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REVUE BIBLIQUE
Typographie Firmin-Didot et C'^. — Paris.
TRENTIEME ANNEE TOME XXX
REA'UE BIBLIQUE
PUBLIEE PAR
PARIS
LIBRAIRIE VICTOR LECOFFRE
J. GABALDA, ÉDITEUR
RUE BOXAPARTE, 90
19-21
,OCT 1 7 \^^^
LETTRE EXCYCLIQUE DE SA SAINTETE
BENOIT XV
non potes,t credcre nisi prius crediderit de sanctis eius vera esse quae
scripta sunt ». Exemplis deinceps quam plurimis ex Veteris Testa-
menti codice allatis, sic concludit : « Haec et cetera quae de sanctis
scripta sunt, nisi quis universa crediderit, in Deum sanctorum cre-
dere non valebit » (1). Hieronymus igitur idem omnino profitetur,
quod Augustinus, communem totius antiquitatis christianae sensum
complexus, scribebat : « Quidquid de Henoch et de Elia et de Moyse
Scriptura sancta, certis et magnis fidei suae documentis in summo
cubnine auctoritatis locata, testatur, lioc credimus... Non ergo ideo
credimus natum ex Virginc Maria, quod aliter in vera carne exsis-
tere çt hominibus apparere non posset (uti voluit Faustus), sed quia
sic scriptum est in ea Scriptura cui nisi crediderimus, nec christiani
nec salvi esse poterimus (2). » — Neque aliis Scriptura sancta obtrecta-
toribus caret; eos intellegimus, qui rectis quidem, si intra certos
quosdam fines contineantur, principiis sic abutuntur, ut funda-
menta veritatis Bibliorum labefactent et doctrinam catholicam coni-
muniter a Patribus traditam subruant. In quos Hieronymus, si adliuc
viveret, utique acerrima illa sermonis sui tela coniiceret, quod,
sensu et iudicio Ecclesiae posthabito, nimis facile ad citationes quas
vocant implicitas vel ad narrationes specie tenus historicas confu-
giunt; aut gênera quaedam litterarum in Hbris sacris inveniri con-
tendunt, quibuscum .intégra ac perfecta vcrbi divini veritas componi
nequeat; aut de Bibliorum origine ita opinantur, ut eorundem labet
vel prorsus pereat auctoritas. lam quid de iis sentiendum, qui, in
ipsis Evangeliis exponendis, fidem il lis debitam humanam minuunt,
divinam evertuut? Quae enim Dominus Noster lesus Ghristus dixit,
quae egit, non ea censent ad nos intégra atque immutata pervenisse,
iis testibus, qui quae ipsi vidissent atque audivissenl, religiose
perscripserint ; sed — praesertim ad quartum Evangelium quod
attinet — partim ex Evangelistis prodiisse, qui multa ipsimet cxco-
gitarint atque addiderint, partim e narratione fidelium alterius aeta-
tis esse eamque causam aquas e duobus fontibus
congesta; ob
manantes uno eodemque alveo sichodie contineri, ut nullâ iam certà
nota distingui inter se possint. Haud ita Hieronymus, Augustinus
et ceteri Ecclesiae Doctores historicam Evangeliorum fidem intel-
(1) In Philem. 4.
A. — Citations.
Dans Le. m, i-6 la citation d'Is. xl, 3-6 a été assimilée dans Sin et
Cur au texte de la version syriaque de l'A. T. (1).
v. i « Et faites droits dans la plaine les sentiers de notre Dieu » rend
môme temps » au lieu de v.xi o-lz-y.'. r.yzy crap; t: îwty;;:',;^; t:j Os:j. Cur
:
du Seigneur sera révélée », mais ce passage n'est pas dans le Diat. ar.
Amasias.
La version syrienne a ordinairement réussi très bien ces retours
aux formes sémitiques. Cependant la^tp;; (Me. v, 22) a été rendu
CTXV, tandis que l'hébreu correspondant doit ôlre insi.
Mais le cas le plus intéressant est celui de Beelzeboul, leçon cer-
taine et unique du LXX (IV Regn. i, 2 ss.). L'hébreu
grec, d'après les
était 2127 S"2, et c'est laforme des Syriens depuis Aphraate (xiv, 45).
Or le Diat. ar. à B'a Izeboul, contre la peschitta. C'était donc la forme
de Tatien, attestée d'ailleurs par Éphrem [Moes. 75. 160. 20(>) et l'on
ne peut supposer que l'arabe ait été corrigé d'après le grec. A lui seul
ce fait est révélateur. C'est ainsi que Jérôme a changé Beelzeboul des
latins anciens, en Beelzeboub, pour se rapprocher de l'A. T. Si les
versions syriennes avaient eu une grande et ancienne autorité sur le
grec, comment se fait-il que la forme en boub n'y soit pas signalée
une seule fois? Et il semble bien que les latins non plus n'ont pas subi
leur influence aune haute époque, caria forme en boub, quand elle
se rencontre, a probablement été empruntée à la Vulgate [\ \.
dont on peut douter qu'elles aient été employées sur place; ce sont
celles de la traduction de l'Ancien Testament -vriy Sahioim pour :
m, 23) est p'; ^y dans Gur pes et pa, moins loin du grec
A'.viov (Jo.
fl) Sur ilc. xn, 24 et 27, Soden ne cite aucun latin pour boub; sur Le. xi, 15. 18. 19.
seulement c et /-. Sur Mt. x, 25, Soden cite it eic. b gh f l. Ce jugement est sûrement
erroné. WW citent pour boul vett.
latt. fere omnes, et notamment «
ffp q h b gK Le
ms. ff-. La version af (A] est pour Ooiil.
est lacuneux.
2) The Syriac forms of New Testament Pruper yames by F. C. Burtiiit British
Academy, en 1912".
14 REVUE BIBLIQUE.
3. Il recourt à l'A. T. Par exemple nsijf (Le. iv, 26) dans Sin (Cur
hiat) est certainement moins près de la prononciation locale que Sap-
ez-:». Au contraire xna"! Ramtha, doit bien avoir été la prononcia-
tion de Rama et d'Arimathia, mais nous perdons ainsi la distinction
de ces deux endroits.
Tout cela nous inspire des doutes. D'une fidélité stricte au grec, il
2. On croit être sur une bonne piste topographique en lisant dans Sin
(Cur hiat) Us vinrent à la montagne de Magedan » (1), au lieu du
: «
texte des critiques îi; -a [j.^p-/; âaA;;.avcyOa. Mais cette montagne est
:
du type de W
qui a ~o h^oc (avec 28).
Sur Mt. XV, 39, Sin a encore y^-xii.. mais Cur itî:;^, qui a peut-être
voulu se rapprocher de n^a de l'A. T., écrit p-a^z dans Zach. xii, 11.
La pes. a nja que Gwilliam, d'après la Massore, prononce Magdou,
peut-être par une sorte de transaction, et ce doit être ce que signifie
le maghdawan de Ta. ar. que Soden prend pour une allusion ù
Magdala (2). Magdala se trouve dans les Aiiecd. syr. iv, HO de Land,
ce qui prouve l'incertitude ou plutôt l'absence d'une tradition
syrienne.
3. De même Sin (Cur hiat) écrit ij>2di; (Mt. xxvi, 36) et xcoia (Me.
XIV, 32) qui ne sont ni des transcriptions ni des prononciations locales
de Gethsémani.
k. Le cas de Béthesda (Jo. v, 2) est toujours énigmatique. La lecture
NiDrini^ 'BrfitQoa est nettement syrienne, avec 6 et la version armé-
nienne. Ce n'est certainement pas la prononciation de Jérusalem,
comme le prouvent les textes d'Eusèbe et de Jérôme [Onom.). La leçon
critique doit être XitCz^yi, comme écrit Josèphe, et M. Burkitt me semble
avoir établi que l'ctymologie est ni;i>*~-, « le morceau coupé (3) ;
cf. Jos.
(1) MayeSdtv est la leçon d'Eusèbe pour Me; cf. Onom. éd. Kloslermann, p. 134.
(2) Sur Mt., car sur Me. Talien est censé appuyer MayeSa.
(3) Et non l'oliveraie, comme j'ai dit dans les Mélanges de Vogiié.
lAYNCIEiVNE VERSION SYRIAQUE DES ÉVAMilLES. la
est allée plus loin dans cette voie en mettant un u", comme dans les
Gergéséens de l'hébreu iGen. xv, 21, etc.).
7. Cana de Galilée est dans Sin (Jo. xxi, 2) et dans Cur (Jo. iv, iO)
ni-cp, comme d'ailleurs dans Ta.-ar et dans pes., Qotneh ou Qatna.
Est-ce une identification, et avec quel lieu?
La version a toujours r^ï; pour 'Sy.'lxzih t. ou Xarapz. c'est-à-
8.
6. — Harmonisations.
Nous pensons en avoir assez dit pour prouver que syr-vet, soit
sous la forme Sin, soit sous la forme Cur, est un texte qui demeura
étranger aux Syriens, qui par conséquent ne doit pas être antérieur
à la seconde moitié du quatrième siècle, et dont le caractère de texte
mélangé et traité critiquement ne peut être révoqué en doute.
Et cependant nous n'avons pas abordé la preuve la plus décisive
de ce dernier point, c'est-à-dire les harmonisations. On entend par là
les passages ajoutés, ou omis, ou transformés, pour obtenir plus de
ressemblance ou d'harmonie entre les évangiles, surtout synoptiques.
Soden nomme ce fait influence des parallèles. Ce critique compte
:
pour syr-vet sans distinguer entre Sin et Cur 216 cas dans Mt., 204
dans Me, 107 dans Le. (2).
accord, c'est encore une des colonnes qui manque à un édifice qui
(2) P. 1584.
L'A-NCIKNNE VERSION SYRIAQUE DES ÉVANGILES. 17
reposait sur trois appuis. Celui que pourrait offrir Tatiou a certes
une tout autre valeur. Mais ou pourra se demander si Tatien n'a
pas suivi un ms. apporté de Rome. Il sera donc plus scabreux que
jamais de soutenir un texte qui n'aurait d'autres patrons que les
latins, c'est-à-dire a[ et it réunis, renforcés de D et de syr-vet (Sin
A. — V influence de Tatien.
Soden essaye bien de prouver que D avec les latins, d'une part,
et Sin et Cur de l'autre, dépendent de Tatien, lorsqu'ils n'ont pas
la même leçon. Tatien serait une sorte de mine où chacun prenait
ce qui lui convenait. Par exemple. Tatien combinant Le. xx, 20 et
Mt. XXII, 15 lisait : << Alors les Pharisiens s'en allant tinrent conseil. »
Pour Le, Sin a pris « alors » et1) it ont pris « s'en allant », tandis
que
le texte est y.at r.x^y.-r^^r^Jy.-n^^. Mais cette analyse est incomplète. Sin
a omis 19" de Le. et il porte : « Et après cela ils envoyèrent des
zix y.. T. A. (Me. IX, 3); klxGipo^--byf (Le. ix, 29). Nulle part wç yiwv. Et
cependant syr.-vet. s'est obstiné à introduire cette leçon; dans Mt.
c'est Cur avec D latt. (exe. ^.), dans Me. c'est Sin avec Antioche, D
it vg. etc., dans Le. c'est Cur (mais non Sin) avec e l. On croirait que
ont cette leçon. Il parait d'ailleurs impossible d'y renoncer, tant elle
est expressive, exprimée par un mot grec assez mal venu et très rare.
Mais sa place est peut-être mieux dans Me. où Sin l'a omise, et de
même W.
Me. II, 27 : t: ja65a-:cv cia tov avôpwzcv cV-''-'-? y-^'- -'•J'/ ^ :zv6pti3zcç
pour l'homme » ; c'est la leçon de W^, qui est aussi celle de Ta (et
L'ANCIENNE VERSION SYRIAQUE DES ÉVANGILES. . 19
ajTij de Le. viii, 9, r;pci)T(.)v ou r,-Epo)Twv (Me, Le), -riç ajTv; s'.r; y; -'xzxzz'i.c^
(Le.) et z\x ->. £v -apaSsXa-.ç AaXs'.ç auTitç (Mt.). Il est donc douteux que
Sin l'ait consulté pour faire son modeste changement, et D W fam.
13 it ont pu emprunter t-.ç tj-t,) à Le. directement.
r, -xz-Az'kt, -y:j-r, (W
Me. VIII, 32 Cas bien étrange. Après la prédiction de la résurrection,
/»• lit : et cum fiducia sermonem loqui, de même Sin et Ta.-ar. (mal
traduit par Ciasca) ; comme si Jésus devait parler ouvertement après
sa résurrection, tandis que le texte grec est le seul vraisemblable :
pour les verbes précédents, donc XaXs-.v. Quant à k qui lit loqui, il le
transforme en loquebatiir, sous prétexte que le pseudo-Cyprien de
rehaptimiate (c 8 p. 79) fait allusion à Me. en disant : quod doctrinaux
patris cum omni fiducia assereret. Or, il est bien évident que c'est une
allusion à Jo. xvi, 25 a-^YYEAw jy.-.v. combiné
-appr,(7'.a r.ipi -. r.y-pz:
avec le v. 29 >.zi vjv £v ~j.pyr,Q\j. 'tSkv.z, cf. xviii, 20 vu, 26. Si k a lu ;
6jpaç t:u ;xvr,;j.£'.:'j; -/.y.', y^tyzi.-jltyzy. Himzzjzv/. z-.i y/x/.v/.j /,'.--. y. z 'k'.Hzz:' r,v
Tatien : « Qui nous roulera la pierre du tombeau? Car elle était très
vinrent »; le reste est d'après le texte critique de Me. Qu'il ait été
éloigné de Tatien par le traducteur ou par un reviseur, peu importe.
L'étonnant est l'accord du groupe de D avec Tatien. Si le groupe
dépend de Ta, son action s'est donc déjà exercée sur Eusèbe, ce qui
est assez étrange. Et alors pourquoi détacher ce que Ta a emprunté à
Mt.? Faut-il admettre un emprunt à Tatien qui aura été diminué dans
Eusèbe, et encore plus dans Sin. plus récent? Ou bien une première har-
(1) ?mV a été pris pour un parfait par M. Burkitt. Ce ue peut être qu'un participe, équi-
valant à anoxo/iov,.
L\\>«CIENNE VERSIO-N SYRIAQUE DES EVANGILES. 21
•/.a', vi £/.î'.vy; ty; •/jjj.spa. Mais c'est tout autre chose dans D z<.x ty;; Y;;j.£=3:r,
per dicm (af it), c'est-à-dire pendant le jour, de jour, qui semble
opposer la descente de jour à l'épisode précédent qui était peut-être
situé la nuit (du moins d'après plusieurs critiques). Les deux solutions
reviennent au même en réalité, mais on ne constate pas de dépen-
dance littéraire.
Que l'on compare la difficulté d'aboutir dans les cas précédents,
avec certains tatianismes évidents de Sin et Cur, qui ne semblent
pas avoir eu d'influence en dehors des Syriens!
Mt. XV, 27. Ta.-ar. « les chiens mêmes mangent des miettes qui
tombent des tables de leurs maîtres -f- et vivent ». Cur sur Mt. xv, 27
comme Ta.-ar.; Sin om. « des miettes qui tombent ». Cet insigne
tatianisme ne se retrouve nulle part en dehors des Syriens.
Mt. XVII, 17 et Me. ix, 19, « amène » Sin Cur: Sin Cur h.) au lieu
de ssp—E. D'après Le. ix, il, mais en dépendance de Ta, qui avait
introduit un petit fragment de Le.
Me. vu, 5. Sin Xur
A.) remplace le texte de Me. x/.Xx -/.cva:-.; -/sp-'.v
£76'.;j7',v par celui de Mt. xv, 2
Tcv y.z-.z') « car ils ne lavent pas leurs :
(Ij De même les latins, sauf ^, et Orig. latin : chlamydem coccineum et purpurnm.
22 REVUE BIBLIQUE.
Me. viii, 32. Au lieu de r,p;y.-o tT.i-i\}.x^ ajTw Sin (Cur) « mais Simon
Céphas, comme s'il avait compassion de lui ». De même Ta.-ar.
Me. 30 etc. est un cas plus compliqué qui nous servira de
XIV,
transition. Dans Me., Pierre reniera avant que le coq ait chanté
deux fois. Les trois autres placent le reniement avant le chant du
coq, c'est-à-dire le premier. Si je comprends bien Tatien, il avait
harmonisé avec beaucoup d'art. Il omettait le premier chant du coq
de Me. XIV, 68; ensuite le coq chantait deux fois (v. 72), ce qu'on
pouvait entendre deux fois de suite. Muni de cette ingénieuse
:
supprimé dans tous les textes de Me. toute trace de deux chants.
C'est exactement l'autre système d'harmonisation. Or c'est celui de
souvent avec celles de syr-vet, trop souvent pour qu'on puisse expli-
quer la coïncidence par un hasard, et nous sommes pleinement de
il en conclut que ces harmonisations proviennent toutes
son avis. Mais
pratiquement de l'harmonie de Tatien. Or les statistiques de M. Yogels
elles-mêmes témoignent contre lui. Il n'a pas signalé moins de 282
(1) I, 1592.
,2) Concerning the Genesis of the versions... II, p. 285.
24 REVUE BIBLIQUE.
XIX, 30.
Quand le texte parle dune voix, nos Syriens disent qu'elle a été
entendue : Mt. m, 17 dans le grec iBou owvy); de môme Le. m, 22;
y.ai
Mt. XVII. 5; Le. ix, 35. Cur et Sin, selon l'occurrence : « une voix fut
entendue. »
môme Tatien). Cependant les latins n'ont pas ce « pain » qui donne
à la tournure son cachet sémitique. Et de plus spatium en latin,
comme NiriN en syriaque, ne signifient pas ici un lieu au sens propre,
mais la latitude, l'opportunité (Ta.-ar.) ce sont deux excellentes tra- ;
(1) Concerning Ihe Genesis of the versions of thc New Testament, 1910, p. 218,
421, etc.
L'ANCIENNE VERSION SYRIAQUE DES ÉVANGILES. 25
Le texte critique (Hort) de Mt. est : ^''-/.y.'. locu sic zpiaeAGcov v.'j-.m
[>.z sptoTaç r.zp'. -O'j avaOcu; v.q sffxiv o xy^Oo;' v. iz OîAst; v.ç r^v i^orr^v £17EA-
Oîiv ~r,pii (1) Ta; evTsXa;... Kf{Zi tj-m o v£av',7y.2; -oc'j-x r.Tny. (2) ssuAa^a*
XI exi uff-spio; zor, auTW s T^ssuç" v. Oeasi; teaeic; î'-va». 'j-aYS -rro/Ar^^ov cou to:
UTzap'/ovTa y.ai ooç toi; (3) ztw/o'.;, y.ai s;£'.ç ôr^îa'jpov sv oupavo'.;, y^f. îîupo
ay.oXouôî'. |xoi.
Celui de Me. ^^Ka», £-/.-op£îJo;;.£vo'j autou £i; ooov 7:po(7cpa;j.tov eiç v.y.'. yovj-
TC£Tïj73t; auTOv cZYipwTa ajTOv' oioajxaXî y\'yf)t, ~'. 7:o',r,70) '.vz Cf«>"'i"^ aiwvwv
y,AYjpovo[r/]7(.); '^ o o£ Ir^jou; eizsv auTW* -'. |j.£ Aîys'.ç ayaOov ; cjosiç ayaGoç zi
[;-•/; £1; Oeo;... '^^o Bî (i) îs-r] a-jTor o'.oaaKiiAî, TauTx r.x^nx ^^puXa^aixrjV £/,
VïOTr^To; ;;.0'J. o 0£ I-r]70'jç £;;,6a£'];3:; scuto) r,-;y~r^r:z') xjtov, ya-, £',::£v auTw"
£v (jc uaTspc'," u-aY£ oaa e/î'-Ç ::ojA'^70v ya». oo; TOtç TTTwyo'.ç, /.y/. £;£'•; Or^Taj-
parfait, va, vends tout ce qui est à toi et donne aux pauvres; et porte
ta croix et viens après moi. »
Le début est d'après Me. y.ai v/-oç,t'jz\}.v)z-j tj-z-j ci; c;cv., « un (jeune)
homme » est ajouté... « des principaux » est d'après ap^o^v (Le,)...
/Sli (Mc. Mt. Lc.) xv^Oe (Mc. Le); -.i Trc.r^jto (Mc.) en omettant a^afcv
de Mt. y.Ar<pcv:;ji.r,(7a) (Mc. Le); Ir^acu; (Mc); ti \}.t
;
'hi-;v.z 3:YaO:v (Mc. Le.)
(1) L'arabe dit bien un jeune homme, mais Tatien a diï dire un homme, d'après Sin et
(3) D'après Éphrem {Moes. p. 169), il y avait ensuite dans Tatien : Pater, qui in Cœlis.
TC £Tf, (1) UTTspw (Mt.)', z Oz. Ir,(j0tj:; £;j,5X£'ia? aii-w r^vacKYi^ev a'JTOv 7.a', £'--îv
a-JTw (Me); £', 0£À£i; --Xziz:; c-.va', (Mt.) ; £v (7£ •jc7T£p£t (Me); uT:aY£ (Me. Mt.) ;
Trav-ra oaa cX£iç (Lc. cf. Mc.) ; 7:o)X-r]cTcv (Me. Mt. Le.) y.a', Scç (tciç) -tctw^toiç
(Me. Mt. ef. Le.); /.a'. £;£'.^ G-^o-aupov £v cupxvto (Me.); «paç tov ŒTaupov
(authentique dans Me. d'après Soden, mais c'est plutôt une addition
aotioehienne), placé logiquement avant /.a-, csjp: a/.:A:'jO£'. [j.;i (Mc. Mt.
omis comme une simple élégance grecque.
Le.), ozupo étant
Pour une Harmonie, le problème était résolu, ou plutôt le nœud
gordien tranché résolument. Conçoit-on que l'éditeur des séparés
ait pu appliquer cette méthode au texte de Mt., qui était sacrifié
dans cet arrangement?
Nous avons Sin et Gur sur Mt. Leur dépendance de Tatien pour
la langue n'est pas discutable. Tous deux omettent '.s^u au début
non £',î£>.0£iv, Sin a traduit « pour que je vienne (2) et non pas « pour
:
que j'entre ».
Pour son compte, Cur harmonise davantage, car il om. 7.^;xho'/
V. 16; au v. 17 il ajoute Iï;7;jç au début et 0£c; p. y.^;yS)z- avec Mc. et
On dirait donc qu'il est plus près de Tatien, sans cependant l'avoir
imité dans ses deux procédés radicaux. Mais est-ce bien de Tatien
qu'il se rapproche directement?
La question se pose, car un autre texte a été beaucoup plus près
de Tatien, et c'est le texte grec d'Antioche. Dans le texte reçu (déjà
dans ^y) en effet, les vv. 16 et 17 ont z'.oy.z7.yJ.t y^'xdt, x';xfiov : -.'.
T.0':r,(7b) '.va £'/(o Imt^v x'.ojvi^v. ''0 $£ £!,7:£v a'jT(i)* -'. [j.z Xtyv.ç y.^;y^o^)\ Z'^'^v.c,
jf/xOc; V. [j.r, £•; : f)z::. C'est-à-dire que sauf ^lyaOcv au v. 16, il n'y a
plus de vestige de la leçon propre à Mt.
Dès lors, ou bien le texte grec d'Antioche a subi l'influence de
Tatien sur deux points de première importance : 1) la substitution
de -: \j.i '/.z\'t'.: 7.';xHz\- à -'. \xt spwTaç -iz<. t:u a^aOcj; 2} la substitution
de zjzv.t a-'adcç s-. ou bien ce texte
;j.r, v.z z bizz à v.z sjt'.v : j.-;yS)zz,
« porte » et non
prends » (pes.) ta croix. Il a les variantes y.r,zy.z\f)v.z
«
et y.z%z -::v z-y.-jpz-/ que Soden tient pour le texte authentique, et qui
d'ailleurs n'ont rien d'harmonisant. Il y a seulement au v. 21 un
« tout » qui paraît emprunté à Le. par Tatien, avec la place de
Dans W
17, iBsj -ir xasuj'.c; post zlz^i, rappelle le <.zz-j de Mt. et le
apywv de Le. ; aeyojv p. yj-z-t 2" comme Le. et Ta. — 20 add. -\ -jz-iç-m
=-'.
p. ;j,:j; 21 v. f)t\v.: -ikv.z: ivty. p. ajTw. C'est-à-dire précisément
les deux traits saillants de Mt. retenus par Tatien! Encore 21 z-jç,y^z'.z
l'influence de Tatien s'est exercée davantage sur ceux qui très proba-
blement ne pouvaient pas le lire que sur une version syrienne qui
lui empruntait sa langue? Ou n'est-il pas plus vraisemblable que le
texte de Me. a été complété directement d'après celui de Mt.? Voici
un indice en faveur de la seconde hypothèse. La leçon £ç;jAa;3:;j.r,v
qui est propre à Me. a été insérée trois fois par et deux fois par D. W
Dira-t-on que c'est d'après un Tatien grec? Mais Aphraate, qui paraît
bien confirmé par Ephrem [Moes. 191 s.) a « j'ai fait », qui est ici
le texte de Sin (1). L'harmonisation se poursuivait donc en dehors
/.x-.r,'[z^r^'zv. x'j'Z'j.
Distinguons deux points : y.). Pour la clause 1), sauf svojr'.cv ttxvtc;
si l'on comprend très bien que les traducteurs n'aient trouvé que des
équivalents sans couleur, on ne comprend guère qu'un copiste ait
osé lui-même opérer ces transformations. Le plus probable est donc
que D ne nous offre ici qu'un grec de traducteur.
Mais est-ce d'après le syriaque ou d'après le latin? M. Chase a
conclu à l'influence du syriaque sur D (1).
Et en efiet, Sin et Car ont presque exactement le même texte, si ce
n'est pour l'ordre des Pharisiens par rapport aux scribes, et Sin omet
la clause 6) 1) « Et quand il eût dit ces choses en face d'eux (2)
:
que la même formule est traduite par Gwilliam Le. Vi, 7 ut mveni-
rent, [unde] accusarent eum, et Le. xi, 54 ut possent accusare eum.
Mais puisque Le. vi, 7 porte dans D iva sopwc-iv y.(x\t\-^[z<^r^<sy.\ auTou, il a
donc ici simplement harmonisé.
Pouvons-nous recourir àTatien comme source du texte D?
Nous ne le connaissons que par l'arabe, entièrement semblable,
dit-on, au texte de la peschitta. —
Sauf un mot, mais qui est carac-
téristique. Au V. 55 Ciasca a bien traduit capere, ce qui serait l'équi-
valent de la pes., mais l'arabe porte « pour prendre à la chasse »
(3) D'après Soden Sin ajoute Xoyov p. a-jxou. Quelle confusion est-ce là?
L'ANCIEN.Nt: VERSION SYRIAOL E DES ÉVANGILES. 31
B-qpz'jGoci -'. £•/. -cj z-z[j.7.-z: xj-.zj peut-il être l'origine des variantes
occidentales?
Cependant il n'est point du tout impossible de regarder la traduc-
tion de a r occasionem al'iquam invenire ah illo comme équivalent
au texte critique, 6r,p£jja'. étant invenire occasionem, et ab illo étant
l'abrégé de v/. tcj 7t:;j.:zt:; ajTCJ.
Au premier abord, on serait tenté de regarder xzzo\J:^^'^ -vty. Xace-.v
aj-cu comme le texte commun à tous les latins et au syriaque. Chacun
aurait expliqué à sa manière cette énigme : « de lui, contre lui, à son
sujet »; dautres se tirant de la difficulté par l'omission, sans parler
de la traduction littérale de d occasionem... eius. Mais en réalité la
leçon de D est inintelligible; ce ne peut être qu'une faute lourde de
copiste pour -x-' d'après le cod. a. En tout cas le syriaque
xj-.zj,
dans Soden). Elle ne peut donc venir que d'un texte grec très ancien,
qui a amplifié l'harmonisation avec Mt.
On suit donc assez bien les déviations du texte original. De très
bonne heure un texte antiochien harmonise avec Mt. pour le début,
harmonisation plus complète du chef des latins, de D et de syr.-vet.,
en même temps que les mots difficiles disparaissent. L'addition finale
est ajoutée aussi de très bonne heure dans le texte antiochien, har-
monisé dans D avec son texte de Le. vi, 7.
Dans le Codex D on lit 1) ufJLstç os: Zr,-.v.-=. e/. ;j.',/.pou au^r,c:at /.ai £/.
avax/avcffOs (p. tsttouç <i>) sic tou? a^e/cv-aç t=-cuç, i):r,r.z-=. evSo^oTepcç
GZ'j i7:tkOr, v.ai TrpocîXOwv c cî'.7:vcy,A*/;-it)p et-ïj jc/ z-i -/.ato) xwpsi •/.ai
y.aTa'.j/'JvOr^jr, £av ot ava-srr;; îi; -;v r,--Z'/x tc-cv xai (om tï>) et.zkHt, gcj
r^-Twv, spst <70'. c C£i-vc;/.Ar,-:(j)p t;uvaY£ (ays 'I*) t~i avo) -/.ai £C7Tai. soi tcuto
prends place, et il y aura pour toi une gloire excellente aux yeux
des convives. »
(1) HoRT et Westc. Introduction, Notes on sélect readings, ii, 15 ; Chase, The Syro-
latin text of the Gospels, 1895, p. 9 ss. ; Nestlé, Einfiihruny... V éd. p^ 179 ss., 214 ss.
Le. xxH, 26; or le texte de Cur est beaucoup plus semblable dans les
deux endroits que dans D. C'est donc Cur qui a extrait le passage de
Le, en le remaniant déjà, mais on a augmenté la différence en
traduisant du syriaque en grec. Le terme « le maître du diner « en
syriaque est emprunté à Le. xiv, 12. On peut ajouter que le —
texte de Cur gagne encore beaucoup à l'omission des deux et-., si
étranges, ce me semble, dans le grée, à la suppression de v.-izyz-
[iviz: Il v.x'. qui est mis à rebours avant l'invitation. Tout cela est bien
clair, mais c'est la preuve que le texte de Cur est un texte arrangé
et en partie harmonisé avec Le.
On pourrait être tenté de se rejeter sur Tatien. Cependant Soden
et Vogels, tatianistes renforcés, se tiennent sur la réserve. Il n'y a
pas dans le Diat. ar. le moindre indice de la clause 1;, et il a mis Mt.
XX, 28 sans addition assez loin après Le. xiv, 7-10. Tatien eût pu
mélanger deux passages semblables, mais quand il n'y avait qu'un
passage sur un thème, il ne pouvait que le reproduire tel quel. Dans
notre cas, il a donc reproduit Le.
Ajoutons —
et c'est encore un indice du peu d'action de l'ancienne
syrienne en Syrie —
que le Rev. Cureton (1) a noté l'addition à la
marge d'un ms. de la version philoxénienne et d'un ms. de la pes.
Elle est traduite d'après le grec, parce que c'est là seulement cpi'on
l'a trouvée, comme le suggère la note du ms. philox. reproduite par
Tischendorf d'après Adler : haec quidrni in exemplis antitjui.-> in Le.
tanlum leguntio' capite 53 ^c'est-à-dire Le. xiv, 7 ss,;; invemuntur
autem in exx. graecis (an potius in exemplo graeco?) hoc loco;
quapropter hic etiam a nobis adiecta sunt).
Infiniment rare dans le monde syrien, et de même en grec, l'addi-
tion couvre le monde latin; il faudrait dire les deux additions.
La première 1) a deux formes en latin toutes deux connues de saint
Léon'2'i, l'une aisée : vos autem quaeriti.^ de pusillo crescere et de
minore maiores esse (b, cf. g"-) ; l'autre semblable au grec. Il est
clairque cette dernière est primitive, et Juvencus en a parfaitement
rendu le sens :
inintelligible.
D'autre part le latin n'a pas créé l'addition, puisqu'elle se trouve
encore dans •!» et dans les mss. grecs connus des copistes de la pes-
chittà et de la philoxénienne.
Il est donc plus sûr de dire que le grec est une traduction d'un
texte sémitique. Il n'en est peut-être aucun dans leX. T. qui présente
aussi nettement ce caractère, avec le balancement exact des situations
(1) Sabalier.
(2) Si on supposait un autre grec, ce pourrait être pour ccCpo.
L'ANCIENNE VERSION SYRIAQUE DES ÉVANGILES. 3o
•
l'affirmer; il apu écrire d'après une tradition orale, qui n'aurait été
écrite sous sa forme plus sémitique qu'après la rédaction du premier
etdu troisième évangile.
Puisque nous avons reconnu le caractère secondaire de Cur par
rapport à D, on pourrait voir dans Cur une traduction de D, un peu
arrangée. Mais on pourrait supposer aussi une source araméenne
commune.
Le terme de oE'.zvc/.Aïj-rwp, rendu diversement par les latins, est un
indice que le grec est original par rapport au latin. Le sens grec
paraît être celui de nomenclator iAthén. iv, 171 B), le ser\-iteur qui
indique les places, une sorte de maître d'hôtel. Mais les latins ont
compris comme Hilaire : dominiis coenac. D'où vient ce mot rare? Il
Cur ont emprunté à un même original qui pourrait bien être l'évangile
des Nazaréens, comme l'avait déjà conjecturé Bengel. Mais quoi qu'il
en Cur ne peut être l'original du grec ni du latin.
soit,
nise avec Me. et avec Le, et c'est la leçon de D, a, Irénée grec (m, 9).
Mais Tatien Hic est fîlius meus 'Moes. 99
: .
Mt. XII, i6 iv. a été omis par D et Sin Cur. af h, d'après Vogels
pour supprimer une différence entre Mt. et Me. \\\, 31 avec Le. viii, 19.
— Ta.-ar. n'en a pas été gêné.
Mt. xiii, 1. Sin avec D afom.it £•/. rr,; c./.'.a:, peut-être pour harmo-
niser avec Le. viii, 4. Mais ces mots se trouvent dans Cur et dans Ta.-
ar.
Mt. XIV, 19 et Me. vi, 2G /.a-. t:j; ava/.£'.;j.£vcj;. mais Sin et Cur dans
36 REVUE BIBLIQUE.
•
Mt., Sin (Car h.) dans Me, ajoutent c-.a après v.xk, et de même (bis; D
et plusieurs latins. — Ta.-ar. om. contre pes.
Mt. XYii, 14 y.ai caGcvtwv, Me. ix, 14 v.xi saOcvts; Cur et Sin, Sin (Cur
h.) ont le singulier, avec D et les latins dans les deux cas. —
Ta n'avait
que le texte de Le. (1; ix, 37.
Mt. XVIII, 20 [Burk.) — sans parallèle. Sin u car il n'y a pas deux ou
:
trois réunis en mon nom, que je ne sois au milieu d'eux, » D cuy. staiv...
T.xp' o'.ç cjy. v.\).i<.. d non enini siint — aput qaos non ero. Clém. Al.
{Strom. III, X, 68) -vtz: lï y. o'js... -jrap' ziz ;j.e7:ç c-t-.v c y.jp'.:;. — Mais
Cur et Ta [Ephrem, Aphraate) ont le texte grec ordinaire. On dirait
que le copiste a confondu zZ en sj, et arrangé la phrase en consé-
quence. Mais, quoique la phrase de Clém. ait une allure positive, son
rrac' :iç ressemble bien à D.
Me. VI, 53 =-'. -çi Yr;v r,A6;v ziz \'vrrf,jxpt-/.x>. r.pz::iùp[j.'.aQr,<jxv. Da écrit :
(Cur h.). Rien de plus fort! Or Ta s'est contenté du texte de Jo. vi. 21''.
Notez que /.ai -::p;7a)c;j-'.76r,c7av est omis par D fam. 1 28 565 700 a W
h c ff i q r pes. arm. M. Burkitt (2) en conclut que ces mots man-
quaient généralement à Me. au commencement du iii^ siècle. Ce ver-
dict tombe avec l'antiquité de Sin.
Me. XV, 1\ Sin (Cur //.) om. fp. Cela
ti; Tt apr,, de même D af n r
rend le texte semblable à Mt. xxvii, 35 et Le. xxiii, 3i. Tatien n'a
retenu que .lo. xix. 2i.
Le. m, 9 ;j.r, r.ziz^)] /.:zpz:v y.aXov Sin Cur D (seul) le pluriel. De même
Sin Cur (D hiat) sur Mt. m, 11. On dirait ici que le pluriel est dans
les habitudes syriennes.
Le. VI, 42. La leçon propre de Le. t^-zz Tr,v ev tw zo^x\\j.<s) cz'j zz-az^^
:j ^As-wva été remplacée dans D par celle deMt. vu, 4, sous la forme
y.ai izz'j zz/.z: sv tw -w ivOa/.y.w j-zv-u-x'., de même Sin (Cur h.) afit.
r,
—
Ta.-ar. a la forme authentique, ipse in ociilo tuo trabeni non videns,
qui doit être originale, car la pes. lit. quum ecce, trabes quae [est] :
Le. vil, 7 z<.z z'jzz £;j.a'jT:v r,;'.(o-a -pz: zt sXôs'.v, omission volontaire
pour s'accorder avec Mt. viii, 5, dans Sin (Cur) D trois cursifs, abc
e ff"^
l ri. Mais Tatien avait été plus radical en lisant '.et venit ad eum
cum senioribiis ludaeorum.
Le. VIII, i9 sp'/e-au.. Xe^oiv est remplacé par le plur. zpyz^KX'....
sing-.
Me. Il, 23 :
(1) W au-:;v £v -o<.- Taoêa^iv zapî'jsjQa-. Sin « le jour du
sabbat il allait ». om. coov zîisiv D W Sin.
II, 26 om. £-'. ao'.aôap toj ap-/'.ep£a); /.a-. D W Sin.
II, 27 et 28. La coïncidence si remarquable de W et de Sin a été
déjà citée.
III, 7 om. r,/.:Xo'j6Y;a-av D W Sin.
— 8 om. 7.3;'. y-o ty;ç looj'^.y'.ocç D W Sin.
— 10 sOepaTTE'Jsv 1 idipy-t'jzv, W Sin.
— 20 ep^rsTai 1 zpyzv-x>. W Sin.
V, 1 w Y£pYU!7rf,va)v Sin Gergéséniens.
Au surplus, ces ressemblances et d'autres encore — — sont com-
pensées par des divergences nombreuses. Le texte de W dans cette
partie est tellement corrompu, qu'on ne peut songer à le considérer
comme descendant en droite ligne d'un ms. grec qui aurait été l'ori-
ginal de Sin.
Pour le reste de Me, le texte est nettoyé des plus criants lati-
nismes; il demeure cependant apparenté à ce qu'on nomme les textes
occidentaux. Voici la statistique de M. Sanders (p. 73) : sur 490
variantes peu soutenues par les mss. grecs ou même pas du tout :
latins anciens 186; fam. 13, J70; fam. 1, 122; Ms. 565, 120; Ms. 28,
118; D, 111; Sin 101; Sa 101 ; Bo 71. — n 2i, B 16.
Il est sûr que cette variante absurde s'explique très bien en syriaque
par une dictée, puisque le ivair final ne se prononçait pas. Mais
imagine-t-on un copiste consultant le syriaque pour aboutir à ce non-
sens? N'y a-t-il pas des deux côtés un lapsus de scribe?
VI, i5 — £iç -0 r.tpci'f fam. i; q.
— 55-1- £i; a. ohr,-^ fam. 13. M. Sanders voit une origine syrienne,
Sin ayant : « ils envoyèrent « tout le pays ». Mais si on lui empruntait
la préposition, pourquoi pas le verbe?
23 —
VII, -auxa.
— 24 — a b ci £7.£iO£v n.
— 33 leçon signalée plus haut. W va exactement avec fam. 13 ; 28
et Sin (cf. 0) contre Éphrem aussi bien que contre le texte des cri-
tiques {Bio'kitt).
— 37 — aXaXcyç 28.
VIII, 4 ti)C£ cuvaaai auTCUç arm.
— 10 r.poq TO ope; 28.
— 27 £-Y;po)Ta... £V ty; oBo).
lumière au baptême; après Mt. xx, -28 sur l'humilité; Me. xvi, 3
la lumière à la résurrection; Le. vi, o l'homme qui travaille le jour
du sabbat; Le. xxiii, 2, 5 séductions; Le. xxiu, 53 la grande pierre,
et qui sont omises par le texte reçu.
Mais Tatien en admettait cinq (3) et la recension antiochienne
six (i). D'où vient l'abstention de Sin, primitive ou secondaire? Nous ne
sommes pas obligés de recourir à une parenté avec les textes B n,
qui serait contredite trop souvent(5). Il suffit de reconnaître une
forme brève sur ces points du texte auquel appartiennent D et
consorts. Inversement on pouvait se demander comment Sin appar-
(1) p. 216.
(2) Il est iacuneux dans un cas. Dans deux autres la lacune ne pouvait contenir
le passage.
(3) Ml. m, 15; XVI, 2''
3; Lc. xxil, 43. 44; xxiii, 34»; Jo. v, 4.
(4) Les mêmes sauf la première et de plus Lc. ix, 55; Jo. vu, 53-vm. 11.
(5) Cf. RB. 1913, p. 501. ^ ^
L'AiNCIENNE VERSION SYRIAQUE DES ÉVANGILES. 41
(1) On eût pu en effet attribuer les coupures de Sin à l'inQuence de B.-M. Burkitt
(p. 226 ss.) a objecté que dans ce cas on aurait encore enlevé certains traits dans Mt. iv, 10;
V, 22; X, 23; XX, 16; I\V, 1; Me
X, 24; XIII, 6; Lc. XX, 34; XXIU, 48; Jo. Ill, 6; XI, 39;
XII, 12 ; XX, 16. — On pourrait répondre que ce sont de petites additions déjà acclimatées
qui n'attiraient pas au même degré l'attention des critiques. Le savant anglais est mieux
inspiré en notant certaines particularités de »S B ou de B seul absentes de Sin :
(2) D ov [loYi; ei/offi îxjXiov c quem vix viginti volvebant. En sah. quatre variantes
rendent lé même sens. On sait que M. Rendel Harris [Cod. Bez. 47) supposait l'influence
originale d'un hexamètre (?) latin.
42 REVUE BIBLIQUE.
sa taille une coudée, pour que vous soyez anxieux sur le vêtement »?
Cette soudure ne se trouve nulle part. Or on lit dans le logion
1. 13 SS. t(ç âv 7:po70 <Cv.^ è-'i tyjv Y;A'.y.(av •jjj.wv;
r, à'j':b[ç ojwaei 6[aîv t;
CONCLISION.
doit donc pas être nommé occidental, il ne doit pas non plus être
nommé syro-latin. Tatien n'est pour rien, semble-t-il, dans cette
conception. Et quant à syr.-vet. elle e.st plutôt le lieu où les
deux manières se sont fondues.
.le ne veux pas prononcer le nom d'Ammonius, parce que ce ne
serai' rien de plus qu'une pure conjecture. Il serait un peu plus sûr
de nommer Hésychius, dont nous savons du moins par saint .lérôme
que son texte était allongé comme celui de Lucien, quoique sans
doute d'une autre manière. Il faut toujours en revenir à ce résumé,
le seul point d'appui positif que nous ayons :
44 REVUE BIBLIQUE.
Jérusalem.
Fr. M.-J. Lagrange.
LES SYMBOLES PROPHÉTIQUES D'ÉZÉCHIEL
[suite).
Symbolisme —
Pour éviter des confusions regrettables, il faut
.
correspondent.
On est surpris que cette belle allégorie ne soit pas expliquée sur-
6 REVUE BIBLIQUE.
(1) M. Touzard paraît adopter sa manière de voir {Reoue Biblique, 1919, p. 8).
LES SYMBOLES PROPHÉTIQUES D'ÉZÉCHIEL. 47
Symbolisme. —
Néanmoins la scène n'a de sens complet qu'à la
fin du deuxième tableau et les deux parties qui la composent ne
comportent qu'une seule et même sig-nifîcation.
Cet enseignement serait-il en général, comme l'ont pensé quelques
anciens, que les morts doivent ressusciter un jour? Non, car une
telle leçon ne correspondrait ni à la situation psychologique des
(1) In h. L
''2) C'est ce que dit clairement Théodoret « Si j'ai montré pouvoir sans peine ce qui
:
vous
paraissait très difficile, il est évident que je vous dégagerai sans effort des liens de la capti-
vité comme de sépulcres, et que je vous ramènerai dans votre patrie » (in h. 1. Mi"ne
•
•'
o
P. G., t. LXXXI, col. 1193). '
phète n'avait pas à cette date des convictions très fermes sur le relè-
vement national de son peuple. Plusieurs critiques, Bertholet, Krae-
tzschmar, Gautier, croient pouvoir en déduire qu'il ne croyait pas à
la résurrection des morts. S'il y avait cru, ne se serait-il pas empressé
de répondre franchement oui [ein rundes la! Kr.) à la demande du
Seigneur? De cet embarras prétendu, M. Lucien Gautier donne la
raison suivante : « Le prophète est trop honnête, trop loyal pour oser
dire oui, parce qu'il a perdu l'espérance... Et cependant il est trop
pieux et croit trop fortement à la puissance de Jéhova pour pouvoir
dire non (1). » — N'est-ce pas raffiner à l'excès sur les sentiments du
prophète? Que lui demandait le Seigneur? Il ne lui demandait pas
s'il croyait à la résurrection des morts en général, ni même si les
ossements desséchés devaient un jour reprendre vie. Il lui demandait
si les cadavres dont les os couvraient la plaine allaient ressusciter
sur l'heure et tous ensemble. C'était là une chose inouïe, et qui
dépendait assurément du bon plaisir de Dieu; mais cela n'avait qu'un
rapport très lointain avec la croyance en la résurrection des morts.
Ézéchiel répond ce qu'il doit répondre ; mais ses paroles n'excluent
nullement la foi au dogme. S'il avait dit : « Seigneur, les morts
ressuscitent-ils? « à la bonne heure, nous tiendrions l'aveu d'une
ignorance formelle. Mais on voit combien sa réponse est éloignée
de cette formule.
Ce n'est pas tout. Avec plusieurs Pères, Tertullien, saint Jérôme,
Théodoret, et généralement les auteurs catholiques, il y a tout heu
de croire que l'argument de la parabole présuppose je ne dis pas —
établit —
la foi en la résurrection. Comme l'a très bien dit saint
IV
ACTES SYMBOLIQUES.
15 ss.), les deux chemins (xxi, 23 ss.), les deux bâtons (xxxvii,
15 ss.), il en signale d'autres qui, d'après lui, sont irréels, tel le
III, 25. Et toi, fils de l'homme, on t'a mis des cordes, et on t'en a lié, et tu ne
sortiras plus au milieu d'eux.
IV, 8. Et voici que je t'ai mis des cordes, et tu ne te tourneras pas d'un côté sur
l'autre, jusqu'à ce que tu aies achevé les jours de ton siège.
font mis des chaînes, ils t'ont lié. Qui, ils? Des domestiques? Ezéchiel
n'en avait vraisemblablement pas. Les anciens du peuple? Il eût fallu
le spécifier. Des ennemis personnels? Il n'y avait pas lieu non plus
de le sous-entendre.
Cette indétermination, qui ne saurait être fortuite, doit se rendre
en français par le pronom indéfini on : On t'a mis des chaînes, on t'a
lié, ce qui convient à Dieu aussi bien qu'aux hommes. De fait, un
très grand nombre de critiques modernes, qui essaient de corriger
lié; Cornill Us t'ont mis des chaînes et je fai lié. D'autres, Kloster-
:
Enfin, nous lisons iv. 8 : «Et voici que je Cai mis des cordes ». Je,
c'est bien lahvé cette fois; c'est lui-même qui attache le fils de Buzi,
de soi qu'il serait garrotté par des liens véritables, tel Samson aux
mains de Dalila ou des PhiUstins. Mais si c'est Jahvé en pereonne
qui éprouve son prophète, il est plus naturel d'entendre les cordes
au sens métaphorique. C'est la solution à laquelle on croit devoir
Il Les Septante portent : 'I5o-j liZo-i-x'. ItJ. •ri oî^^oî, /.ai orjo-o-JTiv atli avToï;...
54 REVUE BIBLIQUE.
[A suivre.)
Denis Buzv, S. C. J.
(1) Ainsi interprété, le symbole des cordes se confond avec celui de l'inamobilité sur
le côté, qui sera étudié un peu plus loin.
.
MÉLANGES
•^^-i>^a. « Noms des femmes des patriarches suivant le livre des Juifs,
qui est appelé Jubilés. »
sive. » Même formule dans The Apocrypha and Pseudepigrapha of the old Testament
in énglish, tome II, Londres, 1913, p. 3.
(2) Ou UoCa/; Ceriani déclare ne pas être sûr de l'exactitude de sa copie pour l'ortho-
graphe de ce mot, Monumenta sacra et profana, vol. II, fasc. 1, Milan, 1861, p. ix.
Charles reproduit l'orthographe de Ceriani sans annotation dans The ethiopic version of
the hebreir book of Jubilees... Anecdota oxoniensia, Semitic séries, part. VIII. Oxford,
1895, appendix III, p. 183.
(3) Charles, toc. cit. une faute d'impression.
^»^l, ce qui doit être
(4) Op. laud., Texte reproduit par Charles, The ethiopic version... p. 183.
p. ix sq.
Rubens Duval s'étant arrêté à l'expression de Ceriani a écrit « De la Parva genesis ou :
(1) The ethiopic version... p. x : « The ragment prinled in Appendix III points most
probablv to a Syriac version as ils source. « La référence aux Juifs dans le titre du
fragment insinue que la version syriaque aurait élé faite directement sur Ihébreu, la
présence du mol grec aTâo:o'j transcrit ^o^Lè»^ ne constitue pas une objection sérieuse,
beaucoup de mots grecs ayant été admis dans la langue hébraïque deux siècles avant la
composition du Livre des Jubilés.
(2) Dans E. Kaltsch, Die Apo/injphen und Pseudepigraphen des Allen Testaments,
vol. II, Tubingue, 1900. p. 35. Littmann semble s'être décidé pour le recours direct à
l'original hébreu sous l'influence de J. Barth, lequel, sans exprimer d'opinion positive
sur le mode de composition de la liste, estime ({u'elle ne prouve pas 1 existence d'une
traduction syriaque du Livre des Jubilés. Cf. le compte rendu de l'édition par Charles
du texte éthiopien dans Deutsche Literalurzeituwj, XVI (1895j, col. 1063.
(3) The Book of Jubilees... translated, p. xxix.
MÉLANGES. 57
table des versets contenus dans les divers livres de la Bible (1).
Les scolies Vonomasticon proviennent apparemment de manus-
et
crits ayant subi l'influence des Hexaples. Les marges des manuscrits
syro-hexaplaires étant constellées de scoiies, il est facile d'en tirer
un choix analogue à celui des if. 178-180. Vonomasticon viendrait
soit des marges (2) soit de quelque annexe. La préface au livre des
psaumes dans la Bible syro-hexaplaire du couvent de Sainte-Marie des
Syriens (3) contient un onomasticon, qui dépasse de beaucoup les
noms propres de ce seul livre (4); Vonomasticon à'Add. I'2.id4,
qui commence par les noms propres delà Genèse, a peut-être figuré
dans le premier volume, aujourd'hui perdu, de cette même Bible.
Le compilateur des miscellanées semble bien avoir utilisé cette
Bible, car il a inséré au f. 31 un scholion d'Hippolyte, qui fait
partie de la préface déjà citée au livre des Psaumes (5).
D'autre part, les éléments de la liste se trouvent en grec dans un
célèbre Pentateuque à chaîne, riche en notes critiques de toutes
sortes et tout à fait analogue par sa disposition aux manuscrits syro-
hexaplaires, le Basileensis graeciis (6). Dans ce manuscrit, il est
vrai, les noms des femmes des patriarches sont disséminés dans les
marges des chapitres IV et V de la Genèse, et ils ne dépassent pas
la génération de Noé; mais la matière est la même. Ici isolés, là
(1) W. Wrk.iit, Catalogue o/ syriac manuscripls in the British Muséum, vol. II,
Londres, 1871, Le texte de Y onomasticon a été édité par Frantz Wutz, Oiiomas-
p. 985.
tica sacra, dans Texte und Untersuchungen, vol. XLI, p. 820-837.
(2) Plusieurs onomastica marginaux ont été publiés, dont on trouvera la liste dans
Wutz, op. laud.
(3) Cette préface est conservée dans deux manuscrits, le célèbre Ambrosianus C. 313
inf., f. {Codex syro-hexaplaris Ambrosianus phototypice edilus. Milan, 1874) et
5'-5"'
(6) Autrefois B. VI. 18, n" 13-') de Holmes et Parsons. Cf. J. Deconynck, Essai sur la
chaîne de l'Octateuque dans Bibliothèque de l École des Hautes-Études, fasc. 195,
Paris, 1912, p. 35 sq. Les notes du Basileensis ont été publiées sous le sigle r par Paul
nE Lagarde, Genesis graece, Leipzig, 1868, et celles qui concernent les femmes des
patriarches longuement commentées par H. Rônsch, Das Buch der Jubilaen..., Leipzig,
1874, p. 367-372. Il est assez étrange que Ronscb ne cite pas le scholion publié par
Ceriani plus de dix ans avant son ouvrage.
58 RKVUE BIBLIQUE.
réunis dans un scholion pourvu d'un lemme, les noms des femmes
des patriarches nous apparaissent dans le même milieu, que nous
appelons hexaplaire, le mot étant employé ici dans un sens large, et
couvrant, en plus de l'œuvre personnelle d'Origène, celle de l'atelier
critique palestinienoù les Hexaples furent conservés et complétés.
D'autre part, Ceriani avait deviné juste en pensant qu'il y avait un
texte grec entre l'original hébreu des Jubilés et la liste syriaque. Je
ne m'arrêterai pas sur ^o;>.és^ (j-âBtov, dont Charles a récusé la =
valeur probante mais l'équation i-^-^^-
(1), 'lo)|3r;XaTa (2) me paraît =
très significative jamais l'hébreu rr'Sn'' ou mSsii (3) n'aurait donné
:
transcription normale de gy;. Cette forme, qui est un à-i; 'kz-;z\).z-^ov (4),
aura été imaginée par le traducteur syrien en face d'un mot grec
qu'il ne comprenait pas, ou qu'il a voulu respecter comme un nom
propre, car il n'y a qu'une expression pour traduire « jubilé » dans
l'Ancien Testament syriaque, c'est ^oos. ita^ « année du retour » =
de la terre à son propriétaire (5). On peut remarquer aussi que le
mot ux^o. n'est pas marqué du ribbouï, signe distinctif du pluriel,
probablement parce que le traducteur a cru se trouver en face d'un
féminin singulier; s'il avait eu sous les yeux un original hébreu
DiSn'!i ou mS^i^, le caractère pluriel du mot n'aurait pu lui échapper.
Il n'y a pas à rechercher plus précisément la paternité du scholion;
on pourrait penser à Origène (6) et raisonner en s'appuyant sur un
détail du titre, car les noms proviennent d'un livre
il y est dit que
juif, pv^ LQ\; = zapi apud Hebraeos. Or, en dehors de
Toïç 'E;3patctç,
saint Jérôme, qui semble avoir connu l'original hébreu du Livre des
Jubilés, je ne trouve, dans tous les témoignages patristiques recueil-
(3) aiSn"' est la forme biblique; mais le Livit des Jubilés est appelé rnSn^n 1SD
dans un commentaire sur le Cantique attribué à un disciple du Gaon Saadia, cf. Eppstein,
Le livre des Jubilés dans Revxie des Éludes juives, XXI (1890), p. 82.
(4) Pavne Smith, Thésaurus syriacus..., col. 1540 sq.
Cf.
(5) On
trouve cependant U^i^aa- dans le commentaire de saint Éphrem sur Ézéchiel
(S. Ephraemi opéra..., Rome, 1740, vol. II, p. 198) dans les expressions P^^ûH.» |^a»,
1^ iovo pisûii. p^ao^t.) **^" ^ i^i*. ovi*^*/. L'éditeur a vocalisé pâJA:;, en rattachant ce
v;
mot à jii>Q^ qui signifie « série, succession ». Notre chroniqueur emploie parfois Usû*
pour « jubilé », p. ex. p. 7, 1. 5.
Origène avait écrit un grand nombre de (jy_6\\y. sur les divers livres de la Sainte
(6)
Écriture la plupart de ces scolies sont perdues, on en retrouve
; toutefois dans les
chahies, cf. 0. Bardenhewef., Geschiehle der althirchlichen Literatur, vol. II, 2' éd.,
Fribourg-en-Brisgau, 1914, p. 119-124.
MELANGES. 59
àr.OY.pôçz'j \éyo-JGi Tbv aj-rbv £ivat /.al osT::6-:r,v y.al ::îvOspbv YîvÉo-Ga'., est-il
(1) Catena Nicep/wri, istpa vih- -/.ai TrEvtr.xovTa 'j-ou.vr,u.7-'.ffTwv îî; -rrjv 'Oy-TaTî-j/ov. ..,
(1) Traduction de la Chronique syrienne anonyme éditée par Sa Béatitude M-' Rah-
mâni, dans Revue de l'Orient chrétien, XII (1907), p. 429-440; XIII (1908). pp. 90-99;
321-328; 436-443.
(2) L'étude détaillée sur les sources de la chroaique, que le savant éditeur projette de
publier avec le dernier fascicule, fera juger l'ouvrage plus favorablement encore.
(3) Apocryphe syriaque résumant assez rapidement l'histoire de l'Ancien Testament, et
qui doit son nom de Caverne des Trésors à la place tenue dans ses premiers chapitres
par la caverne où est enterré le corps d'Adam, sous le Golgotha. Cf. Rubens Dlval, La
littérature syriaque. 3° éd., Paris, 1907, p. 81 sq.
(4) Dans les traductions de Jub., Cav. et Chron., ce qui est commun à Jub. et Chron.
1 L
MÉLAiNGES. 61
Cai\ z=. Caverne des trésors, citée d'après C. Bezold, Die Sc/ta(z-
hùhle. Leipzig, 1888. Les pages sont celles de la traduc-
tion allemande.
Chron. ou C/ir. =
L E. Rah3iam. Chronicon civile et ecc/esiasticum
anonyrni auctoris..., Charfé, 190i.
Epiph. = S. Épipliane. De mensuris et ponderibus, cité d'après
G. DiNDORF, Epiphanii episcopi Constantiae opéra, Leip-
zig, 1863 et Paul de Lagarde, Symmicta, II, Gottingen,
1880.
Epiph. *•''. =: Traduction syriaque du même traité d'après l'édition
de Paul DE Lagarde, Veteris Testamenti ab Origene receii-
,(3oCoo . IW-t-3 IJOiOJO U^^oo \^'l° ^.^ci lov^ 1;.^ ) 11 1 „.. wOioN^i {.lOo,^ |.^ao..i^ N.« .;-3
. ^oV> I
St V)o .|Loju,^> )"-i|IVKa .\ZBlf l'illv ,^ooCoo . loCiX ^i-o y««v>t y» |Jl:>(l.^o; |_jin.^
(.^oo.. |jow»o . . . . |>Oiaj> ~010^>^/ [. «N N | . vi t ooio . ^.x>.Ai wOv't-oo . (-.N^l | .?m » \i.s r^'^', l-^a-'>-3
. . . |l r. I -^o l<<:i^«.3 P^.^! (.^aii^oo iLoV^vJO . yOovvu',:_oIo | viSn yo:»^ IV.3 pO) |
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v>o . -> ,.:>A {.sVoi Iv^t^ \^-^''l • lr-<^.^° \^V I ' ^'fo il;'- l^.^^/o tvjL^«.âO ^>|J |oCi^ ^ixSo
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iy>.i; oïLriv» . vi ., N.CD'r3l/o . )3ja:>o |«ov£D3 |.A.àaA jovSS. ,.â^ |\jf/» | -s^ r» . -.
. |jfn ..N )j&aj N..^ -ji;=^>aN 1 y. t\ ^ouo .)-^>( ^^ M>'0 t <Cl-^;^ ^^.' |Nj_s5tvi,o )
1 - - '" )i
(éventuellement aussi à Cav. dont nous n'étudions pas la composition particulière) est
en caractère romain ordinaire; ce qui est commun à Chron. et Cav. est en italique; ce
fpii est particulier à chaque document est en caractère gras.
(1) Dans le ms. il y a un blanc de cinq lettres environ, l'édition porte /? >*-»'
62 REVUE BIBLIQUE.
^^..*-; (1) Loaooi^o ^[S-Qi.0 IjUjL .\=\\-..*^ MqJU^ o^o/o pLioi». )oiS^ ;.ci3 M-iou-; ^ioa^u
|ju|;.3^ )V^ >o,.iaio iN-ao . I^î/ N>^ J-î» ^j^soioo |;^iJ>oo .|-i>>(.» |l-«ii- ^^ov^ r^ii^ 1^*» I^Q-i^
|JooO)N-30 ) S^v' --" lAî^^o |^^^« ->; ^c^o-;^^ ^ooiio )ovS\ ^cîijo . Ipii. ^»l.o ^ Visai, ^j^o^ 000)0
il créa les cieux en haut premier jour, qui est le premier jour, qui est le
et la terre et les eaux et dimanche^ Dieu créa les dimanche, chef et pre-
tous les esprits qui servent cieux et la terre et les eaux mier-né de tous les
devant lui: les anges de et la lumière diffuse et jours. Dieu créa les cieux
'
(1) Ms. :
'û» OV3 en deux mots.
^^i»— », en
Ms. et éd. '^^^ suivi d'un blanc; l'^- restitué d'après Cav. qui porte
(2)
considérant Lûsoov» comme un pluriel.
MÉLANGES. 63
du firmament iqui est) spirituel. C'est donc la son aspect, des cieux
au milieu, sur la face Jérusalem céleste. Et, en qui sont au-dessus de
de toute la terre. ce jour, les eaux furent lui, à savoir du ciel
divisées la moitié monta supérieur, qui est :
de
au-dessus et la moitié fut feu, et ce deuxième
sur la face de toute la terre. ^est) lumière et celui-ci
inférieur de... (raufîton?)
et parce qu'il a la na-
ture condensée de l'eau,
il est appelé firmament.
Et Dieu divisa, le
deuxième jour, l'eau
d'avec Teau, c'est-à-dire
l'eau supérieure de
l'inférieure. Et celle-là,
monta deuxième jour
le
au-dessus du ciel, comme
une épaisse masse de
nuages elle s'éleva
:
et monta
et s'étala au-
dessus du firmament,
dans l'air. Et elle ne
se verse pas, ni ne se
meut d'aucun côté.
Et il ne fit que cette Dieu ne fit que cette
œuvre le deuxième jour. œuvre le deuxième jour.
5. Et le troisième jour, Le troisième jour, il dit Et le troisième jour. Dieu
il dit aux eaux de se retirer, aux eaux de se retirer ordonna aux eaux de
de la surface de toute la de la surface de la terre dessous le firmament,
terre, en un seul lieu, et en un seul lieu, dans le de se rassembler en un
à l'aride d'apparaître. creux de ce firmament, et seul lieu, et à l'aride
6. Et les eaux firent l'aride apparut. d'apparaître. Et lorsque
comme il leur avait dit, la couche des eaux fut
et elles s'éloignèrent écartée de la surface de
de la surface de la terre
apparut que
la terre, il
en un seul lieu, en dehors rien n'était" ferme ni
de ce firmament, et l'aride solide, mais de nature
apparut. humide et molle.
u REVUE BIBLIQUE.
leur espèce.
Le Seigneur ût ces Il lit ces quatre grandes
quatre grands genres le œuvres le troisième jour.
troisième jour.
8. Et, le quatrième jour, Le quatrième jour, Dieu Et. le quatrième jour.
il fit le soleil, la lune et fit le soleil, et la lune et Dieu fit le soleil et la lune
les étoiles, et il les éta- les étoiles, et la chaleur et les étoiles et aussitôt
blit dans le firmament du soleil se répondit sur la que la chaleur du soleil
du ciel, pour qu'ils face des eaux, pour la se répandit sur la face
brillent sur toute la vigueur et la croissance de la terre, elle se
terre, etqu'ils séparent de tout ce qui germe et fortifia (sortant) de sa
la lumière des ténèbres. qui croit sur la terre; et mollesse, parce que
9. Et le Seigneur éta- il donna le soleil pour l'humidité et la fluidité
blit le soleil en grand séparer la lumière et les de l'eau lui avaient été
signe sur la terre pour ténèbres. enlevées. Et lorsque la
les jours, et les poussière de la terre
semaines, et les mois, eut été chauffée, elle
et les fêtes, et les produisit tous les
années, et les semaines arbres, et les plantes,
d'années, et lesjubilés, et les semences, et les
il créa les grands ordonna aux eaux, et elles Dieu ordonna aux eaux, et
monstres marins au enfantèrent des espèces elles enfantèrent tous les
milieu des abîmes des diverses, les cétacés, et poissons de différents as-
eaux, —
car ceci fut Léviatltan, et Béhcmoth pects et ce q ui serpente dans
la première oeuvre horrible à voir, c'est-à- l'eau les ctHacés, et Lévia-
( i
:
de chair qui fut faite dire les sauterelles, et than, et les Béhémoth horri-
par ses mains, —
les les oiseaux, et les jioissons. bles à voir, et les oiseaux
13. Et, le sixième jour, Le sixième jour, il fit Et le sixième jour, qui
il fit toutes les bêtes de toutes les bètes de la terre, est le vendredi.
1-4. Et après tout cela, Et après tout cela, il créa Dieu forma Adam de
il l'homme
fit il les fit l'homme :il les fit homme la poussière et Eve de:
2* fragment).
(1) Chapitre dans G. Di>dorf. Epiphanii episcopi Constantiae opéra, vol. IV,
22,
part. 1. 2, p. agarde, Sijmmicta. p. 176 >q. Le texte du ms. Mar-
27 sq. ou dans Paul de 1
cianus, qui contient des variantes importantes est donné dans la préface de Dindorf,
p. \v sq. Charles a réédité le te\te de Dindorf, avec plusieurs corrections, en face du
texte éthiopien des Jubilés dans The ethiopic version..., p. 5.7.9.
68 REVUE BIBLIQUE.
plété par un passage sut- le ciel au sens chrétien, qui lui est propre.
Il a ensuite reproduit Jiib., sans mentionner toutefois le mouvement
de descente des eaux inférieures; il s'agit peut-être d'une omission
accidentelle analogue à celles des manuscrits grecs d'Épiphane (3).
Au troisième jour, Chron. a une omission causée par l'homoiote-
leuton « en un seul lieu », si bien que l'ordre donné aux eaux n'est
pas suivi de l'habituel compte rendu d'exécution. Epiph. n'a rien
des vv. 5 et 6. Malgré la perte d'une clausule, le témoignage de
Chron. est ici très intéressant, car Elh. a une leçon peu satisfaisante
« à l'extérieur de ce firmament » =: 'afP'a 'em, qui traduit habituel-
lement le mot grec 'CzmHvk Le syriaque « dans le creux du firmament »
ou « à l'intérieur du firmament » =^ a^ semble préférable, car
les eaux dont il est question sont les eaux inférieures, recouvertes
par le firmament comme le sol d'une maison est recouvert par le
toit en se réunissant pour constituer la mer, les eaux inférieures
:
En ce point où le traducteur syrien a hésité, il n'y a pas accord parfait entre Eth.
(1)
et Epiph. .les trois manuscrits B. C el D ont « les anges du feu et les anges du souille
de la respiration », tandis qu'.4 a seulement « les anges du souille de la respiration «.
La disparition du premier terme s'explique en éthiopien par une omission due à l'homoio-
teleuton manfasa : wamalâ'ehta manfasa 'esOt u-amalû'ekla manfasa 'estanfâsa
devenu namalû'cMa manfasa 'ëstanfû sa, mais ceci n'explique pas l'omission ^ax Epiph.
Quoi qu'il en soit, Charles a peut-être tort de préférer la leçon de A. Epiph. à celle de
B. C. D.
(2) La place occupée par le terme « lumière » a causé l'addilion du qualificatif « dififuse »,
Jub. Chron.
sujet : quiconque fera en ce jour œuvre que le profanerait, qu'il meure de mort!
quelconque, qu'il meure! et celui qui le
|La.>^ aV>i.^aj (J; |.\i( ^^ v&^i; ^3fo |Lcu,^> | v>f>q pNjsf \.-x>a^ oovso
.Jub. Chron.
Jub. Chron.
des animaux (domestiques), des oiseaux sur la terre, afin que les bêtes ne parlent
et de ce qui marche et de ce qui se pas.
Jub. Chron.
mourutet tousses enfants l'ensevelirent... vécu 970 ans, au temps de sa fin, les
cause de cela, il n'acheva pas les années n'acheva pas les années de ce jour, car
de ce jour, car il mourut en lui. il mourut en lui.
(1) Cf. Josèphe, Antiquités judaïques, I, 1, 4; Livre d'Adam et d'Eve, I. 18; Georges
le Syncelle, éd. Bonn, I, 14; Cedrenus, Zonaras, etc.
T2 REVUE BIBLIQUE.
70 années pour (avoir) mille ans », c'est pour cela que la faute a pu
passer inaperçue. L'expression au temps de sa fin », dans une phrase
<>
Jub, Chron.
5, 1. Et ils les prirent pour leurs Et ils les prirent pour femmes, entre
femmes, entre toutes celles qu'ils choi- toutes celles qu'ils choisirent, et elles
sirent, et elles leur enfantèrent des Bis et leur enfantèrent des fils, les géants,
ceux-ci furent les géants (4).
Textuellement
(1) au temps de la fin du Jubilé, n
: <(
Par exemple Georges le Syncelle, éd. Bonn, I, 19, qui reproduisant Jub., 4, 29, écrit
(2)
930 ans au lieu de 19' jubilé, ',' semaine, ti' année.
(3) Le premier de ces passages ;p. 8, 1. 5-11; a un parallèle dans la Chronique de Michel
qui avaient pris pour des êtres angéliques les benê elohim de la
Genèse.
Après un long récit d'après Cav. sur Jubal et Tubalcaïn, et une
note sur le service de lared dans la Caverne des trésors, l'auteur en
vient à mentionner Hénoch comme père de iMathusalah. puis comme
ministre du culte adamique dans la caverne. Il en prend occasion
pour insérer un passage du Livre de< Jubilés sur le service d'Hénoch
devant Dieu :
Jitb. Chron.
gneur. sur la montagne du raidi. 26. Car Seigneur, sur la montagne du midi. Car
quatre lieux sur la terre sont) au Sei- quatre lieux sur la terre (sont/ au Sei-
et le mont Sion.
proposée en note.
La première difficulté de l'éthiopien est à propos du mot « soir ».
Deux manuscrits, C et D, que Charles considère comme les moins
recommandables, portent mesëta =: « le soir » B omet ce mot, A ;
(1) Cf. DiLLMA>N, Lexicon linguae aethiopicae, col. 467; références kjub. 49, 16 et à
74 REVUE BIBLIQUE.
cheveux.
Le témoignage de la chronique Rahmâni permet de proposer une
meilleure interprétation de ce passage elle précise en effet qu'Hénoch
:
MÉLANGES. 75
(1) Dillmann ne cite que ce passage pour le sens en question, Lexicon..., col. 442.
d'autre part; mais il ne faut pas que celte antilogie apparente obscur-
cisse l'évidence fournie par le contexte.
Dès lors, il faut d'abord chercher ce que pouvait être pour l'auteur
du Livre des Jubiles la « montagne de l'orient ». L'expression est
biblique montagne, mpn in est citée dans Gen. x, 30, en rela-
: cette
tion avec Seba, Ophir et Havila, dans le pays des Yoktanides; à.
défaut de localisation précise, on peut la situer sans erreur dans la
partie méridionale de l'Arabie. Le rabbin égyptien, Saadia le Fayyou-
mite, écrivant dans un milieu musulman, la place sans hésitation à
l'est, — le sud-est serait mieux, — de iMédine, ïjljwOI JI ^ .,' -j!
(1) I Hénoch, 18, S: 24, 3: F. Martin, Le livre d' Hénoch, p. 50, 64.
(2) Séjours et habitats divins d'après les Apocryphes de l'Ancien Testament, dans
Revue des Sciences philosophiques et théologiques, IV (1910), p. 696-702.
Seul Charles a senti qu'il devait y avoir identité entre la montagne du v. 25 et la
(3)
i( montagne del'orient » du v. 26; mais il ne s'est pas attaché à celte idée, alors «jue sa
correction de qatr en qëtârê, permettant de traduire la première fois « montagne des
aromates » faisait disparaître la ditliculté provenant de la divergence des noms dans le
texte éthiopien.
(4) J. Derenrolro, Œuvres complètes de R. Saadia hen Josef al-Faijyoï'nni, I, Paris,
1893, p. 17.
MELANGES. TT
dans son voyage vers l'est, les montagnes productrices des aromates
les plus variés, et l'auteur des Jubilés lui faisant instituer, au même
lieu, le sacritice de parfums du culte officiel, représentent la même
tradition.
Ceci dit, la leçon primitive du texte hébreu des Jubilés au v. 25 n'est
pas encore certaine ;nous supposerions volontiers un original r^-::-: --
ou ^'^z: ".", où le grec et l'éthiopien auraient cru trouver un nom
propre à transcrire comme les noms des trois autres sanctuaires,
Éden. Sion, Sinaï '-2 Le chroniqueur, qui n'était pis un simple
.
copiste et avait assez d'exégèse pour savoir désigner par son vrai
nom la montagne de l'encens, n'a pas hésité à uniformiser les deux
leçons divergentes des vv. 25 et 26 ; même avec cette pointe de liberté
son témoignage est précieux et permet de fixer difinitivenaent le sens
de ce passage.
Jub. Chron.
4, 17. Or c'est lui qui. le premier Cet Héaocli est le premier qui apprit
•des hommes, de ceux qui oat été engeii- l'art d'écrire et la science et la sagesse,
Jub. Chron.
drés sur la terre, apprit l'art d'écrire et et qui écrivit les signes du ciel dans un
la science et la sagesse et qui écrivit dans livre, pour enseigner aux hommes les
de leurs mois, afin que les hommes con- vant leurs lois, et suivant leurs mois.
naissent le temps des années, selon
leurs lois, chacun suivant leurs mois.
18. Lui, le premier, il écrivit un Et il fit connaître les jours de l'année
témoignage et témoigna aux enfants des et il fixa le compte des mois.
hommes parmi les familles de la terre,
et il dit les semaines des jubilés, et il
connaître.
19. Et il vit dans une vision de son Et il vit dans une vision de son som-
sommeil ce qui a été et ce qui sera, meil tout ce qui a été et tout ce qui
comment cela se passera pour les en- est(l), (et) aussi tout ce qui vient pour
fants des hommes, dans leurs généra- les enfants des hommes, dans leurs gé-
21. Or, il fut avec les anges de Dieu Et il fut avec les auges de Dieu, et,
six jubilés d'années, et ils lui montrè- ensuite, Hénoch plut à Dieu 300 ans et
(1) .Vu lieu de l'imparfait, qui s'entend aussi bien du futur ([ue du présent, le traducteur
syriaciue des Jubilés a rais un participe à traduire par le présent; il a commis une erreur,
mais son original correspondait à celui d'EUi.
qu'il y a de plus banal
(2) Trad. p. 16. Le passage omis par le chroniqueur
est tout ce :
changements des luminaires du ciel, chacun comme ils sont selon leurs
senres, chacun selon leur puissance, et selon leur temps, chacun
selon leur nom et le lieu de leur naissance et selon leurs mois i . »
queur n'aura pas voulu rapporter son témoignase contre les veilleurs
(suite du v. 21 et qu'il a tourné court, pour revenir à Cav.
ooof o^'yal 0)-3; —Of (.^i/ N. mv^ lf» ).^^ 1 1 ï . i ->; |La;>ïs |A^ ^^ ^ ^« p»;.. -^ a\^>.oi;; | Vi^
. yOOlLOuw,^CO ^ )_3ÏO) (1I\L 000)0 y^0Ol-.œ'.:^ r. . .tn •> l 'o . »oovioi ^
Juh. Chron.
P,^ ^jixojo .ot'^o; )iQ.g>o |-.;^a\ |.....-3,.^ ^-aj )jjo . )LQ.a^ ^ nn'^ j )C^L» ^-'i-»-» t—=o
^,><N).\x ^olGDO . |.«3y^ ^^ V'-^î wxxxo/o .pj<x. ^..ul^o 1
1 Ji°iQjLO .\.Jii~^oo IV^/o IP'O P^° il^^;
) ^^ .\ )..,^o; ^»_; ^...XlcoIo . |ISja.a^ y^ooiXa ^io ^v.\ ^^i/o . Iv^ia.» ^iuo ) .. i v>-i \>oy3; pLsioi:
^\^iO l-ViO yOOl^ «.Oâ; ^^/ OV».3lL30 OViO^i l^.^^^ \J'^^>^P Vt "Ol^^O ^-O-" l-iO-O •l-'j-iO ^_r-0
Jub. Chron.
son sang, il expia pour tous les pécliés des tourterelles et des petits de colombe,
de la terre... 3. Et il prit un taureau, et il offrit un holocauste sur l'autel. Et
un bélier, une brebis, des chevreaux, il plaça une offrande (de
là-dessus
du une tourterelle et un petit de
sel. farine) mêlée avec de l'huile, et il
colombe; et il offrit un holocauste sur arrosa de vin, et il jeta sur tout cela
l'autel. Et il versa là-dessus une offrande de l'encens, et il ût monter une bonne
(de farine) mêlée avec de l'huile, et il odeur, en agrément devant le Seigneur.
arrosa de vin, et il jeta sur tout cela de
l'encens, et il fit monter une bonne
odeur, qui fut agréable devant le Sei-
gneur...
7. Et seulement ne mangez pas la Et jXoé et ses fils jurèrent qu'ils ne
chair qui est avec son âme, avec le sang, mangeraient pas la chair avec son sang
car l'âme de toute chair est dans le et son âme, ainsi que le Seigneur le
sang, de peur que je n'en demande leur avait prescrit; car l'âme de toute
compte... 10. Et J\oé et ses enfants chair est dans son sang.
jurèrent qu'ils ne mangeraient point de
n'importe quel sang qui est dans une
chair quelconque.
ii^uj.» Uy^ pour que l'on ne puisse pas confondre chevreau et agneau.
Le terme suivant « veau » parait plus correct que « taureau » de
Jub^^^. Il semble aussi que la mention des chevreaux » au pluriel, ((
par paire.
Pour exprimer que la bonne odeur du sacrifice plut au Seigneur,
le syriaque emploie une expression nominale i-i-^ji., tandis que l'éthio-
cpsai Tou ApapaT àvà [iÀQC'i 'Ap!j.îv{wv y.a', Kapsuatcov sv tw Aoujâis octi
y.aXouaévw.
y^o...^> oM-^euL ^ .^^ojf IJL.H |;^ yn ..N ^1->L« |lw3 ^.o\ff>o -^p^.. i»^o |LoïL/« Mr^° |Nj>a. 3 V^
^^/; [JiQ-. ^^.i t-3;\^\ p)|o .|;<u; )ïq4, vpoviJ l«-a^o | laa.ISJi». \ijlo .|xa-.«;â> ovi-<^^eu ^
.
jy^j ov»->> ^>- )-..-s;^ PL/o . jo| PI )^r^ ov^ N-*J P; OO) .^AO^:»; )
vii>\ l-^È^^ol-; \^o^
|-.N^L I^J N^^.N |l!si.lj |U3 Nn\mo -t-^oo^yti. ^0) QÏ :>\ o ^o--\ )l-ol-W N^Vœ; )j).;( «O) )»Oi
*j^^; )Nj» |^;/o ..jL^a.. IN-aVoî )l-ï>^ wOi 'à i -»\ o Cs-Sl.:^ 0)LoL;-.; )Lj.3 NnXro; )^>/ wOj );0) .
)V^/»
ovi.»/ . |-»»Q^»j ) vici .«3 wO) ^^).iOLio PI .\'r^tO po taaik:»Q.>. p pa-Jj oy^H •>^Vi:i. |.iOj.i. ^owïji.
Chron.
8, 11. ... Et il partagea, par tirage Noé partagea la terre entre ses trois
au sort, la terre que devaient posséder fils, Sem, Cham et Japheth.
billet, au milieu de la terre, un lot qu'il (terre) habitée; depuis le torrent d'Egypte
devait posséder en héritage... 21. Et il et la mer Erythrée jusqu'à la mer de
(Noé) connut que c'était une part bénie, Phénicie et de Syrie. Et appartinrent à
et qu'une bénédiction était venue sur Sem et à ses enfants ces pays connus :
Sem et sur ses enfants pour les généra- la Palestine et toute l'Arabie, et la Phé-
tions éternelles : toute la terre d'Éden, nicie et la Syrie, et toute la Mésopo-
tout le pays de la mer Erythrée, tout le tamie et l'Hyrcanie, et l'Assyrie, et le
sur l'Erythrée] et ses montagnes, tout le terre de Perse et toutes les localités de
pays de Basa, tout le pays du Liban et ses environs, jusqu'à l'Inde occidentale,
les îles de Raftor, toutes les montagnes et le reste des pays orientaux.
du Sanir et de l'Araanâ, les montagnes
d'Assur qui sont au nord, tout le pays
dElam, d'Assur, de Babylone et de
Suse, la Médie et tous les monts de
l'Ararat, tout ce qui est au delà de la
mer, ce qui est au delà des monts
d'Assur, vers le nord, pays béni et
vaste, et tout ce qu'il contient est extrê-
mement
22.
beau.
Pour Cham, la part qui lui échut Etdeuxième part échut à Chanlf
la
I
fut au delà du Gihon, vers le sud, à deuxième fils de Noé. depuis le sud du
droite du jardin. Elle va vers le sud et Gihon, à la droite du paradis. Et elle va
s'étend vers toutes les montagnes de feu. vers le sud, et s'étend vers toutes les
MELANGES. S3
Jub. Chron.
Puis, elle va à l'occident, vers la mer montagnes de feu. Puis elle va à l'occi-
dAtel, et elle va à ToccideLt jusqu'aux dent, vers la mer d'Alel, jusqu'à ce
approches de la ruer de Mâ'ouk. qui est qu'elle arrive à la mer de Mahouk, à
'tellej que < tout ce qui y descend, laquelle rien ne descend qui ne meure.
périt >. 23. Elle arrive ensuite au nord, Elle arrive ensuite au nord, vers la tête
vers l'extrémité de Gâdîr, puis elle par- de Gâdîr, puis elle parvient aux rives de
vient au bord de l'eau de Ja mer, aux la grande mer jusqu'au fleuve Gihon, et
et à ses enfants, comme part de son d'héritage à Japhet et à ses fils : cinq
héritage, qu'il doit posséder pour lui et grandes îles et une grande région au
pour ses enfants, selon leurs familles, nord pour leurs générations jusqu'à
jusqu'à l'éternité : cinq grandes îles et l'éternité.
une grande région au nord. 30. Mais elle La région de Sem n'est ni torride, ni
est froide, tandis que la région de Cham froide, car elle est mélangée de chaud et
est torride ; mais la région de Sem n'est de froid; la région de Cham est torride,
ni torride, ni froide, car elle est un la région de Japhet est très froide.
mélance de froid et de chaud.
(1) Il faut restituer ^n^ ou î*?^; le ms. porte U^Jss^^. qui donne une leçon insoutenable
« à l'orient du nord ».
84 REVUE BIBLIQUE.
qu'Hérodote attaque avec raison, en disant qu'il faudrait alors dénombrer quatre parties
du inonde, le delta n'étant ni en Afrique, ni en Asie (II, 16). Ptolémée, tout en conservant
le cours du Don comme ligne de démarcation entre l'Europe et l'Asie, a été mieux
inspiré en donnant comme limite commune à l'Asie et l'Afrique l'isthme de Suez, afin de
est une description des trois parties de l'Ancien Monde. Mais les termes
géographiques désuets l'ont embarrassé; ne les comprenant peut-
être pas et soucieux en tout cas d'être intelligible pour ses contem-
porains, il en a omis plusieurs et a dû remanier en conséquence. En
outre, il n'a conservé que la deuxième description de la part de Sem,
et, se sentant sur un terrain connu, il a traité assez cavalièrement
les noms encore bibliques des Jubilés « Basan, Kaphtor, Elam, Suse,
Médie ».
répété deux fois dans l'original et qu'il faut entendre « et (la part de
Japhet) va jusqu'à s'approcher de l'Afrique, et elle revient vers le
milieu de l'Afrique {A, contre BCD : vers l'Afrique) », — par où il
mots des Jubilés au sujet du lot échu à Japhet < cinq grandes îles :
(^4 suiv?'e.)
Eugène Tisserant.
II
{suite).
B. Indices formels.
littoral Mer Noire jusqu'à l'extrémité de la mer d'Azov, et au fond de cette mer
de la
l'embouchure du Don. On trouve dans Pline les distances de l'itinéraire marin qui joint
les points extrêmes de ce littoral, Hist. nat. VI, 206-208; éd. Mayhoff, Leipzig, 1906,
p. 516; cf. Detlefsen, Die geographischen Bilcher der Naturalis Historia des C. Plinius
Secundus..., Berlin, 1904, p. 173.
(2) C'est l'auteur juif qui a exprimé là son sentiment; les géographes grecs donnaient la
palroe à l'Europe.
MÉLANGES. 87
n'avait pas jusqu'alors laissé présager une telle science et qu'ils con-
naissent ses frères et sœurs.
Marc VI, 2 Kal ol toaasI àxcùcv-rE; à;£-Xr,(J!TCVTC /.éyovts; : ::56ev :3Û-:(|>
TajTa;.... Oj7 jtsç èitiv ô tév.tiov 5 uro; t^ç Mapîa; /.ai àosXœb; 'Iay.o')êcu
xaî 'Iwff-^TSç '/.ai 'Iijsa y.ai — t^^''-?' ''•^' ^'-'''- s'-^'-'^ ^- assAsal xjtij moi
part du peuple; c'est une parenthèse qui n'a guère de rapport avec
le contexte : r.Tn'i: èsira'Jcv tcv Oîbv irJ. tw ysy^vÔt'." kwv yip V' icXeiôviov
T£ajapây.sv-:a c à'vQpw-cç is' cv YE^'ivs', tc s-r;y.sîcv tijt: t?;; '.â7£o)ç. Un
détailanalogue qui paraît donné pour lui-même, sans relation avec
l'ensemble de l'exposé, se lit également chez Marc dans le récit de la
fille de Jaïre :
Marc V, 42 y.ai sjSjç héG-r, tc y.:pac7'.;v y.a'i -spis-aTSi, ^v yzp ^"£>v ciossy.a.
Luc raconte le même miracle et donne également l'âge de la jeune
fille, mais la place où il note ce détail est toute différente de celle
où nous le trouvons dans Marc; Luc le reporte.au début de son récit,
si bien que celui-ci est beaucoup mieux ordonné.
Tsjç [j.st' a-j-cu y.al t\7T.opiùt-y.'. ottou -^-^v -o xa'.cisv. Même précaution de la
part de Pierre avant la guérison de Dorcas : Actes, ix, 40 à/,6aAÔjv oè
zï ajTY] yjipy. k^iG-r,(7t^ ajrf,v, IX, 41; il en avait agi de même lorsqu'il
guérit le paralytique zujaç y.al aÙTbv m, 7.
tt,; oiiixç, y^eipb: v-Ysipcv «jtîv.
7.px-r,(joi,ç --qç
X^'P^Ç ajTcO Y^vçtpev auxsv xai àvearf,.
La première fois, le même détail est rapporté par les autres
synoptiques, mais dans l'autre cas, Luc et Matthieu, qui relatent
cependant la même guérison, ne parlent pas de cette circonstance
relevée par Marc.
6. Dans les questions de dépendance littéraire, l'argument de loin
le plus objectif et le plus convaincant est la similitude de style :
Cependant les remaniements que Luc fait subir à ses sources sont
assez superficiels, ses retouches sont légères et laissent apparaître
maint indice propre aux documents M
ou Q qu'on n'aurait pas trouvé
chez Luc si celui-ci eût rédigé librement lès mains et le vêtement
:
(2) Ibidem,
p. 69 liegen doch Ev. C. I u. 2 und Apostelgesch. 1-12, 15 sicher schrift-
:
liche Quellen zugrunde, trotzdem sei aber der Stil dieser Capp. und ihr Wortschatz
ganz und gar lukanisch.
(3) Ibid., p. 68. Die von Lukas vorgenommenen Verberserungen haben die Besonderhei-
len der Quelle doch nich verwischt.
MÉLANGES. 89
<i Or cet effet assez saisissant est obtenu presque toujours par le
« même verbe zzp'.z'/.i-r.oy.x'.. ». Le R. P. Lagrange cite quelques
exemples (1).
Il aurait pu y ajouter les cas où Marc à Vexclusion des autres évan-
gélistes emploie d'autres verbes pour désigner le même geste, soit
qu'il s'agisse de Jésus ou d'autres acteurs.
Ch. III, il /.'A -.'x r.'ti'j'j.x-.y. -.7. x/.ihxz-.x :Tav ajTSv èOewpcjv
Or ces regards dont Marc parle avec tant d'insistance, il en est aussi
fait mention avec une fréquence remarquable dans plusieurs scènes
ATENI — A— 2£ n£Tp2Ç £'.Ç ajTbv (JJV TW IcoivY; £rZ£V 3/-^'i'-'' î'-; ï;;J-3tÇ.
VII, 55-56 k-zt^ntjX^ e\q tov ojpavbv £r2£v 22;av f)£2j y.al £lz£v
'.20Ù ôîwpô) Toùç oùpavojç.
^) vil^ 31 2 2£ M2'J7?;; '.20)7 £Oa'j;j,a'r£V Tb '2px;j.a.
et spécialement ly.ôatjistffôai.
Cf. ch. I, 27; IV, 41; v, 15; v, 42; vi, 2,50; x, 26, etc.
Naturellement le même sentiment est mainte fois noté par les
autres synoptiques, mais dans plusieurs cas, Marc est seul à faire cette
remarque, Matth. et Luc, même lorsqu'ils ont un récit parallèle, ne
signalent pas cette impression où ils y insistent moins.
Par exemple, Me. v, 33 r, ce yuvy; çoêrjôsTca xjtî -pé'^.ouaoL... r^.Osv
(Luc VIII, 47 i, ^('j^r, -p£[j.ouaa ^XGsv).
Ot33!)^Y] aÙTOD.
Dans les deux derniers cas, la « manière » de Marc se trahit bien et
s'oppose assez nettement à celle de Luc; tandis que Marc insiste sur
le sentiment de crainte et d'étonnement que provoque Jésus, Luc qui
rapporte le même fait à peu près dans les mêmes termes, omet de
signaler l'impression produite.
Me. XIV, 33 v.xl r,pçx-z^ïy.(ix[xoE'.!jfioci.
XVI, 8 tlyz'f vip x'j-'xç Tpoixo; xat 'éy.c-XGiç' y.ai oùosvl oùoèv cîzaV
èçocsijvTû yôip-
Ce dernier texte traduit encore le genre spécial de Marc qui n'est
pas adopté par les autres synoptiques. Luc, en effet, ne note chez les
saintes femmes aucun sentiment xxiv, 8-11, Matthieu les dit partagées
entre la crainte et la joie xxviii, 8 ;j.eti z,ôoo-j y.aî yxpx; [j.cvâXr,? £Îpa[j.cv
a) Effusion du Saint-Esprit.
II, 6-1*2 7jvy;X0£v -0 T.'/àfis^ AX'. (j-j^ityùHr, èr-isTavTO oi y.a'i àOâj-
b) Guérison du paralytique.
III, 10 5-AY;76r,7xv ^^[j.cij;
-/.y.'. /.a': èxj-:â7£0j; ïrJ. tw arj[A6e6r//.iT'.
c) Ananie et Sapphire.
V, 5 -/.ai èviVî-: 9260? ;j.éYa; s-', -avTaç tcj? ày.o'JiVTaç.
/) Conversion de Corneille.
X, 4 ; 5È àT£v{aaç aÙTco y.a'c s;j. 5:ê:ç y-''^î-''-''5^ .
g) Délivrance de Pierre.
XII, 16 3:v;(;3cv':e; oè sloav xjtjv y.al ir éjTr, jxv .
A) Aveuglement d'Elymas.
XIII, 12 TOTî '.âwv 6 àvOjraTCç ts y-T^^'^Ç àTT-'aTeu^sv ày.;: Ar^Tîiy.svo?
£-'. ty; S'-îayf, -oj y.updj.
Une seule fois au cours de ces chapitres l'auteur signale que le
sentiment provoqué par des faits surnaturels fut la joie. C'est à l'oc-
casion des miracles accomplis par Philippe à Samarie :
Au ch. XIII, 52, il est dit des disciples d'Antioche de Pisidie qu'ils
furent remplis de joie sî -t '^.y.(ir,-y:<. èzXr.pcjvTi yy-py: v.y.l 'vij\j.y-oz iY'oj;
10 xal ù>q OL'tvito^xtq "^aav £'.; 6;j-(i)v v.c, xbv ojpavbv outwç k'kvjazxy.\
MÉLANGES. 93
II, 6 z'x^e.yùhr^ o~i •/;•/.: usv st; 7 où'/'- iooj TrivTcç ijtoi î'.jiv c '.
sxaffTOç Tïj îotat s'.a/.iy.TW /.a- XaXouvTc? Fa/aXaict xai | zw? YJixsîç
III, 8 '/,yX èçaXXi- 8 /.at eîffvjXôev gjv au- 9 y.al îiosv zaç s Xabç
[j-îvoç è'ffTYj xai rôpiî- Tst; îîç TO (epbv Tuepi- ajxov zspi7:a-oî3vTa
r.x'tu. zaTÔJV v.at àXXi [JI.SV5Ç /.al a'. vouvTa -bv
Xa i à iV 0) V Ts V 6eôV . G £sv
efepov lîxq ~v^.'zq toîv ^£7 xh Xp^[Ji.a xal £6ï;- xal èvÉ^xaç [AÉpoç -rt,
T wV 2 •;: 7 - ô X 0) V .
v{a, -f^
/.Xâîs'. tou apTou y.at Tafç 7cpc(j£'j-/aTç, après quoi il passait â l'ex-
posé de la guérison du paralytique opérée par Pierre et Jean en
montant au Temple.
Ce miracle, que Luc allait raconter dans ses détails, était l'occasion
pour lui de rappeler la mention générale des miracles apostoliques
qu'il lisait dans sa source au ch. v, 12, mais cette mention était pré-
cédée dans son document, d'une remarque sur la crainte inspirée aux
fidèles par la mort de Sapphire, ch. v, 11. Luc transcrit également la
note sur la crainte non pas parce qu'elle était nécessaire dans le
ch. II mais plutôt par la simple raison qu'elle se trouvait précéder
dans le ch. v la note générale sur les miracles qu'il y reprenait. Par
le fait même, il insistait sur le rôle primordial que jouaient les
apôtres dans la première communauté et développait un peu l'idée
que l'auteur de la source avait énoncée plus brièvement au v. 42 -^cfav
(1) Harnack, Lukas der Artz, p. 66. Sehr lehrreich ist, und an Dutzenden von
Cfr.
Lukas bei seinen Correcturen und Umforraungen des Markustextes
Slellen zu belegen, dass
den Bibelstil bzw. den Stil des Markus zu kopieren sich berauht. Er setzt nach Kraften
einen Lappen ahnlichen Zeugs auf die Risse.
MÉLANGES. 93
Développement.
1. II, 43 'Ey.:v£tc oè za^y; V, 11 Kal EFENETO 4>0B0E
KOINA.
45 Kaî Ta xti^ txaTa xai xà; IV, 34 Ojoè vip èvosv^ç ti; v' Iv
(iTzapzziq ïr.iT.poczv.cv y,ai 0'.ctj.£- ajTOî;, cjc. yàp KTHTOPEI!
ptuov a'jTx 7:xcvf. y.iOstc àv t'.ç y^wpîwv r, o'.y.iwv YITHPXONtjwAcjv-
ypz.iy.y zlyi^^. ~tq 'észpo-* -kq •:i\i'xç xwv milPAS-
KOMENQN xal è-iOcuv -rrapa tcjç
Y'Jva'.xwv.
96 REVUE BIBLIQUE.
puient pour faire la distinctioa des sources sur le ch. ii, 43-47, c'est
que ces versets ont beaucoup plus l'aspect d'un remaniement rédac-
tionnel à attribuer à Luc, que d'un texte primitif.
ayp". £!xou'
àpyaîç xa6i£(j.£vov ki:\ t^ç y^Ç- 6 elq 'i^v àxîvi'aaç xaxsvso'jv, xal
12 £v (j) uzYjpyîv ::âvTa xi Texpâ- £tSov x£xpa'::cca x^ç y^/Ç ''•^^ ''^
-ruoSa y.at spzexà t^ç y^ç xat -âc- ôr^pia xal xà £p7:£xà xal xà 7:£X£ivà
xstvà Toy oùpavou. xou oùpavoU.
13 y.al sv-'^^'^'' ©wvï] "xpbç àutév' 7 fjxouffa C£ xat çu)Vf5ç XsyoûcTrjÇ
àvacj-âç, IIsTpE, 60aov xai çccys. ixcf àva(7xâç, n£xp£, 6îiaov xat
oàye.
14 6 Se riÉrpoç eiTeV p.-/;Sa[ji.à)ç, 8 sÎ'kOv Se' p.YjSa[xwç, x'jpis, oxt
y.tipis, OTi cùâsTroTe sœaycv ';:avxoi- xotvbv xaî àxàôapxov cjâeTuoxs
vbv xài àxâGapxcv. £'.G'^XO£v £Îç xb (jx6[/.a \),0\>.
L. Dieu.
Louvain.
(t) Cfr. Lagrange, op. cit., i.xxiii et sv.
CHROMQUE
1. — Le tombeau.
Phoi. Sarigiiac
Fig. -2. — En'rée de Thypogée après sa déformation.
2. — Le mobiliei' funéraire.
Dans cet ainas d'ustensiles aux galbes les plus divers, l'objet qui
attire tout dabord l'attention est une représentation féminine en
terre cuite, dont le réalisme très grossier n'échappera à personne
pi. I, 3 . Brisée lors de la découverte, cette figurine put être recons-
tituée .avec son piédestal, mais le sein droit dont la cassure paraît
toute fraîche est irrémédiablement perdu. L'ensemble forme une
Clichés Savignac.
Abou Ciluiih. Mobilier funéraire judéo-hellénique.
Planche II.
Clichés Siivifjuac.
Abou Ghôcli. Céramique Tuiiéraire judéo-lieliénique.
CHRONIQUE. 101
panse et l'élancé de la lèvre iûg. 3 b; pi. II, 6) (1). Qui n'y recon-
naîtra linfluence des modèles grecs? Un type
de caractéristique
la céramique judéo-liellénique nous est livré ici par les deux
amphores à épaules plates et à goulot reproduites à la planche I, 1, et
à la planche II, 5. que Ion chercherait vainement dans les époques
antérieures (2). C'est encore de la même période que relèvent indu-
bitablement les lampes à pied rudimentaire et les lampes à bec pincé
et à rebord d'assiette dont nous avons deux spécimens planche II,
-T07V5
Les autres pièces : écuelles et plat delà figure 3 et delà planche II, pots
sans anses, se casent aisément dans la même période. Sauf les deux
(1) On en trouvera des types similaires dans Buss et Macalister, Excav., pi. 53.
(2) Voir Canaan, pi. Xf, 3, et surtout Buss et Macalister, Excav., pi. 49 et 50;
(1) The philistine city of Ashelon, PE Fund, QS., 1913, p. 8-23; pi. 1 et If.
CHRONIQUE. 103
fuit eis in Ascalone...; liée autem mahumeria a Sarrace7iis dicitur Calhara, latine
vero Viridis. Cet ouély probablement place à une église Saint-Jean dans la suite
fit
loniiana, olim Mahomeria dicta. (Roehricht, Regesta regni HierosoL. Additam., 393*).
104 REVUE BIBLIQUE. •
(2) Au moyen âge deux autres églises sont signalées : Saint-Paul (auparavant la grande
mosquée, ;Ghll. de Tyr, ïmi, 30), et Sainte-Marie, probablement à Deir el-Hawa, sur
la ligne sud du rempart (Palm, Codice diplom., i, 63'.
(3) Ces deux sculptures découvertes momentanément par M. Ni.*sim Behar. directeur de
l'Alliance Israélite à Jérusalem, ont été publiées dans la Revue des Études juives, XVI, 1888,
CHRONIQUE. iO-&
Comme Niké et Iréné, taillées |en haut relief, font corps avec des
Isis,
p. 24 ss. M. Théodore Reinach les regarde comme deux Victoires. La notion du Puteus
Pacis pourrait n'avoir qu'une origine biblique et chrétienne.
(1) Geïer, liin. Hierosol., p. 180 Ingressi sumus in Ascaloyia. Ibi est puteus pacis
:
m
latitudine maior in modum theatri faclus...
,
siet devers oriant. Toute la cité est ausint comme eti une fosse qui se
penche vers la mer. Elle est ceinte tout entor de murgiers [aggeres)
-de terre aporté ice, sur quoi li mur siéent et les torneles. Cil terraus
sont ausint dur comme s'il fussent fet de ehauz et de sablom. Li mur
sont assez haut et espés, etc. (1). »
me
remit une photographie sommaire de ce groupe d'objets. Sans
Il
(1) Photographie dont M. Cl. -G. place une épreuve sous les yeux de ses confrères.
108 REVUE BIBLIQUE.
Mou cher Maître, Je reviens de Saïda où j'ai exécuté la mission dont j'ai été
Gesprâche Jesu mit seinen Jûngern nach der Auferstehung. Ein Katho-
lisch-apostolisches Sendschreihen des 2 Jahrhiinderts, nach einem Koptischen Papy-
rus des Institut de la mission archéologitjue française au Caire, unter Mitarbeit
von Herrn Pierre Lacau, derzeitigem Generaldirektor der âgyplischen Museen;
herausgegeben, iibe/setzt und untersucht nebst drei Exkursen von Carl Schmidt.
Mit Lichtdruck-Faksimile der Handschrift. Uhersetzung des âthiopischen Textes von
Dr. IsAAK Wajnberg. (Texte imd Untersiichungen... Band XLIII); 8" de vii-
731-83* pp. Leipzig, Hinrichs' sclie Buchhandluing. 1919.
guement excité la curiosité des érudits, le texte copte de VEpistola apostolorum (i)^
ou plus exactement peut-être de rentrctien de Jésus avec ses disciples après la
Patrologia orientalis (2). Mais le savant et modeste éditeur ne nous avait présenté
son travail que comme une œuvre provisoire. « C'est, disait-il, à M. Schmidt, qui
pourra désormais comparer le texte copte qu'il a découvert avec le texte éthiopien,
qu'il appartiendra de donner des conclusions plus fermes en conformité ou en
opposition avec les nôtres (3). Peut-être vaut-il mieux avouer tout de suite que
»>
(1) La première annonce de la découverte du texte copte remonte à i89'> Eine bisher
:
unbekannle allchrislliche Schri/t in Koptischer Sprache, von C. Schmidt, dans les !Sitzungs-
berichte der Kgl. preuss. Akademie der Wissensch. zu Berlin: pitilol. hislor. Klasse, p. 705 ss.
Un fragment, contenant le récit de la résurrection, fut ensuite publié en traduction alle-
mande par A. Harnack Einjùngst enldeckler Auferstehungsbericht, dans les Theolog. Studien
:
fur Bern. Weiss, Gôtlingen, 1897. Ce fragment est étudié par E. Henneke, Neuteslamentliche
Apokryphe, tom. I, p. 38 (l'JOi), et reproduit par E. Preiscben, Anliiegomena^, p. 83 s. (Gies-
sen, 190.-;).
veur Jésus-CItrisl en Galilée, Revue de l'orient chrétien, t. III (1907\ p. \ ss., sans rapprocher
d'ailleurs ce texte de celui qu'avait signalé Schmidt. Les relations des deux textes furent Indi-
(juées par une lettre de M.M. R. James, à M. Schmidt, qui n'eut pas de peine à constater alors (ju'il
s'agissait d'un même ouvrage.
Enfin en 190S, M. J. BiCR découvrit dans un palimpseste de Vienne un fragment de version
latine de cet écrit: Wiener Palimpseste : L Teil Cod. Palat. Vindobonensis 16, olim Bobbien-
:
sis, dans les Sitzungsber. der K. Akad. der Wissenschaften in Wien, Phil. hist. Klasse, 159.
Band, VU. Abteil. 1908. Cette découverte fut suivie d'une nouvelle communication de C. Schmidt :
cle est d'une pauvreté qui étonne. Les apologistes. Hermas. puis saint Irénée. la
représentent à peu près seuls. Ce serait une bonne fortune de pouvoir ajouter ui>
document nouveau aux trop faibles restes que nous connaissons surtout si ce docu- :
ment nous renseigne sur l'activité de Jésus et ses relations avec les apôtres. Les
apocryphes n'ont jamais eu bonne presse dans la grande Église. De bonne heure,
sans que l'on puisse d'ailleurs en lixer la date exacte, les quatre Évangiles et les
Actes ont été les seuls documents où les fldèles ont demandé la connaissance de la
vie du Sauveur et de ses disciples. Il est du moins vraisemblable que Justin n'em-
ployait déjà pas d'autres testes que ceux des évangiles canoniques. Et c'est dans les
écoles ou dans les sectes hérétiques que la littérature apocryphe a d'abord trouvé le
par M. S. se retrouvent aussi dans ces textes. Dans ces conditions, l'origine de la
lettre pourra de nouveau être attribuée aux mêmes milieux qui ont vu naître laPistis
Sophia ou les livres de Jeu.
Le texte éthiopien, qu'avait édité M. Guerrier sous le titre de Testoment de Xotre-
Seigneur et de Notre Sauveur Jésus-Christ, comprend en réalité, deux ouvrages dis-
112 REVUE BIBLIQUE.
tincts les onze premiers chapitres forment à eux seuls uq de ces ouvrages; ils sont
:
entier Déjà M. Guerrier avait signalé le caractère disparate du texte qu'il publiait,
(1).
et fait remarquer qu'au chapitre xii se trouvait un nouvel incipit & que rieu, disait-il,
ne réclamait, et rien ne justifie (p. 19) ». C'est à M. S. que l'on doit d'avoir fait, de
manière sans doute définitive, la distinction de deux écrits, en iusistant sur leurs
caractères différents, et en notant que les quatre feuillets perdus au début du
manuscrit copte, suffisants pour couvrir la lacune des chapitres xn-xvii. n'avaient
jamais pu renfermer encore les chap. i-xi. Volontiers, nous serons d'accord avec lui
sur ce point; et comme
nous nous contenterons d'étudier l'ouvrage qu'il appelle
lui.
la lettre des Apôtres, et qui comprend les chapitres xii-lxii de l'édition Guerrier.
Le titre de cet ouvrage est difficile à traduire exactement « Livre {du Kidan), que :
Jésus-Christ a révélé à ses disciples (Il y est dit) comment Jésus-Christ a révélé ce
livre, c'est (le livre; du collège des Apôtres (et} des disciples de Jésus-Christ : c'est
(le livre destiné) à tous; c'est au sujet de Simon et deCérinthe. faux apôtres, qu'il a
été écrit, afin que personne ne fasse société avec eux; car il y a en eux de la ruse
avec laquelle ils tueront les hommes (2). » Les nombreuses parenthèses, qui. dans
cette version de M Guerrier, signalent les mots ajoutés, suffisent à indiquer la com-
plexité de cette phrase obscure. Heureusement, la nature de l'écrit est elle plus expli-
citement marquée dès le début du chapitre 2 (13) « (Nous) Jean et Thomas et :
Seigneur Jésus-Christ; nous écrivons ce que nous avons entendu. Nous l'avons
touché, après qu'il fut ressuscité des morts, (nous avons écrit) comme il nous a
révélé (des choses) grandes, admirables et vraies (3). » On voit dès lors que nous
avons affaire à une lettre. Les Apôtres sont censés envoyer une sorte d'encyclique à
toutes les Églises, pour leur communiquer ce qu'ils ont vu et entendu touchant le
aux Apôtres et que ceux-ci l'interrogent sur la consommation des choses : toute la
seconde partie de la lettre est consacrée à rapporter le dialogue qui eut lieu alors
entre Jésus et ses disciples; dialogue au terme duquel se place l'Ascension : « Tandis
qu'il disait cela, il acheva de s'entretenir avec nous, et nous dit encore Voici que :
dans trois jours et trois heures viendra celui qui m'a envoyé, afin que j'aille avec lui.
mente en TOUS. » Mais ensuite, il semble que l'auteur oublie complètement ce début; et l'écrit
est en réalité un dialogue entre le Sauveur et les apôtres. Il est à remarquer que S., tout en insis-
tant sur le caractère épistolaire de l'ouvrage, donne à son propre volume le titre plus exact:
* ^'espriiche Jesu.
(2) Chap. 1 ;12;. Nous donnons la numérotation des chapitres suivant le procédé de Wajnberg,
Lee second cTriffre entre parenthèses est elui de Guerrier. Nous indiquons, selon les cas, la
traduction que nous citons.
(3) Chap. 2 \13; trad. Gierrier, p.
;
[i8].
RECENSIO.NS. 1 1
:'
cieux se déchirèrent et vint une nuée luniioeuse qui le prit. (Alors se fit entendre^
la voix de beaucoup d'anges, se réjouissant, bénissant et disant :Groupe-nous
«
A première lecture, la lettre des Apôtres évoque, d'une manière presque invin-
cible, le souvenir des écritsgnostiques en langue copte, publiés naguère par M. S.
dans les Griechische christliche Schriftsteller (2). De part et d'autre c'est la même
mise en scène. Les événements se passent après la résurrection, et le Sauveur
glorifié fait aux Apôtres groupés autour de lui des révélations qui complètent tous
ses enseignements précédents. La Pistis Sophia commença par ces mots « Il arriva :
après que Jésus fut ressuscité des morts, il passa onze ans avec ses disciples '3). »
Le deruier des ouvrages contenus dans la Pistis Sophia présente un début ana-
logue : « Il arriva, lorsque notre Seigneur Jésus fut crucifié et fut ressuscité de>
morts, alors ses disciples se rassemblèrent autour de lui 4,\ M. S. fait encore »
remarquer que ce procédé se retrouve dans des ouvracres gnostiques inédits c''est :
ainsi que l'Évangile de Marie contient des entretiens du Christ ressuscité avec ses
disciples: que l'apocryphe de Jean, conservé par le même manuscrit de Berlin, est
un recueil de révélations faites par le Sauveur glorifié à l'apôtre Jean, qui a mis-
sion de les transmettre à ses compagnons d'apostolat: que la Sophia Jesv. Christi
enfin commence en ces termes « La Sagesse de Jésus-Christ, après qu'il fut ressus-
:
cité des morts, lorsque ses douze compagnons et ses sept compagues furent arrivés
en Galilée sur la moutagne qui s'appelle « ... et Joie », alors le Rédempteur se
manifesta à eux (.î . On se trouve en présen :e d'un procédé littéraire qui est
courant dans la littérature goostique. tandis qu'on a peine à en citer quelques
exemples chez les écrivains de la grande Église (6 . Sans vouloir donner à cette
première constatation une importance exagérée, on peut du moins penser qu'elle
fournit une orientation utile pour d'autres recherches et d'autres conclusions (7 1.
Au reste, notre auteur est très loin d'imiter les fantaisies plus ou moins extrava-
gantes de certains livres gnostiques. C'est un modéré qui suit d'aussi près que
possible le texte de la Bible, dont il se sert et surtout celui des Évangiles <8 La .
lettre commence, nous le disions tout à l'heure, par un résumé de la vie du Sau-
autour de lui. après l'avoir suivi douze ans, pour en recevoir la révélation du grand mystère de
lumière II Jeu 4i; op. cit., p. 30»j. 3 ss.'. Cf. ce que rapporte S. Irènée au sujet des Valentiniens:
Kal TOÙ; >.o'.-o-J; ôî/.aoxTw aîûvi; savîoov'jOat oii rwv (lîtà tï;v ix vîxpwv â/âo-iaff'.v Oï-/.«!)XTto
(ir.Ti AÉvi'.v ô'.aTETp'.îÉvai avTOv a-yj xoT; u.a6r,TaT; Adv. Haeres. I 3, 2, •. et des Ophites « re- :
moratum autem eum post resurrectionem XVIII mensibus et sensibilitale in eum descendante
didicisse quod liquidum est: et paucoa es discipulis suis, quos sciebat capaces lantorum myste-
riorum. docuit liaec [Adv. Haeres. I 30. 14\ »
(."> CI. C. ScHMiDT. Gesprûche Jes'j..... p. 203 s.
(6 Cf. Justin. I ApoL ii~, 8: Clésient d'Alexandrie, ap, Ecsebe. H. E. u, \i. .
