N° 114

Avril 2011

Le ventre est encore fécond…

S ommaire

Dossier :
Groupama : Un accord sur
la qualité de vie au travail,
privilégie le concret
Brèves :
Accords salariaux
Élections
Notre invité :
Pascal Priou,
Secrétaire National
de l’UNSA
Fédération Nationale des Banques,
Assurances et Sociétés Financières
Responsable :
Luc Martin-Chauffier
21 rue Jules Ferry
93170 Bagnolet
Tél : 01 48 18 88 22
Tél : 01 48 18 88 15
Fax : 01 48 18 88 91
courriel : bque-ass@unsa.org
Site :
http://banques-assurances.unsa.org
E
n France, nous prenons de plus en plus nombreux Etats. Le droit social aux Etats - Unis
conscience du danger que représente la relève pour l’essentiel des Etats : les nouveaux
montée des idées racistes, xénophobes gouverneurs issus du Tea Party ont réussi à
et populistes. Menace de la création de syndi- entraîner l’ensemble des responsables répu-
cats patronnés par le FN, mais aussi diffusion blicains sur le « right to work », c’est-à-dire
des ferments de division et d’exclusion via l’ir- le droit de travailler sans ingérence syndicale
responsabilité des partis qui engagent des dé- autant dire l’interdiction du droit de faire grève.
bats stigmatisant la population de confession Même si le modèle syndical américain n’est
musulmane. Tout cela pas parfait, il reste
est médiatisé dans un un formidable outil
contexte où la crise pour défendre les
frappe de plein fouet, droits des américains
quelque soit le sexe, les plus modestes.
l’âge, la religion, la C’est ce rempart qui
nationalité ou la cou- est aujourd’hui atta-
leur de peau , tous qué frontalement.
ceux qui n’aspirent Les républicains de-
qu’à vivre dignement mandent :
avec un revenu décent, • l’interdiction des
dans un espace où Li- Union shop – l’obli-
berté-Egalité-Frater- gation de se syndi-
nité prennent chair. quer au syndicat de
Sommes- nous loin de l’entreprise quand
nos débats syndicaux ? celui-ci a été choisi
Non : nous sommes au par les salariés après
contraire au cœur de un vote majoritaire ;
nos préoccupations, • la réduction des re-
de nos revendications traites servies par les
et de notre ambition de syndicats ;
défendre les intérêts • la « certification  »
« moraux et maté- annuelle des syn-
riels   » des salariés Lola Quéré dicats, faire voter
avec en fil conducteur chaque année le
la charte des valeurs de l’UNSA. Le discours principe de l’Union shop comme dans le Wis-
populiste ambiant, rejoint souvent par une logor- consin ;
rhée ultra-libérale, dénonce soit le poids excessif • l’interdiction du droit de grève avec en cas
des syndicats soit leur faiblesse pour démontrer de désobéissance 1000 dollars d’amende et
leur présupposée inutilité.. 30 jours de prison ( Ohio).Les salariés amé-
On entend souvent dire que les Etats-Unis sont ricains et leurs syndicats se battent et descen-
précurseurs en tout. Avec la victoire des républi- dent dans la rue par dizaines de milliers pour
défendre non pas des avantages, mais une li-
cains dans les élections locales, nous pouvons
berté fondamentale et universelle (Walk Like
être inquiets. Issus pour beaucoup du « Tea Par-
ty  » , groupe aux idées extrêmes qui a réussi son an Egyptian peut-on lire sur leurs banderoles)  :
entrisme dans un parti républicain perméable, leur combat est le nôtre, méfions nous des
nous assistons à une remise en cause sans pré- contagions.
cédent des droits sociaux et syndicaux dans de Gilles Desseigne
 Brèves

