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INTERNATIONALE
Typographie Firmin-Didot et C". —
l Paris.
NOUVELLE SERIE NEUVIEME ANNEE TOME I\
REVUE BIBLIQUE
INTERNATIONALE
PUBLIEE PAR
PARIS
LIBRAIRIE VICTOR LECOFFRE
J. GABALDA ET C^^
RL'E BONAPARTE, 9U
1912
L4 PHILOSOPHIE RELIGIEUSE DÉPICTÈTE
ET LE CHRISTIAMS.ME
sur Épictète, Foutemoing, Paris, 1903. Je n'ai pas sous les yeux Zahn, Der stoiber Epi-
:
ktet und sein Yerlulltnis zum Cliristentum, ni Kui-er, Epictetus en de christelijke mo-
raal.
(3) La religion romaine d'Auguste aux Antonins. I. p. ix.
6 KEVUE BIBLIQUE.
une certaine influence sur le paganisme... Ce ne fut, dans tous les cas.
Ces lignes si sages fixent des bornes à l'enquête, mais elles l'encou-
ragent aussi. Ne pourrait-on pas, en efTet, trouver la trace de ces
influences secrètes sur ces voies détournées? Épictète est un terrain
d'observation bien choisi. Il naquit probablement vers la fin du règne
de Claude. Obligé de quitter Rome sous Domitien (2), il fut sans
doute témoin plus d'une fois de l'héroïsme des chrétiens, ces Galiléens
qui s'étaient fait du courage une habitude trop instinctive, selon le
philosophe. Il mourut vraisemblablement sous le règne d'Hadrien.
C'est vers la fin de sa vie qu'Arrien fut son disciple, et dès lors il
prit soin de rédiger ses leçons. L'ouvrage ne parut que plus tard et à
disons que c'est le sentiment religieux envers Dieu, un Dieu très par-
fait et presque personnel. C'est par Épictète que le stoïcisme, oublieux
monde ? vous n'êtes point dans l'erreur il est en effet tout ce que :
vous voyez, il est dans ses propres parties, .se soutenant lui-même et
ce qui est à lui ! 1 ). »
avec lui au point d'en être des parties et des fragments, de sorte que
Dieu doit sentir leur mouvement qui lui est propre et participe à sa
nature 2) » ;
il même
souvent sur cette idée mais je ne sache
revient ;
{l. Natur. Qnaest. II, 45, 1-3. Séaècfue est cité d'après l'édition de Teubner 'Hense et
Hermès}.
(2} Diss. I, 14, 7.
(3) Arivim, I, 162 Zeno naturalem legem divinam esse censet eamque lim obtinere
:
recta imperantem prohibentemque contraria (Cic. De nat. deor. I, 36); cf. Diogknic
Laerce, vu, 38 ô v6[jlo; ô xoivôç, ôairep satlv ô ôp6à; Xôyo;, Sià TcâvTfov àp^ôpLevo;, 6 aÙTÔ; wv
:
TW Alt.
(4) Vers cités dans le Manuel d'Épictète, c. 53.
(5) De Prov. Y, 8.
(6) C'est ce qu'avait très bien vu M. Boissier, tout en outrant l'antithèse : « il n'est pas
question chez lui, comme chez ses prédécesseurs, de « vivre conformément à la nature » ;
c'est « à la loi de Dieu » qu'il faut se conformer » (op. land. II, p. 103).
LA PHILOSOPHIE UELIGIELSE D'ÉPICTETE ET LE CIIRISTIAMSME. 9
(5) I, 29, 4.
(7) IV, 3, 12 : oOxot etc.'/ o'. èxsïÔîv àzETTa^fj-ivo'. votiioi, Ta-JTa ly. o'.aTixYîxaTa.
(8) I, 25, 4 : TÎva oôv ÈvTo).yiv i/.ojv ixsîôev è'/.riAuHoiz, Ttoïov ôiaTayua.
(9) II, 16, 27 : ÔL Oct tov àvOpwTtov 5Xr,v Triv f,u.épav îi.£).îTwvTa... [JLE(jivr;«î8a'. 2î toû vôao-j. xai
ToîJTOv îTpo Ô56a>,iAà)v £"/î'.v. Cf. Ps. 1, 2 : xai èv tw vôfj.w a^ToO u.îÀïTYjo'i'. ir.aÉpa; xal vjx-rô; et
Dt. 6, 8.
lions ou mes idées? t'ai-je jamais fait de reproches? ai-je blâmé ton
gouvernement? j'ai été malade, quand tu l'as voulu. D'autres aussi,
mais j"ai accepté de bon gré la maladie. J'ai été pauvre par ton ordre,
et je l'ai été avec joie. Je n'ai pas été dans les charges, parce que tu
ne pas voulu; je n'ai jamais désiré de dignité. M'as-tu vu pour
l'as
quelque chose de mieux que ce qui plait à Dieu '2)? » Cette fois c'est
presque une prière, si on pouvait prier en levant si fièrement la tête :
« que je demeure? que j'aille en exil? que je sois pauvre? que je sois
« riche? Je te justifierai de tout devant les hommes 1). » La perfection
consiste donc à voir toutes choses comme Dieu les voit, à les vouloir
comme Dieu les veut (2). C'est le secret du bonheur 3 , exprimé par
les même formules, sans cesse répétées: « J'ai soumis ma volonté à
Dieu. Veut-ilque j'aie la fièvre? moi aussi je le veux. Veut-il que j'en-
treprenne quelque chose? moi aussi je le veux. Veut-il que jaspire à
quelque chose? moi aussi je le veux. Veut-il que j'obtienne quelque
chose? moi aussi je le veux. Ne le veut-il pas? moi non plus. Je con-
sens donc à mourir. Je consens à être torturé (4). » Et c'est toujours
la soumission volontaire ou plutôt l'union des volontés (5), le désir
de plaire à Dieu 6 .
Aussi, celui qui suit la voie parfaite, comme le Cynique, est-il atta-
n'ai rien à souffrir contre mon are, et je ne sers pas Dieu, je l'ap-
prouve plutôt, d'autant plus que je sais que le cours des choses est
fixé et suit éternellement des lois; les destins nous entraînent (-2). »
(1) De Pror. 1, 5. 5.
(2) Lor. luud. Dans l'édition de Hernies, Sénèque reprend la parole à nil cogor. D'autres
attribuent à Démélrius ces mois jusqu'à Fatatrahunt.
(3) Ep. 31, 8.
(4) De Prov. I, 1,5 : inter bonos viros (te cleos omicitia est conciliante virtiite.
mande aux dieux une âme bonne (3) », ce qui implique leur pouvoir de
nous rendre meilleur.
Cléanthe n'allait pas si loin; en priant Zeus de préserver l'âme de
l'ignorance et de lui donner lasagesse.ilréservaitsans doute à l'homme
seul le mérite de bien user de cette lumière (i). Un stoïcien ne pou-
vait s'exprimer autrement. Dieu ou la nature —
a donné la raison, —
c'est à l'homme de s'en servir pour devenir sage et heureux. S'il a le
choses ne saurait sans doute être à charge aux dieux. Qu'est-il besoin
de faire des yœux ? rends-toi heureux toi-même (5) ». « Si tu as bien
résolu, comme tu l'écris, à devenir meilleur, n'est-ce pas une sottise de
(VEp. 41, 2.
si vous en êtes là, vous devenez le compagnon des dieux vous n'avez ;
librement (i\ »
Le philosophe ne nous dit pas ce que Dieu fait dans l'àme, ni s'il
pour juger le pécheur. La notion du châtiment ou
écrit ce qu'il voit
de la récompense dans l'au-delà ne se rencontre pas sous sa plume.
C est d'ailleurs un motif très noble de ne point pécher que le respect
inspiré par la seule présence divine, et 1 appréhension de la ternir.
Dieu est un compagnon qu'il faut respecter. On marche avec lui dans
la vie. Un jeune homme quitte le maître qui lui a enseigné la morale.
Conscient de sa faiblesse : « Je voudrais t'avoir avec moi », lui dit-il.
(3) I, 8, 14.
(4) 1, 14, 13 s.
16 REVUE BIBLIQUE.
(1) II, 8, 16 s.
Musonius disait plus finement « Si vous avez l'esprit assez libre pour
:
songer à m'applaudir, c'est que je n'ai rien dit de bon (3). » Epictète
avait retenu le mot de son maître, et il le mettait en pratique.
Cette modestie n'allait pas sans quelque prétention. Le professeur
de morale prenait sa tâche au sérieux. Cependant la doctrine même
qu'il enseignait l'empêchait de s'exagérer son rôle. Puisque Zeus lui-
même était impuissant à contraindre la volonté, le maître ne pouvait
songer à la diriger autrement que par un enseignement didactique.
Aussi, lorsqu'il demande à son disciple d'aborder la philosophie avec
la conscience de sa faiblesse et de son impuissance dans les choses in-
dispensables fi), il se propose seulement de chasser la présomption
qui s'imagine tout savoir (5 u
La présomption du savoir, plus ordinaire dans les choses mo-
un obstacle, la docilité l'auxiliaire le plus précieux.
rales, est
Epictète ne pouvait demander à son disciple l'humilité, pour la
bonne raison que les anciens n'ont connu ni le nom ni là chose le ;
mot que leur ont emprunté les chrétiens signifiait pour eux une
bassesse contraire à l'idéal humain : c[ue dire de l'idéal stoïcien ?
(2) Ep. 52, 9 : Quid enini turphis philosophia captante clamores? numquid aegerlau-
dat medicum secantem? lacete, favete et praehete vos curationi.
(3) Eï vj(j-/ù\ti,-ït âsaivécai [xî, £vw&' oOoàvXfvcov ^dans Epict., I>iss. III, 23, 29j.
(5) 1, 17, 1.
REVUE BIBLIQUE 1912. — N. S., T. IX. 2
18 REVUE BIBLIQUE.
(1) I, 12, 26 S.
« autres célèbrent dans les écoles, et ce qu'on regarde comme impossible, je l'accomplis au-
« jourd'hui : et eux, sur leurs sièges, commentent mes vertus et s'en informent, et me cé-
y.al iTîîixîto, jiâTa'.o; t,v î". ok af, ôT/îv, o'jôèv ïr.o'u: KOftâoo^iv (Dioc. Laer. IV, 7 [49]).
(41 I, Lorsque Épictète dit que la vertu vient de Ihomuie et des dieux iIV, 4,
IS, 28 S.
47), il n'entend pas que les dieux collaborent à l'usage. mai> qu'ils ont donné la faculté dont
l'homioe fait un bon usage.
20 REVUE BIBLIQUE.
Cesgrands hommes Il en
ont eu des vocations extraordinaires.
est une qui semble à la portée de tous, la profession de philosophe
cynique. Pourtant il ne faut pas non plus l'embrasser sans consul-
ter Dieu. Ou plutôt le cynique étant un envoyé de Dieu, il lui faut
une mission. spéciale. Le novice l'a-t-il? « Délibère avec soin, con-
nais-toi toi-même, interroge le génie, n'entreprends rien sans
Dieu (5) ».
tique. Il faut prier les dieux pour le bon usage du libre arbitre;
— « Qui t'a dit que les dieux n'ont pas d'influence sur ce qui dé-
(.4 suivre.)
JérusaleQi.
Fr. M. .!. Lagraxge.
Kourés Hébreux Kôrés (3), les Grecs Kjpoç, les Latins Cyrus.
(2), les
Ce nom était-il élamite ou persan? Gi^ammatici certant. Tout porte à
croire cependant qu'il était élamite. Les anciens Perses furent obligés
de le transformer en Kourous pour lui donner une terminaison qui
répondit à la langue nationale (4). Aucune racine indo-européenne
n'en a fourni l'étymologie et c'est ce qui explique l'embarras des clas-
siques lorsqu'il s'agit d'analyser le mot Kjpiç (5). On a, d'ailleurs,
trouvé un nom identique chez les Elamites (6) et les anciens n'igno-
raient pas que le premier nom du roi était 'A^pysâr^ç qui porte bien la
marque persane (7). En tout cas, c'est sous le nom de Cyrus qu'il fut
connu chez les anciens aussi bien que chez les modernes. On peut lui
accoler l'épithète de « grand », car son œuvre fut grande entre toutes.
(1) On le trouve écrit, dans les documents cunéiformes. Auras, Kurras, Kurasu,Kursu,
Kurrasu, Kurassu (HlisiiNc, Orient. Litter. Zeihing, 1908, 3t9;ScHEiL, Text. élam.
anzanites, III, p. 88). Dans les inscriptions trilingues des Achéniénides on a Ku-ra-as,
Kur-as dans la col. babylonienne, Kuras dans la col. élamite, Kurus dans la col. perse.
(2) Écrit Kwrcs .• cf. Burchardt, Die altkan. Fremduorle..., n° 9G7.
La forme *^'^^- provient de Kurs. dérivé de Kuras par suite de l'accentuation sur
(3)
4) Les Bab\loniens sont toujours d'accord avec les Elamites pour une lecture Kuras. On
ne trouve pas Kurus en dehors de la col. perse des inscriptions trilingues des .\chéraéni-
des. Les formes égyptienne et hébraïque ne nous renseignent pas sur la voyelle de la se-
conde syllabe. Naturellement Grecs et Latins donnent leurs terminaisons du nominatif.
(5) Ctésias dérive KOpo; d'un mot persan xojpo; ou xOpo; qui voudrait dire « soleil »
(Lagarde, Gesamm. Muller, à la suite de l'Hérodote de Didot, p. 69j. Même
Al)h.,i). 223;
étymologie dans Plutarque [Artaxerxes, 1), cité dans VEiymologicum magnum. Dans
Hésychius, sub verbo, le nom de KCpo; vient de v.\j/6z (gén. de x-jwv). ou de xûpo; « soleil»
en persan.Il cite d'autres opinions qui font signifier à xl^poç « fossé », ou « chose conve-
nable ou encore « seigneur ». Il mentionne aussi une étymologie qui rattache KOpoç à
»,
un nom de fleuve. C'est celle de Strabon, d'après lequel Cyrus, jadis Agradate, aurait pris
le nom du fleuve K-jpoç qui passait près de Pasargade (Strabon, XV, m, 6). Suidas rattache
à la racine x'jpo; .( pleine autorité ». Le mot persan correspondant à « soleil » est hwar
d'où l'avestique hv{tre{Lxc.\Ri>E,op. laud., p. 223).
légende avait entouré son berceau comme celui de tous les grands
hommes. On nous dispensera d'insister sur les anecdotes dont Héro-
dote et Xénophon se sont faits les échos complaisants. Cherchons
plutôt ce qui, dans les traditions concernant Cyrus. fait partie de l'his-
toire réelle, ce qui nous permettra de juger son œuvre et d'en cons-
tater toute l'importance.
On connaît peu de chose de l'histoire des Perses avant Cyrus. Ceux
qui les identifient avec les habitants du pays ou de la ville de Par-
sîia (8), signalés dans les inscriptions assyriennes, recherchent leur
plus ancien habitatausud ou au sud-est du lac d'Ourmiah 9 Si l'on .
(1) Les Aryens avant Cyrus, dans Conférences de Saint-Étienne. 1910-1911, p. 59 ss.
(2; Inscr. de >'aq.s-i-Roiistem, a, 1. 13 ss. (Weissbach et Bang, Die Altp. KeilinschrifL,
p. 34 s.).
étaient voisins de leurs frères, les Mèdes. Peu à peu ils s'avancent à
l'est de la Médie, laissent un de leurs contingents dans le pays qui
plus tard sera considéré comme le pays des Parthes 'D. se répandent
à travers le sud jusqu'aux frontières del'Élam.
plateau persan vers le
Nous avons vu déjà comment leur parenté avec les iMèdes est désor-
mais un fait indéniable et comment ces deux peuples avaient en
commun le costume et l'équipement 2 Le voisinage entre leurs pays .
avait accru encore cette similitude de mœurs. Lorsque les Mèdes s'é-
taient réunis en un groupe homogène et avaient réussi à joindre à
leurs forces les hordes des Scythes, les Perses avaient dû se soumettre
au joug des vainqueurs. Les Mèdes les traitaient avec un certain dé-
dain et, d'après Hérodote il, 107), si Astyage donne sa fille à un Perse,
c'est uniquement pour que le fils qui sortirait de cette union ne pût
prétendre à une autorité réservée aux Mèdes. Mais les Pevses, dont la
race était essentiellement virile et féconde pour qui c'était une .
1) Les Partbes sont écrits Par^u dans la colonne babylonienne de linscript. de Bebis-
loun, mais Parsuma i= Paisua] dans la col. neo-susienne.
(2) Les Aryens avant Cyrus Conférences de Saint-Etienne, 1910-1911. p. 76 ss. .
(4) Ibid.
(5) Ibid., 126.
(6) Ibid., 125 : nacasyioai. Mapiiioi. MisTitot.
(7) Ibid. : TouTwv Jlaaapyâoat v.tI àptoto-.. Le gouverneur de l'Egypte, Aryande (au temps
de Darius], cboisira le cbet de l'année de terre parmi les descendants des Maraphiens, et le
chef de l'armée navale parmi les descendants des Pasargades (Hérodote, IV. 167).
(8) Hérodote. L 125.
CYRLS LE GRAND. 2:;
peut avoir été imaginé pour expliquer le nom de la famille. Darius I"
énumère de père en fils les descendants d'Âchémène. ce sont Cispis,
Ariydrdmna, A?'sdma, Vislàspa, finalement Bârayavam Darius) (3).
Par bonheur, nous possédons la liste d'Hérodote (VIT, 11) qui com-
prend, elle aussi, les aïeux de Darius et de Xerxès. Ce sont 'A-/ai- :
(1) Insciipt. de Behistoun, I, H 2-3. L'adjectif Achérnéiiide est rendu par Hukliàma-
nisiya.
(2) HÉRODOTE, IIL "ô.
perse.
(4) Ibid., g 4 dans WiassB\cn-BANr..
Acliéménès.
Téïspès.
Cyrus. Aricirnmiiès.
Cambyse. Arsames.
Cyri.s. Hyslaspès.
Darius.
Ce (|ui fait huit rois sur deux lignes, avant Darius, et ce qui permet
de ne rien modifier à la liste du roi de Perse.
Nous avons dit déjà qu'on ne savait rien de l'ancêtre Achéménès.
Quant à Téïspès, il porte le même nom que Tempa, chef des Scythes
à l'époque d'Asaraddon, ce qui ne veut pas dire qu'il faille y voir
le même personnage (T), Suivant le témoignage formel de Darius, les
deux ancêtres, Achéménès et Téïspès, doivent avoir régné. Or, nous
savons par Hérodote (1, 134) que les Mèdes ne gouvernaient pas di-
rectement les pays qui leur étaient soumis. Leur autorité s'exerçait
de proche en proche par l'intermédiaire de souverains vassaux qui,
eux-mêmes, gouvernaient les pays voisins du leur. Ainsi le pouvoir
se répartissait du centre à la périphérie par un certain nombre de
petits potentats qui tenaient sous leur sceptre les populations trop
éloignées pour être soumises à l'action directe du gouvernement
central. La famille des Achéménides appartenait à cette féodalité.
Non seulement elle était la première famille parmi la première tribu,
mais elle avait acquis l'autorité sur l'Élam, du moins à partir de
Téïspès. Lorsque Cyrus le Grand parle de son aïeul, Téïspès {Sispis),
il l'appelle « le grand roi, le roi de la ville d'Ansan (2) ». Or, la ville
(1) Hommel identifie les deux personnages {GescJi. des ait. Morgenlandes, coll. Gosciien.
3* éd., p. 170).
d'Élam. qui, rivale de Suse, avait donné son nom à une grande partie
du territoire élamite 1 . A partir de Téïspès, le pouvoir se scinde.
Tandis que la lignée Ariaranmès-Arsamès-liystaspès conserve le gou-
vernement des Perses, la lignée Cyrus-Cambyse-Cyrus règne sur les
Élamites. C'est pourquoi Cyrus appelle son père Cambyse et son
grand-père Cyrus « rois de la ville d'Ansan ". Tandis que la série
qui doit aboutir à Darius conserve des noms essentiellement persans,
la série qui aboutit à Cyrus — nous lavons reconnu pour Cyrus lui-
même — portera des noms élamites -2 . Ainsi Darius et Cyrus sont de
la même famille et leurs ancêtres ont été rois. Rien ne nous étonne
donc, dans le récit d'Hérodote, si nous voyons Cambyse épouser la
propre fille du roi des Mèdes. Mandane 3 . Ce n'était pas déchoir,
comme le prétend Hérodote. L'orgueil des Mèdes ne pouvait oublier
la communauté de race qui aux Perses, ni méconnaître
les rattachait
la suprématie prise par les Achéménides dans la tribu des Pasar-
gades. éminente elle-même parmi les tribus perses.
De ce mariage naquit Cyrus. Nous n'avons pas à insister sur sa nais-
sance, son enfance, son éducation. Les anecdotes de Xénophon dans
son roman moral la Cyropédiej, les histoires merveilleuses d'Hé-
rodote sur la naissance, l'abandon, la jeunesse du héros, autant de
récits qui ont charmé nos années de collège et qui ne peuvent reven-
diquer leur place dans l'histoire réelle. Cyrus apparaît sur la scène
du monde, au moment où, ne se contentant plus de son royaume
d'Elam, songe à renverser l'empire des Mèdes et à donner aux
il
1 Les faits sont groupés dans Meïer, Gesch. des AUertums, V éd., L 2, p. 409 s.
3 Hérodote, L 107.
;») Ibid., 123, 127.
(ô-j Recto, H, 1 ss.Texte dans Beitr. zur Assyriologie, 11, pL de la p. 248. CL Hagex,
ibid., p. 218-219: Schrader, Keilins. Bibliothek, 111,2, p. 128 ss.
.
28 REVUE BIBLIQUE.
Astyage qui est allé pour lutter contre son vassal, tandis que le récit
d'Hérodote supposerait plutôt une invasion de Cyrus. Le texte babylo-
nien continue » Cyrus [Kuras) entra dans Ecbatane [A-gam-ta-mi),
:
la ville royale. Il pilla l'argent, For, les trésors d'Ecbatane, les em-
porta au pays dAnsan. » Hérodote raconte comment le vainqueur
traita son prisonnier avec douceur et le garda près de lui jusqu'à sa
mort (I, 130). Il ne parle pas de Feutrée de Cyrus à Ecbatane, mais le
témoignage de Ctésias est formel sur ce point (1). Selon ce dernier
historien, Cyrus entre dans la capitale des Mèdes, Ecbatane. C'est dans
les murs de cette ville qu'il trouve Astyage "AcTTj-'Yrzv Isliiwegii) et i
=
le fait prisonnier. Il épouse la fille du vaincu, A;j,jt',ç. Ctésias s'accorde
avec Hérodote au sujet de la bonté avec laquelle Cyrus traite son
royal captif.
Un Nabonide fait allusion à cette victoire de Cyrus sur
texte de
Astyage. Dans grand cylindre de Sippar où le roi babylonien ra-
le
(1) Dans les fragments de Ctésias (p. 45 ss.), à la fin de l'Hérodote de Dldot.
(2) Texte du cyl. dans VR, 64. Cf. Keilinschr. Bibliothek, III, 2, p. 96 ss.
(3) Cf. notre conférence sur Les Aryens avant Cyrus (Conférences de Saint-Élienne,
1910-1911, p. 88 ss.].
(4) Sur celte conquête de Ninive par les Mèdes et les Scythes, ibid., p. 94 ss.
(1) Les Aryens avant Cijriis, daus Conférences de Saint-Étienne, t9lo-1911, p. 101.
(2) Grand cyl. de Sippar, I, 16.
(5) Homrael place aussi en l'an 553 la défaite d'Astyage {Gesc/i. des ait. Morgenlandes
p. l-3j.
(6) Cyrus ayant régné vingt-neuf ans, au dire d'Hérodote il, iUj, on pourrait placer cette
accession en l'an 559 av. J.-C.
(7) Cyl. de Cyrus, 13.
30 REVUE BIBLIQUE.
su) » (7). D'après Stabon (XV, m. 8), ce fut à ce moment que Cyrus
fonda la ville de Pasargade, en souvenir de la victoire remportée
sur Astyage.
Roi des xMèdes et des Perses, Cyrus dominait non seulement sur la
(4j On peut classer les Lydiens dans le groupe ellinologique des Syro-Thraces 'Raoet. op.
laud.,p. 57.
(5)Les événements sont racontas dans le cyl. d A>ourbanipal, II!. 95 ss.
(6)Ibid.. II, 111 ss. Le nom du Pharaon est transcrit Tusamilhi. 11 s'agit de Psamméti-
que 1" qui régna à peu près de l'an 6fi3 à l'an 610 av. .J.-C. Hommel, Gesch. des ait. Morgen-
landes. p. 162 .
(7) Connu sous le nom de Tvjjdamim- dans un texte d'Asourbanipal cf. Les Aryens :
(9) Cyl. d Asourbanipal, 11, 120 ss. Radet. op. laud., p. 189 s.
32 REVUE BIBLIQUE.
des hostilités entre les deux pays auraitété, d'après Hérodote (1, 73-7i).
le refus d'Alyatte de rendre au roi des Mèdes les déserteurs seythes
mèdes en Asie (1). La guerre dura six ans et fut interrompue par
d'Alyatte. Ce dernier étant mort vers l'an 560 av. J.-C. (V), son fils
Crésus avait vécu en paix avec son beau-frère Astyage. Toute son
activité s'était concentrée sur les aôaires intérieures. H avait eu à
lutter contre le parti des Grecs révolutionnaires qui voulaient placer
sur le trône le frère cadet de Crésus, Pantaléon, né d'une Ionienne (5).
Puis, Crésus avait subjugué ville par ville, toute la côte ionienne,
et particulièrement les cités d'Éphèse et de Milet (6). Sur la rive gauche
de l'Halys il avait réduit les Phrygiens et les Mysiens, les Mariandy-
niens, les Paphlagoniens et les autres peuples de l'Asie Mineure,
sauf les Lyciens et les Ciliciens. <( Ces deux nations exceptées, l'Ana-
tolie entière, depuis l'Anti-Taurus jusqu'à la mer Egée, et depuis le
(1) Nous avons trailé celtequeslion à propos de la chule de Ninive, dans Les Ar)jens avant
Cyrus (Conférences de Sainl-Éticnne. 1910-1911. p. 100 s.).
(2) HÉRODOTE, 1, 74. Cf. R.\ni;T, op. laud., p. 203, n. 2.
Gelzer), c'est précisénienl sous le règne d Astyage qu'ont lieu les événements rapportés par
Hérodote au règne de Cyaxare. Radet cherche à tout concilier en prétendant que Cyaxare
était alors roi des Mèdes. mais son tils Astyage commandant des troupes (La Lydie et le
monde grec, p. 20 i. n. 3i. Selon nous, Cyaxare a entame les liostilitcs vers l'an 591 et est
mort avant la tin de la campagne. Son fils Astyage monte sur le trùne en l'an 588 et termine
les hostilités Tannée de lédipse, 585 av. J.-C.
(4) Il a régné cinquante-sept ans au dire d Hérodote (I, 25), mais il semble bien que les
sept années sont de trop dans ce nombre. Crésus doit régner quatorze ans (Hérodote, I, 86).
Or, la prise de Sardes aura lieu en l'an 54G av. J.-C.
(5) HÉRODOTE, I, 92.
(4) Jbid.
(5) Ibid., I, 53, 55.
(6) XÉxoPHON, Cyropédie, Vi, ii, 10 s. Cf. Radet, op. laud., p. 245.
(7) Diodore de Sicile. IX, 32.
(8) Ibid.
(9) Hérodote, I, 76. L'identification de Ptérie avec Boghaz-keuï est généralement admise
(Radet, op. laud., p. 246, n. 2). Cette identification est loin d'être assurée (H. Kiepert,
Formx orbis antiqui, VHI, 1910, p. 13 du texte;.
(10) Itinéraire d'après Diodore (IX, 31), dans Radet, op. laud., p. 246 s.
heurtent sans résultat, mais Crésus songe qu'il est plus prudent pour
lui de se replier sur Sardes, sa capitale, et d'attendre ses alliés de
Sparte, d'Egypte, deBabylone (1). Cyrusne perd pasde temps. Il arrive
dans la plaine qui s'étend à l'est-nord-est de Sardes et, grâce à un
stratagème (2), il réussit à débander la fameuse cavalerie lydienne.
Crésus est bloqué dans Sardes. Hérodote, Ctésias, Xéuophon, Polyen
donnent chacun un récit difTérent concernant la prise de la ville (3).
Ce qui est le plus sûr, c'est que le siège ne dura pas plus de quatorze
jours (Hérodote, I, 8i) et que les machines de guerre des Perses, en
particulier les béliers, y jouèrent un rôle considérable (i). Nous
sommes en l'année 5i6 av. J.-C. (5). Crésus tombe entre les mains du
vainqueur. Qu'advint-il ensuite du roi des Lydiens? L'antiquité a
insisté beaucoup sur le bûcher de Crésus. Cyrus et les Perses auraient
exposé aux flammes le roi prisonnier, et celui-ci n'aurait été délivré
que par une merveilleuse intervention ou par la clémence de Cy-
rus (6). Les modernes ont interprété ces récits comme si le bûcher avait
été allumé par Crésus lui-même qui aurait renouvelé l'acte désespéré
de Samas-souma-oukin, le dernier roi de Babylone, ou qui aurait
voulu reproduire le rite religieux de la mort d'Hercule-Sandon sur
son bûcher (7). Selon nous, c'est le rite annuel des fêtes lydiennes qui
a créé la légende. Crésus ne se suicida pas et Cyrus ne fit pas dresser
un bûcher pour y placer une victime humaine. Il fit pour Crésus ce
qu'il avait fait pour Astyage. il l'emmena avec lui comme captif (8).
C'était le second roi qui ornait le triomphe du conquérant.
Par la prise de Sardes, Cyrus était maître de toute l'Asie occiden-
tale, sauf la Babylonie. Les villes de la côte ionienne qui, déjà,
avaient été soumises par Crésus, demandèrent la paix. Cyrus, outré
du refus qu'elles avaient opposé à une tentative de soulèvement
(2) On aurait placé au premier rang les chamelles qui portaient les bagages. La vue et
l'odeur des chamelles rendent ombrageux les chevaux lydiens et jettent le désordre dans
l'armée (Hérodote, I, 80).
Sur ces récits et la critique à laquelle il faut les soumettre, Radet, op. laud.,
(3)
(6) Récits d'Hérodote, de Xanthos, de Nicolas de Damas, etc.. (ibid., p. 254 ss.).
(7) Explication de Raoul Rochette, acceptée par Radet {op. laud., p. 258) et IWaspero
{Hist. anc. des peuples de l'Orient classique, HI, p. 618).
(8) Hérodote insiste sur les bonnes relations qui existèrent entre le vainqueur et le
vaincu (I, 90).
CVRUS LE GRAND. 35
contre Crésus, refusa de la leur accorder (1). Seule, Milet fut traitée
avec égards. Le général de Harpage, entreprit la conquête des
Cyriis,
(5) liid.
(6) Scythes (Saces) et Bactriens.
(8) Ibid.
(9) Sur cette question, Babelon, Catalogue des monnaies grecques de la Bibliothèque
nationale, Les Perses Achcmênides, p. m.
3G REVUE BIBLIQUE.
Nabou-na'id (Nabonide s'assit sur le trône, l'an 555 av. J.-C. [1).
i,
(1) Ces inscriptions ont été nouvellement éditées, avec traduction et commentaire, par
Weissbach, dans les publications scientifiques de la Société orientale allemande, fasc. 5
(1906).
(2) II Reg., 24, 10 ss.
(6) Les récits de Bérose (C. Muller, Fragm. hist. grsec, II, p. 507) et d'Abydène [ibid.,
IV, p. 283) sont confirmés par la stèle de Nabonide à Constantinople, col. V.
(.7) Ibid.
CYRUS LE GRAND. 37
(5) Mégaslhène, cité dans Abydène (C. MiIller, Fragm. hist. cjrxc, IV, p. 283 s.).
(6) Les apparitions à Nabonide ont toujours lieu dans des songes.
(7) Il est difficile de voir dans celte Témà
la ville de l'Arabie nord-occidentale, car, dans
cette hypothèse, les textes de la chronique Nabonide-Cyrus n'auraient pas à insister sur le
fait que le roi ne vient pas à Babylone pour les fêtes. Dans son exil lointain, le roi n'au-
rait plus eu aucune part au gouvernement ou aux cérémonies.
ii) Recto, II, 5 ss.
38 REVUE BIBLIQUE.
(1) Sur ce chap. 4 de Daniel el que nous avons adoptée, cf. Lagrange,
lioterprélation
RB., 1904, p. 499 ss. Nabonide et non de Nabuchodonosor, c'est oe qui
Qu'il s'agisse bien de
est amplement prouvé par Dan., 5, 17 ss., où le fils du roi est Balthazar, plus exactement
BêLsassar, c'est-à-dire Bêl-sar-iisur, fils de Nabonide.
(2) On avait à celte époque une tendance
à remplacer la lettre r par la lettre n : cf.
et pro vita Baltassar filii ejus, ut sint dies eorum sicut (lies cœli super terram, etc.
(5) Sur cette fête du zagmouk {rês satti, r\:'Cr\ ^N1), cf. ia religion assyro-babylo-
(6) Chronique Nabonide-Cyrus, recto, II, 6. Nous interprétons akilu par « nouvel an »
née, que le roi Nabonide est toujours à Têmà, tandis que le fils du
roi, les grands et l'armée sont à Babylone. La fête du nouvel an est
roi, avec ses guerriers, qui porte le deuil et organise les rites funé-
raires. Or, d'après l'inscription même consacrée à la mère de Nabo-
nide et retrouvée récemment par M. Pognon, il est clair que le roi
s'estrendu près du cadavre de sa mère ''2'. La ville de Tèmâ était
donc située quelque part dans la Babylonie du Nord et c'est là que
Nabonide attendait un meilleur destin pour lui-même et pour son
peuple. Les événements allaient se précipiter. Durant ce même mois
de Nisan, Cyrus, que la chronique n'appelle plus « roi d'Ansan >>
mois d'Ayar avril-mai' est consacré par lui à une campagne contre
le roi d'un pays dont le nom a disparu de la chronique. Ce roi est
(h) C'est ainsi qu'il faut interpréter (f haut > et <; bas > dans la Chronique Nabonide-
Cyrus, verso, T, 11.
40 REVUE BIBLIQUE.
signe NI a les valeurs i et dig. H faut lire i-dig-lal qui est le nom babylonien du Tigre.
La ville d'Opis se trouve précisément à l'embouchure du riiuscos (Adhem) dans le Tigre
(Delitzsch, Wo lag das Paradies, p. 205 s.). Hérodote a soin de mentionner que le Tigre
passe par Opis (I, 189).
(4) D'après le texte de la Chronique, on croirait qu'il s'agit encore du mois de Tammouz.
Mais, lorsqu'il s'agit de faire venir les dieux à Babylone, on voit que cette opération dure
jusqu'à la lin du mois d'Éloul (août-septembre). C'est le mois suivant que doit avoir lieu
(5) Var. Ougbarou. Ce personnage devait devenir célèbre sous Cambyse : il est le Go-
bryas d'Hérodote (III, 70, etc.).
(6) La prise d'une ville par un canal, par un égout, par un fleuve, est un fait souvent
signalé dans le folk-lore antique.
(7) Cyropédie. VII, v, 15. La soudaineté de la catastrophe est bien exprimée dans Is..
47, 11.
CYRUS LE GRAND. 41
(2) XÉNOPHON, Cyropédie, IV, vi. L'auteur parle de Gobryas comme d'un Assyrien et du
roi, comme du roi des Assyriens. Dans la Cyropédie, Assyrien est synonyme de Babylonien,
et Babylone est considérée comme la capitale des Assyriens cf. sous le mot Assyrii dans
:
le Xénophon de Didot, p. 768. Le nom de gubaru n'est pas un nom perse, mais un nom
(4) D'après le récit de Bérose (Miiller, Fragm. hist. grœc, II, p. 508).
(5) Dan., 5, 30, confirmé par Xénopbon, Cyropédie, VII, v, 30 (le nom du roi n'est pas
donné).
(6) C'est ainsi que nous comprenons la Clironique Nabonide-Cyrus, verso, I, 16, combinée
avec Bérose (loc. laud.).
(7) D'après Bérose {loc. laud.), Nabonide mourut de sa belle mort en Carmanie, c'est-à-
dire dans le pays actuel de Kermân, à lest de la Perse proprement dite.
(8) Grand cylindre de Sippar, I, 29.
42 REVUE BIBLIQUE.
Les regards des captifs se tournaient vers la sainte Sion, car la prise
de Babylone par un étranger dont la conduite à l'égard de FAssyric
et de la Lydie était un gage de libéralisme, c'était une perspective
nouvelle qui s'ouvrait sur l'avenir :
c'est lui que le dieu charge du soin de la vengeance. Tous les Baby-
considéra la totalité des pays, il les \'it et chercha un roi juste, un roi
selon son cœur, qu'il amènerait par la main. Il appela son nom :
Cyrus, roi d'AnsanI et il désigna son nom pour la royauté sur toutes
(2) Le passage (verso, I, 16 ss.) est mai compris dans Keilinschr. Bibliothek, 111,2, p. 135.
Corriger d'après Hagen, Beitr. zur Assyriologie, II, p. 223.
(3) On n'a pas interprété jusqu'ici le début de la 1. 19. Le mot hariné (\m ne reparait pas
ailleurs est, selon nous, l'équivalent des D'in (rac. Iiri) de l'Ancien Testament. La forme
babylonienne était harrénu. Quant à l'idéogramme D.\G, on peut lui donner la valeur de
rapâ.du " courir » ou nazàzu « se tenir debout ».
(4) Chronique .\abonide-Cyrus, verso, I, 19 s. Hérodote accentue la différence entre la
conduite de Cyrus dans la circonstance et celle de Darius ;ill, 159 .
choses (1). » Le roi d'Ânsan a été appelé par son nom : Cyrus! C'est
bien la même idée qui se reflète dans Isaïe (xlv, 4) :
De même
que Cyrus exécute apparemment les volontés de Mardouk
à Babylone, de même il exécutera, mais en réalité, les volontés de
lahvé concernant Israël :
point monothéistes (7). » Les Juifs, aussi bien que les Babyloniens,
profitèrent de cette tolérance. Il est fort possible que Cyrus, adora-
teur du dieu « qui a créé ce ciel, qui a créé cette terre, qui a créé
l'homme, qui a donné à l'homme la bénédiction (8) », ait reconnu les
(2) La
religion assyro-baby Ionienne, p. 9S s.
(3) Nous avons vu que le dieu Ahouramazda était le créateur, par suite le Seigneur, des
cieux. Mardouk est « le Seigneur des cieux et de lalerre» dans une foule de textes babylo-
niens. C'est en tant que « Dieu des cieux » que Cyrus reconnaît lahvé 'Esdr., 1. 2, etc.;.
(4) Esdr., 1, 1 ss.
(5) Esdr., 1, 2.
40 REVUE BIBLIQUE.
pas à insister ici sur les événements qui marquèrent les années sui-
vantes et les obstacles que rencontrèrent les Juifs dans leur réinstal-
lation en Palestine (1). Il nous suffit d'avoir constaté combien l'histoire
renfermée dans les livres d'Esdras et de Néhémie, est conforme à ce que
nous connaissons par ailleurs du caractère et de la conduite de Cyrus.
Cyrus régna dix ans à Babylone (de l'an 539 à l'an 530 av. J.-C).
D'après les données des écrivains classiques, Galmet aboutissait à ce
chiffre d'années pour la vie de Cyrus après sa conquête (2). Les fouilles
en Babylonie ont exhumé un grand nombre de contrats ou autres do-
cuments de comptabiKté datés de ce règne. La dernière date est le
21° jour du 12^ mois de la 10^ année (3). Selon Xénophon (4), Cyrus
habitait Babylone durant l'hiver et passait le reste de l'année à Suse
ou à Ecbatane. Forcément il dut prendre contact avec la civilisation
babylonienne. Dans son cylindre, il adopta l'écriture cunéiforme que
les Mèdes n'avaient pas connue (5). On croyait autrefois pouvoir affir-
mer que Cyrus était l'inventeur —
ou, du moins, le promoteur de —
l'écriture spéciale qui sert à écrire le perse dans les textes trilingues
des Achéménides. Si la tombe qu'on montre encore à Mourghab (l'an-
cienne Pasargade) et qui porte cinq fois l'inscription « Je suis le roi
tions en (écriture) aryenne, ce qui n'existait pas avant lui (7). Cette
(1) Cf. Van Hoonacker, Néhémie et Esdras (1890), Zorobabel et le second temple (1892),
Nouv. étud. sur la restaur. juive après l'exil de Bal>ylone(iS96). Noies surl'hist. de la
restaur. juive après l'exil de Babylone {RB., 1901, p. 1 ss.).
(2) De l'an du inonde 346(> à l'an du monde 3475, dans son Dictionnaire de la Bible
(3) Strassmaier, Leide Cong., 17; Clay, Leg. and comm. transactions (dans The bab.
exped. of the itniversity of Pennsylvania, VIII, 1), p. 4.
(4) Cyropédie, VIII, vi, 22.
(5) En parlant d'Ecbatane (Hamadan), M. de Morgan a pu écrire « Or, après avoir, pen-
:
dant près de vingt ans, suivi les trouvailles qui se font dans ce site, je suis aujourd'hui
convaincu que jamais il ne décèlera rien sur ces peuples, parce que les Mèdes, ne possé-
dant pas aucun document » (Les premières civilisations, p. 408).
l'écriture, n'ont laissé
me paraît inattaquable. Hommel se range à cette opinion Grundriss..., p. 196 s., p. 197,
n. 1). Ceux qui s'opposent à cette thèse sont d'avis que le développement de l'écriture perse
s'est fait chez les Mèdes avant les Achéniénides cf. HiisiNc, Orient. Litt. Zeitung, 1908,
col.
363 ss. BoRK, Zeitschr. derdeutsch. morgenl. Wissenschaft, 1910, p. 579 s.\ Nous avons
;
vu plus haut comment M. de Morgan a pu aldrmer que les Mèdes n'ont pas connu l'écriture.
48 REVUE BIBLIQUE.
mais Cyrus un père (7), Ainsi la mémoire de Cyrus devait rester en bé-
nédiction, non seulement chez les Perses auxquels il avait donné la
liberté (8 i, chez les Babyloniens qu'il avait délivrés de l'impie \abonide.
chez les Juifs qu'il avait autorisés à regagner la sainte Sion, mais
encore chez tous les civilisés de l'Asie occidentale qu'il avait gouvernés
sans violences et sans exactions.
L'obscurité la plus complète enveloppe les dernières années de Cyrus.
On ne peut discerner la part qui re\'ient à l'histoire et celle que doit
revendiquer la légende dans l'expédition contre les Massagètes dont
parle Hérodote (I, 201 ss. i. Que Cyrus ait franchi l'Araxe, pour arrêter
le flot des Sc^ihes envahisseurs, cela n'a rien que de très vraisembla-
ble. Quant au roman entre le monarque et Tomyris, la reine des Mas-
sagètes, on peut y voir l'un de ces récits de folk-lore auxquels se
complaît parfois l'imagination d'Hérodote. D'après cette légende,
Cyrus aurait été écrasé dans une bataille terrible entre son armée et
celle de Tomyris. H serait mort dans la mêlée, et la reine des Massa-
gètes,pour venger son propre fils, aurait plongé la tète du cadavre
dans une outre remplie de sang humain, en lui disant u xMoi vivante :
'3 La chronique Nabonide-Cyrus spécifie que Cyrus emporta au pays d'Ansan « l'argent,
l'or, les trésors qu'il avait pillés à Ecbatane » 'recto. II, 3 ss.^.
(4) Hérodote insiste longuement sur les richesses des Babyloniens, au moment oii Cyrus
s'empare de la ville (I, 192;. La ville était, au dire d'Eschyle [Perses, 53), TtoXyxp'JffoÇ-
(5) Le roi avait chargé le Lydieu Pactyas de transporter l'or de Crésus et des Lydiens.
(6) HÉRODOTE, m. 89.
(7) Ibid.
(8; HÉRODOTE, MI, i.
CYRLS LE (iRANO. 49
(2) Jbid.
(3) Liv. I, VIII.
(4) Liv. I, X.
XIV. xxiii, 8.
(5) Liv.
(10) En parlant du récit de Xénophon, Cicéron disait déjà Cyrus iste a Xenephonte non :
ad hislorue fidein scriptus, sed ad ef/igiem Justi imperii {Epist. ad Quinlum fratrem, I,
1, 8 .
Ce caractère paraît devoir lui être dénié car, à l'inverse des épi-
;
(1) Th. ZAfix, Einleitung in das Neue Testament^. II, 1907, p. 144.
(2) Ad. ]i\Ry\c.K, Zeitscliiifl fur die neutestam, Wissenschaft, 1900. p. 19.
MÉL.\>GES. of
œnytafit tcD Ai-'iJ Trapa/./vr.cTsa);, xiii, 22. Tel est, en effet, exactement
définipar l'auteur, le caractère de sonépître c'est moins une disser- :
tationou une lettre quiine homiHie. Dans son ensemble, elle parait
identique en tant que genre littéraire, comme le fait observer avec
raison Deissmann i^2), aux épitres de Jacques, de Pierre, de Jude, à la
première de Jean et, ajouterons-nous, à l'épitre dite de Barnabe. Elle
n'est qu'accessoirement une lettre, essentiellement elle est un discours.
Quels en sont les destinataires ?
(2) A. Deissmann, Lichtvom Osten, Tlibingen, Mohr, 1908; in-8, x-364 pages.
MELANGES. 33
-p:ç Eopxio'jq représente, à notre avis, une invention sans portée des
scoliastes. Car, dans le corps de l'épitre, il n'est fait aucune mention
de ceux à qui elle est envoyée et si cette adresse, tout extérieure, est
attestée par les manuscrits alexandrins, elle est absente du codex D,
texte dit occidental, lequel fournit parfois une leçon plus ancienne et
plus importante que les manuscrits en onciales. La formule aux
Ht^breux ne peut être qu'une présomption suggérée par la lecture de
lépitre (3) elle ne saurait avoir de valeur significative indépendante.
:
pareil dogmatique qui y est mis en œuvre n'avait pas son emploi que
dans les milieux israélites il était essentiellement semblable au pro-
:
<léjà avec force sur l'opposition 'ô'i entre le régime de la Loi d'une
part, le régime de la foi et de la promesse de l'autre, et l'on pourrait
signaler entre ces deux épitres de singulières analogies d'idées et par-
fois d'expressions. « La Loi comme les œuvres qu'elle commande, dit
saint Paul, est impuissante (6) àprocurer la justification ... JTrb vi;j.;v :
(1) Ephes., 1, 1.
{1)Rom.. 1, 7.
(3) C'est aussi l'avis du P. Le>io>>\er, KpKrcs de saint l'aul, H, p. 203, Paris, 1907.
(4) Gal.,^, 8.
(5) Gai., 3. 6 — 5, 1.
d'être considéré comme une tradition. Une lacune dun siècle s'étend
(2)^6., 13. 7: 3 Actes, 8, i-i. — {i) Actes. 12. —[b] JoikpaE, Antiq. Juil., .\X. \iii.
6) EustBE, Hisl. eccl.. VI, 14 : « "Hor, os tô; ô jjLaxâp'.o; D.îvî zi^taô-j-t^o^. i~z: 6 KOp'.o;
àîTÔOToXo; <ôv TO-j nav-oxpaTopo:, àûôSTà/.r, r.yj- 'Eopaioj;, o'.à aîTp'.ÔTr,-a 6 IlaO/o;, w: âv
si; -à. iOvr, àîiî'jTa/.ij.Évo;, ov/. iy^pizzi ivj-ôi 'Eëpxîcov à-ôuTo/.ov, o'.â tî tt.v "po; tov livp'.ov
ti[j.ï;v ôti TE TO j/. 7:sp'.o'j(>;a; xai toî; 'Eêpa;o'.: ;-'.<7Tg>./,E'.v. i^vôiv xr,puy.a ôvra xa*. à7îÔ!7TO/.ov.
58 REVUE BIBLIQL'E.
(l; Elsèbe, ib., VI, 25. — (2)Hb., 2. 3; 13, 7. Quelques critiques catholiques n'bésitent plus
à rapporter la rédaction de l'épitreà un autre qu'à saint Paul. « L'écrivain de l'épître était juif,
chrétien, de la gé.nération sub-apostolique...; il était disciple de saint Paul w Jacquier, op.
cit., p. 482). Le P. Prat e>t d'avis que le rédacteur serait Barnabe (F. Prat, La Théologie
de saint Paul, 3" éd. Paris, 1909, p. 502).
(3) Hb., 9, 3, 4. — (4j Exode, 30. 1-6.
MELANGES. 9
1) Hb., 9, 24.
Apocalypse de Baruch, Livre des secrets d'Hénoch, etc.. C'est parce qu'il songe
Cl)
avait entendu parler du second temple i[ui ne renfermait plus ni l'arche, ni les l'rim et les
Thiimmim.
3 TACITE, Histoires, V, 2U. —
(4) Hb., 12. 3 sq. {5i Ib.. 13. 3. —
Zahn. op. c, p. 144. « Ein brief, dit avec raison Zahn, der vor dem J. 90 geschrieben
^y,
sein mu^, kônnte an dièse Gerueinde nicht wohl gerichtet werdeu, ohne da^ darin der in
ihr Leben se tiel" einschneidenden Ereignisse um das J. 70 gedacht wurde ».
60 REVUE BIBLIQUE.
lecteurs de contribuer à <> l'assistance des saints (1) », service dont les
bénéficiaires sont toujours, dans le Nouveau Testament, les chrétiens
pauvres de Jérusalem. Lors de son premier séjour à Antioche, Paul
fut chargé avec Barnabe, parla communauté locale, de porter au con-
seil des anciens de Jérusalem le produit d'une collecte faite à l'in-
tention des « frères » de cette ville (2). Dans toutes ses épîtres, Paul
manifeste sa sollicitude pour l'indigence de ses habitants : il avait à
cœur de remplir l'engagement qu'il avait pris, lors du concile de
Jérusalem, de « se souvenir des pauvres (3). » Aux églises de la Gala-
tie comme à celle de Corinthe (i), il demande un tribut d'aumônes et
il prescrit des règles concernant la constitution de ce tribut : tout
fidèle doit, le lendemain de chaque sabbat, apporter une offrande pro-
portionnée à ses ressources, et l'apôtre remettra lui-même ce subside
ou le fera remettre par des délég-ués à léglise-mère, en témoignage
de la charité et de la déférence des jeunes églises. Dans une autre
lettre (5), il presse vivement les Corinthiens de donner abondam- (c
ment pour les pauvres de Jérusalem >>, et, pour stimuler leur géné-
rosité, il leur propose l'exemple des églises de iMacédoine dont les
(1) Weizsâcker, Das apostolische zeitalter der christlichen hirche. Freiburg, 2° éd.,
1892.
(2) Voici la correspondance de quelques citations : Hb., 1. 3 := Sap., 7, 25: Hb.^ 1, 5
= ps. 2, 7; Hb., 10, 5 = p,v. 39; Hb., 11, 21 = Gen., 47. 21.
(3) Hb., 13, 5 : GO [xri cz àvù ovo' où ar, m lY^.'xxoCiÂr.ui , se retrouve textuellement dans
Philon, de Confusione ling., xyïiii.
(4) JÉRÔME, De l'iris ill., 59; il écrivait encore dans son Comm. in Ts., 32 : « quam latina
consueludo non recipit ».
(1; Hb., 12 VL
(2) Ib.,13, 2, 3.
'3)76., 12. 3, 4. —
;4, Siéto^e. Claudhts, 25. (5) Actes. 8, 2.— (6, Hh., 13, — l'J.
gne donc les sens qui viennent d'Italie et qui accompagnent l'auteur.
S'il s'était agi de chrétiens résidant dans la péninsule, la préposition
àv aurait été substituée à x-z. Le salut qu'adresse, dans la première
épitre de Pierre i;*2 , l'église de Rome aux communautés du Pont et de
la Cappadoce offre, en effet, cette rédaction : '\z-y.lt-y.: jj.x: r, àv Bacu-
Awv. -jv£7.A5/.Tïi... Ou pcut douc couclure, sinon avec certitude, du
moins avec beaucoup de probabilité, que l'épitre aux Hébreux a été
envoyée à une communauté italienne. Toutes les raisons (3) que nous
venons d'énumérer nous sollicitent, semble-t-il, à adopter cette manière
de voir.
A nous parait de toutes la mieux
tout prendre, cette conjecture
défendable ne rencontre dans la critique
et la plus séduisante. Elle
interne aucune pierre d'achoppement et elle ne semble pas inconci-
liable avec les données historiques. Il est étrange sans doute que l'é-
pitre aux Hébreux, dans l'hypothèse où elle serait écrite à l'église
romaine, néglige de commémorer les grands événements de son his-
toire, de rappeler le souvenir des martyres de Pierre et de Paul. Sans
nier cette difficulté, on peut montrer qu'elle ne saurait constituer une
fm de non-recevoir. Nous ne voulons pas, pour l'atténuer, tirer argu-
ment de l'incertitude où nous sommes touchant la date de la mort
de saint Pierre et la date de la composition de l'épitre aux Hébreux
et nous ne prétendrons pas que la rédaction de cette épitre est peut-
être antérieure au martyre de l'apcHre, car il est à peu près sûr qu'eUe
s'adresse à la génération sub-apostolique. Nous ferons seulement
remarquer qu'il n'était pas indispensable de redire aux témoins de
la persécution les noms de ceux qui avaient succombé une mention :
12, 24. C'est une coïncidence que font valoir Zahn et Harnack.
MELANGES. 60
les affinités del'épître aux Hébreux avec les écrits qui se rattachent à
Féq-lise soit qu'ils en proviennent, soit qu'ils lui aient été
romaine,
destinés. Nous avons déjà marqué entre cette épitre et Clément romain
des rapports de dépendance indisculable et indiscutée, et nous avons
cru pouvoir en inférer que notre épitre devait être à Rome particu-
lièrement connue et utilisée. —
Maisl'épitre aux Hébreux nous parait,
de plus, présupposer chez l'auteur la connaissance de l'épitre aux
Romains et de la première de Pierre. Elle procède, semble-t-il, de
l'épitre aux Romains, car elle s'en rapproche beaucoup, pour ce qui
concerne les citations textuelles, les exhortations pratiques et rensei-
gnement doctrinal. La citation 'E[j.z: ï/.civ.r,7'.:. ï\'ôi Tny-.ozMZM, Hb., x,
30. constitue une infidélité exceptionnelle à l'égard du texte des
Septante que suit d'ordinaire l'auteur et une imitation de l'épitre
aux Romains dont elle reproduit la leçon, Rom., xii, 19. De même
Hb., X, 38 rappelle Rom., i, 17. — L'épitre aux Hébreux se rencontre
encore avec saint Paul sur le terrain des recommandations pratiques.
Les exhortations que reçoivent les correspondants de « rechercher la
paix avec tous les hommes (1) », « d'observer les devoirs de l'hospi-
talité (2) » sont comme des réminiscences de Rotn., xii. 18 : xiv, 19;
XII, 13: elles représentent un abrégé du thème moral si largement
développé dans cette épitre. — Enfin
on peut déceler entre ces deux
épitres certains rapports théologiques. La définition de la foi et la
justification qui en est proposée sont conçues selon l'esprit et dans
les termes de saint Paul la formule fameuse "Ejt'.v sa rJ.7-'.i àA-^o;j,£vo)v
:
(1) Hb., 12. 14. - (2) 76., 13, 2. — (.3) Ib..±±, 1. — (4; Ib , 13, 10.
I, 8 et9.
Ainsi l'épitre aux Hébreux^ demande à être située entre l'épitre aux
Romains première de Pierre d'une part, et l'épitre de Clément
et la
de l'autre elle dépend des premières comme elle contribue à expli-
:
quer la seconde. Elle doit donc faire partie de cette famille d'écrits
dont l'église romaine se réservait l'honneur, l'élaboration ou la pro-
priété. Puisqu'elle est si bien nourrie des conceptions et du vocabu-
laire de cette église, et quelle a ensuite si bien occupé et alimenté
sa pensée, n'est-il pas naturel d'en chercher la genèse et la destina-
tion dans le cercle de son influence immédiate, d'admettre qu'elle a
été écrite à la communauté romaine par l'un de ses chefs (1), par un
auteur de formation paulinienne et de culture ale.xandrine? L'hypo-
thèse de cette destination est la plus vraisemblable de toutes plus que :
de la critique interne.
les résultats
Néanmoins, malgré le patronage des savants distingués dont elle se
réclame, elle doit être, croyons-nous, accueillie avec un certain scep-
ticisme, car l'argumentation sur laquelle elle repose manque de net-
les Romains n'est pas de saint Paul il ne dit pas quels en sont les des-
;
Quelques-unes «ics objections qu'on élève contre l'hypothèse considérée, ne sont pas
(2)
fondées, .\insi, M. Jacquier prétend que si notre épitre est adressée aux Romains, « on
s'expliquera dirticilenient ([ue l'auteur dise de ses lecteurs qu'ils sont lents à comprendre »,
5, 11. eux à qui saint Paul a écrit une lettre si riche de sens, « et dont il vante la foi dans
le monde entier » (Jacquier, op. c, p. 421). —
L'observation nous parait injustiliée. Rom..
1, 8 qu'on allègue n'a pas le sens qu'on lui prête la foi dont il est question dans ce pas-
:
(1) Actes, 10,38. -(2j/^.,17, 13. — (3) Fr. Blass, Grammatik des neutest. Griechisch.-,
Gollingen, 1902, p. 1-26 « Auch das partitive
:
il, selbst wenig klassisch, wird zuw. durch
das noch unklassischere àub vertreten. »
68 REVLE BIBLIQUE.
II
1. — AUIQAR.
1'^ Dan^ le livre de Tobie. — Aliiqar Acheicharos, Achiacharos,
Achicaros'ine figure qu'en un endroit de la Vulgate, xi. 20, sous la
forme Par contre, les textes grecs du livre de Tobie et la
AchiiM'.
Vêtus Itala ont conservé le résumé de son histoire. Voici la traduction
du Sinaïlicus (2) :
I. 21-22. Sacherdonos, son fils fils de Sennacliérib}, régna après lui et il établit
eut pouvoir sur toute l'administration. Alors Ahiqar intercéda pour moi et J'allai à
Ninive, car Ahiqar était grand éelianson et garde du sceau royal et intendant et
maître des comptes de Sennacliérib. roi des Assyriens, et .Sacherdonos l'établit en
second lieu dans le même emploi. Or il était mon neveu et de ma parenté.
II, 10. Et Ahiqar me nourrit pendant deux ans avant qu'il allât en Elymaide.
XI. 17-18. En ce jour-là après la guérison de Tobie). il y eut joie pour tous les
.luiFs qui étaient à \inive. Et Ahiqar et Xabad, ses neveux, vinrent se réjouir avec
Tobie.
XIV. 10. Vois, enfant, ce que Xadab a fait à Ahiqar qui l'avait nourri: ne l'avait-
il pas fait descendre vivant dans la terre? Et Dieu l'a traité selon sa
méchanceté de-
vant lui. Et Ahiqar est revenu à la lumière et Kadab est entré dans les ténèbres
éternelles, parce qu'il a cherché à tuer Ahiqar; parce qu'il m'avait fait l'aumône, il
est sorti du piège mortel que lui avait tendu >'adab, et Nadab est tombé dans le
piège mortel, et il l'a perdu.
(1) Voirpapyrus dans Ed. Sachau. Aramiiische Papi/rus und Oslraha, Leipzig, 1911,
les
et les textesdes versions orienlales dans The slonj of Ahikar. Londres. 1898. Nous renver-
rons fréquemment, pour tout complément au présent travail, par le mol Histoire, suivi do
de la page, à nos traductions et études Histoire et Sagesse d Aliiqar l Assyrien, Paris,
:
... O mon ûls, si tu entends une parole, ne la révèle à personne et ne dis rien de
ce que tu vois..., écoute et ne te hâte pas de donner une réponse..., ne désire pas
la beauté du deiiors, car la beauté disparaît et passe, mais une bonne mémoire et un
bon renom demeurent à jamais..., joins-tni aux sages, aux hommes pieux, afin de
leur ressembler..., ne cesse pas de frapper ton entant; le châtiment du lils est comme
le fumier dans le jardin..., instruis-le et frappe-le tant qu'il est jeune... Mon fils, lors-
que tu as des serviteurs, n'aime pas l'un et ne hais pas l'autre, car tu ne sais pas le-
quel d'entre eux tu choisiras à la fin.... adoucis ta langue à l'aide des paroles de
Dieu et rends bonnes les paroles de ta bouche... Mon fils, j'ai porté du fer et du
plomb, et je n'ai rien vu -de lourd) comme l'opprobre et la calomnie..., un ami
proche l'emporte sur un frère éloigné et un bon renom sur la richesse du monde...
Nadan ne répond pas aux espérances que son oncle fondait sur lui.
Mon fils, tu m'as été comme un scorpion qui a frappé une aiguille. L'aiguille
...
dit Tu as frappé un aiguillon qui est pire que le tien... Tu m'as été, mon fils,
:
comme celui qui jette une pierre vers le ciel; elle n'atteint pas le ciel et celui qui l'a
lancée a péché devant Dieu.. Mon fils, tu m'as été comme un chien saisi par le froid
.
qui fut se chaufiér chez des potiers et qui, lorsqu'il eut chaud, chercha à aboyer et
à les mordre. Ils se mirent à le frapper. Il aboya, et eux. craignant d'être mordus, le
tuèrent...
Lorsque Nadan eut entendu ces paroles, il gonfla aussitôt et devint comme une
ontre..., son côté se déchira et creva. Ainsi il finit et mourut.
point qu'on les jugeait dignes de la royauté, comme s'ils nous appor-
taient, et durant leur vie et après leur mort, les ordres et les avertis-
sements divins, comme Tirésias, Orphée et Musée... chez les Bospo-
réniens lire Borsippéniens) Achaïcaros. » Cette assertion de Strabon
:
provenait sans doute de Poseidonios qui vivait au ii*" siècle avant notre
ère S). D'ailleurs ii'^ siècle de notre ère, nous apprend
Babrius, au
aussi que « une ancienne invention des Syriens qui vi-
la fable est
et 50, onze colonnes, en plus ou moins bon état, de quinze à dix- sept
lignes chacune, c'est-à-dire plus du tiers de l'étendue de la version
syriaque conservée.
^^ Leur contenu. — Les tables 40 à 43 portent les restes de l'his-
toire d'Aliiqar, et les tables 44 à 50 les restes des maximes et des
fables :
don dit " Celui que mon père avait élevé, qui a mangé son pain...
:
nom '< Jéhovah », qui figure une quinzaine de fois sur les autres
papvrus sous la forme oou. De même que l'hébreu z^n^.v désigne tan-
tôt le vrai Dieu et tantôt les dieux des païens, et quil doit être lu
tantôt au singulier et tantôt au pluriel, tout en éfant une forme
plurielle; de même ici ^o,ss est un pluriel emphatique et v»'^ est sans
doute aussi un pluriel masculin, car la finale apocopée v^ pour ^ est
fréquente dans les papyrus, et d'ailleurs v.o,s^ est quelquefois cons-
truit avec un pluriel; cependant, au point de vue grammatical, on
peut souvent traduire par « notre Dieu ». On trouve, par exemple :
'< ... elle est précieuse aussi à notre Dieu ou : aux dieux vpc^p;; 'pour
elle un royaume dans le ciel est placé, car le maitre des saints
.ç»;^ ^\^ (l'ia enlevée table ïôA
yeux de notre Dieu des
... Si les
dieux) (senti sur (jnelqu'un table +6.1 ... C'est un péclié contre no- 1-
tre Dieu lies dieux table i7.3 ..., et ne procède pas de notre Dieu
(des dieux (table tT,10j..., un homme sera gardé avec notre Dieu ,les
dieux (table i8,2). n En tous les endroits précédents la traduction
«- notre Dieu » est suffisante. Mais on trouve aussi, avec un verbe au
pluriel « Si une malédiction sort de leur bouche, les dieux (notre
:
•>:>o.oo\ oni..^ >^ v^nvv.m. oo, « et sil cst Tauii dcs dieux de notre Dieu 1 ),
ils placeront le bien dans son gosier, pour parler ". En un dernier
Nous tenons, comme M. .Sachau le reconnaît probable, que le texte jxjrte >*— ^ et non
1;
^
yi '^v car l'ombre légère que l'on voit au-dessus de la ligne ne doit pas être prise pour le
haut d'un noun, vu que. d'après l'encre employée pour ce papyrus, une porlio7i de lettre ne
se réduit pas ici à une ombre, elle n'existe pas ou bien elle est d'un beau noir. Ceci a l'a-
vantage d'expliquer ow en le rapportant à la ligne précédente « (voici) un homme petit et :
il grandira, ses paroles résonnent au-dessus de lui, parce que l'ouverture de sa bouche est
près de Dieu. Et voilà qu'il est aimé de Dieu; il placera (litt. ils placeront^ le bien dans :
« c'est un maitre qui lui donnera a goûter ». Voir aussi Sachau, p. 272 et 273, 1. 1-4.
74 REVUE BIBLIQUE.
lier qui peut être traduit par Dieu ; il est même inutile d'écrire « no-
tre » Dieu, et il est impropre d'écrire « les dieux ». bien que la forme
plurielle du mot puisse le faire construire quelquefois, par attraction,
avec le pluriel. Cette conclusion est encore fortifiée par la table 48.
col. 2, c[ue l'on peut comparer à un psaume : « Place-moi, ô Dieu (^i),
(1) semble y avoir eu à A«souan 123 Juifs honiines et femmes) que nous regardons
11
qui nous apprend l'existence de 190 Israélites du nord, hommes et femmes, polythéistes''.
Us vivaient en bonne intelligence, car lédoniah recommandait les 12.3 Juifs aussi bien aux
filsde Sanaballat qu'à leur grand prêtre. A côté de cette garde nationale, il y avait quelques
milliers de soldats perses, assyriens ou araméens de l'est; ce sont ces derniers qui ont
apporté à Syène Ahiqar et l'inscription de Béhistoun.
(2) D'après .M. Sachau. cet auteur (païen) aurait écrit de 5.50 à 450. Pour nous. « Juif »
pouvons tîxer la date de cet apport, car les Juifs étaient fixés à Eié-
phantine dès avant conquête perse de Cambyse, c'est-à-dire dès
la
particulier vers l'an iOT cf. Sachau, p. 182). sur un papyrus palimp-
seste, chargé auparavant des comptes d'un marchand, dont les restes
viennent d'être édités.
La langue originah de l'écrit est sans doute raraméen, surtout si
l'on admet que l'auteur est juif, car il n'est pas vraisemblable qu'il
aurait employé l'alphabet cunéiforme et la langue assyrienne, lors-
qu'il était en possession d'un instrument aussi perfectionné que
l'alphabet phénicien. Du moins, la traduction conservée de l'inscrip-
tion assyriennne de Béhistoun montre que l'auteur araméen d'Aliiqar
pouvait insérer dans son œuvre une série de maximes traduites d'une
stèle assyrienne —
c'est par une stèle, dit Clément d'Alexandrie, que
1' La forme des papyrus araméeîis A est plus populaire que celle
des légendes orientales . A multiplie le style direct, allonge, mul-
tiplie les incidentes. Jusqu'ici pourrait représenter une série de
revisions améliorées de A. Il n'en va plus de même si nous étudions
le fond. Le plan est le même, mais tout le reste diffère : la présentation
de Xadan au roi, qui est réduite à peu de chose par 0, est développée
et répétée par A. Les efforts d'Aliiqar pour avoir des enfants, longue-
ment développés dans 0. semblent avoir manqué dans A (2). Dans 0,
(2; Car la table iO, dit M. Sachau. p. 150. semble porter le début de la légende.
76 REVLE BIBLIQLE.
Ahiqar est confondu devant le roi et lui demande la faveur d'être mis
à mort dans sa maison daprès A, Ahiqar est très éloigné quand il
:
est accusé et condamné, car cest avec « des chevaux apides et i >'
mune.
Pour on comparera rapidement
se convaincre de ce point capital,
non seulement
entre elles les diverses versions orientales, on trouvera
un plan commun, mais de nombreux détails communs, des phrases
identiques, de nombreuses maximes communes qui permettent de
dresser un tableau très charg-é de sentences idenlicjues 2 aussi on ;
férents employés pour rendre la même idée; d'autres fois les mots
sont les mêmes, mais une recension paraphrase tandis qu'une autre
condense, ou emploie le style indirect, comme plus rapide, de préfé-
rence au style direct; on conclura donc que toutes ces recensions dé-
coulent les unes des autres ou d'un prototype commun, mais il n'en
est pas de même pour et A. — On
se convaincra ainsi que la lé-
gende d'Ahiqar par deux auteurs indépendants l'un de
a été rédigée
l'autre : un juif élohiste, d'où les papyrus A, et un autre auteur
(1) Noter que ce nom « Parthe » figure peut-être dans la traduction araméenne de l'ins-
cription de Béhisloun i
Sachau, p. 201, table 56,2, 1. 5).
n'en voir qu'une variation. Mais les lecteurs ont le droit d'exig"er
ici
d'un vieux conte tant ([ue nos plus anciens manuscrits ne nous repor-
taient qu'au xii' siècle, etque l'une des principales sources était un
conte des Mille et une Nuits. Si le Roland de Roncevaux n'était connu
que par YOrlaîido fwioso de l'an 1516, on pourrait aussi supposer a
priori que c'est une métempsycose d'un roman quelconque de che-
valerie. Mais aujourd'hui qu'une découverte inespérée — disons
providentielle — nous
rendu une légende d'Aliiqar, rédigée au
a
v^ siècle avant notre ère, sans anachronisme il), sans jongleries (2 ,
sans impossibilités, nous nous refusons à chercher dans une autre lit-
térature l'origine de notre légende. Il ne reste donc plus qu'à nous
demander si la tradition orale a créé la légende de toute pièce au
VI^ siècle, ou si elle s'est bornée à embellir un fait divers du Vil" siècle.
Nous tenons pour la seconde hypothèse; elle nous parait plus sim-
ple, plus fondée et seule capable de rendre compte de tous les faits.
Rien de plus simple, en effet, que le canevas de « l'histoire » d'Ahiqar.
De tout temps et en tout pays, des représentants de ce peuple auquel
Dieu a promis les biens de la terre, se sont trouvés parmi les plus
puissants, au moins comme leurs instruments. Je citerai l'histoire
d'Abarbanel, qu'un hasard m'a fait résumer pour le Dictionnaire
r Jusqu'à notre travail, cf. Histoire.... p. 4, toutes les sources orientales connues fai-
MELANGES. 79
III
MELANGES. Si
bx^m I
p I x;- . I
'-
; 1 rN"::ri2 i ]- i
-^^ .-1
"î Snx I
-••
;
--: .'i
jn-N' ; ]z- .5
'Attar, soit Wadd, soit Nakrah. nous avons ici deux divinités Nak- :
rali et Wadd. Assurément, il nexiste aucune preuve pour voir dans les
faible soit-il, entre ces deux noms divins et ces deux êtres mystérieux?
(1) La petite l>arre transversale qui unit le jet la barre de séparation n'est pas de na-
ture à uiodifler celle lecture.
MÉLANGES. 83
de, possesseur de... », mais doit être pris comme l'équivalent du pro-
nom démonstratif féminin arabe ^^ « celle-ci, ceci ». L'arabisme
deuxième.
L. 5. — ;E"iri indique le printemps et l'année. Le mot suivant "jnT.x
ajoutée : cela n'a pas paru nécessaire. Car on veut nous nire simple-
ment que la tombe en question a été creusée la même année et à la
même époque que les deux sphinx ont été sculptés.
Novembre l'.'ll.
A. Jais s EX et H. Savigxac.
(1} Cf. MliLtER. Siidarabl^che AlterthUiner. p. 20 âs. et Lvgkange, iVwc/ei mr les reli-
gions sémitiques, T éd., p. 256, note 4.
CHRONIQUE
(1 Surtout si celte porte était logée dans un saillant ainsi que l'a imagine M. Sayce dans
son diagramme localisant la porte des eaux » (Q.S., 1883, face p. 21.î]. Le relief topogra-
.
]ihique en ce point aulorisaitla conjecture, et. si je ne me trompe, les fouilles sont en train
de lui donner une assez stricte justilication.
88 REME BIBLIQUE.
(1) Quelques légers indices mont d'abord suggéré l'hypothèse d'un prolongement de la
voùl'e primitiveau delà de ce mur. Sous réserve d'un développement ultérieur de la fouille,
j incline cependant à croire aujourd'hui que la voûte ne s est jamais étendue plus loin,
quoi-
que le mur ait tous les caractères d'une construction postérieure, peut-être dans un but de
consolidation.
CHROMOUE. 89
Fig. 8. — La caverne / avant le déblaiement. Vue prise du mole de décombres devant le puits
J. A gauche, amorce de la cavité naturelle //. Au fond, on discerne le mur de fermeture de
la caverne /.
soutien n'est pas très évident, pourrait être de date beaucoup plus
ancienne (cf. fig. 8 et pi. VII, 2).
mezzij ferme et cassant, des coups de ciseau plus denses, des stries
plus anguleuses; au-dessous du joint, dans le malaky hon^gf^-ne et
doux, des coups de ciseau plus espacés, des stries plus allongées et
(1) L'indice le plus décisif en ce dernier sens est que les cavités sont situées en général
à la hauteur voulue pour fournir un point d'appui à la inain quand on circulait le long de
la rampe. Même dispositif dans le fameux tunnel de Gézer; cf. RB., 1908, p. 400.
i:HRONlMLE. 93
ajouter aussi que l'ovale n'est rectiligne nulle part, ou à peu près
nulle part, qu'il s'étire ou se renfle tantôt d'un côté et tantôt de l'autre,
qu'il s'orne de protubérances ou de concavités suivant le hasard des
éclats de roche dans le percement, qu'il est déformé enfin sur toute
la hauteur par une faille verticale, mais naturellement sinueuse, dont
les lèvres demeurent partout assez nettement apparentes (pi. V, 2).
Au lieu de s'ouvrir sous une voûte en maçonnerie, J est ouvert
sous une alcôve dans le roc large de 2", 32, haute de 2", 20 et profonde
de l^'jSO en moyenne, car elle est percée un peu de biais dans la
paroi et sans grande régularité dans le fond. L'orifice très évasé em-
piète sur le radier du tunnel. Malgré l'extrême dégradation, le dé-
blaiement très soigneux a fait constater au bord de cet orifice, devant
l'alcôve, les vestiges d'un palier, d'un large gradin si l'on préfère.
Iciou là, dans les parois une cavité fruste offrirait un point d'appui
pour la main ou le pied, mais n'a sans doute pas été creusée en vue
de l'escalade; il y en a trop peu, leur espacement est toujours trop
considérable, leur disposition trop fantaisiste, enfin la largeur du
puits trop grande, en plusieurs points, pour que l'escalade soit pos-
sible avec l'unique secours de ces entailles. A la patine générale,
identique à celle que nous avons observée dans le puits B, s'ajoute
ici par endroits ce même poli lustré que présentent aussi certaines
sections des galeries étudiées plus haut. Malgré la situation toute dif-
férente et une cause immédiate probablement bien diverse, la même
cause fondamentale, un frottement prolongé, doit être invoquée dans
les deux cas. Aussi bien est-ce en effet sur des saillies plus ou moins
fortes que ce poli est à remarquer dans le puits J; pas sur toutes les
saillies également, ni même toujours sur les plus accentuées, mais de
puits est de même travail que l'autre, pratiqué avec le même outillage,
les mêmes habitudes de sape, la même difficulté.
Seulement ici l'in-
génieur et le mineur ont triomphé des résistances du roc. Le « calcaire
juif » n'a pu leur imposer cette fois qu'un tâtonnement, une dévia-
tion axiale; ils ont poussé leur trouée jusqu'au niveau nécessaire
CHROMQLL. 9;i
paroi quelque peu rectiligne les variations axiales que ses sinuosités
imposaient. Perdue un instant <lans la couche siliceuse qui relie le
inalaky au inezzi/ dur, elle se retrouve au-dessous, développée elle-
même on ne peut plus à propos par la nature en une véritable petite
caverne, presque toute prête au service de l'ingénieur. Et l'ingénieur
adopte en effet la caverne, m, comme il a utilisé la faille : elle lui ser-
vira de chambre d'eau à la base de son puits sitôt qu'il l'aura mise,
au moyen de la galerie que nous connaissons déjà 1 1, en communi-
cation avec la source.
Dès cju'on embrasse d'un regard le tracé de cette monumentale
installation, sa forme étrange pique la Pourquoi ce long
curiosité.
circuit sinueux équivalant plus qu'à un demi-cercle, au lieu de la ligne
droite dirigée sur la source? Pourquoi aussi la hauteur excessive déjà
signalée dans le tunnel? Pourquoi encore les deux puits? les inégalités
d'exécution entre les puits et le tunnel? l'incommodité voulue, devant
la porte F. d'un passage agrandi au delà sans aucune modération?
Les premières questions concernent la conception logique du monu-
ment; les autres soulèvent le problème de sa destination. D'abord
l'analyse du plan.
On a vu plus haut, du moins sous forme de conjecture, pourquoi
un passage assez bas sous la surface du roc pour ofïrir toute la solidité
opportune, mais sans se risquer à le faire pénétrer trop vite dans les
assises les plus résistantes. Si d'autre part on ne pénètre pas tout de
suite assez avant au cœur de la colline, le tunnel ne tardera pas à dé-
boucher désagréablement à la lumière, au liane de quelque terrasse
inférieure. Et surtout ne s"impose-t-il pas de ne point exagérer l'axe
de cette plongée initiale dans le roc, puisqu'il s'agit de créer un
(1) On retrouve en effet la même disposition anguleuse dans le grand tunnel qui descend
du sommet du Tell Bel'ameh à la source de Sindjar, au bas du tertre (voir Guérin, Samarie,
I, 339 s. et le plan partiel publié par M. Schumachei!, Q.S., 1910, p. 107 ss. et pi. ii; cf.
une escarpe de plus de 3 mètres. S'il ne se fût agi en effet que d'ou-
REVLE BIBUOLE iyi2. — :N. S., T. I\. 7
98 REVUE BIBLIQUE.
quon s'était donné tout le soin possible pour en obstruer toute en-
trée du côté oriental.
Pour deux exigences contradictoires,
concilier réaliser un pas- —
sage absolument secret et créer, pendant lexécution un moyen ,
paroi dans une direction prévue pour recouper son cheminement par
fait les mêmes, il serait risqué de supposer que deux équipes de mi-
Le tracé des lignes d'axes qui ontservi de base au levé dulunnel, —pi. Y, 1.
(Il — faittou-
clieidu doigt la simplicité de ce repérage. Un observateur placé au-dessus du puits D pouvait,
au moyeu de lampes dans le tunnel, contrôler d'un regard sa rectitude sur le jalonnement
extérieur DG. Pour être un peu moins rudimentaire, le contrôle du jalonnement A" ou JG
n'exigeait cependant aucune divination. (Jn constate au surplus que la marche a été moins
ferme par cette direction.
100 REVUE BIBLIOLE.
gagner quelque peu déjà sur la pente totale nécessaire. Mais à partir
de G vers l'E. pi. VI. 2 le ravalement s'accentue, d'abord par assez
hauts degrés qu'isolent des marches larges faisant fonction de paliers,
ensuite par une dernière volée continue de marches pi. VII, i) péné-
trant à 3 mètres de profondeur dans l'assise de malaky [i'\ L'observa-
tion de la faille verticale décrite plus haut fixe le choix au point / pour
situer le puits. On en protège l'orifice sous une alcôve latérale pi. VII,
•2). La galerie profonde n'est développée au delà que juste de la lon-
(1) On voit que la hauteur démesurée du tunnel en cet endroit doit être tout autre cliose
qu'un caprice de mineur, ou une naïveté dans les calculs d'un ingénieur simplet.
CHROMQLE. 101
n'avoir pas été l'objet d'un examen attentif dès les premiers jours de
l'exploration. Quelques mesures provisoires établirent assez vite
qu'en cboisissant connue axe de suspension un point convenable au-
dessus de l'orifice irrégiilier de ./. la plongée directe n'était pas du
tout impossible. Un peu plus tard, la démonstration péremptoire en
(levait être Pour accélérer le curage des galeries inférieures
faite.
(1) Voir dans la pi. I (RB., oct. 1911), à l'exlrémité de la galerie VI, les coupes trans-
versales du puits J qui concrétisent ce mouvement d'axe; m représente l'orifice supérieur,
n l'orifice inférieur, o l'étranglement à la base du malahy : mêmes repères intervertis, pi. V, 2.
CHRONIQUE. 103
2} Les deux premiers claveaux d'un arceau très fruste adhéraient encore à une échan-
crure de l'aicùve. au début des fouilles. On respecta scrupuleu>ernent d'abord cette arciii-
lecture barbare, malgré le petit frisson instinctif p'rovoc|ue par son équilibre inquiétant des
qu'on la sentait à plusieurs mètres au-dessus de soi, parmi les contorsions de l'escalade
avec des moyens provisoires. Un tomber (cf. pi. V. 2 et 5, o].
accident lieureux les a fait
3 L histoire de ces « lampes « est un exemple amusant de ce que le dilettantisme
pressé, imprudent, échautfé à faire jaillir des preuves », peut créer avec une donnée ar-
.<
date. En 1883 M. le prof. Sayce écrivait avec décision [QS., 1883, p. 211 : « Les lampes
romaines... prouvent que le tunnel était encore utilisé... pour avoir de l'eau jusqu'à une
époque tardive » car en ce temps-là M. Sayce paraissait croire le tunnel antérieur à la-
-.
queduc horizontal vers Siloé. Mais l'année suivante il s'y reprend, ou du moins veut
s'exprimer avec « une suffisante clarté » pour montrer que le tunnel est au contraire une
œuvre beaucoup plus tardive. La principale preuve à lappui ce sont maintenant « les :
retrouva les niches encore garnies de lampes de la période romaine » (R. P. B. Meistek-
MANN, La ville de David, 190.i, p. 94. n. 2). 11 n'y avait pas de niches, pas de chambrelte
dans la galerie, pas de preuves d'époque romaine qu'on puisse l'alléguer lout
si évidentes
court: enfin je crains qu'il n'y ait même pas de lampes en ces vases fragiles apportés là
parmi le mobilier de hasard de quelques réfugiés à l'époque du siège sinon de quelques
reclus durant l'âge d'or monastique. Lampes si l'on veut, après lout, mais traitées de la
sorte elles obscurciront longtemps encore le sujet.
ï. Le tunnel-aqueduc de Siloe.
d'un sien aïeul, mort aux dernières limites possiljles de l'âge, que
jadis on marchait dans ce trou parfaitement à Taise, qu'on y pouvait
voyager trois jours, sept jours, soixante jours, qu'on y voyait ceci et
cela, ou qu'on y était exposé à telle ou à telle tribulation,
.Jérusalem possède son réseau de souterrains légendaires développé
entre tous. Il n'est guère de sites de la ville, ancienne ou moderne,
que le peuple n'estime très certainement en communication directe
avec dix points éloignés ou proches. Les raccords les plus invraisem-
blables sont naturellement ceux auxquels s'attache la plus ferme
croyance et je ne conseillerais à personne de nier, en face d'un mu-
sulman, que le Haram. par exemple, n'a pas son chemin de mystère
font droit jusqu'à l'antre patriarcal à Hébron et jusqu'à la sainte
Mecque. Jérusalem d'ailleurs n'avait-elle pas. en des jours un peu
plus reculés et dans la foi très ardente d'un peuple qui ne se croit
pas dupe des préjugés enfantins dont beaucoup d autres sont les vic-
times, sa voie ouverte jusqu'à la Géhenne? On en savait très bien
l'entrée et les doctes affirmaient voir s'enéchapper un jet de la fu-
pas interprété de manière à suggérer cet emprunt, cet envoi des eaux
d un point ignoré à la fontaine apparente? L écho de la vérité oubliée
retentit quelques siècles plus tard dans les expressions puissamment
descriptives de saint .lénune Siloe... fontem esse... qui... per ter-
:
(2) PsELDo-Ki'iPHAXE, Vics dss propkétes ; PC, XLIIl, 397. Cf. les observations de M. Cler-
niont-Ganneau Rec. arch. or.. II, 288 ss.) sur ces textes.
(3) Dritle Wondervng.... 1859, p. 213 et les notes p. 474.
CHROMQUE. 107
à tous ces vaillants car il n'a tenu ni à leur énergie, ni à leur bonne
!
(1) CeUe dernière hypothèse, émise par M. Schick, qs.. 1886, p. 198, était malheureuse-
ment traduite dans un graphique où rien ne la distingue assez de constatations réelles au
sujet d'un autre aqueduc. Cf. QS., 1891, p. 18 s.
CHRONIQUE. 100
(2) Par une exception à la consigne rigoureusement maintenuedans tout le resledu chan-
tier, le tunnel est en effet demeuré librement accessible pendant environ 1 mois du côté de
Siloé. Un barrage établi à l'entrée sur la ualerie VI obligeait seulement à revenir sur ses
pas à Siloé. Je souhaite que beaucoup de visiteurs experts aient mis à profit cette heureuse
occasion pour exécuter des relevés qui fourniraient un précieux contrôle aux nôtres.
(3) Surtout dans l'assise supérieure de calcaire mezzy et dans quelques couches de
malaki). Ces suintements s'accentuèrent à la suite d'une assez copieuse averse au début
110 REVUE BIBLIQUE.
d'octobre, mais il n'y a rien absolument dans tout le tunnel qui puisse taire songer à la
plus minime source.
(1) Dans ces réductions il a paru pratiquement superllu de faire état de quelques
divergences inférieures à l 2 degré. La même moyenne de 1 2 degré a été adoptée dans
toutes les lectures comme fraction minimum utile. Toute fraction de degré inférieure à
20 minutes a été négligée entre 20 et 40 minutes elle a été systématiquement notée 30'
, ;
au-dessus de 40' elle a été haussée à 1°. La station II par exemple, notée :)3'30', devait
l'être en réalité 53' 28' 17". On voit assez que, dans le cas, cette notation minutieuse eût
été un trompe-l'œil, puisqu'il eût suffi de pratiquer la visée sur une section légèrement
moins longue, à un simple niveau différent ou sur une mire située de manière un peu autre
pour aboutir à des nuances bien plus considérables que celle de la notation adoptée. L'o-
rientation est fournie sur le Nord magnétique sans aucun calcul de déclinaison. Pour s'expli-
quer les inégalités bizarres au premier aspect dans la longueur des sections, le lecteur
voudra bien se rappeler qu'en des opérations de ce genre les chances d'erreur diminuent
dans la mesure où le rayon de visée augmente. On a donc choisi pour chaque station le
(2) Dans les sections plus longues que 10 mètres la continuité de pente n'a été déterminée
d'une station à l'autre que par des mesures intermédiaires, à intervalles de 5 mètres en moyenne.
Dans les cas de pente inverse déterminée avec exactitude aux stations, le contrôle de pente
n'a pu être toujours établi sur la longueur totale de la section. Entre m-n par exemple, ce
contrôle s'étend seulement aux 5 mètres qui précèdent n; le reste de la section pourrait bien
être horizontal.
CHRO-MQIE. 111
1 1
Je confesserai plus loin par quelle vaniteuse tricherie le tableau porte 2"", 50. Les cotes de
nivellement et de hauteur ne fournissent aucune fraction de centimètre. L'essai chimérique de
noter des millimètres, intraduisibles dans le dessin de la coupe à l'échelle imposée, eût en-
traîné une multiplication inouïe et fastidieuse de mesures. 11 n'était déjà pas si ?imple de dé-
terminer la cote au centimètre sur des surfaces aussi rusueuses.
112 REVUE BIBLIQUE.
un peu plus avant déjà vers la Judée, au nœud des routes arrivant
des satrapies philistines pour escalader la rampe abrupte de Jéru-
salem à l'orient, ou se diriger vers Hébron au sud-est. C'est celui-là
qu'on attaque, et son exploration est confiée au savant le mieux pré-
paré pour ne laisser rien échapper de tout ce qui portera la plus
léeère empreinte égéo-minoenne. 11 ne tiendra donc pas au dévoù-
ment scientifique du Palestine Exploration Fiind que le terrible pro-
blème (( philistin » ne reçoive enfin une solution. Car le nouveau
champ d'investigations ne pouvait guère être mieux choisi.
Tandis qu'en tous les autres Tells une superficie trop vaste, ou la
présence malencontreuse de villages, ouélys. cimetières limitait désa-
gréablement l'exploration, rien ici ne l'entrave la collioe principale
:
tière S.-O. Abritée, sur son mamelon, par la grande Vallée de Sorec au
point où elle s'épanouit en un bassin très large au débouché des
montagnes, la petite cité faisait bravement face aux Philistins. Par
réaction spontanée contre les influences de l'ennemi si proche et tou-
jours menaçant, elle s'attachait sans doute avec un loyalisme plus éner-
gique à sa propre culture, intimement liée à sa religion. D'autre part,
son rôle de gardienne à lentrée du défilé que devaient fréquenter les
caravanes trafiquant avec l'Egypte ne pouvait manquer d'y introduire,
par pénétration pacifique, une multitude déléments industriels, artis-
tiques, sinon même religieux, importés de la Vallée du Nil. Enfin, si
w/rrr^
Planche VI.
= fei
n a>
PLAXr.HE VII
Planciik Mil.
l-enlitH-du luiiiicl aopliel, \ue du |.uils acces. D, 1- niaiclie; e =d sur le plan,, arra-
•! (
Extrémité inférieure du grand escalier B, vue du palier E. Au f"^ [ilau à droite, amorce de
la cavité artilicielle -Y. Au
centre, la porte rclrécie F ; dans le haut, les décrochements symé-
triques du plafond en plan incliné.
CHRONIQUE. 113
Les comptes rendus provisoires (1) attestent déjà qu'on avait raison
d augurer bien de ce Tell. Après la reconnaissance topographique
et les sondages utiles, sur les deux pointes du Tell, on a attaqué vigou-
Dans ses parties les plus anciennes (5), le mur présente un très mas-
sif appareil, où l'élégance et la régularité sont sacrifiées à la solidité.
(4) RB., 1906, p. 64, n. 3, ou Canaan, p. 27. d'après MM. Bliss et Macalisfer.
(5) Que M. Mickenzie (p. 141) reporte à « l'âge du bronze » et met en relation avec les
constructeurs des monuments mégalithiques.
REVUE BIBLIQUE I9l2. — N. S., T. IX. 8
114 REVUE BIBLIQUE.
postes latéraux logés dans l'épaisseur du rempart et dans les tours. Les
parties hautes de la muraille, du moins à l'une de ses époques, furent
en briques sèches beaucoup aussi, apparemment, des édifices inté-
;
rieurs.
Il faut laisser aux explorateurs le temps nécessaire pour disséquer
l'enchevêtrement des restaurations à la lumière du déblaiement mé-
thodique de larges sections. Dès les premiers travaux cependant les
lourdes cicatrices du rempart et les amas de débris confus qui en chaus-
saient le pied donnaient à entendre que la ville avait dû traverser des
jours d'angoisse et de dévastation. A mesure qu'on progresse devient
plus évidente la réalité sinistre d'un siège farouche et dune catastro-
phe qui étendit sur la cité un linceul de cendres (1). Elle ressuscita
néanmoins de cet anéantissement à une vie que les ruines attestent
encore très active jusqu'à la fin delà période Israélite, qui paraît même
s'être prolongée jusqu'à nouveau cataclysme, on a l'im-
l'Exil. Passé ce
pression d'un site à peu près abandonné. Ce coteau sera déserté aux
périodes hellénique et romaine et la localité renaîtra de l'autre côté
du ouély. Plus tard seulement une installation monastique byzantine
viendra remuer cette cendre; et peut-être est-ce quelque réminis-
cence des jours où l'Arche de lahvé s'arrêta en ces lieux qui fit tians-
former en chapelle et en cellules ce qui restait de l'acropole antique,
dans l'angle S.-E. des remparts (2).
Bien avant l'ère sémitique, le site était déjà occupé par des popula-
tions dont la trace est particulièrement saisissable dans les nécropoles,
par delà même les premiers âges des métaux et jusf[u'au déclin de
l'état néolithique. Le premier stade dans l'évolution de Beth Sémès
aurait donc été troglodytique, à peu près à l'aurore du IIP millé-
Cn intéressant hypogée de cette période initiale
naire avant J.-C. (3 .
(Ij Macke.nzif.. op. L, p. 132. Lit de cendres analogue à Làchis, et la plupart des villes
déjà fouillées offrent quelque chose de plus ou moins comparable cf. Canaan, p. 443.
n. 2). Mais tanilis qu'on a cru ailleurs devoir attribuer cette ruine aux campagnes égyp-
tiennes sous la XVllP dynastie, M. Mackenzie (p. 142) serait enclin à en rendre les Philis-
tins responsables pour Beth Sémè>.
(2) Ces ruines ne doivent en aucune manière constituer l'obstacle qu'on semble redouter
(p. 133) pour lexploration approfondie de l'acropole. Quand elles auront été relevées, rien
n'en exige la conservation au détriment des vestiges anciens qu'elles peuvent couvrir.
(3) Mackknzie, op., L, p. 134.
CHRONIQUE. li:i
ment par une race qui avait d'autres rites funéraires. Parmi le mo])i-
lier de ces morts plus récents, on signale des idoles, Astarté, Bès. —
Isis, — des scarabées et autres objets trahissant la prépondérance
très accentuée de l'influence égyptienne, tandis que rien ne porte la
marque babylonienne, ni ég-éo-crétoise (2).
La seconde catégorie de tombes déjà signalée correspond, par la
structure et le mobilier, aux tombes d'époque Israélite, toutefois avec
cette particularité que le type de la tombe quadrangulaire avec ban-
quettes latérales et façade extérieure plus ou moins dressée con- —
sidéré souvent comme très tardif en Palestine — se trouverait à
Beth Sémès peut-être dès grande monarchie (3). La
le temps de la
céramique trouvée dans ces dépôts est décidément méditerranéenne.
A maintes reprises M. Mackenzie emprunte des analogies à la Crète ou
aux centres égéens caractéristiques. Il désigne même explicitement
(p. 134) comme « vase philistin un vase peint identique à celui que
découvrirent naguère MM. Bliss et Macalister à T. es-Sàfy (i).
Si l'on ajoute la mention de curieux vases modelés en formes
humaines ou animales et surtout d'un couple divin en terre cuite qui
semble avoir été préposé à la garde d'une tombe, on soupçonnera
quelle précieuse série d'informations va contenir déjà, pour l'archéo-
logie et l'histoire de Palestine, le premier mémoire détaillé de
MM. Mackenzie et Newton.
(1) Cf. Canaan, p. 208 ss., d'après Macalister, Q.S., 1902, p. 347 ss. Dans la caverne de
Beth Sémès, dont la description détaillée est attendue avec la plus vive curiosité, M. Ma-
ckenzie {op. L. p. 170) ne semble pas admettre lincinération proprement dite et met les
traces de feu au compte de quelques repas lituri<iqnes suggérés par des os de mouton.
Pourquoi pas des vestiges sacrificiels? car cette préparation d'un repas funéraire dans la
tombe elle-même ne va pas sans difficulté.
(2) Mackenzie, op. L, p. 171.
base 0'", 32; haut, du triangle 0'",16. Haut. moy. des lettres 0"',018 dans les lig. 1 et
2 ; 0^,022 1. 3.
cj p|=) M H
Archaeol. Researches.U, 133 ss. et 490 Ida père dua Ézéchias qui était phrontistès
(1) ;
'/sa [Ésau) fils de Magd. Les éditeurs se demandent s'il ne s'agirait pas d'un Juif et le
texte est gravé sur un linteau orné d'une grande croix.
RECENSIONS
Adonis und Esmun, eine Untersiichung zur Geschichte des Glaubens an Aufer-
stehungsi^otter und an Hcilgôtter von Wolf Wilhelm Grafen Baudissin. mit
10 Tafeln (1); grand in-8° de xx-575 pp. Leipzig, Hinrichs, 1911.
Le titre du livre de M. le comte Wolf Wilhelm de Baudissin n'est point trop aisé
à traduire; Adonis et Echraoun, étude sur l'histoire de la foi en des dieux de résur-
rection et en des dieux de salut. Te pense qu'il s'agit de dieux qui ressuscitent pour
leur compte et qui sauvent mais le titre comprend aussi les dieux qui
les autres,
mais combien plus soucieux de ne conclure qu'à bon escient et de doser les degrés de
probabilité! Ce scrupule nuit peut-être à l'intérêt littéraire. Quand on croit être avec
l'auteur sur une piste, on s'aperçoit après quelques pages qu'il faudra rebrousser
chemin pour chercher ailleurs. Mais rien ne fait plus d'honneur à la conscience du
savant qui tâche de bonne foi à découvrir ce que chaque opinion peut contenir de
vrai. Et tout de même cette méthode rend l'analyse difficile, car on risque de se trom-
per en prenantune hypothèse caressée avec faveur pour une conclusion arrêtée. C'est
dans l'adhésion plus ou moins ferme de l'auteur que gît la difûculté de la critique. Si
l'on n'avait à parler ici que de ce qu'il déclare certain, c'est à peine si le recenseur
aurait à faire des restrictions de quelque poids: mais l'ouvrage est rempli de sugges-
tions que B. semble avoir très à cœur, qui sont même comme la raison d'être et l'es-
prit de son œuvre; et ce sont ces aspeclsondoyaots et fuyants qu'on voudrait regarder
detrèsprès, sauta voir s'évanouir quelques fantômes, nésde combinaisons hasardeuses.
D'autres fois il faudra rendre hommage à la sagacité du maître.
Dès l'introduction Baudissin nous avertit que l'étude des religions cananéennes est
très difticile, et qu'il y faut employer la divination (p. 8). Les fouilles, encore trop
(1) Avec desindices rédigés delà façon la plus obligeante pour faciliter les rectierclies.
(2) Encore est-il que l'auteur a tenu à se compléter lui-même dans la Zeitschrift '1er deutsclien
Morgenl.-Ges. LXVl. p. o()7 ss.
(3} Adonis, Attis, Osiris, i" éd. 190".
118 REVUE BIBLIQUE.
force naturelle spéciale n'apparaît pas aussi nettement que chez certains peuples. Mais
ce vague, qui a unesaveurdepanthéisme, est-ilbienunindice d'antiquité ? A ce point B.
rencontre la célèbre théorie qui conduit l'humanité du polydémonisme au polythéisme.
La Phénicie lui semble en fournir un exemple dans Echmoun, qui serait comme
un Adonis développé et passé vraiment au rang des dieux (I). Mais il se refuse très
le jeune dieu. Que ne l'a-t-on toujours fait avec la réserve qu'adopte d'abord Baudis-
sin! « Dans aucun de culte nous ne pouvons observer sûrement les trois formes
lieu
dans trois divinités constamment associées entre elles » (p. 15). Bien plus. /^(JQt^is est
le seul type franc du jeune dieu —
si c'est un dieu —
car ce n'est pas un grand dieu,.
connaît pas la triade Monsieur, Madame et"Béhé, B. imagine que cette triade a passé
:
en Phénicie de l'Egypte, où elle s'est constituée d'une façon assez artificielle. Il cite
oublié que Carthage et Sidon avaient une autre \^t;irlé ou déesse; El-Ivronos devait
être un bien mauvais père, et ni Echmoun ni Adonis ne sont les fils d'une Astarté.
Nulle part nous ne rencontrons la famille divine (2).
L'opposition entre le Baal et l'Âstarté, leurs caractères propres, sont d'ailleurs tracés
de main d'ouvrier. En réaction contre W. R. Smith, et d'accord avec ce qu'a écrit
sur ce sujet le recenseur (3), Baudissin refuse de voir dans le Baal le genius iàciUé
au sol, donnant la fécondité seulement par une action émanée du sol. Le mâfî
pas tant le possesseur que le Seigneur, et c'est très probablement du cier'qîi'il enri-
^-
chit lii t(^rre p.ir la phiie.
Il est devenu chef du clan, par conséquent mêlé assez étroitement aux actions
et
des hommes; il venge, sauve, punit, sans que son action non plus que sa nature soit
très morale (4).
(1) On verra plus loin que cet exemple mi^me est loin d'être décisif.
ajà-dessus d'excelleates considérations, p. 181.
(•2) B.
(3) Études SU7' les religions sémitiques,
2<^ éd., p. 97 s.
(4) M. de Baudissin enseigne loujour-; que les pierres sacrées ne doivent être à
l'origine que les
monuments destinés a marquer les lieux consacrés parune manilestation delà divinité; c'est seule-
ment longtemps après, que les pierres oni été prises pour une représentation de la divinité. Je crois
qu'il laut maintenir cette explicatjnn, au moins dans un grand nombre de cas. contre les exagé-
rations du bctylisme. Dans les Études sur les religions sémitiques (û" éd., p. 'J2 ss.). j'ai regardé
nadad comme le principal type du Baal cananéen. Cela me parait toujours vrai s'il s'agit des
temps historiques. M. de Baudissin estime que ce dieu est d'origine anatolienne. On s'explique-
RECENSIONS. 119
La déesse, elle, est très liée à la terre. A. l'urigine elle n'a rien de religieux; c'est
une explication de la vie dans le monde; elle est la mère de tout et de tous, et n'est
donc la mère de personne en particulier ;
elle est la source de toute fécondité, comme
une sorte de cause universelle de la vie. C'est la création propre des Sémites. Spécia-
lement chez les Phéniciens, l'idée de la vie domine. La déesse, placée souvent avant
le dieu, est la représentation de la renaissante. Dans sou culte on pra-
vie t(Uijours
tique l'acte générateur. Les sacrifices humains prouvent à leur manière combien la
vie est chère aux dieux. Et cette idée conduit l'Introduction au seuil du livre consacré
à des dieux morts et ressuscites.
Le premier de ces dieux, c'est Adonis. Il faut lire de ligne à ligne l'ouvrage de
M. de Baudissin pour en comprendre la richesse. Aucun filon ne passai inaperçu.
Chaque nom de personne, chaque nom de pays, le moindre incident du culte, les
racontages des anciens, tout est l'objet d'une enquête pénétrante. Il ne faut rien
moins que cette érudition attentive pour triompher des difficultés du sujet. Elles ré-
sultent surtout des antinomies sur le culte, le mythe, la personne. Et d'abord Adonis
est-il ïamouz? Les anciens l'ont cm, et c"est au fond l'avis de Baudissin. Mais il
affecte une sorte d'élégance à réduire la portée de leur témoignage, pour garder
toute liberté d'étudier séparément chacun des deux cultes (I), et pour mesurer l'évo-
lution 'le leurs formes en Phénicie, en Syrie, à Babylone, en Grèce. Et ces précau-
tions sont, en principe, très sages. En fait, je ne vois pas que Baudissin ait mis la
main sur aucune dilïereace sérieuse, sauf celle du nom; encore Adon, « Seigneur »,
est-il, du moins à l'origine, un nom commun. Sans doute nous savons d'Adonis dés
choses qui ne sont pas dites de Tamoiiz et réciproquement; sans doute le mvthe
raconté par des écrivains syriens récents n'est pas exactement le même que celui
des Grecs; mais ces Syriens eux-mêmes ne sont pas d'accord entre eux, et on ne peut
insister beaucoup ^ur des déformations secondaires. Baudissin parait tenir cependant
à maintenir une distinction que les anciens out crue négligeable. Serait-ce parce que, à
raisonner surTamouz. il faudrait en faire un dieu grain, tandis qu'Adonis serait plutôt
le dieu de la végétation qui suit les pluies? Au surplus, le maître de Berlin a très pro-
bablement insinué la vraie solution. Dieu de la végétation printaniere chez les no-
mades, Adonis-ïamouz devenu plus tard, chez les Sémites sédentaires, le dieu
serait
du grain des céréales. J'ai cru. avec Frnzêf, que c'était là le sens primitif du mvthe.
et j'ai vu dans la mort d'Adonis le symbole du graiu coupé par la faucille du mois-
sentement unanime des auteurs gréco-romains qui assimilent Adonis au grain qui
meurt dans la terre pour y ressusciter, on pourrait dire qu'ils ont été entraînés par
la nécessité de trouver dans la nature un fait qui correspondît au mythe. Mais les
Syriens ne dépendent pas des mythologues gréco-romains, surtout lorsqu'ils décrivent
l'usage de s'abstenir, durant les fêles deTamouz, de tout ce qui a été broyé au
moulin. Et ces derniers rejoignent les antiques lamentations babyloniennes (2) : « Quand
rait ainsi son rayonnement de la Crète à Babylone [La Crète ancienne, p. 100). Mais il est impos-
sible que Sémites du nord n'aient pas eu un dieu de l'orage. Il a certainement fusionné avec
les
le dieu analolien, auquel appartient probablement le symbole de la hache, léclairquifend les
-^ '"''«t»m\<fnii>VMesarynmr<>mm.tam'mmmma<\^,^\uus^
arbres.
w) Fônr ma
part je n'accepterais pas qu'il y ait eu véritablement deux cultes discernables au
temps de l'empire romain, par exemple un mode syrien à Antioche, un autre a Bt-thléem.
;2) C'est ce qui a entraîné le P. Dliorme. La religion assyro-babylonienne, p.ljo. i.e texte cunéi-
torme est d'époque grecque, mais c'est la copie d'un lexie qui remonte au moins à Assourba-
nipal, et sûrement par lui à l'époque babylonienne ancienne. Pour ce passage on ne possède
pas seulement le texte " sumérien ., dont la trailuction serait sujeite à caution, mais une trans-
cription en assyrien Zimmern, Sumrrisch-babylonische Tamuzlieder, p. :206).
120 REVUE BIBLIQUE.
il est grand, il est couché dans la et y repose ». Tamouz a donc été un dieu
moisson
grain; mais peut-être seulement dans un second stade de son existence mythique, et
cette phase a peut-être été moins marquée pour Adonis. L'idée primitive aurait été
celle de la végétation des steppes, ce dont les Babyloniens auraient gardé le sou-
venir en faisant de Tamouz un pasteur. Nous voici à une seconde antinomie, car
Adonis est bien plutôt un chasseur. Il me semble pourtant que M. Baudissin s'est
trop préoccupé de ce double aspect du personnage. Les bergers qui mènent les brebis
de M™^' Deshoulières « dans ces prés fleuris qu'arrose la Seine '>, n'ont rien de
nos nemrods modernes, mais le pasteur de l'antiquité était un robuste gardien, sou-
vent obligé de défendre son troupeau contre des bêtes redoutables. Lorsque David
faisait paître les brebis de son père et qu'un lion ou un ours enlevait une brebis du
troupeau, il le saisissait à la mâchoire et le tuait (I Sam. 17, 34 s.). Tel était sans
doute le pasteur Tamouz. Il ne faut pas non plus trop s'étonner de le voir au ciel
d'Anou, malgré ses origines chtoniennes, et malgré qu'il habitât ordinairement les
enfers. Étant un petit dieu, il pouvait, un jour ou l'autre, être placé au ciel par la
fantaisie d'un poète. Cela n'empêche pas son attache au sol, comme dieu de la végé-
tation. M. de Baudissin s'est demandé si ce concept n'était pas trop général pour des
primitifs. Il a essayé de rattacher Adonis à une essence végétale particulière. JDepuis
longtemps on reconnu la parenté du dieu avec lanémone. Ne faudrait-il pas conclure
a
à une véritable identité? Lorsque, a la Qn de janvier ou en février, le Liban se
couvre de gazon émaillé d'anémones rouges et à'Adoitis miniata. on croirait la ver-
dure teinte de taches de sang. Quoi de plus simple et de plus populaire que de
regarder en effet ces pétales d'un rouge ardent comme les gouttes de sang d'un jeune
dieu? Comment Baudissin sait-il que cette fleur a été seulement plus tard rapprochée
de sa mort (p. 129).' Les pâles anémones des bois d'Europe ne peuvent donner une
idée de l'impression produite par leurs sœurs d'Orient, aussi rouges et plus nom-
breuses que les coquelicots dans les blés. Et les coquelicots eux-mêmes, au temps de
la moisson, pouvaient passer pour la même manifestation d'une vie mystérieuse et
divine (1).
Adonis est un dieu de la végétation printanière, soit, mais alors pourquoi sa fête
ou plutôt les lamentations sur sa mort ont-elles lieu au mois de Tamouz (juin-juillet)?
ou en d'autres termes, pourquoi ce mois lui est-il consacré? La date a-t-elle été
fixée seulement quand Tamouz était déjà un dieu de la moisson? On pourrait le con-
jecturer, car la moisson estun peu postérieure au dessèchement de la verdure des
steppes. Mais à Babylone, et même à Niuive, la moisson ne devait guère être pos-
térieure au mois de mai. Faut-il supposer qu'on s'est rapproché du solstice d'été
parce que déjà Tamouz tournait au dieu solaire, ou bien son culte est-il né dans les
steppes plus froides des montagnes de l'Assyrie ou de la Syrie du nord?
(1) S'il éi.Tit permis de tout oser dans une matière aussi obscure, on pourrait imaginer que le
petit Tamouz est l'anémone baignée par les pluies de l'hiver, et le Tamouz grandi b- coquelicot
dans les blés. Mais c'est aux céréales elles-mêmes que les lieds babyloniens font allusion.
RECENSIONS. 121
Comme M. Daressy a»bien voulu me l'expliquer sur place, cette végétation hâtive
était passée au four pour être plus promptement desséchée. N'est-ce pas comme
une première esquisse des jardins d'Adonis.? Or ce blé desséché qui représente la
mort d'Osiris était sans doute aussi symbole de sa résurrection. C'est donc très
vraisemblablement par l'assimilation à Osiris qu'Adonis est devenu, et encore dans
une mesure, un type de dieu ressuscité peu après sa mort. Le mythe grec est
faible
muet sur ce point, et c'est vraiment subtiliser à l'excès que de voir la résurrection
déjà célébrée dans le deuil. Pour que le deuil annuel suppose la résurrection annuelle, ,
drame même de la mort. Dans ce cas, la résurrection serait exigée en bonne logi-
que, mais pour quel temps? et qui ne sait que les cultes s'arrêtent à certains aspects
traditionnels, sans représenter tous les traits d'une légende par des fêtes distinctes?
L'antiquité a pleuré Adonis éperdument; elle ne s'est pas souciée de fêter sa ré-
surrection avant une époque assez basse, et probablement d'après les rites osiriens.
Baudissin p. 180) doute qu'Adonis ait été l'époux ou l'amant delà déesse; il serait
plutôt né d'elle. En quoi il raisonne d'après le sens attribué par lui au jeune dieu,
plutôt que d'après les textes. Ou prétend-il distinguer à ce point Adonis et Tamouz?
Ses dissertations sur une dernière antinomie. Adonis descendu aux enfers dans une
caisse ou tué par le sanglier? m'ont beaucoup appris, et je ne puis que m'associer
à la sage réserve de l'auteur sur le sens et l'antériorité relative de ces mythes.
