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Les opinions exprimées à travers ces textes sont celles
de leurs auteurs et ne sauraient engager l'UNESCO
REPÈRES 1
L ' H O M M E D E L'AMBIVALENCE 5
L a postulation spirituelle 5
L e postulat de la violence 9
P R O P H È T E S D É S A R M É S : VARIATIONS S U R U N MESSAGE 15
Une transcendance créatrice 16
Les hommes : semblables, égaux 21
Quatre commandements 23
Le devoir d'amour 23
L'amour et la justice 26
L'impératif de justice 29
Prêcher, non violenter 31
L a mort et les fins dernières 33
L E MESSAGE RÊVÉ 41
Cité charnelle, cité de Dieu, utopies 42
Disputations rationnelles : le salut de la
« conscience errante » 49
Disputations confessionnelles : la prière
d'Abraham 54
Bibliographie 295
Repères
Les thèmes et les termes du problème sont tous là, explicites ou en germe
en ces cinq textes, mais apparemment sans lien : d'une part, une
harmonie universelle postulée et source d'unité— symbolisée ici par la
Sagesse inventant la musique, la valeur absolue de toute vie dans
l'essentielle responsabilité réciproque de chaque homme et de la
communauté humaine, la supériorité enfin de l'amour sur la violence ;
en face, et du fait paradoxal de l'homme même, le scandale de la
différence supposée maléfique des convictions, des « objets » de culte,
de la couleur de la peau... Entre les deux, une même puissance
multiforme : l'or, ou, si l'on veut, sa prétention au pouvoir, à tous les
pouvoirs.
Le présent ouvrage est le lieu de la nouaison et d'un essai de
restitution de cette tragédie optimiste.
(...)
Car il y a ce m a l
ci-gît au comble de m o i - m ê m e
couché dans une grande mare la sourde sans ressac
quand le jour vorace m e surprit m o n odeur
3
REPÈRES
L a postulation spirituelle
6
La confession négative
(papyrus Nu)
L ' H O M M E DE L'AMBIVALENCE
9
V œ u x des ancêtres Quiche
10
Au nom de Dieu :
celui qui fait miséricorde,
le Miséricordieux.
Louange à Dieu,
Seigneur des M o n d e s :
celui qui fait miséricorde,
le Miséricordieux,
le Roi du Jour d u Jugement.
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LA T O L É R A N C E
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Le Chœur
L ' H O M M E DE L ' A M B I V A L E N C E
L e postulat de la violence
13
La plainte de Mélétos
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Jésus devant Pilate
Le crucifiement
Ils prirent donc Jésus qui, portant lui-même sa croix, sortit
de la ville pour aller au lieu dit d u Crâne, en hébreu
Golgotha, où ils le crucifièrent et avec lui deux autres : un de
chaque Côté, au milieu, Jésus.
Nouveau Testament, La Passion selon saint Jean, xvm, xix
15
Cortés fit dresser une estrade d u mieux qu'il put avec des
étoffes, des nattes, des sièges et préparer un repas avec les
vivres dont il disposait pour lui-même. Sandoval et Holguin
arrivèrent avec leur prisonnier (Cuauhtemoc, dernier e m p e -
reur aztèque). Cortés lui témoigna grand respect, lui donna
allègrement l'accolade et lui montra grande amitié ainsi q u ' à
ses capitaines. Cuauhtemoc dit à Cortés : « Seigneur Malin-
che, j'ai fait l'impossible pour défendre m a ville et mes sujets.
Je ne peux rien de plus. M e voici prisonnier devant toi.
Prends ce poignard à m a ceinture et tue-moi ! » Et il pleurait
des larmes abondantes. Tous les seigneurs de sa suite
sanglotaient aussi. Par dona Marina et Aguilar, Cortés
répondit tendrement qu'il avait la plus grande considération
pour lui parce qu'il avait vaillamment tenu et défendu sa
ville, ce pourquoi il méritait d'être estimé et non blâmé.
Cortés aurait préféré que, se voyant vaincus, les Mexicains
en vinssent de leur propre gré à accepter la paix. Il y aurait
eu moins de morts, moins de ruines. Mais c'était d u passé,
c'était sans remède. Il les priait donc, lui, le roi et ses
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L ' H O M M E DE L ' A M B I V A L E N C E
LA T O L É R A N C E
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U n e transcendance créatrice
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Il est Dieu !
Il n ' y a de Dieu que lui.
Il est celui qui connaît ce qui est caché et ce qui est apparent.
Il est Dieu !
Il n ' y a de Dieu que lui ! (...)
Gloire à Dieu !
Il est très éloigné de ce qu'ils lui associent !
Il est Dieu !
L e Créateur,
celui qui donne u n commencement à toute chose,
celui qui façonne.
Les N o m s les plus beaux lui appartiennent.
C e qui est dans les cieux et sur la terre
célèbre ses louanges.
Il est le Tout-Puissant, le Sage.
Le Coran, Sourate LIX, Le rassemblement
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O Viracocha, Seigneur de l'Univers,
Q u e tu sois mâle,
Q u e tu sois f e m m e ,
Seigneur de la reproduction,
O ù que tu puisses être,
Seigneur de divination,
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PROPHÈTES DÉSARMÉS
O ù es-tu ?
T u peux être en haut,
T u peux être en bas,
O u peut-être alentour,
Avec ton splendide trône et ton sceptre !
D E H , écoute-moi !
D u haut du ciel,
O ù peut-être tu es,
D e la mer là-bas
O ù peut-être tu es,
Créateur d u m o n d e ,
Faiseur de tous les h o m m e s ,
Seigneur de tous les seigneurs,
M e s yeux m'abandonnent
Par désir de te voir,
Par seul désir de te connaître.
Puissé-je t'admirer,
Puissé-je te connaître, (...)
Puissé-je te comprendre !
Tourne donc ton regard sur m o i ,
Puisque tu m e connais.
Grand hymne à Viracocha (dieu de la pluie chez les Incas), Pérou
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Quant à l'orphelin
ne le brime pas.
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LA TOLÉRANCE
Quant au mendiant
ne le repousse pas.
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K h m v o u m , ô K h m v o u m , tu es le Maître
O Créateur, le Maître de tout,
Maître de la forêt, Maître des choses,
Maître des hommes, ô K h m v o u m ,
Et nous, les petits, nous sommes les sujets.
Maître des hommes, ô K h m v o u m ,
Commande, ô Maître de la vie et de la mort
Et nous obéirons.
Prière pygmée
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P o u r nous, toutes les cités sont une, tous les peuples sont
frères ; le bien et le m a l n e nous viennent pas d'autrui.
Purananuru IIe s. av. J.-C.-iie s. apr. J.-C.
Époque sangam Traduit du tamil
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PROPHÈTES DÉSARMÉS
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Quatre commandements
Le devoir d'amour
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Antigone : Hadès n'en veut pas moins voir appliquer ces rites.
Créon : Le bon ne se met pas sur le rang d u méchant.
Antigone : Qui sait, si sous la terre la vraie piété est là.
Créon : L'ennemi, m ê m e mort, n'est jamais un ami.
Antigone : Je suis de ceux qui aiment, non de ceux qui
haïssent.
Sophocle, Grèce antique, Antigone, 441 av. J.-C.
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L'amour et la justice
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Ainsi tout ce que vous désirez que les autres fassent pour
vous, faites-le vous-mêmes pour eux : voilà la Loi et les
Prophètes.
Nouveau Testament, saint Matthieu, vu
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N'est croyant que celui qui veut pour son frère ce qu'il veut
pour lui-même.
Hadîth (Dits du Prophète M u h a m m a d )
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D e plus, m e s frères, alors m ê m e que des voleurs de grand
chemin vous découperaient en pièces, m e m b r e par m e m b r e ,
avec une scie à double poignée, si l'esprit de l'un quelconque
d'entre vous en tirait offense, celui-ci ne serait pas un de m e s
disciples. M a i s c'est ainsi que vous devez apprendre à vous
conduire. (...)
Notre c œ u r restera ferme, aucune méchante parole ne
quittera nos lèvres et nous resterons attentifs au bonheur
d'autrui, dépourvus de rancune et le cœur aimant. (...) C'est
ainsi mes frères que vous devez vous conduire.
Majjhima Nikaya, xie s. av. J.-C. traduit du pâli
52
Voilà ceux qui recevront une double rétribution,
parce qu'ils ont été constants,
parce qu'ils ont répondu au m a l par le bien,
parce qu'ils ont donné en aumônes
une partie des biens que nous leur avions accordés.
Le Coran, Sourate x x v m , Le récit
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Le Prophète dit à O q b a b. A m i r : « O c O q b a , je t'indique
c
54
Un homme se présenta devant 'Omar b. c Abdel c Azîz et se
plaignant à lui d e ce q u ' u n h o m m e l'avait lésé, le calomnia.
• O m a r lui dit alors : « Il vaut mieux pour toi avoir rencontré
Dieu et l'injustice telle qu'elle s'est présentée plutôt q u e de
l'avoir subie en e n tirant vengeance. »
Ghazâlî, 1058-1111, Perse,
Revivification des sciences de la religion
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L'impératif de justice
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C
A1I ben Abï Tâlib, qu'il soit béni de Dieu, écrivit à Mälik,
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PROPHÈTES DÉSARMÉS
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LA T O L É R A N C E
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Faut-il contraindre les Infidèles à la foi ?
