il était tenu par de.Sainte-Marlhe el soeur Séraphique Archer,
quatorze religieuses, toutes de bonnes el honnêtes enfin huit soeurs laies, en tout dix-sept religieuses,
familles et toutes d'une vie irréprochable. 31 y S'intéressaient, présents aux exorcismes, ex-
avait en même temps dans -Loudun un prêtre cepté le cardinal de Richelieu : l'évêque de Poi-
nommé Urbain Grandier, d'une, conduite si lé- tiers, l'archevêque de Tours, l'archevêque de
gère que l'évêque de Poitiers l'avait interdit a Toulouse, l'évêque de Nîmes, huit prêtres pieux
divinis le 3 janvier 1630. On savait qu'il faisait et savants, cinq docteurs de Sorbonne, onze
des chansons, des pamphlets et qu'il écrivait pères de la compagnie de Jésus, deux pères car-
contre le célibat des prêtres. Peu après' la sen-
tence de l'évêque qui devait le ramener à des 1 Etudes sur les possessions en général et sur celle
moeurs plus recueillies, le directeur des ursu- de Loudun en particulier, 1 vol. in-12, procède d une
lettre du P. Ventura. Paris, -1889, chez Henri l'Ion,
lines étant mort, Grandier osa se présenter pour éditeur.
LOU — 413 — LOU
mes, six capucins, un dominicain, un récollet, roi de France du nom de Loys. Anne d'Autriche
deuxoraloriens, etc., et parmi les laïques, outre avait aussi treize lettres en son nom ; son âge
leroi Louis XIII, la reine Anne d'Autriche, Lau- était de treize ans, el. treize infantes du môme
ijardemoiit, conseiller du roi, in tendant de la nom se trouvaient dans la maison d'Espagne.
ïouraine, du Maine et de l'Anjou, les sieurs Anne et Loys étàienl de la même taille ; leur con-
lioalin,Chevallier, Richard et Housnain, magis- dition élait égale ; ils étaient nés la même année
trats de Poitiers,-Cotlreau, Burges, Péguineau, el le même mois.
Tcxier, Dreux, Delabarre, Lapicherie, Riverain,
Constant, Deniau, magistrats de Tours, de Chi-
non, de Saint-Maxent, de Laflèche. Outre huit
docteurs en médecine, douze médecins appelés
de lous les environs ; enfin, douze personnages
cminenfs, entre autres lord Monlagu, lord Kille-
grew, Kôriolet, etc., etc.-, etc.
C'est une pareille assistance, dont nous ne
nommonsque les sommités, que les. niais, qui
nient tout, ont osé accuser de fourberie, ou de
connivence ou de stupidité. Or, le crime de
Grandier,après deux années d'études et d'examen
consciencieux,fut reconnu; Grandier fut empri-
sonné; il s'occupait là à écrire sa défense. Mais
un arrêt, rendu le 18 août 1634, le condamna
au feu, comme reconnu coupable de magie et
d'autres méfaits 1.
Louis I"r, surnommé le Pieux et le Débon-
naire, fils de Cliarlèmagne, né en 778, mort
eu 840. Les astrologues jouirent, dit-on, de Louis XIV. Voy. ANAGRAMMES.
quelquefaveur à sa cour. A l'article de la mort, Louis de Hongrie. Peu de temps avant la
onraconte qu'au moment où il recevait la der- mort de ce prince, arrivée en 1526, comme il
nière bénédiction, il se tourna du côté gauche, dînait enfermé dans la citadelle de llude, on vif
roula les yeux comme une personne fâchée el paraître à sa porte un boiteux mal velu, qui de-
proféraces mots allemands : Hulz, hulz (dehors, mandait avec instance à parler au roi. 11assurait
dehors)! Ce qui fit conclure qu'il s'adressait au qu'il avait des choses de la dernière importance
diable, dont.il redoutait les approches 2. à lui communiquer. On le méprisa d'abord, et
Louis XI, roi de France, né en 1423, mort en l'on ne daigna pas l'annoncer.. 11cria plus haut et
1/(83.Un astrologue ayant prédit la mort d'une protesta qu'il ne pouvait découvrir qu'au,roi seul
personne qu'il aimait, et cette personne étant
morteen effet, il crut que la prédiction de l'as-
trologueen élait la cause. Il lé fit-venir devant
luiavec le dessein de le faire jeter parla fenêtre.
«Toi, qui prétends être si habile homme, lui
dit-il, apprends-moi quel sera ton sort?» Le
prophète, qui se doutait du projet du prince, lui
répondit: « Sire, je prévois que je mourrai trois
jours avant Voire Majesté. » Le roi le crut et se
garda bien de le faire mourir. Du moins tel est
le conte, et on en a prêté beaucoup à ce roi si
partialementjugé.
Louis XIII, roi de France, né en 1601, mort
en 1641, surnommé le Juste, parce qu'il élait
né sous le signe de la Balance ; mais il mérita ce
surnom. Lorsqu'il épousa l'infante Anne d'Au-
triche, on prouva, dit Sainle-Foix,'qu'il y avait
cuire eux une merveilleuse et très-héroïque cor-
respondance. Le nom de Loys de Bourbon con-
tient treize lettres. Ce prince avait treize ans
<|nandle mariage fut résolu ; il élait le treizième
1
Voyezl'histoire d'Urbain Grandier, clans les Lè-
'J'-ndes ce dont il élait chargé. On alla dire à Louis ce
- infernales.
Garinct, Histoire de la magie en France, p. 11. qui se passait. Le prince envoya le plus apparent
LOU 414 — LOU
des seigneurs qui étaient auprès de lui el qui fei- lité; refermez la fenêtre. C'est une comète qui
gnit d'être le roi ; il demanda à cet homme ce qu'il m'annonce la mort; il faut donc s'y préparer. »
avait à lui dire» Il répondit : « Je sais que vous Les médecins l'assuraient néanmoins qu'elle n'en
n'êtes pas le roi ; mais,.puisqu'il méprise de m'en- était pas là. « Si je n'avais vu, dit-elle, le signe
lendre, dites-lui qu'il mourra certainement bien- de mort, je le croirais , car je ne me sens point
tôt. » Ayant dit cela, il disparut, et lé roi mourut si bas. »
en effet peu après '.. Cette comète n'est pas la seule qui.ait épou-
Louise de Savoie, duchesse d'Angoulême, vanté Louise de; Savoie. Comme elle se prome^-
mère de' François 1er, morte en 1532. Elle avait nait dans le bois de Romorantin, la nuit du
quelques préjugés superstitieux et redoutait sur- 28 août 1514, elle en vit une vers l'occident, et
tout les comètes. Brantôme raconte que, trois s'écria : — Les Suisses! les Suisses!— Elle resta
jours avant sa mort,,ayant aperçu pendant la persuadée que c'était un avertissement quele
nuit une grande clarté;dans sa chambre, elle fit roi serait en grande affaire .contre eux, 1.
tirer son rideau et;';fut "frappée dé-la; vue d'une Loup. -Chez les anciens, Germains "et chez les
comète. « Ali ! dit-elle alors,, voilà un signe qui Scandinaves, le diable ou le; mauvais principe
neparaît pas/pouf^urié personne de basse qua- était représenté par un loup énorme et béant.
C'est Lock. A Quimper, en Bretagne, les habi- pendre mi coeur de loup au cou d'un mouton,
tants mettent dans leurs champs un trépied ou un et le pacifique animal n'en a pas moins brouté
couteau fourchu, pour garantir le bétail des loups; l'herbe 2» Voy. OIUISONDULOUI>; •
et autres bêles féroces 2. Pline dit que si un loup Un journal anglais de l'Inde dit qu'il a été pu-
aperçoit-tin homme avant qu'il en soit vu, cet blié un étrange document constatant qu'en un
homme deviendra enroué et perdra la voix ; fable très-court espace de temps il a été dévoré 600 en-
qui est restée en vigueur dans toute l'Italie. En fants par les' loups dans le -Penjàub (royaume
Espagne, on parle souvent des sorciers -qui vont de Lahore). Il y a vingt ans, près de 1,000 en-
faire des courses à cheval sur des loups, le dos fants ont été dévorés de la même manière dans
tourné vers la tête de l'a"bête, parce qu'ils ne le voisinage d-'Agra. On retrouve les vêtements
sauraient aller autrement,, à cause de la rapidité. de ces pauvres petites victimes dans les antres
Ils font cent lieues par heure; car ces loups sont où se tiennent ces animaux. Les misérables qui
des démons. La queue de ces loups est roide font le métier de recueillir les habillements ou
comme un bâton, etiry'â.àu bout une chandelle parures des victimes ont eu l'habileté d'accrédi-
qui éclaire la route. ter parmi le peuple le bruit que tout village où
Il n'y a; pas un homme à là; campagne qui ne l'on tue un loup doit être infailliblement ruiné;
vous assure; que les moutons devinent à l'odorat de là cette superstitieuse vénération pour ces
la présence du loup ; qu'un trpli'peau ne franchira animaux féroces. Quand on en prend, on s'em-
jamais lélieu'où l'on allra enterré quelque por- presse de les relâcher en se contentant de leur
tion des entraille.sd'tin;ioup;;^qu;Uii violon monté attacher une sonnette au cou.
avec dés: cordés; tirees:;dés';mtesiiris d'un loup Lou-pécat, nom du diable en Gascogne.
mettrait eri/tuile tout ie bercail. Des hommes Loup-garou (le). C'est le nom du démon de
instruits et"salis préjugés ont vérifié toutes ces la nuit à Blois. 11est de mauvaise rencontre.
croyances et en ont reconnu l'absurdité. Kirker Loups-garous. On appelle loups-garons en
a répété à ce sujet des expériences démonstra- sorcellerie les hommes et les femmes qui ont
tives ; il a même poussé l'épreuve jusqu'à sus- été métamorphosés ou qui se métamorphosent
fées. On les appelle en Irlande luricaunes et Nous ne pouvons ici faire sa vie 2, mais sa
cluricaunes, lurigadaunes à Tipperari, logherys mort nous revient.-Ses, ennemis ont assuré que
dans l'Ulster. Ils connaissent les trésors cachés. le diable l'ayait étranglé; d'autres qu'il mourut
Luridan, puissant esprit de l'air eri Norvège subitement en allant à la garde-robe, comme
et en Laponie. Voy. HAROLD. Arius, après avoir trop soupe ; que, son tombeau
Lusignan. On prétend que la maison de Lu- ayant été ouvert le lendemain de. son. enterre-
signan descend en ligne directe de Mélusine. ment, on n'y avait pu trouver son corps., el qu'il
Voy. MÉLUSINE. en élait sorti une odeur de soufre insupportable.
Lusmore. Les Irlandais donnent ce nom à la — Georges Lapôlre ledil fils d'un démon et d'une
digitalis purpurca, qu'ils appellent aussi plus sorcière.
communément bonnet de fée, à cause de la res- A la mort de Luther, disent les relations ré-
semblance supposée de ses clochettes avec cette pandues chez ses contemporains, les démons en
partie de l'habillement des fées. On prétend deuil, habillés en corbeaux, vinrent chercher cet
qu'elle salue les êtres surnaturels en pliant de- ami de l'enfer. Ils assistèrent in visiblement aux
vant eux sa longue tige, en signe de reconnais- funérailles ; et Thyroeus ajoute qu'ils remportè-
sance '. rent ensuite loin de ce monde, où il ne devait
Luther (Martin), le plus fameux novateur re- que passer. — On conte encore que le jour de sa
ligieux du seizième siècle, né en 1484 en Saxe, mort tous les démons qui se trouvaient en une
mort en 1546. 11dut son éducation àla charité certaine ville deBrabant (à Malines) sortirent des
dés moines et entra chez les auguslins d'Erfurt. corps qu'ils possédaient et y revinrent le lende-
Devenu professeur de théologie, il s'irrita de ne main ; et comme on leur demandait où ils avaient
pas être le Judas des indulgences, c'est-à-dire de passé la journée précédente, ils répondirent que,
n'en pas tenir la bourse; il écrivit contre le Pape par l'ordre de leur prince, ils s'étaient rendus à
et prêcha contre l'Église romaine. Devenu épris Penlerremenl de Luther. Le valet de Luther, qui
de Catherine Bore, religieuse, il l'enleva de son l'assistait à sa mort, déclara, ce qui est très-
couvent avec huit autres soeurs, se hâta de singulier, en conformité de ceci, qu'ayant mis la
l'épouser et publia un écrit où il comparait ce tête à la fenêtre pour prendre l'air au moment
rapt à celui que Jésus-Christ fit, le jour de la du trépas de son maître, il avait vu plusieurs
Passion, lorsqu'il arracha les âmes de la tyrannie 1 Delancre, Inconstance des démons, t. VI, p-
de Satan ^Ji
2 On trouvera cette vie de Luther dans les Légendes
1 M. Dufau, Contes irlandais. infernales.
LUT 421 LUT
esprits horribles qui dansaient autour de la mai- syllogismes très-embarrassants. Luther, offensé,
son, et ensuite des corbeaux maigres, qui accom- lui dit brusquement : --Vos questions sont trop
pagnèrent lé corps en croassant jusqu'à Wit- embrouillées; j'ai pour le moment autre chose à
temberg faire que de vous répondre. Cependant il se le-
La dispute de Luther avec le diable a fait beau- vait pour argumenter encore .lorsqu'il remarqua
coup de bruit. Un religieux vint un jour frapper que le religieux avait le pied fendu et les mains
rudement à sa porte, en demandant à lui parler. armées de griffes. —N'es-tu pas, lui dit-il, celui
Le renégat ouvre; le prétendu moine regarde un dont la naissance du Christ a dû briser la tête?
moment le réformateur et lui dit : ^-J'ai décou- Et le diable, qui s'attendait avec son àihiaun
vert dans vos opinions certaines erreurs papis- combat d'esprit et non à un assaut d'injurès:,
tiques sur lesquelles je voudrais conférer avec reçULdans la figure l'encrier de Luther, qui était
vous.— Parlez, répond Lu Hier. L'inconnu pro- de; plomb- : il dut en rire à pleine gorge. On
posad'abord quelques discussions assez simples, montre encore sur la muraille, à Wittemberg,
que Luther résolut aisément. Mais chaque quesr les éclaboussures de l'encre» On trouvé çé fait
tioii nouvelle était plus difficile que la précé- rapporté;, avec quelque différence de détàils,-
dente, et le moine supposé exposa bientôt des dans le livre" de Luther lui-même sur'la messe
Luther.
privée, sous le titre de Conférence de Luther avec Lutins. Les lutins sont du nombre des démons
le diable*. Il conte que, s'étant éveillé un jour, qui ont plus de malice que de méchanceté. lisse
versminuit, Satan disputa avec lui, l'éclaira sur plaisent à tourmenter les gens et se contentent
les erreurs du Catholicisme et l'engagea à se de faire plus de peur que de mal. Cardan parle
séparer du Pape. C'est donner à sa secte une d'un de ses amis qui, couchant dans une chambre
assez triste origine. L'abbé Çordemoy pense, que hanlaient les lutins, sentit une main froide
avecbeaucoup d'apparence de raison, que cer- et molle comme du coton passer sur son cou et
tains critiques ont tort de prétendre que cette son visage, et chercher à lui ouvrir la bouche.
piècen'est pas de Luther. Il est constant qu'il Il se garda bien de bâiller; mais, s'éveillant en
élait très-visionnaire; M. Michelet l'a reconnu sursaut,' il entendit de grands éclats, de rire sans
positivement, ce qui doit suffire aux incrédules; rien voir autour de lui. Leloyer raconte que de
pourles croyants, il élait très en état de voir le son temps il y avait de mauvais garnements qui
diable.Il est même possible que la bravade de faisaient leurs sabbats dans les cimetières pour
l'encrier soit une vanlerie. établir leur réputation et se faire craindre, et
1 que, quand ils y étaient parvenus, ils allaient
ColloquiumLutheruminter et diabolum, ah ipso dans les maisons buffeter le bon viii, ....,,,..
uilhero conscriptum, in ejus libro de ,Missa.-pri-
'
«rta, etc. 1 Méliinchthon, De examin. theolog.operum, t. I.
LUT — 422 — LYN
Les lutins s'appelaient ainsi parce qu'ils pre- 1 ttemps, et auquel elle était attachée. Ce vieillard
naient quelquefois plaisir à lutter avec les hom- tomba l tout à coup dangereusement malade. Lu
mes. Il y en avait un à Thermesse qui se battait maréchale i était dans l'inquiétude. Elle ne cessait
avec tous ceux qui arrivaient dans cette ville.; Au (d'envoyer demander des nouvelles de cet homme,
reste, disentles bons légendaires, lès-lutins ne et < souvent allait elle-même en savoir. Se portant
mettent ni dureté ni violence dans leurs jeux.... ttrès-bien, elle s'éveille au milieu de la nuit avec
Voy. ELFES,etc. \une agitation singulière;; elle;veut sonner pour
., Lutschin. Au pied de Lutschin, rocher gigan- demander ( ce que fait son valet de chambre ; elle
tesque de la Suisse,.. coule un torrent où se noya ouvre < les rideaux de son lit; à l'instant, l'imagi-
un fratricide en-voulant laver son poignard en- nation i fortement frappée, elle croit apercevoir
sanglante» La nuit, à l'heure où le meurtre fut dans < son; appartement un fantôme couvert d'un
commis, on,entend encore près.du torrent des linceul 1 blanc; elle croit entendre .ces paroles :
soupirs et comme le râle-d'un homme qui se — Ne vous inquiétez points de moi, je ne suis
meurt. On se dit aussi que l'âme du meurtrier plus ] de' ce mondé, et avant la Pentecôte YOUS
.rôde, dans les environs, cherchant .un repos viendrez me rejoindre» « Là fièvre s'empara
qu'elle ne-peut trouver»; . - id'elle; elle fut bientôt à toute extrémité. Ce qui
Lutteurs, démons qui aiment la lutte et les contribua i le plus à augmenter sa terreur, c'est
petits jeux de mains. C'est de leur nom qu'on a _,qu'àiTlJj;nstant même où elle fut frappée de cette
nommé les lutins. -,=••;:;^- 1" yiSi0n;,;.;Fiipmmeen question venait effectivement
Luxembourg (François de Montmorency);:,;; d'éxm^r.rLa maréchale a cependant survécu à
maréchal de France, né en 1628, morKèn'1695. là prédiction du fantôme imaginaire, et cette ré-
On l'accusa de s'être donné au diable2,ÎIh de ses surrection fait furieusement de tort aux spectres
gens, nommé Bonard, voulant retroiivër des?pa- pourries, choses de l'avenir 1. »
piers qui étaient égarés, s'adressa à un certain Ly.cànthropië, transformation d'un homme
Lesage pour les retrouver. Ce Lesage était un en-ioùp^Le,lyçanlhrope s'appelle communément
homme dérangé, qui se mêlait de sorcellerie et loup-garpu.'sFoy. LOUPS-GAROUS.
de divination.' Il lui ordonna d'aller tvisiter les . ;. Lycaqn,,jàfé:.de Phorénée, roi d'Arcadie, à
églises, de réciter des psaumeS'^Boiiàrd se.sou- laquelle il djonna;le nom de Lycaonie. 11bâtit sur
mit à tout ce qu'on exigeait de, lui', utiles papiers les .montag^i'ji^illeM#Lycosure, la plus an-
ne se retrouvèrent pas. ;:;UneJfi||é;;; nommée la .cienne dë;;t^ute;ià^Grèçe, et y éleva un autel à
Dupin, les retenait. .ÇorMife; Sôù;S,;;ï§i3^eirx"^de"Jupiter Lyçaâus^ auquel il commença à sacrifier
Lesage, fit une conjûr.^on;au non^&lnàréchal dos victlniès'humainés» Il faisait mourir, pour
de Luxembourg; la;Dupihvi^;r#nml;rjen» Désesi-;; les manger, tous jés étrangers qui passaient dans
péré, Bonard fit signer unpacle.au maréchal qui ses États. Jupiter étant allé loger chez lui, Ly-
se -donnait au diable. A la suite de ces menées, caon se prépara à ôler la vie à son hôte pendant
la Dupin fut trouvée assassinée. On en accusa le qu'il serait endormi ; mais auparavant il voulut
maréchal. Le pacte fut produit au procès. Lesage s'assurer si ce n'était pas un dieu et lui lit ser-
déposa que le maréchal s'était adressé au diable vir à souper les membres d'un de ses hôtes,
et à lui pour faire mourir la Dupin. Les assassins •d'autres disent d'un esclave. Un feu vengeur,
de cette fille avouèrent qu'ils l'avaient découpée allumé par l'ordre de Jupiter, consuma bientôt
en quartiers et jetée dans la rivière par les ordres le palais, et Lycaon fut changé en loup. C'est le
du maréchal. La cour des pairs devait le juger; plus ancien loup-garou.
mais on mit de la négligence à instruire son pro- Suivant quelques traditions, il reprenait la
cès; enfin on lui confronta Lesage et un autre figure d'homme au bout de dix ans, si, dans ces
sorcier, nommé Davaux, avec lesquels on l'ac- dix ans, il s'était abstenu de chair humaine.
le
cusa d'avoir fait des sortilèges pour faire mourir' Lycas, démon de Thëmèse, chassé par
plus d'une personne.'"—Parmi les imputations champion Euthymius, et qui fut en grande re-
horribles qui faisaient la base du procès, Lesage nommée chez les Grecs. Il était très-noir, avait
- dit que le maréchal avait fait uii pacte, avec le le une
visage et tout le corps hideux, et portait
diable, pour pouvoir allier un de ses fils avec la peau de loup pour vêtement 2.
famille, de Louvbis. Lé procès dura quatorze Lychnomancie, divination qui se faisait par
mois. Il n'y eut de jugement ni pour ni contre. l'inspection de la flamme d'une lampe; il en reste
La Voisin, la Vigoureux et Lesage, compromis quelques traces. Lorsqu'une étincelle se détache
dans ces crimes, furent brûlés à la Grève. Le de la mèche, elle annonce une nouvelle et la di-
maréchal de Luxembourg fut élargi, passa quel- rection" de cette nouvelle. Voy. LAMPADOMANCI
du
ques jours à la campagne, puis revint à la cour Lynx. Les anciens disent des merveilles
et reprit ses fonctions dé .capitaine^dejj. ga.ççjgg,.-,},, lynx-. Non-seulement ils lui attribuent la faculté
Luxembourg (la niaréchaie de), Madame la. i Histoire des revenants ou prétendus tels, l. L
maréc'Httleide!iliù!seh11Jô.urgavait pour valet de p. -174. rv';- ^'s>
chambre un vieillard qui la servait depuis long-, 2 Leloyer, Histoire des spectres, p. 498.
LYS 423 — MAC
de voir à travers les murs, mais encore la vertu Mais il ajoute que, par un sentiment de jalousie,
de produire des pierres précieuses. Pline raconte cet animal avare a soin de nous dérober ces
richesses en couvrant de terre ses précieuses
évacuations. Sans cela nous aurions pour rien
l'ambre, les rubis et les escarboucles 1. - ,, ,-„
Lysimàchiè, plante ainsi nommée parce que j
posée sur le joug auquel les boeufset autres ani-
maux étaient attelés, elle avait la vertu de les
empêcher de se battre.
Lysimaque, devin dont parle Démétrius de
Phalère dans son livre de Socrate.,11...gagnait;sa
vie à interpréter des songes au moyen de cer-
sérieusement que les filets de son urine se trans- taines tables astrologiques. Il se tenait auprès du
forment en ambre, en rubis et en escarboucles. temple dé Bacchus2.
Ma, nom japonais de l'esprit malin; on le rieux sur l'autre monde. Était-ce une léthargie
donne au renard, qui cause de .grands ravages avec rêve ou une grâce spéciale? C'est ce que
au Japon, où des sectaires n'admettent qu'une nous ne décidons pas.
espèce de démons, qui sont les âmes.desiné^ Mac-Donald (Archibald),,,voyant célèbre. Il
chants, lesquelles, aprèsla mort, sont unique- voyait à dix lieues un homme qui passait,, et le
mentdestinées à animer les renards. ' décrivait avec toutes les singularités qui .pou-
Mab. C'est en Irlande la reine des fées, appe- vaient le faire reconnaître,*,
léeaussi Titania. Macha-Halla ou Messa-Hala, astrologue
Maberthe. On lit dans VHistoire des possédés arabe du huitième siècle de notre ère. On a de
deFlandre, tome II, page 275, qu'il y avait,- en lui plusieurs ouvragesdont on trouve la liste dans
quelque royaume de l'Europe, une jeune fille Casiri. Les principaux ont été traduits en.latin;
nomméeMaberthe, menant une vie qui semblait 1° Un Traité des éléments et des choses célestes;
céleste; qu'elle fut reçue en pitié dans la maison 2° un autre., De la révolution desannées du mondes
du seigneur de Swert,l'an 1618. Elle se faisait 3° un troisième, De la,signification.des planètes
passer pour sainte et se vantait que son Dieu lui pour les nativités, Nuremberg, 1549. La biblio-
parlait souvent. Mais elle refusa de conférer de thèque Bodléienne a parmi ses manuscrits une
ces merveilles avec un évoque, ce qui parut sus- traduction hébraïque de ses Problèmes astrolo-
pect; et comme on disait qu'un jour le diable giques, faite par AbeiirEzra. ... .
l'avaitprise par la main et s'était promené avec , Machines. Des savants ont produit par la mé-
elle, le seigneur deSwert insista pour qu'elle en canique des machines compliquées où de bonnes
parlât audit évoque, ce qu'enfin elle accorda. gens ont vu de la niagie, parce qu'ils ne savaient
Après la conférence, qui embarrassa tout le pas. Voy, ALBERT LE GRAND. -.'•:
monde sans rien éclaircir, elle s'en alla de la Descartes avait fait, dit-on, avec beaucoup
maisonen disant : « S'ils savaient que je sais ce d'industrie, une machine automate pour prou-
que je sais, ils diraient que je suis une sorcière. » ver démonstrativement que les bêtes n'ont point
On finit par découvrir de grandes abominations d'âme, et que ce ne sont que des machines bien
dans celte fille. Mais elle était effrontée ; et lors- composées qui se remuent à l'occasion des corps
qu'on lui parlait de se convertir, elle répondait : étrangers qui les frappent et leur communiquent
« J'y penserai; il y a vingt-quatre heures au une partie de leur mouvement. Ce philosophe
jour. » On croit qu'elle finit par être brûlée. ayant mis cette machine sur un vaisseau, le ca-
Mac-Allan (Fanny). Voy. CERCUEIL. pitaine eut la curiosité d'ouvrir la caisse dans
Mac-Alzéan (Euphémie), accusée de sorcelle- laquelle elle était enfermée ; surpris des mouve-
rie parce qu'elle était catholique. Voy. JACQUES Ior. ments qu'il remarqua dans cette machine, qui
Mac-Carthy. Les légendes irlandaises racon- agissait comme si elle eût été animée, il la jeta
tent l'histoire d'un certain Charles Mac-Carthy
1 M. Salgues, Des erreurs, etc., t. II,
qui, après une jeunesse très-dissipée, mourut un 2 Plularque, Vie d'Arislole, § 06. p. 105.
jour et ressuscita au moment où on allait l'enle- 3 Cité, à
ver pour le cimetière. Il raconta des détails cu- propos de la secondevue, dans le t. III
de la Mystiquedo Gorres..
MAC 424 - MAG
dans la mer, croyant que c'était le diable. Au encore tout rouges. Ce phénomène parut si éton-
reste, la raison que donnait Descartes pour éta- nant, que l'on déposa la pièce de bois dans
blir-que les bêles n'ont point d'âmes, c'est qu'elles l'église voisine, où elle fut conservée. Boëce
sont à jamais incapables de progrès. Ce qui esl ajoute à ce conte,, et pour le faire tenir debout,
prouvé depuis le commencement du monde. qu'il fut lui-même témoin d'un prodige sem-
Màchlyes, peuple fabuleux d'Afrique, que blable ; que lé ministre d'une paroisse voisine
Pline prétend avoir eu les deux sexes et deux ma-. des bords de la mer ayant péché une grande
mellës, la droite semblable à celle d'un homme, quantité d'algues et de roseaux, il aperçut à
et la gauche à celle d'une femme. l'extrémité de leurs racines des coquillages sin-
Màc^intos. Voy. CERCUEIL. guliers, qu'il les ouvrit et y trouva au lieu de
: Macreuses, oiseaux de la famille des canards, poissons des oiseaux. L'auteur assure que le pas-
qui sont très-communs sur les côtes d'Angleterre, teur lui fit part de cette merveille, et il répète
d'Ecosse et dlrlandë. Ils ont été le sujet de bien qu'il "fut lui-même témoin de la vérité du fait...,
des contes. Plusieurs auteurs ont assuré que ces . Mac-Rodor, médecin écossais, dont voici
oiseaux sont produits sans oeufs : les uns les font l'aventure : « En l'année 1574 >un nommé Trois-
venir des coquilles qui se trouvent dans la mer ; Rieux s'obligea envers un médecin écossais,
d'autres ont avancé qu'il y a des arbres sem- nommé Mac-Rodor (tous deux habitants de Bor-
blables à des saules, dont le fruit se change en deaux), de lui servir de démon après sa mort;
macreuses, et que les feuilles de ces arbres qui c'est-à-dire que son esprit viendrait lui obéir en
tombent sur la terre produisent des oiseaux, pen- toutes choses et lui faire connaître ce qui élait
dant que celles qui tombent dans l'eau deviennent caché aux hommes, Pour parvenir à ces tins, ils
des poissons. II est surprenant, dit le P. Lebrun, signèrent un pacte en lettres de sang sur un par-
que ces pauvretés aient été si souvent ^répétées, chemin vierge. — Ce Mac-Rodor était regardé
quoique divers auteurs aient remarqué et assuré comme sorcier et magicien; il eut une lin misé-
que les macreuses étaient engendrées de la même rable, ainsi que toute sa famille. On surprit chez
manière que les autres oiseaux. Albert le Grand lui l'obligation que nous venons de mentionner,
l'avait déclaré en termes précis; et depuis, un avec une platine de.cuivre ronde, de médiocre
voyageur a trouvé, au nord de l'Ecosse, de grandeur, sur laquelle étaient gravés les sept
grandes troupes de macreuses et les oeufs qu'elles noms dé Dieu, sept auges, sept planètes et plu-
devaient couver, dont il mangea. sieurs autres figures, caractères, lignes, points,
« Il n'y a pas longtemps qu'un journal de Norr- tous inconnus 1. »
mandie nous racontait sérieusement, dit M. Sal- Maczocha, gouffre célèbre en Pologne par
gues', qu'on venait de pêcher, sur les côtes de l'aventure d'un condamné qui, jeté là du temps
Granville, un mât de vaisseau qui dormait depuis des hussites, en fut tiré par un monstrueux dra-
plus de vingt ans sous les eaux ; que l'on fut fort gon, sur le dos duquel il se glissa. Voy. ODESSLIK.
étonné de le trouver enveloppé d'une espèce de Madeleine de la Croix, religieuse de Gor-
poisson fort singulier, que les Normands nomment doue, qui mena mauvaise vie au seizième siècle,
bernacle ou bemache. Or, ce bernache ou ber- se disant sorcière et se vantant d'avoir pour
nacle est un long boyau rempli d'eau jaunâtre, familier un démon. François de Torre-Blanca ra-
au bout duquel se trouve une coquille qui ren- conte qu'elle avait à volonté des roses en hiver,
ferme un oiseau, lequel produit une macreuse. de la neige dans le mois d'août, et qu'elle pas-
Cette absurde nouvelle se répandit, et les Pari- sait à travers les murs, qui s'ouvraient devant
siens, ajoute M. Salgues, furent bien étonnés elle. Elle fut arrêtée par l'inquisition; mais ayant
d'apprendre qu'il y avait des oies qui naissaient tout confessé, elle fut admise à pénitence ; car
au bout d'un boyau, dans une petite coquille. » les inquisiteurs n'ont jamais eu la férocité que
Johnston, dans sa Taumatographie naturelle, leur prêtent certains livres Ultra-menteurs.
rapporte que les macreuses se forment dans le Magares, sorciers de Mingrélie, fort redoutés
bois pourri ; que le bois pourri se change en ver des gens du pays, parce qu'ils nouaient l'aiguil-
et le ver en oiseau... Hector de Boëce est l'homme lette.'Aussi la cérémonie du mariage, en ce pays,
dont l'autorité lui paraît la plus imposante. Or, ce se faisait toujours en secret, et sans qu'on en
sàvanfyrapporte qu'en 1490 on pécha sur les côtes sût le jour, de peur que ces prétendus sorciers
d'Ecosse une pièce de bois pourri ; qu'on l'ouvrit ne jetassent quelques sortilèges fâcheux sur les
en la présence du seigneur du lieu, et qu'on y époux. Voy. LIGATURES.
trouva une quantité énorme de vers; mais ce qui Mages, sectateurs de Zoroastre, adorateurs
surprit singulièrement l'honorable baronnet et les du feu et grands magiciens. C'est d'eux, disent
spectateurs, c'est que plusieurs de ces vers com- les démonomanes, que la magie ou science des
mençaient à prendre la forme d'oiseau, que les mages tire son nom. Ils prêchaient la métempsy-
uns avaient des plumes, et que les autres élaient cose astronomique; c'est-à-dire que, selon leur
1 Delancre, Tabl. de l'inconstance des démons, etc.,
i Des erreurs et des
préjugés, t. I, p. 448. liv. II, p. ra.
MAG 425 MAG
doctrine, les âmes, au sortir de ce monde, al- diable, et pratiquée sous son influence, est l'art
laient habiter successivement toutes les planètes de commercer avec les démons, en conséquence
avantde revenir sur la terre. d'un pacte fait avec eux, et de se servir de leur
Magie et Magiciens. La magie est l'art de ministère pour opérer des effets au-dessus de la
produire dans la nature des choses au-dessus d IL nature. C'est de celte magie que sont accusés
pouvoirdes hommes,"parle Secours des démons, ceux qu'on appelle proprement magiciens. Gham
ouen employant certaines cérémonies que la re- en a été, dit-on, l'inventeur ou plutôt le conser-
ligioninterdit. Celui qui exerce cet art est appelé vateur; car Dieu n'envoya le déluge, disent les
magicien.On distingue la magie noire, la magie démonomanes, que pour nettoyejv là terre des
naturelle, la coelestialis, qui est l'astrologie judi- magiciens et des sorciers qui la souillaient. Cliam
ciaire,et la cceremonialis.Cette dernière consiste enseigna la magie et là sorcellerie à son (ils Mis-
dans l'invocation des démons, en conséquence ràïm, qui, pour les grandes merveilles qu'il
d'un pacte formel ou tacite fait avec les puis- faisait, fut appelé Zorôastre. On a dit qu'il avait
sancesinfernales. Ses diverses branches sont la composé cent mille vers sur ce sujet, et qu'il fut
cabale,l'enchantement,le sortilège, l'évocation emporté par le diable en présence de ses dis-
des morts et des esprits malfaisants, la'décou- ciples. - ..
vertedes trésors cachés et des plus grands se- En fait, la magie existe ; et l'Église n'a pu se
crets, la divination,; le don de prophétie, celui, tromper en la considérant" comme une apostasie
de guérir par. des termes magiques-et par des et un enrôlement dans les phalanges de: Satan.
pratiquesmystérieuses les maladies les plus opi- Il n'est pas nécessaire d'établir ici la vérité.-des
niâtres, de préserver de tous; maux, de tous faits rapportés dans l'Écriture saintesur la magie
dangers, au moyen d'amulettes, de talismans; la ; et les magiciens. Ils ne sont contestés que par la
'
fréquentation du sabbat, etc. . mauvaise foi clés incrédules qui ont leur parti
La magie naturelle, selon lés démonographes, pris de nier. Mais tous les peuples ont reconnu
esll'art de connaître l'avenir et de produire des l'existence de là magie ; et les plus fortsdes esprits
effetsmerveilleux par des moyens naturels, mais forts ne la nieront pas, s'ils ont vu quelques-unes
au-dessusde la portée du commun des hommes. des merveilles du magnétisme. Nous ne parlons
Lamagie artificielle est l'art de fasciner les yeux ici que des faits et non de la manière de les in-
eld'étonner les spectateurs, ou par des automates, terpréter: Disons toutefois qu'on a attribué-à cet
ou par des escamotages, ou par des tours de art noir bien des accidents qui n'en ont pas élé
physique.La magie blanche est l'art de faire des les produits. Il est constant que les écrivains des
opérationssurprenantes par l'évocation des bons siècles passés ont entouré les histoires de faits
anges,ou simplement par adresse et sans-aucune magiques d'une crédulité trop étendue. La ma-
évocation.Dans le premier cas, on prétend que gie, disent-ils, donne à ceux qui la possèdent
Salomonen est l'inventeur ; dans le second, la une puissance à laquelle rien ne peut résister :
magieblanche est la même chose que la.magie d'un coup de baguette, d'un mot, d'un signe, ils
naturelle, confondue avec la magie artificielle. bouleversent les éléments, changent l'ordre im-
La magie noire ou diabolique, enseignée par le muable de la nature, livrent le monde aux puis-
sances infernales, déchaînent les tempêtes, les
1« Je ne sais si dois vous dire
je que l'on compte vents et les orages; en un mot, font le froid et
d'ordinairesix espèces principales de magie: la né- le chaud. Les
cromancie,la pyromancie, l'aéromancie, l'hydro- sont magiciens et sorciers, dit Vecker,
mancie,la géomancieet la chiromancie.Mais peut- portés par l'air d'un très-léger mouvement,
être ne serez-vous pas fûché que j'observe que ces vont où ils veulent, et cheminent sur les eaux,
diversesespècesde divinationétaient biensacrées en comme Oddon le pirate, lequel voltigeait çà et
substance,quand les lois les autorisaientcomme au- là en haute mer, saiis esquif ni.navire
tantde mystères, mais qu'elles étaient abominables
lorsqued'autres que le collègedes prêtres s'en mê- On conte qu'un magicien coupa la tête d'un
laient; parce que l'on s'imaginait qu'il n'y avait valet en présence de plusieurs personnes qu'il
que les prêtres qui eussent le droit, en vertu des voulait divertir ; toutefois il coupait celle tête
lois,de consulterles bons démons; cl que, par con- avec le dessein de la remettre; mais
séquent,les magiciens, qui n'étaient que des per- pendant
sonnesparticulières sans vocation, n'agissaient que qu'il se disposait à la rétablir, il vit un autre ma-
par illusion, ou tout au plus par le commercedes gicien qui s'obstinait à le contre-carrer, quelque
mauvaisdémons, qui ne demandaientpas mieuxque prière qu'il lui adressât; il fit naître tout d'un
de donner par leur ministère des marques de leur
malignité, coup un lis sur une table, et en ayant abattu la
» G'estpourquoiles païens, qui avaient en horreur tête, son ennemi tomba par terre sans tête et
leseul nom de magie, donnèrent à leurs mystères sans vie. Puis il rétablit celle du valet el s'en-
celuide divination, et afin d'y mettre une différence fuit. Ce sont là des contes. Or, ces contes sur
plusréelle, ils en changèrent, autant qu'ils le pu-
rent, les divers sujets, et en augmentèrent les es- l'histoire la chargent sans l'anéantir.
pèces.» Un autre magicien, en 1284, délivra la ville
(BINET,Traité historiquedesdieux et des démons d'Hameln des rais innombrables qui l'infeslaienl ;
du paganisme, lettre troisième.) il opéra celle merveille au moyen d'une flûte en-
MAG — 426 MAG
chantée dont les sons attiraient invinciblement tissent quatre rues; attends debout et en silence
les rats. Mais, après ce service rendu, les magis- ce que le hasard t'amènera. Tu n'y seras
pas
trats d'Hameln refusèrent au magicien le prix longtemps sans voir passer plusieurs
personnages
convenu. Il s'en vengea, au moyen d'une autre chevaliers, piétons, gentilshommes : les uns ar-
flûte qui, par ses vibrations, entraîna tous les més, les autres sans armes; les uns.tristes, les
enfants de la ville. On ne les revit plus; et des autres gais. Quoi que tu.voies et que tu
entendes,
documents établissent qu'ils furent ; transportés garde-toi de parler ni.de remuer. Après celte
en Transylvanie» Des monuments appuient ce troupe, suivra un certain, puissant de
taille,
trait d'histoire 1, dont Gustave Nieritz a fait un assis sur un char; tului remettras ta lettre, sans
' '"'"'
conte de fantaisie 2. "', : dire un mot, et tout ce que tu désires arrivera. »
; Moûchemberg, dans la suite de l'Argenis, Le jeune homme lit ce qui lui était prescrit el
va-plus.loin. Il raconte les aventures bizarres du vit passer un grand cortège. Le maître de la
magicien Lexilis. Ce magicien ayant été mis en compagnie venait le dernier, monté sur un cliar
prison par ordre du souverain de Tunis (le fait triomphal. Il passa devant le fils du geôlier, et,
a eu lieu quelque temps avant la splendeur de jetant sur lui des regards terribles, il lui demanda-
Rome), il arriva, dans ces entrefaites une chose de quel Iront il osait se trouvera sa rencontre?
étrange au fils du geôlier de la prison.où Lexilis Le jeune homme, mourant de peur, eut pourtant
était détenu. Ce jeune homme venait de se ma- le courage d'avancer la main et de présenter sa
rier, et les parents célébraient les noces hors de lettre. L'esprit, reconnaissant le cachet, la lui
la ville. Le soir venir, on joua au ballon. Pour aussitôt et s'écria : « Ce Lexilis sera-tll long-
avoirla main plus libre, le jeune marié ôta de temps encore :surla terre!... »-Un instant après,
son doigt l'anneau nuptial ; il le mit au doigt d'une il envoya un de ses gens ôter- l'anneau du doigt
statue qui était près clé là. Après avoir bien joué, de la statue, et le jeune époux cessa d'être
il retourne vers la statue pour reprendre son troublé. . •;'.
anneau; mais la main s'était fermée, et il lui fui Cependant le geôlier fit annoncer au souverain
impossible de le retirer. Ce fait se retrouve dans de Tunis.que Lexilis s'était échappé. Tandis qu'on
plusieurs légendes du moyen âge. Le jeune homme le cherchait de; toutes :parts, le magicien entra
ne dit rien d'un tel prodige ; "mais quand tout le dans le palais, suivi d'une vingtaine de jeunes
monde fut rentré dans la ville, il revint seul de- filles qui portaient des mets choisis pour le prince,
vant la statue, trouva la main ouverte et étendue Mais, tout en avouant.qu'il n'avait rien mangé
comme auparavant, toutefois sans la bague qu'il de si délicieux, le roi de Tunis n'en renouvela
y avait laissée. Ce second événementlé jeta dans pas moins l'ordre d'arrêter. Lexilis. Les gardes,
une grande surprise» Il n'en alla pas moins re- voulant s'emparer de lui, ne trouvèrent ;àsa place
joindre sa famille. Mais il voulut inutilement se qu'un chien mort, sur le ventre duquel ils avaient
rapprocher de sa femme. Un corps solide se pla- tous la main,.... prestige qui excita la risée gé-
çait continuellement devant lui. «C'est moi' que nérale. Après qu'on se fut calmé, on alla à la
tu dois embrasser, lui dit-on enfin, puisque tu maison du magicien; il était à sa fenêtre, regar-
m'as: épousée aujourd'hui : je suis la statue au dant venir son monde. Aussitôt que les soldais le
doigt de laquelle lu as mis ton anneau» » Le jeune virent, ils coururent à sa porte, qui se ferma in-
époux effrayé révéla la chose à ses parents. Son continent; De par le roi, le capitaine des gardes
père lui conseilla d'aller trouver Lexilis dans son lui commanda de se rendre, le menaçant d'en-
cachot; il lui en remit la clef. 1 Lé,jeune homme foncer la porte s'il refusait d'obéir. « Et si je me
—
s'y rendit et trouva le magicien endormi sur la rends, dit.Lexilis, que ferez-vous de moi?
table. Après avoir 1attendu longtemps'qu'il s'é- Nous vous conduirons courtoisement au prince.
veillât.il le lira doucement par le pied : le pied — Je vous remercie de votre courtoisie ; mais
avec la jambe lui demeura dans les mains... par où irons-nous au palais? —,Par cette rue, »
Lexilis, s'éveillant alors, poussa un cri : la porte reprit le capitaine en la montrant du doigt.
du cachot se referma d'elle-même. Le marié En même temps il aperçut un grand fleuve qui
tremblant se jeta aux genoux du magicien, lui venait à lui en grossissant ses eaux et.remplis-
demanda pardon de sa maladresse et implora son sait la rue qu'il venait de désigner, tellement
assistance. Le magicien promit de le débarrasser qu'en moins de rien ils en eurent jusqu'à la
de la slatue, moyennant qu'on le mît en liberté. gorge. Lexilis, riant, leur criait : « Retournez
Le marché fait, il rajusta sa jambe à sa place et au palais, car pour moi je ne me soucie pas d'y
sortit. Quand il fut libre, Lexilis écrivit une lettre aller en barbet. »
qu'il donna au jeune homme : « Va-t'en à mi- Le prince, ayant appris ceci, résolut de perdre
nuit, lui dit-il, dans le carrefour voisin où abou- sa couronne plutôt que de laisser le magicien
1 Voyez celle curieuse tradition dans les Légendes impuni : il s'arma lui-même pour aller à sa pour-
des Commandementsde Dieu. suite et le trouva dans la campagne qui se pro-
2 Le sifflet
magique, traduit do l'allemand en fran- menait paisiblement. Les soldats l'entourèrent
çais, par J. B. J. Chatnpagnac. h vol. in-12. pour le saisir; mais Lexilis faisant un geste,
MAG 427 MAG
chaque soldat se trouva la tête engagée entre d'esprit. Dès lors le remède tomba; mais il y en
deuxpiquets, avec deux cornes dé cerf qui l'em- eut beaucoup qui ne voulurent point se dédire
pêchaient de se retirer. Ils restèrent, longtemps de la confiance qu'ils y avaient ajoutée. Les ma-
danscelte posture, pendant que des enfants leur ladies n'existent souvent que dans l'imagination :
donnaient de grands coups"de houssine sur les telle personne guérira avec un charlatan en qui
cornés... Le magicien sautait d'aise à Ce.spec- elle a confiance ; lellé'autre ne guérira point avec
tacle< et le prince était furieux. Ayant aperçu à un excellent médecin de qui elle se défié.
terre, aux pieds de Lexilis, un morceau de par- La magie a reparu en Suède en 1859 avec une
chemincarré, sur lequel étaient tracés des ca- sorte d'épidémie diabolique. Voici ce qu'on écri-
ractères, le roi de Tunis se baissa et le ramassa vait alors :""."."'
sansêtre vu du magicien. Dès qu'il eut ces ca- ; «Une superstition étrange, qui a pris là forme
ractères dans la main, les soldats perdirent leurs d'une véritable épidémie, a sévi pendant l'été
cornes,les piquets s'évanouirent, Lexilis fut pris, : dernier dans quelques'contrées delà Suède. Le
enchaîné, mené en prison, et de là Surl'éçha- prévôt du chapitre de Leksand, le docteur Hva-
faudpour y être rompu. Mais ici il joua encore ser, chargé de faire une enquête, a consigné
un tour de son métier ; car, comme le bourreau dans son rapport les faits suivants :
déchargeaitla barre de 1er sur lui, le coup tomba » G.ettê superstition a beaucoup de ressem- -
sur un tambour plein de vin, qui se répandit sur blaheè' avec celles des sorcières du moyen'âge
la place, et Lexilis ne reparut plus à Tunis'..» qui croyaient avoir assisté au sabbat du diable,
Voici une autre histoire contée par Wiërus : ce qui s'appelait en Suède aller à Blokulla: Mais
«Un magicien de Magdebourg gagnait sa vie en cette fois, et.c'est ce qu'il y a de plus Curieux,
faisantdes tours de son métier, dés enchante- ce ne sont presque que des enfants qui sont en
ments, des fascinations et des : prestiges' sur un proie à ces hallucinations'. En outre, ce n'est
théâtrepublic. Un jour qu'il montrait, pour quel- plus à Blokulla qu'on est censé aller, mais à Jo-
que monnaie, un petit cheval auquel il faisait exé- sefsdal, qui doit être près de Stockholm.
cuter, par. la force de sa magie, des choses in- » Voici ce que les enfants racontent sur leurs
croyables, après qu'il eut fini son jeu, il s'écria pérégrinations.; D'abord ils sont changés en vers,
qu'ilgagnait trop peu d'argent avec les hommes et ils s'échappent au dehors à travers un trou
et qu'il allait monter.a.U ciel..» Ayant donc jeté pratiqué dans la.fenêtre; ensuite ils prennent la
son fouet en l'air, ce fouet commença de s'en- forme dé pies, et, quand ils se sont rassemblés,
lever. Le petit cheval ayant saisi avec sa mâ- ils redeviennent enfants. Alors ils montent sur
choirel'extrémité du fouet, s'enleva pareillement. des peaux de veaux; ou dé vaches à travers lès
L'enchanteur, comme s'il eût Voulu retenir son airs vers un clocher, où ils se vouent au diable.
bidel, le prit par la queue et fut emporté de » Anciennement on enlevait des parcelles dû
môme. La femme de cet habile magicien em- métal de la cloche en prononçant ces mots : «Que
poignaà son tour les jambes de son mari qu'elle » mon âme n'arrive jamais au règne déDieu ayant
suivit;enfin là servante s'accrocha aux pieds de » que ce métal redevienne une cloche. «Aujour-
sa maîtresse, le valet aux jupes de la servante, d'hui la farine a remplacé le métal, et arrivé à
eLbientôt le fouet, le petit cheval, le sorcier, la Josefsdal, on en prépare une bouillie appelée
femme, la cuisinière, le laquais, s'enlevèrent si welling, qu'on mange en société avec le malin
haut qu'on ne les vit plus. Pendant que tous les esprit, qui s'appelle Nordsgubb (le vieux du Nord).
assistantsdemeuraient stupéfaits d'âdmiralion, il » En dansant, il porté des bottes fourrées dont
survint un homme qui leur demanda pourquoi il se débarrasse quand il s'est échauffé. Presque
ils bayaient aux corneilles, et quand il le sut : tous les enfants des-deux communes'de Gagnef
« Soyez en paix, leur dit-il, votre sorcier n'est el de Mockjards sont affectes de ces hallucina-
» pas perdu, je viens dé le voir à l'autre bout de tions. Quelques-uns en souffrent, d'autres restent
» la ville, qui descendait à son aubergeavec tout bien."portants. Lès parents, qui croient leurs en-
» son monde1... nVoy.! HARVIS. fants perdus et vendus au prince des ténèbres,
On raconte qu'Hemmingius, théologien cé- s'en désolent. D'autres, et ce ne sont pas les
lèbre, cita un jour deux vers barbares dans une moins superstitieux, quand leurs enfants ne veu-
de ses leçons, .et ajouta, pour- se divertir, qu'ils lent pas faire des aveux, les tourmentent d'une
pouvaient chasser là fièvre, parce qu'ils étaient manière incroyable.
magiques.L'un de ses auditeurs en lit l'essai sur » Un petit garçon nommé Grabo Pehr, qui af-
son valet et le guérit. Puis après on lit courir le firmait avoir été plusieurs fois à Josefsdal, pré-
remède, et il arriva que plusieurs fébricitanls tendait y avoir vu une petite fille, et lorsque'la
s'en trouvèrent bien. Hemmingius, après cela, mère de celle-ci interrogeait Grabo Pehr, il indi-
se crut obligé de dire qu'il n'avait parlé de la quait pour preuve qu'en mangeant à Josefsdal,
sorle qu'en riant, et que ce n'était qu'un jeu la petite fille s'était éclaboussée à la figure, d'où
il serait résulté une blessure qui ne pourrait ja-
1 mais guérir, La petite fille, en effet, souffrait,
Wierus, De proest., lib. II, cap. vu.
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tout près de l'oeil, d'une plaie de mauvaise nature diabolique, de Gôrres, est aussi un livre que les
et dont on ignorait l'origine. On peut croire négations né tueront pas. Voy. BODIN, DELIUO
quelle impression fâcheuse une telle coïncidence DiîLANcnE,LELOYER,BOGUET,WIERUS, etc.
apparente faisait sur.sa pauvre mère. La petite Magie islandaise. La première magie de ces
fille, cependant, n'avait aucune idée de Josefs- peuples, devenus aujourd'hui plus sensés, con-
dal, ni du welling, et par conséquent ne put sistait autrefois à évoquer des esprits aériens
jamais faire aucune révélation. et à les faire descendre sur la terre pour s'en
» Heureusement cette épidémie, dans ces deux servir» Elle'était regardée comme la magie.des
villages, s'est calmée un peu au bout de quelques grands. Cependant ces derniers, en avaient une
mois ; mais les esprits de la population n'en sont seconde, qui consistait à interpréter le chant des
pas moins' extrêmement agités,: et des symptômes oiseaux, surtout des corneilles, les oiseaux les
alarmants se montrentdansles contrées voisines. » plus instruits dans la connaissance des affaires
Il y a.eu,de tout temps, chez'tous les peu- d'État et les plus capables de prédire l'avenir.
ples peu.-éclairés,- grand nombre de magiciens, Mais comme il n'en existe point en Islande, les
et on a beaucoup écrit contre eux. Nous citerons corbeaux remplissaient cet office : les rois ne
ici quelques-uns des mille.et un,volumes qui trai- faisaient pas. même scrupule de se Servir de celte
tent de cette- matière exyprofcsso '»''1° le Traité magie.
de la magie blanche, ou de l'escamotage, de ûe- Magnétisme, Science longtemps occulte. Ce-
cremps; 2" la Magie naturelle,, de Porta..; 3° la pendant elle a été pratiquée par l'hérétique Marc,
Véritable magie noire, ou le Secret des secrets, plus récemment par Mesmer etCagliostro. Voici
manuscrit trouvé; à Jérusalem, dans le sépulcre ce qu'écrivait à Bruxelles, en 1839, dans un re-
de Salo.mon, contenant quarante-cinq talismans, cueil périodique in titulë le Maynètophilé, un écri-
avec la manière de s'en servir'et leurs merveil- vain, qui pouvait être M. Jobard ou M. Victor
leuses propriétés ; plus, tous les caractères ma- Idgiez :
giques connus jusqu'à ce jour, traduit du mage <rLe nom de magnétiseurs ne désignait autre-
Iroé-Grego, Rome, 1750. Cet ouvrage stupide est fois que quelques mesmériens ou illuminés et
donné comme, un écrit de Salomon. On y trouve quelques songe-creux. Aujourd'hui le magné-
surtout des conjurations. 4° Trinum màgicum, tisme a fraternisé avec les sciences physiques,
ou Traité des secrets magiques, contenant des re- qui seules pouvaient éclairer ses données ; il forme
cherches sur la magie naturelle, artificielle et la souche principale dont les autres sciences ne
superstitieuse ; les, talismans, les oracles de Zo- sont que les rameaux...' Ses progrès sont liés
roastrë, les.mystères des Égyptiens, Hébreux, plus immédiatement au profit dé la société qu'elle
Chaldëens, etc., in-8°, Francfort, 1673; 5° Lettres ne semble le penser, dans la préoccupa lion de
de Saint-André, conseiller médecin ordinaire du ses mesquines passions, de sa vie tumultueuse
roi, à quelques-uns de ses amis, au sujet delà et agitée. Sous quelque point, dé vue qu'on le
magie, des maléfices, et des sorciers, etc., Paris, considère, son importance éclate et grandit chaque
in-12, 1725 ; 6° Traité sur la magie, le sortilège, jour; mais son immensité nuit encore à ses pro-
les possessions, obsessions et maléfices, etc.; grès, parce que personne, isolément, n'a encore
par M. Daugis; Paris, in-12, 1732. De nos jours le pouvoir d'embrasser son étendue. Le magné-
on a vu paraître sur ces matières quelques ou- tisme est iin problème qui se débat depuis près
vrages d'esprit divers. M. Jules Garinet a donné d'un siècle en Europe, dont l'Académie de mé-
en 1818 une Histoire de la magie en France, decine, en France, a ranimé l'énergie sans en
pleine de faits curieux, mais trop sceptiques. donner la solution, et qui se complique, au con-
Plus récemment, M. Alfred Maury a écrit sur la traire, chaque jour davantage par des phéno-
magie pour la nier. M. Louis Figuier a voulu mènes plus merveilleux. On l'a vu.concentré
ainsi expliquer le merveilleux sans trop l'ad- d'abord entre les mains de quelques adeptes
mettre. L'abbé Fiard, dont on s'est raillé, a été ignorants ou fanatiques; de grandes expériences
peut-être un peu crédule aux yeux du vulgaire ; ont été faites ensuite, appuyées sur des noms
mais il n'a pas toujours vu faux. M. Eudes de qui ont porté la conviction dans quelques esprits.
Mirville a parfaitement démontré l'existence pal- Aujourd'hui des savants le rejettent encore, il
pable des esprits. M. le chevalier Gougenot des est vrai; mais un savant se décide si.difficilement
Mousseaux, dans son savant livre intitulé la Magic à désapprendre ! Une innovation l'épouvanle, car
au dix-neuvième siècle, a solidement établi les elle l'humilie et le détrône. Les doctrines carié-
faits magiques, dans le passé, et de nos jours, siennes ont lutté longtemps en France contre
ainsi que le concours actif des démons autour de les vieilles universités avant d'obtenir leur droit
nous '. Enfin, la Mystique divine, naturelle et de cité ; plus lard elles repoussèrent elles-mêmes
1 La magie au dix-neuvième siècle, ses agents, ses les principes de la philosophie newtonienne;
vérités, ses mensonges, par le chevalier Gougenot des celle-ci rejetait les découvertes d'Huygens;
Mousseaux, etc. Beau vol. in-8°, Henri Pion, édi- Beaumé et Lesage niaient les belles théories de
teur, 1861. la chimie moderne; Romé-Delisle persiflait l'in-
MAG 429 — MAI
icrprète des phénomènes éleclro-magnétiques. naîlre impartialement le magnétisme sont les li-
D'ailleurs,le tabac, le café, l'émétique, la vac- vres spéciaux de M. Aubin Gauthier, surtout son
cineet jusqu'aux pommes de terre, n'ont-ils pas Traité pratique du magnétisme,in-8°, Paris, 1845.
éprouvéleur temps de persécution? L'Académie On peut voir aussi le livre de M. l'abbé Loubers
de médecine ne se conslilua-t-elle pas formelle- et le remarquable ouvrage de M. de Mirville sur
mentopposée à ce que la chimie", cette corne lès esprits.
d'abondancedes sociétés modernes, fût enseignée Magoa, l'un des plus puissants démons, roi
dansParis, comme étant, pour bonnes causes et de l'Orient. On l'évoque par l'oraison suivante
considérations,défendue et censurée par arrêt du prononcée au milieu d'un cercle. Elle peut servir
parlement?L'établissement des banques, des éco- tous les jours et à toute heure, dit Un grimoire :
les, des voitures publiques, ne rencontra-1-il H Je te conjure et invoque, ô puissant Magpà,
paségalement une opposition formidable dans ce roi de l'Orient ; je te fais commandement d'obéir
mêmeparlement? Jacquart ne vit-il pas brûler à ce que lu aies à venir ou m'envoyer sans rep-
enplace publique, par ordre des prud'hommes lacement Massayel,Asiel, Satiel, Ârd'uel, Aco-
deLyon, ses métiers, qui devaient faire cepen- rib, et sans aucun délai, pour répondre.à tout
dantla prospérité et la fortune de cette seconde ce "que je veux savoir et faire. »
capitalede la France? Franklin ne fut-il pas tourné Magog. Schradérus , dans son lexique Scan-
enridiculequand il apprit aux campagnardsTaf t- dinave, fait le géatit Magog chef dès anciens
defertiliser les champs avec du plâtre?'Chris- Scythes, inventeur des runes, espèces d'hiéro-
topheColombne fut-il pas chassé de toutes les glyphes ou caractères dont se sont servis les
coursquand son génie lui fit apparaître un monde peuples septentrionaux;, et dont l'usage a pré-
dontil voulaitdoter sa patrie'?.». Pitheas, YVedel, cédé en Europe celui des lettres grecques. Foy. Oc.
Cook,Billinghausen, Biscoé et autres voyageurs Mahomet, imposteur suffisammentconnu. On
célèbres,ne furent-ils pas taxés d'imposture? peut voir lé plus curieux de ses faits extraordi-
Averrhoès,Voila',Fullon.Salomon dëCaus, Davy, naires, son voyage au paradis, dans les Légendes
Arkwright, Gall, Lavater et tous ceux qui se dé l'autre monde.
sontprésentés, une découverte à la main, à la Maillât ( Louise) ; petite démoniaque, qui
porte de ce vaste Charcnton qu'on appelle le vivait en 1598; elle perdit l'usage de ses mem-
monde,n'ont-ils pas été reçus à coups de sif- bres; on la trouva possédée de cinq démons qui
flets?... s'appelaient loup, chai, chien, joly, griffon.
» Cependant le magnétisme voit aussi son Deux de ces démons sortirent d'abord par sa
triomphe.Déjà il a détruit les doctrines impies de bouche en forme de pelotes de la grosseur du
l'écolemédicale physiologique de Broussais, qui poing; la première rouge comme du feu; la
prétendaitramener aux seuls organes matériels deuxième, qui était le chat, sortit loule noire; les
du corps les nobles facultés de l'intelligence; autres partirent avec moins de violence. Tous
missiond'autant plus grande que là sont les ces démons, étant hors du corps de la jeune per-
basesde toute société, la clef de voûte et le ci- sonne , firent plusieurs tours devant le foyer et
mentde tout édifice social. Le premier et le plus disparurent. On a su que c'était Françoise Secré-
belapanage du magnétisme est donc de devenir lain qui avait fait avaler ces diables à celte pe-
unearme toute-puissante contre les partisans de tite fille daiis une croûte de pain de couleur de
lamatière, une preuve irrésistible, irréfragable, fumier '
évidente,palpable, de l'existence de l'âme'indé- Maimon, chef de la neuvième hiérarchie des
pendantedu secours des sens... » dénions, capitaine de ceux qui sont tentateurs,
Sans oser juger ici le magnétisme, et sans insidinleurs, dresseurs de pièges, lesquels se
pouvoirhier ses effets, qui sont évidents, bor- tortillent autour de chaque personne pour contre-
nons-nousà dire que le magnétisme existe; que carrer le bon ange *.
c'est une nouvelle branche de merveilles plus Main. On s'est moqué avec raison des bor-
incompréhensible encore que le galvanisme; boriles, secte hérétique des premiers siècles de
qu'on n'en pourra jamais sans doute établir les l'Église, qui avaient des idées absurdes en théo-
éléments, mais qu'on en doit tirer un immense logie, et qui disaient que la main est toute la
partien médecine. L'Académie des sciences, qui civilisation de l'homme ; que sans la main
s'obstinaità le nier lorsqu'elle n'était composée l'homme ne serait qu'un cheval ou un boeuf;,
en majorité que de matérialistes, le reconnaît que l'esprit ne serait bon à rien avec des pieds
aujourd'hui.Les juges religieux n'ont condamné fourchus ou des mains de corne ou des patles à
t|ue ses abus. Voy. SOMNAMBULISME. Voy. aussi longues griffes. Ils faisaient un système d'ori-
MESMER. gines; ils contaient que l'homme, dans le com-
Les plus sûrs ouvrages à consulter pour con-
1 M. Garinet, Histoire de la magie en France,
p.-162.
2 Delancre, Tabl.del'inconstancedesdémons,clc.
.' Cet se
écrivain, trompant comme tant d'autres,
«le Galilée.Vovei Galilée. liv. I, p. 22.
MAI 430 MAI
mencement, n'avait,que des pattes comme les accordaient aux bohémiennes; el voici les prin-
chiens; que tant qu'ils n'eurent que des pattes, cipes" de Yart de dire la bonne aventure dans'lu
les hommes, comme des brutes, vécurent dans main, science célébré parmi les sciences mysu>
la paix , l'heureuse ignorance et la concorde ; rieuses, appelée par les adeptes
chiromancie,
niais, ajoutaient-ils, un génie prit les hommes xeiromancie et chiroscopie.
en affection' et leur donna des mains. Dès lors Il y-a dans la main plusieurs parties qu'il est
nos pères se trouvèrent adroits; ils se firent des important de distinguer : la paume ou dedans de
arrhes-, ils subjliguèrent les autres animaux, ils
imaginèrent, ils .produisirent avec leurs mains
des, choses surprenantes, bâtirent des maisons,
taillèrent des habits et firent des peinturés. Olez
à l'homme ses- mains., disaient-ils, et.,, avec. tout,
son esprit, vous.verrez.ce. qu'il deviendra» .
.. Mais nous avons les mains, et c'est Dieu qui
nous les a données. Quoique .nous, n'en possé-
dions que deux, la loi de l'égalité, si vantée,
cette loi .impossible, a, échoué-aussi dans nos
mains. II y a de l'aristocratie jusque-là. Là main
droite se croit bien au-dessus de la main gauche ;
c'est un vieux préjugé qu'elle a de temps immé-
morial. Aristole cité l'écrevisse comme un être
privilégié, parce qu'il a la patte droite beaucoup
plus .grosse que la gauche. Dans les temps ; an-
ciens, les Perses et les Mèdes faisaient comme
nous leurs serments delà main droite. Les nè-
gres regardent la main gauche.comme la ser-
vante de l'autre;, elle est, disent-ils'-, faite;pour
le travail, et la droite seule a le droit de porter
les morceaux à la bouche et de. toucher le vi-
sage, Un habitant du Malabar ne mangerait pas
d!aliment;s que quelqu'un aurait, touchés; de la
main-gauche. Les Romains donnaient une si haute
préférence à la droite que-, lorsqu'ils se mettaient
à table, Us se couchaient toujours sur le côté la; main, le poing ou dehors de la mainlorsr
gauche, pour avoir l'autre entièrement libre» Ils qu'elle est fermée, les doigts, les ongles, les
se défiaient tellement delà main gauche, qu'ils jointures, les lignes et les montagnes. — Il y a
ne représentaient jamais l'amitié qu'en la figurant cinq doigts : le pouce, l'index; le doigt du mi-
par deux mains droites réunies. Chez nous, lieu, l'annulaire, l'auriculaire ou petit doigt. Il y
toutes ces opinions ont survécu. Les gens su- a quinze jointures : trois au petit doigt, trois à
perstitieux prétendent même qu'un signe de croix l'annulaire, trois au doigt du milieu, trois à l'in-
fait de la main gauche n'a aucune valeur. Aussi dex , deux au pouce et une entre la main el le
on habitue les enfants à tout faire de la main bras. H y a quatre lignes principales. La ligne de
droite et à regarder la gauche comme, nulle, la vie, qui est la plus importante, commence au
tandis que peut-être il y aurait avantage à se haut de la main, entre le pouce et l'index, et se
servir également des deux mains. prolonge; au bas de la racine du pouce jusqu'au
Puisqu'on attache à la main une si juste im- milieu de la jointure qui sépare la main du bras;
portance, on doit voir sans surprise que. des sa- la ligne de la santé et de l'esprit, qui a la même
vants y aient cherché tout le sort des hommes. origine que la ligne de vie, entre le pouce el
On a écrit d'énormes volumes sous le titre de l'index, coupe la main en deux et finit ait milieu
chiromancie ou divination parla main. Celte de la base de la main, entre la jointure du poi-
science bizarre présente une foule d'indices qui gnet et l'origine du petit doigt; la ligne de la
sont au moins curieux ; c'est toute la science des fortune ou du bonheur, qui commence à l'ori-
bohémiennes, que nos pères regardaient ordinai- gine de l'index, finit sous la base de la main,
rement comme des prophétesses et que l'on en deçà de la racine du petit doigt ; enfin la ligne
écoute encore dans les campagnes..De tout temps, de la jointure, qui est la moins importante, se
dit-on, l'homme fut de glace pour les vérités et trouve sous le bras, dans le passage du bras à
de feu pour les mensonges; il est surtout ami du la main ; c'est plutôt un pli qu'une ligne. On re-
merveilleux. Si Peau d'Ane m'était conté, a dit marque une cinquième ligne qui ne se trouve pas
la Fontaine, j'y prendrais un plaisir extrême. dans toutes les mains; elle se nomme ligne du
Voilà la cause de la crédulilé que nos.bons aïeux triangle, parce que, commençant au milieu de
MAI — 431 MAI
lajointure, sous la racine du pouce, elle finit qu'elle porte en largeur la longueur du doigt du
sous la racine du petit-doigt. 11 y a aussi sept milieu. Si la ligne de la jointure, qui est quel-
luhérosités ou montagnes, qui portent le nom quefois double, est vive et colorée, elle annonce
des sept planètes. Nous lés- désignerons tout à un heureux tempérament. Si elle est .'droite'',éga-
l'heure:Pour la chiromancie, on se sert toujours lement marquée dans toute sa longueur,. elle
de la main gauche, .parce que la droite, étant promet des richesses et du bonheur. Si la join-
ture présentait quatre lignes visibles, égales et
droites, oh peut s'attendre à des honneurs, à
des dignités, à de riches successions» Si elle est
traversée de trois petites lignes perpendiculaires
ou marquée de quelques "points bien visibles,
c'est le signe certain qu'on sera trahi. Des lignes
qui partent de la jointure et se -perdent lé long
du bras annoncent qu'on sera exilé. Si ces lignes
se perdent dans la paume de la main, elles pré-,
sagent de longs voyages sur terre et sur mer.
Une femme qui porte la figure d'une croix sur la
ligne de là jointure est chaste, douce, remplie
d'honneur et de sagesse; elle fera le bonheur de
son époux. Si la ligne dévie, qui se nomme aussi
ligne du coeur, est longue, marquée, égale, vive-
ment colorée, elle présage une vie exempte de
maux et une belle vieillesse. Si cette ligne est
sans couleur, tortueuse, courte, peu apparente,
séparée par de petites lignes transversales, elle
annonce une vie courte, une mauvaise santé. Si
cette ligne est étroite, mais longue et bien co-
lorée , elle désigne la sagesse, l'esprit ingénieux.
Si elle est large et pâle, c'est le signe quelquefois
de la sottise» Si elle est profonde et d'une cou-
leur inégale, elle dénote la malice,le babil, la
jalousie, la présomption. Lorsqu'à son origine,
entre le pouce et l'index, la ligne de vie se sé-
plusfatiguée;,quoique plus noble ^présente quel- pare en deux , de manière à former la fourche,
quefoisdans les lignes des irrégularités qui ne c'est le signe -de l'inconstance. Si cette ligne est
sontpoint naturelles. On prend donc la main coupée vers le milieu par deux petites lignes
gauchelorsqu'elle est reposée, un peu fraîche transversales bien apparentes, c'est le signe
et sans aucune agitation, pour voir au juste la d'une mort prochaine. Si la ligne de vie est en-
couleurdes lignes et la forme des traits qui s'y tourée de petites rides qui lui donnent la forme
trouvent.La figure de la main peut déjà donner d'une branche chargée de rameaux, pourvu que
uneidée, sinon du sort futur des personnes, au ces rides s'élèvent vers le haut de la main, c'est
moinsde leur naturel et de leur esprit. En géné- le présage des richesses. Si ces rides sont tour-
ral, une grosse main annonce un esprit bouché, nées vers le bas de la main, elles annoncent la
à moins que les doigts ne soient longs et Un peu pauvreté. Toutes les fois que la ligne de vie est
déliés.Une main potelée, avec des doigts qui se interrompue; brisée, c'est autant de maladies.
terminent en fuseau, comme on se plaît à en La ligne de la santé et de l'esprit est aussi ap-
souhaiter aux femmes, n'annonce pas un esprit pelée ligne du milieu. Lorsqu'elle est droite, bien
très-élendu.Des doigts qui rentrent dans la main marquée, d'une couleur naturelle, elle donne
sont le signe non équivoque d'un esprit lent, la santé et l'esprit, le jugement sain, une heu-
quelquefoisd'un naturel enclin à la fourberie. reuse mémoire et une conception vive. Si elle
Desdoigts qui se relèvent au-dessus de la main est longue, on jouira d'une santé parfaite. Si
annoncent des qualités contraires. Des doigts elle est tellement courte qu'elle n'occupe que la
aussi gros à l'extrémité qu'à la racine n'annon- moitié de la main, elle dénote la timidité, la
cent rien de mauvais. Des doigts plus gros à la faiblesse, l'avarice. Si la ligne de sanlé est tor-
jointure du milieu qu'à la racine n'annoncent tueuse, elle donne le goût du vol; droite, au
rien que de bon. contraire, c'est la marque d'une conscience pure
Nous donnons sérieusement ces détails, ne et d'un coeur juste. Si cette ligne s'interrompt
pensant pas qu'il soit nécessaire de les réfuter. vers le milieu pour former une espèce de demi-
_ Une main large vaul mieux qu'une main trop cercle, c'est le présage qu'on sera exposé à de
étroite.- Pour qu'une main soit belle, il faut I grands périls avec les bêtes féroces. La ligne de
MAI 432 MAI
la fortune ou du bonheur commence, comme dans beaucoup de mains, sans qu'on en sôît plus
nous l'avons dit, sous la racine de l'index, et se malheureux. Si la ligne du triangle est droite,
termine à la base de la main, en deçà de la ra- apparente (car ordinairement elle paraît peu) et
cine du petit doigt : elle est presque parallèle à qu'elle s'avance jusqu'à la ligne de la santé, elle
la ligné de santé. Si la ligne de la fortune est promet de grandes richesses. Si elle se prolonge
égalé, droite, assez longue et bien marquée, jusque vers la racine du doigt du milieu, elle
elle annonce, un' excellent naturel, la force, la donne les plus heureux succès. Mais si elle se
modestie et la constance dans le bien. Si, au lieu perd au-dessous de la racine du petit doigt, vers
de commencer sous la racine dé l'index, entre le bas delà main, elle amène des rivalités. Si
l'index et le doigt du milieu, elle commence elle est tortueuse, inégale, de quelque côté qu'elle
presque au haut de la main, c'est le signe;de se dirige, elle annonce qu'on ne sortira pas delà
pauvreté.
présente des plis tortueux, elle désigne un juge- portera sur ses- rivaux. L'éminence qui s'élève
mentlent, un esprit paresseux, une conception dans la main à la racine du petit doigt se nomme
dure. Une femme qui aurait sous le doigt du mi- la montagne de Mercure. Si celte éminelice est
lieu, entre la seconde joinlure et la jointure voi- unie, sans rideS, on aura un heureux tempéra-
sinede l'ongle, la figure d'une petite croix, por- ment, de la constance dans l'esprit et dans le
terait là un signe heureux pour l'avenir. coeur; pour les hommes, de la modestie ; pour
La lubérosité qui se trouve à la racine du doigt les femmes, de la pudeur. Si celte éminence: est
annulaire se nomme la montagne' du Soleil. Si traversée par deux lignes légères qui sedirigent
cettemontagne est chargée de petites lignes na- vers le petit doigt, c'est la marque de lalibéra-
turellement marquées, elle annonce un esprit lïté. -" .;.:;/:,.;-:;.-
vifet heureux, dé l'éloquence, des talents pour L'espace qui se trouvé sur le bord inférieur
les emplois, un peu d'orgueil. Si ces lignes ne de la main au-dessous dé la montagne de Mer-
sontqu'au nombre de deux;, elles donnent moins cure , depuis la ligne dû bonheur jusqu'à Pextré-
d'éloquence, mais aussi plus de modestie. Si la milé de la ligné- de l'esprit, se nomme là môn±
racine dû"doigt annulaire est chargée de lignes lagne de la Lune. Quand cet: espace est uni,
croiséesles unes-sur- les autres, celui qui porte doux, net, il indique la paix de l'àmô et un es-
cesigné sera victorieux sur-ses ennemis et l'em- prit naturellement tranquille» Lorsqu'il est fort
coloré,c'est le signe de la tristesse, d'un esprit craintes.;- s'ils sont noirs, ils annoncent'des;
chagrinet.'morose, et d'un tempérament'mélan- frayéurs et des dangers; s'ils sont rouges, ce;
colique.Si cet espace est chargé de rides, il an- qui est plus rare, des malheurset des injustices;:
notieedes voyages et des dangers sur;mer. - s'ils sont d'un blanc pur, des espérances et du-
L'espace qui se trouve au bord inférieur de la bonheur. Quand ces signes se trouvent à la ra-
main,en deçà de la montagne dé la Lune, depuis cine de l'ongle, l'accomplissement de ce qu'ils
l'extrémitéde la ligne de l'esprit jusqu'à l'extré- présagent est éloigné. Ils se rapprochent avec le
mité inférieure de la ligne de la joinlure, se temps, et se trouvent à la sommité de l'ongle
nommela montagne de Mars. Quand cet es- quand les craintes et les espérances se justifient
pacéesl uni, doux et net, il est le caractère du par l'événement. ,
vraicourage et de cette bravoure que la pru- Pour qu'une.main d'homme ou de femme soit
dence accompagne toujours. S'il est fortement très-heureuse, il faut qu'elle ne soit pas trop
coloré,il désigne, l'audace, la-témérité.'Lorsque. potelée, qu'elle soit un peu longue, que les
lamonlagne de Mars est chargée de grosses ri- doigtsiie soient pas trop arrondis, que l'on dis-
des, ces rides sont autant de dangers plus ou tingue les noeuds dès jointures. La couleur en
moins grands, suivant leur profondeur et leur sera fraîche et douce, les ongles plus.longs que
longueur; c'est aussi le présage d'une mort larges; la ligne de la vie, bien marquée, égalé -,
possible"entre les mains des brigands, si les fraîche, ne sera point interrompue et s'éteindra
lignes sont livides; elles sont l'indice d'un dans la ligne de la jointure. La ligne de la santé
'repas funeste si elles sont fort rouges, d'une occupera les trois quarts de l'étendue de la main.
mortglorieuse au champ de bataille si elles sont La ligne de la forlune sera chargée de rameaux
droites. Des croix sur la montagne de Mars pro- et vivement colorée.-
mettent des. dignités et des commandements. On voit, dans tous les livres qui traitent delà
N'oublionspas les signes des ongles. De petits chiromancie, que les-doctes en celte matière
signesblanchâtres sur les ongles présagent des renconnaissaienl deux sortes de divinations par
28
MAI 434 MAI
le moyen de la main : la chiromancie physique, ment de son index (comme le disent les maîtres
qui, par la simple inspection delà main, deyine en chiromancie astrologique)? que Vénus asoin
le caractère etles destinées des personnes ; et la de son pouce, et Mercure de,son .petit doigt?
chiromancie astrologique, qui examine les in- Quoi ! Jupiter est éloigné de vous immensément;
fluences des planètes sur les lignes de la main, il est quatorze cents fois pins gros que le petit
et croit pouvoir déterminer lé caractère et pré-' globe que vous habitez;, et décrit dans son or-
dire: ce; qui doit; arriver en calculant ces in- bite des années de douze ans, et vous voulez
fluencés. Nous nous sommes plus appesanti sur qu'il s'occupe dé votredoigt médius !».. »
les,principes de la chiromancie physique, parce Le docteur Bruhier, dans son ouvrage des
que c'est la seule qui soit encore en usage. C'est Caprices de l'imagination, rapporte qu'un homme
aussi la plus claire et la plusaneienne» de quarante ans, d'une humeur"vive.-et enjouée,
Aristotë; regarde la chiromancie comme une rencontra en société une femme qu'on; avait fait
science certaine ;, Auguste, disait lui - -même la .venir pour.tirer des. horoscopes».-Il présente sa
bonne^aventuré dans la main. Mais les démono- main ;!â. vieille le regarde en soupirant.: —Quel
manes pensent qu'on rie peut pas être chiroman- dommage "qu'un- homme, si aimable n'ait plus
cien sans avoir aussi; un peu de nécromancie, et qu'un mois à vivre ! -—'Quelque temps après, il
le saisit,-sonima-
que ceux; qui devinent: juste en vertu de cette; s'échauffeiàla chasse, la fièvre
science sont inspirés souvent par quelque mau- gination s'allume, et la prédiction de la bohé-
vais esprit1.' -; . .., mienne s'accomplit à la lettre. »
« Gardez-vous, en chiromancie, dit M. Sal- Un personnage important, du dernier siècle,
gues*, des lignes circulaires qui embrasseraient ;M. Raillon, racontait souyent.que, dans sa jeu-
la totalité du pouce; lescabalistesles nomment nesse, s'étant fait dire sa bonneiavenlure par une
l'anneau de Gygès^; et Adrien Sicler; no us pré- ibohémienne;, elle lui avait surtout conseillé de
vient ;que; ceux qui les portent courent; risque. ;pren;dre gaiide à l'échafaud, qui lui- serait funeste.
qu'un jour mi lacet fatal ne leur serre la jugû-; Son état et fsa conduitelë mettaient certainement
laire. ;Pour le; prouver, il cite lacquin Caumont,; à l'abri de'toute crainte à cet égard. Cependant,
enseigne de vaisseau, qui fut pendu, ne s'étant; le triste horoscope ; s'est malheureusement ac-
pas assez méfié de cette funeste 'figure. Ce serait compli ,, quoique d'une manière bien différente
bien pis si ce cercle était double en dehors et dû-sens; que l'on attribue ai ce mot pris en mau-
simple en dedans : alors/-nul, doute que votre vaise part. Étant à Paris, et se faisant bâtir un
triste carrière,ne se terminât sur une roue. Le hôtel:, il voulut voirpar lui-même si les ouvriers
même Adrien Sicler a connu à Nîmes un fameux exécutaient bien ses ordres. Montésur un éelia-
impie qui fut roué en 1559, et qui portait ce faudimal construit, qui cassa sous lui, il tomba
signe mortel à là première phalange. . .... de trente pieds de hauteur, et resta mort sur le
» Il n'est pas possible de vous tracer toutes les ; coup.
lignes décrites! et indiquées par les plus illustres MaindegloireiCequelessorciersappelle.nl
chiromanciens pour découvrir la destinée et fixer main de gloire est la main d'un pendu, qu'on
l'horoscope de chaque individu ; mais il est;bon prépare dé la sorte : on l'enveloppe dans un
que vous sachiez qu'Isaac Kim-Ker a donné morceau de drap mortuaire, en la pressant bien,
soixante-dix figures, de mains au public ; le; docte; pour lui faire rendre le peu de sang; qui pourrait
Mélampus, douze; le profond, Compotus, huit; y être resté; puis on la met dans un vase de
Jean de Hagen, trente-sept;!e subtil Romphilius,; ,-terre, avec du sel, du salpêtre, du zimat et du
six; l'érudit Corvaîus, cent cinquante ; Jean Ci- poivre long, le tout bien pulvérisé. On la laisse
rus, vingt; PatriceTrieassus, quatre-vingts; Jean dansce pot l'espace de quinze jours; après quoi
Belot, quatre; Traisnerus, quarante, etPerrucho,; on l'expose au grand soleil delà canicule, jus-
six ; ce qui fait de bon compte! quatre cent vingt- qu'à ce qu'elle soit parfaitement desséchée: si le
trois mains sur lesquelles votre sagacité peut soleil 1ne suffit pas, on la met dans un four
s'exercer. Mais, dites-vous ; l'expérience et les chauffé de fougère et de verveine. On compose
faits parlent en faveur de la; chiromancie. Un ensuite une espèce de chandelle avec de la
Grec prédit à Alexandre de Médicis, duc de Tos- graisse de pendu, de la cire vierge et du sésame
cane, surl'inspection de sa main, qu'il mourrait de Laponie ; et on se sert de la main de gloire,
d'une mort violente; et il fut en effet assassiné comme d'un chandelier, pour tenir celle mer-
par Laurent de Médicis, son cousin. De tels faits : veilleuse chandelle allumée. Dans tous les lieux
ne prouvent rien ; car, si un chiromancien ren- où l'on va avec ce funeste instrument, ceux qui
contra juste une fois ou deux, il se trompa mille y sont demeurent immobiles, et nepeuvent non
fois. A quel homme raisonnable persuadera-l-on plus remuer que s'ils étaient morts.
en effet que le soleil se mêle de régler le mouve- Il y a diverses manières de se servir de la
t Hcxameron main de gloire; les scélérats les connaissent bien;
-,
2 Des erreurs (.foTorquemaàa, quatrième journée.
et des préjugés, etc., t. II, p. 49 et mais, depuis qu'on ne pend plus chez nous,
ce
Suivantes» doit être chose rare.
MAI — 435 —. MA
Deux magiciens, étant venus loger dans un faisaient. Elle vit qu'ils tiraient d'un sac la main
cabaret pour y voler, demandèrent à passer la d'un corps mort, qu'ils en oignaient les doigts de
nuit auprès du feu, ce qu'ils obtinrent. Lorsque je ne sais quel onguent, et les allumaient, à
tout le monde fut couché, la servante, qui se l'exception d'un seul qu'ils ne purent;allumer,
défiait de la mine des deux voyageurs, alla re- quelques efforts qu'ils fissent, et cela parce: que,
garderpar un trou delà porte pour voir ce qu'ils comme elle le: comprit, il n'y avait qu'elle des
s es il 1dansle combat.—
futlue
les.secours
Malgré qu'il desSarasins,
reçut allies, Page436.
gens de la maison qui ne dormît point; caries deux voleurs commençaient à faire leur coup
autres doigts étaient allumés pour plonger dans dans une chambre voisine. Les deux magiciens,
le plus profond sommeil ceux qui étaient déjà se voyant découverts, s'enfuirent au plus vite, et
endormis. Elle alla aussitôt à son maître pour on ne les trouva plus \ . -
l'éveiller, mais elle ne put en venir à bout, non Les voleurs ne peuvent se servir de la main
plus que des autres personnes du logis, qu'après
avoir éteint les doigts allumés, pendant que les 1 Delrio, Disquisitionsmagiques,
28.
MAI — 436 MAI
de gloire, quand on a eu la précaution de frotter la manufacture du diable, et que cette aventure
le seuil de la porte avec un onguent composé de ne- pouvait être que-l'ouvrage des sorciers ou
fiel de chat noir, dé graisse de poule blanche et des revenants ; lés personnes plus instruites, tout
de sang"dé chouette, lequel onguent doit être fait aussi crédules, né surent que penser..La police
dans là canicule 1. découvrit enfin que ces revenants n'étaient que
; Main invisible. Gaspard Schott, dans sa des habitants de la maison voisine, aidés d'un
Magie universelle, livre IV, page 407, rapporte physicien de leurs amis, qui, ail moyen de l'élec-
le fait suivant, dont il a été témoin dans son en- tricité et d'un trou imperceptible pratiqué clans
fance, et qu'il a entendu raconter à des témoins le mur, parvenait à faire mouvoir à leur gré
plus âgés que lui. Deux compagnons sortaient' les meubles de la maison prétendue ensorcelée.
d'une ville, armés et-portant leur bagage, pour Ils avaient pour objet d'empêcher le nouveau
aller travailler dans une contrée. L'un deux propriétaire de la vendre; ils se vengeaient en
ayant trop bu attaque: l'autre, qui refuse.de se même, temps d'une personne dont ils croyaient
battre, avec'un homme ivre; niais il reçoit un avoir à se plaindre'. Voy. ALESSWDUO, ÀTIIÉKO-
coup à la fête. Voyant couler son sang, il riposte DOUE,AYOI.A,Bot,ACRE,CHAMBRES IM'ESTÉES,RE-
et perce de part on part le malheureux ivrogne. VENANTS,etc. "
On accourt aussitôt de la ville, el parmi les as- Malache-Chabbalah. On nomme ainsi. dans
sistants se trouve la femme même du mort. Dans la cabale juive, les démons qui sont aux ordres
le moment qu'elle donnait des soins à son époux, de Samaël. Ils remplissent « les sept régions de
lomeùrlricr, qui s'enfuyait, se sentil saisi par une l'enfer ».
main ' invisible et fut entraîné auprès du magis- Malades. « Divers sont les jugements qui se
trat, lequel le fit mettre en prison. Qu'était-ce font d'aucuns, si un malade doit vivre ou mourir;
que celle main invisible? Celle du mort qui rég- mais je publierai ce présent signe infaillible,,
nait dégrisé. duquel se pourra servir un chacun, et en faire
Mainfroi ou Manfred, roi de Naplcs, qui un ferme jugement : Prenez une ortie el la met-
régna dans les Dcux-Siciles de 1254 à 12(i(i, fils tez dans l'urine du malade, incontinent après que
naturel de l'empereur Frédéric II. Lorsqu'il fut le malade l'aura faite, el avant qu'elle soit cor-
excommunié pour ses crimes, il s'occupa, dit-on, rompue; laissez l'ortie dans Ladite urine l'espace
de magie. Pic de la Miraudôlc conte que Main- tic vingt-quatre heures; et après, si l'ortie se
froi, étant en guerre contre Charles d'Ànjuu, trouve verte, c'est un signe de vie 2. »
voulut savoir des démons l'événement de la ba- Delancre 1 nous conseille de ne pas admettre
taille qu'il allait lui livrer, et que le démon, pour l'opinion des gnosliques, qui disent que chaque
le tromper, ne lui répondit qu'en paroles ambi- maladie a son démon, et d'éviler l'erreur popu-
guës, quoique cependant il lui prédît sa morl; et laire cini prétend que tous ceux qui tombent du
en effet, malgré les secours qu'il reçut des Sara- haut mal sont possédés. Les maladies ont sou-
sins, ses alliés, il fut lue dans le combat. On vent causé de grands désordres. Le P. Lebrun
remarque que Charles d'Anjou écrivit à Mainfroi, rapporte l'exemple d'une femme attaquée d'une
avant la bataille, ces singulières: paroles;. «Au- maladie de l'çeil qui lui: faisait voir une foule
jourd'hui, je t'enverrai en enfer si lu ne m'en- d'images bizan;es et effrayantes; elle se crut en-
voies pas en paradis. » On a attribué à Manfred; sorcelée : un habile ocuiislel'opéra, et guérit en
un livre latin intitulé la Pomme philosophique, môme temps son oeil et son imagination. Plu-
où il traite delà science dé l'alchimie, qu'il dit sieurs des sorciers, loups-garous et possédés
être la soeur germaine de la magie 2. n'étaient.que des malados; mais il est des cas
Maison ensorcelée, A la fin de nivôse an xm où les' maladies sont des effets de possessions.
(1805), il s'est passé à Paris, rue Notrc-Dame- foy. HALLUCINATION.
de-iNazareth, dans une ancienne maison dont on Malafar. Voy. VALAFAU.
avait dépouillé des religieuses cordelières, une Malaihgha,, nom général des anges dit pre-
scène qui fit quelque bruit. On vit tout à coup mier ordre chez les -habitants de Madagascar.
voler en l'air des bouteilles dépuis la cave jus- Ces anges font mouvoir les deux, les étoiles, les
qu'au grenier ; plusieurs personnes furent bles- planètes, et sont chargés'du gouvernement des
sées; les débris de bouteilles restèrent" entassés saisons : les hommes sont confiés à leur garde,
dans le jardin, sans que la foule des curieux pût ils veillent sur leurs jours, détournent les dan-
découvrir d'où provenait ce phénomène. On con- gers qui les menacent et écartent les démons.
sulta des physiciens et des chimistes, ils ne Malatasca. C'est le nom que sainte Catherine
'
purent pas même dire de quelle manufacture ve- de Sienne donnait au diable. ;
naient les bouteilles qu'on leur montra. Les gens f Mal caduc. Pour guérir ce mal, on se sert d'un
du quartier se persuadèrent qu'elles venaient de 1 Salgues, Des erreurs et dos préjugés.
1 L»,solide trésor du Petit Albert, 2 Le Petit Albert,
2 Leloyer, Histoire des spectres et apparitions des 3 Tableau de l'inconstance des démon", sorcierset
esprits, liv. IV, p. 303. lahiciens, liv. IV, p. 284.
MAL — '437 MAL
anneau dont voici la recette : « Vous ferez un à Salamanque 'et entra chez les jésuites de Rome
anneau de pur argent, dans le chaton duquel en 1562. Deux ans après, il ouvrit, au collège de
vous enchâsserez un morceau de corne de pied Clermont, à Paris, un cours de philosophie, dans
d'élaii; puis vous choisirez un lundi du printemps lequel il obtint les plus brillants succès, quoiqu'il
auquel la lune sera en aspect bénin ou en con- n'eût encore que trente ans. Ayant formé le des-
jonction avec Jupiter ou Vénus, et à l'heure fa- sein de travailler à un commentaire sur les quatre
vorable de la constellalion, vous graverez en évangélistes, il crut voir, pendant quelques:nuits,
dedansde l'anneau ce qui suit : ï$iDabi,tfiHabi, un homme qui l'exhortait à finir promptement cet
fyHaber, HJHHabi. Soyez assuré qu'en portant ouvrage, et qui l'assurait qu'il l'achèverait, mais
habituellement cet anneau au doigt du milieu de qu'il survivrait peu de-jours à sa conclusion ; cet
la main, il vous garantira du mal caduc 1. » Si homme lui marquait en même, temps un certain
vousn'y croyez pas, moi non plus. endroit du ventre, qui fui lé même où Maldonat
Maldonat, célèbre jésuite, né en 1534, à sentit les vives douleurs dont, il mourut en 1583,
Casasde la Reina dans l'Estramadure. Il étudia peu-de temps après avoir achevé son ouvrage»
Maie-Bête, monstre qui passait autrefois, qu'en faisant semblant de couper le.gigot avec un
dans l'opinion du peuple de Toulouse, pour cou- rasoir : c'est du moins ce qui a été raconté'.
rir les rues la nuit. La superstition avait fait i7o;/. MALI.EUHANCHE.
croire que tous ceux qui rencontraient ou envi- Maléfices. On appelle maléfices toutes pra-
sageaientla male-bêlc mouraient le lendemain. tiques superstitieuses employées daiis le dessein
Malebranche (Nicolas), savant prêtre de de nuire aux hommes, aux animaux ou aux fruits
l'Oratoire, né à Paris en 1638, mort en .1715. On de la lerre. On appelle,encore maléfices les ma-
trouve dans sa Recherche de la vérité d'assez ladies et autres accidents .malheureux causés par
bonnes choses sur la sorcellerie, qu'il regarde un art infernal, et qui ne peuvent s'enlever.que
commeune maladie d'imagination : ce qui est par un pouvoir surnaturel. 11y a sept,principales
vraiassez souvent. On dit qu'en un certain temps sortes de maléfices employés par les'tsorciers :
d n'osait pas se moucher, parce qu'il était per- 1° ils mettent dans le coeur une passion:'.crimi-
suadéqu'il lui pendait un gigolde moulon au bout nelle; 2° ils inspirent des sentiments de haine
du nez. On ne le guérit de celle hallucination 1 M. l'abbé Blampignon,dans la remarquablevie
1 Le Petit de Malebranche, qu'il a mise en avant de sa pré-
Albert, p. Iu6. cieuseétude sur ce grandhomme, n'a pas cité ce fait.
MAL '438 MAL
ou d'envie à une personne contra une autre; les chevaux, de façon qu'on aurait pu la prendre
3" ils jettent des ligatures; 4°Us donnent des pour une basse-cour ambulante.
maladies ; 5° ils font mourir les gens ; 6"ils ôtent Une sorcière avait rendu un maçon impotent
l'usage de la raison ; 7°ils nuisent dans les biens et tellement courbé, qu'il avait presque la tête
et appauvrissent leurs ennemis. Les anciens se entre les jambes. Il accusa la sorcière du malé-
préservaient des maléfices à venir; en crachant fice qu'il éprouvait; on l'arrêta, et le jugelui dit
dans leur; sein. En Allemagne,' quand une sor- qu'elle ne se sauverait qu'en guérissant le ma-
cière avait rendu un homme ou un cheval impo- çon. Elle se lit apporter par sa fille un petit
tent, et maléficié-, on;; prenait les:;bôyaux dun paquet, de :sa maison, et, après avoir adoré le
autre homme ou d'un cheval mort, on les traî- diable, la face en terre, en marmottant quelques
nait jusqu'à 1;quelque; logis, sans entrer par la charmes, elle donna le paquet au maçon, lui
porte commune, mais par le; soupirail delà cave, commanda de se baigner et de le mettre dans
ou par-dessous terre, et On y brûlait ces intes- son bain, en-disant : Va de par le diable!'Le
tins» Alors là sorcière qui avait jeté lé maléfice maçon le fit, et guérit. Avant de mettre le paquet
sentait dans ses entrailles une violente douleur, clans le bain, on voulut savoir ce qu'il contenait;
et s'en allait droit; à la maison où l'on brûlait les oii y trouva trois petits lézards vifs;; et quand le
intestins pour y prendre; un charbon ardent, ce ijîaçpn fut dans le bain, il sentit sous-lui comme
qui faisait cesser le mal. Si on ne lui ouvrait trois grosses carpes, qu'on chercha ml moment
promptëment la porte, la maison se remplissait après sans rien trouver '.
de ténèbres avec un tonnerre effroyable, et; ceux ..Les sorciers mettent parfois le diable dans des
qui; étaient dedans étaient contraints d'ouvrir. noix, et les; donnent aux. petits enfants;, qui de-
pour eonserverléur vie 4. Les sorciers,%ïôtânt viennent maléficiés,» Un de nos démonographes
un sort ou maléfice, sont obligés de lé donner a (c'est, je pense, Boguet) rapporte que, dans je
quelque chose> de plus considérable que l'être nevsais quelle ville, un sorcier avait mis sur le
ou l'objet à quiL-ilS l'ôtënt : sinon, le maléfice plàrapet d'un pont une pomme maléficiée, pour
retombe sur eux;» |lais un sorcier ne peut ôterv dhVdë; ses §nhémis, qui était gourmand de tout
un maléfice:S'il estvëntrôles niains de la justice u ce qu'il pouvait trouver sans desserrer là bourse.
il faut pour cela qu'il soit pleinement libre. Heureusement, le sorcier fut aperçu par.dés gens
On a; regardé; souvent les. épidémies comme expérimentés,; qui défendirent prudemment à'qui
des maléfices., Les Sorciers, disàit-on, mettent que ce; futd'oser porter la main à- la pomme,
quelquefois sous le seuil de la'bergerie ou de sous peine 1d'avaler le diable. Il fallait -pourtant
l'ëtable qu'ils veulent ruiner :';unë touffe de che- l'ôter, à moins qu'on ne voulût lui donner des
veux ou un crapaud, avec trois:maudissons, pour gardes.'On.fùt longtemps à délibérer, sans trou-
. faire mourir étiques les molitonsiët les bestiaux ver aucun moyen de s'en défaire; enfin il se
qui passent dessus : on n'arrêté lé' mal qu'en présenta un champion qui, muni d'une perche,
ôtant le maléfice. Delancre;dit qu'iin boulanger s'avança à distance de la pomme et la poussa
de Limoges voulant faire du pain; blanc suivant dans la rivière, où étant tombée, on en vit sor-
sa coutume, sa pâte fut tellement charmée et tir plusieurs petits diables en forme de poissons.
maléficiée par une sorcière, qu'il fit du pain noir, Les spectateurs prirent des pierres et les jetèrent
insipide et infect. Une magicienne ou sorcière, à la tête de ces petits démons, qui ne se mon-
pour gagner le coeur d'un jeune homme marié , trèrent plus... Boguet conte encore qu'une jeune
mit sous son lit, dans un pot bien bouché, un fille ensorcelée rendit de petits lézards, lesquels
crapaud qui avait les yeux fermés; le jeune s'envolèrent par un trou qui se fit au plancher.
homme quitta sa femme et ses enfants pour s'at- Voy. CHARMES, ENCHANTEMENTS, MAGICIENS, SOK-
tacher à la sorcière ; mais la femme trouva le CIEHS,etc.
maléfice, le fit brûler, et son mari revint à elle 2. Maletena (Domingina), femme des environs
Un pauvre jeune homme ayant quitté ses sabots de Fonlarabie, qui allait au sabbat et qui fit un
pour monter à une échelle, une sorcière y mit jour le pari de sauter plus loin que ses com-
quelque poison sans qu'il s'en aperçût, et le jeune pagnes ; elle le gagna en montant sur le mont de
homme, en descendant, s'étant donné une en- la Rhune et de là exécutant, devant témoins, un
torse, fut boiteux toute sa vie 3. Une femme en- saut qui l'emporta à deux lieues 2.
sorcelée devint si grasse, dit Delrio , que c'était Malheur. En beaucoup de lieux, détruire le
une boule dont on ne voyait plus le visage, ce nid d'une hirondelle, tuer un roitelet, un grillon
qui ne laissait pas que d'être considérable. De plus, du foyer, un chien devenu caduc au service de
on entendait dans ses entrailles le même bruit la famille, et quelques autres faits de ce genre
que font lès poules, les coqs, les canards, les portent malheur. Et pourquoi pas, puisque ce
moutons, les boeufs, les chiens, les cochons et sont des actions mauvaises ?
1 Bodin, Démonomanie, liv. IV. Malices des démons. On trouve sur ce clra-
2 i Bodin, Démonomanie,
" 3 Delrio, Disquisilions magiques. 2 Rapporté par Pierre Delancre.
Delancre, De l'inconstance, etc.
MAL — 439 MAM
bien naïves. Il y avait à Bonn, inexpugnables, renverse les remparts ennemis,
pitre des légendes
dit Césaire d'Heisterbach, un prêtre remarquable fait trouver de bons ouvriers, donne des esprits
par sa pureté, sa bonté et sa dévotion. Le diable familiers, reçoit des sacrifices et trompe les sa-
se plaisait à lui'jouer de petits fours de laquais ; crificateurs : quarante légions lui obéissent.
lorsqu'il lisait son bréviaire, l'esprit malin s'ap-
sa griffe sur
prochait sans se laisser voir, mettait
la leçon du bon curé etl'empêehait définir ; une
autre fois il fermait le livre, ou tournait le feuillet
à contre-temps. Si c'était la nuit', il soufflait là
chandelle. Le diable espérait se donner la joie
de mettre sa victime en colère; mais le bon
prêtre recevait tout cela si bien et résistait: si
constamment à l'impatience, que l'importun es-
prit fut obligé de chercher une autre dupë;i.
Cassien parle de plusieurs esprits ou dénions
de là même; trempe qui se plaisaient à tromper
les passants, à les détourner de leur chemin et à
leur indiquer de. fausses routes, le tout par ma-
licieuxdivertissement 3.
Un baladin avait un démon familier qui jouait
aveclui et se plaisait à lui faire des espiègleries.
Le matin il le réveillait en tirant lés couvertures,
quelquefroid qu'il fît; et quand le baladin dor- Malplias.
maitprofondément, son démon l'emportait hors
du lit et le déposait au milieu de la chambre 5. Mambrés, célèbre enchanteur de l'Egypte,
Pline parle de quelques jeunes gens qui furent un de ceux que Mpïse confondit par ses miracles»
tondusparle diable. Pendant que ces jeunes gens Mammon, démon de l'avarice : c'est lui, dit
dormaient, des esprits familiers, vêtus de blanc, Milton, qui, le premier, apprit aux hommes à
entraient dans leurs chambres, se posaient sur déchirer le sein de là'terre pour en arracherles
leurlit, leur coupaient les cheveux proprement, trésors. .'-"..''
et s'en allaient après les avoir répandus sur le
plancher'.
Malin. C'est une des ëpithètes qu'on donne
volontiersau démon, appelé souvent l'esprit ma-
lin : elle est prise dans son plus mauvais sens.
Malina. Voy. ANNINGA.
Mallebranche, marqueur du jeu de paume,
demeuranten la rue Sainte-Geneviève, à Paris,
lequel fut, le 11 décembre 1618, visité par un
revenant. C'était sa femme, morte depuis cinq
tins, Elle lui donna de bons conseils qui redres-
sèrentsa mauvaise vie, mais parla sans se mon-
trer. On a fait là-dessus une brochure in-12-,
intitulée Histoire nouvelle el remarquable de
l'esprit d'une femme qui s'est apparue au fau-
bourgSaint-Marcel, après qu'elle a demeuré cinq
ans entiers ensevelie ; elle a parlé à son mari, lui
« commandédéfaille prier pour elle, ayant com-
mencéde parler le mardi 11 décenbre 1618. Paris,
in-12, 16186.- Mammon.
Malphas, grand président des enfers, qui
apparaît sous la forme d'un corbeau. Quand il se Mammouth, animal dont la race est perdue.
montreavec la figure humaine, le son de sa voix Voici sur ce monstre une tradition des indigènes
est rauque ; il bâtit des citadelles et des tours de l'Amérique du Nord :
« Il y a dix mille lunes que cette terre était
1 CoesariiHeislerb. miracul., lib. V, cap. LUI. couverte de forêts épaisses. Des bandes de bêtes
- Cassiani collât.
VII, cap. xxxu.
3 GuittclmiParisiensis féroces et des hommes aussi libres qu'elles
partis ILprincip., cap. vin. étaient les seuls maîtres du pays. 11existait une
lib. epist. xxvn.
" Min., cctleXVI,
r4
aventure résumée dans les Légendes race d'animaux grands comme un précipice, cruels
Voyez
m esprits el démons. comme des panthères, légers comme l'aigle ; les
MAN --440 - MAN
chênes craquaient sous leurs pieds, et le lac dimi- teur de cet ouvrage fut invité par un de ses amis
nuait quand ils venaient y éteindre leur soif. C'est à l'accompagner chez une vieille femme qui pas-
en vain qu'on tirait contre eux le fort javelot; la sait pour une grande devineresse, 'et dont il dé-
flèche aiguë était également inutile. Les forêts couvrit la fourberie. Cette vieille conduisit lei
étaient dévastées et réduites en farine. On en- deux amis dans un cabinet obscur, éclairé seu-
tendait de tous côtés les gémissements des ani- lement par une lampe, à la lueur de lacpjelle on
maux expirants, el des contrées entières habitées voyait, sur une table couverte d'une nappe, une
par des hommes-étaient détruites. Les clameurs espèce de petite statue ou mandragore, assise
qu'excitait cette désolation s'étendaient de lous sur un trépied, ayant la main gauche étendue et
côtés, jusque dans la région do la paix, qui esl à tenant de cette main un cordon de soie très-dé-
l'ouest. lié, au bout duquel pendait: une petite mouche
» L'esprit bon s'interposa pour sauver les mal- de 1er bien poli. On avait placé, au-dessous un
heureux : un éclair fourchu brilla et un Irès- verre de cristal, en sorte que la mouche se trou-
grand coup do lonnerre ébranla le monde ; les vait suspendue au-dessus de ce verre-. Le mys-
feux du ciel furent lancés seulement contre les tère de la vieille consistait à commander à la
cruels destructeurs, et les échos des montagnes mandragore de frapper la mouche contre le verre,
retentirent des mugissements de la mort. Tous pour rendre témoignagne de ce que l'on voulait
furent tués, excepté un mâle, le plus féroce de ; savoir. Ainsi elle disait, en s'adressant à la sta-
la race, contre lequel les traits du ciel frappèrent tue : « Je l'ordonne, mandragore, au nom de
en vain. L'animal monta sur le sommet le plus- celui; à quib'ujlois obéir, que.si.monsieur, doit
bleu d'où sort la. source du Monangohela, et par être heureux. dans; le voyage qu'il va faire, lu
ses terribles rugissements, il bravait toute ven- fasses frapper trois fois la mouche, contre le
geance : la foudre rouge cassa un très-gros chêile- verre»- », La mouche frappait aussitôt les trois
et lança contre lui les éclats de cet arbre ; mais coups;demandés, quoique la, vieille ne touchât
à peine effleurèrent-ils la peau du monstre en- aucunement ni au verre, ni au cordon de soie,
ragé. A la fin, là fureur le rendit fou; il fit un ni à la mouche;, ni à la statue;, ce qui surprenait
grand saut par-dêssus lés vagues de l'ouest, et il les spectateurs., Et afin de mieux.duper les gens
règne maintenant monarque absolu du désert; il par la diversité de ses oracles, la vieille faisait
règnémalgré la toute-puissance divine '» »' de nouvelles questions à la mandragore et lui
Man,:ennemi de Sofnmona-Kodom. Les Siamois défendait de frapper si telle ou telle chose devait ;
le représentent comme une espèce de monstre, ou ne devait pas arriver; alors la mouche restait
avec une tête hérissée de serpents, un visage immobile. Voici en quoi consistait tout l'artifice
fort large et des dentsliorriblement grandes. de la vieille : la mouche de fer, qui était suspen-
Mancanas, imposteur qui, dànsles îles Ma- due dans le; verre, étant fort légère et bien ai-
-riannes, s'attribuait le pouvoir de commander mantée, quand la vieille voulait qu'elle frappât
aux de rendre la santé aux malades, contre le verre, elle mettait à un de ses doigts
' de éléments,
changer les saisons et de procurer une récolte une bague dans laquelle était enchâssé un gros
abondante ou d heureuses pêches, morceau d'aimant.' On sait que la pierre d'ai-
Manche à balai. Quand les mant a la vertu d'attirer le fer : l'anneau de la
sorciers et les démons faisaient le vieille mettait en mouvement la mouche ai-
sabbat, les sorcières s'y rendaient mantée, et la faisait frapper autant de fois
souvent à cheval sur un manche qu'elle voulait contre le verre. Lorsqu'elle dési-
à balai. : rait que la mouche ne frappât point, elle ôlail
Mandragores, démons fami- la bague de son doigt, sans qu'on s'en aperçût.
liers assez débonnaires ; ils appa- Ceux qui étaient d'intelligence avec elle avaient
raissent sous la figure de petits soin de s'informer des affaires.de ceux qu'ils lui
hommes sans barbe, avec les che- menaient, et c'est ainsi.-que tant de personnes
veux épars. Un jour qu'une man- furent trompées.
dragore osa se montrer à la re- Les Germains avaient aussi des mandragores
quête d'un sorcier qu'on tenait en qu'ils nommaient Alrunes : c'étaient des figures
justice, le juge ne craignit pas de de bois qu'ils révéraient, comme les Romains
lui arracher les bras et de les jeter leurs dieux lares, et comme les nègres leurs fé-
dans le feu. Ce qui explique ce tiches. Ces figures prenaient soin des maisons et
fait, c'est qu'on appelle aussi man- des personnes qui les habitaient. On les faisait
dragores; de petites poupées dans des racines les plus dures, surtout de la man-
lesquelles le diable se loge, et dragore. On les habillait proprement, on les cou-
que les sorciers consultent en cas chait mollement dans de petits coffrets; toutes
a emoarras. un lit dans le rein Albert que, les semaines on les lavait avec du vin el de l'eau,
voyageant en Flandre et passant par Lille, l'au- et à chaque repas on leur servait à boire et a
1 M. Ferdinand Denis, Le monde enchanté. manger, sans quoi elles auraient jeté des cris
MAN - 441 MAN
commedes enfants qui souffriraient la faim et se lever de leurs tombeaux et errer dans la ville
lasoif, ce qui eût attiré des malheurs; enfin on et les champs en jetant des. hurlements affreux.
lestenait renfermées dans un lieu secret, d'où Ces apparitions ne cessèrent avec la peste , sui-
on ne les retirait que pour les consulter. Dès vant ce poëte, que quand on eut rétabli les fêtes
qu'on avait le bonheur d'avoir chez soi de pa- fêralés, établies par Niima,. et qu'on eut rendu
reillesfigures (hautes de huit à neuf pouces), on aux ombres le culte ordinaire, qu'on avait depuis
secroyait heureux, on ne craignait plus aucun quelque temps>interrompu.. Lorsque les mânes
danger, on en attendait toutes sortes de biens, étaient nommés Lémures ou Rénmres, on les
surtout la santé et la guérison des maladiesles regardait comme des génies irrités, malfaisants
!
plusrebelles. Mais ce qui était encore plus admi- et ardents a nuire» Leloyer dit que les mânes
rable, c'est qu'elles faisaient connaître l'avenir: n'étaient que des démons noirs et hideux, comme
on les agitait pour cela,'et on croyait attraper lés diables et les ombrés infernales.; Voy. Lû-
leursréponses dans des hochements dé: tête que .-MUR.ES.,..'-;- ;-..!.
le mouvement leur imprimait.-On dit que cette Mànfred. Voy. MA.IMFHOI.
superstition des anciens Germains, subsiste en- Mang-Taar, espèce d;enfer des Yakouts, ha-
core aujourd'hui parmi le peuple de la basse bité par huit tribus d'esprits malfaisants; ces
Allemagne,du Danemark et dé la Suède. . . esprits ont tin chef, dont le nom est,Acharaï
Les anciens attribuaient de grandes vertus à Rioho, le puissant. Le:bétail dont le poil est en^
la plante appelée mandragore. Les plus merveil- tièrement blanc est sacré pour les Yakouts,
leuses de ces racines étaient celles qui avaient comme dévoué.au grand Acharaï.; Les Yakouts
pu être arrosées de l'urine d'un pendu ; niais on croient que, dès que leurs schamanes meurent,
ne pouvait l'arracher sans mourir» Pour éviter ils se réunissent à 'ces esprits.; Ces schamanes
ce malheur, on creusait la terre tout autour, on sont des sorciers, ou prétendus tels, qui font au-
y fixaitune corde attachée par l'autre extrémité près .de-leurs idoles l'office de prêtres.
au cou d'un chien; ensuite ce chien, étant Manichéens, sectateurs de l'hésésiarqiie Mâ-
chassé, arrachait la racine en s'enfuyant ; il suc- nes, né dans la Perse en 240-»Ilsreconnaissaient
combaità l'opération , maisl'heureux mortel qui : deux principes également puissants, également
ramassaitalors cette racine ne courait plus le éternels, Dieu, auteur du bien, elle diable, au-
moindredanger et possédait un trésor inestimable teur du mal.
contreles maléfices. Voy. BOUCIIEY, BIIIOCIIÉ,etc. Manie. .11y a des manies féroces qu'on n'ex-
Mâné-Raja. C'est le Noé de la mythologie plique plus. Nos pères y voyaient une possession,
indienne, qui n'est qu'une tradition horriblenient et peut-être n'avaient-ils pas si tort. Le 24 oc-
altéréede l'Écriture sainte. 11fut sauvé au jour tobre 1833, un fermier de llabershausen (Ba-
dudéluge universel, en récompense des vertus vière), nommé Joseph Raas, sans doute possédé,
qu'ilavait seul pratiquées au milieu de la cor- tua sa femme par fanatisme ; il la croyait elle-
rupLionde son temps. Un jour qu'il se baignait, même, possédée du dénion, il voulait le chasser
Dieuse présenta à lui sous la forme d'un petit du corps de celte malheureuse ; à cet effet il la
poissonet lui dit de le prendre : Màné l'ayant frappa à coups redoublés d'une croix de métal
fail,et le voyant grossir dans sa main, le mil qui lui ôta la vie. Pendant cette affreuse opéra-
dansun vase où il grossit encore avec tant de tion, quatre de ses enfants étaient présents et
promptitude, que le raja fut contraint de le por- priaient, par son ordre,.pour, l'heureuse déli-
terdans un grand bassin, de là dans un élang, vrance de leur mère. Aux cris de la victime, les
puisdans le Gange, et enfin dans la mer. Alors voisins accoururent; mais malheureusement il
le poisson lui apprit que tous les hommes al- était trop tard:-l'infortunée,venait d'expirer.
laient être noyés dans les eaux du déluge, à Dernièrement, à Paris, un homme d'une qua-
l'excepLionde lui, Mâné. Il lui ordonna en con- rantaine d'années, ayant une visite à faire dans
séquencede prendre une barque qui se trouvait le quartier Saint-Marcel, s'aperçut que sa barbe
attachéeau rivage, de l'amarrer à ses nageoires, était plus longue qu'il ne convenait, et entra,
et de se mettre dedans à sa remorque. Mâné, pour se faire raser, chez le sieur R., perruquier
ayant obéi, fut sauvé de la sorte, et le poisson dans une petite rue du quartier Mouffetard. Le
disparut quand les eaux se retirèrent. Le déluge barbier silencieux barbouilla de mousse de savon
indienne dura que sept jours. le visage de sa pratique et commença son office.
Mânes, dieux des morts, qui présidaient aux Quand il en fut arrivé au cou du patient, il s'ar-
tombeauxchez les anciens. Plus souvent encore rêta fout à coup et alla fermer à double tour la
les mânes sont les âmes des morts. Le nom de porte d'enlrée, dont il mit la clef dans sa poche.
mânes en Italie était particulièrement attribué Il revint alors vers son homme, qui l'avait re-
aux génies bienfaisants et secourables. Lesmânes gardé avec éfonnement, et lui mettant le rasoir
pouvaient sortir des enfers, avec la permission sur la gorge : « Monsieur, lui dit-il, je suis sous
de Summanus, leur souverain. .Ovide rapporte la dépendance d'un esprit qui est toujours invi-
<ltie,dans une peste violente, on vil les mânes 1 Histoiredes spectres, etc.
MAN — 442 — MAR
sible près de moi et qui vient de m'ordonner de Manitou. C'est le nom que. les nègres don-
vous couper le cou. » Trouvant la plaisanterie nent au diable. Voy. MATCHI-MANITOU.
assez déplacée, le monsieur regarda le perru- Manto, sibylle thessalienne, à qui on attribue
quier et remarqua que ses yeux brillaient d'un cette prophétie, appliquée à Notre-Seigneur Jé-
éclat extraordinaire. Quoique commençant à s'ef- sus-Christ: «Celui qui est grand viendra; il
frayer, il. ne perdit pas son sang-froid -, et d'un traversera les montagnes et les eaux du ciel; il ,
air dégagé il répondit: «Vous me laisserez au régnera dans la pauvreté et dominera dans le
moins le temps de faire ma prière. — C'est juste, silence, etil naîtra d'une vierge '. »
répond le barbier, et pour que ma présence ne Mansoté (La). Voy. BERBIGUIER.
vousdérange pas, je vais me retirer. » il entra Mahy, faux prophète et peintre célèbre parmi
en effet dans l'arrière-boutiqué et en ferma la les Orientaux, qui fonda en Perse une secie,
porte sur lui» Le monsieur Courut alors à la de- dont l'existence des deux principes éternels du
vanture , Brisa un carreau et appela du monde» bien et du mal, la métempsycose, l'abstinence
La porte ayant été; enfoncée,,on pénétra dans des viandes, la prohibition du-meurtre de tout
l'arrière-boutiqùe, et on -trouva'!e--perruquier animal, sont- les dogmes principaux, C'est, dil-
étendu-sanglant; sur lé parquet ; il- s'était a lui- ori, ie même que Manès»
même coupé la gorge avec le rasoir. Depuis Maoun, troisième ciel des musulmans,; peu-
quelques jours cet homme donnait des signes plé d'anges qui ont la figure; du vautour.
d'aliénation mentale ; niais on était loin de sup- Maôridâth, préservatif contre les enchante-
poserqu'il atteindrait d'une manière si subite le ments» C'est lé: nom que les musulmans' donnent
. paroxysme de la folie. aux deux derniers chapitres du Koran, qu'ils ré-
Manifestations fluidiqùès»'" Voy. TABLES citent souvent pour se garantir des sortilèges el
TOURNANTES. de toutes-autres mauvaises rencontres.
Manipa, idole adorée dans les royaumes de Marais. Dans lé Pallène, contrée du Septen-
Tangut et de Barantola, en Tartarie» Elle a neuf trion-que nous ne connaissons pas, les conteurs
têtes, qui s'élèvent en pyramide. Tous les ans, anciens signalent un marais non moins ignoré,
des 1jeunes gens armés, saisisd'unerage enthou- où ceux qui se baignaient neuf fois recevaient le
siaste, courent la ville ël tuent tout ce qu'ils plumage d'un cygne et là faculté de voler»
rencontrent, en l'honneur de Manipa, croyant se Marat,' monstre qui éclata chez nous en 1793
faire ainsi de grands droits à ses faveurs. et qui était sans doute un démon incarné, pro-
chées. Il envoie.les maladies; il donne la con- Vous l'agiterez en, tous sens, avec légèreté, pen-
naissancedés arts mécaniques ; il changel'homme dant une minuté ; ensuite vous répandrez douce-
en différentes métamorphoses ; il commande ment tout le liquide dans un autre vase» Par ce
trente-sixlégions 2. moyen il ne reste dans l'assiette que des parti-
Marc. L'hérésiarque Valenlin eut entre autres cules de marc de café disposées de mille ma-
disciplesun nommé Marc; qui exerçait une es- nières, et formant une foule de dessins hiéro-
pèce de magnétisme•'.par lequel il prétendait glyphiques. Si ces dessins sont trop brouillés,
communiquerle don dé prophétie. Quand une que le marc soit trop épais, que- l'assiette ne
femmeà qui il avait promis ce don lui disait : ressemble à rien, vous recommencerez l'opéra-
Mais je ne suis pas prophétesse, il faisait sur elle tion. On ne peut lire les secrets de la destinée
desinvocations afin de l'étonner, et il ajoutait : que si les dessins de l'assiette sont clairs et dis-
Ouvrela bouche à présent et dis tout ce qui te tincts, quoique pressés. Les bords sont ordinaire-
viendra, tu prophétiseras. La pauvre femme se ment plus épais ; il y a même souvent des parties
hasardaitet se croyait prophétesse. Il donnait embrouillées dans le milieu; mais on ne s'en in-
dansl'a cabale; et sans doute ses sectateurs te- quiète point; on peut deviner quand la inajeurô
naientde lui cette doctrine que les vingt-quatre partie de l'assiette est déchiffrable. Des sibylles
lettres de l'alphabet sont vingt-quatre éons ou prétendent qu'on doit dire certaines paroles mys-
espritsqui dirigent toutes choses. On ajoute que térieuses * en versant l'eau dans la cafetière, en
dansses prestiges, car il faisait aussi de la ma- remuant le marc avec la cuiller devant le feu,
gie, il était secondé par le démon Azazel. en le répandant sur l'assiette. C'est peut-être une
Marc de café (Art de dire la bonne aventure supercherie. Les paroles n'ont pas ici de vertu. Si
parle). Les préparatifs de l'art de lire les choses on les ajoute, ce n'est que pour donner à l'oeuvre
futures dans le marc de café sont fort simples. quelque solemiilé et pour contenter les gens qui
Vouslaisserez dans la cafetière le marc que le veulent que tout se fasse en cérémonie.
caféy a déposé ; qu'il soit vieux ou frais, il a des Le marc de café, après qu'on l'a versé dans
résultats, pourvu qu'il soit à peu près sec quand l'assiette, y laisse donc diverses figures. Il s'agit
vousvoudrez l'employer. Vous jetterez un verre de les démêler; car il y a des courbes, des on-
d'eausur ce marc ; vous le ferez chauffer jusqu'à dulations , des ronds, des ovales, des carrés,
cequ'il se délaye. Vous aurez une assiette blan- des triangles, etc., etc. Si le nombre des ronds
che, sans tache, essuyée et séchée. Vous re-
muerez d'abord le marc avec une cuiller, vous , * Les voici. En jetant l'eau sur le marc : Aqua
le verserez sur l'assietle, mais en petite quantité boraxil venias carajos; en remuant le marc avec la
et de façon qu'il n'emplisse l'assiette qu'à moitié. cuiller : Fixalurel palricam explinabil tornare ;
en répandant le marc sur l'assiette : Hax verlica-
1 Voyezla
légende de Sylvain Mareschaldans les line, pax fanlas marobum, max destinalus, veida
Ugendisde l'autre monde. Ces paroles ne signifiantrien, ne s'adressant
2 forol.
Wierus, in Pscudomonarchiadoemon. personne, pourraient bien ôtre sans utilité.
MAR 444 — MAR
ou cercles, plus ou moins parfaits', l'emporte sur val ou sur tout autre quadrupède, un homme
la quantité des autres figures,' ce signe annonce estimable fait pour vous cle grandes démarches.
qu'on recevra de l'argent. S'il y a peu de ronds, Quand vous apercevez trois figures l'une auprès
il y à de la gêne dans les finances delà personne de l'autre, attendez quelque emploi honorable.
qui consulte. Des figures carrées annoncent des Si vous distinguiez une couronne de croix, un
désagréments,- en raison de leur nombre. Des homme de vos parents mourrait dans l'année.
figures ovales promènent du succès dans les af- Une couronne de triangles ou de carrés annonce
faires, quand elles sont nombreuses ou distinc- la mort d'une de vos parentes également dans
tement marquées. Des lignes grandes ou petiles, l'année qui court. Unbouqucl composé de quatre
pourvu qu'elles soient saillantes ou multipliées, fleurs ou d'un plus grand nombre est le plus
présagent une vieillesse'heureuse. Los ondula- heureux de tous les présages. — Voilà,
tions ou lignes qui serpentent annoncent des Marceau, l'un des généraux les plus renom-
revers el des succès entremêlés. Une croix au més de la première république française. La
milieu dos dessins de l'assiette promet une mort Gazelle de Cologne a publié récemment l'histoire
douce. Trois croix présagent des honneurs. S'il suivante, qui lui a été communiquée par son
se trouve dans l'assiette un grand nombre de correspondant de Coblentz, et qui forme encore
croix, on reviendra à Dieu après la fougue des clans celte ville le sujet de toules les conver-
passions : il eût été mieux de ne pas le quitter. sations.
Un triangle promet un emploi honorable. Trois On sait qu'au-dessous du fort Empereur-Fran-
triangles à peu de distance l'un de l'autre sont çois, auprès de la route de Cologne, se trouve
un signe heureux; en général, cette figure est le monument ' du général français républicain
dé bon présage. Uiie figure qui aurait la forme Marceau, qui tomba à Allcnkirchon et fut ense-
d'un 11 annonce un empoisonnement. Un carré veli à Coblentz, sur le mont Saint-Pierre, où se
long bien distinct promet des discordes dans le trouve maintenant,la partie principale du fort
ménage. Si vous apercevez au milieu des dessins sus-menlionné, Le monument du général, qui
(le l'assiette une raie dégagée, c'est un chemin est.une pyramide tronquée, Tuf plustardenlevé,
'
qui;annonce un voyage. 11;sera long, si ce che- lorsqu'on commençâtes fortifications deÇoblentz.
min s'étend; facile si le chemin estnet ; embar- Toutefois, sur l'ordre exprès du feu -roi Frédéric-
rassé si le chemin est chargé de points ou de Guillaume- 111, il fut reconstruit à la place où il
petites lignes. Un rond dans lequel on trouve se trouve maintenant.
quatre points promet un enfant. Deux ronds de M. de.Siramberg, qui, dans son Ilheinnischen
cette sorte en promettent deux, et ainsi de suite. antiqtfarius, donne une biographie très-détaillée
Vous découvrez dans l'assiette la figure d'une de Marceau,, raconte, en faisant mention du mo-
maison à côté d'un cercle? Attendez^vous à pos- nument de ce dernier, que des personnes pré-
séder cette maison. Elle sera à la ville, car vous tendent avoir vu le général, de nuit, à diffé-
voyez un X dans le voisinage. Elle serait à la rentes reprises;, après sa mort, monté sur un
campagne si vous distinguiez auprès de ce signe cheval blanc et couvert d'un manteau de même
la forme d'un arbre, d'un arbuste ou d'une plante couleur (des chasseurs français), se dirigeant
quelconque. Celle maison vous sera donnée, ou vers le mont Saint-lierre.
du moins vous l'aurez par héritage, lorsqu'elle Dernièrement, un soldat qui élait en faction à
est accompagnée de triangles. Vous y mourrez si minuit sur ce mont, dit avoir vu venir à lui un
elle est surmontée d'une croix. Vous trouverez spectre blanc monté sur un cheval gris. N'ayant
peut-être la forme d'une couronne ; elle vous reçu aucune réponse à son interpellation, le sol-
promet des succès à la.cour. On rencontre sou- dat a fait feu trois fois. Une patrouille, éfanl
vent la figure d'un ou de plusieurs petits pois- arrivée au bruit de ces décharges, a trouvé la
sons ; ils annoncent qu'on sera invité à quelque sentinelle étendue sur le sol, presque évanouie
bon dîner. La figure d'un animal à quatre pattes et dans.un affreux paroxysme de fièvre. Elle a
promet des peines. La figure d'un oiseau présage été. transportée à l'hôpital, où elle est tombée
un coup cle bonheur. Si l'oiseau semble pris dans dangereusement malade, et où, au milieu du
un filet, c'est un procès. La figure d'un reptile délire, elle n'a parlé que de l'apparition sus-
.annonce'une trahison. La figure d'une rose donne mentionnée.
la santé; la forme d'un saule pleureur, une mé- Marcellus., médecin en Pamphylie, contem-
lancolie; la figure d'un buisson, des retards. La porain de l'empereur Marc-Aurèle, a composé un
forme d'une roue est le signe d'un accident. Une poëme sur la lycanlhropie, mélancolie diabolique
fenêtre ou plusieurs carrés joints ensemble de qui frappe ceux qui en sont atteints del'idée qu'ils
manière à former une espèce de croisée vous sont changés en loups. Des fragments de ce
avertissent que vous serez volé. C'est bon à sa- poëme sont conservés dans le Corpus poelarum
voir. Si vous voyez une tête ou une forme de deMaitlaire. Londres, 1713 à 1722, 27 v. in-12.
chien à côLé d'une figure humaine, vous avez un Marchocias, grand marquis des enfers. Il se
ami. Si vous voyez un homme monté sur un che- montre sous la figure d'une louve féroce, avec
MAR 445 MAR
des ailes de griffon et une queue de serpent; toujours à.Loosduynen, près de la Haye, où
sous ce gracieux aspect le marquis vomit des cette histoire n'est pas'mise en doute. Avec les
flammes.Lorsqu'il prend la figure humaine, on deux plats bien conservés, on montre le tombeau
des trois cent soixante-cinq enfants, morts tous
aussitôt après leur baptême d.
Marguerite, Italienne qui avait un esprit fami-
lier. Lenglel-Dufresnbyrapporteainsi son histoire
Martin (Saint). Un jour que saint Martin de à-prendre, il mil le parchemin entre ses dents el
Tours disait la messe, le diable entra dans l'église le tira de toutes ses forces pour l'allonger; mais
avec llespoir de le distraire. C'est une naïve his- la feuille se déchira, et;.la,-tête.-du.diable alla
toriette de la Légende dorée; elle est représentée frapper contre- un pilier qui se trouvait derrière
dans une église cle Brest. Elle parut à G.rpsnet un lui. Saint Martin, qui se retournait alors pour le
trait si joli qu'il le mit en vers. Le diable était, Dominus vobiscutn , se mit a rire de la grimace
selon,cet ancien poëte, dans un coin de l'église du diable et perdit ainsi le mérite de sa messe,
écrivant sur un parchemin les caquets des fem- au jugement du moins de l'esprit malin, qui toute-
mes et les propos inconvenants qu'on tenait à ses fois se hâta de fuir...
oreilles pendant les saints offices. Quand sa feuille Martin (Marie), sorcière du bourg de la Neuf-
fut remplie, comme il avait encore bien des notes vil Ic-le-Roi, en Picardie, qui fut arrêtée poiir
avoir fait mourir des bêles et des hommes par
' l
Wierus, in,Pscudomondrchià doemon. sortilège ou plutôt par maléfice,,car au inoins.ee
MAR -1,49 - ;MÀS
motveut dire mauvaise action. Un magicien qui Martinet, démon familier, qui accompagnait
sur son avis, la les magiciens et leur défendait „de, rien entre-
passait parla la reconnut, et,
sorcière fut rasée. On lui trouva la marque du; prendre, sans sa permission, ni clé. sortir d'Un
diable, ayant l'empreinte d'une patte de chat.. îiëii sans le congé de maître Martinet.. Quelque-
Elle dit au juge qu'elle se reconnaissait cou-: fois aussi il rendait service aux voyageurs,, en
elle avoua qu'elle: leur indiquant les chemins les ' plus courts, ce
-pable.Traduite à la prévôté,
était sorcière, qu'elle jetait dès sorts'au moyen, qui-était delà;complaisance: '-; '-'-"'
d'une poudré composée d'ossements de trépas-: -'. Màrtrev On:croit',-'en Russie, que.lâ peau de
ses yque'le diable Cerbërùs lui: parlait; ordinaire-; martre' est un préservatif assuré-!:contre lés c-fiar- '•'-
Aient. Elle nomma lés personnes qu'elle àvàil| :riiésV;sortiléges:et:màléfiéës.- ;;-'" -y.'-.;-
; Martynl ou Batymî duc aux enfers; -grand
ensorcelées et- les chevaux qu'elle avait màlé-,
.'iiciés.Elle dit encore" que,'pour plaireà Gerbé-i et fort-: il al'âjjparencéd'unhoinihé; fbbu'stë,
rus, elle -n'allait'pas: à là messe deux-jours avant: et ao; derrière unë; queue dé',serpent. 11monte
de jeter ses sorts; elle conta qu'elle était allée: un cheval d'une "blàucheur-livide»';II"cônhaîtlés
airdiapilre tenu;{parCerbénis^ètqu'elle savait: vertus; des- herbes- ët';dëS' pierres -préciëlisëàv.il
;été-Conduite; la -première; fois:par; Louise Morél, transportél'es nommés dùh-payscuins'uri-'auti'e
salanle.; Dans:son 'second: interrogatoire, elle avec- une vitesse Incroyable» Trente légions lui
: '.;''. :..'•,';.;,':
déclaraque îaderhière foisiqu'cllë' était allée au obéissent. -; y :-.-., y, .;;;:.;
sabbat.c'était.àjVaripoh,: près:Noybnyque-: Ger-; '' Mascarades. ;Lès 'Gaulois'.croyaient'':queMy-
bénis,' vêtir d'une couîle robe doire /ayant une ; .'thraf..-p'réèi'd'àit''àtfx.''Çonslël.iatio'ns';'-"ilS-ï-à'ddràieht
barbehoire,:ë©ifië dlun:chapeau àfdrihe haute,: comme le'.-principe delà ehàlëùr,; de'la fécondité.
tenaitson chapitré; prës:des:haiésditdib Varlpon, ; ;:et dés bonnes eitnàuvaisésihflùéhëës» Lesihitiés
et qu'il appelai tiàcpàr: leurs: noms les; sorciers'- àses mystères étaient parlàgésëiT plusieurs' Con-
el les sorcières. Elle fut condamnée par le eon-i fréries/,"dont'•'-chacune avait; pour' symbole une
seilde la ville.deMohtdidieiv a .être 'pendue., le; ^constellation;; lës-:eonifrèrès;cëlëbraientlëurs;fêies
2juin,1586.»Elleen appéMàu parlement de Paris, .etfaisiuèntlëùrsproeessionsétMirs'festins'dégui-
qui rejeta le (pourvoi».-Son exéc'utiolveutiieul'e -sés':en-lions, en béliers, :én ours, ;én chiens, etc..,
'
25juillet même année,1.. --.-.',;;, : :: ; ; c'èstià-diré sôiisles figurés qu'oh^suppose à ces
Martin ;(Thomas):,laboureur deGaillàMoh en constellations. Voilà sahs:doutè',''selbn;Saint-Foix':,
'
,Beaiice,,;quieut,: dauSfUmdèses^ebamps,':le.15 l'origine-dé nos mascarades. ; ':;; "'. -i
janvier1816, vers deux heures dé l'après-midi;, . Ou lit,,sur.les' mascarades, cette-•'•plaisanterie
' : '
unevision, d'un personnage vêtu de blanc,le- ingénieuseîdàns'MoiileSqulëu1;.;!-": - :'{-]'\
'' Où demandait à
quel.:!ë chargea d'une mission : pour le roi u'n;Turc:,: révenu: d'Europe,
-Louis XVIII;.11 eut beau s'endéfeiidre, la vision ce qu'il y avait vu dé remarquable: «"A Venise,
se représenta, tant de foisqiv'ôn: lëfil partir pour répondit-il, ils deviennent fous pendant un temps
-de l'année ; ils courent déguisés par les rues,. el
-celle extravagance augmente: au point que les
ecclésiastiques- sont obligés de l'arrêter; clé sa-
vants exorcistes- font venir l'es malades un cer-
tain jour'(le mercredi des Cendres)-, et:, aussitôt
qu'ils leur ont répandu' un peu de cendre sur la
tête, lé bon sens leur revient, et ils retournent
à leurs affaires» »'
Massaliens ou Messaliens, illuminés des
'premierS'Siècles'qui croyaient que chaque homme
tire de ses parents et apporte en lui un démon
qui .nele quitte pas. Ils faisaient de longues prières
pour le dompler; après quoi ils dansaient et se
livraient à des contorsions et à des gambades en
disant qu'ils saulàient sur le diable. Une autre
secte de massaliens, au dixième siècle 1,admettait
Paris, où., après avoir été minutieusement exa- deux dieux nés d'un premier être ; le plus jeune
miné par lès plus habiles médecins, il fut admis gouvernait le ciel, l'aîné présidait à la terre ;
devantle roi, avec'qui il.s'entretint seul à seul ils nommaient le dernier Sathan, et supposaient
pendant une heure. Quelques-uns ont cru que que les deux frères se faisaient une guerre con-
Martin.était un halluciné, ce qui n'a pu être.éta- tinuelle, mais qu'un jour ils devaient se récon-
bli. On a publié celle aventure plusieurs fois. La cilier V.
meilleurerelation est. celle qui' a été édilée chez Mastication. Les anciens croyaient que les
Uivert, à Paris, eh 1831, petit in-8°. morls mangeaient dans leurs tombeaux. On ne
1 M. 1 Bergier, Dictionnairelliéologiquc. -
Garinet, Hist.de la magie,en France, p. 146.