Il est difficile d'accorder entre eux les textes relatifs à Adonis; on voudrait en
avoir davantage pour se faire une idée de la physionomie d'Echmoun. Son mythe
ne nous est connu que par le texte très tardif de Damascios
(2); les documents A
cunéiformes n'ont produit aucune lumière nouvelle. donc scruter les textes
Il faut
phéniciens ou carthaginois qui sont très pauvres, et c'est ici surtout que M. Bau-
dissin a dû mettre en exercice cette divination qui doit rendre une forme aux osse-
ments desséchés de la tradition. Oserons-nous dire que l'Echmoun qu'il a ressus-
cité ne nous paraît guère semblable à celui qu'a connu l'antiquité?
(1) s. Jérôme, qui aurait pu passer pour un témoin puisqu'il parle des lamentations d'Adonis
à Bethléem, a prnliablement suivi Origène, en parlant de la résurrection dans un passage où il
commente Ezécliiel à la suite du maitre alexandrin.
(2) PiiOTiCs, Bibliolheca, Cod. !24-2; P. G. CIII, col. iSOi s.
122 REVUE BIBLIQUE.
regardaient comme un fils? Le fils de qui? d'Astarté? mais il serait plutôt son époux
ou son amant. Du grand Baal? mais il u'est jamais en relation avec lui; si on l'iden-
tifie avec lolaos, il sera bien le compagnon plus jeune d'Héraclès, mais non son fils.
Aussi bien il y a une raison positive d'affirmer qu'Echmoun n'était point un jeune
dieu, c'est que les Grecs l'ont couramment et sans hésiter assimilé à Askiépios (1).
Si M. Baudissin n'a pas cité une seule représentation d'Asklépios en jeune dieu,
c'est sans doute qu'on ne connaît rien de semblable Askiépios est toujours figuré
:
et Dionysos?
Et il est encore plus difficile Echmoun
de trouver dans tout ce qui regarde
Da- —
mascios toujours excepté — la moindre trace
mort et qu'il ait été ressus-
qu'il soit
cité. S'il s'identifie à lolaos, il a ressuscité Héraclès. Dans ce rôle encore, nous re-
qu'elle soit, elle est impuissante à produire la conviction. A tous les arguments de
détail s'oppose la distinction très nette des images que l'antiquité connaissait mieux
que nous.
La liaison des deux dieux, Adonis et Echmoun. avec une Astarté, n'est pas un trait
qui les rapproche plus qu'il ne rapproche Adonis de Baal-Hammôn, le parèdre de
ïanit; or la dame de Byblos et l'Astarté de Sidon sont deux personnes au moins
aussi distinctes que l'Astarté de Carthage et Tanit.
(1) B., vraiment trop réservé cette fois, se demande {p. 244 si Ectiini>un est en lui-même un
dieu guérisseur ou si cette qualité lui a été attribuée après qu'il eut été ideutifié o Askiépios.
Le scrupule est étrange, car si Edimoun n'av.iit été du moins un guérisseur, l'eùt-on jamais iden-
tifié avec un demi-dieu qui n'était que cela?
Nous avons déjà rencontré deux fois le nom de lolaos. Son identité avec Ecliraoun
serait la meilleure raison de rajeunir le dieu de Sidon, et entre lolaos et Asklépios
toute relation ne fait pas défaut, puisque lolaos a ressuscité Hercule. A vrai dire ce
n'est pas tant comme médecin que par l'idée iieureuse d'y employer une caille, mais
ilne faut point regarder ici de trop près. La difflculté est que lolaos semble avoir
son équivalent précis en phénicien; on l'aurait donc distingué d'Echraoun (1). Cela
n'empêcherait pas cependant qu'il n'y ait eu entre ces deux divinités une certaine
ressemblance, et cette ressemblance a probablement suffi à Polybe 2 pour nommer
lolaos parmi les dieux carthaginois, alors qu'il pensait à Echmoun. Mais il faut avouer
que les flls de la question demeurent bien enchevêtrés. Baudissin flnit par supposer
un dieu lolaos sarde, d'origine libyque, qui fut identifié à lolaos grec, et qui était
avec Melqart dans les mêmes relations que ce dieu grec avec Héraclès ip. 294.
Admirable coïncidence des nnms et des rôles: S"il était prouvé que TEchmoun chy-
priote a été réellement avec Héraclès-Melqart dans des relations définies p. 294 ss.^,
ne faudrait-il pas conclure, comme Baudissin n'est pas éloigné de le faire plus loin
permet aTd^Bttfier l'Astarté de Carthage avt-c la Viz-yo ou Junu crlrstis. tandis que
Tanit serait le génie de Carthage de Polybe, la Juno Regina des Romain-;, la déc'^se
des capitoles puniques. Il s'oppose sagement au syncrétisme des modernes qui expli-
quent les noms phéniciens composés (3) comme une fusion de deux divinités, ou
dans ce sens que le dieu fils en révèle un autre p. 2T8\ Cette dernière idée surtout
ne répond guère au matérialisme des Phéniciens. Aussi plutôt que d'inscrire une
Tanit, face de Baal, Baudissin prendrait plutôt Pené-Bual pour uu nom de lieu (p. 23.
note 1 '.
A
propos d'Echmoun, l'auteur prend déjà contact avec l'Ancien Testament. Le
dieu guérisseur évoque le souvenir du serpent d'airain, brisé par Ézéchias II Rois,
18, 4. D'où venait cet objet auquel les Israélites brûlaient de l'encens? De Moise,
d'après le récit des Nombres 21, 4 ss.;. Mais B. croit savoir que ce récit a été ima-
giné pour expliquer et pour justifier la place du Nekhoustan dans le Temple; il n'au-
rait donc aucune valeur. On peut en tirer seulement que le serpent d'airain n'a pas
été trouvé sur place. Comme il ne vient ni d'Arabie (4'. ni d'Egypte, il a été emprunté
(1) m'a paru dt-cisif. Études sur b'S religions sém.. 2« éd., p. 426.
C'est l'argument qui
Dans le fameux serment qui énuraère les dieux de Carth;ige ^Pol., VII, 9, 2 s.).
1,2)
(3) Toute cette dissertation parait délinitive, au moins quant au rapport grammatical des mots
Echmoun-Astarté, Eclimoun-Melqart, etc.
w*
.1) M. de Baudissin n'a pas tenu compte du nom 2— mI relevé par les Pères Jaussen et Sa-
124 REVUE BIBLIQUE.
aux Cananéens, et assez récemment, sans quoi la légende l'aurait fait remonter au
temps des patriarches.
Vraiment on ne reconnaît pas, dans cette série de conjectures, le sens rassis de
l'auteur. Ce sont là procédés de criti lue littéraire moulant dans le vide. Au point de
vue de l'histoire des religions, la petite histoire des Nombres a un sens parfaitement
clair; le serpent d'airain est un ex-voto (l Sam. 6, 17 s.), avec ce cachet spécial qu'on
le fabrique d'avauce. Je ne cesse de dire depuis bien longtemps {RB. 1900, p. 286)
que cet ohjet, en airain, a été forgé avant d'arriver à Oboth, c'est-à-dire à la station
de Phounon où il y a précisément des mines de cuivre, qui pouvaient très bien être
exploitées au temps de Moïse. L'histoire du serpent d'airain a donc tout l'aspect d'une
histoire vraie. Pourquoi en faire une légende étiologique qui n'atteindrait même pas
son but?
Par Adonis qui n'est pas tout à fait un dieu, par Echmoun qui est devenu tout à
fait dieu, l'ouvrage s'achemine vers le Dieu de l'Ancien Testament. Ce Dieu-là est
un Dieu qui ressuscite; c'est de Lui que les Juifs et les Chrétiens — sans parler des
musulmans — attendent la résurrection.
D'où est venu ce dogme? Baudissio nous le dit : la foi en la résurrection chez les
Juifs est un fruit de la foi en Dieu, de la foi en la puissance de la divinité qui ne
préserve pas de la toute-puissance de la mort, mais qui en triomphe (p. 510). Certes,
la formule est excellente, mais elle est malheureusement accompagnée et comme
glosée de conceptions qui en paralysent étrangement l'énergie. Nous sommes d'ac-
cord avec M. Baudissin quand il exclut la Perse comme le pays d'origine de la résur-
rection. Analysant avec beaucoup de pénétration les termes dont se sont servis les
Sémites pour exprimer cette idée, il montre qu'ils ne découlent pas naturellement
des préhupposilions du parsisme. Si la forme extérieure du dogme n'a point été
empruntée aux Perses, l'idée ne doit pas non plus venir de là. Le parsisme ancien a
pu servir d'excitateur, surtout par sa doctrine très ferme de la rétribution, mais le
concept de la résurrection plonge par ses origines dans le plus vieux fond sémitique.
Et pour le montrer, Baudissin prend une à une les formules qui expriment la guéri-
son et qui la dépeignent si souvent comme une véritable résurrection des morts.
« Guérir », au sens d'entrer en convalescence, se dit « vivre », et « guérir » en par-
lant du médecin qui guérit ses malddes se dit « faire vivre ». Bien plus le malade
est déjà la proie de la mort; le guérir c'est lui rendre une vie nouvelle, l'arracher au
Chéol. C'est là, comme le dit très bien l'auteur, une hyperbole consciente (p. 417);
la comparaison, d'abord exprimée, a été sous-entendue, mais elle est toujours sous-
jacente. Elle suppose que le dieu qui guérit a bien le pouvoir de faire revenir l'âme
déjà absente, de ressusciter; mais ou ne saurait confondre ce concept des résurrec-
tions particulières possibles avec le dogme de la résurrection générale. Comment le
la renaissance de la La preuve?
végétation. —
Baudissin ne prétend, il est vrai, —
fournir que des indices, mais auxquels il semble attacher une valeur qui croît à me-
vignac {Mission archéologique en Arabie, p. 250 ss.) dans une inscription minéennc et qu'ils
ont rencontré de nouveau, comme on pourra s'en convaincre dans le volume annoncé consacré
aune seconde mission.
RECENSIONS. 125
sure qu'on avance. Il les voit dans les termes mêmes des textes, quand Isaie D par
exemple parle de la rosée divine à propos de la résurrection
26. 19\ et dans le Is.
caractère même de la résurrection qui amendes morts sur la terre pour y jouir encore de
biens terrestres, les biens messianiques. Je ne puis pour ma part concéder ce dernier
point ,2, : le texte d'Isaïe ;26. 19) fait partie d'une eschatologie, plutôt transcendante
que spéciûquement messianique, et il en est de même de Daniel '12, 2 Quoi qu'il en .
terre, n'est pas nécessairement venue à l'esprit à propos des plantes. D'après Job
(14, 7), c'est tout simplement le contraire. L'arbre coupé repousse, l'homme ne
repousse pas. Deux natures aussi différentes ne peuvent avoir la même destinée. Ce
qui est si aisé pour la plante est simplement impossible à l'humanité... Et on ne
peut prouver que les Phéniciens aient raisonné autrement. Autre chose est d'expri-
mer par un mythe le sort de la végétation, autre chose est de conclure du sort des
plantes à celui des mortels. Aussi bien, rien ne permet même de soupçonner que les
Phéniciens aient cru a la résurrection des corps.
M. de Baudissin tombe ensuite dans une exagération notable lorsqu'il oppose
entre eux le concept grec et le concept phénicien. Chez les Grecs, les dieux étaient
immortels par nature, ils conservaient la vie sans lutte-, chez les Sémites, les dieux
ne conservent la vie qu'en triomphant de la mort. On voit ici combien il était
nécessaire qu'Echmoun mourût et qu'il ressuscitât! Car sans cela, Adonis était le
seul appui de cette théorie, Adonis qui n'est pas même tout à fait un dieu! Et nous
pouvons bien le dire, c'est précisément parce qu'on savait qu'il était mort qu'on
ne rendait pas à Adonis un culte divin; on le plaignait, le pauvre jeune homme:
Si les dieux des Phéniciens différent de ceux des Grecs, c'est au contraire par le ca-
ractère plus imposant de divinités plus puissantes et plus exigeantes. Si vraiment,
comme le veut M. Cumont, c'est des dieux orientaux que vient l'épithète d'œte/-
nus. comment la concilier avec ces existences éphémères, sans cesse renaissantes,
mais sans cesse M. Baudissin gratifie les divinités des Sémites? Par
fanées dont
quelles manipulations de la critique un phénomène isolé, que l'antiquité a classé
à part, est-il transformé en loi pour tout un Olympe? Comment le gracieux
Adonis est-il devenu le type des divinités redoutables qui ont arraché aux Phéni-
ciens et aux Carthaginois le sacrifice de leurs enfants? Un dieu, qu'il ressuscite lui-
même, ou qu'il soit ressuscité par son amante, a-t-il par cela même la vertu de
ressusciter les autres? De toute manière, il n'y a pas de trace que les Hébreu.x aient
conçu leur Dieu de cette manière. C'est un Dieu vivant, parce qu'il est 3), possédant
ainsi la plénitude de la vie dans son expression la plus simple, mais aussi la plus
compréhensive.
De toutes parts la thèse cède, parce que les Hébreux ne se sont pas inspirés des
idées cananéennes, parce que ces idées ne sont point telles que les a décrites M. de
Baudissin.
Pourquoi donc les Juifs ont-ils cru à la résurrection? Parce qu'ils ont cru à la
puissance d'un Dieu vivant, plus fort que la mort, c'est la formule même de l'auteur.
Encore faut-il dire pourquoi Dieu a jugé bon de remporter ce triomphe? On a
(1) Notons en passant que B. voit une allusion aux jardins cPAdonis dans Is. 17, lO s., mais,
au lieu de conclure que le morceau appartient aux temps plus ou moins tielléniques, il le date
très fermement de l'ao 731 av. J.-C.
2) Cf Le Messianisme..., p. ITti ss.
3.1 B. a prévu l'objection et ramené à une époque très basse le texte de l'Exode 3, 14; qu'il
di-pouille d'ailleurs de son sens profond. Mais on peut descendre plus bas encore sans trouver
chez les Pliéniciers la moindre trace de ces idées très relevées, en dépit de toute exégèse.
126 REVUE BIBLIQUE.
répondu : parce que Dieu ne voulait pas se séparer de ses fidèles, parce que ses
fidèles n'ont pas cru qu'il les abandonnât, parce qu'ils voulaient vivre avec lui, et ne
concevaient pas cette existence sans la résurrection. A cette raison, qui est au fond
celle de l'Évangile (l),M. de Baudissin répond que les Hébreux admettaient très bien
une survie après la mort, même sans le corps. Cela n'e&t pas douteux, mais il est
non moins certain qu'elle ne répondait pas aux aspirations religieuses de leur âme.
Dans le Chéol on n'était pas avec lalivé.
Si l'auteur ajoute que cette idée de la vie avec Dieu n'a pas été liée dans l'Écriture
avec celle de la résurrection, que du moins les psalmistesue l'expriment peut-être
pas nettement ip. 426 s.), c'est qu'il refuse de donner son explication naturelle par
exemple au ps. 16, 10. Nous avons reconnu sans difficulté que souvent la guérison
est exprimée comme une sortie du Chéol mais la métaphore, rappelons-le, suppose
;
le sens propre, et c'est ce dernier sens qu'il faut entendre quand le contexte l'exige
sément qu'il ne fit jamais rien pour l'humanité ni pour ceux qui observent ses rites
nos adversaires auraient bien besoin d'Echmoun... car Echmoun est un dieu sau-
veur... mais ce n'est pas un dieu patient, ni un dieu plus homme que les autres...
Pourtant Baudissin ajoute « L'homme-dieu mourant de la doctrine chrétienne
:
pas naturel que ce païen, s'il a été convaincu de son erreur, essaye d'appliquer à
cuments qui sont trop souvent coupés en petites parcelles ou misérablement rédiuts
à d'informes tronçons, sans parler des lettres mangées par les vers. C'est donc un
devoir de reconnaître avant tout la patience ingénieuse de M. Ibscher qui a réuni
(1) RB., 1908, après la page 324. cf. p. 3i5 ss. cf. pour les papyrus Couley.
: IflO-, p. 2-58 ss.;
pour les fouilles. 190«. p. 2fi0ss. : )iour le papyrus d'Euting. 190-5, p. 147.
128 REVUE BIBLIQUE.
pour que M. Sachau ait pu esquisser une grammaire. Des Indices terminent le
volume, pour les noms propres, les autres vocables, les chiffres et les choses les
plus importantes.
C'est dans cet ordre que j'indiquerai quelques-unes des découvertes les plus sail-
lantes, surtout dans leurs rapports avec l'histoire religieuse, en notant les observa-
être la traduction du babylonien (1). C'est ainsi que les autorités perses ordonnent
la construction d'un grand vaisseau. Cependant il est probable que ces documents
eux-mêmes regardaient la colonie juive d'Eléphantiue, et c'est d'elle qu'émanent
presque tous les autres textes. Il est donc certain désormais que ces Juifs n'em-
ployaient que l'araméen. Si les estampilles des jarres sont en cananéen, les noms
sont phéniciens et non juifs. Il faut vraisemblablement renoncer à l'espérance de
trouver là des textes hébreux.
Cette colonie, ignorée hier, est aujourd'hui assez bien connue. Son existence est
attestée par l'écriture depuis environ 494 av. J.-C. jusqu'à environ 400. Le dernier
texte daté est du temps d'Arayrtée, ce roi égyptien qui secoua le joug des Perses.
Il est vraisemblable que les Juifs furent emportés dans cette tourmente. Quant
aux origines, nous n'apprenons rien de nouveau il faut sans doute remonter à :
(1) Avec certaines divergences. Le babylonien dit 546 tués (et non pas 30i6, comme le dit
M. Sacliau, p. 18'j), tandis que le chiffre araméen (lacuneux) débutait par 5000.
(2) Papyrus 18. planches xvn-xx.
(3) P. 27, pi. XXYI. 1. 3-4.
(4) Aux noms cités. RB., 1907, p. 26S\ ajouter Naboulcoudourri.
RECENSIONS. 129
lahô; c'est celle que nous avions adoptée. Mais il exagère en la regardant désormais
comme la seule possible pour le nom divin. Puisque ""' et ,";"'' se prononçaient cer-
tainement lahô, il conclut de même pour ri"~"i, le T ne serait que l'écriture pleine,
comme p~ï au lieu de '^~'à pour Sidon. L'analogie n'est pas complète, car si Ton
voulait prononcer lahô. il n'y avait rien à ajouter à ~~V Les Juifs Araméens d'Elé-
phantine prononçaient ainsi, mais aussi n'ont-ils jamais écrit ~*~^. La tradition
ancienne nous a transmis deux prononciations I qui avaient sans doute chacune son
écriture. Les textes d'Eléphantine nous font maintenant connaitre la forme verbale
nVi'' « il est » qui est le meilleur commentaire de l'Exode (3,14).
P. 1, 1. -5. Le mot r'":*'2~ ne serait pas perse: il pourrait être à l'état absolu.
S. lui donne le sens de conjuration, sans s'exphquer a-sez sur la racine.
1. .5. lire "T^î et non "j7r"'r de l'iranien fratara: c"est un titre d'administra-
teur dont le sens précis échappe toujours. S. note que c'est un comparatif, et que le
superlatif /'ra^ama se trouve sous la forme 2**2r'"£ 'Dan, 1,3-, Est. 1,3: 6.9 .
1. 7. N\";~' est traduit « maudit ». par une dérivation peu naturelle. Dans un docu-
ment officiel, qui doit éviter les appellations mal sonnantes, je serais porté à tra-
duire « feu «i le défunt "Waidereng. peut-être deletus.
1. 10. *i'2''p est regardé comme une erreur pour :C"Z, « en bois a. correction qui
n'est pas nécessaire; la transcription porte yoi^z (coquille?).
1. 11, lire yr.'J 'un noun dans notre crochet , donc le pluriel. S. a été tenté d'ex-
pliquf r les cinq portes par la présence de cinq enseignes à Éléphantine, la sixième
résidant à Syene: mais lui-même en a découvert une septième. D'ailleurs il n'est
pas nécessaire de regarder ces portes comme des pylônes cf. RB.. 1908, p. 338 s. .
1. 15. Je maintiens la lecture "T'il" qui me parait certaine (au lieu de T72" d'ail- .
de lahô. S. s'appuie pour donner ce sens à "iin sur pap. 15, pi. xv, 1. 7 qui supporte
l'explication que nous avions donnée après D. H. .Mù.ler. — 11 reconnaît d ailleurs
que sa propre traduction est inexplicable en ce qui regarde le châtiment de Waide-
reng. L'epithète de chien ne convient guère à un document adminis-
litt. canlnns]
tratif. 11 est probable que Waidereng a été mis en croix; voir un lion qui s'attaque
aux pieds d'un homme attaché au poteau dans le Dictionnaire des Antiquités,
au mot crux.
(1) RB., 1903, p. 371.
REVL'E BIBLIQUE 1912. — N. S., T. l.\. 9
130 REVUE BIBLIQUE.
l. 27-28. Le vrai sens a été trouvé par M. Brustou. dans La Vie Noxœelle du
4 janvier 1908 : « et ce sera un mérite pour toi devant lalio, le dieu du ciel, plus
''rand que celui d'un homme qui lui offrirait un holocauste et des sacrifices équiva-
jours « pacha de Saraarie ». Mais le titre pouvait lui être resté à cause d'un long
«gouvernement. Si l'on s'adresse à ses fils, c'est qu'il n'était plus là.
Le rapport entre les deux premiers papyrus est expliqué comme dans la Revue: ce
sont deux brouillons, le second corrigeant le premier.
A propos du troisième document, S. note qu'il est muet sur les holocaustes.
Bacfohi et Delaiah demandent qu'on rétablisse « la maison d'autel » pour y offrir des
sacriflces d'encens et alimentaires. Il n'est pas question des immolations. L'autel
offerts...
Mais des sacrifices d'encens, alimentaires...
contre la restriction capitale apportée à leur culte. Ainsi donc Bagohi et Delaiah
auraient maintenu indirectement les droits du sanctuaire de Jérusalem, qui pré-
tendait être le seul où l'on pût immoler. Cela étonnerait plus de la part du Sama-
ritain Delaiah que de la part de Bagohi, gouverneur de Judée. On sait par Josephe
qu'il aimait à s'occuper des choses du temple (4). Sans doute, à ce mom^-n', sa
querelle contre le grand prêtre lokhanan n'avait pas encore éclaté (Sachaii). L'an-
cienne pratique d'Éléphantine était peut-être en somme antérieure à la promul-
gation du Deutéronome sous Josias (622); en tout cas les effets de la réforme
ne durent se faire sentir si loin qu'avec le temps. Il était difficile de détruire le statu
quo: le sacerdoce de Jérusalem aurait-il profité de la ruine du temple égyj.tien
pour imposer des conditions nouvelles? On regrette la petite lacune qui ne permet
pas d'êire tout à fait fixé sur ce point important.
Les regrets s'augmentent à propos du document suivant (-3) où M. Sachau a
reconnu une allusion à la Pâque. L'éminent critique nous permettra de reproduire
sa traduction.
(1) Ne plus lire ^1 ; le premier signe est une barre, on disait mille avec une barre devant si'?,
1. [à mes frères]
2. Ii'doniah et ses compagnons l'armée juive, votre frère Hanaiiiah. Les dieux saluent
mes frères.
Revers.
8 Du coucher du soleil jusqu'au 21° jour de nisan...
9 Montez dans vos demeures, et scellez entre les jours...
10
11 [à] mes frères ledoniah et ses compagnons l'armée juive, votre frère Hana-
niah '2).
Il s'agissait d'obtenir justice d'un Perse d'un rang supérieur (2), et qui avait entraîné
dans sa cause les Egyptiens. Les Juifs se sont dit : « C'est un mazdéen, c'est
Le papyrus 15 planche xv) pourrait bien avoir conservé le récit d'une de ces
émeutes ayant amené la fin de cette colonie militaire, qui vers l'an 400 était pro-
bablement dépourvue d'esprit militaire. C'est une lettre dont le premier mot con-
servé est Khnoum. On du pogrom
serait tenté le suppléer : Voici le résultat
organisé par Us prêtres de] Khnoum. femmes qui Ensuite : « Voici les noms des
ont été [trouvées... (7) ». Le premier mot qui vient ensuite est n''C, soit un nom
propre, soit, d'après S., la fin de "iliDN' qui indiquerait que les femmes ont été
faiies prisonnières; le masc. ne serait pas plus étonnant que dans 1,20. Il était
assez d'usage en Orient de prendre les femmes quand on tuait les hommes. Suit le
nom de ces femmes.
3) Demi la femme de Hodoii, Osirsout {?) la femme de Hosea, Paloul la femme de Islah,
RaMa... 4) Sibia la (ille de Mesouliam, sa sœur Berula. Et voici les noms des hommes qui
ont été trouvés à la porte extérieure (8) et qui avaient été lues (9): 5) ledoniah, filsdeGema-
riah, Hosea fils de latom, Hosea fils de Natun (?), son frère Haggaï, Ahio fils de Mr... [On
(1) Je crois que la formule du salut est la même que dans les autres cas, mais l'auteur
se confond avec les Juifs dont il est peut-être le mandataire, pour se souliaiter en même temps
qu'à eu\ la bienveillance des dieux.
(2) Je le conclus du v. 6.
(3) Le V. 10 ne conlient-il pas des proverbes marquant le résultat de ces bonnes paroles,
du miel pour les chats, des cordes qui tirent une ombre?
(4) N~3 hV, S. : d'après le Kor (mesure .
(5; C'est ainsi (|ue j'explique ''ZZ^ 'tt/IX pTJI, cf. Gen. 44, -29 etc. p'; ne signifie pas
réparer, mais commettre une injustice.
(b) P. :>i, 1. 12 (du document), lire viir et non uns.
(7) La dernière lettre est îs» qui peut êlre complété d'après irÎjinCN ligne 4.
(8) Je crois qu'on peut lire ><13i N33S ; S.: X23 XI2Z12. à chaque porte (?;.
a visité (?)] 6) les maisons où ils sont entrés (1) dans lêb, et les objets précieux qu'ils
avaient pris, on a chercbé (2) s'ils étaient bien auprès de leurs maîtres; ainsi ils ont con-
duit à leur seigneur (?)... 7) 120 keres. L'ordre '3j n'est pas encore (rétabli). Donc tiens (4)-
toi en paix dans la maison, et tes fils lusqu'à ce que les dieux nous fassent voir [la fin de
nos maux].
les noms de l'arnaée juive, qui a donné de l'argent pour le dieu lahô, clia jue
homme deux sicles d'argent (7 ».
Le premier nom est celui d'une femme. M... fille de Gemariah. S. conjecture
qu'elle figure la première comme sœur de ledoniah. qui était aussi fils de Gemariah.
Quoi qu'il en soit, les noms se suivent, d'hommes et de femmes, avec l'indication
des deux sicles ; assez souvent la ligne se termine par nS, que S. interprète « pour
lui », « pour sa personne ». Ce serait une mention assez inutile.
JN'e serait-ce pas ini'?, pour lahô, selon l'abréviation qui a prévalu depuis, pour
spécifier que l'argent irait bien à lahô? Le doute en etî'et était possible. Vers la fin
Ainsi donc la collecte était partagée entre trois personnes, qui paraissent être des
(1) s. : les maisons où on les a conduites-'"]rî2 l'^'J "i" N'irQ. C'est très grammatical de traduire
7n2 comme un suffixe lérainin, maisil y a longtemps qu'il n'est plus question des femmes: ne
pouvait-on pas écrire dés lors "|n2 pour Tin2 usité depuis?
("2) nn"'"172
'"^y
nX Tinx *nuS *~
N1Dj:1. s. llt iznx, ils ont rapporte, soit à leurs maî-
-
tres... ». Mais on ne voit pas ou placer un second nx, et il semble bien que TlUN est la bonne
lecture; on peut supposer "nlnx comme 12TN le hiph'il existe en hébreu. ;
(3) D"*i2 peut, je crois, être pris dans ce sens le bon sens, la raison n'existe pas encore.
:
91 personnes, mais omis 20 lignes. En ajoutant sept, puis trois noms qui
il a
viennent ensuite, en tenant compte qu'une ligne contient deux souscripteurs, on
peut aboutir à 122 personnes, ce qui ne fait toujours que 244 sicles au lieu de 318.
S. pose ainsi le problème, sans essayer de le résoudre, problème qui recèle peut-
être la solution d'un cas de conscience.
On peut sans difficulté aboutir à 123 souscripteurs, car il y en a 21 d'omis. Ce
sont donc 246 sicles. Qu'on imagine qu'au lieu du sicle fort la liste parle du sicle
ordinaire, qui n'était que sa moitié, le kerech contiendra 20 sicles au lieu de 10, Les
246 donc 12 kerech, six sicles. Or c'est précisément la part qui revient
sicles seront
à lahô Quant aux autres sommes qui se sont trouvées le même jour dans la
,1).
s'étaient shus doute habitués, dès leur séjour au pays de. Canaan, à associer certains
cultes à celui de lahô. En cela nul scandale pour nous : les prophètes le leur ont
assez reproché.
M. Sachau n'a trouvé nulle part (sauf sur les jarres phéniciennes) le nom de Ba'al.
C'est sans doute le résultat obtenu par la polémique des anciens prophètes. Ce qu'il
DpriSxniZ (ici même, "iluS... doit être Béihel nuurii 2) dans des noms divins :
composés. Le cas le plus évident est celui de '^Nn''2'2"'n (Pap. 27, pi. xxvi,
1. 7 s.), de NH^N, c'est-à-dire « le dieu Harambéthel ». Ici n)éme on vient de
suivi
lire Ismbéthel, Anatbéthel. —
Or. M. de Baudissin (2) a prouvé que quand deux
divinités sont unies pour former un nom, le composé ne signifie pas le mélange des
attributs dans une troisième personne divine, ni l'union de deux divinités comme si
la copule était sous-entendue-, le sens est plutôt que la première divinité est avec la
seconde dans un de ces rapports que les Sémites expriment par l'état construit, par
exemple « la déesse 'Anat qui est celle du dieu Béihel », soit par ce qu'elle était
regardée comme son épouse,
soit plutôt par ce quelle avait sa chapeile dans son
temple. Anat, en une dée.>'Se sémitique bien connue, et 'Anatoth, qui en
efl'et, est
dérive probablement, était un village voisin de Béthel. '^Nr!^2a'in est plus difficile
à expliquer. Pui>que Béthel ne parait être que le temple divini.-é (3), il serait pos-
sible que Harambéthel, —
s'il faut vocaliser ainsi, ne soit que l'enceinte du tem- —
ple, elle-même divinisée. Le nom ISM beihel défie encore plus la critique. JSM est
(1) Si n'i signifie à lalio, il faudrait supposer que cette iMtc n'a été omise que par la négli-
gence du scribe.
(2) Adonis und Esmun. p. 259 ss.
(3) cf. Éludes sur les religions sémitiques, 2= éd., p. 190.
RECENSIONS. 135
dieu I^uin, dieu babylonien de la peste, ou la déesseN^''wN :ll Reg. 17, 3o; d)?
Le nom babylonien cité Isum Kudarrl ferait pencher pour Isum. On ne peut guère
songer à Echinoun, parce que chez les Phéniciens, plus prompts à la suppression du
noua que les Araméens, cette lettre n'a disparu quà Caithage 2). si vraiment ce —
n'est pas ISM une déesse guerrière, assimili'e
qui ligure dans r"2"*2wX. Mnat était
plus tard à la chaste Athéoé (3). Oa sait que Jéréraie reprochait aux Juifs réfugies
en Egypte d'honorer encore la reine du ciel (Jer. 44. t7\ Cette reine du ciel était
sans doute Ichtar, mais il y avait une Ichtar belliqueuse comme une Ichtar déesse
de volupté. La reine des cieux de Jéréraie pourrait donc être 'Anat. Et les Juifs
d'Éléphaiitine ont continué la tradition de leurs pères, puisque leurs documents nous
font connaître — pour la première fois — le nom d'une déesse accolé à celui de
lahô sous la forme inTiIV.
Le document (4} est des plus vulgaires; il s'agit d'une ânesse. ou plutôt de la moi-
tié d'une àiiesse. Dans l'ensemble, il est suffisamment clair. Un certain Manahem
jure qu'il est propriétaire de la moitié de cette bète, qu'on ne lui a donné pour
racheter sa part ni un àne. ni une valeur en argent. Il jure v^<*3^) (ô.--- NT;r'^2
dire « par la stèle et par 'Anatiahô ». On serait tenté de remplir la lacune qui pré-
cède le mot stèle par le nom d'un dieu. Précisément la ligne 3 commence par 2; la
lettre suivante parait être un " [Sachau]-^ il manque ensuite quatre à cinq lettres,
car je ne vois pas de raison de supposer une grande distance entre les morceaux du
papyrus; les Ugnes 8 et 9 fournissent des points de repère. On pourrait compléter (8)
n[~"^n* U^]n2 « par le dieu Hjram, à l'autel, et par Anatiahô »... Le fragment de
lettre qui sUit peut appartenir à un icaw, ou à un mem; dans le premier cas. on
jurait encore par une autre divinité; dans le second, on penserait à Nrj~'0; de
toute façon Anatiahô n'était pas qualitiée expressément de personne divme; mais
elle doit figurer ici comme telle.
C'est probablement encore un serment qui est prêté à propos de poissons, mais
cette fois < par le dieu lahô ,9) ».
Les Juifs d'Eléphantioe ont associé d'autres dieux à lahô. Peut-être même quel-
ques-uns d'entre eux ont mis au premier ra ig un autre que lui. C'est sans doute
le cas de Malkiah, fils de lochibiah, dont le nom indique bien une origine Israé-
lite, quoiqu'il se qualifie d'araméen. propriétaire à lêb; il appartient à l'enseigne
(1) J'ose à peine dire que j'ai pensé à CwN, • sacriScs expiatoire » ce qui n'est peut-être
pas tout à fait absurde à côté de SNn^Z'Znn, ^t à 0*^17, • nom ., avec aleph prosthcticum,
ce qui coïnciderait bien avec le sens divin du Non ctiez les Juifs.
(2) Baldissin, l. l., p. 216.
(3) Corpus inscr. sem., I. 95.
(4) 3. Dans le troisième groupe, celui des documents juridiques.
32. XXXII,
^3) I.e premier mot dont il reste seulement 1*2 est probablement N*213, ' serment ».
(6) Voir la forme de celle du dieu A'ara, J aissen et Savignal, Mission archéologique en Arabie,
p. 41", et la planche XLI.
(7) Etudes sur les religions sémitiques, 2" éd., p. -209 s.
(8) 11 me semble bien voir un X que S. rend seulement par un point. La lettre lue H douteux
Je fais une demande et une assignation par-devant notre dieu, venant par devers moi
en jugement (1); moi. Malkiah, je t'assigne par-devant le dieu Harambéthel entre quatre
vengeurs (2) pour dire je n'ai [pas] violé ton domicile, je n'ai pas battu ta femme, je n'ai
:
Il est même tellement étonnant de voir deux Israélites regarder simplement Haram-
béthel comme leur dieu: cela est tellement peu conforme aux sentiments de la com-
munauté dont ledoniah fut plus tard ethnarque (3), qu'on soupçonne quelque mystère.
Ne serait-ce pas qu'une partie de la colonie d'Éléphantine se composait d'Israélites
dont les ancêtres avaient appartenu au royaume du nord? On sait que Béthel fut,
du moins, l'une de ses capitales religieuses. Or, c'est Béthel. avec ses cotnposés
Ismbéthel, Harambéthel, 'Anatbéthel. où figure 'Anat, déesse d"Anatolh, voisine
de Bétiiel, qui font concurrence à lahô. Le culte installé à Béthel était d'ailleurs
une autre forme de celui de lahô. Avant de dire « le dieu Béthel », ou dit long-
temps « le dieu de Béthel (4) » on peut estimer que les dieux « étrangers » d'Élé-
;
phaniine n'étaient d'abord que des personnifications de plus en plus distinctes des
formes de l'ancien culte national, avec l'adjonction d'une déesse, selon le courant
universeldu temps. Et si la présence d'Israélites du nord à Éléphantine paraît trop
invraisemblable, on rappellera que Béthel n'était qu'à trois heures de Jérusalem.
Je n'insiste pas sur ce que les nouveaux documents nous apprennent du droit
civil (5). Ou voit les femmes opérer aussi librement que dans les papyrus Cowley (6),
Pour la curiosité du fait, je reproduis l'étrange devinette du pap. 42, pi. xx:xvii.
Les mots ne sont pas séparés, comme dans tous les autres cas, sûrement parce que
l'auteur se proposait d'exciter la sagacité de son correspondant. M. Sachau offre au
choix deux traductions, car le texte peut être hébreu ou arainéeo. Il lit « [Porte] (7) :
à mon temple ton salut (hébr. mou sacriQce). Il récompensera ton salut (ton sacri-
fice). Il délivrera le tout tout) et récompensera ». Ce changement de persoime n'est
guère vraisemblable. Je ne vois ici qu'un billet pour remercier d'une félicitation :
(1) s « Il (le Dieui m'a donne sa décision >, ce qui rompt le contexte. Le serment déféré est
:
'
une sorte d'appel au jugement de Dieu qui est tenu d'intervenir eu cas de parjure.
(2) L'idée de lire "ja[p;j à la ligne 8 et de retrouver Ni^p[:] la ligne 10 lait le plus grand :•
(3) Cependant noter encore dans le sens du syncrétisme pap. 43. pi. xxxvii « Que les :
dieux le saluent en tout temps. X fils de Y est allé à Syène et a lait à lahô... ».
(4) Pap. 34. pi. XXXIII. Béthelnatan est fils de lelionatanl
(3) Dans le pap. 33, pi. xxxin, je ne vois qu'un contrat. La donatrice offre une certaine
somme a sa sœur en pur don: l'autre accepte, ce qui rend la donation parfaite. La dona-
trice en répète donc les termes. N£n£ est rapproche du persan; je croirais plutôt que c'est
le feiwa, « décision juridique », ici « titre émané de la maison du roi. A la ligne 8 on peut
suppléer NS[n£] aussi bien que N3[D3] (malgré ce que suggère la ligne 10).
(6) A
page 12G, 1. 5, lire
la "nXL'^ au lieu de 11 devant ]n:SNn''2; d'ailleurs la traduction,
conforme au papyrus, rectifie la faute d'impression de l'hébreu.
(7) S. suppose qu'il y avait au début 'lU/Ti. H reste tout au plus des traces d'un meiiii S'il
lier. Les estampilles de jarres nous ont procuré l'heureuse surprise de retrouver les
"îSdS « au roi », parfois en araméen NoSaS (1). En Egypte, à la différence de la
Palestine, ce mot n'est pas suivi d'un nom de ville 2), mais le plus souvent d'un "c.
que S. prend avec raison pour le chilTre i) indiquant le jaugeage. La jarre était donc
officiellement garantie par le roi comme cuntenant tant de mesures. Il est très fâ-
cheux que M. Sachau, qui s'est soustrait à toute comparaison métrologique, n'ait pas
du moins indiqué ce que les jarres tiennent de litres, puisque quelques-unes ont été
conservées. C'eût été un point de départ précieux pour les calculs. Il est, du moins,
précieux de constater que, en Palestine comme en Egypte, le roi est le roi de Perse.
C'est bien l'époque à laquelle avait conclu le P. Vincent (3).
M. Sachau a relevé sur d'autres jarres des noms phéniciens qui expliquent la forme
cananéenne ~|SaS (avec l'article apocope, pour "pariS. comme en hébreu). Il est
fort possible que les Juifs aient été remplacés à Éléphantine par des colons phéni-
ciens (4) ;
peut-être aussi certaines jarres ont été importées. L'analyse de leur argile
pourrait renseigner là-dessus, ainsi que les formes.
On voit quelle incomparable reconstruction historique a composée M. Sachau avec
de frêles débris. Il les a reçus informes, dans un état presque désespéré; il les met
à la disposition du public parés d'une admirable érudition.
P.-S. — Faut-il voir un rapport entre 'Anatiahô et 'Anatel (Snt^J?) que M. Spie-
gelberg [Orienta Hstische LiUeratur-Zeitung , VII, 131j a reconnu sous la forme
'nt-hr comme le nom d'un prince hycsos?
M. Sayce a lu mot Pâque (noS) sur un ostracon d'Éléphantine {Proceedings of
le
BULLETIN
Nouveau Testament. — Peu après que M. Lebreton eut publié son admirable
ouvrage sur Les origines du dogme de la Trinité, M. Labauche a donné au public
des Leçons de théologie dogmatique sur la Très Sainte Trinité, le Verbe Incarné, le
Christ Rédempteur (1). Les deux thèmes se touchent souvent, mais on ne rendra jus-
tice à chacun des deux auteurs qu'en tenant compte de leur programme. Tandis que
M. Lebreton s'est placé sans hésiter sur le terrain de la méthode historique, ne re-
fusant la discussion approfondie d'aucun problème, M. Labauche déclare que « vou-
loir rétablir les dogmes en particulier d ans leur cadre historique sans se laisser guider
temps présents, ou bien aux laïques instruits qui se préoccupent d'examiner attenti-
vement fondements de leur foi afin de la défendre contre les attaques dont elle
les
v s.). Ce but apologétique (2) est sans doute aussi dans la pensée de
est l'objet » (p.
M. Lebreton; mais il fréquente chez des laïques tout de même plus instruits et par
conséquent plus exigeants, sinon sur la solidité, du moins sur le caractère technique
de l'argumentation.
L'ouvrage de M. Labauche, placé dans le cadre choisi par l'auteur lui-mêuie,
rendra assurément de bons services. Il est clair, bien divisé, bien informé, et les
concile lui-même! Mais ce n'est pas notre terrain. La façon dont l'Écriture sainte est
alléguée prouve chez lauteur des connaissances très solides, et une intention très
lovale de ne pas la solliciter à contre-temps 1 .
de l'accord des rass. Vaticanus et Codex Bezae. Mais parmi les Allemands catholi-
ques on ne peut raisonner si simplement, tant l'autorité de MM. van Bebber et Belser
semble avoir incliné les esprits vers la solution d'une seule année de ministère, même
dans saint Jean. Le P. Pfattisch se croit donc contraint de prouver que le texte de
Jo. 6, 4 est bien authentique. Tous les manuscrits concordent. On avait donc été
réduit à suggérer que tels et tels Pères, Iréuee, Origène, etc., ne lisaient pas de la
même faç m, sans quoi leurs raisonnements ne seraient pas concluants. Argumenta-
tion d'autant plus scabreuse, que ces textes des Pères ne sont pas parfaitement clairs.
Le P. Pliltiisch s'attache à prouver q^i'ils s'entendent très bien en supposant le texte
saint Jedu que Jésus est mort le 1-5 uisan. Il ne songerait même pas à mettre les
textes à pareille torture siramener saint Jean à la perspective des
ce n'était pour
synoptiques. Et il serait bien aise aussi que les deux ans du ministère de Jésus d'après
Jean coïncident avec la quinzième année de Tibère d'après Luc. Pour cela le critique
bénédictin suppose que Jésus est mort le vendredi 7 avril de l'an 30. qui aurait été
un 15 ni^an. L'année quinzième de Tibère est honnêtement laissée à sa place, du
19 aoiii 28 au 18 août 29. Seulement Luc a pu désigner comme la quinzième lan 28
dès le l^janvier. Est-ce sufdsant pour mettre d'accord Luc qui a une perspective
d'un an, et Jean qui a une chronologie de deux ans? Si Luc avait en vue l'an 28
pour le début de la prédication de Jean, il pensait dune que Jésus était mort l'an 29.
Userait plutôt d'accord avec Jean, dans le système de l'auteur, si Jésus éiait mort en
l'an 30. Pourquoi ne pas admettre que Luc s'est conformé à la manière ordinaire de
compter les ans de règne, et qu'il a pris l'an 29 pour point de départ précisément
parce que sa perspective du ministère de Jésus ne durait qu'un an?
Quant à l'an 30, nous n'avons aucune dilficulté, mais nous rappelons que d'après
les calculs de M. Fotheringham {The journal of theological studies, octobre 1910,
(1) En admetiaiit que Jésus a seulement fait profession de messianisme devant le Sanhédrin,
M. Labauelie ne tient pas assez compte du texte de s. Luc. Par ailleurs, ou a-til trouve le tiU-e
de Fils de Dieu dans HsdUtier salomonien, 17, -2ti-36: 18, 8?— Hénoch lOS.-iestin'erpole d'après
M. Martin. Le 1V« livre d'Esdras étant bien postérieur à Jésus, il parait peu jusiilie de concéder
simplement aans aucun doute, dans la pensée des Juils qui interrogèrent le Sauveur, les
: -
-i) Die Dauer der Lehrtâliglceit Jesu nacli deni Evan^elium des Hl. Johannes. untersuclit von
loannes Maria Pfattisch 0. S. B. 8° de vi-18i pp. [Bibltsche Stadien, XVI, 3 et '*).
140 REVUE BIBLIQUE.
p. 120 ss. ), la lune de mars n'a été visible cette année-là à Jérusalem que
le 24 mars.
trouva en l'an 30 le 6 avril à 10-11 heures après midi, temps de Jérusalem. Sans
doute ce soir-là on eut pu préparer la Pâque, puisque la lune était pleine. Mais si le
croissant n'avait été visible que le 24 mars, on n'était encore le jeudi dans la journée
qu'au 13 nisan. Comme la Pàque exigeait des préparatifs, mis en branle le dixième
jour, on s'en tenait au point de départ, au risque de célébrer la Pàque le jour qui sui-
vait la pleine lime.
Il faut féliciter le P. Pfàttisch d'avoir lutté au nom des règles normales de l'exégèse
contre une opinion aussi opposée à l'exégèse critique qu'à l'explication traditionnelle
de saint Jean — depuis saint Irénée. Mais puisqu'il s'est aperçu des excès où avait
emportés MM. van Bebber et Belser le parti pris d'harmoniser saint Jean avec les
le Rev. Alfred Plumm^r (1). Les deux auteurs n'ontpas voulu spécifier ce qui appar-
tient en propre à chacun, et s'il plaisait au lecteur de s'exercer sur ce problème de
sources, ils refusent de faire sou jeu, mettant eti commun leur collaboration. Il
vine seulement, ils font remarquer que le Clirist de l'Apôtre préexistait réellement,
et qu'il est médiateur entre Dieu et les hommes. Mais ils ne disent pas nettement
s'il préexistait dans l'unité de la nature divine. Il leur parait à bon droit inadmissi-
ble que Paul ait lui-même intro luit l'usnge de renouveler l'Eucharistie, et, celte fois,
ils déclarent très franchement qu'une pareille institution n'a pu devoir sou origine
qu'à l'ordre de Jésus lui-même. On ne saurait leur faire un reproche de demeurer
anxieux sur lyw yàp j^apÉXaSov i-Ko -ou -/.opîou (11, 23). S'agit-il d'une révéla-
le sens :
tion, s'agit-il d'une tradition orale sur l'institution de l'Eucharistie.^ La nature des
choses suggère une tradition, les termes sont presque formels pour une révélation.
Les savants exégetes disent seulement que Paul ne s'explique pas sur le mode,
conscience d'avoir été instruit, non par les hommes, mais par le Seigneur lui-même.
Cela doit être apprécié psychologiquement : tout ce qu'il a appris sur Jésus avant et
1
(1) A critical and eKeyetical commentary on Ihe first epistlc of St. Paul tn ihe Corinihians,
by the Right Kev. Archibald RonEr.Ts^ix, D. b., L.L. D. and Rev. Alfred Plummeh, M. A., D. D. 8" de
Lxx-M4pp. Edinburgh, Clark, 1911.
BULLtTIN. 141
après sa conversion lui apparaît comme un don unique qu'il a reai du Seigneur lui-
même sur le chemin de Damas Le même Lietzmanu dit tout uniment que les
,1). »
mots '-'-'Ci f>t mon corps signiflent : a que le pain est réellement le corps du Sei-
gneur u i2;. Mais nos auteurs qui sont hommes d'Eglise, et dont lexégèse règle la
pratique religieuse, ne peuvent s'en tenir a une traduction qui les mènerait plus loin
qu'ils ne veulent aller. Le texte les oblige simplement, estiment-ils, à reconnaître
une présence du Seigneur. Mais il a aussi promis d'être présent quand deux ou trois
personnes sont réunies en son nom. Ces deux présences diûerent-elles par la nature
ou par le degré ? on nous assure seulement que les termes de Paul dépassent le sens
de Zwingli, et qu'ils ne vont pas jusqu'à la présence réelle catholique. D'ailleurs peu
importe il n'est pas plus nécessaire de connaître le mode de celte présence pour user
!
avec fruit del'Eucharistie. quede savoir les propriétéschimiquesdu blé pour s'en nour-
rir. — Et certes le mode de cette présence demeure tout à fait mystérieux, mais les pa-
roles de saint Paul — et des évangéUstes — sont toujours on ne peut pourtant pas
là, et
les entendre autrement que dans le sens symbolique, si on ne veut pas les entendre
dans le sens littéral avec les catholiques de tous les temps. C'est de la même ma-
nière un peu fuyante que l'Eucharistie est uu sacrifice. La tradition est trop ferme
pour que .MM. Robertson et Plummer s'en écartent. Mais c'est entant que les chré-
tiens,en corps ou indi\iduellement. font pour ainsi dire leur actedu sacriflce delà
Croix. M lis on n'entend pas renouveler ici des controverses encore récentes.
On nous dit encore que dans la première aux Corinthiens, le retour du Christ est
moins prochain que dans les épitres aux Thessaloniciens. Après ce retour Paul n'ad-
mettait pas de règne du Christ avec ses élus sur la terre. Il paraît même certain à
nos auteurs ^d'après I Cor. 9. 24. 27 et Rom. 14.10.12 que Paul admettait la résur-
rection des coupibles.
>'ous avons parlé tout d'abord de la théologie, qui s'impose toujours la première
quand il s'agit de saint Paul. Cest aussi à quoi les commentateurs ont donné le plus
de soin.
Les circonstances historiques sont mises en une bonne lumière. Le schéma
chronologique n'est pas celui de M. Harnack, mais celui qui place le rappel de Félix
seulement en l'an 58. Paul, converti en 35 ou 36 au plus tôt, serait venu au concile
apostoii lue à Jérusalem eu 49. et aurait été arrêté à la Pentecôte de .56. C'est bien
aussi la solution qui paraît la plus probable, sauf à donner aux dernières dates une
marge d'un an n'empêche en effet que Paul ait été arrêté en 55 (3). Les com-
; rien
parai>ons avec langue des papyrus ne font pas defdut, sans être très fréquentes.
la
Epictète figure plusieurs fois. Au sujet de ilaran atha. on aurait pu citer l'ingénieuse
explication de M. Dussaud, du moins à titre de renseignement.
{.il 11 est vrai que Lietzmann ajoute comme Lutlier l'a déclaré avec raison dans
:
le sens de
Paul. Mais cette teinte protestante ne change rien au sens des mots.
,3) Voir, ;i propos de la ciironologie de la vie de s. Paul, la note de Ms-^ Batiffol : <
Le procon-
sul d'Acliale, Gallion •. dans le Bulletin d'ancienne littérature et d'archéologie
chrétiennes I
' '
p. 215.
142 REVUE BIBLIQUE.
cléenae, serait en réalité autre chose. Il s'agit d'abord des évangiles, et, sur ce
point, la démonstration est empruntée à M. Gressmann
résumée en (1). Elle est
ces termes « Or, sur dix-luiit leçons liéracléennes relevées par cette massore (21
:
pour les Evangiles, quatre seulement nous sont présentées par le texte de Wliite.
La conclusion se tire d'elle-même; au jugement de Gressmann quia noté ce fait,
le texte de White ne peut pas même être considéré comme un remaniement de l'hé-
racléenne d'après le grec; ce sont plutôt deux versions différentes (héracl. et White)
du même original grec » (p. -425 s.). Voilà qui est bien sommaire, et Gressmann lui-
même était plus nuancé. L'héracléenne et White sont d'accord quatre fois, et dans six
autres cas les différences ont peu de signiâcation il ne reste donc que huit différences.
;
est beaucoup plus significatif pour l'identité que les légères variantes pour la dis-
tinction. Et at-on le droit, avec Gressmann et Lebon, de traiter si léjièrement le
témoignage des colophons attachés aux mss. reconnus jusqu'à présent comme
héracléens (4). parce qu'une semblable note a été par erreur attachée à un ms.
de la Peschitto (5)? En bonne critil^ue, l'erreur n'est pas régulative; un colophon
mal placé ne prouve pas que les autres le soient aussi. L'autorité du nouvt-l évangé-
liaire découvert à Homs par M. Delaporte (6), et que M. Lebon n'a pas mentionné,
confirme l'opinion commune (7).
Une seconde M. Lebon, c'est que la version des quatre petites épîtres
thèse de
catholiques publiée par M. Gwynn comme philoxénienne, n'est pas philoxénienae. Et
en effet la thèse de M. Gwynn suppose que le texte de White est le texte héracléen;
si ce point d'appui manque, il est impossible de prouver que son texte à lui est phi-
s'inspirent d'une critique trop exigeante. Le texte du colophon est formel. M. Lebon
se dispense de le reproduire, parce que ses lecteurs sauront où le trouver, et il les
renvoie aux bons endroits. En le relisant on est tout de même frappé de la netteté de
llcarum septem. Descriptus est autem ex exemplari accuralo eorum qui versi sunt
diehus Sancti Philoxeni confessons, episcopiMabugensis. CoUatus est autem diligentia
tnulta a me Thomapaupere, etc.
Nous sommes ici sur le terrain des témoignages positifs. On ne s'en débarrasse pas
en allémiant la maladresse d'un copiste ou sa mauvaise foi, quand on ne peut rien
alléguer de décisif en sens contraire. M. Lebon aime à scruter la valeur des arguments
et conclut volontiers par un non liqv.et! On serait tenté de lui appliquer la même
mesurf-. Quand bien même Pbiioxène n'aurait pas reçu les quatre petites épîtres
dans son canon, est-il admissible qu'il n'en ait pas entendu parler, qu'il n'ait pas
désiré les connaître, et. puisqu'il était, nous dit-on. plus fort en syriaque qu'en grec,
qu'il n'ait pas souhaité qu'on les traduisît pour lui? Son attachement à Antioche
On peut même dire que la traduction des quatre petites épîtres, au temps de Phi-
loxène, s'imposait comme phis opportune qu'une revision de la traduction des évan-
giles. M. Lebon admet la version dite philo.xénienne des évangiles (en réalité œuvre
de Polvcarpe, ce que personne ne nie aujourd'hui), et la revision par Thomas d'Hé-
raclée; il admet encore que ledit Thomas a écrit lui-même une notice relative à sa
recension des évangiles; seulement dans tous les cas où cette notice existe, elle au-
rait étémal placée. 11 admet de plus qu'un copiste « ignorant, ou peu scrupuleux )>
a pu calquer sur cette notice un colophon approprié aux épîtres catholiques. Ce sont
bien des postulats, et on peut estimer que la critique n'a pas été abusée à ce point
Lt-s lettres syriaques ne sont guère moins redevables à Mrs Gibson qu'à sa sœur
jumelle Mrs Lewis. Avec un zèle infatignble, et une maîtrise incontestée. Mrs Gibson
a entrepris de publier et de traduire en anglais les commentaire^ rricho'dod de ilerr
sur les quatre un nouveau service rendu à l'histoire de l'exé-
éraniji^listes (2,. C'est
gèse et à la critique du texte évangélique, surtout chez les Syriens. M. Rendel
Harris, qui s'est plu à rendre hommage à la manière dont Mrs Gibson s'est acquittée
de sa tâche, a mis en relief, dans une piquante introduction, les mérites d'Icho'dad
dont il avait déjà dépouillé le manuscrit pour en extraire des allusions au Diatesso-
ron de Taiien. 11 nous avertit en même temps d'une précaution à prendre. L'évêque
neslorien s'inspire très souvent de Théodore de Mopsueste, qu'il nomme par précau-
tion V Interprète, mais il ne le cite pas toujours, même sous cette forme voilée, de
SOI te qu'un risquerait d'attribuer à la tradition syrienne ce qui viendrait en réalité
synoptiques par différentes manières d'entendre un original araméen? Cela paraît être
la pensée de M. Rendel Harris, mais d'autre part le commentateur imagine au con-
traire que Marc a été traduit du latin en grec, du grec en syriaque (p. 126).
Sa remarque, empruntée à « d'autres ». a probablement plus de portée qu'il ne pen-
sait. Le commentaire de S. Matthieu est naturellement le plus complet: sur le second
évangile il ne s'arrête qu'aux parties propres à Marc. Il en est de même pour S. Luc.
Tout le commentaire, et non pas seulement la partie relative à S. Jean, doit beau-
coup au commentaire de Théodore sur le quatrième évangile. Mrs Gibson a dressé
une table des passages concordants. Il est superflu de dire que la typographie est
excellente; elle est l'œuvre des presses de l'Université de Cambridge 2i.
Dans un compte rendu de l'édition du ms. syriaque du Sinaï par Mrs Lewis [Jour-
nal asiatique, mai-juin 1911), M. Nau conteste l'antériorité de la traduction repré-
sentée par ce ras. avec celui de Cureton sur la Peschitto. même que la Pe-
Il opine
schitto et le texte des évangiles séparés sont deux versions indépendantes. La Peschitto
aurait paru la première, avant même le Diatessaron, et les évangiles séparés n'au-
raient été traduits qu'au \^ siècle, pour remplacer, comme livre d'office, le Diates-
saron. Cette hardie interversion des résultats de la critique ne paraît pas destinée à
un grand succès. On pourra mesurer plus ou moins le degré de dépendance dans la
Peschitto, contester quelle soit aussi tardive que Rabboula (début du v" siècle), mais
il est désormais prouvé qu'elle représente une tentative de se rapprocher davantage
du texte grec que l'ancienne version jugée trop libre et trop peu conforme à la re-
cension grecque qui avait prévalu.
les sciences que par leurs représentants plus ou moins qualifiés. Cette fois il s'agit du
intentionnelle, est donc l'œuvre de celui qui faisait l'Harmonie; c'était l'opinion de Zalin.
(-2 Le pris est très modéré, G shillings le premier volume, 10 shillings et six pence chacun des
deux autres.
à
BULLETIN. 145
prologue de saint Jean (1), largement développé dans le sens théologique, plutôt que
critique. Un exemple.
Les anciens Pères ponctuaient par tradition : Qaod factum est in ipso vita erat.
Cette tradition a été reprise de nos jours par des critiques aussi indépendants les uns
des autres que Loisy, Calmes, Van Hoonaclier; c'est l'interprétation de saint Augus-
tin et de saint Thomas. M. Cellini préfère la ponctuation de la Vulgate Clémentine,
parce qu'elle satisfait mieux, à ce qu'il pense. Tordre logique, etc. elle est donc la ;
faire quand elles sont l'écho d'une tradition textuelle qui Qxait le sens. M. Cellini
Genèse ne signifie pas « dans le Verbe » ? M. Cellini le sait sans doute mieux que nous,
et il faut lui savoir gré de faire pénétrer quelques lueurs de critique dans ces milieux.
Son ouvrage a d'ailleurs grande allure.
Plus modeste est le but poursuivi par M. Leone Zarantonello dans ses « Évangiles
des dimanches », texte latin et traduction italienne (2). Ce texte est suivi d'un com-
mentaire en italien, et de citations des Pères en latin, qu'ils aient écrit en latin ou en
grec. Étant donné le caractère de l'ouvrage, il semble que toutes ces citations auraient
dû figurer en italien. L'auteur ne s'est pas proposé de composer un ouvrage scienti-
ri(|ue (3), mais d'être utile aux prêtres isolés dans les campagnes et sur les montagnes.
L'auteur a entrepris de fondre la substance de leurs textes dans un récit très simple,
avec un cadre historique qui permette d'avoir sous les yeux « la vie de Jésus dans sa
réalité " (5).
(i) Consideraziûni esegetico-dommaliche sul Prologo delV ecangelo seconda Giovanni, nuovo
saggio (ii un ben inleso connuliio Ira la Ermeneutica e la Theologia, in-8" de w-.ili pp. Firenzc,
Libreria éditrice Oorenlina, 1911.
('2) / Vangeli délie Dominiche. testo latino e versione ilaliana, Commcnto storico-esegetico e
moralepatristico, in-8» de 43G-xx pp. Vicenza, Galla, 1911.
Il eût mieux valu ne point meUre de mots grecs, qui sont trop souvent mal réussis. P. i:j,
(3)
le mois de nisan ne répond pas à lévrier-mars, mais à mars-avril, etc.
(4) Quatrième mille, in-8° de vi-3T8 pp. P.iris, Amat, 1910.
Imprimatur de M*-"' de Ligonnès qui conseille la lecture du livre. A propos de ces paroles,
(.">)
. vous êtes possède d'un démon », l'auteur écrit en note (p. :201) « Les exégètes estiment que :
les Juifs entendaient exprimer par là non pas la possession proprement dite, mais une dépres-
REVUE BIBLIQUE 1912. — N. S., T. IX. 10
140 REVUE BIBLIQUE.
ses recenseurs et cherche une expression plus satisfaisante de sa pensée (2). Quelle que
soit l'idée qu'il se fait définitivement delà personne, il semble bien attribuer au Christ
une personne humaine comme la nôtre, quoique tenue et possédée par la Divinité
d'une façon si différente (3i.
Ce n'est pas la personnalité de Jésus, mais /'/ personne humaine dans les Évan-
giles (4), qu'étudie M. André Arnal, professeur à la faculté libre de théologie de Mon-
tauban (protestante) la nature, la valeur et la destinée de la personne. L'auteur est
:
croyant, et animé des plus ardentes espérances sur la pénétration du monde mo-
derne par l'esprit de Jésus. Quoiqu'il insiste peu sur le côté théologique de son sujet,
on voit qu'il n'admet pas de la part de Dieu à la vie éternelle (p. 53), ni la
l'élection
résurrection des corps (p. 101). Son exégèse est très respectueuse, et il lui arrive,
dans les notes, de manifester un désaccord avec M. Loisy. C'est ainsi, par exemple,
que dans Luc i6. 20) en disant bienheureux les pauvres, Jésus aurait entendu dire à
ses apôtres : vous êtes heureux, vous qui êtes pauvres, parce que le royaume des
cieux est à vous (p. 38). En traitant de l'autonomie de la personne, l'auteur montre
fort bien qu'à moins de renoncer à toute règle morale, il faut se résoudre à une
hétéronoraie, ou plutôt, en reconnaissant la loi morale, se soumettre à la loi de Dieu
(théonomie) et s'unir à sa volonté. Tout en maintenant très énergiquement le prix de
la personne, l'auteur veut qu'elle exerce son activité dans le sens du plan rédemp-
teur. « S'il n'y a pas de théories sociales chrétiennes, quand on entend par là des
théories tirées de l'enseignement même de Jésus, il y a cependant les théories sociales
chrétiennes, quand on entend par là des théories inspirées par l'esprit du Christ; il
y a des théories que les disciples du Christ ne peuvent pas ne pas professer, eux qui
doivent aimer leur prochain comme ils s'aiment eux-mêmes, et il y a des théories,
fondées sur l'égoisme, du Christ ne peuvent pas professet
que les disciples »
l'Église catholique (5); on souhaiterait qu'il comprenne combien il est plus aisé à
cette Èghse de prêcher un christianisme social, puisqu'elle est elle-même une société.
nie la réalité des miracles du Nouveau Testament, et il estime que c'est la meilleure
sion morale... D'ailleurs, les.Iuils appelaient couramment certains vices, des démons de lame.
Un ivrogne, se traduisait chez eux par avoir le démon de l'ivrognerie. Chasser les démons si-
:
gnifiait donc, dans un sens lar(ie : chasser les vices. » H semble bien que l'auteur n'a pas entendu
appliciuer cette théorie à tous les cas.
(1) CI". RB., 1910, p. 57!» ss.
(-2) Personality in Christ and in ourseh'cs. hy William Sanday, 8' rie ':> pp. Oxford. Clarendon
Press. 1911.
(3; P. 48 : There are Divine influences at work vvithin ourselves: and those inlliiences touch
more lightly or less lightly upon the Person, but ihey do hold mu and jjosscss it, as the Deity
within Him lield and possessed t.hp. Person of the incarnate Christ.
(4) 8° de 1-21 pp. Paris, Fischbacher, liH.
(5) P. il. il est (piestiondelà théorie du romanisme sur les vertus surérogatoires. De la pra-
tique de la iiauvreté dont il est ici <|uestion. on attend plus de facilité pour posséder la charité
qui est la même vertu pour tous les chréiio ns.
BULLETIN. 147
cependant l'adorer comme ressuscité et vivant. Donc les miracles n'entrent pour rien
dans la manifestation de Jésus: ils n'offrent à l'analyse historique que des éléments
Jéms et les Apôtres {'2], cela signifie, dans la pensée de M. Piepenbring. qu'il y a
une reliiîiou de Jésus et une religion apostolique. La dernière, que ce soit le judéo-
christianisme ou le paulinisme. n'est plus compatible avec notre temps. Celle de
Jésus est encore destinée à éclairer et à consolt-r les âmes, et la raison en est que
H les principes fondamentaux de l'Évangile de Jésus ont été entrevus ou franchement
professés par les plus grands génies religieux de l'humanité » {p. 315;. En adoptant
( le culte du bien » on se trouve « sur une base aussi large que l'humanité et d'au-
tant plus solide » p. 319). Le nom de Dieu est conservé, mais il sera sans doute
permis de l'entendre de beaucoup de manières, pourvu qu'on veuille le bien. Avec
une base humaine aussi solide que large métaphore ne laisse rien à désirer — la —
on se demande pourquoi M. Piepenbring tient encore à une base historique. C'est
complément de la pensée de Jésus. Il est de foi que les Apôtres, eux aussi, ont reçu
des révélations. Et on comprend en effet que les Apôtres n'avaient pas eu seulement
à tenir compte des paroles de Jésus; il fallait qu'ils entendissent le fait de Jésus.
celui de sa vie. mais aussi celui de sa mort et de sa résurrection. Seulement ce n'est
pas avec les arguments de M. Piepenbring qu'on prouvera qu'ils l'ont mal entendu.
Au surplus, a qui faut-il apprendre que le simple culte du bien ne ressemble guère
à la religion de Jésus? Et le mot « culte » suffit-il à changer la morale en religion?
Il y a là dedans beaucoup de piperie.
I. Miracles in the Xev: Testament, by the Kev. J. M. Thompson, fellow and Dean of Di\inity
S. Mary Ma,<ialen Collège Oxtord. in-i6, \\-23G pp. Loudon. Arnold, 1911.
[i Pclit 8^ de vni-3-29 pp. Paris. Nouny, l!»ll.
148 HEVLE mBLIQLE.
(A, B, F mais qu'il paraît dériver d'un texte indépendant, ayant beaucoup de leçons
,
dans son texte de Gen. 2, 1, ou il comprenait et furent achevés les cieux (avec la
:
terre) et toute leur armée. C'était tout naturel pour un Hébreu qui savait très bien
que quand on parlait d'armée dans ce contexte il ne pouvdit être question que de
l'armée des cieux. En comparant le récit biblique de la création aux légendes cos-
mogouiques des autres peuples, le P. Zapletal a tenu compte, comme il fallait s'y
M. F erarès trouve mauvais que les rabbins aient interdit la préparation de toute
viande avec du lait ou du beurre, sous prétexte qu'on lit dans la Bible : « Tu ne fe-
ras pas bouillir du chevreau dans le lait de sa mère )> Ex. 23, 19) (iV II propose
donc de traduire : « Xe faites pas cuire le chevreau tant qu'il est allaité par sa
mère «. C'est l'interprétation de plusieurs anciens exégètes. L'auteur ne prouve pas
([u'elle fasse justice aux termes de la législation.
(1) A coptic Palimpsesl containing Joshua, Juges. Ritlh, Judith and Esther in Ihe Saliidic
dialecl. ln-8", xii-386 pp. H. Frowde, Oxlord, l'JU.
(2) PI. VII, I. LVl, i.
(3^ Voir RB., 189". Hyvernat, Études sur les l'ersions copies de la Bible, p. 50.
(4) Leber einiije Aufgaben der katholischen altlestamentliciten Exégèse, discours prononcé en
prenant possession de la charge de Rocteur de l'Lniversité de Fribourg Suisse), le 15 nov.
1910.
(".) Der Sch<~>pfungsbericht der Genesis (1, 1—2. 3).... 8» de vi-14G pp. Regensburg, 1911.
(6) Un« erreur de traduction dans la Bible, 8" de 3i pp. Paris, Fischbacher, 1911.
BULLETIN. 14!)
découverte, car dans ce cas les strophes sont marquées par des lettres. Le maître
de Vienne n'a pas eu de peine à reconnaître le phénomène de VAl-Otis qu'on pou-
vait lire sur le tableau de notre collaborateur i2 . On savait bien en effet que les
Juifs ont divisé l'alphabet en deux groupes de onze lettres, la première correspon-
dant à la dernière, la deuxième à la vingt et unième, etc., mais que ce jeu soit aussi
ancien que l'école de Jérémie, on hésitait à le croire, et l'on attribuait plutôt aux
scribes les deux jeux de cette sorte qui sont dans le du prophète 3 Aujour-
texte .
d'hui M. Millier opine qu'on peut très bien les mettre au compte de Jérémie lui-
même. Quoi qu'il en soit, les exemples découverts par le P. Condamin et commentés
par M. Millier sont une preuve évidente de l'antiquité de certaines traditions rabbi-
niques.
Toujours à propos de l'alphabet. Commentant le ps. 118 hébr. 119 dont chaque
strophe commence par une lettre de l'alphabet hébreu, s. Ambroise a risqué une
explication des lettres hébraïques qui ne coïncide pas avec les explications ordinaire-
ment beaucoup plus naturelles d'Eusèbe et de s. Jérôme, et qui ne paraît pjs avoir
été empruntée à Origène. D'où venait-elle? Sans prétendre résoudre absolument le
problème, M. le Professeur D. H. Muller a montré que quelques-unes de ces tra-
ductions se retrouvent chez les Rabbins, et il a essayé très ingénieusement de dé-
couvrir le sens des autres 'A). M. Bâcher a apporté une contribution à ce travail (-5',
en notant que parfois le sens était celui d'un mot araraéen (6;. Il est plus osé de
prétendre que S. Ambroise a simplement glosé une lettre d'après un mot commen-
çant par cette lettre (7;.
L'analyse exégétique des passages, très soignée, est suivie d'une synthèse judi-
cieuse. D'après M. H., le Targum, sans s'expliquer toujours très nettement, a cepen-
dant distingué l'ère messianique de la vie éternelle. Le Messie attendu n'aurait rien
de vraiment divin, il n'était pas chargé d'expier pour son peuple. Vainqueur des en-
nemis de son peuple, pieux observateur de la Loi. il saurait faire régner la justice (8).
En un mot, le Messie qu'attend Jonathan (9), c'est un homme, c'est un Juif, c'est un
sjint rabbi, c'est le roi puissant du temps de la consolation, c'est le fils de David
promis aux Israélites pieux )> ip. 71 1. Nous voilà loin des Apocalypses... Mais, dira-
t-on, nous sommes loin aussi, au iv'' ou au v siècle, du temps qui les avait inspi-
rées. Ne fallait-il pas poser le problème du recul de la pensée juive en face du fait
chrétien? C'est à cause de la date tardive des Targums que Je P. Lagrange ne les a
(.">) Wiener Zeitschrift fOr die Kunde des Morgenlandes. XXV. -2, p. -23!i.
(6) Par exemple daieth expliqué timor, de l'araméen dahalat, prononcé dalatlt.
(") Par exemple iod expliqué desolatio, parce que c^est la première lettre de iechiii-'.n. > dé-
sert ».
Le livre que publie M. Lehmann-Haupt sur l'histoire d'Israël (1) manque évidem-
ment de proportions. L'auteur s'en excuse dans la préface, en rappelant que les huit
premiers chapitres étaient achevés en 1906 et n'étaient que le développement d'un
travail destiné au grand public, tandis que les quatre chapitres de la fin ont été éla-
borés depuis ce temps et ont pu bénéficier des plus récentes découvertes ou théo-
ries. Les papyrus d'Eléphantine ont. en particulier, fourni uu point dappui très
ferme à l'historicité des livres d'Esdras et de Néhémie. M. Lehmann-Haupt en tire
la conclusion que les critiques radicaux ne sont pas justifiables, lorsqu'ils traitent avec
dédain les récits des Chroniques qui n'ont pas de parallèle dans le livre des Rois. En
ce qui concerne les sources extra-bibliques, elles ont été consultées sur les originaux
(sauf pour l'égyptien); mais afin que la vérification soit plus accessible aux profanes,
on nous cite de préférence les bons ouvrages de vulgarisation, tels que les traductions
d'Ungnad et de RankedansGRESSMANX,il/<or. Texte und B(7der (2). La répartition des
différents chapitres est excellente. L'auteur expose les conclusions les plus certaines
de l'histoire biblique, sans enchevêtrer son exposé de digressions et de parenthèses.
Les notes justificatives sont bloquées à la fin (pp.2S6-31l). Elles sont un peu maigres
et se bornent généralement à quelques indications bibliographiques. C'était inévita-
ble. M. Lehmann-Haupt, qui connu comme assyriologue ne s'est pas ar-
est surtout
série d'observations, pleines de sens, contre la critique radicale de l'A. T., l'auteur
entre en matière avec l'histoire d'Abraham ou plutôt avec le chapitre xivde la Genèse-
La question n'a pas avancé d'un pas depuis que la hcvue Biblique en a entretenu les
mais, puisqu'il cite en note des travaux parus en 1910, il n'aurait pas dû oublier que
le nom même du patriarche a été retrouvé sur des tablettes de Dilbat 4), datées de
est tout aussi contestable qu'autrefois (.5). Quant à l'explication d'Amraphel par Am-
muropi Ozycv)-, nous ne la trouvons guère préférable à celle que nous avons propo-
sée (6). Le troisième chapitre est consacré à l'histoire de la Palestine sous la domi-
nation égyptienne. Cette histoire est très brièvement reconstituée à l'aide des docu-
ments hiéroglyphiques et des lettres d'el-Amarna. L'auteur s'attache ensuite à
montrer comment l'installation des Hébreux au pays de Gésen et l'exode eu Canaan
sont des faits que confirme la situation du monde oriental dans la seconde moitié du
deuxième millénaire avant notre ère. L'installation dans la terre de Gésen devrait se
placer à l'époque d'Aménophis IV (vers 1400 av. J.-C), l'exode sous Ménephtah (vers
(1,1 Israël, seine EntwicMung im Rahmen der '^'eUgeschichle. von C. F. Lehmann-Uauht, Professer
an der Iniversitat Berlin, in-»" de vu 3ii pp. avec une carie). Tiibingen, Molir, 1911.
(2) RB., 1910, p. 142. Les travaux français sont presque totalement ignorés.
(3) RB., 1908, p. 205 ss.
(4) RB., 1910, p. 15(j.
On sent que l'espace manque à l'auteur et qu'il voudrait faire de plus amples déve-
loppements. Il s'attarde un peu cependant sur l'expédition de Sennachérib au pays de
Jnda. Selon lui, l'hypothèse d'une seconde campagne du roi d'Assyrie contre Ezéchias
est complètement inadmissible p. 298 Et pourtant, tout concorde à rendre cette se-
.
qui ne sont pas iip to datf. mais ce défaut provient de la façon dont le livre a été
composé. Pourquoi aussi M. Lehmann-Haupt consacre-t-il tant de place à réfuter le
fameux Gilgamès de Jensen.' Sa conclusion, à savoir que Jésus-Christ est une « per-
sonnalité historique dans toute la force du terme ». est diamétralement opposée aux
affirmations de Jensen; mais il a le tort de s'être laissé influencer par l'école mytho-
logique allemande qui veut, à tout prix, faire pénétrer le mythe dans les évangiles 2'.
Ce qui rendra surtout service aux étudiants, ce sont les tables chronologiques et gé-
néalogiques (pp. 31.5-327;, dressées avec le plus grand soin et accompagnées d'excel-
lentes remarques. La carte embrasse un champ très vaste itoute l'Asie occidentale et
fortuits, on les a catalogués et on nous les sert, par tranches, dans des monographies
ou abonde l'érudition, mais où la logique est cruellement maltraitée. >'ous ne con-
naissons pas les Giinvhteiaen zur Geschichte Isra'-ls de M. Martin Gemoll. D'après
les allusions à cet ouvrage que nous rencontrons dans la nouvelle production du
même auteur (3^, il doit s'y trouver bien des affirmations plaisantes. La religion d'Is-
raël est d'origine indo-germanique, Abi'aham et Aaron ne sont que des humanisa-
tions yermeitsch/ichuiitjen] du dieu iranien Ahoura-mazda, lahvé pourrait bien être
le dieu indo-iranien Yama. Poussé par le démon de sa thèse, le mythologue s'aperçut
un jour que l'histoire d'Abraham et de Lot n'était que le pendant du mythe d'Ar-
thur et de Lear. Ce sont donc maintenant les Celtes qui ont communiqué leurs lé-
gendes aux Hébreux, et les noms de Galaad, Gédéon, Arawna sont tout simplement
des appellations celtiques 4 . Et M. Gemoll est heureux de constater que son système
se rapproche de celui de M. Cheyue. Pour celui-ci, l'histoire religieuse d'Israël est
contenue dans la lutte entre lahwé et lerahmeël, car lerahméël nous l'a-t-on assez
servi!; est le même que larbaal, qui est devenu Baal! Pour M. Gemoll, leroubaal
coïncide inso many things that one may smpect the house of the dominant, criticism .
to be very near ils downfall. Et. en ellet, les critiques n'ont qu'à bien se tenir s'ils
veulent lutter contre lerabméël (qui est Baal) et Ahoura (qui est Baal). Mais n'ou-
blions pas que les Celtes doivent venir apporter leur contribution à la religion des
Chananéensetdes Hébreux. A la'pagel3, on nous donne l'arbre généalogique de
Perceval (Parzival), l'un des héros de la Table ronde. Son ancêtre est Mazadan, qui
naturellement est Mazda-Ahoura. Son cousin est Arthur, qui est le même qu'A-
houra ^ Assour. Arthur a une sœur, Morgane or Arthur est le
à savoir la fée ;
même qu'Aboura et celui-ci le même qu'Aharon donc la fée Morgane est la même ;
que Miriam, la sœur de Moïse. Vous ne vous attendiez pas à un raisonnement aussi
serré, mais le dernier mot n'est pas dit. La famille Mazadan est apparentée à la fa-
mille Anschau (= Anjou Or Anschau rappelle étonnamment iauffallend) le pays
.
d'Anschan ou Anzan, voisin des Assyriens. Nouvelle preuve de parenté d'Arthur avec
Assour. Les lecteurs nous dispenseront de citer davantage les combinaisons de
!\I. Genioll (1). Naturellement, lépopée de Gilgamès qu'on a miseà toutes les sauces
devait venir appuyer les déductions proposées. Le cycle d'Arthur est un succédané
de l'épopée. Nous ne savons si M. Jeusen qui a mené partout le héros babylonien
l'a lait asseoir aussi autour de la Table ronde. M. Gemoll reconnaît le nom de Gilga-
mès dans le Celte Gwalchmai et aperçoit une relation étroite entre le nom d'Eabani
et celui d'Owain-Owen-Eweu (etc., dix noms sont alignés pour aboutira Ybau). C'est
toujours le procédé des traits d'union. O.i sait, d'ailleurs, que la lecture Éabani pour
le nom du compagnon de Gilgamès est provisoire et qu'il faut peut-être transcrire
Engidou. Mais soyez que l'épopée celtique ne manquera pas de parallèles! En
siirs
terminant son avant-propos, notre auteur souhaite que l'ouvrage fasse honneur au
nom de son père, M. Albert Gemoll. Nous le souhaitons aussi.
Il est dillicile d'apprécier les deux études (2) que vient de publier M. Cari Pries
dans les Mittcilungen der rorderasiatischen Geseîischaft (1910, 2-4; 19H, 4). Elles
devaient être précédées d'un ouvrage intitulé Die griecliischen Gitttrr und Hcrocn voiu
astralniytholo;/isclien Standpunkte ans belrachtet, qui n'a pas encore paru. Lesconclu-
sions dépassant les préaiisses, 'M. Pries a résolu de publier celles-là avant celles-ci alin
que le tout ne fasse pas un trop gros volume. Si l'auteur s'en était tenu à ce que semblait
indiquer son titre, Stitdien zur Odyssée, nous n'aurions pas à en parler dans cette
Revue. Mais Ulysse n'est qu'un prétexte. En réalité, c'est M. Pries qui entreprend une
véritable Odyssée à travers les mondes de la mythologie, de la religion, de la légende,
de l'histoire, etc., à l'instar de l'auteur deVOrphehs dont il s'est fait le zélé défen-
seur.Pour caractériser sa méthode, examinons comment il traite ce qu'on peut re-
garder comme le cœur de son sujet, à savoir l'aventure d'Ulysse chez les Phéaciens.
Depuis longtemps les commentateurs d'Homère se sont complu à faire ressortir tout
le charme de l'épisode, dans lequel Ulysse, rejeté par la vague sur la terre des
(1) Indifiuons les litres des cliapitres I. Tamurâ-Taliniùra-Taklimo urupa. -- II. Attis-Adad.
:
—
III. Ahura-Arlliur-Abrahani. —
IV. Gideon-Gwvdion und Gilead-Galaad. V. Zum Gilgamesepos. —
— VI. Die liaUi-Mitani und ilire Verwandten.
(2) Sludicn zur Odiisscc, I. Das ZaQmukfest auf Sclieria [MDVG., l'JlO, -2-4) ; II. Odysseus der
hhikshu {MD VG.. l'M\. 4;.
BULLETIN. i:i3
homérique en un certain nombre de " motifs qui tous doivent se retrouver dans la >-
procession par laquelle le dieu est conduit au temple. Quand le motif ne paraît pas à
Babvlone. on cherchera en Egypte ou au Mexique, ou chez les primitifs. Mais il
le
le faut découvrir. Pieconnaissons que M. Fries met au service de sa thèse une éru-
dition des plus copieuses. C'est toujours le combat entre l'érudition et la logique.
Tout le premier chapitre est consacré à la Pomp>'\ c'est-à-dire à l'histoire de la pro-
cession sacrée à travers les âges. On commence par celle de Mardouk à Babylone
pour aboutir au chemin de la croix et à la litauia septiformis, en passant par les
fêtes d'Horus, d'Isis, de Krischna, les panathénées, les Dionysies, le triomphe romain,
sans négli_'er l'entrée de Jésus à Jérusalem ou la peregrinatiu de Sylvie Ethérie).Ce
sera ensuite le héros sauvé des eaux, la danse mimique et astrale, le jeu de balle,
la lu,tte '
Agon), le rire, les apologues, la tragédie. Ainsi tous les passages des clas-
siques et toutes les coutumes des peuples, qui de près ou de loin peuvent présenter
une analogie avec l'épisode d'Ulysse ches les Phéaciens, tout cela est groupé avec plus
ou moins d'ordre et finalement sert à expliquer comment « tout l'épisode ne pro-
vient pas d'une libre invention, mais qu'il y a à la base un précédent réel h. Ce pré-
cédent Vu/gang), c'est la fixation annuelle des destins par la divinité et la pro-
cession qui mène le dieu d'un temple à l'autre. L'atterrissage d'Ulysse chez les Phéa-
ciens, c'est l'épiphanie du dieu de l'année: Ulysse reposant sur des branches, c'est
Horus dormant dans le calice d'un lotus; le rêve de Nausicaa et son départ pour le
rivage, c'est un souvenir de la jeunesse du Bouddha Ulysse se baigne dans la ri- :
vière, c'est la statue du dieu baignée dans le Meuve plyntéries Nausicaa joue a la :
balle, exercice astral: entrée d'Ulysse dans Skérie et le palais, entrée du dieu dans
la ville ou le temple. M. Fries a procédé par vivisection. Les vers d'Homère sont
partagés en tranches, dont chacune doit être un déchet mythologique. Le poète est
sans s'en douter le metteur en œuvre d'une multitude de détails légendaires ou
liturgiques. OiJ mène une pareille méthode.' A faire d'Ulysse. « l'astucieux Ulysse! »
dont M. Fries voudrait figer la poésie vivante incarnée dans Homère. Aux hellénistes
de revendiquer les droits de Ylliadc et de rO'i//^S'V. Mais puisque l'auteur de ces
études n'a pu se retenir de jeter un coup d'œil dans le domaine biblique, il ne sera
pas inutile de montrer comment il s'y comporte. Pour les littératures classiques
-M. Pries possède une opinion personnelle et raisonne sur des textes qu'il a étudiés
soigneusement. Pour l'Ancien et le Nouveau Testament, il merci des com-
est à la
mentateurs. Grâce à un procédé d'adroite sélection, il choisira pour interpréter un
texte celui des auteurs qui appuiera lemieux son système. Ainsi, pouT les Psaumes
(à propos des psaumes processionnels), on recourra à Gunkel quand Gunkel favori-
branches d'arbre » (1). Jésus chassant les vendeurs du temple évoque le Dieu du
cosmos, détruisant le chaos, frappant Tiâmat et établissant un monde nouveau sur
les ruines de l'ancien (I, p. 43). Et toute la passion de Jésus est interprétée comme
un exercice ascétique (2). Si l'auteur a cherché à être original, il a atteint son but.
]Mais le lecteur impartial se demande de quel droit un outsider comme M. Pries
ose traiter les-livres sacrés avec une pareille désinvolture. De ce qu'on a disséqué
quelques épisodes de ÏOclyssce et mis en fiches les textes des classiques, en assai-
sonnant le tout de quelques grains de folklore, on ne peut prétendre avoir les qua-
lités requises pour interpréter les évangiles, les Actes, les Épîtres de saint Paul,
les liturgies grecque, latine, slave, la mystique et l'ascétique chrétiennes. Tel est le
grand reproche qu'on peut faire aux travaux de M. Pries. Le champ de l'érudition
classi(]ue est assez vaste pour le dispenser de ces fugues à travers toute l'histoire
de l'humanité et de la religion. On se défie de plus en plus des généralisations à
outrance. Elles dénotent plus de candeur que de bon esprit scientifique.
Deux parties bien distinctes composent le traité de M. Aage Schmidt sur l'évolu-
tion religieuse (3). La première partie comprend une série de considérations sur la
religion des Egyptiens, des Chinois, des Grecs, des Phéniciens, des Indiens et des
Babyloniens. Et cela en 71 pages in-8! C'est peu pour un aussi vaste sujet. Aussi ne
doit-on pas s'étonner si l'auteur ne fait que résumer les conclusions des spécialistes.
Il a été frappé d'une chose, c'est que, dans les nations les plus éloignées par la race
ou l'habitat, un même phénomène reparait dans leur histoire religieuse : les dieux
anciens, principalement le dieu compagne, sont détrônés par les dieux
du ciel et sa
plus récents. iM. Schmidt croit faire œuvre nouvelle en montrant l'application de cette
loi dans la religion babylonienne. Nous avions montré toutes les usurpations dont fut
1
(1) LvGUANT.K, sur Me, XI, 8.
(2) Die f/anzc Leidensgcschichle isl ein grosser asketischcr Akl, die Einzelhcilca brauchcii
nicht hervorgehobcn ;« trerden (II, p. a";.
(3) Gedanken dher die Entwicklung dcr Religion au f Grand der bahylonischeii Quellen, \on
Aage Schmidt, dans Mitteilungen der vorderasiatischen Gesellschaft, 1911,3, Leipzig, Ilinrichs.
BULLETIN. l'.'..l
victime le dieu du cieL Anoii. à Babylone (1 .Nous ajoutions : « Une tendance innée
à tous les peuples est de placer en tête des dieux le dieu de la cité, au risque de sup-
planter celui qui occupe le premier rang de par sa nature et de par ses droits. De
même, à propos de Mardouk supplante les autres divinités « Cette
la façon dont :
absorption des autres personnalités par celle de Mardouk ne devait pas connaître de
frein » (2). Naturellement. M. Schmidt ignore les ouvrages français sur la quetion.
C'est ce qui lui permet de redire les mêmes choses avec moins d'exemples à l'appui.
Dans la seconde partie de son travail, il cherche à déterminer les différents stades
est un peu simpliste. Pour lui. les morceaux sumériens sont ceux (jui sont rédigés soit
en sumérien iunilingues, soit en sumérien avec traduction babylonienne ;bilingues; ;
les morceaux babyloniens sont ceux qui sont uniquement écrits en babylonien (uni-
linaues). Mais il est très vraisemblable que des hymnes de basse époque, rédigés en
babylonien, ont été accompagnés d'une traduction sumérienne postiche, car les
prêtres choisissaient cette ancienne langue atln de donner à leurs hymnes plus de
mystère, et partant plus de prestige o 3 . En somme, l'aperçu de M. Schmidt est
assez superflciel. Les spécialistes n'y trouveront pas grand'chose à glaner, et les pro-
fanes n'en tireront qu'un maigre butin.
M, Ch. G. Janneau a compris qu'il était temps de coordonner les résultats histori-
ques qui se dégagent des inscriptions exhumées du sol de Chaldée (4). Sa monogra-
phie, imprimée sur très beau papier et abondamment illustrée, a pour objet la période
de la dynaïtie d'Our. Les textes et monuments des rois Our-engour, Doungi, Bour-
Sin, Gimil-Sin, sont successivement analysés et interprétésau point de vue politique.
Les conclusions de M. Janneau sont très modérées et ne dépassent pas l'horizon de
la Chaldee. Il y a parfois une certaine impéritie dans le traitement des textes, par
exemple lorsque l'auteur, dans la formule « au dieu Nannar (ou au dieu Babbar'i son
roi, Our-engoura voué >•>. interprète < son roi » comme se rapportant à Our-ensour;
ou lorsqu'il conserve a la déesse Nina le nom de Hanna. tandis que le dieu Enlil est
appelé Enlillal 'o,. 11 serait puéril de s'attarder à relever ces erreurs ou ces inconsé-
quences, puisque le but de M. Janneau est de prendre les inscriptions en bloc et d'en
extraire la moelle historique. Son exposé de la poUtique et de la diplomatie chal-
déennes, à l'époque des rois d'Our. dénote beaucoup de sens historique. Selon lui,
( la position géographique d'L'r aurait fait tour à tour son élévation et sa ruine ».
Langues. —
Nous avions raison de compter sur l'excellence du second fascicule
de la grammaire néotestamentaire de M. L. Radermacher 6 Il remplit pleinement .
les espérances que la partie déjà publiée nous avait permis de concevoir. Dans cette
mit der Volkssprache. Feuilles 6-13, in-8s iv,' 81-20" pp. Tubingne, Mohr, 19H. Voir RB.. 19U,
pp. 475 s.
156 REVUE BIBLIQUE.
parlaits, simplement pour éviter des formes tombées en désuétude ou que l'usage
n"a jamais consacrées. Les Grecs ont eu des répugnances analogues à celle que les
Français modernes ont pour l'imparfait du subjonctif. De là vient en partie l'enva-
hissement progressif des formes périphrastiques. A ce propos, on nous signale plu-
sieurs exemples de participe aoriste construit avec r,v ou v-ir.v, tirés soit des Actes
apocryphes des Apôtres, soit de quelques scoliastes, soit d'une inscription syrienne;
construction qu'on pensait jusqu'ici être le fait de certains poètes attiques et des
Atticistes, et dont on relevé un cas dans le ]X. T., Luc, 23, 19.
La syntaxe débute, comme partout, par la question d'accord. L'auteur extrait des
papyrus des cas typiques de désaccord entre le nom et ses déterminatifs (nominatif
ou accusatif en opposition à des génitifs), cas qui peuvent aller de pair avec ce qu'on
est convenu d'appeler les solécismes de l'Apocalypse. La déclinaison étant une chose
savante et compliquée, on comprend que le vulgaire ne s'y astreigne pas toujours.
Cette tendance à unifier les cas n'est point seulement une manifestation du manque
de culture; elle marque un courant vers la simplification à laquelle le grec mo-
derne a abouti. Les solécismes de l'Apocalypse peuvent donc s'expliquer autrement
que par un calque servile d'un texte hébreu antérieur. Comme opposition il faut
maintenir Joh. 11. 13, z3p\ tt;; v.rr.ar^niw: ToD C-voj, que Blass détruisait en eftacant
T?;? y.o:'j.r]zzMç. Le verbe xo'.aàTOa'. est employé avec ses deux sens dans le contexte,
ou du moins on joue sur son double sens de dormir et de mourir. Pour cette der-
nière signification, l'auteur apporte en exemple l'inscription de la diaconesse Sophie,
y.oi'j.rfiîT'jx ht sîcr.vr;, trouvée au Mout des Oliviers et publiée par le ?\.. P. Cré dans
EB., 1904, p. 261.
Un cas tout à fait frappant du développement que les prépositions ont pris dans
la langue commune est celui de à-ô avec le génitif de prix, qui se présente dans une
inscription et chez Diodore. M. Radermacher relève ensuite deux particularités de
cette même langue : un substantif indéterminé suivi d'une détermination portant
l'article, exemple : -po; -ûXr;'/ tv-* À^YoaivrjV Z'oT-./.r^v, et deuxièmement, la circonlocu-
tion formée d'un article neutre et d'un génitif comme tî twv to-wv, ta tï); [XETaypj»;;,
de nutes complémentaires, une table analytique des matières, des mots grecs, des
passages bibliques et profanes, cités au cours de Touvrage, termine cette étude
appelée à rendre de sérieux services.
qui en est à sa troisième édition anglaise, \ient d"ètre traduite en allemand par
M. H. Stocks 1 . >'ûus avons donné ici {HB., liJlO. p. GoO les caractères ge'néraux
de cet ouvrage à propos de sa traduction italienne due à M. Bonaccorsi. Ainsi que
riDdi(iue le sous-titre de la traduction allemande, on a tenu à garder de l'œuvre
ori2inale ce qui a traitaux principes de grammaire comparée, mais on a ajouté, par
contre, un bon nombre d'indications papyrologiques aui faisaient défaut dans le texte
anglais. Parmi les autres améliorations apportées par le traducteur, il faut signaler
quelques exemples classiques, la mise en vedette des titres, et un remaniement total
de la bibliographie et de l'index. La syntaxe a été peu retouchée l'étendue restreinte :
que l'on voulait conserver à ce manuel empêchait toute addition quelque peu déve-
loppée. Entin, tous ces amendements contribueront à la diffusion de cette grammaire
dont le succès s'affirme de plus en plus.
mot important de ÀJ-rpo/ est traité fort sommairement. AÔ70; et /.'/.zU font l'objet d'une
plus longue étude. Pour rr.-T'./.o; appliqué au nard, l'auteur propose en plus des in-
terprétations déjà en cours, celle de Houghton : » <jni.d pruliibct, quominus -/âpooç -.
idicetur aardum ex jplaata piçità extractum ». Cette plante des Indes est le nar-
li'jstacliijs Jati.nnansi. On nous permettra de rester froid vis-à-vis de cette interpré-
tation.
En somme, ce lexique complète le t'u/sus, en facilite l'usage, et le clôt honorable-
La collection Gcischen a pour but de donner avec clarté mais succinctement l'état
actuel de la science dans tous les domaines possibles. Avant tout œuvre de vulgari-
sation, elle exige des élégants petits volumes qui la composent une forme à la portée
de tout le monde. La partie concernant les littératures chrétiennes de l'Orient a été
conflée à M. A. Baumstark que sa compétence en la matière désignait tout naturelle-
ment {31. En deux mignons volumes nous avons une vue d'ensemble et au point sur
les productions chrétiennes araméennes. coptes, arabes, éthiopiennes, arméniennes
et géorgiennes. 11 va sans dire que les versions de la Bible en ces diverses langues
ne sont point négligées. Tout en donnant les conclusions de la critique récente sur
ce sujet, l'auteur descend parfois dans quelque détail qu'il expose en petit texte. Les
deux volumes sont munis de tables.
(3; Sammlung GOschen. Die christUchen Lileraturen des Orients. I. Einleitung. 1. Das
christ lich-ar'i7niiische und das koptische Schriftlum. I11-I6. 134 pp. II. 2. Das christlich-arabisçhe
und das âthiopische Schriftlum. S. Das chrisUiche Schrifltum der Armenier und Georgier,
ln-16, 110 f.p. Leipzig, Gôschen, 1911.
loS REVUE BIBLIQUE.
ley, Les hrdouins de la pétmisulv sina'itique: dans le récit d'une excursion de Nakhel
à Q'^deis, bons renseignements topographiques et etlinograplùques. Les folkloristes
goûteront la légende du Dj. el-Bint , avec l'empreinte gigantesque laissée dans le
rocher par les pieds de l'héroïne qui dirigea combat mémorable d'Ikeram. le —
M. l'archid. Dowling, L'église géorgienne à Jénisulem, esquisse le rôle des Géor-
giens aux Lieux Saints depuis Constantin... brillant chapitre de légende, où M. D.
:
ne fait aucun effort pour introduire quelque critique et discerner un peu d'histoire.
— Rév. W. F. Birch, La cité et la tombe de David sur Ophel... MM. Merrill et :
Conder sont morts; pourquoi ne pas laisser dans la nécropole de leurs livres ce qu'ils
ont écrit d'inexact sur la forme et la situation probables de l'hypogée davidique? —
M. J. M. Tenz, Calvaire « lieu d'un crâne « amalgame de textes traités de seconde
:
p. 633), —
M. A. Forder, Une caisse d'épargne antique de Moab : titre pittoresque
pour indiquer un pot contenant environ 1.400 monnaies constantiniennes. Cette ca-
chette a été trouvée dans le Ghér el-Mezra 'a près de la Lisàn. M. A. Datzi, Ob- —
servations météorologiques éi Jérusalem en 10 10.
A propos d'une amulette juive provenant d'une tombe d^'Anavcis, la Revue expri-
mait le regret (1908, p. 392,' qu'une série de pièces analogues signalées à New-York
n'aient pas été publiées. Elles viennent de l'être par les soins de M. J. A. Moutgo-
mery (1) et le méritaient. Forme et teneur sont d'excellentes analogies pour le docu-
ment d"Amwàs, mais la conservation est meilleure et les formules plus longues.
Drts hcilige La)id, 1911, n» 4. — M. l'abbé Heidet conclut une monographie du
Dernier solitaire de Palestine par de longues notes sur 'Aniwàs Nicopolis Em- = =
maiisdes. Luc. Cette deuxième équation est plus laborieuse à résoudre. P. Fr. Dun- —
kel, Les martyrs de Palestine durant la persécution de Dioclétien. — M. A. Dunkel,
La grande basilique au mont des Oliviers, analyse les fouilles de l'Éléona. P. Fr. —
Dunkel élude sur la grotte dite de Jérémie.
: P. E. S. —
notes d'un entomologiste :
(1) So7ne Earhi Amv.lels from Palestine : Journ. of Amer. Orient. Society, XXXI, 1911, (). 27-2 ss.
avec 2 fac-similés.
.
BLLI.ETLV. lo9
d'Ethérie doit être maintenue vers la fin du non rejetée au milieu du vi^
i\^ siècle et
comme le proposait naguère M. Meister cf. déjà Decom>:ck. HB.. 1910, p. 432 ss. i ;
la discussion, très vigoureusement menée, porte sur divers points d'archéologie, mais
surtout sur révolution liturgique palestinienne. — M. le prof. Guidi. Deux prières
antiques dans la Hlnrfjie abyssine des défunts. — Ferhat, Le proloyue de Job de Ju-
lien d'HuUkarnasse d'après une recension o.rménienne. P. M. Abel, Tb iwaTov =r —
Abou Ghûs. — P.
La basilique constantiniennc de l'EUona.
L. Gré, Strzygowski, —
Daniel sur un peigne en ivoire algérien planche}. M?"" Kaufmann, Menas cl —
Uoius-Ha)-pocrate, à la lumière des fouilles dans la ville de S. Menas lô ûg. ). —
Baumstark. Cntal. des Mss liturgiques du couvent jacobitc de Saint-Marc à Jèru-
siilem. — Bibliographie e.xtrêraement riche et nouvelles palestiniennes.
être démêlé à travers les légendes et les fâcheux incidents suscités par les fouilles
d'Ophel, avant la publication des résultats. —
M. E. Baumann. Proverbes et dictons
arabes.
recteurs de l'œuvre se proposent moins de fournir des bourses a des savants déjà
furmés que de permettre aux jeunes prêtres de se mettre en état de fdire honneur
aux bonnes études et a l'Eglise. Ils leur ont fait crédit; leur espérance n'a pas été
trompée. Les auditeurs de l'Ecole biblique et archéologique de Jérusalem ont maintes
fois bénéficié du patronage de l'Œuvre. En la faisant connaître nous sommes certains
de provoquer des demandes, mais nous voudrions aussi lui assurer des souscrip-
teurs 3;
(r Die ResuUale der neueren Ausfjrabungen nnO Forschv.ngen in Palûstina: dans les Bibli-
9. ni-8' de 9j pp. .A^chendorlï, Munster. l'JlO.
sche Zeitfrageii, n"- 8 et
\2 Brochure in-S' de 31 pages.
•3; Les communicatious, demandes de bourses, et aussi les souscriptions doivent être adres- !
sées à l'un des secrétaires, MM. Jordan, professeur à l'Lniversité, 10, rue du Tliabor. Reunes;
160 REVUE BIBLIQUE.
« Veuillez me permettre quelques brèves observations au sujet de la curieuse ins-
(1910, p. G3o).
« Les deux premiers vers renferment //-o/s questions:-:?; -j-i; -Aç; Quid? Quanti o?
Quis?
« Au deuxième vers, il faut, je pense, lire r-jpaTo (forme usitée en poésie et même
en prose) \\\ et non r,jpa t"o y.xAÀo;. L'article est inutile, pour ne pas dire gênant;
et r,jia. pour £-jpî, serait dilflcile à justifier. Je traduirais donc :
« Veux, quelle est cette merveille? Quand un univers a-t-il été fait ici? Quel mortel
« a découvert nne beauté qu'une durée infinie ditt. inexprimable) n'avait pas (dc-
« couverte) auparavant? »
« Les deux derniers vers répondent explicitement à la première et à la troisième de
ces questions, et implicitement à la deuxième. iXxO-. me parait être tout simplement
un datif poétique, qui doit être rattaché au verbe :
« Antipater a fait ces choses et a montn' le ciel '/ lu foule, lui qui tient de ses
« mains les rênes des armées chères à Ares. »
deuxième des trois questions. Serait-ce par hasard le père d'Hérodele Grand, qui
était précisément originaire de la région située au sud de la Palestine? »
M. Bruston nous écrit encore qu'il lit V"', pour a>a/e/\ une inscription que le
P. Vincent a trouvée « en trop mauvais état pour qu'il soit aisé d'en tirer un
sens 1) f2i.
François Martin, professeur à l'iuslitut caUioli(|uc. lOS, rue de Vaugirard, Paris: Paulonnier, di-
recteur du collège Stanislas, H, rue >otre-Dame-des-i;iiamps, Paris.
(1) Voir pour le Thésaurus : ^affiXeiav eOpa-o.
;2) Canaan..., p. 181.
(3) Les conférences de cette année ne seront p^int publiées en un volume séparé.
Le Gérant : J. Gabalda.
livre a pu être écrit (1;. Un autre problème plus délicat se pose, celui
de savoir si TEcclésiaste, tel qu'il nous est parvenu, représente
l'œuvre d'un seul auteur. On ne peut se dissimuler que depuis les
dernières années du xix" siècle, l'opinion d'après laquelle ce pro-
blème comporterait une solution négative gagne des adeptes. La rai-
son principale de douter qu'une seule main ait travaillé à cet écrit
est que certaines affirmations très catégoriques, insérées de place en
place dans le texte, loin de ss fondre dansla trame ordinaire du livre,
(1) CeUe question a été étudiée dans la Revue Biblique par le P. Condarnin 1900, p. 30
ss. et 354 ss.).
redactas esse in eum varias hominum qui sapientes apud suos quisqiie
hahebantur opiniones ~^z\ -r,z i'jly.vj.zviy.;, quare mirari ?io?i debemus
sens épicurien, ils n'auraient pas eu besoin de recourir à la solution extrême qu'ils ont
adoptée. Il reste néanmoins qu'ils ont pris l'initiative de reconnaître dans le livre des pen-
sées de personnes diverses, et leurs difficultés ne portaient pas seulement sur les textes
relatifs à la jouissance, mais sur d'autres qui, comme m, 21 et ix, 1-3, sont en rapport avec
la question de l'immortalité ou delà rétribution.
(6) Annotationes in Vêtus Testamentum, Parisiis, 1644; ad Ecclesiasten, i, 1.
LA COMPOSITION DU LIVRE DE LECCLESIASTE. 163
qui soit donné comme provenant d'une autre bouche que la sienne.
La théorie des « deux voix », telle que la conçoivent ses auteurs,
n'est pas plus acceptable. Il est bien vrai qu'on entend plusieurs
voix dans ce livre; mais peuvent-elles être dune seule personne?
Enfin, parler de « tentations », c'est se méprendre doublement sur le
sens des exhortations de Qohéleth au plaisir, car il n'a en vue que des
plaisirs considérés comme licites et il veut très délibérément en
jouir. D'ailleurs toutes ces opinions sont abandonnées, et on les
rappelle à seule fin de montrer combien, dans tous les temps, on a
senti la difficulté d'accorder ensemble les diverses propositions de
l'Ecclésiaste.
II. La plupart des commentateurs constatent sans doute un certain
viii,10, 12 a, 14. Il affirme bien dans les premiers textes que les cri-
minels sont enlevés par une mort prématurée et les hommes pieux
préservés de toute infortune, tandis que dans les seconds il constate
que souvent les criminels sont heureux et les bons malheureux.
le fait
La conception ancienne de la rétribution offrait des difficultés;
néanmoins Qohéleth ne veut pas l'abandonner complètement. L'au-
teur du livre de Job traite le sujet de même façon ». Enfin, Driver (5),
qui se préoccupe surtout de l'épilogue, reconnaît qu'en d'autres en-
droits aussi la pensée de Qohéleth n'est pas entièrement d'accord
(2) Historisch-kritische Einleitung in die Biicher des A. T., Leipzig, 1885-1894, III,
p. 177, 185 s.
(5) An Introduction lo tlte Literalxire of the Old Testavient, 7' éd., Edinburgb, 1907,
p. 478.
LA COMPOSITION DU LIVRE DE L'ECCLÉSIASTE. 167
avec elle-même. Il tient pour possible que l'auteur ait ajouté après
coup les deux versets qui terminent le livre (1); mais « la vérité est
que XII, 13-li ne peut être revendiqué pour Fauteur qu'au prix d'un
illogisme ».
crainte de Dieu. Mais cela suffît-il pour que toutes les divergences de
textes soient expliquées? L'Ecclésiaste se contente-t-il vraiment
d'énoncer la foi à la rétribution, puis de remarquer avec douleur,
comme dans vu, 15; viii, 10 et peut-être même li, que certains faits
(1) El dans le même dessein qu'un éditeur supposé aurait eu, de dégager ce qu'il considé-
rait comme la vraie morale du livre et de prévenir les objections que la teneur générale de
l'enseignement de Qohéleth aurait pu provoquer.
168 REVUE BIBLIQUE.
III. Wam der Palm Umbreit (2) ont soupçonné que l'histoire
(1) et
du texte de l'Ecclésiaste recelait quelque incident de nature à avoir
causé le désordre qui règne actuellement dans l'arrangement du
livre. Le manuscrit qui le contenait aurait subi des « dislocations ».
Van der Palm propose en conséquence de reporter iv, 13-16 après ix,
16, et IV, 17-v, 6 au chapitre x. Umbreit use plus largement du
procédé et rétablit tout au long, dans Kohelet's des iveisen Konigs See-
lenkampf [3), l'ordre qui lui parait original. Ses corrections ne sont
pas heureuses et ne méritent pas d'être rappelées en détail. Grâtz (4)
s'est permis aussi un certain nombre de transpositions. Mais il était
ques, et on peut affirmer qu'elle n'a pas fait son apparition avant le commencement du
H" siècle ou tout au plus la fin du p' (cf. V. Gardthausen, Das Buchivesen in altertum
nnd im byzantinischea Mittelalter, Leipzig, 1911, p. 156-159).
(6) Sceptics ofthe Old Testament, London, 1895.
(7) Sur de Bickell, voir Edrincek, Der Masorahtext des Kohéleth, Leipzig, 1890,
l'essai
p. 19-29; KoENiG, Einleitung in das Alte Testament^ Bonn, 1893, p. 430; Kuenen, op. cit.,
JII, p. 174; Siegfried, Prediger und Hoheslied, Gôttingen, 1898, p. 4 s.
teurs, et que ceux-ci ont tenté de les corriger en insérant dans le livre >
leurs propres réflexions (2). L'épilogue (3) a d'abord subi les attaques
de Dôderlein (i), Chr. Schmidt [op. cit.^ p. 95, 203, s.), Bertholdt (5),
Umbreit (^6; et Knobel 7;. Nachman Krochmal ^^8j a élaboré Une théorie
singulière sur une partie au moins de l'épilogue les vv. 11-12 con- :
(1) Haupt écrit 'p. vu) : « Je tien» ferme à ce principe que ce qui est vraisemblablement
exact vaut mieux que ce qui est certainement faux. Le livre de Kohelelli n'a pu sortir de
la main de l'auteur primitif dans l'état où il nous est parvenu. Mais son texte a pu se pré-
senter à l'origine tel que je lai rétabli et subir ensuite des corrections. »
(3) Racbbam ;Rabbi Samuel ben Méir, circa 1064-1153) s'était déjà rendu compte que les
deux premiers versets de l'Ecclésiaste et l'épilogue n'avaient pu être écrits par Qohéleth
lui-même et il en attribuait la rédaction au compilateur du livre (Ginsburg, Coheleth,
London, 1861, p. 42 ss.).
(4) Scholiain libros V. T. poeticos, Halle, 1779, p. 187; Salomo's Prediger undHohes-
lied, Jena, 1784, p. 161.
(9) Lier Canon des A. T. nach den Veberlieferungen in Talmud und Midrasch, Leipzig,
1868.
(10) Studien zur Geschichte der Sammlung der altheb'-ûischen Literatur, Leipzig,
1875, p. 137 s.
170 REVUE BIBLIQUE.
fications. Graetz [op. cit., p. 49 ss.) estime que les vv. 9-11 se réfèrent
à l'Ecclésiaste dont ils font l'apologie, mais les vv. suivants (12-14)
visent les Hagiographes dont ils arrêtent définitivement le Canon;
l'épilogue tout entier est l'œuvre des docteurs hillélites de lamuia.