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LA TOLÉRANCE
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La faute d'Abraham
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PROPHÈTES D É S A R M É S
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Devant les Dieux du Monde Inférieur
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(...) Beaucoup de peuples d'autrefois auront la grâce (...)
Je peux dire m ê m e que la plupart des Chrétiens d'Orient de
notre temps recevront la miséricorde, si Dieu le veut.
Ghazâiï, 1058-1111, Perse, Faysal al-Tafriqa
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C e u x qui croient,
ceux qui pratiquent le judaïsme,
ceux qui sont Chrétiens ou Çabéens,
ceux qui croient en Dieu et au dernier Jour,
ceux qui font le bien :
voilà ceux qui trouveront leur récompense
auprès de leur Seigneur.
Ils n'éprouveront plus alors aucune crainte,
ils ne seront pas affligés.
Le Coran, Sourate il, La vache
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Heureux êtes-vous si l'on vous insulte, si l'on vous persécute
et si l'on vous calomnie de toutes manières à cause de moi.
Soyez dans la joie et l'allégresse, car votre récompense sera
grande dans les cieux ; c'est bien ainsi qu'on a persécuté les
prophètes, vos devanciers.
Nouveau Testament, saint Matthieu, v
Le message rêvé
LA T O L É R A N C E
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Conversation avec le chancelier von Müller
LE MESSAGE R Ê V É
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LE MESSAGE R Ê V É
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L'île en révolte
Je rêve
d'un m o n d e où l ' h o m m e
ne méprisera plus l ' h o m m e ,
où l'amour régnera sur la terre,
où la paix ornera ses chemins.
Je rêve d ' u n m o n d e où tous
se laisseront conduire par les sentiers chéris d e la liberté,
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LE MESSAGE R Ê V É
Disputations rationnelles :
le salut de la « conscience errante »
Soit donc cette île idéale où, par une démarche naturelle, l'homme
originel redécouvre, par sa seule raison, le message initial, l'intériorise
et s'y soumet librement, dans la pleine reconnaissance de la diversité
humaine. Qu'en est-il de l'homme non « élu », qui n'a pas eu la grâce
de chercher ou de rencontrer telle voie ?
Justement. Mais entrons plus avant dans le rêve des monothéismes.
A l'avant-scène apparaissent « trois hommes, venus de trois directions ».
Deux d'entre eux, forts chacun de sa vérité mais de guerre las, s'en
remettent à un « philosophe » pour trancher, au terme de leur débat,
auquel d'entre eux reviendra la charge de l'âme du troisième, un pdien.
Sous l'égide de « D a m e Intelligence » s'engage alors une étrange
disputation rationnelle d'où très vite le Gentil, récusant la règle du jeu,
sort sauvé, mettant du coup à nu le « vrai » conflit, celui des deux vérités
des maîtres où la sienne s'affirme juge plutôt que partie puisque, pour
le convaincre, lui, et le gagner, il leur appartient d'abord de réduire leurs
propres divergences et d'entendre elles-mêmes raison, sans détour, limites
ni menace. Un temps viendra où la retraite ne sera pas si aisée.
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LA TOLÉRANCE
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LE MESSAGE R Ê V É
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LA TOLÉRANCE
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Disputations confessionnelles :
la prière d ' A b r a h a m
Le rêve insulaire se poursuit néanmoins et les trois Sages, ayant
« perdu » le Gentil d'Amérique ou d'Asie mais toujours devisant, se
sont maintenant engagés dans une forêt symbolique pour chercher
¡'eminente raison de leurs propres variations autour de l'unité afin de
mettre en effet d'abord un terme à leurs propres dissensions
doxologiques.
Or, l'interpellé cette fois-ci n'est plus le théologien-philosophe de
la séquence précédente, mais Dieu lui-même, supplié d'expliquer cette
diversité dont, étant l'auteur, il est seul à pouvoir rendre raison. A
partir de U n , invoque-t-on, l'humanité reconnaissante s'est multipliée ;
mais elle l'a fait dans une diversité douloureuse, sous « la domination
des rois » et à l'appel des prophètes qui n'ont pourtant fait que
transmettre le message transcendant. Pourquoi donc nos divergences ?
Sinon des médiateurs, sont-elles, à cette intensité, le fait de la nature
des hommes ou du pouvoir des rois qu'elles aient conduit à un tel
aveuglement et à tant de violence ? Seraient-elles aussi d'enracinement
dans l'habitude et de force de tradition?
Ici, une profusion de métaphores et d'analogies obscurcit quelque
peu ce débat onirique. La raison cherche des raisons mais les réponses
visent l'imaginaire : l'arbre n'a qu'un seul tronc, mais des branches et
des feuilles multiples ; « la couleur de l'eau est celle de son récipient » :
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LA TOLÉRANCE
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Les h o m m e s formaient une seule c o m m u n a u t é .
Dieu a envoyé les prophètes
pour leur apporter la bonne nouvelle
et pour les avertir.
Il fit ainsi descendre le Livre avec la Vérité
pour juger entre les h o m m e s
et trancher leurs différends,
mais seuls, et par jalousie entre eux,
ceux qui avaient reçu le Livre
furent en désaccord à son sujet
alors que des preuves irréfutables
leur étaient parvenues.
Le Coran, Sourate n, La vache
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L'attachement de chacun à sa propre secte rend les h o m m e s
présomptueux et si arrogants que quiconque leur paraît
s'éloigner de leur foi leur paraît pour autant étranger à la
miséricorde divine, et q u e vouant tous les autres à la
damnation, ils se promettent seuls à la béatitude.
Pierre Abélard, 1079-1142, France,
Dialogue entre un Philosophe, un Juif et un Chrétien
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LA T O L É R A N C E
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Viens donc à leur secours, Toi qui seul le peux. Car c'est Toi
seul qu'ils vénèrent à travers tous les objets apparents de leur
culte et c'est à cause de Toi, par conséquent, que naît la
guerre religieuse. (...)
(...) C'est donc Toi qu'à travers la diversité des rites ils
semblent tous chercher diversement et à travers la diversité
des n o m s divins, c'est Toi qu'ils n o m m e n t . (...) Et s'il
advient qu'il soit impossible de faire disparaître cette
différence des rites et que cette différence m ê m e paraisse
souhaitable pour augmenter la dévotion, chaque religion
s'attachant avec plus de vigilance à ses cérémonies c o m m e si
elles devaient plaire davantage à ta Majesté, — que d u
moins c o m m e T u es unique, il y ait une seule religion, u n
seul culte de Latrie. (...)
Nicolas de Cusa, Allemagne, La paix dans la foi, 1454
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1" journée, 3e nouvelle
LA T O L É R A N C E
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L ' A m e est une, mais les corps qu'Elle anime sont nombreux.
Nous ne pouvons pas réduire le nombre des corps, et
pourtant nous reconnaissons l'unité de l ' A m e . D e m ê m e
q u ' u n arbre n ' a q u ' u n tronc, mais beaucoup de branches et
de feuilles, de m ê m e il n'existe qu'une seule religion vraie et
parfaite, mais elle devient multiple en passant par l'intermé-
diaire de l ' h o m m e . L a Religion unique est au-delà du
domaine d u langage. D e s h o m m e s imparfaits ne peuvent
l'exprimer que dans le langage dont ils disposent, et leurs
paroles sont interprétées par d'autres h o m m e s également
imparfaits. Quelle est l'interprétation qu'on doit accepter
c o m m e la vraie ? C h a c u n a raison de son propre point de vue,
mais il n'est pas impossible que tout le m o n d e ait tort. D ' o ù
la nécessité de la tolérance, qui n'est pas de l'indifférence
pour sa propre foi, mais u n a m o u r plus pur et plus intelligent
pour cette foi. L a tolérance nous donne un pouvoir de péné-
tration spirituelle qui est aussi éloigné du fanatisme que le
pôle nord du pôle sud. L a véritable connaissance de la
religion fait tomber les barrières entre une foi et l'autre. E n
cultivant en n o u s - m ê m e s la tolérance pour d'autres concep-
tions, nous acquerrons de la nôtre une compréhension plus
vraie. Il est clair que la tolérance n'affecte pas la distinction
entre le bien et le mal, entre ce qui est juste et ce qui est faux.
Et je n'ai voulu parler ici que des principales conceptions
religieuses d u m o n d e . Toutes reposent sur des bases
c o m m u n e s . Toutes ont produit de grands saints.
Mahatma Gandhi, 1869-1948, Inde,
Lettres à l'Ashram
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LA TOLÉRANCE
LE MESSAGE RÊVÉ
LE M E S S A G E R Ê V É
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LA TOLÉRANCE
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Il faut suivre ce qui est c o m m u n , c'est-à-dire universel. C a r
le Verbe universel est c o m m u n à tous. O r , bien que ce Verbe
soit c o m m u n à tous, la plupart vivent c o m m e s'ils possé-
daient en propre une pensée particulière.
Heraclite d'Ephèse, Grèce antique, env. 540-480 av. J.-C.
