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Le présent état est établi à partir du Rapport sur l’Etat de l’Environnement au Maroc4
l (REEM) établi par le Département de l’Environnement et complété par les résultats des
monographies environnementales également établies par de Département5. Cet état a été
organisé suivant la thématique retenue dans le cadre de la vision programmatique adoptée
au niveau de ce PANE. Les thèmes correspondants sont comme suit :
❍ ressources en eau ;
❍ ressources en sols ;
❍ air et énergies ;
❍ milieux naturels ;
❍ catastrophes naturelles et risques technologiques majeurs ;
❍ espaces urbains et environnement ;
Pour chaque thème, les paragraphes qui suivent prèsentent les principaux èlèments qui
ressortent des èvaluations environnementales prècitèes en se basant sur les indicateurs
issues du REEM et des monographies règionales et locales de l’environnement
Le Maroc se caractérise par un climat semi-aride marqué par une grande irrégularité
annuelle et inter-annuelle ainsi que par une grande variabilité spatiale. Les ressources en eau
renouvelables au Maroc sont estimées6 en moyenne à environ 21 milliards de m3/an qui
alimentent les cours d’eau et les nappes souterraines, soit 1 000 m3/an/habitant. Les bassins
du Sebou, du Bouregreg et de l’Oum Errabia représentent à eux seuls les 2/3 du potentiel
du pays. Le potentiel hydrique qui peut être (techniquement et économiquement) mobilisé
est évalué à 21 milliards de m3 dont 16 milliards proviennent des eaux superficielles. Les
quantités effectivement mobilisées, ne représentent toutefois que 56% du potentiel.
4
Rapport sur l’état de l’environnement du Maroc (REEM), Direction de l’Observation, des Etudes et de la Coordination, 1999
5
Monographe environnementale régionales établie par le Département de l’Environnement entre 1995 et 1999.
6
Lydraulique en chiffres, Ministères des Travaux Publiques, de la Formation Professionnelle et de la Formation des Cadres,
Administration Générales de l’Hydraulique, 1993.
23
Etat de l’environnement au Maroc
En matière d’alimentation eau potable, le taux de branchement en milieu urbain est de 83%
(1998) ; en milieu rural le taux d’accès à l’eau potable de 14% en 1994 a été porté à environ 40%
en 2001 suite à la mise en œuvre du programme PAGER. De plus il est prévu, qu’au terme de ce
programme (2010), de desservir 11 millions d’habitants ruraux, répartis sur 31 000 localités7.
Les ressource en eau connaissent une raréfaction de plus en plus accrue en raison d’une
utilisation et d’une gestion peu rationnelle du potentiel hydrique. A titre d’exemple : l’état de
dégradation des réseaux d’AEP dans les villes conduit à une perte de 35% des eaux livrées.
L’envasement des retenues de barrages constitue un facteur qui compromet le rendement des
ouvrages hydrauliques et qui se traduit par la perte de plus de 60 millions de m3 de la capacité
de stockage chaque année8. A côté des problèmes quantitatifs, les ressources en eau subissent
une dégradation de leur qualité due aux différentes formes de pollution. Le déversement des
rejets industriels et domestiques sans traitement préalable nuit à la qualité des cours d’eau et des
milieux marins. L’utilisation intensive de produits phytosanitaires et des engrais est également
parmi les formes de pollution qui touchent principalement les nappes souterraines. Celles-ci sont
également confrontées au problème de la minéralisation dû à l’intrusion des eaux marines
générée par la surexploitation (cas des nappes du Garb, Triffa, etc.). De son côté, la grande
concentration des activités dans des espaces limités génère une pollution qui dépasse le pouvoir
d’auto-épuration des milieux aquatiques et des cours d’eau déjà affaiblis par les sécheresses
successives et par les aménagements hydrauliques. Vient s’ajouter à cela la pollution accidentelle
et celle générée par les décharges publiques souvent situées sur les rives des cours d’eau.
