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Après 5 mois de périple et plus de 20 pays traversés, il nous semble intéressant de faire un point sur
le passé communiste de l’Europe de l’Est. Effectivement, depuis notre arrivée dans les pays Baltes
(Estonie, Lettonie, Lituanie), nous sommes entrés dans une Europe différente, une Europe qui fut
sous l’influence de l’Union Soviétique de 1945 aux débuts des années 1990.
Ce modèle de société, imaginé par des philosophes tels que Karl Marx, se développa finalement en
Russie, dès 1917 avec Lénine (leader de la révolution russe et président de l’URSS), puis Staline qui
contribua à renforcer le communisme dans son pays et à l’exporter à l’international.
En effet, le communisme s’est réellement développé en Europe après la seconde guerre mondiale.
L'URSS, ayant libéré quasiment toute l’Europe de l'Est, a gagné un prestige important et une forte
reconnaissance dans ces pays libérés du nazisme. Bien qu’il n’y eu aucun arrangement d’occupation
après la guerre, l'armée rouge est restée sur place et a occupé petit à petit des postes clés au niveau
des institutions de ces pays (ministère de la défense, de l'intérieur, de la justice). Elle y a par la suite
organisé des élections, bien souvent truquées, et commencé un bâillonnement de la contestation.
Grâce à cela, le régime communiste a réussi à s'étendre dans toute l’Europe de l'Est, allant jusqu'à
former un réel bloc communiste, le bloc de l’Est.
Les communistes, ayant ainsi gagné les élections, se sont emparés du pouvoir dans la plupart des
pays de l'Europe de l'Est : Yougoslavie, Bulgarie, Roumanie, Pologne, Tchécoslovaquie, République
démocratique allemande et Hongrie.
Pour les premiers pays de l’Est que nous avons croisé (les pays Baltes), la solution à été encore plus
radicale, l’URSS les a complément annexés sous le statut de la république socialiste soviétique.
Dans l’ensemble de ces pays du « bloc de l’Est », le communisme est devenu le pilier central de
toutes les politiques. Ces pays vont progressivement se fermer et orienter tous leurs regards sur le
discours de l’URSS. La langue russe est ainsi souvent enseignée, et devient la seconde langue de
chaque pays. Le rouble (devise russe) est également adopté comme monnaie d'échange.
Face à cette emprise du communisme sur l’Europe de l’Est, il convient de préciser quelques éléments
sur ses logiques de fonctionnement et les différences que l’on a pu trouver à travers les pays.
Comme nous vous le disions précédemment, les pays Baltes ont été annexés par l’URSS après la
guerre et l’ensemble de l’opposition muselé ou envoyé au goulag. De ce fait, ces pays n’avaient plus
aucune marge de manœuvres face à la politique communiste de l’URSS, perdant ainsi leur
indépendance. Ils ne sont plus reconnus comme pays mais font partis intégrantes de l’Union
soviétique.
Les terres ont été rapidement nationalisée, des fermes collectives ont été bâties, ces pays sont
devenus « les greniers » de l’URSS. Des milliers de russes sont venus s’installer pour travailler ou
diriger le pays de l’intérieur.
Les cotes baltes ont servis de base pour l’export de pétrole et de marchandise, et de base militaire
pour l’URSS.
Bref, ces trois pays demeurent un cas à part dans le développement du communisme en Europe.
Dans bons nombres de pays (Pologne, Tchécoslovaquie, Hongrie, Bulgarie, ou encore la Roumanie
jusqu’en 1965), le développement du modèle soviétique s’est effectué de manière moins radicale
mais aussi sournoise.
En effet, ces pays ont gardé un semblant d’autonomie et d’indépendance. Théoriquement, le peuple
a gardé un droit de vote pour élire un gouvernement répondant à ses attentes. Dans les faits, le
communisme dicté par l’URSS s’est installé de façon beaucoup plus douteuse. Comme nous vous le
disions précédemment, les peuples de l’Europe avaient une certaine admiration envers l’URSS et le
communisme. Il semblerait cependant que les élections dans ces pays aient été truquées avec l’appui
de l’URSS. Les dirigeants élus dans ces pays ont ainsi aligné l’ensemble de leurs politiques pour
répondre aux orientations dictées tout d’abord par Staline puis ses successeurs à la tête de l’URSS.
Une fois de plus, l’ensemble du système a été collectivisé.
Dans les anciens pays communistes que nous avons traversés, il est important de préciser que tous
n’ont pas été sous l’autorité de l’URSS tout en appliquant une politique communiste.