20
MAS 450 MAU
sait pas s'ils les entendaient mâcher ; mais il esl prince des démons, dans un livre apocryphe cité
certain qu'il faut attribuer à l'idée qui Conservait par Cédrénus et qui a pour titre : la Petite Ge-
aux morts la faculté de manger l'habitude des nèse,
repas funèbres qu'on servait de temps immémo- Matchi-Manitou, esprit malfaisant, auquel
rial, et chez tous les peuples, sur la tombe du les sauvages de l'Amérique septentrionale attri-
défunt. ...... buent tous les maux qui leur arrivent. Ce mau-
L'opinion que les spectres se nourrissent est vais génie n'est autre que la lune. Plusieurs de
encore répandue dans le Levant. Il y a longtemps ces sauvages s'imaginent que les orages sont
que les Allemands sont persuadés que les morts causés par l'esprit de la-lune. Ils jettent à la-mer
mâchent comme des porcs dans leurs tombeaux, ce qu'ils ont de plus précieux dans leurs canots,
et qu'il est facile de les entendre grogner en espérant apaiser par ces offrandes l'esprit irrité,
broyant ce qu'ils dévorent.. Philippe Rherius, au Matière. C'est le culte de la matière qui a
dix-septième siècle, et Michel Ràufft, au com- donné naissance à la cabaleetà toutes les sciences
mencement du dix-huitième, ont même publié occultes. '.. .
des Traités sur les morts qui mâchent dans leurs Matignon (Jacques Goyon de), gentilhomme,
sépulcres l. Ils disent qu'en quelques endroits de qui servit Henri III et Henri IV. Ses envieux,
l'Allemagne, pour'empêcher les morts de mâ- apparemment .pour le décrier, disaient que l'es-
cher, on leur met dans le cercueil une motte de prit, l'habileté, la prudence, le courage n'étaient
terre sous le menton ; ailleurs on leur fourre dans ppint naturellement en lui, mais qu'ils lui venaient
la bouche une petite pièce d'argent, et d'autres d'un pacte qu'ilavaitfàit avec le diable. Il fallait
leur serrent fortement là gorge avec un mou- que ce diable fût une bonne créature, dit Sainl-
choir. Ils citent ensuite plusieurs morts qui ont Foix, puisque Matignon donna, dans toutes les
dévoré leur propre chair dans leur sépulcre. On occasions, des marques d'un caractère plein de
. doit s'étonner de voir des savants trouver quelque douceur et d'humanité4'.-/.
chose de prodigieux dans des faits; aussi naturels. , Matignon (le P. A. de), de la compagnie de
Pendant la nuit qui suivit les funérailles du comte Jésus, a publié en 1.861 la Question du surna-
Henri de Salin, on entendit dans l'église de l'ab- turel, vol. in-12, qui traite du; merveilleux et
baye de Haute^Seille, où il était enterré, dés notamment du spiritisme, et, en 1862, les Morts
cris sourds que les Allemands auraient sans doute et les Vivants, entretiens sur les communications
pris pour le grognement d'une personne qui mâ- d'outre-tombe, vol. in-12, qui se rattache au
che; et le lendemain, le tombeau du comte ayant précédent.
été ouvert, on le trouva mort, mais renversé et Matthieu Laensberg, Liégeois célèbre qui
le visage en bas, au lieu qu'il avait été inhumé passe parmi le peuple pour le plus grand mathé-
sur le dos. On l'avait enterré vivant, comme on maticien, astrologue et prophète des temps mo-
en a enterré tant d'autres. dernes. C'était un bon chanoine, qui donnait dans
On doit attribuer à une cause semblable l'his- l'astrologie. Ses prédictions trouvent encore,
toire, rapportée par Raufft, d'une femme de Bo- dansles campagnes, de bonnes gens qui se fe-
hême, qui, en 1345, mangea, dans sa fosse, la raient scrupule d'en douter, et qui, quand son
moitié de son linceul sépulcral. Dans le dernier almanach prédit de la pluie pour un jour de beau
siècle, un pauvre homme ayant été inhumé temps, se contentent de dire : « H pleut ailleurs, »
précipitamment au cimetière, on entendit pen- Le premier almanach dé Matthieu Laensberg a
dant la nuit du bruit dans son tombeau : on paru en 16362.
l'ouvrit le lendemain, et on trouva qu'il s'était Matzou, divinité chinoise. C'était, suivant
mangé les chairs des bras. Cet homme, ayant bu quelques auteurs, une magicienne.
de l'eau-de-vie avec excès, avait été enterré Maupertuis. Foy. HALLUCINATION.
vivant. Une demoiselle d'Augsbourg étant tom- Maurice, empereur, couronné en 582. On lit
bée en léthargie, on la crut morte, et son corps dans sa vie qu'étant petit enfant, il fut enlevé el
fut mis dans un caveau profond, sans être cou- emporté plusieurs fois, parles esprits appelés
vert de terre. On entendit bientôt quelque bruit Gelions ; mais qu'ils ne lui purent faire aucun
dans son tombeau ; mais on n'y fit pas attention. mal, à cause dé son baptême.
Deux ou trois ans après, quelqu'un de la famille Maury (Alfred), savant de notre temps qui
mourut : on ouvrit le caveau, et l'on trouva le a écrit avec une grande érudition sur,la magie et
corps de la demoiselle auprès de la pierre qui en l'astrologie, mais pour nier là magie, malgré ses
fermait l'entrée. Elle avait inutilement tenté de évidences. Nous n'enlendons.ici par la magie que
déranger cette pierre, et elle n'avait plus de les relations avec les mauvais esprits qui nous
doigts à la main droite, qu'elle s'était dévorée entourent.
de désespoir. Voy. VAMPIRES. Maury (Jean-Siffrein). Un colporteur, en
Mastiphal. C'est le nom qu'on donne au 1 Histoire de l'ordre du Saint-Esprit, promotion
de 1679.
1 De masticatione mortwrum in tumulis. 2 Voyez sa légende dans les Légendesdu calendrier.
MEC 451 MED
1792, pour mieux piquer la curiosité du peuple Autrefois, nous le répétons, on ne voyait dans •
de Paris, criait, en vendant ses pamphlets : Mort les androïdes que l'oeuvre d'une science occulte.
del'abbé Maury ! L'abbé passe, s'en approche , Aujourd'hui, par un revirement inconcevable,
on semble faire peu de cas de ces efforts du gér
lui;donne un soufflet et lui dit : « Tiens, si je suis
mort, au moins tu croiras aux revenants. » nie de la mécanique. On a laissé périr tous les
Mécanique., Ainsi que toutes les sciences automates célèbres, et nos musées et nos conser-
compliquées, lamécaniquea produit des combi- vatoires, qui sont encombrés de tant,de futilités, '
naisons surprenantes qui ont été reçues autrefois ne possèdent pas d'androïdes.
commedes prodiges. Ce qui a leplusétonné les Mécasphins, sorciers chaldéeus qui usaient
esprits, c'est l'automate qu'on appelait aussi an- d'herbes, de drogues particulières et d'os de
droïde. Nous avons parlé de l'androïde d'Albert morts,' pour leurs opérations superstitieuses.
le Grand, qui passa aux yeux de ses contempo- Méchant. Le diable est appêié souvent le mé-
rains pour une oeuvre de magie. Jean Muller, chant , le mauvais et le malin. Il est le principe
savant du quinzième-siècle, plus connu sousle en effet et le père de la méchanceté.
nom de Regiomontanus/fit, dit-on, un aigle au- Mechtilde (sainte)-. Elle parut, environ cent
tomate qui avait la faculté de se diriger dans les ans après sainte Hildegarde. Elle était soeur de
airs ; il devançait le canard automate de Vaucan- sainte Gertrude» Ses visions et révélations ont
son, qui barbotait, voltigeait, cancanait et digé- été imprimées en 1513. C'est un recueil assez
rait. Àulu-Gelle rapporte qu'Architas,/dans l'an- curieux; et assez rare, qui contient le livre du
tiquité, avait construit un pigeon qui prenait son Pasteur etlesVisiànsdvL moine Vetin,.réimprimées
vol', s'élevait à une certaine hauteur et revenait depuis par Je père Mabillon, au quatrième livrede
à.sa place» On attribue: à Roger Bacon une tête ses Actes de l'ordre de saint Benoit, partie prer
qui prononçait quelques paroles. Vaucanson fit mière. On y trouve aussi les révélations de sainte
Elisabeth de Schonaw, qui contiennent cinq
livres, aussi bien que celles de sainte Mechtilde,
Celles de sainte Gertrude viennent ensuite, et
sont suivies des visions,du frère Robert, domini-
cain, qui vivait en 1330. Sainte Mechtilde est
morte en l'an 1284 ou 1286. On trouve dans ce
recueil beaucoup de descriptions de l'enfer.
Médecine. Si la médecine et la chirurgie ont
fait quelque progrès en Turquie el en Egypte,
lisait-oii, il y a six ou sept ans, dans la Revue
britannique, c'est grâce aux efforts de quelques
Européens actifs et éclairés ; les Persans en sont
encore réduits, dans foutes: les maladies graves,
aux prédictions des astrologues et aux incanta-
tions mystiques de leurs hakkims; souvent l'in-
fortuné patient meurt faute de soins, lorsque
l'emploi des moyens convenables lui aurait faci-
lement conservé la vie. Celui qui ferait en ce
pays des expériences chimiques passerait pour,
être en correspondance avec le diable et serait
immédiatement regardé comme un magicien;
ainsi les préjugés des Persans s'opposent à toute
espèce de progrès.
«n joueur de flûte qui exécutait plusieurs airs. Médée, enchanteresse de Colchide qui ren-
JacquesDroz, son contemporain, fit au dernier dit Jason victorieux de tous les monstres et gué-
siècle un automate qui dessinait et un autre qui rit Hercule de/ sa fureur par certains remèdes
jouait du clavecin. Dans le même temps, l'abbé magiques. Elle n'est pas moins célèbre par ses
Micalconstruisit deux têtes de bronze qui, comme vastes connaissances en magie que par le meurtre
l'androïde de Roger Bacon, prononçaient des de ses enfants (récit qui, selon Elien, est une
paroles. Mais ce qui fit plus d'effet encore, ce fut calomnie). Les démonographes remarquent qu'elle
e joueur d'échecs du baron deKempelen. C'était pouvait bien être grande magicienne, parce qu'elle
nu automate mû par des ressorts, qui jouait aux avait appris la sorcellerie de sa mère, Hécate.
échecs contre les plus forls joueurs et les gagnait Les songe-creux lui attribuent un livre de con-
quelquefois. On ignorait, il est vrai, que le mé- juration qui porte en effet son nom. Voy. MÉLYE.
canisme était dirigé par un homme caché dans Médie. On trouvait, dit-on, chez les Mèdes,
1armoire à laquelle l'automate élait adossé. Mais des pierres merveilleuses, noires ou vertes, qui
ce n'en était pas moins un travail admirable. rendaient la vue aux aveugles et guérissaient la
29. ,
MEE 452 - MEL
goutte, appliquées sur le mal dans une compresse, pez leurs regards que de beaux anges et de sujets '.
de lait de brebis. gracieux; évitez de les conduire aux spectacles *-
Meerman , homme de mer. Les habitants des de monstres, etc. A Paris, ou les salons de pein- J
bords delà mer Baltique croient à l'existence de ture occupent les dames, les enfants ont été long- ï
ces hommes de mer ou esprits des eaux, qui ont temps plus jolis que dans les villages, où l'on f
là. barbe verto et les cheveux tombants sur les voit rarement dès choses qui puissent donner
épaules comme des tiges de nénuphar'. Ils une idée de la beauté. Si aujourd'hui là popu-
chantent, le soir parmi les vagues, appelant les lation parisienne est généralement laide, on le.
pêcheurs. Mais malheur à qui se laisse séduire doit aiix caricatures qui s'étalent partout et s'ap-
par eux ; leur chant précède les tempêtes. pliquent à tout. C'est un goût qui nous vient des
Mégalanthrôpocréhésie, moyen d'avoir de Anglais ; mais les Anglais ne font pas autant de
beaux enfants et des enfants d'esprit. — On sait laideurs que nous. Chez les Cosaques, où tout
quels Sont les effets de l'imagination sur les in- est grossier, tousle's enfants sont hideux comme
telligences qui s'y laissent emporter; ces effets leurs pères. Pour obtenir des enfants d'esprit, il
sont surtout remarquables dans les femmes en- n'est pas nécessaire que les parents en aient,
ceintes, puisque' souvent l'enfant qu'elles portent mais qu'ils en désirent, qu'ils admirent ceux qui
dansleur sein est marqué de quelqu'un des ob- en ont, qu'ils lisent dé bôiis livres, que là mère
jets dont leur 'imagination a été fortement occu- se frappe des avantages'que donnent l'esprit, la
pée pendant la grossesse». Quand'''Jacob' voulut science, le génie ;: qu'on i)arlë souvent de ces
avoir des moutons dé diverses ''.couleurs, il pré- choses, qu'on s'occupe peu de sottises. Voy, IMA-
senta aux yeux des brebis des;choses bigarrées, : GINATION.'
' On à
qui les .frappèrent; assez pour ahiënèr le, résultat. publiéity a quelques; années un traité de
qu'il en espérait. L'effet que l'imagination d'une Mègalanthropogènêsic qui est un peu oublié, et
brebis a pu produire doit agir-plus sûrement en- qui mérite de l'être davantage, 2 vol. in-8°.
core sur l'imagination: -incomparablement plus . Mehdi. Les journaux d'avril 1841 annonçaient
vive d'une femme.. Aussi yoyons-nôus;bien plus l'apparition en Arabie d'un nouveau-prophète
de variété dans lés enfants clés hommes, que dans appelé Mehdi. « Ceux qui croient en lui (disaient
les petits des animaux. On a vu des femmes ces journaux), et ils sont nombreux, comptent
mettre au monde des enfants noirs et velus; et la nouvelle ère mahomélane du jour de son ap-
lorsque l'on a cherché la. cause dé ces effets,, on parition. Ils disent qu'il entrera à la Mecque dans
a découvert que, pendant sa grossesse, là femme sa quarantième année , que,de là il ira à Jérusa-
avait l'esprit occupé de quelque tableau rnons- lem et régnera avec puissance et grandeur jus-
'
trueux. Les statues de marbre et d'albâtre sont qu'à ce que Dedschail, le démon du mal, se soil
quelquefois dangereuses, Une jeune épouse ad- levé contre lui et l'ait vaincu. Alors Jésus, le
mira une petite statue de l'Amour de marbre prophète des chrétiens, viendra à son secours
blanc. Cet Amour était si gracieux, qu'elle en avec soixante-dix mille anges. Toute la terre
demeura frappée; elle conserva plusieurs jours reconnaîtra Mehdi, et après la conversion des
les mêmes impressions, et accoucha d'un enfant païens, des juifs et des chrétiens à. l'islamisme,
plein de grâces, parfaitement semblable à.l'Amour commencera l'empire des mille et mille années.
de marbre, mais.pâle et blanc comme lui. Tor- Ce prophète a fait battre des monnaies, sur les-
des environs il s'intitule Imam des deux continents el -
quemada rapporte qu'une Italienne quelles
•de Florence, s'étant frappé l'esprit d'une image des deux mers. » Toutefois, on ne parla de ce
de Moïse, mit au mondé un fils qui avait une Mehdi qu'un,moment. C'était ce qu'on appelle un
longue barbe blanche. On peut.se rappeler, sur canard de journal; et voici l'origine de celui-là:
le même sujet, une foule d'anecdotes non moins LesPersans disent qu'il y a eu douze grands imams
singulières ; peut-être quelques-unes Sont-elles ou. guides. Ali fut lé premier ; ses successeurs
exagérées. Voy. ACCOUCIII£MIÎNTS. . . -furent les enfants qu'il eut de Fatimé, sa glorieuse
En 1802, une paysanne enceinte, arrivant à épouse, fille de Mahomet. Le dernier a été retiré
: Paris pour la première fois, fut menée au
spec- par Dieu dé ce mondé corrompu; et les-hommes
tacle par une soeur qu'elle avait dans la capitale. sont restés sans imam visible. 11s'appelle IcMcluli,
Un acteur qui jouait le rôle d'un niais lafrappa c'ést-à-dire celui qui est conduit et dirigé par
si fortement, que son fils fut idiot, stupide et Dieu. 11 doit reparaître sur la terre à la fin du
semblable au personnage forcé que la mère avait monde.
vu avec trop d'attention. Meigmalloch, esprit de l'espèce des Brow-
-
Puisque l'imagination des femmes est si puis- nies. Il paraît toujours sous la forme d'une jeune
sante sur leur fruit, c'est de cette puissance qu'il fille et semble se plaire en Ecosse.
faut profiter, disent les professeurs de mégalan- Mélampus, auteur d'un Traité de l'art de ju-
thropogënésie. Ornez l'a chambre des femmes de ger les inclinations et le sort futur des hommes
belles peintures durant toute la grossesse ; n'occu- par l'inspection des seings ou grains de beauté.
1 M. Marinier, Traditions de la Baltique. Voy. SEINGS.
MEL 453 MÉL
Mélanchthon, disciple de Luther, mort en fit signe au franciscain de passer un moment
1568.11croyait aux revenants comme son maître, dans la pièce voisine, en attendant qu'il eût fait
et ne croyait pas,à l'Église. Il rapporte, dans un connaître ses volontés à sa femme; alors il la
deses écrits, que sa tante, ayant perdu son mari pria de lui faire dire des messes et l'engagea.à
lorsqu'elle était enceinte, vit un soir, étant as- lui donner la main sans crainte ; elle donna donc
sise auprès de son feu, deux.personnes entrer la main à son mari, et elle la retira sans dou-
dans sa chambre, l'une ayant la figure dé son leur, mais brûlée, de sorte qu'elle en demeura
époux défunt, l'autre celle d'un franciscain de la noire tout le reste de ses jours. Après cela, le
ville. D'abord elle en fut effrayée; mais son dé1- spectre rappela le .franciscain,.-et tous deux dis-
funt mari larassura et lui dit qu'il avait quelque parurent...
chosed'important à.lui communiquer. Ensuite-.il ; Mélancolie. Les anciens appelaient la mélafr-
Molidi.
L'éptSod'flrtlms
rapportent ainsi.sa naissance: .«.La femme de conte qu'il y avaitàCambaya, dans rtlindoiistaiij
Clodion le Chevelu, se promenant un jour au un roi qui se nourrissait cle venin, el qui devint
bordde la mer, fut surprise par un monstre qui si parfaitement vénéneux, qu'il tuait de son ha-
sortit des Ilots; elle en eut un fils qui fut nommé leine ceux qu'il voulait faire mourir.
•Mérovée, et qui succéda à Clodion. » Sauvai croit On lit dans Pausanias que, quatre cents ans
que cette fable fut inventée par Mérovée lui- après la bataille de Marathon, on entendait toutes
même, pour imprimer du respect dans l'esprit les nuits dans l'endroit où celle grande lutte
des siens en.s'aflribuant une origine si extraoï- avait eu lieu des hennissements de chevaux et
dinaire. Des chroniqueurs ont dit que son nom des bruits de gens d'armes qui se battaient. Et
Meer-Wech signifie veau marin.... ce qui est admirable, c'est, que ceux qui y ve-
-:; Merveilles. Pline assure que les insulaires de
Minorque demandèrent un secours de troupes à 1 M. le vicomte delà Villemarqué vient de publier
l'empereur Auguste contre les lapins qui renver- sur ce personnage un livre très-remarquable et très-
saient leurs maisons el leurs arbres. Aujourd'hui, curieux, intitulé Myrdhinn, ou V,enchanteurMcrhn,
son histoire, ses oeuvres, son influence. In-8°. Paris,
dit un critique moderne, on demanderait à peine 4 862. Nous ne devions donner ici que les traditions
un secours, de chiens. Un. vieux chroniqueur populaires.
iYlLS — UO/ — M1Y1
liaient exprès n'entendaient rien de ces bruils : de dire les saintes paroles de la consécration,
ils n'étaient entendus que de ceux que le hasard on dit au sabbat : Belzébuth, Belzébuth, Belzé- .
conduisaitlà. • buth. Le diable vole sous la forme d'un papillon
Albert le Grand assure qu'il y avait en Alle- autour de celui qui dit la messe et qui mange
magne deux enfants jumeaux dont l'un ouvrait une hostie noire, qu'il faut mâcher pour l'avaler 1.
lesportes les mieux fermées en .les touchant avec Voy. SABBAT.
sonbras droit; l'autre les fermait en les touchant Messie des juifs. Comme ils n'ont pas re-
avecson bras gauche. connu le vrai, plusieurs faux messies se sont
Paracelse dit qu'il, a vu beaucoup de sages offerts à eux : Dosilhée, André, Bar-Kokébas, le
passervingt années sans manger quoi que ce fût. faux Moïse, "Julien, Alruy, Sabalaï-Zévi, etc.
Si on-veut se donner cette satisfaction, qu'on Pour prévenir de nouvelles tentatives d'impos-
enferme, dit-il, de la terre dans un globe de teurs vulgaires, les rabbins ont représenté le
verre, qu?on l'expose au soleil jusqu'à ce qu'elle messie qu'ils attendent avec une apparence et des
soitpétrifiée, qu'on se l'applique sur le nombril, entourages si gigantesques qu'on ne peut lés
et qu'on la renouvelle quand elle sera sèche, on simuler. Ainsi se prépare pour son festin, où
se passera de manger et de boire sans aucune seront appelés tous les juifs, un boeuf qui mange
peine.Paracelse assure intrépidement avoir fait chaquejour lefoin de mille montagnes, un pois-
lui-même cette expérience pendant six mois. son qui occupe de sa masse tout un océan, eturt
Voy.la plupart des articles de ce Dictionnaire. oiseau qui couvrirait Paris de sa queue 2.
Mesmer (Antoine), médecin allemand, fa- Métamorphoses. La mythologie des païens
meuxpar la doctrine du magnétisme animal, né avait ses métamorphoses variées; nous avons,
à Mesburg en 1734, mort en .1-815.-11- a laissé aussi les transformations gracieuses des fées et
plusieurs ouvrages dans lesquels il soutient que les transformations plus brutales des sorciers.
les corps célestes, en vertu de la même force Les sorciers qu'on brûla à Vernon, en 1566,
quiproduit leurs attractions mutuelles, exercent s'assemblaient dans un vieux châleau, sous des
uneinfluence sur les corps animes, et principa- formes de chats. Quatre ou cinq hommes, un
lement sur le système nerveux, par l'intermé- peu plus hardis qu'on ne l'était alors, résolurent
diaired'un fluide subtil qui pénètre tous les corps d'y passer la nuit; mais ils se trouvèrent assaillis
et remplit tout l'univers. 11alla s'établir à Vienne, .d'un si .grand nombre de chats que l'un d'eux
et tenta cle guérir par le magnétisme minéral en fut tué et les antres grièvement blessés. Les
appliquant des aimants sur les parties malades. chats, de leur côté, n'étaient pas invulnérables;
Ayanttrouvé un rival dans cet art, il se restrei- et on en vit plusieurs le lendemain qui, ayant
gnit au magnétisme animal, c'est-à-dire à l'ap- repris leur figure d'hommes et de femmes, por-
plication des mains seulement sur. le corps, ce taient les marques du combat qu'ils avaient sou-
qui le fit regarder à tort comme un fou et un lenu. Voy, LOUPS-GABOUS.
visionnaire par les différentes académies de mé- Spranger conte qu'un jeune homme de l'île de
decine où il présenta ses découvertes. Mais les Chypre fut changé en âne par une sorcière, parce
académies nous prouvent tous les jours qu'elles qu'il avait un penchant pour l'indiscrétion. Si
nesont pas infaillibles. 11vint à Paris : le peuple les sorcières étaient encore puissantes, bien des
etla cour furent surpris de ce nouveau genre de jeunes gens d'aujourd'hui auraient les oreilles
cures. On nomma des docteurs pour examiner longues. On dit quelque part qu'une sorcière
le magnétisme animal, et on publia des écrits si métamorphosa en grenouille un cabarelier qui
violents contre Mesmer qu'il fut contraint de mettait de l'eau dans son vin. Voy. FÉES, Un-
quitter la France. 11alla vivre incognito en An- GANDE, SonCIEBS,etc.
gleterre, ensuite en Allemagne, où il mourut. Il Métatron, une des trois intelligences de la
reste de lui : 1° De l'influence des planètes, cabale ; les deux autres sont Acatriel et San-
Vienne,1766, in-12; 2" Mémoire sur la décou- dalphon.
vertedu magnétisme animal, Paris, 1779, in-12 ; Métempsycose. La mort, suivant cette doc-
3°Précis historique des faits relatifs au magné- trine , n'était autre chose que le passage de l'âme
tismeanimal,jusqu'en-avril 1781, Londres, 1781, dans un autre corps. Ceux qui croyaient à la
in-8°; 4° Histoire abrégée du magnétisme animal, métempsycose disaient que les âmes, étant sor-
Paris, 1783, in-8°; 5°Mémoire deF.-A. Mesmer ties des corps, s'envolaient, sous la conduite de
sur ses découvertes, Paris, an vu (1799), in-8°. Mercure, dans un lieu souterrain où étaient d'un
Voy.MAGNÉTISME. côté leTarlare et de l'autre les champs Élysées,
Messa-Hala. Voy. MACHA-HALLA. Là, celles qui avaient mené une vie pure étaient
Messe du diable. On a vu , par différentes heureuses , tandis que les âmes des méchants se
confessions de sorciers, que le diable fait aussi voyaient tourmentées par des furies. Mais, après
dire des messes au sabbat. Pierre Aupetit, prêtre 1 Delancre, Incrédulitéet mécréance,etc., p. !>06.
aposlal du village de Fossas, en Limousin, fut 2 Voyez, sur le Messie des Juifs, les Légendesde
brûlé pour y avoir célébré les mystères. Au lieu l'AncienTestament, à la fin.
MET — 458 — MEY
un certain temps, les unes et les autres quit- par punition, de laisser passer son âme dans le
taient ce séjour pour habiter de nouveaux corps, corps d'un rat ou d'une mouche. L'élat où l'on
même ceux des animaux; et afin d'oublier en- sera mis après sa mort sera pareillement opposé
tièrement tout le passé, elles buvaient de l'eau à l'élat où l'on est pendant la-vie : celui qui est
du fleuve Léthé, On peut regarder les Égyptiens riche sera pauvre, et celui qui est pauvre de-
comme les premiers auteurs de cette ancienne viendra riche. C'est cette dernière croyance qui,
opinion dé la métempsycose, que Pythagore a dans les temps, multiplia un peu le parti des
"répandue dans la' suite» Les manichéens croient manichéens. Voy. GHILCÙL etTUANSMiGRATiON.
à la métempsycose, tellement que les âmes, ; Métoposcopie. Art de connaître les hommes
selon eux, passent dans les corps de l'espèce par les rides du front. Voy.FRONT»
qu'elles ont lé plus aimée dans leur vie précé- Meurtre. « Dans la nuit qui suivit l'enseve-
dente ou qu'elles ont lé plus maltraitée». Celui lissement du comte de Flandre Charles le Bon,
qui à'tué ùn-rat ou"une mouché sera contraint;, ses meurtriers, selon la coutume des païens et
des sorciers, firent apporter du pain et un vase « Supposons, dit-il, un homme dont la mé-
plein de cervoise. Ils s'assirent autour du ca- moire est remplie d'histoires de revenants; car
davre, placèrent la boisson et le pain, sur-le lin- les nourrices, les vieilles et les premiers maî-
ceul, comme sur une table, buveant et mangeant tres ne manquent pas de nous en apprendre;
sur le mort, dans la confiance que par cette que cet homme pondant la nuit soit couché seul
action ils empêcheraient qui que ce fût de ven- clans sa chambre, s'il entend devant sa porte
ger le meurtre commis '. » Année 1127. une démarche mesurée, lourde et traînante,
Meyer, professeur de philosophie à l'univer- ce qui marche est peut-être un chien, mais
sité de Halle, auteur d'un Essai sur les appari- il est loin d'y songer, et il a entendu un reve-
tions, traduit de l'allemand par F.-Cb. de ÎSaer, nant, qu'il pourra même avoir vu dans un
1748, in-12. L'auteur convient qu'on est sur un moment de trouble. » L'auteur termine en don-
mauvais terrain lorsqu'on écrit surles spectres. nant cette recette contre les apparitions :
. Il avoue qu'il n'en a jamais vu et n'a pas grande 1" qu'on tâche d'améliorer son imagination et
envie d'en voir. Il observe ensuite que l'imagi- d'éviter ce qui pourrait la faire extravaguer;
nation est pour beaucoup dans les aventures 2° qu'on ne lise point-d'histoires de spectres;
d'apparitions. car un homme qui n'en a jamais lu ni entendu
1 Gualbert, Vie de Charles le Bon, ch, n'a guère d'apparitions. « Qu'un spectre soit ce
xvm, dans
la collection dos bollandisles, 2 mars. qu'il voudra, ajoute Meyer, Dieu est le maîlre,
MIC 459 — MIC
et il nous sera toujours plus favorable que con- I senter au premier ministre du roi. Le ministre
traire. » voulut savoir les motifs qui engageaient ce bon-
Michael (Éliacim). Jean Desmarels, sieur de homme à parler au prince en secret. Michel, à
Saint-Sorlin,avait publié des Avis du Saint-Es- qui le spectre apparut cle nouveau à Versailles,
prit au roi. Mais le plus éclatant -etle plus im-
portant des avis de cetlé sorte est celui qui fut
apporté Un peu plus tard par lé grand prophète
ÉliacimMichael. 11nous avertissait, clit Baillet,
que dans peu de temps on verrait une armée de
centquarante mille hommes de troupes sacrées
sous les ordres du roi, qui aurait pour lieute-
nants les quatre princes des anges. Il ajoutait
que Louis XIV, avec cette armée, exterminerait
absolumenttous lès hérétiques et tous les maho^
métans, mais que tous ses soldats merveilleux
seraient immolés 4» --
Michaélis (Sébastien), dominicain, né au dio-
cèse de Marseille en 1543» Il a écrit YHistoire
véritabledé ce qui s'est passé dans l'exorcisme cle
troisfilles possédées au pays de Flandre^ avec un
Traité des sorciers et desmagiciens',2 vo]»in-Ï2;,
très-rares; imprimés à Paris eh 1622>^cinq. ans
après la mort de;l'auteur. Il dit dans; cet oti-.
vrageque les tribunaux sensés; né considéraient Le spectre.
laconfessionde magie et d'assistance au sabbat
que comme preuves chimériques, et qu'ils ne assura qu'au risque de sa vie il ne pouvait rien
condamnaientla magie que si elle était aggravée divulguer, et, comme il était néanmoins pressé
parla circonstance d'un attentat cotitrelesiiom- de parler, il dit au ministre que, pour lui prouver
mesou contre leurs biens; qu'il lie s'agissait pas de chimères, il pouvait de-
Michel (MontSaint-), Il y a sur le mont Saint- mander à Sa- Majesté si, à sa dernière chasse de
Michel, erKBretagh^.,cette croyance que les dé- Fontainebleau, elle-même n'avait pas vu un fan-
mons chassés du corps des hommes sont en- tôme? si son cheval n'en avait pas été troublé?
chaînésdans un cercle magique au haut de cette s'il n'avait pas pris un écart? et si Sa Majesté,
montagne. Ceux qui mettent le pied dans ce persuadée que ce n'était qu'une illusion, n'avait
cerclecourent toute la nuit sans pouvoir s'arrê- pas évité d'en parler à personne? Le marquis et
ter : aussi la nuit on n'ose traverser le mont le ministre ayant informé le roi de ces particula-
Saint-Michel 2. rités , Louis XIV voulut voir secrètement Michel
Michel, maréchal ferrant de Salon en Pro- le jour même. Personne n'a jamais pu savoir ce
, vence, eut une singulière aventure en 1697. Un qui eut lieu dans cette entrevue. Mais Michel,
spectre, disait-on, s'était montré à un bourgeois après avoir passé' trois jours à la cour, s'en revint
dela ville et lui avait ordonné d'aller parler à clans sa province, chargé d'une bonne somme
LouisXIV, qui élait alors à Versailles, en lui re- d'argent que lui avait donnée Louis XIV, avec
commandantle secret envers tout autre que-l'in- l'ordre de garder le secret le plus rigoureux sur
tendant.de la province, sous peine de mort. Ce le sujet de sa mission. On ajoute que, le roi étant
bourgeoiseffrayé conta sa vision à sa femme el un jour à la chasse, le duc de Duras, capitaine
payason indiscrétion de sa vie. Quelque temps des gardes du corps, ayant dit qu'il n'aurait ja-
après, la même apparition s'étant adressée à un mais laissé approcher Michel de la personne du
antrehabitant de Salon, il eut l'imprudence à son roi, s'il n'en avait reçu l'ordre, Louis XIVrépon-
tour d'en -faire part à son père, et il mourut dit : « Il n'est pas fou, comme vous le pensez, et
commele premier. Tous les alenlours furent voilà comme on juge mal. » Mais on n'a pu dé-
épouvantésde ces deux tragédies. Le spectre se couvrir autre chose de ce mystère.
montra alors à Michel, le maréchal ferrant ; Michel de Sahourspe, sorcier du pays de
celui-cise rendit aussitôt chez l'intendant, où il Saxe, qui déclara qu'il avait vu au sabbat un
fut d'abord traité de fou; mais ensuite on lui grand el un petit diable ; que le grand se servait
accordades dépêches pour le marquis de Barbe- du petit comme d'un aide de camp ; et que le
zieux, lequel lui facilita les moyens de se pré- derrière du grand maître des sabbats élait un
' P. Nicolle, sous le nom de Damvilliers, Lettres visage.
ws visionnaires; Baillet, Jugements des savants, Michel l'Écossais, astrologue du seizième
Préjugés des titres des livres. siècle. Il prédit qu'il mourrait dans une église ;
2
Cambry,Voyagedans le Finistère, 1.1, p. 242. ce qui arriva, dit Granger. Comme il était un
MIC — 460 MIL
jour à l'office, il lui tomba sur.la tête une pierre déserts ; les dieux n'y résidant plus, personne
de la voûte qui le tua. ne vient en troubler la solitude.
Michel lé Bohémien, médecin empirique du Le mikado ne touche jamais là terre de son
Seizième siècle, accusé d'avoir eu des relations pied" sacré; notre planète est indigne d'un tel
avec le diable. On le cite souvent sous le nom de honneur. Toujours porté sur les épaules de ses
Michel Boemi us > valets, ce monarque ne sort; jamais de sa de-
Midas. Lorsque Midas, qui fut depuis roi de meure; nul regard-profane ne saurait venir le
Phrygie, était encore,enfant, un jour qu'il dor- souiller. Tout ce qui pourrait ressembler à ruie
mutilation de sa personne auguste est défendu; ,
c'est lorsqu'il dort qu'on lui coupe les cheveux,
que l'on rogne .ses ongles» 11peut épouser neuf
fois; neuf ;femmes,-, mais habituellement il juge
que neuf c'est bien assez pour un dieu japonais.
On ne l'approche qu'à genoux, on le consulte
sur;toutes;les affaires importantes, mais on ne
lui accorde, après tout, qu'un 'vain titre et de
riches revenus.; Sa race -est impérissable ; .s'il ad-
vient cependant; qu'il; ne devienne point père,, le
clët-ypouryoit ;;on trouve un ,ma tin sous un-arbre
du-jardin mlbel enfant que des..-mains; surnaliie
relies;y;ont;d^osé;dunàntla;nuit : c'est.le.mikado
présomptif; Le mikàdd actuel; est le; cent dixr
.septième de: la troisième dynastie, et la première
dynastie monta sur le trône, suiyantleschronp-
lôgistes;. japonais -les. plus: exacts, 836794 ans
avant notre ère. C'est une date qu'on peut dé-
mait, dans son berceau, des fourmis-emplir.ent;sa battre» :
bouche de grains de froment. Ses parents' vou- . C'est danslë corps du mikado que s'est incarné
lurent savoir ce que signifiait ce prodige : les le dieu Âma-terasu-oo-Kami, l'arbitre souverain
devins consultés répondirent que ce prince serait des hommes et des choses ;rH s'occupe à fixer les
le plus riche des hommes. Ce qui n'a été écrit jours auxquels doivent se célébrer certaines fêles
qu'après qu'il l'était devenu» mobiles ; il détermine les"cou leurs propres à ef-
Midi. Voy. DÉMONDE MIDI. frayerles mauvais esprits ; il"passe, chaque vingt-
• sorcière du pays de Labourd, qui
Migalena, quatre heures," un assez long espace de temps
fut arrêtée à l'âge de soixante et un ans et tra- assis sur son trône, dans une;immobilité com-
duite devant les tribunaux, en même temps que plète, S'il faisait,- de droite ou de gauche, le
Bocal, son fils, sorcier du même terroir. Miga- moindre mouvement, on ne doute point qu'il
lena avoua qu'elle avait été au sabbat, qu'elle y n'amenât d'affreuses catastrophes sur ce côté ré-
avait fait des choses abominables, qu'elle y avait prouvé de l'empire. Lorsqu'il est demeuré ainsi
assisté aux mystères en présence de deux cents comme pétrifié durant trois heures, il se lève el
sorciers. Pressée par son confesseur de prier s'en va. Le reste du temps, la couronne impé-
Dieu, elle ne put réciter une prière couramment : riale occupe sa place; elle doit se conformer au
elle commençait le Pater et l'Ave, sans les ache- même principe d'immobilité absolue durant vingt
ver, comme si le diable, qu'elle servait, l'en eût heures.
empêchée formellement 2. Le mikado ne porte jamais deux fois le même
Mikado, l'un des deux empereurs du Japon. vêlement ; tout ce qui a touché sa personne sa-
Il est spécialement chargé du spirituel. Aux yeux crée est brûlé aussitôt qu'il s'en dépouille ; les
de ses sujets, disent les voyageurs, le mikado verres, les plais, les assieltes, qui paraissent sur
n'est pas un homme, c'est un dieu; c'est même sa table sont brisés immédiatement après le des-
bien plus qu'un dieu, car tous les autres dieux sert; nul profane ne pourra s'en servir.
de la mythologie japonaise, tous les Jtamis (ainsi L'empereur temporel s'appelle le Taïcoun.
les nomme-t-bn) sont d'un rang inférieur au mi- Milan, oiseau qui a des propriétés admirables.
kado; \\s le craignent, ils lui obéissent, et ils Albert le Grand dit que, si l'on prend sa lête et
viennent, tous les ans, passer un mois à sa cour. qu'on la porte devant son estomac, on se fera
Il est vrai qu'ils ne sont visibles qu'à l'oeil du aimer de tout le monde. Si on l'attache au cou
mikado. Pendant ce mois, les temples restent d'une poule, elle courra sans relâche jusqu'à ce
1 M. Ch. Babou a donné sur lui des détails curieux qu'elle l'ait déposée ; si on frotte de son sang la
dans le Châtiment des pipeurs et charlatans. crête d'un coq, il ne chantera plus. Il se trouve
2 Delancre, Tableau de l'inconstance des démons, dans ses rognons une pierre qui, mise dans la
liv. VI, p. 423. casserole où cuit la viande que doivent manger
MIL' 461 MIM
deuxennemis, les rend bons amis et les fait vivre siècle. Une jeune fille, nommée Slanoskà, s'étant
en bonne intelligence. couchée un soir en parfaite santé, se réveilla au
Millénaires. On à-donné ce nom: 1" à des milieu de la nuit toute tremblanle, jélanldes cris
gensqui croyaient que Notre-Seigneur, à la fin affreux, et disant que-le jeune Millo, enterré deT
du'monde, régnera mille ans sur la terre; 2° à puis neuf semaines, avait failli l'étrangler. Cette
d'autres qui pensaient que la fin du monde arri- fille mourut au bout dé neuf jours. On pensa que
verait'en l'an mil ; 3° à d'aucuns encore qui Millo pouvait être un vampire; il fut déterré,-re-
avaientimaginé que, de mille ans en mille ans, connu pour tel et décapité après avoir eu le ceeur
il y avait pour les damnés une cessation des percé d'un clou. Ses restes furent brûlés et jetés
peinesde l'enfer. dans la rivière. Voy..VAMPIRES.
Mil'on, athlète grec, dont on a beaucoup vanté
la force prodigieuse. Galien, Mercurialis et d'au-
tres disent qu'ilse-tenait si ferme sur une planche
huilée, que trois hommes ne pouvaient la lui faire
abandonner. Athénée ajoute qu'aux jeux Olym-
piques il porta longtemps sur sesépaiiles un boeuf
dé quatre ans, qu'il mangea le même jour tout
entier ; fait aussi vrai que le trait de Gargantua,
lequel avala six pèlerins dans une bouchée de
salade 1. .'":"
Milton. Dans son beau poëme du Paradis
perdu, il a pompeusement peint les démons. Sa-
tan figure aussi'dans son Paradis reconquis.
Mimer. En facede Kullan, onaperçoit une col-
line couverte de verdure, qu'on appelle la colline
Milan, d'Odin. C'est là, dit-on, que le dieu scaudinave
a été enterré. Mais oii n'y voit que le tombeau
Miller. Le prophète américain Miller, qui avait, du conseiller aîÉlat Schimmeluiann, qui était un
commencéen 1833 ses prédictions dé la fin pro- nomme fort paisible, très-peu soucieux, je crois,
chainedu monde, et qui les a~continuées pen- de monter au Valliallâ et de boire \e mioedavec
dantdix ans sans que les démentis qu'il recevait lès valkyries. Cependant une enceinte d'arbres
périodiquementparussent altérer sa confiance im- protège l'endroit où les restes du dieu suprême
perturbable, est mort le 20 décembre 1844 à ont été déposés ; une source d'eau limpide y coule
ilampfon,dans le comté de Washington (État de avec un doux murmure. Les jeu nés filles des en-
New-York),à l'âge de 68 ans.-Ses calculs du virons, qui connaissent leur mythologie, disent
mllenium-étaient fondés sur l'interprétation d'un que c'est la vraie source de la sagesse, la source
passagede l'Apocalypse qui a déjà occasionné les cle Mimer, pour laquelle Odin sacrifia un de ses
commentairesles plus extravagants. Cet illuminé yeux. Dans les beaux jours d'été, elles y viennent
necomptait pas moins de 30 ou 40,000 disciples. boire 2.
Leursrêveries ont donné lieu à plusieurs contes- Mimi. Voy, Zozo.
talionsjudiciaires, dont les journaux américains Mimique, art de connaître les hommes par
ontrendu compte. leurs gestes, leurs habitudes. C'est la partie la
' Les
millénaires, persuadés qu'ils n'avaient plus, moins douteuse peut-être de la physiognomonie.
que peu de temps à vivre, s'empressaient de La figure est souvent trompeuse, mais les gestes
vendre leurs biens, et surtout croyaient pouvoir et les mouvements d'une personne qui ne se croit
se dispenser de payer leurs dettes. Le dernier pas observée peuvent donner une idée plus ou
délaide rigueur irrévocable et sans remise, fixé moins parfaite de son caractère. Bien n'est plus
à un certain jour de l'année 1843, s'est écoulé significatif, dit Lavater, que les gestes qui ac-
sans aulre phénomène qu'une éclipse totale de compagnent l'altitude et la démarche. Naturel ou
luneannoncée dans tous les almanachs. Depuis affecté, rapide ou lent, passionné ou froid, uni-
cetemps, la crédulité des adeptes du prophète a forme ou varié, grave ou badin, aisé oulorcé,
été fort ébranlée, et, s'il resté encore des illu- dégagé ou roide, noble ou bas, fier ou humble,
sionsà quelques-uns d'entre eux, la mort même hardi ou timide, décent ou ridicule, agréable,
du prophète a dû les faire évanouir. 11avait an- gracieux, imposant, menaçant, le geste est dif-
noncé que lui et un très-petit nombre d'élus férencié de mille manières. L'harmonie étonnante
devaientsurvivre à la catastrophe, afin de pro- qui existe entre la démarche, la voix et le geste,
noncerl'oraison funèbre du genre humain el de se dément rarement. Maispour démêler le fourbe,
solliciter la clémence céleste lors du jugement 1 Brown, Essai sur leserreurs populaires,liv. VII,
dernier, que Miller appelait le jour de l'épreuve. ch. XVIH,p. 334.
Millo, vampire de-Hongrie au dix-huitième 2 Marmier, Souvenirsdanois.
MIM — 462 MIM
il faudrait le surprendre au moment où, se croyant honnête un aperçu de malhonnêteté. Souvent
seul, il est encore lui-même et n'a pas eu le c'est parce qu'il est timide-, et non point parce
temps de faire prendre à son visage l'expression qu'il est faux, que celui qui vous fait un récit ou
qu'il sait lui donner. Découvrir l'hypocrisie est la une confidence n'ose vous regarder en face, N'at-
chose la plus difficile et en même temps la plus tendez jamais une humeur douce et tranquille
aisée : difficile tant que l'hypocrite se Croit ob- d'un homme qui s'agite sans cesse avec violence;
servé; facile dès qu'il oublie qu'on l'observé. et en général ne craignez ni emportement ni excès
Cependant on voit tous lès jours que la gravité de quelqu'un dont le maintien est toujours sage
et la timidité donnent à la physionomie la plus et prisé.
bilité,ne dit rien du tout, ne sont pas des signes La crainte d'être distrait se remarque dans la
de sagesse. Un homme qui, réduit à son néant, bouche. Dansl'attention elle n'ose respirer.
s'applauditencore lui-même avec joie, qui rit
commeun sot sans savoir pourquoi, ne parvien- Un homme vide de sens qui veut se donner des
dra jamais à former ou à suivre une idée raison- airs met la main droite dans son sein et la gauche
nable. dans la poche de sa culotte, avec un maintien
MIM 464 — MIM
affecté et théâtral. Une personne qui est toujours Si la démarche d'une femme est sinistre, hon^
'
aux écoutes ne promet rien de bien distingué. seulement désagréable, mais gauche, impé-
Quiconque sourit sans sujet avec une lèvre de tueuse , sans dignité, se précipitant en avant el
de côlé d'un air dédaigneux, soyez sur vos gardes.
Ne vous laissez éblouir ni par le charme delà
beauté, ni par les grâces de son esprit, ni même
par l'attrait de la confiance qu'elle pourra vous
témoigner ; sa bouche aura les mêmes caractères
que sa démarche, et ses procédés seront durs et
faux comme sa bouche; elle sera'peu touchée de.
tout ce que vous ferez pour elle et se vengera
de: la moindre chose que vous aurez négligée,
Comparez sa démarche; avec lés lignes de sou
front et les plis qui sô trouvent autour de sa
bouche, vous serez étonné du merveilleux accord
de tous. ces signes Caractéristiques,
i: Ayez le pius;:de; réserve possible en présence
de l'homme gras et.d'un tempérament colère qui
semble toujours mâcher, roule sans cesse les
yéux-autourde_soi, ne parlé jamais de sens rassis,
s'est; donnëëependant l'habitude d'une politesse
travers, quiconque së: lient souvent Isolé sans affectée, mais traite tout avec une espèce de
aucune direction, sans: aucune tendance ..déter- désordre et d'improprelé. Dans son nez rond,
minée, quiconque salué lé:"corps-;roidey'-iï'-i'n-- court,; retroussé, dans; sa bouche béante, dans
clinant que la tête en'àyànt, est un fou. : lesmouvements irréguliersdesalèvre inférieure,
de son front saillant et plein d'excroissances, lèvre inférieure se p'ousse en avant, dont les
dans sa démarche, qui se fait entendre de loin, mains se tournent en poings, mais qui se calme
vous reconnaîtrez l'expression du mépris et de tout à coup , qui reprend le ton d'une politesse
la dureté, des demi-talents avec la prétention froide, qui fait rentrer dans un calme apparent
d'un talent accompli, de la méchanceté sous ses yeux et ses lèvres, s'il est interrompu par
une gauche apparence cle bonhomie. la présenceimprévue d'un personnage important
Fuyez l'homme dont la voix tendue, toujours qui se trouve être votre ami.— L'homme dontles
montée, toujours hauLe et sonore, ne cesse de traits et la couleur du visage changent subite-
décider; dont les yeux, tandis qu'il décide, s'a- ment ,. qui cherche avec soin à cacher celle alté-
grandissent, sortent de leur orbile; dont les ration soudaine et sait reprendre aussitôt un air
sourcils se hérissent, les veines se gonflent, la calme; celui qui possède l'art de tendre et dé-
MIM 465 MIM
tendre les muscles de sa bouche, de les tenir ne marchent, qui reculent en s'avançant, qui
pour ainsi dire"en bride, particulièrement lorsque disent des grossièretés d'une voix basse et d'un
l'oeilobservateur se dirige sur lui : cet homme air timide, qui vous fixent hardiment dès que
a moins de probité que de prudence ; il est plus vous ne les voyez plus et n'osent jamais vous
courtisanque sage et modéré. regarder tranquillement en face, qui ne disent
Rappelez-vousles gens qui glissent plutôt qu'ils du bien de personne, sinon des méchants, qui
trouventdes exceptions:à;toutet paraissent avoir porte, en arrière (que,celte tête soit grosse ou
toujours contre l'assertion la; plus simple une singulièrement petite) ; celui qui, se,.-mire dans
contradictiontoute prête; fuyez l'atmosphère où ses pieds mignons de manière à les faire remar-,
cesgens respirent» Celui qui relève la tête et la quer ;,celui qui, voulant montrer de grands yeux
encoreplus grands qu'ils ne sont, les tourne moment qu'il aperçoit la réplique sur vos lè-
exprèsde côté comme pour regarder tout par- vres, prend un air sourcilleux et murmtire tout
dessusl'épaule; celui qui, après vous avoir prêté bas d'un ton propre à vous ordonner le silence :
longtempsun silence orgueilleux, vous fait en- cet homme a pour le moins trois qualités haïssa-
suite une réponse courte, sèche et tranchante, bles, avec tous leurs symptômes, l'entêtement,
n/il accompagne d'un froid sourire; qui, du l'orgueil, la dureté ; très-probablement il y joint
30
MIM — 466 MIM
encore la fausseté, la fourberie et l'avarice. Le forte ou faible, claire ou sourde, douce ou rude,
corps penché en avant annonce un homme pru- juste ou fausse. Le son de la voix, son articula-
dent et laborieux. Le corps penché en arrière tion , sa faiblesse et son étendue, ses inflexions
annonce un homme vain, médiocre et orgueil- dans le haut et clans le bas, la volubilité et l'em-
leux. : barras de la langue, tout cela est infiniment ca-
ractéristique. Le cri des animaux les plus cou-
rageux est simple, dit Aristote, et ils le poussent
sans effort marqué. Celui des animaux timides
est beaucoup plus perçant. Comparez à cet égard
le lion, le boeuf, le coq qui chante son triomphe,
avec le cerf et le lièvre ; ceci peut s'appliquer
aux hommes. La voix grosse et forle annonce un
homme robuste ; la voix faible un homme timide.
La voix claire et sonnante dénote quelquefois un
menteur ; la.voix habituellement'tremblante in-
dique souvent un naturel soupçonneux. L'effronté
; et l'inSolent ont la voix haute. La voix rude est
un signe de grossièreté. La voix douce et pleine,
agréable; à l'oreille, annonce un heureux naturel.
Ajoutons que de nos jours les marins du Le- qu'il est dans le sépulcre, et commencent leur
vant conservent cette opinion que les momies interrogatoire par cette demande : — Qui est
attirent les tempêtes, et on ne peut les embar- votre seigneur, et qui est votre prophète? —
querqu'à leur insu. Leurs fonctions sont aussi de tourmenter les ré-
Monarchie infernale» Elle se compose, selon prouvés. Ces anges ont un aspect hideux et une
Wierus, d'un empereur, qui est Belzébuth; de voix aussi terrible que le tonnerre. Après qu'ils
sept rois, qui régnent aux quatre points cardw ont- reconnu que le mort est dévoué à l'enfer, ils
•naux, et qui sont.Baël,: Pursan, Bylelh, Paymon, le fouettent avec un fouet moitié fer et moitié
Belial, Asmoday, Zapan ; de vingt-trois ducs , feu. Les mahomélans ont tiré cette idée du
savoir: Agarès, Busas, Gusoyn, Balhym, Eligor, Talmud.
Valefar, Zepar^ Sytry, Bune, Berilh, Astarofh, Monsieur de Laforêt. C'est le nom qu'on
Vepar, Chax, Pricel, Murmur, Focalor, Gornory, donnait autrefois au fantôme plus connu sous le
Amduscias-, Aym.,- Orobas, Vapula-; Hauros, titre de grand Veneur de la forêt de Fontaine-
Alocer; de treize marquis, Aamon, Loray, Na- bleau. Voy. VENEUR.
berus, Forneus, Ronève, Marchocias, Sabnac, Sa résidence ordinaire était dans cette forêt;
Gamigyn, Arias, Andras, Androalphus, Cime- mais il s'en écartait quelquefois. Delancre rap-
ries, Phoenix ; de dix comtes, Barbatos, Botis, porte qu'un enfant qui vivait en Allemagne fut
Morax, Ipès,, Furfur, Raym, Halphas , Vine, trouvé vêtu d'une peau de loup et courant comme
Decarabia, Zalcos; de onze présidents, Marbas, un petit loup-garou ; il dit que c'était M. de La-
Huer, Glasialabolas, Forças, Malphas, Gaap, forêt qui lui avait donné sa peau; que son père
Caym, Volàc, Oze, Amy, Haagenti, et de plu- s'en servait aussi. Dans un interrogatoire, cet
sieurs chevaliers, comme Furcas, Bifrons, etc. enfant avoua que si M. de Laforêt lui apparais-
Les forces de la monarchie infernale se compo- sait, il pouvait le mettre en fuite par des signes
sent de 6666 légions, chacune de 6666 démons ; de croix. Il ajouta que M. de Laforêt lui deman-
cequi.nefait que 44,635,566 combattants. Mais dait quelquefois s'il voulait être à lui, et qu'il lui
chacun de ces démons a sous lui des bandes. offrait pour cela de grandes richesses.
Voy.COUR. Monstres. Méry, célèbre anatomisle et chi-
Monde. Voy. ORIGINES. rurgien-major des Invalides, vit et disséqua, en
Monkir et Nékir, anges qui, selon la croyance
des musulmans, interrogent le mort aussitôt 1 DomGalniel, Dissertationsur les apparitions.
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1720, un petit monstre né à six mois de terme, organisée, qui tenait au petit monstre par un
sans tête, sans bras, sans coeur, sans poumons, cordon ombilical commun. Son observation est
sans estomac, sans reins, sans foie, sans rate, consignée clans les Mémoires de l'Académie des
sans pancréas, et pourtant né vivant. Cette pro- sciences. Comment la circulation du sang s'opé-
duction extraordinaire fut suivie d'une fille bien rait-elle dans cet individu dépourvu de coeur?
Montagnards.
Torquemada rapporte qu'Alexandre le Grand,
lorsqu'il faisait la guerre des Indes, vit plus de
cent trente mille hommes ensemble qui avaient
pieds tournés en arrière, ce qui rendait ces Montalembert (Adrien de), aumônier de
hommes extrêmement légers à la course. François lor, auteur d'un ouvrage intitulé La
On voit dans de vieilles chroniques qu'il y merveilleuse Histoire de l'esprit qui depuis naguère
avait au nord des hommes qui n'avaient qu'un s'est apparu au monastère des religieuses de Saint-
oeilau milieu du front; en Albanie, des hommes Pierre de Lyon. Paris, 1528,111-4°;Rouen, 1529 ;
dontles cheveux devenaient blancs dès-l'enfance, Paris, 1580, in-12. C'est l'histoire d'Alice de
et qui voyaient mieux la nuit que le jour (conte Télieux.
produit par les Albinos) ; des Indiens qui avaient Montan, chef des hérétiques montanistes au
des têtes-de chien; d'autres sans cou et sans tête, onzième siècle. C'était un eunuque phrygien» Il
ayant.les yeux aux épaules, el, ce qui surpasse avait des attaques d'épilepsie', et il les lit passer
toute admiration , un peuple dont le corps était pour des extases où il s'entretenait avec Dieu. Il
velu et couvert.de plumes/Comme les oiseaux, reconnaissait que le Saint-Esprit était venu, mais
et qui se nourrissait seulement de ; l'odeur des il le . distinguait. du Para'clet, et il disait: C'est
Heurs.On a pourtant ajouté foi à ces fables. - moi qui suis le Paraclet. Les montanistes ad-
N'oublions pas celles qui se trouvent consi- mettaient les femmes à la prêtrise.
gnéesdans le. Journal des voyages de Jean Struys, ; Montahay, sorcier. Voy. GAEIGAÏ.
qui dit avoir vu de ses propres yeux les habi- Mqntézujna. Voy. PRÉSAGES.
tants de l'île de Formose ayant- une queue, au Monture des esprits. Dans les idées cle l'Ir-
derrière, comme lés boeufs, 11parle, aussi d'une lande et de plusieurs autres peuplades du Nord,
espèce de concombre, qui se nourrit, dit-on, les esprits, fées.ou lutins, qui ontà voyager en-
des plantes .voisines. Cet auteur ajoute que ce fourchent unjonc, tin brin d'herbe ,un tronc de
fruit surprenant a la figure d'un agneau, avec les
pieds, la tête, et la queue de cet animal distinc-
tement formés ; d'où pn l'appelle, en langage du
pays, lanaret: ou bonarez, qui signifie agneau.
Sa peau est couverte: d'un duvet fond blanc,
aussi délié que;la soie. Les...Tartares en-font-
grandcas, et la plupart le gardent avec soin dans
leurs maisons,..;où cet auteur en a vu plusieurs.
' Il croît sur une tige d'environ trois pieds de
haut. L'endroit par où il lient à sa tige est une
espèce de-nombril;- sur.-lequel il se tourne et se,
baissevers les herbes qui lui servent de nourri-
ture,, se séchant et se fiélrissant aussitôt que ces
herbes lui manquent. Les loups l'aiment et le
dévorent avec avidité, parce qu'il a le goût de choux, et foute autre Chose; sur celle monture
la chair d'agneau ; et l'auteur ajoute qu'on lui a ils parcourent des dislances incroyables en un
assuré que cette plante a effectivement des os, quart d'heure.
dusang et de la chair : d'où vient qu'on l'appelle Môpsus, devin de l'antiquité, qui se montra
encoredans le pays zoaphitè, c'est-à-dire plante plus habile que Calchas et le lit mourir cle ja-
animale'. lousie. , • . ,
Montagnards, démons qui font leur séjour Morail, démon qui a la puissance de rendre
dansles mines sous les montagnes, et tourmen- invisible, selon les Clavicules de Salomon. .
lenlles mineurs. Ils ont trois pieds de haut, un Morax ou Forai, capitaine, comte et prési-
visagehorrible, un air de vieillesse, une cami- dent de plusieurs bandes infernales; il se fait
soleet un tablier de cuir, comme les ouvriers dont voir sous la forme d'un taureau. Lorsqu'il prend
ils prennent souvent la figure. Ils sont soumis à la figure humaine, il instruit l'homme dans l'as-
un esprit géant; ce qui fait contraste. On dit que tronomie et dans tous les arts libéraux. Il est le
ces démons autrefois n'élaient pas malfaisants, prince des esprits familiers qui sont doux et
qu'ils entendaient même la plaisanterie ; mais sages.
une insulte leur était sensible, et ils la souffraient Il a sous ses ordres trente-six légions.
rarementsans se venger. Un mineur eut l'audace Mordad, l'ange de la mort chez les mages.
de dire des injures à un de ces démons. Le dé- Moreau, chiromancien du dix-neuxième siè-
mon indigné sauta sur le mineur el lui tordit le cle, qui, dit-on, prédit à Napoléon sa chute et
cou. L'infortuné n'en mourut pas, mais il eut le ses malheurs. Bien d'autres furent aussi sorciers
courenversé et le visage tourné par derrière tout que lui. Il exerçait à Paris, où il est mort en 1825.
le reste de sa vie. 11y a eu des gens qui l'ont vu Morel (Louise), sorcière , tante de Marie
en cet élat, dit le narrateur.... Ils avaient de Martin. Voy. MARTIN.
bons yeux. Voy. MiNEuns. Morgane, soeur du roi Arlhus, élève de'Mer-
1 lin, qui lui enseigna la magie ; elle est fameuse
Lebrun, Histoire des superstitions, t. I, p. 442.
MOR 474 MOR
dans les romans de chevalerie par ses enchan- sortant du tombeau, se présentait à son ami, iuj
tements et par les tours qu'elle joua à Genièvre, recommandait de dire des prières pour le rache-
sa belle-soeur. C'est dans la Bretagne une grande ter des flammes et le conduire à la félicité des
fée, l'une des prophélesses de l'île de Sein, et élus '. »
la plus puissante des neuf soeurs druidesses. Les De tous lés spectres de ce monde, la mort
Bretons l'appellent la Chanteuse des mers, et il est le plus effrayant» Dans une année d'indi-
y a dans ce pays des pêcheurs qui prétendent gence , un paysan se trouve au milieu de quatre
descendre d'elle. petits enfants qui portent leurs mains à leur
Pour plusieurs, Morgane est un mirage; Mor- bouche, qui demandent du pain, et à qui il n'a
giane, chez les Orientaux,' est une péri qu'ils rien à donner.... La démence s'empare de lui ;
appellent aussi Mérgiann. il saisit un couteau ; il égorge les trois aînés; le
Morin (Jean-Baptiste), médecin de mademoi- plus jeune , qu'il allait frapper aussi, se jette à
selle de Guise, né au ManS en 1615, et;mort en ses pieds et lui crie : — Ne me tuez pas, je n'ai
1705. Il pronostiquait comme Luc Gauric. On plus faim.
dit qu'il annonça le sort de Gustave-Adolphe et Dan sles armées des Perses, quand un simple
du jeune Cinq-Mars, et qu'il fixa, à quelques soldat était malade à l'extrémité, on le portait
légères différences près, le jour et l'heure où en quelque forêt prochaine, avec un morceau de
moururent le cardinal de Richelieu et le conné- pain, un peu d'eau et un bâton pour se défendre
table de Lesdiguiëres. On.lui attribue à tortla contre les bêtes sauvages, tant qu'il en aurait la
réponse adroite de cet astrologue qui, interrogé force. Ces malheureux étaient ordinairement dé-
par Louis XI s'il connaissait lui-même l'époque vorés. S'il en échappait quelqu'un qui revînt
de sa propre mort, répondit:—Oui,, prince, chez lui, tout le-monde le:fuyait comme sic'eût
trois jours avant la vôtre. été un démon ou un fantôme-; on ne lui permet-
Sous le règne de Louis XIII, on était très-in- tait dé communiquer avec personne qu'il n'eût
fatué de l'astrologie judiciaire. Morin ayant pré- été purifié» On était persuadé qu'il devait avoir
dit que tel jour le roi était menacé de quelque eu de grandes liaisons avec les démons, puisque
malheur, on respecta assez sa prédiction pour les bêtes ne l'avaient pas mangé, et qu'il avait
recommander au roi de ne pas Sortir. Il garda recouvré ses forces sans aucun secours.
effectivement l'appartement toute la matinée; Les anciens attachaient tant d'importance aux
mais s'ennuyant l'après-midi, il voulut prendre - cérémonies funèbres, qu'ilsinventèrent les dieux
l'air et tomba.— Qu'on ne parle pas de cela à mânes pour veiller aux sépultures. On trouve
Morin, dit le prince ; cet accident le rendrait trop dans la plupart de leurs écrits des traits frap-
glorieux. pants qui nous prouvent combien élait sacré
Morin (Simon), visionnaire fanatique du dix- parmi eux ce dernier devoir que l'homme puisse
septième siècle, né vers 1623, qui voulut réta- rendre à l'homme. Pausanias conte que, cer-
blir la secte des illuminés, et qui annonçait que tains peuples de l'Arcadie ayant tué inhumaine-
Notre-Seigneur Jésus-Christ s'était incarné en ment quelques jeunes garçons qui ne leur fai-
lui. Il fit quelques prosélytes; mais à la suite de saient aucun mal, sans leur donner d'autre
plusieurs détentions à la Bastille, il fut condamné sépulture que les pierres avec lesquelles ils les
à être brûlé, après avoir fait amende honorable avaient assommés, et leurs femmes, quelque
comme accusé de -conspiration contre le roi ; il temps après, se'trouvant atteintes d'une maladie
monta sur le bûcher le 14 mars 1663. Celait un qui les faisait toutes avorter, on consulta les ora-
agitateur fanatique qui eût bien voulu une petite cles , qui commandèrent d'enterrer au plus vite
révolution. les enfants si cruellement privés de funérailles.
Mort. «La mort, si poétique parce qu'elle Les Égyptiens rendaient de grands hon-
touche aux choses immortelles, si mystérieuse à neurs aux morts. Un de leurs rois, se voyant
cause de son silence, devait avoir mille ma- privé d'héritiers .parla mort de sa fille unique,
nières de s'énoncer pour le peuple. Tantôt un n'épargna rien pour lui rendre les derniers de-
trépas se faisait prévoir par le tintement d'une voirs et lâcha d'immortaliser son nom- parla
cloche qui sonnait d'elle-même , tantôt l'homme plus riche sépulture qu'il put imaginer. Au lieu
qui devait mourir entendait frapper trois'coups d'un mausolée, il lui fit bâtir un palais ; et on
sur le plancher de sa chambre. Une religieuse de ensevelit le corps de la jeune princesse dans un
Saint-Benoît, près cle quitter la terre, trouvait bois incorruptible, qui représentait une génisse
une couronne d'épines blanches sur le seuil cle ""Rouverte de lames d'or et revêtue cle pourpre.
sa cellule. Une mère perdait-elle son fils dans un Cette figure était à genoux, portant entre ses
pays lointain, elle en était instruite à l'instant cornes un soleil d'or massif, au milieu d'une
par ses songes. Ceux qui nient les pressentiments salle magnifique et entourée de cassoleltes ou
ne connaîtront jamais les roules secrètes par où brûlaient continuellement des parfums odorifé-
deux coeurs qui s'aiment communiquent d'un rants.
bout du monde à l'autre. Souvent le mort chéri, 1 M. cle Chateaubriand, Génie du christianisme.
MOR - 475 MOR
Les Égyptiens embaumaient les corps et les ils avaient un soin extrême. Ils se faisaient au-
conservaient précieusement; les Grecs et les tant de gloire de les nourrir grassement quel.es
Romainsles brûlaient. Cette coutume de brûler autres peuples clese bâtir de superbes tombeaux.
les morts est fort ancienne. Les Égyptiens, avant Un Bacfrien faisait beaucoup d'estime du chien
de rendre à leurs rois les honneurs funèbres, les qui avait mangé son père. Les Barcéens faisaient
jugeaient devant le peuple et les privaient de consister le plus grand honneur de la sépulture
sépulture s'ils s'étaient conduits en tyrans. à être dévorés par les vautours; de sorte que
Quand le roi des Tartares mourait, on mettait fontes les personnes de mérite et ceux qui mou-
son corps embaumé dans un chariot, et on le raient en combattant pour la patrie étaient aus-
promenait dans toutes ses provinces. Il était sitôt exposés dans les lieux où les vautours pou-
permis à chaque gouverneurde lui faire quelque vaient en faire curée. Quant à la populace, on
outrage, pour se venger du tort qu'il en avait l'enfermait dans des tombeaux, ne la jugeant
reçu. Par exemple, ceux qui n'avaient pu obte- pas digne d'avoir pour sépulture le ventre des
nir audience maltraitaient les oreilles, qui leur oiseaux sacrés.
avaient été fermées; ceux qui avaient été indi- Plusieurs peuples de l'Asie eussent cru se ren-
gnéscle ses débauches s'en prenaient aux che- dré coupables d'une grande impiété en laissant
veux, qui étaient sa principale beauté, et lui pourrir les corps; c'est pourquoi, aussitôt que
faisaientmille huées, après l'avoir rasé, pour le quelqu'un était mort parmi eux, ils le:mettaient
rendre laid et ridicule. Ceux qui se plaignaient en pièces et le mangeaient en grande dévotion
de sa trop grande; délicatesse lui déchiraient le avec les parents et les amis. C'était lui rendre
nez, croyant qu'il ; n'était devenu efféminé que honorablement les derniers devoirs. Pylhagore
parce qu'il avait trop aimé les parfums. Ceux enseigna la métempsycose des âmes; ceux-ci
qui décriaient son gouvernement lui brisaient le pratiquaient la mélempsycose des corps, en fai-
front, d'où étaient sorties tontes-ses ordonnancés sant passer le corps des morts dans celui des
lyranniques; ceux qui en avaient reçu quelque vivants. D'autres peuples, tels que les anciens
violence lui mettaient les bras en pièces. Après Hiberniens, les Bretons et quelques nations asia-
qu'on l'avait ramené au lieu où il élait mort, on tiques, faisaient encore plus pour les vieillards:
le brûlait avec une.de ses femmes, un échan- ils les égorgeaient dès qu'ils étaient septuagé-
son, un cuisinier, un écuyer, un palefrenier, naires et en faisaient pareillement un festin.
quelqueschevaux et cinquante esclaves i. C'est ce qui se pratique encore chez quelques
Quand un Romain mourait, on lui fermait les peuplades sauvages.
yeuxpour qu'il ne vît point l'affliction de ceux Les Chinois font publier le convoi, pour que
qui l'entouraient. Lorsqu'il était sur le bûcher, le concours du peuple soit plus nombreux. On
on les lui rouvrait pour qu'il pût voir la beauté fait marcher devant le mort des drapeaux et des
desdeux qu'on lui souhaitait pour demeure. On bannières, puis des joueurs d'instruments, sui-
faisaitfaire ordinairement la figure du mort, ou vis de danseurs revêtus d'habits fort bizarres,
en cire, ou en marbre, ou en pierre; et cette qui sautent tout le long du chemin avec des
figureaccompagnait le cortège funèbre, entourée gestes ridicules. Après cette troupe viennent des
depleureuses à gages. Chez plusieurs peuples de gens armés de boucliers et cle sabres, ou de
l'Asieel de l'Afrique, aux funérailles d'un homme gros bâtons noueux. Derrière eux, d'autres por-
richeet de quelque distinction, on égorge et on tent des armes à feu dont ils font incessamment
enterre avec lui cinq ou six de ses esclaves. des décharges. Enfin, les prêtres, criant de
Chezles Romains, dit Sainl-Foix, on égorgeait toules leurs forces, marchent avec les parents,
aussides vivants pour honorer les morls; on qui mêlent à ces cris des lamentations épouvan-
faisaitcombattre des gladiateurs devant le bû- tables ; le cortège est fermé par le peuple. Cette
cher, el on donnait à ces massacres le nom de musique enragée et ce mélange burlesque de
jeuxfunéraires. En Egypte et au Mexique, dit le joueurs, cle danseurs, de soldais, de chanteuses
même auteur, on faisait toujours marcher un et cle pleureurs donnent beaucoup cle gravité à
chienà la tête du convoi funèbre. En Europe, la cérémonie. On ensevelit le mort dans un cer-
surles anciens tombeaux des princes et des che- cueil précieux, et on enterre avec lui, entre plu-
valiers,on voit communément des chiens à leurs sieurs objets, de petites figures horribles, pour
pieds. faire sentinelle près clelui et effrayer les démons ;
LesParlhes, les Mèdes el leslbériens expo- après quoi on célèbre le festin funèbre, où l'on
saientles corps, ainsi que chez les Perses, pour invite de temps en temps le défunt à manger et
qu'ils fussent au plus tôt dévorés par les bêtes à boire avec les convives. Les Chinois croient
sauvages, ne trouvant rien de plus indigne de que les morts reviennent en leur maison une fois
l'hommeque la putréfaction. Les Baclriens nour- fous les ans, la dernière nuit de l'année. Pen-
rissaient, pour ce sujet, de grands chiens dont dant toute celte nuit, ils laissent leur porte ou-
verte, afin que les âmes de leurs parents tré-
'
Muret, Des cérémoniesfunèbres. passés puissent entrer ; ils leur préparent des lits
MOR — 476 MOR
et mettent dans la chambre-un bassin plein d'eau que d'honneur que souvent on- ne l'accordait
pour qu'ils puissent se laver les pieds. Ils atten- qu'aux grands seigneurs et aux souverains. Les
dent jusqu'à minuit. Alors, supposant les morts Tibaréniens, les Suédois, les Goths suspendaient
arrivés, ils leur font compliment, allument des les corps à des arbres et les laissaient se défi-
cierges, brûlent des odeurs et les prient, en gurer ainsi peu à peu, et servir de jouet aux
leur faisant de profondes révérences, de ne pas vents. D'autres emportaient dans leurs maisons
oublier leurs enfants et de leur obtenir des dieux ces corps desséchés et les pendaient au plancher
laforce, la santé, lés biens et une longue vie. comme des pièces de cabinetd.' Les Groënlan-
Lés Siamois brûlent les corps et mettent autour dais, habitant le pays du mondé le plus froid,
du bûcher beaucoup de papiers où sont peints ne prennent pas d'autres soins des morts que de
dés jardins, des maisons, des - animaux, des les exposer nus à l'air, où ils se gèlent et"se dur-
fruits, en un mot, tout ce qui peut être utile et cissent aussitôt comme des pierres ; puis, cle peur
agréable dans l'autre vie. Ils croient que ces pa- qu'en les laissant'au milieu dès champs ils ne
piers brûlés deviennent réellement ce qu'ils re- soient dévorés par les ours, les parents les en-
présentent. Ils croient aussi que tout être, dans ferment clansde grands paniers qu'ils suspendent
là nature, quel qu'il soit, un habit, une flèche, aux arbres. Les Troglodytes, exposaient les corps
une hache, un chaudron, etc., a une âmeV et mùrts sur une éminencè, le derrière tourné vers
que cet âme suit dans l'autre monde le maître à les assistants; de sorte qu'excitant, par cette
qui la chose appartenait dans ce monde-ci. On posture^ lé rire de toute l'assemblée, on'se mo-
aurait dit sérieusement pour eux ces vers bur- quait du mort au lieu de lé pleurer; chacun lui
lesques : jetait des pierres, et quand il en était couvert,
on plantait au-dessus une conie de chèvre et on
J'aperçus l'ombre d'un cocher ' se retirait. Les habitants dés îles Baléares dépe-
Qui, tenantl'ombre d'une brosse,
En frottait l'ombre d'un carrosse '. çaient le corps en petits morceaux et Croyaient
honorer infiniment le défunt en l'ensevelissant
Le gibet, qui nous inspire tant d'horreur,'a dans une cruche. Dans certains pays de l'Inde,
passé chez quelques peuples pour une telle mar- la. femme se brûle sur le bûcher de son mari.
Lorsqu'elle a dit adieu à sa famille, on lui apporte personnes riches, de remplir la bouche du mort
des lettres pour ledéfunl, des pièces de toile, de pièces d'or et d'argent, pour ses besoins clans
des bonnets, des souliers, etc. Quand les présents l'autre monde. On revêt l'homme de sept cleses
cessent de venir, elle demande jusqu'à trois fois meilleurs habits et la femme de neuf robes. Les
à l'assemblée si l'on n'a plus rien à lui apporter Galates méfiaient dans la main du mort un cer-
et à lui recommander, ensuite elle fait un paquet tificat de bonne conduite.
de tout et l'on met le feu au bûcher. Dans le Chez les Turcs, on loue des pleureuses qui
royaume de Tonquin, il est d'usage, parmi les accompagnent le convoi, et on porte des rafraî-
1 De CU.Perrault, attribués mal à 1 Muret, Des cérémonies funèbres, etc
propos à Scarron.
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chissemenls auprès du tombeau pour régaler les tant hommes que femmes, el parmi eux quel-
passants, qu'on invite à pleurer et à pousser des ques nains et quelques bouffons pour son diver-
cris lamentables. Les Gaulois enterraient avec le tissement. Le lendemain, on enfermait les cen-
corps mort ses armes, ses habits, ses animaux, dres dans une petite grotte voûtée, toute peinte
el même, ceux de ses esclaves qu'il avait paru en dedans, et on mettait au-dessus la figure du
le plus chérir. Quand on découvrit le tombeau prince, à qui l'on faisait encore de temps en
de Childéric, père de Clovis, à Tournay, on y temps cle pareils sacrifices; carie quatrième,jour
trouva des pièces d'or et d'argent, des boucles, après qu'il avait été brûlé, on lui envoyait quinze
des agrafes, des .filaments d'habits, la poignée esclaves en l'honneur des quatre saisons, afin
d'une épée, le tout,d'or;-!a figure en or d'une qu'il les eût toujours belles; on en sacrifiait cinq
tête de boeuf, qui était, dit-on, l'idole qu'il ado- le vingtième jour, afin qu'il eût,, toute l'éternité,
rait; les os, le mors, un fer et quelques restes iule- vigueur pareille à celle de vingt ans; le
du harnais d'un cheval, un globe de cristal dont soixantième', on en immolait trois autres, afin
il se servait pour deviner, une pique, une-hache qu'il ne sentît aucune des principales incommo-
d'armes, un squelette d'homme en entier, une dités de la vieillesse, qui sont la langueur, le
aulre tête moins grosse, qui paraissait avoir été froid et l'humidité. Enfin, au bout de l'année,
celle d'un jeune homme, et apparemment de on lui en sacrifiait encore neuf, qui est le nombre
l'écuyer qu'on avait tué, selon la coutume, pour le; plus propre à exprimer l'éternité, pour lui
accompagner et aller servir là-bas son. maître. souhaiter uneélernité déplaisir. .
On voit qu'on avait eu soin d'enterrer avec lui Quand les Indiens supposent qu'un de leurs
seshabits, ses armes, de l'argent, un cheval, un chefs est près de rendre le dernier soupir, lés
domestique, des tablettes pour écrire, en un mot savants de la nation se rassemblent. Le grand
toutce qu'on croyait devoir lui être nécessaire prêtre et le médecin apportent et consultent
dans l'autre monde...Quelquefois même on en- chacun la figure de la divinité, c'est-à-dire de
terraitavecles grands personnages leur médecin. l'esprit bienfaisant de l'air et de celui du feu.
La belle Ausfregilde obtint en mourant,, du roi Ces figures sont en bois, arfistement taillées, et
Gontran, son mari, qu'il ferait tuer et enterrer représentent un cheval, un cerf, un castor, un
avecelle les deux médecins qui l'avaient soignée cygne, un poisson, elc» Tout autour sont sus-
pendant sa maladie. «Ce sont, je crois, les seuls, pendues des dents de castor, des griffes d'ours
dit Sainl-Foix, qu'on ait inhumés dans le.'tom- et d'aigle. Leurs maîtres se placent avec elles
beau-des rois ; mais je ne cloute pas que plusieurs dans un coin écarté de la cabane pour les con-
autres n'aient mérité le même honneur. » sulter ; il existe ordinairement en Ire eux' une ri-
On observait -anciennement en France une valité de réputation, d'autorité, de crédit; s'ils
coutumesingulière aux enterrements des nobles : ne tombent pas d'accord sur la nature de la ma-
on faisait coucher dans le lit de parade qui se ladie, ils frappent violemment ces idoles les unes
portait aux enterrements un homme armé de contre les autres, jusqu'à ce qu'une dent ou;une
pieden cap pour représenter le défunt, On trouva griffe en;tombe. Cette perte-prouve la, défaite cle
dans les comptes cle la maison de Polignac : l'idole qui-l'a éprouvée et assure par conséquent
Donnécinq sous à Biaise, pour avoir fait le che- une obéissance formelle à l'ordonnance de son
valier mort, à la sépulture de Jean, fils de Ran- compétiteur.
donnel-Armand,vicomte de Polignctc. Aux funérailles.du roi de Méchoacan, le corps
Quelques peuples de l'Amérique enterraient était porté par le prince que le défunt avait choisi
leurs morts assis et entourés demain, d'eau, de pour son successeur; la noblesse el le peuple le
fruitset d'armes. A-Panuco, dans le Mexique, on suivaient avec de grandes lamenta lions. Le con-
regardait les médecins comme de petites divi- voi ne se mettait en marche qu'à minuit, à la
nités, à cause qu'ils procuraient la santé, qui est lueur des torches. Quand il était arrivé au temple,
le plus précieux de tous les biens. Quand ils on faisait quatre fois le tour du bûcher; après
mouraient, on ne les enterrait pas comme les quoi on y déposait le corps et on amenait les of-
autres;-on.les brûlait avec des réjouissances pu- ficiers destinés à le servir dans l'autre monde;
bliques; les hommes et les femmes dansaient entre autres, sept jeunes filles, l'une pour serrer
pêle-mêle autour du bûcher. Dès que les os ses bijoux, l'autre pour lui présenter sa coupe,
étaient réduits en cendres, chacun tâchait d'en la troisième pour lui laver les mains, la quatrième
emporter dans sa maison et les buvait ensuite pour lui donner la servietle, la cinquième pour
avecdu vin, comme un préservatif contre toutes lui faire sa cuisine, la sixième pour mettre son
sortes de maux. Quand on brûlait le corps de couvert, la septième pour laver son linge. On
quelqueempereur du Mexique, on égorgeait d'a- mettait le feu au bûcher, et toutes ces malheu-
bordsur son bûcher l'esclave qui avait eu soin, reuses victimes, couronnées cle fleurs, étaient
pendantsa vie, d'allumer ses lampes, afin qu'il assommées à grands coups de massue et jelées
lui allât rendre les mêmes devoirs dans l'autre clans les llammes.
monde.Ensuite on sacrifiait deux cents esclaves, Chez les sauvages de la Louisiane, après les
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cérémonies des obsèques, quelque homme no- sans l'enterrer; ses compagnons lui apportent,
table delà nation, mais qui doit n'être pas de la tous les matins à manger et à boire; mais enfin
famille du mort, fait son éloge funèbre. Quand il voyant qu'il ne veut point revenir à la vie, ni
a fini, les assistants vont tout nus, lesuns après toucher à ces viandes, ils les lui jettent sur la
les autres, se présenter devant l'orateur, qui leur tête, et, comblant la fosse, ils font un grand
applique à chacun, d'un bras vigoureux, Irois feu, autour duquel ils dansent avec des hur-
coups d'une lanière large de deux doigts, en di- lements. ...--.
sant : « Souvenez-vous que pour être un bon Les Turcs en enterrant les morts leur lais-
guerrier comme l'était le défunt, il faut savoir sent les jambes libres, pour qu'ils puissent-se
souffrir.»- mettre-, à genoux quand lés ahges viendront les
-. Les protestants luthériens n'ont point de ci- examiner; ils croient qu'aussitôt que le mort est
metière et enterrent indistinctement les morts dans la fosse, son âme revient dans son corps et
dans un champ, dans un bois, dans un jardin. que deux anges horribles se présentent à lui el
«Parmi nous, dit Simon de Paul, l'un.de leurs lui demandent : «Quel-est ton dieu, ta religion
prédicanls, il est fort indifférent d'être enterré et ton prophète? » S'il a bien vécu, il,répond :
dans les. cimetières ou dans les lieux où l'on «-Mon. dieu..est le. vrai Dieu, ma religion esl la
écorcheles ânes.—Hélas, disait un vieillard du vraie religion.,'et mon prophète est -.Mahomet.-»
Palatinât, faudra-t-il donc qu'après avoir vécu Alors on lui amène une belle figure; qui n'est
avec honneur, j'aille demeui-èr après ma mort; autre chose que ses bonnes; actions, pour le di-
parmi les raves, pour en êtré: éternellement le vertir jusqu'au jour du-jugement, où il entre en
gardien? » paradis. Mais sile défunt est coupable, il tremble
Les Cireassiens lavent les corps des morts, à de peur, et ne peut, répondre; juste. Les anges
moins que le défunt ne soit mort loyalement noirs le frappent aussitôt, avec une massue de
dans une bataille pourlà défense du pays, au- feu et l'enfoncent si rudement dans la terre
quel cas on l'enterre dans son harnais, sans le que tout le sang qu'il a-pris de;sa nourrice s'é-
laver, supposant qu'il sera reçu d'emblée en pa- coule par le nez» Là-dessus vient une figure trèsr
radis 4. vilaine (ses mauvaises actions) qui le tourmente
Les Japonais témoignent la plus grande tris- jusqu'au jour du jugement, où il entre en enfer.
tesse pendant la maladie d'un dés leurs, et. la C'est pour délivrer le mort, de ces anges noirs
plus grande joie à sa mort. Ils s'imaginent que que les parents lui crient sans cesse : « N'ayez
lés maladies sont des dénions invisibles, et sou- pas peur et répondez bravement. » Ils font une
vent ils' présentent' requête contre elles dans- les autre distinction clés bons et des:méchants, qui
temples. Ces mêmes Japonais poussent quelque- n'est pas moins absurde. Ils disent qu'au jour du
fois si loin la vengeance, qu'ils ne se contentent jugement Mahomet viendra dans la vallée delô-
pas de faire périr leur ennemi; mais ils se don- saphat, pourvoir si Jésus-Christ jugera bien les
nent encore la mort pour aller l'accuser devant hommes; qu'après le jugement-il prendra la
leur dieu et le' prier d'embrasser leur querelle ; forme d'un mouton blanc; que tous les Turcs se
on conte même que des veuves, non contentes cacheront dans sa toison, changés en petite ver-
d'avoir bien tourmenté leurs maris pendant leur mine, qu'il se secouera alors, et que tous ceux
vie, se poignardent pour avoir le plaisir de les qui tomberont seront damnés, tandis que tous
faire enrager aprèsleur mort. ceux qui resteront seront sauvés, parce qu'il les
Quand un Caraïbe est mort, ses compagnons mènera en paradis. Des docteurs musulmans expo-
viennent visiter le corps et lui font mille ques- sent encore autrement la chose : Au jugement
tions bizarres, accompagnées de reproches sili- dernier, Mahomet se trouvera à côté de Dieu,
ce qu'il s'est laissé mourir, comme s'il eût dé- monté sur le Borak et couvert d'un manteau fait
pendu de lui de vivre plus longtemps : « Tu des peaux de tous les chameaux qui auront porté
pouvais faire si bonne chère! il ne le manquait à la Mecque le présent que chaque sultan y en-
ni manioc, ni patates, ni ananas ; d'où vient donc voie à son avènement à l'empire. Les âmes des
que tu es morl? Tu étais si considéré! chacun bienheureux musulmans se transformeront en
avait de l'estime pour toi, chacun t'honorait, puces, qui s'attacheront aux poils du manteau du
pourquoi donc es-tu mort?... Tes parents t'ac- prophète, et Mahomet les emportera clans son
cablaient de caresses; ils ne le laissaient man- paradis avec une rapidité prodigieuse ; il ne sera
quer de rien; dis-nous donc pourquoi tu es plus question alors que cle se bien tenir, car les
mort? Tu étais si nécessaire au pays! tu t'étais âmes qui s'échapperont, soit par la rapidité du
signalé dans tant de combats! tu nous mettais à vol, soit autrement, tomberont dans la mer, où
couvert des insultes de nos ennemis; d'où vient elles nageront éternellement.
donc que tu es mort? » Ensuite on l'assied dans Parmi les juifs modernes, aussitôt que le ma-
une fosse ronde; on l'y laisse pendant dix jours lade est abandonné des médecins, on fait venir
un rabbin, accompagné, pour le moins, de dix
' Stanislas Bell, Voyage en Circassie.
personnes. Le juif répare le mal qu'il a pu faire;
MOR 479 MOR
puis il change de'nom, pour que l'ange de la ferme pas, un des plus proches parents esl me-
mort, qui doit le punir, ne le reconnaisse plus; nacé sous peu de cesser d'être *-.On dit ailleurs
ensuiteil donne sa bénédiction à ses enfants, s'il que tout le monde voit les dénions en mourant,
en a, et reçoit celle de son père, s'il ne l'a pas et que la sainte Vierge fut seule exempte de cette
encore perdu. De ce moment on n'ose plus le vision. Le jour de la Commémoration, des tré-
laisser seul, de peur que l'ange de la mort, qui passés, les Bretons ne balayent pas leurs maisons
esldans sa chambre, ne lui fasse quelque violence. pour ne pas troubler les morts, qui y reviennent
Ceméchant esprit, disent-ils, avec l'épée qu'il a ce jour-là en grandes troupes.
danssa main, paraît si effroyable que le malade Les Arméniens frottent les morts d'huile, parce
en est tout épouvanté. De cette épée, qu'il tient qu'ils s'imaginent qu'ils doivent lutter corps; à
toujoursnue sur lui, découlent trois gouttes d'une corps avec de mauvais génies. Chez les chrétiens
liqueurfuneste : la première qui tombe lui dorme schismatiques de l'archipel Grec, si le corps d'un
la mort, la seconde le rend pâle et difforme, la mort n'est pas bien roide, c'est un signe que le
dernière le corrompt et le fait devenir puant et diable y est entré, et on le met en pièces pour
infect. Aussitôt que le malade expire, les assis- empêcher ses fredaines. Les Tônquinois cle la
tants jettent par la: fenêtre toute l'eau qui se secte des lettrés rendent un culte religieux à ceux
trouve dans la maison; ils la croient empoison- qui sont morts de faim; les premiers jours de
née, parce que l'ange de la mort, après avoir chaque semaine, ils leurs présentent du rizi cuit
tué le malade, y a trempé Son épée pour en ôter qu'ils ont été mendier par la ville»
le sang. Tous les voisins, dans la même crainte, Chez les anciens, celui qui rencontrait un ca-
en font autant; Les juifs racontent que cet ange davre était obligé de jeter sur lui, par trois fois,
de la mort était bien plus méchant autrefois; de la poussière, sous peine d'immoler à Gérés
maisque, par la force du grand nom de Dieu, la victime que l'on nommait porca prmcidanea;
des rabbins le lièrent un jour et lui crevèrent on- regardait même, comme maudits ceux qui
l'oeilgauche; d'où vient que, ne voyant plus si passaient devant un cadavre sans lui rendre ce
clair, il ne saurait plus faire tant de mal. Dans dernier devoir. - -.
leurs cérémonies funèbres, les juifs sont per- Voici sur les morls clés anecdotes d'un autre
suadésque, si on omettait une seule d.esobservar genre. Méhémet Almédi, roi de Fez, prince am-
lionset dés prières prescrites, l'âme ne saurait bitieux, rusé, hypocrite, eut une longue guerre
être portée par les anges jusqu'au lit de Dieu, à soutenir contre des peuples voisins qui refu-
pour s'y reposer éternellement;: mais 'que,-.tris- saient de se soumettre à lui. Il remporta sur eux
tement obligée d'errer çà et là,-elle serait ren- quelques victoires ; mais ayant perdu une ba-
conlrée par des troupes de démons qui lui fe- taille, où il avait exposé ses* troupes-avec une
raient souffrir mille peines. Ils disent qu'avant fureur aveuglé, elles refusèrent de retourner à
d'entrer en paradis ou en enfer, l'âme revient l'ennemi. Pourles ranimer, il employa un strata-
pourla dernière fois dans le corps elle fait lever gème. Il offrit à un certain nombre de ses offi-
sur ses pieds; qu'alors l'ange de la mort s'ap- ciers, ceux qui lui étaient le plus affectionnésy
procheavec une chaîne, dont la moitié est de fer des récompenses considérables, s'ils voulaient se
et l'autre moitié cle feu, et lui en donne trois laisser .enfermer quelques heures dans des tom-
coups: au premier, il disjoint tous les os et les beaux, comme s'ils fussent morts à la bataille.
fait tomber confusément à terre; au second, il — J'ai fait pratiquer à ces tombeaux, leur dit-il,
lesbrise et les éparpille, et au dernier, il les ré- des ouvertures par lesquelles vous pourrez respi-
duiten poudre. Les bons anges viennent ensuite rer et vous faire entendre ; car je disposerai les
et ensevelissentles cendres. Les juifs croient que esprits, et, quand l'armée passera, je vous inter-
ceux qui né sont point enterrés dans la terre rogerai; vous répondrez que vous avez trouvé
promisene pourront point ressusciter; mais que ce que je vous avais promis, c'est-à-dire une
toutela grâce que Dieu leur fera, ce sera de leur félicité entière et parfaite, récompense de votre
ouvrir de petites fentes au travers desquelles ils dévouement, bonheur réservé à tous ceux qui
verront le séjour des bienheureux. Cependant le combattront avec vaillance. Le tout s'exécuta
rabbin Juda, pour consoler les vrais Israélites, comme l'avait proposé Méhémet Almédi. 11cacha
assureque les âmes des justes enterrées loin du parmi les morts ses plus fidèles serviteurs, les
paysde Chanaan rouleront par de profondes ca- couvrit de ferre, leur laissant un petit soupirail
vernes, qui leur seront pratiquées sous terre, pour respirer et se faire entendre. Ensuite il ren-
jusqu'à la montagne dès Oliviers, .d'où elles tra au camp, et faisant assembler les principaux
entreront en paradis. chefs au milieu de la nuit : — Vous êtes, leur
En Bretagne, on croit que tous les morls ou- dit-il, les soldats de Dieu, les défenseurs de la
vrent la paupière à minuit '. Et à Plouerden, loi el les protecteurs de la vérité. Disposez-vous
près Landernau, si l'oeil gauche d'un mort ne se à exterminer nos ennemis, qui sont aussi ceux
1 1 Cambry, Voyagedans le Finistère, t. II, p. 470.
Cambry,Voyagedans le Finistère, t. II, p. 4S.
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du Très-Haut ; comptez que vous ne retrouverez se donner à lui. Lé mari, dit-on, y consentit; la
jamais une occasion aussi certaine de lui plaire. femme revécut. Mais un jour qu'on prononça de-
Mais comme il pourrait se trouver parmi vous vant elle lé nom de Jésus, elle retomba morte,
des coeurs pusillanimes qui ne s'en rapporteraient et ce fut tout de bon.
pas à nies paroles, je veux les convaincre par un Most-Mastite. Voy. MARIAGE.
grand prodige. Allez au champ de bataille ; inter- Motelu, démon que l'on trouvé cité dans ' le
•'
rogez ceux de nos frères qui ont été tués aujour- procès intenté à. Denise dé Lacaille»
d'hui ; ils vous assureront qu'ils jouissent du plus Motogon, lé dieu créateur en Australie. « Les
parfait bonheur,- pour avoir perdu la vie dans la Australiens disent que lé. Motogon, qu'ils croient
guerre sainte. 11conduisit alors ses "guerriers sur un homme très-fort, très-lg'rand, très-sage, de
lé champ debataille,-où-il cria de toute sa force : leur couleur'et de leur pays, quand il créa le
— Assemblée des fidèles martyrs, faites-nous sa- soleil, la terre., lés arbres,lé kangârou, etc.,
voir ce que vous avez vu des merveilles du Dieu Usa dé cette parole : « Terre, parais-dëhors ! ,) et
Très-Haut.-. Lés compères enfouis répondirent : il souffla, et là ferre fût créée. "« Eau, parais de-
-*- Nous avons reçu dû Tout-Puissant des récom^ hors ! » il souffla, et l'éaU fût créée. Ainsi de tous
penses infinies el qui ne peuvent être comprises les autres êtres". C'est unè; tradition assurément
par des; vivants. Les chefs, surpris du prodige cle là formule dé la Genèse-» » Chez ces peuples,
de cette réponse, coururent la publier clans l'ar- le démonse homme Ciengd.
mée et réveillèrent le courage dans le coeur de Mouche» Lé diable apparaît quelquefois en
touslessoldats. Pendant que lé camp s'agitait, forme de mouché ou de papillon» -On-le vit sortir
le -roi,: feignant Une: extase occasionnée par le sous- cette forme dé la-bouche d'un démoniaque
miracle qui venait d'avoir lieu, était demeuré de Ladn V Les démoriomanes appellent Belzé<-
près des tombeaux où ses serviteurs ensevelis hxxth seigneur des mouches j lesi habitants de Gey-
attendaient leur délivrance. Mais il boucha les lan appellent lé diable Ac/wr, qai signifie en leur
soupiraux par lesquels ils respiraient elles en- langue dieu des mouches ou chasse -mouchesi
voya recueillir, par ce barbare stratagème", les . ils lui. offrent des sacrifices pour être délivrés
.récompenses qu'il venait d'annoncer à leurs de ces insectes. qui causent quelquefois dans
frères. , :-:•; ;.-:.:, , . ,' : leur pays des maladies contagieuses ; ils disent
Disons un mot:de la peur que tous les; hommes qu'elles meurent aussitôt qu'on a sacrifié à Achor'.1
ont. pour les morts, l'rois mauvais sujets dé mu- M. Éméric David, à propos de Jupiter, dit que
siciens, au retour d'une; partie de:débauche ; pas- les ailes de mouches qui, dans quelques; monu-
saient devant un; cimetière ; ils y entrent ; après ments, forment (à ce qu'on prétend) la barbe
s'être: permis, pour s'encourager,dé; mauvaises de Jupiter, sont un hommage au feu générateur,
plaisanteries sur;les-inorts qui;habitaient-là, une les mouches étant produites par la canicule.....
idéefolle leur vint. Ils portaient avec eux leurs Voy. GRANSON, MYIAGORUS, etc.
instruments de musique.Us trouvent original de Moult (Thomas-Joseph), astrologue napoli-
donner un concert à un tas d'ossements rassem- tain, inférieur à Matthieu Laensberg; il a laissé
blés en faisceau: dans l'Une des extrémitésde ce des prédictions populaires.
. champ du repos» Us n'ont pas plutôt commencé Mouni, esprits qiie reconnaissent les Indiens,
leur affreuse sérénade, qu'un-cri part du fond de quoique aucun de leurs livres sacrés n'en fasse
l'ossuaire ; tous les ;ossemehts qui : le; composent mention; ils leur attribuent les qualités que les
se meuvent, s?ugiteiit,\S!entreehoq;uent avec bruit, Européens accordent aux esprits follets. Ces es-
semblent se réunir et ;se ranimer pour:punir les prits n'ont point de corps, mais ils prennent la
audacieux,qui bravent ainsi l'empire dé-la mort. forme qui leur plaît, ils rôdent la nuit pour faire
Les concertants sont tellement effrayés que deux mal aux hommes, tâchent de conduire les voya-
d'en tre eux tombent morts à l'instant, et l'autre ,• geurs égarés dans des précipices, des puits ou
à demi écrasé, reste longtemps sans connais- des rivières, se transformant en lumière et c.a-
sance. En reprenant ses sens il demeura si vive-
ment frappé qu'il se.lit ermite.—Voici le secret 1 Voyage en Australie, par le R»P. Salvado, tra-
del'aventure. Un pauvre mendiant, qui n'avait duit par M. Charles Auberive.
2 Leloyer, Histoire et discours des spectres.
pas d'asile, s'était.'réfugié, derrière le monceau 3 Les Actiatiques étaient des fêtes se célé-
d'ossemeii Ls, pour y passer la nui t ; cette musique braient tous les trois ans en l'honneurquid'Apollon.
inattendue lui avait fait une telle frayeur, en le Elles avaient pris leur nom du promontoire d'Aclium.
-réveillant en sursaut, qu'il s'était enfui el qu'en Ces fêtes consistaient en jeux et danses; on y tuait
se sauvant il avait fait crouler la pyramide fatale. un boeuf qu'on abandonnait aux mouches, dans la
persuasion où l'on était que, rassasiées de son sang,
Voy. NÉCROMANCIE, VAMPIRES, REVENANTS, etc. elles s'envolaient et ne revenaient plus. Auguste,
Mortemart. Un. seigneur de cette famille cé- vainqueur cle Marc-Antoine, renouvela les jeux Ac-
lèbre perdit sa femme qu'il chérissait. Tandis tiatiques; on ne les célébra d'abord qu'à Actium, et
se livrait à son tous les trois ans; mais ce prince en transporta la
qu'il désespoir, le diable lui appa- célébration à Rome et en fixa le retour tous les cinq
rut et lui offrit de ranimer la défunte s'il voulait ans.
MOU 481 — MUM
chant le péril où ils les entraînent. C'est pour se Mulet. C'est sous cette forme que se montre
les rendre propices que les Indiens élèvent en le lutin Odet.
leur honneur de grossières statues colossales, Muller (Jean), astronome et astrologue, plus
auxquellesils vont adresser des prières. connu sous le"nom de Regiomontanus, né en
Mouton. Le diable s'est montré plusieurs fois 1436, en Franconie, mort à Rome en 1476.11
paraît qu'il prophétisait aussi, puisqu'on dit qu'il
annonça la fin du monde en même temps que
Stolïier. Ces deux hommes firent tant de-bruit
que les esprits faibles crurent que le monde fini-
rait infailliblement en 1588. On dit qu'il con-
struisit deux automates merveilleux : 1° un aigle
qui volait et qui alla au-devant.'de-l'Empereur,,
lors de son entrée à Ralisbonne ; 2° une mouche
de fer, qui faisait le tour d'une fable eu bourdon-
nant à l'oreille de chaque convive, et revenait se
sousla forme d'un mouton. Le sorcier Aupefit, poser sur sa main. Ses contemporains voyaient
dans ces deux objets, dont on exagère la perfec-
qui fut condamné à être brûlé vif, avoua qu'il tion , des oeuvres de magie»
s'était présenté à lui sous la figure d'un mouton
plus noir que blanc, et qu'il lui avait dit que
toutes les fois qu'il verrait dans les nuages un
mouton, ce serait-le signal du sabbat 4. Quand
vous rencontrez dans un voyage des moutons
qui viennent à vous, c'est un signe que vous
serez bien reçu ; s'ils fuient devant vous, ils
présagentun triste accueil. Voy, MORTS.
Mouzoukô, nom que les habitants du Mono-
raolapadonnent au diable, qu'ils représentent
commefort méchant2,' 11n'est bon nulle part.
Mozart. Tout le monde- sait les circonstances
singulièresde la mort de ce célèbre compositeur.
Uninconnu vint lui demander, à haut prix, une
messede Requiem pour un grand personnage
qu'illie voulut pas lui nommer. Le mystère dont
s'entouraitcet inconnu, sa figure peut-être, l'im-
possibilitécle découvrir qui il était, troublèrent
l'esprit de Mozarl. 11 traîna assez longtemps le
travailpromis, se figurant que ce serait sa 'der-
nièreoeuvre. Il mourut après l'avoir terminé.
Saliéri, son rival, cpi'il ne connaissait pas,
avoua, en mourant à son tour, que c'était lui
quiavait joué le personnage de l'inconnu; et il
s'accusaainsi de la mort de Mozart, dont il élail
envieux.
Muçjeta d'Essen, sorcière lorraine- qui fut
condamnéeau bûcher. Avant d'y monter, elle
déclara-quel'esprit impur défend:à ses adhérents
dese laver le matin et qu'il a la propreté en hor-
reur.En conséquence, elle conseilla à son mari,
s'ilvoulait faire reculer les démons, cle se laver
tousles matins les mains et la ligure el cle se re-
commanderà Dieu dès son réveil 3.
Mozart.
ffiuhazimim, nom que les Africains donnent
à leurs possédés. Ils font des cercles, impriment
descaractères sur le front de ces muhazimim, et Mullin, démon d'un ordre inférieur, premier
lediable qui les possède déloge aussitôt'.. valet de chambre de Belzébuth. Il y a aussi dans
quelques procès de sorciers un certain maître
1
Delancre, Tableaude l'inconsl.des démons,etc., Jean Mullin, qui est le lieutenant du grand maître
P.503. des sabbats.
2 des
3 Abrégé Voyages,parla Harpe. Mummol. En 578, Frédégonde perdit un de
Rémi, Démonologic.
4 Bodin,Démonomanie, 396. ses fils, qui mourut de la dyssenterie. On accusa
p.
34
MUN — 482 — MUN
le général Mummol, qu'elle haïssait, de l'avoir gonde partit pour Compiègne et accusa Mummol
fait périr par des charmes et des maléfices. Il auprès du roi 1. Ce prince le fit venir; on lui na
avait eu l'imprudence de dire à quelques per- les mains derrière le dos ; on lui demanda quel
sonnes qu'il connaissait une herbe d'une effica- maléfice il avait employé pour tuer le prince ; il
cité absolue contre la dyssenlerie 1. 11n'en fallut ne voulut rien avouer de ce qu'avaient déposé
pas davantage pour qu'il fût soupçonné d'être les sorcières ; mais il convint qu'il avait souvent
sorcier. La reine, fit arrêter plusieurs femmes de charmé des onguents et des breuvages, pour ga-
Paris, qui confessèrent qu'elles étaient sorcières, gner la faveur du roi et de la reine» Quand il fut
1
qu'elles avaient tué plusieurs personnes, que retiré de la torturé,,- il appela un sergent et lui
Mummol devait périr, et que le prince avait été commanda.d'aller dire au roi qu'il n'avait éprouvé
sacrifié pour sauver Mummol» De Ces sorcières, aucun mal» -Ghiîpéric, entendant ce- rapport,
qui étaient Coupables de meurtres, les unes furent s'écria : a II faut vraiment qu'il soit sorcier pour
•brûlées, d'autres noyées ;*.quelques-unes expi- n'avoir pas souffert de là question !»».;»;En même
rèrent sur la roue. Après ces exécutions, Frédé- temps il fit. réprendre; Mummol ; on l'appliqua de
Munçcr (Thomas).
nouveau à la torture ; mais quand on se préparait masses qu'il rassembla une armée de quarante
à lui trancher la tête, la reine lui fit grâce de la mille hommes. Comme il saccageait non-seule-
vie, se contentant de prendre ses biens. On le ment les églises et les objets sacrés, mais les
plaça sur une charrette attelée pour le conduire châteaux dés princes, ceux-ci s'armèrent contre
à Bordeaux, où il était né ; il ne devait point y lui. Il marcha à la bataille en annonçant que
mourir, tout son sang se perdit pendant la route, l'esprit qui l'inspirait lui assurait pleine victoire
pt il expira d'épuisement. On brûla tout ce qui et qu'il recevrait dans sa manche tous les bou-
avait appartenu au jeune prince, autant à cause lets qu'on allait lancer contre ses fidèles. Maisil
des tristes souvenirs qui s'y attachaient, que pour s'en tint si loin qu'il n'en put recevoir aucun.
anéantir tout ce qui portait avec soi l'idée du sor- Cependant on lui tua sept mille hommes et ou
tilège 2. dispersa ses bandes. Lui-même, pris à Mulhouse,
Muncer (Thomas), d'abord disciple de Luther, monta sur l'échafaud en 1525 et alla rejoindre
puis son rival. Il se donna comme inspiré de l'Es- l'esprit qui le possédait,
prit-Saintpour renverser tous les trônes et rendre Munnings, vieille Anglaise qu'on amena aux
tous lès hommes égaux. 11 pratiquait la prophé- juges, comme sorcière, en 1694. Un témoin jura
tie, racontait ses visions; et il charma si bien les que, sortant du cabaret vers neuf heures du soir,
il l'avait
1 C'est l'herbe que les paysans appellent l'herbe et regardant chez elle par sa fenêtre,
à cochon. vue tirer de son panier deux petits démons, l'un
2 Grégoire de Tours, livre IV de l'Histoire des blanc et l'autre noir. La pauvre femme eut beau
Francs. Cité par M. Garinet, Histoire de la magie en
France. 1 Chilpcric Ier'.
MUN — 483 — MUR
protester que le démon blanc était un fuseau de leurs 1 maisons, pour leur communiquer la même
laineblanche qu'elle allait filer, et que le démon solidité.
: Elle a été bâtie par l'empereur Adrien.
noir n'en était que l'ombre, elle n'en fut pas Un jardinier écossais, ouvrant là terre dans son
moins pendue. C'était la justice laïque. L'Église jardin,
; trouva une pierre d'une grosseur consi-
romaine, qui n'envoyait les vrais sorciers ni à la < dérable, sur laquelle on lisait, en caractères du
potenceni au feu, et qui se contentait de les êxor- ;pays, qu'elle était là pour la sûreté dés-mura du
cisèravec l'eau bénite et la prière, n'a jamais vu < château et du jardin, et qu'elle y avait été ap-
ces barbaries qu'avec horreur. portée de la grande muraille dont elle avait fait
Munster. « Si Ton en croit le témoignage de autrefois partie; mais qu'il serait aUsSi dange-
quelques contemporains, des signes précurseurs reux de la remuer qu'il y aurait d'avantage à la
avaient annoncé les calamités qui frappèrent laisser à sa place. Le seigneur dé la maison,
Munster;(dé 1531 à 1535 , sous la domination moins crédule que ses ancêtres, voulut là; faire
des anabaptistes). Dès 1517, la veillé dés ides de transporter dans un autre endroit, pourl'exposôr
janvief,on vit trois soleils à la fois; que perçaient à la vUe, comme un ancien monument. On entrée
d'outre en outre des glaives lumineux. Quelques prit de là faire sortir dé terre à force de ma-
jours après, trois lunes; on ne dit pas qu'elles chinés, et oh eh vint à bout, comme on l'aurait
aient été traitées aussi cruellement que les so- fait d'une pierre ordinaire. Elle demeura sur le
leils. Mais les étoiles ne furent point épargnées. bord du trou, pendant que la curiosité y fit des-
De petites épééS;qu'on apercevait çà et là dans cendre le j ardinier, plusieurs domestiques, les
les nues semblaient lés poignarder : -Innubibus deux fils du gentilhomme, qui s'amusèrent quel-
spàrsim gladioïi, quasi stellàstwnsfigenles.M'où- ques moments à creuser encore le fond. La pierre
blions point un bras qui ne tenait à rien, étendu fatale, qu'on avait négligé apparemment de pla-
versle nord et armé d'un sabre nu, ni des éclipses cer dans un juste équilibre, prit ce temps pour
de soleil et dé lune, ni une comète, ni des feux rétomber au fond du trou, et écrasa tous ceux
errants pendant la nuit.' Ajoutons à ces prodiges qui s'y trouvaient. Ce n'était là que le prélude
desenfantements monstrueux. En plein jour, un clés malheurs que devait causer cette pierre. La
homme céleste traversa les airs-; il avait une ; jeune épouse de l'aîné des deux frères apprit ce
couronne d'or sur la tête, un glaive dans une qui venait d'arriver/ Elle courut au jardin; elle
main, une verge dans l'autre. Mais qu'était-ce, y arriva dans le temps queles ouvriers s'empres-
en comparaison d'un spectre hideux, vu pareil- saient de lever la pierre, avec quelque espérance
lementenllair, tenant dans ses mains décharnées de trouver un reste de vie aux infortunés qu'elle
des entrailles palpitantes, qu'il comprimait si couvrait. Ils'l'avaient; levée à demi, et l'on s'a-
réellement, que le sang en, dégoutta sur le toit perçut en effet qu'ils respiraient; encore, lorsque
de plusieurs inaisons ? l'imprudente épouse,. perdant tout soin d'elle-
« L'auteur que je suis est trop sage pour ga- même, se jeta si rapidement sur le/corps de
rantir ces tristes merveilles, et je me borne son mari, que les'-ouvriers-, saisis!dé son action,
comme lui à les donner pour ce qu'elles valent. lâchèrent malheureusement les machines qui sou-
Il en est une cependant qui mérite plus d'atten- tenaient la pierre et l'ensevelirent ainsi avec les
tion, parce que l'historien assure qu'il en fut té- autres. Cet accident confirma plus que jamais la
moin,pressente-me; dit-il. La fille d'un tailleur, superstitieuse opinion des Écossais3: on ne man-
nommé Tomberg, âgée de. quinze à seize ans, qua pas de l'attribuer à quelque pouvoir établi
timide et parlant difficilement, fut tout à coup pour la conservation du mur d'Ecosse et de toutes
saisied'un enthousiasme terrible, parla trois les pierres qui en sont détachées.
heuresde suiteavec une sorte de fureur, annon- Murmur, grand-duc et comte de l'empire
çant à la ville les malheurs dont elle était mena- infernal, démon delà musique. Il paraît sous la
cée. Sa prédiction finie, elle tomba morte. Ce forme d'un soldat monté sur un vautour et ac-
trait ressemble assez au juif du siège de Jérusa- compagné d'une multitude de trompeltes; sa tête
lem1. » Voy. JEANDELEYDE .- est ceinte d'une Couronne ducale; il marche pré-
Muraille du diable. C'est cette fameuse mu- cédé du bruit des clairons. 11est de l'ordre des
raille qui séparait autrefois l'Angleterre de l'E- Anges et de celui des Trônes '.
cosse, et dont il subsiste encore diverses parties Murzanti. Une jeune Italienne de Poncini était
que le temps n'a pas trop altérées. La force du possédée d'un esprit qui se donnait pour l'âme
cimentet la dureté des pierres ont persuadé aux d'un homme appelé Murzanti, lequel avait été
habitantsdes lieux voisins qu'elle a été faite de: assassiné dans une partie de jeu. L'esprit, inter-
la main du diable ; et les plus superstitieux ont, pelle, déclara qu'il quitterait le corps de cette
grand soin d'en recueillir jusqu'aux moindresi jeune fille lorsqu'on aurait fait dire des prières
débris, qu'ils mêlent dans les fondements dei et des messes pour le repos de son âme. On le fit,
' M. et la possédée fut guérie.
Baston, Jean Bockelson,Fragmenthistorique
mé d'un manuscrit contemporain de la prévôté de
varlard. 1 Wierus, in Pseudomonarchiadoemon.
31.
MUS — 484 - MYR
Muschat. En Ecosse, près d'Edimbourg et des de grosses mouches viendraientinfester leur
rochers de Salisbury, on remarque une élévation pays
sur la fin de l'été et semer la peste. Voy. Aciion
appelée « la butte, de Muschat, » ainsi nommée BlSLZÉBUTII.
parce que là même un scélérat nommé Muschat
coupa la gorge à sa femme. Les témoins indignés
le lapidèrent sur le lieu même où il venait de
commettre son crime; et la butte s'est formée,
dit-on, de l'immense quantité de pierres amon-
celées sur l'assassin et sa victime. Or, on pré-
tend dans la contrée quejluschat et sa femme
sont toujours là-dessous, que la femme a recousu'
'
son gosier et qu'ils se querellent encore.
Musique céleste. Entre plusieurs découvertes
surprenantes que fit Pythagore, on admire sur-
tout celte musique céleste que lui seul entendait.
Il trouvait les sept tons de la musique dans la
distance qui est entre les planètes : de la terre à
la lune,-un ton; de la lune à Mercure, un.demi-
ton; de Mercure à Vénus, un demirton; de Vé-
nus au soleil, un ton et, demi ; du soleil à Mars,
un ton ; de Mars à Jupiter, un demi-ton ; de Ju-
piter à Saturne „ un demi-ton , et de Saturne au
zodiaque, union et demi. C'est-à celte musique Mycalo.
des corps célestes qu'est attachée l'harmonie de
Myoam, génie invoqué par les basilidiens.
toutes les parties qui composent l'univers. Nous divination par les rais ou les
Myomancie,
autres, dit.Léon l'Hébreu, nous ne pouvons en- souris ; on tirait des présages malheureux ou de
tendre cette musique, parce que nous en sommes leur cri, ou de leur voracité. Ejien raconte que
trop éloignés, ou bien parce, que l'habitude con- le cri aigu d'une souris suffit à Fabius Maximus
tinuelle de l'entendre fait que.nous ne nous en
apercevons point, comme ceux qui. habitent
près delà même s'aperçoivent plus du bruit des
vagues, parce qu'ils y sont accoutumés. :
Muspelheim. Les Scandinaves nomment ainsi
un monde lumineux, ardent, inhabitable aux
étrangers. Surtur le Noir y tient son empire ; dans
ses mains bnlle une épée flamboyante. Il viendra
à la fin du monde, vaincra tous les dieux et livrera
l'univers aux.flammes. ,,,
Musucca, nom du diable chez quelques peu-
ples de l'Afrique. Ils en ont une très-grande peur
et le regardent comme T ennemi du genre hu-
main; mais ils ne lui rendent aucun hommage.
C'est le même que Mouzouko.
Mutisme. .Souvent les-possédés sont privés
passagèrement ou longtemps de l'usage de la pa-
role; dans le cas surtout où réside en eux l'es-
prit qu'on appelle le démon muet. On exorcisa à
Laon, en 1566, une femme par la bouche de la- pour l'engager à se démettre de la dictature; cl,
quelle le démon parlait, tandis que la langue de selon Varron, Cassius Flaininius, sur un pareil
la possédée était retirée dans sa gorge. présage, quitta la charge de général de cavalerie.
Mycale, magicienne qui faisait descendre la Plularque dit qu'on augura mal de la dernière
lune par la force de ses charmes. Elle fut mère campagne de Marcellus, parce que des rais avaient
de deux célèbres Lapithes, Brotéas et Orion. rongé quelques dorures du temple de Jupiter. Un
Myagorus, génie imaginaire auquel on attri- Romain vint un jour, fort effrayé , consulter Ca-
buait la vertu de chasser les mouches pendant lon, parce que les rats avaient rongé un de ses
les sacrifices. Les Arcadiens avaient des jours souliers. Caton lui répondit que c'eût été un fout
d'assemblée, et commençaient par invoquer ce autre prodige si le soulier avait rongé un rat.
dieu et le prier de les préserver des mouches. Myricaeus, surnom donné à Apollon, comme
Les Éléens encensaient avec constance les autels présidant à la divination par les tiges de bruyère,
de Myagorus, persuadés qu'autrement des essaims à laquelle on donnait l'épilhèle cle prophétique.
MYS 485 — MYT
Onlui mettait alors à la main une tige de cette dieux, prenait d'étranges formes ponr séduire et
plante. ravir les femmes : il se changeait tantôt en pluie
Mystères. Nonnùs dit que chez les Romains d'or, tantôt en cygne, tantôt en taureau.
il fallait passer par quatre-vingts épreuves diffé- » Pour ce qui est des fonctions des dieux, Ar-
rentes pour être initié dans lès mystères de nôbe reproche aux païens qu'ils en avaient dont
Mithras ou du Soleil. D'abord on'faisait baigner les uns étaient drapiers, les autres matelots,
le candidat, puis on-l'obligeait à se jeter dans le ménétriers, gardes du bétail ; que l'un était mu-
feu; ensuite on le reléguait dans un désert, où sicien, l'autre servait de sage-femme, l'autre sa-
il était soumis à un jeûne rigoureux de cinquante vait l'art de deviner, l'un était médecin, l'autre
jours; après quoi on le fustigeait durant deux présidait à l'éloquence, l'un se mêlait des armes,
jours; on le mettait vingt autres jours dans la l'autre était forgeron. » Enfin, saint Augustin,
neige. Ce n'était qu'après ces épreuves, sur parlant des charges que les païens attribuaient à
l'observation -rigoureuse desquelles veillait un leurs dieux, conclut que « cela sent plutôt la
prêtre, et dans lesquelles le récipiendiairê Suc- bouffonnerie de théâtre que la majesté de Dieu
combait souvent -, qu'on était admis aux mys- (De Civit, Dei, lib. III, cap. v ».)
tères»Il y:-avait-d'autres cérémonies très-bizarres « Mais afin de vous montrer combien la théo-
aux mystères d'Eleusis, de- TrophoniUS, de la logie des païens était grossière, il faut vous en
grande déesse, etc.- donner un petit abrégé plus exact. Évhémérus
Mythologie. Contentons - -nous de citer ici de Messine, qui a recueilli l'histoire de Jupiter et
quelques fragments de Benjamin Binet dans son des autres dieux avec leurs titres, leurs épitaphes
Traité des dieux et des démons du paganisme : et leurs inscriptions, trouvées dans les temples
« Si l'on fixait la théologie païenne: à ce que les plus anciens, et particulièrement dans celui
les poètes nous en débitent, et à ce que le vul- de Jupiter Triphilin, qui possédait une colonne
gaire a cru, il y aurait d'abord de quoi s'étonner où Jupiter avait lui-même gravé ses actions; cet
en voyant comment l'homme, qui a conservé Évhémérus dit en substance que Saturne prit
quelques linéaments de l'image de Dieu et qui en Ops pour femme ; que Titan, qui élait l'aîné de
a une idée naturelle, s'est abandonné à des su- ses enfants, voulut régner : mais que Vesta,
perstitions si absurdes. Les païens, qui n'avaient leur mère, et Céres et Ops, leurs soeurs, conseil-
point d'autre guide que la mèche fumante de leur lèrent à Saturne de ne point céder l'empire. Ce
raison, sont tombés dans une espèce de délire en que voyant, Titan, qui se sentait le plus faible,
faisant autant de monstres de dieux qu'il y avait de s'accorda avec Saturne, à condition que, s'il en-
créatures. Ilestjuste,avantd'examinerlacroyance gendrait des enfants mâles, il ne lès élèverait
des philosophes, de. vous décrire succinctement point, afin que l'empire revînt à ses enfants :
combienla croyance du vulgaire était grossière. ainsi ils-tuèrent le premier fils qui naquit à Sa-
» Leurs dieux les plus vénérés, tels que les turne; qu'ensuite naquirent Jupiter et Junon, dont
poêles nous les dépeignent, étaient plus propres ils ne montrèrent que Junon, et donnèrent Jupi-
à faire rire qu'à exciter la dévotion. Ils en avaient ter à Vesla pour le nourrir en cachette ; qu'après
de ronds, de carrés; de triangulaires, d'informés, vint Neptune, que l'on cacha aussi, el enfin Plu-
de boiteux, dé borgnes, d'aveugles. 'Combien ton et Glauca ; que l'on montra Glauca, qui mou-
d'extravagances ne leur attribùait-on pas ! Les rut bientôt après, et que Pluton fut nourri, comme
poêlesnous parlent d'une manière bouffonne dès Jupiter, en cachette. Or, cela étant parvenu aux
amours d'un Anubis impudique el cle la Lune; oreilles de Titan, il assembla ses enfanis, et mit
ils nous apprennent que Diane avait été fouettée ; Saturne et Ops au cachot. Mais Jupiter, étant
nous y lisons la précaution pieuse d'un Jupiter devenu grand," combattit contre les Titans, les
qui, étant sur. le point de mourir, fit son testa- vainquit, et mit son père et sa mère hors de pri-
ment ; nous y voyons les dieux en guerre au siège son. Cependant, ayant découvert que son père,
de Troie, l'attentat des Titans contre Jupiter, la qu'il avait rétabli, était jaloux de lui et attentait
terreur qu'ils donnèrent à tous les dieux, terreur à sa vie, il s'empara de l'État et le relégua en
qui leur fit quitler leur domicile et interrompre Italie. (Laclanl., lib. I, cap. xiv.)
leurs fonctions pour aller se cacher en Egypte, » Les païens distinguaient leurs dieux en divers
et s'y métamorphoser en crocodiles et en oignons. ordres; les uns étaient majores ou communes,
Ils nous dépeignent la faim pressante des trois comme Virgile les appelle [Mneid., lib. xu),
Hercules,les accents lugubres du Soleil déplorant parce qu'ils étaient reconnus et servis pour tels
le malheur de son fils foudroyé par Jupiter, les par toutes les nations sujettes à l'empire romain.
soupirsd'une Cybèle lascive qui se plaint de l'in- On les nommait aussi oeviterni. Ces grands dieux
différenced'un berger insensible à ses flammes. composaient une espèce de cour souveraine et
Hercule viciait du fumier. Apollon était bouvier ; étaient au nombre de douze, compris en ces deux
Neptune se loua à Laomédon pour bâtir les murs vers d'Ennius :
de Troie, et fut en cela d'autant plus malheureux
Juno, Vesla, Minorva,Ceres, Diana,Venus, Mars,
qu'il n'en fut pas payé. Jupiter, le plus grand des Mercurius, Jupiter, Neplumis, Vulcanus,Apollo.
NAB 486 NAC
.» Les autres dieux passaient pour des divinités fissent point de mal (Aul. Gell;, lib. v), Ces
moyennes, célestes, terrestres, aquatiques et divinités hautes, moyennes et basses, n'étaient
infernales, auxquelles on confiait le gouverne- pas toutes également vénérées: on rendait à
ment de certaines parties de l'univers» Il y en celles du premier, ordre un culte suprême et uni-
avait d'autres que l'on ne reconnaissait que pour versel, à celles du second un service subalterne.
des dieux nouveaux.qui avaient été ou engendrés Que l'on adore, dit Gieéron, les dieux et ceux
des hommes et des dieux, ou déifiés par l'apo- qui ont toujours été estimés célestes, et ceux que
théose, à cause des bienfaits que l'on en avait leurs mérites ont élevés au ciel (De leg., lib. n).
reçus. Ces dieux s'appelaient indigetes, semidei. Mais pour les dieux inférieurs, étrangers, incer-
Tels étaient Hercule, Castor, Pollux, Ésculape, tains et particuliers, on ne leur déférait qu'un
et tous ceux que leurs mérites avaient élevés au honneur arbitraire, on proportionné à leur faible
ciel. Sur-quoi CiCéron dit agréablement que le pouvoir, qui né s'étendait que sur certaines par-
ciel est peuplé du genre humain. 11y en. avait en- ties du monde, dont on leur avait donné le gou-
core d'autres que Ton ne considérait que comme vernement. "--;
dés dieux ou barbares et étrangers, ou incer- w Je né dirai rien de cette multitude dé divi-
tains et inconnus, que l'on invoquait d'une ma- nités païennes dont le nom seul est ridicule : tels
nière douteuse, si lu es dieu, si tu es déesse, ou étaient les dieux Vagitonus, Robigus^ Ficus,
en général, sans les nommer, comme fait le Tiberinus, Pilumnus, Consusj telles étaient les
bouffon comique de Piaule : Fassent, dit-il, tous déesses Glpacina, Educa, Potina, .Vohipia^
les dieux grands mi petits, et (es dieux des pots Febris, Fessonia, Flora, etc. Je ne vous en rap-
(P-làuti, Cist., act. II)»,etc. Gè sont ces divinités porterai point mille histoires absurdes pour.vous
qu'Ovide appelle la populace des dieux, les Faunes, prouver que ce que l'oncontait des dieux ne
les Satyres, les Lares, les Nymphes. venait que des fictions des poëtes, que le peu-
» De tous ces dieux, il y en avait de bons et ple, naturellement superstitieux, avait adoptées
de mauvais, auxquels on sacrifiait afin qu'ils ne comme conformes à ses préjugés. »
-N
Nabam, démon que l'on conjure le Samedi. vreau, ont cru certaine là réprobation de Nebu-
Voy,CONJURATIONS..'..-'.."' chadnètzar, les autres n'ont douté nullement de
Nabérus, appelé aussi NÉBIHOS,marquis du son salut. On a fait encore des questions assez
sombre empire, maréchal de camp et inspec- inutiles sur le texte de Daniel, où il est dit que
teur général des années. Il se montre sous « Nabuchodonosor fut banni sept ans dé la com-
la figure d'un corbeau; sa voix est rauque; pagnie des hommes; qu'il demeurait avec les
il donnel'ëloquence, l'amabilité et enseigne les bêles des champs ; qu'il mangeait l'herbe comme
arts libéraux. Il fait trouver la main de gloire; les boeufs ; que son poil devint long comme les
il indique les qualités des métaux, des végétaux plumes des aigles, et ses ongles comme ceux des
et de tous lés animaux purs et impurs; l'un des oiseaux. » Saint Cyrille de Jérusalem, Cédrenus
chefs des nécromanciens, il prédit l'avenir. 11
et d'autres ont été persuadés qu'il avait été
commande à dix-neuf légions \ changé en boeuf; et notre Bodin y aurait sous-
Nabuchodonosor, roi de Babylone, crut pou- crit, lui qui a cru à la lycanthropie. Je ne pous-
voir exiger des peuples le culte et les hom- serai point cette question, et je me contente de
mages qui ne sont dus qu'à Dieu, et il fut dire ici, après beaucoup d'autres, qu'il perdit
pendant sept ans changé en boeuf. Les pàradistes l'usage de la raison ; qu'il fut tellement; changé
croient faire une grande plaisanterie en annon- par les injures de l'air, parla longueur de son
çant qu'on verra chez eux l'ongle de Nabuchodo- poil et de ses ongles, et par sa manière de vivre
nosor 2 parmi d'autres bagatelles; mais l'ongle avec les bêtes, qu'il s'imagina qu'il en.était une.
de Nabuchodonosor est dans le cabinet de curio- Tertullien dit qu'en cet état il fut frénétique;
sités du roi de Danemark.... 'L saint Thomas, qu'il eut l'imagination blessée;
« Entre les Pères de l'Église, les uns, dit Che-et les paroles de saint Jérôme sont remarquables :
Quando autem dixit sensumsibi redditum, osten-
1 Wierns, in Pseudomonarchia doemonum. dit non formant se amisisse, sedmentem '. »
2 Et plus exactement Nebuchadnètzar, nom qui Nachtmaneken, ou petit homme de nuit.
signifie Nebo le dieu prince, et Nebo serait le nom nom que les Flamands donnent aux incubes.
chaldéen de la planète de Mercure (M. Eugène Bore,
De la Chaldée et des Chaldéens). 1 Chevroeana, t. I, p. 249.
NAC 487 — NAI
Nachtvrouwtje, ou petite femme de nuit, qûres , et ce culte subsistait encore dans des ca-
nom que les Flamands donnent aux succubes. vernes il n'y a pas longtemps '. - ,
Nagates, astrologues de Geylan. Des voya- Naguille (Catherine), petite sorcière âgée de
geurscrédules vantent beaucoup le savoir de ces onze ans, qui fut accusée d'aller au sabbat en'
plein midi 2.