Renan [op. cit., p. 73 ss. ; cf. p. 66) laisse 9-10 à Qohéleth; mais 11-
12 « servent évidemment de clausule à une collection de livres », et
13-14 « paraissent avoir fait partie de la même finale »; le tout, « à
l'époque du sanhédrin de labné, devait déjà être envisagé comme une
partie intégrante du livre » . Parmi
en se plaçant à les critiques qui
un autre point de vue ont aussi refusé à Qohéleth la paternité de
l'épilogue, il faut citer encore P. de Jong (1), Reuss (2), Plumptre {op.
c2V.,p. 55, 101), Kleinert (3), Bickell [op. cit., p. 6 s. et 111), Cheyne
[op. cit., p. 234 s.), Smend Konig (5). Les négations ont été éten-
(4),
dues à XI, 9^; XII, ia, Ib par S. D. Luzzatto (6), Geiger (7) et Nol-
decke (8); aux mêmes textes et encore à m, 17; viii, ôb, 12-13; xii,
Cheyne [op. cit., p. 211, 239; cf. Jewish religions Life after the
Exile, New- York and London, 1898, p. 148, 187, 196, s., où le même
auteur, sans préciser davantage, reconnaît que le texte est en désordre
et présente d'importantes interpolations). Konig [loc. cit.) se rallie
quels il faut signaler d'abord viii, la, 5a; xii, 4a, 5ô, œuvre d'un interpolaleur hostile, puis
les allusions à Salornon introduites dans i, 1, 12, 16; n, 7-9, 12 par l'interpolateur pseudo-
salomonien. En outre, Bickell considère comme probable l'identité de l'auteur des textes
relatifs au jugement (m, 17, etc.) avec l'Épiloguiste et même avec l'ordonnateur actuel du
livre (le relieur maladroit).
(10) Koheleth, gewohnlich genannt der Prediger Salomo's, Halle, 1798, p. 20 ss.
LA COMPOSITION DU LIVRE DE L'ECCLÉSIASTE. 171
1-7 ; VII, 1Ô-4, 15, 26-28; viii, 9, 10, 14, 16, 17; ix, 2, 3, 5, 6; x,
5-7. Le malheureux avait perdu la foi, et seul le nom de Salomon
sauva son œuvre de la destruction. Mais Técrit subit un sort étrange.
Il fut tour à tour corrigé, glosé, dans le sens de chacun des cou-
rants d'idées qui se faisaient sentir dans le judaïsme. Le premier
glossateur fut un sadducéen épicurien (Q-); il est l'auteur de m,
22; v, 17-19; vu, 14, 16; viii, 15; ix, 4, 7-10; x, 19; xi, 7, 8a, 9«,
10; xii, Ib-la. Un sage ou hakham (Q-^), choqué de voir la sagesse
maltraitée dans ce livre, entreprit sa défense et inséra ii, 13, 14a;
IV, 5; VI, 9a; vu, 11, 12, 19; vin, 1; ix, 13-18; x, 1-3, 12-15.
8,
Le livre restait encore scandaleux pour les « pieux » un hasid ;
« Tout n'est pas vain. Dieu a bien fait toutes choses, et la loi mo-
rale doit triompher dans le monde ». On lui doit : ii, 246-26a; m,
11, 13, 14, 17; IV, 17 ; v, 1, 3-5, 66, 7; vi, 10-12 ; vu, 13, 17, 23-
25, 29; VIII, 2-8, 11-13; ix, 1; xi, 5, 86, 96; xii, la, 76. Les vicis-
situdes de l'Ecclésiaste n'étaient pas à leur terme; mais les glossa-
teurs suivants sont réunis sous un sigle unique (Q^). Ils ont ajouté :
IV, 9-12; V, 2, 6a, 8, 11 ; vu, la, 5, 6a, 7-10, 18, 20-22; ix, 11 ;
suite des idées et trop nettement brisée par endroits pour qu'on
puisse nier être en présence d'insertions faites après coup. Mais les
conclusions de Siegfried dépassent ce que demande la réalité
des faits. Il s'est un découpage absolument logique autant
livré à :
porte pas au pessimiste toutes les joies qu'il désire, ce n'est pas une
raison, pour lui, de dédaigner le peu qu'elle offre. D'ailleurs, même
dans les textes où la jouissance est plus chaudement recommandée,
le pessimisme tran-perce ouvertement cf. v. 19a; vu, li; ix, 9 xi. ;
dans la bonne voie, bien que son analyse soit sur certains points trop
artificielle. A. von Scholz (1) reconnaît que « beaucoup de mains
ont travaillé à ce livre » l'écrit fondamental, très court, composé
:
devancier lui-même.
Me Neile (3) signale d'abord comme distincte de l'écrit primitif
l'œuvre d'un éditeur qui a préposé le titre (i, 1), résumé le livre dans
une formule heureuse (i, 2 et xii, 8) et ajouté la première partie de
l'épilogue (xii, 9-10). de recommander l'ouvrage en le
Son but était
faisant passer en introduisant un éloge de Qohé-
pour salomonien et
leth. Il est à noter qu'il parle toujours de celui-ci à la troisième
personne, et comme d'un autre que lui-même. En dehors de cet
éditeur et après lui, deux interpolateurs, se faisant l'écho des dis-
cussions que cet écrit souleva dans les milieux juifs, tentèrent de
l'améliorer. Le premier, un sage, l'enrichit d'un grand nombre de
sentences, puisées peut-être à des sources diverses, mais tantôt sug-
gérées par les pensées de Qohéleth, tantôt insérées en vue de cor-
riger ses affirmations, d'autres fois introduites un peu au hasard et
sans but déterminé. A ce sage doivent être attribués iv, 5, 9-12;
VI, 7, 9«; VII, 1«, 4-6, 7, 8-12, 19; viii, 1; ix, 17-x, 3, 8-15, 18-19,
et la seconde parlie de l'épilogue xii, 11-12. Le livre restait malgré
tout assez éloigné de la pensée religieuse du temps et il était
naturel qu'un juif pieux entreprit d'y insérer deux nouvelles
affirmations : le devoir pour l'homme de craindre et servir Dieu et
la certitude d'un jugement divin. Le hasîd a. inséré : ii, 26a; m,
Dieu à son image, qui plus tard en tant que personne a été appelée Logos » (p. viii) ;
le mot
vanité SlH, étant le nom d'Abel tué à cause de sa justice, désigne essentiellement le juge-
ment eschatologique (p. ix), etc.
9-14 soient d'une autre main. Un auteur peut adaptera son ouvrage
un épilogue, nnpost-scriptum, comme d'autres le font précéder d'un
prologue ou d'une préface. Mais ce qui frappe le lecteur le moins
exercé, c'est que l'auteur de l'épilogue parle de Qohéleth à la troi-
sième personne, comme d'un autre que lui-même, tandis que l'au-
teur du livre en parle à la première et s'identifie avec lui {i, 12). Or
aussi son œuvre, car il vante les sages et donne à entendre que leurs
écrits procèdent du même inspirateur que ceux du grand roi. Cette
une grande opportunité à l'éloge de Salomon,
réflexion ne confère pas
etquant aux louanges qui sont faites de l'Ecclésiaste, il est préférable
de penser qu'elles ne sortent pas de la bouche de son auteur
même.
Mais est-il bien vrai que dans l'épilogue « Qohéleth » désigne Salo-
mon? D'après Ewald avouent sans déguisement que
(1), les vv. 9-11
(1) Die poelischen Biicher des Alten Bundes, Gôttingen, 1837, IV, p. 226.
LA COMPOSITION DU LIVRE DE L'ECCLÉSIASTE. 177
)iiph. XII, 12y: -'n xii. 12 et iv, 8, 16) sont rares et n'ont rien
et IV. 13 :
(il n'en est pas moins vrai que le livre ne les a pas employés mais ,
ments puisés ailleurs que dans le livre. Il nous apprend que Qohéleth
avait composé à l'usage du peuple un ouvrage très littéraire, consis-
tant en de « nombreuses sentences» (^9-10 a), et qui nest certainement
pas à identifier avec l'Ecclésiaste. Le point de vue doctrinal le préoc-
cupe à peine 10 b) or nous verrons que par la suite on s'en
;
par 1, 12, n"a pas évité de confondre Qohéleth avec Salomon. On dira
plus loin pourquoi les deux derniers versets du livre (xii, 13-14) ne
doivent point non plus lui être adjugés. Mais par contre il n'y a pas
de bon motif de lui refuser la paternité de 11-12, comme le veulent
Me Neile. Outre que 9 et 12 débutent par des for-
faire Siegfried et
mules analogues, ce qui n'est qu'un léger indice, les derniers versets
VII. 27-28 iiavait pas été écrit par Qohéleth. Barton attribue seule-
ment formule de citation à un éditeur. Mais pourquoi celui-ci
la
aurait-il inséré pareille formule à cet endroit, sinon parce qu'il inter-
calait en ellet ici un 'i-y.z'i de Qohéleth? Dans 2G a l'auteur avait
exprimé sa pensée sur la femme. Ce verset a naturellement rappelé
au disciple la réflexion habituelle du maitre sur le même sujet la :
par l'auteur du livre (i, 12) et pour désigner Salomon, mais cinq
fois (i, 2; vir, 27; xii, 8, 9, 10) par le disciple, pour désigner au con-
traire l'auteur lui-même. La difliculté est plus apparente que réelle.
« Qohéleth pas une appellation reconnue et traditionnelle de
» n'était
Ce n'était pas un nom propre, car tantôt il a l'article vu, 27; xii. 8
et tantôt ne la pas i, 2. 12; xii, 9. 10». Ce ne pouvait être qu'un
titre, correspondant sans aucun doute à une fonction exercée par
notre auteur de son vivant. Comme Salomon avait la plus haute ré-
putation de sagesse et était même considéré comme le créateur du
genre sapientiel, l'auteur a pu lui transférer son titre ou du moins
s'en servir pour le désigner, dans une fiction d ailleurs transparente,
en supposant que le grand roi avait, le premier, présidé aux travaux
des sages assemblés. De fait, le titre à lui seul ne suffisait pas à indi-
quer la personne de Salomon, car l'auteur a soin !j, 12 de lui ad-
joindre tous les traits et les précisions nécessaires pour que le lecteur
ne puisse se méprendre. Le disciple i, 2, etc. n'a pas eu à observer
de pareilles précautions : l'auteur avait tellement illustré sa fonction
dans l'assemblée des sages peut-être l'avait-il créée que dans l'es- ,
II
les jouissances que Dieu met à sa portée (viii, 15; ix, 7-10). Il est
indéniable que xii, 13-14 représente une autre conception. Sans
doute, le sentiment moral et la crainte de Dieu ne sont pas choses
étrangères à l'œuvre de Qohéleth (m, 14; ix, 3), mais ils n'y oc-
cupent pas le premier plan de la pensée et n'y sont point basés sur
la croyance à la rétribution.
Il est vrai que dans le corps même de l'ouvrage nous trouvons une
série de textes i^ii, -20 ab; m, 17; vu, 26 ô; viii, 5-8, 11-13; xi, 9 c)
qui sont dans l'esprit et même dans la lettre de l'addition précé-
dente : ils affirment aussi que Dieu distribue sur terre les biens aux
bons et les maux aux méchants, ou qu'il jugera les uns et les autres.
lui-même aurait inséré après coup dans son œuvre les correctifs
signalés, et dans le même dessein qu'on prête au hasid. Le livre serait
d'un seul auteur, mais non pas d'un seul jet. On pourrait invoquer à
l'appui de cette théorie les analogies de termes et de pensée incon-
testables entre viii, 5 6 et m, 1-11, entre viii, 6 a et m, 1, entre viii,
III
D'autres textes, groupés surtout dans vu, 1-12 etx, éveillent l'at-
tention du critique. Us sont caractérisés par l'emploi du genre sen-
tencieux et de la forme métrique. Le parallélisme y est régulièrement
marqué, et sauf de rares exceptions, dues peut-être à des accidents
de manuscrit, le nombre des accents dans chaque membre est sensi-
blement égal. Ces vers coupés net, fermes de pensée, d'un style assez
froid, mais ordinairement imagé, tranchent fortement sur la prose de
Qohéleth, lâche et peu colorée, œuvre d'un homme déprimé, inca-
pable de se passionner même pour la beauté littéraire car cela aussi : <•
siaste, à tourner des vers? Qu'il ait pu citer tel ou tel proverbe, qui se
trouvait rendre exactement sa pensée, que parfois emporté par la force
de l'idée ou dominé par profondeur du sentiment il ait rencontré,
la
ments et les coupe fort mal à propos. On voit très bien dans quelques
cas ;v, 2; ix. lT-18; cf. iv. 9-12, qui n'est pas métrique) quelle asso-
ciation didées a provoqué l'insertion des sentences. Mais d'autres
fois le contexte ne les appelait pas et on se demande pourquoi elles
sont là (vil, 1-12. 19: viii, 1-i: x. lG-20 Il arrive même que leur .
rentrent pas dans le cadre des idées de Qohéleth. Ainsi, tandis qu'il
proclame en simple prose la vanité de la sagesse (i. 17; ii, 15 ss. vn, ;
23, etc.), une autre main fait en vers son apologie vu. 1 1-12 viii. 1 : ;
x. 2-3. 12-li a Ailleurs, comme dans vu, 1-6, une intention de cor-
.
moins grande suivant les cas, que iv.ô. 9-12: v, 2. 6 « vi, 7: vu, 1- :
12. 18-22; VIII, 1-2 «, 3-i; ix, 17- x. i, 10-li ^/, 15-20: xi, 1-i, 6 sont
l'œuvre des sages ou du (la/iham, étant admis que ce vocable ne re-
présente pas nécessairement un individu unique.
Restent deux sections, l'une prosaïque, iv. t7-v. 6, l'autre de forme
poétique, xii, 2-6. dont l'origine est à déterminer. La première consti-
tue un petit traité sur les pratiques de religion, qui coupe en deux un
développement de Qohéleth sur le régime monarchique iv. 13-10 :
puisse voir qu'il continue iv. 16, et que iv, 17- v, 6 vient maladroite-
ment à la traverse. Ce petit morceau n'a d'ailleurs aucun rapport avec
le but général de Qohéleth. ni avec aucune de ses conceptions parti-
culières. Sans doute. Dieu y est conçu d'une façon un peu sévère,
mais il en est ordinairement de même dans les livres de sagesse.
Siegfried et Me Neile. qui seuls enlèvent cette section à Qohéleth, l'at-
tribuent au hasid. Mais toutes les autres intercalations de ce person-
nage se rattachent directement à leur contexte et avec Tintention de
le corriger; les vv. iv. 17- v, 6 n'ont aucun point d'attache dans ce
qui les précède ou dans ce qui les suit, et on ne saurait dire pourquoi
ils sont à cette place. En réalité, ils peuvent aussi bien être l'œuvre
22;y,3-'i.: xi, 2-3 qui semblent bien avoir une origine sapientielle.
Nous sommes donc en présence d'un fragment de l'œuvre d'un sage
plus préoccupé du service divin que ne le sont ses pareils, et sans
doute apparenté aux classes sacerdotales. Le même casuiste a peut-
être écrit VII, 18, 21-2-2.
Presque tout le monde admet le caractère primitif dexii, 2-6. Sieg-
fried est seul à attribuer les vv. 1 b - 1 a au glossateur épicurien,
mais il n'y a pas lieu, avons-nous dit, de reconnaître une existence
réelle à ce personnage. Cependant, xii 2-6 contrastent singulière-
ment avec leur contexte : ils sont métriques, tandis que 1 et 7, qui les
encadrent, les introduisent ou les prolongent, sont en prose. La forme
versifiée a été reconnue à 3-5 par Renan, à 1 b-b a, 6 par Bickell,
à 1-8 par Driver 1 et à 1 6-T par Barton. Bickell et Haupt ont avec
1 1
teint. Ces vers sont l'œuvre d'un sage encore jeune (Qohéleth ne l'était
plus qui poétise les misères de la vieillesse parce qu'il ne les a vues
.
contient que de la prose? Seule l'origine des vv. T-8 peut donc être
discutée. Leur forme métrique aisément perceptible éveille les soup-
çons. 11 est vrai que Qohéleth se rapproche par endroits du style sen-
tencieux (i, 18; II, 2, etc., et qu'il lui arrive de citer des proverbes
(i, 15; II, li). Serait-ce le cas dans T a? Le fait énoncé, de consta-
tation aisée, pouvait faire l'objet d'une sentence connue. Aristo-
phane ne dit-il pas, lui aussi, de la mer [Nuées, i29i) : ojBèv ';i-;-rz.-y.:
nir que du hakham. D'autre part, les vv. 5-8 reproduisent les idées
chères au hasid, et leur caractère composite permet seulement d'affir-
mer qu'il a utilisé des idées et des formules de Qohéleth. Or on sait
que les insertions du hasid \\&eni toujours leur contexte en vue de le
rectifier. Cette fois le pieux auteur n'a pu songer qu'aux versets 2-4
COXCLISIOX
(1) Seul Qoln-leth fait mention de la « vanité ». Ses collaborateurs lisnorent. Les deux
exceptions' qu'on pourrait citer sont sans valeur : vu, G est une glose à éliminer, car elle
n'a aucun sens à cet endroit, et v. 6 est un doublet corrompu de v, 2.
188 REVUE BIBLIQUE.
XXX, 1 XXXI, 1 (2)? Il n'y a rien d'étrange non plus à ce qu'un auteur
; )
ici-bas la peine de ses excès (vii, 17, -25 b). Surtout, il ne prétend pas
(1) Le hakham et le hasid auraient joui du privilège de l'inspiralion aussi bien que
Qoliélelh. On peut dès lors appliquera l'EccIésiaste ce que saint Grégoire le Grand écrivait
du livre de Job Inler muHos saepe qiuieritur, quis libri beati Job scriptor habeatur...
:
Sed quis haec scripserif, valde supervacue quaerilur. cum tamcn auctor libri Spirilus
sanctus fidcliter credatiir. Ipse igifur haec scripsit qui scribenda diclavit. Jpse scripsit,
qui et in illius opère inspirator exlitit, et per scrihen/is vocem imilanda ad nos cjus
facta transmisif. Si maijni citjusdamviri susceptis epislolis legeremus verba, sed que
calamo fuissent scripta quaereremiis, ridiculuni profccto esset epistolarum auctorem scire
sensumque cognoscere, sedquali calamo earum verba impressa fuerint indagare. Cum
ergo rem cognoscimus, ejusque rei Spiritum sancttim uuclorem tenemus, quia scriplo-
rem quaeriinus, quid aliud agimus, nisi legenles litteras, de calamo perconlamur {Li-
bri Moralium Praefatio, c. i, 1, 2: P. L., LXXV, 515, 517). On sait que les vues de saint
Grégoire le Grand ont été adoptées par un assez grand nombre de théologiens et de com-
mentateurs CoNDAMiN, RB., 1900, p. 33 s.).
(cf.
(3) De diversis quaestionibus octoginla tribus liber unus, Quaest. 76 (P. L., XL, 87 s.).
(4) S'il avait toute facilité d'ajouter au livre, n avait-il pas aussi celle de retrancher'^
LA COMPOSITION DL [.IVRE DE LECCLÉSIASTE. 191
doctrine n'est pas à déduire dune partie seulement des textes qu'il
contient. Tous sontégalement à considérer, les uns devant au besoin être
tempérés, ou, si l'on veut, éclairés par les autres. Or, à ce point de
vue. qui n'est plus hypothétique, l'Ecclésiaste ne le cède en rien aux
divers écrits de sagesse de l'Ancien Testament hébreu. Il se résume en
une leçon de détachement du monde présent et de religion envers
Dieu : « Tout est vain ici-bas. sauf la vertu: car Dieu la récompensera
à son heure. L'homme peut jouir des biens de cett« vie, mais seule-
ment dans la mesure permise par la loi morale et en se souvenant
-6-==3i-<C>9c:>-S-
LA PHILOSOPHIE RELIGIEUSE D'ÉPICTETE
ET LE CHRISTIAMSME
[Suite {\)]
C'était une vérité religieuse traditionnelle que Zeus était le père des
dieux et deshommes. Zenon l'avait accommodée à son système, en di-
sant que Dieu était « le créateur de l'univers, et comme le père de
toutes choses, soit en géaéral, soit par cette partie de lui-même qui
pénètre tout (2) », sans craindre pour son monisme rigoureux ce
terme de père qui pouvait suggérer une personne distincte. Aussi
Sénèque ne faisait-il qu'appeler les choses par leur nom stoïcien en
mettant le monde à la place de Dieu " Le monde est Tunique père de :
tous, que la première origine de chacun remonte à lui par des degrés
illustres ou vilains! 3). » Selon son système d'équivalents, il pouvait aussi
nommer la nature i ou les dieux (5). Naturellement Dieu aussi est
,
prononcé cette admirable parole, que l'homme est ou doit être sacré
pour l'homme 7'. Il regardait la bienfaisance comme une vertu stoï-
cienne, et en étendait l'exercice jusqu'à des ennemis 8;.
Cependant il a tiré peu de parti de ce dogme sublime, et il ne dit
nulle part expressément que les hommes sont fils de Dieu 9).
Quand il recommande la bonté pour les esclaves, il dit, avec un sen-
timent résigné aux vicissitudes de son temps, que nous sommes tous
(4) Ep. 95, 52 : membra sumns corporis magni. Xalura nos cognatos edidil, cum ex
isdevi et in eadem giqneret.
(5) Ep. 44, 1 omnes fi ad originem primam j-cvocantur. a dis sunt.
:
(6) Ep. 110, 10 deus et parens nosler...: De Benef.U, 29, 4 parens nosier ; De Prov.
: :
2, G : palrium deus habet adversus bonos viros animum amat. et illos forliter
esclaves, puisque nous ne savons pas ce que nous réserve la fortune (1).
Et, ce qui est surtout de notre sujet, Sénèque n'encourage pas les
hommes à la vertu parce que Dieu est leur père.
La doctrine d'Épictète est la même : Dieu est le père des hommes.
Il père de tout ce qui existe, mais spécialement des êtres raison-
est le
nables, parce que la raison leur permet d'entrer en communion avec
lui. Reprenant une étonnante parole de Posidonius, la société la
plus noble est pour lui celle qui se compose des hommes et de Dieu (2).
Au lieu de dire les dieux, Épictète dit Dieu, non sans intention, car
il entend tirer de cette relation entre Dieu et les hommes des consé-
role de la première épitre de saint Jean est telle qu'on s'étonne que
M. Bonhôffer ne l'ait pas signalée (6). Il est difficile qu'elle soit due
154: Est enim mundus qtiasi communis deoriim algue hominum domiis aut urbs utro-
rumque.
(3) Les chapitres 3 et 9 du {' livre sont consacrés à ces déduction?.
(4) I. 9, 6.
(5) I, 19.9.
(6) Ep. Diss. IL 1(3, 44 : à),/."o05jv siÀTcOOv -oO bio'j. oià toOto i-'.a-z-'Ar, Aiô; -j'Ô; îlva; y.ai
V. 1 Jo.,3, 1 : \ot~t noTa-riv àYâ;:r,v géSw/.jv r,u.vv 6 aaîr,? l'va TÉxva 6ïoC /.)r,6wtAcv, xai èchév ;
hommes, Zeus qu'il regardait comme son propre père, et qu'il invo-
quait, et vers lequel il se tournait dans toutes ses actions f(l). » Or
Héraclès était le modèle du vrai sage ; il dépendait donc de chacun de
(3) m. 26, 31
(4) III, 24, 15.
gentils. Votre père céleste sait que vous avez besoin de toutes ces
choses (1). ))
« Dieu est grand, parce qu'il nous a donné ces instruments pour
travailler la terre. Dieu est grand, parce qu'il nous a donné des
mains, un gosier, un estomac, parce qu'il nous a donné de grandir
sans nous en apercevoir, et de réparer nos forces en dormant... »
Celui qui parlait — qui chantait ainsi, — s'était fait une habitude de
voir Dieu en toutes choses et d'agir pour lui plaire. Espérait-il lui
demeurer uni après cette vie? Les savants qui, le plus récemment, se
sont occupés d'Épictète, M.M. Bonhôffer et Colardeau répondent que
;i) Mt., 6, 31 s.
avoir la vie plus dure que les dieux. Et les stoïciens, surtout depuis
Panétius, avaient-ils une doctrine ferme sur la conscience que l'âme
séparée du corps pouvait garder d'elle-même?
Interrogé sur l'immortalité de l'âme, le cynique Démonax répondait :
(( Certes, elle est immortelle ! Comme tout le reste (3) ! » C'est bien la
solution d'Épictète : « Où vas-tu? vers rien d'effrayant; vers ce dont tu
es venu, vers des amis et des parents, vers les éléments (4) »... « Je
ne serai donc plus? —
tu ne seras plus, mais tu seras quelque chose
dont le monde a besoin maintenant. Car toi-même, tu as pris nais-
sance non quand tu las voulu, mais quand le monde a eu besoin de
toi (5) », C'est si net, avec une précision scientifique, qu'on dirait
bien le dernier mot d'Épictète sur le plus grave des problèmes. Ail-
leurs, quand il s'abandonne au sentiment religieux, il ne paraît pas
douter que quitter la vie c'est rejoindre les dieux. Parent des dieux,
c'est vers eux qu'on retourne. Enflammé de ce désir, le disciple de-
vrait dire à son maître « Épictète,... ne sommes-nous parents de
:
(6) I, 9, 11 ss.
et qui voyait tout en Dieu, n'a pas dit que Dieu punirait le péché.
Et il ne pouvait guère le dire. Dieu ne saurait être plus sévère pour
le pécheur que le sage, et le sage avait des trésors d'indulgence pour
ne peut être joyeuse s'il lui est interdit à jamais de connaître celui
auquel elle a tant sacrifié.
Il presque aussi difficile de savoir ce qu'Epictète pense des
est
dieux,que ce qu'il pense de Dieu. Arrien emploie le pluriel sans
comparaison beaucoup moins souvent que le singulier. Encore, lors-
que le texte dit : « les dieux », c'est très souvent une expression
synonyme de Dieu, ou du divin. On peut donc croire avec M. Colar-
deau (1) qu'Épictète ne parlait des dieux que pour se conformer aux
habitudes du langage vulgaire. C'est ainsi que philosophe prouve le
(2) I, 12, I.
mobile des jeunes gens. Héraclès fait exception, mais aussi figure-
t-il comme un homme. Les Dioscures, Asklépios, Hermès, Héphaistos
ne sont cités qu'à la cantonade. On n'entend nommer Héra, Apollon,
Athéné, ces divinités chères aux Grecs, qu'au moment où elles dis-
paraissent dans la conflagration universelle. Zeus seul demeure et
domine tout, mais Zeus est identifié avec Dieu, il est seul Dieu.
Épictète n'a donc pas voulu rompre avec le polythéisme gréco-ro-
main, mais il lui a fait une place si petite qu'il ne représente pres-
que rien dans sa doctrine, et rien dans ses sentiments. Les mots de
grâces aux dieux, remercions les dieux, appartiennent au style cou-
rant, sans évoquer distinctement l'image des dieux de la Grèce ou de
Rome. C'est Dieu que le philosophe remercie, dans les termes émus
que l'on sait, c'est bien à lui qu il veut plaire, c'est lui qu'il prie de
l'employer à son se'?vice, n'importe où. n'importe comment, dans
quelque état que ce soit. C'est à Dieu enfin qu'il rend ses comptes au
moment de mourir, heureux d'avoir été. devant l'humanité tout en-
tière, le fidèle témoin de sa sagesse et de sa bonté. On ne voit
pas que ses dieux, considérés isolément, s'occupent beaucoup des
hommes, ni qu'il ait eu envers eux cette tendresse de cœur qui est le
lui-même (2). C'est aux dieux qu'il rendra grâce au moment de mou-
rir, avec sérénité, sincèrement, et du fond du cœur (3). Si l'on
mène une existence semblable à celle des dieux, les dieux ne de-
(1; vil, 9.
(2) I, 17.
manderont pas autre chose (1). On comprend que, dans ses médita-
tions solitaires, n'ait pas la note lyrique d'Épictète chantant devant
il
voit Dieu partout. Agir selon la nature pour procurer des fins univer-
selles, c'est un motif trop pour entraîner les cœurs. Plaire à
abstrait
Dieu est plus noble pour une âme rehgieuse. Du destin
et plus clair
qui détermine nos actes, il ne sera plus question. Par un véritable
acte de foi, il faut croire que Dieu nous a donné le libre arbitre, et
que lui-même est impuissant à le contraindre. Dieu est le principe de
la liberté, comme le terme le plus noble de ses efforts. Il est le Père
des hommes qui doivent s'unir à lui et lui ressemlîler. La morale
stoïcienne tout entière devient une morale de monothéiste.
(1) H, 5.
LA PHILOSOPHIE RELIGIEUSE DÉPICTÈTE ET LE CHRISTIANISME. 201
'AvTt(T6Év£i S'èv [jLÈv Ttô ou(7ixw ).£Y£Ta'. TÔ xa-à vôjxov clvai 'îto).).0'j;. v.aTà ôè çûdiv sva (GOMPERZ,
(5) Dans son ouvrage, d'ailleurs si remarquable, Phoinix von Kolophon (1909). M. G. A.
Gerhard commente dans le sens d'une foi à un Dieu rémunérateur les vers qu'il a réussi à
déchiffrer: latiyyiçi,lu~f.'j, ô; TotôcffxoTi^rSaijAwv |
oçèv -/povw. toÔîIovov v.T.ia'jyyvEi \
[v£](j.£i o'
£/.â(7-(oi tr.v xaTaiiTiav (AoTpav: « Car un démon, qui le voit, qui ne permet
il existe, il existe
pas avec le temps que la divinité soit confondue, et qui donne à chacun le sort qui lui
convient ». Or ce sentiment n'est autre que l'ancienne foi à l'exercice de la justice divine
dès cette terre. Il y a seulement dans les iambes du cynique une distinction entre la divinité,
inactive par elle-même, et le démon qui la venge des affionts qu'elle recevrait si le crime
demeurait impuni. Cette croyance est parfaitement conciliable avec la négation des dieux de
l'Olympe, et même maux sont mal distribués, sauf une
avec l'opinion que les biens et les
punition trop tardive pour aUeindre les vrais coupables. C'est en effet précisé-
(âv xpô'jutj
ment ce que prétendait Cercidas, dont M. Hunt vient de publier les vers. .\près s'être plaint
de l'injustice des dieux, même de celle de Zeus, Cercidas propose de regarder comme les
dieux véritables Ilaiâv, M£Tâ5w; (?) (la rétribution), et la N'émésis qui se produit sur cette
terre : àixiv Si iraiàv xai [àYà6a] M£~a5(i); (xïXs'tw | 6£Ô;yàp ayta, xai >i£[X£<ji; v.7.-:àyà.^{0xyrh.
pap. Vlll, 1911, p. 31). En tous cas, Cercidas est un cynique authentique, et son fragment
est plus complet et plus clair que celui de M. Gerhard. Ce savant prétend encore que le
XctpoupYîîv de Diogène est une injuste imputation. 11 rentrait cependant exactement dans
ses principes de satisfaire le plus simplement possible les besoins de la nature. Cercidas a
LA PHILOSOPHIE RELIGIEUSE D'ÉPICTÉTE ET LE CHRISTIANISME. 203
Platon et Aristote avaient reconnu l'unité de Dieu sans que cela tirât
à conséquence, ni pour le culte, ni pour la morale. Et le principe lui-
même avait reculé. A cette philosophie résolument dualiste avait suc-
cédé dans la faveur du public un panthéisme franc c'était lui qui dé-
:
la même mais qui aboutit plutôt, selon moi, à la pratique recommandée par Anti-
théorie,
sthène (Diog. Laert.. VL 4, oooXoù, et dans Cercidas ôoolSi). Et pourquoi, dès le temps de
Zenon (!), aurait-on calomnié Diogène? Les cyniques ont toujours tenu cette doctrine, que
Dion faisait prêchera Diogène, et que l'empereur Julien admirait encore en lui ou du moins
ne trouvait pas répugnante, comme M. Gerhard lui-même l'a noté, citant Jcl. Or. VII,
p. 226 A. B.
204 REVUE BIBLIQUE.
fluencé moins par une doctrine que par des exemples. Il a subi un con-
tact, il a cédé à un entraînement général. Doù pouvait provenir cet
entraînement si ce n'est de ceux qui prêchaient avec énergie l'unité de
Dieu, cause et terme de tous les êtres? Aucune tliéorie d'évolution ne
peut refuser de tenir compte des influences ambiantes, et les influences
ambiantes supposent des foyers où s'est concentrée leur énergie et
dont elles dérivent.
Ces influences ne sont pas reçues telles quelles, elles sont adaptées,
assimilées; soit. On ne prétend pas en retrouver les morceaux intacts
comme dans un livre composé de documents ajustés bout à bout. Les
comparaisons de détails seront très délicates, parce que les ressem-
blances ont toujours été mêlées de différences peut-être plus accen-
tuées. Mais on ne peut se tromper sur le jugement d'ensemble. Soit
qu'Épictète ait connu le christianisme ou qu'il lait ignoré, jamais la
philosophie n'aurait pris l'allure qu'elle a dans ses Entreliens, si le
n'était même
pas sympathique aux chrétiens. Ce sont bien eux qu'il
désig-ne sous le nom de Galiléens (1 Parlant du mépris de la mort, .
arrêté en route. Il est vrai, s'il avait assez bien compris le christia-
nisme pour être séduit par sa beauté mais s'il n'y voyait que des ;
(Ij IV, 7, 6.
3) P. 66 : fur so unkritisch uad unnobel diirfen wir doch dea lefzteren nicht halten, dass
er eine Klage, die ganz anders gemeint war. durch eine solche Eatstellung liicherlicli ma-
chen wollte! Si Épictète n'a pas compris, il ne manquait pas de noblesse en raillant une
idée fausse.
206 REVUE BIBLIQUE.
peu affecté par la culture grecque (1) ». Tout ce que dit M. Bonhôffer
du dogmatisme intransigeant d'Épictète, de son peu de soin de ren-
dre justice à des adversaires, ne prouve pas qu'il était incapable de
faire des emprunts conscients au christianisme, et encore moins qu'il
était incapable de le critiquer directement ou indirectement. Nous
ne demandons pas qu'il ait été plus indulgent pour lui que pour ses
adversaires des autres écoles grecques. Il néprouvait pas, dit-on, le
besoin de l'examiner sans préjugés... de quel droit ajoute-t-on qu'il
avait l'esprit assez pénétrant et le cœur assez large pour lui rendre
justice, et pour apprécier à leur valeur les pensées d'un saint Paul?
Estimant peu la secte galiléenne, il pouvait se croire autorisé à prendre
son bien où il le trouvait. S'il a pu le critiquer, sans le comprendre,
il a pu aussi s'en inspirer, parfois même sans s'en douter.
Ayant ainsi restreint le champ d'observation, il est certain d'avance
que nous ne pouvons trouver que des allusions très rares, probables
plutôt qu'évidentes. Le principal demeure ce que nous avons dit de
l'idée de Dieu. Dans Épictète il est presque devenu un Dieu vivant.
Tout s'efface devant ce fait; le reste ne peut servir que d'indications
plus ou moins vagues destinées à le confirmer.
Nous renonçons à attribuer à des influences chrétiennes les senti-
ments fraternels qu'Épictète professe envers tous les hommes. Plus
tendre envers Dieu que Sénèque, il Test moins envers ses frères.
L'intransigeance de son détachement de tout ce qui n'est pas la vertu
lui impose même des expressions brutales. Si l'on a perdu un ami ou
un serviteur lidèle, il n'y a qu'à les remplacer. Faut-il mourir de faim,
plutôt que de changer sa marmite (2) ? Et tout en recommandant à
ses disciples de prendre part aux affaires, Épictète, simple professeur,
n'a pas pratiqué, et n'aurait peut-être pas compris, l'abnégation de
Marc-Aurèle, philosophe immolé au ser\dce d'un grand empire (3).
Mais reprend l'avantage lorsqu'il s'agit de la propagande par
il
temple, —
et dans un temple chrétien plutôt que dans un temple
faut-il pas que rien ne vienne tirer le conique en d'autres sens, pour
qu'il puisse être tout entier à son di%-in ministère? Ne faut-il pas
qu'il puisse aller trouver les gens, sans être lié par les obligations
des hommes ordinaires, sans être engagé dans des relations sociales,
dont il lui faut tenir compte, s'il veut rester dans son rôle d'honnête
homme, ne saurait respecter sans détruire en lui lapôtre,
et qu'il
« Celui qui n'est pas marié a souci des choses du Seigneur, il cherche
à plaire au Seigneur celui qui est marié a souci des choses du monde,
;
vous vous effrayez à tort, que vous désirez vainement ce que vous
désirez. » Pour que le témoignage ait plus de poids, ayant coûté da-
vantage, Zeus réduit son témoin à la pauvreté, l'abandonne à la ma-
ladie^ l'envoie en exil, en prison... non qu'il le haïsse, mais pour
l'exercer et pour s'en servir comme de témoin auprès des autres (3).
Si bien que les témoins sont comme un groupe spécial dans l'huma-
nité Dieu ne prendra-t-il pas soin de ses serviteurs, de ses témoins (4)?
:
(1) III, 29, 46 ss. Qu'on note l'expression -raùxa (A£),),£'.ç (Jiapxupeïv xal xataKjy'jvEtv xïjv
:
xXrjatv "ov y.ÉxXrf/.ev... et comparer II Tim., 1,8: [Xïi o^v ÈTtaKTxyvôïi; xô ixapx-jptov xoù /•jpiov
(3) III, 24, 112 SS. : à).).à yj[i.vâi;(ov xai |A(ipxupi Ttpbç xoù; âX).ou; xpw[J-îvo;. Cf. Acf., 22, 15 :
(5) que ces grands Romains ne furent pas les martyrs du stoïcisme. Le plus
Encore esl-il
illustre qui mérite ce nom est Junius Rusticus, dont Suétone écrit que Domitien le
fit
mettre à mort Quod Paeti Thraseae et Helvidi Prisci laudis edidisset appellassetque
:
eos sanctissimos viros; cuius criminis occasione philosophas omnis urbe Italiaque
sicmmovit {Domit., 10.); cf. Dion Cass. LXVII, 13.
REVUE BIBLIQUE 1912. N. S., T. IX. — 14
210 REVUE BIBLIQUE.
sans dire pour Épictète que le stoïcien n'avait pas moins d'occasions
de montrer une vertu plus haute, parce que purement rationnelle.
Le philosophe a-t-il eu en même temps le triste courage de faire
allusion à la pusillanimité morale des chrétiens? Une pareille contra-
diction n'est pas impossible; le chrétien bravait la mort par instinct,
plutôt que par raison, dans une circonstance donnée, cela ne l'empê-
chait pas de se montrer dans la vie dépourvu de cette suffisance en
soi dont le stoïcien était fier. Cependant Epictète ne faisait pas allu-
sion à l'Évangile quand il reprochait sa lâcheté à l'apprenti stoïcien :
Jésus (3).
Au contraire, il nous semble qu'Épictète a lu S. Paul, et qu'il l'at-
(1) III, 10, 14 : Tsouv xo),ax£'j£'.; tov îaTpov; tv léyii^ âàv ai) ôéXyi;, xOpie, /aXw; êlw: cf. Mt.,
guère être fortuite, car elle porte à la fois sur l'aveu de la misère
humaine, et sur l'infirmité de la chair, dans une même phrase, sans
parler du rythme, semblable dans les deux cas.
Epictète a connu l'existence du christianisme, il n'a pas cherché à
l'approfondir. Il était incapable de le goûter, ne voulant accepter
d'autre lumière que celle de la raison, d'autre point d'appui que la
volonté, d'autre libération ou de salut que le don initial du libre ar-
bitre. Mais il dut être étonné de voir
chrétiens ravir aux stoïciens les
la palme du courage, pendant que leurs apôtres faisaient plus d'a-
deptes que les écoles de philosophie. Il a compris que la secte nou-
velle tirait toute sa force de l'esprit reKgieux si intense qui l'animait.
Pour c[ue le stoïcisme fût en état de maintenir son rang. et. s'il se pou-
vait, de conquérir le monde, il fallait faire plus grande la place à
Dieu, il fallait avoir des hommes convaincus, appelés par lui et qui
lui servissent de témoins. Renan a écrit de la prédication stoï-
cienne qu'elle fut « la plus belle tentative d'école laïque de vertu
que le monde ait connue jusqu'ici ''2 > ». L'école d'Épictète a cessé d'ê-
tre laïque; son enseignement voit tout en Dieu. Et vuila pourquoi sa
philosophie est si joyeuse, comme s'il eût touché à la certitude, comme
s'il eût espéré que la philosophie, mise au service de Dieu, suffirait
désormais àcontenter le sentiment relig-ieux des âmes d'élite, sans com-
battre le culte traditionnel, mais sans s'en préoccuper. Cette illusion,
si pas duré plus que lui. Marc-Âurèle craignit-il
elle fut la sienne, n'a
n'a plus foi en Dieu, et ne sait plus que se résigner au doute. La porte
ouverte vers le monothéisme se referme sur les stoïciens. Le dernier
représentant de l'école rentre dans la logique du système ; il ne veut
point le voir périr entre ses mains. Il n'en était pas moins destiné à
XOVTOU.
(2) Marc-Aurèle, 5« éd., p. i.
212 REVUE BIBLIQUE.
disparaître. Les lueurs dont il s'éclaire dans les écrits d'Épictète sont
des reflets d'un foyer plus ardent, semblables à ces clartés qui colorent
parfois l'occident quand le soleil se lève. Il a chanté l'hymne d'une
fausse aurore. Les Pensées de Marc-Aurèle sont la douloureuse élégie
d'une philosophie qui désespère et qui s'éteint.
Jérusalem.
Fr. M.-J. Lagrange.
-IMÙ-KZ- *
-
t
LA SECTE Jl lYE DE LA NOUVELLE ALLIANCE
AU PAYS DE DAMAS
en vaut la peine.
II est même si intéressant, que je n'ai pas cru devoir me conten-
(1) L'ouvrage complet de M. Schechter comprend deux volumes in-quarto et est intitulé
Cambridge; at the University Press, 1910, lxiv-20 pp. avec deux fac-similés.
Volume II, pyS mjf*2n lEDQ ''OTCjlp Fragments of the Book of the Command-
ments by Anan edited... and provided with a short introduction and notes by S. Schech-
ter... vi-50 pp.
214 REVUE BIBLIQUE.
entre ( ) ont été ajoutés pour la clarté; ceux entre [ ] sont ajoutés,
le un endroit illisible; ceux entre -< >* doivent
plus souvent dans
On n'a pas toujours indiqué de menus changements qui
être effacés.
peuvent passer pour certains; M. Schechter nous avertit que le iod et
ivaw sont souvent assez semblables; il était donc inutile de relever
les casoù l'on a pris l'un pour l'autre.
Afin d'éviter l'encombrement dans les notes, les références à la
Bible sont introduites dans le texte. Mais, outre que les citations sont
très rarement littérales, ces renvois ont souvent pour but d'indiquer
seulement le sens d'une expression d'après un passage biblique.
Page 1.
(1) Sx, c'est le seul nom divin employé par l'auteur. Les autres sont soigneusement
éliminés, même des textes bibliques.
(2) Le sanctuaire, ou le Temple, a donc été abandonné aux ennemis, sinon détruit.
(3) rp. Je crois avec L que ce mot signifie toujours dans notre texte, sinon tout à fait
« période «, du moins « moment », plutôt que « fin « ; donc « âge » au sens apocalyptique.
(4) Chiffre emprunté textuellement à Ézéchiel (4, 5).
(5) Cette plante, en parallèle avec le petit reste et destinée à posséder le pays, ne saurait
être une individualité (malgré Hénoch, 93, 3; mais cf. 10. 16 . C'est la secte elle-même
destinée un jour à revenir triomphalement en Terre Sainte.
(6' p~À* ri"lV2 ;
cf. Os.. 10, 12 : jusqu'à ce qu'il vienne et qu'il leur enseigne la justice
(8) l'iZ 1^''^. C'est l'entrée en scène du grand adversaire, auquel on reprochera sou-
vent mensonge (p. 8, 13; 19, 25 s.; 20, I5j.
le
On sait que Bar-Kokébas a été nommé par les rabbins Bar-Koziva, le fils du mensonge.
(8) mnz;, à lire probablement riiyu, << les collines ».
216 REVUE BIBLIQUE.
Page 2.
liance 1^3), et je révélerai à vos oreilles les voies -Mes pervers. Dieu
aime la science; il a placé devant lui la sagesse et le conseil; ^la
prudence et la science le servent. Auprès de lui sont la longanimité
et l'abondance des pardons de façon à pardonner à ceux qui quit-'
(1) "lEJfil, rattaché par S à nZs « épier», et changé par L en "îïlS'iT, « ils firent des brè-
ches », est plutôt nSÏ " recouvrir ». On a passé sur les brèches comme un enduit pour
les dissimuler.
(2) Symbole de l'orgueil (Ps. 75, 6) et de l'indépendance; cf. Os., 10, 11.
(3) Cette alliance qui sera plus loin qualifiée de nouvelle (cf. Jer., 34, 10) est le lien de
la secte.
(6) lin.
(7) minj comme dans Sir., 42, 19 et ici même 13, 8, et non les choses futures 'contre S).
LA SECTE JUIVE DE LA NOUVELLE ALLIANCE AU PAYS DE DAMAS. 217
pour remplir '-la face du monde de leur race (Is., xxvii, 6). Et
Page 3.
(1) s et L effacent iQ^j; comme une dittographie. Alais la phrase a une allure mystérieuse
voulue. L'auteur veut dire que ceux de la secte portent le nom de son fondateur qui est
ici nommé Oint, c'est-à-dire grand prêtre ou Messie. De toute façon il appartient au passé.
L'existence de deux messies se concilierait bien avec la théorie des âges du monde, avec
des hommes extraordinaires appelés nominativement par Dieu.
(2) *)2V^ avec L qui cite Sir., 42, 8.
(3) Lire 'ii'i^ au lieu de Ifiy (S). Allusion à la chute des anges; cf. FTénoch, 1, 5; 7, 2;
Jubilés, 4, 16; Test. Ruben, 5, 6; Apoc. Baruch, 56, 12.
Nepht. 3, 3.5;
(4) Aucune allusion à des supplices éternels. C'est l'âge antérieur au déluge, dont Noé
fut l'homme providentiel.
(5) D'après L S~[lN 2r!]3''1. D est vrai qu'avant la lacune S lit yiT. Cf. Jubilés, 19, 9;
30, 20.
218 REVUE BIBLIQUE.
premiers, et ils furent livrés l'au glaive, parce qu'ils avaient aban-
donné l'alliance de Dieu et avaient préféré leur caprice, et avaient
erré après l'obstination '-de leur cœur de façon à agir chacun à son
gré (5).
des personnes attachées aux commandements de Dieu
Et par
12 au milieu du peuple, avaient échappé, Dieu établit son
qui,
alliance pour Israël, à jamais, en révélant '^à ceux-ci les choses
cachées en quoi s'était égaré tout Israël. Ses sabbats saints, et ses
solennités '^glorieuses, ses témoignages justes et ses voies véri-
diques, et les bons plaisire de sa volonté, que doit accomplir '''l'homme
pour être sauvé par eux [et ceux qui les rejettent ne vivent pas],
il a ouvert devant eux (6) !
(1) Celte alternance de péché et de fidélité rappelle les eaux claires et les eaux noires de
l'Apocalypse de Baruch (56 ss.).
(3) Insistance sur la défense de boire le sang dans Hénodi, 7,5; Jubilés, 6, 9.12.13;
7, 28.29; 21, 6.7.17.18.
(i) Suppléer des mots omis (en partie d'après S et L) [in TC7»X3] et [Twp"'1 VINH TIN] ;
précédé d'un blanc qui a mis dans l'embarras S et L. La vraie construction a été reconnue
par Leszynsky. Il n'y a donc pas à corriger an^JS^ ^^Pr^* nn£, La phrase est conçue pour
mettre en relief la nouvelle révélation.
LA SECTt: JUIVE DE LA NOUVELLE ALLIANCE AU PAVS DE DAMAS. 219
Page i.
Sadoq, qui ont gardé la garde de son sanctuaire, tandis que les fils
d'Israël s'égaraient -loin de moi, eux m'offriront graisse et sang ':4) »
(Ez., XLiv, 15).
Les prêtres sont les pénitents (5) d'Israël, ^qui sont sortis du
pays de Juda, et [les lévites sont ceux^ qui se sont joints à (6) eux.
Et les fils de Sadoq sont les élus ^d'Israël, appelés par leurs noms,
qui surgiront à la fin des temps 7).
Voici le sens vrai ''de leurs noms, selon leurs générations, et l'âge
(1) s compare Ez., 11, 15 et 33, 24 : « C'est à nous que le pays a été donné ».
nïJ ''TiS. Cependant le contexte autorise à prendre ni" dans le sens d'honneur.
(3)
Dans le texte d'Ézéchiel il est question des prêtres lévites (ils de Sadoq. Notre texte
(4)
suppose trois catégories dont il va faire l'application à la secte. Le prophète dit « loin de
moi »; le Ms. porte « loin d'eux », comme si le crime d'Israël était de ne pas suivre la
direction des disciples de la nouvelle alliance! Il faut rétablir la coupure an "iSî/O (B). :
second sens avec L et B; cf. Is.. 1, 27 ; 59, 20. Les Cara'ites seront « les gémissants ».
(6) Di1"i;m, jeu des mots avec 'il'i qu'il faut suppléer.
(') D'''2''r! niinN2 dans la Bible indique toujours l'avenir; de même ici. Cela n'erapéche
pas que les membres de la secte ne soient déjà (ils de Sadoq; mais ce nom est réservé à
ceux d'entre eux qui seront les hommes providentiels du dernier âge, les fils de Sadoq par
excellence, naturellement sortis aussi de la secte.
(8) Je lis at:u? Itt^'iTOH au lieu de nl^Vj; '^L'UTlpH, tout à fait désespéré. L : « tels sont
les serviteurs du Dieu saint » ; S : the holy they alter. C'est la première période de la secte,
période caractérisée en peu de mots, le temps du gouvernement des saints.
220 REVL'E BIBLIQUE.
qui sont venus après eux *pour agir selon le vrai sens 1; de la Loi,
où ont été instruits les premiers, jusqu'à l'achèvement Me l'âge
(qui comprend; ces années, — selon l'alliance que Dieu a établie pour
les premiers, de façon à pardonner '*^ leurs iniquités, ainsi Dieu leur
pardonnera.
Et à l'achèvement de cet âge, selon le nombre de ces années,
l'il n'y aura plus à se rattacher à la maison de Juda (2), mais à se
Lévi, fils de Jacob (i), "^au moyen desquels il (Bélial) a saisi Israël,
et il leur a présenté leur apparence (5) comme trois sortes ^"de
justice : le premier, c'est la luxure; le second, le lucre; le troi-
sième, '^la pollution du sanctuaire; celui qui sortira de celui-ci sera
pris dans celui-là, et celui qui échappera à celui-là sera pris dans
1^ cet autre (Is., xxiv, 18).
Ceux qui bâtissent la muraille (6), qui sont forts pour la règle —
la règle c'est celui qui débite,dont il a dit — -*J
: « ils débitent à
force » (Mich., dans deux (de ces pièges)
ii, 6); ceux-là ont été pris :
(1) U."n£ "16 parait signifier lexpiication orthodoxe de la Loi, soa vrai sens. La
secte
ne prétend pas innover, mais retrouver par révélation le vrai sens des institutions mosaï-
ques et s'y conformer. De là la description de 1 ige qui suit celui des débuts on observera :
(2) Toute la nation reportait ses espérances sur la maison de David, du moins pour
le
moment de la restauration des derniers temps par le Messie. C'est ce que la secte refuse
d admettre. La séparation est désormais irréparable-, chacun chez soi. Et l'on cite dans ce
sens Michée (au futur dans le prophète).
(3) On dirait des derniers temps, mais on va voir que Bélial a déjà agi dans le passé;
ce n'est pas un homme, c'est Satan, le vieil adversaire, u Toutes ces années » sont donc
toutes les années du monde, sauf peut-être les périodes exceptionnellement bonnes.
(4) Test. Lévi. 14, 5-8, sur les péchés des jirélres et des lévites, avarice, luxure, mépris
des chose*! saintes.
(5) Très bien saisi par L.
(6) Vinn "III. V"" est pour V'Tî; 1? changement de 1 en "^ ou réciproquement est si fré-
quent que je me suis abstenu de le signaler. L'expression complétée plus loin ;8, 12 ]
par
"En 1""^ est empruntée à Ezéchiel (13, UV. On veut qu'elle signifie les Pharisiens, qui ont
fait une haie à la loi. Mais ce n'est point en tout cas ce que signifie cette image. Dans
le prophète il s'agit de ceux qui bâtissent un mur à la hâte et l'enduisent d'un crépi pour
masquer sa mauvaise qualité ou ses brèches. L'auteur a bien en vue les Pharisiens, et tous
les tièdes; il les caractérise comme faisant de vains efforts pour rétablir le judaïsme par
des expédients.
LA SECTE JUIVE DE LA NOUVELLE ALLIANCE AU PAYS DE DAMAS. 221
Page 5.
(1) Ce texte qui condamne l'abus de la polygamie est cité contre toute polygamie.
(2) Dittographie, y^^lT y^yi.Tîr
(5) L'auteur a moins pour but d'exprimer de l'hostilité à l'égard de David L) que de se
débarrasser de l'autorité de ses pratiques de polygamie. Depuis la révélation de Sadoq, on
sait ce qu'il faut en penser. D'ailleurs Dieu a pardonné à David; c'est toujours une grande
figure.
(8) Les Pharisiens permettaient à l'oncle d'épouser sa nièce, tandis que la tante ne pou-
vait épouser son neveu. Les Cara'ites, plus sévères sur ce point, faisaient remarquer que
le degré de parenté est le même. C'est l'argument de notre auteur (S).
Qui sont ces audacieux? Ne sont-ce pas simplement des casuistes qui ont essayé da-
(9)
Tous ont allumé du feu et ont embrasé des tisons (Is., l, 11) ; leurs
toiles étaient des toiles *^ d'araignées (Is., lix, 9); leurs œufs, des
œufs de eux ^""ne sera pas inno-
^*ipères (ibid.^\ celui qui se joint à
cent; bientôt (1) sa maison sera désolée, sûrement il sera écrasé.
C'est ainsi (2) que, autrefois, Dieu a visité ''Ueurs œuvres et sa colère
s'est enflammée au sujet de leurs forfaits, car ce n'est pas un peuple
intelligent (Is., xxvii, 11), ''c'est une nation qui perd le sens (^Dt.,
XXXII, 28), car n'y a pas parmi eux d'intelligence; c'est ainsi qu'au-
il
Page 6.
par son Oint saint (6), et ils ont prophétisé le mensonge, pour
détourner Israël de suivre -Dieu.
Et Dieu se souvint de l'alliance des premiers, et il fit surgir d'Aa-
ron des intelligents et d'Israël ^des sages, et il leur a fait enten-
dre (T ) (sa révélation».
Et ils ont creusé le puits, « le puits qu'ont creusé les princes,
qu'ont percé ^les nobles du peuple parle Chef» (Xum., xxi, 18).
Ce puits, c est la Loi, et ceux qui l'ont creusé sont ^les pénitents
d'Israël, qui sont sortis du pays de Juda et qui ont séjourné au
pays de Damas, 'que Dieu a tous nommés princes, parce qu'ils l'ont
cherché, et que ^son honneur n'a pas chômé dans la bouche
d'un seul 8).
(4) Jannès et Mambré, les deux magiciens qui ont lutté contre Moïse et Aaron.
de Dieu. Ce doit être aussi le même que Sadoq 5. 5^ qui avait tiré la Loi de Moïse de
loubli.
[') Après cette rapide revue des âges, avec un nouveau renvoi (5, 17-19 nous sommas .
bouche d'un seul «. Je lis les trois premiers mots *in"'Nîr ,~P2*w n'^T-
LA SECTE JUIVE DE LA NOUVELLE ALLIANCE AU PAYS DE DAMAS. 223
Et le Chef, c'est celui qui scrute la Loi (1), dont Isaïe ^a dit : « pro-
duisant Imstrument pour son travail » (Is., liv, 16).
Et les nobles du peuple sont ceux ' qui sont venus pour percer le
puits avec les règles qu'a tracées le Chef (2), ^'^pour y marcher
durant tout Tàg-e de la perversité, et sans elles ils n'atteindront
pas (3), jusqu'à l'avènement "du docteur de justice (4), à la fin des
temps.
Et tous ceux qui ont été amenés au pacte '"-de ne pas entrer dans
le sanctuaire pour allumer son autel, et qui ont fermé ''^ la porte (5),
dont Dieu a dit Qui d'entre vous fermera sa porte, et n'allumez
: «
pas mon autel ''en vain » (Mal., i, 10) s'ils n'observent pas d'agir :
ment qui doit servir à tous, durant l'âge où il y a encore, des épreuves à subir.
(3) Sous-entendu « les chemins de la vie »
: cf. Prov., 2, 19. ;
(4; 11 n'y a pas pfi" ri1T2, comme 1, 11, mais pfïri "1"'', ce qui n'est pas très diffé-
rent puisque niT' est pris comme substantif, 20, 14, Schechter a conclu de ce passage que
le docteur de justice ressusciterait à la fin des temps. Cela n'est pas certain; le rôle du
Messie sera aussi celui d'un docteur, mais il sera une autre personne, le Messie issu
d'Aaronet d'Israël. Le docteur de justice Mehoqeq est donc placé entre deux Oints.
Le sens de ce passage important a été déterminé par M. Lévi, d'après la référence déci-
(5)
sive à Jér., 34, 10 et II Chr., 15, 12. 11 en a conclu avec raison que la séparation plus —
ou moins volontaire —
de la secte, avait eu lieu dans un moment où le culte du sanctuaire
était en vigueur; ce qui cependant n'est pas décisif comme il le pense pour une date avant
70 ap. J.-C, puisqu'on a certainement offert des sacrifices au temps de la révolte sous
Hadrien. D'ailleurs, L a tort de traduire -.
« "l^l x^i nx parce qu'on n'observait pas la loi
comme il convenait ». Il semble que nx indique le serment (cf. Ps. 132, 3), quoique par
une tournure indirecte. Ce qui suit est l'engagement pris par quiconque adhérait à la
secte. Après la citation de Malachie il faut sous-entendre comme dans tous les serments
« sous les malédictions de la loi » : ils ont dit : qu'il leur arrive telle ou telle chose,
s'ils, etc.
Page 7.
saint qui est en eux, puisque Dieu les a séparés! Tous ceux qui mar-
chent "^dans ces (voies), dans la perfection de la sainteté selon tous
les principes de l'alliance de Dieu,
il y a assurance pour eux de les faire il y a assurance pour eux ^de les faire
vivre mille générations (1). Comme il est vivre mille générations (1). Et s'ils habi-
écrit : « Gardant l'alliance et la faveur tent dans des camps, selon la règle du
-pour ceux qui l'aiment et pour ceux qui pays, et qu'ils prennent "'des femmes, et
gardent sescommandements jusqu'à mille qu'ils engendrent des fils, alors ils devront
générations » (Dt., vu, 9). Et s'ils habi- marcher selon la Loi et suivant le droit
tent dans des camps, selon les statuts ^des principes, suivant la règle de la Loi,
fils, 'alors ils devront marcher selon la Et tous ceux qui rejettent (les com-
Loi, et suivant le droit des principes, mandements) , lorsque Dieu visitera le
Et tous ceux qui rejettent les comman- <( Il viendra sur toi et sur ton peuple et
dements « et les statuts, c'est pour faire sur la maison de ton père des jours comme
retomber ce qui est dû aux pervers sur '^il n'en est [pas](3) venu depuis le jour
eux, quand Dieu visitera le pays, 'quand où Ephraïm s'est détaché de Juda » (Is.,
s'accomplira la parole écrite parle minis- VII, 17), '3 le prince (4) d'Ephraïm (se sé-
tère du prophète Zacharie : « Épée, parant) de Juda. Et tous ceux qui avaient
réveille-toi contre mon pasteur et con-
^'^
fait défection furent livrés au glaive, et
tre l'homme de mon intimité, dit Dieu; ceux qui avaient persévéré '^se réfugiè-
frappe le pasteur et les brebis seront rent dans un pays du Nord. Comme il a
(1) Aucune vue de l'au-delà. Un pharisien aurait conclu : ils seront heureux dans ce
monde et dans l'autre [Lévi).
(2) Dans les Nombres il est
question du pouvoir qu'a le père et le mari sur les vœux de
sa fille et de sa femme, aussi le teste porte-t-il « le père et sa fille ». Notre auteur donne
cette solution particulière comme un principe général.
contre les petits » (Zacb., xiii, 7). Or '•et Kiyoun votre idole, 'au delà '
(1)
ceux qui lui sont fidèles sont « les pau- de Damas » (Ara., v, 26}.
vres du troupeau » (Zach., xi, 7). Les livres de la Loi sont la hutte (2)
<**
Ceux-là seront sauvés, au temps de la '6 du roi, comme il a dit : « Je relèverai
visite, et le restant sera livré au glaive, la hutte de David, tombée» (Am., ix, 11),
quand viendra le Messie " d'Aaron et et le roi, ''c'est l'assemblée, et [ ] (3)
d'Israël, comme cela a eu lieu lors de la Iviyoun des idoles, ce sont les livres des
'
première visite, comme a dit '
Dieu prophètes, '«dont Israël a méprisé les
<2par le ministère d'Ézécliiel, de marquer paroles. El l'étoile, c'est l'interprète de
d'un signe le front de ceux qui soupirent la Loi '9 qui est venu à Damas, comme
et gémissent (Ez., ix, 4), '^ et le restant il est écrit : « une étoile a m:iri-bé de
a été livré au glaive, exerçant la ven- Jdcob, et un seepire s'est levé 20 j Israël »
geance de l'alliance. (Xum., XXIV, 17): le sceptre, c'est le
Tel Sera le cas de tous ceux qui sont Prince de toute la communauté, et à son
venus ^' a son alliance et qui ne persévé- avènement « il brisera 21 tous les fils du
reront pas dans ses statuts, ce sera d'être tumulte » (4) {ibid.). Ceux-là ont trouvé
visités pour la destruction pnr le minis- un refuge au temps de la première visite.
tère de Déliai. ^^CVst le jour où Dieu
Page 8.
visitera, comme il a dit « Les : princes
de Juda sont comme ceux qui dépla- Et ceux qui avaient fait défection ont été
cent '6 les bornes; je répandrai sur eux livrés au glaive. Et tel est le sort réservé
la colère comme de l'eau » (Os., v, 10). à tous ceux qui sont venus à sou alliance,
Car ils sont entrés dans l'alliance de la qui- n'y ont pas persévéré, lorsqu'il les
'"
pénitence, et ils ne se sont pas écartés visitera pour la destruction par le minis-
de la voie des rebelles, et ils se sont tère de Bélial. C'est le jour ^où Dieu vi-
exercés dans les voies de la luxure et sitera! Les princes de Juda ont été sur les-
chair de leur parenté (7), ils se sont voie ^des rebelles et qu'ils se sont roulés
rapprochés pour des actions honteuses, dans les voies de la luxure et dans le lucre
et ils se sont grandis en lucre et en gain, de la perversité ; il en est qui se vengent et
et ils ont chacun ce qui lui plai-
fait -*^ gardent rancune ^enversleur frère, et qui
sait, et ils ont choisi chacun dans l'obsti- haïssent leur prochain, et ils se sont ca-
nation de son cœur, et ils ne se sont pas chés 'de' la chair de leur parenté (7),
(6) Lire N21Q "{''nS (cf. II Chr., 21, 18). L « ils espèrent [en vain] la guérison ».
(7) Les deux textes ont mSi?n', qui peut se justifier par I.s., 58, 7, en lisant "ix^Q au
lieu de "iNyjl. Le vice serait un manque de charité. Mais le mieux serait encore de lire
(2} Le caractère exclusif de la secte parait bien ici, car le peuple est le peuple d'Israël.
(3) Jeu de mots sur rôch poison », et rôch chef ".
•• >•
(5) r|lT2n comme dans A, au lieu de ï^I'ûG, emprunté à Michée. On voit ici reparaître j
l'adversaire de 1, 14.
(6) D'après B, lire ","!.
LA SECTE JUIVE DE LA NOUVELLE ALLIANCE AU PAYS DE DAMAS. 227
entrés dans l'alliance ^''-nouvelle au pa}s tournés dans l'obstination de leur cœur.
de Damas, et qui (ensuite) ont eu du 2f>C"est la parole qu'a dite Jérémie à
et Elisée 21 à
regret, et se sont mal conduits, et se Baruch, (ils de Nériyah,
sont écartés du puits des eaux vives, ''•' i\s Geliazi, son serviteur.
ne K'eront pas comptés dans le conseil du Tous les hommes qui sont entrés dans
peuple, et ne seront pas inscrits dans son l'alliance nouvelle au pays de Damas...
livre (Ez., xiii, 9), depuis le jour où a
(Lacune.)
été enlevé (1)
parmi les disciples de Dieu; en raison de son crime, qu'on fasse men-
tion de lui avec' (3) les hommes ^de fraude, jusqu'au jour où il
recommencera à siéger dans le conseil des hommes de parfaite sain-
teté. ^'Ei lorsque ses œuvres auront été manifestées, d'après l'inter-
ils ont proféré l'erreur contre les statuts de la justice, et ils ont rejeté
'-l'alliance et la foi qui ont été constituées au pays de Damas, et
c'est la nouvelle alliance; ^-^
et ils n'auront point de part, ni eux, ni
leurs familles, dans la Maison de la Loi. Or, depuis le jour ^*où a été
enlevé le Docteur unique jusqu'à ce qu'aient disparu tous les hommes
de guerre qui ont marché '•'avec l'homme de mensonge, il y a environ
quarante ans (7).
(•) ^nCNn pour dire mourir; litt. « être rassemblé ». Le terme ne suggère pas une dispa-
rition mystérieuse; cf. Sir., 8, 7; 40, 28 et déjà Nura., 20, 26.
(2) Tandis que les saints en sortent indemnes. Dan., 3, 27 s.
(3) En ajoutant ny. D'après le texte « que les mentionnent (seulement)
: les bommes
de fraude ».
[i] Les chefs de la nouvelle alliance, venus après les premiers dépositaires de la Loi.
(7) L'adversaire n'était donc pas seulement un prêcheur qui débitait le mensonge; il a
228 REWE BIBLIQUE.
liance de Dieu. << Alors ils ont dit (1), ^^ chacun à son prochain »
(Mal., iTi, 16) : [que chacun fortifie son frère] (2), qu'il soutienne ses
pas dans la voie de Dieu. « Et Dieu a fait attention ^^à leurs paroles,
et il a entendu, et il a écrit un livre mémorial [devant luij pour ceux
qui craignent Dieu, qui estiment ^^son nom » (Mal., in, 16), jusqu'à
ce que soit révélé salut et justice pour ceux qui craignent Dieu. « Et
~i
vous reviendrez, et vous distinguerez entre le juste et le pervers,
entre celui qui sert Dieu, et celui qui ne le sert pas » (Mal., ii, 18).
Et miséricorde (à mille), à
il a fait ceux qui l'aiment - et à ceux qui
lui sont fidèles jusqu'à mille générations (Ex., xx, 6 et Dt., vu. 9)
[en faveur de ceux?] de Beth-Pélég (3), qui sont sortis de la Ville
sainte, -^ et qui se sont appuyés sur Dieu, à l'âge où Israël a préva-
riqué, et (où) on a souillé le sanctuaire, et (où) ils sont encore reve-
nus -^ à l'idolâtrie' (4) (?). Le peuple (5), en peu de mots, tous, chacun
selon son esprit, seront jugés dans le conseil ''
de sainteté (6). Et tous
ceux qui auront fait brèche dans la limite de la Loi (7), parmi ceux
qui sont venus à l'alliance, lorsque se manifestera ~'^
la gloire de Dieu
pour Israël seront exterminés du milieu du camp, et avec eux tous
^"
ceux qui ont rendu coupable Juda au temps de ses épreuves.
Et tous ceux qui auront persévéré dans ces institutions, de façon
à se conduire-^ conformément à la Loi, qui auront écouté la voix
du Docteur, et qui se seront confessés devant Dieu, [disant] Nous :
avons péché, nous aussi bien que nos Pères, quand ils allaient à
2-'
entraîné le peuple à la guerre. Si les guerriers avaient au début environ vingt ans, en sup-
posant le dernier mort à l'âge de quatre-vingts ans, le docteur unique serait mort vingt
ans environ après la guerre, et l'écrit aurait été rédigé au plus tôt soixante ans après l'eiode.
(1) 112-j, restitué par L; mais il n'y a point de place pour S.N NTi.
ment iS3n*'2. Est-ce un nom propre? un nom symbolique, mieux voudrait tra-
Si c'est
-•123; ce mot lui-même paraît plutôt être TD3, car il n'y a place que pour trois lettres.
Ce peut être -,^z pour nZDD. Le reproche d'idolâtrie figurait déjà 1. 9. S et L traduisent
(pèse) sur nous; et qui ne lèveront pas la main contre ses statuts
^i
saints, et témoignages véridiques, et qui
son droit juste, et ses
auront profité de la leçon des premiers jugements par lesquels fi) •'^"-
, et
Page 9.
Document A [suite).
tout homme de ceux qui sont venus ^à l'alliance, qui introduit contre
son frère une affaire, qui ne soit pas pour le reprendre devant
témoins (4), ^mais qui l'introduit dans sa colère, ou qui l'aura ra-
contée à ses anciens pour le déprécier, il se venge et garde rancune.
"•Et il n'y a d'écrit que Il se venge de ses adversaires, et il : '(
^2) Ces premiers jugements sont ceux de la tourmente qui a précédé la migration. L'Uni-
que parait être le même, par parallélisme, que le Docteur de justice, nommé le docteur
unique. 20. 1. Il a donc laissé des ouvrages, ou du moins un enseignement; le livre du
Héf/ou y
(3) NM r'*2~''. D'après S qui rattache ,v*- à ce qui suit, c'est la défense de traîner un
Israélite devant les tribunaux païens. L traduit : « sera passible de mort ». Mais x*,-j à la
fin comme 9,17; 12,1 et surtout 16, 11, se rapporte à la phrase, non à la personne. Il sagit
des tabellae devotionis, qui avaient vraiment une intention homicide. < De Lbumanité »
*2 niy, que s corrige en 12 l;"l>. L joint ces mots à pl*2 12"72 qui les précède, en
(")
entraînant la mort pour l'inculpé? » Mais ce n'est pas la dénonciation qui est réprehensi-
ble dans un crime capital, c'est le silence. A propos d'un crime, —à la différence du cas
230 REVUE BIBLIQUE.
pas (I Sam., xxv, 26), l'homme qui fera jurer dans la campagne
y>
jet non devant les juges ou par leur ordre, sa main l'a sauvé (1).
^•^
Et (pour) tout ce qui a été perdu ^' et qu'on ne sait pas qui l'a
volé, des objets appartenant au camp où le vol a eu lieu, son pro-
priétaire prononcera ''un serment d'exécration iNum.. v, i) et
celui qui l'aura entendu, s'il est au courant et ne dénonce pas,
sera coupable. ^^ (Pour) tout objet acquis par délit et qu'on doit
restituer, s'il n'y a pas de propriétaire, celui qui doit restituer se
confessera au prêtre, ^* et l'objet lui sera remis, sans compter le
bélier du pour le délit «Cle tout>> [2].
sacrifice
Et de même tout objet perdu qu'on aurait trouvé, et qui n'aurait
pas '^de propriétaire, reviendra aux prêtres, car celui qui Ta trouvé
ne connaît pas sa situation juridique; '"si on ne lui trouve pas de
propriétaire, ils (le) garderont. Tout délit commis ''par quelqu'un
contre la Loi, si son prochain le voit, lui seul, si c'est un crime
capital, il le dénoncera '^
— en présence du coupable en le repre-
nant 3; — àl'inspecteur (i), et l'inspecteur l'écrira de sa main, jusqu'à
ce que (le coupable) en fasse '•autant en présence d'une seule per-
sonne ; celle-ci de nouveau dénoncera à l'inspecteur; s'il recommence
et qu'il soit (encore) surpris par '"^
une seule persomie, sa situation
juridique est en état (5).
S'ils sont deux et qu'ils témoignent (chacun) sur -' une chose
différente, l'homme sera seulement écarté de la Pureté (6), s'ils
précédent — l'iotérèl public exige quil dénonce {Test. Gad., 4, 3). Désormais quand il
parlera il dénoncera deux personnes, le coupable et lui-naênie qui n'a pas parlé à temps.
(i) Il s'est fait justice à lui-même en déférant le serment sans les garanties légales.
(2) S note que "«^n pourrait être un lapsus corrigé par "21 qui suit.
(3) Cette étrange parenthèse a probablement pour but de sauvegarder la loi qui oblige à
reprendre son frère, et qui n'était évidemment pas prévue pour un crime capital.
(i) "'^l'Z. terme inconnu par ailleurs traduit, censeur • par S. La racine ip2 suggère
(8^ En lisant ''^x au lieu de "^'j. C'est le seul moyen de tout concilier. L : « mais un seul
(en lisant TJ au lieu de "i"i pourra faire mettre à l'écart de la pureté >«. Ce serait contraire
à la Loi, Dt., 17, G et 19, 15. .\vec le changement proposé (cf. Amos, 5, li), tout se suit.
LA SECTE JUIVE DE LA NOUVELLE ALLIAiNCE AU PAYS DE DAiMAS. 231
Page 10.
'témoin' (1) aux juges pour mettre à mort sur sa déposition, qui n'ait
leurs jours.
Au sujet de la purification par l'eau.
Que ^^ personne ne se lave dans de leau sale, ou qui ne soit en
quantité suffisante pour l'immersion' (5) d'une personne. '-Qu'on
ne se purifie pas avec (6) d'un vase, et tout creux dans le
l'eau'
rocher qui ne pas pour '^ l'immersion'
suffirait (5), qu'aurait touchée
un homme impur, cette eau est impure comme l'eau du vase.
^^Au sujet du sabbat, pour l'observer selon son droit (propre).
Que personne ne fasse un travail le sixième jour, '^ depuis le mo-
ment où le globe du soleil "^est éloigné de la porte (de la hauteur]
de son plein (7), car c'est là ce qu'il a dit Observe (8) *'le jour : ><
Trois témoins, même sur des faits différents, peuvent faire prononcer la peine de mort; deux
témoins, dans le même cas, l'excommunication; mais un seul témoin n est pas recevable.
Le cas où deux ou trois témoins étaient d'accord sur le même fait était réglé par la Loi.
(1) Lire TJ au lieu de nV; cf. Dt., 19, 15 (S).
(3) T\'Jî^ ""dS, ayant l'âge voulu (S); « selon les circonstances » (L); ne serait-ce pas : au
temps marqué pour les élections?
(4) ^Sin^ 1SD.L : v< C'était probablement un traité commençant par le mot i;n, «méditez ».
Le
(7) au matin par une porte et sortait le soir par une autre [HcnocJi,
soleil entrait
72); on est au moment où il n'en est plus séparé que par la hauteur de sa masse
sa ville[ ] (4)
plus de mille coudées (5).
"Que personne ne mange, le jour du sabbat, que ce qui a été
préparé, et de ce qui serait perdu -^ dans les champs. Et que (per-
sonne) ne mange et ne boive, si ce n'est dans le camp (6).
Page 11.
jour du sabbat.
^ Que personne ne prenne sur soi des vêtements sales ou apportés
par un Gentil (9), s'ils n' ^ont été lavés dans l'eau ou frottés d'encens.
Que personne ne place d"eroub (10) de sonpropre gré^ le (jour du)
sabbat.
Que nul après le bétail pour le faire paître en dehors de sa
n'aille
ville si '^
deux mille coudées. Qu'il ne lève pas sa main pour
ce n'est
le frapper du poing. S' "il est indocile, qu'il ne le fasse pas sortir de
sa maison.
Que nul ne fasse (rien) sortir de la maison^ au dehors, ni du dehors
dans la maison, et s'il est dans le vestiljjile, qu'il n'en fasse rien
sortir ^et qu'il n'y porte rien.
(5) La distance consacrée est 2000 coudées; cf. 11, 6. Peut-être ici entend-on laller seu-
lement, ce qui ferait dfux mille avec le retour.
(6) Avec L, plutôt que : si ce n'est de ce qu'il y a dans le camp fS). Nourriture préparée,
Jubilés, 4, 9.
(7) T7721" Sy, à même la rivière, en se baignant. L : « avec ses seules ressources ».
(9) "tlJ^ an l'eu de i;2 (S)' H est probable que cette loi, relative à la pureté, est placée
(10) 2lî;ri\ interprété par Leszynsky de la défense d'installer des 'eroub pour grouper
plusieurs maisons en une seule, et tourner ainsi certaines interdictions du sabbat. L suit la
LA SECTE JUIVE DE LA NOUVELLE ALLIANCE AU PAYS DE DA-MAS. 233
Que personne n'offre sur l'autel le (jour du) sabbat, ^^si ce n'est
l'holocauste du sabbat, car il est ainsi écrit : <( excepté vos sab-
bats » (7) (Lev., XXIII, 38).
(1) mi2 '''^j. Est-ce quelque chose comme du vin cacheté? S cite b. Chabbath, 146% pour
une pratique plus large des Pharisiens.
(2) Michna Chabbath, xviii, 2.
(6) DIpC à lire plutôt HlpD, « bassin » ; cf. Lev., 11,36. D1p12 revient sans être déter-
miné. y a un mot omis, peut-être n)3, un endroit quelconque. Leszynsky a supposé que
Il
le mot omis était caché dans S{<, qu'il lit Sen, « dans un endroit obscur ». Dans ce cas la
loi deviendrait positive : qu'on le fasse sortir I Mais alors on ne comprend plus le détail qui
suit. La pensée de la loi est qu'on peut faire sortir une personne humaine, mais à condi-
tion qu'on ne soit pas obligé d'employer des engins.
(7) Contresens volontaire. La loi disait que les jours de fête on ofl'rait certains sacrifices,
IzSd « sans parler » des sabbats de lahvé. Le nouveau législateur entend donc diminuer
beaucoup le nombre des sacrifices, qui peut-être même n'étaient plus oiTerts que le jour du
sabbat M. Lévi se demande si la communauté offrait des sacrifices, ou si cette loi, comme
celles de la Michna, n'était que le legs d'une époque ancienne, sans correspondre à la réalité.
Il incline pour la seconde hypothèse. Cependant, si le législateur avait légiféré dans le
vide, il aucune raison de diminuer
n'aurait eu le nombre des sacrifices. Les restrictions
qu'il introduit par une interprétation fausse de la Loi paraissent inspirées par des réa-
lités.
234 REVUE BIBLIQUE.
la prière des justes comme une oblation agréable » (cf. Prov., xv, 8).
Et quiconque vient dans '"la maison de prosternation (1), qu'il ne
vienne pas impur [et nouj lavé.
Et quand retentissent les trompettes de l'assemblée, -^ qu'on soit
Page 12.
(1) nlnrurî n'12 ('"f- Zach., 14, le,. C'est le sensde l'arabe dont nous avons fait mosquée.
La loi serait très simple sans la difBculté des deux mots D123 NC*i2, impur lavé. Il faut ajou-
suivante, où elle a pu pénétrer après une correction marginale. L'impur devait se laver (Lev.
15, 10), à plus forte raison pour pénétrer dans la maison de prière. M. Leszynsky a traduit
« maison où Ion s'accroupit, les lieux d'aisances », et joint cette loi à la suivante. Le
la
législateur auraitordonné de prendre ses précautions d'avance ou d'attendre ;ix CTpH''
TûNn'') au lendemain, car il était interdit de satisfaire les besoins naturels le jour du sab-
bat (cf. Jos., Bell., II, vni, 9). L : C'est d'après la sonnerie des trompettes que la commu-
nauté viendra tôt ou tard, mais on ne fera pas chômer complètement le service «. Plus
tard il a dit de l'explication de M. Leszynsky qu'elle est « ingénieuse » {Bévue des études
juives, LXII, 200;. Toute difficulté disparait si l'on enlève à la ligne 23 la négation xSl. C'est
une sorte de conclusion sur le sabbat, .aussitôt que les trompettes sonneront — et il est
impossible de supposer que cette sonnerie n'ait pas été ponctuelle, — on cessera tout tra-
vail, qu'on soit en avance ou en retard. C'est le son de la cloche pour les religieux. Ligne 23
lire rriZC au lieu de TlZU*''ou mettre au pluriel les deux verbes qui précèdent.
(2) Il ne semble pas qu il soit encore question du sabbat. La défense a donc paru trop
absolue. Mais peut-être niL'N que L traduit « sa femme », doit-il s'entendre d'une femme
quelconque, d'un cas qui serait toléré ailleurs par la loi civile. Ou bien dans ï;~p>2ri yj
qui n'est pas « la Ville Sainte », l'iy signifie-t-il l'enceinte du Sanctuaire, comme dans
II Reg., 10, 26 (dont le texte il est vrai n'est pas très sûr).
semble qu'on distingue entre une possession diabolique consentie et un égarement
(3) Il
involontaire; cf. Is.. 29, 24, ni"! *"ri. Sur les esprits de Bélial, Jubilés, 1, 20; 10, 3.
LA SECTE RIVE DE LA NOUVELLE ALLIANCE AU PAYb DE DAMAS. 235
2i '~N"2 ""II. quand bien même le Gentil donnerait tout son bien. On pourrait lire ';*2.
ce serait l'interdiction de vendre quoi que ce soit de son bien; mais elle serait trop
gênante pour le commerce d'Israël. La clause qui suit indique qu'on pouvait vendre les
esclaves qui n'auraient pas consenti à la circoncision.
(3) Les Cara'i'tes filtrent le miel pour qu'il n'y reste rien des abeilles (S).
Page 13.
(1) En lisant Q au lieu de ly, à transporter devant d'i3"ik comme correction margi-
nale au lieu de S. L idée parait être que les groupes devront être d'au moins dix per-
sonnes, pour que les fidèles ne soient pas trop exposés à perdre la foi, et de mille au
plus,pour qu'ils ne perdent pas la ferveur . naturellement ils pourraient être cent, ou
cinquante ou (donc) dix.
(2) Respect du droit du prêtre, tandis que le pouvoir réel était exercé par
officiel
d'autres, car semble bien d'après ce texte que l'inspecteur n'était ni prêtre, ni lévite.
il
étrangers », mais Leszynsky a sans doute raison de lire nnC comme 6, 15.
LA SECTE JUIVE DE LA NOLTS'ELLE ALLLANCE AU PAYS DE DAMAS. 237
Page li.
(3) ^]z'J2^.
Page 15.
... ni par Alepli et Lamed, ni par AlepJi et Daleth (3), mais seule-
ment par le serment dans les malédictions de l'alliance,
[écrit (4)] "^
pas] (7). Et que personne ne lui fasse connaître '^ les droits avant qu'il
se soit présenté devant l'inspecteur, et que celui-ci ne se laisse pas
séduire (8) en le sondant.
*- Et quand il l'aura décidé à revenir à la Loi de Moïse, de tout (son)
cœur, et de toute (son) âme '^ ... et tout ce qui aurait été révélé de la
(1) Si le Messie était le sujet, ce serait un point de doctrine très remarquable; le Messie
pardonnant et peut-être expiant le péché. Mais selon toutes les analogies, c'est Dieu qui
pardonne ici comme dans tous les autres cas du morceau : 2, 5; 3, 18; 4, 7: 4, 9, 10;
20, 34.
(2) ...TrOIL N...
Ne pas jurer par le nom divin Elohim qui commence par Aleph et Lamed, ni par
(3)
Adonaï, qui commence par Aleph et Daleth; cf. M. Chebou'oth, iv, 13. Il est possible
qu'avant on ait défendu de jurer par lod et He (,"il"i1|. Il s'agit d'un serment déféré. Celui
qui un faux serment sans avoir profané le Nom divin en sera quitte à peu de frais.
pi éle
(5) 11 faut nécessairement mettre une négation dans la lacune pour expliquer nn^"*"
i
LA SECTE JUIVE DE LA NOUVELLE ALLIANCE AU PAYS DE DAMAS. 239
Page 1G.
avec vous une alliance, et avec tout Israël, que l'homme s'engage (2)
(1) Malgré les lacunes, on voit que la secte avait les allures d'une société secrète.
(4) Allusion très claire au livre que nous nommons les Jubilés.
(5) 10, 8.
Cf. Jubilés,
ne connaît pas ».
(10) ui[ih.
(11) Sous couleur d'exégèse, on annule ici le droit du mari et du père de la fille en faveur
de la validité du serment.
(12) Par rapport à sa fille.
(13) m[nj]n, suppléé par S.
240 REVUE BIBLIQUE.
dit :L'un chasse son serviteur par l'interdit » (1) (Mich., vu, 2),
((
et que ne ^^ ... sa possession ^' ... saint... '^ celui qui voue... '^pour
le juge... -"...
[A suivre.)
(1) Lacune suppléée par pure conjecture, mais en s'appuvanl sur le texte de Michée dont
le sens est : « l'un fait à l'autre la chasse au filet ». Notre auteur joue sur ciil « ^'^t »
et D*1m « anathèrae ». Quoique son texte soit très lacuneux, je n'hésite pas à y reconnaître
l'usage du Corban par lequel on se dispensait de certains devoirs, entre autres de fournir
des aliments à ses parents, sous prétexte que l'objet était consacré. C était un véritable vol
par l'analhème; cf. Marc, 7, 11 et le commentaire.
,
MELANGES
ri'Uvznri -:•»:•- k'~ -jinS "*ki':2ri2 2. : cti^n r"N"^'2 hnini ccurn innî::
y-^NZ •;-:.- 'rz—;z Sxp"n"'~SN m-i-iz- -\- -'- 3. : ]iz«Ti -S^n rrSaS
.... N1N", 4. : .Tni— 7"'
Dr v'rj \-in' iiz i.-;:-S:* ant":
ou bien, suivant une communication écrite que lui fît Guthe "':n* M'''i :
'ur '^"p =
et il se fit, quand J'avais trente ans... (2); à supposer que
le mot p eût été écrit par abréviation 'i, il pouvait aisément arriver
:
(1) L. c, p. 4.
(2j Déjà Houbigant, suivi avec hésitation par Knabenbauer [Commenlarius in EzechiC'
lem prophelam, 1890, p. 20 s.), proposait une explication analogue. Mais sa retouche du
texte, plus légère, donnait un résultat moins satisfaisant au point de vue de l'hébreu
l'ail 10, de l'an 27, puis encore de l'an 11, de l'an 12, et de l'an 25.
Le terme à partir duquel les années sont comptées n'est autre que la
déportation du roi Jéchonias, comme il est remarqué expressément
I, 2 et comme il indépendamment de cette notice, de xxvi, 1
résulte,
qui rapporte à la onzième année un discours prononcé à l'époque de
(1) Einleituncj in das A. T., 1893, p. 355.
(3) Voir Mayer Lambert, Lapremière date dans le livj-cd ÉzécMel {Journal Asiatique,
ix" série, tome XI, p. 327).
(4) L'indication du mois a disparu par accident xxvi, 1; elle est conservée par la version
gr. des LXX dans xxxii, 17.
MÉLANGES. 24b
(1) L. c, p. 6 s.
MÉLANGES. 247
n'est pasen vertu d'un arrangement arbitraire, portant sur des textes
parfaitement clairs et corrects, mais par suite d'un accident de trans-
cription plus ou moins compliqué qu'ils peuvent s'être venus loger à
la suite du v. 1. Peut-être en ce cas serait-on redevable de la formule
HM nSi à un procédé de copiste. — Le lecteur comprendra, sans
qu'il soit besoin d'insister, qu'il ne peut être question de reconnaître
dans nos vv. 2-3 une addition suppléée après coup par la main même
d'Ézéchiel, une idée émise autrefois par Ewald et reprise par von
Orelli (2).
L'impression queles vv. 2-3 renferment le titre primitif du livre
est si forte que plusieurs critiques, pour leur restituer ce caractère,
ont proposé d'enlever le v. 1. Le lecteur se rappellera la bizarre
hypothèse adoptée par Merx, qui renvoyait notre v, 1 à la fin du
livre. Cornill (3) préfère s'arrêter à l'opinion que le premier verset
(1) Très justement du moins en ce qui concerne le v. 3, comme on le verra plus loin.
(2) Das Bucfi Ezechiel und die zwolf Kl. Proph., 1888; in h. 1.
(1)Nous faisons provisoirement abstraction d'une double réserve que nous aurons à jus-
tifierplus loin, l'une relalive au dernier membre du v. 3 qu'il faudra rattacher aux
vv. 4 ss. l'autre, beaucoup plus importante, relative à la formule énonçant la « trentième »
;
année au commencement du v. 1.
(2) Ap. Knabenb. /. supra c.
MÉL.AJNGES. 249
pays des Chaldéens, sur les bords du fleuve Kebar, ^pendant environ
trente ans (*2). Or il arriva, en la cinquième année, au quatrième
mois... » Ce débris, légèrement modifié, de la suscription 2:*r"'"»:*2 :
dication des règnes sous lesquels ils l'exercèrent [fs., i, 1 ; Jé?\, i, 1-3;
Os., I, 1 ; Am., I, 1 ; Mich., i, 1 : Soph., i, 1,..). Pour le livre du prophète
de l'exil ce moyen n'était pas praticable; des deux rois en vie, l'un,
Jéchonias, ne régnait pas, il était lui-même parmi les captifs; l'autre,
Sédécias, était considéré par Ezéchiel comme un réprouvé et n'exer-
çait d'ailleurs aucune autorité sur les Juifs déportés en Babylonie
qui formaient l'auditoire du prophète. Mais il était d'autant plus
naturel qu'ici comme en d'autres livres, le titre renfermât, en termes
appropriés aux circonstances, un renseignement relatif à l'époque
ou à la durée de la prédication du prophète, qu'il en marquait expli-
citement le lieu.
Nous espérons avoir donné une réponse satisfaisante à la double
question qui se pose au sujet des trois premiers versets du livre
d'Ézéchiel. Pour terminer cette étude critique par une conclusion ap-
propriée à l'en-tête qu'elle porte, nous répéterons que le titre primitif
du livre d'Ezéchiel était sans doute le suivant :
II
(1) Sur ces trois inscriptions, on pourra voir Études sur les religions sémitiques,
2" éd. [ERS], p. 491-499. Sur le pays de ladi ou de lodi, Dhorme, Les pays bibliques et
l'Assyrie, p. 26 et ss. Les rois de lôdi se donnaient aussi comme rois de Sam'aL C'était
le nom de leur capitale, d'après l'inscription de Zakir, publiée par M. Pognon.
2S4 REVUE BIBLIQUE.
de M. Littmann, —
que j'ai été au moment de renoncer à une publi-
cation désormais inutile. Pourtant il m'a paru que si j'avais compris
la seconde partie à peu près exactement comme lui, il demeurait,
surtout dans la première partie, assez de divergences pour qu'une
nouvelle traduction eût sa raison d'être, surtout en français. Il va
sans dire que j'aurai soin d'indiquer les points où je me suis rallié à
ses vues.
Voici d'abord la transcription en caractères carrés. Les points
qui séparent les mots ne sont indiqués que quand ils figurent sur
le dessin de M. Kilz; peut-être le graveur en avait-il mis davantage,
mais ils auront disparu.
•'''"
mes -iiWt -U/'n -m- t-^'v -^cn -i'-^ -iix 8
1 -'zz •••2*2- ••'y:*2"7 -lii: --n -hz '^^'. -inn -Syzi -^zz •'"'vzi -"ipz 12
•i"2' •'ZNZ .en' cz: •'ZD -m -nu* -d^-'. -tS "ZI^C'Z -rier -zint -ï 13
i-!'>'n --ziiyn^ --zi^^x •'2::::r*2 ''\zzz -p-" -li-inn •ii-û"' -ck ' 14
"wX '""ZÀ* "^'JZ 'UTXT Tiriw'' '"^îr" TTï*»!'* ''"Z' *2r,-">l**2'' '"22* "'X '^2 lo
i2;b
•nz -^^'z -"^Nz:-!": -^z'-' -ù'h -i^r^^'jz -u'nt •nn'w''' 16
TRADUCTION
rien fait.
Fut mon frère ij Sa'il, et il n'a rien fait. Et moi. Kalamou. fil> de
T.... de ce que j'ai fait 5; n'ont rien fait ceux qui furent avant eux.
Fut la maison de mon père au milieu de rois puissants 6) et tous ten-
daient la main pour combattre. Et j'ai été dans la main des rois
comme un feu qui consume 7) la barbe, et comme un feu qui con-
sume la main, et puissant auprès du roi des D... niens, et soldat 8)
moi, auprès du roi d'Assur; donnant une esclave pour une brebis,
et un homme pour un vêtement,
je !-uis as->is sur le tiV.ne de mon
9 i_Mâi»- Kalamou, fils de IJayà".
père. En présence des rois. 10) antérieurs, les grand- ? demeu-
ralênt comme des chiens. Et moi, de l'un j'étais le père, de l'un
j'étais lamère, 11) de l'autre j'étais le frère, et qui n'avait pas, yu
la face l'ai rendu propriétaire de troupeaux, et qui
d'une brebis, je
n'avait pas vu la face d'un bœuf, je l'ai rendu propriétaire 12 de
gros bétail, et propriétaire d'argent, et propriétaire d'or. Et qui n'a-
vait pas vu de lin depuis sa jeunesse, de mon temps il a revêtu
13) le byssus. Et moi j'ai pris les grands ? par la main, et eux fm' )ont
donné leur àme, comme l'àme de l'orphelin envers sa mère. Et qui-
conque parmi mes fils li) qui s'assiéra à ma place (sur le trône s'il ,
ce personnage est le même que Ha-a-a-nu ûls de Gabar qui paya le tribut à Salma-
nasar II en 8-54 {de Luschan).
3) "j^ 3^ pers. du verbe phénicien « être », plutôt que 12 « ainsi ».
La lecture ~^2 est due à Lidzbarski. Le dessin indiquerait 'il. qui avait été in-
terprété « son fils ». Mais on attend un nom propre, et le noun commence si bas au-
dessous de la ligne quil semble plutôt être un mem privé de son crochet supérieur.
Hayà' n'était probablement que dnns un sens large fils de Gabar, fondateur de la
dynastie.
4) Sa'îl ou Sa 'oui. Après 12 il y a un r, puis la place pour une lettre ou deux.
Kalamou indiquait probablement ici le nom de sa mère, qui n'était peut-être pas la
même que celle de .^aîl. En répétant le nom de son père, il ne se serait pas diffé-
rencié de son frère.
5) Dans DmIiE"^". le ; ressemble beaucoup à un T; le n est superflu, d'après la
1. 10. Lid. l'entend comme un aJjectif précédé de l'article; je crois que c'est simple-
ment l'équivalent de l'iiébreu n'':2"'. — nzn*22, « au milieu de » {Peiser, Lid. .
7) Il manque une lettre au nom du roi des D...niens. Il serait peu prudent de
faire des conjectures.
Dans son hypothèse, Lid. est obligé de rayer ;:n 1. 8, comme une erreur
7) et 8)
Ps. 93. 4; Is. 18, 4; Gen. 24, G; Prov. 8, 2, tandis que ligne 2 ^'J signiGe
« sur ». En phénicien W"! peut être le participe présent. Le roi se flatte de sa
générosité et de sa richesse, ou serait-ce le roi d'Assur qui donnerait des esclaves
et peut-être des soldats en échange des produits du pays, les brebis et le lin? Je
penche pour le premier sens.
10 ;""?ri'' est bien la transcription du dessin. Lidzbarski lit isSrV irapf. 3« pers.
pi. iti)paël de "~~ : il est plus simple de songer à '[:";-'r"i ithpa. de "-, avec omission
de la dernière lettre. Le sens serait peut-être meilleur en prenant ""' dans le sens
de « murmurer », mais la forme ithpa. n'existe pas dans cette acception.
Pour Z22w.*'2 j'étais arrivé au sens de •< sujets »-. c'est aussi, semb!e-t-il, la pensée
de Lid. ; il conjecture ingénieusement que ce sont les anciens habitants, conquis par
les Araméeiis. Le sens de grands convient bien au contexte : ceux qui sont couchés,
qui se reposent, un peu comme le ?'rt6/so'(, littéralement l'accroupi, signifie le préfet.
'v^S dans le sens interrogatif [Littinaan) exigerait une négation : de qui n'étais-je
pas le père? Lid. le prend pour Tzh; mais la répétition serait bien oiseuse. Il
semble donc qu'il s'agit de tel et de tel, comme dans la locution 'î'ZI, ligne II, l'idée
du un peu affaiblie.
relatif étant
qui m'avait paru certaine et que j'ai retrouvée dans Lidzbarski. Tic (de P"j;' com-
prend probablement le suffixe pron. de la S'^ pers. 11 y avait cependant une raison
spéciale d'écrire le suffixe verbal, le redoublement du ?.
12) Dans iTJ'l'Z' le i représente seul le suffixe masc. pour V. Lid. explique 'T-
comme ~cz, plus le suffixe, yz étant le sujet. Mais on peut regarder T- comme
un piël ancien; « il a revêtu » Jooas, 3, G, est plus dans le rytluiie de la phrase
que « l'a revêtu ».
13) Xu2J pour •»:'£; est décidément une particularité du dialecte de lôdi (Had., 1.
17: Pan. 1. 18,.
14) pTi de p~: qui signifie endommager {Lltt., Lid.). Mais il y a une nuance à
cause de 1 qui suit ici et non 1.12. Il serait bizarre que Kalamou ait menacé de dis-
cordes civiles pour le cas oîi un de ses successeurs aurait endommagé sa stèle, tan-
dis qu'il souhaite que les dieux brisent la tête de celui qui la détruirait. Je pense
que dans le premier cas la punition est politique et vise un roi qui contreviendrait à
l'esprit de la stèle, que Kalamou regarde comme une sorte de programme de la
15) et 16) Kalamou ne parle plus ici d'un de ses descendants. L'hypothèse qu'un
de ses fils détruirait son écriture était sans doute trop invraisemblable.
Trois divinités sont mentionnées. La première est Ba'al de Semed, mot qui ordi-
nairement a le sens de joug. On serait tenté de reconnaître un joug dans l'un des
quatre symboles qui surmontent l'écriture '1,. Pourtant il est plus prudent de pren-
dre .^emed pour un pays, d'autant que graveur a peut-être écrit las. Ce dieu
le
(1) Les trois autres sont le casque à cornes, le disque ailé et le croissant.
(2) Sur la religion personnelle chez les Sémites, cf. ERS., 462.
REVUE BIBLIQUE 1912. N. s., T. IX. — 17
2o8 REVUE BIBLIQUE.
l'Amanus (1). On ne peut guère se soustraire à cette évidence quand on lit dans le
texte de Salmanasar II que Hayan, fils de Gabar, habitait au pied du mont Ho.-ma-
ni (2). Ce Ba'alest celui de Bamah, le successeur de Gabar (1. 3). Le troisième dieu,
rait dire le Ba'al d'une personne comme on dit le Ba'al d'un lieu.
i
MELANGES. 2d9
dieux de ses pères. Panamou II les a oubliés; il était sans doute d'une
autre famille et surtout dévot à Hadad, puis à El, à Réchef, à Arq-
Kéchef, à Chamach, Rekoul-El appartient aux deux, car il était
Seigneur du palais.
Bar-Rekoub nomme les mêmes dieux sauf les Réchef. Il s'est fait
III
li) Meine Vntersuchung nàhert<iich der Art Votkes, von weUliem ich dos Meiste xind
das Beste gelernt zu haben bekenne.
260 KEVLE BIBLIQLE.
nant au début. ))
Tout d'abord, il y a dans ces mots une exagération qui n'est guère
scientifique. Car. à prendre la tradition historique des Israélites, telle
qu'elle se présente à l'examen critique, elle ne prétend nullement que
le point culminant du développement historique se trouve au début.
Cette tradition historique connaît, elle aussi, un développement de
la connaissance religieuse, par exemple en ce qui concerne les noms
et les attributs de Dieu, ou en ce qui concerne la légis"lation et les pro-
messes. Mais à supposer que la tradition historique d'Israël plaçât
effectivement le point culminant au début, il faudrait dire que celui
qui écrit l'histoire n'a qu'à reconnaître ce fait. En se refusant à le
faire, Vatke a prouvé ne connaissait pas la méthode de la re-
qu'il
lÊù\
MELANGES. 261
indéniable aussi que cette école ne s'est pas encore libérée totalement
de cette théorie mais il n'est pas néces'-aire que la construction de
;
gion d'Israël avait été élaborée par eux. La relation de ces prophètes
(Amos, Osée, Isaïe, etc.) avec Moïse a été par le fait même étudiée de
plus en plus, à partir de 1880 dans mon ouvrage Die Haitptprobleme
:
(1888 et 1892); Oettli, Der Kultus bei Amos imd Hosea{iS9b) Selllx, ;
(1) Sur l'hypothèse qu'on appelle « Qénite » au sujet du nom divin Jahvé, cf. ma Ge-
schichte..., y>. 162-169.
théorie évolutionniste.
Le point de vue, hérité de Vatke, a donc exercé beaucoup d'in-
fluence sur les exposés de la religion Israélite qui proviennent des
adeptes de l'école de \Yellhausen ; c'est pourquoi la vraie méthode de
toute historiographie n'a pu revendiquer ses droits dans ces travaux.
Le progrès scientifique peut-il donc consister à accentuer, comme
on depuis 1881, les doctrines de Wellhausen sur le processus
le fait
Seuls les livres qui partagent ce point de vue y sont signalés comme
étant ceux qui permettent « de reconnaître le progrès de la science ».
Mais on n'y trouve citée aucune étude dans laquelle l'exaclitude des
principes de Wellhausen a été soumise à l'examen critique. En vain
y cherchera-t-on la Geschichte der Hebrcier de Kittel, et, en général,
l'unou l'autre des ouvrages de Sellin, Oettli, Giesebrecht, Volz, etc.,
que nous avons signalés plus haut. L'ouvrage remarquable de iM.-J.
Lagrange, intitulé Études sur les religions sémitiques (1), n'y figure
pas davantage.
Un procédé ne peut pas être considéré comme objectif. Lorsque
tel
Bonn.
Ed. KOENIG.
CHROMOUE
>EBY SAMOriL.
vention en ce lieu d'un corps que l'on crut être celui du fameux pro-
phète. Saint Jérôme raconte que sous l'empereur Arcadius (395-i08),
les ossements du bienheureux Samuel furent transférés en Thrace (i).
Sur le parcours des reliques, que des évêques portaient dans des
étoffes de soie et dans un vase d'or, les populations acclamaient le
prophète comme s'il eût été vivant. Bien que Jérôme ne dise rien
du lieu où les cendres de Samuel avaient reposé jusqu'à cette trans-
(4) Contra Vigilantium, 5, P. L., XXIII, 3i3 Sacrilegus dicendus est, et nunc Au-
:
gustus Arcadius, qui ossa beati Samuelis longo post tempore de Judxa transtulit in
Thraciam?
268 REVUE BIBLIQUE.
(1) s. Epiphane, Adv. heer., xlvi. 5 'Atcô rrf^\j.vMi ôx-w f, Tagaù^ û'iT;>,0TâTr,. Il est plus
:
exact de dire que Npby Samouil est. non le village de Gabaon, situé à el-Djib, mais
le haut-lieu de Gabaon rendu fameux par le songe de Salomon 'I Reg., 3, 4 :
n''?i-;rî -'zz-i.
(2) Geyek, Itin. Hieros., p. liO : De Hierusalem in Ramalha, ubi requiescit Samuel,
milia V. Cette distance est plus conforme à la réalité que les 8 milles d'Épiphane.
(3) Ds jEdif., V, : tlz ~h to-j àyiov Xay.our)X çpÉap xai teï-/oç.
(4) Geyer, op. L, p. 245. La Tnmnitica regio est une irmiaiscence (itY 0)ioinasticon.
-^
CHRONIQUE. 269
mange un pain dur, car les moissons y sont d'un maigre rendement;
l'ivraie gagne tout et les amandes y sont amères; le cultivateur y
que faire de ton village (1). » Il est probable cependant que les musul-
mans aient fini par s'installer dans cette localité avant l'ère des
Croisades. Dans l'usage courant, les Palestiniens nommaient cet en-
droit Mcb' Samouîl ovi Mâimn Samouil (2). Les Croisés, à leur arrivée,
adoptèrent ce nom sous la forme de « Saint-Samuel » ; ils l'employè-
rent concurremment avec celui de Monjoie. Au moyen âge, le terme
de Monjoie était appliqué soit à des collines où se trouvait un tom-
beau de saint, soit à des monceaux de pierres entassés en certains
endroits par les pèlerins (3). Néby Samouil méritait cette appellation
à ce double titre cependant ce qui lui valait surtout le nom de Mon-
;
amoncelé par les pèlerins qui l'avaient précédé et commençait ses dé-
votions.
Les Croisés s'installèrent de bonne heure à Saint-Samuel. Dans une
charte de 1115, Baudouin P"^, roi de Jérusalem, confirme à l'abbaye de
(1) Trad. Khitrowo, p. H. Phocas, XXIX : à^b ty;; àyia; 7;6),sw; 'lîpo-JCîa/.r.u. wseî .uiX-a ç'
;3) Recueil des histor. des Croisades. Occid., II, p. 182. En appendice à l'histoire
d'Eracles.
(4] Recueil des fiislor. des Croisades. Orientaux, III. Vie du Sultan Youssof, pp. 336,
339, 351.
(5; Ed. Laurent, p. 7G.
272 REYLE BIBLIQUE.
colomnes (2). »
son père et Hana sa mère), sont tous enteirés dans une caverne, et les tombeaux qu'on voit
près de la caverne ne sont que pour la parade. »
(3) Survey of West. Palest., Memoirs, Jll, p. 149.
(1) Dans !e plan d'ensemble, lig. 1, nous avons supprimé toutes les constructions mo-
dernes accolées à l'édifice ancien; par exemple, le mur visible dans la photo, ûg. 2, qui
REVUE BIBLInUE 1912. — N. S., T. IX. IS
274 REVUE BIBLIQUE.
à son chevet, àl'est, par une abside. Elle mesurait à l'intérieur des
sur les anciens soubassements, qu'on nous affirme avoir été respectés
partout. A du monument, du côté sud, l'assise infé-
l'intérieur
rieure, même entre les pilastres, semble primitive, ce qui exclut la
possibilité d'une nef méridionale. De chaque côté de la porte on
retrouve encore en place deux bases de colonnettes.
L'annexe septentrionale est ce qu'il y a de mieux conservé de tout
le monument. Elle ne communique plus actuellement avec la grande
nef, mais jadis on allait de lune dans l'autre par une porte, V, vi-
sible dans la photographie (fig. 2). A un certain moment, à en
Fig. -2. — >éby Samouil. .Mur septentrional de la grande nel de l'cgiise; coté sud.
sépare la nef du transept; celui qui ferme la mosquée, à l'est, en avant de l'abside; les
chambres bâties dans le transept de gauche et à l'extrémité orientale de l'annexe nord; les
chambres et murs accolés au transept méridional sur le côté est à l'extérieur, etc.
CHRONIQUE. 275
de mortier et de lait de
chaux. Dans la dernière tra-
vée, à l'est, on a bâti sous
la voûte ancienne une cham-
bre reposant sur une voûte
naturellement très basse. Il
(1) Dans le plan du Survey on a fait figurer ici deux baies, ce qui donne à l'annexe
nord l'aspect d'une seconde nef plutôt que d'une simple annexe.
276 REVUE BIBLIQUE.
ainsi, il faudrait
voir dans toute
cette partie une
restauration mu-
sulmane.
De l'abside, on
n'aperçoit en ce
moment que la
première pierre
à l'angle nord,
m aisl'imam no us
assure que sous
les décombres le
t i e s D ab ord
.
"
une grande
salle centrale,
longue de 7™, 50
et large en
moyenne de
ô^-.OO. Elle est
couverte d'une
voûte d'arêtes
très irréguliè-
re, haute de
2". 85. au cen-
tre, supportée
par quatre pi-
lastres de 0". 90
sur c h aq u e Nébv Saraouil. Chapiteau avec colonnette c^iudee.
face. Vers le
(1) La daile qu'on voit dans le coin de l'image appartient au pave de l'époque des croi-
sades; elle a été soulevée tout récemment, peut-être pour faire un sondage.
278 HEVLE BIBLIQUE.
de taillé dans le roc et de bâti, qu'est-ce qui est l'œuvre des Grecs, des
Francs ou même des Musulmans? Il faudrait pouvoir étudier le tout de
beaucoup plus près avant d'essayer de répondre à ces questions. La
salle centrale est celle qui a dû subir les plus grandes modifications.
Celle de l'angle nord-ouest, assez irrégulière, a beaucoup plus de
chance d'être restée presque intacte. C'est sans doute la présence de
ce réduit et de la petite chambre orientale qui fit placer ici à côté
de la sépulture de Samuel celle de ses parents, voire même le
moitié enfouis, les débris d'un joli chapiteau byzantin et une base
de colonne, de la même époque, dont nous donnons le profil fîg. 7).
Ces fragments ont appartenu vraisemblablement à Tédifice justinien
qui paraîtrait par le fait même avoir eu une certaine importance.
bien aise de partager l'avis de M. Pasquier Luc n'a pas employé l'évangile de Mt. :
tel quel. Mais il y a les discours où une dépendance est certaine. Ne serait-ce pas que
RECENSIO-NS. 281
Luc et Mt. ont suivi commime? M. Pasquier n'y consent pas parce qu'il
une source
regarde Mt. comme que nous l'avons
écrit tel sauf le passage de l'araméen —
en grec: en sa qualité de témoin oculaire, l'apôtre s. Matthieu n'usait pas de
sources. Cela c'est la raison de derrière la tète. Il en faut une qui ait l'apparence
critique. Voici. On sait que les discours sont coupés dans Luc, tandis que dans Mt.
ils forment des ensembles admirables. Puisque Le. les a employés par petits paquets,
c'est donc qu'il les a trouvés déjà à l'état de petits fragments. Si c'était leur état
primitif, Mt. en les groupent aurait fait « un chef-d'œuvre incroyable de composi-
tion » (p. 98;, chef-d'œuvre u'ont il faut faire honneur à N.-S. lui-même; Mt. a
reproduit les discours tels qu'ils ont été prononcés. On s'est plu cependant à les
découper, à les fragmenter, et c'est dans cet état que Luc les a employés.
Mais pourquoi donc Luc n'a-t-il pas connu Mt.? C'est sans doute qu'il n'en eut
pas le temps. M. Pasquier décrète que son évangile ne fut pas écrit a après l'an
54; car saint Paul, en écrivant à la fin de cette même année sa deuxième épître aux
Corinthiens, fait mention de l'évangile de saint Luc déjà célèbre (Il Cor. viii. ]8~ »
(p. 23). Sur quoi on se prend à regretter la prudence des anciens conservateurs.
Le P. Cornely notait sur cet endroit 1 1 que nous ne savons pas de qui parle s. Paul ;
2) qu'il ne s'agit pas d'un évangile; 3) que celui de Luc n'était pas encore écrit. Et
ces raisons sont sans doute suffisantes. On peut ajouter aujourd'hui que la II<= aux
Corinthiens ne fut écrite qu'environ trois ans après l'an 54.
