n n n

MACH I N I S M E DOSSIER SPÉCIAL

Équipements

Quand les techno

font leur révol
Souvenez-vous : en 1997, l’agriculture de précision faisait la Une
des journaux et l’on pressentait que cette prise en compte de
la variabilité intraparcellaire allait révolutionner la
conduite des cultures. Huit ans plus tard, force est
de constater que cette démarche n’a pas conquis
les agriculteurs en nombre. A cela deux raisons : un
coût prohibitif et une grande complexité d’utilisation.
Mais… une certaine démocratisation du GPS pourrait
inverser la tendance.

À l’instar du GPS (Global Positioning System)

dédié à l’automobile, dont les commerciaux
s’étonnent aujourd’hui d’avoir pu travailler
sans auparavant, ce système de géolocalisation pour-
rait devenir demain un standard sur les matériels
agricoles. Mais attention à ne pas confondre GPS et
GPS ! En effet, toute comparaison s’arrête là. Cer-
tes, vous trouvez dans les salons professionnels des
PDA équipés d’un système de GPS pour moins de
500 euros, mais espérez tout au plus visualiser
l’endroit où vous êtes dans une parcelle avec une
précision de l’ordre de 50 cm à un mètre. Une
acuité satisfaisante pour piloter une barre de
guidage à diodes mais qui ne permet pas d’ex-
ploiter les nouvelles opportunités offertes par la
géolocalisation précisant au centimètre près la
trajectoire à suivre.
L’ajout d’une correction différentielle permet
d’anihiler la plupart des erreurs de positionne-
ment inhérantes au GPS dit « naturel » (qualité
des récepteurs et des antennes, traversée de l’at-
mosphère…). En effet, le DGPS offre en temps réel
une précision d’une dizaine de centimètres lorsque ce signal est transmis par
un satellite géostationnaire (Omnistar, Starfire, Egnos…) ou de deux centimètres
dans le cas d’un signal émis par une balise RTK.

© FarmersTv.com / Yamina Arfa

30 n Le M.A.G. Cultures no 8 - 1er-15 janvier 2006

 TECHNOLOGIES

ution !
logies

©N
ASA

© FarmersTv.com / Jean-Paul Hébrard

M AC H I N I S ME
n n n

© FarmersTv.com / Frédéric Boutard

 n n n
MACH I N I S M E DOSSIER SPÉCIAL

Équipements
© FarmersTv.com / Olivier Jacques

Pierre
Lagier
ingénieur
Trimble

« Notre but : proposer le RTK

pour moins de 500 euros par
an »

© Source Trimble
- Le Mag Cultures : Le marché du
guidage d’engins est-il important
en France ?
- Pierre Lagier : La France est pour
nous le premier marché en terme de
chiffre d’affaires, suivi par les mar-
chés allemand et anglais. Ils sont
en pleine expansion car les outils
agricoles deviennent de plus en plus
larges et parce que les agriculteurs
sont de plus en plus demandeurs de
simplicité d’utilisation.

- Le Mag Cultures : Avez-vous une

offre segmentée ?
- Pierre Lagier : Oui. Le marché du
système de guidage visuel concerne
avant tout l’épandage et la pulvérisa-
tion. Notre objectif est de significati-
© Source Trimble

vement diminuer les coûts d’acqui-

sition afin d’intéresser le plus grand
nombre d’agriculteurs, même ceux
disposant de moins de 200 hectares,
pour le rentabiliser. Le second seg-
ment cible l’assistance à la conduite,
qui ne nécessite aucune modification
du tracteur. En haut de gamme, se
trouve le guidage automatique avec
par exemple une correction RTK.

- Le Mag Cultures : Pour éviter l’ac-

quisition d’une balise RTK, vous
développez un réseau virtuel de
couverture cellulaire VRS. Sera-t-il
accessible gratuitement ?
- Pierre Lagier : Non, mais le réseau
de base va permettre de diviser le
© Source Trimble

coût pour l’utilisateur. A la fois, en

supprimant l’amortissement de la
base mais aussi en réduisant la par-
tie abonnement.
Propos recueillis par Yamina Arfa