(" La forme littéraire du dialogue n'est évidemment pas particulière aux gnostiques, encore
qu'on la retrouve dans les ouvrages rappelés tout à l'heure, et dans d'autres comme les srandes
et les petites questions de Marie, signalées par S. Epipiiane Haeres. xsvi. 8. M. s, note avec raison
les ressemblances de détail qui existent entre la lettre des apôtres et le Pasteur d'Hermas Get-
prâche Jesu... p. 207 s. Ce qui est caractéristique de la méthode gnostique, c'est l'entretien avec
.
le Christ ressuscité. Les écrivains de la grande église imitent volontiers la discrétion des év.m-
gélistes sur la période de vie glorieuse du Sauveur.
(8} En dehors des citations proprement dites, le style de la lettre est tout entier imprégné de
réminiscences évangéliques. L'Évangile de saint Jean surtout est très familier à notre auleur
qui lui emprunte un grand nombre d'expressions habituelles.
REVCE BIBLIQUE 1921. — T. XXX. 8
114 REVUE BIBLIQUE.
veur. La plupart des traits qui constituent ce résumé sont empruntés aux textes
canoniques : saint Jean et les synoptiques sont également utilisés, et l'on pourrait
frères de Jésus figurent parmi les invités des noces de Cana 5 J6^; cf. Joan. ii, 2 ;
Jésus est enseveli dans le lieu appelé Kranion \id. 3 . On peut admettre que ces
modilicatioDS apportées aux données évangéliques ne supposent pas d'autres textes
que les nôtres, et qu'elles sont le fait d'un auteur peu soucieux d'une exactitude
entière.
Deux récits méritent de retenir davantage l'attention : celui de l'enfant Jésus
à l'école (4 1-3' , et celui de la Résurrection 9 [20] ss. . Le premier, étranger aux
évangiles canoniques, nous est bien connu par la littérature apocryphe : le texte
que nous lisons ici est à peu près exactement le même que celui du Pseudo-Mat-
thieu XX.XVIII 4 . Ou sait d'autre part par saint Irénée que les Marcosiens racon-
taient une histoire analogue qui devait être contenue dans un de leurs livres '5) et le
caractère étrange de cette anecdote, la faveur rencontrée par elle dans les milieux
guostiques, ne sont pas choses faites pour inspirer grande conQance à Fécrivain qui
la reçoit au même titre que les faits les mieux attestés dans les Evangiles canoniques.
Le récit de la Résurrection, plus détaillé, a retenu déjà l'attention de plusieurs
savants, depuis que M. S. l'a publié ,à part en 1895. 11 commence par raconter
l'arrivée des saintes femmes auprès du tombeau vide. Les femmes sont au nombre
de trois: dans les manuscrits éthiopiens, elles portent les noms de Sara, Marthe et
Marie-, le copte remplace Sara par Marie. Jésus leur apparaît et envoie Marie annon-
cer la résurrection aux Apôtres. Ceux-ci restant incrédules, Jésus leur expédie Sara.
11 va enfin lui-même rejoindre les disciples, toujours sceptiques; et pour les con-
vaincre, demande à Pierre de mettre sa main dans le trou de ses mains; à Thomas,
de mettre sa main dans son côté; à André de regarder si ses pieds foulent la terre
y a des traces de pas: car. ajoute-t-il, il est écrit dans le prophète que
et. s'il les fan-
tômes, les démons, ne laissent pas de traces sur la terre. On voit tout de suite les
particularités de cette histoire. Et d'abord les noms des femmes. Le nom de Sara, J
"
qu'on ne trouve nulle part dans le ?s. T., peut bien être une invention du traducteur
éthiopien ou une faute de lecture de la part d'un copiste le texte copte semble ;
(1) s. p. i-26 exclut l'utilisation tle ïatien par notre auteur, parce «lu'il fixe pour
iGvsprâche...
»elui-ciune date antérieure à 1"0, et parce que l'ordre de la narration n'est pas le même dans
les deux cas. De fait, on ne peut prouver avec certitude l'emploi d'une harmonie.
[i Le nom d'Archelaiis ne ûgure dans l'Evangile que Malllt. n, i.i. Dans l'ouvrage intitulé Aaa-
phore de Ptlate TiscuENDOr.F, Evangelia apocrypha p. 431», 4M) Arclielaiis parait à côté de ses
"'.
deux frères Hérode et Philiiipe et des grands prêtres Anne et Caïplie parmi ceux qui ont livre
Jésus prisonnier à Pilatc.
(3) Dans les Évangiles, le Calvaire (ô
),î.yÔja6vo; xpavi'oj to-o;) est le lieu de la crucifixion
{Matth. XXVII. s^i;Mc. xv, -2-2: Le. xxiii, 33; Joan. xix, 17 Jean six, U remarque qu'à l'endroit où
.
(6; A. BAiMSTiKk : Aile und Seue Spuren eines ausserkanonischen Evantjelium [vielleichl Ayyp-
RECENSIONS llo
meutation savante n'a pas convaincu M. S. qui se refuse à admettre l'emploi par
îauteinr de ÏEpistola d'autresdocuments que des livres canoniques et peut- 1 :
être en effet n'est-elle pas décisive. Mais il faut du moins noter que Marthe se
retrouve avec Marie dans Testoinentum ,Doinini publié en 1899 par M?'' Rah-
le
niûni 2 , et surtout qu'elle figure dans la PistU Sophia, parmi les interlocutrices
(lu Sauveur ressuscité 3 . Quant à Marie, on sait la place qu'elle tient dans les
livres gnostiques; elle n'est pas seulement le personnage principal dans la Pistis
Non moins remarquables que les noms des myrophores sont ceux des trois
Apôires qui rendent témoignage de la résurrection. La scène est sans doute imitée
du quatrième Evangile Joan. x\, 2(î ss. avec la préoccupation apolo^^éiique d'as-,
17. Ces deu.K explications ne sont pas satisfaisantes. On songerait plutôt au passage
de l'Évangile des Hébreux rappelé par saint Ignace d'Antioche Xioi-.i, ^r.Xaçrj^a- :
~i ;a.5. y.yX l'osTi. oti oj/. iI^l': ox'.aov.ov à^oioaTov G OU mieux encore aux reflexious ;
des Actes de Jean : ioouXo|xr,v ôl -lÀXa/.'.; c-jv aijToi [iaoî^wv tyvo; «Ùtou Ïtù. t^ç •/r]:
'.oiï\ V. tpxfvata'-; Iojo'jjv yxs ajTÔv k-o tt"; -^r^ç sauTov i-ai'çovTx /.x'ï o'jos't.otî îToov '7j.
terevangeliums), dans la Zeitschrifl fur aeutestamenlliche Wissenschaft 1913, H. 3, pp. 232 ss.
— Cf. A. BvcMSTARK, Hippolytos und die ausserkanonische Euangelienquelle des àthiopischen
ir-iUkui-Testaments. dans la Zeitsclirift fâr neuteslamentliche Wissenschaft, l!)l J. H. i, pp. 332 ss.
1 C. ScnMiDT, Gespriiche Jesu.... p. 234 ss.
2 T'Slamentum Domini i, 16 Tune Martha, Maria, et Saloine, quae nobiscum erant respon-
:
deruui dicentes Sa'ne. domine noster, edoce nos, ut scianius quid taciendum sit. ut llbi vivant
:
aniniae nostrae.
3 Pistis Sophia 'iS: Kopt. gnost. Schrift. p. 38, I" ss. id. 57, p. 72, 1. etc. :
(i Pislis Sophia 96: Kopt. gnost. .Schrift. p. Ii8, 2"» « Marie-Madeleine et Jean le Vierge
:
koptischer Sprache aus dem Codex BriKianiis T. U. viii. 1\ Leipzig, 18!>2, p. 449 ss.
(6)Ignace, £>. ad Smyrn, III, I, 2.
7; Act. loan. 93 ;éd. Bosnet, 1898: p. 197'. Ce rapprochement est indiiiué par S., Gesprâche
Jesu... |). 211. On signalera encore d'autres ressemblances entre les Actes de Jean et la lettre des
apôtres.
(8) D'autres agrapha sont à relever dans la lettre des apôtres c. 33 44) : . Il ;Paul; parviendra :
rapidement à la foi, afin que soit accomplie la parole du prophète qui dit : voici que de la
(erre de Syrie je commencerai à appeler la Jérusalem nouvelle, et je soumeUrai Sion à moi :
elle qui) était captive, stérile, sans fils, elle deviendra féconde) en lils, et sera appelée lille de
mon Père: et pour moi elle sera mon épouse. Le passage qui se rapproche le plus de celui-ci
est Is. u\, 1 cf. Gai. iv, •ii-27; // Clern. ii 1 s.). Ailleurs, c. 49 ,00) : « Lorsque lu entends une
parole contre ton frère, ne la crois pas; ne médis pas, n'aime pas à écouter la médisance, car
il est ainsi écrit : Ne prête pas l'oreille contre ton frère >, mais, si tu le vois lual faire)
•
reprends-le. corrige-le, convertis-le. M. Guerrier rappelle à ce propos Eccli. vn, 12; s. pense
'•
H6 REVUE BIBLIQUE.
C'est à l'emploi par notre écrivain de documents étrangers au canon que se rat-
tache problème posé par
le la liste des Apôtres au début de la lettre. Celte liste
comprend onze noms, dont le premier est celui de Jean, et le dernier celui de
Céphas. Pierre y figure au o" rang après Thomas; Nathanaël s'y trouve également ;
enfin Jude y est mentionné avec le surnom de Zélote. L'intention est manifestement
de rehausser la personnalité de Jean, et ceci nous ramène encore aux gnostiques,
dont on sait la nous ne connaissons
prédilection pour l'Apôtre bien-aimé. Du reste,
aucune liste d'Apôtres qui soit identique à celle-ci rapproche le plus : celle qui s'en
naël, Thomas, Céphas, Barthélémy (1). Ici comme là, Jean occupe le premier
rang-, Pierre est distingué de Céphas, et JNathanaèl prend rang parmi les Apôtres.
On retrouve séparément l'une ou l'autre de ces particularités : ainsi Jean est men-
tionné le premier dans une liste, d'ailleurs incomplète, de l'Évangile des Ébionites,
citée par saint Epiphane (2 Une liste de l'anaphore des Apôtres (liturgie éthio-
.
pienne des Jacobites d'Abyssinie) met le nom de Nathanaël parmi ceux des Douze (3 .
M. Baumstark, en s'appuyant surtout sur les ressemblances de notre liste avec celle
de la Constitution apostolique égyptienne, et sur le fait que Clément d'Alexandrie
distingue lui aussi Céphas de Pierre cru pouvoir y trouver une nouvelle preuve
(4), a
de la lettre des Apôtres reposent exclusivement sur un emploi assez libre des écrits
de l'Ancien et du Nouveau Testaments. C'est en ce sens qu'il explique encore les
deux prophéties placées sur les lèvres de Jésus relativement à l'emprisonnement de
saint Pierre (15 [26] ) et à la conversion de saint Paul (33 [4-J] ). Les récits des Actes
servent en effet de point de départ à ces deux prophéties. Bien que Pierre ne soit
pas nommé dans la première, on ne saurait hésiter à le reconnaître dans cet Apôtre
qui sera mis en prison à cause du propre nom de Jésus et qui sera miraculeuse-
ment délivré (cf. Act. Ap. xii, 3 ss.). Mais on s'étonne de la liberté prise vis-à-vis
de ces récits : la délivrance de Pierre n'est que momentanée : après avoir célébré,
avec ses compagnons, la coramémoraison de la mort du Sauveur, il est repris au
à Hermas, Mand. ii, 2; Ttpâixov [aèv [j.r,o£vo; xaïa/âXei [jLr,03 fioéto; àxouî xaTa/aAoûvTo; p. i>i-2 s.),
ÉPiPUANE. Ilaer.. xxx, iS 7cap£p/_6(ji£vo; Tiapà Tt)y >,c(jiv7îv TiêspiàSo;, £çè).e;(i(j.rjV 'Iwivvriv
(2) : -/.ai
lâxwêov uloùç ZeStùCLio-j, xal lt|i.c>>vx xal 'AvopÉav xal Oaociaîov y.ai Iîjjlwvx tov Zrj/.wTrjv v.aù
le cercueil de la Vierge, pour les mêmes raisons (Cf. A. \Vilmai!t et E. Tisserant, l. cit., p. 348 ss.).
Ou retrouve dans ces textes probablement égy|)tiens et gnostiques la marque d'une préémi-
nence accordée à Jean, l'apotre vierge.
RECENSIONS. 117
chant du coq et remis en prison jusqu'à ce qu'il en sorte pour prêcher. Quoique
ies anciens auteurs n'aient pas eu pour le texte sacré le minutieux respect qui sera
de règle plus tard; quoique dans saint Justin en particulier les Évangiles soient
cités sans grands égards pour la lettre des formules, on n'est pas habitué à trouver
dans la grande Église un pareil sans-gêne. La lettre des Apôtres a dû être rédigée
ilune époque où tous les livres du Nouveau Testament étaient écrits, et avaient
reçu droit de cité dans les communautés chrétiennes mais elle a dû aussi être ;
rédigée dans un milieu ou ces mêmes livres n'étaient pas regardés comme une
autorité unique et décisive.
On semble attacher une grande importance à l'emploi, par notre auteur, des
prophéties de l'Ancien Testament, citées avec la formule traditionnelle afin que :
soit accomplie la prophétie (cf. 19 '30\ avec une citation du Ps. m 1-8; 35 [46 ,
avec une citation qui combine Ps. xiii, 3 et Ps. xlix. 18, 20. 21; 47 '58', avec une
v 23 ?). « L'auteur de la lettre, écrit S., se montre
citation diliîcile à identitler. Is.
dans son estime pour l'A. T. un adversaire décidé des gnostiques '1). » Mieux que
personne pourtant. S. sait qu'il y aurait lieu de faire ici des distinctions. Si, parmi
les sectes gnostiques. plusieurs refusaient en effet de reconnaître l'autorité des
prophètes de l'A. T.. qui ne pouvaient être que les serviteurs du principe du
mal 2), d'autres estimaient leurs oracles et s'appuyaient sur eux comme sur des
paroles divines. Dans l'histoire de Pistis Sophia, le récit de ses tribulations se
«
complète par des hymnes qu'elle fait monter du chaos vers la lumière. Il y en a
treize que Jésus récite à ses disciples. Chaque fois qu'il en récite un, il invite celui
de ses disciples qui se sent inspiré d'en donner l'explication. Le plus souvent c'est
une des saintes femmes, Marie ou Salomé, quelquefois Pierre, André. Matthieu.
Philippe, qui prend la parole. L'interprétation de l'hymne de Pistis Sophia consiste
en la récitation d'un psaume de pénitence ou de supplication, parfois en une de
ces odes de Salomon dont on vient de retrouver la version syriaque... L'intention
de l'auteur gnostique n'est pas douteuse. En rapprochant ainsi l'hymne qu'il met
dans la bouche de l'héroïne de son récit d'un texte biblique, il pense lui conférer
L'hymne s'appuie sur l'autorité d'un texte sacré. Le simple lecteur
plus de prestige.
ne peut manquer d'être frappé de retrouver dans l'antique psaume les expressions
mêmes de l'hymne gnostique. Ce qui donne à l'autorité biblique sur laquelle ou
s'appuie encore plus de poids, c'est qu'on l'identifie avec l'inspiration de Jésus
lui-même. Les saintes femmes et les disciples ont soin de dire que c'est Jésus,...
sa nature divine qui a inspiré, sinon dicté le psaume qu'ils citent (3 . «
Si importante que soit la question des sources utilisées par l'auteur de la lettre
des Apôtres, elle cède pourtant le pas au problème de la doctrine qu'il professe.
Il semble que cette doctrine soit résumée en une courte formule de cinq articles,
dont les cinq pains du miracle de la multiplication constituent le symbole (4] « le :
p. o3«l ss.
i) On remarquera cette explication allégorique des cinq pains. Dans l'Évan.iîile de Barthélémy
I . Il, les douze oiseaux de boue faits par l'enfant Jésus ;cf. Ev. Thom. Il sont considérés
.omme le symbole des douze ap'Hres et de leur prédication à travers le monde. C'est tout à fait
te même procède.
118 REVUE BIBLIQUE.
7 [18] ). Gérinthe et Simon sont en eftet les faux apôtres dont il faut se garder, ceux
contre qui le livre a été écrit, afia que personne ne fasse société avec eux -,
les
regretter que leurs noms sont pour nous enveloppés du mystère de la légende.
Saint Justin est le plus ancien auteur qui nous parle de Simon; à saint Irénée
remonte ce que nous savons de plus clair sur Gérinthe. Mais déjà saint Justin et
saint Irénée connaissent bien peu de détails certains sur la personne et sur l'ensei-
gnement des deux grands ancêtres de l'hérésie; ils mêlent, dans leurs notices, l'his-
toire et la fiction: et les héréséologues postérieurs sont encore moins bien docu
mentes [2\ Dans la lettre des Apôtres. Simon et Gérinthe paraissent plutôt comme
des types, déjà légendaires, que comme des personnages vivants, des hérétiques en
chair et en os, dont la mauvaise doctrine constitue pour la foi véritable un imminent
péril : leur accouplement résulte du même procédé littéraire qui rapproche Démis
et Herraogèue dans les Acta Pculi, Simon et Gleobius dans la lettre apocryphe
de Paul aux Goriuthiens, Paul de Samosate et Artemas dans la littérature du qua-
trième siècle.
Les cinq articles (3 qui constituent le symbole de notre auteur ont une allure tout
à fait rassurante du point de vue de la plus stricte orthodoxie: ils peuvent être
empruntés une formule plus complète, et l'on n'a pas de mal à trouver, le long
à
de son oeuvre, une profession de foi aux vérités élémentaires que n'exprime pa>
ce résumé (4,. Riais un examen plus détaillé de la doctrine de la lettre ne lui est
pas aussi favorable. Dieu est le Père : le Père de toutes choses au sens cosmolo-
gique ;13 [2J] ), mais surtout le Père du Sauveur ressuscité. Jésus, parlant de lui,
dit : mou Père, le Père dans les cieux [18 [29] ); mon Père céleste (19 [30] [; le Père
qui m'a envoyé (13 [24] : 26 [37] : 39 [ôO] [ : il parle aussi du royaume du Père 19 [30] .
Les fidèles de leur côté sont les enf.mts du Père céleste [19 [30] ). Ils sont encore
les entants delà vie (28 [39;. ou les enfants de la lumière (39 [50], 28 [39]. Et c'est le
Père qui est la lumière et qui est la vie ,39 [.50 dans le texte copte , [5;. Il serait
i; Il ne faut pas, semble-t-il, presser sur cette expression, et la rapproclier de la grande Église
dont parle Celse ap. Okigène, Cont. Cels. v. oi». par opposition aux conventicules liérétiques. On
n'a texte est exact, qu'une formule honorilique.
ici, si le
(2 Gesprâctie Jesu... consacre à Cérinthe et aux Aloges un long excursus, p. W-l-io^. U
M. S..
conclut à l'existence d'un guostiquc du nom de Ccnntlie qui aurait exercé son action en Asie.
Mineure, mais il ne croit pas pouvoir en dire beaucoup plus long sur ce personnage. Toile est
aussi l'opinion de M. dt. Fxyp., GnostiQues et f/nosticisine. p. 411 ss.
i3) On trouve aussi un symijule en cinq articles dans le papyrus liturgique de Der-Iîalyzeli.
fol. 3 V. : ôjiciAOYôï Tf,v TiJiTTtv <^ O'jîw; > TTiiTTêOw cl? Be'ovTTavTotpiTOpa y.ai îl; t'ov jjiovoyevf;
aoToû \,l<j'/ Tûv x'jpiov f.ixwv 'Ir,(joOv XptffTov xa't £.; to tvsOijl* t6 •<[ aytov ]> /al £Î; rjxoy.ôz
àviurcLGi <C V xa'i >
àyia y.aOoXixr, £/.y,).r,!î:a. Cf. Th. Scuf.hmann, Der liturgise/ie Papyrus von
Der-Balyzeli. einr Abenduto/ilsliturgie des Oslermorgens. T. U. xxxvi, 1 b Leipzig. 1910. I.c :
syml)0le de la Constitution a|iostolique égyptienne a aussi les cinq articles: cf. F. X. FiiNu.
Die Symbolsiûcke in der âgyptischen Kirchenordnung und den Kanones Hij/polyls. dans Kir-
chengeschichtliche Abhandlungen und Unltrsucbungen, m, p. ir» s. Dans ces deux cas. la résui-
reciion de la cliair remplace la rémission des péchés.
(4) cf. S.. Gcsprûclte Jesu... p. 400 s.
(5) Le même langage se trouve employé à propos de Dieu dans les écrits gnosti(|ues de langue
copte. Jésus, en parlant de lui, l'appelle son Père Pistis Sophia. "5: Kopt. gnost. Schr. p. 108.
25, 32 130, ((/., p. -IH. etc.. il mentionne le royaume de son Père (Pislis Sophia, 37, id., p. 37.
:
•29; 45. id. p. '»?<. 3:2 etc.. 1 Jei' 43. id. p. i>!i. 31 et 33 I.es rachetés sont enfants de lumière
.
[Pistis Sophia. ii-2. id.. p. 79, 3U: 138. id., p. 23t), 53: 2 Jet' 43, id., p. 304, 3s et 39, etc..) Il est inutile
d'insister sur le rôle joué par la lumière dans les écrits gnostiques. D'ailleurs la présentation de
RECENSIONS. 1 19
qui brille, le Parlait venant du parlait: car le Fils est rendu parfait par le Père
i
l'qui est la lumière, car le parfait, c'est le père qui rend parlait, qui de la mort
Vollkommenheit. der Sohn wird durch dea Vater, das Licht, vollkommen
Und
werdcD. denn vollkommen ist der Vater. der den Tod und die Aut'erstehung volibringt,
— und eine Vollkommenheit, die vollkomraener ist als das Vollkommene. » Le texte
copte ne peut être ici de grand secours, car il est très mutilé; au plus peut-il
amener à préférer la version de ^^'ajnberg à celle de Guerrier. Un autre texte
n'éclaire pas davantage le problème de la nature du Père Je :
cf 'suis tout entier
dans le Père et le Père est en moi: car je suis) son image, je suis issu de sa
ressemblance, de sa puissance, de sa perfection, de sa lumière, je suis son Verbe
parfait 'I7Î28]) » [l), car les manuscrits éthiopiens ne sont pas d'accord sur ce passage,
dont le copte donne encore une leçon différente « Ich bin ganz in meinem Vater. :
und mein Vater ist in mir von wegen in Riicksicht auP der Ahnlichkeit der Ges-
talt u-oo^v und der Macht.^ und der Vollkommenheit und des Lichtes und der
vollkommenen Masses und der Stirame. Ich bin der Logos (Àoyoçi, ich bin ihm
geworden ein etwas eine Sache)... S., Ges'prache Jesu... p. 59 >. II est facile de
remarquer, à propos de ces deux exemples, que le texte éthiopien a dû subir des
remaniements destinés à de la lettre pouvait avoir
corriger ce que la doctrine
d'insolite ou d'étrange. donc sage de ne pas lui accorder uue confiance
Il sera
illimitée, lorsqu'il n'est pas appuyé par le témoignage du copte 2 .
On a noté d'ailleurs que c'est bien moins à propos du Père qu'à propos de Jésus
que nos textes sont obscurs et incertains. Le Père n'occupe dans la lettre des
Apôtres qu'une place restreinte, et c'est Jésus qui apparaît au premier rang, non
seulement comme le principal interlocuteur du dialogue, mais comme le consom-
mateur et le Sauveur de toutes choses. Par rapport à ses disciples, Jésus est le
Seigneur; il est aussi le Sauveur. Par rapport à son Père, il est le Fils de Dieu
(30[41], 39[.j0^. Dès le début, les Apôtres le proclament : « Voici ce que nous
savons : >'otre Seigneur et notre Sauveur (est; Jésus-Christ. Dieu. Fils de Dieu, qui
a été envoyé par Dieu le maître du monde entier, l'auteur et le créateur (de toutes
choses), qui est nommé de tous les noms '3), qui est au-dessus de toutes les puis-
sances (4'», le Seigneur des Seigneurs, le roi des rois, le puissant des puissants, le
céleste qui 'siège au-dessus des Chérubins et des Séraphins, qui est assis à la droite
du trône du Père, qui par sa parole a commandé aux cieux. qui a créé la terre et
ce qui est en elle, qui a fixé à la mer des limites pour quelle ne les dépasse pas.
qui (a créé) les abîmes et les sources afin qu'elles jaillissent et coulent sur la terre;
Dieu comme l'Jniière fait partie aussi bien de l'authentique tradition clirélienue que du voca-
bulaire des religions à mystères. Cf. G. P. ^VETiEn Phôs (?w:, eine Unteiswhung ûber he.Ue
: ;
rnstisrhe Frommigkcil: zv.gleich eine Beilrage zi'.m Verstândnis des ilanichâismus : Uppsala UD'l
Leipzig. 1015.
vil Tiad. Gcni\r.iF.r., p. [Gb].
;2' Gespniche Jesu.... p. i">0.
(3; Guerrier traduit ici dont le nom est prononcé par tous les élres.
:
4} Cf. Acta .Joannis: éd. Bon>ft, p. 20-2, 25 s. 0EÔv Tricrr.; iÇo-jaia: àvwîîpov y.al -rinr,-
:
0-..va;jiî<04 xaî àvyf>(,)v TiâvTWv y.ai y.ri'îîwv /îyou.ï'vw/ za": a'.wvtov ô).wv TtpS'JojTîpov xal Itv'jsô-
T£SOV.
120 REVUE BIBLIQUE.
qui a fait le jour et la nuit, le soleil et la lune, les étoiles dans le ciel, etc... ;i), qui
avec les anciens patriarches et les prophètes s'est entretenu en paraboles et en vérité,
luique les Apôtres ont prêché, que les disciples ont touché (3 [14] ). » On voudrait
seulement savoir, en lisant ceci, à qui est attribuée l'œuvre de la création, à Dieu ou
au Sauveur, car le texte éthiopien est ici loin d'être clair. S. cependant n'hésite pas,
dans son oomnoentaire, à voir dans tout ce passage une description des propriétés et
de l'action du Fils de Dieu (2; s'il est certain que c'est lui en effet qui est assis à la
:
droite du trône du Père, et vraisenoblable que c'est lui qui a parlé avec les anciens
patriarches et les prophètes (3), il est beaucoup plus douteux que l'œuvre de la
création lui soit vraiment donnée, et l'on estimera plus prudent de ne pas vouloir
démêler cette inextricable confusion.
Jésus est le Logos dès avant l'incarnation (3 [14] ] ; il est le Verbe parfait du Père
(17 [28] . « Je suis tout entier dans le Je
Père, dit-il, et le Père est en moi (^4)...
quelque chose... (la pensée) achevée dans le type (-û-o;); je suis devenu dans
(1") ogdoade, qui est la /.jç.ia.-/.-/; (5). » Il paraît bien difficile de tirer quelque chose
V oyÔGâôi, 7] -/.up'.axT) (jvou.â^$Tat, ::a&à ttJ ;-Li^j~pt â/ôvrwv xàç iuya;, xà IvoJjxaTX, S.yjii
auvTSÀstaç, at Ôè aXXai -tara'i ij/uyat. -api tw ÔT,[jiio'JpYw, jrep\ 8è ttjv TJVTÉÀsiav ivay^wpovjst
xaî aOiat etç oySoàJa. EtT« xb ostnvov twv yàixtov xotvbv jtdvxwv "wv aïo^oasvcov a/piç av
2-t<jto6^ navra xa\ (xXXr;Xa yvwpîor, (6). M. S. pense que « lorsque Théodote identifie
son ogdoade avec la zjptaxT), il s'empare simplement d'une vieille expression chré-
tienne; l'ogdoade ne devient spécifiquement gnostique que parce qu'il en fait la
(21 [32] qui lui a donné la puissance (19 [30]). Mais c'est un étrange récit de l'in-
'
carnation que nous trouvons ici « Voici ce que notre Seigneur) nous a révélé,
:
tel qu'il nous l'a dit. Lorsque je viens de vers le Père tout-puissant, alors que je
traverse les cieux, alors que je suis revêtu de la Sagesse du Père et de sa force,
(alors que) je suis vêtu de sa propre puissance, je suis semblable) aux êtres célestes,
aux anges, aux archanges: alors que je traverse (les cieux) sous leur aspect, (alors
je suis) comme l'un d'eux, (alors que) je traverse les Fonctions, les Puissances, les
Lichtkralt hat einst daiùber prophezeit durcli den Propheten David...: cf. i<i. 36, p. 36, 24 s.;
id. 46, p. ol, 26. Au chap. 17, la force qui se trouvait dans le prophète Isaïe, a ainsi prophétisé
et annoncé par une parabole («apaêo).^) spirituelle (Ttve-jfjiaTtxo:], p. 1(>. 3» ss. cf. Acta Joan. ;
112, éd. BoxsET p. 211, 2 ô ÔEiÇaç êauTov Sià to-j vôjio'j xai xwv Ttpoçr.Twv 6 [xyj Tip£[X7)<Taç
:
TTwitOTE, à)./.à m
(Tto^wv àtô xaTaêo/.r,; x6ff(iO-j to'j; Sova|JL£vovç atoôïjvai.
de cette formule se trouve dans les Acta Joannis
(4) Cf. Joan. XIV, 10. L'équivalent exact
1(0; éd. BoNXET, p. 201, Il yl-iu^mi.t y*? (J-£ ciXov îtapà tio Ttatpî xai t&v TraTÉpa Ttap'èixoî.
:
(5) Voici la traduction allemande de S. : « Ich bin der Logos; ich bin ihm geworden ein Etwas
(eine Saches d. h... <der Gedanke>, vollendet im Typus: icii bin geworden in <der> .4clit-
Dominatious. alors que je possède la mesure de la sagesse du Père qui m'a euvoye:
les archaa^es Michel. Gabriel, Uriel Raphaël m'ont suivi jusqu'au cinquième fir-
et
iiiament. puisque je ressemblais à l'un d'eux, car une telle puissance m'avait été
donnée par le Père. Mais ensuite, jai épouvanté les archanges par ma parole. >n
leur disant, qu'ils aillent vers l'autel du Père, et qu'ils servent le Père à leur
manière, jusqu'à ce que je revienne (vers lui . J'ai fait ainsi, selon sa propre
sagesse, car moi-même je serai toujours avec eux selon le désir de la miséricorde
du Père et la gloire de celui qui m'a envoyé. Car lorsque j'ai eu fini, je suis
revenu vers lui. Saviez-vous (lue l'ange Gabriel est venu, qu'il a annonce à Alarie?
— Nous lui dîmes : Oui, Seigneur. — Il répondit et nous dit ; Xe vous souvenez-
vous pas que jadis je vous ai dit que pour les anges, j'étais comme un ange? —
Xous lui dîmes Oui, Seigneur. : — Il nous dit : Alors sous l'apparence de l'ar-
gnostiques de saint Irenée « descendisse autem eum se. Christum} per septeiu
:
caelos assimilatum ûliis eorum dicunt. et sensim eorum évacuasse virtutem 3). »
C'est surtout avec la Pistis Sophia que le parallélisme est frappant, o Lorsque je
me suis révélé au monde, je vins au milieu des archontes de la sphère, et j'avais
l'apparence de Gabriel, l'ange des éons; et les archontes des éons ne m'ont pas
reconnu, mais ils (4)... Jésus prit de nouveau
pensaient que j'étais l'ange Gabriel
la parole et dit : Il du premier mystère je jetai un
arriva ensuite, sur l'ordre
regard vers le monde de Ihumanite. et trouvai Marie qui est nommée ma mère
selon le corps matériel. Je parlai avec elle, dans l'apparence de Gabriel ... et je mis .-
en elle la première force que j'avais prise de Barbelo, c'est-à-dire le corps que
j'avais porté dans les hauteurs; puis, à la place de l'âme, je mis en elle la force que
j'avais prise du grand Sabaoth 5 . » Il est vrai qu'une histoire analogue se rencontre
aussi dans l'Ascension d'Isaïe. mais ce n'est pas une très forte recommandation en
sa faveur, car cet apocryphe est sinon gnostique, du moins teinté de gnosticisme 6 .
i iRF.XKE, Adv. Haeres. i. iî, 3: cf. Hippolyte, Refut. vi, 10, G, éd. Wendland. p. 117. ss. I
Kpiphane. Uaer. xsr, fJ. 4: éd. Holl. p. iS'iO, 3 ss. Teutullien. De aainia 3i. :
3 Iréxee, Adv. Haeres. i. 30. 1-2. On peut citer encore les doctrines analogues chez Apelle,
F>i. Tep.tilmen. Adv. 'omn. haeres. 6: et chez les Basilidiens. Ikenee, Adv. Haeres. i, 24, 5, 6.
tant est qu'elle soit complètement reodue dans les anathémati?mes qui nous en oiu
conservé le souvenir '2\, reste bien différente des récils de la lettre des Apôtres.
Au reste, certains détails de ces récits sont peut-être particulièrement significatifs.
pensée du salut des nations (4). Le rire de Marie marque son acceptation, alors le
« Ipse se sibi filium fecit (5;. « Mais il faisait aussitôt observer que d'ailleurs la
« Le Seigneur, du Seigneur, nous croyons (qu'il esH le Verbe, qui est devenu
fils
chair, de la Sainte Vierge Marie, (qui) a été porté dans son sein, conçu du Saint-
Esprit; (que) ce n'est pas parla concupiscence de la chair^ mais par la volonté du
(1 JnsTixiKN, Ep. ad Mrnam, anatli. 4 JIansi ix. iJS: cf. Syn. Constant. :>^. anath. vu. ap. Haiin
:
der vor dem Slorgenanzeiger geboren is'. der Mitscliopfer des .\lles, der Uildner der Mensclien.
der in aliem ailes (gewordene), in den l'atriarchen Patriarch, im Geselz Gesetz. in dcn Priester
Hoher priester. in den Konigen oberster Fitrst. in den Proplieten Prophet. in den Engelii
Engel. in den Mensclien Mensch, in Vater Solin. in Gott Golt. in Ewigkeit Konig. Cl. Paili> i>!
XoLE. Ep. 38, G. S. E. ].. XXIX, 327: AinEr.ANMs, aji. Pitha Bibl. Patr. xu. p. 3ft yui in patriarcliis :
js [2<t\ 13 [2i]. 29 [40] % i.a distinction est partout très nette entre les deux personnes.
(.7) Pistis Sophia, G2: Kopt. gnost. Schr.. p. 80.2!» ss. Gt. Gesprache Jesiup. 28'».
(8; Pistis Sophia G: Kopt. gnost. .^chr.. p. 28: id.. p. 6, 7: 10. p. 12. 18 etc..
.'>.
RECENSIONS. 123
Seigneur (1 Hii^l '' ^^^ engendré, qu'il a été envelojjpé de !an;:es à Belhleliem. s'est
manifesté, (qu'; il a été élevé, et agrandi, alors que nous voyions ces choses 3 14' 2'. y
Manifestement, ce n'est pas là une cliristoiogie docète. Tous les traits sont groupés
pour montrer la réalité de la ciiair de Jésus: et cette préoccupation se manifeste dans
l'ouvrage entier. Jésus est le Verbe devenu chair (3 J4], 39 [50] il est vraiment res- :
suscité corporellement (12 '23^ il a revêtu la propre chair des hommes dans laquelle
:
il a été engendré, il a été tué, il a été enseveli et il a été ressuscité par son Père
céleste (Ifl 30] . " Bien que je ne sois pas engendré par un homme, dit-il, je suis né,
et bien que je n'aie pas de corps, j'ai revêtu un corps et j'ai grandi (21 32' . L'impor-
tance donnée aux récits de sa vie mortelle, la narration détaillée de ses miracles,
l'histoire de la résurrection et de l'épreuve faitepar les trois apôtres qui en sont
constitués les témoins, autant do traits qui montrent l'intérêt de notre écrivain à
prouver la vérité de l'iocarnation. Mais il ne semble pas que son but soit exclusive-
ment, ni même principalement celui-là. il n'a pas. comme saint Ignace d'Aniioche.
par e.\emple, la haniise du docétisme. D'autre part, c'est un lieu commun de parler
du docétisme des gnostiques, et la plupart d'entre eux, en effet, ont nié la réalité de
la chair du Christ (3\ Mais ils ne pouvaient pas faire abstraction des récits évangé-
]iques ni s'empêcher de parler du corps du Sauveur. Un passage de la Pistis Soplthi
est très caractéristique : « Je n'ai rien apporté dans le monde lorsque je vins,
explique Jésus aux Apôtres, en dehors de ce feu. de cette eau, de ce vin et de ce
sang... Le feu, l'eau et le vin sont pourdu monde.
la purification de tous les péchés
Le sang était pour moi en signe, à cause du corps humain que j'ai reçu dans le lieu
de Barbelos, la grande force du Dieu invisible... Aussi vous ai-je dit Je suis venu :
jeter le feu sur la terre, c'est-à-dire, je suis venu purifier avec le feu les péchés du
monde entier. Aussi ai-je dit à la Samaritaine Si tu savais le don de Dieu et qui :
l'eau vive: et il y aurait en toi une source jaillissante pour la vie éternelle. Aussi
ai-je pris une coupe de .vin, je l'ai benie, je vous l'ai donnée et j'ai dit C'est le :
sang de l'alliance qui sera répandu pour vous en rémission de vos péchés. Aussi
a-t-on enfoncé la lance dans mon côié, et il en est sorti du sang et de l'eau. Ce sont
là les mystères de la lumière qui pardonnent les péchés: c'est-à-dire les appelIation^
et les noms de la lumière 4i. » Ce texte mélange de manière curieuse les spécula-
tions gnostiques et l'histoire évangélique, les théories docètes et les formules anti-
docetes : n'en est-il pas de même dans l'interprétation symbolique que propose la
que se termine la lettre des Apôtres : o Tandis qu'il disait cela, il acheva de s'en-
tretenir avec nous, et nous dit encore : " Voici que dans trois jours et trois heures
viendra celui qui m'a envoyé, afin que j'aille avec lui. l^t comme il parlait, survinrent
le tonnerre, des éclairs, un tremblement de terre; les cieux se déchirèrent et vint une
ii; Cf. Joan. I, 13. I.a manifeslalion de Jésus dont il est ensuite question peut être une
allusion à radoration des bergers, Le. ii. 1-ï *;?. (.'ç>{ ans?! I.\ ii. vu. :'>2. i|iii nous renseigne sur
la croissance de Jésus.
{,•2/ ïrad. GiEni-.iEn. p. [."«O].
(3; C. ScHMiDT. Gnostische Schriften in koiilischer Sprachc, p. i-H ss.
(4 Pistis Soijhia. l'<l Kopl. gnost. Sefo:. p. 242, 18 ss.
:
disait Pietournez en pai.x (5t [62] ) (1). » Les données traditionnelles sont ici traitées
:
avec la plus grande liberté on ne sait si les trois jours et les trois heures dont il
:
en marque le point de départ à sa mort sur la croix. Les cieux qui se déchirent ont
leur pendant dans l'Évangile de Pierre à propos de la résurrection .2); la nuée lumi-
neuse rappelle celle de la transfiguration {Matth. xvii, 5}. Mais le parallélisme le
plus exact est encore à chercher dans les ouvrages gnostiques : « Il arriva, raconte
la Pistis Sophia, lorsque cette force lumineuse i — Sûvaai?^ fut descendue sur Jésus,
elle l'entoura tout entièrement. Alors Jésus vola dans les hauteurs, tandis qu'il était
devenu très brillant dans une lumière immense. Les disciples le regardaient, et
aucun d'eux ne lui parla jusqu'à ce qu'il fût arrivé au ciel, mais tousse tinrent dans
un grand silence. Cela arriva le 15« de la lune, au jour où elle est pleine dans le
mois de Tybi. Il arriva alors, lorsque Jésus fut parvenu au ciel, après trois heures,
toutes les forces du ciel se troublèrent, et s'agitèrent l'une contre l'autre, elles et
tous leurs éous (aîàivsç) et tous leurs lieux (t6-o;) et tous leurs ordres (Tx?£tç% et
toute la terre s'agita et tous ceux qui habitent sur elle. Et tous les hommes qui sont
dans le monde se troublèrent, même les disciples, et tous pensèrent : Peut-être le
monde s'est-il enroulé 3 . » Ici. comme dans la lettre, on retrouve la grande lumière
qui enveloppe Jésus, le trouble et l'agitation cosmiques, et même la mention de la
troisième heure.
Si le Verbe s'est fait chair et s'il a vécu parmi les hommes, c'est sans doute pour
les sauver. Jésus est essentiellement le Sauveur (5 [16], 6 [17], 12 [23] etc..) : ce titre est
contenu dans les cinq articles essentiels du symbole, ce qui suffirait déjà à marquer
sou importance aux yeux de l'auteur de la lettre des Apôtres. Mais le sens profond
de ce mot n'est nulle part expliqué. « Il est question plusieurs fois de la mort du
Christ, soit que les apôtres en parlent 9 [20] }. soit que Jésus lui-même rappelle qu'il
est né. qu'il a été tué (18 [29], 19 [30]\ mais jamais une vertu rédemptrice n'est
attribuée à cette mort, car on ne peut voir dans le rapprochement de la crucifixion et
du salut tel qu'il est donné (19 [30] ) même une allusion à la vertu rédemptrice de la
mort de Jésus. Les apôtres disent bien à leur Maître qu'il les a sauvés (19 [30], 20 [31],
40 [.j1] ). mais quel est le salut qu'il leur a donné, et comment a-t-il été opéré, c'est
ce qu'ils ne disent pas 4). oïl faut cependant essayer d'apporter quelques précisions,
et chercher à connaître la nature du salut d'après la lettre des Apôtres.
Le dernier terme du salut, c'est la lumière et la vie : « Eu vérité, je vous dis que
j'ai reçu toute puissance de la part de mon Père, afin que ceux qui sont dans les
ténèbres, je les conduise dans la lumière; et ceux qui sont dans la corruption,
dans l'incorruptiou; et ceux qui sont dans l'erreur, dans la vérité: et ceux qui sont
dans la mort, dans la vie; alio que ceux qui sont en prison, soient délivrés. Ce qui
est impossible à l'homme, est possible au Père : Je suis l'espérance des désespérés,
l'auxiliateur de ceux qui n'ont pas d'auxiliateur, la richesse des indigents, le méde-
cin des malades, la résurrection des morts (21 "32] . » Ces oppositions sont d'nnf
littérature un peu facile t . Mais ailleurs i28 39" ), nous apprenons que c'est dacs
les cieux que se consomme le repos (2 . la vie éternelle des elus: et la description df
ce repos est faite en ces termes : « Ayez confia née et ayez foi : en vérité je vous
le dis, y aura pour vous un tel repos, dans lequel il n'y aura plus (la nécessité de,
il
fants de la vie (28 ]39] ). enfants du royaume (29 ]40] ]. enfants de la lumière 39 [50] ;.
Pour être sauvé, il faut croire à la doctrine de Jésus, telle qu'il l'a enseignée, et
telle qu'après lui renseignent les Apôtres. Après avoir rappelé le résumé de leur foi.
les Apôtres ajoutent ; « C'est cela que nous a révélé notre Seigueur et notre Sau-
veur, et qu'il nous a montré: nous aussi nous faisons^ de même pour vous) ;ifin
que vous deveniez nos compagnons, par la grâce du Seigneur, (dansi notre minis-
tère et dans notre gloire, en vous occupant de la vie éternelle. Soyez fermes, sans
chanceler, dans la science et la connaissance de Xotre-Seigneur Jésus-Christ, Qu'il
(vous) soit clément et qu'il (vous' sauve, pour toujours, dans les siècles des siècles,
sans fin. Car, quant à Cérinthe et Simon, ils iront afin de parcourir le monde.
Ceux-ci sont vraiment les adversaires du Sei2neur Jésus-Clirist. eux qui détourne-
ront réellement ceux qui croyaient au Verbe véritable et à ses œuvres, c'est-à-dire à
Jésus-Christ. Faites donc attention et gardez-vous d'eux, car par eux; surviendront
l'affliction, rimpureté. la mort, la lin de la perdition et la damnation 6-7 [17-18] i4). » ;
Mais il ne suffit pas de croire. Il faut encore agir selon sa croyance. « A celui qui
croit en moi, mais n'accomplit pas mon commandement, la toi en mon nom ne lui
servira pas 27 ]38] » Et voici le commandement nouveau que Jésus donne
. au\
siens :« Que vous vous aimiez les uns les autres, que vous soyez soumis les uns
aux autres, que toujours la paix soit au milieu de vous. Aimez vos ennemis, et ce
que vous ne voulez pas qu'on vous fasse, vous-mêmes non plus ne le faites pas à un
autre; ce que vous voulez qu'on vous fasse, faites-le aux autres 18 29] . 5 . • A
plusieurs reprises, le Sauveur indique même dans le détail les vertus qu'il entend
voir pratiquer par ses fidèles et la conduite (lu'il exige de ceux qui veulent entrer
dans le royaume de lumière 26 ]37:; 3S [49"; 47 .58]; 48 s. ]59 s." . On est étonné
d'abord de ce moralisme qui s'inspire u:ii]uemeut des préceptes évangéliques, et
(l)Sur l'usage d'un pareil procédé liuéraire dans les écrits gaostiques de langue copte, et parti-
culièrement dans la Pistis Sophia, on peut lire quelques pages sévères et exactes de E. de Fayk,
Gnostiqueset gnosticisme. p. i" ss.
(2) Le repos (âvàTîa-JTi;; est le terme de la béatitude dans les ouvrages gnostiques: cl. par
exemple Pistis Soplna, 'M: Kopt. gnost. Schr. p. I3i, 10: L'nb?kanntes altgnoslisclies \\'erk%-2:
id., p. 3:^6. 17 ss. « Lnd sie liaben die Erkenntnis uud das Leben und die HoîTnung und die
Ruhe und die Liebe und die Aulersteliung und den Glauben. und die Wieder^'eburt und das Siegel
empfaugen. » Dans la lettre des Apùtres. c 1-2 i3] le traducteur éthiopien remplace xvirï-.'j;;
qui ûgure au texte copte par à-âffiiff'.:, résurrection.
(3) f rad. Gceriuer, p. [i>-2] s.
(4; Id.. p. [o-2| s. En plusieurs endroits, notre auteur met encore en garie contre les faux enseigne-
ments • Pour ceux qui auront péctié contre mon commandement, qui auront enseigné une autre
:
(doctrine qui auront diminué ou ajouté à ma doctrine pour leur propre gloire, qui auront
.
influencé ou détourné ceux qui, dans l'orthodoxie, ont cru en moi. ils seront punis éternelle-
ment; -29 [*0] ). • Cf. ."io [01]. Ainsi Jésus est le révélateur de la véritable doctrine. Le salut est
d'abord une connaissance,
(d) Trad. GiEr-.r.irp., (>. [01]. La forme positive de la règle d'or est suppléée par le traducteur.
126 REVLE BIBLIQUE.
question se pose alors de savoir si les pécheurs pourront être sauvés malgré leurs
fautes, et la solution de ce dernier problème n'est nulle part clairement indiquée
36 47]; 49 [60] [. Certains passages même semblent donner à entendre que le salut
est acquis à tous ceux qui ont reçu Pour vous, dit Jésus aux Apô-
la révélation : «
des archontes; et tous ceux qui croient en moi par vous. Car ce que je vous ai
donné, je le leur donnerai aussi à eux. afin qu'ils sortent de la prison et des
chaînes des archontes et du feu puissant 28 [39] 3 » On pense ici aux doctrines .
goostiques, aux archontes du monde matériel qui gardent les âmes en prison jus-
qu'au temps de leur libération par le Christ.
est corrompu. L'éthiopien est plus complet « Je suis descendu et j'ai parlé à :
(!) Cet enseignement est expliqué |).ir la parabole dos Nierges sages et des vierges folles. < Les
sages, ce sont les cinq que le propliéte appelle filles du Seigneur et dout les noms sont célé-
l)res : ... ce sont la Foi. la Cbarité. la Joie, la Paix, l'Espérance. Ceux qui croient en moi les
possèdent: elles servent de guide à ceux qui croient en moi... L'Intelligence, la Science. l'Obéis-
sance, la Conlinence. la Miséricorde ce sont les vertus qui ont dormi en ceux qui croient et qui
ont confiance en moi, mais qui n'oal pas accompli mon commandement -43 '54] \ . Celte interpré-
tation de la parabole évangéli(|ue est tout à lait curieuse. Il est remarquable que les vierges
lolles ne sont pas des vices. Elles sont des vertus recommandables et bienfaisantes. Mais il n'y
avait pas moyeu de les faire entrer dans la chambre nuptiale, pour ue pas laire \iolenceau
texte formel de l'évangile. On suppose alors qu'elles ont dormi dans l'àme de ceux qui les
possèdent aussi ceux-ci sont-ils condamnes. Mais on ne sait pas si leur condamnation est
:
définitive, car Jésus refuse de répondre à cette question. Quand les apôtres lui disent Seigneur, :
il appartient à ta majesté que tu fasses grâce à leurs sœurs, il se contente derépli(|uer Cette :
parole n'est pas de votre rôle, mais de celui qui m'a envoyé, puis(|ue j'agis de concert avec lui
(i.'i 56| ). —
Cf. Dom A. \ViLM\iiT, Un anonyme ancien de Decem Virginibus. dans B. .V. L. A. C.
nui. p. 35 s.
li Cf. ce qui est dit au cliap. 44 ."».) : « Il y en a qui ont dormi et se sont tenus en dehors
du royaume, et eu debors de l'enclos du pasteur des brebis, .i celui qui se sera tenu en dehors
du bercail, les loups le mangeront, et il...; il mourra dans de nombreuses douleurs; en lui ne
seront ni repos ni support (Cuîojaovt,), et on le jiunira de grands châtiments ». Le texte copte,
«bml je suis la traduction dounée par S. est lacuneux: l'éthiopien préseuie de nombreuses
variantes, et parait d'ailleurs corrompu. Guerrier traduit • liien qu'il ait entendu la prédica- :
li'>n comme les auues il mourra. Il semble au contraire qu'il s'agisse de ceux (|ui n'ont pas
.
entendu ni reçu l'Évangile. L'image de la bergerie est empruntée ;i Joan. 10, 1 ss. C'est, sous une
autre forme, la maxime Exlra erclesiam itulla salus.
:
i3) Je cile la traduction du copte. Le texte éthio|>ien supprime ici la mention des archontes, qui
-\Lraham, Isaac et Jacob, vos pères, les prophètes, afin qu'ils apportent d'en bas le
repos dans les cieux; et je leur ai tendu la main droite, le baptême de la vie. la
rémission et pardon de tout mal. comme à vous et à tous ceux qui désormais
le
mais la Pistis Sop/iiu raconte également que Jésus a pardonne tous leurs péchés et
toutes leurs mauvaises actions à Abraham. Isaac et Jacob, qu'il leur a donné les
mystères de la lumière dans les éons et les a placés au lieu de Sabaoth et de tous
les archontes. « Quand j'irai en haut, ajoute le Sauveur, je porterai avec moi leurs
âmes à la lumière. Mais je te le dis en vérité, voici la vie. ils n'iront pas à la
lumière avant que j'aie porté à la lumière ton àuie et celles de tous tes frères 2 . »
Dans l'avenir, lorsque Jésus sera remonté au ciel, ce sont les Apôtres qui trans-
mettront sa révélation aux hommes cf. 19 ^30]; 23 34]; 30 [41 .. Ils prêcheront à
Israël et ù toutes les nations 36 [47] ) %. Paul de Tarse, converti par la parole de
Jésus, se joindra à eux : comme eux, il prêchera, il enseignera et beaucoup se
rejouiront en l'entendant et seront sauvés 31 42] ss. j 4 . Tous ceux qui écouteront
les Apôtres, qui croiront en Jésus, recevront la lumière du signe qui est dans sa
main: et par le Sauveur les Apôires seront appelés pères et maîtres 41 [02] « En .
vérité, en vérité, je vous le dis. explique le Seigneur, vous serez appelés Pères
parce que vous révélerez aux hommes) les choses de l'amour, de la miséricorde,
du royaume des cieux vous révélerez) que c'est par ma propre main qu'ils rece-
;
vront le baptême de vie et la rémission des péchés. Vous serez appelés) maîtres,
parce que vous aurez exprimé ma parole sans peine et que vous les aurez corrigés,
qu'ils se seront convertis partout où vous les aviez repris 12 [-53] . » On ne s'ex-
plique pas très bien ce baptême donné par Jésus. Du moins faut-il noter mention
la
du baptême, et remarquer encore le peu de place que tiennent les sacrements dans
rÉpître des Apôtres (.5;.
il' cr. Gespràche Jesu..., Exkurs 11, Der Descensus ad iiiferos in der alten Kirche, p. [433-370,
principalenieut p. 500 ss. S. cite ccpemiant uu pussaije des Excerpla ex Tlieodoto, 18 Clément
dWlex., c'd. ^rvuLix, t. III, p. l\-2]. dans lequel il est dit que Jésus, après sa résurrection, evangélisa
les justes qui étaient dans le repos. Il y a là, ajoute S. l'essai d'un ijnostique. [ilus précisé-
•>
ment d'un Valeutinieu. pour adapter selon sou yoilt les doctrines clirétieunes de la Descente
aux enfers p. 501,. »
ii) Pistis Sophia. 133: Kopt. gnosC. Schr., p. •i3J. 11 nest pas question dans ce passage d'uue
descente auK enfers: et les trois patriarches Abraham, Isaac et Jacoh sont les seuls à recevoir
les mystères de la lumière. Cf. C. Scumidt. Gaostisclie Schriften iii koptisclier Sprac/ie. p. 433.
'3 II faut remarquer cette distinction entre Israël d'une part et toutes les nations de l'autre.
Au cliap. 30 ]ir, les apùtres reçoivent l'ordre - d'aller préclier aux douze tribus et aux nations
et à toute la terre d'Israël, du levant au couchant et du Sud au Nord. On lit. dans une addition
ancienne à la Pislis Sophia. • Ainsi on a reconnu le royaume de Dieu sur toute la terre, et dans
tout le inonde d Israël en témoignage pour toutes les nations qui habitent du levant au cou-
cliant: Kopt. gnost. Schr. p. i'>4, 14 ss. ». S., Gesprûche Jesu, p. 18-2 ss. commente longuement ce
passage de la lettre, et prétend y voir la marque d'une o|)positiou encore vivante entre les
judéo-chrétiens et les pagano-chrétiens.
4) Ce sont les apôtres qui reçoivent Paul et le convertisseut. Le personnage d'.Vnanle disparait
complètement dans la lettre des Apôtres. Mais il n'est pas certain qu'il faut voir là, ainsi que le
pense s., p. 183 ss.. une préoccupation apologéti»iue, pour légitimer l'apostolat de Paul dans les
nations. Dans la Pistil Sophia, Paul est une fois nommé, par Marie, (jui l'appelle, par
anticipation, notre frère Paul c. 113; Kopt. gnost. Schr.. [>. 190, 13 .
(3) On doit citer du moins une allusion à l'Eucharistie « A|)re3 mon retour vers le Père,
:
faites mémoire de ma mort. Quaud ce sera la Pàque alors l'un ;de vous} sera jeté en prison a
;
cause de mon nom; et il sera dans la tristesse et l'allliction parce que vous faites la Pàque
tandis qu'il se trouve en prison et est loin; de vous. Car il s'attristera de ne pas fêter la Pàque
avec vous... nuand vous aurez uni la commémoraison qui se rapporte à moi et l'agape. il sera
de nouveau jeté en prison pour le témoignage... Et nous lui dimes Seigneur, est-il- donc : •<
encore nécessaire que nous prenions la coupe et que nous buvions? Et il dit : Oui, c'est une
nécessité jusquau jour où je reviendrai avec ceux qui auront été tués pour moi. • Dans l'élliio-
l)ien, cette linale est différente - Nous lui dimes
: Seigneur, n'as-tu pas toiméme bu définitive-
:
12S REVUE BIBLIQUE.
Une dernière question se pose au sujet de la vie morale et du salut telle que les
destinée? ou peut-il à son gré choisir le bien ou le mal? On sait que dans les sectes
gnostiques. la première solution était généralement acceptée. L's'!tj.a;iaévri réglait le
sort de chaque individu qui ne pouvait échapper à son emprise (1}. Ici au contraire,
c'est la doctrine de la liberté qui obtient les préférences. « A Adam a été donné le
lui le même pouvoir cf. Joan. i, 12) c'est à chacun d'eux qu'il appartient de
:
ment la Pâque. Quaol à nous, aurons-nous à le Taire île nouveau/ Et il nous dit Oui, jusqu'à ce :
<iue je revienne d'auprès du l'ère avec mes plaies (15 [-2G] • La Pàque chrétienne est une coni- .
niémoration de la mort du Sauveur. S., Gesprâche Jesu... p. 3G» ss., en conclut que l'usage quar-
lodfciman est attesté par cette formule de la lettre: et il consacre un long excursus à la fête
de Pâques dans les églises d'Asie Mineure (p. ol'-~-2i> 11 est en tout cas renianjuahle que l'Euclia-
.
ristie n'occupe pas plus de place dans la lettre. Dans la Pistis Sop/iia, on trouve une description
du sacrifice eucliaristique, c. li-2; Kopt. gnost. Schr., p. '2W, 2(5 ss.
(1) Cf. E. DE Fayf.. Gnostiques et gnosticisme, p. 274 ss.
f-2 On sait que dans les sectes gnostiques la désobéissance d'Adam était souvent regardée
comme la victoire du principe lumineux emprisonné dans l'homme. S.. Gesprâclie Jesu... p. 331 s.,
rappelle justement que dans les Pseudq-Clementines, Adam est considère comme le porteur de
la révélation pure et achevée: c'est en lui que s'est incarné le vrai propliète. il a élevé l'humanité
à rim|)eccal)ilite, si bien que jusqu'à la huitième génération les hommes ont été sans commettre
le mal Jlom. i, 52: 8. 11 ss.; Recog. \, 20;. Somme toute, « o-jtî 'ASàjA itapaêdcTy); r,v ô ànô tûv
Toù 6£oû Xcipwv -/.vosopTi^eî; Hom. 2, 52). • Notre auteur n'insiste pas et ne précise pas ses
idées: mais le choix qu'il attribue à Adam est à relever.
3 Le sort définitif des pécheurs parait l'un des soucis dominants dans les éerits de la Pistix
Snphia. Les questions posées au Sauveur reviennent le plus souvent à lui demander si sa misé-
ricorde a des limites et lesquelles. Cf. E. de Faye, Gnostiques et gtwsticismefp. 2G7 ss.
(4) La vie éternelle est le repos dans lequel on ne mauge ni ne boit plus, car il n'y a plus de
tristesses, ni de soudoiemeut, ni de vêtements terrestres, ni de corruption {\'j [30]': le supplice
des méchants est celui du feu. dans le corps et dans l'esprit \3!> [aOli.
UECENSIONS. 129
verront l'apparition de grandes étoiles, qui apparaîtront pendant le jour; des astres
descendront du ciel en touchant la terre; les étoiles tomberont... etc.. ^34 [45] ).
que devant moi ira ma croix (16 27') ». Les Apôtres demandent quand viendront
ces événements grandioses : il semble que la date n'en soit pas très éloignée :
« Je vous enseignerai ce qui surviendra non pas pourtant dans votre (génération),
mais dans (celle) de ceux que vous-mêmes enseignerez et qui croiront 34 (4ô] i ). »
Une époque plus précise est même fixée : « Lorsque l'an lôO sera écoulé dans les
jours de la Pentecôte et de Pàque, aura lieu l'avènement de mon Père 16 [27) ^1). »
Et bien que Jésus parle ici de l'avènement de son Père, il désigne sans aucun doute
le moment de la parousie et du jugement, puisque c'est à ce sujet que les Apôtres
viennent de l'interroger.
Après le jugement, ou au moment du jugement, les hommes ressusciteront dans
leur corps. Bien que cette doctrine ne fasse pas partie des cinq articles fondamentaux
du symbole, il y en a peu sur lesquelles l'auteur de la lettre insiste autant. On
sent, en le lisant, que la résurrection de la chair est une des croyances qui lui
tiennent le plus à cœur, et aussi une de celles qui soulèvent le plus de difficultés
de la part de ses lecteurs. Il insiste et il précise en termes énergiques : En vérité,
je vous le dis. de même que le Père m'a ressuscité moi-même d'entre les morts,
de même vous aussi vous ressusciterez corporellement... C'est pourquoi j'ai accompli
toute miséricorde : bien que je ne sois pas engendré par un homme, je suis né;
et bien que je n'aie pas de corps, j'ai revêtu un corps, et j'ai grandi, afin de vous
(sauver), vous qui êtes nés selon la chair, et afin que vous ressuscitiez réellement
dans votre chair, dans une seconde génération 21 32] i (2;. » Les Apôtres ne com-
prennent pas; ils s'étonnent; ils demandent des explications; et l'on sait en effet
que peu de doctrines rencontraient autant d'obstacles dans les esprits formés par
la culture hellénique (3). Mais le Seigneur se contente de renouveler sa promesse :
« En vérité, je vous le dis, le corps de tout homme ressuscitera avec son âme
vivante et son esprit (24 (35(). »
(1) La mention de la Parousie du Père est à relever. C'est une expression assez rare et assez
curieuse. On peut peut-être comparer // Clem, xii. l. 4 oOx oIoa(jiîv rr)/ -fmioxw tt; èïî'.^avî-aç :
TOV 6cOÛ.
[l Trad. GcERRiER. p. [65].
3 Cf. Act. Ap. XVII 31-3-2: —
et se rappeler les nombreux traités qui dès le second siècle
furent consacres par les écrivains chrétiens à déiunntrer la résurrection de la chair Athê- :
déjà jugés dés ce monde; ni surtout de la résurrection de la chair, car les gnostiques
ne s'intéressent pas à la matière qui est mauvaise et se contentent de décrire
rentrée des âmes sauvées dans le séjour de la lumière. Sur tous ces points, la lettre
des Apôtres rejoint pour les confirmer les espoirs et les croyances de la grande
Église. Ce n'est pas pour nous le moindre sujet d'étonnemeut. après avoir vu que
sa doctrine du Christ et sa représentation générale du monde étaient plutôt le fait
d'être fixé sur le lieu et la date de sa composition. Pour le lieu, M. S. est très
ferme en laveur de l'Asie Mineure '1). Quatre arguments surtout lui paraissent
établir cette hvpothèse : lesnoms des deux hérétiques dont la lettre dénonce les
enseignements pervers, Simon et Cérinthe, qui étaient particulièrement connus en
Asie; la prédilection accordée à saint Jean parmi les Apôtres et l'influence prédo-
minante de la pensée et du style johauniques; la lutte contre le docétisme; enfin
sans remonter à saint Paul qui écrivait : Le Christ notre Pâque a été immolé ;2),
on peut rappeler que Clément d'Alexandrie dit tout comme l'Apôtre que le Christ
est notre Pàque (3\ Le même Clément a pour saint Jean une admiration particu-
lière : il dit du quatrième Évangile que c'est l'Évangile spirituel ; il connaît, relati-
vement à l'Apôtre, des traditions spéciales, et raconte seul la touchante histoire
sentée par les lettres de saint Ignace d'Antioche qui est syrien, mais Clément
d'Alexandrie nous fait aussi connaître l'existence d'un docétisme égyptien (5). Quant
aux noms de Cérinthe et de Simon, ils sont purement légendaires, et ne sauraient
suffire pour constituer une preuve en faveur de l'Asie Mineure saint Justin (6,, qui :
liques.
Dans ces conditions, si les arguments qui, selon S., établiraient l'origine asiatique
de 'la lettre des Apôtres sont insuffisants, je crois qu'il vaudrait mieux se tourner du
côté de l'Egypte. C'est quelque chose déjà que les seuls textes existants de la lettre
soient l'un copte, l'autre éthiopien. L'éthiopien dérive probablement du copte, bien
qu'il puisse avoir été traduit d'après une version arabe encore inconnue ^8). Le copte
a été sans doute traduit sur un original grec, et cette traduction est très ancienne,
puisque le ms. qui nous l'a conservée doit remonter à la fin du iv« ou au début du
v« siècle. L'Egypte a donc été de bonne heure le centre de diffusion de cet écrit.
Car c'est plutôt aussi au m" siècle qu'au second que nous serions tentés de
placer la composition de la lettre des Apôtres. Les arguments multiples apportés par
S. pour reculer autant que possible la date de cetécrit, sont naturellement de valeurs
diverses. Il ne faut pas, je crois, s'arrêter longuement sur la forme littéraire donnée
à notre ouvrage : nous l'avons jusqu'à présent et pour simplifier, appelé une lettre ;
mais si le début paraît autoriser cette désignation, rien dans la suite ne montre que
l'écrivain se soit attaché à garder le style épistolaire; il se contente de rédiger un
entretien de Jésus avec ses apôtres, analogue, pour la forme et jusque dans de nom-
breux détails d'expression, avec la Pistis: Sophi/i qui peut être du m'" siècle. Les
libertés prises avec l'histoire évangélique ne sont pas nécessairement un indice d'an-
tiquité, et les Évangiles apocryphes témoignent assez de la facilité avec laquelle
dans certains milieux, on arrangeait du Sauveur. I/interprétation
le détail de la vie
proposée par S. du récit de la conversion de saint Paul comme marquant une oppo-
sition entre judéo-christianisme et pagano-christianisme paraît subtile et beaucoup de
lecteurs ne se laisseront pas convaincre que tel soit en effet le sens de cette anec-
dote. Si ailleurs S. tire argument de l'omission de Vly.^i-ii.yi dans la liste des vertus
pour conclure que la lettre est antérieure à la crise montaniste, on pourrait lui faire
remarquer non seulement que M. Guerrier traduit par continence (èvacâTsta), le nom
de celle des vierges folles qu'il désigne par |jia7.po9j(j.''a (j-oaovTji, mais qu'il donne
aussi la même traduction un peu plus haut (38 [49] ), en un texte où S. persiste à
elle pas au nombre des vertus dans le Pasteur d'Hermas et dans la lettre de Bar-
nabe? Il est vrai que la lettre ne mentionne nulle part l'organisation ecclésiastique et
citer encore une fois, les ouvrages gnostiques ne diffèrent pas d'elle en ceci: on ne
voit figurer dans la Pistis Sophia et les livres de Jeu que les disciples, hommes ou
femmes, qui accompagnent Jésus ressuscité. La sainte Eglise figure au nombre des
articles fondamentaux de la foi au grand christianisme, et l'on ne saurait demander
toutes ces preuves est qu'aucune d'elles n'a rien de décisif et que leur accumulation
même ne suffit pas à faire naître une véritable probabilité. Nous avons trop peu de
livres chrétiens datés de la seconde moitié du second siècle ou de la première moitié
(1; Dans ce dernier passage la traduction de Wajnberg et celle de Schmidt sont certainement
plus exactes, puisque le copte porte le mot uTtop-Éveiv ; dans le premier passage, le texte copte fait
défaut.
in REVUE BIBLIQUE.
est de ne pas porter trop visiblement la date réelle de leur composition. Le grand
nombre des réminiscences évangéliques qui caractérisent le style de notre auteur lais-
sent voir en lui un esprit formé par une lecture attentive du Nouveau Testament et
surtout de l'Évangile de saint Jean, dont il reproduit les façons habituelles de parler;
ellesdonnent par contre à cette œuvre une allure impersonnelle et intemporelle.
Deux passages cependant pourraient apporter quelques indications précieuses.
Comme les Apôtres demandent au Sauveur la date du jugement, celui-ci leur
répond : « Je vous enseignerai ce qui surviendra, non pas pourtant dans votre (géné-
ration) mais dans celle de ceux que vous-mêmes enseignerez et qui croient en moi
(34 [45] La traduction de M. Guerrier (p. [76]) que je viens de citer, paraît précise.
). »
Jésus anoonce que la fin du monde arrivera durant la génération qui suit immédia-
tement celle des Apôtres, c'est-à-dire celle de leurs propres disciples. Mais la version
proposée par Wajnberg est beaucoup moins claire « Ich werde euch lehren und :
niclit was euch geschehen wird, sondern auch denjenigen, die ihr belehren
nur,
werdet und die glauben werden, sowie auch denjenigen, die jenen Mann hôren und
an mich glauben. » L'avenir annoncé par Jésus pourrait donc avoir pour témoins le?
Apôtres eux-mêmes et aussi leurs disciples. Comme le copte fait ici défaut, on ne
saurait tirer à coup sûr de ce passage un argument quelconque.
Le second texte paraît plus explicite, car on y lit une date « Quand cent cin- :
quante ans seront passés, dans les jours de Pâques et de la Pentecôte, aura lieu
l'avènement de mon Père (17 [28] ). » Le copte est malheureusement altéré : « Wenn
das Hundertundzwanzigstel vollendet sein wird, zwisohen der Pentekoste und den
Fest der Ungesâuerten, wird, stattfinden die Ankunft der Vaters. » Et la version
latine, dont le fragment recouvre par hasard cet important passage, et dont on pour-
raitespérer quelque éclaircissement utile, est en réalité plus obscure encore à cause
du mauvais état oii elle nous est parvenue « Ego eni(m) <i>n omnibus omnia :
fac[u]tus sum, simul ut voluntatem patris mei laudera, quia misit me i[u]ta anno
implente inter pentecosten et azyma erit adventus patris mei ». De tout cela pour-
tant, S. essaie de tirer un original grec qu'il reconstitue de la sorte : tou IzaToatoiî xat
7w£VT)r)xoaTou £TOu; 7îXT)pa)0évTOç, Eaxat r) jîapouafa ToO narpoç. Et il conclut : « Die Parusie
wird also in den Zeitraum nach 180 n. Chr. verlegt, so dass die Schrift selbst vor
180 verfasst sein muss (1) ». Il est évidemment regrettable que ce passage si intéres-
sant nous soit parvenu dans un texte si incertain. Mais il ne semble pas vraiment
qu'on ait le droit de tirer grand'chose d'un manuscrit latin presque illisible et de
versions copte et éthiopienne en désaccord. La mention de Pâques et de la Pente-
côte reste en toute hypothèse obscure. Il vaut mieux ne pas risquer là-dessus des
conclusions trop fermes.
Aussi bien les deux morceaux que nous venons de rappeler n'apportent-ils à S.
lui-même qu'une confirmation en faveur d'une thèse qu'il croit avoir démontrée par
ailleurs. Il estime désormais établi que la lettre des Apôtres est un document catho-
lique antérieur à 170. Nous ne saurions avoir la même assurance. S'il est pratique-
ment certain que notre document est antérieur au iv^ siècle, on peut encore hésiter
entre le second et le troisième siècles, qui sont pour nous des périodes obscures, sur
lesquelles nous soumies trop mal informés du développement de la pensée et de la
vie chrétiennes.
Peut-être v aurait-il lieu de s'arrêter plus que ne le fait S. (2) à une hypothèse
pas de raison pour croire que le copiste n'a pas reproduit fidèlement un texte suivi
qu'il avait sous les yeux. Dans ces conditions, on supposerait assez volontiers l'exis-
tence d'un écrit grec sous la forme d'une lettre 3). écrit traduit en latin, et qui
présentait des tendances gnostiques assez accentuées. A
une époque difficile à
déterminer, mais antérieure à la fin du i\^ ou au début du \^ siècle, cet écrit aurait
été repris, refondu, découpé, et introduit ainsi, pièces et morceaux, dans un ouvrage
plus considérable, de tendances orthodoxes, dont le voisinage serait pour atténuer
le mauvais effet produit par les théories étranges de la lettre sur l'incarnation et
sur la parousie du Père. Ainsi s'expliquerait encore que tout un passage de notre
écrit (34 [4ô]-35 '46] , du Testament de Notre Seigneiu- et
soit littéralement repris
Sauveur Jésus-Christ M. S. qui a reconnu cette similitude estime que le Tes-
'4;.
pourrait encore que le Testament et l'Epître dépendissent l'un et l'autre d'une apoca-
lypse comme il en a circulé un si grand nombre dans la littérature éthiopienne (5).
Il faut ici se contenter d'indiquer cette hypothèse qui demanderait à être exami-
ser des révélations du Sauveur ressuscité à ses Apôtres. L'Église est là pour ensei-
gner à ses enfants toute vérité. Les inventeurs d'apocryphes ont presque toujours
appartenu à des milieux hérétiques, et l'imprudent auteur des Acta Pauli, bien
avant la lin du second siècle, apprit à ses dépens ce qu'il pouvait en coûter de com-
poser, même avec les meilleures intentions du monde, des actes sous le nom d'un
Apôtre. Quand on passe au contenu de la lettre, on n'est pas moins surpris de sa
doctrine. L'assimilation du Christ à un ange, le salut consistant surtout dans la
licisme que beaucoup d'autres. Dans la mesure où la lettre des Apôtres témoigne
de tendances gnostiques, ou gnosticisantes, elle suppose aussi- une évolution dans le
sens d'un rapprochement vers l'orthodoxie, et c'est une des raisons pour lesquelles
nous n'y verrions pas un ouvrage trop ancien.
Somme toute, et ce sera la conclusion d'une étude qui serait sur bien des points
à compléter et à perfectionner, il ne semble pas que le document édité avec tant de
soin et d'amour par M. S. ait pour l'histoire des origines chrétiennes l'importance
que lui attribue le savant professeur. C'est l'œuvre d'un homme mal instruit qui
pouvait vivre tout à la 6n du second ou au début du troisième, sinon d'un
siècle
hérétique pleinement conscient de son erreur et soucieux de la répandre un apo- ;
Gustave Bardv.
Lille.
The Pastoral Epistles with introduction, text and commentary, by R. St. John
Parry; in-8°, cl\v-101 pp. Cambridge, at the University Press. 1820. — 20 sh.
Dans son introduction à un commentaire sur les Pastorales R. St. John Parry
a étudié à nouveau et sous ses divers aspects l'authenticité paulinienne de ces
épîtres. Il s'attache surtout à démontrer que les points : organisation ecclésiastique,
hérésies, doctrine, style et vocabulaire de ces épîtres, sur lesquels on a insisté pour
démontrer la non-authenticité de ces épîtres, ne sont pas, tels qu'ils sont présentés,
incompatibles avec l'origine paulinienne.
L'auteur examine d'abord la situation historique que présupposent les Pastorales.
a été prisonnier à Rome. La teneur du récit des Actes, serein et confiant, implique
1 cf. E. DE Paye. Gnostiques et gnosticisme, p. 23f. s., et surtout A. Harnacs, (Jber das gnv-
tische Buch Pislis Sophia ^T. U., VII, -2], Leipzig, 1891, p. S9 ss.
RKCENSIOiNS. 135
cette délivrance de l'Apôtre: un disciple et un ami de Paul n'aurait pas gardé cette
impassibilité d'esprit si la mort avait terminé cette captivité de l'Apotre. dont il
nous a raconté les débuts avec tant de détails. Les derniers versets des Actes,
XXVIII, 30, 31, impliquent qu'après un séjour de deux ans à Rome, où il prêcha
l'Évangile, Paul partit de cette ville l'aoriste iviu-Eiviv marque que cette période de
:
deux ans est écoulée. Le passa^ie souvent cité de Clément Romain dans son épître
aux Corinthiens, v, et celui du canon de Muratori sont suiflsants pour établir
la réalité historique d'un voyage de Paul en Espagne et impliquent sa délivrance
d'une première captivité. Cette délivrance aurait eu lieu vers l'an G2 et le mar-
tyre de Paul en l'an 67 : c'est dans cet espace de cinq ans que se sont déroulés les
clairement définie: un auteur pseudonyme, qui aurait écrit des lettres pour défendre
l'organisation ecclésiastique de son temps, aurait été, au contraire, très précis sur
le caractère et la' nature de l'offlce qu'avait à occuper Timothée, sur son autorité
et sur ses droits. Si nous examinons les relations personnelles entre Paul, Timothée
et Tite, telles qu'elles ressortent des Pastorales, nous constatons combien elles sont
consistantes et naturelles : il n'y a aucune fausse note dans l'expression des senti-
ments, aucun défaut dans la psychologie des personnages.
Comparant l'organisation ecclésiastique que révèlent les épîtres pastorales avec
celle que nous trouvons dans les Actes et les épîtres pauliniennes, Parry constate
que les Pastorales ne marquent pas un état de développement sur celles-ci. Voici, en
résumé, quelle est l'organisation ecclésiastique que présente le Nouveau Testament.
Nous relevons d'abord un ministère général, exercé par les apôtres, les prophètes
un ministère local, exercé par les presbytres, à qui, suivant
et les évangélistes, puis
leur fonction, on donne les noms^de È-bxo-o'. ou de ôiâzovo-.. Dans une note sur le
terme jrpeaoÛTspo; l'auteur relève l'emploi de ce terme en Egypte et en Asie Mineure
pour désigner les fonctionnaires civils et les fonctionnaires des temples. A. Chrios,
le collège des -psTojTEço-. est appelé -h nsEaojT-.y.ov ; à Cos et à Philadelphie, ajvsop'.ov
?t3v -pcaojTÉp'jjv.
La propagande des fausses doctrines, telle qu'elle nous est représentée dans les
Pastorales, rappelle le mode d'enseignement des docteurs juifs dont l'activité se
résout en deux formes : une arapliQcation des récits de l'Ancien Testament par un
développement d'histoires mythologiques, basées sur le Pentateuque et l'élaboration
d'im code moral appuyé sur la Loi, dont elle développe les préceptes en des détails
inflnis; c'est la Haggada et la Halacha. Cela rappelle les fables judaïques, les généa-
logies, les querelles sur la Loi, dont parlent les Pastorales. Ces descriptions n'exigent
pas pour leur élaboration une date plus récente que l'atmosphère du temps de saint
Paul.
On fera la même remarque pour les doctrines enseignées dans les Pastorales.
Elles répondent à l'état des choses, telles qu'elles sont présentées dans ces épîtres.
Ainsi, on ne s'étonnera pas que r.'.z-i;, y soit employé au sens de fides quae credi-
y est constamment question des enseignements que doivent donner
tur, puisqu'il
Timothée et Tite. Si Paul n'insiste plus sur l'antithèse entre la foi et les œuvres,
c'est que cette question était résolue : l'épître aux Romains avait mis lin à la
controverse.
136 REVUE BIBLIQUE.
1) Les Pastorales sont séparées des précédentes épîtres de saint Paul d'au moins
deux ans et même de quelques-uaes. d'un espace de sept ans. De ce fait et de ce que
Paul était plus vieux et affaibli par les souffrances, le style peut en être moins
vigoureux, plus prolixe. 2) Ces épîtres ne sont plus adressées à des églises mais à
des particuliers, à des amis et des disciples fidèles une lettre écrite à un ami :
lières à saint Paul, telles que apa, apz ouv, oi6, 8i6ti, îôov, ixTÎTtw;, etc., sont absentes
des épîtres pastorales, mais on remarquera que la plupart de ces particules sont
employées surtout dans la discussion, dans l'argumentation et elles ne trouvaient pas
leur application dans un exposé doctrinal ou moral, ou dans une réglementation,
tels que le présentaient les Pastorales.
Nous reconnaissons que la plupart de ces observations ont déjà été présentées,
mais Parry les a établies d'une façon scientifique, en les appuyant constamment sur
les textes. Il en résulte que l'authenticité paulinienne des épîtres pastorales sera
démontrée pour les esprits de bonne foi. Cette conviction s'accroîtra par l'étude du
Commentaire, très riche en observations philologiques, critiques et théologiques; il
complète le travail,
E. Jacquier.
Lyon.
D"^ F. M. Th. BÔHL. Het Oude Testament, Wolters. Groningen, 1919. Relié toile
6, 90 FI.
plus obscurs des protestants hollandais y paraissent, soit; mais des hommes tels que
Ms"' Poels et le père V^an Kaster sont ignorés. On passe sous silence les auteurs du
Cursus scripturoe sarrae; item les professeurs de l'école biblique de Jérusalem alors
que leurs ouvrages sont pourtant mentionnés dans la bibliographie qui termine les
articles. Ni Calmet. ni Vigouroux n'ont l'honneiu- d'être nomenclatures. Plus heu-
reux que M. le marquis de Vogue, M. Clermont-Ganneau échappe à ce dédain.
pas l'opinion qui ne reconnaît dans l'Ancien Testament qu'un Messianisme à brève
échéance? trouve que ce système a l'avantage de supprimer les prophéties tout en
Il
maintenant aux passages invoqués leur caractère messianique. Pourtant son article :
de penser autrement.
Voici qui est plus grave : au dire de l'auteur la théorie qui cherche le Sinaï, sur
lequel fut promulguée la Loi, aux environs de Cadès, mérite une sérieuse considé-
ration...
En général la documentation est bien à jour, mais elle a été mal digérée-, cela
nest pas trop étonnant, le menu était trop chargé pour être assimilé par un seul
estomac.
J. Vandehvobst.
Malines, Grand Séminaire.
BULLETIN
Et in generali consessu habito feria IV, die 21 aprilis 1920, Emi ac Rmi Domiui
Mt. Me. Le. s'expliquent par l'identité de la tradition entre Me. et le Matthieu
primitif; l'accord de Le. et de Mt. par la dépendance commune du Mt. araméeu
(1) Kurzgefasste Einleitung in das Xeue Testament, von Dr .Tosepli Sickenbergeiî, Professer
an der Universilat Breslau. l" édition en 1916: '2» édition en 1920, Fribourg-en-Brisgau, Herd£r,
Jn-16 de xv-lti6 pp. Imprimatur.
BULLETIN. 139
nauer ne sont pas moins plausibles. La plupart d'entre eux sont universellement
admis, et la difficulté naît surtout de l'examen des cas concrets. Théoriquement
on devrait faire grand cas de la leçon attestée par les Pères du second siècle et du
troisième. Mais les cas sont rares ou ils ont voulu attester la leron précise d'un
évangile spécial. Ce serait assez souvent le cas dans Origene. s'il n'y avait contra-
diction entre la traduction latine et l'Origène grec, parfois entre deux endroits
du grec. Aussi sommes-nous d'accord avec le R. P. quand il refuse de suivre aveu-
glément les mss. N et B, mais nous ne comprenons plus du tout lorsqu'il ajoute :
alios tamen testes, qui antiquiorcm, puriorem, securiorem textum habent, iis prae-
ferimus (p. 28). Il faut pourtant avouer qu'exalter la V'ulgate, c'est soutenir les
deux grands mss. contre l'ancienne version latine.
première tentative catholique, depuis de longues années, qui ait un caractère scienti-
le regretté critique faisait uue moyenne entre les éditions de ^\"estcott-Hort, Tischen-
dorf, Weymouth et B. Weiss. Il se décidait avec la majorité et notait les leçons de
ces critiques, avec quelques autres. M. Vogels a pris la décision sur lui et met dans
l'apparat le témoignage des mss. et des versions. Mais il ne pouvait songer à le
donner complet. Il a le plus souvent négligé les versions égyptiennes et les leçons
des deux mss. W iFreer) et 6 Koridethi). récemment découverts et si importants.
Dans ces conditions, un apparat a encore son utilité. Il renseigne sur l'histoire du
texte et sur les caractéristiques des principaux témoins. Mais il ne peut permettre
au lecteur de se décider, car il ne possède pas les données nécessaires. D'autant
que, suivant la déplorable manière de Soden, poussée même en toute rigueur,
nous ne savons jamais que par induction sur quoi s'appuie la leçon choisie par
Wesen und Principien der Bibelkritik auf katholischer Grundlage, Innsbruck, 1900.
2)
neuf fois, avec TS six fois, avec H ^eul deux fois. Le rapprochement avec Soden n'est
donc pas contestable. L'édition de Hort était assurément trop courte. Cependant
quelques additions de Vogels ne paraissent pas justifiées par exemple sa :
(I) Exemple : sur Jo. 18, 17, le syrsin n'a pas r; naioiixT) t\ ôypwpo; mais • la servante du
portier ».
BULLETIN. 141
tioclie à l'accord de n B avec les latins (1). Mais l'ensemble est vraiment critique, ce
qui ne signifie pas l'abandon, qui serait injustifié, de textes traditionnels dans
l'Église. On a raènoe inséré la finale courte de Me, mais entre crochets, ce qui
cette fois du moins ne peut signifier que le rejet.
iM. Vogels qui a tant étudié la question des harmonisations aura sans doute
sans compter que l'addition toj Ôsoj avait ses difficultés dans sa théologie.
Devons-nous donc croire que cette leçon a été choisie avant lui dans le simple but
de conformer Le. aux autres évangélistes? Mais en le privant de toj 0£ou, ou
l'éloignant de Mt! et sur un point grave. La vraie harmonisation c'est celle de
D 28 e : T. y. u-.ov toj 6eoj. C'est simplement pour éviter la lourde tournure indirecte
que Sin Cur et sa (ce dernier sans omettre toj O^oj) ont écrit : " Tu es le Christ! »
A moins qu'on ne voie là l'influence d'Origène dii, 53.3 ss.), ce qui n'est pas pour
nous déplaire. Mais le grand critique lui-même témoigne moins d'une leçon de Le,
que de la position de Me. et de Le, d'une part, et de Mt. d'autre part,
Encore un exemple. Dom Chapman cite sur Le. 10, 6 Marcion /.x-a r.olti; /.%i
y.oj;jLa;, avec h c ff- l q cur pes sa arm, d'après Le. 13, 22 (cf. 8, 1 , tandis que le
texte neutre est /.aTa Ta; xuijLa; (D om). — On croirait voir les principaux tenants du
texte occidental marcher d'accord avec Marcion. Mais D, s'il omet Ta; /.wu.aç, le
remplace par -oXei;: b c l q disent /.aTa /m-xj.; xa-. -oXn:, et c'est aussi le cas de Cur
et de Sin, avec pes. dont Soden ne parle pas. Quant à sa, cité aussi par Soden pour
-oXt'.; zaï /.ojaa;, c'est le fait d'un seul ms. ; Horuer lit xaTa xwaaç. Il reste donc
avec Marcion tout juste ff- civitates et caslella et un cursif grec de Soden peut-
Dans Me. 15, 8. avaoor,(7a; est banal à souhait: a/aoa; a non seulement N B D lat. mais
I
encore bo, sa, go. M. Vogels donne ici la préférence à une leçon antiochienne facile contre
H S T. De même pour c-^ôox-.a ^Lc. 2, 14 pour Br.OîTÔa (Jo. 5, 2), pour raoaprjviûv dans Me. 5. I.
,
original. Car on ne pept faire cette réduction à l'original qu'avec des copistes
soigneux.
Cependant il y a lieu de croire quelquefois que l'accord de Marcion, de D et des
latins (af et it) indique bien un original occidental. Par exemple dans Le. 12, 39
Tov ic;/aTov /.oopavTrjv (1) au lieu de to EsyaTov àetztov, moins peut-être pour se rap-
procher de Mt. 5, 26. que pour remplacer une monnaie grecque par un« monnaie
romaine; de même 5, 24 xpaSaTov pour /.Xtvo8tov.
Mais Soden a eu raison de nous mettre en garde contre l'hypothèse d'un texte
harmonisant, par conséquent secondaire, qui se serait imposé à Marcion et à ïatien.
Lui, le grand tatianiste, estime que Marcion se rencontre très rarement avec
Tatien (2). — Et comment le disciple de Justin, exagérant même dans le sens de
l'encratisme, ne se serait-il pas délié d'un texte qu'il eût retrouvé dans Marcion? —
L'accord de D avec Marcion paraît à Soden trop fréquent pour être le résultat du
hasard. Mais 6 ne s'y associe qu'une fois (20. 36 , ce qui est peu favorable à l'hypo-
thèse d'un texte grec ancien qui serait la source commune. Enûn cet accord de
Marcion et de D se produit dans des cas où sûrement Marcion a retouché le texte
dans l'intérêt de sa doctrine (3. II faut donc conclure que D a été influencé par le
texte de Marcion, directement ou indirectement.
source. Le travail intéressant, amorcé par Norden, eût été de comparer l'usage
des Sémites et celui des hellénistes. M. Schiitz s'est contenté de quelques exemples
empruntés surtout à Marc. 11 eût pu citer l'ouvrage de M. Dav. H. Millier sur
le Sermon de Mt. 5-7 (5). Reconnaître le parallélisme est bien ; y réduire l'auteur
de gré ou de force est une mesure violente. Que le rythme vienne en aide à la
critique, rien de mieux. Mais ce ne doit pas être un lit de Procuste, puisque celte
prose se rapproche de la poésie sans en adopter les règles sévères. Il est juste
de dire qu'en M. Schiitz pratique cette critique avec modération et aussi bien
fait
pour défendre certains passages que pour en attaquer d'autres. Mais s'il admet par
exemple une fin de strophe difîérente dans Me. 9, 48 pour laisser une impression
plus forte, pourquoi ne pas admettre le même phénomène à la fin de Me. 2, 22?
Il est aussi bien exagéré de ne pas reconnaître le caractère sémitique de la para-
taxe dans le N. T. sous prétexte qu'elle caractérise la diatribe depuis Teles. Luc
(3) Par exemple quand il conserve eç' Yi|Aa; dans le Pater (11, 2), quoique non pas à la même
place.
(4) Der parallèle Bau der Satzglieder im Neueti Testament wid seine Verwertimg fur die
Textkritik und Exégèse, von Lie. th., Dr. ph. Roland Scmrz; Gdttingen, 19-20.
(5 Die Bergpredigt im Lichte der Strophenlheorie; \Vien, di»08.
BULLETIN. 143
avait si bien le sentiment de son caractère sémitique qu'il a adouci l'eftet qu'elle
produisait dans Marc.
même personne en avait fait un autre. La situation est donc très nette on doit :
ou sacrifier Luc à Josèphe, ce qui n'est pas critique, quand l'autorité de l'historien
juif se montre de plus en pkis suspecte; ou récuser Josèphe sur le nom de Quiri-
nius-, ou traduire : ce recensement fut antérieur à eelui de Qairinius (Le. 2, 2).
C'est encore une exagération d'affirmer qu'il faut être entraîné par des préjugés
dogmatiques — (ou plutôt antidogmatiques) — et ne voir que la surface, pour nier
que le Fils de l'homme de Daniel primo
et per se n'est pas le Messie personnel
prouvent seulement, comme l'a dit le P. Buzy, que « le symbole qui désignait le
royaume des saints pouvait s'appliquer en même temps à son roi (3) ».
C'est une exagération de l'ordre historique de prétendre que le livre des Para-
boles d'Hénoch représente la doctrine messianique qui était commune dans les
écoles rabbiniques vers 160-75 avant J.-C. (1). Et cela pour plusieurs raisons. On
peut bien concéder que les écoles juives du ii'= siècle avant J.-C. n'avaient pas les
conceptions étroites du rabbinisme au W siècle après. Mais ce n'est pas un motif
pour transporter tout le judaïsme au pôle apocalyptique. Deuxièmement, personne
ne peut prouver que le livre des Paraboles soit aussi ancien. Et s'il ne date que du
Comment supposer qu'elle a pris ce sens suh influxu linguarum Orientis sepfen-
trionolis (p. 51)? Quelle est cette énigme? Ce qui est vraisemblable, c'est que ce
fut toujours son sens quand pas employée avec un accent particulier,
elle n'était
comme c'est le cas dans Daniel. Le silence des documents araméens ne prouve pas
le contraire.
Et n'est-ce pas encore une exagération de qualifier les Sadducéens omnino
increduli et materialistae (p. 168)?
Enfin il ne nous paraît pas établi qu'en prenant le titre de Fils de l'homme le
Christ non solum dignitatem suam messianicam in génère déclarât, sed etiam veram
divinitatem suam clare manifestât (p. 157). Et certes nous ne songeons pas à cultiver
l'esprit de couardise devant des adversaires souvent aussi disposés à s'asservir à la
von D. RudoU, Knopf Professor der Théologie in Bonn, gr. in-8", p. 417-681; Gottingen, 1917.
BULLETIN. 145
mière communaulé des disciples ne lui avait déjà rendu un culte religieux. Et
en effet cela ne s'entend guère. Mais si ce culte religieux était humain, comme
l'entendait "VVeiss, la difficulté est aussi grande, quoique déplacée. Comment les
disciples juifs de Jésus auraient-ils consenti à suivre les Gentils leurs prosélytes
dans l'adoration de celui qui n'eût été pour eus qu'un Prophète?
Tel qu'il est, le livre de M. Jean Weiss est représentatif d'une école. C'est une
nouvelle étude de l'âge apostolique qui remplacera louvrage autrefois si célèbre
de Weizsàcker, surtout en ce qui regarde ^saint Paul qui a pris plus que la part
du lion.
sation (I), avec l'exergue a Elle est tombée la Grande Babylone! » Et en effet
on dirait bien, à lire ce théologien protestant, que la chute de Rome fut le vœu
du christianisme pendant trois siècles. Mais l'ancien protestantisme aussi appela
de ses vœux la chute de la Grande Bjbylone. par où il entendait le pouvoir papal.
Les premiers chrétiens répétaient les paroles de l'Apocalypse en l'entendant de la
Rome païenne, capitale de l'idolâtrie.
Au début, la question paraît bien posée. Le christianisme a-t-il sucé la société
antique comme un vampire, ainsi que l'ont prétendu Renan et Nietzsche? M. Causse
estime cette accusation excessive. Le monde antique avait vieilli avant la propa-
gande chrétienne. Mais « le christianisme n'a rien fait pour retarder le dénouement
fatal » p. 2;. Quels étaient donc les maux du monde antique : « Dépopulation,
affaiblissement de l'esprit militaire et du zèle civique, corruption des mœurs »
(p. 2). Alors le christianisme n'a rien fait pour remédier à ces maux? Si M. Causse
n'était pas convaincu de la supériorité de la religion et de la morale chrétiennes,
il ne serait pas chrétien. Mais il lui paraît établi que les progrès de la moralité,
qu'il reconnaît sans doute, ne compensaient pas pour la stabilité du monde ancien
la haine des chrétiens pour la civilisation. C'est donc alors que la civilisatiou ne
peut être conçue autrement que comme la grande organisation païenne du monde
antique? Il semble d'ailleurs que l'auteur n'en ait pas une grande idée, quand
il dit de Jésus : « Il a condamné le travail égoïste et mercenaire, et la lutte pour
la richesse, ces deux conditions essentielles du progrès économique » ^p. Mani-
G .
pour lui les âmes, il a ruiné la croyance païenne. L'édifice devait s'effondrer.
Et en effet il s'est effondré, et par du christianisme. Mais cet édifice était-il
l'effet
mœurs, plus de douceur dans les rapports sociaux, adoucissement aussi de l'escla-
vage en attendant son extinction, soin des pauvres et des faibles. Mais l'empire?
Le miracle aussi a consisté en ceci que l'autorité impériale absolument ruinée à la
fin du iir siècle, imparfaitement restaurée par Dioclétien, retrouvait une force
nouvelle dans le principe d'autorité et dans une légitimité naissante.
l'a très bien compris aussi : « Les ne sont pas des conventicules de contem-
églises
platifs. L'ascétisme chrétien est une conception héroïque de la vie-, il consiste dans
la joyeuse indépendance de l'âme, dans un désintéressement superbe vis-à-vis des
choses visibles qui ne sont que pour un temps » (p. 25), indépendance qui ne fait
inévitable entre « l'idéal évangélique et les réalités politiques et sociales » (p. 26)?
Il n'v avait d'inévitable que le conflit entre la doctrine païenne et les cultes
païens.
L'auteur, fort au courant de la littérature, même des manifestations de la vie
par les inscriptions et les papyrus, n'a point été embarrassé pour trouver dans
certains écrits chrétiens des anathèmes un peu vifs contre un pouvoir persécuteur.
Mais rien cependant qui ressemble à la révolte dont le protestantisme naissant
donna souvent l'exemple. Encore parmi ces témoignages faut-il choisir. Tatien, et
non Justin serait d'après M. Causse le représentant du plus grand nombre. Et il
lient pas pour une société. Les écrivains manifestent, il est vrai, les tendances
de cette société, mais ceux qui ont été notés d'hérésie ne sont pas ses meilleurs
organes. Il est lise dans le texte de M. Causse
vraiment étrange qu'on « Dès lors :
l'État non comme une institution divine, mais comme une invention
apparaît
démoniaque. L'État est une œuvre de Satan- » (p. 38). L'appel de note Satan-
n'est accompagné d'aucune note. Mais la note 1 rappelle ces admirables réponses :
en tant que César; mais à Dieu nous oflVous l'honneur et la prière. » Distinctions
d'imc merveilleuse précision, que les fidèles tenaient de renseignement des pasteurs.
Il eût fallu aussi montrer, à côté du christianisme, d'autres influences qui ne
minaient pas moins l'ancien ordre social, mais sans reprendre en sous-œuvre la
chrétiens rendaient exactement. Mais, comme race qui savait se perpétuer dis-
beaucoup plus que les chrétiens, un ferment de désagré-
tincte,' n'étaient-ils pas,
gation? Le bon Marc-Aurèle ne faisait pas moins fidèlement son métier de Romain
i
BULLETIN. 147
prendre femme, avoir des enfants, manger des fruits de la terre, prendre leur part
des choses de la vie, des biens et des maux qui y sont attachés, il faut qu'ils
rendent à ceux qui sont chargés de tout administrer les honneurs qui convien-
nent (1). »
Comment entendre cette logique de Celse ? Si vous voulez jouir des avantages
de la vie sociale, rendez des honneurs à ceux qui vous en assurent le proût,
c'est-à-dire, comme comprendra tout lecteur moderne, aux fonctionnaires impériaux.
Voilà donc les chrétiens accusés de manquer à leurs devoirs de l'ordre social.
Entendre ainsi le texte serait un contresens. Car les administrateurs des biens
de la terre, d'après Celse, n'étaient autres que les démons ou les dieux. Si
^I. Causse a bien compris le texte de Celse. ainsi que nous devons le supposer, il
a du moins fait naître une équivoque inévitable pour la ciodide lecteur. Et alors
il n'y a plus dargument, il n'y a plus de solidarité entre l'État et la religion sinon
parce que l'État s'obstinait à imposer un culte idolàtrique. Quand Celse a reproché
en réalité aux chrétiens leur indifférence envers la patrie, Origène a très bien su
répondre que les chrétiens se faisaient soldats pour la défendre, et qu'ils lui
Ainsi d'une part conservatisme étroit, attachement à un culte auquel on rie croit
plus, incapacité de discerner entre la notion de l'Etat et celle de la religion,
mesures violentes pour opprimer la liberté de conscience, refus de rendre hom-
mage au Dieu unique d'autant plus obstiné que la notion en devient plus claire
pour tout le monde. D'autre part distinction sûre et précise des pouvoirs, senti-
ment profond de ce qui est dû à Dieu, revendication de la plus noble des libertés. Il
eût fallu dire plus clairement qui voyait juste. Le triomphe du christianisme dans
l'empire ne fut pas seulement « une grande victoire de l'idéalisme «, que célèbre
enfln l'auteur « avec respect et piété », mais un progrès pour la civilisation.
Il y a de tout dans ce petit livre : aussi ne sera-t-on pas étonné de son adhésion
à l'influence des mystères sur le christianisme, mitigée en ces termes : « Encore
que les chrétiens se soient exprimés dans la langue des adorateurs des mystères,
et qu'ils en aient adopté quelques-unes des conceptions fondamentales sur le dieu
mort et ressuscité, sur la renaissance de l'âme et l'immortalité (3). »
La Revue doit s'astreindre à son emploi spécial. Elle envie ceux auxquels il est
donné de faire goûter les paroles de Jésus, dans une exposition limpide, pour ainsi
dire filtrée des controverses.
C'est M"" Reynès-Monlaur les présente comme des appels du
ainsi que
Christ beaucoup lu, mais seulement pour comprendre l'Evangile, et
(1). Elle a
c'est l'Évangile, médité dans la Galilée, sur les bords du lac, au Calvaire, qui par elle
pénètre dans les âmes de bonne volonté. Oa croira volontiers le Cardinal de
Cabrières qui retrouve dans ces pages « une tradition de vingt siècles » pour en ;
de ce qu'elle enseigne.
Ne quittons pas cependant cette belle histoire sans reconnaître les services éminents
qu'elle a rendus et qu'elle rendra encore. C'est une mine admirable, un recueil
des livres et des opinions, un véritable dictionnaire en abrégé. 1/impression est
d'une netteté merveilleuse, et le papier irréprochable. Le nouvel éditeur, M. Brau-
mûUer a pour devise : per noctem ad lucem. L'ouvrage est déjà dans une bonne
lumière, en attendant une lumière meilleure encore à la huitième édition.
c'est que les patriarches avaient fait alliance avec leur dieu. En Egypte les Israélites
furent polythéistes et idolâtres.
Le nom de lahvé fut révélé à Moïse comme étant le nom jusqu'alors inconnu
du dieu spécial des Pères. Comment le monothéisme en est-il sorti? C'est parce
qu'environ cent cinquante ans auparavant Aménophis IV avait essayé d'imposer
le culte unique du disque solaire Aten. Ce culte avait un caractère panthéistique (3),
et il avait échoué. Mais Amon, vainqueur d'Aten, avait absorbé ses attributs de
dieu unique, et lorsque lahvé se montra le vainqueur du dieu Egyptien, il se révéla
comme le seul vrai Dieu. Manifestement M. Wiener a voulu faire une part aussi
large que possible aux causes naturelles dans l'origine
du monothéisme, sans recourir
au Dieu moral de Wellhausen, en remontant beaucoup plus haut que l'école
critique de ce savant.
D'autre part, il parle de révélation faite à Moïse, et si par là il entend une
communication surnaturelle de Dieu, elle était beaucoup plus propre à l'éclairer
que le ricochet des attributs divins du disque unique se terminant à lahvé. Les
Égyptiens n'ont sûrement pas cenfessé la victoire de lahvé, et la victoire d'Amon
sur Aten n'a pas avancé la cause du monothéisme parmi eux. D'autre part, si la
Bible enseigne la révélation de Dieu à Moïse, elle connaît aussi les manifestations
de Dieu à Abraham, Isaac et Jacob. Et ces manifestations avaient pour but
d'exclure le culte de tout autre être divin. Du simple point de vue de l'histoire
des religions, le dieu principal honoré par le culte ne saurait être un dieu innomé
— à moins que ce ne soit Dieu tout court.
Mais on se demandera pourquoi M. Wiener se livre à une manipulation si
sévère des textes relatifs aux noms divins, au point d'altérer si profondément leur
physionomie? C'est que cela est nécessaire, selon lui, pour éviter l'hypothèse des
sources, qui s'appuie en partie sur le changement des noms divins.
Si Wellhausen est le rocher de Scylla, M. Wiener pourrait bien être le perûde
remous de Charybde. Et l'on attend toujours le pilote qui conduira l'exégèse
catholique entre ces deux dangers —
à moins qu'on ne préfère rester chez soi.
Le roman biblique devrait être interdit — à moins qu'il ne soit traité par un
(i; The Main problem of Deuteronomy. S" de 37 pp. Oberlin, Ghio, U. S A., 1330.
(2) The Religion of Moses, S" de 36 pp., 1919.
(3) On dirait plutôt solaire.
150 REVUE BIBLIQUE.
exégète qui connaisse aussi bien le pays que la littérature. C'est le cas du R. P.
Zapletal, et comme il a parcouru la Palestine dans tous les sens, y compris la
Le soin que met le R. P. Zapletal à s'enquérir de tout ce qui touche aux realia
bibliques se retrouve dans sa brochure sur le vin dans la Bible (2). La Palestine,
pavs de vin, la disposition des vignobles, la vendange, la préparation, l'usage et
l'abus du vin, même l'usage du vin dans le repas pascal, tout cela est passé en
revue et expliqué par les textes. La philologie est. comme toujours, diligente et
précise. Ou regrette qu'il n'ait pas été fait allusion à ces étiquettes d'amphores
des meilleurs crus retrouvées à Samarie par M. Reisner. Les prohibitionnistes se
réjouiront de voir disparaître de Zicharie 9, 17 le texte : « le froment [fait
croître] les jeunes gens et le moût fait croître les vierges », où, paraît-il, il faut
lire : « Froment et moût y coulent », c'est-à-dire dans le pays de lahvé. Une
justification de ce changement du texte, respecté par M. von Hoonacker, n'eût pas
été de trop (3).
Les novices ne doivent pas s'occuper d'études. Mais ils voudraient com-
prendre le sens des psaumes de l'office de la. Vierije {4' qu'ils récitent chaque jour.
Et voilà pourquoi le^R. P. Hugueny 0. P. leur a commenté le texte sacré en
tenant grand compte du sens de l'hébreu; voilà comment le nom de M. Duhm
figure à côté des effusions de la piété. A vrai dire les applications spirhuelles sont
de telle nature que peu importe le point de départ précis; c'est moins de l'exégèse
qu'une transposition du sens ancien eu faveur des âmes ferventes de notre temps.
NéanMoins c'est quelque chose que de comprendre mieux le sens littéral. On ne
voit pas sur quoi s'appuie cette décision « Il est de foi que notre texte latin
:
(p. 6 . Ce n'est sûrement pas sur le décret disciplinaire de Trente qui déclare la
(1) Jephlas Tocher. Kulturbilder aus der Frùhzcit des jùdischen Volkes, von Yincenz
Zapletal, 0. P. in-16 de viii-372 pp. Paderborn, Scliôningh. sans date. Cartonné aux armes du
bouclier de David.
\2) Der Wcin in der Bibel. KulturgeschichUiche luid exegetische Studie, von Dr. Yincenz
Zapletal 0. Pr. Professor an der Lniversitat Freiburg in der Schweiz {Biblische Sludien, xx, 1),
8» de 79 pp.
(3. RB. l'jll, p. -2(3.
M. Micha Josef bin Gorion continue à publier en allemand Les légendes des
Juifs '1}. Le volume qui vient de paraître a pour thème les douze tribus. L'indi-
cation des sources est rejelée eu appendice. Citons comme échantillon la manière
de préparer les téraphira. « Ou coupait la tète à un homme qui devait être un
premier-né, et on arrachait les cheveux. La tète était saupoudrée de sel et ointe
d'huile. Après cela on prenait une tablette de cuivre ou d'or, on écrivait dessus
le nom d'un faux dieu, et on la glissait sous la langue de la tète coupée. La tête
était ensuite dressée dans une chambre, on allumait des cierges et on se proster-
nait devant elle. » Tout cela est fort intéressant, et il faut remercier les savants
juifs qtii mettent ces choses à la portée du grand public, dans l'intérêt du folklore.
une fois on avait cueilU le fatal rameau. Ce sont maintenant douze volumes qui
forment la collection du Golden Bough. Assurément il faut les lire si l'on veut
apprécier les richesses de cette galerie. Mais on aura une vue d'ensemble dans :
The magical origin of kings, que M. Paul Hyacinthe Loyson vient de traduire en
français (2).
L'auteur nous introduit donc d'abord dans le bois sacré d'Aricie. et c'est là qu'il
nous laisse. Le prêtre roi. c'est Virbius, le favori de Diane, ou >'uma. conseillé
par Egérie il incarnait le dieu du chêne,
; et devait donc s'accoupler à la déesse
du chêne. D'où de longs développenienis sur les mariages sacrés, spécialement sur
le mariage des plantes. Et rarement en effet les religions anciennes se pratiquaient-
elles sans quelque allusion à une union sacrée. Mais si un culte faisait exception,
n'était-ce pas celui d'Artémis et d'Hippolyte, que les Grecs ont cru reconnaître
dans Diane et Virbius? Les grossières superstitions des sauvages sont peut-être
moins loin des croyances du Latium que la virginale poésie d'Euripide. Mais il
doit y avoir eu au rapprochement d'Hippolyte avec Virbius une raison qu'on ne
trouve pas dans le dernier ouvrage de M. Frazer. Aussi bien, quand il s'agit des
amours des plantes... d'autant que ce n'est pas la thèse principale. Celte thèse,
nos lecteurs la connaissent déjà. Avant la religion était la magie, et quand la
religion fut née. la magie prit un autre cours et devint la science. Semblable
évolution dans l'ordre politique. Les magiciens étaient eu même temps les chefs
des tribus primitives, comme ils sont encore les principaux personnages des tribus
1) Die Sagen der Juden. Die Zwôlf Stàmme. Jûdische Sageti und ilylhen. 8" de sji 308
pp.; Francfort-sur le-M., 1919.
(-2) 10-4" de -iof} pp. Paris, Geulliaer, 19-20.
132 REVUE BIBLIQUE.
conteste pas, et Ton admire avec quelle sagacité M. Frazer a réuni pour la prouver
des exemples topiques. La réunion primitive du pouvoir sacré et du pouvoir poli-
tique dans les mêmes mains ne fait pas de doute. Il est plus malaisé de discerner
les rapports de la magie avec la religion et avec la science. C'est le droit, c'est le
La magie pure, c'est une conception purement naturelle du monde et des relations
de cause à effet, d'où les hommes ont déduit ces deux conséquences fausses, qu'on
peut produire certains effets en les imitant, et qu'on atteint une personne si l'on
dispose d'un objet qui a été à son usage. C'est ce que M. Frazer nomme la magie
homéopathique et la magie contagieuse. La religion, au contraire, dans son état
le plus rudimentaire, suppose l'intervention de forces inconnues, qu'il s'agit de
capter. Voilà pour l'analyse; mais ces concepts se retrouvent-ils à l'état pur dans
les cas concrets? une question de savoir si les deux systèmes, magie
Ce n'est pas
Et pourtant, ce n'est pas une question pour lui, c'est une certitude, que la magie
pure a précédé la religion, dans un temps où il n'existait aucun soupçon de forces
inconnues qu'on nommera Inexactement) surnaturelles, pour employer le terme
reçu communément. —
Or c'est ce que le recenseur regarde comme non prouvé,
et même comme inconcevable. En effet l'on ne saurait concevoir (jne les hommes,
si pénétrés qu'ils soient de croyances magiques, mettent les jictious magiques
exactement sur le même pied que les aclFons naturelles, qu'un homme s'imagine
tuer son ennemi aussi silrement en perçant le cœur d'une image de cire qu'en lui
donnant un coup de couteau. Et la preuve qu'on ne le pensait pas, c'est que d'ordinaire
on a recouru à des magiciens. C'est donc qu'on leur attribuait une puissance
inconnue et inexplicable, qui ne peut leur appartenir simplement parce qu'ils
connaissent les recettes qui, d'après le principe de la magie, doivent être à la portée
de tous. Qu'on nomme tnana ou autrement ce pouvoir supérieur, s'il entre en scène,
et le plus vaillantde sa tribu, c'est émettre une de ces théories commodes que le
philosophe en pantoufles fabrique les pieds sur les chenets, sans se donner la peine
de consulter les faits » (p. 83;. Et cependant il a écrit aussi « Il est raisonnable :
(1) p. 41. 43. G7; p. l!.t-2 : • Ici encore il faut faire remar«iuer la fusion de la religion et de
la mayie ».
BLLLETIX. 153
agile,en Grèce, ou au plus gras comme le plus beau pas eu Grèce! Le philosophe —
en pantoufles avait tort de dédaigner rélénient religieux, mais M. Frazer exagère
les mérites des magiciens et les bienfaits de la magie. C'est un brillant paradoxe,
mais un paradoxe quand même, que ce tableau du magicien intelligent qui veut
savoir pour n'être pas suspect d'imposture. Le principe de la recherche, a dit
Aristote avant Descartes, c'est le doute. Le magicien a confiance dans son pouvoir
magique, et s'il a perdu cette confiance, il se gardera bien d'ouvrir les yeux aux
autres. Ce n'est pas dans les milieux oîi règue la superstition que l'on s'éprend du
savoir. Et non seulement le magicien ne se résoudra pas à compruraettre son
propre empire; il sera l'ennemi acharné de ceux qui chercheraient aux mystères
du monde d'autres solutions que celles qui sont son gagne-pain et la raison d'être
de la corporation. Si la science est sortie de la magie, c'est par une réaction que
les magiciens ne se sont jamais souciés d'aider par leurs recherches. Cette phrase :
€ à la longue les plus fins d'entre eux percent l'imposture de la magie et imaginent
une méthode plus efficace d'utiliset les forces de la nature au profit des humains;
bref, ils abandonnent la sorcellerie pour la science » (p. 165, peut être vraie des
hommes en général; c'est une gageure de l'entendre comme M. Frazer des magi-
ciens spécialement.
Et il en est de même de la royauté. La distinction des pouvoirs est cliose moderne,
et, parmi les pouvoirs, les hommes
anciens ont sans doute donné le premier rang
aux pouvoirs surnaturels prétendus. Mais la valeur d'un chef, son intelligence, ont
pu passer aussi pour des pouvoirs surnaturels plus efficaces que les opérations
magiques. La royauté a pu se dégager de la corporation des magiciens non pas
comme le papillon sort de la chrysalide (1), mais en vertu de la formule : « ceci
tuera cela non sans de multiples compromis, comme la vertu des insignes de la
»,
leurs morts violentes comme des cas de meurtre rituel du roi. 11 nous appartient
plutôt de protester contre la conversion de la fête de Diane le 13 août en fête
d'Assomption de la Vierge p. 16 Assurément nous ne prétendons pas établir que
.
le 15 août soit une date historique, conservée par la tradition. Mais que le choix
fauves», etc. 'i., c'est encore un paradoxe 3. Pendant qu'il y était, M. Frazer
aurait pu citer ce passage du Cantique qui figure dans l'office de l'Assomption :
Yeni —
de cubilibus konum, de montibus pardorum. Voilà du moins quelque chose
qui rappelle la Diane chasseresse! Il faudra, longtemps encore, se tenir en garde
contre l'écueil de la science des religiojis : les rapprochements forcés et arbitraires.