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L e mot intolérance s'entend c o m m u n é m e n t de cette passion
féroce qui porte à haïr et à persécuter ceux qui sont dans
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VICAIRES A R M É S
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Huit ans après son sacre, le roi ami des dieux au regard
amical a conquis le Kalinga. Cent cinquante mille personnes
ont été déportées, cent mille y ont été tuées ; plusieurs fois ce
nombre ont péri. Ensuite, maintenant que le Kalinga est
pris, ardents sont l'exercice de la Loi, l'amour de la Loi,
l'enseignement de la Loi chez l'ami des dieux. Le regret tient
l'ami des dieux depuis qu'il a conquis le Kalinga. E n effet,
la conquête d ' u n pays indépendant, c'est le meurtre, la mort
ou la captivité pour les gens ; pensée que ressent fortement
l'ami des dieux, qui lui pèse.
Ceci pèse encore davantage à l'ami des dieux : les
habitants, brahamanes, samanes ou ceux d'autres
communautés, les bourgeois qui pratiquent l'obéissance aux
supérieurs, l'obéissance aux père et mère, l'obéissance aux
maîtres, la courtoisie parfaite à l'égard des amis, familiers,
compagnons et parents, à l'égard des esclaves et des
domestiques, et la fermeté dans la foi, tous sont alors
victimes de la violence, du meurtre ou de la séparation
d'avec ceux qui leur sont chers. M ê m e les chanceux qui ont
conservé leurs affections, s'il arrive malheur à leurs amis,
familiers, camarades ou parents, cela aussi est un coup
violent pour eux. Cette participation de tous les h o m m e s est
une pensée qui pèse à l'ami des dieux. (...)
Et m ê m e si on lui fait tort, l'ami des dieux pense qu'il faut
patienter autant qu'il est possible de patienter (...)
Car l'ami des dieux veut qu'il y ait chez tous les
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LA T O L É R A N C E
VICAIRES A R M É S
Gages et représentations
Avant les monothéismes, et pour autant que des textes en ont gardé
mémoire, les conquérants se présentaient en tant que tels, non en
porteurs de bonne parole. En terre barbare, ils n'entendent pas tant
assimiler qu'étendre et tenir un empire économique dans l'indifférence
aux croyances. Ainsi, « Jules César, empereur, dictateur pour la
seconde fois et souverain pontife », distribue, par un mouvement de
tolérance politique guère coûteuse, prébendes et privilèges à une famille
autochtone en terre envahie... Ce qui compte pour Rome, c'est Rome
souveraine de l'Empire, de ses richesses et de ses hommes. Aux yeux de
Rome, la même tolérance est consentie à toutes sectes, Juifs, Chrétiens
et autres sous sa domination, pour autant qu'aucune, pour des motifs
de croyance, ne met l'Empire en danger. La liberté de conscience est
tolérée non pour elle-même mais pour la gestion bien entendue de
l'Empire. Quand germeront les « dissensions intestines et l'émeute »
ce sera le moment fugitif des représentations, des hésitations, des
gages.
Dès lors que la relation de domination économique et politique
n'est, par postulat, pas en cause, les concessions sont faites, sur le mode
de la récompense des « bons et loyaux services », de la sollicitude
calculée du maître. Dans une telle relation, on ne peut exterminer pour
raisons spirituelles ceux-là mêmes qu'on exploite.
Certes, dans cette éclaircie, bien des plaintes nues s'élèvent : celle
des Juifs tenus en opprobre mais protestant de tout temps de leur bonne
foi et de l'observance de leur Loi et d'elle seule; celle de la secte
chrétienne naissante et celles de toutes les autres, oubliées par l'his-
toire.
Le Christianisme triomphant saura prendre revanche de ses siècles
de souffrance, selon l'esprit exact du mot de Diderot. L'âge du
fanatisme moderne commence.
Le fanatisme, fait de mépris et de haine, prend invariablement
source dans l'assurance de détenir seul la vérité.
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[Le Parsi de Rousseau parle ainsi à ses juges]
(...) Dieu seul sait la vérité. Si malgré tout cela nous nous
trompons dans notre culte, il est toujours peu croyable que
nous soyons condamnés à l'enfer, nous qui ne faisons que d u
bien sur la terre, et que vous soyez les élus de Dieu, vous qui
n'y faites que d u m a l . Q u a n d nous serions dans l'erreur, vous
devriez la respecter pour votre avantage. Notre piété vous
engraisse et la vôtre vous consume ; nous réparons le m a l que
vous fait une religion destructive. Croyez-moi, laissez-nous
un culte qui vous est utile : craignez q u ' u n jour nous
n'adoptions le vôtre ; c'est le plus grand mal qui vous puisse
arriver.
J.-J. Rousseau, Genève, Lettre à Christophe de Beaumont,
archevêque de Paris, 1762
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Interlude
LA TOLÉRANCE
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Message aux Emigrés, aux habitants de Médine [appelés les
Auxiliaires du Prophète] et aux Juifs.
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1. Les Juifs.
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Il est certain qu'en ces premiers temps que notre religion
c o m m e n ç a de gagner autorité avec les lois, le zèle en arma
plusieurs contre toute sorte de livres païens, de quoi les gens
de lettres souffrent une merveilleuse perte. J'estime que ce
désordre a plus porté de nuisance aux lettres que tous les
feux des barbares.
Montaigne, France, Essais, 1588
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[Le poète imitateur sera renvoyé de notre Etat]
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Quant aux poètes :
ils sont suivis par ceux qui s'égarent.
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LA TOLÉRANCE
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est assurée, pour leur vie et pour leurs biens ainsi qu'à ceux
qui restent et qui paient le tribut. C e u x qui désirent suivre
les R o u m et emporter leurs biens et leurs croix, la sécurité
leur est assurée jusqu'à ce qu'ils soient hors d'atteinte. C e u x
qui y ont des morts et qui désirent demeurer doivent payer
le tribut, mais ceux qui désirent suivre les R o u m ou revenir
rejoindre leurs familles, sont dispensés de l'impôt jusqu'à la
récolte. C e u x qui paient le tribut, aux termes de cet
engagement pris selon l'enseignement de Dieu, ont droit à la
protection du Prophète, des Califes et des croyants. Les
témoins de cet engagement sont Khâlid ben al-Waiïd,
c
A m r o u ben al-cAss, c A b d al-Rahmân ben c A w f et M o ' a w y a
ben Abï-Soufïâne.
U n engagement similaire fut pris par le m ê m e calife
c
U m a r vis-à-vis de la population de Lydda et de toute la
Palestine.
c
U m a r ben al-Khattâb, 581-644, deuxième calife de l'Islam,
Engagement après la prise de Jérusalem
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Doléances
LA T O L É R A N C E
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[En 1610, les derniers Espagnols musulmans sont expulsés d'Espagne
L'un d'eux, « Abdelkrim ben Aly Perez », parle ainsi :]
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Mais tout ceci ne s'applique q u ' à celui qui continue à se
réclamer du n o m d'Israël. Car quiconque continue à se récla-
m e r du n o m d'Israël en ne respectant plus ses obligations,
profane la religion [juive] et encourt une punition sévère car
il devient u n hérétique, tel un h o m m e sans religion.
Mais celui qui a abandonné complètement le judaïsme et
est devenu u n adepte d'une autre religion est considéré par
nous c o m m e u n adepte de cette religion à tous les égards,
sauf en ce qui concerne les lois d u mariage. Ainsi l'ont
ordonné m e s maîtres, eux aussi.
Rabbi Me'iri (nom provençal, D o n Vidal Solomon), 1249-1306,
Beit Ha-Behira
157
(...) Lire, et lire encore, étudier, étudier encore, sans autre
maître que les livres e u x - m ê m e s . O n sait combien il est dur
d'étudier dans ces caractères sans â m e , sans le secours de la
voix vivante et de l'explication d ' u n maître : eh bien, je
supportais avec plaisir toute cette peine, pour l'amour des
lettres. (...) Cependant, je tâchais de l'élever autant queje le
pouvais et de le diriger à son service [Dieu], car la fin où
j'aspirais était l'étude de la théologie; il m e semblait que
c'était chose bien indigne de ne pas savoir, étant catholique,
tout ce que, dans cette vie, on peut saisir des divins mystères
par les moyens naturels ; et que, vivant au couvent et non
dans le siècle, l'état ecclésiastique m e faisait u n devoir de
m'adonner aux lettres (...)
99
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Dès lors, tout s'éclaire : le drame que vit l'humanité est un conflit de
pouvoirs temporels, tout entier inscrit entre la bonne et la fausse
conscience.
Au cœur de cette séquence, il se produit comme une cristallisation
des intérêts et des valeurs. C'est un certain Occident chrétien, dès lors
divisé, qui est ici à la fois sujet et objet de son histoire.
Une seule question devant ce déchaînement de violence, de
paralogismos, de sophismes, de mépris : qui est barbare, l'humaniste
authentique qui proteste au nom de l'humain et de l'universel, qu'il soit
blanc ou plus souvent de couleur, ou le forcené dit civilisé pour qui,
après chaque conquête, un Dieu particulier — provisoirement le plus
fort — reconnaîtra les siens ?
C'est id le tableau vivant de ce qui fut exécuté, espéré, pensé pour
l'entreprise coloniale — autrement dite croisade ou bonne parole —
avec en sourdine le non multiple des vaincus. La raison vraie — et
l'humain — sont évidemment absents ou de trop. L'accord ne va jamais
sans malentendu ni duplicité quand il implique l'extermination du
faible. Ici et là, on essaie d'intercéder, de réfléchir, de comprendre : les
écrasés sans raison, et quelques prélats, philosophes, fidèles encore à la
pureté du message ou au simple devoir d'humanité ; tous sont balayés
par le souffle de la violence où l'Occident conquérant détruit l'Autre
autant qu 'il se détruit lui-même.