Pour un pays comme le Maroc dont l’agriculture constitue le secteur pilier de l’économie, le
sol constitue une ressource stratégique. Le Maroc dispose de 8,7 millions d’hectares de terres
de culture (SAU), soit 12% de la surface totale du pays. La surface irriguée couvre à environ
13% de la SAU9.
A l’exception des plaines alluviales, les sols marocains sont en général fragiles à cause de leur
faible teneur en matière organique, de la nature du substrat, des fortes pentes et de
l’agressivité du climat.
7
Note de présentation du PAGER préparée pour le séminaire d’évaluation mi-parcours du PAGER, Administration Générale de
l’Hydraulique, 7 Février 2002.
8
Document du PDES 2000-2004 Volume 3 : les infrastructures de base, Ministère des Prévision Economique et de la
Planification.
9
Document du Programme d’Action National de Lutte contre la Désertification. Ministère de l’Agriculture, du Développement
Rural et des Eaux et Forêts, Juin 2001.
10
Etude de préparation du Plan National de l’Aménagement des Bassins Versants, Ministère de l’Agriculture, et de la mise en
Valeur Agricole.
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Etat de l’environnement au Maroc
◗ Pratiques culturales non appropriées : la productivité des sols peut diminuer, voire s’annuler
(par salinisation par exemple) si les pratiques culturales ne respectent un certain nombre de
règles en matière d’assolement, de techniques de labours et de techniques d’irrigation. Une
étude menée11 dans le cadre du Programme International de Recherche sur les Techniques
d’Irrigation et de Drainage évalue, au Maroc, la superficie des terres potentiellement
menacées par l’excès de la salinité à 500.000 ha. D’autres travaux rapportent que plus de
37 000 ha de terres irriguées sont déjà sérieusement touchées par la salinisation.
◗ Les techniques d’exploitation des ressources minières et des carrières utilisées dans la
majorité des sites sont archaïques et ne prévoient pas de travaux de réhabilitation ni de
remise en état des sites exploités. Elles génèrent de surcroît de nombreux polluants qui
contribuent à contaminer l’air, l’eau et le sol. Les principaux polluants générés sont les
poussières de métaux et les résidus des produits chimiques utilisés dans les procédés de
valorisation tels que le cyanure et les acides.
En milieu urbain, la pollution de l’air n’est pas suffisamment évaluée. Les études disponibles
ont un caractère ponctuel et sont souvent qualifiées de peu représentatives. Les villes ayant fait
l’objet de ces études sont Casablanca, Rabat, Marrakech12 et Oujda .
Au Maroc, la pollution atmosphérique est due principalement aux émissions des unités
industrielles et des transports. Les émissions de GES au Maroc sont moins importantes que
dans d’autres pays, mais les villes marocaines n’échappent pourtant pas aux problèmes de
pollution atmosphérique. C’est le secteur d’énergie qui contribue le plus à ces émissions avec
56% des émissions totales, suivi de l’agriculture (25%), des forêts (7%), des procédés
industriels (7%, particulièrement dans l’axe Mohammadia - Safi) et des déchets (5%)13
Le secteur de l’énergie, de par la nature des combustibles utilisés et des modes de production
et de consommation, représente l’une des principales sources de pollution au Maroc. La
mauvaise qualité des produits pétroliers utilisés au Maroc est largement reconnue. Elle
contribue de manière significative à augmenter la nocivité des émanations polluantes des
centrales thermiques, des unités industrielles et des gaz d’échappement des véhicules. Il
convient de signaler à ce niveau la sous-utilisation des énergies renouvelables qui ne
contribuent à ce jour que par une proportion négligeable au bilan énergétique national.
11
PNUD et Banque Mondiale
12
Inventaire des gaz à effets de serres, Département de l’Environnement, Avril 1995.
Inventaire des gaz à effets de serres, Département de l’Environnement, Avril 1999.
13
Etude de la qualité de l’air des villes de Casablanca, Rabat et Marrakech, Laboratoire National de l’Environnement.
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Etat de l’environnement au Maroc
Ce thème regroupe l’ensemble des aspects liés à la faune, la flore et aux écosystèmes naturels.