La traduction de M. Paul Hyacinthe Loyson est fort agréable à lire, aussi coulante
que du français (4;.
(1) p. «31.
(2) p. 15.
f3i La fête prit sans doute naissance à Jérusalem; peut-être en Occident se célébrait-elle
le 18 janvier. Cf. dom Cabrol, dans le Dictionnaire d'arch. et de liturgie.
ii P. 233 « F,a Campaaie » ne saurait sans équivoque désigoer la campagne romaine.
134 REVUE BIBLIQUE.
Mais l'ouvrage le plus important de sir James George Frazer, du moins pour
les biblistes, est intitulé Folk-lore in ihe Old Testament (1). Il est considérable,
en trois volumes très denses, et comme toujours bourrés de faits. Depuis le
est partie d'un état social et religieux ressemblant plus ou moins à celui des sau-
vages, et qu'on doit en trouver la trace chez les Hébreux aussi, ces survivances
ne faisant que mieux ressortir la religion spirituelle et la pure moralité de l'Ancien
Testament. Et comme les Hébreux sont un peuple très jeune, qui a émergé d'un
milieu polythéiste, qui a été constamment tenté de retomber dans ses erreurs ou
de partager celles des peuples voisins, il est en eîî'et impossible qu'on ne trouve
dans la Bible des traces de ces coutumes et de ces croyances que les hommes
(l) Sludies in comparative religion legend and law, in tliree volumes, de xxv, 560; xxi, 571 ;
XVIII, SC,6. —
London, Macmillan, 1919.
(2; II" aiiywhere I hawe forgoueu tlie caution wicli I reeommend to otliers, and hâve expressed
myself with an appearance of dogmatism wliioh tlie évidence does nol warrant, I would
request llie reader lo correct ail sucli particular statements by this gênerai and sincère
profession of scepticisra (I, ix s.).
BULLETIN. 155
tantôt ce sont de purs mythes. M. Frazer range le récit biblique dans le premier
groupe, du moins cela lui paraît probable, et rattache ce fait réel à des inondations
normales plutôt qu'à une catastrophe, ce qui paraît moins naturel.
La tour de Babel et l'explication de l'origine de la diversité des langues ont
des répondants dans le folk-lore. Mais en dehors de la Bible et des réminiscences
bibliques, on ne voit pas que les deux faits aient été mis en relation. Alors
il n'y a plus de ressemblance sur l'espritmême du récit.
Le scepticisme de M. Frazer vis-à-vis de ses propres recherches le sert utilement
lorsqu'il s'agit du radicalisme de la critique, et le préserve d'un autre scepticisme,
qui serait moins justiûé, vis-à-vis de l'histoire. Il ose le dire : « Je ne vois pas
de raison suffisante pour révoquer en doute, avec quelques écrivains modernes,
la réalitéhistorique des grands patriarches hébreux », tout en ajoutant « Quoique :
Le droit de Jacob n'en eût été que mieux constaté. Et enfin le fait n'en serait
que plus vraisemblable en soi. —
L'alliance contractée par Abraham avec Dieu
(Geu. 15, 9-21), n'était pas évidemment un rite institué ad hoc, et l'on doit savoir
gré à l'auteur d'avoir indiqué des rites plus cruels dont celui d'Abraham était une
mitigation. Il n'y a rien à objecter à son hypothèse que les deux moitiés de deux
squelettes d'un jeune garçon et d'une jeune fille, trouvés à Gézer, soient les restes
lamentables d'une cérémonie d'alliance entre Cananéens. .
pratiques adoptées pour tout ce qui les touche. A ce compte il faudrait bien
conclure que la religion spirituelle magie des
n'a pas réagi en ce point sur la
à révéler la richesse des notes que l'auteur a mises au service des biblistes;
il leur sera difficile de s'en passer, sauf à se former une conviction toute différente
sur la nature des rapports "entre le folk-lore et nos Livres saints.
La question de principe avait d'ailleurs été déjà abordée par les Pères.
Le R. P. Pinard, S. J. nous le rappelle dans un intéressant article sur Les infiUra-
lions païennes dans l'ancienne Loi d'après les Pères de l'Église (2). On a mauvaise
grâce à critiquer un titre, mais il faut avouer que le mot d'infiltrations suggère
une pénétration de la Loi de Moïse par des usages païens. Est-ce donc à cause
des Pères que le P. Pinard dit infiltrations quand Frazer dirait plutôt survivances?
Mais les infiltrations eussent sans doute paru inadmissibles aux Pères, et elles
seraient en effet en contradiction avec le progrès chez les Israélites de la religion
de l'Esprit. Et en effet la pensée des Pères, c'est que Dieu a toléré certains points
qui existaient déjà, pour conduire peu à peu le peuple de Dieu vers la perfection
que devait être le christianisme (3). C';la dit, on ne peut que féliciter le R. P.
d'avoir rappelé ces beaux textes de saint Justin, de saint Cyrille, de saint Chryso-
stome, etc., qui témoignent d'un sens religieu.x si siir et d'une incontestable péné-
tration historique. Comme il le dit trcs bien, cette étude « permettra de plus au
lecteur chrétien d'apprécier les latitudes que lui laissent les principes émis par ses
pères dans la foi : ilsn'ont pas cru que l'originaliié de la « vraie religion » dût
consister à n'avoir aucun point de contact avec les « religions fausses », ni que
toute analogie entre celles-ci et celles-là dût provenir d'un plagiat à la charge
du paganisme « (p. 221).
On ne voit pas non plus comment concilier ce qui est dit t. I, p. 4iO et p. 490 ss. sur
(1)
le jus primne noclis en Ecosse.
(2) Extrait des Recherches de Science religieuse, sept. 1919.
(3) C'est ainsi d'ailleurs que le R. P. résume la pensée de saint Cyrille d"Al. p. 20".
(i) Semaine d'ethnologie religieuse. Compte rendu analytique de la II« Session, tenue à
LouvaiD (27 aoiU-4 septembre lois;, in-S'de 505 pp.
BULLETIN. 157
M. Brillant n'a point osé rejeter tout à fait la correction de Lobeck dans la
formule de Clément d'Alexandrie : « J'ai jeîlné, j'ai bu le kykéon, j'ai pris dans
la ciste, et après avoir goûté [aux aliments] » etc. (p. 90). Le texte dit : « après
avoir manié », après avoir fait usage.
M. Kôrte en a tiré une conclusion singulière (2). Pour lui l'objet qu'on prend
dans la ciste et qu'on y remet est, comme pour Dieterich, un pudendam, mais un
pudendum muliehre. Mais, si je le comprends bien, dans une matière plus que
scabreuse, l'initié ferait le simulacre de naître de la déesse. Ce serait un rite
celle d'en haut; fort est celui qui est engendré de la sorte. »
Les scrupules que Dieterich (4) avait encore de faire fond sur ce commentaire
naassénien n'arrêtent plus du tout M. KiJrte. La combinaison est ingénieuse. Si
c'était bien là le secret d'Eleusis, sou prétendu sacrement aurait ressorti à la
plus crasse magie, telle qu'on l'a retrouvée chez les Hindous for the purpose of :
Et c'est bien d'après ce rite singulier que les Grecs ont imaginé l'adoption
d'Héraclès par Héra (6). Mais on hésite à leur attribuer renouvellement pra- le
tique de cette fiction. Si l'on admet qu'après tout ce n'est pas pire qu'une hiéro-
gamie qui est censée produire immédiatement son effet, ou ne comprend plus
« je suis arrivé ».
n'aura pas reçu confirmation d'ailleurs, on pourra se demander s'il n'y a pas eu
confusion », etc. —
Mais il semble que le nom de Brimô donné à Déraéter par Clé-
ment d'Alexandrie est précisément la confirmation d'Hippolyte (3) et nous en
déduisons en même temps que l'acte mis en scène n'était pas un rite d'adoption,
mais une imitation de l'union de Zeus et de Déméter.
Le même savant croit avoir trouvé dans un texte d'Aristote « la preuve for-
melle que le meurtre de Zagreus tenait une grande place daus les mystères
d'Eleusis (-1) ». Preuve formelle, c'est beaucoup dire, car M. Reinach a seulement
prouvé qu'Aristote se demandait si l'interdiction de bouillir une viande avant
de la rôtir ne s'explique pas par ce qui est dit « dans la célébration des mys-
tères », £v Tfj TEXîTr;. que l'on traduirait plus volontiers « dans l'initiation » elle-
même (5). Que cette initiation soit celle de Zagreus, cela va sans dire, mais que
l'initiation soit celle d'Eleusis, la -iXE-ri par excellence, cela ne résulte pas de ce
que le rédacteur où les rédacteurs des Problèmes n'avaient pas d'autre horizon
que celui L'initiation, avec l'article, est peut-être simplement celle
d'Athènes.
qui est en quand on parle de viandes bouillies et rôties. Le fait de
question
fermer le temple de Junon quand on célèbre les mystères d'Eleusis n'est pas un
argument plus clair. Quant au texte de Pindnre, M. Picinach y voit avec M. Tan-
nery une allusion au péché originel des Orphiques « Ceux de qui Perséphone :
agrée la satisfaction de l'ancienne rancœur '-oivàv ;:aÀatoij -jvOeoç), elle les renvoie
au bout de neuf ans à la lumière du soleil. » Cette interprétation nous paraît
aussi tout à fait vraisemblable. Mais toute l'importance qu'on donnera aux dogme^
des Orphiques ne prouve point qu'ils aient tenu une grande place à Eleusis.
L'Orphisme, religion de convaincus, qui exigeait une ascèse austère et étrange,
était trop absorbant pour se contenter d'une place, et l'on ne peut cependant pas
dire qu'il avait pris à Eleusis toute la place. Ce ne sont pas seulement des rites
qu'il eût fallu combiner, ce sont deux esprits iaconciliables qu'il eût fallu foudre
en un seul.
style lui paraît trop étrange. Et il se peut que le texte ait été un peu transformé,
comme dans le cas de saint Justin sur Simon le mage, qui faisait bien allusion à
quelque chose de quoique ses renseignements aient été peu exacts. D'ailleurs
réel,
nous avons maintenant une inscription aux dieux inconnus. C'est celle de Per-
game (2). Quoiqu'elle soit malheureusement incomplète. M. Weiureich établit que la
restitution déjà proposée par M. Hepding est la seule vraisemblable : ôcou if[i(hi-oii.
Après le gamma, la petite barre pourrait appartenir à un iota ou à un gamma
comme à un nu. Mais à-i-voï; serait trop court, àyvoTdtrotç ou à'i-(éXoiç, improbables;
«YuoTâTûtç se place ordinairement avant le nom. Quant à l'Apollon où/. àyvwcTTOî du
papyrus 3 de Giessen, il ne faut pas le prendre au tragique, non plus que la
Varia. —
La TJieologisch Tijdschrift de Leyde vient de suspendre définiti-
vement sa publication. Elle a eu sa période de gloire du temps de son fondateur
Kuenen, le chef de l'exégèse hypercritique hollandaise. Comme cette exégèse n'eut
jamais grande influence sur la pensée théologique et religieuse des Pays-Bas, la
Revue Théologique eut à lutter pour l'existence, et dans les dernières années
surtout changea plusieurs fois de rédaction. Maintenant elle tombe victime de la
J. V.
Le Gérant : J. Gabalda.
Seigneur Jahvé. Que celui qui écoute, écoute, et celui qui ne le fait pas, qu'il ne le
fasse point, car ils sont une maison rebelle.
XXXIII, 21. Et il advint, la 'onzième' année de notre captivité, le cinq du
dixième mois, qu'un fugitif de Jérusalem arriva vers moi. disant : la ville est
détruite. 22. Et la main de Jahvé fut sur moi le soir qui précéda l'arrivée du fu-
gitif, et il m'ouvrit labouche au moment de son arrivée' au matin; et il m'ouvrit
la bouche et je ne fus plus muet.
Raison du mutisme. —
Le mutisme d'Ézéchiel n'étant pas à pro-
prement parler un symbole, on n'a pas à en rechercher le symbo-
lisme. C'est pourtant un fait dont on veut connaître la cause et noter
la leçon. Écoutons le discours de Jahvé à son prophète « Je vais :
c'est pour leur parler un jour d'une manière plus terrible, dans
(1) In h. 1.
(4) In b. 1.
LES SYMBOLES PROPHÉTIQL'ES D'ÉZÉCHIEL. 163
1. Et toL fils de l'homme, prends une brique, place-la devant toi et graves-y
une ville, Jérusalem. 2. Mets le siège contre elle, construis contre elle un mur
de circonvallation, élève contre elle des chaussées, dresse contre elle un camp et
dispose contre elle des béliers tout autour. 3. Et toi, prends une plaque de fer et
place-la comme un mur de fer entre toi et la ville : tourne ta face de son côté,
et elle sera assiégée et tu l'assiégeras. Ce sera un signe pour la maison d'Israël.
7. Et pour le siège de Jérusalem, tu disposeras ton visage et ton bras nu, et tu
prophétiseras contre elle.
(1) U ne reçoit pas ici l'ordre de parler; par conséquent son mutisme n'est pas inter-
rompu.
164 REVUE BIBLIQUE.
(1) Je traduis "liïQ par xiège comme au v. 3, plutôt que par instruments de siège,
Symbolisme .
— Il ne saurait faire de doute. Le siège grossièrement
esquissé sur la brique annonce le siège prochain que Jérusalem
devra supporter. Mets le siège contre elle (v. i). disait le Seigneur,
tourne-toi contre elle v. ,3 , elle sera assiégée et tu l'assiégeras [ibid.) ;
qu'à disposer la brique en face de lui, à dégager son bras des plis
de son manteau, et il s'acquittera de son rôle d'assaillant. Il y aura
des choses plus difficiles dans sa carrière symbolique.
On a dit parfois '^Bertholet, Kraetzschmari que, dans ce rôle, Ezé-
chiel tenait directement la place de Jahvé, lequel serait en consé-
quence le véritable assiégeant, et Ion a voulu découvrir dans cette
identification une supériorité de la morale des prophètes sur la morale
populaire. Le peuple, dit Bertholet, confondait toujours les destinées
de la nation et de son Dieu, tandis que, pour les prophètes, Dieu pou-
vait parfois prendre parti contre son peuple et le châtier.
Quoi qu'il en soit de ces observations — qui appelleraient bien
des réserves — ou cherche en vain dans le symbole une expression
et même dans tous les autres, Ézéchiel se distingue de Dieu comme son
agent, son instrument, son mandataire ; il ne se confond pas plus avec
Jahvé qui l'envoie qu'avec le peuple auprès duquel il est accrédité.
Résumons symbole le :
seras contre elle. 8. Et voici que je t'ai rais des chaînes pour que tune puisses changer
de côté, jusqu'à ce que tu aies accompli les jours de son siège. »
sable et, par suite, devait être regardé comme une pure allégorie.
Voici ce qu'écrivait saint Jérôme dans son commentaire d'Osée, où il
expliquait métaphoriquement le mariage du prophète et de Gomer :
qu'un homme demeure enchaîné et couché sur son côté pendant trois
cent quatre-vingt-dix jours. On a tous les jours des expériences qui
en prouvent la possibilité dans les prisonniers, dans divers malades,
et dans quelques personnes qui ont l'imagination blessée et qu'on
(4) Manuel Biblique, t. II, 13' éd., p. 736, note l. C'est encore l'hypothèse de Knaben-
bauer : in Éz., p. 67.
168 REVUE BIBLIQUE.
dente. Elle a ceci de curieux que le prophète n'aurait passé que ses
nuits dans cette attitude, alors que le texte sacré ne parle précisément
que de jours. Et puis, qu'y aurait-il de surprenant à ce que le
prophète dormit la nuit sur le côté gauche ou sur le côté droit? Et
comment les Juifs auraient-ils pu s'assurer de la réalité du symbole?
A moins d'aller déranger le prophète durant son sommeil...
Venons enfin à l'interprétation littérale. C'est celle qui a été tou-
jours le plus en faveur parmi les commentateurs, celle qui rallie
aujourd'hui encore les suffrages les plus autorisés. Nommons parmi
ses partisans Théodoret, Maldonat, C. a Lapide, Calmet, Le Hir,
Klostermann, Bertholet, Kraetzschmar, Crampon, Gautier. Quel-
ques-uns de ces exégètes, il est vrai, recourent à la catalepsie pour
expliquer l'immobilité du prophète; mais admettent tous qu'il
ils
côté gauche, puis sur le côté droit... Je t'ai mis des liens pour que tu
ne puisses changer de côté... De telles formules n'ont-elles pas une
signification franchement réaliste? Elles n'ont même de sens qu'à la
condition de désigner des faits réellement accomplis. Car cette
immobilité, si pénible en raison de sa durée extraordinaire, n'est
autre chose — le symbole le dit assez — qu'un châtiment imposé à
Ézéchiel pour figurer le châtiment infligé aux deux royaumes
d'Israël et de Juda. Il est nécessaire que les faits soient réels, si l'on
lié à d'autres symboles, celui des liens (v. 8), celui de la nourriture
rationnée (vv. 10, 11, 16, 17), dont la réalité n'est guère discutable.
On ne comprendrait pas qu'un symbole imaginaire fût mêlé à la
trame de symboles nettement réalisés.
Combien de temps dura cette pénitence? Le texte original et les
versions s'accordent à dire que le prophète devait rester quarante
jours sur le côté droit; ils diffèrent sur le chiffre relatif au côté
gauche, et, par suite, sur la durée totale du symbole. L'hébreu
porte 390 jours pour le côté gauche, ce qui élève à 430 jours la
durée totale de l'épreuve. Le texte des Septante est plus compliqué.
Nous y lisons 4. Et toi., tu te coucheras sur le côté gauche, et tu y
:
Ézéchiel serait donc resté 190 jours sur le côté gauche et iO sur
le côté droit.
Que couché? Quel est le but de cette pénible immo-
fait-il ainsi
(2) Contrairement à ce que dit M. Vigouroux « Afin de montrer combien les péchés
:
du peuple sont grands et nombreux, le prophète reçoit l'ordre de se coucher 390 jours
sur le côté gauche...; il obtiendra ainsi une diminution de châtiment pour ses frères »
[Manuel Biblique, t. II, p. 736; la même explication est reproduite dans les annotations
de la Sainte Bible Polyglotte).
LES SYMBOLES PROPHÉTIQUES DÉZÉCHIEL. 171
mation des 190 jours, il n'y avait pas d'inconvénient à envisager la pénitence de Juda
sous un autre aspect, moins historique que symbolique.
LES SYMBOLES PROPHÉTIQUES D'ÈZÉGHIEL. 173
9b. [Durant les jours que tu seras couché sur le côté..., ... jours, tu la mangeras.]
10. Et ta nourriture, tu la mangeras au poids, vingt sicles la mangeras
par jour; tu
d'un jour à un autre jour. 1 1. Et l'eau, tu la boiras à la ration, un sixième de hin d'un ;
jour à un autre jour, tu la boiras. 16. Et il médit Fils : de l'homme, voici que je vais
briser le bâton du pain à Jérusalem, et ils mangeront le pain au poids et dans l'an-
goisse, et ils boiront l'eau à la ration et dans l'épouvante, 17. afin qu'ils manquent
de pain et d'eau, qu'ils dépérissent les uns et les autres et qu'ils se consument à cause
de leurs iniquités.
Et, toi, prends du froment, de l'orge, des fèves, des lentilles, du millet et de
l'épeautre ; mets-les dans le même vase et fais-t'en du pain.
Sijmbole. —
Les nombreuses remarques qu'appelle ce fragment de
symbole ont été présentées au § 2. Il a été établi qu'il n'occupe pas
actuellement la place qui lui avait été assignée par le prophète;
qu'il n'appartient même pas à la période d'immobilité stricte à
laquelle Ézéchiel a été voué plusieurs mois durant ;
qu'il a été sans
doute réalisé après le symbole de l'immobilité, pendant les années de
mutisme; enfin, qu'il a été inséré à cette place par un scribe qui a
cru bien faire de placer le pain composite à côté du pain rationné.
Dans l'état actuel du texte, nous ne savons si le prophète dut pré-
parer son pain un ou plusieurs jours avec ces substances hétérogènes.
Mais il n'y a pas de doute que le symbole n'ait été réalisé au moins
une fois.
176 REVUE BIBLIQUE.
peuple pour frapper vivement tous les esprits, précisément parce que
le symbole était, en matière d'impureté légale, une exagération
énorme, une charge.
12. Et une galette d'orge tu mangeras, et tu la feras cuire avec des excréments
humains sous leurs yeux. 13. Et Jahvé dit C'est ainsi que les Israélites mangeront
:
leur pain souillé parmi les nations où je les chasserai. 14. Et je dis Ah! Seigneur :
Jahvé, jamais je ne me suis souillé; je n'ai jamais mangé de bête morte ou déchirée
depuis mon enfance jusqu'à ce jour, et jamais viande impure n'est entrée dans ma
bouche. 15. Et il me dit : Vois, je te permets la bouse de vache au lieu des excré-
ments humains : tu feras ton pain là-dessus.
était de ceux dont on n'oublie pas les leçons. Il n'était pas nécessaire
de le renouveler. Il ne le fut pas.
On connaît les fades plaisanteries du xviir siècle sur le déjeuner
(TÉzéchiel. En voulant faire de l'esprit, Voltaire commettait un épais
contresens. Le texte original ne contient nullement l'invitation sau-
grenue qu'y découvrait le trop célèbre philosophe; il dit seulement :
améliorée, puisqu'elle porteEt stercore quod egreditur de hornine, operies illud in oculis
:
eorum. Le pain ne doit pas être recourerf d'immondices, une fois cuit, il doit être cuit
avec ro cornbustiblf.
iiicvur; BiELii.n E ly^l. — t. xx.v. 12
178 REVUE BTBIJQUE.
pas enfreint une seule fois les prescriptions divines sur les aliments.
Cette fidélité ne méritait-elle point quelques égards?
La répulsion d'Ézéchiel était si profonde et si vive que Jahvé con-
sentit à tempérer la rigueur de son ordre. « Vois, lui dit-il, j'au-
torise la bouse de vache au lieu des. excréments humains. » Cette fois,
l'ordre divin ne contenait rien d'inacceptable car, quoi qu'en dise
;
Bertholet (1), il ne semble pas que le fumier des animaux fût regardé
chez les Juifs comme une chose impure il est au contraire probable
;
avec des excréments humains... C'est ainsi que les Israélites man-
geront leur pain souillé parmi les nations où je les chasserai. » Il est
visible que l'accent est sur l'adjectif souillé.
De même que le prophète reçoit l'ordre de manger un pain impur,
ainsi les Israélites auront à manger des aliments impurs parmi les
nations où ils seront bientôt dispersés.
Il est vrai, Dieu revint .sur sa première injonction et le prophète
n'eut pas à manger de ce pain souillé. Est-ce à dire que le symbo-
hsme ait été modifié et que la menace du pain d'exil ait été écartée?
Nullement, car la valeur sémantique dépendait du symbole tel qu'il
avait d'abord été proposé, non du symbole tel qu'il a été réalisé.
Le deuxième mode de
cuisson ne possède aucune signification parti-
culière ;
qu'un adoucissement accordé aux instances du pro-
ce n'est
phète; seul le premier mode, quoique non réalisé, a un symbolisme,
et c'est le symbolisme initial. Pour tenir compte de cette nuance,
on n'a qu'à retoucher légèrement la formule précédente et dire :
1. Et toi. fils de riionime. pieods une lame affilée, prends-la en guise de'
rasoir dç barbier, fais-la passer sur ta lëte et ta barbe : prends aussi la balance à
peser, et fais-en plusieurs parts. 2. Tu eu brûleras un tiers au feu, au milieu de in
ville, lorsque seront accomplis les jours du siège; tu en prendi^s un tiers que tu
frapperas de lépée tout autour de la ville; quant à lautre tiers, tu le disperseras
au vent et je tirerai l'épée derrière eux. 3. Tu en prendras un tout petit peu et tu
le serreras dans l'aile [de Ion naintean]. 4. Ta en prendras ener,,-, ,/ /,/ i^ j^fi.,,-,,^
12. Un tiers de se.s habitants perim pur la peste et sera consumé par la famine
dans son sein, un autre tiers tombera sûi(s le glaive autour de toi: quant ou dernier
tiers, je le disperserai à tonJ vent, el je tirerai l'épée derrière lui.
réalisation. Ézéchiel devra exécuter les ordres reçus dès qu'il aura
terminé les -230 jours de siège et d'immobilité, sans doute lorsque,
dégagé de ses liens et de sa pénitence, il aura recouvré sa
liberté
d'action v. 2). C'est alors qu'il devra se raser et partager son poil
d'après les instructions divines.
Je ne sais comment dom Calmet a pu s'imaginer que le prophète
devait se raser avant l'ouverture du siège symbolique et détruire
chaque jour une part de ses cheveux. «... A mesure que les jours
de ce siège figuratif s'accompliront. Vous ne brûlerez pas tous ces
y
.
cheveux à la fois, mais par parties (1) ». Le texte original est formel
en sens contraire le prophète devra brûler le même jour le tiers
:
qui doit être livré aux flammes, et cela « à la fin des jours du sièee ».
Nul doute qu'il ne réalise d'une manière analogue le reste de son
programme.
Les ordres transmis possèdent une clarté qui se passe de commen-
taire. Ézéchiel doit diviser ses cheveux en trois parties. Les Septante,
il est vrai, parlent de quatre parties: mais leur texte témoigne
d'un visible embarras, puisque, au lieu d'identifier la quatrième partie
avec le petit reste caché dans le manteau, comme on s'y attendrait,
ils l'en distinguent, en lui assignant le même mode de destruction
qu'à la première partie. Les trois tiers de l'hébreu sont donc à pré-
férer aux quatre quarts des Septante. Le premier tiers doit être —
brûlé sur la brique qui représente Jérusalem le deuxième, frappé ;
(2) C'est dans un coin de leur kefDeh ou de leur abay que les Arabes cachent encore
leurs objets précieux argent, monnaies antiques à vendre aux
: étrangers...
'o; Cité par Troclion, in h. I.
LES SYMBOLES PROPHÉTIQUES D ÉZÉCHIEL. 181
Suspect, le début du v.
+ Test également et pour la niènie raison,
suivante :
;'l ; La glose aura été insérée par un scribe désireux d'attirer l'attention sur les malheurs
ijui atteignirent encore les Juifs de Palestine sous Godolias et dans la suite.
182 REVUE BIBLIQUE.
de jour, ;i leurs yeux, cl toi, lu sortiras le soir, à leurs yrii.r, comme ou sort pour
l'exil (^lose?) 5. A leurs yeux, perce la muraille : tu sortiras par là. 6. A leurs yeux
tu 'seras porté feur les épaules' et tu sortiras dans l'obscurité; tu voileras ton visage
et tu ne verras pas la terre, car jai fait de toi un signe pour la maison d'Israël.
7. Et je fis comme j'en avais reçu l'ordre: je sortis de jour mes bagages, comme
les bagages d'un exilé; et. le soir, je perçai la muraille de mes mains et je sortis" ;
maison rebelle, ne l'a-t-elle pas dit : Que fais-tu.' 9. Dis-leur : 10. Ainsi parle le
Seigneur Jahvé : Cette cliarge est i)Our' le prince qui est à .lérusalem et pour toute
la maison d'Israël qui est au milieu d'eux. Dis :
Et il se voilera le visage,
Pour ne point voir de ses yeux la terre.
Mais, cette fois, rien n'autorise les conjectures des critiques alle-
mands. Kraetzschmar allègue comme raison que les prophètes n'ont
pas coutume de faire des prédictions spéciales, personnelles, analo-
gues à ces oracles sur Sédécias. —
Pour se convaincre du contraire, il
•
nouvelle raison de penser qu'il n"a pas été inventé par un scribe eu
quête de pittoresque. On comprendrait plutôt que le détail de l'hé-
breu, incorrect et vulgaire, ait été substitué au précédent par un
copiste timide. En bonne critique, lorsqu'on se trouve en présence de
deux leçons, l'une banale, l'autre originale et difficile, la présomption
est d'ordinaire en faveur de cette dernière.
Mais doù viennent les hésitations des commentateurs, quand il
s'agit de reconstituer la scène? Comme toujours, de l'imprécision de
quelques termes, et surtout de la liàte avec laquelle on remplace les
indications objectives du
par des reconstructions subjectives.
texte
L'expression tu perforeras le mur prêtant à quelque ambig"uïté, on
s'est empressé d'y voir le mur de la maison que le prophète habitait à
' suit. Le prophète doit prendre ses bagages en plein jour et les porter
devant sa maison. Après quoi, il rentrera chez lui. Le soir venu, il
en captivité.
Comme si ce u'était pas assez d'une menace, on y revient aux
vv. 14-lG : Ils vont être dispersés à tout vent, parmi les nations;
2o. La parole de Jahvé rae fut adressée en ces termes : 24. Et toi, fils de l'homme,
trace deux chemins pour Tépée du roi de Bahylone; tous les deux partiront du
même pays: grave une main, grave-ld à l'entrée du chemin de la ville. 2-5. Tu
traceras un Rabbat des Ammoniies, et vers .Tuda et Jéru-
chemin au glaive 'vers
salem qui est en son milieu'. 26. Car le roi de Bahylone s'est arrêté au carrefour.
à la tête des deux chemins pour consulter les présages il secoue les flèches, il :
interroge les teraphim, il examine le foie. 27. Les présages ont été à droite, 'contre'
Jérusalem, pour dresser des béliers, pratiquer une entrée par la brèche, pousser
le cri de guerre, pour dresser des béliers contre les portes, élever des chaussées
et construire un mur de circonvallation.
'1j Sédécias. ariolé dans la plaine de .léricho, lui conduit a Nabutljodonosor, qui lui
creva les yeux, après l'avoir fait assister au massacre de ses fils, et l'envoya mourir
dans les cachots de Chaldée.
188 REVUE BIBLIQUE.
signe en tête de chaque chemin (au die Spitze eines jeden' Weges).
Malgré la divergence des remaniements proposés, les critiques,
Cornill, Toy, Rertholet, Kraetzschmar... s'accordent en ceci qu'ils
placent un signe en tète de chacun des deux chemins qui partent du
carrefour dans la direction de Rabbat Ammon et de Jérusalem.
En vertu des principes d'exégèse symbolique, semble qu'ils se il
Simplement pour marquer que les présages ont indiqué cette voie au
monarque assyrien. Il a hésité à ce carrefour, consulté le sort, lequel
a désigné la route de Jérusaieai de préférence à celle de Rabbat
Ammon. Il fallait indiquer tout cela sur la brique : cVst la main qui
remplit cet oflice.
2. Autre raison qui remaniements textuels des
suffirait à écarter les
De même que des signes sont placés en tête des chemins conduisant
à Rabbat Ammon et à Jérusalem,
ainsi Xabuchodonosor, après avoir consulté les présages, prendra la
route de Jérusalem.
On appréciera la beauté de cette structure symbolique! En réaUté,
tout cela est boiteux et porte à faux. Tout se tient au contraire, dès
qu'on abandonne les conjectures des modernes pour ne garder que
.
190 REVUEÎBTBLIQUE.
les données positives du texte une seule inaiii sur la route de Jéru-
:
Judée.
Ces résultats si harmonieux: dans leur simplicité n'exigent pas la
moindre retouche du texte hébreu. Tout au plus, pourrait-on négliger
comme une glose le dernier mot du v. '2ï grave iX"i2i, qui nest pas
:
tour à tour les Hiérosolymites, dont les iniquités ont rendu inefficaces
les serments divins les plus solennels (28, 29), le roi Sédécias, u le
1-5. La parole de Jahvé me fut adressée : 16. Fils de l'hoaime, voici que je vais
l'enlever par ud coup [soudain] les délices
tu ne te lamenteras point de tes yeux :
20. Je leur répondis : La parole de Jahvé m'a été adressée : 21. Dis à la maison
d'Lsraël : Ainsi parle le Seigneur Jahvé Voici que je vais profaner mon sanctuaire,
:
l'orgueil de votre force, les délices de vos yeux, l'amour de vos âmes. Vos fils ei
vos que vous avez laissés périront sous le glaive. 22. Et vous ferez comme
filles
J'ai fait Vous ne vous couvrirez pas la barbe, vous ne mangerez pas le pain de
:
douleur'. 23. Vous garderez la mitre sur la tête et la chaussure aux pieds; vous
ne vous lamenterez point ni ne pleurerez: mais vous vous consumerez dans vos
iniquités et vous gémirez l'un auprès de l'autre. 24. Ézéchiel sera pour vous un
signe : vous ferez tout ce qu'il a fait: et lorsque tout cela arrivera, vous saurez
que c'est moi, le Seisneur Jahvé.
Symbole. —
Le Seigneur annonce au prophète que sa femme va
lui être enlevée par une mort subite. A celle occasion, il ne lui inter-
dit pas la douleur secrète et silencieuse ; il lui défend seulement
toutes les marques extérieures de deuil, les lamentations et les larmes
bruyantes; il gardera sa coiffure
aux sur la tête et sa chaussure
pieds; ne paraîtra pas en public la barbe voilée; il prendra sa
il
(I) In il. 1.
(3) In li. 1.
LES SYMBOLES PROPHÉTIQUES DÉZÉCHIEF.. 193
13. La parole de Jalivé me fut adressée : 16. Toi. fils de l'homme, prends un
bâton et écris dessus : A Jiida et aux fils d'Israël, ses compagnons. Prends ensuite
un autre bâton et écris dessus : A Joseph, [le bâton d'Éphnûm]. et à toute la
maison d'Israël, ses compagnons. 17. Rapproche-les l'un de l'autre comme un seul
bâton, afin qu'ils soient un dans ta main. 18. Et lorsque les fils de too peuple te
diront : Ne nous expliqueras-tu pas ce que tu entends par là? 19. Dis-leur : Ainsi
parle le Seigneur Jahvé : Voici que je vais prendre, moi aussi. Je bâton de Joseph
qui est dans la main d'Ephraim et les tribus d'Israël, ses associées, et je les mettrai
sur le bâton de Juda, et j'en ferai un seul bâton et ils ne seront qu"uo dans ma
main.
20. Et les bâtons sur lesquels tu écris seront dans ta main, à leurs yeux. 21. Dis-
leur : Ainsi parle le Seigneur Jahvé : Voici que je vais retirer les fils d'Israël du
milieu des nations où ils sont allés: je les assemblerai de toutes parts et les amènerai
dans leur pays; 22. j'en ferai une seule nation dans le pays, sur les montagnes
d'Israël; ils auront tous un seul roi, ils ne seront plus deux nations, et ils ne seront
plus divisés en deux royaumes. 23... Ils seront mon peuple et je serai leur Dieu.
24. 3Ion serviteur David sera leur roi et leur uuique pasteur... 2G. Je ferai avec eux
une alUance de paix, une alliance éternelle...
Symbole. —
Aucun éxégète, à ma connaissance, ne conteste la
réalité du symbole. Il n'y a pas davantage de voix discordante pour la
manière d'entendre cette scène, laquelle du reste est d'une extrême
simplicité. Le prophète doit prendre deux baguettes de bois en v
inscrivant quelques mots, puis les rapprocher et les tenir unies dans
la même main, comme si elles ne formaient plus qu'une seule
baguette. Sur lune délies il doit écrire ces mots : .1 Juda et aux fils
compagnons, allusion à la tribu de Benjamin, aux débris
d'Is/'aqj^^ ses
De même que le prophète réunit dans une seule main deux baguettes
qui ont l'air de n'en plus faire qu'une,
ainsi le Seigneur réunira du milieu des nations tous les enfants
en sorte qu'ils ne feront plus qu'une
d'Israël sans distinction de tribu,
seule nation, un seul royaume; peuple désormais purifié et fidèle,
qui vivra sous la houlette d'un même roi et pasteur, Das-id. et avec
lequel le Seigneur contractera une alliance éternelle.
Israël et Juda s'étaient divisés au lendemain de la mort de Salomon.
REVUE BIBI.IOLE 1921, — T. XXX. 13
194 ElEVUE BIBLIQUE.
Bethléem.
(1) In h. 1.
LE CA>0> Dl XOUVEAL TESTAMENT
ET LE CRITERE DE LÀ CANONICITÉ
Les paroles de Xotre-Seisneur : < L'n seul est votre Maitre » [M \xiii,
8 , nont fait que réclamer d'une manière explicite une soumission
absolue à laquelle ses disciples s'étaient déjà habitués. Dès le commen-
cement, à Gapharnaiim, il une autorité surprenante,
avait parlé avec
et ces hommes qui furent choisis pour « être avec lui pendant qu'il •
quée chez la plupart des auteurs qui ont traité la question. On com-
mence généralement, comme nous venons de le faire, par constater
que les paroles de Jésus possédaient une autorité canonique. Ces
paroles, confiées à l'Écriture, lui auraient communiqué leur caractère
sacré; plus tard, l'on serait venu à_regarder les paroles parlées ou
écrites des apôtres comme l'expression de l'Esprit de Jésus et canoni-
ques, elles aussi. C'est le système de M. Jûlicher dans son introduction
au Nouveau Testament.
La « vieille Écriture » et le Seigneur, c'était, nous assure-t-il, pour
Paul aussi bien que pour les chrétiens de son temps, les sources
infaillibles de la connaissance religieuse. Partant ceci contenait le
« çerme d'une nouvelle Écriture. Le professeur de Marbourg est
>
-outenir. me
au point de vue théologique. L'assimilation
semble-t-il.
d'écrits, comme non inspirés,- aux écrits de 1 Ancien
d'abord regardés
Testament, introduirait une nouvelle doctrine, nullement contenue
dans la doctrine primitive ce ne serait pas du tout un développe-
;
mais de la foi à une vérité que l'Église enseis'ue comme révélée ('i\
1 Das Urteilstehl lest dass dièse Sammlang ein Restproduct isteinst galt ailes fur ins-
iriert, was ein Christ zur Erbaunung schrieb. » Die Entstehung des Xeuen Testaments,
ijI die irichtitjste Folgung der tieuen Schopfnng. Leipzig, 1914, p. 1.
,2) Article Bible dans ÏEncyclopedia Britannica, vol. III, p. 87Ô-8T7.
3) Sanday^ Ibid.
,'4) CL J. V. Baixvel, De Sacra Scriptura, p. 169;. Comme le remarque M. Tou-
zard : D'après renseignement de l'Église elle-même, l'inspiration échappe à nos moyens
or(.linaires d'investigation, il n'y a pas de critères humains assez sûrs, a^sez universels
pour permettre à qui que ce soit de discerner un livre inspiré d'un autre qui ne l'est
pas ->. [Revue pratique d' Apologétique, 15 mars 1908, p. 344). La révélation ^eule peut
nous renseigner.
198 REVUE BIBLIQUE.
d'une manière générale sans nous occuper de savoir si tel ou tel écrit
a pu obtenir une place dans tel ou tel endroit parmi les livres inspi-
rés, par erreur ou par fraude.
dans son dialogue avec le juif Tryphon, demandait qu'il s'en tînt à
lAncien Testament; et l'on comprend qu'en sadressant à des païens,
qui ne savaient pas même ce que Aoulait dire le mot Evangiles, il
Pierre place les écrits de saint Paul sur le niveau de l'Ancien Testa-
ment, semble aux mêmes critiques un argument de plus pour la mettre
aussi vers 150 A. D. On ne peut pas dire que cette argumentation soit
entièrement à priori.
Et cependant, si les Pères Apostoliques croyaient inspirés les écrits
qui formèrent le Nouveau Testament, ils ont dû leur attribuer une
que Dieu lui-même, la vérité suprême, puisse dire ce qui n'est pas
vrai (1). »
sonne. {Ad. Rom., V.) Saint Polycarpe, qui avait, lui aussi, une collec-
tion très considérable peut-être complète des écrits que l'Église a
définis comme inspirés, nous indique clairement qu'il y trouvait un
enseignement divin. Il dit, en etïet, dans sa lettre à cette église de
Philippes, à laquelle saint Paul avait jadis écrit : « Nous ne pouvons,
ni moi ni aucun autre de ma sorte, atteindre à la sagesse du bienheu-
reux et glorieux Paul (3). »
Les premiers sont cités comme s'ils formaient un seul livre, dont
chaque ligne faisait connaître la révélation de son unique auteur, le
Saint-Esprit. Les. derniers sont employés comme des livres distincts
les uns des autres comme des sources de renseignements
et surtout
IV, 1,1; m, 19, 2i. Ceci semblerait exclure l'action de l'Esprit dans
ment.
Est-ce à dire que la mise des deux Testaments sur le même pied,
leur " égalisation », si je puis m'exprimer ainsi, n'était pas encore un
faitaccompli ? La réponse à cette question dépend de ce qu'on entend
au juste par le mot « égalisation ». M. Leiphold s'exprime clairement
à ce sujet. Il ne veut pas que les livres du Nouveau Testament aient
été canoniques et égaux à ceux de l'Ancien avant que les chrétiens en
soient venus à les traiter comme l'Ancien Testament au point d'admet-
tre, par exemple, l'interprétation allégorique (2). Cela n'est jamais
Nous croyons que les vingt-sept livres qui forment notre Nouveau
Testament sont inspirés; qu'ils ont été transmis comme tels à l'Église;
que le fait de leur inspiration est une vérité révélée. La conclusion
qui semble se dégager de cette croyance est que les apôtres ont
enseigné l'inspiration de ces livres. Autrement il faudrait dire que
l'Église peut être guidée dans ses définitions par une révélation qui
ne vient pas des apôtres. Ce ne serait pas aller contre une définition
de l'Église mais ce serait nier un principe qui est à la base de beau-
;
Saint Pierre n'avait pas besoin de dire aux chrétiens de l'Asie Mineure
que sa lettre était inspirée par le Saint-Esprit : ils le savaient, puis-
qu'ils savaient ce qu'était un apôtre. Cette thèse d'Ubaldi, dans sou
Introduction classique, n'a pas été accueille avec beaucoup de faveur
parles théologiens: mais personne n'en a nié l'orthodoxie. Déplus
historiques semblent bien l'appuyer. Le R. P. Bainvel, tout
les faits
srine apostolique d'un livre pour qu'il fût accepté comme inspiré (1).
les auteurs humains des instruments passifs aux mains de Dieu, ceux
qui ne peuvent concevoir l'inspiration que comme une dictée, ont
raison de s'attendre à en trouver mention dans le Nouveau Testament
et dans les auteurs de l'âge apostolique. Mais ils devraient se rendre
compte que l'inspiration avait cessé de paraître bien extraordinaire à
une époque où Ion recevait l'enseignement du Christ par les lèvres
d'apôtres inspirés, assistés dévangélistes inspirés; où l'on attendait
de prophètes et de docteurs inspirés « les paroles de sagesse » et c les
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.. i 1;..^
Chron.
son père lui enseiïçna l'écriture; puis enseigna l'écriture; et il alla se cons-
l'a doctrine des Veilleurs, selon laquelle horoscopes du soleil, de la lune, des
ils avaient exercé la divination par le étoiles et de toutes les <constellations>
soleil, la lune et les étoiles dans toutes du ciel. Or il n'en révéla rien à personne,
les constellations du ciel. 4. Or, il parce qu'il craignait que Noé s'irritât
(ÏEth. ne vaut pas '< bâtir )> du syriaque; il semblerait que le traduc-
teur grec a lu ":p au lieu de ,1:2, mais le syriaque a omis la première
expression « chercher un lieu n. Plus loin, Chron. a remplacé « Veil-
leurs » par " anciens )>, soit sous l'influence des premiers mots du
V. 2, soit parce qu'il entendait attribuer aux descendants de Seth
la connaissance de la divination parles astres (1 La leçon de l'éthio- .
au lieu de hoïw.
Jub. Chron.
10, 29. Et Canaan vit que le pays, Et les fils de Canaan virent que la
la mer, mais il demeura dans le pays du Yoktan, petits-fils de Sem (ms. : Chamj,
Liban, à l'orient et à l'occident, à et elle leur plut aux Benë Canaan], et
partir du bord du Jourdain et à partir ils y demeurèrent, et ils ne voulurent
de la mer. pas aller dans la terre de leur héritage.
(1) Ainsi en est-il dans Josèphe, Aat. Jud. I, 1, 3. L'auteur des .Jubilés, qui condamne
fortement les spéculations astrales, ne pouvait faire honneur de l'astrologie aux vertueux
descendants de Setii; tandis que la faire inventer par les Veilleurs, c'était en préparer
la répudiation par Abraham; cf. Jub., 4, 15. Le livre du Yasar cite Qaïnan, petit-fils de
Seth, et non Qaïnan, petit-lils de Sem, à propos de la divination par les astres.
208 RE\ LK BIBLIQUE. ^
d'Egypte " = ^ij.io; jîovj. qui fait trop d'honneur au Ouâdy el Arich (1) ;
13" fragment : Chrori., p. 18. 1. 28-p. 19, 1. 16. =Jub., 11. 16-23: 12. 1-7, 12-29.
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^ovio Vio/o .oviocia.\ I^Vio ai JP- .);^oao . )IX.i.a; dwïa^ ^0-"/ (j.io )^«o» I^Sj.'^ p>Ojo.
J.30
|;^oo N--:io PVio Vsç^ I-3J y/ -P/ -^ l-Lio."^ -^QJ/ |ov^ -r-(-3 . l-».iQ-i;o jjovœjo . PLjqjj; |LbL/
. j^iOr^ Ih<^*» \r4 \-^''°l ^iOj-o jOÎLoi . pO) J-iab.» |LQ..i^i.{, ^io ^...i.*X)OV3 . p>o.^po loCiv ;»->a.-.i^
)J-.^5^^>P ^Q-s/ N-.^ ,.ioo ;.l!^;jk ^o ;^>/ ^io ;-\ jL ••riol O ]io ovi. )L/ Q_C^j.io\ ^ia\» jJO
)
v«\--^ ; lovS^ . l-^XiLB ^) .oii. po/o .^JL3; p.;p ^)p; ^..oiaj/ ^ ^c>,Vo( p-a ^*1a ^LjL JN^o
(1) HabUuelleraent à sec; cependant lorsqu il pleut, le Ouàdy roule vers son embouchure
une quantité d'eau considérable les remblais de la voie ferrée furent coupés plusieurs fois
:
Jub. Chron.
11, 16. Or l'enfant (Abram) com- Abraham, âgé de douze ans, com-
mença à connaître l'erreur de la terre, mença à comprendre l'erreur de la terre,
comment chacun errait après les idoles comment chacun était pris par l'erreur
sculptées et après l'impureté. Et son des idoles) sculptées et des (idoleS;
pour ensemencer la terre : et ils sortirent peuple sortit, chacun pour préserver
tous ensemble pour préserver leurs sa semence des corbeaux. Et Abraham
semences des corbeaux. Abram sortit sortit aussi avec eux, et il cria en disant
aussi avec ceux qui étalent sortis; c'était aux corbeaux : « Retournez, retournez
un enfant de quatorze ans. 19. Et une à l'endroit d'où vous venez. » Et ils s'en
nuée de corbeau.\ survint pour manger retournèrent. Et en ce jour, il fit retour-
les semences, et Abram courait à leur ner les corbeaux soixante-dix fois.
Et son nom (devint) grand dans tout Et il se sépara de son père; et son
le pays des Chaldéens. 22... nom devint grand dans toute la terre
des Chaldéens.
23. Et dans la première année de la Et il apprit aux ouvriers en bois
cinquième semaine, Abraham instruisit à faire des instruments au-dessus de
ceux qui faisaient des instruments pour l'extrémité des charrues pour jeter la
bœufs, les ouvriers en bois, et ils firent semence par leur moyen. Et la semence
un instrument au-dessus du sol, contre descendait par là, et elle était enfouie
le manche de charrue, pour y placer
la en terre ; et ils ne craignirent plus (rien)
la semence, et la semence descendit des corbeaux.
de là à l'extrémité du soc, et elle était
Jiib. Chron.
les adorez pas. 4. Adorez le Dieu du qui fait descendre la pluie et la rosée,
ciel, qui fait descendre la pluie et la et qui fait tout ce qu'il veut dans le
rosée sur la terre, et qui fait tout sur ciel et sur la terre. »
je sais cela, mon fils. Mais que dois-je je sais, mon fils. Mais que dois-je faire
faire à l'égard du peuple, qui m'a établi à l'égard de tout le peuple, qui m'a
afin de servir devant les (idoles) ? Si établi afin de servir devant les idoles) ?
je leur dis la vérité, ils me tueront, car Si je leur dis la vérité, ils me tueront,
leur âme les suit des idoles ,
pour car leurs âmes sont fixées dans la
les adorer et les glorifier. Tais-toi, mon crainte des idoles. Mais tais-toi. mon fils,
lô. Ensuite Tharé sortit d'Our des Et à l'âge de soixante ans, Abraham,
Chaldéens. lui et ses enfants pour venir avec Tharé son père, Nachor son frère
au pays du Liban et au pays de Canaan, et Lot. fils de Haran. sortit d'Our des
et demeura au pays de Haran. Et
il Chaldéens; et ils allèrent et) demeurèrent
Abram demeura avec Tharé, son père, à Haran pendant quatorze ans.
à Haran, deux semaines d'années.
16. Et dans la sixième semaine, eu Et dans la quinzième année, le pre-
sa cinquième année, Abram demeura mier du septième mois, tandis qu'Abra-
pendant la nuit, à la nouvelle lune du ham était à Haran, il resta pendant la
septième mois, à observer les étoiles, nuit pour observer les étoiles, depuis le
depuis le crépuscule jusqu'au point du crépuscule jusqu'à l'aurore, afin de voir
jour, afin de savoir quelle serait Tœuvre quelles seraient les œuvres de l'année
de l'année pendant les pluies; et il était pendant la pluie.
seul tandis quil demeurait et qu'il
observait.
une parole vint à son cœur,
17. Alors, Et tandis qu'il observait, une parole
et il Tous les signes des étoiles,
dit : « vint à sa bouche, et il dit : « Tous les
et les signes du soleil et de la lune, signes des étoiles, et de la lune et du
sont tous aux mains du Seigneur. Pour- soleil, sont dans les mains de Dieu.
quoi chercherais-je? 18. S'il veut, Il fait Pourquoi chercherais-je.' Car, s'il veut,
pleuvoir le matin et le soir, et s'il veut. le Seigneur fait descendre la pluie soit
Il ne laisse pas tomber (la pluie), et tout matinale soit vespérale; et s'il ne veut
est dans ses mains. pas, la pluie ne descend pas. »
Jub. Chron.
28. Et il arriva dans la septième année Et après deux ans, Abraham demanda
de la sixième semaine, qu'il adressa la à son père d'aller vers la terre de
parole à son père, et il lui fit savoir Canaan.
qu'il allait partir de Haran pour se
29. Et Tharé, son père, lui dit : Et (celui-ci) lui dit : « Va en paix.
« Va en paix. Que le Dieu de l'éternité Que le Dieu de l'éternité fixe ta route,
dirige ta route et que le Seigneur soit et que personne n'ait pouvoir sur toi
Ep. 78 ad Fabiolam, raans. 24, P. L. 22, 713; éd. Hillerg ii, p, 70.
(1)
Ephraemi Syri opéra, éd. Petrus Benedictus, Rome, 1737, I,p. 156 syr.-lat. Mais
(2) S.
dans le commentaire d'Éphrem. les corbeaux ont été remplacés par des sauterelles.
MELANGES. 2i:}
caractéristique de sa manière.
La phrase « et il invoqua le Dieu du ciel, et Celui-ci lui répondit »,
que le texte actuel ./«/ô'^'" ne porte pas, et qui d'ailleurs est mal
placée dans CA/'o;i., rappelle les termes de saint Éphrem auxquels il
a été fait allusion ci-dessus.
tion agricole palestinienne n'en a pas gardé trace non plus; ici
placent les deux faits en l'année 60. Cedrenus lisait dans son texte
de Jub. la date que nous trouvons dans Eth. (3). L'incendie du temple
des idoles est cité par Michel le Syrien (i) et, d'après lui, par Barhe-
braeus (5).
j) chronique..., livre II, chap. \i, trad. Chabot, I, p. 26 « Abraham, étant âgé de :
quinze ans, commença de lui-même à prier et adorer Dieu. II chassait les corbeaux, qui
avaient été envoyés par Dieu sur la terre des Chaldéens pour détruire et dévorer leurs
semences. »
(2) Histoire abrégée des dynasties, J-^-^^^
y,:^^' -^y^i ^^- Salhanl, Beyrouth,
temple des idoles, qui était à Our des Chaldéens; son frère Harôn entra pour l'éteindre
et sauver les idoles, afin qu'elles ne brûlassent pas. et il fut consumé. »
(5) Hist. abr., p. 21 Chron. sijr., p. 11 incendie du temple placé en l'an 60 d'Abraham.
; :
214 REVUE BIBLIQUE.
' "-'
V:s 4aiii.o yaOySSL^ (UlAO ypow'^- ; )H\^; Ij^jio ;
n hti; |
-i\ V)0 poi»^^.; |. iN ao oL(o . vpi ' o»!
^io^o l^o-- ^ ^iio .T.ro; v^/ Wr>^ ^^ -^ ^^=^1- y30]\s,\ V^\a .|oou /i>-; 75^ ^^o )-i^^iûo
Juh. Chron.
13, 17. Dans la quHtripme année de Or, Lot, fils de son frère, alla habiter
(retie >''iiniiie, Lot se sépiin d.' lui. et à Sodome; et les hommes de Sodome
Lot demeura dans Soilome. Or, les étaient de grands pécheurs.
dorlahomor, roi d'Élam, Amrapiiel, le reste des rois de leurs environs vinrent
roi de Seunaar, Arioch, roi de Sêlâsar, et ils prirent Sodome et Loi, fils du frère
et Tergal, roi des nations,... 23. Et ils d'Abraham et toutes ses richesses.
arriva et dit à Abram que le tils de son arma les gens (text. : les fils) de sa
frère était emmené prisonnier; 25. et maison, et il poursuivit les rois, et il fit
(celui-ci) arma les gens de sa maison... revenir tout ce qu'ils avaient emmené
sur Abram et sur sa race. La dîme des de Sodome.
prémices fut pour le Seigneur...
Jub. Chron.
29. Et A-bram lui dit : « Je lève mes Et Abraham dit : « J'en adjure le
uu fil jusqu'à une courroie de sandale depuis un fil jusqu'à une courroie de
je prends quoi que ce soit de tout ce sandale, afin que tu ne dises pas :
qui t'appartient, afin que tu ne dises Voici que j'ai enrichi Abraham. »
an 10 —
visite de Jacob, fuyant Esaû, à son père Isaac;
:
an 20 —
vente de Joseph. :
1 (Cf). p. 101, note du v. 25. 11 nest pas douteux d'ailleurs que l'auteur des Jubilés
connaissait Gen. 14, 18''-20'= : si le nom de Melchisédek a été omis aux vv. 24-25, c'a été"
intentionnellement.
(2) Chron. syr., éd. Bruns, p. 13; ed, Bedjan, p. 12.
(3) Restituée d'après Barhebfceus dans l'édition de Michel, liv. III, chap. ii: trad. I, 36.
(4) Le Livre des Jubilés comptant par périodes de 49 ans à partir de la création n'a
216 REVUE BIBLIQUE.
I
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. \^>o p'^^oSo |Jbo.âOLj ooo) a.A^L/ ^'^.Oy^ P; ^^^^ puxtou.
Jub. Chron.
33, 2. Et Ruben. vit Bilha, servante Et un certain jour, Ruben vit Bilha,
de Rachel, concubine de son père, pen- concubine de son père, qui se lavait
et il la trouva dormant sur son lit, seule lit. Or elle le saisit et cria. Et lors-
dans sa maison. 4. Et il dormit avec qu'elle sut que c'était Ruben, elle eut
elle, et elle se réveilla et regarda, et honte de lui, et elle retira sa main de
voici que Ruben était couché avec elle lui, et elle pleura beaucoup sur ce fait,
sur le lit, et elle souleva le bord (de la mais elle ne (le) révéla à personne,
couverture, et elle le saisit et elle cria,
avec moi pendant la nuit, et moi, je et a dormi avec moi pendant que je
pas eu roccasion d'employer l'expression « année X... de Lévi », mais il donne à Lévi
une place prépondérante en le faisant tous les livres de Jacob (45, 16). C'est l'héritier de
probablement sous son influence que les chroniqueurs syriaques ont choisi Lévi pour le
faire succéder à Jacob dans leurs séries généalogiques, au détriment de Juda, que recom-
mandaient les généalogies évangéliques de Matthieu et Luc.
(1) L'édition ajoute ici :
^a^L U •^•^, U'-» f*l --i-^lo ové^o « Et il le maudit, et dit :
Tu as erré comme l'eau, tu ne l'arrêteras pas... » Ces mots, écrits de première main
dans la marge du ms., introduisent le texte de la bénédiction de Jacob sur Ruben (Gen.
49, 4). Le verset entier a été ajouté ainsi sur six courtes lignes écrites verticalement dans
la marge inférieure, mais une partie a disparu sous un cache dans le tirage des photo-
Juh. Chron.
terre. 11...
1.5. Et qu'ils ne disent pas : « A Et il y eut miséricorde pour Ruben
Ruben furent accordés vie et pardon, parce que les lois, les commandements
après qu'il eut dormi avec la concubine et jugements n'avaient pas encore été
de son père, tandis qu'elle avait (encore) révélés.
un mari et que son mari Jacob, son
père (de Ruben} était vivant. » 16. Car
jusqu'alors le commandement, le juge-
ment et la loi n'avaient pas été pleine-
ment révélés à tous.
b^j^l .,>j,aamo . opv^o |l»o i >-i>.â)l ^'^/o |liou<^ ]Ll • >i-<; -aïo ^oap; |^ . «Oi(> u>^{ wiJ>rA«
^JU.O . OlX^i... ^^ OO) . ««\ ^^^^>^; ^è~-^ |.^o\« OV^O^ ya. x ao N 0>, ^l ..Vl\ « ]i .r\jn'! - 0)\ O'f^tol
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(1) Charles, The greek versions of the testaments of the ticelve Patriarchs... Londres,
1908, p. 3.
1
MÉLANGES. 219
Chron.
d'aînesse à Jacob son plus jeune fils, et l'aîné de Jacob ton frère, ton père lui
ils furent très irrités. 2. Et ils se que- a-t-il donné le droit d'aînesse et la pri-
rellèrent avec leur père en disant : mauté, tandis qu'il est plus jeune que
<( Pourquoi, puisque tu es l'aîné et toi? »
Jacob le plus jeune, ton père a-t-il
3. Et il leur dit : « Parce que j'ai Et Ésaù dit à ses fils : « Parce que
vendu la priorité de ma naissance à j'ai donné le droit d'aînesse et la pri-
Jacob pour un petit plat de lentilles; et mauté à Jacob mon frère pour un petit
au jour où mon père m'a envoyé chasser plat de lentilles; et au jour où mon père
et prendre (du gibier) et (le) lui apporter m'a envoyé chasser du gibier, afin qu'il
afin qu'il mange et me bénisse, "il mange et nîe bénisse, il (Jacob) vint
(Jacob) vint avec ruse et offrit a mon avec ruse et offrit à mon père un mets,
père mets et boisson, et mon père le et (celui-ci) le bénit, et il me plaça sous
bénit, et moi il me plaça sous sa main. sa main. Et maintenant, notre père
4. Et maintenant, notre père nous a fait nous a fait jurer, par serment, moi et
jurer, moi et lui, de ne pas chercher lui, qu'aucun de nous ne ferait de mal
à nous faire de mal, l'un à l'autre, et de à son frère, et que (chacun) serait dans
rester dans l'amour mutuel et la paix, la bienveillance et la paix. »
force. »
7. Et leur père leur dit : a Ne raar- Et Ésaù, leur père, leur dit ? « N'allez
•220 REVUE BIBLIQUE.
Jnb. Chron.
chez pas, et ne faites pas la guerre, de pas et ne lui faites pas la guerre, de
peur de tomber devant lui. » peur que vous tombiez dans ses mains
et qu'il vous fasse périr. »
8. Et ils lui dirent : « C'est bien là Et ses fils lui dirent : « Voilà bien
ta manière d'agir, depuis ta jeunesse ta manière d'agir, depuis ta jeunesse
jusqu'à ce jour; et toi, tu places ton et jusqu'à notre jour; toi, tu as placé
cou sous son joug, mais nous, nous ton cou sous son joug, nous ne t'écou-
n'écouterons pas ce discours. » terons pas. »
avec eux et conduis-les, sinon nous te sors à notre tète, sinon nous te tuerons. »
tuerons. «
fils lui faisaient violence pour qu'il lui faisaient violence pour qu'il marchât
marchât en tète, en les conduisant contre contre son frère Jacob. Et il se souvint
son frère Jacob. 13. Mais ensuite, il se de cette méchanceté qui était cachée
souvint de toute ta méchanceté qui était dans son cœur contre son frère aupara-
cachée dans sou cœur contre son frère vant, et il ne se souvint pas des serments
Jacob, et il ne se rappela pas le serment qu'il avait jurés à son père et à sa mère,
qu'il avait juré à son père et à sa mère, de ne pas faire de mal à son frère.
de ne chercher à faire aucun mal, durant
tous ses jours, à son frère Jacob.
14. Et dans tout ceci, Jacob ne savait Et de tout ceci, Jacob ne savait rien,
pas que ceux-ci venaient contre lui pour mais il pleurait Lia sa femme, jusqu'à
combattre, mais il pleurait sa femme Lia, ce qu'ils parvinrent à sa tour avec
jusqu'à ce qu'ils fussent venus tout près les quatre mille hommes de guerre.
delà tour, avec les quatre mille hommes
de guerre, combattants d'élite.
Juh. Chron.
qu'Ésaii, et ils le (lui) disaient parce que ne crut pas, jusqu'à ce qu'ils parvinrent
Jacob était un homme plus généreux à la tour.
et plus compatissant qu'Esau. 10. Mais
Jacob ne le crut pas jusqu'à ce qu'ils
lurent tout près de la tour.
17. Et il ferma les portes de la tour Aussitôt il ferma rapidement les portes
et se tint sur le faîte, et il parla avec de la tour et, montant, il se tint sur
son frère Ésaii et dit : a Belle consola- le toit, et il parla avec son frère Ésaù
tion que celle avec laquelle tu es venu et lui dit : « Quelle belle consolation
pour me consoler au sujet de ma femme que celle avec laquelle tu es venu pom-
qui est morte ! Est-ce là le serment que me consoler au sujet de ma femme
tu as juré à ton père et à ta mère, par qui est morte! Sont-ce là les serments
deux fois, avant qu'ils meurent? Tu as que tu as jurés à ton père et à ta mère
péché contre le serment, et au moment deux fois avant leur mort ? Tu as péché
où tu as juré à ton père, tu asété jugé. « dans tes serments. >
et lui dit : « ]N'i pour les enfants des « Ni pour les hommes, ni pour les ani-
hommes, ni pour les animaux de la maux il n'est de serments véridiques,
terre, il n'est pas de serment juste qu'ils aient jurés pour l'éternité; mais,
qu'en jurant ils aient juré pour l'éternité; chaque jour, ils se cherchent du mal
et, chaque jour, ils se cherchent du les uns aux autres.Toi et tes fils,
mal l'un à l'autre et (ils cherchent) vous êtes les ennemis de moi et de
comment chacun tuera son ennemi et mes fils pour l'éternité; et je n'ai pas
son adversaire. 19. Et toi, tu me hais, à faire la paix avec toi. »
20. Ecoute cette parole de moi, que Alors Ésaii se retourna et dit avec
je vais te dire : Si le porc change sa violence : « Écoute ces choses que je te
peau et rend ses poils doux comme la dis : Si le porc change sa peau en une
laine, et s'il fait pousser des cornes sur laine molle, et s'il s'élève sur sa tête
sa tête, comme les cornes du cerf et des cornes de cerf, alors je pratiquerai
des brebis, alors je pratiquerai envers toi envers toi l'amour fraternel.
l'amour fraternel...
21. Et si les loups font la paix avec Et si les loups font la paix avec
les agneaux de sorte qu'ils ne lesmangent les agneaux et ne leur nuisent pas.
ni ne les oppriment, et si leurs cœurs
sont disposés à faire du bien, alors exis-
tera dans mon cœur la paix avec toi.
222 RKVUE BIBLIQUE.
Jub. Chron.
22. Et si le lioQ devient Tarai du bœuf et si le lion fait une alliance avec le
toi.
24. Et lorsque Jacob vit qu'il lui Et lorsque Jacob vit que, de tout son
voulait du mal, de (tout) son cœur, et coeur et de toute son âme, Esaù était
de toute son âme, pour le tuer, et venu contre lui pour le tuer; alors
qu'il était venu, en s'élançant comme .Tacob dit à ses fils de sortir contre lui.
2. A ce moment, Jacob tendit son arc, Alors, Jacob tendit son arc, et il
et il lança une llèche, et il frappa son lança une flèche, et il atteignit son frère
frère Ésaii au sein droit, et il le tua. Esaii au sein droit, et il le renversa.
3. Et, de nouveau, il lança une flèche Et il lança une deuxième flèche, et
et il frappa Ador;im l'Araméen au sein il frappa Arouda l'Araméen au sein
gauche, il le renversa et le tua, gauche et le tua.
4. Et alors, les fils de Jacob sortirent, Et lorsque les fils de Jacob virent
eux et leurs serviteurs, se partageant qu'Esaù était mort, ils ouvrirent les
sur les quatre côtés de la tour. .5. Et portes de la tour et sortirent, eux et
Juda sortit en tête, puis Nepbtali et Gad leurs serviteurs; et ils tuèrent tout
avec lui, et cinquante serviteurs avec lui, ce qu'ils trouvèrent devant eux.
du côté sud de la tour; et ils tuèrent
tous ceux qu'ils trouvèrent devant eux ;
Jub. Chron.
jusqu'à la montagne de Séir; et Jacob frère Ésaù; puis lui et ses fils retoui-
ensevelit son frère sur la colline qui est nèrent à la tour,
dit ", puis (( j'ai donné = dederam » contre Eth. « j'ai vendu »;
ils continuent d'être d'accord en omettant le suffixe personnel ^ le
1) Cf. sur ces divers documeats Charles, The Book of Jubilees... iranslaied.,., p. 214,
note.
2 Chronicum syriacum, éd. Bruns, p. 13: éd. Bedjan. p. 12. L'allusion est encore
plus brève dans l'Histoire abrégée des dynasties, éd. Salhàni, p. 26. Le passage est
perdu dans ms. édessénien de Michel le Syrien M. l'abbé Chabot la suppléé dans la
le ;
traduction d'après le Chron. Syr. cf. livre III, chap. ii, trad. I, p. 36 « Après la mort :
d'Isaac, les enfants d'Ésaù prirent a leur solde Moab, Ammon etAram, et ils vinrent
attaquer Jacob et ses enfants à Hébron. Jacob prévalut. Il frappa Ésaû d'un trait et le
tua. Les enfants d'Ésau succombèrent en présence des enfants de Jacob, et leurs auxi-
liaires s'enfuirent. » On notera les différences entre Chron. et Barhebneus ce dernier a :
mentionné Moab et Ammon, dont le chroniqueur ne parle pas, et il a fait succomber les
fils d'Ésau, que Jub. et Chron, mettent au nombre des fuyards. Ce détail suffit à dé-
montrer que notre chroniqueur, lorsqu'il utilise les Jubilés, est complètement indépen-
dant delà tradition des historiens syriens, représentée par Michel et Barhebrfeus.
3) Eth. a deux expressions traduites respectivement ' droit d'aînesse • el •
priorité de
224 REVUE BIBLIQUE.
la » aux vv. 1-3: Chron. a réuni chaque fois les deux termes |1-o;3û3 et li-aa»,
naissance
dont premier désigne spéciflquement le droit de l'aîné, tandis que le deuxième marque
le
une supériorité, qui n'est pas autrement définie. Lat. donne au t. 1 maioreni...
honorif[...] portionem, au v. 2 maiorem portionem et au v. 3 primitiva. Pour corres-
pondre plus exactement à Eth., —
lequel semble le plus près de l'original, Lat. devrait —
avoir maioris portionem.
y\) C'est ainsi que Cliron. omet les quatre noms de Jub., 37, 6 et ne retient que deux
noms où Jub. en a sept, 37, 9, 10.
l.'i
.MÉLANGES. 225
été un frère pour moi », n'est représentée par rien dans la chronique,
ni au V. 20, ni au v. 19, où Charles propose de la transporter. Ce
fait la rend très suspecte, étant donnée la manière dont (^hron. suit
Jub. ; il faut conclure que le texte est corrompu depuis un stage très
ancien de la traduction, ou que Ton a une glose de l'éthiopien mal
transmise.
Dans les vv. 21-23, El/t. procède par tristiques, dont chacun con-
tient une promesse conditionnelle de paix; Chron., qui abrège,
a respecté les diverses conditions, mais il les a groupées sous une seule
promesse.
Au V. 23, l'oiseau blanc, auquel le corbeau devrait devenir sembla-
ble, est, d'après le syriaque, le pélican. Dillmann 1^ a traduit ràzâ
l'ordre des propositions parait plus logique dans Chron. Juda expose
\) Lexicon lingune aethiopicae.... col. 312. Dilliuaoa cile daas le même sens une
phrase du synasaire « il est lavé, il devient plus blanc que le riz ;>. Dans les deux ca*.
il s'agit du râz-â = oiseau blanc, coinjiie dans Fet/ia Xagast, 44, 2, que Dillmann a
correctement compris.
2; The Book of Jubilees... (ranstated.... p. 219, avec référence à IsEMiERC, Amharic
Dictionary. p. 48, déjà cité par Dillmann.
(3) Dans Kal-tsch, Die Apohnjpàea itnd Pseudepigrap/ien des Allen Testaments, vol. II,
p. 103, ajoute une référence à Reinisch traduisant par dans une poésie tigrav. « cigogne »
à son père quil ne peut, non plus que ses frères, nuire à leur oncle
Ésaû, il exhorte donc Jacob à tuer celui-ci, tandis que les douze fils
a sur ce point, ainsi que sur l'inversion des deux propositions l'appui
de la version latine, encore qu'il ne reste de celle-ci que les quatre
derniers mots du verset « ut demus illi gloriam ». Charles a pro-
posé de corriger Eth. balmbêna « auprès de nous », en nahabô =
=z « nous lui donnerons », d'après Lat. Cette correction n'est pas
nécessaire; car la leçon de C/iron. correspond rigoureusement au
texte éthiopien, si baljabcna y rend comme dans Eccli, vin, 16 un texte
£v -oXç, i^Hy'h\j.z<.q a-jTCj (1). Le sens de l'original donc « à nos yeux est
il t'est semblable en dignité » que le chroniqueur abrège maladroite-
ment par l'omission du dernier mot. Faute de contexte, la leçon
latine demeure inexpliquée.
Tn détail à noter en faveur de Chron. : A, que Charles estime le
meilleur manuscrit éthiopien a « ton ennemi » comme Chron. au lieu
de « l'ennemi ».
de la Palestine méridionale.
joj^ pova ^M/o V--^ o^ l°<>» P? 1^'/ ^^^ <>v^') l°°i t-^' cîpai. |oo, ^.^ojpo po .^©la-P p( l.i.ii
>|«oov>« ojLNj/ \>.aA L;j L|Vv....^o .|.iU^ V^tSi. ^ -xti i; ^oP ns-qji L;j N m« po ^o/ (jijo . Piv.a
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ItK^I ô^t^i |Ju.(; \t^rSi ^*jl1iP \i.|jio . cn^:x»{ po . pooi>ji. ov^o--» j..^ J^lj.» )-.p^ îjjo . ovJLi^
t>:^|jo .|N-i^) N-mJIa/ P oiii. V^|o Ijoov loi. ;^0io . IDv-J) M»«>) IS^-^ 01^ opo/o .^aJo] Loo, IS^/;
to.»..lî ,-*-'^ ^^ ;Njo 4-)Q^ IooW ^iaS.; l'oov po|o • l^-^l M>'t>i t^-^; --i> o^oso .jt-V^ ..^jp
;^<5C»5>. Vic/o cn*-Jo 0|Qjsl loi. |;OOi-. U/o . |Lti*j) ^j^ )J^ ^I^^so ;ieL l0)> );ocri.A V^|l/o wO, iJ-è^j
)lSjsp\ dfQ.ioi- Loi. 15,4 : vûlL» <>t^ v"°"^ p^ .^^ ; m . •> lloai^, L^i.» "^.^œ Jîsulj ^o)L; diQ^s/
va ^»|l ^n'"^ ^»L oii. L;i...o . (Hi.»ieù>. ^oL .aiiDo/ Po .c>|Oj^of po w.*xio ^.tS^ pol wOi M>;po
xauiaNioo |oO) ^^.^ioo oiV-a» Itv^^a-L U^j^o |t0!O yci, ;.ia;j pj.» |j..aj. jlao» i;oov^ v>v-o .^i/o
Jnh. l'hron.
41, 4. Et Juda dit à Ouaii. son frère Et Juda dit à Sela, frère d'Er : « Va
{d'Er^ Va vers la femme de ton frère
: « vers Thamar. la femme de ton frère, et
et suscite une postérité à ton frère. suscite une postérité à ton frère. »
•3. Or, Onan savait que la postérité ne Or, Sela savait que la postérité ne
serait pas à lui, mais à son frère, et il serait pas à lui, mais à son frère, et
entra dans la maison de la femme de lorsqu'il s'unissait à elle, il répandait à
son frère, et il répandit à terre le terre le sperme, pour ne pas avoir de
sperme et il fut mauvais aux yeux du lils; et il fit le mal devant Dieu, et
Seigneur et le Seigneur) le fit mourir. Dieu; le fit mourir.
Sela, mon fils, soit devenu grand, et je soit devenu grand et qu'il devienne
te donnerai à lui pour femme. » 7. Et ton mari. Et Onan grandit, et Bat^oua'
il grandit, mais Bethsoua, femme de ne permit pas à Onan de prendre
Juda, ne permit pas J son fils Sela de Thamar pour femme. Et Bat-oua',
l'épouser. Et Betlisoun. femme de Juda, femme de Juda, mourut.
mourut la cinquième année de cette
semaine.
.S. Et, la sixième année. Juda monta Et, après un certain temps, Juda
tondre ses brebis à Tamiiata, et ou dit monta à Tirauat pour tondre ses brebis
à Thamar : « Voici que ton beau-père à Timnat. et on dit à Thamar : « Voici
moate pour tondre ses brebis à Tara- que ton beau-père monte pour tondre
nata. o ses brebis à Timnat. >
il alla. 11. Et elle lui dit : « Donne-moi lui dit : ( Je n'ai avec moi que mon
mon salaire. » Et il lui dit :
-(
Je u"ai anneau, mon bâton et mon voile. !> Et
dans ma main que mon anneau à mon elle dit à Juda : « Donne-les moi jusqu'à
doigt, mon collier et mon bâton, qui est ce que tu m'envoies mon salaire, v Et
dans ma maiu. » 12. Et elle lui dit : il lui dit : « Je t'enverrai un chevreau. »
« Donne-les moi jusqu'à ce que tu m'en- Et il fut avec elle, et elle devint enceinte
voies mon salaire. » Et il lui dit : de lui.
13. Et Juda alla vers ses brebis, et Et Juda alla vers ses brebis et il
quant à elle, elle se rendit dans la envoya un chevreau par les mains de
maison de son père. 14. Et Juda son pasteur l'Adullamite. Or celui-ci)
envoya un chevreau par les mains de ue la trouva pas. et il interrogea les
228 REVUE BIBLIQUE.
Jié. Chroa.
ne la trouva pas, et il interrogea les tituée qui était ici.^ » Et ils lui dirent :
prostituée qui était ici? » Et ils lui retourna vers Juda et lui dit : « Je n'ai
dirent : « Il n'y a pas ici de prostituée, pas trouvé la prostituée, et j'ai interrogé
et nous n'avons pas chez nous de pros- les hommes du village, et ils m'ont
tituée. » 15. Et il revint et il lui raconta répondu : 'Il n'y a pas ici de prosti-
qu'il ne (!') avait pas trouvée, et il dit : tuée'. » Et Juda dit : « Pourquoi
« J'ai interrogé les hommes du lieu, et serions-nous un objet de dérision ? »
l'annonça .'i Juda, en disant : « Voici « Voici que Thamar, ta belle-fille, est
que Thamar. ta belle-fille, est devenue devenue enceinte par la prostitution. »
enceinte par la prostitution. » 17. Et Et Juda se rendit auprès de son père et
.luda se rendit à la maison de son père, de ses frères, et il leur dit : « Faites-la
et il dit à son père et à ses fières : sortir afin qu'elle soit brûlée par le feu,
(. Emmenez-la et qu'on la brûle, car parce qu'elle a commis l'impureté en
elle a commis l'impureté en Israël! » Israël ! » Et tandis qu'on l'emmenait
18. Et il advint, comme on l'emmenait pour qu'elle soit brûlée, elle envoya à
23. Et Juda reconnut que c'était une Et Juda reconnut que c'était une
mauvaise action qu'il avait faite, en cou- mauvaise action qu'il avait faite, en
chant avec sa belle-fille, et il tint (cela couchant avec sa belle-fille et eu dé-
pour mal à ses yeu.x, et il reconnut qu'il couvrant la couverture de son fils. Et
avait péché et qu'il avait failli, car il il pleura et supplia Dieu à cause de ce
avait découvert la couverture de son péché-là. Et il lui fut dit dans une
fils. Et il se mit à pleurer et à supplier vision : « Il t'est pardonné parce que
le Seigneur à cause de son péché. 24. Et tu as prié et supplié. » Et il eut le
nous lui avons dit en songe qu'il lui pardon, parce qu'il avait beaucoup
serait pardonné parce qu'il avait beau- pleuré sur cela.
coup supplié, qu'il avait beaucoup pleuré
et qu'il ne i
T' avait plus connue.
MÉLANGES. 229
fera donc celui qui veut trouver la vérité...? Il ne pourra que marcher
dans la voie tracée et sur les vestiges du livre sacré de la création,
et écrire comme ont fait les sages chroniqueurs Eusèbe de Césarée.
Les Jubilés sont cités avec une exactitude scrupuleuse, ainsi qu'on l'a
vu par la comparaison de Chron. et Eth.. surtout à propos des
derniers morceaux, plus longs et où l'influence de Cav. n'apparaît
pas. Le chroniqueur raccourcit assez souvent, parce qu'il écrit un
livre d'histoire générale pour des chrétiens mésopotamiens alors que
(1) Voici un exemple de ces phrases : « Enoch, âgé de 190 ans, engendra Cainan. selon
les chroniqueurs, ou, selon les Juifs, âgé de 90 ans.
'•>
P. 3; cf. Irad. F. Nau dans Revue de l Orient chrétien. .\1I ^1907), p. 431.
.
MÉLANGES. 231
de « jardin » dans l'araméen biblique, désigne déjà 1' « Éden » dans la PesitO, que l'on
ne peut accuser, surtout pour le Penlateuque, de contamination par le grec.
232 REVUE BIBLIQUE.
p.ju.iou-, ^^.^J, tandis que Chron. se sert des formules plus usuelles ^vl.,
)co.L;, i^i/î, plia-;- Plusieurs fois, Epiph."-'' rend l'article pluriel grec par
^c. c'est un usage inconnu à Chron.; Epiph."-' traduit aj-:oJv par
^ooii^;, que Chron. joint le suffixe pronominal au
ajTsj par op^j, tandis
substantif qu'il détermine. Epiph.'-'' traduit textuellement «yy^'a:'. -=b
T.pozôi~c'j = \B<^a-y3^^f p>^::io, C/iron. : ià\, i^ii:::».; plus loin, en parlant de
la surface de la terre, Epiph.'-" porte dvio. i^oj^s ^^, Chron. : di^, ©v^i ^^,
qui est de meilleur syriaque à la fois par le choix du mot au lieu \s>i
Bible xin par i-c{r,asv. Enfin, tandis quEpiph.'-' transcrit 14,1^ = y:r,rr,,
Eugène Tisserant.
Rome, le 25 juilet 1920.
.
MELANGES. 233
II
1 . ; j 7. a- ; y.v r^zv. a v . .
6. 7'.V.
(1) LeUre moins claire que les autres, mais qui n'est guère douteuse.
(2) En haut de la ligne.
i'3) The Sayings of Jésus frorn Oxyrhynchus, Cambridge, 1920.
(4) Patrologia orientalis, iv, p. 165.
.
tioç 3va Twv 7./.r,Tipa)v r.tpl tcj -:;-C'j T-^r zzyr^: r.t-j y.vy:/'K'Mr^zi-yx of,
L'idée du festin est excellente, nous la retenons. Mais aucun des pas-
sages de Me, de Mt., de Le. xiii. 30 où se trouve la sentence n'est
relatif à la parabole sur les rangs dans un diner. Les premiers et les
(1) L. 1, p. 167.
I
MÉLANGES. 235
Ligne 1. Si l'homme doit interroger, c'est qu'il ne sait pas; -iz'. -f,z
I
bzz\j izcptov serait trop long. ~z\j 'i\Hr^. dans le style négligé hellénis-
tique, est pour r,zl ïiMz<..
plus familiers avec celui qui invite, et comme ces comparatifs seraient
peut-être alfectés, --vbç twv è-raipwv, quelqu'un des amis communs de
l'amphitryon et des invités.
Ligne 3. Jésus n'a jamais jDarlé du lieu de la vie éternelle ou du
royaume, lieu qui doit demeurer dans un certain mystère. 11 est vrai
qu'il faut connaître le but pour connaître la route; mais, quand il
s'agit du terme surnaturel, l'objection reste sans autre réponse, si
banquet, car alors ils auraient pris la bonne route. C'est une petite-
parabole en raccourci.
Entendu ainsi, le lofiion est très éclectique, sans sortir du domaine
de l'Évangile. Il aurait emprunté un te.\te à Me. ou à Mt., une situa-
tion à Le. une pensée à Jean. Si l'on s'en étonnait, nous renverrions
à M. White; il a bien montré que tel est le caractère de l'évangile
selon les Hébreux, auquel il attribue les Paroles de Jésus.
III
[Suite :^
B
Collection (lu S. A. l'arcIndHC Ro.uU'r. Menue.
10-,Ilab-.12-, l3-.14ab-.
15ab-, !•>-. 17-, is-. l<.i-.
20-231)-
ISab-, 19-23a-
V. 22a-, 22b-28b-. 29a-. -291!-
32b-. 3:}-44a-
SER 92 = Z. 4:i n. 22b-, 23-
III, (1-4)-. 5-16b-. 17-
IV, (l-5a)*
17a-
^KR 94 IV. 21a-. 21b--25 (fin Wess. 2)
V. 1-4, 5'. 6-. 7ab'. S-15b-.
16a-. 16b-24a'. •24b--27a-
SER 93 V. l-7b-. 9- 12b- «
SER ISO
SEK 183
SEH «10 = Z. 40
SER 117 = Z. 47
SEK 100
SEli -22^
sKR 10-2 = Z. 48
SER 176
SER 182
SER 104 z^ Z. s2
SER 132
SER 1(16 = Z. 39
wv. l-19a-
SER 230 x.w I, 14-, 15al)-, 10-17a', IXa'b, (Wess. 4)
19-, 20-. 23a-, 23b-24b-,
25a-, 27-, 2.Sab-, •29a-
SEH 109 xxvi. 5<Ja-.5iil>(j3,64-,65-r)6.07-, i
Wess. 2)
•|.s;-71b-, 72", 73-75 (fin)
20 (fin)
XII, 41-
C
A aires Cullf'clioiis.
2-2a-, 25-
27a-
I
MEC 8002 == Z. :33 vu. Kîa-, 13b- 18, l'.r, •20a-, (Bour. '2)
CMEC 8002 = Z. 33
BM or. 0801 CG
I.eide 4Ô
Leide G
BM or. 6s01
BM or. 70-22
BM or. 6781
Leide 45
B.M29'tT.U9-100 = Z.3S
S. Petersb.
BN 68
Nan. fra.tr. 1 = Z. 46
Berl. MI WJ
B.\ 78
BX
RK\L"E BIBLIQUE.
XII.
Z. 90 C'A
Z. 08 CA
Z. 00 CA
Z. 52
Z 00 CA
Z. rv2
z. 00 CA
z. r.2
z. 90 CA
z. 5-2
Z. 00 CA
Z. 52
Z. 90 CA
MliLA^GES. 2i3
M. l-3b-. 4-]0b-
^KR 121 = Z. 74 X. 47b-xi, iHb'
xiir, 8-12a'. 12b-32b-
SKR 122 xir. 24b-. 25-28b', 30b-, ?,l\ 3->\
33a-, 35-. 30-, 37-41 b'
SER 180 XII. 2Sab-
SER 107 XIII, 3()b-. 37 -XIV. 25a- (Wess. 2.
SER 124 XIV, 15a-, 15b-18b-. ll»a-, 10b-22a- (Wess. 3)
SER 233 xiv. 40a-. 40l>-41, 42', 43b-, 44- (Wess. 4>
C
Aiilra Colleclions.
XIV. l-5b'
'
IV, l-21b-
SER 133 = Z. 04 IV, 40b*, 41-44 {fin)
V, l-3a*, 3b-9b*
SER V26 IV, 17a*, 17b-18b-, 2-2a-b
VII, 5a*, 5b-6a-, 9a', 9b-10
SER 134 = Z. 57 VI. 3-2-41b*, 42a*, 42b-45b-, (46-
49 j*
VII. l-4b*, 5, 6-, 7*, S-, 9-16b'
SER 137 = Z. 49 , v,. 46a-, 46b-49 (fini
VII. l-3b-. 4--22b-, 23', 24a-
^ER 135 = Z. 54 vj^ 49a-. 49b-vii, 26a-
^VM 136 VII, 16b-, 17*, 18--20, 21', 22ab-,
SER 81 X. 7b'
SER98=Z. o^ X. 11b-. 1-2-17. 18a'. 18b-21b',
22b-. 23-26a-. 27b'. -28-
33b-
SER 99 = Z. 56 ? X. 13b-. 14-29. 30'. 31a'. 31b-32
22a-
SER 56b CG w. 27'. 28a'. •28b-3]b'.32 (6n) ,\Vess. 2)
XV!. 1.2'. 3'
SER 142 =Z. 54 xvi. 1'. 2-3a'. 3b-4b'. 5'. (w.S', ,Wess. 3i
9-1 Ib'. l-2a'. l'2b-14b*
IGa'
SER 57c CG XXI. 21-24b-. -25'. -26a', 26b-30a- • Wes.s. 2)
SER 146 XXII. 2b'. 3-15. 16'. 17-27b'. 28- ' Wess. 3)
(.4 suivre.)
A. V.\SCII\I.HE.
« >--JtO.TS=
CHRONIQUE
— s
O 's
c S
.=. S
n— o
u
RB. 1921, Pr.. IV
CHRONIQUE. 249
1. L'inscription et sa lecture
tate que les arêtes avaient vue dun jointo\age exact dans un parement
été réglées en
de muraille; mais les tranches et le revers de la dalle sont demeurés frustes. M. Cler-
mont-Ganneau {Srjria, I, 191, n. 4) snggi're, dans les dimensions du bloc, rapplicalion
« de la coudée antique de 0"',450 » mais sans en détailler encore la preuve.
(2) \S EiLL, Rev. et. juiv., LXXI, 30. M. Clermont-Ganneau, réduit au vu de la seule
blemeat en vue d'un remploi qu'on n'a cependant jftis rendu très
évident ,1'^. Mais s'il demeure là une petite énigme, il faut
néanmoins accentuer que cette dalle, en calcaire usuel à Jérusalem,
n'a rien de commun avec la « pierre de sable » qu'on devrait
imaginer si elle avait été apportée de Césarée par exemple. On n'a
donc aucune "raison valable d'estimer que Tinscription trouvée sur
le site de Jérusalem antique n'a pas été gravée à Jérusalem et
pour le monument dans les ruines duquel on l'a si heureusement
recouvrée.
Que ce monument ait comporté, parmi ses annexes, une installa-
tion balnéaire, les fouilles ne permettent auère de le révoquer en
doute. Mais l'inscription ne gisait point au hasard d'un éboulis.
M. Weill note expressément qu'il l'a recueillie dans une citerne qui
« avait servi de réceptacle aux matériaux d'un édihce démoli, pierres
de taille, tronçons de colonnes, blocs décorés et moellons de tout
ordre -2) ». Une telle circonstance peut n'être pas dénuée de portée
dalle... a été ou dû être réemployée dans <iuelque tonsliuclion postérieure >>. Il insiste
par la suite sur le fait avéré d'un remploi
i —
ou" d'un essai de remploi architectural .
pour en déduire l'hypotluse que le bloc pourrait provenir « d'un édifice démoli dans
quelque autre localité de Pilestiae, Césarée par exemple, où l'usage du grec et des
noms propres grecs s'expliquerait beaucoup mieux, au sein d'une communauté juive, qu à
Téru-salem » [Rev. et. juiv.. LXXI, .55^. Cette inutile hypothèse se heurte à de sérieuses
difficultés. Dans une régio!i où surabonde la pierre à bâtir, voit-on quelque raison de
charrier d'aussi loin des matériaux d'appareil aussi peu propices que cette dalle ins-
crite.^ Que si inscription juive a été transportée pieusement pour elle-même, devient-il
1
si aisé d'expliquer quelle main profane aurait entrepris ensuite de la débiter dans un
nature, ils ont coutume de la dépecer. Trop souvent, hélas! l'opération s'accomplit avec
un outillage de fortune t^t sans grand souci du dommage qui en peut résulter pour le
document. Mais chez des exploiteurs plus avisés, il n'est pas rare que le dépeçage soit
régi par la préoccupation judicieuse de sauvegarder autant que possible l'intégrité d'un
texte ou d une représentation figurée. \ supposer toutefois qu'on puisse transposer une
telle pratique dans un si lointain passé, elle expliquerait mal l'inégalité des sections.
(2) Aev. et.LXXI, 22 s. II a insisté à plusieurs reprises sur
Juiv., «et étrange cim<'- i
avaient été non point jetés confusément, mais juxtaposés sans hâte, empilés, appa-
»<
reillés par couches avec un surprenant souci de Tordre : ip. 28'. 11 en déduit une con.
dusion, peut-être un peu trop ferme « le respect qui commande cette sorte de sépul-
:
ture décèle une autorité juive encore présente 'p. <'. cf. 29). M. Th. Reinach en conclut
)i
ruéD>e que l'établissement de Théodote a été démoli par mesure administrative " >
{op. l.. p. ô'i Mais on oublie de aous dire en quel temps. Serait-il inconcevable qu une
.
intention purement utilitaire ait motivé celte réserve de matériaux dans la vieille citerne
CHRONIQUE. iM
Anciens, et Simonidès.
L. 1. —
Sous son apparence tout helléttique OeJocto; est un uouî pr. juif bien
attesté: la a pulilié 1904. p. 8i> l'épitaphe d'un Theodote de Séleucie enseveli
Revue
probablement à CailTa et qui paraît bien éire juif. Cf. d'ailleurs sur ce ucm J. Justcr,
Les Juifs dans l'empire romain..., II, 230, n. 5. Les équivalents hébreux de ce
n" 6083"^''. L' e de la seconde syllabe transcrit par r, trouverait de bons équiva-
lents; par ex. i)\ir,7-iv^oç =
Vestitnis, dans Fay. Towits pap., 121' et Oxyrh., III,
531''. Reinaeh adopte néanmoins aussi Vettieuus comme forme la plus vraisem-
blable à la base de la transcription t>jiTTr,vo:, eu l'expliquant par un phénomène
d'itacisme analogue à celui qui, « sur les monnaies grei-ques », transforme l'empereur
Gallienus, en râXXT,voç. Or les recueils épigrapliiques et papyrologiques fourniront
'îns difficulté des exemphs d'un long représentant -. la diphtongue u. On relèvera,
- suppose, /.a/.îacoiv pour y.aXÀi£pô5v dans une inscr. de Delphes Fouilles..., Épif/r..,
iï, n° 161. 1. s; ; et ibid.,n° 70, 1. 44 : ipoûçpour hccj;. textes du ir' s. avant et
du i« ?. ap. J.-C. — •-Jp^'^?, » prêtre » = cohen dans le service du Temple à .lérusa-
e:Von(lrée, quand 011 entreprit rexploitation de carrière qui allait devenir si funeste
emx vestiges de l'édifice cominémorê par l'inscription.'
2b2 REVUE BIBLIQUE.
— di àv. vdaoj xiÀ. : lecture de la Loi et coraaientaire des préceptes qu'elle contient
résument « assez bien les éléments essentiels du m service » dans les synagogues »
(Rein.). A Jérusalem, tant que le Temple exista comme centre unique du culte, une
synagogue ne pouvait être que secondairement une maison de prière, nSsn ni2:
elle était avant tout destinée à la lecture scripturaire, 12D n^S, et à l'interprétation.
"IDSn ni2. Sur le rôle et la nature des synagogues, voir Schurer, op. L, II\ 526;
JrsTER, op. L, I, 456 ss., et surtout maintenant le substantiel chap. Die Gottes-
dienstl. Gebàitde, dans Elbogex, op. L, pp. 444-476. Les textes de Le, iv, 16 et
Act. XIII, 14 s. sont d'excellents parallèles pour les expressions employées ici, avec
cette nuance toutefois que dans Act. In lecture et la Loi sont déterminées par
l'article, — ,u£Tà 81 t/jv àviyvw^cv Tou v6;i.oj, — tandis que l'inscr. juive omet les
documente par une lettre de saint Grégoire le Grand. Traitant des « hôpitaux »
et " hospices pour malades et... vieillards » chez les Juifs, Juster pp. /., I, 476 et
CHRONIQLE. 253
diquer pour ces « hospices « le sens d'hôtellerie pour étrangers tel Vhospicc « du :
montre « tantôt installés dans le sous-sol dune synagogue sub ipsis). tantôt...
mitoyens avec elle ». ne se raéprendrait-il pas sur l'exacte portée de sub ipsis/ Le
latin sub urbe — cf. notre équivalent suburbain — par exemple n'implique nullement
le sous-sol, mais la proximité immédiate de la ville. En spécili int à la suite les hos-
pices contigus aux syn.igogues. ou reliés avec elles par des jardins, saiut Grégoire
ne laisse-t-il pas entendre que les premiers en étaient distincts, qu'ils dépendaient
des synagogues sub ipsis . mais pouvaient n'avoir avec elles qu'une proximité rela-
tive .' On se représenterait, au surplus, assez peu spontanément des hôtelleries en
Que si pourtant M. Rein, tient à sou interprétation littérale de sub ipsis,
sous-sol.
un usage assez fréquent dans l'installation des synagijgues urbaines en Palestine
pourrait l'intéresser. Au lieu d'être accessible de plain-pied. au niveau de la rue, la
rzizr, r*l est installée à l'étage: le rez-de chaussée n'est qu'une sorte de hall
ou de magasin pour le mobilier de la synagogue, quind il iiest pas dévolu à
quelque usage encore plus profane. De telles pièces sont tout indiquées pour
abriter transitoirement des passants Israélites peu fortunés: elles constituent l'e'qui-
valent des pièces annexées à la plupart des mosquées musulmanes cf. la Casa yuova
contiguë à plus d'un sanctuaire chrétien de Terre Sainte; pour héberger les pèlerins
indigents, ou ceux qu'une ferveur plus zélée retient à proximité du lieu de culte.
Faut-il vraiment, d'ailleurs, comme l'indique M. Reinach, attendre la fln de l'époque
romaine pour trouver la mention de ces « hôtelleries » en relation avec les syna-
gogues? Une intéressante interprétation de la Gemàrah sur la Miénah de Jéi'us.
Mef/illah, II[, 3. paraissait bien les impliquer : t R. Hiya
R. Yassa recevaient les
et
sélyte, qu'il est nécessaire d'instruire plus à fond en le retenant tout le temps qu'il
faudra. Dans l'inscription, au contraire, l'hôtellerie est destinée à fouruir asile à des
hôtes juifs qui viennent du dehors — i-o if,^ rivr^ç caractéri-îe avec limpidité tov
rc/wvx — sans les ressources suffisantes pour aborder de plus confortables et dis-
pendieuses auberges. Il faut, en cette hôtellerie, un abri pour les bétes de somme et
les bagages encombrants, des réduits mi les voyageurs se puissent installer avec
leur natte ou leur couverture et les provisions dont ils se sont munis, de l'eau sur-
tout, à l'usage de bétes et gens. — oo'iuz-t., a chambres . suivaot une acception
primitive de ce terme qui en coiiporte nombre d'autres moins bi.'n en situation
ne voit pas à quelle éd. elle est empruntée. Naturellement. M. Tb. Reinach recite tout
court Epist., I.\, 38
i< Dans la PL. cette lettre sera trouvée liv. l.\, 55 t. LXXVil,
•.
'ol. 993'.
254 REVUE BIBLIQUE.
(une dizaine d'exemples dans le seul vol. Ill des Oxi/rhinr. Pajn/ri. n°480-. 481".
482'', 492". etc. un pressoir à huile avec tout ce qu'il requiert pour son fonc-
.
tionnement (Amhersl pap., II. 93^), etc. Dans un cas tel que celui de l'inscription
de Délos mentioanant un -aato-jo'p-.ov xa"i t'x ypr,T-j5pia (Bull, corresp. helL, VI, 1882.
p. 323. n" 12), la nuance est différente encore. Sur la nature du
naoToïiép'.ov. repré-
sentant ici un édirule votif consacré aux divinités égyptiennes Sérapis. Isis. Anubis
et Harpocrate. voir le Thésaurus grec d'Estienne. ou les commentaires des recueib
épigraphiques. Les ypi^yr^pia d'un tel mommient ne peuvent être que les symboles
divins et autres accessoires que le petit temple renferme. M. Th. Reinach a d'ailleurs
sans doute qu'un mirage à s'autoriser du rapprochement superficiel avec les oo'jjjLara
pour songer à des canalisations en vue du drainage et de la protection des « ter-
rasses », comme dans l'iascr. de Tell el-Harràouy JiB.. 1908. p. 574 ss.), puisque
of.)[ia-:x marque ici « des chambres ». Pour le service profane et courant du hfiân.
l'eau était de première nécessité, avec tous les ustensiles adaptés à l'usage de bêtes
et gens. Un texte comme le papyrus de Berlin décrivant la cession d'une aJX^; /.al
çpéatoç xai ypTiîTr,p'uv -dcvrwv [Berl. Aeg. Urk., III, 940, 1. 10 ss.; cf. Oxijrh.,
VIII, n" 1105, I. 8 ss.; fait la preuve que l'inscription pourrait viser également
« un puitsde préférence une citerne « et tous ses ustensiles » accessoires abreu-
1), :
toute hôtellerie paraissent néanmoins s'effacer devant une installation plus importante
et de caractère plus relevé, puisqu'elle avait un rapport plus étroit à la section reli-
sieuse de l'établissement réalisé par ïhéodote. Ces « dispositifs pour les eauv » qu'il
CHRONIQUE. 2;iD
a construits — f'r/.ooôfr/-,?; — doiveot surtout être représentés, en effet, par les vestiges
manifestes de l'installation balnéaire que les touilles ont révélés. IS'on seulement en
vue des exercices religieux, mais dans le cours usuel de la vie, les prescriptions
rituelles imposaient aux Juifs des lustrations constamment réitérées ou des bains
complets (cf. Jlster. op. /.. I. p. 477; à la bibliographie qu'il signale on peut
maintenant ajouter la discussion entre Sam. Kkalss et G. Dai.man. ZDPV.,
XXXVII, 1914. p. 273-8 et X\">3VII[, 1915. p. 68-77 . De récentes déc )tivertes
ont attesté déjà des installati(»ns lustrales dans les synagogues, par exemple à Délo3
[Plassart, RB., 1914. p. 525 s., 531) et à Séphoris en Galilée, où la mention
explicite de nh^'û « bain lustral » d'après l'ingénieuse interprétation de M. Clermont-
Ganneau {Eec. arch. or., IV, p. 349 et 372) est particulièrement suggestive. — Aa.-i,-
Xyj.7. « logement » fCI.-Ganaeau) ; lieu où l'on peut <' descendre et... trouver un gîte »
(Th. Reinach). Les anciens étymolngistes grecs employaient parfois ce terma pour
définir le fcvov. C'est pour éviter un double emploi avec « l'hôtellerie » déji men-
tionnée que Reinach suggère pour /.y.-i'/.jj.x « un sens abstï'ait qui serait plus exac-
tement exprimé par xaTàXjTiç ». L'i sens concret d'« auberge » i^cf. L>ic, ii, 7, c lieu
où l'on reçoit les hôtes ». Me. xiv. 14; cf. Lagraxge, in loc. peut être main-
tenu avec l'intention d'une nuance littéraire dans la rédaction du texte.
L. 8. — r,'/ ce jjron. relatif réïévé à <7Jva-;-'ov>îv par-dessus toute l'énuinération des
annexes bâties par Tliéodote. donne à la construction du texte une allure franche-
ment sémitique. Quoi qu'il en soit des édifices secondaires, la synagogue elle-même
avait été « fondée » par les personnages qu'on va maintenant énumérer.
L. 9. — r.r.xifti aùroû. le père et l'aïeul de Théodote, pour bien spéciQer qu'on
ne doit pas songer ici à des « pères » de la synagogue cf. Jlster. op. L, I. 448 s.i
et que les fondateurs primitifs avaient été les ancêtres de celui qui en réalisa la
construction.
L. 10. — jioeaôJTcpo; « les Anciens » constituaient le conseil supérieur — Y£poj7ta.
SojXrj, auvÉopiov =: Sanhédrin : autant de termes entre lesquels il n'est pas facile de
saisir une distinction: Schurer, Gesch., IV. p. 245 s.
cf. de toute comni uiauté —
juive; Jlster, op. /., I. 440 ss. —
:iIia'o/wr)ç, apparemment le chef des « Anciens »,
synagogue, chef spirituel <> (Th. Reinach . A l'appui de cette interprétation, qui ne
semble, en effet, forme majuscule » 'Cl. -G.), ou o la
pas douteuse, est invoquée la c
dimension des caractères • (Rein.' qui mît ce nom en relief. Malgré l'anilogie que
paraît offrir l'inscr. juive d'Ain Douq, où le nom du curateur [parnûsâ est mis. en
vedette au début par des lettres plus grandes (voir lŒ., 1919. p. 538 et 542 et pour
le sens An parnâsâ, Elbogen, op. /., p. 485), on se demandera si telle a bien été
l'intention ici. Les trois premières lettres du nom ne sont pas sensiblement plus
développées que celles de la I. précédente et demeurent moins «majuscules • que
celles des trois lignes initiales. Ainsi qu'on l'a vu plus haut, l'examen de la phot.
suggère que le graveur, appréhendant de n)anquer d'espace pour loger son texte dont
il n'avait pas suffisamment prévu la répartition, a d'abord serré ses lignes et dimi-
nué ses caractères. Il n'a dilaté les derniers que pour occuper, à la fin de l'inscrip-
tion, l'espace qui lui restait disponible. Il demeure pourtant que le nom est rais en
relief par sa place • (R.einach'.
256 REVUE BIBLIQUE.
2. Interprétation et date.
(1) Rev. ét.juiv., LX\[. 1920, p. 46. Surtout dans l'hypoth'se, caressée par M. Th. Rei-
nach, où la pierre proviendrait d'une ruine palestinienne quelconque, de « Césarée par
exemple » (p. 55}, on ne saisit plus très spontanément de quelle importance capitale est
la fondation d'une synagogue et de ses dépendances hospilalières par des personnages
dont l'identité historique se dérobe.
(2) Voici en peu de mots quelle lut l'origine de mon hypothèse et quel en a été le
sort. M. Weill avait à peine exhumé la splendide inscription qu'il voulut bien nous en
faire les honneurs et solliciter une opinion sur son contenu. A peine revenu du chantier,
jiprès heures seulement de réilexion et d'enquête, je lui transmettais sans
quelques
défiance, dans une note manuscrite, une interprétation de premier jet dont je sentais
fort bien les points vulnérables. M. Clermont-Ganneau, qui avait eu l'heureuse initiative
des fouilles, devant étudier le premier et faire connaître cette jolie trouvaille, je ne
songeai plus à dévelojiper le contrôle de mon avis préliminaire et tout à fait privé.
Il était d'ailleurs complètement abandonné dès que l'éminent académicien m'eut très
obligeamment signalé, ([uelques semaines plus tard, les motifs <iu'j1 avait de remonter
CHRONIQUE. 257
d'une cinquantaine d'années la date de l'inscription, replacée dans une perspective his-
torique antérieure à la catastrophe de l'an 70. Aussi n'est-ce pas sans une désagréable
surprise que j'ai vu, deux ans après le profond hiatus de la guerre, mon hyjiothèse
versée au débat sans qu'on ail jugé à propos de me demander dans quelle mesure elle
représenterait encore mon avis. Mais du moins M. Weill, en l'insérant par lambeaux
dans son mémoire, la signalait avec courtoisie. M. Th. Reinacli, dont l'appréciation se
fonde sur ces quelques phrases décousues, est au contraire rondement sévère à cette
peu plus en imaginant ([u'elle place l'inscription au
interprétation, quitte à la défigurer un
temps d'Hadrien {op. L, p. 52). Ce dédain facile et rigide récompense peut-être assez
>
mal la discrétion absolue que je me suis imposée au sujet de cette découverte, alors
même qu'elle avait été ébruitée longtemps avant d'élre mise par qui de droit dans le
domaine public: cf. v. g. Dauian, Paldstinajahrbuch, XI, 1015, p. 75 s. Elle me met
en tous cas maintenant dans la nécessité de résumer ici mon ancienne hypothèse, que la
critique beaucoup plus bienveillante de M. Clermont-Ganneau déclare « ingénieuse » et
appuyée « sur certains contacts historiques spécieux » [Syiia, I, 1920, p. 196).
r.EVLE RIULIOLE 1921. — T. XXX. 17
2o8 REVUE BIBLIQLE. '
1) Acl., 6, 9 : 'Av£c;T7î<7av ii — contre le diacre Etienne — tivî; iwv ïa itiz ijuvaywyr,; r/j;
'/.i-irj^viTi:, Ai6êpTtvtov -itat K-jpr,vatwv v.aX 'A/,£|avôoÉù)V xal -wv «tto KiXixîaç xaî 'Aeri'a; [la
(1) Lagrangiî, Saint- Etienne..., p. 12. La documentation utile dans S<:uuaEi!, op. l„
IRi 127 s.
(2' Laciuace, /. /.
260 REVUE BIBLIQUE.
(2) Voir la démonstration de Schlatter, Die Tage Trajans und Iladrians, p. 68-87 ;
(4) Inscr. latine de Césarée; Zancemeister, ZDPV., X.XII, 1890, p. 25 ss. ; CIL., IIL
Suppl. II, n" 12.082.
(5) Cf. JiSTEn, Les Juifs..., I, 225, 257 s.; II, 185.
CHRONIQUE. 261
(1) Op. l., p. 197. A défaut de toute citation, il n est pas tellement facile de découvrir,
à travers les douze livres de la correspondance de Cicéron avec son ami Atticus, quels
passages sont visés par M. Clermont-Ganneau. M. Tli. Reinacb paraît tout bonnement
selon Ernesti » (RÉJ., LXXl, 53). Je n'ai pas sous la main l'édition des lettres de Cicéron
par Ernesti, mais celle de MuUer, dans la série classique de Teubner, qui n'a pas de
tables. Aussi ne puis-je me (latter que de simples souvenirs de lecture m'aient remis sur
la piste exacte du banquier auquel il est si discrètement fait allusion. Celui qui me
revient en mémoire paraît dans les lettres X. v, 2 (éd. Millier, p. 300); X, xi, 5 (p. 313);
X, iiu, 2 (p. 316); X. XV, 4 (p. 318); XV, xin, 3 et 5 (p. 477 s.). Dans ce dernier passage
et dans X, xi, 5, Vettienus est qualifié de monefalis, sur un ton assez dégagé, qui
répond en effet à la profession qu'on lui attribue, en môme temps qu'il implique une
familiarité un peu hautaine de la part de Cicéron. Toutes les lettres citées se classent
aux années 49 et 44 av. notre ère. On verra plus loin que cette date est de nature à
renforcer la fine hypothèse du maître.
(2) L'allusion à ce Vettius n'est pas mieux documentée que celle à Vettienus. On
trouvera un Vettius dans les lettres de Cicéron à Atticus, II, iv, 7 (Miiller, p. 46) et II,
XXIV, 2-4 (p. 71 ss.). Ces lettres sont datées de l'an 59.
CHRO'IQUE. 263
To Upbv Tû"Jsây.To-j xa': ~=oi^6'i.o'j' o: o' àv Xt^ç^ij i**j:t5 cûv.az Idxct: Sii tô iÇaexo/.ouSeîv
mort qui s'ensuivrait pour lui (tr. Cl.-Gan. Voir le texte de Josèphe, Ant., XV. xi, 5, .
A, avec la barre médiane brisée. Dans H la lettre a une forme constante, plutôt
étroite bien d'aplomb, toujours barrée plus haut que le milieu des hastcs latérales.
Dans T la lettre est tantôt large, tantôt étroite, parfois plus petite que les lettres
voisines — v. g. 1, 6 ÇsvGva et 1. 8 à.T.6 — , toujours barrée très bas.
r, un seul dans H : de galbe un peu variable dans T — cf. 11. 2-3.
nature à la faire remonter plus haut » op. L, p. 192). L'observation serait théori-
quement juste. La valeur en est compromise si l'on veut bien remarquer l'emploi
simultané de la forme avec jambages parallèles 1. 4 — Noter d'autre part les — .
variations assez étranges de ce M à jambages écartés qui reparaît cinq fois, sous
autant de nuances différentes.
Le Z unique de H — L 6 — offre deux barres égales, en haut et en bas. Dans T
— II. 6 et 8 — la barre inférieure est plus courte,
O; de forme circulaire constante dans H; quelques déformations dans T, v. g, à
kl fin du nom 0£oôotoç I. 1. et dans vo'tjLOj, 1. 5.
n, lettre large, avec haste transversale supérieure débordant les jambages ver-
ticaux, dans H; inégale dans Ti qui a d'ailleurs deux formes : branche supérieure
débordante — 1. 9 — et non débordante — 1. 8 -—
P, dans H, aUache sa boucle supérieure à la haste verticale sous une forme
anguleuse, généralement arrondie, au contraire, dans T-
2, M. Cl.-Ganneau {op. /., p. 192) le signale dans T avec des « branches tendant
encore légèrement à diverger >' : nouvel indice d'un archaïsme plus accentué.
-îr
s'entasse avec le N suivant i;r/ôjva\ Elle se nuance aussi souvent qu'elle intervient
et présente même — 1. 7, twv — l'anomalie d'être fermée par une barre trans-
versale.
(i; Les dates extrêmes dans lesquelles s'encadre la restauration hérodienne du Temple
sont fournies par Josèphe, Antiquités..., XV, xi, 1 et 6. Tout en demeurant assez dif-
ficiles à préciser, ces données suggèrent linlervalle de l'an 20 19 à l'an 12/11 av. noire
ère; cf. Sciiui.ER, I^. 3G9 s. A moins qu'on n'insiste sur les travaux accessoires pour-
suivis longtemps encore d'après l'Évangile ;Joa., 2, 20 : 46 ans), pour supposer que les
^Itles u'auriii^nt été gravées qu'en tout dernier lieu, par conséquent vers 24 25 ap. J.-C.
266 REVUE BIBLIQUE.
(1) Les fac-similés directs — seuls pratiijues pour une telle étude — sont tout à fait l'excep-
tion dans le CÏG. Si ceCorpus possède quelque chose d'analogue aux Priscae latini-
iatis monumenta epigraphica dont Ritschl a enrichi le Corpus latin, je ne l'ai pas sous
.
attendrait. A ce point de vue les meilleurs recueils que j'aie pu utiliser sont les In-
schriften von Magnesia ain Maeander, éditées par 0. Kern (1900), et surtout celles
de Delphes, éditées par MM. Colin et Bourguet dans Les Fouilles de Delphes. Èpigra-
phie (1909-1913). Quelques bonnes analogies dans les Inschrifteu von Pergamon, édi-
tées sous la direction de Fabricius, mais sans fac-similés directs.
(2) CIG., XII, v', p. 213, n°739 (éd. par Hiller de Gaertringen).
(3) CouN, Fouil. de Delphes. Epigr., III, m, n" 106 (IT, 114) et pi. IX. 2. Une diffé-
veiirs choisissent dans les modèles anciens les types de lettres qui
leur plaisent, sans trop se gêner pour en changer dans le même
temps, quand ce n'est pas dans la même inscription ,1). C'est sous
l'impression de ce fait, depuis longtemps mis en relief par les spécia-
ville ait été aussi « impitoyablement rasée >> , nous en avons pour
garant exclusif l'attestation dramatique de Josèphe rarement à court ,
1) A propos de deux textes du Trésor des Athéniens, exactement datés de juillet 129
de notre ère, M. Colin écrit 'op. ?.. II. 112, sur n" 103) « Bien que les deux décrets
:
soient datés du même jour et probablement gravés en même temps, il est curieux de
noter la différence des caractères employés, en particulier Cl dans le premier, Où dans le
talion est assez formelle pour dispenser d'aligner des exemples similaires empruntés
aux recueils de Magnésie, de Priène ou de Pergame.