« Est-ce ainsi, dira-t-on, qu'en a disposé le Christ? » Les dieux
se taisent toutes les fois que les hommes sont pris de la fièvre du pouvoir
et de la soif de l'or. Les m e a culpa, si pieux soient-ils, légalisent
toujours le fait accompli.
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Harangue des ambassadeurs de Pizarra à Vinca
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Et maintenant, allons-nous
Détruire
Nos anciens modes de vie ?
Ceux des Chichimèques,
Des Toltèques,
Des Acolhuas,
Des Tépanèques ?
Nous savons
Qui dispense la vie ;
Qui perpétue l'espèce ;
Qui permet la procréation ;
Qui rend possible la croissance ;
Nous connaissons la forme des invocations,
Nous savons comment il faut prier.
Ecoutez-nous, ô Seigneurs,
N e faites rien
À notre peuple
Qui appelle sur lui la malédiction,
Qui puisse provoquer sa perte (...)
Avec calme et bonté
Considérez, ô Seigneurs,
C e qui vaut le mieux.
Nous ne pouvons vivre tranquilles,
Et pourtant nous ne sommes certes pas croyants ;
C e que vous prêchez n'est pas pour nous la vérité,
M ê m e si ceci vous offense.
Vous êtes
Ô Seigneurs, ceux qui dirigent,
Ceux qui soutiennent, ceux qui se donnent
A u monde entier.
N'est-ce donc pas assez que nous ayons déjà tout perdu,
Q u e notre m o d e de vie nous ait été enlevé,
Qu'il ait été détruit?
Si nous restions en ce lieu,
Nous pourrions être faits prisonniers.
Faites de nous
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vant, qu'ils erraient sur les bords de son Empire. Il nous dit
que ce devait être des h o m m e s de meilleure loi et meilleures
coutumes, plus sages, plus valeureux que nous. C'est
pourquoi, en accomplissement du décret et testament de
m o n père, nous vous avons appelés « viracoches » pour
signifier que vous êtes messagers d u grand Dieu Viracoche,
dont la volonté et la juste indignation, les armes et la
puissance sont irrésistibles. Mais ce Dieu connaît aussi la
pitié et la miséricorde. Pour autant, vous devez agir en
messagers et ministres divins, et ne point permettre que
continuent meurtres, pillages et cruautés c o m m e il s'en est
produit dans T u m p i z et ailleurs.
Outre cela, votre héraut m ' a dit que vous m e proposiez
à connaître cinq Etres remarquables. L e premier est le Dieu
trois et un, qui fut quatre, que vous appelez créateur de
l'univers ; il se trouve que c'est le m ê m e que nous appelons,
nous, Pacha C a m a c et Viracoche. L e second est celui que
vous dites père de tous les autres h o m m e s , en qui tous ceux-
ci ont entassé leurs péchés. Le troisième, vous l'appelez Jésus
Christ, qui, seul entre tous, n'a pas rejeté ses péchés sur ce
premier h o m m e , mais qu'on a tué. L e quatrième, vous
l'appelez le pape. L e cinquième est Charles que, sans faire
entrer les autres en ligne de compte, vous appelez tout
puissant, monarque de l'univers et supérieur à tous. E h bien,
si ce Charles est prince et seigneur d u m o n d e entier, quel
besoin avait-il que le pape lui accordât une nouvelle
concession et donation, pour m e faire la guerre et usurper
m o n trône? Et s'il en avait besoin, c'est donc que le pape est
plus grand seigneur qu'il ne l'est lui-même et vraiment le
plus puissant, et le prince de l'univers. Je m'étonne aussi que
vous m e disiez que je suis obligé de payer tribut à Charles,
et non aux autres, car vous ne m e donnez aucune raison pour
ce tribut, et je ne m e trouve point obligé à y souscrire en
aucune façon. Parce que, si par droit il m e fallait payer tribut
et servir, il m e semble que tribut et service seraient dus à ce
Dieu dont tu dis qu'il nous créa tous et à ce premier h o m m e
qui fut père de tous les h o m m e s , et à ce Jésus Christ qui n'a
jamais commis de péché; finalement, au pape, qui peut
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De l'esclavage des nègres
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Octavio remedio
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[Un capitaine catholique fait son examen de conscience :]
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Article « Guerre »
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Par la seule folie des temps, par la seule folie des prêtres, est
entrée en nous la tristesse, est entré en nous le « Christia-
nisme ». O u i , les « Très Chrétiens » sont venus avec le vrai
Dieu; alors c o m m e n ç a pour nous le temps de la misère, le
temps de 1' « a u m ô n e », source de nos haines secrètes, le
temps des combats avec des armes à feu, le temps des rixes,
le temps des spoliations, le temps de l'esclavage pour dettes,
le temps de la mort pour dettes, le temps des luttes
perpétuelles, le temps de la souffrance (...)
Il leur était mesuré, le temps où ils pouvaient contempler
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VICAIRES A R M É S
la grille des étoiles ; là veillaient sur eux les dieux, qui les
regardaient de leur prison d'étoiles. Alors tout était b o n , et
ils furent abattus.
Il y avait en eux de la sagesse. Ils ne connaissaient pas
le péché. Ils n'avaient pas de sainte dévotion. Ils vivaient en
bonne santé. Ils n e connaissaient pas la maladie, ils ne
souffraient pas des m e m b r e s , ils ne connaissaient pas les
fièvres, ils ne connaissaient pas la variole, ils n e connais-
saient pas les fluxions, ils ne connaissaient pas la douleur des
entrailles, ils ne connaissaient pas la consomption. Alors, ils
se portaient bien.
Il n'en fut pas de m ê m e q u a n d les Blancs arrivèrent. Ils
leur apprirent la peur et vinrentflétrirleurs fleurs. Pour q u e
vive leur fleur, ils saccagèrent et piétinèrent la fleur des
autres (...)
Ils n'avaient ni grande connaissance, ni langue sacrée, ni
Savoir divin, ces représentants des dieux qui arrivèrent ici.
Châtrer le soleil ! voilà ce qu'ont fait les étrangers ! Et ici,
perdus dans ce peuple, sont restés les fils de leursfils,qui ont
subi son a m e r t u m e (...)
Esclaves sont les paroles, esclaves les arbres, esclaves les
pierres, esclaves les h o m m e s , q u a n d ils viennent !
Chilam Balam de Chumayel (Livre sacré des Mayas),
xvie s., Amérique centrale
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(Los Conquistadores)
Ils viennent dans les îles (1493)
LA T O L É R A N C E
Fin ou commencement ?
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Contre Michel Servet de Villeneuve au Royaume d'Aragon
en Espagne
[Sentence de mort :]
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[Récit d'Ibn Zanji, greffier adjoint, témoin oculaire :]
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[Formule d'abjuration :]
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Un drame suspendu
En sorte que la prièrefinalequi suit n'est que l'aveu d'impuissance de
la raison piégée entre des termes impossibles, ceux qu 'impose l'idéolog
armée.
Mais une étrange hypothèse — intervertissant les protagonistes e
leurs thèses — met à nu l'absurdité de l'intolérance, de la véri
exclusive fondée sur la force souveraine et active, laissant entrevoir u
renversement de la problématique. Ce renversement, c'est l'ouverture
même de l'Histoire, s'arrachant à sa propre violence pour faire droit
à « la grande phrase humaine en voie toujours de création ».
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LA TOLÉRANCE
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La trahison du message
Soit. Des messagers sont venus pacifiquement prescrire la charité, la
fraternité, la piété, la justice, le droit. Héritiers, qu'avez-vous fait d
ces valeurs? D'un côté, voici les commandements, de l'autre, votre
pratique : « le droit manifeste est bafoué » ; l'apôtre, à l'avance, a
réprouvé votre justice ; votre fraternité n'est que contrainte, persécuti
et violence ; la piété se trouve réduite en gestes et la charité n'est plu
que haine et envie.
Regardez-vous, arrachez-vous un instant à votre bonne conscience,
vous ne pouvez vous reconnaître. Fondée sur des valeurs aussi
totalement perverties, votre loi, ne gardant plus le moindre reflet du
message initial, est devenue rien moins qu'un esclavage.
Une société fondée sur de telles contre-valeurs n'est qu'une jungle
et il faut être ou aveugle ou de mauvaise foi pour soutenir le contraire,
tant la violence, très précisément la déraison, n'est en aucune manière
justifiable. D'où il suit que l'intolérance est ou absurde, ou intéressé
C'est sur ce point de fait que va dès lors se cristalliser le débat,
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LA VÉRITÉ E N QUESTION
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Celui qui veut manier l'épée d u ciel doit être aussi sain que
sévère ; trouver en soi u n modèle et demeurer en grâce q u a n d
la vertu vient à faillir ailleurs, pesant ses péchés à la m ê m e
balance que les péchés des autres. Honte à celui qui m e t
cruellement à mort pour des fautes auxquelles il est lui-même
enclin.