Les volets traités portent sur la biodiversité, les écosystèmes fragiles, les forêts et les parcours.
3.4.1 Biodiversité
La situation géographique du Maroc, la diversité de son climat, de son relief et de ses milieux
naturels font de lui l’un des pays les plus riches en diversité biologique en Méditerranée. Cette
richesse est reflétée par une flore comportant environ 7 000 espèces inventoriées, dont 1 350
endémiques. De son côté, la faune marocaine est très diversifiée avec plus de 24 000 espèces,
elle comprend 92 espèces de mammifères terrestres, 334 espèces d’oiseaux et environ 15 300
espèces d’invertébrés terrestres. La faune marine compte plus de 7100 espèces, et la faune
aquatique continentale comporte 1 575 espèces14.
Les zones humides sont particulièrement riches sur le plan de la biodiversité. Elles comptent
actuellement une vingtaine de lacs permanents concentrés essentiellement dans le Moyen
Atlas et une dizaine de marais côtiers. Parmi ces zones, quatre sont classées parmi les sites
d’importance internationale selon les termes de la convention de RAMSAR. Il s’agit de la
réserve de Merja Zerga (Kénitra), de la réserve de Sidi Boughaba (Kénitra), du lac d’Affenourir
(Ifrane) et de la baie de Khnifis (Laayoune) qui constituent un habitat utilisé par les oiseaux
migrateurs. De surcroît, 13 autres zones humides sont reconnues d’importance internationale.
La biodiversité au Maroc fait l’objet de différentes pressions dont la plupart sont dues à des
facteurs socio-économiques. La surexploitation des ressources (la sur-pêche, la surexploitation
des algues et des coraux, le surpâturage...), la perte d’habitat par la déforestation,
l’urbanisation et la perte des zones humides ainsi que la pollution des milieux de vie menacent
un grand nombre d’espèces de disparition.
Les zones humides sont paticulièrement touchées par la dégradation en raison de la sécheresse
et la pression anthropique. La pollution chimique causée par les déversements d’effluents
d’eaux usées et l’assèchement artificiel des sols dans le but de mise en culture ou
d’urbanisation entraînent la destruction de l’écosystème, la disparition de plusieurs espèces de
faune et de flore et la perturbation des circuits intercontinentaux des oiseaux migrateurs.
Selon l’étude nationale sur la biodiversité, plusieurs espèces de faune et de flore sont
menacées de disparition dont 1670 espèces de flore, 610 espèces de faune comportant 85
espèces de poissons marins et 98 espèces d’oiseaux.
Le littoral : Les zones littorales au Maroc sont d’un grand intérêt écologique. Ces zones sont
composées de plusieurs type d’habitats (lagunes, estuaires, plages et falaises) et hébergent une
flore et une faune extrêmement diversifiées comme elles disposent de paysages à fort potentiel
14
Etude Nationale sur la biodiversité, Secrétariat d’Etat Chargé de l’Environnement, 1997
Rapport National sur la biodiversité, présenté à la quatrième conférence des parties contractantes à la Convention sur la
biodiversité (Bratislava, 1998).
26
Etat de l’environnement au Maroc
récréatif. De plus, le littoral marocain est le support d’une importante activité économique. Le
littoral Atlantique abrite 61% de la population urbaine des grandes villes, 80% des effectifs
permanents des industries, 53% de la capacité touristique et 92% du trafic maritime.
Cette concentration d’activités urbaines et touristiques (parfois même dans le domaine public
maritime) ainsi que d’installations industrielles et portuaires dans un espace réduit occasionne,
cependant, une multitude de formes de dégradation de l’environnement littoral. Le rejet
d’eaux usées, d’hydrocarbures et de substances dangereuses est la cause d’une dégradation
du milieu marin, ce qui se répercute sur les ressources halieutiques, et, par conséquent, sur les
activités de pêche et la survie des populations qui en dépendent. La surcharge démographique
accentuée par l’exode rural favorise la prolifération de l’habitat insalubre et le développement
de maladies. Les activités portuaires génèrent à leur tour une autre forme de pollution qui
résulte du déversement des produits pétroliers et des eaux de déballastage des bateaux et de
l’émission des poussières issues de la manipulation de produits en vrac. Les plages sont aussi
sujet à des atteintes à l’équilibre naturel par l’extraction abusive du sable côtier pouvant
provoquer le retrait irréversible de la ligne de côte et la destruction des habitats naturels.