Ce fut notamment le cas pour des pays tels que la Roumanie, la Yougoslavie ou encore l’Albanie.
Le premier chef d’état affirmant clairement sa distance avec le l’Union Soviétique reste Tito, le
président de la Yougoslavie. La république socialiste de Yougoslavie était un État fédéral composé de
six républiques :
la Bosnie-Herzégovine
la Croatie
la Macédoine
le Monténégro
la Serbie
la Slovénie
La Yougoslavie n'a pas eu besoin de l'armée rouge pour être libérée du régime Nazi. En effet, c'est
Tito qui a réussi par ses propres moyens à libérer son pays, laissant ainsi peu de place à l'URSS. Mais
Tito mène tout de même une politique communiste suivant ainsi le régime soviétique. La situation
particulière de la Yougoslavie lui laisse une liberté d'action unique en Europe de l'Est. Tito veut alors
être considéré comme partenaire de Staline et non comme son subordonné.
La Yougoslavie a donc pris un chemin différent de celui des autres pays de l'Est. En effet, Tito a formé
un communisme libéral. Autrement dit il a mené une politique basée sur le modèle soviétique, mais il
a laissé plus de libertés à son peuple et s’est ouvert à une économie de marché. .
Dès 1965, la Roumanie a également pris ses distances par rapport à l’Union Soviétique. En effet,
cette date symbolise l’arrivée au pouvoir de Nicolae Ceausescu qui marqua clairement son non-
alignement avec l’URSS, en refusant de participer à la répression des révoltes de Prague en 1968. Ce
dirigeant et dictateur roumain fut ainsi félicité par les puissances occidentales et régulièrement invité
dans toute l’Europe et même eu Etats-Unis… Signe suprême d’éloignement des principes de l’URSS !
Ceausescu a cependant conduit une politique plus que communiste tout au long de son règne
(jusqu’en 1989, date de son exécution).
Enfin, l’Albanie (un pays que nous venons de traverser) a également marqué une distance avec
l’URSS. Tout d'abord fidèle à l'Union soviétique, le président albanais Hoxha rompit avec l'URSS en
1960 pour former une alliance avec la Chine, alliance qui dura jusqu'en 1978. Le pays se ferma au
monde extérieur: des bunkers militaires furent construits le long de toutes les frontières, marquant
encore aujourd’hui le paysage albanais, et les contacts avec l’étranger furent restreints.
Tout d’abord, et nous avons pu le constater rapidement lors de notre arrivée dans les pays baltes, les
pays de l’Est ont pris, après 1945, un retard très net sur l’Europe occidentale, avec parfois des
conséquences dramatiques. Dans un pays comme la Roumanie où les communistes ont été de fait au
pouvoir jusqu’en 1996, l’économie peine à se redresser. La transition d’une économie planifiée,
totalement gérée par l’état, à une économie libéralisée fut parfois délicate tant au niveau politique,
qu’au niveau humain.
Bien qu’aujourd’hui, un nombre important de ces pays soit entré dans l’Union Européenne, le
chantier économique reste conséquent. En effet, bon nombre de ces pays vont devoir stabiliser leurs
économies, lutter contre les fortes inégalités économiques, se battre contre la corruption, tout en
développant globalement leurs pays… Face à ces problématiques, nous avons pu constater un
apport important de l’Union Européenne donnant parfois l’impression de maintenir certains de ces
pays sous perfusion.
Un désastre culturel
Rappelons également que la mise en place des régimes communistes en Europe ne s’est pas fait de
façon pacifiste. Sans pouvoir vous citer des chiffres précis et globaux, on peut tout de même rappeler
que bon nombre de juges, grands propriétaires, industriels, prêtres, ou encore intellectuels et
simples opposants ont été exterminés ou envoyés au goulag. L’opposition où la liberté de penser
était soumises à de lourdes conséquences allant donc jusqu’à la mort. De ce fait, la société des pays
concernés reste, encore aujourd’hui, affectée par ces répressions.
Le désastre est également culturel avec la fermeture au monde de ces pays pendant des décennies,
l’abrutissement inévitable des populations, conséquence du matraquage idéologique, la répression
systématique de toutes réflexions divergentes et l’interdiction d’une presse libre. Pendant près de 45
ans, les habitants de ces pays de l’Est n’ont plus eu l’opportunité de réfléchir par eux même, tout
était planifié par le parti communiste. L’un de nos hôtes, nous a expliqué que les habitants avaient
perdu le sens de l’initiative, de l’entreprise, ce qui pose aujourd’hui des problèmes dans la recherche
d’emploi, dans la possibilité de se débrouiller dans un monde libéralisé.
