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Le Fana change
A
l’occasion des 50 ans du Fana de
l’Aviation, nous avons le grand
plaisir de vous annoncer que
désormais votre magazine préféré va
devenir The Fana of l’Aviation. Dans une
perspective de prendre une envergure
internationale, les articles seront désormais entièrement bilingues franco-anglais. Nous
dévoilons ici en avant-première le splendide nouveau logo qui sera à la une. Voilà une
excellente occasion de se mettre à la langue de Shakespeare. Si le succès se confirme,
Le Bloch 152 en action dans le ciel nous envisageons des éditions en d’autres langues pour que Le Fana de l’Aviation fasse
de France en 1940. le tour du monde. Un peu d’ambition que diable !
Composition de Lucio Perinotto. Je vous souhaite une bonne lecture. Le Fana
4 Actualités 56
Parti pour un vol d’essai
La fin tragique
Espace Clichy, immeuble SIRIUS
9, allée Jean-Prouvé. 92587 CLICHY CEDEX 10 Courrier d’un Heinkel 111
E-mail : redac_fana@editions-lariviere.com
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qui s’est écrasé en 1943.
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Patrick Casasnovas Les acteurs du
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Les 50 ans programme racontent
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Deuxième partie. Un client potentiel
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(réservé aux diffuseurs et dépositaires) Défauts et qualités du chasseur Un pilote raconte sa mission en 1983
Jennifer John-Newton présentés par un fin connaisseur. 70
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Le missile AS30
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Papier issu de forêts 16
Rétro-conception frappe en Angola
gérées durablement.
Origine du papier : La renaissance Une attaque au missile air-sol en 1983
Italie. Taux de fibres
recyclées : 0 %.
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du MB.152 racontée par le pilote d’un “Buccaneer”. Rejoignez
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Eutrophisation : Une dynamique équipe redonne Ce jour-là… 21 avril 1949
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Commission paritaire : n° 0722 K 82003.
ISSN : 0757-4169
À la conquête Q Les “Mirage” F1 “Agressor”
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Q L’album du Saab 2000
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RCS Nanterre B572 071 884. 1973 : une belle réussite technique Q Les Ju 86 sur l’Angleterre
12, rue Mozart, 92587 CLICHY CEDEX Q Le jour où le “Canberra”
Tél. : 01 41 40 32 32 – Fax : 01 41 40 32 50. et un grand désastre industriel. s’envola
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ACTUALITES
DR
Le P-39F
Le 26 février dernier, à Ardmore Guinée, son pilote fut contraint de le poser à l’Union soviétique selon les termes de ZK-COB au
en Nouvelle-Zélande, Frank en catastrophe sur la péninsule du cap York, l’accord Lend-Lease (prêt-bail) – qui lui retour de
Parker, président de New Zealand en Australie, après avoir fait demi-tour dans avaient été donnés au tout début de sa son premier
Warbirds, a procédé au premier vol après le mauvais temps et être tombé en panne restauration. D’ici peu, il devrait être expédié vol d’essais,
restauration du Bell P-39F “Airacobra” d’essence. Son pilote, le lt Walter Harvey, le aux États-Unis, près de Virgina Beach, en le 26 février,
matricule 41-2175, immatriculé ZK-COB, posa train rentré et s’en tira avec seulement Virginie, où est installé le Military Aviation à Ardmore,
restauré pour le collectionneur américain quelques ecchymoses. L’épave du chasseur Museum de Jerry Yeagen. en Nouvelle-
Jerry Yeagen et son Military Aviation demeura sur place jusqu’à ce qu’une équipe Ce P-39 porte à trois le nombre Zélande.
Museum par la société Pioneer Aero Ltd. du Cairns Aircraft Recovery Team la récupère d’“Airacobra” en état de vol, avec le P-39Q
Une certaine confusion règne à propos en 1971 et 1972, et l’entrepose. matricule 42-19597 de la Commemorative
de l’identité de cet avion. Lorsque la Chez Pioneer Aero, le chasseur a reçu un Air Force basé à San Marcos, au Texas, et le
restauration du chasseur fut commencée moteur Allison V-1710-85. Il a conservé les P-39Q matricule 42-19993 de la collection
au début des années 2000 par la société couleurs et marquages du P-39Q matricule Lewis Air Legends, basée à San Antonio,
Precision Aerospace, à Wangaratta, en 42-20341 – “Airacobra” qui avait été fourni au Texas.
Australie, son identité était le matricule
42-20341, un P-39Q-5-BE “Airacobra” dont
l’épave a été récupérée en Russie en 1995.
Mais après qu’il a été transféré en mai 2015
à Pioneer Aero après le décès de Murray
Griffith, propriétaire de Precision Aerospace,
un doute sur les identités de plusieurs
épaves de P-39 acquises par Precision
Aerospace aurait fait surface et il semblerait
que la véritable identité du chasseur soit Paul McSweeny,
alors apparue comme étant directeur
le matricule 41-2175, un P-39F-1-BE. des opérations
Ce dernier servait au sein du 36th Fighter de Pioneer
Squadron du 8th Fighter Group de l’USAAC Aero, explique
quand, le 1er mai 1942, alors qu’il volait l’installation
avec cinq autres P-39 depuis Townsville, en du V12 Allison
Australie, vers Port Moresby, en Nouvelle- V-1710-85.
DR
4
En bref
Le “Spitfire” biplace PT462
termine sa course sur le ventre
Le 27 février dernier, le Supermarine “Spitfire” T.9 (biplace)
matricule PT462 a terminé sa course sur le ventre alors qu’il
se posait sur l’aérodrome de Denham, en Grande-Bretagne.
Pour une raison encore inconnue, le train d’atterrissage s’est
replié après que l’avion a touché le sol. Ni le pilote ni son
passager (il s’agissait d’un vol que l’administration française
qualifie de “à sensations”) n’ont été blessés.
Le chasseur a été rapidement rapatrié jusqu’à sa base de
Duxford et les travaux de réparation de l’aile endommagée
avaient commencé dès le 6 mars, tandis qu’un moteur
dont la révision s’achevait chez Eyetech Engineering Ltd va
remplacer celui qui a été démonté de l’avion.
FRÉDÉRIC AKARY
Un F-86 “Sabre”
volera bientôt en France
MAX SAMUEL-CAMPS
Le lundi 18 février, le F-86E “Sabre” immatriculé N80FS est Le F-86 de
arrivé dans plusieurs conteneurs sur l’aéroport d’Avignon- Frédéric Akary
Caumont, et a rejoint la collection Mistral Warbirds de Frédéric Akary. en attente
Un PT-19 et un PT- 26 volent
Les opérations de remontage ont débuté le 12 mars et ont été réalisées de remontage désormais en France
par une équipe de mécaniciens spécialistes venue des États-Unis. dans son Le 27 février, le Fairchild PT-19 “Cornell” immatriculé N33870
Le premier vol en France pourrait intervenir durant ce mois d’avril. hangar (photo ci-dessous) est arrivé en provenance d’Angleterre par la
Le chasseur est plus exactement un Canadair CL 13B “Sabre” d’Avignon- voie des airs à St-Laurent-Médoc (LFDU) où il sera basé cette
Mk 6, version construite sous licence au Canada par Canadair Caumont. année. Selon le Britannique Phil Earthey, son copropriétaire,
du F-86E, propulsée par un réacteur Orenda 14. Ce dernier est il sera bientôt rejoint par un Percival “Provost”, un T-6D et
plus fiable et plus puissant que le General Electric J47-GE-13 de quelques autres avions anciens.
la version américaine. Sorti d’usine en 1958 avec le numéro de
série 1675, le chasseur a d’abord servi avec la Luftwaffe, à la
Waffenschule 10, avec les matricules JD+103 et BB+284, puis
avec le matricule KE+104, avant d’être modifié pour le remorquage
de cibles et de porter le code 0113. Puis il vola pour la société
Messerschmitt-Bolkow-Blohm de 1970 à 1977 avant d’être
acheté par le collectionneur britannique Ormond Haydon-Balllie
qui l’entreposa en Grande-Bretagne. En 1979, il a été acquis par
la société américaine Flight Systems Inc. qui le rapatria et le remit DR
en état pour des missions de plastron et de remorquage de cibles, Deux semaines auparavant, le Fairchild PT-26B “Cornell”
avec l’immatriculation N1039K. Puis la société américaine, devenue immatriculé N73520 (ci-dessous) était arrivé par la route
Tracor Flight Systems, le réimmatricula N80FS en 1981 et le fit voler après avoir traversé l’Atlantique sur un bateau depuis Atlanta,
jusqu’en 1997. Le jet passa ensuite entre plusieurs mains, jusqu’à aux États-Unis, pour prendre résidence sur l’aérodrome de
ce que le collectionneur Rich Sugden en devienne propriétaire en Doncourt-les-Conflans avec la collection des Ailes anciennes
2006 et le fasse entièrement remettre à neuf et recouvrir d’un de Lorraine. Construit avec le matricule USAAF 44-19424,
camouflage expérimental porté par quelques F-86 du 461st Fighter il commença sa carrière en mai 1944 au Canada avec le
La “bête” sort
Day Squadron du 36th Fighter Day Wing lorsqu’il était stationné en matricule de la force aérienne canadienne EW478 et totalisa
du conteneur
Allemagne, au milieu des années 1960. seulement 20 heures et 28 minutes de vol avant d’être vendu
à Avignon.
comme surplus en 1946. Il porte les couleurs du PT-26 Spirit
of Little Norway de la force aérienne norvégienne, allusion
à “Little Norway” (petite Norvège), surnom de la base qui
se trouvait près de Toronto, où furent entraînés des pilotes
norvégiens durant la Deuxième Guerre mondiale. Ce PT-26
est, semble-t-il, le seul exemplaire du type volant en Europe.
AA LORRAINE
FRÉDÉRIC AKARY
5
ACTUALITES
6
En bref
Un “Mirage” F1 CT pour
les Ailes anciennes de Haute-Savoie
L’association Ailes anciennes de Savoie, à Excenevex, s’est
vue attribuer par l’armée de l’Air le “Mirage” F1 CT n° 220.
Ce dernier est un ancien avion de |’EC 2/30 Normandie-
Niémen, mais le F1 CT a aussi équipé le 2/33 Savoie.
MEAC
À la recherche de conteneurs,
ils trouvent des épaves de la
Deuxième Guerre mondiale
DR
EA-6B
L’US Navy l’avait retiré du service en 2015, l’US Marine “Prowler”
Corps vient d’en faire de même : l’EA-6B “Prowler” de guerre du VMAQ-2.
DR
électronique et de contrôle des opérations aériennes ne vole plus
pour les forces armées américaines. Le Marine Electronic Attack Mandaté par la société de transport maritime de conteneurs
Squadron 2 (VMAQ-2), dernier escadron du Marine Corps qui en Mediterranean Shipping Company (MSC) pour retrouver les
était équipé, a été désactivé le 8 mars. Ses avions ont rejoint ceux 270 conteneurs perdus par son navire MSC Zoe au large des
de la VMAQ-3 sur le grand entrepôt à ciel ouvert de l’Aerospace Pays-Bas lors d’une tempête le 2 janvier dernier, le bateau
Maintenance and Regeneration Group de la base de Davis-Monthan, Atlantic Tonjer de la société de sauvetage BDS Harlingen a
près de Tucson, dans l’Arizona. également trouvé au nord des îles Wadden une partie de la
L’EA-6B a été dérivé de l’A-6 “Intruder” pour répondre à des besoins queue d’un P-38, un moteur Rolls-Royce “Merlin”, un moteur
nés durant la guerre du Viêtnam. Il est entré en service en 1971 et Bristol “Hercules” (ci-dessus) et des pales d’hélices en bois.
170 exemplaires en ont été construits jusqu’en 1991. Il emportait
un pilote et trois officiers de contre-mesures électroniques. Pendant Où l’on reparle du Fw 190
plus de quatre décennies, le “Prowler” a été à l’avant-garde de la du lac de Grand-Lieu
guerre électronique et a permis aux forces aériennes américaines
Après avoir interpellé le président de la République Emmanuel
de réaliser des missions au profil très complexe. Il est à ce jour le jet
Macron lors du Salon de l’Agriculture, les membres de
qui a servi le plus longtemps dans les forces armées américaines.
l’Association pour la recherche d’épaves aéronautiques en
Et il aura combattu jusqu’au bout : le VMAQ-2 était déployé au
Pays de Loire (Area) ont réussi à relancer le dossier de la
Moyen-Orient aussi récemment qu’en octobre 2018, en soutien des
récupération du corps du lt Rudolf Wieprecht dans l’épave
opérations Resolute Support et Freedom’s Sentinel en Afghanistan, et
de Fw 190 qui gît dans le lac de Grand-Lieu, près de Nantes,
de l’opération Inherent Resolve en Irak et en Syrie. Le “Prowler” est
depuis le 4 juillet 1943. À suivre donc.
remplacé par le EA-18G “Growler” de l’US Navy.
7
ACTUALITES
Le DC-3 HB-IRJ volera désormais en Turquie
Le 12 mars, le DC-3 HB-IRJ d’Aero
Passion (ex-Breitling) s’est envolé
de Suisse pour rejoindre la Turquie
où il a intégré la collection du pilote de voltige
turque Ali Ismet Öztürk, au côté du P-51
“Mustang” Ferocious Frankie dans le M.S.Ö.
Air & Space Museum, sur l’aérodrome de
Sivrihisar/Eskisehir.
De mars à septembre 2017, le HB-IRJ avait
fait un tour du monde pour l’horloger suisse
Breitling. Ce DC-3 a effectué son premier vol
le 9 mars 1940 et vola d’abord pour American
Airlines avant d’être loué à l’armée américaine
de 1942 à 1944. En 2008, il avait été acquis
par le Suisse Francisco Agullo et un groupe
d’amis avec le soutien de Breitling.
DR
lors d’un vol entre Locarno et Dübendorf ; l’accident avait fait 20 Le 18 février dernier, le premier d’une série d’avions de British
morts et l’Office fédéral de l’aviation civile (Ofac) avait interdit de Airways à la livrée rétro a été vu sur l’aéroport d’Heathrow à
vol les deux autres Ju 52 exploités par Ju-Air. La petite compagnie Londres. Le Boeing 747-400 immatriculé G-BYGC porte les
aérienne suisse indique par ailleurs dans son communiqué que couleurs de la défunte compagnie BOAC (British Overseas
l’examen approfondi de ses deux autres avions n’a révélé aucun Airways Corporation) ; BOAC fut fusionnée avec British
défaut important pour la sécurité. De son côté, l’Ofac promet un European Airways en 1974 afin de former British Airways.
nouveau règlement pour les opérations aériennes commerciales Le G-BYGC est un des quatre avions à recevoir une livrée
avec ce type d’avions. rétro pour marquer le 100e anniversaire du premier transport
En plus de la maintenance annuelle en cours depuis novembre commercial de passagers au Royaume-Uni.
dernier, le HB-HOS a fait l’objet d’examens très approfondis
pour déceler une éventuelle corrosion. De nouvelles caméras Les “canaris” de l’Aéronautique
endoscopiques à haute résolution ont été utilisées pour examiner navale poursuivent
les longerons d’aile, ainsi que les plus petites cavités des ailes, de
la queue et du fuselage. Il a par ailleurs été fait appel à un institut des carrières diverses
spécialisé dans les essais de matériaux pour examiner toutes L’association Héritage Morane-Saulnier de Tarbes a
les soudures dans les ailes, avec une méthode faisant appel à la annoncé le 8 mars dernier avoir reçu l’ancien “Rallye” 100S
radiographie. Aucune anomalie n’ayant été détectée lors de ces Le Ju 52 codé 66 de l’Aéronautique navale. L’avion a été donné par
longs et minutieux examens, Ju-Air soumettra prochainement une HB-HOS en
l’association Armor Aéro Passion de Morlaix, qui possède
demande à l’Office fédéral de l’aviation civile, dans l’espoir de faire cours de
encore le 63. Les deux associations espèrent bien à terme
maintenance
voler le HB-HOS vers la fin du mois de mai. D’ici là, le HB-HOS aura faire voler à nouveau leurs “canaris” – surnom donné
annuelle dans
reçu un circuit électrique neuf, un poste de pilotage repensé, un aux Rallye MS100S quand ils étaient en service dans
les ateliers
circuit carburant neuf et une cabine réaménagée. l’Aéronautique navale, du fait de leur couleur.
de Ju-Air.