Les oasis : Les oasis marocaines s’étendent dans les grandes vallées pré-sahariennes du Sud
notamment dans les provinces de Ouarzazate et d’Errachidia et occupent une surface
d’environ 44.000 ha (l’oasis du Tafilalt est la plus grande au monde).
Les oasis sont des écosystèmes fragiles. Elles sont menacées principalement par deux
problèmes : la salinité15 et l’ensablement. Ces formes de dégradation sont aggravées par les
sécheresses persistantes et les pratiques culturales, le surpâturage de la végétation spontanée
et la récolte excessive de plantes ligneuses pour le bois de feu dans les zones pastorales à la
périphérie des palmeraies. Les pertes dues à l’ensablement dans les oasis des provinces de
Ouarzazate et Errachidia ont atteint 115 ha entre 1960 et 1986. De leur côté, 5 500 ha, soit
10% de la superficie totale des palmeraies de Tafilalt, sont envahis par le sable.
Les montagnes : Les montagnes constituent une importante composante du relief du Maroc,
elles couvrent 15% du territoire national et abritent 35% de la population rurale du pays. La
montagne marocaine se caractérise par la variété de ses caractéristiques écologiques. Ainsi,
entre les différents ensembles montagneux marocains, une importante diversité est manifestée
sur le plan floristique et faunistique ainsi qu’au niveau des précipitations, de la nature et de la
fertilité des sols.
Les régions de montagne subissent un ensemble de pressions traduites par une surexploitation
des ressources naturelles due à la grande croissance démographique et au surpeuplement dans
certaines régions ainsi qu’aux effets de la sécheresse persistante. La dégradation du milieu qui
en résulte est aggravée par la vulnérabilité de nombreuses zones à l’érosion (les zones
montagneuses du Rif connaissent des taux de dégradation de l’ordre de 2000 t/km2/an16) et
des glissements de terrain.
15
Une étude effectuée en 1981 par l’ORMVA du Tafilalt, portant sur 21000 ha, a révélé que 5% des sols de la palmeraie sont
salés (4 à 6 g/1) et 18% sont très salés (>16g/l). Une enquête réalisée en 1998 par le même office indique que 7,6% de ces
terres sont abandonnées à cause de leur alcalinité ou salinité élevées.
16
Etude pour l’établissement du Plan National d’Aménagement des Bassins Versants, Administrartion des Eaux et Forêts et de
la conservation des Sols, 1975
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Etat de l’environnement au Maroc
Cette situation est d’autant plus aiguë que les zones de montagne ont connu une
marginalisation qui se traduit par l’absence de projets de développement socio-économique et
la précarité des conditions de vie.
3.4.3 Forêts
Le domaine forestier représente 12% du territoire national, soit une superficie de neuf millions
d’hectares dont plus de 5.8 millions de forêts naturelles (dont 132 000 ha de cèdres, 1,36 Mha
de chêne vert, 830 000 ha d’arganier, 350 000 ha de chêne liège, 600 000 ha de thuya,
110 000 de pin, 330 000 de genévrier, 970 000 d’essences secondaires et 1,1 Mha d’acacia
saharien). L’alfa couvre 3,2 Mha. Le reboisement compte quelques 530 000 ha17.
Pourtant, la forêt est soumise à différentes formes de dégradation, qui se traduisent par un
taux de recul de la forêt d’environ 31 000 ha par an. Les pressions qui pèsent sur les
écosystèmes forestiers sont multiples. Les principales sont l’augmentation de la demande en
produits ligneux à cause de la croissance démographique, l’exploitation pour le bois du feu
estimée à 3 fois la capacité de renouvellement (soit un recul en superficie forestière de 20 à 25
000 ha/an) , le défrichement direct pour mise en culture (environ 4500 ha/an), le surpâturage
en forêt en particulier en année de sécheresse, les incendies ravageant environ 4500 ha/an et
l’extension des villes au détriment du domaine forestier.
