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Totalitarisme
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Le totalitarisme est le système politique des régimes à parti unique, n'admettant aucune opposition organisée, dans lequel l'État tend à
e
confisquer la totalité des activités de la société. Concept forgé au XX siècle, durant l'entre-deux-guerres, le totalitarisme signifie
1
étymologiquement « système tendant à la totalité, à l'unité ».

L'expression totalitaire vient du fait qu'il ne s'agit pas seulement de contrôler l'activité des hommes, comme le ferait une dictature classique :
un régime totalitaire tente de s'immiscer jusque dans la sphère intime de la pensée, en imposant à tous les citoyens l'adhésion à une idéologie
obligatoire, hors de laquelle ils sont considérés comme ennemis de la communauté.

Les caractéristiques habituellement retenues pour caractériser le totalitarisme sont : une idéologie imposée à tous, un parti unique contrôlant
l'appareil d'État, dirigé idéalement par un chef charismatique, un appareil policier recourant à la terreur, une direction centrale de l'économie,
2
un monopole des moyens de communication de masse et un monopole de la force armée .

Sommaire
n 1 Les origines méconnues de l'entre-deux-guerres
n 2 Des définitions diverses
n 2.1 Définition selon Hannah Arendt
n 2.2 D'autres contributions à la réflexion philosophique sur le totalitarisme
n 2.3 Le modèle totalitaire
n 3 Un enjeu de débat
n 3.1 Un concept très politisé
n 3.2 Les critiques précoces adressées à la théorie du totalitarisme
n 3.3 Les critiques contemporaines
n 3.4 Un concept indispensable malgré tout ?
n 4 L'extension récente du concept
n 5 Annexes
n 5.1 Notes et références
n 5.2 Le totalitarisme dans la fiction et les contres-utopies
n 5.3 Bibliographie
n 5.3.1 Ouvrages classiques (dans l'ordre chronologique)
n 5.3.2 Ouvrages récents

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n 5.3.3 Synthèses
n 5.4 Articles connexes
n 5.5 Liens externes

Les origines méconnues de l'entre-deux-guerres


Bien souvent, la genèse du concept de totalitarisme est attribuée à la philosophe Hannah Arendt, alors qu'elle a lieu dans l'entre-deux-guerres.
3
L'adjectif « totalitaire » (totalitario) apparut en Italie dès le mois de mai 1923 (on prête parfois son invention à Giovanni Amendola ,
opposant et victime du fascisme). Ce concept fut d'emblée un instrument de lutte politique. Son emploi se répandit de manière péjorative dans
les milieux antifascistes italiens. En 1925, les théoriciens du fascisme reprirent de manière opportuniste le terme à leur compte, en lui
attribuant une connotation positive. Benito Mussolini exaltait sa « farouche volonté totalitaire », appelée à délivrer la société des oppositions
4
et des conflits d'intérêts . Giovanni Gentile, théoricien du fascisme mentionna le totalitarisme dans l'article « doctrine du fascisme » qu'il
écrivit pour l'encyclopédie italienne et dans lequel il affirma que « ... pour le fasciste tout est dans l'État et rien d'humain et de spirituel
5
n'existe et il a encore moins de valeur hors de l'État. En ce sens le fascisme est totalitaire... ». Dans la seconde moitié des années 1920,
l'ancien président du Conseil des ministres italien Francesco Saverio Nitti « aurait le premier établi des rapprochements entre la structure du
6
fascisme italien et le bolchevisme ».
7
L'écrivain allemand Ernst Jünger, par son exaltation de la « mobilisation totale », décrit les contours du totalitarisme . Il célèbre la guerre et la
technique moderne comme annonciatrices d'un nouvel ordre, incarné par la figure de l'ouvrier-soldat, œuvrant au sein d'une société encadrée
et disciplinée comme une armée. Selon lui, la Première Guerre mondiale avait marqué un tournant historique vers cette forme nouvelle de
civilisation : pour la première fois dans l'histoire de l'Europe, les forces humaines et matérielles du monde industriel moderne avaient été
mobilisées dans leur « totalité » pour accomplir l'effort de guerre.

La première utilisation du terme de totalitarisme pour désigner dans le même temps les États fasciste
8
et communiste semble avoir été faite en Grande-Bretagne en 1929 . Dans les années 1930, le concept
fut utilisé sous la plume d'écrivains pro-nazis. Carl Schmitt employait le terme de totalitarisme pour mettre en lumière la crise du libéralisme
9
et du parlementarisme et exprimer la nécessité d'une politique plus autoritaire . Le régime ultra-autoritaire issu du coup d'État militaire de
1936 en Espagne s’est défini comme totalitaire dans ses premières années, affirmant ainsi sa parenté avec le fascisme, avant d'effacer ce terme
de la constitution.

Dans le monde anglo-saxon, William Henry Chamberlin et Michael Florinsky ont été parmi les premiers à faire usage du concept de
10
totalitarisme . Divers théoriciens de gauche, comme Franz Borkenau ou Richard Löwenthal, ont employé le concept « pour caractériser tout
11
ce qui leur paraît nouveau et spécifique dans le fascisme (ou le nazisme), en dehors de toute comparaison avec le communisme soviétique ».
Le concept de totalitarisme cristallisait également la réflexion sur les formes modernes de tyrannie et, plus particulièrement, sur la violence

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exercée sur autrui, qui semblait inséparable du fonctionnement des régimes nazi et communiste.
Finalement, les traits fondamentaux qui ont dominé la discussion de l'après-guerre sur le totalitarisme
étaient déjà présents dans les années 1930. Pierre Hassner affirme : « On peut dire qu'en un sens
Hannah Arendt n'a fait que nouer en une synthèse géniale [...] les différents éléments en dégageant la
12
logique qui les sous-tendait. »

L'apparition d'un nouveau type de régime (l'antithèse du libéralisme) semblait entièrement confirmée
par la signature du pacte germano-soviétique en août 1939. De nombreux observateurs ont établi un
lien entre les idéologies fasciste et soviétique, accusées de porter toutes deux atteinte à la paix et à la
liberté. Dans The Totalitarian Enemy, paru à Londres en 1940, l'ancien communiste autrichien Franz
Borkenau voulait éclairer l'opinion publique sur les vrais enjeux de la guerre : il s'agissait de détruire
le totalitarisme incarné dans le nazisme et le bolchevisme. Les différences entre ces deux courants
étaient minimes pour l'auteur : le bolchevisme se limitait à un « fascisme rouge » et le nazisme à un
« bolchevisme brun ». D'après Borkenau, la dynamique inhérente au marché capitaliste conduisait
inévitablement sur une centralisation et une planification de l'économie : la révolution totalitaire
n'était rien d'autre que la révolution socialiste prophétisée par Karl Marx. Mais cette sous-estimation
des différences entre le bolchevisme et le nazisme « ne diminue pas, selon Krzysztof Pomian,
l'importance historique de Totalitarian Enemy. Y sont évoqués, en effet, presque tous les thèmes Mussolini et Hitler
13
repris plus tard par l'abondante littérature consacrée au totalitarisme. »

Des définitions diverses


Définition selon Hannah Arendt

La philosophe Hannah Arendt a apporté une définition du concept de totalitarisme dans son célèbre livre Les Origines du totalitarisme
(1951). Selon elle, deux pays seulement avaient alors connu un véritable totalitarisme : l'Allemagne sous le nazisme et l'URSS sous Staline.
Elle distingue toutefois des tendances ou des épisodes totalitaires en dehors de ces deux cas. Elle cite notamment le maccarthisme au début
des années 1950 aux États-Unis ou encore les camps de concentration français où furent enfermés les réfugiés de la guerre d'Espagne.