Naguille (Marie), jeune sorcière; soeur de la
précédente» Arrêtée à seize ans i elle avoua que
sa mère l'avait conduite au sabbat. Lorsqu'elles
devaient y aller ensemble, le diable venait ou-
vrir la fenêtre de leur chambre et les attendait à
la porte. La mère tirait un peu de graisse d'un
pot, s'en oignaitla tête, excepté la figure, pre^ '
nait sa fille sous le bras, et elles s'en allaient en
l'air au sabbat. Pour revenir à la maison, le
diable leur servait de porteur. Elle avoua encore
que le sabbat se tenait à Pagole, près d'un petit
bois 5. -. -
Nahama, soeur de Tubaleain. Onlitdansle
Talmud que c'est une des quatre mères des
diables. Elle est devenue elle-même, selon les
démonomanes, un démon succube,
devins,;qui, disent-ils, font souvent des -prédic- Nain-Laurin ou l'Elf-roi. C'est le roi des
tionsque l'événement accomplit. Ils décident du
sortdes enfants. S'ils déclarent qu'un astre malin
a présidé à leur naissance, les pères, en qui la
superstition étouffe la nature, leur ôlent une vie
qui-doit être malheureuse. Cependant, si l'en-
fantqui voit le jour sous l'aspect d'une planète
contraireesl un premier-né, le père le garde, en
dépit des prédictions; ce qui prouve que-l'as-
trologien'est qu'un prétexte dont les pères trop
chargésd'enfants se servent pour en débarrasser.
leurmaison. Ces nagates se vantent encore de
prédire,- par l'inspection des astres, si un ma-
riage sera heureux, si une maladie est mor-
telle, etc.
Naglefare, vaisseau fatal chez les Celtes. Il
eslfait des ongles des hommes morts; il ne doit
être achevé qu'à la fin du inonde, et son appa-
rition fera trembler les hommes et les dieux.
C'est sur ce vaisseau que l'armée des mauvais
géniesdoit arriver d'Orient.
Nagual. C'est le nom que donnent les Mexi-
cainsà leur esprit familier. Chaque nouveau-né
aie sien. Les peuplades ont le leur collectif. Le
nagualde chaque nouveau-né est vivant sous la'
forme d'un animal, d'un poisson, d'un oiseau,
qui est signalé le jour de sa naissance par son
horoscope. C'est un tigre, un chat, un perro-
quet, un insecte. Dans le culte du Mexique, avant
la conquête, on offrait souvent du sang aux
dieux et aussi aux esprits familiers; on tirait à
l'enfant qui venait de naîlre une goulle de sang petits elfs, des kobolds et d'autres esprits nains.
sousl'oreille ou sous la langue pour l'offrir avant 1 Voyezsur ces faits de curieux détails dans l'in-
fontà Chalchinblicué, la déesse des eaux et la téressant
voyagede M. l'abbéBrasseurde Bourbourg,
prolectricedes enfants. sur l'isthme de Téhuantépec, l'Etal de Chiaposel la
L'ara, gros perroquet, recevait un culte pro- république de Guatemala.
2 Delancre, Tableaude l'inconsi.des démons,etc.,
vincialdans quelques lieux du Mexique. Il avait
ses prêtres, qui lui présentaient goutte par liv.3 II, p..66. Tableaude l'inconsi.des démons,etc.,
Delancre,
goutte leur propre sang en se tatouant de pi- liv. H', p. 418.
NAI 488 NAP
Il joue un grand rôle dans le poëme de Nibe- soleil, avait vu de petits nains pas plus hauts que
lungs. le pouce.
Nains» Presque tous les esprits de l'espèce Les Celtes pensaient que les nains étaient des
!des fées sont nains en Irlande. espèces de créatures formées du corps du géant
Aux noces d'un certain roi de Bavière, on vit Ime, c'est-à-dire de la poudre de la terre. Ils
un 'nain si petit qu'on l'enferma dans un" pâté, n'étaient d'abord que des vers ; mais, par l'ordre
armé d'une lance et d'une épée. Il en sortit au des dieux, ils participèrent à la, raison et à la
milieu du repas, sauta sur la table, la lance en figure humaines, habitant, toujours cependant
arrêt, et excita l'admiration de tout le monde *. entré la terré et les rochers. « .On a découvert
La fable dit que les pygmées n'avaient pas sur les bords de la rivière Merrimak, à vingt
deux pieds de haut et qu'ils étaient toujours; en milles de l'île Saint-Louis,;dans les États-Unis,
guerre avec les grues. Lés Grecsv cpii reconnais- des tombeaux en pierre,; construits avec une
saient dès géants, pour faire lé contraste parfait,sorte d'art et rangés en ordre symétrique, mais
ilhaginërent ces petitshonimes.qu'iisappélèrent dont aucun; n'àvaitplus dé quatre pieds de long.
pygmées. Lldéé' lëiir:en,vint;peut-être de-cer-Les squelettes humains 'n'excèdent.pas" trois
tains peuples d'Ethiopie , -appelés Péchinies -,Ijui
pieds en longueur. CependantJes dents prou-
étaient d'une petite taille. Et comme les-grues vent que c'étaient des individus d'un, âge mûr;
se retiraient tous les hivers dansleùr pays, ils Les crânes sont hors de proportion; avec le reste
s'assemblaient pour leur .faire-peur' el les empê- du Corps» Voilà:donc les pygmées; retrouvés 1. »
cher de s'arrêter dans leurs champs : voilà le Voy. VYGMÈE. - '.
combat des pyguiéés contre les:gnies.. Laissons passer une anecdote de nain.
: Oh, montre dans lé château d'Umbres, à une
lieue d'ihspruèk, 1le :tombéau d'Haymon, géaiil
né dans jle Ty'rol au. quinzième, siècle. 11 avait
seize -pieds: de; haut et :assez de, force, dit-on,
pour porter lin boeuf d'une main»-A côté du sque-
lette d'Haymbn;est;celui;d!un; nain qui; fut cause
de'sa mort,; Ce nain; ayantdélié lecordon du sou-
lier du,géant, .celui-ci;se.baissapour le renouer;
le nain profita de ce;inoment pour lui donner un
soufflet,;Çetlô ;scène se passa. devant l'archiduc
-Ferdipan;d;et,;sa:cour ; ; on.en; rit : Ce qui (il tant
dé peiné au; géant que, peu de jours après il en
mourut de chagrin.
.C'était un luxe, autrefois,, d'avoir à la cour
des nains ou des fous.
; Nairancie. Espèce de, divination usitée parmi
les Arabes et fondée sur plusieurs phénomènes
du soleil-et de la, lune. ".•'."
Nakaronkir, esprit qiie Mahomet envoie dans
leur sommeil aux musulmans coupables, pour les
pousser au repentir.
Nambroth, démon que l'on conjuré le mardi.
Voy. CONJURATIONS.
Nan, mouches assez communes en Laponie.
'Les Lapons les regardent comme des esprils et
les portent avec eux dans des sacs de-cuir, bien
persuadés que par ce moyen ils seront préservés
de toute espèce de maladies»
Napier (Barbara). Voy. JACQUES 1er.
Napoléon Ier, empereur des Français. On a
prétendu qu'il avait un génie, familier, comme
Socrate et tous les grands hommes dont les ac-
tions ont excité l'admiration de leurs contempo-
rains. On l'a fait visiter par un petit homme
Swift fait trouver à son Gulliver des hommes rouge, espèce de génie mystérieux. Des esprits
hostiles ont vu aussi dans Napoléon un des pré-
hauts d'un demi-pied dans l'île deLilliput. Avant curseurs de
l'Antéchrist; ce qui est absurde,
lui, Cyrano de Bergerac, dans son Voyage au
1 Johnslon, 1 Journcd des Débats du %'ô
Thaumatographia naturalis. janvier 4819.
MR — Z|89 NAU
Narac, enfer des Indiens ; on y sera tour- poisonné, dans les ondes rapides duquel flotte-
menté par des serpents. ront les parjures, les assassins et les adultères.
Nastrande ou Nastrund, partie de l'enfer Dans une autre région, la condition des damnés
des Scandinaves. Là sera un bâtiment vaste et sera pire encore ; car un loup dévorant y déchi-
infâme; la porte, tournée vers le nord, ne sera rera sans cesse les corps qui y seront envoyés.
construite que de cadavres et de serpents, dont Nathan de Gaza, juif visionnaire qui se pré-
toutes les têtes, tendues à l'intérieur, vomiront senta en précurseur du faux messie Sabathaï-
des Ilots de venin. 11s'en formera un fleuve em- Zévi.
1er,empereur«lesFrançais.— Page-488.
Nnpoléon
Natona (Berthe), Génoise qui fut possédée en sedemanda-l-il. Et si on lui objecte que le diable
1217 de trois démons. Ils l'enlevaient en l'air à a pris la (ignre du serpent,, il répond qu'un es-
huit ou neuf pieds. Elle fut délivrée devant les prit n'a pas non plus les organes qui parlent. 11
reliques de saint Ubald, dont ses exorcistes im- en tire donc cette conclusion : « Cela ne se peut
ploraient l'intercession. naturellement; donc cela n'est pas. » Mais Ben-
Naturel et Surnaturel. Ce qui a fourvoyé jamin Binet lui a répliqué : « Ce que vous-répon-
beaucoup d'esprits qui se sont crus forts parce dez, c'est ne rien dire, puisqu'il s'agit là d'un
qu'ils étaient faibles et qu'ils ne s'en doutaient fait surnaturel. »
pas, c'est qu'ils ont confondu ces deux essences : Les naturalistes, les rationalistes, les réalistes
le naturel et le surnaturel. Ainsi Balthasar Bec- (car nous avons ces sectes autour de nous) rai-
ker, dans son Monde enchanté, veut anéantir les sonnent comme Becker; et ainsi ils déraisonnent.
démons, parce que sa laideur faisait dire qu'il Naudé (Gabriel), l'un des savants distingués
était l'un d'eux. 11voulait s'escrimer sur la cbute de son temps, né à Paris en 1600. 11fut d'abord
de l'homme ; or, il s'insurgea contre ces paroles bibliothécaire du cardinal Mazarin, ensuite de la
de Moïse: « Le serpent dit à la femme. » Est-ce que reine Christine, et mourut à Abbeville en 1653.
le serpent a les organes qu'il faut pour parler? 11a laissé une Instruction à la France sur la vé-
NAU 490 NEC
rite de l'histoire desfrères de la Rose-Croix, 1623, de prêcher ceux de sa secte jusqu'à sa mort.
in-4° et in-8°; rare. Naudé y prouve que les pré- Naxac, séjour de peines où les habiLants du
tendus frères de la Rose-Croix n'étaient que des Pégu font arriver les âmes après plusieurs trans-
fourbes qui cherchaient à trouver des dupes, en migrations.
se vantant d'enseigner l'art de faire de l'or, et Nëbiros. Vou, NABERUS.
d'autres secrets non moins merveilleux.. Ce cu- Nécato, sorcière_d'Andaye qui allait au sabbat
rieux opuscule est ordinairement réuni à une avec d'autres, quoique emprisonnée; ce qui éta-
autre brochure intitulée Avertissement au sujet blit que, comme plusieurs de ces
malheureuses,
des:frères de la Rose-Croix. On a encore.de lui : elle n'y allait qu'en esprit. Delancre dépeint celle
Apologie pour les grands hommesfaussement soup- sorcière comme un monstre'de laideur. Elle avait
çonnés--demagie, 1625, in-8". Cet ouvrage, peut- une barbe de satyre, des yeux de chat sauvage,
être un peu trop systématique, à eu plusieurs une voix rauque. Son. regard effrayait même ses
éditions. 11,y prend la défense dés sages, anciens compagnes..
et modernes, accusés d'avoir eu des génies fami- Nécromancie, art d'évoquer les morts ou de
liers, tels que Socrate, Aristote, Plotitl, etc., deviner les. choses, futures par l'inspection des:
ou d'avoir acquis par la magie des connaissances cadavres. Vày-,ANTiiuoPOMANGiE, Éiucirrno, etc.
au-dessus du vulgaire^ • Il y avait à -Sévi-Ile, à Tolède et à Salamanque
Nâuràusé (Pierres de). Voy\ FIN DUMONDE. des écoles publiques de - nécromancie dans de
Nàvius (Aeeius). Ce Navius, étant jeune, dit profondes cavernes, dont la grande Isabelle fit
Gicéron, fut réduit par la pauvreté à garder les murer les entrées. Pour prévenir lés superstitions
pourceaux: :En ayant perdu un, il fit voeu que, de Féyocalion des, mânes et'de tout ce qui a pris
s'il le retrouvait, il offrirait aux dieux, la plus lenom de nécromancie, Moïse avait fait de sages
belle grappe de raisin qu'il y aurait dans l'année. défenses aux J uifs-. Isaïe; condamne également
Lorsqu'il eut retrouvé son pourceau, il se tourna ceux qui demandent aux morts ce qui intéresse
vers le midi, s'arrêta au milieu d'une vigne, par- les vivants et ceux qui!dorment sur les tombeaux
tagea l'horizon en quatre parties ; et après avoir pour avoir des: rêves..-C'est;;même pour obvier
eu dans les trois premières des présages con- aux abus de,la nécromancie; répandue en Orient
traires, il. trouva une grappe de raisin d'une que chez; le peuple Israélite celui qui avait tou-
admirable grosseur. Gefut le récit de cette aven- ché un mort était-impur. Cette divination élail
ture qui donna à Tarquin la curiosité de mettre en usage chez les. Grecs;et. surtout chez les Thes-
à l'épreuve son talent de divination. Il coupa un saliens; ils arrosaient de sang eliaud un cadavre,'
jour un caillou avec un rasoir, pour prouver et ils prétendaient ensuite en recevoir des ré-
qu'il'devinait bien; ponses certaines sur l'avenir. Ceux qui consul-
Naylor (James), imposteur dû seizième siècle, taient le mort devaient auparavant avoir fait les
né dans le diocèse d'York, en Angleterre. Après expiations prescrites par le magicien qui prési-
avoir servi quelque temps en qualité de maréchal dait à cetLe cérémonie, et surtout avoir apaisé
des logis dans le régiment du colonel Lambert, par quelques sacrifices les mânes du défunt :
iLse retira parmi les trembleurs et s'acquit tant sans ces préparatifs, le défunt demeurait sourd
de réputation par ses discours, qu'on le regardait à toutes les questions. Les Syriens se servaient
comme un saint homme. Voulant profiter de la aussi de celle divination, et voici comment ils
bonne opinion qu'on- avait de lui et se donner s'y prenaient : Ils tuaient de jeunes enfants en
en quelque sorte pour un dieu, il résolut, en leur tordant le co.u, leur coupaient la tète, qu'ils
1656, d'entrer dans Bristol en plein jour, monté saiaient et embaumaient, puis gravaient sur une
sur un cheval dont un homme et une femme lame ou sur une plaque d'or le nom de l'esprit
tenaient les rênes, suivi de quelques autres qui malin pour lequel ils avaient fait ce sacrifice; ils
chantaient tous : Saint, saint, saint, le Dieu de plaçaient la tête sur cette plaque, l'entouraient
sabaoth 1. Les magistrats l'arrêtèrent et l'en- de cierges, adoraient cette sorte d'idole et en
voyèrent au parlement, où', son procès ayant été tiraient des réponses 1. Voy. MAGIE.
instruit, il fut condamné, le 25 janvier 1657, Les rois idolâtres d'Israël et de Juda se livrè-
comme blasphémateur et-séducteur du peuple, à rent à la nécromancie. Saûl v eut recours ' lors-
1*
avoir la langue percée avec un fer chaud- et le qu'il voulut consulter l'ombre de Samuel. L'Eglise
front marqué de la lettre B (blasphémateur), à a toujours condamné ces abominations. Lorsque
être ensuite reconduit à Bristol, où il rentrerait Constantin, devenu chrétien, permit encore aux
à cheval, ayant le visage tourné vers la queue : païens de consulter leurs augures, pourvu que
ce qui fut exécuté à la lettre, quoique ce fou ce fût au grand jour, il. ne toléra ni la magie
misérable eût désiré paraître sur un âne. Naylor noire ni la nécromancie. Julien se livrait à cetle
fut ensuite enfermé pour le reste de ses jours ; pratique exécrable.
mais on l'élargit un peu plus tard, et il ne cessa Il restait, au moyen âge, quelques Iraces
1 Nous traduisons le Dieu des armées; mais Deus * Loloyer. Histoire des spectres ou apparitions <fes
sabaoth veut dire le Dieu des phalanges célestes. esprits, îiv. V, p. 544. ï f-,
NEF 491 NER
de la nécromancie dans l'épreuve du cercueil. de Babel, et voyant, disent les auteurs arabes,
Neffesoliens, secte de mahométans qui pré- que cette tour, à quelque hauteur qu'il l'eût fait
tendent être nés du.Saint-Esprit, c'est-à-dire élever, était encore loin d'atteindre au ciel, il
sans opération d'homme : ce qui les fait telle- imagina de s'y faire transporter dans un panier
ment vénérer qu'on ne s'approche d'eux qu'avec par quatre énormes vautours. Les oiseaux l'em-
réserve. On prétend qu'un malade guérit pour portèrent en effet lui et son panier, mais si haut
peu qu'il puisse toucher un de leurs cheveux. et si loin que depuis on n'entendit plus parler,
MaisDelancre dit que ces saints hommes sont au de lui.
contraire des enfants du diable., qui tâchent de Nénufar, plante aquatique froide, dont voici
lui faire des prosélytes ' ; et c'est le plus pro- un effet : Un couvreur travaillait en été sur une
bable. maison, à l'une des fenêtres de laquelle le maître-
Néga. « Tu as fait un voeu à sainte Néga. » avait un flacon d'eaude fleurs de nénufar à.puri-
Expression des bandits corsés. Cette sainte n'est lierau soleil. Le couvreur, étant échauffé et altéré,
pas dans le calendrier; mais, chez ces bandits, prit le flacon et but de cette eau; il s'en retourna
se vouer à sainte Néga, c'est nier tout de parti chez lui avec les sens glacés. Au bout de quel-
pris2. ques joursi surpris de son refroidissement, il se
Négation. La première négation a été faite crut ensorcelé. 11se plaint du maléfice qu'on lui
par Satan, qui a donné un insolent démenti à a fait. Le maître de la maison examine son flacon
Dieu même. La plus affreuse négation dans ce et le trouve vide. Il reconnaît aussitôt d'où vient
monde est celle des insensés qui nient Dieu. La le maléfice, console le couvreur en lui faisant
mort les éclairera malheureusement trop tard. boire du vin de gingembre confit et toutes choses
Nègres. Il est démontré que les nègres ne propres à le réchauffer. Il le rétablit enfin et fit
sontpas d'une race différente des blancs, comme cesser ses plaintes 1.
l'ont voulu dire quelques songe-creux ; qu'ils ne Néphélim, nom qui signifie également géants
sont pas non plus la postérité de Gain, laquelle ou brigands. Aussi est-ce celui que l'Écriture
a péri dans le déluge. Les hommes, cuivrés en donne aux enfants nés du commerce des anges
Asie, sont devenus noirs en Afrique et blancs avec les filles des hommes. Selon l'auteur du
dans le Septentrion; et tous descendent d'un livré d'Enoch, les néphélim étaient fils des géants,
seul couple. Les erreurs, plus ou moins inno- Nequam, prétendu prince des magiciens, à
centes, des philosophes à ce sujet ne sont plus qui les chroniques mayençaises attribuent la fon-
admises que par les ignorants. Les sorciers ap- dation dé Mayence<
, pelaient quelquefois le diable le grand nègre. Un Ner ou Néré. C'est le nom que l'on donne en
jurisconsulte dont on n'a conservé ni le nom ni Perse aux génies mâles de la race des Dives. Ils
le pays, ayant envie de voir le diable, se fit con- sont très-méchants. Les plus renommés de ces
duire par un magicien dans un carrefour peu fré- dives pour leur férocité sont Demrousch-Néré,
quenté, où les démons avaient coutume de se Séhélan-Néré, Mordach-Néré, Cahamérage-Néré.
réunir. 11 aperçut un grand nègre sur un trône Ils ont fail la guerre aux premiers monarques de
élevé, entouré de plusieurs soldats noirs armés l'Orient (dans les temps fabuleux). Tahmùras les
de lances et de bâtons. Le grand nègre, qui était a vaincus et enchaînés dans des cavernes bien
le diable, demanda au magicien qui il lui ame- closes 2.
nait. — Seigneur, répondit le magicien, c'est un Nergal, démon du second ordre, chef de la
serviteur fidèle. — Si tu veux me servir et m'ado- police du ténébreux empire, premier espion de
rer, dit le diable au jurisconsulte, je te ferai as- Belzébuth, sous la surveillance du grand justi-
seoir à ma droite. Mais le prosélyte, trouvant la cier Lucifer. Ainsi le disent les démonomanes.
cour infernale plus triste qu'il ne l'avait espéré, Toutefois Nergal ou Nergel fut une idole des
fil le signe de la croix, et les démons s'éva- Assyriens; il paraît que dans cette idole ils ado-
nouirent3. raient le feu.
Les nègres font le diable blanc. Néron, empereur romain, dont le nom odieux
Nékir. Voy. MONKIH. est devenu la plus cruelle injure.pour les mau-
Nembroth, un des esprits que les magiciens vais princes. Il portait avec lui une petite slalue
consultent.Le mardi lui est consacré et on l'évoque ou mandragore qui lui prédisait l'avenir. On rap-
ce jour-là : il faut, pour le renvoyer, lui jeterune porte qu'en ordonnant aux magiciens de quitter
pierre; ce qui est facile. l'Italie, il comprit sous le nom de magiciens les
Nemrod, roi d'Assyrie. Ayant fait bâtir la tour philosophes, parce que, disait-il, la philosophie
favorisait l'art magique. Cependant il est cer-
1 Delancre, Tableaude l'inconst. des démons, etc., tain, disent les démonomanes, qu'il évoqua lui-
liv. IH,p. 234. même les mânes de sa mère Agrippines.
2 P.
Mérimée, Colomba.
3 Legenda 1 Saint-André, Lettres sur la magie.
aurea Jacobi de Voraginc, leg. r.xiv.
Voyezsur les nègres les Légendes de l'Ancien Tes- 2 D'Herbelot, Bibliothèqueorientale, art. Div.
tament, p. 84. 3 Suétone, Viede Néron, cl), xxiv.
NET — Z|92 — NIF
Netlà. Von. ORTIE. et les rivières de la Scandinavie, où il soulève
Nétos, génies malfaisants aux Moluques. Ils des tempêtes et des ouragans. Il y a dans l'île
ont pour chef Lanthila. de Rugen un lac sombre dont les eaux sont
- Neuf.' Ce nombre est sacré chez différents troubles et les rives couvertes de bois épais. C'est
peuples. Les Chinois se prosternent neuf fois là qu'il aime; à tourmenter les pécheurs en faisant
devant leur empereur. En Afrique, on a vu des chavirer leurs bateaux et en les lançant quelque-
princes, supérieurs aux autres en puissance, exi- fois jusqu'au sommet des plus hauts sapins. Du
ger des rois leurs vassaux de baiser neuf fois la Nickar Scandinave sont provenus les -hommes
poussière avant de leur parler. Pallas observe d'eau et les femmes d'eau, les nixes des Teutons.
que les Mogols regardent aussi ce nombre comme 11n'en est pas de plus célèbres que les nymphes
très-auguste, et l'Europe n'est pas exempte de de l'Elbe et de la Gaal. Avant l'établissement du
celte idée. Christianisme, les Saxons qui habitaient le voisi-
Neuhaus (Femme blanche de). Voy. FEMMESnage de ces deux fleuves adoraient une-divinité
BLANCHES. du sexe féminin, dont le temple était dans la
Neures ou Neuriens, peuples de la Sarmatie ville de Magdebourg ou Megdeburch (ville de la
européenne qui prétendaient avoir le pouvoir de jeune fille), et qui inspira toujours depuis une
se métamorphoser en loups une fois tous les.ans, certaine crainte comme la naïade de l'Elbe. Elle
et de reprendre ensuite leur première forme. apparaissait à Magdebourg, où elle avait cou-
New-Haven. La barque de la fée de New- tume d'aller au marché avec un panier sous le
Haven apparaît, dit-on, sur les mers avant les
naufrages au nouveau monde. Celle tradition
prend sa source dans une de ces apparitions
merveilleuses et inexplicables qu'on suppose
être occasionnées par la réfraction de l'atmo-
sphère, comme le palais de la fée Morgane, qui
brille au-dessus des eaux dans la baie de Messine.
Niais est un adjectif qui vient de nier ; et ceux
qui nient n'en doivent pas être bien fiers.
Nibriahes. Les nibrianes sont les fées des
Napolitains. Il y en a une attachée à chaque mai-
son ; et ceux qui l'occupent offensent la nébriane
s'ils se plaignent de leur logis. C'est là sans doute
une invention de propriétaires.
Nickar ou Nick. D'après la mythologie Scan-
dinave , source principale de toutes les croyances
populaires de l'Allemagne et de l'Angleterre,
bras: elle était pleine de grâce, propre, et au
premier abord on l'aurait prise pour la fille d'un
bon bourgeois ; mais les malins la reconnais-
saient à un petit coin de son tablier, toujours
humide, en souvenir de son origine aquatique 1.
Chez les Anglais, les matelots appellent le
diable le vieux Nick.
Nicksa. Voy. Nix\s.
Nicolaï. Voy. HALLUCINATION.
Nid, degré supérieur de magie que les Islan-
dais comparaient à leur seidur ou magie noire.
Celte espèce de magie consistait à chanter un
charme de malédictions contre un ennemi.
Nider (Jean), savant dominicain mort en
1Z|/|0. Son Formicarium contient sur les posses-
sions des faits curieux.
Niflheim (Abîme), nom d'un double enfer
chez les Scandinaves. Ils le plaçaient dans le
neuvième monde; suivant eux, la formation en
avait précédé de quelques hivers celle de la
Odin prend le nom de Nickar ou Hnickar lors- terre. Au milieu de cet enfer, dit l'Edda, il y a
qu'il agit comme principe destructeur ou mau- une fontaine nommée Hvergelmer. De là coulent
vais génie. Sous ce nom et sous la forme de 1 Traditions populaires du Nord. (Revue britan-
helpic, cheval-diable d'Ecosse, il habite les lacs nique, 4837.)
NIG m — NOM
les fleuves suivants : l'Angoisse, l'Ennemi de la et possède une grande portion de sa puissance.
Joie, le Séjour de la Mort, la Perdition, le Gouf- Le matelot anglais, qui semble ne rien craindre,
fre, la Tempête, le Tourbillon , le Rugissement, avoue la terreur que lui inspire cet être redou-
le Hurlement, le Vaste; celui qui s'appelle le table, qu'il regarde comme l'auteur des diffé-^
Bruyant coule près des grilles du Séjour de la rentes calamités auxquelles sa vie précaire est
Mort. Cet enfer est une espèce d'hôtellerie, ou, continuellement en butte.
si l'on veut, une prison dans laquelle sont déte- Noals (Jeanne), sorcière qui fut brûlée.par
nus les hommes lâches ou pacifiques qui ne peu- arrêt du parlement de Bordeaux, le 20 mars
vent défendre les dieux inférieurs en cas d'atta- 1619, pour avoir"chevillé le moulin de Las-Cou-
que imprévue. Mais les habitants doivent en dourleiras, de la paroisse de Végenne. Ayant-
sortir au dernier jour, pour être condamnés, ou porté un jour du blé à moudre à ce moulin avec
absous. C'est une idée très-imparfaite du purga- deux autres femmes, le meunier, Jean Ueslrade,
toire. les pria d'attendre que le blé qu'il avait déjà
Nigromancie, art de connaître les choses depuis plusieurs jours fût moulu;'niais elles s'en
cachées dans les endroits noirs, ténébreux, allèrent mécontentes, et -aussitôt le moulin se
comme les mines, les pétrifications souterrai- trouva chevillé,' de façon que lé meunier m sa
nes, etc. Ceux qui faisaient des découvertes de femme n'en surent trouver le défaut. Le maître,
ce genre évoquaient lés démons et leur comman- du moulin ayant été appelé, il s'avisa d'y amener
daient d'apporter les trésors cachés. La nuit était ladite sorcière, qui, s'étant mise à genoux sur
particulièrement destinée à ces évocations, et l'engin avec lequel le meunier avait coutume
c'est aussi durant ce temps que les démons exé-. d'arrêter l'eau., fit en sorte qu'un quart d'heure
cillaient les commissions dont ils étaient chargés. après le moulin se remit à moudre avec plus de
Ninon de Lenclos, On conle qu'elle dut de vitesse qu'il n'avait jamais fait d.
conserver une certaine beauté, trop vantée, jus- Nodier (Charles), spirituel auteur de Trilly
qu'à l'âge de quatre-vingts ans, à certain pacte ou le lutin d'Argail (Argyle), et de beaucoup
qu'elle fit avec le diable, lequel lui avait apparu, d'écrits charmants où les fées et les follets tien-
dans un moment de vanité, sous les traits d'un nent poétiquement leur personnage.
nain vêtu de noir. On ajoute qu'à l'heure de sa • Noé. Les Orientaux ont
chargé de légeudes
mort elle vit aux pieds de son lit le nain qui merveilleuses l'histoire de ce patriarche 2.
l'attendait 1. Noël (Jacques), -prétendu possédé et peut-
Nirudy ou Nirondy, roi des démons malfai- être obsédé, qui fit quelque bruit en 1667., Il
sants chez les Indiens. On le représente porté était neveu d'un professeur de philosophie au
sur les épaules d'un géant et tenant un sabre à collège d'Harcourt, à Paris, jl s'imaginait sans
la main. . cesse voir des spectres. 11était sujet aux convul-
Nis et Nisgodreng, lutins danois de l'espèce sions épilepliqncs, faisait des grimaces, des con-
des Cluricaunes. Voy. ce mot. torsions, des cris et des mouvements extraordi-
Nisses, petites fées en Ecosse. naires. On le crut démoniaque, on l'examina ; il
Nitoès, démons ou génies que les habitants prétendit qu'on l'avait maléficié, parce qu'il n'a-
(les îles Moluques consultent clans les affaires vait pas voulu aller au sabbat. 11assura avoir vu
importantes. On se rassemble, on appelle les le diable plusieurs fois en différentes formes B.
démons au son d'un petit tambour, on allume On finit par découvrir qu'il était fou.
des flambeaux, et l'esprit paraît, ou plutôt un de Noh, nom du premier homme selon les J-Iot-
ses ministres; on l'invite à boire et à manger, et, lenlols. Ils prétendent que leurs premiers pa-
sa réponse faite, l'assemblée dévore les restes du rents entrèrent dans le pays par une porle ou
festin. par une fenêlre; qu'ils furent envoyés de Dieu
Nixas ou Nicksa, dieu d'une rivière ,ou de même, et qu'ils communiquèrent à leurs enfants
l'Océan, adoré sur les bords de la Baltique, pa- l'art de nourrir les bestiaux, avec quantité d'au-
raît incontestablement avoir tous les attributs tres connaissances.
de Neptune. Parmi les vents bruineux et les Noix. Un grand secret est renfermé dans les
épouvantables tempêtes de ces sombres contrées, noix ; car si on les fait brûler, qu'on les pile et
ce n'est pas sans raison qu'on l'a choisi comme qu'on les mêle avec du vin et de l'huile, elles
la puissance la plus contraire à l'homme, elle entretiennent les cheveux et les empêchent de
caractère surnaturel qu'on lui a attribué est loniber '.
parvenu jusqu'à nous sous deux aspects bien dif- Nomancie, divination par les noms et par les
férents. La Nixa des Germains est une de ces
aimables fées, nommées Naïades par les anciens; 1 Delancre, Incrédulité et mécréavee de la divina-
le vieux Nick (le diable en Angleterre) est un tion, du sortilège, etc., tr. Yl, p. 318.
2 Voyezces légendes dans les Légendesde l'Ancien
véritable descendant du dieu de la mer du Nord, Testament.
3 Lettres de Saint-André sur la
1 '' magie, etc.
Voyezson aventure dans les Légendesinfernales. Albert le Grand, p. 199.
NOM — 494 — NOY
lettres qui les. composent. C'est la même science regardèrent comme un visionnaire, les autres
que l'onomancie. Voy. ce mot. imaginèrent qu'il avait commerce avec le diable,
Nombre deux. Depuis Pythagore, qui avait d'autres qu'il était véritablement prophète. Le
regardé le nombre deux comme représentant le plus grand nombre des gens sensés ne vit en
mauvais principe, ce nombre était aux yeux de lui qu'un charlatan qui, n'ayant pas fait fortune
l'Italie le plus malheureux de tous; Platon, imbu à son métier de médecin, cherchait à mettre à
de cette doctrine, comparaît le nombre deux à profit la crédulité du peuple. La meilleure de ses
Diane, toujours stérile, et partant peu honorée. visions est celle qui lui annonça qu'il s'enrichi-
C'est d'après le même principe que les Romains rait à ce métier. Il fut comblé de biens et d'hon-
avaient dédié à Pluton le deuxième mois de l'an- neurs par Catherine de Médicis, par Charles IX
née et le deuxième jour du mois; parce que tout et par le peuple des petits esprits; Le poëté Jo-
ce qui était dé mauvais augure lui était spéciale- déli'e fit ce jêii de mots sur son nom :
ment consacré.
Diverses croyances s'attachaient à quelques iVostradamus cumfalsadamus,-.n'am fâllerenostrumest)
Et cum falsadamus, nil nisi nostradamus.
autres nombres. Voy. NEUF,etc.
Nônos, génies malfaisants, que les Indiens des' Ce ii'est-point merveille, dit Nâudé, si, parmi
îles Philippines placent dans des sites extraordi- le nombre de mille quatrains, dont; enaeun parle
naires entourés d'eaii ; ils ne passent jamais dans toujours dé cinq: ou six çhoses> différentes,.el
ces lieux, qui remplissent leur imagination d'ef- surtout dé celles, qui arrivent ordinairement, on
froi , sans leur en demander permission ; Quand rencontre , quelquefois - un hémistiche., qui fera
ils sont attaqués de quelque infirmité ou mala- nfention d'une ville;prise en France, de la mort
die , ilsportent à ces génies, en forme d'offrande, d'un grand en Italie, d'une peste en Espagne,
du riz, du vin, dit coco et le cochon, qu'on d'un monstre, d'Un embrasement,'d'une victoire
donne ensuite à manger" aux malades. ou de quelque chose semblable. Ces prophéties
Nornes, fées ou parques chez les Celtes. Elles ne ressemblent* à rien mieux qu'à ce soulier de
dispensaient les âges des hommes, et se nom- Théramène qui se chaussait indifféremment par
maient Urda (le passé), Verandi (le présent) et toutes sortes de personnes. Et. quoique Chavi-
Skalda (l'avenir). gny, qui a tarit rêvé là-dessus, ait prouvé, dans
Norsgubb, le Vieux du Nord ou des Norses. son Janus français, que la plupart des prédic-
C'est le nom populaire du diable en Suède. tions de Nostradamus étaient accomplies au com-
Nostradamus (Michel), médecin.et astro- mencement du dix-septième siècle, on ne laisse
logue, né en 1503 à Saint-Kemi en Provence, pas néanmoins de les remettre encore sur le
mort à Salon en 1566. Les talents qu'il déploya tapis. 11en est des prophéties comme des alina-
pour la guôrison de plusieurs maladies qui affli- nachs; le"sidiots croient à tout ce qu'ils y lisent,
geaient la Provence lui attirèrent la jalousie de parce que sur mille mensonges ils ont rencontré
ses collègues; il se retira de la société. Vivant une fois la vérité. Nostradamus est enterré à
seul avec ses livres, son esprit s'exalta au point Salon ; il avait prédit de son Vivant que son tom-
qu'il crut avoir le donj'de connaître l'avenir. Il beau changerait de place après sa mort. On l'en-
terra dans l'église des Cordeliers, qui fut dé-
truite. Alors le tombeau se trouva dans un champ,
et le peuple est persuadé plus que jamais qu'un
homme qui prédit si juste mérite au moins qu'on
le croie 4.
Notarique, une des trois divisions de la ca-
bale chez les Juifs. Elle consiste à prendre ou
chaque lettre d'un mot pour en faire une phrase
entière, ou les premières lettres d'une sentence
pour en former un seul mot.
Noyés. Les marins anglais et américains croient
que retirer un noyé et l'amener sur le pont d'un
1 De Thou rapporte que-le fils de Nostradamus se
disait héritier cfudon de son père, et se mêlait de
prédire comme lui. Lorsqu'on assiégeait le Poussin,
écrivit ses prédictions dans un style énigmati- en Dauphiné, interrogé par Saint-Luc sur le sort qui
attendait le Poussin, il lui répondit : — « 11 périra
que; et pour leur donner plus de poids, il les par le feu. » — Pendant que les soldats pillaient la
mit en vers. 11 en composa autant de quatrains, place, continue l'historien, le filsdu prophète y mil
dont il publia sept centuries à Lyon en 1555. Ce lui-même lo feu en plusieurs endroits, afin que de sa
fût accomplie. Mais Saint-Luc, irrité
recueil eut une vogue inconcevable; on prit parti prédiction
cette action, poussa son cheval contre le jeune astro-
pour le nouveau devin ; les plus raisonnables le logue qui en fut foulé aux pieds.
NUI — Z|95 — NOM
navire qui va appareiller, c'est, si le noyé" y perstitieuse des Flamands ait entouré de plus
meurt, un mauvais présage, qui annonce des grandes terreurs que le Ier novembre. Les morts
malheurs et le danger de périr. Superstition in- sortent à minuit de leurs tombes pour venir, en
humaine. Aussi laissenl-ils les noyés à l'eau. longs suaires, rappeler les prières dont ils ont
Voici une légende qui a été racontée par le besoin aux vivants qui les oublient. La sorcière
lé- et le vieux berger choisissent cette soirée pour
poëte OEhlenschlcesger. Ce n'est point une
gende, c'est un drame de la vie réelle. Un pauvre exercer leurs redoutables maléfices. L'ange Ga-
matelot a perdu un fils dans un naufrage, et la briel soulève alors pour douze heures le pied
douleur l'a rendu fou. Chaque jour il monte sur sous lequel il retient le démon captif, et rend à
cet infernal ennemi des hommes le pouvoir mo-
mentané de les faire souffrir. D'ordinaire, la dé-
solation de la nature vient encore ajouter aux
terreurs de ces croyances; latempêlè mugit, la
neigé tombe avec abondance, les torrents se
gonflent et débordent; enfin la souffrance et la
mort menacent de toutes parts le voyageur 1;.
Numa-Pompiïitis i second roi dé. Rome. Il
donnavà son peuple des Ibis assez sages, qu'il
disait tenir, de la nymphe Égérie; Il marqua les
jours heureux et les jours; malheureux -, eic. 2.
Les- démonomanes font dé Numa un insigne
enchanteur et un profond magicien. Cette; nym-
phe, qui se nommait Égérie, n'était autre chose
qu'un démon qu'il s'était rendu familier,: comme
étant un dés plus versés et mieux, entendus qui
aient jamais existé en l'évocation des diables.
Aussi tient-on pour certain, dit Leloyer, que ce
fui par l'assistance et l'industrie de ce démon
sa barque et s'en va en pleine mer; là:, il frappe qu'il fil beaucoup de choses curieuses pour se
à grands coups sur un tambour, et il appelle son mettre en crédit parmi le peuple de Rome, qu'il
filsàhautevoix':—'Viens, lui dit-il, viens! sors voulait gouverner-à sa fantaisie. A ce propos,
de ta retraite, nage jusqu'ici., je te placerai à Denys d'Halicarnasse raconte qu'un jour, ayant,,
côlé de moi dans mon bateau ; et si tu es mort, invité à souper bon nombre de citoyens, il leur
fit servir des viandes simples et communes en
jeté donnerai une tombe dans le cimetière/une
tombe entre des fleurs et des arbustes; tu dor- vaisselle peu somptueuse; mais dès qui! eut dit
miras mieux là que dans les vagues.. Mais le mal- un mot, sa diablesse le vint trouver, et tout in-
heureux appelle en vain et regarde en vain. continent la salle devint pleine de meubles pré-
Quand la nuit descend, il s'en retourne en di- cieux, et les tables furent couvertes de toutes
sant :—J'irai demain plus loin, mon pauvre fils sortes de viandes exquises et délicieuses. 11était
ne m'a pas entendu-'-. si habile dans ses conjurations, qu'il forçait Jupi-
Nuit des trépassés. De tous les jours de ter à quitter son séjour el à venir causer avec
lui. Numa-Pompilius fut le plus grand sorcier et
le plus fort magicien de tous ceux qui ont porté
couronne, dit Delahcre; il avait encore plus de
1 H. Berlhould, La nuit de la Toussaint.
2 Entre autres choses, il présenta aux ltomains.
un jour, un certain bouclier (qu'on nomma ancile ou
ancilie) et"qu'il dit être tombé du ciel pendant une
peste qui ravageait l'Italie ; il prétendit qu'à la con-
servation de ce bouclier étaient attachées les des-
tinées de l'empire romain, important secret qui lui
avait été révélé par Egérie el les Muses. De peur
qu'on n'enlevât ce bouclier sacré, il-en fit faire onze
autres, si parfaitement semblables, qu'il était impos-
sible de les distinguer du véritable, ot que Nimia
lui-même fut dans l'impossibilité de le reconnaître.
Les douzeboucliers étaient échanerdsdes deux côtés.
Numa en confia la garde à douze prêtres qu'il in-
stitua pour cet effet, et qu'il nomma Salions ou
Agonaux. Mammurius, qui avait fait les onze copies
l'année, il n'en est point que l'imagination su- si habilement, ne voulut d'autre récompense de son
' travail que la gloire de l'avoir convenablement exé-
Marinier, Traditions des bords dela Baltique. cuté.
NUR Il96 — mu
dines ou nixes, le principe diabolique fait tou-
pouvoir sur les diables que sur les hommes. Il de leur essence : l'esprit du mal n'est
composa des livres de magie qu'on brûla quatre jours partie
cents ans après sa mort...' Voy. ÉGÉIUE.
Nufsie, au royaume de Naples. Là était la
grotte de la Sibylle, remplacée au moyen âge
par des sorcières qu'on allait consulter.
Nybbas, démon d'un, ordre inférieur, grand
Oheroncl Tilania.
pas plus spirituels. Mamurra, selon Martial, ne qui n'ont pas coutume d'en agir ainsi. Quoi qu'il
consultait que son nez pour savoir si le cuivre en soit, cette loi remonte à une très-haute anti-
qu'on lui présentait était de Gorinthe. quité. On voit, par un passage de Pline, que les
OEil. Les gorgones avaient un seul oeil, dont Romains y attachaient une grande importance.
elles se servaient tour à tour pour changer en L'oeuf était regardé comme l'emblème de la na-
pierres tous ceux qui les regardaient. Les anciens ture, comme une substance mystérieuse e.lsacrée.
t'ont mention des Arimaspes, comme de peuples On était persuadé que les magiciens s'en ser-
qui n'avaient qu'un oeil, et qui étaient souvent vaient dans leurs conjurations, qu'ils le vidaient
aux prises avec les griffons, pour ravir l'or confié et traçaient dans l'intérieur des caractères ma-
à la garde de ces monstres. Pour le mauvais oeil, giques dont la puissance pouvait opérer beaucoup
Voy. YEUX. de mal. On en brisait les coques pour détruire
OEnomancie, divination par le vin, dont on les charmes. Les anciens se contentaient quel-
considère la couleur en le buvant, et dont on re- quefois de les percer avec un couteau, et dans
marque les moindres circonstances pour en tirer d'autres moments de frapper trois coups dessus.
des présages. Les Perses étaient fort attachés à Les oeufs leur servaient aussi d'augure. Julie,
cette divination. fille d'Auguste, étant grosse de Tibère, désirait
OEnothère, géant de l'année de Ghaiiemagne, ardemment un fils. Pour savoir si ses voeux se-
qui, d'un revers de son épée, fauchait des batail- raient accomplis, elle prit un oeuf, le mit dans
lons ennemis comme on fauche l'herbe d'un pré 2. son sein, réchauffa ; quand elle était obligé de
OEonistice, divination par le vol des oiseaux. le quitter, elle le donnait à une nourrice pour lui
Voy. AUGURES. conserver sa chaleur. L'augure fut heureux, dit
Oès. Voy. OANNÈS. Pline ; elle eut un coq de son oeuf et mil au
OEufs. On doit briser la coque des oeufs frais, inonde un garçond.
quand on les a mangés, par pure civilité; aussi Les druides pratiquaient, dit-on, cette super-
cet usage est-il pratiqué par les gens bien élevés,
dit M. Salgues 5; cependant il y a des personnes 1 Cicéron rapporte qu'un homme ayant
rôyé qu'il
1 Le livre mangeait un oeuffrais alla consulter l'interprète des
2 M. unique, numéro 9. songes, qui lui dit que le blanc d'oeuf signifiait qu'il
Saignes, Des erreurs et des préjugés, etc., aurait bientôt de l'argent, et le jaune, de l'or. 11eut
t. I, p. 416. effectivement peu après une succession où il y avait
3 Des erreurs et des
préjugés, t. I, p. 392. do l'un et de l'autre. Il alla remercier l'interprète, cl
OGI 501 — OGR
stilion étrange; ils vantaient fort une espèce tombe, comme Frédéric-Barberousse et d'autres 1.
d'oeufinconnu à tout le monde, formé en été par Ogres. Sauf le nom, ces monstres étaient con-
une quantité prodigieuse de. serpents entortillés nus des anciens. Polyphème, dans YOdyssée,
ensemble, qui y contribuaient tous de leur bave n'est autre chose qu'un ogre ; on trouve des ogres
el de l'écume qui sorLait de leur corps. Aux sif- dans les Voyages de Sindbad le marin; et un autre
flements dès serpents, l'oeuf s'élevait en l'air; il passage des Mille el une nuits prouve que les
fallait s'en emparer- alors, avant qu'il touchât ogres ne sont pas étrangers aux Orientaux. Dans
la terre : celui qui l'avait reçu devait fuir; les le conte du Vizir puni, un jeune prince égaré
serpents couraient tous après lui jusqu'à ce qu'ils rencontre une dame qui le conduit à sa masure :
fussent arrêtés par une rivière qui coupât leur elle dit en entrant : — Réjouissez-vous, mes fils,
chemin '. Ils faisaient ensuite des prodiges avec je vous amène un garçon bien fait et fort gras.
cet oeuf. — Maman, répondent les*enfants, où est-il, que
Aujourd'hui on n'est pas exempt de bien des nous le mangions ?,;.car nous savons bon appétit.
superstitions sur l'oeuf. Celui qui en mange tous — Le:.prince reconnaît alors que la femme, qui
les matins sans boire meurt, dit-on, au bout de se disait fille du roi des Indes, est une ogresse,
l'an. Il ne faut pas brûler les coques des oeufs, femme: de ces démons sauvages qui se retirent
suivant une croyance populaire superstitieuse, dans les lieux abandonnés et se. servent de mille
de peur de brûler une seconde fois saint Lau- ruses pour surprendre et:dévorer les passants,
rent, qui a été brûlé sur un feu nourri'de pareils comme les sirènes,,]qui, selon quelques mytho-
aliments 2. Albert le Grand nous apprend, dans logues, étaient certainement; des ogressesv C'est
ses Secrets, que la coque d'oeuf, broyée avec du à peu près l'idée que nous nous faisonsxde^ces
vin blanc et bue, rompt les pierres tant des êtres effroyables ; les ogres, dans nos, opinions,
reins que de la vessie. tenaient des trois natures : humaine, animale et
Pour la divination par lès "blancs d'oeufs, voyez- infernale. Ils n'aiment rien tant que la chair
OOMARCIE, GARUDA,etc. fraîche; et les petits enfants étaient leur plus dé-
Og, roi de Basan.Og, selon les rabbins, était licieuse pâture. Le Drac, si redouté 1dans le Midi,
lin de ces géants qui ont vécu avant le déluge. 11 était un ogre qui avait son repaire aùx>bords du
s'eii sauva en montant sur lé toit de l'arche où Rhône, où il se nourrissait de chair humaine. 11
étaient Noé et ses fils. 11était si pesant, qu'on paraît que celte anthropophagie est ancienne dans
fut obHgé de mettre dehors'le rhinocéros, qui nos contrées, car le chapitre LXVIIde la- loi sa-
suivit l'arche à la nage. Noé,cependant fournit à lique prononce une amende de deux cents écus
Ogde quoi se nourrir, non par compassion, mais contre tout sorcier ou slrygequi aura mangé un
pour faire voir aux hommes qui viendraient après homme.
le déluge quelle avait été la puissance du Dieu Quelques-uns font remonter l'existence des
qui avait exterminé de pareils monstres. Les ogres jusqu'à Lycaon, ou du moins à la croyance
géants vivaient longtemps. Og était encore du où l'on était que certains sorciers se changeaient
monde quand les Israélites, sous la conduite de en loups dans les orgies nocturnes, et mangeaient
Moïse, campèrent dans le désert. Le roi de Basan au sabbat la chair des petits enfants qu'ils pou-
leur fit la guerre.:Voulant d'un seul coup détruire vaient y conduire. On ajoutait que, quand ils en
le camp d'Israël,.il enleva une montagne large de avaient mangé une fois, ils en devenaient extrê-
six mille pas, avec laquelle il se^proposait d'écra- mement friands et saisissaient ardemment toutes
ser l'armée de.Moïse. Mais Dieu permit que des les occasions de s'en repaître : ce qui est bien le
fourmis crevassent la montagne, à l'endroit où naturel qu'on donne à l'ogre. On voit une multi-
elle posait sur la tête du géant, de sorte qu'elle tude d'horreurs de ce genre dans les procès des
tomba sur son cou en manière de collier. Ensuite sorciers; on appelait ces ogres-desloups-garous;
ses dentss'élant accruesexfraordinairement, s'en- et-le loup du petit Chaperon-Rouge n'est pas
foncèrent dans le roc et l'empêchèrent de s'en autre chose. Quant à l'origine du nom des ogres,
débarrasser. Moïse alors le tua, mais non sans' l'auteur des Lettres sur les contes des fées de
peine; car le roi Og.était d'une si énorme sta- Ch. Perrault.l'a trouvée sans doute. Ce sont les
ture, que Moïse, qui lui-même était haut de féroces Huns ou Hongrois du moyen âge, qu'on
six aunes, prit une hache de la même hauteur; appelait Hunnigours, Oïgours, et ensuite par cor-
et encore fallut-il qu'il fît un sauf de six aunes ruption Ogres. Les Hongrois, disait-on, buvaientle
pour parvenir à frapper la cheville du pied sang de leurs ennemis ; ils leur coupaient le coeur
d'Og. par morceaux et le dévoraient en manière de
Ogier le Danois. On croit qu'il vit dans sa remède contre toute maladie. Ils mangeaient
de la chair humaine, et les mères hongroises,
lui donna une pièce d'argent. L'interprète, en le re-
— a-l-il pour donner à leurs enfants l'habitude de la dou-
conduisant, lui dit : Et pour le jaune n'y
rien? Nihilne de vitello?
1 Voyez sa légende dans les Légendes de l'autre
12 Pline, liv. XXIX, ch. ni.
Thiers, Traité des superstitions, ele, monde.
OIA 502 OLD
leur, les mordaient au visage dès leur naissance. ques prélats; car il entendit un petit moineau
C'était en effet un terrible peuple que ces qui avertissait les autres par son chant qu'un
païens, dont les hordes innombrables, accou- chariot de blé venait de verser à la porte Ma-
rues des extrémités septentrionales de l'Asie, dé- jeure, el qu'ils trouveraient là de quoi faire leur
vastèrent pendant deux tiers de siècle l'Italie-, -
profit 1.
l'Allemagne et la France-. Ils incendiaient.les villes A la côte du Croizic, en Bretagne, sur un ro-
et lès villages, égorgeaient les habitants ou les cher au fond de la mer, les femmes du pays Vont,
emmenaient prisonniers. La pitié leur élait in- parées avec l'echerche, les cheveux épars, or-
nées cl un beau bouquet de fleurs nou-
velles; elles se placent sur le rocher, les
yeux élevés vers le ciel, et demandent
avec un chant sentimental aux oiseaux
de leur ramener leurs époux et leurs
fiancés2.: Voy. AUGURES,. HI-
' CORNEILLE,
BOU,etc. ;
Okkisiks, nom sous lequel les Hu-
rons désignent des génies ou esprits., bien-
faisants ou malfaisants,! attachés à chaque
homme.
Oldenberg, montagne de l'Allemagne
sous laquelle Charlemagne vit toujours
avec ses douze pairs et son armée. Tra-
dition locale.
Oldenbourg. « Je ne puis m'empêcher, dit
Balthasar Bekker, dans le tome IV, chapitre xvn,
du Monde enchanté, de rapporter une fable dont
j'ai cherché aussi exactement les détails qu'il m'a
été possible : c'est celle du fameux cornet d'Ol-
denbourg. « On dit que le comte Ofton d'Olden-
bourg, étant allé un jour à la chasse.sur la mon-
tagne d'Ossemberg, fut atteint d'une soif qu'il ne
pouvait étancher; ilse mit à jurer d'une manière
indigne, en disant qu'il ne se souciait pas de ce
qui pourrait lui arriver, pourvu que quelqu'un
lui donnât à boire. Le diable lui apparut aussitôt
llongiois.
connue, car ils croyaientque les guerriers étaient
servis dans l'autre monde par les ennemis qu'ils
avaient tués.dans celui-ci. Une défaite signalée
que leur fit éprouver Othon, empereur d'Alle-
magne, délivra pour jamais de leurs ravages
l'Europe occidentale. La terreur profonde qu'ils
avaient inspirée se propagea longtemps encore
après leur disparition, et les mères se servirent
du nom des Hongrois, ogres, pour, épouvanter
leurs petits enfants. Voy. FÉES, OMESTES,etc.
Oiarou, objet du culte des Iroquois. C'est la
première bagatelle-qu'ils auront vue en songe,
un,calumet, une peau d'ours, un couteau, une
plante, un animal, etc. Ils'croient pouvoir, par
la vertu de cet objet, opérer ce qui leur plaît,
même se transporter el se métamorphoser.
Oigours. Voy. OGRES.
Oilette, démon sans renommée, invoqué clans sous la forme d'une femme; elle semblait sortir
les litanies du sabbat. de terre ; elle lui présenta à boire dans un cornet
Oiseaux. Naudé conte que l'archevêque Lau- i Apologiepour les grands
rent expliquait le chant des oiseaux,-comme il personnages accusésde
en fit en.jour l'expérience à Rome devant quel- magie.
2 Cambry,
Voyagedans le Finistère.
OLD — 503 OND
fort riche, d'une matière inconnue et qui ressem- santé,- à l'air refrogné. Il joue un rôle dans la
blait au vermeil. Le comte, se doutant de quelque Boucle de cheveux enlevée de Pope.
chose, ne voulut pas boire et renversa ce qui Omestès * surnom de Bacchus, considéré
était dans le cornet sur la croupe de son cheval. comme chef des ogres ou loups-garous qui man-
La force de ce breuvage emporta tout le poil aux gent la chair fraîche.
endroits -qu'il avait: touchés. Le comte frémit ; Omomancie, divination par les épaules chez
maisil gardale cornet, qui subsiste encore, dit-on, les rabbins. Les Arabes devinent par les épaules
et que plusieurs se sont vantés d'avoir vu. On le du mouton, lesquelles, au moyen de certains
trouve représenté ; dans plusieurs hôtelleries : points dont elles sont marquées, représentent
c'est un grand cornet recourbé, comme un cor- diverses figures de géomancie.
net à bouquin, et chargé d'ornements bizarres. » Oniphalomâncie, divination par le nombril.
Old Gentleman. Le peuple en Angleterre ap- Les sages ^femmes,: par les-noeuds inhérents au
pelle le diable le vieux gentleman. nombril de renfantprèmier-né, devinaient com-
Olive (Robert), sorcier qui fut brûlé à Falaise bien lamère en aurait encore après celui-là.
en 1556. On établit à son procès que le diable le Omphalophysiques, fanatiques de Bulgarie
transportait d'un lieu à un autre ; que ce diable que l'on trouve du onzième'au quatorzième siècle,
s'appelait Ghrysopole, et que c'était à l'instiga- et qui, par iule singulière illusion /croyaient voir
lion dudit Chrysopôle; que Robert Olive tuait les la lumière du Thabor à leur nombril.
petits enfants et les jetait au feu 1. On, mot magique, : comme télragrammaton,
Olivier, démon invoqué comme prince des dont on se sert dans lés formules de conjurations.
archanges dans les; litanies du: sabbat. ; Ondins ou Nymphes, esprits élémentaires,
Ololygmancie, divination tirée du hurlement composés des plus subtiles parties ;dë l'eaiiqû'ils
des chiens. Dans la guerre de Mêssénie, le roi habitent. Les mers et les -fleuves sont peuplés,
Aristodèmeapprit que les chiens hurlaient comme disent les cabalistes., de même que le feu, l'air
des loups, et que du chiendent avait poussé au- et la terre. Les anciens sages ont nommé Ondins
tour-d'un autel. Désespérant du succès, d'après
cet indice et d'autres encore (Voy. OPHIONEUS) ,
quoiqu'il eût déjà immolé sa fille pour apaiser les
dieux, il se tua sur la foi des devins, qui virent
dans ces signes de sinistres présages.
Olys, talisman que les prêtres de Madagascar
donnent aux peuples pour les préserver de plu-
sieurs malheurs, et notamment pour enchaîner
la puissance du diable.
Ombre. Dans le système de la mythologie
païenne, ce qu'on nommait ombre n'appartenait
ni au corps ni,à l'âme, mais à un élat mitoyen.
Celait celte ombre qui descendait aux enfers.
On croyait que les animaux voyaient les ombres
des morts. Aujourd'hui même, dans les mon-
tagnesd'Ecosse, lorsqu'un animal tressaille subi-
tement, sans aucune cause apparente, le peuple
attribuece mouvemen t à l'apparitiond'un fantôme.
En Bretagne, les portes des'maisons ne se
ferment qu'aux approches de la tempête. Des
feux follets, des sifflements l'annoncent. Quand
on entendait ce murmure éloigné qui précède
— Fermons les
l'orage, les anciens s'écriaient :
portes, écoutez les criériens; le tourbillon les
suit.Ces criériens sont les ombres, les ossements
des naufragés qui demandent la sépulture, dé-
sespérés d'être depuis leur mort ballottés par les
Éléments2. On dit encore que celui qui vend son
âme au diable n'a plus d'ombre au soleil ; cette
tradition, très-répandue en Allemagne, est le fon-
dement de plusieurs légendes. Voy. REVENANTS.
Ombriel, génie vieux el rechigné, à l'aile pc-
ou Nymphes celte espèce de peuple. Il y a peu de
1 Bodin, Dcmonomanie,p. 108. mâles, mais les femmes y sont en grand nombre ;
2 et les filles des hommes
Cambry, Voyagedans le Finistère, t. II, p. 253. leur beauté est extrême,
ONE 504 OOM
n'ont rien de comparable*. Voy. CABALE,NIG- que le diable en compose de différentes façons,
KAR, etc. : et qu'il les emploie à nuire au genre humain. Pour
En Allemagne, le peuple croit encore aux ; endormir, on en fait un avec de la racine de bel-
Ondines, esprits des eaux, qui ont une assez ladone, dela morelle furieuse, du sang de chauve-
mauvaise réputation. Du fond de leurs,humides souris, du sang de huppe, dé l'aconit, de:la suie,
demeures, elles épient le pêcheur qui rêve au du persil, de l'opium et de la ciguë.: Voy. GRAISSE.
bord 'des ondes, et l'attirent dans un gouffre où: Onomancie ou Onomatomancie, divination
il disparaît pour toujours.- ,: : par les -noms. Elle était fort e.n: usage chez les
, On croit en Suède à l'esprit des eaux. Chaque anciens. Les pythagoriciens, prétendaient que les
rivière a le sien; tous sont soumis à un chef. De esprits, les> actions et les succès des hommes
même que ceux, des montagnes y ;ils; son t invi- étaient conformes à leur destin, à leur génie et
sibles ^leur mainrSèuje ne l'est, pas, suivant la à leur nom., On remarquai t qu'Hippolyte avait
tradition en vogue le long, durlacMiaesen. Un pê-; été déchiré par ses chêvaux, comme son nom le
cheur qui demeurait sur ;ses bords:, désirant pré- portait. Do-même, on disait d'Agamëmuori que,
senter un gâteau; de;;Noël;àd'esprit des eauxi, le suivant son nom t il devait restêrdongtemps de-
porta au rivage; i'eau était"gelée, il ne voulut vant Troie ; et de Priam, qu'il devait être-racheté
pas poser le gâteau sur la glaçe,ipour ne pas don- d'esclavage. Une desrègles de l'onomanciei parmi
ner au démon la: peine: de la casser ï il retourna les pythagoriciens-, était qu'un nombre pair de
chez lui pour y prendre une pioche, puis frappa voyelles dans le nom d'une personne signifiait
de toute ;sa force pour briser la: glaçai: mais ne quelque imperfection ;au^=côté gauche^ et un
réussit qu'à faiiie un trou.trop:pêtitpour;:que le nombre impair quelque -imperfection au côté
gâteau pût y passer. Dànsïson désespoir, ne: sa- droit. Ils avaient encore pour adage que de deux
chant plus que faire, il; plaça son gâteau sur là personnes;, celle-là: était la plus heureuse dans le
glace : aussitôt une très-petite.main, aussi blanche nom de: laquelle les lettres numérales jointes en-
que:la; neige, sortit du-,trou;* et le gâteau se ré- semble formaient la plus grande somme. Ainsi,
duisant à une dimension proportionnée, la main disaieht-Jls, Achille devait vaincre.Hector, parce
put s'en saisir et l'emporter. que les lettres numérales comprises-dans le nom
Les habitants du bord du lac ont profité de cet d'Achille formaient une. sommé plus grande que
exemple pour épargner leur farine et leurs rai- celles du nom d'Hector. C'était sans,doute d'après
sins secs. Afin, d'éviter au génie du Miaesen la un principe semblable que, dans lesfparties de
peine de changer,;ï,a;(dimension du gâteau, celui plaisir, les Romains buvaient à la: santé de leurs
qu'ils lui ofJÉrèntest toujours de taille à pouvoir belles autant de coups qu'il y avait dé lettres
pénétrer par la, plus petite ouverture que l'on dans leur nom. Enfin, on peut rapporter à l'ono-
puisse faire dans-la. glace. Cette tradition a formé mancie tous les présages qu?on prétendait tirer
matière à un compliment pour les dames : on-dit des noms, soit considérés; dans leur ordre natib
habiluellementde celles donton veut faire l'éloge : rel, soitdécomposés et réduits en anagrammes;
«Ellèa la main-eomme celle de l'esprit du lac. » folie trop souvent renouvelée chez les,modernes.
Voy, NYMPHES, NIGTAR,etc." "•' Voy. ANAGRAMMES. ; :' -
Oneirocritique, art d'expliquer les songes. Coelius Rhodiginus a donné la description d'une
Vài/t,§wws. singulière espèce dfonomancie; Théodat, roi des
Ongles. Les Madécasses ont grand soin de se Goths, voulant connaître le succès de la guerre
couper; les ongles une ou deux fois la semaine; qu'il projetait contre les Romains\- un devin juif
ils s'imaginent que le diable s'y cache quand ils lui conseilla de faire enfermer un certain nombre
sont longs. C'était une impiété chez les Romains de porcs dans de petites établès, de donner aux
que de se couper les ongles tous les neufs jours. uns des noms goths, avec des marques pour les
Cardan assure, dans son traité De varietate renim, distinguer, et de lés garder jusqu'à un certain
qu'il) avait prévu par les taches de ses ongles jour. Ce jour étant arrivév on ouvrit les établos,
toutcequi lui était arrivé de singulier. Voy, CHI- et l'on trouva morts les cochons désignés par des
ROMANCIE. noms goths, ce qui fit prédire au juif que les
,,On sait qu'il pousse des envies aux doigts Romains seraient vainqueurs 1.
quand on coupe ses ongles les jours qui ont un R, Onychomancie-, divination par les ongles.
comme mardi, mercredi et vendredi.... Enfin, Elle se pratiquait en frottant avec de la suie les
quelques personnes croient en Hollande qu'on ongles d'un jeune garçon, qui les présentait au
se met à l'abri du mal de dents en coupant ré- soleil, et l'on s'imaginait y voir des figures qui
gulièrement ses ongles le vendredi. Voy, ONV- faisaient connaître ce qu'on souhaitait de savoir.
ÇHOMANCIE. On se servait aussi d'huile et de cire.
Onguents. Il y a plusieurs espèces d'onguents, Oomancie ou Ooscopie,. divination par es
qui ont tous leur propriété particulière. On sait oeufs. Les devins des anciens jours voyaient dans
1 L'abbé de Yillars, dans le Comte de Gabalis, ' M. Noël, Dictionnaire de la Fable.
OPA — 505 — OPT
la forme extérieure et dans les figures intérieures qu'alors, et, d'après leur réponse, prédisait ce
d'un cèuf les secrets les plus impénétrables de qui leur devait arriver. Ce- n'était pas si bête.
l'avenir. Suidas prétend que cette divination fut. Aristodènie, roi des Messéniens, ayant consulté
inventée par Orphée. l'oracle de Delphes sur lé succès de la guerre
On devine à présent par l'inspection des blancs contre les Lacédémoniens, il lui fut répondu que
il'oeufs;-et des sibylles modernes (entre autres quand.deux yeux s'ouvriraient à la lumière et se
mademoiselle Lenormand ) Ont rendu cette divi- refermeraient peu après, c'en serait fait des Mes-
nation célèbre. 11faut prendre pour cela un verre séniens; Ophioneus se plaignit de violents maux
d'eau, casser dessus ùii oeûffrais et l'y laisser de tête qui durèrent quelques jours, au bout des-
tomberdoucement.; G)ilvoit par;lëS.'figures:que le quels ses.yeux s'ouvrirent pour se refermer bien-
blanc forme dans l'ëau: divers présages. Quel- tôt. Aristodènie, en apprenant celte double nou-
ques-uns cassent l'oeuf dans de; l'eau'bouillante ; velle, désespéra du succès et se tua pour ne pas
on explique alors leU'signes comme pourlë marc survivre à sa défaite. Voy.,OLOLYGMANGIË.
de café. Au restei'-çeïteïdivinat-ïô&'.ïï'estpûs-nou-; Ophites, hérétiques du deuxième siècle qui
velle; elle est même indiquée par lé'Grimoire. rendaient un cultel superstitieux au serpent. Ils
« L'opération dé: l'oeuf, dit ce liyrej est pour sa- enseignaient que le serpent avait rendu un grand
voir ce qui doit arriver à quelqu'un qui est pré- seryibe aux hommes en leur faisant connaître le
sent lors de l'opération. On prend'un oeuf d'une- bien et le mal; ils maudissaient Jésus-Christ,
poule noire, pondu duvjour;pnlè]Casser on ehi parce qu'il est écrit qu'il .©stvenu dans le monde
tire le germe ; il faut avoir uii grand;verre,bien; pour écraser la tête du serpent. Aussi Origène ne
fin et bien net, rêmplir)l;eaiu,çlàirè et y'rneftre; lés:,regardait-il pas comme chrétiens. ' Leur
' secte
le germe de l'oeuf; brinietce -verre au soléildé; était peu,'nombreuse. •'.*' >
midi dans l'été,, en récitant des*oraisons et dés- Ophthalmius, pierre fabuleuse qui rendait,
conjurations, et avec le doigt'ôn remué l'eau du disait-on i-invisible celui qui la portait.
verre pour faire tourner lé germe ; on lé laisse Ophthalmoscopieyart de connaître le carac-
ensuite reposer un instant, et on regarde sans tère ou le tempérament d'une personne par l'in-
toucher. On voit ce qui aura rapport à celui ou spection de ses yeux. Voy. PHYSIOGNOMONIE.
à celle pour qui l'opération se fait. 11faut tâcher Optimisme. On parle d'une, secte de philoso-
que ce soit un jour de travail^ parce qu'alors les phes optimistes qui existaient jadis dans l'Arabie,
objets s'y présentent clans leurs occupations or- et qui employaient tout leur esprit à ne rien
dinaires 1. Voy. QÉUFS. trouver de mal. Un docteur de cette secte avait
Opale. Cette pierre récrée le coeur, préserve une femme acariâtre, qu'il supporta longtemps,
de tout venin et contagion de l'air, chasse la tris- mais qu'enfin il étrangla de son mieux; et il
tesse, empêche les syncopes, les maux de coeur trouva que tout était bien. Le calife fit empaler
el les affections maligiies... le coupable, qui souffrit sans se plaindre. Comme-
Opalski, sources- d'éaux chaudes'dans le les assistants s'étonnaient de sa tranquillité : —
Kamtschalka. Les habitants s'imaginent que c'est Eh mais! leur dit-il, ne suis-je pas bien empalé?
la demeure de quelque démon et ont soin de lui On fait aussi ce conte : Le diable emportait un
apporter de légères offrandes pour apaiser sa philosophe de la même secte, et celui-ci se lais-
colère. Sans cela, disent-ils, il soulèverait contre sait emporter tranquillement.— H faut bien que
eux de terribles tempêtes. . nous arrivions quelque parti disait-il, et tout est
Ophiogènes, -charmeurs- qui, dans l'Helles- pour le mieux 1.
pont, guérissaient par le Simple toucher les mor-
sures des serpents. Varron' cite quelques-uns de 1 Un jeune homme était bossu; il se consacrait
ces habiles qui faisaient là même chose avec leur aux arts et ne rôvait que la gloire. Un savant chirur-
" ":'"'j '' ' gien le redressa; devenu un hommebien fait, il se
salive.
jela dans le monde el y fut englouti sans y laisser de
Ophiomancie, divination par les serpents. nom. M. Eugène Giiinot, qui cite ce fait, ajoute : .
Elleétait fort usitée chez les anciens, et consis- « Esope n'aurait peut-être pas composé ses fables,
tait à tirer présage des divers mouvements qu'on si l'orthopédie avait été inventée de son temps. Le
mémo écrivain cite d'autres victimes de la science.
voyait faire aux serpents. On avait tant de foi à Un hommedu monde était bègue, on lui trouvait de
ces oracles, qu'on nourrissait exprès des serpents
l'esprit; l'hésitation prêtait del'original! lé à ses dis-
pour connaître ainsi l'avenir. Voy. SERPENTS. cours; il avait le temps de réfléchir en parlant; il
Ophionée, chef des dëmùns ou mauvais gé- s'arrêtait quelquefoisd'une manièreheureuse au mi-
nies qui se révoltèrent contre Jupiter, selon Phé- lieud'une phrase; il avait des demi-motsqui faisaient
fortune. Un opérateurlui rend le libre exercice de sa
l'écyde le Syrien. langue; il parle net, et on trouve qu'il n'est plus qu'un
Ophioneus, célèbredevin deMessénie, aveugle sot. Un pauvre aveugle, commodémentinstallé sur
de naissance, Il demandait à ceux qui venaient le pont Neuf, recevait 'd'abondantes aumônes. Un
le consulter comment ils s'étaient conduits jus- savant docteur lui rend la vue. Il retourne à son
poste; mais bientôt un sergent de ville le prend au
collet en vertu des ordonnancesqui régissent la men-
' Les trois dicité, — Je suis en règle, dit, le mendiant, voici
grimoires, p. S5,
' — 506 —
ORA ORA
Oracles. Les oracles étaient chez les anciens les interprètes des dieux, el que les sorciers ne
ce que sont les devins parmi nous. Toute la dif- peuvent relever que du diable. On honorait les
férence qu'il y a entre ces deux espèces, c'est premiers ; on méprise les seconds.
que les gens qui rendaient les oracles se disaient Le P. Kirker, dans le dessein de détromper les
gens superstitieux sur les prodiges attribués à Jetait sans cesse ; elle ne ressentait rien que rage;
l'oracle de Delphes, avait imaginé un tuyau adapté elle remuait la tête, faisait la roue du cou, pour
avec tant d'art à une figure automate, que quand
quelqu'un parlait un autre entendait dans, une
chambre éloignée ce qu'on venait de dire, et ré-
pondait par ce même tuyau, qui faisait ouvrir la
-bouche et remuer les lèvres de l'automate. Il sup-
posa en conséquence que les prêtres du paga-
nisme, en se servant de ces tuyaux, faisaient
accroire aux sots que l'idole satisfaisait à leurs
questions.
L'oracle de Delphes est le plus fameux de tous.
Il était situé sur un côté du Parnasse, coupé de
sentiers taillés dans le roc, entouré de rochers
qui répétaient plusieurs fois le son d'une seule
trompette. Un berger le découvrit en remarquant
que ses chèvres étaient enivrées de la vapeur
que produisait une grotte autour de laquelle elles
paissaient. La prêtresse rendait ses oracles, as-
sise sur un trépied d'or, au-dessus de cette cavité ;
la vapeur qui en sortait la faisait entrer dans une
sorte de délire effrayant, qu'on prenait pour un
enthousiasme divin.
Les oracles de la Pythie n'étaient autre chose
qu'une inspiration démoniaque, dit Leloyer, et
ne procédaient point d'une voix humaine. Dès
qu'elle entrait en fonction, son visage s'altérait,
sa gorge s'enflait, « sa poitrine pantoisait et ha-
Devin.
mon autorisation. — Vous vous moquez, reprit le
sergent do ville, celle permission est pour un aveu- parler comme le poëte Slace, agitait tout le corps
gle, et vous jouissez d'une fort bonne vue. Vous irez et rendait ainsi ses réponses. »
en prison. » Les prêtres de Dodone disaient que deux co-
ORA — 507 — ORA
lombes étaient venues d'Egypte dans leur forêt, toute la contrée. Euchidas se chargea d'aller
parlant le langage des hommes, et qu'elles avaient chercher celui de Delphes avec toute la diligence
commandé d'y bâtir un temple à Jupiter, qui possible. En effet, il partit en courant et revint
promettait de's'y trouver et d'y rendre des ora- de même, après avoir fait mille stades dans un
cles. Pausanias conte que des filles merveilleuses jour. En arrivant, il salua ses compatriotes, leur'
se changeaient en colombes, et sous cette forme remit le feu. sacré et tomba mort' de lassitude.
rendaient les célèbres oracles.de Dodone. Les Les Platéens lui élevèrent un tombeau avec
chênes parlaient dans cette forêt enchantée cette épifaphè : « Ci-gît : Euchidas, mort pour
(Voy. ARBRES),et on y voyait une statue qui ré- être allé à Delphes et en être revenu en un seul
pondait à lous ceux qui Jai consultaient, en frap- jour. ».;•.'
pant avec une verge;sur des chaudrons d'airain, Philippe, roi; de Macédoine, fut averti par
laissant à ses prêtres le soin d'expliquer les sons l'oracle d'Apollon qu'il serait tué par une char-
prophétiques qu'elle "produisait./ rette : c'est pourquoi il commanda aussitôt qu'on
Le boeuf Apis, dans lequel l'âme du: grand fît sortir toutes les charrettes.ét tous les chariots
Osiriss'était retirées- était regardé chez les Égyp- de son royaume. Toutefois il ne: put échapper au
tiens comme un oracle. En le consultant, on se sort que l'oracle avait si bien prévu : Pausanias,
mettait les mains suries oreilles et on lés tenait qui lui donna la mort, portait une charrette gra-
bouchées jusqu'àce qu'on fût sorti "de l'enceinte vée à la garde de; l'épée...dont il le perça. Ce
du temple; alors on prenait pour réponse du dieu même Philippe désirant savoir s'il pourrait vaincre
la première parole qu'on entendait. les Athéniens, l'oracle qu'il consultait lui répondit •
Ceux qui allaient consulter en Achaïe l'oracle
Avec lances d'argent quand tu feras la guerre,
dilerculei après-avoir fait leur prière clans le Tu pourras terrasser les peuples de la terre.
temple, jetaient au hasard quatre dés, sur lès
faces desquels étaient gravées quelques -figures ; Ce moyen lui réussit merveilleusement, et il di-
ilsallaient ensuite à un tableau ou ces hiéroglyphes sait quelquefois,qu?il était maître d'une place s'il,
étaient expliqués et prenaient pour la réponse pouvait y faire entrer un mulet chargé d'or.,
dudieu l'interprétation qui répondait à la chance L'ambiguïté était un des caractères les plus
qu'ils avaient amenée. ordinaires des oracles, et le double; sens ne pou-
Les oracles présentaient ordinairement un vait que leurêtre favorable. Ainsi, quand la Pythie
double sens, qui sauvait l'honneur du dieu et leur dit à Néron : « Garde-toi des soixante-treize ans, »
donnait un air de vérité, mais de vérité cachée ce prince crut que les dieux lui annonçaient par
au milieu du mensonge, que peu de gens avaient là une longue vie. Mais il fut bien étonné quand
l'esprit de voir. il vit que cette réponse indiquait Galba, vieillard
ïhéagène de 'Phase avait remporté quatorze de soixante-treize ans, qui le détrôna.
cents couronnes en différents jeux, de sorte Quelquefois les oracles ont dit des vérités.
qu'après sa mort on: lui éleva une statue en'mé- Qui les y contraignait? On est surpris de lire
moire de ses victoires. Un de ses ennemis allait dans Porphyre que l'oracle de Delphes répondit
souvent insulter cette statue,.qui tomba sur lui un jour à des gens qui lui demandaient ce que
et l'écrasa. Ses enfants, conformément aux lois c'était que Dieu : « Dieu est la source de la vie,
de Dracon, qui permettaient d'avoir action même le principe de toutes choses, le conservateur de
conlre les choses inanimées, quand il s'agissait tous les"êtres. Tout est plein de Dieu : il est par-
de punir l'homicide, poursuivirent la statue de tout. Personne ne l'a engendré ; il est sans mère.
Théagène pour le meurtre de leur père ; elle fut 11sait tout, et on ne peut rien lui apprendre. 11
condamnée àêfrejetéedansla mer. LesThasiens est inébranlable clans ses desseins, et son nom
furent peu après affligés d'une peste. L'oracle est ineffable. Voilà ce que je sais de Dieu, ne
consulté répondit : Rappelez vos exilés. Ils rap- cherche pas à en savoir davantage : la raison ne
pelèrent en conséquence quelques-uns de leurs saurait le comprendre, quelque sage que tu sois.
concitoyens; mais la calamité ne cessant point, Le méchant et l'injuste ne peuvent se cacher
ils renvoyèrent à l'oracle, qui leur, dit alors plus devant lui ; l'adresse et l'excuse ne peuvent rien
clairement: Vous avez détruit les honneurs du déguiser à ses regards perçants. »
grand Théagènel... La statue fut remise à sa Dans Suidas, l'oracle de Sérapis dit à Thulis,
place; on lui sacrifia comme à un dieu, el la roi d'Egypte : « Dieu, le Verbe, et l'Esprit qui
' les unit, tous ces trois ne sont qu'un- : c'est le
pesle s'apaisa. .
On consultait l'oracle sur toutes choses. Eu- Dieu dont la force est éternelle. Mortel, adore el
chidas, jeune Platéen, périt victime de son zèle tremble, ou tu es plus à plaindre que l'animal
pour son pays. Après la bataille de Platée, l'oracle dépourvu de raison. »
de Delphes ordonna à ses compatriotes d'éteindre Le comte de Gabalis, en attribuant les oracles
toutle feu qui était dans le pays, parce qu'il avait aux esprits élémentaires, ajoute qu'avant Jésus-
été profané parles barbares, et d'en venir prendre Christ ces esprils prenaient plaisir à expliquer
un plus pur à Delphes. Le feu fut éteint dans aux hommes ce qu'ils savaient de Dieu et à leur
ORA 508 ORI
donner de sages conseils ; mais qu'ils se retirèrent Orias, démon des astrologues et des devins,
quand Dieu vint lui-même instruire les hommes, grand marquis de l'empire infernal. Il se-montre
et que dès lors les oracles se turent. sous les traits d'un lion" furieux, assis sur un
« On pensera; des oracles des païens ce que cheval qui a la queue d'un serpent. Il porte dans
l'on voudra, dit dom Galmet dans ses Disserta- chaque main une vipère. Il connaît l'astronomie.
tions Sur les apparitions, je n'ai nul intérêt à les et enseigne l'astrologie. Il métamorphose les
^défendre, je ne ferai pas même difficulté d'avouer hommes,à leur volonté, leur fait obtenir des di-
qu'il y a eu clé la part des prêtres etdes prê- gnités et des titres, et commande trente légions,
tresses qui fendaient ces oracles'beaucoup cle Originel (Péché), la source de tous les maux
supercheries et d'illusions. Mais s'ensuit-il que le qui affligent l'humanité,-'réparé par lé baptême
démon ne s'en soit,jamais mêlé? On nepeut dis- dans ses conséquences éternelles^ _Geuxqui nient
convenir qfie, depuis: le Christianisme, les oracles le péché originel n'ont pourtant jamais pu expli-
ne soient tombés insensiblement dans le mépris quer leur négation. Voy. PÉCHÉ.
eth'aientété réduitsausilénce,etque-lesprêtres, Origines du monde. Tout s'accorde pour
qui se mêlaient de prédire les choses cachées et reconnaîLre au monde une origine: peu éloignée..
futures, -n'aient été souvent forcés d'avouer que L'histoire,.aussi bien qiiela sainte Bible, ne nous
la présence des chrétiens leur imposait silence. » permet guère de donner au monde plus,de sis
Orages. Voy. CRIÉRIENS, TONNERRE, etc. mille ans;: et irien dans les arts, dans les monu-
Oraison du loup. Quand on l'a prononcée ments , dans la civilisation des anciens peuples,
pendant cinq jours au -soleil levant-, on peut déi- ne contredit .l'Écriture sainte. Racontons toute-
fier les loups les plus affamés et mettre les chiens fois les rêveries des çon teurs; païens. Sanehonia-
à là porte. La voici, cette oraison fameuse :'. ton présente ainsi l'origine du monde. Le 'Très-
« Viens, bête àlaine^ c'est l'agneau d'humilité; Haut et sa femme; habitaient le sein de la lumière,
jéte gardé. Va droit; bête gnisé, à gris agripeusé; Us eurent un fils beau comme le Ciel, .dont ij
S'a chercher ta proie, loups et louves et louve- porta le nom, etune:fille belle comme la Terre,
teaux : tu n'as point à venir à cette viande qui dont elle porta le nom. Le Très-Haut mourut,
est ici. Vade rétro; o Salana! » Voy. GARDES. tué par des bêtes féroces, etses enfants le déifiè-
Ôray ouiorày >'grand marquis des enfers, qui rent. Le Ciel, maître de l'empire de son père,
se montre sous là forme d'un superbe archer por- épousa alors la Terre,: sa soeur, et en-eut plu-
tant un arc et des flèches; il anime les combats, sieurs enfants, entre autres Hus: ou Saturne, Il
empire les blessures faites par les archers, lance prit encore- soin de sa. postérité avec, quelques
les javelines les plus meurtrières. Trente légions autres femmes; mais la Terre en témoigna lanl
le reconnaissent pour dominateur et souverain 1. de jalousie qu'ils se séparèrent. Néanmoins le
Orcavelle, magicienne célèbre dans les ro- Ciel revenait quelquefois à elle et l'abandonnait
mans de chevalerie. Elle opérait des enchante- ensuite de.nouveau , ou /cherchait à détruire les
ments extraordinaires. . enfants qu'elle lui avait donnés. Quand Saturne
Ordalie. On donnait le nom d'ordalie à une fut grand, il prit le parti de sa mère et la pro-
série d'épreuves par les éléments. Elles consis- tégea contre son père, avec le secours d'Hermès,
taient à marcher les yeux bandés parmi des socs son secrétaire. Saturne chassa son père et régna
de charrue rougis au feu, à traverser des bra- en sa place. Ensuite il bâtit une ville, et se dé-
siers enflammés, à plonger le bras dans l'eau liant de Sadid, l'un dé ses fils, il le tua et coupa
bouillante, à tenir à la main une barre de fer la fête à sa fille, au grand étonnement des dieux.
rouge, à avaler un morceau de pain mystér Cependant le Ciel, toujours fugitif .envoya trois
rieux,,à être plongé, les mainsiiéès aux jambes, de ses filles à Saturne, pour le faire périr; ce
dans une grande cuve d'eau, enfin à étendre pen- prince les fit prisonnières et les épousa. A celte
dant assez longtemps les bras devant une croix. nouvelle, le père en détacha deux autres que
Voy. CROIX,EAU, FEU, etc. Saturne épousa pareillement. Quelque temps après
Oreille. On dit que nos amis parient de nous Saturne, ayant tendu des embûches à son père,
quand l'oreille gauche nous tinte, et nos ennemis l'estropia et l'honora ensuite: comme un dieu.
quand c'est la droite. Tels sont les divins exploits de Saturne, tel fut
Oresme (Guillaume), astrologue du quator- l'âge d'or. Astarlé la Grande régna alors dans le
zième siècle, dont on sait peu de chose.
pays par le consentement de Saturne; elle porta
Orfa. Le lac d'Orfa, près d'Édesse, pullule de sur sa têle une fête de taureau.pour marque de
poissons réputés sacrés. Il est expressément dé- sa royauté, etc. l.
fendu , en mémoire d'Abraham, d'y jamais tendre 1 L'auteur du Monde
un filet ou d'y jeler une amorce. primitif trouve la clef de ce
morceau dans l'agriculture.;...; d'autres en cher-
Orgueil, le péché qui ouvre la phalange odieuse chent l'explication dans l'astronomie, ce qui n'est
des sept péchés capitaux. C'est le péché d'Adam, pas moins ingénieux; ceux-ci n'y voient que les opi-
et il nous est resté. nions religieuses des Phéniciens touchant.l'originedu
1 Wierus, in Pseudom. dcmn. monde, ceux-là y croient voir l'histoire dénaturée
des premiers princes du pays, etc,
ORI — 509 ORI
Au commencement, dit Hésiode, était le Chaos, d'une grandeur démesurée et donnèrent leur nom
ensuite la Terre, le Tartare, l'Amour, le plus aux montagnes du pays; que bientôt ils adorè-
beau des dieux. Le Chaos engendra l'Érèbe el la rent deux pierres, l'une consacrée au Vent, Vau-
Nuit, de l'union desquels naquirent le Jour et la tre au Feu ,• et leur immolèrent des victimes.
Lumière. La Terre produisit alors les étoiles, les Mais le Soleil fut toujours le premier et le plus
'montagnes et la mer, Bientôt, unie au Ciel, elle grand de leurs dieux.
enfanta l'Océan,.Hypérion, Japhet, Rhéa, Phoebé, Tous les'peuples anciens faisaient ainsi remon-
Thétis, Mnémpsynej Thémis et Saturne, ainsi ter très-haut-leur origine; et/chaque nation se
que les cyclopes et les géants Briarée et Gygès, croyait la;première sur la terre. Quelques'nations,
quiavaient cinquante têtes et cent bras. Amesure modernes ont la même ambition: les Chinois se-
que ses enfants naissaient, le Ciel les enfer- disent antérieurs au déluge de quelques centaines
mait dans le sein de la Terre. La Terre, irritée, de mille ans. Ils croient la matière éternelle; ils
fabriqua une faux qu'elle donna: à Saturne. Ce- lui font produire un jour le dragon, la tortue, le
lui-ci en frappa son père, et du Sang qui sortit dragon-cheval, des oiseaux singuliers, et un
de cette blessure naquirent les géants et les fu- homme que les chroniques chinoises appellent
ries. Saturne eut de "Rhéa, son épouse et sa soeur, Pan-kou; quand il s'est tâté et reconnu-dans.le
Vesta,Cérès, Junon,,Pluton, Neptune et Jupiter. Chaos, Pan^koçt, qui n'est ni créé ni créateur, se:
Cedernier, sauvé de la dent de son père, qui fait un ciseau et un maillet avec quoi il débrouille.
mangeaitses enfants, fut élevé dans une caverne,
et par là suite.lit rendre à Saturne ses oncles
qu'il tenait eh prison, ses frères qu'il avait ava-
lés, le chassa du ciel, et, la foudre à la main,
devintle maître des dieux et des hommes.
Pa (Olaùs). foy. HARPPE. Donnons ici une pièce curieuse des grimoires.
Pacte. Il y a plusieurs manières de faire pacte C'est ce qu'ils appellent le « Sanctum regnum de
avec le diable. Les gens qui .donnent dans les la Clavicule, ou la véritable manière 4e faire les
croyances superstitieuses pensent le faire venir pactes; avec les noms, puissances, et talents de
en lisant le Grimoire à .l'endroit des évocations, tous les grands esprits supérieurs, comme aussi la
en récitant les formules de conjuration rappor- manière de les faire paraître par la, force, de la
tées dans ce dictionnaire, pu bien en saignant grande appellation du chapitre des pactes de la
une poule noire dans un grand chemin croisé, et grande Clavicule, qui.les fpree, d'obéir à quelque
l'enterrant avec des paroles magiques. Quand le opérationque\,V'on souhaite'.». -. , .
diable veut bien se montrer, on fait alors le mar-
ché, que l'on signe, de son sang.. Au reste-, on dit
l'ange des. ténèbres accommodant, sauf la con-
dition accoutumée de se donner à lui.
Le comte de Gabalis, quiôte aux démons leur
antique pouvoir.,, prétend que, ces pactes se font
avecles gnomes, qui achètent l'âme des hommes
pour lés trésors qu'ils donnent. largement ; en
cela,cependant, conseillés par les hôtes du sombre
.. '
empire. :
Un pacte, dit Bergier, est une convention,
expresse ou tacite, faite avec le démon, dans
l'espérance . d'obtenir par son entremise des « Lé véritable sanctum reghum de la grande
choses qui ; passent les forces de la nature. Un
donc,être et ou tacite Clavicule, autrement dit lespactaconvcnla doemo-
pacte peut exprès formel, dont on parle depuis si longtemps, sont
et équivalent. Il est censé exprès et formel : 1° lors- niorum,
une chose fort nécessaire a établir ici pour l'iiir
que par soi-même on invoque expressément le de ceux qui, voulant forcer les esprits,
démonet que l'on demande son secours, soit que teliigence
l'on voie réellement.cet esprit de ténèbres, soit n'ont point la qualité requise pour composer la
et le cercle cabalistique. Ilsiie
que l'on croie le voir; 2"quand on l'invoque par verge foudroyante
le ministère de ceux que l'on croit être en rela-
tionet en commerce avec lui ; 3° quand on fait
quelque chose dont on attend l'effet de lui. Le
pacte est seulement tacite ou équivalent, lorsque
l'on se borne à faire, une, chose de laquelle on
espère un effet qu'elle ne peut produire naturel-
lement, ni surnaturellement et par l'opération de
Dieu, parce qu'alors on ne'peut espérer cet effet
que par l'intervention du démon. Ceux, par
exemple, qui prétendent guérir les maladies par
des paroles doivent comprendre que les paroles
n'ont pas naturellement cette vertu. Dieu n'y a
pas attaché non plus cetle efficacité. Si donc elles peuvent venir à bout de forcer aucun esprit de
produisaient cet effet, ce ne pourrait être que par paraître, s'ilsn'exécutent de point en point tout
l'opération de l'esprit infernal. De là, les théolo- ce qui est décrit ci-après touchant la manière de
giens concluent que non-seulement toute espèce faire des pactes avec quelque esprit que ce puisse
(lemagie, mais encore toute espèce de supersti- être, soit pour avoir des trésors, soit pour dé-
tion, renferme un pacte au moins tacite ou équi- couvrir les secrets les plus cachés, soit pour faire'
valent avec le démon, puisque aucune pratique travailler un esprit pendant la nuit a son ouvrage,
superstitieuse ne peut rien produire, à moins ou pour faire tomber une grêle ou la tempête
qu'il ne s'en mêle. C'est le sentiment de sainl partout où l'on souhaite ; soit pour se rendre in-
Augustin, de saint Thomas et de tous ceux qui visible, pour se faire transporter partout où l'on
ont traité cette matière 1. veut, pour ouvrir toutes les serrures, voir tout
1 dif- ce qui se passe dans les maisons et apprendre
Bergier, Dictionnaire théologique.Voyez les
férentspactes les plus célèbres, dans les Légendes tous les tours et finesses des bergers; soit pour
infernales. acquérir la main de gloire et pour connaître les
33
PAC 514 PAC
qualités et les vertus des métaux et des minéraux, chacun des talents des six esprits supérieurs ce
des végétaux et de tous les animaux purs et im- dont il aura besoin.
purs ; pour faire, en un mot, des choses si mer- » Le premier est le grand LUCIFUGE ROFOCALE
veilleuses, qu'il n'y a aucun homme qui.n'en soit premier ministre infernal ; il a la puissance que
dans la dernière surprise. C'est par la grande Lucifer lui a donnée sur toutes les richesses et
Clavicule dé Salbmori que l'on a découvert la vé- sur tous, les trésors dit monde.
ritable manière de faire les pactes; il" s'en est » Le second est SATANACHIA, grand général; il a
servi lui-même pour acquérir de grandes ri- la puissance de soumettre toutes les femmes et
chessesv et pour connaître les plus impénétrables commande
:
la grande légion des esprits. ;
secrets' de la-nature» .-.' » AGALÏAREPT , aussi: général, a la puissance de
- « Nous commencerons
par décrire les noms des découvrir lès secrets les plus cachés dans toutes
principaux esprits avec leur puissance et pouvoir, lès cours et. dans tous les cabinets du monde ; il
et: ensuite nous; expliquerons les pàcia dcentonïo^ dévoile les' plus 'grands mystères;il' commande
rum, ou la véritable manière dé faire les pactes la seconde légion dès esprits.
avec quelque esprit que ce soif. Voici les noms » FLEURETV, lieutenant général, a la:puissauce
des principaux ; dé faire tel"buyragé'cjûe l'on souhaité- pendant la
» LUCIFER,empereur. —BELZÉBUT,prince. — huit ; il fait, aussi tomber la ; grêle partout où il
ASTAROT, grand-duc. veut. Il commande "un corps rtrës-cônsidérabie
«Ensuite viennent les esprits supérieurs qui d'esprits, -;."-- '>: ; ;-v;i,J^: '-.i'"->
'
sont subordonnés aux trois nommés ci-devant : » SAR'P'ATAIN"AS:,brigadier; à là puissance dé vous
» LUCIFUGE, premier ministre. —SATANACHIA,rëntlle "invisible;,, dé vous-.transporter -partout,
grand général. — FLEURETÏ, lieutenant géné- d'ouvrir toutes jès serrures^ dé yoùs-faire Voir
ral. —' NEBIROS , maréchal de camp. — AGALIA-t'out:ce qui: se 'passe dans les maisons, dé"'vous
REPT, grand sénéchal. — SARGATANAS, brigadier apprendre tous les tours et finesses des bergers;
chef. - il commande plusieurs brigades d'esprits.
» Les six grands esprits que je viens de nommer UNEBIROS,maréchal de camp et inspecteur
ci-devant; dirigent, par leur, pouyoir,: toute la général, a la puissance dé donner du mal à
puissance infernale qui; est .donnéç: aux autres qui il veut; il fait trouver la 1main de gloire, il
esprits. Ils ont à leur service dixThuit,.autres es- enseigne toutes les 'qualités dès; métaux; des
prits qui leur sont-subordonnés, ;savoir : ; minéraux , dés végétaux et de tous'les animaux
» Baël, Agarès, Marbàs, Pruflas, Aamon, Barba- purs et impurs; c'est lui qui,a aussi l'art de
los, Buer, Guspyn, Bolis, Bathimj Pursan, Abigar, prédire l'avenir, étant iur dés plus grands né-
Loray,,.Valafar, Foray* Ayperos „ Naberus, Glas- cromanciens de tous les esprits infernaux: il
syalabolas. va partout ; il a inspection sur toutes les malices
» Après vous avoir indiqué les noms des dix- infernales.
huit esprits ci-devant, qui sont inférieurs aux six >>Quand vous voudrez faire Votre pacte avec un
premiers, il est bon de vous prévenir de ce qui .des principaux esprits que je viens dé nommer,
suit, savoir : l'avant-veille du pacte, vous irez couper, avec un
» Que LUCIFUGE commande sur les trois pre- couteau neuf qui n'ait jamais servi, mie baguette
miers, qui se nomment Bael; Agarès et Marbas; de noisetier sauvage, qui n'ait jamais porté et
SATANACHIA sur Prutlâs^Aamqh etBarbatos; AGA- qui soit semblable à la verge foudroyante ; vous
LIAREPT sur Buer, Gusoyn etBotis; FLEURETV sur la couperez positivement au moment où le soleil
Bathim, Pursanet Abiga'r; SARGATANAS sur Loray, paraît sur l'horizon..Cela fait, vous vous munirez
Valafar et Foray ; NERIROSsur Ayperos, Naberus d'une pierre èmalille et dé deux cierges bénits,
et Glassyalabolas. et vous choisirez ensuite pour l'exécution un
» Et, quoiqu'il y ait encore des millions d'es- endroit où personne, ne vous incommode. Vous
prits qui sont tous subordonnés à ceux-là, il est pouvez même faire le pacte dans une chambre
très-inutile de les nommer, à. cause que l'on iie écartée ou dans quelque masure de vieux château
s'en sert que quand il plaît aux esprits supérieurs ruiné, parce que l'esprit a le pouvoir d'y trans-
de les faire travailler à leur .place, parce qu'ils porter tel trésor qui lui plaît. Vous tracerez un
se servent de tous ces esprits inférieurs comme triangle avec votre pierre épidtille, et cela seule-
s'ils'étaient leurs esclaves; Ainsi, en faisant le ment la première fois que vous faites le pacte;
pacte avec un des six principaux dont vous avez ensuite vous placerez les deux cierges bénits à
besoin, il n'importé quel esprit vous serve; néan- côté; vous écrirez autour le saint nom de Jésus,
moins demandez toujours à l'esprit avec lequel afin que les esprits ne vous puissent faire aucun
'
vous faites votre pacte que ce soit un des trois mal. Ensuite vous vous poserez au milieu du
principaux qui lui sont subordonnées. triangle, ayant en main la baguette mystérieuse,
» Voici précisément:les puissances , sciences, avec la grande appellation à l'esprit, la demande
arts et talents des esprits susnommés, afin que que vous voulez lui faire, le pacte et le renvoi
celui qui; veut faire un pacte puisse trouver dans de l'esprit.
PAC — 515 — PA1
» Vous commencerez à réciter l'appellation sui- qu'à condition que tu te donnes à moi dans
vingt
vante avec fermeté. ans, pour faire de ton corps et de ton âme ce
qu'il me plaira. »
. » Alors vous lui jetterez votre pacte, qui doit
être écrit de votre propre main sur un petit mor-
ceau de parchemin vierge ; il,'consiste-en"ce
peu
de mots auxquels vous mettrez votre signature
avec votre véritable sang. « Je promets au grand
Lucifuge de le récompenser dans vingt ans de
tous les trésors qu'il me donnera. Eh foi de quoi
je me suis signé. » '" ....-,,.
»L'esprit vous répondra : « Je ne
puis accorder
ta demander » v?: : .-•\:••:'-'• •••
» Alors, pour le forcer à vous obéir, vous relirez
la grande interpellation avec les terribles paroles
de la- Clavicule; jusqu'à ce que l'esprit reparaisse
et vous dise ce qui suit : « Pourquoi nie tour-
mentes-tudàvantage? Si tu me laisses en repos,
je le donnerai le pRisprbchain trésor, à condition
que-tu me'consacreras une"'pièce tous les pre-
miers lundis de chaque mois, et que tu ne m'ap-
pelleras qu'un, jour 'de chaque semaine.* de dix
heures du soir à deuxiieures après minuit. Ra-
masse lon'pacte, 1je l'ai signé ; et, si tu ne tiens
pas ta parole, tu seras à moi dans vingt ans»-—•
» J?àcquiesèe aita démande, h condition que tu
« Empereur LUCIFER,; maître dé' tous les esprits me feras jyaiiailre'le plus prochain trésor que je
rebellés, je te; prie de m'êtrè favorable dans l'ap- pourrai;emporter tout de suite. »
pellation que jéfâis à ton grand ministre LUGIFUCË » L'esprit dira : « Suis-moi et prends le trésor
ROFOCÀLÉ, 'ayant envie de faire pacte avec lui. Je que je vais te montrer.. »
te prie aussi, prince.Belzébut, de me protéger » Vous le suivrez sans vous épouvanter ; vous
dans mon entreprise; Comté Astarot V sois-moi jetterez votre pacte tout signé sur le trésor, en
1
propice, et fais que'clans cette nuit le grand le touchant avec votre, baguette ; vous, eh pren-
LUCIFUGE' m'apparaisse sous une forme humaine, drez tant que vous pourrez, et vous vous en
sans aucune mauvaise odeur, el qu'il m'accorde, retournerez dans le triangle en marchant à recu-
par lé nibyén'du pacte que je vais lui présenter, lons; vous y poserez votre trésor devant vous,
toutes ies richesses dont j'ai besoin. 0 grand et vous commencerez tout de suite à lire le ren-
Lucifuge! je'lé prie dé quitter ta demeure, dans voi de l'esprit.
quelque partie 'dtf mondé qu'elle soit, pour venir » Voicimaintenant la conjuration et renvoi de
nie parler; sinon je t'y contraindrai par la force l'esprit avec lequel on a fait pacte :
(lu grand Dieu vivant, de son cher Fils et du « 0 grand Lucifuge! je suis content de toi
Saint-Esprit; obéispromptèment, Où tu vas être pour le présent; je te laisse en repos et te per-
éternellement tourmenté par la force des puis- mets de le retirer où bon te semblera, sans faire
santes paroles de la grande Claviculede Salomoh, aucun bruit ni laisser aucune mauvaise odeur.
paroles dont,il se servait pour obliger lès esprits Pense'àussi à ton engagement de mon pacte, car,
rebelles 'à "recevoir son pacte.' Ainsi, parais au si tu y,manques d'un instant, tu peux être sûr
plus tôt, ou je té vais continuellement tourmen- que jeiite tourmenterai éternellement avec, les
ter par la force de ces puissantes paroles de la grandeseet puissantes paroles de là Clavicule ,'de
Clavicule: Agioh, tetagram, vayclieon stimulama- SalomohV par lequel on force tous les esprits
lon y ezparès tetragràmmaton oryoram irion esy- rebelles:à obéir.....J »
lion exislion eryoria onerà brasim moym messias • Pain^Épreuye du);,.C'était-un pain fait de fa-
solerEinanuel Sabaot Adonay, te adoro et invoco. » rine d'orge, bénit ou plutôt- maudit par les im-
» Vous êtes sûr que, d'abord que vous aurez lu précations d'un pfêtréi Les Anglo-Saxons le
ces puissantes paroles, l'esprit paraîtra et vous faisaient manger à un accusé non convaincu,
(lira ce qui suit : « Me voici : que me demandes- persuadés que s'il élait innocent ce pain ne lui
tu ? Pourquoi troubles - tu mon repos ? Réponds- ferait point de mal ; que s'il était coupable il ne
moi. — Je le demande pour faire pacle avec toi, pourrait l'avaler, ou que s'il l'avalait, il éloùffe-
et enfin que tu m'enrichisses au plus tôt; sinon
je le tourmenterai par les puissantes paroles de 1 Voyez sur les pactes plusieurs légendes dans les
•a Clavicule. — Je ne puis l'accorder ta demande Légendesinfernales.
33.
PAI 516 PAL
' Ce mot veut dire renaissance.
rait. Le juge qui faisait cette cérémonie deman- Palingénésie.
dait, par une prière composée exprès, que les Duchêne dit avoir vu à Cracovie un médecin
mâchoires du criminel restassent rpides, que son polonais qui conservait dans des fioles la cendre
gosier se rétrécît, qu'il ne pût avaler, qu'il reje-, de plusieurs plantes ; lorsqu'on voulait voir une
tât le pain de sa bouche. C'était une profanation rose dans ces fioles, il prenait celle où se trou-
des prières de l'Église 4. La seule chose qui fût vait la cendre du rosier, et la mettait sur une
réelle dans cette épreuve, qu'on appelait souvent chandelle allumée : après qu'elle avait un peu
l'épreuve du pain conjure, c'est que* de toutes les senti la chaleur, on commençait à voir remuer la
espèces de pain, le pain d'orge moulue un peu cendre; puis on remarquait comme une petite
gros est le plus difficile à avaler. Voy. GORSNED,nueobscure 1 qui, se divisant eh plusieurs parties,
ALPHITOMANCIE, etc. venait enfin à représenter une rose si belle, si
Pain bénit; Du côtédeGuiilgampreri Bretagne, fraîche; et si parfaite, qu'on l'eût jugée palpable
et dans beaucoup d'autres lieux, quand on ne et odorante comme celle qui vient du rosier.
un Cette nouveauté fut poussée plus loin. On assura
peut découvrir le corps d'un noyé, on met
petit cierge allumé sur-un pain que l'on a fait que les morts pouvaient revivre naturellement,
bénir et qu'on abandonne au cours dé l'eau ; on et qu'on avait des moyens de les faire ressusciter
trouve le cadavre dans: l'endroit où le pain s'ar- en quelque façon. Van derBeken, surtout, adonné
rête?, et ce qui peut surprendre les curieux, ces opinions pour des vérités incontestables; et
c'est que ce prodige" s'est vu très-souvent. Com- dans le système qu'il a composé pour expliquer
ment l'expliquer ? On aie même usage en Cham- de si étranges merveilles, il prétend qu'il y a
pagne et ailleurs. ;, ;;
dans le sang des idées séminales, c'est-à-dire des
Pajot (Marguerite), sorcière, qui fut exécutée corpuscules qui contiennent en petit tout l'ani-
à Tonnerre en" 1576, pour-avoir été aux assem- mal. Quelques personnes, dit-il, ont distillé du
blées nocturnes des démons et des sorciers. Elle sang humain nouvellement tiré, et elles y ont
composait des maléfices et faisait mourir les vu, au grand étonnemenf des assistants saisis de
hommes et les animaux* Elle avait de plus tué frayeur, un spectre humain- qui poussait des gé-
un sorcier qui n'avait pas voulu lui prêter un lo- missements. C'est pour ces causes,, ajoule-t-il,
pin de bois avec lequel jl'faisait des sortilèges. que Dieu à défendu aux Juifs de manger le sang
des animaux," depeur que les esprits ou idées de
leurs espèces; qui y .sont contenues ne produisis-
sent de funestes effets. Ainsi, en conservant les
cendres de nos ancêtres, nous pourrons en tirer
des fantômes qui nous en représenteront la figure.
Quelle consolation, dit le P. Lebrun, que de re-
passer en revue son père et ses aïeux, sans le
secours du démon et par une nécromancie frès-
permise ! Quelle satisfaction pour les savants que
de ressusciter en quelque manière les Romains,
les Grecs, les Hébreux et toute l'antiquité ! Rien
d'impossible à cela, il suffit d'avoir les cendres
de ceux qu'on veut faire paraître. Ce système
eut, comme toutes les rêveries, beaucoup de
partisans. On prétendait qu'après avoir mis un
moineau en cendres et en avoir extrait le sel, on
avait obtenu, par une chaleur modérée, le résul-
tat désiré. L'académie royale d'Angleterre essaya,
dit-on, celte expérience sur un homme. Je ne
sache pas qu'elle ait réussi. Mais cette décou-
'
verte, qui n'aurait pas dû occuper un seul instant
les esprits, ne tomba que quand un grand nom-
bre de tentatives inutiles eurent prouvé que ce
n'était non plus qu'une ridicule chimère. Voy.
CENDRES. La palingénésie philosophique de Bonnel
est un système publié au dernier siècle et con-
damné ; il est plus du ressort des théologiens que
Une' remarque singulière qu'on avait notée, c'est du nôtre.
qu'elle revenait du sabbat toujours toute froide 3. Palmoscopie, augure qui s'appelait aussi pal-
1 Bergier, Dictionnaire théologique. micum, et qui se tirait de la palpitation des
2 Cambry, Voyagedans le Finistère, t. III, 4S9. parties du corps de la victime, calculées à la
3 Bodin, Démonomanie. p.
main.
PAL — 517 — PAN
Palud (Madeleine de Mendoz de la), fille Gaufridi, vieille et n'ayant qu'un chien pour
d'un gentilhomme de Marseille, et soeur du cou- compagnie, voulut se mêler encore de sorcel-
vent des Ursulines, qui fut ensorcelée par Gau- lerie, elle fut condamnée, par arrêt du par-
fridi à l'âge de dix-neuf ans. Voy. GAUFRIDI.lement de Provence, à la prison perpétuelle 1,
Cette femme, quarante ans après le procès de en 1653.
Pamilius. Pamilius de Phères, tué dans un compagnie qui n'en fût effrayé. Ce, Thamus ne
combat, resta dix jours au.nombre des morts ; répondit qu'à la troisième fois, lorsque la voix,
on l'enleva ensuite du champ de bataille pour le se renforçant, lui cria que quand il serait arrivé
porter sur le bûcher; mais il revint à la vie et en un certain lieu qu'elle désignait, il annonçât
conta des histoires surprenantes de ce qu'il avait que le grand Pan était mort. On délibéra pour
vu pendant que son corps était resté sans senti- savoir si on obéirait, et la conclusion fut que si
ment '... le vent n'était pas assez fort pour outre-passer le
Pan, l'un des huit grands dieux ou dieux de lieu indiqué, il fallait exécuter l'ordre. C'est
la première classe chez les Égyptiens. On le re- pourquoi, le calme les arrêtant, Thamus cria de
présentait sous les traits d'un homnie dans la toute sa force : Le grand Pan est mort. Il n'eut
partie supérieure de son corps, et sous la forme pas plutôt achevé que l'on entendit de tous côtés
d'un bouc dans la partie inférieure. — Dans les des plaintes et des gémissements. L'empereur
(lémonographies, c'est le prince des démons, Tibère, informé de l'aventure, envoya quérir
incubes. Quelques-uns entendent par le grand Thamus, el assembla à ce sujet les savants. Sur
Pan le règne des démons, qui- fut brisé par la quoi Dômétrius, pour confirmer cette pensée de
mort de Jésus-Christ sur la croix. Plularque ra- la mort des démons, ajouta une autre histoire :
conte qu'à celle époque solennelle, Épilherse il dit qu'ayant été lui-même envoyé par l'empe-
s'élant embarqué sur un vaisseau avec plusieurs reur pour reconnaître certaines îles.stériles si-
autres pour aller en Italie, le vent leur manqua tuées vers l'Angleterre, il aborda a une de celles
près de certaines îles de la mer Egée; que qui sont habitées; que peu après il s'éleva une
comme la plupart des passagers veillaient et tempête effroyable qui fit dire aux insulaires que
buvaient après souper, l'on entendit tout d'un c'était quelqu'un des démons ou des demi-dieux
coup une voix venant de l'une de ces îles, qu'il qui était mort '.
appelle Paxès, et qui appelait si fort Thamus, Pandoemonium, capitale de l'empire infer-
pilote égyptien, qu'il n'y eut personne de la nal, selon Millon.
1 i Benjamin Binet, Traité des dieux et démons du
Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions des
esprits. paganisme.
PAN. 518 PAP
Panen (Bartholomée), exorciste .protestant. les remet dans le drap de soie consacré pour s'en
Voy. GUILLAUME. -. . ..,; .., servir au besoin. ;
Paneros. Pline,cite'une pierre:(précieuse de On ne peut faire aucune opération magique
ce nom qui rendait les femmes-fécondes* pour exorciser; les. esprits sans avoir ce sceau,
Paniers. Les rabbins racontent une fable assez qui contient les-noms de Dieu. Le pantacle n'est
plaisante sur l'étymologie du mot Eve. Eve, di- parfait qu'après qu'on a renfermé un triangle
sent-ils , dérive du mot qui signifie causer ; la dans les cercles ; on lit dans le triangle ces trois
première femme prit ce nom parce que, lorsque mois : f malio, reformatio, transformalio, A
Dieu créa le monde, il tomba du ciel douze pa- côté du triangle est le mot agla, qui est très-
niers remplis de caquets, et qu'elle en ramassa puissant pour arrêter la malice des esprits. Il faut
neuf, tandis que son mari n'eut le temps de ra- que la peau sur laquelle on applique le sceau soit
masser que lés trois autres. exorcisée et bénite ; on exorcise aussi l'encre et
Panjacartaguel. Ce mot, qui chez les In- la plume dont on se sert pour écrire les mois
diens désigne lès cinq dieux, exprimait aussi que l'on vient de citer.
les einq éléments qui, engendrés par le Créa- Pantàrbe, pierre fabuleuse à laquelle quel-
teur, concoururent à la formation, dé l'univers. ques docteurs ont attribué la propriété d'attirer
Dieu, disent-ils, tira l'air du néant. L'action l'or, comme l'aimant attiré le fer. Philostrate,
de l'air forma le vent; t5u; choc de l'air et du dans la Fie d'Apollonius, en raconte des mer-
vent naquit le feu. A sa.:retraite celui-ci laissa veilles* L'éclat en est si vif, dit-il, qu'elle ra-
une humidité, d'où l'eau; tire son origine. De mène léVjour au milieu de la "huit ; mais, ce.qui
l'union de ces puissances.résulta une écume; la est le plus étonnant encore, celte lumière est un
chaleur du feu en composa une masse qui fut esprit qui se répand dâns;laj terre et attire insen-
la terre. siblement les; pierres précieuses ; plus cette vertu
Panj angam ','àlmanach des brahmines, où sont s'étend , pjiuSjèlië:a de force; et toutes ces pierres
marqués les jours heureux et les jours malheu- dont la pantarbé Se fait une ceinture ressemblent
reux, et les heures du jour et de la nuit heu- à un essaim d'abeilles qui environnent leur roi.
reuses ou malheureuses* .. De peur qu'un,si riche trésor ne devînt trop vil,
Pantacles, espèces de talismans magiques. non-seulement la nature l'a caché dans.la terre
Toute la science de la Clavicule dépend de l'usage profonde ; mais elle lui a donné la faculté de s'é-
des pantacles, qui. contiennent les noms ineffa- chapper dés mains de .ceux qui voudraient la
. blés de Dieu. Les pantacles doivent être faits lé prendre sans.prëcàution; On la trouve dans cetLo
mercredi, au premier quartier de la lune, à trois partie des Indes où s'engendre l'or. Suivant l'au-
heures du matin, dans une chambre aérée, nou- teur des Amours de Théagènc et de Char idée:
vellement blanchie, où l'on habite seul. On y elle garantit du feu ceux qui la portent.
brûle des plantés odoriférantes. On a du parche- Paouaouci, enchantements ou conjurations
au moyen desquels les naturels de la Virginie
prétendent faire paraître des nuages et tomber
de la pluie.
Pape. Les huguenots ont dit que le pape était
l'Antéchrist. C'est ainsi que les filous crient au
voleur pour détourner l'attention.
Le conte absurde de lapàpesse Jeanne, inventé
par les précurseurs de Luther, est maintenant
reconnu si évidemment faux qu'il ne peut nous
arrêter un instant'.'
l'pucci;(G<isiiai<|),.
quartier que le diable était venu pour enlever un ' fant ; avant de se montrer à l'exorcisle, il rend
voisin. La servante attestait la chose; et ce 'qui des sons mélodieux. Il faut au contraire se bou-
y donnait le plus de vraisemblance, c'est que le cher les oreilles quand on lui commande de
pauvre défunt avait été usurier. Voy. APPARI- prendre la forme humaine. 11 répond sur loutes
TIONS , .REVENANTS , FANNIUS , VISIONS
, etc. les sciences. C'est un bon poëte, qui satisfait en
Phara-Ildis, ou simplement Phara, bonne el vers à toutes les demandes. Après mille ans, il
hienfaisantefée en Norvège. espère retourner au septième ordre des Trônes.
Pharmacie, divination employée par les ma- Vingt légions lui obéissent 1.
gicienset enchanteurs, lesquels devinent, à l'aide Phénix. Il y a, dit Hérodote, un oiseau sacré
<Jiicommerce qu'ils ont avec les démons, qu'ils qu'on appelle phénix. Je ne l'ai jamais vu qu'en
cvoquenl pour cela au moyen de fumigations peinture, 11est grand comme un aigle; son plu-
faites sur un réchaud. mage est doré et entremêlé de rouge. Il se nour-
Phénix, grand marquis des enfers. Il paraît
sous la forme d'un phénix avec la voix d'un en- 1 Wierus, in Pseudomonarchiadoemon.
PME 526 PME
rit d'aromates et vient tous les cinq cents ans en ramide dans le milieu du front, la nature y avait
Egypte, chargé du cadavre de son père enve- placé une tache noire qui dominait le reste du
loppé de myrrhe, qu'il enterre dans le'temple visage. Une autre pyramide blanche, s'appuyani
du Soleil. Solin dit que le phénix naît en Arabie; sur la partie--inférieure du cou, s'élevait avec
que"sa. gorge est entourée d'aigrettes, son cou proportion, et, partageant le menton, venait
brillant comme l'or, son corps pourpre, sa queue aboutir au-dessus de la lèvre inférieure. Depuis
mêlée d'azùr" et dé rosei; qu'il vit cinq cent qua- l'extrémité des doigts jusqu'au-dessus du poi-
rante ans. Certains historiens lui ont donné jus- gnet, et depuis les pieds -jusqu'à la moitié des
qu'à douze mille neuf" cent cinquante-quatre ans jambes., la jeune fille paraissait avoir des bottines
de:vié.' ;:":'' "-'", '':' "'' '" " '' et des gants naturels, d'un-noir-clair,: tirant sur
Saint Clément dé;Rolnàin rapporte qu'on croit le cendré,- niais parsemées d'un grand nombre
que'le phénix naît en Arabie, qu'il est unique dé mouches aussi noires que du jais. De l'extré-
dans son espèce, qu'il vit cinq ans"; que, lors- mité inférieure du cou descendait une espèce de
qu'il est près de mourir, il se fait, avec de l'en- pèlerine noire sur la poitrine.et les épaules; elle
cens, de la myrrhe et d'autres aromates, un cer- se'--terminait en trois pointes, dont deux élaienl
cueiloù il entre à temps marqué, et il y meurt; placées sur les gros muscles des bras ; la troi-
que sa chair corrompue produit un ver qui se sième -,'.;qui;était la plus large, sur la poitrine.
nourrit de l'humeur dé l'animal mort et se revêt Les épaulesétaient d'un noir clair, tacheté comme
de plumes ; qu'ensuite, devenu plus fort, il prend celui,des "pieds et des mains. Les autres parties
le cercueil de son père et le porte en Egypte, sur du corpstétaient tachetées de blanc et de noir
l'autel du Soleil, à Héliopolis. dans nné'-agréable variété;, deux taches noires
Outre que tous ceux qui parlent de cet oiseau, couvraient les.deux genoux. Toutes les personnes
mystérieux ne l'ont point vu et n'en parlent que du pays youjujent voir ce phénomène, com-
par ouï-dire, qui peut être sûr qu'ila vécu,cinq blèrent cetté'.pjetite fille de présents; e.t on offrit
cents ans? qui peut assurer qu'il soit seul;de son de Taplie'téç?a'grandtprix.
espèce?
- .' -iO-;;'.:::. • L'àutéùr-à qui nous empruntons cette descrip-
Le P. Martini rapporte, dans son Hjstpimtle%: ,^tiôtf^sûré"que-là mèreiayait une petite chienne
Chine, qu'au commencement du règne ide-ltèm-' n^irçétïlanche'quiijnêria quittait jamais, el
per.eur Xao-Hao IV, on vit paraître l'oisèaû du so- Eau&Vai#éxaminé^enVdélâiines taches de sa Cille
leil , dont les Chinois regardent l'arrivée .comme et' dé.;1à^liienné;,'!!: y^ouja une ressemblance
un heureux présage pour le.rdyanme.i Sa forme,'. 1.totalei,'nôh-séùlemeht.pàr
, . - ,:.,:,...,' -,.',1-,- Iâ~forme des couleurs,
1,.1'fî' ,-,'-u^ x
dit-il, le ferait prendre pour.un.'-aiglei,';sans la ..'ma.is.'encôlr&.p^ ou les nuances
beauté et la variété de son plumage.; 11'.ajoute étaieht-plà'ciéësi Tlïen, ccncjpt que la vue conti-
:
que sa rareté lui fait-croire que cet oiseau»est le nuelle déTpét'animal avait .éjé,.plus que suffisante
même que le phénix 4. '...... :,,,./;.,;-: :' pour;Vtf|açer;|!dKiVs l'imagination de la mère celle
Phénomènes. Une négresse de Çarljiagéne, variété':dé'foin les et l'inipi'i.hier à la fille qu'elle
dans le nouveau royaume cle Grenadéi, mïtca.u portait'dans son sein. '^J;.' \-
monde un enfant tel qu'on n'en a jamais, vu ; Ôii'dit que le peuple anglais est un peuple de
c'était une fille qui naquit en 1738 et v&ut en- philosophes; ce, qui n'empêcha pas, en 4726,
viron six mois. Elle était tachetée de blanc, et de une femme de Londres d'accoucher, disait-elle,
noir, depuis le sommet de la tête jusqu'aux pieds:, d'un lapereau chaque jour ; le chirurgien qui l'ac-
avec tant de symétrie et de variété qu'il semblait couchait, nommé Saint-André, assurait que rien
que ce fût l'ouvrage du compas et du pinceau. n'était plus positif, et le peuple philosophe le
Sa tête était couverte de cheveux noirs, bouclés, croyait. — Marguerite Daniel, femme de René
d'entre lesquels s'élevait une pyramide de poil Rondeau, du bourg du Plessé, dépendant du mar-
crépu, qui du sommet de la têle descendait, en quisat de Blin, devint grosse en 1685, vers la
élargissant ses deux lignes latérales, jusqu'au mi- mi-octobre. Elle sentit remuer son enfant le jour
lieu des sourcils, avec tant de régularité dans la de la Chandeleur et entendit le vendredi saint
division des couleurs que les deux moiliés des suivant trois cris sortir de son ventre. Depuis,
sourcils.-qui servaient de base aux deux angles son enfant continua de faire les mêmes cris trois
de la pyramide étaient d'un poil blanc et bou- ou quatre fois le jour, à chaque fois quatre, cinq
clé, au lieu que les deux autres moiliés, du côté cris, et même jusqu'à huit et neuf fort distincts,
des oreilles i étaient d'un poil noir et crépu. Pour semblables à ceux d'un enfant nouvellement né;
' relever encore
l'espace blanc que formait la py- mais quelquefois avec de tels efforts, qu'on voyait
l'estomac de cette femme s'enfler comme si elle
1 Descritiques pensent que le phénix était le
sym- eût dû étouffer...
bole de,1a.-chasteté et de la tempérance chez les En octobre 18/|2, à Bruxelles, une femme ac-
païens; ils comptaient quatre apparitions de cet oi- coucha, dans
seau merveilleux, la première sous le roi Sésoslris, l'hospice de la Maternité, d'une
la seconde sous Amasis, la troisième sous le troi- petite fille qui avait une queue de dieval. Son
sième des Etolémées, la quatrième sous Tibère. père était un cocher. L'opération qui l'a délivrée,
PHI 527 PHI
sans la compromettre aucunemenl, de cet orne- avait faite; elle jeta des cris épouvantables e
ment singulier, a été faite par le docteur Seutin, supplia Mâchâtes de l'avertir quand sa fille re-
et le phénomène fut aussitôt régulièrement con- viendrait, ce qu'il exécuta. Le père et la mère la
staté Voy. IMAGINATION, etc. virent et coururent à elle pour l'embrasser. Mais
Philinnion. Voici un trait rapporté par Phlé- Philinnion, baissant les yeux, leur dit avec une
gon, et qu'on présume, être arrivé à Hypate en contenance morne : — Hélas ! mon père, et vous,
Thessalie. Philinnion , fille unique dé Démocrate ma mère, vous détruisez ma félicité,.en.m'ein-
et de Charito, mourut en âge nubile; ses parents péchant, par votre présence importune, de vivre
inconsolables firent enterrer avec le corps mort seulement trois, jours.. Votre curiosité.-vous sera
les bijoux et les atours: que Ta"jeurie fille avait lefuneste, car je m'en retourne au séjour de la
plus aimés; pendant sa vie* Quelque temps après, mort, et vous me pleurerez autant que -quand je
un je,uné;:seigneùr, nommé:Mâchâtes,.Vint -loger fus portée- en*terre pour la première fois. Màis?je
chez Démocrate; qui: était soiF'amiv Le soir, vous avertis que: je.ne suis pas venue ici sans la
volonté des dieux. Après ces mots,= elle retomba
morte,. et son corps fut exposé sûr un>lil:à lavuê
de lotis ceux-dê la maison. On>alla visiter le tom*
beau, cjû'on trou va vide et ne contenant seulement
que 'l'-annéàu'de-fer et la coupe que Mâchâtes-
lui
avait donnés.*.*. . .;.. - , .:•
Philosophie hermétique. Voyi PIEA-BË r-m-
LOSÔPIIALË.
Philotânus, démon d'ordre inférieur, soumis
à Bélial. - ' - , r- . ,. . ->
-Philtre, breuvage où drogue dont d'effet pré-
lehdûest de donner l'amour.* Lesanciens, qui en
connaissaient l'usage, invoquaient dans lacon-
. feetion dès philtres les divinités infernales. -Il y
entrait différents animaux, herbes ou matières,
tels que le poisson appelé remdre, certains os de
.grenouilles, la pierre astroïte et surtout l'hippo-
: mahé.
Delrio;, qui met les philtres au rang des
, maléfices, ajoute qu'on s'est aussi servi pour les
composer de rognures d'ongles, de limailles de
métaux, dé reptiles, d'intestins de -poissons- et
d'oiseaux, et qu'on- y a mêlé quelquefois dés
fragments d'ornements d'église.
Les philtres s'expliquent, comme les poisons,
par la pharmacie* L'hippomane est le plus fa-
comme-il élâit dans sa cliambréi-Philitmion -lui meux de tous les philtres ; c'est un morceau de
apparaît, lui déclare qu'elle l'ainie ; ignorant sa chair noirâtre et de formé ronde, de la grosseur
morti il l'épouse enrseerët. Mâchâtes, pour gage' d'une figue sèche, que le poulain .apporte quel-
de son'amour,'donne à Philinnion une.coupe d'or quefois sur le front en naissant. Suivant les livres
cl se laissé tirer ulianneaù de fer qu'il avait au de secrets magiques, ce mystérieux' morceau de
doigt. Philinnion, de son côté, lui fait-présent chair fait naître une passion ardente, quand,
(le son collier, et d'un anneau d'or, et se retire étant mis en poudre, il est pris avec le sang de
avantle jour* Le lendemain, elle revint à la même celui qui veut se faire aimer. Jean-Baptiste Porta
heure/Pendant qu'ils étaient ensemble, Charito détaille au long les surprenantes propriélés; de
envoya une vieille servante dans la chambre de l'hippomane ; il est fâcheux qu'on n'ait jamais pu
Mâchâtes pour voir s'il ne lui manquait rien. lé trouver tel qu'il le décrit, ni au front du pou-
Cette femme retourna bientôt éperdue vers sa lain naissant, ni ailleurs. Foy. HU>I>OMANIÎ.
maîtresse et lui annonça que Philinnion était avec Les philtres sont en grand nombre et plus ri-
Machalés. On la traita de visionnaire; mais dicules les uns que les autres. Les anciens les
commeelle s'obstinait à soutenir ce qu'elle disait, connaissaient autant que nous, et chez eux on
quand le matin fut venu, Charito alla trouver son rejetait sur les charmes magiques les causes
hôte et lui demanda si la vieille-ne l'avait point d'une passion violente, un amour dispropor-
trompée. Hachâtes avoua qu'elle n'avait pas fait tionné, le rapprochement de deux coeurs entre
un mensonge, raconta les circonstances de ce qui qui la fortune avait mis une barrière, ou que les
lui était arrivé, el montra le collier et l'anneau '; parents ne voulaient point unir.
d'or que la mère reconnut pour ceux de sa fille. 11y a de certains toniques qui enflamment les
Celte vue réveilla la douleur de la perte qu'elle intestins, causent la démence ou la mort et in-
PHL 528 — PHY
spirent une ardeur qu'on a prise pour de l'amour. écrites ou gravées comme de phylactères et pré-
Telles sont les mouches canfharides avalées dans servatifs. L'Église a toujours condamné cet abus.
un breuvage. Un Lyonnais, voulant se faire ai- Voy. AMULETTES.
mer de sa femme qui le repoussait, lui fit avaler Phyllorhodoihancie, divination par les feuilles
quatre de ces insectes pulvérisés dans un verre de roses. Les Grecs faisaient claquer sur la main
de vin du Rhône; il s'attendait à un succès, il une feuille de rose et jugaient par le son du suc-
fut veuf le lendemain* A ces moyens violents on cès de leurs voeux.
a donné le nom de philtres. Physiognomonie, art de juger les hommes
Rien n'est plus curieux, dit un contemporain, par les traits du visage, ou talent de connaître
que la superstition qui en Ecosse préside aux l'intérieur de l'homme par son extérieur.
moyens; employés pour faire naître l'amour ou . Celle science a eu .plus d'ennemis que de par-
vaincre la résistance de l'objet aimé. Sir John tisans ; elle ne paraît pourtant ridicule que quand
Golquhoun avait épousé depuis peu de mois iady on veut la pousser trop loin. Tous les visages,
Lilia Graham, fille aînée de Jean, quatrième toutes les formes, tous les êtres créés diffèrent
comte de Montrose, lorsque lady Catherine, sa entre eux, non-seulement dans leurs classes,
belle-soeur, vint passer quelque temps chez lui. dans leurs'genres, dans leurs espèces, mais aussi
Bientôt il en devint épris, et, pour vaincre l'in- dans leur individualité. Pourquoi cette diversité
différence qu'elle lui témoignait, il eut recours de formes ne serait-elle pas la Conséquence de la
à un nécromancien habile, qui composa un bou- diversité des caractères, ou pourquoi la diversité
quet formé: de diamants*,;"de rubis et.de saphirs des caractères ne serait-elle pas liée, à cette di-
montés en or, et le doua de la propriété de livrer versité de forme? Chaque passion, chaque sens,
a la personne qui le donnait le corps et l'âme de chaque qualité prend sa .place dans le corps de
celle qui le recevait. Il paraît que sir John fit un tout être: créé ; la colère enfle les muscles : les
usage immédiat de ce talisman. Les chroniques muselés enflés sont donc un signe de colère 1.,„
de cette époque disent qu'il partit avec lady Ca- Des.:yeux;plëihs de feu, un regard aussi prompt
therine pour Londres,, après qu'il eut criminel- que; l'éclair et un esprit vif et pénétrant se re-
lement abandonné son épouse, et qu'il fut obligé trouvent cent fois ensemble. Un oeil ouvert et
d'y rester caché pour échapper à la sentence de serein se rencontre mille fois avec un coeurfranc
mort qui avait été prononcée contre lui dans sa et honnête. Pourquoi ne pas chercher à con-
patrie. -.'-..'-:. .-.." naître les hommes par leur physionomie? On
Mais on comprend très-bien .l'effet sur une juge: tous, les jours le ciel sur sa physionomie. On
femme mondaine et vaniteuse d'un philtre com- marchand apprécie ce qu'il achète par son exté-
posé, de riches diamants. rieur; par; sa physionomie...*. Tels sont les rai-
Phlégéton, fleuve d'enfer qui roulait des tor- sonnements des physionomistes pour prouver la
rents de flamme et environnait de toutes parts la sûreté de leur science. Il est vrai;,, ajoutent-ils,
prison des méchants. On lui attribuait les quali- qu'on peut quelquefois s'y tromper ; mais une
tés les plus nuisibles. Après;un cours assez.long exception ne doit pas nuire aux règles.
en sens contraire du Gocyte; il se jetait comme J'ai vu, dit Lavaler, un criminel condamné à
lui dans l'Achéron. : : la roue pour avoir assassiné son bienfaiteur, el
Phooka, mauvais esprit qui paraît en Irlande ce monstre avait le visage ouvert et gracieux
sous la forme d'un poulain sauvage, chargé de comme l'ange du Guide. Il ne serait pas impos-
chaînes pendantes, ou sous l'apparence d'une sible de trouver aux galères des têtes de Régulus
vache farouche, d'un oiseau de proie, d'un che- et des physionomies de vestales dans une maison
val maigre. Il parle ; et son plus grand plaisir est de force. Cependant le physionomiste habile dis-
d'inquiéter les voyageurs égarés pendant la nuit. tinguera les traits, souvent presque impercep-
Phosphore. Voy. LAMPES PERPÉTUELLES, STRA- tibles, qui annoncent le yice et la dégradation.