Il s’agit principalement de catastrophes liées à quatre types de risques : (i) les risques sismiques
en raison de la situation du Maroc en prolongement de zones actives (Accident Sud Atlasique),
(ii) inondations le long des vallées d’oueds souvent peuplées et occupées par une agriculture
en partie irriguée (inondations dans la vallée de l’Ourika survenues en 1995 et puis en 1999)
ou sur les plaines d’inondation telles que celle du Gharb, (ii) les glissement de terrains sur des
versants de montagnes à sols friables et peu stables (Hafet Ben Zakour à Fès en 1988) et (iii)
les incendies de forêts qui ravagent des centaines d’hectares chaque année.
Le traitement de la problématique des catastrophes naturelles doit apporter des solutions aux
contraintes et insuffisances suivantes :
◗ absence d’une stratégie globale et coordonnée de prévention et de lutte contre les
catastrophes naturelles,
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Etat de l’environnement au Maroc
◗ état lacunaire de la législation nationale (hormis la loi sur l’eau qui prévoit des dispositions
relatives aux inondations) et multitude des intervenants qui réduisent la capacité de
prévention des catastrophes naturelles.
Plusieurs sources de nuisances et de risques technologiques sont relevés au Maroc. Les unes
peuvent survenir à l’occasion d’accidents de transport de produits chimiques par voie maritime
et terrestre. D’autres sont liées aux pratiques en vigueur dans le secteur industriel.
Cette situation est agravée par la défaillance du cadre juridique caractérisée par sa vétusté
et son inadaptation. La coordination entre les différents intervenants fait également défaut
du fait notamment de l’imprécision des textes institutionnels régissant ce secteur
➥ Le secteur nucléaire est encore embryonnaire au Maroc et reste limité aux domaines de la
médecine, de la recherche scientifique et de l’agriculture. Il n’empêche que notre pays n’est
pas à l’abri de l’impact des émanations et déchets nucléaires en provenance surtout de
l’extérieur. En effet, de par sa position géographique, au voisinage de l’Europe, et eu égard
à la densité du trafic maritime international des produits radioactifs, le Maroc est exposé à
de sérieux risques de contamination. Le dernier incident survenu récemment au sud de
l’Espagne est révélateur des risques auxquels le Maroc est confronté.
Les risques d’émanations radioactives sont d’autant plus préoccupants que le Maroc n’est pas
du tout préparé pour prévenir et encore moins maîtriser un accident nucléaire. En effet,
plusieurs défaillances sont relevées. Elles concernent les lacunes du cadre juridique régissant le
secteur, l’absence d’un réseau d’observation, de surveillance et de contrôle et d’une stratégie
intégrée et coordonnée en matière de prévention et de contrôle de la radioactivité à l’échelle
nationale. Dans ces conditions, on peut imaginer les énormes difficultés que rencontreraient
les autorités pour la mise en œuvre d’un plan d’intervention d’urgence, en cas de pollution ou
d’accident radioactif.
L’urbanisation compte parmi les plus importants phénomènes qui ont marqué la société
marocaine au cours de la deuxième moitié du siècle dernier. Les villes, au lieu de continuer à
être soutenues par l’économie de leurs zones d’influence, sont devenues les véritables moteurs
de la croissance économique. Ce changement crée de nombreux problèmes. Le contrôle de
l’extension des agglomérations, l’équipement en infrastructures et en logements et la mise en
place des équipements et des services sont tous des difficultés auxquelles l’environnement
urbain national est confronté.
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Etat de l’environnement au Maroc
Le Maroc connaît une forte urbanisation ; 51.4% de la population vit en milieu urbain en 1994
(contre 30% en 1960). Cette urbanisation se caractérise par un déséquilibre entre les régions
et les provinces (50% de la population est concentrée dans les régions côtières).
