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CONSEIL DE L'EUROPE

COMITÉ DES MINISTRES

RECOMMANDATION N° R (98) 13

DU COMITÉ DES MINISTRES AUX ÉTATS MEMBRES


SUR LE DROIT DE RECOURS EFFECTIF DES DEMANDEURS D'ASILE DÉBOUTÉS
À L'ENCONTRE DES DÉCISIONS D'EXPULSION
DANS LE CONTEXTE DE L'ARTICLE 3
DE LA CONVENTION EUROPÉENNE DES DROITS DE L'HOMME

(adoptée par le Comité des Ministres le 18 septembre 1998,


lors de la 641e réunion des Délégués des Ministres)

Le Comité des Ministres, en vertu de l'article 15.b du Statut du Conseil de l'Europe,

Rappelant que, en vertu de l'article 3 de la Convention de sauvegarde des Droits de l'Homme et des
Libertés fondamentales, « nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou traitements inhumains ou
dégradants »;

Affirmant que nul, notamment le demandeur d'asile débouté, ne peut être expulsé vers un pays où il
serait soumis à la torture ou à des peines ou traitements inhumains ou dégradants;

Gardant à l'esprit que l'article 13 de la Convention européenne des Droits de l'Homme dispose que
« toute personne dont les droits et libertés reconnus dans la présente Convention ont été violés a droit à
l'octroi d'un recours effectif devant une instance nationale, alors même que la violation aurait été commise
par des personnes agissant dans l'exercice de leurs fonctions officielles »;

Compte tenu de la jurisprudence de la Cour européenne des Droits de l'Homme concernant


l'application de l'article 13, combiné à l'article 3, de la Convention européenne des Droits de l'Homme,
concernant les demandeurs d'asile déboutés faisant l'objet d'une expulsion;

Sans préjudice d'aucun droit pour les demandeurs d'asile déboutés de faire appel des décisions
négatives concernant la demande d'asile conformément, entre autres, à la Recommandation n° R (81) 16
du Comité des Ministres du Conseil de l'Europe aux Etats membres sur l'harmonisation des procédures
nationales en matière d'asile,

Recommande aux gouvernements des Etats membres de veiller, lorsqu'ils appliquent leurs propres
règles de procédure, à respecter les garanties ci-dessous dans leur législation ou leur pratique:

1. Tout demandeur d'asile s'étant vu refuser le statut de réfugié et faisant l'objet d'une expulsion vers
un pays concernant lequel il fait valoir un grief défendable prétendant qu'il serait soumis à la torture ou à
des peines ou traitements inhumains ou dégradants doit pouvoir exercer un recours effectif devant une
instance nationale.

2. Dans le cadre de l'application du paragraphe 1 de la présente recommandation, tout recours devant


une instance nationale est considéré effectif lorsque:

2.1. l'instance est juridictionnelle; ou, si elle est quasi juridictionnelle ou administrative, lorsqu'elle
est clairement identifiée et composée de membres impartiaux jouissant de garanties d'indé-
pendance;

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Recommandation n° R (98) 13

2.2. l'instance est compétente tant pour décider de l'existence des conditions prévues par l'article 3
de la Convention que pour accorder un redressement approprié;

2.3. le recours est accessible au demandeur d'asile débouté; et

2.4. l'exécution de l'ordre d'expulsion est suspendue jusqu'à ce qu'une décision soit rendue en
vertu du paragraphe 2.2.

05 550 65

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