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SOCIÉTÉS

14 OCTOBRE 2016 / 12:52 / IL Y A 2 ANS

Après la mode du
downsizing, les moteurs
6 MINUTES DE LECTURE
vont grossir à nouveau

* Volte-face des constructeurs avec le durcissement des


normes
* Renault, VW et GM reviennent notamment sur le
downsizing-sources
* Le diesel comme l'essence sont concernés
* Renault remplacera le 1,6l diesel de Cléon par un moteur
un peu plus gros-sces

par Laurence Frost et Gilles Guillaume


PARIS, 14 octobre (Reuters) - Après avoir réduit pendant
plus d'une décennie la cylindrée des moteurs pour en abaisser la
consommation, les constructeurs automobiles s'apprêtent à faire
grossir à nouveau leurs motorisations pour répondre cette fois
au durcissement des normes anti-pollution, ont déclaré à Reuters
des sources proches du dossier.
Tournant le dos à la vogue du "downsizing", l'alliance
Renault-Nissan , Volkswagen ou
General Motors sont partis pour remplacer dans les
prochaines années certains moteurs diesel ou essence de leur
catalogue par des versions à cylindrée accrue, ont dit des
sources proches des entreprises citées et du secteur.
"La priorité aujourd'hui n'est plus de réduire les
cylindrées à tout prix mais de jouer sur une combinaison de
solutions", commente Sudeep Kaippalli, analyste moteurs chez
Frost & Sullivan. "On ne peut pas réduire la taille des moteurs
au-delà d'une certaine limite."
Les ingénieurs sont déjà allés très loin. Les progrès de la
modélisation en ingénierie, conjugués au couperet des émissions
de CO2, ont permis par exemple à Renault de lancer en 2011 à
Cléon (Seine-Maritime) un moteur diesel de 1,6 litre affichant
une puissance de 130 chevaux, égale à celle d'un moteur de 1,9
litre, moyennant un investissement de 230 millions d'euros.

FACTURER UN PEU PLUS CHER


Mais les normes européennes sur les émissions polluantes se
sont depuis durcies et plusieurs astuces utilisées pour réduire
les cylindrées s'avèrent désormais inefficaces pour respecter
les futures normes, en matière d'oxydes d'azote (NOx) notamment.
Chez Renault, le moteur de 1,6 litre - nom de code R9M -
devrait ainsi être remplacé à l'horizon 2018 par un bloc un peu
plus gros. "Le groupe va augmenter la cylindrée du moteur et
remonter un peu la puissance, cela lui donnera un peu d'air pour
passer les futures normes sur les voitures plus grandes", ont
observé deux sources proches du dossier.
Cette nouvelle livrée pourrait se situer à un niveau
intermédiaire par rapport au moteur actuel, sans aller jusqu'au
1,9 litre de la génération précédente ni jusqu'aux 160 chevaux
du biturbo qui motorise le dernier Espace.
Le gain de puissance permettra de compenser le surcroît de
consommation lié au renforcement du système de dépollution mais
aussi de facturer au client final un véhicule un peu plus cher,
permettant d'absorber une partie des surcoûts liés aux nouvelles
normes d'émissions, qui se durcissent en moyenne tous les trois
ans.
"Je pense qu'on n'ira pas plus loin dans le 'downsizing', on
est arrivé au bout", a déclaré Alain Raposo, responsable de la
planification des motorisations de l'alliance Renault-Nissan, au
Mondial de l'auto qui s'achève dimanche. "On ne va pas descendre
davantage les cylindrées, c'est certain, la seule question que
l'on se pose en ce moment, si on les remonte, c'est de combien."

L'ESSENCE AUSSI DANS LE COLLIMATEUR


Ce mouvement, pour l'heure, touche surtout l'Europe et pas
l'ensemble des moteurs, car le downsizing continue sur certains
segments comme l'a montré le nouveau VC-T à compression variable
d'Infiniti, un moteur de quatre cylindres dévoilé au Mondial et
censé remplacer les six cylindres d'un V6. Mais il augure une
inversion de tendance inattendue pour l'automobiliste, à
laquelle n'échappera pas non plus l'essence.
Avec le passage de quatre à trois cylindres, ce moteur
miniaturisé est parvenu à égaler la consommation du diesel et a
trouvé sa place sur des modèles compacts comme la Golf. Mais en
retour, la version turbo à injection directe produit davantage
de polluants - particules et NOx - qu'il faut traiter en
prévision des prochains tours de vis réglementaires et du
passage à partir de la fin 2017 à l'homologation basée sur la
performance en condition réelle.
Renault gardera le principe du trois cylindres parfaitement
adapté à des voitures de plus petite taille évoluant surtout en
ville mais prévoit néanmoins, selon les sources, d'augmenter la
cylindrée actuelle (0,9 litre) afin de préparer le moteur aux
prochaines normes.
Le descendant de l'actuel 1,2 litre diesel de GM ne sera
quant à lui pas remplacé à l'identique mais devrait prendre 25%
à 30% d'embonpoint à l'arrivée d'une nouvelle architecture en
2019, tandis que VW devrait remplacer son diesel 1,4 litre trois
cylindres par un quatre cylindres de 1,6 litre pour des modèles
comme la Polo, ont ajouté les sources.
Ce mouvement de 'upsizing' permet notamment d'améliorer le
couple à bas régime et la combustion, gage d'émissions
polluantes réduites. Mais les nouveaux investissements requis
tombent mal alors que les constructeurs multiplient déjà les
dépenses pour hybrider électriquement leurs moteurs thermiques.
FiatChrysler, qui est allé plus loin encore dans
la miniaturisation, a refusé de faire un commentaire sur ses
projets futurs. Il propose actuellement sur la Panda un petit
bloc essence turbo de 875 centimètres cubes à deux cylindres en
ligne pouvant développer 85 chevaux.

(Avec Agnieszka Flak, édité par Dominique Rodriguez)

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