Ces régimes n'admettent qu'un parti unique qui contrôle l'État, qui lui-même s'efforce de contrôler la société et plus généralement tous les
individus dans tous les aspects de leur vie (domination totale). D'un point de vue totalitaire, cette vision est erronée : il n'y a qu'un parti parce
qu'il n'y a qu'un tout, qu'un seul pays, vouloir un autre parti c'est déjà de la trahison ou de la maladie mentale (schizophrénie : se croire
plusieurs alors qu'on est un).

Le totalitarisme tel qu'il est ainsi décrit par Hannah Arendt n'est pas tant un « régime » politique qu'une « dynamique » autodestructive

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reposant sur une dissolution des structures sociales.

Dans cette optique, les fondements des structures sociales ont été volontairement sabotés ou détruits : les camps pour la jeunesse ont par
exemple contribué à saboter l'institution familiale en instillant la peur de la délation à l'intérieur même des foyers, la religion est interdite et
remplacée par de nouveaux mythes inventés de toute pièce ou recomposés à partir de mythes plus anciens, la culture est également une cible
privilégiée. Hans Johst avait ainsi écrit dans une pièce de théâtre : « Quand j'entends le mot culture, j'enlève le cran de sureté de mon
Browning. » (phrase également prononcée en public par Baldur von Schirach, chef des Jeunesses hitlériennes).

L'identité sociale des individus laisse place au sentiment d'appartenance à une masse informe, sans valeur aux yeux du pouvoir, ni même à ses
propres yeux. La dévotion au chef et à la nation devient la seule raison d'être d'une existence qui déborde au-delà de la forme individuelle
pour un résultat allant du fanatisme psychotique à la neurasthénie. La domination totale est réalisée : les « ennemis objectifs » font leur
autocritique pendant leurs procès et admettent la sentence. Les agents du NKVD russe arrêtés avaient ainsi un raisonnement du type « si le
Parti m'a arrêté et désire de moi une confession, c'est qu'il a de bonnes raisons de le faire ». Arendt remarque en outre qu'aucun agent arrêté
n'a jamais tenté de dévoiler un quelconque secret d'État, et est toujours resté fidèle au pouvoir en place, même lorsque sa mort était assurée.

Les sociétés totalitaires se distinguent par la promesse d'un « paradis », la fin de l'histoire ou la pureté de la race par exemple, et fédèrent la
masse contre un ennemi objectif. Celui-ci est autant extérieur qu'intérieur et sera susceptible de changer, suivant l'interprétation des lois de
l'Histoire (lutte des classes) ou de la Nature (lutte des races) à l'instant « t ». Les sociétés totalitaires créent un mouvement perpétuel et
paranoïaque de surveillance, de délation et de retournement. Les polices et les unités spéciales se multiplient et se concurrencent dans la plus
grande confusion.

Contrairement aux dictatures traditionnelles (militaires ou autres), le totalitarisme n'utilise pas la terreur dans le but d'écraser l'opposition. La
terreur totalitaire ne commence réellement que lorsque toute opposition est écrasée. Même si le groupe considéré comme un ennemi a été
anéanti (par exemple les trotskistes en URSS), le pouvoir en désignera continuellement un autre. Hitler et les nazis avaient ainsi prévu
l'extermination des peuples ukrainiens, polonais et russes une fois les juifs éliminés.

Des purges régulières ordonnées par le chef de l'État, seul point fixe, donnent le tempo d'une société qui élimine par millions sa propre
population, se nourrissant en quelque sorte de sa propre chair. Ce programme est appliqué jusqu'à l'absurde, les trains de déportés vers les
camps de l'Allemagne nazie restèrent toujours prioritaires sur les trains de ravitaillement du front alors même que l'armée allemande perdait la
guerre. Les régimes totalitaires se distinguent des régimes autoritaires et dictatoriaux par leur usage permanent de la terreur, contre l'ensemble
de la population (y-compris les « innocents » aux yeux même de l'idéologie en vigueur) et non contre les opposants réels. L'usage permanent
de la terreur a pour corollaire celui de la propagande, omniprésente dans un État totalitaire.

Par ailleurs, le totalitarisme n'obéit à aucun principe d'utilité : les structures administratives sont démultipliées sans se superposer, les
divisions du territoire sont multiples et ne se recoupent pas. La bureaucratie est consubstantielle du totalitarisme. Tout cela a pour but de
supprimer toute hiérarchie entre le chef et les masses, et garantir la domination totale, sans aucun obstacle la relativisant. Le chef commande

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directement et sans médiation tout fonctionnaire du régime, en tout point du territoire. Le totalitarisme est à différencier de l'absolutisme (le
chef tient sa légitimité des masses et non d'un concept extérieur comme Dieu) et de l'autoritarisme (aucune hiérarchie intermédiaire ne vient
théoriquement « relativiser » l'autorité du chef totalitaire).

Dans son introduction d’une nouvelle édition de The Origins of Totalitarianism, en 1966, Hannah Arendt s’est opposée à l’usage idéologique
du terme de totalitarisme concernant tous les régimes communistes à parti unique. Elle considérait que son interprétation ne s’appliquait pas
plus aux successeurs de Staline qu’à son prédécesseur.

Michelle-Irène Brudny considère que la pensée de Hannah Arendt comporte des exagérations, dans sa prétention de tout englober : « le
philosophe, parfois intrépide ou, plus sûrement, devenu téméraire par sa volonté obsessive de comprendre, se sent tenu, au risque du
14
paradoxe, de produire une interprétation "générale". » L’ouvrage de Hannah Arendt a néanmoins convaincu la majorité de l’opinion et reçu
de nombreux éloges.

D'autres contributions à la réflexion philosophique sur le totalitarisme


e
De nombreux philosophes, cherchant à trouver une explication aux tragédies du XX siècle, ont traité de la question du totalitarisme. Le
courant philosophique recherchant « l’essence » du totalitarisme a mis l’accent sur son contenu idéologique et ses méthodes.

Le fascisme, le nazisme et le communisme ont été interprétés en tant que « religions séculières ». Le philosophe allemand Eric Voegelin a
e 15
construit une analyse du XX siècle sur la base de cette notion . Les idéologies totalitaires remplaçaient la religion, car elles demandaient à
leurs adeptes de croire à la promesse d’un salut sur terre.

Dans une perspective similaire, Waldemar Gurian, historien et essayiste


d’origine russe émigré aux États-Unis en 1937, a introduit la notion
16
d’« idéocratie » . Selon Waldemar Gurian, les totalitarismes bolchevique et
nazi, en tant que régimes engendrés et structurés par une idée, étaient
« idéocratiques ». L’idéocratie désignait toute forme d’organisation politique où
il y avait fusion entre le pouvoir et une idéologie donnée. Le terme s’appliquait
fréquemment aux régimes où un parti unique avait la main mise sur l’appareil
étatique.