TAGÈMES , etc. Quoi qu'il en soit de la physiognomonie, en
Phrénologie ou Grânologie, art ou science voici les.principes, tantôt raisonnables, tantôt
qui donne les moyens de juger les hommes par forcés ; le lecteur saura choisir.
les protubérances du crâne. Voy. GALL. La beauté morale est ordinairement en harmo-
Phylactères, préservatifs..Les Juifs portaient nie avec la beauté physique. (Socrate et mille el
à leurs manches el à leur bonnet des bandes de mijle autres prouvent le contraire.) Beaucoup de
parchemin, sur lesquelles étaient écrits des pas- personnes gagnent à mesure qu'on apprend à les
sages de la loi ; ce que Noire-Seigneur leur re- connaître, quoiqu'elles vous aient déplu au pre-
proche dans saint. Matthieu, chap. xxiu. Leurs mier aspect. Il faut qu'il y ail entre elles el vous
descendants suivent la même pratique et se per- quelque point de dissonance, puisque, du pre-
suadent que ces bandes ou phylactères sont des; mier abord, ce qui devait vous rapprocher ne
amulettes qui les préservent de foui danger, et vous a point frappé. 11faut aussi qu'il y ait entre
surtout qui les gardent contre l'esprit malin. vous quelque rapport secret, puisque plus vous
Des chrétiens ont fait usage aussi de paroles vous voyez, plus vous vous convenez. Gepen-
PHY — "529 — PHY
danl faites attention au premier mouvement d'in- jusqu'à l'extrémité de l'os du menton. Plus ces
stinct que vous inspire, une nouvelle liaison. Tout trois étages sont symétriques, plus on peut comp-
homme dont la figure, dont la bouche, dont la ter sur la justesse de l'esprit et sur la régularité
démarche, dont l'écriture est de travers, aura du caractère en général. Quand il s'agit d'un vi-
dans sa façon de penser, dans son caractère, sage dont d'organisation est extrêmement forte
dans ses procédés*." du louche, de l'inconsé- ou extrêmement délicate, le caractère peut être
quence, de la partialité, du sophistique, de la apprécié plus facilement par le profil que par la
fausseté, de la ruse, du caprice, des contradic- face. Sans compter que le profil se prête moins
tions, de la fourberie, une imbécillité dure et à la dissimulation, il offre des lignes plus vigou-
froide. Voy. MIMIQUE, ÉCRITURE, etc. reusement prononcées, plus précises, plus sim-
La tête est la plus noble partie du corps hu- ples , plus pures ; par conséquent la signification
main, le siège de l'esprit et.des facultés intellec- en est aisée à saisir ; au lieu que souvent les
tuelles. (Le docteur VanTïïejmont plaçait les fa- lignes de la face en plein sont assez difficiles à
cultés intellectuelles- dans .d'estomac.) Une tête démêler.
qui est en proportion aveciereste du corps, qui Un beau profil suppose toujours l'analogie d'un
paraît telle au premier abord * qui, n'est ni trop caractère distingué* Mais on trouve mille profils
grande ni trop petite, annoncé un caractère d'es- qui, sans être beaux, peuvent admettre la supé-
prit plus parfait qu'on n'en oserait attendred'une riorité du caractère. Un visage charnu annonce
têle disproportionnée. Trop volumineuse, elle une personne timide, enjouée, crédule et pré-
indique presque toujours la grossièreté ; trop pe- somptueuse. Un homme laborieux a souvent le
tite, elle est un signe de faiblesse. Quelque pro- visage maigre, Un yjsage: qui sue à la moindre
portionnée que soit la tête au corps, il faut encore agitation annonce un tempérament chaud, un
qu'elle ne soit ni trop arrondie ni trop allongée : esprit vain et grossier, un penchant à la gour-
'
mandise.
Les cheveux offrent des indices multipliés du
tempérament de l'homme, de son énergie, de sa
façon de sentir, et aussi de ses facultés spiri-
tuelles. Ils n'admettent pas la moindre dissimu-
lation; ils répondent à notre constitution phy-
sique , comme les plantes et les fruits répondent
au terroir qui les produit. Je suis sûr, dit Lava-
ter, que par l'élasticité des cheveux on pourrait
juger de l'élasticité du caractère. Les cheveux
longs, plats, disgracieux n'annoncent rien que
d'ordinaire.
Des joues charnues indiquent l'humidité du ne se trouve guère que chez des personnes spi-
tempérament. Maigres et réfrôcies, elles an- rituelles, judicieuses, sages et distinguées.
noncent la sécheresse des humeurs. Le chagrin La bouche est l'interprète de l'esprit et du
lescreuse ; la rudesse et la bêtisse leur impriment coeur ; elle réunit, dans son état de repos et
des sillons grossiers ; la sagesse, l'expérience el dans la variété infinie de ses mouvements, un
la finesse d'esprit les entrecoupent de traces lé- monde de caractères. Elle est éloquente jusque
gères et doucement ondulées. Certains enfonce- dans son silence. On remarque un parfait rap-
ments, plus ou moins triangulaires, qui se re- port entre les lèvres et le naturel. Qu'elles soient
marquent quelquefois dans les joues, sont le fermes, qu'elles soient molles el mobiles, le ca-.
signe infaillible de l'envie ou de la jalousie. Une ractère est toujours d'une trempe analogue. De
joue naturellement gracieuse, agitée par un doux grosses lèvres bien prononcées et bien propor-
tressaillement qui la relève vers les yeux, est le tionnées, qui présentent des deux côtés la ligne
garant d'un'coeur sensible. Si, sur la joue qui du milieu également, bien serpenlée el facile à
sourit, on voit se former trois lignes parallèles reproduire au dessin, de telles lèvres sont in-
et circulaires, comptez dans ce caractère sur un compatibles avec la bassesse, elles répugnent
fond de folie. aussi à la fausseté el à la méchanceté. La lèvre
L'oreille, aussi bien que les autres parties du supérieure caractérise le goût. L'orgueil et la co-
corps humain, a sa signification déterminée; elle lère la courbent; la finesse l'aiguise; la bonté
PHY 53/i PHY
l'arrondit; le libertinage l'énervé et la flétrit. est toujours peureuse, timide à l'excès, d'une
L'usage de la lèvre inférieure est de lui servir de vanité puérile, et s'énonce avec difficulté. S'il se
support. joint à cette bouche de grands yeux -saillants,
Une bouche resserrée, dont la fente court en
ligne droite, et où le bord des lèvres ne paraît
pas, est l'indice certain du sang-froid, d'un es-
prit appliqué, de l'exactitude et de la propreté,
mais aussi de la sécheresse de coeur. Si elle re-
monte en même temps aux deux extrémités, elle
suppose un fond d'affectation et de vanité. Des
lèvres rognées inclinent à la timidité et- à l'ava-
rice. Une lèvre de dessus qui déborde un peu
est la marque distinctive de la-bonté; non qu'on
puisse refuser absolument, cette qualité à la lèvre
d'en bas qui avance ; mais, dans ce cas, on doit
s'attendre plutôt à une froide et sincère bonho-
mie qu'au sentiment d'une vive tendresse. Une
lèvre inférieure qui. se creuse au milieu n'ap-
partient qu'aux esprits enjoués. Regardez atten-
tivement un homme gai dans lé moment où il va
produire une saillie, le centre de sa lèvre ne
manquera jamais de se baisser et de se creuser
un peu.
Une bouche bien close, si toutefois elle n'est
pas affectée et pointue, annonce lé courage;
et dans les occasions où il s'agit d'en faire
preuve, les personnes mêmes qui ont l'habi-
tude de tenir la bouche ouverte la ferment ordi-
nairement. Une bouche béante est plaintive ; une
bouche fermée souffre avec patience, dit le Brun,
dans son Traité des passions, et c'est la partie
qui, de lotit le visage, marque le plus particu-
lièrement les mouvements du coeur. Lorsqu'il se
plaint, la bouche s'abaisse par les côtés; lorsqu'il
est content, les coins de la bouche s'élèvent en
haut; lorsqu'il a de l'aversion, la bouche se
pousse en avant et s'élève par le milieu. Toute
bouche qui a deux fois la largeur de l'oeil est la troubles, un menton osseux, oblong, el surtout
bouche d'un sot; j'entends la largeur de l'oeil si la bouche se tient habituellement ouverte,
prise de son extrémité vers le nez jusqu'au bout
intérieur de son orbite, les deux largeurs mesu-
rées sur le même plan. Si la lèvre inférieure,
avec les dents, dépasse horizontalement la moitié
de la largeur de la bouche vue de profil, comptez,
suivant l'indication des autres nuances de phy-
sionomie , sur un de ces quatre caractères isolés,
ou sur tous les quatre réunis, bêtise, rudesse,
avarice, malignité. De trop grandes lèvres,
quoique bien proportionnées, annoncent toujours
un homme peu délicat, sordide ou sensuel, quel-
quefois même un homme stupide ou méchant.
Une bouche, pour ainsi dire, sans lèvres, dont
la ligne du milieu est fortement tracée, qui se
retire vers le haut, aux deux extrémités, et dont
la lèvre supérieure, vue de profil depuis le nez,
paraît arquée; une pareille bouche ne se voit
guère qu'à des avares rusés, actifs, industrieux, soyez encore plus sûr de l'imbécillité d'une pa-
froids, durs, flatteurs et polis, mais atterrants reille tête.
dans leurs refus. Une petite bouche, étroite, Les dénis petites et courtes sont regardées,
sous de petites narines, et un front elliptique, par les anciens physionomistes, comme le signe
PHY 535 — PHY
d'une constitution faible. De longues dents sont' jours soupçonner quelque côté faible. Les Inen-
un indice de timidité. Les dents blanches, pro- tons de la seconde classe inspirent la confiance.
pres et bien rangées, qui, au moment où la bouche Ceux de la troisième dénotent un esprit actif
s'ouvre, paraissent s'avancer sans déborder, et et délié, pourvu qu'ils ne fassent pas anse, car
cette forme exagérée conduit ordinairement à
la pusillanimité et à l'avarice. Une forte incision
au milieu du menton semblé indiquer un homme
judicieux , rassis et résolu, à moins que ce trait
ne soit démenti par d'autres traits contradictoires.
Un menton pointu passe ordinairement pour le
signe de la ruse. Cependant on trouve cette forme
chez les personnes les plus honnêtes; la ruse
n'est alors qu'une bonté raffinée.
Cet entre-deux de la tête et de la poitrine, qui
tient de l'une et de l'autre, est significatif comme
tout ce qui a rapport à l'homme. Nous connais-
sons certaines espèces de goitres qui sont le signe
infaillible de la stupidité, tandis qu'un cou bien
proportionné est une recommandation irrécusable
pour la solidité du caractère. Le cou long elia
tête haute sont quelquefois le signe de l'orgueil
et de la, vanité. Un cou raisonnablement épais et
Lp barondo Plumergllps
nii'scnlf!à Gliiulcs
IX,
gée de quelques onces d'or, quand celte Jîlhnrgé la pierre philosophale ; la fameuse Elisabeth la
fut épuisée, le prince ne fit plus d'or, ne vit chercha longtemps. Jean Gauthier, baron de
plus le rose-croix et en fut pour ses vingt mille Plumerolles, se vantait de savoir faire de l'or;
eus. Charles IX, trompé par ses promesses, lui fit
Jérémie Médérus, cité par Delrio *, raconte un donner cent vingt mille livres, et l'adepte se
tour absolument semblable qu'un autre adepte mit à l'ouvrage. Mais après avoir travaillé huit
joua au marquis Ernest de Bade. jours, il se sauva avec l'argent du monarque.
Tous les souverains s'occupaient autrefois de On courut à sa poursuite, on l'attrapa, et il fut
1 Disquisii. mag., lib.
I, cap. v, quaest. 3. pendu : mauvaise fin, même pour un alchimiste!
PIE 543 PIE
En 1616, la reine Marie de Médicis donna à Les alchimistes était appelés autrefois multi-
Gui de Crusembourg vingt mille écus pour tra- plicateurs; oh le voit par un statut de Henri IV
vailler dans la Bastille à faire de l'or. Il s'évada d'Angleterre, qui ne croyait pas à l'alchimie. Ce
au bout de trois mois avec les vingt mille écus, statut se trouve rapporté dans la patente de
et ne reparut plus en France. , - Charles IL Comme il est fort courl,nousle cite-
Le pape Léon X fut moins dupe. Un homme rons. « Nul dorénavant ne s'avisera de multiplier
qui se vantait de posséder le secret de la pierre l'or et l'argent, ou d'employer la supercherie de
philosophale lui demandait une récompense. Le la multiplication , sous peine d'être traité et puni
protecteur des arts le pria de revenir le lende- comme félon.»
main, et il lui fit donner un grand sac, en lui di- On lit dans les Curiosités de la littérature,
sant que, puisqu'il savait faire de l'or, il luloffrait ouvrage traduit de l'anglais par Th. •Berlin,
de quoi le contenir 4.Mais il y eut des alchimistes qu'une princesse de la Grande-Bretagne, éprise
plus fiers. ; L'empereur Rodolphe II,, ayant en-
tendu parler d'un chimiste franc-comtois qui
passait pour être certainement un adepte, lui
envoya un homme de confiance pour l'engager
à venir le trouver à Prague. Le commissionnaire
n'épargna ni persuasion; ni promesses pour s'ac-
quitter de sa; commission ; mais le France-Comtois
fut inébranlable, et se tint; constamment à cette
réponse : Ou je suis adepte ou je ne le suis pas;
si je le suis, je n'ai pas besoin de l'empereur, et
si je ne le suis pas, l'empereur n'a que faire de
moi.
Un alchimiste anglais vintun jour rendre visite
au peintre Rubens, auquel il proposa de partager
avec lui les trésors du grand oeuvre , s'il voulait
construire un laboratoire et payer quelques petits
frais. Rubens, après avoir écoulé patiemment les
extravagances du.-souffleur,.'le mena dans son
atelier., Vous êtes venu, lui dit-il, vingt ans trop
lard, car depuis ce temps j'ai trouvé la pierre
philosophale avec celte palette et ces pinceaux,
Le roi d'Angleterre Henri VI fut réduit à un
tel degré de besoin' que , au rapport d'Évelyn
(dans ses Numismala) ,.il chercha à remplir ses"
coffres avec; le secours de l'alchimie. L'enregis-
trement de ce singulier projet contient les pro- de l'alchimie, lit rencontré d'un homme qui pré-
testations les plus solennelles et les plus sérieuses tendait avoir la puissance de changer le plomb
del'existence el des vertus de la pierre philoso- en or. 11 ne demandait que les matériaux et le
phale, avec des encouragements à ceux qui s'en temps nécessaires pour exécuter la conversion.
occuperont. 11 annule et condamne toutes les Il fut emmené à la campagne de sa protectrice,
prohibitions antérieures. Aussitôt que cette pa- où l'on construisit un vaste laboratoire, et, afin
tente royale fut publiée, il y eut tant de gens qu'il ne fût pas troublé, on défendit :que per-
qui s'engagèrent à faire de l'or, selon l'attente sonne n'y entrât. Il avait imaginé de faire tour-
du roi, que l'année suivante Henri VI publia;un ner sa porte sur un pivot, et recevait a manger
autre édit dans lequel il annonçait que l'heure sans voir, sans être vu, sans que rien pût le dis-
était prochaine où, par le moyen de la pierre traire. Pendant deux ans il ne condescendit à
philosophale, il allait payer les detles de l'État parler à qui que"ce fût, pas même à la princesse.
en or et en argent monna,yés. Lorsqu'elle fut introduite enfin dans son labora-
Charles II d'Angleterre s'occupait aussi d'al- toire, elle vit des alambics, des chaudières, de
chimie. Les personnes qu'il choisit pour opérer longs tuyaux, des forges, des fourneaux, el trois
le grand oeuvre formaient un assemblage aussi ou quatre feux d'enfer allumés; elle ne contem-
singulier que leur patente était ridicule. C'était pla pas avec moins de vénération la figure enfu-,
une réunion d'épiciers, de merciers et de mar- niée de l'alchimiste, pâle, décharné, affaibli par
chands de poisson. Leur patente fut accordée ses veilles, qui lui révéla, dans un jargon inin-
aulhorilalc parliamcn li. telligible, les succès obtenus; elle vit ou crut
1 Le comte d'Oxensliern attribue ce trait au pape voir des monceaux d'or encore imparfait répan-
UrbainVIII, à qui un adepte dédiait un traité d'al- dus dans le laboratoire. Cependant l'alchimiste
chimie.Pensées, 1.1, p. -172. demandait souvent un nouvel alambic et des
PIE — 544 — • PIE
quantités énormes de charbon. La princesse, dure d et susceptible d'un beau poli. On taille ces
malgré son zèle, voyant qu'elle avait dépensé pyrites ]i en facettes comme le cristal, et l'on en
une grande partie de sa fortune à fournir aux fait f des bagues, des boucles et d'autres orne-
besoins du philosophe, commença à régler l'essor ments. 1: Sa couleur est à peu près la même que
de son imagination sur les conseils de la sa- celle c de l'acier poli* On lui donne le nom de
gesse. Elle découvrit sa façon de penser au physi- ssanté, d'après le préjugé où l'on est qu'elle pâlit
cieii : celui-ci avoua qu'il élaitsurpris de la lenteur ]lorsque la santé de la personne qui la porte est
de ses progrès ; mais il allait redoubler d'efforts •. surj le point de s'altérer., . .
et hasarder une opération de laquelle'*, jusque- Pierre-de-feu, démon inconnu qui est in-
là, il avait cru pouvoir se passer. La. protectrice ,voqué dans, les litanies du sabbat.
se retira ; les visions dorées reprirent-leur pre- Pierre-fort, démon invoqué dans les.litanies
mier empire* Lin jour qu'elle était à dîner, un cri du < sabbat. Nous ne le. connaissons pas autrement.
affreux, suivi d'une explosion semblable à celle et < il se peut aussi quéee soit un des plus affreux :
d'un coup de canon, se fit entendre; elle se saints ; des sorciers. : .- •.""-••.
rendit avec ses gens auprès du chimiste. On Pierre d'Apone, philosophe, astrologue el
trouva deux larges" retories brisées, une grande -,médecin :,-nédanslèvillage d'Aba.no.ou Apono >,
-
partie du laboratoire en flamme, et Je physicien près cle Padoue,-en,,1550,.. C'était le plus habile
grillé depuis les pieds" jusqu'à la tête. magicien de son "temps, disent lèsdémonomanes;
Élie Ashmole écrit dans sa Quotidienne du 13 il s'acquit la connaissance des sept arts libéraux,
mai 1655 :«Mon père Baçkouse (astrologue qui par le moyen de sept.espritsfamiliers qu'il tenait
rappelait son fils, méthode pratiquée par les
gens deëétte-eSpèce) étant malade clans Fieet-
Street, près dé l'église de Saint-Dunstan, et se
trouvant, sur les onze heures du soir, à l'article
delà mort, mérévéla le secret de la pierre phi-
losophale, et:ine Je,légua un instant avant d'ex-
pirer. » ';''-;
Nous apprenons:par là qu'un malheureux qui
connaissait l'art de faire de l'or vivait cependant
de charités, et qu'Ashmole croyait fermement
être en possession d'une pareille recette.
Ashmole a néanmoins élevé un monument cu-
rieux des savantes folies, de son siècle, dans son
Thealruin ckiniicum brilannicum, vol. in-4", dans
lequel il a réuni les traités des alchimistes anglais.
Ce recueil présente divers échantillons des mys-
tères cle la secte des roses-croix, et Ashmole
raconte des anecdotes dont le merveilleux sur-
passe toutes les chimères des inventions arabes.
11dit de la pierre philosophale qu'il en sait assez
pour se taire et qu'il n'en sait pas assez pourc enfermés dans des bouteilles ou dans des boîtes
en parler. de cristal. 11 avait de plus l'industrie de faire
La chimie moderne n'est pourtant pas sanss revenir dans sa bourse tout l'argent qu'il avait
avoir l'espérance, pour ne pas dire la certitude, , dépensé. Il fut poursuivi comme hérétique et
de voir un jour vérifiés les rêves dorés des alchi-- magicien ; els'il eût vécu jusqu'àla fin du procès,
mistes. Le docteur Girtanner de Goettingue a der-- il y a beaucoup d'apparence qu'il eût élé brûlé
nièrement hasardé cette prophétie que ; dans le2 vivant, comme il le fut en effigie après, sa morl.
dix-neuvième siècle, la transmutation des métauxi II mourut à l'âge de soixanlersix ans* Cet homme
sera généralement connue; que chaque chimiste3 avait, dit-on, une telle antipathie : pour le lait
saura faire de l'or; que les instruments de cui-- qu'il n'en pouvait sentir le.goût:ni l'odeur. Tbo-
sine seront d'or et d'argent, ce qui contribueraÎ mazoGarsonidit, entreaulresconles.merveilleux
beaucoup à prolonger la vie, qui se trouve au-- sur Pierre d'Apone, -que, n'ayant point de puits
jourd'hui compromise par les oxydes de cuivre, , dans sa maison, il commanda:au diable de porter
de fer et de plomb que nous avalons avec notre3 dans la rue le puits de son voisin, parce qu'il
nourriture'. C'est ce que surtout le galvanisme3 refusait de l'eau à sa servante. Malheureusement
amènera.
Pierre"de santé. A Genève et en Savoie, oni * Il y a clans le village d'Abone, -aujourd'hui
une fontaine qui prêtait autrefois la parole
appelle ainsi une espèce de pyrite martiale Irès- Abano, aux muets, et qui donnait à ceux qui y buvaient le
talent de dire la bonne aventure. Voyez le septième
1 Philosophiemagique, v. VI, p. 383. chant de la Pharsale de Lucain.
PIE 545 — PIE
pour ces belles histoires, il parait prouvé que Majesté ; nous t'exorcisons ; et si tu ne parais
Pierre d'Apone était une sorte de- pauvre esprit pas aussitôt ici, devant ce cercle, pour nous
fort qui ne croyait pas au diable, du reste homme obéir en toutes choses, nous te maudissons et
de mauvais renom. Les amateurs de livres su- le privons de tout office, bien et joie; nous te
perstitieux recherchent sa Géomancie '.Mais né condamnons à brûler sans aucun relâché d'ans
lui attribuons pas un petit livre qu'on met Sur l'étang de feu-et dé soufre, etc. » Cela dil,. on.
son compte et dont voici le titre : lés OÈuvres verra plusieurs fantômes qui rempliront l'air de
mac/iquesde Henri-Corneille Agrippa, par Pierre clameurs. On ne s'en épouvantera point, et on
d'fiban, latin et français, avec des secrets occultes, aura soin surtout de ne pûiht sortir dti'xërcle..
in-24, réimprimé à Liégê, 1788. On dit dans te Oh apercevra des spectres qui paraîtront mena-
livre que Pierre d'Abâh était disciple"d'Agrippa, çants et armés de flèches; mais i}s n'auront pas
qui vécut trois siècles après lui... puissance de nuire. On soufflera ensuite vers les
La partie principale' est intitulée Hcptamérdii quatre parties 'du rhonde èf on dira : «Pourquoi
ailles Eléments magiques. On y trouvé les sûrs tardez-Vous? soumettez-vous à votre maître. »
moyensd'évoquer lès esprits et de faire venir le Alors paraîtra l'esprit eh belle forme qui dira;:
diable. Pour cela ,' il faut tracer trois.cercles"l'un « Ordonnez et demandez ,iné voici .prêt à vous
dansl'autre, dont le plus grand ait neufpieds de obéir en toutes choses. » Vous lui demanderez ce
circonférence, et se tenir'dans le plus petit', où que Vous voudrez, il vous satisfera, et àjjrès'quë
l'onécrit le noni dés anges qui président àl'heure, vous .n'aurez plus' besoin dé lui, vous le renver-
au jour* au mois, à la saison; etc. rez en 'disant :: « Aljéz en paix chez vous,! et
Voiciles anges qui président auxhéures^ Notez soyezprèt à venir quand je vous appellerai. »
que les heures sont indiquées ici dans la langue Voilà ce qiié présentent de plus'curieux les OÈïi-
infernale..,Vayn ou première heur,e, l'ange Mi- vres magiques. Et'le lecteur ' : qui s'y fiera sera du
chaël; lanor bu .deuxième heure, Armel; Nàsnia moins mystifié 4. "''',.'"'
outroisiènieheurse^Raphaël^laifeou quatrième Pierre Labourant, nom que; des sorciers
heure, Gabriel)\;.-,Sadedali^ ou cinquième heure, donnèrent.au- diable du sabbat. Jeanne Gàribaut,
Cassiel; Thamusj^ou: sixième; .heure,, Sachiel; sorcière,déclara que Pierre Labourant porté une
Ourer ou sepja|nieif;nju0i, Saiiiaëî; Thanir ou chaîné de fer qu'il-ronge'continuellement, qu'il
lniilième:héàce,;Sr;aë1l;;§érononneuvième heure, habite une chambre enflammée ou se trouvent
Cambiel.;.Jaya ou dixième heure, Uriel ; Abaï ou des chaudières dans lesquelles on fait cuire des
onzième ;heure.,^,Azaél ; Natalon:: ou douzième personnes, pendant que d'autres ' rôtissent sur cle
' '
heure,Sanïhaël.rr-Lcs anges dû; printemps, caba- • larges chenets, etc. . -[•
lisliquemehtnommés Talvi, sontSpugliguel, Cara- . Pierre le Brabançon, charlatan, né dans les
casa, Gommissoros et Amatiel; le nom cle la Pays-Bas. M. Salgues rapporte de lui le fait sui-
terre est alors Atnadaï, le nom du soleil Abraïm, vant. Étant devenu épris 1d'une Parisienne, fiche
celui de la lime Agusila. Les anges de l'été, héritière, le Brabançon contrefit aussitôt la voix
nommésGasmaran, sont T-ubiel, Gargaliel, Tariel du père défunt et lui lit pousser, du fond de sa
el Gaviel.. La terre s'appelle alors Fesiativi(,..le tombé, de longs gémissements ; le'mort se plai-
soleilAthéinaï, et la lune Armatas. Lesanges de gnit des maux qu'il endurait au purgatoire, et
l'automne, qui se nommera Ardaraël, sont Tor- reprocha à sa femme le refus qu'elle faisait de
quaret, Tarquam et Guabarel. La terre s'appelle donner sa fille à un si galant homme. La femme,
Hahimara, le soleil Abragini, la lune Malafi- effrayée, n'hésita plus : le Brabançon obtint là
gnaïs.Les anges de l'hiver, appelés Fàllas, sont main de la demoiselle, mangea la dot', .s'évada
Altarib,Amabaël, Crarari. La terre se nomme de Paris et courut se réfugier à Lyon. 'Un;''gros
Gérénia,1e soleil Commutât et la lune Affalerim. financier venait d'y mourir, et son fils se trou-
l'our les anges des mois et des jours, voy. Mois vait possesseur d'une fortune opulente. Le Bra-
et Jouits. : bançon va le trouver, lie connaissance avec lui,
Après avoir écrit tous les noms dans le cer- et le mène dans un lieu couvert et silencieux ; là,
cle, mettez les parfums dans un vase de terre il fait entendre la voix plaintive du père, qui se
neuf, et dites : « Je l'exorcice, parfum, pour reproche les malversations qu'il a commises dans
que tout fantôme nuisible s'éloigne de moi.» ce monde, et conjure son fils de les expier par
Ayez une feuille de parchemin vierge sur la- des prières et des aumônes;' il l'exhorte d'un
quelle vous'écrirez des croix; puis appelez des Ion pressant et pathétique à donner six mille francs
quatrecoins du monde les anges qui président à au Brabançon pour racheter des captifs. Le fils
l'air, les sommant de vous aider sur-le-champ, hésite et remet l'affaire au lendemain. Mais le
cl dites ; « Nous t'exorcisons par la mer flottante lendemain la même voix se fait entendre, et le
el transparente, par les quatre divins animaux père déclare nettement à son fils qu'il sera damné
qui vont et viennent devant le trône de la divine lui-même s'il tarde davantage à donner les six
1 1 Des erreurs el des préjugés, 1.1, p. 318.
Geomanlia, in-8", A'enise, 1B49.
35
PIE 546 — PIQ
mille francs, à ce brave homme que le ciel lui a Pilate (Mont), montagne de Suisse, au som-
envoyé. Le jeune traitant ne se le fit pas dire met de laquelle est un lac ou un étang célèbre
trois fois; il compta les six mille francs au ven- dans les légendes. On disait que Pilate s'y était
triloque, qui alla boire et rire à ses dépens. . jeté, que les diables y paraissaient souvent, que
Pierre le Vénérable, savant abbé de Cluny, Pilate, en robe de juge, s'y faisait voir tous les
mort en, 1156. Il a laissé un livre de miracles ans une fois, et que celui qui avait le.-malheur
qui contient plusieurs légendes où les'démonsne d'avoir cette vision mourait dans l'année. De
jouent pas le beau rôle. plus, il passait pour certain que, quand on lan-
Pierres d'anâthèmé. « Non loin de Patras, çait quelque chose dans ce lac, cette imprudence
je vis des tas de pierres au milieu d'un champ ; excifait des-tempêtes terribles qui causaient de
j'appris que c'était ce que les Grecs appellent grands ravages clans le pays; en sorte que, même
pierres d'anathème, espèce de trophées qu'ils au seizième siècle, on ;ne pouvait monter sur
élèvent à la barbarie de leurs oppresseurs. En cette-montagne, ni aller voir ce lac, sans une
dévouant leurs tyrans aux génies infernaux, ils les permission expresse du magistrat de Lucerne,el
maudissent dans leurs ancêtres, clans leur âme et il était défendu, sous de fortes peines, d'y rien
dans leurs enfants,; car tel est le formulaire de jeter. La même tradition se rattache au lac de
leurs imprécations, lis se rendent dans le champ Pilate, voisin de Vienne enDauphiné'.
qu'ils veulent vouer- à l'anathème, et chacun Piletski, puissante famille .polonaise, dont les
jette sur le même coin de terre la pierre de ré- filles, après leur mort,, se changeaient en co-
probation. Les passants, ne manquant pas dans la lombes si elles n'étaient pas mariées ; et, si elles
suite d'y joindre leur suffrage, il s'élève bientôt étaient mariées „ en papillons de nuit. Elles al-
dans le: lieu.voué à la malédiction: un tas de
pierres assez semblable aux monceaux de cail-
loux qu'on rencontre sur le bord de nos grandes
routes, ce qui du reste nettoie, les champs'.; »
Pigeons. G'est.une opinion accréditée dans le
peuple que le pigeon.n'a. point de fiel*.Cependant
Aristote et de nos jours l'analomie. ont prouvé
qu'il en avait un, sans compter que la fiente de
cet oiseau contient un sel inflammable qui ne petit
exister sans le fiel. On conte que le crâne d'un
homme caché dans un colombier y attire tous les
pigeons des environs. . :
Le maréchal deMouchy prétendait que la chair
du pigeon a une vertu consolante. Lorsque ce sei- laient* sous, ces l'urines,, annoncer leur mort à
gneur avait perdu un ami, un parent, il disait à tous leurs parents. C'est une de ces traditions
son cuisinier : « Vous me servirez à dîner.des pi- qu'il suffit de mentionner et qui est. probable-
geons rôtis. J'ai remarqué, ajoutait-il, qu'après ment l'oeuvre de .quelque poë-Lelégendaire.
avoir mangé deux pigeons, je me lève de table Pinet. Pic de la Mirandole parle d'un sorcier
beaucoup moins chagrin. » nommé Pinèt, lequel eut.commerce trente ans
Pij, nom que les Siamois donnent aux lieux avec le démon'Fiorina 2.
où les âmes des coupables sont punies ; elles y Pipi (Marie), sorcière qui sert d'échanson au
d'pivent renaître avant de revenir en ce monde. sabbat; elle verse à boire dans le repas non-
Pilal-Karras, exorcistes ou devins du Mala- seulement au roi de l'enfer, mais encore à ses
bar, aux conjurations-desquels les pêcheurs de officiers et à ses disciples, qui sont les sorciers
perles ont recours pour se mettre à l'abri clés et magiciens 5.
attaques du requin, lorsqu'ils plongent dans la Piqueur. A Marsanne, village du Dauphiné,
mer. Ces conjuraleurs se tiennent sur la côte, près de Monlélimart, on entend toutes les nuits,
marmottent continuellement des prières et font vers les onze heures, un bruit singulier que les
mille contorsions bizarres. gens du pays apjjellent le piqueur ; il semble, en
Pilapiens, peuples qui habitent une pres- effet, que l'on donne plusieurs coups sous terre*.
qu'île sur les bords, de la mer Glaciale, et qui M*Berbiguier, dans son tome 111des Farfadets,
boivent, mangent et conversent familièrement nous apprend qu'en 1.821 les piqueurs qui pi-
avec les ombres. On allait autrefois les consulter. quaient les femmes dans les rues de Paris n'étaient
Leloyer rapporte que, quand un étranger voulait ! Voyez, clansles Légendesdu Nouveau Testament,
savoir des nouvelles de son pays, il s'adressait à les légendes do Pilate.
2 Leloyer, Histoire des spectres ou
un Pilapien, qui tombait aussitôt en extase et in- apparitions des
voquait le diable,, lequel lui révélait les choses esprits, îiv.'iïl, p. 215.
3 Delancre, Tableaudei'inconsl. des démons, etc.,
^cachées. liv. II, p. 143.
J M. Mangeait, Souvenirs de laMorée, 1830. 4 Bibliothèquede société, t. 111.
PIR — 547 PLA
ni des filous, ni des méchants, mais dès farfadets Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne. Chaque
ou démons. « J'étais plus savant, dit-il, que le planète gouverne un certain nombre d'années'.
vulgaire, qui ignore que les farfadets ne font le Les années où Mercure préside sont bonnes au
mal que par plaisir. » commerce, etc. ; la connaissance de cette partie
Piripiris, talismans en usage chez certains de l'astrologie judiciaire s'appelle Alfridarie.
Indiens du Pérou. Ils sont composés de diverses Plante-bornes. Le plante-bornes est une des
plantes ; ils doivent faire réussir la chasse, assu- plus poétiques et des plus morales traditions. Les
rer les moissons, amener de la pluie, provoquer Auvergnats ont la passion de la propriété : con-
des inondations et défaire les armées ennemies. server et surtout agrandir l'héritage, c'est le but
Pison. Après la mort de Germanicus, le bruit principal de leur vie, l'honneur d'un nom; et
courut qu'il avait été. empoisonné par les malé- l'on dit : « Ce champ est dans ma famille de-
fices de Pison. On fondait les soupçons sur les puis un siècle, » avec l'orgueil, que l'on peut
indices suivants : on trouva dans la demeure de avoir ailleurs en montrant un parchemin établis-
Germanicus des ossements de mort, des charmes sant que son ancêtre était cousin de saint Louis
et des imprécations contre les parois des murs, ou frère d'armes de François Ier. A cet amour de
le nom de Germanicus gravé sur des lames de la propriété, il fallait un frein ; car la tentation
plomb, des cendres souillées de sang, et plu- était dangereuse dans un pays où l'on ne connais-
sieurs autres maléfices par lesquels on croyait sait pas de clôtures. La religion fut ce frein salu-
leshommes dévoués aux dieux infernaux'. taire; el longtemps encore après la révolution,
Pistole volante. Quoique les sorciers de pro- ce n'étaient ni les juges, ni les experts qui ré-
fession aient toujours vécu .dans la misère, on glaient les différends entre propriétaires, mais
prétendait qu'ils avaient; cent moyens d'éviter bien le curé. Le prêtre avait donc dû placer le
l'indigence et le besoin. On cite entre autres la respect des limites des champs au rang des choses
pistole volante, qui, lorsqu'elle était,enchantée les plus sacrées, et menacer souvent des ven-
par .certains charmes et paroles magiques, reve- geances éternelles ceux qui failliraient à ce res-
nait toujours dansla/poche de celui qui l'em-; pect. Il n'est donc pas étonnant que des ima-
ployait, au. grand, profit, des magiciens qui ache- ginations frappées si vivement aient conçu, la
taient, et au grand; détriment des bonnes qui pensée du plante-bornes, c'est-à-dire de l'esprit,
vendaient ainsi en pure perte, Voy. AGMPPA, ou plutôt de l'âme de l'homme injuste revenant
FAUST ,;PASÉ,rfes.jetc. après sa mort expier son crime, en réparant,ou
Pithon, démon qui était familier avec Made- faisant réparer le dommage causé à ses voisins.
leinedelà Croix. Le plante-bornes est d'un effet autrement puissant
Pivert. Nos anciens, dit-fe Petit Albert, as- que la loi; elle est terrible, mais aveugle; sou-
surent que le pivert est un souverain remède vent, avec de certaines précautions, on peut lui
contre le sortilège de l'aiguillette nouée, si on le échapper ; tandis qu'avec le monde des esprits,
mange rôti à jeun avec du sel bénit ; c'était un il n'est ni ruses, ni chicanes, ni secret possible.'
oiseau d'augure. Élius, préleur romain, rendait L'amour de la famille même, le désir si naturel
la justice sur son tribunal, lorsqu'un, pivert vint à tous les coeurs d'enrichir ses enfants, de les
se reposer sur sa fête. Les augures, consultés sur rendre heureux, conduisent le-propriétaire à se
ce fait, répondirent que tant qu'Élius prendrait surveiller scrupuleusement, à ne commettre ja-
soin de l'oiseau, sa famille prospérerait, mais mais la plus légère infraction aux règles de la
que la république serait malheureuse; qu'au con- probité. Quel père voudrait léguer à ses fils des
traire, lorsque le pivert périrait, la république tourments perpéluela, la honte publique, avec le
prospérerait et la famille d'Élius serait à plaindre. soin de réparer ses fautes, sous peine de la mort
Cedernier, préférant l'intérêt public au sien, tua la plus affreuse?
sur-le-champ l'oiseau en présence du sénat; et Car le plante-bornes ne s'en lient pas à une
quelque temps après, dix-sept jeunes guerriers course vague, désordonnée, à travers les vil-
(lesa maison furent tués à la bataille de Cannes. lages , mêlée de douloureux gémissements ; il
Maiscelle bataille n'accomplit que la moitié de finit par arriver à sa destination, frappe trois
la prédiction et démentit l'autre, puisqu'elle fut grands coups à l'étroite fenêtre de sa chaumière,
la plus désastreuse de toutes celles que perdit la en répétant par trois fois : « Plante-bornes!!! »
république. Si les habitants, sous l'empire de la terreur, res-
PJanète.s. 11y a maintenant plus de soixante tent mueLs, on entend autour de la maison des
planètes. Les anciens n'en connaissaient que sept,
en comptant la lune, qui n'est qu'un satellite de 1 Les sept vieilles planètes président aussi aux
la terre; ainsi les nouvelles découvertes dé- jours delà semaine. Jarchas, brachmanc, avecsept le-
truisent tout le système de l'astrologie judiciaire. quel Apollonius do Tyane philosopha- secrètement,
Los vieilles planètes sont : le soleil, la lune, roçut de lui en présent sept anneaux portant les noms
des sept planètes ; il les motlait à ses doigts les jours
où elles régnaient, et chacun avait une vertu parti-
1 Tacite. culière.
35.
PLA — 548 — PLU
pas lourds et des battements d'ailes; et le plante- blié de lui une prophétie contre les francs-
bornes revient gémir tous les soirs, sans se lasser maçons; des doctes l'ont expliquée comme celles
jamais, jusqu'à ce qu'enfin l'on se décide à lui de Nostradamus.
répondre. Plats. Divination par les plats. Quinte-Curce
Il se trompe quelquefois, s'adresse à une fa- dit que les prêtres égyptiens mettaient Jupiter
mille purèdé toutes fraudes, et qui'peut hardi- Ammon sur une nacelle d'or d'où pendaient des
ment répondre pour ses aïeux; mais c'est pour plats d'argent,' par le mouvement -desquels ils
lui ménager un triomphe ; car, sur de sa con- jugeaient de la volonté du dieu, et répondaient
science et de celles de ses pères, le chef dé fa-- à ceux qui les consultaient*
mille ouvre là fenêtre, crie trois fois : «Plânté-ïes Pline.-Lès Orientaux en:font un géomètre pro-
toi-même!» Alors tout est fini; là paroisse est en digieux ; il est lié, chez eux, à Fhistoirô d'Alexan-
admiration devant ceux qui ont pu Chasser les dre lé Grand/; - ;."•
plantc+boïnès. C'est comme une consécration dé Plogoj Owits (Pierre), vampire qui répandit
l'antique probité "dé la fàihille ; chasseï'"mr plante- la terreur âù' dernier siècle dans le "village de Ki-
bornes, c'estplus honorable que faire ses prouvés solôva en Hongrie,'Où il était enterré depuis dix
de cent ans de noblesse devant Ghériri. semaines* Il apparut la "nuit à quelques-uns des
Mais si, se mentant à lui-mêméj Te fils d'un habitants pendant leur sommeil et leur serra tel-
coupable osait prononcer la formule sacramen- lement le gosier, qu'en'-Vingt-quatre heures ils en
telle, malheur à lui! Un homme injuste mourut moururent*. Il-fit périr ainsi neuf personnes, tant
subitement; il avait,bien souvent dit à son fils, vieilles que jeûnes -, dans l|espàéô: dé huit j ours,
en se raillant des' croyances superstitieuses : « Si La veuve dé PIdgojoAvits déclara elle-même que
» jamais-je reviens vous>tourmenter pour le bor- son mari lui était veiiu' demander •Ses souliers ;
» nage, n'ayèzpaspèufV chassez-moi. » ce qui Téffrayâ tellement-qu?elle quitta le village
1
Cependant une- Vieille femme l'avait ajourné de Kisolova. Ces circonstances déterminèrent les
devant ce même fils '•:'«Vous avez planté des habitants du village à; tirer dé terre le corps de
» arbres sur le champ qui m'appartenait; vous Plogojowits et à le brûler pour se délivrer cle ses
» ne voulez pas vous arranger avec moi pendant infestatiôns., Ils trouvèrent que son corps n'exha-
» que vous êtes vivant i prenez garde, il en coûte lait aucune mauvaise odeur ; qu'il était entier et
» aux morts de se lever de leurs tombes !» comme vivant;, à l'exception du nez, -qui parais-
Des semaines, des mois s'écoulèrent, le fils sait flétri ; que ses cheveux et sa barbe avaient
commençait à rire dès plante-bornes ; mais un poussé, et qu'à la place de ses ongles, qui étaient
soir, tout le' monde l'affirme, la paroisse était en tombés, il lui en était venu de nouveaux ; que
émoi; on frappa à la porte de sa chaumière.'Bien sous la première peau, qui paraissait comme
ne bougea à l'intérieur; alors, ce qui n'était plus morte et blanchâtre, il en croissait une nouvelle,
5
jamais arrivé arriva ; le plante-bornés appela son saine et dé couleur'naturelle; Ils remarquèrent
fils par son nom. Furieux, celui-ci >s'élança vers aussidans sa bouche du sang tout frais, que le
lafenêtre, l'ouvrit, et aux cris Ae plante-bornes!... vampire avait certainement sucé aux-gens qu'il
qui se répercutaient dans les montagnes, il ré- avait fait mourir. On envoya chercher un pieu'
pondit effrontément : « Plante-les toi-même! » pointu, qu'on lui enfonça dans Ta poitrine, d'où
puis il voulut refermer le volet ; mais, une invi- il sortit quantité dé sang frais et vermeil, de
sible main le saisit à la gorge, et l'on entendit même que par lé nez et par la bouche. Ensuite
de très-près crier d'une voix désolée : « Plante- les paysans mirent le corps sur un bûcher, le ré-
bornes! plante-bornes! » L'infortuné, demi-mort duisirent en cendres 4, et il rie suça plus.
de frayeur, refusant encore de croire au surnatu- Pl'otin, philosophe de l'école d-Alexandrie, au
rel , essaya de se défendre ; au même instant, sa troisième siècle. Il se vantait d'aVoir un esprit
femme, ses enfants, sa vieille mère le virent dis- familier de haut rang et de la race des dieux ; ce
paraître dans l'espace; puis, la chute d'un corps qui paraît peu dans ses écrits, qui'n'ont'rien de
les fit frisonner ; puis un cri divin. Il se croyait bien au-dessus de l'humanité,
déchirant remplit la contrée; et il eût été flatté d'espérer l'apothéose. Lorsqu'il
et le lendemain on trouva le mourut, à soixante-six ans, il disait : Je m'oc-
corps de l'esprit fort étendu cupe de réunir le dieu qui est en,moi à la divi-
mort sur le pavé du'chemin, nité qui occupe l'univers. Au même instant on
les lèvres sanglantes et les vit un serpent sortir de dessous son lit et s'échap-
mains crispées 1. per par un trou qui existait dans la muraille. Les
Platon, célèbre philosophe assistants prétendirent que ce serpent était le
grec, né l'an 430 avant Jésus- dieu qui possédait Plotin, ou du moins qui habi-
Christ. On lui attribue'un-livre tait en lui.
de nécromancie. Il y a vingt-cinq ans qu'on a pu- Pluies merveilleuses. Le peuple met les
1 Hermann, Les provinces. 1 Traite des.visions et
apparitions, t. II, p. 216.'
PLU — 549 - POI
« Dieu m'a révélé la nuit dernière, dans une vi- pendant Osman réussit mal dans son entreprise
sion, que si Ta Haulesse va plus loin, elle est en contre la Pologne, et perdilfpeu de temps après,
danger de perdre son empire ; ton épée ne peut la vie avec l'empire.
cette année faire de mal à qui que ce soif. » On cite encore le fait suivant, comme exemple
« Voyons, dit Osman, si la prédiction est cer- de prédiction accomplie : Un ancien coureur,
taine. » El donnant son cimeterre à un janissaire, nommé Languille, s'était retiré sur ses vieux
il lui commanda de couper la tête à ce prétendu jours à Aubagnc, près de Marseille. Il se prit de
prophète, ce qui fut exécuté sur-le-champ. Ce- querelle avec le bedeau de la paroisse, qui était
PRE. — 557 PRE
en même temps fossoyeur; cette dispute avait garder g; comme des indices de l'avenir les événe-
produit une haine si vive, que Languillé avait ments m lés plus simples étales plus naturels, est
signifié au bedeau qu'il ne mourrait jamais que l'une l'i des branches les plus considérables de la
par lui ; de sorte que le pauvre bècleaû, effrayé, si superstition. 11est à remarquer qu'on distinguait
l'évitait comme un ennemi formidable. Peu de autrefois at les présages des augures, en/ce que
temps après,' Languillé mourut, âgé'de soixante- ceux-ci et s'entendaient des augures recherchés ou
quinze ans. Il logeait dans une espèce de chambre ir interprétés selon les règles; de l'art augurai, et
haute, où l'on .montait par un escalier étroit et que q; les présagësqui s'offraient fortuitementétaiênt
très-roide. Quand il fut question de l'enterrer, le ir interprétés par chaque particulier d'une! manière
bedeau,:bien joyeux* alla lécherchef èl chargea plus p vague et plus' arbitraire. De'hos'jbiirs on
sur ses épaules la bière, dans, laquelle était le r< regarde comme d-'uïi très-mauvais augure de dëL
corps de: Languillé, qui était devenu :asse£ gros, chirer cl trois fois ses manchettes, dé trouver sur
Mais, en le descendant d'un air triomphal, il fit une u table des couteaux en croix, d'y voir des'
un faux :pas i "glissa, en avant ;',ia-bière, tombant s; salières renversées,-etc: Quand nous rencontrons
sur lui, l'écrasa* Ainsi s'accomplit la menacé de en é chemin quelqu'un qui nous demandé où-nous
Languillé, autrement sans doute .'qu'il ne l'avait aallons, il faut, selon les enseignements supersti-
'" :..-'. ""'
entendu*: -.. tieux, retourner 1sur nos pas, de peur que-mal iie
. ti
On avait prédit à un duc dé Clioiseul qu'il nous n arrive* Si une '•personne' à'jeun raconté 5un;
périrait dans une sédition. On a prétendu que mauvais n songe "à une personne qui ait' déjeuné1',:
celte prédictions'était accomplie, quoique le duc :ie :i( songe'sera'funeste'a fàJ première." 11sera' fù^-:
1
soit mort de maladie, parce qu'il expira dans lé n'este-"à. n là'secônde:,';s'i:ëllé;est à jëuii,' et'que la
moment on douze médecins, rassemblés pour une première p ail'déjeunéhll sera-funeste à'toufe's"Tès: >
consultation à son-sujet, se battaient à propos deux, cl 'siToutes les dèùx'sont à'jeuni 11'serait-sàhs
des moyens divers -proposés pour le guérir. cconséquence si foulés lès deux avait Tèstomâe
Alvaro de Luira, favori cle-Jean II, roi de Cas- garni;*,' g Malheureux généralement!qul rencontre
tille, fut mis à, mort pour avoir gouverné l'État hle mâtin, ouuniièvre, où'un serpent j bit unie'-'
en-despote* Après avoir consulté un astrologue zard, z ou' uii Cerf vèu un chevreuil, du Un san-
sur sa destinée; il lui avait été répondu'qu'il eût cglier! Heureux qui rencontre unloup,:uhéicigalèy
àse garder de Cadahalso. Il crut que c'était d'un une v chèvre, un crapaud !! Voy. AIVAIGNÉË,' GIIASSE,
village près de Tolède, qui portait ce nom; il fPiE;--l-Iinou;, ètcv-','etc., été. Gécilia,, ferniné. dé
s'abstint d'y aller. Mais ayant été condamné à Métellus, S consultait les dieux sur l'établissement
perdre la tète sur un échafaudyquelès Espagnols de' c sa nièce; qui était nubile*'' Cette; jeune'fille,:
appellent aussi cadahalso , on' dit qu'il s'était lassé I dé sétenir debout .devant l'autel sarisrecé-
trompé sur le sens du mot. '• \
voir de réponse,"pria sa tante' dé lui prêter la
En 1382, un' astrologue anglais fit crier par la moitié i de son siège.,'« De bon coeur, lui dit'Cé-
ville deLondi-es que la Veillé de l'Ascension cilia, c je vous cède ma'placé tout entière. » Sa
personne ne sortît de sa maison sans avoir dit bonté l lui inspira ces mots, qui furent pourtant,
cinq fois le Pater noster, et sans avoir déjeuné, dit ( Yalère-Maxime, un présage de ce qui devait
à causé du brouillard pestilentiel qui arriverait farriver ; car Gécilia mourutquelque temps après,
ce jour-là ; parce que ceux qui-ne le feraient pas et t Métellus épousa sa nièce. Lorsque Paul-Emile
mourraient infailliblement. Plusieurs, se fiant à faisait I la guère au roi Persée, il lui arriva quel-
celle prédiction, firent ce que l'astrologue avait < que chose de remarquable. Un jour, rentrant à
prescrit; mais, comme on réconnut après qu'il sa i maison, il embrassa, selon sa coutume, Ta plus
avait trompé le peuple, on lé mit sur un cheval/ jeune j de ses filles v nommée Tertia, et la voyant
à reculons, tenant la queue en 'place dé bride, plus ] triste" qu'à l'ordinaire, il lui demanda le su-
avec deux marmites au cou, et on le promena jet j de son chagrin. Cette petite fille lui répondit
ainsipar toute la'ville. '".'-< que Persée était mort (un petit chien que l'enfant
Wecker,dans les Secrets merveilleux, donne ce nommait i ainsi venait de mourir). Paul saisit le
procédé comme infaillible pour prédire l'avenir : présage ; et en effet, peu de temps après, il vain-
Qu'on brûle de la graine de lin, des racines de .quit le roi Persée, et entra triomphant dans
persil et de violette; qu'on'se mette d'ans cette Rome 1. .
fumée, on prédira les choses futures. Voy. ASTIIO- Un peu avant l'invasion des Espagnols au
WGIE,PROPHÉTIES', BOHÉMIENS, etc. Mexique, on prit au lac de Mexico un oiseau de
Préjugé. Manière banale, absurde ou irréflé- In forme d'une grue, qu'on porta à l'empereur
chie d'apprécier les choses. Les sujets du Grand Montézurna, comme une chose prodigieuse. Cet
Mogol sont dans l'usage de peser leur prince : oiseau, dit le conte, avait au haut de la tête une
tous les ans, et c'est toujours en raison de ce. espèce de miroir où Montézurna vit les deux
qu'il pèse qu'ils l'estiment valoir plus ou moins. parsemés d'étoiles, de quoi il s'étonna grande-
Prélati, charlatan de magie. Voy. IUIZ.
1 Yalerc-Maximc.
Présages. Celle faiblesse, qui consiste à re-
PRE 558 PRE
ment, Puis, levant les yeux au ciel, et n'y voyant tel, qui que tu sois, examine et pèse tant que
plus d'étoiles, il regarda une seconde fois dans tu voudras ; nul sur la terre ne sait quelle fin
le miroir, et aperçut un peuple qui venait de l'attend. »
l'Orient, armé, combattant el tuant. Ses devins Préservatifs. Voy. AMULETTES, CORNES,.PHY-
étant venus pour lui expliquer ce présage, l'oi- LACTÈRES, TROUPEAUX, etc.
seau disparut, les laissant en grand trouble. Pressentiment. Suétone assure'que Calpur-
« C'était, à mon avis, dit Delancre, son mauvais nie fut tourmentée de noirs pressentiments peu
démon qui venait lui annoncer sa fin, laquelle d'heures avant la mort de César. Mais que sont
lui arriva bientôt. » Dans le royaume de Loango, les pressentiments? Est-ce une voix secrète el
en Afrique, on regarde comme le présage le plus intérieure? Est-ce une inspiration céleste ? Est-ce
funeste pour le^roi que quelqu'un le voie boire la présence d'un génie invisible qui veille sur nos
et manger : ainsi il est absolument seul et sans destinées ? Les anciens avaient fait du pressenti-
domestiques quand il prend ses repas. Les voya- ment une sorte dé religion, et de nos jours on y
geurs, en-parlant de cette superstition, rappor- ajoute foi. M. C. de R..., après s'être beaucoup
tent un trait barbare d'un roi de Loango : Un de amusé au bal de l'Opéra, mourut d'un coup de
ses fils, âgé de huit ou neuf ans, étant entré im- sang en rentrant chez lui. Madame de V..., sa
prudemment dans la salle où il mangeait, et dans soeur, qui l'avait quitté assez lard, fut tourmentée
le moment qu'il buvait, il se leva de table, ap- toute la nuit de songes affreux qui lui représen-
pela le grand prêtre, qui saisit cet enfant, le fit taient son frère dans,un grand danger, l'appelant
égorger , et frotta de son sang les bras du père, à son secours. Souvent réveillée en sursaut, el
pour détourner les malheurs dont ce présage dans des agitations continuelles, quoiqu'elle sût
semblait le menacer. Un autre roi de Loango fit que son frère était au bal de l'Opéra, elle n'eut
assommer un chien qu'il aimait beaucoup, et qui, rien de plus pressé, dès que le jour parut, que
l'ayant un jour suivi, avait assisté à son dîner 1. de demander sa voiture et de courir chez lui,
Les hurlements des bêles sauvages, les cris des Elle arriva au moment où le suisse avait reçu
cerfs et des singes sont des présages sinistres ordre de ne laisser entrer personne et de dire
pour les Siamois. S'ils rencontrent un serpent que M. G. de 1t... avait- besoin de repos. Elle
qui leur barre le chemin, c'est pour eux une rai- s'en retourna consolée et riant de sa frayeur. Ce
son suffisante de s'en retourner sur leurs pas, ne fut que dans l'après-midi qu'elle apprit que
persuadés que l'affaire pour laquelle ils sont sor- ses noirs pressentiments ne l'avaient point trom-
tis ne peut pas réussir. La chute de quelque pée. Voy. SONGES. ,
meuble que le hasard renverse est aussi d'un On lisait dans le journal la Patrie, en sep-
très-mauvais augure. Que le tonnerre vienne à tembre 1857 :
tomber, par un effet naturel et commun, voilà « M. de S..., neveu de la comtesse K..v, ha-
de quoi gâter la meilleure affaire. Plusieurs pous- bile l'Angleterre. Un soir, il rentre chez lui, l'esprit
sent encore plus loin la superstition et l'extrava- fort tranquille. A peine a-t-il allumé sa bougie
gance : dans une circonstance critique et embar- qu'il entend un bruit étrange. Il se détourne, et
rassante,, ils prendront pour règle de leur con- voit sur sa table une main qui trace rapidement
duite les premières paroles qui échapperont au quelques lettres sur le papier et disparaît. 11
hasard à un passant, et qu'ils interpréteront à s'approche et lit : Godcfroy. C'est le nom d'un
leur manière. Dans le royaume de Bénin, en de ses amis qui voyageait alors dans l'Amérique
Afrique, on regarde comme un augure très-favo- du Nord.
rable qu'une femme accouche de deux enfants » M. de S... a pris note précise du jour et de
jumeaux : le roi ne manque pas d'être aussitôt l'heure de cette apparition ; quelque temps après,
informé de celle importante nouvelle, et l'on cé- il a su officiellement que ce même jour, à la
lèbre par des concerts et des festins un événe- même heure, son ami était mort au Canada.
ment si heureux. Le même présage est regardé L'impression que cet événement a produite sur
comme 1res - sinistre dans le village ct'Arebo, lui a été si vive, qu'il vient de renoncer au
quoiqu'il soit situé dans le même royaume de monde et d'entrer aux oraloriens de Londres. »
Bénin. Pressine; Voy. MÉLUSINE.
Un serpent s'était entortillé autour d'une clef Prestantius. Voy. EXTASES.
à la porte d'une maison, el les devins annonçaien f Prestiges. « Il y a eu de nos jours, dit Gas-
que c'était un présage. « Je ne le crois pas, dit pard Peucer, en ses commentaires De divina-
un philosophe, mais c'en pourrait bien êlre un si tionc, une vierge bateleuse à Bologne, laquelle,
la clef s'était enlorlillée autour du serpent. » pour l'excellence de son art, était fort renommée
Prescience, connaissance certaine et infail- par toute l'Italie; néanmoins elle ne sut, avec
lible de l'avenir. Elle n'appartient qu'à Dieu. toute sa science, si bien prolonger sa vie, qu'en-
Rappelons-nous ici la maxime d'tlervey: « Mor- fin, surprise de maladie, elle ne mourût. Quelque
autre magicien, qui l'avait toujours accompagnée,
1 Saint-Foix, Essais historiques. sachant le profit qu'elle retirait de son art pou-
PRE 559 — PRO
dant sa vie, lui mit, par le secours des esprits, Pour toutes les blessures : Dieu me bénisse et
quelque charme ou poison sous les aisselles : de me guérisse, moi pauvre créature, de toute es-
sorte qu'il semblait qu'elle eût vie; et elle com- pèce de blessure, quelle qu'elle soit, en l'honneur
mença à se retrouver aux assemblées, jouant de de Dieu et cle la Vierge Marie, et de MM. saint
la guitare, chantant, sautant et dansant, comme Cosme et saint Damien. Amen.
Pour les maladies des yeux : M. saint Jean, pas-
sant par ici, trouva trois vierges-eu son chemin.
11 leur dit-: Vierges, que faites-vous ici? Nous
guérissons de la maille. — Oh ! guérissez, vierges,
guérissez cet oeil.
Pour arrêter le-sang du nez : Jésus-Christ est
né en Bethléem et a souffert en. Jérusalem. Son
sang s'est troublé; je le dis et te commande,
sang, que tu t'arrêtes par la puissance de Dieu,
par l'aide de saint= Fiacre et de tous les saints,
tout ainsi que le Jourdain, dans lequel saint Jean-
Bapliste baptisa Noire-Seigneur,, s'est arrêté. Au
nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.
Contre la brûlure : Feu de Dieu, perds ta cha-
leur, comme Judas perdit sa couleur, -quand il
vendit Noire-Seigneur au jardin des Olives. Voyez
POINTDE CÔTÉ , ORAISON pu LOUP, GARDES:, BARBE-
A-DIEU,etc.'. ,•:,:"
Prierio (Sylvestre Mozzolino de), savant do-
minicain, a publié un livre curieux sur les faits
étranges des sorcières et des démons : De.slrigi?'
elle-avait, accoutumé : de sorte-qu'elle ne diffé- magarum demonumque prcsVujiis. Rome, 1521 ;
rait d'une personne vivante que par la couleur, in-ù".
qui était excessivement pâle. Peu de jours après., Prisier, démon invoqué dans les litanies du
ilse trouva à Bologne un autre magicien, lequel, sabbat. ..-.':
averti de l'excellence de l'art de celte fille, la Prodiges, événements surprenants dont ou
voulut voir jouer comme les autres; Mais à peine ignore la cause, et que l'on; est tenté de regarder
l'eut-il vue, qu'il s'écria : Que faites-vous ici, comme surnaturels. C'est la définition de Bergier.
messieurs? celle que vous voyez devant vos yeux, Sous le consulat de Volumiîiùs, on entendit par-
qui fait de si jolis soubresauts,:n'est autre qu'une ler un boeuf. Il tomba du ciel, en forme de pluie,
charogne morte. Et à l'instant elle tomba morte des morceaux de chair, que les oiseaux dévo-
à terre : au moyen de quoi le prestige et l'en- rèrent en grande partie; le reste fut quelques
chanteur furent découverts. » jours sur la'terre sans rendre de mauvaise odeur.
Une jeune femme dé la ville de Laon vit le Dans d'autres temps, on rapporta des événe-
diable sous la forme de son grand-père, puis ments aussi extraordinaires, qui ont néanmoins
sous celles d'une bêle velue, d'un chat, d'un trouvé créance parmi les hommes. Un enfant de
cscarbot,-d'une guêpe et d'une jeune fille 4. six mois cria victoire dans un marché de boeufs.
Ce sont plutôt des hallucinations que des pres- 11 plut des pierres à Picenna. Dans les Gaules,
tiges. Voy. APPARITIONS, ENCHANTEMENTS, Sici- un loup s'approcha d'une sentinelle, lui lira l'épée
'
DITES,MÉTAMORPHOSES, Cil ARMES,etc. du fourreau et l'emporta. 11 parut en Sicile une
Prêtres noirs. C'est le nom que donnent les sueur de sang sur deux boucliers, et, pendant la
sorciers aux prêtres du sabbat. seconde guerre punique, un taureau dit, en pré-
Prières superstitieuses. Nous empruntons sence de Cnéus Domilius : Rome, prends garde à
à l'abbé Thiers el à quelques autres ces- petits
chefs-d'oeuvre cle niaiserie ou de naïveté.
Pour le mal de dents : Sainte Apolline, qui êtes
assise sur la pierre; sainte Apolline, que faites-
Vouslà? — Je suis venue ici pour le mal de
dents. Si c'est un ver, ça s'ôlera ; si c'est une
goutte, ça s'en ira.
Contre le tonnerre : Sainte Barbe, sainte Fleur,
la vraie croix cle INotre-Seigneur. Partout où celte
oraison se dira, jamais le tonnerre ne tombera. loi '.' Dans la ville de Galéna, sous le consulat de
1 Cornclii 1 Yalèrc-Maxime.
gemmai cosmocrilicm, lib. II, cap. n,
PRO 560 PRO
Lépide, on entendit parler un coq d'Inde, qui ne à l'ombre et se rafraîchissait au soleil. Il s'est
s'appelait pas alors un coq d'Inde; car c'était une trouvé une Athénienne qui a vécu de ciguë jus-
pintade. Voilà des prodiges.
' qu'à la vieillesse ; et un certain Mahomet, roi de
;
Delancre parle d'une sorcière qui, cle son Cambaye, s'accoutuma si bien aux viandes em-
temps, sauta .du haut d'une montagne sur un ro- poisonnées, dans la peur qu'il eut'dé périr parle
cher éloigné de deux lieues. Quel saut!.... Un poison, qu'il n'en eut plus d'autres dans ses repas.
homme ayant bu du lait, Schenek. dit qu'il vomit 11devint si venimeux qu'une mouche qui le tou-
deux petits chiens blancs aveugles. VersTa fin du chait tombait morte dans le même instant; il
mois d'août 1682, On montrait à Charênton une tuait de son haleine Ceux qui passaient une heure
fille qui vomissait des,chenilles, dès limaçons, avec lui. Pyrrhus, roi d'Épire, comme le disent
des araignées et "beaucoup d'autres insectes. Les Pline et Plutarque,; guérissait avec le pouce de
docteurs de Paris étaient émerveillés. Le fait sem- son pied droit tous'lesmaçix de rate,.et, selon
blait constant. Gé n'était pas eh secret : c'était, d'autres, tous les ulcérés;;qui s'étaient formés
devant des assemblées nombreuses que ces sin- dans la bouche; mais ce qui n'est pas moins
guliers vomissements avaient lieu* Déjà on pré- étonnant, c'est-, que, le corps de Pyrrhus étant
parait de toutes parts- des dissertations .pour brûlé et réduit en cendre y.on; trouva tout enlier
expliquer ce phénomène, lorsque le lieutenant le même pouce, quifut -porté en cérémonie clans
criminel èntreprifde s'immiscer dans l'affairé. Il un temple, et lâ.:enchâss;é eommé une relique.
interrogea la 'maléficiée, lui fit peur du fouet et C'en est assez pour justifier qu'il y a des choses
du carCan, et'elle avoua que depuis sept ou; huit historiques qui; xm sont presque jamais vraisem-
mois elle s'était accoutumée à avaler des che- blables 4. "..'' ...i; ':>':'
nilles , des araignées etdesinsectés; qu'elle dési- Prométhée. Atlas et Prométhëé,".tous deux
rait depuis longtemps avaler des crapaikls 1, mais grands astrologues, vivaient du temps de Joseph.
qu'elle n'avait pu s'en procurer d'assez pe'l.its'. Quand Jupiter délivra Prométhée de l'aigle ou du
On a pu lire,il y a vingt ans, un fait pareil rap- vautour qui devàit'lui dévorer les;entrailles pen-
porte dans les journaux i une femme vomissait dant trente mille ans, le dieu, qui avait juré de
des grenouilles et des crapauds ; un médecin peu ne le point détacher du Caucase, ne voulut pas
crédule, appelé pour vérifier le fait, pressa de fausser son serment, et lui ordonna de porter à
questions la malade et parvint à lui faire avouer son doigt un anneau où serait enchâssé un frag-
qu'elle avait eu recours à cette jonglerie pour ment de ce rocheri C'est là, selon Pline, l'origine,
gagner un peu d'argent2.- -1; ; des bagues enchantées. ''"'.''.'
« 11y a, dit Chevreau, des choses'historiques Pronostics, populaires. Quand les chênes
et qui;né sont presque pas vraisemblables. Il plut ' de •
portent beaucoup glands, ils: pronostiquent
du sang sous l'empereur Louis II ; dé la laine sous un hiver long et rigoureux'.; Tel vendredi, tel di-
l'empereur Jovinien; des poissons, dont on ne manche. Le peuple croit qu'un vendredi pluvieux
put approcher pour'léur puanteur, sous Olhon 111; ne peut être suivi d'un dimanche serein. Racine
et Valère-Maxime, dans le chapitré des Prodiges, a dit au contraire :
de son premier livre, a parlé d'une pluie de
: : ,' Mafoi, sur l'avenir.bien fou qui!se fiera :
pierres et d'une autre de pièces sanglantes de Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera.
chair, qui furent mangées par les oiseaux. Louis,
fils de Ladislas, roi de Hongrie et de Bohême, Si la huppe chante avant que les vignes ger-
pour être venu avant terme, naquit sans peau, ment, c'est un signe d'abondance de vin :
et les médecins trouvèrent moyen de lui en faire
une. Une femme, dans le Péloponnèse, comme le De saint Paul la claire journée'/ ";'!'
dit Pline, eut en quatre couches vingt enfants, Nous dénote,une bonne année.
Si l'on voit épais les.brouillards.
cinq à la fois, dont la plupart vécurent; et selon Mortalité de toutes parts. ' "
Trogus, une autre, en Egypte, eut septenfanls S'il fait vent, nous aurons la guerre;
d'une même couche. Saint Augustin, dans le cha- S;il neige ou pleut, cherté sur terre ;
Si beaucoup d'eau tombe en ce mois,
pitre xxin du livre XIV de la Cité de Dieu, dit Lors peu de vin croître tu vois.
qu'il a vu un homme;qui suait quand il voulait,
sans faire aucun/exercice,!violent, et qu'il y pre- Des étoiles en plein jour pronostiquent des in-
nait un fort grandjpjailsi^iLe bras d'un des capi- cendies et des guerres. Sous le règne de Con-
taines de Brulus sua de l'huile rosat en telle stance, il y eut'un jour cle ténèbres pendant
abondance J:,que toute la peine qu'on se donna lequel on vil les étoiles ; le soleil à son lever
pour l'essuyer et pour le sécher fut inutile. Dé- était aussi pâle que la lune : ce qui présageait h
mophon, maître d'hôtel d'Alexandre, s'échauffait famine cl la peste.
1 Dictionnaire des merveilles de la nature, article Du jour de saint Médarcl, en.juin,
Estomac. Le laboureur se donne soin ;
2 M. Saignes, Des erreurs el des préjugés, t. II,
p. !U. 1 Chevroeana,
1.1, p. 257.
PRO — 561 — PRO
Car les anciens disent : S'il pleut", Trois soleils pronostiquent un triumvirat. On vit
Quarante jours pleuvoir il peut. trois soleils, dit Cardan, après la mort de Jules
Et s'il fait beau, sois tout certain
D'avoir abondamment de grain. César; la même chose eut lieu un peu avant le
règne de François Ier, Charles-Quint et Henri VIII.
On lit dans les 'Mélanges tirés d'une grande Si le soleil luit avant la messe le jour de la
liibliotlièqueque, les habitants de Salency ayant, Chandeleur, c'est un signe que l'hiver sera en-
dans un temps de sécheresse, invoqué particu- core bien long. — Qui se couche avec les chiens.
lièrement saint Médard, évêque de Noyon, pour se lève avec lés puces.
obtenir de la pluie, il arriva qu'en effet cette Les paysans ont mille signes que nous n'avons
sécheresse fut suivie d'une pluie dé quarante pas pour prévoir le beau ou le mauvais temps;
jours. C'est là, dit-on, l'origine du pronostic at- leurs baromètres naturels sont souvent-;plus.in-
tribué à saint Médard. On dit encore que : faillibles que les nôtres; leurs signes, en "effet,
sont fondés sur une constante observation. New-
S'il pleut le jour de saint Gervais, ton, se promenant à la campagne avec un livre
Il pleuvra quinze jours après.
à la main, passa devant un pâtre, à qui il enteiiT
Les tonnerres du soir "amènent un orage ; les dit marmotter : — Ce gentleman ne lira pas tout
tonnerres du matin promettent des vents; ceux le long de sa promenade, ou bien son livre sera:
qu'on entend vers midi annoncent la pluie. Les mouillé ; et le philosophe ne farda pasà voir tom-
pluies-de pierres pronostiquent des charges et ber la pluie. 11 repassé et demande au pâtre.:
des surcroîts d'impôts. — A quoi, mon ami, avez-vous donc jugé
qu'il
allait pleuvoir? C'est, répondit-il, que mes vaches
Quiconque en août dormira fourraient leurs museaux dans les haies '.
Sur midi s'en repentira.
Bref, en tout temps je le prédi Prophètes. Les Turcs reconnaissent plus de
Qu'il né faut dormir à midi. cent quarante mille prophètes ; les seuls que nous:
Ungroupedoscentquarantemille(ironlièles
turcs.
devions révérer comme vrais prophètes sont ceux parce que milord était malade. — Dites à milord
des saintes Écritures. Toutes les fausses religions que je viens de la part de Dieu, répliqua le vi-
en ont eu de faux comme elles. siteur. Le domestique-se rendit auprès de son
Voici quelques mots sur un prophète moderne, maître, qui lui donna ordre de faire entrer. —
commeil s'en voit encore. Le lord juge Holt avait Qu'y a-t-il pour votre service? lui demanda le
envoyé en prison un soi-disant prophète qui se juge. — Je viens, lui dit l'aventurier, de la part
donnait à Londres les airs de passer pour un en- du Seigneur, qui m'a envoyé vers loi pour t'or-
voyé du ciel. Un particulier, partisan de cel in-
sPii'é, se rendit chez milord et demanda à lui 1 Voyez les pronostics populaires plus étendus
parler. On lui dit qu'il ne pouvait pas entrer, dans les Légendes du Calendrier.
36
PRO — 56â - PSE
donner de mettre en liberté John Atkins, son qui a établi que la propriété est le vol. Le diable
fidèle serviteur, que tu as fait mettre en prison. a dû bien rire.
— Vous êtes un faux prophète et un insigne men- Pruflas ou Busas, grand prince et grand-duc
teur, lui répondit le juge, car si le Seigneur vous de l'empire infernal. Il régna dans Babylone;
avait chargé de cette mission, il vous aurait et là il avait la tête d'un hibou. Il excite Tes dis-
adressé au procureur général. 11sait qu'il n'est cordes, allume les guerres, les querelles el
pas en mon pouvoir d'ordonner l'élargissement réduit les gens à la mendicité; il répond avec
d'un prisonnier; mais je puis lancer un décret profusion à tout ce qu'on lui demande; il a
de prise de corps contre vous, pour.que vous vingt-six légions sous ses ordres 5.
lui teniez compagnie, et c'est ce que je vais faire. Psellus, (Michel), auteur du livre De opéra-
La rébellion contre l'Église connue sousi le lione doemonum. Paris, 1623; in-8°. Il a été tra-
nom de la réforme a eu ses prophètes, dont les duit en français par Gaulmin* Il est font curieux.
plus célèbres sont Aslier, Isabeau et Jurieu, qui On y voit que les démons promettaient à ceux
a prophétisé si bien à rebours. Voyez les Pro- qu'ils pouvaient enrôler sous leurs bannières des
phètes du Daupkiné, dans les Légendes infernales. honneurs, de l'or et des richesses; mais qu'ils
Comme le diable cherche toujours à singer n'accomplissaient pas leurs . promesses ; qu'ils
Dieu, il a donc aussi ses prophètes. Mais ils sont trompaient habituellement leurs initiés par une
menteurs. Tous les oracles des faux dieux pas- certaine fantasmagorie et par des apparitions lu-
saient pour prophéties. Mais sur cent cle ces mineuses qu'ils appelaient théopsies ou visions
oracles, quatre-vingt-dix-neuf n'étaient que des divines; mais que les amateurs ne pouvaient y
énigmes qu'il fallait deviner. Voy. PSELLUS. arriver qu'après avoir commis des actions abo-
Propreté. Saint Bernard met la propreté au minables. Psellus parle aussi d'excréments hu-
nombre des vertus ; car Dieu aime ce qui est pur. mains, solides el fluides, que les sorciers devaient
Les démons, naturellement opposés, font de la goûter pour se rendre les démons favorables, II
propreté un vice dans leurs adeptes, qui sont raconte une aventure qui lui fut personnelle el
obligés de l'éviter. que nous empruntons à la traduction de Gôrres
Proserpine, épouse de Pluton selon les païens, par M. de Sainte-Foi.
et reine de l'empire infernal. Selon les démono- Pselius, qui était puissant à la cour de Conslan-
manes, Proserpine est archiduchesse et souve- linople, fit mettre en prison un sorcier mani-
raine princesse des esprits malins. Son nom vient
Aeproserpere, ramper, serpenter; les interprètes
voient en elle le serpent funeste.
Prostrophies, esprits malfaisants qu'il fallait
supplier avec ferveur, chez les anciens, pour évi-
ter leur colère.
Quakerisme, secte fondée chez les Anglais ment, mais jusqu'à ce que l'esprit vienne in-
en 16^7, parmi cordonnier nommé Fox. Il exposa" spirer quelqu'un de la compagnie. Cette inspira-
sa doctrine, qui consiste, en raison de ce que tion s'annonce par des convulsions et par un
lous les hommes sont égaux, à tutoyer tout le certain tremblement ; ce qui n'est pas trop la
monde, à ne saluer personne, à ne porter ni manière du Saint-Esprit. Ce tremblement a con-
boutons, ni dentelles, îii aucune autre superfluité, stitué le nom des quakers, qui veut dire trem-
à prêcher, qu'on soit homme ou femme, enfant bleurs. Aussitôt que l'un ou l'une des danseurs
ou vieillard, dès qu'on se sent inspiré par l'es- sent l'Esprit, il ou elle se met à prêcher.
prit, à n'avoir ni culte, ni prêtres, etc. Cette Queiran (Isaac), sorcier de Nérac, arrêté à
doctrine grossière fut fardée par deux savants, Bordeaux, où il était domestique depuis vingt-
Guillaume Penn et Robert Barklay, à qui cette cinq ans. Interrogé comment il avait appris le
intervention ne fait pas très-grand honneur. La métier de sorcier, il avoua qu'à un âge encore
secte s'étendit en Angleterre et en Amérique. jeune, étant au service d'un habitant de la Bas-
Sonculte consiste à se réunir pour danser grave- tide d'Armagnac, un jour qu'il allait chercher
du feu chez une Vieille voisine, elle lui dit de se senti l'odeur, il fut enlevé et porté dans les airs
bien garder de renverser des pots qui étaient jusqu'au lieu où se tenait le sabbat. Des hommes
(levant la cheminée : ils étaient pleins de poison et des femmes y criaient et y dansaient; ce qui
que Salan lui avait ordonné de faire. Celle cir- l'ayant épouvanté, il s'en retourna.
constance ayant piqué sa curiosité, après plu- Le lendemain, comme il passait par la métairie
sieurs questions, la vieille lui demanda s'il voulait de son maître, un grand homme maigre se présenta
voir le grand maître des sabbats et son assemblée. à lui et lui demanda pourquoi il avait quitté l'as-
Ellele suborna dételle sorte qu'après l'avoir oint semblée où il avait promis à la vieille de rester.
d'une graisse dont il n'a pas vu la couleur ni Il s'excusa sur ce qu'il n'y avait là rien à faire
QUE — 568 — QUI
pour lui ; et il voulut continuer son chemin. Mais sonnes. On appela quintillianites les abomina-
l'homme maigre lui déchargea un coup de gaule sur bles sectateurs qu'elle forma. Il paraît qu'elle
l'épaule, en lui disant : « Demeure, je te baillerai ajoutait encore d'horribles pratiques aux infamies
bien chose qui t'y fera venir. » Ce coup lui fit mal des caïnites. Voy. CAÏN.
pendant deux jours, et il s'aperçut que ce grand Quirim, pierre merveilleuse qui, suivant les
homme noir l'avait marqué sur le bras auprès de démonographes,placée sur la tête d'un homme du-
la main; la peau en cet endroit paraissait noire rant son sommeil, lui fait dire tout ce qu'il a dans
et tannée. l'esprit. — On l'appelle aussi pierre des traîtres.
Un autre jour, comme il traversait le pont de la Quivogne (femme), sorcière contemporaine*
rivière qui est près de la Bastide, le même homme Les prétendus sorciers et sorcières, ou devine-
maigre lui apparut de nouveau, lui demanda resses, trouvent encore tous les jours, dans notre
s'il se ressouvenait des coups qu'il lui avait don- siècle si éclairé, le moyen de faire des dupes,
nés, et s'il voulait le suivre. Il refusa. Le diable quelle que soit la grossièreté des pièges qu'ils
aussitôt, l'ayant chargé sur son .cou, voulut le .tendent à la crédulité et à l'ignorance. Tout ré-
noyer; niais le pauvre garçon cria si fort, que cemment une fille Rupt, de Vesoul, s'était laissé
les gens d'un moulin voisin delà étant accourus,
le vilain noir fut obligé de fuir. Enfin le diable
l'enleva un soir dans une vigne qui appartenait à
son maître; elle conduisit, quoi qu'il en eût, au
sabbat; il y dansa et mangea comme les autres.
Un petit démon frappait Sur un tambour pendant
les danses, jusqu'à ce que le diable, ayant en-
tendu les coqs chanter, renvoya tout son inonde.
Rabbats, lutins qui font du vacarme dans les pent quelquefois pour venir au secours des mal-
maisons et empêchent les gens de dormir. On les heureux. Mais elles ne sont pas toutes bonnes;
nomme rabbats parce qu'ils portent une bavelte c'est comme chez nous.
à-leur cravate, comme les gens qu'on appelle en Raguse (George de), théologien, médecin et
Hollande consolateurs des malades, et qui ne con- professeur à l'université de Padoue, a publié un
solent personne. livre rare sur les divinations, où il traite spécia-
Rabbins, docteurs juifs qui, rebelles à la vé- lement de l'astrologie, de la chiromancie, de la
rité, furent longtemps soupçonnés d'être magi- physiognomonie, de la géomancie, de la no-
ciens et d'avoir commerce avec les démons i. mancie, de la cabale, de la magie, etc. Paris, 1623,
Rabdomancie*; divination par les bâtons. C'est in-8°.
«ne des plus anciennes superstitions. Ézéchiel et Ràhouart, démon que nous ne connaissons
Osée reprochent aux Juifs de s'y laisser tromper. pas. Dans la Moralité du mauvais riche et du ladre,
On dépouillait, d'un côté et dans toute sa lon- imprimée à Rouen, sans date, chez Durzel, et
gueur, une baguette choisie ; on la jetait en l'air ;
si, en retombant, elle présentait la partie dé-
pouillée, et qu'en la jetant.une seconde fois elle
présentât le côté revêtu dé l'écorce, on en tirait
un heureux présage. Si, au contraire, elle tom-
bait une seconde fois du côté pelé, c'était un au-
gure fâcheux. Celte divination était connue chez
les Perses, chez les Tar.tares et chez les Romains.
La baguette divinatoire, qui a fait grand bruit
sur la fin du dix-septième siècle, tient à la rab-
domancie; Voy. BAGUETTE. Bodih dit qu'une sorte
de rabdomancie était de son temps en vigueur à
Toulouse; qu'on marmottait quelques paroles;
qu'on faisait baiser les deux parties d'un certain
bâton fendu, et qu'on en prenait deux parcelles
qu'on pendait au coupour guérir la fièvre quarte.
Rachaders, génies malfaisants des Indiens.
Radcliffe (Anne), Anglaise qui publia, il y a
cinquante ans, des romans pleins de visions, de
spectres et de terreurs, comme les Mystères jouée a la fin du quinzième siècle, Satan a pour
d'Udolphe, etc. compagnon le démon Ràhouart. C'est dans sa
Ragalomancie, divination qiù se faisait avec hotte que Ràhouart emporte l'âme du mauvais
des bassinets, des osselets, de petites balles, riche quand il est mort.
des tablettes peintes, et que nul auteur n'a pu Raiz. Voy. RETZ.
bien expliquerz. Ralde (Marie de la), sorcière qu'on arrêla-à
Rage. Pour être guéri de la rage, des écrivains l'âge de dix-huit ans, au commencement du dix-
superstitieux donnent ce conseil : On mangera septième siècle. Elle avait débuté dans le métier
une pomme ou un morceau cle pain dans lequel à dix ans, conduite au sabbat pour la première
on enfermera ces mots : Zioni, Kirioni, Ezzeza; fois par la sorcière Marissane. Après la mort de
ou bien on brûlera les poils d'un chien enragé, cette femme, le diable, selon la procédure, la
on en boira la cendre dans du vin, et on guérira !. mena lui-même à son assemblée, où elle avoua
Le seul moyen sûr de guérir la rage et qui n'a qu'il se tenait en forme de tronc d'arbre. Il sem-
jamais manqué, c'est d'aller à Saint-Hubert, blait êlre dans une chaire, et avait quelque ombre
comme l'attestent les noms de plus de trois cent humaine fort ténébreuse. Cependant elle l'a vu
mille pèlerins qui y sont enregistrés. sous la figure d'un homme ordinaire, tantôt rouge,
Raginis, espèce de fées chez les Kalmouks. Elles tantôt noir. Il s'approchait souvent des enfants,
habitent le séjour de la joie, d'où elles s'échap- tenant un fer chaud à la main ; mais elle ignore
s'il les marquait. Elle n'avait jamais baisé le
1
Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions dés diable; mais elle avait vu comment on s'y pre-
esprits, p. 29-1. nait : le diable présentait sa figure ou son der-
'-f.Delancro, Incrédulité et mécréance du sortilège
pleinementconvaincues, p. 278. rière, le tout à sa discrétion el commeil lui plaisait.
3 Lemnius. Elle ajouta qu'elle aimait tellement le sabbat
RAL 570 'RAN
qu'il lui semblait aller à la noce, « non pas tant Cette dame était une femme de grande vertu;
par la liberté et licence qu'on y a, mais parce elle avait fondé* un refuge pour les malheureux
que le diable tenait tellement liés leur coeur et que le monde abandonne à cause de leurs fautes.
leurs volontés qu'à peine y laissajt-il entrer nul Les démons, à qui elle ravissait leur proie, du-
autre désir ». En outre les sorcières y entendaient rent se réjouir de la posséder. On l'amena à
une musique harmonieuse, et le diable leur per- Nancy, où les .évoques cle Nancy et de Toul la
suadait :que l'enfer n'est qu'une niaiserie, que le firent exorciser par les plus saints prêtres et les
feu qui brûle continuellement n'est qu'artificiel. plus habiles théologiens. On la questionnait, ou
Elle dit encore qu'elle ne croyait pas faire,.'mal plutôt le démon qui était en elle, en latin, en
d'aller au sabbat; et que même elle avait bien du grec et en hébreu; et quoiqu'elle sût à peine lire
plaisir à la célébration de la messe qui s'y disait, le latin et qu'elle ne comprît d'autre idiome que
où le diable se faisait passer pour lé vrai Dieii. sa langue, elle répondait avec une: exactitude
Cependant elle voyait à l'élévation l'hostie noire 1. extrême. Le démon, qui parlait par sa -bouche,
Il ne paraît pas que Marié de la Ralde ait été relevait même les solécismes et les autres fautes
brûlée; mais on ignore ce que les tribunaux en qui échappaient, à ses interrogateurs. L'histoire
firent.. 1 de ces exorcismes est assez longue.ils se faisaient
r Raleigh (Walter), courtisan célèbre de la reine devant leduc de Lorraine Henri H.et devant une
1
Elisabeth. Il se-vante d'avoir vu, dans-l'Améri- assemblée-immense, que les grandes douleurs de
que du Sud, des sauvages trois fois aussi grands cette pauvre dame intéressaient vivement. Elle
que des hommes ordinaires, descyclopes qui fut délivrée enfin, en même temps que le cou-
avaient les .yeux aux épaules, la bouche sur la pable qui avait causé ces horreurs avoua son
poitrine et la chevelure" au milieu du dos. crime el fut condamné à mort par la cour de jus-
Rambouillet. Le marquis dè; Rambouillet, tice de Nancy. (La Magie au dix-neuvième siècle.)
partant avec LouisXlVpour la guerre de Flandre, Rani-Razal, femme de Bava-Goumba, chez
et le marquis de,Précy retenu au lit par la fièvre, les Indiens du Satpo.ura. Les jeunes mariés lui
s'étaient promis que cèlùïdés deux qui mourrait rendent un culte et font des offrandes à son idole
le premier viendrait donner à l'autre des .nou- sous un arbre qui lui est consacré.
velles de l'autre mondé. Six semaines après, à Rannou. C'est une légende bretonne qui a été
six heures du mathï, Rambouillet vint éveiller publiée, il y à vingt ans, dans une feuille catho-
son ami, lui annoncer qu'il avait été tué la veille, lique et signée : Un Glaneur.
lui montrer sa blessure, lui déclarer que lui- « La mère de Rannou était une pauvre femme
même Précy serait tué à la première bataille à qui, en se promenant un jour au bord de la mer
laquelle il prendrait part, et disparut. Précy aus- pour chercher des coquillages, aperçut une si-
sitôt réveilla sa maison, raconta ce qui venait rène que les.eaux, en se retirant, avaient laissée
d'arriver et'fut pris pour un visionnaire, dont la à sec. La pauvre femme, tout effrayée, allait fuir
fièvre avait troublé les sens. Huit jours après la lorsque le monstre la rappela de sa voix la plus
poste de Flandre apporta la nouvelle cle là mort douce. « Venez doncà mon aide, disait la sirène;
de Rambouillet, avec les détails donnés par Précy. ne laissez pas une pauvre mère mourir ici sans
Cependant on est si difficile à croire l'extraordi- secours. Je suis une créature inofléiïsive, qui ne
naire qu'on persuada à Précy que son aventure fais jamais de mal à personne; bien plus, sou-
n'était qu'un pressentiment produit par la sym- vent par mes chants j'avertis les matelots de la
pathie. Sans doute qu'il en vint à le croire lui- présence des écueils. »
même , puisqu'il alla peu après au combat du La mère de Rannou avait l'âme bonne; elle
faubourg Saint-Antoine, et il y fut tué : ce cpii dut fut tellement touchée par les prières de la sirène
le faire réfléchir. qu'elle l'aida à- regagner la mer. Alors celle-ci
Ranfaing (Marie de). M. le chevalier Gougenot lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour "toi? de-
des Mousseaux raconte l'histoire de celte clame : mande et tu es sûre d'obtenir. — Je ne suis
« Une veuve illustre a refusé la main d'un mé- qu'une pauvre femme ; Dieu m'a fait la grâce
decin, dont l'amour n'excita en elle qu'un insur- d'être contente de.mon sort. Je ne veux rien
montable dégoût; et ce misérable, qui croyait à pour moi. Mais j'ai un fils encore tout enfant ; je
la magie, parvient à lui faire boire un philtre pré- voudrais bien qu'il eût de l'esprit et de la vail-
paré par son art. Celte femme tombe aussitôt lance. »
dans un lamentable état. Les médicaments que La sirène plongea dans la mer et revint un
lui administrent les plus habiles médecins, réunis instant après avec une coquille pleine d'un breu-
en consultation, ont perdu toute efficacité. La vage semblable à du lait. « Voici, dit-elle, un
science est à bout de voies et déclare enfin que philtre que tu feras prendre à ton enfant. Mais
les accidents éprouvés par la patiente ne peuvent fais attention à ce qu'il le boive tout entier et
avoir d'autre cause qu'une possession diabolique. » sans qu'une seule goutte soit perdue. Adieu, et
fais ponctuellement ce que je te recommande. »
1 M. J. Garinet, Histoire de la La pauvre femme s'en revint avec le présent
magie en France.
RAO 571 - REI
de la sirène; mais, craignant les tromperies de un événement funeste, et la guerre des Marses,
quelque fée malicieuse, elle n'osa pas donner le qui survint bientôt après, donna un nouveau
philtre à son enfant avant d'en avoir fait l'expé- crédit à cette superstition. Le voile de Proser-
rience. Elle commença donc par en faire boire pine était parsemé de rats brodés.
une partie à son chat. Quelques jours après,
comme elle se promenait encore au bord de la
mer, elle revit la sirène, qui lui dit : « Vous avez
manqué de foi, malheur à Vous, car vous serez
la cause de grandes infortunes. » Puis elle dis-
parut sous les flots.
La prédiction ne tarda pas à s'accomplir. Le
chat et l'enfant de la pauvre femme ressentirent Les peuples de Bassora:et de Gambaie se fe-
bientôt, mais d'une façon différente, les effets du raient un cas de conscience de nuire à ces ani-
mystérieux breuvage. Rannou devint si fort et maux, qu'ils révèrent.
si robuste qu'à l'âge de huit ans il jouait au palet Les matelots donnent aux rats une prescience
avec des meules de moulin. Le chat, de son remarquable. « Nous sommes condamnés, disent-
côté acquit une intelligence surhumaine; mais ils, à un calme plat ou à quelque autre accident ;
comme ces animaux, qui hantent les sabbats, il n'y a.pas un seul rat à bord... » Ils croient
sont d'une nature méchante et infernale, il ne se que les rats abandonnent un bâtiment qui est
servit de son esprit que pour faire du mal. La destiné à périr. Voy. HATTON,POPPIEL,SIFFLET
chose en vint au point que la population du can- MAGIQUE. ..-."-j , . -
tonse souleva en masse pour-le tuer. « Les Indiens jadis menaient un grand deuil
Quant à Rannou, il resta tellement dépourvu lorsqu'ils avaient immolé par mégarde quelques
de toute intelligence, qu'il ne savait pas faire rats musqués, la femelle du rat musqué étant-,
usagede sa force prodigieuse. Par désoeuvrement comme chacun sait, la mère du genre humain.
il arrachait les vergers et abattait les maisons Les Chinois, meilleurs observateurs, tiennent
sans penser à mal. Il tua même sa mère, avec pour certain que le rat se change en caille et la
laquelle il voulait plaisanter, et qu'il s'amusait à taupe en loriot 1. »
lancer en l'air comme, un jouet. On forma aussi Raum, grand comte du sombre empire; il
une ligue contre lui, et une mort .malheureuse se présente sous la forme d'un corbeau lorsqu'il
mit fin à cette existence funeste. est conjuré. 11 détruit.des villes, donne des di-
Que d'existences manquées ainsi parce que gnités. Il est de l'ordre des Trônes et commande
l'on a négligé quelques gouttes du breuvage de trente légions 2.
lasirène, c'est-à-dire de la religion! Réalisme, la plus aplatie de toutes les philo-
Raollet (Jacques), loup-garou de la paroisse sophes exposées par les.songe-creux. Selon cette
do Maumusson, près de Nantes, qui fut arrêté doctrine, tout s'est créé soi-même, comme l'é-
et condamné à mort par le parlement d'Angers. tablit M. Michelet dans son livre de La Mer, et tout
Durant son interrogatoire, il demanda à un gen- est une portion de Dieu, un chou, un navet, un
tilhomme qui était présent s'il ne se souvenait cloporte,-aussi bien que M. Comte, M. Michelet
pas d'avoir tiré de son arquebuse sur trois loups ; lui-même el M. Sue. .
celui-ciayant répondu affirmativement, il avoua' Red-cap, lutin écossais. Voy. PUCK.
qu'il était l'un des trois loups, et que, sans l'ob- Regard. Foy.Yi:tix.
slacle qu'il avait eu en cette occasion, il aurait Regensberg. Voy. DÉMONS FAMIUEIIS.
dévoré une femme qui était près du lieu. Rickius Regiomontanus. Voy. MULLER.
• dit Reid (Thomas), Écossais qui eut commerce
que, lorsque Raollet fut pris, il avait les che-
veux flottants sur les épaules, les yeux enfoncés assez long avec les fées 3.
dans la tête, les sourcils refrogtiés, les ongles Reine Guétét, dite la Possédée de Riel-les-
extrêmement longs; qu'ilpuail tellement qu'on Eaux. M. Roze des Ordons a publié dans les jour-
ne pouvait l'approcher. Quand il se vit con- naux, en 1853, de curieux détails sur cette
damner par la cour d'Angers, il ajouta à ses femme, connue dans la Côte-d'Or sous le nom
aveux qu'il avait mangé des charrettes ferrées, de la Possédée de Riel-les-Eaux (dans l'arrondis-
des moulins à vent, des avocats, procureurs et sement de Châlillon-sur-Seine). Se trouvant à ce
sergents, disant que celle dernière viande était village, le 8 mai 1853, qui était un dimanche,
tellement dure et assaisonnée qu'il n'avait pu la comme on lui disait que le démon ne tourmen-
digérer *..... tait la pauvre Reine que lé dimanche ou les jours
Rat. Pline dit que, de son temps, la rencontre de fêle, il eut le désir de la voir, quoiqu'on lui
d'un rat blanc était de bon augure. Les boucliers attestât que, sous la possession de son démon,
de Lavinium rongés par les rats présagèrent 1 Chateaubriand, Mémoires, t. IL
2 Wierus, in Pseudom. doem. . .
1 3 Voyez les Légendesdes
Rickius, Discours de la lycanthropie, p. 48. esprits et démons.
REI 572 REI
cette sage et pieuse fille n'était plus « une créa- fait encore couler mes larmes ! A peine l'inno-
ture humaine, mais un monstre hideux, qui hur- cente créature a-t-elle touché la possédée que
lait, qui beuglait, qui jappait, qui grinçait des le corps de Reine, comme frappé de la foudre,
dents, qui rugissait; que son oeilfauve alors ne s'affaisse sur lui-même sans mouvement, sans
pouvait plus voir le ciel, ni supporter la douce voix. Le calme succède à la tempête, le tumulte
lumière du jour; qu'elle se tenait enfermée dans a fait place à un silence profond !
l'ombre et se cachait à tous les regards ; enfin «Alors je:vois une tête'humaine, une figure
que le malheur de cette infortunée était impéné- angélique, un doux regard fixé sur moi... Je vois
trable. » la pauvre Reine! Tout le monde, rassuré, en-
M. Roze des Ordons-obtint assez difficilement vahit la demeure"; on approche du lit, dont on
la permission de voir cette calamité affreuse : répare le désordre. On tend la main à Reine. Ma
mais enfin il l'obtint : il fut bientôt accompagné bonne Reine, lui dit-on, C'est M. Roze qui vient
d'Un notaire du voisinage et du curé de Riel. Les vous voir et qui ne voulait pas s'en aller sans
habitants, qui le savaient disposé à voir la pos- vous faire ses adieux et vous dire un mot d'a-
sédée dans sa crise, le suivaient de l'oeil, comme mitié.
on suit un insensé qui parle de se jeter à la ri- » —- Ah ! monsieur, que je suis reconnaissante,
vière. Quand la parente de Reine prit sa grosse dit alors la pauvre affligée ; je savais bien que
clef pour ouvrir la porte du lieu où se renfermai t la c'était vous, vous Vous êtes nommé en entrant;
possédée, les curieux s'arrêtèrent pour entrevoir vous m'avez dit de me calmer, de me contenir
de loin ce qui allait se passer.— Mais laissons le un peu pour, vous entendre; je vous entendais
narrateur raconter lui-même, « Tout cela n'était parfaitement, mais je ne pouvais pas vous ré-
pas rassurant, dit-il. Je recommandai à notre in- pondre : je n'avais plus l'usage de ma parole,
troductrice de ne pas fermer la porte sur nous ; car ce n'est pas moi qui blasphème le saint nom
je lui dis que la porte, restée ouverte, nous per- de Dieu, croyez-le bien, mon cher monsieur;
mettrait mieux de voir au fond du sombre appar- j'aimerais mieux mourir! Mon corps seul est cou-
tement; mais "c'était, en réalité, pour me mé- pable, puisqu'il sert au démon ; mais mon âme
nager une retraite en cas d'accident. D'un tour n'est pas en son pouvoir; il ne l'aura jamais,
de clef la porte nous est ouverte; j'entre hardi- elle n'appartient qu'à Dieu.
ment, je vais droit au lit et je soulève le rideau. » — Et c'est donc ce petit enfant, ma bonne
Un cri.affreux s'est fait entendre; j'avance en* Reine, qui calme vos tourments et chasse le
m'écriant : Reine, ma bonne Reine, écoutez- démon?
moi. » — Oh! oui, monsieur; tant que cette inno-
«Des hurlements de bête féroce, d'horribles cente créature est dans mes bras, je suis comme
imprécations, des vociférations assourdissantes inviolable, et le démon n'oserait pas profaner ce
couvrent-ma voix. Je vois tourbillonner devant qu'il touche; mais je retomberai sous sa puis-
moi quelque chose qui rugit, qui souffle, qui sance dès que mon ange m'abandonnera.
râle Une tête qui bat sur ses épaules avec » Et la pauvre fille nous regardait avec un
une telle violence que je ne puis en distinguer doux sourire; elle semblait toute heureuse cle
les traits... Un corps qui roule comme un ser- l'intérêt que nous lui témoignions et du bien-être,
pent et bondit par soubresauts terribles à se bri- hélas! de si courte durée qu'elle goûlait avec
ser contre les murailles. Plus j'insiste pour être nous. Elle comblait de caresses son petit ange
entendu, plus la rage redouble, plus la tempête gardien. L'enfant tendait toujours ses bras à sa
devient furieuse. On criait au dehors : Retirez- mère, qui amusait son impatience pour prolonger
vous", monsieur, relirez-vous ; elle va se tuer. le plus longtemps possible cette touchante en-
Le notaire était déjà bien loin. M. le curé, que trevue. Mais enfin il fallut bien céder à ses in-
des personnes charitables avaient fait prévenir, stances réitérées. La pauvre Reine s'en aperçut,
accourait avec une jeune femme tenant un enfant et je la vis pâlir. Le charme allait cesser, et nous
dans ses bras. Celte femme, pâle et émue, était touchions à cet instant terrible dont l'attente ser-
arrêtée devant la porte; elle semblait vouloir me rait tous les coeurs.
parler et me montrait son enfant. On me criait : » A peine la jeune femme eut-elle enlevé son
«Prenez l'enfant, ne craignez rien; prenez donc enfant des bras de l'infortunée, que l'on vit ses
vite et le portez sur Reine. » Je regardais, j'é- bras se tordre et s'agiter de désespoir, comme
coutais et je ne comprenais point. s'ils eussent ressenti les flammes de l'enfer.
» Enfin, la jeune femme, surmontant sa frayeur, Bientôt la rage du démon, si merveilleusement
entre précipitamment, va droit au lit et pose son enchaînée, si longtemps comprimée, éclatait en
enfant sur le corps enragé. 0 prodige inouï et affreux rugissements. Un spectre échevelé se
incompréhensible, marque éclatante de la puis- dressait devant nos yeux. Il fallut fuir. En un
sance du ciel sur celle de l'enfer! 0 spectacle instant la chambre fut déserte. Je sortis le der-
admirable et que je n'oublierai de ma vie! ô nier; mais je restai cloué derrière cette porte,
science attendrissante et digne des anges, qui écoulant, dans une muette terreur, ces cris
REI 573 — REI
sinistres, ces plaintes lamentables, ces voix ago- à l'évidence? Pouvons-nous mettre en. doute un
nisantes mêlées à des accents de rage, à de fait public qui se renouvelle depuis trente ans et
sourds gémissements, tels qu'on en peut entendre sans interruption à la face de tout un pays? Ce
dans une lutte acharnée entre un bourreau et sa faitrésulfe-t-il d'un préjugé de notre part, d'une
victime. J'attendais avec, anxiété la fin de ce erreur populaire ou du charlatanisme d'une co-
pénible drame, qui ne. devait se dénouer que médienne? Unefemme peut jouer la comédie et
dans les ombres de la nuit et quand la vie serait faire des dupes; elle peut en imposer quelques
éteinte ou les forces de la martyre épuisées. Je jours et même quelques années ; mais elle ne
ne pouvais m'arracher de ces lieux étranges, où saurait continuer toute sa vie ce jeu terrible dont
m'enchaînait le charme du prodige dont je venais la conséquence est la mort. Voyez l'état de la
d'être témoin. Ce n'était point un rêve, une vaine pauvre Reine; elle ne marche plus, elle se
illusion. Ce fait, je n'en pouvais douter; je l'avais traîne-, son corps est disloqué ; c'est un spectre
vu de mes yeux et touché de mes mains. Je ren- ambulant qui n'a que le souffle de la vie, et,
dais grâces à Dieu. en effet, après les crises affreuses dont vous
» Oui, m'écriais-je dans le transport de mon avez été témoin et qui se renouvellent si sou-
admiration , la religion a ses lois éternelles qu'il vent, son existence tient du prodige. Mais ce
n'est pas permis de mettre en doute! Oui, il y a qui fait l'objet de notre admiration, c'est le
des jours saints, consacrés pour elle, que le moyen si extraordinaire et si simple que. le; Ciel,
génie du mal s'efforce de profaner ! Oui, le dé- dans sa miséricorde, vient de nous révéler pour
mon existe, l'enfer existe! Mais au-dessus de calmer les tourments de la pauvre Reine ; c'est
l'enfer est.le ciel ! Au-dessus de l'ange des ténè- celui que vous avez vu et dont nous nous ser-
bres, l'ange de lumière et de l'innocence dont vons maintenant pour lui administrer la com-
j'ai vu le triomphe! Dieu tout-puissant! donnez- munion. Dès qu'elle est préparée à cette action,
moi, comme à vos apôtres, l'esprit divin de la elle se couche; on lui apporte un jeune enfant,
parole, et je publierai vos merveilles, vos misé- on le pose sur son coeur, et elle reçoit avec bon-
ricordes infinies. Labia mea apcries cl os meum heur le pain des forts. Reine, avec l'enfant, est
annuntiabit laudem luam ! invincible. Assis sur sa poitrine comme sur un
» El impii ad te, convcrte7ilur, ajoute M. le trône inébranlable, le petit ange défie l'enfer. En
curé en me frappant doucement sur l'épaule, car vain Satan relève la tête, il terrasse le monstre,
il élait là depuis une heure, ce digne et bon il le tient écrasé sous ses pieds. Super aspidem
pasteur. « Eh bien, mon cher monsieur, me dit-il et basiliscum ambulabis et conculcabis leoncm et
en me serrant la main , vous voilà donc converti draconem! Vous voyez donc que le ;bon Dieu
aux contes de bonne femme. Ces bons habitants fait encore, quand il lui plaît, des choses extra-
de Riel-les-Eaux, les trouvez-vous toujours bien ordinaires, el vous pouvez en rendre témoi-
simples de croire à la possédée? — Monsieur le gnage. •— Si je le puis, monsieur le curé! mais
curé, je suis anéanti. Mais il y a donc encore c'est un devoir sacré pour moi. Je monterai sur
des possédés ? — Eh ! qu'y voyez-vous d'impos- les toits pour publier ce que j'ai vu et pour ren-
sible? qu'y a-t-il d'impossible à Dieu ? S'il permet dre hommage à la vérité. — Ne montez pas si
au démon d'éprouver les âmes, ne peut-il lui haut ; contentez-vous de glorifier Dieu en racon-
permettre d'éprouver nos corps? Ce qu'il a voulu tant tout simplement elsans emphase le fait dont
jadis, ne peut-il le vouloir aujourd'hui? Ne lisez- vous avez été témoin. La., vérité parle d'elle-
vous pas dans l'Évangile que Noire-Seigneur a même et n'a' pas .besoin de recommandation.
chassé les démons qui tourmentaient les possé- Faites mieux, adressez-moi vos incrédules; qu'ils
dés? Dieu voulut qu'au temps de Jésus-Christ il viennent comme vous s'assurer du fait par eux-
y en eût un plus grand nombre, sans doute pour mêmes. Je sers un Dieu de charité; envoyez-moi
lui fournir plus d'occasions de signaler sa puis- tous vos amis : ils sont déjà les miens; mes bras
sance et nous donner plus de preuves de sa mis- leur sont ouverts, je les accueillerai avec joie.
sion et de sa divinité. Qui me dira que Dieu n'a Mon presbytère ne sera jamais trop étroit poul-
pas eu ses desseins en permettant, dans notre ies recevoir, ni mon coeur pour les bénir! »
humble village, le phénomène étrange que nous » Lecteurs, entendez cette voix, si vous dou-
avons en ce moment devant les yeux? Saint Jé- tez encore. Hâtez-vous d'aller voir cette terre où
rôme et saint Hilaire assurent que l'on voyait de vous attendent, non les jouissances d'une frivole
leur temps des personnes extraordinairement curiosité, mais un grand enseignement, de vives
tourmentées par les démons sur les tombeaux et salulaires émotions, l'occasion si heureuse
des sainls martyrs. De nos jours, Reine Guelet d'affermir votre foi et de glorifier Dieu.
ne peut entrer dans une église ni passer un seul » ROZEDESOUDONS. »
jour de dimanche ou de fête sans être elle-même
extraordinairement tourmentée. Nous croyons Riel-les-Eaux, le 11 juin 4853.
ce que nous voyons; comment faire autrement? Le journal chrétien qui contenait ce récit
Peut-on fermer ses yeux à la lumière et résister ajoutait : « Conformément aux désirs et aux re-
REI — 57/4 — REM
cômmandations de M. Roze des Ordons, nous charges grotesques dont le type est Noé; ses
avons pris des renseignements. Nous rapportons, trois fils sont les trois grands dieux Jupiter, Nep-
pour dégager notre responsabilité, la lettre sui- tune et Pluton. Ce n'est pas ici le lieu de le dé-
vante : montrer; la,thèse a été savamment établie.
» J'apprends que M. Roze. des Ordons vous a Le diable s'est un peu mêlé de la chose; et
transmis la relation d'un fait extraordinaire, dont comme des lunes, des semaines et des jours on
lui, un notaire et.moi avons été témoins, lequel a fait des années et des siècles, pour donner à
lait se répète depuis environ trente-cinq ans dans ces mylhologies quelque antiquité granitique, on
la personne de .Reine Guétet, ma paroissienne. les a fortifiées dans leur essence, qui est l'erreur,
Tous les faits donnés par M.'Roze sont exacts. La religion de Bouddha, par exemple, est une
M. Roze est fabricien.de la cathédrale de Sens, singerie très-singulière du christianisme. Seule-
honnête père d'une nombreuse famille, et sur- ment née au deuxième ou au troisième siècle, les
tout homme de foi, catholique pratiquant. Ce savants doublent son âge et la font remonter au
témoignage d'un prêtre qui le connaît depuis dix voisinage du déluge ; assertion aussi fondée que
ans me semble..suffisant pour mettre votre res- les généalogies merveilleuses de nos, vieux chro-
ponsabilité à couvert* : :..-. niqueurs, qui posent à la tête des Francs quatre-
» Agréez,, etc.; BEIVGER.OT, vingts rois successifs avant Pharamond.
curéde Riel-les-Èaux.» Rémi (Nicolas), magistrat qui s'occupa- beau-
Reines,du sabbat. On voit dans la plupart coup des sorciers de la Lorraine au commencement
des relations qui. nous remettent sous les .yeux du seizième siècle. Son livre De la démonolâlrie
ces monstrueuses assemblées que la plus jeune contient un grand nombre de faits et de détails
et la plus belle des sorcières présentes était invi-. singuliers.. .-. . ., , :
.tée par le démon président à s'asseoir auprès de Remmon. Voy, RIMMON., '
lui comme reine du sabbat.. . Remords. Voici sur ce sujet, qui a produit
Religion. Toutes les erreurs sont filles de la .bien des spectres, une ballade, populaire alle-
vérité, mais des filles perdues, qui ne savent mande , dont nous regrettons de ne pouvoir nom-
plus reconnaître leur mère. Toutes les fausses mer le traducteur:
religions ainsi n'ont d'autre source que la vraie <( La duchesse d'Orlamunde a deux enfants
religion. Brahma est Abraham prodigieusement de son premier mari, qui l'a laissée veuve. Elle
travesti. Bacchus, Janus, Saturne, sont des s'éprend du comte de Nuremberg; ce dernier lui-
dit qu'il ne peut l'épouser : il y a dans sa maison détache de son voile de veuve les épingles que
quatre yeux qui l'en empêchent; ces yeux fu- l'assassin doit enfoncer dans la cervelle des en-
nestes sont ceux des enfants de la veuve. Poussée fants, lorsqu'ils seront à jouer. Ainsi armé, il
au crime par sa passion, elle charge un de ses s'avance vers eux; il les trouve, jouant dans la.
gens, nommé dans le conte le chasseur farouche, grande salle du château, Aujourd'hui même on a
de tuer les pauvres petits. Lit mauvaise mère conservé le souvenir des rimes puériles que pvo-
REM o/o RES
noncent les enfants cle la duchesse au milieu de animaux : qui font beaucoup de ravages en ce
leurs jeux ; elles sont encore répétées par les pe- pays.; Voy. LUNEel MA.
tits garçons dans la haute Lusace. La scène de
l'assassinat des enfants est aussi touchante que
celleoù Shakspeare montre le jeune Arthur priant
Hubertde ne pas crever ses petits yeux.
» Le garçon promet au meurtrier son duché
s'il veut lui laisser la vie. La petite fille lui offre
toutes ses poupées, et enfin son oiseau favori. Il
refuse. L'oiseau, devenu le persécuteur du meur-
trier, le suit partout, en lui répétant le nom de
l'enfant qu'il a égorgée. « Mon Dieu! mon Dieu!
s'écrie-t-il, où fuirai-jecét oiseau-qui me pour-
suit de tous" côtés? Il ne cesse de me redire le
nom de cette ~ enfant ! 0 mon Dieu ! où aller
mourir? » .
» Dans son désespoir, il se brise le crâne, et
lesdeux enfants tués, dit la ballade, restent dans
leurs cercueils de marbre, sans que la corrup-
tion défigure leurs petits'corps innocents, dont Réparé, homme qui, avec un soldat nommé
lapureté défie la'mort. » Etienne, eut une vision du purgatoire, de l'enfer
L'auteur de la ballade allemande n'a pas achevé et du paradis, Vers le douzième siècle.
lerécit. Le duc égoïste et la duchesse dénaturée Repas du mort, cérémonie funéraire en usage
.voyaientpartout devant eux leurs deux petites vic- chez les anciens Hébreux et chez d'autres peu-
times*Ils se noyèrent tous deux dans l'Orla, après ples. Dans l'origine, c'était simplement la cou-
quelquesannées d'une vie misérable, croyant évi- tume de faire un repas sur le tombeau de celui
ter les deux spectres..... qu'on venait d'inhumer. Plus tard on y laissa des
Rémore, poisson sur lequel on a fait bien des vivres, dans l'opinion que les morts venaienlles
coules. « Les rémores, dit Cyrano de Bergerac, manger.
qui était un plaisant, habitent vers l'extrémité -
Repas du sabbat. D'après les relations des
du pôle, au plus profond de la mer Glaciale; el doctes, les festins du sabbat s'ouvrent par cette
c'est la froideur évaporée de ces poissons, à tra- formule : « Au nom de Belzébuth, notre grand
vers leurs écailles, qui fait geler en ces quar- maître, souverain commandeur et-seigneur, nos
tiers-làl'eau de la mer, quoique salée. La rémore viandes, boire et manger, soient garnis el munis
contient si éminemment tous les principes de la pour nos réfections, plaisirs et voluptés. » Sur
froidure, que, passant par-dessous un vaisseau, quoi tous crient en choeur : Ainsi soit-il. Après
le vaisseau se trouve saisi de froid, en sorte qu'il le repas, on dit: « De notre réfection salutaire,'
en demeure tout engourdi jusqu'à ne pouvoir dé- prise et rendue, notre commandeur, seigneur el
marrer de sa place. La rémore répand autour maître Belzébuth soit loué, gracié et remercié,
d'elle tous les frissons de l'hiver. Sa sueur forme à son exaltation et commun bien. Ainsi soit-il 1. »
mi verglas glissant. C'est un préservatif contre Voy. PSELLUS.
la brûlure.... » Rien n'est plus singulier, dit le Résurrection. LesParsis ou Guèbres pensent
P. Lebrun, que ce qu'on raconte de la rémore. que les gens de bien, après avoir joui des délices
Aristote, jElien, Pline, assurent qu'elle arrête de l'autre monde pendant un certain nombre de
tout court un vaisseau voguant à pleines voiles. siècles, rentreront dans leurs corps et revien-
Maisce fait est absurde et n'a jamais eu lieu ; dront habiter la même terre où ils avaient fait
cependant plusieurs auteurs l'ont soutenu, et ont leur séjour pendant leur première vie ; mais cette
donné pour cause de celle merveille une qua- terre, purifiée et embellie, sera pour eux un nou-
lité occulte. Ce poisson, qu'on nomme à présent veau paradis. Les habitants du royaume d'Ardra,
succet,est grand de deux ou trois pieds. Sa peau sur la côte occidentale d'Afrique, s'imaginent que
est gluante et visqueuse* Il s'attache et se colle ceux qui sont tués à la guerre sortent de leurs,
aux requins,. aux chiens de mer ; il s'attache tombeaux au bout de quelques jours et repren-
aussiaux corps inanimés ; de sorte que, s'il s'en nent une vie nouvelle. Celle opinion est une in-
trouve un grand nombre collés à un navire, ils vention de la politique pour animer le courage
peuvent bien l'empêcher de couler légèrement des soldats. Lesamanlas, docteurs et philosophes
sur les eaux, mais non l'arrêter. du pays, croyaient la résurrection universelle,
Rêmures. Voy. LÉMURES .et MANES. sans pourtant que leur esprit s'élevât plus haut
Renards. Les sinloïstes, secte du Japon, ne que cette vie animale pour laquelle ils disaient
reconnaissent d'autres diables que les âmes des
méchants qu'ils logent dans le corps des renards, 1 Gorres, Mystique, liv, VIII, ch, xxi,
RET — 576 — RET
que nous devions ressusciter, et sans attendre ni « Gomme j'étais à l'une des portières avec made-
gloire ni supplice. Ils avaient un soin extraordi- moiselle de Vendôme, dit le cardinal dans ses
naire de mettre en lieu de sûreté les rognures de Mémoires, je demandai au cocher pourquoi il
leurs ongles et de leurs cheveux, et de les cacher s'arrêtait? Il me répondit, avec une voix trem-
dans les fentes ou dans les trous de muraille. Si, blante : — Voulez-vous que je passe par-dessus
par hasard, ces cheveux et ces ongles venaient à tous les diables qui sont là devant moi? Je mis la
tomber à terre avec le temps, et qu'un Indien lête hors de la portière, et, comme j'ai toujours
s'en aperçût, il ne manquait pas de les relever eu la vue fort basse, je ne vis rien. Madame de
de suite et de les serrer de nouveau. — Savez- Choisy, qui était à l'autre portière avec M. de
vous bien, disaient-ils à ceux qui les question- Turenne, fut la première qui aperçut du carrosse
naient sur celte singularité,. que. nous devons re- la cause de la frayeur du cocher; je dis du car-
vivre dans ce monde, et que les âmes sortiront rosse , car cinq ou six laquais, qui étaient der-
des tombeaux avec tout ce qu'elles auront de rière, criaient : Jesùs, Maria! et tremblaient déjà
leurs corps? Pour empêcher donc que les nôtres de peur. M. de Turenne se jeta en bas aux cris
ne soient en peine de chercher leurs ongles et de madame de Choisy. Je crus que c'étaient des
leurs cheveux (car il y aura ce jour-là bien dé la voleurs : je sautai aussitôt hors dû carrosse; je
presse et du tumulte), nous les mettons ici en- pris l'épée d'un laquais et j'allai joindre M. de
semble , afin qu'on les trouve plus facilement. . Turenne, que je trouvai regardant fixement quel-
Gaguin, dans sa description de la Moscovie, que chose que je ne voyais point. Je lui demandai
dit que, dans le nord de la Russie, les peuples ce qu'irregardait, et il me répondit, en me pous-
meurent le 27 novembre, à cause du grand froid, sant du bras et assez bas : *—Je vous le dirai;
et ressuscitent le 24 avril : ce qui est, à l'instar mais il ne faut pas épouvanter ces dames, qui,
des marmottes, une manière commode de passer à la vérité,-hurlaient plutôt qu'elles ne criaient.
l'hiver. Voy: GABINIUS, PAMILIUSDEPIIÈRES,THES- Voilure commença un oremus; madame de Choisy
I'ËSIUS,VAMPIRES, etc. poussait des cris aigus; mademoiselle de Ven-
Retz ou Raiz (Gilles de Laval de), maréchal dôme disait son chapelet ; madame de Vendôme
de France qui fut convaincu de forfaits mons- voulait se confesser à M. de Lisieux, qui lui di-
trueux au quinzième siècle. Pour d'affreux dé- sait : — Ma fille, n'ayez point de peur, vous êtes
bordements il s'était vendu au diable, qu'il vou- en la main de Dieu. Le comte de Brion avait en-
lait servir en égorgeant des enfants et se souillant tonné bien tristement les litanies de la sainte
des plus odieuses infamies. Il était dirigé par un Vierge. Tout cela se passa, comme on peut se
escroc italien nommé Prélati, qui se disait magi- l'imaginer, eu même temps et en moins de rien.
cien et qui disparut après l'avoir volé. M. de Turenne, qui avait une petite épôe à son
Le diable ne répondit pas aux espérances du côté, l'avait-aussi tirée, et, après avoir un peu
maréchal de Retz; et il fut condamné à mort. regardé, comme je l'ai déjà dit, il se tourna vers
Gomme le président Pierre de l'Hôpital le pres- moi de l'air dont il eût donné une bataille, et me
sait de dire par quel motif il avait fait périr tant dit ces paroles : — Allons voir ces gens-là! —
d'innocents, et brûlé ensuite leurs corps; le ma- Quelles gens? lui reparlis-je; — et dans la vé-
réchal impatienté lui dit: — Hélas! monseigneur, rité, je croyais que tout le monde avait perdu le
vous vous tourmentez, et moi avec ; je vous en sens. Il me répondit : — Effectivement je crois
ai dit assez pour faire mourir dix mille hommes. que ce pourraient bien être des diables. Comme
Le lendemain, le maréchal en audience publique nous avions déjà fait cinq ou six pas du côté de
réitéra ses aveux. Il fut condamné à être brûlé la Savonnerie, et que nous étions par conséquent
vif, le 25 octobre îhkO- L'arrêt fut exécuté dans plus proches du spectacle, je commençai à entre-
le pré de la Madeleine, près de Nantes 1. voir quelque chose, et ce qui m'en parut fut une
Retz. Le cardinal de Retz, n'étant encore longue procession de fantômes noirs, qui me
qu'abbé, avait fait la partie de passer une soirée donna d'abord plus d'émotion qu'elle n'en avait
à Saint-Gloud, dans la maison de l'archevêque de donné à M. de Turenne, mais qui, par la réflexion
Paris, son oncle, avec madame et mademoiselle que je fis,que j'avais longtemps cherché des es-
de Vendôme, madame de Choisy, le vicomte de prits, et qu'apparemment j'en trouverais en ce
Turenne, l'évêque de Lisieux, et MM: Brion et lieu, me fit faire deux ou trois sauts vers la pro-
Voiture. On s'amusa tant, que la compagnie ne cession. Les pauvres auguslins- déchaussés, que
put s'en retourner que très-tard à Paris. La petite l'on appelle capucins noirs et qui étaient nos pré-
pointe du jour commençait à paraître (on était tendus diables, voyant venir à eux deux hommes
alors clans les plus grands jours d'été) quand on qui avaient l'épée à la main,-eurent encore plus
fut au bas de la descente des Bons-Hommes. Jus- peur. L'un d'eux, se détachant de la troupe, nous
tement au pied, le carrosse s'arrêta tout court. cria : — Messieurs, nous sommes de pauvres re-
1 M. Garinet, Histoire de la magie en France. ligieux, qui ne faisons de mal à personne, et qui
rivière
Voyez l'histoire du maréchal do Retz dans les Lé- venons nous rafraîchir un peu dans la
gendesinfernales. pour notre santé. Nous retournâmes au carrosse,
REV 577 REV.
"M.de Turenne et moi, avec des éclats de rire Un Italien, retournant à Rome après avoirfait
*
» (
enterrer son ami de voyage, s'arrêta le soir dans
que l'on peut s'imaginer.
Rêve. Au bon temps de la loterie royale, les une i hôtellerie où il coucha. Étant seul et bien
bonnes femmes croyaient que, quand on dor- (éveillé, il lui sembla que son ami mort, tout pâle
niait le petit doigt de la main gauche dans la < et décharné, lui apparaissait et s'approchait de
main droite, on était assuré de voir en rêve mie lui. 1 Il leva la tête pour le regarder et lui de-
multitude d'ambes, de ternes et de quaternes. manda l en tremblant qui il était. Le mort ne ré-
Unhomme rêvait qu'il mangeait la lune. Ce rêvé pond rien, se dépouille, se met au lit et se serre
le frappe ; il se lève encore à moitié endormi, il contre le vivant, comme pour se réchauffera
court à'sa fenêtre; regardant air ciel; il ne voit L'autre, ne sachant de quel côté se tourner,
— s'agite et repousse le défunt. Celui-ci, se-Voyant
plus que la moitié de cet astre.... ; il s'écrie :-
MonDieu ! vous avez bien fait de me réveiller ; ainsi rebuté, regardé de travers son ancien cotnv
car, avec l'appétit que j'avais, la pauvre lune, paguon, se lève du lit, se, rhabillé, chaussé ses
je l'aurais mangée tout entière* Voy. SONGES. souliers et sort de la chambre, sans plus appa-
Réveille--mâtin. Les Flamands appellent cette raître. Le vivant a rapporté qu'ayant touché dans -.
plante le lait du diable (Duivelsmellî)'. le lit un des pieds du mort, il l'avait trouvé plus
Révélations. Un citoyen. d'Alexandrie vit, sur froid que la glace. — Cette anecdocte peut n'être
le minuit, des statues d'airain se. remuer et crier qu'un conte. En voici une autre, qui "'
est plus
à haute voix que l'on massacrait à Gonstantinople claire : -
l'empereur Maurice et ses enfants ; ce qui se Un aubergiste d'Italie qui venait de perdre sa
trouva vrai. Mais la révélation ne fut publiée mère, étant monté le soir dans la chambre de la
qu'après que l'événement fut connu. L'arche^- défunte, en sortit hors d'haleine, en Criant à tous
vêque Angelo-Galto (Philippe de Confines l'at- ceux qui logeaient chez lui que sa mère était re-
teste) connut la mort de Charles le Téméraire, venue et couchée dans son lit; qu'il l'avait vue,x
qu'il annonça au roi Louis XI à Ta même heure mais qu'il n'avait pas eu le courage de lui parler.
qu'elle était arrivée.— Les prodiges faux soiit Un ecclésiastique qui se trouvait là voulut y mon-
toujours des singeries de vrais miracles. Pareille- ter ; toute-la maison se mit de la partie. Oh entra
ment une. foule de révélations supposées ont dans la chambre ; on tira les rideaux du lit, et
trouvé le moyen de se faire admettre, parce on aperçut la figure d'une vieille femme, noire
qu'il y a eu des révélations vraies. et ridée, coiffée d'un bonnet de nuit et qui faisait
Nous né parlons pas ici dé la Révélation qui des grimaces ridicules. On demanda au maître
est un des fondements de notre foi, et sans la- de la maison si c'était bien là sa mère? — Oui,
quelle rien ne peut s'expliquer dans l'homme. s'écria-t-il, oui, c'est elle; ah!"ma pauvre mère!
Revenants. On débite, comme une chose as- Les valets la reconnurent de même. Alors le
surée, qu'un revenant se trouve toujours froid ;prêtre lui jeta de l'eau bénite sur le visage. L'es-
quand on le touche. Cardan et Aiessandro-Ales- prit, se sentant, mouillé, sauta à la figure de l'abbé.
sandri sont des témoins qui l'affirment. Cajelan Tout le monde prit la fuite en poussant des cris.
en donne la raison, qu'il a apprise de la bouche Mais la coiffure tomba et on reconnut que la
d'un esprit, lequel, interrogé à ce sujet par une vieille femme n'était qu'un singe. Cet animal
sorcière, lui répondit qu'il fallait que la chose avait vu sa maîtresse se coiffer, il l'avait imitée.
fût ainsi. La l'éponse est satisfaisante. Elle nous L'auteur de Paris, Versailles et les provinces au
apprend au moins que lé diable se sauve quel- dix-huitième siècle raconte une histoire de reve-
quefoispar le pont aux ânes. nant assez originale. M. Bodry, fils d'un riche
Dom Galmet a rapporté l'histoire d'un revenant négociant de Lyon, fut envoyé, à l'âge de vingt-
du Pérou qui se manifestait en esprit frappeur. deux ans, à Paris, avec des lettres de recomman-
Plusieurs autres en ont fait autant; et de nos dation de ses parents pour leur correspondant,
jours on en a de fréquents exemples. dont il n'était pas personnellement connu. Muni
Walter-Scott, dans Péveril du Pic, raconte d'une somme assez forte pour pouvoir vivre agréa-
qu'un brasseur de Ghesterfield, mort du spleen, blement quelque temps dans la capitale, il s'as-
dans un domaine voisin qui lui avait appartenu, socia pour Ce voyage un de ses amis, extrême-
revenait à la connaissance de tous et se pro- ment gai. Mais, en arrivant, M. Bodry fut attaqué"
menaitdans une allée solitaire, accompagné du d'une fièvre violente; son ami, qui resta près de
grosdogue qui, lorsqu'il était vivant , était soni lui la première journée, ne voulait pas le quitter,
favori. et se refusait d'autant plus aux instances qu'il lui
H y a des revenants, quoi qu'en disent ceux quii faisait pour l'engager à se dissiper, que, n'ayant
doutent de tout, des revenants réels. Mais les; fait ce voyage que par complaisance pour lui, il
revenants supposés, ou par la supercherie, oui n'avait aucune connaissance à Paris* M. Bodry
l»r un mal entendu, ou par le hasard, ou par lat l'engagea à se présenter sous son nom chez le
peur,sont mille fois plus nombreux que les reve-- correspondant de sa famille, et à lui remettre ses
nants véritables* - lettres de recommandation, sauf à éclaircir comme
37
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il le pourrait l'imbroglio qui résulterait de cette s'en revenant, il aperçoit un paysan qui chemi-
supposition , lorsqu'il se porterait mieux. nait à petits pas. Ce bonhomme portait une vesle
Une proposition aussi singulière ne pouvait que dont la poche était entrebâillée. Le pêcheur trouva
plaire au jeune homme ; elle fut acceptée : sous plaisant cle prendre une cle ses grenouilles et de
le nom de M. Bodry, il se rend chez le corres- la glisser dans la poche cle la vesle du paysan.
pondant, lui présente les lettres apportées de Ce dernier, nommé Joachim Jacquemin, rentre
Lyon , joue très-bien son rôle et se voit parfai- chez lui et se couche, après avoir mis sa veste
tement accueilli. Cependant, de-retour au logis, sur son lit. Au milieu de la nuit, il est réveillé
il trouve son ami .dans l'état le plus alarmant ; et, par un corps étranger qu'il sent sûr sa figure, et
nonobstant tous les. secours qu'il lui prodigue, il qui s'agilaiten poussant de petits cris inarticulés.
a le malheur cle le perdre dans la nuit. Malgré le C'était la grenouille qui avait quitté sa retraite,
trouble que lui occasionnait ce cruel événement,
il sentit qu'il n'était pas possible de le taire au
correspondant de la maison Bodry ; mais com-
ment avouer une mauvaise plaisanterie dans une
si triste circonstance ? N'ayant plus aucun moyen'
clé,la justifier, ne serait-ce pas s'exposer volon-
tairement aux soupçons les plus injurieux , sans
avoir, pour les écarter, que sa bonne foi, à la-
quelle on ne voudrait pas croire?*-.. Cependant
il.ne pouvait se dispenser cle rester pour rendre
les derniersdévoirs à son ami ; et il était impos-
sible de ne pas inviter le correspondant à celte
lugubre cérémonie. £es différentes réflexions, se et qui, cherchant sans doute une issue pour se
mêlant avec le sentiment de la douleur, le tinrent sauver, était arrivée jusque sur le visage du dor-
dans la plus grande perplexité ; mais une idée meur et s'était mise à coasser. Le paysan n'ose
originale vint tout à coup fixer son incertitude. remuer, et bientôt sa visiteuse nocturne dispa-
Pâle, défait par les fatigues, accablé de tris- raît. Mais le pauvre homme, dont l'esprit élail
tesse, i! se présente à dix heures du soir chez le d'une grande faiblesse, ne doute pas qu'il n'ait
correspondant, qu'il trouve au milieu de sa fa- eu affaire à un revenant. Sur ces entrefaites, un
mille , et qui," frappé de cette visite à une heure de ses amis, voulant lui jouer un to.ur, vient le
indue, ainsi que du.changement de sa ligure, lui prévenir qu'un de ses. oncles, qui habite Sens,
demande ce qu'il a, s'il lui est arrivé quelque est mort il y a peu de jours, et il l'engage à se
malheur... « Hélas! monsieur, le plus grand de rendre sur les lieux pour recueillir l'héritage.
tous, répond le jeune homme d'un ton solennel ; » Jacquemin fait faire des vêtements de deuil
je suis mort ce malin, et je viens vous prier pour lui et pour sa femme, et se'met en route
d'assister à mon enterrement qui sefera demain. » pour le chef-lieu du département de l'Yonne,
Profitant de la stupeur de la société, il s'échappe distant de son domicile de huit lieues. Il se pré-
sans que personne fasse un mouvement pour sente à la maison du défunt; la première per-
l'arrêter;-on veut lui répondre; il a disparu. On sonne qu'il aperçoit en entrant, c'est son oucle,
décide que le jeune homme est devenu fou, et le tranquillement assis dans un fauteuil, et qui té-
correspondant se charge d'aller le lendemain, avec moigne à son neveu la surprise qu'il éprouve de
son fils, lui porter les secours qu'exige sa situa- le voir. Jacquemin saisit le bras de sa femme et
tion. Arrivés en effet à son logement, ils sont se sauve, eu proie à une terreur qu'il ne peut
troublés d'abord par les préparatifs funéraires; dissimuler, et sans donner à son oncle étonné
ils demandent M. Bodry ; on leur répond qu'il est aucune explication. Cependant lagrenouille n'avait
mort la veille et qu'il va être enterré ce matin... pas abandonné la demeure du paysan : elle avait
A ces mots, frappés de la plus grande terreur, ils trouvé une retraite dans une fente de plancher,
ne doutèrent plus que ce ne fût l'âmè du défunt et là elle poussail fréquemment des coassements
qui leur avait apparu el. revinrent communiquer qui jetaient Jacquemin dans des angoisses épou-
leur effroi à toute la famille, qui n'a jamais voulu vantables, surlout.depuis qu'il avait vu son oncle.
revenir de cette idée. Il était convaincu que c'était l'ombre de ce pa-
On a pu lire ce qui suit clans plusieurs jour- rent qu'il avait aperçue, et que les cris qu'il en-
naux : « Une superstition incroyable a causé-ré- tendait éLaient poussés par lui, qui revenait
cemment un double suicide dans la commune de chaque nuit pour l'effrayer. Pour conjurer le ma-
Bussy-en-Olh, département de l'Aube. Voici les léfice, Jacquemin fit faire des conjurations, qui
circonstances de ce singulier et déplorable évé- restaient inefficaces ; car les coassements n'en
nement (18ftl) : un jeune homme des environs continuaient pas moins. Chaque nuit le malheu-
était allé à la pêche aux grenouilles et en avait reux se relevait, prenait sa couverture, qu'il met-
mis plusieurs toutes vivantes dans un sac. En lait sur sa tête en guise de capuce, el chantait
REV 57Ô REV
devant un bahut-qu'il avait transformé en autel. ne se troubla point, il proposa à,son futur beau-
Les coassements continuaient toujours !... Enfin, père de passer la nuit dans sa chambre, Hervias
n'y pouvant plus tenir, le pauvre Jacquemin fit y consentit. Le jeune cousin feignit donc de par-
part à quelques personnes de l'intention où il tir le soir pour la ville, et rentra dans la ferme
était de se donner la mort, et les pria naïvement après la chute du jour. 11 resta sur une chaise
de l'y aider; il acheta un collier en fer, se le mit auprès du lit d'Her'vias, et tous deux attendirent
au cou , et un de ses amis voulut bien serrer la patiemment le spectre. La fenêtre s'ouvrit vers
vis pour l'étrangler; mais il s'arrêta quarid.il minuit ; comme la veille, on vit paraître le fan-
crut que la douleur aurait fait renoncer Jacque- tôme dans le même accoutrement, il répéta le
min'à son projet. Le paysan choisit un autre même ordre. Hervias tremblait, le jeune cousin,
moyen et pria une autre personne de l'étouffer qui ne craignait pas les apparitions, se leva et
entre deux matelas; cette personne feignit d'y dit : « Voyons qui nous fait des menaces si pré-
consentir , et s'arrêta quand elle pensa que Jac- cises. » En même temps il sauta sur le spectre
quemin avait assez souffert et que ce serait pour qui voulait fuir ; il le saisit, et, sentant entre ses
lui une leçon; Mais l'esprit de Jacquemin était bras un corps solide, il s'écria : « Ce n'est pas
trop vivement impressionné, et un malheur était un esprit. » Il jeta-le fantôme parla fenêtre, qui
imminent. En effet, un jour, on fut,étonné de ne était élevée de douze pieds. On entendit un cri
pas l'apercevoir; on fit des recherches dans la plaintif. « Le revenant n'osant plus revenir, dit
maison, elon le trouva pendu dans son grenier. le jeune cousin , allons voir s'il se porte bien. »
Le lendemain, sa femme, au désespoir de la.perle Le fermier ranima son courage autant qu'il put,
de son mari, se jeta dans une mare où elle trouva el descendit avec son gendre futur. On trouva
aussi la mort. » ' ,v- . que le prétendu démon était le valet de la mai-
Et voilà les suites d'une de ces slupides plai- son... On n'eut pas besoin de lui donner des
santeries comme les jeunes étourdis en font tant ! soins; sa chute l'avait assommé, et il mourut au
On conte qu'il y avait dans un .village du Poi- bout de quelques heures : sort fâcheux dans tous
tou un fermier nommé Hervias. Le valet de cet les cas.
homme pensa qu'il lui serait avantageux d'épou- Dans le château d'Ardivilliers, près de Bre-
ser la fille de la maison, qui s'appelait Catherine teuil, en Picardie, au temps de la jeunesse de
et qui était riche. Gomme il ne possédait rien, Louis XV, un esprit faisait un bruit effroyable.
et que pour surcroît la main de la jeune fille était C'étaient toute la nuiLdes flammés qui faisaient
promise à un cousin qu'elle aimait, le valet ima- paraître le château en feu, c'étaient des hurle-
gina un stratagème. Un mois avant la noce, ments épouvantables. Mais cela n'arrivait qu'en
comme le fermier se trouvait une certaine nuit certain temps de l'année, vers la Toussaint. Per-
plongé clans son meilleur sommeil, il en fut tiré sonne n'osait y demeurer que le fermier, avec
en sursaut par un bruit étrange qui se fit auprès qui l'esprit était apprivoisé* Si quelque malheu-
de lui. Une main agita les rideaux de son lit; et reux passant y couchait une nuit, il était si bien
il vif au fond de sa chambre un fantôme couvert étrillé qu'il en portait longtemps les marques.
d'un drap noir sur une lougue robe blanche. Le Les paysans d'alentour voyaient mille fantômes
fantôme tenait une torche à demi éteinte à la qui ajoutaient à l'effroi. Tantôt quelqu'un avait
main droite et une fourche à la gauche. 1! traî- aperçu en l'air une douzaine d'esprits au-dessus
nait des chaînes; il avait une tête de cheval lu- du château; ils étaient tous de feu el dansaient
mineuse. Hervias poussa un gémissement, son un branle à la paysanne ; un autre avait trouvé
sang se glaça ; et il eut à peine la force de deman- dans une prairie je ne sais combien de prési-
der au fantôme ce qu'il voulait. dents et de conseillers en robe rouge, assis et ju-
« Tu mourras dans trois jours, répondit bru- geant à mort un gentilhomme du pays, qui avait
talement l'esprit, si tu songes encore au mariage eu la tête tranchée il y avait bien cent ans. Plu-
projeté entre ta fille el son jeune cousin ; tu dois sieurs autres avaient vu, ou tout au moins ouï
la marier, dans la maison, aveclepremier homme dire, des merveilles du château d'Ardivilliers.
que lu verras demain à ton lever. Garde-le si- Celte farce dura quatre ou cinq ans, et fit grand
lence; je viendrai la nuit prochaine savoir ta tort au maître du château, qui était obligé d'af-
réponse. » En achevant ces mots, le fantôme fermer sa terre à très-vil prix. 11résolut enfin de
disparut. faire cesser la lulinerie, persuadé par beaucoup
Hervias passa la nuit sans dormir. Au point du cle circonstances qu'il y avait de l'artifice en tout
jour, quelqu'un entra pour lui demander des cela. Il se rend à sa ferre vers la Toussaint, cou-
ordres; c'était le valet. Le fermier fut consterné che dans son château et fait demeurer dans sa
de la pensée qu'il fallait lui donner sa fille ; mais chambre deux gentilshommes de ses amis, bien
il ne témoigna rien, se leva, alla trouver Cathe- . résolus, au premier bruit ou à la première
appa-
rine et finit par lui raconter le tout. Catherine, rition, de tirer sur les esprits avec de bons pis-
désolée, ne sut que répondre. Son jeune cousin tolets. Les esprits, qui savent tout, surent appa-
vint ce jour-là; elle lui apprit la chose, mais il remment ces préparatifs; pas un ne parut, lisse
37.