Mais ce que M. Pasquier a surtout à cœur, c'est la dépendance de s. Marc par
rapport à s. Matthieu et à s. Luc. Il paraît que c'est plus conforme à la tradition.
S. Irénée — le représentant le plus respectable delà tradition — est sacrifié à Eusèbe.
A la p. 25 l'auteur reproche à la critique moderne sa manie de mettre les textes en
opposition au lieu de les concilier et de les éclairer les uns par les autres. A la
page 26, s. Irénée est accusé <c d'ignorance •'
et « d'erreur «, moyennant quoi son
texte nous permet de placer la composition de l'évangile de s. Matthieu au début
du règne de Claude... S. Luc, avons-nous vu, a écrit avant l'an 54 Marc a écrit sous :
>'éron, avec « l'intention évidente de les harmoniser » (p. 270). Par ailleurs, M. Pas-
quier a le sens critique trop ûo pour ne pas reconnaître que « le texte grec de celui-
ci (Mt.) est secondaire par rapport à celui de saint Marc » (p. 295), et encore: le texte f
grec de saint Matthieu, (}ui en bien des endroits est une correction du texte de saint
-Marc, est postérieur à celui-ci » (p. 326^.
Voilà décidément bien des partis pris de corriger son prochain. Celui-là est assu-
rément le plus étrange de tous. Le traducteur du Mt. araméen, qui n'est qu'un tra-
ducteur, qui ne veut pas proflter des corrections de 3Ic. par rapport à son texte
araméen, corrige Me. lui-même. On ne voit pas trop comment. Serait-ce qu'il a
voulu montrer qu'on pouvait rendre mieux et dans un meilleur grec le texte que
Me. avait exploité? Mais alors le traducteur ne s'est pas servi de Me, et on ne peut
pas dire qu'il l'ait corrigé ; leur but n'était pas le même. Si la critique n'avait re-
marqué que des différences semblables entre .Mt. et Me, elle eût hésité à dire que
Mt. est postérieur, car enfin Le. n'est pas postérieur à Me, d'après M. Pasquier,
quoiqu'il écrive le grec .mieux que lui.
Mais je n'entends pas chicaner fauteur sur une conclusion que je tiens avec lui.
Prenons acte de ce point important. Quoi qu'il en soit des origines premières et des
documents perdus, à s'en tenir aux évangiles que nous possédons actuellement,
Mt. est postérieur à Me.
Et nous ne prétendons pas affirmer que Me. ne s est pas servi du Mt. araméen.
Ce qui nous paraît tout à fait improbable, c'est le rôle attribué à Me. qui aurait
282 RE\TJE BIBLIQUE.
écrit après les deux autres synoptiques pour les harmoniser, pour trancher en par
ticulier les divergences chronologiques en fixant la chronologie réelle, et pour les
Évidemment la première hypothèse est inadmissible, mais le dilemme est bien mal
posé. En fait Mt. et Le marchent ordinairement d'accord avec Me. Si tantôt Le
tantôt Mt. lui fausse compagnie, il n'est pas nécessaire de supposer qu'ils se sont en-
tendus pour cela, d'autant que quelquefois Me se trouve seul. M. P. note qu'on ne
peut toujours assigner les raisons précises des inversions faites par Le ou par Mt. ;
il est vrai, mais peut-il donner les raisons pour lesquelles Me aurait suivi sa voie?
C'est sans doute qu'il croyait se rapprocher de la vérité. Mais on peut dire la même
chose des autres. — Deuxième preuve : Me aurait suivi l'ordre chronologique des
faits, tels qu'ils s'étaient passés. Mais les combinaisons imaginées par l'auteur sont
impuissantes à le prouver, et dans l'antiquité il était admis que Me n'avait pas
suivi cet ordre, puisque Papias crut devoir l'en excuser. En suivant deux méthodes
différentes, M. P. revient toujours à l'ordre de Me C'est précisément ce qui a con-
vaincu tant de personnes que cet ordre est base de Le. et de Mt. qui y revien-
à la
nent toujours. — Troisième preuve : Marc n'a presque rien en propre; « à part quel-
ques détails d'importance secondaire, [il] ne raconte rien qui ne soit déjà dans les
deux autres synoptiques. Il ne paraît donc pas tant faire une œuvre qui lui soit pro-
pre, que coordonner, en les abrégeant, les œuvres des deux autres évangélistes »
(p. 311). C'est vraiment être bien sévère pour Marc; pas assez cependant, dans
l'hypothèse choisie: car Me n'a pas abrégé; il n'aurait pris la plume que pour ra-
conter plus longuement ce qui était déjà dit. M. Pasquier afûrme c qu'on ne remar-
RECENSIONS. 283
que de dépendance entre le troisième évangile et le second que dans les passages
omis par saint Matthieu, et, si les faits sont racontés par les trois évangélisles, dans
ceux où la rédaction de saint Marc s'éloigne de celle de saint Matthieu » (p. 311).
Mais cela est notoirement inexact. — Quatrième preuve : les sentences conservées par
saint Marc. L'auteur prétend que les sentences de Me. portent la trace de retouches
par rapport à celles de Le. C'est la question très difficile du rapport de Me. avec
les discours. Nous ne pouvons entrer dans le détail ; il n'y a rien là de décisil" sur la
question de dépendance des évangiles tels qu'ils sont. — Cinquième preuve : la suppres
sion des doublets.Évidemment on peut regarder comme postérieur un écrivain qui
évite les doublets;il aurait corrigé un défaut de ses prédécesseurs. Mais il se peut
aussi qu'on écrive sans en mettre, quoique M. Pasquier nous avertisse qu'il lui est
arrivé d'en commettre un, mais un seul. Etant donné le soin de la tradition de re-
cueillir le plus possible de paroles de Jésus, pour peu qu'elles aient eu une nuance
ou une pointe différente, on regardera comme postérieurs les évangélistes qui ont
des doublets. Les doublets s'expliquent tout naturellement chez Luc, s'il a suivi deux
sources, les discours et Marc. Et M. Pasquier le concède presque expressément. Que
devient l'argument à propos de saint Matthieu.' — Sixième preuve : les corrections
de Marc. Ilbeaucoup de courage à M. Pasquier pour écrire cette rubrique.
a fallu
Les partisans de de Me. sont ici sur leur terrain. Ils n'insistent pas sur le
la priorité
mot de corrections: il leur suffit de constater que Le. et le rédacteur grec de Mt.
ont évité bon nombre de traits qui se trouvent dans Me, et qu'un écrivain posté-
rieur n'aurait pas ajoutés (1). Quant aux exemples choisis par M. P., il eût pu les
multiplier bien davantage, sans rien prouver de plus. Que Me. ait ajouté * deux fois »
pour préciser le terme du troisième reniement de Pierre, ou que Le et Mt. aient omis
ce trait comme trop peu important, c'est ce qu'on peut résoudre pour et contre avec
la même probabilité. Un seul trait serait probant. On lit dans la Vulgate actuelle,
mais on ne lira sijrement pas dans la Vulgate revisée par les Bénédictins : Dicit illi
adolescens : Omnia hcec custodioi a juventute mca (Mt. 19, 20). Les éditions critiques
dispensent l'écrivain sacré de ce non-sens, que M. P. tient absolument à mettre sous
sa plume. Naturellement cela ne pouvait passer, et Me. aurait corrigé en efTaçant
le mot «jeune homme ». Mais comment le traducteur grec de Mt. ne s'est-il pas
aperçu de sa bévue? lui qui est censé corriger Me, aurait mieux fait dans ce cas de
se corriger lui-même (2). — Septième preuve les harmonisations de saint Marc. Il
:
« combine, harmonise et précise deux textes antérieurs au sien » (p. 340); «il rectifie
et corrige ; donc il écrit le dernier » (p. 338). Le principal exemple choisi est celui
de la fille de Jaire, avec l'intermède de l'hémorroïsse. Si vraiment Me. avait harmo-
nisé, il eût, contrairement à ce que M. P. lui attribue d'ordinaire, suivi de préfé-
rence saint Luc. Qu'a-t-il donc emprunté à Matthieu.^ Voici un exemple : « Il intro-
duit en même temps dans son récit deux traits qui manquent dans saint Luc, et qu'il
emprunte au verset 22 de saint Matthieu Jésus conversas, et videns eam ; met le
:
premier au verset 30 et le second au verset 32, puis continue aux versets 33-36 à
suivre saint Luc de point en point » (p. 337). Ceux qui voient des sources dansle
Pentateuque ne seront pas fâchés que M. Pasquier ait écrit ces choses. Mais ils n'ont
jamais attribué à un diascévaste l'admirable coloris de saint Marc. C'est à peine si
(1) On peut les trouver par exemple dans les Horae synoplicae ip. 117 ss.) de Sir John Hawkins,
sauf à discuter les cas.
(2) llest vraiseiiil)lal:)le que âx. vîôtriTÔ; [io\) est venu dans Mt. de la contamination des autres
textes (Le. et Me). A la risueur l'original araméen aurait pu porter : * j'ai gardé tout cela depuis
mon enfance », comme ont traduit les Syriens.
284 REVUE BIBLIQUE.
M. Loisy avait ravalé à ce degré son activité littéraire. Si l'oa consent du moias à lui
laisser les parties qui lui sont propres, on reconnaîtra sans peine qu'il n'avait pas
comme un Tatieu. Et il ne s'agit pas
besoin de piquer des mots à droite et à gauche,
ici de choisir entre Me. de sacrifier l'un pour sauver l'autre. M. Pasquier a
et Mt.,
cru devoir réduire Marc au rôle d'un compilateur, sous peine de dépouiller Mt. de
son autorité. Dans l'hypothèse de la priorité de Me, Mt. et Le. gardent toute leur
dignité, Le. à cause de tout ce qu'il ajoute, sans parler de la façon dont il utilise
Marc pour son but, Mt. pour la même raison, et parce qu'il demeure la source pre-
mière des évangiles. On prétend seulement que le rédacteur de Mt., au lieu d'être
un simple traducteur, s'est servi de Me. qui lui-même avait peut-être utilisé un
proto-Matthieu araméen. M. P. tient surtout à la priorité du Mt. araméen; je l'ad-
mets aussi pour ma part, mais ce n'était pas une raison pour nier le fait assez évident
do l'emploi de Marc par Luc. Dans cette hypothèse on n'est pas réduit au dilemme
de 31. Pasquier : ou Mt. et Le. se sont entendus pour piller Me, ou Me. les a pillés
tous les deux. Le phénomène des synoptiques est trop complexe pour qu'on accule
ainsi le lecteur à choisir la carte forcée.
Huitième preuve, les citations de l'Écriture. Parce que Me. (4, 12) a fait allusion à
Isaïe sans le citer, tandis que Mt. a développé la citation d'une façon expresse, Me.
est postérieur. C'est le contraire qui est vraisemblable, et il en est de même des autres
cas.
L'ouvrage de M. Pasquier se termine par des réponses aux objections. De bonnes
objections sont en effet mentionnées, mais dans un état qui rend le triomphe facile.
A l'objection tirée de la suppression des textes gênants ou inutiles, l'auteur répond
par l'examen de c chacun des textes visés » (p. 359).
La Revue a dit naguère quelques mots d'un précédent ouvrage de M. Vogels sur
les tendances harmonisantes du Codex Bezae ou Cantabrlgiensis (1). Ce premier tra-
vail sert maintenant de base à un second sur les deux mss. de l'ancienne version
syriaque, celui de Cureton (C) et celui que Mrs Lewis a rapporté du Sinaï (S). M. Vo-
gels est tout à fait persuadé qu'il a démontré que le Co(fpx Cantabrigiensis (D) a
pris sa forme actuelle sous l'influence d'un diatessaron grec, qui était celui de Tatien,
comme aussi la partie latine de D (d) sous l'influence d'un diatessaron latin, qui aurait
été la première forme sous laquelle les évangiles auraient été présentés aux Latins.
Fort de ce résultat, il cherche dans les deux mss. de l'ancienne syriaque, et par les
mêmes procédés, les preuves d'une dépendance analogue; la conclusion sera la même :
(1) Die Harmonistik im Evangelitntexl des codex Cantabrigiensis, cf. RB., 1911, p. 148 s.
RECENSIONS. 28o
ces deux rass. dépendent d'un Diatessaron. cette fois syriaque, qui a le même auteur
que le Diatessaron grec, le célèbre Tatien.
M. Vogels est tellement sûr de son affaire qu'après avoir dressé la liste des leçons
harmonisantes dans l'ancienne syriaque, il ne veut pas même perdre une minute à se
demander qui a précédé, de la version des évangiles distincts ou du Diatessaron. 11
est évident pour lui que c'est le Diatessaron... Je ne puis ouvrir les yeux à cette évi-
dence, et il me semble que les études de M, Vogels gagneraient beaucoup si ses lis-
simplement que l'influence du Diatessaron n"a pas été très grande ou du moins très
étendue. M. Vogels cherche une autre voie. Les différents textes qui représentent
Tatien, souvent d'une manière assez certaine, sont traités en suspects (1), parce qu'ils
ne donnent pas tout ce qu'on en attend. M. Vogels a donc recours à un argument
beaucoup plus simple, et qui porte beaucoup plus loin. On nous pardonnera de le
mettre en forme. Les mss. qui harmonisent fortement sont sous l'influence d'une
Harmonie évangélique; Or D et C et même S harmonisent fortement; Donc ils sont
sous l'influence d'une Harmonie évangélique, qui ne peut être que celle de Tatien.
Il faudrait supposer encore une autre majeure, à savoir : si des mss. sont sous l'in-
fluence d'une Harmonie, le texte lui-même a été rédigé sous son influence. Or ces
deux majeures sont moins très douteuses.
à tout le
Dans son premier ouvrage, M. Vogels avait admis que le phénomène de la dépen-
dance constaté pouvait s'expliquer de deux manières. C'était à propos de la version
latine de D (dj : « ou bien un évangile distinct a été traduit du grec en latin en s'ai-
dant d'une Harmonie évangélique latine, ou bien la traduction déjà faite a été corri-
gée d'après une semblable Harmonie (2i ».
taine d'années; dans l'hypothèse contraire, elle ne peut guère être postérieure à
l'an 200.
M. Vogels semble bien avoir préféré l'hypothèse que le traducteur lui-même s'est
inspiré du Diatessaron. Il a dû voir en effet que c'était la seule manière de prouver
l'antériorité de ce dernier, qui est le fond de sa thèse. Et en etlet, constatant, ce qui
est de toute évidence et bien connu, que C contient plus de tatianismes que S, il
(1) Ce sont surtout le Diatessaron arabe du cardinal Ciasca. et la traduction latine de la ver-
sion arménienne du Commentaire de S. Éplirem, publiée par Mœsinger. Nul doute qu'il Taille
les emplojer avec discernement. Le Diatessaron arabe a été revisé d'après la Pechitio, et peut-
être même altéré: mais il n'est pas douteux qu'il représente très bien dans l'ensemble l'œuvre
de Tatien. M. Vogels le cite quelquefois, mais renonce à se servir de Mœsinger.
.•2] Harmonistik.... p. SI.
286 REVUE BIBLIQUE.
en conclut que C est antérieur à S, comme si les tatianismes avaient été introduits en
bloc — donc parle traducteur — pour être ensuite éliminés.
Or cette hypothèse est vraiment beaucoup moins probable que l'autre. Plaçons-
nous dans le système de M. Vogels. Le Diatessaron existant, quelqu'un se propose
de traduire On ne peut pas admettre un tel intervalle que le
les évangiles distincts.
Cehii qui va traduire chaque évangile a compris que l'Harmonie ne suffit pas pour
faire connaître la parole de Dieu. Son but est de conserver à Matthieu, à Marc et à
Luc, sans parler de Jean, leur physionomie propre. II a sous les yeux le travail de
Tatien; il y aura recours sans doute pour pénétrer le sens des mots et des phrases; à
sa suite il pourra se laisser entraîner à quelque bévue. Mais comment peut-on ima-
giner qu'il le prenne pour guide quant au texte des évangiles, puisque son but est de
remplacer les évangiles mélanges par les évangiles d/sZ/nc^s? Quelqu'un, nous dit-on,
a cependant réalisé ce qui nous paraît si absurde. Si cela est démontré, j'en accu- —
serai les copistes, plutôt que le traducteur. Le Diatessaron a régné dans l'église
syrienne jusque vers l'an 400; c'est dans ce long intervalle de temps, et à cause de
sa grande autorité, que des copistes, consciemment ou inconsciemment, ont pu alté-
rer l'ancienne version pour la rendre conforme au document consacré par l'usage.
Mais le traducteur, lui, ne pouvait se livrer à ce jeu que consciemment, et précisé-
ment en sens inverse du but qu'il poursuivait.
Ou supposera-t-on un traducteur plus habile que consciencieux, qui aurait ménagé
son adversaire pour le supplanter plus aisément?
Il suffit d'énoncer cette supposition pour voir ce qu'elle a d'odieux et d'invraisem-
blable, surtout peu de temps après la publication du Diatessaron.
Ce n'est donc pas le traducteur, ce sont les copistes ou les recenseurs qui ont
harmonisé, — comme cela s'impose pour D, dans le système de M. Vogels. Et par
conséquent les mss. S et C seraient-ils remplis de tatianismes qu'on ne pourrait,
pour ce seul fait, déclarer le Diatessaron antérieur à la traduction des distincts.
Et en somme, est-il tellement certain que les tendances harmonisantes supposent
l'emploi d'une Harmonie? Il eût convenu d'examiner de près ce principe qui paraît
la base de tout le travail de M. Vogels.
L'auteur d'une Harmonie se propose de fournir à ses lecteurs la suite des faits
évangéliques au moyen des termes employés par les quatre évangélistes. Il harmonise
en complétant un texte par un autre, et encore plus en supprimant les textes qui
n'en disent pas plus que celui qu'il a choisi. Il introduira donc de-ci, delà, un mot
pour ne rien omettre des faits, et il omettra bien des phrases pour ne pas dire deux
fois la même chose, mais il n'a aucun intérêt à rendre les textes semblables entre
eux; amalgame, il ne les change pas. Ou bien il se contente de ce qu'a dit Mt.,
il les
et alors il n'a aucune raison d'assimiler Mt. à Le, puisque la même chose ne sera
dite qu'une fois, ou bien il cite Le. après .Mt., par exemple dans les discours du
Baptiste, et alors chaque texte doit conserver son caractère pour qu'il paraisse mieux
que ce sont des discours différents. D'autres fois, au contraire, son harmonisation
sera hardie et presque brutale. Elle ne veut rien négliger d'essentiel. Par exemple,
si Mt. parle d'une casaque rouge (Mt. 27, 28) et Jean d'un manteau de pourpre
(Jo. 19, 2), l'harmonie devra contenir les deux traits (I .Ou si .Jean (1, 32) a ajouté
(1) Dans ce cas où D et S sont d'accord avec Tatien, on reconnaîtrait volontiers l'influence du
Diatessaron, quoique, absolument parlant, l'harmonisation ait pu se faire auparavant dans un
texte.
EŒCENSIONS. ,
287
aux synoptiques que l'Esprit était demeuré sur Jésus, il faudra insérer ce mot, fût-ce
à la place d'un autre (1).
Uexprit d'harmonisation, sans Harmonie, explique ces faits et s'étend davantage,
sans se permettre ordinairement les mêmes violences.
Celui qui copiait un évangile distinct entendait-il l'éditer seul? Il était naturelle-
ment porté, pour satisfaire sa clientèle, à le compléter par des passages parallèles
qui, en somme, étaient toujours de TEvansile. Et comme, à Tori^ine. on répandit
probablement les évangiles isolés, il est probable que c'est au début que l'harmonisa-
tion sévit davantage par mode de compléments.
Dès que la consécration de l'évangile quadruple eut prévalu, on se préoccupa
d'éliminer certaines difficultés; sans cesser tout à fait de compléter un évangile par
un autre, ou se préoccupa de rendre plus. semblables les textes qui évidemment trai-
taient des mêmes points, et qu'il fallait reproduire tous, ce dont l'Harmoniste pou-
vait se dispenser. D'autre part, comme on ne se proposait pas une véritable compi-
lation, comme dans le Diatessaron, on ménagea les textes davantage. L'harmonisation
a été poussée très loin, par additions, par omissions, par transpositions, par confor-
misation. mais sans altérations trop graves, du moins ordinairement.
La question est maintenant de savoir si les harmoaisations de nos textes s'expli-
quent par des causes très générales et très diverses, parmi lesquelles on pourra faire
révèle les visées d'une Harmonie. ^I. Vogels a renoncé ouvertement à la première
méthode, parce que les textes qui représentent plus ou moins bien Tatien ne per-
mettent pas d'aboutir par cette voie ; il n'a rien fait dans le sens de la seconde.
Je dis qu'il a renoncé à la première méthode, parce que si, dans son second ou-
vrage, il cite dans le § il a dû
3 toutes les références possibles au Diatessaron arabe,
se rendre compte que ces cas sont trop peu nombreux pour établir sa thèse, et ne
peuvent servir que de confirmation. ou plutôt de trompe rceil, —car plaide une — il
(1) Ainsi [U'/o-' au lieu de spy.oaEvo/ sur Mt. 3. 16. dans C et S, mais non dans D.
i] De ces 15 cas je n en trouve que " qui soient aussi dans S ou dans C, à savoir : Mt. 12. 46;
13. 1 :27. -28: Me. 15. -24: Le. 7. T : S. 40: 9. 37.
288 ^ REVUE BIBLIQUE.
dans D et SC, cela découle de la nature des choses. Et en fait riiarmonle s'est-elle
produite de la même manière dans D
dans l'ancienne syriaque? Si ce n'est pas et
le cas, ils ne se sont donc pas inspirés delà même Harmonie. Ona reproché à M. Vo-
gels d'avoir amassé les faits sans opérer le tri nécessaire. Il a senti l'objection, mais
peu lui importe; à supposer que beaucoup de faits ne concluent pas, il im effet
reste
de masse. Mais si les faits contredisent le système? Voici par exemple le du coq.
cas
Dans Me, Pierre reniera le Christ trois fois avant que le coq ait chanté deux fois.
Dans les trois autres évangélistes on parle seulement du chant du coq, ce qui a l'air
d'indiquer le premier. On pouvait faire disparaître la difficulté de deux manières :
soit en enlevant « deux fois » dans Me, soit en mettant « deux fois » dans les
autres. Il semble bien que Tatien avait lu deux chants; C ajoute Si; à Le. 22, 34
et S l'ajoute à Jo. 13. 38. Mais D a supprimé o-.; dans Me. 14. 30. >i'est-ce
pas la preuve que, agissant sous l'empire des mêmes préoccupations, l'ancienne
syrienne et D n'ont pas été réglés par la même autorité ? Dans ce cas du moins D
n'a pas suivi Tatien.
Mais voici qui est plus fort. D a harmonisé à sa façon les généalogies. Plutôt que
de reconnaître qu'il a suivi son inspiration, — comme dans le cas que l'on vient de
citer, — M. Vogeis suppose que D a suivi un Diatessaron grec, publié par Tatien. Ce-
pendant on sait par Théodoret, que Tatien ^ avait coupé les généalogies et tous
les autres passages qui montrent que le Seigneur était né de la race de David selon la
chair (1) ». Qu'à cela ne tienne! M. Vogeis suppose que Tatien avait mis les généalogies
dans son édition crecque, et qu'il les a supprimées dans sa traduction syriaque •2\ Or
il s'agit, d'après Théodoret. d'une question de principes. Tatien est-il donc devenu
hérétique en touchant le sol de la Syrie, oii il a toujours passe pour bon catholique?
Et il n'y a en somme de bien prouvé que
cet écha- le Diatessaron syriaque... Tout
faudage d'hypothèses pour rattacher à Tatien une harmonisation absurde du Can-
tabrigièiisis!
Le § 2 des deux ouvrages est consacré aux harmonisations dans les transitions.
M. Vogeis a parfaitement raison de dire que ces corrections sont intentionnelles.
Les paroles de Jésus, on les savait par cœur d'après Mt., on les reproduisait telles
quelles dans Le. Mais les transitions attirent moins l'attention. Pour les rédiger de
la même façon dans deux évangiles, il faut le vouloir. Soit! Mais est-il nécessaire
pour cela d'avoir sous les yeux une Harmonie? Bien plus, en insistant sur ce que
l'harmonisation des transitions a d'intentionnel. M. Vogeis travaille contre son sys-
tème. Ce n'est donc pas parce qu'il a le Diatessaron dans la mémoire que le traduc-
teur harmonise; il faut qu'il s'en serve déhbéréraent. Nous avons déjà dit, et
MM. Zahn et Baethgen ont senti eux-mêmes, combien cette hypothèse est invrai-
semblable.
EtenCn, c'est là le point qui domine tout, peut-on procéder à une enquête si déli-
cate à coups de statistique, sans examiner minutieusement chaque cas? Je prends un
exemple. Il le faut bien. M. Vogeis répondra qu'il en restera toujours assez. Voyons
toujours. Dans le second ouvrage, S est censé avoir harmonisé Me. 1, 29 (3) d'après
L'assurance de M. Vogeis est bien étrange. .4 le lire on croirait que Théodoret nous
(•2)
informe sur les différences entre le Diatessaron grec et le syriaque Einen Unterscliied weist :
der griechisclie Tatian vom s.vrischen jedenfails in dem einem Punkt auf, dass jener eine Gé-
néalogie Jesu bot. wahrend der in die Heiinat zurùckgekeline Ketzer sie. wie Théodoret von
Cyrus uns meldet, aus seineai Diatessaron ausmerzte. Le passage de Théodoret n'est pas cité!
Il va sans dire que d'après l'évêque de Cyr, Tatien a amputé les évangiles et non pas son propre
Diatessaron.
(3) P. 15. S xai £|yi>6£v sx tr,; uyvaywyr,; /.ai r,/.9ov, tandis que Nestlé lit : xai £v0y; £•/. Tr,:
RECENSIONS. 289
Le. 4, 38. Or la leçon de S est très probablement la meilleure. Son accord avec D
change singulièrement de physionomie quand on constate que B est de la partie sur
le singulier c^cXôiov. Et si S s'est inspiré de Le, pourquoi a-t-il mis le second verbe
au phiriel? On ne peut guère attribuer à Tatien d'avoir pris dans deux textes, non
pour harmoniser, mais pour mettre en contradiction, un pluriel avec un singulier.
Oq voit quelle sérieuse discussion demanderait chaque cas. Mais ce sont des caté-
gories entières qu'il faudrait éliminer. M. Vogels ne l'ait jamais entrer en ligne de
compte la liberté de la version syriaque ancienne.Au lieu de reconnaître que l'écart
entre S ou C et l'édition de Nestlédu simplement à la liberté du traducteur, il
est
imagine plutôt que le traducteur a été moins influencé par le texte qu'il entendait
traduire que par l'Harmonie qu'il entendait remplacer. C'est le cas assez évident du
deuxième exemple d'harmonisation dans les transitions. Au lieu de traduire litté
raleuieut 3;£À0ov::; oc, es ont un texte s\riaque qui répondrait à /.ai £^£X9ovtc;. Aus-
sitôt on les accuse d'avoir harmonisé d'après Me. 3, G, c'est-à-dire, dans les lignes
de la thèse de M. Vogels, d'avoir été influencés par le Diatessaron qui suivait ici
(pourquoi?) Me. plutôt que Mt. Or on sait à quel point les langues sémttiques pré-
fèrent la liaison par la copule à un enchaînement plus lié.
La pechiilo qui a essayé de rendre oî par dén n'en a pas moins changé le participe
en un tt-mps défini. Il est une autre liberté qui s'imposait. Le grec n'a pas besoin
du pronom pour exprimer la possession de même nous ne disons pas « j'ai mal à
:
ma tête », mais « j'ai mal à la tête ». Il omet aussi très souvent le pronom régime
qui s'ajoute si naturellement au nom et au verbe chez les Sémites. Cela M. Vogels
le sait très bien, et il a eu quelques scrupules à enregistrer
dans ses listes les va-
riantes qui consistent à ajouter un pronom. Il l'a fait cependant, et voici un échan-
tillon du résultat. Sur 188 ajoutés de S ou de G dans Le, aux leçons harmonisantes,
il y en a, si je ne me
trompe, 54 qui sont simplement des pronoms possessifs ou
autres. S'imagine-t-on le traducteur ou le copiste — —
hésitant en pareil cas à mettre
uQ pronom, et se décidant parce qu'il le lit dans son Harmonie?
Mais revenons aux transitions. M. Vogels trouve tout simple « que toutes ces
transitions de Luc viennent d'une harmonie évangéliqtie, qui se comportait encore
assez librement avec le texte précis de l'Ecriture et qui tenait toujours compte des
parallèles » (1).
Si vraiment les traducteurs ou les copistes s'étaient inspirés d'une Harmonie, c'est
un tout autre branle-bas qu'on trouverait dans les textes. Qu'on songe par exemple à
l'introduction de l'aveugle de Jéricho Tatien ne parle que d'un aveugle qu'il place
!
avec Me. à l'entrée de la ville (2), sans tenir compte de Le' qui le place à la sortie,
ni de Mt. qui parle de deux aveugles. Il a ensuite le courage d'utiliser Mt., mettant
naturellement le singulier au lieu du pluriel.
Qu'on trouve cette variante quelque part, et je proclamerai qu'elle ne peut venir
que de Tatien (3).
Le § 3 des deux ouvrages de M. Vogels est consacré aux variantes parallèles. Il
entend par là des leçons, sûrement mauvaises, qui se répètent deux fois. Aussitôt il
conclut à l'emplui du Diatessaron. Il est sans doute évident à V^ogels que le copiste ou
ouvavwYvi; £?£>.6ovtî; r)Ao\. Le. 4, 38 avaTToc; oî xiio xr,; o'JvaYMy/i; £'.g'/().6cv. au lieu de se
livrer àune marqueterie inuule, ïaiian a coupé eu deux Me. 1, 29, pour insérer Mt. 9, 9". ciasca
a aUribué à tnrt a Le. 4, 38', ce qui est à Me. 1, '29'.
(1) Harmonistik, p. 19.
(2) Rcférence fausse dans Ciasca.
(3) Tatien elle Mt. 20. .'il, parce (ju'il veut garder le trait de la miséricorde de Jésus, mais il
met le singulier, i)uisqu'it n'a parlé que d'un aveugle.
REVUE lilDLlQLE 1912. — N. S., T. I.V. i9
290 REVUE BIBLIQUE.
le traducteur n'a pu aboutir à ces variantes que parce qu'il avait sous les yeux un texte
unique qui contenait Ja variante erronée. Mais les choses peuvent s'expliquer autre-
une erreur répétée. Voici donc un cas où une erreur répétée ne peut absolument pas
provenir du Diatessaron, ni en grec, ni en syriaque. D lit dans Me. 14, 15 osi^si :
avaya'.ov o;xov E-jTp'oasvov [xsyav îToiaov, et dans Lc. 22, 12 osi^st avayatov oi/.ov satpw- :
aivov. Aucun texte grec ni syriaque ne pouvait songer à introduire ici oix.ov qui est
une simple absurdité. D'où est-il venu à D? de la transcription littérale du latin,
qui se trouve encore dans d oslendet superiorem domum stralum (Lc. 22, 12).
:
Le latin de Me. 14, 15 a seulement demonst ravit stratum paratum grande. D a donc
introduit o-./.ov d'après le latin de Le, et conformé le texte de Rlc. Tout de même
que vient faire cet exemple dans la liste de M. Vogels (1), si vraiment cette liste doit
avoir pour résultat de prouver quelque chose, relativement au Diatessaron?
On dira que ce n'est qu'un cas. Mais l'objection est générale, car ce que nous ne
comprenons pas, c'est l'état d'esprit d'un traducteiu" ou d'un copiste qui ayant à
écrire le texte des évangiles séparés se règle sur une Harmonie pour mettre deux fois
la même chose dans des auteurs différents. Avant de recourir à cette explication, il
faudrait avoir épuisé les autres. Voici un cas très clair. Cette fois il s'agit de la ver-
sion latine de D, car M. Vogels prétend prouver aussi l'existence d'un diatessaron
latin surtout d'après les variantes parallèles. Dans Mt. 4, 18 on lit r,aav yao a)>iaçet
dans Me. 1, 16 r^asv 7»^ olIuziz. U fallait traduire les deux fois erant cnim piscalorcs.
Or d porte les deux fois erant aiiteni piscatores. Le traducteur ou le copiste sui-
:
vait donc une harmonie qui portait autem, une seule fois, puisque le Diatessaron latin
n'avait aucune raison de répéter ce texte. — Mais pourquoi le Diatessaron latin a-t-il
fait cette faute? Tout simplement, selon nous, parce que, comme dit le nouveau
Thésaurus latin, on mettait souvent aitfcni ?/6? enim expectavcrU ». Si
'< c'était si
couçoit-on l'état d'esprit d'un traducteur qui consulterait pour traduire yao, ou d'un
copiste qui lisant e»?m le remplacerait deux fois par ««^cw pour se conlormer à un
Diatessaron latin!
Mais s'il s'agissait d'une forme rare? M. Vogels parait considérer comme une forme
rare circumihat, et s'étonne de la trouver dans d deux fois, Mt. 9, 35 et Me. 6, 6;
dans ce dernier passage y aurait une double traduction
il xa; Tzsptrjysv ta? scwjjLa?
:
xuxXto oiôaajctjjv est traduit t'^ circuibat castella et circumibat docens. Mais d'abord
:
circumibat n'est pas une forme rare, et dans Me. ce n'est pas une double tre^duction;
très naïvement le traducteur a traduit -spiriycv par circuibat et •/.j/'.Xw par circum-
ibat. Dans Mt. -sptrjY^v est traduit par circumibat. S'il y avait à ergoter sur circumibat
et circuibat, il faudrait noter la différence de la forme plutôt que l'unité sur une
forme rare. En réalité la traduction est correcte les deux fois ; il n'y a même pas de
variante parallèle.
Il est encore plus étrange d'appliquer par un besoin maladif d'harmonisation quel-
ques-unes des erreurs les plus évidentes de d. Ainsi, si d écrit cicims turba, au lieu
de iurbcis, c'est parce que dans Mt. 9, 25 on lit quando autem eiecta est turba; s'il
.Ms. latin. Sa leçon s'explique comme le mélange de -/.a: a.-rjzrùXijj'::-) T'./a; twv
iap'.saiwv -rojv irpojotavwv et de/ ff-
-/.a'. quosdain ex plidrisacis rt htrodiani.'i. C'est une
:
bévue, un peu grosse, mais qui s'explique mieux que la perpétration d'un solécisnie
pour se conformer à un passage qu'on ne traduit pas. Et c'est par de pareils moyens
que iM. Vogels arrive à se faire une idée du Diatessaron latin, qui lui apparaît comme
une traduction appartenant au latin vulgaire d'après l'orthographe, la formation des
mots et la syntaxe, et qui trahit partout l'effort de rendre le texte grec aussi fidèle-
ment que possible 1 . Il ne fallait pas être prophète pour tracer ce tableau d'un
Diatessaron latin... s'il a existé aussi tôt que le prétend M. Vogels. Pour ma part je
ne prétends pas nier son existence avant la tentative de Victor de Capoue, repré-
sentée par le Codex Fuldensis, mais je ne vois aucune bonne raison pour admettre
que l'Eglise latine n'a commencé à posséder les textes évangéliques que sous la
forme d'un Diatessaron. ni aucune preuve qu'un Diatessaron latin ait eu une in-
dans l'église syrienne où son Diatessaron a dominé durant environ deux siècles.
M. Vogels répond aujourd'hui que l'ancienne version syriaque S ou C compte 1.60-}
harmonies: l'argument de la RB. reposait donc sur une base fausse. Les chiffres
prouvent au moins cela (2).
Vraiment? il faudrait s'entendre sur la valeur de celte statistique. Les leçons har-
monisantes de D sont bien des leçons harmonisantes. Le ms. reproduit un texte grec;
s'il s'écarte du texte qu'on considère aujourd'hui comme normal, c'est pour harmo-
niser.
Est-il aussi facile de constater les harmonisations d'une traduction? Jusqu'à pré-
sent tous les critiques ont regardé l'ancienne syriaque comme un type de traduction
libre, rendant bien le sens, sans trop se soucier de calquer les mots. La Pechitto est
incomparablement plus assujettie à son modèle. Ce point constaté, qui dira si la ver-
sion s'est écartée du texte parce ([u'elie va rondement, ou parce qu'elle veut se rap-
procher d'un texte parallèle? La première hypothèse sera de beaucoup la plus pro-
bable s'il s'agit d'ajouter des pronoms. Nous l'avons déjà dit. Sur les 188 leçons
harmonisantes prétendues de Luc, .54. soit plus du quart, sont dans ce cas. Voilà les
1.60-5 leçons bien réduites. On pourrait encore les réduire en les examinant de près.
Par exemple M. Vogels nous que S lit yzsvrar.vwv dans Me. 5, 1, au lieu de
dit (3i
-(•cçaar^vojv conformé avec Le. 8. 26. Mais quand il s'agit de Le 8, 26.
parce qu'il s'est
on nous dit (4> que C S P ont Gadaréniens au lieu de Géraséniens à cause de Mt.
8, 28. Le. ne pouvait cependant avoir à la fois Géraséniens et Gergéséniens pour
faciliter plus à souhait les harmonisations. Et dans ce cas. Tatien ne pouvait lui aussi
(1)Harmonistil:..., p. 50,
Die Altsyrischen..., p, liS.
(-2)
l'usage d'une Harmonie. En réalité il préfère souvent une explication très com-
pliquée à une explication très simple. Qu'on me permette encore un exemple assez
suS£çestif. Me. a écrit (15, 22) y.at oeçjougiv autov zru xov roXyoOav to;:ov, o eanv
:
p.£0spu.7)vEuo[jL£vo; xpaviou to-oç. Cela est à peu près intraduisible, du moins dans une
langue qiii ne peut pas comme le latin se calquer sur le grec. La Pechitto, qui a
voulu serrer le texte de près, a rendu « et ils l'amenèrent à Gogultha, lieu qui est
:
traduit Crâne ». C'est presque un non-sens, car ce n'est pas le lieu qui est traduit,
nieux raccord de Tatien, il n'y a pas de place pour les combinaisons de M. Vogels.
Mais on dirait vraiment que j'affecte de passer sous silence l'argument principal de
M. Vogels. Non seulement D et SC harmonisent, ce qui suppose l'usage d'une Har-
monie, mais ils harmonisent de la même manière, ce qui ne peut s'expliquer que par
l'influence d'une Harmonie qui a existé à la fois en grec et en syriaque, le Diatessaron
de Tatien. Mais, si je doute de l'existence du Diatessaron grec, je ne nie nullement
l'influence du Diatessaron syriaque sur le ms. S et surtout sur le ms. C je ne nie pas ;
non plus l'accord de D et de SC, tel qu'il suppose parfois nécessairement une influence
commune; je dis du Diatessaron de Tatien, on ne peut pré-
seulement que, s'il s'agit
que nous avons dit plus haut du caracière d'un Diatessaron, quel qu'il soit, son in-
lluence doit être surtout sensible dans les additions relatives au sens.
Il se propose de tout dire, sans reproduire tous les textes. Voyons donc si D et SC
sont d'accord sur ce point. Pour m'en assurer, j'ai noté très en courant, et sans au-
cune préoccupation ultérieure, 86 additions harmonisantes de D d'après la liste de
M. Vogels. Ce sont des additions parfois énormes et qui affectent plus ou moins le sens.
Or je ne retrouve que 12 de ces additions dans C et S ou dans l'un des deux, d'après
la liste de M. Vogels. Voici ces additions (l» :
Mt. 1, 2.5; 3, 16; 5,44 (trois); 14. 2: 17. 21; 18. 10: 19,20: *20. 28: 24, 31;
24. 41;*26, 28; 26, 71; ^^27. 28: 27. 32.
Me. 1, 7; 1, 32; *2, 2t; 2. 26; 6, 2: 8, 17: -10. 4: 10.7: 12. 14 (deux;; 13,
I; 13, 10; *13, 15; 15, 1.
19, 27; 19, 45; 21, 2; 22. 47; 22, 51 22. 64; *23, 19; 23, 38 (deux surtout,
:
remarquable d'un manuscrit d'où sont éliminés beaucoup d'éléments que la critique
moderne obélise. Cependant l'hypothèse perd beaucoup de sa vraisemblance quand
on envisage en fait certaines omissions du ms. S. Que la finale de Me. lui manque, si
c'était la seule omission importante, ou pourrait l'expliquer par l'imitation du type
de B. Mais il manque encore, à juger d'après la longueur de la lacune, l'ange de
Bethesda (Jo. 5, 4), qui était dans Tatien [Mor$., p. 146, Me. 5, 30, qui était dans
Tatien {Moes., p. 66), Me. 15,28 qui était dans Tatien (i/oe*., p. 242), Le. 22, 43 et
44, alors que la sueur de sang était dans Tatien (Moes., p. 235), enlin et surtout Le.
23, 34% la prière de Jésus sur la Croix qui était dans Tatien [Moes., p. 117, 256,
265). Quel critique aurait eu le courage de supprimer tous ces passages, déjà cano-
nisés dans l'église syrienne depuis un certain temps, puisque M. Vogels suppose que
le ms. a été expurgé? Et cette liste ne suffît-elle pas à suggérer que l'ancienne version
syrienne est antérieure au Diatessaron?
Mais ce n'est pas le moment d'aborder sous toutes ses faces une des questions les
plus délicates de la critique du N. ï. Qu'il sufûse d'avoir constaté que ce n'est pas
avec des blocs composés d'éléments hétérogènes comme les listes de M. Vogels
qu'on parviendra à la résoudre. En dressant ses listes, il a certainement rendu un
grand service. Elles seront fort utiles, mais à la condition qu'on n'explique pas d'une
seule façon des phénomènes si variés. S'il fallait choisir entre l'usage de Diatessaron
et le simple désir d'harmoniser, il faudrait pencher de ce dernier côté. Le Diates-
saron connu cadre mal avec la solution proposée. Est-il prudent de lui substituer
dans cet office de type un Diatessaron imaginaire? Le plus sage, jusqu'à nouvel ordre,
est de s'en tenir aux termes de s. Jérôme, que M. Vogels connaît bien 1), mais dont il 1
n'a pas fait assez de cas, sauf à chercher eu outre les traces de Tatien par les voies
ordinaires de la critique.
Je me suis étendu un peu longuement sur les études si distinguées de M. Vogels,
parce que j'ai craint leur séduction. Tout le monde aujourdluii a une si haute idée
de la critique, si peu de personnes la pratiquent, qu'on peut s'attendre à voir un sys-
tème si attrayant par sa simplicité faire son chemin partout. Je crois que ce serait
au détriment de la vérité.
Jérusalem.
Fr. M.-J. LAGR.4NGE.
La première section est consacrée à l'Ecriture Sainte. Outre les textes bibliques
il s'y trouve des chaînes patristiques de la plus haute importance. On doit se féliciter
de ce que l'auteur du catalogue ait eu l'heureuse idée de transcrire le texte de quel-
ques-unes de ces paraphrases. Les plus intéressantes sont sans contredit celles qui
sont extraites des œuvres, aujourd'hui perdues, d'Eusèbe d'Émèse (7 359), exégète
littéral, de l'école lucianiste :;2). Voici quelques exemples qu font éclater le carac-
tère pratique de son interprétation. Sur (ienése xiv, 18 : "Oti /j laÀsîa, r,; r,v .'îaaiXsj;
ô MsÀytaîôi/, o'j-i lîoouaa/.ria 7,7 ojtî -uyÉa, tj Tpa-jf, DJ^y^v.- or^al yàp ajTi/v elvai
iv T?) KotXaôi âv -u/su. £1'; xb -sôtov tûj liaiiÀéw;. Oa ne voit donc pas pourquoi saint
Jérôme place cet auteur parmi ceux qui à travers mille détours font de Melchise-
dech un roi de Jérusalem (3).
Sur Genèse, xv, 13 « On vous humiliera pendant 400 ans )>. Le texte de l'Exode
:
(xii, 40) qui porte 430 ans ne contredit pas celui-là, dit l'évêque d'Emèse. Il n'est
pas écrit que les Hébreux soient sortis aussitôt les 400 ans achevés, mais après
400 ans, ce qui se vérifie encore trente années plus tard : àXXà a$Tà ù' et/,, o-sc
£;j..ia;v£i Z7.\ Ta Tpià/.ovix ''page 4). Nous sommes loin des spéculations que l'école
alexandrine se permettait sur la raison des chiffres bibliques.
Sur Genèse, xvil, 14 :
'0 Sûpo; o'jzw- ï/iv « nâ; o; où -spitÉtAVEi, £?oXo6p£'j0rj'j£-:ai ».
Kat ô 'E^paToç- « ;:a; 6 uJr\ zeptTÉ^AVojv » . EÎ/.ôtw;- où yàp tb vr|-'.ov oiX jrpô toutou xoXâ-
rïaOat, àÀÀà toj; fo-rJ.',. Dans Ics LXX, c'est l'enfant incirconcis qui doit être exter-
miné.
Sur Genèse, XIX, 21-22, à propos de Ségor : TajTr,v oï àÀXayou r, TpaoY) Zo'jtopa
/.a?>£r. ô 0£ ^'Jpo;, « ZwÇpT] /.ai Ba/.â, TO'JTiaTtv, fj /.aTa::touaa ». Ka\ ô 'ESpatoç o'jtw jzoiç
Xc'ysi- n j'toç TJ]; ZKTajî'.Ojariî 7:cp\ t'^; IStyo'jp », w; iv -Àîi'o'J'. zaTor/.ouvTo; néXsat tou Aojt
tauTa ÀsysTat (page 5).
Sur Genèse, XIX, 38 : Oi 'Aa|j.avrTX'. /.al oi à-o xrj; 'Apaoia; ÈxpâTrjaav Ta lisp-/] fI>tXaôc>.-
idoiç, f^Ti; 'A[x[jLà)v /.aXatTa-. napà twv ÈYyupîojv. Comme daus toutes les villes hellé-
croix.
Sur Genèse, xxiv, 2 « Place ta main sous ma cuisse ». Le même commentateur
:
remarque que le Grec ici est pudibond. "EXÀr,v 7t;j.vÔT£pov ip[ir;vrj£f 6 yàp 'EopaTo;
•/.al
Cl — 'jpoç a'jTÔ XÉysi Tou àvS'pb: tÔ T£/.vo~oibv opyavov A'./.aito -/.al jtoçpovi [xéXo; o\)('À'^
a'7/p6v, TÔJ oÈ àô(/.(;) /.ai Yj yj/T] [xs;jL{avTai. DiodofC de Tarse, contemporain d'Eusèbe
d'Emèse et appartenant à la même école, apostille ce texte à peu près dans les mêmes
ternies {P. G., 33, l'i7i>). Ce n'est pas d'ailleurs le seul passage où les deux lucia-
nistes se rencontrent.
Pour Tinterprétalion d'autres textes on a cité Philon, probablement l'évêque de
Carpasia en Chypre, Acace de Césarée, Théodoret et même Méliton de Sardes. Nous
avons ensuite des scholies de ïhéodoret sur l'Exode, puis quelques fragments de
chaînes sur le Lévitique. Tout ceci fait partie du n° 4 du catalogue.
Le livre des Psaumes est abondamment représenté dans cette collection. Le n" 28
contient en outre la prophétie de la Sibylle Erythrée, nullement inventée par un
chrétien, nous avertit un rédacteur, mais traduite en latin par Cicéron le poète
avant la venue du Christ, et mentionnée par Virgile. Le n'^ 60 présente des scholies
qui valent la lecture. ]\ous devons remercier M. TJspensky de nous avoir transcrit
m extenso les sommaires de plusieurs psaumes (pages 31 ss.). Le ps. 43 (Deus auri-
bus nostris audivimus) est ainsi annoncé Ce psaume prédit la cruauté macé- :
(1) llpottyopâOîi 0£ ô '!/a),[j.ô; Tr/; .May.£Ôovf/.r|V ù)[j.6TïiTa y.ai Tr.v 'Avti6/_0"j to-j 'ETTisavoû^
î'jffGeêïj xai ôtjciwStj yvcjjj.r.v xai xr,v rwv Maxxaêai'wv àvopaiav te xal £ÙaÉ6Eiav.
296 REVUE BIBLIQUE.
et Asaph l'a rédigé. Qu'on se range à l'une ou à l'autre de ces opinions, il n'y a au-
cun inconvénient à cela. A quoi répond le commentateur parallèle \on, tous les :
psaumes sont de David, mais la collection en a été dispersée et n'a été retrouvée
que par parties, d'oîi il est arrivé que ceux-ci en ont attribué plusieurs à Asaph,
ceux-là, plusieurs à Idithun etc. Ce même exégète voit dans le ps. 63, Ut quid Deus
repuUsIi, les tribulations des Maccabées, opinion que le premier a rejetée, pour y
voir la destruction du Temple par Titus. Les temps raaccabéens sont encore mention-
nés à propos des psaumes 78, Deus venerunt génies, et 82, Deus, quis similis. Les
deux commentateurs rivaux mettent en œuvre les Hexaples et la version syriaque.
La nomenclature des manuscrits du Nouveau Testament termine la série biblique.
Il est intéressant de constater, en feuilletant ces collections scripturaires, l'impor-
tance que, dès les premiers âges de l'exégèse, on a donnée à la critique textuelle.
La deuxième section du catalogue comprend les livres liturgiques, menées, eu-
chologes, typica, livres de chant, vies de saints. La troisième, le dogme et la prédi-
part III Umm idj-Djimàl. par M. C. Butler. Gr. in-4' pp. 63 à 213, lig. 43 à
:
,
197, pi. VI à IX, trois plans topogr. et pp. xiii à xxv AWppcnd. à Divis. II, A,
II. Divis.— m
Greek and Latin Inscr.; sect. A, ii; pp. 21 à 129, n°* 17-
:
231, par MM. E. Littmaxx, D. Magie jr. et D. II. Stuart; avec xxviii pp.
d'Append. i-vr, inscr.; vii-xvi, Butleb, La route de Trajan... section Bosra-
:
Amman: XA'ii-xxvm, Magie, Les miUiaircs sur cette voie. Brill; Leyde; 1910-
'
1911.
1, Grâce à l'activité de M. Butler cette publication progresse avec une parfaite régu-
larité (cf. RB., 1908, p. 592 ss.; 1910. p. 28.5 .ss.-. Le Hauràn méridional dont on
traite est limité au N. par une ligne théorique horizontale de Boçra au désert en pas-
sant par S/ilkha(f, à l'E. par l'ou. RihIJil et le désert, au S. par le désert encore, à
ro. par la voie ferrée du Hedjàz. Le bord oriental decette zone fut exploré naguère,
au point de vue épigraphique surtout, par Î\LM. Dussaud et Macler. L'intérieur a été
sillonné par divers voyageurs depuis le milieu du siècle dernier et partiellement car-
tographie par M. Schumacher. A peine cependant possédait-on quelques lambeaux
de documentation archéologique restreints à deux ou trois centres plus considéra-
bles. M. B. décrit plus de soixante localités, fournit un grand nombre de relevés dé-
taillés et consacre un fascicule entier à Oumm cl-Djemâl seulement.
Et qu'on n'imagine point ce trésor inespéré destiné aux délices exclusives des spé-
cialistes. Architectes et historiens de l'art palestino-syrien y trouveront assurément
la plus ample pâture à leur savante curiosité les conditions que le sol, les maté-
:
riaux, les vicissitudes historiques imposaient aux constructeurs ont donné aux mo-
numents de toute nature une physionomie originale qui les diiférencie de toutes les
constructions analogues en Palestine occidentale aux époques correspondantes. Mais
d'un point de vue plus général l'intérêt de l'ouvrage est d'exposer en mille détails
presque tangibles l'évolution d'une vie très active dans une région que le désert est
en train d'absorber
En mainte localité l'expédition américaine a discerné les ruines frustes des pre-
miers travaux humains : vestiges de fortitications massives enveloppant une crête de
coteau, pyramides en quartiers de basalte empilés à la façon des murailles cyclo-
péennes de l'Occident. A l'occasion même sera explicitement évoqué (p. 110) le sou-
venir de l'acropole farouche de Tirynthe, dans cette contrée des Géants bibliques.
La première phase vraiment artistique encore attestée est contemporaine du royaume
nabatéen : quelques temples et des hypogées portent l'empreinte de cette origine, en
dépit des transformations que leur infligèrent les âges suivants: mais d'ordinaire tout
ce qui en peut être saisi se réduit à un plan dévasté et à des fragments architecturaux.
Quoique plus riche en édifices, la période romaine n'ofirirait pas, à première vue, la
variété et la splendeur un peu alfectée qu'elle étale dans les régions voisines. Une
découverte de AL Butler résout l'énigme de cette pénurie ornementale, en même
temps qu'elle ouvre sur l'art romain en Palestine une perspective pleine de consé-
quences : c'est le rôle extraordinaire des stucs. M. Kohi (cf. RB.^ 1910, p. 596 et
600) le découvrait naguère dans la décoration du Qasr Fird'oun à Pétra et en tirait,
pour l'interprétation des grandes façades d'hypogées nabatéens, des conclusions que
la documentation très ample des PP. .laussen et Savignac tli parait corroborer au
mieux. Il résulte des observations de M. Butler que dans la contrée balsatique sud-
hauranienne les architectes de l'époque romaine firent
du stuc. le plus large emploi
Encore le procédé ne causerait-il pas une surprise bien grande s'il ne s'était agi
que de dissimuler par ce moyen, comme on le pratiquait volontiers en Grèce, la pau-
vreté desmursou les imperfections aussi inévitables dans letraitement du basalte que
dans une architecture rupestre. Mais il faut se rendre à l'évidence qu'on a stuqué
avec passion des édifices construits en matériaux plus souples et jusqu'à des parois
extérieures préalablement appareillées avec un soin impeccable en blocs finement
tations, depuis la maison cossue avec ses amples dépendances, jusqu'au simple logis,
des nécropoles enfin, parmi lesquelles trois types spéciaux d'hypogées nabatéens (4).
A suivre dans le détail l'examen de ces monuments, on sent la vie se développer
heureuse et pleine de sécurité sous l'Empire. La tutelle romaine est douce, laissant
libre jeu aux habitudes et aux tendances locales. A peine l'Empire est-il chrétien
qu'il y a une église 5 à Thantia sur le modèle d'un des édificescivils alors en usage.
1
))rés des textes ou des analogies plus ou moins superdcicllcs, rarciiitecte qu'est M. B. introduit
l'observation technique dc'taillée et l'analyse iiiéce à pièce; cl. surtout les pp. xx-xxv de l'Ap-
pendice. A signaler aussi les pp. xni s. qui fournissent des observations assez décisives pour ap-
puyer l'interprétation du monument d".4r'i(/ el-Émir comme un temi)le {ci. RB., 1908, p. 594,
(4) 1" Columbaria construits en dalles dans une caverne naturelle, avec façade bàlie ; 2" tombes
à Heur de sol avec édifice construit au-dessus; .'}" simples lombes superficielles.
(5) P. 172 ss. Elle est dat('e par une inscription de 3i5 !a plus haute date épigraphique dans
:
est au contraire fréquent dans le Sud. M. B.en le remarquant, ajoute que l'usage en est ainsi rei)orté
à une date très ancienne aus.^i bien est-il impossible d'admettre que ces liénitiers aient été in-
;
sérés dans les murs aiircs le vu'' siècle p. ftS Voir p. 153 s. les principales caractéristiques des
.
églises de Thantia.
RECENSIONS. 299
contrées à l'aurore du vi« siècle. La teneur en est analogue à celle des édits simi-
laires de Bosra et Bersabée. Une observation très utile des savants américains
vient à l'appui de ce qu'a maintes fois indiqué la Revue : depuis longtemps les ins-
criptions sont en voyage et toutes les fois qu'elles sont découvertes eu des habita-
tions, il est indispensable détenir compte du transfert avant de déduire quoi que ce
soit du texte pour l'histoire spéciale de la localité. Les Druses eu particulier mettent
une véritable manie à convoyer souvent de fort loin des pierres inscrites non par :
spéculation intéressée, puisqu'ils ne veulent pas faire argent de ces textes, mais peut-
être par quelque superstition prophylactique attribuant à ces grimoires inconnus la
valeur de talismans, ou tout bonnement par perspicacité utilitaire. Les anciens ayant
choisi d'ordinaire pour leurs inscriptions des pierres de meilleure qualité, les inscrip-
tions méritent la préférence qujnd un Druse a besoinde quelques blocs plus élégants
ou plus solides pour aménager sa hutte. Ainsi se sont disséminées les inscriptions
votives et les dédicaces officielles des temples, églises et autres édifices, ainsi surtout
les longues stèles qui devaient perpétuer : le nom » i\i des défunts à l'entrée des
hypogées nabatéens aboutissent dans des montants de fenêtres ou des dallages.
mérite littéraire de ces inscriptions est assez mince et leur faconde à peu près
Si le
nulle, que d'intéressantes, parfois touchantes, révélations cache leur laconisme Les !
< stèles du nom » attestent le mélange des éléments ethniques et religieux les plus
variés; quelques textes romains, en signalant l'érection de nouvelles forteresses ouïe
développement des anciennes, laissent devinerl'insécurité croissante du pays dès la
fin du iii'^ un Arabe au nom bien authentique de Saqar fils de Gousam (n"
siècle:
103) est fier jusque dans sa pauvre tombe d'avoir été envoyé «en ambassade à Piome •;
tout à côté un Sévéros quelconque trahit sa superstition naïve en déformant l'écriture
de son nom sur le linteau de sa porte (n° 10-5 , tandis que d'autres {n°^ 38, 41, 201
et peut-être 212' cacheront sous des anagrammes quelque invocation religieuse. Un
texte (d 18 1
un nouveau gouverneur d'Arabie, Flavius Anastasius, en
fera connaître
Ô2U de notre ère: un autre n' 18G mentionne dans une bouriiade perdue la restau-
ration d'un temple et la reprise des rites païens sous le régne de Julien cent détails :
à l'avenant, qui nous initient à la vie. aux croyances, aux préoccupations des peuples
divers qui vécurent ici entre le r^ s. av. J.-C. et le vi<^ ou vu*" après.
Dans son étude sur la voie romaine Bosra- 'Amman M. Butler propose de bons
arguments pour localiser Gadda à kh. es-Snmrâ. Hatita au kh. el-Hai/icL Thantia à
0. el-Djcindl. Mais on notera surtout une observation de nature à compléter fort
avantageusement notre notion des voies romaines. Dans une section mieux conservée,
Butler a constaté que le pavage un peu fruste en moellons était recouvert d'un lit de
cendres volcaniques épais de dix centimètres, revêtu lui-même d'une couche d'argile
battue. Ainsi s'expliquent les lignes de pierres proéminentes au sommet du dos d'àne
central et sur les deux bords de la voie elles assujétissaient ce revêtement et l'on
:
voit, sur cette chaussée d'où s'écarte aujourd'hui la piste des rares caravanes, rouler
moelleusement les postes impériales qui emmenaient Trajan ou Hadrien de Bosra à
la mer Rouge 2 .
1, Voirtig. 183 s. les photographies de ce curieux entassement des « stèles du nom • en deux
Xombes d'Oumm el-Djemâl. Quelque chose d'analogue a dû exister dans le grand hypogée d"Abdeh
[RB., 1903, p. Si ss. comparable par beaucoup de détails aux types sud-hauraniens. Son linteau
{loc. cit.) sera rapproché d'un linteau de Sa'âdeh Mig. lio. p. \6\i de Butler Les savants améri- .
cains ont observé que dans les groupes de stèles nabatéennes. les sommets carrés portaient des
noms d'hommes, les sommets arrondis généralement des noms de femmes. Il y a quelque chose
d'analogue dans les stèles des tombes musulmanes modernes.
-2) Noté dans la lecture, p. 138, 1. 18. un in de trop p. xiii de YAppend., 1. -a. on attendrait co-
;
infini, mais se révèlent cruellement trompeuses dès que le contrôle en est abordé.
Celle-ci, au contraire, gagne encore à la pratique. Essentiellement sincère, elle tra-
duit des réalités étudiées et dans la seule mesure où elles ont pu être étudiées-, au
besoin une légende avertira que telle étroite zone demeure « incomplètement relevée».
Hâtons-nous de dire que de tels cas sont rarissimes et que tout le relief utile, tous
les sentiers permanents, toutes les sources appréciables, les ruines dignes de
quelque attention sont enregistrés avec une correction et une clarté qui l'ont de cette
magnifique carte un guide agréable et sur.
bassins fluviaux — si le nom est toléré pour les grands ouâdys — le réseau des voies
antiques, la répartition et le développement des massifs montagneux et des zones de
culture peuvent être embrassés d'un coup d'oeil et deviennent expressifs. Les sites de
Mukeïs, de Ma'âd, de Fahil,à l'extrême bord du plateau, commandant les passes où
viennent se nouer toutes les vieilles routes dirigées vers l'intérieur du Haurân ou
vers la capitale de Syrie, expliquent au mieux le rôle et les destinées de Pella et de
Gadara depuis les temps hellénistiques et celui de Ma'àd, dans la conquête arabe
(cf. Abel. BB., 1911, pp. -108-1:30 Les localités de seconde ligne comme Tibneh,
.
Taycbeh. Kefr Asad occupent plus ou moins le centre de la première terrasse géné-
rale, en des situations spécialement avantageuses, tantôt fortes comme à Tibneh sur
une croupe escarpée entre deux grandes vallées, tantôt confortables, au cœur de plaines
fertiles et sur le passage d'importantes voies de trafic. Ou notera aussi le groupe-
ment des vestiges de civilisation préhistorique. Les principaux champs de dolmens
s'étendent autour de Kcfr Youbd, encadrant un certain nombre de tells dans le pla-
bien l'idée d'une fertilité que les conditions actuelles ne permettent malheureuse-
ment pas d'exploiter. Et la carte livre ainsi à l'étude la plus commode une infinité
de détails précieux à de multiples points de vue. Ce sera le mérite et l'honneur de
M. le D"" Schumacher et du Palastina-Verein d'avoir réalisé une telle carte.
Jérusalem. Hugues YlxCEiM. 0. P.
BULLETIN
a consenti à les grouper en trois volumes, et. sans approuver les théories de l'auteur,
on peut, en le lisant, comme en parcourant une iialerie de tableaux historiques, re-
trouver le souvenir de la plupart des controverses, des mouvements ou des ouvrages
de notre temps. M. d'Alviella a rangé sous trois noms grecs les études relatives aux
religions. La simple description des faits, leur ordre, et leur suite, sont l'objet de la
hiérographie. Si l'on compare entre elles les religions, en expliquant encore pour-
quoi elles se ressemblent ou différent unes des autres, on est hiérologue. Enfin
les
la hit/osophie sera comme une synthèse philosophique qui indiquera les con-
séquences logiques et même pratiques des études antécédentes. Chacun des trois
volumes de ces ou conférences est placé sous une de ces rubriques. Mais, si
articles
l'on voulait leurdonner un titre commun, il faudrait encore trouver je ne sais quelle
combinaison de deux mots grecs, d'autant plus difficile à découvrir que les Grecs
n'ont point connu, du moins dans l'antiquité, ce que nous nommons le compte rendu
raisonne. Hierobibliographie n'exprimerait pas assez la part personnelle de M. d'Al-
viella ; hiérocritique serait plus juste, car, même dans la partie de Hiérographie. la
part des observations originales de l'auteur est très restreinte. C'est un penseur, qui
a beaucoup lu, et qui. sachant beaucoup, a donné son avis motivé ; la hiérolo^ie do-
mine toujours, même dans le volume moins qu'on ne consi-
intitulé hiérosophie, à
dère comme la conclusion logique de l'étude des religions une position toute néga-
tive à l'endroit de la religion. Je dis toute négative, malgré la sympathie évidente de
lauieur pour le sentiment religieux. 11 se déclare « étranger à toute Église, mais en
communion d'idée et de sentiment avec quiconque, soit à rintérieur, soit en dehors
des orgauisaiions ecclésiastiques, cherche à rapprocher la religion de la raison «
(I, XX). Mais il est fort opposé à toute religion positive, et, parce qu'il comprend
très bien que l'Eglise catholique est le type des religions positives, il déclare à toute
occasion que son rôle est termine, et qu'elle a laissé passer le moment ou elle pouvait
peut-être encore s'adapter aux temps modernes. Il sympathique au protes-
est plus
tantisme, parce qu'il le sait malléable, et qu'il a vu des protestants renoncer à toute
idée de révélation, sans cesser de se dire protestants ni d'appartenir a des communau-
tés protestantes. Et lorsque Guyau a proposé le programme de l'irréligion de l'avenir
il a d'abord trouvé ce terme un peu cru, mais Tod voit assez clairement que le mot
l'effraie plus que la chose, et, flnalement, il passe condamnation sur le mot, avec
un aimable sourire III, 13-5 .
Un sourire un peu ironique, peut-être, et nous aurions tort d'insister sur une pa-
role de politesse. Quelle est, dans ses termes à lui, la formule de M. Goblet d'Al-
viella? C'est celle des « esprits larges et éclairés » qui pensent « que toutes les reli-
gions renferment une part de vérité, mais seulement une part, et qu'à ce point de
vue, elles se complètent les unes les autres, sans cependant épuiser, même dans leur
ensemble, l'idéal dont elles ont pour mission de nous rapprocher sans cesse... C'est
ma conviction personnelle qu'un syncrétisme de ce genre, s'il n'est appelé à fournir
la forme définitive de la religion, entrera du moins pour une large part dans la
'> religion » de l'avenir » ,111, 13-5;. Une mosaïque alors? ou plutôt un mélange chi-
mique.^ l'éclectisme, délogé à jamais delà philosophie, serait destiné à fournir la so-
lution du problème religieux? Qui indiquera les bons éléments, précisera le dosage,
dira le temps de la cuisson? Vraiment on s'étonne de rencontrer cet empirisme
sous une plume si distinguée. Prendre partout ce qu'il y a de meilleur, peut être
une bonne recette pratique, mais concilier les contraires ou même les contradictoi-
res est une besogne ardue pour un philosophe. Aussi bien, cette conception ne se
concilie guère avec ce que nous lisons ailleurs. Ce que désire l'auteur, ce n'est point
une synthèse, qu'il doit savoir impossible; il se contente de ce qui n'est pas même
un résidu. L'objectif qu'il poursuit, c'est, d'une façon négative, « la disparition du
principe d'autorité en matière de croyance » et, d'une façon positive, « la réalisation
la plus large et la plus féconde de nos rapports avec l'universalité des être?, non
seulement des êtres réels et vivants, mais encore des êtres « possible et idéaux »
iIII, 532i. Serait-il aisé de dire plus clairement qu'on ne tient aucun compte des
deux données fondamentales de toutes les religions, qui toutes supposent l'autorité
en matière de croyance, et regardent comme réels les êtres auxquels vont leurs hom-
mages? M. Goblet joue sur les mots. Il l'a avoué très gentiment, en se déclarant dis-
posé à dire irréligion, pour ne pas se brouiller avec l'iulortuné Guyau, plus épris
de logique et de clarté.
Je n'ai point dit plus sincère, car il est évident pour tout lecteur que M. Goblet
d'Alviella a poursuivi ses études avec une parfaite sincérité. Il faut même lui savoir
bon gré d'avoir mis à jour les contradictions oîi Guyau s'est enlisé, d'avoir opposé
un scepticisme de bon aloi à des généralisations prématurées, d'avoir dégonflé par le
simple usage du bon sens plus d'une théorie prétentieuse, surtout d'avoir compris le
changement qui s'opère dans les esprits au sujet de la religion. Il a noté, comme tout
le monde, que le pur rationalisme, si sur de ses exigences il y a quarante ans, recu-
religieux. Ce qu'on est en droit de nous demander, dit-il très noblement à la fin de
sa préface, « que nous exposions les thèses contraires aux nôtres d'une façon
c'est
suffisamment objective... c'est ensuite que nous ne dissimulions pas les points faibles
de nos solutions préférées: c'est enfin que nous ne perdions jamais de vue l'impossi-
bilité de demander aux sciences « morales et politiques », comme on les appelait —
naguère, en y comprenant la sociologie religieuse. — le degré de certitude exigible
des sciences exactes » (I, xx\
Et en même temps
qu'il constate dans la science indépendante moins de dédain et de
un désir sincère de comprendre, qui ne va pas sans une certaine sympathie,
parti pris,
M. Goblet d'Alviella semble prendre plaisir dans sa préface, dont le ton est beau-
coup plus conciliant que celui de ses anciens articles, à constater chez les catholi-
BULLETIN. 303
qiies les mêmes preuves de bonne volonté à ne pas gêner la recherche scientiGque
sur le terrain qui est le sien. C'est ninsi. et non point par une synthèse chimérique,
qu'on peut espérer de s'entendre.
Ce n'est pas sans un peu d'humour, d'ailleurs de très bon goût, que le savant
belge oppose l'ancienne défiance des catholiques pour l'histoire des religions à l'en-
irain qu'ils mettent aujourd'hui à pratiquer la méthode comparative. Ce zèle ne va
pas jusqu'à repousser le concours des compétences dans l'étude des faits. Nous pou-
vons donc, comme l'a sugf:éré finement le R. P. Pinard, marcher d'accord dans la
hiérographie. Les discussions dans la hiérologie n'auront pas toujours de fâcheux ré-
sultats; là aussi, on pourra souvent se rencontrer, en partant de points opposés. Et
(juaud nous aurons constaté que la raison est partout impuissante a résoudre le pro-
i»lème religieux, et que les religions ou plutôt la religion qui l'a résolu de la manière
qui semble à notre raison la seule satisfaisante, nous aura dit qu'elle tient ses lumières
de Dieu, on ne s'étonnera pas que nous Lui demandions, même ceux qui l'ont d'a-
bord nommé l'Inconnaissable, ce supplément de lumière dont laraison sentie besoin.
Nous ne pouvons ici que signaler l'intérêt du livre de Al. Curlis sur l'histoire des
Crnlo et des confessions de foi l . Il s'étend même en dehors de la religion chré-
lienne. mais c'est surtout une revue
nombreuses confessions de foi
très rapide des
([ui prétendent se rattacher â l'Évangile. Le nombre en est considérable, et on sera
bien aise d'en posséder l'esquisse très rapide [2 L'auteur a d'ailleurs compris que .
rendu à Dieu, connu par Jésus, simple homme comme nous, comment proposer ce
Credo à la grande Église qui vit de sa foi au Dieu incarné? Il n'est que juste de le
dire : l'auteur a toujours le ton digne et respectueux qui convient au sujet.
;i) A of Credo and Confessions of Faith, in Christendom and Beyond. witli historical
Hii<lorij
tables, bj" William A. Ciktis B. D.. D. Litt. EdiD.'. p rofessor nf systeiuatic llieology in llie uni-
versity of Aberdeeu. in-8' de xix-:K)2. pp. Edimbourg Clark. l'JlI. ,
2) A propos du Qv.icum<iue, que .M. Curlis estime originaire de France, lire l'article de doni
Morin [The Journal of Theological Sludies. XII 1911). p. :«" ss.) qui le rattache à l'Espagne.
,3) De pohjtlieismi origine, (juac sit diiclrina sacrarum litierarum patruinque ecclesiae. scripsit
Kranciscus Xav. KouTLEiiNEr., .ibbatiae wiltinensis canonicus regularis, in-s" de i\-I.jO pp. Inns-
brucli, 1911.
4) P. VIII : nv.o te.mpore el quo loco...
304 REVUE BIBLIQUE.
teur n'a pas distingué dans les textes ce qui se rapportait à la révélation primitive,
et ce qui devait s'entendre de la lumière de la raison.
Quant à la seconde partie, elle est plus étrange encore. S. Thomas a pensé que
l'idolâtrie avait commencé avec Abraham, et il a été suivi récemment encore, paraît-
mentation très serrée, que le polythéisme est antérieur à Abraham. Il est même né
avant le déluge, et dès le temps d'Enos. Comme Adam, instruit par la révélation
primitive, a bien dû la transmettre à son fils, on se demande enfin quels sont les
premiers hommes qui ont connu l'existence de Dieu par la seule raison (1)? Il est
fâcheux que le R. P., si bien informé, ne nous ait pas fait connaître, comme il avait
à ceux de saint Matthieu et de saint Luc, et que les parties communes à saint Matthieu
et à saint Luc seuls paraissent également reproduire un document écrit, et tirent
sait pas de reconnaître la parfaite orthodoxie d'une opinion qui n'est pas la sienne. Des
cartes et des tables facilitent l'usage de ce charmant petit volume, imprimé avec une
parfaite netteté. On peut être assuré que cette édition des évangiles sera bientôt très
répandue et très populaire avec le sutlrage des esprits les plus cultivés.
Il faudrait une compétence toute spéciale pour rendre compte du livre de M. Voigt
sur l'histoire de Jésus et l'astrologie ^3). Il s'agit de l'épisode des Mages, au chapitre
deuxième de saint ^Matthieu. M. Voigt estime que l'aspect du ciel au printemps de
l'an 6avant J.-C. a déterminé les mages à croire à la naissance du Messie. Le 14 avril
de cette année, à peu près deux heures après le lever de la lune, et trois quarts
U) H s'agit bien, p. 18. de celte connaissance, certaine, quoique imparfaite et sine revelatione
divina,el c'est de celle-là que l'auteur dit .Sed liomincs jjroyrediente lempore avéra illa cogni-
:
tione defvcerunt...
(-2j Les S'tints évangiles, traduction nouvelle d'après la Vulgate, précédée d'une introduction
historique, et accompagnée de nombreuses noies explicatives a\ec cartes et plans, par J.-B.
CuAiîOT, docteur en théologie. In-IG de x-'JS'-iSO.
Die Gescliicftle Jesu iind die Astrologie, Eine religionsgeschichtliche und chronologische
(3)
Untersucliuiig zu der Erzalilung von den Weisen aus dem Morgenlande von U. Dr. Heinrich G.
VoiCT, a. o. l'rolessor der Tlieologie in Halle, mit einer Zeiciinung im Text und einer Tal'el, in-8»
de \i-'2X'> pp. Leipzig, Hiiirichs, l'Jll.
BLLLETLN. 305
Voici un titre peu ordinaire : Jésus le fils de Dieu ou Christologie primitive, trois
essais et une discussion (2); mais, s'il provoque la curiosité, il paraît, après la lecture
de l'ouvrage, tout à fait adéquat à l'intention de l'auteur. La discussion est menée de
façon très attrayante, avec cette subtilité platonicienne qui lui donne l'aspect d'une
causerie, alors que la trame des arguments est très serrée. Bref cet ouvrage serait
une très belle était possible de démontrer que le christianisme est né sans
œuvre, s'il
cause. Les trois essais sont intitulés Jésus fils de Dieu, Jésus fils de l'homme, Jésus
:
comme Seigneur, et la pensée de l'auteur est que Jésus s'est cru et s'est dit fils de
Dieu, mais ne s'est pas nommé lui-même fils de l'homme. Il s'est dit fils isans majus-
cule) de Dieu, parce qu'il a soutenu contre les Pharisiens l'ancien idéal messianique,
que tout Israël était et devait être le fils de Dieu. Se faisant le champion de cette
idée, il devait donner l'exemple en prenant ce titre. Les Pharisiens avaient absorbé
l'idéal d'une rétribution d'outre-tombe et l'avaient amalgamé avec les espérances
apocalyptiques d'un Messie vainqueur. Jésus s'inspire d'un messianisme moral et reli-
gieux : c'est celui-là qu'il prêche aux simples, au petit troupeau, et c'est pourquoi il
peut dire que personne que le fils ne connaît le Père, comme personne ne connaît
qui est le fils, c'est-à-dire qui est un fils, sinon le Père.
Donc M. Bacon ne songe même pas à voir en Jésus autre chose qu'un pur homme,
ce qui l'oblige à indiquer comment on s'est imaginé qu'il était Dieu. Attribuer tout à
l'influence de Paul est franchement impossible. Et nous ne sommes pas embarrassé
pour signaler dans un livre, dont nous reprouvons la thèse, d'excellentes pages. Elles
peuvent servir contre ceux qui prétendent que c'est Paul qui a imaginé de nommer
Jésus Seigneur, préexistant en Dieu, rédempteur du monde. Mais, dit Bacon, il n'au-
rait jamais édifié sa théologie sur Jésus de Nazareth, en prenant rang parmi ses dis-
ciples, si déjà Jésus n'avait été pour eux le Messie et le Seigneur. Cela posé, l'évolu-
tion de la pensée paulinienne n'est point tellement mystérieuse. C'était un phari-
sien, imbu de messianisme apocalyptique son idéal reconnu en Jésus, le reste allait :
de La difficulté était dans le point de départ. Paul n'aurait pas même songé à
soi.
tenir pour Dieu un homme tenu par les siens eux-mêmes pour un pur homme cru-
cifié. La théologie de Paul est une théologie d'incarnation : elle suppose que celui
qui en est le terme est déjà glorifié. Elle s'appuie sur celle de Pierre qui est une
apothéose. C'est ce qu'il faudrait démontrer, et M. Bacon, qui a récusé les témoigna-
ges clairs, ne peut se dissimuler qu'il lui manque des textes. Comment Pierre en est-
il comme Fils de Dieu, exalté à la droite du Père, celui qu'il avait
venu à regarder
abandonné au moment de la suprême épreuve? L'embarras est surtout grand pour
(1) Il faut t^ àvaTOÀÎQ signifle que les Mages ont \-u Jupiter « à son lever », et que
donc que sv
iaxibr, fou que Jupiter était à un point élevé au-dessus de l'endroit où était l'enfant.
l<rrr,) signifie
On a peine à croire que l'astrologie etl'eségese se trouvent ainsi d'accord.
(i) Bt Benjamin Wisner Baco.n, DD., Litt. D.. LL. D., Buckingham Professer of New Testament
Criticism and InterpretaUoa in Yale Universitv, in-8^ de 101 pp. New Haven, l&ll. Sur le commen- :
taire de saint Marc par M. Bacon, cf. RB., 1909, p. 6o0 ss.
REVLK BIBLIQUE 1912. — N. S., T. IX. 20
306 REVUE BIBLIQUE.
M. Bacon, qui ne voit dans Marc qu'un évangile inspiré par Paul, inspiré par la foi
de l'Église entre 70 et 90, alors qu'il lui faut savoir ce qu'ont pensé les premiers
fidèles après la mort de Jésus.
Donnons ici à l'auteur, et sans aucune arrière-pensée, un éloge mérité. Il com-
prend très bien que la foi au Messie ressuscité ne s'est pas faite à coup de textes,
et, comme il le dit avec esprit, qu'elle n'est pas née dans le scriptorium. C'est la lon-
gue familiarité de Pierre avec Jésus, c'est ce qu'il a connu et compris de cette âme
incomparable, si unie à Dieu, si soumise à sa volonté, qui lui a fait comprendre que
Jésus était Bis de Dieu. Mais, si je ne me trompe, c'est toujours sans majuscule. Car
les plus admirables vertus de Jésus, sans prophéties, sans miracles, sans aucune dé-
claration de sa part, sans aucune apparition après sa mort, ces admirables vertus ne
prouvaient pas que Jésus fût plus grand que Moïse, plus grand qu'Abraham. Qu'on
songe à la mentalité d'un Israélite! C'est un des excellents traits de M. Bacon d'avoir
compris que Jésus n'est pas un illuminé, dominé par l'idée des foudroyantes apoca-
lypses. Le messianisme de Pierre n'était pas le sien. Il faudrait donc que Pierre, au
lendemain de la mort de Jésus, ait compris que c'était Jésus qui avait raison avec ses
idées morales et religieuses... mais d'autre part, cela équivalait à reconnaître qu'il
n'était pas le Messie. Et quand Pierre aurait consenti, sans autre cause que son admi-
ration et son amour, à nommer Messie celui qui, par hypothèse, n'aurait fait aucun
acte qu'on pût de bonne foi nommer messianique, comment faire partager sa convic-
tion à d'autres? M. Bacon sait très bien quel jour Pierre se convertit, et avec lui le
repentant, avait été e.xaltépar Dieu jusqu'à être le Fils de Dieu d'une apothéose. Or,
rappelons-le, sans l'apothéose selon Pierre, l'incarnation selon Paul ne saurait être
Le dernier mot de M. Bacon est: « L'auteur dernierde notre Christologie est
justifiée.
Jésus lui-même ». Oui, mais sans équivoque; non parce que Pierre a changé le sens
du mot Fils de Dieu, mais parce qu'il l'a compris.
Luc ait ici suivi plusieurs sources; l'unité du discours est maintenue; les diver-
gences qu'il contient par rapport à la Genèse ne sont point dissimulées par des
échappatoires artificielles. Avec Melchio r Cano. M. Schumacher note que saint
Etienne, quoique rempli de l'Esprit saint, ne jouissait point du charisme de lins-
piration pour prononcer son discours, et que Luc, qui, lui, était inspiré, n'avait qu'à
le reproduire tel quel. Le discours est à bon droit regardé comme authentique. Saint
Etienne a été lapidé dans un mouvement populaire; il n'est point nécessaire de sup-
poser que la Judée n'avait point alors de procurateur présent. Les sanhédrites ont
précisément échappé à la difQculté de lui demander une sentence de mort en laissant
(î) De»" diacon Slephanus. von Dr. Rudolf Schumacher, fait partie des Neuteëtamentliclie Abliand-
lungen, éditées par M. Meiuertz. ni, 4: in 8" de ix-136 pp. Munster, Aschendorff, 1910.
BULLETIN. 307
Cornélius a Lapide est toujours bon à lire, et par conséquent à réimprimer; son
Commentaire des épîtrcs de Saint Paul est d'ailleurs plus à jour que le reste, parce
que l'exégèse de saint Paul a évidemment moins gagné que celle de l'A. T. aux pro-
grès de l'histoire, et a été moins agitée que celle des Évangiles. M. le chanoine Pa-
dovani, professeur au grand séminaire de Crémone, a donc été bien avisé de faire
pour les épîtres paulines ce qu'il avait fait pour les Évangiles (cf. RB., 1896, 136) :
rééditer La Pierre en y ajoutant quelques notes (2). Ses travaux antérieurs sur saint
Paul lui facilitaient la tâche (cf. RB., 1894, 295). Les notes sont judicieuses, ayant or-
dinairement pour but de rectifier ce qui est absolument insoutenable dans le commen-
taire : attributions fausses de certains ouvrages, contre-sens empruntés à la Vulgate,
etc. On verra par exemple à propos de I Thess. iv, 14, que l'annotateur ne refuse
pas d'enregistrer certains progrès de la critique. On estimera seulement que le titre
n'est pas suffisamment justifié, et que ces maigres et rares notules ne peuvent avoir
la prétention de mettre Cornélius a Lapide au niveau actuel de la science sacrée. C'est
toujours l'ancien commentaire, avec ses qualités et ses défauts — dont quelques-uns
sont signalés, — et l'absence de toute bibliographie ne permet même pas aux étu-
diants de s'informer ailleurs. Mais enfin chacun poursuit son but, et M. Padovani a
très correctement fait ce qu'il se proposait de faire.
Le petit commentaire de Vépitre aux Galates (3), par M. A. Lukyn Williams, est
précédé d'une introduction sur les points ordinaires et suivi de quelques notes plus
développées. Les Galates sont ceux du Nord, selon l'opinion ancienne, car l'auteur
n'a pas été converti par les brillantes dissertations de M. Ramsay. L'épitre a été
écrite peu avant l'épitre aux Romains, et assez longtemps après le Concile de Jéru-
salem. C'est à cause de ce laps de temps écoulé que Paul n'a pas allusion au\ fait
,1) Das Aposteldekret, Seine Entsteliuug und Geltung in den ersten vier Jahrlmnderten, von
K. Six s. J. In-8'> de Innsbruck, Rauch, 191-2. C'est le cinquième numéro des publica-
xx-lGtJ pp.
tions biblico-patristiques, inaugurées par le R°"' Père Lêopoid Fonck.
(•2) Commentaria tiiomnes sancti Pauli epistolas R. P. Cornelii a Lapide e socielate Jesu S.
Scripturae ollm Lovanii,postea Romae professoris, recognovitsubjectisque notis illustravit, emen-
davit et ad praesenlem sacrae scientiae statum adduxit can. Antonius Padovani, philos, ac. s.
Tlieol. doclur Sacrae Scripturae et theol. dogniat. in seminario Cremoneusi professor aique epi-
scopi vicarius generalis. Tomus I, in epistolas ad Romanos et I ad Corinthios, in-8° de xv-o63 pp.
1!K)9; Tomus II, in epistolas II ad Corintliios, ad Galatas, ad Ephesios, ad Piiiiippenses, ad Colos-
senses et letll ad Tliessalonicenses, 60:i pp. loil, Turin, Marietti.
(3) The epistle of Paul t/ic AposHe to t/ie Galatians, edited by A. Lukw Williams B. D. Vicar of
Guilden Morden and Examining Cliaplain to Ihe Lord Bistiop of Durham, with introduction and
notes (Cambridge Bible for Schoots and Collèges). In-16 de l(i-126 pp. Cambridge, at Ihe Univer-
sity Press, 19H.
308 REVUE BIBLIQUE.
entre parenthèses les dates de 57 et 57 à 58. Il n'est fait aucune allusion à l'inscrip-
tionde Delphes. M. Williams se donne pour un disciple très convaincu même un —
peu farouche —
de S. Paul, et déplore que le grand apôtre ait été définitivement
vaincu dans sa lutte pour affranchir le christianisme du légalisme !
l'examen des textes du N. T., non sans faire une place à la critique littéraire des
sources pour en pénétrer le sens. Des textes, l'auteur remonte à l'origine de l'usage.
Il n'admet aucune influence des rites employés dans les mystères d'Isis et de Mithra,
quoiqu'il ait noté des traces d'imposition des mains dans ces mystères. Quant aux
Mandéens et aux Manichéens, ils ont plutôt emprunté au christianisme. Le rite de
l'imposition des mains, joint au baptême comme rite d'initiation dans l'Église primi-
tive, est donc un rite nouveau, sans être une création absolument originale, puisqu'il
se rattache à diverses manifestations semblables dans l'Ancien Testament, qui ont
abouti chez les Juifs à l'ordination des Rabbins par l'imposition dés mains. Après ces
deux premiers chapitres, M. Behm se demande dans un troisième quelle est la signifi-
cation du rite de l'imposition des mains, soit telle qu'elle a été pratiquée par Jésus,
guérissant les malades, soit telle qu'elle a été fixée par l'Église comme signe de la
communication du Saint-Esprit. A propos des guérisons de Jésus, l'auteur déclare
sans ambages que Jésus n'a pas entendu exercer seulement une influence psychique
Cette dernière solution peut plaire aux modernes qui ne veulent ni admettre davan-
tage, ni consentir à ce que Jésus ait pensé autrement qu'eux elle est contraire aux ;
textes. Jésus, qui avait conscience de sa dignité messianique, a opéré des guérisons,
précisément parce qu'elles ressorlissaient au rôle du Messie, et M. Behm, qui appartient
à l'école conservatrice d'Erlangen, semble bien admettre qu'en effet la puissance de
Dieu qui était en Jésus le poussait à guérir, et opérait par lui des guérisons. Cependant
Jésus ne voyait pas en cela une opération pour ainsi dire naturelle de son corps, in-
dépendamment de sa volonté, et si Marc et Luc lui prêtent cette manière de penser,
c'est qu'ils ont représenté les choses sous un faux jour. Le scrupule, pour le dire en
passant, est exagéré, et il n'est pas nécessaire de supposer que Marc (5, 30) ait regardé
le miracle de l'hémorroïsse comme le résultat d'une action magique du corps de Jésus.
Les mêmes considérations reviennent à propos de l'imposition des mains destinée
à communiquer l'Esprit-Saint. L'Église primitive y a-t-elie vu une sorte de sortilège
opérant nécessairement, mécaniquement, et comme naturellement son effet? M. Behm
(1) Paulus und dieSklaven zu Korinth, I Cor. 7, 21 aufs neue untersucht, von Prof. Dr. Alphons
Steinmasx. In-S» de iv-78 pp. Braunsberg, Grimme, 191).
(2) Die Handaufleyung im Urchristentum nacli Verwendung, Herkunft und Bedeutung in reli-
gionsgeschichtlichera Zusammenliang untersucht von Lie. Joliannes Behm, Répètent der Tlieologie
an der Tniversilât Erlangen. In-8° de viii-207 pp. Leipzig, Deichert, 1911.
BULLETIN. 309
proteste et répond par le cas type du refus indigné de Pierre aux propositions de
Simon le Magicien qui l'entendait sans doute ainsi. Plutôt serait-il exact de dire que
l'imposition des mains était un pur symbole, puisqu'elle était accompagnée de la
prière qui Implorait le don de l'Esprit. Mais c'est encore avec raison que cette solution
ne lui paraît pas exprimer tout le sens des textes. Quoi donc? L'imposition des mains
était bien un symbole, mais un symbole efficace, un symbole qui agissait, qui opérait
le résultat qu'il signifiait. On ne saurait mieux dire, et il n'y a qu'à donner acte de
ces conclusions au nom de la théologie catholique. Par malheur, M. Behm se croit
obhgé d'excuser l'Église primitive qui ne savait pas distinguer comme nous entre le
corps et l'esprit. S'imaginant que tout esprit avait encore quelques particules maté-
rielles, si affinées qu'elles soient, les premiers chrétiens croyaient que l'esprit pouvait
donc se transmettre comme un fiuide. Et nous ne nions pas que la distinction très
nette entre les esprits et les corps n'ait exigé, même dans le christianisme, beaucoup
de réfiexions, prolongées très longtemps, mais ce point n'est pas décisif dans la ques-
tion de l'action des sacrements. Serait-ce un progrès de la philosophie moderne, qui
distingue si bien le corps et l'esprit, de dénier à l'esprit toute action, parce qu'il ne
peut exercer cette action par un fluide matériel ? Physique et corporel sont-ils donc
synonymes, et l'esprit n'a-t-il ni réalité physique, ni action physique? M. Behm sou-
haite en terminant que le christianisme d'aujourd'hui s'inspire de l'énergie et de la
profondeur du sentiment religieux ancien, de ce sentiment donc qui voyait dans le
rite l'action immédiate de Dieu, conditionnée cependant par une action humaine. Mais
c'est précisément ce qu'enseigne l'Église catholique en disant que les sacrements
opèrent ex opère operato. M. Behm qui a si bien montré quel fut le sentiment de
l'Eglise primitive, n'avait qu'à regarder pour le retrouver parmi nous, et il n'aurait
pas dû employer la formule de ex opère operato à propos de la conception magique de
l'imposition des mains (p. 189), pour marquer une simple manipulation qui ne man-
que jamais son effet, dépendant de sa vertu propre et naturelle.
drie (1) sur saint Luc est un très brillant début, et manifestement le résultat d'un
travail considérable dont il ne donne au public que les résultats. L'entreprise était des
plus ardues de déterminer ce qui appartient vraiment à Cyrille dans les différentes
Catenae, et de se faire une idée juste de son exégèse, en s'appuyant tantôt sur ces
épaves du texte grec, tantôt sur la traduction syriaque des homéUes publiées par Payne
Smith. Et cependant, M. Rûcker, mettant d'ailleurs à profit les travaux de M. J. Sic-
kenberger sur Titus de Bosra et sur Nicétas d'Héraclée, a orienté le lecteur avec
beaucoup de clarté, soit sur l'authenticité des textes grecs, soit sur la valeur de la
version syriaque, soit sur le caractère des homélies elles-mêmes. Il conclut des allu-
sions doctrinales qu'elles ont été composées après que la controverse nestorienne eut
éclaté, probablement même après que Cyrille eut publié ses anathématismes. Les homé-
lies, thème l'évangile de saint Jean, se rapprochent
postérieures à celles qui ont pour
davantage de l'exégèse M. Riicker dresse une liste des passages les plus re-
littérale.
marquables en ce genre; une homélie n'est point un commentaire, et ces passages sont
peu nombreux. En appendice il publie pour la première fois et traduit en allemand
des fragments syriaques d'homélie qui se trouvent à Berlin. On peut dire qu'il s'est
(1) Die Lukas-Homilien des Hl. Cyrill von Alexandrien. Ein Beitrag zur Gesctiiclite der Exégèse,
von Adolf RvcKER, D'^ theol. et Phil. Domvikar in Breslau. In-8 de 102 pp. Breslau, Goerlich et
Cocli, 1911.
310 REVUE BIBLIQUE.
Le R. P. Louis Mariés, S. J., a exposé dans la Revue de Philologie (1) les raisons qu'il
a d'attribuer à Diodore de Tarse un conmentaire sur les psaumes, contenu dans le
ms. Coislin, 275. C'est le R. P. Lebreton qui le premier a appelé l'altentioa sur ce
vas. Le R. P. Mariés a constaté qull contient les fragments attribués à Diodore par
la catena gr. 139. De plus le caractère de l'exégèse, sobre et historique, paraît bien
répondre à l'idée de l'école d'Antioche. La publication de ce document important, à
laquelle le P. Mariés ne peut se dérober, sera donc un événement pour l'histoire de
l'exégèse des Pères.
susdite collection, la traduction est allemande; la disposition du canon est très claire.
raire que représentent les Patrologies. Lui mettre en mains les pensées les plus sail-
lantes des anciens auteurs ecclésiastiques, les passages où leur position dogmatique
s'affirme avec le plus de précision, débarrassés des hors-d'œuvre et des développe-
ments accessoires où ils sont noyés, voilà le mérite du savant compilateur. Les textes
publiés s'échelonnent de la Didachè à saint Jean Damascènc; placés par ordre chro-
nologique, sous le nom de leurs auteurs respectifs, ils portent des numéros de repère
auxquels renvoie un index théologique, méthodique et détaillé. Les textes grecs
sont accompagnés d'une traduction latine. Outre les passages des Pères, l'enchiridion
contient des documents importants tels que l'épitaphe d'Abercius, le fragment de
Muratori, l'hymne tpœç ïXapdv, daté du ii^ ou du iii« siècle, et que l'on chantait
encore au x*^ siècle, à l'office du lychnicou du Saint-Sépulcre. L'exécution typogra-
phique, qui ne laisse rien à désirer, facilite l'usage de ce manuel dont la disposition
mentiae, en éditant des documents nouveaux relatifs à ses mystérieux débuts, et en les
expliquant au lecteur avec beaucoup de clarté {[]. On le lit comme les amateurs lisent
les romans au moment de pénétrer les dessous du secret qui les passionne. C'est la
grande figure de Bellarmin qui est en scène, disons même sur la sellette, et les admi-
rateurs du savant cardinal souhaiteraient que le R. P. eût réussi à le justifier du reproche
d'avoir manqué de franchise, en conseillant au pape Clément VIII et à ses conseillers
crorum Bibliorum inserenda pro dignitate sedis apostolicae sei'vanda (p. 97). Le R.
P. Le Bachelet est trop loyal pour approuver cette manœuvre si bien intentionnée,
puisqu'il la qualifie d' « expédient», c'est-à-dire de « moyen de se tirer d'embarras
dans une conjoncture délicate » (p. 101), mais il proteste contre les termes de men-
songe et de mystification, comme si Bellarmin et tant d'autres avec lui avaient créé
de toutes pièces une légende. Pas de gros mots, soit; et de toutes pièces, non, car on
savait que Sixte avait toujours corrigé son œuvre et l'on s'est cru autorisé par cela
même à préjuger son intention (2). Mais puisque Bellarmin a eu à cœur la dignité
du Siège Apostolique, elle ne doit pas nous être moins chère, et rien n'a fait plus d'hon-
neur à ce Siège, dans le procès de canonisation du vénérable serviteur de Dieu, que
de se refuser à couvrir de son autorité un... disons « expédient » imaginé pour lui
rendre service, mais qui n'était pas conforme à la parfaite droiture. Le R. P. a mon-
tré, pour innocenter Bellarmin, que les plus hautes personnalités de l'Église et de la
Compagnie ont suivi la même hgne de conduite. Elle était donc, elle ne pouvait être
que parfaitement justifiée! Mais cette argumentation perd un peu de son effet, lors-
Bellarmin a proposé une solution qui a séduit, et il a entraîné les suffrages. Et c'est
peut-être ce qui rend sa faute — objective — moins aisément excusable. L'auteur
tient aussi beaucoup à ce que la Bulle n'ait pas été promulguée, quoiqu'elle soit datée
du mars et que les cursores du Vatican déclarent l'avoir affichée le 10 avril. Et il
1"'"
n'hésite pas à faire sienne la suggestion du P. Azor, que, « dans son impatience d'en
finir, Sixte-Quint aura fait consigner d'office, par anticipation, le certificat d'affichage »
(p. 87). Alors c'est Sixte-Quint qui a mis tout le monde dans l'erreur... était-ce un
expédient ou une mystification? Et, s'il promulguer
voulait en finir, que ne faisait-il
la bulle au lieu de faire écrire qu'elle l'était! Quoi qu'il en soit, on peut dire que le
M.MaxL. Margolis (Dropsie collège) prépare une édition de Josué en grec, d'a-
près 54 et d'autres suivants la même recension, qui est celle du Codex K
le cursif
On ne peut rien ajouter au soin avec lequel M. Tisserant a édité le ms. grec
palimpseste auquel il a donné le nom de Codex Zuqninensis rescriptus vêler is Testa
menti (4).
En réalité, — pour autant qu'il est question du texte sous-jacent, —ce sont bien six
mss. qui ont été groupés pour constituer un ms. syriaque, contenant une chronique,
attribuée à Denys de Tell Mahré jusqu'au jour où MM. Nau et Noeldeke ont dé-
montré que le célèbre patriarche jacobite ne pouvait en être l'auteur. La chronique,
composée probablement à Zouqnin, aux environs de Diarbékir, peut-être par Josué le
stylite, a donc été écrite sur des morceaux de parchemin contenant diverses parties
de la version des Septante, dont le texte avait été lavé. De la Mésopotamie le ms. a
passé au monastère de Sainte-Marie des Syriens, en Nitrie, où il a été acheté pour la
bibliothèque Vaticane par Joseph Simon Assemani. Quelques feuillets détachés sont
demeurés sur le sol jusqu'au jour (1842) où M. Tattam les acquit pour leBritish Mu-
séum. Le texte grec avait été aperçu et deux feuillets avaient été publiés par Tischen-
dorf et huit par Cozza-Luzzi, mais cent dix-sept attendaient le déchiffrement. M. lis-
(1) The Source of the Christian tradition, a critical history of ancient Judaism, by Edouard Du-
jardin, Revised édition, translated by Joseph M^ Cabe. In-S" de xvi-307 pp. London, Watts, 1911.
(2) lQ-8» de 41 pages, Geutliner, 1911.
(3) Octobre 1911, p. 1-35.
(4) Studi e testi (23,. Codex Zuqninensis rescriptus veteris Testamenti. Texte grec des manus-
crits Vatican syriaque 162 et .Mus. Brit. additionnel 14.GGC> édité avec introduction et notes par
Eugène TissER.vNT, in-8" de Lxxsv-2Tri pp., Roina, Tipograûa poliglotta Vaticana, 1911. Avec six
feuillets en ptio.totypie. Dédié à S. E. le cardinal Capecelatro.
BULLETIN. 313
serant s'est attaché à la lecture du srec, soit à Rome, soit à Londres, et c'est cette
décrire les mss., de fixer leur âge et d'en classer le texte. Le grec est imprimé en
caractères cursifs, mais la disposition en colonnes et en lignes est conservée, avec
un apparat critique contenant les variantes des manuscrits apparentés.
Le premier ms. Zi contient des fragments des Juges (16. 29-19, 12: 19, 18-29;
20, 4-18; 20, 30; 21, ô). Il paraît être du vi'^ siècle. Ses leçons sont apparentées à
celles de K, 54, Théodoret. L'estime que fait M. Margolis du ms. 54 à propos deJosué
est confirmée parce qu'en dit M. Tisserantà propos des Juges. La recension estlucia-
nique.
Z" contient III Resn. 2. 19-25: 2, 35i-39; 2, 46?-3, 2:3,27-4, 9; 4, 28-6. 16;
7, 27-8. 33 ; 21. 26-39. Le ms. date du début du vi« siècle. On sait que de Lagarde,
dans son édition de ce qu'il a reconnu être le texte de Lucien, s'est appuyé sur les cur-
sifs 19, 82, 93, 108. Le ms. Z marche avec eux, mais plutôt avec 82 et 93 (auxquels
il faut ajouter 127 reconnu par M. Rahlfs) qu'avec 19 et 108, qui sont très infé-
rieurs. C'est donc encore le témoignage d'un oncial apporté à la tradition de Théo-
doret comme représentant la recension de Lucien.
Il n'en est pas de même de Z"^ (III Regn. 8, 58-9, 1 , du v* siècle, qui se range
parmi les onciaux déjà connus, plus près de B que de A.
Mais avec TP du vi^ siècle, nous revenons à Lucien, et à propos du psautier,
8, 1-9, 19; 9, 36- 12, 3; 13,1 - 16. 1 17. ; 3-29; 17, 39-48; 19, 9-21, 25; 21,
3-2 - 23, 2; 24. 9-19; 25, 8 -26, 4: 28, 3 - 29. 4; 30, 2-11 : 32. 21 - 33, 22;
35, 7 - 37, 11. C'est en effet à la recension de Lucien qu'on attribue encore le texte
courant du psautier, la vulgate grecque, distincte du texte des grands onciaux. Le
cod. Zuqnine?isis témoigne en faveur des cursifs par son texte, mais aussi en faveur
des onciaux, en conservant les formes de la Koinè, par exemple pour les aoristes
asigmatiques en a.
5, 11; 6. 11 - 9, 4; 22, 7- 23, 38; 24. 5-14: 25, 2-9: 26. 7-11 28, 10-16; 35,5- ;
38, 4; 39, 10-13; 39, 15-24: 40, 19-23: 41, 25 - 42. 12; 43, 11 - 44, 4;
44. 16 - 45, 13; 45, 20 - 46, 2; 46, 16-22; 47, b-14; 47, 17 - 48, 3). L'é-
criture marque le début du viii^ siècle. Le texte est lucianique. et paraît s'accorder
avec le cod. Vemtus et Théodoret mieux qu'avec les cinq cursifs qui représentent la
même recension. C'est doue un bon appoint pour l'établissement du texte.
Z" Ez. 36, 20-28; 37, 8-14; 41. 25 - 42, 7: 43, 11-18: 47, 19 - 48, 4 et
Dan. 3, 2-15), du vi® siècle au plus tôt, contient encore pour Ézécbiel un texte lu-
cianique. Les versets de Daniel sont de la traduction de Théodotion; M. Tisserant
n'a rien déterminé sur leur caractère, soit à cause de l'exiguïté du fragment, soit
parce que la question des recensions de Théodotiou est encore trop peu avancée.
Excellente contribution à la connaissance des Septante qui classe M. Tisserant parmi
les maîtres de la paléographie grecque et de la critique.
cite, mais peut-être trop tard pour l'utiliser d'une façon courante. Il eût constaté que
le codeœ 1 beaucoup plus rapproché que Théodoret de la vulgate grecque, plus
était
loin par conséquent de B. Cependant Z eût pu être cité avec Théodoret contre la
Vulgate, par exemple ps. 14, l 17, 13, sans parler du ps. 30, T.leseul cas mentionné.
;
La recherche est d'ailleurs conduite avec les précautions critiques nécessaires, car le
texte commenté par l'évêque de Cyr n'est pas toujours celui qu'on lit dans ses édi-
tions imprimées, ni même dans ses meilleurs manuscrits. Les cas certains sont donc
seulement ceux où le texte s'impose d'après le commentaire. Ils sont indiqués d'une
façon spéciale. Saint Chrysostome et Théodore de Mopsueste sont mis à contribution,
ainsi que la version syriaque de Paul de Telia, qui, pour le psautier, ne suit pas
l'édition hexaplaire, mais la vulgate.
qui, d'après lui, viendrait enfln conûrmer les données de la Bible. Il y a quatre ans
le hasard des fouilles à Saqqarah fit découvrir des fragments de papyrus démotiques.
Ils contiennent une liste géographique qui permettrait d'identifier la presque totalité
des villes mentionnées aux chap. xiii et xiv de l'Exode. Curieuse coïncidence, l'or-
résumé, les Hébreux auraient suivi, si l'on s'en rapporte au Papyrus, le chemin le plus
court pour gagner très rapidement le désert du Sinaï. Ce document viendrait donc
confirmer ce que devait faire prévoir le raisonnement. Partis de Pithora-Succoth
placé à l'entrée du Wadi Toumilat, ils n'auraient eu qu'à parcourir cette vallée pour
atteindre directement la mer. Si la Bible dit qu'ils « se détournèrent », il faut en-
tendre par là qu'ils rencontrèrent à Ethani Khetem (Tell Retabeh) la route des cara-
vanes qui mène en Syrie et qu'ils « s'en détournèrent » pour camper devant Pi-
Hakhiroth. Enfin ils franchirent la mer des roseaux (en égypt. fwfi) située au sud du
lac Timsah (1).
(1) C'était bien ce qu'avait pressenti le P. Lagrange, cf. RB.. 1900, p. 80.
BULLETIN. 315
Langues. — On ne peut plus traiter Varaméen ancien comme une simple dépeu-
dance de l'hébreu biblique, ou le confondre avec la langue des Targums. De là l'in-
térêt de la petite grammaire, petite mais très précise, que M. Marti a consacrée à
cette langue, si intéressante en elle-même et à cause de ce qui en transparaît encore
dans La première édition épuisée, c'était un devoir pour l'auteur
les évangiles grecs.
de retoucher son œuvre, une bonne fortune de pouvoir profiter des découvertes de
l'île d'Éléphantine. La nouvelle édition (1) n'est donc pas simplement un second
tirage; c'est une refoute sur beaucoup de points de détails. Le lexique comprend
maintenant des mots (entre crochets) empruntés à la lettre désormais célèbre de la
communauté juive d'Eléphantine avec la réponse ces deux documents sont en effet ;
imprimés sans ponctuation après les textes bibliques. L'ouvrage de M. Marti ne laisse
rien à désirer, ou plutôt nous souhaiterions qu'il fût traduit en français.
s'écarte très loin de la ligne de progrès que l'on voit en grec, de telle sorte que le
grec et le latin diffèrent davantage dans la conjugaison du verbe que dans la flexion du
nom quoique toutes deux procèdent de tendances qu'on peut observer en sanscrit...
Le verbe grec est une pièce de mécanisme de vocable belle mais compliquée, et il
a besoin d'être étudié analytiquement. La simple mémorisation des conjugaisons,
quoique nécessaire, n'est pas sufOsante ». « une base autour
Plus loin, nous avons
de laquelle se développe le verbe ». P. Nous n'avons à nous occuper ici que de
64 : «
origine indépendante ;
il a eu une persistance remarquable dans les langues indo-
germaniques. Comparez, par exemple, « me » dans ces diverses langues. Cela montre
le côté personnel et social du discours
livre est une « post-
parlé. Le langage du
pensée » [afterthought) aux enfants, bien que ce ne soit
». P. 103 : « Il est naturel
pas là de « bonnes manières », de montrer les objets. L'article ne dit pas pourquoi
une certaine chose est désignée, mais il indique toujours quelque chose ». Entre
temps, King James Version » est malmenée pour avoir saboté les règles de l'ar-
la «
ticle (p. 105). Nous sommes heureux d'apprendre ceci à propos du pronom
(03,
(p. 113) « Dans l'anglais moderne, nous n'aimons pas répéter le même mot, verbe
:
voir lequel des huit cas est le cas donné, à remonter à la signification originelle de
ce cas, à juger de l'influence du contexte sur le sens, à prendre note de l'histoire du
cas; l'idée résultant de tous ces concours exprimera la vérité ». Le point de vue psy-
chologique se maintient jusqu'au bout de la syntaxe. Ainsi, p. 2fi4 : « Le langage
n'est que l'expression de la pensée. Aussi n'est-il pas étrange que les omissions, les
interruptions et les changements soudains dans les procédés mentaux soient comme
embaumés (1) dans le langage... Paul montre beaucoup d'émotion et surtout dans
II Cor. son style lutte pour l'expression. On peut presque y entendre battre son
cœur ».
Palestine. —
On continue à écrire sur la sai7ite maison de Lorette, et surtout,
semble-t-il, du côté des défenseurs qui s'attaquent encore avec la même furia^ pas
toujours francese, au livre de M. le chanoine Chevalier. Serait-ce une preuve qu'il
tient toujours bon? Aujourd'hui c'est le R. P. Ilario Rinieri S. J. qui lui consacre
trois volumes (2). Il paraît bien qu'il a raison de reprocher au savant français d'avoir
daté de quatre ans trop tard le pèlerinage de Ricoldo. Mais pour une date qui ne peut
se déduire qu'au moyen de la critique interne, ce n'est pas le cas de crier au faux lit-
téraire. Nous avons déjà indiqué {RB.^ 1907, p. 467 ss.) le point de vue palestinien.
Il faudrait une bonne fois s'entendre sur ce fait que trop souvent les prétendus
témoins disent avoir vu ce qu'on leur a dit exister ou avoir existé. Il est vraiment
comique que le R. P. Rinieri ait allégué comme favorables au miracle de la Santa
Casa MM. Ebers et Guthe (II, p. 183) parce que ces messieurs, en gens bien éle-
vés, ont reproduit les dires des gardiens du sanctuaire sans les contredire. Encore
ne fallait-il pas méconnaître leur évidente précaution de dégager leur opinion per-
sonnelle. La droiture du R. P. Rinieri n'est pas en cause, puisqu'il cite le texte alle-
mand qui permet de constater son contresens (3J. Lui-même est loin de garder aussi
bien les convenances, quand met sur deux colonnes parallèles quelques phrases de
il
le moins qu'il a emprunté à ses ennemis des arguments maintes fois réfutés. On doit
pourtant bien se dire qu'en pareille matière, il n'y a qu'une manière de raisonner :
interpréter selon leur sens naturel les textes sérieux, comme celui d'Arculfe qui
dit si clairement que la maison de la Vierge n'existait plus de son temps ; ne pas
faire parler les témoins muets, comme saint Jérôme, saint Paulin, etc., qu'on
ne peut vraiment pas alléguer contre M. Chevalier; mettre hors du débat les pièces
fabriquées tout exprès pour soutenir une opinion; ne pas tenir compte du troupeau
innombrable des pèlerins, qui répètent tout ce qu'on leur a dit. De 1531 à 1906, le
R. P. Rinieri allègue 535 témoignages, dont 529 sont favorables à la S. Casa, y com-
pris celui de MM. Ebers et Guthe (!), et 6 seulement contraires. Il pourrait citer
encore la masse énorme des pèlerins catholiques qui tous, ou presque tous, ont cru
constater sur les lieux l'absence de la S. Casa, puisqu'elle était à Lorette; tandis
que tous les protestants, venus au même endroit, faisaient en eux-mêmes ou à haute
voix des réflexions désobhgeanles. Est-il besoin d'ajouter qu'en pareil cas la négation
et l'afflrmation ont exactement la même valeur? On peut regarder comme close la
sur l'authenticité de la Santa Casa par le chanoine Ulysse Chevalier, correspondant de l'Institut.