Shakespeare, Angleterre, Mesure pour mesure,
acte m , scène II, 1605
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Témoignages contre l'intolérance
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LA VÉRITÉ E N QUESTION
L'alternative
Le message étant si clairement perverti, entre un Dieu par tous perçu
et la force érigée en argument, face à l'Autre enfin circonscrit dans sa
différence, la raison d'aucuns oscille entre le vertige et toutes les
tentations de l'indifférence.
Dans l'alternative ainsi définie, des propositions plus hardies se
détachent : « détruire les dogmes qui divisent les hommes et rétablir la
vérité qui les réunit » sous la conduite de philosophes, mais rois ; une
paix séparée des consciences dans une commune confiance en une nature
déifiée. C'est à la fois le déclin de l'humanisme classique et l'émergence
de son succédané, le libéralisme où le « laisser-faire » doit, par la seule
poursuite de l'intérêt individuel, évacuer le conflit moral à la condition
cependant que l'ordre social, l'ordre établi, ne soit pas mis en cause.
Mais est-ce vraiment l'ouverture ? L'essentiel n'est-il pas ailleurs ?
Tous ces glissements ne sont que « fausses sorties » en ce qu'ils
opposent, par un effort de raison spéculative et biaisée, des solutions
formelles et partielles à des revendications globales et concrètes. Aux
unes et aux autres ne manque que le projet social, le ciment qui les
intègre et les rassemble toutes puisque, pour vivre, toute société cléricale
doit opérer une double mutation : à l'intérieur vis-à-vis des
particularismes qui la constituent, à l'extérieur dans l'acceptation
conviviale de ce qui n'est pas elle. Bref, se redéfinir et par là redéfinir
la liberté de tous.
215
M u s u l m a n , ni d'Orient, ni d'Occident, ni de la m e r , ni de la
terre, ni des cieux en rotation, ni des mines de la nature (...)
M a place est de n'en point avoir, m o n signe est de n'en point
montrer. N e possédant â m e ni corps, j'appartiens à l'Esprit
suprême. Bannissant la dualité, je n'ai plus vu q u ' u n univers.
Lui ! Je le cherche et le connais, je le perçois et je l'appelle.
Lui! C'est l'alpha, c'est l'oméga. Lui! L'évident et l'invisi-
ble. Je ne sais nul autre que Lui, criant : « O Lui, ô Lui qui
est. » Le vin de l'amour m e rend ivre et j'oublie ce bas-
m o n d e et l'autre. L'extase et le ravissement, c'est là tout ce
queje désire.
Jalâl al-Dih al-Rümí, Perse. 1207-1273
216
Dis:
« O vous, les incrédules !
Je n'adore pas ce que vous adorez ;
Vous n'adorez pas ce que j'adore.
M o i , je n'adore pas ce que vous adorez ;
vous, vous n'adorez pas ce que j'adore.
A vous votre religion ;
à moi, m a Religion. »
Le Coran, Sourate cix, Les incrédules
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Morale de l'athée
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De la tolérance universelle
autres. Je vais plus loin : je vous dis qu'il faut regarder tous
les h o m m e s c o m m e nos frères. Quoi ! m o n frère le Turc ?
m o n frère le Chinois ? le Juif? le Siamois ? Oui, sans doute ;
ne sommes-nous pas tous enfants d u m ê m e Père, et créatures
du m ê m e Dieu ?
Mais ces peuples nous méprisent ; mais ils nous traitent
d'idolâtres ! H é bien f je leur dirai qu'ils ont grand tort.
(...)
Je parlerais maintenant aux Chrétiens, et j'oserais dire
( • • • ) . :
Le fond du problème
Vérité et violence
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228
R e m a r q u e z , Bassanio,
Q u e le diable à ses fins peut citer l'Ecriture.
L ' â m e mauvaise employant le saint témoignage
Est c o m m e u n scélérat le sourire à la joue,
U n e p o m m e jolie pourrie au cœur...
O h , quels jolis dehors se d o n n e le mensonge ! »
(...)
E n religion,
Est-il maudite erreur q u ' u n front sévère
N e bénisse et n'autorise d ' u n texte,
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LA T O L É R A N C E
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Le « coupable en soi »
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LA TOLÉRANCE
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Si pour défendre leurs opinions ils n'ont recours ni à l'arme
ni à la force, considérant cela indigne, et ne cherchant pas à
les imposer par des attraits matériels, il est certain q u e
jamais la vérité ne sera écrasée par la force ni renversée par
la ruse. C a r c'est ainsi qu'elle est de par sa nature m ê m e :
c o m m e les ailes d ' u n aigle, elle ramasse toutes les autres
plumes légères des opinions et n e nous quittera jamais, à
moins q u e notre esclavage et notre corruption ne parvien-
nent à la dégoûter. Et si, dans une sage atmosphère de libre
expression d'opinions contradictoires et d'efforts assidus à
éveiller en soi u n a m o u r véritable, il ne faut craindre ni l'un
ni l'autre, pourquoi donc défendons-nous à ce point nos
opinions contre leurs idées ?
Samuel Przypkowski, Pologne,
Dissertation sur la paix et l'entente dans l'Église, 1628
233
Octave : J'estime que c'est par cette raison que les Turcs et
les Persans reçoivent parmi eux toutes sortes de religions et
vous voyez cependant une merveilleuse concorde tant parmi
le peuple que parmi les passagers, bien que différents de
religion.
Frédéric : Pour moi, j'estime qu'il n'y a rien qui fut plus à
souhaiter dans u n grand royaume ou dans une grande ville
que cela put se faire que tous eussent une m ê m e religion. Et
Aratus n'a rien fait de plus remarquable que d'avoir
accoutumé les Achéens qui composaient plus de trois cents
villes à vivre sous m ê m e s lois, m ê m e religion, m ê m e s
cérémonies, m ê m e s poids et m ê m e s mesures, en sorte qu'on
n'y pouvait plus rien désirer sinon que toutes ces villes
fussent enfermées entre m ê m e s murailles, et c'est, à m o n
avis, le fondement solide de l'amitié que Cicerón a mis à
suivre un m ê m e sentiment, tant pour les choses divines que
pour les humaines.
Octave : Croyez-vous, Frédéric, que les Achéens aient p u se
conserver dans une seule religion, eux qui contaient trente
mille divinités, puisque jamais les sacrifices de Bacchus n'ont
p u avoir de conformité avec ceux d'Eleusis ?
Coroni : Certainement, nous devons plutôt souhaiter et
demander à Dieu qu'espérer qu'il y ait parmi le m o n d e
qu'une religion et qu'une m ê m e créance, pourvu que ce soit
( m ê m e si c'était) la vraie !
Salomon : N e disons point que c'est la religion, quand nous
ne dirons point (tant que nous n'aurons pas trouvé) que c'est
la vraie.
Sénoni : Puisque les chefs de religion et les pontifes en
chacune ont eu tant de débats, les uns contre les autres, qu'il
n'est pas possible de dire quelle est la vraie, n'est-il pas
mieux de recevoir dans les grands états, c o m m e nous voyons
dans ceux des Turcs et des Perses, toutes sortes de religions
que d'en exclure quelqu'une ? Car si nous cherchons pour-
quoi les Grecs, les Latins et les Barbares n'ont point eu
autrefois de différents pour le fait de la religion, nous n'en
trouverons point à m o n avis d'autre raison sinon que tous
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LA TOLÉRANCE
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dissension les voisins avec les voisins, les pères avec les
enfants, les maris avec les femmes, le prince avec ses sujets.
Je réponds que bien loin que cela fasse contre moi, c'est une
très forte preuve pour la tolérance, car si la multiplicité en
religion nuit à u n Etat, c'est uniquement parce que l'un ne
veut pas tolérer l'autre, mais l'engloutir par la voie des
persécutions. Hinc prima mali labes, c'est là l'origine d u mal.
Si chacun avait la tolérance que je soutiens, il y aurait la
m ê m e concorde dans u n Etat divisé en dix religions, que
dans une ville o ù les diverses espèces d'artisans s'entresup-
portent mutuellement. Tout ce qu'il pourrait y avoir, ce
serait une honnête émulation à qui plus se signalerait en
piété, en bonnes m œ u r s , en science. Chacune se piquerait de
prouver qu'elle est la plus amie de Dieu en témoignant u n
plus fort attachement à la pratique des bonnes œuvres ; elles
se piqueraient m ê m e de plus d'affection pour la patrie si le
souverain les protégeait toutes, et les tenait en équilibre par
son équité. O r il est manifeste qu'une si belle émulation
serait cause d'une infinité de biens, et par conséquent la
tolérance est la chose d u m o n d e la plus propre à ramener le
siècle d'or et à faire un concert et une harmonie de plusieurs
voix et instruments de différents tons et notes, aussi agréable
pour le moins que l'uniformité d'une seule voix. Qu'est-ce
donc qui empêche ce beau concert formé de voix et de tons
si différents l'un de l'autre? C'est que l'une des deux
religions veut exercer une tyrannie cruelle sur les esprits et
forcer les autres à lui sacrifier leur conscience. C'est que les
rois fomentent cette injuste partialité, et livrent le bras
séculier aux désirs furieux et tumultueux d'une population
de moines et de clercs. E n u n mot, tout le désordre ne vient
pas de la tolérance, mais de la non-tolérance.