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contentèrent de traîner des chaînes dans une ou du droit de le fréquenter, ne se défendaient
chambre du haut, au bruit desquelles la femme et pas contre les hommes, mais dévenaient fort
les enfants du fermier vinrent au secours de leur traitables à la menace d'une procédure légale,
seigneur, en se jetant à ses genoux pour l'empê- L'Eyrbiggia-Saga nous apprend que la maison
cher de monter dans cette chambre. d'un respectable propriétaire en Islande se trouva,
« 'Ah ! monseigneur, lui criaient-ils, qu'est-ce peu après que l'île fut habitée, exposée à une
que la force humaine contre des gens de l'autre infestation de cette nature. Vers le commence
monde? Tous ceux qui ont tenté avant vous la ment de l'hiver, il se manifesta, au sein d'une
même entreprise en sont revenus disloqués. » Ils famille nombreuse, une maladie contagieuse qui,
firent tant-d'histoires au maître du château , que emportant quelques individus de tout âge, sem-
ses amis ne voulurent pas qu'il s'exposât; mais bla menacer tous les autres d'une mort précoce.
ils: montèrent tous deux à cette grande et vaste Le trépas de ces malades eut le singulier résultai
chambre où se faisait le bruit, le pistolet dans de faire rôder leurs ombres autour de la maison,
une main, la chandelle.dans l'autre. Ils ne virent en terrifiant les Vivants qui en sortaient. Comme
d'abord qu'une- épaisse fumée, que "quelques le nombre des morts dans.cette famille surpassa
flammés redoublaient par intervalles. Un instant bientôt celui des vivants, les esprits résolurent
après;, elle s'éclaircit et l'esprit parut confusé- d'entrer dans la maison et de montrer leurs for-
ment au milieu .C'était un grand diable tout noir mes vaporeuses et leur affreuse physionomie '
qui faisait des gambades, et qu'un autre mélange jusque.dans la chambre où se faisait le feu pour
de flammes et de fumée déroba une seconde fois l'usage général des habitants, chambreqùi pen-
à la vue. Il avait des cornes, une longue queue. dant l'hiver, en Islande, est la seule où puisse se
Son:aspect épouvantable diminua un peu l'audace réunir une famille. Les survivants effrayés se re-
de l'un des deux champions. « Il y a là quelque tirèrent à l'autre extrémité de la maison et aban-
chose de surnaturel, dit-il à son compagnon; donnèrent la place aux fantômes* Des plaintes
retirons-nous. —Non, non, répondit l'autre ; ce furent portées au pontife du dieu Thor, qui
n'est que de la fumée de poudre à canon... et jouissait- d'une influence considérable dans l'île.
l'esprit ne sait son méfier .qu'à demi de n'avoir Par son conseil, le propriétaire de la maison
pas encore souillé nos chandelles. » Il avance à ces hantée assembla un jury composé deses voisins,
mots, poursuit le spectre, lui lâche un coup de constitué en forme, comme pour juger en ma-
pistolet, rie le manque pas; mais au lieu de tom- tière civile, et cita individuellement les divers
ber, le spectre se retourne et le fixe. Il- com- fantômes et ressemblances des membres morts
mence alorsà s'effrayer à son tour. Il se rassure de la famille, pour qu'ils eussent à prouver en
toutefois, persuadé que ce ne peut être un es- vertu de quel droit ils disputaient à lui et à ses
prit; et, voyant que le spectre évite de l'appro- serviteurs la paisible possession de sa propriété,
cher, il se résout à le saisir; pour voir s'il sera et quelle raison ils pouvaient avoir de venir ainsi
palpable ou s'il fondra entre ses mains. L'esprit, troubler et déranger les vivants. Lés mânes pa-
trop pressé, sort de la chambre et s'enfuit par rurent dans l'ordre où ils étaient appelés ; après
un petit escalier. Le gentilhomme descend après avoir murmuré quelques regrets d'abandonner
lui, ne le perd point de vue, traverse cours et leur toit, ils s'évanouirent aux yeux des jurés
jardins, et fait aulantde tours qu'en fait le spectre, étonnés.
tant qu'enfin lé fantôme, étant parvenu,à une Un jugement fut donc rendu alors par défaut
grange qu'il trouve ouverte, se jette dedans et contre les esprils; el l'épreuve par jury, dont
fond contre un mur au moment où le gentilhomme nous trouvons ici l'origine, obtint un triomphe
pensait l'arrêter. Celui-ci appelle du monde; et inconnu à quelques-uns de ces grands écrivains,
dans l'endroit où le spectre s'était évanoui, il qui en ont fait le sujet d'une eulogie.
découvre une trappe qui se fermait d'un verrou Le singulier fait que nous venons d'exposer
après qu'on y était passé. Il descend, trouve le est emprunté à la Démonologic de Walter Scott.
fantôme sur de bons matelas, qui l'empêchaient Dans la Guinée, on croit que les âmes des
de se blesser quand il s'y jetait la tête la pre- trépassés reviennent sur la terre, et qu'elles
mière. 11l'en fait sortir, et l'on reconnaît sous le prennent dans les maisons les choses dont elles
masque du diable le malin fermier, qui avoua ont besoin; cle sorte que, quand on a fait quel-
toutes ses souplesses et en fut quitte pour payer" que perte, on en accuse les revenants; opinion
à son maître les redevances de cinq années sur très-favorablè aux voleurs. Voy, APPARITIONS,
le pied de ce que la terre était affermée avant FANTÔMES, SPECTRES, ATHÉNACORE, etc.
les apparitions. Le caractère qui le rendait à Rhapsodomancie, divination qui se faisait
i'épreuve du pistolet était une peau de bu (lie en ouvrant au hasard les ouvrages d'un poêle,
ajustée à tout son corps... et prenant l'endroit sur lequel on tombait pour
Mais retournons aux revenants sérieux. Les une prédiction de ce qu'on voulait savoir. C'était
peuples du Nord reconnaissaient une espèce de ordinairement Homère el Virgile que l'on choi-
revenants qui, lorsqu'ils s'emparaient d'un édifice sissait* D'autres fois on écrivait des sentences ou
RHO 581 — RIB
des vers détachés du poêle ; on les remuait dans cas qu'on entend dans le glacier de la Fourche
une urne ; la sentence ou le vers qu'on en tirait qui produit le Rhin est l'effet des cris et des
déclarait le sort. On jetait encore des dés sur gémissements des âmes qui ont mal vécu sur
une planche où des vers étaient écrits, et ceux
sur lesquelles s'arrêtaient les dés passaient pour
contenir la prédiction. Chez les modernes, on
IlicliardCoeur<loliuu.,
Sabaoth, Les archontiques, secte du deuxième lieu, qui sert à ce rassemblement reçoil une telle
siècle, faisaient de. Sabaoth un ange douteux qui malédiction qu'il n'y peut croître ni herbe ni
était pour quelque chose .dans les affaires de ce autre chose. Strozzi dit avoir vu autour d'un
monde,,-Les. mêmes disaient que.la-femme,était châtaignier, dans un champ du territoire de Vi-
l'ouvrage de Satan, galanterie digne des héré- cence, un cercle dont la terré était aussi aride
, tiques.., -......' que les sables de la Libye, parce que les sorciers
Sabasius, chef du sabbat, selon certains dé- y dansaient, et y faisaient le sabbat. Les nuits
monographes. C'était autrefois l'un des surnoms ordinaires de la convocation du sabbat sont celles
deBacehus, grand maître des sorciers dans l'an- du mercredi au jeudi et du vendredi au samedi.
tiquité.ipaïenne. C'est un gnome chez les caba- Quelquefois le sabbat se fait en plein midi, mais
lisles. : ;; c'est fort rare. Les sorciers et.les sorcières por-
Sabathan, démon invoqué dans leslitanies du tent une marque qui leur est imprimée par le
sabbat. diable; cette marque, par un certain mouvement
Sabba, devineresse mise au nombre des si- intérieur qu'elle leur cause, les avertit de l'heure
bylles. On croit que c'était celle de Guines. du ralliement. En cas d'urgence, le diable fait
Sabbat. C'est l'assemblée des démons, des paraître un mouton dans une nuée (lequel mou-
sorciers et des sorcières daus leurs, orgies noc- ton n'ésl-vu que des sorciers).,. pour rassembler
turnes. Nous devons donner ici les relations des son monde en un instant.
démonomanes sur ce sujet. On s'occupe au sab- Dans les circonstances ordinaires, lorsque
bat, disent-ils, à faire ou à méditer le mal, à l'heure du départ est arrivée, après que les sor-
donner des craintes et des frayeurs, à préparer ciers ont dormi, ou du moins fermé un oeil, ce
les maléfices, à accomplir des mystères abomi- qui est d'obligation, ils se rendent au sabbat
nables.. Le sabbat se fait dans un carrefour ou montés sur des bâtons ou sur des manches à
dans quelque lieu désert el sauvage, auprès d'un balai oints de graisse d'enfant; ou bien des dia-
bles subalternes les transportent sous des formes
de boucs , de'chevaux, d'ânes ou d'autres ani-
maux. Ce voyage se fait toujours en l'air. Quand
» En des temps plus anciens-, nous citerons le dans une inondation du Tibre, el qu'il représente
serpent de l'île de Rhodes, dont triompha au grand comme une forte poulre : in modum trahis
quatorzième siècle le chevalier Gozon, qui, par validai. Le mot draco, dont se serf là notre vieil
suite de cet exploit, trop légèrement traité de historien, esl le terme de la bonne latinité, où
fable, devint grand maître de l'ordre de Sainl- il signifie seulement un grand serpent. Dans l'an-
Jeande Jérusalem; au seizième siècle, celui que tiquité proprement dite, Suétone nous apprend
Grégoire de Tours rapporte avoir été vu à Rome qu'Auguste publia aux comices, c'est-à-dire an-
SER — 608 SER
fionçâ officiellement, la découverte faite en Étrurieserpent mort de cent vingt pieds de long et d'une
d'un serpent long de soixante-quinze pieds. Dion circonférence telle que deux cavaliers séparés
Cassius dit que, sous le même prince, on vit dans par son corps ne se voyaientpas.
la même contrée un serpent de quatre-vingt- « Alléguerons-nous que le même Strabon rap-
cinq pieds de long, qui causa de grands ravages porte, d'après Onésicrite, que, dans une contrée
et fut frappé de la foudre. Le plus célèbre de de l'Inde appelée Aposisarës, on avait nourri deux
tous ceux dont ont parlé les auteurs anciens est serpents, l'un de Cent vingt pieds, l'autre cledeux
celui qu'eut à combattre l'armée romaine près dé cent dix, et qu'on désirait beaucoup les faire voir
Cartilage, sur les bords du lac Bagrada, .pendant à Alexandre? Si nous ajoutions le serpent que
le second consulat dé Régulus, l'an de Borné Z|98, Maxime de Tyr prétend avoir été montré par
qui. répond à l'année 256 avant Jésus-Christ. Ce Taxilé âû même conquérant, et qui avait cinq
cents pieds de long, nous arriverions dans les
traditions de l'Orient,'": presque au même degré
d'extension; où nous avons vu lés traditions Scan-
dinaves, qui donnent six cents" pieds à leur ser-
pent de hier. Mais on peut juger par ces rappro-
chements que l'existence de cet animal; bien
qu'entourée souvent de'traits suspects, est loin
d'être nouvelle; qu'elle a été observée de bien
des manières et depuis bien longtemps. Ce n'est
pas, comme on' le disait, un danger de plus pour
les;navigateurs ; car ce'terrible monstre est déjà
indiqué dans la Bible sous' le nom' de Léviathan,
que l'Écriture applique à diverses bêtes énormes,
ainsi que le remarque Bochart. Le prophète Isaïc
l'applique ainsi : Léviathan, ce serpent immense;
Léviathan, serpent à divers plis et replis*.
» Dans ce siècle, la présence du serpent de
mer a été signalée en 1808, en 1815, en 1817 et
en 1837. Il n'est pas présumable qu'on le ren-
contre plus fréquemment à l'avenir que parle
passé ; du moins l'attention publique, appelée sili-
ce phénomène par les organes de la presse, por-
tera à la publicité des faits du même genre qui
pourraient survenir encore, et qui sans cela au-
raient passé Inaperçus. L'auteur anglais qui le
premier a publié ceux qu'il avait recueillis, et à
serpent avait cent vingt; pieds de long et causait qui nous devons toutes nos citations des témoi-
de grands ravagesdansj'arméeromaine. Régulus gnages modernes,, fait aussiconnaître le moyen
fut obligé de diriger contre lui les balistes et les que les pêcheurs norvégiens emploient pour se
catapultes, jusqu'à ce qu'une pierre énorme lan- garantir du serpent de mer. Lorsqu'ils l'aperçoi-
cée par une de ces machines l'écrasa; Le consul, vent tout près d'eux, ils évitent surtout les vides
pour prouver au peuple '.romain, la nécessité où que laisse sur l'eau l'alternative de ses plis et
il se trouvait d'employer son armée àcelle expé- replis* Si Je soleil brille, ils rament dans la direc-
dition extraordinaire, envoya à Rome la peau du tion de cet astre qui'éblouit le serpent. Mais lors-
monstre, et on la suspendit dans un temple où qu'ils l'aperçoivent à distance, ils font toujours
elle resta jusqu'à la guerre de NumanCe. Mais la force de rames pour l'éviter. S'ils ne peuvent es-
dissolution du corps causa une telle infection, pérer d'y parvenir, ils sedirigent droit sur sa tête,
qu'elle força l'armée à déloger. Il n'y a peut-être après avoir arrosé le pont d'essence de musc. On
pas dans l'histoire de fait mieux attesté, plus a observé l'antipathie de cet animal pour ce par-
circonstancié et raconté par un plus grand nombre fum violent; aussiies pêcheurs norvégiens en sont
'
d'auteurs. toujours pourvus quand ils se mettent en mer
» Philostorge parle de peaux de serpents de pendant les mois calmes et chauds de l'été. Dans
soixante-huit pieds de long, qu'il avait vues à la rencontre faite en 1837, les personnes qui
Rome. .Diodore rapporte qu'un serpent de qua- élaient à bord du Havre ont aperçu seulement les
et
rante-cinq pieds de long fut pris dans le Nil et ondulations du corps de l'immense reptile,
envoyé vivant à Ptolémée-Philadelphe à Alexan- ont évalué approximativement sa longueur à plu-
drie. Stràbbn, qui, d'après Agatharchides, parle sieurs fois celle du navire. »
d'autres serpents de la même grandeur, cite ail-
leurs Posiclonius, qui vit dans la Coelésyrie un ' Isaïe, ch. xxvi, verset 1, traducl. de Sacy.
SER 609 SIB
Sérug, esprit malin. Voy. CIIASSEN. Sévère (Seplime). Des historiens rapportent
Servants, lutins familiers dans les Alpes., Ils qu'à la sortie d'Antioche l'ombre de l'empereur
bêchent et entretiennent le jardin si on a pour Sévère apparut à Caracalla, et lui dit pendant son
eux des égards, ils le bouleversent si on les irrite. sommeil : « Je te tuerai comme tu as tué ton
On les apaise en leur jetant de la main gauche frère. »
une cuillerée de lait sous la'table. Sexe. On prétend aussi reconnaître d'avance,
à certains symptômes, le sexe d'un enfant qui
n'est pas né. Si la mère est gaie dans sa gros-
sesse, elle aura un garçon ; si elle est pesante du.
côté droit,elle aura un garçon. Si elle se sent
lourde du.côté gauche, elle aura une fille. Si elle
est pâle et pensive, elle aura une fille. Albert le
Grand donne à entendre qu'il: naît des garçons
clans un ménage où .l'on mange du lièvre, et des
filles dans-une maison où l'on fait cas de la fres-
sure de porc. Voici autre chose : Eiris possède
Servius-Tullius. Leloyer et d'autres préten- deux'sources, la Bubenciuelle et la Maegdenquejle,
dent que le roi.de Rome Servius' était filsd'un qui, selon les gens du pays, dut une vertu mer-
démon* Les cabalistes soutiennent de leur côté veilleuse : en buvant de la première, on;est sûr
qu'il fut fils d'un salamandre, d'avoir des garçons, et en buvant de l'autre,
Sethiéns ou Sethites, hérétiquesdu deuxième d'avoir des filles. Croyez cela et buvez du
siècle qui honoraient' particulièrement le patriar- johannisberg ou du Champagne *.
che Seth*.fils d'Adàin. Ils disaient que deux anges Shamavedam, l'un des quatre livres sacrés
avaient créé Gaïh et Abel etdébit'aient beaucoup des Indiens. C'est celui qui contient la science
d'autres rêveries. Selon ces hérétiques, Jésus- des augures et des divinations.
Christ n'était autre que Seth, venu au inonde Sheïo. Voy. SOUTHCOTE.- ..
une seconde fois. llsT'orgèrent des livres sous le ShoupeltinsiT*ès habitants des îles Schetland
nom de Seth et des autres patriarches. appelaient ainsi des. tritons ou hommes marins,
Séthus. Il y avait à la suite de l'empereur dont les anciennes, traditions et la superstition
Manuel un magicien , nommé Séthus, qui rendit populaire ont peuplé les mers du Nord.
une;fille éprise de lui par le moyen d'une.pêche Sibylles. Les sibylles étaient: chez les anciens
qu'il-Jui donna-, à ce que conte Nicétas. des femmes enthousiastes qui ont laissé une
grande renommée, et les paroles de plusieurs qu'ils méritent assurément. Leurs prophéties
ont eu un cachet respectable. Ou il faut admettre étaient en langage poétique. Malheureusement
ffue quelques-unes ont été inspirées, ou il faut
refuser à plusieurs des saints Pères un crédit 1 Jacquemin, Fragments à"un voyage en Allemagne.
39
SIB — 610 — SIB
les originaux sont presque tous perdus, et les où l'on allait les consulter. Petit, dans son traité
morceaux qui nous en restent passent pour sup- De sibylla, prétend qu'il n'y a jamais eu qu'une
posés en grande partie. Enée, dans Virgile, sibylle, celle de Gumes, dont on a partagé les
s'adresse à une sibylle pour obtenir le rameau actions et les voyages. Ce qui a donné lieu, selon
d'or qui doit le protéger aux enfers. Les sibylles lui, à cette multiplicité, c'est que cette fille mys-
sont au nombre de dix selon Yarron ; d'autres en térieuse a prophétisé en divers,pays, mais c'est
comptent jusqu'à douze : là une idée de savant à système.
1° La sibylle de Perse. Elle se nommait Sam- 8°La sibylle hellespontine. Elle naquit à Mar-
.bethe; on la dit bru de Noé dans des vers sibyl- pèse, dans la Troade; elle prophétisa du temps
lins apocryphes. de Solon et cle Crésus. On lui attribue aussi des
2" La sibylle libyenne. Elle voyagea à Samos, prophéties sur la naissance de Notre-Seigneur.
à Delphes, à Claros et dans plusieurs autres pays. 9° La sibylle phrygienne. Elle rendait ses ora-
On lui attribue des vers contre l'idolâtrie : elle cles à Ancyre, en-Galatie. Elle a prédit i'annon-
reproche aux hommes la sottise qu'ils font de ciation et la naissance du Sauveur.
placer leur espoir de salut dans un dieu de pierre 10° La sibylle tiburtine ou Albunée, qui fut
ou' d'airain, et d'adorer les ouvrages de leurs honorée à Tibur comme une femme divine. Elle
mains. prédit que Jésus-Christ naîtrait d'une vierge à
3° Là sibylle de Delphes. Elle était fille du Bethléem et régnerait sur le monde.
devin Tirésias. Après la seconde prisé de Thèbes, 1-1° La sibylle d'Épire. Elle a aussi prédit la
elle fut consacrée au temple de Delphes par les. naissance du Sauveur.
Épigones, descendants des guerriers qui avaient 12° La sibylle égyptienne a chanté également
pris Tbèbes la.première fois. Ce fut elle, selon les mystères de la Passion et la trahison de Judas,
Diodore, qui porta la première le nom de sibylle. Saint Jérôme pense que les sibylles avaient reçu
Elle a célébrédans ses vers la grandeur divine; du ciel lé don deliredâns l'avenir en récompense
et des savants prétendent qu'Homère à tiré parti de leur chasteté. Mais il paraît que les huit livres
de quelques-unes de ses pensées. ' .-'. . sibyllins que nous avons aujourd'hui sont en effet
4° La sibylle d'Erythrée.' Elle a prédit la guerre douteux. Bergier, dans son savant Dictionnaire
de Troie, dans, le temps où les Grecs s'embar- de théologie, les croit supposés et les attribue
quaient pour cette expédition. Elle a prévu aussi dans ce cas aux gnostiques du deuxième siècle.
qu'Homère chanterait : cette guerre, longue, et Sibylles modernes. Il y a eu succession, peu
cruelle. Si l'on en croit Eusèbeet saint Augustin, connue à la vérité, dans les sibylles. Pierre
elle connaissait les livres de Moïse ; elle a parlé Grespet, dans ses deux livres De la haine desdé-
en effet de l'attente de Jésus-Christ. On lui at- mons pour les hommes ,en cite quelques faits. La
tribue même des vers dont les premières lellres grotte de Nursie, au pays de Naples, s'appelle
expriment, par acrostiche, Jésus-Christ, fils de encore la grotte de la Sibylle, et une. sibylle y
Dieu. On l'a quelquefois représentée avec un (lorissait dans le moyen âge et dans les premiers
petit Jésus et deux anges à ses pieds. temps de la réforme. Dominique Mirabelli, dont
5° La sibylle cimmérienne a parlé de la sainte nous ignorons l'origine, arrêté pour magie,
Vierge plus-clairement encore que celle d'Ery- car il portait avec lui des livres de magie, con-
thrée, puisque, selon Suidas, elle la nomme par fessa, dans son interrogatoire, qu'il avait visité
son propre nom. la sibylle de Nursie, avec quelques compagnons!
6° La sibylle de Samos a prédit que les Juifs que Scot, l'un d'eux, avait reçu d'elle un livre
crucifieraient un juste qui serait le vrai Dieu. mystérieux,- avec un démon renfermé dans un
7° La sibylle de _Cumes, la plus célèbre de anneau; qu'il avait fait alors des choses prodi-
toutes, faisait sa résidence ordinaire à Gumes, en gieuses devant plusieurs princes; qu'à l'aide du
Italie On l'appelait Déiphobé; elle était fille cle livre et de l'anneau il pouvait se transporter où
Glaucus et prêtresse d'Apollon. Elle rendait ses il voulait, toutes les fois qu'il n'avait pas les vents
oracles au fond d'un antre qui avait cent portes, contraires. Il ajouta que l'autorité religieuse avait
d'où sortaient autant de voix qui faisaient en- établi des surveillants à la porte de la grotte;
tendre ses réponses. Ce fut elle qui offrit à Tar-
quin le Superbe un recueil de vers sibyllins, dont préposés pour consulter les livres des sibylles. Mais
on sait qu'il ne reçut que la quatrième partie': ces livres, où l'on croyait, contenues les destinéesdu
ces .vers furent soigneusement conservés dans peupleromain, ayant été brûlés, l'an deltome670,avec
les archives de l'empire, au Capitole. Cet édifice le Capitole où ils étaient gardés, on envoya de tous
côtés des ambassadeurs faire la recherche des oracles
ayant été brûlé du temps de Sylla, Auguste fit des sibylles, et les quindécomvirs en composèrent
ramasser tout ce qu'il put de fragments détachés d'autres livres qu'Auguste fitcacbor sous le piédestal
des vers sibyllins et les fit mettre dans des cof- de la statue d'ApollonPalatin. Ils avaient été d'abord
fres d'or au pied de la statue d'Apollon Palatin \ établis parTarquin au nombre de deux, puis furent
portés à dix, et enfin jusqu'à quinze par Sylla. On
les créait do la même manière que les pontifes. (Le
1 On appelait quindécomvirs les quinze magistrats Livre
unique, n° 15.)
SIB — 611 — SIC
mais que ceux qui étaient initiés à la magie y ces faits ont dû avoir lieu aux temps où les Fran-
entraient en se rendant invisibles. Il dépeignait çais avaient le pouvoir à Naples.
la sibylle : c Sa taille était petite ; elle était assise Enfin nous avons eu dans mademoiselle Le-
sur un siège peu élevé, et ses cheveux flottaient nonnand, dans mademoiselle Ledoux et dans
jusqu'à terre. » Pendant que le visiteur s'entrete- d'autres femmes, des sibylles contemporaines.
nait avec elle, les éclairs et le tonnerre désolaient Il y en a une que nous ne nommons pas, car elle
les environs de la grotte. Mirabelli, son ami Scot vit peut-être encore, en retraite sans doute; elle
et ses autres compagnons furent emmenés à Paris. faisait des horoscopes longuement écrits, et les
Nous ne savons pas ce qu'il advint d'eux. Mais débitait à bon marché en 1829.
pressions toutes nouvelles, que produisent les que par une étroite ouverture. Quand, après
affectionsnaturelles ou accidentelles des nerfs ou beaucoup d'efforts et à l'aide de quelques échelles,
la nature du tempérament. C'est aussi limpide on avait eu le bonheur de descendre par là sans
que ce qu'on a lu sur le somnambulisme. Les se rompre le cou, il fallait passer encore de la
songes naturels viennent des émotions de la jour- inêine manière dans une seconde caverne, très-
née et du tempérament. Les personnes d'un tem- petite el très-obscure. Là on se couchait à terre,
pérament sanguin songent les festins, les danses, et on n'oubliait pas de prendre dans ses, mains
les divertissements, les plaisirs, les jardins et une espèce de pâte faite avec de la farine, du
les fleurs. Les tempéraments bilieux songent les lait et du miel. On présentait les pieds à un-trou
disputes, les querelles, les combats, les incen- qui était-au milieu de la caverne : au même in-
dies, les couleurs jaunes, etc. Les mélancoliques stant , on se sentait rapidement emporté dans
songent l'obscurité, les ténèbres, la fumée, les l'antre; on s'y trouvait couché sur des peaux de
promenades nocturnes, les spectres et'les choses victimes récemment sacrifiées, enduites de cer-
tristes. Les tempéraments piluiteux ou flegmati- taines drogues dont les agents du dieu connais-
ques songent la mer, les rivières, les bains, les saient seuls la vertu ; on ne tardait pas à s'en-
navigations, les naufrages, les fardeaux pe- dormir profondément; et c'était alors qu'on avait
sants, etc. Les tempéraments mêlés, comme les d'admirables visions et que. les temps à venir
sanguins-mélancoliques, les sanguins-flegmati- découvraient tous leurs secrets. »
ques, les bilieux-mélancoliques, etc.,, ont des Hippoçrate dit que, pour se soustraire à la ma-
songes, qui tiennent dès deux tempéraments : lignité des songes, quand on voit en rêvant pâlir
ainsi le dit Peucer. les étoiles, on doit courir en rond; quand on voit
Les anciens attachaient beaucoup d'importance pâlir la lune, on doit courir en long ; quand on
aux rêves; et l'antre de Trùphonius était célèbre voit pâlir le soleil, on doit courir tant en long
pour cette sorte de divination. Pausanias nous a qu'en rond. ..On rêve feu et flammes quand on
laissé, d'après sa propre expérience, la descrip- a une bile jaune ; on rêve fumée et ténèbres quand
tion des cérémonies qui s'y observaient. « Le on a une bile noire;; on rêve eau et humidité
chercheur passait d'abord plusieurs jours dans le quand on a des glaires et des pituites, à ce que
temple de la bonne Fortune. Là il faisait ses dit Galien. C'est Te sentiment de Peucer. Songer
expiations, observant d'aller deux fois par jour à la mort, annonce mariage, selon Artémidore;
se laver. Quand les prêtres le déclaraient purifié, songer des fleurs, prospérité; songer des tré-
il immolait au dieu des victimes ; cette cérémonie sors, peines et soucis; songer qu'on devient
finissait ordinairement-par le sacrifice d'un bélier .aveugle,' perle d'enfants... Ces-secrets peuvent
noir. Alors le curieux était frotté d'huile par deux donner une idée de YOnéirocrUique d'Artémidore,
enfants et conduit à la source du fleuve; on lui ou explication des rêves. Songer des bonbons et
présentait là une coupe d'eau duLélhé, qui ban- des crèmes, dit, un.autre savant, annonce des
nissait de son esprit toute idée profane, et une chagrins et des amertumes ; songer, des pleurs ,
coupe d'eau de Mnémosyne, qui disposait sa mé- annonce de la joie ; songer des laitues, annonce
moire à conserver le souvenir de ce qui allait se une maladie ; songer or et richesses, annonce la
passer. Les prêtres découvraient ensuite la sta- misère... 11 y a eu des hommes assez supersti-
tue de Trophonius, devant laquelle il fallait s'in- tieux pour faire leur testament parce qu'ils avaién t
cliner et prier ; enfin, couvert d'une tunique de vu un médecin en songe. Ils croyaient que c'était
lin et le front ceint de bandelettes, on allait à •un
présage, de mort.
l'oracle. Il était placé sur une montagne, au mi- Songes (explication des), -suivant les livres
lieu d'une enceinte de pierres qui cachait une les plus .consultés':
profonde caverne, où l'on ne pouvait descendre Aigle. Si on voit en songe voler un aigle, bon
présage ; signe de mort s'il tombe sur la tête du côlé de l'occident, le présage est pour les riches.
songeur. Ane. Si on voit courir un âne, pré- Argent trouvé, chagrin el perles; argent perdu,
sage,de malheur; si on le voit en repos, caquets bonnes affaires.
el méchancetés ; si on l'entend braire, inquié- Bain dans l'eau claire, bonne santé"; bain
tudes . et fatigues. Arc-en-ciel. Vu du côté de dans l'eau trouble, mort de parents el d'amis.
l'orient,'signe de bonheur pour les pauvres; du Belette. Si on voit une belelle en songe, signe
SON 620 SON
qu'on aura ou qu'on a une méchante femme. chante, espérance ; une femme qui chante, pleurs
Boire de l'eau fraîche, grandes richesses ; boire et gémissements. Charbons éteints, mort; char-
de l'eau chaude, maladie; boire de l'eau trouble, bons allumés, embûches; manger des charbons,
chagrins. Bois. Être peint sur bois dénote longue pertes et revers. Chat-huant, funérailles. Cheveux
.vie. Boudin. Faire du boudin, présage de peines ; arrachés, pertes d'amis. Corbeau qui vole, péril
manger du boudin, Visite inattendue. Brigands. de mort. Couronne. Une couronne d'ôr sur-la tête,
On est sûr de perdre quelques parents ou une présage des honneurs; une couronne d'argent,
partie de sa fortune si on songe qu'on est attaqué bonne santé; une couronne dé verdure, dignités;
par dès brigands. une couronne d'os de morts annonce la mort.
Cervelas. Manger des cervelas, bonne santé. Cygnes noirs, tracas de ménage.
Champignons, signé d'une vie longue ,' par con- Déménagements. Annonce d'un mariage ou
traste, sans doute. Chanter, Un homme qui d'une succession.
Dents. Chute de dents, présage de mort. Din- peines et chagrins. Femme. Voir une femme, in-
don. Voir ou posséder des dindons, folie de pa- firmité ; une femme blanche, heureux événement;
rents ou d'amis. une femme noire, maladie ; plusieurs femmes,
Enterrement. Si quelqu'un rêve qu'on l'enterre caquets. Fèves. Manger des fèves, querelles et
vivant, il peut s'attendre à une longue misère. procès. Filets. Voir des filets, présage de pluie.
Aller à l'enterrement de quelqu'un, heureux ma- Flambeau allumé, récompense; flambeau éteint,
riage. Etoiles. Voir des étoiles tomber du ciel, emprisonnement. Fricassées, caquets de voisins.
chutes, déplaisirs et revers. Gibet. Songer qu'on est condamné à être pendu,
Fantôme blanc, joie et honneurs ; fantôme noir, heureux succès. GrenouiMcs,iudiscrétionsetbabils.
SON 621 SON
Hannetons, importunités. Hommevêtu de blanc, voir , et qui n'en sont pas moins les serviles
bonheur; vêtu de noir, malheur; homme assas- esclaves des plus absurdes préjugés. On voit tous
siné, sûreté. „ les jours d'ignorants esprits forts, de petits so-
Insensé. Si quelqu'un songe qu'il est devenu phistes populaires, qui ne parlent que d'un ton
insensé, il recevra des bienfaits de son prince. railleur des saintes Écritures, et qui passent les
Jeu. Gain au jeu , perte d'amis. premières heures du jour à chercher l'explication
Lait. Boire du lait, amitié. Lapins blancs, d'un songe insignifiant, comme ils'passent les
succès; lapins noirs, revers; manger du lapin, moments du soir à interroger les cartes sur leurs
bonne santé; tuer un lapin, tromperie et perle. plus minces projets *.
Lard. Manger du lard, victoire. Limaçon, charges il y a des songes qui ont embarrassé ceux qui
honorables. Linge blanc, mariage ; linge sale, veulent expliquer tout. Nous ne pouvons passer
mort. Lune, Voir la lune -,retard dans les affaires ; sous silence le fameux songe des deux Arcadiens.
la lune pâle , peines ; la lune obscure, tourments. il est rapporté par Valère-Maxime et par Cicéron.
Manger à terre - emportements. Médecine. Deux Arcadiens, voyageant ensemble, arrivèrent
Prendre médecine, misère ; donner médecine à à. M'égare. L'un se rendit chez un ami qu'il avait
quelqu'un, profit. Meurtre. Voir un meurtre, sû- en cette ville i l'autre alla loger à l'auberge.
reté. Miroir, trahison. Moustaches. Songer qu'on Après que le premier fut couché, il vit en songe
a.de grandes moustaches, augmentation de ri- son compagnon, qui le suppliait de venir le tirer
chesses. .'.-..'•.:•. des mains de l'aubergiste,, par qui ses jours
Navets,- vaines espérances. Nuées, discorde, étaient menacés. Cette vision l'éveille en sur-
OEufsblancs, bonheur; oeufs cassés, malheur. saut; il s'habille .à la hâte, sort et se dirige vers
Oies. Qui voit des oies en songe peut s'attendre l'auberge où était son ami. Chemin faisant, il
à être honoré des princes. Ossements, traverses réfléchit sur s'a démarche, la 'trouve ridicule,
et peines inévitables. condamne sa légèreté à agir ainsi sur la foi d'un
Palmiers, jxilmcs, succès et honneurs. Paon. songe; et après un moment d'incertitude, il re-
L'homme qui voit un paon aura de.beaux enfants. tourne sur ses pas et se remet au lit. Mais à
Perroquet, indiscrétion, secret révélé. peine a-l-il de nouveau fermé l'oeil, que son ami
Quenouille, pauvreté. se présente de nouveau à son imagination, non
Rais, ennemis cachés. Roses, bonheur etplaisirs. tel qu'il l'avait vu d'abords mais mourant, mais
Sauter dans l'eau, persécutions. Scorpions, souillé de sang, couvert de blessures, et lui
lézards, chenilles, scolopendres, etc., malheurs adressant ce discours : « Ami ingrat, puisque lu
cl trahisons. Soufflet donné, paix et'union entre as négligé de me secourir vivant, ne refuse pas
ls mari et la femme. Soufre, présage d'empoi- au moins de venger ma mort. J'ai succombé sous
sonnement. Spectre. Signe d'une surprise. les coups du perfide aubergiste ; et pour cacher
'
les traces de son crime, il a enseveli mon corps,
coupé en morceaux, dans un tombereau plein de
fumier, qu'il conduit à la porte de la ville. » Le
songeur, troublé de cette nouvelle vision, plus
effrayante que la première, épouvanté par le
discours de son ami, se lève derechef, vole à la
porte de la ville et y trouve le tombereau dési-
gné, dans lequel il reconnaît les tristes restes de
son compagnon de voyage. Il arrête aussitôt l'as-
Tempête, outrage et grand péril-; Tète blanche, sassin et le livre à la justice;
joie; tèle tondue,, tromperie; tête chevelue, Cette aventure , on l'explique. Les deux amis
dignité ; tête coupée, infirmité; tête coiffée d'un étaient fort liés et naturellement inquiets l'un
agneau, heureux présage. Tourterelles, accord pour l'autre; l'auberge pouvait avoir un mauvais
dos gens mariés, mariage pour Tes célibataires. renom : dès lors, le premier songe n'a rien d'ex-
Vendanger, santé et richesses;\ Violette, suc- 1 II y a des gens qui ne croient à rien el qui met-
cès. Violon. Entendre jouer du violon et des tent, à la loterie sur la signification des songes. Riais
autres instruments de musique, concorde et bonne qui peut leur envoyer des songes, s'il n'y a pas de
inlclligence entre lè-mari et la femme, etc., etc. Dieu?... Comment"songent-ils quand leur corps csl
Telles sont les extravagances que débitent, assoupi, s'ils n'ont poinl d'âme? Deux savetiers s'en^
avecétendue et complaisance, les interprètes des trelenaienl, sous l'Empire, de matières de religion.
L'un prétendait qu'on avait eu raison de rétablir le
songes; et l'on sait combien ils trouvent de culte; l'autre, au contraire, qu'on avait eu tort. --=
gens qui les croient! Le monde fourmille de Mais, dit le premier, je vois bien que lu n'es pas foncé
petits esprits qui, pour avoir entendu dire que dans la politique; ce n'est pas pour moi qu'on a remis
les grands-hommes étaient au-dessus de la super- Dieu dans ses fonctions, ce n'csl pas pour loi non
stition, croient se mettre à leur niveau en refu- plus ; c'est pour le peuple.— Ces deux savetiers, avec
'tout leur esprit, se faisaient tirer les cartes et se ra-
sant à l'âme son immortalité et à Dieu son pou- contaient leurs songes;
SON 622 — SON
traordinaire. Le second en est la conséquence ! qu'ils connaissaient, laquelle était vivante et fai-
dans l'imagination agitée du premier des deux sait bonne chère, sans aucune appréhension de
voyageurs. Les détails du tombereau sont plus mal. Le frénétique leur dit : « Gomment parlez-
forts; il peut se faire qu'ils soient un.effet des vous de celle femme? Elle est morte ; je l'ai vue
pressentiments ou d'une anecdote du temps, ou passer comme on la portait en terre. » Et un ou
Une rencontre du hasard. Mais il y a des choses deux jours après, la prédiction fut confirmée 1,
qui sont plus inexplicables et qu'on ne peut pour- Voy. CASSIUS,HYMERÂ, AMILCAB , D'ÉCIUS,-etc.
tant contester. Un certain Égyptien, joueur cle lulh, songea
Un célèbre médecin irlandais -,Tedocteur Aber- une nuit qu'il jouait de son luth aux oreilles d'un
cùmbie, raconte, dans ses Éludes de psychologie, âne. 11ne fît pas d'abord grandes réflexions sur
deux songes de deux de-Ses.malades quipéuvent un tel Songe;; mais; quelque temps après, Antio-
appuyer le récit qu'on -vient dé lire. % On mi- chus, roi de Syrie,- étant Venu à Mempliis pour
nistre, venu d'un village;voisin -à Edimbourg, y voir son neveu Ploiomée , ce prince' fit venir le
passait Ta nuit dans une auberge; là, pendant joueur de luth pour amuser "Ahtiochus- Le roi
Son sommeil, 1il songea que le l'en prenait à sa de Syrie n'aimait pas la musique ; il écoula d'un
maison et que ses -enfants y couraient danger de air distrait et ordonna au musicien de se retirer,
mort.' Aussitôt il se lève et se .hâte de quitter la L'artiste alors se rappela le songe qu'il avait fait,
.ville ;'à peine hors des murs v il aperçoit sa mai- et ne put s'empêcher de dire en:sortant : «J'avais
son en: feu; -il y court et arrive assez à temps bien rêvé que je jouerais devant un âne- » An-
pour sauver un de ses fils en bas âge que, clans liochus l'entendit par malheur, commanda qu'on
le désordre causé par l'incendie, on avait laissé, le liât, et lui fit donnerles étrivlères. Depuis ce
au milieu des flammes. » —Voici le*second fait : moment, le musicien perdit .l'habitude dégrever,
ceUn ~b'ôurgeois d'Edimbourg était affecté d'un ou du moins de se vanter de ses rêves.
anévrysme de l'artère crurale. Deux chirurgiens On raconte sur la mort de, l'acteur Ghamp-
distingués qui le soignaient devaient faire l'opé- meslé une anecdote plus extraordinaire, Il avait
ration dans quelques jours. La femme du patient perdu sa femme et sa mère. Frappé d'un songe
où il avait,vu sa mère et sa femme lui faire signe
" songea que le mal avait disparu et que-l'opération
projetée devenait inutile. En effet, le malade, en du doigt de venir les trouver, il était allé chez
examinant le matin le siège de son affection', fut les cordeliers demander deux messes des morts,
surpris de voir qu'elle n'avaitpas laissé la moindre l'une pour sa mère * l'autre pour sa femme. L'ho-
trace; » U est important d'ajouter, dit le compte noraire de ces messes était alors de dix sous.
rendu, que ces sortes de guérisons sont extrê- Ghampmeslé ayant donné au sacristain une pièce
mement rares et qu'il est pî-esque inconnu que de trente sous, lereligieux était embarrassé pour
cette maladie se soit résolue ainsi sans le secours lui rendre'les dix sous restants. « Gardez tout,
de l'art. dit l'acteur et faites dire sur-le-champ une troi-
Alexander ab Alexandro raconte, chap. xi du sième messe'des morts ; elle sera pour moi. » En
premier livré de ses Jours Géniaux, qu'un sien effet, il mourut subitement le même jour, au
fidèle serviteur, homme sincère et vertueux, moment où le cordelier venait le voir.
couché dans son lit, dormant profondément,
commençait se plaindre, soupirer et se lamenter
si fort, qu'il éveilla tous ceux de la maison. Son
maître, après l'avoir éveillé, lui demanda la
cause de son cri,. Le serviteur répondit : « Ces
plaintes que vous avez entendues ne sont point
vaines; car lorsque je m'agitais ainsi, il me sem-
blait que je voyais le corps mort de ma mère
passer devant mes yeux-, par des gens qui la
portaient en terre. » On fit attention à l'heure,
au jour, à la saison où celte vision était advenue,
pour savoir si elle annoncerait quelque désastre
au garçon : et l'on fut tout étonné d'apprendre
la mort de cette femme quelques jours après.
S'élant informé des jour el heure, on trouva
qu'elle était morte le même jour et à la même Terminons par un petit fait récent, consigné
heure qu'elle s'était présentée morle à son fils. clans YIndicateur de Champagne :
Voy.-RAMBOUILLET. Un jeune homme de vingt-cinq ans, M. Bap-
Saint Augustin , sur la Genèse, raconte l'his- tiste Renard , cullivateur demeurant chez ses
toire d'un frénétique qui revient un peu à ce .parents, au hameau dit les Tourneurs, commune
songe. Quelques gens étant dans la maison de de Fontenelle, rêve, la nuit en dormant, qu'il
ce frénétique entrèrent en propos d'une femme 1 Boistuau, Visions prodigieuses.
SON — 623 — SOR -
élait monté sur un arbre, que la branche sur la- ai
avant '
qu'ils soient baptisés ; 6° ils les consacrent
quelle il était se rompait sous lui et qu'il se bri- à Satan, dès le ventre de leur mère; 7° ils lui
sait les membres en tombant.
Ce jeune homme, le lendemain, eut la fatale
pensée d'aller grimper sur l'arbre qu'il avait vu
en songe, comme pour prouver qu'il n'ajoutait
aucune foi aux rêves. Il était sur l'arbre, et ra-
contait en riant à l'un de ses camarades son rêve
de la nuit précédente, lorsque tout à coup la _
brandie qui le portail rompt sous le poids de son
corps; M. Renard tombe, et dans sa chute il se g
casse un bras et une jambe ; il est relevé dans S
un état tel, que trois jours,après il expira au J
'
milieu des plus cruelles souffrances. \
Sonhardibel, prêtre apostat des Basses-Py-
rénées, qui disait au sabbat la messe du diable ~
avec une hostie noire en triangle. II était quel- .,.
quefois assez longtemps enlevé en l'air, la têle '_
en bas. Fin du seizième siècle; Nous n'en savons A
pas plus- .
Sorciers, gens qui, avec le secours des puis-
sances infernales, peuvent opérer des choses
lîumlils, graine dé sorciers.
surnaturelles, en conséquence d'un: pacte fait
avec le diable. Ce .n'étaient en général que des r. promellent d'attirer tous ceux qu'ils pourront à
imposteurs, des charlatans , des fourbes , des son s service; .8° ils jurent/par le nom du démon,
maniaques, des fous*,, des hypocondres ou des et e s'en font: honneur ; 9" ils ne respectent plus
vauriens qui, désespérant de se donner quelque aucune s loi, et commettent jusqu'à des incestes ;
importance par leur propre mérité, se rendaient - 10° ] ils tuent les personnes, les font bouillir et les
remarquables par les terreurs qu'ils inspiraient, imangent ; 11° ils se nourrissent de chaïFhumaine
Chez tous les peuples, on trouve des sorciers : et c même de pendus; 12°ils font mourir les gens
on les appelle magiciens lorsqu'ils opèrent des
prodiges, et devins lorsqu'ils devinent les choses
cachées. Il y avait à Paris, du temps de Charles IX,
Irenle mille sorciers qu'on chassa de la ville. On
en complaît plus de cent mille en France sous
le roi Henri 111. Chaque ville, chaque bourg,
chaque village, chaque hameau, avait les siens;
et de nos jours en France, où la partie la plus
malsaine et la plus répandue de la presse com-
bat les choses religieuses au lieu d'éclairer les
esprits grossiers, il y a encore les deux tiers des
villages où l'on croit aux sorciers. On les poursui-
vit sous Henri IV et sous Louis XIII; le nombre de
ces misérables ne commença à diminuer quesoufi
Louis.XIV. L'Angleterre n'en était pas-moins in-
festée. Le roi Jacques Ier, qui leur faisait la chassé
très-durement, écrivit contre eux un gros livre,
sans éclairer la question.
Un fait constant, c^est que la plupart des sor-
ciers et de ceux qui se disent tels sont des ban-
dits qui prennent un masque diabolique pour
faire le mal ; c'est que la plupart de leurs sorti-
lèges sont des empoisonnements, et leurs sab-
bats d'affreuses orgies. Ces sorciers étaient encore
(les restes de bandes hérétiques, conduits d'aber- Enfantssacrifiés.
rations en aberrations au culte tout cru du démon.
Les sorciers sont coupables de quinze crimes,i, par le poison et les sortilèges; 13° ils font cre-
dit Bodin : 1° ils renient Dieu ; 2° ils le blasphè-:- ver le bétail ; 14° ils font périr les fruits, èl cau-
ment; 3° ils-adorent le diable; k° ils lui vouent^ l Sprangcr fil condamner à mort une sorcière qui
leurs enfants; 5° ils les lui sacrifient souvent,t, I! avail fait mourir quarante el un pelits enfants.
SOR 624 — SOR
sent la stérilité ; 15" ils se font en tout les esclaves lerie. La vieille, ayant accepté la proposition,
du diable. demanda la boîte d'onguent qu'on avait trouvée
On s'est moqué de ce passage de Bodin ; il est sur elle, et monta dans une tour avec le com-
pourtant vrai presque en tout. Sandoval, d'ans missaire et un grand nombre de personnes. Elle
son Histoire de Charles-Quint, raconte que deux se plaça devant une fenêtre, et se frotta d'on-
jeunes filles, l'une de onze ans et l'autre de neuf, guent la paume de la main gauche, le poignet,
s'accusèrent elles-mêmes comme sorcières de- le noeud du.coude , le dessous du bras, l'aine et
vant les membres du conseil royal de Navarre ; le côté gauche; ensuite elle cria d'une voixforte:
elles avouèrent .:qû-elless?étàiënf fait recevoir Es-tu là? Tous les. spectateurs-entendirent dans
dans là secte désT^orciérS;, et s'engagèrent à. dé- les airs une voix qui répondit : Oui, me voici.
couvrir toutes ij3$-Lfemnïes;;quien étaient!, si on La sorcière se mit alors à descendre le long de
consentait à leurïïaire -grâce.';Les jugés l'ayant la tour, la tête en bas, se servant de.ses pieds
promis, :ces^dejk enfants déclarèrent ; qu'en et de ses mains à la manière des lézards. Arrivée
voy-ant l'oeil{gauelie .d'une personne ellesi pour- au milieu de la hauteur, elle;prit son vol dans
raient dire si elléétait sorcièrCpu non ; elles in- les airs .devant les assistants, qui:' ne cessèrent
diquërentXÏ'endfoit où';roiv,qéyait;. trouver un de la voir que lorsqu'elle eut dépassé l'horizon.
grand nonibre de ces femmes, % où elles tenaient Dans l'étonnement où ce prodige avait plongé
leurs assemblées; Le conseil chargea un commis- tout le monde, le commissaire fit publier''qu'il
saire de se irànspprter sura;iè§\ lieux, avec les donnerait une somme d'argent considérable à
deux enfants, escortés"' cle cinquante cavaliers. quiconque lui ramènerait la sorcière. On la lui
En arrivant dans chaque bourg on village, il présenta au bout de deux jours, qu'elle fut arrê-
devait enfermer les deux jeunes filles dans deux tée par des bergers. Le commissaire lui demanda
maisons séparées, et faire conduire devant elles pourquoi elle-n'avait pas volé assez loin pour
les: femmes suspectes de magie , afin d'éprouver échapper à ceux qui la cherchaient. A quoi elle
le moyen.qu'elles avaient indiqué. -Il résulta de répondit que son maître n'avait voulu la trans-
l'expérience que celles dé ces femmes qui avaient porter qu'à la distance'de trois lieues, et qu'il
été signalées par les deux filles comme sorcières l'avait, laissée dans le champ ;où les bergers
l'étaient réellement. Lorsqu'elles se virent en l'avaient rencontrée.
prison, elles déclarèrent qu'elles étaient plus de Ce récit singulier, dû pourtant à lin écrivain
cent cinquante; que, quand une femme se pré- grave, n'est"pas facile à expliquer. Le juge or-
sentait pour être reçue dans leur société, on lui dinaire ayant prononcé sur l'affaire des cent cin-
faisait renier Jésus-Christ et sa religion. Le jour quante sorcières, ni l'onguent ni le diable ne
où cette cérémonie avait lieu, on voyait paraître purent leur donner des ailes pour éviter le châ-
au milieu d'un cercle un bouc noir qui en faisait timent de deux cents coups de fouet et de plu-
plusieurs fois le tour. A peine avait-il fait enten- sieurs années de prison qu'on leur fit subir.
dre sa voix rauque , que toutes les sorcières ac- Notre siècle, comme nous l'avons remarqué,
couraient et se mettaient: à danser ; après cela, n'est pas encore exempt de sorciers^ 11 y en a
elles venaient toutes baiser le;boue au derrière, dans tous les villages. On en trouve à Paris même,
et faisaient ensuite un repas avec du pain, du où le magicien Moreau faisait merveilles il y a
vin et du fromage. '" quarante ans. Mais souvent on a pris pour sor-
Aussitôt que le festin était fini, chaque sorcière ciers des gens qui ne l'étaient pas. Mademoiselle
s'envolait dans les airs, pour se rendre aux lieux Lorimier, à qui les arts doivent quelques tableaux
où elle voulait faire du mal. D'après leur propre remarquables, se trouvant à Saint-Flour en 1811
confession, elles avaient empoisonné trois ou avec une autre dame artiste, prenait, de la plaine,
quatre personnes, pour obéir aux ordres de Sa- l'aspect cle la ville, située sur un rocher. Elle des-
tan, qui les introduisait dans les maisons, en sinait et faisait des gestes d'aplomb avec son
leur en ouvrant les portes et les fenêtres. Il avait crayon. Les paysans, qui'voient encore partout la
soin de les refermer quand le maléfice avait sorcellerie, jetèrent des pierres aux deux dames,
eu son effet, 'foutes les nuits qui précédaient les les arrêtèrent et les conduisirent chez le maire,
grandes fêtes de l'année, elles avaient des as- les prenant pour clés sorcières qui faisaient des
semblées générales, où elles faisaient des abo- sorts et des charmes. Vers 1778, les Auvergnats
minations et desimpiétés. Lorsqu'elles assistaient prirent pour des sorciers les ingénieurs qui le-
à la messe, elles voyaient l'hostie noire ; mais si vaient le plan de la province', et les accablèrent
elles avaient déjà formé le propos de renoncer à de pierres. Le tribunal correctionnel de Marseille
leurs pratiques diaboliques, elles la voyaient eut à prononcer, en 1820, sur une cause de sor-
blanche. Sandoval ajoute que le commissaire, cellerie. Une demoiselle, abandonnée par un
voulant s'assurer de la vérité des faits par sa homme qui devait l'épouser, recourut à un doc-
propre expérience, fit prendre une vieille sor- leur qui passait pour sorcier, lui demandant s'il
cière, et lui promit sa grâce, à condition qu'elle aurait un secret pour ramener un infidèle et nuire
ferait devant lui toutes ses opérations de sorcel- à une rivale. Le nécromancien commença par se
SOR — 625 — SOR
faire donner de l'argent, puis mie poule noire, qu'ils endurent. Ce qui avait été promisa lieu;
puis un coeur de boeuf, puis des clous. Il fallait non pas précisément la<guérison, mais l'arrivée
que la poule, le coeur et les clous fussent volés; de plusieurs membres de la compaguie de Brix;
pour l'argent, il pouvait être légitimement acquis, Que s'ést-il passé dans la maison? c'est ce que
le sorcier se chargeait du reste. Mais il arriva des voisins assignés ne peuvent.nous dire, parce
que, n'ayant pu rendre à la plaignante le coeur qu'ils n'ont osé ni regarder ni entendre. Un seul
de son amant, celle-ci voulut au moins que son rapporte avoir ouï, lorsque les sorciers sont re-
argent lui fût restitué ; de là le procès, dont le partis, une voix s'écrier : —il- faut qu?iis soient
dénoûment a été ce qu'il devait être : Te sorcier plus bêtes que le cheval qui nous traîné ! D'au-
a été condamné à.T'amende et à deux mois de tres racontent la ruine de cette maison, .qui date
prison comme escroc. des fréquents voyages de la compagnie. Les Halley
Voici encore ce qu'on écrivait de Yalognes en et les Legouche;étaient dans une parfaite.aisance .
1841. On jugera des sorciers passés par Tes sor- avant qu'il fût question de les désensorceler.
ciers présents, sous le rapport de l'intérêt qu'ils Leurs meubles,. leurs bestiaux, leur jardin,-Teur
sont dignes d'inspirer : « Notre tribunal correc- peu de terre, ils ont tout vendu ; leurs hardes;,
tionnel vient d'avoir à juger des sorciers dé; Brix. parce qu'elles étaient ensorcelées comme leurs
Les prévenus, au .nombre, de .sept, se trouvent personnes.ilsies ont données ; Ils ont arraGhéj.us^
rangés dans l'ordre suivant : Anne-Marie, femme qu'à leur plant de pommiers pour en faireun peu
de Leblond, dit le Marquis, âgée de: soixante- d'argent et rassasier l'hydre insatiable qui lés dé-
quinzeans (figure d'Atropos ou d'une sorçièrede vorait ; 2,00 0fr., tel est peut-être le chiffre des
Macbeth); Lebtond, son mari, âgé .de soixante- sommes que l'accusation reproche aux prévenus
onze ans; Charles Lemonnier, maçon, âgé de d'avoir escroquées à ces.pauvres gens.,Cepen--
vingt-six ans ; Drouet, maçon, âgé de quarante- dant ceux-ci avouent à peine 250 fr. qu'ils auraient
quatre ans ; Thérèse Leblond,- dite la Marquise, pu remettre pour prix de médicaments qui les
âgéede quarante-Tiuit ans (teint fiévreux ou animé ont, disent-ils, radicalement guéris. Ils ne con--
par la colère); Jeanne Leblond, sa soeur, égale- fessent aucuns détails, n'accusent personne'. Ils
ment surnpmmé la Marquise, âgée de.trenler- rendent grâces au contraire du bien qu'on leur a
qualre ans, femme de Lemonnier, et Lemorî-- fait. Les malheureux tremblent encore en pré-
nier, mari de la précédente, équarrisseur, âgé sence de ceux qu?i|s ont appelés auprès:d'eux,
de trente-trois ans, né à Amfreville, tous de- et dont le regard semble toujours lesfaseiner I Un
meurant à Brix. Divers délits, d'escroquerie à nommé Henri Lejuez, de Flottemanville-Hague
l'aide de manoeuvres frauduleuses leur sont im- (arrondissement de Cherbourg), vient ensuite ra-
putés; les témoins, dont bon nombre figurent conter avec la même bonne foi et le même air
parmi les dupes qu'ils ont faites, comparaissent de simplicité les tours subtils de magie dont il
successivement et reçoivent une ovation particu- a été victime- Chevaux et ptircs, chez lui tout
lièreà chaque aveu de leur crédulité. Les époux mourait; ce n'était point naturel ; mais aux grands
Halley, dit Morbois, et leur frère et beau-frère maux les grands remèdes. Il se mit donc en
Jacques Legouche, des Moitiers-en--Bauptois, se quête pour les trouver. Un jour, :dit-il, que j'étais
croyaient ensorcelés. Or il n'était bruit à dix lieues à l'assemblée de Vasteville, je trouvai un homme
à la ronde que des Marqyisde Brix. On alla donc" qui me dil que je ferais bien d'aller à Brix, chez
les supplier d'user de leur pouvoir en faveur de un nommé le Marquis. J'y allai ; or, quand je lui
braves gens dont la maison., remplie de myriades eus dit mon affaire, et qu'il eutlu deux pages dans
de sorciers, n'était plus habitable. Le vieux Mar- un livre que sa femme alla lui chercher dans l'ar-
— Ce sont des jaloux;
quis se met aussitôt en route avec sa fille Thé- moire, il me répondit :
rèse et commande des tisanes. Mais il en faut mais je vais vous butter ça ; baillez-moi 5 fr. 50 c.
bientôt de plus actives, et la société, composée pour deux bouteilles de drogues, et je ferai mou-
de ses deux filles et des frères Lemonnier, qui rir le malfaiteur. — Nenni, que jelui dis, je n'en
se sont entremis dans la guérison, apporte des demande pas tant ; domptez-le seulement de façon
bouteillestellement puissantes que toute la famille qu'il ne me fasse plus de mal, c'en est assez.
les a vues danser dans le panier qui les conte- Quinze jours après, j'y retournai, et j'apportai
nait.H faut en effet de bien grands remèdes pour vingt-cinq kilogrammes de farine, deux pièces
leverle sort que le curé, le vicaire et le bedeau de 5 fr., et environ deux kilogrammes de filasse
de la paroisse ont jeté sur eux, au dire des Mar- que sa bonne femme m'avait demandés. Il n'y
quises.Il faut en outre du temps et de l'argent; avait point d'amendement chez mes avers, et je
Deuxans se passent en'opérations, et avec le lui dis en le priant de travailler comme il faut
un autre
temps s'écoule l'argent. Mais enfin une si longue l'homme qui m'en voulait. Enfin ; après
attente, de si nombreux sacrifices auront un voyage que je fis encore, il fut.convenu que sa
terme, et ce terme, c'est la nuit de Pâques fleu- fille Thérèse viendrait à la maison. Elle y vint
ries, dans laquelle le grand maître sorcier vien- donc et fit sa magie avec une poule qu'on happa
dra débarrasser les époux Halley des maléfices sans lui ôter une plume du corps. Sur Te coup
40.
SOR — 626 — , SOR
elle \<i:sàiijnit, et quand elle eut ramassé son sang • » Le tribunal, après avoir renvoyé de l'action
dans un; petit pot avecle coeur, elle le filportër la vieille femme Leblond, prononce son juge-
à là porte de l'homme que nous soupçonnions. ment, qui condamne aux peines qui suivent les
Pendant que le sang s'égoutterait, notre homme copréVenus : Thérèse Leblond, dix années d'em-
devait dessécher, à ce qu'elle disait. Après cela prisonnement;-Jeanne Leblond, femme Lemon-
elle; nous demanda 1vingt-cinq aiguilles neuves nier, six ans; Jacques Leblond, dit le Marquis,
qu'elle mit dans une assiette et sur laquelle elle ,cinq'ans; Charles Lemohhier, un an étun jour;
versa de l'eau- Autant il y en aurait qui s'affouf-- Pierre-Amàble Drouet', six mois ;! Pierre Léiiion-
chëraientles unes sur les autres, autantil y aurait nieiS'lin' mois;iôs condamne chacun, en outre,
d-ènnemis qui nous en voiidraient.il s'en trouva en 50 fr. d'amende ;; et -solidairement auxdé-
trois. Tout cela fait, êllè;emporta là'poule et re- pens, et dit qu'à l'expiration de leur- peine ils
vint quelques 5jours après avec 'Jeanne sa soeur. resteront pendant dix ans sous là surveillance de
Mais il se trdiivaqu'iî leur manqua 1quelque chose la haute poliée.: )j-Voy.r-SiéimfESi:AG'aipi-A,FAUST
polir arriver à lèâvâejîriitiôh : c'étaiéhtdès drogués et une foiilë depetits:articles; àlil'-divérs sorciers.
qu'avec 25'fr.; qlië-j'é leur donnai, 1
ët'"c[ué'j'ém- On trouvedôs sorciers :dàfis:les plus: vieux ré-
"prûhtai'!eft-partiev elles?allèrent quérir à Cher- cits;Les annàleà mythologiques'Vous diront qu'à
bourg '---et-'.'qu'elles--devaient rapporter le' soir, Jàlysié; ville située dansT'îlë'de Rhodes, il y avait
avec- deux -mouchoirs;que -nia féihmë' leur'prêta'-; six:hï)mmes qui: étaient-si 'malfaisants 'que leurs
mais elles në'feVihrentplttsJ Pour lors j'eus l'idée seuls regards-en'sorcélâièttb les!;objéts: dé leur
1
qu'elles'ii'étaiérit pas aussi savantes' qu'ôrt lé "di- haine;. Ils faisaient pleuvoir; iléigêr et grêler sur
sait. Pour m-en assurer, j'àllaicbns'ultër une bat- les héritages dë; ceux'auxquels'ils èh voulaient.
teuse de cartes dit Limousin-', et'je l'amenai chez. Oii dit que', pour-cet effet-; ils arrosaient'là terre
1
Thérèse. Lâ-dessûs les :déùk femelles se'prirent avec dé l'eau; du-.-Slyx-,- d-'bît^rovëhàient les
'
dfelangu'e^là-Liitfoùsme-tràîlâ^âMàyquised'ajr^ pestes,-lès-famines et les--autres'calamités. Jupi-
peùse etle:Marquisd'«i/>-t^.3ù»-; Gafittoh'è-brôuillë', ter les -changea en écuèils.''-!;ili' ;'--':-:">' '
et les*affaires ën<-rè'stèrent-là;; A!quelque 1temps '
Lé-Voyageur Beaulieu-conte-qù'il reftco'ntra un
de là cependant, ma'fefhmë' là' revit- dans : ûriè de ces sorciers ou escrocs; qu'on a aussi appelés
boutique à'ia Pierre-Butées avec: Charles Lemon- grecs, à la côiir du roi d'Achem; C'était un jeune
nier, qu'elle 1appelait-soft'homme.'Elle lui parla Portugais nommé Dom Francisco Cârhero Vil pas-
de 1ce qu'elle lui-avait dohtié, -clétrois chemises sait pour un joueur habile et si' heureux qu'il
que f oubliais; dë'deuxidrâps de lits, ;d'un ca-- semblait avoir enchaîné Ta fôrtune/Oh découvrit
nard-et d'une poule que ;jeiùi avais portés moi-, néanmoins' que' la*iriaiiVàise foi n'avait Jias moins
même ; elle lui demanda 1aussi ce:qu?ëtait devenue départ que lé bonheur'et l'hâbilëté 'aux'avan-
là poule'qu'elle avait saignée pour-sa magie. Stir- tages'- qu'il remportait ''continuellement- Après
ite-champ, -Thérèse répondit qu'âpi'ès'l'avoir fait avoir gagné de' grosses 'sommés à uri'ministre de
rôtir elle-s'était: dressée sur table et avait chanté cettecoût/qui se dédommageait de;ses pertes
trois fois comme iin coq.'---- C'est'vrai; reprit par les vexations-qu'il exerçait sur- les mar-
Charles Lembnnierj'caricjuand: je l'ai vue, ça m'a chands, il 'jouait un-jour; contre une''dame in-
fait un effet que'je n'ai'pas osé en manger. dienne, à laquelle il avait gagné une somme con-
»;LëS'Marquis et compagnie n'appliquaient pas sidérable, Torsqû'en frappant du poing sur la
seulementleurs talents à la levée des'sorts; mais table, pour marquer!sbh!iétonnement d'un coup
tels sont lés: prineipaux faits qui anièrientiës dif- extraordinaire, il rencontra un de ses dés qu'il
férents prévenus devant le'tribliûàl, et.auxquels brisa/et-: dont-il' sortit ' quelques gouttes de vif
on pourrait ajouter le vol de deux pièces de fil et argent. Elles disparurent aussitôt, parce qiie la
de deux livres de piété; imputé à la même Thé- : tableavait quelque pente. Les Indiens, d'autant
:
rèse, lors de sa visite:, au préjudice- dé la femme plus ëtonnés-'dè celte aventuré ,qdè le Portugais
Helland, et le fait d'escroquerie reproché au vieux .se saisitpromptemërit des pièces du dé, et qu'il
sorcier Marquis, à raison de ses sortilèges sur là refusa'de les montrer, jugèrent qu'il y avait de
fille d'un nommé Yves Adam, de Brix. M. le sub- l'enchantement. On'publia qu'il en était sorli
stitut Desmortiers rappelle les fâcheux antécé- un esprit, que tout le mondé 1avait vu sous une
dents, d'abord de:Thiérè'se:,conda'innéepar:un forme sensible, et qui s'était évanoui sans nuire
premier jugement, pour vol', à tin'ah et un jour à personne. Beâuliëù pénétra facilement la vérité.
d'emprisonnement ; par tin second jugëment-de Mais il'laissa lès Indiensi dans -leur erreur; et,
la cour d'assises -de la -Manche; éri sept années loin de rendre aucun mauvais office 1à Carnero,
de travaux forcés; de sa soeur ensuite ; cohdam-- il l'exhorta fortement à renoncer'au jeu dont il
néepareillement ensix-anh'éesdelainême'peine;- ne;pouvait plus espérerles mêmes avantages à
de Leblond père,'dit le Mdrqitis, qui a subi deux la cour d'Achem*. ...::-
•
condamnations correctionnelles dont la durée de - Sous le-règne de Jacquesi-/ roi d'Angleterre,
l'une a'été,de neuf ans;' dé Drouet enfin, con-
damné/à'utf an et-un; jour de prison. 1 Histoire générale des
voyages:
SOR — 627 SOR
le'nommé Lily fut accusé d'user de sortilège de- dévinren t un spectacle d'horreur pour ceux qui
vant un juge peu éclairé, qui le condamna au les approchaient. On; leur demandait d'indiquer -
feu. Lily n'était rien moins que sorcier ; son crime la cause de leurs;souffrances;:et leurs soupçons
consistait à:abuser de l'ignorance superstitieuse ou leurs 'prétendus: soupçons :se portaient sur
de-ses concitoyens.; 11 osa s'adresser: au -souve- quelque voisin, déjà malheureux et abandonné,
rain et lui présenter un placet écrit en grec, et pour cette cause en butte aux mauvais traite-
yétude des langues: était -..alors-fort; négligée: en ; ments des habitants de la ville. Bientôt les per-
Angleterre. Un semblable. placet;parut un -phéno- sonnes favorisées^ - de-;,l'ajiparition surnaturelle
mène au monarque.—Non, dit-il, cet homme ne; formèrent une; classe à- part ; et furent- envoyées,
sera pas exécuté, je le jure, fût-il encore plusi aux dépens du public;, à la recherche des coupa-
sorcier qu'on ne l'accuse de l'être. Ce que je- bles, qu'eux seuls pouvaient 1découvrir. ; Les pri-
vois, c'est qu'il ës^plûàs^eier dans la langue; sons; se remplirent: des individus accuses. Oh
grecque que^^todsHmes pïélàfè .aiaglicaiis. s'entretint avec horreur ; d'une calamité qui n'a-
Un officier^'îîÉ-'génië^fès^rheâiç-cre, envieux vait jamais fégnéi'aveciun-; tel degtë^
de la gloireTd'un: capitaine qui âyaitlait une belle \ dans, cette;partie.;du'monde, .et, par'une coïnci-
action, écrivit à M; dé.Louvois que ce capitaine; dence ;malheureuse,: il arriva.qu'à cette ;époque
était-sorcieri;-Le ministre: Tuf répondit ;: « Mon- beaucoup'-d'ëxemplaireside l'ouvrage, deBaxter
sieur; j'ai fait;pârtau roi; dBsl'avis-que- vous m'a-; iatiluié'ïGciWtude: du nwn^
vezdonné delà-sorcellerie.du capitaine en -ques-; .rent. dans la'i Nouvelle--Angleterre. Des' hommes
lion.;Sa;Màjêsté' m'a répondu•;qu'elle; ignorait; s'il ! honorables donnèrent crédit à cette ridicule:su-
était sorcier, mais Jqu?ellèc,savait, parfaitemehti perstition; et;'entretinrent même la violence'popu-
\ laire-paria solennité-et l'importance; qu'ils dons-
que;vousjneT'étieiZ:-pàs;:»;;:;:':-:;: !)>><•-.:; -.;:>>->-.y
'Il y eut à .Salem,; dans;!'Amérique du; Nord; en inèrehtaux-aGcusâtions, et par le zèle-eti'ardeur
1692-, de singuliers syiiiptômes- qui itiennehtî'à; .qu'ilSîdéployèrentdansles'poursiïites'i-On observa
l'histoiredelà sorcellerie: Beaucoup;d'hypocon--' iclans-cetle-occasion toutes les-formes de la- jus-
driaques: voyaient.des spectres; d'autres subis- tice ;• on-ne-manqua ni- de juges», ni de; jurés,
saient des convu]sions;rebellesi aux' médecins ; on; :grands :OUpetits, ni d'exécuteurs, encore moins
attribua tout à la nécromancie, et;Godwin, dans; de. persécuteurs -etidetémoinsi Du -10>juin- au
'
son Histoire :desùnécromanciens,;: donne; sur- ipes- 22 septembre 1692, dix-neuf'àceusés furent pen-
faits:étranges:dési-détails étendus.' Plusieurs ;fem- dus ;:bien dès gensavouèrent qu'ils pratiquaient
-niesfuréhtipenduesicomme accusées'.set convain- la sorcellerie; car cet. aveu paraissait la seule
cues d'avoir donné des convulsionsou fait'ajjpa- voie ouverte de salut. On vit. des;maris;et des
raître; des fantômes;:» On^voit constamment, dit enfants supplier à::genoux leur femme ;et leur
Godwin ,-:les-. accusations; de: ce. genre-isuivrela- mèrpide confesser qu'ellesétaiént coupables. On
marche d'sùne épidémie. Lès ver tiges ;et les- con- mit à là torture.plusieurs de ces malheureuses
vulsions :sej communiquent" d-un sujet à un autre. enleur attachant les pieds; au cou jusqu'à ce
Uneapparition-surnaturelle est: un thème; ài'u- qu'elles eussent 'avoué tout.cei>quîon leur sug-
sage deil'ignôrance; et ide. lai vanité. L'amour de gérait, v ;' :•>. ; ; ."':... -.-'....
la renommée; estune passion universelle- Quoi- D Dans-cette'douloureuse, histoire, l'affaire la
que'ordinairement; placée : hors; de- Tattein te des plus intéressante fut celle de Gilles Gory et de sa
hommes.,ordinairesjvelleî-se: trouve; dans cer- femme. Celle-ci fut jugée le 9 septembre et
taines occasions »,mise-d'une manière' inattendue pendue le 22; dans cet intervalle on mit aussi Je
à la: portée';des :esprits les .plus-communsi<et mari:iëm jugement. 11affirma; qu'il- n'était point
alorslls savent:s'èn> serviravec une; avidité pro- coupable. Quand on>lui -demanda- comment il
portionnée- :àu peu de chances qu-ils- ayaient d-y voulait être jugé, il .refusa' derëpondre* selon la
parvenir. Quand- les -diables; et.les esprits: de l'enr formule; ordinaire, par Dieu et mon pays< il ob-
fer sont devenus lés sujets ordinaires; de la con- serva, qu'aucun de; ceux qui avaient été précé-
versation:; quandles-récits^d'apparition sont aux demment jugés n'ayant été; proclamé: innocent,
îiouvëllesdujoùr, et quenelle ou telle personne, le même mode de procédure rendrait»sa con-
entièrement ignorée; jusqu'alors,' devient tout à damnation également certaine; il refusa donc
coup l'objet delà:surprise générale, les imagina- obstinément cle s'y conformer. Le juge ordonna
tions sont vivement: frappées, on en rêve, et tout que, selon l'usage barbare prescrit en Angleterre,
le monde, jeunes .et vieux, devient sujet à des il fût couché sur le dos et mis à mort au moyen
Visions; ':.:':';'" :<.:;::; "! ;-.;. -; ;: -! '• de poids graduellement accumulés sur toute la
[ » Dans; une ville comme Salem, la seconde en surface de son corps, moyens qu'on Savait point
importance de la colonie, de semblables accusa- encore mis enpratique dans l'Amérique du Nord.
tions se répandirent avec une merveilleuse rapi- Gilles Gory persista dans: sa résolution et de-
dité. Beaucoup d'individus' furent; frappés-de meura muetpendant.toute la durée de son-sup-
vertiges; leurs visages et leurs-membres furent plice. Tout s'enchaîna par un lien étroit'dans
contractés par d'effroyables contorsions, et ils cette horrible tragédie. Pendant fort longtemps
40.
SOR - 628 — SOU
les visionnaires n'étendirent leurs accusations Yakouts; il est mis par eux au rang des esprits
que sur les gens mal famés ou qui ne tenaient malfaisants. C'est le ministre des vengeances
qu'aux rangs inférieurs de la communauté. Bien- d'Oulon-Toyon, chef des esprits.
tôt cependant, perdant toute rétenue, ils ne crai- Soulié (Frédéric). Dans les Mémoires duDia-
gnirent pas de porter leurs accusations de sor- Wfiji'auteur a déployé un très-beau talent'à faire
cellerie sur; quelques personnes appartenant aux malheureusement un mauvais livre en morale.
premières familles et du caractère le moins sus- Souris. Le cri d'une souris était chez les an-
pect. Dès lors tout changea de face. Les princi-- ciens de si- mauvais augure qu'il rompait les
paùx habitants : reconnurent, combien il serait auspices. Voy. RATS.
imprudent démettre leur honneur et leur vie à
la: merci, de Si:misérables accusateurs. De cin--
quantë-.six actes d'aGcusatioii -qui furent soumis
au grand jury-le d janvier 1693, on n'en trouva
qiië vingt-six qui; eussent quelque fondement, et
on; en écarta trente. Sur les vihgNsix aceusatibris
auxquelles on donna suite, on ne trouva que
trois coupables, etlë gouvernement leur fit grâce. Dans plusieurs contrées, les laboureurs cher-
Qh ouvrit les prisons : deux cent cinquante per- chent à préserver leurs granges -des- souris par
sonnes -tant de: celles qui avaient fait des aveux umprocédé superstitieux que voici-.-:'..--.
que de celles; qui 'étaient simplement accusées, ils prennent quatre oeufs, qui doivent avoir
furent mises / en liberté, et on n'entendit plus été pondus le vendredi saint ; ils les: placent aux
parler d'accusations de ce genre. Les affligés, quatre coins de la grange et aspergent ces quatre
c^est ainsi qu'on nommaitles visioiînaires, furent coins d'eau bénite du samedi saint et du samedi
rendus à la santé. Les apparitions de spectres veille de la'Pentecôte."Après cela., ils mettent eii
disparurent complètement, et l'on ne s'étonna croix les deux premières gerbes de la moisson
plus que d'une chose, ce fut d'avoir été victime qui rentre et.ifon.t--le tas avec croyance que les
d'une si horrible illusion/ — Ces phénomènes de souris ne pourront manger que ces deux gerbes
démence infernale en pays hostile à l'Eglise de- mises en croix. -
manderaient une étude; = . Souterrains (démons), démons dont parle
Sort, Oh appelle sort ou sortilège certaines Psellus, quij du vent de leur haleine, rendent
paroles, caractères, drogues, etc., par lesquels aux hommes le -visage, bouffi, de manière qu'ils
les "esprits crédules s'imaginent qu'on peut pro- sont méconnaissables.
duire des effets extraordinaires, en vertu d'un « En-Norvège, comme dans d'autres pays, on
pacte supposé fait avec le diable : ce qu'ils appel- croit à des génies qui habitent sous terre. Voici,
\on\.jeter un sort. La superstition populaire attri- dit un écrivain anglais, ce qui me fut raconté
buait surtout cette faculté nuisible aux bergers ; très-sérieusement sur ces êtres surnaturels par
et celle opinion était sinon fondée, au riioins la maîtresse delà maison où je logeais'.: « J'avais,
excusée par la solitude et l'inaction où vivent ces me dit-elle, un oncle que l'on destinait à là pro-
sortes de gens. Voy. MALÉFICES, CHAUMES, SCOFÉ- fession dés armes; Tin jour, dans sa jeunesse,
I,ISME,etc. ;.-.; allant aux champs avec son père, il laissa tom-
Les hommes ont de tout temps consulté le ber un couteau avant de sortir du logis, et, mal-
sort Q.u/si l'on veut, le hasard. Cet usage n'a gré les recherches les plus exactes • il ne put le
riendë ridicule lorsqu'il s'agit de déterminer un retrouver. Peu de temps après, il partit pour les
partage, de fixer un choix douteux, etc. Mais les pays étrangers. Au bout de quinze ans, il revint
anciens consultaient le sort comme un oracle, en Norvège. Un soir qu'il se rapprochait de chez
et quelques modernes se sont montrés aussi in- lui, se trouvant encore à dix lieues de la maison
sensés. Toutes les divinations donnent les pré- de son père, il se sentit fatigué, et.entra dans
tendus moyens de consulter le sort. une cabane peu éloignée du chemin, qui, en cet
Sortilèges. Voy. SOIIT. endroit, traversait une forêt. Il:n'y avait dans
Sotray, nom queles Solognots et lès Poitevins l'habitation qu'une vieille femme, qui l'accueillit
donnent à un lutin qui tresse les crinières des bien ;: il était assis-depuis peu d'instants lorsqu'il
chevaux. aperçut sur la table un couteau absolument sem-
Souad; goutte noire, germe de "péché, inhé- blable à celui qu'il avait perdu quinze ans aupa-
rente depuis-la chute originelle au coeur de ravant. Il raconta le fait à la vieille et lui dit:
l'homme, selon les musulmans,-et dont Mahomet « Si celte maison n'était pas aussi éloignée de la
se vantait d'avoir été délivré par l'ange Gabriel. mienne, je croirais que ce couteau est le mien.
Il dit aussi, dans le Koran, que Jésus et Marie — En effet, repartit la vieille," c'est lui : lorsque
sont les seuls êtres humains qui n'aient pas eu vous l'avez laissé tomber, il coupa la jambe de
" le
Souad. ma fille, qui, dans ce moment, sous la forme
Sougai-Toyon, dieu du tonnerre chez les d'une taupe, courait "sous la terre; je vous etn-
SOU C29 — SPE
péchai alors de le retrouver eh le changeant en Ces animaux, au nombre de trois cents, descen-
un ver de terre que ma fille emporta. » , daient la montagne en courant, et avant que
» Mon.oncle s'aperçut qu'il était dans la com- leurs gardiens pussent les atteindre, ils les virent
pagnied'un être souterrain qui, dans cette occa- tous entrer par une petite fente dans la terre, où
sion, avait pris la figure humaine. Quand il vou- ils disparurent. Ainsi, l'évêque- de Drontheim
lutpartir pour continuer sa route, la petite femme perdit son bétail. »
insista pour qu'il restât jusqu'au lendemain ma- Southcott (Jeanne), visionnaire anglaise du
tin, l'assurant que-ce retard ne lui ferait pas dernier siècle, qui se fit une secte avec des cé-
perdre une minute, parce que, s'il voulait lui pro-- rémonies bizarres. Dé temps à autre on entend
meltre sa vache.;rousse avec les belles clochettes encore parler de cette fanatique. Une centaine de
qu'elle portait à son collier, elle le transporterait sectaires se sont réunis dans un bois, il y a une
chez lui sans qu'il bougeât de place. «Mais,' trentaine d'années, auprès de Sydenham, et ont
reprit mon oncle;; voilà quinze ans que je suis commencéieur culte superstitieux par le sacrifice
absent, et j'ignore s'il y a chez nous des vaches. d'un petit cochon noir, qu'ils ont brûlé pour ré-
— Il y en a sept ; mon digne monsieur.—-Je ne pandre ses cendres sur leurs têtes. Ces fous disent
puis rien vous promettre, puisque s'il y a des et croient que Jeanne Southcott, qu'ils appellent
vaches, elles ne m'appartiennent pas ; cependant la fille de Sion,, est montée au ciel, et: qu'elle
je consens à passer la nuit ici. » Le lendemain",* reviendra "avec le Messie. Elle avait annoncé
pendant qu'il déjeunaitavec la vieille, on enten- qu'elle accoucherait d'un STouveau Messie-, mais
dit le tintement d'une clochette. « Ôh ! s'écria elle est morte sans avoir rempli sa; promesse ; ce
mon oncle en se levant de" surprise, cette clo- qui n'empêche pas ses crédules disciples d'at-*
chette; me rappelle les jours de mon enfance; tendre sa résurrection -, qui sera suivie de l'ac-
c'est celle de la vache rousse dont vous parliez couchement tant désiré. Les sectateurs de cette
hier, — C'est fort possible, car je lui ai ordonné prétendue prophétesse portent, dans leurs pro-
deVenir ici ce matin..»'- cessions , des cocardes blanches et des étoles en
. » Le déjeuner fini/mon oncle dit adieu à-la ruban jaune sur là poitrine; Le ruban jaune est,
vieille; et en sortant de la cabane, il se trouva selon'eux, là couleur dé Dieu ; leur Messie se
tout près du jardin de son père* •-.'' nommera le Shelo.
» On dit que ces êtres surnaturels n'ont pas le Souvigny. Une tradition populaire attribue
pouvoir de transformer un animal en un autre; aux fées la construction de l'église de Souvigny.
ils peuvent seulement diminuer la taille des ani- Au milieu de la délicieuse vallée qu'arrose la
maux, afin de les emporter plus facilement sous .petite rivière appelée laQueune, une laitière vit
lerre. Je me contenterai de raconter à ce sujet surgir cette église d'un brouillard du matin, avec
une histoire à laquelle on ajoute généralement ses aiguilles dentelées, ses galeries festonnées,
foien Norvège, et qui même y a donné naissance et son portail' à jour, à une place où la veille
au proverbe: « Souvenez- vous du bétail de l'é- encore s'élevaient de'beaux arbres et coulait
voquede Drontheim. » On l'emploie souvent pour une fontaine. Frappée de stupeur, la pauvre
rappeler qu'il faut veiller attentivement sur ce femme devint pierre ; on montre encore sa tête
qu'on possède. En voicii'origine. placée à l'angle d'une des tours. 11 y a bien, en
» Il y a bien longtemps qu'un jour d'été un effet, quelque chose de féerique dans l'église de
êvêque de Drontheim envoya ses bestiaux pâtu- Souvigny. Un jour qu'il allait s'y. livrer à ses
rer dans la montagne; c'étaient les plus beaux de études, M. Achille Allier y découvrit uneurieux
toutela Norvège. A leur départ, le prélat recom- support de nervure ogivique; c'était une: femme
manda expressément aux gardiens d'avoir con- d'une délicatesse de formes presque grecque,,
stamment l'oeil sur les animaux et de ne pas les qui se tordait et jouait avec une chimère ; il lui
perdre de vue, attendu que beaucoup d'êtres sembla voir l'intelligence de l'artiste créateur de
souterrains habitaient dans l'intérieur des mon- ce temple fantastique aux prises avec son caprice 1.
tagnes de Roeraas. L'injonction de ne pas les . Sovas-Munusins ( empoisonneurs et suceurs
perdre de vue se rapportait à la croyance qu'aussi de sang), espèce de vampires,. chez les Quojas ;
longtemps que les yeux d'un homme sont fixés esprits ou revenants qui se plaisent'à sucer le
sur 'un animal les génies souterrains n'ont au-- sang des hommes ou des animaux. Ce sont les
cun pouvoir sur lui. Un jour, pendant que les broucolaques de l'Afrique.
bestiaux paissaient dans les montagnes, et que Spectres, sorte de substance sans corps, qui
les pasteurs, assis dans différents endroits, n'en se présente sensiblement aux hommes, contre
détournaient pas leurs regards, un élan d'une l'ordre de la nature, et leur cause des frayeurs.
taille extraordinaire passa. Aussitôt les yeux des La croyance aux spectres et aux revenants, aussi
trois pasteurs se portèrent du bétail sur l'élan, ancienne que les sociétés d'hommes, est une
et se tinrent un moment fixés sur lui ; quand ils preuve de l'immortalité de l'âme, et en même
retombèrent sur le troupeau, ils aperçurent les
bestiaux réduits à la dimension de petites souris. - Jules Duvernay, Excursion d'artiste en -1841.
SPE — 630 SPI
temps un monument'de là faiblesse dé l'esprit' donnaient ordinairement urt visage de femme
humain, abandonné à lui-même. Olails Mâgnus avec un corps de lion couché. Il devinait les
assure que, sur les confins de la uner Glaciale, énigmes.: '- '=--'
il y a des peuples, appelés Pylapiens, qui boi-J Spina ( Alphonse ), religieux franciscain, au-
vent, mangent et conversent familièrement avec teur du livre' intitulé Fortalilium fidei, -in-4°,
les spectres. -Elienraconte qu'un vigneron, ayant imprimé â: Nuremberg en 17(94-, et ailleurs. Il
tué d'un coup de bêche un aspic fort long,- était cite des femmes delà Gascogne et du Dauphiné
suivi en tous lieux par-le spectre de sa victime! qui se réunissaient la nuit dansdesiieux déserts
-' Suétone dit
-cjue le -spectre de Galba poursui- pour adorer le'bouc (le diable):qui recevait, ce
vaitsans relâche Othon, soirmeurtrier, le tirail- culte entouré de flambeaux.'Spina était-un juif
lait hors du lit;l'épouvantalt et lui causait mille' converti-au miliêudu,quinzième siècle.' M
tourments. ^^.APPARITIONS,,FANTÔMES, -FJ-AX-' Spinello, peintre, néà -Arèzzo, -dans là Tosr
BIND(ÎR,.:PH)LINNION-,!POLYCRITEV REVENANTS V-YA-M--.!cane ; au quatorzième 'siècle.-A ,1'âgede soixânte-
PJllES-etÇ. .;. :-, -a- ; V- ;:-- •.:'! dix^sept: ans, il s'avisa de peindre là chute des
Spectriana, recueil mal fait d'histoires, et mauvais anges; II:représenta Lucifer sous la forme
d'aventunes surprenantes, merveilleuses:et remar- d'un monstre tellement horrible-,: qu'il en fut lui-
quables de spectres,,revenants., esprits., fantômes,' même frappé:' Une-nuit,: dans un songe; il crut
diables et dénions; manuscrit trouvé, dans, Ifis.ca-n apercevoir le diables lël qu'il :était, dans son ta--;
tacombes. Paris, 1817-; l,;Vol.in-18.- -.-;-. bleau, qui lui'demanda d'une voix;-menaçante
, Spéculaires,; npinquelvantiquité donnait aux- ou -il l'avait- vu, -pour •-le peindre si-effroyable.
magiciens: q.u devins; qui faisaient voir dans un Spinello',interdit ettremblant; pensamouririe,
miroirles personnes o,u>les choses,qu'on désirait frayeur; il eut;toujours, depuis ce.:rêve--l'esprit
connaître.- .. '.= ;;•>-..,: ,-,:-,,:,-, troublé, la vue-égarée; -etil se crut jusqu'à ,s,a
-Spée. Leibniz remarque que le P. Spée,;-]ê--, mort poursuivi par Lucifer. ; -'.,; -;/;>—-
suite allemand, auteur du livre, intitulé Caulio Spirinx (Jean), astrologue belgedu quinzième
criminalis cirça processus contra sagas., déclarait siècle, qui prédit à- Charlesjle Téméraire, que,
qu'il.avait accompagné au supplice beaucoup.de s'il marchait contre lesjSuisses,-il lui, en arrive-
condamnés comme sorciers et sorcières; ,mais, rait mal; à quoi le duc répondit;que. la force de
son lépée;vaincrait îles influences dés, asjtres -:,pe
qué;lu|,;Sonépé,e et toutesa^puissapçe-ne purent
pas : faire.»- puisqu'il ,,s!ensuiyit-!sa!;défaite, et sa;
imort.. ::-. .':.-.:' -{- v.-;-w <; :• vi! -;; ni!-; -
Spiritisme. -C'est la découverte que.l'on croit
récente des communications ave.c les-esprits. On
i a- publié;-là-dessus,beaucoupdîouvrages.;De la
plupart,:il est sage de se;défier.:Nous nous bor-
nerons :à,citer .ici des emprunts;à quelques jour-
nauxutransatlantiques:, reproduits, dans; plusieurs
feuilles françaises. Un on deux-de ces fragments,
suffiront-au lecteur :pour, comprendrei -
Remontons.'aux premiers bruits que fit aux
États-Unislë spiritisme; On lisait,le h décembre
185(1••„dans Ta Voix de la Vérité:
. Une société-dé-magné'tiseurs illuminés, établie
à New-York, prétend'avoir -avec;.-Swedenborg
des relations suivies.; Nous allons,: grâce: à un
correspondant américain;du Journal du vwgnè-
tisme, les initier, aux révélations ultramondaines
qui. se -sont -manifestées à-quelques, croyants, de
l'état de New-rYorken 184.6», -. • v,
..ChezitinM.vJohnFox, qui habitait aicette épo-
qu'il n'avait trouvé aucun de ces misérables qui que un petit village;, des coupstrès-légèrs, comme
fût vraiment en commerce avecle. d,iable, ni!qui si quelqu'un frappait sur le parquet ; se faisaient
fût allé véritablement au. sabbat. Il ne faut pas entendre assez: souvent la nuit,, à ce.po.intqu'il
s'imaginer pour cela que ces gens fussent injus- n'y.eut plus moyen de dormir dans la maison. Pen-
tement punis; car ils avaient fait du mal. Seules dant longtempsil fut impossible de découvrir la
ment, on leur appliquait des peines trop sévères. cause de ces,coups mystérieux, lorsque, dans la
, Sper, en patois de Liège, revenant ou plutôt nuit du 31 mars ,1847, les jeunes filles de M. Fox,
esprit; de spirikis. tenues en éveil par ces coups., se mettent, pour
Sphinx, monstre fabuleux, auquel les anciens se distraire-, à les imiter en faisant claquer leurs
S.PI — 631 — SPI
doigts. A leur grand étonnenient, les coups ré- faire entendre pes phénomènes au public, les
pondent à chaque claquement.JUorsla plus jeune coups Insistant sur la .nécessité.; d'une pareille
se met à. vérifier ce- fait surprenant ; elle fait un manifestation, qui, deyait préparer les esprits à
claquement, on-entend un,coup,; deux, trois,«Lc.; l'établissement d'un nouvel, ordre .de-rapports
tpujo.ursl'être invisible rend Je même nombre :de entre les deiix.mond.es .lequel aurait lieu,à une
coups, ijne des autres, filles ,dit, en badinant : époque prochaine- -,'.;- ,,;.:,;;,.: -_\ .•:.<-; .;/ :
u.Maintenant- faites ce que je fais; comptez, un, .,..Quelques niagnélisgurs,,,enlre.autres un M. Ga-
deux, trqis,, quatre, cinq, six,, etc.,; >>-.enfrap- pron,, quidepuis arpublié un livre,sur Ta matière:,
pant chaquefois dans,sa,main le nompre indi- donnèrent à,;ces,faits- un,grand..retentissement
qué. Les poupsja suivirent ayec la-même précir On. sepassipnna pour et contre.,:Qn,consulta les
sion; mais, ice.signe, cl'inlel)igence; alarmant, la somnainbules-jSurle degré; dje.-Gonfiance-qu'on
jeune fille, pjle.cessa,.bjentôt .son expérience. pouvait accorder aux révélations despoups,,;et,
Alors ce,jifut.madame,'Fpx,qUi;dit: :« Comptez à- ce-iquJiL paraît, .auoune; -,:rivali;té,haineuse -jaé
dix. » Et sur-lerchampdix coups sefont entendre. s'établit entre ces^conciirrents-d'Unenouyelle esn
Elle ajoute, :.(i.YoulezrVous; médire l'âge de;Ca- pèçe,. Qn demanda entre;.autrps;à;,un; jeune,gar^-
therine7,(une de.ses,fille,s) ;. » et les coups frap- çon- claimoygnt s'il-pouvait:; voir ,ee;-flui, faisait
pent;précisémentjle:;nombre, d'années; qu'avait ces bruits; 11dit que pui. ceQueîleestifapparence
,.',;.--, de cesrêtres-;?,-^.ils,Ressemblent
celte, enfant.,, .,.-,„..' i,,-; ,,-.;,;i.:;, !-..;.,'•; :-,-.•-,:, à la lumière;:, .
,/ Maûame Fox demanda-ensuite si-ç^laitumêtre ils,sont ^mme, de,la gaze; jp; vois Tputa. Travers
humain qui fr:appaittG,escp.ups,?-,,Pointde(i;éppnsë. -leur corps. —- Eh bien !0cQrnment,s'y.pr,ennent-
Puis;.e}le,,dit ; s- Si.yqus êtgs.un. esprit, je vous ilspour .faire.,ces bruits,;:.est-ce, qu'ils frappent?
prie de frapper deux., coups,,;» et deux coups, se —;Npn,.-ils.nie frappentpas dq iput.,» Puis^ayant .
font,entendre,, i.Eile;ajoute. :, « Si vous êtes, un parurBgardei; ayecime grande attention,pendant
esprit auquel, on a fait dusmal,f,répondez-moi de quelques instants.:,,il ajoute-: «,Ils .veulent',ces
la même.façop,.etles.coups répondentde,suite, bruits, "et ces bruits' se .font; partout
De cette manière, on, lia. eonyersa.tipn,, pour ainsi désirent.,))...;.,,,,,;,
' .-,,,„., ,.v.-,..-:;.;;:,--".-Cf
dire, et bientôt, madame JFpx..parvint à savoir i- Enfin, le' 2& ïèvmer ;185,0-,,le ,"ttochester, Daily\
que; c'était l'esprit.çl'un. homme ; qu'il avait été Màgnçt, publiai, sur, ces faits le récit surprenant
tué dans cette .maison plusieurs, années , aupara- d'une entreype qu'aurait eue -,là, famil le Box avec
yantîijqù'jhétaitiparchand epjpprte.ur,, et.que lé l'esprit,'àé Benjàihin Fra
ioçatalre01qui %J)jtait,la.maison, à çette.-ôpoque Ùneprëmière conversation au moyen des, coups,
l'ayaitiiié.ppuris,'empar.er,de sonargent.: .,.. qupijes personnes,11,.fallait.çpnyoquer pour,une
,,. On pense,bien que, cette, .affaire,n'en: resta pas séance^solennelle.,,fixée au 20,février. A l'heure
là. On, açcpurutde Truies parts. pour causer avec convenue (nous traduisons le récit du journal
les fiOupsj,,,gui,, à (Ce.qu'il paraît.,, sp. firent en- américain) ,,,pn -sp réunit chez, M.,.Draper ynais
tendre, dans, d'autres localités.; ,On,imagina dp se quelques-uns :se firent,-un,peu;.attendre, .On de-
seryir,ideJ-'alRbabpt!,,,,et, un, coup se .faisait, enr manda /d'atordles ins.iructions,;de Benjamin. Fran-
iendrp.-;à la le,ttr;e,voulue. 1Op,.;fit;tout si. bien, klin , qui' répondit ": .«Hâtez-vous - ; faitesiout de
enfin,qu'on en vint à des expériences publiques, suite, magnétiser madame Draper » MvDraper la
dans.lesquelles,les incrédules, usèrentde tous les magnétisa ,,'et elle ne fut pas plutôt, endormie.,
moyens, pour s'assumer.,.qu'il,n'y avait là nulle qu'elle nous dit : « Il nous reproche d'être en
supercherie., ,..,, ,,,;,,:,,! ,; ,, -.- ; ..." ,...,.,,.,..,.. retard; il nous pardonne pourçettefois, mais il
Un jour que plusieurs,personnes.étaient.réu- faut que nous soyons plus exacts à l'avenir. » i
nies pour entendre les coups,., les -voilà- qui de- Alor,s là société se divise en deux, groupes.
mandent l'alphabeti, qf quidjsent à l'assemblée.: MM. Jervis et Jorips, mesdames Fpx,'Brown et
« Vpus ayez tous.un devoir à remplir, Nous vou- mademoiselle Catherine.s'installèrent dans une
drions que vous donnassiez plus deTetentissement pièce éloignée , ayant deux portes fermées, entre
aux faits--que vous examinez.»,,.Celle;,demande eux etié sa|on , pu restaient mesdames Draper
et ^Villet,,et mademoiselle
étant^rès-Tinattendue, on se mit à en discuter les et Jervis, MM. Draper se
difficultés, le.ridicule, l'incrédulité qu'il faudrait Margarétla., Bientôt dés''bruits, téiégraphiques
braver en attirant l'attention ,di\;public,. s|iç; ce firent entendre dans les deux pièces, mais cette
tout ef-
sujet bizarre., « Tant.niieux,,répondent, les coups, fois si forts, que mademoiselle Fox,
votre triomphe n'en sera que plus éclatant. » frayée, demande à la voyante : « Mais que veut
la figure ra-
Après avoir reçu de longues communications de dire tout ceci ? » Madame Draper,
cetinterlocuteur invisible, une foule d'indications dieuse d'animation, répond : « Il essaye les bat-
et
quant à ce qu'il fallait faire, et les assurances les teries. » Bientôt le signal demande l'alphabet,
suis
plus positives que les coups se feraient entendre, on nous dit : « Maintenant, mes amis, je
à toute l'audience, et que tout irait au mieux, prêt. Il y aura de grands changements clans le
ces personnes se décidèrent enfin à louer une cours du dix-neuvième siècle. Les choses qui
grande salle déjà désignée par les coups, pour y vous paraissent maintenant obscures et mysté-
SPI — 632 — SPU
rieuses deviendront claires à vos regards. Des bandonna entièrement à ses avis. Ce n'est que
merveilles vont être révélées. Le monde sera- sur ses conseils qu'il a bombardé Suinter. Il lui
illuminé. Je signe : BENJAMIN FRANKLIN. doit la bataille de Bull-Run. Ellelui a prédit qu'il
», N'allez pas dans l'autre pièce. » entrerait un jour vainqueur dans Washington. Sa
Nous attendions depuis quelquesinstants,lors- puissance comme médium est si grande qu'elle
que M. Jervis se présenta dans le salon, iet nous évoque qui elle veut, vivant ou.mort. On prétend
dit que les coups lui avaient ordonné dp s'y ren- même qu'elle a fait apparaître M. Lincoln à Jef-
dre pour comparer Ses notes avec les nôtres. ferson Davis, abusant d'un moment où le prési-
Alors il lut ces notes, qui étaient comme il suit : dent, abdiquant sa volonté, était endormi à la
Nous demandons : «Est-ce tout comme vous MaisOn-Blanche. On raconte que M. Lincoln a
le voulez ? —^ Oui. » Nous" entendons le signal révélé-tous ses secrets à son adversaire, a fait
pour faire réciter l'alphabet, et on nous dit : « 11 trois fois le tour de-Ta chambre en voltigeant,
y aura de grands changements dans le cours du puis s'est évanoui par la cheminée. On: conçoit
dix-neUvième siècle". Dès choses qui vous pa- qu'après de pareilles preuves de puissance; Beau-
raissent maintenant obscures et mystérieuses regard ait confiancedans ElzurBahoor. i>
deviendront claires à vos' regards. Dès merveilles -En tout cela, nous ne jugeons pas ; c'est l'af-
vont être révélées. Le monde 'sera illumine. Je faire de'l'Église. Le P. Matignon, dans Un admi-
signe: BENJAMIN FiiANLiN. rable petit livre 1, éclaire les âmes prudentes sur
»; Allez; dans Te salon, et comparez vos notés ces faits du spiritisme.. Il voit Paris" consèrvei' à
avec celles des autres. » ce propos'des séances hebdomadaires où l'on
• Cette
comparaison faite, M. Jervis retourne à est reçu des qu'on est sympathique aux esprits;
son groupe, et alors, par l'alphabet, onleur dit : il voit, dans là plupart de nos grands centres,
« Maintenant, allez tous dans le salon. » Ce qui des réunions d'hommes influents évoquer les
fut-fait; et enfiniâ leetuVegénérale des notés fut morts et hè recevoli-des esprits trompeurs qui
faîte en présence dé tous. leur répondent que des illusions ou des fourbe-
Après: cette lecture - nous demandâmes : « Le ries. Dieu a condamné les évocations des morts;
docteur Fràri;kliri;a-t--il encore quelque chose à les esprits qui se dohnent des noms ne sont donc
nous dire ? —11 me semble que je vous ai donné que ces puissances de l'air qui nous circonvien-
bien assez dé preuves pour aujourd'hui. ,-—' Né nent pour nous entraîner. Voy. TABLES.
faut-il pas garder lé-secret sur celte expérience ? Spodomantie ou Spodanomancie, divina-
-—Non, il faut en mettre le récit dans les jour- tion par les cendres des sacrifices; chez les an-
naux.; — Dans quels journaux ?—- Dans le -Ot'- ciens- Il en reste quelques vestiges en Allemagne.
mocràt ou le Magnet. '"*- Qui doit rédiger ce Oh écrit du boUt du doigt, sur la cendre exposée
compte rendu ?.— George Wiïlet.-» .' à l'air, ce que l'on veut savoir; on laisse là cen-
Alors on nous fixa l'heure et lé lieu d'Un pro- dre ainsi chargée de lettres à l'air de la nuit, et
chain rendez-vous, en nous indiquant encore le lendemain matin, on examine les caractères
deux autres individus qui devaient y assister avec qui sont restés lisibles ,.et on en tire des oracles.
nous; Quelquefois le diable vient écrire la réponse.
On- sait que" les esprits ont causé avec les hu- Voy. GENDRES.
mains, au moyen des tables tournantes. Ensuite Spranger (Barthélemi), peintre d'Anvers qui
sont, venus les médiums, personnages favorisés se rendit célèbre au seizième siècle par un tableau
par les esprits qui font d'eux leurs organes. Nos connu.sous, le nom de tableau des sorciers.
journaux reproduisaient en janvier i'862- plu- Sprenger (Jacques), dominicain qui, avec
sieurs nouvelles du spiritisme, venues aussi des son confrère Henri Institor, écrivit, d'aprèsleurs
relations, américaines. En voici une : propres expériences dans les affaires de sorcelle-
« Le général Scott avait pour principal con- rie, un livre qui a fait assez de bruit, sous le
seiller un beau guéridon;en palissandre. D'après titre de Maliens maleficorûm, Lyon, 1484, ré-
le Joiimal de Mayfield, ce n'est plus une table imprimé plusieurs fois en divers formats et dans
que consulte Beauregard, mais un médium en diverses collections, à Cologne, à Nuremberg, à
chair et en os, une jeune Hindouslani, nommée Francfort, etc.
ElzurBahoor. Spunkie, démon qui protège en Ecosse les
» Cette fille de Brahma a commencé, dit-on, maraudeurs et les bandits. Il est errant et assez
par être bayadère au service du fameux Nana- redouté 2.
Sahib. Après le massacre de Cawnpore, elle resta Spurina. Suétone assure que l'astrologue Spu-
dans cette ville assiégée par les Anglais, et tomba rina prédit à César que les ides de mars lui seraient
aux mains du général Havelock, qui l'envoya à
Londres. Là elle fut douée de la faveur spirile, 1 Les morts et les vivants, entretiens sur les com-
devint médium, connut M. Home et partit avec munications
d'outre-tombe, pelil'in-1'2.
un riche planteur pour la Nouvelle-Orléans. Elle 2 Voyez la légende du Spunkie dans les Légendes
y émerveilla Beauregard, qui se l'attacha et s'a- des esprits et démons.
SQU — 633 STA
funestes. César se moqua de lui et fut assassiné que tous les pendus avaient une raie au pouce
dans la journée. comme la marque d'une bague. Le roi voulut
Squelette. Un chirurgien qui était au service s'en assurer, et ordonna qu'on visitâtla main' d'un
du czar Pierre le Grand avait un squelette qu'il malheureux qui allait être exécuté ; n'ayant trouvé
pendait dans sa chambre auprès de sa fenêtre. aucunehiarque, le sorcier fut regardé comme un
imposteur et iogé en prison-,-'.;
Staffirs, spectres dangereux-qui se montrent
êh formes de femmes blanches dans la Moldavie
et la Valachie.
StagiruiS; moine hérétique qui était souvent
possédé- On rapporte que le diable, qui Occupait
son corps; apparaissaitsous'laTôrihe d'iun pour-
éeàu couvert d'ordure ëtfort puant- 1. ;
Stàlkërs, lutin méchant qui hâhtë les:pays
flamands; '": -' •-.•:•-
Stanoskâ, jeune.fille de Hongrie dont oh ra-
conte 'ainsi Thistoireï Un défunt nommé Millo
étaitdevenu vampire;' il reparaissait les nuits rët
suçait lès gènsv La pauvre 1StanosM-' qui s'était
couchée;ëh bonne santé, se réveilla au-milieu-de
là huit enis'éériànt que Mille*-,;
moft depuis'neuf
que c'était une opinion reçue .chez les Saxons tement-du vampirisme au dix-huitième siècle;
qu'il y avait des sorcières et des spectres (dans Ce qui doit prouver encore que les stryges des
ce cas des vampires) qui mangeaient ou suçaient anciens étaient quelquefois des vampires, c'est
les hommes vivants; qu'on les brûlait, et que, que, chez les Russes, et dans quelques contrées
pour se préserver désormais de leur voracité, on de la Grèce moderne où le vampirisme a exercé
mangeait la chair de Ces stryges ou vampires. ses ravages, on a conservé aux vampires le nom
Quelque chose de semblable s'est vu dansle trai- de stryges. Voy. VAMI-HIES. -
Stuffe |(Frédéric). Sous Rodolphe de Habs- fit déclarer qu'on eût à lui livrer le faux prince
bourg, il y eut en Allemagne un magicien qui pieds et poings liés, et qu'il accorderait la paix.
voulut se faire passer pour le prince Frédéric La proposilion.fut acceptée : l'imposteur fut con-
Stuffe. Avec le secours des diables, il avait telle- duit devant Rodolphe, qui le condamna à être
ment gagné les soldats que les; troupes le sui- brûlé comme un sorcier *.
vaient au moindre signal, et il s'était fait aimer Sttimf (Pierre), misérable qui, uni vingt ans
en leur fascinant les yeux. On ne doutait plus à un démon succube, en avait obtenu une cein--
que ce ne fût le vrai Frédéric, lorsque Rodolphe, ture au moyen de laquelle il prenait tout à fait la
fatigué des brigandages que ce sorcier exerçait, forme d'un loup. Il avait,, sous celle forme,
lui fit la guerre. ,Le sorcier avait pris la ville de égorgé quinze enfants, mangé leur cervelle., et
Cologne; mais, ayant été contraint de se réfu-
gier à Wetzlar, il y fut assiégé ; et comme les 1 Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions des
choses élaientaux dernières extrémités, Rodolphe esprits, p. 303.
,'STY — 638 — SUP
il allait: manger'deux de ses belles-filles lorsqu'il extraordinaire de ce remarquable produit, sem-
fut exécuté à-Bibourg , en Bavière* blaient donner de l'appui à cette assertion.
Styx, fontaine célèbre dans les enfers des La chimie s'occupa de l'analyse de la nouvelle
païens.; - - manne, et conclut que c'était la résine qui s'é-
SuGcor-Bénoth, chef des eunuques deBelzé- coule d'un tronc d'arbre à la manièrp delà ré-
buth -, démon: de la jalousie.. sine du cerisier. C'est ainsi qu'on extravaguait
Succubes, démons qui prennent des figures sur l'origine du sucre, j.Teyulgaire ne manquait
de femmes. On trouve dans quelques écrits, dit pas d'y ajouter du romanesque ; il regardait le
le rabbin Elias, que, pendant cent trente ans, sucre comme un ouvrage des sorcières indien-
Adam fut visité par des diablesses, qui accou- nes, qui le tiraient des cornes delalune pendant
chèrent de démons, d'esprits, ,de,; lamies-, de son premier quartier. Enfin Marco Polo vint
spectres, de lémures et de-;-îàntômes. Sous le- ptonner le monde européen lorsque, de retour
règne de Roger, roi de Siç1]é!,j-un--jëûp:ihomme, de ses voyages, il entra dans Venise la canne à
se baignant au clair de la lune"à-vec plusieurs au- sucré eirmain, et expliqua le secret de préparer
tres personnes, crut voir quoiqu'un qui se noyait, le sucre.
courut à son secours, et ajant retiré de l'eau La culture de la canne a sucre fut introduite
une femme, en devint épris, l'épousa et en eut en Arabie ; de là, comme le Café, on la trans-
un enfant. Dans la suite, clic disparut avec son planta dans les régions méridionales, en,Egypte,
enfant, sans qu'on en ait dcpuis-pntendu parler, en Sicile, à Madère, à Hispaniola,au Brésil, etc.
ce qui a fait croire que celte femme était un dé- Suceurs (démons). Quoique,immortels, dit
mon succube. Hector de Boëce, dans son his- Gorres, les démons sont appauvris dans leur
toire d'Ecosse, rapporte qu'un jeune homme êlre et cherchent ailleurs ce qui leur manque.
d'une extrême beauté était poursuivi par une Ils le trouvenl en partie dans l'homme; or
jeune démonc, qui passait à travers sa porte celui-ci ne peut peidre malgré lui-ce-,qu'il a reçu
fermée et venait lui offrir de l'épouser. 11 s'en comme portion de son êlre. Mais si les démons
plaignit à son évoque, qui le fil jeûner^pricr el parviennent à obtenir son consentement, ils
se Confesser, et la beauté d'enfer cessa de lui exercent un empire absolu sur le domaine qu'il
rendre visite. Delancre dil qu'en Egypte, ,un leur a cédé, et le froid de la mort se réveille à
honnête maréchal ferrant étant occupé.à forger la chaleur de la vie. Or la vie est dans le sang.
pendant la nuit, il lui apparut un diable sous la C'est donc en suçant le sang de l'homme que les
forme d'une belle femme. Il jeta"unjfer chaud à démons se nourrissent de la vie,', ils apparais-
la face du démon, qui s'enfuit. sent quelquefois en vampires; et si ou lit Ho-,
Les cabalistes ne voient dans les démons suc- mère, on voit, dans .les''sacrifices d'Ulysse aux
cubes que des esprits élémentaires. Voy. INCUBCS,enfers,- combien les ombres et les dieux infer-
i ABUAHIÏI, , etc. naux étaient avides de sang.
Sucre. Les Grecs ont, à la vérité, connu le Sueur. On-dit qu'un morceau de pain placé
1
sucré, mais seulement comme un article rare et sous l'aisselle' d'une personne qui transpire
précieux, et Théophrasle, le premier, en fait 'devient un poison mortel, et que, si on le donne
mention. On l'appelait le sel indien. Cependant ià manger à un chien, il devient aussitôt enragé.
les Chinois connaissaient déjà l'art de le raffiner.. ;,C'csl une erreur. La sueur de l'homme ne tue
De la.Chine, le sucre fut porté vers l'Inde occi- pas-plus que sa salive.
dentale, où il reçut le nom qu'il porte encore Sùïrïmanus, souverain des mânes dans l'an-
aujourd'hui, succar. Parmi les peuples européens cienne mythologie.
du moyen âge, ce furent les Portugais qui con- Sunnyass, fanatiques de l'Inde. Voyez Su-
nurent les premiers le sucre dans les ports de PEHSTITIONS.
l'Inde. Supercherie. Henri Estienne raconte que de
Les Indiens racontaient des merveilles de la son temps un curé de village répandit pendant
vertu du sucre ; ils cherchèrent à induire les Por- la nuit, dans le cimetière des écrevisses sur le
tugais en erreur, sur son origine. Mille contes fa- dos desquelles il avait attaché de petites bougies.
buleux avaient couru à ce propos en Europe. Les A la vue de ces lumières errantes, tout le village
savants l'appelaient miel de l'Orient. Cependant fut effrayé et courut chez le pasteur. Il fil en-
on objectait qu'on le découvrait dans le miel or- tendre que c'étaient sans doute les âmesdu pur-
dinaire. Les théoriciens répondaient qu'il ne fal- gatoire qui demandaient des prières. Mais mal-
lait pas s'en laisser imposer par les praticiens, et heureusement on trouva le lendemain une des
que ce miel était une espèce de manne qui tombe écrevisses que l'on avait oublié de retirer, et
du ciel en Inde. Il n'y avait rien à opposer à cet l'imposture fut découverte.
argument : la blancheur, la pureté,' la suavité Ce: petit conte de Henri Estienne est une de
ces inventions calomnieuses •que les protestants
- - Deli'io, Disquisitionum magicarum lib. ont prodiguées.en si grand nombre.
p.190. Edition-de Mayence, 4612. 1 Mystique, liv. VI1T,cli. xxx.
SUP — 639 — SUP
Superstitions. Saint Thomas définit la su- naval. — Quand on travaille à l'aiguille les jeudis
perstition : un vice opposé par excès à la reli- et samedis après midi, on fait souffrir Jésus-,
gion, un écart qui rend un honneur divin à qui Christ et pleurer la sainte Vierge. Les chemises
il n'est pas dû ou d'une manière qui n'est pas qu'on fait le vendredi attirent les poux... Le fil
licite. Une'chose est superstitieuse 1° lorsqu'elle filé le jour du carnaval est mangé des souris.
est accompagnée de circonstances que l'on sait
n'avoir aucune vërjtii'naturelle pour produire les
effets qu'on en espère ; 2° lorsque ces effets ne
peuvent être raisonnablement attribués ni a Dieu
ni à laiiaturë; 3° lorsqu'elle n'a été instituée ni
de Dieu ni de TÉglise; k? lorsqu'elle'se fait eh
vertu' d'Un pacte àvé'c lë'diablël La superstition
s'étëlid si''lpiii- que cette définition ; qui est du
curé Thiers; est très-incômplëlë.il y ades gens
qui jettent là" crémaillère hors du logis pour
avoir du beau temps'; d'autres mettent une épée
nùë sur lé mât d'un'-vaisseau polir àpaiseria
tempêté ; lès uns ne'iMhgëntpdiht dé têtes d'a-
hihïâux-, pôUf' n'avoir-jamais mal ;àTa tête'; les
autres tducheftt 'aVëclëSdents une dent de pendu
ou'Tih Os-dp-mort, !-ôumettent du fer entre leurs
dëhts -' pendàht'qu'on sohnë lesclocheslesamedi
saint; pour-guérir le mal de dents. Il en est qui
portent contre la crampe un' anneau fait pendant
qu'on chanteia'Passion;' ceux-ci se inèltent'au
coii- deux noyaux'd'avelines 'joints ensemble
contreia dislocation: dèS'membres;; ceux-là met-
lëntdu fil filé par une' viërge'ou'du plombTondu
dansl'eau isui"un enfant tourmenté; par les yersi
Ori'eh voit qui' découvrent le .toit dé la; maison
d!Unèpersonne'malade-lorsqu'elle'ne;-meurt pas
assez facilement:,; que son agonie est trop longue
et qu'on désiresà mort ; d'autres enfin: chassent
les 'mouches' lorsqu'une Temme est: en travail
d'enfant;- de crainte qu'elle n-accouche d-uné
Certains- juifs allaient à une rivière et s'y yrOn rie doitpasmàûger de choux lejour de saint
lilleVi;
baignaient êh disant quelques prières ; ils étaient Etienne, parce qu'il s'était caché dans des choux.
persuadés que si l'âme de leur père bii de leur Les loups ne peuvent faire aucun mal aux brebis
h'èfe était eh-purgatoire-;ce bain la rafraîchirait. etauxporcs, si le'b'ergerporlë le nom de saint
• 'Voici diverses opinions - superstitieuses.- Mal- Basile écrit sUruh'billët et attaché au haut de sa
heureux qui chausse le pied droit le premier. Un houlette. A Madagascar, on remarque,:comme
couteau donné coupe l'amitié. 11 ne faut pas on le faisait à Rome, les jours heureux et les
mettre;les-GO'Uteà'ù-x eiï croix ni marcher sur des jours malheureux. Une femme de Madagascar
fétuscroisés. Semblâbleirtënt,!les fourchettes croi- croirait avoir commis un crime impardonnable
séessontd'un'sinistre présage. Grand malheur si, ayant eu le malheur d'accoucher dans un
encore qu'un miroir cassé, une salière répandue, temps déclaré sinistre, elle avait négligé de faire
un pain retourné, un tison dérangé!... Certaines dévorer son enfant par les bêles féroces , ou de
gens trempent' un! balai dans l'eau pour Taire l'enterrer vivant, ou tout au moins de l'étouffer.'
• On peut boire comme un trou, sans cfainle de
pleuvoir.;-'
La cendre de la fiente de vache est très-sacrée s'enivrer, quand on a récité ce vers :
chez les Indiens;; ils s'en mettent tous les ma-
tins au froiit et à la:poitrine; ils croient qu'elle Jupiter bis alta spnuit clemenler ab Ida.
purifié l'âme;:' ;-';.:- <: Presque tous les articles de ce livre mention-
Quand, chez- nous -, une femme est en travail nent quelque.croyance superstitieuse. Nous cite-
. d'enfant, on vous dira, dans quelques provin- rons encore, avec un peu de désordre, plusieurs
ces, qu'elle àccOUbhëra1sans douleur si elle met petits faits. Voici des notes de M. Marinier ' sur
la culotte de son mari:—Pour empêcher que les la Suède : .
renards né viennent manger lés poules d'une « Quand on enlerre un mort, on répand sur
métairie ; il faut faire, dans les environs, une le sentier qui va de sa demeure au cimetière
aspersion de bouillon d'andouille le jour du car- des feuilles d'arbre et des rameaux de sapin.
SUP 640 —. SUP
C'est l'idée de résurrection exprimée par un- leurs maîtres des ablutions et les sacrifices pres-
symbole. C'est le chrétien qui pare la route du crits par leur croyance,
tombeau. Quand vient le.moisde "mai, on plante » Le soleil n'est pas encore levé que les degrés
à la porte des; maisons des arbres ornés de ru- du large et magnifique escalier en pierre de taille
bans et de couronnes de fleurs, comme pour sa- qui se prolonge jusqu'à l'eau, et qui à lui seul
luer le retour du printemps et le réveil de la est un monument remarquable, sont chargés
nature. Quand vient iNoël, on pose sur toutes les d'Hindous qui viennent prier et se baigner dans
tables des sapins chargés d'oeufs et de fruiLs, et Je Gange.; Tous sont chargés de llëurs ; à chaque
entourés de lumières: image sans doute de celte strophe de ; leurs ; prières, ils en -jettent dans
lumière céleste cpii est venue éclairer le monde. l'ëau, dontla surface, au bout de;quelques mo-
Celte fêle dure quinze jours, et porte encore le ments , est couverte dp camelliâs ,de; roses ; de
nom Aejul. Le jul était l'une des grandes solen- mongris; hommage -que tous les sectateurs de
nités de la religion Scandinave. A cette fêle, Brahmà; rendent chaque jour aU; roi des fleuves.
toutes les habitations champêtres sont en mou- s-- »;En parcourant les rueS ;, qui sont toutes-fort
vement. Les amis vont visiter leurs ainis, el les étroites, je vis ;une foulé-:nombreuse.:se diriger
parenls leurs parents. Les traîneaux circulent sur vers une large avenue, de manguiers -,1-Ji abou-
les chemins. Les femmes se font des présents; tissait; à Tune-desPayàdes-j-C'était un Jour: de
les-hommes s'assoient à la même table et boi- grande solennité, ie parvins avec peine près de
vent la bière préparée exprès pour la fêle. Les ce temple- où les:plus-étranges;scènes, s'offrirent
enfants contemplent les étrennes qu'ils ont re- à; mes: regards;-; Je;-mël crus un,moment;entouré
çues. Toutle monde rit, chante et se réjouit, de-malfaiteurs subissantlà pgine; dë;leurs:crimeSî
comme dans la nuit où les anges dirent aux ber- ou bien-;certainement deïfous-furieux;; les uns,
gers.: Réjouissez-vous, il vous est né un sau- véritables squejettes:vivants,;étaiehtdepuis vingt
veur. Alors aussi, on suspend une gerbe de blé années renfermés; dans des cages de fer d'où ils
en haut de la maison. C'est pour les pelils oi- n'étaient,jamais, sortis; d'autres,,insensés, sus-
seaux des champs qui ne trouvent plus de fruiLs pendus par les bras,; avaient fait voeu de-rester
sur les arbres, plus de graines dans les champs; dans cette position j usqu'à ce que ces.;membres,
„11 y a une idée touchante à-se souvenir, dans un privés de-sentiment,, eussentperduleur jéud'ar-
temps de fêle, des -pauvres animaux privés de ticulation. Un de ces fanatiques me frappa par
pâture, à ne pas vouloir se réjouir sans que tous spn regard; sombré ;et farouche, ; qui décelait
les êtres qui souffrent se réjouissent aussi. l'horrible angoissé; qu'il,éprouvait en: tenant son
» Dans plusieurs provinces delà Suède, on poing constamment fermé, pour'que ses ongles,
croit encore'aux elfes qui dansenl le soir sur les en croissant, :entrassent dans les-chairs et finis-
collines. Dans quelques autres, on a une cou- sent par lui percer la main.. Chez ce, peuple ido-
tume singulière. Lorsque deux jeunes gens se lâtre , il existe des préjugés, des supprstitions
fiancent, on les lie l'un à l'autre avec la corde plus affreuses encore,, entre autres l'horrible et
des cloches, et on croit que cette cérémonie barbare sacrifice.des femmes sur le bûcher de
rend les mariages indissolubles. » ...."'-.. leur mari défunt. Les lois sévères, et l'influence
Un nouveau voyage dans l'Inde nous fournit morale des Anglais, à qui appartient une grande
sur les superstitions de ces contrées de nombreux partie de cette immense contrée, ne diminuent pas
passages ; nous n'en citerons que quelques- vite, ces coutumes absurdes et révoltantes. Mais
uns. ces sacrifices odieux ont encore lieui en secret,
« Lorsqu'un Indien touche à ses derniers mo- et le préjugé est tel que la malheureuse victime
ments, on le transporte au bord du Gange; qui s'arrache au bûcher est rejetée de sa caste,
étendu sur la berge, les pieds dans l'eau, on lui maudite de sa famille, et traîne les jours qu'elle
remplit,de limon la bouche et les narines; le a voulu sauver dans l'ignominie, la misère et
malheureux ne tarde pas à être suffoqué et à l'abandon. ',-.-, - .
rendre le dernier soupir. Alors, ses parents, qui » Chez tous les peuples qui n'ont pas reçu la
l'environnent, se livrent au plus frénétique dé- lumière de l'Évangile et parmi les Indiens plus
sespoir ; l'air retentit-de leurs-cris; ils s'arra- que partout ailleurs, une femme est regardée
chent les cheveux , déchirent leurs vêlements et pour si peu de chose que les plus durs traite-
poussent dans le fleuve ce cadavre encore chaud ments, les travaux les plus pénibles lui sont
et.presque palpitant, qui surnage à la surface réservés. Aussi s'habitue.nt-ils difficilement à voir
jusqu'à ce qu'il devienne la proie des vautours ,les femmes européennes entourées d'hommages
et des chacals... et de respect. ~
«Après avoir traversé plusieurs villes et vil- » Bénarès, comme toutes les villes indiennes,
lages, me voici devant Bénarès, la ville sainte offre le singulier mélange de toutes les supersti-
des Hindous, le chef-lieu de leurs superstitions, tions des divers peuplesde l'Orient.; A leurs traits
où plusieurs princes ont des maisons habitées par beaux et réguliers, à leurs membres musculeux,
leurs représentants, chargés défaire au nom de à leurs, turbans blancs et à leurs larges panla-
SUP — 641 SUR
Ions, on reconnaît les sectateurs d'Ali et deMaho- sentir de douleur. Il plana bientôt au-dessus des
met. On distingue les brahmes, adorateurs de têtes, prit dans sa ceinture des poignées de
Yichnou, à leur démarche grave et hautaine ; à fleurs qu'il jeta à la foule en la saluant de gestes
leur tête nue, aux lignes blanches, jaunes et animés et de cris joyeux.
rouges qu'ils portent sur le front, et: qu'ils renou- » Le fanatique paraissait heureux-de sa-posi-
vellent tous les matins à jeun;- à leiirs vêtements tion ; il fit trois tours dans l'espace de cinq-mi-
flancs drapés avec art sur leurs épaules ; enfin, nutes. Après quoi on le descendit, etlescbfdes
à la marque fa plusdistinctivè'dè leurs-fonctions ayant été déliées, il fut ramené; à; la pagode; au
de brahmes, le cordon en écharpe qu'ils portent bruit des tam-tams et aux acclamations du peuples
de gauche à droite, et qui se compose d'un » Que penser d'une religion qui veut'de tels
nombre déterminé de fils, que l'on observe sacrifices ? Quels préjugés! quel aveuglement!
scrupuleusement. Il est filé sans quenouille, et ,Gn"éprouve un sentiment :douloureux au milieu
de la main même des brahmes. Le cordon des de ce peuplé privé de,ces véritésconsolantes, de
nouveaux initiés a trois brins avec un noeud; à: ces.pratiques si;douces et'si subliines:dë la relr- -
l'âge de douze ans, on leur confère le pouvoir gion du Christ. Hâtons de nos- voeux le moment
de remplir leurs fonctions; ils reçoivent alors le, où celui qui. a:dit au soleil : « Sortez du néant et
cordon composé de six brins avec deux noeuds., » présidez au jour, «commandera à sa divine
» Les Hindous sont divisés en quatre castes : la lumière d'éclairer ces peuples assis a l'ombre de
première est celle des brahmes ou prêtres; la se- la-mort. , .-:.', "._... ;.- -.
conde celle des guerriers ; la troisième celle des )) Tous les. riches'habitants- de: Madras pos-
agriculteurs ; la quatrième celle des artisans. Ces sèdent de charmantes maisons de campagne; en-
caâles ne peuvent manger ni s'allier^ensemble. tourées de jardins d'une immense étendue; c'est
Vient ensuite la caste la plus basse, la plus mé- un véritable inconvénient pour les visiteurs,: qui
prisée , la plus en horreur à tous les- Hindous : ; sont souvent obligés de parcourir un espace de
c'esl celle des parias, qui sont regardés comme trois milles pour aller d-uneimaison à 1-autre: En
des infâmes, parce qu'ils ont été chassés il y a revenant, un soir d'une:de ces. délicieuses pro-
des; siècles peut-être des castes auxquelles ils; priétés fort élùignéede la ville;, j'en tendis; dès
appartenaient. Celle infamie se transmet de père cris déchirants paiiir d'une habitation: indienne
; en fils, de siècle en siècle. Quaud un Hindou de; devant laquelle; je passais; ils furent bientôt cou-
caste permet à un paria do lui parler, celui-ci verts: par :une.musique assourdissante;: le son si
est obligé de tenir une main devant sa bouche, tristedu tam-tam prévalait sur tout ce tumulte. Je
pour que son haleine ne souille pas le fier et or- sortis de mon palanquin,: et montant sûriuue
gueilleux Bengali. peti te eminence qui se; trouvait à quelques pas
» Le nombre des parias est si considérable que de la maison, je pus jouir tout à mon aise de
s'ils voulaient sortir de l'opprobre où on les tient, 1'élrarige spectacle .qui- s'offrit à ma vue.
ils pourraient devenir oppresseurs à leur tour. » Je vis sortir de cette habitation des musi-
» Vers le milieu de la journée, dit ailleurs ciens deux à deux, et, dans le même ordre, sui-
l'écrivain que nous transcrivons, nous arrivâmes vaient une trentaine d'Indiens, tous coiffés d'un
près d'une vaste plaine, où se trouvaient réunis mouchoir en signe de deuil; ils déroulèrent dans
ira grand nombre d'Hindous. Au centre s'éle- toute sa longueur une pièce d'étoffe blanche d'en-
vait un mât ayant à son sommet une longue viron trente pieds,, qu'ils étendirent avec soin
perche transversale fixée par le milieu. Quelques ; sur le milieu de la route. Puis venait un groupe
hommes, pesant sur l'un des bouts de la perche, d'hommes paraissant chargés d'un lourd et pré-
la tenaient près dii sol, tandis que l'autre extré- cieux fardeau qu'ils portaient sur leurs épaules;
mité s'élevait eh proportion-contraire; Un corps ils marchaient sïir le tapis jonché de fleurs, que
humain y était suspendu ; il paraissait nager dans de jeunes filles jetaient à mesure qu'ils appro-
l'air. Nous nous approchâmes du cercle formé, chaient. Le fardeau était une jeune fille morte,
par les spectateurs, et je vis avec le plus grand; richement parée,, que l'on conduisait à sa der-
étonnemenl que ce malheureux n'était retenu nière demeure. Le voyageur eut }e bonheur d'en-
dans sa position que par deux crocs en fer. tendre les chants de' l'Église .sur la fosse ; -car on
» Cet homme ayant été descendu et décroché, rendait à la terre les restes d'une chrétienne
il fut remplacé parmiautre sunnyass; c'est sous- malabar.e.
ce nom qu'on désigne Cette sorte de fanatiques!, On voit dans le même chapitre comment sont
Loin de donner des signés de terreur, il s'avança enterrés les Indiens sans honneur. Tippoo-
gaiement et avec assurance au lieu du supplice. Sahjb dut sa perte surtout à la perfidie. Son pre-
Un brahme s'approcha de lui, marqua la place où mier ministre ; soupçonné d'avoir trahi sa cause,
il fallait enfoncer les pointes de fer; un autre, fut massacré par les soldats et enterré sous des
après avoir frappé le dos de la victime, avait in- babouches (souliers) ; ce qui, dans l'Orient,-est
troduit les crocs avec adresse, juste au-dessousde, la plus grande marque de mépris. -
l'omoplate. Le sunnyass ne parut point en res- Sureau. Quand on a' i'eçu- quelque: maléfice de
SUR 642 — SWE
la part d'Un sorcier qu'on ne connaît point, qu'on emprunté tout ce qui a rapport au fer et à l'acier
pende son habit",à une cheville, et qu'on frappe dans son Histoire des arts el métiers. Il composa
dessus avec un bâton de sureau : tous les coups aussi plusieurs ouvrages sur I'anatomie (ce qui
retomberont sur l'échiné du sorcier coupable, est un nouveau trait de ressemblance entre lui et
qui sera forcé de venir, en toute hâte, ôler le Descartes), et sembla même indiquer, dans un,
maléfice. chapitre sur la pathologie du cerveau, le système
Sùrtur, génie qui doit, selon les Celles, re- phrénologique auquel le docteur Gall dut plus
venir, à la fin du monde, à la tête des génies du tard sa célébrité. Il publia enfin , sbus lé titre de
feu, précédé et suivi de tourbillons enflammés; Doedalus hyperborèus, des essais de mathéma-
il pénétrera par une ouverture du Ciel, brisera le tiques et de physique qui fixèrent l'attention de
pont Bifrost, et, armé d'une épée plus étincelante sescohtemporains. .
que le soleil; combattra les dieux, lancera des
feux sur toute la terre, et consumera le monde
entier. Il aura pour àntagOnislele dieu Frey, qui
succombera. Voy. BIFROST.
