You are on page 1of 13

Commentaire d’œuvre

La sculpture pré-romane dans


l’Empire germanique
L’antependium de la cathédrale de Bâle
Présentation
Antépendium : littéralement « qui pend devant »

Hauteur : 1m20,
Largeur : 1m77,
Epaisseur : 13cm.

• Décoration devant l’autel : tapisseries brodées de fil d’or, bois sculpté, dorures à la feuille d’or. Ici il s’agit
d’or sculpté en repoussé sur « âme » de bois de chaîne.
• Cinq grandes figures en pied de grande taille insérées dans un décor d’arcades plein cintre. Deux
autres sont prosternées dux pieds du Christ bénissant..
• Ils sont surmontés d’une inscription et portent des nimbes décorées de perles, pierres précieuses.
Contexte

• Dès l’époque paléochrétienne (premiers temps du christianisme (: IIe - Ve


siècle), l'autel d'une église était enrichi de nombreux trésors, mais à partir
de l'époque carolingienne s'établit la tradition de le parer d'ornements sur
sa partie avant. L’autel devient ainsi un véritable élément du trésor de
l'église.

• A partir du règne de Charlemagne (768-814) beaucoup d’œuvres


d’orfèvrerie, aux côtés des manuscrits, de la fondation d’abbayes, sont
liées à l’intense mécénat des empereurs et des grands fondateurs des
grands évêchés devenus de véritables centres de création artistique. Ce
type d’objet s’inscrit dans au carrefour l’influences paléochrétienne,
byzantine et carolingienne.

• Nous sommes sous le règne d’Henri II (1014-1024) qui mène une


politique de réforme ecclésiastique aux côtés du pape Benoît VIII, il sera
canonisé. Suite à une guérison, il offre cet objet à Saint Benoît pour le
remercier. Au départ il était destiné à la cathédrale de Bamberg mais
pour renforcer les liens avec Bâle aux confins de l’Empire il sera déposé à
la cathédrale de Bâle.
2. Technique et fonction de l’objet
• C’est un élément du décors de l’autel. Il était placé sur l’autel à certaines
ocasions, lors des sept grandes fêtes liturgiques : Noël, Pâques, Pentecôte,
Saint Sacrement, Assomption, Toussaint et fête de l'empereur Henri.

• Dimensions et technique : Hauteur : 1m20, Largeur : 1m77, Epaisseur : 13cm.


Or sur âme de bois de chêne ; autrefois les figures contenaient de la cire ; cuivre
doré et émaillé (bandeaux inscrits) ; alliage d’argent et de cuivre (couronnes des
donateurs) ; perles, billes d’argent, verroteries, pierres précieuses et semi
précieuses dont 4 intailles antiques (pierres gravées en creux) réemployées
incrustées sur les nimbes des personnages saints.
• La façade est revêtue de feuilles d'or travaillées selon la technique du métal
repoussé et cloué sur une âme de bois de chêne.

• Cinq grandes figures en relief très saillant dominent la composition ; l’absence