DR
10
GILLES GRARE
Les deux rivaux
jour du salon, Concorde passa système de contrôle de l’avion pour supersoniques contribua à perturber l’équipage
en premier devant le nombreux améliorer sa prestation en vol. Il (Concorde au à un moment critique. Le Tu-144
public. Puis le Tu-144 s’élança. fut aussi question du passage d’un premier plan) s’écrasa sur Goussainville, tuant
Au terme d’une ascension verticale, “Mirage” III qui aurait gêné le au Salon du ses six membres d’équipage et huit
il décrocha, piqua puis se disloqua, supersonique, hypothèse tout de Bourget personnes au sol. Malgré ce drame,
l’aile gauche et la cellule ne même assez peu probable pour en 1973. le programme du supersonique
résistant pas aux facteurs de charge expliquer le drame. Par contre, soviétique fut poursuivi.
lors du redressement effectué la chute d’une caméra de Le cinquième Tu-144 immatriculé
par le pilote. Apparemment les télévision emportée pour filmer CCCP-77104 revint au Salon
ingénieurs avaient modifié le le vol dans le poste de pilotage du Bourget de 1975.
12
TECHNIQUE
Image de la maquette
numérique du MB.152 conçue
par l’équipe bénévole
du projet à l’aide du logiciel
de conception Catia
de Dassault Systèmes.
16
Rétro-conception
La renaissance
du MB.152
Un groupe de passionnés bénévoles,
employés de Dassault Aviation, a décidé
de reconcevoir la maquette 3D de cet
avion disparu avec les outils numériques
modernes. Leur objectif : fabriquer
ce MB.152 “nouvelle génération”
dans les usines de la société.
Par l’équipe du projet MB.152
V
ous ne devinerez technique, la bible, que doivent
“ jamais ce qu’on a
trouvé sur eBay ?
– Les plans du MB ?
suivre les personnes prenant part
au développement d’un avion : la
conception, la fabrication, l’assem-
– Non, mais presque. blage et le contrôle.
On a récupéré les standards de Grâce à ces standards, nous
conception du bureau d’études avions donc enfin accès aux données
Marcel Bloch ! Ça date de 1938 !” et valeurs normalisées utilisées par
C ’est avec cette incroyable le bureau d’études des avions Bloch :
trouvaille que nous avons vraiment définition des matériaux, épaisseurs
commencé à nous rapprocher du des tôles, dimensions des barres pro-
dessin original de la structure du filées, positions des rivets et des vis,
MB.152. Jusqu’alors, nous ne pou- etc. Il s’agit en quelque sorte d’une
vions dessiner les pièces de l’avion “pierre de Rosette” (1) qui nous sert à
V
que d’après les mesures et les obser-
vations faites sur des pièces préser-
vées et en nous basant sur les règles (1) La pierre de Rosette, découverte en
actuelles de conception. 1799 durant la campagne d’Égypte de
Napoléon, a permis à Champollion de
Pour les néophytes, ces “stan- déchiffrer les hiéroglyphes égyptiens au
dards” constituent le référentiel XIXe siècle.
17
RENAISSANCE DU MB.152
La rétro-conception
sans plans détaillés
Pour approcher le plus fidèle-
ment possible ce qu’était sa défini-
tion technique en 1940, nous avons
recoupé l’ensemble des informa-
tions disponibles directement en
3D avec le logiciel Catia de Dassault
Systèmes. C’est le principe de la ré-
tro-conception, plus connu sous sa
dénomination anglaise de reverse
Fabrication du engineering, si populaire aujourd’hui
tronçon arrière du fait de la puissance et de la facilité
du fuselage à d’utilisation des outils 3D : logiciels
Châteauroux- de design, scanners, imprimantes,
Déols en 1940. découpe à commande numérique
SERVICE HISTORIQUE DE LA DÉFENSE
etc. Le problème, dans le cas du
décrypter les documents techniques dans des archives ou chez un par- MB.152, est que plus aucun plan
que nous possédons sur les avions ticulier, c’est comme au loto. On détaillé de fabrication n’existe,
Bloch et que nous utilisons comme ouvre les dossiers sans trop connaître contrairement aux avions alliés ou
sources d’inspiration lorsqu’une le contenu et on prie très fort pour allemands de la Deuxième guerre
zone ou un détail du MB.152 nous découvrir une pépite”. mondiale, et que la documentation
est inconnu. Forts de cette mine disponible au début du projet était
d’informations, nous avons précisé le Le choix très parcellaire.
dessin des pièces. C’est fondamental De plus, quand certaines infor-
lorsqu’il faut fournir des plans d’exé-
du MB.152 Dessin mations sont disponibles, elles
cution aux équipes de fabrication. Le MB.152 est un symbole : c’est du tronçon peuvent varier d’une source à l’autre,
En tenant ces documents origi- le premier chasseur développé par arrière de sans parler des différences entre les
fuselage issu
naux dans nos mains, nous avons Marcel Dassault (Marcel Bloch à variantes de l’appareil : les valeurs
de la Notice
voyagé 80 ans en arrière. Comme le l’époque) à la fi n des années 1930 d’envergure et de longueur trouvées
descriptive
souligne l’un des membres du projet : et produit en grand nombre pour ne sont jamais les mêmes… C’est là
et d’utilisation
“À chaque fois que l’on se retrouve l’armée de l’Air française qui l’uti- de 1940.
qu’il faut effectuer un travail minu-
DASSAULT AVIATION
18
tieux de tri des données. Quelle est
la version de référence sur laquelle
se basera tout le travail de concep-
tion aval ? À quelle source devons-
nous donner la priorité ? Celle du
constructeur ? Celle des services
étatiques ? Heureusement, certains
amateurs éclairés sont passés avant
nous et ont réalisé une première
analyse des écarts et proposé une
synthèse – Serge Joanne et Jacques
Robineau dans leur livre faisant réfé-
rence sur le MB.152. Pour notre part,
nous avons choisi de suivre la Notice
descriptive et d’utilisation éditée par
le ministère de l’Air en janvier 1940 :
plusieurs éditions existent et sont
préservées dans les différents musées
et bibliothèques nationaux. Nous
avons pu compléter ces données avec Tronçon arrière
d’autres manuels de maintenance et du fuselage
d’utilisation opérationnelle, des cata- préservé
logues de pièces de rechange ainsi au musée
que de nombreuses photos prises en de l’Armée.
DASSAULT AVIATION/L. HOAREAU
opération et en fabrication issues de
sources publiques et privées. sa verrière à facettes et ses bossages seraient indispensables pour dessi-
de capot moteur. Comme tous bons ner de manière cohérente les com-
Retrouver l’architecture modélistes, c’est à partir du seul plan posants de la structure du MB.152.
trois vues “officiel” existant, associé C’est d’ailleurs à cette occasion
générale de l’avion aux cotes de contrôle de l’avion en que nous avons pu constater des
Dans tout ce travail d’enquête et sortie d’usine, que nous avons es- différences fondamentales d’archi-
de reconstitution historique, nous quissé une première version des sur- tecture avec les avions français
avons procédé par itérations, en des- faces aérodynamiques du MB.152. contemporains. Si le Dewoitine
sinant directement en 3D, reprenant Dans cette reconstitution, il était D.520 possède un petit nombre de
ainsi la logique de développement tout aussi nécessaire, pour la suite cadres de fuselage et au contraire
des avions actuels. de nos travaux, de localiser le plus un grand nombre de nervures de
La première étape a consisté précisément possible les références voilure (dans laquelle sont logés
à recréer les formes externes du majeures de l’architecture de l’avion. des réservoirs carburant), c’est tout
MB.152, si caractéristiques avec son La position des cadres forts, des lon- l’inverse sur le MB.152 ! Son fuse-
moteur incliné sur le côté gauche, gerons et des axes principaux nous lage, qui porte l’unique réservoir,
V
19
RENAISSANCE DU MB.152
DASSAULT AVIATION
20
moyens de conception et de contrôle
d’aujourd’hui, mais bien selon les
techniques et outils de l’époque :
comment et avec quelle précision
mesurait-on un avion en 1940 ? De
surcroît, le profil de référence de la
voilure variait de quelques centi-
mètres en position et en longueur
selon les différentes sources de docu-
mentation disponibles…
U ne des seules parties du
MB.152 pour laquelle nous ne dis-
posions pas de morceaux originaux Caisson de
de taille significative était le fuselage voilure préservé
avant. C’est en utilisant les cotes par l’Ansa 39/45.
d’harmonisation des canons par On retrouve les
rapport au collimateur (2) que nous raidisseurs de
avons positionné le poste de pilotage revêtement avec
par rapport à la voilure. La position leur section en
des canons dans les ailes donnait la oméga (flèche).
DASSAULT AVIATION
localisation de la voilure et la posi-
tion du collimateur situait le pilote l’avion. À l’origine, l’appareil avait déterminé. C’est la conséquence du
dans l’habitacle. Nous avons ainsi été découpé en tronçons pour répar- “Taylorisme” (3) mis en place pour
confi rmé les volumes du poste de tir et faciliter son industrialisation satisfaire les fortes cadences de pro-
pilotage et de sa verrière. sur toutes les usines de la Société duction demandée par l’État dans le
En ce qui concerne le bâti mo- nationale des constructions aéro- cadre du réarmement massif fran-
teur, il nous a été facile d’identifier et nautiques du sud-ouest (SNCASO). çais à la fin des années 1930. Cette
positionner les différents fragments Cela permettait in fine de les regrou- logique de découpage industriel est
disponibles car la documentation per et de les utiliser sur une chaîne toujours appliquée actuellement,
technique du Gnome et Rhône 14N d’assemblage final selon un rythme notamment lorsque les avions sont
V
donne précisément les interfaces du
côté moteur. Une fois le squelette du
bâti ainsi établi, nous avons déduit
les interfaces du côté avion avec leur
impact sur les formes externes du
fuselage avant.
C’est là que la conception directe
en trois dimensions démontre tout
son intérêt : nous avons ajusté de
manière itérative la position de tous
les différents éléments scannés de
l’avion par rapport à la maquette
numérique que nous avions com-
mencée. Ainsi, nous avons convergé Maquette
jusqu’à atteindre une superposition numérique de la
suffisamment précise pour être ac- voilure gauche
ceptable – de l’ordre du centimètre. conçue par
l’équipe projet
Concevoir des pièces MB.152.
DASSAULT AVIATION
“bonnes de fab”
La conception des formes et
des références globales étant satis-
faisante, nous sommes passés à la
conception des sous-ensembles de
21
RENAISSANCE DU MB.152
22
prendre le système mécanique de Mise en place des
réglage du siège.” premières pièces
P our continuer d’équiper le du fuselage
poste de pilotage, nous avons des- avant sur le bâti
siné le pare-brise et l’arceau de pro- d’assemblage
tection du pilote. Mais, cette fois-ci, réalisé dans
l’idée était de faire fabriquer cet en- l’établissement
semble par l’établissement Dassault Dassault Aviation
Aviation de Poitiers qui est respon- d’Argenteuil.
sable, entre autres, de l’assemblage
et de la réparation des verrières de
nos avions. Pour ce faire, nous avons
défini la forme de la verrière grâce
à une plaque de blindage d’époque,
préservée par le petit-fils du pilote
mort aux commandes de l’appareil
sur lequel elle a été prélevée (4).
Elle nous a aussi été très utile pour
dessiner l’arceau sur lequel elle était
accrochée.
La verrière
pour Poitiers
DASSAULT AVIATION/S. TALLON
Pour le pare-brise, ce fut plus
compliqué : nous n’avions que des Maquette
photos de l’habitacle prises en opé- numérique du
ration ainsi que deux versions du fuselage avant
avec sa verrière,
tableau de composition du MB.152.
ses instruments
Ce tableau est un catalogue de pièces
et son pilote.
détachées, non illustré malheureu-
sement. Il est tout de même assez
détaillé pour fournir des informa-
tions techniques très utiles pour
notre reconstitution : verre triplex
et plexiglas de 4 mm, par exemple.
Il indique aussi quels standards du
bureau d’études Bloch sont utilisés,
d’où la chance que nous avons de les
connaître. Mais ne disposant que
V
Ci-dessous à
(4) Voir le site de François Iung dédié à droite, hall de
son grand-père René Munier, pilote de finition des
MB.152 au Groupe de chasse II/1, mort MB.151 et 152
pour la France, le 15 mai 1940 en combat à Châteauroux-
aérien : http://www.munier-pilote-1940.fr/
Déols en 1940. DASSAULT AVIATION
La production du MB.152
Le premier marché passé porte sur 144 MB.152 à moteur
14N-25 et 144 MB.152 à moteur 14N-49. Numérotés dans
la même séquence que les MB.151, ces appareils devaient
initialement être produits comme les MB.151 par l’usine
SNCASO de Châteauroux-Déols, mais des retards dans
la production poussèrent à ouvrir une seconde chaîne de
production à Bordeaux-Mérignac, tandis qu’une nouvelle
tranche de 100 monoplaces était commandée à Châteauroux.
En septembre 1939, la SNCASO reçut une nouvelle commande
portant sur 500 MB.152, annulée et remplacée par une lettre
d’intention portant sur 690 appareils. La production du MB.152
fut répartie entre les différentes usines de la SNCASO. Le caisson
pilote jusqu’au bâti-moteur fut fabriqué à Châteauroux-Déols,
les fuselages à Bordeaux-Bacalan, les ailes à Suresnes ou Saint-
Nazaire, les empennages, dérive et plan fixe à Rochefort, les
gouvernes mobiles et les trappes de train à Bordeaux-Bègles.
L’assemblage final avait lieu à Châteauroux-Déols et à Mérignac.
SERVICE HISTORIQUE DE LA DÉFENSE
23
RENAISSANCE DU MB.152
comprendre et à l’interpréter, à la
manière des élèves d’une école d’art
étudiant les peintres classiques pour
mieux créer leurs propres œuvres.
De l’évolution de la
conception des avions
C e projet nous a amenés à
nous plonger profondément dans
la conception des avions de cette
époque. Nous avons découvert
beaucoup de choses, parfois bien
Maquette surprenantes au regard des principes
numérique actuels de conception aéronautique.
de la verrière Ainsi, nous avons été étonnés par
et de la plaque la qualité de l’ajustage de la struc-
de blindage, en ture : la production utilisait certes,
partie réalisée beaucoup d’outillages, mais se faisait
par les élèves principalement manuellement. Cela
ingénieurs de tenait plus de la marqueterie avec
l’ISAE-ENSMA. des pièces montées “serrées” que de
DASSAULT AVIATION
l’assemblage mécanique. Les règles
de trop maigres informations, nous conception de la verrière mobile aux de l’art d’aujourd’hui imposent de
nous sommes finalement rabattus sur élèves de l’ISAE-ENSMA (École laisser systématiquement un jeu
l’analyse comparée des pare-brise nationale supérieure de mécanique maîtrisé et contrôlé entre toutes
des avions de la même époque. Nous et d’aérotechnique) de Poitiers. les pièces, ceci afi n de prendre en
avons trouvé, au musée de l’Air et de Dassault Aviation intervient réguliè- compte des tolérances d’usinage et
l’Espace et grâce à des particuliers, rement dans cette école d’ingénieurs d’assemblage, et de lutter du même
les catalogues de pièces détachées, aéronautiques au travers de sa poli- coup contre les problèmes de corro-
illustrés cette fois-ci, des MB.175, 220 tique de coopération avec l’enseigne- sion générés par les frottements.
et MD.315 “Flamant”. Leurs pare- ment supérieur. C’est ainsi que dans Nous avons aussi constaté l’évolu-
brise étant assez similaires, nous le cadre de leur projet de bureau tion des critères de dimensionnement
nous en sommes inspirés pour créer d’études, les étudiants de deuxième et de dessin des pièces de structure.
une définition vraisemblable de celui année se sont à leur tour immergés Par exemple, les découpes de passage
du MB.152. Armés de ces recherches dans la conception des avions des de lisses dans les cadres (les “trous de
et ces analyses, nous avons confié la années 1930. Ils ont travaillé à la souris” dans le jargon) étaient souvent
Dessin de
l’arceau de
protection
du pilote issu
de la Notice
descriptive et
d’utilisation
de 1940.
On voit le détail
de l’assemblage
de l’arceau sur le
fuselage.
DASSAULT AVIATION
DASSAULT AVIATION
Dessin de la
verrière issu
de la Notice
descriptive et
d’utilisation
de 1940.
Le mécanisme de
translation y est
détaillé.
24
Cela permettait de le redessiner
facilement, puis de le faire fabri-
quer à Argenteuil, prouvant ainsi la
validité du processus complet de re-
constitution historique du MB.152.
Cette démonstration a bien fonc-
tionné car c’est à l’issue de l’exposi-
tion montrant le triptyque longeron
d’époque/maquette numérique/nou-
veau longeron, en décembre 2013,
à Saint-Cloud, que nous avons eu
l’accord de notre direction générale
pour développer le projet MB.152
au sein de la société.