Sustrugiel, démon qui, selon les Clavicules
dé Sàlomon, enseigne l'art magique et donne
des "esprits familiers.
Suttée- C'est le nom qu'on donne dans l'Inde
au sacrifice d'Une Veuve parle feu. Ces sacrifices
sont rarement volontaires. Un voyageur anglais
écrivait en 1836 :
« Une'tentative de suttée a eu lieu le mois der-
nier (avril) hors des murs de Jeypore.i J'en ai été
averti à temps, et je vis un grand concours de
peuple qui se portait de la ville- à Murda-Haida. :
J'appris que ces gens allaient voir une suttée. La
femme était siir le bûcher. Dès que les flammes
l'y gagnèrent, elle s'en élança et y fut rejetée.
Elle s'en arracha une sècondefois. On la replon-
gea de nouveau dans lé feu , elle s'en sauva une
troisième fois. La police de Jeypore intervint
alors, et renvoyai'affaire au Rawul, qui ordonna
de ne plus employer la force. La veuve fut sau-
vée en conséquence, et puis se réfugia dans un ' »"11 pariait les langues anciennes, plusieurs
de nos hôpitaux; sans quoi elle eût été chassée langues modernes, les langues orientales, et pas-
du district. C'est, entre beaucoup d'autres preu- sait pour le plus grand mécanicien de son siècle.
ves, une preuve nouvelle que le sacrifice est, Ce fut lui qui fit amener par terre, au siège de
dans un grand nombre de circonstances, un Frédérick-Hall, en se servant de, machines de
meurtre prémédité de la part des parents de la son invention, la grosse artillerie qui n'avait pu
victime... » êlre transportée par les moyens ordinaires.
Swedenborg (Emmanuel), célèbre visionnaire » Loin d'êlre; écrits dans un langage mystique,
suédois. comme on le'croit communément, la plupart des
« Nous ne savons guère, en France, qu'une traités religieux de Swedenborg se recommandent
chose de Swedenbord, dit M. Emile Souveslre;, par la méthode, l'ordre et la sobriété. Ils peu-
c'est que, dînant un jour de bon appélit dans vent se partager en quatre classes, que l'on n'au-
une taverne de Londres, il entendit la voix d'un rait jamais dû confondre : la première renferme
ange qui lui criait : « Ne mange pas tant ! » et les livres d'enseignement et de doctrine ; la se-
qu'à parlir de cet instant il eut des extases qui conde, les preuves tirées de l'Écriture sainte ; la
l'emportèrent régulièrement au ciel plusieurs fois troisième, les arguments empruntés à la méta-
par semaine. Selon quelques auteurs, l'illuminé physique et à la morale religieuse ; enfin, la qua-
suédois fut un des savants les plus distingués des trième, les révélations extatiques de l'auteur. Les
temps modernes, et celui qui, après Descaries, ouvrages compris dans cette dernière catégorie
remua le plus d'idées nouvelles. Ce fut Swe- sont les seuls qui affectent la forme apocalyp-
denborg qui, dans un ouvrage intitulé Opéra tique, et dont l'extravagance puisse choquer. »
philosophica et mineralia, publié en 1737, entre- Swedenborg fit toutefois, dans sa mysticité, une
vit le premier la science à laquelle nous avons religion, comme en font.tous les illutrtinés. De
donné depuis le nom de géologie. La seconde même qu'il avait devancé les savants-dans quel-
partie de son livre contient un système complet ques découvertes mathématiques, il a été aussi le
de métallurgie, auquel l'Académie des sciences a précurseur des philosophes d'aujourd'hui. H a
SYC 643 SYM
prétendu « réunir toutes les communions en un pour un nécromancien. Ce ne fut pas seulement
vaste catholicisme où toutes elles trouveront sa- le peuple qui donna dans cette idée absurde. Un
tisfaction ». D'après lui, « le principe de tout auteur des vies des papes a dit sérieusement que
bien est dans un premier détachement de soi- Sylvestre, possédé du désir 'd'être pape, avait eii
même el du monde. Cet état constitue le bon- recours au diable, et avait consenti à lui appar-
heur présent el futur, c'est le ciel. L'amour exclu- tenir après sa mort, pourvu qu'il lui fit obtenir
sif de soi-même et du monde constitue au con- cette dignité; ce.qui est un mensonge infâme.
traire la damna lion, c'est l'enfer. » Lorsque, par cette voie détestable, ajoute je
Il annonce une nouvelle révélation de l'Esprit, même auteur stupide- il. se vit élevé sur le trône
et se pose le Christ d'un christianisme régénéré, apostolique, il demanda au diable.combien de-
comme font présentement quelques professeurs temps il jouirait de sa dignité ; le; diable lui ré-
de philosophie, En même temps, Swedenborg pondit par cette équivoque digne de l'ennemi du
se disait en communication avec dès intelligenees genre humain : « Vous en jouirez Tant que vous
supérieures et avec les âmes de certains morts ne mettrez pas le pied dans Jérusalem. » La pvé-
de ses amis. Ceux qui le Copient aujourd'hui diclion s'accomplit, Ce pape, après avoir occupé
ont-ils les mêmes avantages ? quatre ans le,trône apostolique, au commence-
Sycomahcie, divination par les feuilles de ment de la cinquième année deson pontificat,
figuier. On écrivait sur ces feuilles les questions célébra les divins mystères, dansla basilique de
ou propositions sur lesquelles on voulait être Sainte-Croix, dite en Jérusalem, et se sentit atta-
éclairci : la feuille séchait-elle après la demande qué aussitôt après d'un mal qu'il 'reconnût .'être
faite au devin par lés curieux, c'était un,mauvais mortel. Alors.il avoua aux assistants le commerce ,
'
présage;.et.-un,.heureux auguré si, elle tardait à qu'il avait eu avec le .diable et la prédiction qui
sécher. :, ; ,i -,,, . - lui avait été faite, les avertissant dé profiter de
, Sydonay. Voy. .ÀSMODÊIÎ. i son exemple et de ne pas se laisser séduire par
Sylla. Comme; il enlrait à main.armée en. Ita- les artifices de cet esprit malin, Nous n'avons pas
lie, on vit dans l'air, en plein jour, deux grands besoin de faire observer que nous rapportons dés
boucs -noirs qui se battaient, et qui, après s'être contes impudemment, menteurs,, jusque dans
élevés bien haut, s'abaissèrent à quelques pieds leurs moindres., circonstances. Puis il demanda ,
de terre, et disparurent en fumée. L'armée de poursuivent les calomniateurs niais de ce grand
Sylla : s'épouvantait de ce prodige,. quand on lui pape, qu'après sa mort son corps fût coupé en
fit remarquer que ces prétendus boucs n'étaient quartiers, mis sur un chariot à deux chevaux, et
que des nuages épais formés par les exhalaisons Inhumé dans, l'endroit que les chevaux désigne-
de la terre. Ces nuages avaient une.forme qu'on raient en s'arrêlanl d'eux-mêmes. Ses dernières
s'avisa de trouver semblable à celle du bouc, el volontés furent ponctuellement exécutées: Syl-
qu'on aurait pu comparer également à celle de vestre fut, inhumé dans la basilique de Latran,
tout autre animal. On dit encore que Sylla avait parce que ce l'ut devant celle église ,que les che-
une figure d'Apollon à laquelle i! pariait en pu- vaux s'arrêtèrent...
blic pour savoir les choses futures. Martinus Polonus a conté encore que Syl-
Sylphes, esprits élémentaires, composés des vestre Il avait un dragon qui tuait tousles jours
plus purs atomes de l'air, qu'ils habitent. six mille personnes... D'autres ajoutent qu'autre-
L'air est plein d'une innombrable multitude cle fois son tombeau prédisait la mort des papes
peuples, de figure humaine, un peu fiers en ap- par un bruit des os en dedans, et par une grande
parence, dit le comte de Gabafis, mais dociles sueur et humidité de la pierre au dehors. On
en effet, grands amateurs des sciences, subtils, voit, par tous ces contes ridicules, qu'autrefois
officieuxaux sages, ennemis des sots el des igno- comme de nos jours, l'Église et ses plus illustres
rants. Leurs femmes et leurs filles sont des beau- pontifes ont été en butte aux plus sottes calom-
tés mâles, telles qu'on dépeint les Amazones. nies.
Cespeuples sont les sylphes. On trouve sur eux Symandius, roi d'Egypte, qui, possesseurdu
beaucoup de contes. Voy. CABALE.. grand oeuvre, au diredesphilosophesherméliques,
Sylvestre II. Gerbert, élevé sur la chaire de avait fait environner son monument d'un cercle
saint Pierre, sous le nom de Sylvestre, en 99°, d'or massif, dont la circonférence était de trois
fut l'un des plus grands papes. Ses connaissances cent soixante-cinq coudées. Chaque coudée était
l'avaient mis si.fort au-dessus de son siècle, que un cube. d'or. Sur un des côtés du péristyle d'un
des hérétiques, ne pouvant nier sa grandeur, palais qui était proche du monument, on voyait
attribuèrent l'étendue de son savoir à quelque Symandius offrir aux dieux l'or et l'argent qu'il
pacte avec le diable.il faisait sa principale étude, faisait tons les ans. La somme en était marquée,
après les sciences sacrées, des sciences mathé- et elle montait à 131,200,000,000 de mines 1.
matiques : les lignes et triangles dont on le voyait Sympathie, Les astrologues, qui rapportent
occupé parurent à des yeux ignorants une espèce
de grimoire et contribuèrent à le faire passer 1 Charlatans célèbres, deM. Gouriel, 1.1, p. 49B.
41.
SYM 6/1/1 SYR
tout aux astres, regardent la sympathie et l'ac- l'assurer qu'elle serait bientôt reine de France;
cord parfait de deux personnes comme un effet et lorsqu'il y fut de retour, il lui confirma cette
produit"'par'la ressemblance des horoscopes. promesse etne pensa plus qu'à l'exécuter ; mais,
Alors tous ceux qui naissent à la même heure peu de temps après, cette princesse fut attaquée
sympathiseraient entre eux; .ce'qui ne se voit d'un mal- violent qui. l'emporta. Le désespoir de
point. Les gens superstitieux voient dans la sym- Henri III ne se peut exprimer; il passa plusieurs
pathie un prodige dont on ne" peut définir la jours dans les pleurs et les gémissements, et il
cause. Les physionomistes attribuent ce rappro- ne se montra en public que clans le plus grand
chement mutuel à un attrait réciproque des phy- deuil.- Il y avait plus de quatre mois que la prin-
sionomies. Il y a des visages qui s'attifent les cesse de Condé était morte et enterrée à l'abbaye
uns les autres, dit Layater, tout comme il y en de Saint-Germain des Prés , lorsque Henri III,
a qui se repoussent. La sympathie n'est pourtant en entrant dans celte abbaye, où le cardinal de
'quelquefois- qu'un enfant de l'imagination. Telle Bourbon l'avait convié à un'grand souper, se
personne vous plaît au premier coup d'oeil, parce sentit des saisissements de Coeursi violents, qu'on
qu'elle a dès traits que votre coeur a rêvés. Quoi- fut obligé de transporter ailleurs le corps de cette
cjue lés -physionomistes ne conseillent pas aux princesse. Enfin il ne; cessa de .l'aimer, '"quelques
visages longs de s'allier avec les visages arron- efforts qu'il fît pour étouffer celte passion mal-
dis, s'ils, veulent éviter les malheurs qu'entraîne heureuse'. Quelques-uns virent là un sortilège.
à sa suite la sympathie blessée, on voit pourtant On raconte qu'un roi et une. reine: d'Arracan
tous les jours des; unions de celte sorte aussi peu (dansl'Asie, au delà du'Gange) s'aimaient éper-
discordantes que les alliances les plus sympathi- diiment; qu'il n'y avait que six mois qu'ils étaient
ques en fait de physionomie. ..".','' mariés, lorsque ce roi Vint à mourir;; qu'on brûla
Les philosophes sympathistesdisent qu 'il émane son corps, qu'on en mit les cendres dans une
sans cesse des corpuscules de tous les corps, et urne, et que toutes les fois que la reine allait
que ces corpuscules, en frappant nos organes, pleurer sur cette urne, ces cendres devenaient
font dans le cerveau des impressions plus on tiédies. .."''
moins sympathiques ou plus ou moins antipa- Il y a des sympathies d'un' autre genre : ainsi
* Alexandre sympathisait avec Bucéphale ; Auguslé
thiques.
Le mariage du prince de Condé avec Marié de chérissait les perroquets ; Néron, les étourneàux;
Clèves se célébra air Louvre le 13 août 1572. Virgile, les papillons; Commode sympathisait
Marie de Clèves , âgée de seize ans, dé la figure merveilleusement avec son singe; Héliogabale,
la plus charmante, après avoir dansé assez long- avec unmoinëau ; Honorius, avecunepoulé 2, etc.
temps et se trouvant un peu incommodée de la Vog. ANTIPATHIE,CLEFD'OH,etc.
chaleur du bal, passa dans une garde-robe, où Syrènes. Vous ne croyez peut-être pas plus
une des femmes de la reine mère, Voyant sa che- aux syrènes qu'aux géants, qu'aux dragons. Ce-
mise toute trempée, lui en fit prendre une au- pendant il est prouvéaujourd'hui qu'il y a eu des
tre. Un moment après, le duc d'Anjou (depuis dragons et des géants; et dans un appendice
Henri, 111), qui avait aussi, beaucoup dansé, y" très-attachant qui suit la légende de saint Oran
entra pour raccommoder sa chevelure, et s'es- (sixième siècle) dans le recueil de M. Amédée
suya le. visage avec le premier linge qu'il trouva : 1 Saint-Foix, Essais.
c'était la chemise qu'elle venait de quitter, En 2 Les antipathies ne sont pas moins singulières on
rentrant dans le il
bal,, jeta les yeux sur Marie de
certains cas que les sympathies.. On a vu à Calaisun
Clèves, la regarda avec autant de. surprise que. homme qui entrait en fureur malgré lui lorsqu'il en-
s'il ne l'eût jamais vue; son émotion, son trou- tendait crier des canards, il les poursuivait l'épéeà
ble,, ses transports, et tous les empressements la main. Cependant il en mangeait avec plaisir : c'é-
tait son mets favori.
qu'il commença de lui marquer étaient d'autant Helvétius raconte ce petit trait : -•
plus étonnants, que, depuis six mois qu'elle était « Le duc de Lorraine donnait un grand repas à
à la pour, ii"avait paru assez indifférent pour ces toute sa cour. On avait servi dans le vestibule, et le
mêmes charmes qui dans ce moment faisaient vestibule donriait sur un parterre. Au milieu du sou-
sur son âme une impression si vive et qui dura per, uneelle femme croit voir une araignée. La pourla
si longtemps. Depuis ce jour, il devint insensible saisit; pousse un cri, quille la table, fuit dans
le jardin et tombe sur le gazon. Au moment de sa
à tout ce qui n'avait pas de rapport à sa passion. chute, elle entend quelqu'un rouler à ses côtes; c'é-
Son élection à la couronne de Pologne, loin de t'aitie premier ministre du duc. —Ah! monsieur,
le flatter, lui parut un exil; et quand il fut dans que S'ous me rassurez et que j'ai de grâces à vous
rendre! Je craignais d'avoir fait une impertinence.----
ce royaume, l'absence, au lieu de diminuer son Hé! madame, qui pourrait y tenir? Mais, dites-moi,
amour, -semblait l'augmenter; il se piquait un était-elle bien grosse? — Ah! monsieur, elle était af-
— moi? — Que voulez-vous
doigt toutes les fois qu'il écrivait à celle prin- freuse. Volait-elle près de — Hé quoi! reprend _lo
cesse, et ne lui écrivait jamais que de son sang. dire? Une araignée voler?
Le jour même qu'il apprit la nouvelle de la mort ministre, pour une araignée vous faites ce train-là!
Allez, madame, vous êtes folle ; je croyais, moi, qu<-
de Charles IX, il lui dépêcha un courrier pour c'était une chauve-souris. »
SYR — 6/|5 — TAB
Pichot,-intitulé le Perroquet de Waller Scott, rend un son ; elle existe dans le ciel, sur la terre,
l'auteur prouve, par une multitude de faits et de dans les mers; elle produit l'harmonie des sphè--
monuments, qu'il y a eu des syrènes en Bre- res, le sifflement des vents, le bruit des mers sur
tagne. le rivage. Le peuple se représente la faculté-dont
il s'agit comme une espèce de génie auquel
il applique la forme d'une femme , d'une canta-
trice habitante des airs, delà terre-et-des mers.
De là les syrènes des anciens ; ils leur donnaient
la figure d'une femme, et le corps d'un oiseau
ou d'un poisson. -Zor.oastre appelait l'âme syrène,
mot qui en hébreu signifie chanteuse*.
Syrrochite, pierre précieuse dont.au rapport
de Pline, les nécromanciens se servaient pour
retenir les ombres évoquées,
Sytry ou Bitru^ grand prince aux enfers ; il
apparaît sous la forme d'un léopard, avec des
ailes de griffon. Mais lorsqu'il prend la forme
humaine, il est d'unegrande beauté. C'est lui
Dans ce pays on les appelle les chanteuses des qui enflamme les passions. Il découvre, quand
mers. Les marins, disent avoir entendu le siffle- on le lui commande, les secrets des femmes,
ment de la syrène:~ce mot, chez eux, indique qu'il, tourne; volontiers en ridicule. Soixante-dix
celtefaculté dé la nature par laquelle l'air pressé légions lui obéissent 2.
Taaora est, dans les traditions de Tahiti, le cupe aujourd'hui bien dès têtes, et fait, depuis
créateur de toutes choses. Glest.lui. qui fixa la quelques .années, le mystérieux entretien des
terre, qui en appela les éléments, qui arrangea
lesmers et qui produisit les premières créatures
humainesà sa ressemblance....
Tabac. Nicot, ambassadeur à Lisbonne, est le
premierqui ait fait connaître le tabac en France;
lecardinal de Sainte-Croix l'introduisit en Italie;
le capitaine Drack en Angleterre. Jamais la na-
lnren'a produit de végétaux dont l'usage se soit
répandu aussi rapidement; mais il a eu ses ad-
versaires. Un empereur turc, un czar de Russie,
un roi de Perse, le défendirent à leurs sujets,'
souspeine de perdre le nez ou même la vie. Il
nefut pas permis dans l'origine d'en prendre à
l'église; cle même, à cause des élurnuments qu'il
provoque, on ne le prenait pas dans les réunions
sérieusesde la cour. Jacques I", roi d'Angle-
terre, composa un gros livre pour en faire con- causeries. Cette évocation toute magique n'est
naître les dangers. La faculté de médecine de pourtant pas nouvelle, 'foules les époques philo-
l'arisfit soutenir une thèse sur les mauvais effets- sophiques ont fini par là. A.ceux qui repoussent
de cette plante, prise en poudre ou en fumée; Dieu, athées ou panthéistes, pour exalter la ma-
maisle docteur qui présidait ne cessa de prendre tière, Dieu laisse aller le diable et ses légions ;•
fintabac pendant toute la séance. et dès lors il n'est plus possible de ne pas s'in-
Les habitants de l'île de Saint-Vincent croient, cliner devant ce que dit saint Paul, que nous de-
dil-on, que le tabac était le fruit défendu du pa- vons lutter contre les puissances invisibles qui
radisterrestre. circulent dans notre atmosphère. Tertullien parle
Tables tournantes. De même que le magné- des tables tournantes que l'on consultait de son
tismeil y a cent ans et le somnambulisme au temps ; mais il y avait alors d'autres tables divi-
commencement de ce siècle, la divination par 1 Cambry, Voyagedans le Finistère.
astables tournantes el les esprits frappeurs oc- 2 AVieniSjin Pseudom. daim,
TAB 646 TAB
nâtoires. L'auteur du savant livre Des esprits, » L'enchanteur fait un mouvement eh avant,
M. de Mirville, cite, du livre XXIX d'Ammien la table exécute le même mouvement; il court,
Mareëllin, un passage que nous reproduisons ici : la table le précède avec une rapidité telle que le
« Patricius et Hilarius, traduits devant un tri- lama a peine à la suivre. Après avoir suivi di-
bunal romain pour crime de magie, se défendirent verses directions, elle .'oscille un peu dans l'air
ainsi: et finit par tomber.
, -..'»-"H'ilairéparla le premier : Nous avons fait, » De toutes les directions qu'elle â suivies, il
dit-il, avec des morceaux de laurier, à l'imitation en est une plus marquée, c'est de ce côté que
du trépied de Delphes, la petite table {mensidam) l'on doit chercher les objets volés.
que VôuS voyez ici - Puis, l'ayant consacrée, sui- » Si l'on prêtait foi aux récits des gens du
vant rusagë-i..-., nous .nous en sommés servis.... i pays, on les retrouverait à l'endroit où tombe la
Nous la posons au milieu de la. maison, et pla- petite table. -
çons proprement dessus un bassin rond fait de » Lejourpù j'assistai à cette expérience, après
plusieurs métaux. Alors: un homme vêtu de lin avoir parcouru dans l'air un trajet de plus de
récite une fortnule de chant et fait un sacrifice au 80 pie'dsvelle. est tombée dans un endroit où le
dieu de la divination, puis il tient suspendu au- vol n'a pas été découvert Toutefois.',, je dois
dessus du bassin Un anneau en fil de lin très-fin avouer, en toute humilité:, quele même jour un
et consacré par des -moyens mystérieux., Cet an- paysan russe, demeurant dans la direction indi-
neau saute successivement, maisisans confusion, quée; s'est suicidé. Ce suicide a éveillé des soup-
sur; plusieurs: dés lettres gravées et s'arrête sur çons ; on s'est, rendu à son domicile, -et on y a
chacune ; il forme aussi des vers parfaitement ré- trouvé itousles.objets volés.-;
guliers..., et ces vers sont les réponses aux quesL . » Par trois: différentes fois cette'expérience
tions qu'on a faites. Nous demandions un jour échoua en ma présence, et le lama déclara que
qui serait le successeur de l'empereur actuel...., les objets ne pouvaient être retrouvés, Mais en y
l'anneau sauta et donna les deux syllabes Théo.... assistant pour la quatrième fois, j'ai été témoin
Nous ne poussâmes pas plus loin, nous trouvant du fait que je viens de vous, rapporter. Cela se
suffisamment avertis que ce serait Théodore. Les passait aux environs du bourg Élane, dans la
faits démentirent plus tard les magiciens, mais province actuelle de Zabaïkal.
non la prédiction, car ce fut Théodose. » » N'osant pas me fier aveuglément à mes yeux,
; Voilà bien i vous en conviendrez, tout ce qui je in'éxpliqUais cefait pariun tour d'adresse em-
se passe aujourd'hui. C'est là mensula qui joue ployé par le lama prestidigitateur. Je l'accusais
le premier rôle; c'est elle qui est consacrée ; le de soulever la table au moyen d'un fil, invisible
prêtre remplace notre médium (intermédiaire aux yeux des spectateurs, Mais après un examen
entre l'esprit évoqué et le curieux); et l'anneau plus minutieux, je n'ai trouvé aucune trace de
tient lieu du crayon; puis au-dessus de ces trois supercherie quelconque. Dé plus, la table mou-
organes plane le dieu de la divination.... vante était en bois de pin et pesait une livre el
Le secret des tables divinatoires ne s'est jamais demie.
perdu. On lisait,, il- n'y a pas longtemps, dans » A l'heure qu'il est, je suis persuadé que ce
l'Abeille de Saint-Pétersbourg, que les lamas, phénomène se produisait en vertu des mêmes
prêtres de là religion de Bouddha dans l'Inde, principes qui font mouvoir les tables, les cha-
se servaient de tables pour deviner depuis un peaux, les clefs, etc. »
temps immémorial. Voici un extrait de. cet ar- Nous avons rapporté, à l'article Spiritisme,
ticle , signé Alexis de Valdemar : l'origine et les progrès de la divination par les
« Une personne vient-elle s'adresser au lama esprits, au moyen surtout des tables tournailles.
et lui porter sa plainte aveci prière de lui décou- Cette nouveauté éclata comme une contagion.
vrir l'objet qui lui a été volé, il est rare que le Au bout" de deux ans, on comptait aux États-
lama consente sur-le-champ à acquiescer à la Unis cinq' cent mille personnes en commu-
demande. 11 la renvoie à quelques jours, sous nication avec les esprits. Il se publia là-dessus
prétexte de préparations à son acte de divination. des livres; et des journaux furent consacrés à
» Quand arrive le jour et l'heure indiqués, il cette science, qui ouvrait aux curieux des voies
-s'assied par terre devant une petite table carrée, nouvelles. Les tables tournantes furent bientôt
place sa main dessus, et commence à voix basse interrogées en Europe, et, depuis 1850, on s'en
la lecture d'un ouvrage thibélain. Une demi-heure est occupé partout. Nous pourrions citer des faits
après, le prêtre se soulève, détache sa main de incontestables. Des hommes'sérieux les ont étu-
la table, élève son bras, tout en lui conservant, diés et n'ont vu en résumé, dans ces esprits,
par rapport à son corps, la position qu'il avait que les démons dont saint Paul nous rappelle
en se reposant sur la table ; celle-ci s'élève aussi que nous vivons entourés.
suivant la direction de la main. Le lama se place Et cependant, les savants de nos académies
alors debout, élève sa main au-dessus de sa tête, se refusent à l'évidence, dès qu'elle gêne et
et la table se retrouve au niveau de ses yeux. contrarie tant soit peu leur doctrine, comme le
TAB — 6Z|7 TAB
dit M. de Mirvil.le. 11ajoute.: « On. aura peine à matifs et négatifs, à compter, à écrire des phrases
comprendre un jour le degré d'acharnement et des pages entières. Mais c'est loin d'être tout.
manifesté parles docteurs en Sciences médicales Non-seulement ils; battent- des marches, suivent
contre toute idée surnaturelle ; on dirait vraiment le rhytlime des airs qu'on leur indique ou que
qu'ils n'ont.pas d'autres ennemis, pas; d'autres l'on chante avec eux, et imitent toutes sortes de
maladies à combattre. bruits, tels que celui de la scie, du rabot, d'une
; » Vous entendez,-, par exemple, M.:le-.docteur navette, de la pluie, de la mer, du tonnerre;
Leurets'ëerièrique : « Tout homme qui s'avise de mais on les a entendus, dans certains cas:, jouer
» Croire àun esprit doit être immédiatement ren- des airs sur dés violons:ou guitares,: sonner des
» fermé à Charenton. »,— « Dans nostemps ino- cloches, et même exécuter, sans qulauêun in-
» dénies, dit à ; son tour le docteur Lelut, sous strument soit présent, de magnifiques:morceaux
» d'être; pris ipour un fou halluciné,; on ne dé musique militaire- -.-' :B-~
' » peine
saurait plus:se prétendre en communication ; D'autres fois,: et c'est là le genre de phéno-
» avec aucun agent surnaturel, quel qu'il soit...-» mènes qui. à le.pliusd.e rapport avec, ce;qui se
» Le docteur-Parchappe est encore moins; poli passe: ence' moment-, on voit, sans cause: connue,
yourtes simples qu'il attaque ::,« Graduellement ou sur la simple; demande des assistants,et sans
» affaibli de; siècle en siècle, le surnaturalisme, que personne lgsitouche, dès meubles ou autres
» dit-il, a été définitivement chassé du domaine objets de; toute nature et dé toute dimension se\
» delà science, dèS: la fin du: siècle dernier; et mettre en mouvement, tandis que d'autres-, au
» c'est à peine; !aujourd-hui s'il se;trouvé encore contraire , prennent une -telle1adhérence, a u plan-
» accrédité chez un petit nombre d'individus cher, que plusieurs hûminesnepëuvëntlesiébran-
» appartenant aux classes les)plus infimes et les ler. 1 D'énormes^ tables parcourent; les apparte-
» plus ignorantes de nos sociétés civilisées... » ments avec une rapidité effrayante,:bien qu'elles'
soierit chargéesde plusieurs centaines de livres;
d'autres s'agitent et s'inclinent de plus de /|5 de-
•grés, sans que leslnenus
objets qui lescouvrent
se renversent;, d'autres,sautent; sur un pied et
exécutent une véritable danse, malgré, le poids
ide 1plusieurs personnes qu'elles entraînent. Des
hommes eux-mêmes sont transportés;-tout d'un
coup d'un bout d'une chambre à un autre, ou
bien sont élevés en l'air et y demeurent quelques
instants suspendus. Là, des mains sans corps se
laissent voir et. sentir, ou bien elles apposent,
sans qn'onies voie, des signatures appartenant
à des personnes décédées, ou d'autres caractères
sur des papiers dont nul ne s'est approché. Ici,
on aperçoit des formes humaines diaphanes, dont
Nous ne répondrons (pas.[impolitesses ; pour on entend môme quelquefois la voix. Dans d'au-
grossièretés. Nous ne" dirons pas (ce serait ici tres endroits, des porcelaines se brisent d'elles-
superflu) qu'il y a, chez les savants surtout, mêmes, des étoffes se déchirent, des vases se
des hommes qui ont des yeux pour ne pas voir renversent, des bougies s-éteignent et se ral-
et une intelligence pour ne pas comprendre; lument, des appartements s'illuminent etrëntrent
nous ne lesenfermerons pas àCharenton, comme tout à coup dans l'obscurité, des fenêtres sont
ils nous y poussent. En renvoyant le lecteur à brisées à coups de pierres, des femmes sont dé-
M. de Mirville, à M. Des Mousseaux, à la 'Table coiffées.. Enfin, on n'en finirait pas si Ton vou-
parlante, nous "reviendrons aux coups frappés lait énumérer tous les faits étranges, fantastiques
et aux esprits frappeurs. et souvent grotesques qui sont très-sérieusement
Au moyen de ces coups, et à l'aide de la réci- rapportés dans les relations américaines.
tation de l'alphabet, les êtres invisibles qui les Sans doute, parmi tous ces faits, il doit y en
produisent sont;parvenus à faire des signes affir- avoir un certain nombre d'inexacts, de faux ou
même de controuvés; mais dans une pareille
1 II est fait mention de coups semblablesdans une matière la critique est inhabile à faire un
choix,
fouled'histoires de revenants, de maisons hantées, et dès l'instant où l'on entre dans le
do faux monnayeurs supposés, de Klopf et de Potier champ du
geister, etc. . surnaturel, la raison n'a plus le droit de s'arrêter
On se rappelle aussi cette prière que l'Eglise répé- à un point plutôt qu'à un autre. Ce qu'il y a de
tait clans les exorcismes qui précédaient la bénédic- certain, c'est que beaucoup des fails que nous
tion des-édifices : «Mettezen fuite,Seigneur, tous les avons
indiqués, et les plus importants, sont éta-
Esprits malins, tous les fantômes, el lou't Esprit qui blis d'une manière si
frappe(Spiritum percuiientem). » Quel jour jeté sur positive el si authentique
la question! qu'il est impossible de les révoquer en doute,
TAB .— 648 — TAB
sans .attaquer le caractère et la-bonne foi des Pour cela, quelques personnes ayant, autant qiu
nombreux témoins qui l'es attestent ,;et parmi les- ; faire se peut,, la même manière de voir sur ce;
quels se. trouvent des 1 hommes honorables .-.et questions, et bien disposées, c'est-à-dire prêle;
éclairés,:telài que: desanagistrats,des médecins,! asservir aux esprits; d'instruments passifs, se .réu-
des professeurs; :::. . ; -. :-, --
-' nissent autour d'une table, de préférence en com-
Quelles'sont les conditions nécessaires pour le pagnie d'un ou de plusieurs médium, s'il s'en
développëmëntdô ces manifestations?.,. La seule trouve,dânsia localité : là eljes attendent, en se
dont on ait pu jusqu'à présent se-rendreCompte y ' tenantou non par la main, et en fixant leur pen-
mais,qui;paraît indispensable, est là: présence 1de sée*commune sur; ces questions, par des lectures
certaines personnes, qui sont des intermédiaires ; ou des:chants,, ou- simplement en gardant le si-
obligés-entre les hommes et les auteurs de-ces lence , que les esprits manifestent leur présence
phénomènes,,et que, pour cetteiïaison;-^dé- de façon.ou d'autre. Souvent ce, n'est qu'après
signe sousïè; nom de. médium. Mais du ;rëste ces plusieurs séances, devplusiôurs^heures chacune,
médium.ne-peuvent: être reconnus d'ayaneepàr que de très-légers coups,, qui Se font entendre
aucun.caractèr&iphysique ou-moral-.ils-se ré- sUrlastable ou ailleurs r annoncent que leur désir
vèlent d'eux-i mêmes ou>sont indiqués par- les : est èxalicé. Quelquefois::aussi, et cela paraît dé-
médium dëjawdéveloppés;,!: et il;;s>en rencontre pendre surtout :de l'état physique ou moral des
y&\ mômen t; ofc on ;s'y. attend; lé: moins- parmi les personnes .qui;composent le cercle, ou même
personnes.de• 'tout ;sexe,.de;tout âgerde; toute simplement de celles qui sont présentés, aucune
conditionv cro^arits ou incrédules; Ainsi, dansles manifestation ne S'obtient, .quelque 1temps que
trentesàiquaEantejmillëwîe^i-îTrt que; Pon;préten^- l'on; prolonge les séances? e t l'on ivoif fréquem-
dait exister aux États-Unis: au Commènceméhtde ment les-esprits refuser de rien faire ou;dire jus-
'cette année (l85ft),pnivoitxles'hommes gravesv qu'à, ce qu'une personne qui leur déplaît soit
instruits, entourés deTestimé ;et: de la rçonsidéra- sortie de l'appartement. Dans d'autres cas, au
tion publique v,parmi lesquels von compte un juge contraire, la présence'' des esprits s'est, à la
dëia: cour suprême et plusieurs ministresde dif- ; grande frayeur des assistants, manifestée;subite-
férentes sectes, des femmèsdistinguéesapparie- i ment; par des ejups terribles, dans des cercles,
nà'h't à la-classe supérieure de la société 1, et à formés par' des incrédules et par façon de; plai-
côté d'eux des gens du peuple tout à fait illettrés, santerie,, -;. '';-
désisauvàgesyetmêmedes individus d'uncarac- > Maisdepuis que ces manifestations se sont mul-
tère- notoirement immoral et dépràvéi -. :. tipliées^; les esprits ont adopté différenfslùiitres
On né sait-pas encore ;si les médium se ren- modes de communication beaucoup;plus simples,
contrent plus fréquemment parmi 1lés sujets ma- pour lesquels les médium eux-mêmes leur servent
gnétiques que parmi les autres, et, bien que cela d'instrument-direct. ,; ;
1 médium, c'esl-lx-
paraisse probable- on trouve à cet égard des Indépendanimehtdés'rapping,
opinions contradictoires dans les différents ou- direde ceux^en,pr^sence,desquelS des coups se
vrages qui traitent de ces questions. ;1. font entendre,, on en voit qui, sous l'influence
des esprits, tombent subitement dans des états
nerveux tout à fait semblables à ceux que produit
souvent le magnétisme, et qui deviennent-alors
de:véritables automates, des membres et des or-
ganes desquels les esprits disposent à volonté.
Dans cet état, les médium répondent aux ques-
tions verbales ou.même mentales adressées aux
esprits par des mouvements spasmodiques et in-
volontaires, soit en frappant des coups avec la
main, soit en.faisant des signes de lêle ou de-
corps, soit en indiquant du doigt sur un alphabet
des lettres successives avec une rapidité telle
qu'il est souvent difficile de les suivre.
: D'autres, les wriling médium, senlenL tout à
coup leur bras saisi d'une raideur tétanique, et
Certains [médium très-développés, étant en armés d'une plume ou d'un crayon, ils servent
rapports constants avec les esprits, obtiennent aux esprits d'instruments passifs pour écrire ou
presque toujours, partout où ils se trouvent, dessiner les choses qu'ils veulent faire connaître,
qu'ils se manifestent à leur volonté/Mais la mé- et parfois des volumes entiers, sans que la plu-
thode suivie habituellement pour provoquer ces part du temps leur intelligence soit en jeu.
manifestations consiste à former des cercles spi- 11 est des esprits qui, par l'intermédiaire de
rituels-.-qui, au dire des esprits, servent.singuliè- leurs médium, décrivent les maladies, en pré-
rement à faciliter leurs rapports avec les vivants. voient les crises, en indiquent le traitement et
TAC — 649 TAL
en opèrent la guérison par l'imposition des mains, charmes, maléficié et fait mourir des personnes
ou par des passes magnétiques, comme le font : etdes bestiaux, elle fut condamnée à mort, ainsi
les somnambules clairvoyants. que son mari. ,
D'autres ont donné, sur des faits anciens et ou- Taingairi ^esprits aériens chez les Kalmouks.
bliés, ou sur des faits récents ignorés de toutes Ils animent les étoiles, qui passent pour autant
les personnes présentes, ou encore sur des choses de petits globes de verre. Ils sont des deux sexes.
qui se passaienl à des distances telles qu'ils ne- Talapoins, magiciens qui servent cle prêtres
pouvaienl pas en avoir naturellemenl connais- aux habitanlsdu royaume de Lao, en Asie, el qui
sance, des détails suivis el circonslanciés qui sont très-puissants.
parfois se sont trouvés d'une exactitude in- Los Langions (peuples de Lao) sont fort entêlés
croyable. pour la magie et les sortilèges. Ils croient que le
Mais c'en est assez sur" ces redoutables ma- moyen le plus sûr de se rendre invincible est
tières, qui ont donné lieu à beaucoup d'ouvrages de se frotter la tête d'une certaine liqueur com-
el même à une revue spéciale : la Table par- posée de vin et de bile humaine. Ils en mouillent ,
lante i ; terminons en rappelant aux chréliens aussi les tempes et le front de leurs éléphants.
que l'Église a formellement condamné et rigou- Pour se procurer celte drogue, ils achètent des
reusement interdit ce dangereux commerce avec talapoins la permission de tuer. Puis ils chargent
les démons, seuls meneurs de ces tours. de cette commission des mercenaires qui en font.
Taciturnité. Le diable jette souvent sur ses leur métier. Ceux-ci se postent au coin d'un bois
suppôts un sort que l'on appelle le sort de taci- et tuent le premier qu'ils rencontrent, homme
turnité. Les sorciers qui en sont frappés ne peu- ou femme, lui fendent le ventre et en arrachent
vent répondre aux demandes qu'on leur fait dans le fiel. Si l'assassin ne rencontre personne dans
leur procès. Ainsi Boullé garda le silence sur ce sa chasse, il est obligé de se tuer lui-même, ou
qu'on cherchait à savoir de lui, et il passa pour sa femme, ou son enfant, afin que celui qui l'a
avoir,reçu le sort de laciturnilé2., payé ait de la bile humaine pour son argent.
Tacouins, espèce de fées chez les mahomé- Les talapoins profitent avec adresse de la
lans ; leurs fonctions répondent quelquefois à crainte qu'on a de leurs sortilèges, qu'ils don-
celles des Parques, chez ..lès anciens. Elles secou- nent et qu'ils-ôtent à volonté, suivant les sommes,
rent plus habituellement les hommes contre les qu'on leur offre.
démons et leur révèlent l'avenir. Les romans On lit dans Marini beaucoup d'autres détails,
orientaux leur donnent une grande beauté,; ayee mais la plupart imaginaires,l'auteur ayant voulu
des ailes comme celles des anges. faire quelquefois assez méchamment, sous le
; Taillëpied (Noël), mort en 1589.0n;lui doit manteau des talapoins, des allusions misérables
un Traité de l'apparition des esprits, à savoir, aux moines chrétiens.
des âmes séparées, fantômes, etc., in-12i;sou- Talismans. Un talisman ordinaire est le sceau,
vent réimprimé. Il admet dans ce livre beaucoup la figure, le caractère ou l'image d'un signe cé-
de contes de revenants. Il, a laissé de pi us les leste ou autre, faite, gravée ou ciselée sur une
Viesde Luther et de Garlostadt, Paris, 1577,in-8°; pierre, par un ouvrier qui ait l'esprit arrêté et
un Abrégé de la philosophie d[Arislote, 1583, attaché à l'ouvrage, sans être distrait ou dissipé
in-8"; une Histoire de l'Etat et la république des par des pensées étrangères, au jour et à l'heure
druides, eubages, saronides, bardes, depuisie de la planète, en un lieu fortuné, par un temps
déluge jusqu'à Notre-Seigneur Jésus-Christ, beau et serein et quand le ciel est en bonne dis-
1585, in-8°, livre plein de fables et d'idées sin- position, afin d'attirer les influences.
gulières. , Le talisman,portant la figure ou le sceau du
Tailletroux (Jeanne), femme de Pierre Bon- soleil doit être composé d'or pur sous l'influence
nevault, sorcière que l'on accusa, à Mpntmoril- de cet astre, qui domine sur l'or. Le talisman de
lon en Poitou (année 1599), d'avoir été au sabbat. la lune doit être composé d'argent pur, avec les
Elle avoua dans son interrogatoire que, son mari mêmes circonstances. Le talisman de Mars doit
l'ayant contrainte de se rendre à l'assemblée in- être composé d'acier fin. Le talisman de Jupiter
fernale, elle y fut et continua d'y aller pendant doit être composé du plus pur élain. Le talisman
vingt-cinq ans ; que la première fois qu'elle vit de Vénus doit être composé de cuivre poli el
le diable, il était en forme d'homme"noir; qu'il bien purifié. Le talisman de Saturne doit être
lui dit en présence de l'assemblée : Saule! saule! composé cle plomb raffiné. Le talisman de Mer-
qu'alors elle se mit à danser; que le diable lui cure doit êlre composé de vif-argent fixé. Quant
demanda un lopin de sa robe et une poule, etc. aux pierres, l'hyacinthe et la pierre d'aigle sont
Convaincue par témoins d'avoir, au moyen de de nature solaire. L'émeraude est lunaire. L'ai-
1 lléunie en un volume mant et l'améthyste sont propres à Mars. Le-bé-
in-8°, chez Henri Pion, à ryl est propre à Jupiter, la. cornaline à Vénus,
Paris.Voyez aussi Bortisme. ,
2 M. Jules Garinet, Hisl. de la magie en France, la chalcédoine et le jaspe à Saturne, la topaze
p. 245. el le porphyre à Mercure. . - .
TAL 650 — TAN
; Les talismans furent imaginés, dit-on, par les chez les Indiens. Dans quelques castes, c'est une
Égyptiens, et les espèces en sont innombrables. petite plaque d'or ronde, sans empreinte ni fi-
Le plus célèbre de tous les talismans est le fa- gure; dans d'autres,' c'est une dent de tigre; il
meux anneau de Salomon, sur lequel était gravé y en a qui sont des pièces d'orfèvrerie matérielles
le grand nom de Dieu. Rien n'était impossible à et informes.
l'heureux possesseur de cet anneau, qui dominait Tambour magique. C'est le principal instru-
sur tous les génies. ment de la magie chez les Lapons. Ce tambour
Apollonius de Tyane mit à Constantinople la est ordinairement fait d'un'tronc creusé de pin
figure d'une cigogne qui en- éloignait tous les ou de bouleau. La peau tendue sur ce tambour
oiseaux de cette espèce par une propriété magi- est couverte de figures symboliques que les La-
que. En Egypte, une figure talismaniqûe repré- pons y tracent avec du rouge. Voy. LAPONS.
sentait Vénus couchée, et servait à détournerla Tâmaracùnga, jeune Péruvien qui, à la suite
grêle. de l'entrée des Espagnols dans le Pérou; voulut
On faisait des talismans de toutes les matières ; recevoir le baptême. Il fut à ce sujet cruellement
les plus communs sont les talismans cabalistiques, harcelé par les démons- qui jusqu'alors avaient
qui sont aussi les plus faciles, puisqu'on.n'a pas régné dans Cette contrée, Mais il eut la. grâce de
besoin pour les fabriquer de recourir au diable; triompher d'eux. Ses luttes contre l'ennemi sont
ce qui demande quelques réflexions. racontées avec de curieux détails dans l'histoire
Les talismans du soleil,- portés avec confiance du Pérou de Pierre-Cieca de Léon', ouvrage es-
et révérence, donnent les faveurs et la bienveil- timé 1. On-y voit que lesdémons,moitié furieux,
lance des princes, les honneurs, les richesses et moitié baladins, ne négligeaient rien pour con-
l'estime générale; Les talismans de la lune ga- server leur proie, ,
rantissent des maladies populaires : ils devraient Tamis (divination par le). Voy. COSQUINO-
aussi garantir des superstitions. Ils préservent MANCIE. .
les voyageurs cle tout péril. 1 Les talismans de Tamous, enfer général des Kalmouks. Des
Mars ont. la propriété de rendre invulnérables diables à tête de chèvre y tourmentent les dam-
ceux qui les portent avec révérence. Ils leur nés, qui sont sans cesse coupés par morceaux,
donnent une force et une vigueur extraordinaires. sciés, brisés-sous dés meules de moulin, puis
Les talismans de Jupiter dissipent les chagrins, rendus à la vie pour subir le même supplice.
les terreurs paniques, et donnent le bonheur Les bêtes de -somme y expient leurs fautes sous
da.nsie commerce et dans toutes les entreprises. les plus pesants fardeaux, les animaux féroces
Les talismans de Vénus éteignent les haines el se déchirent entre eux sans cesse, etc-
donnent des dispositions à la musique. Les talis- Tanaquil, femme de Tarquin l'Ancien. Elle
mans de Saturne font accoucher sans douleur ; était habile dans la science des augures ; on con-
ce qui a été éprouvé avec un heureux succès, servait à Rome sa ceinture, à laquelle on attri-
disent les écrivains spéciaux, par des personnes buait de grandes vertus.
de qualité qui étaient sujettes à faire de mau- Tanchelm ou Tanchelin. De 1105 à 1123,
vaises couches. Ils multiplient les choses avec cet hérétique dissolu fut en si grande vénération
lesquelles on les met. Si un cavalier est botté et à Anvers et dans les contrées voisines, qu'on
qu'il porte un de ces talismans clans sa botte recherchait ses excréments comme des préser-
•
gauche, son cheval ne pourra être blessé. Les vatifs, charmes et phylactères 2. ,
talismans de Mercure rendent éloquents et dis- Tariiwoa, le Neptune des naturels de la Nou-
crets ceux qui les portent révéremment. Ils don- velle-Zélande.
nent la science et la mémoire; ils peuvent guérir Tanner. Le cardinal Sfrondrale raconte que
toutes sortes-de fièvres, el, si on les met sous le P. Tanner, pieux et savant jésuite, allant de
le chevet de son lit, ils procurent des songes Prague à Inspruck pour rétablir sa santé à l'air
véritables dans lesquels on voit ce que l'on sou- natal, mourut en chemin clans un village dont
haite de savoir : agrément qui n'est pas à dédai- on ne dit pas le nom. Comme la justice du lieu
gner 1. Voy. TALYS,THI-:RAI>HIM, THOMAS D'AQUIN, faisait l'inventaire de son bagage, on y trouva
CROCODILES, PANTACI.ES, etc. une petite boîte que sa structure extraordinaire
Talissons, prêtres des Prussiens aux siècles fit d'abord regarder comme suspecte, car elle
de l'idolâtrie. Ils faisaient l'oraison funèbre du élail noire et composée de bois et de verre. Mais
mort, puis, regardant au ciel, ils criaient qu'ils on fut bien plus surpris lorsque le premier qui
voyaient le mort voler en l'air à cheval, revêtu regarda par le verre d'en haut se recula en di-
d'armes brillantes, et passer en l'autre monde sant qu'il y avait vu le diable. Tous ceux qui re-
avec une grande suite. gardèrent après lui en firent autant. Effective-
Talmud. Voy. THALMUD. ment ils voyaient dans celle boîte un êlre animé,
Talys, talismans employés dans les mariages 1 Imprimé à Sévillc en 485B, in-folio.
2 Voyez son histoire dans les
-« Le Petit Albert. Légendes des pèches
capitaux.
TAP — 651 — TAR'
de grande taillé, noir, affreux, armé de cornes. magiques qu'ils disaient composés par le tres-
Un jeune homme qui achevait son cours de phi- sage roi Salomon ; ce qui est faux, car ce fut
losophie fit observer à l'assemblée que la bête Gliam, fils de Noé; qui le premier commença à
renfermée dans la boîte, étant infiniment plus évoquer les esprits malins. 11se fit servir par
grosse que la boîte elle-même, ne pouvait être Byleth el composa un art en son nom, et un
un être matériel, mais bien un esprit comprimé livre qui est apprécié de beaucoup de mathéma-
sous la forme d'un animal. On concluait que ticiens. On cite un autre livre attribué aux pro-
celui qui portait la boîte avec lui ne pouvait être phètes Élie et Elisée, par lequel on conjure Gaap $
qu'un "sorcier et un magicien. Un événement si en vertu des saints noms de Dieu renfermés dans .
diabolique fit grand bruit. Le juge qui présidait les Clavicules de Salomon.
à l'inventaire condamna le mort à être privé de
la sépulture ecclésiastique, et enjoignit au curé
d'exorciser la boîte pour, en faire sortir le dé-
mon. La multitude, sachant que le défunt était
jésuite, décida de plus que tout jésuite commer-
çait avec le diable; ce, qui est la manière de
juger des masses ignorantes. Pendant qu'on pro-
cédait en conséquence, un philosophe prussien,
passant par ce village, entendit parler d'un jé-
suite sorcier et du"diable enfermé dans une boîte.
Il en'rit beaucoup, alla voir le phénomène et re-
connut que c'était un microscope, que les villa-
du 31-aml
ïiiij>|*lii'C maijie(les.Templiers,'
Ténare, soupirail des enfers chez les an- ayant-pas-demeuré, fermes, sont tombés par or-
ciens ; il était gardé par Cerbère. gueil elont élé précipités clans l'enfer; et quoique
•Ténèbres. On appelle les démons puissances Dieu, par un secret-jugement, permette qu'avant
des ténèbres, parce qu'ils ne souffrent pas la le jugement dernier ils n'y soient pas entière-
lumière. On comprend aussi pourquoi les enfers ment attachés et qu'ils en sortent pour tenter les
sont nommés le séjour ténébreux. hommes, ils portent néanmoins leur enfer par-
Tentations. Voy. DÉMONS,PACTES,DÉVOUE- tout. Quoique toujours disposés à nuire aux
MENT,elc. — Voici sur ce sujet un passage em- hommes, ils n'en ont néanmoins aucun pouvoir,
prunté à YEsprit de Nicole el composé d'extraits à moins que Dieu ne le leur donne, et alors
textuels de ses divers écrits : c'est ou pour punir les hommes, ou pour les
« Les démons sont des anges qui ont été créés, éprouver, ou polir les couronner.
comme les bons, dans la vérité, mais qui, n'y » Les méchants sont proprement les esclaves
TEN — 655 TEN
du diable ; ils les tient assujettis à sa volonté ; » Le démon ne parle pas par lui-même, mais
ils sont dans les pièges du diable, qui les lient il parle par tous les hommes qu'il possède et à
captifs pour en faire ce qu'il lui plaît. Dieu qui il inspire les sentiments qu'il voudrait faire
règle néanmoins le pouvoir du démon, et ne passer dans notre coeur; Il nous parle par tous
lui permet pas d'en user toujours à sa vo- ies objets du monde, qui ne frappent pas seule-
lonté ;. mais il y a celte différence entre les mé- ment nos sens, mais qui sont présentés à notre
chants et les bons, qu'à l'égard des méchants, il esprit sous une fausse image de grands biens et
faut que Dieu borne le pouvoir que le diable a d'objets capables de nous rendre heureux. Il
de lui-même sur eux, pour l'empêcher de les nous parle par nos propres sentiments et par ces
porter à toutes sortes d'excès ; au lieu qu'à l'é- mouvements qu'il excite, dans notre âme, qui la
gard des bons il faut, afin que le diable puisse portent à vouloir jouir de ces biens sensibles et
ies'tourmenter, que Dieu même lui en'donné la à y chercher soif bonheur. Ainsi nous sommes
puissance, qu'U n'aurait pas sans,cela. dans une épreuve continuelle de ces; impressions
» Tout le monde est rempli de démons qui, des démons sur nous.,
comme des lions invisibles, rôdent à Penlour de » Le démon, ne pouvant parler immédiate- .
nous et ne cherchent qu'à nous dévorer. Les ment.au coeur et lie. devant passe manifester à
hommes sont si vains dans leur aveuglement,- nous, emprunte le langage ides créatures et celui
qu'ils se font un honneur de ne pas les craindre de notre chair et de nos passions, et il nous fait
et presque de ne pas y croire. . entendre par là tout ce qu'il désire, il nous "dit,
» C'est uneiaiblesse d'esprit, selon plusieurs, par les discours d'iinyindiçalif, qu'il est bon de
d'attribuer: aux démons quelque effet, comme se venger; par ceux d'un ambitieux, qu'il est
s'ils étaient d'ans,le monde pour n'y rien faire, et bon, de s'élever; par ceux ..d'un avare, qu'il est
qu'il y eût quelque apparence que Dieu, les ayant bon de s'enrichir; par ceux d'Un'voluptueux",
autrefois laissés agir, il les ait maintenant réduits qu'il est bonde jouir, du,monde. Il les fait parler
à une entière Impuissance. Mais cetle incrédu- en. agissant.sur leur imagination et en y excitant
lité est beaucoup plus supportable quand il ne les idées qu'ils expriment par leurs paroles, et
s'agit que des effets extérieurs. Le plus grand il joint en même temps à celte instruction exté-
mal est qu'il y a peu de personnes qui croient rieure le langage de nos désirs qu'il excite. Celui
sérieusement.que le.diable les tente, leur dresse des exemples des personnes déréglées lui sert
des pièges, et rôde, à l'entour d'eux pour les per- encore plus que celui de leurs paroles. Et enfin,
dre, quoique ce soit ce qu'il y a de plus certain. la seule, vue muette des objets du inonde qu'il
Si on ne le croyait,, on agirait autrement ; on ne nous présente lui sert encore d'un langage pour
laisserai t.pas au démon toutes.les portes de son nous dire quele monde est aimable et qu'il est
âme ouvertes par la négligence et les distrac- digne d'être recherché. '..'..
lions d'une vie relâchée- et l'on prendrait les » La malice,el l'artifice du démon ont bien
voies nécessaires pour lui,résister. ... , plus pour but en cette vie de rendre les hommes
» Il est bien rare; de trouver clés gens frappés criminels que de les accabler.de misères et de
de la crainte des démons, et qui aient quelque maux. Il espère bien se dédommager en l'autre
soin de se garantir des pièges qu'ils leur ten- vie de lousles ménagements dont il use en celle-ci.
dent. C'est la chose, du monde à quoi on tient le Mais comme il sait.qu'il n'a de force et d'empire
moins. Toute cette république invisible d'esprits sur eux qu'à proportion qu'ils sont coupables, il
mêlés-parmi nous, qui nous voient et que nous lâche deles rendre plus coupables, afin de pou-
ne voyons point, et qui sont. toujours à nous voir les dominer et tourmenter plus cruellement
tenter, en excitant ou en enflammant nos pas- et plus à son aise. 11prend donc pour l'ordinaire,
sions, ne fait pas plus d'impression sur l'esprit dans celle vie, le parti d'exciter et de fécondér-
de la plupart des chrétiens que si c'était un conte les passions. Il lâche de procurer aux siens des
el une chimère. Notre âme, plongée dans les richesses et des plaisirs, et de les faire réussir
sens, n'est touchée que par les choses sensibles. clans leurs injustes desseins. Il s'applique parti-
Ainsi elle ne craint point ce qu'elle ne voit point; culièrement à empêcher qu'ils ne lui échappent,
mais ces ennemis 'n'en sont pas moins à craindre et à éloigner d'eux tout ce qui pourrait les ré-
pour n'être pas craints. Ils le sont, au contraire, veiller cle leur assoupissement. Il emploie toutes
beaucoup plus, parce que cette fausse sécurité sortes d'adresses et d'artifices.pour les retenir
fait leur force et favorise leurs desseins. C'est dans ses liens. Il les environne de gens qui les
déjà pour eux avoir fait de grands progrès que louent et qui les autorisent dans leurs dérègle-
d'avoir mis les hommes dans cetle disposition. ments , qui leur en ôLent le scrupule en leur pro-
Comme ce sont des esprits de ténèbres, leur posant une infinité de mauvais exemples, qui les
propre effet est cle remplir l'âme de ténèbres et y confirment. Il les amuse et les entrelient d'es-
de s'y cacher. Hors les âmes qui vivent de l'es- pérances trompeuses. Il les accable d'emplois,
prit de Jésus-Christ, les démons possèdent lotîtes d'occupations, de desseins, de divertissements
les autres. qui les empêchent de penser à eux ; et comme,
TEP 656 TET
selon les diverses personnes et dans les diverses menteurs, parce qu'ils étaient les plus éloignés
circonstances, il a besoin de divers moyens, il de la connaissance des choses divines. Voy. Sou-
se sert aussi quelquefois des calamités el 'des TERRAINS.
maux de la vie pour les accabler de tristesse, Terreurs paniques. Un cavalier pariait qu'il
les réduire au désespoir et les empêcher, par la irait, la nuit, donner la main à un pendu. Son
multitude de leurs maux, d'avoir'le temps de camarade y court avant lui, pour s'en assurer.
penser à se convertir; enfin, tout lui est ibon Le cavalier arrive bientôt, tremble, hésite ; puis,
pour se conserver l'empire de ceux qu'il tient en s'encourageant, prend la main du pendu et le
sa possession, se réservant en l'autre vie de leur salue. L'autre, désespéré de perdre là gageure,
faire sentir la dureté de son joug. » - lui donne un grand soufflet, tellement-que celui-
Téphrainancië, divination^ pour laquelle On ci , se croyant frappé du pendu,'tombe à la ren-
se servait de là cendré du feu qui, dans les sacri- verse et meurt sur la place. Voy. RETZ,FRAYEUR
fices,avait consumé les-victimes. REVENANTS ,-;etc.
Tératoscopie, divination qui tire des pré- 'Terrier, démon invoqué dans les litanies du
sages de l'apparition cle quelques spectres vus sabbat. ..'. -
dans les airs, tels que dés armées de cavaliers TervagâHt, démon fameux au moyen âge,
et autres prodiges dont: parlent les chroniqueurs. comme protecteur des Saràsins.
Terragon. Dans un pamphlet contre Henri III, Têrvillës,-démons qui habitent la Norvège
qui parut en 1589 sous le titre de Remontrantes avec.les droites. Ils sont méchants, fourbes, in-
à Henri de Valois sur les choses horribles en- discrets et font les prophétiséursJ.
voyées par un enfant de Pai;is, on lisait ce qui Tespesion, enchanteur qui, pour montrer
suit: « Henri, lorsque vous'donnâtes liberté à qu'il pouvait enchanter "les arbreS, commanda à
tous sorciers et enchanteurs et autres divinateurs un orme de, saluer Apollonius de Tyanë; ce que
de tenir libres écoles aux chambres de votre l'orme fit d'une voix grêle V-
Louvre et même dans votre cabinet, à chacun Tête. M. Salgues cite Phjégbn, qui rapporte
d'iceux une heure le jour, pour mieux vous que, un poëte, nommé Publius, ayant été dévoré
instruire, vous savez qu'ils vous ont donné un par un loup, qui ne lui laissa que la tètè, celte
esprit familier, nommé Terragon. Vous savez tête, saisie d'un noble; enthousiasme, articula
qu'aussitôt que vous vîtes Terragon, vous l'ap- vingt vers qui prédisaient la ruine de l'empire
pelâtes votre frère en l'accolant... » Oh ajoutait romain. licite encoreAristote, qui atteste que, un
sur ce démon familier des choses détestables. prêtre de Jupiter ayant été tué, sa tête, séparée
« Vous savez, Henri, que Terragon vous donna de son corps, nomma son meurtrier, lequel fut
un anneau, et que dans la pierre de cet anneau arrêté, jugé et condamné sur ce témoignage.
votre âme élait figurée...» Voy. POLYCRITE.
Ces singularités ne viennent que d'un pam- Tête de Bophomet. M. de Hammer a publié,
phlet. Mais toutefois Henri III élait fort supersti- en 1818, une découverte intéressantefpour l'his-
tieux et s'occupait de magie. Voy. HERIUIII. toire des sociétés secrètes. 11 a trouvé, clans le
Terre. Félix Nogaret a exploité une opinion cabinet des. antiquités du Muséum impérial.de
bizarre de quelques philosophes dans un petit Vienne, quelques-unes de ces idoles nommées
ouvrage intitulé La terre est un animal, in-16. tètes de Bophomet que les templiers- adoraient.
Versailles, an III. Lyon possède un astronome Ces têtes représentent la divinité des gnosliques,
qui met en avant une autre théorie. Il prétend nommée Mêlé ou la Sagesse. On y trouve la
que la terre est une éponge qui se soulève et qui croix tronquée ou la clef égyptienne de la vie el
s'abaisse chaque jour au-dessus et au-dessous de la mort, le serpent, le soleil, la lune, l'étoile
du soleil, de manière à former les jours et les du sceau, le tablier,' le flambeau à sept branches
nuits. Les éclipses sont impossibles, d'après son et d'autres hiéroglyphes de la franç-maçonnerie.
système, puisque les astres sont immobiles. M. de Hammer prouve que les templiers, dans
Nous oublions de dire que, selon lui, la terre les hauts grades de leur ordre, abjuraient le
respire à la manière des éléphants : les volcans christianisme et se livraient à des superstitions
sont ses narines. Par le temps cle professions de abominables. Les templiers et les francs-maçons
foi qui court, disait 1'.Union catholique 1, il ne remontent, selon lui, jusqu'au gnosticisme, ou du
serait peut-être pas déplacé que l'illustre auteur moins certains usages ont été transmis par les
de cette belle découverte formulât son système gnosliques aux templiers, et par ceux-ci aux
de la terre-épongei francs-maçons.
Les Orientaux disent que l'herbe est la cheve- On garda longtemps à Marseille une'de ces
lure de la terre el le zéphyrle peigne qui la démêle. têtes dorées, saisie dans un retrait de templiers
Terrestres ou souterrains, espèce de dé- •lorsqu'on fit leur procès.-
mons que les Chaldéens regardaient comme 1 Lcloyer- Histoire des spectres ou apparitions, etc.,
liv. VI, p. 329.
- 16 juillet 4842. 2 Jacques d'Aulun, l'Incrédulité savante-.
TET 657 THE
Tête de mort. Un roi chrétien, voulant con- tesque, qui croît quand on l'approche. On ne le
naître le moment et le genre de sa mort, fit ve- voit que dans les carrefours, de minuit à deux
nir un nécromancien, qui, après avoir dit la heures. Quand vous avez besoin de son secours
messe du diable, fit couper la tête d'un jeune contre les esprits malfaisants, il vous sauve sous
enfant de dix ans, préparé pour cet effet; en- son manteau. Souvent, quand il vous tient enve-
suite il mit celte tête sur l'hostie noire, et, après loppé, vous en tendez passer avec un bruit affreux
certaines conjurations, il lui commanda de ré- le chariot.du diable, qui fuit à sa vue, qui s'é-
pondre à la demande du prince ; mais la tête ne loigne en poussant des hurlements épouvanta-
prononça que ces mots : ic ciel me vengera1... bles, en sillonnant d'un long .trait de lumière
Et aussitôt le roi entra en furie, criant sans l'air, la surface de la mer, en s'abîmant dans le
cesse : Otez-moi cette tête! Peu après il mourut sein de la terre ou dans les ondes *.
enragé 2. Teutatès, le Pluton des Gaulois. On l'adorait
Tête de saint Jean. Un devin s'était rendu dans les forêts. Le peuple n'entrait dans ces fo-
fameux dans le dix-septième siècle par la ma- rêts mystérieuses qu'avec un sentiment de ter-
nière dont il rendait ses oracles. On entrait dans reur,; fermement persuadé que les -habilants.de
une chambre éclairée par quelques flambeaux. l'enfer s'y montraient, et que la seule présence
Oh voyait sur une table une représentation qui d'un, druide pouvait les empêcher de punir la
figurait la têle de saint Jean-Baptiste dans 'un profanation de leur demeure. Lorsqu'un Gaulois
plat. Le devin affectait quelques cérémonies ma- tombaità terre, dans une enceinte consacrée au
giques ; il conjurait ensuite celle tête de répon- culte, il devait'se hâter d'en sortir, mais sans se
dre sur ce qu'on voulait savoir, et la tête répon- relever et en se traînant à genoux, pour apaiser
dait d'une voix intelligible, quelquefois avec une les êtres surnaturels qu'il croyait; avoirirrités 2.
certaine exactitude. Or, voici la clef de ce mys- Thalmud, livre qui contient la doctrine, les
tère : la table, qui se trouvait au milieu de la contes merveilleux, la morale et les traditions
chambre, était soutenue de cinq colonnes, une à des Juifs modernes. Environ cent vingt'ans après
chaque coin et une dans le milieu. Celle du mi- la destruction du temple, le rabbin Juda-Haeca-
lieu était un tuyau de bois; la prétendue têle de dosch, que les juifs appelaient notre saint maître,
sa.intJ.ean était de carton -peint au naturel, avec homme fort riche et fort estimé de l'empereur
la bouche ouverte, et correspondait, par un trou Antoninle Pieux, voyant avec douleur que les
pratiqué dans le plat el dans la table, à la cavité Juifs dispersés commençaient à perdre la mé-
de la colonne creuse. Dans la chambre qui, se moire de la loi qu'on nomme orale ou de tradi-
trouvait au-dessous, une personne, parlant par tion, pour la distinguer de la loi écrite, composa
un porte-voix clans cetle cavité, se faisait enten- un livré où il renferma les sentiments , les con-
dre très-dislinclement : la bouche de la tête avait stitutions, les traditions de tous les rabbins qui
l'air de rendre ses réponses. avaient fleuri jusqu'à son temps. Ce recueil forme
Têtes de serpent. Passant par Hambourg, un volume in-folio; on l'appelle spécialement la
Linné, encore fort jeune, donna une preuve de Mischna ou seconde loi. Cent rabbins y ont joint
sa sagacité en découvrant, q'u-îunfameux serpent des commentaires, doiit la collection se nomme
à sept tôles, qui appartenait au bourgmestre Gémarc. Le tout embrasse douze volumes in-folio.
Spukelsen^et qu'on regardait comme un prodige, Les Juifs mettent tellement le Thalmud au-
n'était qu'une pure supposition. A la première dessus de la Bible qu'ils disent que Dieu étudie
inspection, le docle naturaliste s'aperçut que six trois heures par jour dans la Bible, mais qu'il en
de ces têtes, malgré l'art avec lequel on les avait étudie neuf dansje Thalmud.
réunies, étaient des museaux de belettes, cou- Thamus, pilote qui annonça la mort dii grand
verts d'une peau de serpent. Pan. Voy. PAN.
Tetragrammaton , mot mystérieux employé Thamuz, démon du second ordre, inventeur
' dans la plupart des conjurations qui évoquent le de l'artillerie. Ses domaines sont les flammes, les
diable. grils, les bûchers. Quelques démonomanes lui
Teula, sorte de mirage qui a lieu en Ecosse, attribuent l'invention des bracelets que les dames
où la personne qui en est frappée croit voir pas- portent.
ser un convoi funèbre ou ce qu'ils appellent un Théagènes. Voy. ORACLES.
enterrement. Elle se dérange pour ne pas en Théantis, femme mystérieuse. Voy. OrÉREiT.
êlre froissée. . Thème céleste. Ce terme d'astrobgie se dit
Teusarpouliet ou Temzarpouliet. Voy. ce de la figure que dressent les astrologue.) lorsqu'ils
mot. tirent l'horoscope. Il représente l'état du ciel à
Teuss, génie bienfaisant révéré dans le Fi- un point fixe , c'est-à-dire le lieu où sont en ce
nistère; il est vêtu de blanc et d'une taille gigan- moment les étoiles et les planètes. Il e?t composé
1 Cambry, Voyagedans le Finistère.
1 2 ,M. Gafinet, Histoire de la
2 L'original porte : Vim patior. magie en France,
Bodin, Démonomaniedes sorciers. p. 3.
42
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de douze triangles enfermés entre deux carrés; rabbins juifs ne font plus rien des choses opérées
on les appelle les douze maisons du soleil. chez leurs pères.
Voy. ASTROLOGIE. Théophile, économe de l'église d'Adana, en
Thémura, l'une des trois divisions de la ca: Cilicie, au sixième siècle. Il marchait dans les
bàle rabbinique. Elle consiste : 1° dans la trans- voies de la justice et de la chaiité, lorsque, sur
position et le changement dès lettres; 2° dans un les rapports calomnieux cle rivaux jaloux, son
changement de lettres que l'on fait en certaines évoque le renvoya-de ses fonctions. L'orgueil,
combinaisons équivalentes. qui jusque-là dormait eu lui, s'éveilla au point de
Théoclimène, devin qui descendait en ligne le dominer bientôt. Pour se venger, il se vendit
directe de Mélampus de Pylos, et qui devinait à au démon. Son pacte, célèbre dans tout l'Orient,
Ithaque en l'absence d'Ulysse. est.exposé avec ses suites dans un poëme latin
Théodat Voy. ONOMANCIE. de la pieuse et illustre Rosvitlia. Il eut le bon-
Théodoric, roi des Gûths. Sous son règne, heur de se repentir et de rentrer en grâce, à
les deux plus illustres sénateurs, Symmaque et force de prières et de constance. Voy. cette his-
Boëce, son gendre, furent accusés de crimes toire (qui n'a jamais pu être contestée) dans les
d'État et mis en prison. Boëce était chrétien. Il Légendes infernales.
fut mis à mort l'an 524, et son beau-père eut le Théraphim. Selon rabbi Aben-Esra, les idoles
même sort l'année suivante. Un jour, les ofïï- que les Hébreux appelaient théraphim étaient
des talismans d'airain, en forme de cadran so-
laire,, qui faisaient Connaître les heures propres
à la divination. Pour les faire, on tuait le pre-
mier-né de la maison, on lui arrachait la têle,
qu'on salait de sel mêlé d'huile ; puis on écrivait
sur une lame d'or le nom de quelques mauvais
esprits; on mettait cette lamé sous la langue de
l'enfant; on attachait la tête coupée à la mu-
raille, et, après avoir allumé des flambeaux de-'
vant elle, on lui rendait à genoux de grands
respects. Cetle figure répondait aux questions
qu'on avait à lui faire; on suivait ses avis, et on
traçait sur ses indications les figures du théra-
phim. Selon d'autres rabbins, les théraphim
étaient des mandragores.
Thermomètre. L'abbé Çhappe, né à Mauriac
en Auvergne, en 1722, de l'Académie des scien-
ces, s'est immortalisé par ses deux voyages,
l'un à Tobolsk, dans la Sibérie, en 1761, l'autre
en 1769, en Californie, où il est mort. Dans le
lîotice. premier de ces voyages, il arriva un jour qu'a-
près s'être livré au sommeil, auquel* la fatigue
ciers de Théodoric ayant servi sur sa table un l'avait fait succomber, il se trouva, en s'éveil-
gros poisson, il crut voir dans le plat la tête de lantaumilieudelanuît, abandonné par ses gens,
Symmaque, fraîchement coupée, qui le regardait seul dans son traîneau, au milieu d'un désert de
d'un air furieux ; il en fut si épouvanté qu'il en glaces, sans vivres et loin de toute espèce d'ha-
prit un frisson : il se mit au lit et mourut au bitation. H ne perd point courage ; il marche au
désespoir. hasard, s'abîme dans un trou rempli de neige,
Théodose. Voy. ALECTEYOMANCIE. p'en tire par miracle, aperçoit dans le lointain ,
Théomancie, partie de la cabale des Juifs une faible lumière, la suit, arrive, retrouve ses
qui étudie les mystères de la divine majesté et gens, les réveille, leur pardonne et poursuit sa
recherche les noms sacrés. Celui qui possède route. Il approche enfin de Tobolsk ; il ne restait
cette science sait l'avenir, commande à la na- que trois rivières à passer : mais tout annonçait
ture, a plein pouvoir sur les anges et les diables, le dégel; on voyait l'eau partout. Les postillons
et peut faire des prodiges. Des rabbins ont pré- refusent le service. 11les enivre d'eau-de-vie, et
tendu que c'est par ce moyen que Moïse a tant , traverse les deux premières.
opéré de merveilles ; que Josué a pu arrêter le: A la dernière, il n'éprouve que des refus insur-
soleil ; qu'Élie a fait tomber le feu du ciel et res- mon tables. Indigné, il entre chez le' maître de
suscité un mort; que Daniel a fermé la gueule : poste en tenant à la main-son thermomètre, que
des lions; que les trois enfants n'ont pas étéi la chaleur du poêle fait monter, au grand élon-
consumés dans la fournaise, etc. Cependant, quoi-• nement des spectateurs. L'abbé, qui s'en aper-
que très-experts aussi dans les noms divins, lesi çoit, saisit la circonstance. Il leur fait dire par
THE 659 THO
son interprète qu'il est un grand magicien, que Mais vous, lecteur, croyez-moi, n'attendez pas
l'instrument qu'il porte l'avertit "de tous les dan- la mort pour bien vivre. .
gers ; que si le dégel était à craindre, l'animal Thessaliennes. La Thessalie possédait un si
qu'il renferme, étant exposé au grand air, ne grand nombre de sorciers, et surtout de sor-
descendrait pas; mais que si la glace était en- cières, que les noms de sorcière et de Thessalienne
core forte, il descendrait au-dessous d'une ligne étaient synonymes.
qu'il marque avec le doigt. 11sort alors : tous le Théurgie, art de parvenir à des connaissances,
suivent en foulé, et le thermomètre de descen- surnaturelles et d'opérer des miracles par le se-
dre. Pleins de surprise et d'admiration, les pos- cours des esprits ou génies que les païens nom-
tillons se hâtent d'obéir, et la rivière est traver- maient des dieux et que les Pérès de l'Église ont
sée malgré la glace fléchissant sous lé poids du appelés avec raison des démons. Cet art imagi-
traîneau, et menaçant à chaque instant de se naire a été recherché et pratiqué par Un grand
rompre et de l'engloutir avec les voyageurs. nombre de philosophes. Mais;ceux des troisième
Thespésius, citoyen de Cilicie, connu de Piu- et quatrième siècles, qui prirent le nom d'éclec-
tarque. C'était un mauvais sujet qui exerçait tiques ou de nouveaux platoniciens, tels que
toutes sortes de friponneries, et se ruinait de Porphyre, Julien, Jamblique, Maxime, en furent
jour en jour de fortune et de réputation. L'oracle principalement entêtés. Ils se persuadaient que,
lui avait prédit que ses affaires n'iraient bien par des formules d'invocation, par certaines
qu'après sa mort. En conséquence, il tomba du pratiques, on pouvait avoir un commerce fami-
haut de sa maison, se cassa le Cou et mourut. lier avec les esprits, leur commander, connaître
Trois jours après, lorsqu'on allait faire ses funé- el opérer par leur secours des choses supérieures
railles, il revint à la vie, et fut dès lors le plus aux forces de la nature. Ce n'était, dans lé fond,
juste, le plus pieux et le plus homme de bien de rien autre chose que la magie, quoique ces phi-
la Cilicie. Comme on lui demandait la raison losophes "en distinguassent deux espèces, savoir :
d'un tel changement, il disait qu'au moment de la magie noire et malfaisante, qu'ils nommaient
sa chute son âme s'était élevée jusqu'aux étoiles, goétie, et dont ils attribuaient lès effets aux mau-
dont il avait admiré la grandeur immense et vais démons, et la magie bienfaisante, qu'ils ap-
l'éclat surprenant; qu'il avait vu dans l'air un pelaient théurgie, ;c'est-à-dire' opération divine
par laquelle on invoquait les lions esprits.
Comment savait-on, ajouteBergier, que telles
paroles ou telles pratiques avaient la vertu de
subjuguer ces prétendus esprits et de les rendre
obéissants ? Les théurgistes supposaient que les
mêmes esprits avaient révélé ce secret aux hom-
mes. Plusieurs de ces pratiques étaient des
crimes, tels que les sacrifices de Sang humain;
et il est établi que les théurgistes en offraient.
Voy. JULIEN,MAGIE,ARTNOTOIRE.
Thiers (Jean-Baptiste), savant bachelier de
Sorbonne, professeur de l'Université de Paris, et
ensuite curé de Vibraye, dans le diocèse du Mans ;
né à Chartres en 1638, mort à Vibraye en 1703;
auteur un peu janséniste de plusieurs ouvrages
curieux, parmi lesquels on recherche toujours
grand nombre d'âmes, les unes enfermées dans le Traité des superstitions, l\ vol. in-1'2. II y rap-
des tourbillons enflammés, les autres pirouettant porte une foule de petits faits singuliers.
en tous sens ; celles-ci très-embarrassées et pous- Thomas (Saint). On lit dans les démonomanes
sant des gémissements douloureux; celles-là, que saint Thomas d'Aquin se trouvait incommodé
moins nombreuses, s'ëlevanl en haut avec rapi- dans ses éludes par le grand bruit-des chevaux
dité et se réjouissant avec leurs semblables.- Il qui passaient tous les jours sous ses fenêtres
racontait tous les supplices des scélérats dans pour aller boire. Comme il était habile à faire
l'autre vie, et il ajoutait que, pour lui, une âme des talismans, il fit une petite figure de cheva
de sa connaissance lui avait dit qu'il n'était pas qu'il enterra dans la rue; et depuis, les palefre-
encore mort, mais que, par la permission des niers furent contraints de chercher un autre
dieux, son âme élait venue faire ce petit voyage chemin, ne pouvant plus à toute force faire pas-
de faveur; et qu'après cela il était rentré dans ser aucun cheval dans cette rue enchantée.
son corps, poussé par un souffle impétueux 1. C'est un conte comme un autre. Voy. ALBERT
LE GRAND.
1 Voyez ce récit tout entier dans les Légendesde Thûmas. On lit dans plusieurs conteurs ce
l'autre monde. qui suit : « Un moine nommé Thomas, à la suite
42.
THO — 660 — T1P
d'une querelle qu'il eut avec les religieux d'un et elle s'était glissée dans la chambre du prési-
monastère cle Lucques, se relira tout troublé dans dent, dont elle avait trouvé la porte ouverte. Elle
un bois, où il rencontra un homme qui avait la s'était déshabillée auprès du feu et avait étalé
face horrible, le regard sinistre, la barbe noire ses habits sur des chaises. Cetle folle élait connue
et le vêtement long. Cet homme vint au moine et dans la ville sous le nom de la Reine du ciel,
lui demanda pourquoi il allait seul dans ces lieux qu'elle 'se. donnait elle-même.
détournés. Le moine répondit qu'il avait perdu Thuggisme. C'est le nom qu'on donne dans
son cheval et qu'il -le cherchait. « Je vous aide- l'Inde à l'assassinat ou an meurtre qui se com-
rai, » dit l'inconnu. — Gomme ils allaient en- met par un principe dit religieux, c'est-à-dire
semble à la poursuite du prétendu cheval'égaré, pour plaire à l'une des affreuses divinités de
ils arrivèrent au bord d'un^ ruisseau entouré cle l'Hindoustan, à Devi, appelée aussi la Noire, la
précipices. L'inconnu invita le moine, qui déjà se Dévorante, la Mangeuse d'hommes, etc. Celui
déchaussait, à monter sur ses épaules, disant qui assassine en ce sens se cache sur le chemin
qu'il lui était plus facile de passer à lui qui était du voyageur, lui jette un lacet et l'étrangle.. Il
plus grand.Thomas, fasciné par son compagnon, croit par-là mériter. Ces assassins, que nous
quoiqu'il en eût peur, y consentit. Mais lorsqu'il nommons étrangleurs, s'appellent dans linde
fut sur le dos de l'inconnu- il s'aperçut qu'il avait les thugs.
les pieds difformes d'un démon. Il commença à ThurifUmie, divination par la fumée de l'en-
trembler et à se recommander à Dieu de tout son cens.
coeur. Le diable aussitôt se-mit à murmurer, et Thymiamata, parfums d'encens qu'on em-
s'échappa avec un bruit affreux en brisant un ployait chez les anciens pour délivrer ceux qui
grand chêne qu'il arracha de terre. Quant au étaient possédés cle quelque mauvais esprit.
moine, il demeura étendu au bord du précipice, Thyrée (Pierre), jésuite, auteur d'un livre
et remercia son bon ange de l'avoir ainsi tiré des sur les démoniaques., les maisons infestées et les
griffes de Satan '". » frayeurs nocturnes 1.
Thor,, dieu de, là foudre chez les anciennes Tibalang, fantômes qoeles naturels des Phi-
racesigërmaniqUes, qui l'armaient d'un marteau. lippines croient voir sur la cime de certains
Thou. Il arriva en 1598 une aventure assez vieux arbres, dans lesquels ils sont persuadés
singulière au président de Thon. Il-se trouvait que les âmes de leurs ancêtres ont leur rési-
depuis peu dèleinps dans l'avilie dé Saumur. dence, lisse les figurent d'une taille gigantesque;
Une nuit qu'il était profondément endormi, il de longs cheveux,de petits pieds,des ailes très-
fut réveillé tout à coup par le poids d'une masse étendues et le corps peint.
énorme qu'il sentit se poser sur ses pieds. Il secoua Tibère. Cet empereur romain voyait clair dans
fortement ce poids et le fit tomber dans la cham- les ténèbres, selon Cardan, qui avait la même
bre... Le président ne savait encore s'il était propriété. Voy. TIUSULLE.
bien éveillé, quand il entendit marcher tout au- Ticho-Brahé, astronome suédois. Il croyait
près de lui. Il ouvrit les rideaux de soii lit, et que sa journée serait-malheureuse et s'en retour-
comme les volels de ses fenêtres n'étaient pas nait promplement si, en sortant de son logis, la
fermés et qu'il faisait clair de lune, il vit distinc- première personne qu'il rencontrait était une
tement une grande figure blanche qui se prome- vieille ou si un lièvre traversait son chemin.
n'ait dans l'appartement... Il aperçut en même . Tieck (Louis), auteur allemand d'un livre
temps des bardes éparses sur des chaises auprès qui, sous forme de roman, donne dans un esprit
de la cheminée, il s'imagina que des voleurs hostile à l'Église, l'histoire de la vauderie en Ar-
étaient entrés dans sa chambre ; et voyant la tois au quinzième siècle. Il a été traduit en fran-
figure blanche se rapprocher de son lit, il lui çais sous ce titre : le Sabbat des sorcières; in-8-v
demanda d'une voix forte : « Qui êles-vous? — Tigre (Le,grand). Voy. LIÈVRE.
Je suis la reine du ciel,» répondit le fantôme Tintement. Lorsque .nous sentons une cha-
d'un ton solennel. leur à la joue, dit Brown, ou que l'oreille nous
Le président, reconnaissant la voix d'une tinte, nous disons ordinairement que quelqu'un
femme, se leva aussitôt; et, ayant appelé ses parle de nous. Ce tintement d'oreille passait chez
domestiques, il leur dit de la faire sortir, et se nos pères pour un très-mauvais augure.
recoucha sans demander d'éclaircissement. Le Tiphaine. Nos anciennes chroniques soupçon-
lendemain, il apprit que la femme qui lui avait naient de féerie ou de commerce avec les fées
rendu une visite nocturne élait une folle, qui, toutes les femmes dans l'histoire desquelles ils
n'étant pas renfermée, courait çà et. là et servait trouvaient du merveilleux. La Pucelle d'Orléans
de jouet au peuple. Elle était entrée dans la fut accusée d'avoir eu commerce avec les fées
maison, qu'elle connaissait déjà, en cherchant auprès d'une fontaine de son pays, que l'on ap-
un asile pourlanuit. Personne ne l'avait aperçue,
1 Doemoniaei, cum locis infestis et terriculamentis
1 Wierus, Deproest., etc. noclurnis..
TIR — 661 TOR
pelle encore la fontaine des Fées ou des Dames. les âmes des méchants sont chargées de diriger
L'ancienne chronique de- Duguesclin dit que les coups pour les tourmenter et les punir de
dame Tiphaine, femme de ce héros, élait regar- leurs péchés. En Bretagne on ai'usage, quand
dée -comme une fée, parce qu'elle était fort il tonne, de mettre un morceau de fer dans le
adroite et qu'elle prédisait à son mari tout ce nid des poules qui couvent ', comme préservatif
qui devait lui arriver. du tonnerre. Voy. CLOCHES, ÉVANGILE DE SAINT
Tiromahcie^ divination par le fromage. On JEAN, etc.
la pratiquait de diverses manières que nous ne Topielnitsys, malins esprits qui dansent sur
connaissons pas. les eaux en Russie et en Pologne.
Titania, reine des fées. Voy. OBERON. Toqui. Le grand Toqiii est le dieu suprême
Titus. On trouve raconté dans un vieux re- des Araucaniens. 11à pour ennemi Guécuba," qui
cueil de traditions juives que TituS prétendit est le démon,
avoir vaincu le Dieu des Juifs à Jérusalem. Alors Torngarsuk. Les Groënlandais ne font ni
une voix terrible se fit entendre, qui dit : « Mal- prières ni sacrifices et ne pratiquent aucun rite;
heureux, c'est la plus petite de mes créatures ils croient pourtant à l'existence de certains êtres-
qui triomphera de toi. » En effet, un moucheron surnaturels. Le chef el le plus puissant de ces
se glissa clans le nez cle l'empereur et parvint êtres est Torngarsuk, qui est invoqué surtout pâl-
jusqu'à son cerveau. Là pendant sept années, il ies pêcheurs,. et qu'ils représentent tantôt sous la
se nourrit de 1cervelle d'empereur, sans qu'au-
cun médecin pût le déloger. Titus mourut après
d'horribles souffrances. On ouvrit sa Lêle pour
voir quel était ce mal contre lequel avaient
échoué tous les efforts de la médecine, el on
trouva le moucheron, mais fort engraissé. 11était
devenu de la lailled'un pigeon. Il avait des pattes
de fer et une bouche de cuivre 1.
Toia, nom sous lequel les habitants de la Flo-
ride adorent le diable, c'est-à-dire l'auteur du
mal.
Tombeaux. Chez plusieurs nations idolâtres
de l'antiquité, l'usage était d'aller dormir sur
les tombeaux, afin d'avoir des rêves de la part
des morts, de les évoquer en quelque sorte et de
les interroger. Voy. Monfs.
Tomtegobbe, le vieux du grenier, lutin sué-
dois de la famille des Gobelins.
Tondal. Un soldat, nommé 'fondai, à la suite
d'une vision, raconte qu'il avait été conduit par
un ange dans les enfers. Il avait vu et senti les forme d'un ours, LanLôtsous celle d'un homme
tourmenls qu'on y éprouve. L'ange l'avait con- avec un bras, tantôt enfin sous celle d'une créa-
duit dans les diverses contrées cle cet abîme ; et ture humaine grande au plus comme un des
après lui avoir fait subir les horreurs du froid el doigts de la main.
la puanteur du soufre, expier le vol d'une vache C'est auprès de cette divinité que les anguek-
qu'il se reprochait et comprendre les dangers koks sont obligés de se rendre pour lui deman-
d'une vie mal réglée, il lui fit entrevoir le para- der conseil, quand un Groënlandais tombe malade.
dis avec ses splendeurs, et le ramena ensuite Indépendamment de ce bon génie, qui est invi-
dans son lit. Dès lors il se leva pour mener dé- sible à tout le monde, excepté àl'anguekkok, il
sormais une vie toute chrétienne 2. en est d'autres qui, par l'entremise de l'an-
Tonnerre. Le tonnerre a été adoré en qualité guekkok, enseignent ce qu'on doit faire ou ce
de dieu. Les Égypliensie regardaient comme le qu'on doit éviter pour être heureux. Chaque an-
symbole cle la voix éloignée, parce que de tous guekkok a en outre son esprit familier, qu'il
les bruits c'est celui qui se fait entendre le plus évoque et qu'il consulte comme un oracle,
loin. Lorsqu'il tonne, les Chingulais se persuadent Torquemada (Antoine de), auteur espagnol
que le ciel veut leur infliger un châtiment, el que de YHexameron ou six journées, contenant plu-
sieurs doctes discours, etc.; avec maintes his-
1 Vieilletradition rapportée par Alph. Karr, Voyage toires notables et non encore ouïes, mises en
autour de mon jardin, lettre xin.
2 Dionysii Carlhusiani, art. 4!). — Haie prolixius français par GabrielChappuys, Tourangeau ; Lyon,
describimlur in libelloqui visio 'fondait mmcu-puhir. 1582, in-8° ; ouvrage plein de choses prodi-
Voyezles Voyages de Tondal, dans les Légendesde 1 Cambry, Voyagedans le Finistère, I.
l'autre monde". 11, p. 4G.
TOR — 662 — TRA
gieuses et d'aventures de spectres et de fan- croix qu'on y a placées successivement ont été
tômes. -,'•„- consumées par le feu du ciel '. . .
Tbrreblanca. (François), jurisconsulte de Tourterelle. Si on porte le coeur de cet oi-
Cordoue, auteur d'un livre curieux sur les crimes seau dans unepeau de loup, il éteindra tous les
des sorciers '. , '. sentiments. Si on pend ses pieds à un arbre,
Torture. Quand on employait la torture conr l'arbre ne portera jamais de fruit. Si on frotte
tre les sorciers et que les tourments ne les fai- de son sang,,mêlé avec de l'eau dans laquelle, on
saient pas avoueri, on disait que le diable, les aura fait cuire une taupe, un endroit couvert
rendait insensibles à la douleur. de poils, tous les poils noirs tomberont 2.
Totam, esprit qui garde chaque, sauvage de Traditions populaires; « C'est sur la fata-
l'Amérique septentrionale., Ils se;le, représentent lité et l'antagonisme du bien et du mal, dit un
sous la forme de.quelque bête, et, en conséquence, habile écrivain, dans le Quarterly Magazine.,
jamais ils, ne tuent,. ni ne chassent,,ni ne man- que se fonde la philosophie des traditions du
gent l'animal dont ils pensent que leur totam a peuple. Cette base -se retrouve dans le conte le
.pris la 'figure. ....."., plus trivial où l'on introduit un pouvoir surna-
Toupatl ; esprit malin quipréside au tonnerre turel; et la nourrice qui fait son récit au coin
chez les naturels brésiliensi de la cheminée rustique a la même science que
To tir çtè fqifcé'.-'Delriô tapporte cette histoire les hiérophantes de la Grèce et.les mages de la
plaisante.. Deux troupes' de magiciens s'étaient. Perse, Le principe destructeur étant le plus actif '
réunies en Allemagne; pour célébrer le mariage dans ce bas monde,.il reparaît dans.toutes les
d'Un grand prince.'' Les chefs de ces troupes croyances superstitieuses sous Une variété infinie
étaient rivaux etirvoulaient. chacun jouir sans de formes, les unes sombres, les autres bril-
partage de; l'honneur d'amuser la cour. C'était lantes; on retrouve partout les mêmes personni-
le cas de. combattre avec "toutes les ressources de fications d'Oromase et d'Arimane et l'hérésie des
la sorcellerie;; Que fit, l'un des deux magiciens? manichéens. La vague crédulité du villageois
Il avala,son cnnfrôrë,i le garda quelque temps ignorant s'accorde.avec la science mythologique
dans son estomac, et le rendit ensuite par où des anciens sages. Des peuples; que, l'Océan sé-
vous-savez,.,Cette ..espièglerie lut assura la vic- pare sont rapprochés par leurs.fables ; lès hama-
toire. Sou,,riv.al, .honteux et confus, décampa dryades de la Grèce et les lutins de la Scandi-
avec sa^tjro^petet al|a;plusvloin prendre un bain navie, dansent, une ronde fraternelle avec.les"
et se parfumer;, , lSi fantômes évoquéspar le sorcier moderne ; celui-ci
Tour de Montpellier; 11 y a sans doute en- compose ses philtres, comme Çanidiè, avec la
mandragore, la ciguë, les langues, de vipères et
les autres ingrédients décrits par Virgile et Ho-
race. A,la voix des sorciers modernes,, comme à
celle des magiciens de Thessaliè,, on entend en-
core le hibou crier, le corbeau croasser, le ser-
pent siffler, et les, ailçs noires des scarabées
s'agiter. Toutefois, le Satan des légendes n'est
jamais revêtu de la sombre dignité' de l'ange dé-
chu; c'est le diable, Yennemi, méchant par es-
sence , de temps immémorial. Sa rage est souvent
impuissante, à moins qu'il n'ait recours à la
ruse : il inspire la peur encore plus que la
crainte. De là vient cetle continuelle succession
core à Montpellier une vieille tour que le peuple de caprices bizarres et de malices grotesques qui
de cette ville croit aussi ancienne que le inonde ; le caractérise; de là cette familiarité quidiminue
sa chute doit précéder de quelques minutes la la terreur causée par son nom. Les mêmes élé-
déconfiture de l'univers. ments entrent dans la composition de toutes les
Tour des Rats. Voy. HATÏONII. combinaisons variées du mauvais principe qui
Tour de Wigla, tour maudite de la Norvège, engendra la race nombreuse des lutins sortis de
où le roi païen Vermuncl fit brûler les mamelles l'enfer. Si le rire n'est pas toujours méchant et
de sainte Ethelrède avec du bois de la vraie perfide, il exprime, assez bien du moins, la ma-
croix, apportée à Copenhague par Olaiis III, On lice et la perfidie. C'est de l'alliance du rire et
dit que depuis on a essayé inutilement de faire ; de la malice que sont nés tous ces moqueurs pla-
une chapelle de cette tour maudite; toutes les: ces par les mythologues au rang des divinités.
Tels sont le Momus des Grecs et le Loki des Scan-
1 Epitome delictorurri, sive de Magia, in qua
aperta 1 Victor Hugo, Han d'Islande, ch. xn.
vel occulta invocatio doemonisintervenu, etc., edilio
novissima. Lugduni, 4679, in-4n. 2 Les admirables secrets d'Albert le Grand, p. 113.
TRA 663 — TRA
dinaves, l'un bouffon de l'Olympe, l'autre bouf- à leur surface. Les vieillards, dit M. Félix
fon des banquets du Valhalla.-» Les traditions LeqUien, conservent, sur celte fontaine, de
populaires se conservent sous mille formes. nombreuses légendes. Nous citerons la plus ré-
Voy. SUPERSTITIONS et tous les articles-des-esprits pandue:
el démons. » Dans des temps que bien des siècles sépa-
Mais voici une' tradition du Pas-de-Calais que rent de nous, au milieu des marais de Beuvry,
nous communique un-savant, de la contrée. alors appelé Beury, était un castel. Ses noires
« Dans les environs de Béthune, près cle Beu- murailles dominaient la vaste plaine d'eau qui les
vry, aux rives des marais qui a voisinent cette entourait. Une étroite chaussée, coupée de dis-
commune, était une fontaine assez remarquable, tance en distance par des ponts mobiles, formait
Ses eaux tourbillonnaient sans cesse et offraient le seul accès dé cette habitation.
à leur centre un vaste entonnoir qui engouffrait, » Quel motif avait déterminé le châtelain qui
pour ne jamais le laisser reparaître, tout ce qui s'était retiré là à choisir pour demeure un séjour
était atteint par les rayons de ce tourbillonne- si sauvage? Personne ne le savait. Nul n'avait pu
ment. Vainement on a cherché la profondeur du même l'entrevoir, depuis vingt ans qu'il s'y te-
gouffre, la sonde n'ai jamais pu en atteindre-le nait renfermé ; nul n'avait pénétré dans ce châ-
fond ; et les habitants prétendaient que cette fon- teau ni aux bâtiments extérieurs, où, nuit et jour,
taine était traversée par un fleuve souterrain, Veillaient des. étrangers dont on ne comprenait
_dont lés. Ilots emportaienti le plomb dé la sonde pas le langage et qui n'entendaient pas plus celui
et déterminaient le: tourbillonnement des eaux du pays.
» Une crainte superstitieuse en éloignait d'ail- mystère. Parmi ceux iqui, dans les combats,
leurs chacun. Le château et son châtelain avaient avaient bravé la mort, nul n'aurait été assez
été l'objet des conjectures de tous; mais la dis- hardi pour s'approcher des marais de Beuvry
parition subite de ceux qui avaient trop haute- dans la nuit cle la veille de Noël.
ment émis leur opinion là-dessus faisait qu'on » Cet état de choses durait depuis vingt ans,
n'osait.plus, dans l'intimité même des veillées, quand, à l'aube de ce jour dont la nuit venait
parler du mystérieux manoir. Chacun supposait d'être troublée d'une manière encore plus extra-
ià des intelligences avec les esprits infernaux; et ordinaire que les années précédentes , ceux qui
il est certain que, tous les ans, dans la nuit qui se hasardèrent à jeter un coup d'oeil furlif et in-
précède le saint jour de Noël, il se passait dans quiet sur le château ne le découvrirent plus. Ce
le château des choses extraordinaires. De la fut aussi vainement que des yeux ils cherchèrent
plupart des maisons de Beuvry, une oreille atten- une seconde , une Iroisième fois, cette masse de
tive pouvait saisir les derniers sons, affaiblis par bâtiments au milieu des eaux qui, la veille en-
la distance, de mille voix confuses, proférant core, faisaient contraster sa sombre couleur avec
des cris et des gémissements mêlés d'éclats de la blancheur de l'onde et l'azur des deux. Au
rire. A minuit, tout rentrait dans le calme ordi- plein jour seulement, quand le castel et ses acces-
naire ; le lendemain, pas un seul de ceux que les soires n'apparurent pas davantage sur l'hori-
événements avaient effrayés n'aurait osé dire zon , on osa se communiquer cet étrange événe-
qu'il avait entendu le moindre bruit ; et vaine- ment. Chacun n'y voulut croire qu'après s'en
went se serait-on préoccupé de pénétrer ce être assuré par ses yeux. Rien n'apparaissait au
TRA — 664 — TRA
milie^-de la.vaste plaine d'eau... pas le moindre bles que pour les hommes, et une aversion in-
vestige. I. 'étroite chaussée seule était restée in- vincible .pour les Européens, parce qu'ils tuent
tacte, cc.nme pour rendre plus apparente la dis- les animaux. Enfin, la multitude des transmigra-
parition des bâtiments auxquels elle avait abouti. tions leur fait envisager les récompenses de la
Cependant on se hasarda, mais ce ne fut que vertu dans un si grand éloignement qu'ils n'ont
plus d'un mois après, à s'avancer dans le ma- plus le courage de les mériter '.
rais; on risqua quelques pas sur la chaussée. On Transport des sorcières. Quelques-unes se
parvint à son extrémité, et„à la place du castel, transportent au sabbat enlevées par les airs,
on trouva cetle effroyable fontaine avec ses eaux comme Simon le magicien et sans monture;
tourbillonnantes et sa bouche incessamment mais, en France surtout, les sorcières considé-
béante. Elle reçut et conserva le nom que sa rables, lorsqu'elles emportaient au sabbat quel-
première vue inspira-: on l'appela-et on l'ap- que enfant, étaient transportées et ramenées à
pelle encore la Fontaine hideuse. : domicile par un bouc qui voyageait dans le vide
» Ce qu'était, ce que devint le châtelain avec comme nn oiseau..
ses serviteurs, nul ne pût jamais-le-savoir. La
justice céleste avait puni de grands forfaits ^di-
sait-on; mais; on le conjecturait. Ce qu'on savait
dansle pays, ce qu'on y croit encore, c'est que
chaque année, dans la nuit de la veille de Noël,
vers la douzième heure, on entend toujours sor-
tir du fond de cetle fontaine, des cris,-des gé-
missements et de sinistres éclats de rire. »
Traire par charmes. Voy. BLOKULA.
Trajan, empereur romain qui, selon Dion
Cassius, se trouvant à Amioche lors de ce ter-
rible tremblement de terre qui renversa presque
toute la ville, fut sauvé par un démon ,, lequel se
présenta subitement devant lui, le prit entre ses
bras, sortit avec lui par une fenêtre
'
et
" l'emporta
hors de la ville.
On a écrit que Trajan ne rebâtit pas la ville
ditalica, où ses ancêtres étaient nés, parce qu'un
mathématicien devin lui avait prédit qu'autant
celle ville croîtrait en maisons, autant son em- Trasuîle. Tibère, étant à Rhodes, voulut sa-
pire décroîtrait en provinces. tisfaire sa curiosité relativement à l'astrologie,
Transmigration des âmes. Plusieurs anciens judiciaire. Il lit venir l'un après l'autre tous ceux
philosophes, comme Empédocle, Pytliagore el. qui se mêlaient de prédire l'avenir; il les atten-
Plalor., avaient imaginé -que les âmes, après la dait sur une terrasse élevée de sa maison au bord
mort, passaient du corps qu'elles venaient, de delà mer. Un cle ses affranchis, d'une taille
quitter dans un autre corps, afin d'y être puri- haute et d'une force extraordinaire, les liii ame-
fiées avant de parvenir à l'état cle béatitude. Les nait là à travers les précipices; el si Tibère re-
uns paasaisnt-que ce passage se faisait seulement connaissait que l'astrologue n'était qu'un fourbe,
d'un corps humain clans un autre de même es- l'affranchi ne manquait pas, à un signal convenu,
pèce. D'autres soutenaient que ..certaines âmes de le précipiter dans la mer.
entraient dans les corps des animaux et même 11y avait alors à Rhodes un certain Trasullc,
dans ceux des plantes. Cette transmigration étail homme habile dans l'astrologie, disait-on, mais
nommée |;ar les Grecs métempsycose el méten- incontestablement d'un esprit très-adroit. Il fut
soma;:ose. C'est encore aujourd'hui un des prin- conduit, comme les autres à ce lieu écarté, assura
cipaux articles de la croyance des Indiens. Ce à Tibère qu'il serait empereur et lui prédit beau-
dogme absurde, enfanté parle panthéisme, leur coup de choses futures. Tibère lui demanda en-
fait considérer les maux de cette vie, non comme suite s'il connaissait ses propres destinées et s'il
une épreuve utile à la vertu, mais comme la pu- avait lire son propre horoscope. Trasuîle; qui
nition des crimes commis dans un autre corps. avait eu quelques soupçons, car il n'avait vu re-
N'ayant aucun souvenir de ces crimes, leur venir aucun de ses confrères, et qui sentit redou-
croyance ne peut servir à leur en faire éviter bler ses craintes en considérant le visage de
aucun. Elle leur inspire de l'horreur pour la Tibère, l'homme qui l'avait, amené et qui ne le
caste des parias, parce qu'ils supposent que ce quittait point, le lieu élevé où il se trouvait, le
sont des hommes qui ont commis des forfaits af- précipice qui était à ses pieds, regarda le ciel
freux dans une vie précédente. Elle leur donne
1 Borgier, Dictionnaire de théologie.
plus de charité pour les animaux même nuisi-
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comme pour lire clans les astres; bientôt il s'é- Trazégnies, famille belge illustre à de justes
tonna, pâlit et s'écria épouvanté qu'il était me- et nombreux litres. Unxonte populaire se rattache
nacé d'une mort instante. Tibère, ravi d'admira- à celte noble maison. On dit que son chef fut
lion,'attribua' à l'astrologie ce qui n'était que de père, d'une seule couche de sa femme, de treize
la-présence d'esprit et de l'adresse, rassura Tra- fils; qu'il voulut reconnaître l'aîné à son retour
suîle. en l'embrassant, et le regarda comme un d'une.course, mais que la mère, qui les aimait
oracle. tous, les avait si bien mêlés clans treize berceaux
semblables que personne ne put distinguer l'aîné. et elle a conservé le nom qui la faisait regarder
On leur donna donc à tous part égale dans le autrefois comme quelque chose de surhumain.
vaste héritage, et ils devinrent les chefs de treize Treize. Nos anciens regardaient le nombre
nobles familles. treize comme un nombre fatal, ayant remarqué
Trazgos , lutins espagnols, de l'espèce des que de treize personnes réunies à la même table,
Gobelins et des Kobolds. il en meurt une dans l'année;'ce qui n'arrive
Trèfle à quatre feuilles. Herbe qui croît jamais quand on est, quatorze...
sous les gibets, arrosée du sang des pendus. Un Un premier président du parlement de Rouen,
joueur qui la cueille après minuit le premier-jour ne pouvant se résoudre à se mettre à table parce
delà lune, et la porte sur soi avec révérence, qu'il se trouvait le treizième, il fallut adhérer à
est sûr de gagner à tous les jeux. sa superstition et faire venir une autre personne,
Trégitourie. Les nécromanciens du moyen afin .qu'on fût quatorze. Alors il soupa tranquil-
âge devaient surtout leur renom d'habileté en lement;- mais à peine sorti de table, il fut frappé
magie à la faculté qu'ils possédaient de produire d'une attaque d'apoplexie dont il mourut sur-le-
dos illusions d'optique, faculté connue-alors sons champ.
le nom cle trégitourie. Godwin, dans son Histoire Tremblements de terre. Les Indiens des
des nécromanciens, donne de.curieux exemples montagnes des Andes croient, quand la terre
des effets merveilleux produits à l'aide de la tré- tremble, que Dieu quille le ciel pour passer tons
gitourie par.Agrippa, le docteur Faust el d'au- les mortels en revue. Dans.cetle persuasion, à
tres hommes célèbres. La lanterne magique, peine sentent-ils la secousse la plus légère qu'ils
devenue si triviale, était leur grand instrument, sortent tous de leurs huiles, courent, sautent el
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frappent du pied en s'écriant ; Nous voici ! nous mot ; saxon vehmen, qui veut dire condamnateur,
voici *. . ; non de voe mihi, comme l'ont dit ceux qu'on
et
Certains docteurs musulmans prétendent que appelle les doctes'. Jamais une cour de justice ne
la terre est portée sur les cornes d'un grand s'est donné Un nom injurieux ou absurde. L'his-
boeuf;, quand il baisse la tête, disent-ils, il cause toire, cette muse si pauvre et tant abusée, ne
les tremblements de terre 2. nous a conservé, sur le tribunal secret de "West-
Les lamas de Tarlarie croient que Dieu, après phalie, que des notions peu satisfaisantes, parce
avoir formé la terre, l'a posée sur le dos d'une que les francs-juges qui le composaient s'enga-
immense grenouille jaune, et que toutes les.fois geaient par un serment terrible au silence le plus
que cet animal prodigieux secoue la tête ou al- absolu, qu'on osait à peine prononcer le nom de
longe les pattes, il fait trembler la partie de la ce tribunal redouté, et que les écrivains se con-
terre qui est dessus '.-.;-. tentaient, plus qu'aujourd'hui, de saisir les su-
Trésors. On croit dans l'Ecosse qu'il y a sous perficies. . . , '..-
les montagnes des trésors souterrains gardés par On lit dans le tomeill, page 62/j, du Recueil
des: géants et des fées ; en Bretagne- on croit des historiens de Brunswick, publié par Leibniz,
qu'ils: sont gardés par un vieillard ,; par une que Charlemagne, vainqueur pour la dixième fois,
vieille, par un serpent, par un chien noir ou par en 779 , des Saxons, peuples;indomptables, qui
de petits démons, hauts d'un pied. Pouf: se saisir n'avaient leur plaisir que dans le sang, leur ri-
. de ces trésors, il faut, après quelques prières, chesse que dans le pillage, ; et,qui honoraient-
faire un grand trousansdire un mot. Le tohherrë leurs dieux avec des victimes humaines, envoya
gronde, l'éclair brille, des charrettes de'feii s'é- un ambassadeur au pape Léon III (qui ne régnait
lèvent dans les airs, un bruit de chaînes se.fait pas alors) pouriui demander, ce. qu'il.devait faire
entendre; bientôt on trouve- Une7tôririë d or. de ces rebelles qu'il ne pouvait soumettre, et que
Parvient-on à l'élever au bord du 1trou, un mot pourtant il ne voulait pas exterminer. Le saint-
qui vous échappe la précipite dans l'abîme à père, ayant entendu le sujet de l'ambassade, se
mille pieds de: profondeur. —- Les Bretons ajou- leva sans répondre un mot et alla dans son jardin,
tent qu'au moment où l'on chante l'évangile des où ayant ramassé des ronces et: de mauvaises
Rameaux, les démons sont forcés; d'étaler leurs herbes, il les suspendit à un .gibet qu'il venait
trésors en les déguisant sous des formes de cle former avec des bâtons. L'ambassadeur à son
pierres, de charbons, de feuillages. Celui qui retour raconta à Charlemagne ce qu'il avait-vu;
peut jeter sur eux des objets consacrés les rend etle roi, car il n'était pas encore empereur, in-
à leur première forme et s'en empare 4. Voy. An- stitua le tribunal secret, pour contraindre les
GENt. païens du Nord à embrasser le Christianisme.
Tribunal secret. C'est un de nos princes Tous les historiens ont répété ce récit altéré.
qui a fondé ce tribunal célèbre des francs-juges Bientôt, poursuivent-ils, toute la Germanie se.
(des frey graves), qui retentit si puissamment remplit de délateurs, d'espions et d'exécuteurs.
dans tout le moyen âge, qui plane, si imposant Le tribunal secret connut de- tous les grands
et si mystérieux, sur la Germanie et le nord de crimes, et son autorité s'étendit sur tous les
la vieille Gaule et dont l'institution, le but, les ordres cle l'État; les électeurs', les princes, les
actes ont élé appréciés jusqu'à présent d'une évoques mêmes y furent soumis, et ne pouvaient
manière si incomplète el souvenl si fausse. êlre relevés de celte juridiction, clans certains
11est possible qu'on s'étonne du point de vue cas, que par le pape ou par l'empereur. Néan-
sous lequel nous considérons la cour vehmiqué; moins, dès le treizième siècle, les ecclésiastiques
mais c'est après de mûres recherches que nous el les femmes n'étaient plus recherchés par la
croyons avoir rencontré la vérité; el nous pen- cour vehmiqué.
sons que notre façon de voir jettera sur l'histoire Les francs-juges, c'est le nom qu'on donnait
un jour nouveau, sur cette histoire des siècles généralement aux membres du tribunal secret,
écoulés qui esl tout entière à refaire, non plus étaient ordinairement inconnus. Ils avaient des
avec les vaines théories de ces hommes qui par- usages particuliers et des formalités cachées pour
lent et ne savent pas faire autre chose, tristes juger les malfaiteurs, el jamais, dit iEneas Syl-
eunuques de sérail dont nous sommes assaillis, vius, il ne s'est trouvé personne parmi eux à qui
mais avec l'étude profonde des faits à reproduire, la crainte ou l'argent ail fait révéler le secret.
si animés, si vivants, si variés, si dramatiques. Ils parcouraient les provinces pour connaître les
Le nom de tribunal secret se comprend ; celui criminels, dont ils prenaient les noms; ils les
de cour vehmiqué est plus obscur: il vient du accusaient ensuite devant le tribunal invisible;
on les citait; on les condamnait; on les inscri-
1 Voyagesau Pérou- faits en -1791, 1704, par les1 vail sur un livre de
mort; et les plus jeunes
PP. Manuel Sobre, Viela el Barcelo. étaient chargés d'exécuter la sentence. Tous les
2 Voyagesà Conslantinople, 1800.
3 Voyagede J. Bell d'Antcrmoni, elc. membres faisaient cause commune; lors même
4 Gambry, Voyageau Finistère, l. II, p. V6. qu'ils ne s'étaient jamais vus, ils avaient pour se
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reconnaître un moyen qui est encore pour nous était et à l'abri de toute surprise : c'était sou-
un mystère. C'étaient des mots d'ordre en saxon : vent une caverne. L'accusé y descendait, et on
stock, stein, grass, grein, et quelques autres qui lui découvrait le visage ; il voyait alors ces justi-
peuvent bien nîêlreque des conjectures. Du reste ciers qui étaient partout et nulle part, et dont les
je secret se gardait si étroitement, queTempe-- bras s'étendaient partout, comme la présence de
reur lui-même ne savait pas-,.dit Moeser, pour l'Éternel. Mais tous ces juges étaient masqués,
quels motifs le tribunal secret vehmiqué faisait ils ne s'exprimaient que par signes, à la lueur
mourir un coupable.. clés torches. Quand l'accusé avait parlé pour sa
Pour l'ordinaire, quand la cour vehmiqué avait défense, et que l'heure du jugement était venue,
proscrit un accusé, tous les .francs-juges avaient on sonnait une cloche; de vives lumières éclai-
ordre de le poursuivre; et celui qui le rencon- raient l'assemblée, le prévenu se voyait au mi-
trait devait le tuer. S'il était trop faible pour ce lieu d'un cercle nombreux de juges noirs. La
métier de bourreau,.ses confrères, en vertu de cour qui. condamna ainsi Conrad de Langen était
leurs serments, étaient tenus de lui prêter secours. composée de trois cents francs-juges, et un; jour
Nous suivons toujours la masse des historiens, que l'empereur Sigismond, de la maison de
qui dans ces détails au moins sont exacts. Par- Luxembourg,, présidait le tribunal secret, mille
fois, foulant aux pieds toutes les formes judi- juges siégeaient autour de lui, . ,.-,'.
ciaires-,,le tribunal secret-condamnait un accusé Poulies crimes avérés, pour les longs brigan-
; sans le citer, sans l'entendre, sans le convaincre. dages,, on ne citait point,parce que le coupable,
Mais d'ordinaire on le sommait de comparaître, dès qu'il savait que la cour vehmiqué avait les
par quatre citations. Ceux qui étaient chargés de yeux sur lui, se hâtait de fuir devant lespoignards
citer l'accusé épiaient, dans les ténèbres, le mo-- de celte justice inévitable; il abandonnait pour
jamais la terre rouge; c'est le nom que les invi-
sibles donnaient àla Westphalie, siège de leurs
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séances, centre de leurs pouvoirs.
Quand les juges chargés d'exécuter les sentences
du tribunal secret.avaient trouvé et saisi le con-
damné, ils le pendaient, avec une corde faite cle
branches d'osier tordues et tressées, au premier
arbre qui se rencontrait sur le grand chemin.
S'ils le poignardaient, selon la teneur du juge-
ment, ils attachaient le cadavre à un tronc d'arbre
et laissaient, dans la plaie le poignard, au manche
duquel élait attachée la sentence, afin que l'on
sût que ce n'était pas là un meurtre, ni'un assas-
sinat, mais une justice des francs-juges.
On ne pouvait rien objecter aux sentences de
ce tribunal; il fallait sur-le-champ les exécuter
avec la plus parfaite obéissance. Chaque juge
s'était obligé, par d'épouvantables serments, à
révéler tous les crimes qui yiendraient à sa con-
ment favorable pour clouer à sa porte la som- naissance, dût-il dénoncer son père ou sa mère,
mation. Celte pièce portait d'abord le nom du son frère ou sa sceur, son ami ou ses parents
coupable, écrit en grossesleltres; puis le genre sans exception. Il avait juré aussi cle donner la
dé ses crimes vrais ou prétendus, ensuite ces mort à ce qu'il avail de plus cher, dès qu'il en
niots : « Nous, les secrets vengeurs cle l'Éternel, recevrait l'ordre.
les juges implacables des crimes, et les protec- On cite ce mot du duc Guillaume de Bruns-
teurs de l'innocence, nous te citons d'ici à trois wick, qui élait initié au tribunal secret : « Il faudra
jours devant le tribunal de Dieu. Comparais; bien, dit-il un jour tristement, que je fasse pen-
comparais ! » dre le duc Adolphe de-Sleswig, s'il vient me
La personne citée se rendait à un carrefour où voir, puisqueaulremenL mes confrères me feront
aboutissaient quatre chemins. Un franc-juge, pendre moi-même.»
masqué et couvert d'un manteau noir, s'appro- Un prince de la même famille, le duc Frédéric
chait lentement" en prononçant le nom du cou- de Brunswick, qui fut élu empereur un instant,
pable qu'il cherchait, il l'emmenait en silence el ayant été condamné parles invisibles, ne mar-
lui jetait sur le visage un voile épais, pour l'em- chait plus qu'entouré d'une garde nombreuse.
pêcher de reconnaître le chemin qu'il parcourait, Mais un jour qu'une nécessité le força à s'éloigner
Les sentences se rendaient toujours à l'heure de de quelques pas de sa suite, le cher de ses gar-
minuit. Il n'était point de lieu qui ne pût servir des , le voyant larder à reparaître, l'alla joindre
aux séances du tribunal secret, tout caché qu'il à l'entrée du petit bois où il s'était arrêté, le
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trouva assassiné, avec sa sentence pendue au poi- mais dès lors les francs-juges, ses confrères,,
gnard; il vit le meurtrier qui se relirait grave- étaient tenus, parleurs serments, cle pendre le
ment et n'osa pas le poursuivre. traître sept pieds plus haut que tout autre cri-
C'était en l'année 1400.il y avait alors cent minel condamné au même supplice. C'est qu'il
mille francs-juges en Allemagne, et le tribunal fallait, nous le répétons, que celte justice fût iné-
Vehmiqué était devenu si' puissant -, que- tous les vitable. Les foudres de Rome étaient le seul frein
princes étaient contraints à s'y affilier. Sigismond, des hommes qui pensaient ; le tribunal secret, la
comme nous l'avons dit, le présida quelquefois. seule terreur des hommes matériels.
L'empereur Charles IV, pareillement de la mai- A la fin du quinzième siècle, lés francs-juges
son de Luxembourg, trouva dans l'assistance des devinrent moins nécessaires. Alors donc ce tri-
ffaiics--juges une partie de sa force. Sans'eux, bunal, dont la vaste étendue occupée par cent
l'odieux Wénceslas n'eût pu être déposé ; et de mille juges faisait ombrage aux souverains, car
graves'chroniques leur attribuent la mort cle il pouvait être dangereux, attira leur attention.
Charles le Téméraire. Ils cherchèrent à le supprimer. Celui qui-seul y
Nous avons rapporté sommairement tout ce parvint fut l'époux de Marie de Bourgogne. Maxi-
qui peut donner une idée de la vieille cour veh- milien, élevé àTempirë; abolit à jamais, en 1512,
miqué, en nous conformant aux récits de tous les le tribunal vehmiqué. Charles-Quint, son petit-
historiens. II'paraît certain que celle institution fils et son successeur, maintint cette abolition,
est due à Charlemagne, mais non pas pour oppri- dont il ne resta que quelques vestiges impuis-
mer parla terreur, pour protéger au contraire le sants.
faible contre le fort. Lorsqu'il fonda ce tribunal Nous avons voulu, dans les notes qu'on vient
tout-puissant-,' il établit à côté un refuge : la sen- de lire, mettre les savants,sur une voie nou-
tence était signifiée; el tout criminel condamné velle relativement à la cour vehmiqué. Peut-
par les frey graves, si c'était pouriin délit reli- être un investigateur plus habile montrera-t-il
gieux ou politique, pouvait, en vertu'd'une loi dans l'histoire les services immenses qu'elle a
formelle, éviter la mort en s'exilant. Le pays rendus.
ainsi était délivré du coupable. Trithème (Jean), savant abbé de l'ordre de
Dans la suite, toujours fidèles àieur mission Saint-Benoît, qui chercha àperfectionneiia slé-
de protégerla faiblesse el l'innocence, les francs- ganographie ou l'art d'écrire en chiffres. On prit
juges ne furent l'effroi que des hommes puis- ses livres pour des ouvrages magiques; el Fré-
sants-. Un seigneur féodal qui tuait ou pillait ses déric II, électeur palatin, fit brûler publiquement',
sujets tombait bienLôt sous le poignard des les manuscrits originaux qui se trouvaient dans
francs-juges. Un brigand s'arrêtait devant le sen- sa bibliothèque. Mort en 1516.
tier du crime, parce qu'il savait qu'en le par- M. Audin, à qui l'histoire vraie doit cle si
Courant il trouverait le tribunal des secrets beaux, de si consciencieux et de si savants tra-
vengeurs de l'Éternel. Les souverains, qui-n'é- vaux, a publié, dans ses études sur les cou vents,
taient pas exempts cle la même crainte, repous- une étude très-remarquable de Trithème, regardé
saient en tremblant les tentations de la tyrannie. dans le Rhingau comme un magicien de l'espèce
Et,remarquez-le, dans les pays où le tribunal de Faust, évoquant les morts et Taisant des pro-
secret s'est étendu, les iniquités féodales sont diges.
bien plus rares. Vous ne trouverez ni en Alle- Trodds, petits lutins danois, qui sont toujours
magne, ni dans le nord des Gaules, les sanglantes habillés de gris et coiffés d'un chapeau rouge.
horreurs qui rendent l'histoire d'Angleterre si Troian , roi de Servie, dans les temps obs-
épouvantable au moyen âge. L'affreux despotisme curs. Sa légende a été célébrée dans un klechd
seigneurial, qui pesait sur la France du milieu, ou chant populaire de la Servie, que' la Revue du
fut généralement léger au Nord. Les communes Nord a publié 1. Ce roi ne pouvait supportera
se formèrent, le commerce s'établit parce qu'il y; soleil et ne se sentait vivre que la nuit. Il allait la
avait une puissance occulte qui protégeait le nuit à ses rendez-vous et avait grand soin de ren-
peuple et qui atteignait les nobles voleurs de trer avant le jour clans son palais, sans lumière.
grand chemin. Mais un malin, oubliant l'approche de l'aurore, il
Pour frapper vivement les grossières imagina- prolongea sa visite malgré l'appel réitéré de son
lions des temps barbares, il fallait bien que cette fidèle serviteur. Lorsqu'il se remit en roule, l'au-
puissance fût mystérieuse el terrible. Un baron rore s'emparaiL du ciel; i! eut beau presser son
guerroyeur n'eût pas craint une petite armée ; il cheval pour regagner sa demeure' avant les pre-
pâlissait au seul nom des francs-juges. 11 savait miers rayons du soleil, il en fut atteint à mi-che-
qu'on n'évitait pas aisément leur sentence. min , sauta à bas cle son cheval, s'étendit sur la
Quelquefois il arriva qu'un franc-juge, rencon- terre humide et ordonna, à son serviteur de le
tranl un de ses amis condamné par le tribunal couvrir d'un épais manteau. Le fidèle varlet obéit,
secret, l'avertit du danger qu'il courait, en lui
disant : On mange ailleurs aussi bon pain qu'ici; 1 Livraison de mai 4837.:
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cl courut expliquer au palais la cause cle l'absence- massives de l'antique château de Carnoët, sur la
du maître. Pendant ce temps, des pâtres qui rive droite du Laïla ( c'est le nom que l'Isole et
menaient leurs troupeaux aux prairies arrivent l'Ellé prennent après leur réunion) ; les pans de
au manteau ; ils l'enlèvent, et Troian crie : « Cou- murs, couverts de grands arbres, de ronces.,
vrez-moi du manteau ; gardez-moi du soleil. » d'épines, de plantes de toute nature, ne laissent
Mais ses, prières sont inutiles; les rayons du so- apercevoir que leur grandeur ; des "fossés remplis
d'une eau vive l'entouraient, des tours le proté-
geaient. C'était sans doute un objet de terreur
pour le voisinage; il y paraît parles contes qu'on
nous en rapporte.
Un de ses anciens propriétaires, type de la
Barbe-Bleue, égorgeait ses femmes dès qu'elles
étaient grosses., La soeur d'un saint devint, son
épouse. Convaincue, quand elle s'aperçut de son
état, qu'il fallait cesser d'être, elle s'enfuit;, son
barbare époux, la poursuit,..l'atteint, lui tranche
la tête et retourne dans son château. Le saint,
son frère, instruit de cette barbarie, la, ressus-
cite et s'approche de Carnoët; on lui refuse d'en,
baisser les ponts-levis. A la troisième supplica-
tion sans succès, il prend une poignée de pous-
leil arrivent à son visage. 11 se tait subitement; sière, la lance en l'air; le château tombe avecle
car déjà ses deux yeux se sont écoulés en deux prince, il s'abîme dans les enfers. Le trou par
larmes, la tête se fond ; bientôt, le cou, la poi- lequel il passa subsiste encore. Jamais, disent les
trine, le corps entier se change en eau. Et le bonnes gens, on in'essaya'd'y pénétrer sans de-
fidèle serviteur, revenu auprès de son maître, ne venir la proie d'un énorme dragon.
trouve plus que le manteau. Troupe furieuse. En Allemagne la supersti-
Trois. Les anciens crachaient trois fois dans tion a fait donner ce nom à certains chasseurs
leur sejn pour", détourner les enchantements. En mystérieux qui sont censés peupler les,-forêts.
Bretagne, un bruit qui.se fait entendre trois fois Voy. MONSIEUR DÉI.A FOUET,VIÎNEUJU , etc.
annonce un malheur. On sait. aussi que trois Troupeaux. Garde des troupeaux. — Les ber-
flambeaux-.allumés dans la même chambre sont gers superstitieux donuenl le-nom de gardes h
un mauvais présage. certaines oraisons incompréhensibles accompa-
. Trois-Échelles, sorcier de Charles IX, qui gnées de formules. Ce qui va suivre nous fera
le fit brûlera la fin pour avoir joint aux sortilèges comprendre. Le tout est textuellement transcrit
les empoisonnements et les meurtres. II avoua des grimoires el autres mauvais livres de noirs
dans son interrogatoire que le nombre de ceux mystères. Nous pensons que la stupidité de ces
de son temps qui s'occupaient de magie passait procédés les combat suffisamment. Les recueils
dix-huit mille. Bodin raconte le tour suivant de ténébreux donnent ces gardes comme capables
ce sorcier : En présence du duc d'Anjou, depuis
Henri III, il attira les chaînons d'une chaîne d'or
d'assez loin, et les fit venir dans sa.main; après
quoi la chaîne se trouva entière. Nandé parle de
Trois-Échelles, dans le chapilreiii de son Apologie
des grands personnages soupçonnés de magie.
Il reconnaît que c'était un charlatan, un escamo-
teur et un fripon.
Trois-Rieùx. Voy. MAcnonon.
Troldman, magicien chez les Scandinaves.
Voy. HAUOLD.
Trollen, esprits follets qui, selon Leloyer, se
louent comme domestiques dans le Nord, en ha-
bits de femme ou d'homme, el s'emploient aux de tenir toute espèce de troupeau en vigueur eL
services les plus honnêtes de la maison. Ce sont bon rapport.
les mêmes que les droites. Le château de Belle, garde pour les chevaux.
Tronc d'arbre. Le diable prend quelquefois — Prenez du sel sur une assiette; puis, ayant le
cette forme au sabbat. dos tourné au lever du soleil el les animaux
Trophonius. Voy. SONGES. devant vous, prononcez, la tête nue, ce qui suit :
Trou.du château de Carnoët. J'ai visité, dit « Sel qui es fait et formé au château cle Belle,
Cambry dans son Voyage du Finistère, les ruines je le conjure au nom de Gloria, d'Orianlé et de
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Galliane, sa Soeur ; sel, je te conjure que tu aies vendredi, au croissant de la lune; et, en cas
à me tenir mes vifs chevaux de bêtes cavalines pressant, on passe par-dessus ces observations.
que voici présents sains et nets, bien buvant, Il faut avoir soin que vos pelotes ne prennent pas
bien mangeant, gros et gras; qu'ils soient à ma d'humidité, parce que les animaux périraient.