L’historien israélien Jacob L. Talmon a également perçu le totalitarisme comme


17
le produit d’une idée . D’après lui, le totalitarisme avait sa matrice dans la
philosophie des Lumières. L’intelligentsia russe a été influencée par le
e
messianisme politique du XVIII siècle, c’est-à-dire par l’annonce d’un avenir
radieux et par l’affirmation qu’il existe en politique une vérité, une seule. Jacob

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Talmon considérait Jean-Jacques Rousseau (auteur de la théorie de la volonté


Art officiel. Affiche de propagande soviétique. générale), Maximilien de Robespierre (le premier praticien de la Terreur) et
Gracchus Babeuf (le premier conspirateur communiste) comme des précurseurs
du totalitarisme.

Alain Besançon a repris l'analyse du totalitarisme comme idéocratie : « L'idéologie n'est pas un moyen du totalitarisme mais au contraire le
18
totalitarisme est la conséquence politique, l'incarnation dans la vie sociale de l'idéologie ». Comme Jacob Talmon, Alain Besançon voit dans
la Révolution française la matrice du totalitarisme et porte un regard très critique sur l'héritage rationaliste des Lumières.

Le modèle totalitaire

Dans les années 1950, le concept de totalitarisme a été perfectionné en un « modèle » par des politologues soucieux d’aboutir à une
catégorisation des régimes politiques. Le modèle du totalitarisme a été formé par opposition à d’autres modèles, comme les modèles des
régimes « démocratiques-constitutionnels » et « autoritaires-conservateurs ».
19
Sous le titre de Permanent Revolution, Sigmund Neumann a publié une étude sur le totalitarisme en 1940 . Il insistait sur le fait que l'État
totalitaire menait une « révolution permanente », tandis que les autoritarismes traditionnels avaient généralement été conservateurs. Selon
Neumann, le caractère principal des régimes totalitaires était d'institutionnaliser la révolution, ce qui leur permettait d'assurer leur propre
perpétuation.

Mais lorsque les historiens s'emparent du concept, c'est beaucoup plus selon la définition fixée, à l'origine, par Carl Friedrich, qui a permis au
concept de totalitarisme d'acquérir sa pleine légitimité dans le domaine des sciences sociales. L'ouvrage écrit par le politologue Carl Friedrich
20
et son jeune collaborateur de l'université de Harvard Zbigniew Brzezinski est, selon Enzo Traverso, « le livre qui a le plus polarisé le débat
21
pendant les années cinquante et soixante ». Leur analyse du totalitarisme a représenté pendant longtemps le traitement théorique qui a fait le
plus autorité. Les deux auteurs présentaient un « syndrome » du totalitarisme comportant cinq caractéristiques fondamentales : un parti unique
contrôlant l'appareil d'État et dirigé par un chef charismatique ; une idéologie d'État promettant l'accomplissement de l'humanité ; un appareil
policier recourant à la terreur ; une direction centrale de l'économie ; un monopole des moyens de communication de masse. Dans cette
vision, les dictatures totalitaires, en tant que forme nouvelle et extrêmement moderne d'autoritarisme, étaient la forme achevée du despotisme.
De plus, les sociétés totalitaires étaient présentées comme fondamentalement semblables entre elles.

On peut y ajouter comme autres aspects pratiques, la prise en main totale de l'éducation pour la baser sur l'idéologie, et la mise en place d'un
22
réseau omniprésent de surveillance de l'individu . Une prépondérance était accordée au facteur technique : c’est la technologie moderne qui
rendait le pouvoir politique capable d’avoir une emprise totale sur les populations. L’État totalitaire consistait en une énorme bureaucratie,
laquelle faisait preuve d’une efficacité sans failles. Une des caractéristiques du totalitarisme était qu’il enrégimentait physiquement et
mentalement la population. L’idéologie constituait un instrument de gouvernement sans pareil, par l'endoctrinement des populations. La

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propagande avait l’effet d’un lavage de cerveau, permettant d’obtenir l’assentiment du peuple. Selon Claude Polin, les idéologies totalitaires
23
permettaient « de mettre les esprits même en esclavage, et de tarir toute révolte à sa source vive, en ôtant jusqu’à son intention même ».

Les politologues de cette période tiraient des conclusions très pessimistes à propos du futur. Selon eux, il était improbable que la dictature
totalitaire, compte tenu de sa dynamique interne, s’effondre d’elle-même ou soit renversée par une révolution. Il y avait aussi d’énormes
obstacles à la libéralisation du régime, étant donné la loi arbitraire et l’absence d’initiative démocratique. Les structures du totalitarisme le
rendaient incapable d’évoluer, mais pas incapable de se reproduire. Cet État tout-puissant tâchait même d’étendre son emprise sur l’ensemble
du monde. Les projets totalitaires de révolution mondiale pouvaient seulement être contrecarrés par une intervention militaire extérieure,
comme cela s’était passé face au nazisme.

Dans son propre premier livre traitant du totalitarisme soviétique, Zbigniew Brzezinski mettait l’accent sur la mobilisation totale des
ressources par l’État, sur l’anéantissement de toute opposition et sur la terreur générale. La purge, perçue comme le noyau du totalitarisme,
24
« satisfait les besoins du système en dynamisme et en énergie continuels ». Dans cet ouvrage, Zbigniew Brzezinski prévoyait la constante
aggravation du totalitarisme. Les mouvements totalitaires étaient particulièrement redoutables car « leur dessein est d’institutionnaliser une
révolution qui progresse en étendue, et souvent en intensité, à mesure que le régime se stabilise au pouvoir. L’objectif de cette révolution est
25
de pulvériser toutes les unités sociales existantes afin de remplacer l’ancien pluralisme par une unanimité homogène ».

La destruction de la société ancienne, par l’application croissante de mesures de coercition, était menée afin de reconstruire cette société et
l’homme lui-même en fonction de certaines conceptions « idéales » définies par l’idéologie. « La terreur devient donc une conséquence
26
inévitable, ainsi qu’un instrument, du programme révolutionnaire. » Dans son analyse du totalitarisme soviétique, Zbigniew Brzezinski
accordait un grand poids à l’idéologie révolutionnaire qui, une fois prise en main par un parti unique bureaucratisé, engendrait un impact
social total.

Le politologue reconnaît que « le système politique de Khrouchtchev n’est pas le même que celui de Staline, bien que les deux puissent être
27
généralement décrits comme totalitaires. » Sous Khrouchtchev, la terreur a laissé place à une politique d’endoctrinement qui est devenue la
principale caractéristique du système. Mais quand le dynamisme et le zèle révolutionnaires décroissent, « le système est renforcé par des
28
réseaux de contrôle complexe qui imprègnent toute la société et mobilisent ses énergies à travers une pénétration très fine. »

Betty Brand Burch a résumé ainsi la définition classique du totalitarisme : « le totalitarisme est une forme extrême de dictature qui est
caractérisée par le pouvoir illimité et démesuré des dirigeants, la suppression de toutes formes d’opposition autonome, et l’atomisation de la
29
société d’une façon telle que quasiment chaque phase de la vie devient publique et donc sujette au contrôle de l’État. »

D'après la définition de Raymond Aron, le totalitarisme qualifie les systèmes politiques dans lesquels s'accomplit « l'absorption de la société
30
civile dans l'État » et « la transfiguration de l'idéologie de l'État en dogme imposé aux intellectuels et aux universités » . L'État, relayé par le
parti unique, exercerait en ce sens un contrôle total sur la société, la culture, les sciences, la morale jusqu'aux individus mêmes auxquels il
n'est reconnu aucune liberté propre d'expression ou de conscience.