Un élève du lycée
professionnel Technique imaginative
Réaumur
(Poitiers) en train
mais peu orthodoxe
de fabriquer Avec ce feu vert et le soutien actif
l’arceau de la direction du site d’Argenteuil,
de protection nous nous sommes donc lancés dans
du pilote. la fabrication du tronçon de fuse-
DR
lage contenant le poste de pilotage
réalisées d’un trait de scie, laissant les Les pièces du longeron avant du de l’avion. C’était sans imaginer tous
coins avec des angles droits saillants. stabilisateur horizontal ont été les les défis que nous aurions à relever :
Chose tout simplement inaccep- premières à être refabriquées. Cet un longeron d’un mètre de long avec
table aujourd’hui car ces angles vifs élément avait été choisi car il en quelques cornières n’est pas un cais-
sont autant de risques de départ de existait un exemplaire en bon état son de près de 3 m3 avec une dizaine
criques et donc de rupture potentielle dans la collection de l’Ansa 39/45. de cadres emboutis, des planchers
des cadres en vol. Les accidents du en tôle pliée et des longerons usi-
De Havilland DH.106 “Comet” I nés ! Il nous a donc fallu retrouver
(5) Le De Havilland DH.106 “Comet” I
sont, depuis, passés par là (5), et les fut victime d’explosions en vol à l’esprit prototype de nos anciens
méthodes de calcul des structures plusieurs reprises dans les années 1950. pour faire efficace et à faible coût.
prenant en compte la fatigue des Les concentrations de contraintes Un des membres de l’équipe se sou-
matériaux, la propagation des criques dans le fuselage aux coins des hublots vient : “Quand je suis arrivé sur le
rectangulaires ont mené à la rupture
et la tolérance aux dommages sont de la peau de l’avion sous l’effet répété projet, ma première préoccupation a
devenues incontournables. de la pressurisation de la cabine. été de trouver un moyen de faire des
outillages de mise en forme “pas cher
François Iung et facile à usiner”. Je me suis donc
(à gauche), attelé à la tâche pour trouver le maté-
petit-fils de riau “miracle”. Mon premier choix
René Munier,
s’est porté sur du bois aggloméré. J’ai
pilote de MB.152
donc réalisé un gabarit de cambrage
pendant
et une pièce type. Mais le miracle
la bataille
de France.
s’est vite transformé en cauchemar
Un membre de une fois passé l’ensemble sous presse.
l’équipe MB.152 Les quelques tonnes de pression ont
lui restitue écrabouillé l’ensemble, le rendant
la plaque inutilisable et irrécupérable ! Ne
de blindage voulant pas abandonner mon idée, je
qu’il avait prêtée me suis donc rabattu sur du médium
au projet. [bois de synthèse, NDLR] passé
préalablement à la presse. J’ai donc
réitéré l’expérience et là, oh miracle,
mes espoirs dans cette formule furent
couronnés de succès.”
C’est donc avec cette technique
imaginative mais peu orthodoxe que
nous avons sorti la dizaine de cadres
nécessaire pour assembler et présen-
ter le caisson pilote lors des meetings
aériens de la Ferté-Alais et de la base
d’Istres en 2016 pour le centenaire de
Dassault Aviation.
Une fois les pièces de la structure
du tronçon avant fabriquées, il fallait
imaginer la gamme d’assemblage de
l’ensemble, et ce avec une précision
suffisante pour garantir sa cohérence
V
25
RENAISSANCE DU MB.152
Éric Trappier
géométrique. Là encore, nous avons lycée Marcel Dassault de Rochefort, (à gauche) et Loïk
envisagé un temps d’avoir recours avec sa section “plastique et compo- Segalen (à droite
en costume),
à des bâtis d’assemblage modernes sites”, a pris en charge la fabrication
respectivement
faits pour les grandes séries. Mais, des vitrages, avec notamment la réa-
PDg et directeur
devant leur complexité et leur prix, lisation par thermoformage de la par-
général délégué
il a fallu faire preuve d’ingéniosité tie galbée au sommet du pare-brise. de Dassault
pour trouver une alternative efficace Elle a nécessité la réalisation d’un Aviation, lors
et compatible avec notre budget. En outillage de mise en forme usiné et de l’exposition
observant les usages dans d’autres rendu parfaitement lisse afin que le MB.152 à
secteurs, nous avons choisi de réa- plastique transparent puisse s’étirer Saint-Cloud en
liser un bâti d’assemblage à base de sans marquer. Les élèves du lycée décembre 2018.
profilés métalliques extrudés comme Réaumur de Poitiers ont, pour leur Le moteur
cela se trouve dans le mobilier indus- part, usiné l’ensemble des pièces en Gnome et Rhône
triel modulaire. À partir de ces barres acier, plaque de blindage incluse, né- 14N est un prêt
génériques, nous avons conçu et fabri- cessaire à la fabrication de l’arceau. du musée de l’Air
qué un bâti sur-mesure et adaptable Ils ont aussi réussi à cintrer la cor- et de l’Espace
à la progression de l’assemblage du nière en aluminium chapotant cet pour compléter
tronçon. Et pour vérifier sa précision arceau et fermant la partie fixe de la le fuselage
une fois monté, nous avons pu comp- verrière du MB.152. Il ne leur reste avant fabriqué
ter encore une fois sur les outils de donc plus qu’à souder l’arceau et à par l’équipe
métrologie en 3D. Nous avons ainsi l’assembler sur sa cornière pour qu’il d’Argenteuil.
DASSAULT AVIATION/V. ALMENSA
pu comparer ce relevé à la version nu- puisse trouver sa place sur le poste de
mérique de notre bâti, comme pour le pilotage d’Argenteuil. sionnels et personnels : en dépassant
dessin de l’avion lui-même. le simple exercice de leur métier, en
Pour la fabrication du pare-brise Apprentissages rencontrant des personnes avec les-
et de l’arceau blindé du pilote, nous quelles ils n’auraient pas travaillé en
nous sommes tournés vers les lycées
techniques et humains temps normal, en apprenant d’une
professionnels avec lesquels l’éta- La trentaine de membres du autre manière et en devenant chacun
blissement de Poitiers entretient des projet MB.152 sont des bénévoles responsable d’une partie du projet.
partenariats de formation. Nous sou- passionnés d’aéronautique. S’ils ont C’est ce qu’illustre ce témoignage
haitions que les élèves de ces lycées tous initialement rejoint le projet de l’un des membres de l’équipe :
fabriquent les pièces primaires et pour vivre cette passion au sein de “N’étant ni du métier aéronautique
qu’ils viennent ensuite les assembler leur vie professionnelle, cela a aussi ni technique, la fabrication d’un
sous la supervision de personnels été l’occasion pour chacun d’entre avion reste assez abstraite. Après
poitevins de Dassault Aviation. Le eux d’élargir leurs horizons profes- avoir limé en y mettant toute mon
26
humains : “Vous devez motiver une
équipe vers un but technique clair, en
tenant un planning et un budget, en
communiquant à l’extérieur comme
en interne, en permettant à chacun
de développer ses talents… tout en
vivant votre passion aéronautique !”,
explique le chef de projet.
Notre PDg, Eric Trappier, a no-
tamment déclaré en décembre 2018,
que le projet MB.152 est un projet in-
novant qui constitue une “introduc-
tion assez intéressante à la culture de
l’entreprise”.
Encore beaucoup
de travail…
La reconstitution numérique
et physique du MB.152 continue.
Nous avons encore beaucoup de tra-
vail à effectuer. Certaines sections,
énergie et mon attention, les pièces triels ou de sécurité des vols associés comme la voilure par exemple, n’ont
passent enfi n à la presse : le cadre bien entendu. Le projet MB.152 pré- été que partiellement étudiées et
prend forme physiquement mais sente d’ailleurs deux avantages ma- restent ainsi à définir pour espérer
aussi dans mon esprit !” jeurs. D’abord, chacun peut décider les fabriquer un jour. Nous avons ré-
de contribuer aux aspects du projet cemment présenté l’avancement du
Un avion qui l’intéressent, qu’il soit expert ou projet lors de deux expositions sur les
qu’il souhaite se former. Ensuite, sites de Saint-Cloud et d’Argenteuil.
à “échelle humaine” l’avion est à “échelle humaine”, c’est- Un documentaire vidéo du projet est
En définitive, les problématiques à-dire simple à appréhender dans sa disponible en ligne sur la WebTV
auxquelles nous faisons face dans le globalité, tout en en connaissant les de Dassault Aviation ainsi que sur
projet sont assez similaires à celles détails de conception et de fonction- YouTube (6). Nous serons présents
d’un vrai programme de développe- nement. C’est un formidable sup- au meeting de la Ferté-Alais cette
ment d’avion, sans les risques indus- port d’apprentissages techniques et année avec un caisson pilote plus
abouti que lors de l’édition 2016.
En même temps que nous pro-
gressons dans la conception du
MB.152, nous recherchons toujours
L’usine Bloch-SNCASO de Châteauroux-Déols des informations qui nous permet-
En 1936, la société anonyme des Avions Marcel Bloch acquiert à Déols traient d’améliorer la qualité de notre
(au nord de Châteauroux) 157 hectares sur lesquels est construite une usine reconstitution. C’est donc un appel
moderne et fonctionnelle de production aéronautique dotée de son propre aérodrome. que nous lançons aux lecteurs du
Cette initiative répond aux directives du ministère de l’Air qui, dans la perspective Fana de l’Aviation pour qu’ils nous
d’un nouveau conflit avec l’Allemagne, veut décentraliser l’industrie aéronautique aident et nous apportent des infor-
en province. La construction de l’usine est confiée à l’architecte Georges Hennequin, mations à l’adresse e-mail suivante :
ami d’enfance de Marcel Bloch, qui la conçoit autour du flux principal de fabrication Projet-Mb-152@dassault-aviation.
des avions, le tout dans un style typique des années 1930. Elle est véritablement com.
opérationnelle en 1939. C’est dans cette usine qu’est produite la majorité des MB.151 Si nous ne pouvons pas au-
et MB.152. Les grandes surfaces couvertes sont agencées afin de permettre jourd’hui fixer de date d’achèvement
l’organisation de plusieurs chaînes d’assemblage et de montage pour répondre du projet, tant elle dépend de la dis-
rapidement à des commandes en très grande série. La conception concilie ponibilité des membres et du soutien
la dimension humaine, la densité matérielle, le niveau d’automatisation et rend logistique que nous offre Dassault
cohérent, à travers l’architecture, le processus technologique. Une attention toute Aviation, nous souhaitons bien évi-
particulière doit être portée aux circulations : personnel, matières premières et produits demment que ce jour arrive prochai-
finis. Son outillage est à la pointe de la technique : machines-outils, fraiseuses à nement. Nous avons tous ce rêve si
haute précision, presses, cisailles, emboutisseuses. Dès sa conception, la structure bien illustré par l’un des nôtres : “Je
d’ensemble de l’usine de Châteauroux-Déols, dictée par le cycle de fabrication, a été suis passionné par l’histoire et l’aéro-
fixée intégralement. C’est une usine neuve, construite d’un seul jet, significative d’une nautique de père en fils. Je souhaite
étape importante de la production aéronautique. Le nombre de chasseurs MB.151 transmettre cette passion à mes en-
et dérivés, fabriqués à l’usine de Châteauroux-Déols entre l’été 1939 et mai 1940 fants (…) c’est dans les yeux de mes
est estimé à 250, soit une cadence moyenne de 25 appareils par mois (avec des pics enfants que j’aimerais voir un jour le
en avril et mai 1940). Conséquence de l’armistice signé le 22 juin 1940, l’usine ferme MB.152 reprendre son envol.” Q
ses portes le 30 juin. Toute l’équipe de direction est licenciée le 15 juillet 1940.
En septembre 1940, le bureau d’études, intégré à l’usine de Courbevoie, est transféré
à Déols, en zone libre, et y reste jusqu’en février 1941, date à laquelle il est déplacé (6) Sur www.dassault-aviation.tv,
à Cannes comme l’ensemble des bureaux d’études de la SNCASO. dans l’onglet “Technologies” et
sur YouTube : www.youtube.com/
TheDassaultAviation sous l’intitulé
“MB-152, le pionnier réinventé”.
27
MONOGRAPHIE
MB.150 à MB.157
Une famille
de chasseurs
Les premiers chasseurs conçus VINCENT DHO
RNE
L
a famille de chasseurs à la- son poste de pilotage fermé, l’appa- françaises, même s’il n’est pas encore
quelle appartient le MB.152 reil effectue son premier vol le 4 mai totalement mis au point. Les pro-
est la réponse de la Société 1937, à Villacoublay, piloté par blèmes de refroidissement moteur
anonyme des Avions Marcel André Curvale. sont réglés avec le MB.152 équipé
Bloch au programme C-1 Au début de 1938, le MB.150 est d’une version plus puissante du 14N
(chasseur monoplace) lancé par le retenu en même temps que le et d’un capot moteur de type Naca.
ministère de l’Air en juillet 1934 afin Morane-Saulnier MS 406. Livrée sans moteur à Courbevoie
de rééquiper ses escadrilles de maté- par la SNCASO, la cellule n° 433 est
riels modernes. Le MB.151, premier achevée comme MB.152-01 après
Le MB.150, premier avion de la avoir reçu un moteur Gnome et
famille, est modifié trois fois avant
à équiper les escadrilles Rhône 14N-21 de 1 030 ch. Cet appa-
de prendre sa forme définitive en La première version du chasseur reil effectue son premier vol à
novembre 1935. Étudié à l’usine des qui équipe les escadrilles est le Villacoublay le 15 décembre 1938,
Avions Marcel Bloch de Courbevoie, MB.151. Il est développé à partir du piloté par Rodolphe Blanc.
le MB.150-01 est un monoplan can- début de 1938 et effectue son premier Après un passage à Courbevoie,
tilever entièrement métallique à aile vol le 18 août de la même année à le prototype reprend ses essais en
basse doté d’un moteur en étoile Villacoublay aux mains de Rodolphe janvier 1939 avec un Gnome et
Le prototype
Gnome et Rhône 14N. D’allure mo- Blanc. Sa mise en production est lan- Rhône 14N-25 de 1 080 ch. Comme
du MB.150
derne grâce à son train principal cée rapidement afin d’accélérer le à Villacoublay
pour le MB.151, ce prototype ren-
escamotable (roue de queue fixe) et rééquipement des unités de chasse en 1937.
contre des problèmes de surchauffe,
DASSAULT AVIATION/DR
28
Bloch 152 n° 528 du s-lt Robert Thollon affecté au GC I/8
et qui remporta huit victoires, dont une contre un Messerschmitt
Bf 109, entre le 10 mai et le 15 juin 1940. Ce palmarès fait de lui l’as
des as du Bloch 152. À lui seul, le GC I/8, premier au palmarès
des unités sur Bloch 152, remporta 44 victoires dont 36 confirmés.
limitant la vitesse maximale aux La SNCASO se voit confier la tue, selon ses utilisateurs, une plate-
alentours de 470 km/h et, courant production du MB.150 et de ses déri- forme de tir très stable et atteint rapi-
1939, diverses combinaisons d’hé- vés, MB.151 et MB.152. Elle connaît dement de hautes vitesses en piqué.
lices et de capots moteurs sont tes- de nombreux déboires et les pre- Le manque de puissance de son
tées, ces derniers ayant une prise miers avions de série sont livrés in- moteur impose, aux opérationnels,
d’air variant de 750 à 1 000 mm. complets aux escadrilles. L’emploi un choix optimisé de missions. Au
Pour éviter de nouveaux retards de de ces appareils pour les opérations moment de la déclaration de guerre,
livraison, ce dernier diamètre est militaires est retardé. 249 MB.151 et 152 sont sortis des
finalement retenu et une prise d’air chaînes de montage.
additionnelle est ajoutée pour refroi- Le robuste Le 10 mai 1940, 140 MB.151 et
dir la partie arrière du moteur. Cette 363 MB.152 ont été pris en compte
dernière donnant satisfaction, elle
MB.152 par l’armée de l’Air et 16 MB.151 ont
est montée rétroactivement sur les Au 1er septembre 1939, deux été attribués à l’Aéronavale. Sur les
appareils en service comme sur les jours avant l’entrée en guerre de la 25 MB.151 commandés par l’armée
appareils équipés du moteur 14N-35, France, seule la première escadrille Le prototype de l’Air royale grecque en dé-
du MB.151
monté sur les MB.152 dès qu’il est du Groupe de chasse GC I/l a com- cembre 1939, seuls neuf sont livrés.
piloté par
disponible. Le prototype est mis au mencé à voler sur MB.152. 44 MB.155 sont produits en série et
Rodolphe Blanc
standard de série, rebaptisé MB.152 Le MB.152 est un appareil très neuf appareils utilisés au front. Les
lors de l’un de
n° 433 et livré le 15 mai 1940 à l’ar- robuste, “encaissant” bien mieux que ses premiers
versions MB.153 (1939) et MB.157
mée de l’Air. les autres types en service. Il consti- vols, fin 1938.