Ce rythme d’urbanisation accéléré, amplifié par un exode rural massif est responsable du
développement d’un nombre d’aspects négatifs qui portent atteinte à l’environnement. La
prolifération des bidonvilles, l’extension des quartiers périphériques et de l’habitat clandestin
insalubre (9,2% des ménages urbains en 1994) favorisant le développement des maladies,
sont des conséquences de cette surcharge démographique. Par ailleurs, l’extension non
maîtrisée des villes se fait au détriment des espaces naturels et des terres agricoles (3000 à
5000 ha par an de terres agricoles sont utilisées pour des fins d’urbanisation).
A ces nuisances ménagères s’ajoutent les problèmes liés à la dégradation de la qualité de l’air
principalement due aux rejets des gaz d’échappement des véhicules et aux émissions des
unités industrielles.
Le changement de coefficient d’occupation des sols ne tient pas compte des incidences au
niveau de l’assainissement, de la circulation et des parkings ; d’où le problème de pollution de
l’air, nuisance sonore, engorgement du réseau d’assainissement.
Le problème de la pollution industrielle, qui prend de l’ampleur au Maroc au fil des années, se
caractérise par les phénomènes majeurs suivants :
✧ planification défaillante des parcs industriels, localisés dans la majorité des cas, au sein de
périmètres urbains sous-équipés en dispositifs appropriés pour l’assainissement liquide et
solide des rejets industriels ;
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Etat de l’environnement au Maroc
En terme d’impact sur l’environnement, la pollution industrielle sous toutes ses formes
engendre une forte dégradation des ressources en eau et une pollution atmosphérique tout
aussi préoccupante. Cette dernière se traduit par une détérioration de la qualité de l’air causée
par les émissions gazeuses souvent sans traitement et épuration appropriés. Ces émanations
qui concernent surtout le SO2 et les matières particulaires évacuées ont des répercussions
négatives sur la santé des populations à travers notamment les maladies respiratoires.
Les déchets industriels19 (930 000 tonnes par an) et médicaux (100 tonnes par jour) posent à
leur tour divers problèmes, d’autant qu’ils présentent un certain nombre de risques sur
l’environnement comme sur la santé humaine.
L’absence d’une vision globale et d’une ligne directrice dans la gestion des déchets solides à
l’échelle nationale permettant d’unifier les actions ponctuelles initiées par les communes et de
les orienter, demeure l’un des principaux problèmes dans ce domaine. Ce problème est
accentué par l’insuffisance de moyens de financement et de ressources humaines qualifiées.
L’assainissement liquide est considéré comme l’un des problèmes environnementaux les plus
épineux des villes et centres urbains au Maroc. Sur les 500 millions de m3 d’eaux usées rejetées
en milieu urbain20, seuls 74% sont collectés par les réseaux d’égout. En terme de superficie, le
déficit correspond à environ 20000 ha de superficie urbaine qui reste à assainir.
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Etat de l’environnement au Maroc
Sur le plan technique, plusieurs filières existent, et la question qui se pose est celle relative au
choix à retenir en fonction des données spécifiques à chaque ville ou centre.
Enfin, sur le plan institutionnel, il s’agit d’arrêter les montages les plus appropriés pour une
gestion efficiente des rejets et pour assurer le recouvrement des coûts.
La matrice suivante récapitule l’état de l’environnement tel qu’il a été décrit dans les paragraphes
précédents. Cette matrice est basée sur les informations issues du REEM et des monographies
environnementales régionales et locales réalisées par le Département de l’Environnement.
- Pertes d’eau dues aux fuites aux niveaux des réseaux d’eau
potable (35%)
Eau potable et - Sous équipement du milieu rural en matière d’accès à l’eau
assainissement potable
- Risques sanitaires liés à la contamination de l’eau
- Insuffisance en matière d’épuration des eaux usées et utilisation
Ies eaux brutes pour l’irrigation
- Prolifération de maladies d’origine hydrique
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