Qui mercedes congregavit misil eas in sacculum pertusum (Agg. 1); in-8°, vol. I, vin-161 pp.
(1910); vol. II, 210 pp. (1911); vol. III, xlvii-536 pp. (1911). Turin, Marietti.
(3) La traduction italienne néglige un peUt soll qui se traduirait en français • doit », ou même
« est censé ». Tome il, p. 183, note l.
BULLtrLX. 317
tons-le, un moyen bien simple de s'assurer de la vérité c'est : de prier des personnes
compétentes de déterminer la nature des matériaux de la Santa Casa et leur appareil,
et de constater ensuite s'il y a quelque vraisemblance que la Sànta Casa ait été placée
à Nazareth au lieu où le R. P. Prosper Viaud vieat de faire des recherches cou-
ronnées de succès.
Le R. P. Rinieri a pris comme lïvjito de chacun de ses trois volumes une pensée
d'Aggée, faisant allusion à des marchandises déposées dans un sac percé. Est-ce un
symbole ? Et en effet, les arguments de M. Chevalier ont passé sans trop de dégâts
au crible de sa critique : les trous sont trop gros.
lique de Bethléem, après avoir revu en pèlerin les sanctuaires de la Ville Sainte.
(1) Die Pflanzen Palaestinas. Aaf Grund eigener Sammlung und der Flora Posts und Boissiers
Yerzeichnet von J. E. Dixsmore, Amerikanische Colonie, Jérusalem, mit Beigabe der arabischen
Kamen von Prof. Dr. G. Dalman, Vorsteher des Deutschen Instituts fur Altertumswissenschaft
zu Jérusalem .Tirage à part,.
(2; lQ-1-2 de 109 pp. Paris, Pion, 1912.
(3) Grand in-8° de vii-o"5 pp., avec 13 cartes, 148 gravures et 997 dessins schématiques par
l'auteur. Paris, H. Laurens, 1911.
318 REVUE BIBLIQUE.
l'histoire de l'art de bâtir, depuis l'enfance laborieuse, aux temps néolithiques, jusqu'à
l'épanouissement le plus complet,
à la fin de la période romaine. L'aire étudiée
embrasse tout l'Orient ancien, Egypte, Mésopotamie, Perse, pays hittite, Asie Mi-
neure, Phénicie, Canaan, Archipel égéo-crétois, Rome et l'Étrurie. De chaque pays
et de chaque époque M. Benoît connaît tout et choisit les meilleures formes, les ana-
lyse en connaisseur assez sûr de son art pour l'exprimer avec une élégance concise et
simple. Les humbles monuments fameux des villes
palestiniens antiques, les édifices
gréco-romaines, l'architecture hybride des nécropoles de Jérusalem sont caractérisés
d'une vue juste et avec un goût judicieux. Le livre est admirablement lisible malgré
sa précision technique. L'érudition très diligente se trahit partout mais ne pèse nulle
part en lourdes notes. L'image est toujours limpide à l'avenant du texte et si le pro-
gramme était immense et ardu d'écrire un tel Manuel, M. B. peut s'applaudir de
l'avoir réalisé avec un plein succès.
Dans Revue numisjnatique (1910, p. 532 s.)leR. P. A. Declaedt, des Pères Blancs
la
entrée dans la splendide collection des Pères Blancs. Plus récemment le distingué
numismate 1911, p. 366 ss.)
a fait connaître (ibid., une monnaie de Dora de Phé- :
M. Crawley-Bœvey. —
M. E. J. Pilcher, Les papyrus d'Assoiian et les mobiliers
funéraires de Gézer, entreprend un rapprochement peu limpide entre les objets énu-
mérés dans la dot d'une juive d'Eléphantine au iv<= s. et ceux qu'a recueillis M. Maca-
lister dans une sépulture « philistine » du x« s. à Gézer. Rév. J. E. Hanauer, Notes —
de Damas : un nouvel exemplaire de la dédicace du grand temple un sarcophage ;
romain orné de têtes de Méduse vestiges du théâtre antique dans le quartier adja-
;
M. B. I). Eerdmans (1) considère les stèles funéraires appelées massebôth comme
des symboles du défunt. La pierre plus ou moins conique représente un homme ;
(1) The sepulchral Monument » ma§sebati », dans Journ. of Biblic. Liter., X.XX, 1911,
pp. 109 SS.
BUI.LETLN. 319
munie d'une cavité quelconque elle concrétise une femme. On l'érigeait sur la tombe
pour que l'àme y puisse prendre sa demeure au lieu de vaguer sans asile, pour le pire
dommage des vivants. Peut-être M. E. n"a-t-il pas assez marqué la distinction entre
les massebôth funéraires, largement commémoratives, et les stèles analogues érigées
dans les lieux de culte avec une autre signification.
taccio qui se serait graduellement substitué à la « vallée » de ^I. le prof. Guthe sur
la croupe d'Ophel et serait devenu la base de divers édifices. La vallée en question
n'existe pas; Millo ne s'est pas constitué par un entassement séculaire de débris et la
localisation de ce terre-plein est quelque peu différente. — M. le D'' S. Klein, Pour
la topographie delà Palestine antique, produit d'intéressantes informations talmudi-
ques au sujet de Platanos près Sichem = Balâta, Capharnaùm qui serait lihàn
Minyeh — distinct de Rephar Ahoum qui serait Tell Houm — . Oumm el-'Amoud
CAiccimid) près Tyr désignée dès le milieu du second siècle sous le vocable à'Amou-
dah, nom primitif de la localité, — M. Cl.-Ganneau semble avoir prouvé au con-
traire que cette ruine n'est autre que Palae-Tyr [Étud. d'arch. or.,I, 64 ss.), — Ger-
gesa appelée déjà QourSi au second siècle; mais 'j''"w'lp~"'''»2?'!p est-il tout à fait l'é-
quivalent de Koursy? — M.
Dalman, Au sujet de la carte du territoire fron-
le prof.
(1) The el-Tekkiyeh Inscriptions, dans Ajneric. Journ. of Archaeol., XV, 1911, pp. 3-23 ss.
320 REVUE BIBLIQUE.
la top. de Palestine : Asân de Jos. 15, 42 et 19, 7 est identifié avec kh. 'Asân, si-
mais les propres élucubrations de Melander furent accueillies naguère par la même
grave revue du Palàstina-Verein, XVII, 1894, pp. 25-33 qui aurait pu être ajoutée à
la bibliographie suédoise indiquée. Je suis beaucoup moins au fait des « intentions »
Nous avons reçu de M. Clermont-Ganneau cette juste observation que nous som-
mes heureux d'insérer ici :
« J'ai été surpris de voir dans la R.B., 1911, p. 475, l'exequatur si gratuitement
dire que le Tycheion était élevé « en dehors du village » ? Rien de plus invraisem-
blable et c'est contraire à toutes les habitudes épigraphiques! Ce qu'on attend «
priori, c'est la mention des ressources à l'aide desquelles le travail a été exécuté ;
c'est bien ainsi que l'a entendu AVaddington, et il est dans le vrai. Seulement je ne
crois pas, comme il le fait, que h. xb soit pour ly. xoîi; l'expression normale, dans ce
cas, est U tûv (cf. n'^* 1990, 2562 g, 2544 h xbv (= xCJv) xoû O^ou) ; en réalité ici èx xb
== SX xà, avec celte équivalence vocalique si fréquente dans le Haurân : o = a. Ce
solécisme est pleinement justifié par le n° 2556 : èx xà xou ôeoî» xè x% xd&jxrjç. Les
expressions xà-xoû-Osou, xà-x%-xw[jLr)ç, avaient fini par être considérées dans le vul-
gaire comme une sorte de composé indéclinable; c'est un phénomène du même genre
que jadis j'ai signalé dans la dédicace des couteliers de Sidon {Études d'Archéol. Or.,
I, p. 100) : CiTîào xb xoivou ».
Le Gérant : J. Gabalda.
LE TEMOIGNAGE Dl DOCUMENT.
trois personnes qui en marquent les grandes étapes. Aussi bien l'au-
teur a-t-il établi expressément la théorie des périodes, déterminées à
BEVUE BlliLIOUE 1912. — N. S., T. IX. 21
322 REVUE BIBLIQUE.
l'avance par Dieu, qui fait surgir dans chacune d'elles un homme pro-
videntiel (il, 9 ss.).
Le premier, qui se perd déjà dans la nuit des temps, c'est le fonda-
teur éponyme, Sadoq. 11 est dit aussi clairement que possible que la
secte avait pris le nom de Benè-Sadoq (iv, 3 s.). En eifet, on cite Ézé-
et nous savons aussi qu'ils ont méprisé l'Esprit saint (v, 11). Tels sont,
croyons-nous, les textes qui s'appliquent au fondateur épomme et qui
en expriment les traits. Il est certain que cet oint, qui a déjà paru,
n'est pas le Messie qui doit sortir d'Aaron et d'Israël, il est certain aussi
qu'il n'est pas le docteur de justice, parce qu'il précède le châtiment.
Serait-il l'auteur fictif d'une nouvelle révélation de la Loi à la façon
des Jubilés?
La secte n'était pas fâchée de se rattacher à un ancêtre elle fut ;
aux Pharisiens, qui entouraient la loi d'une haie. Et ce sont bien les
Pharisiens qui sont visés, mais Fauteur, séparatiste forcené, aurait eu
mauvaise grâce à condamner les haies. La métaphore du mur et du
crépi est empruntée à Ézéchiel (xiii, 10). Au moment de la première
vines est le chef des rois de Javan (viii, 11 et parallèle). Or c'est préci-
sément alors que nait la secte. Ce fut, semble-t-il, aprèsun premier
désastre, mais au moment où les sacrifices fumaient encore, et où
le sanctuaire était encore ouvert (vi, 11 ss.). C'est à ce moment qu'on
sortit de Juda pour se rendre à Damas. La secte constitue un petit
reste, échappé à la destruction, elle sauve la semence d'Israël, des-
tinée à dominer le monde (xx, 33 s.).
Le principal auteur de la fondation c'est Dieu, et par un acte spé-
cial de grâce. L'auteur cite le Deutéronome i^ix, 5) et le glose très forte-
324 REVUE BIBLIQUE.
les pointsde droit (m, 14). Il a fondé la secte comme une maison so-
lide (m, 19), telle qu'Israël n'en avait point connu de semblable. Elle
tient sur des bases inébranlables; les Livres de la Loi (vu, 15), l'as-
semblée (vu, 17), les livres des propbètes (vu, It s.), l'enseignement
du grand interprète qui est l'Étoile (vu, 19 1, et l'attente du prince de
l'avenir.
Mais Dieu s'est servi d'un instrument, le Docteur de Justice (i, 11).
Avant lui, conscient du désastre, pénitent, mais incertain de ses voies,
le petit reste errait à l'aventure, tâtonnant comme un aveugle durant
vingt ans environ i^i, 8 ss. . Mais le Docteur a tiré la moralité du châ-
timent dont il a expliqué les causes. Si seulement tout Israël l'avait
13; xjx, 25 s.; xx, 15 . C'est lui qui est responsable d'une ruine qui
parait bien être la seconde, quoique les deux désastres soient confon-
dus dans la même que quelques-uns se repentaient,
pei-spective. Tandis
les bâtisseurs de muraille n'ont rien compris au premier châtiment,
séduits qu'ils ont été par Ihommedu mensonge viii, 11 et xix, 24). Il i
semble donc bien que les événements doivent être placés dans cet
ordre premiers désordres, châtiment par le chef des rois de Javan,
:
Ilva sans dire que, dans ces termes généraux, ce programme eût
été agréé des pharisiens. L'esprit général est bien le même; mais on
ne s'entendait pas sur l'application de ces belles maximes.
Car il fallait les appliquer. On doit dire à l'honneur de la secte
qu'elle ne garantit pas le salut par ce seul fait qu'on est initié. Il faut
encore pratiquer très scrupuleusement les prescriptions de la loi,
pas non plus que le Messie doit être de race sacerdotale. On peut dire
seulement qu'il paraîtra au sein de la secte, composée, comme l'ancien
Israël, de prêtres et de laïques.
(1) Dans la citation (11, 21) de Prov., 15. 8, le mot Z'"*'^*" est même remplacé par zp~S.
326 REVUE BIBLIQUE.
que la secte dominera sur tous les hommes. Ce sera le temps du pardon
et du salut, mais il est dit très expressément que le pardon viendra de
Dieu; on ne voit pas que le Messie soit destiné si peu que ce soit à
expier les péchés du peuple 2t.
Partie législative. —
Pour compléter le tableau de la secte, il fau-
drait insister sur la partie législative, mais, pour éviter des redites, on
indiquera seulement les traits caractéristiques.
Dans l'ensemble, c'est une sorte de code de jurisprudence. On sup-
pose toujours une loi plus complète et plus fondamentale, qui était
naturellement le Pentateuque. Le nouveau Code ne traite que de cas
douteux. Il loi, et au besom la contredit, comme cela est
interprète la
assez clair à propos des vœux. C'est donc ce que les Rabbins nom-
maient halaka, une halaka beaucoup moins détaillée que celle de la
Miclina, et qui a davantage l'aspect d'un texte législatif. La Michna prend
souvent comme point de départ l'usage, mentionne même les contro-
verses, allègue l'autorité des maîtres. Notre texte ne s'appuie que sur
l'Écriture, et tire des solutions pratiques même de cette partie de
l'Écriture qui n'est pas le Pentateuque ; il ne raisonne pas, ne constate
pas la coutume; il édicté des règles, selon la vieille manière sémitique
déjà familière à Hammourabi, qui procède plutôt par la solution des
cas concrets que par l'affirmation de principes généraux.
La partie qui nous est conservée oscille d'abord entre le code pénal
et le code d'instruction criminelle à propos de la restitution par suite
:
d'un délit ou d'un quasi-délit, le code traite des objets perdus à pro- ;
aux nécessités
travail des siècles, la constitution de la secte répondait
du temps. C'est une tentative de maintenir son esprit, en formant des
groupes assez compacts pour résister à l'envahissement des idées du
dehors, pas assez nombreux pour perdre le caractère d'une société
fermée. Car c'est bien d'une société fermée et presque secrète qu'il
s'ag-it. On n'y est admis qu'après un examen sérieux et un serment
solennel. Cependant, comme dans le christianisme, les pères peuvent
répondre pour leurs enfants (1). Le législateur s'est efforcé de lui con-
server son cachet original, un mélang-e de prêtres, de lévites et de
laïques. En principe les prêtres gouvernent, ou sont suppléés par les
Lévites (xiii, 2 ss. ). Mais n'est-ce pas seulement dans les choses saintes?
Si l'on a tenu absolument à garder au prêtre, même incapable, ce qui
appartient à ses fonctions, comme la décision en matière de lèpre, ce
n'est qu'une apparence, puisque la solution des cas lui est soufflée par
donc respectés et ont le premier
l'adriiinistration laïque. Les prêtres sont
rang, mais sont confinés dans leur domaine. Dans les conseils, com-
posés de dix membres, ils n'ont que quatre voix contre six, ce qui est
toujours la minorité. Si tout ne nous trompe, l'administrateur de
chaque groupe et l'administrateur général sont toujours des laïques. Ce
qui est plus opposé encore à la tradition sacerdotale ordinaire, c'est
l'élimination des vieillards. Dans cette société, où tout le reste est d'un
esprit résolument conservateur, les hommes qui ont plus de cinquante
ans ne peuvent plus faire partie du pouvoir exécutif (xiv, 9) ; à partir
de soixante ans, ils sont exclus des tribunaux (x, 6). Il y a là une pré-
caution singulière contre la routine ; la secte entend avoir des chefs
énergiques, ce qui est d'autant plus urgent que ces chefs sont vrai-
ment de toute l'organisation. C'est à eux qu'incombe encore
le pivot
le soin des indigents, réglé par une sorte d'assistance publique. On ne
peut comparer leur rôle qu'à celui de Tévèque dans les communautés
chrétiennes; ils admettent à la communauté et expulsent les membres
indignes, ils sont docteurs, pasteurs, pères, interviennent, du moins
comme conciliateurs, dans toutes les affaires civiles et criminelles.
C'est à propos du serment d'appartenance que le code traite des
serments, puis des vœux.
Tout cela est é%ddemment très incomplet, mais ne fait l'effet d'un
conglomérat qu'à des esprits habitués à un ordre méthodique. C'est
bien la législation de la secte que nous avons sous les yeux. Son désor-
dre ne dépasse pas ce que permettaient d'attendre la race, le temps et
le lieu. La lacune la plus regrettable est celle qui regarde le calen-
drier. C'était lin des points de la réforme (m, 14). Une allusion au Livre
des Jubilés (xvi, 3 s.) suggère l'usage du calendrier solaire de
36i jours. Il faudra revenir sur ce point.
Telles sont, comme dit notre auteur, les règles pour le temps de la
perversité (xv, 7) . Tout n'y est pas très clair. Ceci du moins est certain :
CIRCOXSTANCES DU SCHISME.
saire ait trouvé cette épithète d'assez bonne heure. Bar-Kokébas fut
nommé fils de l'Etoile, et d'après le Syncelle, le monogène, le fils unique.
Or le Docteur de Justice de la secte est pour elle la véritable Étoile
(vu, 18) et l'Unique (xx, 14, 33). N'est-ce pas pour protester contre
l'usurpation de ces titres par le héros de l'indépendance? Enfin la
scission parait s'être faite en un temps de grande fermentation mes-
sianique. J'ai moi-même essayé de prouver que la révolte de 70 avait
eu ce caractère (2), mais il y fut certainement moins accentué que
sous Hadrien. Après 70 on ne pouvait pas dire que le messianisme de
Juda avait fait failKte, —
je parle du messianisme militaire et tem-
porel des Juifs, —
puisqu'il ne s'était pas ouvertement manifesté ou
n'avait pas été reconnu par les autorités doctrinales de la nation.
Après Bar-Kokébas, c'était bien le messianisme juif, salué par Aqiba,
qui avait sombré. Peut-être quelques-uns, en particulier des prêtres,
n'attendirent-ils pas le moment suprême pour abandonner une partie
dans les régions de l'Orient, comme avaient fait leurs pères la pre-
mière fois, et emportèrent les exemplaires de la Michna qui avaient
été transcrits, pour l'usage des rois, sur l'exemplaire écrit de la main
même de Moïse. Établis dans les contrées de l'Orient,
conformè- ils se
rent exactement à ce que contenaient ces livres, depuis l'époque de
leur émigration de Jérusalem, jusqu'au temps où Dieu ayant donné
aux hommes la religion islamique, Anan, chef de la captivité, vint
des contrées orientales dans l'Irak, ce qui arriva sous le khalifat du
prince des fidèles Abou-Djafar Mansour, en l'année 136 de l'hégire. »
De Sacy, auquel est due cette traduction, a noté que selon de nom-
breux chronographes juifs il n'y a que 300 ans environ entre le retour
de la captivité et le règne de Jannée (3). Ce calcul paraîtrait donc
appuyer l'opinion de M. Kohler (4), fondée sur la correction de
(2) P. x\ii. A la ligne 25, lire 190 au lieu de 290, ce qui rend précisément la correction
inutile.
(3) Chrestomathie arabe, 2- éd.. I, p. 294. On sait qu'en revanche Josèphe ajoutait 40 à
50 ans de trop au temps écoulé entre la dernière année de Cyrus et l'an 70; cf. Schuiier,
Geschichte..., III, 267.
(4) Dositheus, the Samaritan heresiarch, and liis relation to jewish and Christian
[.A SECTE JUIVE DE LA NOUVELLE ALLIANCE AU PAYS DE DA^IAS. 33i
Doctrines and sectes {a. sludy of professer Schechter's récent publication), dans The ame-
rican Journal of Theology, edited by the Divinity Faculty of the University of Chicago, XV
(1911), p. 404-435.
(1) The covenanters of Damascus, a hitlierto unknown Jewish sect, dans Harvard
theological Review, IV (1911), p. 330-377.
(2) Loc. laud., p. 337.
II
Tous ceux qui se sont occupés des origines des Caraïtes savaient
qu'ils ont prétendu d'abord se rattacher aux Sadducéens. Sacy le
soupçonnait déjà (2) et ce point a été mis en pleine lumière par les
travaux de iM. Harkavy (S") et de M. Poznanski (ii.
Lorsque parut Anan, le fondateur des Caraïtes, sous le khalife Al-
Mansour (T5i-775), il chercha, comme tous les novateurs, un point
d'appui dans le passé. Puisqu'il rejetait la jurisprudence rabbinique,
et refusait toute tradition pour s'en tenir au texte de la Loi, il devait
dire et môme croire qu'il représentait la cause des Sadducéens, ces
antiques ennemis des Pharisiens, ancêtres desRabbanites, ses propres
adversaires.
Les Sadducéens ayant nié la résurrection, Anan ne pouvait se dire
l'héritier de toute leur doctrine, mais ils avaient du moins connu
mnritt?n T\^1 n'est point une imitation de « mosquée « c'est un terme suggéré par Zacli.
(t) ;
14, La ville du [sanctuaire pour dire Jérusalem est plutôt la source que limitation de
16.
(3) Zur Entsteliung des Karaismus, dans l'histoire de Graetz, S- éd., V, 413-429, et
Jeivish Lncyclopedia, 1, 553-556. M. Poznanski cite aussi une histoire abrégée du Cara'isme
en russe.
(4) Anan et ses écrits, Revue des études juives, t. XLIV, p. 161-187; t. XLV, p. 50-6't :
176-203.
LA SECTE JUIVE DE LA NOUVELLE ALLIANCE AU PAYS DE DAMAS. 333
S'il en a parlé, c'est qu'il les avait lus, car il n'avait aucun besoin
de les inventer.
Son principe était que l'Écriture sainte suffit à tout. « Étudiez la
loi à fond, disait-il, et ne vous en rapportez pas à
opinion », ni à mon
celle d'aucun ancien. Ce protestantisme au sein du judaïsme donna
ses résultats naturels autant de personnes, autant d'opinions; mais,
:
de Noé. Aussi, ils ont exclu le jour du sabbat de la somme des jours
de la fê 3 de Pàque, de façon à y compter sept jours sans parler du
sabbat. De même pour la fête des Tabernacles (5). » Or, en renvoyant
(1) C'est l'expression de Qirqisâni à propos de Sadoc pn'^X p2 N''w* 3?'7'!2N'l, arabe
:
XLIV, 169.
au livre des Jubilés (xvi, 3), notre document semble bien accepter
son calendrier, de douze mois de trente jours, plus quatre jours, un
jour à chaque saison, et ce système s'appuie précisément dans les Ju-
bilés sur le coniput du déluge [Jiib. v, il).
Il n'est donc pas douteux que Qirqisàni ait connu notre document,
qu'il qualifiait d'œuvre sadducéenne, entendant par là la tradition des
anciens Sadducéens. Et il n'est pas le seul à en parler. M. Poznanski
avait déjà cité un commentaire anonyme de l'Exode (x'' siècle), où
on lit dans un passage dirigé contre Saadia « Les ouvrages saddu- :
Michna (5).
Certains Caraïtes semblent avoir rejeté tout mariage du vivant
de la première femme (6). Du moins ils condamnaient la polygamie.
Quelques-uns admettaient l'année solaire de douze mois de trente
jours. Comme ils savaient que c'était le système des écrits dits
sadducéens, ils avaient donc conscience de se rattacher à leur tradi-
tion (7).
nuages le vingt-neuvième jour? Ils répondaient Dieu nous a déjà indiqué un moyen qui
: «
III
JUDÉO-CHRÉTIENS ?
[jour du mois suivant]. Mais quand on leur demande une preuve tirée de l'Écriture, ils la
tirent du récit des cent cinquante jours, par lequel Sadoca prouvé tout juste le contraire de
ce qu'ils veulent prouver )>. Saadia, cite par Yéfelh, connaissait donc le mois sadducéen de
trente jours et reprochait aux Caraïtes de le citer mal à propos (Poznanski, p. 177).
1) Encore moins avons-nous à nous occuper des Falaschas. Comme ils ont conservé
les espérances davidiques, ils ne peuvent avoir avec les damascéniens que des ressemblan-
ces de_ détail plus ou moins fortuites,
Dans The Alhenaeum, 26 nov. 1910; Two Zado/nte messialis, dans Tfie Journal of
(2)
Iheulogical S tudies, àvril 1911; The Sadducean christians of Damascus, dans TheExpo-
silor, déc. 1911, mars 1912.
(3; M. Koliler, l. L, p. 428, cite dans ce sens des autorités il est vrai plus récentes.
336 REVUE BIBLIQUE.
Aboth de R. Nathan, éd. Schechler, 5'; Sifrê et Tanh. surDt. xxi, 5; Pesiq. r., xliii;
Berechith r., xxm, 3.
(1) Chreslomathie arabe, 2" éd., t. I, p. 326, d'après le inan. ar. de la bibl. du Roi. n' 615.
(2) P. G., XLÏ. 257.
LA SECTE JUIVE DE LA NOUVELLE ALLLVNCE AU PAYS DE DAMAS. 337
Basan. ils ne se distinguent presque pas des autresmais ils n'ad- Juifs,
PHARISIENS?
SAMARITAINS?
DOSITHÉENS ?
(1; P. 9. 9.
LA SECTE JUIVE DE LA NOUVELLE ALLIANCE AU PAYS DE DAMAS. 339
M. Kohler par M. Israël Lévi, dans la Revue des études juives, LWM, 10 ss. (janv. 1912).
(3i Abulfathi annales Samaritani, éd. Vilmar. Secte deDustan, p. 82; d'après la chro-
nique samaritaine d'Adler [Reu. cl. juives, XLV, 72;,Dustan vivait au temps d'Aristote;
puis secte de Dusis (Abou 1-Fath, p. 151); d'après la chronique saniaritaine(p. 225), au temps
de Philippe l'Arabe.
(4) Hérésie XIII. P. 6'.. XLI. 237.
(.5) Il est probable qu'on a lu ^-*.^j.5 au lieu de -,^_^:, par une simple erreur de
points sous le iâ ou sur le /«.
340 REVUE BIBLIQUE.
pour eux l'âme est corruptible, tandis que le monde est incorruptible!
Ces problèmes philosophiques ont absorbé l'attention du patriarche
(1) Contra Cels., I, .^T; VI, tl ; in Mallh. Coin, ser., c. 33 ; Uom. 25 i»i Luc. , in Joan.
xm, 27; De princ, IV, 7.
(2) Eus., H. E.,l\, XXII, 5.
(3) Dans un passage interpolé (ch. 45) du traité des prescriptions qui est bien de Tertul-
lien.
(4) On peut voir toutes les indications dans Harnack, GeschichU' der all.-Lit., I, 152.
'
(6) On ne sait trop ce qu'est l'Octateuque. Peut-être Eulogius voulait-il dire l'Hexa-
teuque, c'est-à-dire le Pentateuque avec Josué.
LA SECTE .ILINT: DE LA NOUVELLE ALEL^NCE AU PAYS DE DAMAS. :Ul
qui se souciait assez peu des diversrences de leurs rites par rapport
aux autres dissidents, Samaritains ou Juifs.
Ce sont bien les munies qu'Aboul-Fath a décrits longuement, en in-
et de leurs ancêtres '2 Ils adoptèrent sur beaucoup de points une doctrine contraire
.
à celle des Samaritains. Par exemple, ils regardaient comme impure toute eau dans
laquelle se trouvait un reptile mort. Lorsqu'une femme éprouvait une impureté lé-
gale, ils ne commençaient à compter le temps de son impureté que du lendemain
du jour dans lequel les règles avaient paru... Ils défendaient de manser des œufs,
à l'exception de ceux qui se trouvaient dans un oiseau qu'on immolait en sacrifice.
Ils regardaient comme impure toute l'espèce des serpents, quand ils étaient morts.
L'ombre des cimetières était impure suivant eux, et toute personne dont l'ombre
était tombée sur un cimetière, était souillée pour sept jours. Ils ne voulaient pas que
l'on usât de la formule. Bi:nl soit notre Diett eterneHeitient. et défendaient aussi dp
prononcer Jéhowa comme le faisait la multitude des Samaritains mais ils pronon .
çaient au lieu de cela EloJihn. Ils disaient que dans le livre qu'ils possédaient, et qui
avait été écrit par les descendants que Dieu sera servi dans
du prophète, on lisait
rent l'usage des tables astronomiques, et ils faisaient tous leurs mois de 30 jours
sans aucune différence, détruisant ainsi l'ordre légitime des fêtes ils supprimaient :
aussi les jeûnes et les mortifications. Ils comptaient les -30 jours après le jour de
Pàque,àla manière des Juifs 3)... Ils ne permettaient point que l'on mangeât ou que
l'on but. le jour du aucun vase de cuivre ou de verre, ou dans tout
sabbat, dans
autre vase qui pouvait se purifier quand il avait été souillé mais ils voulaient qu'on :
biit dans des vases de terre qui ne peuvent se purifier quand une fois ils ont con-
tracté quelque souillure. Ils ne donnaient ni a manger ni boire à leurs bêtes dt; service
i\
lejour du sabbat, mais ils préparaient et mettaient devant elles, dès le vendredi, tout ce
dont elles avaient besoin. Ils différaient des Samaritains en beaucoup de choses, outre
ce qui concerne les dogmes et les lois. Ils se séparèrent donc d'avec eux. et eurent leurs
synagogues et leurs prêtres en particulier. Ils avaient pour pontife le fils du grand
prêtre car plusieurs personnes ayant déposé contre lui, d'une manière non équi-
:
voque, l'avoir vu avec une femme de mauvaise vie. les Samaritains l'avaient anathé-
matisé et excommunié. Son nom était Zar.t. Quand il vit qu'il n'avait plus rien à
espérer du parti des Samaritains, il passa chez les Dosithéens Dostan . qui le reçu-
rent et l'établirent leur pontife. Il composa un livre dans lequel il parlait mal de tous
les pontifes, et qui était écrit dans un style très éléîant: car il n'y avait de son temps
aucun homme plus savant que lui.
Les Samaritains sont divisés en deux sectes, qui ne diffèrent pas moins l'une de
V.
que les Samaritains diffèrent des Juifs. Oq nomme l'une Couschan, et l'autre
J'autre.
Doostan. 11 y a une de ces deux sectes qui enseigne que le monde est éternel... »
Quant aux Samaritains, il y en a une secte qu'on nomme Lostaniet aussi Fani:
«
il y en a une autre qu'on nomme Cousanl. Les Dostaniens disent que les récompenses
« Du nombre des sectes juives sont encore les Samaritains, qui habitent Jérusalem
et différents villages en Egypte : ils sont très scrupuleux sur l'article de la pureté.
Ils reconnaissent comme prophètes Moïse. Aaron et Josué; mais ils n'admettent point
pour tels ceux qui sont venus ensuite... Un homme appelé Alfan (ou Fan) s' étant
élevé parmi eux, s'arrogea le titre de prophète ; il prétendit être celui dont Moïse
avait annoncé la venue, et l'étoile dont il est parlé dans le Pentateuque. Cet événe-
ment arriva cent ans avant l'avènement du Messie. Les Samaritains se divisèrent
alors en deux sectes, la Dochtaniens. qu'on nomme aussi Dousaniens. et qui sont la
secte de Fan : ceux-ci soutiennent que les récompenses et les peines s'exécutent en
ce monde...
indique que ces sectaires s'abstenaient du mariage à partir dune certaine circonstance la
mort de leur fernme ? la naissance d un lils j-Mnx: au lieu de S-co-ra'.' "?), ce qui dépasse le point
de vue de notre document.
344 REWE BIBLIQUE.
réel. On n'a pas non plus prouvé que les Dosithéens se soient établis
aux environs de Damas (1). Entre les sectes samaritaines et les sectes
juives il y avait un fossé de vieilles rancunes que personne, d'aucun
côté, ne se souciait de franchir.
ESSÉNIENS ?
Il est que notre document n'est point complet. Mais les contradic-
vrai
tions positives ne font pas défaut. Les Esséniens, sauf un de leurs
groupements (5), s'abstenaient du mariage et mettaient tout en com-
mun pour vivre. Us ne pratiquaient pas le commerce, refusaient de
prêter serment, sauf au moment de leur profession dans la secte; on
était expulsé de la communauté par un jugement de cent personnes.
(1; M. Kohler revient sur la discussion deR. Méir avec un Dosithéen de Kokaba, près de
Damas. Mais M. Buechler avait déjà répondu à M. S. Krauss que le niidrach Pesiqtn ne
fait pas allusion à un liérétique Dosithéen; cf. Dosilhée elles Dosil/iéens, par Samuel
KRAiàs, Revue des éludes juives, XLII, "27-42,61 les Dosithéens dons le Midrasch, par
:
11, 22 s.
(6) Ant., XVIII,]. 5: 'ATtooÉxTa; os twv îipocroowv X£'.poTOvoùvxe;'^arÔ7iô(ia' f, yy; sÉpoi i'vopa;
àya^o'j;, '.Epît; t£ otà T:otr,(îiv aÎTou tî xal jîpwu.(XTwv. D'après Schùrer, le sens n'est pas qu'ils
élisent aussi des prêtres, ce qui supposerait qu'ils ne regardent pas les Aaionides comme
seuls propres à cet emploi, mais qu'ils emploient les prêtres qu'ils ont comme boulangers et
cuisiniers. si ion prend des prêtres pour la nourriture et
Mais la boisson, c'est qu'il s'agit
d un ou que le repas est regardé comme sacré. Dans
rite spécial les deux cas il n'est guère
besoin d'Aaronides; nous sommes bien loin de l'esprif juda'ique.
1.A SECTE JUIVE DE LA N«UVELLE ALLIANCE AU PAYS DE DA>L\S. 345
ZÉLOTES?
pas dignes de ceux qui ont soulevé la nation, en dépit de ses chefs na-
turels, les Sadducéens et les Pharisiens? Mais, dans cette hypothèse,
on devrait entendre, au moins une fois, cet appel à la liberté qui
était le trait distinctif des Zélotes. On ne les conçoit guère si résignés.
attendant si passivement le secours de Dieu. Et enfin on ne voit pas
que eu des égards spéciaux pour les descendants
les Zélotes aient
d'Aaron et Le nom de Sadoq, des deux côtés, est donc sans
de Lé\'i.
doute une rencontre fortuite, et. si notre document est sadocite. c'est
des Sadducéens de l'histoire qu'il faut le rapprocher.
SADDUCÉENS?
— SOT/ a^ôiuvo; r^Titv\t-o îtcI â:îOirrà<Tî'.... v. ys -/.ai 'loOoi; xai iàotw/.o: TîTapTr.v ç'./osoçiav
È7:-i(7axTov t,|xïv èyî'-?*vte;. Ananias Saddoiiki qui paraît dans la révolte (fie//., II, \s\\, 10;
\xi. 7 pourrait bien être un descendant Je ce Saddoq: d après Josèphe YUa, 39 1. il était
pharisien.
346 REVUE BIBLIQUE.
(Ij Chap. V.
(2) Lrschrift und Uebersetzungeu der Bibel, p. 101-158, en 1857.
(3) Die PJtarisûer und die Sadduciier, 1874.
(4) Geschichte...,^'' éd., II, p. 475-489.
(5) Dei- Sadduzdismus, eine Itritische Untersucluing zur spateren jùdischen Religionsj^e-
schichte, 1906. Voir la recensionde Schiirer dans la Theologische Lit.-Zeitung, 1907, 200 ss.
LA SECTE JUIVE DE LA NOUVELLE ALLL\Nr.E AU PAYS DE DA.MAS. 347
servitde sobriquet à ceux qui étaient enclins à pactiser avec les idées
grecques et le pouvoir romain. Les Pharisiens l'appliquèrent à leurs
siens (4.) —
et ils n'étaient point les seuls, car ils avaient de nom-
breux adhérents laïques, surtout parmi les nobles. .losèphe ne doit pas
s'être trompé en disant que les Pharisiens, à tendances démocratiques,
avaient le peuple dans la main, tandis que les Sadducéens représen-
taient l'aristocratie. Ou pourrait en déduire d'avance que les Saddu-
céens étaient plus rigoureux dans l'exercice de la justice. Les colères
du peuple sont mais généralement les législations aristo-
terribles,
cratiques sont plus dures par système Sparte et Venise en témoi- ;
1) Sir.. 51, 12, verset aujourd'liui subdivisé v. 9,: Louez celui qui a choisi
: «. les fils de
Sadoq, pour exercer le sacerdoce, car sa miséricorde est éternelle. >
(2) Act., 5, 17 : ào/iîiî-j; xal r.i-i-i^ o\ irJv a-jTû. r, o-j^a %iç,Z'7:z tôjv laocov/.aiwv.
^3) SCHLKER, /. /.
4) A ceux qu'on citait, et ils étaient fort rares, il faut ajouter ce grand prêtre pharisien
qui fait des objections sur la pureté à Jésus dans un texte d'Oxyrhynque; cf. RB.. 1908,
p. 538 ss.
348 REVUE BIBLIQUE.
(1) Je ne crois pas nécessaire d indiquer les sources sur ces points généralement admis.
LA SECTE JUIVE DE LA NOUVELLE ALLL\NCE AU PAYS DE DAMAS. 340
Telle était la loi iVum. xxvii, l-ll). Les Pharisiens s'y tenaient, mais
les Boéthusiens trouvaient cela très peu naturel (1 . Dans ce cas
les Boéthusiens ont franchement tort ; ils s'écartent du texte de la
Loi. Peut-être le gros des Sadducéens ne les aurait-il pas suivis
jusque-là.
La loi condamnait à payer des dommages-intérêts pour le fait du
bétail (Ex. xxi, 32, 35 s.). Pourquoi, disaient les Sadducéens, ne pas
raisonner par analogie, s'il s'agit de votre esclave ri)? Dans ce cas
c'est encore sur le droit naturel que s'appuie le Sadducéen, mais pour
aboutir à une solution plus rigoureuse en matière de restitution.
Les faux témoins étaient sévèrement punis (Dt. xix, 19-21). Mais
les Sadducéens ne leur infligeaient de peine que si l'innocent avait
été exécuté à la suite de la fausse déposition, tandis que les Phari-
siens l'infligeaient aussitôt le jugement prononcé, même si l'inno-
cence de l'accusé était reconnue avant l'exécution. Ici les Sadducéens
sont moins durs [3), et paraissent avoir été dans l'esprit de la loi du
talion. Les Pharisiens n'en jugeaient pas ainsi, et croyaient avoir fermé
la bouche à leurs adversaires.
Les Sadducéens s'étonnent que les Pharisiens purifient le chande-
lier (i), que les Livres saints souillent les mains 5) ils ne compren- i
;
nent pas que les os d'un àne soient puis, tandis que les os du grand
prêtre lochanan sont impurs 6). Les Pharisiens ont réponse à tout,
et les railleurs en sont pour leur courte honte. Ce n'est pas d'après
ces traits qu'on peut se faire une idée des opinions sadducéennes.
Le Sadducéen cherche querelle, ce qui lui donne Fair d'un esprit
certains cas. il pourrait être utile de les sortir dans la cour formée
par phisieurs maisons contiguës (2 Il suf usait, pour rester dans la
,
céen n'est cité ici que parce qu'il a été question de personnes, autres
que les gentils, qui ne reconnaissent pas 1' Eroub (3).
Voilà donc un point très important sur lequel les Sadducéens refu-
saient de se prêter aux artifices des Pharisiens pour tourner la loi;
ce n'était pas pour avoir le plaisir de les vexer en se privant eux-
montraient plus sévères sur un cas de pureté lévitique, mai* l'interprétation contraire peut
être soutenue.
(2) Ou dans une rue fermée.
(3) 'Eroubin,\ï, 1 : ...2.r\vi HTra ij\s^ wj ix "i];n2 ''i::n " ^-n.
Voici d'ailleurs traduction des deux premiers §§ d'après Surenhusius
la SI quis habitat :
cinn gentili in atrio, aut cvm eo, qui non confitefur mia hiravi ecce liic probibet ilhtm.
.
Rabbi Klieser fiUvs Jacob dixit : In afernuni non prohibef, 7iisi dinn fuerint duo Is-
raelitae prohibenles alter alterum? Dixit Rabban Gamaliel : factxim {narrabo) de Za-
dokaeo aliqiio, qui liabilavit nobiscum in inlroitu in Jérusalem, et dixit nobis Pater
meus : feslinate, et exportate vasa in introHum, anteqvam (iste) exportet et prtrliibeat
vobis. Rabbi lehudali utitvr atia phrasi : Fesfinate, et facile nécessitâtes vestras in
introilu, dxim ille nondum exportaveril {qiiicquam), et prohibeat vos.
352 REVLE BIBLIQUE.
lesquels a erré Israël, ce sont les sabbats saints et les solennités glo-
rieuses (III, 15).
par rapport aux solennités, à la fête de la Pentecôte, que la
C'est
Michna a signalé une seconde divergence légale encore plus grave.
Cette fois ce sont les Boéthusiens qui sont en scène, mais sans doute
pour désigner tous les Sadducéens. D'après le Lévitique i^xxiii, 15 s. ,
au sens propre du mot sabbat. Mais alors la fête des semaines n'était
pas toujours le cinquantième jour après Pàque... Pour que l'intervalle
fût absolument régulier, les Pharisiens entendirent par le sabbat le
lendemain du lô nisan, (jue ce fût ou non un dimanche, et cette
exégèse est déjà celle des Septante *2i, de Philon i3i et de Josèphe (i .
(!) Du moins c'est le sens le plus vraiseinlilable, si ion ne corrige pas le texte.
(4) Ant., m, X, 5.
(5) Menalihoth, s. 3. rite pour cueillir les gerbes, « à cause des Boéthusiens, qui disent
qu'on ne moissonne pas la gerbe au jour qui suit la fête ».
(61 On pouvait imaginer une autre combinaison, entendre par sabbat le septième jour de
Pàque. c'est-à-dire le 21 nisan. Si l'on comptait ensuite quarante-neuf jours avec des mois
lunaires de 28 jours, la fête des semaines tombait toujours le 15 sivan. C est peut-être le
système du livre des Jubilés, à supposer qu'il ait combiné une année solaire de douze mois
de trente jours avec quatre jours intercalés aux saisons, soit de 364 jours, et une année
lunaire de treize mois de 28 jours. Voir la note de Charles sur Jubilés 6, 29. et l'article
de Eppstein auquel il renvoie [Revue des études juives. XXII. 10-13~.
LA SECTE JUIVE DE EA NOLVEELE ALLIANCE AU PAYS DE DAMAS. 3oH
Il ajoute il est vrai que cette révélation n'a pour objet que le véritable
sens de la de Moïse, mais ce n'en est pas moins une nouvelle
loi
RÉACTIOXXAIRES MESSIAXISTES.
Notre groupe ne saurait donc être rattaché sans plus au parti saddu-
céen historique. D'ailleurs il dit assez haut qu'il constitue une secte
(1) Origène, Contre Cels., \, 49; Comment, in Mattli, xvii, 35: saint .Jérôme. In Matth.
xxn, 31-32, etc.
à part cependant son isolement n'est pas complet, puisqu'il cite avec
;
loi et le livre des Jul)ilés [xxi, 3 s. "^ le livre de Jérémie à Baruch viii,
20), celui d'Elisée iviii, 20 s.) à Géhazi, et fait allusion à l'histoire de
Jamièset de Mambré [\, 18). sans parler du livre du Hég-ou, canonique
été trop altérés par des mains chrétiennes pour qu'il soit utile d'en-
trer dans le détail. Dans l'ensemble, c'est le même esprit. Dans les
deux ouvrages. Lévi est exalté avec affectation. Il y a cependant cette
différence que les Testaments, tout en glorifiant Lévi, plus même
que notre document, n'ont point renoncé à Juda, qui garde une
très belle place, et même, si nous ne nous trompons, ses espérances
messianiques u'î).
Avec les Jubilés nous sommes sur un terrain plus solide, puisque
persomie ne regarde cet ouvrage comme interpolé par des chrétiens.
Il débute par ces mots « Ceci est le récit de la division des jours de
:
(xvi, 2 s.).Le livre des Jubilés est une révélation, transmise par le
ministère d'un ange, mais ne prétend être que le vrai texte de la loi
de Moïse, qui en est censé l'auteur. Ce qu'il reproche à ses contem-
porains, c'est d'avoir oublié la loi de Dieu et ses commandements et
ses jugements, et de courir après de nouvelles lunes, et des sabbats et
des fêtes et des jubilés et des ordonnances (mal réglés; [Jiib. i, li;.
précisément comme notre document (m, li ss. .
Ce qui se dissimule encore sous ces phrases, ce que les Jubilés expli-
(xxiii, 11) à comparer avec notre texte (x. 9 s.). « Abraham a été
mentionné sur les tablettes divines comme ami de Dieu » iJub. xix,
9) « ceux qui observent l'alliance seront remémorés comme amis »
;
iJiib. XXX, 21), et notre texte (iii. 2 ss. Les deux textes attachent de
i.
'^v, IJ). Les deux ouvrages ne citent aucun nom propre d'ange, mais
tous deux connaissent les mauvais esprits, Beliar ou Kelial iJub.
I, 20 ; cf. ici iv, 15; v, 18; xu, 2) etleMastêma(/2/6. x. 8 ; xi, 5.11 ; xix,
28, etc. ; ici xvi, 5).
Malheureusement nous ne pouvons comparer les Jubilés et notre
document sur un point capital, les espérances de l'autre vie. On est
d'accord que les Jubilés admettent la rétribution, mais pour l'àme
seule, en gardant le silence sur la résurrection. De notre texte on ne
sait que dire; il est encore plus sobre sur l'au-delà. S'il prononce le
nom de vie éternelle ni, 20), on ne sait trop dans quel sens, et il
(vu, 5 ss. ; xix. 1), laquelle d'ailleurs n'exclut pas la survivance person-
nelle. Au contraire, deux graves divergences sont certaines : les Jubilés
attendent encore le Messie de Juda ^xxxi, 18-20); notre document lui
tourne le dos (iv, 11). Et tandis que les Jubilés préconisent le mariage
de l'oncle et de la nièce {Jiib. iv, 15, etc.), notre document le regarde
comme interdit (v, 7 ss.).
En dépit de cette attitude différente, qui tient sans doute aux circons-
tances, notre document appartient donc au même groupe que le Testa-
ment des MI Patriarches, que les Jubilés, que le livre d'Hénoch,
cité par La solution qui conviendra à notre texte devra donc
les Jubilés.
convenir aussi aux Jubilés. La question s'est élargie; elle n'est point
plus aisée à résoudre pour cela. On attribuait ordinairement le livre
des Jubilés à un Pharisien, d'une école spéciale un Kvre qui admet :
Si l'on objecte qu'alors nos sectaires devaient exhaler leur bile contre
leurs confrères, M. Lévi a une réponse élégante. « C'est qu'il en coûtait
à des prêtres de confesser que des prêtres avaient manqué à leurs
devoirs les plus sacrés. Il mal à des
était politique d'attribuer tout le
dise absolument rien de ses prétentions et de ses droits. C'est très mo-
destement que les sectaires se disent fils de Sadoq. Ce sont les parfaits
de l'avenir qui auront vraiment droit à ce titre (iv, 3 s.).
Sadoq n'est point cité comme un ancêtre qui a transmis des droits,
mais comme un docteur dont on suit la doctrine. C'est un père spirituel,
plutôt que le chef de la race.
De plus M. Lévi n'a pas prouvé que le document était antérieur à la
ruine du Temple: tout ce qui en résulte, c'est que le culte existait
encore au moment de lexode, mais cette condition pouvait encore
être réalisée au temps de Bar-Kokébas. Et l'auteur du document sup-
pose que la ruine de la nation a été consommée et dure encore. Cet
argument nous a déjà servi, mais il en est un autre qu'on ne pouvait
alléguer avant d'avoir reconnu la parenté de notre texte avec les
Nous savons qu'alors les règles relatives au sabbat étaient plus sévères
qu'elles ne furent depuis 1). Mais on ne peut qualifier ces rigoristes
de pharisiens ni de sadducéens; la distinction n'existe pas encore.
C'est sous Jean Hyrcan, d'après Josèphe, que la scission se produit.
(1) .\insi l'interdiclion de faire la guerre le samedi, observée d'abord à la lettre (I 3Iacc.,
2, 31-38, etc.), fut limitée à la guerre ofifensive (IMacc, 2, 41). On lit aussi dans Sanh. 46"
que durant les temps syriens on lapidait celui qui serait monté à cheval le jour du sabbat.
La jurisprudence devint moins sévère. Pendant le siège de Titus, les Juifs prirent même
l'offensive le samedi (Bell., II, xix, 2).
LA SECTE JLTVE DE LA NOUVELLE ALLL\NCE AU PAYS DE DAMAS. 3:i0
Une partie du haut clergé, sans rien perdre de sa ferveur pour les
intérêts du judaïsme, non plus que les princes eux-mêmes, se montre
indulgente pour les tendances profanes dun pouvoir qui devient une
cour; c'est l'origine des Sadducéens de Thistoire. Le prince s'appuie
sur eux plus volontiers que sur les Pharisiens, grands prédicateurs de
vertu, et d'une vertu conçue à leur manière. On peut très bien con-
cevoir que quelques prêtres ou lévites, sans entrer dans le mouvement
pharisien, par esprit de caste ou par attachement aux anciennes idées,
se soient tenus à l'écart du courant qui entraînait la partie la plus in-
fluente du sacerdoce. Héritiers de l'esprit des premiers héros, conser-
vant le souvenir du secours divin annoncé par Daniel, ils ont constitué
comme une école religieuse très fervente et très enthousiaste, où l'on
revêtait volontiers l'enseignement et la propagande de la forme apo-
calyptique. L'adoption de l'année solaire leur donne un faux air de
sympathie pour le progrès, mais leur année de 36i jours n'était point
fondée sur l'observation scientifique; il semble plutôt qu'elle avait
pour but de donner aux fêtes un ordre immuable^ en fixant spécia-
lement la fête des Semaines au dimanche, conformément au texte de
la Loi. Le principal intérêt de la découverte de iM. Schechter est de
gines ils ont gardé ce dernier titre, que les Caraïtes ont reconnu, et
qu'ils ont assez naturellement confondu avec celui des Sadducéens de
l'histoire.
(1) A coté (le quelques articles (jui seront indiqués plus bas, nous avons surtout examiné
les arguments apportés contre raulhenlicilé de l'épître aux Éphésiens par les auteurs dont
les noms suivent :
près tel texte, la priorité serait évidente pour l'épitre aux Colossiens
[Col. IV, 7-8 cfr, Eph. vi, -li-lï), d'après tel autre passage [Eph. iv,
siens, pour la nommer d'après son titre actuel. L'auteur de cette lettre
apocryphe aurait également apporté des remaniements, surtout
ajouté des interpolations à la lettre pauliniennc adressée à Colosses ;
(1) 11 n'y a guère que M. W. Soltau [Die ursprUngliche (lestait des Kolosserbriefes,
Theologische Studien und Kritikcn. t905, ]•. 521-562) qui en soit resté au système de
Holtzmann. Comme celui-ci, il reconnaît un noyau original authentique (d'après Soltau,
1, 1-5, 7-8, 10-13; 2, 1-8, 10-12, 14, lG-18, 20; 3, 4; 4, 10-18). Une série de modifications
et d'interpolations, donl plusieurs viennent de la lettre aux Éphésiens, développèrent la
lettre originale. Deux de ces interpolations, 1, 21-29 et 3, 5-4, 9, proviendraient de la
lettre perdue aux Laodicéens. —
M. Holtzmann a toujours maintenu les grandes lignes de
sa monographie; dans la seconde édition de son Lehrbuch der neutestamentUchen Théo-
logie, publiée après sa mort par Jûlicher et Bvuer (Tùbingen, Mohr, 1911 cette opinion ,
(1) La phrase est de Th. Zah\ [EinleUuiifj in das Neue Testament, Leipzig, Deichert,
1900; I, approuvée par M. Dibelils, /. c. p. 174-175.
p. 353;
(2} Voir Prat, La Théologie de S. Paul, Paris, Beauchesne, vol. II, 1912, p. 1-32.
366 REVUE BIBLIQUE.
(1) Die paulinischc Àngelologie und Ddmonologie, Gottingen. Vandenhoeck und Ru-
precht, 1888, p. 101 ss.
(2) Moi FATT {l. c, p. 385) : « None of the Parallels, however, between tbe Apocalypse
of John and Ephesians is of much weight; the idea that the latter employed the former
is quite untenable. »
LES RÉCK.NTES ATTAQUES CO.MRE L'ÉPITRE AUX ÉPHÉSIENS. 3ti7
pitre aux Éphcsiens qui ont été regardés comme défavorables à l'au-
thenticité. Ces textes ne sont pas bien nombreux, du moins ceux qui
peuvent être allégués avec quelque vraisemblance contre l'origine
apostolique de la lettre. On fait grand cas de ii. *20 où l'auteur par-
lerait tout objectivement et d'une manière qui ne se comprendrait
qu'aux temps postapostoliques du groupe « fermé » des Apôtres et
des Prophètes : i-c'.7.c;;;rr,0ÉvT£r ïr.l tÇ) Hfj.th'M twv x-zz-z/m'/ -/.-A -zz-yr-
Twv. Le passage m, 5 : wç vjv y.r.iv.y'hjzHr, -z\z y.-fiz'.: x-z7-zkzi: tj-z'j 7.y.i
dans l'énoncé des objections, et sans faire remarquer que chez aucun
des adversaires de son authenticité on ne fait la moindre allusion à
<[uelque hésitation de la tradition, —
il est trop manifeste, en effet,
Il
(1]Ces considérations sont fort bien dévelopijées A&'ss&Y Einleituwj de M. Zvhn (I-. ii. 349-
350} et parM. Jaculier, Histoire des livres du Nouveau Testament, t. I, p. 300-302 et
chez bien d'autres auteurs dont il serait trop long de citer les ouvrages.
368 REVUE BIBLIQUE.
de les examiner.
Col.
LES RÉCENTES ATTAQUES CONTRE L'ÉPITRE AUX ÉPHÉSIENS. 369
Eph.
4,
;nO REVUE BIBLIQUE.
la solidarité qui unit tous les croyants au Christ, ou, pour reprendre
ses propres termes, une aJvîj'.ç h tÇ» [K'jGrr,piM -ïcQ XpuToj. Le rapport
littéraire entre les deux lettres est précisément tel qu'on s'attendrait à
trouver chez un même auteur écrivant, vers le même temps et sous
l'impression de préoccupations identiques, à des églises diverses
inégalement bien connues (1).
Constatons encore qu'il n'est rien resté de la fameuse « alternance
de priorité » pour
tantôt aux Colossiens, tantôt pour lépitre
l'épître
aux Éphésiens. alternance qui fournit à Holtzmann l'idée que l'épître
aux Colossiens était le remaniement d'une lettre authentique, fait par
l'auteur qui aurait composé la fausse lettre aux Ephésiens d'après
l'authentique adressée à l'Église de Colosses. Tout le monde reconnaît
aujourd'hui que les indications de priorité sont du côté de la même
lettre. La lettre aux Colossiens, comme on le pense très générale-
ment et ajuste titre, serait la première.
formale Kontrast, den inan zwischen Kolosser- nebst « Epheser- (Laodlzener)- » Brief und
anderen Paulusbriefen gesehen bat, erkliirt sicb ebenfalls aus der briellichen Situation :
Paulus schreibt an Gemeinden, die ibm personlicb, noch nicbt bekannt sind, und was in den
beiden Briefen epistolisch klingl, soUte man thatsiicblich als ihren reserviert unpersiinli-
chen Ton bezeichnen. Der griizste Stein des Anstozses ist immer die inhaltliche Verwandt-
schaft beider Texte gewesen. Ich begreife nun zwar nicht weshalb Paulus nicht auch
in einer Epistel wiederholen kiinnte, was er in einer anderen auch schon gesagt batte ;
aber jedes liefremden hiirt auf. wenn man sieht, dass hier ein Missionar in derselben
Situation gleichzeitig an zwei verschiedene Gemeinden, um die er wirbt. Briefe schickl.
wesentlich dieselbe Fragen beiden gegeniiber in ahnlicher Weise behandelnd. »
LES RÉCENTES ATTAQUES CONTRE L'ÈPITRE AUX ÉPHÉSIENS. :571
Nouveau Testament.
y a d'autre part, dans cette lettre, les citations non comprises,
b) Il
de -y. r.'nj[j.x-v/.'x -f,; r.zTr,z'.y.z /.. t. "a. Les adjectifs au pluriel neutre,
pour désigner soit des personnes, soit des objets, sont tout à fait dans
le style de saint Paul. p. ex. I Cor. i, 27, -y \).h)z'y -zX) /.Ô7[j.cj ;
—
-y. y^Hvrr, —
-à l'yjjzx, pour désigner les personnes insensées, faibles,
fortes. Ce même pluriel neutre désigne encore plus souvent les
objets ; Ro}n. ii, 16; I Cor. iv, 5; xvi, 25; II Cor. iv, 2. Blass fait
i Cor. 1, 25; II Cor. iv, 17; viii, 9; P/iil. m, 8; iv, 5; etc. L'expres-
sion -y r.yfjij.y-'.y.'y -:?;ç r.z^n^ziyz h -.z'.z ï-zjzy.v(z'.zne semble pas telle-
ment singulière ; elle parait plutôt dans le genre de Paul les esprits :
méchants du ciel, de l'air. D'autre part l'emploi chez saint Paul des
termes y.zG\).zq et -/.px-iX^i, sa prédilection bien connue pour les mots
composés —
et notez II Cor. vi, 18 -y'nzv.zy-Mz l'assertion, répétée —
chez saint Paul, que le démon est le prince du siècle (-sj alwvcç) ou
du monde, tout cela me semble très facilement expliquer la forma-
tion d'un mot comme y.zzij.zv.py-.hip. Il faut remarquer encore que la
répétition des expressions ziyzz'/.zz. iv -.zXz ï-z-jpy^/iziz n'augmente en
rien la force de l'objection, car c'est un trait propre au vocabulaire
de saint Paul, trait signalé souvent et fort bien mis en lumière par
M. Th. Zahn (1), que la répétition fréquente dans la même lettre de
termes importants une fois choisis, alors même que ces termes ne se
rencontrent jamais ou du moins très rarement dans les autres épitres.
den Ausfûhrungen von Holtzmann, eher eine Instanz fur als gegen die
Echtheit zu sein (1). » Et Dibelius, un adversaire décidé de l'authen-
ticité, reconnaît nettement que le vocabulaire de la lettre ne fournit
(1) L. C, p, 85.
(2) L. c, 169.
23), exhorte ses lecteurs 4, 14) à ne pas se laisser emporter à tout vent de doctrine.' Quelle
idée peut-on avoir de la liberté d'auteur quand on relève la métaphore TTEptÇwwy.ai, cent
fois employée dans l'Ancien Testament et qui était évidemment de mise dans la descrip-
tion de l'armature chrétienne? .\utant vaudrait dire que Paul, pour ne pas avoir donné
une description allégorique de ce genre, dans ses premières lettres, ne pouvait avoir l'ori-
ginalité de l'écrire plus tard. Nous savons bien qu'en principe on une
est loin d'aflîrmer
telle règle, mais en on ne veut pas reconnaître la mobilité du vocabulaire d'un
fait
auteur très original qui a eu une vie très mouvementée et qui s'est trouvé en face d'er-
reurs très divergentes.
(4) Die Metaphern des Epkeserbriefes, Zeil.schrift fur wissenschaftliche Théologie,
1902, p. 420- i4u.
LES RÉCENTES ATTAQUES CONTRE L'ÉPITRE ALX KPHESIENS. 37o
((Car vous fûtes autrefois ténèbres mais maintenant vous êtes lumière
dans le Seigneur. Vivez comme des enfants de lumière; le fruit de
la lumière, en effet, consiste en toute espèce de bonté, de justice et
de vérité. »
iiameçon; Suidas T^ -y.1^ wvaT;; Tit^X twv wvo'jtj.£V(i)v z'.zz\}.i-rr, r.zto-r, v.y-y.-
:
iz'/.Tt ù-ïp àc7A£ia; : « une remise à l'avance dans les achats pour
garantir le contrat ».
Quand saint Paul parle donc de l'ispaictov ~vi'j\j.y.-.z:, le génitif est -.zXi
tres ftassages de saint Paul. Il est vrai qu'en droit grec il n'y avait
pas proprement lieu à la remise de l'àcpacwv en matière d'héritage.
Mais s'ensuit-il que la métaphore paulinienne yzzyzirt -cj r.^)fj\}.y-zz
est mal appliquée dans l'épitre aux Éphésiens? Il faut être bien
exigeant pour le prétendre et faire valoir cette constatation contre
l'origine paulinienne de la lettre (2).
Profitons de l'occasion pour signaler chez l'Apotre d'autres méta-
phores qui ne sont pas poussées jusqu'au bout, par exemple Vy.-z'/.j- :
par le sang du Christ, sans qu'il soit indiqué ou qu'il doive être
zzixiz'.z
recherché à qui la rançon a été payée (3). Si donc saint Paul dans les
lettres reconnues authentiques par tous les critiques, a pu se servir
de métaphores à portée limitée, on ne voit pas pourquoi un cas ana-
logue dans l'épitre aux Éphésiens prouverait contre l'authenticité de
cette lettre.
Ce n'est pas que nous songions à contester chez l'Aj^ôtre « das sys-
tematische Durchdeuken der Bilder » ; très souvent il pousse ses
métaphores jusqu'au bout pour ainsi dire. La comparai-
et les épuise
son de l'olivier sauvage, l'allégorie des deux épouses d'Abraham et
de leur fils, en sont des exemples connus. Mais l'auteur de l'épitre aux
Ephésiens ne procède pas autrement. Pour le prouver, signalons
simplement la description de l'armature du chrétien vi. 13-17i et
l'union du Christ et de l'Église donnée comme type du mariage
chrétien.
Le style de la lettre aux Éphésiens, bien phis encore que le vocabu-
(1) I Cor. 1. 22 est autrement interprété ]iar quelques commentateurs, p. ex. Cor.\el\.
a. h. 1.
(2 X Das syslematische Duiclidenken der Bilder. das deii Paulus auszeichnel. ist seine
Sache nicht. Er benulzt die selben Bilder. indeni er aber den Zusammenbang bei aller
formellen Verwandt^chalt andert. behalt er oft nur das Gewand und nicht den Inhait •
(p. 440).
(3) Lire ici les vigoureuses pages de P. Pru. S. J.. La Théologie de saint Paul, II.
d'incidentes sans fin : p. ex. ii, 1-lV, l-')-23 ; ii. 1-7; in, 2-13. 8-12,
li-19; IV, 1-6; 11-16, v, 16-23: vi, 5-8, U-20.
b) les anacoluthes et parenthèses qui coupent la marche régulière
de la phrase : p. éx. ii, 3, 5; m, 2-13; iv, 11-12.
c l'emploi abusif ou tout au moins très abondant de synonymes :
Eph. I 1. 54
378 REVUE BIBLIQUE.
aux Éphésiens. Il semlîle donc bien qu'il faille recourir à une cause
spéciale pour l'explication de ce phénomène. Il est possible d'en trou-
ver, et même plus d'une. Si l'on ne veut pas recourir à l'influence de
scribes diflérents auxquels une certaine liberté de rédaction aurait été
laissée, on peut expliquer la phraséologie spéciale de ces deux épitres
de la captivité par les circonstances de composition de ces lettres et
par le tempérament vif et impressionnable de l'Apôtre qui, après une
assez long-ue période de captivité, peut avoir passé par une période
d'abattement dont le style doit forcément se ressentir. C'est l'explica-
tionque développe fort bien M. Sanday (/. c, p. lix") elle est d'autant ;
t;j i-jx-;-'^ziJ.zj -%z sôçy;; t=j 7='.-t:j . 0; Pliil. i, 19; Col. I, 5, 12, 13,
27; II, 11, 12; I Thés, i, On est donc autorisé à dire que
3 etc., etc.
ces constructions génitives articulées quon oljjecte contre lauthen-
ticité de l'épitre aux Éphésiens sont précisément un indice de son
origine paulinienne. Ce nest pas d'hier qu'onl'a remarqué. Brunet (1)
rence notable entre les diverses épitres. Lépitre aux Galates, d'un style, vif présente le
moins de synonymes; 1 épitre aux Colossiens se rapproche ici de nouveau de l'épitre aux
Éphésiens.
i; L. c. p. 87.
',2) L. c. p. 387.
380 REVUE BIBLIQUE.
(1) L. c. p. 138.
(2) L. c. p. 174.
''3) Le/irbuch der neutestamentlichen Théologie, p. 7 : « Sollen dieselben die Gefan-
genschaftsbriefe) fiir echt genommen werden.so niûsste der Entwickelungsfahigkeit ihres
Urhebers eine Tragweite zuerkannt werden, wie sie mindestens leicliter denkbar wird auf
deni erweiterten Untergrunde des Bewustseius einer sich an jenen anschliessenden, seine
Gedanken weiter verarbeitenden Génération. »
LES RÉCENTES ATTAQUES CONTRE L'ÉPITRE AUX ÉPHÉSIENS. 381
(le celui qu'ils ont dans un contexte identique de l'épître aux Colos-
plan conçu par Dieu dès Téternité, mais révélé seulement dans l'Évan-
uile, de sauver tous les hommes sans distinction de race, en les
(1) Sur l'ecclésiologie de aux Éphésiens dans ses rapports avec le Paulinisme,
l'épitre
lire Tu. Zahn ' Einleitung.... I-, p. 356-357) qui la compare très justement avec l'ecclé-
siologie de l'épitre aux Colossiens et de la première aux Corinthiens. Sur l'intellectua-
lisme voir F. Prat. La Théologie de saint Paul, I, p. 383. Il est facile de s'explitpier
comment docteurs de Colosses devait amener saint Paul à préciser et à
l'hérésie des
développer sa christologie et à insister sur l'élément siiéculatif de sa doctrine.
(2) Bien que plusieurs commentateurs traduisent « parmi vous «, le sens « en vous,
unis à vous » me semble absolument garanti j)ar des textes parallèles : m, 16; Eph.
ni, 17; II Cor. xiii, 5. Dans le passage cité de l'épître aux Ephésiens, l'Apôtre demande
à Dieu « qu'il vous accorde, selon la richesse de sa gloire, d'être affermis avec puissance,
par son Esprit, en l'homme intérieur, que le Christ habite par la foi dans vos cœurs... »
Voir encore Gai. ii, 20.
382 REVUE BIBLIQUE.
(2) L. c, p. 171.
(3) Zeitsclirift fur neutestamentliclie Wissenschaff, 1911. p. 193-194.
LES RÉCENTES ATTAQUES CO.NTKE LÉPITRE AUX EPHÊSIENS. 383
cilie le monde en (ou par) .Jésus-Christ : 0£br };> ï-t Xptrtw -/.iTy.:/
z'. xj~.z\j y-z7.yL-.-x/'/,y.zy.'. -.y. -yi~.y. v.z ajTiv, v.zr^-tz-z'.r^zxz z'.y. ~zXi 3.'.\}.j.~zz
zzj z-.xjzzj xj-.Zj i:-.i -.y ï-\ -%z_ ';r,z tlzi -.'%
àv -.z\z z^jZX/zIz. M. Dibelius
interprète ce texte d'une réconciliation, au sens propre, des hom-
mes et des anges avec Dieu, pour pouvoir le mettre en opposition
avec Eph. ii, 16. Mais cette interprétation est tendancieuse et en
réalité Col. i, 20 est parallèle, non à Eph. ii, 16, mais à Eph.
I, 10 Ij : il s'agit dans ces textes d'autre chose que d'une réconciUa-
tion avec Dieu, au sens propre du mot. En tout cas, l'emploi et le sens
du verbe Eph. ii, 16 sont couverts par Col. i. 22 et par
y.r.z-f.y-.yîtj.y.zzv.-'i
\. 18-20.
Le Christ chef des anges [Col. ii, 10) et Tépitre aux Éphésiens,
est
hommes en Christ. Plus souvent le Christ est dit tête du corps mys-
tique, deTÉglise : Col. i, 18; Eph. i, 22: iv, 15; v, 23. Au texte cité
de Fépitre aux Colossiens il faut sans aucun doute ajouter ii, 19 où
la mention du Christ comme chef de TÉelise est faite avec toute la
qu'il remplit de ses dons ceux qui croient en lui in, 10). Eph. iv, 10, 13
exprime absolument la même idée et sans doute aussi m, 19 car ;
dans ces textes il ne semble pas être question d'une action réciproque
du Christ sur l'Église et de l'Église sur le Christ. Il ne reste doue
que le seul texte Eph. i, 23, très obscur et qui a reçu les interpréta-
tions les plus divergentes : ï-/:/j:c,z'.-j. ...r-.\z ïz-h -o T.'Kr,pià[j.x t:j -'y.
elle estremplie par Celui qui remplit tout en tous. Ainsi l'idée de
ce verset obscur coïnciderait parfaitement avec Col. ii, 19-20. Mais
nous ne pouvons songer ici. faute de place, à justifier notre exégèse
de Eph. I, 23.
Quoi qu'il en
soit d'ailleurs de ce dernier point, il est absolument
certain que M. Dibelius s'est mépris sur le sens des termes théolo-
giques dans les deux lettres aux Colossiens et aux Éphésiens, et que
l'objection qu'il en tire contre l'authenticité de l'épitre aux Éphésiens
est sans valeur.
aux Éphésiens et la I' Pétri ont attiré toujours l'attention des critiques.
Mais on n'est pas tombé d'accord sur l'explication à donner à ces
coïncidences. Faut-il recourir à une dépendance littéraire et dans
cette hypothèse à quelle épitre faut-il accorder la priorité? Ou bien,
les ressemblances peuvent-elles s'expliquer autrement? On est même
allé jusqu'à soutenir l'identité d'auteur de ces deux épitres mais (1 ;
(1) Selffert dans la Zeitschrift fur irissenschaftliche Théologie, 1881. p. 179 svv.
soutint jadis cette singulière opinion qui a été reprise de nos jours par R. Scott, l. c.
p. 181 STV.
REVUE BIBLIQUE 1912. — y. S., T. IX. 25
386 REVUE BIBLIQUE.
I Pet. III, 22' est aussi une doctrine commune à tous les chrétiens
(1) L. c, p. 382.
(2) Histoire des livres du Nouveau Testament, t. III. p. 255-256.
LES RECENTES ATTAQUES CONTRE L'ÉPITRE AUX ÉPHÉSIENS. 387
l'épitre aux Éphésiens et la T' Pétri : les ressemblances entre ces deux
écrits ne demandent pas cette solution. Si l'on compare, par exem-
ple, la seconde lettre de saint Pierre et l'épitre de Jude entre —
lesquelles la dépendance littéraire est généralement reconnue
l'on verra combien différents sont les rapports entre ces deux écrits
de ceux que nous avons trouvés entre l'épitre aux Éphésiens et la
I' Pétri.
(1) Cf. Th. Zahn, Einleitung. II, p. 37, qui fait la même remarque : « ilaa kônnte
meinen, ia IPetr. u, 4-8, einen Prediker zii hôren, welclier das in Eph. n, 20-22 als sei-
nein Text ihm dargebotene Bild nacli den verscMedensteu Seiten hin und lier weadet und
verwendet. »
388 REVUE BIBLIQUE.
5. PASSAGES SPÉCIAUX.
Nous serons très bref sur ce sujet. Car tout a été dit sur les
passages qu'on objecte couramment contre l'authenticité de la
employer cette formule? Ce qui est certain, c'est que dans ses lettres
reconnues authentiques la formule d àTrcjTsXc. n'est pas si rare. L'ex-
pression Eph. IV, 11 trouve son pendant 1 Co7\ xii, 28 y.al cj; :
oè etû^Ts '/S\ -y. xa-:' ï\i.i... parce que les lecteurs auraient
!J;j.Ef; été
dans l'impossibilité de comprendre, dans ce passage, la valeur de la
conjonction x^L II est possible qu'il y ait là une allusion à la commu-
nauté de Colosses, et c'est ainsi que les défenseurs de l'authenticité
l'entendent souvent. Mais il est possible aussi que Paul songe aux
chrétiens de la ville où il est en captivité, qui connaissent les détails
de sa vie, ses souffrances et sa prédication. De même, quand saint
Paul écrit aux Colossiens (m, 8) : vuv: oà à-iOssO; -/.ai OsjLst;; Ta zavTa...,
il n'est nullement indiqué de penser qu'il a en vue des lecteurs
d'autres lettres auxquels des exhortations analogues ont été faites.
Il peut très bien songer aux chrétiens en général qui doivent éviter
les vices dont il est question dans ce passage. Et c'est précisément
pour avoir appuyé, plus que de raison, sur la particule dans les deux
textes cités, que M. Holtzmann en est arrivé à sa fameuse théorie de
l'alternance de priorité entre les deux épitres, opinion qui est aban-
donnée aujourd'hui. Saint Paul, comme tout auteur, a pu employer
l'une ou l'autre fois cette petite particule, sans que les lecteurs aient
pu en saisir toute l'allusion. Gela n'avait aucune importance et il
serait souverainement imprudent de juger de l'authenticité d'une
épitre d'après d'aussi faibles critères.
On a aussi trouvé étrange l'omission de Timothée dans la suscrip-
tion de cette lettre, alors qu'il se trouve mentionné dans les trois
autres lettres de la captivité, et il est impossible maintenant d'en
indiquer positivement la raison. Au jugement de M. Freitag (3), cette
l'épitre aux Romains qui ne puisse pas valoir pour l'épître aux Éphé-
siens.
Mais il est inutile de nous attarder plus longtemps à ces objections
étranges. La conclusion qui découle de l'exposé qu'on vient de lire
peut se résumer en ces quelques mots. Les récentes attaques contre
aux Éphésiens n'ont apporté aucune objec-
l'authenticité de l'épître
tion nouvelle d'un poids considérable. Le retour vers la tradition
s'accentuera vraisemblablement de plus en plus. D'ailleurs l'expres-
sion aiictor ad Ephesios est encore fort peu usitée. Elle n'a aucune
raison d'être. C'est Paidus Apostohis qu'il faut dire sans hési-
tation.
Louviiin.
H. COPPIETERS.
p. 91-94.
MÉLANGES
L'ÉVANGÉLIAIRE HÉRACLEEN
ET LA TRADITION KARKAPHIEXNE
(1) Ce couvent se trouvait à Magdal, sur le Habour, en aval de la ville de Ràs el-'Afn
(Reschaïna).
(2) Ce manuscrit portait alors le n° 142.
(3) Édité par Paulin Martin : Œuvres grammaticales d Aboul-Faradj dit Barfiebrxus.
Paris, 1872.
[i] Le coiamentaire de saint Matthieu a été édité par Spanufh, Gœttingue, 1879. Celui —
de saint Luc, par Steinhart, Berlin, 1895. —
Celui de saint Jean, par Schwartz, Gœttingue,
1878. —
Pour les citations de l'Héracléenne, voir G. H. Berasteia, De charklensi Aovi
Testamend translatione syriaca commentatio, Breslau, 1837.
(5) Édité par Rubens Duval : Lexicon syriacum, auclore Bar Bahlule, Paris, 1888-
1896.
MÉLANGES. 393
trouve le contraire, et c'est plus exact, car la Pshitto dit que « Jean fut
témoin (jc^c [Jean i, 15^ sans >', et l'Héracléenne qu'il « porta témoi-
;
7) Marc ii, opposé à <>,ia-iji, est une leçon donnée par plu-
21. »,t.>,xy>,
16) Jean ii, 15. ^oovisîoi. avec ^ ponctué au-dessous, opposé à ^oovi^so^
ponctué à l'intérieur (donc différant seulement par la prononciation
de la lettre ^), n'est par conséquent que la leçon admise dans les
manuscrits de la Pshitto. Dans White iJLsjoi., ponctué à l'intérieur :
Dans six cas, les termes adoptés par rHéracléenne diffèrent de ceux
qu'utilise la Pshitto :
substantif.
6) Matt. XXVII, i6. -JQ\)-i<^). L'exclamation du Christ en croix, em-
pruntée au psaume xxii, n'est pas transcrite dans la Pshitto, mais
seulement traduite. Les manuscrits liéracléensdifiFèrent l'un de l'autre
et la tradition n'est pas constante pour la transcription des mots qui
ne sont pas syriaques. Onlit-ass. dans « Paris 5i, 56 et 58 » ^^j, dans :
li)Luc xxTv, 32. vOs5s= loo) w"^ ^^ '°* ^- -^u lieu de ^-^v lisons ;--û- et
nous aurons sous les yeux une citation de la Pschitto. Entre ces mots
seuls est l'opposition. La tradition du « Paris 6i » porte en effet,
comme texte héracléen, ,e r"^'- ^"lo^l -^ P- Les divers évangéliaires i*»»!
ont le même contexte, avec ou sans un second |ooi après wo,on-/. mais ils
ne s'accordent pas pour la lecture du mot en discussion White et le :
jio-./ ^ïL ^oA --i^^ïM .p:-( V''- '^^^'>' v^^)- Cléophas et Joseph [étaieiit] frères;
(4)yav>o\ot.\ ^^^/ 'j •^S nS oôi ^-^o; .jiN V> 061 t-*o^ ^^^/ x^!
(1) Dans le manuscrit 54 de Paris, les formes grecques des noms propres sont, pour les
deux généalogies, inscrites à la marge sous la rubrique ^i>>ûv-- lopét» « noms héracléens ».
(2] >'ous supprimons seulement les points des c^aa^,^. Les autres signes qu'il n'a pas
été possible de faire figurer dans la composition sont indiqués en notes.
(3) Voyelles ajoutées par une autre main.
(4) La 1"' voyelle '
a été ajoutée par une autre main. En marge . ^Q-^n\«N po/ . >fo>o/t
yO| VKifmNo )
" ^/^ - '•"V l-oa.. |L(i i v-i\» v>N .^n i )acv« Q,^; yOi ^i >>V-3 ^a y)n\) ii\
^\ )-.ua.>
f^\.
(5) Ce mot est vocalisé avec deux ej; la même voyelle se retrouve quelquefois mais
rarement dans le manuscrit.
(6) La 1" voyelle ' a été ajoutée par une autre main.
MÉUNGES. 397
— JV-^;; )-^?o )>M.c> .o«^; )ts rrurin ^^o. j*^' t>o; ^0/0 III, i)
.vXDo( ^) o>
I^J^OOj (i) OÔ! yQ^J^OJLS. .)ji/ ^Vl )j-— IV, 18
)-JL-/ oôi^o (V, il) — .^'^>^ ^JL^^N \ ^\ )o)Kio K-^ooi (V, 25)
oôi sû»oK^)-ioo )^)olo . scpo) v>o \oi V^O sflOQCy.» \->,<^ (X, 3-'*)
.^Iji sjf-^lli ^^ ^ojJo .»^ qi\) 1^» (3) oôi ocLa^).^o .)nr>'^v>
)
^ Al )Jo (X, 9) — ,\^o^i\.L£0 Ijoouo .pjjcu)^ OÔ! yO^^^oolo
(8) I;)fn,ii)>^» )a»( '^^î^^ ©1/ Ot.:x^ ^oo (XIV, 34) — .w^a-./
(8) Un lecteur a ajouté } à la tin du mot. A la marge, on lit i|;|m.ii^;, dont le i a été
)
> '=^\.v^ ,^« ^'mt )jô; ^iULlVlj vOJÔi o-s*^ .>oci .. r^gio (XVII, 2i)
^ « •> sfloo \ > v>)^» 'oui^/ )K n «.%<=> XIX, 2*1^1 — .)jLûoi o^S^H
.vfiOQ3o*^^^^JJ jjy^V^ Ifio o6i t-^/ (XX 8 — ."^aiu [.^.J^JiO^ l^oV—
^^!^oo (XXI, ii) — Jooil <Q) ^l ).><v.>-5 s-^;i[o ""^^^'M/ (XXI. 21)
(XXII 16) — K-.^-a .(8) >5^;KJ jjoi ).3)j) ^^5îO. (7; ^2U; ^
) cn'iV) ^ spnon «,vii yooij^o ^ oî^jjjio (XXII, 35) — .ojjjiio'^/
XXIII, li) — ,Jj;^-^ûI^aS ^j ^Ês-aiô (XXIII, 5 — .^>ô(o .oi^
sâl (XXIII, 32) — .jtJyT.-) j>Ot-o )..>j>Qji; )Iai:S^ ^^7, "^-^
.G.!o);)-»j oiv^ )J.;)ij (XXIII, 35) — ..^aaJoU/; jLi i9) oLji^ ^oKj/
— .Jia—»v---î )lc» °^ «
^ \0)—J^Î ^'^s-ooi ^Kio/ (XXIV, 15, —
^,—»oi (XXV, 31) — 'yO I VI .o«i JJ ,001 Jjooii^js )oi XXIV, 27)
.)^)jx:^ aN:>(-M.vt\ (XXVI, 74) — .otn »io s*.A^; w.^ (XXVI, 49)
woiQ^;; —
XII, 4 \.o^^>^^\ (P. 64) et icl^ouo». xii, 40 u^\ (P. 64) et !-»/-(;
: —
— XV, 34 i^aïaj (P. 64) et j-ao-oj; XXIV, 27 pooi^ (P. 64) et Po)Nj.
au mot suivant. Le cas est plus grave quand un pronom suffixe fait
défaut. — ^; manque plusieurs fois dans la Généalogie du « Paris 6i »,
et IX, 32 '^^r ^]. — vu, 25. au lieu de qui est évidemment une
^^^ajo,
erreur. White a imprimé "^^ po. — ix, 32 après a^va il ajoute ov^. —
XIX, J 2 après v<u»i il ajoute ^^^ : dans le même verset il n'écrit pas )-^;;
u^>eL*;, tandis que dans lédition de White on lit iLaa:^.^, ^! ^o^. White
lia pas Uiû^;, il intercale ,:•» avant iioaioe» et emploie m^, la forme sans
suffixe.
REVUE BIBLIQUE 1912. — N. S., T. IX. 26
402 HEVUE BIBLIQLE.
II
Extraits du Mirât ez-zemàn, an. 506. Rec. des hisior. des Croisades, Orient., III.
(2)
p. 546 : 2,.Jl>a3) >.>. o> . Guili.. de Tïr, XI, 19: Tybcriadem prcctereiintes {Turca) circa
poncem sub quoJordanis définit, castrametati sunt.
I
I. — Pont (lu Jouithuii. Djiîr el-Muudjdmi'
riiut. lia p. Ja
Pont du Yaraiouk. DJisr es-Sag/tir nu Sijftàier. Au secoml plan le pont du cheuiin de fer.
MELANGES. 403
\yiey\.a\
^^^^^f^;:^,^^^
jue perreniunt ubi circa pontem. unde ex mari Jordanis fluenta se dividunt castra-
:
nietaniur. XVIU, 21 juxia Tyberiudem secus pontem, unde de lacu Genezar Jordanis
:
Jluenta se dividunt, cum exercitu suo castra locat. Quelques voyageurs modernes nom-
ment ce pont Pont de Samakh. Au x' siècle, Moug\DDAsi signale de la sorte ce pont :
« Près de l'extrémité inférieure du lac de Tibériade se trouve un grand pont sur lequel
passe la route qui vient de Damas » (Le StFx.vnc.k, Palest. vnd theMosl.^ p. 3.3:^). Ge n'est
certainement pas le Djisr cl-Mondjômi' , comme l'insinue le traducteur.
404 REVLE BIBLIQUE.
leLac et el-Qouseir (Le Strance, op. L. p. 53. Cf. RB., 1911. p. 424, sur la position d'el-
Qoiiseir Hieromnx pour les Gréco-Romains, Yarmouk pour les Hébreux et les Arabes du
.
moyen âge, cette rivière n'est plus connue actuellement nue sous le nom de Seri'at el-Me-
nadhiré « abreuvoir de la tribu des Menadhiré ».
MÉLANGES. 405
lée (1). Un milliaire sur lequel on ne distingue que les traces d'un
grand chiffre se trouve à proximité du g-roupe de maisons d-'Osma-
nieh qui garde l'entrée du pont à l'ouest (2).
Partis de Samakh à 8 heures moins 20, le 7 février 1910, nous
arrivâmes au Djisr es-Saghir, une heure et quart après. Le Jourdain
était trop gros pour que nous eussions tenté de le passer à gué à la
sortie du lac de Génésareth. Enfin, grâce au Djisr el-Moudjâmi', nous
pûmes finalement atteindre la rive occidentale du fleuve. A l'étiage,
le passage n'offre pas ces difficultés, tandis qu'en hiver, le voyageur,
(1) DiMASKi (vers 1300; dit que le YarmouK. venant des sources chaudes de Djadar (Ga-
dara). s'unit au Jourdain au lieu nommé el-Uoiidjàmi' dans le Ghôr (Le Strange, op. l.,
p. 54). El-Moudji'nni' vsignilie l'endroit du rassemblement à cause des deux ponts et des
:
divers chemins qui y aboutissaient, comme aussi à cause de laprésencede l'eau potable, les
caravane devaient camper fréquemment aux alentours. La bâtisse actuelle du pont est arabe,
l'arche principale est une ogive sans clef de voûte. 11 faut remarquer cependant à l'est une culée
d'un pont plus ancien en béton et blocage de galets qui n'est pas dans l'axe du Moudjàmi'
actuel et n'a pas été utilisée dans la construction arabe. L'Itinéraire d'Antonin, Reland.
Palestina, p. i20, met Gadara en relation avec ScUhopolis, et 16 milles entre ces deux villes.
(2) C'est d'après l'évaluation du P. Germer-Duranu, RB., 1899, p. 31, le 9' miUe depms
Scythopolis. Cf. Milt. DPV., 1902, p. 20. El-'Osmanieh a succédé à la mvtatio de la voie
entre Scythopolis et Gadara. Voir Abel, Tô''EvvaTov, Or. Christian., N. S., I, pp. 77 s.
406 REVUE BIBLIQUE.
forme un rectangle, de 160 mètres sur 120, dont les angles sont
fortifiés par des tours en saillies. Une tour également flanque le milieu
Phot. Jaussen.
(1) Cf. Surveij of VF. Pal., Memolrs, 11, p. 117. Gikrin, Galilée, I, pp. 129 ss. Rev, Les
colonies franqiies de Syrie, p. 437.
(2) Jacques de Vitry, '«9 : Cum igitur civitates memoratas... nostri subjugare non
passent, in extremilatibus terras su;v, ut fines suos dcfcnderent, castra munitissima et
inexpugnahilia inter ipsos et hostes extruxervut, scilicel Montem Regalem, et Petram
Deserti, ctijus modernum nomcn est Crac, ultra Jordanem; Sapheth et Belvoir, cum
MÉLA.\GES. 407
château neuf, castrum novum, que lui donne Guillaume de Tyr, suffi-
rait à leprouver. Auparavant, toutefois, une petite localité du nom
de Kôkab occupait ce sommet très probablement, et c'est de là que
vient le nom de Cocquet sous lequel le château fut d'abord désigné.
Quand, en 1168. les Hospitaliers l'eurent acquis, il reçut le vocable
très approprié de Belvoir (li. Pour nombrer les méandres du Jour-
fut vendu aux Hospitaliers Si. Il n'était pas inutile de confier cette
place importante à des hommes aguerris. En 1182, Saladin tenta de
l'enlever: mais il ne fut pas plus heureux dans cette affaire qu'il ne
l'avait été contre la citadelle de Beisân. Des troupes franques, parmi
lesquelles sept cents chevaliers, étant accourues de Tibériade, dispersè-
rent les vingt mille Orientaux réunis autour de Belvoir (4). Saladin
prit sa revanche en janvier 1189, alors que tout le reste de la
aliis munitionibus, citra Jordanem... Belvoir vero non longe a monte Thabor, juxta
civitatem quondam egregiam et populosayn Jezraël, inter Scytliopolim et Tiberiadem.
situm est in loco sublimi.
ik) GuiLL. DE Tyu, XXII. 16 resistentihus viriliter oppidanis, videntes quod non. profi-
:
lèrent, versus castrum novum, cui nomen est hodie Belveir, inter prœdictam urbem
Bethsan] et Tiberiadem in 7nontibus situm. ut nostris occurrerent, acies direxerunt.
Sostri vero Jordanis fluenta secuti. ubi ad prxdictum perrenerunt locum, deserentes
vallem, ascenderunt in montes, multa tamen immensi caloris, qui supra modutn profi-
riscentibus incubuerat, incommoditate fatigati...
408 REVUE BIBLIQUE.
VII. — BEISAN.
De Djabboul à Beisàn nous mettons une heure et demie. La cou-
pure de l'ouâdy pl-'Esse au fond de laquelle coule un filet d'eau
allonge nécessairement la route. Le site incomparable de Beisân
explique l'histoire mouvementée de cette localité. Non pas qu'on y
jouisse d'un horizon étendu et splendidement varié comme à Gadara;
bien qu'un coup d œil sur le Ghôr du haut du tell, où se trouve ense-
velie la ville primitive, ne soit pas à dédaigner. Mais au point de vue
(1) Le Livre des deux Jardins, p. 388 s.
Des gens comme les Bethsanites qui avaient su se garder des attein-
tes des nomades Habiru. et plus tard du clan envahissant de Manassé,
ne sombrèrent pas. non plus, dans grande invasion des Madianites
la
et des Amalécites au temps des Juges
(3 Il semble pourtant qu'au .
. \] Kmtzon, Die el-Amarna Tafeln, p. 875. Dhorme, Les pays bibliques au temps d'El-
Amarna, RB., 1908, p. 518; 1909, p. 381.
2, Josué. 17, 11, 16. Juf)., 1. 27.
Assyriens, Askenaz chez les Juifs, Saka chez les Perses. Sy.JÔat chez
les Grecs (1). Les sculpteurs grecs nous ont conservé leur physionomie,
« Des hommes de haute taille, au visage farouche, à la barbe inculte,
bruit des cavaliers et des archers, on fuit dans les bois et sur les cimes
rocheuses, le Carmel est un désert. « Et voici, parole de .ïahweh, je
fais venir de loin une nation contre vous, maison d'Israël; c'est une
nation forte, un peuple ancien, une nation dont tu ne connais
c'est
(1) Dhorme, Les Aryens avant Cyrus, Confér. de S. -Etienne, 1910-11. pp. 88 ss. Lin;
cursion des Scythes est racontée par HÉRonoTE, L 105 : ol oï ixOôai ttjv 'ATir^v ni<scL\ ènéax,o-i.
'EvOcVJxsv ôè r.iffoiv i::" A n;u-TOv y.ai k-ti-c. èyÉvovto cv -r, na).ai(TT;vr, I-jpî^... Jérémie, 51, 'Î7 :
leur voix musit comme la mer; ils sont montés sur des chevaux,
prêts à combattre comme un seul homme (1. »
Après avoir terrorisé la Palestine, nos Scythes reprennent la route
du septentrion où ils vont aider aux Babyloniens à détruire Ninive (607 .
Ilssèment sur leur passage un grand nombre d'entre eux, les uns
abattus par un climat auquel ils ne sont point accoutumés, ou par
des maladies contractées à la suite de leurs excès, les autres sinstal-
lantdans des régions qui leur plaisent. Un groupe a trouvé la plaine
de Beth-San fort agréable avec ses tapis de verdure et sa constante
irrigation et très propre à Félevage des chevaux. Il est tout naturel
qu'il s'empare de la ville pour occuper désormais son territoire en
propriétaire incontesté. « Les Scythes, dit la chronique du Syncelle
vers l'époque où Jérémie commença à prophétiser, firent des incur-
sions en Palestine et prirent Beisàn qui fut appelée à cause d'eux
ScythopoHs (2 . » Rien ne rappelle mieux cette situation, vingt-
sept siècles après ces événements, que les Circassiens faisant paitre
leurs troupeaux de cavales dans le Ghôr, en face de Beisàn. L'identité
de Beth-San et de la ville des Scythes, H/.jQôiv -c/.-.ç, est affirmée par la
Bible grecque, les auteurs profanes et les documents épigraphiques (3).
Tandis que le nom sémitique se conservera toujours parmi les indi-
gènes, quoiqu'en s'auioUissant, Beth-San devenant Baisôn, Basân,
Beisàn — le vocable Scythopolis deviendra officiel dans le monde
hellénique et gréco-romain depuis Alexandre jusqu'à l'invasion arabe
du vii« siècle de notre ère iï). Une cité demeurée constamment fidèle
au paganisme telle que Beth-San ne pouvait qu'accueillir favorable-
ment la civilisation grecque qui envahissait le monde oriental à la
suite des conquêtes du grand Macédonien. Par dévotion à Dionysos, la
1 1) Jérémie, 6, 23 ss.
(2) Chronique d'Eusèbe, Schoene, 11, p. 88 : SxûOai -iy na),ai(ïT{vr,v y.n.ziZç.a.ii.o-i v.at Tr,v
cuor,iav TÔv 'los&âvr,v... -/.axà Tzpô^ojTiov BatO-riv. 11 Macc, 12, 29 : ûparicav ïn\ i;/.y6tl)v7td>.tv,
ces deux passages se rapportent au même tait. Josèphe, Antiq., VI, 14, 8 : if,;, Br.Oaàv
Ttô),Ew;, r, vCv Z/.'j%nol'.; xaXîlTa-.. De même Antiq., V, 1, 22; Xll, 8, 5. Onomasticon :
Br,8o«v. AÛTTrj ÈcTi yiv.'jbôr.oMç... Les inscriptions bilingues des ossuaires trouvés dans l'éta-
''IkTin yZn 'X'A-i Iv.-jfior.rAtivr,;. LinzBARSRi, Ephemeris, II, p. 195. Un inilliaire trouvé par
le P. Gehmer-Dlrand, RB.. 1899, p. 30, sur la voie de Beisàn au Jourdain a ce texte : à-b
(4) Texte ma>sor. '^NU' P^Z et mieux "IVJ r\''2. A côté de cette forme laMichna emploie
VÙj^Z qui semble bien avoir été la forme en usage dès le i" siècle de notre ère. Le gentilis
dans les inscriptions de cette époque et dans le Talmud est "iJU/'^ et "îJ^^'I^, ce qui expli-
que naturellement le passage à l'arabe J,.»»,^
^ ••••
414 REVUE BIBLIQUE.
(1) Pline, V, 18, 74. Solinus, c. 36. Cf. Schurer, Geschichte des Jûd. Volkes, II, p. 171.
(2) JostPHE. Aniiq., XII, 4, Polybe, V. 10 Anliochus lil (218) passe par Philoleria sur
5. :
le bord du lac de Génésareth, /.iavTjv, eî; f,v à xa>oJaîvo; 'Jopoivr;; TtOTaaô: îlffoâ/.Àwv ilirn:
-à'/.'.v î'.: Ta -lôîa -% ~-o\ Tr,v i;7.u9wv ttôaiv TtpoçayopE-joixïvï;'/. Fr/ôaivo: ôî -/.a6' ôiio/.oyiav
i--/-3arr,; à|i5otîpwv TÙiv 7;po-'.pr,u.É-,wv -o'/.£w/... Cf. Bolcdé-Leclerco, Les Lagides, I.
dèrent à Ptabbi Ammi s'il était permis de prendre les pierres dune
synagogue ruinée pour en construire une autre. La réponse du rabbi
fut négative (3). C'est à la synagogue de Beisàn que Rabbi Berakhia
défenidt à un simple particulier de faire ses ablutions avec l'eau de
Tamphore placée à l'entrée, réservant ce droit aux sages et à leurs
élèves (4 Le sabbat était scrupuleusement observé à Scythopolis. On
.
Les rapports entre Juifs et Scythopolitains ont donné Heu à deux déci-
sions du traité Aboda zara. « S'il y a une fête d'idole dans une ville,
'
vin acheté à un païen mais pas encore payé (1). Le caractère païen de
la ville était si marqué et les Juifs étaient demeurés si étrangers à la
vie de la cité que les rabbis la considérèrent parfois comme en dehors
do la Palestine (2).
L'église de Scythopolis eut l'honneur de fournir à la persécution de
Dioclétien et de Maximien en Palestine sa première victime, le martyr
Procope. Originaire d'.Elia, Procope remplissait à Scythopolis, où il
de Milan (355) (4). Saint Eusèbe fut quelque temps hébergé par le comte
Joseph, fameux juif converti, qui, en butte à l'hostilité de ses anciens
coreligionnaires à Tibériade, s'était bâti une somptueuse résidence à
Scythopolis, où il se montrait un partisan décidé du catholicisme au
milieu d'une église gagnée presque tout entière à l'arianisme. Mais
Joseph étant mort peu après la venue de l'évêque de Verceil, celui-ci
demeura à la discrétion du brutal Patrophile dont il répugne de
(1) 'Abndazara, I, 4; IV, 12. Schwab, XI, pp. 184, 232. Au traitt- Gi////;,!, 5, Schwab, VIII,
p. 262, ilquestion de contrat rédigé àBelh-Sanet contresigné par des témoins non juifs.
est
(2) Demai, II, 1; Schwab, H, p. 142. Aussi R. Mélry aurait pris des légumes sans payer
de redevance.
(3) EusiiEE, De martyr. PaLrstinx, I, 1 ;
IX, 6, 7. La recension développée dans Violet,
Die palàst. Martyrer, pp. 4-6, 68.
(4) SozoMÈNE, I, 15. Théodoret, I, G. Palropiiiie apposa toutefois par crainte sa signa-
ture au concile de Nicée : IlaTpoiùo; Ix-j^otioXeco;. — Sozomiîne, II, 20; I, 19. Théodoret, I,
20; V, 6.
Chronic. Pascli., P. G. ,92, 740. Parmi les autres évêques de Scythopolis on signale
(•2)
outre les ariens Patrophile, Philippe et Athanase, 318-380, les orUiodoxes Saturnin (381),
Théodose (404), Acace (431), Sévérien (451), Olynipius (466), Cosmas (466-496) disciple de
S. Euthynie, ancien stavrophylax à Jérusalem, [Lt^âloiç âv t^, ôeutÉpa twv naXaiaxtvwv
Cyr. de Scythop., Vie fie S. Euthynie, 103; Jean (avant 518),
i7iapyjaôtàXa(i.'^£ xaTopOtôfiaorc.
Théodose (518-544).
(3) Hterocles, Synecdemns, Parthey, p. 44 'ETrapyj» IlaXaiuTivri; p', uTtô yjycfxôva 7iô>,£tç
:
9i),0Tt[j.îa;, xaTa a'îirimv <I>),ao'JÎoy Apcevîou xoù èv8o|oTâTO-j, xb Tiapbv epyov xoy Ter/ou; àvevewôr,
BaTiXsw; <I>/.aoutou 'Avaa-aji'o'j, (aïivo; àp^ovro; ÈvaToy, ivôixTitovo; y etou; ff'. Sous
£v ypô'/co ,
(1) Cyrille de Scythopolis, Vie de s. Sabas, 61 âv tig àp/.a:a iyla, èy.v.lr,aia. Voir si-
:
tuation analogue à Gaza, Marc Diacre, Vie de s. Porphyre, pp. 16-18. Confér. de S.-
Étienne, 1909-10, pp. 250 s.
(2} Vie de s. Sabas, 62 -/aTà: -rriv /.EYoïiivr.v à'I/îoa -où àyîou 'loûiwo'j. Cette w^/iç peut dé-
signerune fontaine monumentale, un pont, un arc triomphal. Rien ne permet de se pro-
noncer pour l'une de ces hypothèses.
(3 Op. laitd., 63.
(4) Cvrille de ScvTiiopoLis, Vie de s. Sabas, 70. Procope de Césarée, flisf. arcane, 27.
420 REVUE BIBLIQUE.
(2) Vie des. Sabas, 75 : zl- to-j; -ïoI tôv ôcyiov Hwaàv -6r.o-j;; ce sanctuaire est Vapostolioii
nommé au eh. 61. Donc l'expression âv toTç tteoI -ôv àY'.ov 'Iwâwrjv -zôr.o'.z du cli. 62 implique
l'existence d'une église Saint-Jean à Scythopolis.
(3) Ibid. Saint Sabas avait déjà fait connaissance des parents de Cyrille de Scythopoli'^
lors de son premier voyage, cli. 63. Celui-ci quitta sa famille pour embrasser la vie cénobi-
tique dans le désert de Juda, en 543. Cf. P. Gé.vier. Avant-propos de la Vie de s. Eutlnjm<
leGrand, xii ss.
Anonyme de Pi.ajs.inxe, Geyer, p. Ifii venimus in civitale metropoH Gafilax, qiuv
(4) :
vocatur Scitopolis, in monte posita (100 mètres au-dessus du Jourdain) ubi sa7ic(iis Johan-
nes militas virtutes operatur. Theodosils, eod. op., p. 137, place à Scythopolis le mar-
tyre d'un domnus Basiliiis.
(5) -ipatriViOî S'.xy.ovo; -/.al [xovayô; [iOvf;; toû (j.axav!o-j 'Iwàvvo-j CiTràp Trivitov tôiv Oîto IxuOo-
iTo).iv [lova/cùv. REL\.\n. Pah-estiiia.T^. 996. Cf. Sozomlne, VIII. 13.
(1) Voir les divers récits de cette bataille et leur critique dans Caetani, Annali deli Is-
.lam, 13' année de l'hégire, § 207 ss.
(2) Op. l, 15« année de l'hég., § 8; 16" année, § 319. Cï.RB., 1911, pp. il7,42l.
(3) Le Stkange, Palestine under Ike Moslems, pp. 30, 39.
(4) P. 411.
(5) Survey of VV. P., Memoirs, II, p. 105.
G) Guillaume de Tyr, VIII, 4 Bethsan sive Scythopolis, cujus hodie dighilatem obti-
:
tre qui recouvre la ville primitive, Tell el-IJos?i, où l'on en voit en-
core les restes.A cause des guerres incessantes qui marquèrent la
seconde moitié du xif siècle, Beisân s'étant vidée peu à peu de ses ha-
bitants, se trouvait réduite aux proportions d'un modeste ^illage
quand Saladin vint l'attaquer en 1182 (1). Les villageois massés dans
le eastel,que Guillaume de Tyr appelle un humble fortin situé au
milieu des marais (2), opposèrent à l'assaillant une telle résistance
que celui-ci dut abandonner la partie.
Mais l'année suivante, à la nouvelle du retour de Saladin à ia tête
d'une armée fort nom-
breuse et très bien équipée,
les Beisanites , peu confiants
dans la force de leur châ-
teau, se retirèrent à Tibé-
riade, laissant armes et
bagages à la merci de
l'ennemi (3). La première
opération de Saladin en pé-
nétrant dans la vallée du
Djâloùd fut naturellement
de livrer au pillage et au
feu tout ce qui restait de
la ville des Scythes et do
Plantation de coton dans la moderne Beisân. renverser le fortin de Bei-
sân (4). Quand le fameux
sultan eut toute la Palestine en sa main, il trouva bon de le restaurer
en 1192, et quelques années plus tard on trouve Beisân gouvernée par
le seigneur deKôkab,Yzz ed-Din Samah(5). Le village s'est alors re-
levé de ses ruines, car en 1217 le roi de Hongrie, poussant une pointe
vers le Djùlân, envahit Beisân, fait main basse sur tout le blé et le
bétail qu'il trouve sur le marcljé de la localité et y bivouaque pen-
(1) GuiLL. DE TvR, XXII, 16 : Urbs piwdicta raro Jiodie incolilur habitatore, ad instar
modici redacta oppidi.
(2) Ibid. : prxsidium modicum, quodibi est in paliidibus silum. Les ruines, toutefois,
dénotent l'ancienne splendeur de la cité : Scijthopolis aulem, ut sœpe diclum est, ea est
qux hodie dicitur Bethsan, olim universse melropolis GalilcVn : cujus nobilitatis argu-
menta, ex xdificioriim ruina prislinorum, et multo marmorc, quod in effracHs xdificiis.
nunc rero ad nihilum redacta, raro incotitur habitatore, solo
invenitur, est colligere;
oppidulo, quod in paludibus situm est, paticorum liabitationi reservato. Cap. 26.
(3) XXII, 26.
(4) Vie du sultan Youssof, Rec. des histor. des Croisades, Orientaux, III, pp. 74-76 :
dant trois jours i). Yaqoiit qui la visite vers 1225 lui consacre cette
notice une ville de l'Ourdounn dans le Ghôr. On l'appelle
: '( C'est
Lisdn cl-A/'d, langue de terre... Près de là est 'Aïn Fouloùs, qui
vient du paradis, quoique l'eau en soit un peu saumàtre.., Beisàn
souffre de la peste et d'une extrême chaleur. Les habitants sont bron-
zés et crépus à cause de l'ardeur du climat. Beisàn a été célébrée
pour ses nombreux palmiers, mais moi, Yaqoùt, qui y suis allé plu-
sieurs fois, je nai plus vu que deux palmiers (2). » A maintes repri-
ses, le sultan Beibars établit son quartier à Beisàn, dans ses cam-
pagnes contre les restes du royaume latin et les Mongols (3). Moins
pessimiste que le géographe arabe, Burchard, en 1283, trouve l'en-
droit très agréable [ï).
A partir du xiv^ siècle, Beisàn végète dans une obscurité profonde
et son histoire est close. Toujours lanterne magique où défilèrent
Cananéens, Philistins, Scythes, Grecs, Syriens, Samaritains, Arabes,
Francs, Mamlouks, elle abrite à l'aurore du xix" siècle, sous ses vingt
huttes de roseaux, des Égyptiens, des fellahs arabes et des bédouins.
En 1806, le cheikh du village appartient aux Souhour du Ghôr (5).
En 1812, on constate un certain développement : compte
le village
dun officier.
Fr. F. -M. Abel.
(t) P. 162. L'estoire de Héraclès, Occidentaux, II, p. 3.!3 : Li oz. chevauchèrent tant que
il vindrent a Bessati.
(2) Le Stuange, op. f., p. 411.
(3) RôHKicHT, Études sur les derniers temps du roij. de Jérusolem, Archiv. de V Orient
latin, II, pp. 372, 377, s. ann. 1263-65.
(4) VII, 8 : mine ah omnibus Bethsan appeUalur. Et est locus rJelicalus multum.
(5) Seetzex, Reisendurch Syi-ien. II, p. 163.
^0 BuRCKHARDT, Truvcls iu Sijria and tJiefiotij land. p. 343.
s'oriente un moment à peu près en plein E. (de vi à vu), non sans une
tendance de fléchissement vers le S., tendance qui s'accentue bientôt
(de VII à xii) assezpour ramener le tunnel, en 65 mètres de parcours,
presque dans l'axe E.-O. de son embouchure. Un retour franc à l'E.
pendant 15 mètres (xii-xiii) conduit, à travers un banc calcaire de mau-
vaise qualité, à peu près à l'épiderme rocheux sur la déclivité orien-
tale du coteau quelques mètres de plus et la galerie déboucherait à la
:
f 1) On que la percée avait été entreprise par les deux extrémités en raèrne temps.
sait
2) Danspremière opération, avec un décamètre à ruban vérifié et manié par les PP.
la
Savignac et Carrière qui en ont la plus grande habitude, tout l'effort se concentrait sur l'exac-
titude de longueur et le total de 512™, 50 ne semblait comporter — sauf erreur de lecture
ou d'inscription d'un chiffre —
que l'erreur minime et inévitable dans le repérage le plus
attentif d'environ 60 sections. Au cours du nivellement, la longueur avait été mesurée avec
une règle graduée, mais sans très spéciales précautions. A l'étude ultérieure, le total se
trouva être 514"', 45, soit l'",95 de plus que précédemment. La revision des chiffres détail-
lés m'a inspiré des soupçons sur deux cotes stat. r et z. La première enregistre 29 mètres
:
dans la feuille directe, et je suis porté à lire maintenant « 28 ». La cote suivante est en effet
1 mètre juste c'est le point de jonction dans la percée. J'ai dû faire prolonger d'abord la
:
mesure jusque-là et inscrire» 29 mètres» pour fixer ensuite le point où devient sensible l'ex-
;
stat. ^ et a il y a eu interruption de deux jours dans le nivellement. Les longueurs ont été
mesurées en sens inverse et raccordées sur une marque inscrite à la stat. z. La cote est
ici » 2.3 mètres » elle pourrait bien être " 22 ». Le chiffre suivant n 10 » est ferme, car il a été
;
choisi comme point d'arrêt sur un chiffre rond pour la mesure antérieure de la section a--;.
Dans le raccord ultérieur, la marque avait été légèrement dépassée, ^"y aurait-il pas eu er-
reur de lecture quand on ramena la règle en arrière pour constater la fraction exacte? Il est
assez simple que cette erreur soit de « 1 mètre», ou même justement cette fraction 0°\95 qui
représente maintenant l'écart: la première hypothèse a le plus de vraisemblance. Comme il
ne restait plus dès lors entre les deux tableaux qu'une différence de 0"\05 j'ai cédé à la
sotte vanité de les unifier en faussant la dernière cote 2'", 50 pour 2", 45.
:
(3) V. g. Beswick, QS., 1881, p. 295 s. 1884, p. 255 ss. Condeh, QS., 1882, p. 127. Perrot et
:
(1) Robinson par exemple a compté 1.750 pieds {Biblic. Res., I, 338); à raison de 0'",305 le
pied c'est un total de 533'", 7.5, aussi voisin que possible du total vérifié. M. Clermont-Ganneau
écrivait naguère {Rcc. d'arch. orient., II, 269) le chiffre rond
« 533 mètres ». qui parait dériver
des ingénieurs militaires anglais. Or il n'est pas sansquelque difficulté, faute de repères assez
précis dans les graphiques, d'en fixer l'évaluation comparative en mètres. A lire M. Warien
directement, dans ifecofoy..., p. 242, on a l'impres.sion qu'il attribue au tunnel « 1.658 pieds»
seulement et compte ensuite « 50 pieds jusqu'à la fontaine de la Vierge » : soit un total de
1.708 pieds = 520'",94. D'après M. Couder au contraire (Q.S., 1882, p. 122), cette longueur
de 1.708 pieds avait été obtenue par M.Warren « entre l'embouchure du tunnel de Siloé et
le point où il entre dans la galerie vers la fontaine ». Cette même longueur est cotée « 1.70(1
pieds 8 pouces » par M. Conder. Dans le vol. des Memoirs, Jerus., p. 357, publié deux ans
plus tard en collaboration par MM. Warren et Conder, cette même interprétation desmesu-
res de Warren est maintenue. Faut-il y voir une correction tacite du texte de Recovenj en
1871"? Le total approximatif de MM. Warren et Conder entre Siloé et la source aboutità 1.758
pieds ou 536"\20 avec un certain flottement de l'un à l'autre, sans parler de la nuance que
peut introduire une évaluation du pied plus forte ou plus faible que la moyenne 0'",305.
(2) Mission en Palestine... en 1881 : Cinquicme rapport, pi. VII et la note p. 135, n" 124 -,
soitque l'habileté nécessaire lui ait fait défaut, soit enfin que Texécu-
tion ait déformé son plan. La déformation par la main-dœuvre est
vraisemblable dans une certaine mesure on la saisira sur le fait au ;
bas et beaucoup plus uni, parce quelle opère dans une roche plus
saine, celle du Sud avec une galerie quelque peu surélevée et une
fermeté de ligne beaucoup moindre dans son plafond, parce que les
tissures et cavités naturelles y occasionnent de fréquentes oscillations.