du bourrage en cire qui fait défaut suppose un démontage au moins partiel puis
un réassemblage à une époque indéterminée.
3. Iconographie
• 1) Fond.
• Au sommet un bandeau peuplé d’oiseaux et de quadrupèdes, soulignés par un chanfrein rentrant
représentant des végétaux. Plus bas encore un bandeau en cuivre doré porte une inscription latine.
• Même disposition mais symétrique pour le bas.
• Les montants verticaux reprennent le thème du rinceau peuplé d'animaux, puis il y a un chanfrein
rentrant continu représentant des végétaux.
• Le champ présente une série de 5 arcades en plein cintre (celle du centre est légèrement outrepassée)
soutenues par des colonnes.
• Des Médaillons avec des personnages féminins (voile?) et avec des lettres.
• 2) Inscriptions.
• Le long de la frise supérieure et du soubassement il y a une inscription.
• « Quis sicut hel fortis medicus soter benedictus ».
« Propice terrigenas clemens mediator usias ».
Saint Benoît Saint Michel Christ couronné et Gabriel Raphaël
bénissant
Henri II et Cunégonde prosternés (PROSKYNESIS)
Figures et interprétation
• Sous les cinq arcades le Christ debout avec à ses pieds l’empereur Henri II et sa
femme Cunégonde, entourés de St Benoît, Michel, Gabriel et Raphaël (archanges).
• Christ = cintre du milieu, est plus élevé que les autres. Pouce, index et majeur levé,
les autres doigts sont repliés : il bénit. Il porte dans la main gauche un globe où se
trouve son monogramme entre l’alpha et l’oméga. Pieds reposent nus sur une sorte
de monticule devant lequel sont agenouillés H2 et Cunégonde, prosternés, dans
l’attitude de l’adoration.
• St Benoît = crosse est l'emblème de la dignité abbatiale et le livre est la règle qu'il a
donné à son ordre dont il porte d'ailleurs le costume.
• Michel = (Bien, combat contre le Mal) lance avec banderole emblème du premier
combattant de la cohorte céleste, globe avec une croix est signe de rédemption.
• Gabriel = (Annonciation, Bonne Nouvelle) bâton symbole de son divin ministère et
geste d’adoration à l’adresse du Christ.
• Raphaël = (Guérison) bâton symbole de son divin ministère et geste d’adoration à
l’adresse du Christ.
• Cette offrande exprime la dévotion du couple impérial à St Benoît et à travers lui au
Christ « guérisseur ».
• L’image du Christ couronné, toujours vivant, dont l’empereur est le délégué est signe
d’investiture.
Les médaillons

• Médaillons enferment les bustes couronnés des Quatre Vertus


Cardinales du christianisme, qui jouent un rôle charnière dans
l’action humaine :
• La Prudence (PR DC) : Discerner en toutes circonstances le
véritable bien.
• La Tempérance (TM PR) : Maîtrise de la volonté sur les instincts.
• La Force (FR TT): Résister aux tentations et surmonter les obstacle
= courage.
• La Justice (IS TC) : Donner à chacun ce qui lui est dû.
• Sont souvent représentés sous des traits de femmes au Moyen-âge.
Cela fait référence aux « Laudes regiae » = acclamations liturgiques.
Inscriptions
• Complexité : interprtations possibles.
• Vers initial : sorte de légende car tous les mots se rapportent à un personnage :
«quis sicut hel» = Qui est comme Dieu = Michaël ;
«fortis» = l’homme de Dieu = Gabriel ;
«medicus» = Dieu guérit = Rafaël ;
«soter»( = sauveur = Christ) ;
«benedictus» = St Benoit.).
Signification purement théologique :
« Qui, comme le Dieu fort, comme le Sauveur qui guérit, doit être béni. ».
« Qui est, comme Dieu, un médecin fort, un sauveur bénit. ».
« Qui est, comme le Dieu fort, médecin et sauveur. ».
• Second vers :
« Sois bienveillant aux créatures terrestres, clément médiateur. ».
« Sois bienveillant aux créatures terrestres, clément médiateur de l’essence divine. ».

• Quelle qu'en soit la traduction, cette inscription parait faire allusion à une guérison de
l'empereur étant donné les fortes allusions aux Christ et à Saint Benoît. Le Christ
apparaît assimilé aux anges ainsi qu’exalté dans son rôle de « guérisseur ».
Conclure en inscrivant l’œuvre dans l’histoire stylistique

• Est-ce une pièce byzantine ? :


• Le couple impérial prosterné( « proskynèsis ») aux pieds du Christ est
caractéristique des représentations byzantines. Les cadres en
sarments (rameaux) d'acanthe sont également typiquement byzantins.
• On distingue cependant certains traits occidentaux :
• les Inscriptions latines.
• Le « Christ triomphant » de la figure centrale est inconnu en Orient
préférant le "Christ souffrant" = tête abaissée, yeux clos, corps
flechissant)
• Probablement un bel exemple de syncrétisme stylistique entre l’art
ottonien dans l'empire germanique et les modèles byzantins. C’est une
constante depuis la renaissance carolingienne (VIIIe-IXe siècles)

You might also like