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Un enjeu de débat
Un concept très politisé

L'emploi du concept de totalitarisme a été refoulé durant la période de la Seconde Guerre mondiale, du fait de l'alliance des démocraties
occidentales avec l'Union soviétique dans la lutte contre l'Allemagne nazie. Le concept a connu son âge d'or à partir de la proclamation de la
doctrine Truman, en 1947. L'analogie entre l'Allemagne de Hitler et la Russie de Staline laissait à penser que la guerre froide était simplement
une répétition des années 1930, car la Russie soviétique pouvait se comporter de la même manière que l'Allemagne dans l'entre-deux-guerres.
31
Selon Les Adler et Thomas Paterson, le « cauchemar d'un "fascisme rouge" a terrorisé une génération d'Américains ». La notion de
totalitarisme, qui a fait l'objet d'un nombre considérable de travaux et dont l'usage était très répandu, se formulait alors dans une connotation
strictement négative.

L'économiste Friedrich Hayek, dans La Route de la servitude, percevait le totalitarisme comme une
32
conséquence inéluctable de l’application des mesures socialistes à l’économie . Il montrait que la
socialisation de l’économie ne pouvait que déboucher sur la suppression totale des libertés, y compris
des libertés politiques, donc que le socialisme était structurellement incompatible avec la démocratie.
Friedrich Hayek pensait que des liens systémiques unissaient l’économie, le droit et les institutions
politiques. S’opposer au libre fonctionnement des mécanismes du marché, dans lequel il voyait la
33
source ultime de toute civilisation, reviendrait à installer un régime tyrannique . L’idée selon laquelle
la planification économique serait le principe du totalitarisme a connu un important succès aux États-
Unis. Dans The Fatal Conceit, Friedrich Hayek a repris une dernière fois sa critique du socialisme,
34
qu’il considérait comme une erreur fatale et le produit de la vanité intellectuelle .
Staline, Roosevelt et Churchill à la
conférence de Téhéran en 1943.
Pour Bertrand de Jouvenel, c'est la démocratie qui est totalitaire : il a ainsi intitulé l'un des chapitres
35
de son ouvrage principal Du pouvoir « La démocratie totalitaire » . Il considère que la démocratie en
laissant l'espoir à chacun d'accéder au pouvoir incite à la prise du pouvoir et non à la réduction de
l'« arbitraire étatique », phénomène entraînant un renforcement toujours plus grand des États.

Dans les années 1970, la notion de totalitarisme a été adoptée par des intellectuels d’Europe de l’Est émigrés en Occident, tels Leszek
Kolakowski, Michel Heller ou Alexandre Zinoviev. Bien des dissidents de l’Est reproduisaient au travers de leurs travaux les descriptions les
36
plus classiques du totalitarisme . Ils ont insisté de manière unanime sur le succès des politiques totalitaires. D’après Leszek Kolakowski, le
système stalinien était un « système politique où tous les rapports sociaux ont été étatisés et où l’État omnipotent se retrouve seul face à des
individus réduits à l’état d’atomes ». Le stalinisme était « un marxisme-léninisme en action », c’est-à-dire le résultat inévitable de la mise en
37
pratique de la vision du monde marxiste .

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Les critiques précoces adressées à la théorie du totalitarisme

Les recherches sur la notion de totalitarisme se sont effectuées dans le contexte politique de la guerre froide, où le modèle libéral s'opposait au
modèle communiste. Après avoir été instrumentalisé par le MacCarthysme aux États-Unis dans les années 1950, le concept de totalitarisme a
commencé à être désavoué au cours des années 1960 par la recherche empirique des sciences sociales, dans le cadre d'un mouvement général
de remise en question du libéralisme, favorisée par la détente. De nouvelles interprétations sont alors apparues : d'une part l’hostilité générale
envers l’URSS faiblissait, d’autre part, les nouvelles relations entre les États-Unis et l’URSS ont entraîné des échanges intellectuels entre les
deux pays (les chercheurs occidentaux étaient autorisés, bien plus que dans le courant des années 1950, à travailler dans les archives et les
bibliothèques soviétiques). Il apparaissait évident que, dans les faits, l’État soviétique n’était pas parvenu à « atomiser » la société ou à
éliminer la vie privée : les théoriciens du totalitarisme avaient surestimé les capacités du pouvoir soviétique à contrôler la société, et sous-
estimé les capacités de résistance des individus.

Le concept de totalitarisme excluait la possibilité de tout changement important du


système, autrement que par une défaite militaire. Or, après la mort de Staline, à partir de
Khrouchtchev, la Russie soviétique avait commencé à changer, ce qui infirmait
l’immobilisme prêté au système par le « modèle totalitaire ». La terreur s’était apaisée
(pourtant considérée comme une caractéristique fondamentale du totalitarisme), le pouvoir
personnel de Staline avait laissé place à une direction collective, des groupes de la
nomenklatura bénéficiaient d’un rôle accru, la « purge permanente » avait laissé place au
souci de sécurité de l’oligarchie. L’idéologie servait à la justification du pouvoir en place

Richard Nixon et Nikita Khrouchtchev

plutôt que de moteur dynamique de transformation de la société. Enfin, la consommation et l’économie parallèle progressaient et le pays
s’ouvrait économiquement vers l’extérieur. Les théoriciens du totalitarisme comme Hannah Arendt et Zbigniew Brzezinski avaient mis au
premier plan de leur analyse les formes extrêmes des dictatures dites totalitaires, qui se sont révélées, en URSS comme plus tard en Chine

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populaire, liées dans une très large mesure à la personne du tyran. La théorie du totalitarisme n’avait pas envisagé la possibilité que ces
régimes s’engagent dans un processus d’apaisement de la dictature.

La pertinence du concept de totalitarisme et son utilité pour l’analyse historique et comparative ont alors été remises en question par une
nouvelle génération de politologues américains. Ce concept, perçu comme une survivance de la guerre froide, était accusé de sous-estimer la
complexité des régimes auxquels il s’appliquait. Alexander J. Groth émettait des doutes sur la capacité du concept de totalitarisme à
comprendre correctement l’Italie fasciste, l’Allemagne nazie et l’Union soviétique. Ce concept se concentrait sur les traits que ces régimes
38
avaient en commun, alors que leurs différences méritaient une plus grande attention . Les Adler et Thomas Paterson partageaient cette
39
opinion : « les différences réelles entre les systèmes fasciste et communiste ont été obscurcies ». Pourtant, poursuivaient-ils, les origines, les
idéologies, les buts et les pratiques de ces systèmes étaient largement différents. La recherche historique a peu à peu mis en cause la légitimité
du parallèle entre national-socialisme et communisme, en soulignant notamment la spécificité du génocide nazi, et plus généralement la
singularité de régimes qui n’ont pas les mêmes origines.