Volonté; sel dont sel, je te conjure par la puis- On les porte ordinairement dans un gousset;
sance de gloire et par la vertu de gloire, et en mais, sans vous charger de ce soin inutile, faites
toute mon intention toujours de gloire. » Ceci ce que font les praticiens experts : placez-les
prononcé au coin du soleil levant, vous gagnez chez vous en quelque lieu sec- et ne craignez
l'autre coin, suivant le cours de cet astre, vous rien. Nous avons dit ci-dessus cle ne prendre de
y prononcez ce que dessus. Vous en faites de la corne que du pied droit pour faire la pelote-,
même aux autres coins; et étant de retour où la plupart en prennent des quatre pieds, et en
vous avez commencé, vous y prononcez de nou- font conséquemment deux croisettes, puisqu'ils
veau les mêmes paroles. Observez, pendant toute en ont quatre morceaux. Cela est superflu et ne
la cérémonie, que les animaux soient toujours produit rien de plus. Si vous faites toutes les cé-
devant Vous, parce que ceux qui traverseront rémonies des quatre coins au seul'coin du soleil
sont autant de bêtes folles. Faites ensuite trois levant, le troupeau, sera moins dispersé. Remar-
tours autour de vos "chevaux, faisant des jets de quez qu'un berger mauvais, qui en Veut à celui
votre sel sur les animaux, disant : « Sel, je te qui le remplace, peut lui causer bien des peines
jette de la main que Dieu m'a donnée; Grapin, et même faire périr le troupeau : premièrement
je te prends, à toi je m'attends. » Dans le res- par le moyen de la pelote qu'il coupe en mor-
tant de votre sel, vous saignerez l'animal sur qui ceaux et qu'il disperse sur une table ou ailleurs;
on monte, disant: « Bêle câvaline, je te saigne ensuite parle moyen d'une taupe ou d'une be-
delà main que Dieu m'a donnée; Grapin, je te lette; enfin par le moyen d'une grenouille ou
prends, à toi je m'attends. » On doit saigner raine verte, ou queue de morue qu'il met dans
avec un morceau de bois dur, comme du buis ou une fourmilière'' disant : Maudition, perdition. Il
poirier; on tire le saug de quelle partie on veut, l'y laisse durant neuf jours, après lesquels il la
quoi-qu'en disent quelques capricieux qui affec- relève avec les mêmes paroles, la mettant en '
tent des vertus particulières à certaines parties poudre et en semant où doit paître le troupeau.
de l'animal. Nous recommandons seulement, 11 se sert encore de trois cailloux pris en diffé-
quand on tire le sang, que l'animal aille cul rents cimetières, et, parle moyen- de certaines
derrière vous. Si c'est par exemple un mouton, paroles que nous ne voulons pas révéler, il donne
vous lui tiendrez la têle dans vos jambes. Enfin, des courantes, cause la gale et fait mourir autant
après avoir saigné l'animal, vous faites une levée d'animaux qu'il souhaite.
de corne du pied droit, c'est-à-dire que Vous lui Autre garde. — « Aslarin, Aslàrot qui est
coupez un petit morceau de corne du pied droit Baholi je te donne mon troupeau à la charge et
avec un couteau ; vous le partagez en deux et en à ta garde; et pour ton salaire je te donnerai
faites une croix. Vous mettez cette croisette dans bête blanche ou noire, telle qu'il me plaira. Je
un morceau de toile neuve, puis vous la couvrez te conjure, Astarin, que tu me les garde parloul
de votre sel ; vous prenez ensuite de la laine, si dans ces jardins, en disant hurlupapin. » Vous
vous agissez sur les moutons; aulremenl vous agirez suivant ce que nous avons dit au château
prenez du crin, vous en faites ainsi une croisette de Belle, el ferez le jet, prononçant ce qui suit:
que vous mettez dans votre toile sur le sel, « Gupin féranl a failli le grand, c'est Caïn qui
vous mettez sur cette laine ou crin une se- le fait chat. » (Vous les frotterez, avec les mêmes
conde couché* de sel ; vous faites encore une paroles.)
autre croisette de cire vierge pascale ou chan- Autre garde. — « Bête à laine, je prie Dieu
delle bénite , puis vous mettez le restant de votre que la saignerie que je vais faire prenne et pro-
sel dessus, et nouez le tout en pelote avec une fite à ma volonté. Je conjure que tu casses el
ficelle; frottez avec cette pelote les animaux au brises tous sorts et enchantements qui pourraient
sortir de l'écurie, si ce sont des chevaux. Si ce être passés dessus le corps de mon vif troupeau
sont des moutons, on les frottera au sortir de la'- de.bêles à laine que voici présent devant Dieu
bergerie ou du parc , prononçant les paroles et devant moi, qui sont à ma charge et à ma
qu'on aura employées pourle.jet; on continue à garde. » Voyez ci-dessus ce que nous avons dit
frotter pendant un, deux, trois, sept, neuf ou pour opérer au château de Belle, et vous servez
onze jours de suite. Ceci dépend de la force et pour le jet et frottement des paroles qui suivent :
de la vigueur des animaux. Notez que vous ne « Passe ilori, tirlipipi. »
devez faire vos jets qu'au dernier mot : quand Garde contre la gale, rogne cl clavelêe. — « Ce
vous opérez sur les chevaux, prononcez vive- fui par un lundi au malin que le Sauveur du
ment; quand il s'agira de moutons, plus vous inonde passa, la sainte Vierge après lui, mon-
serez long à prononcer, mieux vous ferez. sieur saint Jean, son pastoureau, son ami, qui
Toutes les gardes se commencent le matin du cherche son divin troupeau. Mon troupeau sera
TRO 671 TUR
sain et joli, qui est sujet à moi-Je prie madame avait simplement appris à sa pauvre truie l'art
sainte Geneviève qu'elle m'y puisse servir d'amie, de se redresser et de tenir une quenouille. Oh
dans ce malin claviau ici. Claviau banni de Dieu, l'appelait^ truie qui file, et une enseigne a con-
je te commande que tu aies à sortir d'ici, et que servé son souvenir. On voyait là une oeuvre du
tu aies à fondre et" à confondre devant, Dieu et diable. Mais il.fallait qu'il y eût encore là-des-
devant moi, comme fond la rosée devant le so- sous quelque horreur.
leil- 0 sel! je te conjure de la part du grand « Rien deiplus simple, dit alors M. Victor Hugo
Dieu vivant que tu me puisses servir à-ce que je {Notre-Dame de Paris), qu'un procès de sorcel-
prétends, que tu me puisses préserver et garder lerie intenté à un-animal. On trouve; dans les
mon troupeau de rogne, gale,.pousse, de pous-- comptes de la prévôté, pour 1466; un-curieux
set, de gobes et de mauvaises eaux. » Avant détail des frais du procès de Gillet-SOulart et dé
toutes choses, à cette garde (rédigée, ainsi que sa truie,,, exécutés pour leur démérites^ àCorlieiL
les autres, par quelque paysan), ayez recours au Tout y est : le coût des fosses pour mettre la
château de Belle et faites le jet elles frottements, truie vies cinq, côtrets pris sur le port: de Mor-
prononçant quelques formules. sang-, .les,trois pintes de .vin et le pain:, dernier
Garde contre la gale. — « Quand Notrè-Sei- repas du patient, fraternellement partage par lé
-
gneur monta au ciel, sa sainte vertu en terre bourreau, jusqu'aux onze, jours de;garde et dé
laissa. Pasle, Collet et Hervé ; tout ce que Dieu a nourriture de la truie - à, huit deniers parisis
dit à été bien dit. Bête rousse^ blanche ou noire i chacun. » ,
de quelque couleur que tu sois „'s'il y a quelque L'a truie a ses fastes dansl'antiquité;.Les Grun-
gale ou rogne sur toi, fût-elle mise et faite à neuf dules étaient des espèces de dieux lares établis
pieds dans terre,: il est vrai qu'elle s'en ira et par Romulus en l'honneur d'une truie qui avait
mortira. » Vous vous servirez pour le jet et pour porté trente.petits. Voyez Poncs.
les frottements des mots suivants, et aurez re- Tschouwasches. L'irieh ou jerich est un fais-
cours à ce que nous avons dit au château de ceau sacré devant lequel les Tseho.uwasches,
Belle : « Sel, je te jette de la main que Dieu m'a peuplade de Sibérie, font leurs prières. Ce fais-
donnée. *Volo et vono Baplista Sancla Aca latum ceau est composé de jets choisis du rosier sau-
'
est. ». . vage, au nombrede quinze, d'égale grosseur, et
Garde poiit empêcher les loups d'entrer sur le longs d'environ quatre pieds, qu'on lie par le
terrain où sont les moutons. — Placez-vous au milieu avec une bande d'ëcorce, à laquelle on
coin du soleil levant et prononcez cinq fois Ce pend un petit morceau; d'étain. Chaque; maison
; qui va suivre; Si vous ne le souhaitez prononcer en a un pareil à soi, 11n'est permis à personne
qu'une fois, vous en ferez autant cinq jours de de le loucher jusquîen automne; Alors, lorsque
suite* « Viens, bête à laine, je te garde. Va droit, toulesles feuilles sont tombées, on va en cueillir
bête/ grise, à gris agripeuse ; va chercher ta un nouveau et jeter dévotement;l'ancien dans
proie; loups et louves et louveteaux; tu n'as une eau courante. ; ;> -,
point à venir à cette viande qui est ici. » Ceci Tullie. Yersie milieu du seizième siècle, on
, prononcé au coin que nous avons dit, on conti- découvrit un tombeau, près de; la voie Appienne.
nue de faire de même aux autres coins; et, de On y trouva le corps d'une jeune fille nageant
; retour 'où"l'on a Commencé, on le répète de nou- dans une liqueur inconnue. Elle avait les che-
veau. Voyez pour le reste le château de Belle, veux blonds, attachés avec une boucle d'or ; elle
puis faites le jet avec les paroles qui suivent : était aussi fraîche que si elle n'eût élé qu'endor-
Vanus vanes, attaquez sel soli. mie. Au pied de ce corps, il y avait une lampe
Garde pour les chevaux. — « Sel, qui es fait qui brûlait et qui s'éteignit dès que l'air s'y fut
et formé de l'écumede mer, je te conjure que tu introduit. On reconnut à quelques inscriptions
fasses mon bonheur et le profit de mon maître; que ce cadavre élait là depuis quinze cents ans,
je te conjure: au nom dé Crouay, Rou et Rou- et on conjectura que c'était le corps de Tullie,
vayet; viens ici, je te prends pour mon valet fille de Cicéron. On le transporta à Rome ; on
(en jetant le sel). (Gardez-vous de direRouvaye.) l'exposa au Capitule, où tout le inonde courut en
Ce que que lu feras, je le trouverai bien fait. ». foule pour le voir. Gomme le peuple imbécile
Celte garde est forte et quelquefois pénible, dit commençait à rendre à ces restes les honneurs
l'auteur. Voy. ORAISON DULOUP.(Une variante.) dus aux saints, on le fit jeter dans le Tibre.
Trows, esprits qui, dans l'opinion des habi- Voy. LAMPESMERVEILLEUSES.
tants des îles Shetland, résident dans les cavernes Turlupins, secte de libertins qui allaient tout
intérieures des collines. Ils sont habiles ouvriers nus, et qui renouvelaient en France, en Alle-
en fer et en toutes sortes de métaux précieux. magne et dans les Pays-Bas, au quatorzième
Voy,MINEURS,MONTAGNARDS, etc. siècle, lès grossièretés des anciens cyniques-. Ils
Truie. Les juges laïques de la prévôté de Pa- disaient que la inodeslie et les moeurs étaient des
lis , qui étaient très-ardents, firent brûler en 1466 marques de corruption, et que tous ceux qui
Gillet-Soulart et sa truie, pauvre charlatan qui I avaient de la pudeur étaient possédés du diable.
TUR 672 — UNI
Turpin, archevêque de Reims, mêlé dans Tympanites, variété des vampires. Voyez
toutes les chroniques de Charlemagne à la vie HUEÏ. .
ou plutôt aux légendes de ce. grand homme. On Tymp.anon, peau de bouc dont les sorciers
a conservé sous son nom une vision qu'il aurait font des outres où ils conservent leur bouillon.
eue, étant à Vienne, en Dauphiné, d'une troupe Voy. SABBAT. •
de démons qui s'en allaient vivement se saisir Tyfe, sorte d'instrument dont les. Lapons se
de l'âme de Charlemagne ou qui du moins se servent pour leurs opérations magiques. Scheffer
flattaientde cet espoir. Mais, peu après il les vit nous en fournit la description : Cette-tyre n'est
s'en revenant l'oreille basse de n'avoir pasréussiI. autre chose: qu'une boule ronde-, de. la grosseur
Tvardowski, magicien polonais qui semble un d'une noix ou d'une petite pomme, faite du plus
-
type du Faust allemand. tendre duvet-, polie partout ,>et si légère qu'elle
Tjrbilenus,, nom du mauvais génie chez les semble icreuse. Elle est d'une couleur mêlée de
SaXOnS;. :'. .;'-- jaune',, dé:-.vert et cle gris; le. jaune y domine;
Tylv/yth-Teg (labelle famille); On donne,ce On. assure que les Lapons: vendent celte lyre,
nom dans le pays, de Galles à une peuplade, de qu'elle est comme, animée, qu'elle a du mouve-
petites fées ,q.ui.viennent la nuit dans-les fermes ment; en sorte que celui qui l'a acheléeia peut
et rendent de,bons offices aux ménages où il y a envoyer en qualité de. maléfices sur qui il lui
de; l'ordre et de, la propreté. Elles ont pour; op- plaît. La lyre. va, comme un tourbillon. S'il se
posés lès Elly lions, lutins malicieux qui font des rencontre en son chemin -..quelque1chose d'animé.,
tours; aux .maisons mal tenues et aux mauvais celle chose reçoit le,mal qui était préparé;pour
.serviteurs., une autre. . '.-•..
Ukobacïi,, démon d'un ordre inférieur. 11 se les .astres, ratifiaient les avis, et le bon sens de ses
montre toujours avec un corps enflammé ; on le conseillers ordinaires. De curieux, antécédents
justifiaient l'empire que ce Ruggiéri conserva sur
sa maîtresse jusqu'au, dernier; moment. Un des
plus savants hommes du seizième siècle fui certes
le médecin de Laurent de Médicis-, duc d'Urbin,
père de Catherine. Ce médecin fut appelé Rug-
giéri le vieux (vecchio Ruggier, et Roger l'Ancien
chez les auteurs français qui se sont occupés
d'alchimie), pour le distinguer de ses deux fils,
Laurent Ruggiéri, nommé le grand par les au-
teurs cabalistiques, et Cosme Ruggiéri, l'astro-
logue de Catherine, également nommé Roger par
plusieurs historiens français. Ruggiéri le vieux
était si considéré dans la maison cle Médecis que
les deux ducs, Cosme et Laurent, furent les par-
rains de ses deux enfants. 11 dressa, de concert
avec le fameux mathématicien Bazile, le thème
de nativité cle Catherine, en sa qualité de mathé-
maticien, d'astrologue et de médecin de la mai-
son cle Médecis ; trois qualités qui se confondaient
souvent.
dit inventeur des fritures et des feux d'artifice. » A cetle époque, les sciences occultes se cul-
Il est chargé par Belzébulh d'entretenir l'huile tivaient avec une ardeur
qui peut surprendre les
dans les chaudières infernales.
esprits incrédules cle notre siècle si souveraine-
Universités occultes. « Il existait un homme ment analyseur; mais peut-être verront-ils poin-
à qui Catherine cle Médicis tenait autant qu'à ses dre dans ce croquis
: historique le germe des
enfanLs cet homme était Cosme Ruggiéri, qu'elle sciences positives, épanouies au dix-neuvième
logeait à son hôtel cle Soissons et dont elle avait siècle, sans la poétique grandeur qu'y portaient
fait un conseiller suprême, chargé de lui dire si les audacieux chercheurs du seizième siècle; les-
1 Voyez celte vision dans, les Légendes de l'autre quels, au lieu de faire de l'industrie, agrandis-
monde. saient l'art et fertilisaient la pensée. L'universelle
UNI — 673 — UNI
protection accordée à ces sciences par les souve- une année de règne. Henri IV:, mis sur le rouet,
rains de ce temps était d'ailleurs justifiée par les fit vingt-deux tours. L'astrologue dit à la reine
admirables:créations de tous les inventeurs, qui effrayée que Henri de Bourbon serait eneffet'rôi
partaient delà recherche du grand oeuvre pour de France et régnerait tout ce temps 1; la reine
arriver à des résultats étonnants. Aussi jamais Catherine lui voua une haine mortelle- en ap-
lès souverains ne furènt-ils plus avides de ces prenant- qu'il succéderait au dernier' dés Valois
-•T.- -.-
mystères. Les Fugger, en qui'-les- Lucullus mo- assassiné.
dernes reconnaîtront leurs princes, en qui les » Curieuse de connaître son genre de mort, il
banquiers , reconnaitrcmt leurs' maîtres-, étaient lui futîditde sedéfier clé Saint-Germain. Dès ce
certes des calculateurs difficiles à<surprendre ; jour, -pensant'qu'elle-' serait renfërméëdù 1violen-
eh bien, ces hommes si positifs, qui prêtaient- tée.au château de- Saint^Germâto; eilë-n'y mit
les capitaux de l'Europe aitX:souverains du sei- jamais le pied ; quoique ce château fût infiniment
zième siècle endettés aussi bien que ceuxd'au- plus convenable à:ses desseins, par- sa proximité
. jôufd'hui, ces; illustres:hôles; de Charles-Quint, de Paris,,1 que: tous ceux où elle alla se réfugier
commanditèrent l'es-fourneaux- de Pafacélse. ' avec le roi durântlësifoubles.'Quând elle' tomba
» Au commencement du seizième siècle, Rug-; malade,• "quelques joursi-après Tassassihat çhï dïlc
gièri' le Vieux fut Te "chef de celte université de Guise -aux états' de Blois ;-elle dëiiïândalè' nom
secrète d'où sortirent lès Nostraclamus et les du prélat qui-;vim l'assister;'orr lui dit qu'il se
Agrippa qui, tpûri' à:tour; furent médecins ides. noriimaitiSàint-GèfmainY Je suis' imorie !décriâ-
Valois, enfin tous les astronomes, les 'astrologues'', i t-elle. Elle mourut lélôndèmàin; ayant d'ailleurs
les alchimistes qùi-'ehtéurëréht à.icetteépoquè-'l'ë's accompli Iëî'nombrô-cl'ânnées-quëiui accordaient
princèsdë là chrétienté, et qui-furent plus par- tous ses horoscopes; Cette 'scène';- Connue; du Car-
ticulièrement accueillis et-prôtégés eh France par dinal de Lorraine, quiia traita de-sorcellerie, se
Catherine de Médicis. DaUsle thème de nativité, réalisait peu à peu. François 1! n'avait: régné
que dressèrent Bàzilë et Riiggiëri le vieux, les queses tours de rouet ; Charles IX accomplissait
principaux événements 'de la. vie de Catherine en ce'moment son dérhiër. Si'Cathèrine adilçes
lurent prédits-avec une exactitude désespérante singulières paroles à son' fils Henri parfânl-pour
1
pour- ceux qui nient les sciences'occultes; Cet la Pologne : -— Vo%sreviendrez bientôt! il'faut lés
horoscope annonçait les malheurs'--qui*-,'pendant; attribuer à sa foi'clans les sciences 1occultes et non
le siège de:Florence, signalèrent le commence- à soi! dessein; d'empoisonnerleroi. Marguerite de
ment de sai vie,- son mariage avec un fils de France était reine de Navarre:i:'Élisabeth','rëihè
France, Tavënetnent inespéré de ce fils au trône, d'Espagne, le ducd'Anjou était roi de Pologne.
la naissance de ses enfants et leur nombre. Trois » Beaucoup d'autres circonstances corrobo-
de ses fils devaient être rois chacun à son tour,, rèrent la foi cle Cathéririe dans les sciences oc-
deux filles devaient être reines;
' tous devaient cultes. La veille du tournoi;où Henri Ilfut blessé
mourir sans postérité. - . .-''-
» Ce thème se réalisa si bien, que beaucoup
d'historiens l'ont cru fait après coup. Mais cha-
cun sait que Nostradamus produisit, au château
de Chaumont, où Catherine se trouvait lors cle
la conspiration de la Renauclie, un liomïne qui
possédait le don cle lire dans l'avenir. Or, sous le
règne 1cle François 11, quand la reine voyait ses
quatre fils en bas âge et bien portants, avant le
mariage d'Elisabeth de-Valois avec Philippe II,'
roi d'Espagne, avanl celui de Marguerite de Va-
lois avec Henri de Bourbon, roi de Navarre,
Nostraclamus et son ami "confirmèrent toutes les
circonstances du fameux thème. Cet homme,
doué'sans doute de seconde vue;, et -qui apparte-
nait à la grande école des infaligablës; chercheurs
du grand oeuvre, mais dont la vie secrète a
échappé à l'histoire, affirma que cedernier en-
fant couronné mourrait assassiné.
» Après avoir placé la reine devant un miroir
magique où se réfléchissait un rouet sur une des HcmiII.
pointes duquel se dessina la figure de chaque
enfant, l'astrologue imprimait un mouvement au à mort, Catherine vil le coup fatal en songe. Son
rouet, et la reine comptait le nombre de tours conseil d'aslrologie judiciaire, composé de Nos-
qu'il faisait; chaque tour était pour un enfant tradamus et des deux Ruggiéri, lui avait prédit
43
U.Pti. — 674 — URI
la mort du .roi. L'histoire a enregistré les in- assise à la pointe d'un rocher, d'où elle protégeait
stances que lit Catherine pour engager Henri II les armes des Sarasins. Esplandian courut à elle
à ne pas descendre en lice. Le pronostic et le pour purger la terre de celte furie (car, bien
songe engendré par le pronostic se réalisèrent. qu'immortelles de leur nature jusqu'au jugement
. » Les mémoires du temps rapportent un autre dernier, les fées n'étaientpas à l'épreuve d-un bon
fait non moins étrange. Le courrier qui annon- coup d'épéô, et pouvaient comme d'autres recevoir
çait là victoire de Moncontour arriva, la nuit, la mort, pourvu qu'elle fût violente). Mélye évilale
après être venu si rapidement qu'il avait crevé coup en changeant de place avec la plus grande
trois chevaux. On éveilla la reine mère, qui dit: agilité ; et comme elle servit pressée, elle parut
je le savais. En effet, la veille, dit Brantôme, s'abîmer dans un antre qui vomit aussitôt des
elle avait racontéle triomphe de son fils.et quel-- flammes; Urgande reconnut Mélyeau portrait que
ques circonstances de la bataille. L'astrologue de les chevaliers lui en firent ; elle voulut la voir ; elle
la maison de Bourbon déclara que le cadet de Conduisit donc Esplandian et quelques chevaliers
tant.de princes issus de saint Louis, que le fils dans une prairie, au bout de laquelle ils trou-
d'Antoine de Bourbon serait roi de France. Celte vèrent Mélye assise sur ses talons et absorbée
prédiction, rapportée par Sully, fut accomplie dans une profonde rêverie. Cette fée possédait
dans les"termes mêmes de l'horoscope, ce qui fit un livre magique dont Urgande désirait depuis
dire à Henri IV qu'à force de mensonges ces longtemps la possession. Mélye, apercevant Ur-
gens rencontraient le vrai. Quoi qu'il en soit, si gande, composa son visage, accueillit la fée, sa
la plupart des têtes fortes de ce temps croyaient rivale, avec aménité, et la fit entrer dans sa
à la vaste science appelée magisme par les maî- grotte; Mais à peine y avait-elle pénétré, que,
tres de l'astrologie judiciaire et sorcellerie par le s'élançant sur elle, la méchante fée la renversa
public, ils étaient autorisés par le succès des ho- par terre en lui serrant la gorge avec violence.
roscopes. Ce fut pour Cosme Ruggiéri, son ma- Les chevaliers,.les entendant se débattre, entrè-
thématicien , son' astronome, son astrologue, son rent dans la grotte: le pouvoir des enchante-
sorcier, si l'on veut, que Catherine fit élever la ments les fit tomber sans connaissance; le seul
colonne adossée à la halle au blé, seul débris qui Esplandian, que son épée charmée garantissait
reste de l'hôtel de Soissons. Cosme Ruggiéri de tous les pièges magiques, courut sur Mélye et
possédait, comme les confesseurs, une mysté- retira Urgande de ses mains. Au même instant
rieuse influence dont il se contentait comme eux ; Mélye prit celui de ses livres qui portait le nom
d'ailleurs, il nourrissait une ambitieuse pensée de Médée, et forma une conjuration; le ciel
supérieure à l'ambition vulgaire. Cet homme, s'obscurcit aussitôt : il sortit d'un nuage noir un
que les romanciers ouïes dramaturges dépeignent chariot attelé de deux dragons qui vomissaient
comme un bateleur, possédait la riche abbaye de des flammes. Enlevant lestement Urgande,Mélye
Saint-Mahé en basse Bretagne, et avait refusé cle la plaça dans le chariot et disparut avec elle.
hautes dignités ecclésiastiques ; l'or, que les pas- Elle l'emmena dans Thésyphante et l'enferma
sions superstitieuses de cette époque lui appor- dans une grosse tour, d'où Esplandian parvint à
taient abondamment, suffisait à sa secrète entre- la tirer quelque temps après.
prise, et la main de la reine, étendue sur sa Urine. L'urine a aussi des vertus admirables.
tête, en préservait le moindre cheveu de tout Elle guérit la teigne et les ulcères des oreilles,
mal 1. » pourvu qu'on la prenne en bonne santé. Elle
Uphir, démon chimiste, très-versé dans la con- guérit aussi delà piqûre des .-jerpen.ls, des aspics
naissance des simples. Il est responsable aux et autres reptiles venimeux. Il paraît que les
enfers de la santé de Belzébuth et des grands de sorcières s'en servent pour faire tomber la pluie.
sa cour. Les médecins matériels l'ont pris pour Delrio conte que, dans ie diocèse de Trêves, un
leur patron depuis le discrédit d'Esculape. paysan qui plantait des' choux dans son jardin
Upiers. Voy. VAMPIRES. avec sa fille, âgée cle huit ans, donnait des éloges
Urda. Voy. NORNES. à celte enfant sur son adresse à s'acquitter de sa
Urgande, bonne fée des temps chevaleres- petite fonction. «-Oh! répondit l'enfant, j'en
ques. Elle avait pour ennemie Mélye la Mauvaise. sais bien d'autres. Retirez-vous un peu, et je
Voici une de ses aventures : La fée Urgande, qui ferai descendrela pluie sur telle partie du jardin
— Fais, reprend le paysan
protégeait si généreusement Amadis, avait donné que vous désignerez.
au jeune Esplandian, fils de ce héros, une épée surpris, je vais me retirer. » Alors la petite fille
enchantée qui devait rompre tous les charmes. creuse un trou dans la terre, y répand son urine,
Un jour qu'Esplandian el les chevaliers chrétiens la mêle avec la terre, prononce quelques mots,
se battaient en Galatie, aidés de la fée Urgande, et la pluie tombe par torrents sur le jardin.
ils aperçurent la fée Mélye, leur ennemie impla- « Qui t'a donc appriscela? s'écrie le paysan
cable, sous la figure la plus hideuse. Elle était étourdi. — C'est ma mère, qui est très-habile
dans cette science. » Le paysan effrayé fit mon-
1 M. de Balzac, Le secret-des Ruggiéri. ter sa fille et sa femme sur sa charrette, les
URO 675 — VAD
mena à la ville, et les livra toutes deux à la sacré à Sérapis, le Cynocéphale, qui jetait son
justice.. urine douze fois par jour, et autant la nuit, à des
Nous ne parlerons de la médecine des urines intervalles égaux.
que pour remarquer qu'elle est un peu moins Urotopégnie, cheviUement Delànere dit qu'il
incertaine que les autres spécialités de la même y a un livre de ce nom dans lequel on voit que les
science, Des railleurs présentaient une fiole d'u- moulins, les tonneaux, les fours, etc., peuvent
rine de cheval à un docteur de ce genre qu'ils être liés ainsi que les hommes. Voy, LIGATURES.
voulaient mystifier; il l'inspecta ëtia rendit en Ûterpen. Voy. MERLIN.
disant : « Donnez de l'avoine et du foin au ma- ÛtésetUre, espèce de magie .pratiquée chez
lade. )) les Islandais ; on en fait remonter l'usage jusqu'à
Les Égyptiens disaient qu'Hermès Trismégiste Odin. Ceux qui se trouvent la nuit; hors de leur.
avait divisé le jour en douze heures et la nuit logis s'imaginent Converser avec des esprits, qui
pareillement, Sur l'observation d'un animal con- communément leur conseillent de; faire le mal.
Vaccine. Quand l'inoculation s'introduisit à corps une onction qu'il regarde comme très-salu-
Londres, un ministre anglican la traita en chaire taire. Voy. VAÏCAIVANI.
d'innovation infernale, de suggestion diabolique, Chez les Hébreux, on sacrifiait une vache
et soutint que la maladie de Job n'était que la rousse-pour faire de ses cendres une eau d'expia-
petite vérole que lui avait inoculée le malin '. tion destinée à purifier ceux qui s'étaient souil-
D'autres pasteurs anglais ont traité pareillement lés: par l'attouchement d'un mort. C'est de; là
la vaccine ; des médecins français ont écrit que la sans doute que vient, dans le Midi, l'opinion
vaccine donnerait aux vaccinés quelque chose de qu'une vache rousse est mauvaise.
la race bovine, que les femmes soumises à ce Vade. Laiégencle de Vade ou Wade'et de son
préservatif s'exposaient à devenir des vaches fils Veland le Forgeron est célèbre dans la .litté-
comme lo. Voy. les écrilsdes docteurs Vaume,'. rature Scandinave. La voici telle que MM. Dep-
Moulet, Chapon, etc. ping et Francisque Michel, guidés par les monu-
Vache. Cet animal est sfrespeclé dans l'Hin- ments de la Suède et de l'Islande, l'ont exposée
doustan, que tout ce qui passe par son corps a, clans leur Dissertation sur une tradition du moyen
pour les Hindous, une vertu sanctifiante et mé- uge,:.publiée à Paris en 1833 :
« Le roi danois Wilkin, ayant rencontré dans
une forêt, au bord delà mer, une belle femme,
qui était une haffru ou femme de mer, espèce
d'êtres marins qui, sur terre, prennentla forme
d'une femme, s'unit avec elle, et le fruit de cetle
union fui un fils géant, qui fut appelé Vade.
"Wilkinlui donna douze terres en Seelande. Vade
eut à son tour-un. fils appelé Veland ou Vanlund.
Quand ce dernier eut atteint l'âge de neuf ans,
son père le conduisit chez un habile forgeron du
dicinale. Les brahmes donnent du riz aux vaches, Hunaland, appelé Mimer, pour qu'il apprît à for-
puis ils en cherchent les grains entiers clans leurs ger, tremper et façonner le fer. Après l'avoir
excréments, et font avaler ces grains aux ma- laissé trois hivers dans le Hunaland, le géant
lades, persuadés 'qu'ils sont propres à guérir le Vade se rendit avec lui à une montagne appelée
corps et à purifier l'âme. Ils ont une vénération Kallova, dont l'intérieur était habité par deux
singulière pour les cendres de bouse de vache.. nains qui passaient pour savoir mieux forger le
Les souverains ont à leur cour des officiers qui fer que les autres nains et que les hommes ordi-
n'ont point d'autre fonction que de présenter le naires. Ils fabriquaient des épées, des casques
matin à ceux qui viennent saluer le prince un et des cuirasses ; ils savaient aussi travailler l'or
plat de ces cendres détrempées dans un peu et l'argent, et en faire toute sorte de bijoux. Pour
d'eau.- Le courtisan plonge le bout du doigt dans un marc d'or, ils rendirent Veland le plus habile
ce mortier, et se fait sur différentes parties du 'forgeron de la terre. Néanmoins ce dernier tua
4 M. Salgues, Des erreurs et des préjugés, etc., ses maîtres, qui voulaient profiter d'une tempête
t. III, p. 84. dans laquelle Vade avait péri pour mettre à mort
43".
VAD 676 — VAL
leur élève. Veland s'empara alors des outils, monuments de la littérature Scandinave. Le chant
chargea un cheval d'autant d'or et d'argent qu'il cle YEdda, qui nous fait connaître Veland .diffère
pouvait en porter, et reprit le chemin du Dane- dans plusieurs de ses circonstances. Là, Veland
mark. Il arriva près d'un fleuve'nommé Visara est le troisième fils d'un roi alfe, c'est-à-dire
ou Viser-Aa; il s'arrêta sur la rive, y aBatlit un d'espèce surnaturelle, Ces trois princes avaient
arbre, le creusa, y déposa ses trésors et ses épousé trois valkiries ou fées qu'ils avaient ren-
vivres, et s'y pratiqua une demeure tellement contrées au bord d'un lac, où, après avoir dé-
fermée que 1eau ne pouvait y pénétrer. Après posé leur robe de cygne, elles s'amusaient à filer
y être entré, il se laissa flotter vers la mer. du lin; Au bout de sept années de mariage, les
» Un jour, un roi de Jutlànd-, nommé Nidung, valkiries ' disparurent, et les deux frères de Veland
péchait avec sa cour, quand les! pêcheurs reti- allèrent à la- recherche de leurs femmes ; mais
rèrent de leur filet un gros trortc d'arbre singu- Veland resta seul dans sa cabane, et s'appliqua
lièrement taillé. Pour savoir ce'qu'il pouvait à forger lés métaux.-Le roi Niclulh, ayant en-
contenir, on voulut le mettre en pièces ; mais tendu parler des beaux ouvrages d'or que Ve-
tout à coup une voix, sortant du tronc, ordonna landfaisait,- s'empara du forgeron pendant qu'il
aux ouvriers de cesser. A cette voix, tous les dormait; et, comme il faisait peur à là reine,
, assistants prirent la fuite, croyant qu'un sorcier celle-ci ordonna qu'on lui coupât les jarrets. Ve-
était caché dans l'arbre. Veland en sortit; il dit land, pour se venger, accomplit les actions dif-
au roi qu'il n'était pas magicien, el que, si on férentes que nous avons rapportées. »
voulait lui laisser la vie et ses trésors, il rendrait Cette histoire deWâde et de son fils a été sou-
de grands services. Le roi le lui promit. Veland vent imitée par les anciens poêles allemands el
cacha ses trésors euterre et entra au service de angloLsaxons. Les: trouvères français ont parlé
Nidung. Sa charge fut de prendre-soin de trois plusieurs fois de Veland, de son habileté à for-
couteaux que l'on mettait devàntie roi à table. ger des armures, ils se plaisaient à dire que l'é-
Le roi, ayant découvert l'habileté de Veland dans pée du héros qu'ils chantaient avait été trempée
l'art de fabriquer des armés, consentit à ce qu'il par Veland. ";
luttât avec son forgeron ordinaire. Geliii-ci fit Vafthrudnis, génie des Scandinaves renommé
une armure qu'il croyait impénétrable, mais que pour sa science profonde. Odih alla le défier dans
Veland fenditen deux d'un seul coup dé l'épée son palais, et le vainquit parla supériorité de
d'or qu'il avait fabriquée en peu d'heures. Depuis ses connaissances. •','; '•'
lors, Veland fut en 1grande faveur auprès du roi ; Vagnoste, géant, père d'Agaberte; Voy. ce
mais ayant été mal récompensé d'un message mot." -
pénible et dangereux, il ne songea plus qu'à se Vaïcarani, fleuve de feu que les âmes doivent
venger. Il tenta d'empoisonner le roi, qui s'en traverser avant d'arriver aux énfers-ji selon la
aperçut et lui fit couper les jarrets. Furieux de doctrine des Indiens. Si un malade tient en main
cette injure, Veland feignit du repentir; et le roi la queue d'une vache au moment de sa mort, il
consentit à lui laisser une forge el les outils né- passera sans danger le fleuve Vaïcarani, parce
cessaires pour composer de belles armures et que la vache dont il a tenu la queue se présentera
des bijoux précieux. Alors le vindicatif artisan à lui sur le bord du fleuve; il prendra sa queue
sut attirer chez lui les deux fils du roi ; il les tuai et fera doucement le trajet par ce moyen.
et offrit à leur père deux coupes faites avec le Vaisseau-fantôme. Voy: VOI-TIGEUH HOLLAN-
crâne de ses enfants. Après quoi il se composa DAIS. : ' : •
des ailes, s'envola sur la tour la plus élevée, et Valafar ou Malafar, grand et puissant duc
cria cle toutes ses forces pour que le roi vînt et de l'empiré infernal. Il paraît sous la forme d'un
lui parlât. En entendant sa voix, le roi sortit. ange, quelquefois sous celle d'un lion avec la
«Veland, dit-il, est-ce que tu es devenu oi- têle et les pattes d'une oie et une queue de liè-
seau ? vre. Il connaît le passé et l'avenir, donne du
» — Seigneur, répondit le forgeron, je suis génie et de l'audace aux hommes, et commande
maintenant oiseau et homme à- la fois; je pars, trente-six légions 1.
et tu ne me verras plus: Cependant, avant de Valens, empereur arien. « Curieux' de savoir
partir, je veux t'apprendre quelques secrets. Tu le nom de son successeur, il eut recours aux
m'as fait couper les jarrets pour m'empêcher de voies extraordinaires et défendues ; et comme le
m'en aller : je m'en suis vengé ; je t'ai privé de démon l'eut informé 2 qu'il le connaîtrait aux
tes fils, que j'ai égorgés de ma main ; mais lu lettres théod, il filmourir Théodore, Théodule, etc.,
trouveras leurs ossements dans les vases garnis sans penser à Théodose, qui lursuccéda.
d'or et d'argent dont j'ai orné la table. » » Cette histoire, ajoute Chevreau, est peut-être
» Ayant dit ces mots, Veland disparut dans les plus connue-que la suivante. Pierre-Louis, duc
airs. . de Parme, étant averti par Lucas Gauric d'une
MCe récit est ia forme la plus complète qu'ail 1 Wierus, in Pscudomonarch. doemon.
reçue la légende de Vade el. de son fils dans les 2 Par l'alcctryomancie. Voy. ce mol.
VAL 677 VAM
conspiration contre lui, se mit en têle de savoir On a donné le nom à'upiers oupires, et plus
le nom des conjurés par révocation des esprits. généralement vampires en Occident, de brouco-
Le démon lui répondit, se voyant pressé, que laques (vroucolacas) en Morée; de Jiatakhanès.à
s'il prenait garde à sa monnaie, il trouverait ce Ceyjan,—- à des hommes morts et enterrés de-
qu'il demandait. Comme la réponse était obscure, puis plusieurs années, ou du moins depuis plu-
et que pour l'entendre il fallait être aussi diable sieurs jours, qui revenaient en corps et en âtiie,
que le diable; même, il s'en.moqua, quoiqu'elle parlaient, marchaient, infestaient' les villages,
fût trouvée véritable par l'événement, puisque maltraitaient les hommes et les animaux,- et sur-
la légende de la vieille monnaie de Farnèse était tout qui suçaient le sang de leurs proches, 1les
i>.ALOIS.,PAr.M;ET PLAc. DUX.Par ces quatre let- épuisaient, leur causaient; la morti-.- -Onne se-
trés PLAC, qui, signifient, Placentioe, illuidécou- délivrait de leurs dangereuses visites et de leurs
vrait le lieu elle nom clés conjurés;; Chaqueleltre infeslations qu'en les exhumant, les empalant,
des quatre'marquait: la première du nom; des leur coupant la tête, leur arrachant le,coeur, ou
quatre familles qui exécutèrent leur entreprise : les brûlant. '.... - i
P, Pallavicini ; L, Lundi ; A, Anguiscioli.; G, Ceux qui mouraient sucés devenaient habituel-
Confalonieri. »
Valentin, hérésiarque, originaire d'Egypte,
qui enseigna sa doctrine peu de temps après là
mort du dernier des apôtres. Il admettait un sé-
jour éleriiel de lumière, qu'il nommait plèroma
ou plénitude, dans lequel habitait la Divinité. Il
y plaçait des Eons ou intelligences immortelles,
au nombre de trente, les uns mâles, les autres
femelles;: il les. distribuait en trois ...-ordres, les
supposait nés, les uns des autres, leur donnait
des noms et faisait leur généalogie. Le premier lement vampires à leur tour; Les- journaux pu-
élait Bythos,, la profondeur, qu'il appelait aussi blics de la France et de la Hollande parlent, en
le. premier père, propalor. il lui donnait pour 169 3 et 169/|, des va mpires qui se mon traient
femme Ennoïa, l'intelligence, qu'il appelait en- en Pologne et surtout en Russie. On voit dansle
core le silence, Sigè. Jésus-Christ et le Saint- Mercure.galant, de ces deux années- que c'était
Esprit étaient les derniers nés de ces Eons. alors une opinion répandue chez ces peuples que
On a peine à concevoir que Valentin ait eu de les;vampires apparaissaient depuismidi jusqu'à
nombreuxdiscipleset que plusieurs sectes soient minuit; qu'ils suçaient le sang:des; hommes et
nées de sa. doctrine ; mais l'esprit humain four- des animaux vivants avec tant d'avidité, que sou-
voyé a aussi ses prodiges. vent ce sang leur sortaitpar la bouche, par les
Valentin (Basile). Voy. BASILE-VALENTIN. narines, par les;oreilles. Quelquefois, ce qui est
Valère-Maxime, écrivain qui llorissait sous plus fort encore, leurs cadavres nageaient dans
Tibère. Le premier livre de son Recueil des ac- le sang au fond de leurs: cercueils-
tions et des paroles mémorables roule principale-
ment sur les prodiges et les songes merveilleux.
Valkiries. Voy. WALKIIUES.
Vampires. Ce qu'il y a de plus remarquable
dans l'histoire des vampires, c'est qu'ils ont par-
tagé avec les philosophes, ces autres démons,
l'honneur d'étonner et, cle troubler le dix-hui-
tième siècle ; c'est qu'ils ont épouvanté la Lor-
raine, la Prusse, la Silésie, la Pologne, la Mora-
vie, l'Autriche, la Russie, la Bohême et tout le
nord de l'Europe, pendant que les démolisseurs
de l'Angleterre et de la France renversaient les
croyances en se donnant le ton de n'attaquer que
les erreurs populaires.
Chaque siècje, il est vrai, a eu ses modes ; On disait que ces vampires, ayant continuelle-
chaque pays, comme l'observe D. Calmet, a eu ment grand appétit, mangeaient aussi les linges
ses préventions et ses maladies. Mais les vam- qui se trouvaient autour d'eux. On ajoutait que,
pires n'ont point paru avec tout leur éclat dans sortant de leurs tombeaux, ils allaient la nuit
les siècles barbares et chez les peuples sauvages : embrasser violemment leurs parents ou leurs amis,
ils se sont montrés au siècle des Diderot et des à qui ils suçaient le sang en leurpressant lago.rge
Voltaire, dans l'Europe, qui se disait déjà civi-
lisée. - C'est la définition que donne le II. P. D. Calmet.
VAM 678 — VAM
pour les empêcher dé crier. Ceux qui étaient sucés toute sorte, qu'on n'entendait partout que mu-
s'affaiblissaient tellement qu'ils mouraient pres- gissements et cris de douleur. Ces calamités du-
que aussitôt. Ces persécutions ne s'arrêtaient pas rèrent plusieurs mois : on ne s'en délivra qu'en
à une personne seulement: elles s'étendaient jus- brûlant le corps de la femme vampire.
qu'au dernier de la famille ou du village (car le L'auteur de la Magia postkuma raconte une,
vampirisme ne s'est guère exercé dans les villes), autre anecdote plus singulière encore. Un pâtre
à moins qu'on n'en interrompît le cours en cou- du village de Blow, près la ville de Kadam
pant la tête ou en perçant le coeur du vampire, en Bohême, apparut quelque temps après sa
dont on trouvait le cadavre mou, flexible, mais mort avec les symptômes qui annoncent le vam-
frais, quoique mort depuis très-longtemps. Comme pirisme. Le fantôme appelait par leur nom cer-
il sortait de ces corps une grande quantité de taines personnes, qui ne manquaient pas de
sang, quelques-uns le mêlaient avec de la farine^ mourir dans la huitaine, Il tourmentait ses an-
pour en faire du pain : ils prétendaient qu'en ciens voisins, et causait tant d'effroi que les:
mangeant ce pain ils se garantissaient des atteintes paysans de Blow déterrèrent son corps el le
du vampire. fichèrent en terre avec un pieu qu'ils lui passè-
Voici quelques histoires de vampires. rent à travers le coeur. Ce spectre, qui parlait
•M. deVassimont, envoyé en Moravie par le duc quoiqu'il fût mort, et qui du moins n'aurait plus
de Lorraine Léopoid Ier, assurait, dit D. Calmet, dû le faire dans une situation pareille, se mo-
que ces sortes de spectres apparaissaient fréquem- quait néanmoins de ceux qui lui faisaient souffrir
ment et depuis longtemps chez les Moraves, et ce traitement.
qu'il était assez,ordinaire dans ce pays-là de voir «Vous avez bonne grâce, leur disait-il, en ou-
des hommes morts depuis quelques semaines se vrant sa grande bouche de vampire, de nie don-
présenter dans les compagnies, se mettre à table ner ainsi un bâton pour me défendre contre les
sans rien dire avec les gens de leur connaissance, Chiens? » On ne fit pas attention à ce qu'il put
et faire un signe de tête à quelqu'un des assis- dire, et on le laissa. La nuit suivante, il brisa
tants, lequel mourait infailliblement quelques son pieu, se releva, époavanta plusieurs per-
jours après. sonnes et en suffoqua plus qu'il n'avait fait jus-
Un vieux curé confirma ce fait à M. de Vassi- qu'alors. On le livra au bourreau, qui,le mit sur
mont et lui en cita même plusieurs exemples, qui une charrette pour le transporter hors de la ville
s'étaient, disait-il, passés sous ses yeux. et l'y brûler. Le cadavre remuaitles pieds et les
Les évêques'et les'prêtres du pays avaient mains, roulait des yeux ardents et hurlait comme
consulté Rome sur ces matières embarrassantes ; un furieux. Lorsqu'on le perça de nouveau avec
mais le saint-siége ne fit point de réponse, parce des pieux, il jeta de grands cris et rendit du
qu'il regardait tout cela comme des visions. Dès sang très-vermeil ; mais quand on l'eut bien
lors on s'avisa de déterrer les corps de ceux qui brûlé, il ne se montra plus...
revenaient ainsi, de les brûler ou de les consu- On en usait de même, dans le dix-septième
mer en quelque autre manière, et ce fut par ce siècle, contre les revenants de ce genre; et dans
moyen qu'on se délivra de ces vampires, qui de- plusieurs endroits, quand on les tirait de terre,
vinrent de jour en jour moins fréquents. Toute- on les trouvait pareillement frais et vermeils, les
fois ces apparitions donnèrent lieu à un petit membres souples et maniables, sans vers et sans
ouvrage composé par Ferdinand de Schertz, et- pourriture, mais non sans une très-grande puan-
imprimé à Olmutz, en 1706, sous le titre de teur.
Magia posthuma. L'auteur raconte qu'en un cer- L'auteur que nous avons cité assure que de
tain village, une femme, étant morte munie des son temps on voyait souvent des vampires dans
sacrements, fut enterrée dans le cimetière à la les montagnes de Silésie et de Moravie. Ils appa-
manière ordinaire. On voit que ce n'était point raissaient en plein jour, comme au milieu de la
une excommuniée, mais peut-être une sacrilège. nuit, et l'on s'apercevait que les choses qui leur
Quatre jours après son décès, les habitants du avait appartenu se remuaient et changeaient de
village entendirent un grand bruit et virent un place sans que personne parût les toucher. Le
spectre qui paraissait tantôt sous la forme d'un seul remède contre ces apparitions était de cou-
chien, tantôt sous celle d'un homme, non à une per la têle et de brûler le corps du vampire.
personne seulement, mais à plusieurs. Ce spectre Vers l'an 1725, un soldat qui était en garni-
serrait la gorge de ceux à qui il s'adressait, leur son chez un paysan des frontièresde la Hongrie
comprimait l'estomac jusqu'à les suffoquer, leur vit entrer, au moment du souper, un inconnu
brisait presque tout le corps et les réduisait à une qui se mit à table auprès du maître de la mai-
faiblesse extrême ; en sorte qu'on les voyait pâles, son. Celui-ci en fut très-effrayé, de même que le
maigres et exténués. Les animaux mêmes n'é- reste de la compagnie. Le soldat ne savait qu'en
taient pas à l'abri de sa malice : il attachait les juger et craignait d'être indiscret en faisant des
vaches l'une à l'autre par la queue, fatiguait les questions, parce qu'il ignorait de quoi il s'agis-
chevaux et tourmentait tellement le bétail de sait. "Mais le maître du logis étant mort le lende-
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main, il chercha à connaître le sujet qui avait les habits de ces défunts se remuaient et chan-
produit cet accident et mis toute la maison dans geaient de place sans qu'aucune personne les
le trouble. On lui dit que l'inconnu qu'il avait touchât. L'auteur de la Magia posthuma raconte
vu entrer et se mettre à table, au grand effroi que l'on voyait à Olmutz, à la fin du dix-sep-
de la famille, élait le père du maître de la mai- tième siècle, un de ces vampires qui, n'étant pas
son; qu'il était mort et enterré depuis dix ans, enterré, jetait des pierres aux voisins et moles-
et qu'en venant ainsi s'asseoir auprès de son fils, tait extrêmement les habitants.
il lui avait apporté la mort. Le soldat raconta ces Dom Calmet rapporte, comme une circon-
choses à son régiment. On en avertit les officiers stance particulière, que, dans les villages où
généraux, qui donnèrent commission au comte l'on.est infesté du vampirisme, on va au cime-
de Cabreras, capitaine d'infanterie, de faire infor- tière, on visite les fosses, on en trouve qui ont.
mation cle ce fait. Cabreras s'étanttransporté sur deux ou trois, ou plusieurs trous de la grosseur
les lieux avec d'autres officiers, un chirurgien et du doigt; alors on fouille dans ces fosses, et l'on
un auditeur, ils entendirent les dépositions de ne manque pas d'y trouver un corps souple et
tous les gens de la maison, qui attestèrent que vermeil. Si on coupe la tête de ce cadavre, il
le revenant n'était autre que le"père du maître sort de ses veines et de ses artères un sang
du logis, et que tout ce que le soldat avait rap- fluide, frais et abondant. Le savant bénédictin
porté était exact : ce qui fut aussi affirmé par la demande ensuite si ces trous qu'on remarquait
plupart des habitants du village. En conséquence, dans la terre qui couvrait les vampires pou-
on fit tirer de terre le corps de ce spectre. Son vaient contribuer à leur conserver une espèce dé-
sang était fluide et ses chairs aussi fraîches que vie, de respiration, de végétation, et rendre plus
celles d'un homme qui vient d'expirer. On lui croyable leur retour parmi les vivants ; il pense
coupa la tête, après quoi on le remit dans son avec raison que ce sentiment, fondé, d'ailleurs
tombeau. On exhuma ensuite, après d'amples in- sur des faits qui n'ont rien de réellement con-
formations.! un homme mort depuis plus de trente staté, n'est ni probable ni digne d'attention.
ans, qui était revenu trois fois dans sa maison à Le même écrivain cite ailleurs, sur les vam-
l'heure du repas, et qui avait sucé au cou, la pires de Hongrie, une lettre de M. de lisle de
première fois, son propre frère; la seconde, un Saint-Michel, qui demeura longtemps dans les
de ses fils; la troisième, un valet de la maison". pays infestés, et qui devait en savoir quelque
Tous trois en étaient morts presque sur-le-champ. chose. Voici comment M. de lisle s'explique là-
Quand ce vieux vampire fut déterré, on le trouva, dessus:
comme le premier, ayant le sang fluide et le «Une personne.se trouve attaquée de lan-
corps frais. On lui planta un grand clou dans la gueur, perd l'appétit, maigrit à vue d'oeil et, au
tête, et ensuite on le remit dans son tombeau. bout de huit ou dix jours, quelquefois quinze,
Le comte de Cabreras fit brûler un troisième meurt sans fièvre et sans aucun autre symptôme
vampire, qui était enterré depuis seize ans, el de maladie que la maigreur et le dessèchement.
qui avait sucé le sang et causé la mort à deux On dit, en Hongrie, que c'est un vampire qui
de ses fils. — Alors enfin le pays fut tran- s'attache à cette personne et lui suce le sang. De
quille '.. ceux qui sont attaqués de cette mélancolie noire,
On a vu, dans tout ce qui précède, que géné- la plupart, ayant l'esprit troublé, croient voir un
ralement, lorsqu'on exhume les vampires, leurs spectre blanc qiùles suit partout, comme l'ombre
corps paraissent vermeils, souples, bien conser- fait le corps.
vés. Cependant, malgré tous ces indices de vam- » Lorsque nous étions en quartiers d'hiver
pirisme, on ne procédait pas contre eux sans chez les Valaques, deux cavaliers de la compa-
formes judiciaires. On citait et on entendait les gnie dont j'étais cornette moururent de cette
témoins, on examinait les raisons des plaignants, maladie, et plusieurs autres, qui en étaient-atta-
on considérait avec attention les cadavres : si tout ques, seraient probablement morts de même, si
annonçait un vampire, on le livrait au bour- un caporal de notre compagnie n'avaient guéri
reau, qui le brûlait. 11 arrivait quelquefois que les imaginations en exécutant le remède que les
ces spectres paraissaient encore pendant trois, ou gens du pays emploient pour cela. Quoique assez
quatre jours après leur exécution ; cependant singulier, je ne l'ai jamais lu nulle part. Le
leur corps avait été réduit en cendres. Assez voici :
souvent on différait d'enterrer pendant six ou » On choisit un jeune garçon, on le fait mon-
sept semaines les corps de certaines personnes ter à poil sur un cheval entier, absolument noir;
suspectes. Lorsqu'ils ne pourrissaient point et on conduit le jeune homme et le cheval au cime-
que leurs membres demeuraient souples, leur tière; ils se promènent sur toutes les fosses.
sang fluide, alors on les brûlait. On assurait que Celle où Fanimal refuse de passer, malgré- les
coups de cravache qu'on lui délivre, est regardée
1 D. Calmetdéclare un vampire. On ouvre cette
qu'il tient ces faits d'un homme comme renfermant
grave, qui les tenait de M. le comte de Cabreras. fosse, et on y trouve un cadavre aussi beau et
VAM' — 6810
C— VAM
aussi frais que : si c'était 'un homme tranquille- imatin que le caloyer faisait le service divin, on
ment endormi. On coupe, d'un coup de bêche, entendit t tout d'un coup une espèce de détonation
le-coude ce cadavre;,il en ; sort abondamment dans;de c cercueil : on l'ouvrit, et l'on trouva le
un .sang des plus.'-beaux -,et des plus vermeils,, ccorps dissous, comme doit l'être celui d'un mort
du moins : on -croit le. voir: ainsi., Gela fait, on. enterré < depuis sept ans. On remarqua le moment
remet le vampire dans sa fosse, on la'comble, ( le bruit s'était fait entendre ; c'était, précisé-
où
et on peut compter que dès lors- la; maladie ment i l'heure où l'absolution accordée par lé pa-
cesse et .que tous ceux qui en étaient.attaqués Itriarche avait été signée.,.;..
recouvrent leurs.forees peu à,peu,.comme:des
gens: qui: échappentd'une longue maladie d'é-
puisement.,..;. » ,.. ;-.-i , .-. \.---. - •-.-..- ;
Les.Grecs appellent leurs, vampires.broucola-
ques ;: ils sont persuadés que là plupartdes spec--
tres, d'excommuniés-,sont vampires, -qu'ils -né
peuvent pourrir dans leurs; tombeaux;, qu'ils ap-
pai-aiss.entie:jour. comme la nuit, ët.qu'il.esttrès- .
dangereux de les rencontrera ';; ; . ,'
,::Léon, Alla tiuss-iqui :écrivai t au seizième siècle,
entre là-dessus.dans de' grands détails:; il assure; -\
que dans l'île de Chio les habitants ne répondent Les Grecs,et les; Turcs- s'imaginent, que les:
que' lorsqu' on- les appelle deux .-£ ois;, ;car ils sont .Cadavres des broucolàques mangent pendant la
persuadés- que ies ibroucolaquës iie les, peuvent nuit, se promènent, font ladigeslionde cô qu'ils
appeler qu'une fois seulement, ils croient encore ; :ont mangé, et: se nourrissent réellement (V. MAS-
que;-quand: un laroucolaque-appelle-une personne TICAÏIOS)'. ; Ils Content qu'en déterrant ces vam-
vivante,» si cette personne- répond,! le spectre pires, oh en a trouvé'qui-étaient d'un coloris
disparaît; mais celui- qui a répondu meurt au vermeil, et. dont les veines étaient tendues par la
bout de cpielques, jours.,-; On'racônfe la même; quantiléde sang qu'ils avaient sucé ; que, lors-
chose des vampires deBôhême et de Moravie. qu'on leur ouvre le corps, il en sort des ruis-
Pour se garantir de la funeste influence des seaux de /sang aussi frais, que celui! d'un jeune
broucolàques, les Grecs'déterrent le icorps du homme d'un tempérament sanguin. Cette opinion:
spectre et le brûlent, après avoir récité sur lui ipopulaire est si généralement-répandue que- tout
des prières. Alors; ce .corps, réduit en cendres, le, monde en raconté des histoires; circonstan-
ne:paraît plus: ciées. • •'.-' :
. 'Ricaut,; qui voyagea dans le Levant au dix- L'usage de brûler les corps des vampires est
septième siècle, ajoute que la peur des brouco- très-ancien dans plusieurs autrespays. Guillaume
làques est générale aux Turcs comme aux Grecs. de Neubrige, qui vivait au douzième siècle, ra-
11 raconte un fait qu'il tenait d'uncaloyer can- conte * que, de son. temps, on, vit en Angleterre,
diote, lequel lut avait assuré la chose avec ser- dans le territoire de Buckingham, un spectre qui
ment. apparaissait en corps et en âme, et qui vint
Un homme, étant mort excommunié pour une épouvanter sa femme et ses parents. On ne se
faute qu'il avait commise dans la Moré'e, fut en- i défendait de sa méchanceté qu'en faisant grand
terré sans cérémonie dans un lieu écarté et non bruit lorsqu'il approchait. Il se montra même à
. en: terre sainte. Les habitants furent bientôt certaines personnes en plein jour. L-évêque de
ef/rayés par d'horribles apparitions qu'ils attri- Lincoln assembla sur cela son conseil, qui lui dit
buèrent à ce malheureux. On ouvrit son tom- que pareilles choses étaient souvent arrivées en
beau au bout de quelques années, on y trouva Angleterre, et que le seul remède que l'on con-
son corps enflé, mais sain et bien dispos; ses nût à ce mal était de brûler le corps du spectre.
- veines étaient gonflées du sang
qu'il avait sucé : L'évêque ne put goûter cet avis, qui lui; parut
on reconnut en lui un broucùlaque. Après qu'on cruel. Il écrivit une cëdule d'absolution ; elle fut
eut délibéré sur ce qu'il y avait à faire," les ca- mise sur le corps du défunt, que l'on trouva
loyers furent d'avis de démembrer le corps, de aussi frais que le jour cle son enterrement, et.
le mettre en pièces et de le faire bouillir dans le depuis lors le fantôme ne se montra plus. Le
vin ; car c'est ainsi qu'ils en usent, de temps très- même auteur ajoute que les apparitions de ce
ancien, envers les broucolàques. Mais les parents genre étaient alors en effet très-fréquentes en
obtinrent, à force de prières, qu'on différai Angleterre.
cette exécution; ils envoyèrent en diligence à Quant à l'opinion répandue clans le Levant
Gonstantinople, pour solliciter du- patriarche que les spectres se nourrissent, on la trouve éla-
l'absolution dont le défunt avait besoin. En atten-
dant, le corps fut mis dans l'église, où l'on disait - Williolm. Neubrig., Rerum. angUcarum lib. V,
tous les jours des prières pour son repos. Un cap. xxn.
VAM 681 VAM
blie depuis plusieurs siècles dans d'autres cbn- ddoigta la main droite, qu'elle s'était dévorée de
trées. IL y a longtemps que; les, Allemands sont cl désespoir,
persuadés que les morts mâchent commedes porcs . Tournefort raconte f dans le, tome Ier de son>
dans leurs tombeaux, et qu'il est facile de les; IVoyage-au Levant, la manière dont il vitsexhu-
entendre grogner en broyantce qu'ils dévorent .'', mer i un broucolaque de,l'île cle Mycone, où il se
Philippe Rheriiis„au .dix-septième siècle, et.Mi- trouvait t 'en. 1-7,01- • : i
chel Raufft, au commencement; du-dix-huitième, « C'était un paysan d'un naturel Chagrin et
ont même publié.des traités suivies morts qui cqUerelleur,.ci rconstarice qu'ilifau t remarquer dan s
mangent dans leurssépulcres 2. ; ,', c pareils sujets ;' il fut tué aila; campagne, on ne:
i;; de
Après avoir parlé de la persuasion- où sont les, sait s ni par qui, ni comment.: Deux jours après'
Allemands.qu'il-y a des, morts, quidevorenti.es. cqu'on l'eut inhumé; dans une chapelle delà ville,
linges^et. tout cet qui,est.à leur, portée:, même 1le bruit coiirut qii'bn le; voyait, la ntiit se prome-
leur, propre, chair,;,ces,:.écrivains;-remarquent i
ner à grands pas, et quil-venait dans les mai-
qu'en quelques, endroits, de l'Allemagne, pour, < sons renverser les meubles,, éteindre leS' lampes,
empêcher les: mprtsde. mâcher, on-leur met dans embrassenies gens: .par. derrière et faire mille-
le cercueil une mette, de terre sous.l.e:menton.;; \toùrs,d'espiègle. On-ne. fitiqu'en: rire d'abord..
qu'ailleurs on leur fourre clansia bouche; une ']Mais.l'affaire..devint sérieuse; lorsque: lés, plus
petite, pièce. d'argent et. une, pierre- et-ique.d'au-,- ijiorinêtës-gens commencèrent à se plaindre..-"Les)
1res leur, serrent fortement ia>- gorge: avec un. papas (prêtres grecs)^convenaient ;éux-mêmes; du ;
mouchoir.. Ils, citent des., morts qui. se. sont dévo-: \fait,'et sans; douteils; avaient leurs; raisons. Ce-;
rés eux-mêmes. dans; leur sépulcre.. ... ,. ;pendant le spectre .continuait la même vie. On
Qn doits'étonnerde voir des savants trouver. ,décida, enfin,: dans une assemblée des principaux
quelpe;chose de prodigieux dans des faits aussi. (de;ia. .
ville,: des prêtres et des-religieux, qu'on
naturels,;Pendant îâ;,nuitqui suivit; les funérailles attendrait, selon je ne-sais quel 'anGiencérémo-
du comte Henri àe[,Salm , on .entendit dans j'é- iiiali,. ; les neuf'jours; après l'enterrement:;;. Le
glise de l'abbaye de HauterSeille:,.;où il :était en- ,dixième jour,; on dit une messe dans la, chapelle
terré, des cris, sourds.que les Allemands auraient, où , était le corps, afin de:chasser le démon que
sans doute pris pour le.grognement d'une; per- l'on croyait s'y être renfermé. La messe dite, on
sonne qui mâche ; et le lendemain,. le tombeau déterra le corps et5on se mit en;devoir de lui
du comte ayant; été ouvert, on letrpuya mort,, ôler le coeur ; ee;qùi excita les applaudissements
mais renversé:et le:.visage en bas:, au lieu qu'il de toute l'assemblée. Le corps: sentait si mauvais,
avait été inhumé sur le dos.. On l'avait enterré que l'on fut obligé de brûler de 1''encens ; mais la
vivant. On doit attribuer à une cause semblable; fumée, confondue avec la mauvaise odeur,' ne
l'histoire rapportée par Raufft d'une femme de fit que l'augmenter et commença d'échauffer la
Bohême qui, en 1345, mangea dans sa fosse la cervelle de ces pauvres, gens : leur imagination
moitié; d^ son linceul sépulcral. se remplit dé visions. On s'avisa de dire qu'il
Dans le dernier; siècle, un pauvre homme sortait une épaisse fumée de ce corps. Nous
ayant été inhumé précipitamment dans le cime- n'osions pas assurer, ditTournefort, que c'était
tière, on entendit pendant la nuit du bruit dans celle de l'encens. Oh ne criait que Vroucolacas
son tombeau; on l'ouvrit le lendemain, et on dans la chapelle et dans la place.. Le bruit se ré-
trouva qu'il s'était mangé les chairs des bras. pandait dans les rues comme par mugissements,,
Cet homme, ayant bu de Teau-de-vie avec et ce nom semblait fait pour tout ébranler. Plu-
excès, avait été enterré vivant., -- sieurs assistants assuraient que le sang était en-
Une demoiselle d'Ausbourg tomba dans une core tout vermeil ; d'autres juraient qu'il était
telle léthargie qu'on la crut morte ; son corps fut encore tout chaud; d'où l'on concluait que le
mis dans un caveau profond, sans être couvert mort avait grand tort de n'être pas mort, ou,
de terre; on entendit bientôt quelque bruit dans pour mieux dire, de s'être laissé ranimer par le
le tombeau, mais on,n'y fit point attention.Deux diable. C'est là précisément l'idée qu'on a d'un
ou trois ans après, .quelqu'un de la même famille broucolaque ou vroucolaque. Les gens qui l'a-
mourut; on ouvrit le caveau, et l'on trouva le vaient mis en terre prétendirent qu'ils s'étaient
corps de la demoiselle auprès de la pierre qui bien aperçus qu'il n'était pas roide, lorsqu'on le
en fermait l'entrée; elle avait en vain tenté de transportait de la campagne à l'église pour l'en-
déranger cetle pierre, et elle n'avait plus de terrer, et que, par conséquent, c'était un vrai
"C'était le refrain. Enfin, on fut d'avis
- Los anciens croyaient aussi que les morts man- broucolaque.
On ne dit s'ils les entendaient mâcher; de brûler le coeur du mort, qui, après cette exé-
geaient. pas
maisil est certain qu'il faut attribuer à l'idée qui con- cution, ne fut pas plus docile qu'auparavant. On
servait aux morts la faculté de manger l'habitude l'accusa encore de battre les gens la nuit, d'en-
des repas funèbres qu'on servait, de temps immé- foncer les portes, de déchirer les habits et de
morial el chez tous les peuples, sur la tombe des vider les cruches et les bouteilles. C'était un
défunts.
2 De maslicatione morluorwn in lumidis: mort bien altéré. Je crois, ajoute Tournefort-
VAM 682 VAM
qu'il n'épargna que la maison du consul chez qui de peur que l'évêque n'exigeât une somme d'ar-
nous logions. Mais tout le monde avait l'imagi- gent pour avoir fait déterrer et brûler le mort
nation renversée; c'était une vraie maladie de sans sa permission; Pour les Turcs, il est certain
cerveau, aussi dangereuse que la manie et la qu'à la première visite ils ne manquèrent pas de
rage. On voyait, des familles entières abandonner faire payer à la communauté de Mycone le sang
leurs maisons, portant leurs grabats à la'place de ce pauvre revenant, qui fut, en toute manière,
pour y passer la nuit; Les plus sensés se reti- l'abomination et l'horreur de son pays. »
raient à la campagne. Les citoyens un peu zélés On a publié, en 1773, un petit ouvrage'inti-
pour le bien public assuraient qu'on avait man- tulé d Pensées philosophiques et chrétiennes sur les
qué au point le plus essentiel de. la. cérémonie. vampires, par Jean-Christophe Hereiiberg. L'au-
Il ne fallait, disaient-ils, célébrer la messe qu'a- teur parle, en passant, d'un spectre:qui lui ap-
près avoir ôté-le coeur du défunt. Ils, préten- parut à lui-même en plein midi : il Soutient en
daient qu'avec cette précaution on n'aurait pas même temps que les vampires ne font'pas mou-
manqué de surprendre le diable, et sans doute rir les vivants, et que tout ce qu'on en débite ne
il n'aurait pas eu l'audace d'y revenir ; au lieu doit être attribué qu'au trouble de l'imagination
qu'ayant commencé par la messe, il avait eu le des malades. H prouve par diverses expériences
tempsde rentrer, après s'être d'abordenfui. On que l'imagination est capable de causer, de très-
fit cependant des processions dans toute la villec grands dérangements dans le corps et dans les,
pendant trois jours et trois--nuits;; on obligea les humeurs. Il rappelle qu'en Esclavonie on empa-
papas de jeûner ; on se détermina à faire le guet lait les meurtriers, et qu'on y perçait le coeur du
pendant la nuit,, et on arrêta quelques vagabonds coupable avec un pieu qù'onlui enfonçait dans la
qui assurément avaient part à tout ce désordre. poitrine. Si l'on a employé le même châtiment
Maison les.relâcha trop tôt, et deux jours après, contre les vampires, c'est parce qu'on les sup-
pour se dédommager du jeûne qu'ils avaient fait pose auteurs de la mort de ceux dont on dit
en prison, ils recommencèrent à vider les cruches qu-ils sucent le sang.
de vin de ceux qui avaient quittéieur maison la Christophe Herenberg donne quelques exem-
nuit. On fut donc obligé de recourir de nouveau ples de ce supplice exercé contre les vampires,
aux prières. l'un dès l'an 1337, un autre en Tannéei3/|7, etc. ;
» Un matin que l'on récitait certaines oraisons, il parle de l'opinion de ceux qui croient que les
après avoir planté quantité d'épées nues sur la morts mâchent dans leurs tombeaux, opinion
fosse du cadavre, qnel'on déterrait trois ou quatre dont il tâche de prouver l'antiquité par des cita-
fois par jour, suivant le caprice du premier venu, tions de Tertullien, au commencement de son
un Albanais qui se trouvait, à Mycone s'avisa de livre de la Résurrection, et de saint Auguslin,
dire, d'un ton dedocteur, qu'il était ridicule de livre VIII de la Cité de Dieu.
se servir, en pareil cas, des épées des chrétiens. Quant à ces cadavres qu'on a trouvés, dit-on,
Ne voyez-vous pas, pauvres gens, ajouta-t-il, que pleins d'un sang lluide, et dont la barbe, les
la garde de ces épées, faisant une croix avec la cheveux et les ongles se sont renouvelés,—avec,
poignée, empêche lediable de sortir de ce corps ? beaucoup de surveillance on peut rabattre les
Que ne vous servez-vous plutôt des sabres des trois quarts de ces prodiges; et encore faut-il
Turcs ? L'avis ne servit de rien ; le broucolaque être complaisant pour en admettre une partie.
ne fut pas plus traitable, et on ne savait plus à Tous ceux qui raisonnent connaissen t assez comme
quel saint se vouer, lorsqu'on résolut, d'une le crédule vulgaire et même certains historiens
voix unanime, de brûler le corps, tout entier: sont portés à grossir les choses qui paraissent
après cela ils défiaient bien le diable de s'y ni- extraordinaires. Cependanlil n'est pas impossible
cher. On prépara donc un bûcher iavec du gou- d'en expliquer physiquement la cause. On sait
dron, à l'extrémité de l'île de Saint-Georges, el qu'il y a certains terrains qui sont propres à con-
les débris du corps furent consumés le 1°' jan- server les corps dans toute leur fraîcheur : les
vier 1701. Dès lors on n'entendit plus parler du raisons en ont élé si souvent expliquées qu'il
broucolaque. On!se contenta de dire que le n'est pas nécessaire de s'y arrêter.
diable avait été bien attrapé celle fois-là,"et l'on On montre encore à Toulouse, dans une église,
fit des chansons pour le tourner en ridicule. un caveau où les corps restent si parfaitement
n Dans tout l'Archipel, dit encore Tournefort, dans leur entier; qu'il s'en trouvait, en 1789,
on est bien persuadé qu'il n'y a que les Grecs du qui étaient là depuis près de deux siècles, et qui
rite grec dont le diable ranime les cadavres. Les paraissaient vivants. On les avait rangés debout
habitants de l'île de Santonine appréhendent fort contre la muraille, et ils portaient les vêtements
ces sortes de spectres. Ceux de Mycone, après avec lesquels on les avait enterrés.
que leurs visions furent dissipées, craignaient Ce qu'il y a cle plus singulier, c'est que les
également les poursuites des Turcs et celles de
l'évêque de Tine. Aucun prêtre ne voulut se 1 Philosophicoeet christianoe cogitationesde vampi-
trouver à Saint-Georges quand on brûla le corps, riis, a Joanne Christophoro Herehbergio.
VAM
corps qu'on met de l'autre côté de ce même ca- et sans prendre de nourriture que le peu de sub-
veau deviennent, deux ou trois jours après, la stance qu'il put extraire de la paille qui l'envi-
pâture des vers. Quant à l'accroissement des ronnait et qu'il eut l'instinct de mâcher.
ongles, des cheveux et.delà barbe, on l'aperçoit « Cet homme vit peut-être encore. Si sa résur-
très-soiivent clans plusieurs cadavres. Tandis qu'il rection eût eu lieu chez des peuples infectés
reste encore beaucoup d'humidité dans les corps, d'idées de vampirisme, en considérant ses grands
il n'y a rien de surprenant que pendant un cer- yeux, son air égaré et toutes les circonstances
tain temps on voie quelque augmentation dans de sa position, on l'eût brûlé avant de lui don-
des parties qui n'exigent pas l'influence des es- ner le temps de se reconnaître; et ce seraitun
prits vitaux. Pour le cri que les vampires font vampire de plus. » Voy: PAUL,i HARPE,PLOGOIO-
entendre lorsqu'on leur enfonce le pieu dans le WITS,POLYCIUTE, KATAKIIANÈS, GHOLÊS,HUÈT,etc.
coeur, rien n'est plus naturel. L'air qui se trouve Van-Baie (Antoine), médecin hollandais, mort
renfermé dansle cadavre, et que l'on en fait sor- en 1708. Il a publié une Histoire des oracles, !
tir avec violence, produit nécessairement ce bruit très-inexacte, qui a été abrégée par Fontenelle.
en passant par la gorge : souvent même les corps Vanlund. Voy. VADE.
morts produisent des sons sans'qu'on les touche. Vapeurs. Les Knislenaux, peuplade sauvage
Voici encore une anecdote qui peut expliquer du Canada, croient que les vapeurs qui s'élèvent
quelques-uns des traits du vampirisme, que nous et restent suspendues au-dessus des marais sont
ne prétendons pourtant pas nier ou expliquer les âmes des personnes nouvellement mortes 1.
sans réserve. Le lecteur en tirera lés conséquences Les vapeurs sont prises chez nous, lorsqu'elles
qui en dérivent naturellement. Cette anecdote a s'enflamment, pour des esprits follets.
été rapportée dans plusieurs journaux anglais, et Vapula, grand et puissant duc dei'enfer ; il
particulièrement dans le Sun du 22 mai 1802. paraît sous la forme d'un lion, avec des ailes de
Au commencement d'avril de la même année, griffon. II rend l'homme très-adroit dans la mé-
le nommé Alexandre Anderson, se rendant d'El- canique et la philosophie, et donnel'intelligence
gin à Glascow, éprouva un 'certain malaise, et aux savants. ïrenle-six légions lui obéissent 2.
entra dans une ferme qui se trouvait sur sa route, Varonnin, dieu de la lumière chez lesindiens.
pour y prendre un peu de repos. Soit qu'il fût C'est le soleil. Il est monté sur un crocodile et
ivre, soit qu'il craignît de se rendre importun, armé d'un fouet d'argent.
il alla se coucher sous une remise, où il se cou- Vaudois ; hérétiques, sectateurs de Pierre
vrit de paille, cle manière à n'être pas aperçu. Valdo, qui, égarés par une fausse humilité, se
Malheureusement, après qu'il fut endormi, les séparèrent de l'Église et allèrent bien vile très-
gens dé la ferme eurent occasion d'ajouter une loin. Ils niaient le purgatoire et l'efficacité des
grande quantité de paille à celle où cet homme prières pour les morts ; mais ils évoquaient les
s'était enseveli. Ce ne fut qu'au bout de cinq démons et faisaient de la magie. Naturellement,
semaines qu'on le découvrit dans cette singulière ils rejetèrent la messe, saccagèrent les églises et
situation. Son corps n'était plus qu'un squelette les couvents, troublèrent la société par le fana-
hideux et décharné; son esprit élait si fort aliéné, tisme en se mêlant aux Albigeois, et sont comp-
qu'ilnë donnait plus aucun signe d'entendement: tés parmi les précurseurs de la prétendue réforme.
il ne pouvait plus faire usage de ses jambes. La Vaulx (Jean de), de Slavelol, dans le pays de
paille qui avait environné son corps était réduite
en poussière, et celle qui avait avoisiné sa lête
paraissait avoir élé mâchée. Lorsqu'on le retira
de celte espèce de tombeau, il avait le pouls
presque éteint, quoique ses battements fussent
très-rapides, la peau moite et froide, les yeux
immobiles, très-ouverts, elle regard étonné. —
Après qu'on lui eut fait avaler un peu de vin, il
recouvra suffisamment l'usage de ses facultés
physiques et intellectuelles pour dire à une des
personnes qui l'interrogeaient que la dernière
circonstance qu'il se rappelait élait celle où il
avait senli qu'on lui jetait de la paille sur le
corps ; mais il paraît que , depuis cetle époque,
il n'avait eu aucune connaissance de sa situation.
On supposa qu'il élait consLamment resté clans
un état de délire ; occasionné par l'interception Liège, sorcier renommé qui présidait le sabbat
de l'air et par l'odeur de la paille , pendant les 1 Mackensie, Voyage dans l'Amérique septentrio-
cinq semaines qu'il avait ainsi passées, sinon nale, 4802.
sans respirer, du moins en respirant difficilement, 2 Wierus, in Pseudom. doem'.
VAU — 684 VEN
dans plusieurs loges. C'est le nom qu'il donnait refus, crachèrent si fort contre lui qu'ils l'étouf-
aux liéuxde Ces assemblées occultes. fèrentsous.ce singulier projectileJ.
Vâuvert. Saint Louis, ayant fait venir des Veau marin. Si l'on prend, du sang de ce
chartreux à: Paris, leur donna une habitation au poisson avec un peu de son coeur, et qu'on le
faubourg Saint-Jacques, dans le voisinage.du châ- mette dans de l'eau, on. verra à l'en tour une
teau de Vauvert," vieux manoir bâti par le roi multitude de poissons,;, et celui qui prendra un
Robert, mais depuis longtemps inhabité, parce morceau de son coeur et le placera sous ses ais-
qu'il était infesté de démons (qui étaient peut- selles surpassera tout le monde en jugement el
être des faux monnayeurs). On .y entendait des en esprit. Enfin, •le criminel qui l'aura rendra
hurlements affreux..; on y voyait des spectres traî- son juge doux et favorable 2. Voy. MÉROVÉE.
nant des chaînes,- et entre autres un monstre Veland le Forgeron. Voy, VADE.;,
vert, avec; une grande barbé blanche, moitié Velleda, dmidesse qui vivait du temps cle
homme, et moitié serpent, ; armé d'une grosse Vespasien, •chez les Germains, au rapport de
massue,.etqui seniblàit toujours: prêt à s'élancer, Tacite, et qui, ;moi lié fée., moitié prophétesse,
la nuit, sur les passants. Il parcourait même, du haut d'une tour où elle siégeait; exerçait au
disait-on, la rue où se trouvait le château, sur loin une puissance égale, ou supérieure à celle
unchariot enflammé, et tordait le cou auxiémé-, des rois. Les plus illustres guerriers n'entrepre-
raires qui ,se trouvaient , sur son passage. Le naient rien sans son aveu et lui consacraient une
peuple, l'appelait le. diable de Vauvert,: Les char- partie du butin.,
. treux ne s'en, effrayèrent point et demandèrent Vendredi. Ce jour, comme celui du mercredi,
le manoir à saint Louis ; ille leur donna avec est consacré, par les,sorcières du sabbat, à la
toutes ses appartenances et dépendances,.elles représentation. de, leurs: mystères. 11est regardé
revenants 'ni le diable de Vauvert n'y revinrent par les superstitieux comme funeste, quoique
plus. Lé nom d'Enfer resta seulement à la, rué, l'esprit de la religion,,chrétienne nous apprenne
en mémoire de tout le tapage que les diables le Contraire5.ils oublient tous les malheurs qui
y avaient fait*. leur arrivent les autres jours, pour.se frapper
Veau d'or. Le rabbin Salomon prétend que le l'imagination deceux qu'ils éprouvent le vendredi.
veau d'or des Israélites était vivant.et animé. Le Néanmoins, ce jour tant calomnié a eu d'illustres
partisans. François Ier assurait que tout lui réus-
sissait le vendredi. Henri IV aimait ce jour-là de
préférence, Sixte-Quint préférait aussi le,- ven-
dredi à tous les autres jours de la semaine, parce
que c'était le jour de sa naissance, le jour de sa
promotion au cardinalat „ de son élection à la
papauLé et de son couronnement.
Le peuple est persuadé que le vendredi est un
jour sinistre, parce que rien ne réussit cejour-là.
Mais si un homme fait une perte, un autre fait
un gain; el si le vendredi est malheureux,pour
l'un, il est heureux pour un autre, comme tous
les autres jours.
Celle superstition est trèsrenracinée aux Étals-
Unis. A New-York, on voulut la combattre il y a
quelques années; on commanda un navire qui
fut commencé un vendredi ; on en posa la pre-
mière pièce un vendredi; on le nomma un ven-
dredi; on le lança à la mer un vendredi; on le
fit partir un vendredi, avec un équipage qu'on
avait éclairé. Il ne revint jamais... Et la crainte
du vendredi est à New-York plus forte que jamais.
Les chemises qu'on fait le vendredi attirent les
-
poux dans certaines provinces.
Veneur. L'historien Mathieu raconte que le
Koran dit qu'il mugissait. Plusieurs rabbins pen- roi Henri IV, chassant dansla forêt de Fonlaine-
sent qu'il fut fabriqué par des magiciens qui
s'étaient mêlés aux Israélites à la sortie d'Egypte. 1 Bayle, Dictionnaire critique; AAIION,note À.
Hur avait refusé de le faire ; et on voit dans les 2 Admirables secrets d'Albert le-Grand, p. 140.
3 La mort de Noire-Seigneur, la rédemption du
vieilles légendes que les Hébreux, irrités de ce
genre humain, la chute du pouvoir infernal, doivent
1 Sainl-Foix, Essais sur Paris. au contraire sanctifier le vendredi.
4 Thiers, Traité des superstitions.
VEN — 685 VEN
bleau, entendit, à une demi-lieue de lui, des roi avait fait-un pas déplus du côté de l'apparition.
jappements de chiens, des cris et des cors
de Quel que soit le secret de cette histoire, il est
chasseurs; et qu'en un instant tout ce bruit, qui clair que Henri IV ne la fit nullement démentir.
semblait fort éloigné, s'approcha à vingt pas de n II ne manque pas: de gens, dit Mathieu, qui
ses oreilles, tellement que, tout étonné, il com-
manda au comte de Soissons de voir ce que
c'était. Le comte s'avance; un homme noir se
présentedans l'épaisseur des broussailles, et dis-
paraît en criant d'une voix terrible : M'entendèz-
vous?
Les paysans et les bergers des environs dirent
que c'était un démon , qu'ils appelaient le grand
veneur dé la forêt de Fontainebleau, et qui chas-
sait 1souvent dans cette forêt. D'autres préten-
daient que c'était la chasse de Saint-Hubert,
chassé mystérieuse de fantômes d'hommes et de
fantômes de chiens, qu'on entendait aussi;; en
d'autres lieux. Quelques-uns, moins amis du
merveilleux, disaient que ce n'était qu'un com-;1
père qui chassait impunément les bêles du roi
sous le masque protecteur d'un démon ; mais
voici sans doute la vérité du fait :
Il y avait h Paris, en 4596, deux gueux qui
dans leur oisivetés'étaientsi bien;exercés à;con-
trefaire le son des cors de chasse et la voix dès
chietïs, 'qu'à'trente pas on croyait entendre une 1
meute" et des piqneurs: On devait y être encore auraient volontiers relégué [celte aventure avec
plus trompé dans des lieux où les rochers ren- les fables de Merlin et d'Urgande, si la vérité
voient et multiplient les moindres cris..11 y a-loule n'avait été certifiée par tant de témoins oculaires
apparence qu'on s'était servi de ces deux nommes et auriculaires. Les bergers du voisinage pré-
pour l'aventure de la forêt de Fontainebleau, qui tendent que c'est un démon, qu'ils appellent le
fut regardée comme l'apparition véritable d'un grand vencAir, et qui chasse dans cette forêt;
fantôme. mais oh croit aussi que ce pouvait bien être la
Un écrivain anglais, dans un remarquable tra- chasse de Saint-Hubert, prodige qui a lieu dans
vail sur les traditions populaires, publié par le d'autres provinces.
Quartcrly Magazine) cite ce fail avec des acces- » Démon, esprit, ou tout ce qu'on voudra, il
soires qu'il n'est pas inutile de reproduire : fut réellement aperçu par Henri IV, nonloin de
« Henri, dit-il, ordonna au comte de Soissons la ville et dans un carrefour qui a conservé la
d'aller àla découverte; le comte de Soissons obéit désignation de « la Croix du Grand Veneur! » A
en tremblant, ne pouvant s'empêcher de recon- côte de cette anecdote, noiis rappellerons seule-
naître qu'il se passait dans l'air quelque chose de ment l'apparition semblable qui avait frappé de
surnaturel : quand il revint auprès de son maître : terreur le roi Charles VI, et qui le priva même
— Sire, lui dit-il, je n'ai rien pu voir, mais j'en- de sa raison.
tends, 1comme vous, la voix des chiens et le son Ventriloques, gens qui parlent par le ventre,
du cor. et qu'on a pris autrefois pourdes démoniaques
» — Ce n'est donc qu'une illusion! dit le roi. ou des magiciens. Voy. CÉCILE,etc;
» Mais alors Une sombre figure se montra à Vents. Les anciens donnaient à Êole plein
travers les arbres et cria au Béarnais : pouvoir sur les vents; la mythologie moderne a
» —-•Vous voulez me voir',: me voici !» imité celte fable en donnant une pareille préro-
Cette histoire est remarquable pour plusieurs galive'à Certains sorciers.' Voy. FINNES , ÉRIC-,etc.
raisons : Mathieu la rapporte dans son Histoire de 11 y gavait clans le royaume de Congo un petit
France et des cfiosesmémorables advenues pendant despote qui tirait des vents un parti plus lucratif.
sept années de paix du' règne de Henri IV, ou- Lorsqu'il voulait imposer un nouveau tribut à
vrage publié du temps de ce monarque à qui il son peuple, il sortait dans la.campagne par un
esl dédié. Mathieu était connu personnellement temps orageux, le bonnet sur l'oreille, et obli-
de Henri IV, qui lui donna lui-même plusieurs geait à payer l'impôt du vent ceux de ses sujets '
: '; " ' sur les terres tombait le bonnet.
renseignements sur sa vie. desquels
On a supposé que ce spectre était un assassin Le vent violent est, chez les Slaves, un mé-
déguisé, el que le poignard de Ravaillac aurait chant esprit qui habite les ruines el cherche à
été devancé par l'inconnu de Fontainebleau, si le en faire. 11s'allaque aux cheminées et les secoue.
VEP — 686 — VER
Il se montre quelquefois sous la forme d'un hibou. Sans doute aussi le lecteur a entendu parler de
A Quimper, en Bretagne, les femmes qui ont la verge foudroyante, avec laquelle les sorciers
leur mari en mer vont balayer la chapelle la plus faisaient tant de prodiges. Pour la faire, il faut
voisine et en jelerla poussière eu l'air, dans Pes- acheter un chevreau, le premier jour de la lune,
pérance que cette cérémonie procurera un vent l'orner trois jours après d'une guirlande de ver-
favorable à leur retour 1. Dans le même pays,, veine, le porter dans un carrefour, l'égorger avec
une femme ne souffre pas qu'on lui passe son un couteau neuf, le brûler dans un feu de bois
enfant par-dessus la table ; si clans ce passage un blanc, en conservant la peau, aller ensuite cher-
mauvais vent venait à le frapper, il ne pourrait cher une baguette fourchue de noisetier sauvage,
en guérir de la vie 2. - qui n'ait jamais porté fruit, ne la toucher ce jour-
Vépa-r ou Sépar, puissant et redoutable duc là que des yeux, et la couper le lendemain ma-
du sombre empire. Il se montre sous la forme, tin , positivement au lever du soleil, avec la même
d'une syrène,- conduit les vaisseaux marchands lame d'acier qui a servi à égorger la victime, el
et afflige les hommes de blessures venimeuses, dont on n'a pas essuyé le sang. 11 faut que cette
qu'on ne guérit que par l'exorcisme. Il com- baguette ait dix-neuf polices et demi de longueur,
mande vingt-neuf légions. ancienne mesure du Rhin, qui fait à peu près un
VérandL Voy, NORNES. demi-mètre. Après qu'on l'a coupée, on l'em-
Verdelet, démon du second ordre,, maître des porte , on la ferre par les deux extrémités de la
cérémonies de la cour infernale. II.est chargé du fourche avec la lame du couteau ; oni'aimante;
transport des Sorcières au sabbat. « Verdelet prend on fait un cercle avec la peau du chevreau qu'on
aussi le nom de Jolibois, ou de Vert-joli, ou-de cloue à terre au moyen de quatre clous qui aient
Saute-Buisson, ou de Maître Persil, pour allé- servi à la bière d'un enfant mort. On trace avec
cher les femmes et les faire tomber dans ses une pierre ématite un triangle au milieu de la
pièges, dit Boguet,. par ces noms agréables et peau; on se place dans le triangle, puis on fait
tout à fait plaisants. » les conjurations, tenant la baguette à la main, et
Verdung (Michel), sorcier de la Franche- ayant soin de n'avoir sur soi d'autre métal que
Comté, pris en 1521 avec Pierre Burgot et-le de l'or et de l'argent. Alors les esprits paraissent,
Gros-Pierre. Wierus a rapporté les faits qui don- et on commande.,.. Ainsi le disent du moins les
nèrent lieu au supplice des trois frénétiques 3. grimoires.
Tous trois confessèrent s'être donnés au diable. Verge d'Aaron. Quelques esprits pointus, à
Michel Verdung, qui se vantait d'avoir un esprit propos de ces paroles du chapitre vin de l'Exode,
nommé Guilleinin, avait mené Burgot près du où l'on voit qu'Aaron ayant étendu sa verge sur
Château-Charlon, où chacun, ayant à la main les fleuves, les rivières" et les étangs, toute
une chandelle de cire verte qui faisait la flamme l'Egypte fut remplie de grenouilles; en ont con-
bleue, avait offert des sacrifices et dansé en l'hon- clu que celle verge avait une puissance suprême,
neur du diable. Après s'êtreJrollé de graisse, ils divine ou magique, et qu'elle était la cause de
s'élaienl vus changés en loups. Dans; cet état, ils ces prodiges. Mais Benjamin Binet leur a répondu
vivaient absolument comme des loups, dirent-ils. non : Aaron était le ministre et sa verge le sym-
Burgot avoua qu'il avait tué un jeune garçon bole que Dieu employait.
avec ses pattes et dents de loup, et qu'il l'eût Verre d'eau. On prédit encore l'avenir dans
mangé, si les paysans ne lui eussent donné la un verre d'eau, et celte divination était surtout,
chasse. Michel Verdung confessa qu'il avait lue en vogue sous la régence du duc d'Orléans. Voici
une jeune fille occupée à cueillir des pois clans comment on s'y prend : on se tourne vers l'orient,
un jardin, el que lui et Burgot avaient tué el on prononce Abraxaper noslrum; après quoi on
mangé quatre autres jeunes filles. Ils désignaient voit dans le vase plein d'eau tout ce qu'on
le temps, le lieu et l'âge des enfants qu'ils avaient veut : on Choisit d'ordinaire pour cetle opération
dérobés. Il ajouta qu'ils se servaient d'une poudre des enfants qui doivent, avoir "les cheveux longs.
qui faisait mourir les personnes. Ces trois loups- A côté de la divination par le verre d'eau, par
garoux furent condamnés à êlre brûlés vifs. Les la coupe, qui était usitée en Egypte du temps de
circonstances de ce fait étaient peintes en. un ta- Joseph, et qui se pratique encore avec diverses
bleau qu'on voyait dans une église de Poligny. cérémonies, par la carafe, comme l'exerçait Ca-
Chacun de ces loups-garoux avait la patte droite gliostro, on pourrait placer d'autres divinations
armée d'un couteau''. qui ont pour élément un corps liquide. M. Léon
Verge. On donne quelquefois témérairement cle Laborde donne le détail de scènes produites
le nom de verge cle Moïse à la baguette divina- au Caire 1 par un Algérien réputé sorcier, lequel
toire. V.oy. BAGUETTE. prenait l'enfant qu'on lui présentait, le magnéti-
- Cambry, Voyagedans le Finistère, t. sait par des incantations, lui traçait dans la main
33".
2 Cambry, Voyage dam le Fi7nstèrc, l. III, p. 48. certaines ligures, plaçait sur celle main un pâté
3 Liv. Yl, ch. XIII. III, p.
4 Boguet, p. 364. 1 Revue des Deux Mondes, août 1833.
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d'encre en prononçant de mystérieuses paroles nicule, à la pointe du jour, avant que le soleil
puis lui faisait voir dans ce pâté d'encre tout ce fût levé. Nos sorciers ont suivi le même usage,
qui pouvait piquer la curiosité des assistants. Les et les démonographes croient qu'il faut être cou-
vivants et les morts y paraissaient. Shakspeare y ronné de verveine pour évoquer les démons.
vint et plusieurs autres. L'auteur d'un vol tout Vespasien. On raconte qu'étant en Achaïe
récent fut même découvert ainsi. S'il est vrai, avec Néron, il vit en songe un inconnu qui lui
comme l'assure M. Léon de Laborde, que ce récit prédit que sa bonne fortune ne commencerait
soit sérieux, c'est fort singulier, Voy. GAGLIOS-queiorsqu'on aurait ôlé une dent à Néron,Quand .
TRO,OOMANCIE, H'ARVlS - HïDROMANCIE , elC, Vespasien se fut réveillé, le premier homme qu'il
Verrues. On peut se délivrer des verrues, dit rencontra fut un chirurgien, qui lui annonça qu'il
le Petit Albert, en enveloppant dans un,linge venait d'arracher une dent à l'empereur.'-Peu-de
autant de pois qu'on a de verrues, et en les temps après, ce tyran mourut; mais Vespasien
jetant dans un chemin, afin que celui qui les ne fût pourtant couronné qu'après Galba, Olhon
ramassera prenne les verrues et que celui qui et Vitellius.
les a en soit délivré. Cependant voici un remède Vesta, déesse du feu chez les païens. Les ca-
plus admirable pour le même objet : c'est de cou- balistes la font femme de Noé. Voy. ZOIIOASTIIE.
per la tête d'une anguille vivante, de frotter les Vêtements des morts. Ménasseh-ben-Israël
verrues et les porreaux, du sang qui en découle ; dit que Dieu les conserve.il assure que Samuel
puis on enterrera la tête de l'anguille, et, quand apparut à Saùl dans ses habits de prophète;
elle sera pourrie, toutes les verrues qu'on a dis- qu'ils n'étaient point gâtés,, et que cela ne doit
paraîtront. point surprendre, puisque Dieu conserve les vê-
Les physiognomonisles, Lavater même, voient tements aussi bien que les corps, et-qu'autrefois
dans les verrues du visage une signification el un tous ceux qui en avaient les moyens se faisaient
pronostic. On ne trouve guère, dit Lavater, au ensevelir en robe de soie, pour être, bien vêtus
menton d'un homme vraiment sage, d'un carac- le jour de la résurrection.
tère noble et calme, une de ces verrueslarges et Vétin. Un moine du neuvième siècle nommé
brunes que l'on voit si souvent aux hommes Vélin, étant tombé malade, vit entrer dans sa
d'une imbécillité décidée. Mais si par hasard vous cellule une multitude de démons horribles, por-
en trouviez une pareille à un homme d'esprit, tant des instruments propres à bâtir un tombeau.
vous découvririez bientôt que cet homme a de Il aperçut ensuite clés personnages sérieux et
fréquentes absences, des moments d'une stupi- graves, vêtus d'habits religieux, qui firent sortir
dité complète, d'une faiblesse incroyable. iDes ces démons ; puis il vit un ange environné de lu-
hommes aimables el de beaucoup d'esprit peuvent mière qui vint se présenter au pied de son lit, le
avoir, au front ou entre les sourcils, des verrues prit par la main et le conduisit par, un chemin
qui, n'étant ni fort brimes, ni fort grandes, n'ont agréable sur le bord d'un large lleuve, où gémis-
rien de choquant, n'indiquent rien de fâcheux ; saient un grand nombre d'âmes en peine, livrées
mais si vous trouvez une verrue forte, foncée, à des tourments divers, suivant la quantité et
velue, à la lèvre supérieure d'un homme, soyez l'énormité de leurs crimes. 11y trouva plusieurs
sûr qu'il manquera cle quelque qualité très-essen- personnes de sa connaissance, entre autres un
tielle, qu'il se distinguera au moins par quelque moine qui avait possédé de l'argent en propre,
défaut capital. el qui devait expier sa faute dans un cercueil de
Les Anglais du commun prétendent au con- plomb jusqu'au jour du jugement, il remarqua
traire que c'est un signe heureux d'avoir une des chefs, des princes et même l'empereur Char-
verrue au visage. Ils attachent beaucoup d'im- lemagne qui se purgeaient par le feu , mais qui
portance à la conservation des poils qui naissent devaient êlre délivrés dans un certain temps. 11
ordinairement sur ces sortes d'excroissances. visita ensuite le séjour des bienheureux qui sont
Vers. On voit dans le livre des Admirables se- dans le ciel, chacun à sa place selon ses mérites.
crets d'Albert le Grand que les vers de terre, Quand Vélin fut éveillé, il raconta au long toute
broyés et appliqués sur des nerfs rompus ou celte vision, qu'on écrivit aussitôt. Il prédit en
coupés, les rejoignent en peu de temps. même temps qu'il n'avait plus que deux jours à
Vert. Dans les îles Britanniques, on croit que vivre; il se recommanda aux prières des reli-
le vert est la couleur que les fées affectionnent gieux, et mourut en paix le matin du troisième
le plus. jour. Cette mort arriva, le 31 octobre 82i, à
Vert-Joli. Voy. VERDELET. Aigue-la-Riche \ et la vision de ce bon moine a
Verveine, herbe sacrée dont on se servait fourni des matériaux à ceux qui ont décrit les
pour balayer les autels cle Jupiter. Pour chasser enfers.
des maisons les malins esprits, on faisait des as- Veu-Pacha, enfer des Péruviens.
persions d'eau lustrale avec de la verveine. Les Viaram, espèce d'augure qui élait en vogue
druides'surtout ne l'employaient qu'avec beau-
coup de superstitions : ils la cueillaient à la ca- 1 Longlel-Dufresnoy.
VID 688 VIR
clans le moyen âge. Lorsqu'on rencontrait en che- Venise, au Caire, à Alexandrie, et revint auprès
min un homme ou un oiseau qui venait par la du duc Jean de Bourbon. Le roi Louis XI le prit
droite et passait à la gauche, on en concluait à son service ; il suivit ce prince en Savoie pour
mauvais présage, et au sens contraire passable étudier les herbes des montagnes et les pierres
augure 4. médicinales. Il apprit à les tailler et à les graver
Vidal de la Porte, sorcier.du seizième siè- en talismans. 11se retira à Genève, puis à Saint-
cle, que les juges de Riom condamnèrent à êlre Maurice en Chablais, à Berne en Suisse, et vint
pendu, étranglé et brûlé pour ses maléfices, tant résider à Lyon ; il y fil bâtir une étude, où il y
sur les hommes que sur les chiens, chats et au- avait-deux cents volumes de livres singuliers
tres animaux. qu'il consacra au public. Il se maria, eut des en-
Vid-Blain, le plus haut des elfs. fants, tint ouverte une école d'astrologie, où le
Vieille. Bien des gens. superstitieux croient roi Charles Vil se rendit pour écouter ses-juge-
encore que dans certaines. familles une-vieille ments. On l'accusa d'avoir un esprit familier,
apparaît et annonce la mort de quelqu'un de la parce qu'il répondait pfomplëment à toutes ques-
tions.
- Vine,
grand roi et comte de la cour infernale.
Il se montre furieux comme un'-'lion; un cheval
noir lui sert de monture: 11tient une vipère àia
main, bâtit des maisons -, enfle les rivières el
connaît levasse. Dix-neuf légions lui obéissent '.
Vipère. On trouve sans doute encore en Es-
pagne et en Italie de prétendus parents de saint
Paul, qui se vantent de charmer lès serpents et
de guérir les morsures de vipère. Voy. SALIVE,
Virgile.; Les hommes qui réfléchissent s'éton-
nent encorede la légende des faits merveilleux
de Virgile, tradition du moyen âge 1, que tous les
vieux chroniqueurs ont ornée à l'envi, et qui
maison. Cardan: Conte;.que, dans un palais de nous présente comme un grand magicien celui
Parme-appartenant à une: famille noble et distin- qui ne fut qu'un grand poêle. Est-ce à cause de
guée, on Voyait toujours, quand, quelqu'un de- l'admiration qu?il inspira? Est-ce à cause de la
vait mourir, le fantôme d'une vieille Temme assis quatrième.églogue, qui roule sur une prophétie
sous la cheminée^ Voy. FEMMESBLANCHES, MÉLU- de la naissance de Jésus-Christ? N'est-ce paspour
SINES, etc. l'aventure d'Aristée et les descriptions magiques
Villain (l'abbé), auteur de YHistoire critique du sixième livre de VEnéide? Des savants l'ont
de Nicolas Flamel el de Pernelle, sa femme, pensé. Mais Gervais de Tilbury, Vincent de Beau-
in-12. Paris, 1761, livre assez recherché. vais, le poêle Adenès, Alexandre Neeckam, Gra-
Villars (l'abbé de), littérateur de Limoux, tian du Pont,- Gauthier de Metz et cent autres
assassiné, en 1673, sur la roule de Lyon. Il élait, racontent de lui de prodigieuses aventures, qui
dit-on, de l'ordre, secret des Rose-Croix. Il a semblent une page arrachée aux récils surpre-
beaucoup écrit sur la cabale, et de manière qu'on nants des Mille et une Nuits.
ne sait pas très-bien découvrir s'il y croyait ou 11attrape le diable, après lui avoir escamoté
s'il s'en moquait. On a de lui : le Comte, de Gaba- tous les secrets de la magie, et cela à peine sorti
lis, ou Entretiens sur les sciences secrètes, in-12, des écoles. 11a appris qu'on a dépouillé sa mère
Londres, 17A2; les Génies assistants, in-12, de ses domaines; il en fait enlever toutes les ré-
même année, suite du Comte de Gabalis ; le coltes par des esprits qui sont à ses ordres, el il
Gnome irréconciliable, autre suite dui même ou- les fait apporter chez lui. Il se fait bâtir un châ-
vrage ; les Nouveaux Entretiens sur les. sciences teau immense, où il a une armée de domestiques
secrètes, troisième suite du Comte de Gabalis, qui ne sont que des démons ; mais il les domine.
Nous avons ci lé souvent ces opuscules,aujour- L'empereur de Rome vient pour le prendre dans
d'hui peu recherchés, Voy. CABALE,etc. son château; Virgile l'a entouré d'un brouillard
Villiers (Florent de), grand astrologue, qui où personne ne peut se reconnaître, et les sol-
dit à son père qu'il ne fallait pas qu'il lui bâtît dats de l'empereur, sous l'empire d'une fascina-
une maison, parce qu'il saurait habiter eu divers tion prodigieuse, se croient les pieds dans l'eau.
lieux et toujours chez autrui. En effet,- il alla à L'empereur a ses magiciens, qui essayent vai-
Beaugency, de là à Orléans, puis à Paris, en An- nement de lutter contre Virgile. Il rend tous ceux
gleterre, en Ecosse, en Irlande; il étudia la mé- qui cherchent à l'investir immobiles comme des
decine à Montpellier; de là il fut à Rome., à slalues, et force l'empereur à capituler.
1 Michel Scott, Dé physiogn., ch. i.vi. 1 YVierus, in Pseudom. doem.
VIR 689 — VIS
Devenu alors le favori de l'empereur, il lui connut distinctement l'organe de son père, décédé
fait des statues enchantées, au moyen desquelles depuis peu. Malgré sa peur, il ne laissa pas d'a-
il sera informé de tout mouvement d'insurrec- vancer. Quel fut son étonnement de voir une
tion jusque dans les provinces les plus éloignées grande caverne ou espèce d'abîme dans laquelle
de Rome; puis l'enchanteur opère d'autres mer- élait une longue échelle ! Le spectre de son père
veilles. 11aime la ville de Naples; il la protège se montra sur les premiers échelons, et lui:dit
donc contre les mouches qui l'infestent. Elles ne que Dieu avait permis qu'il lui apparût, afin de
pourront plus y entrer, arrêtées par une grosse l'instruire de ce qu'il devait faire pour son pro>-
mouche d'airain qu'il a placée sur une des portes. pre salut et pour la délivrance de celui qui lui
11construit pour l'empereur des bainis merveil- parlait, aussi bien que pour celle de son grand-
leux où toute maladie quelconque trouve sa gué- père, qui était quelques échelons plus bas; que
rison immédiate'. Il délivre les eaux de Rome du la justice divine les punissait et les retiendrait
fléau des sangsues, en plaçant dans un de ses jusqu'à ce qu'on eût restitué un héritage usurpé -
puits une sangsue d'or dont il a fait un talisman. par ses aïeux; qu'il eût à le faire incessamment,
11allume au milieu de Rome un fanal qui brûlera qu'autrement sa place était déjà marquée dans
trois cents ans et qui éclairera la grande cité ce lieu de souffrance. A-.peine ce discours eut-il
jusque, dans ses moindres carrefours. été prononcé que. le spectre et l'échelle disparu-
Pourtant il paraît que ces merveilles ne,sont rent, et l'ouverturede: la caverne se referma.
pas l'oeuvre du. grand poëte, que c'est à tort Alors la frayeur l'emporta, sur l'imagination du
qu'on les lui attribue ; que le vrai magicien Vir- chasseur ; il retourna Chez lui, rendit l'héritage,
gile étaitmn chevalier des Ardennes, plus ancien laissa à son fils ses autres biens et se retira dans
c[ue l'auteur de, l'Enéide, et que son histoire un monastère,, où ilpassa le reste de sa vie.
excentrique a sa source dans un vieux roman !Ly__a des visions qui tiennent un peu à ce
chevaleresque du moyen âge ', que les Écossais appellent la seconde vue, Boais-
Virgile, évêque de Salzbourg. Voy, ANTI- tuau raconte ce-qui, suit : , ,.
PODES. « Une femme enchanteresse, qui vivait à Pavie
Visions ;il y a plusieurs sortes de visions, du temps du règne de Léonjcetlus, avait cet
qui la plupart ont leur siège dans l'imagination avantage qu'il ne se pouvait rien^ faire de mal à
ébranlée. Aristote parle d'un fou qui demeurait Pavie sans qu'elle le découvrît par' son artifice,
tout le jour au théâtre, quoiqu'il,n'y eût per- en sorte que la renommée des, merveilles qu'elle
sonne, et que là il frappait des mains et riait de faisait par l'art des diables lui. attirait, tous les
tout son coeur, comme s'il avait vu jouer la co- seigneurs et philosophes de l'Italie* Il y avait en
médie la plus divertissante. ce temps un philosophe à qui. l'on ne pouvait
Un jeune homme, d'une innocence et d'une persuader d'aller voir cette femme, lorsque,
pureté de vie extraordidaires, étant venu à mou- vaincu par les sollicitations de quelques magis-
rir à l'âge de vingt-deux ans, une vertueuse trats de la ville, il s'y rendit.; Arrivé devant cet
veuve vit en songe plusieurs serviteurs de Dieu organe de Satan, afin de ne demeurer muet et
qui ornaient un palais magnifique. Elle demanda pour la sonder au vif, il la pria de lui dire, à son
pour qui on le préparait; on lui dit que c'était avis, lequel de tous les vers de Virgile était le
pour le jeune homme qui était mort la veille. meilleur. La vieille, sans rêver, lui répondit
Elle vit ensuite dans ce palais un vieillard vêtu aussitôt :
de blanc, qui ordonna à deux de ses gens de Discite juslitiam moniti et non temnero divos.
tirer ce jeune homme du tombeau et de l'amener
au ciel. Trois jours après la mort du jeune » Voilà, ajouta-t-elle, le plus digne vers que
homme, son père, qui se nommait Armène, Virgile ait fait. Va-t'en, et ne reviens plus pour
s'élant retiré dans un monastère, le fils apparut me tenter. Ce pauvre philosophe et ceux qui l'ac-
à l'un des moines et lui dit que Dieu l'avait reçu compagnaient s'en retournèrent sans aucune ré-
au nombre des bienheureux , et qu'il l'envoyait plique et ne furent en leur vie plus étonnés
chercher son père. Armène mourut le quatrième d'une si docte réponse, attendu qu'ils savaient
jour 2. tous qu'elle n'avait en sa vie appris ni à lire ni à
Voici des traits d'un autre genre. Torquemada écrire...
conte qu'un grand seigneur espagnol, sorti un » Il y a encore, dit le même auteur, quelques
jour pour aller à la chasse sur une de ses terres, visions qui proviennent d'avoir mangé du venin
fut fort étonné lorsque, se croyant seul, il s'en- ou poison, comme Pline et Edouardus enseignent
tendit appeler par son nom. La voix ne lui élait de ceux qui mangent la cervelle d'un ours, la-
pas inconnue; mais comme il ne paraissait pas quelle dévorée, on se croit transformée en ours.
empressé, il fut appelé une seconde fois et re- Ce qui est advenu à un gentilhomme espagnol
1 cetle daiis les de notre temps à qui on en fit manger" et il er-
Voyez grande légende Légendes
infernales. rait dans les montagnes, pensant être changé en
2 Lettre de
l'évêque Evode à saint Augustin. durs.
44
VIS 690 VIS
» Il reste, pour mettre ici toutes espèces de quand un de ces hommes noirs apporta l'enfant
Visions, de traiter des visions artificielles, les- aux fenêtres et le montra à tous ceux qui étaient
quelles, ordonnées et bâties par certains secrets dans la rue. Le gentilhomme demanda à un de
et mystères des hommes, engendrent la terreur ses serviteurs auquel il se fiait le mieux : « Mon
en. Ceux qui les contemplent. Il s'en est trouvé ami, que ferâi-je? — Monsieur, répond le servi-
qui ont mis des chandelles dans des têtes de teur, je recommanderai ma vie'à Dieu; après
morts pour épouvanter le peuple, et d'autres qui quoi j'entrerai dans Ja maison, d'où, moyennant
ont attaché des chandelles de cire allumées sur son secours, je vous rapporterai l'enfant. — A la
des coques de tortues et limaces, puis les met- bonne heure! dit le maître; Dieu t'accompagne,
taient dans les cimetières la nuit, afin que le t'assiste et te fortifie! » !
vulgaire, voyant ces animaux se mouvoir de loin » -Le serviteur, ayant reçu la bénédiction de son
avec leurs flammes-, fût induit à croire que c'é- maître, du curé et des autres gens de bien, entra
taient les esprits dès morts. 11y a encore cer- au logis, et, approchant du poêle où étaient ces
taines visions diaboliques qui se sont faites de hôtes ténébreux, Se prosterne à genoux, se re-
nos jours avec des chandelles composées de suif commande à Dieu et ouvre la porte. Voilà les
humain ; et pendant qu'elles étaiertlallumées de diables en horribles formes,les uns assis, les
huit, les pauvres gens'demeuraient si bien char- autres debout, aucuns se promenant, autres ram-
més, qu'on dérobait leur bien devant eux Sans pant siirl'e plancher, qui' tous 1accoururent contre
qu'ils sussent se mouvoir de leurs lits; ce qui a lui, criant ensemble : « Hui ! hui! que viens-tu
été pratiqué enitalie de notre temps. Mais Dieu, faire céans ? » Le; serviteur, suant de détresse et
qui lie laisse rien impuni, a permis que ces vo- néanmoins fortifié de Dieu, s'adresse au malin
leurs fussent appréhendés ; et, convaincus, ils qui tenait l'enfant et lui dit: « Çà, baillez-moi
ont depuis terminé leurs vies misérablement au cet enfant. — Non, répond l'autre-, il'est mien;
gibet. >>Voy. MAINDEGLOIRE. va dire à ton maître qu'il vienne le recevoir. »
Nous reproduirons maintenant quelques pièces » Le serviteur insiste et dit : « Je fais la.charge
curieuses et rares : que Dieu m'a commandée, et sais que-tout ce
Discours épouvantable d'une étrange apparition que je fais selon icelle lui est agréable; partant,
à l'égard de mon office, en vertu de Jésus-Christ,
de démons en la maison d'un gentilhomme de
je t'arrache et saisis cet enfant, lequel je rap-
Silésie,enl6Q9, tiré del'imprimé à Paris, 1609.
porte à son père. » Ce disant, il empoigne l'en-
« Uh gentilhomme deSilésie, ayant convié quel- fant, puis le âerre entre ses bras. Les hôtes noirs
ques amis, et, à l'heure du festin venue, se ne répondent que par des cris effroyables et par
voyant frustré par l'excuse des conviés, entre en ces mots : « Hui ! hui fméchant ; hui ! garnement!
grande colère, et commence à dire que, puisque laisse, laisse cet enfant; autrement nous te dé-
nul homme ne daignait être chez lui, tous les piécerons. » Mais lui, méprisant ces menaces,
. diables y vinssent !-Gela dit, il sort de sa maison sorti l sain elsauf el rendit l'enfant au gentilhomme
el entre à l'église, où le curé.prêchait, lequel il son père; et quelques jours après tous ces hom-
écoute attentivement. Comme il était là, voici mes s'évanouirent, et le gentilhomme, devenu
entrer dans la cour du logis des hommes à che- sage et bon chrétien, retourna en sa maison. »
val, de haute stature et tout noirs, qui comman-
dèrent aux valets du gentilhomme d'aller dire à Le grand feu, tonnerre et foudre du ciel, advenu
leur maître que les conviés étaient venus. Un des sur l'église cathédrale de Quimper-Corcnlin,
valets court à l'église avertir son maître, qui, avec la vision publique d'un très-épouvantable
bien étonné, demande avis au curé, lcelui, finis- démon dans lefeu, sur ladite église. Jouxte l'im-
•
sant son sermon, conseille^ qu'on fasse sortir primé à Rennes, 1620.
toute la famille hors du logis. Aussitôt dit, aus- « Samedi, premier jour cle février 1620, il ar-
sitôt fait ; mais de hâte que les gens curent de riva un grand malheur el désastre en la. ville de
déloger, ils laissèrent dans la-maison un petit Quimper-Corenlin. Une belle et haute pyramide
enfant dormant au berceau."Ces hôtes, ou, pour couverte de plomb, élant sur la nef cle la grande
mieux dire, ces diables (c'est le sentiment du église, fut brûlée par la foudre el feu du ciel
narrateur) commencèrent bientôt à remuer les depuis le haut jusqu'à ladite nef, sans que l'on
tables, à hurler, à regarder par les fenêtres, en pût y apporter aucun remède. Le même jour,
forme d'ours, de loups, de chais, d'hommes sur les sept heures et demie, tendant à huit du
terribles, tenant à la main ou dans leurs pattes malin, se fit un coup cle tonnerre el d'éclair ter-
des verres pleins de vin, des poissons, de la chair rible. A l'instant fut visiblement vu un démon
bouillie el rôtie. Comme les voisins, le gentil- horrible, au milieu d'une grande ondée de grêle,
homme, le curé el autres contemplaient avec se saisir de ladite pyramide par le haut et au-
frayeur un tel spectacle, le pauvre père se mit dessous cle la croix,, étant ce démon de couleur
à crier : « Hélas ! où est mon pauvre enfant? » verte, avec une longue queue. Aucun feu ni fumée
» Il avait encore le dernier mot à la bouche,
n'apparut sur la pyramide que vers une heure
VIS 691 — VIS
après midi, que la fumée commença à sortir du passa la rivière et s'en alla dans le parc, suivie
haut d'icelle et dura un quart d'heure; et du de plusieurs monstres de feu semblant des singes.
même endroit commença le feu à paraître peu à Des gens qui étaient allés chercher du bois dans
peu, en augmentant toujours ainsi qu'il dévalait la forêt rencontrèrent ce prodige,dont ils pen-
du haut en bas; tellement qu'il se fit si grand et sèrent mourir, entre autres un pauvre ouvrier
si épouvantable que l'on craignait que toute l'é- du bois de Galoche, qui fut si effrayé qu'il eut
glise ne fût brûlée, et non - seulement l'église, une fièvre qui ne le quitta point. Comme les sol-
mais toute la ville. Les trésors de ladite église dats de la garnison s'en allaient sur les murs de
furent tirés hors, les processions allèrent à l'en- la ville-, il passa sur eux une troupe innombrable
tour, et finalement on fit mettre des reliques d'oiseaux, les uns noirs, les autres blancs, tous
saintes Sur la nef de l'église, au-devant du feu. criant d'une voix épouvantable. Il y avait des
Messieurs du chapitre commencèrent à conjurer flambeaux qui les précédaient et. Une figure
ce méchant démon que chacun voyait dans le d'homme qui les suivait faisant le hibou. Ils fu-
feu, tantôt bleu, vert ou jaune. Ils jetèrent des rent effrayés d'une telle vision, et il leur tardait
agnus Dei dans icelui et près de cent cinquante fort qu'il/fût jour pour la racon 1er aux habitants.
barriques d'eau, quarante ou cinquante charre- — Voici (ajoutêie narrateur) l'histoire,que j'avais
tées de fumier, et néanmoins le feu continuait. à vous présenter, et vous; nie:remercierez et serez
Pour, dernière ressource, on fit jeter un-pain; dé, contents de ce que je. vous donne pour vous,
seigle de quatre; sous, puis on prit de l'eau bé- avertir de ce que vous pouvez voir quand vous
nile. avec du lait d'une, femme nourrice de bonne allez la nuit clans les, champs. » -..
vie, et tout cela jeté dedans le feu, tout aussitôt
le démon fut contraintde quitter la flamme, el Description d'un signe qui a été vu-ait ciel le cin-
avant de sortir il fit un. si grand remue-ménage, quièmejour de décembre dernier en la ville d'A l-
que l'on semblait être tous.brûlés et qu'il devait torff, au pays de Wurtemberg, en Allemagne;
emporter l'église et-tout avec lui; il ne s'en alla imprimée à Paris, rue SainMacquès, à l'Élé-
qu'à six heures et demie du soir, sans avoir fait phant, devant les Matïuirins, 1678, avec pri-
autre mal, Dieu merci, que la totale ruine de vilège du roi.
ladite pyramide, qui est de douze mille écus au « Guicciardin écrit en son histoireilalique que
moins- Ce méchant étant hors,, on eut raison du sur la venue du petit roi Charles VM à Naples,,
feu, et peu de temps après on trouva encore le- outre les prédictions du frère Hiérôme Savona-
dit pain de seigle en essence, sans être endom- role, tant prêchées au peuple que révélées au
magé, hors que la croûte était un peu noire; et roi même, apparurent en la Pouille, de nuit,
sur les huit ou neuf heures et demie, après que trois soleils au milieu du ciel, offusqués de nuages
tout le feu fut éteint, la cloche sonna pour amas- à l'enlour, avec force tonnerres el éclairs; et
ser le peuple, afin de rendre grâces à Dieu. Mes- vers Arezzo furent vues en l'air de grandes trou-
sieurs du chapitre, avec les choristes et musiciens, pes de gens armés achevai, passant par là avec
chantèrent un Te Deum et un Slabat Mater dans grand bruit et son des tambours et trompettes ;
la chapelle de la Trinité, à neuf heures du soir. et en plusieurs parties cle l'Italie, maintes images
Grâces à Dieu, il n'est mort personne ; mais il et statues suèrent, "etdivers monstres d'hommes
n'est pas possible de voir chose plus horrible et et d'animaux naquirent, de quoi le pays fut épou-
épouvantable qu'était ce dit feu. » vanté. On vit depuis la guerre qui advint au
royaume de Naples, que les Français conquirent
Effroyable rencontre apparue proche le château et puis perdirent. — Êri Ja ville d'Altorlï, au pays
de Lusignan, en Poitou, aux soldats de la gar- de
Wurtemberg, eu Allemagne,.à une lieue de la
nison du lieu et à quelques habitants de ladite ville de Tubingue et aux environs, on a vu, le
ville, la nuit du mercredi 22 juillet 1620. A cinquième jour de décembre 1577, environ sept
chez Nicolas Robert, rue Saint-Jacques;
' Paris, heures du matin, que le soleil commençant à se
1620. lever n'apparaissait pas en sa clarté et-splendeur
. .«Lanuildumercredi22juillet,apparurententre naturelle, mais montrait une couleur jaune, ainsi
le château de Lusignan et laFare,surla rivière, qu'on voit la lune quand elle est pleine, ressem-
deux hommes de feu extrêmement puissants, blait.au rond d'un gros tonneau, et "reluisait, si
armés de toutes pièces, dont le harnais était en- peu qu'on le pouvait regarder sans s'éblouir les
flammé, avec un glaive en feu dans une main et yeux. Bientôt après il s'est montré à l'enlour ail-
une lance flambante dans l'autre, de laquelle lant d'obscurité que s'il s'en fût suivi une éclipse,
dégouttait du sang. Ils se rencontrèrent et se et le soleil s'est couvert d'une couleur plus rouge
combattirent longtemps, tellement qu'un des que du sang, tellement qu'on ne savait pas si
deux fui blessé, el en tombant fit un si horrible c'était le .soleil ou non. Incontinent après, on a
cri qu'il réveilla plusieurs habitants de la haute vu deux soleils, l'un .rouge, l'autre jaune, qui se
et basse ville et étonna la garnison. Après ce sont heurtés et battus : cela a duré quelque peu
combat, parut comme une souche de feu qui de temps, où l'un des soleils s'est évanoui, et on
44.
VIS 692 VIS
n'a plus vu que le soleil jaune. Peu après s'est de Chanvigné, étant tous de même compagnie,
apparue une nuée noire-de la forme d'une boule, m'ont assuré avoir vu ce que je vous écris :
laquelle a tiré tout droit contre le soleil et l'a 1° trois hommes vêtus de noir, inconnus de tous
couvert au milieu, de sorte qu'on-n'a vu qu'un les regardants, tenant chacun une croix à la
grand cercle jaune à Tentour. Le soleil ainsi cou- main ; 2° après eux marchait une troupe de
vert, est apparue une autre nuée nûirè, laquelle jeimes filles, vêtues de longs manteaux de toile
â combattu avec lui, et l'un a couvert l'autre blanche, ayant les pieds el les jambes nus, por-
plusieurs fois, tant que le soleil est retourné à tant des chapeaux de fleurs, desquels pendaient
ladite première couleur jaunâtre. Un peu après jusques aux talons de grandes bandes de toile
est apparue derechef une nuée longue comme un d'argent, tenant en leur main gauche quelques
bras, venant du côté du soleil couchant, laquelle rameaux et de la droite un vase cle faïence d'où
S'est arrêtée près dudit soleil. De cette nuée est sortait de la fumée.; 3b marchait après celles-ci
sorti un grand nombre de gens habillés de noir une dame accoutrée en deuil, vêtue d'une longue
et armés comme gens dô guerre, à pied et à robe noire qui traînait fort longue sur la terre,
cheval, marchant en rang, lesquels ont passé laquelle robe était semée cle coeurs percés de
tout bellement par dedans ce soleil vers l'Orient, flèches, de larmes et de flammes de satin blanc,
et cette troupe a été suivie derrière d'un grand et ses cheveux épars sur ses vêtements ; elle te-
et puissant homme beaucoup plus haut que les nait en sa main comme une branche de cèdre,
autres. Après que cette troupe à été passée, le et ainsi vêtue cheminait toute triste ; k° ensuite
soleil s'est un peu obscurci, mais a gardé sa marchaient six petits enfants couverts de longues
clarté naturelle et a élé couvert de sang, en sorte robes de taffetas vert, tout semé de flammes de
que le ciel etla terre se sont montrés tout rouges, Satin rouge et de gros flambeaux allumés, et leurs
parce que sont sorties du ciel plusieurs nuées têtes couvertes de chapeaux de fleurs. Ceci n'est
sanglantes et s'en sont retournées par-dessus, el rien encore, il marchait après une foule de peu-
ont tiré du côté de l'Orient, tout ainsi qu'avait ples vêtus de blanc et cle noir, qui cheminaient
fait avant la gendarmerie. Beaucoup de nuées deux à deux, ayant des bâtons blancs à la main.
noires se sont montrées autour du soleil, comme Au milieu de la troupe était comme une déesse,
c'est coutume quand il y a grande tempête, et vêtue richement, portant une grande couronne
bientôt après sont sorties du soleil d'autres nuées cle fleurs sur la tête, les bras retroussés, tenant
. sanglantes et ardentes ou jaunes comme du sa- en sa main une belle branche de cyprès, remplie
fran. De ces nuées sont parties des réverbéra- de petits cristaux qui pendaient de tous côtés. A
tions semblables à de grands chapeaux hauts el l'enlour d'elle, il y avait comme des joueurscl'in-
larges, et s'est montrée toute la terre, jaune et struments, lesquels toutefois ne formaient aucune
sanglante,couverte.de grands chapeaux, lesquels mélodie; A la suite de cette procession étaient
avaient diverses couleurs, rouge, bleu, vert, et huit grands hommes nus jusqu'à la ceinture,
la plupart noirs ; ensuite il a fait un brouillard ayant le corps fort garni de pqil, la barbe jus-
et comme une pluie de sang, dont non-seulement qu'à mi-corps et le reste couvert de peaux de
le ciel, mais encore la terre et tous les habille- chèvres, tenant en leurs mains de grosses masses ;
ments d'hommes se sont montrés sanglants et et, comme tout furieux, suivaient la troupe de
jaunâtres. Cela a duré jusqu'à ce que le soleil loin. La course de cette procession s'étendait tout
eut repris sa clarté naturelle, ce qui n'est arrivé le long de l'île, jusqu'à une autre île voisine, où
. qu'à dix heures du matin. tous ensemble s'évanouissaient lorsqu'on voulait
»il est aisé de penser ce que signifie ce pro- en approcher pour les contempler. Je vous prie,
dige : ceci n'est autre chose que menaces, » dit à quoi tend cette vision merveilleuse, vous autres
l'auteur.—Quant à nous, comme il n'y a dans le qui savez ce que valent les choses ?... »
pays d'Altorff aucun témoignage qui appuie ce Nous transcrivons le naïf écrivain. Nous ajou-
merveilleux récit, nous n'y verrons qu'un puff du terons que la mascarade qu'il raconte eut lieu à
dix-septième siècle. l'époque du roman de l'Astrée, et que c'était une
société qui se divertis'sait à la manière des héros
Signe merveilleux apparu en forme de procession, de Don Quichotte.