2) Clermoxt-G4N\t:\i, op. i., p. 196, d'ailleurs sans documentation explicite.
(3) Josèphe, Guerre juive, VII, i, 1. C'est l'unique texte allégué par M. Tli. Reinach
[RÈJ.. LXXI, 52\ à l'appui de sa conviction plus accentuée encore que celle de M. Cl.-
Gannoau.
268 REVLE BIBLIQUE.
Que durant les premières années, dans h-j fureur de répression qu'at-
tisait le souvenir des difficultés du siège et de la ténacité juive, la
Légion X" ait monté une faction impitoyable sur les ruines de Jérusa-
lem, rien n'est plus naturel. Avec les années, il ne pouvait manquer
de s'introduire quelque relâchement. A la faveur de connivences
débonnaires ou intéressées que la sympathie officielle de Nerva
encourageait, des groupes inoffensifs se reconstituaient parmi les
ruines et de timides restaurations devenaient spontanées. Aussi long-
temps que les fouilles n'avaient encore rien suggéré sur la particulière
importance de l'établissement construit ou restauré par Théodote,
était-il donc si romanesque de l'attribuer à cette époque, ou quelques
est-elle bien concordante arec la fameuse théorie des matériaux de démolition rangés
sous le contrôle d' a une autorité juive encore présente ? Cf. ci-dessus. > Même les —
installations hydrauliques du : balnéaire « sur lequel on a particulièrement insisté ne
sont plus très impressionnantes depuis celle exploitation du rocher. Le fait d'avoir
i
CllRONIOLE. 209
utilisé, pour « une cliambrelte de balnéaire » (p. 25}, un des tunnels de roc considérés
par Weill comme les vestiges du vieil hypogée royal, et d'avoir logé une baignoire dans
un sarcophage primitif (cf. p. 27) trahit chez l'architecte de ce bain plus d'esprit pra-
ce n'est « point d'ailleurs une ruine..., rien que des miettes éparses •.
(2) On que ces synagogues datent de la fin du second siècle et des pre-
se souvient
mières années du m'; cf. RB., 1920, p. 282. Mais peut-être M. Weill, qui se réfère seu-
4) Non sans donner unej)etite entorse à la théorie de M. CI.-Ganneau, en lui faisant dire
que « l'usurier Vettienus aurait affranchi son esclave »..., alors que, pour Cl.-Gan., c'est
Vettienus lui-môme qui, par son nom, se révèle un affranchi ou un descendant d'af-
franchi. Plus piquante est l'indignation de M. Th. Reinach contre l'hypothèse que cet
affranchissement ait pu avoir lieu « par symp:ilhle pour une race qui avait témoigné des
aptitudes traditionnelles pour le métier d'usurier. « Si ce n'est là une simple boutade,
«
c'est un grave anachronisme... Tout le monde sait, ou devrait savoir, que 1' « usure »
des juifs n'a fait son apparition qu'au moyen âge, que le commerce d'argent n'était
guère pratiiiué par eux à l'époque ronnlue, et que jamais le reproche d'usure n'est for-
)
siècles avant le moyen âge. Puisqu'il cite volontiers Jister, Les Juifs dans iempire
romain, il lui eût été facile d'y trouver l'évidence II, 302, 312, 318) (jue ce grief ali-
menta souvent la polémique au moins depuis le iV ou le v° siècle, pour ne rien dire des
temps plus anciens. Cf. J.-A. Hild. Les Juifs à Rome devant lopinion et dans la
littérature, dans la Revue des et. juives, t. VIU, 1884 et XI, 1885, pour la preuve
que, à tort ou à raison, la richesse H l'inlluence des Juifs n'étaient pas toujours correc-
tement interprétées comme le fruit exclusif de leur activité intelligente.
(1) Même dans le droit romain l'affranchissement ne laissait pas subsister une telle
CHRONIQUE. 271
déchéance. La réforme des Institutioas sous Auguste, si sévère quelle se montre pour
dans lequel, ad surplus, s'inlioduisirent peu à peu les aflranchis. Le temps vint même
où l'on en put trouver dans quelquts sacerdoces mineurs de rang équestre {op. !..
1; Talmud de Babylone, Qiddousin, 21 b et Mahkùth, 13 a.
(MoMMSEN, op. l, VI, II, 10), il en devait conserver le nom familial, sous une forme
dérivée qui exprimait son émancipation. Vetlienus signifierait donc avec toute correction :
du Talmud —
"TiaTl Ti^l la : — salle du Livre (Bible} pour la lecture — Xlp)2^
[cf. dans notre inscr. il; àvâyvwo-tv — la salle
v6(iou] , de l'enseignement (Talmud) pour
la Misnah interprétation et commentaire) — njU??2"^ '= s!; 5t5a/r,v èvtoXjov de notre
texte] — . Vespasien les incendia toutes ». Cf. la trad. de Schwab, VI, 235. Sur les va-
riations de cenombre, du reste assez invraisemblable, des synagogues de Jérusalem au
1"^
siècle, ELRoaEN, Der jiid. Gotlesdienst in seiner geschichtlichen Ent-
voir Ismar
wicklung, p. 451 et 573; Marmorstkin, Quart. St. 1921. p. 28 n. 1.
(3) Bien exploités dans la monographie de J.-A. Hild déjà citée; cf. Lagrange, Le
Messianisme..., p. 274 ss. et p. 8 ss. sur l'attitude générale du Jud.ïïsme vis-à-vis des
Romains depuis Pompée.
CHRONIQUE. 273
très prompte ment dans Rome. « Quatre ans à peine se son' écoulés
depuis que la conquête de la Judée est un fait accompli, et déjà la
communauté juive de Fiome, qui jusqu'alors était à peine perceptible,
force un orateur comme Cicéron à compter avec sa puissance finan-
cière et son influence politique (1 . Les captifs dliier, libéralement
aifranchis, ou qui se sont rachetés à prix d'or, sont aujourd'hui patrons
à leur tour; ils forcent l'aristocratie romaiue à compter avec eux et
ne vont pas tarder à s'assurer, en même temps qu'une très notable
clientèle populaire asservie par leur richesse, de précieux privilèges
juridi jues et religieux;. Loin d'aspirer dès l'abord à un retour stérile
vers leur patrie déchirée alors par de violentes factions, ils met-
tent largement à profit les avantages cjue leur ofirait la capitale du
monde, avec son activité, son cosmopolitisme et sa tolérance. Telle
fut, durant plus d'un demi-siècle, la fortune toujours grandissante
(2) HiLD, op. l. RÉ.1., XI, 29; .Jlster, op.L, 1,379 ss. ; cet ouvrage est d'ailleurs tout
I
ulier consacré à l'exposé de la « condition juridique, économique et sociale » des
.Juifs dans l'empire romain ><.
rendait superflu de les nommer dans l'inscription. L'hypothèse de Marmorstein [QS., 1921,
CHRONIQUE. 275
de cinq à dix ans. peut-être même un peu plus. Retenu sur les rives
du Tibre par des perspectives prospères, l'arehisynagogue afFranclii
conservait manifestement la mémoire de son pieux projet de syna-
gogue. Il lui fallait toutefois les loisirs de quelques années pour recons-
tituer sa fortune. De tels soucis matériels ajoutant leur complication
à celle qui devait résulter d'une situation passablement précaire à
Jérusalem en ce temps-là. il devient assez spontané que la réalisation
du projet se soit trouvée diflférée. Dans la mesure oîi il faudrait inter-
préter dans toute la rigueur de la lettre la donnée que les « pères »
de Théodote collaborèrent à fondation antérieure à ses travaux,
la
on devrait chercher quel rôle put bien être dévolu à son père » <(
p. 241 que son père porterait un nom juif, Buthyra ou Atinos, hellénisé en Ouetlènos, ne
relève plus de la philologie commune.
1 Ou rE.\piation, kippourim, « la fête la plus grave et la plus sainte qui avait été
honorée du titre de grand xabbat " [Lév. 16, ;!l ; 23, 32 J. Derenboirg, RÉJ., \I,
1883, p. a.
12 L'époque où se trouve ramené Vettienus. dans cette hypothèse, s'harmoniserait
aisément avec la conjecture ingénieuse de il. Clermont-Ganneau, qu'il puisse avoir été
le banquier de Cicéron. Si le personnage qu'il avait en vue est bien le "Vettienus men-
tionné dans les lettres indiquées plus il haut,
gérait certaines affaires financières de
Cicéron vers l'an 44. Rien n'exige qu'on suppose alors plus de trente-cinq à quarante
lui
ans. Le ton familier et la nuance quelque peu badine des lettres à Atticus au sujet de ce
monetalis — peut-être comme on dirait agioteur. — seraient alors tout à fait dans la note
276 REVLli BIBLIQUE.
générale de l'illuslre orateur quand il parle des Jiiifs. On peut voir dans Hild comment
Ciéron ne peidait guère les occasions « de condenser en quelques luou l'expression de sa
lierlé mé|)risante pour les Juifs... et aussi la constatation de leur puissance financière »,
» étrangers Tout Juifs qu'ils fussent et malgré la piété qui le.s ramenait au centre
».
iiienl pas toujours vus d'un très bon œil par les cercles puritain- de Jérusalem; cf. A.
Beutuolet, Die Slellung der Isr. und der Juden zu den Fremdeii, ]'. 252. Sans parler
des dillicultés que pouvait susciter la différence des langues.
CHRONIQUE. 277
le Quai t-er des Affranchis i . Quelques cliv ans plus tard, quand l'au-
teur du livre des Actes des Apôtres menlionnait. parmi les zélotes
L.-H. Vi.vcEXT, 0. P.
Jérusalem, le 8 janvier 1921.
The coptic version of the New Testament in the southern dialect, otherwise called
sahidic and thebaic; witli critical apparatus, literal english trauslation. appendix
and register of fragments. Volume IV. The Epistles of S. Paul. Volume V. The
Epistles of S. Paul (continued). Piegister of Fragments, etc. Oxford. Clarendon
Press. MOI XX.
L'apparition de ces deux volumes marque l'avant-deruière étape d'une importante
publication eu cours depuis 1898. Ilne nous manque plus que les ÉpUres catho-
liques, les Actes et VApocalypie, en sahidique, pour avoir une édition critique du
Nouveau Testament dans les deux principaux dialectes, lebohairique ou dialecte du
Xord, et le sahidique ou dialecte du Sud.
L'ouvrage, sorti de la Clarendon Press d'Oxford, ne porte pas de nom d'auteur.
Personne n'ignore qu'il est dû au long et consciencieu.v labeur du Rev. G. Horner.
Les quatre volumes de la version bohairique ont paru en 1898 (vol. I et II; et en
1905 (vol. III et IV). Ils donnent le texte complet, du jNouveau Testament, dans
l'ordre suivant : Les Evangiles de saint Mathieu, de saint Marc, de saint Luc et de
saint Jean, les Épîtres de saint Paul aux Romains, aux Corinthiens (I et II), aux
Galates, aux Éphésiens, aux Philippiens, aux Colossiens, à Titus, aux Thessaloni-
ciens (I et II), aux Hébreux, à Timothée J et II), à Philémon-, les Épitres de saint
Jacques, de saint Pierre (I et II), de saint Jean (I à III), de saint Jude. les Actes
et l'Apocalypse.
Nous verrons que, dans la version sahidique, l'ordre est différent ponr l'Épître
aux Hébreux.
L'apparatiis criticus de l'édition bohairique ne porte que sur les variantes des
divers témoins bohairiques, avec quelques renvois aux manuscrits grecs et aux
autres versions.
Les trois volumes contenant les Évangiles sahidiques datent de 1911. Ils sont
enrichis d'un double apparatus criticus; le premier donne les variantes sahidiques -,
le second, les variantes bohairiques, celles des principaux manuscrits grecs et celles
des versions anciennes.
En vue de ce travail, l'auteur a utilisé tous les fragments sahidiques, alors à sa
il n'a pu nous donner le texte
portée; malgré tout le soin qu'il a mis à les recueillir,
absolument complet des Évangiles. iNous ne parlons pas des passages omis dans la
version elle-même, et qui font défaut également dans un bon nombre de manuscrits
grecs; ce sont Matth., \ii, 47; xvi, 2''^,
3; xvii, 21: wiii, 11; xxin, 13;iVrtrc..
IX, 44, 46: XI, 26; Luc. XVII, 36: XXII, 43, 44: XXIQ, 17; Jo., V, 4; V[I,
.53-viil. 11 (n.
(i; Maltfi., XII, 17 se lit dans la Caléchcse sahidique de Psoté, évêque de Psoi. E. A. walli
RECENSIONS. >
279
Nous en donnons la liste d'après le relevé que nous avons fait sur le texte même :
VI, 1, 2; X, 28, 29; total : 14 versels. May\ Versets manqi'ants : i, 20, 24-29. 3.3;
XVI, 2-7, 13; total : 1-5 versets. Versets mutilés : 34,36,41; XV, 42,
i. 19, 21-23,30.
43; XVI, 8-12, 14, 1-5, 18-20: total 22 versets. Luc. Versets mutilés m, 1, 2, 3. Ces
: :
données s'écartent à peine du relevé sommaire que nous lisons dans la Préface de
M. H. : ( thirteen ver*es in Matthew, thirty Ûve in Mark, and three in Luke; of
thèse fragmentary verses, only fourteen Mark, i, 2û. 21, 24-29: xvi. 2-7; are enti-
rely absent, the others being déficient in a few words and letters » (vol. I. Préface,
p. Vllly.
Ces lacunes plus ou moins importantes seront comblées par la publication du beau
manuscrit Hamouli delà collection Pierpont Morgan, qui contient les Évangiles au
complet, à l'exception de Luc, iv, 33- ix, 30; ix, 62-xiii. 18. Cf. H. Hyvernat.
A check list of coptic manuscripts in the Pierpont Morgan Lihrary. Nev.-York. Pri-
vately printed, 1919\
Dans ia conclusion du III' vol. des Évangiles sahidiques, M. H. signale un autre
inconvénient de l'état fragmentaire des manuscrits dont il disposait alors : la diffi-
Nous croyons avoir remarqu»^. pour notre part, que, dans lensemble, la version
sahidique de Bible est assez constante avec elle-même, les variantes portant plus
la
souvent sur des détails d'orthographe ou de lecture que sur des différences de recen-
sion. On néanmoins quels services la découverte du fonds Hamouli est appelée
voit
à rendre dans ce domaine. Il comprend, en effet, pour le Nouveau Testament,
outre le manuscrit des Évangiles, deux manuscrits des Épîtres de saint Paul, dont
l'un complet, l'autre, mutilé de la colonne intérieure, et un manuscrit complet des
sept Épitres catholiques.
L'impression du texte sahidique des Épitres de saint Paul vol. IV et V de l'édi-
tion d'Oxford a été commencée en 1917. L'ensemble des fragments dont disposait
M. H. était iosuftîïant pour reconstituer un texte complet. L'n bon nombre de ver-
sets faisaient défaut ou se présentaient à l'état fragmentaire, à savoir : 81 versets
de l'Kpitre aux Pvomaics, 101 de la l'« et 99 de la 2' aux Corinthiens, 36 de l'Epitre
aux Hébreux. 2 de l'Épître aux Colossiens, 1 de la 1' et 2 de la 2« aux Thessaloni-
Uudge, Miscellaneous Coptic Texts in the Dialect of Upper Egypt., 1915, p. "S.Quelqaes ves-
tiges de Jo.. viH, 9-11 ont été trouvés sur un Ostrakon et publiés i>ar M. H. R. Hall, Coptic and
Oreek Texts of the Christian period front ostraha, stdae etc., in the Brilish Muséum. 1903,
p. 27.
.
lets) de lacoUectioQ Pierpont ^lorgan. Il put ainsi publier, en appendice, 1rs passages
qui manquaient ou étaient donnés à l'état fragmentaire dans le texte déjà imprimé.
Cf^s appendices comprennent Rom., \ii. 16-21; xiir. 1-7; xv. 3-4: 7-13, 20-33:
XVr, 14-19; 25-27: I Cor., vr, 5-10; vu, 14-32; 34-36^ VIII, 13-IX, 1^; XIV, 21, 22;
33-40; XV, 1, 2, 39-58; XVI, 1-10, 12-14-, 16^, 17, 19-24; Il Cor., I, 1-7; m, 5-18:
IV, 6-9: V, 7-17, VI, 10-15; VII, 7-15^ ; viii, 1-8; 12-24; IX, 1-3 ;vol. \Y]:Heb. vil, 22-
26;viti. 1-5, 9-12: X. 32-39:XI, 2-5-30: Il Tim., 11,6-8:11-13; TH., I, 16; II, 1-2
(vol. V).
Les lacunes plus faibles avaient été comblées en tout oi^en partie, par voie de
conjectures. La plupart des conjectures ont été confirmées par le collationnement
avec le manuscrit Morgan; d'autres ont dû être corrigées; certains passages ont été
complétés. M. H. donne le tableau de ces corrections ou compléments et même de
certaines variantes, à la fin de chaque volume (vol. IV. pp. 448-451 ; vol. V, pp. 576-
579). A la liste des compléments il faut ajouter Rom., ix. 2 qui fait défaut dans les
fragments (ix. 2 absent. H. vol. IV, p. 92' et qui se lit dans le manuscrit Morgan.
— La version copte ignore Rom., xvi, 24.
L'appendice du vol. IV se termine par la liste des chapitres ou grandes sections
du manuscrit Morgan pp. 4.52-453), et par un tableau comparé des chapitres tels
qu'ils se présentent dans les manuscrits sahidiques et bohairijues et dans le
Codex Vaticanv^: pp. 454-455\
Comme le dernier volume des Évangiles, le second volume des Epitres de saint
Paul donne un précieux « Registre des fragments » utilisés dans la publication.
C'est un groupement des fragments d'après les manuscrits auxqut h ils sont
supposés avoir appartenu.
On n'ignore pas, en effet, que beaucoup de manuscrits coptes, même après leur
découverte, ont été morcelés et dispersés dans différentes bibliothèques ou musées.
Ce fut le cas, prmcipalement, pour les manuscrits du Monastère blanc, dent le
premier fonds arrivé en Europe est représenté par la collection Borgia. A l'excep-
tion de quelques numéros déposés au Musée de Xaples, la partie biblique de cette
collection est conservée actuellement à la Bibliothèque Vaticane, avec soixante-neuf
autres fragments du fonds Borgia. Chargé du catalogue spécial de ce fonds, nous
nous sommes attaché à en chercher les fragments complémentaires Lex manuscrili
<lu « Monnstire blanc ». Recherches sur les fragments complé-
coptes-sahidi'iue-'i
1911; Fragments des Evangiles, Moseon, 1912). Ce travail nous a permis de véri
II,
fier les groupements propose's par M. H. pour les fragments sahidiques des Evan-
giles, dans son Vol. III, Oxford 1911. L'auteur reconnaît lui-même que ces essais
p. 377). A notre grande satisfaction, nous sommes arrivé, presque toujours, — sou-
vent par un travail indépendant, — aux mêmes résultats que M. H. et nous consi-
dérons la plupart de ses groupements comme définitivement établis. « Parfois, ajou-
tions-nous, dans notre introduction aux Fragments des Évangiles », pp. 3 suiv., il
nous a fallu rectifier certains détails du Registt) : ces corrections portaient, pour la
plupart, sur des erreurs de plume ou des confusions de chiffres, défectuosités que
même les travailleurs les plus consciencieux ne sauraient éviter complètement dans
ce genre de travaux; parfois aussi, mais rarement, nous avons cru devoir modifier
les groupements proposés par M. IL Des fragments nouvellement découverts ou
récemment mis à la disposition du public nous ont permis, en outre, de comp'éter
RECENSIONS. 281
clans une assez large mesure plus de GO l'euillets) les listes du savant éditeur des
l^vangiles sahidiques: ils proviennent Lrande collection de Vienne (Wes-
a de la
sely), b; d'un groupe de feuillets acquis au Ciire par M. Pierpout Morgan, coraniu-
niqués par M. Hyvernat ».
Pour le moment, nous ne sommes pas en mesure de nous livrer au même travail
de véiitîcation pour le 'B.i'ghier of the Fragment--^ des Épîtres de saint Paul; mais
nous présumons qu'il a été dressé avec la même diligence et la même exactitude
que celui des Evangiles. Nous espérons combler .celte lacune, quand le dernier
volume du Nouveau Testament Sdliidique aura paru.
Dans l'ensemble, et toutes proportions gardées, les témoins sahidiques paraissent
moins nombreux pour les Epîtres de saint Paul que pour les Evangiles, bien que,
pour les premières, M. H. ait pu utiliser les importants fragments de Vienne publiés
par M. Wessely (t certains feuillets communiqués par M. Hyvernat, en dehors du
grand manuscrit Morgan. Le Registre des Épîtres comprend un nombre de numéros
sensiblement inférieur, et beauc )up de groupes sont moins fournis.
Pour les Evangiles, le Registcr of the Fragment.^ énumère 1 1 manuscrits ou
groupes de manuscrits sur papyrus, 1-56 sur parchemin. 2 lectionnaires sur papyrus,
iO sur parchemin et 10 sur papier (Vol. III. pp. 344-3.57;. Le Regi\ler of the Fmg-
ments des Epîtres ne connaît que -5 manuscrits ou groupes de manuscrits sur papy-
rus, 47 sur parchemin, 1 sur papier, 1 lectionnaire sur papyrus, 4-5 sur parchemin
et 4 sur papier (Vol. V. pp. 580-587 .
Nous n'avons pas à revenir sur le mérite des publications de M. IL, tant au point
de vue de la somme de travail et de patientes recherches qu'elles représentent, que
sous le la correction du texte et des citations. Il n'y a pas lieu, non plus,
rapport de
d'insister ànouveau sur l'importance des versions coptes pour l'exégèse et la cri-
tique biblique, ainsi que pour l'histoire du Canon. Cette question a été très bien
traitée par M. H. lui-même, dans un appendice du vol. III des Évangiles sahidiques
[Estimate of the Versicm, I. c. pp. 386-390; The Date
of the Version, pp. 398-399).
Un fait nous a souvent frappé dans l'examen des versions sahidiques c'est l'ef- :
fort du traducteur pour serrer d'aussi près que possible le texte grec qu'il avait sous
les yeux. On en trouve un exemple dans le passage bien connu de l'Épître aux
PvOmains V, 12 : « lo^nsç ';.' ivb: ivOpfô-oj r, àaxpTÎa cîç tov /ô^aov sistjXOsv, zat o:à
« T% ijjLapn'a; ô Gâvaroç, zat oO't'o; v.t T.i:r.7.% àvOfij-o-j; ô 6ava-oç oî-^àOîv, io' ^<^
« TÂ'i\iç f;;j.apTO/. )). Tandis que le bohairique, pour rendre plus intelligible le der-
Un autre poiut mérite d'être mis en relief. Les Epîtres bohairiques ont les longues
souscriptions : npoc |
ptoiieoc Avcl)HT(; beii Kopiiiooc Avopnc'
eiTeii (|)OiBH +(UOiii (rrv\OG a kg' kb etc., qu'on trouve, avec des
variantes, dans certains manuscrits grecs et dans la version syriaque. Les Épîtres
sahidiques, au contraire, ne présentent que de brèves indications finales et ini-
tiales-, souver)t elles ont l'avantage de marquer l'ordre de succession des livres,
p. ex.
TCilipOC KOpillOIOVG B
renpoc eeBpAiovc
282 REVUE BIBLIQUE.
Dans sa note sur le manuscrit Morgan, M. IL Vol. IV. p. 407i constate que ce
codex complet confirme l'ordre des Epîtres introduit dans l'édition sahidique,
d'après les données des fragments II Cor.-Heb.): dans le bohairique. l'Épitre aux
(_
Hébreux se place entre les Épîtres aux Thessaloniciens et celles à Timothée. L'au-
teur relève également dans le manuscrit Morgan certaines traces de moyen égyptien,
p. ex. Heb. XI, 29 o.wepA eA.VACCA. et, surtout dans le colophon. la ten-
Ad. Hebbei.y.xck.
Der Barnabasbrief erklârt von Dr. Hans Windisch. Gr. in-S" de 299-413 pp.
Tubinguc. Mohr. 1920 (1).
(1) La pagination est celle <lu vol. III. intitulé Die Aposlolischen Vi'iter, qui fait partie du
Handbuch zum N. T., Ergdnzunris-Band.
(2; \v. inclinerait à admettre deux rédacteurs plutôt que deux rédactions dues au mêiue auteur,
p. 'Ai.
RtCENSIONS. 283
quelqire appui à cette hypothèse. Quelle que soit l'attitude que l'on preaue à
l'égard de ce découpage, il est difQcile d'admettre que l'œuvre soit d'uue seule
venue.
W. nous parait avoir fort bien saisi la nuance gnostique du pseudo-Barnabe à
^uJaisant. Ms' Ladeuze, rejetant cette théorie, ne voyait au contraire que les pai-
sibles spéculations d'un catéchète dans les attaques du pseudo-Barnabe. Harnack,
de son côté, n'admettait pas une circonstance particulière, ni un adversaire réel et
vivant, mais reconnaissait dans l'e.xégèse de l'opuscule une mise en garde contre
l'interprétation littérale des Juifs, au moment où le gnosticisme commençait à per-
cer. L'opinion de M. W. se rapproché beaucoup de ces deux manières de voir, et
même, selon lui, l'épître montre que la séparation est déjà consommée entre l'Eglise
et la religion juive et (|ue, par conséquent, elle n'a pas contribué à ce divorce. Indé-
penddmraent de tout péril gnostique fet en cela NV. a raison puistjue Barnabe appar-
tient en quelque sorte à la guose), l'épitre combat l'importance attribuée à l'A.. T.
dans Thisioire de la Rédemption par les chrétiens venus de la gentilité. L'aspect de
cette polémique n'offre donc aucun point d'appui pour dater cette œuvre, et en effet,
ne rencontrons-nous pas chez des écrivains très postérieurs, chez Chrysostome, par
exemple, de vives controverses avec les Juifs, suscitées plus d'uue fois par l'eugoù-
meut de certains fidèles pour les doctrines et les traditions judaïques?
Le commentateur regarde les années 130-135 comme l'époque la plus probable de
la composition définitive de la lettre, tout en réservant pour B' la possibilité de
remonter jusqu'à \erva ou à l'un des Flaviens. W. est probablement influencé en
cela par la prophétie des dix règnes et du petit roi qui abat trois rois d'un seul coup
(IV, 4 ss.), quoiqu'il déclare que cette énigme sur laquelle s'est exercé il y a quel-
ques années, leR. P. d'Hc^rbigny {{Recht'rches de Science reli'jieuse, 1910, p. 417 ss.,
540 ss.) ne peut aboutir à aucune solution certaine. On se tirerait d'affaire en assi-
gnant au temps de Vespasien par exemple la source des Tf^movj nages d'où dérive-
rait le passage en question.
AV. donne de très buiiaes raisons pour rejeter l'iiiterprétation purement spirituelle
de XVI, 3 et 4. Il s'agit de la construction d'un temple réel. Mais s"agit-il de la res-
F. -M. Abel.
Franz Boll. Ans der 0/fenbanmg Johannis, hellenistische Studien ziim Wellbihl
dcr Apoltf/ ///p.sf STOIXRIA, Studien zur Geschichte des ant;ken Weltbikles und
der Griechischen Wiss^-nschaft, herausgegeben von Franz Boll, lieft t . Leipzig-
Berlin, Teubner. 191-4.
tique. Boll n'est pas, il nous semble, exégète de profession; mais, guidé par un bon
jugement, il s'attache à Bousset plutôt qu'à Vischer, Spiita, ou même à Joh. Weiss,
dans les questions de critique littéraire. Il faut le féliciter de savoir apprécier à
leur peu de valeur les systèmes « zeitgeschichtiich « avec leurs confirmations gram-
maticales; Norden lui a d'ailleurs bien déclaré (p. 127), qu'il n'y a pas trace d'hété-
rogénéité dans le langage de l'Apocalypse. B. considère donc franchement cet écrit
(1) Renan qui se range parmi les partisans de l'interprétation spirituelle émet celle rcdexion :
« Aux yeux des chrétiens, toutes les prophéties de Jésus auraient été renversées si le temple
eut été rebâti. " L'a g lise ckrrlienne, p. 2i. I.a survivance du temple, dirons-nous plus juste-
ment, n'aurait pas été de nature à inquiéter le pscudo-Barnabé, puisque à ses yeux il était con-
traire au principe de la religion en esprit et en vérité et entaché d'idolâtrie. Un seul vrai temple
existe, c'est l'âme du lidèle. I.à encore, l'épître vide l'Ancien Testament de sa valeur réelle et
concrète.
RECENSIONS. 2So
comme l'œuvre d'une seule pensée et d'une seule maia, l'une et l'autre chrétienne?,
et n'ira point par conséquent scinder les septénaires, ni découvrir plusieurs recen-
sions mal juxtaposées au eh. xii, ni attribuer à deux Apocalypses différentes des
séries a.issi semblables que celles des Trompettes et des Coupes. Bon symptôme
de la guérison lente et sûre qui se poursuit aujourd'hui dans l'exégèse néotestamen-
laire, même
chez les Allemands, de la hantise du découpage.
Un
deuxième mérite est d'avoir appuyé sur le caractère profondément helU'nis-
tique de l'imagerie symbolique de Jean. Je ne crois pas que personne, à part
Ramsay. l'ait fait jusqu'ici d'une manière aussi décidée et aussi compétente. Sans
doute, le fond de presque toutes ces allégories est biblique; mais leurs nombreux
points de contact, dans la forme et le détail, avec des traditions « orientales »,
étrangères aux écrits canoniques, comment fallait-il les expliquer.^ Ou ne voit certes
pas le Prophète collectionner directement des mythes de Babylone ou d'ailleurs.
Est-ce alors qu'il aur.it eu une longue familiarité avec les apocryphes palestiniens?
de les écrire, sont donnés par des dieux (p. 8); il n'y avait aucune difficulté, pour
le Voyant en état d'extase, à se trouver à la fois au ciel et sur la terre (cf. Hermès
Trismcr/iste, x, 25), ce qui supprime toute apparence de contradiction entre les
chapitres iv et x Les fantastiques sauterelles du ch. ix s'expliquent très bien, en leurs
traits les plus étranges, comme des réductions des centaures zodiacaux, à queue de
scorpion, figurés sur des pierres (pp. 69-suiv. seulement p. 73, le rapprochement
;
avec les gardiens des portes de l'Hadès est bien artificiel , et elles ont aussi de l'ana-
logie avec les 'l--o;j.ûvjjLr/.£; et autres monstres de Lucien, dans 1' « Histoire véridique »
(p. 145 sv.); les cinq mois durant lesquels elles sévissent, compte que personne
jusqu'ici n'avait bien élucidé, signifient qu'elles demeureront toute l'année, depuis
le mois du Scorpion, où elles apparaissent, jusqu'à celui des Poissons (p. 71'. Autre
trouvaille intéressante : pourquoi les Martyrs ou « témoins » du o*^ sceau sont-ils
« sous l'autel » ? Les parallèles Juifs évoqués n'étaient pas adéquats; mais il v avait
286 REVUE BIBLIQUE.
au firmament séjour de Dieu, daos la Voie Lactée, un autel, 6jt4ftov, sur lequel
les êtres d'en haut prêtaient serment; il est donc naturel que les Martyrs, qui ont
c'est encore là une théorie tout à fait gâtée par l'esprit de système, que Boll n'eût
pu soutenir avec autant de confiance, s'il était personnellement exégète de l'Apo-
calvpse. Son analyse manque de profondeur, quand il admet dans l'Apocalypse
une succession rigoureuse de périodes ou d'années, quand il fait des quatre chevaux
du ch. VI les fléaux de quatre années successives de la « Dodécaétéride ». le
Premier Cavalier étant nn fléau comme les autres, pour la symétrie, et à cause des
modèles, etc. Il n'aperçoit justement pas ce qu'il y a d'original chez Jean-, comme
si un prophète chrétien avait eu cette vénération pour tous les bouquins des c Mat-
thieu de la Drôme - hellénistiques!
Justifions cette critique par l'examen des principaux détails.
Après avoir établi de façon intéressante les règles de la description dans les
prophéties hellénistiques, et fixé l'image du monde qui a servi à l'Apocalypse (ûrma-
ment, voix et chants célestes, mystique des nombres et des lettres, etc.; (pp. 1-29),
B. étudie le ciel des étoiles qui est le décor de fond de l'Apocalypse, et qui prête
de nombreux traits à beaucoup de scènes (pp. 30-56;, puis les visions des Trompettes
et des Coupes (pp. 57-68), le premier « Vae » (pp. 69-77, c'est son meilleur chapitre),
l'ont bien vu, qu'ils sont engagés sous le trône qu'ils portent, et que leurs épaules
et leurs têtes dépassent; c.''r. les
^wa j-oOoov.a de la Légende grecque d'isaïe. Mais
si Jean, comme lé veut Boll, y avait vu au propre quatre constellations situées
au bout de deux diamètres perpendiculaires du cercle écliptique ou équatorial,
le « trône de Dieu » devrait être tout l'univers stellaire; on ne pourrait se le
RECENSIONS. 287
figurer placé, comme le texte le dit clairement, au centre d'un très vaste espace
oîi les autels, les trônes des Anciens, la multitude des Anges, trouvent place à se
ranger. Non, si ces figures ont été à l'origine des constellations, ce qui est plus —
que probable, je Taccorde, —
Jean l'avait oublié au point de ne plus attacher
aucune importance à leur position dans la sphère céleste; autrement, sa description
serait inimaginable. C'est que en réalité ces figures', tout à lait détachées de leurs
origines profanes, lui ont été transmises par Ezéchiel et la tradition, sous la forme
à n'user de pareilles données qu'avec la plus grande liberté, et à la place qu'il veut,
sans se s<)ucifr outre mesure de l'ensemble d'où
il les tire. C'est ainsi, par exemple,
des calenlriers, ni de suivre pas à pas leurs prévisions. Si des éléments visionnels
lui étaient fouruis par les croyances populaires, il les variait, les transposait, les
séparait ou les combinait à sa guise, ou plutôt à celle de l'Esprit, pour leur faire
signiûf r de hautes réalités auxquelles ne pensaient liuére les astrologues.
Nous regrettons tout spécialement que Boll accorde aux spéculations sur 1' « '
Av-
Gow-oç (!' a homme Urmensch »^, une confiance que ne justifie pas
primitif», 1' «
Ce que vaul cette tlièse. appliquée surtout à la transcendance de Jésus, on peut en juger
I
rien qu'à lire la dissertation subtile et embarrassée de Jolt. Weiss dans son Urchristentum.
pp. 3".3-suiv.
288 REVLE BIBLIQUE.
à prouver que Pliilon ait conçi son « Hoaim? de Dieu •>, homme céleste, autre-
ment que comme V « Homme en soi » platonicien, ou l'intelligence, ou l'image
du Logos en nous. Quant à 1' Avôpco-oç des Naasséniens, chez Hippolyte, pourquoi
y verrait-on autre chose que la création artiOcielle d'un syncrétisme effréné, et
postérieure du reste au temps de l'Apocalypse?
Boll, comme Reitzensteio, n'a pas de ces scrupules: et il table sur ce mythe plus
qu'hypothétique pour nous faire saisir le sens du ch. xii [Regiiia C'rli). Ce n'est
pas qu'il n'amèneici quelques bonnes observations, en partie déjà connues, mais
« chute » de la Femme sur la terre, que Boll p. 113) prétend appuyer sur un
piuyre vers isolé d'une tragédie de Sénèque? La « Femme » n'a pas eu à s'échapper
du ciel, parce qu'elle est à la fois terrestre et céleste, étant l'Église de tous les
temps, sous ses divers aspects. Sj parure brillante n'étonne plus quand ou a
pénétré la grandeur de la conception johannique de l'Église, et qu'on se rappelle
les descriptions splendides de la Fiancée de l'Agneau divin, aux chapitres XKi-x.x.11.'
Cette église perpétuelle, qui est dans un certain sens la mère du Christ, comme
ayant été autrefois identique au peuple de Dieu, a d'autres enfants, le arAo^m, les
Xo'.-o(, ceux qui par elle sont nés de Dieu —
et non d'une Isis christianisée, ou de
je ne sais quelle entité gnostique. mère prétendue du Christ céleste. Boll interprèle
d'ailleurs très bien j-io'xT. et aoivA (p. jiS mais il ne voit pas que cela m:t toute
;
Nouveau Testament. —
C'est un heureux événement que la publication d'un
Nouveau Testament en syriaque, autant que possible d'après la Peschitto. La société
biblique britannique s'en est chargée, et de façon à donner satisfaction aux exi-
gences de la critique. Les évangiles sont reproduits d'après l'édition si soignée de feu
M. Gwilliam. On nous même
la grâce d'indiquer au titre courant le chapitre en
fait
mis à profit par une libéralité fort louable des Délégués de la Clarendon Press. La
Peschitto ne comprenait rien de plus. Les quatre dernières épîtres catholiques ont
été reproduites d'après l'édition de la version philoxénienne par feu M. Gwynn en
1909 {RB., 1911, p. 300), et l'Apocalypse d'après une édition du même ^I. Gwynn en
1897.
Cette édition otfre donc, il est vrai sans notes et sans apparat, les meilleurs résul-
tats de la critique textuelle en Angleterre. iM. Burkitt (1) y a même signalé quelques
améliorations sur le texte de Gwilliam, qui cependant n'ont pas été conduites d'une
façon conséquente, en ménageant même quelques fautes d'impression, comme la
Il lui a paru que la critique n'est plus aussi unanime à regarder Marc comme
source de Luc du Matthieu grec (p. 298). Mais c'est en vain qu'on a cherché dans
et
(1) Études de critique et de Philologie du Nouveau Testament, in -1:2 île vi-ol3 pp. Paris, Ga-
balda, 1913.
(2) Il y avait une bonne occasion de protester après l'exposé de l'opinion de M. Rende! Harris
(p. â44i sur l'œuvre de s. Mattliieu, réduite à un recueil de Testimonia tirés de l'A. T.
(3) Paris, Roger et cheruoviz, 19-20.
BULLETIN. 291
moins sur ce point que sur les autres, quand il se sera décidé à l'aborder directement.
Sa solution personnelle du problème synoptique semble avoir été plus mûrie, quoi-
qu'il ne la communique au lecteur que sous des traits généraux. Voici, par exemple,
Morte; non à l'est, presque au milieu. — vu, 11, le texte est condamné en note
comme une mauvaise traduction; il eut suffi de le ponctuer autrement, car il tra-
duit fidèlement le grec. Ou bien est-ce le grec qui serait mai traduit de l'araméen?
— XIII. 30. « Cette génération » s'entend du peuple juif: sens bien peu probable,
surtout eu comparant à vin, 39. Sur l'auteur de la finale de Marc, no final settle-
rnent, mais on donne des arguments en faveur de Marc. Ce que nous avons remarqué
— dans un examen très rapide —
de plus étrange, c'est cette phrase « Saint Irénée :
dit qu'il (l'évangile de Me.) fût écrit après l'arrivée de saint Pierre à Rome, — ;'.
e.
du texte d'Irénée? Sûrement pas les grammairiens critiques, mais non plus les
conservateurs qui trouveront l'arrivée de Pierre à Rome bien tardive.
et à lire :
•' Mais après qu'ils eurent traversé le pays phrygien et galate, empêchés
qu'ils furent par l'Esprit-Saint d'annoncer la parole en Asie, venus (ensuite) près
de la Mysie, ils » (p. 25). Il avoue que ce texte, dit primitif, ne se trouve nulle part,
mais l'élément principal, ouÀôrJvTsç au lieu de Bi^X6ov est bien en effet la leçon
d'Antioche. Elle n'en est pas meilleure pour cela. Pour obtenir le sens voulu par
M. Weber, il faudrait écrire ôi£À9o'v:£ç ouv, ou raXtv... Le oi, si peu adversatif qu'il
soit, ne peut se rapporter à l'itinéraire qui précède, même fait en sens inverse.
Le texte antiochien, qui a oiù.Uvzsi a aussi l'article devant yaXaTr/.rlv, ce qui déplaît
à M. Weber. En somme la théorie des Galates du Sud est obligée de composer
un texte à sa façon; c'est bon signe... pour ses adversaires.
probabilité d'après les signes du temps, etc. ? C'est ce qu'on aimerait à savoir. Mais
c'est déjà beaucoup que M. Nascimbene ait très correctement montré qu'on ne
peut rien tirer des épîtres de saint Paul qui rende son enseignement contraire
à la vérité des faits. On sent dans toutes ces pages une droiture et un scrupule
d'exactitude qui font plaisir.
Quelques tableaux contiennent le résultat d'un examen poursuivi sur toute l'œuvre
de s. Jérôme, et groupent sous différents aspects plus de 6.7.50 citations. La conci-
sion étant poussée à l'extrême, on ne saurait songer à faire un résumé il faudrait ;
plutôt prier l'auteur de développer les faits en un volume. Citons seulement les con-
clusions. La première est relative aux Commentaires des épitres Paulines: Tite, Philé-
mon, Galates, Éphésiens. L'état de choses qu'ils révèlent « est absolument incompa-
conclusion non moins nette du P. Lagrange RB., 1917, p. 442 ss.) relativement aux
Galates. >"ous tenons ce point pour acquis. Mais de plus le P. Cavellera constate
que s. Jérôme a toujours fnit allusion au même texte. Il ajoute donc une déduction
plus générale a saint Jérôme a ignoré, en dehors des
:
évangiles, notre Vulgate
actuelle du Nouveau Testament » (p. 291;, ce qui paraît moins certain. En même
temps que le R. P. Cavallera, le R. P. Vaccari traitait le même sujet dans Biblica
(i, .534 ss.;, mais dans une simple revue. Il concède que les
témoignages que s'est
rendu saint Jérôme ne prouvent rien pnir le N. T. en dehors de l'Évangile, et qu'on
ne peut tirer argument de la lettre à .Marcella. Néanmoins il veut que Jérôme ait
revisé tout le N. T. et avant même de commenter les quatre épîtres, c'est-à-dire qu'il
conteste — sans l'avoir encore connue — même la première conclusion du P. Ca-
vallera. On aimerait le voir traiter maintenant le sujet ce professa.
déterminés, et même restreints, et qu'il poursuit sa méthode sans trop s'inquiéter des
désirs du grand public, voire des exégètes, pour des solutions à la fois générales et
assurées. Après avoir édité un bon texte du N. T. en grec, il aborde un domaine
beaucoup moins vaste, l'étude des relisions latines de l'Apocalypse (1). et même dans
ce petit espace il rencontre tant de confusions qu'il semble que ce serait à désespérer.
Nous n'en sommes que plus portés à nous rallier aux conclusions qui cependant
émergent de ce cahos. Aussi bien n'a-t-il pas épargné sa peine, et il aurait rendu un
service signalé seulement en restituant et en imprimant des textes qu'on ne pouvait
jusqu'alors consulter sous une forme aussi correcte ni aussi utilement réunis. Ce
sont le texte de Primasius. d'après son Commentaire; le Codex aigas (g)
:
le texte ;
lement ajouter celui de la Vulgate pour lequel l'auteur renvoie à l'édition de White.
Quelles conclusions tirer de l'examen comparé de ces documents? M. Vogels ne
veut plus entendre parler de deux versions seulement, une en Afrique, une en
Europe. Il connaît au moins trois traductions différentes, et ne dissimule pas qu'il
faudrait en dire autant des évangiles. En bonne logique, il faudrait dire au moins
quatre, car Primasius et Tvconius étant deux traductions, il faut bien compter pour
une le texte commenté par Victorin de Pettau. et la Vulgate en est une autre. C'est
peut-être le trait le plus intéressant de ces recherches, d'avoir mis en lumière ce
qu'on peut nommer la Vulgate avant saint Jérôme. Il y eut encore une revision. Mais
l'important n'est pas de savoir si elle émane du grand exégète ou d'un autre, c'est
de constater que notre Vulgate, disons seulement ces quatre épîtres et de l'apoca-
lypse, est un texte latin ancien qui fut très peu retouché. C'est cependant depuis qu'il
a été retouché qu'il a commencé surtout à contaminer et enfln à éliminer les autres
textes, ce qui prouve bien qu'il s'imposait par une autorité considérable. M. Vogels
admet avec l'opinion commune que c'est celle de saint Jérôme. Il est regrettable
qu'il n'ait pas abordé ce point; il était bien de son sujet. Ce texte de la Vulgate —
d'après White et non pas d'après l'édition Clémentine, comme M. Vogels ledit très
expressément, — est un très bon texte. Il ne serait pas surpassé même par N et B,
M. Vogels exagère, moins que sa phrase ne doive s'entendre que des lacunes
à
notables de B, que nous reconnaissons comme lui. Car, pour les textes ordinaires, il
nous serait facile de montrer que dans son édition grecque M. Vogels place l'auto-
rité de K et de B, surtout réunis, bien au-dessus de celle de la Vulgate.
Quoi qu'il en soit, la Vulgate n'est point une émanation corrigée du texte européen
représenté par le gigas, plus ou moins suivi par Ambroise, Priscillien, les Quaestiones
le prouver, car il ne fût pas sorti de son programme, et l'on peut estimer que
l'unique preuve apportée ex professa n'est point décisive. Dans ix, tl, le texte est
ôvo[j.a aÙTw; dans K. on lit o) o. a., le relatif aurait été ajouté d'après Cm' nomen
{Primasius et vg.). Mais si le copiste avait été influencé par le latin, c'eût été de
parti pris ; il aurait préféré sa leçon et n'aurait pas ajouté aÙTw. La réunion des
deux pronoms une grossière faute de copiste; on sait que N' n'en est pas exempt.
est
Les autres cas cités sans explication ne paraissent pas plus concluants (p. 18).
On n'a pas été-fâché de lire (p. 17) que le texte de von Soden n'est pas uu pro-
grès sur celui de Westcott-Hort. Comme beaucoup d'autres, en se servant pins assi-
dûment de von Soden, M. Vogels n'a pas eu une meilleure impression. Encore —
est-ce là un euphémisme qu'on pourrait traduire d'une façon plus désagréable.
En lisant Vogels on comprendra ce qu'il reste à faire et comment on pourra obte-
nir de bons résultats — si l'on n'est pas trop impatient de les saisir.
Depuis quelques années le silence s'était fait sur les paroles de Jésus exhumées
à Behnesa, l'ancienne Oxyrhynchos (1). Le moment était venu de mettre au point
les études antérieures, tout en proposant des opinions nouvelles. C'est ce que
M. Evelyn Whlte a réalisé très brillamment (2), dans un petit volume qui sera le
semble bien faire partie de la même collection. Car c'est une collection de sentences,
(1) Cf. R6., 1897, p. 501 ss. Les Logia du papyrus de Behnesa, el lîiOi, p. 481 ss., Nouveaux
fragments éoangétiques de Behnesa, par îiU' Batiffol.
(2) The Sayings of Jésus from Oxyrliynclius edited wiih Introduction, critical apparatus and
Commeniary by Hogh G. Evelyn White, M. A. meniber of the New York metropolitan Muséum
expédition in Egypl and lormerly Scholar of Wadham Collège, Oxford, in-8° de lnxvi -48 pp.
Cambridge, at tlie Univers] ty Press, 1920.
BULLETIN. 295
et si chacune est précédée des mots Xi-^n "Iticjouç, c'est pour leur donner plus de
solennité, non pour les rattacher à une circonstance spéciale à la manière d'un
évangile. Sont-ce des paroles conservées par la tradition et recueillies pour compléter
les évangiles? ou sont-ce des citations des évangiles canoniques? ou enfin des
extraits d'un ou de plusieurs évangiles apocryphes?
La comparaison avec les évangiles canoniques est naturellement la base de la
solution. Il en résulte pour M. White qu'il n'y a pas de trace claire de l'évangile
de Me, mais bien des exemples de dépendance httéraire des Paroles par rapport à
Mt. et à Le, avec une influence certaine, mais superficielle du quatrième évangile.
La collection ne représente donc ni une tradition indépendante des évangiles,
ni un recueil de citations de ces évangiles. Il faut plutôt conclure à des extraits
d'un évangile apocryphe, et ce serait l'évangile selon les Hébreux. Cette suggestion
est particulièrement bien conduite, et M. White a su montrer l'influence de Le. et
même de Jo. sur l'évangile selon les Hébreux. Néanmoins on ne voit pas pourquoi
le collectionneur se serait interdit de puiser ailleurs. Il n'avait, d'après l'auteur,
ciable. La défense de l'authenticité est des plus solides. Il est seulement regrettable
que le R. P. ait donné un bon point de sagesse ou du moins de siieuce à Harnack,
alors qu'il venait précisément de faire une sortie impétueuse, les 20 et 27 juin 1918
à l'Académie de Berlin (3). Les arguments s'en prennent surtout à Resch, déjà
démodé. Et le R. P. semble regarder comme négligeable et négligée par nos adver-
saires une objection à laquelle ils tiennent toujours beaucoup le silence de Marc :
et de Luc. L'exégèse est moins précise. Les portes de l'enfer sont à la fois celles
p. i.xiii, au lieu de ninth Saying (Logion IV), lisez Saying x (Logion v).
(1)
De Deo uuiversos evocante ad siii regni vilam, seu de institutione Ecclesiae primaeva,
(2)
editio secunda, 8" de -280 pp. Paris, Beauchesne, 19-20.
(3) Der Spruch ûber Petrus... indiqué ici même, 1920, p. 298.
(4) Dans les Recherches de science religieuse, 1920. De même Tu es Petrus, du R"* Père Fonck,
dans Biblica, 19-20. Deux excellentes réfutations du mémoire de M. Harnack, quoique l'exégèse
ne soit pas-toujours la même. Le R. P. Fonck tient, avec raison selon nous, pour les portes
de l'enfer; le R. P. Schepens pour les portes de la mort.
296 REVUE BTBLIQUE.
sur Pefrus et petra, c'était pour réserver au Christ d'être le fondement. D'ailleurs,
comme dit très bien le R. P., Augustin a laissé le choix entre l'opinion courante et
celle qu'il a cru devoir proposer, et que le protestantisme ancien na pu faire
très bel ouvrage de M?'' Battiffol : Le catholicisme de saint Augustin (1). Des huit
chapitres que contiennent ces deux volumes, ils ont eu le privilège d'en lire trois.
siège apostolique. Ils voudront cependant les relire, retouchés avec ce soin de la
perfection que tous savent apprécier. Autour de ces piliers de tout l'ouvrage ont
pris place des développements sur les origines de la controverse donatiste, l'inter-
vention d'Augustin, la conférence de 411, les rapports de Rome et de Carthage.
Pour finir, les derniers traits de l'ecclésiologie d'Augustin. On a souvent regretté
que saint Thomas d'Aquin n'ait pas écrit une Somme sur l'Église. Augustin en avait
dessiné tous les traits sans songer à les grouper dans une synthèse. Cette synthèse
qui est aussi celle de sa vie, où il a mis tout de son âme, nous la possédons
maintenant, grâce à M?''Batiffol. Dès les jours déjà lointains de VÉglise uais-^antc,
le savant qu'il est parlait de l'Église comme d'une Mère, avec la tendresse d'un fils
décidé certes à être exact, précis, tranchons le mot, critique, mais qui n'a jamais
eu la pensée que toute cette science gênerait l'affection. Mieux connaître l'Eglise,
pour l'aimer davantage. Aussi lui apparaît-elle dans la doctrine et à travers le cœur
de l'incomparable Augustin « L'Éghse n'est pas seulement grande de sa grandeur
:
que de séminaristes. Il est vrai qu'il a évité les questions trop délicates, comme le
prétendu montanisme des martyrs de Lyon; mais il a compris qu'on se transportait
avec lui, sans se sentir dépaysé, dans ces terres naguère inconnues et sans qu'il ait
eu besoin d'orienter le lecteur par des étiquettes modernes.
C'est Renan qui est en retard avec sa découverte du tempérament lyonnais créé
(i) Deux volumes petit 8", de vm 5oo pages. Pagination unique. Paris, Gabalda, 19-X».
tout exprès pour expliquer l'attitude des martyrs : Psychologie de fortune qui a bien
pu amuser à Paris, que Lyon a du trouver d'assez mauvais goût, surtout en 191!J. —
Les érudits eux-mêmes ont leur part dans la lettre dite de Philoxène de Mabboug à
Abou-Nephîr. Il est fâcheux que M. Tixeront qui a débuté si brillamment par son
étude sur l'église d'Édesse paraisse l'avoir oubliée. Saint Éphrem, proclamé docteur
de l'Église universelle, viendrait bien en tiers avec les docteurs grecs et les docteurs
latins.
Ancien Testament. —
La question posée par M. Laurence E. Browne dans son
petit volume sur Le Judaïsme primitif {1) est aussi celle dont M. Touzard poursuit
la solution dans ses belles études sur l'âme juive au temps des Perses. Pourquoi
Israël s'est-il détourné du Christ, lorsqu'il lui a été donné? Le dessein de Dieu lui
était favorable, et constituait même uu privilège en sa faveur. Si ce dessein a
échoué, c'est donc la faute du peuple. Cette faute, M. Browne la trouve dans l'ex-
tinction de l'esprit prophétique, esprit d'initiative et de mission. Les grâces conférées
à Israël, il devait les transmettre aux autres; il devait être le missionnaire de Dien.
Au lieu de cela, il s'est replié sur lui-même, il a exclu ses voisins plutôt qu'il n'a
cherché à les attirer. C'est, semble-t-il, l'idée principale qui se dégage d'une série
d'études sur la restauration, la construction du Temple, le refus infligé aux Samari-
tains, les réformes de Néhémie et d'Esdras. Car M. Browne place Xéhémie avant
Esdras. Ce n'est pas nous qui lui en ferons un reproche. Mais quand une opinion
aussi nouvelle et aussi lumineuse a été produite avec toutes les preuves à l'appui,
d'une seule par un savant, son nom, et non celui d'un autre, devrait être
fois,
prononcé à cette occasion. Xos lecteurs ont prononcé, eux, le nom de M. van
Iloonacker. D'ailleurs notre éminent collaborateur a été mentionné à propos des
Juifs d'Éléphantine. et de la Loi lue par Esdras. M. Browne refuse d'y voir un code
nouveau, le Code Sacerdotal des critiques-, ce serait bien plutôt le Deutéronome. Ce
n'est pas que toutes ses opinions soient conservatrices en critique littéraire; mais
nous ne pouvons discuter ici ce volume ingénieux, érudit et en même temps d'un
panseur religieux.
AssYRiOLOOTE. —
University of Pennsylvania, the Muséum, publica-
tions of tlie babylonian section.
Voici près de dix ans que la direction du musée babylonien de l'université de Penn-
sylvania a commencé de publier méthodiquement les nombreux documents cunéi-
formes provenant des fouilles ou des achats effectués avec les fonds de l'université.
Cette publication succédait à celle de M. Hilprecht et cherchait surtout à grouper les
textes en séries, tout en renonçant au format trop grand et trop luxueux du premier
éditeur.Vous avons rendu compte, au fur et mesure de leur apparition, des pre-
à
miers volumes dus à MM. Myhrman (2). Clay (3) et Montgomery -Ij. La guerre n'a
pas entravé l'œuvre amsi lancée et, sous l'habile direction du D' George B. Gordon,
la plus grande partie des documents a été livrée aux assyriologues. Il est temps d'en
donner une idée aux lecteurs de la Revue Bihliquc. L'ordre que nous suivrons est
I) Early Judaism, in-16 de xiv--234 pp. Camhrulge, at llie University Press, IMO.
-2, Vol. 1, n'' 1 Babylonian hymns and prayers. RB. 1913, p. 473 ss.
:
3 Vol. Il, n° 1 Business documents, etc.. et n° i Documents from the temple archives, etc.
; :
(7,3) et ah-la-mi-i génitif de ahlamù (51, 22). Ce dernier ne manque pas d'intérêt,
car il atteste la présence de la peuplade araméenne des ahlamù en Babylonie avant la
période d'el-Amama (2). Le nom de viWe DHr-{ilu) Sin-mu-bal-Iit (3) s'ajoute à la
série déjà connue Bûr-su-mu-la-él, Dùr-am-mi-di-ta-na, Bùr-am-mi-za-du-Qa. Ce
sont les noms des rois de la l'"<' dynastie précédés de l'indication « mur de... »,
exactement comme on a Dùr-iilu) Sin « mur du dieu Sin ». Les Cassites connaîtront
Dùr-kn-ri-gal-zu « mur de Kurigalzu », les Assyriens Dùr-sarrukin « mur de Sar-
gon ». Comparer q'ir-inôab « le mur de Moab », capitale des Moabites. Les fragments
de code en sumérien ont été étudiés par le P. Scheil et comparés avec la loi ham-
mourabienne dans la Revue d'Assyriologie, xvii, 1920, p. 35 ss. Un choix des textes
religieux les plus importants est transcrit et traduit par Lutz. Ils rentrent dans des
catégories connues : prière de samaJ-siim-iikin à Mardouk contre une éclipse de
lune (no 108), hymnes au soleil (a°* 118 et 126), prières à En-lil, seigneur de Nip-
pour (n" 114), et à Nergal dieu des enfers (n° 119). Les exorcismes et les incantations
sont également de type courant. A noter spécialement les rites contre lilitu, la
lilUh d'Js. XXXIV, 14, qui apparaît sous les traits d'une vraie harpie (n" 122), en
train de contaminer les aliments et la boisson de l'homme. Une série d'incantations
contre labartu (4), autre démon femelle, commence par les sept noms symbohques
de cette malfaisante « fille du ciel ». Cette tablette (n°113) est l'une des plus intéres-
santes de la magie babylonienne, car elle contient, outre les prières et les cérémonies
coutumières, les dialogues entre Enlil et Istar, entre Éa et Mardouk, au sujet du
patient. C'est le procédé employé dans les rituels pour donner plus de valeur aux
mai.
BLL[.ETI>-. 299
Vol. IV> w î. Historkal texls (pp. 1-242); Vol. V pi. l-CXW). Historical and
i}rammatical 17, «" /. Grammatical texts (pp. 1-122' by Ar\o Poi-;bel,
fi'jfs; T'»/.
Philadelphie, 1914.
Des circonstances spéciales, signalées par .M. G. B. Gordon dans la préface à ces
trois volumes, n'ont pas permis à l'auteur de main à sonmettre la dernière
travail paru durant la guerre. Xous en avons
un mot rapide dans RB. 1915,
dit
p. 278 ss. On nous pardonnera d'y revenir, maintenant que nous avons pu reprendre
contact avec les textes. Ceux-ci sont contenus dans le vol. V. La grammaire
sumérienne est singulièrement élucidée par les tablettes bilingues, dont l'une m^ 152,
pi. LXXVIII-LXXXn; ne comprenait pas moins de seize doubles colonnes. En
partant de ces nouveaux éléments d'information. M. Pœbel étudie successivement
les transformations des thèmes nominaux, pronominaux et verbaux. II insiste avec
postpositions, des particules pronominales, des indices du pluriel, etc. Le fait qu'il
faut retenir est que l'application des équivalences données par les vocabulaires a
permis de déchiffrer les textes unilingues de Telloh. de Xippour et d'ailleurs.
Rien de plus méthodique que l'exercice sur les pronoms personnels et démons-
tratifs, contenu dans le n- 1.52. On suit les développements d'un thème pronominal,
grâce aux suffixes et aux préfixes. Le babylonien ne réussit pas toujours à rendre
les nuances d'une langue qui distinguait les objets animés ou inanimés et qui
pouvait exprimer les adverbes ou les conjonctions par des tournures nominales
assez variées. Le n° 142 (pi. LXXII-LXXIIÏ), dont il ne reste qu'une partie du
revers, sert de base à une savante reconstitution du verbe sumérien, qui est facilitée
par les n"^* 150 et lo6, auxquels s'ajoutent des fragments de paradigmes publiés
précédemment. Le mérite de l'auteur est d'avoir analysé avec beaucoup de péné-
tration tout le système du verbe, en démêlant les nuances apportées à la sisni-
fication de la racine par les préfixes, les infixes et les suffixes. Le P. Deimel, en
partant des textes sumériens archaïques, a discuté la théorie de Pœbel. ainsi que
celles de Thureau-Dangin et du P. Witzel (1). C'est principalement sur les préfixes
très fréquents mu, ni, e, ha, que portent ses investigations. Sa^^conclusion
est que
ces préfixes ne sont pas des pronoms représentant
mais de véritables le sujet,
prépositions modifiant le verbe, à la façon des prépositions latines ad ou ah, in ou
ex, dans les verbes composés afferre et anferre, inire et exive, etc. Déjà Thureau-
Dangin avait esquissé cette théorie à propos des préfixes mu, e, ha (2;. Ce savant,
dont l'autorité est incontestée, montrait assez qu'il ne fallait pas exiger une pré-
cision trop minutieuse dans l'usage des préfixes verbaux, quand il écrivait : « Les
exemples qui précèdent ne doivent pas faire illusion sur le degré de rigueur avec
lequel ces règles étaient appliquées. Dans la généralité des cas la plus grande liberté
dans le choix des préfixes- sujets parait avoir régné (1). » Fried. Delitzsch n'est
pas moins circonspect dans l'étude des préfixes appartenant aux séries en n, b et m.
Il reconnaît notamment que, au cours des temps, la différenciation originelle est
allée en seffaçant (2). On pourrait se demander également si, dans les inscriptions
lapidaires, les scribes n'ont pas été guidés par le souci d'un arrangement symétrique
des caractères dans les cases à remplir. Ce souci a dirigé l'exécution des inscriptions
hiéroglyphiques. 11 se peut que les sculpteurs de la Chaldée aient eu à s'y sou-
mettre. Le choix d'une forme de préférence une autre était ainsi tout naturel.
à
L'objection qu'on pourrait faire à la théorie du P. Deimel. c'est que les préfixes
mu, ni, e, ba, ne correspondent nullement aux prépositions, ou plutôt postpositions
sumériennes, dont les plus fréquentes sont ta, da, ra et sii. Ce sont ces particules
qui ont le sens des prépositions latines employées dans les verbes composés. Or,
il se trouve qu'on les rencontre précisément comme infixes, entre le préfixe et le
verbe, pour donner à celui-ci la nuance voulue. Fried. Delitzsch a très bien montré
leur rôle et l'a comparé, avec raison cette fois, à celui des prépositions grecques
ou latines dans les verbes composés (3).
fait allusion à la création de l'humanité. Nous ne croyons pas que la déesse Nin-tud
« dame de l'enfantement », qui présidait aux accouchements (5), soit celle qui crée
legenre humain. Le complément datif ra ne permet pas de voir en elle le person-
nage qui prend la parole dans la col. I. Or, nous voyons, à partir de la I. 12,
que l'humanité est créée par la triade supTènie, Anou-Enlil-Enki (6), en collabo-
ration avec la parèdre d'Enlil, à savoir N'iu-har-sag, qui correspond à la déesse
Halhor des Egyptiens (7^. La « cosmogonie chaldéenne » remplacera le couple
sumérien Enlil-Xinharsag par le couple babylonien Mardouk-Arourou 'S\ Dans
cette version de la création, l'humanité est créée « pour faire habiter les dieux dans
une demeure qui réjouisse le cœur ». Dans le texte de Pœbel, les dieux demandent
que le genre humain construise les temples <i en un lieu pur ». J/expression
ki-azaq-ija « en un lieu pur » est précisément celle que la « cosmogonie chaldéenne »
i3) Ibid., p. 71 s.
{V Voir l'analyse donnée par le P. Lagrange (Rfi., 1916, p. -239 ss.i.
ij] Elle est identique à Bêlit^lê t dame des dieux • et à Mama, la déesse-mère. C'est une
vraie Junon babylonienne. Cf. noire article sur « La souveraine~"des dieux ». Bev. (f'assyn'ologie
VII. p. II s.
(0) Cf. RB. I9I9, p. 305 ss.
(7) Lu religion assyro-babylonienne, p. 108.
\8) Notre Choix de textes..., p. 87,
BULLETIN. 301
rend par ina as7-i ellim « en un lieu pur », lorsqu'elle parle de la demeure des
dieux (1). Il faudrait insister sur les ressemblances entre ces deux textes. Après
la création de l'homme, la cosmogonie chaldéenne mentionne « les animaux des
champs (2), créature de vie ». L'expression employée pour « créature de vie » est
slkln napisti dans la partie babylonienne, nig-zl-gdl dans la partie sumérienne.
C'est probablement nig — ;i + zi dans la I. l.î du nouveau texte dont Pœbel n'a
pu donner la traduction. En tout cas, la 1. 16 ne laisse pas de doute, car elle
raconte la création des animaux des champs (3) et des quadrupèdes de la plaine.
La col. II, dont il manque le commencement, semble d'abord retracer les origines
de la royauté. Il s'agit de celui qui aura pour mission de fonder les cités. Dans la
cosmogonie chaldéeime c'est Mardouk qui bâtit des villes avec leurs temples. Mais
il faut remarquer que, antérieurement à Mardouk, ont été créées les deux villes
saintes, Éridou et Babylone, en sorte qu'il ne lui reste à fonder que Nippour et
Érecli. Le nouveau texte mentionne une série de cinq villes, qui sont attribuées
chacune à un dieu gardien. C'est encore Eridou qui ouvre la série. Elle est attribuée
au dieu Ea, sous son nom de nu-dim-mwl qu'il porte dans le grand poème de la
création (4). Une seconde ville, dont le nom ne transparaît pas à travers l'idéogramme
et dieu a disparu du texte, faisait la transition entre Eridou et La-ra-ak, dans
dont le
laquelle Pœbel propose de reconnaître Àa^av/wv de Bérose. Cette cité était située
sur l'ancien lit du Figre (5). Son dieu gardien est Pa-bil-har-sag, qui est peut-être
le prototype de Pa-bil-say, nom de la constellation du Sagittaire (6). Les deux der-
nières villes sont les plus célèbres après Eridou Sippar avec son dieu âamas, :
Surappak avec son dieu Sukurru (7). L'une et l'autre jouent un rôle important dans
le récit du déluge; c'est à suruppak que le cataclysme est décrété et c'est de là que
partira le Noé babylonien (8), c'est de Sippar que les survivants du déluge doivent,
au dire de Bérose, prendre les écrits qu'ils distribueront aux hommes (9). La lacune
au début de la empêche de saisir la connexion entre
col. III le dernier acte de la
création et le déluge [a-ma-ru, idéogramme d'ahûbu « le déluge »), qui est mentionné
à la 1. 12. La comparaison avec la version incorporée dans l'épopée de Gilgamès
montre qu'il y a d'abord le conseil des dieux. Ils décrètent le déluge. C'est à ce
moment que, d'après le nouveau texte, la déesse Istar se plaint « à cause de ses
gens » voués à la destruction (10). Dans l'autre récit, c'est lorsque la catastrophe est
commencée (11). En vain « les dieux de ciel et terre » implorent la clémence d'Anou
et d'Enlil. A ce moment entre en scène le Noé babylonien. Il est amené exactement
comme le héros du mythe d'Adapa (12). C'est un roi, un paslsu, c'est-à-dire un oint.
Istar apparaît sous le vocable Xin-lud « dame de l'enlantement . et lanana qui est son
(10
nom sumérien. Dans le récit assyrien, il est intéressant de couKialer que nintitd est remplacée
par son équivalent bèlit-ildni « dame des dieux » (cf. snp. . Le nom de la déesse est ensuite
écrit phonétiquement istar. 11 s'agit de la même déesse.
11) Choix de textes..., i>. 111, 1. 11' 118.
M; Ibid., p. 14'J.
302 REVUE BIBLIQUE.
favori d'Éa. Son nom sumérien est Zi-ud-gid-du, autre forme de zi-x}td-da, qui est
tab. XI de l'épopée de Gilgamès (3). Aucun doute ne peut donc planer sur l'identité
des deux personnages. Si^ la nouvelle tablette a inspiré la tradition de la cosmo-
gonie chaldéenne pour la création, elle inspire la tradition assyrienne du déluge.
Àiissi n'avons-nous pas de peine à IV le stratagème
reconnaître dans la col.
employé par le dieu Éa pour dévoiler à son protégé du conseil divin. la résolution
L'intermédiaire est le même dans les deux cas. Nous trouvons, en effet, aux 11. 3 et
4, le groupe iz-zi-da, dont l'équivalence akkadienne est itti igari « avec le mur » (4).
Le vocatif igar, igar mur, mur! » est employé dans le récit assyrien. C!çst au.
<c
mur que le dieu Éa confie le secret, pour rester fidèle à la discrétion, mais pour
que l'écho parvienne aux oreilles de son serviteur. La fin de la col. IV, maintenant
disparue, contenait sans doute le récit de la construction du vaisseau (5). La col. V
décrit le déluge, qui dure 7 jours et 7 nuits. Dans le récit assyrien, la durée est
de 6 jours et 6 nuits. C'est à l'arrivée du 7" jour que « la mer se reposa, le vent
mauvais s'apaisa, le déluge cessa ». Dans le récit suraérien, le dieu-soleil revient
alors éclairer ciel et terre, sa lumière pénètre dans la barque. Plus pittoresque, le
texte assyrien fait dire à son héros :
' J'ouvris la fenêtre et le jour tomba sur ma
joue. » L'épisode de la colonibe, de l'hirondelle et du corbeau n'existe pas dans le
texte de Pœbel. Le héros, qualifié de son titre de roi, se prosterne devant Samas et
immole en sacrifice un bœuf et un mouton. L'offrande, dans la version assyrienne,
consiste en fumées aromatiques (6). Dans les deux récits, l'épisode final transporte
le héros loin des humains, « à l'embouchure des fleuves » dans le texte de l'épopée
de Gilgamès, probablement nouveau document. C'est toujours
à Tilmun (7) dans le
vers le Golfe Persique que nous sommes ramenés pour retrouver ceux qui ont
"ëcliappé au déluge. Les deux récits sont d'accord pour mettre Zi-ud-gid-du ou Uta-
'~napisfim au rang des immortels, mais le texte sumérien ne fait pas allusion à la
femme du héros qui, dans l'autre version, partage les prérogatives de son époux.
Très significatif le nom dont est finalement gratifié Zi-ud-gid-du . Il devient (f le
être attribué au vaisseau ou à celui qui le monte. Mais, d'après le récit assyrien
(I) [Cuneiform levls, xvi.i.i, pi. 30). Le sigue après na est Br. uni
K. 2034, rev.. coJ. 3-4, 9
dont valeur pis ou pes semble bien évidente par l'équivaleace de l'idéogramme zi avec
la
napistu. Le nom du personnage est écrit zi-ud-gid-du dans le texte malheureusement très
mutilé n» 4611, publié par Langdon (vol. X, n" i, pi. IV A).
(->} Br. 7390.
(3) Choix de textes.... p. 100-101. Sur le nom du héros, ibid., \). 2(>8, n. G.
(4) Pour t;-;t et izi correspondant à igaru, cf. Delitzscu, .Su»«., Glossar. p. 27.
(5) Le vaisseau est appelé gis-mà-gur-gur, dans la col. V. il s'agit d'un grand tnagurru, c'est-
à-dire d'une grande barque. Le même mot est usité pour spécifier l'arche du Noé babylonien
dans le fragment publié par Hilprecht (The eurliest version of Ihe déluge slory, p. 5i s.).
(6) Les vases adaguru, disposes, au nombre de 7 et 7, par le sacrificateur {Déluge, 1. 158 sont ,
où Éa demande à son serviteur de faire monter « la semence de vie > dans le vaisseau,
c'est bien à Zi-wi-r/id-du (alias rtn-uajnstim que convient cette cpithète, On_yoit qxie^
vont en décroissant : iJOO, 840, 720, G3.5 ou 62.5.410. Puis elles remontent : 611,
900, 1200, pour aboutir, après une lacune, aux chiffres toujours fabuleux de 900
et 625. Les noms de ces rois mythiques ne manquent pas d'intérêt. Les premiers
Galumum {\'ôv. Ivihnnainj et logan'U)- (var. Zwjakïj)) sont des Sémites à noms-
d'animaux kalxmu « agneau ». zn.qaqlpu « scorpion ». Nous verrions volontiers
:
serait la sauterelle aribi/, hébr. arb'h. On le désigne comme fils d'un mxskènu, c'est-
à-dire d'un personnage de rang inférieur. C'est ensuite Étana a le pasteur ». >'ous
connaissons sa légende et la façon dont il monté au ciel. Dans le mythe il est
est
choisi par les dieux pour être « pasteur » des peuples 4 King proposait de voir dans
1.
'< Etana le pasteur » le prototype de Aâwvo; -oi-j.r[y sixième roi antédiluvien de la liste
deBérose [ô]. Après le tils d'Etana, qui porte un nom incertain, vient En-me-nun-na
(var. en-men-mm-na) dans lequel nous ne pouvons reconnaître, comme le voudrait
King (6), A;j.;i.;vcov, quatrième roi de la liste de Bérose. Le premier élément en-me
apparaît dans en-me-dur-an-ki, fondateur du sacerdoce de Sippar ; or en-me-dur-an-ki
est reproduit eucôwpa/oç (7) dans la liste de Bérose (7« roi). Deux fils d'en-me-
nun-na lui succèdent à tour de rôle. C'est Melam-Kis « splendeur de Kij; » durant
900 ans. pals Bill sal-itunna durant 1200 ans. Deux û[s de Barsal-muina et d'autres
rois aux noms mutilés achèvent la dynastie de Ki?. Alors a la royauté de Ris passa
à E-anna ». Nous sommes maintenant à Erech, dont le temple était précisément
É-anna «maison du ciel ». Le caractère mythique de cette seconde d}-nastie appa-
raît dès les premières lignes, car c'est un fils du dieu-soîeil qui coiameuce par régner
1, Avant tout le beau récit assyrieu (d'origine babylonienne/ dans la tab. XI de l'épopée de
(.ilgamès, puis les fragments babyloniens publiés successivement par Scheil et Hilprecht, enfin
le fragment asnyrien publié par Haupt Cf. Choix de textes.. p. loo ss.. p. 120 ss., p. 126 s. et ,
l3i Nous parlons naturellement îles i»remiers souverains dont les noms sont conservés, car le
début de la liste manque.
4, Cf. Choix de textes..., p. 102 ss.
i, Legends..., \i. 32.
ti Ibid., p. 32. remarquer que, d'après la succession des rois dans la
Il faut liste de Bérose.
les deux. identifications de King seraient contradictoires. Nous nous en tenons à celle d'Ktana —
Aàcovo;.
" Choix de textes..., p. 140.
304 REVUE BIBLIQUE.
« seigneur et roi » (ou peut-être prêtre et roi) durant 325 ans. Pœbel explique le nom
de ce roi Mes-ki-in-ga-se-ir comme un nom sumérien. Nous pourrions plus vrai-
semblablement le décomposer en mesktn-gaser a le pauvre devient fort », la forme
meshm étant dialectale (cf. l'hébr. 7niskèn, l'arabe meshin). Le fils de Meskin-gaser
est En-me-ir-kar (1). La notice à son sujet doit se traduire ainsi : « roi d'Érech, qui
bâtit Érech et régna 420 ans (2). » Il semble que la tradition envisageait la fonda-
tion du temple avant de la ville. Nous retombons en pays de connaissance
celle
avec les trois dieux Lugal-banda le pasteur», « Dumu-zi le pêcheur » et GU-
(3) «
bU'ijames qui est Gilgamès. Leurs règnes sont respectivement de 1200, 100, 126
(ou 186) ans. Dans l'épopée de Gilgamès (tab. VI), qui est précisément originaire
d'Érech, nous avons une allusion à Lougal-banda, dieu du héros, et à Tammouz
{dninu-zi) amant d'Istar (4). Ce n'est pas ici le lieu de retracer la légende de ces
trois dieux qui, de phis en plus, nous apparaissent comme d'anciens rois d'Erech
divinisés et entrés dans le mythe après leur mort. Signalons seulement que
des fragments d'une épopée historique, publiés comme n°* 20 et 21 de l'ouvrage de
Pœbel mentionnent des événements (eu particulier des guerres contre les Ela-
(.5),
(5) Comptes rendus..., l'Jll, p. tiObs. et Revue d'assyrio/o(jie, ix, l!i!2, p. G9. Copie de la lablelle
dans Thlueau-Dangin, op. cit., p. ;>!> s.
['.)) Lire ainsi le nom de l'idéogramme lu encore par Pu'bel itpi (Opis) cf. Tuireai -1)an(;in, :
op. cit., p. 01 et lANDsnEKGEK, Orient. Lilerutur-Zeilung, lîMG. col. ai ss. (à la suite d'I nger et
de Weissbacli,.
iio On peut lire aussi Kù-{ih() Ha-ùm
BULLETLX. 305
oecLipeQt le pouvoir duraal -386 aas 1 . Alors apparaît ea pleine histoire le roi
d'Érech, Lwjcl-zag-gi-si. qui précède immédiatemeat la dynastie d'A.kkad (2.. Cette
dynastie est fondée par sarru-k'ui célèbre dans l'antiquité babylonienne par les
légendes sur son accession au trône (3). Elle possède 12 rois qui régnent 19G ans
d'après la liste de Pœbel, 197 ans d'après la liste de Scheil. Les noms les plus
célèbres, après celui du fondateur, sont, dans l'ordre de succession le plus pro-
bable ;4j Ma-an-is-tu-su, Ri-iivi-us, Narâtn-Sin, sar-kcli-sarri '5). Par une
:
bonne fortune singulière il se trouve que le n° 34 des textes édités par Pœbel contient
tout un lot de copies, pour le temple de Nippour, d'inscriptions émanant du roi
d'Erech Lugal-zag-gi-si, et des rois d'Akkad sarru-kin, Rlmus et Manistusu, tandis
que le n° 36 copie des inscriptions de Rimus et de yarâm-Sin. Retenons avant tout
les précieux synchronismes entre Sarru-kla et son adversaire Lugal-zag-gi-si qui
est défait et supplanté par lui entre ce même Lugal-zag-yi-si et le roi de Lagas
,
Uru-ka-gi-na Nous ne pouvons résumer ici les nombreux faits nouveaux qui
(6'.
Sin, reposent sur une base plus sérieuse qu'on n'était porté à le supposer. Retenons
encore que ces noms des dynastes d'Akkad sont sémitiques. Après .Sar-kali-sarri,
des hésitations se produisent dans l'ordre de la dynastie, car le scribe avoue son
incertitude : « Qui était roi.^ qui n'était pas roi? » Quatre rois en trois ans! >'ous
voilà loin des périodes fabuleuses du début. Plus heureux, le roi Du-du, au nom
bien sémitique lui aussi, règne 2f ans. Son fils, dont le nom, lu sO.-dur-kib, est
à interi^réter sémitiquement 7) par Gimil-dur- ?, clôt la dynastie par un règne
de 15 ans. Le sceptre repasse ensuite à Érech rois en 26 ans], puis à Gutium -5
(11 rois en 125 ans), enfin une période confuse jusqu'à la dynastie d'Our, qui
commence par le nom bien connu d'Ur-engur et finit par celui d'Ibi-Sin. La
col. IV du n°5 synthétise les années de règne Our (5 rois en 117 ans;, Isin (16 rois
:
en 225 ans et demi Deux dynasties d'origine inconnue et dont la seconde règne
.
C fois en 125 ans sont encore mentionnées dans CBS. 15365. Malheureusement nous
n'avons plus la fin du n^5. qui devait descendre jusqu'aux dynasties de Larsa et
Sans doute la somme des huit règues ne ferait que 192 ans, mais le total inscrit est bien
ii;
336. De même, pour la durée du règne d'Azag-iilu) Ba-ù, la tablette porte parfaitement le
nombre 60-J-40 lu par le P. Scheil. Les objections faites contre ces chiffres, du point de vue de la
vraisemblance, ne doivent pas influencer la lecture normale. Que la liste ait une apparence
factice Jhl"real-Da.sgi>% ojj. cH., [>. 60., cela tient peut-être à l'état de nos connaissances
actuelles.
•2 Très intéressante inscription de Lwjal-zag-gi-si. publiée autrefois par Hiliirecht, transcrite
et traduite par Thureau-Dangin [InscriiJt. de Sumer et d'Akkad, p. -218 ss.'. Sur les péripéties de
son histoire, Pœbel, p. 217 ss.
,3) C'est bien sarru-kin nui représente le personnage légendaire de Sargon l'ancien (cf. Scheil.
Comptes reiidus..., p. 016 ss.;. D'après la liste de Scheil, il est flls de jardinier. Voir le récit
merveilleux de sa naissance et de sa jeunesse dans La religion assyro-haby Ionienne p. Iod s. ,
A remarquer que. dans ce récit, c'est Sargon lui-même qui devient jardinier. Il déclare navoir
pas connu son père.
(4i Thureac-Dan&in, op.cit., p. 0". Des réserves sont faites par Ungnad, Zeita. der deutsch
morgenl. Wissenchaft, lsxiv, 1920, p. 426. n. 3.
o) C'est lenom lu autrefois sar-ga-ni-sar-ali et éar-ga-ni-sar-ri.
(6 Tbureau-Da-NGix, Inscript, de Sumer et d'Akkad, p. 02-93.
C') Tuireau-Dangin, La Chronologie..., p. 63.
REVUE BIBLIQUE 1921. — T. XXX. 2Û
306 REVUE BIBLIQUE.
ont été éditées respectivement par Clay (1) et Thureau-Dangio (2). Le texte de Clay
r* dynastie babylonienne lui a valu d'être inviré à copier les 132 lettres qui sont
relate la construction du mur de Sippar, en la 25*^ année de sou règne. Elle est
antérieure à celle publiée par King sur le même sujet (9). C'est naturellement
Samas. dieu de Sippar. qui Lorsque Saraas, seigneur grand
est à l'honneur : «
des cieux et de la terre, roi des dieux, m'eut regardé joyeusement de ses traits
brillants, moi Hammourabi, le prince objet de sa faveur, qu'il m'eut accordé la
royauté éternelle, le gouvernement pour des jours prolongés, qu'il eut fixé le fon-
dement du pays qu'il me donna à titre de seigneur, etc.. ». Il est intéressant de
constater que, dans son protocole, le monarque unit « son seigneur Mardouk »
(5) On trouve la mention de tum-ma-al dans les talilettes de Dréhem. Aux textes cités par
Pœbel et Allotle de la Fuye {Rev. d'assyriologie, XVI, l9Hi, p. 10} joindre ceux de Jérusalem Jbi'l.,
IX, p. 41;.
(6) Oriental. Literatur-Zeitung, 1915, col. 161 ss.
(7) Rev. d'assyriologie,\lU, 1916, p. 49 ss.
(8) Orient. Lit. Zeitung, 1915, col. 106 ss.
(9) The letters and inscriptions..., pi. 97 et pi. 10-2 (cf. vol. III, p. I77ss.\
(lOi Le suff. est à la 3' pers. dans le texte, parce qu'il se rapporte non pas à andku. mais
au participe.
BULLETIN. 301
Les lettres ont été. autant que possible, rangées par ordre chronologique depuis
Hanimourabi jusqu'à Amnii-zadouga. L'éditeur se réserve de publier lui-même la
transcription et la traduction de toutes ces lettres dans la 2- partie de ses Babylo-
nische Briefe. Son manuscrit déjà terminé en 1915 n'est pas encore livré à la
publicité. Quelques échantillons de lettres ofiicielles ou privées sont donnés dans
l'introduction. L'une est une copie conservée dans les archives de Sippar et gardant
la rédaction du texte envoyé au roi. appelé « notre seigneur ». C'est la réponse
à des reproches reçus par l'officier et les juges de Sippar- Amnanoum, pour n'avoir
ton serviteur, priera devant ^ama.< pour mon seigneur; toi, mon seigneur, entre
à Babvlone en bien-être et vie, et que les traits brillants de Mardouk qui t'aime
et d'Adad ton créateur t'accueillent! Au sujet d'un débat qui avait été clos par
>>
prêtre de Samas, du prêtre d'A-a. et vos sceaux sont contestés, le sceau de qui
sera donc accepté? » Il s'agit du cachet apposé par les prêtres et les juges sur une
sentence définitive, pour que tout appel fût désormais impossible. L'appelant devra
comparaître et « un serment sera posé sur sa lèvre pour qu'il ue se plaigne plus )
contre la maison de son frère. Une liste des noms de personnes, de localités, de
dieux et déesses, permet de s'orienter à travers les textes, eu attendant le travail
promis par Ungnad.
Vûl. VIII, n'^ 1. Légal and administrative documents from Xippur chiefly from
the dynasties of Isin ani Larsa, by E. Chiera; 110 pp. -f LXI pi, — Phila-
delphia, 1914.
roi Hammourabi. après avoir marché en tête de ses troupes avec l'aide d'Anou et
d'Enlil, réduisit en son pouvoir le pays d'Émoutbal et son roi Rîm-Sin. son ordre
fut établi aux pays de Soumer et d'Akkad -). La conquête du pays d'Émoutbal.
sur la frontière entre l'Élara et la Babylonie. débarrassa Hammourabi de ses plus
gênants voisins et permit à Babvlone de garder le sceptre que n'avaient pu tenir les
et centraliser les forces éparpillées. La plupart des textes édités par Chiera sont
308 REVUE BIBLIQUE.
rédigés en sumérien qui est la langue juridique. Quelques-uns sont traduits par
l'auteur à titre de spécimens. Les caractéristiques sont soigneusement relevées dans
les pp. 16-18. Dans les formules de serments, c'est le roi qui est garant. La rédac-
tion ordinaire est : « Par le nom du roi il a juré ». Le n" 82, rédigé en babylonien,
est trèsvaguement traduit à la p. 61. Voici comment nous le comprenons. Il s'agit
d'un qui a mis sa femme en pension chez sa sœur. Cette dernière a dii
homme
porter plainte. L'homme prête serment « dans le temple d'Amourrou, son dieu ».
Le texte de sa déclaration est le suivant « La femme qui a demeuré dans la
:
maison y a demeuré quinze ans et elle n'a reçu qnoi que ce soit de ma soeur, ni
meule, ni itgurtu {\], ni lit, ni rien du tout elle a juré son serment! Mais j'ai :
donné à ma sœur 2 sicles 1/2 qui m'appartenaient et elle a touché 2/3 de mine
d'argent ». La déposition consisterait donc à dire que la sœur du déposant n'a
pas été lésée par le séjour de la femme dans la maison.
Vol. IX, 71° 1. Sumerian business and administrative documents from the earliest
times ta the dynasty of Agade, by Georges A. Babton; 33 pp. -\- LXXIV pi. —
Philadelphie, 1915.
Les textes publiés par Barton nous transportent à la plus ancienne période de
l'écriture cunéiforme. Le n* 1, dont une une excellente photographie est reproduite
à la pi. LXV, décèle encore l'origine pictographique de cette écriture. Il présente
le plus vif intérêt pour l'histoire des signes. L'auteur l'avait utilisé dans ses études
sur les origines etle développement de l'écriture babylonienne parues en 1913, ainsi
Lagas. semble que le titulaire devance les plus anciennes dynasties de la vieille
Il
cité sumérienne. A partir du n" 3 nous retrouvons les types des tablettes chal-
déennes archaïques, dont les plus beaux spécimens ont été édités et étudiés par
Allotte de la Fuye. Une liste de noms propres s'ajoute à celle que nous avons jadis
publiée sous le titre « Les plus anciens noms de personnes à Lagas (6). »
:
Vol. X, n° I, Sumerian epic of Paradise, the flood and tke fall of man ;98 pp. -}-
chute de l'hôrnme dans le morceau que nous avons sous les yeux. Le début décrit
une ville sainte, probablement Tilmun (8). « La montagne de Tilmiin est un lieu
saint, la montagne de Tilmun est pure, la montagne de Tilmun est pure, la mon-
tagne de Tilmun est brillante. » Pourquoi? « C'est le lieu où le dieu Enki couche
avec son épouse, ce lieu est pur, ce lieu est brillant! » Et plus loin « Le lieu où le :
dieu Enki couche avec Nin-ella, ce lieu est pur! » Nous voilà ûxés sur ce paradis
terrestre. Ce qui a fait croire à l'âge d'or, ce sont les lignes suivantes « A Tilmun :
le corbeau ne dit mot, le coq 9 ne pousse pas son cri (10). le lion ne tue pas, le
chacal ne vole pas l'agneau, le chien 11^ ne s'approche pas du chevreau affalé, le
cochon (12) ne sait (?) Phis manger le grain, la brebis (?; ne donne plus son
1, Voir RB. 19l!i, p. 351. n. 3. une partie des arlicles (la plupart signalés aussi dans RB. 1910-
1917 sur le teste de Langdon.
(2) RB. 1916, 2(ï-2 ss.
(3) Ibid., p. 015 ss. et 191", p. 60i ss.
(4) Cf.RB. 1917, p. 314.
(.i) Journal ofsemilic languages and lileratures, janvier 1917, p. 94 s.
tiré larlugallu, les Hébreux, (à la suite de /araméen) tarnegôl « coq » (usité dans la langue
moderne).
(10 Littéralement • le chant du coq •.
(11) On se demande pourquoi Langdon transcrit lik-ku et non ur-ku ;cf. ur-gu-la et ur-bar-ra
dans les 11, 13-16).
12) Signe s'w/, qui avait la valeoir sa/i (=:.so/i«).
310 REVLE BIBLIQUE.
plus. » Or, cette description nous rappellerait animaux malades de la plutôt « les
peste ». 11 va une calamité qui plane sur « le lieu saint » et nous verrons plus loin
que c'est la sécheresse. >'on seulement les animaux sont tombés dans l'inertie. qu"il
s'agisse des bétes féroces ou des compagnons de l'homme, mais l'homme lui-même
n'a plus la force de remplir ses devoirs de magie ou de religion « On ne dit plus :
dit plus son chant, dans la ville on ne crie plus (5). » Ramené ainsi à son véri-
table sens, le texte n'a rien de trop mystérieux. Tout va devenir clair grâce au
dialogue entre Nin-ella et son père [en même temps que son époux Enki. La déesse,
après avoir fait allusion à la cité fondée par son père, constate qu'il n'y a pas de
canal et s'écrie : « Que ta cité soit abreuvée d'eaux abondantes, que Tilmun soit
abreuvée deaux abondantes, que tes puits d'eau araère deviennent des puits d'eau
douce! •
Comparons avec le début du cyl. A de Goudéa 6, : « Dans ma ville ce qui
convient ne se produit pas : la crue ne monte pas, la crue d'Enlil ne monte pas, la
crue ne monte pas, les hautes eaux ne brillent pas et ne montrent pas leur splen-
deur; d'eau bonne ;7 la crue d'Enlil. comme le Tigre, n'apporte point. » C'est le
dieu Enlil qui parle ainsi au dieu de Lagas. >"in-girsou. Les circonstances sont exac-
tement les mêmes. Une calamité publique, la sécheresse, une intervention divine
qui aboutit non pas au déluge, mais à une pluie bienfaisante. Le souverain de Lagas
édifiera le temple où s'accomplira finalement le mariage du dieu -\in-girsou et de la
déesse Baou. Or, comme l'ont parfaitement reconnu Jastrow, Unguad et le
P. AVitzel. c'est le i^s'o; viaoç entre Enki et sa parèdre. yin-tud ou Xin-harsag. qui
est décritdans la col. II, 1. 21 ss. Les expressions des II. 24. 2fi, 30, 32 s., où l'acte
conjugal et ses conséquences sont dépeints avec crudité, ne laissent pas de doute à
cet égard 8 . On compte ensuite neuf jours, équivalents aux neuf mois de la
grossesse. Le neuvième jour est le neuvième mois qui n'est pas le month of the
cessation of the uatcrs, mais bien « le mois de Vcuisùtu », c'est-à-dire de l'état de la
femme. >'ous n'insisterons pas sur le reste de ce texte, dont nos lecteurs connais-
sent déjà la teneur. Il faudrait reprendre pas à pas l'interprétation de Langdon et
montrer comment les secrets magiques révélés par Enki n'ont rien à voir avec la
chute de l'homme. Le point de départ étant maintenant élucidé, tout devient acces-
sible dans la suite du récit qui, s'il n'a pas pour les biblistes l'intérêt qu'on a cru
y trouver, n'en représente pas moins un document de tout premier ordre pour
l'histoire des religions.
Pas plus que dans le texte précédent nous ne reconnaissons d'allusion aux temps
préliistoriques dans le n" t des Sum. liturg. texts. La mention de Magan, Melouhha,
Tsippour comme cités qui la col. IL l'histoire de la barque
apportent leur tribut dans
à la col. III et surtout le décret d'Enki àoumer. le grand mont, le pays de ciel
: «
et terre, etc.. », la mention des parties du sanctuaire (col. III, 1- 22), tout cela
évoque invinciblement les descriptions de Goudéa dans les cylindres A et B,
lorsqu'il s'agit de construire son temple [V « L'Élamite vint d'Elam, le Susien
:
vint de Suse, Magan et Melouhha, dans les montagnes, rassemblèrent des bois. etc.. ».
Langdon a raison de remarquer que les n"* 6, 7, S, 9 et 14, qui sont des hymnes à
des rois d'Our et d'Isin devenus dieux, jettent une lumière nouvelle sur la doctrine
chaldéenne des rois messianiques. Notons aussi le fragment 4564 (a° 5) qui est un
texte sumérien faisant allusion à l'épopée de Gilgamès. Les autres documents appar-
tiennent à la liturgie, chaque jour mieux connue, grâce aux travaux de Langdon sur
«ette littérature hérissée de difficultés.
La belle tablette, en 6 colonnes, qui s'ajoute aux anciennes relations de la geste
de Gilgamès, a été éditée avec un soin spécial dans le n" 3 du vol. X. Langdon
y ajoute une transcription et une traduction, qui permettent l'accès immédiat au
texte babylonien. On peut souder le texte à la tab. T, col. V, 1. 2.5 de la recension
assyrienne (2). Les variantes sont intéressantes à relever. Il s'agit des songes de
Gilgamès et des explications fournies par sa mère « qui connaît toutes choses ».
lire sikara sl-ti « bois de la boisson fermentée! mange », parallèle à aJiul aklam «
du pain! » de la 1. 12. Le passage rappelle d'une façon frappante le mythe d'Adapa (3).
Le passage d'Enkidou de la vie sauvage à la vie civihsée. grâce à l'hiérodule,
est saisissant de pittoresque. L'arrivée du héros dans Érech et sa rencontre avec
Gilgamès, autant d'épfsodes qui apparaissent maintenant dans un relief nouveau.
Nous aurons l'occasion de les intercaler dans la grande épopée. Signalons que,
dans les Proceedinfjs... de 1914 ip. 64 ss.), le regretté L. W. King avait publié
la transcription et la traduction du fragment Ki. 1904, 10, 9, 19 du Bridsh
M. Chiera ne s'est pas contenté de publier, dans ce volume, les très intéressantes
de noms propres qui faisaient partie de la bibliothèque scolaire de Xippour.
listes
il les rétablit dans l'ordre alphabétique et donne ensuite la liste des éléments divins
qui s'y rencontrent. Il a même eu la patience d'arranger un petit lexique des subs-
tantifs et des verbes qui entrent dans la composition des noms propres akkadiens
et amorrhéens. C'est une contribution très précieuse au vocabulaire de celte époque
reculée. Pour la Bible, les noms amorrhéens, ou plutôt ouest-sémitiques, sont de
beaucoup les plus intéressants. Un remarquable phénomène est la succession des
dieux da-rian, é-a, is-tar, à la suite de l'élément i-bi-ik, pour former trois noms
propres amorrhéens (F^ partie, p. 64\ Dagan est le dieu amorrhéen par excellence,
Istar représente Astarté. Ce dieu é-a (qui remplace en-ki dans les textes sémitiques)
ne serait-il pas un équivalent de ioh? L'hypothèse a été suggérée jadis par Hommel
à propos d'autres considérations. Ou ignore la prononciation exacte de la voyelle e,
qui s'interchange avec i. Disons cependant que l'é (dans le nom du dieu é-a) est le
même que celui qui figure dans é-gal •< grande maison, palais », d'où les Baby-
loniens ont tiré ékallum, les Hébreux
une objection contre la séduisante
hêkdl. C'est
tentation de reconnaître iah dans Véa amorrhéen. Dans une autre série, le mot 7iùr
« lumière » est successivement déterminé par da-gan, is-tar, ga-ga. Le dieu Gaga
dans la 2« partie, p. 116). Beaucoup à glaner dans un champ qui paraît aride, c'est
ce qu'a parfaitement compris l'auteur, dont l'information est des plus étendues et
des plus sûres.
Vol. XII, n" 1. Sumeriam grammatical texts {pp. 1-44, pi. I-LVIII), by S.Langdon.
Philadelphie, 1917.
The last, but not the least, peut-on dire de ce volume où M. Langdon, toujours
sur la brèche, édite 55 textes grammaticaux, parmi lesquels se trouvent quelques
tablettes non pas d'ordre purement grammatical, mais qui avaient été copiées dans
un but lexicographique. La plupart sont des exercices d'écoliers que parfois le maître
a corrigés de son stylet. Des compléments aux syllabaires de tous genres, aux voca-
bulaires suméro-akkadiens, même un fragment de code en sumérien, c'est un maté-
riel qui sera le bienvenu de tous les assyriologues. Les plus importants de ces
morceaux ont été transcrits et traduits, avec des notes pleines d'érudition, par
l'éditeur lui-même. Le n° 4598 nous donne une idée de la richesse du mobilier
babylonien 43 variétés de sièges, une quinzaine de lits différents, sans compter
:
ment doués, mais n'ayant jamais fait preuve que d'activités limitées, mal servis
d'ailleurs par un climat déprimant. Leur évidente infériorité contemporaine lui
paraît témoigner avec un poids décisif contre la théorie qui en fait les devanciers de
notre civilisation et les instructeurs du monde occidental. Il entend, au contraire,
remettre à l'honneur l'élément asmnique, caucasien, peut-être même, d'uu terme
plus générique, Indo -Européen, persuadé « que ce groupe d'hommes, curieux,
énergiques, intelligents qui ont transformé le monde » n'a pas pu demeurer « tout
entier, jusqu'à basse époque, au dernier plan et ioactif » (p. xi\
L'originalité de sa thèse consiste à retenir intégralement la tradition grecque d'une
civilisation importée d'Orient par une race intelligente, active, colonisatrice, désignée
par le nom de « Phéniciens », mais à démontrer que ces Phéniciens n'ont rien de com-
mun avec ceux de l'histoire reçue depuis Movers et Curtius : navigateurs intrépides,
entreprenants, entendus au trafic et dont l'origine sémitique n'est pas- douteuse sur
ce rivage syrien où nous les trouvons fixés dans les ports fameux de T\t et de
Sidon. Il estime pouvoir fournir la preuve que ces Phéniciens authentiques, éduca-
teurs de la Grèce héroique et de l'Occident ne furent pas les Sémites du littoral
syrien, mais bien les Egéens. par où il entend « \es peuples de la mer..., les Cariens...,
les Lyciens, les Giliciens, les Achéeos » et d'autres éléments asianiques (p. .55). Sa
la religion —
on s'étonne que l'anthropologie n'ait pas été consultée. Les liens de —
parenté qu'on a cru saisir entre le phénicien sémitique et le grec ancien (1) loin
d'impliquer aucune dérivation sémitique, se réduiraient à de pures concomitances
aussi impossibles à analyser en phénicien qu'en grec ; or tous ces mots sont expli-
cables par des racines usitées dans les idiomes asianiques. Les similitudes topony-
niiques entre la Grèce et les côtes d'Asie Mineure sont aussi multipliées et impres-
sionnantes que rares et peu décisives en Phénicie traditionnelle. Mais ce seraient plus
encore les cultes et les noms divins qui suggéreraient les régions asianiques et non
le littoral sémitique de Syrie comme le berceau de la civilisation. Il n'est pas jus-
qu'au célèbre ou à la radieuse 'AOrivâ qui ne deviennent d'origine lyco-
Kdtofj.oç,
carienne, au même que Déméter, Isis, Apollon, voire même Adonis et, qui plus
titre
Phénicie égéenne apparentée aux Lydiens, aux Lyciens, aux Ciliciens, aux Cariens,
aux Mysiens, aux Troyens et aux Cretois » (p. 58 cf. 81 ss.). Les faits linguistiques
;
ingénieusement groupés ne font vraiment pas la preuve que les Grecs n'ont pas eu
l'intention de rattacher leur culture à celle des Phéniciens de Phénicie; à tout le
moins eût-il fallu expliquer comment leur écriture dérive de l'alphabet phénicien
sémitique et non des alphabets variés usités en Asie Mineure. La tendance s'exagère
à doter aujourd'hui les Hétéens (Hittites) par exemple, ou les Cariens et autres asia-
niques, de toutes les qualités privilégiées et fécondes déniées aux divers groupes de
Sémites : Chaldéens, Élamites, Babyloniens et Assyriens. Malgré l'autorité de
(1) V. g. p^DN = ôôdvY), 217N = ûadwiroç, Îl'a2 = pwtJié;, 7"'"' = olvo;, riJri3 = -/ixwv,
cappadocien ou hétéen « qui présente avec celui du groupe dit Sumérien une incon-
testable parenté, se rattache étroitement à celui de l'Egée « ip. 96)? On retournerait
aisément contre fondement en quelque sorte physiologique de sa
lui, au surplus, le
thèse, que les races ont valu à leurs origines proportionnellement aux énergies et
aux qualités qu'elles conservent dans leur tardive évolution. Si les Egyptiens de nos
jours, les « Phéniciens » surtout, ne se révèlent ni assez bien doués, ni suffisamment
é lergiques pour avoir joué le rôle de ferment civilisateur dans le monde antique,
les Asianiques de M. A., ces « Pheniciens-Lélèges » dont il a tracé avec amour
(p. 82 ss.) un tableau brillant et d'ailleurs juste, font-ils aujourd'hui plus grande
ligure? Mais après avoir marqué les points ou la RB. ne peut adopter les vues de
M. Autran, il n'est que juste de rendre hommage à l'érudition de très bon aloi. au
sens critique judicieux et pénétrant, à l'élégante lucidité d'exposition qui font de
son ouvrage un beau livre et un bon livre.
Il n'est jamais trop tard pour signaler un ouvrage utile. Or telle est la traduction
uie introduction et des notes par M. le prof. J. Garstang Nul n'était mieux qua- ,'1 .
lifié que le plus récent historien de la civilisation hétéenne pour tenter de définir le
même temps que « mieux faire connaître au dehors les arts syriens de toutes les
époques «. C'est dans ce but qu'a été fondée, sous le haut patronage de M. le général
Gouraud, la revue Syria 3), destinée à servir de trait d'union entre l'intellec-
tualité française et l'élite syrienne en leur fournissant l'occasion d'une collaboration
féconde ». Les noms de MM.
Ed. Pottier, G. Migeon et R. Dussaud qui en ont
assumé la direction sont une garantie de parfaite tenue scientifique.
Fasc. I. —
R. Dussaud, Jupiter laliopolitain ,bronze de la collection Sursock. ,
datant du « milieu du ii« siècle de notre ère » 'p. 11) et qui dut servir dans le
temple de Ba'albek « à rendre des oracles par message » (p. 15). — D' G. Conte-
'
(1) In-S" de xiii-lll pp., avec une pi. el 8 Og. Londres. Constat)le, 1913.
(2) C'est évidemment par un lapsus qu'on date incidemment cet ouvrage du « milieu du
II* siècle avant J.-C. p. vu Relevé çà et là quelques coquilles typograpliiques surtout dans
>• .
des noms propres Babélon, pour Babelon passim Kubilscliek pour Kuhitsclieiv (p. ix'. l'nguad
: .
pour Ungnad (p. 3,, Puclisleiii pour Puchstein p. 79 A la p. -21, n. 57, Syriees, est évidemment
.
(3; Elle parait par fascicules trimestriels d'environ 80 pages in-4'. ricliement illustrés de gra-
vures dans le teste et de planclies hors texte. Les deux premiers numéros ont paru en 1920.
Paris, Geutlmer.
316 REVUE BIBLIQUE.
nau, Mission archéologique à Sidon, compte rendu très soigné et bien illustré d'une
féconde campagne de fouilles en 1914. On notera surtout la monographie consacrée
(p. 37-45) à une représentation de navire sur un sarcophage. G. Migeon, Lampe —
de mosquée en cuivre ajouré. — R. Dussaud, Le peintre Montfort en Syrie (1837-
1838), raconte le voyage et publie quelques curieuses esquisses et études inédites de
cet artiste. — Bibliographie.
Fasc. II. — Chamonard, A propos
J. du Service des Antiquités de Syrie, expose
le programme et les premières réalisations de ce service. — A. de Ridder, Parure
de Jérusalem au Musée du Louvre, décrit avec une excellente planche phototy-
pique la parure féminine trouvée naguère dans un tombeau que la RB. a signalé
(1900, p. 603 ss.). Le distingué spécialiste conclut que cette « parure date des
Sévères... Le syncrétisme religieux, encouragé par la cour impériale, qui fut à ce
moment de mode dans tout le monde romain, semble se refléter dans le curieux
ensemble d'amulettes qu'avait rassemblées et que portait de son vivant la femme
ensevelie » dans l'un des beaux sarcophages de cette tombe (p. 107). — D'" G. Gon-
tenau, Mission arch. Sidon (suite). D'habiles sondages autour du château ont fait
habituelle de Jésus avant la Passion (21, 37\ Finalement il trouve dans le texte
lique. La grotte n'est... mentionnée qu'au second rang (p. 44.; elle cesse d'être
« le point le plus sacré de l'édifice » ^p. 52i et constitue « une portion secondaire
et contiguè, une annexe 1' de la résidence du Sauveur » (p. 54).
Après la du mémoire, j'avoue ne pouvoir comprendre
lecture la plus attentive
en ce sens le texte d'Eusèbe, qui, sous sa tournure un peu ampoulée, donne mani-
festement la caverne de l'Enseignement comme la raison d'être de la basilique du
mont des Oliviers. D'autre part, les ruines, pour autant qu'elles sont actuellement
connues, corroborent essentiellement ce caractère sacré attribué à la grotte et ne
suggèrent aucune autre vénération spéciale aux alentours : il serait facile d'en
maintenir la preuve archéologique à rencontre des objections du R. P. Cré. Quant
au fondement même de la théorie, cette « résidence », ou ce « cénacle habituel »
du Sauveur, il se révèle assez précaire. Nous avons essayé, le P. Abel et moi ^2;,
de discuter dans leur ensemble les faits évangéliques : nous aurons à revenir bientôt
sur la question du Cénacle dans la liturgie pascale de Jérusalem. Il nous a été
impossible d'y trouver l'indication de cette prétendue résidence du divin Maître,
beaucoup moins encore celle de « Vévéché de Jérusalem... sur le mont des Oli-
viers (3' ». Jusqu'à démonstration plus convaincante, la basilique de l'Éléona con-
serve donc son titre de sanctuaire de l'Enseignement de Jésus; les vestiges de
la vénérable grotte en demeurent le point le plus sacré. Cette perspective semble
imposée par l'archéologie et par l'histoire à quiconque entreprendra de ressusciter
de sa ruine l'auguste monument constantinien.
dence habituelle du Sauveur sur le mont des Oliviers sont exploités avec une
»
ferme conviction par le R. P. Barnabe Meistermann pour fixer cette même rési-
dence dans la grotte de Gethsémani, ci-devant a grotte de l'Agonie (4 >. A celte
copieuse monographie, il manque seulement ce qui eût été l'essentiel : à savoir
une allusion descriptive quelconque aux découvertes archéologiques inaugurées en
1919 et qui ont transformé la connaissance du sujet. Par contre, « la tradition h
s'y présente toujours à la manière d'une théorie de la déesse de Bendis, où des
(5; Pour les contempiirains «le Jésus les données évangéliques relatives à l'Agonie « étaient
claires, précises et plus que suffisantes. Ceux-ci pouvaient donc devenir des guides sûrs pour
les pèlerins qui, dés les premiers siècles... aflluèrent de toutes parts pour visiter les Lieux
Saints » p. vil . Dans l'Évangile Getlisémani • signifie pressoir d'Iiuile »... > [p. 25/ « et l'ins-
•<
tallation d'un tel engin l'.[ au pied de la montagne... « des Oliviers ». est une chose toute natu-
318 REVUE BIBUQUE.
comme une localisation coramémorative imposée par le malheur des temps .1).
Les rares « notices descriptives » des faits archéologiques pourtant si utiles à enre-
gistrer s'émaillent de trop de théories caduques (2), ou d'axiomes difficilement
intelligibles (3; pour être estimées satisfaisantes. Espérons que le R. P. Meistermann
remplacera bientôt ce livre stérile et presque mort-né par une monographie archéo-
logique des belles découvertes récentes qui éclairent aujourd'hui l'histoire intégrale
du sanctuaire.
boniie heure son nom s'étendit au jardin lui-même » «p. 'Ji Dans la manipulation littéraire
.
de i'auleur les localisations se précisent avec une célérité qui tient du prodige « ... les :
chrétiens de Jérusalem yui, en 333, ont montré au Pèlerin de Bordeaux devant [la] grotte
l'endroit où Jésus a été trahi... ont connu • ses titres de vénération ». comme toute la tra-
dition le prouve » (p. !t3, n. i). Hélas il est difficile de voir tant de choses dans le laconisme
I
du Pèlerin de Bordeaux et les obscurités de la tradition primordiale cf. Jérusal. II, 305 ss..
(1 Cela repose sur je ne sais quelle laborieuse discussion d'une interpolation dans l'inscrip-
tion métrique peinte au plafond de la grotte ^cf. Jérusalem, II, 318 et sur un prétendu trans-
fert dans cette grotte d'un rocher • de l'Agonie ^Gethsémani. pp. -206 ss.j. Ce diagnostic d'un
•
palimpseste dans un texte mainte fois rebadigeonné laissera rêveur; guère moins la spéculation
sur les fameux « rochers » localisant la triple prière de Notre-Seigneur [Geths., p. 70. n. 4 et
137, n. 2: voir dans RB., 19-20. p. 570 et pi. ii, le soi-disant « rocher • de la nef septentrionale
sous sa forme réelle de bloc fruste haussé sur un imposant amas de décombres).
•2ine longue note à la p. 155 explique par exemple que < l'église de l'Agonie... n'oflre
aucun signe d'architecture franque ». C'est prouvé par le fait « qu'aucun architecte européen
n'aurait eu la monstruosité de poser sur une base octogonale et maçonnée • des piliers cruci-
formes, et que ces piliers cruciformes ne se rencontrent que dans les églises dont les murs
•
sont munis à l'extérieur de contreforts correspondants ». Plus loin ;p. 161, n. 1 on tance le
P. Vincent de s'être permis « de reconstituer les piliers cruciformes des Francs... sur les bases
octogonales ». Il avait pris soin de dire {Jérusalem, II, p. .33-2; que les piles médiévales avaient
défoncé les fondations des piliers octogonaux; le K. P. Meistermann s'est mépris à ce propos,
et il faut souhaiter que lévidence des fouilles ultérieures lui ait fait toucher du doigt les piles
cruciformes de la restauration médiévale qu'il n'avait pas su voir.
(3) Tel, je suppose, ce tombeau de Zacharie dans la vallée du Cédron qui est un « monument
en brique excavé du rocher p. UV et d'autres à l'avenant.
»
Plus attrayante est la note sur deux fragments nabatéens découverts en 1912 à
Pétra 'p. 90 ss. et pi. 2'. On reconnaîtra au premier coup d'œil celui qui est arrivé
depuis au musée des Bénédictins de la Dormition et qui offre le nom de Harethat [3);
l'autre, encore plus mutilé, ne garde que le mot [1]'>22j et les traces d'une ligne
supérieure. Les deux pièces ont une « ressemblance générale » par la nature du
grès et l'épaisseur des blocs ; malheureusement la description est insuffisante et la
documentation photographique trop peu explicite pour autoriser la comparaison
de la gravure. D'après les indications fournies, ces fragments proviendraient du
même tombeau que le joli texte d''Onaïchou, rappelé par Moulton, qui en attribue
la découverte à Musil (4; et n'a rien contrôlé de ce qui concerne ce document.
Il se contente de rapprocher à la cantonade l'ancien nouveaux fragments
et les
et suggère que Chaqîlat ou Chouqaïlat serait la femme d'Arétas IV plutôt que son
homonyme mère de Rabel II (5). On ne voit plus dès lors la facilité de faire inter-
venir Harethat comme patronymique d"Onaïchou. En se reportant au contraire
à interprétation de M. Clermont-Ganneau ,'6
l'ingénieuse qui fait d"Onaïchou ,
(4 Voir Lagrange, R.B.. 189T, p. 2-23 et l'estampage publié dans CIS., Il, pi. slv, n» 3.51. L'Iiabi-
tude s'est établie d'attribuer la trouvaille de ce document à Musil; or je ne sache pas qu'il l'ait
fait connaître quelque part, s'il l'avait vu, avant que le P. Lagrange l'ait transmis à la commis-
sion du Corpus, eu 1896.
,0 Cette seconde Cliaqilat était peut-être d'ailleurs la fille du couple philadelphe Arétas IV
et Chaqîlat; cf. Clermost-Ganneau, Recueil cTarch. orient., II, 376, 379, n. 1.