De nombreux objets d’art jugés non-conforme au communisme ont également disparu et des
ensembles architecturaux d’une valeur historique et esthétique inestimable ont été littéralement
rasés. Le cas le plus flagrant reste la destruction du centre historique de Bucarest (Roumanie) par
Ceausescu. La période communiste a ainsi contribué à dénaturer de nombreuses villes et centres-
villes. Lors de notre visite de Bratislava, notre ami Slovaque a tenu à nous montrer les fautes de gouts
évidentes du communisme aux travers des bâtiments de cette période. En effet, les hautes barres
d’immeubles construites de façon standard, et suivant une architecture adepte des lignes droites, ne
sont pas du plus bel effet dans les villes d’Europe de l’Est. Cela a aujourd’hui comme conséquence
concrète de restreindre notamment l’émergence du tourisme dans ces lieux, du fait d’un patrimoine
culturel limité.
La politique communiste en place dans l’Europe de l’Est a laissé des dommages environnementaux
importants. Le plus significatif reste évidement l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl en
1986. Ce drame écologique a eu lieu en Ukraine, un pays que nous n’avons pas visité mais que nous
avons effleuré lors de notre passage en Slovaquie et Roumanie. Enfin, des restes (telles que de
nombreuses usines ou centrales) de la période communiste (telles que de nombreuses usines ou
centrales) menacent encore l’environnement de ces pays.
Durant la période communiste, l’environnement n’était pas perçu comme prioritaire dans ces pays.
En effet, l’objectif premier restait la production et la productivité, expliquant ainsi la pollution des
sols de nombreux pays (en raison d’une utilisation démesurée de pesticides, engrais chimiques, etc).
L’agriculture planifiée de l’époque a aussi contribué à « user » la terre… Aujourd’hui encore, certains
espaces agricoles peinent à produire.
On peut également noter que le paysage de l’ancien bloc de l’Est garde des traces visuelles
importantes de cette période. On a pu observer par exemple, de nombreuses fermes collectives
désaffectées dans les pays baltes ou encore des aménagements (pipeline, usines….) défigurant les
paysages.
Vingt ans plus tard, il est indéniable que les anciens pays du bloc de l’Est ont fortement évolué et
tentent de rattraper (tant bien que mal) leur retard par rapport aux pays occidentaux.
Pour cela, ils ont adopté une économie de marché (rompant définitivement avec l’économie prônée
par le communisme) conduisant à libéraliser l’emploi et même la santé.
Ces changements profonds ont naturellement conduit ces pays à voir arriver des investisseurs
étrangers et un nouveau dynamisme dans ces pays.
Il faut cependant être clair, cette révolution se fait bien souvent au détriment des plus faibles et des
moins armés dans ce monde devenu concurrentiel. Pendant près de 45 ans, la population a été sous
tutelle, il fallait simplement suivre les directives du gouvernement, sans avoir besoin de réfléchir,
d’innover, d’entreprendre.
Il est maintenant nécessaire de se battre, de se faire une place pour vivre et recevoir un salaire.
Auparavant, le travail était réparti, chacun se voyait confier une tache pour le bien collectif.
Ainsi chez bon nombre d’habitants de ces pays, nous voyons naitre une certaine nostalgie du
communisme. L’un de nos hôtes, nous disait que chez les plus de 35 ans, il entendait souvent « avant
on avait peu mais tout le monde avait un peu ». Aujourd’hui la répartition se fait au mérite, laissant
une part importante de la population à la marge.
Il en va de même pour la santé qui a été en partie privatisée. Pendant le régime communiste, les
habitants de ces pays bénéficiaient d’un bon service de santé et tous les soins médicaux étaient
gratuits. Aujourd’hui, la qualité des services s’est beaucoup détérioré, et la santé est devenue
payante et donc inégalitaire.
En guise de conclusion, nous retiendrons que ces pays qui ont quitté la tutelle soviétique se sont
quasiment tous jetés dans les bras d’une autre Union, délaissant l’URSS pour l’UE.
Il faut croire que l’Union fait la force ! Bien que ces deux unions n’aient rien à voir entre elles,
espérons que l’avenir soit porteur de réussite pour l’ensemble de l’Europe.