C'est ce que je réponds au lieu c o m m u n qui a été si
rebattu par les ignorants, que le changement de religion
entraîne avec lui le changement de gouvernement et qu'ainsi
il faut soigneusement empêcher que l'on n'innove. Je ne
rechercherai pas si cela est arrivé aussi souvent qu'ils le
disent. Je m e contente, sans trop m'informer du fait, de dire,
en le supposant tel qu'ils nous le donnent, qu'il vient
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De la folie
qui est triste, gai, bruyant (ou musical), coloré, odorant, qui
a du goût, qui est raisonnable et déraisonnable ?
D'ailleurs, il n'est pas encore sûr que ce queje te dis ne
soit pas insensé. Q u e dire alors de l ' h o m m e supérieur de
L o u , le premier des insensés ? C o m m e n t pourrait-il guérir la
folie d'autrui ? T u ferais mieux d'épargner les frais de voyage
et de retourner sans tarder chez toi. »
Lie-Tseu, école taoïste, iv e -m e s. av. J . - C ,
Chine, Le vrai classique du vide parfait
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[Bayle imagine une entrevue entre un ministre païen et des Chrétie
des premiers temps :]
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[Hémon à Créon :]
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Et qui peut être assez impudent pour croire qu'il n'a pas
besoin de l'indulgence qu'il refuse aux autres ?
Vauvenargues, France, Réflexions et maximes, 1746
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Conscience et droit
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Uzbeck à Mixta a Ispahan
L'homme et le citoyen
LA VÉRITÉ EN QUESTION
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Article « Tolérance »
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Discours prononcé lors de la seconde lecture d'une loi sur l'améliorati
de la condition légale des dissidents protestants.
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LA VÉRITÉ EN QUESTION
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LA TOLÉRANCE
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Disputes sur les cérémonies chinoises
[Maigrot,] é v ê q u e français d e la C h i n e , déclara n o n seule-
m e n t les rites observés p o u r les m o r t s superstitieux et
idolâtres, m a i s il déclara les lettrés athées : c'était le
sentiment d e tous les rigoristes d e F r a n c e . C e s m ê m e s
h o m m e s qui se sont tant récriés contre Bayle, qui l'ont tant
b l â m é d'avoir dit q u ' u n e société d'athées pouvait subsister,
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LA VÉRITÉ EN QUESTION
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[L'Empereur Yong-tcheng aux missionnaires jésuites :]
Vous dites que votre loi est une loi de vérité, je le crois ; si je
pensais qu'elle fût fausse, qui m'empêcherait de détruire vos
églises et vous en chasser? Les lois fausses sont celles qui
sous prétexte de porter à la vertu, soufflent l'esprit de révolte
(...) Mais que diriez-vous si j'envoyais une troupe de bonzes
et de lamas dans votre pays pour y prêcher leur loi?
C o m m e n t les recevriez-vous ? V o u s voulez que tous les
Chinois se fassent Chrétiens ; votre loi le d e m a n d e , je le sais
bien; mais en ce cas-là, que deviendraient les sujets de vos
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LA VÉRITÉ EN QUESTION
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[La Bulle E x ilia die du pape Clément XI, ordonnant aux Chrétiens
de ne plus rendre à Confucius ni aux ancêtres les honneurs
traditionnels, parvient à l'Empereur K'ang-hi qui annote :]
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[L'Empereur K'ieng-long, par un édit du 10 novembre 1785, libère
tous les missionnaires européens qu'il avait fait emprisonner pour s'être
introduits clandestinement en Chine :]
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LA T O L E R A N C E
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... Q u a n d il fut parti, le Commandant-en-chef essuya le sang
des blessures d u Bodhisatta, banda les moignons de ses pieds
et de ses mains, pansa ses oreilles et son nez et après l'avoir
installé avec précaution sur une banquette, il lui fit révérence
et lui dit : « M o n très éminent Seigneur, celui-là seul qui
mérite votre courroux pour avoir ainsi péché contre vous,
c'est le roi et nulle autre personne. » Ayant prononcé ces
mots, il déclama ensuite cette première strophe :
« Dirige ta colère, â m e héroïque, contre celui
qui a tranché ton nez et tes oreilles
et amputé tes pieds et tes mains.
Mais épargne, je te prie, ce pays. »
L e Bodhisatta prit à son tour la parole et il psalmodia la
deuxième strophe :
« Q u e vive longtemps le roi dont la main cruelle
A ainsi mutilé m o n corps.
Les âmes pures c o m m e la mienne
N e gardent pas rancune de tels agissements. »
Et juste c o m m e le roi quittait le jardin et disparaissait des
yeux du Bodhisatta, la terre dont l'épaisseur était de deux
cent quarante lieues se déchira en deux telle u n vêtement fait
d'un tissu solide et fort, et une flamme jaillissant de l'Avici
enveloppa le roi c o m m e l'aurait fait une tunique écarlate. L e
roi fut ainsi happé au fond de la terre juste devant le portail
du jardin et transporté dans le vaste enfer d'Avici. Et le
Bodhisatta rendit l'âme le m ê m e jour.
Khantivadi-Jataka
289
Mon ami,
Il est vraiment tout à fait injuste que seuls les maîtres soient
197
C O N C E P T FIGÉ O U NOTION D Y N A M I Q U E
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LA T O L É R A N C E
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Il est naturel, dans les cités et les grandes villes qui sont
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LA TOLÉRANCE
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C O N C E P T FIGÉ O U NOTION D Y N A M I Q U E
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J'ose espérer que les plus éclairés et les plus pieux parmi les
Rabbins et les Anciens de m a nation voudront bien se
dépouiller de ce dangereux privilège, renoncer à tous les abus
de la discipline synagogale et religieuse, et montrer à l'égard
de leurs co-religionnaires le m ê m e a m o u r et la m ê m e
tolérance qu'ils ont si souvent réclamés pour e u x - m ê m e s de
l'État. A h , m e s frères, jusqu'ici, vous n'avez q u e trop senti
peser sur vos épaules le joug de l'intolérance : peut-être vous
semblait-il trouver une certaine compensation dans le pou-
voir qui vous était laissé d'imposer v o u s - m ê m e à vos
subordonnés u n joug pesant. L a vengeance cherche sa
204
LA TOLÉRANCE
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LA TOLÉRANCE
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LA T O L É R A N C E
301
302
Des vertus sociales ; de la justice
D . Qu'est-ce q u e la société?
R. C'est toute réunion d ' h o m m e s vivant ensemble sous les
clauses d ' u n contrat exprès o u tacite, qui a pour but leur
c o m m u n e conservation.
D . Les vertus sociales sont-elles nombreuses ?
R. O u i : l'on en peut compter autant qu'il y a d'espèces
d'actions utiles à la société ; mais toutes se réduisent à u n
seul principe.
D . Quel est ce principe fondamental?
R. C'est la justice, qui seule c o m p r e n d toutes les vertus d e la
société.
D . Pourquoi dites-vous q u e la justice est la vertu f o n d a m e n -
tale et presque unique de la société ?
R. Parce qu'elle seule embrasse la pratique d e toutes les
actions qui lui sont utiles, et q u e toutes les autres vertus, sous
les n o m s de charité et d'humanité, de probité, d ' a m o u r d e la
patrie, de sincérité, d e générosité, de simplicité de m œ u r s et
modestie, n e sont q u e des formes variées et des applications
diverses d e cet axiome : Ne fais à autrui que ce que tu veux qu'il
te fasse, qui est la définition de la justice.
D . C o m m e n t la loi naturelle prescrit-elle la justice ?
R. Par trois attributs physiques, inhérents à l'organisation
de l'homme.
D. Quels sont ces attributs ?
209
CONCEPT FIGÉ O U NOTION D Y N A M I Q U E
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Les principes de la condition civile
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Préambule
Article premier
IV
VI
VII
VIII
IX
XI
XII
XIII
xiv
xv
XVI
XVII
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311
battre, œil pour œil, dent pour dent, si l'on veut survivre (...)
A cela, je répondrai seulement que l'humanité obéit depuis
longtemps à ce soi-disant sens pratique et qu'il l'a m e n é e
inexorablement jusqu'à la confusion et m ê m e jusqu'au chaos.
L e courant de notre temps charrie les débris de ceux qui, seuls
ou en groupe, se sont abandonnés à la haine ou à la violence.
Martin Luther King, 1929-1968, États-Unis d'Amérique,
O ù allons-nous ?
312
313
314
315
316
LA T O L É R A N C E
317
Réflexions sur l'esclavage des nègres
M e s amis,
Quoique je ne sois pas de la m ê m e couleur que vous, je
vous ai toujours regardés c o m m e m e s frères. L a nature vous
a formés pour avoir le m ê m e esprit, la m ê m e raison, les
m ê m e s vertus q u e les Blancs. Je ne parle ici que de ceux
d'Europe ; pour les Blancs des colonies, je ne vous fais pas
l'injure de les comparer avec vous; je sais combien de fois
votrefidélité,votre probité, votre courage ont fait rougir vos
maîtres. Si o n allait chercher u n h o m m e dans les Iles d e
l'Amérique, ce ne serait point parmi les gens de chair
blanche q u ' o n le trouverait.
Votre suffrage ne procure point d e places dans les
Colonies, votre protection ne fait point obtenir de pensions ;
vous n'avez pas de quoi soudoyer des avocats ; il n'est d o n c
pas étonnant q u e vos maîtres trouvent plus de gens qui se
déshonorent en défendant leur cause, q u e vous n ' e n avez
trouvé qui se soient honorés en défendant la vôtre. Il y a
m ê m e des pays o ù ceux qui voudraient écrire en votre faveur
n'en auraient point la liberté. T o u s ceux qui se sont enrichis
dans les Iles aux dépens de vos travaux et de vos souffrances
ont, à leur retour, le droit de vous insulter dans des libelles
calomnieux; mais il n'est point permis d e leur répondre.