(G Recueil..., II, 380 s.
320 REVUE BIBLIQUE.
Plus d'un historien palestinograplie s'est trouvé embarrassé devant certains ternies
techniques décrivant le vêtement et ses accessoires, les costumes spéciaux, les
M. R. Weill a terminé récemment dans la Revue des études juives (2) le compte
rendu de ses fouilles à Jérusalem sur l'emplacement de l'antique cité de David.
Il y aura lieu d'y revenir bientôt pour en analyser les résultats. La série d'articles a
(1) Tome III, Le Costume. In-S" de xxix-614 pp. et 478 lig. Paris, Picard, 4910.
(-2) T. LXXI, juin. 19:20, pp. 1 à 45. Voir l'indication de RB., 19-20, p. 313 s.
Le Gérant : J. Gabalda.
I Cor., cil. X. 14. ly^st pourquoi, mes hiea-aimés. fuyez l'idolâtrie. 1-3. C'est
comme à des gens sensés que je [vous' parle-, jugez vous-iiîêmes ce que je dis. 16.
Le calice de bénédiction, que nous bénissons, n'est-il pas une participation au sang
du Christ? Le pain que nous rompons n'est-il pas une participation au corps du
Christ? 17. Puisqu"[il n'y a qu' un seul [i-t même] pain, nous sommes un seul [et
même] corps malgré notre multitude: car tous tant que nous sommes, nous avons
part au Paiti unifjuc.
18. Regardez Tlsraél selon la chair. Est-ce que ceux qui mangent les lictimcs du
sacriûce ri; ÔJit'xç) ne sont pas participants de l'autel? 19. Que veu.\-je donc dire.'
que l'idolothyte est quelque chose? ou bien que l'idole est quelque chose? 20. [Xoi".];
mais que, les choses que les gentils sacrifient, c'est à des démons, et non à Dieu,
qu'ils [les] sacrifient; or, je ne veux pas que vous deveniez participants des démon?.
21. Vous ne piuvez boire le calice du Seirjneur et le calice des démons, vous ne
pouvez avoir part à la table du Seigneur et à la table des démons. 22. Nous voulons
LA SYNTHÈSE DU DOGME EUCHARISTIQUE CHEZ SAINT PAUL. 323
l'eut-ètre provoquer la jalousie du Seigneur? est ce que nous sommes plus forts que
lui ?
ceux d'un mort, mais ceux d'un vivant glorieux; par conséquent, en
s'unissant à eux, on s'unit à la personne vivante du Christ. Mais
qu'est-ce que l'on consomme pour produire celte union? Le pain et
le vin eucharisties », qui sont devenus une Ouafa. Comment
«.
Saint Paul a-t-il partagé cette opinion, qni fut celle de bien des Pères? Au moins
(1)
ilexprime cette idée, que, en honorant comme dieux des non-dieux (x, 20 où âeô)), démons
;
ou chimères, on entre en communication morale, par le péché, avec les esprits pervers
qui détournent l'homme du culte dû au vrai Dieu.
324 REVL'E BIBLIQUE.
lut on non le repas rituel où l'on mangeait l'agneau pascal. Pour nous, nous croyons
fermement que ce fut un repas pascal, que Jésus, par son autorité suprême, avait avancé
d'un jour.
Lk SYNTHÈSE DU DOGME EUCHARISTIQUE CHEZ SAINT PAUL. 32â
le sang; c'est pour cela que saint Paul distingue avec tant d'insistance,
•jT.ïp 'j;j.wv c',si;j,ïv:v), « qui est là pour que vous le mangiez, pour vous
(1) Peu impolie ([ue /./waîvov, omis dansN*. A, B, C*, et les antres principaux lémoin«,
soit primitif ou non.
320 KEVUE BIBLIQUE.
ôxi cTç xp-0Çi £v cw;j.a c'. 7:cXÀ:( èsy.sv. et y^? "avT^ç ï/. tcj èviç icp-z-j
part à ïîoiiqtie pain », en insistant sur âvir : « tous part à ce Pain qui
est unique » (1). Or, le seul « paiu » qui soit « unique » partout et
nécessairement, c'est le corps du Christ indivisible et partout le
même, dans tous les lieux et les temps où il est offert ; ce ne soni point
les espèces matérielles du sacrement, qui peuvent être multiples, mais
la Réalité qui est dessous, le (( Pain vivant descendu du ciel » de
Jean, vi, 33, 35, 4-8, 51. C'est donc le corps du Christ que l'on mange.
Et, en donnant cette interprétation, nous avons ici la rare fortune de
nous trouver d'accord avec M. Loisy [Les Mi/stères païens et le Mys-
tère chrétien, p. 291 s.). Le ch. xi le dira dailleurs en termes
exprès.
Ainsi, la communion eucharistique est proprement, véritablement,
UQ repas sacrificiel, parce qu'une victime véritable, au cours de la
(l) Le el; âoToc qui précède, au comnnenceraent du verset, signifiait-il seulement que,
dans le repas eucharistique, n'y arait qu'wn seul pain matériel consacré, et partagé
il
ensuite entre les fidèles, pour mieux symboliser leur unité? Ce n'est pas probable, puisque,
dans bien des cas, notamment à Corintlie, les communiants devaient être trop nombreux.
Le texte de la Didachè, invoqué par Lielzmann pour appuyer cette interprétation, n'a
ix. 4,
•pas le sens qu'il veut luiil ne fait allusion qu a la réunion de grains multiples
donner,
pour faire du pain, pour faire la masse commune de chaque pain, qu'il y en ait un ou
plusieurs, comme les individualités humaines se fondent en un seul corps pour foi mer
1 Église. Le symbolisme reste assi^z clair, même s'il y a plusieurs pains sur la table.
i.V SYNTHÈSE DL DOGMli EUCHARISTIQUE CHEZ SAINT PAUL. .}2';
bien autre chose encore que du pain et du vin; saint Paul ne trouve
pas absolument à redire à cela, puisqu'il leur prescrit seulement de
s'attendre les uns les autres pour commencer le ban juet (v. 33) il veut ;
que les convives n'y mangent et n'y boivent que modérément, et, si leur
appétit est trop fort, leur conseille iron'quement de le satisfaire chez
eux: au préalable (vv. 22, 34.). Au lieu de faire ainsi, les riches et les
désœuvrés, arrivés à l'avance, sans attendre les ouvriers et les escla-
ves qui n'avaient pas fini leur journée de travail, et peut-être pour
n'avoir pas à partager avec ces humbles frères, se mett tient tout de
su te à table et se pressaient de faire disparaître leurs victuailles
[Lietzmaniï].11 y avait des scènes de gloutonnerie et d'ivrognerie,
(1) Les variunles des divers tcxles de la consécralion ne inodifionl en rien le sens, et
s'expliquent toutes par des figures de pensée ou de grammaire.
(2) Peut-être y avait-il alors à Coririlhe une épidémie qui faisait des ravages dans les
rangs des clirétiens eux-mêmes. La Piovidence. suggère l'Apotre, en eût mieux garanti les
lidèles >ils avaient mieux mi-rilé ses faveurs en prenant dignement le pain de vie. 11 se
peut d'ailleurs aussi qu'il y ail eu des co'incidences d'aspect surnaturel entre certaines irré-
vérences et ce qui pouvait en être regardé comme le châtiment.
(3) Peu importe que les mots toO y.vpCou soient primitifs ou non; ils se lisent vulg., et
ailleurs, mais non dans les principales autorités, N*, A, D, C*. etc.
LA SV-NTHÉSEIU" DOGME ELCHARISTIOLE CHEZ SAIM PAUL. 329
Christ et des pécheurs, ils ont fait à la divine Victime une violence
qui a son type dans le crime de ceux qui la trahirent, l'outragèrent,
la clouèrent à la Croix.
(1) Loisy, Les Mystères..., p. .351-352, note. L'auteur n'y arrive pas sans peine à
n'entondre de xiii, 10 que de l'auLel du ciel.
le OytTtaatiîpiov
mais qui sera en rapport avec » leur « philosophie générale » (2). Ils
ont une philosophie qui conditionne leur histoire; nous avons la
nôtre. A moins de remonter à la discussion des principes métaphy-
siques, nous ne nous trouvons donc point de terrain commun.
Enfin, nous ne nous attardons pas à souligner lin vraisemblance
d'une théorie qui supposerait que les autres Apôtres, sans discussion ni
protestation, ont laissé faire à Paul tout ce qu'il voulait, sur les points
les plus essentiels, et créer librement des innovations éclatantes, qui
(1; A. Loisy, Les Mystères païens et le Mystère c/irélien, 1919, chap. vu, ix. \.
(2) Loisy, Hlbberl Journal, avril 1910.
332 RKVUE BIBLIQUE.
(1) C'est à peu près ce que dit M. Loisy dans les Jernicres pages de ses Mystères.
pp. 337 et suivantes, et « Conclusion ». Il appelle cela « la fécondilé de la foi » au premier
âge.
LA SYNTHÈSE DU DOGME El (.HARISTIQUE CHEZ SAINT PALL. 333
CDiinu de tous 'iii, 11). L'Apjtre sait faire la distinction entre ce quil
tient du Seigneur et ce que sa réflexion conclut des instructions du
Seigneur, à propos de cas particuliers non expressément prévus
(vil, 10, 12). Paul n'aurait donc pas innové volontairement en
matière grave sans se mettre en contradiction avec lui-même; ou bien
il n'était pas tout à fait sincère, ou navait pas assez réfléchi, quand
il a défini sa mission 1
aucune question sur ce point, tant il était sûr de pouvoir tout con-
naître par lui-même; et Pierre lui eût fait un récit tout autre, qail
aurait plutôt accusé l'intelligence ou la mémoire de Pierre que de
douti.^r de ce que lui disait l'Esprit du Seisneur: ces pneumatiques
tenue des assemblées cultuelles, qui n'ont pas commencé sous cette
ferme à Corinthe, et étaient, là comme ailleurs, soumises à des règles
de tradition. Or, il s'agit de traditions communes, non propres aux
églises pauliniennes, et que Paul, par conséquent, avait bien pu,
sinon dû, recevoir toutes faites. Ln premier indice, c'est que le pos-
sessif (« mea praecepta » de Vulg.) manque dans le texte original;
ensuite, — ce qui est plus qu un indice, presque une preuve, au —
V. 16, les personnes représentées par le pronom Y;y.cîç (Paul et les
églises fondées par lui en dehors de Corinthe), sont distinguées des
églises fondées par les autres apôtres, et qui ont pourtant les mêmes
usages (•^,'i^.îîç T2iajTY;v (j'Jvr.Ostav ;jy. £-/_c;j.£v, z'jzï a'. r/.y.Ar^au'- -z\> ôecj) ;
et le reproche brusque de xiv, 36 [r^ as' ûp-wv 6 ac-;:; -.zj 6£:j èçv.Osv,
r, £.; 'j\j.y.z ;j.iv:jç /.aTY;vTY;7£v semble aussi rappeler les Corinthiens, à
;
I.A SYNTHÈSE DU DOGME EUCHARIST[QLE CHEZ SALM PAIL. 335
serait la source?
On répond que la preuve en est fa'te par le -acéXaccv xr.z t:j
y.jpicj de XI, 23. L^. r.xz€Ky.zz^) . à cause des mots qui suivent, signi-
fierait, non plus une tradition reçue par Paul des premiers disciples,
et transmise par lui à ses néophytes, mais une réception directe
de cette connaissance de la bouche du Seigneur.
11 faudrait fixer le sens de -xpsi/.izv.civEiv, d'après Xusiis loquendi
de Paul,, et. si l'on peut, celui de y-'z. d'après tous les documents
accessibles.
Le verbe en question se trouve I Cor., ici et xv, 2 et 3. Il est
assez répandu dans le reste du Nouveau Testament. Chez Matthieu,
il a le sens ordinaire de « recevoir », a accueillir », « prendre avec
soi une personne ou un objet; de même Luc, Act., Jean, Héb. (xii,
»
28, avec .Sxj'.X^iav pour objet): Chez Marc, même chose aussi partout,
excepté une seule fois, vu, i 'y. -rraîs/.aciv 7.zy-.tv/). où il s'agit de
traditions judaïques, d'observances.
C'est en ce dernier sens, de réception des traditions leligieuses.
qu'il est employé toujours chez Paul, en dehors de notre passage,
excepté dans un verset de Col. Voici les textes :
1 Cor. XI, 23 : à^w 72? -xzi'Lyizt y-'z t:j v.-jp'.zj. z /.%'. -yzézw/.y
j-j.l'i. z-'. z y.jZ'.zz \r^zz\l:... ÉXacEv àz-.zi -/.ta.
Gal.'i, 12 ; Z'jzï Y^p ï\'0) 7:yzy àvOsw-ou -apÎKZzz'/ ajTÔ {-z îiaYY^X'.sv t:
Col. IV. 17 : Ky.\ iir^y.xz 'Apxi'icîca)* ^Xiizz tyjv oiaxovuv r^v TCzpsÀxêsç
iv v.jpû:), -'va «jTYiv -Xr^poîç (Ici, il s'agit d'une fonction).
I Thess. h, 13 : ... ov. r.a.^c/.\a.bb-^>ziq AÔyov àzo/îç -ap' fjjj.ûv -oîj 6£cD
I Thess. iv, 1 : ... y-aOcoç -K^cpsXàoî-e Trap -/jj^wv xb kwç Set 6[;,5(ç zîp'.-
TTaTsTv, -/.TA.
signifie non pas l'acte d'apprendre par des rétlexions, mais de rece-
voir la connaissance d'expériences ou de fails religieux, que la tradi-
tion a conservés. Cf. la langue postérieure des mystères, chez Por-
phyre et ailleurs : ~xpx\. -c'y. M',Opta/.x, -y itpx, etc. Quand il s'agit
n'est pas de la même catégorie que les autres; c'est le /.ùp'.:;, non plus
un simple homme intermédiaire ;
et là. seulement, nous constatons
l'abandon de la préposition ordinaire (1).
Un autre mot n'est pas dépourvu d'intérêt c'est zapxoiosva'., corré- :
zapÉXaoov 6 '/.t.': r.'jL^izbr/.y.. Il pourrait en dire plus qu'il n'est gros. « J'ai
la portée de ce /.xi, lequel n'est pourtant certes pas placé là sans rai-
son, car Paul était un écrivain conscient, et très concentré, sans goût
pour les mots inutiles.
On peut le faire se rapporter soit à \'v;m inclus dans -y.zilMy,y., soit
à j;^.rv. Il signifierait, ou bien « ce que je vous ai communiqué,
: l^ioi
(1) Dans IIeumas, Vis. v, 7, àTtô toj /.^pt'jj et ;rapà to-j xypio-j s'équivalent; mais cest
après le verbe à7io),a;i.oiv£(j9ai; il n& s'agit plus de tradition, de' connaissance, mais de
récompense ou de ctiùliment, qui viennent également tout droit du Seigneur; l'analogie
avec notre passage n'est donc pas étroite, et on comprend que l'àiîô qui entre dans la com-
position d'àiîo>,2sJ.6. ait entraîné, dans un cas, la préposition semblable pour le régime, au
lieu du Tcapà classique.
(rr: wç ï'^.oX xapcoôÔYj) 7:ap£5a)/,a û[;.tv. Ce petit -/.at, j'en ai peur, prend
à notre avis, n'est pas sans portée. Car, dans le second cas, Paul
indiquerait par ce rapprochement qu'il a reçu cette donnée, lui aussi,
par tradition (zapxooîjiç, mot qui répond exactement à -apsotoxa). et
non directement du nous semble bien que, dans l'autre
Christ. Or, il
hypothèse, il n'y avait pas tant lieu d insister sur cette communauté
de possession, car le o suffisait bien à exprimer l'identité du contenu,
et le y.a- faisait une sorte de tautologie Nous jugeons donc déjà pro-
bable que Paul, par cette addition de y.aî, a voulu ajouter une mo-
de l'identité du contenu, celle de l'identité du mode
dalité à l'idée
de communication. Mais cet argument-là paraîtra à d'aucuns trop
subtil.
Nous en avons heureusement un autre, qui dira sans doute davan-
tage. C'est le frappant parallélisme de mots et de tournure qui existe
entre xi, 23 et xv, 1,3:
XI, 23 : TrapéXaScv à-b -sj 7.jp(o-j, o /.a": Trapiow/.a J[^.Tv, xta.
XV, \, 3 : (Fv. cà \i\}.. xb îùay. z xai (1) irap eXâocXs)... TrapÉowxa
vip uîjiv £v TupwTctç /.at -apsXacsv, c'est-à-dire la mort, l'ensevelis-
sement, les apparitions du Christ (2).
Au ch. XV, « ce que j'ai reçu aussi «^ c'est-à-
-/.aî-jrxpéXaôov signifie :
rieuse, mais non le détail des apparitions dont avaient été avaut lui
favorisés les disciples. Ainsi le /.xC de xv, 3 sert à noter l'identité de
position des Corinthiens et de Paul par rapport à cette dernière con-
naissance. Lui et les autres l'ont reçue, non pas du Christ directement,
mais i^ar le témoignage de ceux qui avaient mi le Sauveur ressuscité,
témoignage transmis d'abord à Paul, et par lui aux fidèles de Corinthe.
(1) Ici le y.ai' n'a pas la même portée, à cause de la suite : èv w xat farrixa-e, xt)..
du ànô (D,E), sûrement par assimilation aux autres textes et à l'usage commun; —
et XV, 3, xaî avant TtapéXaSov manquait chez Marcion, a70-505, chez Irénée, chez l'Ambro-
siastre et quelques autres Latins; il était facile à omettre.
LA SYNTHÈSE DU DOGME ELCHARISTIQUE CHEZ SAINT PAUL. 339
Mais la phrase du cli. xi, étant construite avec les mêmes mots et
(le la même manière à cela près que le kv. y est joint à T,:Lzil\,y/.-x et
Dans XI, 23. le rapport est indiqué avec la source même, le Sei-
[
1) Clcmen, Der Einfluss der Mysterienreligionen auf das âlteste Christentum.
1913, p. 18.
(2) Cf. Loisv, Mystères, p. 282, n. 2 : k Paul aurait dit î-ô pour signitier qui! ne tenait
pas imiaédiatemeat du Christ ce qu'il va raconter ^Cleme.n. 17. après beaucoup d'autres).
On peut croire que l'Apôtre n'y a pas mis tant de subtilité. » Manière de résoudre les
questions, rapide et élégante, mais où le professeur du Collège de France n'a pas mis
non plus de >ublilit'é exagérée. Dans le reste de la note, il montre, à cause de iyû>, que
Paul voulait ici parler en spirituel ;>. Cet k-^tù n'oppose pas 1 autorité < pneumatique »
(
de Paul à celle des premiers disciples, qui auraient compris la Cène moins profondément,
niais aux Corinthiens, qui semblaient, en pratique, en avoir perdu là signification. D'ail-
leurs, c'est à Reitzenstein qu il faut s'en prendre ici. non à M, Loisy, qui a seulement
adopté son opinion.
340 REVUE BIBLIQUE.
reinent à î/., il ne signifiait pas le lieu duquel, mais le lieu des envi-
fl) v. Moui.TON, dans la Irad. allemande de Thumb, Einl. p. 1«2 el suivanles. — Bhose,
Theoloy. Sludlen und KriL, 189S, p. 351-360, mentionné par Moiillon.
(2) Bl\ss-Debul'nner, Grammalik des neuf.. Griec/i., 1913, M 173, 20f), 210.
(3) R.vDiîKMvciiER, Aent. gramm., 1911, p. 116.
LA SYNTHESE DU DOGME ECCHARISÏIQLE CHEZ SAINT PAUL. :!41
tique, le mot était très fréquent pour exprimer la notion générale der
« source >», et les catégories de cause, d'auteur premier, de réception
en général, de transmission héréditaire (1). En tout cela, la livraison
immédiate n'est pas toujours requise, elle est parfois exclue. Aussi,,
d'après Ileinrici, se référant à Winer 2), Paul a voulu seulement,
dans notre verset, indiquer l'origine de la tia'lition, et c'est pour cela
qu'il a évité zapa, qui semblait naturellement appelé. Comparez Mat.
XVII, 25 où y.r.z n'mdique certes pas une réception
après Aa;j.6avc'.v
(4) Cle.me>, op. laud., p. 17. — Joh. "VS'eiss, Der ersle Koriniherbrief, 1910.
'3^-2 REVUE BIBLIQUE.
« Car j'ai reçu [par une tradition qui vient] du Seigneur, ce que
je vous ai transmis aussi. \c.-à-d. comme on me l'avait transmis à
moi-même], à savoir que le Seigneur, dans la iiuit où il fut livré,
prit du pain, etc. »
Et le rapprochement avec le ch. x nous montre que cet enseigne-
ment traditionnel transmis par saint Paul était, au moins dans toutes
les lignes essentielles, la synthèse totale du dogme eucharistique
actuel : sacrifice et sacrement, présence réelle (entraînant, comme
l'Église le fixera, la « conversion », la transsubstantiation), en un mot
ce que le catholicisme enseigne de nos jours, et ce qu'il a toujours
enseigné.
Plus d'un catholique aura peut-être l'impression, en lisant cet
LA SYNTHÈSE DU DOGME EUCHARISTIQUE CHEZ SAINT PAUL. 343
article, que nous nous sommes donné beaucoup de mal pour enfoncer
une porte ouverte; mais il faut bien enfoncer plusieurs fois les
portes que des critiijues ingénieux mettent tant de persévérance à
refermer.
E. Bern. Ai.i.o.
Fribourg, janv. 1921.
CERINTHE
Rien n'est plus obscur que Thistoire des premières hérésies. Nous
n'en connaissons habituellement le nom et l'existence que par les
témoignages tardifs des hérésiologues ;
et ceux-ci se montrent beau-
coup moins soucieux de composer un récit exact des faits, récit pour
lequel d'ailleurs les documents leur font défaut, que de rattacher les
hérétiques qui leur sont mieux connus à leurs lointains ancêtre}^,
de constituer des généalogies ou des successions (ciacôyaO, destinées
à prouver que les erreurs les plus récentes en apparence ont déjà été
condamnées autrefois, au temps de leurs premières origines. Au
mieux pouvons-nous nous assurer de l'exactitude d'un nom propre
transmis par une tradition fidèle autour de ce nom se sont cristal-
:
autem quidam in Asia non a primo Deo factum esse mundum docilité
nous verrons tout à l'heure que ce détail doit être en effet retenu.
Pour le reste, Tévêque de Lyon ignore tout ce qui concerne la per-
sonne de l'hérétique, sauf son nom qu'il introduit par une formule
vague un certain Cérinthe, Kr,;'.vO:ç U -'.:[ et cela n'est pas de bon
:
(1) Lorsqu'Irénée résume la doctrine des gnostiques, il em[)loie les mêmes formules qui
lui ont servi à propos de Cérinthe. Il expose ainsi l'enseignement christologique des
gnostiques et des Valentiniens, Adv. Hae7-es., III, il, 3 « Secundum autem illos neque :
verbum caro factum est neque Christus neque qui ex omnibus factus est salvalor. Elenim
verbum et (hristum nec advenisse in hune mundum volunt; salvatorem Teio non incar-
natum neque passum descendisse autem quasi columbam in eum lesum, qui factus esset
;
seph et Maria natum dicunt et in hune descendisse Christum,qui de superioribus sit, sine
carne et impassibilem existentem. On trouvera un résumé analogue des diverses doctrines
>>
gnostiques Adv. Haeres., III, 16, « Quoniam autem sunt qui dicunt, lesum quidem
i :
vero putative eum passum, naluraliter impassibilem existentem; qui autem a Valentino
sunt, lesum quidem qui sit ex dispositione, ipsum esse qui per Mariam transierit, in quem
illum de superiori Salvatorem descendisse, quem et Christum dici, etc.. « Dans tout cela
on saisit sans peine le schématisme grâce auquel Irénee peut établir la parenté des divers
systèmes gnostiques. Cf. C. Schmidt, Gesprache Jesu mil seinen Jiingern nach der
Auferstehung... {Texte und l'ntersncfningen. t. XLIIIi, Leipzig, 1919; p. 40 s.
(2) Adv. Haeres., I, 26, 2; éd. Harvev, i. p. 212. Le texte reçu porte non similiter, qui
n'ofl're pas de sens acceptable. La correction consimiiittir s'impose. Cf. Hippolyte, Philosoph..
Vil, 34; éd. "VS'exdi.AND, p. 221, 8-10 'Eê'.wvaïo-. 2a : ô[io).OY0Û(j'. •< [làv >> xbv xô<7u.ov Otto toù
ôvTo; 6£0"j ysyoviva'., Ta 5e Trspl tôv XpicTov ôfxotwç toi KripivOcii xal Kapuoy-pàxci ji'j9£"joy(7iv :
aperçu de la doctrine de Cérinthe. Remarquons que l'idée de Dieu qu'il lui attribue n est
autre que celle de Marcion. 11 s'y mêle un trait qui rappelle la doctrine des adeptes de
la Mère. Le créateur du monde ignore l'existence rnème du Dieu suprême... Sa doctrine
christologique n'est que du vulgaire docétisme. Comme tant de gnostiques, Cérinthe aurait
enseigné que le Christ transcendant se serait uni à Jésus, fils de Joseph et de Marie, au
moment de son baptême, et l'aurait abandonné au moment du crucifiement II aurait
dépeint Jésus dans des termes qui rappellent ceux qui figurent dans la notice ecclésias-
tique relative à Carpocras. Du Jésus de Cérinthe, on dit : plus potuisse iustitia et pru-
CÉRINTHE. 347
^
ment, puis tous leurs ancêtres et tous leurs descendants; car les
Nicolaïtes sont « vulsio eius quae falso cognominatur scientiae (s- s'.-'-v
y.r.zz~7.:;\j.x irf,z 6ej5wv'J;j.cj vvojtsw;). » Et cette fausse gnose est celle
quirénée a à cœur de réfuter, contre laquelle il lutte de toutes ses
forces afin d"*n arracher jusqu'au dernier vestige. Lorsquaprès l'a-
dentia et sapienliaab omnibus; de celui de Carpocras, Ps. Tertullien écrit : Cbristum homi-
nem tantumraodo genitura, sane prae ceteris iustiliae cultu, yitae integritate meliorem.
Doctrine dépourvue de toute originalité, dont on peut affirmer comme de tant d'autres
qu'elle a été faite de pièces de rapport. "
(2) Adv. Haeres., I, 26, 3: et. Hjpi'Olvte, Philosoph., mi, 36,3; Ei'irii.4:sE, Haeres..
xxiv, 1, 1.
(3) Selon EisÈBE, H. E., III, 29, 1, ce seraient les Nicolaïtes eux-mêmes qui auraient
prétendu se rattacher au diacre Nicolas comme à leur ancêtre. Tout ce que nous savons de
celui-ci, en dehors des maigres données des Actes des Apôtres qui le représentent comme
un prosélyte d'Antioche, se ramène à une anecdote rappelée par Clément d'Alexandrie.
Stromat., III, 25, 5 ss. et citée d'après lui par Eusébe, H. E., 111, 29, 2ss. Encore celte anec-
dote n'a-t-elle rien que d'honorable pour son héros.
(4) Apoc, II, 6.
(6) Adv. Ilaeres., III, 3, 4. Celle anecdote est rapportée à deux reprises par Eusèbe,
Jl. E., III, 28, 6 et IV, 14, 6.
CERIYTHE. 349
clairement indiqué par lui à la fin de son ouvr.ige « Tout ceci, dit-il, :
a été écrit afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de
Dieu, et qu'en croyant vous ayez la vie en son nom •>;. » L'Évangile
ne poursuit pas un dessein polémique; il est un livre d'instruction à
l'usage des croyants, non pas une arme contre les infidèles. C'est
dans sa première E pitre que saint Jean combat l'enseignement des
faux prophètes qui sont venus dans le monde et il semble bien que :
Épiphane ne craint pas de reprocher aux Aloses de se conlredire : ttw; E-rr;-. Kv;p:v6o-j -à
xata Ky;?;''9o'j /iyovTa: Kv^pivSoç vàp TipoT^i'i' -^xi V./ov --,-' \pti7Tov /.î'yït av9pw-ov. Ilaeres..
u. 4; P. G., XLI. Sdi C\ .\u plus pourrail-on penser qoe, lorsque les Aloges prélendaieBt
que le quatrième Év^angile était de Cérinthe, on ne disait pas encore qu'il était dirigé
contre lui. Mais cela n'explique toujours pas pourquoi ils ont choisi Cérinthe pour en faire
l'auteur de l'Évangile. Cf. P. Corssen, Monarc/iianisc/ie Prologe zu den vier Evangelien
(T. U., XV, 1), Leipzig, 1896: p. 56. Et surtout, I argument ne porterait plus si Cains avait
le premier mis en avant le nom de Cérinthe. Cf. infra. p. 2.56 ss.
avoir été l'Egypte (3) il va jusqu'à écrire que Cérinthe ne doit rien
;
(1) Parlant des quatre Évangiles et de l'usage qu'en font les hérétiques, Irénée écrit,
Adv. Haeres., III, 11, 7; P. G., VII. 884: « Ebionaei etenim eo Evangelio quodest secundum
Matthaeum solo utentes, ex illo ipso convinciuntur, non recte praesumentes de Domino...
qui autem lesum séparant a Christo, et impassibilem persévérasse Christum, passum vero
lesum dicunt, id quod secundum Marcura est praeferentes Evangelium, cum amore veri-
tatis legentes illud, corrigi possunt. » La description des hérétiques qui emploient l'Évan-
gile de Marc correspond exactement avec ce qui a été dit plus haut de Cérinthe; de sorte
que l'on admet que, selon Irénée, Cérinthe employait le second évangile. CL G. Kru(;er,
art. Cerinth., P.R.E. . III, p. 777; Th. Zxaîi, op. cit., IL p. 225. Il me parait difficile
d'attribuer une valeur historique à cette information qui est formellement contredite par
le témoignage de .saint Épiphane et des autres hérésiologues. Il est possible qu'Irénée pense
en effet, à Cérinthe; mais il n'ose pas le nommer ce qui est de mauvais augure. Il fallait
bien, pour que sa liste fût complète qu'il citât aussi des partisans de l'évangile de Marc,
comme il en cite de trois autres évangiles. Il tombe sur ceux qu'il connaît historique-
ment le moins: et il leur assigne une place sans être assuré qu'ils la méritent. D'ailleurs
p. 281, 4 ss.
(3) Philosoph., \ll, 33, 1 : Kiîp-.vôo; ôâ -i:, aÙTo; .\'.YU7txîwv Traiôeioo àay.T)9ît'r... ; id., x, 21 :
(4) Philosoph-, V7I, 7, éd. Wendlajcd. p. 190. 8 : on Krip-.vôo: ixriSev jx ypaïwv à).),' sx twv
AiY'-iJtTÎoïc So^âvTCùv (ruvîOT^QcaTO.
mêmes milieux que Jean... Rien de ce que nous savons des théories de ce juif égyp-
tien, etc.. »
des apologistes chrétiens qui ne revienne sur ce thème; cf. J. Geffcken, Zwei griechische
Apologeten, Leipzig, 1907, p. 73 ss. et passim.
ù) Théodoret, Ilaeret. fab. ii, 3; P. G., LXX.XIII, 389.
3o2 REVLE BIBLIQUE.
jaiarnicht in der benuzten Quelle gestanden zu haben. da die Ansicht eine Kousequenz aus
der Hallung zum Weltschopfer ist, also leicht erschlosson werden Konnte. .Man erkennt
(liese selbsliindige llaltung des Verfassers ebenfalls aus dem Referate liber Ebion. » Mais ce
que nous savons par ailleurs de Ps. TertuUien rend peu vraisemblable une telle indépen-
dance vis-à-vis de ses sources.
(4) Ps.-Tertul., Adv. omnes haeres., 3.
CÉRINTHE. ;î.S:î
bat E vangelium non esse lohannis nec Apocalypsim sed Cerinthi hae-
retici ea esse. Et contra Gaïum surrexit bcatus Hippolytus et demons-
travit aliam esse doctrinam lohannis in Evangelio et in Apocalypsi
et aliam Cerinthi. lUe quirlem Cerinthus docebat circumcisionem, et
saint apôtre ne compte pas avec les autres l'épître aux Hébreux
; il
(1) Selon toute vraisemblance d'ailleurs, Denys Bar Salibi a mal compris le texte (ju'il
avait sous les yeux, ou l'a mal traduit. Car ce n'était pas Cérinihe qui ap|iliquail à saint
Paul et à ses compagnons une formule empruntée à II Cor. \i. 13: mais cette formule
devait être entendue de Cérinthe lui-même, ainsi que le dit saint Épiphane, Haercs.. wviii.
i, 6 (ilOLL, 317, 7 SS.) : xat ol,xo( tlaviol na.M. tm àiî<XTTÔ)w lla-jAw îloriiiévoi tj/suSaîtdoTOAO'..
èoYiTai ôoAiot, îi£-a'r/r,aai'.wÔ54£>o'. al; ànorîTÔ'/o-^; XpisToû. C'est pour n'avoir pas recotmu les
expressions de l'apotre que Denys a pu attribuer à Cérinthe des lettres dont Hippolyte lui-
lytus and fiis Iteads against Caius. dans Bennathena, t. VI (1888), p. 397-418. On les
trouvera plus commodément, avec leur contexte dans le commentaire de l'apocalypse de
Denys Bar-Salibi, publié par I. Sedlaceiv, dans le Corpus Scriptor. eccles. oriental., Scrip-
lures Syri, série ii, t. CI. Un autre fragment, conservé dans le commentaire de Denys sur
l'Évangile de saint Jean, se trouve traduit dans P. dbLadriolle, Les sources de l'histoire
du iHonlanismc. p. Lxxni.
(4) Evstr.E, H. f., YI, 20, 3. Le témoignage d'Eusèbe. pour attribuer à Caius la composi-
CERIMIJE. 3oI>
L'n autre pa*Jsa§e de Caius nous intéresse ici davantage, car il y est
tion du dialogue contre Proclus. semble très formel. 11 faut eepciidaiit rappeler que récem-
ment N. Bo.NwETSCH a encore supposé que Caius n'était pas l'auleur de ce dialogue, mais
seulement un de ses interlocuteurs, l'auteur réel étant Hippolyte (C'ii^mjy. Gelehrt.Anzeig..
1917; H. 17).
n) EisBBE, H.£., VI, 20, 1-2. Cf. E. Scbwartz, Kialeitungen, Vbersichten und Regh-
Icr zu Eusebius Kirc/tengeschichte {F.usebius Werkc ii. 3), p. 3'i.
>) EcsÈBE, H. E., Iir. 31, 4.
(3; EusÈEE, H. £., Il, 25, 6-7. Cf. sur le dialogue de Caius, P. de Labriolle, La crise
y:v£o6îi Kr,pi-/^ov îTopciÀrjSaiiEv. Fâïo;, o-j ^ityjitL tjot) •ûpotspov •;:aoa-£6£'.ua.t âv rç sesojiivT, aOtoû
u£vâ>.ov Yî'P<ï^!^Éva)v ^epa-o/.oyCxç i^u.îv ûç Si' àvj'i/.wv acy-rw 8iozt,^ii.iv!Xç "I/Euoôaevo; i~ii'7iyit.
"/EY'jJv at'à "riiv àvâ(îTa<7'.v inivêtov jTvai ~h (îa'Ti'Xï'.ov toO Xgicto\/ y.i': ni/,iv £Tii6viiîai; xet:
un grand apôtre, nous présente d'une façon mensongère, etc. Cela paraît un contre- .
Nens. A la fia, la formule £v fâiua lopr?.; semble à E. Schwartz une corruption ancienne
du texte; il j aurait une lacuoe devant àv yâiuo lacune que S. propose de combler ;
ainsi : yt/.iovTaeTCa; <[ôpîÇ£'.. a£9'f,vovpdiv'.ô-.< Tiva to^qv imYîîou ok^ t* yx{i(i) loo-7,ç.
.m REVUE BIBLIQUE.
livre saint, que ces mille ans seraient un temps de fêtes et de joies
sans mélanges. La question se pose d'ailleurs de savoir si Cérinthe
aVait réellement publié un ouvrage contenant l'exposé de sa doc-
trine, ou s'il se bornait à commenter, selon ses tendances person-
nelles, l'Apocalypse de saint Jean. La seconde hypothèse est plus
probable, et Caius ne réfute pas, dans les fragments que nous avons
de lui. d'autres thèses que celles des livres johanniques (3\
Le portrait d'un Cérinthe millénariste, tel que celui contre lequel
s'acharne Caius, n'a rien que de vraisemblable. On se rappelle le
célèbre passage de saint Irénée « De même parlait Jean, le disciple
:
du Seigneur —
ainsi que s'en souviennent les presbytres qui l'ont vu,
— lorsqu'il enseignait ce que le Seigneur avait dit de ces temps des :
(1) HipPOLYTE, ap. DeiWS Bar Salibi, Commenta)', in ApocaL; trad. I. Sedlacek, op. cit.,
p. I, 1. 30 ss. :apparuit vir noraine Caius, qui asserebat Evangeliuni non esse lohannis
nec Apocalypsin, sed Cerinthi iiaeietici ea esse. > Par les fragments des Capita
adversus Caium, on peut se faire une idée de la méthode de Caius et des arguments
apportés par lui contre l'Apocalypse et l' Évangile. Il opposait habituellement certains
passages des écrits johanniques à ^autres textes scripluraires sûrement authentiques :
c'est ainsi qu'il citait I Thess. v, 2 contre Apoc. nu, 8; Psal. lxxii, 12 et 2 Tim. m, 12-
1.3 contre Apoc. ix, 2, etc.. Il fallait conclure de toute évidence que l'Apocalypse ne
pouvait être l'œuvre inspirée d'un apôtre. De la même manière, il mettait en opposition
le quatrième évangile et les synoptiques, en particulier dans le récit des événements qui
sur quatrième évangile ailleurs que dans son dialogue avec Proclus, le seul ouvrage
le
quEusèbe connaisse de lui; ou bien les critiques de Caius contre cet Kvangile avaient
été éliminées de exemplaire de e dialogue qui était tombé, à Aelia, entre les mains
1 <
(3) Elsèbe, h. E., VI, 20, fait d'Hippolyte le chef d'une Eglise, sans savoir laquelle.
Il est évident qu'il ne sait rien de lui. en dehors du manuscrit de ses œuvres qu'il a vu
à Aelia.
(4) Les fragments conservés par Denys Bar-Salibi rendent tout à fait certaine l'opposi-
tion de Caius au quatr'^^ipe Évangile.
y
(1) n est vrai que, selon S. Épiphawe, Jaeres. li, 3; P. G. XLl; 892, les ttérétkjues
auiquels il donne le nom dAloges,
qui rejetaient également l'Apocalypse et le qua-
et
frustranlur speciem evangelii (oî àbz-ow-i: :r;v '.Ôsav toû ïCaYy^Kov), et vel plures quani
dictae sunt, vel rursus pauciores infenrat personas evangelii : quidam ut plus videantur
<^am est veritatis advenisse; quidam vero, ut reprobent dispositiones Dei. Etenini IVlarricn,
totum reiciens evangelium, immo vere seipsum abscinJens ab evangelio pariter gloriatur
se habere evangelium. Alii vero,ut donum frustrent ur quod in novissimis te!iiporibu>
secundum piacitum Patris efFusmn est in hunianum genus, illam speciem non admittunt
qnae est secnndum lobannem evangelium in qna Paracletum se missurum Ooninus
promisit, sed simul et evangelium et propbeticum repcllunt spiritura. Infelices vere qui
pseudoprophetas quidem es.«e nolunt, propheticam vero graliain repellunt ab ecclesia :
similia patientes his qui propter eos qui in hypocrisi veniunt. etiam a fratrum comTnuni-
catione se abstinent. Oatur autcm inlelligi quod Luiusmodi oeque aposlolum Paulurn
recipiant. In ea enim epistola quae
ad Corinthios de propLeticis charismalibus dili-
est
genter locutus est et scit in ecclesia prophetantes. Per haec igitur
viros et mulieres
omnia peccantes in Spiritum Dei in irremissibile incideiunl peccatura. s Cf. Demonslr.
praed. evang., 99 « D'autres ne reçoivent pas les dous de lEsprit-Saint et repou&sent
:
loin d'eux la grâce prophétique, cette grâce qui, répandue avec abondance, permet a
l'homme de porter des fruits de vie divine; ce sont ceux dont parle Isale Car ils :
seront, dit-il. comme le térébinthe au feuillage llétri et comme un jardin sans eau et ;
Pour sa description des Aloges, Epiphane utilise ce passage de saint Irénée : < Ces
gens-lù, écrit-il. ne recevant pas l'tsprit-Sainl, sont jugés au point de vue pneumatique
comme n'entendant rien au\ choses de lEsprit. Ils veulent parler conformément à la
raison, et ils ne reconnaissent pas les charismes qui s'opèrent dans la sainte Église. —
charismes que l'Esprit-Saint a exposés véritablement, en pleine force, en plein et solide
équilibre int»'llectuel. .Vinsi firent les saints prophètes, les saints apôtre-, et parmi eux
saint Jean, qui donne une part du même charisme saint dans son évangile, ses épître>.
et l'Apocalypse. Ce sont ceux-là qu'atteint la parole (de l'Écriture) A celui qui blas- :
phème contre l'Esprit-Saint, il ne sera par lonné ni dans le siècle présent, ni dans le
siècle à venir... Et en effet, ils ont combattu contre les paroles articulées par rEsj>ril
{Haeres. u, 35; P. G. XLl. 953 B. Je cite ici la traduction donnée par P. de LABnioiii:.
>•
Si la principale source d'Épipiiane est ainsi saint llippolyte, on conçoit sans peine qu'il
y ait trouvé le nom de Oérinthe, comme celui de l'autenr du quatrième évangile selon
u« Aloges. C est indirectement, par l'intennôdiaire des Capita, Caius qui lui aura fourni
ce nom, et il ne faut pas chercher dans le Panario^i l'indice il'une traililion indépendante.
On s'est même demandé s'il avait jamais existé d'autre Aloge que Caius, et sî Épiphane
n'avait pas mis pour avoir le droit d'ajouter une hérésie nouvelle à son
le pluriel
catalogue. Ladbuze, Caius de Rome, le seul Aloge connu, dans les
Cf. P.
.y élances Godefroùl lûirtk, Liège, 1908; Dom Cuai-mw, John tlie Presbyter and the
fourth Gospel, Oxford Ifllt, p. 53 note; telle est aussi l'opinion de E. Schwaktz, l^ber
<ien Tod der Sohne Zebedaei. Fin Beitrag znr Geschicfite des Jnhannesevangelium,
dans les Abhandlungen dei- Kgl. Gesellschaft der Wissensclt. :•« G<ittingen, vn, 5
;i904), p. 30 ss. E. ScuuAUTz se donne beaucoup de peine pour démontrer qup le dia-
logue de Caius contre Proclus devait déjà été avoir écrit aux environs de 160 du
moment qu'Irénée connaît les Aloges et les combat; et par suite qu'Kusébe s'est trompé
en plaçant la composition <ie cet ouvrage sous le pontiiicat de Zephyrin (v. 200-217 .
< Ce ne serait pas la seule erreur d'Eusébe, remarque-t-il; il place Montan beaucoup trop
tard, et les deux fautes pourraient dépendre l'une de l'autre. Je pense aussi d'ailleurs
qu'aux environs de IGO, il était encore possible de douter de l'authenticité de l'évangile
de Jean sans être excommunié... Si la date du dialogue fournie par Eus^be est exacte,
l'auteur n'en est pas 1 aloge Caius combattu par Hippolyte dans les Capita et par Épi-
phane, mais un anonyme qui donne aux deux personnages de son dialogue des noms
hisïoriques et place dans la bouche de son Caius les objections que le vrai Caius avait
formulées contre l'Apocalypse. Mais si Eusèbe s'est trompé et si le dialogue... est plus
ancien, Hippolyte a pu le lire, dans des circonstances inexpliijuées et le réfuter qudque
soixante-dix ans après son apparition [lac. cil.,^. 41 s.). » Plus récemmpnt, E. Schwartz,
Johnnnes uud Kerinthos, dans la Zeitschrifl fur neutesiainentliclie Wissenxehaft, l'914,
H. î, p. 210 ss., a modifié sa thèse quant à la date de Caius et du dialogue « Des :
écrits joanniques, dit-il maintenant, Caius n'attaque que l'Apocalypse, comme on pou-
vait s'y âltendre au début du m" siècle;... mais ces attaques étaient empruntées n un
ouvrage plus ancien, qui avait été écrit dans un sens anti-montaniste et qui ne s'en
était pas pris seulement à l'Apocalypse mais aussi à l'Évangile. C'est de cet ouvrage
qu'Épiphane a tiré sa secte des Aloges, et c'est lui qu'Hippolyte a attaqué dans ua écrit
dift'érent des y.z-fi'i -j^x /.atà Taioy [l. cil. p. 213). »
n est bien difficile d'admettre hypothèses de Schwartz. Sans doute on comprend
les
très mal comm'^nt à la lin du second siècle —
et même en 160 des orthodoxes (car —
Epipbane proclame hautement l'orthodoxie des Aloges pour tout le reste ioxwm ràp v.al :
aùtol îà inoL T|p.Tv 7:'.<7tej£iv, Ilaer. li, 4; et c'est à tort que certains auteurs voient dans
les Aloges les ancêtres des adoptianistes, ainsi A. d'Aiiis, 1m thi'ologie de saint Hip-
polyte, p. 105) aient pu rejeter le quatrième Évangile. Épiphane, qui s'attache surtout
à critiquer chez les Aloges leur exégèse inintelligente et irrespectueuse, n'expliqTie pas
du tout les motifs de leur mépris pour les livres johanniques. Irénée, placé plus près
des événements, en fait des adversaires déterminés du <;harisme prophétique : c'est
par oi>()osition aux Montanistes que les Aloges auraient pris position contre l'Apocalypse,
le quatrième Évangile, et même, selon VAdvprsus Haerescs, contre saint Paul. On se
ilemandera alors ce qui leur restait du Nouveau Testament, et comment ils demenraient
encore chrétiens. Nous n'avons pas, d'ailleurs, d'autre témoignage de leur rejet de
saint Paal. Cains, an dire d'Eusèbe, n'acceptait pas l'épitre aux Hébreux, mais il con-
servait les treize autres épitres de l'apôtre.
Nous pensons donc qu'il faut garder pour le dialogue de Caius la chronolof;ie
d'Easebe. L'activité de Caius à Rome se place dans les premières années du troisième
360 REVUE BlBLIQl'E.
fragments tk- louvrage sio' les Pioûiesses \-tz\ k--x';';ùj.ory . Cet c>uvrage
était dirigé contre un certain >'épos. c]ui professait les théories d'un
lûiliénarisme charnel, et les appuyait sur TApocalypse de saint Jean.
Au second livre. Denys y étudie en détail le problème de l'Apoca-
lypse : « Certains de ceux qui nous ont précédés ont rejeté et repoussé
complètement ce livre: ils l'ont réfuté chapitre par chapitre, le décla-
rant inintelligible et incohérent et affirmant qu'il portait un titre
mensonger. Ils disent en etïet qu'il n'est pas de Jean, qu'il n'est pas
même une révélation puisque celle-ci est cachée du voile épais et
sombre de l'inintelhgibilité; que cet écrit n"a pas pour auteur un
apôtre ni même
quelqu'un des saints ou des membres de l'Église, mais
Céiinthe. l'auteur de l'hérésie appelée de son nonï Cérinthieune, qui a
voulu attribuer à sa propre composition un nom capable de lui don-
ner du crédit. Voici en effet quelle était la doctrine de son enseigne-
ment : le règne du Christ serait terrestre ; et il rêvait qu'il consisterait
dans les choses vers lesquelles il était porté, étant ami du corps et
siècle, et llippolyte lé réfute aussilùl qu'il se rend compte du danger provoqué par ses
théories aventurées. Dès lors le témoignage de saint Irénée nous oblige à croire
qu'ily avait eu déjà de son temps des Aloges en Asie, et que leur doctrine s'y était
d" abordmanifestée comme une opposition au monlanisme. Sur ce point, Irénée est con-
lirmé par Épipbane. llacres. u 33, qui atteste la coexistence à Tbyatire d'adversaires do
l'Apocalypse (c'est-à-dire d'Aloges et de montanisles. Epi))hane. dans ce chapitre,
fournit même des chiffres qui devaient donner les éléments d une chronologie. Mais il
semble qu'on ne puisse aujourd'hui rien tirer de ces chilTres. Cf. P. de Labhiolle, La
Crise montaniste, p. 573 ss. G. Scumidt, GesprOchc Jesu... p. 430; K. Holi Epiphaniiis
; ,
Irénée cependant ne parle pas de Cérinthe à propos des Aloges ; et il est peu probable
que ce soit en Asie, là où l'on avait pu le mieux conserver le souvenir de lopposi-
tion de saint .lean et de Cérinthe, qu'ait pris naissance l'opinion qui attribuait à l'héré-
tique les (i^uvres de l'apôtre. ( ette opinion a dû d'abord trouver crédit en des régions oii
Cérinthe. n'était plus guère connu i(ue par son nom et par ses opinions millénaristes : à
Rome par exemple.
(1) Denys d'Alexandrie, ap. Eusiiiîi:, U. E., VII, 25, 1-3 : « Tivè: [ièv ovv twv npo
7)jià)v à6s'Tr,(jav -/.a: àvS'jKSÛaaav tîocvty) to P'.Q.tov, xaô' sxaorTov z£qià).atov ÔiewÔûvovTs; aYvw-
<7TÔv Tî y.sc't àTU/.AOY'.iTTOv àTîOsaîvovTî:, •!/£'uÔ£c6ât tî Tf,v êniYpaoTQv. 'Iwâvvou yào ovx slvai
'/iyo\)'7'.'/. au' oCS' à7toxà/.o<l<tv elvat rf,v aooSpa. xaï Trahît X£xa>.y(i(ifvr,v xo) Tr,; àvvoi'ar
£xx),r,'î-:a; to-^tou ytfo'jha.i TzoïY^-rty xo-j ypâfjLiiaTo:, Kyiv.vÔov Se tôv xat ttJv an' £X£Îvo-j xXr,-
Oîîcav Kïic.tv6tavr,v (rujTr.(7i[j.£vO'/ a-pEciv à:tÔ7:i(îTov £7:iiï)[Jit<7a'. 9ï/,r,(7,avTa xw éavxoO TtXâdçxaTi
ôvO[j.a. To'jTO yàçi £Îvai rr); StSxaxaÀta; aùxoj xb SôyI^^ £7:i-;£iov £(7£(T6ai xt,v xoO XpiatoO potoi-
),£tav, xal wv aOxb; topEY^xo, siAoawfjiaxo: wv xai Toivu «japxix^;, £v xccjxot; ôv£ip07roA£Îv iat-
(j6at, vaoxpci;, za: xwv ino yanxiçiOL u),r,ff[iovaïi;, to-jx' èsxi (X'.xioi; xal jtoxoî; xai yâ(i,o'.;, xaî ôi
J)v £v5r,[x6x£pov xaCxa (oiQÔr) Txopi£taOai, Éopxaï; xat 6-..<iîa'.; xai '.£p£Lwv (yçaYal;. > Une partie
CÉRINTHE. 301
de ce texte est encore citée par Eislbe. H. £., III, 28, i-5. Cf. C. L. Feltoe, The Lcllers
and other remains of Dionysius of Alej andria. Cambridge. 1904, p. 114 s.
Les expressions de Denys sur l'amour de Cérinllie pour la bonne chère, les aliments et
les boissons, rappellent la formule employée par Hippolyte dans le fragment cite par
Bar Salibi : docebat... et cibum et potum materiales. On aurait pu voir dans cette for-
mule l'indication d'observances alimentaires comme celles qu'imposait le judaïsme. En
le rapprochant de ce que nous apprend Denys d'Alexandrie après Caius d'ailleurs, i!
mains l'œuvre d'un ancien aloge, la même que Caius aurait déjà utilisée. Il fait valoir
en faveur de cette opinion les termes par lesquels Denys désigne ses informateurs. A
vrai dire, Denys écrit seulement xvâ; twv nçih r,ij.(ôv (ap. Eusèbe, VIH, 25, 1), ce ([ui est
déjà suffisamment exact de Caius:, qui écrivait une cinquantaine d années avant lui. L'ex-
pression, beaucoup plus magnifique, oj; èx xr,; àvly.aflîv TuapaoùTew; (//. E., III, 28, 3'
n'est pas de Denys, mais d'Eusèbe, qui introduit par là l'argumentation de Denys.
S. suppose encore que la source commune à Denys et à Caius ne contenait que la
critique de rApocHlyj)se et non celle de l'Évangile. Supposition inutile. Sans doute Denys
ne parle pas des adversaires de l'Évangile johannique, et s'il accepte l'Apocalypse,
il le fait sans enthousiasme. Mais on remarque déjà qu'Eusébe, en signalant le dialogue
de Caius (H. E., vi, 20) ne fait pas non plus allusion à ses critiques de l'Évangile. Le
cas de Denys est analogue. A moins que Caius ait écrit d'autres ouvrages que le Dia-
logue; ouvrages dont ni Eusèbe ni Jérôme ne parlent. On pourrait trouver dans Photiis,
Bibliot. 48, des traces d'une croyance aune
abondante de Caius seulement
activité littéraire ;
l'information de Photius sur Caius ne parait pas de très bon aloi elle a pour origine :
une glose marginale de son manuscrit d'Hippolyle et attribue à Caius des œuvres qui ne
sont manifestement pas de lui. Somme toute, les seules vraisemblances dont nous puis-
sions disposer nous amènent à voir dans Caius l'informateur direct de Denys. P. Corssen
(Monarchianische Prologe zu den vier Evangeiien, T. U.. xv, 1, Leipzig, 1896, p. 55),
admet aussi l'hypothèse d'une source commune à Denys et à Caius.
?S2 REVUE BIBLIQUE.
sait tout, ou croit tout savoir, lorsqu'il s'agit des erreurs d'autrefois#
et son intuition secharge de sup|)léer au silence de ses sources. Le titre
qu'il donne au chapitre du Panarion consacré par lui aux Cérinthiens
nous ;ipprcnd déjà quelque chose de nouveau c'est que ces héré- :
tiques portent aussi le nom de Mérimhiens 1). D'où vient ce nom? L'hé-
résiologue commence par se montrer assez réservé à ce sujet « On les :
de Mcrinthe, ce que nous ne savons pas du tout à son sujet; soit qu'il
y ait eu un Mérinthe, son compagnon, ce ([ue Dieu comiait... Qu'il
s'agisse de lui ou d'un autre, d'un de ses compagnons qui ait'pensé
comme lui et travaillé avec lui, peu importe (2). » Mais Épiphane
•était-il capable de laisser tomber un seul nom de son catalogue
avec celle des Novatiens (^3), ou avec celle des Ébionites (4); nous
apprenons également que Cérinthe et Mérinthe ont été dénoncés par
saint Luc dans le prologue de son Évangile, parmi ceux qui ont tenté
vainement d'écrire le récit de la vi<> du Sauveiu* 5 Ailleurs encore '.
(1) Empha.ne, flaercs., wvrii Tit. : xarà Kr,ptvO'.avôi, rjoi Mr.o'.v^'.avûv : éd. Hou., i.
p. 313, 6.
(2) Haeras. xx%ni, 8; Holi., p. 320, 12 ss. : Ka/.oOvTa-. 8à riX'.v ojto-. MTjpfôta^ot, a»; r.
Ti caçùi; Trepc to'jtotj ;<ru.£v, îItî a).>o;T'.; ^v Mïip'."/^o; àvôaat'. TjvipYo; toC-roy, 9£(o ëyvaxTTi'....
Tc),T|V f,TO'. a-jTÔç ctr, r) xal x).).Oi; cùv aC-û (sv/zp\bz -là ôiioia x-JTfô qspovwv xal <ru(ii:pa~!.n ;'.;
v4) Ilan-es. sxx, 3, 7: Holl, 337, 9-11 : Kal ôr/°'''f*' 1^^' "S'- ''i^oX (les Ebionite^l tô
Y.xzk MaTÔaîov evafTféytov" ToOtep yàp xai aùrot w; cl xarà Krp'.vOov y.at Mr.p'.v6ov /pûvTa'. «iv/w.
(ô) Hnercs. li, 7: P. C, XLI, 900 C xat v.; Ttapà^Tauiv àX7;%E:ac Êçtîiâp-rvp»; toù; Ot:/,-
:
oItx: tov yôYO'J 7£vo}t;vo-^ç TZCtpeiTSYSi [ô Aovxoc;) sâaxcov àzî'.CTTKïp ttoà/os rKEyE-ipr.sa-.' "-a
-'.va; lisv èTf.jje'.pr.Tà; Sîî&r,. ^Tjttl Ôi tov; wâpt Kr,ptv6ov x.it M-^pivôcv, xaci ^où; x)./.ov;...
CKRINTHE. :!«):!
nom de Mérinthe (w; y; sXOcj-a il: r,[jS: ^iji; -tp'.iyz'.)'! On n'a pas de
raisons pour supposer l'existence témoignage écrit, comme le dun
fait Zahn (3), du moins d'un témoignage décisif en faveur de l'exis-
Il est vrai que sur les Cérinthiens eux-mêmes, Epiphane paraît par-
fois renseigné comme s'il avait eu à sa disposition des sources particu-
lières. par exemple (£ue cette hérésie s'est répandue non seule-
Il sait
ment en Asie, mais en Galatie, et que l'usage du baptême pour les
morts était fréquent parmi ses adeptes; et il attribue la connaissance
de ce trait à « une tradition venue jusqu'à nous [r, -y-piozai: ïtJioXizy. •?;
(\) ffaères, ii, 6; P. G., XIA, 897 BU : "E\bi\ vàp ol -epl Kr/fivÔov xal 'Eot'tova •!/•./ àv lov
jc'-^pMTiov %0Lxi<T/yi , xal M•r,pl^/Oov -/.al K/,£Ôëiov eito-jv K>.e6&Oj)ov -/al K>,ay5tov v.xi ;iy,;j."av
•/al ''EpiAoyrJ-ov...
les noms sont empruntés à saint Paol iCol., iv, 14; Pliilem., Vi; Il Tint., iv, 9: —
II Tim., I, 15); Cléobius, qui figure avec Simon en tôle de la liste d'Hégésippe aji.
EiSKiii;, //. E., IV, 22, 5), joue un rôle important dans les Acta Pauli. Ébion esl le
type légendaire des héréliqnes.
^2) Cf. encore llaeres. i.xix, T.], où les Ébionites, les Cérinthiens et les Mérinthiens figu-
rent comme les adversaires combattus par saint Jean dans son Évangile; liueres. \\\\.
2, 1; HOLL, 383. 23 S.
aurait recueilli sans plus le comprendre. Cette explication parait un peu subtile. Cf. ( .
ScHMiDT, Ge^proche Jesu... p. 413 « Jedenfalls dies ist uber jeden Zweifel
: erhoben,
Epiphanius hat in keinem kefzerbeslreilenden Werke den Namen des Merinlhus vor-
gefcmden. Die K>,pi-'eiavol r, MYipivOia-ol sind vielmebr seine Spezialitat nnd deshalb -ducb
auf ibn bes(brankt geblieben. »
(1) Haeres. xxviii 6, 4-5; Holl, 318, 15 ss. : 'Ev TaCrr, yàp xî] Tîatpi'&t, çif,(j.V &î 'Aaîa,
d/./.à xal èv t^ FaXa-ia Tvdvj r,xna(T£ tô to'jtwv SiSaTxaXeïo/, £v oT; y.xt rt irapaoôffîio: TifôcYtix
^XÔEv £'.; YiM-à;, (oç Tivwv (lèv îrap' «ùtoï; TTpoçGavôvTtov TsXeuT^trat avso [iaTtTÎcfJLa-o;.
a>.).ov; 6è àvi' aÙTWv eî; ôvo^a Èxcivwv pa7:TÎ!^£(j8ai {itrèp toû fiifi èv ir^ àvaTtdtffî'. àvacrrâvTa;
a-JTO'j; 5ixr)v SoJva'. Tt(i.o)pîa; pirtTKjfi,-* [jl?] î'.Ar.pôra;, YivsîOat 5à •jno/sipîoj!; rr,; toO y.oauio-
iioioù iSovuîa;. Kat toûtoj ëvExa f, TrapâSoffi; r, èXOoOîa £Î; 'î'iV-^-'^
Çi^'ï' 'ôv aO:ôv àytov CLTiàts-
'o'i.vi eloTixs'vaf eî ôaw; vsxpol où/t èYS'P'^vrai, tî xal paTtriÇovrai Ottèo aCTûy; »
(2) Cf. Tertii.uen. Adi\ Marcion., \, 10; éd. Krovmann (C. S. E. L., xxïxvii}, p. 605,
12 ss.; De Garnis rcsurrecf. 48; iil. p. 100, 5 ss. — On ne confondra pas ce baptême
pour les morts dont parlent Tcrtullien Épiphane avec le baptême des morts qu'Irénée
et
note chez les Marcosiens au ii'' siècle et que signale Filastrius, Haeres., xux, à propos
des montanistes de son temps. S. Jean Chkysostome, Nom. 'lO in Ep. 1 ad Cor. P. G..
L\I, 347, dit aussi que les marcionites baptisent les morts.
Lorsque P. de Labriolle, La crise montaiiiste, p. 521, écrit « Ce baptême pour les :
morts était encore coutumier au iv siècle chez les disciples de Cérinthe en Asie et en
Galatie », il me paraît accorder au témoignage de saint Épiphane une confiance exagérée.
Épiphane n'est en réalité que l'écho d'un bruit.
(3) Haeres. xxviii, 1, 2-3; Holl, 313, 10 ss. xà \<s% yàp tw iîpo£ipr,(jL£vw (Carpocrate
:
e'ic tôv Xpiffrôv (T'jv.osavTrjiTa; èSrjYeïTai /.al oixo: èx Mapîa; xat èx aTrépfxaTo; 'Ia)r7r;p xov
Xp'.OTÔv •<(f^t't^f,rs%T.K. xai tôv x6(7[XOv ô[iOta>; ver' àvy^^-wv Ysyev^aÔai. OùSèv yàp o-jto; Trapà
tbv TtptôTov ôiYJ/.Aals T^ EÎffxywy^ xr,; aOxoù StSacxaXîa;, àXÀ' rj Èv To-jxtij pôvov èv xw irpo-
ffiX-'-^ '^} lovÔTticfAoi «Ttô (XÉpou;. 4>â<7xei ôs oùxoî xôv vôfiov xal xoù; rpoçrixac Ottô àyysXtov
osSwxôxa xôv vôiiov sva slvai -Gn «yyé/.wv xwv xbv xôdfxov T£;roir,x(5x(i)v.
ûîôoo'Ôai, xôv ôè
PsEL do-Terti LL. Adv. omn. haeres., 3; Hippolyte, ap. Denys Bar-Salibi. Com. in
(4)
Apocal.;éd. Sedlacek,p. 1, 1. 30 ss. Cf. supr. p. 10.
CÈRINTHE. '
365
qu'il alla vers Corneille... Voilà tout ce que Cérinthe a fait avant de
prêcher en Asie son erreur et de tomber dans un gouffre plus profond
encore de perdition (2). » Plus tard, c'est encore (Cérinthe que nous
retrouvons à Jérusalem, quand saint Paiil y arrive avec Tite et que les
Jujdaïsantsameutent la foule contre lui (3). En d'autres termes,
Cérinthe représente, aux yeux de saint Epiphane, le protagoniste des
FiLASTRiLS, ITaeres. 36; éd. Marx (C. S. L. E., xxxviii), p. 19, 22 ss., donne les rnèines
renseignements qu'Épiphane, mais il est vraisemblable que, comme lui, il les a empruntés
à Ilippolyte: et qu'il ne s'est pas inspiré, du moins exclusivement, du l'anarlon. Voici son
texte « Cerinthus successit huius U'arpocratis) errori et similitudini vanitatis, docens de
:
(1) On peut se demander si Epiphane a eu sous les yeux VAdv. 7/«ere5. d'Irénée ou les
Philosophouniena. 11 est plus probable qu'Irénée est ici son modèle et son guide, car,
comme lui, il place en Asie l'activité de Cérinthe : iyhz-o ôè outoç 6 Kr.piveo; êv r?, 'Ad-'a
S'.atpiSwv {Hacr., xxviii, 1, 4). S'il avait suivi Hippolyle, comment croire qu'il aurait omis
la mention de l'Egypte, qui est, pour lui aussi le pays par excellence de l'idolâtrie et de
l'hérésie?
(2) Haeres., Xxvin, 2, 3-6; lloi.r., 314, 20 ss. : o-3toc ô£ è-ttiv, àyaTtr.To;. et; tôjv ïtà-.m-i
àîtoffTdXwv t:^,v Tapaj(^iV £(iva(Ta!i.éva)v ors ol "cpl 'lâ/.wêov ysypà^adiv el; iy\'i \Vn:oy livi £->.-
l'olifi... (cf. Act. Ap., XV, 24). Kal o-jto; £15 £<7T'. TwvàvTKjxâvTtov tto àyi'w FIÉTpw ÈTTî'.or; eisriXSî
Kpbç Kopvr.>'.ov tôv àycov... (cf. Act. Ap., xi, 2 SS.). 'ETroîr.ae 8è toOto K-ôp'.v9oî irpivy; =v rfi
'ATta XTipù^ai 70 xjtoû zi^pyYixa xal Èjxnéffsiv sic t6 uEp'.aTOTepov tv;; a^TOv à-wXst'a; |îâpa9pov.
(3) Haeres., xxviu, 4, 1; Holl, 316, 11 ss. : 'A).).à TaOxa [j-èv tôts è7ipaY{i.aT£j8ïi /.tvévga -jtio
Toy 7tpoetpr,[JLc'vo*j '!;E'j5a7:o<TT6).ou K»ip''v9o-j, w; /.ai â>.XoT£ «ïTaCTtv aÙT(>î tj xaî o5 [xr-' «Otoù
îlpYa^avTO iv aOTî) t^ 'lîpo'jffaXr.tJi, ÔTnrjvi'/.a IlaO/o; ivrjîOs [Aîrà Tîtou f.Ic'. \p,, xxi, 28).
.
dans certaines églises de la fin du iv'" siècle et celui, tout aussi obscur,
des sectes judéo-chrétiennes ('*•;. Nous pouvons affirmer maintenant
que les récits d'Épiphane et de Filastrius sont empruntés à Hippolyte,
dans les Capita de qui nous avons lu cette notice « Ule quidem Cerin- :
(6) Haerex., xxfiu, 5, I; Holl, 317, 10 : ypwvTai yàp tw xazà MatOaîov eùaw^^t»"» àizô —
!>ioouç xa'i o\jy\ oXw àXXà oià r^,v v£vîa).oYiav TViv Ivo-apy.ov. En rapprochant ce passage de
ilaeres., xxx, 14, 2, Holl explique en note qn'Épiphane veut dire que les Cérinlhiens pos-
CI-RLXTHE. 367
sèdent un évangile de Matthieu incomplet, qui débute par la généalogie et que celle
généalogie leur sert à démontrer leur eroyance à la naissance purement naturelle de .lésus.
fils de Joseph et de Marie.
(î FiL4STRn;s, Nacres.. 3c., 3; éd. Marx, p. 20, 2 ss. : Apostolurn Paulum beatum non
I
F accipit, ludara tradilorern honorât, et evangeliuin secunduni Matthaeum solum accipit,
tria eyangeiia spernit, AcLus Aposlolorum abicil, beatos martyres blasphémai.
pÉcTa-rovéopaïcTi. HoLL fait justement remarqu«r quRpiphane ne peut plus dire (comme Iré-
néeà propos des Ebionite^^ que les Nazaréens possèdent seulement l'Evangile selon Matthieu,
car précédemment il a écrit :
xp^^''*'- os oÔTot oj [jlôvov vsa ôtaOvj/.r, àX>.à /.t'i T.-j.\-xi% ô'.a6ï}-,ir.
(Haeres., xxix, 7, 2: Holl, 329, (jK Seulement ces informations sur le canon et la doctrine
des Nazaréens sont si vagues, si incertaines, qu'on ne sait au juste quel cas il en faut faire.
Le mol TrXY/pédTaTov est ainsi commenté par IIoll, p. 332 .-
^ TtÀTipéiTatov heissl nur ganz
volhtandig und deutel in keiner Weise an, dass das Ev. der Nazoraer Ùberschûsse iiber
den Texldes kanoniscben ^lalthiius enlhielt (gegen Zahn, Gesckichle des N. T. Kunons, ii,
2, S. «81). »
4) Id. ib. : « owx olod ÔÈ £; -/.i! Tàç yv/z.y.AViia; -àç iizo 'Aopaàjx à-/pt Xp'.ir-.oO TCîptsD.ov.
"i Haeres., xxx, 13. 2; Holl, 349, 1 : èv ràî yow 7i:ap' aùroT; ;0a7yE>i({) -/.a-cà Marôaîov
ovo;^aïouiévt}), où/ 6lu> oï n).fipza'Z'xxbÇ), à).).à vfcvoîcuixîvw xa; Y;)cpioT7)piK(Tu.iv(r)...
fc>) Haeres.. xxx, 14, 2: Holl, 35i, 9 s. ô (lèv yàp Kr,?tv6oç xai Kapicoxpà;, tô") ol\>-û> y_pÛ3-
:
[Aîvoi oryflev ïtap' aùtoî; ïùayvsXtu) <'j/.y.zà MaTÔaîov ),£yotJ.ivw;>, à-ô tyii; iiyjô; foO xa-:à MaT-
Oaîov îXKi'Yfs.'kiov 8ià if,; rsvsaXrrj-îa; po-jXovtac Trapi-îiàv éx <y-itip\t.x-coi 'Iuxjt^ï) xa'i Motpia; eT.at
TÔv XpiCTov ovToi oz a),),a Ti-/à ôiavoovJvtat . napa/.6'{/avTî; yàp Ta; itapà TôJ MaT^atw y£vca).o-
Ifia;, «pjçovtai tyjv àp/.r;v Ttotzxrjba: comprends bien, Cérinlhiens
(ô; irpottîtouiv. Ainsi, si je
et Ébionites auraient le même Évangile mais les Cérinthiens auraient un texte plus complet,;
tandis que l'Evangile des Ébionites commencerait seulement au récit du baptême de.Tésus
par .ïean.
i'i) Cf. A. Sr.HWifiTKE, Neue Fragmente und Untersuchungen zu den judenchristlickeu
Evangelien. Fin Beitrag zur lAttei'atur xind Geschiehte der Judenchristen (T. U.,
368 REYLE BIBLIQUE.
expressément que les Cérinthiens ont le même Évangile que les Ébio-
nites. mais plus complet, puisqu'ils gardent les généalogies rejetées
par ces derniers. Or, il parait certain que c'est Épiphane tout seul qui
a imaginé la prédilection des Cérinthiens pour l'Évangile de iMatthieu.
car ni Irénée, ni Hippolyte, ni Pseudo-Tertullien n'en parlent, et
Filastrius ne fait que traduire, tout au plus en y ajoutant une exégèse
personnelle, la formule d'Épiphane. L'évèque de Salamine a été amené
à cette théorie parce que dans sa pensée, Ébion et Cérinthe sont plus
ou moins confondus, et qu'Ebion est présenté par lui comme un
doublet de Cérinthe.
On sait que le personnage d'Ébion est probablement une invention
des hérésiologues. Irénée ne parle que des Ébionites sans rattacher
leur secte à un fondateur déterminé (i). Mais le nom d'Ébion appa-
raît dans Tertullien '2 ;il se retrouve dans les P/iilsophoiwi^na (3\
reproduire. Mais celui qui en sait le plus sur le compte de cet être de
raison est naturellement Épiphane. Selon lui, Ébion prêcha sa doc-
trine en Asie (0) et saint Jean écrit son Évangile pour le réfuter (7) il ;
XXXVII, 1 , Leipzig, 1911; et sur cet ouvrage les deux recensions, fort reraari[uables. du
R. P. LvGR\NGE dans la Revue Diblique, 1912, p. 587-59G et de K. Amaxn dans le Bnlletin
'l'ancienne liUéralure et d'archéologie chrétinoies. 1912, p. 47-56.
(1) Irénée, Adc. Haeres., I, 26, 2; Harvev, i. 212.
(3) Philosophoumena, vu. .35, 1 éd. Wendland, p. 222, 4. Il s'agit, dans ce chapitre de
;
(5) Filastrius, Haeres.. 37; Marx, p. 20, 14 ss. : Ilebion, discipulus eius Cerinthi, in
multis ei similiter errans.
(6) Épiphane, Haeres., xxx. 18, 1: IIolf , p. 357, 12; cï. Haeres., u, 6, 9; lxix, 23.
Zahn. Cf. Th. Zakn. FÀnleitung in das N. T., ii p. 'i72 s. Geht letztere (l'histoire d'Ébion
.
et de Jean: aller Vi ahrscheinlichkeit nach auf Leucius zunick, der frûher als Ireniius ge-
schrieben hat, so ist sieeine bedeutsame Besteiligung der Gesohichtlichkeit von Polykarps
Erzahlung. Der mit der SchuleValenlins raindenstens verwandte und daher auch der Lehre
terinths nicht allzusehr abgeneigte, dagegen aber antijudaïstlsche Leucius hat dem Kerintb,
CERINTHE. :^69
rencontré avec Jean car le bienbeureux Jean est resté très longtemps
:
de Matthieu (3) ils rejettent saint Paul [ï] on les appelle encore Mérin-
; ;
thiens (5) ; tout cela comme s'il les connaissait bien, par une expérience
welchen er daneben wabrscheinlich als Merinth beibehalten hat, den Namen Ebion sub-
slituirt; cf.meine Acta loannis, p. cxxxviii). » La théorie de Zahn sur le rôle de Leuciiis
est fort hypothétique. Il reste plus simple, et doue plus vraisemblable, de penser ([u'Épi-
phane est le seul auteur de la confusion.
(1) Haeres., xxx, 24, r»; Holl, p. 366, 1 ss. Kai [i.rfiiU Ôa-jp-aÇâ-rw irA T(o à/.oÛTai
:
'Eêéwva 'Iwâvvr, ouvTexu/YixÉvaf itoXy/oévioç yàçi xaTajASiva; xw pt'to 6 [lazdpio; 'IwdvvTiç ô'.f,px£-
Tcv à-/pi Tri? ToO Tpaïàvo-j fJaTO.Eiaç.
(2) C'est là ce que rapporte Épiphane à propos -des Cérinthiens. Haeres., wviu, 5, ;{ :
xov ôè Ila-j/.ov àfi£xoùcri ôià xo (xr, TieîOjirOai r?, itepiToit^. Saint Irénée avait écrit la même
chose sur les Ébionites, Adv. i, 26, 2; Harvey, i, 213
Haeres., et apostolum Paulum :
récusant, apostatam eum Pour expliquer leur fidélité à la loi judaïque, les
legis dicentes.
Cériulhiens, au dire d'Épiphane, s'appuient sur le texte de saint Matthieu 11 sutUt au dis- :
ciple d'être comme son maître (cf. Matth., x, 25). Le Christ, disent-ils, a vécu selon la loi ;
sois circoBcis, toi aussi {Haeres., xxvm, 5, 1-2). Le même texte était employé par Ébion,
selon Pseudo-Tertullien, Adv. omn. haeres., 3 et quiascriptum sit nemo discipulus super
: :
magistrum nec servus super dominum, legern etiam proponit, scilicet ad excludendum
evangelium et vindicandum iudaïsinum. Au reste, Épiphane lui-même prétend que les
Ébionites se servent de ce texte, comme les Cérinthiens, Haeres., xxx, 20, 2; Holl, 368,
12 : ipadi yàp xai ouTOt y.a.zà tôv éxeivwv (de Cérinthiens) /rjoioôr, AÔyov ; àpxetov xù> (Aa8r,xr,
îlvai (bç ô SioàdxaXoç" TtôptEtu.-/i9Y), çyjtIv, ô Xp taTÔ;, xal ab TtîpiT[Aï)6ï)xi. Il est dilGcile de n'être
pas frappé de la similitude qui existe, pour Épiphane, entre Cérinthiens et Ébionites. Cette
similitude n'est-elle pas une identité?
(3) Haeres., xxvni, 5, 1.
tation qu'il donne de l'ébionisme est des plus obscures et des plus
embrouillées, puisqu'il la complique de toutes sortes de fioritures, en
mélangeant, sous une seule dénomination les ^bionites primitifs et la
secte gnostique des Elkesaïtes (^'l. Il ne s'agit pas ici de démêler cet
écheveau mais on croit pouvoir affirmer que l'auteur du Panarion
;
(1) J.-M. Lif-RANGE, dans Revue Biblique, 1U12, p. 590. Le P. Lagrange résume ici la
démonstration de A. Schmidtre, op. cit., p. 166 ss. L'existence d'une communauté ébionite
dans l'ile de Chypre est aflîriuée par Épipliane, Haeres., xxx, 18. 1; Holl, 357, 11.
(2) On admet ici, dans ses grandes lignes, l'analyse proposée par A. Schmidtke, op. cit.,
p. 166-246, de VHaeres., xxx de saint Epiphane. Ce n'est pas que l'on regarde comme
résolu le problème historique de lébionisme. et que Ion soit disposé à accepter toutes les
conclusions de A. Schmidtre sur ce problème même (cf. les dilîicultés proposées par le
P. Lagrance, /. cit., p. 591). Mais il s'agit surtout d'un problème littéraire, et l'on ne sau-
rait nier qu'Épiphane reproduit à propos des Ébionites des renseignements qu'il a déjà
donné sur les Cérinthiens. Dans la mesure où ces renseignements témoignent d'une con-
naissance immédiate des faits, Épiphane s'est trouvé en relation avec des judéo-chrétiens ;
(3) Haeres., xxviii, 6, 1 : ojto; ôè ô Ki^pivÔo; àvÔTjToi xat àvoiQTcov oi8iffxa).o; çâaxsi iri/.iv
To).(j.r,<7aç XpiffTÔv uî^rovOivai xal èfftauoûiffÔa'., {wiîtw Se âyrjYÉpOat, néX/.£tv 5è àvî(TTacf6ai ÔTav r,
que, selon Cérinthe, Jésus est ressuscité (1). Épiphane a pu penser que
le dogme de la résurrection était inconciliable avec la croyance que
traditore instituerunt haeresiin, dicenles bonumopus fecisse ludam, quod tradiderit salva-
toiem. Peut-être a-t-il transféré d'une hérésie à l'autre cette estime pour Judas.
(1) Irénée, Adv. Haeres., I, 26, 1 : et lesum passum esse et resurrexisse.
(3) Telle n'est pas l'opinion de C. Schmidt, op. cit., p. 410 ss., et surtout p. 730, qui
insiste sur la pluralité des traditions représentées par la notice d'Épiphane. Il semble
pourtant bien que le Cérinthe du Panarion soit loin d'être un gnostique. Épiphane se
le représente essentiellement comme un judaisant, et les corrections qu'il a fait subir aux
données d'Irénée sont dans ce sens. Il est vrai que cette longue notice, pleine de développe-
ments insignifiants, est loin de satisfaire notre curiosité. Mais elle se présente avec plus
d'unité qu'on ne le pense parfois. Cf. G. Krucer, art. Cerinth. dans P. R. E. % m, p. 777.
Jésus-Christ a révélé ce livre; c'est (le livre) du collège des apôtres, des disciples de Jésus-
Christ, c'est le livre (destinéj à tous c'est au sujet de Simon et de Cérinthe, faux apôtres
;
qu'il a été écrit, afin que personne ne fasse société avec eux, car il y a en eux de la ruse
avec laquelle ils tueront les hommes (trad. Guerrier; P. 0., XI, 3, p. [48]); » et au
chap. 7 (18) « Quant à Cérinthe et à Simon, ils iront alin de parcourir le monde; ceux-ci
:
sont vraiment les adversaires du Seigneur Jésus-Christ, eux qui détournent réellement
ceux qui croyaient au Verbe véritable et à ses œuvres, c'est-à-dire à Jésus-Christ. Faites
CÉRIMHE. 373
oublié dans l'Église (T. Parmi ceux qui aujourd'hui parlent encore de
lui. plusieurs en font un personnage de la légende '2). Nous croyons
avoir montré dans les pages qui précèdent que Cérinthe a réel-
lement fut un judaïsanl beaucoup plutôt
existé et qu il qu'un
snostique. Mais avouer que ce sont de pauvres conclusions,
il faut
et que le grand problème posé par l'attribution à cet hérétique des
Gustave Bardv.
donc atlenUon el gardez-vous d eus, car par eux) surviendront allliction. limpureté. la 1
mort, la fin de la perdilion el la damnation ffrf. ibid.. p. 53^). » Mais ces passages ne nous
renseignent pas sur la doctrine de Cérinthe, et l'on ne saurait voir, par l'ensemble du
livre, quelles sont au juste les théories combattues. Cérinthe figure déjà ici comme un per-
sonnage de légende.
;i) Oa retrouve le nom de Cérinthe par exemple dans l'appendice des Àcla Archelai
d'Hegéraonius ; éd. Bkeson (G. G. S.) p. 99 : « Hoc (Basilide) defunclo aliae rursuin raultae
diversae haereses ebuUierunl, quae divinitatem Christi negantes. tantummodo confitentur
humanitalem eius ex Maria. Ex quibus est Cerinthus. Ebio. et nunc Fotinus. qui eorum
haeresim instauravit. » La chronologie est ici très fantaisiste. Mais on aura remarqué le
rapprochement de Cérinthe et d'Ebion, mention sur la doctrine christologique de ces
et la
Corinthe u.
{Suite (1).
III. LE VISAGE.
(2) Il y a aussi un plut. féni. pânâte qui remplace parfois le masc. pânè.
(3) En grec on emploiera îioô^toTro/ pour le visage de l'homme, KpoTo|ir) pour celui des
animaux.
L'EMPLOI MÉTAPHORIQUE. 375
(1) Remplacer D^D- par Y2Z « comme « {Béer, dans 1 éd. Kittel), c'est enlever toute la
saveur du dicton.
(2) On trouve parfois l)ia « dans ».
(3) C'est ainsi que Thureau-Dangin rend justement l'idéogramme igi-gar (= pana
èakànu) dans le cyl. A de Goudéa, i, 21.
(4) Surtout dans les lettres de la 1'^ dynastie de Babylone (Uncnad, Briefe.., p. 360 s.).
d'aller), nous la rétrouvons mot pour mot dans Jer. xlii, 15, 17;
xLiv, 12 ... N2S aj"i:£ "jT2i:'n
: vous placez votre face pour aller...
<i
... N^iiS Dn''J2~nN "air « ils ont placé leur face pour aller... » dans ;
face (:= se proposa) pour monter contre Jérusalem » (// Reg. xii, 18).
On comprend alors comment l'idée de direction se greffe sur celle de
regarder ou d'avoir en vue (3). Jacob, après avoir passé le fleuve,
<c place sa face (•^''jE-nN dï/I"!) vers la montagne de Galaad » [Gen.
XXXI, 21]. c'est-\-dire se dirige vers cette région. Dans le même sens
Éa dit à son messager ('+) r<( Va, place ton visage [hikun pâni-ka) à
la porte de la terre sans retour! » pour signifier : Dirige-toi vers les
enfers! L'usage de in: « donner » comme synonyme de ave « placer »
(et vice versa) permet de remplacer a"':2 aiur par u^zz :n: dans les
sa face » possède un tout autre sens. Il n'en est que plils intéressant
de constater que les lettres d'el-Amarna ont utilisé naddnu pdni-sii
comtne formule cananéenne et lui ont laissé le sens de di:s ]r\: dans
la Bible. Par exemple nadan sarru pdni-m ana ardi-su « le roi a
donné son visage vers son serviteur » (5) voudra dire « le roi a regardé
son serviteur ». « Que le roi regarde son serviteur! » se traduira
(1) Cf. / Reg. II, 15 : « ils placèrent leur face sur moi pour régner (pour que je
règne) ».
Le verbe HJS « se tourner » vient de ''^E « visage « (qu'on tourne vers l'endroit
(:>)
(5) Knudtzon, n* 150, 4-5. A noter Je canaanisme nadan « il a donné » (^riJ) au lieu de
l'akkadien iddin.
I;EMPL0T METAPHORIQUE. Ml
litladin sarni brli-ia pâni-hi nna ardi-ht (1) « que le roi, mon sei-
encore l'emploi du verbe Se: avec cje dans Joh, xxix, 2i « Ils ne :
De même « Jusquesà quand voiles-tu ton visage de moi? » [Ps. xiii, 2),
:
« pourquoi voiles-tu ton visage? » [Ps. xliii, 2i etc. Le sens est clai- ,
(1) Knldtzo-N, n' 148, 9-10. Formule analogue, ibid. n" 148, 26-27.
(2) Comparer quddudù pànû-ka « ton visage est baissé, efl'onclré » dans l'épopée de
Gilgamès (Choix de textes..., p. 264, v, 7). Le verbe qadâdu (héb. ~"p « s'agenouiller»)
est usité pour dépeindre la chute de la partie supérieure d'un monument [RB., 1920,
p. 488).
(3) Nous étudions ci-dessous le sens précis de « lumière de mon visage » dans ce pas-
sage de Job.
f4) Notre Choix de textes.,., p. 364, 93.
378 REVUE BIBLIQUE.
(en akkadien nasû end). Mais nasû end signifie surtout regarder
quelqu'un avec amour. C'est dans le même sens que nous trouvons
la bénédiction « que lahvé lève sa face vers toi et qu'il te donne la
paix! » {Nu7n. vi. 26). Par contre, lever le visage d'un autre, c'est
qu'on fait acception de personnes (2). Le -*:£ nù": sera celui qui est
« élevé de visage », c'est-à-dire celuiauquel le prince a permis de
lever les yeux, le favori. En Akkadien le favori s appellera nuit
end : celui sur qui se portent les yeux du roi ou du dieu. La significa-
tion est la même, mais le processus est inverse : dans C"i:£ nu*: c'est
le favori qui lève les yeux vers son maître, dans nisit end c'est le
maître qui porte les yeux vers son favori.
Jusqu'ici nous avons trouvé crz, pdna, modiliant le sensdu verbe
dont il est le complément pour
exprimer une modalité de lui faire
la vision. Quelquefois le substantif isolé aura la signification de
la locution complète. Ainsi, au lieu de ci^ ::•*»:*, mkdnu pdna, ou
a^;£ ^n:, naddnii pdna, on aura simplement zi^iz-, pdna, pour exprimer
l'idée d'avoir en vue ou d'avoir l'intention. Dans une lettre d'el-
Amarna (3)nous lisons à pdnû-ia ana erêbi ana urriid sa7'ri bêli-ia
(( et mon intention (littér. mon v-isage) est d'entrer au service du roi
mon maître ». On peut comparer // Chron. xxxii, 2 : i< Ezéchias vit
que Sennachérib était arrivé et que son intention (littér. son visage)
était pour le combat contre Jérusalem » {U-). La tourne "h '"IS corres-
(1) Notre Choix de textes, p. 386, IS. Très taractérislique aussi la locution ili-ia ana
asar sanimma suhhurù pânê-su « le visage de mon dieu es-t tourné vers un autre »
(ibid., p. 364, 77). Comparer les sens de pàtia sakonu (ou nadânu) et de D"'JS D''t*
(ou ]rj) ci-dessus.
(2) Telle est la signilication qui a prévalu dans la traduction de t2*;£ Nt". Primitive-
ment, il s'agit simplement de relever le visage de celui qui est incliné devant le roi. C'est
déjà une marque de faveur. Les songes de Joseph {Gen. x\svn, 5 ss.) indiquent bien
l'attitude de1 inférieur devant le supérieur. Le désir des courtisans est que le roi relève
leur face, en leur permettant de se tenir devant lui face-à-face. Ce jirivilège devint le
point de départ des significations « faire acception de personnes, etc. ».
de lahvé contre ceux qui font le mal » (v. il). Le visage, comme les
yeux, c'est ce qui regarde. On aurait pu employer les deux fois Ci-y
ou ai;£, mais il fallait la série "y, "2, ce qui explique pourquoi le
poète a choisi d'abord mni ii^y, ensuite mn'' •:£. Cette alternance
entre les yeux et la face apparaît clairement dans l'emploi de •:••>-
« aux yeux de » {Ge/i. xxiii, 11, 18) pour introduire les témoins d'un
contrat, au lieu de l'akkadien pan « à la face de », si fréquent dans
les actes juridiques (2).
visage est l'objet qu'on regarde. C'est vers le visage que naturelle-
ment se portent les yeux et c'est par lui qu'on reconnaît l'individu,
qu'on apprécie ses sentiments ou qu'on devine ses pensées (3). Voir
le visage d'un supérieur est non seulement une faveur, mais presque
roi et s'il est une faute en moi qu'il me fasse mourir! » (v. 32,. En
akkadien dagâlu pana « regarder le visage » de quelqu'un, c'est le
(1) Même en akkadien la formule e^i... pana iakânu « mettre la face contre quelqu'un »
évolue vers le sens de regarder avec colère : « Contre Teoumraan, roi d'Élam, contre lequel
elle était courroucée, elle plaça sa face » (Cyl. B dAssurbanipal, v, 75 s.).
i2) L'équivalence de i;"iy et de pân est bien mise en relief par Winckler, dans Mitteil.
der vorderas Gesellschaft, 1913, 4, p. 46 s.
(3) L'hiérodule dit à Engidu (lu jadis Éa-banij : amur sâéu ulul pâni-su « vois-le,
l'aspect du ciel éa ùmi atlafal bunâ-su « du jour je regardai le visage » [ibid., p. 108,
:
(4) « Comme les yeux des serviteurs sont vers la main de leur maître, comme les yeux
de la servante vers la main de sa dame, ainsi nos yeux vers labvé notre Dieu » [Ps.
cxxiu, 2).
380 REVUE BIBLIQUE.
(!) Les trois mots correspondent à l'idéogramme igi-dù « lever l'œil » (Deutzch. Sum.
Glossar, p. 19).
(2) Comparer « l'injuste devient juste en voyant ta face » (Choix de textes..., p. 360, 41).
(3) Gen. xxxra, 10-11. Sur le vrai sens de ce passage, cf. Ehrlich, Randglossen, Gen.
xvm, 5 et xxxii!, 10.
(4) Choix de textes..., p. 382, 15. Comparer ul iddin pâni-su « il n'a pas donné sa
face », ibid., p. 372, 4.
(5) Cf. Stueck, Assurbanipal, p. 256. Pour le sens d'itgurûti « choses compliquées »,
îî; x:«poiav. C'est peut-être la leçon primitive. En tout cas elle fait
villes rebelles déclare qu'il a voilé la face des cieux {pan same
iiûaklim) par la fumée des incendies (2). L'expression yp"i iJS-Sy
Diaurn dans Gen. i, 20 signifie littéralement « à la face du firmament
des cieux », c'est-à-dire sur la surface Au mot pân mmfi
du ciel.
(1) Le véritable sens de cette expression usitée dans les anciennes lettres babyloniennes
est bien déduit par Landsberger, dans Zeitsch. der deutsch. morgenl/ind. Gesellschnft,
69, 493.
"Z'Z h'j peut être interprétée comme un composé « sur — face », d'où
^33 Syî2 « de la surface ».
XXX, G Ou encore .
« Ils ont des contorsions et des douleurs,
: ils se
(1) Quand Dieu envoie sou souille, il donne aux animaux une création nouvelle, il leur
rend la vie et c'est ce qu'on appelle « renouveler la face de la terre » [Ps. crv, 30).
(2) C'est ainsi que Jacob devine les sentiments de Laban : » Jacob vit le visage de Laban
et voici qu'il n'était plus à son égard comme hier et avant hier » {Gen. xxxi, 2).
(3) Série maqlù, Le bord du sceau est la petite garniture en cuivre placée aux
m, 102 s.
deux extrémités des cylindres gravés. Le vert-de-gris servait ainsi de terme de compa-
raison pour la teinte du visage dans la maladie. Cf. Meissnek, Orient. Literatur-Zeitung,
1918, col. 2:2.
(4) K. 2652, rev. 7 : Streck, Assurbanipal, p. 192. Comparer zimi turraqi .. tu fais
verdir le visage » (sur zîmu cf. inf.) dans IVR. 56, 11, 3.
L'EMPLOI MÉTAPHORIQUE. •
383
[Prov. XXVII, 23). Les affections de l'âme, aussi bien que celles du
corps, se peignent sur le visage. La joie rend le visage brillant,
lumineux. En akkadien on emploiera l'expression inimerû pânà-sit
« son visage s'est illuminé » pour dire « il s'est réjoui » (1 ou encore ),
visage s'est illuminé >>, etc. Le verbe est namdni, qui correspond A
la joie du cœur est bien évidente dans l'expression hud libbi' nummur
pdn û tub kabitti <( joie du cœur, illumination du visage et réjouis-
sance du foie » (4). Aussi l'adjectif namru « brillant » (fém. namirtu)
du visage joyeux. Mais alors, au lieu
sera-t-il le qualificatif préféré
du mot ordinaire pdnu, on aimera à choisir son synonyme bûnu (5)
qui dérive de banù « construire, créer » et qui représente d'abord la
forme extérieure d'une chose, ensuite le visage (comme on a faciès
de facio). Volontiers dira-t-on in bûnî-sumi ndwirûtim « de leurs
visages brillants » (6 ou ina bùnî-sumt namrûti (7 en parlant de la ,
façon joyeuse avec laquelle les dieux regardent leurs protégés (8).
Nabonide, s'adressant à Samas, lui dira : ina bûnî-ka namrûtu hidatu
pdnl-ka « avec ton visage brillant et ta face joyeuse... regarde ! » (9).
ina bûni-ka namrûtii kinis napiisinni iâsi (Choix de textes..., p. 360, 54). Comparer la
phrase similaire de Sargon : ina nummur bi'mt-su ellùti kînis lippalis « de l'éclat de son
visage brillant qu'il regarde! » (Annales, 1. 443-444; Fastes, 1. 187-188), et le texte de
Nabuchodonosor I cité ci-dessous.
(9) Lancdon, op. cit., p. 258, 21.
384 REVUE BIBLIQUE.
(4) El aussi « joyeux » : on a le mot damiqtu parallèle à hidiilu « joie « dans Clioi.T de
textes..., p. 374, 27-28.
(5) Assurbaaipal, cyl. B, vui, 56: cyl. C, ix, 48. Lire damqùti au lieu de damq âti dins
Strecr, p. 136 et p. 144.
(6) Remarquer la progression ina bùnê-su namrùti ztmé-su russùti damqùti ênâ-su
hadis ippalis-su « il le regarda joyeusement de son visage brillant, de sa face vermeille,
de ses yeux bienveillants », dans Choix de textes, p. 390, p. 43-45.
(7) HiNKE, A neic boundary stone..., p. 144, 22 s.
L'EMPLOI MÉTAPHORIQUE. 38b
cœur joyeux, c'est un visage brillant » [Sir. xiii, 26). Aux mol^ yn aS
« cœur joyeux » (5) répondent d'^ts 3'':e « visage brillant », le verbe
(1) Dans l'hymne Islaron a précisément damqàti ênà-ki « les beaux yeux » ou
à >< les
(2) On a pânâ pânûtu (pour banûtu) dans les lettres d'el-Amarna (Knldtzo.v, 165,
7, etcT).
(5) Le sens de 112 est ici « joyeux «, comme dans l'expression assyrienne lub libbi
« joie du cœur ». On sait que le sens de l'adjectif « bon » se modifie suivant l'objet quali-
fié : bon, beau, agréable, joyeux, etc.
(6) « Heureux le peuple qui connail la jubilation, il marche à la lumière de ta face, ô
labvé » [Ps. Lxxxix, 16).
face, sourire, rire ». Comme on avait nnSx pnrx dans Job, xxix, 24,
on aura cja q.iSn T'N'n ^s « ne fais pas briller ta face vers elles,
ne ris pas avec elles (les filles), sois sérieux avec elles » dans Sir. vu,
24. Dire à quelqu'un n^:£ inh « fais briller le visage », c'est lui dire :
sois gai, souris! {Sir. xxxv, 11). Pour signifier qu'un homme est
g>,32 ^j^,-; « fais briller ton visage » est traduit -.Xâpwaov to irpiatoTciv
70'j. On aura de même -/.y). \j:r, ''.Ky.pô)rr^; -pi; xj-i; -b '::p5ja)-6v (jo'j dans
Sir. VII, 24 (cf. sup.). La proposition •!:£ '^i-ïn'^ « pour faire briller
le ^isage » de Ps. civ, 15 (cf. sup.) est rendue -o'j -.Xocpu/ai TrpîtrwTCcv.
Or, dans Prov. xviii, 22 et xix, 12, c'est le mot py^ qui est traduit
par IXxooTf.Tî;, 'Xapsv. Le sens de "j'i-i dans le premier cas est une
o-ràce, une faveur; dans le second, la bienveillance opposée à la
(1) On trouve aussi munammir ukli, l'abstrait uklu appartenant à la même racine
qvi' eklitu.
xxx, "26, 28\ Ce n'est pas le soleil, mais la tristesse qui a consumé
son visage et l'a rendu noir. L'expression -u;ni « dans les ténèbres »
HoLMA, Kôrperleile..., p. 31 ss. Nous rattachons akld à eliélu et non à akâlu manger » •<
tâdirtu « deuil: tristesse)^ va de pair avec bikitu « pleurs ). On dit aussi que
le visage
me dit Pourquoi ton visage est-il mauvais alors que tu n'es pas
:
malade, ce n'est pas autre chose qu'un mal de cœur! » Les expres-
sions D'yi wzB « visage mauvais » pour signifier visage triste) et :
pas sombres, mon visage ne serait-il pas effondré? etc. » 1). Suit
alors la cause de la tristesse que le visage ne fait que manifester.
Joseph, dans sa prison, s'aperçoit que ses compagnons sont tristes
!Di£y7]. Il leur demande : u Pourquoi vos visages sont-ils mauvais.
= tristes aujourd'hui? » (Gen. xl, 6, 7). L'expression z"j^ a-^S
« visage mauvais » sera donc équivalente à cï;"" 2*:ï; << visage triste >^
« Le cœur joyeux rend le visage bon (d'IIS 2T2''i) » [Prov. xv, '13).
Dans Sir. xm, 26, nous avions vu que « l'indice d'un cœur joyeux,
c'est un visage brillant ». Visage brillant, visage joyeux, visage bon.
et en sens inverse visage obscur, visage triste, visage mauvais, nous
avons, en hébreu comme en akkadien, les mêmes signes de la joie
ou de la tristesse du cœur. Nous avons vu que, pour décrire la tris-
tesse de Gilgamès, on lui disait finalement : qâtû zîmû-ka o ta face a
disparu ». Le visage s'est tellement obscurci qu'il n'est plus visible.
C'est un tout autre sens que nous trouvons dans les tournures c je
laisserai mon visage » [Job, ix, 27; et « son visage ne fut plus à elle »
(1) Choix de textes..., p. 266, p. 282, p. 288. Corriger notre première interprétation
d'après ce que nous avons dit ci-dessus.
390 REVUE BIBLIQUE.
et lui dit » [Prov.vu, 13). Vhifil de 775? avec d'ie pour complément
signifiedonc « enhardir sa face », prendre un air effronté. On pourra
se servir de l'adjectif rj « fort » et du substantif Vy « force » devant
(1) Podechard traduit « la dureté de son visage >-, ce qui est bien le sens étymologique.
Mais lahardiesse répond mieux à la nuance des autres passages.
(2) Koudourrou de Meli-sipak, vi. 23 ss. (Scheil, Text. élam. sém. dans Mémoires,
t. II, p. 108 ss.).
LEMPLOr MÉTAPHORIQrE. 391
me fais pas connaître qui tu enverras avec moi! » [Ex. xxxiii, 12.
lahvé répond : « iMa face ira et je te laisserai reposer », Moïse ajoute :
parce que la face est le miroir de l'àme, son équivalent pour ceux à
qui l'àme échappe (2). Dans Pi^ov. vu, 15, la prostituée s'écrie :
Dans Deiit. vu, 10, nous trouvons 'v.Z'hn « à sa face parallèle à >
Job, XXI, 19, on nous dit : « Dieu réserve pour ses fils son péché?
Qu'il le punisse lui-même pour qu'il apprenne! » L'expression Sw"
vSn de départ de "T?-nSw"^ ':"i:2-'"'n « il le punit en per-
est le point
face ne sera pas vue » [Ex. xxxiii, *23 . Le mot qui s'oppose à i:e
hébreu on dira Q'isS nSi I'ûnS en arrière et non en avant » {Jer. c<
face du sud, etc. 2 Une ville présente sa face dans telle direction
. :
même que ûJ-p « ce qui est devant » signifie l'est, parce que c'est l'est
qui se présenle devant l'observateur dans l'ancienne orientation
(le mot pdnu aura parfois le
visage vers le soleil levant^ le sens
« d' orient » Ainsi dira-t-on [mdû] harusa sa pan [mâtii) ynusri
. « la
ment feras-tu retourner la -face d'un pacha, l'un des plus petits ser-
viteurs de mon maître? » i). Dans la bouche d'un Assyrien cette
[i] Comparer les expressions où rvau « la tète signifie la façade, le devant, etc. RB.
1920, p. 49.3 s. . Le plur. pânâte (forme féminine; sera usité avec les divers sens de pânu
« devant ».
(2) Cf. HiNRE, A new boundary stone, p. 297. Dans Jer. i, 13, le chaudron bouillant
« dont la face est du côté du nord » (njlSï ''jSS T'iSI*.
(3) Annales de Téglath-phalasar I, col. v, 91. Comparer les formules sa pdn sadi <- qui
est à l'est de la montagne •, sa pân Guti « qui est à l'est du pays de Gouti > , dans
Meissner^ Seltene ass. Ideogrammè^, n"- 4506, 4507.
(4) Avec le complément D^J3 1>X]~ signifiera ù tourner
l'expression visage vers
'
; le »
un endroit (cf. les divers sens Atsuhhuru pana ci-dessus) Dan. xi, 18, : 19.
394 REVUE BIBLIQUE.
ainsi qu'il faut entendre pan girri-ia sabtû « ils prennent les devants
de ma route » (2i et isbat pan masqé « il prit le devant du point
d'eau » (3\ L'interprétation courante « aller au devant « de
quelqu'un ou « prendre possession du point d'eau » {V> n'est point
la bonne. Dans tous les passages pana sabdtii signifie « arriver avant
quelqu'un » à l'endroit indiqué prendre les devants, anticiper,
:
Mich. 11, 13 « et leur roi marchera devant eux d.-iizdS) et lahvé à leur (
« lahvé votre Dieu qui marche devant vous (DwIieS ~Snn), c'est lui
qui combattra pour vous » [Deut. i, 30). Ailleurs, c'est l'ange de Dieu
« qui marche devant le camp d'Israël » [Ex. xix, 19;. Et nous rejoi-
à aldku pâni ou i:î:S ~^n. On voit que, dans tous ces cas, il s'agit d'une
file d'individus dont l'un est à la tête, l'autre à la queue. C'est une
(7) Les divers sens de l'idéogramme à-tug dans Deutzsch, Sutn. Glossar, p. 3.
.
tout autre idée qui expliquera les formules ^jsS noy « se tenir
devant » et nazdzii ana pàni qui a la même valeur. D'un personnage
qui se met au ser\ice d'un autre on dit ana pdni-su izzaz « il se tient
devant lui « (1). Il devient alors izzaz pâni « celui qui se tient devant »
ou tnanzaz pdni plus fréquent), celui qui occupe « la place devant »
son supérieur. Nous retrouvons tous ces sens dans l'hébreu -isS lay
« se tenir devant » se présenter, être admis en présence, être au
:
celui qui se tient devant le roi de Babylone » Jer. lu, 12 Les Sep-
'
.
tante ont traduit les deux fois par < qui se tient devant ». Il s'agit
du manzaz pdni, c'est-à-dire du dignitaire babylonien qui se tient
devant le trône. Il est à noter que le verbe ^a" est au mode personnel
"ay. On corrige généralement en "rai: « qui se tient », d'après les
Septante. Mais nous avons vu que manzaz pdni avait pour équivalent
izzaz pâni devant ». C'est certainement cette expression
« il se tient
qui a permis de garder ~py au lieu de la leçon plus facile ~i2i*. \\ est
clair que la dignité de manzaz pdni (i:eS -"^y) se rapprochait sin-
gulièrement de celle du « voyant la face » dâgil pâni ou i;e nsi
table qui est devant ». On la trouve très bien définie dans Ezech. xli,
22 : « c'est la table qui est devant lahvé [r\'^T\'^ i^sS) ». Des assyrio-
logaes ont voulu mettre en parallèle avec n"'3S nnS une formule qu'on
lisait akal-pàiiu « nourriture ou pain) de la face » (1). Mais le signe
térieur )>. Le féminin pûnllu sera « le temps antérieur, le passé >•, auquel s'opposera arkâte
(plur. fém. à! arkù) « l'avenir » ou ahràte (plur. fém. d'ahrt'i de "inX).
LEiMPLOI MÉTAPHORIQUE. 397
Gen. I, 29. Le iDnS lasS « pour mon pain » iJob, m, 24) ne représente
pas plus que r^^zvh de Gen. i, 29. L'hébreu emploiera ^~'é) « en face
de... » et parfois ultii lapân « d'en face de... » 2). Mais on trouvera
encore pan, lapân ou ina pàn. Dans l'une et l'autre langue le sens
de '':Da et de iitu pàn évolue vers « à cause de... ». La préposition
ina ayant, en akkadien, le sens de « dans, à », mais aussi celui de
« hors de, de », la préposition ina pdni correspondra tantôt à "'izi,
(1) Par exemple ina pàni-ka « en ta possession » {Keilinscfir. Bibliotheh, IV, p. 158, 9).
{A suivre).
P. Dhorme.
Jérusalem 15 avril 1921.
MÉLANGES
vulgate inter nos et vos chaos magnum fîrmatum est codd. plerique
:
MELANGES. 40
saepsit
c) tenebrae : Scuol. Prud. chaos confusio noctis
d) profundam : Gloss chaos profundum vel confusio rerum.
Sous ce dernier titre on apporte une série de textes patristiques
(empruntés à Augustin, Hilaire de Poitiers, Zenon, Rufin, Fauste de
Riez, Claude Mamert) où le mot chaos signifie sans doute séparation,
mais il faut remarquer qu'ils font tous allusion à la parabole de
Lazare, ils ont emprunté chaoa à leur Bible, Encore faudrait-il voir si
le texte de ces Pères n'a pas été corrompu par les copistes, comme il
caeli ipsius hiatus quod vocant chasma » plus souvent il désignait les ;
texte, et chaos est une corruption due à une double cause d'abord :
(1) yovum Tesiamenlum Domini nostri lesu Christi secundum editionem sancti m
Hieronymi, t. I, p. 425, nd Luc xvi 26.
les mots difficiles qu'on trouve dans la Bible latine. Or il dit (éd.
quand il cite un seul mot, je crois qu'on peut s'y fier (2).
3" Nous pouvons remonter plus haut encore, à l'époque même do
ment chasma (3), qu'un correcteur tardif (du ix"' siècle?) a corrigé
(t) o. c. t. I. p. 711.
i2) D. J. Chapman, Xoles ou ihe earlij Inslory of Ihe VuUjate Gospels, 1908, p. 173-
177 a analysé les citations des Évangiles qui se trouvent dans les écrits d'Eucher et il
peu près à la même conclusion. U est à remarquer cependant 1) qu'il n'a pas
est arrivé à
vu les mots cités daas le deuxième livre des Instructiones, entre autres le curieux
chasma, 2) qu'il néglige toutes les citations où Eucher est d'accord avec la Vulgate
et risque aussi donner au lecteur l'impression qu'Eucber ne cite pas la Vulgate,
de
3) qu'il accepte, comme texte d'Eucher un long passage qui ne se
avec l'éditeur Wotke,
trouve que dans le ms sessorianus et qui est une interpolation empruntée à Arnobe.
Cf. D. Wilmart, La diffusion des notes exégétiques d'Arnobe le Jeune, dans Miscellanea
Amelli, 1920, p. 53-57.
(3') Augustin, qui était un lin lettré, évite la cacophonie chasma magnum-, il écrit
magnum chasma. C'est grâce à cela peut-être que chasma a été conservé dans quel-
ques manuscrits.
404 REVUE BIBLIQUE.
u Inter nos et vos chaos (var chaus FP) magnum firmatum est...
chaos (var causma F chaus P» enim magnum quid est nisi quidam
hiatus multum ea separans, inter quae non solum est, verum etiam
firmatum est. > Dans la citation et dans le commentaire Augustin n'a
pas pu adopter deux mots diflFérents à deux lignes de distance. Il faut
lire deux fois chaos ou deux fois chasma. Or, P (= ms. de Salzbourg
10 du x' siècle), qui est un des meilleurs manuscrits de cette lettre,
lit, la seconde fois, le mot rare causma [= chasma) au lieu de chaos
qui était dans presque toutes les Bibles, tandis que la première fois
lemot chasma s'est laissé pervertir par le dangereux voisinage de
magnum. Ici encore mot rare est le bon texte, et la lettre
le 16i de
l'an 415 est d'accord avec le De genesi ad litteram de l'an 414.
D'après quelle version Augustin cite-t-il chasma. d'après l'ancienne
version ou d'après la Vulgate? Je crois qu'il cite la Vulgate. Il la
connaissait, la louait, la citait depuis l'an 400 environ, il la faisait
On a vu plus haut que lapparat de Zycha est inexact pour E, je soupçonne aussi
qu'il est incomplet. Tel qu'il est donné p. 431. il doit signifier que les mss non men-
tionnés PS ont le texte de l'édition, c est-à-dire chasma. Est-ce bien vrai? Ce qui me
fait douter, c'est qu il n'indique pas la variante chaos des éditions b d.
[2) Burkitt, The old latin and the Itala Texts and Studies iv, 3) 1896, p. 59. Au
sujet de l'attitude de saint Augustin vis-à-vis des traductions hiéronymiennes de la
Bible, voir mon article L'Itala de saint Augustin, dans la Revue héné lictine, t. 30
(1913), p. 305 et suiv.
MÉLANGES. 40o
cation suivante :
tien De cibis indaicis, sans doute une copie du Petropolitanus (olim Corbeiensis)
Auct. lat. Q. V, I 39 du ix' siècle. Celte copie n'est pas signalée par les historiens de
l'ancienne littérature chrétienne Harnack, M. Schanz et Bardenhewer 2) Lucifer ; d'après
une note du xvii° siècle, les écrits de Lucifer furent copiés d'un très ancien ms de
Corbie. On peut croire que ce ms de Corbie est l'actuel ms Vat. Reg. 133, mais il serait
bon que quelqu'un essayât de résoudre la question de l'origine de ces deux rass et celle
de leur relation mutuelle. 3) Les lettres de Florent, Lucifer Alhanase, et Libère, qui
figurent aussi dans l'édition de Lucifer par J. Tilius publiée en 1568.
(2) Gesenius, Thésaurus, ad h. v.
lY. t;j zu>\j.x-z: A et tous les minuscules excepté 106 qiù a 7-z\j.x-cç)
meilleur que nous ayons pour les Machabées, a une note savante
où il phénomène de perforation par les vers est
explique que le
très rare,mais qu'il y a cependant un ou deux cas signalés par les
médecins oij on remarque soit une perforation proprement dite,
soit quelque chose d'approchant. Érudition superflue! L'auteur des
Machabées regarde le corps humain comme un enclos bien fermé,
d'où on ne peut sortir, excepté par les portes, et c'est par deux
de ces portes, les yeux, qu'il fait sortir les vers. Mais pourquoi par
les yeux? Sans doute, parce que cette sortie était la plus horrible
pour Ântiochus et la plus terrifiante pour les spectateurs.
assez que le procès ne fut pas long. Les commentateurs disent que
la peine fut l'emprisonnement et notent avec surprise que d'autres
ont dû expier par la mort une trahison moins grave (10, 22). On
voit que les commentateurs n'ont pas été à la guerre. Aujourd'hui
Rodocus serait fusillé, et on ne s'imagine.pas Judas Machabée infli-
(1) Je ne parle pas du quatrième livre des Machabées où il se trouve aussi plusieurs
fois.
MELANGES. 409
,i:eaiit une peine moins sévère. Ici v.TL-.oc/'kv.ivt doit signifier mettre à
mort.
2. Andronicus voulant tuer le grand prêtre Onias réfugié dans un
asile inviolable, le fit sortir par ruse, :v /.x: -j.z,y.yzr^\}.j. Traps/.Xe'.jsv
(i, 34). Onias était tué, car le verset suivant nous dit que non seu-
lement mais encore beaucoup d'étrangers étaient indiqués
les Juifs
Rome, Saint-Gallixte,
D. Do.NATiEN De Bruyne.
II
LA CITÉ DE DAVID
(t) Im Cité..., p. 5.