32 n Le M.A.G. Cultures no 8 - 1er-15 janvier 2006

TECHNOLOGIES
GPS DIFFÉRENTIEL (DGPS)
AVEC CORRECTIONS BALISES
Le véhicule doté d’une antenne GPS
reçoit des signaux GPS transmis par
la constellation des satellites GPS.
La balise réceptrice installée sur
un point connu capte les signaux
GPS. Elle génère alors une équa-
tion où sa position telle que définie
par les satellites est remplacée par
celle effective, et renvoie l’équation
connue sous le nom de « message
de correction » à l’antenne GPS sur
le véhicule – qui apporte alors cette
correction.
GPS DIFFÉRENTIEL (DGPS) AVEC
CORRECTIONS WAAS/EGNOS ET
OMNISTAR
Le véhicule doté d’une antenne GPS
reçoit des signaux GPS transmis par
la constellation des satellites GPS.
Les services Waas et Omnistar intè-
grent de nombreux récepteurs GPS
installés sur des points de réfé-
rence connus, envoyant leurs mes-
sages de correction à des stations
de contrôle qui les relaient vers un
satellite géostationnaire (Waas ou
Omnistar). Ce dernier transmet
alors le message de correction à
l’antenne GPS montée sur le véhi-
cule qui apporte enfin la correction.
RTK (CINÉMATIQUE EN TEMPS
RÉEL)
Il s’agit d’une technique de haute
précision, délivrant une précision
d’une année sur l’autre de 2 cm. Le
GPS RTK requiert deux récepteurs
GPS spécialisés et deux radios. L’un
des récepteurs GPS est installé
comme une station de référence
dans un rayon de 10 km du champ
dans lequel vous travaillez, de sorte
qu’il peut transmettre le message
de correction au récepteur itinérant.
Les deux récepteurs enregistrent
des données particulières émises
par les satellites GPS, sur la fré-
quence L2, permettant d’atteindre
une précision supérieure.
Sources Trimble
M AC H I N I S ME n n n
Moins de chevauchement et de fatigue
Les avantages d’une telle précision sont multiples puisque cela permet d’en-
visager l’autoguidage du tracteur (Trimble, John Deere…). A la clé, un intérêt
économique certain car cela évite des recoupements lors des passages d’outils
(la suppression des roues de jalonnage devient possible), permet de confier
le tracteur à des conducteurs moins expérimentés (mais pas trop quand
même…), offre la possibilité de travailler en conditions limitantes (brouillard,
nuit…) et, surtout, rationnalise le travail de pulvérisation ou d’épandage dans
des parcelles non jalonnables (prairies, jachères…).
Afficher des chiffres n’aurait que peu de sens compte tenu que toute compa-
raison dépend de nombreux paramètres, en particulier, la non-dextérité du
conducteur de référence. Très approximativement, on pourrait dire que cela
s’évalue en quelques pour cent de gains sur les postes semences, engrais, car-
burant… Mais cela épargne surtout du stress et de la fatigue. Côté dépenses, il
faut avouer que la technologie reste encore chère. Il faut débourser quasiment
15 000 euros pour avoir un système assez précis voire quasiment le double pour
les solutions les plus performantes.
Une géolocalisation fixe d’une année sur l’autre
En matière de haute précision, « le must » reste, en effet, la correction RTK
(Real Time Kinematic). Pour cela, il faut acquérir une balise à installer sur
son exploitation, qui apportera une correction différentielle dans un rayon de
10 km. Un des avantages de ce signal est d’offrir une précision constante d’une
année sur l’autre. En effet, la position des satellites pouvant varier, les utilisa-
teurs peuvent constater un léger décalage (quelques dizaines de centimètres)
d’une campagne sur l’autre, lorsqu’ils ont recours à un GPS traditionnel. Avec
le RTK, il devient possible de réaliser un prélèvement de terre au même endroit
au fil des ans, et cela au centimètre près. En outre, des agriculteurs américains
et australiens font appel à ce système afin de compacter le sol uniquement sur
les passages de roues (c’est-à-dire toujours au même endroit dans le but de
maintenir indemne la structure du sol sur le reste de la parcelle).
Autre innovation importante : afin de se libérer des contraintes d’installation
d’une borne au sein de son exploitation, la société Trimble propose un système
faisant appel à des réseaux virtuels RTK (dénommés VRS pour Virtual Refe-
rence Station ). Déjà utilisé par les géomètres depuis plusieurs années, le VRS
permet d’offrir une couverture (à l’instar du réseau cellulaire des téléphones
portables) sur toute une région. Ainsi, dès qu’un tracteur est mis en route, il
sera automatiquement localisé par ce réseau et cela d’une façon permanente.
70 % de la Picardie déjà couverte
Une grande partie de la Picardie est déjà couverte par ce réseau virtuel. Trimble
se fixe comme objectif de couvrir 65 à 70 % des grandes zones céréalières d’ici
fin 2007. Il faut savoir que cet opérateur propose déjà le réseau VRS sur plus de
5 % de la surface totale de l’Amérique du nord.
A signaler enfin la possibilité de réaliser désormais des guidages en ligne
courbe, mais aussi la mise à disposition d’un équipement simple permettant,
grâce à un galet, de manœuvrer automatiquement le volant en fonction des
informations de géolocalisation reçues. Ce dernier système permet de ne plus
avoir à intervenir sur le boîtier de direction. En moins de trente minutes, un
moteur d’asservissement avec une roue en mousse venant s’appuyer sur le
volant permet d’effectuer des missions analogues.
Yamina Arfa
1er-15 janvier 2006 – Le M.A.G. Cultures no 8 n 33