(1942) restent à l’état de prototype. Q
ECPAD
29
MB.150 À MB.157
Alignement
de MB.152
de la 4e Escadrille
du Groupe
de chasse II/8
aux couleurs
de l’armée
d’armistice, dont
le MB.155 n° 14.
DR/COLL. FRANÇOIS HERBET
30
HISTOIRE
Controverse
Ader a-t-il
volé ?
C’est affirmé avec la logique bancale
des complotistes : Ader n’a pas volé
puisqu’on n’en a pas la preuve.
Une preuve ou des preuves ?
Il y en a suffisamment pourtant. Les voici.
Par Michel Bénichou
E
n prétendant qu’il n’existe l’avis de ces successeurs ait reçu
aucune preuve formelle de beaucoup d’écho auprès de contem-
ses vols, certains affirment porains qui souvent, ignorent
que Clément Ader ne vola jusqu’au nom d’Ader.
jamais, que ses prétentions
sont injustifiées. C’est méconnaître Une question inutile
le personnage qui, à l’inverse de bien
des inventeurs avant et après lui, ne
qui perdure
céda jamais ni aux fantasmes ni aux En lisant les textes anciens avec
vantardises. Quelque erreur qu’il les yeux d’aujourd’hui lorsque l’on ne
MICHEL BÉNICHOU
pût commettre, ce grand patriote, possède pas de connaissances en
ingénieur renommé, raisonna avec mécanique du vol, on peut prétendre s’appuyer avant d’aborder de nos
méthode et scrupules, observant n’importe quoi au sujet de l’aviation jours l’œuvre d’Ader. De la polé-
avant de déduire, mesurant avant de d’autrefois. Si l’on s’efforce, en histo- mique déclenchée dans les années
calculer pour aboutir à des conclu- rien, de se rapprocher du contexte, 1930 par un collectionneur averti,
sions dont la pertinence continue le point de vue change du tout au prétendu historien et hostile à la per-
d’étonner ses lointains successeurs tout. Dans le cas d’Ader, un demi- sonne d’Ader, puis relancée en 1968
bénéficiant pourtant de ce qui lui siècle après sa mort survenue en par un écrivain britannique chipo-
manqua cruellement, la somme des 1925, un petit nombre de pilotes et tant sur le fait pourtant établi
expériences acquises dans l’aéro- d’ingénieurs réputés se penchèrent qu’Ader avait été le premier homme
nautique par les générations précé- en historiens sur ses travaux ; c’est à quitter le sol par un moyen méca-
dentes. Malheureusement, il n’est sur leurs écrits que les enthousiastes nique, restent aujourd’hui des lam-
pas certain que 130 ans plus tard, comme les sceptiques devraient beaux et cette inutile question qui
perdure : Ader a-t-il vraiment volé ?
L’Avion n° 1 Clément Ader rêvait de voler. Il
baptisé Éole. commença à s’y essayer dans le vent
Il parcourut alors qu’il était tout juste adolescent.
50 m à quelques
Diplômé ingénieur en 1861, il fit assez
décimètres du sol
rapidement fortune grâce aux perfec-
devant plusieurs
tionnements qu’il apporta à une in-
témoins le
9 octobre 1890.
vention venue des États-Unis, le télé-
phone, et eut ainsi les moyens de se
consacrer à la réalisation du rêve.
Il n’était pas théoricien ni ne
pouvait fonder ses travaux aéronau-
tiques sur une base scientifique quel-
conque pour cette simple raison
qu’elle n’avait encore été formulée
par personne ; cependant, la nature
avec tous ses animaux et insectes
volants lui sembla apporter des en-
seignements, aussi commença-t-il
par l’observer puis tenter de la co-
DR
32
L’Avion n° 3 de Clément Ader
tels qu’il peut être admiré au
Conservatoire national des arts
et métiers, à Paris.
pier. De cette manière, vers 1873, il moindre intérêt. Pourtant, en le pla- portantes. Ayant fixé des dynamo-
construisit un planeur aux ailes re- çant face au vent d’Autan, retenu par mètres à deux des entraves, il put
produisant celles d’insectes, et re- quatre cordes, Ader, lui-même sus- obtenir les “bases sur lesquelles on
couvert de plumes. pendu presque à l’horizontale entre peut fixer les dimensions générales
Plusieurs fois exposé au public à les ailes, parvint à se soulever régu- d’un avion : charge au mètre carré et
Paris, l’appareil ne suscita pas le lièrement en manipulant les surfaces charge par cheval-vapeur. À ce mo-
ment – 1873 – et pour longtemps
L’Avion n° 3 encore, il est le seul au monde à dis-
installé dans poser de ces données. (…) En ingé-
l’ancienne nieur qu’il est, il calcule rapidement
abbaye de
la puissance et le poids du moteur
Saint-Martin-
qu’il faut construire pour assurer un
des-champs,
vol motorisé avec une charge alaire
et actuellement
au Conservatoire
de l’ordre de 10 kg/m2 .(...) Il s’aper-
national des arts çoit vite que pour cela le moteur ne
et métiers. doit pas peser plus de 7 à 8 kg par
cheval développé”, comme le ra-
conte le général Pierre Lissarrague
dans sa biographie d’Ader (1). Il a été
beaucoup dit que Lissarrague, direc-
teur du musée de l’Air et de l’Espace,
vouait à Ader une admiration exces-
sive ; mais aucun de ses détracteurs
n’a aussi méticuleusement que lui
étudié la vie d’Ader à travers ses
écrits, ses travaux, les témoignages,
et en restaurant l’Avion n° 3 tel qu’il
est exposé aujourd’hui par le
Conservatoire national des arts et
V
33
ADER A-T-IL VOLÉ ?
MAE
Dessins extraits
du brevet
déposé par
Ader pour
un appareil
ailé pour la
navigation
aérienne,
dit avion.
La machine
présentée est
proche de
l’Avion n° 1
baptisé Éole.
“L’Avion n° 3
de M. Ader
expérimenté au
camp de Satory
en octobre
1897”.
La photo a été
dédicacée en
janvier 1900 à
“son vieil ami”
Nadar par Ader.
GALLICA/ BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE
34
Ader considérait son
avion comme une future
arme pour les forces
françaises
Le planeur conçu,
construit et qui fût envisageable en son temps.
essayé par Ader Là, il réussit un exploit véritable dont
en 1873, dessiné nous avons aujourd’hui perdu la por-
par son créateur : tée : le moteur en soi avec ses deux
envergure de cylindres, pesait 23 kg ; avec tous ses
7 m, longueur accessoires dont le condenseur où la
d’1,80 m. vapeur était refroidie en eau liquide
MAE
avant de revenir à la chaudière, la
masse totale était de 70,5 kg pour
une puissance maximale de 10 ch
(6,4 kg/cv). Ce moteur de très loin le
plus léger au monde, à opposer au
moteur à vapeur de Hiram Maxim,
datant de la même époque, donnant
180 ch pour presque 2 tonnes tout
compris (10 kg/cv).
35
ADER A-T-IL VOLÉ ?
MAE MAE
36
condes, je me trouvai suspendu dans val, or il lui fallait 100 m pour at- voletant et à l’une des expériences
une sorte d’aise indéfinissable. Mais teindre cette vitesse dans une ma- l’Éole sortit de la piste à gauche sur
la fin de la piste était tout près et n’en chine qu’il avait allégée de la plupart une longueur d’environ 100 m, sans
permit pas davantage. J’arrêtai im- de ses réservoirs et de son énorme laisser de traces sur le sol ; il était à
médiatement le moteur.” condenseur, or le moteur ne donnait une faible hauteur, mais complète-
L’Éole avait parcouru 50 m à pas toute la puissance attendue, or ment soutenu par ses ailes. Cette
quelques décimètres du sol devant la chaudière commença à fuir. Le 25, déviation à gauche en volant fut cau-
plusieurs témoins dont le banquier il avait quitté les Armainvilliers, sée par le propulseur central dès que
Gustave Pereire. Vallier et Espinosa sachant tout ce qui restait à faire. l’Avion fut libre en perdant terre (…)
prirent quelques blocs au tas de char- En août 1891, lui fut attribuée Malheureusement, il vint buter vio-
bon alimentant la chaudière des l’autorisation très exceptionnelle de lemment contre un matériel de cha-
serres et les enterrèrent à l’endroit du poursuivre les essais de l’Éole et de riots, baquets, etc. qui avait servi à
vol, indiqué en outre par un piquet. son moteur amélioré (13,5 ch) sur le tracer, à la chaux, la raie centrale…”
On les y retrouvera longtemps après. champ de manœuvre de l’Artillerie Qui a un jour dut affronter l’effet de
Jamais un historien n’a douté de à Satory où le mutisme des observa- couple au décollage d’un monomo-
la réalité de cette performance. teurs en uniforme allait de soi ; Ader teur à hélice comprend immédiate-
Pourquoi leur fallut-il remettre les lèverait ce secret en 1907 en publiant ment qu’Ader ne peut pas avoir in-
autres en cause ? La Première Étape de l’aviation venté les détails de ce décollage. Il
militaire, mais, en l’absence de docu- ne peut que les avoir vécus.
“Éole sort de la piste sans ments officiels disponibles, il sera Les dégâts ne furent pas très im-
facile de proclamer que rien de ce portants. Cependant Ader estimait
laisser de traces au sol” qu’il prétendait n’était vrai. En fait, n’avoir plus tout l’argent nécessaire
Le 10 octobre, Ader s’alitait, les livres de comptes montrent que pour continuer. Il avait fait appel en
souffrant. Le 12 il écrivait à son ami l’Éole et ses ouvriers demeurèrent 54 vain à Gustave Pereire en lui promet-
Nadar (Félix Tournachon) qu’il avait jours à Satory où avait été préparée tant un Avion n° 2 qui volerait 6 à
enfin quitté le sol. Il avait calculé que une piste de 800 m balisée en son 8 heures et des profits phénoménaux.
son avion quitterait le sol au-delà de centre par une bande de chaux large Ader était aussi naïf. Il avait dépensé
36 km/h, “vive allure” au XIXe siècle d’un mètre. En 1907 donc, Ader écri- de sa grande fortune 200 000 francs
où la référence était le galop du che- vit : “Plusieurs essais furent faits en (4 à 5 millions d’euros) ; il lui en fau-
V
L’Avion n° 3
(c’est marqué
dessus) dans
l’atelier de la
rue Jasmin
à Paris. Au fond
à gauche, Vallier
et Espinosa.
37
ADER A-T-IL VOLÉ ?
Deux hélices
contrarotatives
L’Avion n° 2 (Zéphyr) était en
construction, plus fin, tout en bois et
revêtu de soie, quand Ader se ravisa
pour passer au n° 3 bimoteur
(Aquilon), lancé en janvier 1894. Plus
puissant, avec deux hélices contraro-
tatives, cet avion volerait tout droit.
Cependant, dans ces conditions, le
contrat ne serait pas respecté ; après
de longs atermoiements, le nouveau
ministre de la Guerre en signa un
autre en juillet 1894.
La construction de l’Avion n° 3 et
de ses moteurs fut plus difficile et bien
plus longue que celle de l’Éole pour
toute sorte de raisons. Dans l’atelier,
une vingtaine d’ouvriers entouraient
désormais Ader qui, dans son bureau,
demeurait solitaire. L’Avion n° 3 se-
rait propulsé par deux moteurs de
24 ch pesant ensemble 145 kg tout
compris ; 3 kg/cv, encore un record !
Le 21 juillet 1897, Ader écrivit au
ministre de la Guerre que son Avion
était prêt à Satory pour être présenté
à une commission. En septembre,
commença sur un terrain en décli-
vité la construction de la piste de
lancement circulaire réclamée im-
prudemment par Ader. Entre-temps
les seules démonstrations qui eurent
lieu furent le point fixe des moteurs
dans l’atelier. Lorsqu’Ader, de plus
en plus impatient, put enfin faire sa
présentation en vol, il ne s’était pas
MICHEL BÉNICHOU
donné le temps d’essais complets
38
mal placés, n’avaient pu voir l’Avion nécessaires. Sans doute avait-il aussi contraire de ce qu’il fallait. Les am-
au-dessus du sol (au moins deux ou compris qu’il usait de techniques bitions et les attentes d’Ader et des
trois mètres) à cause de la pente, dépassées, et que le moteur à com- militaires étaient démesurées et trop
mais les traces des roues parlaient : bustion interne serait à brève en avance sur leur temps puisque
après quelques mètres elles com- échéance très supérieur au moteur Ader espérait obtenir seul les résul-
mençaient à disparaître, revenaient, à vapeur, fût-il génial. Dès 1898, tats auxquels une industrie naissance
s’évanouissaient encore, puis d’ailleurs, Ader brevetait un moteur ne parvint pas encore tout à fait une
n’étaient plus apparentes sauf 300 m à essence, deux cylindres en V, et, vingtaine d’années plus tard.
plus loin où l’appareil toucha le sol bientôt, des automobiles Ader ; il Mais pourquoi donc Ader fut-il
en dérapage. Les généraux dirent ce avait alors 57 ans, un âge trop avancé couvert d’honneurs et si longtemps
qu’ils avaient vu, c’est-à-dire pas pour continuer une œuvre solitaire respecté ? Pourquoi l’armée décida-
grand-chose. Ambigu, peu convain- et en assumer seul tous les risques. t-elle fin 1911 de substituer au mot
cant. Un seul rapport était plus pré- aéroplane le mot avion, sinon pour
cis, mais il émanait d’un lieutenant, Des ambitions et lui rendre un hommage appuyé ? On
Binet, qui avait tracé la piste et noté nous objectera encore que le général
les empreintes des roues.
des attentes démesurées Lissarrague, pourtant assisté des
L’armée avait alors d’autres pré- Il ne peut être question de mettre ingénieurs et techniciens du musée
occupations dans un budget en en doute les vols de Clément Ader ; de l’Air et de l’Espace, ne parvint pas
baisse, dont le financement soigneu- il est même évident que ces courtes à faire voler correctement la ma-
sement caché de l’industrialisation envolées étaient assez stables. Mais quette des Avions 1 et 3. Il faudra
du nouveau et formidable canon de il est aussi évident qu’elles ne pou- alors rappeler qu’aucune des copies
75 mm (même le Parlement n’en fut vaient être vraiment meilleures pour du biplan Wright de 1903 construites
pas averti !). Elle espérait qu’Ader au moins trois raisons : des com- aux États-Unis en 2013 ne réussit à
pourrait poursuivre ses travaux sur mandes trop compliquées, insuffi- voler… Mais il existe dans ce cas,
ses fonds propres. Les plans du n° 4 santes et mal maîtrisées ; la traînée contrairement à celui d’Ader, les irré-
commençaient d’être tracés, à la considérable du condenseur ; des futables photos des premiers “vols”
lumière de l’expérience acquise. hélices aux pales trop souples dont du 17 décembre 1903 qui, sur 260 m
Mais Ader, qui avait déjà beaucoup le pas diminuait naturellement au maximum, ne valait guère mieux
dépensé, n’avait pas les finances quand la vitesse augmentait, au que ceux d’Ader en 1891 et 1892. Q
MICHEL BÉNICHOU
39
REPORTAGE
Stinson V-77/SR-10
Plus neuf que neuf !
L’atelier dijonnais Aero Restauration Service peut
s’enorgueillir depuis le printemps dernier d’avoir
produit une restauration au plus haut standard.
Par Xavier Méal
XAVIER MÉAL
Le Stinson V-77/SR-10 F-AYDK
dans les environs de La Ferté-Alais
en mai 2018.
41
STINSON V-77/SR-10
U
n samedi vers la fin
“ de 2012, je musar-
dais sur le site inter-
net Plane-Chek, se
souvient Armando
Da Costa, je venais de vendre mon
Zlin 526… et j’ai été intrigué par une
annonce concernant un avion qui
avait fait un cheval de bois en 2006 ou
2007. Un Stinson V-77, la version
militaire du SR-10. Je connaissais ce
type d’avion, que je trouvais sympa
avec son aile de mouette, et j’ai pensé Les ailes
que ce serait un chouette avion pour du Stinson le
se balader. Ce qui m’avait intrigué 21 février 2013,
était le prix de vente “très raison- dans la cour
nable”… Sur le coup, mon objectif de la ferme où
principal n’était pas de le restaurer, il est entreposé
mais je me disais qu’il y avait peut-être démonté
une affaire à faire. depuis quelques
En février 2013, je suis allé le années déjà.