(3J M. Weill se montre fort soucieux de n'employer que cette désigoatlon moderne,
d'ailleurs assez imparfaitement rendue par son orthographe « Ed Dahoura ). Il s'étonne
p. 18, n. 1) du manque <le précision injustifié dont Vincent fait preuve en adoptant
parfois ici l'appellation Ophel » dans un sens trop extensif. C'est bien entendu. Il y a
toutefois beau temps que j'ai pris soin d'expliquer pourquoi il était commode et sans
inconvénient de la retenir quand elle n'expose à aucune méprise sur l' 'Ophel » con- •
(1) Un diagramme de localisation sera publié avec la seconde partie de ces notes.
(2) La Cité..., p. 155; cf. cependant p. 173 avec une réserve plus circonspecte.
(3) La Cité..., p. 157. Retenir la relation avérée entre tombes et aqueduc.
MELANGES. 413
(1) Voir RB., 1921, p. 247 ss. Quand il signale pour première fois la découverte de
la
l'inscription, M. Weill parle d'une citerne x remplie de gros matériaux parfois jetés,
parfois déposés avec un certain ordre » (p. 99). Dans son argumentation ultérieure il
devient plus catégorique les débris ne sont plus
: « jetés confusément, mais juxtaposés...
empilés, appareillés par couches avec, un surprenant souci de l'ordre » ^p. 184). Il insiste
sur cette farissa, ou gueniza de pierres (p. 185), cette respectueuse sépulture de maté-
riaux » déposés avec soin » et comme sous le contrôle d'une « autorité juive encore
présente » (p. 193). N'aurait-on pas forcé le trait?
(2) On devra se garder de comprendre ce « balnéaire >, qui joue un rôle considérable
dans la description, à la manière de quelque établissement thermal romain groupant un
ensemble méthodiquement ordonné de chambres, piscines, canaux, hypocaustes, etc.
Rien de ce genre n'est à observer ici, mais une série capricieuse de pièces de toutes
dimensions, revêtues d'un enduit étanche et munies sur un côté de gradins plus ou
moins nombreux tels que les comporte un réservoir commun. Nulle paît, en l'état
actuel, on ne saisit la trace d'une canalisation quelconque d'adduction ou d'écoulement.
Maints réduits antiques, tombeaux ou cavernes, ont été utilisés de cette sorte à Jéru-
salem. Les PP. Assomptionistes en ont trouvé dans leur terrain de nombreux e.xemples
^1 >-^
lO-T-
MÉLANGES. 415
cf. RB., 1914, p. 242 l'indication de quelques-uns); mais le plus typique est, à coup sur,
celui que l'humour populaire a décoré de la pompeuse appellation Hammam Tabariyé,
« bain de Tibérlade •, dans l'escarpe occidentale de la colline ^'éhy Daoud; cf. Survey ;
Mem., Jérusalem, p. 393 ss. Que de telles installations aient servi à des usages bal-
néaires, dans le cas de Théodote en particulier, c'est hors de doute. L'inscription toute-
fois s'est révélée parfaitement circonspecte en les désignant non par une expression
technique appropriée, mais comme de simples réservoirs, yç.r,'jzr,^:7. twv ûSâxwv, utilisant
une vieille installation de tout autre nature.
(1) Sur les grands édifices romains créés à proximité immédiate, voie à degrés,
nymphée, thermes, cf. Jérusalem, II, 32, 34 et pi. I.
416 REVUE BIBLÏQUE,
de ce couloir prolongé encore de 6"*, 50, avec une sorte de petite auge
transversale presque à l'extrémité. En cette partie profonde la galerie
offre un tracé quelque peu mou, en cintre légèrement surbaissé,
d'ailleurs sans régularité constaute; le cintre fléchit, Tune ou l'autre
paroi s'incline ou se creuse et le galbe prend, d'un point à l'autre,
des nuances aussi variées que géométriquement indéfinissables. La
voûte est peut-être bien l'unique élément qui affecte une correction
satisfaisante, encore que dépourvue de toute rigidité. A peu près
la moitié démeure une certaine tenue horizontale,
intacte et présente
tandis que le sol, dans la section antérieure surtout, s'affaisse dune
allure modérée mais continue du N. au S. En contraste avec le tracé,
inélégant et comme indécis, le dressage au pic trahit un souci attentif
de perfection dans toutes les parties hautes et le fond du tunnel. Il
n'v a que plus de surprise à constater d'abord, dans la zone basse
entre la porte et la paroi verticale, une taille large, négligée, où
nulle retouche natténue les stries vigoureuses du pic de carrière.
Mais l'explication de cette singulière divergence demeure écrite sur
les parois. Sur chaque côté long de la galerie voici courir une
échancrure g g' grossièrement creusée en V très ouvert (pi. YII, 2).
encoches gg' ont été pratiquées pour l'épaulement d'une voûte très
surbaissée; sur l'extrados de cette voûte un conglomérat aligné au
sol de l'arrière-galerie fut dissimulé sous le revêtement étanche qui
Ciîoht} Savipi.ic.
Fig. ->. — ri. La porte vue de l'intérieur.
(ij M. Weill parle avec fermeté de « sarcophage, creusé ea cuve à même le roc de
l'avenue » (p. 160). Profond seulement de 0"',30, ce sarcophage aurait été fermé par des
dalles longitudinales reposant sur des feuillures ménagées sur les deux petits côtés.
L agencement d'une telle auge funéraire n'est pas très spontané. On se demandera si les
larges gradins d'appui n'appartiendraient pas, comme les anneaux de roc se faisant
vis-à-vis sur les parois (p. 162) et comme la banquette antérieure (p. 181), à l'adaptation
de ce prétendu « primitif sarcophage « en baignoire.
(2) Cf. Canaan, p. 215, 217, s. Et sans doute n'est-ce point par une vaine
223, 257
figure que « puits » est devenu synonyme de « tombeau » dans le langage biblique,
cf. Ps. 28, 1; 30, 4; Is. 14, 15; 38, 18; Prov. 28, 17, etc. Sur le puits à degrés du
FIEVL'E BIBLIQUE 1921. — T. XSX, 27
418 REVUE BIBLIQUE.
qu'à suggérer de jeter les yeux, en dehors de cette galerie, sur les
fermes et splendides coupures de l'immense carrière. Le plus super-j
liciel observateur, le plus réfractaire aussi à toute déduction troj
sépulcre antique Iransfonné plus tard et devenu le Tombeau dit d'Absalom, cf. CliiisJ
mo.\t-Ga.>'Neal, Recueil darchéol. orient., II, 261. 11. 2. Môme installation primitive
dans le monument voisin, Be?ié Khézir.
Il] Sur les procédés du forage sous roche à l'époque juive, cf. ftD., 1911, p. 586.
MELANGES. 410
derniers est exclue par fait que leur œuvre fut dissimulée sous
le
il) Peut-èlre cepenlanl M. Weill a-l-il accentué trop sévèremeat ici cette irrégnlarit<-
« foncière, irreraé'liable et en «{uehfue sorte essentielle. i[ui empêche qu'une cliarabre soit
réellement carrée, qu'une gai. rie sx développe sur une largeur exactement uniforme,
qu'une taille ^lans le rocher soit vraiment plane p. 161'. Nombre de monuments funé-
;>
raires, de la m-^fue époque royale, s'ollVaient à son examen, de l'autre côté du Cédron.
pour miliger ce verdict par la fermeté de leur tracé et la perfection élégante de leur
exécution; cf. (an'inn, p. 237 s.
eux (p. 171)';' Serait-il chimérique de regarder vers l'Egypte et son architecture funé-
raire? Le puits quaJrangulaire y est en quelque sorte dans sa patrie [Canaan, p. 2J7j.
Si l'ignorance fatale où noui sommes réduits touchant le développement intégral, la
façade et le mole de clôture de la galerie primitive n'inspirait une extrême réserve, on
serait tenté de retrouver ici le principe égyptien du scrdab voir Perrot et Chipiez, Hist.
de l'art, I, É.jtjpte, p, 180 ss.). Jusque dans sa forme actuelle, la galerie 7' ne conserve-
t-elle pas quelque similitude avec les chambres latérales de la grande :;âlerie du
420 REVUE BIBLIQUE.
Sérapéum (Pekr.-Cii., op. L, iig. 197 s.}? On entrevoit tant d'éléments égyptiens dans
l'architecture salomonienne qu'une influence égyptienne plus ou moins latente dans les
aqueduc pour éviter qu'il passât sous les tombes royales ». 11 ne croit pas ce scrupule
^
probable, pour la raison que les notions sur l'impureté du cadavre, et par conséquent
du tombeau, telles qu'on les trouve dans Lév., 21, 2; 22, 4; Nomb., 5, 2; 9, 6 s.; 19,
11-22, etc., ne devaient « prendre corps et vertu opérante qu'un assez long temps après
Ézéchias » (p. 156). Est-ce d'une évidence absolue'?
(2) La Cité..., p. 192; cf. p. 39 et 181 S.
(3) P. 191; cf. 18t. Voir Josèphe, Anliq., VIF, xv, 3, ^ 392 ss. : XIII, vni, 4. § 240; XVI,
VII, 1,§ 179 ss.; Guerre. I, n, 5, § 61.
MÉLANGES. . i21
(1) p. 192. Tel détail du siège de 70 .JosÈPiit, (Juerre. VI, vi, 3. ^ .3.'.5i ne produit
guère lirapression qu'on soit ici dans une région couverte de masures et abandonnée aux
troglodytes.
•2) Cf. RB., 1921, p. 272 ss.
(3; Il l'était mèrne plus tard encore, car il n'y a aucun motif de récuser l'assertion des
Actes, 2, 29, quelque abus quon en ait fait pour étayer une Sion de contrebande. On
pourrait concevoir aiusi les vicissitudes finales de l'hypogée. Violé durant l'occupation
des Syriens, il n'aurait cependant pas été saccagé. Quand les ancêtres de Théodote choi-
sirent son voisinage pour y fonder une synagogue, peut-être visaient-ils à lui rendre un
certain honneur. N était-ce pas l'époque où les Pharisiens mettaient à orner ou à cons-
truire les tombeaux des anciens ce zèle intempestif qui leur attirera bientôt les repro-
ches de Jésus .1//.. 23, 29 s.i .'
L'entreprise demeura en suspens. Hérode réalisa, mais à
sa façon, quelque dessein analogue. Quand plus lard Théodote reprit la fondation de ses
aïeux, ce juif rominisé n'éprouvait plus de scrupules exagérés pour des tombeaux vide^.
Il pouvait ne pas lui être indifférent que ses édifices fussent en rnlation avec le>
« demeures d'éternité » de l'antique dynastie Uitionale. cdr il prit grand soin de les
respecter, mais en les faisant utilement servir, en partie du moins, à sa pieuse fondation.
4-2-2 REWm BIBLIQUE.
des tombeaux des fils de David » (1)? Cette montée peut évidemment
être comprise dans la perspective des textes de Néhémie qui placent
l'hypogée royal en relation presque inmiédiate avec les « degrés
de la Cité de David >), à la pointe méridionale à^ ed-J)'^ hourah , dans
une situation que nous aurons à préciser bientôt. On notera pourtant
que ce serait le seul cas où cet escalier serait spécifié par la nécropole,
au lieu de l'être par la Cité de David », ainsi qu'il paraît beaucoup
<(
(1) // Chron., 32, 33. Le texle est d'une fermeté remarquable, mais ne lolère pas
d'escamotage comme la traduction de Segond, je suppose « on l'enterra dans le lieu le
:
plus élevé des sépulcres des fils de David. » M. Weill a prudemment éludé la difficulté
« Ézéchias n'a point, sans doute, été enseveli dans la nécropole davidiijue h (p. 36), san-
la moindre allusion au texte difficile des Chron., plus explicite que II Rois, 20, 21.
(2) On montée devant (?) le mur » que gravit le chœur de ]\eli.
songerait alors à cette «
12, 37 après <( les degrés de David » mais le texte est peu sûr.
de la Cité ;
(3) En ce sens on serait tenté d'attribuer à Ézéchias la tombe T'^, « haut sur la pente
précisément les indices de nature à suggérer une période juive, plutôt que les temps cana-
néens, dans l'évolution de l'architecture funéraire, pour autant du moins que nous la
puissions tracer aujourd'hui.
(4) Celle « montée », sorle de développement du puits à escalier des tombes isolées,
ne serait pas de conception technique bien ardue; d'autres nécropoles monumentales de
.Térusalemoffient des exemples d'étages superposés. L'expression, retenue peut-être en cette
circonstance à cause de l'ampleur exceptionnelle de cet « escalier », est en quelque sorle
l'écho de la formule corrélative beaucoup plus usuelle : « descendre le puits », comme
nous disons aujourd'hui « descendre au tombeau .' ; Ps. 28, 1; 88, 5; Ez. 31, 16: Prov.
1, 12, etc.
MELANGES. 423
(1) De quelque manière qu'on localise cette sépulture d Ezéchias, il deineure qu'à partir
de ce moment l'hypogée royal cessa de recevoir la dépouille des rois. Et si l'on en peut
deviner une raison morale pour les monarques impies Manassé et Amon, quel motif ana-
logue d'en exclure aussi le saint roi Josias. à qui la piété populaire réseiTail de si pom-
peosfs funérailles? car. malgré mention stéréotypée du
la sépulcre de ses pèrt-s u (il chr.,
•<
(2) Je m étais donné le tort de ne pas cliercber a démêler les données rontradidoires de
1884 a 18yi voir RB.. 1911. p. 577. Le nivellement précis acquis par l'exploratiin «le <. Weill
:
renl celte erreur évidente, en raccordant les premières constatations de Schick au canal
II et non au canal I, dont il avait d'ailleurs vu au>si l'amorce à la source, mais sans s'aper-
cevoir que c'était la tète d'un canal beaucoup plus bas. Je suis reconnais*anl a M. Weill
«l'avoir débrouillé nettement ce chaos, et jai expliqué déjà (RB., 1920, p. 316. n. 1) ce qoi
lui avait paru contradictoire ou lacaneux dans les informations de RB. sur le eanal U.
;
Au
lendeijiain de la mission Parker, la Revue essaya de préciser
le mécanisme de la source et Tévolulion des aménagements prévus
pour son utilisation (1). Cela se résumait ainsi 1" jaillissement initial :
(1) Voir férus, sous terre, p. 35 ss.;BB., 1912, pp. 568 ss. On saura gré à M. W'eill
d'avoir mis autant de sang-froid que d'impartialité dans son appréciation de cette entreprise.
Il en critique ajuste litre la mélliode imparfaite d'ex|iloralion en soulerrain. mais reconnaît
sans ambages la valeur scientifique des résultats obtenus par l'énergie des explorateurs ».
devrait son origine à la découverte d'un chiffre biblique par le finnois W aller Juveliu^
< ')
ingénieuse et séduisante » [La Cité..., p. 13,'. Oaiman veut bien m'avertir au conlrain'
que de la capture de Sion, loin d'itnpiiquer celte identification, l'exclut précisément
le récit
Piiltistinaj ahrOucli XI, 1915, p. 67). Reprenant à son compte une petite spéculation
.
section qu'il relevait lui a suggéré des convictions fermes sur la tech-
nique de ces travaux souterrains. Comme elles débordent un peu le
cadre de la Revue, leur discussion ne serait pas abordée si le distingué
savant n'en avait déduit, sur les « conditions directrices du tunnel
d'Ézéchias », des conclusions inattendues et grosses de conséquences,
au cas où elles seraient à l'épreuve des faits. Au lieu d'un tracé
volontairement sinueux auquel il s'impose de chercher uue justifi-
cation délicate, on n'aurait plus que les tâtonnements enfantins de
mineurs inexpérimentés qui creusent nerveusement et à l'aventure.
Bien chimérique dès lors serait la tentative d'utiliser quoi que ce soit
dans les bizarreries de leur cheminement pour aucune détermination
topographique. Par où serait partiellement remise en cause la loca-
lisation des célèbres hypogées royaux. Force est donc de ne pas se
dérober à l'examen de la nouvelle théorie.
Sauf erreur, brièvement ainsi. La section étudiée
elle s'analyserait
naguère que les loadaleurs de Jébus comme ceux de ... Carlbage avaient choi>i rempla-
cement de leur citadelle sans préoccupation de fontaine. » 11 peut aujourd'hui s'édifier en
sens contraire dans le mémoire que M. le D" Carton consacre à sa Découverte d'une
•
fontaine antique à Carthage » Comptes rend. Acad. des Inscr. et B.-L., 1920, p. 2.:>8 ss.,
-jrtout p. 26'i, où M, Carton conclul des vestiges archaïques observés dans l'installation
de cette unique source carthaginoise il était tout natiirel que les Phéniciens eussent
: <
ix^ ou du viir siècle ?ie savaient pas percer un tunnel en ligne droite
entre deux points donnés, ces extrémités fussent-elles dis'antes Sf-ule-
ment de 16 mètres » (1). Dès que le mineur judéen n'est plus guidé
par quelques débouchés au jour assez rapprochés, il divague suivant
le plus ou moins de clarté qui peut liii être fourni par le son; aussi
cherchera- t-il fatalement à se maintenir à fleur de roche. Le jour
où se posa le problème jusqu'alors inouï dun tunnel passant fran-
chement sous la ville, en plein cœur de la montagne sur une longueur
théorique de plus de 300 mètres et sans « lumières » possibles
puis'iue le tunnel devait rester essentiellement soustrait à toute vue
extérieure, les ingénieurs d'Ézéchias, équipés techniquementconmio
on vient de dire, se trouvaient devant une belle tâche. « Dans un
esprit de confiance dont la candeur et l'audace nous confondent, ils
décident que, de chaque côté, les attaques fonceront d'abor l en
montagne y puis pour marcher l'une vers
se redresseront en parallèle
l'autre (p. 152).
)) Après sa pénétration initiale, l'équ'qne du S.
>'infléchit par une courbe régulière et file droit à l'K.. croyant
sans doute marcher parallèlement au flanc de la colline. Elle allîiit
déboucher sur le Cédron si, par « une heureuse et singulière aven-
ture le bruit de ses mineui^ n' d avait été perçu de l'extfhieur au
)^
aptitudes techniques des anciens. Aussi bien n'est-ce pas aux seuls
mineurs juifs d'Kzéchias qu'il est sévère, mais d'emblée à tous les
« praticiens antiques... peu sensibles aux images d'une géométrie
théorique et abstraite de la forme visible des choses )>. A son sens,,
le technicien oriental d'autrefois —
sinon même quelque peu aussi
celui d'aujourd'hui — n'avait pas « la notion de la ligne droite sqîis
/erre » et n'en voyait même u pas la possibilité so>/s terre ». Eu
({uoi l'on trouve une lacune de l'ordre physiologique », partant
«
(Il P. 152. Encore que, dans celle perspective, elle se fût plus pratiquement dirigée
droit sur la colline orientale, au lieu de partir obliquement par le sous-sol de Tyropœon.
J'our ce qui suit le lecteur voudra bien se reporter à RB., juil. 1912, pi. X.
MÉLANGES. i2îv
de ses moyens pour tourner des difficultés qu'elle n'avait pas d'aboid
prévues et qui se révèlent au cours de l'exécution?.le continue de pen-
ser que tel est bien le cas.
Par un moyen ou par l'autre, et quoi que nous afiirme M. Weill en
sens contraire, les ingénieurs d'Ézéchias savaient tout de même situer
géométriquement un plan souterrain et déterminer sa relation avec
un plan supérieur, puisqu'ils se vantent non sans légitime fierté — —
d'avoir conduit leur percée avec cent coudées de roc au-dessus de hi,
tète des mineurs. Pourquoi ne pas admettre alors que, s'ils ont donné
à leur double galerie d'attaque la direction si franchement accusé»'
qui nous surprend, c est qu'ils ont voulu le faire? Non pas, à vr(u
dire, avec la candeur » qu'on suppose, mais délibérément et avci
'
une audace trop grande eu effet pour leurs capacités et leurs moyetj.>
matériels. Qu'on examine sans parti pris, et sans considération de
milieu ni de temps, la direction donnée aux amorces N. et S. du lun-
nel. Ne s'orientent-elles pas avec netteté comme si elles prétendaient
s'acheminer l'une vers l'autre sans détour et all'ronter directement 1
trouée de part en part? .V quelque 00 mètres de son point datlaque
l'équipe du N., parvenue au cœur de la colline et au point le plus
profond de son trajet, lutte dans un banc de roche i/iez-zy rougv qui
déconcerta naguère les mineurs cananéens et leur imposa labandou
de leur puits et la transformation de leur tracé du sinnur 1). Si
M. Weill a consacré à scruter la galerie au fond de la boucle septen-
trionale le quart de l'observation fine et pénétrante qui lui a permis
de saisir la nature du canal II, il aura vu la trace de celte difficulté
clairement gravée dans les parois. On conçoit qu'elle ait pu impres-
sionner les ingénieurs judéens. Plutôt que de sobstiner à vaincre un
(1) U
lecouiiait pourlant (|). 93), mais ne semble pas avoir consacre beaucoup de soiuà se
faire une appréciation petsonnelle de celle cherninée-faille naturelle... prise d'air sup-
^(
(1) P. 39 ss., en se Tondant sur l'étude très documentée de .\. Buchler, La pureté levi-
lique de Jérusalem cl les tombeaux des prophètes, dans Rev. et. juiv., LXII, 1911,
p. 201 S8. , LXIII, 1912, p. 30 ss. Hûchler raisonnait sur les textes sans aucun essai d'adap-
tation aux réalités archéologiques.
(2) Références détaillées dans Bûchler {op. l., LXfl, 210. n. 2). Le passage essentiel
porte : pmp Sn:S nx'DTcn nxiïis nn^n" ^nS nnM mS'inra. Les mehUôth sont
plutôt des cavernes s, des » cavités >; que des « canaux
proprement dits; cf. le terme >
biblique dans Is. 2, 19. L'accord de ce sujet fém. phir. avec un verbe au sing. que —
M. Weill souligne inutilement par un sic (p. 39) —
n'a rien d'insolite dans un sujet de
cette nature. Mais si le sens du logion d'Aqiba demeure assez clair dans l'ensemble, on
voit moins bien comment le maître pouvait se représenter lui-même ces cavités purifica-
trices.
(3) S. ÉPiPHAjiE, Vies et sépulcres des prophètes; Migne, P. G., XLIII. col. 397. L'ouvrage
est d'ailleurs douteux. On retrouve l'écho du même folk-lore dans diverses autres
sources chrétiennes et il ne serait pas superflu d'en aborder une fois la discussion
d'ensemble, souvent effleurée, jamais approfondie.
(4) Rec. arch. or., Il, 288 ss.
MELANGES. 433
[A suivre.)
L.-H. Vincent, 0. P.
(1) Description dans Glérin, Galilée, 1, 104 et dans Survey of W. Pal., Mem., I, 353 s.,
éphémère administration en Galilée pour organiser la résistance contre les Romains, avait
mis 'laçi en état de défense comme une des localités les plus propices pour soutenir un
siège [Guerre.... II, xx, 6, g 573).
CHRONIQUE. 435
de ses recherches.
Parmi les gourbis du village, trois constructions un peu moins
minables représentent les chapelles des communautés embryon-
naires, latine,grecque catholique et grecque orthodoxe associées aux
musulmans dans cette agglomération exiguë. Chaque oratoire a de
son mieux tiré profit des matériaux anciens qui lui ont été accessibles,
ou cherché à se parer de quelques épaves architecturales. L'humble
porche de l'église latine s encadre entre deux colonnes d'environ
0™,50 de moyen diamètre, élégantes mais découronnées pâle rémi- —
niscence d'une décoration symbolique usuelle en de très vieux sanc-
tuaires de la contrée.
Un lot déjà plus caractéristique est échu à la chapelle orthodoxe.
Il réunit les éléments essentiels d'un
ordre pseudo- corinthien : base — —__^-^
mutilée (fîg. 1) haussée sur un socle ^r^- - ^- - —_-.^^.çis*à^^Ép^
'^'
au profil bâtard fl), colonne de [' '"'
Z-..:....—.
"^
^'^
O^jSS de diamètre inférieur, cha- !
-g,, ,||iiV .i,,,,,, i,. .i,i\,miiiiii.ii.i..i;ii^ii!
J^
piteau à feuilles d'acanthe de com- ^' iT^S
position un peu fantaisiste. Ces piè- ^^^-t-.,— .-,,. .-//''"'^-'i l^y^^^^^
ces gisent en vrac devant la façade. \:
'.Ç. ^è'-^-
"^ '^-
c^^'^^^^^fX:^,
Peut-être eut-on jadis le dessein i^.
*' <''' ' "-— - -v-r-.v "^^^
^ ^
irréalisé de les remonter comme "^^IT"
la cour.
(1) Comparer, pour la forme et les proportions, un socle analogue dans k synagogue
d'0»mw ei-\4;»ed(K0HL et Watzinoer, Ant. Synagogen..., fig. 146 s.).
436 REVUE BIBLIQUE.
^^^
I
(1) On le trouve en effet sous de multiples nuances dans les portes des synagogues à
lrb\A (cf. KoHL et Watzinger, Antike Synagogen in Galilaea, p. 61, fig. 114 s.), à
Meiroun [op. L, fig. 163 s.), à Kefr Bir'im (op. L, fig. 174. 180), etc.
. m-.--—-v'/rK-
'à
r^ir i^ii * A
Fig. 3. — Yafa. Linteau antique de synagogue.
cites auraient pu suggérer que le morceau est juif, sinon dans ses élé-
ments, du moins par sa composition et sa facture. Pour n'en plus
guère douter, il suffit de se rappeler que ce linteau voisine avec une
pièce analogue, très clairement estampillée par les rosaces et le chan-
delier à sept branches. Considéré isolément, chacun de ces linteaux
n'autoriserait sans doute pas de déduction bien ferme sur l'édifice
d'où proWent: leur groupement impressionne d'autant plus, au
il
(1) Op. h, lig., 10, 11, 13, à Tell Houm;û^. 140 s., 143, à Oumm el-'Amed.
(2) Op. L, flg. 11, 25, 100, 140, 195 s.
Des travaux de voirie furent inaugurés l'été dernier sur la rive Sud-
Ouest du lac, pour relier Tibériade à la station du chemin de fer de
Samakh. Quelques vestiges de constructions et de sculptures antiques
déterrés à la hauteur du petit étabhssement thermal d'el-Hammdm
ayant attiré l'attention des ingénieurs Israélites, la « Société juive
CHRONIQUE. 439
thien en marbre blanc qui porte, en guise delleuron sous son abaque,
un'chandelier à sept branches; une plaque de cancel, également en
marbre, ornée des symboles caractéristiques : chandeher ^inenàrah)
ettrompette sacrée [èôfar) d'autres pièces analogues, quoique moins
;
expressives. M. Slousch est bien fondé à supposer qu'il est sur le site
et les ruines synagogue de Hamatha ». fameuse dans les fastes
de la «
vicissitudes que subit l'un de ses principaux édifices (1), Fondée par
Hérode Antipas vers l'an 20 de notre ère et mise par flagornerie sous le
vocable impérial, elle offrait la physionomie franchement hellénistique
de toutes les grandes créations hérodiennes et réunissait une popula-
tion parfaitement cosmopoUte. Juifs et Gentils s'y coudoyaient; mais
tandis que les premiers y possédaient, au témoignage de Josèphe (2),
une vaste synagogue, les seconds ne paraissent pas y avoir eu d'abord
de temples proprement dits pour l'exercice de leurs cultes, que la
prédominance de l'élément juif n'eût sans doute pas facilement toléré.
Les événements de la guerre contre Rome, de 66 à 70, eurent pour
résultat d'exaspérer le parti nationaliste mais l'habile modération ;
(1) Voir ScHÛREa, Geschichte des jud. Volkes..., 1^, p. 433: II, p. 216 ss. et les articles
Tibériade dans les diverses encyclopédies bibliques contemporaines. Mais le texte le plus
important est celui d'ÉpicuANE, Haeres., 30, 4 ss. [P. G., XLT, 409 ss.).
(2) Vie, 54, % 277 ;... -poasux'^v (iiyiffTov o;'xr,iia xat 7:o).yv ô/),ov à7:t££|aT6ai ô-jvâ[jLevov. On
sait que la proseu^:hè est une désignation hellénistique de la synagogue.
CHRONIQUE. *4i
église » (2i.
C'est l'attestation manifeste de ces étranges vicissitudes qu'appor-
tent dès aujourd'hui, croyons-nous, les premières trouvailles archéo-
logiques de M. Slousch, et l'on pressent tout l'intérêt d'une fouille
approfondie dans cette ruine singulièrement complexe. C'est assez
dire aussi la circonspection avertie qu'exigera le développement des
travaux, si l'on a souci de ne laisser échapper aucune des informations
aptes à éclairer les phases successives du monument. La synagogue
n'est pas douteuse y a chance qu'elle soit du tout dernier stade
: mais il
2" et de la mosaïque
Exécuter des relevés techniques de ces ruines ;
(1} Voir RB., 1919, p. 53'J ss. On maintient provisoirement cette désignation topogra-
phique commode.
RB. 1921 PL VllI.
Clicïié S.'wîgnac
-2. l'ne Saison dans le Zodia(|ue juil' récemment découvert.
CEIRONIQUE. 443
(4) S'il s'agissait du frère, le rapport de parenté serait pleinement indiqué comme dans
cette autre épitaphe médiévale deJérusalem Hic iacet Johannes de la Rochelle, frater
:
Ade de la Rochele... (Cl.-Ganneau, Archxol. Res., p. "îS!) et ici la place manque pour
le mot frater. L'.\ est également tourmenté dans 1 épitaphe de Philippe d'Aubigné à la
(3) Dblaborde, Chartes... p. 33, 46, 69. Kohler, Chartes de l'abb. de N.D. de
Josaphat, ROL., VII, p. 151. Roehricht, Reg. Regni Hierosol., p. 447,
(4) GUILL. DE TVR, Hist., XIV, 18.
446 REVUE BIBLIQUE.
F. -M. Abrl.
L'église syrienne, fidèle à sa foi, est également restée attachée à sa langue pri-
mitive : la langue araméo-syriaque est encore parlée dans les villages Malula près
de Damas, sur le mont Masio (Tur-Abdin), dans les villages chrétiens du Kurdistan
et de Perse. Cette langue se rattache à la langue des anciens patriarches, c'est la
langue de Jésus et des apôtres. Les évangéUstes nous ont conservé quelques-unes
des paroles de Jésus dans la langue originale ^nsi/ : ouvre-toi (Me. 7, 34^ ;
itv-H
-^icKLo : Jeune fille, lève-toi (Me. 5, 41) ; -uKh^ 1.^0:^. wj»../ w:^^/ : Mon Dieu, mon Dieu,
pourquoi m'as-tu abandonné.' (Me. XV, 34) etc.. En outre le savant prélat croit pou-
voir expliquer la plupart des hapax legomena par quelque racine araméenne. Voici
quelques exemples : [j.ï, ^a-xaXoyrJaïixs (Vg. nolite multum loqui, Matth. 6, 7), formé
de la racine araméenne |isi>^ signifiant choses ou paroles vaines (2); ir); r,aî ppiSois
(2) D'après Moulton-Milligan [Vocabulary. p. 107 ai. Wellhausen aurait déjà émis la même
hypothèse.
448 REVUE BIBLIQUE.
(Aug. : tinea et comestura, Matth. 6, 19), le dernier mot serait une traduction ser-
vile du mot ^\ : ver qui mange; làv 5ï tô iXa; aiopavôf] (si sal infatuatum fuerit,
Matth. 5, 13), le verbe supposerait la racine ^^ qui signifie devenir fou et être
abject; — dans saint Jean 20. 10 à;:^X9ov... -pôç auToùçol [xaer,Ta{(abierunt discipuli...
^ooA Qi>)/ à traduire simplement ils s'en allèrent, etc. Le lecteur trouvera tous les
exemples d'aramaïsmes supposés aux pp. 18 à 21. Ms"" Rahmaoi explique aussi un
grand nombre de difficultés exégétiques par une traduction imparfaite ou fautive
d'une .source araméenne. D'autres aramaïsants ont précédé notre savant patriarciie
dans cette voie. Nous avons parlé ici même des études de M. Torrey sur les sources
araméennes des Évangiles et des Actes. (RB. 1917, p. 300 sv.}. Ces procédés exé-
gétiques nous laissent assez sceptiques; il y a là trop d'hypothèses d'oîi ne peut
guère résulter une probabilité sérieuse on suppose une difficulté exégétique
: qui —
peut avoir tant de causes; on s'arrête à une seule cause possible d'erreur, source
araméenne, qu'on suppose mal traduite pour supprimer la difficulté exégétique on
;
n'ont pas pour leur plaisir choisi des sens impossibles là où des sens plus simples
s'imposaient. Encore une fois ces hypothèses à détours multiples peuvent paraître
ingénieuses, le sens proposé peut paraître probable; mais cette probabilité ne résulte
pas des prémisses enchevêtrées et chancelantes pejorem sequitur semper coiiclusio
:
partem. Le docte prélat, qui sait combien nous nous intéressons à ses recherches,
nous pardonnera cette franchise.
bonne heure sa traduction syriaque de l'Ancien
L'église syro-antiochéenne eut de
et du Nouveau Testament, appelée communément Pesitta. Mais la Pesitta actuelle, du
moins pour ce qui regarde les Evangiles, n'est qu'une revision faite au v^ siècle d'une
version plus ancienne, que l'auteur appelle pré-pesitta. Une note découverte dans un
manuscrit de la Bibliothèque Vaticane, parlant de cette pré-pesitta, le mit à la recherche
de toutes les citations syriaques antérieures au y siècle. Depuis plusieurs années le
savant patriarche, digne successeur des exégètes d'Antioche. a examiné dans ce but
une littérature immense, c'est l'objet de ses recherches incessantes jusqu'ici ;
il a
actuelle. Il espère pubUer bientôt sur cette pré-pesitta un travail complet dont les
conclusions seront très importantes pour la critique textuelle du Nouveau Testa-
ment. A peine arrivé à Rome après les années angoissantes de la guerre, et n'ayant
pas pu obtenir à Antioche le texte critique du N. T. publié en 1913 par von Soden.
il voulut aussitôt voir cet ouvrage et examiner sur le texte de saint Jean l'utilisa-
tion critique des versions syriaques. Le savant prélat devra contredire sur plusieurs
points les conclusions de von Soden.
D'un mot nous attirons l'attention des liturgistes sur le troisième chapitre de cette
conférence, qui traite de la liturgie d'Antioche et d'Alexandrie dans leur rapport
avec la liturgie de Rome ; la plupart des documents inédits publiés en appendice se
rapportent à ce sujet.
(Texte und Uutersuchungen... Band xlii, Heft 3), 8" de 143 pp. Leipzig, J. C.
Hinrich'sche Buclihandlung, 1918.
n'existe pas de texte critique des homélies latines d'Origène. M. \V. A. Baehkens,
qui a été chargé d'en faire l'édition dans les Griechischen christlichcii Schriflsteller
publiés par l'Académie de Berlin, a exposé en 1916 les résultats d'une minutieuse
étude poursuivie sur 250 manuscrits environ des bibliothèques de France, d'Alle-
magne, d'Angleterre, d'Italie et de Russie, et a indiqué les principes suivant lesquels
il établira le texte de l'édition promise.
A Rufin sont dues d'abord les traductions des homélies sur l'Heptateuque. Ruliu
nous apprend lui-même que ces traductions ont été faites par lui en trois séries. Lors-
qu'il adaptait le commentaire d'Origène sur l'Epître aux Romains, il avait déjà fait
paraître les deux premières séries : la première comprenait les homélies sur la Genèse,
l'Exode et le Lévitique, et avait été faite très largement, sans souci d'une fidélité
littérale au texte grec; la seconde renfermait les homélies sur Josué et sur les Juges
et serrait de plus près la lettre de l'original (1). Restaient à traduire les homélies sur
les Nombres et le Deutéronome. RuGn n'eut pas le temps d'achever sa tâche : les
homélies sur les Nombres parurent seules en 410 et furent sa dernière œuvre (2).
été directement copié sur cet archétype (p. 10 ss.). La tradition indirecte est repré-
:t) Les textes imprimtîs doiiiient 17 liouiélies sur la Genèse. B. a monlri', d'après la tradition
sentée par Isidore de Séville (1). Bède, Angelomanus de Luxeuil, Ps. Eucher, et
quelques autres auteurs de moindre importance (p. 74 ss.}.
Les homélies sur les Nombres 28; sont couservées par six classes de manuscrits :
elles dérivent d'ailleurs toutes d'un unique archétype, copié probablemeut au v^ siècle
sur Foriginal lui-même (p. 96 ss.). La tradition indirecte, fournie par Hraban Maur,
saint Césaire d'Arles et Alvarus de Cordoue (p. 10-3), donne d'utiles indications : le
textedonné par Césaire remonterait lui aussi à notre archétype qui serait ainsi plus
ancien que l'évêque d'Arles.
En ce qui regarde les homélies sur Josué (26) et sur les Juges (9), les manuscrits
conservés appartiennent à huit classes différentes, qui se ramènent également à un
archétype du v*" siècle p. 104 ss.). La tradition indirecte, relative seulement
aux homélies sur Josué. n'est représentée que par Césaire d'Arles et Jonas d'Orléans
(p. 123). Il est remarquable que les trois archétypes des trois séries d'honélies por-
taient le nom de Jérôme et non celui de Rufin, comme traducteur d'Origène (pp. 74,
130, et surtout 190).
Un commentaire d'Origène sur le Cantique des Cantiques avait été, lui aussi, tra-
duit par Rufin. Les manuscrits que nous en possédons se ramènent à quatre classes,
dérivées d'un unique archétype. Celui-ci msiue origine que les atchéty pes des
a la
homélies sur l'Heptateuque; mais nous ne pouvons l'atteindre que d'une manière
indirecte, par une copie du vir«-ix® siècle faite probablement dans un centre irlan-
dais, et selon les vraisemblances à Bobbio plutôt qu'à Saiiit-Gall (p. 155 ss.) (2).
L'œuvre de saint Jérôme comprend la traduction de deux homélies sur le Can-
tique des Cantiques, de 14 homélies sur Jéréraie, 14 sur Ezéchiel, et 9 sur Isaïe.
Les deux homélies sur le Cantique, contenues dans des mss. appartenant à Sciasses
différentes dérivent d'un archétype unique, fortement interpolé (p. ISO) ; celui-ci
était lui-même, d'après B. une copie de l'exemplaire adressé par saint Jérôme au
pape Damase (p. 183 s.), et qui contenait des notes marginales de saint Jérô;ue.
C'est donc d'un ms. romain que serait venue la copie de la bibliothèque de Viva-
rium, d'où dérivent, comme pour les homélies sur l'Heptateuque, nos textes
actuels des homélies sur le Cantique (p. 194 s.).
type copié à Rome au vi" siècle (p. 208). Encore le meilleur de ces deux groupes ne
contient-il que les deux premières homélies sur Ezéchiel. Si nous pouvons contrôler
le texte latin à l'aide de l'original grec pour 12 des 14 homélies latines sur Jérémie,
ce moyen de vérification fait défaut lorsqu'il s'agit des homélies sur Ezéchiel et Isaïe.
Le commentaire de Hraban Maur. qui copie souvent d'une manière littérale la ver-
sion de saint Jérôme, fournit une tradition indirecte précieuse (p. 207 ss.). Il reste
cependant beaucoup d'incertain, et la tâche de l'éditeur apparaît spécialemaut dif-
ficile dans cette partie de son œuvre (p. 224) (3).
(1) Le manuscrit dont se servait Isidore devait selon B. (p. i, 1.3. 7i ss.^ provenir de la région
lyonnaise. Au ix* siècle, on sisuale encore de 1res n'joiljreuses relations intelleolucUes entre
l'Espagne elles centres intellectuels de la France, Lyon, Tours, etc.. (p. 13. note l). Cette ques-
tion pourrait être l'objet d'une monosrrapliie intéressan'e. Cf. Ch. H. Beeso.n, Isidor-Studien
{Quellen und Untersucfivngen zur lateinischen Philologie des Mittelalters, iv, 2), Miinchen, 1013.
(2) La traduction latine d'une seule liomélie sur l tiegn. l nous a été transmise par 10 mss.
(resp. classes de mss.) indépendants, qui remontent à un arcttétype unique. Cette traduction, (lui
Devient ni de Rufin ni de saint Jérôme, est l'œuvre d'un inconnu (p. 200 ss.), d'où sa tradition
manuscrite très spéciale. La bibliothèque de Cassiodore contenait i homélies sur le premier
livre des Rois.
(3) Selon B., des fautes communes décèlent une parenté entre l'exemplaire grec consulté a
RlîCENSIONS. 431
B., de juger la valeur de ses cbssilications. et d'apprécier com:iie il faut les raisons
de ses préféreices. Il e.itre, dans l'histoire des ramilles de mnuscrits, telle que la
M. B. cite des exemples qui éclairent si méthode et donnent lieu d'attendre beaucoup
du texte qu'il annonce.
Pour autant qu'on peut le prévoir, il ne semble pas d'ailleurs que la nouvelle
édition doive être révolutionnaire. Généralement, B. paraît vouloir faire confiance à
Rufin, et reconnaître qu'il a honnêtement rempli soi rôle de traducteur; quelquefois,
lorsqu'il s'agit noms propres ou de termes difiiciles, de simple traascripteur il
de :
préférera par exemple la forme Solomon à Salomon. sauf dans le cas où tous les mss.
s'accordent à donner la forme latinisée ,'p. TU: il lira numenias (Gr. voj;j.r,v;'aç}.
hom. in Gen.. v. .5: hom. in Vw/n.. v, 1. qui n'est donnée que par un ms. contre
neomenias (p. 70); et peut-être même theorian, hom. in Num., xvit, 4, plutôt que
Iheoriam. malgré les autoriiés euTiveur du mot latinisé {<.). 100 . .Vy aurait-il même
pas là une tendance avoue lui-même que du moins les Homé.ies
à l'exagération? Ruiia
sur la Genèse, l'Exode et le Lévitiqie sont plutôt des adaptations que des traduc-
tions il e?t difûiile de croire qu'il a préféré des tournures ou des fornoes grecques,
:
si l'on n'est appuyé sur le té noi.;nage des manuscrits les meilleurs. On s'accordera
sans doute davantage avec B. pour admettre la présence dans le texte de Rufin de
termes ou de constructions inconnues au latin classique, les mots paludester p. ex.
hom. in Exod., ii, 4 (contre palustris) /*. G.,XiL 303 B 'p^. 68'. ou consparsiis. hom.
in Lt'i'., IV, 10. P. G., XII, 443 A et al. (p. 72), et encore l'e nploh fréquent de
Conslantinople par saint Jérùme pour faire sa traduction de liomélies sui' Jérémie ^ea 381 et U .
le manuscrit de l'Escurial Q lu, 10. d'après lequel E. Klostermaan a publii le texte grec des
20 homélies d'Origène sur ce prophète. Les deus dernières homélies, pour lesquelles manque
l'original grec, auraient été traduites par sain' Jériime beaucoup plus tard, d'après d'autres
Sources p. 2io ss.V
;1) Hom. inEcod., IV, -2: P. G., XII, 31S C, citant Ro/n.. IX, 18 10 voluntati enim eius quis :
resistet, un seul ms. a cette leçon contre resistit présenté par tous les autres (àv6É(i-r,xîv G:
resistit Vg.). B. avec raison préfère resistet, qui semble le teste d'Origène comme le fait voir la
comparaison avec De Princ., éd. Koetschac, p. -207, 15; 235, aî p. 68 .
{•2 Hom. in Jos., V, t: P. G., X(I, 849 C, B., p. liO lit cuoi Chrislo coacrucifisus sum cruci :
(ovvî'TTajowixai G.) Gai. II, 19-*): cf. Rom. in Gen., III, 7: P. G., XII. 183 B. quia Christo concru- :
cifixus sum les mss. sont ici parta^'és et lisent confi^us, — ou LTucifixus
; ou conciûxus. —
4,2 REVUE blBLloLE.
Vattractio iitcersa icf. p. 71, 132, 182 . On déQoacera donc, comme lui, l'erreur de
certains copistes trop prompts à rétablir, dans la langue de Ruûn, la pureté classiq.'e.
Tel qu'elle est aujourd'hui amorcée, l'édition des homélies latines d'Origèae s'an-
nonce pleine de promesses. L'étude que B. a faite de la tradition textuelle de ces
homélies est une garantie de la miautieuîe conscience avec laquelle sera exécutée la
tâche qui reste à faire, et dont ou peut souhaiter seulement qu'elle ne se fasse pas
trop longtemps attendre ;i .
II. —
M. Harxaciv n"a pos eu la patience d'attendre l'édition annoncée par
Baehrens, et il se croit obligé dexpliquer pourquoi il ne tarde pas davantage à
publier les remarques qu'il a faites, ou les notes qu'il a prises, en lisant les travaux
exégétiques d'Origène sur rileptateuque. A
vrai dire, les raisons de M. H. sont
connaissaient mal la Bil>le, qu'ils ne la lisaient pas, parce qu'ils la regardaient comme
un livre scellé [hoin. in Exod., xii, 4), ou parce qu'ils la trouvaient indigne de leur
altentiou {lioin. in Ler., x.vf,4; hom. in ymn., i\, 6] ? Origène excite ses auditeurs à
la lecture de.s Livres Saints, même de ceux de l'Ancien Testament, qui sont la pro-
priété de l'Église, propriété d'autant plus sacrée que les hérétiques la repoussent
avec dédain 'Jiom. in Jesu Nare, ix. 8".
Evangelio suo Maitliaeus increpuit. Marcus quoque, Lucas et loannes suis singulis
tubis sacerdotali!»us cecineruat. Petrus etiam duabus epistolarum suarum personat
:i) Le travail de B. se termine par un api)endice consacré à l'i-tude et à l'édition d'une liomclie
(usqu'à prcseiil inconnue sur Melcliis;dci'li. Celle liomclie conservée dans deux niss. de vienne
et de B:ile po!»te le nom d'Oriijene, mais a tort. Selon B. elle daterait de la fin du iv" siècle cl
aurait piiéire luononcée en Palestine, d.ins le milieu de saint .lérone. tlle prouve que Melclii-
sédecli estun liomms et non pas le Saint-Esprit: elle fournit ;iinsi une coniributi'm intéressante
à l'ancienne liitérature sur ce personnage, et a l'histoire des controverses qu'il a si longtemps
suscitées.
-2) Voici cependant un passa,:ïe du moins pour lequel la question textuelle aurait besoin
d'clre cclaircie. Hom. in Jn<l.. VI, -2: P. G., XII, 9T5 A Verbi gratia, si eat (Harnack écrit est, ce
: :
qui est sans d.mte une faute d'impression quis puer ad scliolas, a mayisiro quidem suscipitur
et efficitur illius doctoris discipulus, sod non statim disceudi ab ipso praeceptore sumit exo -
dium; sed cuiu ab eo prima lantum elementa snsceperit, traditur aliis erudiendus, ut iia dicani.
scliolae ipsius princi|)ibus ut cum ab illis (juantum in illis est luerit edoctus, et cum prima
:
apud eos deposuerit rudimenta, tum demum ipsius doctoris pcriéctiora praecepta susci|)iat.
M. U. après avoir cité ce passage, p. 4iJ, déclare qu'il n'es', pas tout à fait clair, mais qu'0)i
peut cependant l'entendre ainsi l.e petit écolier est reru par le directeur [= magister
:
=
doctor; et reçoit de lui —
ce qui est digne de remarqje (das ist beaclitenswerte) - le premier
enseignement élémeutaire Anscliauungsunterriclit?) puis il va aux mailres (scliolae prin-
:
cipes , seulement après cela qu'il retourne auprès du directeur pour l'enseignement supé-
e' c'est
rieur. —
Cela est ea effet un peu c-nupliqué. Selon B., p. li'i. les choses sont beaucoup plus
simples tous les mis. présentent ici une faute commune, et il est clair que les mots cum ab
:
eo prima laiitum elementa susceperit. sont une glose destinée à expliquer aliis Iraditur. De
fait, le texte reconstruit par B. offre un sens beaucoup plus satisfaisant que celui des éditions,
voire mcnic ici des mss.
RECENSIONS. 453
tiibi?. laoobus quoque et ludas. Addit nihiloDiniii adhiic et loanaes tuba canere
per Epistolas suas et Apocalypsim et Ijicas apostoloriim gesta describens. Isovis-
sirae autera ille veniens qui dixit :
liste tons les livres canonifinf-s du N. T. La place occupée par les A.etcs et par les
Épîtres de saint Paul est spécialement digne d'attention selon H. p. Vh, Origène ;
aurait cru que ces Epîtres seraient les plus récents parmi les écrits du .\. T.
Avec les livres canoniques il arrive à Origène de citer des apocryphes (p. 10-21).
Il lui arrive aussi de citer des représentants de la tradition. Méliton de Sardes est le
seul qu'il désigne par son nom dans les explications sur l'IIeptateuque Sel. in Gen.,
P. (^., XII, 93 Al. Souvent par contre, il luenlionne les opinions anonyni.'S dVx-^gètes
juifs ou chrétiens qui l'ont précédé : H. fait le relevé consciencieux de toutes ces
uieotioDs, qui sont importantes pour l'histoire de l'exégèse p. 22 ss.j; avec raison
i! remarque qu'Origène s'est servi parfois de documents écrits (1 , dont on regrette
de ne pas connaître les auteurs d'une manière plus précise.
Le chapitre relatif aux hérésies et aux hérétiques (p. 30 ss.) fournit surtout d'in-
téressants renseignements sur Apelles et sur Marcion. Très souvent, Origène cite les
Antithèses de Maroion; plus souvent encore il les rappelle par voie d'allusion. Ses
homélies sont ainsi un document qu'il convient ne pas négliger pour l'étude du
d»i
raircionisme : celui qui reprendra une éJition des Antithèses y trouvera plusieurs
passages dignes d'attention.
On se contentera de m^-ntionner les titres des chapitres suivants : Remarques sur
la philosophie et la littérature anciennes (p. 30;: les juifs et les autres peuples 'p. 47);
Symbolique des nombres et des nom?, et antres superstitions (p. 52); morale
sexuelle; les femmes et le mariage (p. 60 ; communauté et service divin : prêtres,
didascales, évéques et saints: pénitence et pardou (p. 6.5;. Sous ces titres sont
groupés et rapidement commentés les principaux textes des homélies d'Origène. Le
travail de M. H. ne dispensera évidemment pas de recourir aux œuvres complètes
du docteur d'Alexandrie; il fournira au moins une précieuse orientai ion dans la
masse, parfois confuse, de ses homélies; peut-être même, et ce serait le meilleur
résultat qu'on en pût attendre, incitera-t-il les curieux à relire ces homélies familières,
et à y prendre un plus intime contact avec la pensée et le cœur d'Origène.
Lille.
Gustave Baudv.
jewish, gentUe and Christian Bachgroumls; grand in-S", x, 480 pp. Macmillan,
London, 1920.
II. — Landmarks in the History of early Christianity by Kirsopp Lake:
grand in-8^ \, 147 pp. Macmillan, London, 1920.
Hom. in Jud., YUl, 4: P. G., xn,983 C. viJenda est liuius mysterii ralio, de qua memini
.1) Cf. :
iliaraquenilam ex praedccessoribiis nistris in liheUis suis vcUus lonae pnpulum disisse Israël,
leliquam aulem ierram rcli(iuas j,>eiilc> posuisse, ei roreni qui descendu super vellus, verbum
Dci esse, quo illi so!i populo raclilus fuisset induUum.
434 REVUE BIBLIQUE.
ïorrey, F. Moore, Ropes, Clifford, H. Moore, Cadbury. etc. MM. Foakes Jackson et
Kirsopp Luke ont euirepris la publication d'une suite d'études sur les commencements
du christianisme. Ils ne se font pas scrupule d'arranger de nouveau, d'abréger ou
de développer le travail de leurs collaborateurs. La première étude, qui comprendra
trois volumes, est consacrée aux Actes des apôtres. Les deux premiers traiteront des
Prolégomènes aux Actes et en seront l'introduction le troisième donnera le texte des :
Éditeurs, puis une étude sur l'esprit du judaïsme à cette époque en comparaison de
ce qu'il était en l'an 350 avant Jésus-Christ, d'où ressortent les conceptions juives sur
la vie future, sur le fardeau qu'imposaient aux Juifs les lois mosaïques, sur les idées
sur Dieu et les rapports de l'homme avec Dieu, Dieu et les gentils, l'idolâtrie, les
prosélytes, de Dieu avec Israël, d'Isiaël avec Dieu; enfln, ce qu'étaient la religion
consciente envers Jésus. Cependant, il est reconnu que 4a tradition sur Jean-Bap-
tiste, représentée par Marc, est probablement correcte. Le baptême de Jésus par
Jean ferait partie de la tradition primitive.
Une étude sur la Diaspora juive par les Éditeurs termine cet exposé du monde
juif. Dès les jours de Pekah, Tiglat-Pileser transplanta en Assyrie des captifs de la
elles furent considérables, mais elles étaient prises dans la classe riche, le peuple fut
laissé pour cultiver la terre. En Egypte, l'émigration fut volontaire; les Juifs s'y
établirent jusqu'à Éléphantine. Dès le commencement du iV siècle avant Jésus-Christ
il y eut des communautés juives dans fa Haute-Egypte, en Mésopotamie, en Perse,
en Parthie. en Médie et en Arabie; ces cinq dernières régions étaient en dehors de
RECENSIONS. 455
l'Empire roinaiu. iNous n'avons sur les établissements juifs dans ces pays que des
renseigneiuenis documents signalent des communautés juives à
imprécis. Les
Oazaia. en Médie; à Suse, en Perse; à Pumbeditha et à Nahardea, en Mésopotamie.
En Syrie, les Juifs étaient nombreux; oncite quarante et une villes, où Ton eu trouve,
en particulier, à Antioche, à Séleiicie, à Damas. Les principales villes de l'Asie
Mineure avaient des communautés juives; il y en avait en Macédoine, ea Grèce,
dans l'île de Chypre, à Cyrèue; dans celte dernière ville ils étaient 1res nombreux.
Mais c'est surtout à Alexandrie qu'ils sont en grand nombre ils y jouent un rôle ;
bée, vers 161 avant Jesus-Christ. les Juifs Curent en rapport avec les Romains. En
139, ils furent expulsés de Rome. Après la prise de Jérusalem par Pomper un grand
nombre de Juifs furent emmenés à Rome en captivité, et ils y formèrent une com-
munauté qui jouissait de droits spéciaux. A diverses reprises ils furent bannis de
la ville. Nous ne savons rien de la dispersion juive dans le reste de l'Ocident. Peut-
être y avait-il des Juifs eu Espagne? On peut appliquer à la dispersion d'Israël les
paroles de la Sibylle :
Ces Juifs, dispersés dans le monde entier, étaient maintenus dans l'union natio-
nale et la comiiiunion des idées par l'impôt d'un demi-denier que chaque Juif devait
verser au trésor du Jeraple. par Jèsîréquentes visites à Jérusalem, lors des grandes
fêtes religieuses et par le culte de la Synagogue. Ils faisaient de nombreux prosé-
lytes et les Synagogues étaient Iréijueutées par des païens que nous trouvons signalés
dans les Actes sous l'appellation de ol 9o5o'j;j.=vo'. ouoî ^coôasvot -rôv 0£>v. ,
ressants pour ceux qui voudront s'iaitier à la façon dont étaient gouvernées les
provinces et au milieu dans lequel la religion naissante eut à vivre tout d'abord. Il
('uiicilia, qui, sans être identiques avec le gouvernement provincial, lui furent étroi,
Plus importante encore est l'étude du milieu païen dans lequel est né et s'est déve-
loppé le Christianisme. .\u i^"" siècle de notre ère, le monde méditerranoen fut unilié
dans ses habitiides de penser et de s'exprimer. Le laiin est parlé en Occident, mais le
grec devient la langue internationale pour les gens Ôultlvés et même pour le peuple.
456 REVUE BIBLIQUE.
' Les écoles de philosophie, bien que diverses, tendent à admettre un Dieu unique.
Les écoles platonicienne et aristotélicienne enseignent une théologie transcendentale.
tandis que l'école stoïcienne tenait pour Timmanence de Dieu il se fit un compro- ;
mis entre les deux théories le principe immanent devint secondaire au principe
-.
ments du cliristian'sme.
La troisième
section, consacrée au christianisme primitif et dont voici les divi-
sions L'enseignement public de Jésus et son choix des Douze; 2. Les disciples
: 1.
sons plus loin, nous bornant ici à relever ce qu'il y a de particulier dans cette troi-
sième section.
Au début de celle-ci, les Éditeurs déclarent que le christianisme apparaît non
comme une religion d'une seule venue, mais comme une
synthèse de plusieurs
religions, hypothèse déjà émise dans la préface « 11 devient de plus eu'prus^'cértaiu
:
que le christianisme au i^" siècle acheva une synthèse entre les religions gréco-orien-
t.iles
et la religion juive, dans l'Empire romain. La prédication de la repentance et
du royaume de Dieu, commencée par Jésus, passa dans le culte sacramentel du
Seigneur Jésus-Christ. »
Afin de prouver cette synthèse les Éditeurs présentent d'abord les traits caracté-
ristiques de l'enseignement de Jésus, tel qu'il apparaît à la lumière de la critique
RECENSIONS. 4oT
n'est pas une histoire au vrai sens du terme, c'est-à-dire un dominé parle désir
récit
desintéressé de raconter les événements, tels qu'ils se sont passés. Des motifs d'apo-
logétique et d ediQcatiou ont façonné la manière de présenter la narration. L'écri-
vain a vu son héros et ses actions à travers le voile, le halo de la foi. Le récit est
non seulement coloré par la subjectivité de l'auteur, mais il lui est arrivé à travers
la mémoire déformante des témoins oculaires: il nous rapporte ce que les premiers
chrétiens pensaient de la vie de Jésus. Il faut donc utiliser l'évangile de Marc avec
prudence en le dégageant dans la mesure du possible de ce qui n'est pas complète-
ment historique. Il eût été nécessaire de préciser davantage celte proposition et sur-
tout de la prouver. Nous avons ensuite comme seconde source delà vie de Jésus et
de ses enseignements les sections de Matthieu et de Luc, inconnues à Marc; elles
Consistent surtout en sentences et en discours. Cette source est appelée Logi ou elle i
est designée par le sigle Q, mais on ne sait si elle est unique et si ces deux évan-
leur point de vue est radical. D'après eu.x, il est douteux que Jésus ait parlé de lui-
même comme du Fils de l'homme: il ne s'est jamais déclaré le Messie et il est
improbable qu'il se soit cru appelé à l'être. L'autorité qu'il réclame pour lui-même
était celle de l'Esprit de Dieu ; il avait au plus haut degré le sentiment qu'il était
inspiré de Dieu. Il est inutile de faire remarquer qu'il est impossible d'accepter
toutes ces propositions. Que Jésus se soit déclaré le Fils de l'homme et le Messie,
Saint-Esprit, l'Église et le baptême. D'après Jean, xx, 22, le Saint-Esprit fut donne
aux apôtres par Jésus lui-même, tandis que dans les Actes ii, 1, le Saint-Esprit des-
cendit du ciel sur les disciples. Cette tradition est plus ancienne, mais nous ne
voj-ons pas en quoi elle contredit la tradition johanuique; elle réalise plutôt la
parole de Jésus, Jn., xiv, 17, 26. Pour le rédacteur des Actes, les chrétiens étaient
des hommes à qui avait été donné le Saiût-Esprit TÉglise était la société de ceux;
qui avaient reçu ce don surnaturel de l'Esprit, lequel ne pouvait être obtenu que par
son intermédiaire.
Dans les Actes nous avons sur le baptême trois poiots de vue différents t. Le :
baptême dans le Saint-Esprit était donné aux convertis au lieu du baptême dans
l'eau de Jean. 2. Le baptême dans l'eau conférait le Saint-Esprit, mais seulement
s'il était administré au nom du Seigneur Jésus. 3. Le baptême dans l'eau, même
donné au nom du Seigneur Jésus, ne conférait pas le Saiut-Esprit, (jui était donné
seulement par l'imposition des mains des apôtres. D'après les Éditeurs, le baptême
dans l'eau ne remonterait pas au temps de Jésus ou de ses disciples immédiats. Ce
furent les Sept qui, les premiers, baptisèrent dans l'eau, ainsi qu'on le constate par
l'action de Philippe, baptisant l'euuuque éthiopien, Ac^, viii, 36-3S. Remarquons
que la parole de ?sotre-Seigneur, i, 5 : Jean a baptisé dans l'eau, mais vous, vous
serez baptisés dans l'Esprit-Saint après peu de ces jours-ci, n'exclut pas le baptême
dans l'eau ; elle vise seulement le don de l'Esprit-Saint, qui va être conféré aux
apôtres dans quelques jours. Ce n'est que par analogie que cette elïusion d'Esprit-
Saint est appelée un baptême. L'opposition porte sur l'elfusion de l'Esprit-Saint et
l'infusion dans l'eau, entre la vertu purificatrice de l'Esprit-Saint et celle de l'eau.
Les paroles de Pierre aux Juifs de Jérusalem, ii, 38 : Repentez-vous et que chacun
de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ pour la rémission de vos péchés et vous
recevrez le don du Saint-Esprit, prouvent nettement que le baptême dans l'eau
existait indépendamment du don du Saint-Esprit. Cf. viii, 16.
Le- quatrième chapitre sur la christologie est très développé et il serait long et
difficile d'en présenter tous les points de vue. On nous donne d'abord une étude sur
la signification du terme Xp!C7-ûç, sur l'onction dans l'Ancien Testament, sur le Mes-
sie dans la littérature juive, les Psaumes de Salomon, les Paraboles d'Euoch, dans
les écrits rabbiniques. Il en résulte que Xoijt ]? était essentiellement un adjectif qui
signifiait consacré à Dieu ou désigné par Dieu et n'était pas un titre marquant la
dre le salut, mais Jésus n'est pas identifié avec le Serviteur souffrant. Rappelons
cependant les paroles de Paul aux Juifs d'Antioche de Pisidie, xiir, 38 s. Sachez :
donc, hommes frères, que c'est par lui (Jésus) que la rémission des péchés vous est
annoncée et que, de tout ce .dont vous n'avez pu être justifiés par la Loi de Moïse,
par lui tout croyant est justifié. Elles établissent nettement que Jésus est l'auteur de
notre salut. Cf. iv, 10, 12. — A lui, dit Pierre à Cornélius, tous les prophètes reu-
RECENSIONS. 459
dent témoignage que quiconjne croit eu lui reçoit par son nom la rémission des
péchés, X, 42, 43. — Prenez garde Paul aux preshytres d'Ephèse,
à vous-mêmes, dit
vx, 28, et à tout le troupeau sur lequel l'Esprit-Saint vous a étatiiis évéques pour
paître l'Église du Seigneur qu'il s'est acquise par son saug. Ces textes des Actes
enseignent la même doctrine, à savoir que Jésus est l'auteur de noire salut.
Sont étudiés ensuite Ips titres donnés à Jésus : Fils de Dieu, prophète. Seigneur,
Maître qui enseigne, o:oiT/.xlo;. C'est dans Matthieu surtout qu'est le mieux marquée
la Oliation particulière de Jésus par rapport à Dieu.
IV. Les Actes et les Septaute. V. Les sources des Actes. VI. Le texte des Actes, etc.
Le troisième volume contiendra le texte et le commentaire; il est en préparation,
II. Dans les conférences qu'il a données au collège d'Oberlin, Étals-Unis, Kir-
sopp Lake a résumé, ainsi que nous l'avons déjà dit. les vues qui avaient été déve-
loppées dans la troisième section du premier volume des Prolégomènes des Actes dts
apôtres et les a présentées d'une manière plus systématique. 11 serait trop long de
suivre ie conférencier dans son exposé; il sufûra d'indiquer les différents points de
vue auxquels il s'est placé, points de vue que pour la plupart nous n'acceptons pas,
mais que nous n'avons pas à discuter ici. ?sous nous bornerons à dire notre opinion
sur l'hypothèse qui est à la base de ce travail, à savoir que le christianisme est le
réî'Uitdt de la synthèse graduelle qui s'est opérée entre les idées et le culte des reli-
gions de mystères et les croyances originelles des disciples de Jésus.
La première conférence est intitulée « Galilée ». Kirsopp Lake y expose d'abord
ses vues sur les religions de l'Empire romain au commencement de notre ère. Toutes
avaient, dit-il, ce même trait caractéristique d'otfrir à leurs adeptes le salut personnel
au moyen de sacrements. Ainsi en était-il du culte d'Isis. Ld mythologie gr^'cciue, la
Dans les évangiles, le royaume de Dieu est tantôt regardé comme futur, et tantôt
il est tenu pour une realité présente. Jésus a d'ordinaire enseigné que le royaume
de Dieu était à venir; il ne s'ensuit pas d'ailleurs qu'il l'ait identiûé avec le
royaume messianique, qu'attendaient les Juifs contemporains. Quant à la r^pen-
tance, c'était, pour le Juif, un changement de conduite, mais aussi un changement
460 REVUE BIBLIQUE.
des dispositions du cœur: il n'y avait donc pas de différence entre l'idée juive de la
repentauce et ceJle qu'enseignait Jésus. La divergence entre lui et les Pharisiens
était dans la façon dont on devait observer la Loi; le Pharisien réglementait tous
les actes de la vie au moyen de l'iaterprétation littérale de la Loi; Jésus, au con-
traire, en appelait de la lettre de la Loi à son dessein originel qui était d'être pour le
bien de l'homme.
L'utilisation critique des évangiles, des Actes et des épitres pauliniennes nous
permet, dit K. Lake au début de sa seconde conférence, de retracer une esquisse
des premières étapes de la synthèse qui s'est effectuée entre le christianisme primitif
et l'esprit des mystères gréco-orientaux. Cela nous conduit à Jérusalem, à Antioche
et à Corinthe, non parce que Ki sont les seules églises qui se sont élevées dans cette
période, mais parce que, en général, c'est leur tradition (jui est conservée dans les
documents dont nous disposons.
Il est difûcile de connaîtie le cours des événements qui ont suivi la mort de Jésus.
D'après les Actes, les disciples formèrent une synagogue des Nazaréens. Ils conti-
mièrent à du Temple, mais ils se séparaient des Juifs sur trois
participer au culte
points, i. Ils croyaient qu'ils étaient inspirés, au moins par intervalles, par l'Esprit
de Dieu. 2. Ils suivaient une sorte de vie commune qu'ils tenaient pour un accom-
plissement de l'enseignement de Jésus. 3, Ils enseignaient et prêchaient des doc-
trines distinctives sur Jésus lui-même.
Jésus avait réclamé pour lui-même ouverlemeat et publiquement l'autorité du
Saint-Esprit. Après sa mort, l'Esprit qui l'avait rempli descendit sur les disciples
et guida leurs actions. Ceux-ci crurent qu'ils étaient possédés par l'Esprit de DLni qui
agissait par eux, de sorte que leurs paroles et leurs actions ne possédaient plus seu-
lement l'autorité d'un homme faible, mais celle de Dieu tout-puissant et infaillible.
Bientôt les fidèles donnèrent à Jésus divers titres. Il fut appelé Messie et Fils de
l'homme, Fils de Dieu et Serviteur. Gomme Messie et Fils de l'homme, il devait
représenter Dieu au dernier jugement. Le titre de Fils de Dieu désignait Jésus, seu-
lement comme le roi issu de David ou l'homme juste. Ces titres étaient incom-
préhensibles pour des Grecs. Us appelèrent Jésus, \i'.iy.o:. Mais ce titre de Seigneur
ne fut donné que tardivement à Jésus. Ici, le conférencier ne tient pas compte de
la parole de Pierre, lors du jour de la Pentecôte : « Que toute la maison d'Israé!
sache avec certitude que Dieu l'a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez
crucifié. » Act., n. -38. Des le début des Actes, Jésus est appelé Seigneur, i, 6, 21,
24 : IV, 33, etc.
Le centre du christianisme fut ensuite à Aotioche (3^ couf.). Il y fut prêché
et établi par les chrétiens hellénistes qui ab mdonnèrent Jérusalem après le martyre
d'Éiienne. Ils enseignaient que le Dieu des Juifs était le seul vrai Dieu, que Jésus
avait été établi par lui comme celui qui ju:;erait les hommes du monde, que-
à la fin
Jésus était Fils de David, mais ils éliininaient le caractère purement national de la
restauration du royaume jiiif. C'est eux qui. les premiers, appelèrent Jésus, Kûp;o:.
titre typique, que les cultes grecs-orientaux dormaient aux dieux. Il fut facile aux
pnïms convertis de regarder Jésus comme le chef divin par lequel les initiés obte
naient le salut.
religions de mystères. Toates ces religions affirmaient l'existence d'un Seigneur qui,
après avoir passé par diverses épreuves sur la terre était glorifié et exalté. Quoiqu'il ne
fût pas tout d'abord identifié avec le Dieu suprême, la différence fut bientôt effacée.
RECENSIONS. iCl
Ce Seigneur avait laissé après lui le secret tl'obtenir la même récompense que lu',
soit par la couuaissance, soit par des cérémonies magiques. Ses disciples couser-
vèrent le secret et le communiquèrent à ceux que le Seigneur voulait accepter. Celte
conception du Seigneur fut adoptée par les chrétiens et les idées juives du Messie
davidique et du Fils de l'homme cessèrent d'avoir de l'importance. L'idée du second
avènement de Jésus cependant conservée. L'Eglise chrétienne a conquis le
fut
monde en promettant aux initiés le salut par l'entremise d'un Ditu rédempteur, en
monde païen comme im mystère, analogue aux mystères gréco-orientaux et, par
conséquent, s'est conformé dans ses enseignements et dans son culte aux religions
de mystères. Celte hypothèse n'est pas vérifiée par les documents. Les ressemblances
qu'on institue entre le christianisme et les religions de mystères sont superficielles
et surtout très exagérées. Souvent elles ne sont pas réelles ou elles résultent de
documents postérieurs au christianisme.
Voici en résumé l'hypothèse présentée, f^e christianisme prêché par Jésus se rat-
tache étroitement au judaïsme; il fut transformé par l'apôtre Paul qui le prêcha aux
païens avec les traits qui caractérisaient les religions de mystères. Celles-ci olfraient
à leurs initiés le salut comme gage de l'immorlalité bienheureuse. Ce salut leur était
accordé par un médiateur, Sauveur divin, révélateur des choses divines et .fondateur
Toule pareille est l'économie du christianisme prêché par Paul. Le salut du chré-
tien s'opère par le Christ rédempteur, ê;re céleste qui, par sa mort, a racheté
l'homme pécheur. Le SDlut est opéré par des rites qui réalisent l'union spirituelle
du croyant au Christ sauveur, le baptême et la cène eucharistique. Ce n"est pas que
le christianisme ait rien emprunté littéralement aux rites de mystères, mais il s'est
Ensuite, toutes ces religions de mystères sont loin de présenter les mêmes concepts»
Il exagéré d'alTirmer que toutes ont enseigné un salul qui avait pour base un
est
Dieu sauveur, mirt et ressuscité et qui était procuré aux initiés par la participa-
tion à un repas mystique. On est arnvé à établir ces traits communs entre les reli-
gions de mystères et le christianisme par des interprétations tendaucieuses de textes,
dont le sens est tout au moins discutable et la date plutôt imprécise. Quelques-uns
sont certainement postérieurs au christianisme.
En fait, le salut que promettaient les religions de mystères n'est pas le salut
prêché par Paul. L'idée du salut dans le christianisme est toute spirituelle et pénétrée
de préoccupations morales, tandis que dans les religions de mystères ces préoccu-
pations morales, quand elles existent, se sont surajoutées à un culte, étranger par
lui-même à la régénération intérieure. Il est ensuite très douteux que l'on retrouve
dans toutes ces religions d'un dieu mort et
l'idée ressuscité. L'initiation à ces mys-
tères ne rappelle en rien baptême chrétien et
le la cène eucharistique n'a pas été
préOgurée parles festins où les mystes mangeaient la chair crue d'uu taureau. Enfin,
la différence la plus profonda entre les rites des mystères et les sacrements chré-
tiens, c'est que l'initiation procurait nue pureté rituelle et ne changeait en aucune
façon l'àrae de l'initié, tandis que le sacrement chrétien avait pour but de purifier la
et dans une certaine mesure, à améliorer les âmes, ce n'est pas par la valeur propre
de leurs croyances et de leurs rites... Dans les mystères païens et dans le chris-
tianisme, ce n'est point, quoi qu'on en dise, la même atmosphère et, par suite, on
ne saurait admettre que le mysticisme gréco-oriental ait influé d'une façon tant soit
peu profonde sur le christianisme primitif. » Ces dernières lignes ont été empruntées
à un de l'abbé Venard, Le Christianisme et les religions de mystères, Revue
article
du clergé français, t. CIII, p. 182-200 et 283-293, 1920, auquel nous avons fait
encore quelques emprunts. On lira avec fruit sur la question cet artiple et ceux du
P. Lagrange, Les Mystères d'Eleusis et le christianisme, Revue biblique, 1919,
p. 157-217-, Attis et le christianisme, ib., p. 419-480; une recension sur LoiSY, Les
mystères pàiens et le mystère chrétien, ib., 1920, p. 420-446; mon article : Les mys-
tères païens et saint Paul, dans le Dictionnaire apologétique de la Foi catholique,
1919, vol. IV, col. 964-1013.
Lyon.
E. Jacquier.
BULLETIN
tion de M?"" Tcdeschini, alors substitut de la Sscrétairerie d'État. Les principau.v maîtres
des études catholiques ont été invités à faire connaître les divers aspects de l'activité
de S. Jérôme, ce qui était la meilleure manière de le lojer. Ces sortes d'ouvrages, par
leur variété même, échappent à l'analyse. Nous nous contenterons donc ici d'indi-
quer les sujets traités; avec quelle compétence et quelle exactitude, les noms des
auteurs le disent assez.
Prefazione. par S. E. le Cardinal Viucenzo Vannutelli. — Le antiche vite di
S. Girolamo. par le R. P. A. Vaccari. S. J. — La leggenda di S. Girolamo, par
^I. Fr. Lanzoni. — Chronologie des versions bibliques de S. Jérôme, par dom
L. H. Cottineau, 0. S. B. — De Hieronymo interprète eiusque versione quid censeant
auctores recentiores, par le R. P. Fonck, S. J. — Un procédé littéraire de S. Jé-
rô:iie dans sa traduction de la Bible, par le R. P. A. Condamin. S. J. — Les sources
de Allercatio Luciferiani et Orthodoxi de S. Jérôme, par M^'^ Pierre BatifTol. — L'in-
fluenza diS. Girolamo sui primordi délia vila monastica in Roma. par dom L Scbus-
ter, O. S. B. — S. Jérôme et les Golhs, par M. J. Zeiiler. — S. Jérôme et Jérusa-
lem, par le R. P. F. -M. Abel, O. P. — Aualecta Hieronymiana et Patristica, par
dom A. Amelli, O. S. B. —
Beatus Hieronymiis doctrinae de Romanorum Puntifi-
cum primatu pênes Orientalem Ecclesiam testis et assertor, par S. E. le cardinal
JX. Marini. — Sur le martyrologe dit de S. Jérôme, par Ms' L. Duchesne. — Le songe
de S. Jérôme, par M. P. de Labriolle. — Le memorie de S. Girolamo in Santa"
Maria Maggiore di Roma, par M?"" Biasiotti. — Intorne a tre quadri délia Pinaco-
teca Vaticani rappresentanti S. Girolamo (avec des reproductions), par M. P, d'A-
chiardi. - Stridone luogo natale di S. Girolamo, par M^"" F. Bulic.
Amelli à l'occasion de son jubilé sacerdotal. Les Miscellanea AinelU (1) qui lui ont
été offerts à cette occasion associent les noms les plus illustres : S. E. le Gard. Gas-
S. Augustin [De doctnna christ. II, 22) avec l'œuvre de S. Jérôme, revision des évan-
giles, traduction de l'A. T. d'après l'hébreu (2). Dans la Revue, M=' iMercati opposa
aussitôt une fin de non-recevoir très nette (3). M. Corssen donna au contraire son adhé-
sion (4). Le plus grand nombre protesta, et depuis on se contentait à l'occasion de
signaler l'hypothèse de M. Burkitl, comme plus ou moins recevable. En se déclarant
pour elle Dom. de Bruyne en a d'abord souligné
noire éiuinent collaborateur, dora
les impossibilités (5). La solution qu'il suggérait pour y échapper n'a peut-être pas
<late, placer si haut l'œuvre de S. Jérôme d'après l'A. ï. Or, et en cela dom de —
Bruyne déplaçait très consciemment l'axe de la démonstration de M. Biukitt,
— c'est la traduction de Jérôme d'après l'hébreu que désignerait la célèbre phrase :
l'hypothèse, car si remanié qu'il ait été, le De doctrina chrisliaixi, précisément dans le
n" 22, ne soupçonne pas qu'on doive recourir à Thébreu pour corriger le latin de
l'Ancien Testament. Mais rien ne prouve qu'Augusiin se soit étrangement maltraité
lui-même. Dom de Bruyne avait essayé de montrer par des exemples que son œuvre
était en effet assez décousue. Le R. P. Cavallera n'a pas eu de peine à répondre qu'une
accusation aussi grave devrait être mieux établie. Et quel motif si plausible exigeait
qu'on recourût à une ressource aussi desespérée ? C'est que dans deux endroits
Augustin cite la Vulgate latine. De l'un de ces passages (Is. vu, 9) le P. Cavallera a
rappelé que la traduction de Jérôme était aussi celle de Symmaque, qu'Augustin a pu
connaître Voici l'autre cas : unus interpres ait, Et domesiicos seminis tui ne des-
pexeris; alius autem ait, El cavnein tuarn ne despexeris (Is. î.viii, 7). Le premier
interprète représente les Septante. Le second a le texte de la Vulgate, mais il est
€t quà la fin de sa vie il eût pu lui donner l'éloge qu'il confère à l'Isala. Mais alors il
I;i désigne clairemeat, comme une traduction d'iipres l'hébreu, et pourquoi lui aurait-
dire ouvertement mn pensée, sou texte serait limpide sans ce mot, et l'on comprend
très bien le parti pris par ceux qui ont voulu lire : illa câeteris praeferatur, qiine
est verborum tenacior...
En etfet, si Augustin avait désigné Vltala, une traduction qui devait être connue,
puisqu'il la nomme tout de go. sans s'expliquer, comment Isidore de Séville aurait-il
osé démarquer ce passage pour l'appliquer à l'reavre de saint Jérôme? Quand il écrit :
enim cuique primis fidei temporibus in manus venil codex graecas, et aliquantulum
facultatis sibi utriusque linguae hahere videbatur, ausus est interpretari. Est-ce là
une tradition historijue? Personne n'oserait le soutenir. Augustin a conclu d'après
les faits. Il ne va pas jusqu'à prétendre que chaque codex représente une version.
Non, il recommande même de les corriger pour aboutir à posséder un bon texte
d'une version donnée '21). Mais, ce premier nettoyage accompli, il trouve des
variantes irréductibles, différentes manières de traduire le même mot grec, et il
conclut, assez naturellement, à plusieurs traductions. La variété est telle qu'il en est
excédé, il prie Jérôme d'y remédier Ep. 28, Ep. 70 en donnant uue bonne traduc-
tion des Septante. Quand il étudie les locutions de la Genèse ou de l'Exode, il va de
codex en codex raliqui codices habent vexatur, aliqui ae.-tuatur, et filiud alii^ sicxf
A
chaque instant, on trouve latini codices, midti latini, plerique codices... non-
nulli... sic enim voluerunt interpretari quod graece dicitur... et si quae sunt alla?
varietatcs de Iiac re interpretum... Il croit avoir un bon manuscrit : sic enim hohet
groecus ; latinui autern ait, quem pro optimo (ef/ebamus '3 ... Mais c'est un latin
parmi tant d'autres. Comment 53 fait-il que cet exégète embarrassé soit, dans le De
doctrino, en possession d'une traduction qui réalise son idéal? Et si c'est la traduc-
tion reçue par toute l'Italie, o.i, comme on préfère dire aujourd'hui, par le diocèse
politique de- Milan, si l'on peut la désigner d'un mot. qui sera compris de tous, d'oii
vient son règne à la fois limité et incontesté? Pourquoi ailleurs des versions innom-
brables, une poussière de versiois? Et comment se fait-il qu'Augustin n'ait nommé
qu'une fois ce phénix?
faudra donc essayer d'indiquer où allaient les préférences d'Augustin, et c'est ici que
i'ar«^ument de M. Burkitt n'est pas à dédaigner. En 397, Augustin connaissait et esti-
mait la revision des évangiles faite par .Jérôme. Elle est à la base du très important
ouvrage De consensu evangelistarum, vers l'an 400. M. Burkitt a bien raison de
demander (I" qu'on lui apporte des preuves plus décisives de cette assertion que les
citations de ce livre ont été remplacées par des textes de la Vulgate. Cette fois nous
avons du moins une traduction classée et bien connue. Augustin a pu savoir que
Jérôme avait pris pour base, non pas des textes africains, mais des textes italiens, tels
que sont à peu près le vercellensis [a] ou le veronensis (6). Lui-même estimait peu.
serable-t-il, les textes africains. Parlant d'un texte lacuneux : sic habuisse codices
plurimos, vebumtamen afros, dit-il dans ses Rétractations i, 21. Ms' Mercati a
noté très finement que les textes de la jeunesse scripturaire d'Augustin ne furent
pas ceux d'Afrique, mais ceux de Milan, où il se prit pour LEcritin-e de cette sainte
passion qui domina sa vie. Il est. donc possible à la rigueur qu'il ait eu ime préfé-
rence pour cette sorte de textes, et que les retrouvant sous la revision de Jérôme, il
leur ait donné comme un état civil d'origine. De sorte qu'en somme, s'il doit être
bien entendu que le nom d'Itala ne convient pas à l'ancienne latine, ou plutôt aux
anciennes latines, il n'est pas contraire aux vraisemblances de l'employer pour une
certaine catégorie de manuscrits qui ne sont pas africains. Mais l'on ne saurait jurer
que dans la pensée d'Augustin l'Itala ne comprît la revision des Évangiles par
Jérôme! Il est peut-être parti de là pour concevoir toute une traduction de la Bible
usitée dans la même région et qui aurait eu les mêmes qualités, version qu'il eût été.
cela va sans dire, fort embarrassé de constituer dans son ensemble avec des manus-
crits. Et en somme, Augustin aurait pu donner, comme type d'une excellente ver-
sioo, la traduction d'un ou de plusieurs livres. Il reste donc des doutes sur sa pen-
sée. Mais qu'on ne parle plus de la traduction de Jérôme d'après l'hébreu, et encore
moins de la version d'Aquila, proposée par le R. P. Vaccari (2), pur con ruerve e
forne ipoteni.
sujet. Son tome III et dernier est consacré à la religion des Ibères, des Celtes -1
,
des Germains, des Slaves, des Grecs, des Latins, des Chinois, des Japonais, des peu-
ples « moins civilisés ».
(1) Saint Augustine's Bible and the liala, dans The journal of th. st. Xî (1910). 388 sb., 447 .*s.
(2) llala e Volgata, l'Itala di S. Agostino dans la Civ. catt. 1015, 4, p. il-l"; et V.MO, 1, p. 77-
84; cf. Biblica, i, 547.
La religion a través de los s ig las, esludio liistorLco comparative de las relîf iones de la
(."î;
Les logia de ce dernier sont traduits histoire, de façon à supprimer toute contro-
:
verse sin- leur caractère. Marc a écrit son évangile vers Tau 44. Si l'on oppose à ces
deux dates le témoignage d'Irénée {in, 1, 1), leR. P. s'en débarrasse eu supprimant
I
et Paul », à propos de la foodation àf. l'Eglise romaine, et en distin-^uant à propos
de Me. la composition eo l'an 44 et la publication en dehors de Rome après la
que Paul soit jamais allé chez les vrais Galates. L'épître aux Hébreux n'est pas
seulement de saint Paul pour le fond point n'est besoin de supposer que Paul en :
(1, Die heilitjen neuen Bundes, aus dem Urtext fihersetzt, mit Erlauterun«en
S'-hriflen des
und einer Einfulirung von Nivard Schnoeol, G. Cist., dédié
Dr. Au peuple allemand ». 8^de : <-
—
V28 pp. Burgnerlag, Vienne, 19-20 (Impriinatur).
(i) Voir les notes sur Jo. m, 13 el 31.
yi) Aussi de nombreux passages de saint Jean sont censés représenter des
vers hébreux.
468 REVUE BIBLIQUE.
plaisant est de placer ces eaux chaudes à Qoubeibeh, où elles seraient certes les-
bien venues.
Nous voyous encore « la vérité » (Jo. viii. 40) rendue « le divin », en alléguant
que c'est le sens de émet. Béelzéboul est : « le chef des diables », en vertu de
l'équation : Ba'al (Seigneur) — Zabûl (Zabulus diabohis, diable)! Le « fiel » de Mt.
xxvii, 33 est rendu « myrrhe une fausse traduction de mor ou
», car z.oXr; serait
merora. Cette fois c'est possible, mais alors Urtext ne signiOe plus le texte grec.
Dans la pensée et dans l'intention du D'' Schloegl, ces changements sont dans
l'intérêt de la bonne doctrine. Mais est-ce bien toujours le fait, par exemple quand
paucivero electi, est rendu « Car tous il est viai sont appelés, mais peu seulement
:
opèrent (ou réalisent) leur élection », sous prétexte que l'/.XezToi égale âxXsyovTat;
« ils opèrent leur élection avec la grâce de Dieu (1) ». Mais de plus, lorsque Paul
traite le sujet, voici la traduction du R. P. « Nous savons aussi, que tout coopère:
au bien pour ceux qui aiment Dieu, c'est-à-dire pour ceux qui réalisent leur vocation
conformément à ses desseins. Car ceux qu'il a connus d'avance comme tels, il les
a aussi prédestinés (2)... « (Rom. viii, 28. 29). C'est attribuer à Paul en termes
exprès la prédestination po^t praevisa mérita, au moyen d'un contresens, car
/.).r)TO', « les appelés » ne peut signifier « ceux qui font aboutir le dessein de Dieu »,
père de Marie). L'erreur du discours de saint Etienne disparaît comme par enchan-
tement quand on lit (Act. vu, 16) « les ossements de Joseph furent ensuite trans-
:
portés à Sicbem, et déposés dans le champ que Jacob avait acquis à prix d'argent
de Hamor, le fondateur de Sichem ». Dans la table généalogique de Mt. syévviQCTEv
est traduit : « il inscrivit comme rejeton mâle b, ce qui est censé la valeur de hoiùl,
pour aboutir au v. 16 à ce prétendu texte primitif : <' Joseph inscrivit comme
héritier le fils de Marie, Jésus w.
(I) Cette explication est donnée à Mt. x\, IG, où il n'est pas sur que le texte soit authentique.
(-2) Wir wissen aucli, dass denen, die Gotl lieben, ailes zum Guien mit\Nirkt, d. 1. denen. die
seioen KalscliUissen gemâss ilire Berufuns wirlicn. Denn die er ais seiche vorher erkannt liât,
u. s. w.
(31 A propos de Bet — Hasda (Jo. v, 1), remplacer les assomptionnistes par les Missionnaires
d'Alger. — au nom de la métrique hébraïque que I Jo. v, 7-8 et non seulement le verset
c'est
dit des trois témoins sont regardés comme une addition, un poème distinct de deux strophes
qui a été ajouté. C'est un point secondaire, nous dit-on, que l'addition ait été faite par Jean
ou par un autre. Nous apprenons en cet endroit que tous les biblistes catholiques tiennent
le comma loaliuneum pour non authentique —
à l'exception du R. P. Hetzenauer.
BULLETIN. 469
C'est une bonne fortune, quand un savant aussi qualifié que M. Turner résume le
mouvement des études. De 1883 à 1920, bien des fluctuations se sont produites
dans le domaine duN. T. [l). [Vous relèverons ici seulement quelques points relatifs à
la critique textuelle. D'après M. Turner, le textus receptus est aussi mort que la
reine Anne p. 49). Il nous annonce la publication d'un Novuni Testamentuni s. Ire-
naei, retardée par la divergence des vues sur la date de la traduction latine, et une
édition des Testimonia de saint Cyprien. destinée à remplacer celle de Hartel. Dans
sa pensée la Vulgate de Wordsworth et White représenterait assez bien le texte
connu deCassiodore au milieu du vi<= siècle, mais sans qu'on puisse reconnaître le
chemin entre ce point et les origines. C'est donc une bonne nouvelle que la promesse
d'une édition de fragments de S. Gall, non utilisés par les deux savants anglais,
du même temps que Cassiodore, mais d'un autre endroit. M. Turner tient pour là
haute antiquité du syriaque sinaïtique, regardé comme un témoin autorisé de l'église
d'Antioche pour son texte grec. Plus récente, la traduction sahidique ne serait
cependant pas postérieure à la On du m- siècle. L'appaïition du codex (Freer) W
est signalée comme aj)portant en certains endroits son appui au texte dit occidental.
Mais Turner ne dit pas combien cet appui est compromettant! Il semble incliner
assez fortement vers une revision de Mort et Wescott dans le sens occidental. Le
Codex Bezae serait rattaché à l'Egypte par MM. Clark et Lowe dans
: quels ouvrages.'
Les deux types, le neutral et le western auraient existé en Egypte avant la fin du
in^ siècle, mais le plus ancien serait l'occidental. S'il y a eu recension, elle a porté
sur les ancêtres de n et de B, mais pas après 2-50, et probablement d'après Origène :
on ne saurait donc plus les nommer neutral. Les exemples proposés à la fin en
faveur du texte occidental sont loin d'être décisifs.
Nous sommes habitués à trouver chez les exégètes anglais beaucoup de réserve et
de modestie, et, même lorsqu'ils sont très hardis, un tou du moins très conscient
des difficultés qu'ils affrontent. Cette érudition de gens polis qui se croient obligés à
des égards envers les textes, ou à tout moins répugne aux manières tranchantes,
le
grec, et c'est celui des Mss. F et G, le meilleur qui soit parvenu jusqu'à nous! L'é-
i; The Sludy of the Xenj Testament, 1883 and 1!>20. An Inaugural Lecture delivered before
Uie Lniversity of '>xfurd on October -ii and -21», 1920, by Cutlibert H. ïir.NEK, M. A. Dean Ireland's
Professer of Exegesis in llie University of Oxford, 8' de CC pp.
•2) To ihe Uoiiianx, a Comraentarv bv Alex. Pallis, 8' de l!>j pp. TUe Liverpool Booksellers' Co.,
1020.
470 RE NUE BIBLIQUE.
pître n'est pas de Paul, et n'a pas été adressée aux Romains. Elle doit être origi-
naire d'Alexandrie, et dater de 70 à la fin du premier siècle. Encore a-t-elle été
fortement retouchée, et, dans la paraphrase qu'il en donne. M. Pailis indique de
longues sections postérieures, sans compter d'autres éléments qui n'étaient pas
d'abord destinés à en faire partie ou qu'on y a adaptés depuis. Dans le Commentaire
ime série de corrections substitue à la pensée de l'auteur d'estimables platitudes, qui
suppriment en effet les difficultés. Et cependant ces notes décèlent un sentiment si
juste du grec hellénistique qu'on s'en servira volontiers en vue d'une autre exégèse.
Il fallait bien s'attendre à voir les théories négatives de quelques exégèses radicaux
résumées du grand public par un homme du dehors (1), mais on est étonné
à l'usage
quand même de voir ce résumé présenté comme montrant « les grandes lignes de
l'évolution du christianisme » par une personnalité protestante aussi considérable
que celle de M. Maurice Goguel. Le protestantisme en est-il donc veuu à affirmer :
« V institution de la Cène chrétienne est de saint Paul qui l'a empruntée au mythe de
la Pvédemptiou. Ce mythe faisait partie des cultes îles mijstères qui se sont introduits
dans l'empire romain dès avant lère chrétienne » .p. 75)? On ne le dirait pa'^. à voir
les figures sérieuses et recueillies que l'on rencontre le dimanche matin dans les rues
de Paris à pro.vimité des temples. Nous ne trouvons pas mauvais qu'un savant, doc-
teur es sciences, applique à l'histoire des origines du christianisme la rigueur dé ses
méthodes. Nous inviterions plutôt M. Hollard à ne pas s'en croire affranchi quand il
ciborde notre domaine. Il nous dit que l'évangile de Jean « attribue, par deux fois, la
génération de Jésus à Joseph » "^p. 40 . Qu'il veuille bien relire Jo. i, 4-5 et vr, 42,
et distinguer l'opinion du public de celle de l'auteur, écrivant pour des fidèles aver-
tis. Et qu'il se garde d'affirmations générales à faire frémir les plus déterminés :
gile et l'Église avait tout de même une autre allure. Il est vrai qu'alors les mystères
n'occupaient pas la même place qu'aujourd'hui!
Ancien Testament. —
La Bévue a déjà fait allusion (1918, p. .589 s.) aux études
de M. Kyle sur le Pentnteuqite dans le Journal of biblical LiteratuYe. L'auteur est
de plus eu plus assuré des avantages de sa méthode, et regarde sans plus hésiter
le Pentateuque comme une série de lois et d'histoires rédigées dans le désert à la
façon d'un journal, par Moïse ou par ceux auxquels il eu confiait le soin. Quelques
notices historiques et peut-être quelques lois ont pu être ajoutées par la suite.
mais ces additions sont de peu d'importance. Nous avons indiqué déjà le principe
de la nouvelle défense d'une solution ancienne, dans la distinction des sortes et des
(1) Auguste Hollard. — L'apothéose de Jésus. Préface de Maurice Goguel. — In-l(> de ùîi pp.
Paris, éditions Ernest Leroux, 1921.
(2) Fascicule \\l, Musique religieuse. — Pair et (juen-p.
BUi.LETIX, 4"l
usaues des lois Kinds and Fses of laws avec un style approprié. L'auteur a .
compris que cette analyse ne conduisait qu'à un autre morcellement que celui de la
théorie documentaire, et qu'il fallait recourir à l'archéologie pour soutenir l'au-
thenticité mosaïque. Son œuvre se compose donc maintenant de deux volumes :
Moses and the Monuments, Light from archaeologij on Pentateucal Times (1), et The
prohh'm of the PerUateurh. a new solution by ari.-haeological Metlioils 2 qui se com- .
reconnaissables dans leur développement, surtout peut-être par rapport à l'art reli-
^ oici un titre qui indique bien le sujet d'un livre et la fai^on dont il est traité :
En effet le Rev. Patrice Boyian a voulu avant tout analyser et commenter par i e
courtes notes le psautier des clercs cathoUques. Le texte prmiitif. c'est-à-dire
l'hébreu, a été consulté, et on nous dit à l'occasion que le texte latin n'est que l'échu
d'un contresens urec. Mais si l'hébreu lui-même n'est pas clair, l'auteur ne s'acharne
pas à lui trouver un sens; il nous dit seulement qu'il y a en hébreu quelque autre
chose. On lui saïu-a gré de cette discrétion, comme lorsqu'il s'abstient de rendie
par : rendez hommage au Fils, l'hébreu que le latin exprime par apprehendite
disciplinam ;Ps. ir, 12;, et dans maint cas semblable. Le lecteur apprend tantôt
que l'hébreu vaut mieux que la Vulgate, tantôt que la Yulgate représente une
meilleure tradition; d autres fois il ne sait qu'en penser. Dans cette situation dont
le Pvev. Boyian n'est pas responsable, c'est du moins un avantage de bien com-
prendre le texte ecclésiastique. Les titres des psaumes sont considérés comme
indiquant bien l'autem* et les circonstances, mais seulement en général, et à l'oc-
casion leur autorité est contestée. Les notes historiques sont assez maigres; sur
ce point aussi une sage réserve s'imposait.
qui mérite sérieuse attention, car il est d'une portée plus vaste que son titre 4 .
On s'est depuis longtemps aperçu que les discussions sur l'origine, la nature
et l'évolution de l'art byzantin manquaient d'une ba?e assez large. Entre l'Orient
et Rome, pour fixer le choix et déterminer les iniluences prépondérantes, il ne
1, Tlie Stone Leelures. Priiicelon Theologicai Seiniuary, I9iy, par Melvin Grove Kyle.
L. P.
D. D., I.I.. D. Newburg Prolessor
of Biblical Theoloçy aud Biblical .4rcliaeology, Xenia Theologicai
Seminary, Xenia, uliio, Arcliaeological Editer of tlie Sunday Scliool Times, .Associate Editor
of the Bibiiotheca Sacra, S' de viii-278 pp.. Bibliothei;a Sacra Company, Oberliu, Otiio, 1920.
2 Par le même. 8' de x\i-28!» |>p. Même origine, même date.
3) The Ps'.tims. a Study of the Vulgate Psalter in the Light of the hebrew text, by Rev.
Patrick Bovl\>;. M. .V.. Professer ofSacred Scriplure and Orieaial Languages. Patrick's Collège.
-Mayuooth, and Professer of Eastern Languages. L niversity Collège. Dublin, volume one. Psaltus
i-LXxi. 8' de lm.k:!')!) pp. Dublin, I9i0 Imprima'ur .
4) ln-4' de viii-ss pp., avec 72 fig. dans le texte et Tin pi., dont 10 en chromolithographie et
les autres en excellente beliotypiè. Ce splendide volume a été réalisé à Berne, Librairie acadé-
mique. 1919; éditions en diverses langues.
f:2 REVUE BIBLIQUE.
de Byzance. grouper dans une unité nationale les éléments slaves qui l'avaient
précédé sur ce sol et résister duraut tant de siècles au joug déprimant des Turcs,
c'est qu'il était doué de solides qualités intellectuelles et de fécondes énergies
morales. Ses anciens monuments artistiques en témoignent éloquemment. Quand
on aura pris le temps d'étudier l'admirable documentation, à peu près totalement
inédite, groupée par M. Filow, il s'imposera sans doute de lui concéder que les
Bulgares furent autres que ne les avait présentés l'historiographie byzantine, que
leur civilisation est empreinte d'un individualisme remarquable, que leur art surtout,
loin d'être le reflet provincial de l'art byzantin communément allégué, se distingue
par les accents d'une originalité incontestable.
L'examen détaillé n'est plus dans le cadre de la Renie, qui signalera seulement
comme un des traits les plus caractéristiques, en même temps que les plus intéres-
sants de cet ancien art bulgare, l'influence des éléments orientaux. Sensible dans
certains concepts architecturaux comme les palais primitifs de Pliska et de Preslav,
au vii« s., (t la grande basilique d'Aboba, au ix:*, cette influence éclate surtout
dans les motifs ornementaux (1), dans certains procédés décoratifs et dans le style
vl Le plus saillant est sans conlreilit raii,'le bicépliale éployoe, sur un bas-relief de Stara-
Zagora, proljablement du vir s. (pi. H. 2. M. Kilow rappelle naturellement à son propos le
symbole lioialdique de Lagas p. «; et note que ce thème apparaît plus tard seulement dons
l'art de Byzance. Le m.tnuel de Daltos, BijZ'DUnie Art and Archacology. p. 707, observe en effet
qu'il n'apparaii probablement pas avant le dixième siècle ". Tout le momie aura en mémoire
<• :
serpeiU: pi. xxxiv, 1"^' panneau supérieur, et p. 15, lig. 13: comparer la variante serbe, plus
byzantine —
à moins qu'on ne la fasse dériver plus ou moins ilirectement d'Arménie comme
on l'a quel(|uefois proposé sans preuve décisive —
ilans Mili.kt, L'ancien art serbe ;i!)l9
Gg. 22."> (et pour l'aigle bicéphale, ibid.. p. liO}. Un autre motif curieux dans le répertoire des
ornemanistes bulgares est celui des animaux fantastiques, griffons et dragons, affrontés ou
BULLETIN. 473
Le sanctuaire des dieux syriens que les fouilles de ^L^L Gauckler. Nicole et Darier
découvrirent naguère à Rome, sur la colline du Janicule (2- demeure assez mys-
térieux encore en beaucoup de points pour stimuler la sagacité des spécialistes. De
si nombreuses monographies lui ont été consacrées en des périodiques très variés qu'il
devenait indispensable d'en établir un répertoire, en vue de faciliter les études ulté-
rieures. iM. G. Darier vient de le réaliser dans une très élégante plaquette (3) dont il
adossés. U s'étale encore dans les fresques du xui= s., par ex. dans les médaillons brodés sur
la rohe de la princesse Dessislava, pi. L; cf. le thème analogue dans un bas-relief serbe Ce
Skopljc ,MiLLET, op. l iig. 171 et p. 14!) s.;. Les dragons aux cous enlacés à la manière du
,
caducée ^I'ilow, pi. XXXIV, dernier panneau en bas) n'ont pas de moins bons prototypes clial-
déens; voir Heczf.y, Les origines..., p. '.iVi ss. La Serbie exploita également ce motif; Mili.et,
op. L, fig. -2-27.
fl) Iii-S" de 5!)3 pp., îvec 493 fig. dans le texte. Constanlinople, lOli.
(2) Cf. RB., 1938, p. 311 s.; 1910, p. l-i7; 1911, p. l.V; s.: 1913, p. :ii5, (i'M s.
Les fouilles du Janicule à Rome. Le Lucus Furrinae et les temples des dieux syriens.
(3)
P.ihliocjraphie chronologique des travaux publiés à leur sujet de Wiiij à l 'J 1 s In-a» de '20 pj).. .
les plans et sous la direction d'ingénieurs « crétois w, dont la maîtrise aurait été
reconnue pour des installations techniques de cette nature?
pour lui préférer l'expre-siou a chrétien archaïque ». 11 déclare savoir que la Pales-
tine offre déjà au v« siècle des formes architecturales particulières et des types trop
individuels pour être confondus avec leurs parallèles byzantins (p. vu). L'axiome
n'est peut-être bien que l'écho de théories dont M. Mader n'a pas la claire évidence :
il suggère du moins que l'étude a été poursuivie sur la base des plus modernes hypo-
thèses touchant la constitution et le développement de l'architecture chrétienne en
Orient.
de louer chaudement la courageuse énergie d'une exploration pour-
C'est justice
suivie sansaucune assistance technique, le plus souvent sans autres compagnons de
labeur qu'un guide, ou des groupes indigènes plus gênants qu'utiles dès qu'il s'agit
de relevés archéologiques. Ou mettra donc au compte de ces difficultés la pénurie
de documentation graphique trop réelle dans un sujet où elle était de première
importance. Pour les .>3 basiliques ,'2j destinées à éclairer le concept basilical spéci-
fiquement (( palestinieu ». on trouve en tout 9 plans à très petite échelle; de presque
tous on dirait mieux des diagi'ammes schématisés que des traductions explicites des
ruines. Le plus étrange est qu'on présentera, je suppose fig. 1, une église de Saint-
Philippe à 'Ain Diroueh qui est une restauration pure et simple sur des données
archéologiques insuffisamment concrétisées, tandis qu'une ruine relativement claire,
et par ailleurs quelque peu originale, telle que l'église de kh. Tauwds, sera labo-
rieusemeut décrite, sans obtenir honneurs d'un schéma. Sur les 16 petites photo-
les
graphies groupées dans les pi. hors texte il n'y en a guère qu'une moitié utilisable
pour l'étude technique.
M. Mader n'est jamais 4»ris au dépourvu par les aociennes déterminations des
Sepp, des Schubert, des de Saulcy qui pouvaient osciller entre les Cananéens et
sainte Hélène. Il possède une information très ériidite. On s'aperçoit néanmoins très
tions littéraires •. Mais la p. 82 soulignera l'examen pratique de io basiliques, non sans discor-
dance avec la p. I8i, n. 1, où les monuments étudiés untenitchte) ne sont plus que 3G.
BLI.LhTLN. ^ 475^
vite qu'il se meut avec quelque embarras dans sa matière archéologique et dans ses
analyses de monuments '^1).
Son interprétation du Ramet el-lvti;ilîl comme un péribole ayant un « fortifikato
aucune idée reçue. Ses sympathies ont tout l'air d'aller, je suppose, à Beit 'Ainoùn,
au nord-est d'Hébron p. 42 ss. comme site où baptisait le Précurseur /o., m. 23).
Jean-Baptiste: ce qui est peut-être bien le pire choix possible entre les théories cou-
rantes pour l'une et l'autre localisation. Plutôt que de voir remuer à ce propos la
poussière accumulée sur maintes dissertations oubliées avec fruit, par exemple de
F/onmcHS Maria Florentlnius p. 18S s., de CHchtovaeiis [p. 191). de Bene'Hctu.s
Pererius (p. 102), on eut aimé trouver la preuve plus
de Notker Balbulus p. 199;,
Orims christianus. Nouv. série. IV, 1914. Th. Kluge. Le récit apocryphe de
Joseph d'Arimathie sur la construction de la ^première église chrétienne à Lydda,
d'après une recensiqn géorgienne du v^ s. —
Baumstark. Représentât io7is des sanc-
'1) C'est ainsi que ilans l'église d'Istuboul (fig. <; ses deux files de colonnes restaurées ne sont
pas dans l'axe des pilastres dantes de l'abside tels qu'il les a cependant constatés; encore que
leur placement, sans liaison directe avec cesantes, d'après le dessin, soit passablement étrange.
Guère moins le dessin analogue du plan fig. i-2. Dans la pl. vu. M. s'est donné la iieine de coter
un à un les blocs du Ramel eUkhalil dans les élévations ce qui était très bien:— mais il a —
oublié de donner un plan structural et des coupes— ce qui eût été mieux. Sa description —
des blocs alternativement de face Xt/'f/er) et de champ [Binder implique un liaisonnement con-
tradictoire avec la théorie qu'il ressasse de construction à double parement ortliostalique, avec
renfort de texte de Viiruvius Pollio. qui ne parait, au surplus, pas cité à la i>Ia<;e voulue
1). 62. n. 1). Ailleurs M. insistera sur des tracés d'absides « en fer à cheval , hufeisenformige
p. 175. -li-l, -227) parce que leur profondeur est plus considérable que leur rayon, sans se douter
que le tracé en fer à cheval est tout autre chose qu'un cintre outrepassé. Et il y a trop de solé-
cismes de ce genre.
(-2) Cet exemple est topique de la méthode aTchéologique de l'auteur. On a rapproché du Ramet
le téménos de Cfwikh Darakdt dans le dj. Sema'ân. Mader comprend la grande installation
monastique dite Qala'at Sema'ân (p. 71 s.) et cite avec confiance les pi. 139 et 14"> de Vogiié
pour nier la valeur du rapprochemenl A son gré le Ramet el-Klialîl est un camp romain établi
:
sous Hadrien, et dans letjuel auraient été inclus le chêne et le puits d'Abraham. A l'époque
arabe on l'aurait transformé en réservoir théories parfaitement illusoires, d'où ressort l'évi-
:
dence que les problèmes archéologiques ne se diriment point par de superficielles assimila-
tions. Le chap. qui traite du Haraiii d'Hébron n'est guère meilleur.
176 REVUE BIBLIQUE.
P.E. Fand, Quart. Stat. 1920. Janv. — C. Burkitt, Notes sur quelques inscrip-
tions grecques de Bersabée; cf. RB. 1920, p. 259 ss. — J. Offor^l, Quelques migdols
de Palestine et d'Egypte :du terme migdol et la localisa-
étudie le sens primordial
tion de divers migdols historiques. —
Miss Estelle Blyth, Nazareth : une page
oubliée d'histoire anglaise. —
X, Les voies ferrées dans la campagne de Palestine.
— J. Olford, Notes archéol... : V aigle à double tête, les Étrusques et les Hétéens. —
LesSuhkiim. — E. Lange, Inscr. judéo-grecque de Maïoumas, dmlisirict de Césarée :
'AvTovfvou -/.al Kjpoj t£/.vx I!a;i.o'jr5Xou. DT^U?. L'inscr. n'est publiée qu'en onciales
typoiiraphiques; noter l'accord défectueux Ti/cva pour ti>cvojv.
juive, en particulier au sujet du ti're P'irnas, pour lequel on n"a pas encore « une
monographie delà dignité correspon-
satisfaisante illustrant l'iiistoire de ce titre et
dante ». —
S. A. Cook résume une note de Torrey [Journ. o/'the amer. Oriental
Society, avril 1920 sur la mosaïque et son inscr. qu'il n'éclairoit guère et qu'il
propose tranquillement de dater du v siècle.
Si/ria, 1920, fasc. 3. — M. Ed. Pottier, L'art hittite, inaugure une mise au point
que les multiples découvertes contemporaines ont rendue absolument indispensable.
Cette monographie constituera >.
une sorte de Corpus... de tous les monuments hit-
tites connus », mieux que Téminent
grâce à de très élégants croquis au trait. >'ul
maître français n'était qualifié pour une tâche aussi délicate. Ce premier article
présente un rapide « aperçu historique » et conclut à !'« antériorité de l'art hittite
sur l'art assyrien ». —
F. Cumont, Groupe de marbre du Zeus Dolichénos, proba-
blement un dieu hittite, dont le culte fut importé en Syrie par les Cbalibes »,
<'
(p. 286). Le xiv«-xiii« s. est proposé comme date la plus probable pour les plus
478 REVUE BIBLIQUE.
anciens reliefs de Karkémich. — G. Contenau, Miss. arch. à Sidon (fin) : cippes funé-
raires, céramique, excellente monographie sur les figurines, conclusion générale
sur les résultats déjà si féconds de cette première campagne qui révèle à Sidon des
vestiges remontant « jusqu'au milieu du second millénaire avant notre ère. Une
élude annexe est consacrée à une mosaïque chrétienne découverte à au X. de
D/i'î/e/i,
Sidon, sur le littoral. Elle offre de remarquables analogies avec la célèbre mosaïque
de Qabr Hiram et porte une iuscr. ainsi conçue : 'E;;\ d'3{iôzixi-o'j] Sisçâvo-j
/.(ai) 'Astàvou -apa;xovaf)(;Qu) |
l'{ivr^-o t) A-çpwat; xoy àytou cpconaTYjpfo'j |
hizip aoTspixç
QEwSépoo tjjougtoTou ;ia?a{jLà (l) |
"/.(ai) OùÀ-iavoû -aTpôç aÙTOu. Ilpoaivrivxav. |
"Eroj; o~7_'
t(v)8(ixxtoj)v(oç) Z'. Sous le très pieiuv Stephanos et Aiaiies le gardien (de l'église),
(1) terme obscur. M. Pottier l'explique très ingénieusement comme un terme spécial
ïlagajià.
de mélier Théodoios serait quelque cliose comme un « mosaiste-biscuitier >, au sens où nous
:
1897, p. 6,">3 s. fournirait précisément un exemple — texte principal, I. 4 s. Le même teste sem- —
blerait justifier aussi l'hypothèse de continuer l'énumération, malgré l'absence de xat après
{i.o-j(7WTcni, en laissant ainsi naEajj-à et OùÀTTiavoù... Kpb'r£vr,vxâv(Tcovj sous la mouvance du-
•JTîsp (joTEpia;. Cf. aussi fiB.. 191'». p. 113 ss. et lOLS, p. 279, texte malheureusement très barbare.
(2~ In-'t" de 338 pp.. avec 18:2 fig. et 40 pi. hors texte dont 4 en couleurs. 19-20.
ÉCOLE BIBLIQUE DE S'-ÉTIËNNE
ET ÉCOLE ARCHÉOLO&IQUE FRANÇAISE
AU COUVENT DOMINICAIN DE JÉRUSALEM
Introduction au N. T. — Jeudi, à 10 h. m.
R. P. Marie-Joseph Lagrange.
R. P. Paul Dhorme.
R. P. Bertrand Carrière.
R. P. Raphaël Savignac.
R. P. M. Abel.
R. P. Hugues Vincent.
R. P. Bertrand Carrière.
R. P. Paul I>HOHME.
Langue syriaque. — Samedi, à 10 h. m.
R. P. Raphaël Savignac.
R. P. Marie Abel.
Le Gérant : J. Gabalda.
BARTOLOMEO'
d. allchrisLl. Liter., T, 5; Barlenlie-.ver, Ocscli. de.r aUkirchi. Liter. I, 2' ediz. pg. 538-
539 : per tuUo ciô che riguarda la leggenda relativa a Bartolomeo cf. Lip&iiis, Die apohr.
Aposlelgesch. und Apostelleg., II, 2, pgg. 54-108.
(1) Cf. E. von Dobscbuelz, Das Decr. Gelas, de libris recipiendis et non recip. in
(2) Lo Pseurio -Areopagita (De m>j.slica theol., I, § 3; P. G., III, 1000 B; cfr. H, 785
s".> ricorda un detlo di Bartolomeo sulla meravigliosa eîasticità délia teologia e del-
l'Evan'^elo : outw 'iO\)v ô Oslo; [iapÔo>.oiiaïoc <pvi(7i ym 7vo).X^v Tr)/ OeoXoyt'av îlvat xai SAayîffXYjv.
xai To E-joL^yélto^ nka.-:» yLOLi \t.iya jlxI aufJiç (î'jvt3:t(iyi(jiévov. Il monaco Epifanio {De vUa h.
Viroinis, 25; P. ^., C.\X, 213 B-D) cita un allio
detlo del medesimo apostolo a proposito
del testamenlo d^Ua Vergine in un passo, nel quale sul fondarnento dell" Areopagita, si
parla delP Assunzione di Lei : 'U oà âyia ôeotôxoi;... SiaO/iXYiv iTcrAr^Gixxo, wç Xéysi ô âytoç
Paf;6o>.OfJ.*ïoç ô à7r6<TToX«ç.