Selon Robert C. Tucker, la comparaison entre l’Allemagne nazie et la Russie communiste était trop étroite. De plus, de nombreux auteurs
convaincus que le régime soviétique découle de déviations historiques qui trahissent l'idéologie communiste, reprochent au « modèle
totalitaire » d’établir une filiation entre le communisme, le bolchevisme et le stalinisme. Cette filiation considère le monde communiste
40
comme un tout, et n’est que peu sensible aux différences existant entre les pays communistes . Dans un article, Herbert J. Spiro regrettait le
fait que le terme de totalitarisme ait été un slogan anticommuniste durant la guerre froide : l’usage propagandiste du terme « a eu tendance à
41
obscurcir l’utilité qu’il pouvait avoir pour l’analyse systématique et la comparaison des entités politiques ». Benjamin Barber, pourtant
ancien défenseur de la théorie du totalitarisme, appelait au dépassement d’un concept condamné « sinon par l’oubli, du moins par une
42
désuétude croissante ». John Alexander Armstrong, intellectuel conservateur, a lui aussi critiqué explicitement le concept de totalitarisme à
la fin des années 1960, arguant qu’il n’était pas capable de rendre compte de l’évolution de plusieurs régimes communistes.

L’expérience de démocratisation menée en Tchécoslovaquie lors du « printemps de Prague » de 1968 a rouvert le débat sur le changement
dans les pays communistes et sur les différences entre ceux-ci. Le paradigme du totalitarisme est ainsi entré en conflit avec les nouveaux
domaines de recherche qui intéressaient les spécialistes en sciences sociales et les historiens qui s’ouvraient aux méthodes des sciences
sociales. Le « modèle totalitaire », par exemple, n’encourageait pas les études portant sur les rapports et les différences entre le centre et la
périphérie. Georges Mink par exemple, dans Vie et Mort du bloc soviétique, préfère parler de soviétisation/désoviétisation lorsqu'il s'agit
43
d'aborder les pays du bloc de l'Est (URSS et pays satellites) .

Néanmoins, l’idée de totalitarisme n’était pas complètement écartée : elle désignait une phase caractéristique des débuts de la domination
communiste qui exigeait la mobilisation de la société, le plus souvent pour cause d’industrialisation. Suite à cette phase d’industrialisation,
l’élite révolutionnaire s’est bureaucratisée et la société communiste est devenue bien plus complexe et différenciée. C'est pourquoi, en
comparaison avec l'Allemagne nazie de Hitler, certains chercheurs limitent la période totalitaire au régime de Staline, particulièrement dans
44
ses dernières années (1950-1953), où la paranoïa de Staline atteignit son paroxysme . À partir de 1970, le constat que les régimes

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communistes n’étaient pas statiques, mais qu’ils traversaient au contraire différentes phases, faisait quasi-unanimité parmi les universitaires.
Ils étaient nombreux à estimer que de nouveaux modèles théoriques étaient nécessaires pour étudier les États et les sociétés communistes dans
la période post-stalinienne.

Dans la soviétologie, le débat autour de la notion de totalitarisme a opposé deux écoles historiographiques. L'« école du totalitarisme », après
avoir été dominante aux États-Unis dans les années 1950-1960, a été contestée par une école « révisionniste », qui a remis en question les
fondements de la soviétologie par le biais de l'histoire sociale.

Les critiques contemporaines

Dans les sciences humaines, le terme a donné lieu à un débat qui n'est toujours pas clos. Le terme a donné
lieu à de nombreuses définitions, différentes et parfois antagonistes selon les convictions des auteurs.
Certains auteurs qualifient de totalitaires des régimes comme l'URSS sous Staline, le Turkménistan sous
Saparmyrat Nyýazow, la Corée du Nord sous Kim Il-sung puis Kim Jong-il, le Cambodge sous Pol Pot,
45
Cuba sous Fidel Castro ou la Chine à l'époque de Mao Zedong .

Les politologues des débuts de la guerre froide ont beaucoup cité Hannah Arendt pour sa comparaison
entre Allemagne nazie et Russie soviétique, mais contrairement à elle, ils n’ont pas creusé le problème du
point de vue social et historique. Carl Friedrich et son école se sont bornés à l’analyse des régimes
totalitaires une fois constitués, quitte à négliger la question de leurs origines. Comme le dit Enzo Traverso,
« l’affinité essentielle entre l’Allemagne nazie et l’URSS était postulée sur la base d’une simple
comparaison phénoménologique, statique, descriptive, jamais étudiée à partir de la genèse et de la
46
dynamique de ces régimes. » Carl Friedrich semble s’excuser : « pourquoi les sociétés totalitaires sont ce
47
qu’elles sont, nous ne le savons pas ». D’après l'historien Enzo Traverso, la principale conséquence de
Portrait officiel de Mao l’application des concepts d’idéocratie et de religion séculière a été « de déshistoriser le fait totalitaire, qui
Zedong. ne sera pas étudié comme résultat d’un processus social et politique mais réduit à l’incarnation d’une
48
idée. »
49
Dans un article au titre éloquent, Ian Kershaw marque ses fortes réticences à l'égard de la théorie du totalitarisme . Concernant le Troisième
Reich, l'historien anglais conteste l'atomisation de la société civile, premier des traits du totalitarisme selon Hannah Arendt. Son étude sur la
50
Bavière lui permet d'affirmer qu'une opinion populaire demeure, indépendamment de l'idéologie nazie . La société a su s'appuyer sur ses
traditions pour exprimer ses doléances ou pour opposer une résistance ponctuelle, elle ne s'est donc pas réduite à « l'homme unique » dont
Arendt parlait. Selon Ian Kershaw, le concept de totalitarisme « aide, contre la propre volonté de la plupart de ses utilisateurs, à marquer les
différences radicales qui existent » entre les deux régimes stalinien et nazi. Il conclut en considérant que « le concept de totalitarisme a un
51
pouvoir essentiellement descriptif, très faiblement explicatif - ce en quoi il n'est peut-être d'ailleurs pas un concept ».

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Dans leur ouvrage commun, paru en 2003, Alain Blum et Martine Mespoulet regrettent que l'« approche totalitaire postulant la nature
52
essentiellement politique de l'histoire soviétique, la société n'a guère de place dans cette analyse ». Concernant l'Union soviétique, « le débat
autour du totalitarisme a souvent occulté la complexité de l'organisation du commandement, et plus généralement des formes du
53
gouvernement stalinien ». De manière plus directe, Roland Lew, historien spécialiste de la Chine maoïste, parle d'un paradigme
« profondément obsolète », basé sur « une conception largement a-historique », qui « n'a continué à vivre et même à prospérer que grâce à
54
l'affrontement idéologique ».

Un concept indispensable malgré tout ?

Malgré les critiques, l’analyse au travers du prisme du totalitarisme n’a pas été abandonnée. De nombreux auteurs en ont défendu la valeur
55
heuristique. Leszek Kolakowski reconnaissait qu’« un modèle parfait d’une société totalitaire est introuvable ». Mais d’après le philosophe
polonais, cela ne constituait pas un obstacle sérieux à l’utilisation du concept, étant donné que les concepts employés pour décrire les
phénomènes sociaux de grande échelle n’avaient jamais d’équivalents empiriques parfaits. Il pouvait y avoir des changements significatifs en
URSS, mais sans transformation fondamentale du communisme, le contrôle total ayant toujours été l’objectif d’un Parti qui se voulait
omnipotent.
56
Martin Malia s’est lui aussi inspiré de la pensée weberienne : le totalitarisme est un idéal-type, « toujours imparfaitement réalisé dans le
57
domaine empirique ». Un idéal-type est une abstraction qui ne se retrouvera jamais telle quelle dans la réalité, mais qui permet néanmoins
l’intelligibilité du phénomène sur le plan conceptuel, sa compréhension. Selon l'historien américain, le mot « totalitaire » ne veut pas dire que
« des régimes de ce genre exerçaient de fait un total contrôle de la population (puisque c'est impossible), mais qu'un tel contrôle était leur
58
aspiration fondamentale ». Les régimes tentent d'être totalitaires, mais la résistance des faits, de la réalité sociale ou économique, et la
résistance active ou passive des populations, les en empêchent, et parviennent à préserver des espaces non-contrôlés.