ÉLECTIONS
Groupama :
Groupama Grand Est-CE-2011 la qualité de vie au trav
Inscrits 1 501
Exprimés
UNSA
1 090
484 44,40 % + 4,51 %
La vie au travail est devenue
une composante essentielle de la
vie au quotidien des salariés.
L e 28 février 2011, au terme de plus
d’un an de concertation, un ac-
cord-cadre relatif à la qualité de vie au
CFDT 377 34,59 % - 12,14 % travail au sein du groupe Groupama a été
L’imbrication vie privée-vie signé à l’unanimité par les organisations
CGT 168 15,41 %
professionnelle est de plus en syndicales représentatives (CFDT, CGC,
CGC 58 5,32 %
plus grande. Etre heureux chez CGT, UNSA, CFTC, FO).
soi ne suffit plus. Un mal être L’accord vise donc à prévenir, traiter et
Suite à la fusion Alsace et Dijon, l’UNSA éliminer les éventuels risques psychoso-
progresse de 4,51 % dans un fief CFDT, qui perd professionnel peut entraîner ciaux tels que le stress, le harcèlement,
12,14 %. une souffrance extrême. la violence au travail et les incivilités
Résultat d’un travail de terrain, l’UNSA Groupa-
C’est pourquoi les CHSCT externes ou internes. Il s’applique à l’en-
ma hors GAN confirme sa première place avec semble des salariés des entreprises du
16 % des voix dans l’ensemble de l’entreprise deviennent l’institution
groupe en France.
représentative du personnel Lors des premières réunions, l’UNSA
Banque de France -CE- 2011 pivot, les syndicats peuvent Groupama-Gan a annoncé qu’elle ne
agir dans les entreprises pour négocierait que sur la base d’un accord
Inscrits : 14 453 que la vie au travail soit non permettant d’identifier et d’établir une
liste de situations pouvant générer de la
Exprimés 11 308 seulement supportable mais mauvaise qualité de vie en milieu profes-
SNARF : 3 098 27,4 % épanouissante. sionnel. Elle a également revendiqué la
CGT : 2 884 25,5 % réalisation d’un véritable état des lieux
comprenant des indicateurs relatifs au
CFTC : 1 209 10,69 %
temps de travail : mouvements de per-
CGC : 1 207 10,67 % sonnel, relations sociales dans l’entre-
FO : 1 194 10,55 % prise, formation…

CFDT : 942 8,33 % Conditions de travail

UNSA : 614 5,43 % et risques psychosociaux
Signataire de l’accord, en 2010, sur les
Syndicam 161 1,42 %
conditions de travail à GROUPAMA
(périmètre UDSG), notre organisation a
L’UNSA n’est pas représentative, l’ancien syn-
également exigé l’ouverture d’une réelle
dicat indépendant SIC qui nous a rejoint n’a pu
négociation sur les risques psychoso-
redresser la barre, même s’il obtient de bons ré-
ciaux.
sultats à Chamalières et dans le Nord Pas de Ca-
Il nous semblait donc indispensable que
lais. FO sauve sa représentativité grâce à une liste
soit pris en compte des:
commune avec le SNA qui du coup perd plus de
•facteurs liés à la tâche ou liés au conte-
7 points. Nous avons un potentiel de voix certain
nu même du travail à effectuer,
dans un CE sur deux sur les 29 composant le CCE
•facteurs liés à l’organisation du travail,
de la BDF.
• facteurs liés aux relations de travail,
La CFTC a évité de faire alliance avec FO cette
• facteurs liés à l’environnement phy-
fois-ci et ainsi sauve sa tête en dépassant les
sique et technique,
10 %. FO joue à la BDF le rôle du porte-poisse
• facteurs liés à l’environnement socio-
électoral
économique de l’entreprise.

A travers cet accord, l’UNSA a demandé

par Alain Auzemery,
UNSA/Groupama-Gan
la mise en place d’une « commission
de qualité de vie au travail » de niveau
Groupe. Le but de cette commission pa-
ritaire est d’une part d’examiner le vo-
let « qualité de vie au travail » lors de
la mise place des projets structurants