Vers la jonction, la hâte nerveuse provoque un relèvement nouveau
des deux galeries, plus sensible aujourd'hui dans la section méri-
dionale, mais é\àdent aussi sur i à 5 mètres au nord de s. Une telle
situation, grâce aux nuances des parois, rend en quelque sorte tan-
gible l'explication proposée. Dès que les mineurs se sentent voisins,
il n'y a plus aucun souci de niveau qui tienne, ni même de rectifi-
cation des galeries ; creuser plus avant, creuser plus vite et se ren-
contrer! Aussitôt, les galeries remontent. Elles débouchent enfin
l'une sur l'autre, celle du S. à un niveau moyen sensiblement plus
élevé que celle du N.
Dans les 10 derniers mètres avant et après la jonction, la hâte ne
se trahit pas seulement par les secousses infligées à l'axe du tunnel ;
430 REVUE BIBLIQUE.
elle se lit sur les parois, où Ton chercherait en vain les retouches
fines et par endroits presque élégantes des sections achevées à loisir,
du moins avec patience. On y lit une autre indication encore, que
concrétise le diagramme (pi. X, 2). La ligne r' s' représente le radier
actuel sur 10 mètres de longueur, avec le point de jonction s, au
milieu. Le tracé plus fin s'-x-x établit une démarcation aussi appro-
chée que possible entre les deux zones d'aspect nettement distinct
dans les parois au-dessus, la taille vigoureuse mais correcte usuelle
:
à peu près tout le long- du canal, facile à observer en tout cas sur la
hauteur entière à peu de distance au sud de r et immédiatement au
nord de s au-dessous, une exécution violente à larges balafres,
\
lant avec une certaine lenteur sur cette dépression, pouvait se cla-
rifier avant de franchir le petit seuil du point r pour se précipiter
ensuite d'un élan plus accéléré jusqu'à Siloé sans envaser trop rapi-
dement le tunnel. A ce point de vue et malgré la première appa-
432 REVUE BIBLIQUE.
(3) Inévitables en tout travail de mine, mais particulièrement fréquentes quand la galerie
souterraine est percée par des ouvriers inexpérimentés. La constatation n'en a été que trop
facile au cours des récentes fouilles à Ophel, et il en doit être de même partout. Voir par
exemple l'observation très catégorique d'un expert non moindre que M. J. de Morgvn,
Fouilles à Dahcliour, 1895, p. vin.
(4) Op. l., pp. 271 s., 281 ss.
CHRO.MQLE. 433
niveau que l'inscription gravée un peu plus loin sur les vicissitudes inquiétantes d'une
percée qu'elle représente menée tout droit au point voulu. Il est impossible d'ima^jiner la
mais sans doute on n'eût pas voulu s'y vanter de n'avoir point troué l'hypogée royal...
CHRONIQUE. 435
naguère avec soin par MM. les officiers Gonder et Mantell (1) celui :
que possible à fournir le repère précis que l'on pouvait obtenir avec
une simple ligne? Sans compter que la succession fantaisiste des
carrés et des triangles déroute absolument toute classification et que
leur situation tantôt sur des tournants, tantôt en des sections assez
droites, mais toujours relativement près du plafond, ne sont pas plus
propices pour des mesures. Cette situation générale peut, il est vrai,
devenir un indice de tout autre nature. Dans certaines sections
hautes où Von peut apercevoir des encoches presque sous le plafond,
tandis que la base des parois se révèle fruste et irrégulière, il semble
bien que leur présence confirme l'idée d'une galerie primitive ou-
verte d'abord avec une hauteur moindre et dont le sol a été ravalé
après coup jusqu'à un niveau qui rend parfois les encoches plus
étranges en les élevant beaucoup plus que la portée de la main.
A première vue les cavités triangulaires évoquent l'idée de niches
à lampes,comme les hypogées des époques les plus variées en pré-
sentent un assez grand nombre.
suffît pourtant d'observer ici
Il
empâtée dans une pincée de boue, était campée sur cette anfractuo-
sité ; ailleurs un coup de pic élargissait les
/.\V-^.'\.>.jVv
lèvres d'une fissure et le premier bout de
bois venu se transformait en cheville au
bout de laquelle on pendait un vêtement
et parfois la précieuse gargoulette d'eau
fraîche. Dans l'aqueduc, l'éclairage avait
y:- été assuré par des lanternes pendues à des
traverses fixées sous le plafond. Un accident
arrache un jour sous mes yeux une de ces
traverses; l'ouvrier le plus voisin décroche
f-. la lanterne, une des en-
avise justement
tailles triangulaires et d'un tour demain y
it-' '>^^^- a fait tenir le lumignon au moyen de deux
éclats de bois cassés avec sa pioche dans la
traverse tombée (fîg. 12). En quelques coups
Fig. 12. — Rôle encoches
lies
mineur antique se créait pro-
de ciseau le
dans les parois du tunnel.
bablement
un support de lampe et ainsi
l'on conçoit qu'en bon professionnel il ait mis une certaine coquet-
terie à faire ses trous corrects, ne pouvant se satisfaire, comme les
terrassiei-s modernes de Siloé d'une échancrure brutale dans la
,
paroi.
Essayons enfin, pour aboutir maintenant à une idée d'ensemble de
ce singulier monument, de le parcourir en suivant successivement
lesdeux équipes parties des extrémités opposées. D'abord celle qui
débute à la fontaine 1 On la trouve tout de suite aux prises avec
: .
(li Pour éviter de créer un brouillamini avec des indications de points cardinaux, on
l'appellera, le cas échéant, équipe .1; l'autre, équipe B.
CHRONIQUE. 43*
(1) L'extrême difficulté qu'on a eue dans les travaux récents pour aérer à partir de
60 mètres la galerie II, ne peut être alléguée au sujet du tunnel. D abord l'ouverture de
cette galerie sur l'escalier de la source était aussi défavorable que possible à la circulation
de l'air. En second lieu la nature des décombres ajoutait à la pénurie d'air un dégagement
de miasmes plus néfaste encore. Entin ce n'est pas seulement une très petite équipe un —
mineur et quelques aides —
mais jusqu'à 25 ou 30 ouvriers qui évoluaient jour et nuit là
dedans. Depuis que le travail a cessé, j'ai eu plusieurs fois l'occasion de constater que l'air
parvient de la source jusqu'à la tète du déblaiement en quantité suffisante pour que les
bougies brûlent et qu'on respire très à l'aise.
438 REVUE BIBLIQUE.
(1) Encore une hypothèse de M. Condor, Q.S'., 1882, p. 128. Il en déduisait celte con-
clusion trop confiante que les mineurs devaient «^tre d'une taille inférieure à la moyenne
aujourd'hui courante en Palestine. Un sondage quelconque eût éliminé avec fruit celte spé-
culation anthropologique de mauvais aloi, reproduite du reste dans Mou. Jerus., p. 362.
(2) Vue à la dérobée, par des explorateuis contraints de se hâter et pourvus peut-être
d'un insuffisant éclairage, cette cavité a été signalée comme un second puits. Déjà M. Conder
(QS., 1882, p. 130 et Mem. Jerus., p. 364) notait correctement que ce « puits « avait « un
plafond de roc » et c'est sans doute son expression mal choisie « second shaft » inscrite
dans la coupe du tunnel qui a fait passer son observation inaperçue. Ignorant du reste la
vraie profondeur du radier, il voyait en ce trou un refuge où le mineur harassé de son
travail supposé à plat ventre ou démesurément courbé viendrait par intervalles se détendre
l'échiné ou s'abriterait contre une crue subite des eaux. D'où serait venue l'eau en cet en-
droit pendant la percée'/ MM. Perrot et Chipiez (Hist., IV, Judce, p. 421) font état de l'in-
formation fournie par M. Conder sur le « puits » inachevé, mais pas M. Clermonl-Ganneau
beaucoup plus tard {Uec, II. 275).
CHRONIQUE. 439
avait mesuré une première dislance de 800 pieds à partir de la piscine. Éprouvant trop de
difficulté vers le centre du tunnel envasé, il rétrograde et reprend l'exploration quelques
jours plus tard par l'extrémité opposée, non sans avoir eu la précaution préalable de me-
surer la « dislance extérieure » présumée de 1.200 pieds. Tandis qu'il rampe ensuite et que
les centaines de pieds se multiplient dans cette zone septentrionale, il lui vient le soupçon
qu'il est engagé dans un autre passage. A la fin pourtant, il rejoint son point d'arrêt anté-
rieur, additionne ses chiiTres et constate un total de 1.750 pieds où il en escomptait 1.200.
Il ne peut retenir l'exclamation quelque peu étonnante pour nous : « résultat à peine con-
cevable quoique le passage soit très sinueux » [Bihl. lies., I, 339MI est juste de l'observer,
cadran d'une boussole, on ne saurait croire, en parcourant le tunnel, à la réalité des sinuo-
sités étranges qui font rêver sur un plan. A la longue, certains détails des parois localisaient
pour nous les principaux coudes. Une expérience pittoresque nous a prouvé qu'un visiteur
très averti pouvait être promené entre les stations v-xni et xl-l sans savoir marquer où se
prononçait la courbe. Connaissant au contraire la situation théorique du puits, il savait aisé-
ment indiquer, entre xiii-xiv, le retour d'axe vers un autre point cardinal. Ce phénomène
très naturel n'entrerait-il pour rien dans la marche réalisée par les mineurs?
2) La nature de ces deux enfoncements avait déjà été bien devinée par M. Clermont-
Ganneau [Rec. Il, p. 279). Quelques ingénieurs anglais (cf. Mem.
Jerus.. p. 360) y voyaient
des garages permettant de se croiser dans la traversée du tunnel. Pourquoi ces deux seuls
et si rapprochés'.' On peut d'ailleurs se croiser tout le long.
4i0 REVUE BIBLIQUE.
(1) Un calcul trop minutieux pour être détaillé ici, me porte à croire que les 650 mètres
cubes de pierre représentés par le forage complet ont pu être débités, dans les conditions
où un intervalle maximum de 250 jours. Examinée par une autre voie, plus
l'on opérait, en
serrée en ce qu'elle tient mieux compte des roches diverses —1/3 dans le mezzy dur et
2/3 malaky ou mezzy doux — mais moins sûre parce qu'elle table sur des observations
faites dans des circonstances très variées et avec l'outillage des carriers palestiniens mo-
dernes, l'opération aurait pu être réalisée en 180 à 200 jours.
CHRONIQUE. 4ii
dées, alors que sur les 3 i de son parcours le tunnel n'est pas à plus
•le iO ou ôO coudées sous la surface C'est brutalement exact, mais
I
si cruelles.
Aussitôt les relevés finis et contrôlés, des ouvriers cimentèrent en
hâte les fissures. Le 11 octobre M. A. renvoya dans le tunnel la source
dont le débit était à peu près doublé par les réparations au bassin.
En quelques instants les eaux avaient rempli toutes les dépressions
du radier le flot arrivait, limpide et impétueux, à la piscine et le
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(1) A la publication qui suivra l'achèvement des fouilles sont réservés les plans,
coupes et croquis plus détaillés des cavernes et des tombes, ainsi que les coupes arcuéolo-
giques et les profils exprimant la superposition des débris et le relief du roleau en cet en-
droit le plus important de tous, à cause de la relation entre la fontaine et la ville antique.
444 REVUE BIBLIQUE.
fond de jarre qui avait dû être placé là tel quel, puisque aucun tesson
du même vase n"a été recueilli dans la fouille. Dans l'état des consta-
tations il serait téméraire de spéculer beaucoup sur la position du ca-
davre. On est toutefois enclin à le supposer étendu sur le côté gauche,
'
L t
I cenhyrtiCrej
que n'a point fourni la lomlDe 2 s'était trouvé, par fortune, -dans la
tombe 3, découverte quelques jours plus tôt. Si je ne l'ai pas prise
pour type de description, c est que je n'avais pas assisté moi-même
à la fouille directe. D'après les inforaiations dues à l'obligeance de
MM. A. et Y., sa disposition était aussi semblable que possible à ce
que nous devions constater par la suite dans la tombe *2. Rien n'a-
vait pu être enregistré de la situation des ossements pulvérisés. En
compensation, une chance inouïe avait sauvé une admirable série de
vases cachés au bord de la tombe sous une corniche de roc et
protégés par un affaissement du petit mur en pierres sèches délimi-
tant la sépulture; à peine l'un ou l'autre avait-il été ébréché; les
pièces en ont été retrouvées et le patient labeur de M. Y. les a pres-
que toutes rajustées. Ces
vases seront rapidement
décrits plus loin et servi-
ront à dater la sépulture,
dont la conservation, ex-
lux et de traordinaire à première
vue, s'explique néan-
moins.
Pour fermer la caverne
probablement aussi pour
niche à. ^-andes-
ManoutUe junira.Lrtii'"''-^'' ^°'^
en soutenir partiellement
Fig. 15. — Coupe transversale de la tombe 2.
le plafond, les premiers
habitants du coteau qui
l'utilisèrent comme hypogée avaient construit une forte jetée en moel-
lons bruts. Beaucoup plus tard, les nouveaux occupants modifièrent
la destination de la caverne, du moins son aménagement. Il paraît
clair que long couloir
le au nord de la tombe 2 fut remblayé; rem-
blayée aussi l'extrémité méridionale de la caverne, où se trouve la
tombe 3 demeurée alors inaperçue. Pour consolider peut-être le pla-
fond rocheux, en vue de quelque édifice à ériger dans la ville au-
dessus, on substitua au vieux mur cananéen une mui-aille en solide
blocage dont une section a été sauvée. Une ouverture étroite y était
pratiquée, 4; on la élargie pour étudier la structure du mur et en
faire l'amorce d'une galerie d'exploration, II.
(1) Dans plusieurs hypogées de ce type ont été découverts des ossuaires à graflites en
iiébreu carré, au mont des Oliviers en particulier.
4 r'^ H î
Planciik X.
PLAN DL
Pi ANCHE XI.
E TUNNEL-AQUEDUC DE SILOÉ
E LONGITLUINALE SLR LAXK Dl lUN.NEE
Echei'e : 1 : 100'
# 3
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2 10 IV 'i,i^
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sol actuel,
crele du roc.
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'Tiw.vviir-^-wi
-jn.
LE TUNNEL-AQUEDUC DE SILOE
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^i'i^iyarfùsXA>i.A%»*.^-i^lv h^t-vy^i^/'-*^J^'-J--liij__^jy,
V"
tf
Planchk XII.
Le point de jonction des deux équipes dans le tunnel de Siloé. Vue prise du <ud.
Plaxche XIII.
CÉriAMit'L'E INDIGÈNE. N»' 1-0 particularités du modelage et de l'ornementation. >''" 10-15 formes initiales d'anses.
Planche XI \'.
hypogées L et .1/ devait lever les derniers doutes sur cette transfor-
mation à l'usage des vivants. Pour se donner plus de large, les nou-
veaux occupants avaient fait sauter les cloisons des arcosolia, sup-
primé ou rétréci les banquettes funéraires, réuni plusieurs salles en
une seule, consolidant ensuite par des maçonneries de fortune cer-
taines sections du plafond rocheux trop imprudemment dégagé. On
ne s'était pas, du reste, imposé la tâche de dissimuler cette adapta-
tion et l'évidement brutal des parties neuves contraste avec le dres-
sage soigné de quelques parties sauves des anciennes parois. Là
dedans ont été ramassés des lampes rondes, des marmites à feu,
des fragments de poterie vernissée et une infinité de tessons, bords
moulurés, anses, goulots de poterie hellénistique ou de basse époque
juive. Ces débris foisonnaient surtout vers l'ouverture orientale, 20,
de la caverne.]/ et tout le long de la paroi de roc jusque vers l'en-
trée dans la galerie XXII. La découverte du long' couloir N devait
fournir la solution de cette petite énigme, en montrant qu'il s'agis-
sait d'un passage ayant dû être fréquenté assez assidûment pour
atteindre le canal ( =
II du plan général pi. I cf. X). L'amorce de ce
;
5. — B. Séries crramiqiies.
(1) 11 nest même aucunement hasardé de dire que des séries telles que les représentent
les planches en couleurs dans Jérusalem sous terre (pl. IX-Xl) demeurent, jusqu'à ce jour,
sans rivales en toutes les fouilles palestiniennes.
CHRO.MQLE. 4ol
r, pour qu'on puisse avoir une idée de la forme générale apparemment une petite :
amphore. —
La pièce analogue, 3, prise dans la galerie III, montre un tissu de natte
quelque peu varié. Une empreinte de ce genre, mais beaucoup moins franche, figurait
parmi les tessons observés dans le bassin primitif de la fontaine de la Vierge (L, de
la pi. I>. — 2, décor par empreinte à la pointe de silex, sur une surface lissée à la
main ;
galerie IV. vers le puits A. Même procédé sur 6, par touches notablement plus
régulières et plus fines, ornant une applique en saillie sur la paroi du vase; pièces
identiques dans les galeries I-IV, XIV, dans la caverne F. dans le bassin H pi. I),
à un niveau un peu plus élevé que les sépultures archaïques. Le tesson est aussi sem-
blable que possible, comme texture et coloration rougeàtre, aux n 4 et 7, cependant -
d'un polissage plus fini, avec un rudiment d'ornementation moulurée qui le rapproche
également de 'j. Je ne sais comment interpréter le grand signe vertical incisé assez
profondément dans l'argile fraîche marque peut-être, plutôt que motif de décora-
:
uue loupe appUquée après coup sur la paroi encore humide mais de nom-
lette est ici ;
breux types similaires, dans la caverne 1, les galeries I-IV et à la source, ont été exé-
cutés par une pincée dans le modelage direct et font ainsi mieux corps avec le vase.
— au voisinage de la tombe 2, est un spécimen déjà très pratiquement
12, recueilli
évolué de l'anse ondulée, à forte saillie avec ourlet sur le bord pour affermir la prise.
— 13, avec son énergique empreinte d'un pouce au milieu de l'anse étroite et peu
pratique malgré son affectation d'élégance, provient de la galerie III. — 15, galerie!,
vers la caverne funéraire, a presque l'aspect d'une coquille. Des pièces analogues,
mais bien plus petites parfois avec une perforation, se sont trouvées dans d'autres
galeries; je n'ai pu les situer exactement.
Planche XIV Formes spécifiques des périodes « indigène» et « cananéenne » (!}.
: —
1, bol en argile jaunâtre, d'exécution correcte mais lourde; tombe 8, à côté des splen-
dides pièces à décor peint. — 2, minuscule tasse en terre grise mal séchée, avec une
anse en pastillage, des parois relativement minces et un essai de goulot.
Il y a quelque
chose de touchant dans cet effort encore si gauche et si dénué d'expérience pour
réaliser une forme aussi simple. La tasse a dû faire partie de quelque très humble
mobilier funéraire, car elle gisait non loin de la tombe 3, dans la galerie I, parmi
d'autres débris bouleversés. — 3, bol en argile claire de même galbe que 1, auquel
il est toutefois bien supérieur pour la finesse et l'homogénéité de pâte, la correction et
la solidité. RecueiUi, avec .5 et 9, vers l'entrée de la caverne funéraire. — 4, moitié de
bol trouvée, avec 8 et 10, dans la galerie I. Argile jaune-ocre, pâte homogène et com-
pacte, paroi fine et fond épais; couverte blanchâtre à l'extérieur, décor intérieur
peint en terre de Sienne brûlée à reflets métalliques. Cette pièce est une réplique à
peu près parfaite — à quelques nuances de coloration près — d'un bol trouvé dans la
tombe 3 ; si elle était apparemment plus riche que l'ensemble des autres, cette sépul-
ture n'était donc pas la seule pourvue de vases quelque peu luxueux parmi la vaisselle
parce qu'il était associé au bol offre le contraste d'un galbe très déformé dans le
3.
(1) Pour abréger le dessin et donner en même temps une plus complète notion des formes,
chaque vase est dessiné mi-partie en élévation mi-partie en coupe. Quelques types plus ori-
ginaux sont en outre vus de dessus (2, 4, 5. 7) ou de face (2, 5, 8). Voir les phot. pi. XV.
(2) M. Flinders Pétrie a donné, si je ne me trompe, à ce genre d'oritices le nom de « hole-
mouth ».
CHRONIQUE. ,
453
malaxée, lustrée Onement à rexlérieur. L'anse a été pastillée après coup et n'offre
qu'une solidité problématique, sans parler de son inélégance. —
11 et 12 appartien-
nent au mobilier de la tombe 3 et sont tous deux en argile claire passée au rouge
mat sous le brunissoir. L'un et l'autre sont intéressants surtout par leurs anses :
dans 11, un double cordon réservé dans le modelage de la panse et replié sur l'éva-
sement intérieur du col qui a été étiré de son côté pour faciliter l'adhérence; un li-
gament d'arïïile consolide (?) la soudure; même procédé dans 12, mais sans ligament,
avec un seul cordon et un développement beaucoup plus hardi de l'anse (tig. 16).
Un exemplaire heureusement intact (pi. XV, iy), recueilli à côté, ne laisse aucun
doute sur la restauration de cette anse.
Les gens du métier n'auront pas grand'peine à constituer, pour chacun de ces
types, uue famille plus ou moins vaste déjà dans les séries palestiniennes, surtout les
riches séries que M. Macalister a exhumées du tertre et des hypogées de Gézer. On
n'abordera pas pour le moment ces comparaisons qui relèvent du mémoire final.
The old Testament in greek... edited by A. E. Brooke and N. Mac Leax, vol. I,
part 3, pp. 40.-674, IXumbers aud Deuteronomy. Canibridiie. 1911, 15 sh. net.
La grande Bible grecque de Cambridge progresse régulièrement, sinon très rapi-
dement. Voici, en cinq ans. terminée la publication du Pentateuque 674 pages de :
format in quarto, d'une impression serrée. Les éditeurs peuvent être fiers de leur
œuvre.
Quiconque a utilisé, pour des travaux critiques, la monumentale édition de Holmes
et Parsons. sait quelle n'est pas exempte de défauts : les collations, confiées parfois à
des mains inhabiles, sont incomplètes, et la physionomie de certains manuscrits est,
de ce chef, méconnaissable. La nouvelle édition repose sur des collations soignées;
des voix autorisées ont dit combien elle était supérieure à son aînée.
Le fascicule troisième est conforme au plan des deux premiers. Le nombre des
autorités s'est accru : pour le Deutéronome, c'est un manuscrit de première valeur,
6 ou ^y<lshillgtonens^s. le précieux codex acheté il y a quelques années par M. Freer.
Les éditeurs ont noté dans la préface quelle était son importance il démontre l'anti- :
quité du texte contenu dans les deux cursifs g n (54 et 75 de HoP). D'ailleurs, le carac-
tère de 6 avait été mis en lumière par la dissertation de M. Sanders: il n'y a pas
lieu d'y revenir. Deux autres manuscrits onciaux sont cités, qui n'étaient pas connus
au temps de l'édition d'Oxford, ce sont les fragments palimpsestes de Saint-Péters-
bourg et Leipzig, publiés par ïischendorf, et désignés par les majuscules H et K (1).
Deux petits fragments U(i et A;, l'un de papyrus, et l'autre de vélin, ne donnent que
quelques versets. La liste des manuscrits de Holmes, cités à l'occasion dans l'apparat
critique, s'est augmentée de deux unités, -28 et 46. Enfin, un manuscrit bohaïrique,
le Vatican copte 1, a été collationné pour le Deutéronome (2).
En dehors des onciaux t)HK. et Mac Lean ne sont
les autorités de MM. Brooke
guère dilTérentes de celles utilisées par les critiques d'Oxford, mais nous avons dit
que la qualité des collations était toute autre. De plus, il est un point sur lequel il
est bon d'attirer lattention; la nouvelle édition ajoute aux Hexaplonun quae super-
sunt de Field un précieux supplément. Voici, pour un seul chapitre, le premier du
Deutéronome, un relevé de ce que les études hexaplaires gagnent à la présente
édition.
Il y a des leçons nouvelles : v. 8 w;jL03a] wiioa^v -/.joio; o' À (3) v; — 12 tov xonov] a'
(I) Les variantes de K pour le Deutéronome ont été oubliées dans la rédaction des notes; les
auteurs ont réi>aré cette omission dans la note préliminaire, p. vi.
(-2) Ajoutons que les diverses publications des fragments palestiniens ont été distinguées par
des sigles spéciaux. Quelques fragments de Gen. ou Es. sur papyrus, publiés depuis l'apparition
des précédents fascicules, ont été examinés; les résultats de la collation sont consignés, p. v
et vu.
(3) o' ). signifie : Septante, rccension lucianique; et' <?' = Aquila, Symmaque. Une leçon niar-
RECENSIONS. 45:j
Des leçons données par Field sont corrigées d'autres reçoivent une attribution .
sur la loi de 8-5 (Br. z) est cette fois attribuée à Syramaque conformémeut à s HoP :
130); — 31 l'expression d'Aquila w; apa: tsoso; tov uiov doit être tenue pour authen-
tique sur la recommandation de e ^= 52} j (= 57); Field l'avait rejetée comme
une reconstruction très peu probable de Nobilius; 38 il faut lire dans M iwToua —
et non pas ir;joua; —
39 E'.KaTï dans M au lieu de t\-i-i: 41 av£Çr,T£ est placé, —
d'après s. sous les noms de Symmaque et Théodotion au lieu de l'anonyme TaXo;.
Vétilles, dira-ton: mais lorsqu'il s'agit des Hexaples. il n'y a pas de miettes négli-
geables. Les éditeurs n'en ont pas fait mystère, il n'y a rien de sensationnel dans les
notes hexaplaires qu'ils ont publiées-, il reste néanmoins, dans l'état fragmentaire où
est notre connaissance du grand travail d'Origène, qu'ils auront apporté à une future
édition des Hexfiplorum quaesupermnt une importante contribution. La documen-
VAmbrosianus F^, dont Field n'avait
tation nouvelle vient surtout d'un correcteur de
eu connaissance que par des collations incomplètes de Ceriani; les marges du ms. b
(HoP : 108 ont également fourni beaucoup de leçons inédites, l'usage qui a été
fait de ce codex depuis le deuxième fascicule fera regretter davantage qu'il ait été
négligé pour le premier.
Puissions-nous voir bientôt paraître la quatrième et dernière partie du premier
volume! L'apparat critique très surchargé des listes géographiques dans Jdsué, et la
double recension du livre des Juges seraient des excuses pour en faire traîner la
publication, mais les éditeurs savent notre impatience. Remercions-les du travail
déjà fait, et attendons...
Jérusalem.
Eug. TiSSERAM.
II. Christus, Manuel d'histoire des religions, par Joseph Hubv, professeur au
scolasticatd'Ore place, Hastings, in-16 dexx-1036 pp., Paris, Beauchesne, 1912 (3K
Il faudrait beaucoup d'assurance pour entreprendre la critique détaillée de ces
giuale lucianique n'est pas à proprement parler une leçon hexaplaire. nous avons enregistré
celle-ci comme les variantes non précédées d'un des sigles a' h' t' à l'exemple de Field.
1^ Les éditeurs citent xai 8» —
•ju.wv, il aurait peut-être été plus simple d'écrire le second mot
en abrégé xai ypaa. •jaw, pour ne pas obliger le lecteur à compter jusqu'à huit.
i'î] Sommaire Tome I. Introduction J. Bncout I. La religion des primitifs i,A. Bros). II. La
: .
religion égyptienne [J.Capart). III. Les Sémites (P. D/ior»ne). IX. Iraniens et Perses J. Labourt).
V. Religions de l'Inde (L. de la Vallée Poussin). VI. Le confucianisme et le shinto i^Cordier'. VII. Les
Grecs (Rabert,. VIll.La religion romaine André BaudrtHarf. IX. Celtes. Germains. .Slaves [Bros et
llabert X. L'Islamisme Carra de Vaux Tome II. XI. La religion d'Israël •/. Tou.zard XII. Les ori-
. . .
Sommaire I. L'étude des religions L.de Grandmaison]. il. Les populations de culture in-
(-•}, :
456 REVUE BIBLIQUE.
deux ouvrages. La plus élémentaire modestie commande de ne point porter un juge-
ment sur des objets si divers, traités par des personnes compétentes. Le premier
mouvement est de se dispenser de lire, en disant d'avance. Et vitula tu dignus es
et hic.
Ce serait succomber à une fâcheuse tentation, car toutes ces études méritent d'être
lues. Et c'est un phénomène vraiment curieux que des écrivains professant la même
foi, poursuivant le même but, traitant les mêmes sujets, aient pu les aborder d'une
façon si originale que les deux ouvrages se ressemblent si peu. Le dirai-je cepen-
dant.' La probité intellectuelle si évidente des auteurs invite la critique à user de la
même franchise. II est fâcheux deux manuels soient extérieurement coulés
que les
dans le même moule. On nous
Christiis était déjà sur le métier quand a
dit (1) que
paru VO/^heus deM. Salomon Reinach. C'est cependant celui des deux qui a le plus
l'air d'une réponse indirecte, surtout par sa forme extérieure. Or on peut douter que
le plan imposé par M. Reinach soit le meilleur, ou du moins le seul qu'il convînt
d'exécuter. S'il était très opportun de faire suivre un aperçu des religions d'une vue
d'ensemble de la religion catholique, le désavantage était forcé et sensible de se bor-
ner à des esquisses. A côté de VOrphem, et fort au-dessus de lui, comme valeur scien-
tifique, il y avait le Manuel de Chantepie de la Saussaye dont les deux volumes ne
contiennent rieu sur la religion chrétienne. C'est à cet ouvrage aussi qu'on pouvait
songer pour une réplique catholique. En laissant de côté l'Église, on ne la sacrifiait
pas; n'est-elle pas plutôt un peu sacrifiée, quand on doit traiter en un seul volume ou
en un demi-volume des origines chrétiennes, c'est-à-dire de tout le Nouveau Testa-
ment, et de toute l'histoire de l'Église, y compris ses démêlés avec le schisme et l'hé-
résie? Au reproche d'avoir été trop court et d'avoir ainsi été réduit à des généralités,
il était facile de répondre si l'on n'avait fait ([u'un ouvrage pour remplacer la came-
lote de VOrpIteiix par des marchandises de bon aloi. Mais, puisque taut de forces
étaient mises en mouvement, n'aurait-il pas mieux valu s'entendre et produire deux
ouvrages d'allure dilTérente ?
une réplique catholique. >'ous pouvons être fiers de constater avec quelle
J'ai dit
facilité on a trouvé dans nos rangs des spécialistes aussi distingués. On perdra son
temps à leur reprocher d'avoir manqué de justice. Ils ont pu traiter certaines parties
de la religion catholique dans un esprit d'apologie, sans pour cela parler des autres
religions dans un esprit de dénigrement. L'amour filial envers une mère a pu con-
duire à taire certaines taches, non à les dissimuler par le mensonge. Et puis, on est
toujours homme. On s'attache à ce qu'on étudie. Tel spécialiste a évidemment un
faiblepour une religion qu'il est presque seul à connaître bien. Aussi ne peut-on lire
lesdeux ouvrages, parfaitement égaux en cela, sans se sentir dans la compagnie
d'honnêtes gens qui ne diront que la vérité. Et puisqu'il eût été par trop répugnant de
peindre des mœurs religieuses qui sont une honte pour l'humanité, n'était-il pas légi-
time de glisser aussi sur les abus qui se sont introduits dans l'Église? Les auteurs
voient de haut et ne sont pas comme certaines mouches qui aiment à se poser sur
certains objets. Ce qu'il fallait mettre en lumière avant tout, c'étaient les principes
religieux eux-mêmes, les usages qui ea étaient découlés, et plutôt les attraits de
la vérité que les déviations du vrai. L'accord des deux ouvrages et l'on sait déjà —
qu'il n'y avait pas d'enteute — est une preuve très significative de l'esprit très large
ettrès élevé qui anime désormais les représentants les plus qualifiés des bonnes études
dans l'Église. Le domaine de l'histoire des religions, sur lequel la libre pensée se
promettait tant de triomphes, est peut-être celui qui est le plus favorable à la grande
Église, tant il est évident qu'elle renferme tout ce que les diverses religions con-
tiennent de meilleur, et sous une forme sociale religieuse, la plus étroitement une. et
la seule qui n'ait d'autre lien que le libre amour de Dieu, sous la conduite d'une au-
torité qui le représente.
Les deux manuels ont encore en commun la préférence donnée à la méthode his-
torique. N'est-il pas étrange que tous deux aient indiqué, à propos des diverses reli-
gions, leurs principales croyances, et que tous deux s'en soient abstenus à propos du
christianisme? Serait-ce qu'ils ont craint que leur exposé ne fût une simple répéti-
tion du catéchisme? ou ont-ils reculé devant le discernement si délicat de ce qui
s'impose à notre foi? ou ont-ils simplement emboîté le pas à M. Reinach? Toujours
est-il que c'est l'histoire de l'Église, non ses dogmes qu'ils présentent. Cette histoire
aura toujours des esprits qui n'entreront pas sans savoir d'avance ce qu'ils auront à
croire. Même s'ils sont accusés d'orgueil pour cela, ils ne se sentiront pas dispensés
de ce qu'ils estiment un devoir envers leur iatelligeace. Si on les renvoie aux ouvrages
dogmatiques, ils peuvent trouver ailleurs aussi des histoires de l'Église. Aussi est-ce
Si l'on devait juger par cette partie de Tensemble des deux ouvrages, on dirait
peut-être que l'un est plus facile à lire, l'autre plus utile à consulter; l'un plus bril-
lant d'allure, l'autre plus technique; l'un plus préoccupé de son lecteur, l'autre plus
absorbé par les réalités; l'un escomptant la finesse du public, l'autre exigeant sa stu-
dieuse collaboration.
Des noms étrangers donnent à l'un un cachet légèrement exotique qui s'accorde
bien avec la variété des religions; dans l'autre ce ne sont que des noms de Français
ou de Belges, dont l'autorité nous est familière. Mais des deux parts c'est le même
amour du vrai, confondu avec l'attachement à l'Église, le même désir de n'écarter
personne, sans rien sacrifier de la vérité, la même sympathie pour notre temps, la
même ardeur à profiter de ses avantages, le même tact dans l'exposition des faits. Et
si certains articles me plaisent davantage, c'est peut-être affaire de goût, et il y en a
dans les deux manuels, .fe dirai pourtant, estimant qu'il n'y a point en cela d'imper-
tinence, que le même sujet n'est pas toujours traité deux fois avec une égale supé-
riorité.
Ne pouvant parler de tous les thèmes sans sortir à la fois et du cadre de cette
Revue et des limites encore plus étroites de ma compétence, je voudrais indiquer
l'intérêt spécial des travaux qui m'ont paru le plus caractéristiques, la religion d'Is-
raël de M. Touzard et la rehgion chrétienne dans Christus pour laquelle M. Rousse-
lot a eu divers collaborateurs, MM. Huby, Brou et de Grandmaison.
Cela est assez naturel, puisqu'il conlient environ un tiers en plus de caractères d'impri-
(1)
merie. Aussi a-t-il fait une place au préhistorique, aux Cananéens, aux Phéniciens et aux Slaves.
438 REVUE BIBLIQUE.
L'étude de M. Touzard sur la religion d'Israël occupe environ cent cinquante pages.
Tout V d'une extrême densité. Aucun fait important n'est omis, et tous sont
est
justifiés par des citations qui permettent au lecteur de juger par lui-même. Mais ce
qui donne à ce labeur considérable un attrait particulier, c'est qu'il est le premier
parmi nous d'écrire l'histoire de la religion d'Israël en tenant compte du
essai tenté
développement des idées, du culte, de la religion elle-même. Le principe de ce dé-
veloppement avait été posé par saint Thomas, mais, en fait, aucun écrivain catholique
n'avait tenté de montrer en quoi la foi des patriarches pouvait se distinguer de celle
de Moïse, des prophètes ou d'Esdras. Sommes-nous assez avancés dans la critique
littéraire de l'Ancien Testament pour procéder avec sûreté à une reconstitution de
cette marche vers la lumière, grandissante à mesure qu'on approche du Christ?
Quelques critiques se sont crus assez assurés de leurs prolégomènes pour écrire une
histoire d'Israël à l'encontre de toutes les données de sa tradition. Mais déjà l'édifice
nouveau est fort ébranlé. M. Touzard, ne voulant pas dirimer les querelles litté-
raires, ni attendre qu'elles soient réglées définitivementpour tracer une esquisse his-
torique de la religion d'Israël, a adopté un procédé qui n'a évidemment qu'une valeur
transitoire, mais qui permet de marcher un peu, ainsi qu'on dit en géométrie, en
supposant le problème résolu.
Au début, il éclaire toute sa voie par la distinction lumineuse et nécessaire de la
religion des hommes de Dieu, instruments et organes de la révélation, et de la re-
ligion du peuple, trop souvent rebelle à leurs enseignements. Déçus dans le présent,
voie à la réforme de ce prince, sans dissimuler d'ailleurs que « le code que le secré-
taire de Josias lui apporta était, par son contenu même, la consécration de l'œuvre
des prophètes » p. 89) (I s C'est ainsi encore que la seconde partie dTsaïe (et on
aurait pu y ajouter quelques autres chapitres), qui s'adresse si évidemment aux
Israélites peu avant le retour de la captivité, est expliquée à cette époque, la fin
d'Isaïe (Lvi-Lxvi) après le retour ; les principaux passages de Daniel sont encadrés
dans l'époque d'Antiochus Épiphane. à la(iuelle ils font allusion 2), le psautier
;i) c'est bien aussi ce qu'insinue M. Nikel dans Christtts. [p. (i-2(i), en posant comme princijie
général :• Il est certain que les lois promulguées par Moïse au Sinaï et pendant les pérégrina-
tions au désert ne sont, pmir ainsi dire, que le noyau d'où, par une évolution organique, toute
la législation du Pentateuque a grandi. = Et cependant cela même
n'a pas paru sutlisant
à M. Burdo qui écrit dans les Études ,-20 mars 191-2, p. 814) « M. Nikel nous a seulement paru
:
trop peu préoccupé des problèmes liistoriques et littéraires relatifs aux livres de l'.incien Tes-
tament; il va prendre ses traits dans tous un peu indistinctement: et, par suite, son tableau
raanque lorcément de contours nets et ne nous donne qu'une idée imparfaite du progrès de la
Hévélation. »
« k condition qu'on dut la
^2) Un lit dans le Dictionnaire de théologie calliuUque, v» Daniel :
primitif des fêtes religieuses d'Israël, sans méconnaître que « ces fêtes ont d'autres signi-
Mais tout s'efface devant cette question que pensait-on de Dieu dans l'ancien :
Israël? Son Dieu national était-il le Dieu du clan d'Abraham? Est-ce le Dieu des chré-
tiens ? Si l'on prend la Bible au sérieux, comme un document qui reflète des croyances
vécues, et non point comme un tissu de métaphores exprimant sous le voile des
anthropomorphismes nos conceptions des attributs de Dieu, c'est le point qui préoc-
cupe le plus des âmes fort droites. Elles trouveront, je pense, satisfaction eu lisant
comment Dieu s'est vraiment révélé à Abraham, vivant au sein de l'idolâtrie, comment
^^la révélation divine fut peut-être plus explicite pour ce qu'elle affirmait que dans
ce qu'elle pouvait exclure - (p. 14), c'est-à-dire que Dieu se fit connaître et aimer
avant que les Israélites aient compris à quel point il avait seul droit aux hommages
de tous les hommes (1). Le mosaïsme fut le moment décisif où une foi si supérieure
à celle des païens fut imposée à un peuple par des bienfaits miraculeux, marquée
par la transcendance d'un Dieu qui ne voulait pas d'images, et qui, consentant une
alliance, exigeait la fidélité à la loi morale. Aussi bien, le Dieu des Israélites était le
créateur du ciel et de la terre, son action s'étendait partout, et si on ne le louait pas
dans le Chéol, du moins le souverain.
il en était
Au temps d'Amos, au moment du retour de la captivité, le Dieu des armées d'Is-
raël devient le Dieu des armées célestes sa puissance, sa majesté incomparable, sa;
royauté sur le monde sont mieux comprises, et cette fois la lumière pénètre même
les ténèbres où se cachaient les faux dieux. « Le monde se divise désormais en deux
camps », etc. (p. 117). Tout le passage est à lire et à relire ; rien de plus utile pour
discerner parmi les psaumes ceux qui sont postérieurs au retour de la captivité. En
même temps la prophétie cède la place aux premières apocalypses, et le judaïsme se
constitue autour de la thora (2), assez solidement pour résister au nom et en la vertu
du Dieu très-haut, contre les séductions de l'hellénisme.
Assurément l'œuvre de M. Touzard n'est point écrite de verve. Savant conscien-
cieux, très soucieux de ne pas affirmer plus qu'il ne sait, il n"a point cédé à la ten-
tation de dessiner l'évolution par des contrastes. Ce sont bien, comme disait le pro-
phète (Is. VIII, 6) : « les eaux de Slloé qui coulent doucement », et que les Israélites
qu'on ne le lise que la Bible à la main. Ses lecteurs préférés seront ceux qui sauront
trouver à chaque page, et parfois à chaque ligne, la solution longtemps cherchée d'un
problème ardu.
Un pareil ouvrage, s'il eût paru séparément, eût été fort incomplet, car il est trop
la pierre sacrée ». Je dirais tout au plus Dieu dont le souvenir est rappelé en quelque ma-
:
2) P. li20 « de l'exil, le prètre-scribe rapportait une loi de Moïse à ])eu près pareille à celle de
:
notre Pentateuque ». Voir à la p. 123 une note très suggestive sur l'évolution du sens de thora.
460 REVUE BIBLIQUE.
renfermé dans les limites d'Israël. Ici l'auteur avait le droit de renvoyer à ses voisins
pour la description du dehors. C'est sans doute pour cela qu'il n'a pas même posé la
question de l'influence des Perses. Plus d'une fois déjà le recenseur a été pris à
partie par M. Bousset, et non sans brutalité, pour ne pas en faire assez de cas. Il est
clair pourtant que la réaction s'accentue contre le paniranisme. M. Labourt. dans
le Manuel de M. Bricout, M. de Baudissin. M. Kœnig, ne jugent guère autre-
ment. Aussi altendais-je avec impatience l'étude de M. Carnoy dans Christus.
M. Carnoy attribue les parties les plus anciennes de l'Avesta au vie siècle avant
J.-C. Sans songer le moins du monde à dissimuler mon ignorance complète de la
langue de l'Avesta, je croirais manquer de gratitude envers les spécialistes qui nous
donnent des raisons accessibles à tous, si je ne m'efforçais de les comprendre. Elles ne
me paraissent pas décisives. Je ne vois pas qu'on puisse placer les Gàthâs avant
Alexandre, parce qu'ils sont le manifeste d'une réaction, mais je l'ai indiquée possible
et probable dès 1.50 av. J.-C. ;
je ne puis donc être très impressionné de l'envahisse-
ment du pehievi au i"" siècle de notre ère (1). Il me sufût que. d'après M. Carnoy,
la religion de l'Avesta soit « un peu une réforme contre un culte existant, dont les
dieux lui apparaissent comme des ennemis » {fhn'slus, p. 198 note ,
pour que je ne
puisse l'identifier avec la religion des Achéménides, relativement élevée, mais qui
n'a rien de lallure combative des Gâthàs et qui fait une place à Mithra. De Mithra,
M. Carnoy écrit que son « absence dans les Gàthâs est due à une exclusion systé-
matique que le mazdéisme n'a pu maintenir » (p. 205\ N'est-ce pas reconnaître le
caractère très particulier d'une réforme philosophico-religieuse? Faut-il placer l'ex-
clusion de Mithra avant les Acheménides. et aussi sous les Arsacides et lesSassanides,
puisque enfin la seule rédaction officielle de l'Avesta date de ce temps ? Évidemment la
plupart des objections que j'ai risquées disparaîtraient si l'Avesta avait pris naissance
et s'était perpétué par une fidèle tradition dans un coin perdu dela Bactriane: mais
Aussi bien, sur le point qui me touche le plus, M. Carnoy s'exprime avec une ré-
serve dont M. Bousset pourrait faire son profit Sur l'existence d'influences réci-
: '<
proques à une date ancienne, il convient de se montrer très prudent, tant sont
grandes les incertitudes qui entourent les origines et la date des écrits zoroastriens;...
à serrer de près les rapprochements proposés par quelques auteurs, on aboutit à les
trouver moins frappants, et dus à des coïncidences plutôt qu'à des emprunts »
(p. iMo;.
méconnaît ou la persécute, l'auteur est un intellectuel qui va droit aux idées, en saisit
les nuances avec finesse, en suit l'enchaînement, et les exprime avec décision et
clarté. Il a écritune véritable histoire de la pensée chrétienne, envisagée comme
source de vie, avec un penchant décidé pour les choses de l'esprit. La vie de
Jésus est d'abord résumée en traits exquis, avec une chaleur convaincue, un charme
d'expressions qui sont comme un écho des évangiles, et une preuve de leur ascen-
dant souverain sur des âmes très modernes. La difficulté était de concilier les deux
(1) On sait que les Juifs ont écrit en liébreu bien longtemps après que laraméen l'eut retuplacé
dans l'usage courant.
RECENSIONS. 40
conceptions, morale et eschatologique : «Aussi bien, les plus sages des historiens du
Christ s'accordent à reconnaître que la religion qu'il prêcha était tout ensemble et
une bonne voie et un grand secret ou une bonne nouvelle (1^ » (p. 690;. Puis c'est
l'effet produit par cette personnalité incomparable, reflété par les Actes, rendu en
formules théologiques par saint Paul, résumé dans Jean par la doctrine du
saint
Logos. Saint Jean « donne une réponse aux âmes grecques... il fait con-
désirs des
verger vers un être réel toutes ces tendances hésitantes, et décuple du même coup la
force de pénétration du christianisme, en montrant son afflnité profonde avec tout
ce que le monde antique cherchait de noble et de beau » (p. 742). S'il y a dans ces
expressions quelque vestige de romantisme (cf. p. 9G8), le jugement sur les apolo-
gistes, en particulier sur saint Justin, montre combien l'auteur a goûté la saveur
Hiystique de saint Jean. « Il suflit de rapprocher du quatrième Evangile les écrits de
ces nouveaux fervents du Verbe pour se rendre comp te de leur moindre « intelli-
gence du mystère du Christ » (p. 775). Il est sévère, mais juste, d écrire de Justin :
de r « intellectuel », alliait une admirable largeur d'esprit à une science très étendue
et à une surprenante puissance de travail (p. 784), mais en somme, «dans la moisson
d'idées des apologistes, beaucoup d'ivraie se mêlait au bon grain » (p. 789). On ne
saurait évidemment parler ainsi de saint Augustin. Encore est-il que les auteurs font
des réserves sur le triomphe trop exclusif de sa doctrine « Peut-être une con- :
naissance plus répandue des Pères grecs, un contact plus permanent avec leur franc
optimisme, eussent-ils atténué les dangers de cet augustinisme exclusif, dont certains
excès de langage et de doctrine ne devaient pas être sans influence sur la naissance
et le succès du luthéranisme, du calvinisme et du jansénisme (2) » (p. 819). Le jansé-
nisme ne pouvait être sympathique aux auteurs; ils n'en ont parlé qu'avec la plus
parfaite convenance, et l'on sent qu'ils sont moins animés con tre lui par d'anciennes
rancunes de corps que par leur joyeux et confiant progressisme. Ce n'est point par
hasard qu'un alinéa est intitulé -.Défaite des archaïsants (p. 921), et par là on entend
« les archaïsants les plus orthodoxes ", un Petau. un Bossuet, un Thomassin, qui
Mais le ferme intellectualisme que les auteurs tiennent sans doute de leur admiration
pour saint Thomas ne pouvait s'accommoder des répugnances de Newmanà l'endroit
delà raison. Aussi n'ont-ils pas hésité à reproduire les griefs allégués contre le grand
théologien anglais, entre autres : " un respect contraint, mêlé de méfiance et de dé -
(1) Il est vraiment peu en harmonie avec l'excellente méthode de tout ce chapitre de pré-
tendre que la formule de s. Marc sur la confessioa de s. Pierre contient au moins implicitement
celle de s. Matthieu (p. "-20 note). Nous voilà bien loin de l'exégèse historique. Que le Fils de
Dieu soit implicitement le Messie, on peut le laisser passer, mais que le Messie soit implicite-
ment le Fils de Dieu au sens propre, in concreto, ratione Itujus personae, c. ; ci verborum et con-
eeptus historici, n.
(2) Voir aussi p. 920 « Or en le condamnant (le jansénisme),
: ils (les Papes) atteignirent par
contre-coup quelques conceptions augustiuiennes, exclusives et reserrantes, sur la vie de la
grâce 1, etc.
(3) Et la légitimité duprobabilisme. Les Dominicains sont rangés en bloc parmi ses ennemis.
J'ai entendu dire souvent qu'il avait pour père Barthélémy de Médina.
462 REVUE BIBLIQUE.
en France, mais partout (i;, dans le caractère superficiel des études philosophiques
et théologiques... On ne songea pas à confronter la pensée moderne avec la théologie
^p. 966 . Si >"e\vman s'est montré trop inquiet des exigences, ou plutôt des besoins
des âmes modernes, il est encore plus certain qu'autour de lui on ne s'en préoccupait
pas assez, et, pour le dire sans méchanceté, les auteurs de C/wisius s'inspirent beau-
coup plus de la méthode historique chère à Newman que de celle des Cardinaux
Perrone et Franzelin, à ne citer que des morts parmi ceux qui les touchent de plus
près (2). L'exil, comme il arrive souvent, leur a permis de mieux connaître cette église
d'Angleterre, dont Bossuet admirait déjà le goût pour l'antiquité chrétienne, et ils
ont profité de ses travaux, sans que leur loyalisme cathohque en ait souffert au-
cune atteinte, comme le prouve la dcvotion an Pape (p. 990) dont ils sont pénétrés.
Il serait à souhaiter que cette brillante étude fût détachée de son cadre, pour être
plus facilement lue et relue. Ceux qui auraient appréhendé de ne trouver dans un
manuel qu'un écho banal des idées courantes auront été agréablement surpris; rien
de plus personnel que ces vues directes des individus et des choses, de plus vivant
que ce style, parfois piquant (3), plus souvent grave et juste, de plus humain et de
plus chrétien que cette légèreté de main qui a su toucher à des controverses ré-
centes, même entre catholiques, sans irriter les plaies. Cette dextérité charitable les
guérirait, si des blessures intellectuelles pouvaient être fermées avant que le temps
son oeuvre de discernement.
ait fait
Décidément, nos deux manuels font honneur aux bonnes études catholiques. Et
pourtant on nous affirme que ce n'est qu'un début et qu'on se propose désormais
d'instituer des semaines d'ethnologie religieuse, afin de populariser les principes qui
Reinach. Il n'y avait vraiment pas à y revenir, depuis que 'SI. Loisy s'est chargé de
Texécution (4).
Jérusalem.
Fr. M.-J. Lagraxge.
1^1 J'aurais bien envie de souligner ce partout.
(-2) On se rappelle qu'à propos de larticle du K. P. Rousselot, « Les yeui de la foi », dans les
Recherches.... la Civiltà rattoUca (11 août 1911, p. 333) disait que lo studio del Rousselot per riu-
srire soddisfaceiite s'ha da ricostruire su altra basi mena nuove c mena geniali forse, ma in
compensa assai piit sicure. N'est-ce pas un peu le repmche qu'où faisait à Newman ?
(3) y est-il pas piquant que la dévotion au .Sacré-Cœur soit présentée comme un remède au do-
cétisme? Le péril est-il aussi grave de nos jours que du temps de saint Ignace, évéque d'Antioclie?
Assez piquante aussi cette formule « sur l'heure, la condamnation de Galilée confirma dans
:
leur quiétude beaucoup d'àmes que troublait la perspective d'une brusque adaiitation à des
cadres nouveaux. Pourtant cet avantage immédiat ne compensait pas de plus lointains déGcits »
(p. 896). « Pie IX dit plus volontiers Sous avons absolu ment droit à votre hommage. Léon XIII
:
(lit plus volontiers Vous avez absolument besoin de nous. Mais ne suffit-il pas de rapprocher
:
ces deux assertions pour faire voir que ce sont là deux aspects d'une vérité identique, et donc,
qu'au sens théologique du mot, l'un des Pontifes n'est pas plus « libéral » que l'autre ? (p. 930;. -
Y a-t-il donc un sens théologique du mot « libéral " S'il était mieux connu, que de confusions
"/
seraient évitées: A le prendre dans un sens trop fâcheux, les auteurs ne pouvaient l'appliquer
à Lacordaire, qui pourtant aimait à s'en parer, et ils l'estompent par la gentille expression
d' « illusions romantiques », accolée à de Falloux. à Cochin, à A. Dechamps, au duc .\lbert de
Brogîie, à M'^'^ Dupanloup... Illusion romantique de profiter très politiquement de ce qu'on jjou-
vait tirer des circonstances, de soutenir par exemple la loi Falloux contre le tout ou rien de
l'Univers, et de se tenir en garde contre les avances de l'absolutisme impérial?
CO A propos de l'histoire des religions, Paris, Nourry, 1911.
BULLETIN
Nouveau Testament. — Lesqualrnévrinyilcs et les Actes des apôtres (i) sont les
livres historiques du N. ï. M. Mader, professeur à Coire, a pensé qu'il était opportun
de les traduire de nouveau en allemand et de les commenter pour cette partie du
public lettré qui ne se soucie pas de suivre les discussions de trop près. Le texte
traduit est le texte grec, celui qu'on regarde aujourd'hui comme le meilleur. M. Mader
ne se croit nullement astreint à traduire la Vulgate, parce que le décret d'authen-
ticité visait moins le texte, qui n'était pas alors établi, que son contenu religieux.
Les variantes de la Vulgate sont cependant indiquées, soit dans le texte, soit dans les
notes. Il est fâcheux que nous ne sachions pas plus précisément quel est le texte choisi;
le traducteur a dû fixer lui-même ses leçons, car il a préféré, dans Luc. 2, 1-J, un
texte qui n'est ni celui de la \ulgate, ni celui des éditions critiques. La traduction
est plutôt littérale qu'élégante, s'attachant à rendre le même mot grec par le même
mot allemand. S'adressant à des lecteurs instruits, M. Mader a tenu à les mettre an
courant des controverses et à leur dire nettement ce qu'il en pense. Il a distingué,
comme de raison, canonicité et authenticité. C'est ainsi quede Marc (16,
la finale
saint Jean un bloc erratique qui a été introduit dans le quatrième évangile, mais
qui émanait d'abord de l'un des disciples du Seigneur. Dans saint Jean encore,
les vv. 5, 3'^ et 4 ne sont pas authentiques, et cette on s'abstient de dire qu'ils
fois
sont canoniques. Un aussi petit fragment n'a point en effet été prévu par le Concile
de Trente. Tandis que M. Mader
montre assez enclin à adopter sur ces points les
se
opinions régnantes dans il suit une voie très personnelle à propos de la
la critique,
question synoptique. Il lui répugne absolument qu'un évangéliste se soit servi d'un
autre évangéliste. Les ressemblances des synoptiquess'expliquent donc soit par la tradi-
tion orale, soit par l'emploi de sources écrites. Tous trois auraient écrit vers le même
temps, de 60 à 70 après Jésus-Christ. Car il n'est pas clair du tout pour M. Mader que
les Actes ont été publiés au moment où ils se terminent; il demande seulement qu'ils
soient antérieurs à 70.
Encore plus personnelle, —
on dira presque assez étrange, est la solution du —
problème de Quirinius, qui entraîne l'auteur à une chronologie nouvelle de la vie de
Jésus. Quirinius aurait été gouverneur de Syrie en 746 de Rome, huit ans avant Jésus-
Christ, et le Sauveur serait né cette même année. Quoiqu'on ne donne qu'une année
au ministère public de Jésus, il ne pouvait tout de même pas avoir trente ans la
quinzième année du règne de Tibère (29 ap. J.-C), si bien qu'il faut lire trente-six
(1) Die heiligen vier Evangelien und die Apostelgescltichte, ùbersetzt und erklart von Dr. Jo-
hann Madeu, Prof, der Theol. in Cluir, in-8'^ de xliii-797 pp. Einsiedeln... Benzigor, 1911. .\vec
'imprimatur de M^' l'évèque de Coire.
464 REVUE BIBLIQUE.
ans dans Luc. 3, '2^. Assurément une erreur de copiste n'est pas impossible, mais
combien peu vraisemblable, et cela explique-t-il mieux les faits? Comme jour de
la mort de Jésus on indique le 7 avril de l'an 30 les Juifs auraient différé la Pâque
;
d'un jour. Notons encore quelques particularités l'étoile des mages n'était point un
:
astre, mais une apparition lumineuse semblable aune étoile; le titre de Fils de
l'homme indiquait l'infirmité voulue de la nature humaine de Jésus; il faut distinguer
là pécheresse de Luc, Marie Magdeleine, et Marie sœur de Lazare, la généalogie de
On a continué d'écrire beaucoup sur les Odes de Salomon. A prendre les choses où
les ont laissées la magistrale publication de Ms"" Batiftol et de M. Labourt, et dont nos
lecteurs ont eu la primeur (1), on signalera les vues de MM. Grimme, Frankenberg,
Newbold, Conybeare, Fries, Stôlteu, Connolly, Burkitt.
M. Grimme est le seul qui se rattache au système de M. Harnack : écrit juif inter-
polé. Il lui aurait même donné un appui décisif, s'il avait réussi dans sa tentative har-
die de prouver que le texte original était l'hébreu, et que ce texte, rétabli par lui,
constitue une série de poèmes où les interpolations ne sont pas moins reconuaissables
par la forme métrique que par l'idée (2). Ce serait, au nom de la philologie et de la
métrique, la plus brillante confirmation de l'hypothèse d'Harnack, déduite du désac-
cord des idées. Et déjà l'énoncé de l'entreprise indique combien elle est aléatoire ;
d'un autre que M. Grimme on dirait téméraire. Son tact philologique lui a permis de
réaliser un vrai tour de force, qui impose l'admiration et risque de séduire. Mais il
faut voir les choses de près. M. Grimme a deux thèses il veut prouver que les odes
:
ont été écrites en hébreu, et aussi qu'elles n'ont pas d'unité, étant mi-parties juives,
et mi-parties chrétiennes. Ces thèses sont à la rigueur indépendantes l'une de l'autre ;
puisque, d'après G., un iuterpolateur chrétien a écrit en hébreu, presque aussi bien
que l'auteur juif, des compléments considérables, il eût pu écrire le tout et de même ;
l'ode 3 manque, le début de l'ode 4 manque aussi. Il faut supposer que ces cinq odes
commençaient par X. Après cela, les odes se suivraient selon l'ordre alphabétique de
leur premier mot, 3, 2, etc. G. concède que neuf lettres ne sont pas représentées
(1, 1, ~, n, l:, s, y, n), tandis que d'autres se présentent deux fois ou plus (3
"î,
jusqu'à sept fois), mais toujours dans l'ordre de l'alphabet. Dans ces conditions, l'or-
dre ne peut avoir été combiné par l'auteur, qui aurait mieux fait les choses il serait ;
l'œuvre de Tinterpolateur, mais travaillant, comme on le voit, sur une matière hébraï-
que puisque le syriaque (ni le grec) ne peut pas donner ce résultat. Oui, mais il fau-
drait pour cela que la traduction de G. fût la seule possible, et non seulement ce n'est
pas le cas, mais plusieurs fois elle est assez arbitrairement choisie. Pour obtenir
le 2, il faut traduire -jw par niail suivi d'un verbe, ce qui est peu naturel et
sans au-
(1)Les Odes de Salomon, Paris. Gabalda, 1911. d'après RB. octobre 1910, janvier elavril 19H.
(2)Die Odeii Salomos, sjTiscli-hebraisch-deutscii. Ein liriUscher Versucli von Hubert GniMME, o
ô. Professor an derUniversitiit Mïinstcr i. W., in-8» de iv-liS pp. Heidelberg, Winter, 1911.
h
BILLETLN 465
torité dans la Bible. Pour avoir ; il faut traduire ^~^'E par "iS;, qui est possible à la
rii^ueur, mais moins bon que"!-?: (cf. 13, 1, d'après l'auteur!). Le début deTode 12
est une traduction forcée, celui de 13 ne s'impose pas. Le début de 14 prouve l'arbi-
traire de 6 et 7. La traduction de 17 n'est pas iieureuse. A 18 un - interrompt la
série desi. 19 et 20 sont certains, mais la même lettre se trouve les deux fois en
syriaque; c'est donc peut-être d'après le syriaque que ces deux odes ont été rappro-
chées, comme 6 et 7. 8 et 9. La place du premier mot pour 22 n'est pas indiquée
par le syriaque. 23^ est seulement possible est coupée ;i ,
23"^ suppose qu'une ode
en deux, et supprime la copule. 24
une transposition. 26 est factice, 28 n'est
exiu:e
pas la traduction la plus naturelle, ni 29, ni 31. ni 33; 32 suppose une inversion,
comme 29. Pour les neuf derniers numéros, M. Grimme renonce. Il a merveilleuse-
ment réussi à mettre les premières odes dans un ordre alphabétique; il n'a point
prouvé qu'elles y aient jamais été avant lui.
Un autre argument pour l'origine hébraïque est tiré des difficultés qui seraient
expliquées si un texte hébreu que le traducteur aurait mal compris.
l'on supposait
C'est encore un terrain propice aux conjectures brillantes. Mais pour procéder avec
quelque sûreté, il faudrait que le sens actuel fût inadmissible, et que le sens postulé
s'imposât. On admettra par exemple que""^; en hébreu signifie a vie » ou " monde ».
Dans l'ode 33. 10. le syriaque a compris " monde » ; G. préfère mais on ne
« vie »,
saurait lui donner raison. G. imagine aussi que le traducteur n'a pas compris la vraie
portée du parfait avec ïcaiv: au lieu de mettre le futur, il a traduit littéralement et
mal par leMais dans le cas de 22, 8-12, il est avec le copte qui traduisait du
passé.
grec, et dans 24. l ss., on n'hésiterait pas à lui donner raison. Et précisément le
copte ayant prouvé l'existence d'un texte grec qui lui servait d'original, il est vrai-
semblable que c'est aussi ce texte qu'a suivi le syriaque, comme a fait le traducteur
des psaumes de Salomon. Ou comprendra que nous ne puissions poursuivre cet exa-
men en détail. Les conjectures de G. lui font honneur, mais comme il est certain que
le texte syriaque est assez fautif, comment s'appuyer sur lui pour un travail aussi dé-
licat?
D'ailleurs Grimme c'est que. une fois sa traduction
l'argument principal de M.
exécutée, reconnu que son texte hébreu était rédigé selon la loi de la poésie
il a
hébraïque, quant au mètre, au rythme, à la strophique. Or, d'après lui, une strophe
comprend toujours le même nombre de vers, et une poésie est toujours conçue sur le
même mètre. Chaque vers comprenant de trois à cinq mesures, une poésie originale
ne comporte aucun mélange.
La réussite était donc particulièrement difficile pour Grimme, et on est surpris que
cette prose syriaque se soit transformée, par le simple fait de la traduction en hé-
breu, en une série de poésies parfaitement régulières. En fait pourtant, M. Grimme
constate de nombreux mélanges, seulement il les explique par l'intervention de Tin-
terpolateur.
Le premier recueil d'odes était écrit en vers hébreux. L'interpolateur avait ce texte
sous les yeux, et il savait lui aussi se servir des mêmes mètres. Seulement il n'a
pas
été assez adroit pour ne pas mêler des vers de cinq mesures à des vers de quatre ou
de trois, ou réciproquement. De plus il s'est permis d'augmenter ou de diminuer les
strophes, sans parler de petites additions prosaïques.
Et c'est ici que pourrait bien être le faible de la théorie. L'auteur joue à quitte
ou
double. S'il prouve que les changements de mètre coïncident avec des chan^^ements
(1) Le même mot est traduit autrement sur 32 pour avoir une autre lettre.
REVUE BIBLIQCE 1912. — X. S., T. IX. 30
466 REVUE BIBLIQUE.
dans les idées, il a gagné sa gageure. Sinon, il n'a pas réussi à nous offrir ce qu'il
avait promis, des poésies originales régulières. Et n'est-ce pas une gageure que Tin-
terpolateur n'ait pas su faire plus souvent ses vers ni ses strophes à la mesure exigée,
quoiqu'il y ait très bien réussi quand il voulait, et que M. Grimme soit arrivé, lui. à
réécrire les odes dans les différents mètres, et sans s'en douter !
Quoi qu'il en soit, il faut examiner si les modifications de mètre et d'idées coïnci-
dent.
G. a noté comaie tout le monde, que l'auteur dit tantôt « je » et tantôt « nous »,
quoique moins souvent ; de plus, que la personnalité du « je » est tantôt une person-
nalité humaine, qui éprouve
la faiblesse de l'humanité et tend à s'unir à Dieu par la
grâce, tantôt est une personnalité venue de Dieu qui après des épreuves quitte la
terre. En d'autres termes. « je » est tantôt un individu ordinaire et tantôt le Christ.
Tout ce qui est chrétien sera regardé comme interpolé. Il ne reste plus qu'à faire la
contre-épreuve. Dans un tableau synoptique, M. Grimme met sur sept colonnes les
passages raccourcis, les changements de mètre, les strophes surchargées, les addi-
tions prosaïques; puis les « nous ». les « je » qui sont le Christ, les « je » qui sont
l'interpolateur... et il se trouve... qu'il y a coÏQcidence dans six cas (6. 5 s.; 14,
9; 17, 15: 28, 8 ss. : 41; 42, 4-26\ et il ajoute : la même chose se trouve
encore cinq fois dans le 18: 27: 39;, mais pas au
cadre de la même ode » i3: 7 :
« nous » serait encore appréciable s'il y avait vraiment changement. Mais dans l'ode
(3, 9). Comme on pourrait être séduit malgré tout par la hardiesse de la thèse de
M. Grimme, et en tirer argument en faveur de celle de M, Harnack, il faut constater
que précisément les cas que ce dernier avait regardés comme les plus révélateurs
d'un original juif ne font aucune impression sur le premier. On pense aus-
sitôt à la double allusion au Temple (Odes 4 et 6). le principal argument pour l'ori-
guie juive des odes, qui laisse M. Grimme tout à fait froid (p. 135). Et on se demande
vainement quel argument a pu le décider pour l'origine juive du recueil. Nommer
juif tout ce qui n'a pas la marque spécifique du christianisme est vraiment trop aisé !
qui est le Christ et du « je » qui est chrétien. Or G. n'essaie même pas de le mettre
en vedette.
A supposer que le mètre prouve des interpolations (l\ elles ne sauraient donc
s'opposer au gros de ^ou^Tage comme la correction chrétienne d'un ouvrage juif.
Et il serait encore plus fantaisiste, le mètre étant le même, de découper tout ce qui
est évidemment chrétien. A supposer que M. Grimme ait prouvé que les odes étaient
écrites en hébreu, il n'aurait donc pas prouvé quelles étaient d'origine juive, d'autant
(1) On peut très bien regarder comme telles les tloxologies, comme par exemple 11, 21'; 16,
ao"-, etc.
HLLLETIN. 4C7
que, mais en proposant des corrections dont quelques-unes sont très heureuses (2).
Puis l'auteur commente les odes en commençant par celles qui lui paraissent fournir
la clef des autres, 17. 42, 18, 24, Et aussitôt il nous paraît qu'il a donné dans
etc.
l'inconvénient qu'il fallait prévoir; il poussé trop loin l'explication du détail allégo-
a
rique. On peut estimer aussi qu'il a été trop logique dans son système, refusant de re-
connaître aucune allusion à personne réelle du Christ. On comprend bien son mé-
la
pris pour une littérature qui serait si complètement artificielle; mais est-ce bien l'esprit
de l'auteur, qui paraît au contraire si pénétré de ses rapports avec Dieu.? Sur un point
capital cependant, F. paraît avoir touché tout à fait juste. Il s'agit de l'ode 19, G-10.
J'avais d'abord été très séduit par la brillante conjecture de M?" Batiffol sur le texte :
<> Comme un homme elle enfanta volontairement », c'est-à-dire elle enfanta un fils
qui avait apparence d'homme. On se souvient que c'est un de ses principaux argu-
ments pour prouver le docétisme des odes. M. Grimme qui a eu aussi l'idée de mettre
« comme un homme à l'accusatif, a traduit
>' « elle enfanta la grâce, comme si :
c'était un être masculin », mais on ne voit pas bien comment cette étrange concep-
tion se rattache à son système. Dans la manière de 'SI. Frankenberg, tout est suffi-
samment clair. Si l'auteur eût voulu parler de la conception surnaturelle de ^larie, il
eut commencé au v. 6 un nouveau thème. Ce serait bien le cas de parler d'interpo-
lation Mais la vierge n'est autre que l'àme qui engendre le logos : en le concevant,
!
elle agit comme un homme, être raisonnable qui agit par raison et par volonté :
n;''2ï2 est traduit xaTx tzooxIoz'jvi et F. a aussitôt cité s. Grégoire de Nysse : àÀÀ' h.
T:;;oaip£73io; 6 to'.outo; tÔxoç... Èv tôS to'.o'jtoj çr/jA xtJ; ^Z'r^r^ot'x)^ f.;o='.. f,; f, ~ooxlcî7:z Tr v
(iôîva aa'.sÛETai... [P. G. XLIX, 328) et Origène (3) : Mulier j^rdcgnans dicitur anima,
quae nuper Dei concepit verbam... Qai ergo conciphint, et stalim pariant, isti nec
malieres aestimandi sant. sed viri et perfecti viii... Verum ne tibi novum videatar.
qaod viras parère diximii.>i... L'étrange expression : « Comme un homme elle enfanta
volontairement», eut donc paru toute naturelle à Origène; elle datait sans doute de
loin. Suit le couplet : « elle l'jenfanta en exemple, elle ~\e~ posséda en grande
puissance, et 1' aima en salut, et ^le] garda dans la suavité, et le] montra dans la
(1) Dos VersUlndnis (1er Oden Salornos, von Lie. tlieol. Wilhelui Fr.vsKExnERi,. pfarrer iu Zie-
genhain, in-8'^ de 103 pp. Giessen, Tôpelmann, 19H.
(2) EDlre autres celle-ci, indice que l'original du traducteur était bien le grec, to vajjia au lieu
de To ovoiAa (30, 5) • C'est une source sortie du cœur du Seigneur » au lieu de l'incompréhen-
:
sible « et du cœur du Seigneur elle tire son nom ». M. Grimme suppose ici dans l'hébreu le
nom
de laliu : ce serait très bien pour l'origine hébraïque, mais cela est sans fondement.
(3) P. G. XII, 371, hom. in Ex. x.
468 REVUE BIBLIQUE.
grandeur (l) », qu'on pourrait comparera celui de s. Bernard Quaerit anima ver- :
les odes. C'est donc bien l'Egypte qui dut être leur patrie.
MM. Convbeare (3) et Fries (4) ont pensé en même temps à la Phrygie; les odes
seraient montanisles. Le temple de l'ode 4, qui ne peut être changé de place, serait
la nouvelle Jérusalem de Pepouza. On ne voit pas que ni l'un ni l'autre aient allégué
une protestation contre les prétentions de Pepouza. Mais ces précisions historiques
ne paraissent pas s'accorder avec l'allégorisrae intense des odes. M. >îewbold les
a comparées à ce que nous avons de Bardesane; les ressemblances sont vraiment
fugitives, et les odes sont moins gnostiques que le Gnostique qui l'était le moins.
L'opinion de Ms'" Batiflol qui réduisait leur saveur d'hérésie au docétisme a été
contestée par M. d'Alès (6;. M. Venard (7) a insisté sur ce que la sotériologie des
odes « se ramenait à l'illumination par la connaissance ^8' » on n'y prend donc ;
Jésus n'est jamais prononcé, il est toujours au fond de tout. Stôlten a donc mis sur
deux colonnes les passages qui lui ont paru se rapprocher, soit dans les Odes, soit
dans les actes apostoliques apocryphes, et dans les citations des gnostiques ou de la
religion mandéenne. Les analogies sont assez lointaines, ou, lorsque le rapport est
d'un lieu commun ou d'une idée courante dans la Bible. On
étroit, c'est qu'il s'agit
yaoTol r/ojaa za'i a-jA/,a;a.6àvou(7a xa"; -'./.-ryj'jT. j'.ôv, oj jjy./.ov, o-j atjju.aT'./.6v, à/.).à u.a/-j'.àov
Aiwva Atwvwv. La comparaison des deucc textes sur ce point est assez typique. Très
ordinairement les expressions des Odes qui nous paraissent cependant manquer telle-
I) M. Labourt a-t-il raison de suppléer le pronom? Son absence s'explique très bien dans le
système de M. F., puisque ce qui est né n'est pas un enlant, objet très concret, mais une cliose
.le l'ordre psychologique.
yàp àTioTÎ/.Toyjx... ôîïcôat. et plus loin la vertu enfante à Dieu en demeurant vierge tô) ty-jV :
Bardaisan and (he Odes of Salomon, dans Journal of Bihlical Literalure, 1911, 161-2(Ù
(ri,
L'auteur lit infoumatis est utérus virginis, au lieu de infirmants dans le texte de Laclance, sur
l'Ode 19, ti.
ment de simplicité, sont moins techniques, moins recherchées que les passages
gnostiques correspondants. M. Stolten a raison de les comparer à la piété populaire
il est fait allusion à des événements, la date réelle de la composition est plus aisée à
découvrir; les Odes, qui ont trait aux doctrines, offrent des points de repère moins
précis, mais il faut les entendre à demi-mot, et reconnaître par exemple le iiaptême
et l'eucharistie sous des termes nécessairement vagues puisqu'ils étaient placés dans
la bouche de Salomon.
accessible à tous les savants. Dans une publication à la fois scientifique et artistique
M. Delaporle a pris la peine de les classer méthodiquement et de les étudier un à
un (3). Un album de 40 planches reproduit les documents et permet de contrôler la
description de l'auteur par la vue de l'objet décrit. L'ordre adopté dans le classe-
ment est à la fois le plus simple et le plus rationnel. D'abord les cylindres répartis
(1) The Odes of Solomon Jewish or Christian? par le R. R. H. c.o.nnoi.ly, 0. S B., dans Tha
:
le dieu-poissoQ qui se retrouve chez les Perses. Dans l'étude des cylindres syro-cap-
padociens, M. Delaporte met en relief les influences venues de l'Egypte ou de la
Babylonie, influences qui aboutissent à une glyptiiiue assez composite, mais quand
même originale. Nous n'en finirions pas de relever les données de premier ordre que
peut trouver l'historien de l'art ou de la religion dans l'ouvrage que nous avons
sous les yeux. L'introduction est une véritable synthèse de tout ce qu'on peut
affirmer avec certitude sur les origines et les développements de la glyptique en
Orient. M. Delaporte ne néglige rien pour faire de sou exposé un tout complet.
Avec une modestie du meilleur aloi, il a compulsé ce que ses devanciers et ils —
sont nombreux — ont publié sur la matière. Afin de fournir les jalons de sa réparti-
tion chronologique, il dresse une table des cylindres royaux et des empreintes datées
que l'on connaît jusqu'à ce jour (p. xxiv ss.). Les noms propres mentionnés dans
les légendes des sceaux (noms de divinités, de rois, de personnes privées) sont
classés alphabétiquement à la fin du volume. Eufiu un index des matières principa-
les, très ingénieux et très complet, permet de retrouver sans eftort les sujets traités
aux diverses époques. Tout le monde saura gré à l'auteur d'avoir facilité ainsi
l'utilisation de ce catalogue, l'un des plus précieux de toute la glyptique orientale.
Cette reconnaissance rejaillira sur l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. C'est
grâce à cette société et à la fondation Eugène Piot que l'ouvrage a pu paraître avec
toute l'illustration désirable.
(2)
de II + 54 pp. 6 pi. hors texte. Paris, Champion, 19H.
+
BULLETIN. 471
(le M. Legiain sur l'art et les idées religieuses de la Chaldée attestent une pro-
fonde connaissance des textes et des monuments.
Des fouilles clandestines pratiquées à Dréhem, non loin de Nippour. ont amené
sur le marché d'antiquités un grand nombre de tablettes de comptabilité, datant
de la dynastie d'Our vers 2400 av. J.-C.;. Naturellement les musées d'Europe ont
prélevé les plus intéressantes de ces tablettes. Quebiues-unes se sont arrêtées en
route à Jérusalem et paraîtront prochainement dans la Reçue d'Ass)/ri<jlo^/ie. M. de
Genouillac a publié successivement celles qui ont été acquises par le Louvre {1} et
sur les tanlettes de Jérusalem, que souvent le nombre d'animaux immolés corres-
pondait au jour du mois; par exemple onze agneaux pour l'onzième jour, douze pour
le douzième, etc. Les victimes allaient en augmentant avec la croissance de la lune :
le dieu grandissant devait être sustenté par une nourriture plus abondante. Bien
d'autres observations sur ces textes pourraient faire toucher du doigt combien leur
étude éclaire le culte de l'ancienne Chaldée. Aussi doit-on être reconnaissant à
M. Langdon d'avoir édité les tablettes de la collection d'Oxford 1 . Mais que les
autographies sont peu soignées! L'auteur a copié rapidement ce qu'il lisait sur l'ori-
ginal, sans chercher à laisser à sa copie la physionomie de l'original lui-même. Il a
eu le mérite de faire précéder les textes d'une bonne traduction et d'une étude sur
les noms de mois sumériens. On consultera avec profit cette reconstitution du plus
ancien calendrier connu. La hste dans laquelle l'auteur met en parallèle l'année
présargonique avec l'année de Laga- et de Nippour complète heureusement celle du
P. Kugler (7.
(I) Tablettes de Dréhem, publiées avec inventaire et tables par H. de Gexoullac. Petit in-fol.
de 21 pp. + LI pi. Paris, Geuthner. 1911.
2; L<i trouvaille de Dréhem par H. de Gesoullac. Grand in-8 de -20 pp. -^ 20 pi. Paris, Geuth-
ner, 1911.
3; Dans les ouvrages ci-dessus.
4 Cf. inf.
:j) Collection Bessonneau dans la Revue d'Assyriologie, VIII, n i.
•3 Tatilets froin the Archives of Dréhem, by Stephen LAMiDOX. shillito reader of assyriology
and comparative semitic philology, Oxlord. Grand in-8° deiï pp. XXIII pi. Paris, Geuthner —
l'iu.
") Sternkunde iind Sterndienst in Babel, II, I, p. 181.
472 REVUE BIBLIQUE.
déconcerte. Aussi les assyriologues sont-ils souvent arrêtés par les termes techni-
ques dont fourmillent les textes. M. Weidner se livre depuis plusieurs années au
travail ingrat de donner les équivalents exacts des mots et des formules qui rendent
si souvent obscures les observations astrologiques du Tigre et de FEuphrate (1).
Dans les Beitrâge zur Assyriologie (viii, 4} il s'attache à fixer le sens des expres-
sions « route d'Anou (dieu du ciel) », « route d'En-lil (dieu de l'atmosphère et de la
terre) », « route d'Èa (dieu des eaux) », qui désignent diverses régions du ciel. Grâce
au texte fondamental de la bibliothèque d'Asourbanipal (publié dans /// R., 51,9 =
K. 480), comparé avec d'autres rapports astronomiques, M. Weidner prouve d'abord
que les trois expressions servent à désigner trois arcs du zodiaque. Déjà Hommel
avait reconnu qu'il s'agissait du zoziade, mais il partageait le cercle en trois par-
ties égales. Selon Weidner, cette répartition n'est pas exacte. En réalité, la route
d'En-lil comprenait six^ constellations du zodiaque, tandis que la route d'Éa et celle
d'Anou comprenaient les six autres. Ainsi le soleil parcourait la route d'En-lil quand
il allait des Gémeaux au Scorpion, celle d'Êa quand il passait du Sagittaire à l'Am-
phore, celle d'Anou des Poissons au Taureau. C'est principalement en utiUsant les
données des astrologues sur la position des planètes aux divers mois de l'année que
M. Weidner a pu aboutir à préciser ainsi les domaines respectifs des trois sommités
du panthéon babylonien. Il cherche ensuite à fixer le sens du terme technique agù
<( couronne » qui apparaît fréquemment dans les rapports météorologiques concer-
nant la lune et les planètes. Il propose une triple signification lumière cendrée, :
pleine lune (quand le terme est agu tasrihti « couronne d'éclat »), cercle de vapeur
qui entoure la lune. Cette élasticité du terme agù est assez déconcertante. Peut-être
l'auteur finira-t-il par trouver une désignation unique qu'on pourra appUquer à tous
les cas. Par contre, il semble bien être dans le vrai quand il reconnaît dans azqaru
« faucille, croissant » l'aspect de la lune durant les stades d'une éclipse totale. Nous
ne pouvons insister sur les autres dissertations contenues dans le même fascicule et
qui ont trait aux observations de la lune. L'auteur y commente un long texte de
143 lignes, publié par Virolleaud dans son « astrologie chaldéenne ». Les remarques
sont instructives et fixent plusieurs points du vocabulaire astronomique. Un index des
mots et une carte du ciel babylonien (vers 4500 av. J.-C.) rendent plus accessibles
les renseignements un peu éparpillés à travers l'ouvrage.
MM. Bezold et Bollne se sont pas contentés de chercher dans l'astrologie grecque
des échos plus ou moins affaiblis de l'enseignement qu'on donnait aux écoles
de Babylone, de Sippar ou d'Eridou (2). En comparant un texte assyrien relatif
aux tremblements de terre (3) et un texte grec édité par BoU dans le Catalogue
de Cumont (VII, p. 167 ss.), ils que l'astronome grec avait suivi
se sont aperçus
très fidèlement l'original chaldéen. La traduction du texte cunéiforme juxtaposée
au texte grec rend indéniable l'influence du premier sur le second. Cette consta-
tation est bien faite pour confirmer l'idée traditionnelle que les Babyloniens furent
les initiateurs non seulement de TOrient, mais encore de l'Occident, lorsqu'il s'est
agi d'étudier les astres ou les météores. Comment se fit cette pénétration.' Il serait
prématuré de résoudre cette question. Mais il ne faut pas oublier que la culture
babylonienne, grâce à Bérose et à Abydène, ne fut pas ignorée des Grecs. Même
(1) cf. les articles Zur babylonischen Astronomie tlans Dabyloniaca, V-VI: Beilrâge zur Erklii-
rung der astronomischen Reilschrifttexte dans Orient. Liller. Zeilung, 1912. 3, etc.
(2) Réflexe astrologischer Keilinschriften bel griechischen -SchriftsteUern, dans les Comptes
rendus de l'Université de Heidelberg (1911, fascicule ").
(3) Virolleaud, Adad, n° XX.
BULLETIN. 4T3
premier des deux auteurs donnait le 3 décembre 1910 sur l'astronomie des Baby-
loniens i2 .
compte des opérations militaires. Alors que les lettres de l'officier débutent par
de longues salutations, les ordres royaux sont introduits par une formule plus
sèche Parole du roi à Bél-ibni. Je vais bien, que ton cœur soit heureux! Au
: '(
sujet de telle ou telle allaire, etc. » Un autre intérêt de ces lettres est de montrer
comment A-ourbanipal pouvait rester dans son palais et s'attribuer les honneurs
de la campagne, puisque les principaux mouvements des troupes étaient soumis
à sa décision et à son contrôle ,13). On ne peut que remercier M. Figulia d'avoir
groupé en un tout et d'avoir soumis à une nouvelle étude cette partie si intéres-
sante de la chancellerie ninivite. Le travail de M. Ylvisaker est d'ordre, bien
diflférent. On pourrait le comparer à ceux de M. Bohl 14) et de M.- Ebeliug 15)
sur la langue des lettres d'el-Amarna. Avec une admirable patience et un sens
philologique très sur, l'auteur a compilé toutes les formes grammaticales qui se
10) Ibid.. XXII. p. -207 ss. Complète et corrige les listes géographiques de Tofifteen.
11 Der Brieficechsel BèlibnCs, Historische Urkunden ans der Zeit Asurbinipals. von Hl"go
HEi>r;iCH FiGiLLA, dans MDVG., 1912, l. In-S° de 104 pp. f^eipzig, Hinrichs.
12 Zur babylonischen und assyrischen Grammatik. etc., von Dr. Phil. Skuro C. Ylvisaker,
dans Leipziger semitistische Studien. V, 6. Petit in-S" de iv -^ 88 pp. Leipzig, Hinrichs, 1912.
(13 Cf. Les pays bibliques et l'Assyrie, p. Kni et p. 121. n. 2.
(14) RB.. 1910, p. 471 s.
p. 61, l'auteur insiste sur le fait que le roi de Bit-Adini (':'7y-n''2), à savoir
Ahouni, est appelé « fils d'Adini » dans les inscriptions de Salmanasar II. Par
cette désignation l'annaliste ne prétend pas, comme le croit M. Schiffer, voir dans
Adini le nom d'un chef de dynastie. C'est une façon de caractériser les habitants
d'un pays, qui a pour premier élément le mot BU « maison » et pour second élément
un nom d'individu. C'est ainsi que Salmanasar II appellera Jéhu « fils d'Omrî
(1) Die Aramaer, Historisch-geographische Untersuchungen von Dr. Sika Schiffer jun., In-8" de
XII + 207 Leipzig, Hiniichs, Util.
pi>.
(•2) Dans Klio, VI, -2 et surtout Mitth. dvr oordcras. Gesellschaft, 190»;, 3.
(3) Dans Téglatli-plialasar III cf. Les pays bibliques et l'Assyrie, p. 33,
:
BULLETIN. 47.;
y aurait bien des additions à faire aux remarques réunies à la fin du volume sous
la rubrique Glossen und Materialien. L'auteur n'a pas suffisamment mis en parallèle
Charles, Wrench. c'est M. Charles qui a le mérite d'avoir le plus contribué à relever
les inscriptions. La plupart sont connues déjà. Elles figurent dans le Corpus inscrip-
tionum Eettiticarum de Messerschmidt {Mitt. der vorderas. Gesellschaft, 1900, 1902,
1906 L'expédition américaine a pu confronter les copies avec les originaux et faire
.
occidentales murées : celle qui donnait accès à la galerie intermédiaire, dans l'axe
même de la rotonde, et celle dont l'arcade est visible encore sur la rue des Chré-
tiens (anc. rue du Patriarche), dans l'axe de la chapelle Sainte-Marie. Chemin fai-
sant, il expose ses vues sur les annexes de la rotonde. La chapelle Sainte-Marie, au
Nord, lui parait antérieure au vu'- siècle : la chapelle des Patriarches i2), à l'Ouest, et
le palais patriarcal en son ensemble pourraient remonter au xr' siècle; les chapelles
méridionales et l'atrium ne reçoivent aucune attribution chronologique précise, mais
sont seulement classés ainsi en ordre de succession : 1 '
les chapelles ;
2° l'enceinte du
parvis avec les arcades dont il reste l'amorce occidentale et quelques bases; 3'^ la
façade actuelle, antérieure aux Croisés; 4'^ le clocher des Croisades. Et M. Mauss
conclut : pour une détermination plus précise de date «il faudrait faire, sur place, une
étude longue et minutieuse que nos occupations d'autrefois ne nous ont pas permis de
faire ip. 21). Elle a été poursuivie de longues années durant à l'Ecole et les résultats
ment justes paroles pour le maître maçon Komninos, responsable à tout jamais
d'avoir saccagé la physionomie artistique de la rotonde, sans parler d'autres mé-
faits, dans la restauration de 1810.
La détermination métrologique de la mesure ouvrière de la rotonde et les con-
séquences déduites de cette mesure sont d'une érudition technique admirable.
celle des constructions actuelles. La monographie, bien illustrée, utilise ce que l'œil
d'ua homme du métier peut observer actuellement et sera lue avec le plus profond
intérêt. Le monument médiéval est particulièrement bien exprimé.
que. —
M. d'Albon, Charte concernant le prieuré des FF. Prêcheurs de Modon. 1367,
et La mort d'Odon de Saint-Amand, grand-maitre du Temple, 1179, d'après des
Bas heilige Land. 1912, n' '2. —Par une pensée à la fois libérale et scientiflque, les
PP. Bénédictios du Mont-Siou vont livrer progressiveoieut à l'étude leurs riches col-
lections archéologiques. Le R. P. H. Hàasier publie déjà les documents cunéifor-
mes : cylindres babyloniens à représentations mythologiques et textes commentés
avec beaucoup d'érudition. —
M. l'abbé Heidet, Li^ dernier aolitai/e de Palestine
(suite), raconte la fondation de la Trappe d'Amwâs. Die visite en Galib'e et aux —
l'coles du « allemand de Terre Sainte.
Verein » Pour le Jubilé des Saurs de —
Saint-Charles Borromée à Jérusalem. La maison de saint Jean (Dormition de —
Marie") au mont Sion : interprétation de divers textes de saint Jean. Nouvelles —
politiques, religieuses, économiques, littéraires et archéologiques de Terre Sainte
(R. P. E. Schmitz). —
Industrie et commerce en Galilée. Écoles. Bibliographie. —
Zeitschrift des D. P. Vereins, XXXV", 1912, no2. — M. le pasteur E. Rottermund, La
Jérusalem de Burchard du Mont-Sion un). — M. le prof. Steuernagel, Les papyrus
judéo-araméens et les ostraca d'ÉlépIiantine et leur valeur pour la connaissance des
relations palestiniennes. — M. le comte de Mùlinen, Poisson rôti et rayon de miel.
— M. le prof. Xestle, Rhinokolura. — Bibliographie.
fameux des steppes de Moab. Il le suppose fondé au cours du vr siècle par un prince
ghassanide qui employait des constructeurs byzantins et leur faisait imiter les mo-
numents Iakemides d'el-Hira. L'oeuvre demeurée inachevée aurait été reprise au
cours du vii« siècle sous la domination momentanée des Perses et continuée enOn
tous les Omyades, sans aboutir jamais à terme. Une comparaison très attentive de
Mechatta avec les autres châteaux du désert arabe, le jour où une documentation
graphique assez précise aura été publiée, permettra peut-être de revenir pratiquement
sur ce difficile sujet.
PalâstinajaJn'buch, VII, 1911 (1). —
M. le professeur Dalman rend compte du fonc-
tionnement et des travaux de l'Institut évangélique durant l'exercice 1910-11. M. P. —
Mickley, Jérusalem au temps du Christ : dissertation diligente, mais quelque peu
aphoristique et çà et là sans critique. —
M. le D'" Briickner, Nazareth comme patrie
de Jésus. — M. le D'" P. Kahle, La nature des sancttiaires musuhnans en Palestine-
vants, les superstitions qui s'y rattachent et les rites qui s'y accomplissent. — M. le
parledeux fois de la Revue biblique. Le premier passage (p. 477) n'appelle aucun
commentaire. On pourra trouver nos textes relatifs aux débuts de M. Loisy dans la
Reçue bUAique de 1892. p. 149 s., p. 305 s., p. 474, p. 47.5; 1893, p. 159 s. Chacun
pourra juger s'il y a dans les critiques trop de vivacité.
Dans un second passage ip. 479 "SW Baudrillart s'exprime ainsi
, : « Le bruit cou-
rait, en effet, que l'abbé Loisy avait été secrètement déféré à l'Index, et l'on affirmait,
à tort ou à raison, que les auteurs de cette dénonciation étaient les Pères Dominicains
de la Revue biblique ». Ce qui pourrait accréditer cette hypothèse auprès des lecteurs
de l'éminent Recteur de l'Institut catholique de Paris, c'est une lettre de M. Captier,
procureur deSaint-Sulpice à Rome, datée du 6 janvier 1893, où il disait du Rév. Père
Lepidi « Il m'a promis de faire, si cela peut être utile, des démarches auprès du
:
nouveau général des Dominicains pour tempérer le zèle des Pères de la Revue biblique ».
A lire cette phrase isolément on serait tenté de croire que le P. Lepidi était informé
de son côté. Le contexte prouve qu'il n'en était rien. Il a simplement répondu à la ma-
nière romaine, iuxtapetila. Un homme de l'autorité de 31. Captier lui parle d'une dé-
marche émanée des Dominicains; il se place aussitôt sur ce terrain, et promet d'inter-
venir. Mais il suffit de lire la fin de la lettre de M. Captier, et la suivante, pour se rendre
compte que le P. Lepidi ne savait rien d'une dénonciation des Pères de la Revue bibli-
que. et il y avait pour cela une bonne raison, c'est que cette dénonciation n'existait pas.
Jérusalem, -2 juin 191-2.
Fr. M.-J. Lagrange.
(1) In-S» de 11-154 pp., a planches. Berlin, Millier et fils, 1911.
ÉCOLE PRATIQUE D ETUDES BIBLIQUES
R. P. Paul Dhorme.
R. P. Bertrand Carrière.
R. P. Marie Abel.
R. P. Antonin Jaussen.
R. P. Bertrand Carrière.
R. P. Antonin Jaussex.
R. P. Paul Dhorme.
R. P. Marie Abel.
Voyages :
Jérusalem.
Le Gérant : J. Gab.^lda.
<^<*,
T^â
'•iC*.
passées à Saint-Etienne, d'une hospitalité bien capable de faire oublier les fatigues du
déchiffrement; enfin, à l'Œuvre pour l encouragement des études supérieures daiis
le clergé, et en général à tous ceux dont la bonté m'a permis pour la deuxième fois de
séjourner en Orient.
(2) Cf. Papadopoulos-Kerameus, 'l£po(7o)-juiiTiy.r, p'.S/.ioO/./.r;, III. 83 sq.
RIÎVLE DIBLIQIE 1912. — N. S., T. IX. 31
482 REVUE BIBLIQIE.
d'une des pages à longue ligne qui forment la plus grande partie
du manuscrit actuel c'est la deuxième citation, qui commente Job.
:
II, 8 : r, y.zr.ziT. r, r.yM-.zz Opcvcu |ix7'.A'//.;-j zi[VK-.izy.' xr.z ;j.cv 72: tcj fipz^KU
^a''.A5'.v.:J :-JC3v ... v.zzzz: x/'/.x -zzzy.y.<.zz: -tz'l'.: cf. P. G., 6i, 552\
Ces lignes proviennent du f.
89''' particulièrement facile à lire, et où
j'avais noté, bien que cette partie du manuscrit ne m'intéressât pas,
les mots -y. Tpajy.a-ra tcj zv/.y\zj {êà. -.x -zu zv/.t.zj -.pxj\j.-j.-.j.) qui pré-
cèdent immédiatement le passage lu par Tischendorf, et les mots
ôpovcj ^atJiAî'.y-oj, qui se trouvent deux fois dans sa citation.
L'autre ligne rapportée dans les Anecdota : -c/./.a/.'.; --.; -.va ;j.y;
£iç cs9aA;j.:v Aacr, Tr.v -'/.r^-;r^^^ -:i;j.',:v \i.ù.zz ztyj.-x'. ztz\J.x jt.iz..- pourrait
se rapporter à Job, cipsxaTcç, mais les mots que
11, i : zip'^x -j-ïp
publié par .Migne. Il est probable que ce passage, comme celui exa-
miné précédemment, vient des pages écrites à longue ligne et non
de la partie scripturaire à chaîne marginale dont la nature n'eût
pas échappé à l'œil exercé de Tischendorf.
C'est à M. Rendel Harris (^2) que revient l'honneur d'avoir vu
J.
(1; P. 225.
(2) Haverford Collège Studies. I, pp. lî-i;
^
1
II
484 REVUE BIBLIQUE.
Je ne veux pas entrer dans une discussion tant soit peu complète
ici
Job et ses attaches littéraires. Que le lecteur veuille bien ne voir dans
les réflexions qui suivent que des indications sommaires!
Le palimpseste ne dépend pas directement de V Alexandrinus , en
voici pour preuve une liste des leçons fautives de ce manuscrit qui
lui sont inconnues omission de itoo 3° (i, 5) où A se trouve seul;
:
addition de r.iziù.Hiù-i t-^v y-/;v y.ai sv7:£p'.-arr,7aç tt^v ut:' z-j^x-iz^i (l, 6)
empruntée par A et '249 à la fin du v. 7 et qui n'est justifiée par rien:
addition de ii, 11 t;j r.7.zy.-/.y.\zzy.'. 7,y.<. r.zziz7.fjy.'^)y.'. xj-m qui est elle aussi
la répétition abusive dune phrase dont la place véritable est à la fin
du même verset; £jXx;s;j.r,v pour
(m, 25) qui n'est proba-
tozzz-j^:ç)
a\z-;ziz *au Jieu de \z';z'.q (xi, 12); omission de l'article y.i })ar haplo-
graphie dans /.ai a-. x)z\v.y.'. (xiii, 23); faute de lecture, yiù.tMv pour
yO.iby^ iix, 3: TM T^'-N, erreur qui se trouve d'ailleurs dans beaucoup
de manuscrits et en particulier dans le texte lu par Olympiodore;
Yap cpYuo'js'.v au lieu de r.xpzp';i.Zz'jz'^j (xii, 1).
4 -M y.yp'.o) £'.-£V ,'>.7, ':249] E'.-£v Toj y.'jpui) yt 10 'ps? auTîv îy.iOjy.xssvj
tr. A sol. III, 2i v;x£i [j,c'.j tr. .4, i^/.9 vi, 30 sv Y'^^'^'i ;J-='J 3:^./.2v]
£771 JS'J ^.
variations dans l'emploi des particules qui s'expliquent peut-
24-
êtrepar le fait que les scribes en prennent à leur aise avec ces infi-
niment petits de la critique (1) i, 5 /.ai -po<7>£Ç)£psv] 7:poïs?£p£v -t :
A sol. II, 2 £t7:£v oî] -o-t £tz£V A 3 y.ai £'-£v] ti-Vf oz A r,Ç)ZGZG-/j.q
68, i249] add. ojv A 10 Ta... Ta] Ta ;7.£v... Ta ot A sol. 11 trwsap] pr.
y.at ^ 12 pf,;avT£ç] add. c£ A sol. III, 1 ;A£Ta es SoL] /.ai [X£Ta ^, 1?-^P
Tiç] pr. oTi A, 249 xiii, 18 sioa se sol.] om. o£ A 19 sti vjvJ iva vjv .4
sol. 22 y.ai e\'M] zyb) os A, XIV, 5 y^povo^/] add. Ya? A sol. '249
8 variations de forme qui sont ou de simples variantes orthogra-
phiques, ou des corrections grammaticales : i, 5 a::£7Ts"AA£v] az£7T£iA£v
A II, 11 7:ap£Y£V£To (devant £/.a7Toç) sol.j -rrapEY^vovTO A rell. 12 -rrapô-
1, 6 £vavTi;v (EvavTi 68) sol.J vm-'ryt A rell. 8 y.jpic; (TM : T\-.r^'^)] Oso;
A sol. II, 3 cia6:Asv] GX-y.-iy:) A, '249 10 y.ai :jy. £$wy.£v aspocruv^/ to)
()iM soi.] EvavT'.:v -::j Gecj A rell. (les deux leçons n'ont rien qui leur
corresponde dans TM, elles sont juxtaposées dans les deux mss.
fd7 et '254 ) 11 y^oipx; (TM : mpî2)] ttoaswç A, '249 III, 1 TOUTo]
txuTa i4^ 5^^9 21 Q-/;c7aupcuç] ô-^o-aupov yl, 5-/t9 IV, 4 t'-çJ sti cuBc? A sol.
VI, 28 7:p=atoz=v 25i, '253, 261] -p:ŒO)zx°(= TiM) A rell. vu, 1 .j.iîe-.cj
(=r TM)] [xtïôc'j ^, /(M\ 261 IX, 8 GaXaajYjv sol.] 6aXa-(7-^ç ^ rell. xi,
y.^f^or^ (al. avsS-^) Tapa soi.] •irapsS'r; «•r::; A 14 ei sffT'.v avo;j.ia il*,
i?/^] c'. oL^iZ'^.z^) Tf. S7TIV .4' a'jtov A* (peut-être auTr^v dans notre manus-
crit et aussi dans A* où il me semble que le fac-similé donne tort
à Swete)] au-o ^'' XIII, 24 a-' t[j.z'j y.p'jzrr/ \j.i arc/.puT-:r, A sol. 27
•/.o)A'j^.a-:i] •/.J7.Aw[J.a':i .4 soi.
est fait simplement par les lettres Fi., l'indication de la page est
inutile, lorsqu il ne s'agit pas de VAuclarium, publié en appendice
au second volume. L'absence d'indications veut dire que nous n'avons
pas rencontré ailleurs la note du manuscrit de Jérusalem; voici
d'ailleurs la liste des notes hexaplaires, complètement lues, que
(1) PaUick Youug a édité ceUe chaîne, reproduite dans Migne, P. G., 93, 13-469; mais
le texte ùe l'édition est assez différent de celui qu'on trouve le plus fréquemment dans
les manuscrits.
l N MANLSCRIT PALIMPSESTE DE JOB. 487
VI, 26 aX/.a y.a'. -p;; a<v£;x:v> ... '/.0','0j: 27 violWolzHz 7.a<'- 5'./-X'.>.v
Eugène Tisserant.
Nancy, le 30 juillet.
E. T.
488 REVUE BIBLIQUE.
f. iôô^ Job. I, 5
'"'
KaL coç av ovvsTsXsaÔrjGav
ai '^f.lSQttL TOV nOTOV
{4nsOTsXXsv ïio6' xat ey.a
daQi^sv avTOVç
5 AvLOTUf-lSVOÇ TO nçwL
Kai TlQOSCf'SQSV nSQL dvTMV
Ovaiaç xara tov uqi
Ojiior uvTioy
Kui ^loo/ov sva nsQt a/nuQTiaç
10 vnsQ rtov \pvywv uvtwv
EXsysv yuQ ï(x)6 f.uj nors oi viov {sic)
7iSQi7iaTT]Ouç Triv vn ov
Quvov nuosiui
^ Kai iïnev dvtà o y.ç
'
Fi. a).).o:' utoi
UN MANUSCRIT PALIMPSESTE DE JOB. 489
UVXfJÙV
Kai Unav o /.ç no ôiuOoXio
noOsv ov tQ/i]
5 ^Einsv ôa o âiuOoXog evavxi xv
15 vuoioç uvrco
5 En 6a ayaxai ay.ay.iai;
^v âa ainaç ta vnaQ/ovxa
avrov unoXaouL ôia
y.avrjÇ
''
vnoXaSiOv os o oia
Tlîp -/pw
/laoLia inao ÔeouaTOç
To; x(ai) Tiav
Kai navra ooa vnaoyat Ta osa £X£'-
Qvy i'noloouav
f. 172"^, 1. 2 nota quani non legimus.
-Fi.
490 REVUE BIBLIQUE.
KOI avvov
Ta xaxa navra tu arreX
Sovra uvTOJ.
IIuoayarsTo ayuarog ax xr^z
daiuaiiov ^
EXi(fa^
' eaiiiav.tr,;
^aaîXsvç.
'
covoy; Jtépi
Balâao ouvyaiMv xv a -
6'
ourroç.
aoH-rnç-^
5 2co(fuo i.iaivaim' jSaaiXsvç
Xtj txXuvoav
Pifiavxa; a/.uoxog xrjr a
15 avTOv (TroÂTjr
^^ nuQaxuHiaai' avno
anxa r^usgaç
Kai anxà iv/.TUÇ
5 Kai ovâaiç avxwr ê[Xa]
Xrioar.
'EwQWv yaç xr^v tt). r] yrji'
f. 172% 1. 5 -auiv vid. eras. 1. 7 £v Tid. eras. t". 1, 1. 2 a-jTw vid. eras.
y[svv]7jdriv
Kui rj vv ç fj' r^ siner idov
uoosy
5 ^H] r^usou e/.aivTj sirj o-/.OTog
ffsyyo;.
' Ey./.u6oi ds aiTr^v oxotoç
y.ut oy.iu Huruxov
Ens'/.hoi STi «iTîjr yvoffoz
ay/y; -
KuTuçaSsiT] Tjiisça £y.sivTj
''
Kai 1] vi;| ixsivt} ansvsyy.oi y.aTaçayO E'.r,
'
'
jIum ^ vi'i sy.sivri sirj
|xovou.£vr, •
Fi. - (at; vevo'.to-vjxtwv sub 6' Fi. -^ Ki. ^Fi. ^ Fi. : Si;;";, yp' avatE'./a: ït: a-jTr.v
T/.oTo; ; in ms. vid avaT£'./r, aut avaTîO.Et "^Fi. s' tjLr]5$ (Tviva^Ocir,. 'Fi. o =êpo(io:* ueulo-
viiju.£vr, ' Fi.
492 REVUE BIBLIQUE.
K.ai f.17]
sXSoi en avvrj £v
xuraQWiui'oç ttjv i]
/.leçav sxsii'Tjv
Xewtaôav -
ysiQOvoSai (j'
itpoffSoxo'.
^ ^itOTioSsiT] ra aarça T-rjç
Get»! çcoç
10 vvxToç sxsivrjç y.(ai) \i.-q siYi
yovara
10 Iva XL âè /Liaoxovç êfirjXaau /liçç f-i-Çov}
'
'
Nvv dv xoif.irjHsiç i]av/aoa
Ynvwoaç âè dvsnuvoufirjv
^''
JKsxu ^aoiXéiov xai ^ovXsv
xwv yrjç
TioXvç /Qvaoç
oiy.0 ioo!J.r,(yavru)v uv
Oi snXrjOui' tovç or/.ovg
Tior uçyvoiov
^''
Kai toanso sy.roojua ey.nooev
xatop-j
OLievoï' s/. uTjToug
ur^Toog
6 H cùonsQ rriTiioi oi oiy. et
âov ffojç
10
^' E/.ei uoa6aiç snutaav Hv
îTta'jT^avTO y.Xovria-ca): '
iiov ooyriç
15 uiojvog
f. 6 Job. m, 18-22
Ovy.eri j//.ovoui' ffcoPTjV
ffooo'/.oyov
^'^
Miy.oog y.ai usyaz s/.st aoTiv
Kai dsQunojv ov ÔsâoL
5 y.(.og roi' y.voiov
UVTOV
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Ira zi yao ôiôorcKt rdîg
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15 "" riêoi/aosig âa ayevovTO
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1
Fi. -Fi. :
'
Fi. ipi. "-Fi. : h' ''Yï. : a Fi. Fi.
i94 REVUE BIBLIQLE.
5 r uiTOv
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i
•^o: CT£vaYfi]o; ùz-j<yzz[:^ij
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IV '
ii-oÀaêcov 0£ Û.vsiOlZ'
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Ôîu.av'.Tr,ç Àsysi -/./ovriT'.;
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'' >^.'J'Ol^£^[« >a^r.<7a-.
lo/iv êa ôruaxon- OOV
-po; (7£ x07ïi^x(7£i;
T/ç vnoioai
^'Ei yag ov avovHavt^oaz
10 Tioklovç
Eav ava/a êwjxev Xovov
Kai /aioaç uoHavoivvMv ito/Or.ffe-.; '
Tiaoa/.uKaoag
" ^oOsrovvTaç as szavs
ovr^oaç OTjuaGtr '7;a).îVTa;
15 rovaaiv xa uâipuxovair
f. 175^. 1. :} vid. lE in jprinc. lin.
UTIWAOI'TO
^ KuB ov TQOTIOV Slàov TOVÇ
UOOTOICOVTUÇ TU UTOTIU
uwv uvi-iouui
-'
Ukr^v OTi ooffavo). sttitti
TITSTS
eva).),s<78£ •/.a[
EvaXXso^s de tm rfi/.(o
À'.av a-/_E'.u.a-iï[ ^
vf-iùiv.
-^ Nvvi âs sudXsWu; SIC 7100
10 ooJTiov vt-uor
ov xpsvoouui.
-'^
KuOiouTS Ôj] ..itj y.ui uï]
udiy.ov sv y.oiosi
a-o/.0'.va(j9[£
Kui TiuXiv Tio ôty.uiio ov yopt; ao'.x['.ot;
15 vSQ/soHa
f. 175, 1. 11 vid. o),opoHÎo'. 1. 14 apo quod oblitus erat add. scriba ipse. f. 168'. 1. V>
1
Fi. nota ad loc. : scliol. ex Colb. et ins. 255. -Fi ; a. •\id. Ttieod. ad inentein
Vulg. et in venium verba proferlis, forsitan restituend. ' £va//.E(j5£ xa; i-./iav c/r.aa-
vX,i-t. Sed notand. \erbum T/r^xoi-.'.lzw LXX alienuiu.
490 REVUE BIBLIQUE.
10 UVTOV
-H cooneo Ssountov ôsôoi
y.coç roi' y.voiov
UVTOV y.ui xe
Tv/iy.wç
15 oxiaç
Tio; aaviv
vnay.ovori uvro).
Iva f.irj avrsinri nçoç ôiiî
Yp*
oyo^o'j [ir,-
10 sy. y^iXiwv.
'
— o(/)oç yuQ sari ôiavoiu Tr, Siavoia .[
'
vuvriov uvrov
5ieTE),£
(ï£V 15 vTiauaivav
Fi. - Fi.
L'N MAM'SCKIT PALIMPSESTE DE JOB. 49"
1".
163 Job, IX, 5-8
'
O TiuAuuoi' oijrj y.ui ov
X oiduaiv
O XUTaOTQ£(/lOl' UVTU
tv OQyrj
*'
O OSLWV T1]l' vn Oi'QUfUl'
fx 6£fia}uior.
irepiTpaTfo
Oi as OTvXoi uvTïjç ou ffovtat '
Xevovxui
]v6.a<j
].SCTl cV 'O Xeyiov TCO ?]Xuo f.irj diu
Jx^-zat GO 10 TsXXsiv xui ov/. uvaxèXXii
JvevauTc
IwffïV.
KaTu ôs aovQioi' /.axa
OffçuyiLat
^'O Tui'vau^ xov ovQarov
/.lOVOÇ Tov oyvov
'
ûEppiv
Kut ntoinaxiov ani da'Kaa tOff£t
Oïjv wç sn sâuffovç.
'•'
O nouov nXsiaâa y.ai lonkoov
TOt(i£ia VOTO-J *
/.ai aQ/.xovoov y.ui xa
Ttov ave.
iiieiu voxov ovojxa aîTpwv
^" O nouov jii£yaXa /.ai uvs^i '
Ttt'jTa x[at)o £.
/l'LuOxa
Evâo'^a x£ y.ai sS,aiaiu tov ov
syvtov
ov û£ £vvor,,aw
^'-Euv unuXXu'^1] xiç «710
OXQSlpSL
loou avap7ra(7£[i '
'Fi. : 01 XoiTtoi. -Cf. Ps. cm, 2. ^ Schol. ap. Mercati ovo(xaTa aoxpwv svSo-raTa.
^Schol. ap. Mercati tauTa zat o e^i^ai^ 7ipo£ipr,y.£v ^Fi. ''Fi. : a»,o; ; ap. Mercali a
'Fi. --Fi.