La théorie du totalitarisme a connu un nouvel essor dans les années 1990. L'effondrement de l'URSS, en 1991, a partiellement donné raison à
ses partisans. Les historiens de l'école révisionniste soutenaient majoritairement que le régime soviétique était un État moderne, puisqu'il était
réformable. Or, les tentatives de restructuration menées par Mikhaïl Gorbatchev ont conduit à la ruine complète du système. Martin Malia
59
annonça dès 1990 l'échec de la perestroïka dans un article publié anonymement qui connut un certain retentissement . Il y expliquait
notamment que Gorbatchev échouerait parce qu'il restait trop « communiste » et que le système soviétique n'était pas réformable. Il présentait
le régime « totalitaire » soviétique comme reposant sur quatre piliers intangibles : « le rôle dirigeant du parti […], la planification économique
autoritaire, la police politique, et l'idéologie obligatoire ». Selon Malia, toucher à l'un de ces piliers, tous indispensables au maintien du
60
système, revenait à provoquer son « écroulement total ».
e
Pour de nombreux historiens, le totalitarisme reste un concept-clé dans l'étude et la compréhension du XX siècle. Pour Enzo Traverso, il est
e
« un garde-fou de la pensée » : il « condense une image du XX siècle dont l'oubli empêcherait de fonder une attitude responsable, tant sur le
61

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plan éthique que sur le plan politique, dans le présent ». En conclusion, l'historien italien juge le concept à la fois incontournable et
insuffisant : « incontournable pour la théorie politique, soucieuse de dresser une typologie des formes de pouvoir, et pour la philosophie
politique, confrontée à la nouveauté radicale des régimes visant l'anéantissement du politique ; insuffisant pour l'historiographie, confrontée à
62
la concrétude des événements. »

L'extension récente du concept


Le mot « totalitarisme », entré dans le langage courant, est bien souvent utilisé sans les précautions méthodologiques nécessaires. Ayant une
connotation forte, faisant penser aux régimes hitlérien et stalinien, il jette le discrédit facilement et marque les esprits. Il peut donc servir
d'arme de propagande contre l'ennemi. L'usage du concept requiert une analyse approfondie de la société ou de la structure du groupe étudié,
il faut en faire ressortir les catégories essentielles et les processus de dé-différenciation propres au totalitarisme.
63
Le terme de totalitarisme est employé, par divers auteurs , pour désigner des régimes théocratiques tels que celui des talibans et leur recours
à une législation religieuse (la charia) qui s'applique à tous les domaines de l'existence, ignorant toute distinction entre vie publique et vie
64
privée. Le terme sert aussi parfois à qualifier plus généralement le terrorisme islamiste . Cet usage peut sembler impropre, le terrorisme ne
pouvant être considéré comme un « totalitarisme » au sens originel du terme. Il devient toutefois pertinent lorsque les actions terroristes
aboutissent à imposer un régime qui en remplit les critères.

Le terme est également employé pour désigner le mode d'organisation de certaines sectes (telles que la scientologie ou les Témoins de
Jéhovah) qui ne laisseraient à leurs adeptes aucune sphère d'autonomie propre, en raison du contrôle total qu'elles s'efforcent d'exercer sur
tous leurs actes, paroles et pensées.

Selon l'auteur libéral Guy Sorman, dans Le Progrès et ses ennemis, les préoccupations écologistes créent les contours d'un « totalitarisme
65
vert » .

Annexes
Notes et références
1. ↑ Étymologie et définition (http://www.ac-orleans-tours.fr/lettres/coin_eleve/etymon/hist/totali.htm)
2. ↑ Cf. pour la plupart des critères : Claude Polin, Le Totalitarisme, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1982, p. 13.
3. ↑ Giovanni Amendola, Maggiornanza e minoranza, Il Mondo, 12 mai 1923.
4. ↑ Pour plus de précisions, voir le chapitre « Fascist Origins » dans Abbott Gleason, Totalitarianism. The Inner History of the Cold War, New York, Oxford UP,
1995, p. 13-31.
5. ↑ Giovanni Gentile, Enciclopedia Italiana, « Fascismo (dottrina del) », Istituto dell'Enciclopedia Italiana, Roma, 1932, vol. XIV, pp. 835-840.
6. ↑ Michel Dreyfus et Roland Lew, « Communisme et violence », dans Le Siècle des communismes, Points Seuil, 2004, p. 716.