page 2 Fédération Nationale Unsa Banques Assurances et Sociétés financières


Un accord sur
vail, privilégie le concret
présentés au Comité de groupe et d’autre
part d’avoir un rôle de suivi de l’accord
Groupe.
Un an de dialogue
pour une signature
Après un an de dialogue, L’UNSA Grou-
pama Gan, très investis sur cette théma-
tique, a donc signé le texte de l’accord
qui porte principalement sur les axes
suivants :
1 . Consolider au niveau du groupe,
dans le cadre d’un bilan annuel, les
indicateurs permettant de dépister les
risques de mal-être au travail (absen-
téisme, accidents du travail, horaires aty-
piques, etc.,),
2 . Mettre en place des actions de pré-
vention pour :
•former aux risques psychosociaux les
dirigeants, managers et l’ensemble des
collaborateurs ;
•sensibiliser à l’amélioration du bien-
être au travail (cycle du sommeil, nutri-
tion, relaxation, postures...) ;
Le CHSCT : ENJEU STRATÉGIQUE
Le CHSCT va-t-il devenir le haut
lieu des décisions stratégiques dans
l’entreprise ? Le comité de l’hygiène,
de la sécurité et des conditions de
travail est en effet le garant d’un de-
voir qui incombe à tout employeur  :
celui de l’intégrité physique et mo-
rale de chacun des salariés.
La Cour de Cassation a multiplié les
arrêts pour délimiter le champ de
la responsabilité des employeurs. Il
se révèle beaucoup plus étendu que
les intéressés ne pourraient le croire.
Leur obligation est de résultat. S’il
peut être prouvé que des mesures
de prévention n’ont pas été prises,
alors que le dirigeant aurait dû avoir
conscience du danger, la faute sera
qualifiée « d’inexcusable ».
Le jour est proche où une entreprise
sera condamnée à verser un montant
record de dommages et intérêts, en
vertu du principe du droit à la répa-
ration totale.
Brèves
ÉLECTIONS
Mondial Assistance-CE-2011
•mener des actions de prévention et
d’accompagnement des collaborateurs Inscrits : 1 687
en cas d’incivilités ou d’agressions ve- Exprimés 1 093
nant du public,
3
CFDT : 417 38,15 %
. Proposer des mécanismes de ré-
gulation interne parmi lesquels un FO 228 20,86 %
centre d’écoute psychologique PSYA CFTC 188 17,20 %
ouvert à l’ensemble des collaborateurs
(gratuit, anonyme, confidentiel et ac- CGT 147 13,45 %
cessible 24h/24) et un mécanisme de CGC : 84 7,69 %
recherche de solution concertée pour
UNSA 29 2,65 %
tout événement susceptible d’affecter la
santé physique et/ou mentale d’un col-
laborateur.
Première présentation dans un contexte difficile.
Un suivi pour garantir l’avenir
Une commission paritaire est mise en
place afin d’étudier lors du déploiement et
du suivi de grands projets, les éventuelles
incidences sur les conditions de travail et
ACCORD SALARIAL
Accord salarial dans la branche
l’accompagnement RH mis en oeuvre. du Crédit Mutuel
Elle aura également un rôle de suivi des
actions menées ainsi que l’analyse des ré- A compter du 1er avril 2011, le salaire minimum
sultats des indicateurs de la qualité de vie à l’embauche défini à l’article 2 de l’accord du
au travail prévus dans l’accord. 4 avril 2000 passe de 17 300 euros à 18 400
euros.
A compter du 1er avril 2011, les salaires minima
des quatre emplois repères définis par l’article
L’employeur doit : 3 de l’accord du 4 avril 2000 sont revalorisés à
•Recenser les risques et jouer la pré- hauteur de :
vention
Agir préventivement est un prérequis. Emplois repères
La Cour de Cassation a considéré que valeurs des minima au 1er mars 2008
« Le seul fait d’exposer des salariés à
des risques connus ou identifiés, sans
Chargé d’accueil Guichetier 17 500 euros
mettre en place les mesures de préven-
tion et de protection adaptées, consti-
Chargé de clientèle Particuliers 18 500 euros
tue en manquement de l’employeur à
son obligation de sécurité et entraîne
sa responsabilité ». Chargé de clientèle Professionnels 19 450 euros
Responsable de Point de Vente 21 100 euros
•Bien rédiger le document unique.
Il est temps pour les entreprises de se
conformer à leurs obligations, Emplois repères
« à commencer par celle qui consiste à valeurs des minimaau 1er avril 2011
établir un document d’évaluation et de
prévention des risques pour la santé et Chargé d’accueil Guichetier 19 000 euros
la sécurité des salariés ».
•Evaluer le coût d’une mise en res- Chargé de clientèle Particuliers 21 500 euros
ponsabilité.
Chargé de clientèle Professionnels 23 700 euros
Source : « Les Echos » 7 avril 2011
Responsable de Point de Vente 24 900 euros
Fédération Nationale Unsa Banques Assurances et Sociétés financières page 3