ARMANDO DA COSTA
chercher en Allemagne. L’avion était
dans une grange ouverte, dans une dans le camion… trop haut. Avisant et en tant qu’avion d’entraînement
cour de ferme, derrière en tas de alors une des jambes de train qui sous la désignation AT-19. La Royal
pneus, sous une épaisse couche de avait d’évidence été réparée-brico- Navy et la Royal Air Force utili-
poussière. À côté, il y avait un moteur lée-ressoudée, nous l’avons sciée et il sèrent également le “Reliant” pour
sur une palette, sous une bâche – en est rentré juste-juste.” des missions de liaisons. Après la
plus de celui de l’avion auquel il man- La “bête malade” est le Stinson guerre, ils furent revendus sur le
quait deux cylindres. L’appareil ne V-77 “Reliant” n° de série 6375, marché civil sous le nom de Vultee
me paraissait pas si abîmé que ça : il construit en 1942, qui commença sa V-77. Ils étaient motorisés avec un
était sur ses roues, au fond de la Le 21 février carrière au sein de la Royal Air Lycoming R680-E3B de 300 ch et
grange, l’intérieur était… peu habillé. 2013, Armando Force avec le matricule FB356. Le se distinguaient du SR-10 civil par
Néanmoins, à l’ami qui m’accompa- da Costa V-77 est la version militaire du leur porte unique sur le côté gauche
découvre
gnait, j’ai alors dit : “Bon, on va le SR-10 “Reliant” ; il fut utilisé par et leur capot moteur lisse, dépourvu
le fuselage
mettre dans une autre grange, et on l’USAAF pendant la Deuxième des bossages traditionnels.
du Stinson
verra plus tard…” La première sur- Guerre mondiale en tant qu’avion Celui-ci devint civil en Belgique
qu’il vient
prise a été que l’avion ne rentrait pas d’acheter…
utilitaire, sous la désignation UC-81, sous l’immatriculation OO-NUT
ARMANDO DA COSTA
42
construisais en dilettante un Jurca
MJ-77 “Mustang” qui n’avançait pas,
s’est terminée par un : “Pourquoi on
ne ferait pas ce Stinson ensemble ?”
Nous avons pris rendez-vous avec
Bruno Ducreux pour discuter plus
sérieusement de la restauration, et
c’est parti comme ça… De fil en ai-
guille, à chaque fois que Bruno nous
a exposé un problème, on a fini par
dire : “Non… on ne peut pas laisser
ça comme ça… Il faut le faire bien.”
Ce furent plusieurs années des plus
intéressantes, durant lesquelles nous
avons pris du plaisir à chaque étape,
parce que Bruno Ducreux nous a
La structure impliqués dans toutes les décisions :
en treillis de quel grain de cuir, quelle couleur, la
tubes a dû subir forme du nouveau tableau de bord,
de multiples dans quel matériau, etc. On n’a pas
réparations. vu le temps passer…” Et pourtant,
ARS
entre le moment où le Stinson fut
avec la Compagnie commerciale allemand qui la revendit donc à déposé chez ARS et son premier vol
d’aviation, sise à Bruxelles, puis Armando da Costa en juin 2013. le 5 avril 2018, cinq années et demie
migra en 1953 ou 1954 vers la Suède “Sur le chemin du retour, poursuit s’écoulèrent.
où il reçut l’immatriculation SE-BZP Armando da Costa, nous avons dé-
et connut plusieurs propriétaires, posé l’avion chez Aero Restauration Avant de L’équipe d’ARS
avant d’être vendu en Grande- Service, la société fondée par Bruno mettre en place
Bretagne en 1999, puis en Allemagne Ducreux à Dijon-Darois, pour éva- le tableau de face aux défis
en 2001. En 2006, sur l’aérodrome luer “ce qu’on pouvait en faire”… Je bord, il faut L es travaux débutèrent en
d’Hamm, en Rhénanie-du-Nord- me disais alors que j’essayerais d’abord juin 2014 par une mise à nue com-
Westphalie, un décollage un peu bas peut-être bien de le remettre en vol. installer tous plète. Le fuselage révéla alors qu’il
valut au Stinson d’accrocher avec Les choses ont traîné six mois… J’en les circuits – avait plus souffert qu’on aurait pu le
électrique et
une jambe de train une clôture, et étais à l’idée qu’une restauration lé- croire de l’accident. Le treillis de
du carburant
s’ensuivit un violent cheval de bois gère, a minima, juste pour voler, irait tubes dont il est composé dut subir
– et les
assorti d’un passage sur le dos… bien. Puis une discussion avec mon plusieurs ablations et greffes. Mais ce
commandes de
L’épave fut vendue en 2012 à un privé ami Didier Seguin, avec lequel je n’était là que le moindre des défis
V
MAXIME FRAIROT/ARS
vol.
STINSON V-77/SR-10
auxquels allait être confrontée court pas les rues, et qu’on a fini par
l’équipe d’ARS. dénicher chez Rare Aircraft qui re-
“Le projet nous a été confié avec construit des Waco UPF-7 aux
une paire d’ailes supplémentaires, États-Unis. Le premier tronçon du
raconte Bruno bord d’attaque – à
Ducreux. Le pré- triple courbe – a Profilé en goutte
cédent proprié- été fabriqué et mis d’eau pour
taire se les était en forme à l’an- la fabrication
procurées car une cienne, au maillet du marchepied,
des ailes avait été et à la forme… Il dont l’intérieur
quasiment détruite nous a fallu fabri- a été rempli
dans l’accident. quer de même les de baguettes
Nous avons donc raccords Karman de soudure
entrepris d’utiliser et les pantalons de pour qu’il ne
une de ces ailes train. se déforme pas
supplémen- L e V-77 est lors du passage
taires… mais elle normalement doté à la cintreuse.
avait très mal d ’u n e u n i qu e
vieilli et était très porte, à gauche, et
M
AXIMEF /ARS
RAIROT
corrodée. Il nous a donc d’un unique D’un côté
fallu passer les longerons au contrôle marchepied. Mais celui-ci a, au cours le marchepied
non-destructif, réparer quantité de de son histoire, été modifié avec une original
nervures, en refaire complètement seconde porte, à droite, et un marche- de l’autre la
certaines et pour cela trouver du tube pied bricolé… mais impossible de reproduction
carré d’aluminium spécifique qui ne trouver un marchepied d’origine pour
V
“made in ARS”.
MAXIME FRAIROT/ARS
MAXIME FRAIROT/ARS
Réparation
du capot-moteur.
MAXIME FRAIROT/ARS
Montage à blanc
de la console
centrale
du tableau
de bord.
MAXIME FRAIROT/ARS
La même
pièce après
traitement par
“electro-dipping”
(immersion dans
Montage à blanc un bac à eau à la
des tôles de l’avant surface duquel
du fuselage pour prise flotte un film
de cotes. hydrosoluble).
MAXIME FRAIROT/ARS
45
STINSON V-77/SR-10
46
le côté droit. Nous avons donc entre-
pris d’en fabriquer un à l’identique de
celui d’origine, qui se trouvait sur le
côté gauche. Et cela a été toute une
aventure en soi. Car si couder du tuyau
de section ronde est relativement facile,
couder du profilé en tôle d’un bon mil-
limètre d’épaisseur avec une section en
forme de goutte d’eau est une autre
histoire… Nous nous y sommes repris
à plusieurs fois sur notre cintreuse, en
essayant diverses méthodes : en le rem-
plissant de sable, en le chauffant au
préalable, etc., mais à chaque fois il
finissait écrasé. Nous avons finalement
eu l’idée de remplir ledit profilé avec
des baguettes de soudure et… succès !
Armando da Costa et Didier
Seguin ayant décidé que leur Stinson
ait l’aspect classique de SR-10 et pas
celui militaire du V-77, nous avons
refait un tableau de bord complet. Et
la console centrale, de forme rectan-
gulaire, a été abandonnée au profit
d’une console aux formes arrondies.
Le tout a été réalisé en tôle, mais a
l’aspect du bois verni grâce au pro-
cédé d’“hydro-dipping” (impression
hydrographique, c’est-à-dire trem-
page dans un bain d’eau recouvert
d’un film hydrosoluble), qui a aussi
été utilisé sur les encadrements de
fenêtre, et toute l’huisserie.”
Le plaisir de prendre
le temps de voler
“En définitive, poursuit Bruno
Ducreux, pour la structure, nous
n’avons acheté que le bâti moteur, un
capot moteur abîmé que nous avons
réparé, et une jambe de train. Tout le
reste a été restauré ou fabriqué, tous
les accessoires et les systèmes sont
neufs. Finalement, cet avion est…
tout neuf ! Ce projet a été riche d’en-
seignements pour toute notre équipe :
nous avions déjà fait beaucoup d’ap-
pareils tout en bois, beaucoup
d’avions tout métal, mais le Stinson,
lui, marie les deux techniques… un
vrai défi ! Cette restauration a néces-
sité au total pas loin de 6 000 heures
de travail. Rien n’était bien compli-
qué, mais tout était très consomma-
teur de main-d’œuvre.”
Depuis le printemps dernier
donc, Armando da Costa et Didier
Seguin savourent les joies du vol à
l’ancienne dans leur F-AYDK. “On
a cette sensation de grosse bagnole
américaine, confie Armando da
Costa, c’est un cocon, tout moelleux
de partout. Dans les turbulences, il
se comporte de façon très agréable.
J’aurais aimé avoir 50 nœuds de plus
au badin… mais finalement j’ai ap-
pris à savourer cette lenteur et à
prendre le temps… de voler !” Q
XAVIER MÉAL
47
CONCORDE
Concorde et la course
au supersonique
À la conquête
de Mach 2
Deuxième partie, 1971-1976.
Alors que les essais se déroulaient
pour le mieux, le ciel s’obscurcit pour
l’avenir de Concorde : les compagnies
américaines jetèrent l’éponge tandis que
les dirigeants français et britanniques
attrapèrent des sueurs froides face à
l’escalade des coûts du programme.
Par Alexis Rocher
A
lor s que ju squ’ic i combustion]. Soudain l’enfer s’est
Concorde n’avait pas déchaîné. Tout s’est mis à bouger,
rencontré de difficultés nous étions secoués d’une manière
sérieuses, le vol n° 122 extraordinaire, les alarmes se déclen-
du 001 le 26 janvier 1971 chaient dans tous les coins, le gong
fut marqué par l’arrachement d’une retentissait, les lampes rouges s’al-
vanne de régulation de l’entrée lumaient. Le bruit était énorme. La
d’air. Elle manqua de percuter la folle sarabande en somme.” (Extrait
cellule ; des débris furent avalés par de “Concorde et son histoire”, Icare
les réacteurs. Jean Pinet, à la place n° 164). Il fallut une bonne dose de
du copilote, raconta : “Nous étions sang-froid à l’équipage pour réduire
sur le cap du retour, au travers de progressivement la vitesse et finale-
Shannon à 58 000 pieds [17 680 m] ment se poser à Toulouse. Les deux
et, pour tenir Mach 2, nous utilisions prototypes retournèrent aux ateliers
deux des quatre “réchauffe” [post- pour réparations.
V
Georges
Pompidou lors
de son vol du
7 mai 1971.
48
Le Concorde “Sierre Delta”
(F-BTSD) d’Air France vu à Orly
le 8 juin 2001. Il est désormais
exposé au musée de l’Air
et de l’Espace.
49
A LA CONQUÊTE DE MACH 2
ASSOCIATION AIRITAGE
Pour obtenir sa
Ce fut peu après cet accident que certification, les ring ! Ce ne fut pas, et de loin, des soutenir le programme en annon-
le programme Concorde traversa de essais en vol cris de victoires à Toulouse. Henri çant le 21 avril la fabrication des
sérieuses turbulences. Les nuages de Concorde Ziegler, PDg de la Snias – regroupe- exemplaires de série nos 7 à 10 et les
commencèrent à apparaître avec furent parti- ment de Sud Aviation avec Nord et approvisionnements pour les nos 11 à
la faillite de Rolls-Royce, empêtré culièrement la Sereb en janvier 1970 – monta au 16. Précision importante : à ce jour
dans des problèmes techniques avec importants, créneau pour annoncer que la fin du aucune compagnie aérienne n’avait
son réacteur RB211 du Lockheed notamment SST ne signifiait pas l’abandon du signé de commandes fermes. BOAC
“Tristar” américain. Le gouverne- ici celui du supersonique civil : “Le programme et Air France tergiversaient. Le pré-
ment britannique dut recapitaliser parachute Concorde doit être poursuivi avec sident Pompidou manifesta son sou-
l’entreprise pour éviter que sa dispa- anti-vrille. plus d’énergie et de confi ance que tien en montant à bord de Concorde
rition n’entraîne un désastre indus- jamais”, ajoutant : “Les vols super- pour un vol symbolique à Mach 2 le
triel ; la situation provoqua une aug- soniques entreront en service sur les 7 mai 1971. Il fallait ensuite prouver
mentation du coût de l’“Olympus”. grandes liaisons mondiales avant le que Concorde était apte pour des
milieu de la décennie”. Les critiques liaisons à grande distance. Ce fut
Les Américains fusaient. Jean-Jacques Servan- ainsi que le 001 quitta l’Europe pour
Schreiber, journaliste et homme se rendre en Afrique, à Dakar, vol de
jettent l’éponge politique alors influent, n’avait pas 2 heures 34 minutes effectué avec un
Mais le plus difficile était à hésité à qualifier Concorde de “viêt- panel de journalistes à bord.
venir… Les Américains abandon- nam industriel” au début de ce mois Le Salon du Bourget 1971 permit
nèrent le programme SST début Première de mars. Antoine Pinay, auréolé de nouvelles démonstrations pour
mars, le Congrès refusant les crédits apparition de de sa réputation de ministre des les représentants des compagnies
pour l’année à venir, coupant ipso Concorde aux Finances, proclama sur les antennes aériennes. Tous redescendaient
facto son financement. Lancé dans États-Unis le de RTL à propos de Concorde : de l’avion impressionnés par ses
l’euphorie des années Kennedy, le 23 septembre “C’est un avion pour milliardaire performances, mais aucun ne vou-
SST sombrait avec Nixon et la guerre 1973, pour américain.” Ce fut dans ce contexte lait s’engager dans une commande
du Viêtnam. La nouvelle stupéfia les l’inauguration difficile que les deux prototypes ferme. Ce salon fut cependant la
Européens. Les Américains aban- de l’aéroport reprirent au mois d’avril les essais première occasion de confronter
de Fort-Worth
donnaient le combat en quittant le en vol. Les gouvernements durent Concorde au Tu-144, dont le pre-
au Texas.