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7. ↑ Ernst Jünger, « La mobilisation totale », introduction à l'ouvrage collectif Krieg und Krieger (Guerre et combattants), 1930 ; traduit dans la revue
Recherches, n° 32-33, septembre 1978.
8. ↑ Selon Ian Kershaw, Qu'est-ce que le nazisme ? Problèmes et perspectives d'interprétation, Gallimard, Folio-Histoire, Paris, 1997, p. 60.
9. ↑ Carl Schmitt, Positionen und Begriffe im Kampf mit Weimar Genf Versailles, 1923-1939, Hambourg, 1940, qui constitue un recueil de ses travaux de la
période de l'entre-deux-guerres.
10. ↑ William Henry Chamberlin, « Russia and Germany - Parallels and Contrasts », Atlantic Monthly, vol. 156, n° 3, septembre 1935 ; Michael Florinsky, Fascism
and National Socialism: A Study of the Economic and Social Policies of the Totalitarian State, New York, 1936.
11. ↑ Ian Kershaw, Qu'est-ce que le nazisme ?, op. cit., p. 59-60.
12. ↑ Pierre Hassner, « Le totalitarisme vu de l'Ouest », dans Guy Hermet (dir.), Totalitarismes, Paris, Economica, 1984, p. 25.
13. ↑ Krzysztof Pomian, « Totalitarisme », dans Jean-Pierre Azéma et François Bédarida (dir.), 1938-1948 : Les années de tourmente, de Munich à Prague.
Dictionnaire critique, Paris, Flammarion, 1995, p. 1076.
14. ↑ Michelle-Irène Brudny, « La théorie du totalitarisme : fécondité et paradoxes
e
», Le Magazine littéraire, n° 337, novembre 1995, p. 48. e
15. ↑ Eric Voegelin, Les Religions politiques, Paris, Éditions du Cerf, 1994 (1 éd. : 1938) et La Nouvelle Science du politique, Paris, Éditions du Seuil, 2000 (1
éd. : 1952).
16. ↑ Waldemar Gurian, « Totalitarianism as Political Religion », dans Carl Friedrich (éd.), Totalitarianism : Proceedings of a Conference Held at the American
Academy of Arts and Sciences, Cambridge, Harvard University Press, 1954, p. 119-129.
17. ↑ Jacob L. Talmon, Les Origines de la démocratie totalitaire, Paris, Calmann-Lévy, 1966.
18. ↑ Alain Besançon, Présent soviétique et passé russe, Livre de poche, Paris, 1980.
19. ↑ Sigmund Neumann, Permanent Revolution. Totalitarianism in the Age of International Civil War, Londres, 1940.
20. ↑ Carl Friedrich et Zbigniew Brzezinski, Totalitarian
e
Dictatorship and Autocracy, New York, Harper and Row, 1956.
21. ↑ Enzo Traverso (éd.), Le Totalitarisme. Le XX siècle en débat, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points Essais », 2001, p. 472.
22. ↑ Derek Lewis (http://www.intellectbooks.com/europa/number7/lexicon.htm) de l'Université d'Exeter parle du nombre énorme de dossiers individuels tenus par
la Stasi en Allemagne de l'Est et de son réseau de 85 000 employés et 180 000 autres informateurs.
23. ↑ Claude Polin, Le Totalitarisme, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1982, p. 17.
24. ↑ Zbigniew Brzezinski, The Permanent Purge : Politics in Soviet Totalitarianism, Cambridge, Harvard University Press, 1956, p. 30.
25. ↑ Zbigniew Brzezinski, Ideology and Power in Soviet Politics, New York, Praeger, 1962. Ces passages sont pris de l’anthologie de Betty B. Burch (éd.),
Dictatorship and Totalitarianism. Selected Readings, Princeton, Van Nostrand Company, 1964, p. 177. Pour une analyse semblable, voir Zbigniew Brzezinski
et Samuel Huntington, Political Power USA/ URSS, New York, Viking Press, 1964.
26. ↑ Betty Burch (éd.), Dictatorship and Totalitarianism. Selected Readings, ouvrage cité, p. 179.
27. ↑ Zbigniew Brzezinski, « The Nature of the Soviet System », Slavic Review, vol. XX, n° 3, octobre 1961, p. 355.
28. ↑ Betty Burch (éd.), Dictatorship and Totalitarianism. Selected Readings, ouvrage cité, p. 177.
29. ↑ Betty Burch (éd.), Dictatorship and Totalitarianism. Selected Readings, ouvrage cité, p. 4.
30. ↑ Raymond Aron, Mémoires. 50 ans de réflexion politique, 2 volumes, Paris, Julliard, 1983, p. 211.
31. ↑ Les Adler et Thomas Paterson, « Red Fascism : The Merger of Nazi Germany and Soviet Russia in the American Image of Totalitarianism, 1930's-1950's »,
The American Historical Review, vol. 75, avril 1970, p. 1064.
32. ↑ Friedrich Hayek, La Route de la servitude, Paris, Librairie de Médicis, 1946.
33. ↑ Dans Droit, législation et liberté : une nouvelle formulation des principes libéraux de justice et d’économie politique, 3 vol., Paris, PUF, 1980, son œuvre
majeure, Friedrich Hayek développait notamment la thèse de la triple supériorité anthropologique, morale et intellectuelle de la société libérale moderne sur
toutes les autres formes connues de société.
34. ↑ Friedrich Hayek, The Fatal Conceit : The Errors of Socialism, Londres, Routledge, 1988. Un autre chef de file de l’école de Vienne, l’économiste Ludwig
von Mises, a développé pendant la guerre une interprétation du totalitarisme proche de celle de Friedrich Hayek. Voir Omnipotent Government. The Rise of
Total State and Total War, Yale University Press, 1944.
35. ↑ Bertrand de Jouvenel, Du Pouvoir. Histoire naturelle de sa croissance, Les Éditions du cheval ailé, Genève, 1945.
36. ↑ Voir par exemple l’ouvrage de l’auteur roumain Constantin Dumitresco, La Cité totale, Paris, Éditions du Seuil, 1980.

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37. ↑ Leszek Kolakowski, « Marxist Roots of Stalinism », dans Robert C. Tucker (éd.), Stalinism. Essays in Historical Interpretation, New York, W. W. Norton,
1977, p. 283-298. Les passages cités sont repris de Nicolas Werth, « Stalinisme », dans Jean-Pierre Azéma et François Bédarida (dir.), 1938-1948 : Les années
de tourmente, de Munich à Prague. Dictionnaire critique, ouvrage cité, p. 1063.
38. ↑ Alexander Groth, « The ‘Isms in Totalitarianism », American Political Science Review, vol. 58, n° 4, décembre 1964, p. 888-901.
39. ↑ Les Adler et Thomas Paterson, « Red Fascism : The Merger of Nazi Germany and Soviet Russia in the American Image of Totalitarianism, 1930's-1950's »,
article cité, p. 1048.
40. ↑ Robert C. Tucker (éd.), Stalinism : Essays in Historical Interpretation, New York, Norton, 1977.
41. ↑ Herbert Spiro, « Totalitarianism », in David L. Sills (éd.), International Encyclopaedia of the Social Sciences, New York, Crowell, Collier and Macmillan,
1968, vol. 16, p. 112.
42. ↑ Cité par Bernard Bruneteau dans Les Totalitarismes, Paris, Armand Colin, 1999, p. 22. Voir dans la même idée l'article de Herbert Spiro et Benjamin Barber,
« Counter-Ideological Uses of "Totalitarianism"e
», Politics and Society, vol. 1, n° 3, 1971, p. 3-21. Cet article, traduit en français, est paru dans l’anthologie de
Enzo Traverso (éd.), Le Totalitarisme. Le XX siècle en débat, ouvrage cité, p. 563-589.
43. ↑ Georges Mink, Vie et Mort du bloc soviétique, Paris, Casterman, 1997.
44. ↑ Moshe Lewin et Ian Kershaw (eds), Stalinism and Nazism : Dictatorships in Comparison, Cambridge University Press, 1997.
45. ↑ Voir en particulier Stéphane Courtois (dir.), Le
e
Livre noir du communisme. Crimes, terreur, répression, Robert Laffont, Paris, 1997, 923 p.
46. ↑ Enzo Traverso (éd.), Le Totalitarisme. Le XX siècle en débat, ouvrage cité, p. 66.
47. ↑ Carl Friedrich, « The Unique Character of Totalitarian Society », dans Carl Friedrich (éd.), Totalitarianism : Proceedings of a Conference Held at the
American Academy of Arts and Sciences, ouvrage e
cité, p. 60.
48. ↑ Enzo Traverso (éd.), Le Totalitarisme. Le XX siècle en débat, ouvrage cité, p. 70.
49. ↑ Ian Kershaw, « L'introuvable totalitarisme », Magazine littéraire, n° 337, novembre 1995, p. 61-63.
50. ↑ Ian Kershaw, L’Opinion allemande sous le nazisme. Bavière 1933-1945, Paris, CNRS Éditions, 1995.
51. ↑ Ian Kershaw, « L'introuvable totalitarisme », Magazine littéraire, n° 337, novembre 1995, p. 63.
52. ↑ Alain Blum et Martine Mespoulet, L’Anarchie bureaucratique. Statistique et pouvoir sous Staline, Paris, La Découverte, 2003, p. 5.
53. ↑ Ibid., p. 349-350.
54. ↑ Roland Lew, « Moshe Lewin, historien de la Russie soviétique », Revue des études slaves, vol. 66, n° 1, 1994, p. 63.
55. ↑ Leszek Kolakowski, « Totalitarianism and the Virtue of the Lie », dans Irving Howe (éd.), 1984 Revisited: Totalitarianism in Our Century, Harper & Row,
1983, p. 122.
56. ↑ Cécile Vigour explique : « Pour Max Weber les idéaux-types sont des constructions réalisées par le chercheur, présentant de manière stylisée les
caractéristiques principales du phénomène étudié, en vue de comprendre et d'expliquer la réalité observée », dans La Comparaison dans les sciences sociales :
pratiques et méthodes, La Découverte, Paris, 2005, p. 198.
57. ↑ Martin Malia, « L'écroulement du totalitarisme en Russie » (entretien), Esprit, n° 218, janvier-février 1996, p. 52.
58. ↑ Martin Malia, La Tragédie soviétique. Histoire du socialisme en Russie, 1917-1991, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points Histoire », 1995, p. 27.
59. ↑ Martin Malia, « To the Stalin Mausoleum », Daedalus, n° 119, hiver 1990, p. 295-344.
60. ↑ « L'écroulement du totalitarisme en Russie », article cité.
61. ↑ Enzo Traverso, Le Totalitarisme, ouvrage cité, p. 105 et 109.
62. ↑ Le Totalitarisme, ouvrage cité, p. 107-108.
63. ↑ Cédric Housez, « Choc des civilisations : la vieille histoire du "nouveau totalitarisme" » (http://www.voltairenet.org/article143295.html), Réseau Voltaire, 19
septembre 2006. Cet article dénonce l'usage actuel du mot totalitarisme dans la « guerre au terrorisme ».
64. ↑ Jack Straw traite le terrorisme islamiste de « nouveau totalitarisme », BBC News (http://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/politics/3507730.stm)
65. ↑ Voir aussi, Edgar Gätner « Vers un totalitarisme
écologique ? » (http://www.lefigaro.fr/debats/20061226.FIG000000005_vers_un_totalitarisme_ecologique.html), Le Figaro.