Notre invité
Pascal Priou
Il est un lieu commun de dire
que le syndicalisme a des
enjeux et des défis importants
à relever dans les années
à venir. Chacun pense
à la défense des droits
des salarié(e) s, à l’obtention
de nouveaux droits,
aux mutations économiques,
aux problèmes environne-
mentaux, à l’adaptation
d’une production mondiale
capable de nourrir une
planète en forte expansion
démographique…
page 4 Fédération Nationale Unsa Banques Assurances et Sociétés financières
Pour un
syndicalisme durable !!!
I l est peut-être un point qu’on anticipe
moins, mais qui est fondamental si on
veut maintenir dans la société des formes
d’organisation réactives, autonomes et
capables de proposer et de s’opposer. Je
veux parler du militantisme syndical que
d’aucuns appellent l’engagement.
Les organisations syndicales, les asso-
ciations, les clubs sportifs fonctionnent
avec des femmes et des hommes qui
donnent de leur temps dans un esprit de
solidarité, de participation. L’investisse-
ment militant constitue la colonne verté-
brale de ces structures.
Dans ce cadre, force est de constater que
si les organisations syndicales, pour ne
parler que d’elles, arrivent encore à faire
adhérer, elles ont de plus en plus de mal
à faire émerger des militants. Dès lors, il
faut considérer que leur survie est en jeu.
Il est inutile de pleurer sur le temps
passé, sur le soit-disant «  avant, c’était
mieux ». La société a évolué, son rythme
s’est accéléré. Les nouvelles technolo-
gies, en favorisant les échanges rapides,
ont généré de nouveaux comportements
« virtuels ou dématérialisés ». En outre,
les valeurs de solidarité se sont sans
doute estompées face à un individua-
lisme grandissant où la réussite person-
nelle prime sur le progrès collectif.
Les organisations syndicales ont-elles
évolué en parallèle  ? Comment faire
en sorte de redonner l’envie aux jeunes
salarié(e)s de s’emparer de cet outil
merveilleux qu’est le syndicalisme  ?
Comment faire en sorte que les nou-
veaux salarié(e)s ne soient pas que des
consommateurs syndicaux  ? Comment
faire en sorte que le syndicalisme survive
en s’adaptant à une société renouvelée ?
Ces questions se posent encore plus crû-
ment aux structures dont l’appareil mili-
tant est vieillissant.
Quelques pistes existent, si on accepte de
bousculer les codes. En la matière, l’UN-
SA, avec sa jeunesse et son état d’esprit,
peut sans doute y œuvrer positivement :
les syndicats doivent être capables de dé-
finir des fiches de poste, des feuilles de
route avec un début et une fin, où celui
qui s’engage connaîtra et maîtrisera les
limites de son engagement. Il ne faut pas
essayer de trouver des militants comme
hier, «  moines-soldats  » dévoués sans
limite à la cause. Je fais le pari qu’en
«  professionnalisant  » nos fonctionne-
ments, nous donnerons une plus grande
lisibilité à ceux qui sont susceptibles de
s’investir mais qui n’identifient pas clai-
rement les espaces pour le faire. Ce qui
les effraie.
Les syndicats doivent s’emparer to-
talement des nouvelles technologies
de communication. On ne pourra plus
dans l’avenir continuer à organiser de
la «  réunionite » coûteuse en temps, en
CO2, en euros… Les syndicats ont à
gagner en efficacité en développant les
téléréunions, les comptes twitter, face-
book… Le but n’est pas de remplacer les
relations humaines par des procédures
informatiques. L’objectif est de rationna-
liser nos fonctionnements, d’économiser
du temps, de faciliter la communication
en exploitant au mieux les opportunités
offertes par les nouvelles technologies.
Les syndicats doivent réfléchir à un
statut de l’élu social qui débouche sur
une vraie VAE (validation des acquis
de l’expérience) à l’issue d’une période
d’investissement. Il n’est plus conce-
vable qu’un syndicaliste se retrouve
sans débouché, voire sans emploi quand
il décide de mettre un terme à ses man-
dats par exemple. Aujourd’hui, le risque
existe que des salarié(e)s refusent de
s’investir par peur de bloquer leur car-
rière. Il faut donc leur offrir des garanties
pour les libérer de ce risque.
Evidemment, bien d’autres pistes exis-
tent. Ce qui est certain, c’est que le débat
sur l’engagement syndical est ouvert. Il
va sans doute s’amplifier dans les an-
nées à venir. A nous donc, d’être inven-
tifs, pour initier des nouveaux modes de
fonctionnement qui garantiront un syndi-
calisme durable !!!
Pascal Priou Secrétaire national UNSA
chargé de la communication et du développement