Telle est l'idée q u e vos maîtres ont de la bonté de leur droit;
telle est la conscience qu'ils ont de leur humanité à votre
égard. M a i s cette injustice n ' a été pour m o i q u ' u n e raison de
plus pour prendre, dans u n pays libre, la défense de la liberté
des h o m m e s . J e sais que vous n e connaîtrez jamais cet
ouvrage et que la douceur d'être béni par vous m e sera
refusée. Mais j'aurai satisfait m o n c œ u r déchiré par le
spectacle de vos m a u x , soulevé par l'insolence absurde des
sophismes de vos tyrans. Je n'emploierai point l'éloquence
221
C O N C E P T FIGÉ O U NOTION D Y N A M I Q U E
318
O n reçoit des autres autant qu'on leur donne et c'est en
fonction de l'attitude d'un chacun à l'égard de ses semblables
qu'il est influencé par eux. L e méprisant ne voit que d u
méprisable. Celui qui n'attend rien ne reçoit rien non plus.
Q u a n d on prend les attitudes, la manière de parler, les
conventions des relations humaines pour l ' h o m m e lui-même,
celui-ci vous demeure fermé, inaccessible. Rien n'est plus
superficiel et en m ê m e temps plus inhumain que la haine
humaine (encore que par m o m e n t le mépris des h o m m e s
paraisse presque inéluctable). Rien n'est plus vil, plus abject,
que d'exiger des h o m m e s qu'ils se conforment à votre propre
idéal douteux, de les jauger, de les mesurer à son aune, tout
en oubliant ses propres insuffisances, ses propres défauts. L a
raison dans l ' h o m m e , elle est patiente et s'accuse elle-même
lorsqu'elle veut désespérer.
Karl Jaspers, République fédérale d'Allemagne,
La bombe atomique et l'avenir de l'homme, 1958
319
Le racisme est une aliénation complète qui ne préconise pas
seulement la séparation des corps mais aussi celle des
intelligences et des â m e s . Il est inévitable qu'ilfinissepar
commettre u n homicide physique ou spirituel envers le
groupe exclu.
Martin Luther King, 1929-1968, États-Unis d'Amérique,
O ù allons-nous ?
222
LA T O L É R A N C E
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C O N C E P T FIGÉ O U NOTION D Y N A M I Q U E
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La Société des Nations et les minorités
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Lettre à la Conférence Nationale des Chrétiens et des Juifs de
Washington, D.C.
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Plaidoyer pour John Brown
(...)
L e seul gouvernement queje reconnaisse — p e u importe
le petit n o m b r e d e ceux qui sont à sa tête, ou la faiblesse de
son armée — c'est le pouvoir qui établit la justice dans u n
pays, jamais celui qui instaure l'injustice. Q u e penser d ' u n
gouvernement qui a pour ennemi tous les h o m m e s justes et
courageux d u pays dressés entre lui et ceux qu'il opprime?
U n gouvernement qui se targue d'être chrétien et qui crucifie
tous les jours u n million de Christs ?
Henry David Thoreau, Etats-Unis d'Amérique,
Civil disobedience, 1849
327
I I
II II
III III
IV IV
V
Tous les citoyens doivent L a loi peut tolérer dans
être également soumis une classe de citoyens les
aux lois et protégés par violences et les crimes
elles. qu'elle punit avec sévé-
rité dans une autre.
VI VI
C O N C E P T FIGÉ OU NOTION D Y N A M I Q U E
328
LA T O L É R A N C E
329
U n e société et u n système de gouvernement démocratiques,
alors qu'ils constituent l'un des idéaux les plus élevés de
l ' h o m m e , sont des plus difficiles à atteindre. D a n s une
démocratie, il est beaucoup trop facile pour la majorité
d'oublier les droits de la minorité et pour u n gouvernement
lointain et puissant d'ignorer les revendications de cette
dernière. Il est beaucoup trop facile également, quand des
incidents surgissent, de les réprimer au n o m de la loi et de
l'ordre. N'oublions pas q u ' u n e démocratie est jugée par
l'histoire sur la manière dont la majorité aura traité la
minorité.
(...)
C'est pourquoi je pense que nous ne devrions jamais
réagir à des demandes de pratiques conformes à la justice en
mettant en avant des exemples d'injustice. Si u n droit est
contesté o u refusé dans une province, cela ne constitue pas
une raison valable pour refuser ce m ê m e droit dans une
autre. D e tels arguments sont pourtant mis en avant, et cela
conduit à u n cercle vicieux à l'intérieur duquel nul progrès
n'est possible pour les libertés humaines.
Pierre Elliott Trudeau, né en 1921, Canada, Discours, 1968
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332
LA TOLÉRANCE
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334
Défense de publier
Si saints soient-ils,
Est interdit.
O ù l'on célèbre
N o n pas la religion
Mais la race.
Essayez donc de le dire
Et vous serez peut-être
Crucifié.
Längsten Hughes, 1902-1967, États-Unis d'Amérique
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Discours prononcé à ¡'American University, Washington,
D.C.
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U n accord ambigu
Concessions spirituelles
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LA TOLÉRANCE
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LA TOLÉRANCE
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[Allocution prononcée à la pose de la première pierre de l'Université
de la Paix :]
LA T O L É R A N C E
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[Extrait des Quatorze Points du président Wilson :]
LA T O L É R A N C E
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357
Préface
LA T O L É R A N C E
« Police générale
Cabinet du Ministre.
Paris, 3 octobre 1810.
J'ai reçu, M a d a m e , la lettre q u e vous m ' a v e z fait l'honneur
de m'écrire. Monsieur votrefilsa d û vous apprendre que je
ne voyais pas d'inconvénients à ce que vous retardassiez
votre départ de sept à huit jours : je désire qu'ils suffisent a u x
arrangements qui vous restent à prendre, parce que je n e
puis vous en accorder davantage.
« Il ne faut point rechercher la cause de l'ordre q u e je
vous ai signifié dans le silence que vous avez gardé à l'égard
de l'Empereur dans votre dernier ouvrage, ce serait une
erreur, il ne pouvait pas y trouver de place qui fût digne de
lui; mais votre exil est une conséquence naturelle d e la
marche que vous suivez constamment depuis plusieurs
annçes. Il m ' a paru que l'air de ce pays-ci ne vous convenait
point, et nous n ' e n s o m m e s pas encore réduits à chercher des
modèles dans les peuples que vous admirez.
« Votre dernier ouvrage n'est point français ; c'est m o i
qui en ai arrêté l'impression. Je regrette la perte qu'il v a faire
éprouver a u libraire, mais il ne m'est pas possible d e le
laisser paraître.
(...)
Votre très-humble et très-obéissant serviteur
LE D U C DE ROVIGO.
« P.S. J'ai des raisons, M a d a m e , pour vous indiquer les ports
de Lorient, L a Rochelle, Bordeaux et Rochefort, c o m m e
étant les seuls ports dans lesquels vous pouvez vous embar-
quer ; je vous invite à m e faire connaître celui que vous aurez
choisi. »
Germaine de Staël, France, De l'Allemagne, 1810
358
Ministère de la Police
C O N C E P T FIGÉ O U NOTION D Y N A M I Q U E
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Pour une presse libre
LA T O L É R A N C E
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LA TOLÉRANCE
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Méthodes d'inquisition modernes
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[Bertolt Brecht, interviewé par C. Bourdet et E. Sello :]
LA TOLÉRANCE
C O N C E P T FIGÉ OU NOTION D Y N A M I Q U E
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C a m a r a d e Miasnikov,
LA TOLÉRANCE
372
[A une réunion pour la liberté d'opinion :]
373
[Discours aux écrivains et aux artistes,
le 8 mars 1963]
374
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M'ame Anastasie
376
Le refus du ghetto
Accord ambigu surtout qui s'est fait dans le mépris des majorités
colonisées ou des minorités raciales que, réglant des conflits entre s
Blancs, l'on excluait de « l'héritage de la terre ».
Selon le code, écrit ou non, des nations qui se disaient civilisées,
ne pouvait en aller autrement : les « soutiers de l'Occident » se devaient
d'être sans voix. Or, plus légitimement peut-être que d'autres, ces
hommes se font entendre : « la soumission, faite de colère et
d'amertume », infailliblement, éclate en révolte, rendant caduques le
paix séparées et illusoire telle liberté qui pense faire bon ménage av
le racisme.
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L e Rebelle
LA T O L É R A N C E
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De la liberté spirituelle à notre époque
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Colonialisme et néo-colonialisme
LA T O L É R A N C E
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LA TOLÉRANCE
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Je et Tu
L a véritable c o m m u n a u t é , celle en devenir (nous ne connais-
sons qu'elle, jusqu'ici), c'est quand une pluralité de person-
nes ont cessé d'être les uns-auprès-des-autres ; et si elles se
dirigent toutes ensemble vers u n m ê m e but, elles n'en
éprouvent pas moins, partout, u n m o u v e m e n t de mutuelle
rencontre, une dynamique confrontation, u nflotmouvant du
Je au Tu. L a c o m m u n a u t é est là o ù se fait la c o m m u n a u t é .