Le totalitarisme dans la fiction et les contres-utopies

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n Oeuvres littéraires anti-totalitaires :


n Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes, 1932.
n Arthur Koestler, Le Zéro et l'Infini, 1945.
n George Orwell, La Ferme des animaux, 1945.
n George Orwell, 1984, 1949.
n Ray Bradbury, Fahrenheit 451, 1953.
n Ira Levin, Un Bonheur insoutenable, 1969.
n Alan Moore et David Lloyd, V pour Vendetta, 1990.
n Films :
n Fahrenheit 451 de François Truffaut, 1966.
n THX 1138 de George Lucas, 1971.
n Soleil vert de Richard Fleischer, 1973.
n 1984 de Michael Radford, 1984.
n Bienvenue à Gattaca de Andrew Niccol, 1997.
n Equilibrium de Kurt Wimmer, 2003.

Bibliographie

Ouvrages classiques (dans l'ordre chronologique)

n Francesco Saverio Nitti, Bolchevisme, fascisme et démocratie, 1926.


n Luigi Sturzo, L'Italie et le fascisme, 1927.
n (en) Michael Florinsky, Fascism and National Socialism. A Study of the Economic and Social Policies of the Totalitarian State, New
York, 1936.
n (en) Franz Borkenau, The Totalitarian Enemy, Faber and Faber, 1940.
n (en) Sigmund Neumann, Permanent Revolution. Totalitarianism in the Age of International Civil War, Londres, 1940.
n Karl Popper, La Société ouverte et ses ennemis, 1942. Édition française : Paris, Le Seuil, 1979.
n Friedrich August von Hayek, La Route de la servitude (The Road to serfdom), 1944. Édition française : Paris, PUF, 1985.
n Hannah Arendt, Les Origines du totalitarisme. Le système totalitaire (The Origins of Totalitarianism), 1951. Édition française : Paris,
Gallimard, coll. « Quarto », 2002.
n Czeslaw Milosz, La Pensée captive, 1952.
n Jacob Leib Talmon, Les Origines de la démocratie totalitaire, Paris, Calmann-Lévy, 1966 (éd. originale : The Origins of Totalitarian
Democracy, Londres, 1952).
n (en) Carl Joachim Friedrich et Zbigniew Kazimierz Brzezinski, Totalitarian Dictatorship and Autocracy, New York, Harper and Row,
1956.
n Raymond Aron, Démocratie et Totalitarisme, Paris, Gallimard, 1965.
n (en) Leonard Bertram Schapiro, Totalitarianism, Pall Mall Press, 1972.

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Ouvrages récents

n Ian Kershaw, Qu'est-ce que le nazisme ? Problèmes et perspectives, 1989. Édition française Gallimard, coll. « Folio Histoire », 1992.
n Jean-François Soulet, Histoire comparée des États communistes de 1945 à nos jours, Armand Colin, coll. « U », 1996, 404 p.
n (en) Moshe Lewin et Ian Kershaw (eds), Stalinism and Nazism : Dictatorships in Comparison, Cambridge University Press, 1997.
n Henry Rousso (dir.), Stalinisme et nazisme. Histoire et mémoire comparées, Complexe, coll. « Histoire du temps présent », 1999, 388
p.
n Marc Ferro (dir.), Nazisme et Communisme. Deux régimes dans le siècle, Hachette, coll. « Pluriel Histoire », 1999, 278 p.
n Ernst Nolte, La Guerre civile européenne (1917-1945) : national-socialisme et bolchevisme, Paris, Édition des Syrtes, 2000 (préface de
Stéphane Courtois).
n Radu Clit, Cadre totalitaire et fonctionnement narcissique, Paris, L'Harmattan, coll. Études psychanalytiques, 2001, 311 p.
n Pierre Milza, Les Fascismes, Imprimerie nationale, 1985. Réédition Le Seuil, coll. « Points Histoire », 2001, 616 p.
n Jean-Pierre Le Goff, La Démocratie post-totalitaire, 2002, 204 p. (ISBN 2-7071-4252-2)
n Juan J. Linz, Régimes totalitaires et autoritaires, Armand Colin, 2006, 407 p. (ISBN 978-2-200-35138-0)

Synthèses

n Guy Hermet (dir.), Totalitarismes, Paris, Economica, 1984.


n (en) Abbott Gleason, Totalitarianism. The Inner History of the Cold War, New York, Oxford UP, 1995, 307 p.
n Bernard Bruneteau, Les Totalitarismes, Paris, Armand Colin, coll. « U », 1999, 240 p.
e
n Enzo Traverso, Le Totalitarisme. Le XX siècle en débat, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points Essais », 2001, 923 p.

Articles connexes

n Stalinisme
n Nazisme
n Fascisme
n Autoritarisme
n Dictature
n Dictature militaire
n Autocratie
n Théocratie
n Despotisme
n Tyrannie
n Bureaucratie
n Œuvres littéraires anti-totalitaires

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Liens externes

n Laurent Wirth, « Enseigner le totalitarisme » (http://aphgcaen.free.fr/totalit.htm), Association des professeurs d'histoire et de


géographie, 1999.
n Bernard Bruneteau, « Le totalitarisme : un concept en débats » (http://hist-geo.ac-rouen.fr/doc/cfr/tot/tot.htm), conférence du 17
novembre 1999.
n Le manifeste des douze : « Ensemble contre le nouveau totalitarisme » (http://www.prochoix.org/cgi/blog/2006/03/01/412-manifeste-
des-douze-ensemble-contre-le-nouveau-totalitarisme), à propos de l'islamisme.
n « Albert Gore dénonce le totalitarisme qui s’abat sur les États-Unis » (http://www.choix-realite.org/?94-al-gore-denonce-le-
totalitarisme-qui-sabat-sur-les-etats-unis), discours prononcé à Washington le 16 janvier 2006.

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