50
impressionner. Ce ne fut pas la seule
raison qui provoqua assez logique-
Les différents Concorde ment l’annulation des options des
– deux prototypes : F-WTSS (001) et G-BSST (002) ; compagnies américaines le 31 jan-
– deux préséries : G-AXDN et F-WTSA ; vier 1973. Le communiqué de Pan
– deux de série non exploités par les compagnies Am était pour le moins laconique :
aériennes : F-WTSB et G-BBDG ; “Les études menées par Pan Am in-
– 14 de série exploités par Air France et British Airways : diquent que l’avion sera capable de
F-BTSC, G-BOAC, F-BVFA, G-BOAA, F-BVFB, G-BOAB, faire un service aérien supersonique
F-BVFC, G-BOAD, F-BVFD, G-BOAE, F-BTSD, G-BOAG, régulier, mais dans la mesure où sont
F-BVFF, G-BOAF. rayon d’action et sa capacité seront
moins élevés et son coût d’utilisation
plus élevé que ceux des avions gros-
mier prototype était passé à l’Ouest. tanniques ne pouvaient plus laisser porteur actuels et à venir, il nécessi-
Pompidou fut probablement fier planer d’incertitude sur l’avenir tera des tarifs nettement plus élevés
de se rendre aux Açores à bord du commercial du Concorde. BOAC que ceux d’aujourd’hui. En consé-
Concorde 001 le 13 décembre pour annonça la commande ferme de quence, le Concorde ne semble pas
rencontrer Nixon, arrivé à bord du cinq appareils au prix global de être un avion de ligne qui réponde
subsonique Air Force One (un “mo- 119 millions de livres – montant aux objectifs et aux besoins de Pan
deste” Boeing 707). Le président que le gouvernement britannique Am pour l’avenir.” Twa enfonça
américain, qui avait relancé le SST lui versait au préalable pour honorer un peu plus les clous du cercueil :
mais ne put rien faire pour le sauver ladite commande. Ce fut un peu plus “Bien que nous reconnaissions les
des griffes du Congrès, manifesta long avec Air France, qui annonça réussites techniques du programme
un fair-play de façade pour féliciter quatre Concorde le 28 juillet. Pas Concorde, nous sommes arrivés à la
les Européens : “C’est une grande de quoi pavoiser pour BAC et la conclusion que la priorité dans l’uti-
réalisation. Je regrette que les États- Snias. D’autant plus qu’Air Canada lisation de nos ressources en capital
Unis n’aient pas poursuivi leur pro- annonça le 4 juillet qu’elle renonçait La chaîne doit être donnée à l’amélioration et
gramme. Mais nous ne sommes pas à ses quatre options signées cinq ans de montage à l’expansion de notre flotte de sub-
jaloux. C’est la compétition. C’est plus tôt. Fin octobre, les Américains des Concorde sonique actuelle.”
très bien. Nous construirons un jour d’United Airlines abandonnèrent à Toulouse
un supersonique.” La fin de l’année à leur tour leurs six options. Pire en mai 1971. Une catastrophe
1971 fut marquée par le premier vol encore : les contrats qui compre- À cette date,
du premier Concorde de présérie. naient des commandes fermes obli- ni Air France ni pour Concorde
Il était allongé de 2,5 m, avec une geaient les compagnies qui avaient British Airways H enri Zeigler expliqua en
nouvelle pointe avant, sa masse étant signé pour des options à s’engager n’avaient 1976 dans son livre La Grande
désormais de 162 t. dans les six mois qui suivaient pour commandé Aventure de Concorde l’objectif des
Trois Concorde s’attelaient dé- les transformer elles aussi en com- de Concorde. Américains : “La simultanéité des
sormais à la poursuite des essais. Les mandes fermes. Autant mettre un Les neuf décisions des trois grands du trans-
premiers
équipes visaient la certification de couteau sous la gorge de Pan Am et port aérien américain ne pouvait être
exemplaires
l’avion. En ce début d’année 1972, de TWA, géants du transport aérien fortuite. Il y avait eu concertation pré-
furent achetés
les gouvernements français et bri- qui n’étaient pas disposés à se laisser alable en vue d’une action conjointe
à la mi-1972.
et massive qui, au-delà de considé-
rations d’ordre économique, tradui-
sait la volonté commune des grandes
compagnies américaines de relever
le défi européen en créant, par une
décision que ses initiateurs croyaient
fatale, les conditions qui amèneraient
Français et britanniques à mettre un
terme à leur entreprise”.
Si ce ne fut pas le coup de grâce,
l’annonce le 27 mars par l’Adminis-
tration fédérale américaine de l’inter-
diction de vols supersoniques civils
au-dessus des États-Unis fut une ca-
tastrophe pour Concorde. Impossible
désormais de compter sur le pourtant
lucratif marché intérieur américain.
Concorde se voyait condamné à être
supersonique seulement aux dessus
des océans ! La décision américaine
rogna inévitablement l’envergure des
ambitions européennes. Cette déci-
sion de nature structurelle scella le
sort industriel d’un Concorde déjà
moribond depuis l’abandon des op-
tions au mois de janvier.
1973 tourna à l’annus horribilis
avec le Salon du Bourget. Français
V
51
A LA CONQUÊTE DE MACH 2
28 mai 1969 :
présentation
du poste
de pilotage
du prototype
Concorde à
M. Dementiev,
ministre de
l’Aéronautique
de l’Union
soviétique.
Plusieurs
délégations
soviétiques
furent
accueillies à
Toulouse lors
du programme
Concorde.
ASSOCIATION AIRITAGE
53
A LA CONQUÊTE DE MACH 2
à Mach 2 pendant 2 heures par tous d’essais de transport de fret fut tentée Fin novembre 1977, les Européens
les temps, sur les cinq continents. Le entre Moscou et Tioumen, dans le sud gagnèrent finalement leur bras de
pari technique était gagné. de la Sibérie. Les Soviétiques enta- fer. New York s’ajoutait au catalogue
Chacun dans les équipes d’essais mèrent seulement en novembre 1977 des destinations déjà proposées sur
eut à cœur de prouver que le voyage son exploitation commerciale, avec Concorde. Air France partait vers
commercial supersonique était fiable. un vol hebdomadaire entre Moscou les Amériques, notamment le Brésil
Le Graal fut décroché le 9 octobre et Alma Alta (3 250 km). et le Vénézuela, alors que British
1975 quand Concorde reçut sa certi- Airways proposait vers l’est Bahreïn
fication en France. 5 300 heures d’es- Un jour j’irai et Singapour. Ce fut alors que les
sais menées par huit appareils avaient Soviétiques abandonnèrent à leur
été nécessaires. Les Britanniques lui
à New York tour le transport supersonique civil.
accordèrent leur certification le 5 dé- Sans entrer dans les détails de Un deuxième Tu-144 avait été perdu
cembre. Depuis déjà plusieurs mois son exploitation commerciale, qui par accident le 23 mai 1978. Au-delà
les équipages de British Airways et fera l’objet d’un nouvel article, il est des nombreux problèmes techniques
d’Air France s’entraînaient sur l’avion. nécessaire d’aborder les difficultés non résolus, l’avion ne correspondait
Le 19 décembre 1975, le F-BVFA fut rencontrées pour établir la route à aucun marché intérieur et n’appor-
officiellement remis à Air France. commerciale entre Londres, Paris tait pas d’avantage déterminant par
Français et Britanniques pouvaient et New York, liaison qui faisait rêver rapport à un appareil subsonique. Au
pavoiser : l’adversaire soviétique en les concepteurs de Concorde depuis total, 16 Tu-144 avaient été fabriqués.
était encore au stade des essais avec la table à dessin, à la fin des années La flotte des supersoniques sovié-
le Tu-144. Comme dans la fable de 1950. Les Américains renâclèrent. tiques fondit comme neige au soleil,
La Fontaine, la tortue avait gagné Le Concorde Il fallut batailler devant les tribu- les rares appareils en état de vol ser-
face au lièvre qui avait bien changé n° 3 sur naux, s’armer de bataillon d’avocats vant de laboratoire jusqu’au début des
entre ses premières apparitions toni- la chaîne pour enfin obtenir l’autorisation le années 1990.
truantes et sa version de série. Si les de montage 4 février 1976 d’effectuer des vols
différences sont nombreuses entre de Toulouse
en juillet 1973.
en Concorde vers les États-Unis. Et Une victoire
les prototypes et les exemplaires de encore, la décision était “révocable” !
série de Concorde, c’était pratique- Immatriculé
Subtilité américaine avec le cas de
à la Pyrrhus
F-BTSC, il
ment un nouvel avion dans le cas du New York, dont les aéroports étaient Le 20 avril 1979 marqua une date
s’écrasa le
Tupolev 144. Il avait fallu changer de 25 juillet 2000
gérés par une administration locale symbolique pour Concorde : le der-
moteur, les déplacer sur les ailes, re- à Gonesse,
qui se fit presque un devoir d’affir- nier exemplaire de série (G-BOAF)
voir la géométrie de la voilure. Fin dé- faisant 113 mer son autorité vis-à-vis du pouvoir vola pour la première fois depuis
cembre 1975, une timide campagne victimes. fédéral en interdisant Concorde. Filton. Les chaînes de montage
ASSOCIATION AIRITAGE
54
l’abandon du SST en 1971, les ingé-
nieurs américains se lancèrent dans
de nombreuses études pour trouver
la formule magique du supersonique
civil. Boeing et McDonnell Douglas
sortirent à intervalle régulier des
Le Lockheed grands projets. Les souffleries de la
Martin X-59A, Nasa accueillirent de nombreuses
qui à pour maquettes. Rien ne fut fait à grande
mission échelle. Au début des années 1990,
d’atténuer les Français proposèrent l’ATSF,
le bang avion de transport supersonique
supersonique futur. Le serpent de mer du superso-
et permettre nique refit surface à la fin des années
ainsi le survol 2010 aux États-Unis, avec notamment
des terres le démonstrateur Lockheed Martin
habitées, interdit X-59 “QueSST” (Quiet Supersonique
depuis 1973. Transport, transport supersonique
LOCKHEED MARTIN
silencieux, comprendre qui ne pro-
s’arrêtèrent en France et en Grande- abandonner un champ de bataille voque pas de nuisance en passant le
Bretagne. Le F-BVFF avait volé à symboliquement fort mais jugé sans mur du son). Plusieurs projets sont
Toulouse fin décembre 1978. Ils fai- avenir commercial rentable. lancés aux États-Unis dans cette
saient partie des Concorde officielle- veine de supersonique aptes à voler
ment sans client. Les cinq appareils Un nouveau au-dessus des terres habitées. En
dans le même cas furent cédés aux 2019, cependant, il n’est toujours pas
compagnies nationales pour le franc
Concorde ? Aux Couleurs question d’un supersonique civil en
symbolique. En 1982, 20 ans après La question d’un successeur à de British France ou en Grande-Bretagne. Q
son lancement, les Européens étaient Concorde fut posée avant même Airways,
les seuls à exploiter un supersonique son premier vol. Les Américains le Concorde Remerciements à l’association Airitage
G-BOAA Patrimoine Aérospatiale, Matra, Airbus
civil. Voyager à Mach 2 devint banal. prétendirent longtemps que leur
à Charles- Group, et à Philippe Van Lierde, Roger
La course avait été gagnée, même SST était le supersonique de deu-
de-Gaulle Guigui et Claude Salaun pour la
si ce fut une “victoire à la Pyrrhus” xième génération – sous entendu que
en septembre recherche iconographique.
tant ses adversaires avait préféré Concorde était obsolète. Puis après 1990.
JACQUES GUILLEM
55
ARCHÉOLOGIE AÉRONAUTIQUE
Parti pour un vol d’essai
La fin tragique
d’un Heinkel 111
Le 10 novembre 1943, un bombardier
Heinkel 111 s’écrasa non loin d’Albi.
L’association Aerocherche a enquêté
pour reconstituer son histoire.
Par Gilles Collaveri
L
e 10 novembre 1943, le Heinkel 111 en détresse, s’écrasent
Heinkel 111 immatriculé avec l’avion. Il est vraisemblable que
GL+ET décolle de Cazaux. les quatre passagers ont été plaqués
C et appa rei l à la paroi du fuselage
n’est pas un par
p la force centri-
He 111 standard, mais fuge,
f énorme dans
un avion d’essai. Il ap- un
u avion en vrille.
partient à l’unité spé- À l’impact, l’appa-
ciale Erprobungsstelle reil
r est pulvérisé. Le
Süd (centre d’essais, pilote
p est le seul res- Herbert Waschk.
lire encadré page 59) ; capé.
c L’armée alle- Sur sa poitrine,
il est utilisé pour tester mande
m vient récupé- à gauche
les derniers modèles de rer
r les quatre corps, (sous l’aigle),
viseurs. Pendant l’été et puis,
p quelques jours la médaille
l’automne 1943, l’Erpro- plus
p tard, évacuera “Deutsche
bungsstelle a déjà fait plu- les
l restes de l’avion Kreuz in Gold”
sieurs vols avec cet appa- en
e réquisitionnant retrouvée dans
reil dans les environs de les
l chars à bœufs un champ
Cazaux et de Millau, en W ASCHK
des
d environs. Seuls du Tarn.
lâchant des bombes afin de valider quelques débris minuscules sub-
la précision de ce nouveau type de sistent, enfoncés dans la terre.
viseur. Ce 10 novembre 1943, parmi
l’équipage de cinq personnes, figurent Découverte
Willi Dennert, le pilote, et Herbert
Waschk, le commandant de bord. Ce
de l’avion
dernier a déjà été décoré à plusieurs Par un pur clin d’œil de l’histoire,
reprises, notamment le 5 novembre nous arrivons sur le site 70 ans après
1942, lorsqu’il a reçu la Croix alle- l’accident jour pour jour. Toutes les
mande (Deutsche Kreuz) en or. autorisations administratives ont
été obtenues en amont auprès des
Un moteur prend feu, services compétents, de la DRAC
[Direction régionale des affaires
puis c’est le drame culturelles], et aussi auprès des pro-
L’appareil décolle sans pro- priétaires du terrain. Ceux-ci nous
blème et se dirige vers l’est. Mais, ouvrent grand leur porte. Le grand-
peu après Albi, à 5 000 m d’altitude, père de la famille qui a été témoin
le moteur gauche prend feu. Cet du drame nous relate ses souvenirs
incendie dérègle les commandes de l’évacuation de l’épave. Sur le
de vol. L’avion devient incontrô- terrain, le travail de recherche com-
lable. Le pilote réussit à sauter en mence et les pièces apparaissent. Les
parachute alors que les quatre autres fragments retrouvés sont en mauvais
V
56
57
HEINKEL 111
58
Les pièces les
plus parlantes
(voir explications
dans le corps
de l’article).
59
HEINKEL 111
60
Les propriétaires
du terrain
savaient qu’un
avion s’était
écrasé dans GILLES COLLAVERI
leur champ.
GILLES COLLAVERI
Après enquête, cette pièce déformée s’avère
être la “rose” du compas de bord de l’avion.
GILLES COLLAVERI
Une plaque d’instructions de remplissage
GILLES COLLAVERI carburant. Elle était fixée au dos de la trappe
de remplissage.
L’altimètre (Höhe en allemand signifie altitude).
GILLES COLLAVERI
La Deutsche
Kreuz in Gold,
une médaille
décernée à
Herbert Waschk
le 5 novembre
1942.
Une plaque de
fabrication qui était
fixée sur un élément
du Heinkel 111.
GILLES COLLAVERI
61
TÉMOIGNAGES
62
“Mirage”4000
Les acteurs
du programme
racontent
Deuxième partie.
L’Arabie Saoudite s’intéressant au
“Mirage” 4000, une deuxième campagne
d’essais en vol est lancée.
Par Jacques Desmazures, Thierry Prunier, Alain Rabion,
Témoignages recueillis par Alexis Rocher
A
près l’arrêt des essais la version de série du “Rafale”. Fin
en vol en 1983, Thierry 1985, Bruno Revellin-Falcoz, devenu
Prunier se consacre à directeur général technique en 1982,
d’autres programmes : m’a demandé de reprendre les essais
“Je suis intervenu sur du “Mirage” 4000, car il y avait
le programme du “Mirage” 5E2, des demandes de clients “export”.
version modernisée pour un client J’avais trois ingénieurs du bureau
export. Est arrivé ensuite le “Rafale”, d’études pour m’aider, avec Marylène
avec la préparation du dossier du Hermitte à Istres pour la partie essais
démonstrateur ACX/“Rafale” A. en vol. Nous n’avons pas eu de mal à
J’étais dans l’équipe qui discutait avec remettre l’avion en marche.”
les Européens pour définir ensemble Fin 1985, Le premier vol eut lieu le 18 dé-
préparation du
un chasseur. Puis suite au retrait de cembre 1985 avec un Jean-Marie
“Mirage” 4000
la France d’un programme EFA Saget ravi de retrouver un avion qui
pour reprendre
[European Fighter Aircraft] à cinq l’avait beaucoup marqué. C’était le
les essais
pays, j’ai participé à la définition de en vol.
200e vol du “Mirage” 4000. Il reçut V
63
LE “MIRAGE” 4000
“Mirage” 4000,
“soucis moteurs,
demande déroutement
sur la France ”
un beau cadeau de Noël le 24 dé-
Pour montrer DASSAULT AVIATION
cembre pour son dernier vol à bord
les différentes
du “Mirage” 4000 : un vol en pa- possibilités de
trouille avec deux “Mirage” 2000 et configurations
un “Mirage” III. Le 20 janvier 1986, d’emport sur le
nouveau pilote : Louis Eon prit les “Mirage” 4000,
commandes pour une heure de vol. une maquette
Suivit une nouvelle période d’essais, était utilisée lors
puis début juin 1986 commencèrent des prospections.
les séances d’entraînement pour le En haut l’attaque
Salon de Farnborough, qui devait au sol avec
s’ouvrir début septembre. huit bombes et
deux missiles
Changement de moteurs “Magic” II, en
lors de Farnborough 1986 dessous avec
quatre missiles
Jacques Desmazures se sou- à guidage laser
vient : “Les essais en vol et la mise AS30.