L a collectivité se fonde sur un dépérissement organisé des
qualités qui constituent la personne ; la c o m m u n a u t é sur leur
intensification et sur leur confirmation dans la mutualité. L e
zèle que notre temps voue à la collectivité est une fuite de la
personne devant l'épreuve de la c o m m u n a u t é et le sacre de
la communauté, une fuite devant la dialogique vitale au
cœur d u m o n d e , qui exige l'engagement de soi-même.
Martin Buber, 1878-1965, Israël, La vie en dialogue
387
C O N C E P T FIGÉ O U NOTION D Y N A M I g U E
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Clausule d'attente
Dans l'action et l'intervalle, c'est au poète d'être à la fois « la
mauvaise conscience de son temps » et de susciter, sans plus de rêve ni
d'utopie, une époque « neuve et joyeuse » où, « à simple vue, l'homme
connaisse l'homme ».
389
LA TOLÉRANCE
390
Mdiakovski commence
391
Lumière. Dans un camp d'entraînement au Katanga. Un mercenaire ;
devant lui un mannequin représentant un nègre sur lequel tout à l'heure
il fera des cartons. En attendant, il nettoie son arme en chantonnant.
L E M E R C E N A I R E , chantant :
A u nord, au sud,
au désert, sous les tropiques,
brousse ou jungle ou marais des deltas,
pluie,fièvreou moustiques,
peau que le soleil tanna,
nouveau chevalier
278
LA T O L É R A N C E
LA T O L É R A N C E
L e mystique et le désir
de salut universel
Si dans l'histoire humaine l'issue de certains combats peut sembler
incertaine, il est en revanche des victoires définitives : celle de la li
religieuse en est. Dépassant empêchements majeurs et haines, naguère
encore tenues pour inexpiables, les chefs spirituels de toutes transc
dances, toute prétention mondaine dépouillée, sont en quête d'un
nouveau langage ou peut-être tentent de réinventer, en l'universalisan
le message initial.
Paul VI, à la tribune des Nations Unies, rappelle que « le sang
de millions d'hommes, que des souffrances inouïes et innombrables, que
d'inutiles massacres et d'épouvantables ruines sanctionnent le pacte qui
vous unit en un serment qui doit changer l'histoire future du monde :
jamais plus la guerre, jamais plus la guerre ! C'est la paix, la paix,
qui doit guider le destin des peuples et de toute l'humanité!... Nous
devons nous habituer à penser d'une manière nouvelle l'homme, d'une
manière nouvelle aussi la vie en commun des hommes, d'une manière
nouvelle enfin les chemins de l'histoire et les destins du monde... ». Es
ce là autre chose que d'appeler, comme faisait Goethe, à « une piété
281
DE LA T O L É R A N C E À LA CONNAISSANCE
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LA T O L É R A N C E
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La doctrine du Satyàgraha
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LA T O L É R A N C E
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398
J'accepte toutes les religions qui ont existé dans le. passé et
m e joins à toutes p o u r adorer D i e u . J'adore Dieu ensemble
avec chacune d'elles, quelles q u e soient les formes d e cette
adoration. J e m e rendrais à la m o s q u é e des M a h o m e t a n s ; je
pénétrerais dans l'Église d u Christ, et je m'agenouillerais
devant le Crucifix ; j'entrerais dans u n temple consacré à
B o u d d h a et chercherais refuge auprès d u B o u d d h a et d e sa
loi. J e m e rendrais dans la forêt et m e joindrais aux H i n d o u s
qui y méditent, s'efforçant d e percevoir la L u m i è r e qui
éclaire le c œ u r d e chacun d e nous. N o n seulement je ferais
toutes ces choses, mais m o n c œ u r restera ouvert à ce qui
adviendra dans l'avenir (...) N o u s a s s u m o n s tout ce qui a
existé dans le passé, jouissons de la lumière d u présent et
ouvrons toutes les fenêtres d e notre c œ u r pour accueillir ce
q u e l'avenir nous apportera. N o u s rendons h o m m a g e à tous
les prophètes d u passé, a u x grands h o m m e s d e ce t e m p s et
à tous ceux qui surgiront à l'avenir.
Le Swami Vivekananda, 1863-1902, Inde
Le politique et le combat
pour le bonheur ici d'abord
Dans le même temps, pour le passionné du milieu humain, le message
hypostasié a inversé ses sources qui ne peuvent être qu'en deçà : il parle
histoire non théologie, relations humaines concrètes non ontologie.
« L'extinction des haines de race », préalable à toute égalité et à
toute justice, n'est pas accomplie. Or, force est de voir « que ce
sentiment est partagé... par les peuples qui, dans les compétitions des
286
LA T O L É R A N C E
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Le communisme de « l'Observateur rhénan »
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LA T O L É R A N C E
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O lumière amicale
ô fraîche source de la lumière
ceux qui n'ont inventé ni la poudre ni la boussole
ceux qui n'ont jamais su dompter la vapeur ni l'électricité
ceux qui n'ont exploré ni les mers ni le ciel
mais ceux sans qui la terre ne serait pas la terre
gibbosité d'autant plus bienfaisante que la terre
déserte davantage la terre
silo où se préserve et mûrit ce que la terre a de plus terre
m a négritude n'est pas une pierre, sa surdite ruée
289
DE LA T O L É R A N C E À LA CONNAISSANCE
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Le socialisme
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temps. Nuit. O tribunal de la nuit, toi qui fus, qui seras, qui
es, j'ai été ! J'ai été !
Jean-Paul Sartre, France, Les séquestrés d'Altona,
acte v, scène III, 1960
409
LA T O L É R A N C E
Si l'homme ne déchoit...
Commencé sous le signe de l'invention musicale, ce « livre de bonne
foi » s'achève et s'ouvre à nouveau en postulation d'harmonie.
Au-delà des concepts couplés colère-amour, ennemi-ami, déchéance-
devoir, différent-semblable, trahison-pardon dont nous avons tenté
d'illustrer ici, sans les civiliser, les réalités vivantes, c'est cette mél
encore inconnue mais que chacun perçoit confusément qu'il appartient
aux hommes enfin dignes de l'humain de formuler et qui sans doute
modulera, sur les ruines d'un monde qui fut, la forme d'un monde
nouveau, meilleur, juste.
410
Sarastro
LA T O L É R A N C E
' A L I ben Abï Tâlib (mort en 661, quatrième calife de l'Islam). Cité
par H . al-Marsâfï dans Al-Wasîla al-abadiya, t. II, p . 595. L e
Caire, Editions de l'Imprimerie khédivale, 1884. 60
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LA T O L E R A N C E
Coran, p . 131, 3, 687, 758-759, 249, 602, 482, 689, 51, 262, 237, 13,
40, 2 2 4 , 450-451, 3 2 et 770. Trad. Denise M a s s o n . Paris,
Gallimard, 1967. (Coll. Bibliothèque de la Pléiade.) :
Sourate V , V . 3 2 , L a table servie 2
Sourate I, V . l - 7 , L a Fâtiha 10
Sourate L I X , V . 2 2 - 2 4 , L e rassemblement 20
Sourate X C I I I , V . l - 1 1 , L a clarté du jour 23
Sourate X , V . 19, Jonas 33
Sourate X L I I , V . 4 0 , L a délibération 43
Sourate X X V I I I , V . 5 4 - 5 5 , L e récit 52
Sourate L X , V . 7 - 9 , L'épreuve 62
Sourate II, V . 2 5 6 , L a vache 63
Sourate X , V . 9 9 - 1 0 0 , Jonas 70
Sourate X V I , V . 3 5 , Les abeilles 73
Sourate II, V . 6 2 , L a vache 82
Sourate II, V . 2 1 3 , L a vache 104
Sourate I X , V . 6 , L ' i m m u n i t é 135
301
BIBLIOGRAPHIE
C U S A . Voir N I C O L A S D E C U S A .
DÉCRET(S)
d e Charles Quint, roi d'Espagne et empereur germanique (1500-
1558), promulgués entre 1526 et 1548. Cf. Recopilación de leyes de
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M a d r i d , Boix, 1841. Déjà reproduit d a n s Le droit d'être un homme.
Paris, Unesco/Laffont et Lausanne, Payot, 1968. 186
LA T O L E R A N C E
ÉDIT(S)
d ' A s h o k a ( m c s. av. J . - C , Inde, pracrit) : Rocher X I I et X I I I .
Trad. J. Bloch. D a n s : Les inscriptions d'Asoka, p . 121-133. Paris,
Les belles lettres, 1950. 121
d e l'empereur K'ien-long (1709-1799, quatrième empereur de la
dynastie m a n d c h o u e Ts'ing, Chine), 10 nov. 1785. Cité par
Louis W e i Tsing-Sing dans : La politique missionnaire de la France
en Chine, p . 5 2 . Paris, Nouvelles Éditions Latines, 1960. 283
303
BIBLIOGRAPHIE
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LA T O L E R A N C E
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graha ». Dans : La Revue du Monde Musulman, vol. X L I V - X L V ,
p. 57. Paris, avril-juin 1921. 393
Lettres à l'Ashram, p . 104, 103-104, 54-55, 56-58, 53-54 et
58-59. Trad, de Tangí. J. Herbert. Paris, Albin Michel,
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