Y.OSV flOV
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Mt] sr yvoffio /.ta sy.xçirl'rj oia /.a-rat
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15 UoKKa as uov TU OVVXQIU
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ULT.Tt £5l)'_V'.a[<j[JL0V
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Bqotoç Ô£ ysvyrjvoç yv
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6'
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500 REVUE BIBLIQUE.
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oç £otadai
15 Oaoi nuQOQyiÇuvotv rov y.v
'Fi. : 6 osôaXtjLOi 8e aaeêwv... -Fi. : sed <|'^xr,; in mss. ubi legitur a7tw),Eia pro a-o-
XstTai " Fi. ona. oy jx.sTaêatvo-v[A£vr,;
UiN MANUSCRIT PALIMPSESTE DE JOB. 501
AÛoariç,
]ew;"' " Tfç dvy. iyno ev nàaiv
TOVTOIÇ
15 "Ot( p^é/o Kv inoirjOSP
(.isvoq f.101
y.axanXaoosxio
15 -- Eixa y.aXaoaiç^ ayio âa oot
f. 197, 1. 13 <roy ex aytou prima manu. I. .5, 11-12 vid. in mg. dext. nolae quas légère
nequivimus.
vnay.ovooi.iai
yïuXi^aeiç xut eyoj ooi âcj
0(x) anoy.Qioiv
-^ Ilooai eioiv di u/^iaçTiat ^tov
5 Kal âi dvojLiiai [.lov rlrsç ii
evXa6rjd9]OT]
'H lOÇ yOQXOV (fjSO0f.lSV0V
vno nvç
15 ^^PTiy.siTui de f.iOi '-*' un yars
^^ va/.ov
10 Oi naXuiovvrai loa ao/.w
To'j 0[jLOt(i)[; ariTtE&ovi
H lôonsç ïuaTiov or^ro
..
7ïa),aiou[A£v[o-j -
Pqojtov
XIV '
Bqotoç yaQ ysi'ifrjToç yv
vaiy.oç oXiyoSioç y.ai
•"
TtXripy)? x[/ov/)(7£(o,
15 nXrjor^ç OQytjÇ
197', 1. 10 in mg. siii. adest nota «iiiam non legiinus. f. 192, 1. 10 TtaXaiouvTai
vid. eras.
ouv ézsneosv
^Ansèça 06 cùoneo o/.ia
/.ai ov urj ozrj
5 ^Ov/i y.ai toitoi Xoyov
snotTjOw
K.ai TOVTOv sr xoiua
ri siaa'/.Bsiv sni oov
enoir^oaz
iO -•
Tiz ;'«p soTui y.uSuooç uno
Qinoi ovÔc sig
ita6apov
^' Euv y.ai uiu r^ucou ya
CtTZO'J.tU.l
15 Aoihiir^riji Ôe ur\vbç,
H Ti ïnaveyyuy oï ô<çhcù.
iioi oov
'^ On Bvuov ennr^az sruv
5 Tt y.v
^-^
El y.uTu uyuov ov nioxavsi c'
'^°'" ""''''''' "''
-' *^"-^>'
Ovoavoz ôs ov y.aBaooz svav
riov avxov ^^ .^, "
f. 192". 1. 10 not. oofjz: in ras. nis. xa6y.ov vid. pro xa^asov. 1. 12 a-.a; r.aspa; scrip-
serat pr. man. deinde ex eras. f. 167", 1. 5 nota quam non legimus. 1. 15 man. rec.
add. in ang. paginae siv os èoo[£>.yY[i£vo; -/.a-. a/.a6apTo: a-r.p 7:îvtov àoi ...
1
Fi. - vid. restituend. sec. Fi. : tt avîg/£'!/av o; 026a/;j.ci (to.. aut sec. schol. ap
Mercati ov. t-no/vl^i 6w -^
Cf. Pitra, Analecta sp. Solesm., par. III, p. 556 -i scrrtv av
6pw7To; w; n-j îxjtov vou-'.ti'.; : ap. Mercati : ...w: •îa-jTo;... *Fi. =Fi.
JESUS A-T-IL ÉTÉ OINT PLUSIEURS FOIS
ET PAR PLUSIEURS FEMMES?
[Luc, VII, 36-50; Matthieu, xxvi, 6-13; iMarc, xiv, 3-9; Jean, xii, 1-8;
cf. Jean, xi, 2).
certain et indiscutable.
Aussi bien, si la controverse a excité tant d'acrimonie, et si elle est
Les textes de iÉ\ angile sont parmi les plus touchants de nos saints
Livres, aussi sont-ils bien connus, même des simples fidèles.
Je rappelle seulement en gros les raisons qu'il y avait de n'admettre
qu'une onction ou d'en distinguer plusieurs.
Matthieu et Marc sont si semblables que c'est à peine si l'on a songé
hypothétiquement qu'ils ne racontaient pas le Une femme même fait.
innomée pénètre dans la salle où Jésus prend son repas, chez Simon
le Lépreux. On esta Béthanie, et, à ce qu'il semble, deux jours avant
la Passion. La femme porte un alabastron ou fiole d'une huile parfu-
mée qu'elle répand sur la tête du Sauveur. Quelques-uns (Me), ou les
disciples ( Mt.) s'émeuvent, mais Jésus prend la défense de la femme
qui la oint d'avance, avant sa mort et sa sépulture.
Dans Jean, la femme est Marie de Béthanie, Marthe sert, Lazare est
parmi les convives; on n'est donc pas chez lui, mais cependant à
Béthanie, six jours avant la Pàque. Marie porte une livre de parfum,
oint les pieds de Jésus et les essuie de ses cheveux. Judas s'indigne,
mais Jésus donne raison à Marie.
Ainsi, trois ditférences. La femme de Matthieu (avec Marc) oint la
tète, Marie de Jean oint les pieds. On est à deux jours ou à six jours de
(1) Pour l'unité on peut citer un ouvrage qui a été célèbre en son terni:s. Monuments iné-
dits sur l'apostolat de sainte Marie-Madeleine en Provence, etc., par M. Faillon. delà
société de Saint-Sul[iice. Paris. 18i8.
506 REWE BIBLIQUE.
jetteaux pieds de Jésus, les arrose de ses larmes, les essuie de ses
cheveux, les oint de son parfum. Le Pharisien s'étonne intérieurement
de la condescendance de Jésus; il préférerait le taxer d'ignorance.
Mais Lui, comparant l'élan généreux de la pécheresse à l'attitude à
peine polie du Pharisien, donne raison à cette femme et la renvoie
pardonnée.
y a encore là une
Les dififérences sautent aux yeux. Cependant il
femme, avec son vase de parfums, dont Jésus prend la défense et fait
l'éloge. Le maître de la maison se nomme Simon, comme le lépreux
de Bétbanie. Ni le temps ne sont déterminés avec une pré-
lieu, ni le
cision qui interdirait toute harmonie. Mais avec qui? Avec Matthieu et
Marc, si l'on tient compte du nom de Simon avec Jean, si l'on estime
;
que la pécheresse ne devait pas quitter son humble posture aux pieds
du Sauveur. Si l'on harmonise Luc avec Jean, la pécheresse est donc
Marie de Béthanie? Si l'on harmonise Luc avec Matthieu et Marc, elle
vateurs de la Loi (Jo. xi, 19 ss.). Marie de Bétbanie aimait, elle aussi,
à se mettre aux pieds de Jésus, mais pour l'écouter, tandis qu'il rece-
vait chez les siensune honorable hospitalité (Le. x, 38 ss. ). Et à sup-
poser que ces raisons ne soient pas absolument décisives, on n'en peut
poser aucune pour l'unité de la femme aussitôt que l'on suppose que
l'épisode de la pécheresse n'est pas le même que l'onction de Bétha-
nie, car Jean (xi, i] a bien pu parler au passé de l'onction de Marie
de Béthanie, puisqu'elle appartenait en effet à l'histoire, sans faire
tion des pieds et du rôle des cheveux, aurait pour ainsi dire revendiqué
pour la cène de Béthanie les détails que Luc en avait détachés pour
les arrangera sa manière.
C'est vers une solution de ce genre que tendent MM. Wellhausen,
Merx, Loisy, même Holtzmann.
Ainsi sont-ils obligés de conclure qu'il n'y eut qu'une myrophore (3),
et ce renversement des alliances eût à coup sûr étonné M. Faillon et
lui eût donné à réfléchir.
C'est une raison, et à tout le moins un prétexte pour relire les textes
des anciens, d'autant qu'on peut en indiquer d'assez importants,
récemment découverts, qui n'ont pu figurer dans les anciennes contro-
verses.
Je n'ai d'ailleurs aucune prétention à être complet, tenant plutôt
à indiquer les tendances générales. Aussi ne suivrai-je d'autre
classification que d'après les principales régions.
Les Alexandrins.
(3) J'emploie te mot pour abréger, sans ignorer que les myrophores chez les Grecs sont les
fcmrnos qui ont porté les parfums destinés à embaumer le Sauveur.
508 REVUE BIBLIQUE.
Mais la femme n'était pas participante du Verbe (car elle était encore
pécheresse); elle a honoré le maître au moyen du parfum, ce qu'elle
croyait posséder de plus précieux; ce fut aussi par l'ornement de
son corps, ses propres cheveux, qu elle essuya ce qui restait du
parfum, offrant au Seigneur des larmes de pénitence voilà pour- :
les cheveux est un trait de saint Jean. D'ailleurs, s'il y avait eu une
autre onction, de la part d'une femme qui ne fût pas ou ne fût plus
pécheresse, que devenait l'argument contre les parfums?
y a donc chez Clément plus qu'une confusion de certaines cir-
Il
(1) Paedag., II. viii : oio' on « à/àoadtpov (xûpou » Trapà xô ôatTrvo-; ib écytov v.o\j.iaix'jCi. f, ywr)
Tovç TtôSaç ^),£iç£v TO-j xyptou xa'. r,c/£v aÙTÔv-.. 'A/,),' tj (xàv yiivr, jinoéîiw toO )6yo-j [XôTaXaooOaa
(Iti yàp 'çv (ifjLapTwXô;), ÔTtsp T,y£ÏTo to y.âXXiffTov eîvai irap' ay-Yj, xo [Ji'jpov, toûtw T£TiLi.Tiy.£ tôv
ôâanÔTriV àixéXei xai Ttô xôcfio) toO ca^nafo;, Taî; 6pt|l xaî; layi»;;, àTiiiiàTo xô itEpixtôv xoO
(Hjpoy, £îi'.!77t£vi&u(ja xw x-jptw (Aexavoîaç ôâ/pya. ôià xoyxo « àçéwvxai aùxrj; al à[iapTiat ». Éd.
Stâhlin: la référence est indiquée très judicieusement : cf. Luc. 7. 37 (ioh. 12, 3;
Mt. 26,. 7; Me. 14, 3 j.
JÉSLS AT IL ETE OINT PLUSIEURS FOIS ET PAR PLUSIEURS FEMMES? o09
commentaire sur saint Matthieu que nous ne possédons quen latin 1). ;
qu il fallait lui attribuer la dissertation sur les trois, voire les quatre
myrophores, que Faillon jugeait peu digne du génie d'Origène ^3;.
Mais j'estime plutôt, toute réflexion faite, qu'Origène lui-même
s'est complu à soutenir plusieurs systèmes, avec l'incomparable sou-
n'est point exclu si l'on recourt à l'allégorie ! Dicet autem aliquis paulo
audacior; Forsitaii secundum liistoriam una quaedam midier fuit
quae taie aliquid fecit. Cet audacieux, c'est lui-mrine, n'en cloutons
pas. Mais que devient la brillante argumentation de tout à l'heure,
s'il n'y a qu'une femme selon l'histoire? Elle ne tiendrait évidemment
pas, si les détails qu'Origène a opposés les uns aux autres, et comme
entrechoqués, n'étaient que des circonstances arrangées en vue d'un
enseignement mystique. Qu'importe alors le nombre des figurantes?
Pone avtem et alteram, si vis, et tertiam, tamen et principaliter evan-
gelistanim propositum fuit respiciens ad mysteria, non satis ctirave-
et
mais de trois ligures, Origène bâtit son sens mystique. Si les termes
employés suggèrent trois onctions, nous devons expliquer tout le pas-
sage avec la clef qu'il nous a fournie. Aussi bien il n'insiste pas tant
sur l'aspect concret des faits, que sur leur groupement rationnel.
Rationabiliter ergo Lucas, cum de peccatrice muliere loqueretur , intro-
duxit eam flentem abundantius, ut etiam Jesu pedes lavaret. Théori-
quement la même femme suffit à ces différents aspects. Mais il est difh-
cile de les restreindre à un seul épisode. Bon gré. mal gré, il faut du
m
JÉSLS AT IL ÉTÉ OINT PLUSIEURS FOIS ET PAR PLUSIEURS FEMMES? 511
« Que Marie soit la même que celle qui dans Luc oignit le Seigneur
d'un parfum, cela est évident. Mais celui-ci a tu son nom; tandis que
Jean a complété ce que celui-ci avait omis. « Puis il continue à parler
de la pécheresse; Marie est le symbole de la gentilité, Marthe des
circoncis. On ne croira pas volontiers qu'un pareil symbolisme soit
sorti ensuite de la pensée d'Origène. Aussi le retrouvons-nous à
propos de la pécheresse, dans un second texte grec.
(2)Sur Jo. 11, 2, édition des traités sur S. Jean, p. 544: on Mapia t] aOtri ï<rz\. xac Jtapà
Tw Aoyxà r| à),EtiJ/a(ja tôv xûpiov jiûpto ô^Xov. à).V êxsTvo; (lèv a-jiyjç àTtsciwmTJEv ToOvo(ia,
'Iwâvvr,î ôà y.aX tô èy.ïivœ 7;apa).Eiç6èv àvîTtXr.ptoffev.
JÉSUS A-T-IL ÉTÉ OINT PLUSIEURS FOIS ET PAR PLUSIEURS FEMMES? 513
Tandis que les Juifs deviennent une nation adultère, les gentils
rait pas fait s'il eût distingué les scènes aussi soigneusement que
ceux qui ne voulaient pas recourir à l'allésorie.
semble donc bien qu'Oris^ène n'admettait qu'une seule onction
Il
(1 Comment, in Mattli.. P. G.. XIII, 984 s. : [it-k tovto (ir,y.£T'. nopvE-jo-Jsa à),X' èWoûaa
Tapi Toô; toO 'Ir.TOj TTÔôa;, xai 3pr/o"jTx aCxov; tq;"; T»i; ixîTxvoia; ôâxpudi, xai àXîtso'Jda t^
Tï); ày.a: 7T0>.'.T={a; t'ôv [xjpwv sùtooia, o.' r,v lîiAuvt tw XîîîpùJ tw -poTÉpw ).acô ôvîioi^wv I/.ïvîv ô^x
•/évpanTa'..
(2< Gr\mer, t. II. p. 418 : 'Qp'.vÉvr,; oà TTiXtv â/./.r.v [iî'v çr,(7'. ttiv Trap» MaTÔaitp xal Môpxtp
Èx/Hoy/rav zfii x£5a),ïi; xh [i-jpov èv olxia S'uluvo; toO Xeitpoy, â\\r\-/ 5e Tr,v ttapà tw Aouxà
vEYpaiJLiicVTiv àjjLopTtû/.ôv xaTEXî'raffav twv tioÔwv aJTOÛ to [i-jpov Èv tî] oîzîaTOÙ $aoi(7a{o*j.
RKVL'K BIBLIQUE 1912. — N. S., T. IX, 33
514 REVLE BIBLIQUE.
plus que ce qu'en dit Eusèbe, qu'il était d'Alexandrie, et qu'il avait
laissé un évangile où
il prenait pour base saint Matthieu, en
y ajou'ant
les péricopes semblables des autres évangélistes (l). Les derniers
étaient donc un peu sacrifiés. On sait quEusèbe, bien décidé à leur
conserver leur intégrité native, inventa ses canons afin de permettre
aux lecteurs de l'évangile de trouver aussitôt les passages parallè es.
ou, pour parler comme lui, ceux où les évangélistes « avaient été
amenés à parler des mêmes choses, avec sincérité (2) », expression
affaiblie à dessein par saint Jérôme lorsqu'il traduisait vel eadem, vel
similia.
Cependant la pensée d'Eusèbe n'était ])as d'interdire toute recherche
exégéti-jue ten'Iant à distinguer les faits et les personnes. Il eût plutôt
entendu taciliter les discussions. C'est ainsi que lui-mcine regarde
comme parallèles Mt. xxvui, 1 et Jo. xx, 1 ; mais quand il s'agit de
concilier la contradiction apparente, il offre au choix deux solutions,
l'une qui admet deux Marie
l'identité des faits, l'autre qui distingue
Magdeleine, par suite deux incidents (3).
et
Alexandrins.
D'ailleurs nous ne possédons plus l'évangile d'Ammonius, nous
si
avons dans Codex Fullensis une harmonie qui n'a pas été im-
le
(1) Lettre à Carpianos, P. G., XXII, 1276 : tô oià TeercrâpW' ri[iîv -/.aTa).é).oi7t£v iJavyïX'.ov, tw
xa-à Ma-6atQv -rà; ôjioswvo'j; twv Xo'.irwv t\)X-'-ytna'ù)y Trep'.xûTtà; sapaôeî;.
Saint Cyrille d'Alexandrie, dans ses homélies sur saint Luc, que nous
ne possédons qu'en syriaque, ne parle que de la pécheresse et dans ,
ajouta l'onction de la tète à celle des pieds, ce qui veut dire qu'il
harmonisait Matthieu, Marc et Jean dans la scène de Béthanie (5). On
ne peut conclure rien de plus.
Mais si les exégètes sont devenus plus prudents, il est probable
qu'en Egypte comme ailleurs la piété populaire ne connut qu'une
(2) P. G. XX.XIV, c. 568 : noau» (là/Àov 6 Kûpto; oie è).(x)>ei Àoyov -rri Mapia. r, Tt^ Zaxyaitp, r, zr,
àiJ.apT(i>Xb>, r,Ti; ).'.7iâva<ja Ta; Tp-yaç, à'7zé[La(j(jS tov; no'jx; toC Kopio'j.
(3) P. G., LXXIV, 37 : « il parle du parfum, non par hasard, niais pour montrer que
Marie avait une telle soif relativement au Sauveur, qu'elle essuya ses pieds avec ses propres
cheveux, cherchant à exprimer la bénédiction spirituelle de sa sainte chair», et non àob- —
tcnir son |)ardon.
(4) Marthe et Marie sont nommées 6-i r.aav w; 6EO(7îoEt;. Il est vrai que Marie
È7f!(7r,u.o'.
est comparée à 1 Église venue de la genlilité, mais parce qu'elle offre une hostie spirituelle
et une foi de bonne odeur.
Les Latins.
son opinion; on dirait bien que c'est celle que Victor d'.Vntioche
attribuait àOrigène In his autem mulierihus quae ungentes dominuin
:
Saint Ambroise. dans son Commentaire sur saint Luc, est le premier
des latins qui aborde la question directement, et il le fait presque
dans les mêmes termes qu'Origène.
Faut-il supposer que les évangélistes ne sont pas d"accord? Suppo-
sition à laquelle on ne peut s'arrêter. Est-on donc obligé de renoncer
à l'unité ou bien suffit-il de recourir à l'allégorie? On se le demandait
; :
qu'il oscille entre les trois voies ouvertes par saint Ambroise. Depuis la
discussion si serrée d'Origène, l'unité d'onction ne sera plus de mise
que lorsqu'on traitera le sujet de loin, et non sans préoccupations allé-
(1) Tractatvs Origenis, p. 132 sub hac itaqxie figura et in evongelio mulier mère-
:
trix, vt iom dixi (p. 129), lacrimis suis pedes Doniini Invit... ul dum perles Domini
osculatur, proficeret ad oris accessuin, et, uum pi-aemissis vatibus crédit, eliam viva
voce domini fruerelur, etc.
(2) P. L., XV, 1671.
(3) On le voit, la seule difficulté qui arrête Ambroise. c'est la difficulté mystique des pieds
et ne la tèle. Il n'a donc eu aucune réjiugnance à unir Luc et Jean. 11 suit Origène, en
insistant sur la iliflerence de deux personnes exigée par le temps.
JÉSUS A-T-IL ÉTÉ OINT PLUSIEURS FOIS ET PAR PLUSIEURS FEMMES? ol9
caput non est ipsa, deqiia in alio evangelio diciiiir, quod pedes domini
laverit. llla, quasi meretrix et peccatrix, adhiic pedes tenet : isla,
quasi sancta, caput tenet. llla, quasi meretrix, lacrimis suis pedes rigat
Salvatoris et crinibus tergit : videlur quidem pedes lavare lacrimis
Salvatori, sedmagis lavât peccata sua.
En disant que la pécheresse tient (( encore » les pieds, Jérôme sug-
gère-t-il qu'elle sera plus tard admise à oindre la tète? Peut-être,
car il dit à ses auditeurs : Avant le baptême, lavez les pieds, après
vous pai viendrez à la tête... Même insinuation assez vague dans le
tum, quae super pedes. llla enim et lacrimis lavât, et crine tergit,
et
Ce sont donc deux personnes. Mais aussitôt Nec enim poterat statim :
jam quaeritur incorpore, qui fjedibus Christi dignus sit, qui capite:
qui ociilus eius sit, qui manus. Quod et duae mulieres in Evangelio,
une scène unique, on ne s'étonnera pas que saint Paulin de Noie (mort
en 431) en ait fait autant. On s'étonnerait qu'il eût procédé ainsi sans
aucune préoccupation allégorique, mais de fait ses longs développe-
ments ne sont qu'un thème symbolique, dont le fond est emprunté
à tous 1<'S évangélistes on y voit figurer la pécheresse comme ligure
;
(1) Episl. XXIII, ad Sever. P. L., XLI, 277-280 : et quia vocaodae de genlibus Ecclesiae
iraaginem praeferebat, omnia in semetipsa rayslerii saliilaris insignia gessil (col. 277)... ut
autem etiam in lyjjo congrueret ecclesia capiti suo. bene formam ijeccalrlcis acceperat
(278).
(2) Conlnt. I, vm, éd. de Vienne.
JÉSUS A-T-IL ETE OINT PLUSIEURS FOIS ET PAR PLUSIEURS FEMMES? b21
très près dans son livre sur l'accord des évangélistes. La divergence
de date entre Jean d'une part et Matthieu et Marc de l'autre pst tran-
ipsa est quae pedes Domini unxitunguento, et tersit capiliis suis quos
lavarat lacrimis) melius susciiata est quam frater eius : de magna
malae consuetudinis mole est liberaïa. ErcU enim jamosa peccatrix :
et de illa die t uni est : « Dimitluntur ei peceata multa, quoniam dilexit
viia vero iniqua aberat ah illa domo, nec cmn Mart/ia erat, nec cum
Maria; et si aliquando fuit, Domino intrante fugit (2).
De consensu evangelistarum ne s'imposa pas
Aussi la solution du
à saint Pierre Chrysologue (mort avant iôl).Un de ses sermons est
intitulé De conversione Magdalenae (3); mais les éditeurs ont soin
:
lit cette femme, celle dont il a parlé, par l'exemple de ce que fera
plus tard une (autre) femme qui répandit son parl'um sur la tt^te du
Sauveur. C'est toujours la distinction, chère aux Latins, entre l'onction
des pieds et celle de la tète (Hilaire, Jérôme), mais qui n'est pas ici
Les Syriens.
cile de dire pourquoi l'ordre de Luc a été rompu de telle sorte, mais
il résulte avec évidence de cette trans[)Osition que Marie de Béthanie
n'est pas la pécheresse. Comment celle qui avait choisi la meilleure
part, qui ne lui serait point ôtée, serait-elle tombée après dans un
désordre tel qu'elle figurât comme une pécheresse anonyme mal
notée de toute une ville ?
mensae accumberet, ipse sepultas est per sj/mholum olei, quod Maria
in caput e/us (Mt. Me. effudit (2). On est chez Simon le lépreux, qui
)
paraît avoir été guéri dans cette circonstance Pro sua hospitalitatf :
suivent encore tous les auteurs catholiques avec bon nombre de cri-
tiques indépendants. Mais il avait exclu d'avance rhypothè^e de
saint Ambroise, d'une pécheresse devenne Marie de Béthanie. en situant
les relationsde Jésus avec les deux sœurs avant l'épisode de la péche-
resse. Et liphrem, commentateur, l'avait suivi.
Cependant Faillon s'appuie surtout sur le grand docteur syrien du
IV'' siècle, qui n'aurait admis qu'une onction et par conséquent qu'une
seule femme, confondue par surcroit avec Marie-Magdeleine. il cite
Jésus], son Irère était ce Lazare qui élait malade », d'après le texte reclilié de Mrs Lewis
(1910). Le mol « lava » (ni'l'wN) semblerait mi.ux convenir à la scène de Luc. Cciiendantce
n'est jias le mot em[>loyé à cet endroit (Le. vu, 38 n"2À'). H semble donc ([ue la version
est simplement trop libre, comme au v. Il
JÉSIS AT IL ÉTÉ OINT PLUSIEURS FOIS ET PAU PLUSIEURS FEMMES? 52-;
c'est saint Éphrem qui se combat lui-même. Qu'il n'ait parlé dans un
sermon que d'une onction, et qu'il ait confondu Marie de Béthanie et
la pécheresse, on peut l'admettre d'autant plus aisément que, à
propos de la purification de Marie, il a confondu la très Sainte Mère de
Dieu avec Marie Magdeleine : C'est à Marie, sa Mère, nommée Marie
Magd^-leine, quaufait apparu le Sauveur ressuscité (2j ! Or cette
bizarrerie nuit à son autorité.
Quoi qu'il en soit du fait personnel de S. Éphrem, la tradition exé-
Cet ouvrage n'ayant pas été traduit, je cite en note (i) un passage
assez long et diffus d'où il ressort cependant clairement que Théodore
voyait dans Jean xi, 2 non pas une allusion à la pécheresse de Luc,
mais une anticipation de ce que Jean allait raconter. C'était marquer
(1) CoL 87 et coL 1^6, citant S. Ephrem sijriace. t. III, P- 408, que je n'ai pas sous la
main.
(21 MOES., p. 28; cf. p. 269.
(3) Commenlarius Theodori mopsuesteni in evangelium I). Johannis, versio syriaca...
Paris, 1897.
(4) P. 247 : « et après cela il nous apprend que cette Marie est celle qui oignit d'un parfum
les pieds de Jésus et les essuya de sa chevelure, montrant clairement qn'il veut indiquer
sominairemeut le mérite des femmes (Marthe et Marie}; c'est pour cela qu'il a raconté cet
acte de Marie une preuve de son amour immense dont [elle] est remplie envers
qui est
Noire-Seigneur. Si donc elle l'oignit avec un parfum précieux et essuya ses pieds avec sa
chevelure, c'est qu'elle a choisi de se soumettre tout entière à ce qui était agréable (?, à
N.-S. Or cette action fut accomplie plus tard, après ce qui est relatif à Lazaie, et c'est ce
que nous apprend l'évangèliste par ce qu'il nous dit après. Car l'évangéliste é-rivit après
l'événement, et il devait attester le fait dans l'ordre où il s'était produit, et encore plus
devait-il éclairer l'histoire et faire connaître qu'elle est la femme dont il est écrit ici;
il commence donc à dire que c'est cette femme qui a agi ainsi, et que c'était cellMà même
qui était citée en ce moment dans la parente de Lazare. Car si cette adjonction n'avait pas
eu lieu, il eût été possible de se tromper sur les appellations des noms au sujet des femmes,
comme il arrive souvent parmi les hommes ».
S26 REVUE BIBLIQUE.
On peut regretter que saint Jean Chrysostome ne s'en soit pas tenu à
cette unité des onctions de Béthanie. Ce qu'il avait surtout à cœur,
c'était de ne pas imputer à la vertueuse Marie de Béthanie les fautes
« Dans les trois (Mt., Me, Le), elle me paraît être la même, mais dans
que celle-ci Marie de Béthanie) n'est pas la prostituée qui figure dans
!
Nous ne savons pas ce qu'en pensait Titus de Bosra (mort vers 371 .
(1) P. 266.
(2) Homil. 80 inMatlh. P. G., LVII-LVIII, 723 : à).),à itapà [làv xoïç rpiaî, [lIol irt; sTvaC [lo:
ÔOKSÏ xal r, aOty), uapà ôk 'Itûâvvyi, oOxëxi, à).),' ÉTspa Tt; ba.\)[La.af!), f( foù Aa^àpou àoû.tfr,...
(3) HoDi. in loli. 62, P. G., LIX, 341 (cette liomélie a éle attribuée au pseuiio-Basile de
Séleucie, et Paillon la cite sous son nom) : TrpwTov piv ou« èxeïvo àvaY/.aïov piaôsiv, on oCy
aûtri èff-rlv rj TïopvYi r] Èv tm MaxOai'w, o'jSïr, Èv Ttô Aouxâ" à).Xr) yàp aûiv]. 'Ex.sTva'. (xàv yàp îTÔpva'.
cri 'ï'VEç y]a(xy xai 7to),),wv yélJ.O'jffai xaxwv auxY) oà xat GE[i.^/i] y.al ffjto-joata.
JÉSUS A-T-IL ETE OLNT PLUSIEURS FOIS Eï PAR PLUSIEURS FEMMES? r.2T
en note ces textes dont le premier est publié pour la première fois par
M. Sickenberger. Ce doit bien être cette recension qui correspond au
texte du pseudo-Titus, et peut-être même à la pensée du viai Titus de
Dosra. L'auteur définitif de la chaîne fem- x" siècle) s'en tient à trois
mes, et il beaucoup de précision,
faut reconnaître qu'il raisonne avec
dans l'hypothèseoù chaque détail du textesacré doit correspondre à un
fait historique distinct «J'estime, dit-il. qu'il y a trois femmes, et de
:
trahit » (Me. m. 19 .
— 11 est inutile d'insister sur le détail. Dans ce genre
d'exégèse, on ne pouvait faire onctions mieux qu'Origène. Une fois les
distinguées, l'idée ne vient à personne d'en attribuer deux ou trois à
la même femme. Ou plutôt cette solution simpliste n'est pas envisagée,
parce que personne ne veut se risquera confondre celle qui rencontre
Jésus dans une petite ville de Galilée, d'après le contexte de Luc, avec
Marie de Béthanie, près de Jérusalem, la pécheresse avec la sainte, etc.
(1) Titus von Boslra, Studien zu dessen Lukasbomilien. von Joseph Sickenberger.
Texte und l'ntersuchungen, N. F. VI, 1, l9ol.
'2) Page 64, d'après un ins. du xni-xiv' siècle oiv. l'y-', oà ocjty; r, r.n^T. to;: i),>o'.; £Ùavv£-
:
/.frcaî;, àX).' i-içT. l'.z. Èxaivr, (aîv y*? "P'J? a'J"';> ~'''} r.rthz: -oOto i~'j:r,r;vi . a-jTr, oà r.z-S: -.b. 'xî'Ta
—o'j toO £ÙaYY=X'0'J '; "''-«' 'îpô toCtom.
(3) Cramf.r, II, p. 60 : oùx Icm 5è aû-r, oOtî r, zapà tm MaTOatw o'jtî t| rapà tw Màpy.w
o-j-îr, T:api -£ 'Iwivvr; }i.v7;[iovc'joa£vr.. à).).' â-éoa ti;. M. Sickenberger ajoute ici avec
rai-
son la variante de Cramer p. 423, ligne 27 à 29.
(4j Cramer, II, 60 : TOct; cTvai -zn; yjvaty-Oî ).oy-;^oaai- -/.ai it. tï;; twv TrpoTwîTwv TTo-.ÔTrTo-
y.al È^avToù toù rpÔTîO-j tï;; TTpatïcw;. xai âx Tfjç oiasopà; toO /.atpoû.
Euthymius (vers 1116) est plus franchement pour les trois onctions et
les trois femmes (1). C'est le triomphe de Texégèse du détail dans
l'église byzantine.
Je n'ai point voulu séparer Chrysostome de ses disciples. Mais pen-
dant que Texég-èse demeurait fidèle à ses principes, André, moine de
Jérusalem, né à Damas et devenu archevêque en Crète (vers 850, ou
vers 650?), mêlait toutes les onctions dans une suite d'allégories (2).
La cène de Lazare est le théâtre de la pénitence de la pécheresse, ce
qui n'empêche pas Judas d'intervenir (3 Comme l'orateur avait parlé .
Cambridge, 1911.
JÉSUS A-T-IL ÉTÉ OINT PLUSH-LTiS FoIS ET PAU PLUSIEURS FEMMES? 520
Asie Mineure.
MORALITÉ EXÉGÉTIQUE.
(1) p. G., XXX, 776 ; l~t: y.r: r, MapiaToO; -ôoa; toO K'jsio'j st/ov^a, o\)y^ ti; àvôpo; -ôoa;
à),).' (Ij; Kupîo-J iz'O.ii.
ne savait rien. Il n'existe donc pas plus chez les Pères de tradition
historique que de tradition exégétique.
Partout on a raisonné ou simplement parlé d'après l'Évangile.
A l'origine, du moins à Alexandrie (aussi Tertullien), on a été très
frappé de la ressemblance des onctions; leur unité admise, celle de
la myrophore ne se posait même pas. Et aujourd'hui comme alors,
le seul moyen efficace de n'admettre qu'une femme, c'est de n'ad-
mettre qu'une onction. Paillon l'avait très bien compris; il s'en
tenait là, sans se douter qu'il préludait au renouveau, en des mains
fort peu croyantes, d'un système abandonné par l'exégèse chrétienne.
En effet, aussitôt que les termes des problèmes furent nettement
posés, on comprit qu'une exégèse littérale soucieuse de sauvegarder
la véracité des évangélistes devait admettre deux onctions, sinon trois.
Origène l'a montré clairement, et depuis, aucun écrivain, faisant
œuvre d'exégète, sauf peut-être Apollinaire et Théodore (d'Héraclée),
n'a soutenu théoriquement l'unité des onctions. Mais ce système com-
mode est demeuré celui des allégoristes (Origène, Paulin de Noie) et
des prédicateurs (Éphrem, pseudo-Amphiloque, André de Crète) ou
des auteurs spirituels (Cassien, pseudo-Basile).
Origène lui-même ne se tint pas rigoureusement à l'unité et des-
sina, ou laissa entrevoir deux femmes ou deux figures de femmes,
l'une qui oint les pieds du Sauveur, l'autre qui est digne de répandre
le parfum sur sa tète.
détourner l'attention delà vraie solution critique. Au lieu de
C'était
distinguer le cas de la pécheresse (Le.) du cas de Béthanie (Mt. Me.
Jo.), Origène identifiait ainsi la pécheresse et Marie de Béthanie, sauf
à la distinguer plus ou moins nettement de la femme innomée de
Matihieu de Marc.
et
Cette solution eût été irréprochable, s'il ne se fût agi que des trois
(2)Depuis l'excursion des Pères Lazaristes à Ahil. M. Albisseti ayant fait dresser à ses
fraisun échafaudage en avant de l'inscription, a réussi à en faire un calque dont il a bien
voulu nous communiquer la photographie par l'entremise de M. Gayraud. Nous repro-
duisons ce document de préférence à la copie (fig. 2). — A leur tour, les PP. Abel et
Dhorme, traversant Damas au mois de juillet dernier, sont allés contrôler ce teste et le
P. Abel a pris les deux croquis reproduits ici (tig. 3 et 4).
534 REVUE BIBLIQUE.
qui nous ainsi grandement obligés veuillent bien agréer ici nos
plus sincères remerciements.
Ce nouveau texte fut découvert il y a environ un an par un cer-
Pîœj _
[CAJTHWCKAiroTtrMnANTÔCA T T OÔ]
IjcCYNTM^AIOCA BIM E or E M
^TCANlOYTrrPAPXoTAnAEeEfOE;
HN0ls.«NmCACEnOH(:ENMIT0N
lAONOI »t0fc>OMHCENNAlTA C+'T TEI
inACACE+TTETCENEKTOJNHLii
NA N A\ CO/A ATCJUNf: PONOûffi-f
!
>AITHnATPiyfïCE6riACXAPiN
Fi?r. 1. Nouvelle inscription grecque d'.4bila.
pourrait descendre encore jusqu'au fond <lc la vallée. L'n peu plus
Jjas, témoignase du
d'après le
créé et '
1) L'inscription publiée dans le Corpus et découverte par Pococke « faisait partie d'un
petit temple dorique situé sur la hauteur et aujourd'hui à peu près détruit i
Renax,
Mémoires de l'Âcad. des Inscr. et B.-L., t. XXVL partie 2% p. 66i.
536 REVUE BIBLIQUE.
une hauteur moyenne de 0™,10; elles sont très nettes et jie présen-
tent aucune difficulté de lecture. Le gTaveur devait être un ouvrier
syrien possédant très médiocrement la langue grecque, sil la con-
naissait tant soit peu. On voit qu'il s'est a{)pliqué à dessiner et àgraver
les signes, mais il en a oublié quelques-uns et dénaturé certains
autres (1 .
(1) M. Gayraud ajoute à la description du monument un détail qui mérite d'être signalé.
« On voit, dit-il, au bas et à droite de l'inscription, mais en dehors du cadre, les trois
Y
v-<
toujours en dehors du cadre de l'inscription, se trouve une pierre en relief en forme de carré
de 15 à 20 centimètres de côté ». — De l'enseinble de ces observations on est assez tenté
de conclure à Texistence de quelque relief détruit, qui aurait représenté [KPjONG[C]
accompagné du foudre symbolique.
(2) Nous restituons à cette copie les sigma carrés, car dans cette inscription comme
dans la nôtre, les sigma avaient certainement la forme carrée ainsi qu'il est facile de s'en
convaincre d'après la confusion faite par le copiste à la i)remière ligne fHE pour THC-
MELANGES. 537
I. YnEPrHETGONKYPIGONCE
2. cgothpiackaitoycymi
3. aytgonoikoynym4)AIOi:ae
4. AYCANlOYTETPAPXOYAnEAE....
5. THNOAONKTICACACTEnOI
6. TON NAONOIKO.(t)AAH
7. (})YTEIAi:nACACE4)Y
8. ...OONIAIGONANAA
9. KPONGOKYPIGOKA
10- EYCEBIAFYXH
(1) D'après une leUre de M. Gayraud. — On sait qu'en Palestine il y a très fréquem-
ment à côté des ouélys un ou plusieurs arbres sacrés auxquels il est défendu de toucher.
(2) On ne pourra donc plus sappuyer sur ce texte pour établir qu'il a existé dès le pre-
mier siècle de notre ère des noms propres sur le type Eùcreêîa. Eùaiêto;, ©ôoc/éêtoi;, etc..
quoi qu'il en soit de l'existence de ces sortes de noms (cf. Clermont-Ganneau dans le Flo-
rilegiuin dédié à M. le Marquis de Vogl'ié, p. 117 s.;.
MELANGES. 539
tions, tel qu'il avait été dégagé par Renan (1) et par Schûrer (2, d'a-
près des restitutions qui sont désormais garanties.
S. Luc (m. 1) faisait coïncider la 15'' année de Tibère (28/29 ap.
J. -G.) avec le gouvernement de Lysanias, tétrarque d'Abilène. Gomme
\j7yMo'j y.ai i-;7a èv to) A'.Sâvw ipz:. Cf. Be/l. IL XI, 5 et A7it. XX, vu,
1 . On devait donc supposer que depuis Lysanias, roi des Ituréens, il
avait existé un Lysanias tétrarque de la seule Abilène. et que c'est
à ce dernier que Luc avait fait allusion.
Or les inscriptions d'Abila ont prouvé son existence. Quoiqu'elles ne
soient pas datées avec piécision, l'indication twv Kjcuov ZEcaiTwv est
précieuse. D'apt-ès Dittenberger (3) cette expression, qu'on sait main-
tenant relativement fréquente en Syrie, peut désigner l'empereur
avec toute sa famille. Ge ne peut cependant être le sens dans une
inscription qui ajoutait, comme nous le savons maintenant de la
notre : -/.a-, tij rj;j.-avTcr ajTwv cî/.oj. Il faut donc revenir aux termes
du problème tels qu'ils se posaient pour Renan et Schûrer, c'est-à-
dire chercher un temps où
y deux Augustes. Agrippine et
il avait
Xéron, à plus forte raison ceux qui sont venus plus tard, sont exclus,
puisque dès Tan 37 la tétrarcliie avait cessé d'exister. Il s'agit donc
de Livie et de Tibère. Livie, déclarée Augusta après la mort d'Au-
guste, mourut en l'an 29. Notre inscription date donc de ce temps. De
plus, Xymphaios en se disant affranchi du tétrarque Lysanias ne pou-
vait rappeler le souvenir roi des Luréens. Tout porte à
du vieux
croire qu'il parlait du souverain régnant ou d'un prince mort depuis
peu. Le Lysanias de saint Luc était ce prince.
Le terrain de l'histoire religieuse est beaucoup moins solide et l'on
n'ose s'y aventurer.
Le mot Kjz'.z; n'est ajouté à Kzzk; que dans notre cas. D'ordinaire
(1) Mémoire sur la di/nastie des Lysanias d Abilène. dans les Mémoires de l'Acad.
des Inscr. et B.-L., t. XXVI. partie 2% p. 49 ss.
'4' éd.).
(2) Geschichfe des Jiid. Yolhes, I, p. 718 s.
l!KAl[rA/\
NTMtAlo[
Le second nom on ne peut guère douter qu'il ne
est très clair et
(1) Fragm. II, 14; cf. Lacrange, Études sur les religions sémitiques, T éd., p. 422.
(21 R. DussADD, Notes de mythologie syrienne, ]). l'J, 41, 63, 76.
MÉLANGES. 541
II
Ka'. èv TY] sî'JTspa rrasijcoz v.z'.Hr^'Z'i-.y.'. j-b twv îojss/.x sjawv tij l-car,/,
çavESwrâTS'jç aÙTWv saT'.v i--i'Kf)x'.. -çi zï 3'j~":v ç JEjOai zivzzz-j ça-lv 6;j.;(c'j
\j.v» Tf, AEjy.y; ty;v '^xz<:/, r.y.zy-'/.r,z<.ZJ zï ty; '-ix zx r.i-.xi.y. Kxi r,-hf,'^y\ ty;
•/.ai 2'j77;v.
342 REVUE BIBLIQUE.
SUR 1 COR. IX, 29.
« Mes amis, j'ai à vous faire une allocution comme on en fait aux
Pierre Batiffol.
III
~'jp- et prendre 'j~:z clans son sens primitif de fendre, donc fendre
l'œuf, t'clore; comparez lïi verbe rapproché par Gesenius-Buhl, qui
peut signifier écaler, ouvrir une noir. Alors on pourrait traduire
presque sans modification du texte :
anciennes versions. A noter encore qu'il est très difficile dans cette
supposition de bien traduire les trois verbes -.i-^z "p2 et i:- (1).
Culemborg Hollande,.
W. VAX KOEVERDEX.
1. Condamia p. e. traduit : « nichera et pondra, couvera et fera éclore{ses œufs) ».
3, bol en argile claire, finement pétrie. Lavage blanc crème à l'intérieur et à l'exté-
rieur, devenu un peu rosé à la cuisson. Deux trous au bord de la lèvre pour les
cordelettes de suspension. Décor brun rouge foncé. Conservation suffisante pour
qu'on ait l'idée complète de l'ornementation intérieure et de la forme. — 4-6, ampho-
rettes à panse globulaire, col bien détaché et double oreillette à perforation horizon-
tale. Elles se distinguent par de très minimes nuances de galbe et les inévitables
irrégularités du modelageà la main. Plus saillantes sont les nuances d'ornementa-
tion, malgré la similitude de procédés et l'analogie des motifs. 7, gobelet en —
argile rouge soumis à un lavage pourpre avant le polissage qui en a fait une pièce
élégante dans sa simplicité. —
8 et 9 se distinguent seulement par quelques particu-
larités de galbe et par nuance de l'engobe sur lequel on a pratiqué le polissage
la :
l'un est brun-rouge, l'autre marron. A la même série s'ajoutent deux vases gemellés
{w de la pi. XV, 3) réunis par une bélière; argile jaune, pâte fine. Décor rouge
foncé sur une couverte rose. Cassure dans une panse; un goulot manque.
Enfin les fragments d'une écuel-
le, fig. 17, sont peut-être le plus
important détail de cet admirable
lot, parce qu'ils fournissent la meil-
leure base d'attribution chronolo-
gique. Par sa forme, par la na-
ture de son enduit intérieur lustré
et imperméable, par sa coloration
extérieure orange très foncé pas-
sant au rouge, avec bande en noir
mat sur la lèvre, cette pièce tranche sur toutes les séries connues jusqu'à ce jour en
(1) Fin. Voir RB., 1911, p. oGG ss.; 191-2, p. 8(i ss.; p. 42i ss. La céramique peinte de la pi. XVI
ci-dessous, et quelques autres pièces ont été reproduites en chromotypographie dans Jérusalem
sous terre, pi. IX-XI.
CHROMQLE. 54b
Palestine et se classe à une série égyptienne aussi riche que biea déterminée. Il est
sorti de beaucoup de en Egypte, quand
ont atteint des livpogées ou des
fouilles elles
kjôJikeiimoeddings archaïques, à el-Amrah. Toukh, Khattarah, etc., de ces vases
rouges à bords noirs. Les types les plus excellerament caractérisés, les mieu.x datés
dans lenseaible, les mieu.x connus aussi grâce aux magnifiques aquarelles chromo
M. J. de Morgan
lithographiées de ;i, sont ceux de Toukh et d'el-Ararah, probable,
ment d'époque néolithique, à tout moins contemporains du tombeau roval de
le
Xegadah. Il importe assez peu pour notre but que la date initiale de la période de
Négadah demeure quelque peu incertaine entre spécialistes d'histoire et d'archéolo-
gie égyptiennes. Que toute cette civilisation soit pré-dynastique ou contemporaine
des premiers pharaons historiques, demeure certain pour tout le monde que le
il
Après meilleur examen l'opinion paraît devoir être modifiée. En effet, s'il s'agis-
sait de la sépulture de quelque égyptien de condition, puisque son mobilier com-
prenait des pièces de vaisselle aussi peu communes, il aurait vraisemblablement dû
comprendre aussi quelques autres objets précieux, bijoux
ou bibelots familiers tels
qu'en renfermait la tombe analogue découverte à Gézer par exemple. D'autre part,
on n'eût sans doute pas associé à la somptueuse céramique du riche égyptien les
très modestes vases de fabrique locale trouvés aussi dans cette tombe. Enfin malgré
les rapprochements très suggestifs que fournit la céramique égyptienne archaïque,
les pièces de Jérusalem gardent assez d'originalité pour que la provenance immé-
marron et rouge foncé et pour les bols à décor intérieur chevronné. Tout le reste a
des points de contact plus ou moins positifs avec la vieille céramique de la Susiane
et du Moussian. de Troie primitive et des premières périodes historiques en Crète.
D'ailleurs il s'est trouvé quelques débris d'un autre bol rouge à bord noir dans la
caverne funéraire l et on a signalé plus haut une moitié de bol à décor intérieur
dans la galerie I. en des contextes archéologiques tout cananéens.
Cananéenne par conséquent aussi doit donc être en fin de compte la tombe 3, qui
se conçoit dès lors ainsi A une époque où la mode était, en Palestine, aux curieux
:
ture un peu plus solide et moins mesquine, enfla cette sorte de contraste d'opulence
et de pauvreté, d'exotisme et de civilisation locale. Ce n'est plus une sépulture
égyptienne de hasard, mais la sépulture très cananéenne d'un personnage qui dut
être bien eu vue dans la modeste Jérusalem du III' millénaire avant J.-C, où il
introduisit peut-être par son rang ou par sa fortune, où il seconda du moins par son
goût la mode d' « égyptiser ».
5. — C. Trouvailles accessoires.
tillon unique en cette matière, voici l'un des deux fragments de lame
recueillispar M. B. dans la galerie III, sous le rempart. La silhouette
gravée sur une face a tout l'air d'une de ces représentations schéma-
tiques d'antilopes ou de
cerfs si favorites à la po-
pulation primitive de Gé-
zer que M. Macalister pro-
posait naguère d'y voir le
totem de la tribu. Le cou
et la tête ont été emportés
h'ig. 18. — Silex gravé d'Ophel.
ce labeur s'il
ne posait un
curieux petit
problème épi-
graphique
(fig. 20).
La trouvail-
le même, au
voisinage de
la porte 6,
dans l'étage
supérieur de
la galerie III,
avait déjà
l'intérêt de
corroborer de
la façon la
plus oppor-
tune un clas-
sement ar-
chéologique
établi exclu- Fis:. 20. — Anses à estampille israélite.
sivement sur
les données de la poterie. Par fortune aussi un débris de paroi
suffisant pour donner une notion approximative de la grandeur du
vase adhérait cette fois à l'anse. Dès le premier instant les grandes
hastes initiales, visibles tant bien que mal, parurent une énigme :
[Le Mé]Lek SaT. On sait que les trouvailles plus récentes en d'autres
sites ont fait modifier cette lecture on a lu tout bonnement un nom
;
à coup sur, d'y voir la désignation d'une ville biblique très connue,
Moréset, sur les dernières rampes des montagnes de Judée vers le
S.-O., aux confins de la Philistie. La prétendue substitution du. mem
au res dans l'orthographe pouvait relever d'un phénomène d'assi-
milation assez fréquent en hébreu.
Par un hasard malencontreux, beaucoup des exemplaires déjà
publiés de cette estampille ne semblent pas d'une conservation tout à
fait satisfaisante. Sur le vu des dessins toujours si attentifs de M. iMaca-
lister, je m'étais demandé si la lecture MeMsat ne modi- serait pas à
fier réellement en MoRéset (3). Le nouvel exemplaire d'Ophel ne
résout peut-être pas totalement l'énigme; on avouera néanmoins
qu'ilne favorise guère la lecture devenue courante.
Le croquis s'efforce de traduire ces nuances, compliquées encore
par un néfaste écrasement au bord supérieur de l'empreinte. Ce qui
saute aux yeux tout de suite, c'est la divergence accentuée dans le
mouvement général la première lettre est couchée, les dents de sa
:
traire parait rigide et peu sûre d'elle-même, avec des crochets diver-
gents dans la haste supérieure de ce prétendu />/em et un petit ape.r
bien marqué, et fort inexplicable dans l'hypothèse du me?n, au
sommet de la haste verticale. Quant au développement du pied, s'il
eût été prévu pour un 77iem, rien n'était plus simple que de lui
assurer tout l'espace utile en repliant la haste juste au-dessus de
Yuraeus. Il y a du reste une assez nette solution de continuité entre
les deux crochets supérieurs, qui seraient vraisemblablement plus ou
moins parallèles si l'on eût voulu écrire un mem ainsi anguleux et
bien peu semblable au précédent. Enfin on constate, quand on a la
pièce en mains, que le haut de la lettre a été endommagé par l'écra-
(4) Comparer la même lettre dans l'inscription du tunnel de Siloé et dans le « calendrier
agricole » de Gézer.
CHRONIQUE. 55 1
(1) 11 n'y a plus à expliquer aujourd hui l'absenci' du mot usuel Il ne se lisait
"i''*2"'.
sans doute déjà pas sur l'estampille découverte par Warren. En tout cas, il faisait aussi
certainement défaut sur l'un au moins des types de Gézer {Q.S., 1908, p. 281).
532 REVUE BIBLIOLE.
tion secrète avec le sommet du coteau; 'T création puis abandon des
galeries I et II et de la section H du bassin; 3" ouverture du grand
tunnel, contemporain des galeries III-VII, creusées ou remaniées dans
le même temps. Ce dernier état dans la circulation des eaux dure
encore. Essayons d'en déterminer la date initiale, qui fournira la
limite extrême de l'évolution archéologique étudiée.
Tout le monde a en mémoire les éléments extrinsèques de cette
discussion spéciale : récit biblique attribuant au roi Ézéchias le
(1) II Chron., 32, 30; cf. II Rois, 20, 20, et Eccli., 48, 17 dans le texte liébreu récem-
ment retrouvé.
CHRONIQUE. o5o
haut de les mettre en relief, non sans se défier des modifications plus
ou moins profondes accidentellement introduites par des retouches
possibles, en tout cas par l'effritement ou l'érosion; mais ces particu-
larités ne sauraient suffire dans le cas à établir une époque et attes-
tent simplement une variété dans l'outillage de métal.
Le raccord de ce tunnel compliqué avec l'installation artificielle la
plus ancienne autour de la fontaine — agrandissement de la caverne
M, création du canal L et de toute la partie basse de la galerie VI —
autorise déjà une plus grande précision, dans la mesure où il est
justifié; car la nature des débris si nettement cananéens et Israélites
archaïques, à l'exclusion de tout alliage d'éléments ultérieurs, permet
de reporter l'abandon et l'obturation de la caverne et du canal au
moins aux tout premiers siècles de la monarchie israélite, xi--x' siè-
cle avant notre ère. Or tels sont les motifs qui m'ont conduit graduel-
lement à la conviction que ce raccord a existé 1" identité du pro-
:
^3] Pour qui s'est arrêté, un jour ou l'autre, à voir tirer l'eau d'un puits palestinien,
il y aurait même, dans l'installation décrite une réalisation particulièrement
à Ophel,
topique de l'idée. L'eau est puisée parfois aujourd'hui, dans les grands villages, au
moyen d'une caisse de zinc — ordinairement vieille boite à pétrole importée d'Angleterre
560 REVUE BIBLIQUE.
ou de Russie —
actionnée par un treuil rudimentaire. Plus communément, on se sert
d un seau de cuir pendu à une corde mue a bout de bras, ou montée sur une poulie.
Durant les révolutions de la caisse de zinc ou du seau de cuir, quand on les remonte
pleins, de larges éclaboussures deau retombent au fond du puits. A 1 orifice même,
tandis qu'on emplit jarres et outres, leau ruisselle fréquemment et retourne au puits
avec un bruit d'autant pdus considérable que le puits est plus profond, ou qu'était plus
grand le volume de la jarre brisée ou de l'outre maladroitement renversée. Qu'on se re-
présente maintenant dans le puits vertical au bout de la galerie VI un groupe de Jébu-
séens ou de Jébuséennes en train de puiser secrètement de l'eau, tandis que David et ses
gçns font le guet devant la fontaine. Il n'est précaution si attentive de la part des pui-
seurs qui empêche des éclaboussures bruyantes. Pour peu que l'eau soit plus basse dans
d'une intermittence un peu prolongée, le bruit augmente de toute la
la galerie, à la suite
sonorité de cette galerie et de la cheminée dans le roc. De l'entrée actuelle dans la
chambre d'eau j'ai plusieurs fois distinctement perçu le bruit des seaux dans le i;rand
puits pendant le dernier déblaiement. Il est vrai qu'on employait des seaux de fer-blanc,
propices au vacarme contre les parois rocheuses, vrai aussi que l'entrée de la chambre
d'eau actuelle me rapi)rochait de quelques mètres: mais par contre, l'ouverture de toutes
les nouvelles galeries diminuait la résonance et à cette diminution s'ajoutait le bruit
étranger et gênant venu de dix points à la fois, oii la fouille battait son plein. On ne
s'étonnera donc pas que David ait été amené par quelque observation de même genre à
(3) La RB. a déjà cité naguère U908, p. 402, n. 2) l'analogie que fournit Ammien Mar-
cellin. On trouvera en grand nombre les exemples classiques en relisant le 111= livre des
Stratagèmes de Frontin et faut-il rappeler aux biblistes le cas fameux de Jonathas qui
met en déroute, lui seul avec son écuyer, tout le poste de Philistins établi sur la pas
escarpée de Michmàs 'I Sam., 14, 1 ss.)?
REVUE BIBLIOLE 1912. —
N. S., T. IX. 36
362 REVUE BIBLIQUE.
Sion.
L'histoire môme de Jérusalem fournit, à l'appui du fait ainsi inter-
1; La mémoire du coup de main tenté par l'égout est conservée encore ici par les con-
teurs de « souvenirs ». Peut-être même le fait est-il enregistré dans quelque chronique
locale écrite, bien que je n'en aie aucune à citer. Cf. cependant Fix.\, The Felhiliheen-of
Palestine, QS.. 1S79, p. 35, où le fait a été raconté aussi avec d insignifiantes nuances,
et sans aucune relation avec l'événement biblique.
2) QS., 1908, pp. 14 ss., 96 ss.
564 REVUE BIBLIQUE.
pic plus commode et plus pratique tout indiqué si l'on eut été en
plein âge du fer à partir du xii'' siècle environ; 2° les débris céra-
miques nettement cananéens et Israélites primitifs dans la courte sec-
tion initiale du passage, auprès de la source; section qu'un remblai
archaïque avait fort à propos conservée intacte ; enfin 3" la transfor-
mation première infligée à cette vieille installation cananéenne par
d'autres installations hydrauliques autour de la fontaine, celles-là
sans doute créées durant la prospérité des règnes glorieux au début
de la monarchie Israélite à Jérusalem.
Aussi bien est-ce à l'époque des premiers embellissements de la
nouvelle capitale que se rattachent le mieux deux canaux inter-
les
Durant quelques jours même, j'ai pensé que la fouille était sur la
voie du bassin proprement dit; les principales galeries étaient déjà
en grande partie déblayées; on pratiquait les sondages dans la
chambre d'eau, quand soudain le régime de la source changea d'une
manière étrange au lieu de sourdre en moyenne toutes les 9 à 10 heu-
:
eu résulte que pendant l'espace dune semaine environ la source a jailli en moyenne 5 fois
en 12 heures. Le maximum observé a été 7 fois en 12 heures.
568 REVUE BIBLIQUE.
Aux jours très reculés où le clan cananéen des Jébuséens fit choix
(1) Il semble que la fonlalne n'ait pas cepenflant repris encore un régime définitif à peu
près régulier. Dans une visite vers la fin de l'après-midi le 7 novembre dernier on m'a
affirmé que la source n'avait pas jailli entre 6 heures du malin et 4 heures du soir. A
4 heures elle était moulée avec un bruit insolite, fournissant durant 3/4 d'heure un ruis-
sellement tout à fait extraordinaire. Deux jours après on mentionnait les 3 à 4 jaillisse-
ments usuels entre les limites extrêmes d'observation : 5 heures du matin et 8 heures du
soir.
CHRONIQUE. 569
les citoyens aient pourvu vaille que vaille à une partie de leur con-
sommation au moyen de citernes, c'était cependant toujours une très
sage mesure administrative de s'assurer, quand on le pouvait, la
jouissance d'une source même en cas de blocns. Nous savons mainte-
nant par de multiples exemples que les administrations cananéennes
reculaient peu devant les difficultés les plus ardues pour réaliser ces
370 REVLE BIBLIQUE.
(1) Les essais pratiqués après le déblaiement ont prouvé l'extrême difTiculté que cette
roche {mezzy rouge marmoréen) opposerait à un forage même pratiqué avec nos modernes
instruments de fer trempé. Le pic de carrière n'avait aucune prise. Le ciseau robuste, à
pointe courte, mordait il est vrai cette opiniâtre roche, mais à la condition que la pointe
fût très acérée et cette pointe éclatait fréquemment. On conçoit que les outils de fer
mal préparé des Jébuséens, si tant est qu'ils naient pas été réduits aux seuls instruments
de bronze, n'aient pu entamer efficacement une telle roche.
CHROMC'LK. 571
(1) Un seul point reste obscur : la première origine de la chambre d'eau près de la
ment avec l'histoire biblique. Aussi m'abstiendrai-je de développer les considérations trop
minutieuses f|ui mont conduit a l'hypothèse d'un premier état de la chambre contempo-
rain de l'installation jébuséenne.
572 REVUE BIBLIQUE.
qu'un bien minime effort d'imagination pour avoir sous les yeux
toutes les péripéties dupetit drame pittoresque et mouvementé. Il n'est
subtilité d'exégètes ou argutie de topographes qui vaille la sensation
profonde causée par la pratique familière du site et l'évocation ingé-
nue des faits.
Voici maintenant Salomon à l'œuvre pour donner aux alentours de
sa capitale l'embellissement et le charme qu'autorise son opulence
et que requiert sa grandeur. Le surplus des eaux que n'absorbait point
canaux, c'est qu'ils ont été bloqués avec le plus grand soin à une
période presque exactement déterminée puisqu'elle n'est pas posté-
rieure au vil'' siècle avant notre ère et ne saurait être antérieure au
milieu du viii^ siècle. Le canal inférieur, I, a été obturé à l'orifice
même dans le bassin de la fontaine ; l'autre,demeuré ouvert sur ce
bassin, a étéremblayé péniblement et dissimulé en outre sur une lon-
gueur considérable par d'énormes blocs de pierre. Cependant à la
même époque on a creusé au prix d'efforts considérables un réseau de
galeries nouvelles, quitte à en supprimer presque aussitôt ou à modi-
fier lune ou l'autre, à en laisser plusieurs inachevées, pour ouvrir à
o > 2 5-
j = -è s ^
Céramique peinte Hr
Planciik XVI.
^lon intention n'est pas. en dressant cette liste déjà longue, d'indiquer tous les
travau.x qua suscités la publication de M. Sacbau; il faudrait citer deux ou trois fois
plus de noms, même à s'en tenir aux maîtres. Je n'ai même point indiqué plusieurs
recensions, des plus utiles pour le progrès de l'interprétation, qui se sont appli-
quées au détail. Les études signalées ici ont surtout rapport aux problèmes d'his-
toire religieuse, d'un intérêt si exceptionnel, débattus durant ces derniers mois.
Pour éviter des redites, je m'abstiendrai de présenter des comptes rendus en forme.
11 serait juste cependant de féliciter dès le début de leur heureuse initiative les éditeurs
de l'édition prmcep«.- ils ont presque aussitôt après donné au public une édition
à bon marché qui met à la disposition de chacun les textes transcrits en caractères
carrés, avec des notes fort utiles. M. Ungnad s'est acquitté avec compétence
du soin de vulgariser ainsi les résultats de M. Sachau qu'il n'a que légèrement
mais avantageusement modifiés. Assurément, on regrette l'absence d'une traduction
et d'un glossaire des noms propres; ou a voulu réserver les privilèges de la grande
édition, sans parler des planches qui reproduisent les papyrus, nécessaires à toute
étude directe.
Les explications qu'on voudrait donner ici à la suite des maîtres ont surtout trait
ti76 REVLE BIBLIQUE.
On n'a rien écrit qui éclairât davantage les deux premiers papyrus contenant en
double exemplaire la pétition pour la reconstruction du temple (2\ J'ai proposé
naguère de regarder Bagohi comme un Juif. Cette conjecture est fortifiée par la tra-
duction de la ligne 27-28, telle qu'elle a été rétablie par M. Bruston {RB., 1912,
p. 130}. M. Ed. Meyer se demande ironiquement si Bagohi pouvait être bien sensible
aux faveurs spirituelles que lui promettaient les Juifs. Pourquoi non. s'il était lui-
même de race Israélite? L'intervention des Samaritains n'a pas été expliquée de
façon satisfaisante. Il me vient à la pensée que c'était l'autorité perse elle-même
qui avait exigé leur consentement. Il s'agirait d'une sorte d'enquête de commodo et
incommodo. Dans l'Eglise, lorsqu'un ordre religieux désire s'établir dans un lieu, le
droit canon requiert, outre la permission de l'évêque, une sorte d'avis conforme des
religieux déjà iustallés. Les Perses avaient autorisé la reconstruction du temple de
Jérusalem par un firman spécial, qui équivalait à un privilège; dans des circons-
tances qui nous sont moins connues, ils avaient sans doute autorisé aussi le temple
du Garizim. Ces deux sanctuaires possédaient le monopole du culte de lahvé. Tant
que le temple d'Élephantine fut debout, il jouissait, lui aussi, d'une possession de
fait, à laquelle font allusion les pétitionnaires en rappelant que Cambyse ne lavait
pas détruit.
Mais pouvait-on le relever sans le consentement des deux communautés rivales
de Samarie et de Jérusalem? Les pétitionnaires demandent à Bagohi son appui, mais
1) Tes serviteurs, Yedoniah, etc., 7, sexpriment ainsi : Si notre seigneur [le trouve
bon] 8) etque le temple du dieu Yahou [qui a été détruit] 9) à Éléphanline la forteresse
taureaux de chèvres, 11) sinon d'encens et de farine... 12) et que notre seigneur lasse...
ni
13) nous donnerons pour la maison de notre seigneur... 14i mille artabes dorge...
leurs actes religieux, mais ils n'ont pas dû rédiger leur consentement de cette façon.
On dirait vraiment qu'ils promettent la forte somme si on les dépouille de leur
privilège le plus sacré; ils tiennent à être dépouillés! Ils auraient pu écrire : si le
temple qu'on y puisse faire au moins des encensements, etc. Bref, ils
est rebâti et
avaient mille manières d'exprimer leur adhésion humiliée, mais celle-là ne saurait en
être une.
Les lignes 10 et 11 sont ainsi conçues :
est lue N, et cette lecture serait certaine si l'on devait tenir compte de ce qui paraît
être une trace d'écriture à droite eu haut, tout à fait sur la déchirure. Mais si c'est
une illusion, on devrait lire "i, car aucun x de cette page na une base aussi large.
Dans ce cas on pourrait songer à l'Z qu'il faudrait interpréter « semblablement »
(cf. 36, 4 : « de cette façon »;. Mais en supposant qu'il faille lire N, il serait encore
possible de supposer qu'il manque deux lettres; elles seraient un peu serrées, mais
•1^ serait une conjecture possible. Comme on incline de plus en plus à donner à
*l")p'3 le sens de combustion frac, ri^p), le sens serait assez bon agneaux, taureaux,
:
chèvres, combustion totale (ou holocauste). On s'étonnerait cependant que N"'^ fût
déterminé et "hpfD l'on prend xS^ pour un génitif, que Vp'Z ne
indéterminé, ou, si
Seulement comment expliquer ":"") de la ligne suivante? Ungnad, Meyer, etc., l'en-
tendent dans le sens de Dan. 2, 30 « non pas des sacrifices sanglants, mais bien :
Quoi qu'il en soit, s'il ne paraît pas trop étrange que les principaux de Syène aient
renoncé aux sacrifices sanglants, et qu'ils aient pour ainsi dire provoqué cette sup-
pression pour aller plus vite eu besogne, il faudra se garder de supposer que le maz-
déisme soit pour quelque chose dans la restriction tacite du mémorandum. M. Meyer
et M. Lévi ont imaginé que le respect des mazdéens pour le feu ne leur permettait
pas de tolérer que le feu de l'autel consumât les sacriQces. Mais pourquoi interdire
en Egypte ce qu'on tolérait à Jérusalem? Il serait peu prudent d'expliquer un point
obscur par la situation d'esprit des mazdéens — à supposer que Bagohi et Delaiah
fussent des mazdéens — c'est-à-dire obscurum per obsmrius.
Beaucoup plus important encore est le papyrus 6 sur la fête des azymes.
M. Sachau me pardonnera, j'en suis sûr, de reproduire le texte araméen.
[^nx Sn] 1
... ]n\-iSn ^nx nhx! [n>]3:n D^inx x'îiinL*! vh^]T\ nmjji n');[-i] 2
... [•^nx S" niS'ki? NjSa p3 Nj'^atnmii- || ||1 n:u7 x"? KnrùJ n"3i s
... ]2nN 1JD p nnax nVD xn [ ]4
... ]S I
2 mi -y llllh D^^ pmf ]5
... ]x n-''2!; nmTNT ^^r^ "jt3-[ ]6
... ]N lien n uv-^zu Sdi in-^-n Sn[ ]7
... "jlDljS I
2 ainj" N'il-Dîy 21î?)2[ ]8
... liaTi l'^z lonm DjI:"!?!! iSî;-[- ]9
N[ ]10.
les lignes suivantes ne sont moins incomplètes que de deux ou trois lettres.
En tout cas Hananiah avait le choix entre deux formules usitées, et je n'admettrais
pas volontiers qu'il ait employé la formule polythéiste comme indifférente. Elle ne
lui était pas imposée par l'usage, à moins que ce ne fût par l'usage de la chancel-
lerie persane.
1. 3 T\"Z^ non pas « etc. » [Lévi], mais une sorte d'indication que la lettre va com-
mencer. Lidzbarski a rendu : cette année est la cinquième de Darius. Mais pour-
quoi cette déclaration? Donc : cette année, qui est la cinquième de Darius.
Wh^' a été interprété comme s'appliquant à une chose « un ordre, une lettre...:
a été envoyée de la part du roi à Arsam M. Arnold prétend que ce participe doit
».
s'entendre de Hananiah lui-même : il complète ayant été envoyé par le roi à Arsam,
:
j'ai visité la ville de Jérusalem etc. Ce savant cite Nni^^c? qui signifie envoyé, apôtre,
et Esdr. 7, 14-17 où n'^'^'C s'entend d'une personne. Dès lors tout serait changé.
Il ne serait plus question d'un ordre du roi de Perse, mais d'une commission du
sacerdoce de Jérusalem. Ou bien, dit M. Arnold, le gouvernement fait tout, ou il ne
fait rien. Or il ne fait pas tout, puisque Hananiah parle en son nom personnel; on
n'aura donc pas le droit de conclure de l'immixtion des Perses en cette affaire à
l'authenticité des documents royaux du livre d'Esdras.
— Mais ce dilemme est évidemment outré. Quand bien même Hananiah n'aurait
RECENSIONS. oT9
(T'U* est employé expressément à propos d'une lettre envoyée 1. 10 PliN mu.'; cf.
1. 9). Il n'y a donc pas lieu de renoncer au sens très bien vu par M. Sachau :
Hananiah transmet à ses compatriotes un ordre royal. Il se peut que lui-même l'ait
apporté, mais il ne le dit pas.
l. 6 "j^i" « purs » lu par M. Sachau. a été accepté par tout le monde. La déchi-
rure qui précède le T (ou "i) pénètre en pointe ; si le mot est incomplet, on ne peut
supposer qu'un " .1). 'rt^l" « soyez rangés >< donnerait un sens acceptable à la
rigueur, mais la scriptio plena au pluriel est le cas le moins ordinaire dans les
verbes trilittères, tandis qu'elle est très naturelle avec N^"7. Donc « soyez purs ».
Or M. Lévi a fait remarquer que la pureté n'était exigée que pour l'immolation et la
manducation de l'agneau pascal (II Chron. 30, 18).
M. Lévi se scandalise de la traduction de M. Sachau, suivi par M. Lagrange, et
qui sépare 1"i~~7XT de ce qui suit. Cependant personne n'a songé à la modifier,
pas même M. Strack. M. Lévi préfère « et prenez soin de ne faire aucun travail ».
:
L'ethp. de "!n7 dans le Targ. d'Ez. 33, 4 signifie se mettre en garde à la suite d'un
avertissement. Il n'est pas clair que ce sens réflexe se construise plus aisément avec
ce qui suit que si l'on met un arrêt après le verbe. « Prendre soin » est en tout cas
trop vague;, il faudrait traduire « soyez avertis ».
1. 7. Suppléer ^ZZ'^ avant 'nwTl Sx. La fête de Pâques n'exclut pas le vin;
d"après la Michna au repas pascal on vidait quatre coupes, mais les boissons faites
avec des céréales fermentées sont exclues (Pesahim 3, 1), en particulier le fermenté
des Mèdes et le zythos ou la bière d'Egypte. Notre document complète donc déjà la
Bible sur ce point!
I. 9. Le mot VJ n'est pas complet: il y avait devant une lettre qu'on ne peut
reconnaître avec certitude, mais qui paraît être un :. Si on lisait *")": on postulerait
pour l'araméen ancien le sens
verrouiller » ce mot serait en harmonie
de l'hébreu (( ;
avec V2nn, « peu près certain, avec un léger doute sur la pre-
scellez », qui est à
mière lettre. D'abord on avait joint T2nn à ce qui suit, mais sans obtenir de sens
raisonnable. Le complément de ces verbes pouvait fort bien être avant.
M. Barth iOrie7italistische LitcraturzeitKug, 1912, 10) suivi par xMeyer, Lévi, a pro-
posé de suppléer T'J'J} bx iVzn ""7:a 'lz\ « et ne faites entrer (dans vos
''"t
maisons) rien de fermenté». Mais d'abord c'est répéter, dans un texte bien court,
des mots qui ont déjà paru, et surtout c'est une expression bien faible pour rendre
l'ordre exprès de faire disparaître le levain (Ex. 13, 7: Dt. 16, 4 et Ex. 12. l.5j;
on sait quelle importance a déjà dans la Michna la recherche du levain qu'il faut
absolument faire disparaître. Ce ne serait pas assez de le mettre sous clef, il faut le
(I; Ce qui exclut •r'i^-'i* « soyez en repos », proposé par M. Perles. Orient. Lî7.-Ze(7., 1911, 498.
580 REVUE BIBLIQUE.
texte. M. Lévi prétend même que, dans l'esprit du document, « la fête de Maççot doit
évincer et remplacer la fête pascale» (1). Depuis la promulgation du Deutéronome,
pas jusqu'alors souciés de cette défense « c'est aux laïques qu'on recommande,
:
C'est une possibilité cependant dont les commentaires doivent tenir compte. Dans
la partie conservée, la recoramandation dètre purs, et peut-être aussi la ligne 0, in-
clineraient vers ce sens.
Il faut aussi faire état de l'ostracon publié d'abord par M. Lidzbarski (1 et repro-
duit par M. Sachau ,'dans Ungnad n'^ 77). Quoiqu'il échappe encore à l'interpréta-
tion, on y lit très nettement (extérieur 1. .5; Nr;r£2. « dans la Pàque ». Cet ostrakon
provient vraisemblablement d'Klépliantiue, et paraît appartenir à la même époque
que les papyrus.
Il faut au contraire renoncer à l'interprétation donnée par M. Sayce de l'ostrakon
qu'il a publié dans les Proceedings of tlie Society of bihllcal archacolog;/, XXXIII,
183.
En laissant de côté la question de du moins que les pres-
la Pàque, il est certain
part des Juifs les plus fidèles à la Loi : il faudra désormais pratiquer la fête comme
on le fait à Jérusalem.
L'influence de Jérusalem est indéniable, mais la pensée des Juifs de la métropole
a du moins été formulée et promulguée par le grand roi, et elle a dû subir l'em-
preinte de préoccupations administratives, désireuses de tout accorder, plutôt que
de faire prévaloir une doctrine. J'ai exagéré dans ce sens {RB., 1912, 131 s.); et
Juifs de Palestine, il sera peu indiqué d'y voir une tentative de faire rentrer ceux
d'Egypte dans le giron de l'orthodoxie hiernsolymitaine. D'après ce que nous révèle
le mémorandum, les Samaritains étaient aussi orthodoxes que les Juifs de Jérusalem
aux yeux des Perses. Ils Pentateuque, se contentant d'une
acceptaient d'ailleurs le
(les usages religieux parmi ses sujets. Or tel paraît bien être le but du rescrit. Mais
il reste à en déterminer la portée spéciale.
Faut-il dire avec M. Steuernagel que ce qui est eu cause ici, c'est l'institution même
des Azymes ?
D'après ce savant, la fête des Azymes n'était pas seulement à l'origine distincte de
l'immolation de la Pàque; elle fut pendant longtemps propre au royaume du Nord.
Les Judéens ne l'acceptèrent que sur le papier, en s'appropriant l'Elohiste (Ex. 23,
1-5 ,
;
promulgation du Code Sacerdotal en 444, la fête des Azymes
enfin, avec la
devint pour eux une réalité, et ils s'efforcèrent de la faire adopter en Egypte, où elle
Deutéronome. et les textes où l'on en fait mention ne parlaient d'abord que des
Azymes !
Canaan. Mais il serait trop long d'entrer ici dans le détail. Tout en tenant ferme-
ment pour la tradition, on doit co nstater comme un fait que la législation s'est dé-
veloppée et précisée. Non que je veuille trancher d'après ce seul cas la question
littéraire du Pentateuque; j'use de la liberté accordée pour des cas particuliers. Il
suffit de lire les textes. Quelques-uns ne parlent que de sept jours d'azymes au mois
d'Abib. Ce sont : Ex. 23, 15 (E); Ex. 34, J8 J) et Dt. 16, 1. Il y a là deux indices
d'antiquité : d'abord le nom de Abib, ou mois des épis, l'ancien nom, probablement
cananéen (1), supplanté par mois ou de mois de nisan;
la qualification de premier
ensuite le vague de l'expression. Dans le Deutéronome (16, s; le dernier jour seul
est chômé, et l'immolation de la Pâque ne peut avoir lieu qu'à Jérusalem.
Au contraire, dans la législation dite du Code Sacerdotal (Ex. 12, 16-18^, et dans
celle dite du Code de Sainteté Lev. 23, 4-8' et indépendamment de toute qualifica-
tion de ce genre, on reconnaît une législation postérieure, soit au nom de « premier
mois >, intermédiaire entre les anciens noms cananéens et l'adoption du calendrier
babylonien, soit à la précision des dates du 14 au 21 et à l'augmentation du nom- 1
bre des jours chômés. Je sais que le législateur peut aussi en réduire le nombre,
mais ils vont d'abord en augmentant, et la législation qui prescrit deux jours, non
seulement est demeurée en vigueur, mais a été dépassée par l'usage des Juifs qui
chôment aujourd'hui quatre jours sinon huit.
Ces faits rappelés, on est tout naturellement conduit à conclure avec M. Ed.
Meyer, que c'est la dernière législation du Pentateuque sur les azymes que le
parait avoir prouvé que ces deux Egyptiens avaient rendu un service signalé à
l'auteur de la lettre, qui est une lettre de recommandation (2). Mais M. Sachau
n'avait pas tort de penser que cette recommandation envoyée d'avance et non —
pas remise aux bénéficiaires —
renfermait des sous-entendus. Les Juifs recouraient
à l'occasion à des Egyptiens pour se défendre des entreprises de Widarnag (3)
leur ennemi, et devaient aussi leur témoigner de la gratitude. .Alais les Égyptiens
étaient toujours des ennemis possibles, et il fallait se garder même des meilleurs.
Ma'ouziah, le notaire désormais bien connu, était allé à Abydos, et avait été
jeté en prison par Widarnag, qui semble l'y avoir poursuivi et inculpé du vol d'une
pierre précieuse. A la fin, deux personnages, qui portent des noms égyptiens,
.Sel.ia (Ta/(,i;?) et Hùr, — grâce aussi àla protection du Dieu du ciel, — l'avaient
sauvé. Ces deux Egyptiens étaient serviteurs {Sachau) ou connaissances (Arnold),
peut-être clients, employés d'Anani ^4). Désirant se rendre à Eléphantine, ils
demandèrent à Ma'ouziah de les présenter d'avance à ses amis par une lettre
commeadatice. Ma'ouziah la donne de la façon la plus large, promettant à ses
amis qu'ils n'y perdront rien, puisque 'Anaui répondra de tout {Arnold;. Les
rapports avec lljnaaiah sont moins clairs. Dans cette partie de la lettre il n'est
guère question que de Hôr .ô). Comment ce personnage, déjà client d"Auani, est-il
encore client de Hananiah? Ce serait précisément une raison de ne pas donner au
mot ni-" le sens de serviteur, car il serait difficile de distinguer deux Hôr. Voici
donc le passage le plus important, malheureusement obscur et rendu plus difficile
à interpréter par l'incertitude de plusieurs lectures.
Donc voilà qu'ils vont là-bas auprès de vous. Veillez sur eux '6) en ce
(à Eléphantine,)
(lulls désirent. Et sur ce que Seha en surcharge Hôr) vous demanderait, tenez-vous en
leur présence ~] de faion qu'ils ne trouvent pas de mauvaise affaire.
i; L. t.. 97.
'•2) C'est aussi Tavisde M. Barth. Oriental. Lileraturzeit.. 191-2, col. 10 s.
,3) Cette prononciation approche de la vérité plus que Waidrang, car le nom doit être celui
que les Grecs ont transcrit 'rSàj-r.;.
ioi A la ligne E le scribe avait écrit Seha et mis le verbe au singulier suivi d'un pronom
au pluriel, et Hôr en surcharge. C'est comme une transition du pluriel (duel) au singu-
écrit
lier.
(6) Dans le bon sens (Arnold).
i") Sachau opposez-vous à eus.
:
584 REVUE BIBLIQL'E.
C'est ici que je vois percer la défiance. Les Juifs devront veiller sur leur con-
duite et sur leurs paroles. Pourquoi?
La fin est claire : « depuis que Hananiah est en Egypte •. Mais le début?
M. Sachau « Le : .... de Ilnoum est contre nous, depuis... », etc.
Q*ljrî serait le dieu Ilnoum. Mais il est écrit 2i:n dans les deux cas (1, 5 et Euting
B, 3) oîi il parait comme Dieu. Il est vrai qu'une femme se nomme mirin (12, 2],
et qu'on trouve aussi Clin (15.1) dans un texte obscur. M. Arnold lit N'^'iri le mot
douteux, et CZ'; 22"^ que Sachau traite comme une dittographie est pour lui
synonyme de « il y a ». Donc : « Vous savez Tafflietion qui. sans raison, pèse sur
nous depuis ». Mais c;n est hébreu, non arameen, le texte est plus que douteux.
.Te crois que le second mot pourrait se lire nV'"* : « vous savez 'il vous est
connu) ce que Hnoum est par rapport à nous, depuis... » il). L'auteur de la lettre
expliquerait pourquoi il importe que les deux Egyptiens, même dépendants ou amis
des .luifs. ne les trouvent pas en défaut : C'est que, depuis que Hananiah est en
Egypte, Hnoum, c'est-à-dire ses prêtres, sont hostiles. Mais alors, au lieu de sup-
primer les sacrifiées sanglants, ce qui ne pouvait que plaire aux Égyptiens, Hana-
niah aurait donc donné une nouvelle impulsion au culte?
On voit quelle réserve s'impose quand tant de données sont incertaines.
Sur la religion des Juifs d'Eiéphautine, les opinions sont toujours très divergentes.
Plusieurs cherchent à les innocenter de tout reproche de polythéisme.
M. Epstein n'est pas embarrassé pour trancher le nœud gordien : tous les préten-
dus noms divins ne seraient que des noms propres. Ainsi, quand le papyrus 18 sem-
main de ledoniah entre lahô, ISMbéthel
ble répartir les contributions trouvées dans la
et ANTbéihel, M. Epstein imagine que les trois derniers sont des personnages impor-
tants qui. au lieu de deux sicles, ont donné des sommes considérables! !
Cette hypothèse est fort hasardée, puisque les documents d'Eléphantine ont
précisément prouvé que le kérech ne vaut que dix sicles. Cependant, dans un cas oiî
il est dit expressément qu'on calcule au poids de Ptah, le kérech vaut vingt sicles (2).
mais son efficacité s'évanouit si, au lieu de compter 123 souscripteurs, on arrive
avec M. Meyer au total de 130 (1).
Si donc la somme que ledoniali avait en mains est supérieure à 2G0 sicles —
chaque souscripteur en versant deux, —
ou peut supposer avec le même savant
(|ue ledoniali avait déjà de l'argent en caisse, ou qu'il nous manque des noms.
Le début ne nomme que lahô, mais il pouvait bien partager avec des divinités qui
n'étaient que secondaires, et, pour ainsi dire, nue émanation de sa puissance.
L'affaire de Ilrmbétliel n'est pas plus favorable au monothéisme juif. Rien ne prouve
que le défendeur ne fût pas juif, et en tout cas llrmbéthel est « notre Dieu » (2) par
rapport aux deux personnes en cause. Je ne puis m'empécher de défendre ma pre-
mière interprétation. Il s'agit d'un personnage qui, d'après M. Lévi lui-même, « était
entré par effraction chez iMalkiah, avait battu ou violenté sa femme et s'était emparé
de ses biens » (3). Vous croyez que Malkiah va se plaindre? Pas du tout. D'après
M. Lévi (et déjà M. Meyer), c'est le voleur qui « avait même poussé l'audace jusqu'à
porter plainte contre le Juif ». Porter plaiute! mais de quoi.' assurément l'audace
eût été grande. Elle est absolument invraisemblable. C'est Malkiah qui assigne son
adversaire, et, comme il n'a pas de preuve, il lui défère le serment.
Le nom de 'Anathiahô aurait pu être composé par des Syriens. Mais qui nous
prouve l'existence de Syriens formant un groupe distinct des Juifs? Puisque 'Anath-
béthel partageait avec lahô dans la communauté de ledoniah, 'Anathiahô y avait de
même choque M. Lévi « L'une et l'autre se par-
sa place. C'est précisément ce qui :
que naguère encore il donnait au mot Béthel; il ne veut plus y voir l'idée d'un
sanctuaire, mais seulement le nom de la pierre sacrée. Béthel est « un objet de culte
du temple, qui, au fond identique avec lahvé et son symbole, est devenu un être
divin à son service » (1). Béthel serait donc identique à lahvé. de sorte qu'un nom
alternerait avec l'autre, et ce n'eût pas été renoncer à lahvé que d'adorer Béthel, de
même que le culte du Sacré-Cœur n'est pas hostile à celui de Jésus-Christ. Dans le
culte. L'autel ;2), le pieu sacréou achéra ,'3), la stèle (salm) (4), le trône (môtab) {ô}
et aussi la pierre sacrée ou la maison de Dieu en raccourci sont devenus des objets
d'adoration, et presque des hypostases. Mais, à l'époque où nous sommes, cette
personuificatiou était accomplie depuis longtemps, au moins pour Béthel. Aujour-
d'hui que les papyrus ont prouvé l'existence d'un dieu Bétliel. on ne peut plus douter
que c'est lui que vise Jérémie (48, 13) :
Béthel est ici un dieu comme Camos, et non le sanctuaire de Béthel comme le
croyait encore Duhm, et probablement une entité divine distincte de lahvé, quoique
très voisine de lui 6) et peut-être, à l'origine, un autre aspect de sa physionomie.
M. Meyer, qui n'a pas pris garde à ce texte, a trouvé Achiraat dans Amos ;8, 14). Le
fait est moins clair, car s'il s'agit bien en cet endroit d'une divinité, son nom propre
a pu être dissimulé par un scrupule pré-massorétique sous « le péché de Samarie »,
coumie le ~Tî de Bersabée a été changé en ";"»". L'illustre historien n'avait donc
pas le droit de regarder comme une fiction tendancieuse l'introduction de Achima
par les colons de Hama ;il Reg. 17. 30). Quoi qu'il en soit, Achima était honorée à
Samarie longtemps avant l'époque persane, et c'est elle qu'on a crue unie avec Béthel
dans le nom qu'on lisait dès lors Achimbéthel.
Mais alors il serait plus difficile d'identifier cette divinité, féminine, au dieu syrien
"^xj-îi-'Ao;. Lorsque M. Chapot eut publié l'inscription ^ïiatto /.al S!ja6=tûÀf;) /.al
bétyle, et même de plusieurs dieux dans le même bétyle (7). C'est encore sur quoi
on insiste après avoir reconnu l'identité de la divinité d'Eléphantine avec SuaCiTuXo^.
Les deux divinités, 'Anathbéthel et Achimbéthel, seraient volontiers considérées
comme résidant dans le même béthel que lahvé ainsi que le suggère la théorie de
M. Meyer. du moins pour une époque antérieure. Mais précisément la découverte
d'Eléphantine lait évanouir la chimère des dieux symbétyles! Si ^Nr'"2'2U,*N est le
même que -jj.oétjXo;, comme on n'en peut guère douter, c'est donc que l'étymologie
de la forme grecque ne peut pas être tjv-ostjXoc... Symbétyle est simplement un
dieu quelconque. Mais si le nom araméen éclaire l'étymologie du mot grec, au
J) L. l.. p. ti-2.
C'est celle de M. Grimme. Ichmbéthel, d'après la portée du Nom divin chez les
Juifs, est la manifestation de Béthel, comme l'arche des Hébreux a pu se nommer
n'XZÏ m~i DU (Il Sam. 6, 2, %. Seulement, puisque nous avons constate la pré-
sence de Béthel dans l'Israël du Nord, il sera superflu de recruter les adorateurs
de Ichmbéthel parmi les Syriens, et de comparer ce dieu avec les dieux syriens
'^s'.'j.oi. -t;i.a, Xr,;jiÉa [Lidzbarski). Au de chercher très loin les éléments d'un
lieu
syncrétisme religieux et social, on pourra dire que « la religion des Juifs dEléplian-
tine était concentrée dans un petit cercle, fermé sur les anciens souvenirs religieux
de leur pays d'origine » (3). Seulement, il faudra reconnaîre une certaine iniluence
des Israélites du nord sur les Judéens, ce qui est assez naturel, puisque, après la
prise de Samarie, le royaume de Juda s'était un peu étendu vers le nord, et que de
nombreux Israélites de la Samarie ont du émigrer dans Juda.
Il n'y aurait rien d'étonnant à ce que les Juifs d'Eléphantine soient demeurés au
point où l'on en était en Judée avant la réforme de Josias. Or, on sait que le saint
roi dut expulser du temple une idole d'Astarté (II Reg. 23, 6). Le polythéisme fleu-
Les Judéo-chrétiens, leurs évangiles, voilà assurément une des questions les plus
obscures des origines chrétiennes. De nouvelles découvertes seront naturellement les
bien venues si elles contribuent à éclairer le sujet. Rappelons-en les termes reçus
jusqu'à ce jour. On connaissait par Clément d'AI., par Origène, par Eusèbe, par
S.Jérôme, un évangile selon les Hébreux; c'était, d'après Jérôme, le même dont il exis-
tait un exemplaire, en langue syriaque et en caractères hébreux, dans la bibliothèque
de Césarée.
D'autre part, s. Épiphane a fait connaître quelques extraits d'un évangile qu'il
(1) Cf. Gen. 14, 2 1:2X^2'^ lufxooop; Num. 26, 32 'TT'lDU; luiiasp cf. Jos. 17, -2.
(2) Cf. • du nom de Ba'al •, Études sur les rel. sém., 2" éd., p. 48i.
Astarté ^'J'Z DUT,
(3) Le Correspondant, 10 mai 1912. p. 478.
588 REVUE BIBLIQUE.
nomme selon Matthieu ou selon les Hébreux (1), usité par les Ébionites. Assez vo-
lontiers on identifiait cet évangile ébionite avec un évangile selon les douze apôtres,
regardé par Origène comme très ancien.
Quant aux on connaissait donc de l'évangile ébionite ceux de s. Épiphane,
textes,
et de l'évangile selon
les Hébreux les citations de certains Pères, surtout de s. Jé-
rôme, plus quelques scholies, exactement quatre, — attachées à certains —
mss. de s. Matthieu sous la rubrique tô 'louoaVxov. C'est sur ce dernier point
que se placent les découvertes de M. Schmidtke. Il a trouvé dans un monas-
tère du Bunar Dagh (sandjak macédonien de Drama), en plus des anciennes, neuf
nouvelles scholies avec la mention -6 'lojoaVzôv, mêlées à d'autres variantes. Ces
scholies étaient plus nombreuses un certain nombre a été effacé. M. S. croit pou-
;
voir ramener le manuscrit à une recension établie à Antioche, mais par un pèlerin
qui a collationné son ms. à Jérusalem, sur la sainte montagne de Siou, vers l'an
500. De ce que ces recensions sont propres à Mt., soit qu'il s'agisse de -h 'louoaV/.ov.
soit qu'il s'agisse
des variantes tirées d'autres mss., il concUit qu'elles ont été em-
pruntées à un commentaire grec sur s. Matthieu; ce commentaire doit être celui
d'Apollinaire de Laodicée, écrivain considérable, qui savait l'hébreu (2), et natu-
rellement le syriaque, langue de sa patrie. Les variantes nouvelles de l'évangile juif
où l'on avait déjà reconnu l'évangile syriaque de Césarée, ne sont point très considé-
rables. M. S. nous permettra de citer celle-ci, sur Mt. 27, 65 T6 'louoauov xa; :
-apsôtozav auToï; avooaç evo-Xouç, "va xaSir'ovTa; xax' £vav-(ov toj ar.T^\xîo'j -/.où T/ipwiiv
ajTÔv ïi;i.c'pa? xa\ vuxtoç, OÙ l'ou voit Pilate fournir des soldats aux sanhédrites pour
garder le tombeau de Jésus, qualifié de grotte. Mais on peut dire que les petites va-
riantes ont encore plus attiré l'attention de S. si l'on consultait l'cvangile dit juif sur
;
des minuties, à l'instar des autres sources d'informations qui sont les manuscrits, c'est
donc que cet évangile était très semblable au Matthieu grec canonique, et que pro-
bablement on le tenait pour l'original lui-même. Pouvait-on en dire autant de l'é-
judéo-chrétiens. Car tous les fragments qui désormais seront classés^sous la rubrique
HE, comme distincts de NE, seront aussitôt versés à l'évangile ébionite, c'est-à-
dire placés sous la rubrique EË. En d'autres termes, au lieu d'avoir HE NE, dis- =
tinct de EE; on a NE -f HE, ce dernier désormais confondu avec EE.
Au premier abord, la question ne parait pas très grave. Il existe cinquante-sept
allusions à l'un des évangiles en question, d'après S., et seulement environ trente-six
textes cités. Importe-t-il beaucoup de les ranger sous telle ou telle rubrique ?
Il importe, parce que ces rubriques représentent des sectes diCférentes, et parce que
plusieurs problèmes assez sérieux sont engagés dans cette controverse.
Il est un point que S. suppose résolu, et dont il faut parler ici puisque certaines
personnes s'imaginent encore que la bibliothèque de Césarée a contenu le manuscrit
(1) Plus exactement ce sont les Ébionites eux-mêmes qui lui donnent ce titre, avec peu de
fixité: xa/.oùfft os aùxô xaxà 'Eopaîou; et 'Eêpaixôv ôà -coùxo xaXo-jatv [llaer. 30, 3 et 13).
(-2) Suidas, citant Piiiloslorsius.
RECENSIONS. 589
gums, de l'original grec du premier évangile, connu sous le nom d'évangile selon
s. Matthieu. Cette version était usitée, nous le savions par s. Jérôme, chez les Naza-
réens de Bérée (auj. Alep^. Mais qu'étaient ces Nazaréens? A recourir à certains ren-
seignements fournis par s. Epiphane ou par Jérôme lui-même, ils ne sont ni chair ni
poisson, ni juifs ni chrétiens, flottants entre les uns et les autres, mal vus des deux
côtés. D'après S., ces Nazaréens étaient d'origine juive, mais sincèrement convertis
au christianisme; ils avaient la même foi, le même canon que la grande Église. Ils
pratiquaient encore la Loi, parce que, étant juifs, ils croyaient devoir suivre une
coutume nationale (2), mais sans l'imposer aux Gentils, et même sans chercher dans
la loi le salut qui était pour eux aussi en Jésus-Christ. Naturellement ils admettaient
la conception surnaturelle...
L'argumentation de Schmidtke est trop uniquement déduite de l'exégèse des Naza-
réens, telle que Jérôme nous la fait connaître dans son commentaire sur Isaïe(3}.
Il y aurait déjà un moyen de
la conclusion ruiner
ce serait de prétendre que Jérôme :
que l'exégèse des Nazaréens, dans quatre cas sur cinq, est une violente diatribe
contre les scribes et les pharisiens, dont les traditions sont exécrées. Nous savons
maintenant qu'une secte juive, établie au pays de Damas, avait la même haine des
traditions pharisiennes (4). Se serait-on imaginé chez les chrétiens que cette haine
était l'effet de leur adhésion à l'évangile? Mais
s'ils n'avaient été que Juifs, ces
Nazaréens n'auraient pas eu même l'évangile qui porte leur nom. Il faut donc tenir
compte des textes du commentaire d'Isaïe, très heureusement mis en œuvre par
M. Schmidtke, qui a, pour la première fois, semble-t-il, dessiné une image aussi sympa-
thique de la communauté de Bérée. Sans le moindre préjugé hérétique, elle a pu
éprouver besoin d'avoir une traduction en syriaque du premier évangile, et l'en-
le
richir de certains traits à la manière des Targums. On peut même se demander si ces
traits, dont quelques-uns sont dignes du Sauveur, ne sont pas des paroles de Jésus
authentiques, comme celle-ci « Ne soyez jamais joyeux, si ce n'est quand vous verrez
:
(1) Surtout sur Mich. 7, G Qui...crediderit evangelio quod secundum Hebraeos edilum nuper
:
transiulimus...
{-2) M^"^ Blyth, évéque anglican en mission à Jérusalem, soutient encore que le seul moyen de
convertir les Juifs au rliristianisme serait de les autoriser à pratiquer la Loi. Mais il ne semble
pas ([u'on ait tait des tentatives sérieuses dans ce sens.
3j PL., XXIV, col. 119, 1-M, I-2j, 330, 357 édition de 1843. Les chiffres indiqués par S. sont un
;
peu différents.
(i) Cf. RS., 191-2, p. 213 ss.. 3-21 SS.
590 REVUE BIBLIQUE.
votre frère en charité (l) » -, ou celle-ci, découverte par S. : « Si vous étiez dans mon
sein, et que vous ne fassiez pas la volonté de mon père qui est au ciel, je vous arra-
cherais de mon sein (2). >-
Toutefois il est difficile d'admettre sans grande raison, contre l'autorité d'Épiphane
et de Jérôme, que communauté d'Alep ait été seule de son espèce, et que ces
la
Nazaréens se soient sentis en communion si étroite avec la grande Eglise. Qu'ils aient
reçu toutle canon duN. T., il est difficile de lecroire surrautoritéd'Épiphane(3), car,
possédant un évangile qui était le leur, il est peu vraisemblable, d'après la psycho-
logie des groupes fermés — j'évite le mot de sectaires qu'ils ne lui aient pas donné —
la préférence. Quand ils citent Paul avec éloge, c'est comme apôtre des Gentils (4),
et il serait surprenant que ces observants de la Loi en aient fait leur lecture favorite.
Jérôme dislingue leur exégèse de celle des Hébreux convertis (5), et, quelle que soit sa
source, il n'a pas dû se tromper en notant leur situation équivoque (6). M. Schmidtke,
qui a un faible pour les situations violentes, me paraît avoir trop confondu les Naza-
réens avec la grande Église pour s'autoriser à retrancher de leur évangile un trait
judéo-chrétien comme la préférence donnée à Jacques, frère du Seigneur. La bonne
méthode parait être au contraire de s'appuyer sur des textes comme celui-là pour
juger des Nazaréens. Nous allons y revenir.
Il est cependant certain que les Nazaréens étaient beaucoup plus catholiques que
les Ébionites. Entre les parties non contestées de NE et EE, il y a une différence con-
sidérable. Dans EE, l'évangile est traité avec une entière indépendance. Il commence
à la vocation des disciples, qui précède le baptême. Il n'est point question de concep-
tion surnaturelle, et nous savons par Epiphane que les Ébionites la rejetaient abso-
le Messie, mais qui ont été récalcitrants aux spéculations de Paul, un apostat; on les
plaignait de cette pauvreté d'esprit, et, relevant le gant, ils ont pris le nom de pau-
vres {Ebionim) (7). Bien différents sont d'autres Ébionites, qui sont, eux, la secte
judéo-gnostique des Elkésaïtes. Ceux-là sont des judéo-chrétiens syncrétistes, vivant
6£X-/nx.a TO-j IlaTp6;[J.ou toy èv oOpavoï; p.v) xôXtiou |xow ànoçiçi'\ioy ûfxà;.
Tcotvïxe, iy. to'j
Nazaraci, etc. A vrai dire on serait tenté de changer les termes, car l'exégèse des Nazaiéens est
plus chrétienne que celle des Hébreux complètement convertis Puisque Jérôme se trompe si !
facilement! ne sont-ce i)as ces derniers qui ont dit: poHleaciutem perevangeliumapostoli Pauli,
quinoinssimus apostolorum omnium fuit, inyravata est, ici est multiplicata pruedicatio, et in
terminas gentium et viam universi maris Christi eoangelium splenduit. Encore est-il que Paul
est novissimus apostolorum omnium.
(G) Dum
voluntet Judaei esse et Christiani, nec Jmlaei sunt, nec Christiani [ep. 11-2 ad Aug.,
PL., XXII. 9-24 .
^-) Schmidtke ne veut même pas les nommer judéo-chrétiens; il refuse à plus forte raison ce
titre aux Nazaréens cf. p. '248. note.
;
RECENSIONS. 591
Après avoir opéré ce discernement, S. attribue l'évangile des Ebionites aux pre-
miers: c'était un évangile selon Matthieu, puisque Matthieu y est pris à part par
Jésus, as Tov MxTOarov /.aOïlTofj.Evov l-\ toj teX'ovîo'j È/.xÀsaa xai v/.o).oûOr,aâç aoi (EPIPH.
Haer. 30, 13). Or Irénée, lui aussi (I, 26, 2), a parlé d'Ébionites quin'avaient qu'un
évangile selon Matthieu, et rejetaient Paul, l'apostat. 11 connaissait donc EE; c'est
cet évangile qui depuis a été nommé l'évangile selon les Hébreux et que Jérôme a mal
à propos confondu avec celui des Nazaréens.
Je concède volontiers pour ma part que EE était attribué à Matthieu (l), comme
le prouve la phrase alléguée, mais il suffisait d'y jeter un coup d'œil pour constater
à quel point il s'écartait du Matthieu canonique. On l'appellerait à plus juste titre,
d'après ce que nous en possédons, un évangile selon Luc. C'est un conglomérat dont
Zahn avait déjà reconnu la nature '2), et il est étrange que S. ait perdu de vue cet
aspect de la question. Irénée eùt-il pu dire de cet amalgame : Solo autem eo quod est
secundum Matthaeum evangelio utimtur...? De plus, si l'on distingue des Ebionites,
simples Juifs convertis au Messie, et des Ebionites gnostiques, et que l'on demande
lesquels étaient végétariens, on répondra sans hésiter : les gnostiques. Or l'évangile
des Ebionites est très résolument végétarien, même à propos de la Pàque ! Quand les
disciples demandent à Jésus : « Où veux-tu que nous te préparions pour manger la
Pâque? » Jésus répond : " E>t-ee que j'ai désiré manger avec vous cette viande la
pâque? » (Haer. 30, 22). On fait manger à Jean-Baptiste du miel sauvage, qui avait le
goût de manne, w; l^x-pii h IXafto. Et Épiphane (Haer. 30, 13; avait bien marqué
la
que c'était une manière subtile d'éliminer la sauterelle, â/.pEç. Peut-être ces Juifs
auraient-ils écarté les sauterelles comme impures, mais la Pàque! Et une autre parole
de Jésus qu'ils ontconservée déclarait, avant la ruine du Temple « Si vous ne cessez :
saurais apercevoir là un groupe de Juifs ayant reconnu Jésus comme le Messie, sans
se croire pour cela dispensés de la Loi. Il y a certainement du gnosticisme dans leur
cas, et par conséquent M. Schmidtke n'a pas réussi à dissiper les épaisses ténèbres
qui couvrent les Ebionites. Je ne l'essaierai pas non plus. Venons à sa thèse princi-
pale dont les termes sont désormais plus clairs. L'évangile des Nazaréens était ortho-
doxe et très semblable à notre premier évangile; celui des Ebionites était héré-
tique. N'y a-t-il pas, dans les fragments attribués au premier, des textes qu'il faut
faire passer dans le second? S. le pense: il attribue d'abord à EE tout ce qui était
attribué à HE, et de plus quelques passages conservés par s. Jérôme qui ne connais-
sait qu'un évangile comprenant NE et HE : en d'autres termes, comme nous l'avons
déjà dit : NE est distinct de HE qui se confond avec EE.
Cela n'a l'air de rien, mais saint Jérôme se trouve sur le chemin du critique, et
mal lui en prend Schmidtke, en effet, ne peut même aborder sa thèse si Jérôme a
eu une connaissance un peu sérieuse de l'évangile appartenant aux Nazaréens, et s'il
a su ce qu'il faisait soit en l'assimilant à l'évangile selon les Hébreux, soit en en tirant
des extraits.
Voici donc ce que propose Schmidtke. Jérôme a vu un exemplaire de NE à la
(1) Et par conséquent que cen'était point révangile des douze Apôtres. C'est aussi l'avis de
M. Amann, qui avait d'ailleurs fait de grandes réserves sur l'ouvrage de M. Schmidtke. dans sa
recension distinguée du Bulletin d'ancienne littérature et d'archéologie chrétiennes, 15 janvier
si
ii)\i. C'est la seule recension qui me soit connue.
{2j Geschichte des Neutestatnentliches Kanons. II, 732 s.
592 REVUE BIBLIQUE.
personnel {!), il s'est attribué effrontément ce qui avait été le fait d'Apollinaire de
il l'a emprunté
Laodicée. Presque tout ce qu'il a dit des Nazaréens et de leur évangile,
aux commentaires d'Apollinaire sur lesÉphésiens, saint Matthieu et Isaïe. Il a ajouté
quelques textes empruntés à Origène qui parlait de l'évangile selon les Hébreux,
enfin il s'est glosé lui-même. Oui, S. va jusque-là. Jérôme avait dit « quelques-uns
pensent », et cité une opinion exégétique. Plus tard il ne s'est plus compris, a pris
les « quelques-uns » pour les Nazaréens, et l'explication exégétique pour un texte
de leur évangile! Cet homme était capable de toutes les confusions et de tous les
mensonges... par vanité.
De la vanité, il en eut, et des confusions, il s'en rendit coupable. Mais il faudrait
d'autres preuves pour lui attribuer des mensonges de cet acabit. Et en somme,
M. Schmidtke n'aurait même pas besoin de ces gros mots pour établir certains points
qui ne sont pas sans intérêt.
J'admets, pour ma part, sur la parole de Jérôme, qu'il a eu l'occasion de trans-
crire un exemplaire à Bérée, et qu'il l'a en quelque manière traduit pour son usage
personnel, en grec et en latin. Mais cette traduction se borna peut-être aux passages
divergents où les équivalents du syriaque étaient notés par lui en grec et en latin.
Jérôme n'a pas mis ce travail dans le catalogue de ses œuvres, et ce qui prouve
bien qu'il n'a rien publié, c'est que, lorsqu'il fit état, dans la controverse pélagienne,
d'un texte de l'évangile des Nazaréens, Julien d'Éclane et Théodore de Mopsueste
l'accusèrent aussitôt de tabler sur un cinquième évangile. L'accusation aurait
été beaucoup plus précise, si le texte entier avait été livré au public. De plus, nous
ne savons pas ce que Jérôme fit de ces notes dans le cours de ses pérégrinations.
S. a rendu plausible selon moi qu'en fait, quand Jérôme cite l'évangile des Nazaréens
dans ses commentaires, il se réfère à un commentateur antérieur qui est vraisembla-
blement Apollinaire de Laodicée. S'il avait eu sous les yeux une traduction suivie de
NE, il l'aurait exploitée autrement. Je ne puis songer à reproduire les arguments de
S., mais j'avoue qu'ils m'ont paru ingénieux et non sans valeur. La difficulté était
(1) Porro ipaum hebraicum habelur usque hodie in Caesariensi bibliotheca... mihi quoque a
Nazaracis, qui in Beroea urbe Syriae hoc volumine uluntur, describendi facilitas fuit {De vir.
ill.3j. CeUe lois on dirait que c'est un exemplaire du Matthieu Iiébreu; affirmation bien légère et
qui se concilie mal avoc ce que nous avons vu de l'opinion de saint Jérôme.
RECENSIONS.^ 593
Jérôme a cru que le texte de x\E commençait à ego vem, et il a traduit l'inn vidi,
comme si Mattliieu parlait, tandis que c'était luiKice ()ui parlait encore et disait :
" je sais » (lyoi... oToaj (1). Jérôme a donc cité d'après Ignace, sans consulter le texte
de NE, et par conséquent c'est de mémoire qu'il a attribué à NE la parole ; non
sui/i daemoniiun incorpora le. Or il est très probable que sa mémoire l'a trompé, car
Origène attribuait cette parole à la Pétri doctrina, soit le Kr^pj-j-aa HiTcou (2, et il
avait sans doute raison, puisque Pierre est en scène. Mais voici ce qu'il y a d'étrange.
Dans ce cas où, selon toute vraisemblance, saint Jérôme s'est fié à sa mémoire, dans
ce cas où l'autorité d'Origène est contre lui, S. lui donne raison! Le logion du dnemo-
niinn inco/poralc appartiendra certainement à .NEet servira à prouver i° qu'Eusèbe
:
ne le connaissait pas d'abord, puisqu'il ne sait d'où vient le logion (3); 2° et sur-
tout que le texte de NE sur saint Jacques (]ui lui donne une saveur judéo-chrétienne
si caractéristique ('t). n'appartenait piis en réalité à NE, puisqu'il est inconciliable
avec le logion relatif à Pierre! Oui eût cru que S. ne se défierait pas assez de saint
Jérôme !
Jérôme a donc pu confondre l'évangile selon les Hébreux et celui des Nazaréens?...
Ce Seulement il faudrait que la distinction fût
serait assez grave, possible après tout.
prouvée. Voyons donc les neuf arguments allégués. 0« comprend que nous ne puis-
sions que les esquisser en indiquant dans quelle voie il faut chercher la réponse.
1. HE était un ouvrage grec, NE un ouvrage syriaque qui n'avait pas été traduit,
puisque Jérôme dut faire une traduction pour son compte. Réponse Du grec de — :
HE Clément a cité deu.x fois un logion de Jésus, et de même Origène, deux fois un
logion. Celui de Clément a été retrouvé dans les papyrus d'Oxyrhynque. D'autre
part nous savons qu'Hégésippe a cité des passages de HE. Ne peut-on pas supposer
que Clément et Origène ont puisé dans Hégésippe. ou plutôt dans un recueil de dis-
cours du Seigneur (o) qui aurait exploité Hégésippe en indiquant sa source?
2. Eusèbe et Apollinaire ont regardé NE comme très semblable à Mt., tandis que
HE est un évangile non canonique, dont Origène ne s'est pas servi pour commenter
Mt. —
Réponse Jérôme non plus ne s'est pas servi de NE, et l'a cité seulement
:
de Tou ïjpia/.oj qui ne peut être que l'évangile des Nazaréens. — Réponse : S. a beau
enfler la voix, il n'a pas prouvé qu'Hégésippe ne pouvait désigner autre chose par -h
-•JO'.ay.ôv.
été le même ouvrage, Théodore de Mopsueste n'aurait pas reproché à Jérôme d'in-
(1) Ad Sinyrn. m.
(2) De i^rinc. prooein.8, PG.,\l, 1191.
(3) H. Eccl. III, 36, M.
(4) Dans Jérôme, De viris illust. i : dominus autem cum dedisset sindonem servo saccrdotis,
ivil ad Jacobum et apparu.il ei, etc.
(5) C'est l'IiypotlR'st; à laquelle S. doit recourir pour expliquer comment un texte de >'E décou-
vert par lui ;i inspiré II Clém. i (p. 298). Toute solution bonne pjur ce cas peut être appliquée
à Clém. d'Aï, et à origène.
lU^VLE BIBLIQIE 1912. — N. S., T. IX. 38
59i REVUE BIBLIQUE.
thèque de Césarée. Théodore reproche à Jérôme d'en faire trop de cas, voilà tout.
