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Origines et structures
La création de l'U.N.E.S.C.O. fut
l'aboutissement d'une évolution historique qui
remonte aux projets d'organisation
internationale en matière d'éducation (Marc-
Antoine Jullien, 1817 ; Herman Moelkenboer,
1892) et de Bureau international des relations
intellectuelles (Association française pour la
S.D.N., 1920). Au niveau diplomatique, la
coopération dite « intellectuelle » acquit droit de
cité grâce à la France qui suscita
l'établissement – au sein de la S.D.N. – d'un
organe consultatif restreint dont la présidence
fut initialement confiée à Henri Bergson
(Commission internationale de coopération
intellectuelle, 1922). En 1924, la France offrit à
la S.D.N. un instrument spécialisé établi à Paris
et dont elle assura elle-même le financement
régulier : l'Institut international de coopération
intellectuelle (I.I.C.I.). Dès lors, la coopération
intellectuelle s'épanouit dans cette institution qui
s'assura la collaboration de l'élite artistique et
scientifique du temps – Paul Valéry, Thomas
Mann, Aldous Huxley, Albert Einstein, Sigmund
Freud, Marie Curie… Le contrôle de l'I.I.C.I. par
l'occupant nazi mit fin, en 1940, à cette
première étape historique.
Naissance de l'organisation
Demeurée jusque-là à l'écart des activités de
l'I.I.C.I. (perçues comme servant
essentiellement au rayonnement culturel de la
France), le Royaume-Uni prit le relais à partir de
novembre 1942 en réunissant les
gouvernements européens en exil à Londres
dans le cadre d'une conférence périodique des
ministres alliés de l'Éducation. D'abord vouée
au problème de la reconstruction des systèmes
éducatifs européens démantelés par la guerre,
la Conférence s'ouvrit ensuite aux pays extra-
européens (dont les États-Unis) et entreprit
l'élaboration de la charte d'une organisation
internationale spécialisée dans l'éducation et la
culture. Dès l'achèvement de cette tâche
(1945), le gouvernement britannique
s'empressa de convoquer une conférence
constituante à Londres afin de couper court au
projet français de revitalisation de l'I.I.C.I. Après
d'âpres négociations, la France obtint d'être
puissance co-invitante de la conférence et de
déposer un contre-projet d'« Organisation de
coopération intellectuelle des Nations unies ».
Si les idées françaises n'eurent guère de
succès, Paris fut néanmoins choisi comme
siège de la nouvelle organisation,
l'U.N.E.S.C.O., dont le titre officiel combina
éducation, science et culture.
Mode de fonctionnement
Au plan du fonctionnement institutionnel,
l'U.N.E.S.C.O. présente deux traits particuliers
qui la distinguent d'autres
organisations internationales. D'une part, le
pouvoir de décision appartient non pas à
l'organe exécutif mais à l'organe plénier (la
Conférence générale) qui adopte le budget et
détermine le programme ainsi que la Stratégie à
moyen terme de l'Organisation la Conférence
générale lit aussi (pour quatre ans) les
58 membres du Conseil exécutif, lequel
supervise l'exécution des programmes dans
l'intervalle des sessions de la Conférence.
D'autre part, des commissions nationales où
siègent des délégués gouvernementaux et des
représentants de la société civile de chacun des
États membres contribuent aux travaux de
l'U.N.E.S.C.O. Comme bien d'autres institutions
internationales, celle-ci est gérée par un
directeur général qui dispose de pouvoirs
appréciables ; toutefois, depuis 1989 et sous
l'effet de l'onde de choc provoquée par les
critiques américaines, le mandat du directeur
général fut réduit de six à quatre ans. À ce jour,
les titulaires successifs du poste ont été le
Britannique Julian Huxley (1946-1948), le
Mexicain Jaime Torres Bodet (1948-1952),
l'Américain Luther H. Evans (1953-1958),
l'Italien Vittorio Veronese (1958-1961), le
Français René Maheu (1962-1974), le
Sénégalais Amadou Mahtar M'Bow dont la
gestion fut vivement dénoncée par les États-
Unis (1974-1987), l'Espagnol Federico Mayor
(1987-1999) puis le Japonais Koïchiro
Matsuura.
Missions
Tout au long de la guerre froide, l'U.N.E.S.C.O.
axa ses activités sur la coopération intellectuelle
(création d'organisations telles que le C.E.R.N.
ou le Conseil international des archives et mise
sur pied de groupes de réflexion comme la
Commission internationale de l'éducation pour
le XXIe siècle ou la Commission Mac Bride sur la
communication), la formulation de normes
internationales (conventions juridiques,
recommandations modèle, déclarations
solennelles), le sauvetage de sites relevant du
patrimoine culturel de l'humanité (Haute-Égypte,
Venise, Borobudur, etc.) et – secteur souvent
controversé – la dimension éthique des
relations internationales (contribution à la
problématique du désarmement, promotion des
droits de l'homme dits de la « troisième
généraltion » ou droits de solidarité, réfutation
des fondements philosophiques du racisme,
lutte contre l'apartheid, constitution d'un réseau
d'« écoles associées » œuvrant en faveur de
l'éducation pour la coopération internationale et
la paix...).
⋆ Gondoles à Venise
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La crise institutionnelle
À compter des années 1970, l'U.N.E.S.C.O.
entra dans une ère de déstabilisation alimentée
par trois séries de turbulences.
La rupture américaine
Notifié en 1983, le retrait américain devint
effectif le 31 décembre 1984. Formellement,
l'administration Reagan justifia son geste par les
accusations de dérive antilibérale (N.O.M.I.C. et
droits de solidarité), de politisation (traitement
partial d'Israël et appui aux mouvements de
libération nationale) et de gestion déficiente
(dispersion et manque de rigueur conceptuelle
des programmes, bureaucratie concentrée à
Paris au détriment d'une présence sur le terrain
et croissance budgétaire débridée). En réalité,
le retrait américain se voulait être une mise en
garde à l'adresse de l'ensemble du système des
Nations unies dont l'administration Reagan
entendait stopper l'orientation anti-occidentale
en général et anti-américaine en particulier. Le
départ des États-Unis fut suivi, l'année suivante,
par celui du Royaume-Uni (alors dirigé par
Margaret Thatcher, sensible à l'idéologie
reaganienne) et de Singapour.
BIBLIOGRAPHIE
CLASSIFICATION
AUTRES RÉFÉRENCES
« U.N.E.S.C.O. » est également traité dans :
⋆ ALPHABÉTISATION
Écrit par Béatrice FRAENKEL, Léon GANI, Aïssatou MBODJ
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Écrit par Cyril ISNART • 4 694 mots • 2 médias
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