Harnack, l. c: von Dobschiitz, op, cit., p. 293.
(3)
(4) Homilia l in Lucam (nella traduzione fattane dallo stesso Girolamo) : P. G., .\III,
1803. Cf. Th. Zahn, Gescli. des neutestam. Kunons, II, p. 624 sgg.
(5) Eus. Hisl. eccl, V, 10, 3. Cf. leron., De riris illustr. c. 36.
À
IN NLOVO TESTO DELL' 'EVANGELO DI BARTOLO.MEO". 483
(1) Knnigl. Gesellsc/i. d. W'ixs. zu Gotlingen. Philol.-Jiist. Klasse aus dei» Jahre 1897,
Hef), I, pgg. 1-42.
(2) Ricavo la notizia dal Bon^etscli, op. cit.. p. 3.
(3) Neppure al Liechtenhau. allorchè si occupé degli apocrili anlichi, venne in mente di
ravvicinare fra loro i vari lesli relalivi a Barlolomeo [Die pseudepigraplie lAter. der
Gnostiher in fur neulestam. Wiss., III, 1902, p. 232 sgg. Cf. B. James,
Zeitsclir.
Apocn/pha Anecdota, p. 155; Texts and Studies,\, n° 1). Il Wilmart e il Tisse-
II,
ranl (op. cit., p. 166 sg.) ginstamente se ne lamentano con le seguenti parole « Passant :
en remie les apocryphes anciens, M. Liechtenhau ne mentionne l'%in près de l'autre les
textes relatifs à Barlliélemij que pour les distinguer et séparer. »
(4) Les Apocr. copies, Pair. Orient., IF, 2, p. 185 sgg.
UN NLOVO TESTO DELL" EVANGELO DI BARTOI.OMEO'. 485
(2) Fragments d'apocr. coptes [Mémoires publiés par les membres de l Institut fran-
çais dArchéol. Orient, dv Caire, t. IX;. Le Caire, 1904, pgg. iv-ii.s et 6 tav.
(3) SuU' origine e la descrizione di qùesto nis.. oggi conservato nel British Muséum con
la segnatura Or. 6804. vedi "^ilmart e Tisserant, op. cit., p. 354 sgg.
,4; Robert de Rustafjaell, The Ught of Egypt from recently discovered pre-lynastic
and earhj Christian records, London. 1909.
486 REVUE BIBLIQUE.
Del ua cooftonto dei frammenti latini con i testi greci e slavi j-isulta
manifesto che quelli altro non vogliono cssere che excerpta dal-
r Evawjelo di Bartohmeo\àov\û\ ail' opéra d'un compilatore del VU
o deir VIII secolo.
Wilmart e ïisserant danno prima separatamente l'edizione dei
frammenti latini ;^L), i qualicomprendono i versetti 21-30 del c. I,
7-29 e 51-53 del IV; poi l'edizione del manoscritto greco di Gerusa-
lemme ^H,, che appare per la prima volta corredato d'un esauriente
apparato critico délie lezioni di tutti gii altri docunienti finora conos-
ciuti, cioè il manoscritto greco del Vassiliev (G), i due testi slavi
(P, \ G frammenti^latini (L A questo limite era giunta Tindagine
i .
Lucam del Yen. Beda P. L., XCII, 301-634), con una lacuna abbas-
tanza ampia tra le ce. 6 e 7, dalle parole inquit ?nense septimbri
{P. L., XCII, 31i Bj aile parole iiitromitlit. Ibi et Baptistam [P. L.,
XCII. 338 brève di due carte tra le 97 e 98 [fides
C), e un' altra
temptationutn, P. L., XCII, 5i0 doc trina est que non aliquaP.L.,—
XCII. 5i2 Gj. lu fine delF opéra a c. lia v. col. 2 e a c. Ii3 si trova il
principio di un' Explanatio delF Evangelo di Matteo che com. Quasi
Ma già Card. Mai aveva segaalato corne esistente in un codice délia Valicana un fram-
il
dum Barlholomaoum fragmenlnm est apud nos in niss. (Nova Patrnin Bibl., t. vr,
1854, p. 3, 117).
488 REVUE BIBLIQUE
(juendam titulum suo libro e fin. De qaa natiis est ihesus qui vocatur
chrislus.
secondo manoscritto incompleto contiene, corne ho già detto,
Il
testi agiografici esso è sfuggito ail' esame del Poncelet nel suo
:
L =
Vat. Reg. lat. 1050 {edd. Wilmart e Tisserant .
Al'PARATO CRITICO
I. 1. in illo tempore om. V'PH. — antequam pateretur ulsti --v ï/. >ïxpûv àvaTrasiv
H, ante (post V) resurrectionera a mortois PV. — erant... in unum om. HPV. — inter-
rogaotes... Jicentes" Tpo<Tc)6ùv ô Bap5. tov y.Op.ov ànipoiTà /iywv H. et locnli sunt apostoli
P. — nianifesta... in caelis' interrogemus dominum : révéla nobis prodigia P.
1. om. V. — respondit' à-oxp-.^ît'; H. — eis vj-r.^ H. — si non deposuero" èàv àroj5ou.ai
H. si deposuero P. — vobis] toi H.
3. om. H. — postquam... resurrexit] cuin apostoli dominum interrogare vellent V. —
omnes... ad eum om. PV. —non erant... eum et omnes non ausi sunt eum interrogare
PV^ — quia... l'uerat" quia non fuil eurn videre P. quia non fuit eius visio V. sed.*;. —
ostendens' sed plenitudo divinitatis suae re ipsa erat P. quoniarn autem ante suam resur-
rectionem erat, et magaitudo divinitatis suae visibilis erat V.
490 REVUE BIBLIQUE.
ad eum. Domine sermo mihi est ad te. Ihesns aiiteni dixit ei. Dilec-
tissimç bartholomeç agnosco quid vis dicere. Inteproga ergo. et
respondeo tibi quantum volueris. et quod aon memoratus fueris. ea
tibi manifeste. '^Bartholomeus dixit ad eum. Domine quando in cruce
suspensus fuisti. ego a longe secutus sum te. Omnes apostoli rece-
dentes. ego autem secutus sum te. Et vidi te in cruce suspensus. [corr.
suspensum di 5 mano] et angelos ascendantes et adorantes te. Et
quando ténèbre facte sunt. ego ad te adtendebam. et vidi te inpara-
'
illa vos quae ibi facta est? " Dicit ei dominus. quando descendi eum
13. et iterum^ quando aulem P. — audio... excelsi^ audio nunc altissimum aiihelanlem
P. — venit... hodore o))i. PV. — subsistere] tolerare PV.
U. respondit iliceus
dixit] P. — ne credas... descendit noli le subicere,
lai lare, sed te
;et corrobora, ipse enira Deus ;Deus enim V' in terram noa descendit PV.
te V
15. postquarn autem" et quando V quando autem P. pedes] gradus PV. angeli — —
Tirtutum angeli et potestates P, angelicae polestales V ex corr. eleraminl... vestri] —
toUite portas régis veslri et attoUite portas aeternales V, toilite porlas. auferle P. —
separamini ab invicem om. PV. — quia... per seinelipsum ecce enirn introit iom. P)
rei ^loriae (egreditur add. Vf V. — hodorem halitum PV. — sentie' audio PV. — et
EvM/. f, àx twv -posTjTwv sic £(10'. ouTo; çaîvîTOi. 'O ds â'.r,; à-oxpiôst; Ttô ôavâTw siJtîV
o-j-OT£ £;a>tKry.{).ia étti ireir/f.pwvTou. Kai Tziht'i qvto'1 tXrs'.-i. Bî).£iâp : "o TÎtXov to-j àpiÔjAou iv
iinem om. P) non descendet descendit Pi PV. quia venit... agnorum ad perdilionem —
nostram finis est quia ex Deo perditio est iaiu enim finis nostra est P;. Habemus (enim
:
bolus quod verbam patris in terram descendit et dixit ei P ne timeas, tartare, nos con- :
lirmemus portas et corroboremus calenas nostras crede mihi [om. P) deus ipse in ter-
:
19. (licit. infernus] où/, àxoûw xaXâ ffou xà pr,[jLaTa, r, yacrtrip jao-j ÔiappriyvuTai, xà £vôc<Cv>
(Aou StaYW oOx ÈCTTtv àX).' 6 ûeô; èvxaûôa r.y.ti add. H. — ubi l'ugiam] itoy yyyto à.r.ô Ttpoffw-
TTOJ aÙToO Tri? Syvifiew; toj (lîydcXoy PaTtXÉw: ; H. — me] nos P. — abscondam] condemus
P. — ingredere... Ipsum] ne obsistas P, ipse obsista P. -^ a te] Ttpô yâp (roy H.
20. lune... ferrei — et vectes ferreij et finni pessuli V et catenae ferreae disrup-
om. 11.
tae P. — aprehendit eum om. HV. — cedit eum] centum vulneribus add. PV. — iussit...
baculis om. HPV. — omnes patriarchas] adain et add. P. — detinebantur om. HPV. et...
— iterum om. P.
21. vidi... memoria om. H. —
iterum om. P. — in cruce] et angelos stantes ante le
add. PV. —
et iterum... memoria om. PV. in memoria] —
Tnc. primitm fragm. cod.
L] in memorias suas L. —
erat] est LPV. ille homo —
homo permagnus V, homo P. —
quem ferebant] qui ferebant L. — ferebant] portabant ante te V. — in manibus] portantes
add. L. — hominem pulchrum] om. LV, magnus valde P, iravjieYeôri; H. — quil om. L.
— locutus es] loc. est L. — et quit... suspiravit o?«. H. — quando om. L. — quando...
suspiravit] quod suspiravit homo tibi V, et ipse suspiravit P.
22. et... dixit] ait ei lesus L, dixit lesus PV. fuit] est LPV.
et [om. V) primo — —
formatus et om. L, primus homo — eum]
qua [quem add.) L.
P. descendi] ego descendi —
L — in terram om. L. —
dixit ad adam] dixi ei Ego adam L. et] et propter L. :
— —
filios tuos] in terram veni et add. P. in cruce add. L. aulem om. L. suspiravit] — —
àxoyffa; àvxffTÈva^Ev xal £Î;t£V oÛTto; r,y56icr;(ia; /.Opte H, respondit et dixit : Sic tu voluisti
domine P (sic. mi deus bis script. V), suspirans cuin lacrimis dixit : Sicut placuit tibi,
*
Domine, in caelis L.
23. et dixit] iterum dicit L, uâÀiv siTtîv H. — in caelis ante om. L. — adam] patris P. —
et om. L.
24. ipsis om. L. — omnem pulchritudinem] erat omni pulchritudine L. — onmem...
decoratus] ôtaiiSYÉOr,: Ortèp tov; àXXoy; H. opiimus P (valde add. V). — super quos angelos
om. HL. — nolebat] et nolebat L, xaî oOx lêo-J'/îTo H. — ascendere] te videre in cruce
pendentera Y. — eum eis om. H, eum ipsis L. — abebal... igneam om. L. — abebat]
gerebat V. — erat adtendens] erant inlendentes (erat intendens add.) ad te L, erat adten-
dens ad te PV, Sisve Jetô ctoi (lôvw H,
IN M'OVO TESTO DEf.i; EVÂNGELO 1)1 BARÏOLEMEO". 493
dere cum
Abebat autem in manibus suis spatam ig-neam. et erat
eis.
25-28. om. H.
25. angeli vero] vero angeli L. — proclamabanl] deprecabant ei LPV. — ut ascenderet]
in caeluin add. P. — cum eis] et nolebat add. L,
autem (et illé V) nolebat ascendere
ille
dixit ei lesus Beatus es, Barth., dilectemi, quia vidisti mysteria haec (mysterium hoc V).
:
Et ille unus ex angelis vindex ex adsfantibus ante thronum patris dei. Hune eniin misit
angelum (cum angelis V) ad me PV.
27. Et rogabant me. Fiamma vero que (^quam edd.) vidisti de manibus eius egredien-
tem percussit aedificia synagoga (aedificium synagogae edd.) ludaeorum, propter testi-
monium meurn, in quo crucifixerunt mae (me edd.) L, Propter hanc causam noluit ascen-
dere lin caelum add. V)* volebat enim potestatem abolere mundanam (pater meus et
d^derat ei potestatem, ut everteret illam potestatem niundi annui ludaei V). Quando
autem praecepi eura ascendere (in caelum add. V.j et (lammae eseuntes de manu eius
(misit gladium add. V) et scindens (secans V) vélum templi (in II V , in II partes divisit
in auditionein filiorum Israël propter passionem * quia crucifixerunt me cruci (et crucera
«luia crucifixerunt me V PV.
28. [Inc. G] et... apostolos] postea vero dixit lesus L, postea locutus est (esus V. — in
loco isto] in locum istura L. — paradisum] in paradiso LPV.
in — munus] victima P,
(i-jula. GH. — offertur] offeretur L. —
ut... suscipiam om. L. — suscipiam] oblatum
add. V.
29. Barth... eum] xal sînev H, ô ôè Bap8. àTtoxptOel; elîiev Ttpô; tôv 'Ir/aoCv G. ad euin — :
domine om. L. —
in paradiso otn. P. —
egrediuntur de corpore om. L. in paradisum] —
inter iustos L, xai làv (xr, irapayévwfjLai o-jy. sluÉp/ovTai evooSev add. G. (àv tw Ttapaôôtcrw H.)
et nisi ego venio, non ingrediuntur in paradisum add. PV.
30. post 31 C. —
dicit... Barth.] Barth. dixit L, et dixit Barth. PV, âroxpiOeU Se 6 B«p6.
GH. —
munus] vicliinain PV, 6jaiaç GH. —
dicit eij àTtoxpiôetç... \é-^z\. Trpô; aÙTov G
(aÙTôi H). —
non siiscipiebam] amen amen [semel V) dico tibi (vobis V) dileclissime (Bartlio-
lomee add. V); ego vos verbum docebam et sedens ad dexterara (oȔ. V) patris mei vic-
timam accipiebam in caelo PV, 'Ajx^v léyw <70i, àyaitriTÉ fj.oy, ôxt xal [xsô' ûfioiv tôv lôyov
soîôaaxov xal àôta),yTw; {om. H) (^.exà to-j r.aTpèç ([lou add. H) ixaôs^ôjj.vjv {finein parugra-
phiperiit in H] xaî èv T(Î) Tiapaoeiaw xa6' éy.ào-TTiv <;:^[xspav> ta; ô-j^ia; ÈSs/ôjAiriv . G.
Et dixit U.
3*?. : Domine, si (tantum add. V] una egrediunlur ex lioc mundo
tria millia
quot animae ex iis iustorura inveniunlur. Dixit lesus vix VIlI (dilecte mi add. V) :
PV. — àuoxpiôeî; ôè ô B. ).ÉYît aOrû" KûpiE, Tpetç jiovov 'li-jyiOil iiép-/^riv:cm xa6' ixdffXYiv
^uïoo"^; JiyEi «Otw ô 'ItiTo-j; M6),t; al Tïsvr/iy.ovTa xpEÏ;, âyaTîTiTÉ [jto-j G,... Ço[aot... i è?-
spvovTai in T'-ù xÔTiJLOU, nôaa.: o-jv •li-jyjxl ôîxaioi î-JpîçxovTai ; Afysi aO-cw ô 'îrjiroù?' ttevitî-
xovxa H.
33. om. PVH. — et dixit] 7tà>,tv add. G. — sed... repausantur] rixoi à7tox;6ovxat el; xôv
yevvâtxai '^J'/jn G, xtôv klzpyj}[ié'JMy zv. xoO v.6a\i.o-j H, earum, quae e mundo egi«diunlar PV.
35.baec dicens] i»ostea add. V.
II. 1. Quaeslio sanctorum apostolorum de purissima deipara praem. V. — una eum
mariam] in !oco chritir cutn Maria deipara V, in loco Relor eum Maria P, âv xoj X£pouSl(A
[jtexà Map'.ac G, èv xôrttp Xvi).TO-jpâ tl.
cepibilem (aut quomodo portasti imporlabilem add. V) aut quomodo genuisti tanlam
maieslatem PV, iyyc'ïa; ôè ô B. ),r)fei xw lîsxpw xal xtô 'AvSps'a xai xw 'Iteiwr, 'Epwxiîffw-
jjksv x-?iv xE/aptTwix?vriv Mapiijj., nw; cuvsXaêev xov à-/c!)pY)TOv i^ Ttw; èêàçxa^cv xôv àêdaxaxxov î]
1XWÇ ëxExev xô Tr,).txoÛTOv [j.Éye6oç G èyyiaaç Se ô BapÔ. Xéyît xtT) rtérpùi xal 'Avâpéa xal 'Iwâvvri-
ÈpwTiôffwtJiEV x^ x£-/apixw;jiivT, uôiç cruve),ao£v xôv xûpiov 7^ txw: exexev aùxôv xal ÈêdcTxadEv xbv
àêâdxaxTOv H.
LN NLOVO TESTO DEl.L" EVANGEl.O L)l BARTOLEMEO'. 4'.)5
3. om. p. — dixit et dixerunt V. — iterum] oîv G. — tu] pater Petre V, -.%--.'j nérç.-. G.
— priori xal ètib: ôtoâcr/.aÀo; odi. H. — adpropimiaans interroga] iTTT^a; izr.a^z Bonw.)
IpwTr.TOv G. — immaculalus] iaïa-xài -/.ai H. — le Oportet] èvriTa; H.
r.yat—/;acvo;
rj y. <;-Jo'.o;^ G. — et... mulieris om. GV. — state] om. V, ante me stantes P. iuLzpoT^Év
ao-j o-txOévte; G.
8. eam" et Petrus ei dixit P, dixit autem ei Petrus V.
Ipsi... adfixit efBgiem suam] —
condidittemplum suum PV, Iv no: vr,-/ aY.r.-rry a.vzo\> éitr,*£v à xvpio; G. ydacuit] voItûI —
PV. —
capere in te' in te sedem collocare PV, 7£ y.tàzs'.-/ yjTo'v G. tu... deprecare] te —
enim decet orare ante nos P, et te decet ad recandum ante nos stare V, -/.ai a-j u.à).Xov j
à(T-:ÉpE; XdtujTovTe; G. — testante... montes om. H. — opcrtet] decet PV. — orare] ante me
add. P, ante add. V.
10. om. P. —
dicunt... orare]]ow. V. — regni] lîaG'.Xc'w; GH.
496 RKVL'E BIBLinlE.
11. ilerunij et 1*. — suam] vesirain PV, ûtxwv G. ^ vos formavir ficti sunt passeres
PV, l7i)a(T£v ô Oeô; xy TTpoyOîa G. — et... terre] et misit eos in mundum PV, àné(T-czùi
H G
6>fov^a... o).o6. xal {x,{a £).çou£ ÎJapcOpi X*P* elfuzare. feofa, amo- ele fuzarther. thamo-
6$<r<7af >,t<ro aÇovai ps- lofes. Kemnafes. élis- lothe. kemiyatber. eli-
pouvêav^s/O. ^apêoûp. Ôpaêouôà jjLEçvowvô; yt- vadon. eounnavel.'soadone.eunu.aveloar'
Sofaaov epoOpa. sp- |xià6 Âpoupâ (laptSùv arvar. vaonfaraegu. var' !
c. val' tarasu.
p?ff£... 6£oO£aapvevi(o9. éXiffwv [jLap;j.iao(iiv cre- alare. edifos.eius. sak-|alluri. elithosurif. nak-
avÉê..a;. suapyô jiap- «ûv :?i. ffa^o\>6â =vvo''Jva tinos. feo. fa.araniafa. tinos'. Iheotbea. ar
(taptys. îoçço:. 0'jp:a- «axTivô; à6oûp ^î).£),àu. neiunas. maridani.'neniofa. iaunasu. iar-
(lOU/. £V(79ap... Tî.. w^£a)6 àêw -/pairàp. marmariï. geofes. fur- tidam. iarmarii. ieo-
namu. viisarii. |fos. ieuri. iin'ub.
o'jpàvia H jûv
ojpavwv G,, magnitudine caelorum P, raagniludinem caelestem V. verbo —
tuo] TàTrivTa (idd. G, omnia V. —
qui sedes... representasti] corroborans orbem caeli et
confirmans cum ignotis (,?) et tenebras componens, inordinata in ordinem extruens V
(corroborans... componens om. P}, ô (ïyv;fjov(p âp[iovîa t6 £?ap{*.a îî6).o-j é^pâ-ra; H, 6 i/.
V03WV (àyvw-:wv Bonw., yvôftov Vass.) àpjiovîswv JtôXoj; ovpavîou; (TuvdTTjaâpiîvo; xal ffv(J.-
ir'rXxz, ô Tr)v SiârpiTOv OXriv <;ij]>xri(AaT:(Ta;. ô -à âffyfftaTa eî; ffVTtaffiv àyaywv G. funda- —
menta] 9î{X£X:o.i; GH. —
aquae] û3â-tov G aquosa P. in nube] <èv> a'.ôipst G. —
cur- —
sor] Spôjiov G (xpôiio; Bonw.). —
in tenebrç] tûv ÈTriyEiw'j G. qui in nube... tiraor] qui —
siraul et caelestia cum terrestribus et caelestia et cursum terrestrium Vj ostendit timoré
(?) PV. — et eam non non permittens (permisit P eam perire PV (et sem-
dereliquisti' et
per patri divinum add. V), xat ^y\ ziio%r,aa.z ab-r-i à-o),£<j8at G. qui omnem... verbuia —
patris] om. PV, ôti nivrwv Tr,v z^oY^'C' V^i^ yîxwv 7t>r,pw5-a;, twv EÙXoya); xoC îiarpô: G. —
dignatus est] voluit PV, £06otil)(Ta; G. —
caperej àvoSOvw; ytopri^ôvai G, sedem coUocare V,
ô TîXf.pr,; Xôyo; aÙTo; j-ipxwv toO naTçô; flrfd. G. in te] per te PV. digneris] iube — —
PV, X£/é-J(70V G.
—
qui sedes iû throno tuo in septiino caeli qui de limo terri; homineui
plasmasti. qui te inviso representasti. quilumen a tenebrasseparasti.
qui fundamenta aque conflasti. qui iu nube factus est cursor. et in
tenebrç apparuit timor. qui terrain fundasti. et eam non dereliquisti.
qui omnem terram nostris roris adimples qui verbum cherubyn.
c. 103 col. 1 formasti iaestimabilis verbum patris. qui in septem
caeli. vi.K tandem capis; in me autem dignatus est capere. qui totus
ipse videris esse in te omnia facta sunt. Da gioria nomini tuo et
manifestare me digneris in conspectu apostolorum tuoruni misteria
ista. '^Et compléta oratione. cepit ita dicere. Sedeamus in pavimento;
et veni prior petre ad dexieram partem. et mitte humerum tuuni
sinistrum sub ala mea, et tu andreas in sinistram latus fac similiter.
Et tu iohanues. constringe mibi scapulas. ne forte dissolvaniur
membra mea; i"'
et cum ita fecissent sicut dixerat eis. cçpit ita dicere.
Quando erat in templo dei. accipiebam i^scam de manu angeli. Una
vero die ostensa est mibi. visio angeli. facie vero eius inestimabilis.
et nonbabebat inmanibus suis panem. aut calicem secandum consue-
tudinem cotidianam. '"Et subito separatus est templum. et tremor
factus est magnus. et cecidi in faciem meam. non portans visionem
eius. 1^ Ipse autem misit manum suam et erexit me. et aspexit in
t4. cepit... dicere] et diximus V. — prior] xopuaaïs H. — et veni... membra mea om.
PV. — ad dexteram] xal xàBidov èx 3î?iû)v G. — • liumerum] y^ç-x^i HG. — in sinistrum
lalus om. G. — iohannes] TcapOévs dÛT^e (aou to orTyjÔo; ad 3è BapO. Ttiq^ov ta yôvaïà oo-j sîç
Toù; w|j.o-j; [Aou (si; xôv vwtdv [loy H) xai add. GH. — ne forte] àp^xjAÉvyîc [aoj Àéystv add. G\\.
15. et cum... eis om. PV. — sicut dixerat eis om. UG. — c(,'pit ila dicere] iterum dixit
eis V. — angeli] angelorum PV. — visio angeli] âyYîXo; G, ipse specie angelica P, specie
terribili angelica V, Oiai; asv w; à.^^i\'yj II. — inaesliiiiabilisj à/wpviTov II. — secundum
cons. colid.] xaOîo; 6 itpîv èpxôfAsvoi; npd; [aî àyyâXo; GH, ut semper (semper a Deo V) venie-
bat ad me PV.
16. separatus est] Suppày-Ai G, elacopâYn II. — templum] pulchritudo templi PV, xo ue'TtXov
factus est calix magnus vini; et bibit ipse primum et dédit mihi
cem; ^"^'et dexit [corr. dixit] mihi iterum. Adliuc très anni et trans-
niitto tibi verbum meum. et concipies filium meiim et per eum ;
salvabitur totus mundus. Tu autem esto salus omnem seculi. Pax tibi
diiectissima mea.
col. 2 -^ et invisus factus est a me. et erat templum sicut antea
fuerat. -'Et liaec dicente beata maria, egressa est \neir interl. e di 2
resedit in medio eorum. - Ipsi vero non erant ausi interrogare eum.
^ Et dixit ad eos ihesus. Interrogate quicquid vultis. ut vobis omnia
manifestem. lam enim post septem dies ascendam ad patrem. et non
videbitis me ulteiius in ista visionem m raso\ ^ Dixerunt apostoli.
Domine ostende nobis omnia secundum quod promisisti nobis. Dixit
autem ihesus. Bonum quidem vobis est ut videatis abissum. Sed quod
P (parlem veslimenti sui V). — et factus est] xai £9£c6pr,(7a xat slôov G. — vini] ineftabilis
add. P, v.i\ £0£To £-1 To ô'jTiaffTTJpiov ToO vaoj add. G. — et dédit mihi] dédit autem et
inilii V. —mihi dicens... et videbis] -/.ai £9£Ûpir,(îa xal sloov GH, et ego animadverti et vidi
PV. _ completum... calicem] panera totum et (ilerum add. V) calicem plénum vino
(vino 07». V) PV.
20. iterum om. GHPV. —
lu... seculi om. G. —
mundus] yi xtiffi; H ((ioj add. G). —
esto] eris PV. —
dilect. mea] et cum te semper mea pax erit add. PV. xai tr-jv (âv G) soi
PV. —
abissum] profunda P, sed si vultis add. PV, £• Se bù.t^z add. HG. quod pro- —
misit'i om. H, xa-rà xriv èTiaYve/.iav p.o-j G, secundum promissionem PV. me] in vestigio —
me PV, om. H.
UN NLOVO TESTO DEIX' EVANGELO DI BARTOLO.MEO'. 499
angelis. Et factum est ut antea erat. IV. 'Et accedens ciini eis inmon-
tem oliveti. ad mariam. Vas beucdictionis depre-
-Dixit vero petrus
care dominum. ut nobis omuia manifestet quv in cçlo sunt. -^bixit
maria ad petruni. Suider te precepit dominus aecclesiam aedificare.
tu ergo ipse accède forse da accedere 2 Icltere rase ^Et iteruui : .
(j. in loco] Ityou-i-iù Kzç,o-jo'.[t.. o èTTi tôho; ilrfizioL- add. G, xa>,o-^u.r/to Xaipo-^o^x <C);>
Ti; îstIv Toiro; àX/-,6iîa; add. II, iiiioti ilicitur Clierucliisci i|uod ml lociis verilalis add.
PV.
7. iussil] évevidev G. — iniernales] occidentales PV. — se[iaravit... coilis; niuverunt
terrani sicut voliimen PV.
8. aposloli] angeli P.
9. vobis om. V. — abissum ^profunda ista P. — dixit] iussit P, innuit V. — et factum...
erall /.al £7t-:xa).jsOTi r, ârîuffdo; G, et iterum clausa est abyssus PV, om. H.
IV. 1. accedens] et cepit eos et adduxit PV. 7:xpa).a6tov k-^to-j; â-TJpXcto 'TràX'.v àvr.p-
ytxo H).
2. dixit vero] et dixit P, dixit V. — vas benediclionis] benedicta palatium et [om. V)
ornata habitatio PV. —
dominuiiij (ilii tui V, om. H.
a(/f/. c mnla om. P. —
3. maria" Maria autem V. —
ad petium] à-ipôtoixi iïétçî add. G, àKôXî/.Te TtîToa arf(/. H,
petra oplime secta ndd. PV. —
super lej oùyl â^l rjï GH, nonne super le (ex te V) P. —
precepit] dixit P, iussit V. —
precepit... aediticare] ùy/M6<xrtnz'i G. tu... accède] om. H, —
£/,Owv ipu)xr,3ov aÙTÔv G, et {om. V) accedens interroga eum PV.
4. om. U. —
et iterum,.. inlerroga om. PV. domus... dei] quia lu es temolum —
altissimi PV.
5. iterura... eva om. H. ilerum om. P. — —
tues... est eva] lues ex stirpe .\dami.
nonne tu prius [om. P) formatus es, postea autem Eva PV, g-j tô sxr^zwijLa toù 'Aoia,
aiy. a-Jiô; oOtw; iTï/âoOr, xaî ovirto Eûa G. secundum Adam om. P. —
est splendorem] —
jtpo)oi[iTi£'. TôJv à-T-ÉcM-j H, est anliquior PV, >au.7tpo'i; z(sx:-i G. posuit aulemj et posuit —
P. — orientem] Evam autem in occidentem add. PV, tyjv 5à EOav Tipô; ôyosxà; add. GlI. —
illisduobus] toÎ; àn-po'.c, G. — lucere eiS] çaîv=iv i-zX Tr,; y^.? G, ^olvuvi toïç àiiso-Epoi; H
lucere PV. — orientem] tw '.\3iu. G. — Ilammeis radiis om. PV, Tîjp{vo'.; âpaa-riv G —
lactis... prestare] pallido vultu Evae [om. P) lucere sicut (et add. V) datum est Evae PV.
— preslare] o'.o&vof. t^ EOcf G.— lumen cius] lucide V. — videbis] decet PV, ov osetXei; le
G, Petre add. P, pro me add. V. — in me... pudicitiae om. P, ôi 5ià tô vi Ijjl'a i/ih^^i\ivi
dei. propter hoc nebulosa est luna; et non exclarat lumen eius. Tu
ipse ergo. qui es secundam adani videbis iterum interrogare. In me
autem dignatas est capere propter inclamationem pudicitiae femi-
narum. ''quando ascenderunt in cacumine montis. et parvulus re-
cessit ab eis ihesus christus. Et petrus dixit. Tu es restauratrix
memoriae transgressionis. Evam de tristitia in gaudiiim adduxisti.
Te licetomnia interrogare. ~Adveniente autem iliesu. dixit ei bartho-
lomeus. Domine ostende nobis illiim contrarium hominum ut videa-
mus eum qiialis est. aut quç est opéra eius. vel unde descendit, aut
qualem virtutem habet. qui tibi ipsi non pepercit. sed fecit in ligne
suspendi. ^ Aspiciens autem ihesus. ait ad cura. quur audax non
possis videre ea que interrogas? ''Et bartholonieus turbatus est valde.
Et iactavit se super pedes domini. et cepit ita dicere. Christe. lumen
secLili salvator indeficiens. qui iu omnem seculum gratiam donasti.
diligentem. sempiternum. lumen nobis donasti. qui descendisti in
seculo. qui sempiternum veibum patris confîrmasti qui tristitiam ad
Içtitiam vocasti. qui confusione çve Içtam fecisti. et ipsa reparasti
propter quod in utero capere dignatus es. Liberator seculi. manifesta
r.afj'jaia; G, Sià ttji; Tîapôévc; Mapiaç T/j; Èv x6(T(aw oq-j Tiapovaia; H, in mundum îidvectus
P, per tuum in mundum adventum perpetuae virginis causa V. — qui... confirmasti]
6 TT,v âvti) oOffiav Xo'yo»... ~arp"o; èpYov iTriTE/ida; G, supcram substantiam verbura patris in
terram opus perticiens V, verbo patris et opus perhciens P. tristitiam] xà ffxvôpw/îôv —
To-j 'Aosfj. G, et tristitiam Adam PV. —
confusione] )Jnr,v G, atllictionem PV. Içtam... —
reparasti] /ipir, (-/dtçtiv-i Bonw. XàpiEv to Vass.] tû Tipo^oj-w G, om. PV. propter... es] —
cià x?,; ix irapôÉvo'j ](jir;xpà;] <yEvîâc> G, tua nativitate P, per iucundum verbum et ex
virgine nativilatem (jui habilalionem fecit V. — qui sempiternum... liberator saeculi om
11. — liberator... meae om. CV. — manifesta... mihij è~iy,opr,Yriffov r,u.îv H, àjivrjffixâxto;
vavit eumihe^us etdixit ei. Vis ergo videre illiini ininiicnm hominum.
as-nosco quoniam videre eum cupis. non soluin ta. sed et omnes
apostoli et maria. Sed cum vid^ritis. cadebitis in faciem vestram ; et
eritis sicut "Et di\erunt apostoli. Domioe videannis eum.
niortiii.
vel hominetn PV. — aguosco... Maria om. PVGH. — sed cum... cadebitis] scias veto quod
cum eum viderilis non soluin tu sed et omnes apostoli (apostoli (|ui tecuin sunt V) et
Maria cadetis PV, ISè (Àc'y'^ tJ) ^- ôt*. '^Xi-ui-i avtbv oO (lôvov ah 'oà cJ G^ àX'.à y.ai oi ),o'.jroî
ài:Ô7To),0'. 'xal t-jv no: o\ ànô'jtoVoi G) xal aip'.àfjL ([laoîa G; TTSTîTaOe GH, non solura <Cta>
sed apostoli cum Maria, cadetis in facice (m) (faciem edd.) vestram L.
11. om. LH.
12. deposuit] duxit PV. — de monte] in montem L. — in furore dixit] prohibuit PV.
à!i6p![jLr,(Tâji.£vo; H, om,. L. — ut... veniret om. GHPVL. — et iussit] induit (innuit edd.)
autem L. Iveydsv H (5È add. G), disposuit V. — michaelem] a raicahel L. — in excelso
virtutis suae] in excelsis virtutis suae L, èv tw Wîi twv oOpavwv G, vt oâ/irtYyi -ri;; ô-j^iaEw;
H, in excelsis in tuba virtutis suae V, om. P. — contremuit terra om. HPV. — contre-
muit( et tremuit L. — inox( om. HG, in ea hora PV. — anlichristus] diabolus PV.
Bs)iap GH. — sex milia sexaginta] VI. M. LX. IIIL L, Éïaxoffîwv î^fxovTa ['O'.wv] G, ;;' H.
— angelorum] angeiis cura 4, om. G. aliis add. V. — religatus( complicatus L.
13. longitu'to] altitudo PV. — eius] to-j Spâxovto; H, illius vero L, draconis illius P. —
cubitos; cubitis L. — DC. L, sexcentos PV, ay' H, yjÀiwv i|a/off:wv (i.
mille nongenti]
— latitudo... septingenti om. P. eius om. H. — —
septingenti] cubitis ccc. L, septemdecim
V, -e'7<Tapi/.ovTa G. \l' H. —
et una... fovearum om. L. et una... cubitos om. PVH. — —
ignis] om. P, igneae V. —
nubiliosi] sicut scinlillae (igneae add. V) PV, malignitatis eius] —
foetidus PV, ôjT'ijor,; —
G o-JTwôia; H. os eius' egrediens add. V. — saxa fovearum] fauces
—
abjssi PV. Deo autem nostro gloria in aeternum add. P [Expl. PV.]
14. statim om. L. —
et facti sunt om. L — sicut] f[uasi L.
15. ad apostolos] apostolis L. — suscitavit] excitavit L. — dixit] dicit L. — et dédit...
virtutem] ante et dixit in GL. — eis L,
ei] xi-.o'.-, G. — virtutem] spiritum virtutis L.
Tïveûaa oj/dtaso); G. — et dixit] tune dixit. Bartholomeus L. — vade] adpropinqua L,
iyv'.^ov G. — tw t.ooi H, et interroga eum quae sint (sunt edd.) opéra eius
pedibns tuis]
aut quomodo persuadet homines peccare add. L, xal £pwTr,<Tov aOtw ti êpvov ai-o'j f,
add. H. xaî lp£'. TO". "0 Ipyov ocjtoC. tî sttiv t; irw; àTrarâ to-j: ivOpcôrrou; add. G.
502 REVUE BIBLIQUE.
16. om. CL, <[ô Ô£> 'lr,(70v; îovr\ (àîro |xay.p66r|V add. G) [xexà twv /oiTiwv ànoTToAwv
(XoiiTwv om. G) GH.
17. tune tremuit antechrislus et furore repletus est L, xai û'^w^cv 'cr)v iwvr.v aÙToû 6
Bap9. oOto);" Q. |i.rjTpa 7r6).cwç eOpu/opOTÉpa" w [AriTpa oùpaviùv (XTTÀiôjjiaTo; Tt/arytÉpa" w (j.'ôxpa
(•> |J.r,Tpa E'jpuyoporc'pa Oirèp Tiâiav t-P;v XTÎffiv Trpbî Pp^X"^"' Y£va(jL£vYi G xal yopy|9eU j'^woev
T/;v <pu)vriv aÙToy ô liapO. xai ains^" i<.i\ to ovofxa tt,; àOavâto'j oou paaiXei'a; e-J).OY'0(J.évov àTiô
ToO vOv xai ëw; toO aîûivo;. EtîtcvTo; to'J BapO. âTcÉTpeij'''' aOrti» ô 'ItiTOÙ;' â'itE).6£ xai itatïjnai
TÔv psXsiàp Ei; Tov -oàyrf/.oy. xai opo[jia:a); è7rs),6à)V ô (i«pO. knixfiTiv <C£Î;> tôv xpiy^ïjXov
aÙToO xai £Tp6|j.aç£v ô B£),£i(ip IL
18. dixit ilenim] Barlli. recessil el dixit L, xai cpoprjOsi? ô I5ap9. )£Y£t G (l:puYE ^tai )iY£i
H). —
ad chrisluinj ad Jesum L. — loracem... luos] ex fimbria vesliinenli lui L, xpâoTtEÔov
£x (àTTo G) TWV t|j.aTÎo)v (Tou HG. •
— et ego vadam] t'va to)[xiô<tw îrp-j; aùxév G (iyyiaoLt. aOrov
H), ut audaciter adpropinqucin ei L. — «joia... contra me om. GUL.
19. el... barthoL] dixit Jésus L. — loracem poteris] Non potest accipere islam <slolam>
L. < JSon est illa> stola que ((|uain edd.) induebain i|u*ndo me crucilixeruul liidei
add. L, où Y*p £i'jiv -rà ijAdcttâ iJ.oy tavTa 5 èçôpou/ np'i lo'j (j.î [om. Il; cTaupoOrivat add. GlI.
20. oin.Ç. — Dixit Barlh. Timeo, bomino, siciit alii (s) (angelis edd.) non pepercil ne
me degiuciat L, liy^i ô B. Ô£00f/.a xûpiE (ay) w; o-Jx k^feinoLTo twv àYY^^'WV ao-j xàiAs àv
xaTXTiiETat II ),£Y£i Ô£ ô B. Aâôo'.xa xOpi£, ôjaoîw; xtBv àYY^'^w oùc. èssÎTa-o, (j.-^ xai i[ù àpa
'
xaTaTTÎîTai G.
21. tocum sum] Jésus dixit Non verbo meo fada sunt omnia et intellectu palris
El e;4o :
me missus sum sub soin 'm) (solem edd.) L, y.éyei aOtw ô 'lr,To-j;' o-jyl lôyu» ru> è\iM rtàvxa
YivîTai (iràv âYÉyovcV H) xai tî) ôia/oia to-j Ttatpô; (xou xjiizxâiyri -cu) 7rv£u(i.«Ti... tô cro),o(i.ovr; G
(TtvE-jfiaxi iiov; Ta TivEÛjxaTa Tfô l'>)oixLvi OîTc-iY^'^'''"' H)- — iussio mea... eum] crû o-jv
x£).Euôu.£vo; £v Tm ovôpLïTÎ (Ji-îu ("AÔyw rùi ItjLfr) H) àneXSî xai êpwTYiiov aÛTÔv GH. — vel quQ...
est ille] ô poû).^ G, à poûXvi H.
22. Anle Adpropinquantem leij\inlur -.
Barlli. faciens signum crucis ante faciem suam
alque poslerguin perrexif. El dixit Jésus ad eum < Adpiopinqua>- in L, ô 8à (îapô. Ttoii^-
(ya; tov tutiov to-j aTaupovi xai £Ù);ÔTa; tw 'IrjijoO Ttavra/oÔcv TxOp àv/)y9r) wcttê ta î|j.âTta
«Ctoù Tiypyjvai. AÉyEt ô 'Ir|(TO-j; tw Bap6. xaOw; Etuôv ffot rÔT/iiov xôv xpiyrfi.oy aÙTO-j wcritEp
ipw:à/ aJTov tî £(tuv t, cijva!J.(; aJToC JH H. — adpropinquantem... ad antichristus]
ad|iropinquante Barlh. ab omni parle igilur (ignis edd.) visus est circa Jesum el veslimenta
cius ignea L, om. G, xai ànEÀôwv ô BxpO. H. calcanlem] È^âtriTEv H, calcale (calcante —
edd.) L, TtaTfjffa; G. vero om. L. —
bartlicilomeuinl barlholomeo L. —
mergebatur... —
eius] . usque sic su>cilavit faciès eius usque ad aures et mergil in terrara L, tiv y«P
xpy^To,Aîv'jv =w; xwv à/.oiov II, àTV'ôxTato t6 TipÔTWTtov ajtovi eî; ttiv Y'Ï'' £û); twv àxoywv
aOio-j G.
UN NUOVO TESTO DELL" EVANGELO DI BARTOLO.MEO". 303
faciem eius. '^Tunc dixit apostolus ad eum. Die mihi qui es tu. et
quomodo tibi nomeii est. aut quç est opéra tua quae agis per totam.
iiidica mihi celerius. Respondit ei diabolus. Relaxa me modice. et
subleva calcaneum de nei'vireni meam. et dicam tibi qui sum ego.
vel quomodo hic adveni. et qur est opéra mea. et qiiod est nomen
meum. Ipse autem modicum relaxnns. Tune dicit ei bartholomeus
^''
23. tune... eum] di.xit et Barth. L, xai '/.iyv. aûxo) HG. — qui] quis L. — et quomodo...
est] vel quid nomen tuum L, /.al xt to ôvouà trou HG. — aut que celerius om. LGH. —
respondit... nomen meum om. H. — re.spondit ei diabolus] et ipse dixit L. — modice]
ruodicum L. — et subleva... meam om, LG. — dicam] manifeslabo L. — qui sum ego]
quot (quod edd.) ipsum (ipse sum edd.) L. — vel quomodo... nomen meum o)n. L. — et
quod est nomen meum] /.al Tioia ôCvaix-i; \t.o\) G. r,
24. om. H. —
modicum om. LG. relaxans] — rela\avit eum L. — tune dicit] dixit
(dixitque edd.) L. — barth. apostolus om. LG. — condlerej confileri (confitere edd.) L. —
deceplor... animarum om. LG. — egisti] fecisti L. — vel agis... dei vivi om. L. — adver-
sus... dei vivi om. G.
25. — dicit diabolus om. LH, ànoxpiOel; 8ï ô
post 27 L. ei liyti G. — vis scire [îîXiàp si
nomen meum om. H. — nomen meum... nomen meum] antechristum vocabor (vocabar edd.)
salanaliel L. — atbanaul] GH. — angélus] angélus tarlaricis (tartaricus edd.)
;aTavar;),
(cktre post angclus [on(/a sententia e diUoç/raphia decidit. Tisserant). — persuadi... deo]
àYvowv (àyvwôvG, ov lîonw.) àvriTvûov toO Sîoù'GH. — quod est maior... peieant om.
àne'yv
GHL.
26. dicit] itàXiv /iysi GH. — dicit ei ...ita om. L. — ita ut] /.al GH, et L. — abscondas]
y.t àTcoXp'j'iir,; GH.
27. ipse autem] Satanas L, ô Si H. — ei om. L. — quare... comprimis om. GHL. — si
voluero] ôavjaî (joi xarà t?,; ôyvâjAîa): {om. H) Trj; ô6;ri; toO 6îoj Sti praem. GH, iurabor
per dexteram < dei > praem. L. — non possum] stat autem qui coraprobat me add.
L, TïapéaTaTai (/tapiTTatai H) yà? ôèXc'y/wv iae (aot H) G. — quia vero... non potui otn. LGH.
— si] si autem L. —
ab vi perdere] absorbuissem L, k-xoliox: àv ety/jv H, âv. .. Cv/t' àno-
Xc'irai G. — priorein veslrum] de prioribus nostris L, xo-i Ttpériaov G 'upô tiulôîv Bonw.),
El ïljjLwv H.— nomine... est om. GHL.
504 REVUE BIBLIQUE.
possum. quia vero si potuissem. contra eos pugnarem. sed non potui.
Si potuissem et vosab vi perdere. sicut unumpriorem vestrum nomine
nomine meo asscriptum est.
iudas. qui et ipse in Nam et ego inter -"^
ego autem L.
28. nain et ego] —
inter angelos] primas angelorum L, irpwxo; xyye^o; GH.
— plàsmatus] formatas L, iYlrfir,'^ H. quando... terram om. L. — quando] xal yip H. —
— celum et terram] toù; oùpavoJî G. —
et accipiens] Dominus autem accipiens L. —
flammam] opàxav H. — prior]
priorem L. Cetera usque ad finem paragraphi om. LH.
— arcbangelo... potestatem om. G. —
filium... fundaretur L posl § 29 /labet Jns verbis :
lilium autem suum (jui celum et terram et nosfundavil abebat. genuit] sl/ov G. fun- — —
daretur] -),a'767;vai G. — verbum factus est] eTtîsv Xoyov 6 Oiô; avrow G. — plasmavil nos
om. G.
29. formavit... me om. HL. — deinde] secundum autem L, ôijxepov GH. — micbahelem]
micahel L. — honore] lionorem L. — eo quod.. eius om. — honore... in mandatis
L.
eius] TÔv âpyiTTpânrjvov twv à/w ôjvâuiEwv G. — tertius] tertium L. — quartus] quartum L.
- Raphaël... quintus] -rpstov ra6p!r,X, TÉTaptov OCpir,). •tcéu.jttov Paçar,), G, xpirov raêptr,).,
30. numerus angelorum] t6 7i),r,9o; ày.-jXwv H, iriv-î; ol ôcyYe/.ot G. rallia ... milia] —
aupiâSs; éxarov G (p' H) et sic per totos caelos. —
extra... tabula] xal tm éoSôjxto oùpavdi
To néxcû.ô: èo-ti to uptôxav G, l|ti)9iv Sa twv ÉTirà oùpavûv tô nkzakôy Èax'.v t6 nptoTov H. —
qui snntl ôno'j v.ait GH. — impediendi... agunt] ÈvepyoOaai tôt: àvôptônoii; GH.
31. alii quattuor] tTepoi G. — qui... cupiunt om. GH. Ad initium g 32 erpl. cod. H. —
UN iNUOVO TESTO DELL' 'EVANGELO DI BARTOLOMEO". 305
flamina qui non permittunt eos illa facere quae cupiunt. Maucb.
angélus super arboream. ''-
Etalfatha super aqiiilonem tenentes virgas
igneas. et faculas ardentes ut calefaciant a frigoris eorum ut non
siccetur terra et pereat mundus.
Cedor vero super austrum ut ^s-^i
non conmoveat terra sol in actus super sol ab orieutem solis. quia
lenevior tempérât calorem eius ne exurat terram. ipse extinguit
flarama cgredientem ex ore eius. -^^Et alius angélus est super marc
qui confregit virtutem undarum. •^^{{eliqua vero non tibi manifesto.
3' Dicit ei apostolus bartholomeus. Die mihi malefactor et non verax.
fur ab initio et pleims amaritudine et dolo. invidia et fallacia. serpens
subtilissinie antiquns Inpis rapax. qui persuadis animas hominum ut
discedant a deo vivo creatorem omnium qui fecit caelum et terram
mare et omnia que in eis sunt. quia tu semper inimicus es generi
humani. -'^Respondit salhanas et dixit eis. Si vis scire. referam tibi
singulas artes in quas decipio eos quos indicavero tibi. Persuado
homicidium fieri. Ydolatria colère. Malcficia facere. et credere in
eis. populi mente, quando ego aliqua fantasia ostendere per eos. Sed
illi qui haec faciunt. vel qui eis consentiunt. aut qui eos consequun-
tur. mecum pereunf. •'•'
Dixit ei bartholomeus. Déferre crderius in quo
suadis liomines ut non sequantur deum. sed artes tuas malas et
lubricas et tenebrosas. ut dimittant vias domini rectas et lucidas.
^'^
Et
c. 16'!- v. col. 1 dixit antichristus. Dicam tibi. Ascendens rota de
NfaucL... arboreaiUj 6 (xàv :;; à'yYeXo; '>.i\t-'X'. iiû xoO [îoppà -/«tpo-jij. xat xiTÉ/êt èv tî) X-'P'
aÙToO pâpô^v Tfjptvov zai zaraTta-jS'. t/jv Tzo'/.lri'/ a'jToO OYpÔTr,Ta ô'.à x6 [x9i Çr)patvîi6xi rr)''
Yf|V. G.
32. xai 6 âws^o; ô èitl xoù aTr' à'pxto-j XsysTat ô 'lipOdc. iyv. \t\j.n6idy: iT'jpà; xal npouTi'ôridtv
avtbv xaî ei; ta; 7i/.î'jpà; aOroy /.al 6îpp.a!vo-j(iiv aOtoO tr,'/ '^j/_p6Tr,xa. ivx [xy] Tiroir, Tr;v oîxoy-
IJ.ÉVYIV G.
33. xat ô ini to'j vÔToy àyTi^-'^; ).£Y-^*' Keoxo'jOSx, xal Opa'JouT'.v aùroCi XYJv Opaff'JTviTav oià tô
(irj Tivot^at triV y?;v. G.
34. xal IttI xoO /.;6a ayyjAo; AsysTa'. Nao-^9à xal è-/îi pâooQv yiovcoor) év t^ "/^'P'I aOiov xal
TrpouTÎÔct elç To ffTÔixa aÙTOÛ xal Toé-wei tô irOp tô âË£py/)[i£vov sx toû uTÔixaTo; aJToO. et oè oùx
èiêew-j aÙTov ayysXo^ £7tl to'j i7tô(xaToç aOxoù, IçXsysv nàTav t/jv o'.xoujjlévïjv G.
35. qui... undarum] ô Ôpaaû/wv aOxriv Sià twv xufx.iTw/ G.
36. manifesto] où yàp (j-jy/wpeï (loi ô i;ap'.(jrot[A£vo; «d(Z. G.
37. die mihi... humani] irw; Tîa-.orjstç ta; 4'"/:»? twv àveptô^wv G.
38. respondit... dixit] Xéyct G. — Sathanas] ô psAiâp G. —
eis| ahài G. — singulas artes...
pereunt] xriv xéXau'.v xtSv ÛTto/p'.xrôv xaxaXâÀwv xxl xcôv y^yotaixàiv xai xtjjv eiSwXoXaxpcôv xal
xwv çiXapyjpdjv xal tûv [aoixwv xal xùv yorîTaiv xal xûv aavxE-jOjxévojv xal xwv 7riTX£yôvTa>/ si;
39. referre ceierius] nyvOxvw oxi XÉys'.; tvvt6(j.w; G. — in (fuo suadis... lucidas om. G.
40. et... abissum] xal iTtàta^Ev èv ^p-jyinh xoù; oôôvxa; a-jxoO xalàvyjXOiv xpoyoî È'-i ffi; àê-ju-
ffov G — cullros igneos] (j-âysipav Ti-jp àTtoseyyo-^aav G. — primus cultrus] i) [).7.yzip% G. —
canaies duodecim] (jo'/fi'iT-i G.
506 REVUE BIBLIQUE.
facis. aut per ministres tuos vel etiam per consimiles tuos. ^^ Res-
pondit antichristns et dixit ei. Oo ego potuisse egredi et per me
si
haee facere; omne mundum in tribus diebus perderem. Sed nec ego
eg'redior nec aliquis ex bis qui mecum sunt proiecti. abemus autem
alios extinctos ministros leviorcs qui et ipsi faciunt sibi collegas
ministros quibus iussimus et induemos eos stola^nostras et niittimus
eos in venationcm ut veneantur nobis animas hominum multa dulce-
dinc. adolantes. ut sequantur ebrietatem, et avaritiam et blasphe-
miam.
col. 2 homicidium. furto. fornicationem converti in heresem. idola
41. respoiidit... Barlh.] xai éptoTTida »jt6v '/.é)'oiy G. — qui sunl cullrisj t1; r, [xâ/^ipa
auTy] G.
42. ô ôs £i7î£V Aùtri y) \iiyz;oi ettiv twv Ya<rTÇ(t!i,ipyM/" si; toùtov yàç, xbv aoAïjvx Tts'ixTi'ivtai
ÔT'. Sià tf,Q yxiyzp'.iLXÇiyîa^ iràffav à(iapTÎav èoeyptoxovffiv eîç tov ôsÛTepoiv aialf^^ix itijAiiovTai ot
/.axà/aXoi oi xaTaXa>.65ffiv Xâôpa xàv ir),ïi(j!ov aOttôv ei: 8è tov xp-Tov <jw).75va iréjATcovTai ol
ÛTïoxpiTal xai oi Xotnol oj? èyo) àTroTxeXîÇto tr, è(i^ otaôédc'. G.
43. die... verax om. G. — aut... tuos om. G.
44. aQtichristns] latavi; G. — lespondit... et dixil] elnev G. — facere om. G. — ex et...
his... proiecti] xwv i;xy.o(7ÎMv G. — extiactos om. G. — qui... ministros om. G. — àtolas
noslras] iioXuây-AiTTp-jv G. — adolanlesl yXunaivovTe; G. — ul sequaatur ebrietatem... in ea
appareant] -zomzIgzv/ (jLî'Or, xal ysXw-i, xaTa),«Xi5, •Û7roxpi<j£'., y,ôovat;, nopvïîa t) xal -aX; Xoiiraïî
ô) '.yopîocti; £x Twv 6r,aaupà)V aÙTôJv G.
UN NUOVO TESTO DELL' 'EVAiNGELO DI BARÏOLOMEO'. b07
meum non indicarem. sed propter eum qui preest cuius crux
tibi
45. nomina] Ta Xotuà ôvôixata G. — dei... nobis oui. G. — unus ex his] ô àyytloi Tf,;;
yoLlaCi):, G. —
continet tempestates] è^i tT|V -/.zzi^'t.Tci aJroj add. G. — ille dimittit eos] xat
t: f [x.7tvj<7tv (oi )£iToj?Yo{) auTÔv G. — sed... incenduntur om. G. — alii... quinquaginta
super coruscationes] Ërepot ém t^; ya),a^r,i;, v.-xi sTipoi ayYEAOi ètiI tv)? PpovTr,? xaî ëtcpot
â/yï/'S'. éîïl Tïj: àcfpaTrri- G. — de nubis oia. G. — impelus Japideus] --^pivou;... Atôoy; G. —
et igneus accendil nos] /.«i aTiToyjtv fiawv xà u.ïXyi G. — et liadilur saxe vel arbores
c. 165 col. 1)... non habeo ubi requiescam (c. 165 v. col. 2) add, C.
508 REVUE BIBLIQUE.
per lucos et aras feci fornicare; et vitulum facere. Ego sednxi 'da
seduxit : t in ras. eos ingrediens in corde popiili dicentes ad aaron.
fac nobis deos qui nos précédant, et saltaverunt ante vitulum et
adoraverunt eum. Et veniens nioises et oravit pro eis. et illi péni-
tentes salvati sunt. quia ubi fuerit bomo fidelis et iustus recedens a
malo et timens eum a quo factum est. multi salvantur per eum. Ubi
vero fuerit infidelis bomo qui non timet eum a quo formatus est.
sed tepide servit ei non se salvatur nec alios salvat. Sed scandalizo
eum ut non possit sibi subvenire nec orare
col. -1 pro poccatis suis, sed nec possit facere opéra l)ona. Sed non
prevaleo in omnes. ni^i qaos vacuos inveuero. Quos vero inuenero
plenos spiritu sancto. et sigoo crucis armatos. et in mandatis dei persé-
vérantes, et scutum lîdei babentes. quod est crux eius ubi ipse pepen-
dit, hos tempto. sed confusus recedo. Quos vero invenero vacuos. et
pav'.a -/.ai xà Èniysia oLtot esaiv Mep(i£wô, 'Ovo|J.aTâ9, Aovô, M£).t(.'>9, XapoûO, rpfltsaôdt?,
'Oïôpâ. Nsçovo;. XapxaToOpi' g-jv avroî; SiaitsTavTai ta ÈTrojpavta xal rà éjtîifeta xai ta xaxa-
yôiôvia G.
48. XÉvc'. aùtw ô Baç.9. 4>'.u.w6r.Ti xai ÔAiyôpridov, ônwç ôtti^Cù toù x-jOvo-j [lov G.
UN NUOVO TESTO DELL' EVANGELU DI BARïOLOMEO". 509
universo mundo quos colent universe gentcs. ego habito super eos
et in eis cousisto. et fratres mei acham regem ego decepi
sunt. Et
falso adiutorio ingrediens in ore omnium prophetarum eius. Adhuc
si volueris dicam tibi. Quando homines helemosinas voliint facere.
vel etiam in carcere ministraie. aut infirmes visitare. vel se ipsos
diligere. aut nudum vestire. aut esurientibus cibum et potum dare.
vel etiam pauperes vocem [ras. di ima leltera audire. pro quod
possit peccata eorum redimere. ego iogredior in corde eorum et
demento eis ut non faciant qur bona sunt. sed que mala.
c. 165 adductus invidia ne nulkis liomo christianus asccn-
v. col. 1
dat "unde ego iactatus sum. Utmultum dicam omnem mundum ego
infundo de potionibus meis. Ego sum qui facio gentes ydola adorare
ot arrus venerare. Ego sum qui infero pro castitatc libidinem. pro
niei fratres sunt. vel omnes dies quos colunt universa gens, in meo
numéro deputantur. eo quod ego invocor super eos. Et simon magus.
et zaroes et arfaxir, et iamnes et mambres mei fratres sunt. vel qui
eos imita verint for se da imitaverunt". et sodoma et gomorra mea
^
50. xai Ta-jTa aùtoû eÎTtôvTo; \v{v. aOto) ô xûpioî 'AvàffTa, èitt'jTpî'^/ov tw (jTEvdtS'xvTC" xàyw
CTOi ta XotTcà à7ravY£!),w G.
51. [/«c. terlium fiagm. cod. L) post haec autem] tune L, om. G. — apostolus om\.
GL. — dixit anlicliristo] adj^ropinquavit Satané dicens L, riyeipsv tôv laTavàv xai \i^n
aÙTôi G. — revertere] adf^ede L, itopeO&u G. — danipnale... hominum om. GL. — abissi]
tuiim cum omnibus similibus tuis add. L, ctoj (xexà tùjv d(8)wv ooj, 6 Ôè xjpio; èXsîï Tiâffav
T/;v oîxo-j[j.£vr,v aÙToù add. G. — Caetera qtiae C exhihct ont. LG.
UN NUOVO TESTO DELL' 'EVANGELO DI BARTOLOMEO". oH
tavi Zachariani in templo. ego feci interlîcere. Ego introivi in cor in-
de ut Iraderet iudçis christuni. et ego introivi in corde iudgorum. ut
christum crucifigerent et lancearent cum. Ego temptavi cum sicut
primum hominem. et ohtulit ei panem in deserto. ut quasi per cibum
seduccre eum potuissem sicut primum hominem. et régna seculi optuli
ei. Sed qui angelos creavit et homines. [rasura di ^2 lettere]
et ille
et mundum et omnia quae in mundo sunt. ante cuius imperium
omnia Iremescunt. qui mare tcrmiuavit. et aridam l'undavit et per
quem omnia facta sunt. ligavit me catenis igneis. et victus sum ab
eo. et multum me flagellât, et
crux eius non me permittit facere
cpiantumego desidero nisi quantum permissus fuero. Sed et istum tibi
non celo quia invitus confiteor. Quando christiani volunt bene vivere
secundum iussionem dei. et volunt ad çcclesiam currere. ut [da aut :
una lellera rasa audiant lectionem et verba dei. vei si voluerint bene
orare. ego in corde eorum ingredior. et mitto in eis temptationes
varias, et facio illis diversa. Nos qui non habemus uisi sola malum.
et quomodo possumus bene facere? ^''Beatus apostolus bartholomeus
dixit ad ihesum. Bonus es tu domine ihesu christe per tuum verum
et gloriosum adventura boni effecti sumus. quia misericors es super
49. xat J;p?aTO ô Baç6. /ivî'-v. nz'iiyi ln\ npÔTwîtov xai ^à/./.wv ïtO. Triv -/.s^aAriv a-j-oO Y^r'>
)iYajv Ô£ oÛTio;' Kûpie 'Iri^oO XpiçTs, tô ixÉya xai £voo?ov ôvofta" xal Trivus; ot y.opot twv
àYYïXojv alvoOTÎv az, ôJaTtots, xal ï-vji) ô à/â;'.o; xoï; -/iHztm... ôpY^vov alvw as, ôsTîTOTa.
ÈTtàxo-jffôv (JLOv Toù ôo-jXoy ffou xai w; â$£Xî;â; \i.t i% tcC t£Àwv:ou, xaî o-j a-jvr/w&rj'ja; (lot èv
Taï; TipoTÉpai; (aow TrpàÇîffiv «vaTTpÉpsCTÔai lio; tD.o-j;. xvo'.î 'IriToû Xpi7-£, èjtâxoyaôv [loy xat
é)£T5aov Toù; à[i.apTMXoûi; G.
dI2 REVUE BIBLIOUE.
de linio terrç. et dixi. De igné et acjua sum. et prius formatus sum. ego
non adoro lutum iterum dixit mihi micbael. Adora, ne
terrç. ''Et
quando irascatur tibi domiaus. Et ego dixi ei. Non irascitur mibi
me. si voluerint adorare opéra manuum eius. Ipsi vero dixerunt ei.
Sicut vidimus priorem nostrum non adorare; neque nos non adora-
bimus deteriorem nobis. Tune proiecti sunt et ipsi niecum in terra.
52. El dixit diabolus : Expecla me ut leferam tibi quomodo captus sum quando fecit
Deus hoinineni L, 6 Se ôtiêoXo; k'^/i" "A?£;, ôiïiYiî<io(iai (toi tiiô; èppîçriv èvTaûOa ^ nû; ÈTtoiriffcV
"•'et obdormivimns annis xl. Eviuilans autem vidi qui cssent su!>
me dormientes; ^^
secundiim me-am voluntateni. et
et suscitavit eos
accepit coiisilium cura eis quoniodo homiiiein suaderem propter queni
ego de cçlis proiectus sum. 'Et accepte consilio. iiitellegi quomodo
seducere eum posseni. Accipiensque folia ficus in nianilius meis. et
extersi sudoreni pectoris inei et sub alatrum mearum. et proieci secus
deciusus aquarum. et bibens eva ex hoc invenit desiderium carnis.
et illa obtulit viro suo. et quasi dulcem visum est eis. eo quod esset
57. obdormivitftus' y.fbi^xi; oà é-î tr.v vf,v add. G. — cvigilans] -/.xl >,2jxv}/av;o; toù rXîov
lrt'ca;î),a<j{to; yTîsp tô -ôp â^aivvr); O'.-jnylfjbri'xi'j add. G. — vigilaas] ï:eptoXE'l/i;a,:vo; G. qui]
Toù; é5a-/.oo;ou; G.
5«. eos] TÔv Oiôv U.O-J la/.I/iv G. secuadam volunlatein add. C. — accepi... eum eis]
>apù)v a^Tov o-j[t3oy),ov G. — quomodo... suaderem] -w; à-xTr.cw G.
59. et accepto... possem] xxi ivevoïjTiarjv o-^xw;G. — folia (icus f'.i)r,v G. proieci
aquarum] Èvi{/i(jir,v il; rà; è;65ou; tûv joarwv G, oôîv ot léTT^ps; ::oTa(xo'. pî'oyjiv add G
— et illa... prevaricati sunt add. C. — bibissent] iTr-.ev Eva) G. — eis] avrrv G —
Cèlera desunt in G usque ad finem § 59.
GO. et orans... diabolus] t6te ô Bap^. xsAc-Jei aC-ov tl'jO'ii'.w ïî; tov i5.-v G.
REVUE BIBUOUE 1921. — T. X\X. 33
51 i
REVUE BIBLIQUE.
ingrediin infernuiii. quia iste diabolus audax est contra me. Et dicit
dominus Vade et descende in abissum. et
ihesiis christus ad sathan.
nostri ihesu christi. cepit cum lacrimis ita dicere. Abba pater qui
srloriosus permanes solus verbum patris. per quem omuia facta sunt,
quem septem caeli vix tandem capere potuerunt. in utero \drg-inis
tibi placuit babitare; quem virao porta\dt et genuit; et non sensit
dolorem. Et virgo fuit aate partiim et virgo post partum permansit.
Te domine eiegisti eam qnem veram matrem et reginam appellasti
et ancillam. Mater vero. qui per eam dignatus es descendere unde
camem assumpsisti. Rcgina autem. quia regina virginum eam
posuisti. Tu autem domine c «nsiHo tuo c reasti omnia et fieri prece- ;
61. tune om. G. — cadeosl O.ôwv... <Ixa': nscwv^ (Vass) G. — gloriosusi àv£|i-/v:a'ïTo;
ûitèp f.îxiôv, ô Xôyo; toO TtaToô; G. — per quem... facta sunt om G.— in utero... dolorem]
évSoOev oûtxan Tr,; itxpÔÉvo'j £C/_£pto;, àvtoôûvw; T)Co6y.r,5a; xwp^i^T.va-., ôv y\ Ttapôr/o; oOx cwoeï
<j£ 5£po\j(ja G. — et virgo fuit... eam posuisti add. C. — creasti... precepisti] ôtétaça;
63. et iussio... suo add. G. — philosoplionj «Incôv G. — propter... seculo o-.à -tjv Tzirszvj
fjv yavet; èv tw xôdijLw £-iif,p'j;a; G. — factus est] tov âvOpwTiov add. G. — vel... testamenta
add. C. — ostensa... in caelisl'TÔ ji,r,v.,9r,vot'. r.u'v iTtô aov tt.v Ô(j.oovîiov îv o'jpavoïç -ptâoa
{A suivre.)
Umberto Moricca.
Roma. settembre 191-*^.
L'EMPLOI METAPHORIQUE
DES NOMS DE PARTIES DU CORPS EN HÉRREU ET EN AKKADIEN
(Suite).
effrontée. Dans Prov. vu, 13 nous avions r-riz. n'"n elle fortifia son ..
visage >, c'est-à-dire « elle prit un air etïronté » dans Sir. viii, 16;
il REVUE BIBLIQUE.
"l^
n\-i n:i~ ~îi*x nï-r « tu as eu le front d'une prostituée! » et il
explique ensuite « tu n'as pas voulu avoir honte « (m, 3). L'obstina-
:
tion était symbolisée par la dureté des traits. Les ''J9 i*kyp « durs de
visage » étaient ceux dont le cœur ne voulait pas se soumettre
[Ezech. 11, 4\ On pourra dire aussi qu'ils ont un front d'airain « Car :
je sais que tu es dur, et que ta nuque est une barre de fer et que ton
front est d'airain (n'iTin: ~ny^* » Js. xlvui, 4 La dureté du front est .
de front et durs de cœur » (m, 7 . Dieu, qui veut opposer son pro-
phète à son peuple, devra lui donner une résistance et une obstination
plus grandes que l'obstination et la résistance d'Israël. C'est en for-
tifiant son front qu'il lui permettra la lutte : « Je rendrai ton front
comme diamant plus dur que le silex! » (m, 9). On voit par ces
le
exemples que le siège de l'effronterie et de l'obstination est propre-
ment le front '2 C'est par exiension que ces défauts ont été ensuite
.
(1) La traduction de Peters non facias rixam n'est pas assez littérale.
(2) En latin comme en français le front est le siège de l'impudence.
(3) L'idéogramme est composé de dûb « tablette « et de sag « lète ». La tête de la
tablette est sa partie antérieure, le recto.
(4) Comparer poème de la Créatioti^ ii. 75 et m, 131 avec m. 11 : Choix de textes...,
p. 26. p. 32, p. 40.
LEMPLOI MÉTAPHORIOUE. ol9
et qu'elle a livré une servante à son mari et que celle-ci enfante des
enfants; si ensuite cette servante, parce qu'elle a enfanté des enfants,
rivaliseavec sa dame, sa dame ne la vendra pas pour de l'argent,
mais elle lui mettra Vabbuttu et elle la comptera parmi les ser-
vantes \1). » Or cette marque d'esclavage est enlevée par la rasure
comme on le voit dans les §§ 226-227 du code de Hammourabi où
(1) Outre les dictionnaires aux mots cjuUubu et muttatu, cf. Holma, Korperteite...,
p. 35.
{2; Comparer riisetu « région de la tète, chevet « (de réiu « tête ») et sêpitu « région
des pieds » dans les textes cités par Thnreau-Dangin (8' campagne de Sargon, p. 46,
n. 1).
^
(3 Pour multat-su, de même mutlazzu dans la citation suivante.
(4j ScEiORR, Altbab. Recfitsur/iunden, n" 263, 14 ss. Comparer [miUtaz:]u ugalUbû
« ils rasèrent son front », ibid. n° 264, 8. Antres exemples cités par Walther dans
Altbab. Gericlitswesen, p. 236, n. 3.
(5) Texte dans V R, pi. 25; cf. Delitzscu. Assyr. Lesesiiicfie, 4« éd., p. 115, n" 3,
11. 29-33. Voir ci-desïous la comparaison avec les usages des Arabes et des Hébreux.
(6; Ibid., il. 23-28.
(7) Code de Hammourabi, verso, viii, 43 ss.
520 REVUE BIBLIQUE.
mule très caractéristique est celle sur laquelle Schorr a attiré l'atten-
tion : ellita (3) abbiUtaka gullubat « tu es pur (i), ton abbutlu est
rasée ,5 . » On rend donc la liberté à un esclave en lui purifiant le
(3) Perniansif régulier et non pas pour elilta comme le croyait Schorr.
(6) C'est ainsi qu'on lui donne parfois le déterminatif crû « cuivre, airain ».
que par dérivation que le mot s'est appliqué aux coins de la chevelure
ou de la barbe. En akkadien le phénomène inverse se produit. La
muttatu dont le sens propre est la chevelure qui retortibe de chaque
côté du visage finira par signifier le coin, le côté, le bord. Le coin
de champ que le cultivateur hébreu doit laisser inculte s'appelle
~"\r rsE un coin de ton champ » Lev. xix, 9: xxiii, 2-2 Dans le
c( .
(1) HoLMA. ibid. Dans un texte divinatoire on prévoit le cas où le malade perdra ses
deui mèches. Malgré les protestation» d'Hanger. dans Becherivahrsagung..., p. 69, il nous
semble que la phrase marzitm ina murzi-su muttatu-su ibala signifie bien du : ><
pleinement notre"" interprétation. Les textes sont cités dans le dictionnaire de Muss-
Arnolt au mot mullatu, mais l'auteur adopte le sens de n face, surface u. De même Holina
[op. cit., p. 36\
(4) Texte >'bd. 284. dans Beitr. zur Assjiriologie, I, p. 512 s.
(5) Le sens de hibsu est précisé par Ungnad dans Zeitschr. fiir 'Assyriologie, XXXI,
p. 260.
!;22 REVUE BIBLIQUE.
reconnaître les gonds des portes du temple. Enfin, dans Is. m, 17,
nous rencontrons la formule ~^T \~-?z <> il dénudera leur pudeur ».
Le mot rb, que nous rendons par pudeur, pourrait être aussi un
dérivé de pdtu. Ce serait una forme parallèle à "se. Or il est piquant
(1) Tel est bien le seus de tabarru daprès Xliureau-Dangia [><' campagne, p. 57, n. 9).
(2) Texte dans La>ci)0.\, Neubab. Kiinigsinschriflen, p. 70-71, n° 5, 15. Langdon traduit
muttatu par Stirnbinde.
(3) Texte dans Virolle.4ud, L'astrologie yChaldéenne, Sin, n" III. 1. 82 ss.
(7) Voir principalement Streck, Assurbanipal, p. 555. L'écriture pû(u est aussi bien
attestée que pâ/u. Citons, pour compléter les dictionnaires, l'écriture pa-a-tu dans le
vocabulaire de Bruxelles publié par de Genouillac [Rev. d' Assyriologie, X, p. 79^.
L'EMPLOI MÉTAPHORIQLE. 523
Le mot baltu est pour baslu de *Ù*".Z). Pour le texte, voir de Gexolu-L4c, loc. cit.,
(1,1
p. 78. L'idéogramme qui représente mutlutu dans ce texte est celui de résu u tète >>. dont
nous avons signalé la synonymie avec tnuttu partie antérieure, front >. ^(
(2; Comparer le latin 05, oris bouche ^k puis c visage et finalement « front ».
«.
(3) HoLMA, op. cit., p. 13 8. L'hébreu use du mot "T" po"'' '^ tempe.
(7) Comparer les sens ie pânu et de D^JE « face » dans RB. 1921, p. 392.
L'EMPLOI MÉTAPHORIQUE. o2o
mes yeux en deux sources de larmes? L'eau coule des yeux comme
d'une source « mon œil, mon œil répand de l'eau » \Tliren. i, 16).
:
Des ruisseaux d'eau descendent de l'œil [Ps. cxix, 136; Thren. m, 48).
Plus que tout autre organe, c'est l'œil qui donne à la physionomie
sa véritable expression et lui permet de devenir le miroir de l'àme.
xXous avons pu déduire les significations du visage en partant du fait
que, chez les anciens comme chez les modernes, le visage est essen-
tiellement le sujet et l'objet de la vision. Les Grecs ne s'y sont pas
trompés lorsqu'ils ont dérivé z^cijw-cv « visage » et ;j.étw-ov « front,
face » du mot ôv!/, o)zîç « œil, regard, etc. ». Aussi ne sommes-nous
pais surpris de voir les Akkadiens recourir à l'idéogramme ir/i « œil >
pour remplacer les termes pdnu, hùnu, zimu « visage ». Les textes
divinatoires emploieront souvent inditféremment pdnu ou èiid pour
^
(1) RB. 1920, p. 50:3 S.
(3) Voir les textes très signilicatifs cités par Holma, p. 14.
(6) Forme archaïque dans THUREAi-DANChN, Recherches, n" 238. Comparer les n" 25 et
26 qui représentent aussi une partie du corps en train de couler.
526 REVUE BIBLIQUE.
courante "E h'j '-'V ;nnn « mon œil a compassion de ... o. A la locution
nS Dl"! « élévation du cœur, orgueil » [Jer. xlyiii, 29) répondra
yeux » [Is. x, 12; Prov. xxi, 4). Le verbe
W^y^v ait « l'élévation des
mi « dans le sens d'être fier ou orgueilleux, s'em-
être exalté »,
ploiera tantôt du cœur, tantôt des yeux (3). On dira r""2"! d*:"" c les
yeux élevés » pour signifier < l'orgueil » {Prov. vi, 17; Ps. xviii,
28).- A plus forte raison quand le visage est usité comme organe
de vision pourra-t-on lui substituer s*;'"*;' « les yeux )^. Xous avons
insisté sur la similitude de sens entre Zi'^iZ i:*wL* « placer le visage »
tation possible entre c":e et :•" dans Ps. xxxiv, 16, 17, où l'alpha-
bétisme a été le seul guide pour le choix de l'un ou l'autre mot. Il
va de soi que *ijy N»i*: « lever ses yeux », dans le sens de « regarder »,
sera plus employé que "";£ nu*: « lever son visage » avec la même
signification (5). La nuance d'amour ou de désir que comporte cette
expression en hébreu est surtout accentuée dans l'akkadien fiasii ènâ
((lever les yeux » vers quelqu'un, pour signifier « le regarder avec
amour ». On se sert couramment de nis èni élévation de l'œil » •<
(3) Comparer les sens de lever la tète ou les cornes, dans RB. 1920, p. 499 s.
(6) Sur le sens de cette expression, cf. Zimmern, dans Zeilschr. fiir .issyriolofjie,
XXX, 220: xxxii, 165, n.
(7) RB. 1921, p. 379.
LEMPLOI METAPIIOHIQLt:. . 527
Par une métaphore analogue, les yeux seront le guide dans le dé-
sert, celui qui voit la route et empêche Je tâtonner : r*;":*-' i:"» r^m
« et tn nous sersiras d'yeux », déclare Moïse à Hobab Xum.
x, Job dira
32 . « j'étais les yeux de l'aveugle » '1
: .
ton œil » (7), pour dire qui est sou préféré, ou, dans le second cas,
;
ce cpie tu préfères.
Lceil. comme la face, n'est pas seulement le sujet, mais aussi l'objet
de la vision. U s'opposera également au cœur, comme la chose
(5 Par contre, lespression VI''" nj^î « ouvrir ses yeux est employée simplement
pour représenter la vision, par opposition à l'état de cécité, de sommeil, de mort, etc.
(6) Code de Hammourabi, rev. \i, 35.
resarde les yeux, mais lahvé regarde le cœur », tandis que les
Septante ont traduit l'homme regarde la face et Dieu regarde le
: «.
cœur De là à employer
» (1 , les yeux » pour marquer « l'aspect »
^<
il n'y avait qu'un pas. C'est ainsi qu'on dira « ses yeux » ou « son
œil » pour indiquer l'aspect que présente une plaie Lev. xiii, 5, 55).
En parlant de la manne on se servira de la formule nST^n 'j''î?d ii'^v
(. et son aspect était comme l'aspect du bdellium » Xum. xi, 7;.
Toujours par analogie avec la face, Tœil pourra représenter la surface.
Qu'il s'agisse bien de la partie visible par opposition à l'invisible,
c'est ceque prouve Ex. x, 5 « et (l'invasion de sauterelles cachera
la surface "j"""; du pays et l'on ne pourra plus voir le pays ». L'œil
de la terre est encore employé pour la face de la terre dans Ex.
X, 15; Xum. xxii, 5, 11. On ne doit pas négliger cette alternance de
*-£ ou de yj dans la distinction des divers récils. Il n'est pas sans
terre » 2).
;i) Terme dont le sens nous parait bien fixé par Holma op. cit , p. 17 s.,. Comparer
Ihébreu "'m ; le Irou » pour l'orbite [Zach. \i\, 12).
(5) L'équivalent akkadien nous semble être plulùt bam'i ^<. brillant » que arqu proposé
par Holma et qui siguifierait plutôt « verdàlre ».
(6) Holma propose de voir l'iris dans salmu. Mais il y aurait contradiction entre les
synonymes burmu et salmu.
[') Buxtorf dans son Lexicon proteste contre ces int- rprétations. Mais l'analogie avec
les autres langues plaide singulièrement en leur faveur.
REVUE BIBLIiJtE 1921. — T. SÏX. 34
330 REVUE BIBLIQUE.
eni (1), tandis que l'hébreu rattachera D'^VEV « les paupières » à ^'JZ'J
« ses yeux voient, ses paupières scrutent les humains » {Ps. xi, V). Le
mot -À qui représente une éminence en forme d'arc ou de bosse sera
employé pour les sourcils '*:'> r'z: « ses sourcils » [Lcv. xiv, 9
: .
L'homme est celui « qui a un souffle dans son nez » '^EX" n'Zîl': ^'ii'x
[Thren. iv, 20). Le nez est encore l'organe de l'odorat [Am. iv, 10).
D'une chose qui donnne la nausée on dira qu'elle " sort par le nez »
Les efiets produits sur le nez par la colère sont connus de tous
temps. Nous employons l'expression : la moutarde monte au nez.
C'est l'accélération de la respiration nasale qui a surtout frappé
les Hébreux comme symptôme de la colère. Dieu s'irrite contre
les Égyptiens [Ex. xv, 7 et Mo'ise chante : « Au souffle de tes
"*"*
narines les eaux se sont amoncelées » \Ej\ xv, 8). Au lieu de CEn
on emploiera aussi '^^x r;*^ « souffle du nez » pour marquer la colère
divine {Job^ iv, 9). Tout naturellement les mots ^,n et c^En devien-
dront synonymes
de colère. Ce qui a permis cet usage, c'est
l'influence de la colère sur la respiration. Ainsi, dans Sir. v, 11,
nous aurons n'i ~ix « longueur de souffle » pour représenter la
patience, le retard apporté à la colère. Mais, dans Prov. xxv. 15,
ce sera C'EN "f n « longueur des narines » avec le même sens :
isA
L'EMPLOI MÉTAPHORIQIE. 531
dans / Sa//i. xxv, 23, si le texte est exact, nous avons '^x" au nez '<
6) L'expression appi aqdud (Ungnad, Babyl. Briefe, n' 92, 27} correspond à quâdiil
"ppa-su et signifie je fus effondré quant à mon nez >.
(7) Dans Unoxad, op. cit.. n" 127, 16.
appi-^unu kima alpi sirrita attadi « je plaçai une corde dans leur nez
comme pour un bœuf » (9). Chez les Hébreux on perçait un trou à
la narine des jeunes filles pour y introduire comme ornement le
(4) C'est ainsi qu'il faut comprendre l'expression dans le poeme du juste souffrant (Choix
de textes..., p. 374, 1. 41}.
recto, 5-7).
(8) ScHORR, Altbab. Rechtsurkunden, n" 229, 9.
n'avons pas à insister sur ces mots toujours employés au sens propre.
même que celui qui voit pour un autre était appelé « ses yeux » (6).
Si l'on se voit face à face ^'ie—n r*:î:. on .se parle bouche à bouche
~î~~N ~z Xxm. xir, 8 S'aboucher avec quelqu'un, c'est, pour les
.
<' avec lui ils mirent leur bouche, ils s'abouchèrent » (7). La vieille
(3} Comparer Joh, xxxi, 27 et si ma maio a baisé ma bùujhe j>, en signe de rénéra-
tion pour les astres.
(4) Beut. vm, 3; Malt, iv, 4.
d'après la teneur d'une tablette, d'un document scellé, etc. 9). Ces
formules devinrent bientôt de véritables prépositions et passèrent
dans le langage courant. Ce sont elles que nous retrouvons dans
1 hébreu ''23 « comme la bouche » pour dire « selon, d'après, comme »,
lîS « à la bouche » et''2~S" « sur la bouche » avec les mêmes signifi-
cations. L'idée primitive est en hébreu comme en akkadien « selon
'( bouche pour la tête » (3). Ainsi la bouche devient le bord supérieur
d'un objet, d'un organe, ou la première chose qu'on franchit lors-
qu'on entre dans un lieu. C'est de cette idée que nous dériverions
volontiers l'usage de "£"' "£ « bouche à bouche » (II Beg. x, 21 ;
XXI, 16) ou ~£~Sn n£«2 « de bouche à bouche (Esdr. ix, 11) pour )^
exprimer d'un bout à l'autre d'un édilice, d'une ville, d'un pays(i).
« ><
C'est parce que le glaive dévore la chair des ennemis (Dent, xxxii,
i2; cf. II Sa)n. 11, 26) qu'on lui prête une bouche et qu'on frappe
« avec la bouche du glaive ». Pour représenter les deux tranchants
à ni^E's les deux bouches, les deux tranchants » {Ps. cxux, 6;.
('
dents; et pà bouche du
pafri poignard (6) ».
: la
La bouche représentera encore ce que nous appelons une bouchée
et, par suite, une portion, une partie. L'hébreu possède la formule
(1) C'est ainsi qne nous «ompreiions ina pi apiim dans Schokb, op. cit., n' 65, 13.
(2) HoLMA, op. cit.. p. 21. Comparer a-à[).7. « bouche » dans a-ôiiayoç, stomachus,
estomac.
(3) Ex. XXVIII, 32, etc.
(4) Le dictionnaire de Gesenius-Buiil postule, dans ces cas, un sens de « bord, côté »
<( des langues d'or » aussi bien en hébreu ~n~ "jirS [Jos. vu, 21, 2'i.)
qu'en akkadien liédn huràsi {%). Une plante que les Akkadiens
appellent likin kalbi « langue de chien » devait rappeler la cyno-
glosse y.uvivXwffasç.
Nous avons parlé de la bouche du fleuve. On connaissait « la langue
de la mer d'Egypte » c'est-à-dire le golfe de Suez qui s'enfonçait
comme une langue dans les terres (/.y. xi, 15). Par contre « la langue
de la mer
quand il s'agit de la Mer Morte [Jos. xv, 5; xviii, 19),
»,
Mardouk est armée de « cinquante dents » (2) et l'on dit que « sa dent
est amère ». C'est une sorte de harpe dont on a reconnu la ressem-
blance avec la y.p-r,y 7.ap-/ap:c2VT2 de Cronos (3). Nous avons signalé
ci-dessus l'akkadien pu saésari « bouche de scie », métaphore auto-
risée par la présence des dents sur un côté de la lame.
L'ouverture de la bouche est fermée par les lèvres qui sont rendues
par le duel mptd ou mptdn en akkadien, nTît* en hébreu. Dans les
représente deux oreilles d'àne dressées. pour les yeuv. les Comme
narines, les lèvres et les dents, on aura généralement recours au
duel itz7}d, c^Z'n. Organe de l'ouïe, l'oreille a pour mission de saisir
ce qui est dit par I»ieu ou par les hommes. Prêter l'oreille, c'est faire
attention à ce qui est dit. En hébreu nous aurons « et les oreilles
:
akkadien i(znd-ni aiia bèli-ni... iba^sd « nos oreilles sont vers notre
maître » ''2). Dans les deux cas on insiste sur l'attention. C'est par le
canal de l'oreille que l'enseignement ou la révélation arrive jusqu'au
cœur, siège de l'intelligence On connaît la formule fréquente -ij
.
lui a fait une révélation. Isaie dira « Adonaï lahvé m'a ouvert
:
le palais goûte sa nourriture? » [Job. xii, 11, cf. xxxiv, 3). L'oreille
inaccessible au.x paroles de la doctrine sera déclarée « incirconcise »
{Jer. VI, 10), en vertu de la même métaphore qui déclare « incircon-
V^'is iS, pour juger le peuple, pour discerner entre le bien et le mal.
Pour les comme pour les Akkadiens, c'est par l'oreille que
Hébreux
la sagesse arrive au cœur « Fils de l'homme, toutes les paroles que
:
{A suivre.)
P. Dhorme.
Jérusalem, 16 juillet 1921.
LA CITÉ DE DAVID
Fin ii)^.
REVUE BIBLIQUE.
;i) Lire clans La Cité..., p. 119, 121 et pi. x. D, la description de ce mur campé sur
une escarpe rocheuse haute de quatre mt-tres, avec canal aménagé à la hase pour l'écou-
lement des eaux. M. Dalman, qui a cru devoir, en 1915. publier une monographie de la
fouille d'après ses « observations personnelles >
,
parle ici d'un canal « d'environ 60 m.
de profondeur » (Palustinajahrbuch, XI, 68). La coquille est seulement pittoresque, mais
l'ensemble de la description passablement défectueux.
(2) Weill, op. l.. p. 122. Ce détail, pourtant notable, paraîl avoir échappé complète-
ment aux observations personnelles « de Dalman. Très apparent encore au printemps
'(
'J) Voir archéologique dansBuss et Dicrie, Excav., p. Iu9 s. .\u lieu d'imagîuei
le détail ,
a^ec eux, une projection trs très accentuée à l'orient, que rien n'autorise dans l'état
connu de la ruine, on se représente plutôt le saillant limité à t-u-u'. Développé en t-r -s
s'smélriqueinent au premier état de /.--3/--n, il subit par la suite une restauration ana-
logue, r-s. par simple redoublement du mur orientai, maintenu ainsi au nouvel alignement
de L--M-. Une transfonnation tardive, probablement sous Eudocie, ranoenu la tour à peu
près à ses proportions originelles de l'ère cananéenne. Le fragment de mur ab. dans sa
forme actuelle, n'est évidemment (|u une restauration. 11 y a toute vraisemblance (|u'en un
stade antérieur la ligne s'interrompait ici devant une porte suggérée par la grande brèche
arUtkielle PK On concevrait cette porte remplaçant de manière plus c-omvnode l'antique
ou\erture P et protégée au N. par une seconde tour. T-, installée sur le saillant de roc
dont l'angle, r, n'a été que récemment écorné.
(2) P. 123, d'ailleurs, sans aucune reférr'nce eiplicite.
^3) Cf. Sellin et W^Tzixt.Eu, Jéricho, p. 49 ss., fig. '27 ss. La fouille n'a pas salfisar.-i-
rnent éclairci, par maltieur, les problèmes de date et de relation arec les remparts succes-
sifs; voir RB., 1913, p. 456 ss. Le rapprochement n'en demeure pas moins fort séduisant.
De même, en eliet, qu'à Jéricho plusieurs volées de marches ont été constatées entre le
remi'art extérieur et la plate-forme élevée de la citadelle, j'ai l'impression qwune rampe
MELANGES. 5'*7
analogue à celte découverte par M. Weill existait sur l'escaipenieiit opix)sé, quoit^ue
peut-être d'installation plus tardive. Elle est suggérée par une brèche très nette dan;i
l'escarpe occidentale, face à l'angle N. E. de la vieille piscine. Cf. fig. l, Z.
1) Voir Bliss et Macalister, Excavat. in Palestine... 1S9S-1900, p. 30. On trouve
même (p. malheureusement très vague, dune courte volée de marches
31}, l'indication,
accrochées au flanc d'un bastion. Aucun graphique.
(2) Tout le monde connaît la redoutable entrée en tunnel coudé constituant l'unique
accès primordial à ce nid d'aigle; aussi la grande rampe souterraine depuis longtemps
signalée, mais qui n'a pu être encore entièrement explorée. Voir Mauss et Sauvaiiœ,
Voij. de Jérusaleiii à Karak..., dans De Lu'ynes, \oif, d'ejcpl. à la mer Morte..., II, lOG,
124 s. et pi. 2; de Saxjlcy, Voy. autour de la mer Morte, 1851, I. 364 s.
(3' Cf. PuoHSTEi^i, BoghasJiôi. Die Bauirerke. 1912, p. 45 ss. , fig. 35 s., pi. 9, etc. La
poterne trouant la base du rempart cananéen de Jérusalem n'est en somme qu'une réduc-
tion d'un dispositif plus monumental, sur un autre point de l'enceinte de Bogliàz-Keui
{op. L, p. 38. fig. 27 s., pi. 9 s.). Et sans doute cette analogie ne sera-t-elle pas pour
déplaire aux partisans de plus en plus enthousiastes de la civilisation hétéenne [hittite,
comme on dit plus volontiers aujourd'hui . Puisque le roitelet Arta-hipa dans la Jérusa-
lem de 1 époque d el-Amarna était un Hittite, quoi d'étonnant à ce ([ue la fortification de
son acropole étale certains caractères identiques à ceux des plus fameuses forteresses de sa
contrée d'origine' Une prudente réserve s'impose toutefois. Le rapprochement peut
demeurer fortuit et la simplicité même d'un tel concept architectural écarte as*ez facile-
ment toute hypothèse d'emprunt.
t}48 REVUE BIBLIQUE.
(pi. X s. et fig. 3)
dont le pied s'en-
châsse en des échan-
crures du roc, pré-
sente l'anomalie
d'être bàli en deux
tranches. A l'exté-
rieur — face Est —
3., débris d n parer^eni appareii&r' '^^4y'^ - '5i'"\.ï
un gros blocage
t.
(1) P. 109. Il ajoute; M le mur était construit, à la même minute, sur tout son dévelop-
pement, par sections délimitées sur le sol, chaque section confiée à une équipe qui main-
tenait simplement son travail en contact avec celui des voisines, dominée par le souci
d'aller vite, fût-ce quelque peu aux dépens de la solidité
générale ».
^^
nR. 1021 Vi.. \i
(1) La léle franche (fig. 2, n et pi. XI, 1), simplement adossée à l'escarpe primitive,
*erait peu concevable comme un saillant et suggère nettement aussi un rapiéçage de fortune.
[2] Voir Jênisalem, I, pi. ii, conpe sur OP.
55Ï REVUE BIBLIOUE.
il Sur l'axe E.-O. un bloc, n, long de O'^j'ô, haut de 0'",25 en moyeaae, déborde à
l'extérieur de 12 à 15 centimètres. Il n'y a pas trace de glissement et le bloc fait corps avec
le novau intérieur. Cette quelque dispositif comme une meurtrière?
saillie indiquerait-elle
voir fig. 4 et pi. XIII, 1. Les proportions du bloc ont été exactement doublées dans le
dessin (fig. 4) pour mieux caractériser ce curieux détail.
.mi-:langes. 03.3
paroi de roc créait à son pied un angle mort très développé, où l'as-
saillant aurait été abrité contre la plupart des projectiles lancés du
sommet. Pour écarter d'aussi graves inconvénients, un large bastion
fut implanté devant la dangereuse faille. Projeté de 5 à 6 mètres en
avant, il étendait un front dune quinzaine de mètres, rabattu aux
extrémités par des murs perpendiculaires qui l'attachaient à la paroi
de roc et fournissaient un flanquement latéral. Sous peine de repro-
duire au pied un nouvel angle mort, on devait s'interdire d'exagérer
lahauteur de ces maçonneries trop vulnérables. L'ouvrage témoigne
d'une compétence judicieusement raisonnée chez l'ingénieur antique
dont elle émane. Ayant limité la projection du saillant à peu près à
distance égale de l'escarpement à pic et de la ligne inférieure m^, il
(Il 19, 35; // C/iroa. 32, 21. Cf. Duormk, R/i., 1910, p. 517 s.
// fiois,
(2)Sur cette classe céramique voir Canaan, p. 351 ss. L'absence de grands tessons et
de toute forme claire ne permet pas une détermination plus stricte, quoique les carac-
téristiques d'éjxjque basse prédominent.
Pl. XllI.
BB. 1f)'21
sur les rampes de leur acropole pour les transporter presque au som-
met et les enfouir sous la muraille de leur ville? Plutôt que de faire
ressortir d'autres difficultés encore, évidemment plus pratiqueil est
d'envisager quelle autre circonstance rendrait un compte plus fidèle
des particularités de ce singulier dépôt. Un fait parait dominer cette
recherche l'enchevêtrement de ces débris humains est tel que les
:
pression sur "des cadavres frais n'eût été capable de produire cette
sorte d'imbrication des ossements les uns dans les autres, si correc-
tement observée par M. Weill; il n'eût donc pas été possible d'en
accumuler, sur la couche bien délimitée de 55 à 60 centimètres, la
[trodigieuse quantité que révèlent des éléments caractéristiques, si
l'état des cadavres n'avait permis de les réduire à une sorte de magma
(\j Sur la chronologie et la double campagne de Sennachérib Toir Diioume, Les pays
bibl. et l Assyrie, p. 73-81 ; RB., 1910, p. 508 ss.
Les sources assyriennes indiquent seulement un blocus momentané,
(2) loi"s de la pre-
// Rois, 25,
(3)
(4)
3.
la ligne nf~ il n'a été jusqu'ici mis au jour que deux sections assez
courtes et ea trop mauvais état pour fonder un diagnostic bien ferme,
si ces maçonneries disloquées n'avaient en quelque sorte pour trait
(1, 11 faut le redire encore une telle interprétation du charnier à la fois lugubre et
:
formidable demeure largement conjecturale, tout en sauvegardant mieux que nulle autre
les détails archéologiques enregistrés. 11 serait superflu de montrer en quoi ces détails
interdisent de songer par exemple aux tueries criminelles de Manassé [H Rois. 21, 16;
24, 4), mises en relation arec ses travaux de défense, sur le front oriental de la ville
(// Chron. 33, 14); pas davantage à l'expulsion systématique des antiques sépultures
requise par Ézéchiel (43, 7 ss.) et qui devait plus tard causer de si affolantes pexplexité?
au rabbinisme soucieux d'assurer lo pureté levilique de Jérusalem (Blecdier, PÉJ..
L.^II, 201 ss. ; LXIH, 30 ss.); moins encore aux ensevelissements de fortune durant le
siège de 70 (Josèphe, Guerre.... V, xii, 3, § 514 ss; xni, 7, ? 567 ss.}. ou après {Guerre,
VI, VI, 3, § 355).
(2) Cf. RB.j 1912, p. 5i6 ss coupe de ce mur à glacis dans Jéru-
et fig. 13 (p. 4421; une
salem, I, p!. XIX, 6. Parker aux divers
C'est d'ailleurs tout l'ensemble des trouvailles de
étages de l'escarpement qui s adapterait désormais aux constatations plus claires de
M. Weill dans sa fouille à ciel ouvert. Apris le rempart de crête et son avant-mur RB
l.c lig. 13, 5 et 5";, signalons seulement encore le bastion cananéen (n" 17) devant la haute
falaise aux multiples installations funéraires, qui correspond aux saillants de la ligne m\
Les lignes inférieures ont été moins clairement révélées par le système défectueux de
la fouille en souterrain, quoique pratiquement attestées aussi quelque peu.
MÉLANGES. dd7
de ouvrages
tous les passés en revue. Reprenons-les donc dans le
même ordre, en laissant toutefois de côté la ligne m^, qui n'offre pas
encore les éléments nécessaires à une analyse raisonnée. Guère plus,
évidemment, le tronçon de ligne m'\ dont on peut toutefois suggérer
qu'il représente une phase plus ancienne que la tour U nettement .
fl) Ce dispositif n'otlrirait en réalité qu'une analogie fallacieuse avec le double inur
qui enserre le long couloir .V (fig., 1912, p. 449 s. dans la zone Parker.
,
(2) En scrutant patiemment les interstices des moellons, j'avais même cru d abord y
retrouver quelques indices de relatif archaïsme par les tessons mêlés au mortier de terrf.
Plusieurs pièces d'apparence nettement de très basse époque judéo-hellénique, si ce n'est
même post-exilienne, suIGsent à éliminer aujourdhui celte première impression.
3) P. 115. Lhypothèse d'une limite de propriétés Dalman, PalOMin., .\I, 71; résiste
mal à lexameD.
558 REVUE BIBLIQUE.
"•née pour n'être qu'une construction de fortune durant 4es luttes des
époques séleucide et macchabéenne, elle offre beaucoup moins encore
les caractères d'un ouvrage des temps romains, maisré qu'elle ait pu
persévérer plus ou moins intacte jusqu'à l'époque du siège de 70. On
est conduit dès lors à considérer comme époque la plus vraisemblable
de son érection le temps oùNéhémie s'efforça de remettre Jérusalem
en état de défense (1).
Av«c les lignes nv et suivantes nous entrons sur un terrain plus
solide, aussi bien pour une conception plus concrète des ouvrages
défensifs que pour leur attribution chronologique. On ne se mépren-
dra point sur la portée de ce terme « lignes », em^îloyé à cause de sa
commodité, mais sans qu'il implique une série de circonvallations
continues au pourtour de la colline. Sur la crête seulement, la grande
enceinte M et son avant-mur )n- durent avoir ce caractère. En toutes
les autres lignes ce qu'on discerne aujourd'hui se révèle bien plutôt
comme un agencement de structures fractionnées, mais habilement
réparties sur les gradins de roc ou des escarpes artificielles pour
s'asencer dans un système unique ne laissant à découvert aucune
partie de la longue rampe de l'acropole (-2 Jusqu'à documentation .
(1) Les vestiges de la tour, partiellement masqués par le robuste crépissage qui relie
sa base au rocher, ne sont pas assez pour qu'on en puisse déduire un diagnostic
clairs
de fortification, la tour ronde est attestée dans la Palestine d'époque séleucide, par ex. à
Gézer LMacvuster. The Excav. of Gezer. l, 256], et dans lère gréco-romaine par une
splendide porte dans l'enceinte de Samarie-Se6«5/>yc/< cf. Mackexzie, op. L, p. 38.
'
(2) On a indiqué déjà que les fouilles Parker attestent le développement d'ouvrage>
analogues plus loin versle N. et les travaux de Warren l'ont fait connaître depuis long-
temps, en partie du moins, autour de « l' "Ophel » cL Jérusal., I, 190 ss. et pi. xi\.
;
MÉLANGES. oo9
cuvette rocheuse murée avec des moellons et par les humbles pièces
Fis- -y. — Cou|ie 'le l'escari>einent el raccord schématique des lig^ues de défense.
( 1 Weill, op. t.. p. 134. Le classemeut se trouve d aillenrs en harmonie arec les vestiges
do mur adjacent, auxquels je ne connais pas de meilleure analogie palestinienne que les
parties archaïques de la belle v porte méridionale <> dans le rempart de Beth Séraéi,
datée du xT'-xn-' siècle par Mackenzie P. E. F. ; Atmual, I, 89 ss.,, fig. 23; H, 2f >.
rempart! — que les explorateurs datent du ix'-viii' s., cette fois avec toute correction,
cf. RB., 1910, p. iiOs. et lig. 5 et Seiun-Watzincer, Jéricho, p. 67 ss., pi. 15 s. Mais les
parties basses et l'angle méridional ^cf. pi. Xli' présentent les caractères par ex. du bastion
N. E. dans l'enceinte de Belh Sémès Mackenzie, Annuaî, I, fig. 26) classé à l'ère cananéenne,
vers 1400 av. J.-C. ; on Jui trouverait ailleurs d'autres bonnes analogies de même période.
.MELA.NGKS. set
(1; Les assises supérieures doivent avoir été retoucLées dans la restauration néhéniienne.
Mais les assises basses,manifestement intactes, se comparent cette fois trait pour trait au
K palais » israélite de Jéricho : ce qui dispense d'aligner d'autres comparaisons.
30
562 REVUE BIBLIQUE.
(1 ) Il en subsiste des indices très suggestifs (voir pi. XI, 1 et XIV), auxquels on ne voit
pas que M. Weill ait cherché un sens. Le schéma inséré dans la coupe du rempart de crête
(fig. 3; traduit leur agencement assez spontané. Le pied du glacis gg prend son appui sur
la ligne m- et le talus s'amortissait contre le parapet du chemin de ronde primitif.
MELANGES. 563
(1) C'est d'ailleurs le TM. lui-même qui dans Xéh. 12, 37 [RB., 1904, 70, 72) met la
jmrte de la Fontaine au contact immédiat des degrés de la cité davidique. Même impres-
sion d'après le texte moins explicite de 2, 14. A rencontre de ce que j'ai proposé en 190i
(l. c, p. 61), « la piscine du roi » ne serait pas une contraction peu satisfaisante de
« la piscine de Siloé dans le jardin du roi », mais beaucoup plus normalement une autre
désignation de la piscine ha'asoùyah = « faite? », prés de la fontaine de la Vierge.
C'est bien vers ce point, en effet, que l'étranglement de la vallée provoquant un plus
grand amoncellement des éboulis du rempart dut empêcher Néhémie de continuer à
chevaucher.
2) Guthe [ZDPV., V, 1882, p. 315 ss.) en avait l'impression très correcte; mais ne
connaissant alors aucun escalier proprement dit, il estimait, avec Schick, ces « degrés «
représentés par les décrochements rocheux du seftier moderne à travers toute la crête
de la colline. Quant aux quelques gradins signalés par Bliss et Dickie {Excav., p. 176 s.),
(1) A plus forte raison n'y a-t-on signalé jusqu'ici absolument aucune trace d'occupation
cananéenne. Et ceci ne laisse pas grande valeur aux spéculations politico-économiques —
d'ailleurs spécieuses — par lesquelles Dalman (Paldst., xi, 78 ss.) estime pouvoir opposer
à Sion-acropole, tassé sur la colline orientale, un « Tout-Jébus » confortable et affairéj
amplement dilaté sur la grande colline occidentale.
(1} Le détail en est examiné dans Jérus.. l, 191 ss. et pL xix. 11 m'est parfaitement
impossible de saisir par quelle inadvertance M. Weill trouve ici « une espèce d'absurdité
inadmissible, que la muraille cananéenne serait appuyée contre le pare-
faisant paraître
ment inclinémaçonnerie turque, en assises de grand appareil fondées sur le roc
de la
par-dessus le mur ». Mais alors pourquoi en était-on descendu pour gravir les degrés
de la Cité?
MÉLANGES. 569
L.-H. Vincent, 0. P.
Jérusalem, le 19 mars 1921.
II
mal lu. Aous proposons de lire suBiuxc xoRiiM. Quant aux deux |
rités que l'on ne peut admettre qu'il ait été jamais en usage. C'est
(2) (3) fi' (5) (6). J'ai corrigé verôo (2) en verbum et j'ai mis
;;l i
entre
crochets les mots qui profecti erant (5) qui sont sans doute une
dittographie. Il n'est changer consumrna-
pas indispensable de
relur (3) en consumeretur, car on rencontre quelquefois le premier
mot avec le sens du second. La première colonne, c'est-à-dire (1)
(5) (6), est la traduction des LX\ au v. 5 -/.at sus et -r^ MxocapE'.-'.s'. :
sont omis, dans la syro-hexaplaire ces mots sont sous obèle. On peut
comparer ce texte avec la citation d'Augustin Qiiaest. Lib. VI, n. 0.
La seconde colonne offre une traduction parallèle. La partie (-2 se
trouvait dans les Hexaples (la syro-hexaplaire a ce passage sous
astérisque) et dans un groupe de manuscrits (19 et 108) que l'on
était habitué à regarder comme lucianiques, mais qui, d'après les
récentes recherches de Moore et de Haulsch, ne le sont pas. La
partie (3) n'est conservée dans aucun manuscrit grec, mais seule-
ment dans la syro-hexaplaire de Paul de Telia, comme étant le texte
d'Aquila et de Symmaque. Quelle que soit la nature du groupe 19.108,
la partie (3) n'a pu être empruntée qu'à la revision hexa plaire, et
D. De Bruyne, 0. S. B.
Rome. SaiiU-C;illixle.
III
(1) Les autographies du 2*' fascicule sont de Figulla : Hinrichs, 1916. La 1" moitié du
3" fascicule est seule parue (autographies de Figulla et Weber), Hinrichs, 1919. Le
4^ fascicule contient les autographies de Forrer, Hinrichs, 1920.
(2) Autographies de Figulla et \Seidner, Leipzig, 1916.
(3) Sumerisch-Akkadisch-HettUische Vokabularfragmente, Berlin, 1914.
à
MÉLANGES. 57d
tif; le verbe é^ta déjà connu par les lettres d'Arzawa est l'indo-
européen esta « était ». La phrase se traduit ainsi (3) « Alors les :
pays ennemis du voisinage ?) parlèrent ainsi son père qui était roi :
(1) Veber die Vôlker und Sprachen des allen Challi-Landes, dans Bogh. Studieit,
5» cahier, 1920.
(2) Die acbt Sprachen der Boghazkôi-Inschriflen, Berlin, 192o.
(3) Hroznv, Heth. KeilschHfttexte, p. 167.
MÉLANGES. '677
mes enfants, les (Grands, mes soldats, mes chevaux, tout ce qui est à
moi, mes pays en totalité sont bien. Que pour toi aussi tout soit bien!
Que tes maisons, tes femmes, tes enfants, les Grands, tes soldats,
tes chevaux, tout ce qui est à toi, tes pays eu totalité soient bien! »
P. DnORME.
\A SV.N.VGOiiL'E DE NOARAH
I.KS INSCUIPTIO.VS.
sible, encore qu'il le soit trop peu pour notre curiosité, puisque le
personnage principal dont il se préoccupiit de perpétuer la mémoire
s'est dérobé jusqu'ici à toute identification historique. Une eulogie
globale couvrait par ailleurs d'un voile discret la foule anonyme des
contributeurs moins éminents dont les largesses réunies avaient rendu
possible la création de ce « lieu saint »,
On premier coup d'ieil, et non sans une pointe de
s'aperçoit au
mélancolique déception, que la nature analogue des documents nou-
veaux écarte tout espoir prématuré de quelque indication de portée
générale, ou d'information positive sur l'origine et le véritable carac-
im Talmud, Midrasch und Targum: Dalman, Aramulsche Grammatik (>' éd., 1905);
Margoli;;, Lehrbuch der aram. Sprache des babyl. Talmuds (1910).
Cî
ut SS ^'^T' SaHMÂ ••
m
CHRONIQUE. 581
LECTDRE ET INTERPRÉTATION.
nurnm n-n \^ .3
L. 2. ''v^i'û —TLjj//] =
par la l'orme et par le sens « valeur, :
prix etc. » —
nc2''D£ correspond au syr. |~^a^c» et à l'ar. L,â.^,
« mosaïque », dér. du grec -V/jçoç. Le mot est au cas oblique, régi
par iai"i2 à Y et. constr., et dans la situation qu'il occupe son accep-
tion parait évidente : il s'applique au panneau de la menôrah.
L. 3. — m''" ia, littér. « de ce qui est sien, de ce qui luiappar-
tient », équivalant à nSn "jc (^Levy, Worterh., s. v° i-, 1). Sur catte
tournure remplaçant le pron. poss. qui manque à ce dialecte, voir
Dalmax, Aram. Gram., p. 118; Margous, Lehrb.^ p. 18. L'expression
est calquée sur les formules usuelles dans les dédicaces gréco-
romaines £7, Twv '.cuov, èç loitov, propr'ul pecunià, de siio, etc.
:
—
Tw^^c, comporte une certaine insécurité de décLiflrement par
l'amphibologie possible de deux lettres. La copule initiale éliminée,
le mot débute par un mem limpide. La lettre suivante est assez clai-
rement res, si l'on tient <iompte de la spécification très volontaire du
daleth, dans ce texte, par un apex prolongeant le sommet de la haste
verticale; on a donc adopté i, non sans reconnaître la possibilité
théorique d'une lecture -. A la snite on lira indifféremment iod ou
loaw. Malgré la nuance qui distingue cett€ lettre du icaw copulatif
initial, c'est la valeur i qui serait préférée, car la différence est plus
sensible encore avec les autres de l'inscr. mais la détermination i
;
(Ij V. ji. Ad., I, 23; JosKi'iiE, Vie, 1% 84 ss., 65, 88, etc., et d'autres homonymes,
'i:i 397 el 'i'27 : cf. les tables des recueils épigrapliiques, ou la collation de Juster, dans
son chap. sur Le nom (Les .luifs dans l'emp. rom., II, 223). Sur la forme voir Krai.<;s,
Le'nmcôrter..., 1, 8, 75 et II, 280.
CHRONInLE. 583
quelque trop érudite ressouvenance des fameuses l'TS'rs "iCS'l du Temple [Misnah,
Middnth^ I, 6: II, 7; IV, 5 pour chercher a remettre en canse le sens très clair de
nDÎ'iTr. Sans doule on a essayé d'établir que ce terme avait évolué notablement dans
lusage juif cf. Kralss, Lehnirorter..., I, 290 ss. II, 47ii ss. Mais la démonstration na
; :
1.
2.
3.
CHRONIQUE. 585
rr;:*£- -mx. Le Pineljas dont Rébecca était la femme est sans con-
tredit le prêtre qu'on venait de commémorer pour ses largesses.
Comme elle du sanctuaire, nous trouve-
aussi parait avoir bien mérité
lions plus naturel que le couple conjuii'al associé dans ses bienfaits
n'eût pas été scindé dans la mention pieuse qui en était transmise à la
p<-stérité par un double texte officiel; me autre commémoraison
analogue groupera, en effet, une famille complète Monsieur, Madame :
L. l. —
rî'-în. On ne peut hésiter que sur la dernière lettre, éven-
I
586 REVUE BIBLIQUE.
« relier, lier fortement, etc. ". Il prend, à cette forme réflexe une
3. fds de Joseph.
L. 1. —
ne peut y avoir doute sur la restitution initiale.
Il
L. 2. —
L'état de la mosaïque montre qu'il ne manque absolu-
ment rien au débat de cette ligne. —
"j'^zi:"!, écrit plene, avec trois
stein a préciséinent rappelé cette t\;ndauce pléonastique daas les documents « palesti-
niens » qui contribue à les distinguer des « babyloniens », où domine l'écriture défective
*•
{QS., 1920, p. 140). Cf. Sloisch, op. t.. p. 34.