D'ailleurs si on cesse de parler de HE quand NE vient à la lumière, ce serait plutôt
un indice d'identité. En réalité Jérôme conserve les deux expressions, mais à propos
du même objet.
6. NE est déjà vraisemblablement plus long que Mt. ; s'il faut encore y ajouter ce
qui est dans HE, il serait encore plus considérable. Or la stichométrie de Nicéphore
donne à HE 2.200 stiques au lieu de 2.500 ;d'autres 2.600) à Mt. -, c'est donc plutôt HE
seul = EE. — Réponse Nous ne savons pas
: si NE = HE ne compensait pas ses ad-
ditions par des lacunes, en particulier s'il contenait Mt. 1-2. De plus, est-il certain
que la stichométrie vise un ouvrage connu et n'est pas rédigée ici par à peu près?
Peut-on supposer qu'elle place parmi les ouvrages controversés du N. T. l'évangile
des Ébionites, si parfaitement hérétique? et cela après l'apocalypse de s. Jean, l'apo-
calypse de Pierre, la lettre de Barnabe...
7. HE est l'évangile des Ébionites qui rejetaient s. Paul (Eus., H. Eccl. III, 27, 4) ;
mitif de Matthieu. — Eiisèbe — sans parler d'Apollinaire — s'est bien gardé de faire
une pareille déclaration 5 il s'est servi de NE comme d'une tradition respectable qui
pouvait aider à l'intelligence de l'évangile canonique. Pour le reste, l'argumentation
de S. repose sur deux textes. Celui de Jacques a bien pu introduire une certaine per-
turbation dans le récit de la résurrection. Mais NE ne s'en faisait pas faute, puisque
Pilate, d'après la scholie découverte par S., accordait les gardes que Mt. refusait. Il ne
faut donc pas être ici trop chatouilleux.
Le second texte, cité par Origène (in Joli,
n, 12; in Jer. xv, 4) est une parole de
Jésus : « Ma mère, le un cheveu et m'a porté sur la grande
Saint-Esprit m'a pris par
montagne du Thabor » (cf. Hier. Comm. in Mich. 7, 6). Cette parole n'exclut pas
les deux premières tentations, selon l'ordre de Mt. elle disait seulement que la ;
grande montagne était le Thabor, et remplaçait le diable par l'Esprit saint. 11 est
vrai que l'Esprit saint est nommé « mère » du Christ. M. Schmidtke ne sait com-
ment concilier cette maternité avec la conception surnaturelle. Mais l'est-elle da-
vantage avec une naissance selon On a depuis longtemps vu
les voies ordinaires?
dans ce sexe féminin du Saint-Esprit la preuve que l'original était sémitique. Ce
seul fait ruine la thèse de S. (1), reposant sur l'antithèse du HE grec et du NE ara-
(1) Aussi a-l-il essayé de parer le coup en disant que l'Esprit-Saint est mère comme égalant la
RECENSIONS. 595
méen. Si un fragment appartient à NE, c'est bien celui-là. D'autant que dans un
fragment que S. laisse à ME, on Ht à propos du baptême i factum est antem, cum :
iisceii'/isset doiiànus de atjuo. descendit fans omnis: spiritus sancti et requievit saper
cum et dixit illi : fili nd. in omnibus prophetis expectaham te, etc.. C'est l'Esprit
(\y\\ dit au Christ : tu es mon fils premier-né... On ne comprend pas que S. se soit
son évangile en hébreu (ou en araméen) ; la tradition ecclésiastique sur ce point n'au-
rait pas d'autre origine i2 . Mais où S. a-t-il appris que Papias connaissait cette ver-
sion du premier évangile? Cela est plus difficile à prouver pour lui que pour un
autre. Eusèbe ne dit pas que Papias ait connu l'évangile selon les Hébreux, mais, à
supposer qu'il le dise, S. qui distingue HE de ME pourrait-il en conclure quelque
chose par rapport à ME? Et pour continuer l'argumentation ad hominem, esti-
mera-ton probable que la version exécutée en araméen pour une seule commu-
nauté juive ait été connue de Papias (3' ? S'il l'a connue, comment ne l'a-t-il pas
connue pour ce qu'elle était? Et s'il l'a prise pour l'original, n'est-ce pas parce qu'on
disait déjà que Matthieu avait écrit en araméen? Est-il donc si invraisemblable que
l'apôtre ait écrit en araméen? Le premier évangile n'est pas la traduction littérale
d'un te.\te araméen-. soit, mais pourquoi le traducteur grec aurait-il été moins libre
de transformer l'original que plus tard traducteur araméen par rapport au texte
le
Mazaréens. Il n'était pas fâché de montrer qu'il connaissait une pièce si rare, mais
il avait constaté qu'elle ne pouvait passer pour l'original du premier évangile, et il
ne s'est pas soucié de mériter le reproche qui lui fut adressé malgré tout, d'introduire
un cinquième évangile et de troubler le quatuor sacré. Il n'était pas non plus sans
intérêt qu'un savant aussi indépendant dissipât le brouillard du prétendu évangile
sagesse, soçia, qui est du léminin, et en proposant de lire <ir. 4. lo s. sans coupure r, jxr,rr,p
<7oy r, <703:a. On lit cet argument vertigineux à la p. l-'JO.
un terme en rapport avec le titre de son livre, Àoyfwv xjp;a/.S»v llr^y/iatii et qu'il n'en-
tendait pas parler d'un recueil de discours, mais plutôt du premier évangile.
Enfin, je ne veux pas quitter le sujet sans rendre hommage à la parfaite clarté de
l'auteur. Il indique avec précision quelles sont ses positions et développe ses argu-
ments de façon à constituer un bloc qui fait impression. Les textes sur lesquels roule
la discussion sont bien classés et mis en bonne lumière. On ne peut pas lire un pareil
Jérusalem, 27 avril.
Fr. M.-J. Lagra.nge.
Pétra garde son énigme », conclut M. D. (p. 58). Du moins ne tiendra-t-il pas à
«
mieux son histoire et pénétrer enfin son secret religieux. Depuis le beau livre qu'il lui
consacra en 1908(cf.RB., 1909, pp. 454 ss.), deux visites encore lui ont été l'occasion
de se contrôler, compléter, rectifier. Dans l'intervalle est né le plan d'une collection
intitulée « Recherches palestiniennes d'archéologie et de topographie » (2) ; le nouvel
ouvrage en constitue le t. Il et celui de 1908 devra être considéré comme le t. I'^'".
occupe les pp. 110-151 et des tables, avec les copies d'inscriptions, les pp. 153-172.
Peu de lecteurs estimeront possible de lire avec fruit les 58 pp. de géographie et
d'archéologie sans avoir sous les yeux le volume de 1908. Surtout rien n'eût été plus
opportun qu'un nouveau croquis topographique enregistrant avec clarté les modifica-
tions que M. D. introduit non seulement dans l'onomastique et le relevé de ceux qui
l'ont précédé, mais dans son propre graphique et dans sa propre toponymie. I!
développe le territoire de Pétra, déplace quelques numéros de son répertoire archéolo-
gique, débaptise certaines sections de vallées ou d'autres particularités du relief. C'est
parle des » énigmes > poses par M. Jlusil mal renseigné; cf. p. 7,10 et combien d'autres fois!
sans parler des cas où tel détail technique noté par M. iMusil, est éliminé comme « n'existant
pas » (p. '24, ou comme « peu reconnoissable et peu vraisemblable (p. 17, 36^, ni d'autres cas où
l'on déclare les notes de M. Musil « absolument brouillées » et ses indications en contradiction
avec les faits (p. 9, cf. p. 31).
RECENSIONS. 597
plan où les modilications apportées étaient beaucoup plus faciles à saisir. Peut-être
se réserve-ton de nouveaux contrôles avant de présenter un plan de Pétra ne
vnrii'tvr \ .
exacte à première vue que telle autre courante ailleurs, « art alexandrin », par
exemple. Prise au sens absolu que cet art, originaire de Pétra, aurait ensuite rayonné
de là, ainsi qu'on parait le dire pour certaines façades de tombes et pour le petràische
Kapitàl. elle en exagérerait l'autonomie, du moins, elle fixerait trop vite le classem.ent
chronologique des monuments connus. En parlant d' « art nabatéen », on garde le
bénéfice d'une désignation assez caractéristique, assez souple cependant pour ne rien
préjuger sur la marche évolutive de cet art. Quand les PP. Jaussen et Savignac (2)
ont écrit leurs observations sur les classifications des tombes de Pétra. ils se sont
prudemment abstenus d'en substituer une trop rigide avant qu'ait pu être accomplie
l'exploration complète du domaine nabatéen. Leur expérience de Médàïn Sàleli leur
faisait mettre eu question les « chronologies » antérieures. M. D. (p. 19) observe
c'est ce qu'ils n'avaient en effet pas omis. En l'état actuel des informations, tout ce
qu'on peut tenter,et le regretté Puchstein l'a fait naguère avec beaucoup de succès (3),
estun essai d'évolution artistique.
Les PP. Jaussen et Savignac avaient écrit (pp. .39-5-7 sur le chapiteau nabatéen des
remarques plus nuancées que celles de M. D. ip. 20 s.; cf. L 267 ss.i. en y distinguant
trois types et en concluant à l'imitation d'un chapiteau corinthien, traitée librement
et conditionnée par cette « architecture de rocher », presque toujours à proportions
énormes. On trouvera que M. D. accentue trop l'autonomie de son « chapiteau
pétrèen » en argumentant contre l'analyse si rationnelle qui le ramène à l'ébauche
d'un chapiteau corinthien '4 1.
(I) que M. D. espère aboutira une loponymie tout à fait déGnitive. Voir ses remar-
si tant est
ques, p. Et sans doute ne faut-il pas trop s'alarmer de cet inconvéuient; cf. RB., 1900. p. 4.56.
7.
n. i. Une fois fixée la nomenclature réalisable avec les précautions que de droit, qu'importent
les variations fatales dans nombre d'appellatifs aussi communs que « ravin, col. plateau, caverne •,
ou des désignalions accidentelles, comme « tombeau à l'urne, trésor de Pharaon ». d'autres à
l'avenanl? Il m'est diflicile de saisir en quoi les voyageurs qui ont entendu el-Khazneh ou
Khaznet Firâ^oun devant le fameux tombeau du Siq ont été nécessairement les dupes de guides
loustics ou ignorants p. »î , le vrai nom devant être • hrâbet eg-gerra » (p. 59;. Cela signiUe • la
grotte rocheuse de la cruche • et le. bénéfice de celte précision onomastique applicable à plu- —
sieurs autres monuments de Pétra —
ne vaut pas tous les mots dépensés à son sujet, même si
el-Khazneh n'avait jamais été connu à Pétra avant drogmans et touristes.
Mission arcliêot. en Arabie. I. 388, n. 3.
2,1
(3) Dit nabatâischen Grabfassaden. dans VAnzeir/er d. k. deut. Arrh. Instit.. 1910,1. col. 3 ss.
4; Ni SI. de Vogiié, ni M. Puchstein, ni M. Kohi, ni personne parmi les hommes du métier
qui partagent cet avis, ne prétendent sans doute que tous les chapiteaux de Pétra sont inachevés.
Puchstein a même pris soin d'écrire expressément le contraire. Réserve faite de quelques cas où
les acautlies corinthiennes auraient pu être prévues en stuc, ces chapiteaux sont bien unis comme
l'artiste nabatéen entendait les finir pour la place qu'il leur destinait. Mais le type qui l'a guidé,
dont il a d'abord copié le galbe général et adiïpté les rapports proportionnels, est le type corin-
thien tel qu'il était conçu et traité aux temps gréco-romains. JI. le prof. Dalman a une tendance
vers les formules un peu généralisées qui sont délicates en archéologie et supposent toujours
une accumulation considérable de comparaisons techniques précises. 11 écrit par exemple (p. 19 :
• le sens esthétique auquel répondait la tombe à créneaux est en réalité loin de la sphère à la-
quelle appartient la tombe à escaliers •. J'avoue ne pas saisir du tout cette diversité de sphère
esthétique pour deux lypps très normalement évolués l'an de l'autre par les exigences intrinsè-
ques d'un même art essentiellement composite comme était l'art hellénistique. M. de Do-
niaszewski (dans Bkùnxow. Pro>-. Arabia. I, 14ti; et les PP. Jaussen et Savignac {Mission..., p. 393
s.) ont succinctement indiqué pourquoi les escaliers ont remplacé les créneaux et fourni déjà
308 REVUE BIBLIQUE.
cas. Sur ce sujet aussi on évitera donc de trop généraliser (cf. BB., 1909. p. 459 s.).
Sur le caractère des stèles M. D. a des remarques très circonspectes; tout au plus
serait-on enclin à multiplier les groupes purement votifs. L'existence de thiases naba-
téens, déduite du texte de Strabon, est attestée aujourd'hui par une intéressante dé-
couverte du savant explorateur à Pétra p. 92. n'^ 73 inscr. nab. d'ed-Deir mention- :
distinction demeure épineuse. Tel numéro du répertoire des choses sacrées, le « dou-
ble cercle <i n° 509 (I, 282) disparaît (II, 49 comme « simple jeu de nature <>.
celle de Hittorff, — « cénotaphe » d'un <f chef militaire » ayant coopéré « à la con-
quête et au gouvernement de l'Arabie » 4) sous Trajan et Hadrien. — et nous voici
revenus au point de départ dans l'étude de ce monument. Au lieu d'un dépeçage plus
ou moins artificiel, Hittorff en faisait saisir par une formule limpide l'idée artistique :
quelques analogies qui avaient paru bonnes à M. Puclistein. car il les a développées avec une
érudition vaste et sûre; M. D. ne dit pas pourquoi cela lui i)arait difficilement acceptable >
,p. 19, n. 3). Dans une façade dont toute l'épure se trace sur un module liellenisli(|ue. est-il si
invraisemblable que les motifs augolaires du couronnement dérivent d'un élément hellénis-
tique?
(1 de Zibb 'Atouf avec sa fosse centrale (Savkisac. RB., 1903, p. -28-2 s.) est explique
l.'autel
comme d'une pierre sacrée le rendant identique à l'autel d'el-Me'ésara dont la plate-
le socle
forme offre une protubérance assez irréguliere avec une cupule I, 289 s.. II, 50;. La variété de
formes p;iraît d-nidement plus qu'accidentelle et il semblera diflicile (jue dans deux installatinns
cultuelles iinalngues le principal autel ait et(' ici un bét>le mobile inséré dans une base, là un
rudiment d'omphalos. L'autel betylique central flguré sur le linteau d'el-Oumtd'iyeh voir main-
tenant BLTLF.r.. Ane. Archil., II, A 2, Ug. 68 s.) n'est pas décisif, tout en demeurant impressionnant.
[•Ti Étud. relig. sémil. •. p. 23'» ss.
Trajau ou d'Adrien » ip. 397), la réalisa en sculpture sur un rocher de Pétra. La date
que HittorfF déduisait avec une vue si juste, malgré la documentatinu insuffisante
dont il dispoî^ait, est bien celle que suggère une étude raisonnée de la structure du
monument ainsi avaient conclu MM. Brunnow et de Domaszewski {op. !.. I, iSfii,
:
ainsi M. Kohi [Kasr Firaun, p. 42 s.:, ainsi M. Thiersch [Jalirbuch d. kais. deul. Ar-
chaeol. Inst., XXV, 1910. p. OG s. 1 pour ne citer que des spécialistes et autant que
possible ceux qui ont été à même de former leur jugement sur place et non sur des
documents imparfaits. En 1908 M. D. disait (I, -17, 1,32) « certainement... hellé- :
nistique, non romain tardif » ; il dit aujourd'hui (II, 77) « plus correctement » le :
« i^' siècle après J.-C. » et semble écarter a le ii*^ siècie ». Espérons qu'il détaillera
les motifs techniques de cette limitation stricte dans un nouveau mémoire qu'il
est faite avec une précision parfaite au point de vue descriptif et une très peu com-
mune érudition dans le commentaire archéologique où doivent intervenir des sources
juives d'une utilisation très ardue. A cela s'ajoute que les incidents déplorables sus-
cités à l'oci-asion des fouilles de 1911 ont rendu la Roche inaccessible pour de longues
années peut-être (3 . On sera donc particulièrement reconnaissant à M. Dalman de
lavoir étudiée naguère avec la plus persévérante attention et de la faire aujourd'hui
connaître en détail. Il a tiré de cet examen et de la critique des sources apparem-
ment tout ce qu'on en pourra jamais tirer pour retracer les transformations succes-
tion de la fresque de Pompéi et l'interprétation architecturale qu'il en a donnée (pi. vn-viu} au-
raient dû éclairer plus avantageusement sur divers points la nouvelle description du Khazneli.
^1) A la fin de ce mémoire, consacré à la nécropole des rois à Alexandrie. M. Tliiersch écrit do
très importantes remarques sur les influences alexandrines dans le bassin oriental méditerra-
néen. Peut-être les pousse-t-il trop loin dans le détail ; M. Puclistein Anzeiger.... 1910, col. 40
donne une formule mitigée excellente l'art alexandrin est une sorte de ferment qui suscite les
:
nuances des arts locaux. Mais M. Thiersch a une conclusion féconde (p. 9") sur l'origine des tem-
ples funéraires ou heroa hellénistiques; et si M. HittorfF eût connu le • tombeau à urne • de Pé-
tra précédé de son péristyle dont ia façade seule s'est efTondrée avec les substructions qui la
portaient, son commentaire architectural de la fresque de Pompé! eût été plus lumineux encore,
cf. aussi la fresque de Boscoreale reproduite dans Kohi {op. l., p. •40. fig. 3").
(-2) Le commentaire très sobre de cette délicate épigraphie est fort soigné et les lectures réali-
sent toujours au mieux les fac-similés. Tout au plus voudrais-je exprimer un doute sur la lecture
~X2T\ Hania ^p. 84, n° -30). L'idée de voir là le soleil, hammù
p. 2o\ n'est guère appuyée par la
ligure enfantine tracée au-dessous (Og. 12). On y verrait plus volonUers une commémoraison peu
Dattée du pèlerin qui a gravé là son nom; cf. la figure en relation avec des pieds à ^Abdeh {RB..
1905, p. 239 .
M. D. (p. 129) rappelle l'information donnée par le P. Lagrange [RB., 1911, p. 441) que le fa-
(3)
meux puits desàraes devient une pure légende depuis la fouille anglaise et les sondages réitérés
de la commission d'enquête. H lient, lui, du personnage qui dirigea les réparations dans la caverne
que le roc n'aurait été atteint nulle part. Je doute de la compétence ou de la sincérité de cet < on
dit «.L'information livrée par le P. Lagrange dérive des explications fort précises et d'un croquis
obligeamment comn. uniques par M. Macridy-bey. Le savant délégué des musées impériaux était
.-^ans contredit l'homme le plus qualifié de la commission i>our observer des détails archéologi-
ques. Il a ru qu'on avait enlevé le dallage sur plus de la moitié de la surface, il a touché le roc
et viesuré la cavité.'
600 REVUE BIBLIQUE.
Jérusalem.
H. Vincent, 0, P.
lus, il a patiemment discuté leurs opinions. Mais il s'est fait la sienne en toute indé-
pendance, et c'est pourquoi il l'énonce si nettement. J'ai retrouvé, en le lisant, les
une assemblée de docteurs juifs tenue à Jamnio, entre 90 et 100, une décision fut
rendue en faveur de l'inspiration de notre hagiographe. Provoqué, ainsi que nous en
avertit R. Aqiba lui-même, par les négations de plusieurs rabbins, ce décret ne
réussit pas à lever toutes les incertitudes : d'autres documents témoignent que les
doutes subsistaient encore en 130. Quelle était la portée de ces hésitations et des
discussions auxquelles elles donnaient lieu? Les textes rabbiniques eux-mêmes prou-
vent qu'il ne s'agissait pas d'introduire l'Ecclésiaste dans le Canon, mais de l'y con-
server. A cette date, par conséquent, — les témoignages fournis par les littératures
recueil sacré. Aussi bien, les idées qui sont de premier plan dans le Qohéleth invitent
plutôt à reporter dans un passé déjà lointain son acceptation comme écrit inspiré :
(I) La coriccli(H) typograpliique est irrépi-ocliable. A peine pourra-t-on noter des formes comme
beibl (p. 50), ûerzeugte (p. o",i, desen (p. 133 où l'on attendrait desse7i, ûberzeugle, blcibt.
,
RECliNSIONS. 001
majorité des critiques. Les variations se manifestèrent aussi touchant l'objet général
du livre. On avait parlé, — c'était ne tenir compte que d'une série de textes — de
Qoheleth comme d'un homme tout pénétré de la vanité des biens du monde et nous
donnant une leçon de détachement total. Luther et d'autres à sa suite, ramenèrent
lanote dominante du livre à celle d'un eudémonisme tranquille, religieux d'ailleurs,
aboutissant à cette maxime qu'il faut jouir des biens présents avec paix, joie et re-
connaissance envers Dieu. C'était encore ne voir qu'une partie des textes. La vraie
formule devait être, aux yeux d'une exégèse plus attentive : vanité de la vie, jouis-
sance modérée, réglée d'ailleurs par la religion. Ce chapitre prépare l'exposé que
M. Podechard nous fera deses propres vuessur la composit'ion du livre ;il esta regret-
ter que ces deux sections de l'Introduction ne soient pas plus rapprochées l'une de
l'autre.
Dans un troisième chapitre est renfermée Vamilyse du livre. Il est ensuite question
de la langue de rEcdésiaste. « E'examen grammaire
soit du vocabulaire, soit de la
dans les derniers livres de la Bible hébraïque; 2'' de mots d'importation araméenne;
3'^ de mots néo-hébreux, inconnus au reste de la Bible, mais employés
par la Miehua
Quelques-uns de ses procédés grammaticaux ^morphologie ou syntaxej sont, de
même, propres à l'hébreu tardif, à l'araméen ou au néo-hébreu. La thèse de
^L Podechard est. ce me semble, abondamment prouvée. J'aurais aimé toutefois
plus de nuances dans le développement du premier argument la marge e^t large, :
pour l'appréciation des dates, quand ou groupe dans une même série le mémoire de
602 REVUE BIBLIQUE.
IVéhémie qui est de peu de temps postérieur à 438, celui d'Esdras qui se place sans
doute peu après 398, les parties des livres d'Esdr.-Neli. qui appartiennent au Chroni-
queur et sont de dates notablement plus récentes. M. Podechard termine en étu-
diant la question des grécismes et des latinismes de TEcclésiaste ; il la résout, fort
justement, dans le sens de la négative.
Les chapitres suivants, l' Eccli'siaste et Ben Sira^ VEcclésiaste et le livre de la Sa-
gesse, VEcclésiaste et la littérature apocalyptique, l'Ecclésiaste et la doctrine des Pha-
risiens, des Sadduccens et des Esscnicns, pourraient se grouper sous un titre commun :
siaste toute hypothèse d'iulluence hellénique? Le peuple hébreu n'a pas vécu en vase
clos et sa pensée ne s'est pas développée à Tabri de toute action venue du dehors.
L'étude de la sagessse en particulier n'était pas indépendante de certaines relations
étrangères... En en l'adoptant, les Juifs cessaient d'être
s'initiant à l'araméen, puis
un monde fermé, ou plutôt moins que jamais isolés du reste du monde...
ils étaient
L'Ecclésiaste n'est pas entré en contact direct et iumiédiat avec les œuvres des phi-
losophes grecs; mais il n'a pas dû échapper complètement à la diffusion de leurs
méthodes et de leurs idées. »
Au moment est venu
fond, tout ce qui précède n'est que déblaiement de terrain. Le
d'entrer en Le chapitre x sur V Arrière-plan
contact plus intime avec Qohéleth.
historique du litre n'a d'autre but que de montrer les points faibles des systèmes
qui ont voulu établir des rapprochements trop étroits entre les portraits de l'Ecclé-
siaste et tels ou tels personnages de l'histoire juive postexilienne. C'est dans le cha-
pitre suivant que M. Podechard expose ses propres idées sur Fauteur et ht date de
l'Ecclésiaste. Nous lui donnons volontiers la parole.
S'appuyant sur les dires de nombre d'exégètes catholiques, notamment des PP.
Condamin et Joiion parmi les plus récents, il écrit « On peut donc considérer l'ori- :
ne sont pas celles de l'époque salomonienne. Si. par impossible, on pouvait reporter
le une date si reculée. Salomon serait le dernier des hommes de son temps
livre à
à qui on en pourrait attribuer la composition. On ue conçoit pas un roi si sage faisant
pas sûr que sa vie ait été fort traversée; ce sont surtout les misères courantes de
l'humanité qu'il décrit. Tenons-nous-en à ces notes réservées: dans la suite, AL Pode-
chard en connaîtra davantage, un peu trop peut-être, sur son personnage. C'est par
une fiction transparente que l'auteur s'identifie momentanément avec Salomon.
Quant au titre de « Qohéleth », M. Podechard nous semble l'interpréter fort jus-
tement par « chef d'assemblée » des sages: la forme féminine s'expliquerait comme
celle d'un titre abstrait, analogue à nos Excellence et Majesté.
L'auteur de l'Ecclésiaste? Faut-il parler d'un auteur ou de plusieurs? C'est à
teur. Composé pour les sages, dont l'auteur était le président, le livre demeura
terme de hâhâm, trouvèrent que la sagesse était un peu malmenée dans ces pages;
604 REVUE BIBLIQUE.
IV, 5, 9-12; y, 2, 6-^ vi, 7; \II, 1-12. 18-22; viii, 1-2% 3-4-, ix, 17 - x, 4, 10-14'.
15-20; XI, 1-4, 6, peut-être iv, 13-16; v, 7-8; vu, 18, 21-22; xil, 2-6; peut-être
enfin i. Cependant d'autres habitués du cercle des sages, estimaient certaines
8.
assertions un peu osées; l'un d'eux, un juif pieux que Ion désigne sous le nom de
hâsid. estompa les traits particulièrement durs, et se remit à insister sur cette doc-
trine de la rétribution temporelle que l'auteur paraissait avoir un peu méconnue;
M. Podechard lui attribue ii, 26^''; m, 17; vu, 26"; vin, 2i>, 5-8, 11-13; xi, 9^;
:
XII, 1% 13-14. C'est muni de ces additions que le livre entra dans la circulation
générale et prit place au Canon. M. Podechard le fait remarquer, la pluralité d'au-
teurs ne présente pas pour les livres de sagesse les inconvénients qu'on pourrait
avoir à redouter pour les livres historiques et il n'y a rien non plus d'étrange à ce
qu'un auteur inspiré soit interprété par un autre.
La Doctrine de Qohéleth est résumée dans un exposé très succinct. M. Podechard
examine d'abord ce que l'Ecclésiaste dit du problème de la vie, le point central de
tout le livre; puis de Dieu, de la morale, de la sanction. L'interprétation de i, 4-1 i,
trinal du verset complète ce travail. On pourrait dire que M. Podechard entre dans
trop de détails: mais, à mon sens, l'on ne sent jamais la surcharge; tout au plus
estimerais-je assez inutile la mention des tortures que des fabricants de métri(iue
font subir au texte. On pourrait fatalement discuter telles ou telles corrections, telles
ou telles interprétations; mais, au lieu d'insister sur des divergences secondaires et
peut-être critiquables, j'aime mieux redire au lecteur le charme que j'ai éprouvé à lire
ces notes, dans lesquelles acribie et clarté s'unissent si harmonieusement.
•T. TOUZARD.
BULLETIN
R. Affirmative.
II. Utrum rationes, quibus nonnulli criticidemonstrare nituntur postremos duode-
cim versus Evangelii Marci (Marc, xvi, 9-20) non esse ab ipso Marco conscriptos,
sed ab aliéna manu appositos, taies sint, quae lus tribuant affirraandi eosnon esse ut
inspiratos et canonicos recipiendos velsaltem deraonstrent versuum eorumdem Mar-
-,
sari vicissim ceosenda sit eoriim opinio, quae asserit Evangelium seoundum et ter-
huius urbis eversionem magis determiQata videatur, ipsius saltem Evangelium obsi-
R. Négative.
IX. Utrum dicta et gesta, quae y Marco iuxta Pétri praedicationem accurate et
quasi graphice enarrantur, et a Luca, assecuto omnia a principio diligenterper testes
fide plane dignos, quippe qui ab initio ipsi vùlenntt et )/iinistri fuerunt sennonix
'Luc, I, 2-3), sincerissirae exponuntur. plenam sibi eam fidem historicam iure vin-
dicent, quam eisdem semper praestitit Eeclesia an e contrario eadeni facta et gesta
:
censenda sint historica veritate, saltem ex parte, destituta. sive (|uod scriptores non
faerint testes oculares, sive quod apud utrumque Evangelistam defectus ordinis ac
discrepantia in successione factorum haud raro deprehendantur, sive quod, cum tar-
respoiidendum decrevit :
I. Utrum. servatis quae iuxta praecedenter statuta omnino servanda sunt, prae-
vicem similitudines aut dissimilitudines, inter tôt varias oppositasque auctcrum sen-
tentias, liceat exegetis libère disputare et ad hypothèses traditionis sive scriptae sive
oralis vel etiam dependentiae unius a praecedenti seu a praecedentibus appellare ?
R. Affirmative.
IL Utrum ea quae superius statuta sunt, iiservare censeri debeaut. qui, nullo fulli
traditionis testiuiooio nec hisloricoargumeuto, facile amplectuntiir hypothesim vulgo
BULLETIN. 607
sic dicta sermonum Domini contendit explicare; ac proinde eara libère piopugaare
valeant ?
Lalrextius Jaxssexs, O. s. B.
Consi'.ltores ab Actis.
mule pas avec quelle hâte et quelle négligence fut conduite Texécution typographique.
C'est en etlét à cette partie pour ainsi dire matérielle que s'en tient l'auteur. Il laisse
adressef- en date du 1-'' avril 1912. Il n'y a rien à ajouter à ces éloges. Un petit
2 On peut cependantse demnuder si le latin, langue morte, si la Bible. Uvie éternel, ne de-
vraient pas jouir d'une sorte de privilè^je de stabilité dans l'orthographe. Sommes-nous préparés à
lire hnrena, et en revanche umerits, umor? Le clergé qui lit la Bible n'a le plus souvent aucune
idée des modiflcations introduites depuis trente ans dans les éditions savantes et risquerait
d'être dérouté. Mieux vaudrait peut-être ménager les transitions.
Gabalda. inii;cf. FiB., 1911. p. 1 '.7
3) Paris, s.
608 REVUE BIBLIQUE.
Il est très malaisé de rendre compte parle menu des deux volumes de M. Hoskier
« Au sujet de la ijenèse des du
versions X
Teslament » (2) (évangiles), parce qu'il
déclare lui-même opérer sur des miuutiae, et s'en tenir à des conclusions — on
dirait plutôt à des précautions — négatives, le temps n'étant pas venu d'avancer
des conclusions fermes. L'ensemble du premier volume a surtout trait aux in-
fluences syriennes qui se sont exercées sur l'ancienne version latine. Elles sont de
deux sortes : celles qui viennent de l'ancien original araméen, par exemple dans le cas
de Marc, et des influences plus récentes, mais encore très anciennes, car nous lisons
cette proposition assez étrange (p. 75), que les versions syriennes ont été « pratique-
ment contemporaines des originaux grecs Hâtons-nous de dire que nous ne possé-
».
dons plus des textes aussi vénérables, et que les mss. Lewis et Cureton. d'ailleurs
antérieurs au Diatessaron de Tatien. ne représentent pas très bien l'ancienne version
syriaque, dont on retrouverait des traces plus sûres dans certains mss. latins (a et
k) et même grecs (28). On a compris que le Diatessaron n'est pas responsable de ces
influences syriaques. A l'inverse de ]M. Vogels, M. Hoskier ne lui attribue pratique-
ment aucune influence sur la tradition latine. Mais alors? Alors, il faut recourir à
luie nouvelle explication, celle des mss. polyglottes : gréco-latin, gréco-copte, syro-
grec, syro-latin. et même syro-gréco-latin, peut-être syro-copto-gréco-latin. Le
copiste, ou par distraction, ou pour faire mieux, aurait emprunté ii la colonne voi-
sine au lieu de suivre son texte. Le ms. sinaïtique grec lui-même aurait été très lar-
gement contaminé par ces influences syriennes. Quant au Ynticanvs, on lui fait la
grâce de dire que c'est en somme un bon texte (p. -125), mais M. Ho^^kier est évidem-
ment très indisposé contre l'édition de Hort et Westcott, qui ont fait la part si belle
à ce manuscrit. .Te le répète, il est impossible d'entrer dans le détail. Au gré du
recenseur, l'auteur suppose gratuitement chez les premiers traducteurs et copistes
une préoccupation d'exactitude matérielle dont ils étaient probablement dépourvus, et
une passivité exagérée. Voici un exemple que M. Hoskier estime typique, et qui l'est
en effet. Dans _Mc. 8. 32, le verbe iniT-.uàv qui signifle ici « réprimander » est em-
ployé en parlant de Pierre par rapport à .Tésus. Cela a paru dur à Si/rsin, qui a
tourné la dilliculté : « Simon Pierre, comme s'il avait compassion de lui, dit ». Le
ms. k a traduit obsecrabat. M. Hoskier conclut sans hésiter à une imitation du sy-
riaque par le latin. Il est pourtant évident que tous deux ont résolu, chacun à sa
manière, une difflculté d'ordre moral, et ou le recenseur de k avait d'au-
le copiste
tant moins besoin de s'appuyer passivement sur un autre texte qu'è-iTiuiàv pouvaitma-
tériellement avoir le sens A'obsccrare. Les études de minniiae honorent extrêmement
ceux qui ont le courage de s'y livrer, mais elles ne peuvent prévaloir contre ce fait
(1 L'une de ces corrections, très importante, est en partie au rebours des faits. On nous donne
comme leçon de Le. 2, 13 s'JÔox'.a N* B* Sin. Oninis ecclesia giacca. La dernière partie de la
note est juste. mtMne en ce qui regarde Cyrille de Jérusalem, mais Origcne est plutôt pour
£-joo7.ia:. El c'était la leçon primitive de x et de B où le t a été effacé.
(2, Concerning theGer.esis o/'tfie Versions o/'theXcw Tcstame)il (Gospels)... by H. C. Hoskier,
in-
lended as a supplément tj tlie library publication of thc Morgan ms. in-S", London, Quaritcli, ;
sur le latin ne sont le plus souvent que le résultat de la tendance très humaine de
se contenter d'un à peu près, quand la précision est tout à fait inutile à la leçon
morale. Encore un exemple, car il renferme un principe. Dans 18, 12, Luc a écrit
y,Tw;j.a'., « ce que j'ai acquis », comme le prouve l'unanimité des niss. grecs. Si Ori-
gène, Cyrille, Clirysostome ont écrit « ce qui m'appartient » {-x jnap/ovTx), et les
syrr. avec les latt. en plus grand nombre « ce que je possède », M. Hoskier recourt
à un exemplaire polyglotte antérieur à Origène,.-- tandis que les Pères, les traduc-
teurs, les recenseurs ou les copistes n'ont point eu cure de la rf, /,
7 distinction. Si
ont mis adquiro au lieu de jjossideo, c'est par un souci critique de se rapprocher du
grec.
Le second volume de M. Hoskier contient des appendices collation de h sur :
S. Marc, S. Luc et S. Jean, du livre de Dimna sur S. Jean et S. Matthieu, etc. Ici il
n'y a que des actions de grâces à rendre à l'auteur pour son très utile labeur.
ne pouvait cependant pas ignorer que, la parenté des deux traditions établies,
on trouverait plus naturel que la version ait été influencée par le manuscrit... Le phé-
nomène du Codex Bezae, produit encore inexpliqué d'une aberration étrange, ne peut
pourtant pas devenir \i règle. A cela M. Hoskier répond en passant que si la version
copte avait employé le ms. sinaïtique, son influence aurait été beaucoup plus grande !
Plutôt que de recourir à la plus simple des solutions, il imagine de nouveau, et cette
D'année en année les textes coptes du British Muséum paraissent au grand jour.
Ainsi, grâce à la publication de fragments sahidiques que le Dr. Schleifer com-
mença en 1909 et dans un fascicule daté de 1911, nous possédons
qu'il poursuit
quelques textes bibliques coptes de plus (2'. Un certain nombre en effet de ces
textes sahidiques étaient demeurés jusqu'ici inédits, par exemple une partie du
chap. 32 du Deutéronome, le cantique d'Anne, le premier tiers du cantique d'Ha-
bacuc, plusieurs passages notables d'Isaïe à partir du chap. 40, ainsi que Nom-
bres 26, 27. 7: 31. 47-49: 32. 4-7. D'autres morceaux appartenant au Penta-
.58:
teuque, aux livres prophétiques, à Job. déjà connus par les publications de Maspero
et de Ciasca, ne font guère qu'apporter des variantes orthographiques. Quelques
versets d'Isaïe, de Jérémie et d'Osée sont accompagnés d'une traduction arabe très
littérale. Dans la feuillets, M. Schleifer fut devancé par
publication de certains
M. Winstedt, qui les avait donnés au Journal of theological Studies (3). Mais le
travail de ce dernier avait été mené avec une telle hâte qu'une réédition des mêmes
(1) Concerning the Date of Ihe bohairic version, covering a detailed examination ofthelext
of the Apocalypse and a review of some of ihe writings of the egyptian monks, by H. C. Hoseiek,
in-8" de yii--203 pp. Londres, Quaritch. 1911.
(2) Sahidische Bibel-Fragmente av.s dem British Muséum zu London. In-8°, I, 38 pp.; II, 39
pp. Sitzungsberichte der Kais. Akad. der Wisscusch. in wien. Philos. -Histor. Klasse, 16-2 Band,
H Abliandl. 164 Band, C Abhandl. Vienne. Hôlder, 4909, 19H.
(3 X, -233-2.ji.
REVUE BIBLIQUE 1912. — N. S., T. IX. 39
610 REVUE BIBLIQUE.
textes s'imposait, comme le prouve la liste de ses fausses lectures dressée par son
concurrent. ÎNatLirelleaient, si M. Schleifer n'a point comparé ses fragments de Josué
avec le palimpseste publié par sir H. Thompson (1), c'est, pensons-nous, qu'il a été
dans l'impossibilité de consulter cet ouvrage paru en même temps que son second
fascicule. Comme variantes pour Josué 24, signalons : 3, Th. iineiieitOT, Sch.
à en juger par une note le texte de Sch. était pareil; pourquoi alors publier riiiovTC
(jqoTiii]? D autre part mise en regard du bohaïrique de Tattam. la version sa-
hidique parait parfois très grécisante. Par exemple Isaïe 5, 22, le sahidique
En attendant une publication intégrale des papyrus qui ont été mis à la disposition
de l'Université de Fribourg-en-Brisgau, M. Heer a donné à la nouvelle série de
YOriens christianus une étude fort bien conduite sur de nouveaux fragments gréco-
sahidiques des évangiles. Le texte grec comprend Le. 24, 3-12: Me. 16, 2-20: Le.
24, 36: le sahidique Le. 24. 1-12; Me. 16, 2-20. Ce dernier passage est le plus
important, car l'édition la plus complète du sahidique, celle de M. Horner, qui vient
de paraître, était lacuneuse en cet endroit. Le nouveau texte donne 16, 2-7 et 13
qui manquaient et complète les versets 10. 12, 14, 19, 20. Le plus intéressant est
que les deux textes, le grec et le sahidique, offrent après 3Ic. 16, 8 la conclusion
courte et la conclusion canonique, toutes deux indiquées comme variantes. M. Heer
conclut de cette situation que la version sahidique primitive ne contenait aucune
linale après16, 8. Il faut donc corriger dans ce sens ce que disait le P. Lagrange
dans son commentaire de s. Marc, trop favorable en ce point à l'origine marcienne
de la finale authentique (p. 429) : semble assez certain que la version sahidique
« il
contenait la finale ». Elle la contenait, en effet, mais sans lien organique, comme l'a
montré le très conservateur M. Heer.
Après le Codex Climaci rescriptus, Mrs Lewis publie un autre manuscrit palim-
pseste en dialecte syriaque palestinien qui a été acquis le premier en Egypte, comme
au mois d'avril 1906 ^2). Cette fois le ms. de la seconde écriture est en arabe, con-
tenant un traité de théologie chrétienne que Mrs Lewis n'a pu identifier (et qui
trahit des tendances ubiquistes, à en juger par une page qu'elle a traduite et pré-
sentée comme spécimen L'arabe étant du commencement du x^ siècle, le texte syria-
.
signaler les mots qui ne dans cet euornie répertoire qu'est le The-
se trouvent pas
muru>i Sij/iacus de Payne Snoith. Lewis a donc composé un glossaire compre-
IVIrs
nant aussi le Codex CJimaci rescriptt's. M. Duesing avait soumis cette première pu-
blication à une critique très attentive, refusant d'admettre certains mots. De la critique
de cette critique il résulte qu'elle était parfois mal motivée, d'autres fois juste, imposant
la correction du nos. lui-même. Tout cela est noté avec beaucoup de soin. Selon sa
louable habitude, Mrs Lewis accompagne le texte syriaque d'une excellente traduc-
tion, fort littérale. L'histoire d'Eulogios le tailleur de pierres, qui trouve un trésor
dans une pierre, est encore aujourd'hui le rêve de tous les Orientaux. En vain leur
raconterait-on quEulogios, gâté par sa découverte, ne fut converti qu'en recouvrant...
la pauvreté. Des erreurs relevées par M. Duesing dans le Codex Cliinaci qui est du
Vf' siècle, Mrs Lewis conclut que la version a été composée beaucoup plus tôt, au
IV siècle, tandis que M. Burkitt ne remontait qu'au \V.
par la forme de l'Ancien Testament "jvny, que le traducteur avait sous les yeux
ou dans l'imagination, étant donné que la version syriaque de l'Ancien Testament
est bien antérieure à celle du Nouveau Testament. La forme ""c"! qui transcrit
"Ir;7oj; dans les évangiles est également celle qui traduit Jomé dans l'Ancien Tes-
sion grecque se rattache telle version syriaque. Dans les Actes et les Épitres,
on remarque de bons équivalents sémitiques, "11 pour A-jôôa, 13" pour IlToÀsaa!;,
NEI'î pour "I6--r,, à côté de pures translittérations de la forme hellénistique, X7;,
Tira; rt^TîN, "Ai^w-o;.
En dehors du rayon d'influence de l'Ancien Testament, nous avons également
des transcriptions serviles. par exemple ,x2''p de Kaia'sa; ou Ka^sa;, et de fort
bonnes traductions ou se révèle le Sémite recoimaissant son bien sous l'écorce
grecque : Kr;çï: redevient nîx;
"Awa;, ^2n: 3aoa€ô3tç. x2x "'2. De
« la pierre »;
même, excellente distinction entre Kx^in-ixlot, x^lip et Xavavaîa HT^^Z'JZZ. Les tra-
ducteurs se montrent aussi assez au courant des termes techniques du juda'isme
(1) Tke Syriac Forms of New Testament propcr Names [from the Proceedings of t/ie
British Academy, vol. V), ia-S", 3-2 pp. Londres, H. Frowde, 1913.
612 REVUE BIBLIQUE.
drin. Leur accord ne dépasse pas le domaine topographique. Dès qu'il s'agit de
décomposer un vocable sémitique, Origène est inférieur. « Il n'est pas réellement
un profond linguiste, et son oreille pour les sons sémitiques semble ne pas avoir
été meilleure que celle de la plupart de nos modernes touristes ».
Parfois le syriaque a ses identifications particulières: c'est le cas de Cana trans-
crit Qâtnc. Il aurait aussi contribué à la naissance de théories topographiques
erronées. Ici M. Burkitt se départit de la modération dont il a fait preuve dans
la justification des règles qu'il a énoncées, pour se lancer dans des hypothèses
aventureuses : Bezetha qui viendrait de Nn"'2 « les morceaux coupés » à cause
du terme de Josèphe (B. /., V. 4. 'I à-oTsavôasvo; Sï opjvijLa-: SaO^T; le rapproche-
ment entre Chorozaïn et IN'azareth fondé sur ce que la plupart des consonnes de
Xopa^sfv se retrouvent en sens inverse dans NarapiO. Conjecture désespérée, recon-
naît l'auteur, pour qui lïdentification de la Nazareth de l'évangile, N'aÇaps'O (ima-
ginée d'après l'épithète Naî^wpaïo;, de 117: . ou née d'une erreur littéraire) avec la
moderne Xasâra, en syriaque iT^];: Nasrath, est hérissée des plus grosses difficultés.
Dire que la religion chrétienne est la religion du Christ serait simplement expli-
quer l'étymologie du mot chrétien ; mais cette répétition ne serait point oiseuse, si
elle nous rappelait la place centrale et unique de celui qui est la Voie, la Vérité et la
Vie. Ils en ont conscience, ceux qui, sous couleur d'analyser des faits religieux très
lointains, s'appliquent sournoisement à faire déchoir le Christ. L'histoire, ou la
science des religions, si elle croit pouvoir prendre ce titre, ne les regarde guère que
comme un objet de curiosité. Les statues des fondateurs seront alignées côte à côte,
au plus la place d'Auguste dans la galerie des empereurs
et le Christ y tiendra tout
romains. Le R. P. Albert Valensin (2) a relevé le défi, et a entendu montrer que la
personne du Christ, objet de nos adorations, est aussi notre meilleure défense, à
cause de léclat incomparable de son action, qui est en même temps une chose réelle,
voisine de nous, et tangible. C'est le sujet de cinq conférences données à Lyon,
qu'on ne peut guère regarder que comme un programme, tant le sujet est vaste, et
faut entendre par transcendance : « ... Si l'opposition radicale et absolue entre le vrai
et le faux, le bien et le mal, existe dans les principes et au fond des doctrines, elle
se manifeste avec une évidence moins constante dans les faits. Qui dit transcendance,
ne dit pas antithèse radicale et absolue entre ce qui est transcendant et ce qui ne
l'est pas, l'opposition du jour et de la nuit, mais bien supériorité d'espèce > etc..
(p. 22 s.). Puis l'auteur montre que le Christ ne doit rien à Mardouk. ni au Bouddha,
ni à Mithra 2 mais qu'il réalise plutôt les espérances d'Israël, étant seul capable de
.
donner satisfaction à l'âme. Des conférences qui supposent uue culture si étendue ne
font guère moins d'honneur aux auditeurs qu'à celui qui les a prononcées.
cule VII (3) contient Galilée, par le R. P. Pierre de Vrégille, admirablement com-
pétent quant au point scientifique, mais qui n'a pas assez tenu compte du malaise
moral que les décisions romaines firent peser sur les consciences catholiques. Si ces
décisions n'ont pas empêché le progrès des sciences, comme l'auteur le prétend ,
c'est qu'on n'a pas toujours tenu compte de ce qu'on nommerait aujourd'hui des
« directions » ; n'est-ce point une situation fâcheuse? et ne vaudrait-il pas mieux re-
connaître plus carrément que l'erreur des juges de Galilée est regrettable? Voici qui
est excellent : « les théologiens, dont les consultations furent la base des décrets de
1616 et de 1633, eurent tort de ne pas appliquer au passage discuté le principe for-
mulé par saint Augustin et saint Thomas, à savoir, qu'en ce qui concerne les choses
•le la nature, les données de la Bible ne doivent pas être prises avec une rigueur scien-
tifique (col. 174). Mais est-il juste dajouter
» « L'Église, en condamnant Galilée, :
n'a fait que suivre ses principes ordinaires de conduite » (col. 178)? L'Eglise a un
droit de police doctrinal, cela est incontestable, mais dans l'intérêt de la vérité.
rs'eùt-il pas mieux valu se demander plus sérieusement, à la lumière des principes de
ii; L'objection est menée si bon train que l'auteur semble accorder un certain nombre de
ressemblances qui ne sont pas disculées ensuite d'assez prés.
(3) Fin justifie les moyens —
Gouvernement ecclésiastique. Beauciiesne, VHi.
'.'
014 REVUE BIBLIQUE.
Marseille. Le sermon de saint Matthieu et celui de saint Luc, reconnus pour être le
même, sont traduits, annotés, et leur enseignement présenté pour satisfaire aux
besoins des âmes d'aujourd'hui, sans rien perdre de son intégrité et de sa sainteté.
donne une forme nouvelle qu'il juge primitive et atténue la portée de son sens,
le second prend le texte dans son sens naturel, mais l'attribue à des chrétiens dog-
matisants dans la manière de saint Jean. Comme M. Harnack avait soutenu sa thèse
avec l'érudition qui on pouvait craindre que ses arguments n'aient
lui est familière,
nant à fond toute la question, et on peut dire que l'exécution de son dessein n'est pas
moins heureuse (.5). La double tâche qui s'imposait à lui élait d'établir le texte et
d'en dégager le sens. Le contexte historique et la comparaison avec d'autres passages
analogues des synoptiques avaient aussi leur importance et figurent dans l'ouvrage,
mais à une place secondaire, comme de raison. La recherche textuelle ne laisse rien
à désirer. L'édition de la version sahidique était trop récente pour être utilisée. Les
autres documents sont bien groupés, et l'auteur peut déjà s'appuyer sur la classifi-
chung, von D"^ Heinrieh Scuu.machek, in-8" devn-223 pp. Herder, Fribourg-en-Iîrisgau, 1912.
BLXLtriN. Glo
ilensis > (p. 94 sait, comme tout le monde, que le ('oubx Fuldemis
? M. Schumacher
est, pour un manuscrit hiéronymien: mais comment sait-il que cette har-
le texte,
ginal araméen de Mt. C'est même parce que ^ît. canonique est une traduction, qu'il y
a chance que ce soit lui, et non Luc. qui ait les deux variantes. Mais par ailleurs l-çna
a pu naître au cours de la tradition grecque... On ne voit donc aucun avantage à —
recourir à l'hypothèse d'une double traduction. Que veut dire au juste M. Schuma-
cher ? Que le traducteur du Mt. araméen a noté une autre traduction à la marge?
qu'une traduction qui n'était pas devenue canonique s'était conservée et qu'on lui
avait emprunté une variante? >'ous sommes ici dans l'inconnu. Saint Iréiiée attribue
la variante à des préoccupations hérétiques: il a pu se tromper, mais son texte est
clair. M. Schumacher le soumet à un traitement d'une étrange subtilité pour lui faire
dire que « ceux qui se croient plus habiles que les Apôtres » écrivent s'yvo .ce qui est
légitime) et l'interprètent mal. Tout cela parce qu'on ne doit pas supposer qu'lrénée
a condamné une leçon de Clément d'Alexandrie 'p. 82). C'est toujours
Justin et de
le critère de l'érudit moderne. Evidemment Iréuée aurait dû chercher dans une
édition critique quelle leçon avaient suivie Justin son prédécesseur et Clément son con-
temporain Et on lui attribue cette vigilance daos un passage où il se figure que
!
saint Marc
lui aussi possède le Logion !
Peut-être eût-il mieux valu s'appuyer sur cet exemple pour montrer combien fra-
giles sont les arguments tirés des citations des Pères !
On n'insistera pas ici sur la partie exégétique. L'auteur a une tendance avérée à
tirer des textes tout ce qu'ils peuvent donner d'après nos connaissances actuelles,
sans mettre assez en lumière les sens qui pouvaient se présenter à l'esprit des audi-
teurs. A propos de la confession de saint Pierre, le recenseur pense avec lui qu'il s'agit
bien dans saint Matthieu de la filiation divine, mais ce n'est pas une raison pour
donner exactement le même sens aux textes de Marc et de Luc. Chaque texte con-
serve son sens propre. On nous donne comme un principe incontesté que : « un endroit
transmis en soi d'une façon inexacte doit être interprété d'après l'endroit parallèle plus
net et plus clair ,1). Avant d'apphquer ce principe, il faudrait être sûr que tel passage
^'
tion on Fa reconnu comme le Messie. C'est donc que s'étaient accomplis en lui les
oracles des Propliètes inspirés par Dieu. Ce raisonnement fut certainement celui des
Pères, et avant eux de saint Paul et des évangélistes. surtout de saint iMatthieu et
de saint Jean. Les clirétiens le tiennent encore et voient dans la coïncidence une
surtout les miracles, d'après les anciennes histoires ou les prophéties. Ce n'est pas
d'aujourd'hui, c'est surtout depuis Strauss qu'on a prétendu reconnaître dans le Nou-
veau Testament comme un rellet de l'Ancien.
Mais ce qui distingue l'entreprise de M. Edward Carus Selwyn (1), c'est son ou-
trance, vraiment fantastique. Il pense que le Seigneur lui-même n'avait d'autre but
que d'accomplir les prophéties, et cette proposition peut avoir un sens excellent, mais
devient tout autre qu'orthodoxe s'il s'agit d'un accomplissement mécanique pour
devenir le Messie. Le plus curieux est que le Sauveur et ses disciples auraient eu en
vue constamment la Bible grecque, sur laquelle ils se guidaient pour « réaliser » les
prophéties. Il n'est point toujours aisé de distinguer ce qui demeure de réel dans la
vie de Jésus, sous cette transfiguration prophétique. Luc, par exemple, ne se proposait
pas d'écrire l'histoire, mais de montrer que les anciennes prophéties s'étaient réali-
sées parmi nous. Ce serait le sens de son prologue. Ainsi, lorsqu'il parle du recense-
ment de Cyrinus, il parle d'un fait parfaitement réel, le recensement de l'an 6 après Jé-
sus-Christ. Mais pourquoi ce nom et ce point de repère? C'est que Cyrinus, on voit —
maintenant pourquoi il faut écrire ainsi, et non Quirinius, Kupî'voï, est un diminutif —
de Kjo'.o; qui se rapproche de K jsoç. Cyrus était presque le Messie, en tout cas chargé
de permettre la restauration de la maison de Dieu, le triomphe du Seigneur, etc. De
même Cyrinus, qui traversa l'Orient en vainqueur et Ot le recensement de la maison
d'Israël! Voici plus fort. L'esprit de Jésus (Act. 16, 7) signifie l'interprétation pro-
phétique du livre de Josué. Etant en Macédoine, Paul se croyait dans sa tribu de Ben-
jamin. En sortirait-il? Avait-il eu raison d'en sortir? Il se convainquit bien vite qu'il
avait été guidé par Dieu. Il abordait à Abdère près du lac Bistonis, et
il lisait dans
Josué ;18, 12 et non 8, \2) Mabdarctis Bnitlion'.'.l Sans l'usage des Septante, il
eût fallu renoncer à cette admirable coïncidence! Elles ne sont pas toutes aussi réussies
dans l'ouvrage de M. Sel"wyn, et Tonne prétend pas qu'il ne contienne quelques rap-
prochements ingénieux, mais les apôtres, pêcheurs du lac de Galilée, étaient mal
préparés pour cette réalisation d'allégories hellénistiques. L'auteur est si convaincu
qu'on ne songeait pas à autre chose, que le titre que Papias a donné à l'évangile de
saint Matthieu devient sous sa plume : les oracles, c'est-à-dire exposé des prophéties
de l'Ancien Testament réalisées dans le Nouveau. Et c'est presque le titre du livre de
M. Selwyn : les oracles dans le Nouveau Testament.
Le Commentaire des Actes parM. William MordauntFurneaux (2j est destiné au grand
Le texte, c'est-à-dire la version anglaise, est divisé en sections, suivies
public anglais.
de notes plus ou moins longues, quelques-unes traitant l'ensemble d'un sujet. Toute
discussion philologique est exclue, mais il y a quelques indications sur la composition
(1) The oracles in the New Testament, hy Edward Carus Selwyx,D. D. lionorary Canon ofPeter-
borough cathedral, Jormerly Tollow of King's collège, Cambridge. ln-8'' de xxiv-45-2 pp. Hodder
and Stougliton. Londres, New-Vork. Toronto.
(2) The Arts of the Apostles. a Commenlary lor english Readers, by William Mordaunt Fia
NE.Mx, D. I). Dean of Winchester, ln-8 de xiii pp. Oxford at the Clarendon Press. 1912,
•
BULLETIN. 617
littéraire, l'emploi des sources, les passages qui ont été peut-être ajoutés. Parmi ces
derniers l'auteur compte 1, IS s., ce qui supprimerait une grosse difUculté, car il est
évident pour lui que saint Pierre dans son discours ne suit pas sur la fin de Judas la
même tradition que saint Matthieu (28, o-Si. Il est vrai que dans une doctrine très
stricte de l'inspiration il resterait la ressource dédire quesaint Pierre n'était pas pré-
cisément inspiré en parlant, non plus que saint Etienne, d'après Melchior Cano, et
d'autant que la principale, le silence sur la mission dans la Galatie du nord, s'exphque
au mieux par la théorie de M. Ramsay saint Paul n'a prêché que dans la Galatie du
:
sud. L'auteur conclut donc que c'est bien saint Luc, le médecin, compagnon de
saint Paul, qui a écrit les Actes peu après l'évangile, c'est-à-dire vers l'an 75.
La liste des auteurs cités comprend plus de cent cinquante noms. Sauf Renan,
Fouard, de Pressensé, Bungener. traduits du français, tous sont anglais, ou allemands
traduits en anglais. Si l'auteur avait lu Steinmann, Der Leserkreis des Galaier-
briefes (1), il n'aurait peut-être pas une confiance aussi entière dans la théorie de
M. Ramsay.
Nous avons une Thi^oloiju' ilc saint Paul (2). Le R. P. Prat nous la fait modestement
espérer pour l'avenir. Nous en acceptons l'augure, si lui-même se dispose déjà à re-
prendre et à développer son oeuvre ; mais nous n'avons qu'à nous tenir pour très satis-
il n'entend par tradition que consentement des Pères ou l'autorité de l'Église. Son
le
esprit est tout à fait libre vis-à-vis de la routine ou de tentatives risquées d'apologé-
tique, comme lorsqu'il refuse de suivre son confrère, le R. P. Holzmeister, en quête
d'une preuve sur la divinité du Saint-Esprit (p. 22J'.
La méthode est naturellement la même que dans la première partie un texte doc- ;
trinal est accompagné de notes déjà très substantielles, et suivi de notes plus dévelop-
pées qui s'attaquent aux textes et aux questions difficiles. Mais taudis que le pre-
mier volume suivait l'ordre des Epîtres, le second est une synthèse, comprenant six
livres : le paulinisme; la préhistoire de la rédemption; la personne du rédempteur ;
Quoi qu'il en soit, nous n'avons à nous occuper que du second volume. On
y retrouve la manière conciliante, soucieuse d'atténuer plutôt que d'accuser da-
vantage ce que les doctrines de saint Paul ont d'un peu âpre pour les idées
modernes. Ce n'est que sagesse d'ailleurs de ne pas pousser à bout les concepts
de substitution (3) et de satisfaction à propos de la mort rédemptrice du Christ,
et de les fondre dans le concept de solidarité. A propos du péché originel, nous tom-
(I) Il est regrettabk' qu'il n'ait pu preiulrc position vis-à-vis de l'important ouvrage de
M. Scliweitzer; la T/x'-olor/ie dr saint Paul du P. Prat aura été achevée assez longtemps avant
d'être comniuni(|UL'e au public.
(•2) Elle est repoussée avec inilignation, et cela est licite; mais les théologiens qui l'ont sou-
tenue n'auraient guère été embarrassés par l'argumentation du Révérend Père.
(3) A la p. 287, note i, le Révérend Père se montre si soucieux d'établir que saint Paul a dit avec
intention ûTtsp et non àvTÎ, qu'on serait tenté de penser que l'emploi de àvTÎ n'eût t)as été
très heureux; lui-même cependant cite Marc, 10, 4,j. Pourquoi dit le R. P.) Paul dit-il toujours
que le Christ est mort pour nous ùtteo ou 7i£pi), jamais qu'il est mort à notre place (âvîi). ce qui.
en bonne logique, nous dispenserait de mourir? ^ El cei)endant le Christ s'est oflert à notre
place, non pas pour nous dispenser de mourir, mais parce que sa mort pouvait o[)érer ce que
la nôtre ne peut faire; c'est tout ce que demande la logique.
BULLETES. 619
(p. SI). — Mais alors comment en trouve-t-on si peu de traces soit dans la Bible, soit
dans la théologie judaïque.' LeP.Prat s'est convaincu de plus en plus du « peu d'inté-
rêt qu'offre lacomparaison de la doctrine de saint Paul avec la théologie juive con-
temporaine » p. viii;. C'est un cas où l'on peut regretter qu'il se soit abstenu d).
Xe sont-ce pas précisément les idées de la solidarité dans le Christ qui ont fait mieux
comprendre à Paul la solidarité en Adam.' Une induction dans ce sens n'a-t-elle pas
précédé la déduction qu'il nous propose en sens inverse?
On ne fera aucune réserve sur la théorie de la justification et de la justice de
Dieu. On ne peut vraiment pas concéder aux protestants que la justification soit
Le petit livre de M. de Boysson sur la Loi et la Foi (2) peut être cité après l'ou-
vrage du R. P. Prat comme un indice de l'attrait qu'exerce de nouveau la doctrine
de saint Paul. Le sujet avait été traité avec un sens historique très affiné par
pître aux Galates est antérieure au concile de Jérusalem, en d'autres termes que
Gai. 2, 1-10 ne parle pas de la réunion visée dans Act. 15, 4-6. Que les Galates
soient les habitants d'Iconium et de Lystres, nous sommes peu disposés à le croire,
mais enfin la chose n'est pas en soi d'aussi grande conséquence. Tandis que sup-
poser l'epître aux Galates antérieure au concile de Jérusalem paraît encore aujour-
d'hui, même après les arguments de MM. AVeber et Belser, une échappatoire apo-
logétique. Heureusement l'étude théologique de la doctrine de saint Paul ne dépend
pas de ce point. M. de Boysson expose correctement ce que l'Apôtre pensait de la
Loi, de la Foi. de la justification, du progrès de la vie surnaturelle, et montre com-
ment cette doctrine se rattache à l'enseignement de Jésus. Ce livre agréable sera utile
à ceux auxquels il s'adresse, les prêtres engagés dans le ministère paroissial et les élèves
des grands séminaires.
I, On pourra lire Le péché originel dans les anciennes sources juives, par M. Israël Lévi,
Paris. i90", cité d'ailleurs par le R. P. Prat p. -263\
3 La Loi et la Foi, étude sur saint Paul et les judaïsants. par A. de Boysson, directeur au
Séminaire de Saint-Sulpice. in-16 de viu-339 pp., Paris. Bloud, l'JI-2.
v3 Primitive Christian eschatology. tlie Hulsean prize essay for 1908, by E. C. Dewicjk, M. A.,
in-8' de xx-4i6 pp., Cambridge, at tlie University Press, 19H.
620 REVUE BIBLIQUE.
dant im bon quart consacré à l'ancienne eschatologie des Hébreux et des Juifs, el le
est
terme «primitif comprend Origène. Il était difficile d'être complet dans un volume de
>
-100 pages assez peu denses; on pouvait du moins exposer avec soin les grandes lignes
du tlième. C'est à quoi M. Dewick n'a pas manqué. Le cœur du sujet, c'est de savoir
si Jésus n"a prêché que la fin du monde prochaine, comme le prétend l'école escha-
tologique, ou s'il a mêlé à cette vue d'autres enseignements d'une incalculable portée
morale, surtout en ce qui concerne les fins dernières de chacun ? La conclusion est
modérée, dans les termes qu'on a souvent soutenus dans cette Revue. L'erreur de
l'école eschatologique était d'être trop exclusive, de voir tout sous le même angle,
de ne tenir aucun compte de ce qui gênait sa perspective foudroyante; mais elle a
rendu service en réagissant, au nom de l'histoire, contre le protestantisme libéral qui
moulait un peu trop le Christ à son image. Le point difficile du discours eschatolo-
gique de Jésus est résolu en sacrifiant l'authenticité des rapports évangéliques plus
qu'on ne le ferait parrainons; M. Dewick oflVe comme ressource subsidiaire le carac-
tère conditionnel de toute prédiction par rapport au libre arbitre. L'ouvrage, très bien
composé, et fort agréable à lire, a été couronné par l'Université de Cambridge.
disposition une édition nouvelle du texte par Mrs Margaret Dunlop Gibson, plusieurs
a interpolé dans la Didascalie les Canons des Apôtres rédi;îés par Addaï; M. Nau les
donne en appendice, mais il place en tête de tous ses documents la Didac/tc ou doc-
trine des douze Apôtres quoiqu'on ne la possède qu'en grec, comme le point de
comparaison le plus important à cause de son antiquité. L'introduction donne une
analyse succincte des principaux documents et un essai de classilication.
Dans la première édition, M. Nau semblait croire que la Didascalie ne renfermait
aucune allusion à lévaniiile selon saint Jean. lia évidemment changé d'avis, sans
doute d'après les indications fournies par .Mrs Gibson. Il semble qu'il aurait dû re-
fondre dans ce sens (1) la note d'ailleurs si ingénieuse sur la chronologie de la se-
maine de la Passion. D'après cette note, l'auteur de la Didascalie aurait concilié, sans
y songer, la date du repas de Béthanie d'après saint Jean (six jours avant la Pâque
et d'après saint Matthieu et saint Marc deux jours avant la Pâque). Or cette dé-
monstration supposerait que l'auteur connaissait saint Jean. Aurait-il exécuté ces
tours de force sans un impérieux désir de conciliation? La Didascalie imagine en effet
que Jésus a mangé la Pâque le mardi, avec les princes des Prêtres qui l'avaient anti-
cipée de trois jours. Le vendredi comptant pour deux, le repas de Béthanie pris le
lundi était à la fois deux jours avant la Pâque de fait, et six jours avant la Pâque
légale, la lune, le vendredi soir. Mais il se pourrait bien que
au quatorzième jour de
le symbolisme ait eu une plus grande part à cet étrange comput. La Didascalie
ajoute beaucoup d'importance au texte de l'Ex. 12, 3 et 6 Vous le garderez (l'a- :
gneau pascal^ depuis le dixième jusqu'au quatorzitmie (jour de la lune) et alors tout
Israël sacrifiera la Pâque. Jésus, pris dans la nuit du mardi au mercredi, passant le
mercredi chez Caïphe, le jeudi chez Pilate, réalisait bien cette prédiction, si l'on
teur le dit assez expressément (2^ (p. 173). Si le vendredi compte pour deux, c'est,
comme la très bien dit M. Nau, afln d'avoir les trois jours avant la résurrec-
tion.
M. Nau n'a point essayé, comme Mrs Gibson, de rattacher les textes scripturaires
de l'évangile aux divers types de traduction syriaque, étant convaincu que ces rap-
prochements peuvent être dus au hasard de références approximatives. Le travail de
la comparaison n'eût pas en eflet efirayé ce travailleur infatigable qui ne recule pas
devant les tâches les plus ardues. Le public, qu'il fait proOter si libéralement de
un gré inûni. Grâce à lui et aussi aux publications parallèles
ses labeurs, lui saura
de M. Chabot, un public médiocrement instruit peut se mouvoir à l'aise dans un
monde qui n'était accessible qu'à quelques personnes de la plus spéciale et excep-
tionnelle érudition.
Ancien Testament. — M. le D-" Ed. Koeuig a tenu à dire lui-même à nos lecteurs
dans quel esprit il a écrit son Histoire critique de la religion de l'Ancien Testament (3).
Il nous reste à souligner l'extrême importance de cet ouvrage où sont discutées les
principales objections de l'école de Wellhausen. Son livre n'est point en effet, comme
(t) p. 172, Didascalie ne songe pas à cette conciliation, car elle parait ignorer lÉ-
note 2. Il I.a
vangile de saint Jean est une plira«e à effacer.
•,...
(2; Ce serait de l'histoire écrite d'après un symbolisme; mais n'est-ce pas dans l'esprit d'un
chrétii'n qui utilise l'Ancien Testament beaucoup plus que le Nouveau? -M. Nau en conclurait vo-
lontiers qu'il était d'origine juive (p. xxu;. Mais ne voit-on pas des pèlerins d'origine non juive
chercher plus ardemment en Terre Sainte les souvenirs de r.\. T. que les vestiges du Sauveur?
(3) Gesrhichte der Altleslamentlichen Religion, kritisch dargestellt von Eduard Konig, in-S" de
vi-608, pp. Giitersloh, Bertelsmann, 1912; d.RB., 1912, p. -259 ss.
622 KEVUE BIBLIQUE.
28, 31, 9-13) sauf retouches, daterait de la période qui a suivi la chute de Samarie
(722), sous Ézéchias. En6n, le Pentateuque tout entier, toujours sauf quelques re-
touches, composé par Esdras en réunissant les documents existants, aurait été ap-
porté par le grand Scribe en 4.58 et promulgué en 444. Ce n'est point par une cou-
cession de forme, dafo non concesso, que M. Kœnig se place sur ces positions comme
pour vaincre ses adversaires sur leur propre terrain, — on sait en effet qu'ils n'adhére-
raient point à des dates selon eux trop hautes, — c'est qu'il est vraiment convaincu,
et illui-même apporté dans ses ouvrages antérieurs des arguments qu'il croit dé-
a
cisifspour cet échelonnement historique des différentes parties du Pentateuque. Sous
le bénéfice de ces observations, nous sommes heureux d'enregistrer les éloges du
R. P. Rinieri qui juge l'article de Kœnig dans la Reviu' bUJique « di un valore singo-
lare e di una portata incalcolabile » [La Lifjuria del popolo, 20-21 avril 1912).
>'ous devons ajouter aussi que M. Kœnig admet le principe du développement re-
ligieux. Il ne songe pas à assimiler les conceptions des patriarches à celles d'un doc-
teur de la Loi au temps de Jésus. Voici par exemple comment se dessine l'idée de
Dieu avant les prophètes Moïse a fait prévaloir la Monolatrie, ou l'adoration unique
:
permis de passer en revue tout ce qui était allégué contre la Bible, et c'est déjà ré-
pondre en bloc que de mettre en présence et en conflit des hypothèses qui sont assez
souvent contradictoires. Comme il le disait très bien dans cette Revue, on n'a eu re-
cours à tant d'artifices que pour ranger sous les lois communes de l'évolution la
seule histoire qui ne puisse pas s'y plier.
La conclusion religieuse d'Israrl est, comme on Taccorde, unique dans les annales
ds riiumanité; on devrait accorder aussi qu'elle était contenue dans les prémisses;
et, précisément parce que son développement se produit sur une même ligne, on re-
connaîtra que le point de départ pour mettre ce principe en
était très élevé. C'est
relief que l'ouvrage est divisé en deux parties l'origine, puis le développement de
:
la religion d'Israël. Cette division, très rationnelle, est un peu en opposition avec la
est celui qui parle de la part de Dieu, le chef religieux, et non le membre d'une
congrégation de derviches. Et certes le prophétisme d'Israël n'est pas né au pays de
Canaan, mais peut-être pourrait-on concéder qu'il y a pris un caractère spécial, du
moÎDS à une certaine époque (li. Quoi qu'il en soit, les patriarches, Abraham à leur
tête, sont bien les ancêtres religieux d'Israël; leur foi ne dérive ni du totémisme, ni
du culte des ancêtres, ni du fétichisme; eux-mêmes ne représentent ni des héros, ni
des dieux, ce sont des personnages historiques. C'est leur Dieu que Moïse propose à
l'adoration d'Israël sous le nom nouveau de lahvé 2 1
,
jusqu'alors inconnu, et qui ne
put être emprunté ni aux Babyloniens, ni aux Cananéens, ni aux Qénites.
lahvé est celui qui fidèle. Dès lors la religion d'Israël était fondée
demeure, éternel,
comme le Dieu personnel, moral, qu'on devait adorer seul et sans images.
culte d'un
Les prophètes n'ont fait que développer ce concept déjà transcendant.
Nous ne saurions suivre M. Kcenig dans le détail de ses thèses, ni, on le comprend
aussi, adhérer à toutes ses explications. Mais il n'est pas contestable qu'il connaît
bien les difficultés, et qu'il apporte à les résoudre les connaissances très précises d'un
hébraïsant hors pair, d'un sémitisant bien informé, et un bon sens exégétique très
sur. Disons-le sans ambages : quand on lit Stade ou "Wellhausen ou Marti, on se
sent entraîné vers leurs conclusions par une pente très douce. Et il suffit souvent
de reprendre l'argument tiré du texte, de
pour reconnaître
le serrer de très près,
qu'il n'est séduisant que lorsqu'on manière de certains théologiens an-
l'isole, à la
ciens, et qu'il prend une autre physionomie si on le met dans l'ambiance des autres
textes et de la vie de l'ancien Orient. C'est ce que M. Koenig a fait très souvent,
avec la maîtrise que lui donne une longue familiarité avec la Bible. Il eût pu tirer
plus de lumières des civihsations orientales voisines, mais il a du moins compris que
c'était là qu'il fallait chercher.
gissait du psautier, et cependant il paraît plus urgent de se décider puisque les dis-
cours ont quelque chose de moins impersonnel que la poésie. La tâche a paru si lourde
que dans The intpru'itlonal critkal Commenta nj, M. G. Buchanan Grav ne s'est
chargé que des trente-neuf premiers chapitres, le reste étant réservé à M. A. S. Peake.
Le premier volume, qui vient de paraître, comprend l'introduction et 1-27, par
(1) On pourrait à cette occasim l'aire état du papyrus Golenischeff; cf. RB., 1899, p. 481.
(2) L'auteur concède l'existence antérieure de lau, et ne s'explique pas sur le rapport
des deux
noms. Il y a déjà longtemps {RB.. 1803, p. 346 que le P. Lagrange, sous le pseudonyme transpa-
rent de Barns, a supposé que Moïse a changé laii en lahvé.
624 REVUE BIBLIQUE.
M. Buclianan Gray (l). Les deux auteurs sont assez d'accord sur les idées générales
pour que l'introduction du tout ait été confiée à l'un d'entre eux. 11 peut donc dé-
clarer déjà que les chapitres 40-66 ne sont pas d'Isaïe, non qu'il les regarde comme
des prophéties post evenlum, mais en vertu de ce principe qu'une prophétie doit être
antérieure à l'événement qu'elle annonce, mais postérieuie à celui qu'elle présuppose.
Or, d'après JM. Gray, les chapitres 40-55 présupposent que Cyrus est déjà entré
dans sa carrière, mais qu'il n'a point encore conquis Babyione, tandis que les der-
tion qui a dominé un siècle plus tard. M. Gray pose même en principe que tout le
recueil isaïen étant de date récente, la vraie méthode ne consiste pas à regarder
comme d'Isaïe tout ce qu'on ne peut pas démontrer non authentique; en réalité,
chaque pièce se présente sans titre, et il faut avoir des preuves pour lui assigner une
date, sans quoi il n'y a qu'à confesser qu'on ne sait rien (2). Cependant il est peu dis-
posé à descendre trop bas, à cause du texte de l'Ecclésiastique dont il a bien fait,
ressortir la valeur (Sir.48, 22-25). Loin d'attribuer avec M. Kennett (3) une bonne
partie d'Isaïe aux temps macchabéens, il ne croit pas qu'il ait reçu après 180 des
additions importantes, si ce n'est peut-être 19, 17-2.5 et, moins probablement, 24-27.
Sur ces derniers chapitres, l'apocalypse d'Isaïe, M. Gray affirme seulement qu'ils
sont postérieurs à l'exil, mais il renonce à indiquer quelles circonstances ont inspiré
à Achaz que Juda serait délivré d'Ephraïm et de la Syrie dans l'intervalle de deux ou
trois ans, et lui promet comme signe qu'une jeune mère nommera son enfant Em-
manuel. Rien de plus. On ne voit vraiment pas en quoi consiste l'efficacité du signe.
Il est très vrai que, d'après la Bible, le signe n'est point miraculeux de sa nature; il
peut même être reçu après coup, comme une preuve que tel événement était spécia-
lement voulu de Dieu. Mais il faut du moins qu'il y ait dans la coïncidence quelque
chose d'inattendu. Le nom d'Emmanuel est un nom de bon augure, comme tant
d'autres, et, puisqu'il devait être donné après la prophétie, il eût été facile à beau-
coup de mères de la réaliser. D'ailleurs, dans la situation concrète, Isaïe a proposé
un signe miraculeux, M. Gray le concède; se peut-il que, ce signe étant refusé par
Achaz, Dieu lui donne raison en proposant lui-même un signe aussi anodin ? Évidem-
ment Dieu ne doit pas se laisser vaincre; il donnera à la maison de David un signe
tout extraordinaire. C'est ce à quoi M. Gray ne veut pas entendre. Non seule-
.1 lait
ment mère de l'enfant n'est pas une \ ier_'e. mais l'enfant lui-même ne fera rien
la
7, 16, et que ce qui suit est un oracle tout ditîérent; 2 ne pas voir l'Emmanuel dans i
l'enfant, à vrai dire dans ce sens que le Messie agira commr le Dieu puissant lui-
même. On ne saurait refuser à Isaïe cette prédiction .ch. 9^ ; mais, à supposer même
qu'elle soit d'un autre, cet autre, comme Michée 'l), pensait au Messie et le rattachait
à la prédiction de l'Emmanuel. Ces interprètes d'Isaïe n'étaient-iis pas à même de
comprendre sa pensée? Aussi bien M. Gray semble se rendre compte que l'interpré-
tation qu'il nomme mythologique irague du terrain, au profit de lancienne interpré-
tation. un peu la méthode. Au lieu d'insister avant
>"ous devons seulement modifier
tout sur le caractère virginal de la mère post partnm comme étant le signe donné
par le prophète 2\ nous pouvons prouver très nettement que l'enfant doit être un
sauveur, et un enfant divin. Le voile qui couvre le nom de son père, le soin qu'a le
prophète, très bien compris par Michée, de ne parler que de la mère, suggèrent une
conception surnaturelle, qui se concilie très bien avec le mot de Aima. On peut en
effet concéder à M. Gray que si le signe avait été la virginité, il eût été plus clair
d'écrire bethoula. Le signe est l'Enfant, avec un tel l'ère et une telle Mère.
Un autre thème passionnant, c'est celui de l'apocalypse d'Isaïe 24 27 . .Mtlheu
reuseraent on ne peut pas dire que l'accord se fasse et qu'on soit même près de la
solution. Taudis que Duhm et Marti étaient très fermes sur l'origine macchabéenne.
et entrevoyaient des allusions à la prise de Samarie par .Tean Hyrcau, et aux campagnes
d'Alexandre Jannée contre Moab, M. Gray place l'ensemble aux environs de l'an 400.
Il regarde les cantiques comme faisant si peu corps avec le reste qu'il traduit d'abord
I M. Grav a soutenu dans The Expositor, avril i'Jll. que Micbée fait allusion à 9. 5 plutôt qu'à
7, H semble bien en elTet que Michée a connu 9, o. mais il met la mère en scène comme 7. It.
It.
c'est dire qu'il a compris la relation des deux passages.
•2; D'après M. van Hoonackcr RB.. iWi. [>. iSfi le signe, c est l'invasion du roi d'Assur. .
très évidents du goût des habitants pour le bon vin, on pourrait estimer cette indi-
cation très juste. Mais la prise de Samarie par les Assyriens n'a point été le signal de
la délivrance pour les dispersés d'Israël. Quant à la prise de Sanaarie par Jean
Hvrcan, outre que la date est trop basse, le prophète n'aurait pas manqué de célé-
brer l'action propre des Juifs dans cet exploit. Or on voit seulement qu'après la
ruine, les pieux fidèles peuvent fouler de leurs pieds les ruines de l'orgueilleuse cité
(26, 6).
l'analogie avec Isaïe 13, 9-13 ne nous trompe pas, cette ville du chaos est
Si
Babylone, et dès lors tout s'explique ass°z aisément. La chute de Babvlone devait
avoir précisément pour résultat de faire réf{ner lahvé à Sion (Is. 52, 7 Mich. 7,
10). Ce point acquis, il n'y a aucune raison sérieuse de renvoyer l'oracle aux envi-
rons de l'an -100 comme fait M. Gray; il est au contraire tout indiqué de le rappro-
cher de la chute de Babylone. s'il ne lui est antérieur, c'est-à-dire si la chute de Ba-
bylone n'est pas prophétisée. Je me rétracte donc, mais je crois devoir maintenir ce
que j'ai dit de notre ignorance des origines de l'eschatologie apocalyptique. Peut-être
le grand ébranlement mondial causé par l'entrée en scène de Cyrus a-t-il rendu plus
naturel ce style grandiose. Le règne de lahvé à Sion est fort ancien. Il était tout
simple d'ajouter que son inauguration serait accompagnée d'un banquet (25. 6), à
l'instar de la royauté nationale (I Sam. 11, 14 s.). L'universalisme d'Is. 24-27 est
celui d'Is. 40-55. On trouve dans la petite apocalypse des traits qui reviendront dans
Hénoch et dans les Jubilés; mais ces ouvrages ont puisé à des sources assez anciennes.
Le Léviathan de 27, 1 est une entité beaucoup moins évoluée que celui de IV Esdr. 6,
49. 52, qui doit servir de nourriture aux élus. Mais ce serait abuser que d'entrer
dans le détail. On dirait que M. Gray a été surtout engagé à une date assez basse
par le cantique (26, 1-19) qui fait allusion à la résurrection des morts. Cela encore
n'est point décisif; au surplus cette pièce est écrite dans un style particulier et a pu
être ajoutée, couime le petit passage sur Moab (25, 9-12). M. Gray n'a pas même
mentionné la transposhion effectuée par le P. Condamin de 25, 1-5 entre 26, 6 et
26, 7. Peut-être en effet n'est-elle qu'ingénieuse. Le contexte ainsi obtenu est sa-
tisfaisant, mais le P. Condamin est d'ordinaire plus exigeant sur le rvthme, et au
lieu de bloquer les passages où l'auteur parle de la ruine de la cité ennemie, il
faut plutôt reconnaître qu'il y revient comme à plaisir; c'est le leitmotiv de toute
la pièce. J'en ai assez dit pour indiquer l'intérêt des commentaires de M. Grav.
Comme critique littéraire il représente incontestablement une réaction contre les
exagérations de Duhm, de Marti, de Kennelt. La réaction ira-t-elle beaucoup plus
loin parmi les critiques indépendants? il est difficile de le prévoir. Et l'on pourra
consulter utilement pour les explications philologiques cette œuvre moins person-
nelle, mais aussi moins systématique que celle de Duhm (L.).
On s'est étonné que M. van Hoonacker ait consacré aux douze petits prophètes
un gros volume très dense de 759 pages. Ce sont trois volumes très serrés qui leur
sont attribués dans The international critical Commentary. M. W. R. Harper, qui en
était temps de publier qu'Amoset Osée. Depuis sa mort, les savants
chargé, n'a eu le
américains se sont partagé ce qui restait à faire. Dans le second volume qui vient de
paraître, Michée, Sophonie, Nahum sont traités par M. J. M. Powis Smith, Habacuc
par M. W. Hayes Ward, Abdias et Joël par M. Julius A. Bewer (1). A la différence
de M. van Hoonacker, M. Smith renvoie au commentaire pour la discussion des
problèmes de critique littéraire, et ne donne dans les introductions qu'un aperçu his-
(Ij Ce sout trois volumes en un seul, de xix-303; 28; 146 pp. Edinburgh, Clark, 1912.
BULLETIN. «2T
torique des systèmes et l'indication de ses conclusions. Il est moins conservateur que
notre collaborateur. C'est ainsi que M. van FI. a cru pouvoir maintenir l'unité de
Miellée, tandis que M. Smilh ne lui accorde que 1-3. La section 4 à 5 ;sauf peut-
être 4, 14 et 5, 9-12) lui paraît être un conglomérat de fragments qui décèlent une
eschatologie plus récente, et il en est à peu près de même de 6 à 7, sauf que 6,
9-16 et 7, 1-6 peuvent appartenir à Michée. Pour cette dernière partie, van H. avait
concédé que la ville dont il est question était déjà en ruines, mais il pensait que
cette ville était Samarie, et voyait dans l'ensemble une trilogie. D'ailleurs van H.
est loin de méconnaître que les prophètes, aussi bien que les livres historiques, ou
législatifs, ou sapientiaux, onl, pu être complétés après la mort de leurs auteurs,
par des écrivains inspirés cela va sans dire. Ceux qui en doutent pourront s'en
convaincre en étudiant Nahum; l'écrivain qui a fait précéder le texte du prophète
d'un psaume traitant d'un autre sujet que la ruine de Ninive, a pris soin de souligner
son intervention en faisant un psaume acrostiche. Cette fois c'est M. Smith qui
trouve M. van H. trop hardi dans son essai de restituer la suite alphabétique de 1,
11 à 2, 3. Mais pour ce qui est de 1, 2-10, les critiques sont d'accord. Et cependant
personne n'avait douté de l'unité de Nahum jusqu'en 1893, moment où parut
l'article de Gunkel (l).
S'il en est ainsi, autant vaut-il soutenir l'unité autour de l'an 500 avec van Hoo-
nacker.
L'unité de Joël passait pour si assurée que van H. ne l'a même point discutée ex
professa; elle est constituée par la menace du jour de lahvé qui domine les chapitres
M. Ward ne s'est pas non plus prononcé sur l'unité ou la multiplicité d'auteurs pour lesdeux pre-
miers cliapitres.
628 lîEVlE BIBLIQUE.
de bouleversements. Les textes sont presque toujours traduits sous forme métrique,
mais il eût été bien utile d'indiquer les versets fl. Le commentaire est soigné; les
textes grecs sont souvent le point d'appui d'une correction.
en prose, et bien postérieur au reste. ?*ous venons de rappeler combien il est diffi-
cile de reconstituer l'alphabet du psaume placé en tête de >'ahum. La solution de
M. Duhm est ingénieuse et hardie à son ordinaire. Le copiste qui aurait ajouté ce
psaume se serait trompé sur le nombre de lignes que pouvait contenir le blauc pré-
cédant la prophétie de iNahum. Il n'aurait eu de place que pour seize lettres (donc
V/7/j compris', encore en faisant des interlignes avec le texte ancien. Ce procédé cor-
rigé et aggravé par d'autres copistes aurait amené la confusion actuelle entre 1. 10
et 2. 3. Il était difficile d'en sortir. Quoi qu'on puisse penser de ces théories géné-
rales, les corrections de .M. Duhm sont parfois tout à fait heureuses, très souvent
ingénieuses, toujours philologiquement sures. !1 admire beaucoup Jonas à cause de
sa tolérance, la moins aisée de toutes Car et c'est son dernier mot
: << —
la tolé- —
rance est beaucoup plus difficile contre des adversaires théologiques que contre des
païens et des Turcs " p. iKi M. Duhm l'a sans doute éprouvé lui-même, car pour
.
punir les recenseurs qui n'ont pas admis qu'llabacuc avdit écrit au temps d'Alexandre,
il n'a pas dit un mot de ce prophète. Et cette mauvaise humeur rappelle celle de
.Tonas — d'assez loin.
ugueaux de la Pàque est certes un de ceux que les biblistes catholiques doivent le
mieux conoaitre. Et M. Strack leur a rendu cette connaissance très aisée. Le texte,
soigneusement revu d'après les meilleurs manuscrits, est ponctué, traduit, com-
menté et accompagné d'un lexique des mots un peu difliciles. Au texte canonique, si
Ion peut ainsi parler, l'auteur a joint des détails sur la façon dont les Juifs célèbrent
encore la Pàque, avec des exemples d'homélies ou explications pieuses qui accom-
pagnent le rite. Les notes sont des éclaircissements du texte, mais aussi des rensei-
gnements sur les usages et des renvois aux livres rabbiniques qui supposent un la-
beur vraiment considérable sous un si petit volume. Sans entrer dans la discussion
(les leçons adoptées avec un certain éclectisme, on peut constater qu'elles ont eu gé-
la Pàque offlcielle. Jésus aurait donc devancé la Pà(|ue, ce qu'on s'explique très bien
dans l'incertitude de fait ou l'on pouvait être sur le quantième de la lune. C'est la
solution qu'avait adoptée le P. Lagrange dans son commentaire sur saint Marc.
M. Strack a lu quelque part que Jech. Lichtenstein, de Leipzig, avait proposé cette
solution. Il serait intéressant desavoir où, quand et comment. L'ouvrage de M. Strack
a pu profiter de la publication des papvrus de M. Sachau.
jetzigen Passafeier der Juden, nach Handschriften und alten Drucken herausgegeben, iibersetzt
und erlautert, von Prof. D. Dr. Herniann L. Strack, in-8^ de 48-40* pp., Leipzig, Hinrichs, lOU.
(I) .1 liislory of civilizalion in Palestine. In-lO de viirl.'îît pp. avec flg. et une carte.
Cambridge, Lniverslly Press, ltM2.
630 REVUE BIBLIQUE.
avec l'habitalion biblique [l). Il se peut que l'un ou l'autre des rapprochements
institués par le jeune savant ne soit pas assez fondé. Une plus longue familiarité
avec le pays en eût probablement aussi suggéré quelques autres encore. Du point
de vue archéologique enfin, la dissertation eût pu être conçue plus méthodique,
plus serrée, mieux concrétisée surtout par quelques graphiques. Telle que l'a réa-
lisée M. Jiiger, elle dit bien l'aspect général, la structure, la disposition, le mobilier,
les dépendances de la maison du fellah, son caractère, le rôle qu'elle joue dans
la vie populaire, les rites religieux de sa fondation et de son achèvement. Elle sera
donc lue avec intérêt et profit.
de commun avec la )ncnsa martyrum. Peu à peu, le culte des martyrs s'étant
développé, les chapelles des saints devinrent plus fréquemment le centre des réu-
nions liturgiques. D'abord érigé à côté de la tombe ou sur la tombe, l'autel se
confondit bientôt avec elle; ou plutôt, des préoccupations de symbolisme firent
grouper intimement l'autel et la tombe; le texte à.'Apoc. 6, 9 doit y avoir contri-
à M. W.
un cas doublement intéressant par la forme de son autel-table
:
1'^'
portée par trois colonnettes sur une dalle de l'",09 >< 0"\64 trouvée en place;
—
2« par la distinction très nette encore en 460, entre l'autel situé au centre de
l'abside et la confessio creusée en avant. Un peu plus tard les chapelles du mont
des Oliviers ou les églises de Mâdabâ fournissent des exemples très clairs de
l'association d'un reliquaire à l'autel.
yBiblical World, 1912, pp. 295-306) un article digne d'attention à cause de son
information excellente et de la sérénité parfaite d'appréciation. Il s'agit naturelle-
(1) Dus Bauernhaus in Palaestina, mit Fiûcksicht auf das biblisciie Wolmliaus untersucht
und dargesteUt; 62 pp. in-8" avec 10 fig. Gôttingen, Vandenlioeck uiid Ruprecht, 1912.
(2) Allar und Allargrab der chrisllichen Kirchen in i. Jahrliundert. In-8» de 204 pj). avec
31 fig. LcipzifT. ilinriolis, 1012.
BULLETIN. 631
PEFund, Quart. Stat., juil. 1912. — M. le D"" Mackenzie résume ainsi, d'après
l'état actuel des fouilles, l'histoire de Beth Séraès : Trois périodes: I. indigène et
cananéenne, des origines jusque vers l'époque d'el-Amarna, caractérisée par les
(1) Article plus succinct du même savant dans Proccedings Soc. Bibl. Arcfi., xxxiv, 191-2,
pp. 114-118 avec deux planches.
(2)Ces pliot. et quelques autres sont en vente ciiez M. G. Kaad à Jérusalem. M. Gervais de
Courtellemont a, si je suis bien informé, photographié naguère l'intérieur du Haram d'Hébron
en clichés chromatiques Lumière.
^3) 'Xù/aXa "/.«-ivixà i'i.'t.r,nY'/. jutit'.z'/. za; voiA/.ixà t.vo 'OSoiitoj;x'>. r, Il^'jiyxj/r-.do:a -r;; âvta; y^î» u'J'.V.E-'ÉvTa,
6Mi REVUE BIBLIQL'E.
latiues, russes et françaises, compilation des pèlerins grecs de jadis, auxquelles vien-
nent s'ajouter des descriptions tirées d'Edrîsi, de Procope de Césarée, du moine
Autiochus et la liste des noms géographiques de la carte de Màdabà tel est le contenu :
de cette collection tiestinée à rendre de réels services aux lecteurs de langue grec-
que. Pour nous, d'ailleurs, elle ne sera point sans utilité puisqu'elle nous rend acces-
si intéressante de Daniel d'Éphèse et divers -&07/.jvr-âv.a du Sinaï
sibles la relation
et des Lieux Saints de Palestine, publiés dans des périodiques russes difficiles à se
procurer. Parmi les ilesiderata qu'on nous permettra de formuler, nous signalons
l'absence de la description du Saint-Sépulcre par Photius et des renseignements
topographiques du Tl/pi'-Oii île l'Anastasit, ainsi que l'oraission de toute indication
bibliographique : il eût été assez facile d'indiquer l'édition à laquelle le texte tra-
duit était emprunté. Il se peut que remède soit apporté à ces défauts, dans une pu-
blication subséquente, car nous voyons M. Pli0('\ lides travailler à une traduction des
Plciopliories de .lean Rufus.
Mais ce qui est à apprécier par-dessus tout dans les travaux des Hagiotaphites
ce sont les publications des textes que recèle leur précieuse bibliothèque. L'éloge du
martyr Théodore par Chrysippe, prêtre de Jérusalem (V siècle), et disciple de
saint Euthyme. édité par M. Phocvlides ne peut être que le bienvenu, étant 1 ,
donné le petit nombre des écrits qui nous restent de cet éloquent personnage dont
les nombreuses productions étaient, au dire de Cyrille de Scythopolis. dignes de toute
faveur, -âir,; à-o5o/T); âÇix. Un passage de la péroraison a son petit intérêt topogra-
phique, surtout pour ce qui est du Cénacle : « Tu fais toi aussi la ronde autour de
Bethléem, tu montes la garde auprès de la plate-forme du Golgotha, tu conduis le
chœur dans la chambre nuptiale de l'Anastasis, tu bondis sur le mont des Oliviers
mais tu es convive dans le Cénacle de Slon. àXÀà Tj-zost-vatç iv tw O-scoko tïj; Zm-i a
fournit tout simplemeiU un herbier complet des plantes mentionnées dans la Bible.
Un spécimen sérieux de chacune de ces plantes, choisi avec soin et bien séché, est
livré entre deux feuilles de papier très fort mesurant 0°\42X 0"',2C. Il est ac-
compagné d'une fiche sur laquelle on trouve les renseignements suivants : a) No-
mcii hlbliruiii. nom de la plante en hébreu avec la transcription, et citation des
passages bibliques qui en parlent: b noî/irn mudcrniint, nom scientifique actuel;
c) nomen cuhjarc, nom ou noms arabes écrits en arabe avec la transcription ; d) alia
nomina, dans la Vulgate, les Septante et les auteurs classiques; 6; nota, remarques
de critique textuelle ou notes bibliographiques; f) nom de celui qui a ramassé la
/.'/: x—'xz'^wj'ti.-.oL j-;, K'i.i:-ù. M. Kr^ij'hii'.j xal I. 4'wxj/.:4', j. Il) S". Gll pp. Jérusaleiii, Impiimerie de la
Communauté du Saint-Sépulcre.
(i; \'yj-7l--',-j -j£7gj-:iooj 'hj'-uoVJjjLuv £v/ti;i-.ov û-, -l; «y.'-v ;i'ij-:jj« e^oSwjiv... ni-8»,
^ '-i-J pp. Jcrusalcm,
Imprimerie de la Communauté du Saint-Sépulcre. '
{2) Ajoutons enfin, sortis des mêmes presses en 101 1. quelques lettres et apoplitliegnies de
rat)bé Ammonas et des discours ascétiques de l'abbé Isaîe, publiés par le moine Augustin, qui
charme les loisirs de sa solitude dans les steppes du .lourdain par le déchiiïrcmenl des textes
Inédits laisses par les vieux anachorètes d"antan.
BULLETIN. 63 J
moins on pourra donc avoir maintenant sous les yeux la plante elle-même.
fidèle,
.1 propos d'une critique par h- iî. J'. Rinieri du Commentaire de Saint Mare. — Un
auteurne devrait jamais répondre aux critiques. Il devrait plutôt se montrer reconnais-
sant si l'on relève dans son œuvre des défauts, compagnons inséparables de toute œuvre
humaine. Si cependant il était permis de déroger à la règle, ce serait sans doute si les
recensions, au lieu de porter sur des faits caractérisés, mettaient en cause des ten-
dances et suggéraient, plus ou moins ouvertement, que le livre n"est point en harmonie
avecla foi de l'Église ou les directions du Saint-Sièïe. A propos de mou commentaire
sur s. Marc, je pourrais alléguer qu'il est antérieur aux décisions de la Commission
biblique. Mais je n'entends pas seulement exciper de ma bonne foi. je crois pouvoir
soutenir que ces décisions sont d'avance respectées dans mon livre. J'indiquerai deux
points : rantériorité de s. Marc par rapport au s. Matthieu canonique, et la finale
de saint Marc.
qu'elle vient d'être déflnie, c'est le R. P. Ilario Rinieri. dans la Scuolo cattoUca de
Milan, mars et mai 1912.
Et d'abord le R. P. me reproche de ne l'avoir pas démontrée. — Or je n'en avais
pas la prétention. J'ai dit expressément : « il nous sera permis de l'embrasser, du
moins comme a ivorkinr/ hi/pothesis, ainsi que disent les Anglais, puisque la démonstra-
tion ne peut en être faite que dans une étude détaillée de la question synoptique » (1).
Et ailleurs je disais : « On le prend ici (s. Marc), par hypothèse, pour une tête de
ligne, sinon pour une base »...
gelium secundum et terlium aille yreecam prinii Evanqelii vcrsionem esse composilum ? R. Né-
gative.
BULLETIN. 635
est un jeu même une imposture " etc. tmai, p. 21V J'avoue que je saisis mal
puéril,
le lien entre un jeu puéril et une imposture. Il me semble que rien n'est un jeu, ni
puéril, quand il s'agit des évangiles et de la pensée de Notre- Seigneur. Évidemment,
dans la pensée du R. P.. toute la critique textuelle est un jeu puéril. Mais, en dehors
de certains cercles peut-être, on ne raisonne plus de la sorte. Nous sommes certains
que la Vulgate est l'instrument authentique de la parole de Dieu. Elle suffît et
même fait seule autorité dans les discussions dogmatiques. Est-ce néanmoins un
jeu puéril de recourir au texte grec? Et si la critique avait démontré que le tra-
ducteur grec de s. Matthieu a employé telle expression parce qu'il la lisait dans
s. Marc, se serait-elle livrée à un jeu puéril ? sans parler de l'imposture qui est vrai-
Il y a là bien des confusions. Une traduction n'est toujours pas l'ouvrage tel qu'il
est sorti de la plume de l'auteur et une traduction peut être Adèle quant à la substance,
sans que cependant la pensée soit toujours strictement la même. Chacun sait que
c'est précisément le cas pour la Vulgate. Au dilemme je répouds simplement : datur
médium !
Le R. P. a la plaisanterie facile en me demandant si j"ai vu le texte original de
s. Matthieu. On le conclurait de mes prémisses!
J'ai seulement dit qu'aucun Père n'a témoigné des rapports qu'il y avait entre l'ori-
Mais la Commission biblique a réservé une conformité plus large. Lorsqu'elle dit
que l'évangile grec est identique à l'original sémitique quoad substantiam, il est im-
possible de penser qu'elle ait employé ce mot à la légère (I). Quand on aflirme l'iden-
tité quant à la substance, on réserve donc la possibilité de divergences quant aux acci-
dents.
Je n'aurai pas l'impertinence de prétendre que la haute Commission m'a emprunté
cette expression, je puis bien du moins rappeler que c'est celle que j'ai proposée dès
1896. Je suis obligé de me citer, puisqu'il s'agit d'une question si grave : « Si les
Logia sont un ouvrage évangélique contenant la vie, les discours, la Passion et la
Toute question est donc de savoir jusqu'à quelles modahtés s'étend la confor-
la
Marc et l'original sémitique de Matthieu, que j'ai désigné par le sigle O (source),
puisqu'il s'agit d'une discussion très épineuse avec des critiques, et qu'il faut bien
qu'on se serve d'une notation connue si l'on veut discuter. J'ai dit expressément :
« 11 est fort possible d'après les critiques, il est certain d'après la tradition, que la
(p. cviii). Je me suis d'ailleurs abstenu de concUu-e. Qu'on veuille bien m'excuser si
je cite encore« En présence de ces faits dont l'étude approfondie est subordonnée à
:
une connaissance plus ferme de la source Q qui ne peut être obtenue que par le
commentaire de s. Matthieu et de s. Luc, nos conclusions ne peuvent être que mo-
destes et provisoires » (p. cviii).
Et en cela, il n'y a, je l'affirme, ni réserve politique, ni prudence diplomatique.
En ce qui regarde s. Marc je n'en sais pas plus long, et j'aurais besoin encore de
plusieurs années d'études pour me faire une conviction raisonnée et mettre les choses
au point pour ce qui regarde s. Matthieu. C'est après avoir étudié s. Matthieu à son
tour qu'il serait peut-être possible de préciser les relations d'un évangéliste avec
l'autre. Il ne m'est point aisé, je le confesse, de me faire d'avance des opinions si
absolues; j'en sais déjà cependant assez pour affirmer qu'on ne déterminera jamais
très exactement les accidents de l'original sémitique de s. Matthieu — à moins
qu'on ne le découvre. Qu'on ne me fasse donc pas dire que je prétends le connaître
comme si je l'avais sous les yeux.
Les explications qui précèdent suffisent à montrer que le commentaire de s. INlarc
ne se trouve pas, même après coup, en opposition avec une des décisions de la
Commission biblique du 2fi juin 1912. La Commission refuse le droit de cité parmi
les catholiques à l'hypothèse dite des deux sources ^lais en même temps, elle ad-
met le système de la dépendance : ulrum... liceat exegetis libère disputare et ad
lii/jtothenes traditionis site scriptse sive oralis vel etiam dépendent ix tinius a précé-
dente seii a praecedentibus appellare? R. Affirmative.
Cela est d'une suprême importance quand on songe aux attaques si virulentes des
conservateurs, partisans de la seule catéchèse orale, contre les partisans de la dé-
pendance mutuelle, qu'on empruntée aux rationalistes, et ruinant la saine
disait
doctrine de l'inspiration Mou commentaire sur s. Marc est conçu, je l'avoue,
î
sur cette hypothèse delà dépendance. La décision de la Commission sur ce point lui
donne une base assurée dont je revendique le bénéfice. Mais il résulte bien de cette
position qu'on n'a pas condamné ceux qui diraient qu'un évangéliste se serait servi
de deux autres comme sources, mais bien une hypothèse très déterminée de la cri-
tique indépendante qui fait dépendre le Matthieu ^rec et Luc ah evamjelio Marci et a
collée liotie sic dicta sermonum Domini, c'est-à-dire d'une source qui n'aurait contenu
que des discours, ("e n'est pas ainsi que je conçois l'original sémitique de s. Mat-
thieu, comme je n'ai jamais manqué de le dire dans mes ouvrages, articles et
recensions.
(p. 436). Je suis donc tout prêt à dire, aujourd'hui comme alors, que les raisons des
critiques « ne démontrent pas ».
Fr. M.-J. Lagrange,
dos Fr. Pr.
— t.--<ïvc5Si--a
TABLE DES MATIÈRES
ANNEE 1912
N" 1. — Janvier.
Pages.
P. Vincent 86
N" 2. — Avril.
IV. MÉLANGES. 1 —
Le titre primitif du livre d'Ézéchiel. A. van Hoo-
"
nacker. —
La nouvelle inscription de Sendjirli. R.P. Lagrange.
2-^
N 3. — Juillet.
N" 4. — Octobre.
Le Gérant : J. Gabalda.
1912
Behm (J.).
Die Handaudegung im Urchristentuni. 308
Benoît (F.).
.Architecture. T. I. Antiquité. 317
BOYSSOS (A. DE). La loi et la foi. Étude sur saint Paul et les .Judalsants. 619
Bricolt (J.).
Où en est l'histoire des religions? 455
Brooke and Mac Lean. The Old Testament in Greek. Xumbers and Deutero-
nomy. 454
Brown (C. R.). The et-Tekkîyeh inscriptions. 319
Brunnow (K.j. Zur neuesten Entwickelung der Meschetta-Frage. 477
Blrkitt (F. C.)- A new ms. of the Odes of Solomon. 469
The syriac forms of New Testament proper names. 611
Bctler. Publications of the Princeton L'nivei-sity Arch. E.\p.
to Syria. — Divis. II : Ancient Architecture .sect. A ; :
IIarper (\V. R.). Amos and Osce (lnt(>rn. crit. Commentary). G26
IIeer. Nouveaux fragments grécc-sahidiques des Évangiles. 610
IIOSKIER (H. C). Concerning the Genesis of the Versions of tiie New
Test. (308
roka. 620
HlBY (.J.). Christus. 455
IlUMRERT (P.). Le Messie dans le Targum des Prophètes. 149
TABLE DES RECENSIONS ET BULLETINS. lii
pulcre. 476
Meyer (E.). Der Papyrusfund von Elephantine. 575
MONTGOMERY (.J. Al. Some early amuiets from Palestine. 158
Mi'iLLER (D. H.). Neue Wahrnehmungen beziigUch der prophetischen
Kunstform. ll'.<
Ol.MSTEAD (A. T.). Travols and studies in the nearer east. Vol I, part II.
61-2
Valensin (A.V Jésus-Christ et l'étude comparée des religions.
VOGELS (H. J.). Die altsyrischen Evangeîien in ihrem Verhâltnis zu
Tatians Diatessaron. 2^
VOIGT (H. G.)- Die Geschichte Jesu und die Astrologie. :301
TABLE ALPHABETIQUE
DES MATIÈRES PRINCIPALES
Abdias, 627. de Sendjirly. 2.>3. — Grammaire (Marti),
'Abedîeh (el-). 403. 315. — Histoire, 474.
Abila. Inscription relative à Lysanias, 5:33 s. Archélaïs (El-Bayoudat sur T'Aoudjeh),
Achéménès, 26. 159.
Actes des Apôtres. Saint Etienne, 306. — Ariaramnès. 26.
Décret des Apôtres. 307. Comm. Ma- — Ai-samès, 26.
der, 463. — Comm. Furneaux, 610. 'Asùn (Kh.), 320.
Adonis. 117 s. Assyrie et Babylonie. Sous Cyrus le Grand,
Ahiqaret les papyrus d'Éléphantine, 68 s. 22. —
Littérature religieuse des Babylo-
Ahouramazda, 44 s. niens, 154 s. — Cylindres orientaux. 469.
'.\ïn-Heloueh, 409. — Fouilles de Dréhem. 471. — Astro-
'Aïn-Sems. Fouilles, 111, 031. nomie, 471. — Asourbanipal. 473.
Win et-Tineh. 419. Astarté, 118 s.
Babylone. Prise par Cyrus. 539 av. J.-C, Diodore de Tarse. Comm. sur les Psaumes.
40. 310.
Babylonie. Cf. Assyrie. Djabboul, 409.
Bagohi, 130. 576 s. Djami' el-Arba'ïn Ghazâwi. 420.
Balthasar, ;38 s. Djisr el-Maqtou', 419.
Beéroth de Benjamin (Kh. el-Lattàtîni. 320. Djisr el-Moudjàmi\ 404.
Beisàn. Situation et liistoire. lO'.t s. Djisr es-Saghir, 404.
Bellarmin et la Bible sixto-clémentine. 311. Djisr es-Sidd, 403.
Béthel. Xom divin dans les papyrus d"Élé -
Dosithéens, 338.
pliantine, 134 s., 586. Dréhem. Fouilles, 471.
Beth-Sémes. Fouilles, 111, (.31.
Eccli'siaste. Composition du livre, 161 .*.
Clialdée. Les rois d'Ur, 155. Egypte. Roule des Hébreux pour sortir de
Ciiristianisnie (Le) et la pliilosopliie reli. lÉgypte, 314.
gieuse d'Épictète, 5 s., 192 s. Éléphantine. Papyrus. — Aliiqar, 68 s. —
Chronologie. De la vie de Jésus. 139, 463. Papyrus et ostraca araméens d'une colo-
— De saint Paul, 141. —
Naissance de nie militaire juive dÉléphantine, 127s.,
Jésus. 304. — Des soi.\ante-dix semaines 575 s.
tion du in-olilènie synoptique, 280 s. — ledoniah, fils de Gemariah, dans les docu-
Anciens évangiles syriaques dans leur ments d'Éléphantine, 133.
rapport avec le Diatessaron de Tatien, Ismbélhel. 134. 584 s.
judéo-chrétiens, 587. —
Décision de la Isaïe. Note e.xégétique, xxxiv, 15, 5^42 s.
l'astrologie, 304. —
(iergésa (Koui'si). 319.
L'histoire de Jésus et
Grec. Grammaire néo -testamentaire de
Jésus et la christologie primitive, 305
Radermacher, 155. —
de Robertson, 156,
— Jésus par
3L5. —
Lexique de Zorell, 157. Cata- — plusieure
a-t-il été oint plusieurs
femmes? Opinions des anciens
l'ois
Juifs à Élépliantine, 127, 576. Onction de Jésus par les femmes, 504.
Ophel. Les récentes fouilles. 3° Le pas- —
Kalarnou. Dans l'inscr. aram. de Sendjiiiy, sage souterrain entre la fontaine et la
•255.
crête d'Ophel, 80 s. — 4* le tunnel-aque-
Kephar-Ahouin (Tell Houm), ïilO.
duc de Siloé, 105 s., 424
5°. a. Ca- s. —
Kùkab el-Ha\và, 405. vernes fu^iéraires et hypogées artificiels.
441. —
b. Séries céramiques, 450 s., 544 s.
Lorette. La sainte Maison, 316. — c. Trouvailles accessoires, 546 s. —
Luc (saint). —
Homélies de Cyrille d'Alexan-
II. Conclusions archéologiques et histo-
drie sur saint Luc, 309. Notes exégé- — riques, 551
tiques, XVI, 19 et xxii, 30, 541. — Déci-
Ouàdy
s.
el-Bireh, 406.
sion de la Commission biblique, 605. — 0. el- 'Es.se, 406, 409.
Luc. X, 22, 614.
Oumm el-'Amoud, identifié avec Amoudah
Lysanias. Inscr. d'Abila, 353 s.
ou Pa!;B-Tyr, 319.
de Job, 481. —
Mss. coptes de la Bible
Papyrus d'Éh'phantino, 68 s., 127 s., 575 s.
— Pàque. Dans les documents araméens,
en dialecte sahidique, 60i>. Ms. palim-
pseste syro-paiestinien, 610.
131 s., 137 s., 578. dans la Misna,—
028.
Marc (Évangile selon saint). Décision de la
Commission biblique, 605. A propos — Paul (saint). Théologie, 617. — La loi et
Nabuchodonosor, 35 s.
Quii'inius, 463.
Nahum, 627.
Néiîj- Samouîl, 267 s.
Rekoub-El. 256 s.
I. INSCRIPTIONS GRECQUES
A. — Aoms propres.
536
'A5tïp;oj
Viïoi 'IojÀ;o; T:
TABLE DES INSCRIPTIONS.
X-'IZN
ERRATA.
V. 21
I