.arrivé près la ville de Bellac, en Limousin. Im-
primé à Paris en 1621. Grandes et merveilleuses choses advenues dans la
« 11n'y a personne qui, ayant élé vers la ville ' ville de Besançon, par un tremblement de terre;
de Bellac, en Limousin, n'ait passé par une imprimé à Château-Salins, par maître Jacques
grande et très-spacieuse plaine nullement habi- Colombiers, 156/j.
tée. Or en icelle, quantité de gens dignes de foi « Le troisième jour de décembre, environ neuf
et croyance, même le sieur Jacques Rondeau, heures du matin, faisant un temps doux et un
marchand tanneur de la ville de Montmorilion, beau soleil, l'on vil en l'air une figure d'un homme
le curé disgrè, Pierre Ribonneau, Malhurin Co- de la hauteur d'environ neuf lances, qui dit trois
- gnac, marchand de bois, demeurant en la ville fois : « Peuples, peuples, peuples, amendez-
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» vous, ou vous êtes à la fin de vos jours. » El sentait. La bonne femme vint un matin voir de
ce advint un jour de marché, devant plus de très-bonne heure son malade, parce qu'elle avait
dix mille personnes, et, après ces paroles, la rêvé qu'il était mort dans la nuit ; rassurée en le
dite figure s'en alla en une nue, comme se-reti- trouvant dans le même état que la veille, elle le
rant droit au ciel. Une heure après, le temps quitta pour aller soigner ses affaires et oublia de
s'obscurcit tellement, qu'à vingt lieues autour cle fermer la porte après elle.
là ville on ne voyait plus ni ciel ni terre. 11y eut Les ramoneurs, à Londres, ont coutume de se
beaucoup de personnes qui moururent; le pauvre glisser dans les maisons qui-ne sont point habitées,
inonde se mit à prier Dieu et à faire des proces- pour s'emparer de la suie,- dont ils font un petit
sions. Enfin, au bout de trois jours, vint un beau commerce. Deuxd'entre eux avaient su l'absence
temps comme auparavant, et un ventle plus cruel du maître de la maison; ils épiaient le moment
que l'on ne saurait voir, qui dura environ une de s'introduire chez lui. Ils virent sortir la vieille,
heure et demie, et une telle abondance d'eau, entrèrent dès qu'elle fut éloignée, trouvèrent la
qu'il semblait qu'on la jetait à pipes, avec un chambre du capitaine ouverte, et, sans prendre
merveilleux tremblement de terre, tellement que garde à lui, grimpèrent tous les deux dans la
la ville fondit, comprenant quatorze lieues cle cheminée. Le capitaine élait en ce moment assis
long et six de large, et n'est demeuré qu'un châ- sur son séant. Le jour était sombre; la vue de
teau, un clocher et trois maisons tout au milieu. deux créatures aussi noires lui causa une frayeur
On les voit en un rondeau de terre assises comme inexprimable ; il retomba dans ses draps, n'osant
par devant; on voit quelques portions des murs faire aucun mouvement. Le docteur arriva un
de la ville, el dans le clocher et le château, du instant après; il entra avec sa gravité ordinaire
côté d'un village appelé des Guétz, on voit comme et appela le capitaine en s'approcljant du lit. Le
des enseignes et étendards qui pavolent; et n'y malade reconnutla voix, soulevasés couvertures
saurait-on aller. Pareillement on, ne sait ce que et regarda d'un oeil égaré, sans.avoir la force de
cela signifie, et n'y a homme qui regarde cela à parler. Le docteur lui.prit la main etlui.demanda
qui les cheveux ne dressent sur la tête ; car c'est comment il se trouvait. — Mal, répondit-il; je
une chose merveilleuse et épouvantable. » suis perdu: les diables se préparentà m'empor-
ler, ils sont dans ma cheminée... Le docteur, qui
Dissertation sur les visions et les apparitions, où était un esprit fort, secoua la tête, tâta le pouls
l'on prouve que les -morts peuvent revenir, avec et dit gravement : — Vos idées sont coagulées;
quelques règles pour connaître si ce sont des vous avez un luçidumcaput, capitaine... — Cessez
âmes heureuses ou malheureuses, par 'un pro- votre galimatias, docteur :il n'est plusiemps do
fesseur en théologie. Lyon, 1675.
plaisanter, il y a deux diables ici... -—Vos idées
Sans être très-crédule, l'auteur de ce petit ou- sont incohérentes; je vais vous le déniontrer. Le
vrage admet les apparitions et reconnaît que les diable n'est pas ici : votre elfroi est donc...
iines viennent du démon, les autres de Dieu. Mais Dans ce moment, les ramoneurs, ayant rempli
il en attribue beaucoup à l'imagination. 11raconte leur sac, le laissèrent tomber au bas de la che-
l'histoire d'un malade qui vit longtemps dans sa minée et le suivirent bientôt. Leur apparition
chambre un spectre habillé en ermite avec une rendit le docteur muet ; le capitaine se renfonça
longue barbe, deux cornes sur la lôte et une dans sa couverture, el, se coulant aux pieds de
figure horrible. Celte vision, qui épouvantait le son lit, se glissa dessous sans bruit, priant les
malade sans qu'on pût le rassurer, n'était, dit le diables dé se contenter d'emporter son ami. Le
professeur, que l'effet du cerveau dérangé. Voyez docteur, immobile d'effroi, cherchait à se ressou-
HALLUCINATIONS. venir des prières qu'il avait apprises dans sa jeu-
Il croit que les morts peuvent revenir, à cause nesse. Se tournant vers son ami pour lui deman-
de l'apparition de Samuel ; et il dit que les âmes der son aide, il fut épouvanLé de ne plus le voir
dit purgatoire ont une figure intéressante et se dans son lit. Il aperçut clans ce moment un des
contentent en se montrant de gémir et de prier,, ramoneurs qui se chargeait du sac de suie; il ne
tandis que les mauvais esprits laissent toujours douta pas que le capitaine ne fût dans le sac.
entrevoir quelque supercherie el quelque malice. Tremblant de remplir l'autre, il ne fil qu'un saut
Voy. APPARITIONS. jusqu'à la porte de la chambre, et de là au bas
Terminons les visions par le fait suivant, qu'on de l'escalier. Arrivé dans la rue, il se mit à crier
lit dans divers recueils d'anecdotes. de toutes ses forces : — Au secours! le diable
Un capitaine anglais, ruiné par des folies de emporte mon ami ! La populace accourt à ses
jeunesse, n'avait plus d'autre asile que la maison cris ; il montre du doigt la maison, on se préci-
d'un ancien ami. Celui-ci, obligé d'aller passer pite en foule vers la porte, mais personne ne
quelques mois à la campagne, et ne pouvant y veut entrer le premier... Le docteur, un peu ras-
conduire le capitaine, parce qu'il était malade, suré par le nombre, excite tout le inonde. Les
le confia aux soins d'une vieille domestique, qu'il ramoneurs, en entendant le bruit qu'on faisait
chargeait de la garde de sa maison quand il s'ab- clans la rue, posent leur sac dans l'escalier, et,
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de crainte d'être surpris, remontent quelques Une autre fois, une dame très-riche était venue
étages. Le capitaine, mal à son aise sous son lit, la trouver pour qu'elle lui tirât les cartes. La-Voi-
ne voyant plus les diables, se hâte de sortir dé sin , qui à sa qualité cle sorcière joignait les talents
la maison. Sa peur et sa précipitation ne lui per- de voleuse, lui persuade qu'elle fera bien de voir
mettent pas de-voirie sac, il le heurte, tombe le diable, qui ne lui fera d'ailleurs aucun mal ; la
dessus, se couvre de suie, se relève et descend dame y consent. La bohémienne lui dit d'ôter ses
avec rapidité ; l'effroi de là populace augmente à vêtements et ses bijoux. La dame obéit et se
sa vue : elle recule et lui ouvre un passage; le trouve bientôt seule, n'ayant qu'une vieille pail-
docteur reconnaît son ami et se cache dans la lasse, un bocal et Un jeu de cartes. Cette dame
foule pour l'éviter. Enfin un ministre, qu'on était était venue dans son équipage; le cocher, après
allé chercher pour conjurer l'esprit malin, par- avoir attendu très-longtemps sa maîtresse, se dé-
eouftla maison, trouve les ramoneurs, les force cide enfin à monter, monte et la trouve au déses-
à descendre, et montre les prétendus diables au poir. La Voisin avait disparu avec ses hardes; on
peuple assemblé. Le docteur et le capitaine se l'avait dépouillée. Il lui met son manteau sur les
rendirent enfin à l'évidence ; mais le docteur, épaules et la reconduit chez elle.
honteux d'avoir, par sa sotte frayeur, démenti le On cite beaucoup d'anecdotes pareilles. Voici
caractère d'intrépidité qu'il avait toujours affecté, quelques détails sur son procès, tirés des rela-
voulait rosser ces coquins qui, disait-il, avaient tions contemporaines.
fait une si .grande peur à son ami. Vers l'an 1677, la fameuse Voisin s'unit à la
Vôcérâtricés. Lorsqu'un homme est mort, en femme Vigoureux et à un ecclésiastique apostat
Corse, particulièrement lorsqu'il a été assassiné, nommé Lesage, pour trafiquer des poisons d'un
on place son corps sur une table ; et les femmes Italien nommé Exili, qui avait fait en ce genre
de. sa famille, à leur défaut des amies ou même d'horribles découvertes. Plusieurs morts subites
des femmes-étrangères connues par leur talent firent soupçonner des crimes secrets. On établit
poétique, improvisent devant un auditoire nom- à l'Arsenal, en 1680, la chambre des poisons,
breux des complaintes en vers, dansie dialecte qu'on appela la chambre ardente. Plusieurs per-
du paysi On nomme ces femmes voceratrici, ou, sonnes de distinction furent citées à cette cham-
suivant la prononciation corse, buceratrici, et la bre, entre autres deux nièces du Cardinal Ma-
complainte s'appelle vocero, bucerii, bUceralu, zarin, la duchesse de Bouillon, la comtesse de
sur la côte orientale ; ballata sur la côte opposée. Soissons, mère du prince Eugène, et enfin le
Le mot vocero, ainsi que ses dérivés vocerar, vo- Célèbre maréchal de Luxembourg.
ceralrice, vient du latin vocifcrare. Quelquefois La Voisin, la Vigoureux et Lesage s'étaient fait
plusieurs femmes improvisent tour, à tour, et fré- un revenu de là curiosité des ignorants, qui
quemment la femme ou la fille du mort chante étaient en très-grand nombre; ils prédisaient
elle-même la complainte funèbre 1. l'avenir; ils faisaient voir le diable. S'ils s'en
.Voile- Chez les Juifs modernes, c'est une tra- étaient tenus là, il n'y aurait eu que du ridicule
dition qu'un voile qu'on se met sur le visage em- et de la friponnerie chez eux, et la chambre ar-
pêche que le fantôme ne reconnaisse celui qui a dente n'était pas nécessaire.
peUr. Mais si Dieii juge qu'il l'ait mérité par ses La Reynie, l'un des présidents de cetle cham-
péchés, il lui fait tomber le masque, afin que bre , demanda à la duchesse de Bouillon si elle
l'ombre puisse le voir et le mordre. avait vu le diable. Elle répondit : — Je le vois
Voisin (la), devineresse qui tirait les caries, dans ce moment; il est déguisé en conseiller
faisait voir tout ce qu'on voulait dans un bocal d'État, fort laid et fort vilain.
plein d'eau et forçait le diable à paraître à sa vo- Ce procès dura quatorze mois, pendant les-
lonté. 11 y avait un grand concours de monde quels la comtesse de Soissons se sauva en Flandre.
chez elle. Un jeune époux, remarquant que sa Le maréchal de Luxembourg fut acquitté, comme
femme sortait aussitôt qu'il quittait la maison, tous les personnages de condition impliqués dans
résolut de savoir qui pouvait ainsi la déranger. 11 cetle affaire 1. La Voisin et se^ deux coïnplices
la suit donc un jour et la voit entrer dans une
sombre allée ; il s'y glisse, l'entend frapper à une 1 Les grands personnages, dans ce procès, où ils
porte qui s'ouvre, et, Content de savoir où il peut se trouvaient mêlés à une canaille infâme, y allaient
la surprendre, il regarde par le trou de la serrure toutefois d'un ton fort dégagé. Madamede Bouillon,
et entend ces mots : — Allons, il faut vous désha- assignée pour répondre par-devant les commissaires
de la chambre des (en 4680), s'y rendit ac-
biller; ne faites pas l'enfant, ma chère amie, compagnée de neufpoisons carrosses de princes ou ducs ;
hâtons-nous... La femme se déshabillait ; le mari M. de Vendôme la menait. M. do Bezons lui demanda
frappe à la porte à coups redoublés. La Voisin d'abord si elle n'était pas venue pour répondre aux
ouvre, et le. curieux voit sa femme, une baguette interrogations qu'on lui ferait. Elle dit que oui ; mais
qu'avant d'entrer en matière elle lui déclarait quo
magique à la,main, prête à évoquer le diable.... tout ce qu'elle allait dire ne pourrait prejudicier au
1 Prospor Mérimée, Colomba, rang qu'elle tenait, ni à tous ses privilèges. Elle ne
voulut rien dire ni écouter davantage que le greffier
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furent condamnés par jugement de la Chambre Voix. Boguel assure qu'on reconnaît un pos-
ardente à être brûlés en place de Grève. sédé à la qualité de sa voix. Si elle est sourde et
On lit ailleurs que la Voisin, par ses relations enrouée, nul doute, dit-il, qu'il ne faille aussitôt
avec le diable, sut son arrêt, chose assez extra- procéder aux exorcismes.
ordinaire, quatre jours avant son supplice. Cela Sous le règne de Tibère, vers le temps de la
ne l'empêcha pas cle boire, de manger et de faire mort de Notre-Seigneur, le pilote Thamus, cô-
débauche. Le lundi, à minuit, elle demanda du toyant les îles de la mer Egée,, entendit un soir,
vin et se mit à chanter des chansons indécentes. aussi bien que tous ceux qui se trouvaient sur
Le mardi, elle eut la question ordinaire et .extra- son vaisseau, une grande voix qui l'appela plu-
ordinaire; elle avait bien dîné et dormi huit sieurs fois par son nom. Lorsqu'il eut répondu,
heures. Elle soupa le soir et recommença, toute la voix lui commanda de crier, en un certain lieu,
brisée qu'elle était, à faire débauche de table. On que le grand Pan élait mort. A peine eut-il pro-
lui en fit honte; on lui dit qu'elle ferait bien noncé ces paroles dans le lieu désigné, qu'on
mieux de penser à Dieu et de chanter un Ave entendit de tous côtés des plaintes et des gémis-
maris Stella ou un Salve. Elle chanta l'un el l'autre sements, comme d'une mullitude.de personnes
en plaisantant et dormit ensuite. Le mercredi se affligées par cetle nouvelle 1. L'empereur Tibère
passa de même en débauche .et. en chansons; elle assembla des savants pour interpréter -ces pa-
refusa de voir un confesseur. Enfin le jeudi on roles. On les appliqua à Pan, fils de Pénélope,
ne voulut lui donner qu'un bouillon; elle en qui vivait plus de mille ans auparavant ; mais;,
gronda, disant qu'elle n'aurait pas la force de selon les versions les plus accréditées, il faut
parler à ces messieurs.... entendre par le grand Pan le maître des démons,
Elfe vint en carrosse de Vincennes à Paris. On doiit l'empire était détruit parla mort de Jésus-
la voulut faire confesser; il n'y eut pas moyen Christ. .
d'y.parvenir. A cinq heures on la lia, et avec Les douleurs attribuent aux échos les gémis-
une torche à la main elle parut dans le tombe- sements qui se firent entendre au pilote Thamus;
reau, habillée de blanc; on voyait qu'elle re- mais oh n'explique pas la voix.
poussait le confesseur et le crucifix avec violence. Celle grande voix, dit le comte de Gabalis,
A Notre-Dame, elle ne voulut jamais pronon- élait produite"par les pèuplesde l'air, qui don-
cer l'amende honorable; à.la,Grève; elle ss dé- naient avis aux peuples des eaux que le premier
fendit autant qu'elle put de sortir du tombereau. et le plus âgé des : sylphes venait de mourir. Et
On l'en tira de force; on l'a mit.sur le bûcher, comme il s'ensuivrait de là que les esprits élé-
assise et liée avec des chaînes; on la couvrit de' mentaires étaient les faux dieux des païens, il
paille. Là elle jura beaucoup, repoussa la paille confirme cette conséquence en ajoutant que les
cinq ou; six fois.; mais enfin le feu monta el on démons sont trop malheureux et trop faibles pour
la perdit de vue. avoir jamais eu le pouvoir de se faire adorer ;
Voiture du diable. On vit pendant plusieurs mais qu'ils ont pu persuader aux hôtes des élé-
nuits, dans un faubourg de Paris, au commence- ments de se montrer aux hommes et de se luire
ment du dix-septième siècle, une voiture noire, dresser des temples; et que, parla domination
traînée par des chevaux noirs, conduite par un naturelle que chacun d'eux a sur l'élément qu'il
cocher également noir, qui passait au galop des habite, ils troublaient l'air cl la mer, ébranlaient
chevaux, sans faire le moindre bruit. La voiture la terre et dispensaient les feux du ciel à leur
paraissait sortir tous les soirs de la maison d'un fantaisie : cle sorte qu'ils n'avaient pas grand'-
seigneur mort depuis peu. Le peuple se persuada peinë à êlre pris pour des divinités.
que ce ne pouvait être que la voilure du diable Le comte Arigo bel Missere (Henri le bel Mis-
qui emportait le corps. On reconnut par la suite sere) mourut vers l'an 1000. 11avait combattu
que celle jonglerie était l'ouvrage d'un fripon, les Maures qui envahissaient la Corse. Une tra-
qui voulait avoir à bon compte la maison du gen- dition prétend qu'à sa mort une voix s'entendit
tilhomme. U avait allàché des feulres autour des clans l'air, qui chantait ces paroles prophétiques :
roues de la voilure el sous les pieds des chevaux,
È mprto il conte Arigo bel Missere,
pour donner à sa promenade nocturne l'appa- E Corsica sarà di maie in peggio 2.
rence d'une oeuvre magique.
Saint Clément d'Alexandrie raconte qu'en
n'eût écrit celte déclaration préliminaire. M. de Be-
zons la questionna sur ce qu'elle avait demandé à la Perse, vers la région des mages, on voyait trois
Voisin. Elle répondit « qu'elle l'avait priée de lui faire montagnes, plantées au milieu d'une large cam-
voir des sibylles » ; el après huit ou dix autres ques- pagne, distantes également l'une de l'autre. En
tions d'aussi peu d'importance, sur lesquelles elle approchant de la première, on entendait comme
répondit toujours en se moquant, M. de Bezons lui des voix confuses cle plusieurs personnes qui se
dit qu'elle pouvait s'en aller. M. de Vendômelui don-
nait la main, sur le seuil de la porte de celle cham-
bre, elle s'écria « qu'elle n'avait jamais ouï dire tant 1 Eusèbo, après Plularque.
de sottises d'un ton si grave ». 2 Prosper Mérimée, Colomba.
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battaient; près de la seconde, le bruit était plus mèrent ses agitations; bientôt elle fut en état de
graiid ; et à la troisième, c'étaient des fracas reprendre ses travaux ordinaires 1.
d'allégresse, comme d'un grand nombre de gerts Vols,ou Voust, de vultus, figure, effigie. On
qui se réjouissaient. Le même auteur dit avoir appelait ainsi autrefois une image de cire, au
appris d'anciens historiens que , dans la Grande- moyen de laquelle on se proposait de faire périr
Bretagne, on entend au pied d'une montagne des ceux qu'on haïssait; ce .qui s'appelait envoûter.
sons de cymbales et de cloches qui carillonnent La principale formalité de l'envoûtement consis-
en mesure. tait à mode'er, soit en cire, soit en argile, l'effi-
Il y a, dit-on, en Afrique, dans certaines fa- gie de ceux à qui On voulait mal. Si l'on perçait
milles, des sorcières qui ensorcellent parla voix la figurine, l'envoûté qu'elle représentait était
et. la langue, et font périr les blés, les animaux lésé dans la partie correspondante de sa per-
et lès hommes,dont elles parlent, même pour en sonne. Si on la faisait dessécher ou fondre au
dire du bien. — En Bretagne, leinugissemënt loin- feu, il dépérissait et ne lardait pas à mourir.
tain de la nier, le sifflement des vents, entendu Eilguerrand de Marigny fut accusé d'avoir
dans l'a nuit, sont la voix d'un noyé qUi demande voulu envoûter Louis X. L'un des griefs de Léo-
un tombeau'. nora Galigaï fut qu'elle gardait de petites.figures
Volac, grand président aux enfers ; il appa- de cire dans de petits cercueils. En envoûtant,
raît sous la forme d'un enfant" avec des ailes on prononçait des paroles et on pratiquait des
cérémonies qui Ont varié. Ce sortilège remonte
à une haute antiquité. Platon le mentionne dans
ses Lois : « Il est inutile, dit-il, d'entreprendre
de prouvera certains esprits fortement prévenus
qu'ils ne doivent point s'inquiéter des petites
figures de cire qu'on aurait mises ou à leur porte,
ou dans les carrefours, ou sur le tombeau de
leurs ancêtres, et de les exhorter à les mépri-
ser, parce qu'ils ont une foi confuse à la vé-
rité de ces maléfices. — Celui qui se sert de
charmes, d'enchantements et de tous autres
maléfices de cette nature, à dessein de nuire
par de tels prestiges, s'il est devin ou versé
dans l'art d'observer les prodiges, qu'il meure!
Si, n'ayant aucune connaissance de ces arts, il
est convaincu d'avoir usé de maléfices, le tri-
bunal décidera ce qu'il doit souffrir dans sa
personne ou dans ses biens. » (Traduction de
M. Cousin. )
. Ce qui est curieux, c'est qu'on a retrouvé la
'
d'ange, monté sur un dragon à deux fêtes. 11 même superstition chez les naturels du nou-
connaît la demeure des planètes et la retraite veau monde. Le père Charlevoix raconte que
des serpents. Trente légions lui obéissent 2. les Illinois .font de petits inarmousets pour re-
Volet (Marie). Vers l'année 1691, une jeune présenter ceux dont ils veulent abréger les jours,
fille, de ia paroisse de Pouillat en Bresse, au- et qu'ils les percent au coeur. Voy. ENVOÛTEMENT..
près de Bourg, se prétendit possédée. Elle pous- Volta. C'est une ancienne tradition de l'Élru-
sait des cris que l'on prit pour de l'hébreu. L'as- rie
que les campagnes furent désolées par un
pect des reliques, l'eau bénite,; la vue d'un monstre appelé Voila. Porsenna fit: tomber la
prêtre, la faisaient tomber en convulsions. Un foudre sur lui. Lucius.Pison, l'un des plus braves
chanoine de Lyon consulta un médecin sur ce auteurs de l'antiquité, assure qu'avant lui Numa
qu'il y avait à faire. Le médecin visita la possé- avait fait usage du même moyen, el que Tulhis
dée; il prétendit qu'elle avait un levain corrompu Hostilius, l'ayant imité sans être suffisamment
dans l'estomac, que les humeurs cacochymes de instruit, fut frappé de ladite foudre^...
la masse du sang et l'exallalion d'un acide vio- Voltaire. L'abbé Fiard, Thomas, madame de
lent sur les autres parties qui le composent étaient Staël et d'autres têtes sensées le mettent au
l'explication naturelle de l'état de maladie de nombre des démons incarnés.
celle fille. Marie Volet fut envoyée aux eaux mi- Voltigeur hollandais. Les marins cle toutes
nérales; le grand air, la défense de lui parler du les nations croient à l'existence d'un bâtiment
diable et de l'enfer, et 'sans doute le retour de hollandais dont l'équipage est condamné par la
quelque paix dans sa conscience troublée, cal- - M. Garinot, Histoire de la magie en France,
1 Cambry, Voyagedans le Fi7iistère. p. 2285.
2 Wierus, in Pseudom. doem. Pline, liv, H, cli. xxxm,
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justice divine, pour crime de pirateries et de pure vérité, qu'étant un jour ou plutôt une nuit
cruautés abominables, à errer sur les mers jus- dans les parages du cap de Bonne-Espérance, un
qu'à la fin des siècles. On considère sa ren- malavisé de mousse jeta pardessus bord un chat,
contre comme un funeste présage. Un écrivain vivant qu'il avait pris en grippé, el qu'aussitôt,
de nos jours, a fort bien décrit celle croyance comme cela ne pouvait manquer d'arriver, un
dans une scène 'maritime que nous transcrivons : affreux coup de vent assaillit le navire, lequel,
« Mon vieux père m'a souvent raconté, lors- ne pouvant supporter une seule aune de toile,
que, tout petit, il me berçait dans ses bras, pour fut obligé de fuir à sec devant la bourrasque,
m'àceoutumer au roulis, et il jurait que c'était la avec la vitesse d'au moins douze noeuds.
» Ils étaient dans cette position, lorsque, vers » J'avais-oublié de vous dire, continua le nar-
minuit, ils virent tout à coup, à leur grand élon- rateur en baissant la ..voix:,-.-tandisque; ses audi-
nernent, un'bâtiment de construction étrangère teurs terrifiés se serraient'de plus en -plus; les
courir droit clans le lit du vent, qui élait cepen- uns contre les autres, qu'aussitôt que J'éppuyan-
dant alors d'ans's'a plus grande violence. Pendant lable apparition "eut posé les pieds sur le pont,
qu'ils examinaient ce singulier navire, dont les toutes les lumières s'étaient éteintes, même celle
voiles pendaient en-lambeaux, et dont les oeu- qui éclairait la boussole dans l'habitacle, et qu'au
vres mortes étaient recouvertes d'une épaisse même instant aussi, chose non moins étrange, le
couche de coquillageset d'herbes marines, comme navire commença,à marcher à reculons, avec une
s'il n'eût pas été nelloyé depuis de longues an- étonnante rapidité, contre le vent et les vagues,
tandis que des milliers de petites flammes
se jouaient dans les cordages, et jetaient
une étrange lueur sur les visages des ma-
telots frappés de terreur.
» — Au nom de Dieu tout-puissant, je
l'ordonne de quitter mon bord! s'écria
enfin le capitaine, eu s'adrossant au spec-
tre. A peine ces mots eurent-ils été pro-
noncés, qu'un cri long el aigu, tel que
mille voix humaines n'auraient pu en
nées, il s'en détacha une barque qui produire un semblable, domina le uruii ne la
semblait plutôt voler que flotter sur tempête, qu'un horrible coup de tonnerre ébranla
cette mer orageuse; laquelle ayant le bâtiment jusqu'à sa quille... »
bien accosté, il en sortit un homme Le navire eut le bonheur d'échapper; ce qui
ayant la barbe longue, le teint pale est rare.
et les yeux fixes et creux comme ceux On dit encore que ceux qui ont reçu leslettres
d'un cadavre. Glissant sur la lissé et que les matelots-fantômes du navire appelé le
puis sur le pont, sans taire le moindre Voltigeur hollandais envoyaient à leurs parents
bruit, comme si c'eût été une ombre, il alla se el amis ont vu qu'elles étaient adressées à
placer au pied du mal d'artimon, et engagea, des personnes qui n'existent plus depuis des
en pleurant, les matelots à recevoir un pa- siècles.
quet de lettres qu'il tenait dans sa main osseuse Vondel, poète hollandais célèbre, auteur du
comme celie d'un squelette, ce que le capitaine drame de Lucifer.
leur fit signe de refuser. Vouivre. Voy. WIVRE.
VOY 698 WAK
Voyages des sorcières.. Si elles vont au Vue. Il y a des sorcières qui tuent par leur
sabbat portées par un bouc ou par un mouton regard; mais, en Ecosse, beaucoup cle femmes
.noir ou-par un démon, dans leurs autres excur- ont ce qu'on appelle la seconde vue, c'est-à-dire
sions elles ne-voyagent généralement'qu'à che- le don de prévoir l'avenir et de l'expliquer, et de
val sur un manche à balais. connaître par une mystérieuse intuition ce qui se
Vroucolacas ou Broucolàques. F. VAMPIRES.passe au loin. Voy. YEUX,.
Waeter-Elves (fées des eaux). On les trouve elle-même, la tourmentait, lui faisait éptouver
dans les récils des marins, qui croient se les de vives douleurs, el il était en même temps un
rendre favorables en leur sifflant des airs mono- obstacle au commencement immédiat du Mille-
tones. nium. Il était,à Craindre qu'il la fît mourir..., ce
Wakeman (Rhoda),'. illuminée quia-fait grand qui-amènerait de suite le jugement dernier, sans
bruit à New-Haven, il y a quelques années. Elle aucune espèce de- Millenium!
se disait envoyée de Dieu sur la terre pour an- » Voilà' la folie ; voici comment elle a pu
noncer la venue prochaine du Christ, et y ouvrir s'exalter jusqu'au crime,
le Millenium. Elle se vantait de recevoir quel- » On. est parvenu à persuader à Malhews qu'il
quefois la Visite du Saint-Esprit, et d'être hono- fallait, par tous.les moyens possibles, faire sortir
rée de temps en temps des révélations de Dieu, ce malin esprit de son. corps. Il se rendit donc un
Ces prétentions, disent les journaux qui nous gui- dimanche soir chez la vieille Wakeman, afin de
dent, ne lui.ont encore attiré, quoiqu'elle prêche se soumettre à tout ce que pourraient tenter les
en Amérique, que dix à douze disciples, mais adeptes de cette singulière croyance. 11y arriva
quels disciples!... Suivons.mainlenant les feuilles vers onze heures et y trouva, qui attendaient son
"publiques : arrivée, d'abord la vieille prophétesse, puis les
époux Sanforcl, qui sont son beau-frère et sa
soeur; Julia Davis, soeur de Sanforcl; Abigail-
Sables ; un homme de couleur nommé Josiah
Jackson, Hersey, Wopding et Samuel SIy, frère
utérin de la femme Wakeman. Ils étaient tous en
prières quand il arriva.
. » Sa soeur, la femme Sanford, vint au-devant
de lui et le conduisit dans une autre chambre
dans laquelle on avait préparé du feu pour le re-
cevoir. Il s'assit, ôta ses boites pour se chauffer,
et une longue conversation s'engagea entre lui
et sa soeur sur l'objet de sa visite; il exprima,un
ardent désir d'être débarrasse de l'esprit malin
cpii l'obsédait et qui agissait sur les autres, et
nolammentsur la digne mislress Wakeman. Il se
laissa bander les yeux avec un mouchoir, et at-
tacher les niains derrière le dos avec une petile
corde. Cetle double opération fut faite par sa
soeur, qui lui dit que c'était afin d'avoir plus de
' Voyages.(les
sorcières. pouvoir sur l'esprit et d'empêcher Malhews d'o-
pérer des enchantements par les yeux. On le
« La pelite congrégation a l'habitude de se laissa dans cette siluaLion jusque vers deux heures
réunir pour prier et pour divaguer chez la pro- chrmafin, et pendant ce temps il reçut la visite
phétesse Wakeman. Malhcws élait un des adeptes de plusieurs de ses coreligionnaires, qui venaient
les plus fervents de celte église; toutefois, on |e supplier de faire déguerpir l'esprit malin.
avait remarqué que, depuis quelque temps, il » De temps en temps on lui criait de la chambre
était moins assidu aux réunions, et la femme Wa- du haut, où se tenail le cénacle, que Yesprit ob-
keman lui avait persuadé qu'il élait possédé de sédait la femme Wakeman, qu'il la frappait, et
l'esprit malin, du vieil homme.dont parle l'Écri- que, s'il ne le chassait pas, Yesprit allait la tuer.
ture. Cet esprit, disait-elle, agissait aussi sur On lui disait aussi qu'il vaudrait mieux qu'il
-WAK 699 WAL
mourût, si l'on ne pouvait en venir-à bout d'une moyen avec une infusion d'écorce de coudrier et
autre manière, et s'il n'y avait que ce moyen cle d'aune dans du thé. Le bâton qu'il s'est procuré
conjurer la mort de la femme Wakeman et la a un pouce de diamètre et un pied etdemi de Ion-;
venue immédiate du jugement dernier. Quelques gueur. II l'avait placé dans la chambre voisine de
témoins ont déclaré que Mathews aurait dit qu'il celle où était Mathews. Jackson et miss Hersey
consentait volontiers à faire le sacrifice de sa vie. étaient là quand il est venu prendre cette arme.
» Les prières se continuèrent encore pendant • » Quand il a
compris que Sanford et sa femme
une heure. Sanford et sa femme visitèrent encore se disposaient à emmener Mathews, il est rentré
une fois Mathews ; Wooding et Sly étaient avec dans la chambre, dont il a fermé la porte. Il s'est
eux. A ce moment, Jackson cria du haut de l'es- approché de Mathews, qui avait toujours les yeux
calier que si l'on n'emmenait pas Malhews, l'es- bandés et les mains,liées, et lui a porté sur la
prit malin allait certainement tuer la femme Wa- tempe droite un coup de bâton si violent qu'il l'a
keman. Les quatre visiteurs quittèrent aussitôt la renversé de sa chaise sur le parquet. Il a conti-
chambre, Sanford et sa femme remontant l'es- nué aie frapper; puis, tirant son couteau de sa
calier "pour prendre leurs effets, dans l'intention poche, il lui a fait les. blessures du cou. Malhews
de redescendre pour ramener Mathews chez lui, a crié, mais il n'a pas prononcé une parole après
Wooding et Sly entrant dans une chambre con- le premier coup porté. Sly, prenant alors la ..four-
tiguë à celle où était resté, Malhews. chette dont il a été parlé, lui a fait ensuite les
» 11s'était à peine écoulé quelques minutes, blessures constatées au ventre.. Il dit qu'il n'avait
quand on entendit en haut des cris et le bruit d'abord l'intention d'user que de son bâton,
cl'uhe lutte partant de la chambré du bas. San- mais qu'ensuite il a été poussé par-Une influence
ford, sa femme et mistress Davis Se précipitèrent qu'il ignore à se servir de son couteau et de la
vers cette chambre, dontils trouvèrent la porte fourchette. • '••'''•..
fermée à l'intérieur; ils tentèrent de l'enfoncer ,» Il est resté là, renfermé pendant une demi-
et ne purent y réussir. À ce moment Wooding et heure , après laquelle il est rentré dans l'autre
Sly ne furent vus par personne en dehors de chambre, où était miss Hersey; il tenait d'une
cette chambre. main son bâton sanglant, et uiielumiëre de l'autre
» Sanford partit de suite pour Hamden, rési- main. C'est devant elle qu'il a lavé ses mains, et
dence de la famille Mathews, et il revint le matin qu'il a arraché et brûle, les manches de sa che-
avec le fils de ce malheureux fanatique. Ils pé- mise , qui étaient ensanglantées. Il a ensuite brisé
nétrèrent dans la chambre, sans difficulté celle en trois morceaux le bâlôn dont il s'était servi et
fois-;,ils y trouvèrent Mathews étendu sur le par- il a jeté ces morceaux., avec son couteau, dans
quet, le cou horriblement coupé, déchiqueté par les lieux d'aisances. » .
cinq 011six blessures béantes, et le ventre percé Nous ne savons pas quel jugement a couronné
de douze autres blessures qui paraissaient avoir celle procédure.
été faites avec une fourchette qu'on'retrouva sur Walhalla, Paradis des guerriers chez tes an-
la table. Une large mare de sang couvrait le mi- ciens Scandinaves. Pour y entrer, il fallait être
lieu de la chambre, dont la porte principale était mort en combattant. On y buvait de la bière forte
encore fermée à l'aide de coins de bois placés dans une coupe qui ne se vidait jamais. On y
dans le loquet. mangeait des grillades d'un sanglier vivant, qui
» La police fut immédiatement avertie, et Iqus se prêtait à la chose et qui était toujours;entier.
les habitants de cette funeste maison furent ar- Walkiries, fées des Scandinaves. Elles ont,
rêtés. comme la mythologie dont elles; dépendent, un ca-
»'Voici le résumé des aveux qui ont été faits ractère très-sauvage. Voy. VADE.
par Sly devant le jury d'enquête. Wall., grand et puissant duc du sombre
» Il a commencé par déclarer qu'il élait seul empire; il a la forme d'un dromadaire haut et
coupable du meurtre de Malhews. Cependant, terrible; s'il prend figure humaine, il parlé
vers la fin de ses déclarations, il a semblé dési- Égyptien ; il conaît le présent, le passé et l'avenir ;
gner Jackson et miss Hersey comme l'ayant as- il élait de l'ordre des puissances. Trenle-six lé-
sisté et s'étant rendus ses complices. gions sonl sous ses ordres.
» irraconte que sa soeur, la femme Wakeman, Walter. Jacques 1", roi d'Ecosse, fut massacré
souffrait tellement de Yesprit ou du pouvoir qui de nuit, dans son lit, par son oncle Walter, que
était en Mathews, qu'il a pensé, lui, qu'il y avait les historiens français-ont appelé Gauthier, et
quelque chose à faire pour l'en délivrer. A cet qui voulait monter sur le trône. Mais ce traître
égard, il s'est consulté avec Jackson sur l'effet reçut à Edimbourg le prix de son crime ; car il
probable que produirait sur Mathews un bâton fut exposé sur un pilier, et là, devant tout le
de coudrier, et il s'en était procuré un depuis monde, on lui mit sur la têle une couronne de fer
quelques jours, dans la prévision qu'une opéra- qu'on avait fait rougir dans un grand feu, avec
tion de ce genre deviendrait nécessaire. Il pen- cette inscription : Le roi des traîtres. Un astro-
sait dissiper l'enchantement en combinant ce logue lui avait promis qu'il serait couronné pu-
WAL 700 WIE
publiquement, dans une grande assemblée de La quatrième et la cinquième lettre sont con-
peuple... sacrées aux fées.
Wâlter-Scott. L'illustre romancier a publié La sixième lettre traite principalement des es-
sur la démonologie et les sorciers un recueil de prils familiers, dontle plus illustre était le célèbre
lettres qui expliquent et qui éclairassent cer- Puck ou Robin Goodfellow, qui chez les sylphes
taines particularités mytérieuses, croyances et jouait en quelque sorte le rôle de fou ou de
traditions populaires dont il a fait usage si sou- bouffon de la compagnie. Ses plaisanteries étaient
vent el si heureusement, dans ses romans célè- du comique à la fois le plus simple et le plus
bres. 11est fâcheux que les opinions religieuses saugrenu : égarer un paysan qui se rendait chez
de l'auteur anlicatholicjUë aient déteint dans son lui, prendre la forme d'un singe afin défaire
esprit un peu trop de scepticisme. Il est trop en- tomber une vieille commère sur son" derrière,
clin à ne voir clans les matières qui .'font le lorsqu'elle croyait s'asseoir sur une chaise, étaient
sujet de ses lettres que les aspects poétiques; et ses principales jouissances. S'il se prêtai Là faire
s'il est agréable de le suivre dans des recherches quelque travail pour les gens de la maison pen-
piquantes, il faut recommander.de le lire', avec dant leur sommeil, c'était à condition qu'on lui
toute réserve-, Car il est là, comme clans ses ro- donnerait un déjeuner délicat.
mans, opposé en. toute occasion à l'Église ro- La septième, la huitième et la neuvième lettre
maine. s'occupent des sorciers et de la sorcellerie. La
dernière est consacrée aux devins el aux reve-
nants.'Tout ce dictionnaire est parsemé de faits
et de docuihehts polir lesquels nous avons puisé
el cité en leur lieu tout ce -qui, dans ce livre-de
démonologie •'peut;intéresser le lecteur.
"- Wâttier au dix-septième
(Pïérrej.ila-publié,
siècle, la Doctrine et interprétation des songes,
comme traduite de l'arabe de Gabdorrhaman,
fils de Nosar; in-12, Paris, 166/j.
Wechselbalcj- La wechselbalg est, dans l'île
de Man, une fée ou un lutin qui mange tout ce
qui se trouve sous sa" -main clans les maisons qu'il
ou qu'elle hante. "
: Welz
(André), bourgeois de Dottingen, don!
la maison, en 1689, fut hantée par un esprit
frappeur. 11 se montra une fois en oiseau gris,
une autre fois en vieille femme laide, une autre
fois en chat et fit divers tours.
Wall. Wenham (Jane), Anglaise qui se tuait à.se
faire passer pour sorcière au commencement du
Dans la première lettre, il établit que le dogme dix-huitième siècle. On l'amena au juge Powel,
incontestable d'une âme immatérielle a suffi pour qui élait un homme éclairé. Des lémoins étaient
accréditer la croyance aux apparitions. là .qui juraient l'avoir vue voler en. l'air. Jeanne
Dans la deuxième, il s'arrête à la tradition- du se gardait bien de les démentir. Le juge lui de-
péché originel ; il y trouve la source des com- manda s'il était vrai qu'elle eût ce pouvoir, et
munications de l'homme avec les esprits. II re- la pauvre femme en convint naïvement. — Eh
connaît que lès sorciers et magiciens, condamnés bien, dit Powel, je ne vois rien dans la loi qui
par la loi de Moïse, méritaient la mort, comme vous empêche de vous donner ce plaisir. Allez-
imposteurs, comme empoisonneurs, comme apos- vous-en à vos affaires; et Jeanne Wenham se
tats; et il remarque avec raison qu'on ne voyait retira triste cle voir tomber sa réputation do
pas chez les Juifs et chez les anciens, dans ce sorcière.
qu'on appelait un magicien ou un devin, ce que Wesley, fondateur de la secte dos métho-
nous voyons dans les sorciers du moyen âge, sur distes. Sa maison fut visitée aussi par un esprit
lesquels, au reste, nous ne sommes encore qu'à frappeur. Il se montra un jour sous la forme d'un
demi éclairés. basset, un autre jour sous celle d'un petit lapin,
' La troisième lettre est consacrée à l'étude
de qui disparut lorsqu'on voulut le toucher avec des
la démonologie et des sorciers chez les Romains, pincettes.
chez les Celtes et chez les différents peuples du Wiclef. On croit qu'il fut étranglé par le
Nord. Les superstitions des anciens Celles subsis- diable.
tent encore en divers lieux, dit l'auteur, et les Wierus ou Wier (Jean), célèbre déinono-
campagnards les observent sans songer à leur graphe brabançon, élève d'Agrippa, qu'il a dé-
origine. fendu dans ses écrits. On lui doit les cinq livres
WIL 701 — WIV
Des prestiges des démons, traduits en français même écrivain qui a publié un traité curieux des
sous ce tilre : Cinq livres de l'imposture et trom- lamies et l'inventaire de la fausse .monarchie de
perie des diables, des enchantements el sorcelle- Satan (Pseudomonarchia Doemonum), où nous
ries, pris du latin de Jean Wier, médecin du avons trouvé de bonnes désignations sur presque
duc de Clèves, et faits français par Jacques Gre- tous les-esprits de ténèbres cités daus ce dic-
vin, de Clerniont. Paris, in-8°, 1569. tionnaire.
L'ouvrage de Wierus est plein dé crédulité, Wilis. Dans quelques contrées de l'Allemagne,
d'idées bizarres, dé contes populaires, d'imagi- toute fiancée qui meurt avant le mariage, « pour
nalions, et riche de connaissances. C'est ce peu que de soii vivant elle ait un peu trop aimé
la danse, devient après sa mort une wili, c'est- nous perds tous les deux!... » 11 protesta qu'il
à-dire un fantôme blanc el diaphane, qui s'aban- n'avait jamais élé au sabbat. Néanmoins, on
donne chaque nuit à la danse d'oulre-lombe. prononça son arrêt, parce qu'il y avait cinq
Celte danse des morts ne ressemble en rien à la personnes qui le chargeaient; que d'ailleurs sa
danse terrestre : elle est calme, grave, silen- mère avait été suspecte, ainsi que son frère, et
cieuse ; le pied effleure à peine la fleur chargée que beaucoup de méfaits avaient été commis par
cle rosée. La lune éclaire de son pâle rayon ces lui.
ébats solennels : tant que la nuit est au ciel et Gomme il fut démontré que l'enfant ne parti-
sur la terre, la ronde poursuit son chemin dans cipait pas à la sorcellerie, il fut élargi \
les bois, sur les montagnes, sur le bord des Wivre, nunslre du moyen âge, à qui on a,
lacs bleus. Avez-vous rencontré, à la fin d'une donné des formes fantastiques.
pénible journée de voyage, quand vous allez au «Sur le plateau de Haute-Pierre, clans la
hasard loin des chemins tracés, ces flammes Franche-Comté, on a vu quelquefois passer une
isolées qui s'en vont çà et,là à travers les joncs autre Mélusine, un êlre moitié femme et moitié
des marécages? Malheureux voyageur, prenez serpent. C'est la wivre; elle n'a point d'yeux,
garde! ce sont les wilis qui-dansent, c'est la mais elle porte au front une escarboucle qui la
ronde infernale qui vous provoque de ses fasci- guide comme un rayon lumineux le jour el la
nations puissantes. Prenez garde, n'allez pas nuit. Lorsqu'elle va se baigner dans les rivières,
plus loin, ou vous êtes perdu. Les wilis, ajoute elle est obligée de déposer celle escarboucle à
Jules Janin, que nous copions ici, sautent jus- terre, et si l'on pouvait s'en emparer, on com-
qu'à l'extinction complète de leur partner mor- manderait à tous les génies; on pourrait se faire
tel. » Voy. GouniLS. apporter tous les trésors enfouis dans les lianes
Wiulmeroz (Guillaume), sorcier en Franche- des montagnes. Mais il n'est pas prudent de lén-
Comté, vers l'an 1600. Son fils, âgé de douze
ans, lui reprocha d'avoir été au sabbat et de l'y j
- M. Garincl, Histoire de la magie en France,
avoir mené. Le père, indigné, s'écria : a Tu |p.'4G4.
WOD 702 — Ml
ter l'aventure; car, au moindre bruit, la wivre moire vitrée, une immense quantité de petites
s'élance au dehors de la rivière, et malheur à fioles de diverses dimensions, les unes pleines
celui qu'elle rencontre! Un pauvre homme cle et les autres vides, et portant sur leurs étiquettes
Mouslier, qui l'avait suivie un jour de très-loin, les noms et demeures de personnages-habitant
et qui l'avait vue déposer son escarboucle au les différents ÉlaLs de l'Union. Il y en avait aussi
bord de la Loue et plonger ses écailles de ser- du Canada, des Antilles et du Mexique. Voici
pent dans la rivière, s'approcha avec précaution quel en;était l'usage : le Docteur noir se vantail
du bienheureux talisman ; mais à l'instant où il de découvrir le diagnostic de toutes les maladies
étendait déjà la main pour le saisir,, la wivre, par des émanations des consultants, à quelque
qui l'avait entendu, s'élance sur lui, le jette par dislance qu'ils fussent de lui-..Le malade devait
terre, lui déchire le sein avec ses ongles, lui tremper son doigt pendant.une heure dans Une
serre la gorge pour l'étouffer; et si ce n'était fiole remplie de l'eau la plus pure, et lui envoyer
que le malheureux avait reçu le matin même la ensuite cette fiole soigneusement bouchée. L'eau,
communion à l'église de Lods, il serait infailli- se trouvant ainsi imprégnée des sueurs du ma-
blement mort,sous les coups de cette méchante lade, était soumise à une analyse chimique. Le
wivre; mais il rentra chez lui le visage et le Docteur noir, sans autre indication, répondait
corps tout meurtris, se promettant bien de ne au malade qu'il était attaqué ou menacé de
1
plus courir après l'escarboucle *. » plithisie, de péripneumonie, de goutte, de rhu-
Woden, dieu suprême des anciens.Germains, matisme, etc., el il faisait ses prescriptions en
le même qu'Odin. On laissait dans les moissons conséquence. Quand il rencontrait juste, on
des épis pour,ses chevaux, et dans les bois du était émerveillé de sa science profonde, et l'on
gibier pour sa chasse. Les chercheurs ont trouvé demandait une consultation nouvelle, payée
que Woden, dont les races germaniques ont plus cher que la première. Les registres du doc-
fait God, en se convertissant au christianisme, teiir ont constaté-qu'il avait répondu avec les
a de l'analogie avec le Bouddha des Indiens 2. plus grands détails à un grand nombre de ses
Wolotys, monstres épouvantables qui, selon malades, sans prendre la peine d'analyser leurs
le récit cle Lomonosoff, étaient chez les Slavons émanations, car les fioles étaient encore hermé-
comme les géants chez les Grecs. tiquement fermées.
Woodward. Un médecin empirique, James - Wortigern, roi d'Angleterre. Voy. MERLIN.
Woodward, surnommé le Docteur noir à cause Wulson de la Colombière (Marc). On lui
de son teint, est mort en 1844 à Cincinnati, doit le Palais des curieux, où, entre autres su-
laissant une fortune considérable. On a été sur- jets , il est question des songes, avec un traité
pris de trouver chez lui, dans une grande ar- de la physionomie. Orléans, 1660.
Xacca, philosophe indien, né à Sica, mille Xaphan, démon du second ordre. Quand Sa-
ans avant noire ère, el regardé par les Japonais tan et ses anges se révoltèrent contre Dieu,
comme leur législateur. Il leur persuada que, Xaphan se joignit aux mécontents, et il en fut
pour gagner le ciel, il suffisait de prononcer bien reçu, car il avait l'esprit inventif. Il pro-
souvent ces mots : nama, mio, foren, qui, quio. posa aux rebelles de mettre le feu dans le ciel;
Jusqu'ici, aucun interprète n'a pu deviner le mais il fut précipité avec les autres au fond de
sens de ces paroles. Ce fut Xacca qui introduisit l'abîme, où il est continuellement occupé à souf-
au Japon le culte d'Amidas 5. fler la braise des fourneaux avec sa bouche et ses
1 Xavier Marmier, Souvenirs de mains. Il a pour emblème un soufflet.
voyages et- tradi-
tions populaires, p. 72. Xeirscopie. Voici sur ce sujet de charmants
2 Voyez M. Ozanam, Recherchessur rétablissement extraits d'un spirituel écrit de M. Munier des
du christianisme en Allemagne. Closeaux ;
3 II parait, d'après la description que les
disciples « Xeirscopie, de xeir, main, et scopeô, j'exa-
d'Amidas, idole japonaise, font de ce dieu, que c'est
l'Etre suprême ; car dans leur idée c'est une substance mine. Les lecteurs sont priés de supposer que
indivisible, incorporelle, immuable, distincte de tous les deux mots xeir et scopeô sont écrits en langue
les éléments. Il existait avant la nature ; il est la source grecque, ainsi qu'ils ont droit de l'être; nous
et le fondement de tonI. bien, sans commencement avons mille raisons pour les écrire en lettres
et sans fin, infini, immense, et créateur de l'univers.
Il est représenté sur un autel, montant un choval à cercle d'or qu'il mord. Cet emblème a beaucoup d'a-
sept tôles, hiéroglyphe de sept mille ans, avec une nalogie avec le cercle égyptien, que l'on regarde
tôle de chien, et tenant dans ses mains un anneau en comme un emblème du temps.
XEI — 703 XEI
ordinaires; la première et la meilleure de ces les académies d'Allemagne et de plusieurs autres
mille raisons, c'est celle qui fail qu'on ne lire sociétés savantes. Après cela, croyez si vous
pas le canon dans les villes qui n'ont pas de voulez. Au fait, nous ne voyons pas pourquoi
canons. des passions qui se trahissent sur la boîte osseuse
» La signification positive de xcirscojûe est qui leur sert de domicile ne viendraient pas
donc examende la main; mais il en est du mot aussi révéler leur existence par quelques modi-
xeirscopie comme du mot cranioscopie, qui signifié fications dans la conformation de l'organe qui
proprement examen, inspection du crâne, et leur sert d'agent principal et plus habituel. \.
qui, par extension, veut dire aussi art de re-
connaître le développement des parties du cer-
veau, des organes particuliers, ou des conditions
matérielles de l'intelligence,' d'après la configu-
ration extérieure du crâne. Xeirscopie ne veut
pas dire seulement exanien, inspection de la
main ; il signifie encore l'art de connaître le ca-
ractère des hommes d'après la conformation dô
leur main.
Yaga-Baba, monstre décrit dans les vieux s'entretint, à Ispahan, avec des adorateurs.du
contes russes sous lès traits d'une femme hor- feu, sectateurs de Zoroaslre; nous leur donnons
rible à voir, d'une grandeur démesurée,de la le noni de Guèbres, ils s'appellent entre eux
forme d'un squelette, avec des pieds décharnés, Bedhin- Ils adorent un dieu unique qu'ils.dé-
tenant en main Une massue de fer, avec laquelle signent par le nmtd'Yesdoon-Urmuzd (Ormusd)
elle fait rouler la machine qui la porte (espèce et auquel ils attribuent.-mille;, et-un noms; (ce
de vélocipède). Elle paraît remplir l'emploi de nombre, de 1,001 a toujours passé en. Orient
Belloné ou cle quelque autre divinité infernale. comme doué d'une vertu mystique) ; ils rendent
Yakouts. Voy. MÀNGTAAU. de plus un culte à trois anges qui protègent l'un
Yan-gant-y-tan, espèce de démon qui cir- le feu, l'autre Pe.au.-,le troisième les arbres et les
cule la nuit dansle Finistère. Il porte cinq chan- moissons, Ils entretiennent, avec du.bpis d'alpès
et cle santal, un feu constamment allumé et dont
ils n'approchent qu'avec,une extrême vénération.
Une de leurs légendes raconte que Zoroastre, en-
tra dans un brasier ardent, s'y promena.tout à
son aise, y coucha, y dormit,; en sortit frais
comme un homme qui vient de se plonger dans
les flots'limpides d'un torrent, .
Ces sectaires prétendent être en possession du
livre Yashd, dont voici la propriété : celui qui se
sert de ce livre pour faire ses prières meurt, il
est vrai, tout comme un autre, mais, après son
trépas, son cadavre répand un parfum délicieux.
Les exemplaires, du livre.Yashd sont d'une rareté
insigne. Les Bedhin croient que le monde doit
finir par être réduit en cendres; ils avouent ne
pas savoir quand, mais ils n'ignorent point que
dès qu'il aura élé détruit, Dieu en refera un autre
et que cetle création nouvelle se reproduira dix-
huil.mille fois de suite. Un Bedhin reçoit à l'âge
de sept ans une ceinture qu'il ne doit jamais quit-
delles sur ses cinq doigts, et les tourne avec la ter une seule minute ; celte ceinture est garnie
rapidité d'un dévidoir. Sa rencontre est d'un cle quatre boulons-; c'est un emblème des quatre
mauvais, augure pour les Bretons. prières à faire par jour. Si sa maison devient la
Yasdh., Le même que Yesdhoon. proie d'un incendie, il se garde bien de faire
Ychain-bonawgs, boeufs monstres qui hantent quoi que ce soit pour essayer d'éteindre le feu;
les montagnes de l'Ecosse, que l'on ne voit jamais .il se prosterne et regarde brûleri.
et qui sont assez forts pour fendre au besoin leur Yermoloff, général russe contemporain, sa-
montagne et la déplacer. Leurs mugissements, vant très-spirituel. 11a placé clans ses Mélanges,
qu'on entend quelquefois, sonl épouvantables et qui sont charmants, un récit très-curieux d'une
font trembler les vitres à dix lieues. maison hantée, Celle maison est à Moscou.
Yen-vang, roi de l'enfer chez les Chinois. 11 Yeux. Boguet assure que les sorcières ont
exercedes châtiments terribles sur ceux qui n'ont
rien à lui offrir. 1 Mémoires et correspondance de WolIT, analysés
Yesdlioon. Le missionnaire hébraïsanl Wolff dans la Quotidienne.
4S5.
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deux prunelles dans un oeil. Lès sorcières illy- pas, un des plus proches parents est menacé de
rienries avaient la même singularité dans les cesser d'êtreJ.
deux yeux. Elles ensorcelaient mortellement Le mauvais oeil est un des* maléfices les plus
ceux qu'elles regardaient et tuaient ceux qu'elles reprochés aux gitanos ou bohémiens. Le docteur
fixaient longtemps. Géronimo d'Alcala en parle comme il suit :
Il y avait dans le Pont des sorcières qui avaient « Dans la langue des gitanos, querelar na-
deux prunelles dans un oeil et la figure d'un zula signifie jeter le mauvais oeil, c'est-à-dire
cheval dans l'autre. Il y avait en Italie des sor- rendre quelqu'un malade par la simple influence
cières qui, d'un seul regard, mangeaient le coeur du-regard. Les enfants sont surtout exposés à
des hommes et le dedans des concombres... On cette influence perfide. Une corne de cerf est
redoute beaucoup, dans quelques contrées de regardée comme un préservatif. On rencontre
l'Espagne, certains enchanteurs qui empoison- encore en Andalousie plus d'un enfant au cou
nent par les yeux. Un Espagnol avait l'oeil si duquel pend une petite corne montée en argent
malin qu'en regardant fixement les fenêtres et attachée à un cordon fait avec les crins d'une
d'une maison, ilfen cassait toutes les vitres. Un jument blanche. Heureusement, si les gitanos
autre, sans même y songer, tuait tous ceux sur peuvent, de leur propre aveu, jeter le mauvais
qui sa vue s'arijêtait. Le roi, qui en fut informé, oeil, ils ont aussi dans leur pharmacie le remède
fit venir cet enchanteur et lui ordonna de regar- du mal qu'ils font : quant à moi, je n'y aurais
der quelques criminels condamnés au dernier pas grande confiance ; ce remède, à ma connais-
supplice. L'empoisonneur obéit; les criminels sance, étant la même poudre qu'ils administrent
expiraient à mesure qu'il les fixait. Un troisième aux chevaux malades de la morve.
faisait assembler dans un champ toutes les poules » La superstition du mauvais oeil se retrouve
des environs, et sitôt qu'il avait fixé celle qu'on en Italie et en Allemagne ; mais elle vient origi-
lui désignait, elle n'était plus'. nairement d'Orient; les rabbins en parlent dans
Lés Écossais redoutent beaucoup, dans ce le Thalmud. Si vous vous trouvez avec des juifs
sens, ce qu'ils appellent le mauvais oeil. Parmi ou des mahométans, évitez de fixer trop long-
leurs superstitions les plus vulgaires, celle qui temps vos regards sur leurs enfants; ils croi-
attribue au regard de certaines personnes la fa- raient que vous voulez leur jeter le mauvais oeil.
culté de produire de fâcheux effets est la plus L'effet d.u-mauvais oeil est d'altérer d'abord les
généralement répandue. Dalyel raconte qu'il y a organes de la vision par lesquels il se commu-
peu d'années, un domestique de sa famille étant
mort de la petite vérole, la mère de ce dernier 1 Cambry, Voyage dans le Finistère, t. I, p. .170.
soutint qu'il avait péri victime d'un mauvais oeil. Il y a encore des gens qui, à l'heure qu'il est, cl
Il ajoute que, maintenant encore, il existe dans tout près de Paris, croient au mauvais oeil, aux don-
les plaines' une femme dont le regard, au dire neurs de sort, etc. Nous empruntons ce récit à un
de ses voisins, suffit pour aigrir le lait, rendre journal parisien : la nommée X..., fille d'un culti-
vateur des environs, en est un exemple; seulement
les chèvres stériles et quelquefois même pour cette pauvre fille se croit le don fatal de porter mal-
faire périr les troupeaux. Une cheville de fer heur a ceux qu'elle affectionne, et voici pourquoi :
rouillée peut seule détourner le maléfice." Les Il y à trois ans, la jeune paysanne était sur le point
de se marier avec un de ses cousins. Accordailles,
Irlandais ont des sorcières qui, par des contre-
dispenses, publications de bans, tout était fini, lors-
charmes, paralysent l'effet du mauvais oeil. que son fiance est atteint de la fièvre typhoïde, et
Dans le Péloponnèse, à peine le nouveau-né meurt en trois jours : premier deuil et en même
a-l-il vu le jour, que, la sage-femme le couvre temps premier doute sur la mauvaise chance attachée
à sa personne. Un an après, un autre prétendu se pré-
d'un voile et lui étend sur le front un peu de
sente, sa demande est accordée, les préparatifs se
boue prise au fond d'un vase où l'eau a long- font de nouveau, mais quatre jours avant celui fixé
temps séjourné. Elle espère ainsi éloigner de lui pour le mariage, il est frappé tout à coup d'aliénation
l'esprit malin, autrement dit mauvais oeil, dont mentale, on est obligé de l'enfermer, et six mois plus
tard il élait mort. « Décidément, se dil-on dans le
les Grecques croient voir partout la fu'ueste in-
pays, Marianne n'a pas de chance avec ses marieuxh
fluence. et il n'y eut désormais qne les moins poltrons pour
Un soldat, dans l'expédition du maréchal-Mai- oser la faire danser. Pourtant; comme Marianne esl
son, faisait des sauts de force, mangeait des très-jolie, il finit par se. présenter un troisième pré-
tendant, dont la demande est encore acceptée, cl
éloupes et rendait de la fumée par la bouche. celte demande était faite il y a trois mois. Celle fois
On le prit pour le mauvaisoeil ou esprit malin 2. encore ont lieu tous les préparatifs nécessaires ; épo-
On a prétendu que l'on devenait aveugle lors- que est prise pour un jour du mois d'avril; et le
qu'on regardait le basilic. Voy. ce mot. jeune homme part pour son pays, afin d'en ramener
certains parents qu'il désire avoir à sa noce; mais;
A Plouédern, près de Landerneau, dans la la veille de ce jour tant désiré- le père de Marianne
Bretagne, si l'oeil gauche d'un mort ne se ferme reçoit une lettre qui lui annonce la niort de son futur
gendre : le malheureux jeune homme était allé tirer
1 Voyagede Dumont,li\'. III. quelques lapins qu'il voulait rapporter, son fusil était
2 Mangeart, Souvenirs de la Morèe, '1830, parti à l'improvisle et l'avait atteint dans le côté
gauche; il était mort presque sur le coup.
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nique au cerveau. On prétend aussi que le mau- frappé des cornes d'une vache que l'on pensa
vais oeil jeté par une femme est plus funeste que être certainement une "sorcière convertie en
celui que vous jette, un homme. Voici comment icelle, laquelle se voulait venger de celte ma-
cette maladie, est traitée chez les juifs de Bar- nière de ce roi pour quelque tort qu'elle avait
barie : reçu de lui 1.
» Dès qu'ils se sentent frappés, ils envoient Yormoungandour, serpent monstrueux des
chercher le médecin le plus renommé pour celte mylhologies Scandinaves, tellement grand qu'il
espèce de cas. En arrivant, le docteur prend son peut entourer la terre de ses replis.
mouchoir ou sa ceinture, fait un noeud à chaque Youf (Marie-Anne), grosse paysanne qui se
bout, mesure trois palmes avec sa main gauche, fit traiter il y a quelques années par un sorCier,
fait un noeud à chaque mesure, et se ceint trois avec les circonstances que voici, qui se sont
fois la tête de la ceinture ou du mouchoir, en pro- exposées devant le tribunal correctionnel de
nonçant beraka ou bénédiction : Ben porat Josef, Saint-Lô.
ben porat ail ain (Joseph est un rameau fécond, Elle avait mal au genou; les médecins n'y
un rameau près, d'une source) ; puis il se remet à faisant rien, elle apprend qu'elle peut être gué-
mesurer la ceinture ou le mouchoir, et S'il trouve rie par un sorcier d'Ecramville nommé Lebrun.
trois palmes et demie au lieu, de trois qu'il a me- Elle va trouver Marie Ledezert, qui est l'inter-
surées auparavant, il pourra'voiis nommer la per- médiaire habituelle de cet homme, lui. donne
sonne qui a jeté le mauvais oeil. La personne étant de l'argent, des denrées de toute espèce, et la
connue, la mère, la femme ou la soeur du pa- supplie d'aller consulter ce grand docteur, ce
tient sort en prononçant à haule.voix le nom du savant sorcier qui guérit tous les maux. Marie
coupable; elle ramasse un peu de terre devant Ledezert se laisse toucher; accompagnée de
la porte de sa maison et un peu encore devant mademoiselle Lamare, que ses trentersix ans
celle de sa chambre à coucher; on lui'demande auraient dû rendre plus sage, on va consulter le
ensuite de sa salive le matin avant son déjeuner; devin, La justice, jalouse de ses succès, le tenait
on va chercher au four sept charbons ardents alors sous les .verrous, dans la prison de Cou-
qu'on éteint dans l'eau du bain des femmes. Ces tances, comme prévenu d'avoir causé la mort
quatre ingrédients, la terre, la salive, les char- d'une fille en lui administrant des drogues per-
bons, l'eau, étant malaxés dans un plat, le pa- nicieuses. On se rend, à Goulances-, on régale le
tient en avale trois gorgées, et le reste est en- sorcier dans sa geôle; on en revient avec une
terré par quelqu'un qui fait trois pas à reculons précieuse consultation qui doit, avant trois mois,
en s'écriant : MPuisse le mauvais oeil être ense- désanchiloser le malheureux genou. Le remède
veli sous terre! », Voilà comment on procède si du reste n'était pas difficile à composer : de l'if,
le coupable est connu; mais dans le cas con- du lierre terrestre, de lafumelerre, quelque peu
traire on prend un verre, on se tient sur la d'arsenic, et... quelqu'autre chose que nous ne
porte, et l'on force tous lès passants de jeter pouvons désigner qu'en nous servant de l'expres-
dans ce verre un peu de salive. Le mélange sion des témoins, de la boue de blé; lé tout était
avec le charbon et l'eau du bain a lieu ensuite, bien el dûment pilé dans un mortier emprunté
et l'on applique la mixtion à l'oeil du patient, qui chez un pâtissier, qui entendait énumôrer à l'au-
a soin de s'endormir sur le côté gauche : le len- dience, au milieu du,rire général, les curieux
demain matin il se réveille guéri. ingrédients dont on aime à croire que sa pâtis-
» Peut-être celte superstition comme beau- serie n'a rien emprunté.
coup d'autres est-elle fondée sur une réalité phy- Tout ceci semble bien vulgaire, mais l'effica-
sique. J'ai observé que l'on croit surtout au cité du remède consistait dans ce qui suit. Avant
mauvais oeil dans les pays chauds où la lune et le lever du soleil, il fallait qu'une branche de su-
le soleil ont un rayonnement très-éclalant. Que reau fût coupée par une jeune fille vierge; on en
dit l'Écriture, ce livre merveilleux, où l'on metlait ensuite un morceau sur chaque croisée et
trouve à éclaircir tous les mystères? « Ni le so- sous chaque porte; tous les gens de la famille
leil ne te frappera le jour, ni la lune la nuit. » portaient au cou. un petit sachet rempli de sel
(Ps. cxxxi, 6.) Que ceux qui veulent éviter le bénit, avec une conjuration et le nom de celui que
mauvais oeil, au lieu de se fier aux amulettes., l'on soupçonnait du maléfice ; puis, en médica-
aux charmes et aux antidotes des gitanos, se mentant le malade, on lui faisait tenir un cierge,
gardent du soleil, car il a un mauvais oeil qui et Marie Ledezert récitait à haute voix la conju-
produit des fièvres cérébrales; qu'ils ne dorment ration suivante (nous respectons l'orthographe et
pas la tête découverte sous les caressants rayons le style) :
de la lune,'car elle a aussi un regard empoi- « 0 Dieu de la mystérieuse cabale, gouver-
sonné qui altère la vision et frappe même de neur des astres, présidant au premier mouve-
cécité. ment de les disciples! quel mal a fail Marie-Anne
Yfîrotte, roi de Gothie el de Suède, qui mou-
rut sur le bord de la mer où il se promenait, - Torquematla, Ilexdmeron, p. 428.
YOU 710 — YOU
Youf, pour la retenir sous ton pouvoir diabolique? leurs dieux, ni du génie du mal qui, d'après leur
Père de tous les astres, si saint el si pur, mets, mythologie, habite au fond des eaux, et qui est
ô grand Dieu, Marie-Anne Youf dans les renforts, puissant el dangereux surtout à midi, au mo-
afin que ses ennemis ne peuvent jamais l'attein- ment où le soleil est à son apogée. Du reste, ce
dre, Agla, Ada, .Manisite, Jofi et Jofd; couvre peuple, bien que fort attaché à sa religion, n'a
Marie-Anne Youf de tes boucliers. >.-.. cependant que très-rarement recours à ses dieux,
» Gresus, que le mal qu'on veut faire à Marie- et à l'exception des grandes fêtes célébrées-de .
Anne Youf retombe sur celui ou celle qui ont des • temps en temps, quelquefois après plusieurs an-
intentions perfides et illicites. Je me dévoue à nées d'intervalle, ce n'est guère que dans les
jamais au désir de faire le bien. Secourez, Sei- çasd'une grande calamité qu'on songe à apaiser
gneur, la plus honnête et la plus soumise de vos leur courroux, ou à se les rendre propices.
servantes. Tabat tabac tabat Sabaoth! que ses Dans ces cas, lorsqu'une épidémie qui ravage
ennemis soient confondus' et renversés pour l'é- le pays, ou une sécheresse prolongée qui menace
ternité par la vertu dir grand Jéova; je te con- de détruire les moissons, réveille en eux la
jure de quitter le corps de Marie-Anne Youf au crainte de leurs dieux,.plusieurs familles, quel-
nom d'Abra et d'Anayaa et d'Adoni. quefois tous les habitants d'un village, se réu-
» Alla machrome arpayon alamare, bourgosi nissent pour préparer un sacrifice. Tout homme
serabanf veniat a lagarote. » qui veut prendre pari à la prière est obligé de
On joignit à cela- dés sangsues et d'excellents présenter quelque victime, quelque offrande pro-
déjeuners, suivis de dîners semblables. Les té- pre, d'aprèsieurs idées, à être présentée aux
moins ont dit que Marie Ledezert était traitée dieux;.que ce soit un poulain, une vache, un
comme une princesse, et encore qu'elle n'était pas mouton, un canard, Une poule, ou bien une cer-
contente; mais le.mal était plus opiniâtre que le taine mesure de miel ou de bière ; même quel-
remède, et comme la bourse baissait et que la ques gâteaux sont jugés nécessaires. Tout étant
guérison n'avançait pas, la confiance diminua et ainsi préparé, on se rend au bois sacré, au pied
finit par s'éteindre, non pas tout à fait dans le de quelque vieux chêne, autour duquel on a eu
sorcier, mais dans son émissaire. Marie Ledezert soin d'égaliser le terrain en le débarrassant des
n'ayant pas eu l'esprit de se taire, dés reproches broussailles et des pierres qui pouvaient s'y trou-
en étant venue aux injures, le procureur du roi, ver jusqu'à une dislance assez considérable. Un
qui paraît ne pas aimer les sorciers, finit par vieillard, auquel on donne le titre cle youmlanc,
provoquer une instruction ; et une citation en po- est chargé des rites; chacun cle ceux qui y assis-
lice correctionnelle amena Marie Ledezert à se tent apporte un bâton fait d'une branche de
justifier d'une accusation d'escroquerie. La pré- noisetier, au bout duquel il a attaché un cierge.
vention a été soutenue avec force par M. Lecam- Au moment où la cérémonie commence, on fixe
pion, substitut. Le tribunal, reconnaissant sans ces bâtons dans la terre de manière à former un
doute la nécessité de combattre par une condam- cercle autour du chêne ; en même temps, le
nation exemplaire le préjugé qui fait croire aux youmlanc orne le tronc de l'arbre sacré de ru-
sorciers, a prononcé six mois d'emprisonnement. bans d'écorce de tilleul ; il suspend à une de ses
Mais il faut remarquer bien haut que les sor- branches un petit morceau cî'élain muni à cet
ciers vont, comme les vampires, avec les philo- effet d'une anse; quatre petites branches de sa-
sophes; et que les misérables qui consultent les pin el deux de tilleul réunies en faisceau et aux-
sorciers ne fréquentent pas les sacrements el ne quelles le youmlanc a fait un nombre d'entailles
vont guère à la messe. égal à celui des personnes qui ont contribué au
Yoùma. Dans le gouvernement de Cazan, les sacrifice, sont également attachées à l'arbre sa-
Tchérémisses adorent un Dieu suprême, auquel cré. Au. moment où le youmlanc immole une
ils donnent le nom de Youma et qu'ils suppo- des victimes, on éteint les cierges pour les allu-
sent présent partout. C'est ainsi probablement mer de nouveau lorsque l'animal frappé par lui
que tous les peuples d'origine finnoise appelaient a expiré, pendant que le prêtre frotte du sang
jadis le Dieu le plus puissant de leur Olympe; du poulain ou de la vache qu'il vient de tuer
du moins voit-on que les Finnois des rives de la les rubans d'écorce dont il a décoré le chêne.
mer Baltique invoquent encore aujourd'hui le Ensuite, on fait bouillir la chair des victimes
Dieu des chrétiens sous le nom de Youmala em- immolées dans des chaudières suspendues à des
prunté à leur ancien culte. Le pouvoir du Youma espèces de chevalets autour de l'arbre ; les
des Tchérémisses n'est pas illimité, il le partage cierges, éteints pendant ce temps, sont dere-
avec son épouse, Vouman-Ava, et avec une chef allumés lorsque le festin commence; on
foule d'autres divinités, enfants de ce couple, jette dans un grand feu allumé à ceL effet au
qui n'ont ni les mêmes noms ni les mêmes attri- pied du chêne le premier morceau tiré de chaque
buts dans toutes les communes, Différant sous chaudière, ainsi que les os ; le reste est partagé
ce rapport de presque tous les autres païens, entre les convives, eL chaque fois qu'on rallume
les Tchérémisses n'ont point d'images, ni de les cierges, le youmlanc prononce des prières,
ZAB — 711 ZAH
dans lesquelles il a soin de faire expressément ou d'un oudsché : noms sous lesquels sont dési-
mention du motif qui amène les suppliants dans gnés les prêtres de différents degrés.
la forêt consacrée aux dieux. Le repas fini, cha- Quelquefois aussi, surtout lorsque quelqu'un
cun s'éloigne; les bâtons fixés dansla terre au- de la famille est dangereusement malade, on se
tour de l'arbre ainsi que le lingot d'étain et les réunit pour apaiser le Schaitane, le génie du
rubans d'écorce restent à leurs places ; on n'em- mal, par un sacrifice. En conduisant à la forêt la
porte que les restes des cierges. victime qu'on a choisie, et qui est toujours un
Les grandes fêles célébrées, tantôt à un an, poulain, on sefait.un devoir de le battre, de le
tantôt à deux, trois et même quatre années d'in- maltraiter de toutes les manières, .et aussitôt
tervalle, sont désignées sous le nom de You- qu'on arrive sur les lieux consacrés à cet usage,
man-Bairam, et les: prêtres ont toutes sortes de on enferme le poulain dans une espèce de petite
moyens cle deviner l'époque à laquelle il convient caisse quadrangulaire qu'on couvre de bois, de
d'offrir un pareil hommage aux dieux. Une des broussailles et de paille, et, après y avoir mis
manières les plus usitées de consulter le sort le feu de tous les côtés à la fois, tout le monde
est de jeter des fèves par terre, et les prêtres s'enfuit en poussant des cris."Quelque temps
jugent, d'après la manière dont elle tombent, si après on revient pour arracher du corps de la
le moment est favorable ou non. Les rites du victime étouffée ainsi trois côtes et le foie qu'on
Yoaman+Bairam diffèrent de ceux des sacrifices donne à manger au malade. Le reste est enterré
expiatoires que nous venons de décrire, surtout sous les cendres. Nous ajouterons encore que le
en ce qu'on'allume alors dans la forêt sacrée nom de kérémet,-que les Tchérémisses donnent
jusqu'à sept feux, dont le premier est consacré aux forêts sacrées, a pour eux quelque chose de
à Youma, le second à Youman-Ava, et les-autres terrible; prêts à jurer parieurs dieux, ils ne
aux divinités inférieures. Chacun de ces feux est peuvent jamais se résoudre à jurer par le ké-
placé sous la garde d'un korty d'un mouschane rémet;
Zabulon, démon qui possédait une soeur laie Zagam, grand roi et président de l'enfer. Il a
deLoudun. l'apparence d'un taureau aux ailes de griffon. 11
Zacharie. Revenant prétendu. Voy. BIETKA. change l'eau en vin, le sang en huile, l'insensé
Zacoum, arbre cle l'enfer des mahomélans, en homme sage, le plomb en argent et le cuivre
dont les fruits sont des têtes de .diables. en or. Trente légions lui obéissentf.
Zaebos, grand comte dés enfers. Il a la figure Zahuris ou Zahories. Les Français qui sont
allés en Espagne racontent des faits très-singu-
liers sur les zahuris, espèces de gens qui ont la
vue si subtile qu'ils, voient sons la terre les
veines d'eau, les métaux, les trésors et les corps
privés de vie. On a cherché à expliquer ce phé-
nomène par des moyens naturels, On dit que ces
hommes reconnaissaient les lieux où il ,y avait
des sources par les vapeurs qui s'en exhalaient,
et qu'ils suivaient la trace des mines d'or et d'ar-
genl ou de cuivre par les herbes qui croissaient
sur la terre dont elles étaient recouvertes. Mais
ces raisons n'ont point satisfait le peuple espa-
gnol ; il a persisté à croire que les zahuris étaient
doués de qualités surhumaines, qu'ils avaient
des rapports avec les démons, et que, s'ils le vou-
laient, ils sauraient bien, indépendamment des
choses matérielles, découvrir les secrets et les
pensées-qui n'ont rien de palpable pour les gros-
siers et vulgaires mortels. Au reste les zahuris
ont les yeux rouges, el, pour êlre zahuri, il faut
d'un beau soldat monté sur un crocodile; sa tête êlre né le vendredi saint.
est ornée d'une couronne ducale. Il est doux de
caractère - Wierus, Pseudomonarchia doemon.
ZAI 712 ZIG
Zairagie (Zairagiah), divination en usage l'Europe orientale et pénètrent même quelquefois
parmi les Arabes; elle se pratique au moyen de jusqu'en France par les parties boisées de nos
plusieurs cercles ou roues parallèles correspon- frontières; mais elles ne tardentpas alors à êlye
dantes aux cieux des planètes, placés les uns avec obligées de rebrousser chemin. Ces tribus er-
les autres, et marqués de lettres que l'on fait rantes, que l'on nomme dans le Levant nids de
rencontrer ensemble par le mouvement qu'on bohémiens, paraissent descendre des sudders ou
leur donne selon certaines règles. parias cle l'Inde, qui, dans les premières années
Zapau est, dans Wierus, l'un des rois del'enfer. du quinzième siècle, ont quitté leur patrie pour
Zariatnatmik, personnage inconnu, mais échapper à la férocité des Tartares de Timour-
très-puissant. Voy. VEBGE. Beg, et cette opinion semble être confirmée par
Zazarraguan, enfer des îles Mariannes, où le caractère de leur physionomie, leurs moeurs,
sont logés ceux qui meurent de mort violente, et surtout par leur'préférence marquée pour la
-tandis que.ceux qui meurent naturellement vont viande des bêtes mortes de maladie. « La viande
jouir des fruits délicieux du paradis/ d'un animal que Dieu a fait mourir, disent-ils,
Zédéchias. Quoiqu'on fût crédule sous le doit être meilleure que celle d'un animal tué par
règne de Pépin le Bref, on refusait de croire à la main de l'homme. »
l'existence des êtres élémentaires. Le cabaliste Depuis plus de quatre siècles donc, ces peu-
Zédéchias se mit-dans l'esprit d'en convaincre le plades n'ont jamais pu s'accoutumer à la vie sé-
monde; il commanda donc aux sylphes de se dentaire; l'hiver, néanmoins, les bohémiens se
montrer à tous les mortels. S'il faut en croire bâtissent des cabanes où ils gîtent tant que dure
Fabbéde Villars, ils le firent avec magnificence. la saison rigoureuse ; mais dès que les grenouilles
On voyait dans les airs ces créatures admirables; commencent à coasser, ils se mettent à jeter bas
en forme humaine, tantôt rangées en bataille, ces huttes et reprennent gaiement leur volée.
marchant en bon ordre, ou se tenant sous les Les zigheuners "exercent tous le mélier de for-
armes, ou campées sous des pavillons superbes; gerons et de rétameurs ambulants. « Cinquante
tantôt sur des navires aériens d'une structure bohémiens, cinquante forgerons, » dit un pro-
merveilleuse, dont la flotte volante voguait au gré verbe hongrois. Leurs femmes disent la bonne
des zéphirs. Mais ce siècle ignorant ne pouvait aventure et leurs enfants vont mendier. Mais le
raisonner sur la nature de ces spectacles étranges ; vol est aussi une de leurs ressources, et 11 leur
le peuple crut d'abord que c'étaient des sorciers arrive même quelquefois de commettre ce crime
qui s'étaient emparés de l'air pour y exciter des à main armée; toutefois il faut que l'aubaine soit
orages et pour faire grêler sur les moissons. Les bonne et l'occasion facile, car là lîravoure n'est
savants et les jurisconsultes furent bientôt de pas leur fait, comme on peut en juger par ce
l'avis du peuple; les empereurs le crurent aussi, dicton transylvain : « On peut chasser devant soi
et celte ridicule chimère alla si loin que le sage cinquante bohémiens Sans avoir d'autre arme
Charlemagne et après lui Louis le Débonnaire qu'un torchon mouillé. ».
imposèrent de graves peines à ces prétendus Les Hongrois et les Allemands leur attribuent
tyrans de l'air Mais nous ne connaissons le pouvoir de jeter des sorts, l'art de guérir les
qu'un coin de la superficie de ces faits. animaux malades, et surtout la science divina-
Zeernëbooch, dieu noir, dieu de l'empire des toire : aussi.n'est-il merveille que l'on ne raconte
morls chez les anciens Germains. là-dessus; mais la naïveté de ceux qniles con-
Zépar, grand-duc de l'empire infernal, qui sultent nous semble bien plus merveilleuse en-
pourrait bien être le même que Vépar ou Sépar. core que la science prophétique de ces éternels
Néanmoins, sous ce nom de Zépar, il a la forme voyageurs. Une femme veuve, qui faisait valoir
d'un guerrier. Il pousse les hommes aux passions avec son fils une petite ferme aux environs de
infâmes. Vingt-huit légions lui obéissent. Troppau, dans la Silésie autrichienne, étant allée
Ziganis. Voy. ZINCAXIS. un malin pour traire sa vache, fut grandement
Zigheuners. On rencontre souvent en Alle- surprise cle ne plus la trouver à l'étable. Aussitôt
magne , tantôt marchant par bandes avec leurs la paysanne et son fils de chercher partout,
charrettes disloquées et leurs haridelles boiteu- mais nulle part la moindre trace de la bêle fugi-
ses, tantôt bivouaquant en dehors des villages, des tive. Enfin, après avoir inutilement battu les en-
familles de gens déguenillés, au teint de cuivre, virons, la fermière se décide à aller consulter
au regard sauvage, et dont le physique vulturien, des bohémiens qui avaient pris leurs quartiers
encadré de longs cheveux noirs, contraste autant d'hiver à quelques kilomètres de là , et la bonne
que leur saleté sordide avec cette population femme fut vraiment au comble de la joie lorsque,
germanique si propre, si blonde et à physiono- ayant demandé le signalement de sa bête, celui
mie si cordialement ouverte. à qui elle s'était adressée lui promit que, moyen-
Ces voyageurs, que l'on nomme zigheuners nant dix florins payables après réussite, elle
(vagabonds) dans le pays, sont des bohémiens trouverait le lendemain matin sa vache attachée
dont les hideuses caravanes parcourent encore au loquet de sa porte. •
s
ZIN 713 — ZIN
Le lendemain, en effet,dès le petit jour, l'a- gypsys, gitanos, bohémiens, comme il vous
nimal élait à l'endroit désigné, et quelques plaira de les appeler. «Les gypsys, auxquels j'ai
heures plus tard, le devin s'étant présenté pour communiqué cette.sensation, dit-il, n'ont pu
toucher la somme convenue, la veuve allait s'em- l'expliquer .qu'en supposant que l'âme, qui anime
presser de la lui remettre, quand son fils l'en aujourd'hui mon corps, aurait jadis, dans le laps
empêche et dit d'un air goguenard : « Puisque des siècles, animé'un corps de gypsy. Ils croient
vous êtes sorcier, mon cher, vous devez aussi à la métempsycose, et, comme les sectateurs de
connaître le larron : allez donc le trouver de ma Bouddha, ils prétendent que leurs âmes, à force
part et dites-lui de vous remettre les dix florins. de passer d'un corps dans un autre, acquièrent
— Oh! Hanz, reprend la paysanne mécontente, à la longue une, pureté assez grande pour jouir
cela n'est pas juste : toute peine mérite salaire, de cet état cle parfait repos ou de quiétude, seule
et qui sait si cet homme pourra rattraper le vo- idée qu'ils se soient formée du paradis.
leur? — Sois donc tranquille, réplique le fils, le >•J'ai vécu dans l'intimité avec les gypsys, je
voleur n'est pas si loin que tu penses, n'est-ce les ai vus en divers pays, et je suis arrivé à celte
pas mon bonhomme? » Et le bohémien de s'en conclusion que partout où ils se trouvent- ce
aller sans demander son reste, bien que le sont toujours les mêmes moeurs et les mêmes
payement n'eût pas l'air d'être tout à fait de son coulumes,, quoique modifiées par les circon-
goût. stances; partout c'est le même langage qu'ils
Zincalis. C'est le nom qu'on donne aux bo- parlent entre eux, avec certaines variantes plus
hémiens en Orient. Les auteurs de la Bévue ou moins nombreuses, et.enfin partout encore
Britannique, qui nous ont enrichis de tant de leur physionomie a le même caractère, le même
renseignements précieux, ont traduit dans leur air cle famille, et leur teint, plus ou moins brun,
recueil, en juin 1841, des fragments étendus suivant la température du climat, est invariable-
d'un livre spécial, composé par Georges Barrow, ment plus foncé, en Europe du moins, que celui
sur les zincalis. Georges Barrow a passé cinq an- des indigènes des contrées qu'ils habitent,"par
nées en Espagne, distribuant des Bibles. Il dé- exemple, en Angleterre el en Russie, en Alle-
magne et en Espagne.
» Les noms sous lesquels on les désigne dif-
fèrent dans les divers pays. Ainsi on les appelle
ziganis en Russie, zingarri en Turquie et en
Perse, Zigheuners en Allemagne; dénominations
qui semblent découler de la même élyinologie,
et qu'on peut, selon toute vraisemblance, sup-
poser être une prononciation locale cle zincali;
terme par lequel; en beaucoup de lieux, ils se
désignent eux-mêmes quelquefois, et qu'on croit
signifier les /tommes noirs cle Zind ou de YInde.
En Angleterre et en Espagne on les connaît gé-
néralement sous le nom de gypsys et de gitanos,
d'après la supposition générale qu'ils sont venus
d'Egypte; en France, sous le nom de bohémiens,
parce que la Bohême fui le premier pays de l'Eu-
rope civilisée où ils parurent, quoiqu'ils eussent
antérieurement erré assez longtemps parmi les
régions lointaines de la Slavonie, comme le prouve
clare que les gitanos' l'ont toujours secondé dans le nombre de mois d'origine slave dont abonde
cette distribution ; mais il ne se dissimule pas leur langage.
qu'il a eu peu de succès, lorsqu'il a lenlé de les » Mais plus généralement ils se nomment rom-
convertir. On le prenait pour un enfant de la many : ce mot est d'origine sanscrite el signifie
grande famille nomade; ce titre seul rappro- les maris, ou tout ce qui appartient à l'homme
chaitjes gitanos de lui. Ils lui supposaient quelque marié, expression peut-être plus applicable que
dessein dans l'intérêt de leur race : ils le servaient toute autre à une. secte ou casle qui n'a d'autre
en croyant servir l'intérêt commun, et se li- affection que celle de sa race, qui est capable'de
vraient à lui comme à un frère. Ayant pu voir faire de grands sacrifices pour les siens, mais
de si près ce peuple mystérieux, il a dû sur- cpii, détestée et méprisée par toutes les, autres
prendre quelques-uns de ses secreLs; il avoue races, leur rend avec usure haine pour haine,
qu'il a toujours eu du penchant poulies zincalis, mépris pour mépris, el fait volontiers sa proie
du reste de l'espèce humaine.
- C'est le nom qu'on donne en Espagne aux bohé- » On trouve les ziganis dans toutes les parties
miens. de la Russie, à l'exception du gouvernement de
ZIN — 71/, ZIN
Saint-Pétersbourg,, d'où ils ont été bannis. Dans ganys vont et viennent comme il leur plaît. Leur
la plupart des villes provinciales, ils vivent en vie vagabonde leur fait souvent franchir les fron-
un état de demi-civilisation ; ils ne sont pas tout tières , et ils reviennent de leurs excursions riches
à fait sans argent, sachant en soutirer de la cré- de leurs rapines ; riches, mais pour dissiper bien-
dulité des moujiks ou paysans, et ne faisant au- tôt cette richesse en fêtes, en danses et en repas.
cun scrupule de s'en approprier par le vol et le Ils se partagent volontiers en bandes de dix à
brigandage, à défaut de bêles à guérir et de gens douze, et- se rendent ainsi jusqu'en France el
curieux de se faire dire la bonne aventure. jusqu'à Rome. S'ils ont eu jamais une religion à
» La race des rommanys est naturellement eux, ils l'ont certainement oubliée; ils se con-
belle; mais autant ils sont beaux dans l'enfance, forment généralement aux cérémonies religieuses
autant leur laideur est horrible dans un âge du pays, de la ville ou du village où ils s'établis-
avancé. S'il faut un ange pour faire un démon, sent, sans trop s'occuperde la doctrine
ils vérifient parfaitement cet adage. Je vivrais » L'impératrice Marie - Thérèse et Joseph II
cent ans que je n'oublierais jamais l'aspect d'un firent quelques efforts inutiles pour civiliser les
vieil attaman ziganskie ou capitaine de ziganis, chinganys. On en comptait en Hongrie cinquante
et de son pelit-fils, qui m'abordèrent sur la prai- mille, d'après le recensement qui eut lieu, en-
rie de Novogorod, où était le campement d'une 1782. On dit que ce nombre a diminué depuis.
horde nombreuse. L'enfant eût été en tout un ra- » Il y a trois siècles environ que les gypsys
vissant modèle pour représenter Astyanax ; mais arrivèrent en Angleterre, et ils furent accueillis
le vieillard m'apparut, comme; l'affreuse image par une persécution qui ne tendait à rien moins
que Mi'lton n'a osé peindre qu'à moitié"; il ne lui qu'à ies exterminer complètement. Être un gypsy
manquait que le javelot et la couronne pour être était un crime digne de mort; les gibets anglais
une personnification du monstre qui arrêta la gémirent et craquèrent maintes fois sous le poids
marche de Lucifer aux limites de son infernal des cadavres de ces proscrits, et les survivants
domaine. furent à la lettre obligéesde se glisser sous la terre
» Les chinganys sont les Égyptiens hongrois. pour sauver leur vie. Ce temps-là passa. Leurs
» Il n'est que deux classes en Hongrie qui persécuteurs se lassèrent enfin ; les gypsys mon-
soient libres de faire tout ce qu'elles veulent, les trèrent de nouveau la tête, et, sortant des trous
nobles et les Égyptiens; ceux-là sont au-dessus et des cavernes où ils s!étaiënt cachés, ils repa-
de la loi; ceux-ci en dessous. Par exemple, un rurent plus nombreux; chaque tribu ou famille
péage est exigé au pont de Peslh de tout ouvrier choisit un canton, et ils,se. partagèrent brave-
ou paysan qui veut traverser la rivière ; mais le ment le sol pour l'exploiter selon leur industrie.
seigneur aux beaux habits passe sans qu'on lui Dans la Grande-Bretagne-:aussi les gypsys du
demande rien ; le chingany de même, qui se pré- sexe mâle sOnttôÙt d'abord des maquignons, des
sente à moitié nu avec une heureuse insouciance vétérinaires, etc. 'Quelquefois aussi ils emploient
et riant de la soumission tremblante de l'homme leurs loisirs à raccommoder les. ustensiles cle
du peuple. Partout l'Égyptien est un être incom- cuivre et'd'étajndes paysans. Les femmes disent
préhensible , mais nulle part plus incompréhen- la bonne aventure.,, Généralement ils dressent
sible qu'en Hongrie, où il est libre au milieu des leurs tentes à Ppmbre des arbres ou des haies,
esclaves et quoique moins bien partagé en appa- dans les. .environs d'un,,yil)age ou d'une petite
rence que le pauvre serf. La vie habituelle des ville sur ;ja,'route. La persécution qui fit autre-
Égyptiens de Hongrie est d'une abjection abomi- fois une si rude guerre aux gypsys se fondait
nable ; ils demeurent dans dés taudis où l'on res- sur diverses accusations : on leur reprochait entre
pire l'air infect de la misère ; ils sont vêtus de autres crimes le vol, la sorcellerie et l'empoison-
haillons; ils se nourrissent fréquemment des nement dès bestiaux, Étaient-ils innocents de ces
plus viles charognes, et cle pire encore quel- crimes? Il serait difficile de les justifier d'une ma-
quefois, si l'on en croit la rumeur populaire. Eh nière absolue. Quant à la Sorcellerie, il suffisait
bien, ces hommes à demi nus, misérables, sales de croire aux sorciers pour condamner les gyp-
et disputant aux oiseaux de proie leur nourri- sys ; car ils se donnaient eux-mêmes pour tels.
ture, sont toujours gais, chantants et dansants. Ce ne sont pas seulement les gypsys anglais,
Les chinganys sont fous de la musique, il en mais tous les Égyptiens, qui ont toujours pré-
csL qui jouent du violon avec un vrai talent tendu à celte science ; ils n'avaient donc qu'à s'en
d'artiste. prendre à eux-mêmes s'ils élaienl poursuivis pour
» Comme tous les enfants do la race égyp- ce crime.
tienne, les chinganys s'occupent des maladies » C'est la femme gypsy qui exploite générale-
des chevaux ; ils sont chaudronniers et maré- ment celle partie des arts traditionnels de la race.
chaux par occasion ; les femmes disent aussi la Encore aujourd'hui elle prédit l'avenir, elle pré-
bonne aventure ; hommes et femmes sont très- pare les philtres, elle a le secret d'inspirer l'amour
pillards. Dans une contrée où la surveillance de ou l'aversion. Telle est la crédulité de toute la
la police parque les autres habitants, les chin- race humaine, que, dans les pays les plus éclai-
ZIN — 715 - ZIN
#
rés des lumières de la civilisation; une devine- Or, c'était la coutume de Timour, ayant de partir
resse fait encore de grands bénéfices. pour ses expéditions, de laisser un vice-roi à Sa-
» On accusait autrefois les gypsys de causer la marcande; mais à peine avait-il quitté:la ville,
maladie et la mort des bestiaux. Celte accusation que les bandes de zingarris marchaient en armes,
était certes fondée, lorsque nous voyons encore livraient bataille,au vice - roi, -le déposaient et
dans le dix-neuvième siècle les rommanys, en prenaient possession du gouvernement; de sorte
Angleterre et ailleurs, empoisonner réellement qu'à son retour, Timour trouvait-l'ordre troublé,
des animaux, dans le double but de se faire payer la confusion partout et son trône renversé. Il
pour les guérir ou de profiter de leurs cadavres. n'avait donc pas, peu à faire pour rétablir les
On en a surpris jetant des poudres pendant la nuit choses et punir Ou pardonner les. coupables. Mais
daiis les mangeoires des étables. Ils ont aussi des dès qu'il partait de nouveau pour ses guerres ou
drogues à l'usage des porcs et les leur font ava- pour ses autres; affaires, les zingarris se livraient
ler, tantôt pour les faire mourir subitement, aux mêmes excès. Voilà ce qu'ils firent et recom-
tantôt-pour les endormir : ils arrivent ensuite à. mencèrent trois fois, jusqu'à ce qu'enfin Timour
la ferme et achètent les restes de l'animal, dont arrêta: un plan pour les exterminer. Il bâtit des
ils se nourrissent sans scrupule, sachant bien que remparts et appela dans leur enceinte tous les
leur poison n'a affecté que la tête et ne s'est nul- habitants grands et petits, distribua à chacun sa
lement infiltré dans lesang et les chairs. place, à chaque ouvrier son devoir, et il réunit
)) Les zingarris ou Egyptiens d''Orient gagnent les zingarris dans un quartier isolé ; puis il con-
leur vie comme les autres, à soigner les chevaux, voqua les chefs du peuple, et remplissant une
à faire les sorciers, à chanter et danser. C'est en coupe, il les fit boire et leur donna un riche vête-
Turquie qu'on les trouve en plus grand nombre, ment. Quand vint le .tour des zingarris, il.leur-
surtout à Conslantinople, où les femmes pénè- versa aussi à boire et leur fit le même présent ;
trent souvent dans les harems, prétendant guérir mais à mesure que chacun d'eux avait bu, il l'en-
les enfants du mauvais oeilet interpréter les rêves voyait porter un message dans un lieu ou il avait
des odalisques. Parmi les zingarris, il en est qui fait .camper une troupe de soldats. Ceux-ci, qui
font à la fois le commerce des pierres précieuses avaient leurs ordres, entouraient le zingarri, le
et des poisons : j'en ai connu un qui exerçait ce dépouillaient de son habit et le poignardaient,
double trafic, et qui était 1,'individu le plus re- jusqu'à ce que le, dernier de tous eût ainsi ré-
marquable que j'aie rencontré parmi les zincalis pandu l'or liquide de son coeur dans le vase de la
d'Europe ou d'Orient. Il était né à Conslauli- destruction. Ce fut par celte ruse que Timour
nople et avait visité presque toutes les contrées frappa un grand coup contre cetle race, et de-
du monde, entre autres presque toute l'Inde; il puis ce temps-là il n'y eut plus de rébellions à
•
parlait les dialectes malais ; il comprenait celui Samarcande. »
de Java, cette île plus fertile en substances vé- » Que faut-il croire de celte histoire ou de ce
néneuses que liolkos et l'Espagne. Il m'apprit conte d'Arabschah? Gomment le mettre d'accord
qu'on lui achetait bien plus volontiers ses drogues avec ceux qui veulent que les Égyptiens actuels
que ses pierreries, quoiqu'il m'assurât qu'il n'était soient les descendants des familles hindoues qui
ipeut-ètre pas un bey ou un pacha de la Perse et s'exilèrent de l'Inde pour fuir les cruautés de
de la Turquie auquel il n'eût vendu des deux. J'ai Timour? Si c'est nu conte, toutes les autres tra-
rencontré cet illustre nomade en bien des pays, ditions peuvent lui survivre; mais si ce récit est
car il traverse le monde comme l'ombre d'un fondé lui-même sur une tradition historique plus
nuage. La dernière fois, ce fut à Grenade, où il ou moins vraie, nous y voyons les zingarris à l'état
était venu après avoir rendu visite à ses frères de peuple, éLablisdans Samarcande à une époque
égyptiens des présides (galères) de Ceula. de la vie de Timour où il n'avait pas. encore en-
» Il esl peu d'auteurs orientaux qui aient parlé vahi l'Inde. D'un autre côté, si les zingarris
des zingarris, quoiqu'ils soient connus en Orient réunis en Occident étaient les débris fugitifs du
depuis des siècles. Aucun n'en a rien dil de plus peuple égorgé à Samarcande, comment ont-ils
curieux que Arabschah, dans un chapitre de sa eux-mêmes laissé ignorer ce malheur de leur race,
Vie de Timour ou Tamerlan, un des trois ou- au lieu de s'en servir pour exciter la sympathie?
vrages classiques de la littérature arabe. Je vais En dernière analyse, il esl plus facile de prouver
traduire ce passage : « 11existe à Samarcande qu'ils viennent de l'Inde que de Samarcande, ,
de nombreuses familles de zingarris, les uns lut- » Les zincalis ne sont pas seulement appelés,
teurs, les autres gladiateurs, d'autres redoutables en Espagne, gitanos ou Égypliens, on les appelle
au pugilat. Ces hommes avaient de fréquentes encore Nouveaux Castillans, Allemands, Fla-
discussions, et il en résultait de fréquentes ba- mands, termes à peu près synonymes dans la
tailles. Chaque bande avait son chef et ses offi- langue populaire, quant aux derniers du moins,
ciers subalternes. La puissance de Timour les et devenus également méprisants, quoiqu'ils aient
remplit cle terreur, car ils savaient qu'il, était pu servir primitivement à désigner, leur origine,
instruit de leurs crimes et de leurs désordres. sans aucune intention outrageante.
ZIN — 716 — ZIN
» Entre eux, les gitanos se nomment zincalis, » Ces comtes, étant élus pour faire le bien de
et abréviativement cales et chai. la troupe ou de la famille, élaient exposés à êlre
» Ce ne fut guère que dans le quinzième siècle dégradés s'ils ne contentaient pas leurs sujets.
que les zincalis se montrèrent en France. On lit L'emploi n'était pas héréditaire, et, quels que
dans un auteur français, cité par Pasquier : « Le fussent, ses avantages et ses privilèges, il avait
17 avril 1/|27, on vit à Paris douze pénitents ses inconvénients et ses périls. Au comte le soin
d'Egypte, chassés parles Sarasins. Ils amenaient de préparer une expédition el dela'faire réussir.
avec eux cent vingt personnes, et se logèrent Si elle échouait, s'il ne parvenait pas à rendre la
dans le village de la Chapelle, où l'on allait eh liberté à ceux des siens qui restaient prisonniers,
foule les visiter. Ils avaient les oreilles percées si surtout il les laissait périr, sur lui retombait
et portaient des anneaux d'argent. Leurs Cheveux tout le blâme, et il se voyait nommer un nou-
étaient noirs et crépus. Leursfemmesétaient hor- veau chef qui succédait à tous ses droits. Le sei-
riblement sales et disaient la bonne aventure en gneur comte des gitanos avait une sorte de pri-
vraies sorcières. » Ces hommes, après avoir tra- vilège féodal : c'était celui de la chasse au chien
versé la France et franchi les Pyrénées, se répan- et au faucon. Naturellement il en jouissait à ses
dirent par bandes dans les plaines de i'Espagne. risques; car on pense bien qu'il ne chassait que
Partout où ils avaient passé, leur présence avait sur la terre d'aulrui : or le seigneur gitano pou-
été regardée comme un fléau,.et non sans motif. vait fort bien rencontrer le vrai seigneur du do-
Ne voulant ou ne pouvant s'imposer aucune oc- maine. Une ballade traditionnelle nous apprend
cupation, encore moins aucun métier fixe, ils l'histoire d'un comte Pêpé qui, ayant voulu s'op-
venaient comme des essaims de "frelons s'abattre poser au droit de chasse d'un chef gitauo, n'y
sur les fruits du travail d'autrUi, et bientôt une parvint qu'en le tuant. La veuve du mort, en
ligue générale se forma contre eux. Armés de franche Égyptienne, dérobe alors le fils du vain-
lois terribles, les agents de la justice se mirent à queur et l'élève parmi les gitanos. Avec le temps,
leur poursuite ;. le peuple irrité, secondant de le fils du comte Pépé, nommé comte, veut, comme
lui-même la sévérité de la législation, ou la de- son père putatif, chasser sur les terres de son
vançant, leur courait sus et les pendait au pre- véritable père, et tue celui-ci sur la place même
mier arbre, sans autre forme de procès. qui avait vu tomber le chef, vengé ainsi par un
» Parfois donc, quand ces sauterelles humaines parricide.
avaient dévasté un canton, la vengeance des ha- » Voici ce qu'on lit dans les Disquisitiotis ma-
bitants suppléait à là connivence des agents de giques de Martin del Rio : « Lorsqu'en l'année
la justice; mais souvent les gitanos n'attendaient 1581 je traversais l'Espagne avec mon régiment,
pas que cetle vengeance vînt'les surprendre, et une multitude de gitanos infestait les cam-
ils levaient leur camp sans tambour ni trompette. pagnes. Il arriva que la veille de la Fête-Dieu,
Leurs ânes, Chargés des femmes et des enfants, ils demandèrent à êlre admis clans la ville pour
marchaient les premiers, et à l'avanl-garcle les y danser en l'honneur de la fête, selon un an-
plus hardis de la troupe, armés d'escopeltes, tique usage. Ils l'obtinrent; mais la moitié du
tenaient en respect la police rurale qui osait les jour ne s'était pas écoulée, qu'un grand tumulte
poursuivre. Malheur alors au voyageur qui tom- éclata à cause du grand nombre de vols commis
bait au milieu de cette bande en retraite! Les par les femmes cle ces misérables; là-dessus, ils'
gitanos ne se contentaient pas toujours de sa sortirent par les faubourgs et se rassemblèrent
bourse, ils laissaient maintes fois un cadavre san- près de Saint-Marc, magnifique hôpital des che-
glant sur les limites du canton qu'on les forçait valiers de Saint-Jacques, où les agents de la
de quitter en ennemis déclarés. justice, ayant voulu les arrêter, se virent re-
» Chaque bande ou famille de gitanos avait pousser par la force des armes. Cependant, je
son capitaine, ou, comme on le désignait géné- ne sais comment cela se fit, mais tout à coup
ralement, son comte. Don Juan de Quinones, tout s'apaisa. Ils avaient, à cetle époque, pour
qui, dans son volume publié en 1632, a donné comte un gitano qui parlait l'espagnol aussi pu-
quelques détails sur leur genre de vie, dit : « Pour rement qu'un natif de Tolède; ce comte connais-
remplir les fonctions de leur chef ou comte, les sait tous les ports cle l'Espagne, tous les che-
gitanos choisissent celui d'entre eux qui est à la mins et passages des provinces., la force des
fois le plus fort et le plus brave. Il doit joindre à villes, le nombre des habitants, leurs propriétés
ces qualités la ruse et l'intelligence, pour être à chacun; bref, il n'ignorait rien cle ce qui con-
propre à les gouverner. C'est lui qui règle leurs cernait le secret cle l'Etat, et il s'en vantail pu-
différends, même là où existe une justice régu- bliquement. » Evidemment, aux yeux de del
lière; c'est lui qui les guide la nuit, lorsqu'ils Rio, ce gitano était une espèce de sorcier; car,
vont voler les troupeaux ou détrousser les voya- à celle époque, tous les gitanos élaient consi-
geurs sur la grande route : le butin se partage dérés comme des étrangers, et il ne lui parais-
entre eux, après avoir prélevé pour le comte un sait pas naturel qu'ils fussent capables de parler
tiers du tout. » purement l'idiome castillan.
ZIN — 717 ZIN
» Je trouve encore, dans les Didascalia de roman intitulé Alonso, le valet de plusieurs
Francesco de Cordova, une anecdote qui prouve maîtres, composé par le docteur Geronimo de
que les gitanos ne craignirent pas d'empoison- Alcala, natif de Ségovie, qui écrivait au com-
ner, pendant la. nuit, toutes les fontaines de mencement du. dix-septième siècle. Cet Alonso
Logrono. Celte horrible machination fut décou- sert toutes sortes de .maîtres, depuis le sacris-
verte par un libraire qui avait autrefois vécu tain d'un obscur village cle la vieille Castille jus-
avec eux, et qui la dénonça au curé de la ville. qu'au fier hidalgo de Lisbonne, et tous ces
Déjà une épidémie pestilentielle régnait parmi maîtres le congédient à cause de son caractère
les habitants-, mais il leur resta assez de force bavard et de son incorrigible manie de critiquer
pour massacrer les gitanos, lorsqu'ils venaient leurs faiblesses. Enfin, il tombe entre les mains
piller leurs maisons sans attendre qu'ils fussent des gitanos. Je suis tenté de croire que l'auteur
tous morts. lui-même avait vécu -parmi celte racé, tant la
« Il semblerait, dit un auteur espagnol, que description qu'il en donne est vivante et colorée.
les gitanos et les gitanas n'ont été envoyés dans En voici quelques extraits :
ce monde que pour y être voleurs; ils naissent « Je cheminais depuis plus d'une heure à tra-
voleurs; ils sont élevés parmi les voleurs; ils vers ces bois, lorsque, à peu de distance de
apprennent à être voleurs, et ils finissent par l'endroit ou j'étais, je vis s'élever une grosse
êlre voleurs, allant et venant pour faire des fumée : concluant, en vrai philosophe, qu'il n'y
dupes. L'amour du vol et la pratique deia vole- a pas de fumée sans feu, et que s'il y avait du
rie sont en eux des maladies constitutionnelles feu il devait y avoir des gens pour l'allumer, je
qui ne les quittent plus jusqu'au jour de leur me mis à diriger mes pas de ce côté, car il com-
mort. » Tel est l'exorde de la Gitanilla ou la mençait à faire nuit et il régnait un air assez
fille égyptienne, nouvelle de Cervantes, qui in- froid. Je n'avais pas marché beaucoup, lorsque
troduit ensuite son héroïne en ces termes : «Une je me sentis saisir paries épaules, et tournant
vieille sorcière de celle nation, qui avait certai- la tête, je me vis accosté de deux hommes, pas
nement pris ses grades dans la science de Cacus, tout à fait aussi beaux que des Flamands ou des
élevait une jBune fille dont elle' se disait la
grand'mère et qu'elle appelait Preciosa, etc. »
» Parmi les nombreuses anecdotes qui se rat-
tachent à la vie et aux ouvrages de Cervantes,
on raconte que, sous le règne de Philippe III, il
parut dans la rue'de Madrid une fille égyptienne
qui y brilla comme un météore : elle dansait et
chantait en compagnie d'autres gitanas, mais si
supérieure à toutes par sa beauté, sa grâce et
sa voix, que la foule se pressait partout autour
d'elle. Une pluie d'or et d'argent exprimait l'en-
thousiasme des spectateurs. Le roi lui-même fui
curieux de la voir; les meilleurs poêles du temps Anglais, vrai teint de mulâtre, mal vêtus et de
lui adressaient des vers, trop heureux si elle mauvaise mine. Je leur dis qu'ils élaient les
daignait les chanter; plusieurs seigneursdevin- bienvenus (Dieu sait avec quelle anxiété de
rent épris d'elle, et enfin un jeune homme de coeur), en leur demandant ce que je pouvais
la cour, abandonnant sa famille, se fit gitano faire pour leur service. Mais eux, avec le bre-
pour lui plaire. On découvrit plus lard'que cet douillemenl des gitanos, me dirent de les suivre
astre de beaulé était la fille d'un noble corrégi- à leur campement (aduar), où élail le seiior
dor, volée à son père, clans son enfance, par la comte. Me voici en bonnes mains, me dis-je en
vieille sorcière qui se disait sa grand'mère. Elle moi-même; cela ne peut que bien aller; je dois
épousa son fidèle adorateur. Telle est l'anecdote, m'atlendre à une bonne nuit. Mais enfin, faisant
et c'est aussi le sujet de la nouvelle cle Cer- cle nécessité vertu, je leur répondis : Vamos,
vantes, qui n'est pas la meilleure de ses oeuvres, senores : allons, messieurs, où vous voudrez. Ils
malgré s'a popularité. U n'y a pas que son héros me conduisirent à travers le plus épais du bois,
et son héroïne qui ne sont pas de la vraie race me tenant entre deux pour ne pas me perdre de
égyptienne : tous ses autres gitanos sont des vue, non sans m'avoir demandé où était ma mon-
busnis (chrétiens) déguisés, parlant comme ja- ture et où je l'avais laissée. Elle vient toujours à
mais gitano vériLable n'aurait parlé, alors même moi, répondis-je; très-dévot à saint François, je
qu'ils décrivent assez exactement la vie nomade suis très-mauvais cavalier, et par économie je
de leur race. Cervantes connaissait mieux les voyage à pied. En devisant ainsi, nous arrivâmes
posadas et les veillas de l'Espagne que les camps au campement de la confrérie, où l'on nous
des gitanos. attendait, grâce au coup de sifflet de mes deux
» Mais il existe dans la langue espagnole un guides, qui avaient ainsi averti les leurs de noire
ZIN 718 ZIN
approche. A une portée de pierre, deux filles et plus de façon, ils mangeaient leur part de chèvre
deux garçons vinrent à notre rencontre avec- ou de bouc comme si c'eût été le plus gras et le
grande joie, en s'informanl si nous n'avions pas plus tendre chapon, avalant de temps en temps
d'autres voyageurs après nous. « il est seul, quelques gorgées d'eau, car le vin n'était pas
dirent mes guidés, et s'il eût lardé un peu plus en usage dans celle troupe, qui le trouvait trop
longtemps, nous quittions le poste et revenions cher. Je levai les yeux au ciel et remerciai le Sei-
les mains vides. » .--.'- gneur, envoyant que ce que je ne pouvais man-
» Curieux de savoir quel sort m'était réservé, ger élait si savoureux pour ces misérables :
je me trouvai bientôt entouré d'une bande de qu'importait que leur viande fût charogne, que
quarante hommes et femmes, sans parler d'en- le repas arrivât tard, qu'au lieu devin ils n'eus-
fants de tout âge qui couraient au milieu d'eux, sent qu'une .eau dure et saumâtre, capable, de
nus comme dans l'état de nature. Ils me me- faire crever le plus robuste animal ! Tous ces
nèrent devant le senor comte, personnage qu'ils gens-là, jeunes et vieux,-femmes et enfants,
respectent tous et qui étailie juge et le gouver- étaient vigoureux et d'un excellent teint, comme
neur de celle républiquedésordonnee. Le senor si leur santé avait toujours été soignée avec une
comte m'accueillit avec complaisance el me fit sollicitude particulière... Il "était déjà plus de
dépouiller jusqu'à ma chemise, nie laissant minuit lorsque les gitanos pensèrent à dormir,
Comme lorsque j'étais sorti du sein cle ma mère. les uns s'adossant aux pins-du bois, les autres
Mes habits furent partagés entre les garçons s'élendant sur le peu de vêtements qu'ils pou-
nus et mon petit pécule entre eux tous... J'au- vaient avoir. Pour moi, assiégé de maintes el
rais voulu gaider au moins un peu du manteau diverses imaginations, je servis de sentinelle,
Usédont je nié garnissais l'estomac quand je me entretenant le feu de peur qu'il ne vînt à s'étein-
sentais'malade ; mais une vieille mel'arracha en dre, car, sans s'a bienfaisante chaleur, je me
me disant : «Voyons, voyons, ce sera pour serais bientôt senti mourir. Je m'occupai ainsi
abriter le ventre du petit Antonio qui se meurt; pendant plus de cinq heures, jusqu'à ce que le
de froid.-;. » Maudite gilana, qui avait lu peut- jour parut, et sa lumière sembla bien paresseuse
être cet apophlhegme d'Avicenne : Eliam in vi- à mon attente. Je me réjouis de voir s'en aller
libus summa virtus inesl, et qui voulait soigner la nuit, et le ciel se colorer des teintes de l'aube :
l'estomac de son marmot aux dépens du mien... : cherchant alors quelque chose pour couvrir ma
A la voix du chef parût Isabel, avec une moitié ; pauvre chair, je trouvai, grâce à Dieu, quelques
de chèvre (l'autre moitié', Comme je l'appris peaux de mouton, dont je m'entourai le corps,
plus tard, ayant été mangée-lé matin), volée, la laine en dedans, de manière à être pris pour
selon l'habitude, à des bergers du voisinage. un anachorète.
Sans que personne s'avisât de demander de quelle » Déjà le soleil rayonnait sur les plus basses
mort elle élait morte, ou si elle était tendre, *s montagnes lorsque ces barbares se réveillèrent.
gilanos la traversèrent d'un bâton en guise de Providence divine ! il avait plu pendant près de
broche, et tous, aidant à apporter du bois, dont onze heures, ils n'avaient rien pour se proléger
il y avait abondance, ils firent un grand feu. La contre l'inclémence de l'air, et cependant ils
chèvre fut bientôt rôtie; on ne s'inquiéta pas d'y avaient dormi comme sur de bons matelas; tant
ajouter des sauces savoureuses, mais ceux qui il est vrai que l'habilude devient une seconde
découpaient servirent à chacun sa portion dans nature. Les enlever à cette vie eût été leur don-
des plats de bois; alors la troupe s'assit autour ner la mort. Voyant que je m'étais accoutré
d'un drap de lit étalé, par terre et servant de comme un autre saint Jean-Baptiste, n'ayant
nappe. Quoique la nuit fût noire, point n'était plus que les bras et les jambes à découvert, ils
besoin cle lumière, la flamme du feu .suffisant rirent de bon coeur et louèrent mon industrie;
bien pour éclairer trois fois plus de monde. mais tous ces compliments sur mon talent à m'ac-
Voyant qu'on soupail, j'allai me montrer à un commoder aux circonstances me servirent de
coin pour ne pas forcer les convives à m'inviler, peu, car une des gilanas poussant des cris et
et là-dessus une gilana, prenant une ou deux m'accablanl d'injures me commanda de quitter
côtes, m'appela en disant : « Prends ce morceau mon nouveau costume, qui élait le lit sur lequel
de viande el ce morceau de pain, afin que tu ne elle dormait. Je vis que je m'étais emparé du
nous dises pas : Grand mal vous fasse! » Je fus bien d'autrui, et me dépouillant pour l'acquit de
reconnaissant de ce régal, car, à vrai dire, à ma conscience, je me retrouvai nu comme tout
mesure que je me réchauffais au voisinage du à l'heure. Ainsi restai-je deux jours pleins, el je
feu, l'appétit commençait à m'agacer et la faim, serais resté bien davantage encore sans la mort
à m'inc'ommoder. Je m'escrimai donc sur mes d'un gitano, infirme el vieux, qui ne put se dis-
côtes; mais, quoique j'eusse de bonnes dents, penser de payer sa dette à la nature, le premier
je ne pus y mordre, et le meilleur lévrier d'Ir- peut-être de sa race qui mourût ainsi naturelle-
lande n'aurait pu les entamer, tant elles élaient ment, tant il est d'usage que ces gens-là meu-
dures. Quant à mes compagnons, sans faire rent à la potence. Deux gitanos creusèrent une
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fosse où ils déposèrent le défunt, le corps dé- de < vous une sorcière qui vous a promis qu'en
couvert, ensevelissant avec lui deux pains et peu de jours Vous seriez appelée haute et puis-
quelques pièces de monnaie, comme s'il en avait sante dame et votre mari altesse. » Celle sor-
eu besoin pour le voyage cle l'autre monde. Alors cière était une gitana. Dans une des ballades tra-
s'approchèrent les gitanas, toutes échevelées el ditionnelles des gitanos, on trouve ces mots :
s'égratignant le visage à qui mieux mieux; ve- « Je donnerai un de ses fromages magiques à
naient ensuite les hommes invoquant les saints Maria Padilla et aux siens. » Disons d'abord qu'il
et surtout le grand saint Jean-Baptisle, pour le- ne peut être ici question de la première Maria
quel ils ont une dévotion particulière, lui criant Padilla, femme du roi don Pedro, puisque les
comme à un sourd de les écouter et d'obtenir gitanos n'étaient pas encore en Espagne sous le
pour le mort le pardon de ses péchés, Quand ils règne de ce prince. Il paraît que dona Maria Pa-
se furent enroués à crier,-ils allaient rejeter la checo ou Padilla, car elle est désignée tantôt par
terre dans la fosse, mais je les priai d'attendre un de ces noms, tantôt par l'autre, s'échappa
que j'eusse dit deux mots; on m'accorda ma de Tolède avec sa sorcière, déguisée elle-même
requête, et moi, du -tonde plus humble, je dis à en gitana. Cette sorcière était attachée à sa per-
peu près : «Votre compagnon est déjà allé jouir sonne depuis longtemps et l'abusait par les ap-
de la vue de Dieu, car il faut bien l'espérer de parences, sans doute aussi par les flatteries de
sa bonne vie et de sa bonne mort. Vous avez son affection perfide; elle lui persuada que les
rempli vos obligations en le recommandant au gitanos de sa tribu la transporteraient en Portu-
Seigneur et en lui.donnant la sépulture; mais gal avec son plus jeune fils, son or et .ses bijoux.
qu'il soit enterré:vêtu ou nu, peu lui importe à Les gitanos l'attendaient en effet dans la mon-
lui, tandis qu'il peut m'êlre à moi d'un grand tagne ; mais, pour s'emparer de cet or et de ces
secours de profiter de ses habits. Si vous voulez bijoux, ces misérables assassinèrent la mère et
donc bien- permettre que je m'en empare et l'enfant.
m'en vêtisse, je me souviendrai, toujours, dans » Si celte tradition espagnole est ..vraie,, ja-
mes oraisohsv de ce bienfait accordé à ma misère mais action plus odieuse n'a été commise parles
el à ma nudité. » Ce discours parut fort raison-* gitanos. IJOSgitanos son muy malos : Les gilanos
nable; et j'eus le bonheur de ne pas être contre- sont de bien méchantes gens. Celle phrase pro-
dit. Us me dirent cle faire ce que je désirais. verbiale est de bien vieille date en Espagne..Se-
J'obéis, et me voilà cette fois vêtu en vrai gitano, lon les Espagnols, les gitanos ont toujours élé
sans en avoir encore l'esprit çt les moeurs. Je des escrocs, des voleurs, des sorciers ; et ils
rendisle corps du mort à sa sépulture, et l'ayant ajoutent, choseplus difficile à prouver, heureuse-
recouvert de terre, je le laissai là jusqu'au jour ment: Les gitanos mangent de fa chair humaine.
du jugement, où il reparaîtra, comme nous tous, Mais il est un autre crime qu'il est impossible de
pour rendre ses comptes. » nier : Los gitanos son muy malos ; llevan niiios
Voici d'autres anecdotes : hurlados a Berberia,: Les gitanos sont trôs-mé-
« Charles-Quint, en venant prendre posses- chants; ils transportent les enfants volés en Bar-
sion'du trôné d'Espagne, amena, à sa suite une- barie., i afin de les vendre aux Maures. 11paraît
cour d'étrangers, Flamandsia plupart, qui ré- évident que les gilanos ne cessèrent jamais d'en-
voltèrent bientôt l'orgueil castillan. Charles lui- tretenir des relations avec les Maures d'Afrique
même, jeune, mais tourmenté d'une vaste am- depuis leur expulsion d'Espagne. Les gitanos,
bition et rêvant déjà l'empire d'Allemagne, n'ayant pas plus cle sympathie pour un peuple
semblait Irouver ses sujets de la Péninsule trop que pour l'autre, devaient vendre: des enfants
heureux de lui payer les frais de son élection, il espagnols aux Barbaresques, comme ils auraient
s'étonna'beaucoup de l'opposition des corlès vendu des enfants barbaresques aux Espagnols,
quand il fui question de voter les impôts; mais si ceux-ci en eussent voulu acheter. Bien mieux,
pressé de se rendre auprès des électeurs germa- par leurs rapports avecles pirates, ils leur de-
niques, il partit pour Worms, laissant à ses mi- vaient souvent servir d'espions lorsque ceux-ci
nistres le soin de résister aux comuneros. Celle méditaient quelque, invasion sur les côtes d'Es-
ligue comprenait l'alliance de tous les intérêts pagne. Voilà comment ils ont pu paraître plus
castillans : elle voulait une souveraineté natio- Maures que chrétiens. Aussi ne démentirai-je
nale et imposait à Charles de choisir entre la pas l'anecdote de Quiîïones qui raconte que,
couronne d'Espagne et celle d'Allemagne. lors du siège de Mamora, deux galères espa-
» On voit dans l'histoire les luttes de Juan de gnoles ayant échoué sur un récif de la côte
Padilla et de sa vaillante épouse, dona Maria de d'Afrique, les Maures firent esclaves les chré-
Pacheco; mais le mystère de cette ligue ne s'ex- tiens des équipages, délivrèrent les Maures en-
plique que par les traditions des gitanos. On chaînés à la rame et traitèrent également comme
avait prédit à dona Maria qu'elle serait reine. une race amie tous les gitanos .à bord des deux
Dans ses épîlres familières, Guevarra lui écri- bâtiments. » Voy. BOHÉMIENS.
vait : « On sait, madame, que vous avez auprès Ziton. Pendant les noces de Venceslas, fils de
ZIW 720 ZOD
l'empereur Charles IV, avec là princesse Sophie les mains des conviés en pieds de boeuf, afin
de Bavière, le beau-père, qui savait que son qu'ils ne pussent rien toucher des mets qu'on
gendre prenait plaisir à des spectacles ridicules leur servait, de sorte qu'il avait loisir de prendre
et à des enchantements, fit amener de Prague pour lui la meilleure part. Voyant un jour des
une charretée de magiciens. Le magicien de Vën- gens à des fenêtres, attentifs à regarder un spec-
ceslas, nommé 'Ziton, se présente pour faire as- tacle qui excitait leur curiosité, il leur fit venir
saut avec eux. Ayant, là bouche fendue de part et au front de larges cornes de cerf, pour les em-
d'autre jusqu'aux oreilles, il l'ouvre et dévore tout pêcher de se retirer de ces fenêtres quand ils le
d'un.coup le bouffon du duc de Bavière, avec voudraient. -,
tous ses habits, excepté ses souliers, qui étaient Ziwick, dieu des Polonais avant leur conver-
sales et qu'il Cracha loin de lui. Ensuite, ne pou- sion. Il présidait à la vie et à la mûri.
vant digérer un telle viande, il va se décharger Zizis. C'est le nom que donnent les juifs mo-
dans une grande cuve pleine d'eau, rend son dernes à leurs phylactères.
homme parle bas et .défie ses rivaux de l'imiter. Zoàphité.Voy. MONSTRES , à la.'fui.
Nos vieilles Chroniques et nos contes de fées Zodiaque. Les douze signes du zodiaque
. offrent encore des traits semblables. Ce même orituiie influence diverse sur les horoscopes.
Ziton" changeait quelquefois, dans des .festins, Voy. HOROSCOPES et ASTROLOGIE.
Signesdu zodiaque.
Les influences du firmament se trouvaient son carré avec Mars n'est pas capable de l'a-
très-favorables, disent les astrologues, à la nais- baisser.
sance de Louis XIV; nous en ayons le système La naissance du roi était figurée dans le mi-
généthliaquedans l'une des médailles qui appuient lieu de la médaille par un soleil levant, et le roi
l'histoire de son fastueux règne; l'Académie est placé clans le char de l'astre, avec cette lé-
royale des inscriptions y a marqué (sans rien gende : Ortus solis gallici; le lever du soleil de
donner aux incertitudes de l'astrologie) la posi- la France. L'exergue contient ces autres paroles :
tion précise des planètes au moment où Dieu Septembris quinlo, minulis 38, ante meridicm,
accorda à la France ce monarque que ses grandes 1638.
actions ont rendu si célèbre. Ajoutons ici une remarque curieuse,'c'est que
On voit "autour de cetle curieuse médaille les. les objets sur lesquels les augures exerçaient
douze signes du zodiaque formant les douze mai- leur science se réduisaient à douze chefs, en
sons de ce système; les sept planètes y parais- l'honneur des douze signes du zodiaque : l» l'en-
sent dans les positions qu'elles occupaient alors; trée dans une maison des animaux domestiques
le soleil occupe le milieu du ciel ; Mars, seigneur ou sauvages; 2° la rencontre subite de quelque
de l'ascendant, se trouve en réception avec Ju- animal sur le chemin; 3° la foudre, l'incendie
piter, le protecteur de la vie, et ce qu'on nomme d'une maison ou de quelque autre objet ; k° un
la fortune majeure. Saturne, qui est hostile, se rat qui rongeait des meubles, un loup qui em-
voit là placé dans les dignités (en argot d'astro- portait une brebis, un renard qui mangeait une
logue), ce qui le rend moins maléfique; la lune poule, et tout événement de celle espèce; 5° un
est en conjonction avec Vénus, et Mercure, dans bruit qu'on entendait dans la maison et que l'on
son domicile de prédilection, à dix degrés du croyait produit par quelque esprit follet; 6° un
soleil, hors de combustion, éclairé par ses rayons, oiseau qui tombait sur le chemin et se laissait
ce qui donne une supériorité, de génie dans les prendre, un hibou qui chantait, une corneille
plus difficiles et les plus importantes entreprises; qui criait, toutes circonstances qui élaient du
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ressort de l'augure; 7° un chat qui, contre la ir intitulé Origine de tous les cultes, à voulu dé-
coutume, entrait dans la chambre par un trou; molir m nos dogmes, n'ont pas le moins du monde
dans ce cas, il élait pris pour un mauvais génie, 1' l'antiquité qu'il leur prête, n'ayant été imaginées
ainsi que tout autre animal qui se présentait de que q par Macrobe et ses contemporains, lorsque,
la même manière; 8° une chandelle-ou un flam- le paganisme, honteux, devant les premiers chré-
beau qui s'éteignait de lui-même, ce que l'on ti tiens, de sa grossière théogonie, chercha à la co-
croyait un fait de quelque démon; 9° le;feu qui lorer le de ce vernis pour en rougir un peu inoins '.
pétillait ; les anciens croyaient là entendre parier Zodiaque de Jacob. Un jeune savant anglais,
Vulcain ; 10° le feu qui étineelait extraordinaire- ArthurA Lumley Davids, trop, tôt enlevé aux
ment; 11° le feu qui bondissait d'une manière sciences s et aux lettres, nous a légué une obser-
singulière ; les anciens s'imaginaient que les lares vation
v ingénieuse sur les connaissances astrono-
l'agitaient ; 12° enfin, une tristesse subite et tout nmiques des anciens Hébreux. Le songe de Joseph
événement fâcheux que l'on apprenait contre et e la bénédiction de Jacob, dit-il, ne laissent
toute attente. aucun
a doute de la connaissance du zodiaque
Et maintenant dans ce livre, où nous délias- parmi j les-anciens Hébreux. Le songe de Joseph
quons toutes les erreurs, autant que le,permet- e exprimé par les images du soleil, de la lune
est
tentnos humbles lumières, ne dirons-nous rien et e des,onze constellations qui s'inclinent devant
des querelles singulières qui se sont élevées à lui, 1 la douzième. Ces constellations ainsi réunies
propos du zodiaque de Denderah et de quelques ne i peuvent signifier que les. signes du zodiaque
autres zodiaques égyptiens? Les philosophes, cdans,les limites.desquelles se rëtrouyent toujours
qui ont enfanté tous les égarements de l'esprit le 1 soleil et la lune. L'historien sacré nous dit
humain,, comme il ne serait pas difficile de le < qu'après Je récit de son fils, Jacob en garda le
démontrer, ont reçu de nos jours bien des , ssouvenir, etriennele prouve mieux que les der-
échecs ; ils en recevront encore j usqu' à:ce; qu'ils : nières
i paroles du saint patriarche à ses fils.
reconnaissent, si c!est possible, dans les!.;condi- Les images dont Jacob s'est servi pour expri-
tions.de: leur pauvre orgueil, qu'on ne trouve : mer i les destinées diverses, de sa postérité sont
guère la- vérité, hors des enseignements des prises ] de ces mêmes signes, du. zodiaque aux-
l'Église. Les luttes contre le Pentateuque n'ont , *quels Joseph avait fait allusion, avec celte seule
laissé dans ses adversaires que des vaincus. Les; < différence qu'ici les signes -eux-mêmes sont nom-
plus fiers combattants élaient deux astronomes, , mes, ' et décrits.;.Rubencomparé à l'eau incon-
gens dont la science est moins fixée peut-être i stante ' est le Verseau; Siméon et Lévi sont réu-
que le magnétisme, aux bases, si incertaines. Ces; nis ensemble avec l'observa tion qu'ils son t frères,
astronomes, Bailly et Dupuis, comme les Titansi et figurent les. Gémeaux; Judas est le Lion; Za-
qui s'ëlaient promis d'escalader le ciel, ont en-- bulon, qui habite les ports de mer, en rëpré-
tassé paradoxes sur systèmes, conjectures sur<• sente la production : le Cancer; Issaehar est
présomptions, suppositions sur bévues, induc-- probablement le Taureau, les Septante l'ont
tions sur fantômes, aberrations sur mauvais vou-- même traduit par Aner Gcorgos, le cultivateur
loirs pour asseoir un piédestal à une antiquité h du sol. Les signes appliqués à Dan montrent
du monde qui pût contredire les livres divins. évidemment l'identité de nos signes du zodiaque
Bailly crut démontrer que le zodiaque de Den-- avec ceux des anciens Hébreux; les trois signes
derah élait antérieur au déluge; Dupuis, pluss dans lesquels Dan est représenté se suivent
acharné, car ce n'était là ni la hardiesse ni l'in-- dans Ja- même position que dans nos zodiaques.
térêt de la science, Dupuis s'épuisa en longuess La Ralance est l'attribut de Dan, en sa qualité
veilles, en travaux ardus, qui lui ont coûté assu-- de juge, puis comme Scorpion : « Il mord le ta-
rément bien des sueurs, pour établir que le zo-- Ion du cheval et le cavalier est renversé. » C'est
diaque égyptien élait antérieur de treize millee exactement la position de notre Scorpion à l'é-
ans à Jésus-Christ. Pauvre homme qui se frottaitit gard du Centaure, qui représente le Sagittaire.
les mains d'un tel triomphe! Gad l'archer est ie Sagittaire. Asher, aux mets
Maisjes savants sérieux sont venus bientôt, , succulents, représente les Poissons; Nephthali
les savanls sans passion, les savants qui recher-- est le Bélier; Joseph', la vigne féconde, est Ja
chent la vérité. Les Visconti, les Testa, les- s Vierge ; Benjamin enfin est comparé au loup qui
Champollion, les Letronhe ont ramené la ques-- dans l'antiquité occupait la place du Capricorne;
tion aux faits réels; ils ont prouvé de la manièree même dans des temps plus récents on voit à ce
la plus incontestable que les Égyptiens ni les :s signe un Pan avec une tête de loup. Les Hébreux
Indiens n'avaient inventé le zodiaque, qu'ilsis auraient ainsi connu la sphère plus de deux mille
l'avaient reçu des Grecs, lesquels le"tenaient ît ans avant l'ère chrétienne. 11y a peu de doute
des Hébreux ; que le zodiaque e Denderah était
un ouvrage du règne de Néron, et que les inter- 1 Voyez M. Lelronne, Sur l'origine grecque deê
prétations astronomiques au moyen desquelles prétendus zodiaques égyptiens* Voyez aussi la bro-
Dupuis, dans le fatras indigeste et infâme qu'il a chure de M. Testa sur les zodiaques;
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que le zodiaque hébreu ne soit le Massanoh dont que disent Pline et Solin. il y avait alors un
parle: Job dans son allusion -astronomique aux grand nombre de magiciens très-puissants; ils
constellations célestes. {Archives israélites.) savaient qu'un jour Zorôastre en saurait plus
Zorôastre, le premier et le plus ancien des qu'eux et qu'il triompherait de leur magie. Le
magiciens. Sextus Sinensis reconnaît'deux en- prince des magiciens fit amener l'enfant et vou-
chanleursde ce nom: l'un roi de Perse et auteur lut le couper en deux; mais sa main se sécha
delà magie naturelle; l'autre roi des Bactriens sur-le-champ. On le jetadans le feu, qui se con-
et inventeur cle la magie noire ou diabolique. vertit pour lui en bain d'eau rose. On voulut le
Justin dit que Zorôastre régnait dans la Bac--' faire briser sous les pieds des taureaux sauvages,
triane longtemps avant la guerre de Troie ; qu'il mais un taureau pluspuissant prit sa défense. On
fut le premier magicien et qu'il infecta le genre lô jeta parmi les loups; ces loups allèrent incon-
humain des: erreurs de la magie. tinent chercher deux brebis qui lui donnèrent à
Voici, dit Voltaire, ce que l'Anglais Hyde rap- teter toute la nuit. Enfin, il futrendu à sa mère,
porte sur Zorôastre, d-aprèsun historien arabe : Dogdo, ou Dodo, ou Dodu. » Bérose prétend que
•.;. « Le'-:prophète. Zorôastre étant venu du para- Zoçpastre n'est autre que Cham, fils de Noé. Les
dis prêcher sa religion chez le roi de Perse Gus- cabalistes ont de Zorôastre une opinion toute
lapli, le roi dit au prophète : « Donnez-moi un différente; mais, si les démônomaues le confon-
signe. » Aussitôt ie prophète fit croître devant dent avec Cham, les cabalistes le confondent
la porte du palais un cèdre si gros et si haut, avec Japhet. Ainsi, les uns et les autres s'accor-
que nulle corde ne pouvait l'entourer ni attein- dent à le faire fils de "Noé. « Zorôastre .autrement
dre sa cime. Il mit au haut du cèdre un beau nommé Japhet, dit le comte de Gabalis, était fils
cabinet où nul homme ne pouvait monter. de Vesta, femme de Noé. Il vécut douze cents
Frappé de ce miracle, Guslaph crut à Zorôastre. ans, le plus sage monarque du monde; après
Quatre mages ou quatre sages (c'est la ihêmei. quoi il fut enlevé. Cette Vesta, étant morte, fut
chose), gens jaloux et méchants, empruntèrent: le génie lulélaire de Rome; et le feu sacré, que
du portier royal la clef de la chambré du pro- clés vierges conservaient avec tant de soin sur. uû
phète pendant son absence et jetèrent parmi ses autel, brûlait en son honneur. Outre Zorôastre,
livres des os de chiens et de chats ; des ongles el il naquit d'elle une fille d'une rare beauté et
des cheveux de mort, toutes drogues avec les- : d'une, grande-sagesse, la divine Égérie, de qui
quelles les magiciens ont opéré dé tout temps. Ntima Pompilius reçut toutes ses lois. Ce fut elle
Puis ils allèrent accuser le prophète d'être un qui engagea Numa à bâtir un temple en l'honneur
' sorcier et un empoisonneur. Le roi se fit ouvrir cle Vesta, sa mère. Les livres secrets de l'an-
la chambre par son portier. On y trouva les ma- cienne cabale nous apprennent qu'elle fut conçue
léfices, et voilà Zorôastre condamné à être enTespace.dê temps que Noé passa sur les flots,
pendu. réfugié dans l'arche cabalistique. »
» Gomme on allait pendre Zorôastre, le plus Zoubdadeyer. En l'an 408, le roi de Perse
beau cheval du roi tombe malade; ses quatre Gabadès apprit, dit Théophanes, qu'il y avait
jambes rentrent dans son corps, tellement qu'on : aux: frontières de ses États un vieux château ap-
ne les voit plus. Zorôastre l'apprend; if promet pelé Zoubdadeyer, plein de richesses-gardées
qu'il guérira le cheval, pourvu qu'on ne le pende par des démons. Il résolut de s'en emparer,
pas. L'accord étant fait, il fait sortir une jambe mais les magiciens juifs qu'il employa pour
du venlre et dit au roi : « Sire, je ne vous; ren- mettre en fuileies bandes infernales n'y réussi-
drai pas la seconde jambe que vous n'ayez em- rent pas. Un évoque chrétien put seul dissiper
brassé ma religion. les prestiges du château ensorcelé.
» — Soit, dit -le monarque. » Le prophète, Zoureg, serpent mystérieux, long d'un pied,
après avoir fait paraître la seconde jambe, vou- que les Arabes disent habiter le désert, où il est
lut que les fils du roi se fissent zoroastriens ; et doué d'une puissance qui lui permet, dans ses
les autres jambes firent des prosélytes de toute courses, de traverser, sans se détourner les plus
la cour.,On pendit les quatre malins sages au rudes obstacles, un rocher, un mur, un arbre,
lieu du prophète, et toute la Perse reçut sa foi. un homme. L'homme que le zoureg traverse en
» Bundari, historien arabe, conte que Zo- passant meurt aussitôt On ne peut tuer ce petit
rôastre était Juif, et qu'il avait été valet de Jé- serpent qu'en lui coupant la tête pendant qu'il
rémie ; qu'il mentit à son maître ; que Jérémie, dort.
pour le punir, lui donna la lèpre; que le valet, Zozo, démon qui, accompagné de Mimi et de
pour se décrasser, alla prêcher une nouvelle re- Crapoulet, posséda en 1816 une jeune fille du
ligion en Perse et fit adorer le soleil. bourg de Teilly en Picardie. Voy. POSSÉDÉS.
» Le voyageur français qui a écrit la vie de Zundel, capitaine des bohémiens. Voy. BOHÉ-
•Zorôastre, après avoir observé que son enfance MIENS.
ne pouvait manquer d'jêtre miraculeuse, dit Zwinglé, élait curé de Notre-Dame des Er-
qu'il se mit à rire dès qu'il fut né, du moins à ce mites à Einsiedeln, lorsque Luther donna le si-
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gnal de cette révolte effroyable qu'on a appelée Dans ce dédale immense d'erreurs, d'illusions
la Réforme. et d'égarements, dont nous venons de rassembler
11voulutcomme lui se rendre indépendant. Mais les croquis monstrueux ou grotesques, on ne
comme il n'avait pas entièrement perdu la foi, perdra pas cle vue ce grand fait, — que tout ce
ces mots si précis de la consécration : Ceci est- qui est faux et coupable est dans tous les temps
mon corps! l'embarrassaient. le fruit des insurrections de l'esprit humain, et
Un démon, peut-être celui qui avait enseigné que ces écarts et ces rebellions n'ont pu êlre
Luther, vint à lui et lui dit: « Lâche, que ne produits que par les hardiesses d'une fausse phi-
réponds-tu à ce propos ce qui est écrit clans losophie qui a constamment répandu ses rêves
l'Exode : sous des masques divers ; mais il est une lumière,
— L'agneau esl la Pdque, pour dire qu'il en la seule vraie, qui brille au milieu de ces ténè-
est le signe ?» bres, quoique le grand nombre ferme les yeux
Ce trait de lumière venu d'en bas suffit à Zwin- pour ne la point voir : — Lux in tenebris hicet,
-—-•Cette
gle, qui apostasia, et qui, quelque temps après, et lenebroe eani non comprehenderunti
le 11 octobre 1531, à l'une des batailles qui....ont vraie lumière n'est nulle part entière que clans
été les fruits amers de la Réforme, y fut tué mi^ i^-Égljse romaine, centre unique de la liberté et
sérablement en combattant contre l'Église./-*^tv- dè/Ja^vérité, — où Dieu nous maintienne !