588 REVUE BIBLIQUE.
%x zn'i p7nn^[-] .2
p2mpnE'n[p] .i
nap*3 S: ]2 ^o[z] .5
pN .8
L. 1. —
j"'"'*;-. Le daleth est certainement l'unique lettre disparue
développé par l'idée que l'archange est venu < pour prêter assis-
tance (""V", V. 13 » à Daniel. L'analogie ne serait donc plus satisfai-
sante sous la forme réflexe ithpa'al. Dans // Rois, xii le verbe pTn
inte^^'ient clairement au sens de « réparer, consolider », qui est un
dérivé. / Chron. xi, 10, les preux coalisés, ou faisant cause com-
mune avec David "zy C'p-rir'Z" est au contraire bien en situation, .
la formule de Tinscr. nabat. CIS., \\. 197'' •;;:* «s... ;it« •- ^«2 -; :
L. i. —
"... "p. Torrev imagine une abréviation pour r: -i sui-
vant un usage talmudique connu cf. 27 '"Zf et -•21 mais — = — ,
L. 5. —
La restitution ^ zz de M. Ci.-Oaoneau est tenue maintenant
pour certaine, malgré la forme peu distinctive du ^ 2 . Le premier
^^1 Exemples talraudiques dans Letv. yeuhebr., ^Vorterb... s. v 'J'^Z; cf. Stotscn,
op. L, p. 34; Dauta-N, Aram. Grain., p. 24t. Certaines tnscriptioas sad-arabi([ues
emploient "p. comme «t l'équÎTalent de y2 suivant lusage fréquent du sabéea >
iJaissen
et Satignac. Missioyi arch. en Arabie, II, 453 . 11 serait difficile de se fonder sur une
telle analogie; '"Z fournirait du reste un sens peu satisfaisant dans cette énumération.
el plus molle dans le» ". Et n y aurait-il pas, lians la verticalité de la ha>(e, une iatenlion
de lettre finale.'
« Que ceci [leur coUaboratioiij soit pour ceux-là [tous ceux qui ont
contribué de manière quelconque leur droit [dans ce lieu saint]!
Preste néanmoins l'objection d'une césure probable entre ...n"' et n...
M. Cl.-Ganneau suggérait de façon mieux justitiée "jinpin l[Tin]x"i n[S] :
(1) Observation qui élimine toute tentative dune restitution H^X « Dieu ».
CHRONIQUE. 393
avec un sommet dépourvu d'apex, voire même plutôt avec une inten-
tion d'apex ramené vers la gauche. On retiendra donc seulement
de ces minuties que la lecture 7 ("jinpTn) demeure paléographique-
ment possible d'après l'usage de nos textes. Une lecture waw (Ti.Trin)
ne l'étant pas moins et fournissant un sens également acceptable
un choix décisif sera jugé ardu. Cette ambiguïté pèse sur la resti-
tution de l'étroite lacune.
L. 7. — Il ne manque certainement rien au début. Le 2 initial
non un S — est clair, comme toute la suite, où reparait du reste la
formule stéréotypée.
2= de Samuel. Sn1*2w .2
(I) Il ne nous échappe nulleinenl que lusage grammatical reçu comporterait plutôt
une mutation de la V radicale, traitée comme C€lle d'un V'3, sous l'influence du préfixe ;
pinn"' ; cf. Dalman, A}'ani. Gram., p. 298 s. et 302. Nous sommes toutefois assez peu
au clair jusqu'ici sur les variations dialectales de l'hébreu arama'isant pour ne pas
en formuler de régulation trop rigide. Et puisqu'au pa^el par exemple, dans le dialecte
galjléen comme dans les Targunus (excepté Onkélosl) notre verbe se rencontre indemne
de toute élision, 'J'nZN"' (D.vuian, /. L), un imparf. aph'el traité de même sorte serait-il
un solécisme absolu?
(2] La formule serait, à coup sûr, beaucoup plus limpide encore si on osait la calquer
sur l'analogie séduisante que fournit la mosaïque de Cana : ... 'l^^^l inn « que soit
pour eux... » (Cl.-Gamneal, Rec. arch. or., IV, 346 et pi. II). On lirait alors : ...
p[nn'7] »S*\"î(n], et c'est ce qu'a choisi M. Slousch [op. l., p. 35). Moins satisfaisante
que celle d'un T, la restitution d'un P au commencement de la 1. ne peut être écartée
radicalement. La difficulté de la césure apparente après le H disparaît sans contredit si
l'on observe — juste au-dessous, dans la 1. suiv. — lintervalle qui sépare H de "7 dans
le mot lini. Mais comment justifier une forme grammaticale XMn, même en faisant
api>el aux plus capricieuses fluctuations phonétiques et orthographiques du verbe rfi'yr'i''-
Si la 3' pers. fém. sing. imparf. se rencontre sous la forme xnn tout aussi bien que
sous les variantes "iinri et MD, nous n'avons pas su trouver d'attestation pour une forme
mixte N'Tir. Sous réserve de l'information- meilleure que fourniraient quelque jour les
spécialistes, on estimera donc, avec M. Cl.-Ganneau, que cette voie fallacieuse u est une
impasse ».
R.B. 1921
L. i. — i*"2~.
Faux départi Après avoir commencé haut dans
l'angle de son cartouche, le mosaïste s'y reprend plus bas et en
réjouir ceux qui ne répugnent pas toujours assez à corriger les textes
anciens par leurs propres concepts linguistiques. On serait assez enclin
à supposer simplement t;-, avec une bévue moindre de la part du
596 REVUE BIBLIQUE.
ne peut être que r ou 'c. Dans l'hypothèse d'un xi, et quelle que
soit la forme où on l'imaginerait, l'état de la mosaïque nous a donné
(l) Ou Nnna (p.-êlre ^mc). L'aailogle du dérivé si proche par sa forme Nr"lC
(nri"))2), nom pr. masc. et fém., serait favorable sans doute à une telle conjecture.
Trop d'autres peuvent s'offrir, sur ce thème onomastique relativement fécond, pour
autoriser à jouer gros sur cette restitution.
CHRONInUL'. 597
;i) La pensée se porte d'instinct vers quelque dérivation féminine du radical '"ûp,
qui a fourni certains éléments de noms propres phéniciens, sinaït., etc. ; cf. les tables
donc pas de tous points invraisemblable. Les docteurs talmudistes rapprocheront sans
doute le nom inasc. Nj^CT. un amora célèbre dans la « deuxième génération baby-
lonienne » va de soi que dans l'onomastique
(Stkacr, Einleit. in den Talinnd, p. 101 ;. 11
juive où l'on se meut ici, la recherche pourrait s'orienter dans mainte voie fort diôerente.
L'énigme du double nom propre qui nous laisse en échec trouvera sans doute un Œdipe,
philologiquement mieux armé que nous pour laflfronter. Pour remplir la lacune, dans
l'hypothèse des formes nominales courtes njTcpT.. "nTlQ, on pourrait doter Maroutah
d'un mais sans doute pas ni"!, puisqu'on le groupe avec sa femme (cf. sur 2, 4i,
titre;
et qu'il y en aurait difficilement la place.
(2) Cet araraaïsme exclut apparemment Ihypothèse. La phrase prendrait une allure tout
autre et la teneur même en serait assez profondément modifiée. Au lieu d'un et. emphat.,
niZ deviendrait un et. constr. avec suff. 3 p. masc. sing. La filiation de Ja'"ir n'étant
plus signalée par les vocables du couple ancestral, mais uniquement par la désignation
de son père, il en découlerait la nécessité d'mterpréter i~;V*C... et tout ce qui a pu tenir
auparavant comme une du nom pr. masc. ...PT^'C
ijualification par filiation, profes- —
sion, lieu d'origine, ou quoi que ce soit —
Des variations indéfinies surgiraient philolo-
.
giquement dans cette voie précaire, dont le seul avantage encore que bien minime — —
pourrait être de faciliter la construction ultérieure en impliquant après ^''p7nr'2 un
verbe à un mode personnel, plutôt qu'à Yin/hiitif précédé de 1.
598 REVUE BIBLIOCE.
donner, pour faire les frais de... » Au lieu de Vinfin. pe'^aJ, il y aurait
la ressource de recourir à ïinfin. pa'el, x:n2 ou nirz, dont la forme
plus développée comblerait presque exactement la lacune. Plutôt que
;r:. qui s'offre spontanément, on pourrait faire intervenir des verbes
tels que *:p s:r , xir, conduisant à des formes "zpi « pour refaire,
renouveler, restaurer », ou t-iVii « pour marquer, illustrer, signaler
3) D'autres hypothèses peuvent évidemment être envisagées. Il en est même une qui
nous a quelque peu alléchés : .1X7113, inf. ilhpe^el de *in7 « orner, embellir, etc. » par
suppression du mem préfixe. Le sens cadrerait au mieux
pour être embelli, pour que
: (*
soit embelli... >; mais l'espace disponible paraît insuirisanl et la forme un peu précaire.
CHRONIQL'R. 599
^sgii ^_^
fa
u
n tf^W ç^%
r' •,
dislocation ne se laissent ramener à aucune forme définie, c est 1û groupe des sigles en
noir, dont un seul, le noua final. olVre un galbe paléographique assez ferme.
600 REVUE BIBLIQUE.
L. II. Vincent, 0. P.
B. Carrière, 0. P.
Jérusalem, mai 1921.
au début de la 1., il en découlerait un parf. ithpa'^el, 3' p. ni. pL, "j'iiUm (^"l'ilJrN)
avec une acception courante dans les sources lalmudiques « se distinguer élégamment,
:
.se rendre aimable par une belle action » citations dans Levy, s. v° HXJ, rac. congénère
à "iNj, mj). Après qu'on a commémorémunificence de Maroutah et de sa famille est-il
la
rien de plus spontané que cette exclamation de reconnaissance otficielle « Qu'ils se sont :
rendus aimables, ou combien ils se sont acquis de titres glorieux en ce lieu saint! Amen »?
RECENSIONS
M. Adolf von Harnack avait dix-ueuf ans, lorsquil remporta le prix proposé par
la Faculté de théologie de l'Université de Dorpat sur la question : Marcionis doctrina
e Tertulliani adversus Marcioxem libris eruatur et explicefur. Depuis lors, la figure
de Marcion n'a jamais cessé d'occuper sa pensée, et il publie enfin un ouvrage des-
tiné à mettre dans tout son relief le grand hérétique du second siècle. En même
temps, il publie ses sources. L'ouvrage est eu effet divisé eu deux parties. La seconde
est lefondement de la première. C'est après avoir étudié la valeur des témoignages,
reconstitué autant que faire se peut le texte grec de l'Aposfolicum et de l'évangile
de Marcion. entendu ses adversaires, que M. von Harnack a pu écrire sa synthèse
sur la vie de Marcion, sa doctrine, son œuvre critique et polémique, son christia-
nisme, son église et ses destinées.
Il serait superflu de louer l'érudition de l'auteur, et sa maîtrise dans l'explication
des textes. Comme Français nous ne pouvons assez louer sa clarté, l'harmonie clas-
sique de sa composition, le soin qu'il a ^e citer les textes de façon à permettre à
chacun de contrôler ses dires. Ce livre sera pour l'étude de Marcion un instrument
incomparable. Si seulement von Soden avait eu la moindre idée de celte méthode
d'exposition lucide qui va droit au fait, au lieu d'imposer au lecteur la peine de
découvrir tout ce que des négations peuvent impliquer de notions positives!
Pourquoi donc Marcion a-t-il ainsi captivé l'attention de M. von Harnack? C'est
assurément d'abord parce qu'il a vu en lui après Neander un grand ancêtre de
Luther, un protestant des origines. D'autres se sont révoltés, et Valentinien, pour
ne citer que lui, ne préoccupait guère moins Irénée ouOrigène. Mais les autres gnos-
tiques étaient plus ou moins épris de philosophie. Marcion, non. Marcion est une
âme religieuse, qui a horreur de la philosophie, comme Luther, qui veut délivrer
l'image du Dieu Sauveur de
gangue judéo-chrétienne où il a été enfermé
la
depuis saint Paul, et ce fut encore le rôle que se donna Luther. Et ce n'est pas sans
doute par hasard que son disciple Apelles —
un dissident, il est vrai, a été —
entraîné à croire en Dieu par un mouvement [y.rruaQai) intérieur, non par des
démonstrations positives, préludant ainsi à Kant et à Schleiermacher. Ce n'est pas,
on l'entend assez, qu'il y ait une aralogie complète entre Marcion et le protes-
tantisme alkmand. Il est certes plus radical dans sa réprobation du dieu de l'A. T.
« Si Marcion avait apparu de nouveau au temps des Huguenots et de Cromwell, il
aurait rencontré de nouveau le dieu guerrier d'Israël qu'il avait en horreur, au
milieu de la cbiétienté » Cp. 252). Peut-être aussi, lui qui poussait l'ascétisme
RECENSIONS. 603
jusqu'à interdire le mariage, aurait-il été choqué de l'entrain des moines apostats
à prendre femme...
D'ailleurs ce qui intéresse le pins H., historien des doi^mes, c'est l'iinportaQce de
Marciou pour cette grande église qu'il avait voulu arracher au joug du judaïsme :
« l'ancienne église catholique » — celle des Irénée et des Tertullien — '< doit appa-
saint Paul aux Galates et aux Romains. Comme pour Luther alors. Mais l'exemple
même de Luther suggère autre chose. Est-ce parce qu'il a lu saint Paul qu'il est
arrivé à constater la persistance du péché originel après le baptéjue? Ou n'est-ce pas
plutôt que gémissant de la lutte morale dont il était le sol mouvant et tourmenté,
il a cru trouver la solution dans l'Apôtre? De même Marcion. Quand H. nous dit
qu'il s'est plongé dans les pensées fondamentales des Galates et des Romains, et
doctrine, qu'il a dû comprendre. Veut-on dire qu'il a dès l'abord ilairé des falsifica-
tions à manière des critiques modernes.' Assurément non. S'il n'a pas voulu
la
accepter les limiites que Paul avait imposées à sa pensée, c'est qu'il fut dès le début
préoccupé de ce qui fut son antithèse fondamentale, l'opposition entre le Christ, Dieu
des chrétiens, et le Dieu des Juifs. Cette crise a pu naître dans son âme aussi bien eu
entendant lire l'Évangile qu'en étudiant saint Paul. Toute la réfutation de Tertullien
ne consiste pas à distinguer entre pauliuisme modéré et paulinisme excessif, mais à
prouver que le Dieu, Père du Christ, est aussi le Créateur, le Dieu de l'A. T. La
négation de ce point fut. dira-t-on. le point d'arrivée de Marcion. Non, ce fut bien
son point de départ, car s'il n'avait été déjà dominé par cette antithèse, rien ne
l'aurait empêché d'accepter les solutions de Paul, il s'est jeté sur Paul parce qu'il
lui fallait un point d'appui, et qu'il a cru le trouver là. Aussi bien H. a-t-il noté que
tiques se sont croisées avec celles de l'Église. C'est ce que ses adversaires ont bien
vu en faisant de lui un disciple de Cerdon. Ce renseignement est donné en première
ligne par Irénée, Tertullien et Hippolyte. Il faut voir comment H. s'acharne à en
détruire l'effet pour sauver l'originalité de Marcion! C'est une véritable plaidoirie
qui tantôt accuse un témoin d'avoir copié l'autre iTertulliea a lu Irénée), tantôt
argumente sur des distinctions subtiles, si bien qu'à la fin l'honceur de .Marcion est
sauf, parce que Cerdon a bien pu rejeter l'A. T.. comme tous les gnostiques, admet-
tre deux dieux, comme tous les gnostiques, le docétisme, comme eux tous, mais enfin
il a parlé du dieu i7iconnu, et Marcion du dieu étranger l Qui lira cette discussion
de sang-froid verra dans Marcion les traces d'une influence gnostique, atténuée par
sou horreur pour la spéculation philosophique, une certaine modération (1), un
.1) .\ussi H. a-t-il très bien défendu Marcion contre les exagérations de Boii>;set qui le confon-
lait presque avec Mani.
604 REVUE BIBLIQUE
sentiment ecclésiastique qui lui font mie plice à part et pliu honorable, voilà
tout.
Sa véritable originalité, c'est d'avoir com^)ris que le christijni>iiie était une doc-
trine, à savoir l'évangile, et une église. Oa se trouvait le véritable évangile? C'est ici
que Paul fournit à Mîrcion ce qu'il désirait, la d4stinclion entre son évangile et
Grâce à ce trait de lumière, comparable à
l'évangile prêché par les judéo-chrétiens.
ce que fut pour Luther la découverte dans saint Paul de la justice de Jésus-Christ,
Marcion pouvait s'appuyer directement sur l'évaagile primitif. Tout ce qui s'en
suit est expliqué par H. avec une merveilleuse logique. Il nous montre Marcion à
l'oeavre, ne voulant ni faire appel à des documents suspects, ni se donner pour un
prophète, mais aboutissant par un travail critique à créer uu livre canonique pour
les siens, comprenant un évangile, celui de Luc, arrangea sa manière, et, de la même
façon, des épîtres de saint Paul. Mais si le critique moderne ne peut refuser à ce
travail l'admiration que sut arracher à son maître l'économe infidèle, que penser de
la sincérité de ces retranchements, avec quelques additions peu nombreuses, —
mais assez significatives? L'iionneur de Marcion exige encore un plaidoyer, et
comaae il est difficile de plaider l'innocence complète, H. se contente d'une culpa-
bilitéatténuée —
surtout par comparaison. Marcion serait eu somme plus excusable
que l'auteur du quatrième évangile, lequel, lui aussi, a mis de côté trois évangiles,
pour en écrire un autre, qui altérait complètement la tradition et les faits, Da moins
lui, Marcion, a joué cartes sur table (p. 67i! -— Cartes sur table, en retranchant
tantôt des passages entiers, tantôt de petits mots pour changer le sens des affirma-
tions les plus graves, et affirmer qu'on rend au monde l'évangile authentique,
falsifié par d'autres... C'est un point de vue... H. conclut « D'ailleurs le critère:
moral ne s'applique à aucun des deux cas, parce que dans l'un il s'agit d'un enthni-
siaste rempli de l'esprit, dans l'autre d'un penseur religieux eigensinnig, c'est-à-dire
animé par une seule pensée, sobre et énergique » (p. 67).
Je sais beaucoup de gré à H. d'avoir dit que Marcion était eigeasinnvj, un mot
que lui-même a dû commenter. Nous dirions volontiers attaché à son sens propre, :
systématique, absorbé par une idée, dont il pousse à bout les conséquences, sans
entendre ceux qui crient casse-cou. H. s'est corap lu à esquisser le tableau des
vérités difliciles à concilier qui sont le dépôt doctrinal de l'Église. La sagesse est,
comme dit Bossuet, de tenir la chaîne par les deux bouts, en confessant que nos
lumières sont trop courtes pour voir toujours comnent se fait l'accord. L'hérétique,
ou l'exégète, systématique, est dominé par une opinion ou par un texte. Pour Marcion
ce fut le Dieu qui ne peut être que bon, et l'évangile de Paul qu'il faut retrouver.
Mais s'il était de bonne foi dans s.i croyance, il savait bien qu'il le servait à coups
de ciseaux.
Il est vrai — l'observation est de H., — que l'école de Tubingue a été plus radicale,
en enlevant à l'Apôtre six épîtres sur dix, sans parler des interpolations qu'elle
éliminait des quatre grandes épîtres. Mais d'autre part elle a été plus timide, n'osant
pas rejeter l'A. T. et son Dieu. Et, très fraache.neat, H. dit là-dessus sa façon de
panser : « Rejeter l'A. ï. au ii« siècle, fut une faute que la grande Église avec
raison n'a pas voulu commettre'» (p. 24S), parce qu'alors on n'eût pu rejeter l'A. ï,
sans rompre tout lien avec lui, et sans le déclarer l'œ ivre d'un faux dieu, ce qui
eût été le trouble jeté dans les consciences. « Conserver l'A. T. au xvi" siècle fut
U.1 destin Réforme ne pouvait encore se soustraire », quoique Luther en
auquel la
ait eu presque l'intention Non potest nobis tnonstrare verum B'ium;
: sans doute —
parce que, rejetant l'autorité de l'Église et de la tradition, Luther ne pouvait se faire
RECENSIONS. 603
sources pour déterminer ce qui est chrétien » p. 2.54 Marcion n'eùt-il pas eu hor- .
reur de cette tiédeur.' Enfln Harnock termine par de pieuses etTusions sur la charité,
et cette fois c'est Tolstoï qui est rapproché de Marcion. Toute cette mystique n'fst
Origene était beaucup plus miséricordieux, lui qui. du moins d'après ses adver-
saires, eût voulu sauver même le diable.
rare qu'on ne lui emprunte pas quelque chose. Mais il ne faudrait pas parler de
synthèse.
Que dans l'Église on n'ait pas encore prononcé le mot de deux testaments écrits
;ou de deux alliances . c'est possible, mais le principe était posé avant Marcion, et
son goût pour saiot Paul, s'il a contribué à le faire étudier davantage, il n'a, du
moins, influe en rien sur l'exégèse ecclésiastique. Comment pourrait-on attribuer une
théologie à l'homme qui a si énergiquement répudié la philosophie Et les disciples .'
rejeter l'A. T., et l'église catholique ne l'a pas suivie dans cette voie. Quant à
l'unité de l'église marcionitp. H. qui, depuis plusieurs anuées, a si bien reconnu le
rôle joué par l'Église romaine, a mis dans une note une sourdine importante Il a : '<
cosmogonique, et c'est son honneur entre tous les gnostiques. Mais la théologie
catholique —
qui d'après H. n'existait pas n'y était pas adonnée. Les apologistes, —
c'est vrai, n'ont pas beaucoup parlé du salut en Jésus-Christ, ni de la grâce, ni des
606 REVUE BIBLIQUE.
sacrements... Mais ils ont pensé que ce n'était pas leur affaire. Faudra-t-il donc
toujours juger de la vie d'après quelques livres? .Ipparemoient les martyrs con-
Sotériologie.
Eu somme, avec le principe fondamental de Marcion, c'est toute sa théologie
biblique qui lui est restée pour compte, — nous serions bien tenté d'ajouter : autre
ressemblance avec Luther, s'il n'y avait encore un si grand nombre de théologiens
protestants à équivoquer sur la nécessité des œuvres d'après saint Paul. Voilà du
moins un point sur lequel Mareion ne plaisantait pas. et ses exagérations ascétiques
n'ont préparé en rien la Béforme, — sinon par antithèse. Si vraiment, comme le
dit H., on peut estimer qu'il n'a prononcé aucun mot injurieux pour la grande
église qu'il eût voulu servir, le Luther du second siècle se distingue, pai- cette
grossières (l).
l'Évangile.
Comment rApostolicum ne contenait que dis. épîtres de Paul, et comment les
Marcionites y ont ajouté les Pastorales; pourquoi Marcion a pris pour base l'évan-
gile de Luc, tout cela est fort bien expliqué. Le texte lui-même ne pouvait être
qu'une revision de celui qui avait fait tant d'honneur à Zahn : c'est néanmoins une
refonte complète, comme si tout eût été à faire, et le travail est fait de main
d'ouvrier (2). Chacune des sources est appréciée pour ce qu'elle vaut. Le dialogue
d'Adamantins est d'un emploi déhcat, et de même saint Épiphane, qui aura pris de
bonnes fiches à la lecture, mais qui les aura ensuite plus ou moins bien comprises,
ïerlullien est toujours le témoin principal et le plus sûr ; la nouvelle enquête lui est
citations d'après l'original grec; sous les yeux des versions latines, non
2'^ qu'il avait
hodie maior pars est omnibus in locis sententiae noslrae quam haereticaé, H. suggère qu'à un
moment donné le noral)re de ceux qui rejetaient 1 A. T. a Dcut-être été le plus srand. Mais
Tertullien a écrit : cttm et hodie, donc même quand il écrivait, monient qu'il semble
(v, 30)
regarder comme celui de la plus grande diffusion de l'iiérésie. D'aiUeurs les caUioliques ont
partout la majorité, et l'Iiérésie n'était pas partout.
(2) H. attribue à Marcion xal xaôù; ûjitv yCvîfffiat 8è>.rcî irapà xwv ànôpwirw», c'est la ti-a-
:
ductton littérale du latin de Tert.. mais ce latin ne rendait-il pas un autre grec?
RECENSIONS. 607
Nouveau Testament de Marcion n'avait pas été traduit en latin, — cela, personne
ne Ta jamais soutenu (i\
Or M. Harnack soutient aujourd'hui que Tertullien a lu et cité le N. T. de
Marcion en latin, et. en même temps, que Tertullien connaissait une traduction
latine catholique; enfin que ce texte était d'origine italienne et non africaine.
Les deux premiers points peuvent être soutenus en même temps. Car même s'il
est prouvé que Tertullien suivait une traduction latine de Marcion par où nous —
entendons uniquement non pas les Antil fusses, mais l'ApostoIicum et lévangile — on
pourrait reconnaître dans ses autres ouvrages des traces d'une version latine, et d'autre
part, même si cette version avait existé, il ne l'aurait sans doute pas consultée
pour traduire le texte grec de Marcion. Si donc on 'prouve que ses citations de
Marcion sont dune version, on conclura que c'était une version du texte hérétique.
C'est d'ailleurs ce que H. s'applique à démontrer et en somme il avait eu des
précurseurs quant à l'existence d'une version latine marcionite. C'était, du moins
pour l'ApostoIicum. l'opinion de Words\vorth-\Vhite dl, 1, p. 41 et de Lietzmann
dans la seconde édition de son commentaire de l'épître aux Romiins. L'existence de
prologues marcionites des épîtres. dépistés par dora de Briiyne. est déjà un argu-
ment. Pourquoi aurait-on écrit ces prologues, si ce n'est pour l'Apostolicuiii en
grec, et pourquoi les aurait-on traduits — et, en somme, nous ne les avons qu'en
latin. — si ce n'est pour une édition latine?
D'ailleurs il y a des raisons positives a Le latin des citations est inférieur
:
n'y aurait pas de retouche. Et ce second argument non plus n'est pas toujours
décisif. Ainsi Le. is., 41 est traduit 'adr. Maix. iv, 23 o genitura increJula,
qitousque ero cqpiud vos? tandis que dix lignes plus loin Tertullien écrit pour son
compte : iuitio incredula. quanuJiu ero vobiscum? Mais Kroymann suspecte ce
second passage, qui semble faire allusion à Me. ix. 19. Et dans plusieurs cas on
peut répondre que précisément parce que Tertullien traduisait sur-le-champ, il
n'attachait pas d'importance à ses propres expressions et les remplaçait, pour être
compris, par des formules moins littérales. On peut s'expliquer de la sorte qu'ayant
écrit IV, 21^ animam salvam facere Le. ix, 24 1 il ait employé ensuite servire 2'.
11 y aurait évidence si le texte s'expliquait par une erreur de copiste latin. D'après
H. ce serait le oas pour Gai. m,
filii estis fidei, où
26, cité v, 3 : 0/iine< enirn
fidei est pour Dei du texte grec authentique. Mais donc supposer une faute il faut
latine antérieure à Tertullien? Et pourquoi Marcion n'aurait-il pas remplacé Dei
par fulei:' Si le témoignage de Tertulhen est écarté ici. sous prétcvte d'une faute
de copiste possible, la restauration est bien compromise. Sans doute H. n'a pas noté
que, ayant rayé de Marcion Gai. m, 1.5-25, il mettait, aussitôt après le v. 14. le
v. 26 qui eût été terminé par la même clausule o^i Tfjç r.h-vo;, ce qui eût été fort
inélégant, tandis que -i^-zz -.'ip j-o- h-i t^; --aTî'.o: est une conclusion parfaitement
conforme aux prémisses.
Il reste cependant des arguments qui nous paraissent très sérieux.Par exemple
Le. VI. 20 : Beoti inendici — sic enirn exigit interprétât io vocohuU quod iit Grae^o
es/ — ,
quoniam etc. i\ , 14). Ou bien Tertulliea a corrigé d'après le grec le latin
qu'il lisait, ou peut-être même l'approiive-t-il contre ceux qui préféraient paupercs.
Il V a surtout le texte de Gai. iv, 22-24 (v, 4\ C'est celui-là même qui paraissait
décisif à MM. de LabrioUe, xMartin Schanz, etc. pour prouver que TertuUien suivait
une version latine : « haec sunt duo testamenta », — site « duo ostensiones », sicut
invenitnus interprétation — unum a
monte Sina. Ce mot ostensiones, absurde pour
traduire o^x^y.x<., avait été changé par Zahn en sponsiones, ce qui est par trop
arbitraire. Mais H. se plaît à montrer que c'était précisément le mot de Mareion,
lequel ne pouvait admettre deux testaments, mais tout au plus deux manifestations
{ostensiones, en grec ivoc{;ciç probablement., de sorte que l'argument prouve bien
que TertuUien lisait Mareion en latin. Seulement il faut supposer que Tert., se
laissant aller à ses habitudes, avait commencé par écrire duo testamenta, pour se
reprendre en regardant sou texte. Mais alors comment se fait-il qu'aussitôt—
auparavant il ait écrit Qaae sunt allcgorica, idest aliud portendentia? C'est,
:
—
d'après H. qu'il lisait allegorica, qu'il a voulu expliquer dans sou latin. II faut
donc que, dans la même phrase, TertuUien ait expliqué d'abord le texte latin de
Mareion dans son latin à lui, pour expliquer aussitôt après son' latin à lui d'après
la version de Mareion. Cela est dur à croire. Mais s'il a traduit Mareion d'après
le grec, il a pu citer ostensiones d'après la traduction latine des Marcionites, et
expliquer pour ses lecteurs un mot, allegorica, qu'il a cru devoir traduire litté-
ralement, comme il a fait pour sophiae [Adv. M. ii, 2) traduit plus loin v, 14}
par sapientise, >'ous aurions donc néanmoins l'existence d'une version latine de
Mareion, connue de TertuUien.
L'existence de cette version est encore suggérée par le texte grec raarcionite -wv
V- (ïXXwv, qui ne peut être qu'une traduction du latin de ceteris, fausse traduction :
de Tou loi-ou (Gai. vi, 17 Il serait étrange que les Marcionites aient retouché
.
leur texte grec d'après une traduction latine catholique iHarn.. p. 53).
Notons encore un bon argument de H. Sur Col. i, 17 et ipse est ante omnes,
Tert. conclut Quomodo enim ante omnes, si non ante omnia? S'il avait eu pour
:
texte r.zô ;:â/Twv, il eût pu traduire ante omnia, et n'avait pas même à argumenter.
Donc il lisait otnnes. —
A moins qu'il n'ait voulu éviter toute instance d'un mar-
cionite qui lui eût objecté que le sens était ante omnes.
On voit combien le sujet est scabreux! Peut-être faut-il se contenter de conclure
que TertuUien connaissait une traduction latiue de Mareion et des traductions
cathohques, mais qu'il dédaignait de s'en servir. Chose étrange, il serait peut-être
plus aisé de prouver qu'il suivait une traduction latine de l'A. T., car. au texte cité
communément {Adr. M. ii, 9, à propos de Gen. ii, 7), on peut, ce semble, ajouter
celui qu'a signalé Harnack iv, Il lxxvii, 2;
sur Ps. aperiam, inquit, in para-
:
Or, pour ce qui regarde les épîtres paulines, on sait qu'aucun ras. n'est censé
représenter leur texte africain. Hans von Soden a dû se contenter des citations
de s. Cyprien. Il est assez rare qu'elles se rencontrent avec les passages de Marcion
qu'on peut recouvrer. I^e cas échéant, nous n'avons vérifié que pour l'épitre aux
Galates lesfaits signalés par H.; or, nous n'avons vu dans aucun des mots allégués
que M. se rapprochât du texte italien contre Cyprien... Que ce point ait été traité
assez vaguement, on s'en aperçoit en lisant, p. 127*, que ces textes, c'est-à-dire
ceux des lettres de Paul ont une ressemblance assez notable avec syrcu. .M. Harnaek
ne peut pas ignorer que ms. Cureton ne contient que les évangiles;
le il nous
transporte donc sans nous avertir dans le doiiiaine de l'évangile.
Là un autre sujet d'étonnement nous attend. Le texte latin de Marcion est censé
plus rapproché de l'italien que de l'africain. Et cependant les six cas d'influence
marcionites (p. 230*; se retrouvent d.ms e {Cod. palatinus), qui est, comme on sait,
le principal témoin africain de Le. Mais voici qui nous déroute tout à fait. Le texte
grec et latin de Marcion étant un pur texte occidental — nous allons y revenir
— il ressemble surtout à celui de D, et « presque autant à l'archétype de a 6 c e »
(p. 223*, note 2 . Alors on ne comprend plus comment il sera plus près de a, etc.
que de e puisqu'on recourt à leur archétype, ce qui suppose qu'il n'y a pas deux
versions, l'une africaine, l'autre italienne, et c'est renoncer à la parenté avec it.
Venons donc enfin à celte grave question de rinilueuoe des textes de Marcion,
grec et latin, sur les mss. grecs ou latins qui ont eu cours dans l'Église. Il va sans
dire que la question peut être traitée librement, sans préoccupations théologiques.
Un catholique ne pourrait admettre qu'un texte contenant l'hérésie de Marcion
ait figuré dans l'édition authentique de l'Eglise, mais celle-ci ne pouvait toujours
empêcher un copiste de subir l'influence des manipulations de Marcion. Au surplus
il n'est pas question de textes formulant l'hérésie.
La position d'il, est plutôt réservée. Que le texte de Marcion soit un texte " occi-
(i) Que sigoifle la remarque {p. 223 * note ii Die besondere Affiiiilât D und .Marcion est ira
:
Ev. nocli giôsser alsim Apostel, puisque D iBezae) n'est pas le même que D Xlaro-
montanus)?
(2^ R.B., 1921, p. 141.
que c'est D qui a subi l'influence de M., comme Soden l'a soutenu, quoique moins
énergiquement à la fin de ses travaux (1}.
Il eût donc été opportun de se demander si, du moins pour saint Paul, la traduc-
tion marcionite n'avait pas précédé l'autre. Si on lui a emprunté ses prologues et
des particularités vraiment marcionites, se serait-on fait scrupule pour le reste?
Comme on ne peut estimer que les traducteurs catholiques ont avalé le chameau et
filtré le moucheron, Harnack suppose que leur harmonie était préétablie dans un
texte antérieur, ce qui est toujours la même pétition de principe.
nous nous en tenons à l'évangile, ou plutôt au peu que nous avons du Luc
Si
de M., Harnack nous présente une liste d'environ cent leçons harmonisantes, surtout
avec Mt., qui ont eu un écho dans les textes D et latins (2). Mais il y a encore un
bon nombre d'harmonisations une cinquantaine —
qui sont propres à M. d'après —
ce que nous savons. Il a donc harmonisé sûrement plus qu'aucun ms., même depuis
la fin du [v<^ siècle.
semble que H. lui-même le suggère, qu'il a harmonisé Le. viii, 21 et Mt. xii, 48
(ou Me, III, 33); sa main se reconnaît dans tou? Xo'yoj; [aoj au lieu de tov Xdyov tou
Geou, mais aussi parce que l'interrogation : qui est ma mère etc.? semblait plus
décisive contre la maternité que le simple texte de Le.
De même pour xii, 10 (II. p. 194 *), où Marcion a évité délibérément d'après
Tert. de parler de blasphème à propos de l'Esprit-Saint. La variante eIti») au lieu de
pXa7:;r,p.r;aav7i est donc empruntée à Mt. par Marcion, et il se trouve que D omet
le mot proscrit!
Donc on peut poser la question générale : si Marcion tenait à avoir un texte de
Le. pur, c'est-à-dire qui ne fût altéré que par lui, il a dû se gréoccuper d'avoir un
texte qui ne fût pas manifestement harmonisé.
Si au contraire, comme nous le pensons, il n'a pas hésité à harmoniser lui-même
dans l'intérêt de sa doctrine, il a pu et dû le faire dans d'autres cas, jusqu'à préférer
le texte de Mt. à celui de Le, par exemple, sur le conseil de donner même le man-
teau après la tunique (d'après Mt. contre Le. vi, 29 même la tunique après le man-
teau).
Nous avons en présence des traducteurs qui, d'après leur office, doivent traduire
fidèlement ou des copistes qui, à plus forte raison, n'ont qu'à le copier, et
le texte,
d'autre part un réformateur qui met hardiment la main sur le texte pour l'arranger
à sa façon, et qui se garde bien de l'attribuer à un évangéliste nommé. Qui sera
plus facilement suspect d'harmonisations délibérées (3)?
Si encore le texte grec de M. était représenté souvent par d'autres que par D !
Mais Lui, toujours Lui! et des compagnons latins qui, c'est un fait, ont accepté des
(1) Il dirait encore (p. 21-23 que « ni Justin, ni Marcion. ni Clément, ni les anciennes versions
n'exigent ni même ne rendent probable l'existence d'un texte (Brival de l'autre) pour expliquer
leur texte ».
(2) Même il est dit, p. 223* « que le groupe principal des variantes, c'est-à-dire les 2-300, que
M. a en commun avec le texte occidental montre une forte intluence du texte de Mt. ou
de Me. ..
(3) Conclusion de la page 224* : « Le texte que Marcion trouva à Rome était déjà rendu
semblable (conformiert) au texte de Mt. et de Me. » Alors qu'est-il devenu?
RECENSIONS. 611
Sur ce point, H. est moins réservé que Zuhn, mais cependant encore très prudent,
nous duious trop prudent, à en juger par ce que suggère son apparat lui-même.
Pour l'apôtre, il a conclu à cinq cas d'influence maroionite Gai. v, 14; Rom. r, :
16: I Thess. it, 15; Eph. iv, 6; v. 31, auxquels il eût pu sans témérité ajouter
Gai. III, 14. £jXov;a/ 1. i-x-'Y^'-'av.
XXIV, 40 /.%: TouTo sirrwv i- i'oE'.;=/ xjTor; Ta; /_=i^%i y.y.\ tojï nooa;. Ceci est d'excel-
lente critique, bien supérieure à celle de Hort-Westcutt qui éliminaient le verset, la
dans De it. Et il serait bien étonnant qu'il n'ait pas pris plaisir à faire dire
à la fin
aux scribes eux-mêmes, d'après .Mt.. que leur Messie devait être fils de David,
quoique tl. juge tout à fait neutre ce mélange de Le. et de Mt. p. 226' sur Le. xx,
41-44;.
Et enfin, quoi qu'il en soit de l'inflaence marcionite, non pas sur des textes nom-
breux, mais répartie ça etlà surtout dans le monde latin dont relève D, et quand il
serait vrai emprunté à quelque ms. romain son texte notoirement har-
que Marcion a
monisant, ce texte occidental du ii*^ siècle n'était donc pas un texte pur, de sorte
que son antiquité même ne suffirait pas à lui donner aux yeux de la critique une
importance nouvelle et décisive. C'est là du moins une conclusion certaine.
Il faut s'attendre à voir discuter l'œuvre de M. Harnack; personne ne niera son
incomparable compétence.
Fr. M.-J. Lagrange.
Jérusalem, fév. 1921.
612 REVUE BIBLIQUE.
Le ton des deux volumes n'est pas le même. C'est toujours, bien entendu, le même
art de rapprocher les textes pour en faire jaillir ce que personne n'y avait vu, la
même érudition pour les de'pister dans des coins ignorés, la même finesse dans les
tumière, M. Harris ne demande qu'à restituer à ses devancier.s ce qu'il regarde comme
un titre d'honueur. Il lui restait la bonne fortune d'avoir découvert qu'au mont
Alhos un manuscrit du xyi«= siècle pourrait bien contenir une forme postérieure de
l'œuvre de saint Matthieu. Précisément c'était un ouvrage contre les Juifs et com-
posé par un Matthieu, et en cinq livres, comme les cinq livres de Papias! Cinq livres
de commentaires supposent cinq livres de Textes, l^es Logia de Matthieu auraient
donc traversé les siècles, développés, cela va sans dire, mais gardant leur noyau
primitif, qu'on pouvait restaurer, du moins en partie, grâce aux témoignages con-
servés dans les recueils de Cyprien, de Grégoire de Nysse et de Bar Salibi contre les
Juifs.
Il a fallu déchanter. Le mystérieux ms. du mont Athos avait un, deux, frères
aînés, dans la Bodleian Library. L'analyse qu'en donne consciencieusement M. Harris
nous transporte dans le champ de la polémique byzantine, et il n'y a qu'à choisir un
Matthieu parmi les mnnes de ce nom qui s'y sont signalés. C'est sans doute pour
l'honneur des armes que M. Harris parle encore d'une forte suspicion qu'Eusèbe ait
connu les vers qui célèbrent l'ouvrage de Matthieu contre les Juifs JI, p. 121). Il n'a
plus confiance du tout et il l'avoue avec candeur (H, p. 136}. Papias lui-même chan-
celle. Sont-ce bien les Testimonia qu'il a commentés sous le nom de Logia kyriaca?
M. Harris n'eu est plus aussi certain (H. p. 93). Mais au fond peu importe, s'il
demeurait prouvé que les Testimonia ont existé avant les épîtres aux Piomaius et aux
Galates, avant tous les évangiles; si ce livre, inconnu jusqu'à présent, avait exercé
une sérieuse influence sur le Nouveau Testament et si l'on pouvait jusqu'à un certain
point déterminer son contenu.
Ce serait, avons-nous dit, un recueil de témoignages de l'Ancien Testament, non
point seulement messianiques, comme le suggérait M. Burkitt, mais comprenant
encore l'essentiel de la polémique chrétienne contre les Juifs et contre l'ancienne Loi,
le sabbat, la circoncision, les sacrifices, etc. M. Harris, d'après sa méthode, ne peut
pas demander moins, puisqu'il s'appuye sur Irénée et sur Justin. Mais qui ne voit
que c'est demander trop? Que le premier besoin de la communauté chrétienne ait
été de mettre au net les témoignages bibliques sur le Christ pour les appliquer à
Jésus, cela pourrait s'entendre. Car on voulait convertir à la religion de .lésus des
aux Écritures. Mais dire qu'on a dressé avant l'épître aux Galates
Juifs qui croyaient
une de passages à opposer aux judaisants, c'est placer un instrument perfec-
liste
tionné de polémique avant même que la question eût été soulevée. Etrange goût
pour l'inconnu —
tranchons le mot. pour le paradoxe, qui incline M. Harris à —
écarter riiiHuence des écrits autorisés et officiels, à faire dépendre les génies créa-
RECENSIONS. 61:^
ment pour (igurer .Indas. mais pour être adapté à l'emploi que les prêtres ont fait de
son argent Mt., xxvii, 3 ss.i. Si Justin [Dial., xxxrx} introduit Élie en se servant
du rare v^-j-f/i/u), vous croyez qu'il dépend de Paul Rom. xr, 2) qui connaît bien
ce mot iRoiu. viii, 27. 34; Heb. vu, 2.5; Act. xxv, 24 t N. T. Point. Paul et .
Justin ont cité le livre des témoignages, qui comprenait aussi dans ce cas une phrase
d'introduction p. 28}.
Et puisque Paul revient si fréquemment dans cette discussion, on ne comprend
plus du tout que le livre des témoignages dirigé contre les Juifs puisse passer
pour les Lo'jia de Matthieu. Si l'opinion de M. Burkitt est une pure conjecture, du
moins elle ne souffre pas au même degré d'une contradiction dans les termes. Que
notre premier évangile ait connu un recueil de témoignages messianiques, il n'y a
aucune raison de l'aftirmer: les raisons de le nier ne sont peut-être pas péremptoires.
Mais que les Testimonia de M. Harris aient pu recevoir le nom de Logia Kyriaca, de
la part de Papias occupé seulement de la matière évangélique; non, non et non!
Sabbatum resolverunt [i). Lisez caeterae eclogae eJus, au lieu de caeten collegae,
et vous avez le titre même de l'ouvrage de Matthieu : Témoignages choisis.
N'est-ce pas délicieux? — Il y a un petit inconvénient, c'est que xesolcere sabba-
tum ne signifie pas déclarer aboli le Sabbat, mais le violer. Victorin cite encore
Josué, quand il fit jouer de la trompette durant sept jours, sabbatum resolvit et
Matthias [Matatthias) sabbatum resokit (I Macch. ii, 26. 40. 41 . Donc ne renonçons
point aux collègues ou aux compagnons qui ont
violé le sabbat, évidemment avec
David (Mt. xii. 3 . Comment David
devenu Esaias, cela paraîtra moins impé-
est-il
nétrable si l'on suppose que l'auteur dissit non pas David, mais le fils de lessai ou
de Jessé. Erreur d'ailleurs ne fait pas compte.
Laissons donc Matthieu de côté, et puisqu'on cherche toujours ses Logia, qu'on
les cherche ailleurs. Laissons à Paul rb'mneur d'avoir frayé la voie à ces études.
L'on comprend très bien qu'engagé dans un raisonnement difficile, il y ait adapté
les textes d'Isaïe on comprendrait beaucoup moins bien qu'un auteur d'extraits n'ait
;
pas été plus littéral. Cette manière large et dominatrice de Paul a frappé Origène.
Il en a cherché diverses explications. Si le livre des Testimonia avait été connu et —
il devait l'être, puisqu'il a servi à Justin et a Irénée, qu'il est à la base des collec-
lious de Cyprien et de Grégoire de Nysse, — comment l'ingénieux érudil du iii«siè-
I Fragment dans Rolth, Relliquiae sacrae, ni, io><.
614 RblVUE BIBLIQUE.
cle u"a-t-il pas presseuti la solution si simple d'un emprunt? Peut-être cependant les
Testimoniade saint Cyprien ne sont-ils pas les premiers. Il est sur que saint Justin et
saint Iréuée entendent les textes de la même manière. La dépendance littéraire ne
peut être niée à M. Harris. Mais pourquoi Iréoée ne se serait-il pas servi de Justin.?
Et que tous ces chercheurs de Testimonia aient commencé par les textes mis en
lumière par saint Paul,' il fallait s'y attendre, et il faut le constater.
Nous sommes donc obligé de conclure que M. Rendel Harris ne nous a point con-
duits à des résultats assurés. Mais c'est un compagnon très agréable, aimable, et avec
lequel on ne perd jamais son temps.
Jérusalem.
Fr. M.-J. Lagrange.
Richterbuchs;, von Adolf von IIarxagk Texte unri Uutersuchungen, Band XLII,
Heft 4); 8" de vi-184 pp. Leipzig, J. C. Hinrichs'sche Buchhandlung, 1919.
La seconde et dernière partie des notes prises par M. Harxack sur les rensei-
gnements historiques que contiennent les œuvres exégétiques d'Origène a suivi de
près le premier fascicule cf. RB. 1921, p. 449 s.). L'intérêt n'est pas moindre à lire
ce nouveau volume, et l'on trouve à y recueillir maintes informations utiles. Peut-
être cependant est-on quelque peu ahuri devant celte accumulation de détails, qui
se suivent sans qu'une pensée directrice les interprète ou les éclaire. Il y a tant
de choses dans Origène, et parfois des contradictions, que l'on aimerait voir expli-
quées! Dans le Commentaire sur rÉjjître aux Romains v. 10 par exemple (éd.
LoMMATzscH, vi, 407 ss. , Origèuc cibe l'opinion d'interprètes qui disent « in futu-
ris iterum saeculis vel eadem vel similia pati necesse sit Christum, ut liberari
possint etiam hi quos in praesenti vita dispositionis eius medicina sanare non
potuit ». Ces exégètes inconnus, après avoir longuement développé leur argumen-
tation, concluent, selon Origène : « Haec ergo et his similia proponentes easdem
etiam in futuris saeculis dispensationes a Christo repetendas esse arbitrantur. » Et
M. Har.nack, lorsqu'il a cité au long tout le passage ajoute : denkwùrdig
« Es ist
dass Orig. dièse Darlegung'ablehnt, so nahe sie seiner Lehre steht (p. 32). » Ce
qui est remarquable, c'est qu'une doctrine analogue figurait en effet dans le De prin-
cipiis. selon la lettre de Justinien à Menas ;Mansi, ix, 532 , aussi bien que selon
saint Jérôme [Ep. ad Avit. 12, P. L. XXII. 1070 s.}, et queRufin n'a pas traduit
le passage dangereux 1^. On sait avec quelle liberté l'adaptateur — on n'ose pas
dire le traducteur — a présenté aux Latins le commentaire sur l'Épitre aux
Romains (2) : H., avant de s'étonner, aurait dû sans doute faire la critique du
témoignage qu'il cite.
Le plus souvent pourtant, les textes recueillis par H. sont plus faciles à entendre.
Notons au passage quelques remartiues intéressantes. Parmi les interprétations pro-
posées par Origène dans ses homélies ou dans ses commentaires, un grand nombre
avaient déjà une tradition et une histoire. Le docteur d'Alexandrie rappelle parfois
qu'il emprunte tel argurasat ou telle explication à un maître juif ou à un exégète
chrétien; et H. s'attache à faire le relevé de ces citations p. 10 ss.). Malheureuse-
ment, elles sont le plus souvent anonymes. Si nous connaissons le non du patriarche
(1) cf. De jjrincip. iv, 3, 13 ('2S) éd. Koetscuai', \^. 344. 8 ss.
(2) Rlfin, praef. adHeracl; P. G., XIV, 83-2.
RECENSIONS. 61 o
Julius, à qui Origène devait des renseigoements sur les auteurs des Psaumes {Sel.
in Psalm., Lommatzsch lib. Ruf. i. ts;. nous ne
xi. 352 s.; cf. Jérôme, Apol. c.
savons rien de plus sur ce personnage. Peut-être y a-t-11 une allusion à Clément
dans la formule audivi quemdam de sapientibus ante nos diceutem, cum expla-
:
naret hune locum {Ex. 3, 3) {Sel. in Psalm., t. XII, 203. Même lorsque Origèue
se sert de livres écrits, il évite d'ordinaire d'en désigner l'auteur (1).
Les seuls écrivains chrétiens dont on trouve les noms dans ces ouvrages exégé-
tiques, sont —
outre Hermas et Clément dont il regarde les livres comme inspirés
— Ignace d'Antioche et Méliton de Sardes ^p. -52 ss.j (2).
Entre les remarques les plus intéressantes faites par H., se trouvent celles qui
concernent l'emploi des apocryphes p. 34 ss.y : l'Évangile des Hébreux, l'Évangile
de Pierre, le livre de Jacques, les Actes de Pdul; et parmi les apocryphes de l'A. T.,
le livre d'Hénoch, l'apocalypse d'Abraham, la prière de Joseph. Jaunes et .Mambres,
à reprendre dans toute son ampleur, et sans nul doute la recherche approfondie
des sources de S. Jérôme jetterait-elle un jour curieux sur les méthodes du solitaire
de Bethléhem.
Gustave Bardy.
Lille.
(1) Com. in Matth. w, 1 ; t. UI, 227 : à).Xoi twv npà f,(JLâ)v lôiot; (i-^YYP«(^l**<^'--
(2) Parmi les auteurs juifs sont cités nominaUvement Pliilon et Josèphe.
(31 Ananiel Cgure parmi les anges prévaricateurs dans Hen. vi, 7 c'est l'un : des chefs de
dizaines.
616 REVUE BIBLIQUE.
Freiherr voa Gall, zweiter Teil. Evodus; dritter Teil, Leviticus; vierter Teil,
Numeri; fùofter Teil, Deuteronomium Jiebst Nochtrâge und Verbesserungen,
Giessen. 1914-1918, pp. l*-xvr, LXXI-XCIV, 113-439.
4 utilisés, dont un pour Nura. seulement 3; xive s., 13 mss. 7> 6; xv s., : >
9 mss. 5 >4: xvi^ s., 4 ras. tous utilisés; xviir' s., 1 ms. non utilisé. Et dans
:
cette statistique ne figurent pas deux mss. anciens, dont nous ignorons la date,
celui de l'Ambrosienne et un de Manchester, Ryland's Library.
En outre, les mss. bilingues et tritaples n'ont pas reçu la considération à laquelle
leur donnait droit le soin avec lequel ils ont été composés : le Barberin. or. 1 n'a
été collationné que pour les Nombres et quelques autres passages, l'autre tritaple
et les deux bilingues n'ont pas été collationnés du tout.
M. von Gall a cru bon d'enregistrer, au-dessous des variations du texte conso-
rément; mais n'aurait-il pas mieux valu ne tenir compte que des variations de la
première espèce, les seules intéressantes au point de vue biblique, en les colli-
geant dans tous les rass. conuus. moins monumentale, aurait
L'édition, quoique
été plus parfaite; nous admettons que la nouvelle édition est en progrès sur celle
de Blayney (1) ce n'est pas encore l'édition définitive du Pentateuque samaritain.
Eugène Tisserant.
Rome, le 6 juillet 1921.
gine des inscriptions sinaïUques dont donne une analyse succincte mais bien docu-
il
mentée. A rencontre d'Euting qui voyait dans ces graffites un passe-temps des cara-
vaniers et des bergers pendant que leurs chameaux étaient en train de se refaire la
bosse, M. M. veut y reconnaître des signatures de pèlerins .venus à la sainte mon-
tagne. Peut-être conviendrait-il de ne pas être trop absolu dans un sens ni dans
l'autre. On ne peut douter que l'euseinble des graffites nabatéens, lihyanites, tamou-
déens, etc., relevés près des ghadirs dans l'Ardbie du Nord, ou sur quelques grands
rochers le long des voies des caravanes, ne soient l'œuvre des bei-gers venus à l'ai-
guaJe ou des voyageurs qui se sont assis à l'ombre de ces rochers. Par contre, les
nombreux graffites silués aux abords des sanctuaires, couime ceux des environs du
Diwan à Médâïn-Sàlel.i, ou ceux des gorges du Sik et d'en-Neiner à Pétra, etc., ont
été gravés par des pèlerins. iMjis il y a bien des cas aussi ou pasteurs, marchands
et pèlerins ont du écrire leurs noms côte à côte par exemple à .Mabrdk en Naqah, à
:
l'entrée de la plaine du Heger et sur tel autre poiut le lon^ du derb el l.iaij, dans
l'ouâdy Mokatteb au Sinaï. Nous avons remarqué dans nos voyages que, d'une façon
générale, les proscinèmes gravés près des sanctuaires ne sont accompagnés que de
symboles religieux — le plus souvent deux sandales quand l'inscription est à plat —
— tandis que les graffites des bergers et des voyageurs s'enchevêtrent à travers des
dessins d'animaux : chameaux, chevaux, bouquetins, etc. Or ces reproductions abon-
dent dans les inscriptions de l'ouàdy Mokatteb et sur d'autres points encore de la
péninsule sinaïtique. Il nous semble donc que l'opinion émise par Euting ne doit pas
être rejetée aussi aisément.
Les inscriptions sinaïtiques peuvent être distribuées en deux groupes principaux :
le groupe des environs du djebel iMouça et du dj. Katerine, et le groupe des envi-
rons du Serbàl. Ces deruicres sont de beaucoup les plus no ubriîuses. Il m faudrait
pas trop se hâter cepeadaut d'eu conclure (juc le sanctuaire du Serbal, ou des envi-
rons du Serbal, a été plus célèbre dans l'antiquité que celui du dj. iMouça, ni sur-
tout en tirer un argument en faveur de l'identification du Serbal avec le Sinaï de la
Bible. Sur 2600 inscriptions connues, environ, cinq seulement sont datées. La plus
ancienne est de l'an 149 de notre ère et la plus récente de l'an 2-53, co qui ne
L'édition de Blayney, d'après les cullations faites pour Kennicott, contient les variantes
11
de certains niss. laissés de coté par M. von Gall, et dans les collations comniunes il y a des
divergences, surlesiiuelles nous ne sommes pas en mesure de porter un jugement.
618 REVUE BIBLIQUE.
l'oasis d'Aïoun Mouça, vers l'extrémité du golfe de Suez. Mais ce n'est pas le lieu
de discuter ici ces deux textes, les plus anciens que nous aient laissés les classiques
au sujet d'un lieu de culte au Sinaï. et qui sont de première importance pour cette
question. L'identification des IMxpxv?i:xt de Diodore et de Strabon avec les habitants
de l'oasis de Feirân, en supposant que Mapavîrai est pour ^tapavriai, et l'identification
des raptvÔavEï;, leurs voisins, avec les gens de l'ouâdy Gharandel sont assez sugges-
tives et se confirmeraient mutuellement. —
A noter en passant un autre rapproche-
ment hypothétique entre Nakhel i2) et le (3''12fD Snj) de la Bible.
On regrette que M. ^L ait borné sa documentation aux textes classiques, aux graf-
fites nabaléeus ou à des écrits postérieurs. Un sanctuaire, comme le sanctuaire sémi-
tique de Sarablt el-Khddim, vénéré dès le 4" millénaire avant J.-C. (3) méritait
plus qu'une simple mention et fournit pour l'histoire du culte du Sinaï un argument
au moins égal à celui qu'on peut tirer des inscriptions sioaïtiques. Il serait à sou-
haiter que M. M. complétât un jour son travail par une étude des sanctuaires eux-
mêmes, actuellement vénérés dans la Péninsule ou jadis en vénération. Tel ouély
musulman pourrait bien avoir succédé simplement à un lieu de culte paieu. Curieuse,
par exemple, la pratique des bédouins de nos jours immolant au néby Saleh, le grand
patrcn du Sinai, une chamelle blanche, tout comme leurs ancêtres païens immo-
hhut une chamelle blanche à 'Uzza, peut-être au même endroit. Les Sarrasins du
Sinaï sont restés, dans l'ensemble, fidèles au pai^anisme jusqu'à l'invasion de l'Islam.
Rien d'étonnant à ce que certaines de leurs coutumes religieuses invétérées aient
survécu à leur conversion à la foi de Mahomet et qu'il en subsiste encore aujourd'hui
des traces.
Fr. R. Savignac.
Tout autre est l'impression que laisse la lecture de VHistoire du Sacrement en rela-
tion avec la pensée et le pror/rès de Mrs Alice Gardner (2) auteur de divers ouvrages
sur de fameux théologiens tels que Scot Érigèiie et Théodore StouJite. Beaucoup
moins de fermeté dans les conclusions, une certaine fluctuation provenant d'une
teinte de relativisme. Nous y voyons le christiani-me dégager difUcilement ses
mystères des moyens par lesquels le monde gréco-romain cherchait l'union avec la
divinité et les arrhes de son bonheur éternel. On nous permettra de douter que la
mystique païenne ait influencé en quelque manière le mystère chrétien. L'ouvrage
cependant se pose moins comme l'étude systématique et personnelle de la notion
des Sacrements que comme un essai de théologie positive embrassant les grandes
controverses du moyen âge et de la Réforme, aussi bien que les exigences de la vie
contemporaine.
philosophie dans les œuvres de saint Thomas d'Aquin (3), signalons la lecture Hl
sur VÉcriture en tant que principe d'autorité, où le rôle de la parole inspirée dans
la foi tel que l'expose le Contra Gentiles et que le paraphrase le
genèse de la
chant XXIVdu Paradis de Dante, fait l'objet d'une discussion compétente et d'une
appréciation sympathique.
(1) En lisant les Pérès, in-16 de 319 pp. Tourcoing, Duvivier, 1921.
(2) History of Sacrament in relation to thought und progress, in-lG de viii-189 pp. Londres.
Williams et Norgate, 1921.
(3} The réactions between dogma and philosop/iy itlustraled from the works of S. Thomas
Aquinas, in-S" de xxxvi-009 pp. Londres. Williams et .Norgate, 1920.
620 REVUE BIBLIQUE.
littéraires reçoit un relief plusmarqué dans deux thèses récentes le Christ Rédemp- :
teur d'après S. In'née, par M. l'abbé J. Chaîne (1), et S. Lénée évêque de Lyon
exégète, par le R. P. S. Herrera, 0. F. M. (2). Ce dernier dégage avec netteté les
règles qui ont guidé Tluterprète des Écritures pour s'en faire un instrument redouta-
ble dans la réfutation des hérésies, mais il y a trop de fautes dans les citations
grecques..
Le discours du R. P. Rovira S.J. est une sorte de centon oratoire où les textes
scripturaires s'enchaînent suivant un ordre logique distribuant V œuvre messianique (3)
en sept paragraphes, sans égard à l'évolution des espérauces touchant le Messie, ni
à la valeur respectivede chaque passage prophétique. Ce développement d'un cha-
pitre de l'Apologétique chrétienne ne laisse pas toutefois d'être impressionnant.
la disparition, d'ailleurs rare, du iota muet dans A-ôoj, -xrpohv, pir exemple, la
ordinal avec premier élément indéclinable, est une des caractéristiques du néo-
ionien contenues dans la Koivij. Nous aurions aimé un mot d'explication sur la
forme épigraphique Aiovato; pour Aùôjvaîo: et des conclusions qui eussent groupé
les résultats de la dissection à laquelle se livre l'auteur. Les phénomènes de la
langue commune sont comme noyés dans les listes de formes classiques. Il n'entrait
pas dans le but de INI. W. d'établir des comparaisons avec le N. T., mais plus
encore que l'orthographe (on sait combien elle est vacillante dans les mss.), la
avec un certain nombre de composés d'origine récente, avec à7:ô et le génitif de matière
(cf. Mt., Hi, 4). Pour le stvle, l'inscription d'Antiochos I" est un des beaux spéci-
générale de la Koivr].
et des Épîtres, une notice sur Silas ou Silvanus, disciple de Jérusalem, prophète,
compagnon de Siunt Paul, se réduit facilement aux proportions médiocres d'un
article de Dictionnaire. Mais l'activité de ce collaborateur d^-s apôtres soulève tant
de questions touchant l'histoire apostolique, la critique littéraire et même la critique
textuelle de tel ou tel écrit du N. T. que le Dr. A. Stegmann (.5) y a trouvé matière à
une monographie assez étoffée. Silas est-il revenu à Jérusalem avec Juda Barsabbas
après la niission dont ils avaient été chargés par les Apôtres auprès de la communauté
d'Antioche? La solution dépend de la valeur que l'on accorde au passage dWcL,
XV, 34. De bonnes raisons font penser que Silas est revenu à Jérusalem rendre
compte de sa mission et rapporter les salutations des frères d'Antioche aux apôtres
et aux anciens. Le récit de saint Luc e>t-il si exhaustif qu'il ne laisse dans l'ombre
aucun épisode intermédiaire? Actes, xv, 34, que plusieurs éditions critiques grecques
omettent comme une leçon peu fondée, est donc à envisager comme le plus ancien
essai de glose pour harmoniser le v 40 du même chapitre avec le f 33. Si saint Paul
fait choix de Sila-s, au lieu de Marc, il faut donc que celui-là soit demeuré à
Antioche. Mais au fait, la transition rédactionnelle [mit. oi Ttvx; V=P*» "'est pas assez
stricte pour exclure la durée d'un voyage de Silas à Jérusalem et d'un retour à
Antioche où Silas avait trouvé une atmosphère plus favorable à son état d'esprit. Il
est moins facile de se prononcer sur la façon dont Silas rejoignit ïimothée pour
venir avec lui à Coriathe auprès de saint Paul (Act., xviii, ô\ Timothée ayant été
envoyé par l'Apôtre à ïhessalonique (I Thessal., m, 1-6), pendant son séjour à
Athènes. Les hypothèses se balancent.
Aux divers systèmes exégétiques qui ont attribué à Silas la rédaction du décret des
Apôtres [Act., xv, 23), celle de lai' Peti'i et la composition de l'épître aux Hébreux,
M. S. oppose une lin de non-recevoir, après une discussion très condensée. A défaut
d'une preuve positive ou d'une raison assez convaincante pour ruiner l'attribution
de l'ép. aux Hébreux à Silas, il faut reconnaître que la tradition, qui en cette occur-
rence doit être d'autant plus agréée que les preuves intriusèques font long feu,
parle uniquement en faveur de Paul, à l'exclusion de tout autre auteur, les reven-
dications pour Barnabe se piésentant comme une antique hypothèse plutôt que sous
la forme d'une donnée traditionnelle.
situation, ayant dans son orbite un groupe de disciples zélés, autant de fermes coad-
juteurs, auxquels il a communiqué son pouvoir épiscopal. — 3'' Les fidèles n'ont
aucune part dans le gouvernement de lÉglise, de i'Esprit-
et même lorsqu'ils ont reçu
Saiut toutes ks un ministère sacré, ils ne
qualités nécessaires et utiles pour exercer
peuvent remplir un office ecclésiastique sans l'imposition des mains de l'apôtre ou
de son représentant. M. l'abbé Ruffini ne nie pas cependant qu'entre la hiérarchie
du premier siècle et la constitution actuelle de l'Eglise il n'y ait pas de nombreuses
divergences; seulement, elles n'atteignent pas la substance de l'organisme.Que les
besoins nouveaux de la communauté chrétienne aient demandé au cours des années
(1) D-^E. Ri:fiim, La Gerarchia délia Qhiesa negli Atti degli Apostoli e nelle lettere di S. Paolo,
gr. in-8' de viii-143 pp. Rome, 1021.
622 REVUE BIBLIQUE.
des précisions et des degrés intermédiaires, cela est naturel dans un corps vivant
et se développant comrae l'Église du Christ. Ces vues n'empêchent pas l'auteur de
garder jusque dans les questions de détail une position strictement conservatrice.
Pour ce qui est de l'exégèse des Actes et des épîtres, le principe directeur consiste
à ne pas brouiller la question de fait et la question de nom l'existence d'une fonc- :
tion peut se dégager de l'histoire avant d'avoir obtenu une dénomination fixe et
précise. Le procédé est délicat, et il est intéressant d'en suivre l'application dans ce
Pays voisins. I! —
y a longtemps que M. Edouard Naville cherche à tirer
partide l'égyptien pour combattre les idées régnantes sur les origines et la diffu-
sion des écritures et des langues sémitiques. Le titre de son nouvel ouvrage
« L'évolution de la langue égyptienne et les langues sémitiques »(1) fait pressentir
la thèse de l'auteur Montrer chez les Sémites la même évolution que chez les
:
fort de M. ISaville. Il distingue trois phases dans la langue égyptienne (et concur-
remment dans l'écriture) : la phase hiéroglyphique, la phase démotique et la phase
copte. Il croit trouver ces trois phases dans les langues sémitiques et propose de les
reconnaître dans la phase babylonienne, la phase araméenne et la phase hébraïque. Sur
l'araméen n'aurait pas été la langue spéciale des Syriens, mais un dialecte populaire
qui se serait substitué partout au babylonien : « Cet équivalent du démotique pour
le babylonien cunéiforme, n'est-ce pas l'araméen? Cette langue, au lieu d'être la
propriété d'un peuple de ce nom. n'est-elle pas l'évolution spontanée, et j'ajoute
nécessaire, de l'ancien idiome écrit en cunéiforme, évolution préparée probablement
depuis des siècles par la langue populaire, qui ne se traduit pas dans l'écriture
ancienne, mais seulement au moment de l'apparition de l'écriture nouvelle répon-
dant à des besoins nouveaux? » (p. 98) . Il faudrait reprendre un à un les arguments
pour en montr'er la faiblesse. Celui qu'on tire de l'insuffisance de l'écriture cunéi-
forme pour les « exigences de la vie usuelle, parce qu'il faut de toute nécessité avoir
voilà qu'elle s'étend de la Perse à l'Asie Mineure, qu'elle est adoptée par les scribes
tout le proche Orient au milieu du deuxième millénaire avant notre ère. Que
dans la partie occidentale l'ara méen. langue des Syriens commerçants, et le cana-
néen, langue des Phéniciens navigateurs, aient leur expansion propre, c'est un
fait indiscutable. Que l'araméen arrive à supplanter l'hébreu (dialecte cananéenj,
c'est un autre fait, quî est constaté depuis longtemps. La chute de Ninive et de
Babylone, voilà ce qui lit disparaître peu à peu la langue parlée du pays pour la
reléguer dans les écrits juridiques, religieux et astronomiques. Alors l'araméen
pouvait s'imposer à l'amalgame de populations qui grouillaient dans le bassin du
Tigre et de l'Euphrate. Postuler une évolution interne « préparée probablement
depuis des siècles par la langue populaire », c'est oublier que la langue des ins-
criptions, des lettres, des contrats, tourue à un babylonien ou un assyrien moins
rigide du point de vue grammatical que la langue du code de Ilammourabi ou des
inscriptions de Sargon, mais que cet idiome n'évolue guère vers l'araméen. De
même que l'auteur voit dans l'araméen le stade « démotique » des langues sémi-
tiques, il voit dans l'hébreu le stade « copte ». Nous citons « Faisant de même :
que pour le démotique, nous cherchons si dans les langues sémitiques de l'Asie
Occidentale il y en a une qui, à un moment donné, ait changé sou écriture, et nous
rencontrons aussitôt l'hébreu, qui a passé par une phase tout analogue au copte,
qui paraît être né de la même manière, qui semble aussi avoir le même caractère,
ou le dialecte que parlait le peuple à Jérusa-
c'est-à-dire être à l'origine la langue
lem » (p. 153). Relisez cette phrase et vous saisissez la façon d'argumenter con- :
Ce fait si inattendu pour les hébraïsants, n'est pas pour nous surprendre (i^. Il
nous paraît tout à fait analogue à ce que nous avons vu en Mésopotamie. C'est la
même évolution parce que le point de départ est le même « (p. 16.5;. JNous nous
contenterons de renvoyer M. JNaville à nos articles sur « La langue de Canaan » ^^2).
11 y verra peut-être comment cette langue, prototype de l'hébreu ou, si l'on préfère,
hébreu primitif, se révèle non seulement par les gloses cananéennes, mais aussi par
les formes grammaticales qui se sont glissées dans la rédaction des lettres d'el-
Amarna. Cette langue, qui est la même que celle de Mésa, des Phéniciens, de la
Bible, n'est pas l'araméen. Ce n'est pas non plus exclusivement le yehoudith ou
dialecte de Jérusalem. C'est la langue qu'on parlait en Palestine et en Transjordane,
tandis que l'araméen se parlait eu Syrie cis et trans-euphratéenne. La diffusion de
l'araméen en Palestine, dans les colonies juives d'Egypte ou chez les captifs de
Babylone, est un phénomène dont nous saisissous les circonstances historiques. Cette
diffusion tardive ne peut servir de base à une étude sur la langue de Canaan.
En même temps que les textes de Boghaz-keui dont nous parlons ailleurs (3), la
société orientale allemande continue de faire paraître les textes religieux d'Assur(4).
Un premier volume contenant la reproduction autographique de 175 documents a
été achevé en 1919. M. Ebeling fournil, eu 1920, deux nouveaux fascicules qui
portent à 232 le nombre de textes publiés. Les sujets sont des plus variés fragments :
(1) Rien ne surprend M. Naville si l'on en juge par la façon dont il (raile le problème des
matres leclionis ^p. 26 ss. .
par Ring (2), un lot d'invocations à Samas et à d'autres divinités. Ce 1*' cahier
donnait simplement une transcription et une traduction, mais les notes ont paru
dans le 2^ cahier (pp. 70 ss.). Elles sont marquées au coin d'une érudition
concise et très sûre. A noter principalement l'hymne à Baou (VA.T. 9670, Ebe-
ling n° 109; où les épithètes de la déesse sont adaptées aux villes et aux temp4es.
Sippar y est caractérisée comme ville d'éternité », Babylone comme « entrée
des dieux » (3). L'hymne est intéressante pour montrer le syncrétisme des Baby
Ioniens qui courondent en une seule un certain nombre de divinités primitivement
distinctes. En outre, les explications des épithètes sumériennes fournissent la clef
des le '2^ cahier, Ebeling étudie d'abord les rituels du
noms de temples. Dans
culte d'Istar et de sonamant Tammouz. Le n° 4 (p. 40 ss.) a été travaillé de main
de maître par Zimmern indépendamment d'Ebeling (4 \ Zimmern a complété le
texte grâce à un duplicatura publié précédemment par Craig et à un autre fragment
édité jadis par Lenorraant (5 . Il s'agit d'un rituel destiné à assurer la clientèle
d'une cabaretière, en empêchant qiîe le devin, le médecin, le magicien, le boulanger
« n'oublient la maison ». Toute la cérémonie est en l'honneur d'Istar. Il faudrait
citer les curieuses opérations de magie sympathique et les invocations à la déesse
de l'amour, qui est déesse du cabaret . Le terme propre pour signiQer la cabaratière
est sabîtu (racine NID). Et du coup s'élucide le passage de l'épopée de Gilgamès
6t-\e héros rencontre Sidouri sabltit (6). Ce n'est pas « la sabéenne », mais la
cabaretière. On comprend alors les propos qu'elle tient à son client Toi, ô Gilga- :
mès, remplis ton ventre, jour et nuit réjouis-toi, chaque jour fais la fête, etc. (7).
Plus intéressant encore le texte VAT. 9933 met sous les (Ebeliog, n'^ 90] qui nous
yeux un long dialogue entre un maitre et son esclave qui a tout l'air d'un Ésope
babylonien (8). Le thème est le suivant le maître se propose de faire une chose,
:
l'esclave l'approuve et donne une raison de faire cette chose; aussitôt le maître se
ravise et ne veut plus faire la chose, l'esclave l'approuve encore et lui donne une raison
de ne pas un paragraphe des plus typiques '9): « Esclave obéis-moi
agir. Citons Oui, ! —
mon —
Je veux aimer une femme!
maître, oui! C'est cela, aime, mon maître, —
aime l'homme qui aime ime femme oublie la douleur et le chagrin!
: Non. esclave, —
je n'aimerai pas une femme! —
N'aime pas, mon maître, n'aime pas! La femme est
une citerne, une citerne, une fosse creusée (10), la femme est un poignard de fer aigu
(t) Dans les Mitleil. der vorderas. Gesellschaft, 1918, 1 et -2 ,•23'- année).
(2) Dans Babylonian magie and soixery, Londres, 1896.
(3) .\Uusion à Bdb-ilê porte des dieux ».
•
O) Ibid., p. 301 ss. Tout l'cpisodc de Sidouri est à comparer avec celui de Circé au chant X de
l'Odyssée.
[9.) Le texte est complété par VAT. 367 d'après Reisner 637 d'après Ebeling!, publié dans Heisner
Sumerisch-Babylonische Hymnen, n" vi, p. 143 et dans Ebei.ing, Quellen..., n" 2, en appendice.
(9/ Ll. 8-13 de VAT. 637 voir note précédente .
(10) Les mots suttalum hiritum « fosse creusée » ne sont pas une explication de bûrlu
. citerne comme voudrait Ebeling, mais une simple apposition.
,
BULLETIN. 625
— Mais, mon maître, comment vivra-t-il seulement trois jours après moi ? » Ebeling
a signalé lui-même la ressemblance entre ce texte et certains passages de l'Ecclé-
siaste ou de l'Ecclésiastique. Il y aurait de nombreuses comparaisons à établir entre la
(XVI, p. 121 ss.), le même auteur avait précisé les fonctions du prêtre appelé fialù
par les Babyloniens. Ces fonctions sont nettement déûnies apaiser le cœur des :
dieux par des chants qu'accompagne la percussioja d'un tambourin ou plus spécia-
lement du lUissii, sorte de timbale (2). Fait très important à noter, la langue de ces
chants d'expiation n'est autre que le dialecte désigné en sumérien sous le nom
à'eme-sal, d'où les Akkadiens tirèrent uminisallu. Les textes étudiés par Thureau-
Dangin et dont les plus importants (du musée du Louvre et du musée de Bruxelles)
sont édités pour la première fois mettent en relief l'activité du kalù dans les rites
d'expiation et détaillent par le menu les cérémonies à observer pour la confection
du lilissu. La plus curieuse de ces cérémonies est naturellement l'immolation du
bœuf dont la peau sera utilisée pour la timbale sacrée (3). Le ciioix de la victime
doit présenter certaines garanties « Lorsque [tu te proposeras] de couvrir le
:
(ilissu d'airain, un bœuf sans défaut, noir, dont les cornes et les sabots sont intacts,
si son corps est noir comme du bitume, pour les rites et observances il sera pris:
s'il est tacheté de sept (touflfes de) poils blancs en forme d'étoiles, si du bâton il a
été frappé, ou du fouet a clé touché, pour les rites et observances il ne sera pas
pris (4;. » Suivent une série d'offrandes et de sacrifices pendant qu'on introduit le
bœuf dans la hU-mummu « maison de science ». Le rite du murmure à l'oreille (5)
est maintenant très clair. Telle incantation « au moyen d'un chalumeau en
roseau aromatique, à l'intérieur de son oreille droite tu murmureras » telle autre ;
« à l'intérieur de son oreille gauche )*. Aspersion avec de l'essence de cèdre, puri-
noix de galle et de l'alun du pays des Hittites » ; la peau est ensuite tendue sur le
lilissu, on prépar.- la corde de lin, les ba.^uettcs qui serviront à frapper la timbale.
J) Nous nous écartons de l'interprcHalion d'Ebeling qui veut rattaclier arhu long à arkù <•
- dernier ». L'opposition est claire entre arku « long » et rapsu • lar^je ». I.a traduction litté-
rale est : " Quel est le long qui monte aux cieuv? Quel est le large qui emplit la terre.' -
(2) Voir le te\le cité par nous dans La religion assyro-babylonienne, p. 2!>9.
(3) La timbale devient le dieu lilissu qui sera associé aux dieux de la magie et de la divlna-
lion, à savoir Êa, Samas, Mardouk et Louml.ia, ce dernier étant le dieu spécial des prêtres /,nli>.
(4) Traduct. de Thureau-Dangin, texte AD. 6479, \, 1-6.
(.'i) Lagrasgf., Etudes sur les religions sémitiques, 2= éd., p. 23ti.
nEVLE BIBLIQUE 1921. — T. XXX. 40
626 REVUE BIBLIQUE.
que tu feras, le novice les verra; l'étranger, l'intrus, ne doit pas les voir, ses jours
seraient raccourcis. Que l'initié à l'initié les montre! C'est parmi les choses inter-
dites (1) d'Anou, Enlil et Éa, les grands dieux. » Nous n'avons cité qu'une faible
partie des intéressants renseigne loents contenus dans ces textes. Les biblistes et
Les textes provenant des fouilles allemandes à Assur et qui ne rentraient pas
dans les divers cadres des publications antérieures ont été édités en un gros fas-
cicule par M. O. Schrœder (2). Les 218 documents embrassent les domaines les
auront beaucoup à glaner dans ce terrain dont l'accès est facilité par un triple index
des noms de dieux, de personnages et de lieux. Ce qui attire spécialement l'atten-
tion, ce sont les n"^ I (VAX. 10000), 2 (VAX. 10001), 6 (VAX. 10093), auxquels il
faut joindre les n"'^ 3-5, 143, 144 et 193. Nous avons là de gros extraits de l'ancien
code des lois assyriennes; c'est pour la jurisprudence de Ninive le pendant du
code de Hammourabi pour Babylone. Une traduction anglaise a été publiée par
M, JastroAv dans le journal de la société orientale américaine (3). Le P. Scheil,
le premier éditeur et interprète du code de Hammourabi, donne la transcription
mulgué le code assyrien 'entre 1450 et 1250 av. J.-C.)- Les peines édictées sont
généralement terribles mort, mutilation du nez et des oreilles, castration, etc.
:
La procédure est sommaire. Les témoins d'un adultère peuvent saisir le coupable
et le tuer. Le mari trompé dispose de sa femme intidèle comme il lui plaît. Nous
aurons à revenir sur ces lois qui, avec les fragments de codes sumériens ou baby-
loniens publiés ces dernières années, vont permettre de synthétiser la jurisprudence
des Sémites sédentaire», jurisprudence dont le type restera toujours le code de
Hammourabi.
pour le plus grand bonheur des assyriologues. Le vol. XXXV contient une soixan-
(I) Le mot rendu par « chose interdite » est ikkibu que nous rendions par « tabou • dans un
'
contexte similaire {Choix de textes..., p. 145). "
taioe de textes ou fragaients dont les autographies ont été soigaeusenient dessinées
par MM. Leeper et Gadd. La pièce de résistance est le syllabaire n" 108.862 qui
provient d'Assur. C'est un dupHeatum. en même temps
qu'un précieux complément,
du syllabaire publié par >L Clay dans ses Misceltaneous inscriptions in the Yale
babylonian collection. Le texte est partagé en deux colonnes, dont la première,
contient le nom sumérien du signe à expliquer ainsi que le signe lui-même, la
seconde, le mot akkadien correspondant à l'idéogramme. A signaler surtout col. IV.
1. pour le signe «6 dans le nom de >'in-ib, qui désormais doit
40, la valeur ur-ta
se lire probablement Nin-urta. Les autres documents' 'font des inscriptions de
l'époque d'Assurbanipal dont un grand nombre copient les légendes historiques qui
illustraient les scènes représentées sur les umrs des temples ou des palais. Quelques
textes religieux et divinatoires appartiennent à des séries déjà connues.
Les tablettes cunéiformes du Musée du Louvre sont éditées, depuis 1910, dans
un ordre méthodique. Le tome IV' est consacré aux « Tablettes cappadociennes ».
Les autographies, claires sans être élégantes, sont dues à M. G. Contenau. Un
inventaire descriptif, suivi d'un index des noms propres, sert d'introduction aux
textes, qui sont des lettres et des contrats. On sait que les tablettes proviennent
presque toutes, sinon toutes, du tell de Rara-euyuk à
km. au nord-est de18
Césarée de Cappadoce il). Le problème chronologique posé par l'écriture et 1«
style de ces documents (2; semble bien résoia dans le sens d'une très haute anti-
quité, grâce à une tablette acquise en 1909 par Thureau-Dangin et portant sur
l'enveloppe une empreinte de sceau dédiée à « Ibi-Sin. roi fort, roi d'Ur. roi des
quatre régions » (3). Le règne d'Ibi-Siu se localisant au xx.iii* siècle avjnt notre
ère, il s'ensuit que les textes cappadociens sont antérieurs à la première dynastie
babylonienne. Le plus grand nombre des noms propres sont composés avec l'élément
A sir ou Asur. qui apparaît dans la plus ancienne onomastique assyrienne. Il est
indiscutable qu'une grande installation sémitique, de la branche assyrienne, s'est
établie Cappadoce au milieu du 3^ millénjire avant notre ère. C'est vers
en
cette même
époque que les Assyriens vont s'implanter dans ce qui sera plus tard
l'Assyrie proprement dite, c'est-à-dire dans la région d'Assur occupée précédemment
par des gens du Mitanni (4). Parmi les noms géographiques le i^lus fréquent est
celui de Ganié ou Ganes. Il s'agit certainement de la ville de Kanes qui a imposé
son dialecte aux Hittites de Boghaz-keui -5), d'où le nom de Kanésite donné par^
certains savants à la langue hittite. Relevons, après Zimmeru ^6», que cette ville
ne s'est pas couteaté de fournir des autographies très soignées. Dans une brève
introduction il fixe la date de cette correspondance entre l'époque d'Assurbanipal et
celle de Darius I, en insistant sur le fait que plusieurs des lettres ont dû être écrites
par Xabuchodouosor ou Nabouide. Les noms propres sont catalogués en quatre
listes : personnes, villes et pays, canaux, temples. A signaler la ville Bdb- (nàru)
ka-bar « Porte du canal Kabar », qui rappelle le canal Kebar à'Ezech. I, 1, etc. La
transcription et la traduction de ces textes sont annoncées comme étant sous presse
dans les Researches des publications orientales de la Yale university. C'est naturelle-
ment M. Clay qui s'en est chargé.
théorie régnante sur ce qu'il appelle le home des Sémites. Ce ne serait pas l'Arabie,
mais la région de l'ouest qu'on appelle Araourrou. Il est certain que, dès l'aurore
dé Sémites sont installés en Babylouie, au pays d'Akkad. Au troi-
l'histoire, les
sième millénaire nous les trouvons en Cappadoce (cf. sup.) et ils s'installent en
Assyrie.La Bible considère comme autochtones les Cananéens et les Amorrhéens.
L'installation des Araraéens dans la Syrie du nord semble également remonter à la
plus haute antiquité. La question du « berceau des Sémites » a été traitée par le
P. Lagrange dans ses Études sur les reli;]ions sémitiques. Il a montré le côté faible
de la théorie qui place ce berceau ea Arabie et il semblait pencher plutôt pour
l'ancienne Chaldée 2 . On discutera longtemps encore sur ces origines. Ce sont des
questions qui relèvent plutôt de la géographie humaine et de l'anthropologie que de
la philologie et de l'histoire. Tout ce qu'écrit Clay au sujet de la région d'Amour-
rou vaudrait autant et plus pour Mésopotamie. Ces régions sont disposc'es par la
la
nature pour être des habitats considérables. Et c'est ce qui en fait précisément l'objectif
des envahisseurs, Sémites ou autres. La France, qui possède en elle toutes les variétés
des richesses naturelles et des terres fertiles, ne fut-elle pas envahie successivement
par les Romains et les Le désert arabe chasse ses habitants, la Mésopotamie
Barbares ?
et la Syrie les retiennent. La théorie du berceau des Sémites doit étudier les con-
ditions du passage de la vie nomade à la vie sédentaire, puis à la civilisation propre-
ment dite, et aussi celles de la coexistence des diverses formes de la vie en société.
On s'étonne de ne pas voir figurer le nom du P. V'incent dans le chapitre sur les
excavations en Palestine. L'auteur n'avait pas encore eu l'occasion de constater de
visu, comme il le fit depuis, l'activité de l'école archéologique française de Jérusa-
The empire of the Amoriles, vol. VI des Researches des Yale oriental séries. New-Haven,
i
lem. Les chapitres les plus complets sont ceux où la science assyriologique de Clay
intervient directement, par exemple sur les Amorrhéens en Babylonie ^p. 76 ss., et
les Amourrou (p. 95 ss.).
Babyloniens en Mais nous ne pouvons partager le point
de vue de l'auteur sur rideutification d'Ur des Clialdéeus avec la capitale des
Amourrou. Malgré ses affirmations, nous ne comprenons pas comment Amourrou
peut donner "ilN Uru. Les Babyloniens ont conservé toujours
la valeur Amttrnt
querait à la ville des Araméens. Les relations des Amorrhéens avec les peuples
voisins sont étudiées dans le détail. A propos des divinités, Clay utilise les sylla-
baires publiés par Chiera l^. Il nous semble incontestable que la triade amorrhéenne
comprenait Dagan, Ea et Istar. L'identifie ition de Dagan avec Dagon et d'htar
avec Astarté ne fait pas de doute. Quant à Éa. c'est certainement un dieu ouest-
sémitique qui fut assimilé au dieu sumérien Enki. Le nom de Sar-ija-ai-sar-ri
(p. 184) doit être lu sar-huli-sarré « roi de tous les rois ». 11 ne faut pas identifier
l'élément sar avec la terminaison sar des noms hittites. A propos du nom de Mar-
douk 'p. 179) signalons la très intéressante écriture ma-ru-du-uk cL "7''-^' ^^^^
le psaume acrostiche d'Assurbanipal 2 Même si l'on s'écarte des vues de Clay. on .
rendra hommage à l'érudition de bon aloi qui règne dans son ouvrage. Lui-même
reviendra certainemeot sur ces questions qui, depuis de longues années, ont orienté
son activité scientifique du côté de la Bible.
Au fondateur Sarru-kin Sargon l'ancien succède son fils Rimm, auquel succède
Ma-ni-ts-te-su le célèbre MaiKstvéu}. Il faut donc placer Manistusu après Rimué dans
RB., 1921, p, 30.5. Le texte redevient lactmeux jusqu'à la dynastie de Gutium, qui
compte 21 rois en 124 ans 40 jours, alors que dans la liste de Pœbel il y avait il rois
en 125 ans » (1). La liste s'arrête à Isme-Dagan de la dynastie d'Isin. Voici donc
de nouveaux jalons pour établir la succession des dynasties et des dynastes. Pour
fragmentaire qu'elle soit, la tablette éditée par Legraiu fournit un sérieux appoint à
la chrouologie la plus reculée. En même temps que ce texte et sous le titre bien
américain < portrait d'un roi qui régna il y a 4130 ans », le même assyriologue publie
Tempreinte du sceau d'Ibi-Sin. Le sceau avait été offert par le roi lui-même au
grand prêtre du dieu Enlil. Le roi est représenté assis sur un siège recouvert de
tapis. Il est revêtu du kaunakès et porte le turban traditionnel. De la main drojte il
présente au grand prêtre un gracieux petit vase à double anse. Le grand prêtre est
debout, tête nue. le manteau passé sur l'épaule gauche et retombant jusqu'aux
chevilles suivant la mode antique. La ressemblance est assez frappante entre l'attitude
des deux figurants et celle du dieu Sama^ et de Hammourabi sur la stèle des Lois.
Notons que le roi Ibi-Sin est représenté imberbe avec un nez en angle droit qui
rappelle les plus anciennes sculptures de Telloh. Ce portrait s'ajoute à ceux de
Warara-Sin, de Goudéa et de Hammourabi. Il servira à d'intéressantes comparaisons
pour l'ethnographie de Sumer et d'Akkad.
Le règne d'Ibi-Sin se localise au xxiii^ siècle avant notre ère (début du règne vers
2210 av. J.-C] Une savante étude de M. Allotte de la Fuye nous fait remonter plus
haut encore dans l'étude de la glyptique sumérienne (2). La perspicacité de l'auteur
graveur, par le fait même qu'il est im art mineur, est plus apte à conserver les bonnes
traditions de latelier. Le canon de cet art est « la science du corps humain repré-
senté normalement ». Les remarques de Speleers sur
forme des intailles, la la
listes de dieux, animaux, objets divers gravés sur les cachets. Les noms
rois, héros,
propres sont catalogués à part. L'ouvrage de Speleers sera une mine d'informations
pour ceux qui voudront éclairer l'étude des textes et des monuments par celle de la
glyptique si importante pour l'histoire de l'art et de la religion.
>'ul n'était mieux désigné que M. L. Delaporte pour la publication des cylindres
orientaux du Musée du Louvre ^l). Ses travaux autérieurs, spécialement les catalogues
des cylindres orientaux du Musée Guimet (1909; et de la Bibliothèque Nationale
il910). le mettaient en mesure d'affronter la tâche pénible et minutieuse de grouper
et décrire les 2.796 cylindres, cachets ou empreintes, que les fouilles officielles, les
missions scientifiques, les donations et acquisitions diverses ont pu centraliser au
Louvre. Les reproductions photograhiques sont accompagnées d'un numéro entre
parenthèse qui renvoie à la série correspondante. Les séries sont établies d'après
la provenance. Une lettre (T pour Telloh. S pour Suse, D pour la collection Dieu-
lafoy, etc.) permet de reconnaître immédiatement à quelle catégorie appartient le
document. La description est sobre et scientifique. Les légendes ont été traduites
avec le concours de M. Tluueau-Dangin. A signaler avant tout les nos 10.5 et 106 de
Telloh, où figure le dieu-soleil enjambant les montagnes de l'est (n» 106). La dédi-
cace est du patési Lugal-usumgal, les dédicataires les deux rois d'Akkad, Naràra-
Sin et Sar-kali-éarrê. Synchronisme des plus précieux pour l'histoire de Sumer et
d'Akkad. Les deux scènes sont la présentation du chevreau Le sceau
à la divinité.
de Goudéa, où le célèbre patési de Lagash est présenté par son dieu Nin-gis-zida au
dieu qui tient en ses mains les vases jaillissants, est reproduit sous le n° 106. Nous
avons ainsi sous les yeux toutes les pièces de la glyptique de Lagash qui étaient
jusqu'ici éparses dans diverses publications. De même pour Suse. Le n° S. 4-16, dont
« l'ensemble reste énigmatique >, nous semble la représentation d'un haram sacré
qui n'est pas sans analogie avec le sitsamsi ^< lever de soleil >. étudié par M. Gautier
dans Mémoires (t. XII) de ia Délégation en Perse. La publication de Delaporte
les
est vraiment un modèle du genre. Elle fait honneur au département des Antiquités
P. Dhorme.
De toutes les régions syriennes le Djrhel Sim'dii. à la hauteur d'Alcp. est^ peut-
être bien la plus riche en monuments d'architecture. On s'en rendra compte en étu-
diant le nouveau fascicule dont s'enrichit le splendide ouvrage de M. H. C. Butler,
Ancient Architecture in Syria (1). Depuis la Syrie Centrale de M. de Vogué, on
connaissait le joyau de cette série ; Qdla'at Sema'ân et son groupe imposant d'édi-
fices cultuels et hospitaliers. Et telle avait été la maîtrise de cette première étude
qu'elle demeure à la base de la récente publication. Grâce à des conditions de travail
plus propices et à son outillage mieux approprié, le distingué spécialiste américain
fournit un relevé plus minutieux du plan, où se révèlent quelques irrégularités assez
singulières, et une analyse plus approfondie de son ordonnance et de son exécution.
Deux planches très étudiées couerétisent ces apports nouveaux (2). précieux pour la
connaissance raisonnée de Mais dans un rayon assez court autour de la
l'édifice.
sainte montagne grand Stylite, M. Butler a fait une moisson très
illustrée par le
ample de monuments inédits et pour la plupart remarquablement conservés. Eche-
lonnés depuis les temps hellénistiques jusqu'à la conquête arabe, ils permettent de
suivre par des constructions bien datées l'évolution architecturale en cette contrée
pendant une durée d'au moins sept à huit siècles. Un fait impressionnera, dans cette
admirable documentation, ceux mêmes qui n'ont jamais rien eu de ces réalités sous
les yeux : leur individualisme local. Tandis qu'il est assez à la mode aujourd'hui
d'accentuer l'influence esthétique d'Autioche par opposition à celle de Byzance,
dans l'époque chrétienne, on aurait grand'peine à souligner quelque trait franche-
ment antiochénien dans l'architecture de cette province pourtant si proche de la
pyramide portée sur quatre arches avec caveau inférieur. Le concept est un thème
classique; classiques aussi presque toute la modénature et les profils; mais le tracé
des arcs en fer à cheval évoque particulièrement l'Orient les formes trapues, la ;
1) Publications of [lie Princeton University Archaeol. Expédition to Syria in lOOi-5; Div. II,
sect. B, Part 6 Djebel Sim'dn; pp. -261-35«>. figs -iTS-aGl, pi. XXUI-XXVI. Leyde, Brill, 1920.
:
Pour quelques détails de sa restauration excellemnient motivée Butler eut trouvé toute la
-2;
justification désirable dans les pliot. publiées naguère par M.M. van Bercliem et Fatio ^Voy. en
Syrie..., pi. XLIX à l.V), qu'il ne i)araît pas avoir utilisées.
BULLETIN. 633
p. 294 s. , transformé sur un bon type basilical vers le milieu du i\' siècle —,
ailleurs par une adaptation plus simpliste, ainsi à Qal"\it Kalôtd fp. 319 s. et
pi. XWI . Très peu de tombes monumentales, soit qy'on les ait démolies au profit
de constructions nouvelles, soit que les sépultures moins prétentieuses aient été la
règle commune. L'architecture civile présente quelques types nouveaux par leur
ordonnance (v. g. une habitation à Burdj Ho.iar, p. 293) ou par leur structure :
par ex. les thermes de Bràd {ùg. 331. p. 300 s. avec leur ingénieux système de
voûtes.
Dans l'architecture chrétienne on retrouve l'accumulation usuelle d'églises en drs
localités souvent d'assez minime importance, le goût très prononcé pour le plan
basilical avec les mêmes rythmes proportionnels préférés en chaque siècle et la riche
Vciriété des partis. A noter cependant la tendance à situer fréquemment les portes
principales, c'est-à-dire les farades. sur les côtés longs : réminiscence inconsciente
peut-être d'un très vieux principe oriental, h moins que cette solution ne résulte
tout bonnement d'exigences locales. Les petits porches à deu.x colonnes sont appa-
remment une caractéristique plus réelle et en général fort élégante. En quelques
rares églises du DJ. Hihâ, plus au sud, M. B. avait enregistré une énigmatique petite
exèdre, au centre ou vers l'extrémité de la nef principale et comme un pendant
opposé à l'abside cf. RB.. 1910, p. 287i. Il en a retrouvé trois exemples dans le
I)j. Sima'ân et interpréterait volontiers aujourd'hui cette exedre comme une place
d'honneur réservée aux diaconesses i p. 317 , face au presbyteriura oit siégeait le
— Ed. Pottier, L'art hittite ^3« art.) : Zendjirli. architecture et monuments figurés
(3 pi. et 40 fig. dans le texte). On souligne dans cette architecture le « développe-
ment du plan en largeur et non pas en profondeur >>, suivant un principe de cons-
(1) Quelques /a;;s«s typog^rapliiques à joiudre aux. errata : P. 26:2, fin, laterl et al = later cl
nU.Qg. -280. légende. Kalal = Kal-at. p. 2&5, Chrislan Christian; fig. 313, lég-, Iterior ~ =
Interior. Mai? de telles vétilles sont infiniment rares et l'eséculion du livre est vraiment digne
de sa haute tenue scientifique et de sa valeur,
634 REVUE BIBLIQUE.
truction qui s'applique en général aux édiflces orientaux et qui est opposé à celui
des Grecs » (p. 14). Tel temple assyrien du xi'^ s. avant notre ère soulève cepen-
dant aujourd'iiui de nouveau la question d'origine de ce système structural qui
dilate le bâtiment en profondeur donne une façade plus étroite et lui
principe :
d'Antioche est certaine dans les origines de l'art byzantin, demeure difficile
il
cependant d'en mesurer exactement l'étendue » (p. 83). Cette monographie est un
modèle des patientes études techniques dont la multiplication permettra quelque
jour de coDcrétiser enfin les caractères et de déterminer les influences de l'école
syrienne. — Ed. Pottier, L'art hittite (4" art.) : Zendjirli, monum. figurés (fin;
30 fig. et 2 pi.); accentue la distinction, déjà bien mise en relief dans l'art, précédent,
entre l'art assyrien et l'art hittite. Le premier s'efforce d' « éblouir et épouvanter le
monde offert en proie aux convoitises du peuple élu d'Assour ». Le second, au
contraire, « plus voisin de l'art familier et simple des Chaldéeus, plus préoccupé
encore des dieux que des hommes, s'offre à nous avec des allures plus tranquilles,
plus religieuses ; il est moins habile, moins dramatique, il est plus naïf et plus
sain » (p. 118). L'apogée de l'art hittite se révèle d'ailleurs plus ancien que l'époque
où prédomina le style assyrien, vers le ix^ s. seulement. — R. Weill, Phéni-
ciens, Égéens et Hellènes dans la Méditerranée primitive, discute les théories d'Aulran
(cf. RB., 1921, p. 313 ss.) et plaide sur de nouvelles bases la prépondérance des
peuples d'Asie Mineure dans les origines de la civilisation. — F. Cumont, Cafa-
(1) Problème délicat, dont s'était déjà spécialement préoccupé le regretté Gabriel Lehulx, Les
origines de l'édifice hypostyle (1913), p. 141 ss., et qu'il serait intéressant de voir reprendre
d'ensemble.
BULLETIN. 63o
combes juives de iiowii? groupe brièvement les publications récentes et les nouvelles
découvertes qui documentent l'histoire des synagogues et du Judaïsme à Rome. —
L. Massignon, Les méthodes de rèalisntion artistique des peuples de l'Islam :
évoquée à l'aide des monuments. Les monuments surabondent, à coup sûr; mais
précisément fallait-il, pour en définir la valeur et choisir en cette pléthore, le sens
pénétrant et l'information impeccable de tels maîtres. Le second volume (2) traite
(2) Manuel d'archéologie romaine; t. II. Iii-S" de vi-57i pp.; Dgs 372-7oi, Paris, Picard, 1"J20.
Cf. RB., 1919, p. -290 s.
(3) In-S" de vni-.3l6 p?., très illuUré. lérusaltiii, clie^ l'auteur, el Paris, Gabalda, 1921. cf. RB.,
1913, p. 160.
636 REVUE BIBLIQUE.
1, / Frati Minori nel pofsesso de'luoghi santi di Gerusalemine (1333) e i fahi firmani possc-
duti dai Greco-EUeni; Xole e documenti per la soluzione délia questione de'luoghi santi. Estratto
dalla Biblioleca Bio-Bibliogra/ica délia Terra Sanla e dell'firiente Francescano, t. IV, gr. iu-8°,
109 pp. Florence, 1921.
BULLETIN. 637
Saints. Le résultai est que l'ou se trouve devant une falsiflcation montée de toutes
pièces comme une machine de guerre à l'époque la plus brûlante de la question des
sanctuaires de Palestine.
Après avoir démoli avec sérénité le Pacte ou Testament de Mahomet daté de la
2'- année de l'hégire et délivré aux moines du Sinai, le P. G. passe au fameux rescrit
qu'Omar aurait rédigé en faveur du patriarche Soplirone la 15« année de l'hégire. Le
faussaire se trahit d'abord par des erreurs chronologiques flagrantes : la capitulation
de Jérusalem n'ayant eu lieu qu'en G38 '17 de l'hégire el l'usage de l'ère musulmane
n'ayant été inauguré en Syrie dans les actes administratifs qu'en 17 au plus tôt. l'.t
même les Frandj (appellation inusitée en Orient avant Charlemagne . classer les
Aniténiens, les Syriens et les Coptes dans la nomenclature des gens qui n'ont aucun
pied-à-terre à Jérusalem, insérer dans le traité la question de la propriété des trois
portes de la grotte de Bethléem soulevée au début du xvii^ siècle : en somme, faire
trancher par Omar des difficultés créées à la suite de la conquête ottomane, sont
tout autant de traits dénotant si clairement l'imposture que les Hellènes eux-mêmes
ont hésité jusqu'en 1850 avant de livrer à l'impression, non pas l'original, mais une
méciiante version grecque de ce document capital. En loyal partenaire, le P. Golu-
bovich ne craint pas de joindre à son argumentation, afln d'en permettre le contrôle,
le texte arabe de la pièce, mais pas en coufique!
L'enquête n'est pas plus favorable à ce que la Reiue de l'Orient Latin [VI, p. 589)
appelle le aux trois ûrmans turcs
pseudo-édit de Mo'awiah (680 celui de . ni :
Mahomet II concédé au patriarche Athanase IV, personnage tout à fait ûetif, celui
que Sélim P"" aurait accordé au patriarche non moins supposé. Attalla- Dorothée,
enfin celui de Soliman II obtenu par le patriarche Germain H en 1526, soi-disant
à Andrinople où le sultan ne se trouvait pas alors. On ne voit pas bien ce que Ma-
homet II avait à faire à Jérusalem soixante ans avant la prise de la ville par les
Ottomans. Ces actes, qui ont pour but de renouveler le traité d'Omar, sont néces-
sairement aussi faux que ce traité et sortent de la même officine.
Histoire en main, le P. Golubovich montre sans peine que toute cette fortjenj
(sauf le pacte de Mahomet qui apparaît vers 1569) date de 1630-34, du règne tyran-
nique et vénal de Mourad IV, et qu'elle a pour auteurs Cyrille Lucaris, patriarche
de Constantinople, le papas Larabrinos, son procureur, le patriarche de Jérusalem,
Théophane et son archidiacre Grégoire, ancien juif, lequel, en un jour de rancune,
vendit le pot aux roses. Les complices de l'administration turque sont également tous
connus par les rapports diplomatiques du temps qui ne manquèrent pas d'ailleurs
de crier à la supercherie dès sa première apparition. Le fait éclat.ùt avec une telle
lumière que la Porte déclara à plusieurs reprises que tous ces titres étaient faux et
trompeurs. II a donc fallu à Papadopoulos-Ivérameus un courage égal à son manque
de discernement pour publier comme authentique ce déballage de mensonges qui a
pu surprendre la bonne foi de quelques naïfs ou étayer les thèses d'historiens peu
638 REWE BIBLIQUE.
scrupuleux. Louvaris et consorts ont de qui tenir, mais il leur sera aussi difflcile
d'égaler leurs devanciers, qu'au ravaudage deThéniélis de réfuter la puissante argu-
mentation du savant Franciscain.
le nomde M. Cari Sachsse (1), on sera déçu. Pour présenter le sujet en un tel rac-
courci, M. S. aurait diî associer à sa remarquable connaissance des textes une
information égale sur les réalités archéologiques. On sent vite qu'il n'en possède
pratiquement aucune en le voyant se mouvoir comme en un chaos parmi les prisons,
les dallages, les portes, les chapelles, les rochers aplanis, dans la région de l'Antonia.
Il a beau invoquer à la cantonade le témoignage toujours impressionnant des
a fouilles » et paraître s'armer de prudente critique, il opère avec des fantômes. Son
Prétoire à l'Antonia est un château de cartes, parce que son monument romain
contemporain de >'. S. est bizarrement constitué avec des chapelles médiévales,
une porte romaine du temps d'Hadrien, des tombes juives et une « prison « néo-
grecque dont la lourde supercherie ne peut même plus tout à fait tromper M. Sachsse
lui-même. Il serait valu de chercher à démêler cet écheveau de méprises. Quant au
problème plus important du Golgotha, il est à peu près escamoté.
par ses devanciers et qu'il travaille depuis longtemps à rectifier ces universelles
bévues en précisant les « réalités archéologiques à propos du rocher du Gol-
gotha >. (2). Il n'a évidemment pas l'intention qu'on le prenne au sérieux tant
qu'il produira seulement de rudimentaires diagrammes, combien rares d'ailleurs!
Chercher à contrôler ses aphorismes concernant des niveaux rocheux, des coupes ou
des failles de roc, des situations et des proportions de citernes sans un bout de'
graphique serait chercher une aiguille dans une botte de paille. Si tous les lecteurs
du Pulàstinajahrhuch autres que moi le suivent avec clarté dans ses spéculations,
tant mieux! Du moins son indignation contre la « pure fantaisie » de Vincent
est-elle plaisante quand il s'acharne, pour la bien mettre en évidence, à opposer
deux graphiques du susdit, qu'il suppose représenter contradictoirement la même
citerne dans le roc, en lui attribuant une fois 2'*,40 et la seconde .j™,80 de large
(p. 1-j s.}. Il cite avec une tranquille candeur les fig. 54 et ôG de Jérusalem II. Ceux
qui pourraient y prendre intérêt contrôleront au premier coup d'oeil, et sans même
s'infliger la lecture du texte, que, dans ces figures, la citerne est présentée en coupe
I; Golgatha und das Praetorium des Pilatus, dans ZNTW.. 19l"t-^, pp. 29-38.
.•2} Archaeologisches zum Golgothafelsen, dans le Palâslinajahrbuch, XVI, 19:20. p. il ss. Ce
M'iume n'a que M< pp.
(3) Palâstina nach der Agada; Ein Beitrag zur Gescftichtegeogr. Vorstell. bn den Judeti. In-S"
de 40 pp. Berlin, 1920.
BULLETIN.. 639
n'est pas dépourvue d'actualité puisque les pieuses exagérations des représentants
de la tradition rabbinique ont contribué à entretenir dans Timagination des Juifs
l'image attrayante du pays de leurs ancêtres. Le folk-lore a plus à gagner que la
géographie pratique dans cette étude dont la bonne moitié est consacrée au système
plutôt religieux que cosmique suivant lequel Jérusalem occuperait le centre du
monde et serait l'ombilic de la terre (l). M. B. prend le parti de réduire l'extension
de cette théorie en l'excluant de la Bible et de la Michna. Au second siècle avant
notre ère, tout au plus, rencontre t-on la qualification à'omphalos de la Judée
accordée à Jérusalem, mais la situation centrale de la Ville sainte par rapport au
monde habité se faisait jour dans les milieux apocalyptiques. L'idée a pénétré dans
le christianisme avant saint Jérôme quoi qu'en pense l'auteur de la brochure, par
suite de l'exégèse du Ps. Lxxiir, 13, et indépendamment de la tradition juive.
Quant à la façon concrète dont cette notion était rendue au centre des édifices cons-
tantiniensdu Saint-Sépulcre, nous avons mis ailleurs eu relief l'influence d'un concept
général de l'architecture religieuse byzantine, sans nier toutefois la persistance de
la tradition populaire relative au nombril du monde (2).
(1) Théorie visiblement clière à cet auteur cf. RB., 1913, p. 037
; s.
(2) Vincent et Abet., Jérusalem, II, p. -2^. CI", p. 188.
ANNÉE 1921
N" 1. — Janvier.
N° 2. — Avril.
I. LES SYMBOLES PROPHÉTIQUES DlZÉCHIEL (fin). — R. P. D. Buzy... 1(31
R. P. L -H. Vincent
."'
247
V. RECENSIONS. —
The cnplic version of Ihe Xeir TestamenI- in the southern
dialect (Ad. Herbelynck). — Dr. Hans Windisch, Der Bamabas-
brief (F. -M. Abel). — Frans Boll, Aus der Offenbariing Johannis,
hellenislische Studien tum WeWnld der Apokalypse (E. B. Allô) 278
VI. BULLETIN. — Nouveau Testament. — Ancien Testament. — Assyriologie.
— Peuples voisins. — Palestine 289
N" 3. — Juillet.
I. LA SYNTHÈSE DU DOGME EUCHARISTIQUE CHEZ SAINT PAUL. —
R. P. E.-B. AUo 321
II.CÉRINTHE. — M. G. Bardy .34!
m. L'EMPLOI MÉTAPHORIQUE DES NOMS DES PARTIES DU CORPS EN
HÉBREU ET EN AKKADIEN. — R. P. P. Dhorme 374
IV. MÉLANGES. — 1° Notes de philologie bibliqu<>. Dona D. de Bruyne. —
2° La cité de David d'aprè.s les fouilles de 1913-1914, R. P. L.-H. Vin-
.
cent 400
V. CHRONIQUE. — Vestiges d'une .synagogue antique à Yafa de Galilée. — Les
d'El-lIammam, à Tibériado.
fouilles juives Le sanctuaire juif d'Aïn- —
R. P. L.-H. Vincent.
Doui|, —
Inscription latine de Gethsémani,
R P. F.-M. Abel 131
VI. RECENSIONS. I —
Fa^ti délia Chicsa Patriarcale Antiorhena (R. P. J.-
M. Vostéi W. A. Baehrens, Uherlicferung und Texlgeschichte der
lateinisrh erhaUcnen Orifjrnes homilien zum Allen Testament. A. von —
Harnack, Der Kirchengeschichtliche Ertrag der exegetifchen Arbeilen
de.s Orlgenes (G. Bardy). —
F. J. Foakes Jackson and Kirsopp
Lake, The Beginnings of ChriMianity. — Kirsopp Lake, Landmarks
in the Ilistory of early Christianity (E. Jacquier) 447
VIL Bl'LLETIN. — Questions générales. Nouveau — Te.stament. — Ancien
Testament. — Peuples voisins. Palestine — 403
N" 4, — Octobre.
I. UN SUOVO TESTO DELL' « EVANGELO DI BARTOLOMEO ». — Prof.
Umberto Moricca 481
II. L'EMPLOI MKTAPHORIQUE DES NO.MS DE PARTIES DU CORPS EN
HÉBREU ET EN AKK.VDIEN [suile), R. P. P. Dhorme .'.1
;
IIOUDE (R. P.). L'évangile selon S. Mat. — S. Me. — S. Le. — S. Jean. 289
IIUGUENY (R. P.).
Psaumes et Cantiques du Petit Office de la sainte
Vierge. 150
p. 116). 157
Waldis. Spraehe und Stil der... Inschrift vom Nemrud Dagh. 6i0
Weber (V.)- Des Paulus Reiserouten bei der zweimal. Durchg.
Kleinasiens. 291
Weill (R.). La Cité de David. Compte rendu des fouilles... 1913-
14. 410
Weinreich. De dis ignotis quaesliones selectae. 159
Weiss (J.). Das Urchristentum. P. II. 144
White (E.). The .Sayings of .Jésus froni Oxyrli. edited. 294
Wicksteed. The reactions betw een dogma and philosophy. 619
Wiexer (H.). The main problem of Deuteronomy. 149
WlNDlCSH. Der Barnabasbrief. 282
TABLE ALPHABETIQUE
DES MATIERES PRINCIPALES.
Abou Gliosch. tombeau des débuts de la Argarizim dans II Mach. v, 23; vi, 2, 405.
période judéo-hellénique avec poteries, Art bulgare, 471.
97. Ascalon, fouilles de 1920; —statues, 104;
Abraham, dans les Jubilés, 209. — puits, rempart, 105.
Acropole de la cité de David, 517. Ascension chez les Gnostiques, 124.
Actes des Ap., introd. liistorique, 451; — Augustin (S.) et ITtala, 4<'.5.
leurs rapports avec Marc, 86.
Aenon dans version syriaque, 13. Barnabe, épitre de, date et composition.
Affranchis, Juifs de Rome, 273; leur — 282.
synagogue à Jérusalem, 2 17. Barthélémy, questions de, 483-87 nou-;
nourriture rationnée, 174: pain com- — 541; hj'pogées royaux, 411; installations
posite, galette, cheveux, 175-9;— baga- hydrauliques. 423; synagogue des
ges, deux chemins, deux bâtons, 182-93 Affranchis, 247; Éléona, 316; Gethsé-
;
style, 92 —
source de Mt. et de Luc,
;
50; — de Jésus dans la littér. gnos-
290; — source des Actes? 86; version tique, 113 ss.
TertuUien, 607.
Marie ds Tév. de Barth., 495, 501, 514. Sacrifice eucharist. ds S. Paul, 324-29.
Matthieu (S.) et les Témoignages, 612; ver- Salut chez les Gnostiques, 124.
sion copte, 237. Sarepta ds vers, syr., 14.
17.
— copte de la Bible, 237; —
sahidique
Taureaux sur chapiteau perse de Sidon, des Épitres. 278 ;
—
sahidique, 469 ;
—
107. latines de l'Apocal., 293; — Itala et
A. — Xon2s propres.
'A£t(£-/r,ç 478
OsoooTo;
0io8(opo;
âvavvwïu vo'ao'j
8'.0x/r^ IvTO/.wv
leptûç
xaT3tÀJu.a
TABLE DES INSCRIPTIONS.
nu; ''la
KE^AJEBiblique.
1921.
V. 30