DASSAULT AVIATION
au point des “Mirage” 2000 et du
“Mirage” 4000 se sont poursui- M-53-P2 à poussée accrue (9 990 kgp vu sa bimotorisation. Les deux
vis avec succès. Dassault-Breguet en PC). Ces derniers étaient encore avions ont été inscrits au salon pour
Aviation a décidé de faire connaître en pleine mise au point et il était une semaine de démonstration – cette
ces avions et les a inscrits au Salon difficile d’en obtenir pour les vols. inscription était payante, au prorata
aéronautique de Farnborough. Les “Mirage” 2000 étaient équipés du nombre de jours de présence. Le
Les avions ont alors été équipés de de M-53-5 et le “Mirage” 4000 d’un début du salon s’est très bien passé,
moteurs Snecma M-53-5 (9 180 kg M-53-5 et d’un M-53 P2 pour accu- chaque avion assurant son spectacle
de poussée en PC) et de moteurs muler de l’expérience – sans risques quotidien avec brio. Au milieu de
Le renouveau d’intérêt
En 1985, l’Arabie Saoudite, qui vient d’acheter 72 avions Nous constatons aujourd’hui que l’Angleterre vient de
de combat multirôles “Tornado” fabriqués par le consortium recevoir de la part de l’Arabie Saoudite un énorme marché
Panavia regroupant le Royaume-Uni, l’Italie et la République de “Tornado”. Ce “Tornado” bimoteur est spécialisé dans le
fédérale d’Allemagne, manifeste de nouveau son intérêt vol à basse altitude, mais dans cette mission le 4000 lui est
pour le “Mirage” 4000. supérieur avec des qualités de vol incomparables.
Le 16 septembre 1985, Marcel Dassault écrit à l’ancien Le 4000, en outre, est un merveilleux avion de supériorité
président Valéry Giscard d’Estaing pour lui demander de aérienne, alors que pour accomplir cette mission spécifique
l’aider à faire aboutir la commande par la France d’une l’Angleterre doit recourir à un autre appareil qu’elle appelle
présérie de “Mirage” 4000 : “Étant donné, Monsieur le aussi “Tornado” [il s’agit du “Tornado” ADV (Air Defense
Président, que vous vous êtes toujours intéressé à cette Variant) de défense aérienne]. Elle a réussi à faire assurer le
question du monomoteur et du bimoteur, je pense qu’en
avril prochain nous pourrions nous voir pour essayer
de faire aboutir la commande de présérie des 4000.” “Mirage” 4000 biplace aux couleurs de l’Arabie Saoudite.
Dans la note du 17 septembre 1985, Marcel Ce fut l’une des configurations proposée. Il est équipé du projet de
Dassault précise “qu’il s’est ouvert de la question du missile de croisière AS50 à statoréacteur proposé par Aérospatiale.
“Mirage” 4000 au chef d’état-major de l’armée de l’Air.
Celui-ci lui avait répondu qu’il serait très satisfait de
posséder des 4000, mais que cela ne lui paraissait pas
possible car aucun crédit pour cette opération n’était
prévu au budget de l’armée de l’Air. Par ailleurs, le chef
d’état-major ne voulait en aucun cas que l’on diminue les
crédits de la série des 2000.
C’est ainsi que la présérie des 4000 n’ayant pas été
commandée, il devient impossible d’offrir cet avion à
l’exportation en concurrence avec le “Tornado” qui a
remporté un premier marché et en remportera d’autres
parce qu’il est bimoteur.
64
Configuration
air-air avec
deux missiles
“Magic” 2
et deux
“Super” 530D.
À noter :
la maquette
est équipée
au centre
d’un réservoir
conforme
pouvant contenir
du carburant
ou des
équipements de
reconnaissance.
DASSAULT AVIATION
semaine, le mercredi après-midi, avion bloqué en Angleterre, nous reils étaient bons de vol, après les
on a appris qu’un “Mirage” 2000, avons décidé à Farnborough d’équi- obligatoires points fixes de contrôle.
en essais à Istres, a eu un gros souci per le “Mirage” 2000 du M-53-P2 et Jeudi après-midi, Jean Marie
moteur sur un M-53-5, et que des de mettre sur le “Mirage” 4000 les Saget a fait son vol de présentation,
expertises approfondies étaient en M-53-5… Et tout cela dès le début de pleins complets, donc un peu lourd.
cours. Tout cela ne sentait pas très soirée. Merci aux mécaniciens qui y Il est parti dans les azurs en finale,
bon. Aussi, très inquiets de cette ont passé une bonne partie de la nuit ; annonçant : « “Mirage” 4000, soucis
nouvelle et ne voulant pas avoir un jeudi, au petit matin, les deux appa- moteurs, demande déroutement sur
financement des trois quarts du prix de ce nouvel avion pour des livraisons 1993-1997 au moment où par ailleurs,
par trois pays européens.” nous parlons du “Rafale” pour 1995.”
Le 17 janvier 1986, Pierre François, ancien secrétaire Une note interne Dassault du 9 mars 1987 précise que
général de la société Dassault et conseiller du président, l’achat de “Mirage” 4000 serait réglé en livraison de pétrole
dans une lettre adressée à Benno-Claude Vallières, au prix Opep (Organisation des pays exportateurs de
président-directeur général, lui fait part de ses craintes au pétrole). Il est également précisé que le roi d’Arabie Saoudite
sujet des problèmes posés par le contrat “Mirage” 4000 serait intéressé pour racheter les 15 % d’actions des Avions
pour l’Arabie Saoudite : “Alors que le “Mirage” 4000 aurait Marcel Dassault-Breguet Aviation que le gouvernement
pu être il y a quatre ou cinq ans un excellent programme, français envisage de vendre.
il me semble maintenant impossible de proposer cet avion Le 25 avril 1987, le “Mirage” 4000 est présenté en vol au roi
Fahd d’Arabie Saoudite à l’aéroport de Nice. Le roi apprécie
la démonstration en vol effectuée par Louis Eon, mais
déclare à la fin qu’il ne pourrait s’intéresser qu’à un avion
qui volerait dans l’armée de l’Air française.
Devant l’absence d’une commande française entraînant
celle de l’Arabie Saoudite, la société Dassault renonce
au programme. Selon Jean Cabrière : “Finalement, le
“Mirage” 4000, c’est peut-être une erreur de la part de Marcel
Dassault. Et puis, l’arrivée du “Rafale” a tué ce programme.” *
En effet, depuis décembre 1977, l’armée de l’Air a demandé à
la Direction des constructions aéronautiques du ministère de
la Défense de conduire une réflexion sur un avion de combat
INAUD
ALAIN RAT
tactique (ACT), destiné à succéder aux “Jaguar” à l’horizon de
1990. La société Dassault, dans cette perspective, entreprend
l’étude d’un nouvel appareil qui aboutit au “Rafale”.
Claude Carlier
* Entretien de Jean Cabrière avec l’auteur.
65
LE “MIRAGE” 4000
JACQUES GUILLEM
66
Le “Mirage” 4000
lors du Salon
de Farnborough
en 1986.
notamment avec le système de défense maquette de l’avion nous montrions antenne radar d’environ 600 mm de
sol-air “Shahine” et des frégates. les différentes configurations d’ar- diamètre, dans le “Mirage” 4000 on
Yves Thiriet et Hughes de l’Es- mement possible. Le “Mirage” 4000 pouvait en mettre une de 900 mm, ce
toile m’ont emmené avec eux pour était tellement grand qu’on pouvait qui aurait offert des portées consi-
présenter à la fois le “Rafale” et le mettre tous les équipements dans dérables. Les électroniciens disaient
“Mirage” 4000. Éric Trapier [l’actuel la pointe avant derrière le radar. qu’il était possible d’installer plein
PDg de Dassault Aviation, NDLR] C’était extraordinaire : derrière le de systèmes de guerre électroniques
présentait de son côté l’“Atlantic”. pilote la place était complètement sans difficulté. On avait également
Louis Eon, qui avait remplacé vide. On a d’ailleurs défini aussi des pensé à un réservoir plaqué qui
Jean-Marie Saget comme pilote configurations biplaces. Alors que épousait complètement le creux en
d’essais, était présent aussi. Avec une sur le “Mirage” 2000 on mettait une dessous du fuselage. Il pouvait loger
V
ALAIN RATINAUD
67
LE “MIRAGE” 4000
ALAIN RATINAUD
d’interception grandement amélioré, une augmentation supersonique et haute altitude à 65 000 pieds [19 810 m],
du rayon d’action en pénétration basse altitude. zoom [vol semi-parabolique] à 76 000 pieds [23 164 m]
C’est aussi bien sûr une amélioration des marges – une manœuvre un peu hasardeuse selon l’altitude visée et
de manœuvre, particulièrement en altitude. pas sans conséquences sur le fonctionnement du moteur et
Tout est au rendez-vous, le constat est immédiat. le contrôle de l’avion ! En fait un hors domaine programmé –,
Lorsque j’étais pilote de chasse sur “Mirage” IIIE à la en présentation travers ou face-à-face, qui nécessitait le
13e Escadre de chasse à Colmar, avec pour mission la port de l’habit stratosphérique et l’utilisation du groupe
chasse tout temps, nous avions la chance d’avoir l’avion et fusée monté en place de la soute arrière de carburant. Police
le système les plus évolués de l’époque. Nous exécutions du ciel, escorte, avec une mission particulière qui était la
également la totalité des missions d’un avion de chasse. surveillance des couloirs de Berlin à l’époque de la guerre
Interception, mais pas seulement… Interception haut froide (fin des années 1960). Incontournable, l’entraînement
68
du combustible, mais aussi des appa- savait que l’appareil exécutait son
reils pour la reconnaissance, notam- 336e et dernier vol le 8 janvier 1988.
ment une caméra longue focale. C’est Le “Mirage” 4000 est désormais
Les raisons de l’échec
un point fort de nos avions d’avoir exposé au musée de l’Air et de l’Es- Les tentatives de vente du “Mirage” 4000 à l’Arabie
des capacités de reconnaissance stra- pace du Bourget. L’avion a laissé un Saoudite sont pénalisées par l’absence de commande
tégique, qui représentaient un gros grand souvenir à tous ceux qui contri- du gouvernement français, mais aussi parce que l’Arabie
atout pour le “Mirage” 4000.” buèrent à sa conception et ses essais. Saoudite désire des livraisons rapides alors que l’avion
Thierry Prunier témoigne : “Après un ne peut être disponible qu’à la fin de 1993. De ce fait,
“J’ai tout appris passage au programme de la navette il aurait été démodé avant même d’entrer en service
spatiale Hermès, j’ai pris en charge la opérationnel, car :
avec le “Mirage” 4000” Direction technique internationale. – les armements air-air, air-sol et antiradar sont encore
Le 1er décembre 1986, le “Mi- Je recrutais des pilotes pour vanter à développer ;
rage” 4000 fut de nouveau présenté les qualités opérationnelles de nos – en 1993, le radar RDM 3 qui doit l’équiper sera obsolète ;
à une mission saoudienne à Istres. avions. Nous essaimions les salons – les moteurs Snecma M53 P2 seront d’une technologie
C’était le vol n° 262. Le point culmi- internationaux, faisions des présenta- dépassée par les moteurs nouveaux de type M88 en
nant des négociations avec l’Arabie tions dans les quatre coins du monde, cours de développement ;
Saoudite se déroula le 25 avril 1987 participions aux négociations. J’ai – le prix pour 100 avions de 70 milliards de francs
avec la présentation au roi Fahd du tout appris avec le “Mirage” 4000. sans armement conduit à un marché de l’ordre
“Rafale” et du “Mirage” 4000 sur Depuis sa conception sur la planche à de 100 milliards avec armement pour un avion
l’aéroport de Nice. Louis Eon pilota dessin jusqu’à sa promotion à l’expor- qui sera techniquement et sur le plan opérationnel
le “Mirage” 4000 pour son vol n° 278. tation en passant par la préparation insuffisant en 1993 ;
La période suivante consista à pré- de son premier vol. Quand je suis – sont également intervenues de fortes pressions
parer puis exécuter les vols du Salon passé au “Rafale” cela m’a consi- américaines pour contrer l’achat de l’avion français, seul
du Bourget (vol n° 290 à 306). Puis dérablement aidé. De même quand concurrent occidental du McDonnell Douglas F-15.
ce furent les essais avec les moteurs j’ai dirigé le programme de drone de La conclusion appartient à Serge Dassault : “Ce fut une
M53 (lire encadré “L’avion dont rêve combat “Neuron”. Je me souvenais belle occasion perdue, car ce magnifique avion pouvait
tout pilote de chasse” ci-dessous). de ce que j’avais appris lors des études seul rivaliser avec le F-15 américain.” *
L’aventure du “Mirage” 4000 et des essais du “Mirage” 4000 et cela Claude Carlier
s’arrêta au début de 1988. L’Arabie me guidait lorsqu’il fallait faire des * Entretien de Serge Dassault avec l’auteur.
Saoudite avait finalement abandonné compromis avec les ingénieurs en
l’idée d’acheter l’avion. Personne ne charge du projet.” Q
au combat aérien. Pénétration basse altitude tout temps très serré de la démonstration. Par la suite, dans la dernière
(de jour, de nuit, IMC *) avec délivrance de bombes partie du programme, l’état de développement du P2 et sa
conventionnelles. Appui des forces au sol avec tirs canons et disponibilité ont permis de voler souvent en configuration
roquettes. Tant de missions différentes pour un seul avion, hybride M53-2 ou M53-5 d’un côté et M53-P2 de l’autre.
c’était à l’époque un pari très ambitieux. Lors des vols que j’ai effectués, le moteur en essai était le
Pourquoi cette énumération, au demeurant très factuelle ? M53-P2 n° 615 dont la veine et les organes de régulation
Pour dire que j’ai vécu [sur “Mirage” III] ce qui a pu étaient classés “décrochage” **. Un tel moteur se “fabrique”
manquer aux pilotes de chasse que nous étions. en empilant un certain nombre de tolérances dans le sens
Nous rêvions tous d’un “Mirage” 4000… sans en connaître souhaité. On fabrique de la même manière un moteur dit
le nom. Dassault l’a réalisé, hors des contraintes liées aux “blocage” ***. Il s’agissait d’identifier le comportement
programmes étatiques. Performance motorisée, autonomie, derrière l’entrée d’air du Mirage “4000”, dans l’ensemble
emport de charges, sécurité du bimoteur. du domaine (Mach, altitude, vitesse et incidence) et, bien
Et aujourd’hui j’avais le privilège d’être aux commandes de sûr, parce que c’est un cas critique pour tous les moteurs,
cette merveilleuse machine. Le “Mirage” 4000 a volé avec lors de “transitoires” que l’on réalise alors en “trimant” le
différents panachages de M53-2, M53-5 et M53-P2. J’ai eu moteur en vol, c’est-à-dire en déréglant certains éléments
l’immense privilège de réaliser le seul vol avec deux M53-P2 de la régulation à l’aide de boîtiers à la disposition du pilote,
de sa carrière. La configuration la plus performante, mais pour rendre son fonctionnement plus critique et identifier
aussi la plus représentative de ce qu’aurait pu être la les marges dont on dispose… ou pas ! La suite logique,
série. Les premiers vols ont été exécutés avec, selon leur mais ce n’était pas le but en l’occurrence, consistant à
disponibilité, des configurations hybrides de M53-2 et intégrer ces réglages optimisés dans la régulation. Ces vols,
M53-5. Ces moteurs avaient beaucoup volé, sur F1-E et sur qui comprenaient souvent une accélération supersonique,
“Mirage” 2000 ; on en connaissait bien les caractéristiques, ont été mis à profit pour l’optimisation des lois souris [petits
leur cycle de développement était accompli. Il était hors cônes dans l’entrée d’air dont la position peut varier, NDLR]
de question de prendre le moindre risque, sur un avion en supersonique et l’évaluation de dispositifs montés sur
nouveau de surcroît. Un certain nombre de précautions les entrées d’air, pelles et trappes, destinés à améliorer
étaient prises pour en garantir le bon fonctionnement, et l’alimentation du moteur. Alain Rabion
particulièrement lors d’essais qui pouvaient soumettre
à rude épreuve leur bonne alimentation, comme c’est le * Instrumental Meteorological Conditions (conditions météorologiques
cas des essais à haute incidence par exemple. Les vols de vol aux instruments).
** “Décrochage” des filets d’air sur les aubes du ou des compresseurs
de présentation à basse altitude sont aussi critiques car entraînant des vibrations, baisse de régime, etc.
les “transitoires” “viriles” [changement brutal de régime *** Le “blocage” d’un moteur se caractérise par une lenteur à
moteur, NDLR] y sont fréquentes pour rester dans le cadre accélérer, voire à une stagnation du régime.
69
TÉMOIGNAGE
Un pilote raconte
sa mission en 1983
Le missile
AS30 frappe
en Angola
Les missiles sont incontournables
sur les champs de bataille depuis
les années 1950. En voici l’illustration
avec une attaque de bunkers par
l’aviation sud-africaine en 1983.
Par Frans Labuschagne. Témoignage recueilli par Alexis Rocher.
“J
’ai été affecté sur “Bucca- L’AS30 avait une masse totale
neer” au Squadron 24 en de 520 kg avec une charge offen-
juin 1980 comme pilote avec sive de 50 kg. Il était contrôlé ma-
le rang de major. Le “Bucca- nuellement par le pilote avec une
neer” SMK.50 avait été ac- manette sur le côté gauche de la
quis pour effectuer des missions cabine. Le pilote dirigeait le mis-
d’attaque maritime, en particulier sile sur la cible par une liaison de
pour contrôler le trafic passant par radio UHF. Dès que le missile
le cap de Bonne-Espérance. Le quittait l’avion, un traceur orange
“Buccaneer” de la SAAF (South à l’arrière permettait au pilote de
African Air Force) était dérivé du le suivre au cours de son vol jusqu’à
S.2 employé par la RAF. Pour rem- sa cible. Le “Buccaneer”, les
plir leurs missions, nos “Buccaneer” Dassau lt “M irage” F1A Z et
ont été modifiés pour emporter “Mirage” III ont tous été équipés
jusqu’à quatre missiles air-sol Nord pour lancer ce missile. Le pilote
(plus tard Aérospatiale) AS30. devait avoir été préalablement
V
Présentations
de l’AS 30
aux militaires
sud-africains.
70
Tir d’un missile AS 30 depuis
un “Buccaneer” sud-africain.
71
L’AS30 FRAPPE EN ANGOLA
SAAF
Le “Buccaneer”
formé sur simulateur pour que le constituait lumineuse qui pouvait se déplacer tableau ou la photographie était
guidage du missile se fasse natu- la force en haut et en bas et de gauche à placé entre 4 et 6 m de distance
rellement. Cette formation per- de frappe des droit. Cette source lumineuse était – juste assez loin pour voir les dé-
mettait de s’entraîner à la coordi- Sud-Africains. contrôlée avec le levier de com- tails du modèle sur le tableau de
nation entre l’œil et la main. mande et simulait le traceur der- carte ou la photographie.
rière le missile. Quand “le missile” Avant le tir du premier AS30 en
Contrôler les missiles était “tiré”, la source lumineuse condition réelle, le pilote devait tirer
commençait à se déplacer puis était quelques missiles AS11 téléguidés
dans les trois dimensions alors pilotée sur un grand tableau d e p u i s u n “ I m p a l a” M k 1
Le simulateur consistait en un avec une carte qui était placé au (Aeromacchi 326M) – l’AS11 était
levier de commande et un petit pro- mur. La cible pouvait aussi être une un missile antichar plus petit et
jecteur qui transmettait une source photographie de l’objectif réel ! Le moins coûteux que l’AS30. Bien que
Frans
Labuschagne.
Il mena
la mission du
14 août 1983.
Le “Buccaneer“
emportait jusqu’à
quatre missiles
Nord AS30.
SAAF SAAF
72
En plus des
missiles AS30,
le “Buccaneer”
pouvait larguer
une importante
charge
de bombes.
SAAF
Le missile AS30
permettait
d’attaquer
précisément des
objectifs, comme
des bunkers.
SAAF
la vitesse de tir, en dessous de partir de là serait en mesure de frap- avait prévu que ses forces auraient
150 nœuds (275 km/h), et la vitesse per les forces de l’Unita. Ces der- besoin de neuf heures pour prendre
du missile étaient moins importante, nières ont attaqué les Angolais dans la ville. Après neuf jours de combat
cela donnait la possibilité au pilote le but de les chasser de Cangamba. soutenus, le secteur avait été
de contrôler l’arme dans les trois L’Afrique du Sud a soutenu l’Unita conquis, mais le PC sur le terrain
dimensions. Le programme d’entraî- avec une attaque aérienne contre les d’aviation n’avait pas été pris.
nement en vol se concluait par le tir installations de Cangamba. L’Unita Un soldat du MPLA capturé a
d’un AS30 depuis un “Buccaneer” fourni une description complète
ou un “Mirage” F1AZ. du complexe de bunkers entourant
Le profil d’attaque consistait en (1) Les deux mouvements s’opposaient le PC. Ceux-ci avaient été profon-
un tir à environ 7 milles nautiques depuis l’indépendance de l’Angola en dément creusés et solidement for-
(12,9 km) de la cible, en partant de 1975. Le MPLA était d’obédience tifiés par des troncs d’arbre épais,
marxiste et bénéficiait de l’aide matériel
8 000 pieds d’altitude (2 440 m), pour de Cuba, l’Unita était soutenu par les ce qui les rendait difficiles à at-
piquer ensuite à 15°. Le missile était teindre. Le bâtiment du PC et un
V
Occidentaux et l’Afrique du Sud.
lancé à 5 milles nautiques (9,26 km)
de l’objectif à 420 nœuds (777 km/h).
Le temps de vol du missile était de
21 secondes pour atteindre sa cible.
73
L’AS30 FRAPPE EN ANGOLA
SAAF
74
CE JOUR-LÀ… 21 avril 1949
Premier vol propulsé du Leduc 010 de l’aide auprès de Breguet pour
développer son idée à plus grande
Une flamme
échelle. Il lui faut pour parvenir
à faire voler son appareil une ab-
négation totale, une patience de
moine bénédictin recopiant son
manuscrit en calculant les effets
s’allume
thermodynamiques qui affectent
sa tuyère. René Leduc bataille
pour convaincre les services offi-
ciels. Il trouve une oreille attentive
dans le ciel
en la personne de l’influent Albert
Caquot, ancien directeur général
technique du ministère de l’Air, des
appuis auprès d’éminents savants
de l’académie des Sciences, et tou-
jours le soutien de Breguet, pour
René Leduc travaille depuis le début lequel il travaille entre deux dessins
pour son propre compte de tuyères
des années 1930 sur un concept thermopropulsives.
révolutionnaire : la tuyère Le bon Dieu
thermopropulsive. En 1949 s’ouvre comme copilote
de grande perspective lorsque Fin 1936, des crédits sont déblo-
qués par le STAé (Service technique
le prototype 010 atteint 700 km/h. aéronautique) pour l’étude d’un
Par Henri Cherreau démonstrateur, le Leduc 010. René
Leduc embauche un autre ingénieur
et deux dessinateurs. Ses projets font
sensation dans le Science & Vie d’oc-
C
’est un jour historique pour vitesse, où le rendement est beaucoup tobre 1936. Au mois de novembre
René Leduc. Cela fait plus plus intéressant qu’avec un réacteur. suivant, nouvel étonnement du public
de 20 ans que cet ingé- Mais il est impossible de produire lors du Salon de l’aéronautique. René
nieur indéniablement ta- une poussée à vitesse nulle, il faut Leduc fait partie des chercheurs invi-
lentueux travaille sur son impérativement un accélérateur sous Indispensable tés sur le stand du Service technique
concept de tuyère dite “thermopro- la forme d’un avion porteur ou d’un pour le Leduc et des recherches scientifiques du
pulsive” (lire le Docavia n° 41, René autre propulseur. 010 : un avion ministère de l’Air. “Imaginez, dit-il,
Leduc, pionnier de la propulsion à porteur qui un avion postal volant à 20 000 m
réaction). Au départ une idée assez 1 000 km/h l’emmène à d’altitude sur 4 700 km à une vitesse
simple : profiter de la vitesse d’une l’altitude et à la moyenne de 1 440 km/h !” Leduc est
tuyère pour assurer la compression de
en 1936 ! vitesse propices alors à la pointe dans le domaine de
l’air, avant de l’enflammer pour obte- Leduc a tout d’abord travaillé à allumer sa la recherche sur les grandes vitesses.
nir une poussée. Pas de compresseur sur les structures et la résistance tuyère ther- Il revendique 900 km/h pour le projet
mopropulsive.
mécanique comme sur le réacteur. des matériaux pour Louis Breguet. de chasseur 011.
Le 010 est
C’est le principe du statoréacteur. Les Il dépose un premier brevet en 1930 En septembre 1939 René Leduc
installé sur un
avantages sont nombreux à grande et réussit dans la foulée à trouver dessine le bombardier léger 012,
“Languedoc”. V
BERNARD PAGES
76
Décollage de la paire
“Languedoc” et Leduc 010
depuis le terrain de Blagnac.
77
LEDUC 010
BERNARD PAGES
78
amener le 010 vers 4 000 m d’altitude.
Léger piqué pour accélérer jusqu’à
430 km/h, puis largage du 010 tuyère
allumé. Il accélère de façon assez stu-
péfiante pour Jean Gonord. Bientôt
le 010 atteint 700 km/h – l’essai était
en principe limité à 600 km/h. René
Leduc s’est installé dans un Ju 88 pour
assister au vol et n’arrive bien évidem-
ment pas à suivre son prototype qui
file devant lui. Après 9 minutes de
pleine poussée, tout le carburant est
consommé. Le 010 rentre à Blagnac
en planeur, exercice déjà pratiqué
sans difficulté par le pilote. Au sol
c’est l’enthousiasme. Le STAé com-
mente alors dans un communiqué
plein d’emphase : “La France, grâce
à monsieur Leduc, prend une excel-
lente position dans la compétition du
développement de ce nouveau mode
de propulsion qui, pour les vitesses
supersoniques, doit supplanter celui
par turboréacteur.”
JEAN DIEUZAIDE
Jean Gonord
plorer. Leduc reste confiant. S’ensuit vient de Caractéristiques Un encouragement
une série de vols avec allumage du
moteur, le 010 toujours attaché. Le
s’installer à
bord du 010. principales à poursuivre l’aventure
21 avril 1949, c’est le grand jour. René
Leduc subit ce jour-là selon Jacques
Les mécaniciens du Leduc 010 Pour René Leduc, ce premier vol
est un encouragement à poursuivre
enlèvent
Noetinger une rage de dent mais tient l’échelle Longueur : 10,2 m l’aventure – un deuxième Leduc 010
absolument à contrôler encore et tou- qui permet Envergure : 10,5 m rejoint le premier prototype aux es-
jours les préparatifs et le déroulement d’accéder Surface alaire : 16 m2 sais en 1950. Dans sa tête volent déjà
de l’essai (Histoire de l’aéronautique à l’avion. Masse à vide : 1 700 kg d’autres avions, encore plus rapides.
française, par Jacques Noetinger ). À Masse maxi. : 2 800 kg (dont 1 000 l Le 21 avril 1949, René Leduc voyait
16 h 30, le “Languedoc” décolle pour de carburant) l’avenir en grand. Q
79
MAQUETTES Par Hangar 47
Miles M-35 “Libellula” écrans, consoles et instruments. Le harnais est juste moulé
sur les coussins. Vu la taille et le découpage des pièces, l’assemblage
Planet Models, 1/48 des divers composants du fuselage demandera un peu d’expérience
Spécialisée danss – la notice de 60 pages manque parfois de clarté. Les becs, volets
la reproduction et gouvernes sont séparés, de même que les extrémités de voilure
en résine de repliables. Libre à chacun donc de choisir la configuration de la
machines très rares, la machine. Les neuf points d’attache peuvent recevoir toute une panoplie
marque tchèque nous de bombes et missiles. La verrière peut bien entendu rester ouverte ;
propose ici un plus que une échelle donne accès au poste de pilotage. Les décalcomanies
surprenant canard bri- incluent de nombreux marquages techniques et tous les motifs
tannique, doté d’une aile nécessaires pour choisir
principale en flèche, d’un entre deux avions camoufléss
plan canard “droit”, d’un moteur arrière et de gouvernails en bouts en deux tons de gris :
d’ailes. Un véhicule de recherches à n’en pas douter. La qualité du celui repris pour illustrer
moulage est excellente, la gravure et les petites pièces sont fines la boîte avec son arête
et précises. Le poste de pilotage simple reste convenable avec l’aide dorsale et ses dérives
d’une décalcomanie pour figurer les instruments. La verrière noires, ses vampires
thermoformée est fournie en deux exemplaires. Les jambes de et étoiles argentées,
train en métal assurent une solidité suffisante. Le collage des plans et le second, plus discret,
canards risque de rester fragile si aucun renfort n’est ajouté. L’engin des “Gunslingers”.
porte la livrée classique des prototypes d’outre-Manche, intrados
jaune et camouflage vert et brun des surfaces supérieures. Notre appréciation : maquette de qualité, impressionnante par sa
taille et le nombre de pièces qui la composent. Sujet aux allures bien
Notre appréciation : maquette de qualité réservée connues maintenant mais qui restent élégantes et agressives.
aux habitués de la résine ; extrême originalité garantie. Encore une boîte bien tentante.
80
décrivant leur montage. La première complète le poste de pilotage,
Fw 190A-2 la seconde la cabine, la troisième les moteurs et logements de train.
Eduard Profipack, 1/48 Pour ne citer que quelques exemples, tous les harnais et ceintures sont
fournis, de même que le tableau de bord et les manettes de commandes
Comme pour moteurs, les harnais d’allumage ou encore les diverses tubulures ou
tous ses câbles visibles dans les logements de train. Inutile de dire que cette
modèles, maquette très détaillée d’origine dépasse avec ces ajouts tout ce que
Eduard propose une nous connaissons à cette échelle. On se doute en conséquence qu’une
version enrichie de expérience certaine est nécessaire pour en tirer le meilleur. Rappelons
son superbe Fw 190. simplement la belle gravure
Cette boîte ajoute aux des surfaces, le fuselagee
pièces plastique (déjà entièrement aménagé,
connues pour leur les commandes et volets ts
gravure somptueuse et séparés, le train et ses
leur moulage d’une précision irréprochable) du métal photodécoupé logements bien repro-
prépeint (tableau de bord, consoles et harnais), des masques duits et les moteurs fortt
autocollants pour faciliter la peinture, deux trappes de train en résine convaincants. La livrée
et des décalcomanies pour cinq options de peinture. Les pièces proposée est unique
optionnelles sont très nombreuses (deux voilures complètes par mais très célèbre et
exemple). Le poste de pilotage et les logements de train sont parfaits, fort colorée.
les gouvernes et volets sont moulés séparément, et la verrière est bien
sûr prévue en deux versions, ouverte ou fermée. Les décalcomanies Notre appréciation : magnifique et très complète maquette pour
permettent de choisir entre cinq avions camouflés en deux tons de gris un sujet élégant et imposant (dommage que certaines maquettes
classiques avec dérive et capot inférieur jaune et diverses marques d’autres marques, assez anciennes, très justes de formes et
individuelles dont le célèbre aigle noir stylisé. L’histoire de chaque proportions mais peu détaillées, ne puissent bénéficier d’éditions
machine et de son pilote est documentée. modernisées inspirées de ce type de produit !).
Notre appréciation : maquette de bonne qualité pour prendre Bissegem-Courtrai (Belgique), 7 avril 2019, 24e Exposition de maquettisme-
la relève du vénérable modèle Heller. concours-bourse d’échange organisée par IPMS Moorsele, OC Troubadour,
Vlaswaagplein 3, de 9 h 30 à 17 h 30. Rens. Tél. : 00 32 475 710 118
ou courriel : ipmsmoorsele@telenet.be
C-54D “Thunderbirds” Eyzin-Pinet (38), 1er et 2 juin 2019, 8e Exposition de maquettes organisé
par “Les Fanakits Eyzinois Fighters”, salle Christian Arnaud, le samedi de
Revell Platinium Edition, 1/72 10 h 00 à 19 h 00, le dimanche de 10 h 00 à 18 h 00. Un concours est organisé.
Rens. : Tél. : 0 645 823 005 ou 0 646 442 994 ou assofighters@gmail.com
Suivant un principe dont nous aimerions voir notre marque
nationale s’inspirer, Revell propose ici une édition spéciale Saint-Martin-de-Crau (13), 8 et 9 juin 2019, Salon de la maquette,
du modélisme, des arts créatifs, avec bourse d’échange, salle Mistral,
de son magnifique C-54 dédiée aux “Thunderbirds”. Bien
ZA du Cabrau, rue des Compagnons, organisé par le Rassemblement
entendu les décalcomanies adaptées sont fournies, “mais pas que” du Model Club de la Crau (RMCC). Rens. Tél. : 04 42 05 38 05/
dirait mon petit-neveu, puisque la boîte contient trois pochettes de métal 06 18 66 12 56 ou sur le site www.rmcc13.net
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